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Christophe-Philippe Oberkampf

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Pour les articles homonymes, voir Oberkampf.


Christophe-Philippe Oberkampf
Fonctions

Maire de Jouy-en-Josas
1790-1793
Conseiller général de Seine-et-Oise
Titre de noblesse

Écuyer
à partir de 1787
Biographie
11 juin 1738
Naissance
Blaufelden

6 octobre 1815 (à 77 ans)


Décès
Jouy-en-Josas

Sépulture Jouy-en-Josas

Nom de naissance Christoph Philipp Oberkampf

française (à partir d'août 1770)


Nationalités
Principauté d'Ansbach

Activités Homme d'affaires, homme politique

Marie-Julie Oberkampf (d)

Émile Oberkampf
Enfants
Émilie Oberkampf

Laure Oberkampf (d)

Autres informations
Propriétaire de Manufacture Oberkampf, Château du Montcel (d)

Médaille d'or de première classe à l'Exposition nationale des


Distinctions beaux-arts (1806)
Officier de la Légion d'honneur (1806)

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Christophe-Philippe Oberkampf, né Christoph Philipp Oberkampf le 11 juin


1738 à Wiesenbach et mort le 4 octobre 1815 à Jouy-en-Josas, est
un industriel français d’origine allemande.
Il est passé à la postérité pour avoir fondé la manufacture royale de toiles imprimées
où était fabriquée la toile de Jouy.

Biographie[modifier | modifier le code]


Né dans une famille de teinturiers de Wiesenbach, descendant d'une lignée de
teinturiers luthériens du Wurtemberg, Oberkampf apprend le métier chez son père,
établi à Aarau en Suisse comme fabricant de toiles imprimées, les indiennes, puis se
rend à Bâle chez des producteurs de ce type de tissu appelés « indienneurs »1.
En 1756, à 18 ans, le jeune Oberkampf acquiert son indépendance et entre comme
graveur à la manufacture d'impression Koechlin et Dollfusnote 1 à Mulhouse. En octobre
1758, il monte à Paris et s'engage comme graveur, puis comme coloriste2, dans les
ateliers d'indiennes du fabricant Cottin installés à l'Arsenal3.
Lorsque cette industrie devient légale en France le 9 novembre 1759, il propose
au Garde suisse du roi Louis XVI, Antoine Guernes, dit « Tavannes », de s'associer
avec lui pour la création, à Jouy-en-Josas, d'une manufacture d'indiennes. Les
premières toiles sont imprimées le 1er mai 1760 et connaissent un succès qui permet
à Oberkampf d'agrandir, en 1764, sa fabrique sur un vaste terrain de 18 000 m2.
L'effectif de la manufacture Oberkampf croît rapidement et atteint 900 ouvriers
en 1774. Son seul associé, de 1762 à 1790, fut Joseph Alexandre Sarrasin de
Maraise, dont la femme, Marie-Catherine-Renée, née Darcel, tenait la comptabilité
de la manufacture4.
En aout 1770, justifiant de dix ans de résidence en France, Oberkampf et son frère
sont naturalisés français. À la même époque, les planches de bois sont remplacées
par des plaques de cuivre, gravées également, mais souples pouvant être fixées sur
des tambours cylindriques. Cette évolution technique importante, due à son
neveu Samuel Widmer, l’inventeur de la machine à graver les cylindres métalliques,
va permettre à l'entreprise d'augmenter considérablement sa production et d'entrer
dans l'ère de la mécanisation5.
Manufacture royale[modifier | modifier le code]

Buste d'Oberkampf dans le jardin de la mairie de


Jouy-en-Josas.
En 1783, la fabrique reçoit du roi Louis XVI le titre de manufacture royale et en 1787,
Oberkampf, anobli par lettre de mérite en 1787, reçoit du roi le titre d'écuyer ainsi
que le droit de disposer d'armoiries et d'une devise Recte et vigilanter (droiture et
vigilance). Sa manufacture produit à cette époque environ 30 000 pièces par an et
mobilise 800 ouvriers6.
La réforme des départements et des communes par la Révolution l'amène à être
nommé, le 7 février 1790, maire de Jouy-en-Josas. Le 26 fructidor an III (12
septembre 1795), il se porte acquéreur de l'ancienne ferme royale
de Bouviers à Guyancourt, afin de contrôler la qualité des eaux de la Bièvre dont la
source se trouve sur les terres de cette ferme. Il ouvre aussi une succursale dans le
bourg d'Essonnes, sur la rivière Essonne7.
Durant la Révolution, la manufacture reste florissante et devient la deuxième
entreprise du pays, après la manufacture de glaces de Saint-Gobainnote 2. En 1806,
Oberkampf obtient la médaille d'or de première classe à l'exposition des produits de
l'industrie au Louvre pour son rôle éminent dans la fabrication des toiles peintes8.
Le 20 juin 1806, à l'occasion d'une visite des ateliers, Napoléon lui décerne la légion
d'honneur, en détachant sa propre croix d’officier en or et lui disant que « personne
n’était plus digne de la porter8:156. »
À partir de 1805 néanmoins, le commerce décline et l'effectif du personnel, qui avait
atteint 1 600 ouvriersnote 3, doit être réduit. En 1816, 550 travailleurs sont salariés par
l'entreprise Oberkampf.
Déclin[modifier | modifier le code]
En 1815, la baisse de la demande et la concurrence se font de nouveau sentir.
L'effectif tombe à 435, avant que la manufacture ne ferme momentanément durant
l'invasion des armées coalisées contre l'Empereur, qui la dévastent9. Quand
Oberkampf meurt en 1815, la manufacture est confiée à son neveu Samuel Widmer.
À la mort de celui-ci, en 1821, un de ses fils, Émile Oberkampf, s'associe à Barbet de
Jouy, puis lui cède totalement en 1822 les bâtiments. En dépit de nombreux
innovations techniques de la part du nouveau propriétaire, la manufacture,
spécialisée dans le haut de gamme, ne peut résister à la concurrence et finit par faire
faillite, pour fermer ses portes en 1843. Vendue aux enchères 250 000 francs
seulement, l’usine a été démolie peu de temps après9.

La famille Oberkampf, peinte par Louis-Léopold Boilly.


Christophe-Philippe Oberkampf est enterré dans le jardin de sa maison, devenue le
conservatoire de musique de Jouy-en-Josasnote 4. Gendre de Michel Massieu de
Clerval, il était le père d'Émilie Oberkampf, pionnière de l'école maternelle en France
et épouse du banquier Jules Mallet, de Laure Oberkampf, épouse du baron James
Mallet, et du baron Émile Oberkampf. Il est également le grand-père d'Ernest Feray,
et de Nathalie Mallet (1813-1884), (fille d’Émilie), épouse du peintre Pierre-Antoine
Labouchère.

Hommages[modifier | modifier le code]


Une rue de Paris dans le 11e arrondissement ainsi que la station de métro qui la
dessert a reçu son nom.

Iconographie[modifier | modifier le code]


Le musée de la toile de Jouy conserve plusieurs portraits peints d'Oberkampf, un
par François Gérard daté de 1819, deux de Louis-Léopold Boilly.

Notes et références[modifier | modifier le code]


Notes[modifier | modifier le code]
1. ↑ En 1746, la cité-État de Mulhouse devient industrielle lorsque de jeunes bourgeois (Jean-
Henri Dollfus, Jean-Jacques Schmaltzer, Samuel Kœchlin et Jean-Jacques Feer) lancent
l'« indiennage », c'est-à-dire l'impression de cotonnades à la planche (Encyclopaedia
Universalis, Mulhouse) [archive]
2. ↑ En exceptant les entreprises minières telles les Mines d'Anzin (4 000 travailleurs en 1789)
3. ↑ Ce nombre regroupe les effectifs de deux établissements de l'entreprise Oberkampf, celui de
Jouy-en-Josas et celui de la filature de coton d'Essonnes près de Corbeil. En 1806 les archives
de l'entreprise mentionnent 1 021 ouvriers à Jouy et 306 à Essonnes. En 1808, les effectifs
sont de 714 à Jouy et 189 à Essonnes. En 1815 le total des deux établissements tombe à 550.
Voir A. Dewerpe, Y. Gaulupeau, op. cit., p. 31.
4. ↑ De nombreux ouvrages indiquent qu'il est enterré au cimetière du Père-
Lachaise (39e division). Il s'agit en fait de son fils Émile Oberkampf. Voir Cimetières de France
et d'ailleurs [archive]

Références[modifier | modifier le code]


1. ↑ Musée de l'impression sur étoffes de Mulhouse, Quelques aspects de l’impression sur
étoffes, Mulhouse, 1970, 39 p., 30 cm (OCLC 198158673, lire en ligne [archive]), p. 11.
2. ↑ Jean Thierry Du Pasquier, Généalogies huguenotes, Paris, Christian, 1985, 276 p., pl. illust.
24 cm (OCLC 13076954, lire en ligne [archive]), p. 174.
3. ↑ Mélanie Riffel, Sophie Rouart et Marc Walter, La toile de Jouy, Citadelles &
Mazenod, 2003, p. 14.
4. ↑ Camille Dejardin, Patronnes au XVIIIe siècle, Paris, Nouveau Monde, 2023, 250 p., 21
cm (ISBN 978-2-38094-387-0, OCLC 1374925749, lire en ligne [archive]), p. 21.
5. ↑ (en) Franco Brunello (trad. de l'italien), The Art of Dyeing in the History of Mankind [« L’arte
della tintura nella storia dell’umanità »], Vicence, Neri Pozza, 1973, XVIII, 467, 25
cm (OCLC 979709, lire en ligne [archive]), p. 257.
6. ↑ Françoise Bayard et Philippe Guignet, L’Économie française aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles,
Paris, Ophrys, 1991, 264 p. (ISBN 978-2-7080-0645-4, OCLC 299457786, lire en
ligne [archive]), p. 172
7. ↑ Charles Oudiette (d) (on y trouve : une nouvelle description de toutes les villes, bourgs et
villages renfermés dans l’espace de 16 lieues, les villes, jusqu’à 20, leurs population,
production, industrie et commerce, l’indication du département, de l’arrondissement, et du
canton dont ils dépendent ; la désignation des hameaux, châteaux, maisons de campagne,
monastères supprimés, et autres lieux écartés : les manufactures, fabriques et établissemens
d’une utilité générale ; la distance en lieues moyennes de chaque endroit à Paris les routes qui
y conduisent, et les bureaux de poste par où les lettres doivent être adressées ; avec une
carte), Dictionnaire topographique des environs de Paris : jusqu’à 20 lieues à la ronde de cette
capitale, comprenant le département de la Seine et celui de la Seine-et-Oise en entier, avec
partie de ceux de Seine-et-Marne, de l’Oise, de l’Eure, d’Eure-et-Loir et du Loiret, Paris, chez
l’auteur, 1817 (réimpr. 2000) (lire en ligne [archive]), p. 235.
8. ↑ Revenir plus haut en :a et b Alfred Labouchère, Oberkampf 1738-1815, Paris, L. Hachette et Cie, 1866,
247 p. (lire en ligne [archive]), p. 160.
9. ↑ Revenir plus haut en :a et b Louis-Alexandre Barbet, « Juste Barbet de Jouy et son fils Henry, directeur
des Musées Nationaux », dans Notice sur les trois frères Barbet (Barbet de Jouy, Henry et
Aug. Barbet) et sur leurs ancêtres protestants : suivie du Récit des derniers moments de F. de
Lamennais, fait par Aug. Barbet, l’un de ses exécuteurs testamentaires, Paris, Philippe
Renouard, 1919, VIII-127, in-4º (OCLC 991883964, lire en
ligne [archive] sur Gallica), VIII, p. 69-72.

Bibliographie[modifier | modifier le code]


 Serge Chassagne (d), Christophe-Philippe Oberkampf : un entrepreneur
capitaliste au Siècle des Lumières, Paris, Aubier-Montaigne, 1981, 349 p.,
illustr. (OCLC 1349249651, lire en ligne [archive])
 Serge Chassagne, Une femme d’affaires au XVIII siècle : la e

correspondance de Madame de Maraise, collaboratrice d’Oberkampf,


Toulouse, Privat, 1981, 160 p., 21 cm (ISBN 978-2-70898-402-
8, OCLC 8477388, lire en ligne [archive]).
 Alain Dewerpe et Yves Gaulupeau, La Fabrique des prolétaires : Les
ouvriers de la manufacture d'Oberkampf à Jouy-en-Josas 1760-1815,
Paris, Presses de l’École normale supérieure, 1990, 224 p. (ISBN 978-2-
72880-150-3, OCLC 924963406, lire en ligne [archive]).
 Aziza Gril-Mariotte, « Christophe-Philippe Oberkampf (1738-1815) et
l'industrie des toiles peintes en France. L'impact du protestantisme sur son
parcours et la création », Revue d’histoire du protestantisme, vol. 1, no 2,
avril-mai-juin 2016, p. 207-227 (lire en ligne [archive], consulté le 9 février 2019).
 Étienne Mallet (d) et Erik Orsenna, Oberkampf, vivre pour entreprendre :
journal de l'inventeur de la toile de Jouy, 1738-1815, Paris,
Télémaque, 2015, 134 p., 20 cm ; VIII p. de pl. (ISBN 978-2-75330-251-
8, OCLC 918758433, lire en ligne [archive])
 Michel Sementéry, Oberkampf, sa famille et sa descendance, Paris, Éd.
Christian, 1990, 313 p., 24 cm (OCLC 462994047, lire en ligne [archive]).
 « Christophe-Philippe Oberkampf (1738-1815) » [archive], sur Musée
protestant (consulté le 22 juin 2022).

Liens externes[modifier | modifier le code]


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