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Coopération internationale et Intégration régionale

REPUBLIQUE DU MALI

Un Peuple – Un But – Une Foi

ECOLE NATIONALE D’ADMINISTRATION DU MALI

EVALUATION DU MODULE COOPERATION


INTERNATIONALE ET INTEGRATION

Thème :

Le Panafricanisme et intégration

Présenté par le groupe de travail n°10


MEMBRES DU GROUPE

1. Yacouba KONATE, Inspecteur du trésor, N°MLE : 0160.933-D


2. Mamby KEITA, Inspecteur des Impôts, N°MLE : 0160. 902-T
3. Fousseini SANGARE, Administrateur civil, N°MLE : 0160.840-Y
4. Moussa COULIBALY, Administrateur civil, N°MLE : 0160.841-Z
5. Drissa KONATE, Administrateur civil, N°MLE : 0160.851-K
6. Boubacar TRAORE, Inspecteur des finances, N°MLE : 0131.112-R
7. Mahamane MAHAMADOU, Inspecteur des finances, N°MLE : 0160.897-M
8. Zoumana DEMBELE, Inspecteur des finances, N°MLE : 0160.898-N
9. Aboubacar Cheick SIDIBE, Inspecteur des douanes, N°MLE : 0145.672-L
10. Mohamed DAO, Inspecteur des douanes, N°MLE : 0160.874-L
11. Soumana DIARRA, Administrateur du travail et sécurité, N°MLE : 0143.276-N
12. Yacouba SOGORE, Planificateur, N°MLE : 0160.916-J
13. Sékou OUOLOGUEM, Conseiller des Affaires Etrangères, N°MLE : 0160.864-A

7 ième PROMOTION DES ELEVES FONCTIONNAIRES

Chargé de cours : Dr. Mahamane A. MAIGA

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Coopération internationale et Intégration régionale

SOMMAIRE

Sigles et Abréviations…………………………………………………………………...……03

Introduction…………………………………………………………………………………...05

I. L’historique du panafricanisme ………………………………………………….06


A. Naissance du panafricanisme …………………………………………………..…….07
B. L’appropriation du panafricanisme par les élites africaines...……………..................10
II. Les contributions du panafricanisme au processus d’intégration …………….....12
A. Les avancés en matière d’intégration ………………………………………….…......12
B. La persistance des écueils et les défis de l’intégration ……………………………….18

Conclusion………………………………………………………………………….….…20

Bibliographie de références………………………………………………………………22

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Sigles et Abréviations
AEIA……………………………….…...Association des Entrepreneurs Ingénieux d’Afrique

AES………………………………………………………………Alliance des Etats du Sahel

APS……………………………………………………………….Alliance Politique Africaine

Cyril L. R. James…..........................................................................Cyril Lionel Robert James

Dr…….................................................................................................Docteur

ECO…………………………………………………… Monnaie Unique d’Afrique de l’Ouest

FCFA………………………………………………Franc des Colonies Française d’Afrique

EFF (Economic Freedom Fighters)………Combattants pour la Liberté Economique

FEANF………………………………….. Fédération des Etats d’Afrique Noire Francophone

GC………………………………………………………………...Groupe de Casablanca

GM………………………………..................................................... Groupe Monrovia

GPRA……………………………….Gouvernement Provisoire de la République Algérienne

MFP…………………………………………………………Mouvement Fédéral Panafricain

NAACP……………………..Association Américaine pour le Progrès des gens de Couleur

New-negro…………………………………………………………..Négro-renaissance

OIT………………………………………………….Organisation Internationale du Travail

ONG……………………………………………...Organisation Non Gouvernementale

OUA……………………………………………..Organisation de l’Unité Africaine

PAFMECA…………..Mouvement Panafricain pour la Libération Occidentale et Centrale

PASTEF………Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité

PIB………………………………………………………………….Produit Intérieur Brut

PPA-CI…………………………………………..Parti des Peuples d’Afrique-Côte d’Ivoire

RDA……………………………………………..Rassemblement Démocratique Africain

TICAD …………….Conférence Internationale de Tokyo sur le Développement de l’Afrique


SADC……………………………Communauté de Développement de l’Afrique australe

SDN ……………………………………………………………Société des Nations

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UA……………………………………………………………..Union Africaine

UAM…………………………………………………………..Union Africaine et Malgache

UEA…………………………………………………………....Union des Etats Africains

UTM…………………………………………………………Union des Travailleurs Nègres

WEB Du Bois……………………………………………William Edward Burghardt Du Bois

WWW…………………………………………………..World Wide Web

ZLECAF………………………………….......Zone de Libre Echange Continentale Africaine

PSFL….. Peace and Security Forum of Lome (Forum sur la Paix et la Sécurité de Lomé)

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Introduction

Libération
189 Revalorisation Unification Intégration

Le Panafricanisme des origines au 19 ièmesiècle jusqu’à l’heure des Mouvements croissant


d’Intégration régionale.

Le panafricanisme n’a pas une définition univoque compte tenu de son évolution historique.
C’est un concept né dans le cadre de lutte pour les libertés individuelles de la communauté
noire. Mais, de façon générale, on peut le définir comme un mouvement d’idées et
d’émotions. Une vision sociale et politique, une philosophie qui cherche à unifier les africains
d’Afrique et les membres de la diaspora africaine en une communauté africaine globale.

Dans son originalité, le panafricanisme est un ensemble de survivance de la spiritualité


africaine en dehors de l’Afrique.

Selon Jacques BONJAWA, ancien président de l’Université Virtuelle d’Afrique, « le


panafricanisme est un mouvement politique et social qui vise à promouvoir la solidarité et
l’unité entre les peuples africains et de sa diaspora. Il cherche à lutter contre le colonialisme,
l’impérialisme et l’oppression enracinées dans l’histoire de l’Afrique et de sa relation avec les
puissances occidentales……C’est in fine une idéologie qui met l’accent sur l’émancipation et
la libération des peuples africains ».

Son objectif principal est de promouvoir l’autonomie, le développement et l’émancipation des


peuples africains plutôt que de s’opposer systématiquement à l’Occident ou à ses valeurs. Le
panafricanisme reconnait également la diversité des cultures, des idées et des expériences à la
fois en Afrique et dans le monde Occidental. Il promeut le dialogue, la compréhension
mutuelle entre les peuples du monde.

Cependant, la longue histoire du panafricanisme laisse apparaître plusieurs phases bien


individualisées : d’abord celle de la « naissance » qui, plongeant ses racines da ns la lutte
contre l’esclavage, s’est prolongée jusqu’à la veille de la première Guerre mondiale, avec la
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mort presque simultanée de l’activiste Sylvester Williams (1911) et de l’idéologue Edward


W. Bryden (1912) ; ensuite, celle de la mise en forme de l’idéologie et des programmes, à
travers une succession de « congrès » conçus, organisés et conduits par William. E. B. Du
Bois et à travers les luttes contre le colonialisme et le fascisme portées entre autres, dans la
France des années 20, par des figures politiques telles que Louis Hunkarin, Lamine Senghor,
Samuel Stéfany, Max Bloncourt, Joseph Gothon – , Tiémoko Garan Kouyaté …; enfin, à
partir du congrès de Manchester, celle du panafricanisme militant, largement incarnée par
Kwame Nkrumah et débouchant sur la constitution d’institutions que l’Afrique d’aujourd’hui
est en train de réformer pour organiser, avec sûreté, sa marche en avant.

Il convient de souligner l’apport spécifique de la Négritude francophone qui prend son essor
dès les années 30 à travers les écrits poétique et politique, d’Aimé Césaire, Léopold Seddar
Senghor, Léon Gontran Damas, Birago Diop…

A l’heure des mouvements croissant d’intégration régionale, les Etats exigus ne seront plus
rien face aux grands ensembles, les panafricanistes, qu’ils soient personnalités publiques (des
médias ou autres), les dynamiques de jeunes leaders de la société civile, certains politiques,
industriels, artistes et start up sont à la recherche de la bonne échelle d’action dans les
relations entre Etats africains. Ici, il s’agit d’une idée et des moyens d’action et le niveau
national apparaît comme beaucoup plus dépassé et fragmenté.

Alors, au moment où des voix s’élèvent de partout en Afrique et dans la diaspora, invitant à
plus de solidarités, de rassemblements, plus loin encore à une « Union Africaine » des
peuples du continent et de sa diaspora, les mouvements panafricanistes actuels sont-ils un
facteur pouvant accélérer la dynamique de l’intégration africaine ?

Il nous paraît indiquer de projeter notre regard sur la réponse à cette interrogation qui
procurera des éléments de compréhension par l’examen de la naissance (historique) du
panafricanisme (I), complétée par une analyse plus substantielle de la contribution du
panafricanisme au processus ambitieux de l’intégration africaine (II).

I- L’historique du panafricanisme :

Parler de l’historique du panafricanisme correspondrait à faire le bilan de la lutte des élites


attachées à « défendre les intérêts de ce type particulier de l’humanité connu du monde entier
comme nègre » ; Marcus Garvey (1885-1940). Ce qui parait difficile. Ainsi, en nous
focalisant sur les moments cruciaux de son évolution, nous l’analyserons en deux étapes : la
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Naissance du Panafricanisme (A), où il était véritablement la lutte de la diaspora ; puis, son


appropriation réelle par les élites africaines (B).

A- La Naissance du Panafricanisme :

Il ne faut pas confondre les mots et les choses. Si le mot « panafricanisme » est né avec la «
conférence panafricaine » de 1900, la réalité du panafricanisme est attestée bien avant cette
date et peut être associée à plusieurs facteurs et initiatives. Le panafricanisme est issu d’abord
d’un refus de la traite des Noirs, de l’esclavage et de toutes leurs conséquences sur le statut
juridique des Noirs, sur l’image de l’Afrique dans le monde et sur le destin que les grandes
puissances de l’époque réservaient aux Africains et à leur continent. Ce fut en rejetant le
système négrier que les Africains d’Afrique et de la diaspora ont affirmé l’égalité des peuples
et le droit des Africains à vivre dans la liberté et la dignité comme les autres Etres humains.

Il ne suffisait pas de définir l’Afrique, il fallait encore en assurer la défense et l’illustration.


C’est ainsi naquit la négro-renaissance (New-negro) à Harlem en 1918. Mouvement social et
littéraire, la negro-renaissance dénonce la situation de mendiant culturel du Noir américain.
Manifeste de prise de conscience de sa volonté de revaloriser son passé déformé. Plus qu’une
révolte contre l’assimilation du Noir par la société américaine, le Mouvement du (New-negro)
est une quête spirituelle visant à revaloriser la personnalité noire aliénée par la culture
blanche, dont le manifeste est : « nous, créateurs de la nouvelle génération nègre, nous
voulons exprimer notre personnalité noire sans honte ni crainte. Si cela plaît aux blancs nous
en sommes fort heureux. Si cela ne leur plaît pas peu importe. Nous savons que nous sommes
beaux et laids aussi. Le tam-tam pleure et le tam-tam rit. Si cela plaît aux Hommes de
couleur, nous en sommes fort heureux, si cela ne leur plaît pas peu importe. C’est pour
demain que nous construisons nos temples, des temples solides comme nous savons en édifier.
Et nous tenons dresser au sommet de la montagne libres de nous-mêmes ».

Le but visé était donc d’affirmer la dignité de l’homme noir non plus en fonction de sa plus ou
moins exacte ressemblance avec le nom de blanc mais en tant que nègre.

Il s’agissait :

o d’affirmer la liberté pour le Noir de s’exprimer tel qu’il est et tel qu’il a toujours été ;
o de défendre son droit au travail, à l’amour, à légalité et au respect ;
o d’assumer sa culture, son passé de souffrance et son origine africaine.

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La plupart des panafricanistes se préoccupaient d’abord de dénoncer, d’empêcher et de limiter


les abus du colonialisme, repoussant à une échéance plus ou moins éloignée la réalisation
effective de l’indépendance politique.

Mais la victoire de l’Ethiopie contre les troupes italiennes confirma que le panafricanisme
n’était pas une utopie car elle incarnait ce que les Crummell, Delany et Blyden avaient conçu
comme la « renaissance africaine », la « régénération de l’Afrique » et la « personnalité
africaine », concepts clés du panafricanisme, associés à la volonté d’indépendance de
l’Afrique et à sa capacité d’aller de l’avant, en comptant sur ses propres forces.

Cette effervescence et cet activisme ne pouvaient se borner au seul champ intellectuel et au


seul domaine des symboles. Il fallut se préoccuper de mettre sur pied les moyens d’inscrire
ces idées dans la pratique et d’infléchir le cours de l’histoire au profit des peuples noirs. Pour
cela, il fallait profiter des grands évènements du monde. C’est ainsi que la première guerre
mondiale, la révolution russe, la montée du fascisme et du nazisme furent des oc casions pour
le panafricanisme de s’affirmer.

En effet, c’est en ces différentes époques qu’il va tenir ses conférences et congrès qui feront
de lui un Mouvement vivant et international.

En 1915, un autre Noir américain, Carter Woodson, participe puissamment à la fondation de


l’Association pour l’étude de la vie et de l’histoire des Noirs. Il aide activement les
nationalistes africains dans leur recherche d’une identité et de leur dignité. Ainsi lancés, tous
les mouvements nationalistes vivent du mythe d’un passé glorieux. Historien de formation,
Woodson va consacrer son temps à étudier le rôle des Noirs dans l’histoire de l’humanité et à
nourrir l’âme noire de son historicité.

À partir de 1916, William Burghart DuBois, pragmatique, organisateur de quatre congrès


panafricains, fondateur de l’Association Américaine pour le Progrès des gens de Couleur
(NAACP), se présente sur la scène internationale comme le « Père du panafricanisme », pour
avoir lancé le concept de « personnalité africaine » dont il tenait ces propos restés célèbres
depuis 1890 :« je suis Noir, je me glorifie de ce nom, je suis fier du sang noir qui coule dans
mes veines », exhortant les Noirs à la conquête de l’égalité civile avec les Blancs, à la lutte
contre les injustices de la ségrégation, Dubois va lancer le Mouvement de NIAGARA dont le
manifeste est : « Nous ne devons jamais accepter d’être lésés ne fusse que d’un iota de nos
pleins droits d’Hommes. Nous revendiquons tout droit particulier appartenant à tout un

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américain né libre du point de vue politique, civil et social jusqu’à ce que nous obtenions ces
droits, nous ne devons jamais nous arrêter de protester et d’assaillir la conscience américaine
». Il est rejoint par d’autres intellectuels comme Marcus Garvey, George Padmore, Brooker T.
Washington Sterling Brows, Jean Toomer…

Le 1 er Congrès panafricain tenu à Paris en 1919, revendique l’adoption d’un « code de


protection internationale des indigènes d’Afrique », avec le droit à la terre, à l’éducation et au
travail.

Le deuxième « Congrès panafricain » 1920, eut la singularité de se tenir successivement


dans trois capitales impériales différentes, Londres (27-29 août), Bruxelles (30 août-2
septembre) et Paris (4-5 septembre). C’est que ce congrès, marqué par de profondes
divergences, inaugura une série de ruptures qui empêchèrent le mouvement de se doter
comme beaucoup le souhaitaient, de structures organisationnelles permanentes.

Le troisième Congrès (1923), fut dans une certaine mesure improvisée et tint deux sessions à
Londres (7-8 novembre) et à Lisbonne (1 er-2 décembre). La session de Londres adopta, pour
la première fois, des résolutions demandant « le développement de l’Afrique au profit des
Africains et non seulement au profit des Européens » et la représentation des Noirs dans la
Commission des Mandats de la Société des Nations (S.D.N) et dans l’Organisation
Internationale du Travail (O.I.T).

Le quatrième Congrès (New York, 21-24 août 1927) reprit, pour l’essentiel, les conclusions
du troisième. C’est à cette occasion que fut posée la question des relations entre le
mouvement communiste international et le panafricanisme.

Le panafricanisme a entretenu d’abord des relations avec le communisme qui, après la


révolution d’octobre en Russie, avait séduit un grand nombre d’intellectuels africains et noirs
américains comme George Padmore et Cyril L. R. James. La plupart d’entre eux allaient
ultérieurement rompre, plus ou moins ouvertement, avec le communisme.

C’est avec la victoire de l’Ethiopie contre les troupes italiennes qui confirma que le
panafricanisme n’était pas une utopie car elle incarnait ce que les Crummell, Delany et
Blyden avaient conçu comme la « renaissance africaine », la « régénération de l’Afrique » et
la « personnalité africaine », concepts clés du panafricanisme, associés à la volonté
d’indépendance de l’Afrique et à sa capacité d’aller de l’avan t, en comptant sur ses propres
forces.
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Coopération internationale et Intégration régionale

Cette guerre politisa à coup sûr le panafricanisme en ce sens qu’elle révéla une fois de plus
aux Africains l’hypocrisie des grandes puissances qui laissèrent l’Ethiopie, un membre de la
Société des Nations, être agressée puis occupée de 1936 à 194 1 par un autre membre de la
SDN: ils résolurent de ne plus faire confiance aux grandes puissances, quelles qu’elles
fussent, et de ne plus se laisser prendre au dépourvu.

Cette effervescence et cet activisme ne pouvaient se borner au seul champ intellectuel et au


seul domaine des symboles. Il fallut se préoccuper de mettre sur pied les moyens d’inscrire
ces idées dans la pratique et d’infléchir le cours de l’histoire au profit des peuples noirs. Pour
cela, il fallait profiter des grands évènements du monde. C’est ainsi que la première guerre
mondiale, la révolution russe, la montée du fascisme et du nazisme furent des o ccasions pour
le panafricanisme de s’affirmer.

B- L’appropriation du panafricanisme par les élites africaines :

C’est vrai que depuis les années 30, en France, des jeunes étudiants et écrivains noirs s’étaient
engagés dans de multiples activités innovatrices, nourris et stimulés par Claude McKay ou
Langston Hughes, autant que par la découverte par les élites intellectuelles haïtiennes de leurs
racines africaines sous l’impulsion du Dr Jean Price-Mars : c’est le lancement de revues telles
que la Revue du Monde Noir (1931), Légitime Défense (1932), dont l’unique numéro,
homonyme d’une autre créée en 1926 par le surréaliste André Breton, se signala par une
orientation plus révolutionnaire, L’Etudiant martiniquais (1932) et L’Etudiant noir (1935)
; « invention » de la négritude comme concept et comme pratique littéraire pendant les années
1933-1935, marquées par la montée du fascisme et du nazisme. Dès 1933, Tiémoko Garan
Kouyaté et George Padmore, qui était sous le charisme du Soudanais, projetaient un Congrès
Mondial Nègre pour 1935. Un important Manifeste pour le Congrès Mondial Nègre fut
rédigé. L’invasion de l’Ethiopie par les troupes mussoliniennes début octobre 1935 mit fin au
projet, mais suscita en même temps une unité d’action entre les acteurs du mouvement
panafricaniste.

En France, ce fut sous la bannière de l’Union des Travailleurs Nègres (UTN) que des
manifestations furent organisées en août 1935, avant que les panafricanistes n’intègrent les
autres initiatives civiques et humanitaires contre le fascisme.

C’est dans ce climat que le jeune poète Léopold Seddar Senghor écrit Hosties noires, dédié
aux combattants africains de la deuxième guerre mondiale, et évoque explicitement le conflit

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Coopération internationale et Intégration régionale

italo – italien à travers le fameux « Appel à la race de Saba » dans une section intitulée
«Ethiopiques ».

Mais, c’est véritablement à partir du congrès de Manchester en 1945, avec l’adoption


d’un manifeste (par Padmore), proclamant fièrement : « Nous sommes résolus à être libres.
Peuples colonisés et assujettis du monde, unissez–vous », qu’on va assister à une accélération,
à tous points de vue, des processus intellectuels, politiques, sociaux et culturels liés au
panafricanisme. Tout en maintenant les réseaux transcontinentaux, qui avaient fait sa force au
cours de la période précédente. Le panafricanisme vit son centre de gravité basculer vers
le continent africain : en même temps, les grandes idées fondatrices du mouvement
panafricain allaient s’inscrire dans des programmes concrets et entrer progressivement dans la
réalité, par suite d’un rapport de forces nouveau créé par les mouvements nationalistes à
l’échelle de l’Afrique et du monde.

La situation changea profondément après 1945 quand, parallèlement à l’accroissement du


nombre des étudiants, on vit se former des groupes politiques, des cercles religieux, des
sociétés récréatives et festives, et, surtout, des associations académiques (regroupant les
étudiants d’une académie sans considération de leurs origines) et territoriales (regroupant, à
l’échelle de la France, les étudiants originaires d’un même territoire). La présence des élus
africains à Paris, leur positionnement politique après la rupture avec les communistes en
1950, les luttes de libération menées dans l’empire français et dans les autres colonies, tout
contribua à politiser et à radicaliser la jeunesse étudiante. Au milieu des nombreux cénacles
politiques, une Association des Etudiants du RDA vit le jour en 1949, dont la plupart des
membres, impressionnés par la montée en puissance de la FEANF (Fédération des Etats
d’Afrique Noire Francophone), allait rejoindre celle – ci. Née en décembre 1950 à Bordeaux,
la FEANF ne se contenta pas d’organiser la solidarité entre les étudiants africains. Elle prit
constamment position, dans une vision panafricaine et internationaliste, sur la situation et les
problèmes de l’Afrique, ainsi que sur l’émancipation des peuples dominés et sur les grands
problèmes du monde.

Ces longues luttes vont aboutir aux indépendances qui susciteront à leur tour des problèmes
d’intégration entre les jeunes Etats africains avec l’avènement de l’Organisation de l’Unité
Africaine (OUA) en mai 1963, ensuite de l’Unité Africaine (UA) en 2003 et une résurgence
ces dernières décennies de l’idéologie Panafricaniste.

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Coopération internationale et Intégration régionale

II - La contribution du Panafricanisme à l’Intégration :

Cette phase se définit par la mise en place des mouvements d’intégration puisés aux sources
et leurs apports dans le processus en termes d’avancée (A), qui souffre de nos jours encore de
la persistance des écueils et des défis à relever (B).

A- Les Avancées en matière d’Intégration :

❖ Les mouvements et organismes panafricanistes d’intégration

Les leaders politiques du Kenya, de l’Ouganda, Tanganyika, du Nyassaland (Malawi) et du


Zanzibar créèrent le Mouvement Panafricain pour la Libération de l’Afrique Occidentale et
Centrale (PAFMECA, en anglais).

Les objectifs du PAFMECA étaient de coordonner les actions des mouvements nationaux
pour secouer le joug colonial et préparer les voies à une future fédération de l’Afrique centrale
s’étendant de la Somalie à la Rhodésie.

Le 03 novembre 1958, le Ghana forma avec la Guinée nouvellement indépendante, l’Union


Ghana-Guinée appelée à s’élargir au fur et à mesure que se poursuivait la décolonisation de
l’Afrique. Mais, dans les faits, cette union se résuma à une aide financière du Ghana à la
Guinée et à une solidarité diplomatique.

Par ailleurs, le 17 janvier 1959, les représentants du Sénégal, du Dahomey (Benin), du Soudan
français (Mali) et de la Haute Volta (Burkina-Faso), décidèrent de créer une fédération.

Cette fédération appelée « fédération du Mali », finalement réduite à deux : le Sénégal et le


Soudan français, fut proclamée le 20 janvier 1960. Elle éclata le 20 Août 1960.

Il faut signaler aussi la création à Abidjan, le 30 mai 1959, le conseil de l’entente qui
réunissait la Côte d’Ivoire, la Haute Volta, le Niger et plus tard le Dahomey et le Togo.

Cette entente n’était pas une fédération, mais une organisation intergouvernementale de
coordination et de coopération économique. Elle prévoyait la création d’une union douanière
avec répartition des droits de taxes perçus. Cette dernière disposition ne fut jamais appliquée.
Par ailleurs, l’Union des Etats Africains (UEA), créée en décembre 1960, après l’éclatement

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Coopération internationale et Intégration régionale

de la fédération du Mali, était un élargissement du noyau Ghana-Guinée à la République du


Mali.

Cependant, la veille de la naissance de l’Organisation l’Unité Africaine (O.U.A), deux


groupes s’étaient formés : le Groupe de Casablanca (G.C) et le Groupe de Monrovia (G.M).

Le groupe de Casablanca représentait l’Afrique des progressistes, l’aile gauche créée à la


conférence de Casablanca en janvier 1961. Il comprenait outre le Maroc, le Ghana, la Guinée,
le Mali, la République Arabe d’Egypte et le Gouvernement Provisoire de la République
Algérienne (GPRA). Cette conférence envisageait l’unité africaine dans le cadre du non-
alignement et de combattre le colonialisme et le néocolonialisme sous toutes ses formes .

Quant au Groupe de Monrovia, douze chefs d’Etats se rencontrèrent à Brazzaville du 15 au 19


décembre 1960, pour créer l’Union Africaine et Malgache (U.A.M).

Se regroupait seulement des Etats francophones : la Cote d’Ivoire, la Haute volta, le Niger, le
Dahomey, le Tchad, la République Centrafricaine, le Gabon, le Congo, le Cameroun, le
Sénégal, la Mauritanie et le Madagascar.

Ce groupe appelé encore groupe de Brazzaville fut dénoncé par le Mali et la Guinée comme
étant « une survivance du colonialisme ». L’U.A.M réagit en élargissant sa zone d’action au-
delà des pays francophones. En mai 1961, la conférence de Monrovia réunit vingt Etats
africains, car aux douze de l’U.A.M vinrent s’ajouter l’Ethiopie, le Libéria, la Libye, le
Nigeria, la Sierre Léone, le Togo, la Tunisie et la Somalie, avec l’adoption de six résolutions.

Au moment de la création de l’Union Africaine (U.A), il a été défini des voies et moyens de
l’union : l’intégration.

❖ L’Union Africaine

Pendant la négociation en vue de l’avènement de l’Union Africaine, trois thèses se trouvaient


en présence. La première était défendue par ceux qui comme M. Khadaffi, guide de la
Jamahiriya Arabe Libyenne voulait instaurer les États-Unis d’Afrique. Immédiatement la
seconde était soutenue par les partisans de l’unité africaine fondée sur une coopération, la
troisième, repose sur l’idée d’une intégration progressive tant sur le plan politique
qu’économique. Une intégration économique progressive au terme de l’article 3 alinéa c de
l’Acte Constitutif de l’Union Africaine.

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Coopération internationale et Intégration régionale

❖ Sécuritaire

L’Alliance Politique Africaine (A.P.A), créée à Lomé au Togo, est un cadre d’échange
réunissant des pays d’Afrique désireux d’avoir une lecture et une solution africaine aux
problèmes africains, un cadre dédié à faire mieux porter la voix de l’Afrique sur la scène
internationale. L’ambition affichée est de réussir là où les institutions traditionnelles n’ont
réussi. Un cadre informel mais beaucoup plus souple et décidé à proposer au monde le narratif
africain des problèmes d’Afrique.

La Charte du Liptako-Gourma instituant l’Alliance des Etats du Sahel (A.E.S) regroupant le


Burkina Faso, le Mali et le Niger est un bel exemple de coopération dans le domaine
sécuritaire entre Etats africains eux-mêmes « visant à établir une architecture de défense
collective et d’assistance mutuelle aux Parties Contractantes » (art 2). Le préambule parle
d’esprit de fraternité, de solidarité, d’amitié et de fidélité aux objectifs et idéaux de l’Autorité
de Développement Intégré des Etats du Liptako-Gourma. Et des réflexions sur les
questions de monnaie autres que le CFA, haut combien tabous pour les pays anciennement
colonies françaises semble-t-il en perspective. Salutaire !

The Security and Peace Forum of Lome SPFL (le forum sur la Paix et la Sécurité de
Lomé), tenu les 21 et 22 octobre 2023 dans la Capitale togolaise est une aubaine pour les
participants de protester le manque de solidarité des Organisations sous régionales africaines
dont la vocation devrait être la solidarité et l’intégration des peuples. Selon le Ministre malien
des affaires étrangères, présent au forum, SE. Abdoulaye DIOP : « si on ne prend que la libre-
circulation des personnes et des biens, les non-africains circulent en Afrique librement que les
africains eux-mêmes. Toujours pour lui, il faut des Organisations dans lesquelles le leadership
africain est affirmé et assumé si elles veulent être crédibles et apporter des réponses dont les
peuples attendent d’elles. Le leadership africain suppose que les autres respectent les africains
». Donc Lomé se positionne comme un forum de remise en cause de la démarche chancelante
des Organisations africaines sur les questions de paix et de dialogue intra-africain.

❖ Politique

Laurent GBAGBO, ancien Président de la République de Côte d’Ivoire, de retour de son exile
politique en 2021 a même vu juste de créer un parti politique dénommé Parti des Peuples
d’Afrique-Côte d’Ivoire (PPA-CI), comme pour appeler à plus de rassemblement et
d’intégration des peuples d’Afrique. « La dignité de l’homme noir est le but de notre combat

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Coopération internationale et Intégration régionale

au moins quand on passe, il faut qu’on dise un homme passe », disait-il lors d’une conférence
de presse tenue à Abidjan.

Chaque année, le 25 mai, journée de l’Afrique, Julius MALEMA, homme politique Sud-
africain président du parti ligue des combattants pour la Liberté Economique (EFF),
organise une marche pour dénoncer la mainmise de la France sur ses anciennes colonies et
demande à la France de quitter l’Afrique. Lors d’une rencontre avec des journalistes Sud -
Africains, le 18 août 2018, MALEMA déclarai que « les jeunes africains doivent développer
une langue commune utilisable dans tout le continent et a même choisi le Swahili. A cet effet,
l’Afrique doit être un continent sans frontière avec une monnaie unique, un parlement et un
président pouvant unir le continent »

Elle dénote d’une certaine prise de conscience pour plus de solidarité et d’intégration.

Pour Ousmane SONKO, homme politique et président du parti des Patriotes Africains du
Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité (PASTEF), l’Afrique doit se
débarrasser de tous ces contrats léonins signés par nos Etats et dont les économies en pâtissent
et très rapidement en ce qui concernent le Sénégal de quitter le FCFA pour amorcer le
processus d’industrialisation, de développement et d’employabilité de sa jeunesse.

❖ Le Mouvement Fédéral Panafricain (M.F.P)

C’est une dynamique unitaire panafricaine qui réunit plusieurs intellectuels et qui se
positionnent sur le referendum à mettre en place à l’échelle continentale sur ces enjeux.

❖ Le Manssah

Mouvement panafricain à la tête duquel se trouve le camerounais Alain FOKA, lobbying


fondé par 15 intellectuels subsahariens qui parlent de renaissance de l’épopée africaine
raconté par les africains eux-mêmes. Le Manssah se propose de réécrire l’histoire de l’Afrique
en réunissant les compétences africaines à travers l’Afrique et le monde pour repenser
l’Afrique et son développement. « L’histoire de la chasse glorifiera toujours les seuls exploits
du chasseur s’il est le seul à la raconté. Place maintenant à la version du lion » disent-ils.

❖ La Ligue Panafricaine

Ensemble de collectif ou d’individualité de personnalités comme l’historien Amzat Boukari-


YABARA, appartiennent à ces courants de fond de pensée qui conduisent à cette résurgence

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Coopération internationale et Intégration régionale

du panafricanisme. Sur les sillages de Thomas SANKARA, figure progressiste du


panafricanisme vécu au quotidien par la mobilisation des femmes, des jeunes pour le respect
de l’écologie et de la protection de l’environnement. Azize Samoud FALL, très actif entre le
Sénégal, le Canada et le Burkina Faso, développe au sein du Comité International de
Justice pour Thomas SANKARA ce qu’il a appelé le PANAFRICENTRAGE :
l’importance pour l’Afrique de se déconnecter du système international capitaliste et de
retrouver son propre centre.

❖ Les personnalités libres penseurs des réseaux sociaux et des médias parfois perçues
comme extrémistes et « anti-occidentales » par les médias occidentaux, mais dont
les discours ont une audience très accrue au sein de la jeunesse africaine,
émergentes :

Nathalie YAMB Suisso- camerounaise, surnommée la dame de Sochi en raison de sa


participation au sommet Russie – Afrique de 2019 et de la qualité de son intervention. Elle est
considérée sans doute comme la plus virulente avec Kemi SEBA, président de l’ONG
Urgence Panafricaine, dont la vocation est de sensibiliser la jeu nesse africaine et de sa
diaspora sur l’urgence à mener des actions afin de débarrasser le continent surtout sa partie
dite francophone de la domination économique et monétaire, des bases militaires
étrangères….fervent défenseur du panafricanisme, l’homme par ses discours ne laissent
indifférent et souhaite voir l’Afrique au centre du monde comme à l’époque des pharaons.

Pour Nathalie, l’Afrique doit quitter toutes les institutions financières internationales créées
en 1945 alors même que nos Etats n’étaient pas encore indépendants ; ce qui fausse tout, ce
sont les déséquilibres.

Franklyn GNAMSI wa Kameroun wa Africa, Ivoiro-camerounais, enseignant chercheur,


Président auto-proclamé de l’université spirituelle d’Afrique, appartient à cette catégorie
d’intellectuels à l’aurore d’une nouvelle génération de Panafricanistes engagés dont la vision
se fonde sur la « maate africaine » (spiritualité africaine). Investi de sa personne pour
redonner à l’Afrique son originalité.

❖ Les industries

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Coopération internationale et Intégration régionale

La multinationale de cimenterie de Aliko DANGOTE, installée au Cameroun, au Sénégal, au


Congo Brazzaville et ailleurs en Afrique participe de cela et renforce l’intégration régionale
en Afrique et constitue un puissant levier de croissance économique, de développement
durable, et d’amélioration des conditions de vie des populations, de réformes et de besoin de
modernisation de nos Etats. Au cours de l’année 2021, le groupe DANGOTE a connu une
hausse de 3% de sa production au Gabon sur un investissement de 1,4 millions de tonnes. De
Dakar à Yaoundé en passant par Abidjan, Brazzaville le nigérian fait les beaux jours d’une
intégration industrielle panafricain.

La possibilité pour les entreprises nationales de soumissionner et conquérir des parts de


marchés dans la sous-région ouest africaine et au-delà en Afrique et de réaliser des
infrastructures de développement est une belle illustration de cette intégration résurgente.

❖ Les artistes

Les artistes jouent un rôle d’avant-garde par les activités culturelles pour la réalisation pleine
et entière de l’intégration africaine. Salif KEITA, organise un festival annuel à Kouremalé à
la frontière Mali-Guinée pour rapprocher d’avantage les populations qui ne sont séparés que
par une frontière imaginaire tracée au crayon sans consultation et hors d’Afrique. Baaba
Maale*8 et Didié Awadi du sénégal voyagent et chantent le mérite des panafricanistes de tous
les pays du continent. Elom 20CE du togo est aussi des plus engagés sur les questions du
panafricanisme dans toutes ses chansons. Tiken dja Fakoli de la Côte d’Ivoire de chanter :
« quand nous serons unis, nous ferons mal ». Il y a avantage tant qu’y a Youssou N’DOUR
ET Salif Keita.

❖ Les start-ups

« Rien ne se fera plus aujourd’hui sans le digital » selon le Directeur de « Océan Innovation
Center » et Président de « l’Université Virtuelle d’Afrique », le camerounais Jacques
BONJAWO.

Le lundi 26 septembre 2022, Investigue in Africa Innovation, une initiative panafricaine de


soutien aux jeunes de la chaîne d’approvisionnement de la santé en Afrique est détectée et
encouragée par la fondation BILL & Melinda GATES. Ces initiatives permettront de
soutenir les initiatives locales, créatrices de marché pour qu’elles soient mises à l’échelle pour
permettre au Continent de réaliser des gains de santé, de générer de la prospérité et de
surmonter les crises futures.
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Coopération internationale et Intégration régionale

Des initiatives privées de jeunes Start-up comme celles du sénégalais Thion NIANG, qui
voyage et forme dans beaucoup de pays africains des jeunes agriculteurs en q uête de repère
dans le domaine. Le malien Moussa Hubert OUOLOGUEM évolue dans le e-commerce,
dans l’entrepreneuriat de jeunes, voyage et rencontre des jeunes de la sous-région désirant
faire carrière dans les initiatives privées. Le camerounais Claude NOUBISSIE, Médecin
entrepreneur fait lui aussi le tour des capitales d’Afrique pour rencontrer des jeunes Start-up
pour créer une véritable fédération des compétences. Accompagné de son épouse, leur
(Association des Entrepreneurs Ingénieux d’Afrique) qui est une plateforme de valorisation
des talents, d’accompagnement des initiatives qui se donnera la mission de mettre en scène le
génie africain, d’où naît AFRIQUE GENUIS.

Cependant, il est facile de dresser le constat que la résistance du souverainisme persiste.

B- La persistance des écueils du souverainisme et les défis :

Les chefs d’Etats et de gouvernements africains ont de nouveau débattu de la question du


Panafricanisme dans sa dimension politique. Quarante ans auparavant, le président Nkrumah
avait appelé de vive voix par ces mots : « l’Afrique doit s’unir !». La controverse aux
lendemains des indépendances nationales entre les tenants de la souveraineté des Etats et les
adeptes de l’unité africaine est toujours de mise si les termes de cette controverse sont
différemment exposés avec l’opposition des radicaux (les maximalistes) face aux modérés
(minimalistes).

Si les chefs d’Etats et de Gouvernement sont dans l’ensemble d’accord sur les Etats-Unis
d’Afrique et le gouvernement continental ; certains, cependant, posent des préalables. Car, si
certains pays veulent y aller immédiatement jusqu’ici d’autres estiment qu’il faut y aller
progressivement. Le recul du temps ainsi que les expériences vécues n’ont suffi à dégager un
consensus immédiat sur l’expression du panafricanisme d’aujourd’hui dont les positions des
uns et des autres semblent éloignées.

Selon les radicaux, la position selon laquelle la création immédiate des Etats-Unis d’Afrique
est sans équivoque. En effet, les motivations stratégiques diffèrent, mais le résultat est le
même. Ainsi, selon Me Wade « Il n’y a pas de salut pour l’Afrique en dehors de son unité
politique ». Il va plus loin en qualifiant de fallacieux l’argument selon lequel, il faut une
intégration économique avant de mettre en place le gouvernement de l’Union Africaine, parce
que l’intégration politique peut aider l’intégration économique.

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Coopération internationale et Intégration régionale

Par ailleurs, les modérés pensent qu’il est trop tôt, car trop de disparités entre les Etats
membres pour réussir une intégration totale. L’Afrique du Sud, les Etats membres de la
S.A.D.C (Communauté de Développement de l’Afrique australe) et le Nigeria prônent en
effet une intégration graduelle, par étapes et un renforcement préalable des communautés sous
régionales. Ce qui fait dire au Premier ministre du Lesotho, Pakaliha Mosisili que : « Certes
les intérêts de l’Afrique seraient mieux défendus par la voie d’une intégration politique et
économique. Mais, nous pensons qu’une telle intégration devrait être progressive et non
précipitée ».

Des migrants noirs subsahariens sont bâillonnés et emprisonnés par la police tunisienne et
abandonnés dans le désert au mépris de la vie humaine. Les autorités politiques ayant des
discours de « haine » vis-à-vis des subsahariens ce qui naturellement excitent la population
civile, souvent désœuvrée et donc désemparée. En Libye, nous avons assisté méduser à la
vente aux cordes d’hommes noirs en transit pour l’Europe entre 2019, 2020 et 2021.
Indignation frénétique mondiale mais aucune excuse publique de personne en Libye assortie
d’un engagement réel de protéger des migrants africains de passage.

En dépit des dispositions conventionnelles et des déclarations de principes panafricanistes, il


faut noter une volonté persistante des Etats africains de préserver au maximum leur
souveraineté.

Cela se traduit au niveau de l’Acte Constitutif de l’Union Africaine de deux manières :

Tout d’abord par l’affirmation d’objectifs et de principes de nature à consolider la


souveraineté des Etats membres ; ensuite par la part belle faite à l’inter-étatisme dans
l’aménagement des organes de l’institution panafricaine.

Il faut ajouter aussi la consécration d’objectifs et de principes souverainistes :

- égalité souveraine et indépendance de tous les Etats membres de l’Union ;


- le respect des frontières existant au moment de l’accession à l’indépendance ;
- la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat membre ;

En outre le triomphe des organes inter-gouvernementaux :

Deux catégories d’organes ont été créées par l’Acte Constitutif de l’UA : les structures
interétatiques et les structures intégrées. Les premières sont composées de représentants des

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Coopération internationale et Intégration régionale

Etats membres alors que les secondes regroupent des agents indépend ants des Etats. Il faut
noter une nette prédominance des organes interétatiques.

Recommandations :

❖ Il faut une politique régionaliste volontariste, une plus grande attention accordée
au développement du commerce entre les Etats africains dans le cadre de la Zone
de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAF), dont le but est
d’intensifier les transactions financières entre Etats du continent ; ce qui
constituerait un plus valu au Produit Intérieur Brut (PIB).
❖ Construire et faire vivre la période d’un Grand Ensemble et des Alliances
Stratégiques Panafricaines.

Conclusion

Les partisans du panafricanisme ont exprimé leur désir de l’unification de l’Afrique sans
analyser de manière objective les chances de sa réalisation. Ils ont avancé différentes thèses
de manière très unilatérale en ignorant qu’un tel projet comporte de nombreuses dimensions
qui sont : politique, économique, sociale, culturelle, linguistique et religieuse.

Si 60 ans après les indépendances, le panafricanisme et le processus d’intégration sont


toujours en cours, c’est que pour beaucoup d’activistes et d’intellectuels, la libération du
continent reste inachevée et qu’à l’intérieur du continent, il faut un militantisme très actif.

En effet, selon les analystes, le projet a échoué ou peine à se réaliser pour plusieurs raisons
dont les plus sensibles sont :

- le mouvement est un mouvement d’élites développé à l’écart des masses ;


- la colonisation a légué à l’Afrique plusieurs systèmes parlementaires, juridiques et
culturels ;
- la préoccupation des Etats par les constructions nationales ;
- la pauvreté des économies africaines pour une véritable inter-coopération.

Malgré ces difficultés, le panafricanisme refait surface en 2002 avec la création de l’Union
Africaine (UA) dans le prolongement des efforts entrepris par l’OUA pour intégrer les pays
africains et unifier le continent sur les plans politique, économique et so cial.

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Coopération internationale et Intégration régionale

Dans tous les cas, l’Afrique ne se décollera que quand elle sera unie et les Etats intégrés pour
les raisons suivantes:

o une organisation qui nécessite qu’elle s’unisse ;


o une économie faible ;
o un système éducatif tourné vers l’ailleurs ;
o des armées nationales toujours à construire.

Les rencontres Japon - Afrique (TICAD), France – Afrique, Russie – Afrique, États-unis –
Afrique, Turquie – Afrique, Chine –Afrique, Inde-Afrique sont des espaces de discussions et
d’échanges fructueux. Quels intérêts géopolitique et géostratégique réservent à la suite des
décisions prises lors de ces sommet ? La communication faite à ces niveaux n’est même pas
destinée aux africains mais le message est pour les grands entre eux. Comme pour
dire, voyez-vous ils sont avec moi.

Il faut très rapidement construire une diplomatie et une vision panafricaine du monde, un
Sommet AFRIQUE-AFRIQUE.

« Nan an laara an saara », « si nous nous couchons, nous mourons » nous enseignait Joseph
KI. ZERBO

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Coopération internationale et Intégration régionale

Bibliographie de référence :

- Textes de références des Mouvements Panafricanistes au 20ème siècle ;


- Amzat Boucary-YABARA : Africa united ;
- WEB Dubois : Ames noire ;
- Langston HUGHUES, Notre Terre ;
- Charte de l’OUA ;
- Acte Constitutf de l’Union Africaine ;
- Mur/facebook de Jacques BONJAWO ;
- Colloque international de Lomé : CFA à ECO quelle monnaie pour quel
développement en Afrique de l’ouest (30 mai 2021) ;
- http://www. Weartch.africa.tech (01/10/2023) ;
- Charte de l’Alliance des Etats du Sahel (A.E.S) ;
- Communiqué de l’Alliance Politique Africaine (APA) à Lomé au Togo le 03 mai 2023
;
- Africa news (en français), visité le 06/10/ 2023 ;
- Tiken dja Fakoly, 2 ème album 1999;
- Peace and Security Forum of Lome (PSFL), tenu les 20, 21 et 22 octobre 2023.

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