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REVUE FRANçAISE DE GÊOTECHNIQUE
N" 109
4e trimestre 2004
L'objectif recherché est alors uniquement la détermi-
nation d'un rc coefficient de sécurité > global du front,
lntroduction incluant éventuellement les renforcements ou pres-
sions de confinement. Mais, outre les difficultés d'appli-
cation des nombreuses méthodes à la disposition des
-
W,'i/liÏ'#- ingénieurs, qui les laissent parfois perplexes devant la
très grande disparité des résultats selon les méthodes
Contexte général utilisées, de telles approches ne permettent en aucun
cas de disposer de résultats en déformations. Par
Depuis plusieurs décennies les approches de ailleurs, on ne dispose pas du recul suffisant pour éta-
dimensionnement des tunnels ont fortement évolué. A blir des corrélations entre la valeur du coefficient de
l'origine elles s'appuyaient sur des méthodes de calcul sécurité du front et des valeurs de déformations
des structures de soutènement, soumises à des charges ( acceptables )), comme cela existe dans le domaine de
de terrain évaluées à partir de calculs < à la rupture r la stabilité des talus.
telles que la formule de Terzaght De nos jours, elles
C'est pourquoi est apparue Ia nécessité de disposer
font appel à des approches en contraintes-déforma- d'outils permettant de quantifier les déformations en
tions, permettant de mieux prendre en compte les avant du front, avec pour objectifs:
mécanismes d'interaction sols-structures. Elles per-
mettent donc d'optimiser le dimensionnement des - de mieux comprendre les mécanismes notamment en
ouvrages, mais aussi d'évaluer les déformations cas de renforcement du front de taille par boulons en
induites par le creusement et donc leur effet en surface fibre de verre, technique maintenant fréquemment uti-
ou sur les ouvrages existants. lisée ;
Plus récemment, le développement des tunnels de - de mieux évaluer l'incidence de ces déformations sur
grande section en terrains meubles a conduit I'in ge- les tassements en surface;
nieur à se préoccuper fréquemment de la tenue du - enfin, de pouvoir disposer de prévisions servant de
front de taille, ceci dans le but de vérifier sa stabilité et base aux mesures sur chantier, offrant ainsi un outil
de dimensionner des méthodes confortatives. Ces d'aide à la décision lors de l'utilisation de la méthode
méthodes incluent notamment le confinement du front observationnelle pour le suivi des extrusions mesurées
de taille en cas d'utilisation de boucliers, ou le renfor- sur le chantier.
cement de ce front avec des boulons longitudinaux en Il s'agit ainsi de pouvoir faire des approches en
fibre de verre, technique dont l'application devient fré- contraintes-déformations, comme on le fait couram-
quente pour les grands tunnels creusés par les ment depuis quelques dizaines d'années en section
méthodes traditionnelles. transversale, notamment avec l'approche convergence-
Les évaluations de la tenue d'un front de taille sui- confinement développée par Panet (1995).
vent la même évolution que celle des calculs en section
transversale. En effet, l'objectif recherché lors de la
vérification de la stabilité du front peut être double
(Clouterre II, 2002):
W
Le modèle
" extrusion
D
- dans les tunnels sous état de contrainte élevé et en
milieu non urbanisé, il convient d'assurer la stabilité du Les méthodes numériques telles que la méthode des
front, pour éviter des accidents souvent graves, mais éléments finis (EF) permettent bien sûr de telles ana-
aussi pour maintenir le terrain en état a élastique >, afin lyses en contraintes-déformations. Les calculs axisy-
de ne pas dégrader ses propriétés mécaniques métriques peuvent constituer une première approche
(Lunardi, 1997) ; d'accès relativement simple, mais présentent des limi-
tations liées aux hypothèses de base des modèles. Des
- dans les tunnels en milieu urbain, et même s'il n'y a approches plus élaborées nécessitent des calculs tridi-
pas de risque d'instabilité, on sait que les déformations
au front de taille lors du creusement participent de
mensionnels pour bien modéliser les phénomènes se
produisant au voisinage du front de taille, qui sont très
façon significative aux tassements en surface (Serra-
éloignés d'un comportement en déformations planes.
trice et Magnan, 2002). Le confinement ou Ie renforce-
Malgré le développement des outils informatiques, de
ment du front sont alors un moyen de contrô]e des
tels calculs restent encore difficiles à utiliser dans la
déformations induites sur l'environnement (Guilloux et pratique courante, surtout lorsqu'on doit prendre en
Kastner,2001).
compte l'effet du renforcement par des boulons axiaux,
car la prise en compte d'inclusions linéiques conduit à
W des modèles très lourds.
Wong et aL (1999a) ont développé une méthode
Les méthodes d'analyse de la tenue du front analytique permettant, à partir d'un certain nombre
d'hypothèses simplificatrices, une analyse en
Dans un tel contexte, les méthodes d'analyse de la contraintes-déformations avec la possibilité supplé-
tenue du front de taille des tunnels suivent un dévelop- mentaire de tenir compte d'un renforcement par bou-
pement comparable à celles des tunnels en section lons. Cette méthode, que nous appellerons dans la suite
transversale : dans un premier temps, les ingénieurs ne le modèle < extrusion D, a été intégrée dans le logiciel
se sont préoccupés que de la vérification de la stabilité TunRen(1) ' elle permet de disposer d'un outil simple
du front, par des approches < à la rupture )), depuis les d'utilisation, donnant ainsi à l'ingénieur la possibilité
approches empiriques développées par Broms et aI. d'analyser les problèmes liés à la stabilité et aux défor-
(1.967) jusqu'aux méthodes récentes faisant appel au
concept d'analyse limite (Leca et Dormieux, 1990) ou (1) Le logiciel est le résultat d'une collaboration entre ]e CNRS/ENTP
^, A/
0
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aux modélisations physiques (Chambon et Corté,1989). et Terrasol.
L-T
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mations du front de taille d'un tunnel, en l'état naturel pour un point B situé à proximité du front, la
et avec renforcement ou confinement du front. contrainte radiale est plus faible (elle diminue progres-
L'objet de cet article est ainsi, après un rappel des sivement avec la distance de B au front), et le déplace-
principes de la méthode, de présenter: ment radial devient non nul : cet état peut être consi-
déré comme équivalent à celui d'un point situé sur les
- les comparaisons faites avec des modélisations par parois d'une cavité dans laquelle existe une pression
éléments finis permettant ainsi de a valider r le modè}e
( extrusion lr, et avec des résultats d'auscultations en interne oo (t - À.) où l, varie entre 0 et 1 ;
waie grandeur pour les quelques rares cas de chantiers - à la limite, pour l" - 1.,la pression à l'intérieur de la
où des mesures fiables étaient disponibles; cavité est nulle: cet état correspond à un point C situé
sur le front; la valeur du déplacement radial u, est alors
- quelques études paramétriques ayant pour objet de la valeur calculée de l'extrusion pour le modèle de
mettre en évidence f influence des principaux para-
symétrie sphérique.
mètres sur l'extrusion du front de taille et la mobilisa-
tion de la traction dans les boulons; l'Iofa : dans le cas d'utilisation d'un bouclier exerçant
une pression sur le front pr la valeur de l'extrusion cor-
- enfin, diverses possibilités d'application du modèle :
respondante est obtenue pour un déconfinement par-
approche du coefficient de sécurité du front, effet de la
pression de confinement dans le cas d'utilisation d'un tiel \ tel que oo (1 - U = pr (cf. S 5.2).
bouclier, dimensionnement d'un renforcement par
boulons en fibre de verre. Zane en équilibre
E
Leprincipe decalcul
du modèle ( extrusioh>
Le modèle cc Extrusion r a été développé par Wong
et al. (1999a). Comme pour la méthode convergence-
confinement, diverses hypothèses simplificatrices sont
nécessaires pour développer les formulations analy-
tiques :
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un terrain de module E : 300 MPa, on observe que, lons et le terrain. Les calculs permettent ainsi de calcu-
pour un angle de frottement Q restant égal à 30o, les dif- ler la traction dans les boulons, qui est maximale au
férentes valeurs de la cohésion c du terrain conduisent front de taille. Ce dernier résultat est directement ]ié à
à des comportements variables: l'hypothèse simplificatrice d'adhérence parfaite : Dias
(1999) a en effet montré que, lorsqu'on considère que
- pour c = 1,5 MPa le comportement reste toujours élas-
tique et la valeur de l'extrusion finale (pour I - 1) vaut les contraintes de cisaillement à I'interface sol-boulons
ur = 40 mm; sont plafonnées, la traction dans les boulons est maxi-
male à une certaine distance en arrière du front.
- pour c = L MPa le comportement reste élastique pour
)'" < 0,7 et on atteint le domaine plastique pour des La figure 4 montre l'effet du boulonnage sur l'extru-
déconfinements supérieurs; la valeur finale de l'extru- sion du front de taille dans le même cas que pour la
sion est légèrement plus forte r ur = 48 mm; figure 3 :
- pour c = 0,5 MPa on atteint le domaine plastique pour - pour c : 1.,5 MPa, le comportement reste élastique et
l, > 0,4 et la valeur finale de l'extrusion est largement Ies boulons n'ont qu'un effet négligeable sur l'extrusion;
plus forte: u,: 155 mm.
- pour c - 0,5 MPa, c'est-à-dire avec une forte plastifi-
cation, le boulonnage joue un rôle significatif de réduc-
180
tion de l'extrusion, qui passe de 158 mm à 96 mm.
160
140
La figure 5 montre les efforts de traction mobilisés
F tto dans les boulons pour différentes valeurs de la cohé-
.=tsc * 0.5 MPa sion : la forte plastification observée dans le cas
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c = 0,5 MPa conduit à une mobilisation de l'effort limite
-0* des boulons T = 830 kN, tandis qu'avec une forte cohé-
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Déformations du front de taille dans un calcul EF.
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Deformations of the face in a FEM calculation. Frtrusion (rnm)
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4e T(imeslre2jj+
Le problème de cette méthode provient du fait que toplasticité avec critère de rupture de Mohr-Coulomb:
l'on ne prend pas en compte le comportement réel des T = 22 kN/m3, E = 300 MPa, c - 50 kPa, 0 = 20", V = 0.
boulons, puisqu'ils sont considérés avec leurs caracté- Les résultats sont présentés sur la figure 7 en
ristiques de résistance limite, et non par les efforts réel- termes de variation de I'extrusion en fonction de
Iement mobilisés. l'intensité du renforcement caractérisée par le nombre
Dias (1999) a montré que l'on n'obtenait des résul- de boulons au front, d'une part, pour le modèle < extru-
tats satisfaisants qu'à la condition de calculer la pres- sion l et, d'autre part, pour les modèles EF axisymé-
sion p, à partir de valeurs de traction dans les boulons triques avec les deux méthodes évoquées ci avant
To réellement mobilisées par suite des différents méca- (pression équivalente au front et cohésion renforcée).
nismes d'interaction, et qu'il a déterminées dans ses L'accord entre les différentes méthodes est excellent :
travaux par des modèles EF 3D. pour un nombre de boulons variant de 0 (front non
Le modèle Extrusion est un outil nettement plus renforcé)jusqu'à 100 boulons l'extrusion décroît de 45 à
simple pour évaluer cette traction To; dans la suite nous 20 mm environ. Au-delà de 100 boulons, l'extrusion
déterminerons donc la pression p, à utiliser dans les varie relativement peu, et Ia méthode de la cohésion
renforcée dans les calculs EF diverge quelque peu des
modèles EF axisymétriques par la relation pr-$ ,5 autres approches, vraisemblablement parce que le ter-
avec une traction To calcu]ée par le modèle ( extru- rain reste alors dans le domaine élastique (cf. ci-avant).
sion ); puis nous comparerons les valeurs d'extrusion
obtenues dans les modèles EF axis5rmétriques et avec le
modèle a extrusion l. 50
45
2) La prise en compte d'un ( noyau à cohésion ren- 4fr
ËxTRUslCIN
forcée l : la cohésion du sol dans la zone renforcée par 9*t
i2 30
les boulons est augmentée du fait du renforcement par Ezu -ffiÛdète pression au
AVCC:
c: cohésion du massif ; Résultats comparatifs pour le tunnel de
q: angle de frottement du massif ; Toulon.
Comparison of results for the Toulon tunnei.
Ao, : incrément de la contrainte mineure due aux
boulons Ao: -n.Ï^o .
5
On retrouve la même limitation que précédemment
sur l'estimation de la traction dans les boulons, évaluée
soit à partir des caractéristiques de résistances limites, soit Tunnel de Tartaiguille
à partir C'une estimation de la traction réellement mobili-
sée. Dans notre étude, la valeur de To a été prise égale aux Pour le cas du tunnel de Tartaiguille,, les caractéris-
valeurs de traction obtenues par le modèle Extrusion. tiques utilisées lors des études du projet sont les sui-
vantes:
On souligne en outre que ce principe de < cohésion
renforcée l est a priori moins performant pour modéli- - rayon du tunnel R - 7 ,4 m; profondeur de 100 m envi-
ser l'effet du boulonn age, puisqu'il n'intervient que ron, soit une contrainte initiale o0 = 2,3 MPa;
lorsqu'on atteint le domaine plastique; de ce fait, dans - comportement géotechnique moyen des terrains :
le domaine élastique, le confinement apporté par les élastoplasticité avec critère de rupture de TreSCâ :
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Tartaiguille tunnel : experimental and theoretical extrusions.
Cet outil simple d'analyse en déformation de la A partir de ces données de base, nous avons fait
tenue du front de taille d'un tunnel, incluant un renfor- varier de façon isolée les différents paramètres.
cement de ce dernier par boulonnage axial, permet
ainsi d'aborder ces problèmes avec une approche glo-
bale. Nous présentons au paragraphe 5 quelques
exemples d'utilisation de cet outil pour l'aide à la
ffi
conception des projets. Effet du rayon du tunnel
Pour un rayon de galerie R variant de 1 à B m, la
E figure 11 montre que l'extrusion varie linéairement
avec le rayon, et que la traction mobilisée dans chacun
Æalyses paramétriques des boulons est indépendante du rayon.
Ces résultats s'expliquent par le fait que, dans les for-
Nous présentons tout d'abord quelques résultats mules analyfiques de base en comportement élastique,
d'études paramétriques destinés à montrer l'évolution l'extrusion est directement proportionnelle au rayon du
de l'extrusion du front en fonction des caractéristiques tunnel, alors que la traction varie comme le rapport uorR
géométriques et géomécaniques du projet, et à mettre pour une densité de boulonnage constante.
en évidence l'influence des principaux paramètres :
f\ (module élastique de 2 000 MPa). mobilisée augmentent fortement avec la contrainte initiale.
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On remarque en particulier que l'extrusion tend
vers une valeur < infinie I pour oo ) 5 MPa avec un sol
ffi
purement cohérent (cu = 1 MPa); en notant que ce cas Effetdes paramètres c et 0
correspond à un facteur de charge N - = 5, on re-
* ffi
trouve le résultat classique sur l'instabilité du front en
milieu purement cohérent, qui est atteinte lorsque N Cas du sol purement coh,ërent
dépasse la valeur de 5 ou 6 : cette remarque sera déve-
Pour une cohésion cu variant de 1à 10 MPa, la
loppée au S 5.1 pour introduire la notion de coefficient
figure 14 montre que l'extrusion et Ia traction mobili-
de sécurité à partir de ces calculs d'extrusion.
sée ne varient que très peu lorsqu€ cu dépasse 1 MPa;
Dans le cas du critère de Mohr-Coulomb avec 0 * 0, en pratique le comportement du terrain est de type
l'extrusion augmente également avec le niveau de élastique dans ce domaine, et le critère de rupture ne
contrainte, mais garde des valeurs cr finies I : le carac- joue alors pas de rôle. Pour c,, < 0,5 MPa, l'extrusion et
tère frottant limite donc fortement le développement Ia traction dans les boulons iendent vers des valeurs
de la rupture du front, car la résistance au cisaillement n infinies l; oo se retrouve dans le cas d'instabilité du
du terrain augmente avec la contrainte moyenne. front évoqué ci-avant.
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Cas du sol cohërent-frottant
Utilisation du modèle ( exlrusion D
Pour 0 = 30'et une cohésion c variant de 0,1, à pour l'aide à la conception
10MPa, la figure 15 montre que l'extrusion et la trac-
tion mobilisée diminuent relativement peu lorsque la
cohésion augmente. En revanche l'influence de l'angle
de frottement ô variant entre 10' et 40", avec
c = 0,2MPa, est beaucoup plus marquée.
ffi
Évaluation du coefficient desécurité
au front
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ment, jusqu'à atteindre des valeurs très élevées, pluri-
de caractéristiques cu = 0,3 à 2,4MPa, soit =
^I- *-
1 à B) ; Dous avons consid éré que, conformément à
métriques, soit plus de 10 % du rayorr : on est dans le
domaine plastique.
I'expérience, le module élastique E était proportionnel à L'idée de base consiste donc, comme cela se fait
la cohésion : E = 100 - 200- 500 c,,. dans certains logiciels de calculs aux éléments finis, à
On constate eue : appliquer une procédure ( c - Q réduction ) qui consiste
- pour de fortes valeurs de la cohésion cr, c'est-à-dire à réduire progressivement la résistance au cisaillement
lorsque N reste inférieur à 4, l'extrusion reste faible et du terrain par un facteur F s'appliquant sur c et tan 0 et
varie relativement peu avec la cohésion: on reste dans à observer I'évolution de l'extrusion en fonction de F.
une phase ( pseudo-élastique ll; La figure 18 montre les résultats obtenus, pour les
- pour de faibles valeurs de Ia cohésior, c'est-à-dire mêmes données que ci-dessus et E - 480 MPa et avec
lorsque N dépasse 5 ou 6, l'extrusion augmente forte- deux critères de rupture pour le terrain, en exprimant
l'extrusion en valeur adimensionnelle n ur/R l.
Il s'agissait alors de définir une valeur conventionnelle
d'extrusion correspondant au cc coude l des courbes.
Pour cela, nous avons calé les résultats obtenus par le
E
E modèle rc Extrusion ) sur l'approche usuelle basée sur
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le facteur de stabilité l,I-# pour un milieu pure-
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100û bilité du front pour N > 5 ou 6 (Broms et al., 1967). La
comparaison entre ce critère et les résultats obtenus par
tt
v le modèle < Extrusion ) nous a conduits à considérer que
4 I'on avait rupture pour des valeurs d'extrusion relative
Facteur de Ëtâbilité N
urrR de l'ordre de quelques pour-cent. Le logiciel propose
ainsi deux valeurs conventionnelles du coefficient de
Evolution de I'extrusion en fonction de la sécurité F vis-à-vis de la stabilité du front:
cohésion.
Variation of extrusion with undrained cohesion. F, pour urzR = 2,5"Â et F, pour urlR = 5"Â
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Cetfe procédure peut bien sûr s'appliquer aussi bien
à l'évaluation du coefficient de sécurité du front en
rc
l'absence de renforcement qu'à celle d'un front ren- Dimensionnement d'un boulonnage du front
forcé par boulonnage.
Nous allons maintenant montrer de quelle façon uti-
liser le modèle Extrusion pour le dimensionnement
ffi d'un boulonnage du front de taille. Le cas considéré est
celui d'un tunnel de R = 6 m de rayon avec une
Effetd'une pression de confinement au front contrainte initiale oo = 2,5 MPa, dans un terrain de
module d'Young E - 200 MPa, et avec deux types de
Dans Ie cas de projets en sols meubles et aquifères,
critère de rupture. Les boulons en fibre de vere consi-
c'est souvent par utilisation d'un bouclier à front dérés ont une section So = 10 cmz avec une contrainte
confiné que l'on assure la stabilité du front et que l'on limite ob = 700 MPa (soit une résistance maximale de
cherche à limiter les déformations à des valeurs accep- 700 kN) et un module de déformation Eo = 20 000 MPa
tables. Le modèle Extrusion peut là encore servir d'aide (soit une raideur de 20 MN).
à la décision quant au choix de Ia pression de confine-
ment, tout en gardant à l'esprit les hypothèses simplifi-
catrices qui sont à la base du modèle (notamment le ii,.tr;l::,,W,,,,,,ffi'
champ de contraintes initial uniforme et isotrope).
Prenons l'exemple d'un tunnel de rayon R = 5 m, à Cas d'un terrain purement cohérent I
30 m de profondeur (oo - 0,6 MPa) dans un terrain c, = 0'5 MPa
sableux avec une légère cohésion (0 - 30o et c - 10 kPa)
et de module E : 50 MPa. En I'absence de pression de La figure 20a montre l'évolution de l'extrusion ur en
confinement l'extrusion u* atteint 204 mm (soit fonction de la densité de boulonnage do variant entre 0
u/R - 4"/"), c'est-à-dire que le front est < instable )) et 3 u/mz: u, vâfie de 240 à 85 mm. Si on retient le cri-
(coefficient de sécurité de l'ordre de F = 1). tère u/R - 2,5 o on note que le coefficient de sécurité
La figure 19 montre la variation de l'extrusion cal- vis-à-vis de la stabilité du front est inférieur à 1 sans
culée en fonction de la pression appliquée au front de boulons et devient égal à 1,5 pour do : 1,3 u/m2 envi-
taille; oo observe une fois de plus une différence nette ron. Toutefois les boulons atteignant leur résistance
entre :
limite tant que do reste inférieur à 2 u,/m' (cf. Fig. 20b), il
conviendrait de prévoir une densité de boulonnage
un comportement ( pseudo -elastique > pour d'au moins 2,5 à 3 v/mz. selon la marge de sécurité sou-
p1 > 150 kPa environ, avec une extrusion variant linéai-
haitée, et l'extrusion serait alors de l'ordre de B0 à
rement avec la pression appliquée: de 40 mm à 0 pour
90 mm.
p, variant de 150 à 600 kPa (cette dernière valeur cor-
respondant à la contrainte initiale o'o);
re
200
Cas d'un terrain frottant et cohërent:
175
E 150 I c=50kPaet0=250
a
I
lzs t
La figure 21,a montre l'évolution de l'extrusion ur en
:'
É 10O
\ fonction de la densité de boulonnage do variant entre 0
,g
$rg \_- et 3 v/mz: u, Vârie de 380 à 60 mm. On note par ailleurs
p
\ qu'il suffit d'une très faible densité de renforcement
't
50
\--_ (0,05 boulon /mz dans ce cas) pour réduire très rapide-
br-- ment I'extrusion ; ce comportement est caractéristique
100 2CI4 300 400 des terrains frottants.
Preeslon de conflnement pf [kPa] Avec le critère ut/R = 2,5 oÂ, on observe que le coef-
ficient de sécurité vis-à-vis de la stabilité du front est
inférieur à 1 sans boulons et devient égal à 1,5 pour
,rrg;U4Vg{1}rtÊ,'!;E"f; Évolution de l'extrusion en fonction de la do = 0,05 u/mZ environ. Toutefois Ia résistance limite des
pression appliquée au front. boulons est atteinte pour db < 0,5 u/m' (cf . Fig.21b).
Evolution of the extrusion with the confining Un dimensionnement correct consiste à prévoir une
face pressure.
densité d'environ 1 u/mz, et l'extrusion est alors de
l'ordre de 85 mm.
- un comportement plastique pour p, ( 150 kPa, avec
une extrusion qui augmente très rapidement lorsque p,
diminue.
Dans un tel cas, le choix de la pression de confi-
E
nement consistera donc à imposer une pression mini- Conclusion
male de 100 à 150 kPa pour rester dans le domaine
des ( petites )) déformations , et à ajuster ensuite la Le développement de Ia construction des tunnels en
valeur de p, en fonction de la sécurité recherchée sur pleine section, y compris en terrains meubles et sous
les déformations : pour une pression de 300 kPa, faible couverture, et avec des hauteurs du front de taille
l'extrusion n'est que de 22 mm, alors que pour une parfois très importantes, conduit les ingénieurs à analy-
pression de p, de 150 kPa elle atteint 40 mm soit près ser la tenue du front, et souvent à prévoir son renforce-
du double. ment par des boulons longitudinaux en fibre de verre.
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4e trimesïre2)}4
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0,5 1.5 2.5
0.5 1 1.5 2 2.5
tensité de boulonnage db [udrn2l
OensitÉ ds boulonnâge db fulm2l
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x12A F zto
IrJ =-z
60
Les approches existantes privilégient les analyses en (1999a), nous avons présenté une validation du modèle
stabilité, mais ne permettent guère une évaluation des à partir de comparaisons avec des modèles numériques
déformations du front. Les méthodes numériques auto- 2D et 3D et de deux cas de chantiers pour lesquels des
risent quant à elles le développement de calculs en mesures expérimentales étaient disponibles. Dans tous
déformations, mais la prise en compte correcte des ren- les cas cette comparaison a montré que, malgré ses
forcements conduit à des modèles 3D très lourds et peu hypothèses simplificatrices, le modèle < Extrusion I
utilisables dans la pratique courante. permettait de bien reproduire les phénomènes obser-
C'est pourquoi nous proposons une approche ana- vés et d'obtenir des ordres de grandeur tout à fait
lytique en contraintes-déformations, basée sur un prin- acceptables des valeurs de l'extrusion.
cipe de symétrie sphérique, et permettant d'évaluer les Enfin, nous avons développé quelques études para-
déformations d'extrusion du front, et ce même lorsque métriques, montrant l'influence des principales don-
le front est renforcé par des boulons. Cette approche nées du projet, ainsi que des exemples d'utilisation de
repose sur certain nombre d'hypothèses simplifica- la méthode pour l'aide à la conception en vLle de l'ana-
trices (notamment l'adhérence parfaite entre le sol et lyse de la tenue et du renforcement du front de tunnels:
les boulons), qui sont bien sûr à prendre en compte
dans les analyses, mais qui ne remettent pas en cause - évaluation d'un coefficient de sécurité vis-à-vis de Ia
stabilité du front de taille;
f intérêt de la méthode. On souligne notamment que
ces hypothèses sont tout à fait similaires à celles de la - effet d'une pression de confinement sur l'extrusion
méthode convergence-confinement pour les sections lors de l'utilisation de boucliers;
transversales de tunnels, dont f intérêt n'est plus à - dimensionnement d'un renforcement par boulon-
démontrer, notamment pour une aide à la conception nage.
des déformations et soutènements à prévoir sur les Nous espérons que cette méthode apportera un
parois d'un tunnel. complément aux méthodes d'analyse de la stabilité du
Après un rappel des principes et hypothèses de front de taille, qui pourra être utile à l'ingénieur
base de la méthode, développée par Wong et aI. confronté à ces problèmes.
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4e lrimeslre2004
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