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III.3.

Énergie électrostatique
III.3.1 Énergie potentielle d’interaction
Énergie potentielle d’une charge ponctuelle dans un
champ électrostatique extérieur fixe
Soit une charge q placée en un point M.
On suppose que dans l’espace règne un champ
électrostatique E (M ) dérivant du potentiel V (M ) .
Lors d’un déplacement élémentaire dOM  MM ' du point
M au point M’ de la charge q, 
celle-ci est soumise à la force électrostatique F à cause de
l’existence du champ électrostatique E (M ) .
Pr. Hugues OMANDA
 
Elle subit donc le travail : W  F .dOM  qE ( M ).dOM
Or E ( M )   gradV ( M ) 
et par la définition du gradient E ( M ).dOM  dV

D’où: W  qdV ( M )  d (qV ( M ))

Pour un déplacement macroscopique, le travail de la force


électrostatique entre deux positions M1 et M2 s’écrit :
W  qV ( M1 )  V ( M 2 )  q (V1  V2 )
où V1 et V2 sont respectivement les potentiels aux positions
initiale et finale.
Pr. Hugues OMANDA
Ce travail ne dépend pas du chemin suivi mais des positions
finale et initiale : la force est une force conservative.
Elle dérive d’une énergie potentielle  P telle que : W   d P

On en déduit :  P  qV  cste ,
P est l’énergie potentielle de la charge q dans le potentiel
V (M ) dont dérive le champ électrostatique E (M ) .

Pr. Hugues OMANDA


Énergie potentielle d’interaction entre deux
charges
En appliquant le résultat au cas du champ créé par une charge
ponctuelle q’ placée en P, le potentiel créé en M étant:
1 q'
V (M ) 
4 0 PM
L’énergie potentielle de la charge q placée en M vaut alors :
1 qq'
 P  qV ( M ) 
4 0 PM
C’est l’énergie potentielle d’interaction entre les deux
charges q et q’ placées respectivement en M et P.
Pr. Hugues OMANDA
Remarque : Cette énergie potentielle est également l’énergie
potentielle de la charge q’ placée en P dans le champ
électrostatique créé par la charge q située en M :
1 qq'
 P '  q'V ' ( P )   P
4 0 PM
On obtient une expression symétrique vis-à-vis de q et q’,
ce qui justifie la dénomination d’énergie potentielle
d’interaction.

Pr. Hugues OMANDA


III.3.2 Énergie électrostatique
Définition

On appelle énergie électrostatique d’une distribution de


charges l’énergie nécessaire pour construire cette distribution
de manière réversible en « prenant les charges à l’infini ».

On note qu’il s’agit de l’énergie nécessaire à la constitution


(formation) de la distribution d’un point de vue
électrostatique. On exclut toute autre forme d’interaction.

Pr. Hugues OMANDA


→Dire que les charges sont initialement à l’infini,
signifie que toutes les charges de la distribution sont
initialement infiniment éloignées les unes des autres, donc
pas d’interaction électrostatique entre elles.
Ce qui correspond à prendre une énergie potentielle nulle à
l’infini.
→Cette opération est effectuée par apport d’énergie soit de
façon mécanique par un opérateur extérieur, soit de façon
électrique par apport de charges à l’aide de générateurs.
→Le calcul de cette énergie nécessite d’évaluer le travail
fourni par l’opérateur extérieur ou par les générateurs pour
placer les charges dans leur état actuel.
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Bilan énergétique et interprétation

Soit une particule de masse m de charge q dont on étudie le


mouvement.

Système : la charge q de masse m.


Référentiel : celui du laboratoire considéré comme galiléen.
Bilan des forces :
•force d’origine électrostatique,
•poids qui sera négligé ici car il est toujours négligeable
devant les forces électrostatiques,
•action de l’opérateur qui déplace la charge q.
Pr. Hugues OMANDA
→Le bilan énergétique peut être obtenu à partir du théorème
de l’énergie cinétique :
la variation d’énergie cinétique est égale à la somme des
travaux des forces appliquées soit : d c  Welec  WOp

Or on a établit que Welec   d p , on en déduit :


d p   d c  WOp
En intégrant entre l’instant où la charge n’est soumise à
aucune action électrostatique et l’instant où elle est dans sa
position finale (ou actuelle), on a, puisque  p   p  0 :
 p    c  WOp
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→ Initialement les charges sont immobiles et après leur
transfert depuis l’infini à leur position dans la distribution,
elles le sont à nouveau.
On a donc :  c  0

→ On interprète donc la définition de l’énergie


 p laW
électrostatique par relation
Op
:

→ C’est le travail que doit fournir l’opérateur pour constituer


la distribution à partir de charges infiniment éloignées.

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Remarques
•L’opérateur doit exercer une force opposée à la force
électrostatique pour amener la charge dans sa position
actuelle : WOp  d p  W Elec
→ par définition de l’énergie potentielle électrostatique et par
calcul du travail de la force électrostatique.
 
On a: F .dOM   F .dOM
Op Elec
 
→ Pour tout déplacement dOM . On en déduit : FOp   FElec
→ On peut également obtenir ce résultat par application du
principe des actions réciproques en considérant les charges et
l’opérateur ponctuels.
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Remarques
•L’opérateur exerce une force pour maintenir la charge à sa
position actuelle :
→ si ce n’était pas le cas, la charge ne serait soumise qu’à la
force électrostatique et le principe fondamental impliquerait
un mouvement de la charge
→ puisque la somme des forces et donc son accélération ne
seraient pas nulles.

•La construction de la distribution est quasi-statique et


infiniment lente

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III.3.3 Énergie électrostatique propre d’un système
de deux charges
L’énergie électrostatique propre d’un système de charges
ponctuelles est l’énergie potentielle d’interaction entre les
charges constituant le système
→Soient deux charges ponctuelles q1 et q2 placées en M1 et
M2 .
→ L’énergie électrostatique est égale au travail fourni par un
opérateur pour construire cette distribution en déplaçant les
charges q1 et q2 depuis l’infini où l’interaction électrostatique
peut être négligée.
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III.3.3 Énergie électrostatique propre d’un système
de deux charges
→ On commence par amener la charge q1 depuis l’infini
jusqu’à sa position finale M1.

→ A cette position, il ne règne aucun champ électrostatique


donc l’opérateur n’a pas à fournir une force et la contribution
à l’énergie électrostatique est donc nulle.

→ Ensuite, on amène la charge q2 depuis l’infini. Elle va être


soumise au champ électrostatique créé par q1 déjà
positionnée.
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III.3.3 Énergie électrostatique propre d’un système
de deux charges
L’opérateur doit exercer une force pour s’opposer à la force
due à la charge q1 et donc un travail : WOp  d p  W
1 q1
avec : d p  q2 dV2 et V2 
4 0 M 1M 2
1 q1q2
D’où : p 
4 0 M 1M 2
La constante est prise nulle à l’infini.
On a aussi la forme :  p  q2V2
en notant V2 le potentiel créé par les autres charges au point
où se trouve q2 (en l’occurrence créé par q1 )
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III.3.3 Énergie électrostatique propre d’un système
de deux charges
On peut également construire cette distribution en amenant
la charge q2 en premier.
Cette opération ne nécessite aucune énergie : il n’y a ni
champ ni potentiel électrostatiques.
Pour amener ensuite q1 l’opérateur doit nécessairement
fournir un travail : WOp  q1V1
en notant V1 le potentiel créé par les autres charges au point
où se trouve q1 (en l’occurrence créé par q2 ).
Donc :   qV  q V
p 1 1 2 2

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III.3.3 Énergie électrostatique propre d’un système
de deux charges
On peut donc symétriser l’expression en notant l’énergie

 p  q1V1  q2V2 
électrostatique : 1
2
C’est l’énergie électrostatique propre du système formé par
les deux charges q1 et q2 placées respectivement en M1 et M2

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III.3.4. Énergie électrostatique propre d’un système
de N charges ponctuelles
Pour obtenir l’énergie électrostatique propre d’un système de
charges ponctuelles, il suffit de généraliser le cas de 2 charges
ponctuelles.

En supposant que les N charges sont placées aux points Pi et


Pj , on a :
1 qi q j 1 1 N N qj
p 
4 0

couple ( i , j )
  qi 
Pi Pj 4 0 2 i 1 j 1 rij
i j i j

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III.3.4. Énergie électrostatique propre d’un système
de N charges ponctuelles
 
1 1 N N qj 
p  
2  4 0
q 
i 1
i
j 1

rij 
 i j 
Le coefficient 1/2 tient compte du fait que dans la sommation
on compte deux fois l’énergie électrostatique d’un couple de
charges ponctuelles.

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III.3.4. Énergie électrostatique propre d’un système
de N charges ponctuelles
En utilisant le potentiel Vi créé au point Pi par les charges
placées en Pj on a :  
1 N  N 1 qj 
 p   qi   
2 i 1  j 1 4 0 rij 
 i j 
N
1 qj
avec : Vi   4
j 1 rij
0
1 N
  qiVi
i j
On note donc : p
2 i 1
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III.3.5. Énergie électrostatique propre d’une
distribution continue de charge
Expression de l’énergie électrostatique en fonction
du potentiel
→ On utilise l’expression de l’énergie électrostatique établie
dans le cas d’un système de N charges pour exprimer celle
relative à une distribution continue de charges.
• Il suffit de remplacer la sommation discrète par une
intégrale et la charge qi par dq=(P)dv , on a donc :
1 1
p   V ( P )dv   V ( P )dv
2 volume 2 v
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Expression de l’énergie électrostatique en fonction
du potentiel

• Si la répartition est surfacique, l’expression devient :

1 1
p   V ( P )dS  V ( P )dS
2 surface 2 S
Le modèle des distributions surfaciques est important car les
conducteurs en équilibres réalisent une telle distribution.

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Expression de l’énergie électrostatique en fonction
du potentiel
Le potentiel étant uniforme sur toute la surface du
conducteur, l’énergie peut se mettre, dans ce cas, sous la
forme simple suivante :   1 V 1
p
2  ( P )dS  VQ
surface
2

Car l’intégrale représente la charge totale du conducteur.


•Dans le cas d’une distribution linéique on a :
1
p   V ( P )d
2 longueur
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Expression de l’énergie électrostatique en fonction
du champ
On montre que l’énergie électrostatique
  P d’une distribution
de charge en fonction du champ E a pour expression :
2
0E
P   dv    P dv
espace
2 espace

L’intégration porte sur tout l’espace.


Tout se passe comme si l’énergie électrostatique d’une
distribution volumique de charge était repartie dans tout
l’espace avec une densité volumique d’énergie  P .

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III.4. Topographies du champ et du potentiel électrostatiques
III.4.1 Topographie du champ électrostatique
Lors de l’étude d’un champ, plusieurs types de courbes
fournissent une représentation des caractéristiques du
champ.
On les définit ici dans le cas du champ électrostatique mais
cela restera valable dans tous les cas où on envisagera un
champ vectoriel comme le champ gravitationnel, le champ
magnétostatique ou un champ de vitesse en mécanique des
fluides.

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III.4.2 Lignes de champ
On appelle ligne de champ une courbe tangente en chaque
point au vecteur champ électrostatique.

Soit M un point où on cherche la ligne de champ de E (M ) .
On note O l’origine du référentiel dans lequel on se place.

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La direction de la tangente à la courbe sera donnée par le
vecteur dOM , vecteur déplacement élémentaire du point M
La définition de laligne de champ impose que ce vecteur
soit colinéaire à E (M ) , ce qui peut se traduire par :

dOM  k ( M ) E ( M )
où k(M) est un réel dépendant du point M,
 
ou par : E ( M )  dOM  0
La ligne de champ se réduit à un point dans le cas où le champ
est nul.

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III.4.3 Equipotentielles
On appelle équipotentielle la surface reliant l’ensemble des
points ayant la même valeur du potentiel électrostatique à
savoir :
V  cte ou dV  V ( M )  V ( M ' )  0

pour M et M’ deux points très proches sur l’équipotentielle.


Lors des représentations qui seront faites, on se placera
souvent dans un plan.
Les équipotentielles se traduiront par des courbes qui sont
les traces de la surface dans un plan.
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III.4.4 Propriétés des lignes de champ et des équipotentielles
Le potentiel décroît le long d’une ligne de champ

À partir de la relation : dV ( M )   E ( M ).dOM
On en déduit que, le long d’une ligne de champ, la variation
du potentiel est négative.

dOM est par définition de la ligne de champ orienté dans le


même sens que le champ E (M ) donc le produit scalaire de
l’un par l’autre est positif.

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Convergence et divergence des lignes de champ
Si le potentiel admet un extremum en un point, alors le
champ électrostatique en ce point est nul et les lignes de
champ en ce point peuvent prendre des directions
quelconques (le vecteur nul est colinéaire à toute courbe).

En utilisant le résultat précédent, on obtient :


•si le potentiel est maximal en un point, les lignes de champ
divergent de ce point,
•si le potentiel est minimal en un point, les lignes de champ
convergent vers ce point
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Le potentiel n’admet pas d’extrema en dehors des charges
Le flux du champ électrostatique à travers une surface fermée
entourant un point où le potentiel électrostatique admet un
extremum est non nul du fait de la convergence ou de la
divergence des lignes de champ. Qint
En appliquant le théorème de Gauss : 
on en déduit que la charge intérieure est non nulle.  0

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Si Qint  0 , les lignes de champ sont orientées vers l’extérieur
de la surface de Gauss et le champ étant orienté dans le sens
des potentiels décroissants, le potentiel est maximal.
Si Qint  0 , les lignes de champ sont orientées vers l’intérieur
de la surface de Gauss et le champ étant orienté dans le sens
des potentiels décroissants, le potentiel est minimal.
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Orthogonalité des lignes de champ et des équipotentielles

D’après la définition du gradient, on a :



dV ( M )  grad V ( M ).dOM   E  M .dOM

Si le point M appartient à une équipotentielle alors le vecteur


dOM est tangent à la surface de l’équipotentielle et dV ( M )  0

La relation : dV ( M )   E  M .dOM  0 implique que les
équipotentielles sont les surfaces perpendiculaires en tout
point au champ électrostatique qui règne en ce point.
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On en déduit que Les lignes de champ et les surfaces
équipotentielles sont des courbes orthogonales.

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III.4.5 Exemple de topographie d’un champ

Soit la distribution discrète constituée de quatre charges


q1=e, q2=3e, q3=-3e et q4=-e situées respectivement aux
points de coordonnées cartésiennes dans le plan A1(-1,0),
A2(1,0), A3(0,-1), et A4(0,1).

Un logiciel de simulation permet d’obtenir la carte des lignes


de champ et des équipotentielles de cette distribution. Elles
sont données par les figures suivantes:

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Lignes de champ d’une distribution discrète de quatre
charges.

La longueur des flèches est proportionnelle à la norme du champ sur la


figure
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Sur la figure, les flèches ont même longueur indépendamment de la
norme du champ

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Les lignes de champ divergent d’un point où se trouve une
charge positive et elles convergent vers un point où se trouve
une charge négative.
A partir d’une carte de lignes de champ on peut déterminer
les points où il y a une charge et connaître le signe de cette
dernière.
On remarque également sur la figure où la longueur des
flèches est proportionnelle à la norme du champ que la
norme du champ décroît avec la distance aux charges qui le
créent.

Pr. Hugues OMANDA


Le champ est plus important à proximité des charges.

Enfin, le plan d’équation x = −y est un plan d’antisymétrie de


la distribution de charges, le champ électrique est bien
perpendiculaire à ce plan en un point de ce plan.

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Équipotentielles d’une distribution discrète de quatre
charges.

Le niveau de gris traduit l’intensité relative du potentiel.


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On note que les équipotentielles sont plus resserrées au
voisinage des charges c’est-à dire là où le champ est plus
intense .
Le potentiel électrostatique est positif au voisinage d’une
charge positive et négatif au voisinage d’une charge négative.
Son intensité (en valeur absolue) est d’autant plus grande que
la charge est importante.
On constate enfin que le potentiel décroît comme la norme
du champ quand on s’éloigne des charges.

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