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et barrages en terre
////////////////// IL de faible hauteur
RÉSUMÉ
L'article décrit quelques exemples de problèmes
spécifiques rencontrés lors de l'étude ou du
suivi après la mise en service de cinq digues
situées dans la zone d'action du Laboratoire
régional des Ponts et Chaussées de Toulouse :
1. le cas d'une digue construite sur un terrain
trop perméable. L'étanchement du barrage et
du sol support a été réalisé au moyen d'un
rideau injecté dont l'efficacité s'est avérée
insuffisante compte tenu des faibles débits de
fuite admissibles ;
2. celui d'un barrage de faible hauteur, mais
retenant un volume d'eau très important, pour
lequel l'évolution vers une rupture certaine du
parement aval a pu être mise en évidence grâce
à une instrumentation appropriée ;
3. les moyens mis en œuvre pour étudier la Pour les ouvrages de faible importance, l'ingénieur de
perméabilité du sol support d'un barrage, à bureau d'études est toujours à la recherche d'un équilibre
priori très défavorable d'après la géologie à
cause de la présence aléatoire d'horizons entre le niveau technique et le coût des études et l'impor-
perméables. Pour le corps de la digue, on a tance économique du projet.
mesuré l'influence du traitement à la chaux
sur la perméabilité du matériau compacté ;
Les cinq exemples présentés dans cet article illustrent les
4. la conception même d'un barrage écrêteur difficultés rencontrées à l'occasion des études ou de la
de crue afin qu'il remplisse au mieux la
fonction de stockage maximal. Les problèmes réalisation de digues de faible hauteur correspondant à des
d'érosion interne et de contournement sont ouvrages existants ou en projet pour lesquels, le plus sou-
plus particulièrement examinés ; vent, le Laboratoire régional des Ponts et Chaussées de
5. le cas particulier d'un plan d'eau situé à Toulouse est intervenu au niveau des études.
proximité d'une rivière, ce qui a nécessité
l'étude de la stabilité de l'écran étanche dans
l'hypothèse d'un fonctionnement inversé de la Les méthodes d'étude utilisées sont parfois simplistes, ou
digue (plan d'eau vide, rivière en crue). Ce au contraire disproportionnées avec l'ampleur des problè-
même exemple décrit aussi une simulation mes. L a première cause en est probablement que chaque
d'écoulement plan par analogie électrique.
étude nouvelle présente des caractères originaux devant
Enfin, à travers l'exposé de méthodes d'études lesquels un ingénieur même confirmé ne peut faire jouer
parfois simplistes, l'article pose le problème
de l'adéquation entre le niveau des études et utilement toute son expérience. L a principale difficulté est
l'économie du projet. toutefois d'ajuster ou de savoir exiger les moyens d'étude
les mieux adaptés potentiellement au projet.
MOTS CLÉS : Barrage en terre - Étanchéité -
Sous sol - Écran - Injection (mater.) - Perméabi-
lité - Rupture - Traitement des sols - Chaux - Les ouvrages étudiés sont volontairement décrits de façon
Érosion - Rivière - Simulation • Écoulement anonyme et uniquement du point de vue de l'ingénieur
(fluide) - Modèle analogique • /Plan d'eau -
Bassin écrêteur de crue - Digue. d'étude, afin de fixer l'attention sur les caractères originaux
des problèmes rencontrés en cours d'étude ou après la mise
en service.
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B u l l , l i a i s o n L a b o P. et C h . 1 30 mars-avril 1 9 8 4 - Réf. 2 8 9 9
E X E M P L E D E PROBLÈME D'ÉTANCHÉITÉ marne ou de conglomérat très compact et imperméa-
D U CORPS DE DIGUE ET D USOL SUPPORT ble. O n observera sur la figure 1 la position de la
(barrage de C ) nappe, quasiment horizontale et parallèle au substra-
tum en fond de talweg, ce qui met bien en évidence
l'homogénéité et la forte perméabilité des alluvions
Le barrage de C fait partie d'un aménagement touris- entre les forages F l et F4.
tique et résidentiel réalisé pour une commune. De
dimensions modestes, la digue de 6 m de haut au Malgré ces conditions défavorables, il était décidé de
maximum et 80 m de long retient un volume d'eau donner suite au projet; plusieurs solutions étaient
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de 30 000 m sur une surface de l'ordre de 2 hectares. donc envisagées et proposées au maître d'oeuvre.
.20
.15
L i m i t e entre
f o r m a t i o n s perméables
et imperméables
_ e e Grosses graves
10 -Qçr sableuses e t argileus
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20 m
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Constitution du corps de la digue de l'efficacité du tapis étanche peut être trouvé en
écrivant que le débit de fuite est réduit proportionnelle-
L'absence de matériaux imperméables pouvant consti- ment à la longueur du tapis étanche, soit :
tuer le corps de la digue a naturellement conduit
à proposer deux solutions permettant d'utiliser les
alluvions sablo-graveleuses du talweg :
Q : débit de fuite en l'absence de tapis étanche,
— la réalisation d'une étanchéité amont au moyen Q j : débit de fuite avec le tapis étanche,
par exemple d'une feuille plastique (butyl, polyester, B : largeur de la digue à la base,
etc.); L : longueur du tapis étanche.
— l'exécution d'un écran étanche vertical avec un
coulis de ciment bentonite. O n a calculé ainsi qu'il fallait un tapis de 80 m de
long pour diviser les débits de fuite par 10.
L a figure 1 montre que l'étanchement du sol support Pour des raisons économiques, i l paraissait préférable
est nécessaire au droit de la digue mais aussi pour d'adopter une solution unique à la fois pour la digue
limiter les débits de fuite par contournement. Par et pour le sol support. O n pouvait donc imaginer
ailleurs la nature sablo-graveleuse des alluvions est deux solutions principales :
favorable à l'érosion interne pouvant à terme conduire
à la ruine de l'ouvrage. — un film plastique étanche unique à la fois pour la
cuvette et comme étanchéité amont de la digue,
Les débits de fuite sous-jacents à la digue ont été — un voile mince étanche, avec par exemple un coulis
calculés à partir de l'abaque de la figure 3. Pour ciment-bentonite, réalisé depuis la crête du barrage
l'ensemble de la digue, sans tenir compte des contour- jusqu'au substratum imperméable.
nements, on a calculé ainsi Q x 6 l/s. Cette valeur n'est
pas admissible car elle correspondrait, en été, à une Dans les deux cas, le corps de digue peut être exécuté
baisse du plan d'eau de l'ordre de 1 m/mois. avec les alluvions de la cuvette sans qu'il soit néces-
saire de prévoir un tapis drainant à l'aval.
L a figure 3 permet de vérifier que pour b / T = 1,5 et
s/T= 0,9 le débit de fuite est seulement divisé par 2, A u niveau du marché, la solution voile mince ciment-
une coupure partielle de la couche perméable est donc bentonite a été retenue avec les critères suivants :
sans intérêt. — épaisseur : e' = Q,5 m,
1,5
— perméabilité : k' = l0~ s
m/s.
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Lors de la mise en eau, des fuites sont rapidement
apparues en plusieurs points à l'aval. Ces différentes
fuites ont été collectées, ce qui a permis d'évaluer les
débits à 1,5 1/s environ. C'est une valeur relativement Alluvions
~\ Rivière
faible qui pourrait être admissible si l'alimentation en Surface de r u p t u r e étudiées
étiage était suffisante. Par ailleurs, compte tenu de 0 1 ? 3 m
la nature du matériau, on peut toujours craindre le Rupture inclinomêtre'
développement d'une érosion interne dans la zone de y
Le barrage de B correspond à un aménagement touris- Avant la construction du barrage, les berges ont certai-
tique de conception assez particulière. Le plan d'eau, nement été soumises à des « vidanges rapides » sans
d'une superficie de l'ordre de 30 ha, n'a pu être réalisé que des désordres se soient déclarés. O n peut donc
sur un terrain pratiquement horizontal que grâce à la supposer que c'est la modification du régime hydrauli-
construction d'une digue périphérique de 3 m de haut que à l'aval du plan d'eau qui a déclenché la rupture.
en moyenne et de près de 2 k m de circonférence. L'évolution régressive des fissures confirme bien cette
Les matériaux assez argileux et imperméables ont été hypothèse. Le « calage » des caractéristiques mécani-
prélevés dans le bassin même de la retenue. Des essais ques pour F = 1 sur la surface de rupture de la figure 4
de perméabilité en place avaient montré que le creuse- conduit à c' = 0 et <p'= 18°.
ment était possible sans risquer d'atteindre des hori-
zons plus perméables. Ce sont des valeurs très faibles pour ce type de maté-
riau, qui ne peuvent s'expliquer que par une évolution
Compte tenu de la nature des matériaux et de la vers des caractéristiques résiduelles à cause des gran-
faible hauteur de la digue i l n'y avait a priori aucun des déformations.
problème majeur, en particulier, de stabilité.
L'hypothèse d'un phénomène de « renard » ne doit
Mais on le voit sur la figure 4, dans un souci d'aug- pas non plus être exclue. Une analogie électrique des
menter au maximum la surface du plan d'eau, la écoulements a permis d'estimer le gradient hydrau-
digue a été rapprochée le plus possible des berges lique à 1,5 environ au voisinage de la rivière, ce qui
d'une rivière qui contourne l'aménagement, l'alimenta- est très supérieur aux valeurs maximales conseillées
tion de la retenue se faisant par un affluent. dans les argiles, soit 0,6 à 0,7. Ainsi le phénomène de
renard peut expliquer l'amorce d'un glissement de
Après une forte crue de la rivière, des fissures ont pied qui serait à l'origine de la rupture progressive
commencé à apparaître sur les berges, puis elles ont observée.
progressé au cours du temps vers le talus aval de la
digue, tout en prenant une extension de plus en plus Cet exemple illustre bien l'importance des instabilités
grande en plan. locales, car i l est tout à fait probable qu'un calcul de
stabilité générale sur la base de caractéristiques de
Afin de préciser l'ampleur et l'évolution des désordres, cisaillement mesurées en laboratoire aurait conduit à
une instrumentation a été mise en place. Elle compor- des valeurs tout à fait admissibles du coefficient de
tait (fig. 4) trois tubes piézométriques et un inclino- sécurité.
mètre ainsi que des nivelles qui permettaient un suivi
journalier des mouvements. Plusieurs systèmes de confortation ont été imaginés,
en particulier le drainage des berges au moyen d'épe-
L a figure 5 met bien en évidence l'existence d'une rons ainsi qu'un allongement du tapis drainant en
surface de rupture vers 7 m de profondeur et une pied de la digue. L'amélioration du coefficient de
évolution rapide en fonction du temps pouvant entraî- sécurité dans les zones ayant glissé n'est que de
ner la ruine de l'ouvrage. A u vu de ces résultats, dès 20 %. L a solution finalement retenue a consisté à
le 24 juillet 1979 ( 1 " mesure), la décision de baisser éloigner la digue de 30 m environ de la crête de talus
le plan d'eau était prise. de la rivière.
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Fig. 5 — Relevés inclinométriques
MINISTERE DE L'ÉQUIPEMENT FORAGE I 1 en f o n c t i o n d u temps.
CETE DU S U D - O U E S T
L A B O R A T O I R E DE TOULOUSE PROFIL INC LI NOM ÈTRI QU E
L i m o n brun
0,5 légèrement argileux ri""
1,0- • Má2
2,30-
2.5-
4,5-
4,60
5,0
L i m o n argileux et
vaseux gris bleu
5,5 consistant
6,0-
6,5.
7,0
7,10
7,5
L i m o n argileux b r u n
et bleu petits rognons
8,0
10,0
10,20
10,5-
— à partir de 3 à 5 m une forte épaisseur d'alternance — sept sondages à la pelle mécanique à 7 m de pro-
de graves argileuses et de sables argileux. fondeur. Outre l'identification des sols i l a été possi-
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ble, en cours de foration, d'observer d'éventuelles beaucoup trop fortes (31,5 % en moyenne, alors que
venues d'eau importantes ; la traficabilité n'est possible qu'en dessous de 26 %)•
— quatre sondages carottés, dans lesquels des essais Seul un traitement entre 2 et 4 % de chaux permettrait
de type Lefranc ont permis de mesurer des coefficients la réalisation du chantier.
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de perméabilité compris entre 1 0 " et 1 0 " m/s;
Comme le montrent les résultats ci-après, le traite-
— un essai de pompage classique à partir d'un puits ment à la chaux améliore très sensiblement les caracté-
de 10 m de profondeur et 1,5 m de diamètre, les ristiques mécaniques des matériaux compactés (à
mesures de rabattement étant faites dans sept piézo- 95 % de l'OPN)
mètres disposés sur le profil en travers correspondant — sol non traité
à la plus grande hauteur du barrage (fig. 6). Les c' = 2 0 k P a , cp' = 29°
piézomètres n'étaient crépines qu'en profondeur, au- — sol traité c' = 160kPa, 9 ' = 33° (pic)
dessous de la couche perméable de surface. U n rabatte- à 2 % de C a O c' = 2 0 k P a , cp' = 33°
ment moyen de 3 à 4 m a été maintenu pendant un
mois au moyen d'un simple pompage quotidien. O n a Pour le matériau traité, l'écart important entre la
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pu ainsi mesurer k = 2.10" m/s et un rayon d'action résistance de pic et le palier de grande déformation
R = 10 m. met bien en évidence la fragilité du matériau traité.
(m) LÉGENDE
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Le fonctionnement idéal consiste à stocker le maxi-
mum d'eau tout en évacuant à l'aval un débit régulé
à la valeur maximale admissible par le chenal. L a
combinaison simple barrage en terre-vidange de fond- Sable graveleux
évacuateur de crues est très éloignée de ce fonctionne- légèrement limoneux
ment idéal :
— si la vidange de fond ne comporte pas une vanne
régulée, le débit d'exhaure croît avec la charge, ce
qui ne permet pas d'utiliser au mieux les capacités
d'évacuation à l'aval et réduit d'autant le stockage
utile ;
— un évacuateur de crues largement dimensionné est
indispensable afin d'exclure tout risque de submersion
de la digue en terre. Lorsque l'évacuateur est constitué
d'un simple seuil déversant, ses dimensions et en parti-
culier la cote de la crête du seuil doivent être telles
que la crue maximale envisagée puisse s'écouler; mais,
dans ces conditions, la capacité totale du bassin ne
Fig. 8 — Profil en travers géotechnique au droit d u barrage.
sera utilisée que pour la crue maximale, ce qui est
irrationnel. Dans ce cas aussi, une vanne régulée per-
met d'imaginer un fonctionnement plus satisfaisant
de l'évacuateur de crues.
Voie ferrée Mur bajoyer
Niveau max.
Selon l'importance du barrage et en particulier sa
longueur, l'aménagement comprendra une digue et un
ouvrage de décharge, ou bien un simple barrage
mobile qui assurera la triple fonction barrage-
décharge-régulation des débits et des hauteurs.
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NGF
mm
Sable
Film plastique Matériau de recharge
c
. S-í>Po.o„ «.O*»rt^o.f3;o>«Oa° et (réutilisation du sol en place)
>'?oVA OSo1
en place >5>o!?fo. 0
«=33
Substratum
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peut donc se trouver dans la situation où le plan ramené à un problème plan dans lequel on suppose
d'eau est vide au moment d'une crue exceptionnelle l'épaisseur de la nappe constante, ce qui revient à
de la rivière. Pour éviter les désordres dus aux sous- négliger la courbure des lignes de courant selon la
pressions à l'arrière de l'écran étanche, on peut imagi- troisième dimension. O n peut ainsi simuler l'écoule-
ner soit un système de remplissage automatique de la ment par analogie électrique.
retenue pendant la montée des eaux, soit la mise en
place d'une surcharge qui assure la stabilité de l'écran. L a figure 14 donne un exemple de réseau d'écoule-
L a figure 13 donne le schéma d'une protection au ment qui permet d'estimer les débits de fuite compte
moyen d'une surcharge. O n peut vérifier la stabilité tenu des hypothèses simplificatrices faites.
du coin A B C en écrivant l'équilibre des forces; on
peut aussi utiliser des programmes de calcul en rup- Le débit total est donné par la relation :
ture non circulaire tel que P E T A L .
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