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ASPJ French - 1er trimestre 2009

Un modèle de leadership situationnel


pour les chefs militaires
par le colonel Donald E. Waddell III

Le colonel Donald Waddell III est professeur d’études du Commandement à l’Ecole de guerre aérienne
(Air War College). Il est pilote de chasse de carrière, avec à son actif plus de 2 500 heures de vol sur F-4
et F-15. Le colonel Waddell a occupé un certain nombre de postes de commandement supérieur, y compris
ceux de commandant de l’escadre 7100 d’appui tactique et de commandant adjoint puis de commandant
de la 17e force aérienne. Il est diplômé avec mention de l’Air Command and Staff College et diplômé du
Industrial College of the Armed Forces.

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Le leadership reste le plus déroutant des arts… tant que nous ne savons pas exactement ce qui
fait sortir les hommes d’un trou dans le sol et avancer au devant de la mort sur un simple mot
d’un autre homme, le leadership restera l’une des plus grandes et des plus indéfinissables quali-
tés. Il restera un art.
James L. Stokesbury

L
’art auquel Stokesbury fait allusion est Evolution de la théorie du
un sujet étudié plus sérieusement
dans les écoles militaires que dans les leadership
établissements civils. Compte tenu de Comme toile de fond, nous devrions
la nature cruciale de notre métier et de l’im- d’abord passer en revue l’évolution de la
portance des forces armées pour la survie d’un théorie du leadership au cours du siècle der-
pays, cela ne devrait surprendre personne. Ce nier. Pratiquement toute la théorie du lea-
qui toutefois est surprenant est que la plupart dership est basée sur l’importance relative
des établissements d’enseignement profession- accordée au leader par rapport aux exécu-
nel militaire (Professional Military Education – tants pour l’accomplissement de la mission.
PME) de l’armée de l’Air s’en remettent pres- Ceux qui pensent que les leaders sont suffi-
que exclusivement au modèle de leadership samment éclairés ou héroïques1 (pour repren-
situationnel à orientation civile de Paul Hersey dre les termes de Morris Janowitz) citent les
et Kenneth Blanchard pour enseigner le com- exemples de leaders hardis, plus vrais que
mandement et la gestion militaires. nature, tels que Napoléon, Alexandre le Grand
Même si le modèle de Hersey et Blanchard et Frédéric le Grand, et sont favorables au
est utile, il présente certaines limitations signi- modèle autoritaire de leadership. Ceux qui
ficatives. Il réussit en particulier à mettre en font plus confiance à la maturité, aux capaci-
lumière le style de leadership approprié basé tés et à l’intuition des exécutants sont favora-
sur la maturité ou le niveau de développement des bles au modèle démocratique.
exécutants mais n’aborde pas suffisamment Notre perspective du leadership en termes
d’autres considérations militaires telles que le de rôles respectifs du leader et des exécutants
niveau auquel le leadership est exercé ; les a changé de manière spectaculaire au siècle
différents styles qui peuvent s’avérer nécessai- dernier. Au dix-neuvième siècle, la révolution
res par suite des exigences du combat ; la industrielle avait conduit de nombreux Amé-
direction d’un état-major comparée au com- ricains à quitter les zones rurales pour la ville,
mandement opérationnel ou les différents où l’industrie produisait une richesse sans
styles adaptés au commandement d’une précédent aux dépens des travailleurs. Les
Arme, de forces interarmées ou multinationa- conditions de travail étaient épouvantables et
les. Le présent article a pour objet de suggérer la direction régnait en tyran, jouissant de
un autre modèle de leadership utile pour l’énorme pouvoir d’embaucher, de licencier
modéliser des situations de leadership pro- et, de façon générale, d’imposer les condi-
pres aux forces armées. Bien que ce modèle tions de travail. Lorsque commença le ving-
figure au programme d’études de l’Ecole de tième siècle, nous étions focalisés presque
guerre aérienne (Air War College – AWC), il a exclusivement sur une théorie du leadership
de nombreuses applications et est particuliè- privilégiant le leader qui exprimait une piètre
rement bien adapté aux officiers en milieu de opinion de la motivation, de la maturité et des
carrière confrontés à la transition entre le capacités des exécutants. Dans les premières
niveau de l’unité et les postes de commande- années du vingtième siècle, les lois sur le tra-
ment impliquant un personnel plus nom- vail des enfants et le syndicalisme contribuè-
breux et des missions plus complexes. rent à améliorer les conditions de travail en

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Amérique mais également à exacerber la dis- employés se révéla moins sensible au change-
corde entre la direction et la main d’œuvre – le ment des conditions d’éclairage qu’à la per-
leader et les exécutants. Les forces armées, ception de la part des employés selon laquelle
longtemps un bastion des leaders autoritaires, la direction était intéressée par l’étude de leur
conservaient elles aussi un style de leadership comportement. Hersey et Blanchard firent
essentiellement autoritaire. observer que
Au début du siècle, toutefois, les spécialis- La fonction du leader aux termes de la théorie
tes des sciences sociales commencèrent à s’in- des relations humaines était de faciliter la réalisa-
téresser au travailleur dans le but d’améliorer tion d’un objectif conjoint parmi les exécutants
la production. Dans leur ouvrage Management tout en offrant à ceux-ci des chances d’épanouis-
of Organizational Behavior: Utilizing Human sement personnel. Contrairement à la théorie de
Resources (Gestion du comportement de l’or- la gestion scientifique, l’accent était mis principa-
ganisation : L’utilisation des ressources humai- lement sur les besoins individuels, pas sur ceux
nes), Hersey et Blanchard font un excellent de l’organisation. Le mouvement de la gestion
travail de suivi de l’évolution de la théorie du scientifique se préoccupait essentiellement de la
tâche (production), alors que celui des relations
leadership au cours du vingtième siècle. Leur
humaines le faisait de la communication (per-
schéma du « continuum du comportement de sonnel). C’est la reconnaissance de ces deux
leader »2, adapté pour être utilisé dans cet préoccupations qui a caractérisé ce qui a été écrit
article, illustre la façon dont toute la théorie sur le leadership depuis l’apparition de l’opposi-
du leadership est basée sur l’accent relatif mis tion entre l’école de la gestion scientifique et
sur les exécutants et le leader. celle des relations humaines.4
Hersey et Blanchard décrivent la façon
dont la théorie du leadership a évolué depuis La grande dépression et la seconde guerre
mondiale entraînèrent une interruption des
les travaux de Frederick Winslow Taylor, dont
recherches sur le leadership dans les organisa-
le mouvement de gestion scientifique se pro-
tions mais juste après cette guerre jusque dans
posait lors des premières années du vingtième
les années 60, d’autres commencèrent à exa-
siècle d’améliorer la production via un accrois-
miner sérieusement l’interaction entre leader
sement de la productivité du travail en menant
et exécutants. Les études menées par les uni-
des études des temps et des mouvements.
versités de l’état de l’Ohio, du Michigan et de
Dans leur ouvrage, Hersey et Blanchard font
l’Iowa traitèrent toutes du rôle joué par le lea-
observer que
der dans l’équilibre entre les exigences
La fonction du leader aux termes de la gestion concurrentes de la mission (orientation des
scientifique ou de la théorie classique était tâches) et de l’employé (comportement de
manifestement d’établir et d’appliquer les critè- communication). Chaque étude élabora des
res de rendement permettant d’atteindre les termes nouveaux pour décrire son orientation
objectifs de l’organisation. Un leader se focali-
particulière mais la question fondamentale
sait principalement sur les besoins de l’organisa-
tion, pas sur ceux de l’individu.3
dans chaque cas était l’autorité relative confé-
rée à l’employé ou aux exécutants.
Sous l’impulsion d’Elton Mayo, le mouve- L’une des études les plus récentes, la théorie
ment des relations humaines devint dominant X et la théorie Y de Douglas McGregor, offre
dans les années 20. Ce mouvement visait à un cadre utile pour l’analyse de l’attitude d’un
prendre en considération les besoins et la leader vis-à-vis de ses exécutants. Dans la théo-
motivation des employés pour augmenter la rie X, les leaders présument que les exécutants
production. L’étude la plus connue de Mayo sont insuffisamment mûrs ou motivés pour se
fut l’expérience Hawthorne menée dans la voir accorder une grande autonomie. La théo-
société Western Electric. Lors de cette étude, on rie Y, au contraire, présume juste l’inverse.
fit varier les conditions d’éclairage pour obser- Quant à Hersey et Blanchard, concluant
ver l’effet de cette action sur la productivité. qu’aucune théorie du leadership n’est tout à
De façon surprenante, la productivité des fait correcte, élaborèrent le modèle de leader-

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ship situationnel. Aux termes de ce modèle, le ou un environnement particulier. » Dans


style de leadership utilisé dépend principale- Management of Organizational Behavior, Hersey
ment de la maturité des exécutants. et Blanchard suggérèrent que la modification
En résumé, la substance de ces études et précédente de la définition donnée par l’ar-
théories reflète une évolution progressive mée de l’Air pourrait être appropriée. Ils
d’un style de leadership autoritaire basé sur notèrent qu’« il n’y a pas de style ou stimulus
une orientation vers la théorie X à une orien- de leadership supérieur aux autres. Tout style
tation démocratique qui s’efforce de motiver de leadership peut être efficace ou ne pas
l’employé pour qu’il ait la sensation d’appor- l’être suivant la réaction qu’attire ce style dans
ter une contribution à l’organisation. Cette une situation particulière. » Ils en concluent
évolution a récemment abouti au développe- que « les études empiriques tendent à mon-
ment de la TQM et d’une armée de l’Air de trer qu’il n’existe pas de style normatif (supé-
qualité (Quality Air Force – QAF) qui s’efforce rieur aux autres). Les leaders efficaces adap-
d’émanciper l’employé. D’après la philoso- tent leur comportement pour répondre aux
phie de la qualité totale, « nos leaders doivent besoins de ceux qui les suivent et à l’environ-
faire face au défi que représentent l’inversion nement particulier. »9 (C’est moi qui insiste)
de la pyramide de l’organisation et le change- Dans son introduction à The Mask of Com-
ment du rôle du leader ou du gestionnaire mand (Le masque du commandement), John
insistant plus sur la fonction de soutien et Keegan fit allusion à une pensée similaire lors-
d’émancipation. »6 Comparé au modèle fran- qu’il parla de « la particularité du leadership »
chement autocratique des forces armées amé- ou de la nécessité d’étudier et de comprendre
ricaines dans le passé, l’approche de TQ du le leadership « dans son contexte. »10 Le
leadership est un système orienté vers les exé- modèle suivant insiste sur les éléments du lea-
cutants autant que cela est pratiquement pos- dership identifiés dans la définition donnée
sible. Le général John M. Loh, chef du com- par l’AFP 35-49 (leader, exécutant, mission)
mandement du Combat aérien (Air Combat tels qu’ils sont influencés par la situation ou le
Command – ACC) et partisan de la QAF, énonça contexte dans lequel le leadership est exercé.
le chemin que nous avons parcouru depuis le Ce sont les exécutants, pas le leader, qui
début du vingtième siècle lorsqu’il déclara à font réellement le travail et accomplissent la
propos de l’environnement de QAF que « per- mission. Même s’il se peut que le leader se
sonne dans mon organisation n’est plus salisse les mains de temps en temps, ce sont les
important que les autres. »7 exécutants qui font le travail. Ce sont égale-
ment les exécutants qui assurent au profit du
leader la remontée de l’information sur la
Le modèle de l’Ecole de progression de l’accomplissement de la mis-
guerre aérienne sion. C’est la raison, entre autres, pour laquelle
la communication entre leader et exécutants
Le modèle de l’Ecole de guerre aérienne doit circuler librement, autant que possible
est conçu pour décrire le leadership situation- sans être gênée par des obstacles administra-
nel dans un contexte militaire, bien qu’il soit tifs ni des barrières psychologiques.
applicable à d’autres circonstances. Nous pou- La communication entre leader et exécu-
vons commencer à bâtir ce modèle en exami- tants doit se faire sous forme de dialogue, pas
nant la définition du leadership. Aux termes de monologue. De nombreux spécialistes ont
de la brochure de l’armée de l’Air (Air Force suggéré que le facteur crucial de détermina-
Pamphlet – FP) 35-49, Air Force Leadership (Le tion de l’efficacité de ces rapports est la com-
leadership dans l’armée de l’Air), « Le lea- munication. « Le Congrès peut créer un géné-
dership est l’art d’influencer et de diriger les ral », fit un jour observer le général Omar
gens (les exécutants) pour qu’ils accomplis- Bradley, « mais seule la communication peut
sent la mission. »8 J’ajouterais « pour qu’ils faire de lui un commandant. »11 Comme l’a
accomplissent la mission dans une situation noté John Kline,

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La preuve de l’importance d’une communica- niveau tactique au niveau opérationnel et au-


tion efficace de la part des leaders est apportée dessus. La mission est très précise au niveau
quotidiennement dans toutes les organisations. tactique mais elle s’élargit aux niveaux plus
En fait, depuis 1938 lorsque Chester Barnard élevés de commandement. Par exemple, les
conclut que la communication représentait la officiers subalternes opèrent principalement
tâche principale des gestionnaires et des diri-
geants, l’accent a été mis sur l’amélioration des
au niveau tactique. Leurs missions sont préci-
communications dans les organisations… Non ses : bombarder un objectif, s’emparer d’un
seulement la communication redescendant la terrain et le tenir, appuyer une opération par-
voie hiérarchique est importante mais les subor- ticulière, etc.
donnés doivent maintenir leurs collègues et Par contre, les niveaux plus élevés de com-
leurs supérieurs informés. En d’autres termes, mandement ont des missions plus larges. Un
pour être efficaces, les canaux de communica- excellent exemple d’attribution de missions au
tion doivent être ouverts vers le bas, vers le haut niveau opérationnel fut la directive relative à
et dans toute l’organisation.12 l’opération Overlord donnée au général Dwight
Comme indiqué plus haut, une considéra- D. Eisenhower par les chefs de l’état-major
tion importante intervenant dans la compré- combiné : « Vous pénétrerez sur le continent
hension du leadership est les rapports entre européen et, conjointement avec les forces des
leader et exécutants. L’autre élément variable autres pays alliés, lancerez des opérations visant
important (compte tenu du fait que la mission le cœur de l’Allemagne et la destruction de ses
reste un élément fixe pour une situation parti- forces armées. »13 Le modèle nous aide à voir
culière) est la situation, l’environnement ou le que, au fur et à mesure que la situation du
contexte dans lequel le leadership est exercé. commandement passe du niveau tactique au
C’est ici où je pense que le modèle de lea- niveau opérationnel et au-dessus, l’attribution
dership de l’Ecole de guerre aérienne est le des missions devrait devenir moins précise.
plus utile dans la mesure où il nous aide à com- Le modèle nous permet de visualiser les
prendre la façon dont la dynamique des changements affectant l’interaction entre le
rapports de commandement change au fur et leader et les exécutants au fur et à mesure que
à mesure que la situation évolue. C’est la raison les niveaux de leadership changent. Au fur et
pour laquelle l’élément situation de ce modèle à mesure que le commandant s’élève au-des-
englobe tous les autres éléments. Nous exami- sus du niveau tactique, le nombre de person-
nerons les diverses situations suivantes : nes dont il est responsable augmente. C’est la
raison pour laquelle son interaction avec les
1. Les niveaux auxquels le leadership est troupes devient de moins en moins directe. Par
exercé. exemple, le nombre relativement faible de
personnes appartenant à un escadron permet
2. Le commandement en temps de paix
au commandant d’escadrille et même au chef
comparé à celui des opérations en temps
d’escadron d’avoir une interaction fréquente
de guerre.
et directe avec son personnel. Pour parler
3. La direction d’un état-major comparée d’un problème, il suffit au commandant de se
au commandement des unités opéra- servir de l’interphone ou d’aller voir la per-
tionnelles. sonne chargée de la tâche à accomplir.
Toutefois, lorsqu’un officier devient com-
4. Une comparaison du commandement mandant d’escadre aérienne ou lieutenant
d’une Arme, de forces interarmées et colonel ou au-dessus, il devient inévitable-
multinationales. ment isolé et la communication est alors
moins directe et passe de plus en plus par des
Niveaux de leadership intermédiaires. Les commandants les plus
efficaces se sont efforcés de limiter l’effet de
Le leadership varie au fur et à mesure que ce phénomène d’isolation en rendant visite à
le niveau de commandement s’élève du leurs troupes sur le champ de bataille aussi

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souvent que possible. Robert E. Lee fut capa- celui-ci et un chef de bataillon mène ses hom-
ble de maintenir des rapports extraordinaires mes au combat. Lorsque le commandement
avec ses troupes même pendant son service en est exercé aux niveaux plus élevés, le techni-
tant que commandant opérationnel. De cien devient un généraliste qui se soucie
même, le général Omar Bradley et le général moins des opérations au niveau tactique et
George Patton faisaient sentir leur présence plus de l’application plus large de la puissance
parmi les soldats qu’ils dirigeaient. Même le militaire aux niveaux stratégiques.
distant Napoléon fit l’effort d’être visible pour
ses fidèles en distribuant des récompenses et
en rendant visite à ses troupes sur le champ de Et après ?
bataille. Le principe mis en pratique par ces Qu’est ce que tout cela signifie pour le chef
leaders aux échelons les plus élevés s’applique
militaire ? Sur la base de ce qui précède, nous
également aux niveaux inférieurs. Les leaders
pouvons opérer cinq généralisations sur le com-
les plus efficaces d’aujourd’hui sont haute-
mandement au niveau tactique et au-dessus.
ment visibles.
Par contre, les leaders qui, au fur et à 1. Votre style de commandement devrait
mesure qu’ils s’élèvent au-dessus des niveaux probablement changer lorsque vous pas-
de leadership inférieurs et plus directs, s’ef- sez du grade de capitaine à celui d’offi-
forcent de maintenir la même interaction cier supérieur et au-dessus. On peut dire
avec les exécutants et le même contrôle de que le style dominateur de commande-
l’accomplissement des missions sont appelés ment pour les officiers en milieu de car-
gestionnaires tatillons. La gestion tatillonne est rière combine donner des ordres, faire accep-
peut-être la maladie la plus pernicieuse et la ter et participer suivant la maturité des
plus répandue au sein du commandement au- exécutants. On peut également noter à
dessus du niveau tactique. juste titre que les styles de commande-
Au lieu de se livrer à une gestion tatillonne, le ment consistant à faire accepter et don-
leader a besoin de devenir un spécialiste de ce ner des ordres sont moins courants
que j’appellerais la régulation du climat. Le leader aujourd’hui par suite des effets d’émanci-
efficace à l’échelon supérieur assure la régula- pation de la QAF. Au fur et à mesure que
tion du climat régnant dans l’organisation en nous intégrons nos plus jeunes aviateurs
veillant à ce que sa vision, ses valeurs et sa vitalité à des équipes d’évaluation des processus
imprègnent celle-ci. Il obtient ce résultat en (Process Action Teams – PAT) et sollicitons
définissant sa vision de l’organisation, en la pré- leur contribution lors de la prise des déci-
sentant de façon à ce que tout le monde puisse sions de production et d’opérations, les
la comprendre et en transmettant ce message styles de commandement S1 et S2 se limi-
de façon répétée par divers moyens. Le concept teront plus ou moins à l’entraînement de
de régulation du climat inclut la délégation des base et à d’autres tâches de routine très
tâches et l’attribution aux subordonnés des structurées.
moyens d’accomplir la mission.
Les changements qui affectent la mission et 1. L
 orsque vous arrivez à des positions de
les exécutants et sont associés à l’élévation au- commandement à des échelons plus éle-
dessus du niveau tactique imposent également vés, la maturité des exécutants (ligne hori-
certains changements au commandant. Le zontale du bas) augmente. Cette maturité
commandant au niveau tactique est principa- accrue est associée au comportement
lement un technicien, un praticien, qui parti- moins satisfaisant d’exécution des tâches.
cipe effectivement à une opération. Par exem- Cela veut dire qu’au-dessus du niveau de
ple, au niveau tactique un commandant l’unité, vous vous occupez moins de char-
d’escadrille ou chef d’escadron pilote un ger le personnel d’exécuter des tâches et
aéronef, un officier de sous-marin dirige la comptez sur lui pour mener celles-ci à
navigation et l’emploi du système d’armes de bien avec un moindre contrôle.

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1. Au fur et à mesure que le comportement sation et il est moins au courant de ce qui
d’exécution des tâches devient moins se passe vraiment. En conséquence, les
satisfaisant, il s’accompagne d’une dimi- décisions prises au-dessus du niveau tacti-
nution de l’interaction (ou du comporte- que le sont fréquemment avec une partie
ment de communication) du leader à seulement des informations nécessaires.
l’échelon le plus élevé avec les exécu- Dans son livre Taking Charge (Prendre la
tants. D’après Hersey et Blanchard, tout direction des opérations), le général
cela signifie que votre style de comman- Perry Smith se réfère à ce fait comme la
dement devrait passer de la participation « règle des 60 pourcent », qui signifie
(le style le plus courant au niveau de qu’un commandant prend une décision
l’unité) à la délégation (le style que les quand 60 pourcent des informations uti-
commandants au-dessus du niveau de les sont disponibles.15 C’est souvent une
l’escadron devraient adopter).14 décision difficile à prendre pour le com-
mandant qui passe à l’échelon supérieur
2. Dans la mesure où les exécutants qui tra- parce qu’elle implique des risques. Il
vaillent pour un commandant sont plus s’agit, à bien des égards, d’un acte de foi
nombreux au-dessus du niveau tactique, mais c’est une décision qui doit être prise
il aura moins de contacts directs avec la parce que, si elle ne l’est pas, la consé-
majorité d’entre eux. Par exemple, l’offi- quence sera au mieux l’inefficacité, au
cier responsable (Officer In Charge – OIC) pire la paralysie.
d’un escadron d’entretien a entre 50 et
100 personnes travaillant pour lui. Ces 5. Au-dessus du niveau tactique, la vision
subordonnés ont de fréquents contacts devient plus importante. La vision est
directs avec leur supérieur. Le résultat essentiellement la capacité de voir l’avenir.
est qu’il est relativement facile de com- D’après Warren Bennis et Burt Nanus :
muniquer des valeurs, des objectifs et des
conseils. Par contre, lorsque l’officier en 5. P
 our choisir une direction, un leader doit
milieu de carrière d’aujourd’hui devient d’abord avoir créé une image mentale de
l’officier supérieur de demain, le nom- l’état futur possible et souhaitable de l’or-
ganisation. Cette image, que nous appe-
bre accru de ses subordonnés rendra lons vision, peut être aussi vague qu’un
les contacts directs fréquents difficiles et rêve ou aussi précise qu’un objectif ou un
finalement impossibles. En conséquence, énoncé de mission. Le point crucial est
un commandant à l’échelon le plus élevé qu’une vision exprime une vue d’un autre
a pour responsabilité significative la créa- avenir réaliste et crédible pour l’organisa-
tion de l’atmosphère opérationnelle et tion, une situation meilleure d’une façon
morale appropriée dans laquelle chacun ou d’une autre que celle qui existe
sait ce qu’on attend de lui – la régulation aujourd’hui. Une vision est un objectif
du climat. vers lequel on se sent attiré.16

3. Le commandement au-dessus du niveau La vision du commandant en milieu de car-


de l’unité doit devenir moins direct, moins rière est à court terme. A un extrême, un capi-
technique. Le commandant ne doit pas taine ou commandant engagé dans un combat
perdre de vue la mission accomplie par peut devoir concentrer 100 pourcent de son
l’unité mais il a maintenant plus du géné- attention sur la prochaine mission. Dans des
raliste qui abandonne les détails de l’opé- circonstances normales, les limites extrêmes
ration à ceux qui sont les plus familiarisés de la vision d’un commandant au niveau de
avec les opérations quotidiennes. l’unité ne vont probablement pas beaucoup
plus loin que l’exercice financier. Lorsque les
4. Lorsque l’individu s’élève au-dessus du commandants s’élèvent au-dessus du niveau
niveau de l’unité, le commandant se tient tactique, toutefois, le bloc de temps pour
plus loin de la zone d’activité de l’organi- lequel ils doivent planifier s’allonge considé-

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rablement. Dans son article “Building Strategic la dynamique du commandement. En règle


Leadership for the 21st Century” (Etablir un com- générale, la mission est plus cruciale en temps
mandement stratégique pour le 21e siècle), le de guerre et les conséquences d’un échec sont
commandant Roderick R. Magee note que potentiellement tragiques. Une unité qui n’ac-
complit pas sa mission du temps de paix peut
L’une des principales responsabilités du com-
mandement stratégique est de se préparer aux échouer à une inspection de l’état de prépara-
10 à 20 années qui viennent et de déterminer les tion opérationnelle (Operational Readiness Ins-
missions qu’il sera demandé à l’armée d’accom- pection – ORI) ou voir son commandant limogé.
plir et, par conséquent, ce que devra être sa Par contre, l’opération Desert One, Gallipoli,
structure pour atteindre les objectifs nationaux. l’absence du général J. E. B. Stuart à Gettysburg
Tout le monde reconnaît que la vision est un et le désastre allié à la passe de Kasserine sont
facteur clé du succès et de la survie d’une orga- des exemples des conséquences tragiques de
nisation. C’est bien entendu au commandement l’échec d’une mission du temps de guerre.
stratégique qu’il incombe d’établir la vision.17 En temps de guerre, l’état mental des exécu-
La création d’une vision stratégique à long tants acquiert une plus grande signification
terme pour l’organisation exige du comman- dans la mesure où la crainte rend l’accomplis-
dement qu’il traite de questions plus comple- sement de leurs tâches plus difficile. Les com-
xes, conceptuelles et abstraites que les préoccu- mandants doivent prendre ce facteur en consi-
pations tactiques d’un commandant d’unité. A dération lors du passage de la paix à la guerre.
cet égard, le commandement est une activité Pour tenir compte de la crainte et de l’impor-
plus intellectuelle. Clausewitz exprima une opi- tance accrue que revêt l’accomplissement de la
nion similaire lorsqu’il dit « Chaque niveau de mission, il est normal qu’il puisse s’avérer
commandement a sa propre norme intellec- nécessaire pour les commandants de devenir
tuelle. »18 Le commandant Magee se réfère à la plus autoritaires. Le film Twelve O’clock High,
théorie des systèmes stratifiés (Stratified Systems que l’on étudie dans divers établissements
Theory – SST) de Jacques et Jacob pour faire la d’enseignement professionnel militaire, illus-
même remarque. tre ce point. Rappelez-vous que le général
Il note : Savage prit le commandement d’une escadre
de bombardiers de la seconde guerre mondiale
Une des bases de leur modèle (SST) est que la dont les équipages souffraient d’un mauvais
complexité cognitive augmente de façon hiérar- moral dû aux pertes subies au combat. Pour
chisée lorsqu’on s’élève dans l’organisation et rétablir la situation, le nouveau commandant
que la complexité cognitive du leader doit cor-
adopta un style de commandement très autori-
respondre à ce qu’exige son niveau dans l’organi-
sation. D’après la SST, on peut penser à la com- taire. L’accent mis de nouveau sur une disci-
plexité cognitive en termes de « différenciation pline stricte et l’hostilité que cela entraîna vis-à-
et d’intégration ». La complexité associée au vis du chef exigeant conduisirent à un meilleur
niveau dans l’organisation ou aux couches de accomplissement des missions et en fin de
celle-ci est basée sur la durée du rôle du leader.19 compte à un meilleur moral.
Pour éviter que nous tirions trop d’ensei-
gnements de l’exemple qui précède, je sug-
La situation : Paix ou guerre ? gère qu’un style autoritaire ne constitue pas
une réaction automatique à un environne-
Ce qui précède avait principalement pour ment de combat. Dans des circonstances nor-
but d’aider les commandants à comprendre en males, un commandant ne changera pas son
quoi l’équation du commandement change au style simplement parce que les balles sifflent
fur et à mesure que le commandant passe du autour de lui. Cela dépend de la situation et
commandement tactique aux niveaux plus éle- du commandant.
vés. Le modèle peut également servir à exami- Si nous examinons de nouveau le modèle,
ner d’autres situations de commandement. nous pouvons faire quelques observations sur
L’environnement du temps de guerre affecte l’interaction entre commandant et exécutants

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dans un environnement de combat. Pendant Commandement interarmées


les opérations du temps de paix, cette interac-
tion est complexe et difficile. En temps de et multinational
guerre, elle est encore plus difficile dans la Une autre variation de l’équation de com-
mesure où elle est exacerbée par le brouillard mandement qui deviendra de plus en plus
et la friction de la guerre. L’observation bien importante dans l’environnement d’aujourd’hui
connue de Clausewitz s’applique : concerne la composition des forces amies. Une
opération dans laquelle n’intervient qu’une seule
Si on n’a jamais fait personnellement l’expé- Arme est relativement aisée à coordonner dans la
rience de la guerre, on ne peut comprendre en mesure où la mission est exécutée par des gens
quoi consistent réellement les difficultés de même sensibilité. Leur interaction est facilitée
constamment mentionnées ni pourquoi un par un même vocabulaire et une orientation
commandant devrait faire preuve d’un génie commune vers leur méthode particulière de
quelconque ni de facultés exceptionnelles…
combat. Lorsqu’on intègre des membres d’une
Tout est simple dans la guerre mais la chose la
autre Arme, toutefois, il est nécessaire de tenir
plus simple est difficile. Les difficultés s’accu-
compte d’autres considérations et sensibilités.
mulent et finissent par produire un genre de
Les différences en termes de doctrine et de
friction qu’on ne peut concevoir si on n’a pas
méthodes opérationnelles entre les Armes non
fait l’expérience de la guerre.20
seulement créent des obstacles à la collaboration
Examinons maintenant une question liée à mais peuvent également avoir un effet nuisible,
l’opposition entre guerre et paix. Lorsque voire même fatal, sur les opérations. A titre
nous passons à un modèle de commandement d’exemple, on pourrait réfléchir aux difficultés
plus axé sur les exécutants et l’émancipation en qui apparurent par suite de divergences doctri-
temps de paix tel que la TQM, des pièges nales entre les commandants des composantes
potentiels nous attendent lorsque nous som- terrestre et aérienne de l’armée en Afrique du
Nord pendant la seconde guerre mondiale.
mes engagés dans des opérations de combat.
En outre, les rivalités interarmes ont com-
L’objectif fondamental de l’entraînement de pliqué l’accomplissement des missions et
base au fil des ans a été de briser la mentalité continueront de le faire. La compétition
civile de l’individu qui se montre naturelle- opposant le général Douglas MacArthur à
ment réfractaire à l’obéissance sur le champ l’amiral Ernest J. King et à l’amiral Chester W.
de bataille aux ordres dont les conséquences Nimitz sur le théâtre du Pacifique pendant la
sont potentiellement très graves. Lors de l’en- seconde guerre mondiale conduisit à une
traînement de base, nous remplaçons la men- coordination loin d’être optimale des opéra-
talité civile par la discipline militaire, qui tions. Par contre, le général Omar Bradley, de
implique une soumission instinctive à un style l’armée de Terre, et le général Elwood R.
de commandement autoritaire. Le dessein de Quesada, des forces aériennes, collaborèrent
la QAF est juste le contraire. Elle cherche à d’une façon satisfaisante.
transférer le pouvoir du commandant à ses La situation devient encore plus complexe
subordonnés, à solliciter des idées et perspec- lorsque des alliés interviennent. En plus des
tives auprès des exécutants dans un environ- différences en termes de doctrine et de ser-
vice, les différences culturelles et historiques
nement très convivial et sans danger. Dans la
rendent les efforts de coordination des opéra-
QAF, comment réagira l’exécutant auquel tions multinationales plus difficiles. Dans son
tous les principes de celle-ci ont été inculqués article “Staff Experience and Leadership Develop-
et qui a été totalement émancipé si le com- ment” (Expérience de l’état-major et dével-
mandement de l’unité adopte un style plus oppement du commandement) publié dans
autocratique lors du combat ? C’est un pro- le Airpower Journal, le général John Shaud nota
blème que les futurs commandants, en parti- que « les chances d’affectation à l’état-major
culier au niveau de l’unité, doivent aborder. d’une coalition interarmées dans le monde

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64   AIR & SPACE POWER JOURNAL  

de l’après-guerre froide ont décuplé. »21 Il Curieusement, le mauvais caractère de Schwarz-


servit en qualité de chef d’état-major du com- kopf contribua également à étouffer les chamaille-
mandant suprême des forces alliées en Europe ries interarmes, en unifiant des rivaux naturels,
(Supreme Allied Commander, Europe – SACEUR) sous une crainte partagée. En outre, il épargna
prudemment aux alliés sa colère. C’est là qu’il se
jusqu’à une date récente et fit l’observation
montra le plus compétent dans la fonction pour
suivante sur la base de cette expérience : laquelle on le présumait le moins bien préparé par
Dans l’état-major de la coalition, comme c’est le sa formation et son tempérament : rassembleur
cas de tout nouveau poste de commandement… et maître d’une gigantesque coalition formée de
ma mission principale consistait à coordonner troupes de trois douzaines de pays.24
les activités de l’état-major… En plus de ce que
cela pourrait normalement impliquer, je me
suis aperçu que je devais en outre être un négo- Direction d’un état-major comparée au
commandement opérationnel
ciateur, un diplomate, un maître exigeant et un
chef de claque. J’ai également appris qu’à l’état- Une dernière situation de commandement
major du SHAPE (ainsi que dans la plupart des que nous pouvons examiner est la différence
états-majors de coalition), certains des facteurs entre l’environnement d’état-major et celui
les plus importants à prendre en considération
étaient la réalisation des différences culturelles
d’opérations – un problème clé pour les offi-
et linguistiques intrinsèques et la possession ciers en milieu de carrière s’élevant au-dessus
d’un solide sens de l’histoire.22 du niveau de l’unité pour la première fois. Les
commandants des unités opérationnelles sont
L’alliance de l’Axe lors de la seconde probablement plus efficaces s’ils se conforment
guerre mondiale offre un exemple des désa- au style de commandement héroïque, alors
vantages de la guerre en coalition. L’Allema- que le style d’un chef d’état-major est à juste
gne se retrouva entraînée dans une campagne titre plus bureaucratique et participatif. L’inte-
en Afrique du Nord et dans le combat en raction entre commandant et exécutants est
Grèce par son allié italien dont les forces, de principalement verbale et informelle dans un
l’avis des généraux allemands Albert Kes- environnement opérationnel mais devient plus
selring et Erwin Rommel, se montrèrent inca- formelle et par écrit dans l’état-major. De
pables.23 Par contre le style collégial et conci- même, les exécutants sont plus sophistiqués
liant de commandement d’Eisenhower fut dans l’environnement d’état-major et la mis-
une des clés du succès de l’opération Overlord. sion réside plus dans le domaine de la politique
Il est douteux qu’un style de commandement et des plans. Dans l’armée de l’Air, plus on
comme celui de Patton aurait réussi. s’écarte de la ligne de vol, plus il est difficile
La sensibilité du général H. Norman pour le commandant de garder les exécutants
Schwarzkopf à la culture arabe, acquise lors focalisés sur le pilotage et le combat, ainsi que
de son enfance en Iran, représenta un facteur de promouvoir les valeurs institutionnelles plu-
important dans la création de la coalition tôt que professionnelles.
pendant la guerre du Golfe Persique. Norman James Stokesbury a appelé le leadership le
la tempête est peut-être le parfait praticien du plus déroutant des arts et ceux d’entre nous
commandement situationnel souple de coali- qui appartiennent aux forces armées en
tion lors du passé récent. Dans Crusade (La conviendraient certainement. Au même
croisade), Rick Atkinson décrit Schwarzkopf moment, les programmes d’études de nos
comme un tyran, un autocrate braillard, gros- établissements d’enseignement professionnel
sier envers les membres américains de la coa- militaire sont conçus pour rendre l’art du
lition. Au même moment, il se montrait diplo- commandement moins déroutant pour le
mate et conciliant vis-à-vis de la plupart des militaire professionnel. Le modèle de lea-
alliés. On peut se demander si ce n’était pas dership situationnel de l’école de guerre
précisément le style de commandement qui aérienne décrit plus haut représente, je crois,
était nécessaire pour que la coalition ne se un cadre utile pour évaluer les commandants
désintègre pas. Comme l’observa Atkinson, et leur commandement dans leur contexte.

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LEADERSHIP SITUATIONNEL   65

Dans un monde en évolution rapide, cette giques sans précédent, des évènements qui se
vision du commandement peut également déroulent dans un monde en évolution rapide
vous aider à adapter votre style de commande- et du raccourcissement des cycles d’évolution
ment à la situation lorsque vous êtes affecté à de la société, le besoin d’un commandement
des échelons de commandement plus élevés. mettant l’accent sur la souplesse et l’émanci-
Compte tenu des développements technolo- pation est plus grand que jamais. ❑

Notes
1. Dans son article “The User of Leadership Theory” (L’uti- 9. Hersey et Blanchard, 102.
lisateur de la théorie du leadership), (Michigan Business 10. Ibid., 103.
Review, janvier 1973), James Owen définit le style de lead- 11. John Keegan, The Mask of Command (Le masque du
ership bureaucratique en termes que nous pouvons tous commandement), (Middlesex, Grande-Bretagne: Penguin
comprendre. Le leadership héroïque ou charismatique est Books, Ltd., 1987), 1–4.
plus difficile à identifier. Dans son livre Leadership, James 12. Omar Bradley, A Soldier’s Story (Histoire d’un sol-
MacGregor Burns nota que l’expression leadership charis- dat), (New York: Henry Holt and Co., 1951), 474.
matique peut signifier « un lien émotif entre leader et 13. John Kline, “Communications for the Leader” (Com-
exécutants ; l’idée courante selon laquelle un leader est munications pour le commandant), in AU-24, Concepts for
fort, omniscient et vertueux ; l’attribution d’énormes pou- Air Force Leadership (Concepts de commandement pour
voirs surnaturels aux leaders (religieux ou civils, ou aux l’armée de l’Air), sous la direction de Richard I. Lester et
deux) et tout simplement l’apport à un leader d’un sou- A. Glenn Morton (Maxwell AFB, Alabama Air University
tien populaire frisant l’amour. » Le sens dans lequel j’uti- Press, 1990), 261.
lise l’expression leadership héroïque ou charismatique 14. Hersey et Blanchard, 236–37.
implique un style de leadership reflétant une forte person- 15. Perry M. Smith, Taking Charge: A Practical Guide for
nalité qui inspire les exécutants et les encourage à accom- Leaders (Prendre la direction des opérations : Un guide
plir des exploits extraordinaires. Dans ce sens, il est très pratique à l’intention des commandants), (Washington,
semblable à la définition donnée par Morris Janowitz dans D.C.: National Defense University Press, 1986), 108.
The Professional Soldier (Le soldat de métier) aux termes de 16. Warren Bennis et Burt Nanus, Leaders: The Strate-
laquelle le commandant héroïque perpétue le type du gies for Taking Charge (Leaders : Les stratégies de prise de
guerrier, l’officier à cheval qui incarne l’esprit martial et le la direction des opérations), (New York: Harper and Row,
thème de la bravoure personnelle 1985), 89.
2. Paul Hersey et Kenneth Blanchard, Management of 17. Commandant Roderick R. Magee, “Building Stra-
Organizational Behavior: Utilizing Human Resources (La ges- tegic Leadership for the 21st Century” (Etablir un commande-
tion du comportement de l’organisation : Utilisation des ment stratégique pour le 21e siècle), Military Review,
ressources humaines), (Englewood Cliffs, New Jersey: février 1993, 39.
Prentice-Hall, Inc., 1982), 86. 18. Carl von Clausewitz, Vom Kriege, De la guerre,
3. Ibid., 85. adaptation et traduction anglaise de Michael Howard et
4. Ibid. Peter Paret (Princeton, New Jersey: Princeton University
5. Ibid., 152. Suivant l’édition de leur ouvrage, il se Press, 1976), 111.
peut que vous rencontriez différents termes utilisés pour 19. Magee, 37.
décrire le modèle de Hersey et Blanchard. Leurs signifi- 20. Clausewitz, 119.
cations sont néanmoins essentiellement les mêmes. 21. Général en retraite John Shaud, USAF, “The Staff
6. The Quality Approach (L’approche qualité), publié Experience and Leadership Development” (L’expérience de
par le Air Force Quality Center, Maxwell AFB, Alabama, l’état-major et le développement du commandement),
II-7. Airpower Journal 7, n° 1 (printemps 1993) : 9.
7. Général Mike Loh, allocation prononcée à l’occa- 22. Ibid.
sion du lancement du mois national de la qualité, Hamp- 23. Norman Polmar et Thomas Allen, World War II:
ton Roads Quality Council, Hampton, Virginie, Holiday America at War (La seconde guerre mondiale : l’Amérique
Inn, 1er octobre 1992. en guerre), (New York: Random House, 1991), 537.
8. Brochure de l’armée de l’Air (Air Force Pamphlet – 24. Rick Atkinson, “Desert Storm’s Angry Caesar” (Le
AFP) 35-49, Air Force Leadership (Le leadership dans l’ar- César colérique de l’opération Desert Storm), Washington
mée de l’Air), 1985, 2. Post National Weekly, 4–10 octobre 1993.

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