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Dr. Mahmoudi W. F.

Chapitre 2 LPC1 : 2023/2024

Le champ et le potentiel électrostatique

L’étude de l’électrostatique est l’interaction entre charges électriques stationnaires. Dans ce chapitre
nous introduisons les notions de champ et potentiel électrostatiques pour décrire l’interaction
électrostatique.
I) Notion de champ scalaire et champ de vecteurs :
On a deux types de grandeurs physiques :
- Les grandeurs scalaires qui sont complètement définies par une valeur numérique dans le système
d’unités choisi.
- Les grandeurs vectorielles en plus de leur valeur numérique, il faut préciser une direction et un sens.
Ces grandeurs sont représentées par un vecteur.
Si les grandeurs sont définies dans toute une région de l’espace. On dit alors qu’on a un champ.
Lorsque la grandeur est un scalaire, on parle de champ scalaire. Lorsque la grandeur est un vecteur, on
parle de champ de vecteurs.
II) Le vecteur champ électrostatique :
II-1) Champ d’une charge ponctuelle :
Une charge q placée en tout point P, exerce sur une charge q1 placée à un certain point M de l’espace,

 q q PM
une force électrostatique F1  1

4 0 PM 3

Une autre charge q2 située en M à la place de q1 , subit de la part de q une force F2 qui ne serait

 q q PM
changé que par la substitution de q1 par q2 : F2  2  3
4 0 PM

q PM
Dans les deux cas, on a un terme vectoriel  3 qui est le même. C’est une grandeur vectorielle
4 0 PM

qui dépend de q et de la distance r  PM définie localement en M . Elle représente ce qu’on appelle

vecteur champ électrostatique noté E.
   
Dans ce cas, on écrit F1  q1 E ( M ) et F2  q2 E ( M )

 q PM
E(M )   est le champ électrostatique créé en M par la charge placée en P.
4 0 PM 3

C’est un champ vectoriel défini localement en tout point M de l’espace, il défini la région de l’espace
dans laquelle une charge q placée dans cette région subit une force électrostatique donnée par la loi de
 
Coulomb : F  qE ( M ).
La loi de Coulomb décrivant la force électrostatique est traduite ainsi par la notion de champ
électrostatique qui est l’origine de cette force.
M 
M E(M )


E(M )
q0 q0

Le champ parvient à la Le champ fuit la charge.


1
charge. q est un puits. q est une source.
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II-2) Champ d’un système de charges ponctuelles :


Une charge q placée en M en présence d’un système de n charges ponctuelles qi (i  1, 2....., n)

 qqi PM 
situées aux points Pi , subit une force électrostatique donnée par : F    3  qE ( M )
i

i 4 0 PM
i

  qi PM
Donc le champ électrostatique régnant en M s’écrit : E   Ei    3
i

i i 4 0 PM
i

On constate que le champ d’un système de charges ponctuelles est la somme géométrique de tous les
champs créés par chacune des charges.
II- 3) Champ d’une répartition continue de charges : 
On détermine d’abord le champ électrostatique élémentaire d E créé en M par une charge élémentaire
dq en point moyen P de la répartition continue de charges (volumique ou surfacique ou linéique),
assimilée à une charge ponctuelle.
  
 dq PM dq u  PM
d E (M )    avec u  
4 0 PM 3 4 0 r 2 PM

Puis par intégration en tout point de la distribution de charges, on détermine le champ global créé en
 1 dq 
M : E (M )  
4 0 r 2
u

 1 d 
4 0 
Pour une distribution volumique : E   2
u
 r
 1 dS 
4 0 
Pour une distribution surfacique : E   u
S
r2
 1 dl 
Pour une distribution linéique : E    2u
4 0 l r
III) Circulation du vecteur champ électrostatique-potentiel électrostatique :
III-1) Potentiel créé par une charge ponctuelle :
A

 E
 dl M
u
O
q
B  
  q
OM q u
Une charge q placée en O crée en tout point M, un champ E donné par E ( M )   
4 0 OM 3 4 0 r 2

Evaluons la circulation élémentaire de E le long d’un élément de longueur dl d’un contour orienté

AB.
  q  
d   E.dl  u.dl
4 0 r 2

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           1 2


Or dl  d (OM )  d (ru )  dru  rdu  u.dl  dr  ru.du  dr car u.du  d u  0
2
qdr  q 
Soit d    d  
4 0 r 2  4 0 r 
 
La circulation élémentaire d   E.dl se met ainsi sous la forme d’une différentielle totale d’une
fonction qui dépend de la charge q et de la distance r. C’est une fonction de point représentant un
champ scalaire qui décrit une grandeur physique appelée potentiel électrostatique de la charge q et
notée V ( M ).
q
La charge q placée en O crée en M un potentiel électrostatique s’écrivant : V ( M )   cste
4 0 r
Le potentiel V ( M ) est ainsi défini à une constante additive près. Cette constante est généralement
nulle, en considérant que le potentiel est nul à l’infini.
 B B  
 B
q 1 1
Reprenons la circulation du champ E le long de  AB :    d    E.dl    dV  (  )
A A A
4 0 rA rB

La circulation de E entre A et B représente une différence de potentiel entre ces points. Sa valeur ne
dépend pas du chemin suivi.
 
En particulier, si le contour est fermé, cette circulation à une valeur nulle : 
 E.dl 0
C

On dit dans ce cas que la circulation du champ E est conservative et réciproquement.
III-2) Potentiel électrostatique créé par une distribution ponctuelle de charges :

Reprenons la circulation élémentaire de E créé cette fois-ci par un système de n charges ponctuelles.
   
d   E.dl   Ei .dl    dVi  d  Vi
i i i
 
D’autre part E.dl  dV
qi
D’où par identification V ( M )   Vi   
i i 4 0 PMi

Pi étant les points où sont placées les charges qi .


On constate que le potentiel électrostatique d’un système de charges ponctuelles est égal à la somme
algébrique de tous les potentiels créés par chacune des charges.
Notons que pour chaque potentiel Vi , la constante est choisie nulle car on considère la distribution de
charges dans un espace fini (absence de charges à l’infini).
III-3) Potentiel électrostatique créé par une répartition continue de charges :
On commence par déterminer le potentiel élémentaire dV créé au point M par un élément de charge
dq, centré en un point P de la répartition continue de charges (linéique ou surfacique ou volumique).
Dans ce cas, l’élément dq est assimilé à une charge ponctuelle, ensuite par une intégration étendue à
l’espace de la distribution, on détermine le potentiel total :
dq 1 dq
dV ( M )   et V ( M ) 
4 0 PM
 
4 0 PMi

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1 d
Pour une distribution volumique : V 
4 0 


r
1 dS
Pour une distribution surfacique : V 
4 0  
S
r
1 dl
Pour une distribution linéique : V 
4 0 l
r
Remarque : Si la distribution de charges (continue ou discontinue) s’étend à l’infini, on choisit
l’origine des potentiels à une distance finie.
IV) Relation locale entre le champ et le potentiel électrostatique :
 
On a : E.dl  dV
 
Dans le système de coordonnées cartésiennes (O, x, y, z ), on a : E.dl  Ex dx  E y dy  E z dz
D’autre part V est une fonction de x, y, z , donc sa différentielle totale s’écrit :
V V V
dV  dx  dy  dz
x y z
V V V
Par identification, on peut écrire : E x   , Ey   , Ez  
x y z
 V  V  V    
Soit E  ( i j k ) qu’on pose sous forme condensée : E   gradV , où gradV désigne
x y z
un opérateur différentiel et vectoriel appelé gradient.
Dans le système de coordonnées cartésiennes, les composantes du gradient d’une fonction scalaire f
 f  f  f 
s’écrivent : grad f  i  j k
x y z

Pour simplifier l’écriture de cet opérateur, on définit un opérateur symbolique noté  et qu’on appelle
  
l’opérateur Nabla. On écrit dans ce cas E   gradV  V
       
Dans le système de coordonnées cartésiennes l’opérateur  s’écrit :   i  j k
x y z
 
C’est une relation locale, reliant E et V en tout point M de l’espace. Elle permet de déterminer E
connaissant V et réciproquement.
V) Propriétés du vecteur champ électrostatique :
V-1) Ligne de champ :

C’est une courbe en tout point de laquelle le champ E lui est tangent. Par convention, le sens de la

ligne de champ E est celui du vecteur champ lui même.
    
L’équation de cette ligne est E  dl  0  E   dl (  Cste)
dx dy dz
Dans le système de coordonnées cartésiennes, on obtient :  
Ex E y E z
V-2) Surface de niveau-Surface équipotentielle :
Une surface de niveau du champ scalaire  est le lieu géométrique constitué par l’ensemble des points
où   Cste.
En particulier si  représente le potentiel électrostatique V , on parle de surface équipotentielle
(V  Cte).
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VI) Dipôle électrostatique :


VI-1) Définition :
Un dipôle électrostatique est un ensemble de deux charges électriques égales et de signes opposées
supposées ponctuelles c’est à dire concentré en leur centre respectivement N et P situées l’une par
rapport à l’autre d’une distance 2a et pour lequel on étudie ses effets électriques en des points M très

éloignés de son centre O. (r  OM  2a)
VI-2) Moment dipolaire électrique :
Le moment dipolaire électrique est une grandeur physique importante qui caractérise à la fois la charge
  
et les dimensions du dipôle. Il est noté p est défini par p   qi OAi .
i
O désigne une origine arbitraire.

L’expression de p est indépendante du choix de l’origine. En effet :
        
p   qi O ' Ai   qi (O 'O  OAi )   qi O 'O   qi OAi  O 'O  qi   qi OAi    qi OAi
i i i i 
i i i
0

On considère un dipôle électrostatique constitué de deux particules placées sur l’axe zz ' , l’une de
charge négative  q située en N ( z  a ) et l’autre de charge  q placée en P ( z  a ). Le point O,
milieu de NP, sera pris comme origine.
 
On définit le vecteur moment dipolaire du dipôle électrostatique par : p   qNP.
Un point M quelconque de l’espace est repéré par ses coordonnées sphériques (r ,  ,  ).
VI-3) Potentiel électrostatique dans le cadre de l’approximation dipolaire :
q 1 1
V (M )  (  ) avec rP  PM  a et rN  NM  a
4 0 rP rN
M

rN
rP
r

q q
z
N O P
2a

      


D’après la relation de Chasles : PM  OM  OP  r  auz  PM 2  r 2  a 2  2rau z
1
1 1 1 a2 a 
Soit rp2  r 2  a 2  2ar cos     (1  2  2 cos  ) 2
rp r 2  a 2  2ar cos  r r r
1
 1
On rappelle le développement limité à l’ordre 1 de (1  x) 2
 1 x ( x  1)
2
a 1 1 a
Un développement limité à l’ordre 1 en   (1  cos  )
r rp r r

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De la même manière (il suffit de remplacer  par    et donc cos  par  cos  ) :
1 1 a
  (1  cos  )
rN r r
1 2aq
D’où le potentiel V ( M )  cos 
4 0 r 2
On définit le vecteur moment dipolaire du dipôle électrostatique (vecteur dirigé de la charge négative
  
vers la charge positive) : p  2aquz  qNP
  
1 p 1 p.ur  r  
Ce qui donne V ( M )  cos   avec ur  et ur .u z  cos 
4 0 r 2
4 0 r 2
r
VI-4) Champ électrostatique d’un dipôle :
 
La relation locale E   gradV permet de déterminer le champ électrostatique en coordonnées
polaires :
On rappelle l’expression en coordonnées sphériques, de l’opérateur gradient :
  V  1  V  1  V 
grad V  ur  u  u
r r  r sin  
 V 1 2 p cos 
 Er (r ,  )   r  4 r3
 0

 E (r , )   1 V  1 p sin 
  r  4 0 r 3
 1 p  
E (M )  (2 cos  u  sin u )
4 0 r 3
r

On peut retrouver l’expression du champ électrostatique par le calcul direct.


En effet :
 
 q NM q PM
E (M )  
4 0 rN3 4 0 rP3
Sachant que
3 3
1 1 a2 a  1 1 a2 a 
 (1   2 cos  ) 2
et  (1   2 cos  ) 2
rP3 r 3 r2 r rN3 r 3 r2 r
a
En effectuant un développement limité à l’ordre 1 en , on obtient :
r
1 1 a 1 1 a
3
 3 (1  3 cos  ) et 3  3 (1  3 cos  )
rP r r rN r r
       
D’autre part : PM  PO  OM  ru r  au z  ru r  a cos  u r  a sin  u  et
       
NM  NO  OM  ru r  au z  ru r  a cos  u r  a sin  u 
Soit
 q    
E (M ) 


4 0 r 3 
1  3
a
r
cos 




( r  a cos  )u r  a sin  u 
 
q
4 0 r 3
(1  3
a
r
cos  ) 
( r  a cos  )u r  a sin  u  

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 q  a  q a
E r (M )  4 r 3  1  3 r cos    r  a cos    4 r 3 (1  3 r cos  )  r  a cos  
 0   0

E (M )  q  1  3 a cos    a sin    q (1  3 a cos  )  a sin  
   
4 0 r 3  r  4 0 r 3 r
Finalement :
 4qa cos  2 p cos 
E r (M )  4 r 3  4 r 3
 0 0

E ( M )  2qa sin   p sin 
  4 0 r 3 4 0 r 3
VI-5) Topographie du champ d’un dipôle :
Surfaces équipotentiels :
Surface équipotentielle est la surface pour laquelle le potentiel électrostatique est constant.
L’équation de la surface équipotentielle ( 0 ) au potentiel V0 est :
1 p
Pour M  ( 0 ) : V ( M )  cos   V0
4 0 r 2
Soit l’équation en coordonnées polaires : r 2  A cos  ou A est constante.
Lignes de champ :

Les lignes de champs sont des courbes tangentes en chacun de ses points M au champ E en ce même
  
point. L’équation des lignes de champ est dr  E  0
     
dr  drur  rd u et E  Er ur  E u tel que
 drE  rd Er  0
dr rd
Soit 
Er E
dr rd
En remplaçant les coordonnées du champ par leurs expressions, on obtient : 
2 cos  sin 
dr cos  d (sin  )
 2 d  2
r sin  sin 

On note r  r0 pour   , alors en intégrant, on obtient l’équation des lignes de champs :
2
r
Log ( )  L og(sin 2  )  r  r0 sin 2 
r0
VII) Energie potentielle d’origine électrostatique :
Soit une charge électrique plongée dans un champ électrique créé par un système électrique extérieur.
On dira que la charge est en interaction avec un champ électrique extérieur et on montrera que l’on peut
définir une énergie potentielle électrique.
  
La force électrostatique que subit une charge q plongée dans un champ extérieur E vaut F  qE.
Le travail de cette force lorsque la particule va d’un point A vers un point B s’écrit :
B  
 B  
 
WA B   F .dl  q  E.dl où dl est le vecteur déplacement élémentaire le long de la trajectoire de la
A A

particule.
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 
Sachant que E.dl  dV où V désigne le potentiel électrostatique.
B
 WA B   q  dV  qV ( A)  qV ( B)  E p ( A)  E p ( B)  E p
A

E p est l’énergie potentielle associée à la force F , elle est fonction des coordonnées de l’espace.
 E p ( M ) : Energie potentielle exprimée en Joule (J )

q : Charge électrique exprimée en Coulomb (C )
E p ( M )  qV ( M )  Cste où 
V : Potentiel électrostatique exprimé en Volt (V )
Cste : Constante exprimée en Joule
La force électrostatique est une force conservative. Elle dérive d’une énergie potentielle.
Signification physique du potentiel électrostatique :
Evaluons le travail d’un opérateur ramenant en présence de q, placé en O, une charge q0 de l’infini
(où il n ya pas de charges) au point M.
Avec un mouvement très lent, l’opérateur doit fournir un travail WOP tel que
Ec  0  WOP  W
F
 W
OP  WF

él él

M    M   M
WOP    Fél .dl    q0 E.dl  q0  dV  q0 V ( M )  V ( ) 
  

L’origine du potentiel étant considérée V ()  0   WOP  q0V ( M )


Ce travail sera emmagasiné par la charge q0 sous forme d’énergie appelée énergie potentielle
d’interaction de la charge q0 . On la note EP ( M )  q0V ( M )
Le potentiel électrostatique représente l’énergie potentielle qu’aurait une charge unité si on l’amène de
l’infini au point M.
Remarque : Notons que V ( M ) est le potentiel créé en M par le système de charges autre que q0 (dans
ce cas, c’est la charge q en O).

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