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Faculté des Sciences Aïn Chock

Département de Physique
Année universitaire (2019-2020)

COURS DÉLECTRICITÉ III


Filière SMP-S4

Prof. Reda Moubah et Hassan Lassri

1
2
Chapitre I: Milieux diélectriques

Introduction sur l’utilisation des diélectriques


- Les diélectriques étant de bons isolants électriques et thermiques, et sont donc
utilisés pour gainer les câbles électriques afin d'éviter des contacts avec d'autres
câbles ou des personnes.
- Les diélectriques sont utiles dans les condensateurs. Dans le cas, très simple,
du condensateur plan, on peut rapprocher les plaques sans risque de contact ou
de claquage. On insère ainsi des couches de diélectriques dans les
condensateurs industriels, ce qui permet d'augmenter la capacité en diminuant
l'encombrement.
I) Définitions

- L'électrostatique est l'étude des propriétés de l'espace environnant les charges


fixes dans un référentiel R. Un observateur lié à ce référentiel constate
l'existence d'un champ électrostatique E dérivant d'un potentiel électrostatique
V:
E   grad V

- Un champ est uniforme s'il ne dépend pas des coordonnées d'espace. Un


champ est constant (ou permanent) s'il ne dépend pas du temps.

- Un milieu est diélectrique si la matière possède des charges liées

Les isolants (verre, plastiques,….) sont de bons diélectriques.

- Un dipôle électrostatique est un ensemble de deux charges -q et +q situées à


une distance d très petite par rapport à la distance du dipôle au point
d'observation (point où on évalue le potentiel V et le champ électrostatique E
créés par le dipôle.
 
Le moment dipolaire est : p  qd

Le potentiel crée par un dipôle électrostatique en un point M est:



V (M )  p.r / 40r 3

Champ créé par un dipôle électrostatique : E   grad V

3
²

+q
NP = d
-q

4
II) Aspect macroscopique de l'étude des diélectriques

Un milieu diélectrique est un milieu dans lequel il n'y a pas de charges


électriques libres. Toutes les charges sont liées et se déplacent difficilement
sous l'action d'un champ électrostatique extérieur.

Un milieu conducteur est caractérisé par la présence de charges électriques dites


libres qui se déplacent facilement sous l'action d'un champ électrostatique
appliqué.

1) Vecteur polarisation P

On appelle vecteur polarisation P , le moment dipolaire par unité de volume :
 
P  d p / d


P est une grandeur vectorielle qui caractérise le degré de polarisation du
diélectrique.

2) Potentiel créé par un diélectrique en un point extérieur

Fig. 1. Potentiel créé par un diélectrique


Soit un diélectrique polarisé de polarisation P de volume D. Un élément de
 
volume d placé au point N se comporte comme un dipôle de moment dp  Pd
et crée en M un potentiel donné par :

   
dV (M )  dp.r / 40r 3  P.r d / 40r 3 ; r  NM et u  r / r

 2  2  3
Rappel: gradM (1 / r )  u / r et gradN (1 / r )  u / r  r / r

d'où dV  P.gradN (1 / r ) d / 40
  
Or divN ( P / r )  (1 / r ) divN ( P)  P.gradN (1 / r )

5
Le potentiel crée en M par l'ensemble du diélectrique polarisé D est alors :
 
V ( M )   divN ( P / r )d / 40   divN ( P)d / 40 r
D D

En utilisant le théorème de Green-Ostrogradsky ( D div X d  S X d S ) pour


la première intégrale,
  
V ( M )   P( N ' ).ndS / 40 r '  divN ( P)d / 40 r
S D

r  NM et r ' N ' M

Ce potentiel s'exprime sous la forme de deux intégrales, l'une surfacique, l'autre


volumique, faisant apparaître des décroissances en 1/r. Tout se passe donc
comme s'il existait une distribution de charges, dites de polarisation, placées
dans le vide, et dont les densités s'expriment en fonction du seul vecteur

polarisation P :
 
Densité surfacique :  P ( N ' )  P ( N ' ).n

Densité volumique :  P ( N )  divN P( N )

n est la normale extérieure au diélectrique

Fig. 2 : Une sphère polarisée uniformément

3) Champ électrostatique créé par un diélectrique polarisé en un point


extérieur

Le champ électrostatique crée par les charges surfaciques et volumique du


milieu diélectrique polarisé st donné par :

6
  
E (M) = S
P.dS r / 40r3+ D Pd r / 40r3.


Remarque : les expressions de vecteur E ci-dessus restent valables en tout point
de l’espace.

4) Interprétation qualitative (les flèches représentent le vecteur


polarisation) :

a) P uniforme


P = -div P = 0, il n'y a pas de densité volumique de charges de polarisation.
 
P = P . n = P, les densités surfaciques sont opposées aux deux extrémités.


b) P non uniforme

 
Avec P = P uz (l'axe Oz dirigé vers la droite) et P/z <0, ce qui conduit à :
P = -P/z>0. La densité volumique étant la plus importante là où la
polarisation varie le plus rapidement (de 4 à 2 sur le dessin).

P- > P+, la densité surfacique augmente avec l'intensité du vecteur


polarisation.

7
5) Remarques

a) Charge totale de polarisation

Le diélectrique est initialement neutre et donc le reste après polarisation; la


conservation des charges liées (de polarisation), particulièrement apparente sur
les dessins ci-dessus supposent donc :

S P(N').dS + D P(N) d = 0 où encore


  
 P( N ' ).ndS S - D divM P (N) d = 0 vérifie d'après Green-Ostrogradsky.
S


Le théorème de Green-Ostrogradsky exprime la correspondance entre X et

div X
  

S
X .n dS = D div M X d.

b) Courant de polarisation

Pour l'instant, il ne s'agit que d'électrostatique; cependant la mise en place des


charges de polarisation pendant la phase d'établissement de la polarisation
(régime transitoire) s'accompagne d'un courant de polarisation jP donné par
l'équation locale de continuité:
  
divN jP + P(N) / t = 0  divN jP =  (divN P ) / t
 
d'où jP =  P / t.

Si P est uniforme le potentiel V(M) est alors :

     
V(M) = D P d u / 40r2 = P D 1 d u / 40r2  V(M) = P E ' (=1).

 2
E ' apparaît comme le champ électrique (en 1/r ) crée au point M par une
distribution volumique de charges de densité  = 1 et occupant le même

8
domaine D. Ce résultat est utile dans certains exercices ; à noter qu'il s'agit bien

de  = 1 (et non de  = 1C.m-3) et d'ailleurs E ' n'est pas homogène à un champ
électrique (il ne s'exprime pas en V/m); il s'agit simplement de mettre à profit

une technique de calcul d'intégrales triples avec div E ' = 1/0 sur D.

6) Vecteur excitation électrique D .
 
L'équation de Maxwell-Gauss div E =/0 pour le champ macroscopique E reste
valable dans le diélectrique à condition de considérer la densité volumique
totale des charges :  = l+P,

où l est la densité de charges libres qui créent le champ extérieur E0 et P la

densité de charges de polarisation (ou liées) et qui créent le champ Ed .
  
Avec P = -div P , il vient div (0 E + P ) = l.
   
Par définition D = 0 E + P soit div D = l.

D est le vecteur déplacement (ou excitation électrique); son module D, comme
P s'exprime en C/m2 (homogène à une densité surfacique de charge).
Cette équation

indique que pour une distribution de charges libres donnée,

le
vecteur D est le même dans le vide que dans la matière (alors que E est
modifié).

Remarque
   
E = E0 + Ed ( E0 champ extérieur de sources éventuellement modifiées par la
présence du diélectrique) on peut écrire :
 
div E0 = l/0 et div Ed = P/0

Le théorème de Gauss pour D en notant Ql() la charge libre total intérieure à
 
la surface fermée  : S D dS = Ql()

7) Les conditions aux limites entre deux milieux

On considère une couche d'épaisseur e "infinitésimale" parallèle au plan xOy


(figure 3a). Cette couche possède une charge volumique de densité  et un
courant volumique de densité j et sépare deux milieux notés "1" et "2".

On envisage un champ électrique E présent a priori dans les deux milieux.

9

Figure 3a : n est dirigé du milieu 1 vers le milieu 2

La couche d'épaisseur e brise la "symétrie" de l'espace uniquement dans la


direction Oz; en conséquence il n'y a aucune dépendance spatiale suivant les
variables x et y et également suivant la variable temporelle t, cette couche étant
fixe.
   
div E = /0  D div E d =S E dS =D (/0) d

En décomposant la surface S comme ci-dessus (figure 3b) :

Figure 3b
  
S (( E2 - E1 ). n - 1/0  dz)dS = 0 or dz =  est la densité superficielle de
e

0

charge; on en déduit donc : E2n-E1n = /0

On envisage maintenant un contour rectangulaire MNPQ de surface S,


perpendiculaire au plan xOy et tel que MN>>NP (figure 3c). On pose MN= L et
NP =a, donc S=La.

- Utilisant tout d'abord la relation de Maxwell - Faraday :

Figure 3c
         
ro t E = - B / t donc S ro t E dS =  E.d l = S (- B / t) dS
C

ou encore, en tenant compte du fait que L>>a 0 :

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 
(Et2-Et1) L  - B / t. La n = 0  Et2 = Et1
  
Les deux relations de passage précédentes se résument par : E2 - E1 = (/0) n

Dans le cas d'un conducteur parfait, la conductivité , le champ électrique


 
est nécessairement nul dans le conducteur donc j =  E = 0; l'équation de
Maxwell-Faraday, conduit dans le conducteur, à B/t = 0 donc B=0 puisque
l'on exclut les solutions constantes.
Si on appelle Eext le champ hors du conducteur, et Eint le champ dans le
conducteur (Eint = 0), la relation de passage conducteur  vide est : Eext = /0.

8) Cas d'un milieu diélectrique linéaire, homogène, isotrope (LHI)

Un milieu diélectrique est :

Linéaire si tous les effets (charges de polarisation, P….etc) sont des fonctions
linéaires du champ électrique E.

Isotrope lorsque les phénomènes qui s'y passent sont indépendants de la


direction du champ.

Homogène quand ces propriétés sont identiques en tout point qui le constitue.
 
Dans le cas d'un milieu diélectrique LHI, D   E où  est la permittivité du
milieu.
On écrit aussi  = 0r où 0 est la permittivité du vide et r la permittivité
relative du milieu, grandeur sans dimension.
 
Alors P   0  E avec  = r -1 susceptibilité électrique.

9) Densité de force dans un diélectrique



Pour un dipôle de moment dipolaire p soumis à un champ électrostatique E , la
force qui s'exerce sur ce dipôle est donnée par :
 
f = ( p . grad ) E

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Dans le cas d'un diélectrique polarisé de polarisation P , chaque élément de
 
volume d est un dipôle de moment dp  Pd et subit dans un champ
électrostatique E un élément de force :
 
d f = (d p . grad ) E = ( P . d. grad ) E

d f / d. = ( P . grad ) E

III) Etude microscopique des milieux diélectriques

Parmi les diélectriques à structure moléculaires, il faut distinguer ceux


constitués de molécules ou d'atomes non polaires et dont la polarisation est de
type électronique (dipôles induits) à faible polarisabilité et ceux constitués de
molécules polaires (dipôles permanents) et dont la polarisation est due à un
mécanisme d'orientation, à polarisabilité équivalente plus importante et fonction
de la température.

1) Milieu non polaire

Considérons un atome isolé. Sa charge positive, due aux protons qu'il contient,
est concentrée dans le noyau quasi ponctuel; par contre la charge négative, due
aux électrons, est particulièrement répartie autour du noyau. Pour un atome,
dans un état stationnaire comme son état fondamental, le moment électrique
dipolaire est nul, c'est-à-dire que les barycentres des distributions de charges
positives et négatives coïncident.
Sous l'action d'un champ électrique appliqué, le centre de charge du nuage
électronique dans un atome se déplace légèrement par rapport au centre de
charge du noyau. C'est la polarisation électronique. Le déplacement est
minuscule même à l'échelle atomique, typiquement 10 -8 fois le diamètre d'un
atome. Le moment dipolaire acquis est appelé moment dipolaire induit car ce
moment disparaît des que le champ appliqué est supprimé.

Exemples : H, Li, Na, O, C, Al, Ar,…



Pour des atomes sans orientation privilégiée, le moment dipolaire induit p
possède la même direction que le champ appliqué. De plus le champ appliqué
est toujours faible devant les champs internes qui lient les électrons au noyau et
 
une approximation linéaire est très bien justifiée : p = e0 E
Où le coefficient de proportionnalité e est appelé : polarisabilité électronique.

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Figure 4. Polarisation par déformation
2) Milieux polaires

Dans les milieux polaires, les molécules possèdent un moment dipolaire



permanent p même en l'absence d'un champ électrique extérieur. Ceci est dû au
fait que dans leur état normal, les molécules sont antisymétrique et les
barycentre des charges positives et négatives sont distincts (c'est le cas de
n'importe quelle molécule diatomique constituée de deux atomes différents,
comme HCl ).
Les molécules polaires s'alignent et se polarisent plus encore dans un champ
électrique appliqué. C'est la polarisation d'orientation. Les collisions dues à
l'agitation thermique détruisent partiellement cet alignement.

Exemples : H2O, NH3, NaCl, HCl….

Un diélectrique polarisé possède son propre champ, qui s'ajoute à celui des
autres charges. Les deux champs peuvent être d'amplitudes comparables.

3) Notion de champ local

Lors de l'étude macroscopique des milieux diélectriques, nous avons défini un


champ macroscopique E à l'intérieur du milieu diélectrique, qui est la somme
du champ extérieur (champ polarisant) E 0 et du champ créé par les charges liées
EP .

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En tout point M du diélectrique, D, le champ macroscopique est alors :

E m = E0 + E P

Mais une molécule du diélectrique n'est pas soumise à E m , mais plutôt au


champ réel où se trouve cette molécule. C'est le champ local noté E L .
La différence entre les champs E m et E L est que dans le calcul de E L , il ne faut
pas tenir compte du champ créé par la molécule se trouvant en M.
On peut montrer que dans certains milieux diélectriques, le champ local a pour
expression : E L = E m + P / 30, et il est appelé dans ce cas : champ de Lorentz.

4) Polarisation d'orientation : théorie de Langevin

Un diélectrique homogène de volume V comporte N molécules polaires



identiques de moment électrique p (dipôles permanents de densité volumique n
= N/V). En l'absence de champ électrique, les orientations sont quelconques à
cause de l'agitation thermique et la polarisation résultante P est nulle. La
présence d'un champ électrique local E L conduit à un état d'équilibre statique
où l'intensité du vecteur polarisation est fonction de l'intensité E L du champ et
de la température absolue T.

Dans le cadre de la théorie de Langevin :

- les interactions entre dipôles sont négligées, seule est prise en compte

l'interaction entre le champ local E L et les moments p .
- la loi de répartition de Boltzmann est adoptée d'être à l'énergie U est
proportionnelle à exp(-U/kT) où k est la constante de Boltzmann.

Si le champ local E L est pris uniforme et dirigé suivant l'axe Oz d'un système de
coordonnées sphériques.

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Figure 5.

L'énergie électrostatique d'un dipôle p dans le champ local est :



U = - p . E L  U() = - p EL cos
xf
Elle est évidemment indépendante de l'angle  (invariance par rotation autour
de l'axe Oz).

Ou  est l'angle entre la direction du moment dipolaire et celle du champ E L .


Libre de s'orienter, la tendance naturelle du dipôle est d'aligner son moment
dipolaire selon le champ appliqué. Cependant, cette tendance est contrariée par
l'agitation thermique qui tend au contraire à répartir les orientations au hasard.
L'équilibre entre ces deux tendances opposées fait émerger, pour chaque dipôle,
une probabilité de réalisation d'une orientation particulière de son moment
dipolaire. Ainsi, la probabilité pour que le moment dipolaire pointe à l'intérieur
d'un angle solide d= sin dd d' autour d'une direction moyenne définie par
les angles sphériques  et  est donnée par

U p 𝐸 𝐿 cos 
1 1
d = 𝑒𝑥𝑝−kT d = 𝑒𝑥𝑝− kT 2sin d .
𝑍 𝑍

Ou Z est une constante de normalisation qui se détermine en sommant sur toutes


les orientations possibles, c’est à dire telle que l’intégration de la probabilité
élémentaire donnée ci-dessus sur tous les angles possibles soit égale à 1,
avec x = p EL/kT :

 d = 1 = 2/Z 
0
exp(-xcos) sin d2/Z (2sinh x)/x  Z =4sinhx/x

Avec cette loi de probabilité, calculons la valeur moyenne du moment dipolaire


de chaque dipôle :

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Comme la loi de probabilité ne dépend pas des valeurs moyennes de px et de py
sont nulles. Celle de pz est

L(x) est la fonction de Langevin. C'est une fonction positive, strictement


croissante, dont la valeur

Si x   (champ fort et basse température), L(x)  1; l'action d'orientation du


champ l'emporte sur l'agitation thermique et tous les dipôles sont parallèles à
EL. (Cette saturation de polarisation est théorique et non réalisable dans les
conditions habituelles).

Figure 6 : L(a) en fonction de a (a=x)

Pour x<<1 L(x)  a/3 et la polarisation s'écrit P  (np2/3kT)EL.


( cothx = 1/x + x/3 - x3/45 + ……)
Les dipôles électriques des molécules polaires s'orientent sous l'action du
champ électrique, alors que sans champ, en moyenne, le moment résultant est

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nul; cette orientation est sensible à T car la tendance au désordre augmente avec
la température.

L’énergie totale des N dipôles dans le champ EL est :

U = dN W() = -NpEL L(x)

x : U(x)  -NpEL

x0 : U(x)  -NpELx/3

La capacité calorifique à champ constant : CE (T) = (U/T)E = Np2EL2/3kT2.


L L

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Chapitre II : Milieux magnétiques

Rappel sur le magnétisme

 Les pierres magnétiques sont connues depuis l’antiquité. Elles ont été
utilisées très tôt par les marins comme boussole.
 Avant 1600, Gilbert effectue des recherches sur le magnétisme terrestre et
émet l’hypothèse que la terre est un aimant géant.
 1819 : Oersted observe que des fils conducteurs parcourus par un courant
électrique créent un champ magnétique.
 1820 : Biot et Savart puis Ampère é́ tablissent des relations expérimentales
sur le champ magnétique et sa production par des courants électriques

I. L'induction magnétique B ( La loi de Biot et Savart)

A proximité d'un circuit électrique C parcouru par un courant stationnaire I il


existe un champ magnétique en un point P de l'espace, comme sur la Fig. 1.

Figure 1. Circuit C parcouru par un courant I. En P l'induction magnétique est


B.

De manière générale, le champ magnétique créé par une distribution de courant


est donnée par la loi de Biot et Savart :
 µ0 I dl  u
4 C r 2
B=
Où l'élément dl du circuit est en M et r est la distance entre P et M.

Comme d'habitude, le vecteur unitaire u est orienté de la source vers le point
d'observation P. C'est la loi de Biot et Savart. L'intégration ne peut être
effectuée analytiquement que pour les géométries les plus simples.

Par définition, µ0  4.10-7 wb/(A.m), c'est la perméabilité du vide.

18
L'unité de l'induction magnétique est le tesla (symbole T).
1T = 1 (V/m) (S/ m) = wb/m2
Un volt - seconde est défini comme un weber.

Le potentiel vecteur A est introduit en conséquence de l’équations de Maxwell,

qui stipule que Div ( B )=0.

En analyse vectorielle, la divergence d'un rotationnel est toujours nulle: Div


  
( ) = 0, B  r o t A

Mais le potentiel vecteur A n'est pas seulement un artifice mathématique; il est

aussi important que l'induction magnétique B et le potentiel électrique V.

 µI dl
A = 0
4 C r

II. Aspect macroscopique de l'étude des milieux aimantés

1) Vecteur aimantation

Dans un milieu aimanté, chaque élément d possède moment dipolaire



magnétique dm . L'aimantation du milieu peut être alors entièrement

caractérisée
(au niveau macroscopique) par le vecteur aimantation M qui représente la
densité volumique du moment dipolaire.

Définition

On appel vecteur aimantation M, le moment dipolaire par unité de volume :

 dm 
M 
d

M est une grandeur vectorielle qui caractérise le degré d'aimantation d'un
milieu.

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2) Potentiel vecteur créé par un corps aimanté en un point extérieur

Un domaine D limité par une surface S (figure 2) est constitué d'un milieu
magnétique

aimanté (éventuellement par des sources extérieures) :
si M représente le vecteur aimantation en un point M de D, alors l'élément de
volume d entourant ce point porte un dipôle magnétique élémentaire de
 
moment dm  Md 

Figure 2

Au point M existe un petit dipôle magnétique qui crée en P un potentiel vecteur
élémentaire (en 1/r2)

 µI dl
A = 0
4 C r
     
d A = (µ0/4) d m  r /r3 = (µ0/4) M  ( r /r3) d r = MP


avec r /r3= - grad P(1/r) = grad M(1/r)
 
d'où d A (P) = (µ0/4) M  grad M(1/r) d

20
  
or rot M( M /r) = (1/r) rot M M + grad M(1/r)  M

Le potentiel crée en P par l'ensemble du domaine aimanté D est alors :


  
A (P) = - (µ0/4) D rot M( M /r) d + (µ0/4) D rot M( M )d/r,

et en utilisant la formule du rotationnel ( Sd S  X  D rot X d ) on a :

   
 µ M n µ rotM M d 
A( P)  0
4 S r dS  40  D r
, r = MP .

Ce potentiel s'exprime sous la forme de deux intégrales, l'une surfacique, l'autre


de volume, faisant apparaître des décroissances en 1/r. Tout se passe donc
comme s’il existait une distribution de courants, dits d'aimantation, placés dans
le vide, et dont les densités s'expriment en fonction de seul vecteur aimantation
M:
  
Densité surfacique : J sa  M  n
  
Densité volumique : J aim,V  ro tM M

n est la normal extérieur au milieu aimanté
 
Le champ B a se déduit alors de A en prenant le rotationnel :
   

Ba (P) = (µ0/4) S J Sa  u dS/r2 + (µ0/4) D J aim,V  ( u /r2) d

Les intégrales obtenues étant, pour des densités de courant bornées,


uniformément et absolument convergentes en tout point.

Interprétation qualitative


M uniforme

  
J aim,V  ro tM M = 0, il n'y a pas de densité de courant d'aimantation volumique.

  
J sa  M  n est correctement orienté; seul subsiste un courant surfacique de
densité Jsa = M (A/m).

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M non uniforme


Le vecteur aimantation est colinéaire à u y et sa norme augmente avec x, soit
M/x>0 ce qui correspond bien à :
 
- une densité volumique de courant J aim,V dans le sens de u z d'autant plus
  
importante que l'aimantation varie plus rapidement car J aim,V,z= rot M . u z=
My/x >0 (de 2 à 4 sur la figure).

- une densité surfacique J sa dont la norme augmente avec l'intensité de vecteur
aimantation.

L'aimantation ne crée pas de courant traversant le milieu ; elle oriente


simplement les boucles de courant dues aux charges liées. La loi des nœuds,
particulièrement apparente sur les dessins ci-dessus suppose donc :

 
D J aim,V(M)d + S J sa dS = 0
 
ou encore D rot (M)d + S M  dS = 0

ce qui est vérifié en utilisant la formule dite de rotationnel pour un vecteur X

 d S  X  
S D
rot X d .

 
Si M est uniforme, le calcul de A peut être remplacé par :
   2  
A = (µ0/4) D M  u /r d = µ0 M  D (0 u /40r ) d 
2

  
A = µ0 M  E '(=0)
  2
E ' apparaît comme le champ électrique (en u /r ) créé au point P par une
distribution volumique de charges de densité =0 et occupant le même domaine
D. Ce résultat est utile dans certains exercices ; à noter qu'il s'agit de =0 "sans
dimension" (et non en C/m3) et d'ailleurs E' n'est pas homogène à un champ
électrique (il ne s'exprime pas en V/m); il s'agit simplement

de mettre à profit
une technique de calcul d'intégrales triples avec div E ' =1 sur D.

22

3) Vecteur excitation magnétique H
 
L'équation de Maxwell - Ampère en régime stationnaire rot B = µ0 j pour le

champ macroscopique B reste valable dans le milieu
 
magnétique
 
à condition de
considérer la densité volumique de courants : j = j l + j aim où j l est la densité

d'aimantation et qui crée le champ B a.
    
Avec j aim = rot M , il vient rot ( B /µ0 - M ) = j l
    
par définition H = B /µ0 - M soit rot H = j l
 
H est le vecteur excitation magnétique ; sa norme H, comme M , s'exprime en
A/m (homogène à une densité de courant surfacique, ou plus simplement à un
courant linéique).
Cette équation

indique que pour une distribution de courants libres donnée,
le
vecteur H est le même dans le vide que dans la matière (alors que B est
modifié).
Le théorème d'Ampère pour H s'écrit en notant Il (C) le courant libre total
 
enlacé par le contour fermé C : C H .dl  I l

4) Les conditions aux limites entre deux milieux

On considère une couche d'épaisseur e "infinitésimale" parallèle au plan xOy.


Cette couche possède une charge volumique de densité  et un courant
volumique de densité j et sépare deux milieux notés "1" et "2".
On envisage un champ magnétique B présent dans les deux milieux.


Figure 3a : n est dirigé du milieu 1 vers le milieu 2

La couche d'épaisseur e brise la "symétrie" de l'espace uniquement dans la


direction Oz; en conséquence il n'y a aucune dépendance spatiale suivant les
variables x et y et également suivant la variable temporelle t, cette couche étant
fixe.
   
div B = 0  D div B d = S B d S

23
En décomposant la surface S comme ci-dessus (figure 3b) :

Figure 3b
    
S B d S = S2 B 2 n dS2 - S1 B 1 n dS1 + St B n t dSt = 0

La surface transversale St tendant vers zéro, il reste (dS1=dS2=dS) :


 
S2 ( B 2- B 1) n dS = 0  B2n= B1n

On envisage maintenant un contour rectangulaire MNPQ de surface S,


perpendiculaire au plan xOy et tel que MN>>NP (figure 3c). On pose MN = L
et NP = a, donc S = La.

Utilisant tout d'abord la relation de Maxwell - Ampère :

Figure 3c

  
rot B = µ0 j + µ00  E / t on obtient sans difficulté :

(Bt2-Bt1) L - µ00SE/t dS = µ0S j.dS

Sachant que a  0, le flux de -E/t s'annule, il reste :

(Bt2-Bt1) L  µ0 L S j.dz = µ0 L jS avec jS =  j.dz densité de courant surfacique.


Il en résulte la discontinuité :

Bt2-Bt1 = µ0 j S

24
Les deux relations de passage précédentes se résument par :
   
B 2- B 1 =µ0 jS  n

Dans le cas d'un conducteur parfait, la conductivité , le champ électrique


est nécessairement nul dans le conducteur donc j = E = 0; l'équation de
Maxwell - Faraday, conduit dans le conducteur, à B/t = 0 donc B=0 puisque
l'on exclut les solutions constantes.
 
Si on appelle B ext le champ hors du conducteur, et B int le champ dans le
conducteur, la relation de passage conducteur  vide est :
  
B ext =µ0 jS  n .

5) Milieux magnétique et aimantation induite

a) Aimantation induite

La plus part des corps acquièrent une aimantation lorsqu'ils sont soumis à un
champ magnétique externe. C'est le phénomène d'aimantation induite. Cette
aimantation créant elle-même un champ magnétique. Il s'ensuit que le champ
magnétique initial est modifié par la présence de ces corps.
Quelque soit la situation, l'aimantation M acquise par la matière en un point est
fonction du champ magnétique total B en ce point. Le lien entre M et B est
caractéristique du matériau et de l'état physique dans lequel il se trouve
(température, pression, …).
Expérimentalement, les matériaux se partagent, en ce qui concerne le
magnétisme induit, en deux classes :
pour la plupart des substances, l'aimantation induite M est faible, c'est-à-dire
que le champ Bd créé par cette aimantation est partout négligeable devant le
champ d'origine externe B0. Pour certaines de ces substances, l'aimantation
induite M est de même sens que le champ B0, ce sont les corps
paramagnétiques; pour les autres l'aimantation est de sens opposé à celui du
champ, ces corps sont dits : diamagnétiques.
Par contre, certains corps, appelés ferromagnétiques, perturbe profondément la
carte du champ magnétique dans lequel ils sont plongés. Le fer métallique pur
en est le prototype. Le lien entre M et B est alors souvent complexe, en général
non linéaire sauf pour les faibles champs.
En résumé, pour chaque matériau le lien entre M et B décrit la réponse de la
matière au champ magnétique appliqué.

25
b) Susceptibilité et perméabilité magnétiques

Pour les corps diamagnétiques et paramagnétiques, on constate


expérimentalement que la relation entre M et B est linéaire, en excluant
toutefois pour les paramagnétiques les situations de champ magnétique
extrêmement intense et celles de température très basse (on peut adopter comme
critère B(tesla)/T(kelvin)  0.3).
Pour des raisons à la fois historiques et expérimentales, c'est le coefficient de
proportionnalité entre M et H qui est appelé : susceptibilité magnétique, nombre
sans dimensions que nous désignons par m. Par définition :
 
M  m H

De la relation de définition de H : B=µ0(H+M), on déduit :

B = µ0(1+m) H = µH

Le coefficient µ est appelé : perméabilité magnétique du matériau, et le rapport


sans dimensions µr = µ/µ0 : perméabilité relative : µr = µ/µ0 = 1+m

matériaux diamagnétiques : m (négative)  - 10-5;


matériaux paramagnétiques : m (positive)  10-3;
La susceptibilité des corps ferromagnétiques est très élevée, allant de 10 2 à 106
pour certains matériaux.

III. Aspect microscopique de l'étude des milieux aimantés

1) Moments magnétiques
26
Contrairement à l'étude de la polarisation des milieux diélectriques, celle de
l'aimantation de la matière magnétique relève de la mécanique quantique. Ainsi
un atome à un ou plusieurs électrons ne possède-t-il pas forcément de moment
magnétique orbital; en revanche il suffit que sa configuration électronique
conduise à un (ou des) électron (s) célibataire (s) pour faire apparaître un
moment magnétique de spin. L'expérience de Stern et Gerlach confirme la
quantification de la projection des moments magnétiques sur la direction du
champ.

a) Origine du magnétisme de la matière

A l'origine du magnétisme de la matière, se trouve le moment magnétique


atomique. Celui-ci provient essentiellement du mouvement des électrons autour
d'eux même (le moment magnétique dû au noyau est négligeable devant celui
des électrons).
Le moment magnétique des électrons est la résultante de deux termes : le
moment orbital qui provient du mouvement de gravitation des électrons autour
du noyau et le moment magnétique de spin qui provient du mouvement des
électrons autour d'eux-mêmes.

b) Moment magnétique orbital

27
Soit un électron de charge (-e) et de masse m décrivant à la vitesse v son orbite
circulaire de rayon r.
Le moment cinétique orbital de l'électron par rapport à O est :
  
 = mvr u z = mr  u z
2

où  = 2/T est la vitesse angulaire de l'électron.

Figure 3

Le moment magnétique de cette boucle de courant de surface S est orienté par


i = e / T (charge traversant une surface par unité de temps, la période T du
mouvement)
  
m = - iS u z = - e (S/T) u z = -er2/2 u z

car S/T est la surface balayée par unité de temps et vaut r 2/2 (constante des
aires ou à défaut vitesse aréolaire moyenne sur une période).

d'où m =   avec  = - e/2m.
Le signe - est dû au fait que le courant électrique est de sens opposé au
déplacement de l'électron.
    
Rappelons les définitions :  = r  m v et m =1/2 r  q v .

Il vient immédiatement m = (q/2m)  et ceci quelle que soit la trajectoire de la
charge q de masse m.

c) Moment magnétique de spin

Le moment cinétique de spin s à une projection quantifiée comme le moment


cinétique orbital
sz = ms  avec ms  [-s,….,s], soit ici ms = 1/2 pour une particule de spin s =
1/2, d'où les projections du moment magnétique de spin avec m = -s,

mz = -e/m (  /2) = µB où µB = e  /2m est le magnéton de Bohr


28
AN : µB = 0,93.10-23 A.m grandeur "faible", mais à résultante macroscopique
pour une mole (N = 6.1023 mol-1) où tous les moments seraient alignés.
Le moment cinétique de spin d'un couple d'électrons appariés dans une case est
nul (ms = +1/2 -1/2 = 0).

Un atome n'aura de moment magnétique de spin total que si sa configuration


électronique conduit à des électrons célibataires.

Parmi les milieux magnétiques à aimantation induite faible (sans interaction


entre les moments), il faut distinguer ceux constitués d'atomes, de molécule ou
d'ions ne possédant pas de moment magnétique permanent (ni orbital, ni de
spin) et dont l'aimantation est lié à un mouvement de précession dite de Larmor
(diamagnétisme) et se fait dans le sens opposé au champ, de ceux constitués
d'atomes, de molécules ou d'ions possédant un moment magnétique permanent
dont l'aimantation dans le sens du champ est due à un mécanisme d'orientation
(paramagnétisme) fonction de la température.

2) Diamagnétisme

a) Précession de Larmor

Un électron de charge -e et de masse m décrit une trajectoire circulaire autour


du noyau fixe en O. On fait passer progressivement de 0 à B 0 le champ
magnétique extérieur appliqué à l'atome perpendiculairement au plan de l'orbite.
L'établissement du champ est rapide à l'échelle macroscopique, mais se fait
cependant sur un intervalle de temps  très grand devant la période de
révolution T=2/ de l'électron, de sorte que sur un tour, l'électron "voit" un
champ quasi-stationnaire. Par ailleurs ce champ peut toujours être considéré
comme uniforme sur une portion d'espace de dimension atomique.
Le champ magnétique étant uniforme au niveau atomique, il lui correspond un
potentiel vecteur

 1   1 
A = B  r = B r u
2 2


Où u est le vecteur unitaire orthoradial (dont le rotationnel est dirigé par uz ).
L'établissement de B0 entraîne l'apparition d'un champ électromoteur (dans
l'approximation des régimes quasi permanents) :

  1   
E m = - A /t = - dB/dt r u opposé à la vitesse v = v u
2

29
d'où la force électrique supplémentaire qui s'exerce sur l'électron
  
f e = -e E m = er/2 dB/dt u orthoradiale dans le sens du mouvement

La force magnétique vaut :


     
f m = -e v  B  -e v B ur radiale attractive ( v  v u )

Soit F la force qu'exerce le noyau O sur l'électron lorsqu'un champ fort B 0=1T
s'établit rapidement en  = 0.1 ms.

fm= erB  erB0/2 et fe (erB0)/2

d'où 0,1 ms et 1016 rad/s (correspond à r=1Å).


La force électrique du noyau sur l'électron (pour un électron externe compte
tenu de l'écrantage) est :

  e2  
F u  m 2 ru r ,
4r 2 r

(bien sûr  et r sont liés : à r  0.1 nm correspond 1016rad/s)

d'où fm/F = eB0/2m  10-5

On tire de ces ordres de grandeur les conclusion suivantes :


- Suivant ur : fm est négligée devant F et donc le rayon de la trajectoire reste
constant avec une très bonne approximation.
- Suivant u : il apparaît une nouvelle fe dont il faut tenir compte et ceci bien
qu'en modulefe<<fmcar fe  0 alors que fm= 0. A rayon constant, elle a
pour effet de modifier les vitesses linéaire et angulaire.
La projection de la relation fondamentale de la dynamique sur la tangente à la
trajectoire s'écrit :

mr d/dt  0 + (er/2)dB/dt

La vitesse angulaire augmente donc avec l'établissement du champ.

 = e B0/2m Précession de Larmor

AN :  =8,8 1010 rad/s d'où / 10-5 <<1.

30
b) Susceptibilité diamagnétique

Considérons une substance dont les atomes ou molécules qui la composent ne


possèdent pas de moment magnétique permanent :
- ni de spin, ce qui suppose que tous les électrons soient appariés (pas d'électron
célibataire).
- ni orbital, ce qui suppose que les sous-couches (s,p,d,…) soient ou remplies ou
à moitié remplies (ml=0).
En plaçant ces atomes dans un champ magnétique extérieur, il est possible
d'induire un tel moment par modification des trajectoires électroniques
(théorème de Larmor); la résultante macroscopique qui apparaît est très faible
(Ba opposé à B0 etBa<<B0) : c'est le diamagnétisme.
Il y a précession des orbites électroniques dans le sens direct autour du champ à
la pulsation

L=eB/2m, ce qui correspond à un courant :

I = -Ze/TL = -ZeL/2 = -Ze2B/4m

(le signe - pour signifier que le courant est opposé à la vitesse).


ce qui correspond à un moment magnétique induit moyen

m =I<2> uz

où est la distance d'un électron à l'axe Oz avec :

2
<2>=<x2>+<y2>= <r2> puisque par symétrie en moyenne <x2>=<y2 >=<z2>
3

d'où m = -Ze2<r2>B/6m

Ce moment magnétique induit est de sens opposé au champ magnétique


contrairement à la polarisation électrique.

Le vecteur aimantation est M = n m


et comme B  µ0H car M <<B/µ0 soit µr  1

Il vient M = -[µ0 nZe2<r2>/6m]H

du type M = H avec  = -µ0 nZe2<r2>/6m

31
La susceptibilité diamagnétique est négative, pratiquement indépendante de la
température.

3) Paramagnétisme

Lorsque les atomes (ou ions ou molécules) possèdent un moment magnétique


permanent, le diamagnétisme, toujours présent, est masqué par le
paramagnétisme. En l'absence de champ magnétique les moments magnétiques
sont orientés au hasard, toutes les directions sont équiprobables et l'aimantation
du milieu, somme des moments magnétiques par unité de volume, est nulle :

M = m i =N< m >

Où <m> désigne la valeur moyenne des moments magnétiques individuels mi,


tous identiques, au nombre de N par unité de volume.

Paramagnétique

Si nous traitons mz comme une variable classique, pouvant prendre toute valeur
comprise entre -m et +m, le calcul de l'aimantation induite est identique à celui

32
effectué au chapitre précédent (sur les milieux diélectriques) pour la
polarisation d'orientation en remplaçant p par m et E par B.

M = N < mz> = N m <cos> = N m L(a),

où L(a) est la fonction de Langevin : L(a) = coth a - 1/a avec a = mB/kT.

Figure 4

A température ordinaire et pour des champs pas trop élevés, a << 1 et un


développement limité de L(a) donne :

M  Nm2B / 3kT pour mB << kT

D'où une susceptibilité paramagnétique, positive, inversement proportionnelle à


la température (loi de Curie) :

m = µ0Nm 2 / 3kT.

On a supposé que les interactions entre des moments magnétiques entre eux
étant négligeable; B est alors égal au champ externe appliqué et on peut prendre
B  µ0 H.

A très basse température et pour des champs élevés, tous les moments
magnétiques sont pratiquement orientés dans la direction du champ;
mathématiquement. L(a)  1 pour les très grandes valeurs de a et l'aimantation
devient : MS = N m, qui est appelée "aimantation à saturation" car c'est
l'aimantation maximale que la substance peut posséder.

33
4) Ferromagnétisme

a) Corps ferromagnétiques

On désigne par ferromagnétisme la propriété qu'on certains corps de s'aimanter


très fortement sous l'effet d'un champ magnétique extérieur, et très souvent de
garder par la suite une aimantation importante même en champ nul; ils sont
devenus des "aimants".
Ces aimantations sont de très loin supérieures à celle observés avec les corps
paramagnétiques. En conséquence ces corps modifient de façon considérable le
champ magnétique dans lequel ils sont plongés.
Les substances qui, comme le fer, acquièrent ou possèdent des aimantations très
importantes sont appelées ferromagnétiques.

Exemples : fer, nickel, cobalt, alliages d'éléments ferromagnétiques….

b) Courbe de première aimantation

La figure 5 reproduit la courbe de "première aimantation" d'un ferromagnétique.


La courbe comporte d'abord pour les faibles valeurs de H une courte portion
sensiblement rectiligne (zone 1), suivie d'une partie à croissance nettement plus
rapide (zone 2); enfin, pour les valeurs élevées de H, elle tend vers une
asymptote horizontale. Cette limite Msat, appelée "aimantation à saturation" est
spécifique des matériaux, très sensible à l'état de pureté de l'échantillon et
dépend de sa température. Le tableau I donne les valeurs de M sat et µ0Msat pour
le fer, le cobalt et le nickel, à la température de 20°C.

34
Figure 5: Courbes de première aimantation M(H).

L'aimantation à saturation dépend de la température; elle décroît régulièrement


si l'on chauffe le matériau, puis diminue rapidement et s'annule pour une
température Tf, appelée "température de Curie ferromagnétique", au-delà de
laquelle le matériau n'est plus ferromagnétique mais paramagnétique (fig.6) :

Figure 6. a) Variation de l'aimantation à saturation en fonction de la température


pour T<Tf. b) Inverse de la susceptibilité paramagnétique en fonction de la
température pour Tf<T.

Msaturation (µB) à 4K Tf (K)


Fe 2,14 1043
Co 1,76 1400
Ni 0,6 631

Tableau I. Les aimantations à saturation et températures de Curie.

Pour des températures nettement supérieures à T f, la susceptibilité


paramagnétique  suit une loi de Curie-Weiss :

35
 = C / T-Tp,

où C est une constante et Tp une température appelée "température de Curie


paramagnétique"; elle est légèrement supérieure à Tf (figure 6b); les
températures Tf sont données dans le tableau I pour le fer, le cobalt et le nickel.

c) Perméabilité magnétique

Par définition la perméabilité magnétique µ est égale, pour les matériaux


isotropes, au quotient B/H.
On utilise de préférence la perméabilité relative : µr = µ/µ0

Pour les ferromagnétiques, la non - linéarité importante de la relation entre B et


H rend cette grandeur d'intérêt secondaire; elle doit être maniée avec
précautions car µr varie considérablement avec H.

d) Interprétation du ferromagnétisme

Domaines d'aimantation spontanée

L'interprétation du ferromagnétisme est basée sur l'hypothèse, effectuée en 1907


par Pierre Weiss, qu'un matériau ferromagnétique, même monocristallin, est
divisé en domaines, que chacun de ces domaines est aimanté, c'est-à-dire que les
dipôles magnétiques qu'il contient sont tous orientés dans la même direction;
l'aimantation Mspontanée d'un tel domaine est appelée : aimantation spontanée.

Lorsque l'échantillon n'est pas aimanté, les différents domaines ont des
orientations très diverses et l'aimantation macroscopique résultante de
l'échantillon est nulle; cela est vrai pour un monocristal et a fortiori pour les
alliages ou matériaux polycristallins.

Les frontières entre domaines, appelées "parois", sont des zones ou


l'aimantation change de direction, les moments magnétiques élémentaires
tournant progressivement pour passer d'une orientation préférentielle à un autre.
Ces parois ont une épaisseur typique de 0,1 µm soit de l'ordre de grandeur de
quelques centaines de distances interatomiques.

36
Figure 7 : Schéma d'une paroi séparant deux domaines d'aimantations opposées.

Phénomène d’hystérésis

Après avoir décrit la courbe de première aimantation jusqu’à la saturation,


faisons décroître l’intensité du courant électrique dans la bobine magnétisante ;
H décroît et l’on constate que le champ B, donc aussi l’aimantation M, ne
reprennent pas, pour un même champ H, les valeurs obtenues en champ H
croissant ; elles sont supérieures et la courbe de désaimantation B(H) est
différente. On dit qu’il y a hystérésis. Ce retard à la désaimantation est la
conséquence de l’irréversibilité du déplacement des parois entre domaines
(Figure 8).

Pour une certaine valeur HC du champ H, dit « champ coercitif », le champ


magnétique B s’annule. Au delà, l’aimantation s’aligne sur le champ H jusqu’à
atteindre en module la valeur de saturation.

Figure 8 : Courbe d’hystérésis

L’étude de l’hystérésis magnétique permet de classer les substances


ferromagnétiques en deux grandes catégories :
37
- les matériaux ferromagnétiques « doux » sont caractérisés par un faible champ
coercitif HC inférieur à 100 A/m et parfois à 1A/m ; leur aimantation peut donc
être facilement modifiée. Ils possèdent en général une grande perméabilité, en
particulier une forte perméabilité initiale.
Lors d’aimantations et de désaimantations successives, l’hystérésis est cause de
pertes énergétiques ; minimiser les pertes est essentiel pour de nombreux
appareils où le champ magnétique varie, tels que les transformateurs, relais,
écrans magnétiques, bobines téléphoniques, etc. d’ou l’emploi pour ces
applications de matériaux « doux ».

- les matériaux ferromagnétiques « durs » sont caractérisés par un fort champ


coercitif supérieur à 103 A/m et qui atteint 106 A/m ; leur magnétisme rémanent
est alors assez difficile relativement à supprimer et ces matériaux sont donc
utilisés pour faire des aimants permanents.

Pertes par hystérésis

La connaissance des cycles d’hystérésis est importante pour évaluer les pertes
énergétiques des matériaux soumis à des champs magnétiques alternatifs.
A partir de l’expression de la densité électromagnétique,
   
duem  E.dD  H .dB,

On détermine la densité d’énergie perdue par cycle de l’hystérésis :


 
W   H .dBd
Cycle

Or l’intégrale précédente est exactement l’aire du cycle d’hystérésis tracée en


coordonnées (B,H). Mais c’est aussi l’aire du cycle (M,H).
Finalement, pour tous les matériaux,
 
W  [
matériau
cycle
H .dB]d

Les pertes par hystérésis vont occasionner l’échauffement du matériau. En


outre, en régime variable, il apparaît des courants de Foucault qui vont eux
aussi chauffer le matériau par effet Joule, surtout à haute fréquence.
En pratique, ces courants de Foucault se traduisent par l’élargissement du cycle,
ce qui est en accord avec l’augmentation des pertes en énergie.

38
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