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Situation de l’extrait :
Bajazet est une tragédie de Jean Racine écrite en 1671 et publiée et jouée l’année
d’après. Elle arrive après les premières grandes tragédies de Racine telles
qu’Andromaque en 1667 ou encore Britannicus en 1669. Bajazet traite principalement de
la question de culpabilité et de la jalousie, au sein des relations amoureuses et de
pouvoir. Cette pièce se déroule à l’époque moderne et dans un environnement oriental
contrairement aux standards de l’époque (occidentale et moderne). On y retrouve donc,
l’écrasement du héros, en opposition au théâtre de Corneille.
Ainsi, Bajazet est une tragédie en 5 actes centrée sur le personnage éponyme autour
duquel s’articulent plusieurs intrigues amoureuses. Cette situation se complexi e et ne
pourra se nir que tragiquement. La pièce se déroule à Byzance, dans le sérail du Sultan
Amurat parti à la guerre. Le grand vizir Acomat s’est donc vu con er le gouvernement de
la ville, et Roxane, la favorite du Sultan Amurat, dirige le sérail, et a notamment droit de
vie ou de mort sur Bajazet, le frère du sultan, vivant prisonnier au sein du palais.
Alors qu’une annonce d’une possible future mort de Bajazet court, ce dernier doit au plus
vite se marier avec Roxane pour prendre le pouvoir avant le retour d’Amurat. Cependant,
Roxane doutant de la réciprocité des sentiments de Bajazet souhaite que celui-ci fasse la
demande. La tristesse d’Atalide crée la tension autour de cet évènement. Bajazet esquive
le mariage, ce qui pousse Roxane à le promettre à la mort. Atalide, dans la scène 5 de
l’acte II que nous allons étudier, va donc tenter de le convaincre de changer d’avis a n de
le garder en vie.
Lecture de l’extrait
Introduction de l’exposé :
Après l’avoir lu, on est dans un premier temps frappé par la forte sensibilité d’Atalide. En
e et, pleine de désespoir, elle laisse place à un torrent d’émotions au sein de ses longues
paroles envers Bajazet, celles-ci étant accentuées par la tournure tragique que prend la
scène, notamment de par son contexte et son enjeu.
On note aussi le retrait énormément marqué de Bajazet dans cet extrait qui est presque
un monologue d’Atalide dans le but de convaincre Bajazet d’épouser Roxane. Cette
décision d’Atalide nous marque en tant que lecteur car elle est révélatrice de l’amour de
cette femme pour Bajazet.
Ainsi, on peut se demander en quoi les sentiments ont-ils un rôle clé dans cet
extrait et dans quelles mesures sont-ils exprimés?
Le texte s’articule en trois parties. Il débute avec la réponse spontanée d’Atalide
exposant la situation de son point de vue et les réactions soudaines qu’elle peut avoir de
« Et je vous quitte » (v.760) à « que vous me prépariez » (v.768). Ensuite, se met en place
un développement du ressentiment et des sentiments d’Atalide dans le but de convaincre
Bajazet de « Ô Ciel ! » (v.769) à « et la mienne » (v. 785). En n, on observe une sorte de
résolution du problème initial qui amène à une n contradictoire de « Eh bien ! » (v. 786) à
« pour vous sauver » (v.792)
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Développement :
- v.760: Bajazet « et je vous quitte » et Atalide « moi je ne vous quitte pas » => répétition.
Construction miroir => conclusion de l’un et introduction de l’autre.
- v.760 : « Moi » => souligne, accentue son opinion, ses pensées contraires à celles de
Bajazet. Derrière ce moi il y a volonté de développer ce qui suit.
- v.761 : Mise en place tension dramatique dès le début de ses paroles => répétition du
verbe de mouvement « venez », accélération, pression autour de ce que doit dire
Atalide => s’ensuit de « je vais vous y conduire » => référence au vers 759 « je vais
trouver Roxane de ce pas ».
- V.761 : « Cruel » => Atalide utilise ses sentiments pour exprimer ce qu’elle ressent, elle
décrit en un seul mot la vision qu’elle a de Bajazet à ce moment là : « Qui est indi érent
à la sou rance ou aux malheurs d’autrui ».
- V.761 : trois virgules séparent trois mots isolés, utilise plusieurs mots courts =>
spontanéité de la réaction.
- V. 762 : « nos secrets » => tension autour de ce qu’elle s’apprête à dire. « nos secrets »
fait écho à la relation secrète qu’entretiennent les deux personnages.
- V.763-764 : trois sentiments presque contraires sont exprimés en deux vers : « pleurs »
et « furieux » (v.763) et « plaisirs » (v.764) => tempête émotionnelle que fait subir cette
nouvelle à Atalide.
- V.763 : de « cruel » précédemment elle passe à « mon Amant » => reprise partielle de
ses émotions.
- v.763 : il est furieux, elle est « en pleurs », Atalide est écrasée dans cette situation.
- V.764 : émotions d’Atalide représentée par cette métaphore : « expirer à mes yeux ».
On peut le comprendre dans le sens « s’éteindre » mais aussi comme « laisser
s’échapper », dans cette spontanéité émotionnelle, elle exprime le souhait de le voir
vivant.
- v.765 : « Roxane », en début de vers pour mettre en évidence le sujet et ses propos.
- v.765 : « malgré » => répétition accentuant le côté tragique => ils subissaient.
- V.765 : « nous joindra l’un et l’autre » => accentuation joindre + l’un et l’autre =>
accentuer faire peser la menace du sort qui leur est réservé.
- V.766 : CL de la terreur => « soif de sang » (v. 766), « e rayés » (767), « sanglant » (768).
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- V.768 : elle conclut en le désignant coupable de sa prétendue mort « spectacle
sanglant » => VOUS me prépariez.
- V769 : réaction courte, coupée par Atalide avec le rappel de « Cruel » en début de
phrase. Interpelle Bajazet et le spectateur. Retour à la réalité de la situation par rapport
à ses précédentes paroles.
- V.770 : Une nouvelle fois elle utilise la comparaison avec Bajazet pour lui faire
comprendre sa pensée, « moins que vous ».
- V.770 : CL des sentiments « jalouse », « cruel » (v.769), « rougeur » (v.772) => Atalide
s’exprime par les sentiments.
- V.772 : « me déceler », tension autour de l’amour secret des deux personnages, qui ne
doit être découvert par Roxane.
- V.772 : personni cation de la rougeur pour montrer l’intensité de celle-ci aka son
amour.
- **** : « perte » => notion de décès déjà évoqué qui fait écho au registre tragique de la
scène.
- V.774 : « Ingrat » => processus similaire à « cruel » => sens « Qui ne reconnaît pas, qui
ne rend pas l'amour qu'on lui porte.»
- V.775 : Atalide se met à la place de Bajazet dans le but de ne pas le faire se sentir
coupable de ce qu’il devrait faire selon elle.
v.783 : imagination du calme de Roxane. À raison de s’être calmée, Atalide calme les
souhaits de Roxane qu’elle imagine.
**** : Avant => assurait les choses // ce vers => « peut-être », « espoir » => nuances.
V.784 => cette phrase est une périphrase de la paix. Paix qu’Atalide fait avec elle même
avant d’annoncer la conclusion à Bajazet.
*** : Le nom par lequel elle appelle Bajazet change : « seigneur », mélioratif, positif,
semble avoir fait la paix.
- V.786 : «Eh bien ! », montre la situation inattendue à laquelle fait face Bajazet, il en est
surpris.
- V.789 : « Allez » : en début de vers, court, met l’accent sur cette action. + répétition
v791. Tension dans l’urgence de l’action.
- **** : motif de cette urgence => secret de l’amour entre Atalide et Bajazet : « je ne dois
point paraître ». Image claire d’une éclipse forcée d’Atalide. « je n’ose m’y trouver »
v.791.
- V.790 : rapport, comparaison d’Atalide « votre trouble ou le mien », image d’un amour
entre les deux personnages.
- v.792 : « Dites… » suspension, doute, hésitation. Atalide n’est plus du tout assurée. Il
reste cependant une positivité dans l’appellation de Bajazet « Seigneur ».
Conclusion :