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Chapitre 2 : Electrostatique

La notion de champ a été rencontrée en première année par la présentation du champ magnétique. Dans ce
chapitre, à partir de la loi de Coulomb décrivant l’interaction entre deux charges ponctuelle s, on introduit la
notion de champ électrostatique et on étudie ses propriétés fondamentales.

I- Champ et potentiel électrostatiques


I-1. Charge ponctuelle
I-1.1. Loi de Coulomb
Charles-Augustin Coulomb a établi expérimentalement en 1785 que l’interaction électrostatique est une
interaction newtonienne, c’est-à-dire une interaction à force centrale qui décroît en 1/ r 2 où r est la distance
entre les deux charges électriques en interaction.
Une charge ponctuelle q est située au point A :

Figure 2-1 : Interaction entre deux charges ponctuelles

Une charge q1 placée en un point M subit la force donnée par la loi de coulomb :

qq1 u AM
F A→ M = (2-1) avec r = r = AM
4 0 r 2

où  0 est la permittivité du vide (  0 = 8,85 10 -12 F m-1).

Cette force est attractive si les deux charges sont de signes contraires, répulsive si elles sont de même signe.
Dans un milieu matériel, il faut remplacer  0 par  =  r  0 où  r est une grandeur sans dimension

caractéristique du milieu.

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Dans l’air,  r 1 . Dans l’eau,  r = 80 :
la force d’interaction entre deux particules chargées est 80 fois plus faible dans l’eau que dans l’air, ce qui
explique par exemple que le sel de cuisine se dissout dans l’eau.

I-1.2. Champ électrostatique créé par une charge ponctuelle


Pour étudier l’action d’une charge électrique (la charge source q située en A), l’utilisation de la force qu’elle
exerce sur une autre charge (la charge test q1 située en M) n’est pas pertinente puisque cette force dépend à la

fois de la charge source et de la charge test. Pour ne faire apparaître que le rôle de la source et pas celui du
détecteur, on est amené à définir le champ électrostatique créé en M par la charge q en A par la relation :

F A→ M
EA (M ) =
q1
Le champ électrostatique créé en M par la charge q située en A est:

q u AM
EA (M ) = (2-2)
4 0 r 2
La carte des lignes de champ électrique d’une charge ponctuelle est donc constituée de demi-droites passant
toutes par la charge, fuyant la charge si q  0, convergent vers elle si q  0.

Figure 2-2 : Lignes de champ électrostatique créé par une charge ponctuelle positive

L’expression (2-2) montre que le champ électrostatique s’exprime en N C −1 . On verra par la suite qu’il

s’exprime couramment en V m -1.

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Exemple
La norme du champ électrostatique créé par le noyau d’un atome d’hydrogène au niveau de l’électron est :
e
E= où a est le rayon de l’atome d’hydrogène que l’on prendra égal à 50 pm. Soit :
4 0 a ²

1,6 10−19
E= 1011 N C −1
4 8,8 10−12 (50 10−12 )2

I-1.3. Potentiel électrostatique créé par une charge ponctuelle


Le travail élémentaire de la force F A→M est égal à :

W = F A→M d r avec d r = d (r u AM ) .

Le vecteur u AM est le vecteur u r des coordonnées sphériques de centre A .

Comme dr u r = dr , on a :

qq1 dr  qq 1 
W = = −d  1 
4 0 r 2
 4 0 r 
La force électrostatique subie par la charge ponctuelle q1 de la part de la charge ponctuelle q dérive donc de

l’énergie potentielle (que l’on choisit nulle quand les deux charges sont infiniment éloignées l’une de l’autre) :
qq1 1
Ep =
4 0 r
Comme précédemment, il est intéressant de faire apparaître une grandeur qui ne dépend que de la source et
non de la charge test.
q 1
On pose : E p = q1VA ( M ) où VA ( M ) = (2-3)
4 0 r
C’est le potentiel électrostatique créé au point M par la charge ponctuelle q située au point A.
On peut exprimer le potentiel électrostatique uniquement à partir du champ électrostatique, sans passer par

1 u
l’intermédiaire de la force. En remarquant que grad   = − 2 , le potentiel électrostatique créé en M par la
r r
charge q située au point A est relié au champ électrostatique par :
E A ( M ) = − grad VA ( M ) (2-4)

Le potentiel électrostatique s’exprime en volts (V). L’unité couramment utilisée pour le champ électrique est
donc le V m −1 .

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I-2. Champ créé par une distribution de charges
I-2.1. Principe de superposition
On considère une charge ponctuelle q placée en M.
Dans un premier temps, on place en M 1 une charge q1 . La charge q subit alors la force :

1 qq1
F1 = M 1M
4 0 ( M1M )3

Dans une autre expérience, on ôte la charge q1 et on place en M 2 une charge q2 . La charge q subit alors la

force :
1 qq2
F2 = M 2M
4 0 ( M 2 M )3

Si on place maintenant simultanément la charge q1 en M 1 et la charge q2 en M 2 , la présence de q2 ne modifie

pas l’action de q1 et réciproquement. On peut alors déduire la force F subie par la charge q : F = F 1 + F 2 .

(2-5)

Figure 2-3 : Principe de superposition (les charges sont de même signe).

L’étude de l’interaction entre plusieurs charges est alors considérablement simplifiée : il suffit de se ramener
au problème de l’interaction entre deux charges ponctuelles et de sommer les effets. C’est l’indépendance de
l’interaction de deux particules chargées vis-à-vis de la présence ou non d’autres charges qui permet d’obtenir
ce résultat.

I-2.2. Champ et potentiel créés par une distribution discrète de charges ponctuelles
Le principe de superposition se généralise au champ électrostatique. Soit une répartition discrète de charges
ponctuelles qi situées aux points Ai .

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Le principe de superposition permet d’écrire le champ électrostatique créé en un point M par cette distribution :
 q u Ai M 
E ( M ) =  E Ai ( M ) =   i  (2-6)
 4 0 ( A M )2 
i i
 i 
Cette propriété est illustrée sur la figure 2-4. On a tracé la carte des lignes de champ créé par deux charges

ponctuelles identiques positives. On a représenté en un point du plan médiateur des deux charges le champ E1

créé par la charge q1 , le champ E 2 créé par la charge q2 et le champ E créé par l’ensemble des deux.

Figure 2-4 : Lignes de champ électrostatique créé par deux charges positives

Le potentiel électrostatique créé par l’ensemble des charges s’écrit de même, grâce au principe de
superposition :
 qi 
V ( M ) =  VAi ( M ) =    (2-7)
i i  4 0 Ai M 

I-2.3. Champ et potentiel créés par une distribution continue de charges


a) Distribution volumique de charges
On s’intéresse au champ créé par une distribution de charges D contenue dans un volume V, dont la densité
volumique est  ( P ) .

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Chaque petit élément de volume d ( P ) est assimilable à une charge ponctuelle et crée en un point M le

champ :

dqP u PM  ( P ) u PM
d EP (M ) = = d ( P ) .
4 0 ( PM ) 2
4 0 ( PM )2

Le champ créé en M par la distribution D contenue dans le volume V est :

 ( P) u PM d ( P )
E ( M ) =  (2-8)
PV 4 0 ( PM )2

De même, le potentiel électrostatique créé en M par la distribution D contenue dans le volume V est :
 ( P) d ( P )
V (M ) =  (2-9)
PV 4 0 PM
Le potentiel électrostatique défini ici est le même que celui utilisé en électrocinétique.

b) Distribution surfacique de charges


On s’intéresse au champ créé par une distribution de charges D répartie sur une surface S, dont la densité
surfacique est  ( P ) . Chaque petit élément de surface dS ( P ) est assimilable à une charge ponctuelle et crée

en un point M le champ :

dqP u PM  ( P ) u PM
d EP (M ) = = dS ( P ) .
4 0 ( PM ) 2
4 0 ( PM )2

Le champ créé en M par la distribution D de la surface S est :


 ( P) u PM dS ( P )
E ( M ) =  (2-10)
PS 4 0 ( PM )2

De même, le potentiel électrostatique créé en M par la distribution D de la surface S est :


 ( P) dS ( P )
V (M ) =  (2-11)
PS 4 PM
0

Le potentiel électrostatique défini ici est le même que celui utilisé en électrocinétique.

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c) Distribution linéique de charges
On s’intéresse au champ créé par une distribution de charges D répartie sur une courbe C, dont la densité
linéique est  ( P ) .

Chaque petit élément de longueur dl ( P ) est assimilable à une charge ponctuelle et crée en un point M le

champ :

dqP u PM  ( P ) u PM
d EP (M ) = = dl ( P ) .
4 0 ( PM ) 2
4 0 ( PM )2

Le champ créé en M par la distribution D répartie sur la courbe C est :

 ( P) u PM dl ( P )
E (M ) =  (2-12)
PC 4 0 ( PM )2

De même, le potentiel électrostatique créé en M par la distribution D répartie sur la courbe C est :
 ( P) dl ( P )
V (M ) =  (2-13)
PC 4 0 PM
Le potentiel électrostatique défini ici est le même que celui utilisé en électrocinétique.

I-3. Propriétés de symétrie


I-3.1. Symétries usuelles des distributions de charges
a) Plan de Symétrie (distribution plane)
On considère un plan  et la symétrie S par rapport à  .
La distribution de charges D est symétrique par rapport au plan  si et seulement si
 M  D, M ' = S (M )  D et  ( M ') =  ( M )
Par exemple, D est symétrique par rapport au plan (xOy)   ( x, y, − z ) =  ( x, y, z ) pour tout point M(x,y,z)
élément de D, en supposant que M’(x,y,-z) appartient aussi à D.

Exemple
Soit une distribution de charges, infinie dans les directions parallèle s à (Oy) et (Oz), définie par la densité
volumique :
  ( x) = 0 pour x  −, −a

  ( x) = o pour x   −a, a 
  ( x) = 0
 pour x  a, 

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Figure 2-6 : Distribution de charges présentant des plans de symétrie

En un point M quelconque de l’espace, les plans 1 = ( M , u x , u y ) et  2 = ( M , u x , u z ) sont des plans de

symétries de la distribution de charges. Le plan  3 = ( M , u y , u z ) est également un plan de symétrie de la

distribution de charges.

b) Plan d’antisymétrie
On considère un plan  et la symétrie S par rapport à  .
La distribution de charges D est antisymétrique par rapport au plan  si et seulement si
 M  D, M ' = S ( M )  D et  ( M ') = −  ( M )
Par exemple, D est antisymétrique par rapport au plan (xOy)   ( x, y, − z ) = −  ( x, y, z ) pour tout point M
(x,y,z) élément de D , en supposant que M’(x,y,-z) appartient aussi à D.

Exemple
La distribution de charges constituées de deux petites sphères chargées, l’une avec la charge + Q, l’autre avec
la charge – Q admet le plan médiateur (plan  sur la figure (2-7) des deux sphères comme plan d’antisymétrie.

Figure 2-7 : Distribution de charges présentant un plan d’antisymétrie

c) Invariance par translation


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On considère un vecteur a et la translation T de vecteur a .

La distribution de charges D est invariante par la translation de vecteur a si et seulement si


 M  D, M ' = T ( M )  D et  ( M ') =  ( M )

Par exemple, D est invariante par la translation de vecteur a = aux   ( x, y, z ) =  ( x + a, y, z ) pour tout point

M (x, y, z) de D, en supposant que M’(x+a, y, z) appartient aussi à D. Si la distribution D est invariante par

toute translation de vecteur parallèle à u x alors  ( M ) ne dépend pas de x.


Exemple
La distribution de la figure 2-6 étudiée plus haut est invariante par toute translation de vecteurs parallèles à u y

et à u z

d) Invariance par rotation


On considère une droite  , un angle  o et la rotation R d’angle  o autour de l’axe  .

La distribution de charges D est invariante par la rotation R d’angle  o autour de  si et seulement si

 M  D, M ' = R( M )  D et  ( M ') =  ( M ) .

Par exemple, D est invariante par la rotation d’angle  o autour de l’axe (Oz) si et seulement si

 (r , , z ) =  (r , + o , z ) pour tout point M (r ,  , z ) de D (décrite en coordonnées cylindriques d’axe Oz), en


supposant que M '(r , + o , z ) appartient aussi à D.

Si la distribution D est invariante par toute rotation autour de l’axe Oz, alors  ( M ) ne dépend pas de  . On
parle alors de symétrie de révolution et d’axe de révolution.

Exemple

La distribution de la figure 2-6 étudiée plus haut est invariante par toute rotation autour d’un axe (M, u x ).

e) Symétrie cylindrique
Une répartition de charges à symétrie cylindrique (d’axe Oz) est une répartition invariante par toute
translation parallèle à Oz et par toute rotation autour de Oz. En coordonnées cylindriques d’axe Oz,
 =  (r ) uniquement.

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Exemple
On considère un cylindre très long (on fera l’approximation d’un cylindre de longueur infinie), d ’axe Oz, de
rayon a , chargé uniformément en volume. La densité volumique de charges associée est, en coordonnées
cylindriques d’axe Oz :
  (r ) = 0 pour a

  (r ) = cons tan te = 0 pour  a
Cette distribution de charges possède la symétrie cylindrique : elle est invariante par toute translation parallèle
à Oz et par toute rotation autour de Oz.
f) Symétrie sphérique
Une répartition de charges à symétrie sphérique (de centre O) est une répartition invariante par toute
rotation autour de tout axe passant par O. En coordonnées sphériques de centre O,  =  (r ) uniquement.

Exemple
Une sphère de rayon R chargée uniformément en volume correspond à une distribution de charges à symétrie
sphérique, elle est bien invariante par toute rotation autour de tout axe passant par O.

I-3.2. Symétries du champ et du potentiel


L’étude des symétries et invariances de la distribution de charges et de leurs conséquences donnent de
nombreux renseignements sur le champ et le potentiel créés.

a) Principe de Curie
Les éléments de symétrie et les invariances d’une distribution de charges et leurs conséquences se
retrouvent dans les effets produits.
C’est un principe général que l’on rencontre dans les tous domaines de la ph ysique. Ici, il se traduit par les
éléments de symétrie et les invariances des distributions de charges qui se retrouvent dans le champ
électrostatique et dans le potentiel créé.

b) Invariance par translation

Si la distribution de charges D est invariante par la translation de vecteur a , alors


E T ( M ) = E (M ) et V T ( M ) = V (M ) .

En effet, en M ' = T ( M ) , on « voit » exactement la même distribution qu’en M, le champ et le potentiel sont

donc identiques en M et en M’.


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Si la distribution de charge D est invariante par toute translation T de vecteur a parallèle à u z par exemple,
alors E(M ) et V ( M ) ne dépendent pas de z.
Exemple
On prend l’exemple de la distribution de la figure 2-6. Elle est invariante par toute translation de vecteur

parallèle à u y et u z , donc E(M ) et V ( M ) ne dépendent ni de y ni de z , ils ne dépendent que de x.

c) Invariance par rotation


Si la distribution de charges D est invariante par la rotation R d’angle  o autour de l’axe  , alors

E  R ( M ) = R  E (M )  (où R est la rotation vectorielle associée à la rotation affine R) et V  R ( M ) = V (M ) .

Si la distribution de charge D est invariante par toute rotation autour de l’axe Oz (par exemple) alors les
composantes dans la base cylindrique d’axe Oz du vecteur E(M ) et V ( M ) ne dépendent pas de l’angle de ces
coordonnées cylindriques.
Exemple
On peut voir la distribution de l’exemple de la figure 2-6 comme une distribution invariante par toute rotation
autour de l’axe (Ox). Alors les composantes dans la base cylindrique de E(M ) et V ( M ) ne dépendent que de
la distance r à l’axe et de x.

d) Plan de symétrie
On étudie le champ créé par une distribution de charge D symétrique par rapport à un plan  (figure 2-8) et
on montre que la conclusion est conforme au principe de curie.

Figure 2-8 : Distribution de charges présentant un plan de symétrie

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P’ est le symétrique de P par rapport à  , et A’ celui de A. Le champ élémentaire d E P ( A ) créé en A par le

volume d autour de P est le symétrique par rapport à  du champ élémentaire d E P' ( A' ) créé en A’ par le

volume d autour de P’ , de même le champ d E P ( A' ) créé en A’ par le volume d autour de P est le

symétrique par rapport à  du champ d E P' ( A ) créé en A par le volume d autour de P’ (il suffit d’écrire les

expressions de ces champs). Donc d E P ( A ) + d E P' ( A ) est le symétrique par rapport à  de d E P ( A' ) +

d E P' ( A' ) .

Ce qui est fait ici pour deux points particuliers de D peut être fait pour tous les points de la distribution : cette
étude confirme le curie.
On procède de la même façon pour étudier le potentiel électrostatique V ( M ) .
La figure 2-9 donne le résumé de ces résultats.

Figure 2-9 : Plan de symétrie


E en A’, symétrique de A, est le symétrique de E en A ;
V en A’, symétrique de A, est égal à V en A.

Si A appartient à  , S ( A) = A, donc E ( A ) est son propre symétrique : il appartient au plan  . En résumé,

on a:
E  S ( A) = S  E ( A)  et V  S ( A) = V ( A)

E appartient à tout plan de symétrie.

La carte des lignes de champ tracée sur la figure 2-4 correspond à une distribution présentant le plan médiateur
de deux charges comme plan de symétrie. On observe bien sur la figure que les lignes de champ sont
symétriques par rapport à ce plan et que, en un point ce plan, elles y sont contenues.

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e) Plan d’antisymétrie

Figure 2-10 : Distribution de charges présentant un plan d’antisymétrie

Soit D une distribution de charge antisymétrique par rapport au plan   (figure 2-10). P’ est le symétrique de

P par rapport à   , et A’ celui de A. Le champ élémentaire d E P ( A ) créé en A par le volume d autour de P

est l’opposé du symétrique par rapport à   du champ élémentaire d E P' ( A' ) créé en A’ par le volume d

autour de P’ , de même le champ d E P ( A' ) créé en A’ par le volume d autour de P est l’opposé du symétrique

par rapport à   du champ d E P' ( A ) créé en A par le volume d autour de P’ (là aussi, il suffit d’écrire les

expressions de ces champs). Donc d E P ( A ) + d E P' ( A ) est l’opposé du symétrique par rapport à   de

d E P ( A' ) + d E P' ( A' ) .

Ce qui est fait ici pour deux points particuliers de D peut être fait pour tous les points de la distribution : cette
étude confirme le principe de Curie.

La figure 2-11 donne le résumé de ces résultats. Sur cette figure, le symétrique de E ( A ) est représenté en

tirets ; l’opposé de ce symétrique donne le champ en A’.

Figure 2-11 : Plan d’antisymétrie

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E en A’, symétrique de A, est l’opposé du symétrique de E en A :

E ( A' ) est l’antisymétrique de E ( A ) ;

V en A’, symétrique de A, est égal à l’opposé de V en A.

Si A appartient à   , S ( A) = A, donc E ( A ) est son propre antisymétrique : le champ résultant est orthogonal

au plan   . En résumé, on a : E  S ( A) = − S  E ( A)  et V  S ( A) = − V ( A)

E est orthogonal à tout plan d’antisymétrie.

f) Application : comparaison de deux distributions

Figure 2-12 : Lignes de champ électrostatique Figure 2-13 : Lignes de champ électrostatique
créé par deux charges positives créé par deux charges de signe opposé
La ligne en tirets représente la trace du plan médiateur des deux charges. La figure 2-12 représente la carte des
lignes de champ d’un ensemble de deux charges de même signe. Le plan médiateur est un plan de symétrie de
la distribution de charges, on observe bien que les lignes de champ, au niveau de ce plan, sont contenues dans
ce plan. On observe également qu’elles sont symétriques de part et d’autre de ce plan.
La figure 2-13 représente la carte des lignes de champ d’un ensemble de deux charges de signe contraire. Le
plan médiateur est un plan d’antisymétrie de la distribution, on observe que les lignes de champ, au niveau de
ce plan, lui sont orthogonales. On observe également qu’elles sont antisymétriques de part et d’autre de ce plan
(bien remarquer l’orientation des flèches).
Enfin, dans les deux cas, on a représenté les lignes de champs dans un plan de symétrie de la distribution, ce
qui explique qu’elles sont situées dans ce plan.

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I-4. Circulation du champ électrostatique –

Equation de Maxwell-Faraday
I-4.1. Circulation d’un champ de vecteurs
Soit une courbe orientée, appelée chemin,  AB allant de A à B. Par définition :

• La circulation élémentaire du champ de vecteur a sur le déplacement élémentaire dlM est :

dC = a(M ) dlM (2-14)

• La circulation du champ de vecteurs a le long du chemin  AB est :

C= a( M ) dlM
M  AB

Figure 2-14 : Circulation d’un champ de vecteur le long d’un chemin

Remarque
1) En général, C dépend du chemin  AB , pas uniquement de A et de B.

2) Quand A = B, le chemin  est fermé, on dit que c’est un contour et on note :


C=  M 
a ( M ) dlM (2-15)

Le cercle sur le symbole de l’intégrale rappelle qu’il s’agit d’un chemin fermé.
Exemple
Le travail d’une force est la circulation du champ de forces le long de la trajectoire de son point d’application.

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I-4.2. Circulation du champ électrostatique
On a vu que le champ électrostatique créé par une distribution de charges peut se mettre sous la forme :

E ( M ) = − gradV ( M ) . Donc la circulation de E le long d’un chemin  AB vérifie :

C= E ( M ) dlM
M 

C= − gradV ( M ) dlM


M 

C = − dV ( M )
M 

C = V ( A) − V ( B)

Cette circulation ne dépend que des points A et B et non du chemin entre A et B.

La circulation du champ électrostatique entre deux points ne dépend que de ces deux points et pas du chemin
le long duquel on calcule la circulation.
En particulier, la circulation de E le long d’un contour est nulle : dans ce cas on dit que le champ
électrostatique est à circulation conservative.

La réciproque est vraie (c’est-à-dire que si un champ est à circulation conservative, alors il s’écrit comme le
gradient d’un champ scalaire).

E est à circulation conservative est équivalent à dire qu’il existe un champ scalaire V(M) tel que

E ( M ) = − gradV ( M ) .

Le potentiel est défini à une constante additive près. Quand la distribution D est d’extension finie, on choisit
le potentiel nul à l’infini.

Attention, si D est d’extension infinie (ou tout au moins très grande devant l’ordre de grandeur de la distance
où on étudie ses effets), il n’est en général pas possible de choisir V nul à l’infini car l’intégrale permettant de
calculer le potentiel diverge quand le point où on calcule le champ s’éloigne de la distribution.
Le travail de la force électrique qui s’exerce sur une charge ponctuelle q est :

T = qE ( M ) dlM
M  AB

T = −q  gradV ( M ) dlM
M  AB
(2-16)
T = −q  dV ( M ) = q V ( A ) − V ( B ) 
M  AB

T = E p ( A) − E p ( B)

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On définit ainsi l’énergie potentielle d’une charge ponctuelle q dans le potentiel électrostatique V ( M ) :

Ep (M ) = qV (M ) (Voir relation 2-3)

I-4.3. Equation locale de Maxwell-Faraday


Le théorème de Stokes dit que la circulation d’un champ de vecteurs a le long d’un contour orienté  est

égale au flux du rotationnel de a à travers une surface S s’appuyant sur  et orienté comme  selon la règle

de la main droite (figure 3-18) :  P


a ( P ) dl p = 
M S
rot  a ( M )  dS M (2-17)

Figure 2-15 : Théorème de Stokes

Un champ à rotationnel nul est donc un champ à circulation conservatrice. On admet la réciproque. Par ailleurs,
le rotationnel d’un champ de gradient est toujours nul.

Donc : E est à circulation conservatrice  rot  E (M )  = 0  V , E (M ) = − grad V (M )

Les relations ci-dessus permettent de lier une propriété globale du champ électrostatique (le champ est à

circulation conservatrice) à une propriété locale ( rot  E (M )  = 0 ) ; cette propriété locale est équivalente à une

autre propriété locale : E ( M ) = − grad V ( M ) 

L’équation locale : rot  E (M )  = 0 est l’équation de Maxwell-Faraday pour le champ électrostatique.

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I-5. Flux du champ électrostatique –
Equation de Maxwell-Gauss
I-5.1. Flux d’un champ de vecteurs
a) Flux élémentaire

Figure 2-16 : Flux élémentaire

Le flux élémentaire de a à travers dS M est : d  = a(M )dS M (2-18)

b) Flux à travers une surface

Figure 2-17 : Flux à travers une surface

Le flux de a à travers la surface S est :  =  a( M )dS M (2-19)


M S

Remarques

• Dans le cas d’une surface fermée S, la convention est d’orienter dS M vers l’extérieur.
On calcule alors le flux sortant, l’intégrale étant notée de la manière suivante :

=  M S
a( M )dS M

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• Dans le cas d’une surface ouverte (infinie), il n’y a pas d’orientation privilégiée ; on choisit donc le
sens que l’on veut. Cependant, lorsque S s’appuie sur un contour orienté, on utilise la règle de la main droite :
si l’on place la main droite de telle manière que le sens positif du contour va vers le bout des doigts, le pouce
droit pointe dans le sens positif pour S (figure 1-18).

Figure 2-18 : Orientation d’une surface

I-5.2. Equation de Maxwell-Gauss


Le champ électrostatique vérifie une autre équation locale, qui le relie à la densité volumique de la charge,
l’équation de Maxwell-Gauss.
L’équation de Maxwell-Gauss pour le champ électrostatique est :

 (M )
div  E ( M )  =
0

L’ensemble des équations locales vérifiées par le champ électrostatique :

• l’équation de Maxwell-Faraday : rotE(M ) = 0 (2-20)


 (M )
• l’équation de Maxwell-Gauss : divE (M ) = (2-21)
0

constituent une sorte de principe fondamental de l’électrostatique.

I-5.3. Théorème de Gauss


Comme à l’équation locale de Maxwell-Faraday, on peut associer à l’équation locale de Maxwell-Gauss une
intégrale, que l’on appelle le théorème de Gauss.

19 / 58
Figure 2-19 : Théorème de Gauss

La surface S est une surface fermée à travers laquelle on veut calculer le flux du cham p E créé par la
distribution de charge contenue dans le volume Vs , où Vs est le volume contenu dans la surface fermée S.

Grâce au théorème d’Ostrogradski, on peut écrire :

E =  E ( P ) d S P =  divE ( M ) d M
PS M Vs

 (M ) Q
D’après l’équation de Maxwell-Gauss :  E =  d M = int
M Vs 0 0
où Qint est la charge électrique contenue dans le volume Vs .

Théorème de Gauss :
Le flux du champ électrostatique E à travers une surface fermée est égal à la somme de toutes les charges qui se
qui se trouvent à l’intérieur de cette surface divisée par  0 :
Qint
E =  E ( P ) d S P =  divE ( M ) d M = (2-22)
PS M Vs 0

I-5.4. Equation aux dérivées partielles vérifiées par le potentiel


En reportant la relation E = − gradV (M ) dans l’équation de Maxwell-Gauss et en utilisant la définition du
Laplacien scalaire, on obtient l’équation locale vérifiée par le potentiel électrostatique V ( M ) :
 (M )
V ( M ) + =0 (2-23)
0
Cette équation est appelée équation de Poisson.
Dans le cas où  ( M ) = 0 , elle devient l’équation de Laplace : V ( M ) = 0 (2-24)

20 / 58
Remarques
• L’équation de Laplace apparaît dans de nombreux domaines de la physique. En électrostatique on peut
déterminer aisément le potentiel de nombreuses distributions de charges ; chacune de ces fonctions est une
solution de l’équation de Laplace en dehors des charges. Lorsqu’on doit résoudre l’équation de Laplace, dans
quelque domaine de la physique que ce soit, il est souvent fructueux de réutiliser ces solutions ; elles peuvent
être additionnées puisque l’équation est linéaire.
Par ailleurs, le potentiel est une fonction continue des variables spatiales, ce qui permet de déterminer
entièrement les constantes d’intégration qui apparaissent quand on résout l’équation de poisson.
• Dans le cadre des répartitions volumiques de charges, le champ électrostatique est lui aussi une fonction
continue des variables spatiales.

I-6. Topographie du champ électrostatique


I-6.1. Lignes de champs et équipotentielles
a) Lignes de champ

Les lignes de champs d’un vecteur a sont tangentes en chaque point au champ a(M ) : elles sont définies par :

dl M = k a( M ) , où dl M est le déplacement élémentaire le long de la ligne de champ et k , un nombre réel.

Cette définition se traduit aussi par : dl M  a( M ) = 0 . (2-25)

On calcule les équations des lignes de champ en résolvant les équations différentielles suivantes, si a(M ) est
non nul :
dx dy dz
• = = en coordonnées cartésiennes ;
a x ( x, y , z ) a y ( x , y , z ) a z ( x , y , z )

dr rd dz
• = = en coordonnées cylindriques ;
ar (r , , z ) a (r , , z ) az (r ,  , z )
dr rd r sin  d
• = = en coordonnées sphériques.
ar (r , ,  ) a (r ,  ,  ) a (r ,  ,  )

Remarque
Deux lignes de champs ne peuvent se couper qu’en un point de champ nul. Sinon le champ serait tangent aux
deux lignes à la fois en ce point, ce qui n’est pas possible.

21 / 58
b) Equipotentielles
On appelle équipotentielle l’ensemble des points ayant une même valeur du potentiel électrostatique. Cet
ensemble est une surface. A chaque valeur du potentiel est associée une surface différente. Lors des
représentations, on se place souvent dans un plan ; les équipotentielles se traduisent alors par des courbes qui
sont les traces de la surface dans ce plan.

I-6.2. Propriétés des lignes de champ électrostatique et des équipotentielles


a) Décroissance du potentiel le long d’une ligne de champ.
La circulation élémentaire du champ électrostatique le long d’une ligne de champ s’écrit :

dC = E (M ) dl M = − gradV (M ) dl M = − dV (M ) (2-26)

Or, le long d’une ligne de champ, E(M ) et dl M sont colinéaires et de même sens, la circulation élémentaire
dC est donc positive. On en déduit que, le long d’une ligne de champ, dV ( M ) est négative.
Une conséquence immédiate de ce résultat, liée au caractère conservatif de la circulation de E , est que les
lignes de champ électrostatique ne sont jamais fermées.
Les lignes de champ électrostatique sont orientées dans le sens des potentiels décroissants. Les lignes de
champ électrostatique ne se referment jamais sur elles-mêmes.

b) Position relative des équipotentielles et des lignes de champ


On considère deux points A et A’ appartenant à une même équipotentielle et très proches l’un de l’autre.
Ils sont sur la même équipotentielle donc V ( A ') − V ( A) = 0 .
Ils sont très proche l’un de l’autre donc :

V ( A ') − V ( A) = dV ( A) = gradV ( A) AA ' = − E ( A) AA '

Finalement E ( A) AA ' = 0 (2-27)

Le champ électrostatique en A est orthogonal à l’équipotentielle qui passe par A : les équipotentielles sont
orthogonales aux lignes de champ.
En particulier si on connaît les lignes de champ, on peut en déduire les équipotentielles et réciproquement.
Par exemple, pour une charge ponctuelle, la carte des lignes de champ est donnée par la figure 2-20. Les lignes
de champ sont des demi-droites issues du point où se trouve la charge : les équipotentielles sont les sphères de
centre ce point.

22 / 58
Figure 2-20 : Lignes de champ électrostatique et équipotentielles d’une charge positive

c) Evolution de la norme du champ électrostatique le long d’un tube de champ


Un tube de champ est un ensemble de lignes de champ s’appuyant sur des contours fermés (figure 2-21)

Figure 2-21 : Tube de champ

Dans une région vide de charges, le champ électrostatique est à flux conservatif d’après le théorème de Gauss
ou l’équation de Maxwell-Gauss.

Figure 2-22 : Champ électrique à flux conservatif dans une région vide de charge

23 / 58
On suppose que les surfaces S 1 et S 2 sont suffisamment petites pour que le champ électrostatique puisse être
considéré comme uniforme sur chacune de ces deux surfaces. Le flux de E à traves les surfaces S 1 et S 2 est le

même. L’aire de S 2 est plus petite que celle de S 1 : la norme de E1 est plus faible que celle de E 2 .
Le long d’un tube de champ dans une région vide de charges, la norme du champ électrostatique est d’autant
plus grande que le tube de champ est étroit.
Sur la figure 2-20, on constate qu’en s’éloignant de la charge, deux lignes de champ donné s’éloignent l’une
de l’autre : la norme du champ électrostatique décroit quand on s’éloigne de la charge.

d) Evaluation du champ à partir d’un réseau d’équipotentielles


Les équipotentielles représentées sur la figure 2-20 correspondent à des valeurs du potentiel variant de 4 (à
l’extérieur) à 20 (à l’intérieur) par sauts de 2 dans une unité arbitraire. On constate que les équipotentielles sont
plus espacées quand on s’éloigne des charges, c’est-à- dire quand la norme du champ diminue, ce qui est

parfaitement compatible avec la relation entre E et V : E = − gradV .

Si deux équipotentielles consécutives, de potentiels respectifs V1 et V2 avec V2 = V1 +  V où  V V1 , sont

distantes de  l , on peut assimiler la petite variation du potentiel à sa différentielle et écrire :


E  l = − V
Ainsi la donnée des valeurs du potentiel sur un réseau d’équipotentielles permet de calculer la valeur du champ
électrostatique entre deux équipotentielles.

I-6.3. Quelques exemples


a) Deux charges de même valeur absolue
On complète les figures 2-12 et 2-13 en rajoutant les équipotentielles :

Figure 2-23 : Deux charges de même signe Figure 2-24 : Deux charges de signe opposé
24 / 58
Ces deux figures montrent bien que les lignes de champ et les équipotentielles sont orthogonales entre elles.
Les équipotentielles sont plus resserrées près des charges, là où le champ est le plus intense. On constate que
les lignes de champ divergent d’un point où se trouve une charge positive et qu’elles convergent vers un point
où se trouve une charge négative. On peut ainsi à partir d’une carte de lignes de champ repérer d’éventuelles
sources du champ et connaître leur signe. Sur la figure 2-24, la charge positive est à droite et la charge négative
à gauche.

Figure 2-25 : Surfaces équipotentielles pour deux charges


Sur la figure 2-23, on remarque deux familles d’équipotentielles : celles qui entourent une seule charge et
celles qui entourent les deux. On a tracé une équipotentielle particulière en trait plus gros et plus clair. C’est
l’équipotentielle critique, le potentiel y prend la valeur Vcr , elle passe par le point de champ nul (au milieu des

deux charges) et sépare les deux familles d’équipotentielles. Celles qui correspondent à une valeur du potentiel
supérieure à Vcr sont formées de deux morceaux, un autour de chaque charge, celles qui correspondent à une

valeur de potentiel inférieure à Vcr sont formées d’un seul morceau et entourent les deux charges. Cette

situation se rencontre chaque fois qu’il y a un point où le champ est nul. Le champ créé par la distribution de
la figure 2-24 n’est jamais nul, il n’y a donc pas d’équipotentielle critique.
Pour mieux apercevoir cela, on représente une animation numérique sur la figure 2-25, la surface V ( x, y ) dans
les deux cas. Le niveau de gris traduit l’intensité relative du potentiel. On voit bien l’équipotentielle critique et
les deux familles d’équipotentielles sur la figure de gauche.

b) Charges de valeurs différentes

Figure 2-26 : Distribution inconnue

25 / 58
Les deux charges sur cette figure sont positives puisque les lignes de champ divergent à partir des deux points.
On observe un point de champ nul, là où l’équipotentielle se croise elle-même. Si on mesure sa position, il est
deux fois plus près de la charge de gauche que de celle de droite : on peut en déduire que la charge de droite
est quatre fois plus grande que celle de gauche, puisque le champ électrostatique est proportionnel à la charge
et inversement proportionnel au carré de la distance. Loin des deux charges, les équipotentielles se rapprochent
de celles créées par une charge unique.

I-7. Analogie avec un champ gravitationnel


I-7.1. Interaction gravitationnelle
L’interaction gravitationnelle entre deux masses ponctuelles a une expression formellement analogue à la loi
de Coulomb.
On peut donc établir l’analogie suivante :

Gravitation Electrostatique
Masse m Charge électrique q
m1m2 1 q1q2
Force F 1→2 = − G M 1M 2 Force F 1→2 = M 1M 2
( ) (
4 0 M M
)
3 3
M 1M 2 1 2

Constate universelle de gravitation : Constante dépendant de la permittivité dans le vide 0 :


G = 6,67 10−11 N m2 kg −2  0 = 8,85 10−12 F m−1

I-7.2. Champ de gravitation


a) Définition du champ gravitationnel créé par une masse ponctuelle

Comme pour la force électrostatique, on peut introduire la notion de champ. Le champ gravitationnel g A ( M )

créé en M par la masse ponctuelle m située en A est :

u AM
g A (M ) = − G m (2-28)
( )
2
AM

26 / 58
b) Champ gravitationnel créé par une distribution quelconque de masses
En utilisant le principe de superposition comme pour le champ électrostatique, on obtient les expressions du
champ gravitationnel créé par une distribution de masse volumique  ( P ) :

PM
g ( M ) =  −G  ( P) d p (2-29)
( )
PV 3
PM

I-7.3. Propriétés du Champ de gravitation


Dans le cadre de l’analogie entre l’électrostatique et la gravitation, la forme locale du théorème de Gauss pour

le champ gravitationnel g ( M ) est : div  g ( M ) = − 4  G  ( M ) (2-30)

où  ( M ) est la masse volumique au point M.

Le théorème de Gauss (version intégrale de l’équation locale (2-22)) pour la gravitation s’écrit :
g = − 4  G M int (2-31)

où  g est le flux du champ gravitationnel à travers une surface fermée et M int est la masse contenue à l’intérieur

de cette surface.
D’autre part, le champ gravitationnel est à circulation conservatrice donc son rotationnel est nul.
Enfin, les propriétés de symétries de g sont les mêmes que celles du champ électrostatique, sauf que comme
les masses négatives n’existent pas, il n’y a donc jamais de plan d’antisymétrie des sources en gravitation.

II- Exemples de calculs de champs et potentiels


électrostatiques
Les propriétés générales du champ électrostatique permettent d’étudier le champ créé par des distributions
modélisant par exemple un noyau atomique ou un condensateur.

II-1. Méthodes d’étude des champs et des potentiels


Les méthodes qui permettent de calculer le champ et le potentiel créés par une distribution de charges connue
sont :
• Calcul direct : on effectue le calcul du champ et du potentiel à partir de la loi de Coulomb. Cette
méthode n’est utilisée que pour des distributions discrètes.

27 / 58
• Théorème de Gauss : le théorème de Gauss n’est utilisé que pour des distributions continues à
symétries élevées. Si l’étude des symétries permet de connaÏtre à priori la direction du champ E et des
variables dont il dépend, un choix judicieux d’une surface fermée à travers laquelle on peut facilement exprimer

le flux de E permet d’utiliser le théorème de Gauss pour déterminer E . On en déduit V .


La surface de Gauss doit contenir le point où on cherche à calculer le champ. Elle est choisie de sorte que le
calcul du flux à travers elle soit immédiat. La surface choisie doit être composée de portions de surfaces telles
que le champ électrique soit uniforme sur chacune des portions.
• Résolution de l’équation de Maxwell-Gauss : on connait l’expression de la divergence en coordonnées
 (M )
cartésiennes ; la résolution directe de l’équation de Maxwell-Gauss, div  E ( M )  = peut se révéler dans
  0
certains cas la méthode la plus simple.
• Résolution de l’équation de Poisson : quand c’est nécessaire, l’expression du laplacien scalaire est fournie (sauf
en coordonnées cartésiennes et où son expression doit être connue).
Dans tous les cas, l’étude préalable des invariances et des symétries de la distribution et de leurs conséquences sur le

champ et le potentiel est indispensable. Elle permet de connaître à priori la direction de E et des variables dont il dépend.
• Si on cherche la direction du champ en un point, les plans de symétrie ou d’antisymétrie considérés doivent
contenir ce point.
• Un plan de symétrie ou d’antisymétrie donne des renseignements sur le champ de part et d’autre de ce plan et
sur le champ en un point de ce plan.

II-2. Exemple de problème à symétrie sphérique :


sphère uniformément chargée
On modélise un noyau atomique par une boule de rayon R portant la charge Q uniformément répartie dans son
volume. On utilise le théorème de Gauss pour exprimer le champ créé par le noyau, aussi bien à l’intérieur
qu’à l’extérieur.

II-2.1. Etude des symétries

Figure 2-27 : Exemple de distribution de charges à symétrie sphérique

28 / 58
La distribution D de charges ne dépend que de la distance r à un point fixe O. l’espace est donc repéré par les
coordonnées sphériques d’origine O. Le champ électrostatique en M s’écrit :

E ( M ) = E (r ,  ,  ) = Er (r ,  ,  )ur + E (r ,  ,  )u + E (r ,  ,  )u

• Tout plan contenant la droite OM est un plan de symétrie de D donc E(M ) appartient à tous ces plans,

il est donc porté par la droite OM : E (M ) = Er (M ) ur .

• La distribution D est invariante par toute rotation autour de tout axe passant par O donc Er ( M ) et
V ( M ) ne dépendent que de r .

Conclusion : E ( M ) = E ( r ) ur et V ( M ) = V ( r ) .

Remarque

Si V ( M ) = V (r ) alors E ( M ) = − grad V ( r ) est porté par u r

II-2.2. Application du théorème de Gauss


On applique le théorème de Gauss à travers la sphère S de centre O passant par M.

Figure 2-28 : Choix de la surface de Gauss


E =  E ( P) d S
PS
P =  E (r ) dS
PS
P puisque d S P = dS P u r .

On en déduit : E = E ( r )  dS p = 4 r 2 E ( r )
PS

Le théorème de Gauss s’écrit donc :


Qint
 E = 4 r 2 E ( r ) = ; il ne reste plus qu’à exprimer Qint .
o

29 / 58
II-2.3. Calcul du champ et du potentiel créés par la sphère

Figure 2-29 : Calcul de la charge intérieure


4
Pour r R, Qint =   r 3 ;
3
4
Pour r R, Qint = Q =   R 3
3
On a alors :
 r r2
 pour r R : E (r ) = u r et V (r ) = − +A
 3 o 6 o

 Q Q
 pour r R : E (r ) = u r et V (r ) = +B
 4 o r 2
4 o r

A et B sont des constantes réelles à déterminer.


Comme la distribution est d’extension finie, on prend le potentiel nul à l’infini, ce qui donne B = 0.
Le potentiel est une fonction continue dans tout l’espace, ce qui permet de déterminer la constante A.
 R2 Q  R2
En r = R : V ( R − ) = − + A = V (R+ ) = d ' où A=
6 o 4 o R 2 o

Finalement :
 
 pour r R : V (r ) = − ( r 2 − 3R 2 )
6 o


 Q
 pour r R : V (r ) =
 4 o r

30 / 58
 r Qr
 pour r R : E (r ) = 3 u r = 4 R 3 u r
 o o


 3 R 3 Q
 pour r R : E (r ) = ur = ur
 or 2
4 o r 2

Le champ électrostatique ne subit pas de discontinuité en r = R, cela se traduit par un raccord continu et
dérivable (pas de point anguleux) pour V en r = R.
Pour r R , le champ électrostatique est le même que celui que crée une charge ponctuelle Q située en O.

Figure 2-30 : Champ et potentiel créés par une sphère uniformément chargée en volume

Tout problème à symétrie sphérique se traite de la même façon. L’étude des symétries et des invariances et le
choix de la surface de Gauss sont identiques. La seule chose qui change, c’est le calcul de la charge à intérieure
à la surface de Gauss qu’il faut adapter à chaque situation.

II-2.4. Application : énergie de constitution d’une sphère uniformément chargée


a) Analyse dimensionnelle
On cherche à exprimer l’énergie de constitution d’une sphère uniformément chargée, c’est-à-dire l’énergie
qu’il faut fournir pour la construire en prenant toutes les charges qui la composent à l’infini. Cette sphère
chargée peut modéliser un noyau atomique.
Cette énergie va dépendre de la charge Q, du rayon R et de  0 . On la cherche donc sous la forme :
1
Econst = Qa Rb où a et b sont des nombres à priori rationnels que l’on détermine en analysant l’homogénéité
4 0

de l’expression.
D’après, par exemple, l’expression de l’énergie cinétique, on peut écrire : [ Ec ] = ML2T −2 .

31 / 58
 1   F  L2 MLT −2 L2
D’après la loi de coulomb :   = = .
  0  Q 
2
I 2T 2

MLT −2 L2
On en déduit : ML2T −2 = ( IT ) a Lb . les masses s’éliminent et il reste : L2T −2 = L3+bT a −4 I a −2 .
I 2T 2
On en déduit : a = 2 et b = −1.
L’énergie de la constitution d’une sphère chargée est de la forme :
Q2
E = (2-32) où  est un nombre sans dimension.
4 0 R

b) Expression exacte de cette énergie


L’énergie de constitution de cette sphère est définie comme le travail qu’il faut fournir pour la construire en
prenant les charges à l’infini. On admet que cette énergie ne dépend pas de la façon dont on construit la sphère :
on la construit par couches sphériques concentriques successives. Par ailleurs, on ne cherche que l’énergie
nécessaire à la constitution de la sphère. On va donc considérer qu’on construit la sphère très lentement et que
le travail que l’on doit fournir ne sert pas à la modification de l’énergie cinétique des charges, que l’on
supposera donc à chaque instant en équilibre sous l’action de l’opérateur qui construit la sphère et de
l’interaction électrostatique avec la portion de sphère déjà créée.
4 3Q
La sphère de rayon r a déjà été construite, elle porte la charge q (r ) =   r 3 où  = .
3 4 R 3
Pour augmenter de dr le rayon r de la sphère de rayon r déjà construite, il faut amener la charge dq =  4 r 2dr

q(r )  r 2
depuis l’infini, où le potentiel électrostatique est nul, jusqu’à une zone où il est V (r ) = = d’après
4 0 r 3 0
le calcul effectué plus haut. Le travail que doit fournir l’opérateur est égal à la variation d’énergie potentielle
de la charge dq :
4 2 4
 Top = dq V (r ) = r dr . Ce travail est positif car l’opérateur doit constamment vaincre la force
3 0
d’interaction coulombienne entre charges de même signe. Cette force étant répulsive, l’opérateur fournit du
travail.
On intègre cette expression pour r variant de 0 à R pour trouver l’énergie de constitution. Il vient :
R 4 2 4 4 2 R5 3 Q2
Econst =  r dr = =
0 3 0 15 0 4 0 5R
La constante  introduite précédemment est donc égal à 3/5.

32 / 58
En calculant l’énergie nécessaire à la construction du noyau, vu comme une sphère uniformément chargée,
par adjonction de couches successives provenant de l’infini, on montre que l’énergie électrostatique de
constitution d’un noyau atomique est égale à :
3 Q2
Econst = (2-33)
4 0 5R

Remarque
L’analogie avec la gravitation permet d’obtenir l’énergie gravitationnelle Econst d’une sphère de rayon R et de

1
masse M. Pour cela, il suffit de remplacer par - G et Q par M.
4 0

3 GM 2
On en déduit : Econst = − . Cette énergie est négative car l’interaction gravitationnelle est toujours
5 R
attractive. Il faut fournir de l’énergie pour détruire la sphère.

c) Application au noyau
On considère un modèle de noyau dans lequel la charge électrique Ze est uniformément répartie dans le volume
1
d’une sphère de rayon R=R0 A3 où R0 = 1,3 fermi = 1,3 10−15 m . L’énergie coulombienne d’un noyau de
60
cobalt 27Co par exemple est (on pose A = 60 et Z=27) :

3 ( Ze)2
Econst = = 44 MeV .
4 0 5R0 A1/3
La stabilité du noyau ne peut pas s’interpréter à partir de cette énergie car elle est positive. Donc l’état où les
nucléons sont condensés dans le noyau correspond à un état moins stable que les nucléons infiniment éloignés
puisque son énergie est plus grande. Il existe une autre interaction qui stabilise les noyaux atomiques, c’est
l’interaction forte entre atomes.

II-3. Exemple de problème à symétrie cylindrique:

cylindre uniformément chargé.


On considère un cylindre très long, de rayon a, uniformément chargé en volume. On étudie ses effets à une
distance du fil assez petite devant sa longueur pour pouvoir le supposer infini.

33 / 58
Figure 2-31 : Distribution de charges à symétrie cylindrique

II-3.1. Etude des symétries


La distribution volumique de charges ne dépend que de la distance r à un axe fixe Oz. L’espace est donc repéré
par les coordonnées cylindriques d’axe Oz. Le champ électrostatique en M s’écrit :

E ( M ) = E ( r ,  , z ) = Er ( r ,  , z ) ur + E ( r ,  , z ) u + Ez ( r ,  , z ) u z .

• Le plan  = (M , u r , u z ) est plan de symétrie de D . Le plan ' = ( M , u r , u ) est également plan de

symétrie de D puisqu’on considère le cylindre infini. E(M ) appartient à ces deux plans, il est donc

porté par u r : E ( M ) = Er ( M )u r

• La distribution D est invariante par toute rotation autour de l’axe Oz et par toute translation
parallèlement à l’axe Oz donc Er ( M ) et V ( M ) ne dépendent que de r : E ( M ) = E ( r ) et

V (M ) = V (r ) .

On a donc : E ( M ) = E ( r ) u r et V ( M ) = V ( r ) .

Remarque

Si V ( M ) = V ( r ) alors E ( M ) = − grad V est porté par u r

II-3.2. Application du théorème de Gauss


On applique alors le théorème de Gauss à travers le cylindre C d’axe Oz, de hauteur h arbitraire et dont la
surface contient le point M:

34 / 58
Figure 2-32 : Flux à travers un cylindre

Pour les points P appartenant aux surfaces S1 et S 2 , E ( P ) est orthogonal à d S P , le flux de E ( P ) à travers

ces surfaces est donc nul. Pour M  Slat , E ( M ) et d S M sont colinéaires, donc :

E =  E ( P ) dS M =  E ( r ) dS M = E ( r )  dS M = 2 r h E ( r )
M S M Slat M Slat

Le théorème de Gauss s’écrit alors :


Qint
 E = 2 r h E ( r ) = .
0
Il ne reste plus qu’à exprimer Qint .

II-3.3. Exemple d’un cylindre très long , de rayon a, uniformément chargé en volume
(densité  )
Pour r a , Qint =  r 2 h et pour r a , Qint =  a2 h

 r r2
 pour r a : E ( r ) = u et V ( r ) = − +A
2 0 4 0
r


 pour r R : E ( r ) =  a u et V ( r ) = −  a ln r
2 2

 2 0 r
r
2 0 r0

La relation entre les constantes A et r0 est donnée par la continuité du potentiel en r = a. On ne peut pas aller

plus loin dans la détermination des constantes d’intégration car il y a des charges à l’infini, ce qui empêche de
prendre V = 0 à l’infini. Pour déterminer toutes les constantes, il faut donner la valeur du potentiel en un point
donné.

35 / 58
Remarque
Tout problème à symétrie cylindrique se traitera de la même façon. L’étude des symétries et des invariances et
le choix de la surface de Gauss sont identiques. La seule chose qui change, c’est le calcul de la charge intérieure
à la surface de Gauss qu’il faut adapter à chaque situation.

II-4. Exemples de problèmes à symétrie plane


On reprend la distribution de charges étudiée précédemment (figure 2-6) : la distribution de charges, infinie
dans les directions parallèles à (Oy) et (Oz), est définie par la densité volumique :
  ( x) = 0 pour x  −, −a

  ( x) = 0 = cte pour x   −a, a 
  ( x) = 0 pour x  a, 

Figure 2-6 : Distribution de charges présentant des plans de symétrie

II-4.1 Etude des symétries


L’espace est repéré par les coordonnées cartésiennes. Les symétries et invariances de cette distribution de
charges ont été étudiées précédemment (voir paragraphe I-3.1.).

• La distribution est invariante par toute translation parallèlement à Oy ou à Oz donc E ( M ) = E ( x ) et

V (M ) = V ( x) .

• En un point M quelconque de l’espace, les plans 1 = ( M , u x , u y ) et  2 = ( M , u x , u z ) sont des plans de

symétrie de la distribution de charges, donc E ( M ) appartient à ces deux plans, il est porté par u x :

E (M ) = E (M )ux .

36 / 58
On a donc : E ( M ) = E ( x ) u x et V ( M ) = V ( x ) . Le plan 3 = (O, u y , u z ) est également un plan de symétrie

de distribution de charges donc, si M ' est symétrique de M par rapport à  , E ( M ' ) est le symétrique de

E ( M ) par rapport au plan vectoriel associé et V ( M ') = V ( M ) .

On en déduit que E ( − x ) = − E ( x ) et V ( x ) = V ( − x ) .

Figure 2-33 : Symétrie du champ électrique

On a donc : E ( M ) = E ( x ) u x , avec E ( x ) fonction impaire et V ( M ) = V ( x ) avec V ( x ) fonction paire.

II-4.2. Calcul du champ par le théorème de Gauss


On applique le théorème de Gauss à travers le cylindre C d’axe Ox, de section S arbitraire, situé entre les plans
de cote x (point M)et – x (point M’). La cote x du point M est positive. Pour la lisibilité de la figure, on a choisi
x > a mais le résultat est valable également pour x < a .

Figure 2-34 : Surface de Gauss

37 / 58
Sur S1 : E ( M ) dS M = E ( x) S ; sur S 2 : E ( M ') dS M ' = − E (− x)S et sur Slat : E ( M '') dS M '' = 0 .

E =  M C
E ( P) dSM = E ( x) S − E (− x) S = 2 E ( x) S

puisque E ( x) = − E (− x) .
Qint
Le théorème de Gauss donne  E = . Pour exprimer Qint , il faut distinguer les cas x a et x a.
0
Si x a , Qint = 2a 0 S , si x a , Qint = 2 x 0 S .
On en déduit :
 0
 E ( x) = − a pour x  −, −a
 0
 0
 E ( x) = x pour x   −a, a 
 0
 
 E ( x) = 0 a pour x  a, 
 0

Les courbes représentatives de E ( x ) et V ( x) sont :

Figure 2-35 : Champ et potentiel

II-4.3. Modélisation surfacique


On suppose maintenant que la distance à laquelle on étudie le champ soit très grande devant 2 a (tout en restant
très petite devant les autres dimensions de la distribution, sinon on ne peut plus faire l’approximation d’une
distribution infinie).
Le cylindre d’axe Ox, de surface de base dS et de hauteur 2a contient la charge dq = 0 2adS .

38 / 58
On peut alors définir la charge par unité de surface de la distribution par  = 2a  0 ; on a donc :
dq =  dS . (2-34)  s’appelle la densité surfacique de charges.
Si on considère dès le départ une distribution infiniment fine, on peut reprendre l’étude précédente. Les
symétries sont exactement les mêmes.
On applique alors le théorème de Gauss comme précédemment, mais main tenant il n’y a plus qu’un seul cas
pour exprimer la charge contenue dans la surface de Gauss. Puisque la distribution est uniforme Qint =  S , ce

qui donne :
 
 E ( M ) = u x pour x 0
 2 0

 E ( M ) = −  u pour x 0
 2 0
x


Ce que l’on peut résumer par : E (M ) = n (2-35)
2 0

où n est la normale au plan, et fuyant le plan.

Par ailleurs :

 
V ( M ) = − 2 x + A pour x 0
 0

 V ( M ) =  x + B pour x 0
 2 0

La continuité de V en x = 0 impose A = B . On ne peut pas en dire plus à cause de la présence de charge à


l’infini, sauf si on choisit V (0) = 0 comme précédemment.

Figure 2-36 : Champ et potentiel créés par un plan uniformément chargé

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Remarque
Dans cette modélisation, le champ électrique n’est pas défini en x = 0. Il subit une discontinuité à la traversée
d’une surface chargée. Mais il ne faut pas oublier que cette modélisation surfacique n’est qu’un cas limite de
 
la modélisation volumique. En réalité, le champ varie de − à sur une épaisseur 2a , toute petite devant
2 0 2 0
les distances auxquelles on étudie le champ.

II-4.4. Application au condensateur plan


Un condensateur plan est constitué de deux armatures planes, parallèles, de même forme de surface S et
espacées d’une distance e. On suppose que e est très faible devant les dimensions des plaques ce qui permet
de les considérer comme « infinies ». L’état électrique ne dépend alors que de la coordonnée x le long d’un axe
perpendiculaire aux plaques. Ce modèle est convenable loin du bord des plaques : on néglige les « effets de
bord ».

Figure 2-37 : Condensateur plan

Afin de relier entre elles la charge et la différence de potentiel entre les deux armatures, il faut calculer le
champ électrostatique entre les armatures.
e
On appelle P1 le plan portant la densité de charges −  , situé en x = − et P2 le plan portant la densité de
2
e
charges  ( 0 ) , situé en x = . Le plan P1 porte la charge totale − Q = −  S et le plan P2 la charge
2
Q =S .

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Les résultats obtenus aux paragraphes précédents permettent d’exprimer le champ électrostatique créé par le
  e
 2 u x si x  − 2
 0
plan P1 : E1 = 
−  u si x  − e
 2 0 x 2

  e
− 2 ux si x  2

E2 = 
0
et celui créé par P2 :
  u si x  e
 2 0 x 2

Le champ électrostatique créé par l’ensemble du condensateur est, par superposition :

 e
 0 si x  2
E= 
 −  u x si x  e
  0 2

Figure 2-38 : Champ électrostatique créé par un condensateur plan


La différence de potentiel U entre les armatures s’obtient en calculant la circulation du champ électrique sur
une ligne de champ reliant deux points A1 et A2 sur les armatures (figure 2-37) :

A1    
( )
A1
U = V ( A2 ) − V ( A1 ) =  E (M ) dl =   u x  dxux = e
A2  0
 0 
A2

Q Qe Q
Par ailleurs,  = , donc U = = où C est la capacité du condensateur.
S 0S C

0S
La capacité du condensateur plan est : C= (2-36)
e

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Remarque
Si l’espace entre les armatures est un milieu de permittivité  =  r  0 , il suffit de remplacer  0 par  dans

l’expression de la capacité. En pratique, on utilise un milieu de permittivité relative comprise entre 2 et 3, ce


qui permet, pour une géométrie identique, d’augmenter la capacité du condensateur

III- Dipôle électrostatique


L’étude du dipôle électrostatique, ensemble de deux charges identiques de signes opposés, revêt une grande
importance, notamment en chimie. Ce modèle permet d’expliquer par exemple les interactions de nature
électrostatique qui existent à l’échelle microscopique.
On s’intéresse au dipôle électrostatique sous deux aspects : un aspect actif en étudiant le champ et le potentiel
créés à grande distance et un aspect passif en étudiant les actions subies par un dipôle dans un champ
électrostatique extérieur.

III-1. Potentiel et champ créés par le dipôle en un point à


grande distance

III-1.1. Introduction
La matière est globalement neutre. Certaines molécules, comme la molécule d’HCl ou celle d’H2O sont neutres
mais le barycentre des charges positives (les noyaux) et celui des charges négatives (les électrons) ne sont pas
confondus. Cela est dû à des électronégativités différentes des atomes composant la molécule et/ou à la
géométrie de celle-ci.
D’autre part, sous l’action d’un champ électrique extérieur, un atome ou une molécule va se déformer, les
charges positives étant attirées dans un sens et les charges négatives dans l’autre.
La distribution de charges constituée de deux charges de même valeur absolue mais de signe contraire se
rencontre donc couramment à l’échelle microscopique. C’est ce type de distribution qui fait l’objet de ce
paragraphe.

III-1.2. Dipôle électrostatique, approximation dipolaire


Le dipôle électrostatique, ensemble de deux charges identiques de signes opposés − q et q ( q 0 ) est

assimilé à des charges ponctuelles, dont on étudie les effets à une distance grande devant la distance entre
les deux charges (figure 2-39).

42 / 58
Plus généralement, le dipôle électrostatique constitue un modèle simple de distribution de charge totale nulle
lorsque l’on cherche à décrire leur action à une distance grande devant la taille caractéristique de la distribution.
Dans ce cas, le point N sera le barycentre des charges négatives, le point P celui des charges positives et la
charge q la somme des charges positives de la distribution.

Figure 2-39 : Dipôle électrostatique ( r a)


Remarque
Deux charges de signes opposés ont tendance à s’attirer. Ici, les deux charges restent à une distance donnée ;
il y a donc d’autres interactions qui interviennent (dont on ne tient pas compte dans cette étude).

III-1.3. Moment dipolaire


Le moment dipolaire de la distribution est défini par : p = qNP (2-37)
Le vecteur moment dipolaire est dirigé de la charge négative vers la charge positive. Le module du moment
dipolaire, p = q a, s’exprime en C m.
A l’échelle d’une molécule, q est de l’ordre de grandeur de la charge élémentaire et a de la taille d’un atome.
L’ordre de grandeur des moments dipolaires moléculaires est donc de 10 -29 C m. On préfère souvent les donner
en debye, de symbole D, de valeur : 1D = 3,336 10 -30 C m.

Analyse des symétries et des invariances


Le système de coordonnées choisi pour étudier le potentiel et le champ créés par le dipôle est celui des coordonnées
sphériques d’axe celui du dipôle, que l’on appellera (Oz).

La distribution de charge est invariante par rotation autour de l’axe du dipôle, donc le champ électrostatique E ( M ) et

le potentiel V ( M ) ne dépendent pas de l’angle  , mais uniquement de r et de  .

De plus, le plan qui contient le point M (par exemple le plan de la feuille) où on cherche le champ et l’axe (Oz) est un
plan de symétrie de la distribution de charges puisque celles-ci y sont entièrement contenues : le champ électrostatique

créé par le dipôle en M appartient à ce plan, il n’a pas de composante selon u .

43 / 58
On se place donc dans un plan  = constante et on repère un point M par ses deux autres coordonnées sphériques : r et

 . L’origine du repère est prise en O, milieu du segment NP (figure 2-40)

Remarque :
Les coordonnées r et  sont aussi les coordonnées polaires du point M dans le plan  = constante.

III-1.4. Potentiel crée par un dipôle électrostatique

Figure 2-40 : Calcul de potentiel et champ créés par un dipôle électrostatique

Le potentiel créé en M par le dipôle est :

−q q q  1 1 
V (M ) = + =  − .
4 0 MN 4 0 MP 4 0  MP MN 

L’approximation dipolaire consiste à tenir compte du fait que r a.

Pour cela, on exprime :

( MP ) = ( MO + OP ) = ( MO ) + (OP )
2 2 2 2
+ 2 MO OP

a2 a
= r + − 2r cos 
2

4 2

 a cos  a 2 
= r 1 −
2
+ 2
 r 4r 

44 / 58
−1
1 1  a cos  a 2  2
1  a cos   a
On a donc : = 1 − + 2 1 +  au premier ordre en r .
MP r  r 4r  r 2r 
De même :

( MN ) = ( MO + ON ) = ( MO ) + (ON )
2 2 2 2
+ 2 MO ON

a2 a
= r2 + + 2r cos 
4 2

 a cos  a 2 
= r 2 1 + + 2
 r 4r 
−1
1 1  a cos  a 2  2
1  a cos   a
On a donc : = 1 + + 2 1 −  au premier ordre en r .
NP r  r 4r  r 2r 
a
On en déduit V ( M ) dans le cadre de l’approximation dipolaire, c’est-à-dire au premier ordre en :
r
q  1 1  1 qa cos 
V (M ) =  − = (2-38)
4 0  MP MN  4 0 r2

OM
On remarque que qa cos  = p cos  = p  ur = p  .
r
Le potentiel créé par le dipôle est :
1 p cos  1 p  OM
V (M ) = = (2-39)
4 0 r 2
4 0 ( OM )3

Remarque
La deuxième expression du potentiel ne dépend pas du système de coordonnées choisi, c’est une expression
intrinsèque qui est intéressante quand on superpose les effets de plusieurs dipôles.

III-1.5. Champ créé par un dipôle électrostatique


Le champ se déduit du potentiel grâce à la relation : E ( M ) = − grad V ( M )

On rappelle l’expression du gradient en en coordonnées sphériques :


V 1 V 1 V
gradV = ur + u + u
r r  r sin  

45 / 58
On obtient :

2 p cos  p sin 
E (M ) = ur + u (2-40) ou encore écrire :
4 0 r 3
4 0 r 3

1
( )
3 p  OM OM − OM
( ) p
2
E (M ) =
4 0 ( OM )
5  

Comme pour le potentiel, cette dernière formulation du champ est très utile car indépendante du système de
coordonnées.
Le champ créé par le dipôle est :
2 p cos  p sin  1
(
3 p  OM OM − OM
) ( ) p
2
E (M ) = ur + u = 5 
(2-41)
4 0 r 3
4 0 r 3 
4 0 ( OM )  

Remarques
• Le champ et le potentiel électrostatiques s’expriment en fonction du moment dipolaire p et non en
fonction de a et de q séparément : le moment dipolaire est bien la grandeur caractéristique du dipôle.
• La méthode utilisée : calcul du potentiel puis de son gradient pour trouver le champ, est la plus simple.
Le calcul direct du champ électrostatique est beaucoup plus compliqué car les champs créés par les
deux charges ne sont pas colinéaires et le développement limité est bien plus délicat à effectuer.

III-1.6. Topographie du champ


a) Analyse qualitative
1 1
Le potentiel crée par le dipôle décroit en 2
et le champ en 3 alors que pour une charge ponctuelle, ils
r r
1 1
décroissent respectivement en et 2 : les effets d’un dipôle se font ressentir à moins grande distance que
r r
ceux d’une charge seule.

Le plan  = est un plan d’antisymétrie de la distribution de charge. En un point de ce plan, E est porté
2

uniquement par u  (qui s’identifie à - u z en un point de ce plan), il est bien orthogonal au plan.
Le plan  = 0 est un plan de symétrie de la distribution de charge. En un point de ce plan, E est porté

uniquement par u r (qui s’identifie à u z en un point de l’axe Oz), il est bien dans ce plan.

46 / 58
b) Carte de lignes de champ et des équipotentielles
La carte des lignes de champ et des équipotentielles du dipôle, obtenue à l’aide d’un logiciel d’intégration
numérique est représentée sur la figure 2-41.
La zone hachurée est trop proche des charges et l’approximation dipolaire n’y est pas valable. On observe bien
que les équipotentielles et les lignes de champ sont orthogonales en tout point.
La figure en trois dimensions s’obtient par rotation de celle-ci autour de l’axe du dipôle.

Figure 2-41 : Lignes de champ et équipotentielles créées par un dipôle électrostatique


Remarques
dr rd
• L’équation des lignes de champ est = d’après ce qui a été vu au chapitre précédent.
Er (r , ) E (r ,  )

1 dr 2 cos  d ln ( r ) 2d ( sin  )
Leur équation différentielle est donc = , ou encore = .
r d sin  d sin 
r sin 
C ette équation s’intègre en ln = 2ln ( r0 et  0 sont des constantes), c’est-à-dire : r = A sin 2 
r0 sin 0
où A est une constante différente à chaque ligne de champ.
cos 
• L’équation des équipotentielles est =K, K étant une constante caractéristique de
r2
l’équipotentielle.

47 / 58
III-2. Action d’un champ extérieur sur un dipôle
III-2.1. Cas d’un champ extérieur uniforme
a) Force exercée sur un dipôle par un champ électrostatique extérieur uniforme
La résultante des forces qui s’exercent sur un dipôle électrostatique est la somme des forces qui s’exercent sur
chacune des deux charges. On peut noter que la force d’interaction entre les deux charges constituant le dipôle
donne une contribution nulle par le principe des actions réciproques (figure 2-42).

Figure 2-42: Action d’un champ électrostatique uniforme sur un dipôle

F = qE( P) − qE( N )

Si le champ est uniforme E( P) = E( N ) et F = 0 .


La résultante des actions subies par un dipôle dans un champ électrostatique uniforme est nulle.

b) Moment exercé sur un dipôle par un champ électrostatique extérieur uniforme.


De la même manière, le moment des forces qui s’exercent sur le dipôle est :

M O = OP  qE ( P) − ON  qE ( N )

M O = q(OP − ON )  E
M O = qNP  E
MO = p  E
Le moment en O (milieu du dipôle) des actions subies (forces) par un dipôle dans un champ électrostatique

uniforme est égal à M O = p  E (2-42)

Il est indépendant du point où on le calcule.

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c) Analyse qualitative de l’action d’un champ électrostatique extérieur uniforme sur un dipôle

On note  l’angle entre p et E ; k un vecteur unitaire perpendiculaire à p et E . Le moment des actions

subies par le dipôle s’écrit : M O = pE sin  k .

D’après le théorème du moment cinétique, le dipôle sera en équilibre si M O est nul donc si sin  = 0 , c’est-

à-dire  = 0 ou  =  .
Les positions d’équilibre d’un dipôle dans un champ électrostatique uniforme corre spondent à des positions
parallèle ou antiparallèle au champ électrostatique.
Pour savoir la stabilité de ces positions, on regarde comment évolue le dipôle si on l’écarte légèrement de sa
position d’équilibre.
•  = 0:

Figure 2-43 : Stabilité de la position parallèle

Les forces sur les deux charges tendent à ramener le dipôle dans sa position d’équilibre, donc la position  = 0
est stable.

•  =

Figure 2-44 : Stabilité de la position antiparallèle

Les forces sur les deux charges tendent à éloigner le dipôle de sa position d’équilibre, donc la position  = 
est instable.
Un champ électrostatique uniforme tend à orienter les dipôles suiva nt les lignes de champ.

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III-2.2. Cas d’un champ extérieur non uniforme
a) Force exercée sur un dipôle par un champ électrostatique extérieur non uniforme

La force s’exprime par : F = qE ( P) − qE ( N ) = q  E ( P ) − E ( N ) 



Le champ extérieur n’étant pas uniforme, cette force n’est pas nulle : il faut tenir compte des variations du
champ entre P et N . Or la définition d’un dipôle impose à la distance PN d’être faible devant les distances
caractéristiques du problème donc en particulier devant la distance caractéristique des variations du champ
électrostatique extérieur auquel le dipôle est soumis. Dans le cadre du programme l’expression finale de la

résultante F des forces est toujours fournie.

b) Moment exercé sur un dipôle par un champ électrique extérieur non uniforme
On pose E( P) E(O) E( P) et E( N ) E(O) E( N )

M O = OP  qE ( P) − ON  qE ( N )

= qOP   E(O) +  E( P)  − qON   E (O) +  E ( N ) 

= q(OP − ON )  E (O) + q OP   E ( P) − ON   E ( N ) 

qNP  E(O)

p  E(O)
Dans ce développement, les termes du premier ordre ont été négligés pour ne garder que le terme principal
d’ordre zéro qui est non nul. Donc M O p E(O) (2-45)

c) Analyse qualitative de l’action d’un champ électrostatique extérieur non uniforme sur
un dipôle.
L’effet d’un champ extérieur non uniforme dépend à la fois de la résultante et du moment des forces qui
s’exercent sur le dipôle.
Le moment tend, comme dans le cas du champ uniforme, à orienter le dipôle dans le sens des lignes de champ.
C’est l’action principale d’un champ extérieur, qu’il soit ou non uniforme.
En effet, à l’échelle du dipôle, tout champ est en première approximation uniforme.
L’effet principal d’un champ extérieur sur un dipôle est son orientation suivant les lignes de ce champ.
Si le dipôle est orienté dans le sens du champ, p > 0, donc F est orienté dans le sens des champs croissants.
Un dipôle orienté dans le sens du champ est attiré vers les zones de champ intense.

50 / 58
III-2.3. Energie potentielle d’un dipôle dans un champ électrostatique extérieur
a) Expression de l’énergie potentielle
On s’intéresse maintenant à l’énergie électrostatique d’un dipôle dans un champ extérieur et non à l’énergie de
la constitution du dipôle. On peut définir cette énergie de constitution exactement de la même manière que
celle du noyau atomique dans le paragraphe précédent, à ceci près qu’ici il s’agit de charges ponctuelles.
L’énergie d’interaction des deux charges dépend de chacune des charges et de leur distance mutuelle. Ici, on
s’intéresse qu’à des dipôles rigides, donc l’énergie de constitution du dipôle reste constante.
Soit V le potentiel associé au champ dans lequel est placé le dipôle.
L’énergie potentielle du dipôle dans le champ extérieur est la somme des énergies potentielles de chacun de
ces charges :
Ep qV ( P) qV ( N ) q V ( P) V ( N )

On appelle O le milieu du segment PN et on suppose les dimensions du dipôle faibles devant la distance

caractéristique de variation du champ. Par définition du gradient :

V ( P) V (O) grad V (O) OP E (O) OP et

V ( N ) V (O) grad V (O) ON E (O) ON .

On en déduit :

E pot qE (O) (OP ON )

qNP E (O)

p E (O)

L’énergie potentielle d’un dipôle rigide dans un champ extérieur est : E pot p E (O) (2-46)

Cette énergie correspond à l’énergie que doit fournir un opérateur extérieur pour amener le dipôle supposé déjà

constitué depuis l’infini jusqu’à sa position actuelle. La résultante F des forces peut alors s’écrire en première

approximation: F grad p E (O ) (2-47)

Remarque
L’action d’un champ extérieur, résultante, moment et énergie, s’exprime en fonction du vecteur moment
dipolaire et non de la charge et de la distance entre les deux charges séparément. Le vecteur moment dipolaire
permet d’exprimer le champ créé et les actions subies, c’est bien la grandeur appropriée pour décrire une
distribution dipolaire.

51 / 58
b) Retour sur l’étude des positions d’équilibre
On peut à partir de l’énergie potentielle, retrouver les résultats relatifs à l’équilibre d’un dipôle dans un champ
électrostatique extérieur et à leur stabilité.

En effet, E pot p E pE cos , en notant l’angle entre le champ électrostatique et le dipôle.

La figure 2-45 donne la courbe représentative de l’énergie potentielle en fonction de .

Figure 2-45 : Energie potentielle d’un dipôle rigide dans un champ extérieur
La position = 0 correspond à un minimum d’énergie potentielle donc à une position d’équilibre stable.
La position = correspond à un maximum d’énergie potentielle donc à une position d’équilibre instable.
On retrouve des résultats de l’étude menée à partir du moment des actions exercées par le champ sur le dipôle.

III-3. Approche descriptive des interactions moléculaires


Un exemple où l’étude du dipôle est particulièrement importante est constitué de l’analyse des molécules et de
leurs interactions électrostatiques.

III-3.1. Moment dipolaire permanent


Les atomes dans leur état fondamental sont neutres et on peut en première approximation les considérer comme
à symétrie sphérique. On en déduit que :
• la somme des charges est nulle ;
• le barycentre des charges positives et celui des charges négatives sont confondus. Le moment dipolaire
des atomes est nul.
En revanche, les molécules, bien que globalement neutres, peuvent présenter un moment dipolaire non nul. En
effet, la disposition spatiale des atomes et/ou leur différence de propriétés les rendent dissymétriques : les
barycentres des charges positives et des charges négatives peuvent ne pas être confondus. Dans ce cas, on a
une distribution dipolaire. On parle alors de moment dipolaire permanent.

52 / 58
On peut noter que les moments dipolaires permanents sont d’autant plus grands que la molécule est
dissymétrique.
Comme on l’a déjà signalé, on n’utilise pas l’unité du système international le coulomb mètre (C m) : cette unité n’est
30
pas adaptée aux ordres de grandeurs rencontrés en chimie. On préfère le debye de symbole D: 1D = 3,336 10 C m.

III-3.2. Quelques valeurs de moments dipolaires :

Molécule Moment dipolaire permanent(D)


Chlorure d’hydrogène HCL 1,08
Eau H 2O 1,85

Monoxyde de carbone CO 0,11


Ammoniac NH 3 1,49

Acide nitrique HNO3 2,17

Propène CH 3CHCH 2 0,35

Ethanol CH3CH 2OH 1,70

Ethanal CH3CHO 2,70

53 / 58
III-3.3. Interaction ion-molécules
L’eau par exemple est un solvant polaire puisque les molécules d’eau ont un moment dipolaire permanent
(figure 2-46)

Figure 2-46 : Moment dipolaire de la molécule d’eau

Un ion dans une solution aqueuse crée dans son environnement un champ identique ponctuel à celui d’une
charge ponctuelle si on suppose qu’il possède la symétrie sphérique. Les lignes de champ sont donc des demi-
droites issues du centre de l’ion. D’après ce qui précède, le champ créé par l’ion va avoir tendance à orienter
les dipôles des molécules d’eau selon ces lignes de champ et à les attirer vers lui, zone où le champ est le plus
intense. Il s’agit du phénomène de solvatation, illustré sur les deux figures 2-47 et 2-48.
L’ion est alors entouré d’un certain nombre de molécules de solvant, qui masquent en partie la charge de l’ion.

Figure 2-47 : Solvatation d’un anion Figure 2-48 : Solvatation d’un cation

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III-3.4. Interaction molécule-molécule
On considère deux dipôles rigides, de moment dipolaires p1 et p 2 situés aux points M 1 et M 2 . On note:

r = M 1M 2 .

L’énergie potentielle du premier dipôle dans le champ du second est, d’après la relation (2-46) :

1  3 ( p1  r )( p 2  r ) 
E pot1 = − p1  E 2 ( M 1 ) = −  + p1  p 2 
4 0 r 
3
r 2

Cette expression est inchangée si on inverse le rôle des dipôles. C’est l’énergie d’interaction entre les deux
dipôles, on la note E pot12 . Elle fait intervenir la distance r mais aussi les orientations relatives de vecteurs

p1 , p 2 et r .

Figure 2-49 : Deux dipôles en interaction


1
L’énergie d’interaction entre les deux dipôles est de la forme : 12 = f (1 ,  2 ,  ) où f (1 , 2 ,  ) est une
r3
fonction des trois angles définis sur la figure 2-49 qu’il n’est pas nécessaire de déterminer à ce stade. L’énergie
1 1
varie comme 3
à (1 , 2 ,  ) donnés ; la force d’interaction entre les deux dipôles varie donc en 4 .
r r
Mais attention, cette énergie représente l’interaction de deux molécules polaires isolées.
Pour exprimer les interactions entre dipôles permanents, appelées interactions de Keesom, dans un fluide, il
faut tenir compte de la répartition statistique des orientations relatives de dipôles. On obtient alors une énergie
1
d’interaction moyennée sur toutes les orientations possibles proportionnelle à , donc une force d’interaction
r6
1
en .
r7
L’énergie d’interaction entre deux molécules polaires, moyennée sur toutes les orientations possibles des
1
dipôles varie comme .
r6

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III-4. Moment dipolaire induit
III-4.1. Polarisabilité
Un atome ou une molécule ne possédant pas de moment dipolaire permanent peut en acquérir un sous l’action
d’un champ électrostatique E , par exemple à l’approche d’une molécule possédant un moment dipolaire
permanent.
En effet, sous l’action d’un champ électrostatique, les charges positives et les charges négatives se déplacent
en sens opposé : les barycentres des charges positives et des charges négatives font de même. Dans le cas d’une
molécule sans moment dipolaire permanent, ils passent d’une situation où ils étaient confondus à une situation
où ils ne le sont plus. Ce simple déplacement des barycentres des charges positives et des charges négatives
permet aux molécules d’acquérir un moment dipolaire qu’on qualifie de moment dipolaire induit.
On notera que les moments dipolaires induits sont négligeables devant les moments dipolaires permanents
lorsque ceux-ci existent.
Dans l’approximation linéaire qui est valable pour les champs faibles (approximation qui peut donc se justifier
dans le cas du champ créé par une molécule voisine par exemple), le moment dipolaire induit est proportionnel
au champ E : p =  0 E (2-48)

La molécule est polarisable et  est un coefficient appelé polarisabilité.

Dimension de 
•  p  =[𝑐ℎ𝑎𝑟𝑔𝑒 ] L d’après la définition du moment dipolaire ;
•  0 E  =[𝑐ℎ𝑎𝑟𝑔𝑒 ] L2 d’après l’expression du champ coulombien ;
Donc   = L3 . La polarisabilité  s’exprime en m 3 .

Remarques
• La relation entre p et E est linéaire, ce qui suppose que le champ électrique n’est pas trop intense.

En fait, il doit être faible devant le champ Eatome existant dans l’atome. On a vu au paragraphe précédent

qu’il est de l’ordre de 1011 V m−1 , donc l’approximation E Eatome ne pose en général pas de problème.

• Le moment dipolaire induit est toujours beaucoup plus faible que le moment dipolaire permanent. On
néglige donc en général la polarisation induite dans une substance polaire.

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III-4.2. Modèle de Thomson
En 1904, le physicien anglais Sir Joseph-John Thomson propose le modèle suivant de l’atome :
• la charge positive Q = Ze de l’atome est répartie uniformément dans une sphère de rayon a,

• les électrons, assimilés à des points matériels, se déplacent librement à l’intérieur de cette sphère.
Ce modèle permet d’expliquer la polarisabilité des atomes.
Le champ créé par le noyau à l’intérieur de celui-ci a été calculé au paragraphe (II-2.3). Il vaut :
Zer
E= ur .
4 0 a3
En l’absence de champ extérieur, la position d’équilibre des électrons est donc le centre de l’atome (son poids
est négligeable devant la force de Lorentz). On ajoute maintenant un champ électrostatique extérieur uniforme
E0 . L’électron est alors soumis à l’action de la charge positive de l’atome et à celle du champ extérieur. La

position d’équilibre de l’électron est donc solution de l’équation :


Zer
−e u r − eE 0 = 0
4 0 a3
1
On en déduit r eq = − 4 0 a 3 E 0
Ze

Le moment dipolaire de l’atome est p = − Ze r eq (attention au signe «-» : le moment dipolaire est dirigé de la

charge négative vers la charge positive).

D’où p = 4 0 a3 E 0 =  0 E 0 .

La polarisabilité de l’atome d’hydrogène donnée par le modèle de Thomson est :  = 4 a 3 (2-49)


L’expression est bien homogène puisque  s’exprime en m 3 .
• La polarisabilité est du même ordre de grandeur que le volume V de l’atome

(  = 3V ), Donc de l’ordre de 10−30 m .


3

• Un calcul plus précis, en prenant pour rayon de l’atome d’hydrogène R = 52 pm donne  = 1,8 10−30 m 3 .
Cette expression classique donne un bon ordre de grandeur pour la polarisabilité. La valeur expérimentale de la

polarisabilité de l’atome d’hydrogène dans son état fondamental est  = 8, 4 10−30 m .


3

• La mécanique quantique permet d’obtenir une expression de la polarisabilité plus proche de la valeur
expérimentale mais le modèle de Thomson a l’avantage de donner un excellent ordre de grandeur de manière
simple.

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III-4.3. Forces de Van der Waals
Les forces de Van der Waals sont les forces d’interaction entre molécules. Elles sont de trois types :
• interactions entre dipôles permanents (interactions de Keesom) ; la prise en compte de la répartition statistique
1
des orientations relatives de dipôles amènent à une force variant comme ;
r7
• interactions entre dipôles permanents et dipôles induits (interactions de Debye) ; l’expression de l’énergie du
1
dipôle induit dans le champ créé par le dipôle permanent conduit directement à une énergie en donc à une
r6
1
force en ;
r7
• interactions entre dipôles induits (interactions de London) ; elles sont plus délicates à étudier mais conduisent
1
aussi à une loi de force en ;
r7
1
L’expression de ces forces de Van der Waals, en , permet d’interpréter de nombreuses propriétés des fluides et
r7
conduit par exemple au modèle de Van der Waals pour un gaz réel (cours thermodynamique de première année).

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