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Intervention ergonomique auprès d’intervenants APA :

quels impacts et quels apports sur le développement de
l’expérience ?
Camille JULIEN1 & Catherine GOUÉDARD2
Université Paris 8 Vincennes – Saint-
1,2

Denis, C3U Paragraphe, 2 rue de la Liberté camille.julien22@gmail.com

93 526 Saint-Denis Cedex
catherine.gouedard@univ-paris8.fr
1
SISTA, 83 Rue des Simes 16 340 L’Isle-
D’Espagnac
Résumé. Les Activités Physiques Adaptées (APA) regroupent un ensemble d’activités physiques, sportives
et/ou artistiques pratiquées notamment auprès de personnes âgées ou en situation de handicap. Elles
ont un triple objectif : diminuer les risques de sédentarité, acquérir ou conserver une autonomie et
permettre une (ré)insertion sociale. Après une analyse du contexte organisationnel, l’intervention
ergonomique conduite au sein d’une association sportive, se centre sur deux ateliers afin de documenter
les savoirs expérientiels des intervenants APA, et la manière dont ils se construisent dans la double
dimension productive et constructive de l’activité (Samurçay et Rabardel, 2004). Les résultats, appuyés
sur des observations et des entretiens, montrent que ces professionnels mettent en place une pluralité
d’adaptations d’une part en s’ajustant à la singularité et à la variabilité des sujets et des situations et,
d’autre part en développant de nouvelles formes d’organisation comme la mise en place de la co-
activité (participants, bénévoles, intervenants). Celle-ci constitue une ressource importante dans
l’accompagnement des personnes d’un point de vue autant individuel (progression, adaptation,
développement de la confiance), que social (inclusion sociale). La discussion ouvre sur les retombées
possibles de cette étude pour le développement de l’expérience et la formation des intervenants.
Mots-clés : expérience et pratique, analyse du travail et analyse des compétences, santé, formation.

Ergonomic intervention with APA professionals : whitch impacts and

contributions on the experience development ?
Abstract. Adapted Physical Activities (APA) bring together a set of physical, sporting and/or artistic
activities practiced with the elderly or disabled. They have a triple objective: to reduce the risks of a
sedentary lifestyle, to acquire or maintain autonomy and to allow social (re)integration. After an analysis
of the organizational context, the intervention, conducted within a sports association, consisted in
documenting the experiential knowledge of APA professionals and the way in which this knowledge is
built over the sessions, in the double productive and constructive dimension of the activity (Samurçay et
Rabardel, 2004). Through observations and interviews, our study is based on two APA workshops to
analyze the activity of the professionals. The results set up a plurality of adaptations on the one hand by
adjusting to the singularity and variability of the subjects and situations and, on the other hand by
developing new forms of organization such as the establishment of the co-activity (participants,
volunteers, APA professionals). Co-activity is an important resource in supporting people from both an
individual (progression, adaptation, development of confidence) and social (social inclusion) point of
view. The discussion opens issues for experience development and the training of professionals.
Keywords: experience and practice, job analysis and skills analysis, health, training.
*Ce texte original a été produit dans le cadre du congrès de la Société d’Ergonomie de Langue Française qui s’est tenu à Genève les 6, 7 et 8
juillet 2022. Il est permis d’en faire une copie papier ou digitale pour un usage pédagogique ou universitaire, en citant la source exacte du
document, qui est la suivante :
Julien, C. & Gouédard, C. (2022). Intervention ergonomique auprès d’intervenants APA : quels impacts et quels apports sur le développement de
l’expérience ? Actes du 56ème Congrès de la SELF, Vulnérabilités et risques émergents : penser et agir ensemble pour transformer durablement.
Genève, 6 au 8 juillet 2022.
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866 SELF 2022, Genève

Intervention ergonomique auprès d’intervenants APA
INTRODUCTION
Les Activités Physiques Adaptées – APA –, dont le
concept est né en 1973, sont au cœur des politiques
de santé publique. Renvoyant à « une profession de
santé fondée sur l’enseignement qui utilise l’ensemble
des activités physiques et sportives à des fins de
prévention, de réhabilitation (ou de réadaptation), de
post-réhabilitation, de rééducation, d’éducation ou
d’insertion sociale auprès de personnes en situation de
handicap et/ou vieillissantes » (Ninot et Partyka, 2007,
p.7), les APA sont aujourd’hui au carrefour de
recherches pluridisciplinaires (Boursier, Séguillon, et
Benoit, 2017). Elles ont un triple objectif : permettre de
pratiquer une ou plusieurs activités physiques, dans un
contexte d’activités du quotidien, de loisirs, de sports
ou d’exercices programmés, pour acquérir et/ou
préserver une autonomie, lutter contre la sédentarité
et permettre la (ré)insertion sociale. En effet, comme
le stipule la charte de 1976 « tout être humain a le droit
fondamental d’accéder à l’éducation physique et au
sport, qui sont indispensables à l’épanouissement de
sa personnalité » (1976, cité par Simard, 1987).
Selon une perspective développementale,
l’intervention en APA contribuerait à réduire les
situations de vulnérabilité et à ce que toute personne,
en particulier qu’elle soit vieillissante ou qu’elle soit
affectée par une maladie chronique ou le handicap,
élabore de nouvelles normes de vie avec cette
pratique « par l’éprouvé d’une expérience corporelle
partagée avec d’autres comme soi, dans une visée
de bien être, d’expression et de santé » (Perrin et Mino,
2019, p. 11). Pour atteindre cet objectif, le
professionnel APA mobilise diverses « connaissances-
en-acte » (Vergnaud, 2011) en vue de favoriser le
développement des capacités physiques,
psychologiques, cognitives et sociales de la personne,
à partir de ses besoins singuliers. Ainsi, même s’il
participe à la remédiation d’éventuelles incapacités,
l’orientation du travail est davantage tourné vers
l’appropriation par la personne de ses capacités et de
leur développement. La littérature fait mention de
quelques travaux auprès des intervenants APA (en
sociologie, sciences médicales, sciences du sport,
éducation, etc.) et d’autres explorent également
l’engagement des participants et de leur vécu à ces
ateliers. Mais elle manque encore de recherches qui
s’inscrivent dans une approche ergonomique prenant
en compte l’analyse du travail et de l’activité. Or, les
enjeux de cette profession relèvent de ressources et
compétences spécifiques qui sont à documenter dans
le décours de l’activité, et en tenant compte des
contextes organisationnels du terrain.
Cette étude, conduite dans le cadre d’un projet
universitaire (Julien, 2017), vise à répondre à cet
objectif, afin d’apporter un éclairage original,
relativement aux référentiels de compétences
disponibles pour cette profession (Barbin, Camy,
Communal et al., 2015). Prenant place dans une
association sportive parisienne, la présente
communication s’attache à rendre compte des
savoirs expérientiels des intervenants APA et la
manière dont ils se construisent au fil des séances dans
la double dimension productive et constructive de
l’activité (Samurcay et Rabardel, 2004). La première
correspond à la réalisation de l’activité en fonction
1 En effet, lors de notre intervention, le local où venait de
s’installler l’association pour une période transitoire, était
des caractéristiques des situations, la seconde
correspond à l’apprentissage et au développement
des compétences du sujet. Bien que ces dimensions
soient dialectiquement liées, cette contribution
s’inscrit plus particulièrement dans la part
« constructive » de l’expérience, dans le sens où elle
s’intéresse aux questions de formation, avec l’enjeu de
contribuer au développement des capacités et du
pouvoir d’agir (Rabardel, 2005) des futurs intervenants.
Quels seraient les ingrédients susceptibles de s’avérer
utiles en vue de la conception de dispositifs de
formation capacitants pour ces intervenants afin que
les ateliers APA puissent l’être à leur tour pour les
participants des ateliers ? La démarche mobilise donc
à la fois l’approche de la didactique professionnelle
(Pastré, Mayen, et Vergnaud, 2006) et de l’ergonomie
pour répondre à ce questionnement.
Dans les parties qui suivront, la présentation du
contexte de l’activité de l’intervention est l’occasion
de comprendre les conditions de travail et
organisationnelles des intervenants APA et de soulever
les premiers résultats marquants. Puis, deux ateliers
seront présentés afin de documenter les
compétences opératives et d’identifier les savoirs
expérientiels susceptibles d’être développés en
formation. Avant de conclure, la discussion, à la
lumière des résultats, visera notamment à montrer
l’apport original de cette étude pour le
développement de l’expérience.
CONTEXTE DE L’ÉTUDE ET PREMIERS
RESULTATS MARQUANTS
L’association parisienne dans laquelle prend place
l’intervention ergonomique est née d’une volonté de
deux co-fondateurs diplômés en Sciences et
Techniques des Activités Physiques et Sportives
(STAPS). Défendant dans ses valeurs l’importance de
l’éducation via les notions de plaisir et de mouvement,
elle intervient dans une trentaine de structures
associatives ou médico-sociales partenaires. Elle vise
la réinsertion sociale, le maintien en santé, le
développement des capacités fonctionnnelles et de
l’autonomie pour les personnes âgées et/ou en
situation de handicap. Près de 200 personnes sont
accompagnées par une dizaine
d’intervenants (salariés ou intervenants extérieurs) :
diplômés (Licence ou Master STAPS), ou stagiaires
(Licence ou Master STAPS). Encore en formation, ces
derniers sont donc accompagnés sur le terrain par les
formés, et apportent leur participation aux ateliers,
comme parfois également les bénévoles agissant
pour l’association. Les activités proposées sont
variées : gymnastique douce, parcours sportif,
aquagym, expression corporelle, marche, pilates,
renforcement musculaire, sports collectifs et/ou
individuels, relaxation etc. Une cinquantaine d’heures
d’ateliers se déroulent chaque semaine. Par
conséquent, les intervenants APA sont amenés à se
déplacer au cours de leur journée d’une structure à
une autre en fonction des ateliers qu’ils animent1.
Une phase exploratoire sur le terrain a été
préliminairement conduite. Elle se base sur
l’observation de 7 ateliers, complétée d’entretiens
semi-directifs auprès de 8 acteurs : 7 intervenants APA
(dont les 2 co-fondateurs, 2 intervenants salariés ou
uniquement réservé à la gestion administrative et au stockage
du matériel sportif mis à disposition des intervenants.
SELF 2022, Genève 867
Intervention ergonomique auprès d’intervenants APA
externes de l’association, 1 stagiaire, puis 2
intervenants en service civique), et le responsable de
projets. Cette approche systémique du terrain a
permis de comprendre le fonctionnement de la
structure, les enjeux de chacun des acteurs, ainsi que
leurs principales problématiques. Relativement aux
intervenants APA, l’analyse des observations ouvertes
montre que l’adaptation est au cœur de leur métier
(ajustement aux divers publics suivis, à la singularité
des personnes, à leur état émotionnel ou de fatigue,
etc.). Mais aussi, elle soulève que de nombreuses
régulations individuelles ou collectives (Gaudard et
Weill-Fassina, 2001) sont mises en œuvre face à divers
aléas qui influent sur le déroulé des séances, tels le
manque de matériel sur les lieux d’interventions, la non
régularité des participants aux séances ou encore
l’impossibilité de prévoir toujours à l’avance, le
nombre de bénévoles pouvant soutenir l’intervenant
dans la réalisation de certains exercices. En effet,
participant sur la base du volontariat et de leur
disponibilité, leur présence est aléatoire.
Les imprévus sont nombreux, et la confrontation à ces
situations exige un développement de ressources, en
particulier organisationnelles, afin de répondre à la
variabilité et à la singularité des situations. Pour
conduire les personnes à développer leurs capacités,
l’intervenant APA en séance doit faire preuve
d’inventivité afin d’encadrer et animer un groupe tout
en étant attentif à chacun. Chaque atelier APA suit un
cycle progressif sur une dizaine de séances.
L’association remet à chaque intervenant, un « kit de
l’intervenant » incluant la charte déontologique pour
la profession, des fiches de préparation de séances à
remplir chaque semaine ainsi que des fiches de suivi
qui incluent la tenue du listing des participants
présents et permet de noter les observations
principales pour préparer la suite de l’atelier. La fiche
de suivi permet de maintenir la communication entre
les intervenants, l’association et la structure. La fiche
de préparation, quant à elle, vise à rendre possible un
remplacement immédiat en cas d’absence de
l’intervenant. Celui-ci est amené à préciser
notamment, le thème travaillé et les objectifs, le
déroulé des situations et la répartition des tâches (seul
ou en binôme), le matériel nécessaire, les consignes et
précautions à prendre, les variantes possibles des
exercices. Cependant, chaque semaine, l’ajustement
en situation est constant comme les premières
observations et entretiens en témoignent. Certains se
rabattent alors sur des « séances bateau » définissant
les objectifs à atteindre chaque semaine (« avant je
Durée
Nombre d’intervenants /
Atelier de la
stagiaires
séance
Intervenant A + 1 stagiaire
60 min
« assistant sécurité »
Marche &
Intervenant A + 1 stagiaire
équilibre 60 min
« assistant sécurité »
Intervenant A + 1 stagiaire
59 min
« assistant sécurité »
Intervenant B + 1 stagiaire
55 min
STAPS (L2)
Gymnatique Intervenant B + 1 stagiaire
60 min
douce STAPS (L2)
assise Intervenant B + 1 stagiaire
61 min STAPS (L2) et 1 stagiare action
sociale
Tableau 1 : présentation des ateliers et séances observés
868 SELF 2022, Genève
faisais des préparations poussées, mais comme je ne
faisais jamais ce que j’avais prévu bah … »), d’autres,
sur une bibliothèque de contenus, où il est possible de
piocher parmi une multitude d’exercices ou encore
improvisent sans aucune préparation sur la base de
leurs connaissances et expériences.
Si l’adaptation aux participants est centrale dans leur
métier, un certain nombre de problématiques
soulevées touchent cependant leurs conditions de
travail (lieux d’intervention pas toujours adaptés,
déplacements inutiles si absence de participants,
nécessité de jongler dans la journée entre des ateliers
de nature différente, etc.). Elles conduisent ainsi à faire
parfois des compromis non satisfaisants et pouvant
parfois impacter le déroulement de l’atelier. Pour
comprendre plus précisément, comment les
intervenants parviennent à s’ajuster et à « se
débrouiller » en situation pour essayer de mener à bien
leurs activités, avec les contraintes spécifiques, deux
ateliers, orchestrés par deux intervenants distincts, ont
été suivis. Leur analyse vise à saisir plus finement quels
sont les savoirs expérientiels que les intervenants APA
développent dans le décours de leur activité.
ANALYSE DE DEUX ATELIERS
Ateliers et séances observés
Les ateliers choisis, menés chacun par un intervenant
diplômé d’une Licence STAPS, sont les suivants :
- L’atelier de marche et d’équilibre : Il permet aux
personnes âgées de travailler sur des exercices afin de
prévenir les troubles liés à la perte d’équilibre en lien
avec l’âge. Cet atelier est pris en charge par
l’intervenant A de l’association, qui dispose de 6 mois
d’expérience en APA (et un an ½ dans l’association) ;
- L’atelier de gymnastique douce assise : Il permet aux
personnes à mobilité réduite de pratiquer une activité
en travaillant l’équilibre, la motricité et la coordination
corporelle. Elle est pratiquée lorsque la personne est
assise et favorise l’entretien musculaire et articulaire.
Cet atelier est suivi par l’intervenant B, intervenant
externe à l’association ; avec 2 ½ ans d’expérience en
APA (et 4 ans de collaboration avec l’association).
Ce choix est en particulier guidé par le fait que les
adaptations, notamment aux participants, seront
d’autant plus importantes dans ce type d’ateliers en
raison du public suivi (personnes vieillissantes ou
personnes en situation de handicap). Ces ateliers sont
aussi réalisés dans des salles des structures partenaires,
non dédiées aux ateliers sportifs et avec un
Participation de
Nombre de participants bénévoles
Non
6 femmes
Non
5 femmes
Non
6 femmes
3 femmes (tétraplégie, Parkinson, Oui
sclérose en plaques) (2 nouveaux)
Oui
2 femmes (tétraplégie, Parkinson)
(1 nouveau + 1 ancien)
Oui
4 femmes (tétraplégie, Parkinson,
paraplégie, sclérose en plaques) (1 occasionnel)
Intervention ergonomique auprès d’intervenants APA
équipement rudimentaire. Trois séances de chaque
atelier ont été observées, et le tableau 1 en présente
les principales caractéristiques. Si au moins un assistant
stagiaire est présent aux côtés de l’intervenant, il
apparait une différence significative entre les deux
ateliers observés sur la composition des groupes. En
effet, l’atelier de marche et d’équilibre ne comprend
aucun bénévole mais un nombre plus important de
participants ; le groupe de l’atelier de gymnastique
douce assise est quant à lui composé de bénévoles
(un ou deux) mais d’un nombre moindre de
participants. Cette différence s’explique
principalement par les caractéristiques des personnes
au sein de chaque atelier. En effet, le plurihandicap
implique la présence essentielle de bénévoles dans le
cadre de l’atelier de gymnastique douce assise, afin
qu’ils puissent aider d’une part, l’intervenant dans la
réalisation de la séance et d’autre part, le participant
dans la réalisation des exercices. Les stagiaires
présents dans les deux groupes apportent, quant à
eux, divers soutiens à l’activité.
Méthodologie
Les données ont été recueillies en suivant une
triangulation des méthodes pour améliorer la richesse
et la finesse de notre analyse (Guilbert et Lancry,
2007) Des observations d’ateliers ont été réalisées à
partir d’une grille d’observation ; complétée durant le
déroulement temporel des séances, celle-ci visait à
relever :
- L’organisation de la séance : le déroulement
(échauffement, exercices, étirements, pauses) et la
mise en place de binômes ou trinômes (intervenant /
stagiaire, intervenant / participant, participant /
participant, intervenant / bénévole, participant /
bénévole) ;
- La communication : identification des interlocuteurs,
et l’objet du message ;
- Le matériel : son type, à qui il est adressé, l’objet de
sa mobilisation (par exemple l’artefact « chaise »
pourra être mobilisé pour sa fonction première
« s’assoir », ou être mobilisé pour aider la personne à
maintenir son équilibre).
Des enregistrements audio effectués en complément
des observations visaient à recueillir des verbatim lors
des échanges (par exemple entre l’intervenant et un
participant), mais aussi des commentaires de
l’intervenant portant sur sa propre activité, adressés à
l’observateur.
Des entretiens semi-directifs ont ensuite été menés
avec chaque intervenant sur des thématiques ciblées,
telles que la préparation des séances (matériel, public,
temps), l’organisation des séances (gestion
temporelle, gestion du groupe avec la mise en place
de la co-activité), la gestion du matériel (utilisation des
artefacts), l’aspect communicationnel (autant sur le
plan informationnel que convivial), et l’anticipation
(invitation à la réflexion sur la manière dont ces
éléments sont utilisés pour les séances futures).
RÉSULTATS : UNE SÉANCE EN TROIS
TEMPS
Préparation de la séance
Les intervenants ne se préparent pas de manière
similaire. L’intervenant A remplit les fiches de
préparation de manière détaillée, en suivant la trame
proposée pour pouvoir s’y référer mais, comme il le
dit : « il ne va jamais se passer ce que tu avais écrit : il
y a la version papier et la version face à face ».
L’intervenant B, quant à lui, prépare de manière
générale ses séances, en sachant le thème et l’ordre
des exercices qu’il abordera : « Quand j’étais stagiaire,
je travaillais mes séances sur tableau car mes tuteurs
me le demandaient pour avoir une trace. Maintenant
je sais que j’ai les connaissances nécessaires pour
mettre en place des activités, je ne prépare jamais rien
de la manière la plus détaillée possible car il y a
toujours des imprévus (retards, absences). Le seul truc
que je vais préparer pour l’apprendre c’est la
justification de mes exercices. Les participants posent
beaucoup de questions et il faut savoir répondre ». Il
se munit en revanche d’une liste de plein d’exercices.
En effet, divers imprévus peuvent survenir (des
participants absents, un manque de matériel(s) ou
une douleur spécifique évoquée par un participant)
impliquant de trouver rapidement une réponse
adéquate avec des « roues de secours comme des
exercices plus durs ou plus faciles ». Pour le premier
intervenant, la fiche de préparation constituerait une
ressource matérielle, soutenant la construction de
savoirs et d’apprentissages, même s’il faut s’ajuster.
Pour le second intervenant, cet artefact n’est pas
réellement utilisé pour guider sa propre activité au
cours d’une séance. Seuls un listing d’exercices –
instrument pour lui plus malléable en fonction des
circonstances de la situation – et un instrument orienté
vers la communication aux participants sont utilisés :
« les justifications, ça rassure les participants, ils voient
qu’on sait ce qu’on fait ».
Le premier intervenant (A) précise avoir préparé sa
première séance sans la nécessité d’utiliser un matériel
sportif spécifique. Par contre, constatant ensuite sur le
lieu la présence de matériel, il a pu l’intégrer dans la
préparation de la deuxième séance : le matériel
consitue un guide, et il est un support pour une
improvisation plus facile des exercices. L’intervenant
peut détourner certains artefacts, présents dans la
salle, afin d’en faire des instruments pour les activités
APA. Ainsi, il utilise des petites bouteilles d’eau mises à
diposition des participants par la structure pour leur
hydratation. Elles « peuvent remplacer par exemple
des petits bâtons » dans un parcours d’équilibre
composé de steps, de barre à enjamber et de virages
à effectuer. La bouteille est positionnée sur les
phalanges des mains des participants qui ne doivent
pas les faire tomber à terre pendant le parcours.
Le second intervenant (B), par contre, dispose d’un
grand sac dans lequel il transporte son propre matériel
sportif afin d’avoir à disposition l’essentiel. Selon les
participants présents, il pourra utiliser un ballon, un
élastique à tendre ou des poids à disposer sur le corps,
etc. : « je mets tout dedans, puisque à chaque
séance, je ne vais pas avoir besoin des mêmes choses,
c’est différent pour chaque personne, chaque
atelier ». La ressource matérielle, disponible ou non
dans la structure, n’influence pas pour lui
l’organisation de la séance, mais cette liberté qu’il se
donne est au prix de la charge de transport
quotidienne du matériel dans ses déplacements.
Les observations montrent que les intervenants
prennent en compte l’imprévisibilité de leur activité,
même en s’y prenant de manière différente. Ils ont
construit des savoirs d’expérience pour ne pas être pris
au dépourvu en séance(s).
SELF 2022, Genève 869
Intervention ergonomique auprès d’intervenants APA
Déroulement des séances
Mise en place de la co-activité pour travailler
de multiples dimensions
La co-activité est présente tout au long des séances
observées. Elle est une ressource essentielle pour les
intervenants car elle présente de nombreux
avantages. Cinq formes de co-activité peuvent être
distinguées :
- Intervenant / stagiaire : cette co-activité présente
une triple efficacité, à savoir : la répartition des tâches
(accompagnement des personnes pendant la
séance, rangement du matériel, etc.), une aide dans
la réalisation des exercices (division des tâches
permettant de travailler plus longuement avec les
participants en difficulté), une clarification dans la
présentation des exercices, car des démonstrations
plus fréquentes peuvent être faites, et une source de
sécurité supplémentaire lorsque, du moins, les
stagiaires ne sont pas simples observateurs. La
participation active du stagiaire est progressive pour
sa formation : « j’ai mis la stagiaire avec une personne
qui a juste besoin d’aide, être soutenue en cas de
chute. Je pars du cas le plus simple pour aller au plus
dur, ça aide à la confiance. Au début je la laisse
observer et après je l’intègre pour qu’elle prenne en
charge une partie complète » ;
- Intervenant / participant : l’intervenant explique que
la motivation des participants est plus grande lorsque
l’intervenant fait les exercices avec eux. C’est en
particulier une occasion d’approfondir la découverte
de son corps via la médiation de l’intervenant. Elle
permet également une meilleure compréhension des
exercices par la présence proche de l’intervenant :
les participants sont plus enclins à poser des questions
sur l’objectif de la réalisation de l’exercice, avec un
ajustement du matériel, et obtiennent les réponses. En
étant auprès des participants, l’intervenant s’assure
également de leur sécurité (diminution du risque de
chute sur les exercices complexes par exemple) ;
- Participant / participant : en proposant la formation
d’un binôme de participants, l’intervenant a un triple
objectif : il vise le développement de la confiance en
soi (valorisation par le fait d’être à même de réaliser
le même exercice que le partenaire), le
développement de la confiance en l’autre (lorsque
les partenaires doivent se (main)tenir mutuellement),
et le développement du lien social (création de
dialogue et d’échanges entre les participants au
cours des exercices) ;
- Intervenant / bénévole : les bénévoles constituent
un fort soutien à l’intervenant dans la réalisation des
exercices. La co-activité suppose des temps
d’échange avec eux sur les exercices proposés et
leurs explications, mais également sur le rôle à tenir
auprès des participants tout au long de la séance :
« on a des bénévoles qui sont habitués donc là tu n'as
pas besoin de leur réexpliquer les choses […] mais
quand ce sont des nouveaux t’es obligé de prendre
5/10 minutes pour leur expliquer pourquoi ils sont là ».
L’intervenant veille donc à l’efficacité de leur
inclusion dans le groupe ; le fait que le même
bénévole ne suive pas toujours le même atelier
suppose toutefois un temps de coordination sur la
séance : « quand ce sont des nouveaux, je fais deux
fois l’intervenant, j’interviens pour les bénévoles et
pour les participants » ;
870 SELF 2022, Genève
- Participant / bénévole : les bénévoles constituent
dans ce cas une aide au participant dans la
réalisation des exercices et des mouvements
complexes à effectuer selon les douleurs ou les
pathologies de chacun. Ils sont, de ce fait, une aide
à l’intervenant pour la gestion du groupe de
participants et contribuent au développement des
relations de confiance lorsque leur présence est
régulière : « les anciens bénévoles, je les mets avec les
cas les plus complexes parce qu’ils vont savoir
comment gérer […] et puis les participants sont
contents de les revoir, ils ont confiance ».
La co-activité, quelle que soit sa forme, constitue une
ressource humaine dans l’activité des intervenants.
Elle a des fonctions diverses telles que l’aide aux
participants et/ou à l’intervenant, le développement
de la confiance en soi et/ou en l’autre,
l’augmentation de la motivation des participants, de
leur sécurité, ou encore la formation des stagiaires.
Cette gestion dynamique des ressources repose sur
des savoirs expérientiels de l’intervenant. Comme
indiqué précédement, la présence de bénévoles,
tout comme celle des stagiaires, est cependant
variable et imprévisible d’une séance à l’autre, ce qui
suppose une adaptation dans le vif de l’action pour
un bon déroulé de la séance. L’intervenant, lorsqu’il
est prévenu de leur présence, ne l’est bien souvent
que le jour même de l’intervention, et il doit donc
improviser pour profiter au mieux de cette ressource
humaine, sans avoir eu un temps préalable pour
penser l’organisation des binômes, voire trinômes.
Ajustement aux difficultés de chacun
et usage du matériel
Le matériel mobilisé au cours d’une même séance
peut être différent et tient compte de la singularité de
chacun.
C’est notamment le cas pour l’atelier de gymnastique
douce assise effectué auprès d’un public avec un
plurihandicap, afin de soutenir le développement de
leurs capacités (au niveau des jambes, des bras ou
des mains). La diversité du handicap induit un besoin
de travailler sur certaines parties corporelles. Ainsi, par
exemple, pour la personne atteinte de la sclérose en
plaques, se maintenir à une échelle au mur avec des
poids positionnés aux chevilles vise à complexifier la
marche : « c’est du coup pour lui rendre la marche
compliquée, pour que la marche lui paraisse plus
simple et plus naturelle ». Pour la personne atteinte de
tétraplégie partielle, il peut aussi utiliser des élastiques,
avec plusieurs niveaux d’élasticité, en travaillant le
bras en l’air dans le but de développer
progressivement la force des bras, etc. Les savoirs
d’experience, relativement au matériel à mobiliser (et
selon quelle progression), reposent sur une prise
d’informations attentive auprès des participants. Ainsi,
pour la personne atteinte de la maladie de Parkinson,
de nouvelles fonctions, pour un matériel donné,
peuvent être expérimentées en situation : « le ballon
en mousse il n’était pas prévu. Je l’utilise d’habitude
pour les personnes qui se tiennent très mal, et j’avais
essayé avec elle, pas pour qu’elle se tienne droite
mais pour la forcer à contrôler ses tremblements. Je
n’avais pas prévu de lui faire faire ça, mais elle m’a dit
« aujourd’hui je tremble plus que d’habitude » alors je
me suis dit qu’on allait essayer ça et je lui ai dit que le
but du jeu c’était que le ballon ne tombe pas ».
Intervention ergonomique auprès d’intervenants APA
Dans l’atelier de marche et d’équilibre, l’adaptation
est aussi présente. En effet, les étirements sont
proposés habituellement sur tapis au sol, cependant
certains participants peuvent rencontrer des difficultés
pour se relever : ils effectuent les étirements sur une
chaise. Les explications des exercices peuvent être
différentes au sol et sur une chaise. L’intervenant
explique qu’« à la base, c’est soit tout le monde sur
tapis, soit tout le monde sur chaise. C’est vrai qu’il y en
a qui ne supportent pas d’être sur tapis et le but du jeu
c’est qu’elles se détendent donc je laisse les
personnes choisir. Après il y en a qui ne veulent pas
aller au sol pour ne pas galérer à se relever après une
séance éprouvante ». L’intervenant mêle les deux
manières de procéder, même si cela lui apporte plus
de complexité dans la gestion du groupe, pour le bien-
être des participants ou la réduction de leurs
difficultés.
Au fur et à mesure des séances, l’intervenant connait
les difficultés et les besoins particuliers des participants,
il va ainsi proposer des solutions diverses et une
mobilisation différente du matériel à disposition en y
apportant des conseils.
Anticipation des séances futures et
développement expérientiel
La prise d’informations, pendant les séances,
participe au fait que l’intervenant prenne conscience
des difficultés, afin de mieux s’ajuster aux capacités
des participants et d’orienter les activités futures.
L’exemple suivant permet d’en rendre compte. Lors
d’une séance, dont l’objectif était de « faire travailler
l’équilibre des personnes en binôme », une des
participantes ne parvenait pas à réaliser la fin de
l’exercice, ce qui empêchait également son binôme
de le réaliser intégralement. À partir de ce constat et
afin d’amener à la réussite, l’intervenant propose
alors de changer les binômes et la manière dont ils
doivent se tenir, non plus par la main mais par la taille.
Ce que l’intervenant tient pour vrai, à cet instant, est
donc que ces ajustements seraient probablement
plus favorables pour ce binôme. Il décide, de plus, de
faire l’exercice avec la personne pour lui donner
toutes les chances de réussir. Pour sa future séance, il
prendra en considération cet élément et pourra
proposer une première version plus facile de
l’exercice de marche en se tenant par la taille, puis
une seconde version plus complexe en se tenant par
la main. Ainsi les participants pourront effectuer
l’exercice à plusieurs reprises tout en travaillant leur
équilibre plus ou moins en toute autonomie.
Pour le second atelier, il est intéressant de remarquer
que l’intervenant B exploite l’espace de
confidentialité ouvert par la formation des binômes
intervenant/participant. Le travail en binôme est
l’occasion de prélever différentes informations, sur
l’histoire de la maladie ou du handicap du participant,
et ses éprouvés corporels (en effet, il ne dipose pas en
amont de données médicales pour orienter son
travail). Cette capacité à construire peu à peu une
relation de confiance, à investiguer le contexte, est un
savoir d’expérience permettant de mieux ajuster les
APA à la singularité : « chaque semaine on essaie de
poser quelques questions comme « vous êtes en
fauteuil depuis combien de temps ? » et après les
personnes elles en parlent d’elles-mêmes un jour ». De
même, c’est seulement, en travaillant, de manière
directe avec la personne atteinte de la maladie de
Parkinson, qu’il a appris qu’elle avait des difficultés
pour marcher. Il engage aussi des échanges pendant
les pauses (et non devant tout le groupe) pour guider
son activité en toute sécurité : « J’en profite pour leur
demander comment ils vont, s’ils n’ont pas mal … Dès
que j’entends que les participants ne vont pas trop
bien, tout de suite je demande ce qu’ils ont, s’ils ont
été voir un médecin, si ce n’est pas le cas je n’y
toucherai pas tant qu’ils n’ont pas été voir un médecin
car je pourrai aggraver la situation ».
À la fin des séances, un debriefing vient aussi
compléter cette prise d’informations : des questions y
sont posées et des échanges sont faits quant aux
difficultés rencontrées, au plaisir de réaliser les
exercices, etc. L’obtention de ce recueil
informationnel sur le ressenti des participants permet
aux intervenants d’ajuster les séances futures en
modifiant légèrement les exercices, en inventant des
variantes tout en permettant de travailler les mêmes
zones corporelles, en effectuant des recherches sur la
proposition d’un nouvel exercice d’atténuation des
douleurs possibles. Ces ajustements, ayant pour base
le recueil informationnel, permettent le
développement expérientiel de l’intervenant. Les
éléments verbaux (dialogue évoquant une chute
récente par exemple), paraverbaux (« je regarde tous
les participants, des fois il y en a qui font des mimiques,
des grimaces »), gestuels (difficulté dans la réalisation
des exercices), sont autant d’éléments utiles et
mobilisés dans la constitution de la continuité du
cycle. Ces ajustements et constructions de savoirs
expérientiels ont pour objectif premier de développer
les capacités physiques des participants.
DISCUSSION
Les Activités Physiques Adaptées sont évoquées
comme « une connaissance pratique de terrain faite
de bricolage et d’adaptations spontanées » (Génolini,
2001). Face à l’imprévisibilité des situations, les
intervenants sont amenés à s’adapter, à développer
des formes d’organisation de l’activité en relation
avec des classes de situations données (Vergnaud,
2011). Dans le contexte étudié, la diversité et la
variabilité marquent ces situations. Le type de public,
le nombre de participants, les capacités singulières à
développer selon la singularité de chacun et la
variabilité de leur santé, le lieu où se déroule l’atelier,
le matériel mobilisable ou non, les ressources humaines
dont il est possible de disposer, sont autant d’éléments
impliquant une adaptation dans l’activité des
intervenants et modelant le déroulement des séances
(Julien, 2017). C’est principalement face à la
nouveauté ou aux éléments imprévus que va
s’élaborer l’activité constructive, contribuant au
développement de l’expérience. L’évènement qui
survient et qui implique la mise en place d’une
réponse adaptée peut être prévu mais imprévisible
dans le temps – la personne peut alors agir par
anticipation et adaptation – ou être imprévu,
obligeant la personne à agir dans l’instant – à être
dans l’improvisation – avec ses ressources (internes ou
externes) amenées à se déployer, sa formation et ses
propres capacités (Perrenoud, 1999).
L’ergonomie, comme la didactique professionnelle,
mettent l’accent sur les situations, l’activité et le
développement potentiel du sujet au travail. Ainsi,
l’analyse du travail et de l’activité, en vue d’une
action formative, amène à se distinguer d’autres
approches plus traditionnelles ne prenant pas
SELF 2022, Genève 871
Intervention ergonomique auprès d’intervenants APA
ancrage dans l’étude minutieuse de l’activité du
professionnel dans les situations. Les résultats présentés
montrent concrètement comment les intervenants
APA font face aux situations dans leur travail quotidien,
en mobilisant ou en créant des ressources dans
l’activité productive, et comment peu à peu s’élabore
leur activité constructive. Analyser leurs manières de
co-construire leur intervention avec les participants
pour mieux orienter le travail et établir un lien de
confiance, rendre compte du développement de
leurs propres instruments ou de l’invention de
nouveaux usages en situation selon le matériel
disponible, saisir comment ils s’y prennent pour que la
co-activité puisse répondre à de multiples objectifs,
éclairent sur leurs compétences et savoirs
expérientiels. Le suivi de deux ateliers, sur quelques
séances, a permis de montrer la dynamique
d’apprentissage et comment l’expérience vécue de
ces situations se constitue en connaissances et
compétences pour les expériences ultérieures afin de
s’ajuster au mieux aux situations.
Les savoirs expérientiels, développés à partir des
situations, constituent un système de ressources pour
agir, qui peuvent constituer des ingrédients pour la
formation. En effet, ces savoirs et les conditions de leur
transmission sont au cœur des dispositifs de formation,
avec la reconnaissance des effets formateurs des
situations de travail (Wittorski, 2007). Toutefois, et c’est
un point important issu de nos analyses, certaines
adaptations ne sont pas indépendantes du contexte
organisationnel où plusieurs difficultés ont été
soulevées. Si les intervenants s’adaptent, c’est aussi
parfois parce que les situations apportent de fortes
contraintes (impliquant gestion des aléas, du matériel
indisponible, etc.). Il importe donc aussi de considérer
les « caractéristiques agissantes » (Léontiev, 1976) des
situations et de l’environnement. Un enjeu des
dispositifs de formation capacitants serait aussi de
former à une analyse critique et constructive des
conditions de travail pour que les intervenants APA et
leur collectif puissent être agents de transformation de
leur conditions de travail pour leur propre
développement. Cette analyse conduirait à porter un
autre regard sur le travail, à en percevoir des aspects
méconnus, et à concevoir des transformations
pertinentes avec tous les intéressés.
CONCLUSION ET MISE EN PERSPECTIVE
Cette étude apporte un éclairage sur les savoirs
d’expérience des intervenants APA, sur la manière
dont ces savoirs se développent, en ce centrant sur les
adaptations réalisées en séances. Certains aspects
mis en valeur dans les analyses conduites peuvent être
pris en compte dans la formation à ce métier en vue
de pouvoir anticiper le début dans la profession,
notamment auprès des stagiaires. De même, l’analyse
du travail a également soulevé des problématiques
organisationnelles qui invitent à une co-construction
avec les acteurs de l’association mais aussi avec les
structures partenaires, afin que les intervenants APA
puissent développer leur pouvoir d’agir en
considérant des dimensions essentielles à leur activité,
notamment, la présence d’acteurs lors des séances
872 SELF 2022, Genève
(co-activité), la gestion du matériel et les espaces
dans lesquels ils exercent.
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