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DÉCEMBRE 1961 -N° 6 LÀ HOUILLE BLANCHE 815

Essai d'affaissement
d'un blindage cylindrique de galerie
muni de renforts
et soumis à la pression extérieure
Collapsing test
on stiffened cylindrical tunnel sheeting
subjected to an outside pressure
PAR J. BIGTAL
INGÉNIEUR DES ARTS ET METIERS
ÉTABLISSEMENTS BOUCHAYER & VIALLET, GRENOBLE

Cet essai, demandé par Electricité de France, à This test was asked for by Electricité de France
l'occasion de l'exécution des galeries blindées de when the tunnel sheeting was being manufac-
la chute de Roselend, a été effectué sur un tured for the Roselend project, and was carried
tuyau de 3 800 mm de diamètre, de 12 mm d'épais- out on a pipe with a diameter of 3 800 mms,
seur et de 2 700 mm de longueur. a length of 2 700 mms and 12 mms walls.
21 avait pour but de vérifier le comportement
d'un tel tuyau muni de renforts extérieurs en The purpose of the test was to find out how the
cornières, soumis à la pression d'eau inter- sheeting, which was fitted with external angle
stitielle contenue dans la roche. Des essais iron stiffeners, would stand up to the pressure
analogues avaient été précédemment faits, mais of the interstitial water in the surronnding
sur un tuyau non muni de renforts. rock. Similar tests had previonsly- been
Après un exposé^ critique des diverses théories undertaken with unstiffened sheeting.
actuellement connues concernant l'affaissement
des enveloppes cylindriques, en particulier de A critical discussion of various carrent théories
celles munies de renforts annulaires, l'auteur on the collapsing of cylindrical shells—especially
expose la conception de l'essai, décrit le modèle, when fitted with annular stiffeners—is followed
les appareils de mesure, le déroulement des by a description of the test particulars, the
essais et leur résultat final. model, its instrumentation, the actual tests, and
L'étude se termine par une description critique their final resuit. The article ends with a
sur les précisions du calcul et sur les résultats critical assessment of the calculation accuracy
obtenus. and the results obtained.

INTRODUCTION

La résistance aux sous-pressions des blindages Les caractéristiques des blindages des gale-
cylindriques en galeries bétonnées a fait l'objet ries d'amenée de Roselend sont :
de nombreuses études, et les conceptions des — Diamètre du blindage 3 800 mm;
constructeurs diffèrent sur les renforcements à
— Epaisseur des viroles 12 mm;
utiliser et sur leur justification.
L'étude présentée a été effectuée pour Electri- — Cercles renfort en cornières 120 X 120 X 3 3
cité de France qui avait confié aux Etablisse- posées en chevron et soudées, espacées d'axe
ments Bouchayer et Viallet l'exécution des blin- en axe de 675 mm ;
2

dages des galeries d'amenée à la conduite forcée — Pression intérieure 16,5 k g / c m ;


2

de Roselend, pour lesquelles les pressions exté- — Pression extérieure 20 k g / c m .


rieures étaient supérieures aux pressions inter- Acier employé :
2
nes. — Acier A 55 M avec R ^ 54 k g / m m ;

Article published by SHF and available at http://www.shf-lhb.org or http://dx.doi.org/10.1051/lhb/1961051


816 LA HOUILLE BLANCHE N ° 6-DÉCEMBRE 1961

— E ^ 36 k g / m m 2
A > 20 % ; ses, établie par M. Simon-Suisse, et ils ont justi-
— Cornière renfort de même qualité. fié la continuation des études dans le même sens
Les résultats des essais ont démontré la valeur pour son application aux blindages renforcés par
de la théorie de l'affaissement des blindages lis- anneaux.

I. — B U T ET R A I S O N S DE L'ESSAI

L'avant-projet de blindage de la galerie d'ame- mathématiquement mal fondées, leur foisonne-


née de Roselend avait conduit Electricité de ment n'en étant que plus inquiétant. D'autre
France, R.E.H. — Alpes I I , et les Etablissements part, le peu d'informations recueillies sur les cas
Bouchayer et Viallet à prévoir la constitution de d'incidents qui se sont produits sur les installa-
ce blindage en partant d'une tôle mince soutenue tions existantes, n'a pas permis d'en tirer les
à faibles intervalles par des raidisseurs formés enseignements pratiques souhaitables.
de cornières*placées « en chevrons » , L'intervalle La détermination des renforts avait nécessité
entre le blindage et le rocher était prévu rempli l'extension d'une des meilleures formules, celle
de béton, selon le principe habituel. de E. Amstûtz, établie initialement pour des
L'étude comparative des prix de revient de ce blindages lisses. C'est d'ailleurs cette extension
système et du système classique de tôles lisses, qui nous avait révélé les faiblesses mathémati-
établie dans les mêmes conditions, avec les ques de cette théorie.
mêmes charges extérieures, en tolérant les mêmes — Par ailleurs la région d'équipement hydrau-
contraintes et rapports « d e sécurité», en uti- lique Alpes I, effectuait en commun avec un
lisant des modes de calculs similaires et des constructeur, un essai similaire sur des viroles
aciers identiques, faisait apparaître l'avantage de dimensions comparables. L'appareillage à
économique de la solution tôle mince et raidis- mettre en jeu pouvait donc être partiellement
seurs par rapport à la seconde. réutilisé.
Le système prévu était donc celui représenté — Enfin l'aménagement de Roselend, par son
sur la figure 1. importance et par le tonnage mis en jeu pour la
construction du seul blindage, justifiait l'exécu-
tion de cet essai.
Cependant, l'utilité d'une confirmation expé-
rimentale des dimensionnements semblait néces-
Il fut donc décidé d'effectuer des essais, sur
saire. En effet :
une première virole, réalisée à l'échelle 1 (une
— Toutes les théories connues à l'époque sur
similitude étant impossible à établir tant qu'il
l'affaissement des blindages en galerie étaient
n'existe pas une théorie indiscutable) ; selon les
résultats obtenus, d'autres viroles pourraient être
mises en essai. Les buts étaient les suivants :
1° S'assurer, indépendamment de toute vérifi-
cation de note de calculs, que la virole était effec-
tivement capable de supporter les pressions pré-
vues en service;
2° Comparer les résultats d'essai avec les pré-
visions de la note de calculs;
3° Confronter — dans toute la mesure du
possible — les observations faites au cours de
l'essai et ses résultats avec toute théorie connue.
Au besoin se servir de ces résultats pour orien-
ter la recherche d'une théorie valable.
Ces deux derniers points présentaient plus
spécialement la part de travail des Etablisse-
ments Bouchayer et Viallet.
A
L'essai ayant montré — comme nous le verrons
plus loin — que la virole satisfaisait au premier
V V \y w point, les deux points suivants deviennent les
FIG. 1 plus importants, et c'est donc sur eux que por-
Virole Roselend.
tera cette communication.
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IL — THÉORIES A Y A N T SERVI DE BASES


A L ' É T U D E D U B L I N D A G E ET A L ' I N T E R P R É T A T I O N DE L'ESSAI

IL 1 -Rappel théorique sur le flambage. représentée par une série des divers modes (ana-
logues à la série de Fourier).
Les études sur le flambage classique font appa- Soit cette série :
raître deux stades :
— Flambage d'un système homogène et géomé- = #o CE, y) = + « i f i CE, y)
triquement parfait; + «2/2 OR, {/) + ..• + nfn OC y) a

— Flambage d'un système non homogène, ou


géométriquement imparfait, ou soumis à des Lorsque la force de membrane F quelconque
forces latérales. est appliquée, on démontre que la déformation
Pour résumer très succinctement ce problème, devient :
on peut dire que, lors du premier stade d'étude,
on fait apparaître qu'un système géométrique- *F = 9F CE, y) = ®'Q + « ' 1 / 1 CE» y)
ment parfait et homogène, soumis à une force
de membrane se déforme en restant semblable à + a'2/2 CE, y) + • • . + a'*/» CE» y)
lui-même, jusqu'à ce que la force de membrane où les valeurs a et a' sont liées par la relation :
atteigne une valeur de compression dite force
critique, d'ordre 1, 2, 3, ... n, selon qu'elle est, «'i = « < X _ 1
1 { F / F Ù

dans l'ordre des compressions croissantes, la pre-


mière, la seconde, la troisième ou la nièrne. On voit immédiatement que a\ prend une
Nommons ces forces F l , F2, F3 ... Fn. Jusqu'au valeur hyperbolique en fonction de F, et que F*
dernier moment, le système était resté semblable représente un pôle.
à lui-même; il se déforme alors brutalement
d'une manière non, semblable. Cette déformation U existence de pôles, et le rôle fondamental de
peut être représentée par : V allure des déformations initiales dans F état de
déformations final est la caractéristique fonda-
* = Q-nU y) mentale des phénomènes de flambage.
f est une fonction parfaitement déterminée, cor-
n

respondant à la force critique d'ordre n, tandis


que le coefficient a , est lui, rigoureusement indé-
n II.2 - Théories existantes de l'affaissement d'un
terminé et peut devenir infini. blindage en galerie lors du projet de
Les fonctions f généralement d'allure sinusoï-
n9 Roselend.
dale (l'équation différentielle étant d'ordre 2),
sont appelées « mode n » , par abréviation de IL2.1. - A F F A I S S E M E N T D U R A I D I S S E U R :
mode de déformation d'ordre n. Ces fonction sont Lors de l'établissement du projet de Roselend,
toutes orthogonales entre elles, c'est-à-dire que : les théories alors connues de l'affaissement d'un
blindage en galerie se rapportaient toutes à des
JJBU CE, y) X fP CE, y)dx.dy =Q blindages lisses, et la plus connue était celle de
E. Amstutz.
lorsque l'intégrale est étendue à l'ensemble du La formule est basée sur la théorie suivante :
système. au cours de l'établissement de la pression exté-
On a pu constater qu'un système réel ne se rieure, il apparaît une cloque, dont la déformée
comporte pas de cette manière. En réalité, dès répond aux équations différentielles de l'équili-
l'apparition de la moindre force de compression, bre. Par ailleurs, l'amplitude de cette cloque est
des déformations non en similitude, aussi fai- telle que le développement de la figure déformée
bles soient-elles, apparaissent. C'est là qu'inter- soit égal à la longueur initiale du système dimi-
vient le second stade. nuée des raccourcissements dus à l'effort de
Le cas présenté, qui est le plus simple et le membrane. Ces deux hypothèses permettent de
plus fréquent, est celui du système géométrique- poser deux équations dont la résolution donne
ment imparfait, et non celui du système non l'amplitude maximale de la déformée en fonction
homogène ou soumis à des charges latérales. de la pression. Cette amplitude connue, on peut
Soit z = g (x, y), la fonction représentant ses
0 0
calculer la contrainte en tout point, et E. Amstutz
imperfections initiales par rapport à la forme admet que lorsque la contrainte atteint la limite
de membrane. Les différents modes étant ortho- élastique, les déformations sont si importantes
gonaux entre eux et répondant aux conditions que la ruine est pratiquement atteinte. Il calcule
aux extrémités, la fonction g (ar, y) peut être donc la pression, ou la contrainte moyenne de
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membrane pour laquelle la limite élastique est A priori, la théorie de E. Amstutz semble en
atteinte. Cette contrainte moyenne v , peut être cr
bon accord avec les données physiques.
calculée à l'aide de la formule suivante : Cependant l'étude détaillée entreprise lors de
l'extension au cas du raidisseur, avait fait appa-
raître une erreur de principe dans la mise en
(t+fïM' + ' ^ i t ) équation du problème : l'équation différentielle
choisie par E. Amstutz (équation linéaire du
second ordre à coefficients constants) ne permet
pas de satisfaire aux conditions d'extrémités.
E. Amstutz a d'ailleurs présenté successivement
équation dans laquelle deux formules. Dans la première, où il choisis-
— jeu radial entre virole et béton;
£
sait une déformée comportant une période sinu-
R = rayon de la virole; soïdale, apparaissait une discontinuité de mo-
e = épaisseur de la virole; ments aux points de contacts sur le béton. Dans
T7« i -^(module d'élasticité) . la seconde, où il choisit une déformée à trois
1 demi-périodes, la discontinuité de moments dis-
d = limite élastique du métal utilisé.
E paraît, mais est remplacée par une discontinuité
d'efforts tranchants. Cette discontinuité est
Cette formule est de résolution graphique rela- absorbée par les réactions d'appui aux points de
tivement aisée. contact avec le béton, mais si l'on tient compte
#
##
de ces réactions d'appui, les équations différen-
tielles de l'équilibre ne sont plus linéaires.
L'extension de cette formule au cas d un ren- 5
Comme indiqué plus loin, la solution exacte du
fort est assez simple. En suivant exactement le problème a été donnée peu de temps avant que
même développement, on établit la formule : n'ait lieu l'essai, et uniquement dans le cas d'une
tôle lisse,

II.2.2. - CLOQUAGE DE LA P A R O I ENTRE RAIDIS-


SEURS:
= l j 6 8 J i °B~T°cr f j _ 0 25 A. — °c><\
Hors de l'affaissement du raidisseur — qui
v E+ V y E+ /
doit être considéré comme l'incident majeur —
dans laquelle <x est la contrainte moyenne (éta-
cr
peut intervenir un incident mineur, qui est le
blie selon la théorie des coques de révolution) cloquage de la peau du blindage. L e flambage
provoquant l'affaissement du raidisseur, o, le d'une paroi cylindrique entre deux raidisseurs
rayon de giration de la section raidisseur -f- tôle annulaires, infiniment rigides, est un phénomène
associée, v, la distance du point le plus éloigné bien connu, et parfaitement prévisible. On peut
à l'axe neutre, les autres symboles conservant en trouver la théorie complète dans Timoshenko :
leur signification précédente. « Théorie de la stabilité élastique » , et dans
Dans la mesure où il était possible de connaî- R. G. Sturm « A study of collapsing pressure of
tre la largeur de tôle associée au raidisseur, cette thin walled cylinders » .
formule pour autant qu'on l'accepte, permettait L'existence d'un jeu entre la paroi et le béton
de résoudre le problème du raidisseur. justifiait l'utilisation de la même théorie pour
Or, une étude de Timoshenko (théorie de l'étude de ce phénomène. En effet, si l'existence
l'élasticité), montre que dans le cas particulier du béton pouvait gêner la fin de ce phénomène,
d'une charge sinusoïdale de période /, la largeur elle ne pouvait pas influer sur le début, en rai-
efficace est indépendante des caractéristiques son précisément du jeu.
géométriques de la section, et vaut 0,18 l envi-
ron. Le facteur dominant de cette largeur asso- IL3 - Théorie de l'affaissement du blindage
ciée reste d'ailleurs dans tous les cas la longueur
lisse.
de la période.
Comme par ailleurs la théorie de E. Amstutz Peu de temps avant l'exécution de l'essai,
admet une déformée sinusoïdale, et que plu- M. Simon-Suisse, alors Directeur des Etudes aux
sieurs études faites par les Etablissements Bou- Etablissements Bouchayer et Viallet, établissait
chayer et Viallet sur cette théorie avaient mon- une théorie de l'affaissement des blindages lis-
tré que, dans la majorité des cas courants, la ses de galeries.
période de la cloque était proche de rcR/2 (soit Cette théorie est basée sur des hypothèses iden-
90°), il a été admis pour largeur associée : tiques à celles de E. Amstutz, à savoir : appui
continu sur une partie du béton, et décollement
sur une zone et une seule, formant cloque, cette
^ X 0,18 ~ 0,285 R
cloque devenant de plus en plus profonde avec
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Faugmentation de la pression, jusqu'à ce que les et une seule, indépendante de l'amplitude des
contraintes dépassent la limite élastique. déformations initiales. La seule influence proba-
Par contre, la résolution des équations diffé- ble des déformations initiales se limite donc à
rentielles et des équations de l'équilibre y est prédéterminer l'emplacement où se situera la
traitée avec une rigueur mathématique incontes- cloque. La pression d'affaissement étant fonc-
table. L a solution — pour la déformée — y appa- tion inverse du rayon de courbure, on est en
raît sous la forme d'une fonction de Mathieu. La droit de penser que la cloque se produira dans
théorie montre comment dans la majorité des la zone où le rayon de courbure moyen est le
cas pratiques, dont on détermine les limites, la plus grand.
résolution de l'équation de Mathieu peut être L'absence de valeurs polaires ainsi que l'in-
simplifiée et elle aboutit à un abaque d'emploi fluence très secondaire des déformations initiales
très simple. oblige à séparer ce phénomène du flambage.
Il semble cependant qu'une seule question C'est pourquoi on devrait utiliser pour le dési-
pouvait être posée concernant cette théorie : si gner le terme affaissement et non flambage en
les frottements sur le béton avaient une influence galerie.
relativement faible, il devait effectivement se De toute manière, cette théorie n'est établie
former une seule cloque, ce cas étant celui qui que pour des blindages lisses, et son extension
correspond à la pression d'affaissement la plus au cas du raidisseur pose de gros problèmes. En
basse. Par contre, si les frottements étaient effet, la largeur associée est variable tout au long
importants, la déformation en 8 qui marque le de la déformée et dépend de l'aspect de cette
début du phénomène provoquerait l'appui en déformée qui, elle-même, dépend de la variation
deux points diamétralement opposés, puis la for- de la largeur associée. En fait, il semble que ce
mation de deux cloques persistantes. problème ne puisse être résolu que par itération
On doit remarquer que dans le développement à l'aide d'un calculateur électronique.
de la théorie n'apparaît aucune valeur polaire C'est donc avec de nombreuses idées qualitati-
similaire à celles que sont les pressions criti- ves, et sans chiffres théoriquement solides que
ques. Pour une pression, il existe une déformée l'essai a été conduit.

III. — C O N C E P T I O N ET R É A L I S A T I O N D E L'ESSAI

III. 1 - Appareil d'essai. entre plateaux de l'appareil (2,7 m ) correspon-


dait à un nombre exact d'intervalles entre rai-
Il a été utilisé pour l'essai un appareil conçu disseurs du blindage de Roselend. L'appareil est
et réalisé pour un essai similaire. La longueur présenté sur la photographie (fig. 2).

FIG. 2
Appareil d'essai.
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FIG. 3
Poste de commande.

Depuis un poste de commande comportant une permettent de mesurer la pression effectivement


pompe et un jeu de vannes by-pass, sortent des exercée sur la virole. Oh doit noter que la con-
tubes de mise en pression; quatre vers l'exté- cordance entre les mesures de pression aux
rieur du béton, à travers l'appareil lui-même, divers points a toujours été excellente, tout au
quatre vers l'intérieur du béton, à travers la long de l'essai.
virole.
Les photographies des figures 3 et 4 montrent :
D'autre part, quatre tubulures sortant de l'in-
térieur, aboutissent au poste de commande et — Le poste de commande qui contient, en outre,

FIG. 4 l
Poste de commande et virole. |
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FÏG. 5 Virole d'essai.

les appareils nécessaires à la lecture des sement du reste de la virole, et un raidisseur


autres appareils de mesure; faible risquerait de ne pas résister aux torsions
— L'ensemble du poste de commande et de créées par la dissymétrie d'extrémité, donc par
l'appareil d'essai. suite de s'affaisser pour une pression non signi-
ficative.
Finalement, la disposition des figures 5 et 6
a semblé ménager ces divers impératifs ; les rai-
III.2 - Virole d'essai.
disseurs d'extrémité étant notablement plus
importants que les autres, devaient ne pas flé-
La virole d'essai devait ressembler le plus pos-
chir, tandis que la présence des deux raidisseurs
sible à celles utilisées à Roselend. Ceci ne pré-
intermédiaires devait « découpler » suffisamment
sentait pas de difficultés quant à l'épaisseur, à la
le raidisseur central des deux extrêmes.
section des raidisseurs, à leur espacement, et aux
matières utilisées.
Par contre, le problème des extrémités était
délicat : un raidisseur important empêcherait
les extrémités de suivre un mouvement d'affais-
III.3. - Mesures et appareils de mesure.

rPloreau supérieur (mis en place après exécution du béton)


Gomme il est dit précédemment, il n'y avait
pratiquement pas de prévisions chiffrées. Cepen-
dant, la pose d'appareils de mesure : jauges de
contraintes et jauges de déplacement, pouvait
fournir des indications intéressantes concernant :

1° L'évaluation de la limite élastique vraie du


métal;

2° L'allure générale des déformations en fonc-


tion de l'espace et du temps;

3° La surveillance à distance de l'évolution.


25 paires de jauges de contrainte croisées et
46 jauges de déplacement avaient été installées.
FIG. 6
L'essentiel de ces appareils est visible sur la
Essai de résistance aux sous-pressions
des blindages de la galerie en charge de Roselend.
figure 7.
Schéma du dispositif d'essai. Les emplacements de tous ces points de me-
822 LA HOUILLE BLANCHE N° 6-DÉCEMBRE 1961

FIG.7
Essentiel des appareils
de mesure.

FIG. 8

FÏG. 9
DÉCEMBRE 1961 - N ° 6 J. RI G AL 823 -

F I G . 10

Appareil pour la mesure


des rayons de courbure.

sure sont définis par rapport à un développe- 2° Mesure des rayons polaires à l'aide d'une
ment de la virole sur les figures 8 et 9. jauge expansible, par rapport à un axe défini par
une visée optique (fig. 11).
III.3.1 - M E S U R E S DE DÉFORMATIONS INITIALES :

Il a été procédé à deux séries de mesures de


déformations initiales :
1° Mesure des rayons de courbure locale à
l'aide d'un appareil à trois pointes, (pointe cen- Chacune de ces mesures a été effectuée pour
trale constituée par un comparateur) de base 168 points répartis à l'intersection de 24 généra-
400 mm (fig. 10); trices, régulièrement réparties et numérotées de

FIG. n
Jauge expansible
pour la mesure
des, rayons polaires.
824 LA HOUILLE BLANCHE N° 6 - DÉCEMBRE 1961

1 à 24 à partir de la soudure et de 7 directrices intérêt que de préciser les points de formation


définies par Taxe des cinq raidisseurs et l'équi- préférentielle des cloques; les résultats de me-
distance entre le raidisseur central et les deux sure et l'analyse harmonique qui en a été faite
raidisseurs intermédiaires. ne sont donc pas donnés ici dans leur ensemble.
Seuls sont indiqués les plus grands rayons de
A courbure (mesurés sur la base de 400 m m ) .
Tous ces nombres sont donnés en millimètres
Les buts de ces mesures étaient les suivants : — la valeur théorique est 1 900 mm.
— Choisir les meilleurs emplacements des appa-
reils de mesure déjà trop peu nombreux pour III,4 - Mise en place des appareils de mesure.
fournir une vue complète du comportement
de la virole; En fonction de ces mesures de déformations
— Mieux connaître la répartition des déforma- initiales, il fut décidé de concentrer les appareils
tions initiales d'une virole normalement exé- de mesure dans deux zones dont les centres sont
cutée, et, en particulier, en connaître le déve- définis par les intersections de la génératrice 6
loppement en série de Fourier, très utile pour et de la directrice 3, de la génératrice 19 et de la
les études d'affaissement. directrice 4, comme le montrent nos figures 8
Les résultats de ces mesures n'ont vis à vis et 9. En effet, si les déformations initiales ne
de l'étude de l'affaissement en galerie, d'autre jouent pas en principe un rôle primordial dans
le déroulement du phénomène, son début, tant
que la virole et le béton ne sont pas encore
entrés en contact, est influencé par ces déforma-
Numéros de génératrices
tions. Elles doivent donc déterminer les points
Numéro de contact initiaux, et par suite, l'implantation
d'étage de la ou des cloques, les points les plus vulnéra-
6 7 19
bles étant, bien entendu, ceux où le rayon polaire
est le plus faible et le rayon de courbure le plus
2 1 780 2 480 2 060 grand.
3 1 800 2 130 2 020 Afin de contrôler cette hypothèse, un premier
4 2 000 2 000 2 040 essai partiel eut lieu le 3 juillet 1959, qui con-
5 2 040 1 950 2 020 firma que la génératrice la plus déformée était
6 2 030 2 030 1 890 bien la génératrice 7 suivie de peu par les géné-
ratrices 19 et 20.

IV. — D É R O U L E M E N T DE L'ESSAI PRINCIPAL

L'essai principal fut exécuté le 6 juillet. Il déformations nettement visibles à l'œil : de nom-
comportait des paliers de pression de plus en breuses, cloques se forment entre raidisseurs,
plus rapprochés, avec la lecture de tous les appa- d'une profondeur de quelques centimètres, à
reils à chaque paliers. maille nettement carrée.
Les paliers furent les suivants : 10, 15, 17,5, A chaque formation de cloque, on constate
2
20, 21,5, 23 et 25 k g / c m . une chute de la pression, puis une remontée
2
Jusqu'à 15 k g / c m aucune observation parti- lente au fur et à mesure de l'alimentation, puis
culière. Les déformations augmentent progres- formation d'une nouvelle cloque... La pression
sivement, avec prédominance sur les généra- finit par se stabiliser, puis à monter jusqu'à
trices 19 et 20 (alors que la génératrice 7 pouvait 2
23 k g / c m , au fur et à mesure de la formation
être soupçonnée de préférence). A partir de la de nouvelles cloques.
2
pression 20 k g / c m par contre, inversion de la La formation des diverses cloques est facile-
prédominance : c'est la génératrice 7 qui est la ment visible sur l'enregistrement exécuté, où la
plus déformée. Cette déformation n'est d'ail- pression est modulée de petits « tops » toutes les
leurs, pas évidente à l'œil : la mesure indique 5 à 10 minutes. Pratiquement, les mesures
5 mm à l'étage 4 et 6,5 mm à l'étage 2. Ces dé- deviennent impossibles, la pression étant deve-
formations sont certainement encore élastiques. nue trop instable. On peut, cependant, constater
2
A 21,5 k g / c m apparaissent les premières sur place que la déformation de la génératrice 7
DÉCEMBRE 1961 - N ° 6 J. RI G AL 825

FIG. 12
Vue de la v i r o l e
après essai.

a plutôt diminué au profit de celle des généra- progresse plus, puis brutalement se produit à
2
trices 19 et 20 (nouvelle inversion). 25 k g / c m une déchirure de la tôle à sa jonction
Les mesures étant devenues impossibles, la avec le caisson inférieur qui met fin prématu-
pression est « poussée » jusqu'au maximum. rément, semble-t-il, à l'essai.
Les génératrices 19 et 20 s'enfoncent progres- La virole, et notamment le raidisseur central
sivement, cependant que la génératrice 7 ne sont sensiblement déformés et semblent très pro-

FIG. 13
Blindage Roselend. Déformation des étages 2 et 4 à différents paliers de pression.
Essais du 6 j u i l l e t 1959.
826 LA HOUILLE BLANCHE N° 6 - DÉCEMBRE 1961

ches de la déformation ultime, comme en témoi- Résultats de Fessai;


gne la figure 12. comparaison aux résultats de calcul

Sur la virole, après démontage, on relève en Si l'on compare les résultats à ceux des cal-
divers points des traces de glissement sur le culs qui donnent :
béton, longues de deux à trois centimètres. De — Pression de flambage de la tôle entre raidis-
2
part et d'autre de la cloque des génératrices 19 seurs : 37 k g / c m (contre 21,5 à l'essai);
et 20, ces traces sont distantes d'environ 1,5 à — Pression d'affaissement du raidisseur :
2
1,6 m, correspondant à un angle au centre d'en- 24 k g / c m (contre 25 à l'essai) ;
viron 45 à 50°. Ces traces sont très légèrement on constate :
perceptibles sur la figure 12. 1° Une grosse divergence en ce qui concerne
Enfin, la forme de la cloque correspond assez la pression de flambage entre raidisseurs. Cette
bien à une fonction de Mathieu, en ce qu'elle divergence s'explique facilement, car il a fallu,
présente au centre une courbure bien plus accen- pour choisir le coefficient K de Sturm, prolonger
tuée qu'aux extrémités. Ceci la distingue nette- une courbe de l'abaque dans une zone où ces
ment d'une forme sinusoïdale, dont elle est coefficients varient très rapidement. II serait
cependant assez proche dans son ensemble. Il préférable dans un tel cas, de recalculer
serait hasardeux d'aller plus loin et de comparer selon la théorie le coefficient de Sturm, dans la
exactement son profil avec celui d'une fonction bande considérée. Une bonne approximation
de Mathieu, étant donné ce qui est dit précédem- pourrait être obtenue à l'aide de la théorie du
ment des « largeurs associées » , variables tout flambage des voiles plans; en effet, les cloques
au long de la courbe, et ce que l'on peut savoir sont très courtes devant le développement de la
de l'homogénéité des métaux. virole, et l'influence de la courbure est par con-
séquent faible;
** 2° Une très faible divergence, en ce qui con-
cerne l'affaissement du raidisseur. Ce fait peut
Le relevé des déformations est très suggestif, paraître plus difficile à interpréter, étant donné
si l'on fait abstraction de quelques anomalies de que la théorie de E. Amstutz, qui a servi aux
3
la courbe relative à la pression 23 k g / c m (fig. 13) calculs, semble mal fondée mathématiquement.
et donne un reflet exact du déroulement du phé- Cependant, on observe que la déformée choisie
nomène. par E. Amstutz n'étant pas très éloignée de la
Par contre, les relevés de contraintes sont peu déformée théorique, et la largeur associée choi-
parlants. Malgré la grande densité des appareils sie, bien qu'approximative, étant également de
de mesure, les allongements relevés ne varient l'ordre de grandeur de la largeur associée réelle,
pas d'une manière suffisamment continue entre il était normal que le résultat obtenu soit proche
les diverses jauges. de la réalité.

CONCLUSION

De ces diverses observations, on peut con- c) par le fait que des impacts très nets et
clure : bien localisés aux extrémités de la cloque ont
été observés;
— Que moyennant la modification simple du
d) par le fait qu'il s'est formé deux clo-
procédé de calcul du flambage entre raidis-
ques au début de la montée en pression, mais
seurs, la méthode de dimensionnement
que l'oscillation de leurs amplitudes relati-
actuellement employée par les Etablisse-
ves et la formation d'une seule cloque finale
ments Bouchayer et Viallet est valable;
ont bien prouvé cette tendance à n'en former
qu'une.
— Que la théorie de M. Simon-Suisse est justi-
fiée : ***

a) par sa bonne concordance avec les ré- Tous les éléments théoriques sont réunis pour
sultats sur viroles lisses; exécuter l'extension de la théorie de M. Simon-
Suisse au cas des viroles renforcées : théorie du
b) par la concordance avec la déformée flambage en galerie des viroles lisses, et théorie
observée lors de Fessai relaté dans la pré- des largeurs associées pour les formes de révolu-
sente communication; tion.

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