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ordres de l'amiral Pierre Charles Silvestre de Villeneuve, à la flotte britannique commandée par le
vice-amiral Horatio Nelson. Nelson y trouvera la mort, mais la tactique qu'il avait mise en œuvre
valut aux Britanniques une victoire totale malgré leur infériorité numérique. Les deux tiers des
navires franco-espagnols furent détruits, et Napoléon, faute d'une flotte suffisante, dut renoncer à
tout espoir de conquête du Royaume-Uni.
Cette victoire marque également la suprématie britannique sur les mers, qui allait rester
incontestée jusqu'à la Première Guerre mondiale.
Le 21 octobre a été célébré dans tout l'Empire Britannique sous le nom de « Trafalgar Day »
pendant le XIXe siècle et au début du XXe siècle, mais aujourd'hui cette fête est peu connue.
Contexte [modifier]
Suite à la reprise des hostilités entre la France et le Royaume-Uni, le 18 mai 1803, après
l'éphémère paix d'Amiens, Napoléon Ier commence à réunir une armée, au camp de Boulogne,
dans le but d'envahir les îles Britanniques, et d'en finir avec son plus coriace ennemi.
Mais pour permettre à la flottille de transport de traverser la Manche, il doit obtenir une
supériorité au moins temporaire, contre la Royal Navy. Pour la réaliser, il lui faut rassembler ses
deux flottes principales, celle de l'Atlantique, basée à Brest et celle de la Méditerranée, alors
basée à Toulon. Mais ces deux flottes sont sous la surveillance constante de la Royal Navy, ce qui
rend leur jonction difficile. De plus d'autres flottes peuvent être mobilisées pour cette action, à
savoir la flotte espagnole, maintenant alliée de la France et les autres escadres, présentes sur la
façade atlantique, comme celle de Rochefort.
La flotte à Brest, commandée par le vice-amiral Honoré Joseph Antoine Ganteaume, forte de
vingt et un vaisseaux de ligne est étroitement surveillée par l'amiral William Cornwallis et son
escadre, et ne peut appareiller sans combattre. Cependant, le vice-amiral Horatio Nelson, qui
commande la Mediterranean Fleet qui fait face à l'escadre de Toulon, a décidé d'appliquer un
blocus très lâche, car il espère inciter l'amiral français Pierre de Villeneuve à prendre la mer, et
qu'il pourra ainsi livrer bataille. Malgré les réticences de Villeneuve, qui a déjà connu la défaite
contre Nelson à Aboukir en 1798, Napoléon pousse celui-ci à appareiller en direction des
Antilles, où la flotte espagnole et celle de Ganteaume, forçant aussi le blocus, le rejoindront.
Grâce à des tempêtes qui empêchèrent les navires britanniques de maintenir leurs positions de
guet, Villeneuve fait voile le 29 mars 1805, s'échappe du piège de Nelson, passe le détroit de
Gibraltar le 8 avril, et arrive aux Antilles, le 12 mai, avec onze vaisseaux. Une flotte espagnole,
forte de neuf vaisseaux l'y rejoint. Fort de ses vingt navires de ligne, Villeneuve, pourtant pressé
par les officiers de l'armée française de participer à la reprise des îles conquises par les
Britanniques, reste inactif pendant un mois, attendant Ganteaume, qui n'a même pas quitté son
port. Le 7 juin, suite à la capture d'un navire de commerce britannique, il apprend que Nelson et
sa flotte, malgré les vents contraires qui les ont retenus, est enfin arrivé dans les Caraïbes.
Villeneuve décide alors d'appareiller pour retourner en Europe, ce qu'il fait le 11 juin.
Le 9 juillet, il arrive au Cap Finisterre, mais les vents contraires l'empêchent de rentrer dans le
golfe de Gascogne avant le 22. Entre-temps, le vice-amiral Robert Calder, qui montait la garde
devant Rochefort et Ferrol, a appris le retour du Français, et le 22, il a rassemblé sa flotte de
quinze vaisseaux pour l'attendre au Cap Finisterre. La bataille qui suit, la bataille "des quinze-
vingt", le 23, où Villeneuve perd deux navires espagnols, dissuade celui-ci de poursuivre au nord.
Malgré l'avantage du vent, il fait demi-tour et arrive à La Corogne le 1er août. Les ordres de
Napoléon qui l'attendent sont clairs: voguer au nord, vers Brest, mais nerveux devant les
démonstrations de la Navy, Villeneuve décide de rejoindre Cadix.
Le 15, Cornwallis prend la lourde décision de détacher vingt de ses vaisseaux pour renforcer
Calder contre Villeneuve, ce qui ne lui en laisse que onze pour garder la Manche. Mais, entre-
temps, avec la menace des troupes autrichiennes et russes, aux frontières de l'est, les trois corps
d'armée de Napoléon Ier, sans nouvelle de leur flotte, quittent le Camp de Boulogne le 26 août, et
entament la grande marche vers l'est qui les mène vers Austerlitz.
Horatio Nelson, revenu au Royaume-Uni après deux ans en mer, est chargé de commander cette
nouvelle flotte. Retardé par les réparations du HMS Victory, il ne prend la mer que le 15
septembre et ne rejoint sa flotte que le 29. Il ne place devant Cadix qu'une flottille de frégates
sous les ordres du capitaine Henry Blackwood. Ses navires de ligne eux, attendent, hors de vue, à
environ 50 miles de là. Il doit détacher six d'entre eux du 2 au 15 octobre, pour aller chercher du
ravitaillement à Gibraltar; de plus, le HMS Prince of Wales a quitté la flotte pour ramener Calder
au Royaume-Uni, où il doit répondre de son manque d'audace du 23 juillet.
L'amiral Villeneuve, de son côté, semble peu enclin à quitter Cadix : ses capitaines s'y opposent
et il craint Nelson. Il a reçu des ordres de l'amiral Decrès, commandant la flotte française, de
revenir en Méditerranée, mais seule l'annonce de l'arrivée de son remplaçant, le vice-amiral
François Rosily, à Madrid, le 18 octobre, ajoutée au rapport de ses espions signalant six
vaisseaux britanniques à Gibraltar, le décide. Le 20 octobre, soudainement partisan du départ, il
quitte le port après une rapide préparation de ses navires, et formé en trois colonnes, se dirige sur
le Détroit de Gibraltar. Le soir même, l'Achille signale dix-huit navires britanniques à leur
poursuite dans le nord-est. Durant la nuit, Villeneuve décide de former sa flotte sur une ligne et
de se préparer au combat.
À Trafalgar, Nelson se trouvait face à une flotte franco-espagnole qui, bien que supérieure en
nombre, était très inférieure qualitativement à la sienne, tant en matériel qu'en équipage. Les
vaisseaux espagnols étaient anciens et fragiles, les vaisseaux français cependant plus récents
possédaient souvent des équipages trop peu entraînés. La flotte anglaise est au contraire de très
bonne qualité. Les équipages sont remarquablement entraînés et possèdent un moral très élevé.
Un des très grands avantages de Nelson est de pouvoir compter sur un corps de capitaines
exceptionnellement compétents, expérimentés et complètement dévoués. Les vaisseaux de la
Royal Navy disposent, outre leur artillerie classique, de très gros canons, appelés caronades, de
faible portée mais faciles à utiliser, qui peuvent cribler de mitraille les équipages adverses à
courte distance. Cette arme va montrer sa très grande efficacité durant la bataille. Du côté des
coalisés, les caronades sont peu utilisées, les vaisseaux français et espagnols préférant ajouter des
obusiers qui s'avéreront bien moins utiles. Nelson dispose en outre de sept vaisseaux à trois ponts
qui dominent de leur taille les deux-ponts adverses. Du côté de la flotte coalisée, les Espagnols
alignent quatre vaisseaux à trois ponts et les Français aucun. En revanche, on relève dans la flotte
française plusieurs vaisseaux à quatre-vingts canons dont le poids de la bordée égalait voire
dépassait celles des plus gros vaisseaux britanniques. Nelson, qui se trouvait en infériorité
numérique, décida alors de bousculer les habitudes.
Au lieu d'orienter sa flotte perpendiculairement au vent, il la place vent arrière, ce qui lui donne
beaucoup de vitesse (rendant aussi les coups au but plus difficiles, Nelson mise aussi sur une
variable relativement aléatoire : ses marins aguerris aux joutes navales face à des Français et
Espagnols moyennement talentueux au tir de précision et au rechargement), et dispose ses navires
sur deux files côte à côte. Ces deux files forment une épée qui transperce la flotte Franco-
Espagnole. Celle menée par Nelson coupe la ligne adverse à angle droit un peu en avant de son
milieu et empêche l'avant-garde de secourir le reste de la flotte franco-espagnole. Celle dirigée
par Collingwood submerge l'arrière-garde. Après avoir durement touché l'adversaire en coupant
sa ligne, la flotte de Nelson écrase méthodiquement les vaisseaux désorganisés du centre et de
l'arrière des Franco-Espagnols. Cette tactique entrainait un inconvénient : avant de pouvoir
transpercer les lignes franco-espagnoles, les navires de têtes anglais étaient canonnés sans
pouvoir riposter. Cependant, Nelson compta sur la lenteur et la médiocre précision de tir des
canonniers français et espagnols. Dès que l'ennemi fut à portée, la meilleure qualité de tir de ses
propres canonniers et l'adresse de ses équipages permit de renverser l'infériorité numérique
relative. Les lignes désorganisées et prises en tenaille par les Anglais, il ne fut donc plus difficile
pour Nelson d'anéantir les navires ennemis.
Cette rencontre n'eut pas d'effet majeur sur la stratégie terrestre puisque Napoléon Bonaparte
avait déjà abandonné son projet d'envahir l'Angleterre à la mi-août 1805 pour porter ses efforts
sur l'Europe continentale. Mais par leur victoire maritime, les Anglais confirmèrent
définitivement leur suprématie sur les mers. Si, dès avant la bataille, le risque d'une invasion était
déjà levé, il disparut totalement à sa suite, la marine française n'osant jamais plus affronter les
escadres britanniques en mer. Quant à la marine espagnole, elle perdit à Trafalgar l'essentiel de
ses moyens. Politiquement aussi, les résultats de Trafalgar ne doivent pas être sous-estimés,
constituant bientôt tant en Europe continentale qu'au Royaume-Uni un contrepoids moral aux
victoires terrestres de la Grande Armée.
A plus long terme, cette bataille va contribuer à la création d'un mythe, la bataille navale décisive
sauvant le Royaume-Uni. Pendant la Première Guerre Mondiale, la bataille du Jutland, et ses
résultats mitigés, susciteront une vive controverse, cette bataille entre dreadnoughts étant
appréciée à la lumière de la victoire de Nelson.
Le Victory, le vaisseau amiral de Nelson, est conservé de nos jours comme une relique. Il fait
cependant toujours officiellement partie de la Royal Navy.