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GEOTECHNIQUE APPLIQUEE AUX OUVRAGES HYDRAULIQUES

Nombre de crédits : 3 ; Quota horaire : 45

Informations pratiques
1. Enseignant et contacts
Dr. BON André, Hydrogéologue ; E-mail : bon_andr@yahoo.com; Tél : 696416624
2. Contenu du cours et objectifs
Le présent cours fait partie intégrante de la géologie appliquée au génie Civil et porte sur les
notions fondamentales de la géotechnique/mécanique des Sols et Roches. Y sont abordées :
Les notions de base en géotechniques et des ouvrages hydrauliques (Rappels généraux) ;
Erosion interne (boulance, Renard, méthodes de calcul du gradient hydraulique critique) ;
Règles des filtres,
Tassement et Consolidation (calcul des contraintes, forces hydrauliques, rabattement des
nappes et tassement) ;
Fondations (types de fondations, calcul de la capacité portante et de la contrainte ultime) ;
stabilité des pentes et talus ; stabilité des digues ; Mouvements de glissements de terrain.
A l’issue de ce cours, les apprenants auront les outils de gestion durable des ouvrages
hydrauliques.
Par ailleurs, chaque étudiant rédigera un essai sur un thème qui sera indiqué plus tard.
Références bibliographiques restreintes :
CGS (2006). Canadian foundation engineering manual. 4th edition, Bitech Publisher.
McCarthy D.F. (2002). Essentials of soil mechanics and foundation: Basi geotechnics. 6th
edition, Prentice Hall.
Philipponnat G. (1979). Fondation et ouvrages en terre. Éditions Éyrolles.
Saleh-Mbemba F., Aubertin M., Mbonimpa M. and Li L. (2010). A new testing procedure to
assess shrinkage of paste tailings. Paste 2010: Proceedings of the 13th International Seminar
on Paste and Thicken Tailings, 3-6 May 2010, Toronto.
Zeng, Sanping and Robert Liang (2002). Stability analysis of drilled shafts reinforced slope.
Soils and foundations 42: 93-102
Belle P. (2015). Contribution des processus hydrologiques et hydrogéologiques aux
glissements de terrain de grande ampleur. Application au contexte tropical de La Réunion Th.
Doct. Université de la Réunion. 300P.
Chiganne F. (2010). Prévision de l’hydrogramme de rupture par submersion d’un barrage en
enrochement avec masque amont de béton. Mémoire maîtrise, Univ. Montréal, EPM, 175p.

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Introduction
Les ouvrages hydrauliques construits en terre sont nombreux et essentiels, car ils ont pour
objectif la protection des personnes et des biens (digues), la production d’électricité ou la
constitution des réserves d’eau (barrage). Ces ouvrages en terre constituent, à grande échelle,
des milieux poreux en contact avec un fluide en mouvement. En leur sein, il apparaît ainsi un
couplage des phénomènes hydrauliques et mécaniques qui impose une démarche scientifique
interdisciplinaire. La pérennité de tels ouvrages peut être remise en cause par l’impact :
- de contraintes externes (environnementales ou anthropiques) qui est généralement
connu et pris en compte dès la conception ;
- de l’érosion interne, phénomène encore mal connu et mal qualifié, bien qu’il soit
responsable de la majorité des désordres très importantes, aux conséquences humaines et
matérielles.

CHAPITRE I : CONCEPTS GENERAUX DE BASE

I. Géotechnique
I.1. Définition
La géotechnique est l'ensemble des activités liées aux applications de la mécanique des sols,
de la mécanique des roches et de la géologie de l'ingénieur.
La géotechnique s'appuie principalement sur deux sciences :
• la géologie qui retrace l’histoire de la terre, précise la nature et la structure des matériaux et
leur évolution dans le temps,
• la mécanique des sols et des roches qui modélise leur comportement en tant que
déformabilité et résistance des matériaux.
I.2. Domaine d'application
La géotechnique joue un rôle essentiel dans l’acte de construire pour tous les travaux de
bâtiment, de génie civil et d’aménagements. On peut citer :
• les fondations des ouvrages : bâtiments, ponts, usines…
• les ouvrages de soutènement ;
• la stabilité des pentes naturelles et des talus ;
• les terrassements : routes, autoroutes, voies ferrées...
• les chaussées ;
• les tunnels et travaux souterrains ;
• les barrages et notamment les digues et les barrages en terre ;
• les ouvrages fluviaux, portuaires et maritimes ;

2
• l'hydrogéologie et la protection de l'environnement.

I.3. Acte de construire


 L’acte de construire comporte les principales fonctions suivantes :
 - Le maître d’ouvrage (Etat ou particulier) ;
 - Le maître d’œuvre (Conception et réalisation) ;
 - L’ingénieur spécialisé ;
 - L’entreprise qui exécute les travaux ;
 - Le fournisseur.
I.4. Technologie et ses différentes fonctions dans l’art de construire
La technologie de la construction a pour finalité de bien poser le problème de construction au
départ pour bien analyser ensuite. Elle étudie les différentes manières d’agencer les différents
éléments de la construction entre eux pour construire un ouvrage. Elle s’appuie à cet effet sur
les connaissances mécaniques et de l’étude en laboratoire. Tout ouvrage de génie civil étant
lié au sol doit :
 être stable vis-à-vis des forces extérieures qui réagissent ;
 être stable vis-à-vis du sol sur lequel il se repose ;
 remplir les fonctions pour lesquelles il a été réalisé et certaines fonctions
complémentaires liées au confort d’utilisation.
I.5. Sols
I.5.1. Définition
Le sol dans sa définition géotechnique, est un agrégat naturel de grains minéraux, séparables
par une action mécanique légère. Le sol est le résultat d’une altération naturelle physique ou
chimique des roches. On conçoit donc que la limite entre un sol et une roche altérée ne soit
pas définie nettement. Le sol est un matériau meuble, ce caractère étant fondamental. Il ne
suffit cependant pas à définir un sol naturel car certains matériaux produits par l’homme
présentent aussi ce caractère. Par exemple les sous-produits miniers et les granulats concassés
(sable, gravier, ballast...) sont aussi des matériaux meubles. Le mécanicien des sols étudie
donc aussi bien des sols naturels que des matériaux fabriqués artificiellement à partir de sols
ou de roches et présentant un caractère meuble.

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I.5.2. Fonction du sol
a) supportent des ouvrages (fondations) :

b) sont supportés par des ouvrages (murs de soutènement) :

c) sont des ouvrages (remblais, digues, barrages)

I.6. QUELQUES APPLICATIONS PRATIQUES DES ESSAIS D’IDENTIFICATION


(NB : ces essais sont supposés connus par l’apprenant)
I.6.1. Les essais d’identification permettent de qualifier le sol par un nom plus précis (argile,
sable, limon argileux,...). Une telle appellation est très utile quand elle est un peu rigoureuse car le
mécanicien des sols sait, pour chaque type de sol, quelles sont les propriétés à étudier, quels sont
les risques possibles, quelles sont les aptitudes principales.
Ainsi : - une argile, un limon argileux conviennent à priori pour réaliser la zone étanche d’un
barrage ;
- un sable ne convient pas ;
- sous réserve d’une certaine propreté, un sable grossier peut convenir pour construire le drain
d’un barrage ;
- un sol fin est plus compressible qu’un sol grossier ;
- un sol fin est plus sensible à l’eau qu’un sol grossier du point de vue de la mise en œuvre.
I.6.2. L’essai de compactage (Proctor) permet, lors de la préparation d’un projet de remblai, de
savoir si le sol se trouve naturellement à une teneur en eau proche de celle de l’optimum. La
norme NFP 11-300 indique que c’est le cas pour les sols A1, A2, B2, B4 à B6 (classes supposées

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connues par l’apprenant) dont la teneur en eau est comprise entre 0,9 et 1,1 fois la teneur en eau
de l’Optimum Proctor Normal. Pour le sol A3, la fourchette de tolérance est 0,9 à 1,2. Le sol A4
nécessite une étude spécifique, mais il est préférable de l'écarter. Les sols B1 et B3 et tous les sols
D sont insensibles à l'eau. Pour les sols C, on peut se ramener aux critères de sensibilité à l'eau des
sols A ou B en raisonnant sur la partie inférieure à 50 mm.
Au stade du chantier, l’essai Proctor sert de base au contrôle de compactage pour savoir si un
engin de compactage est susceptible de convenir et pour déterminer le nombre de passages
permettant un compactage efficace.
I.6.3. Les essais granulométriques permettent de vérifier les conditions de filtre entre deux zones
successives d’un ouvrage hydraulique, en particulier entre le remblai d’un barrage et le matériau
drainant ou bien entre le noyau d’un barrage et ses recharges grossières. En pratique, les
conditions de filtre ne sont pas faciles à respecter entre deux matériaux, l’un argileux et l’autre
drainant. L’on interpose, le plus souvent, un matériau de granulométrie intermédiaire, appelé
filtre. Ce dernier permet d’éviter le phénomène de Boulance.
 Règles de Filtre

Sous l’effet de la circulation de l’eau, les particules de sol peuvent migrer vers une zone de
sol plus grossier. C’est par exemple ce qui peut se produire entre le remblai d'un barrage et le
matériau drainant. Pour l’éviter, deux zones successives d'un ouvrage hydraulique doivent
vérifier des conditions de filtre qui sont des règles granulométriques. En pratique, les
conditions de filtre ne sont pas faciles à respecter entre ces deux matériaux et l’on interpose,
le plus souvent, un matériau de granulométrie intermédiaire, appelé filtre. Les conditions
explicitées ci-après doivent être vérifiées aux deux interfaces : entre matériau fin du remblai
et filtre puis entre filtre et drain. Dans chaque cas, D désigne la taille des grains du matériau le
plus grossier et d celle des plus fins.
Lorsqu’un matériau fin à granulométrie continue est en contact dans un ouvrage hydraulique
avec un matériau uniforme (drain ou filtre), leurs granulométries doivent répondre aux
conditions suivantes :
 condition de non entraînement des fines : D15 < 5.d85 ;
 condition de perméabilité : D15 > 0,1 mm ;
 coefficient d'uniformité des filtres et des drains compris entre 2 et 8.
On impose aussi le plus souvent une condition de propreté pour le matériau constitutif d’un
drain, condition qui s’écrit par exemple : D50 > 0,08 mm.
La condition de filtre au contact entre deux matériaux très uniformes est D60 /D10 < 3 et d60
/d10 < 3; celle entre le filtre et le drain s’écrit : 5.d50 < D50 < 10.d50.

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Pour réaliser le drain vertical d’un petit barrage en terre, il est habituel de recreuser plusieurs
couches du matériau fin compacté pour y déverser un sable considéré comme drainant et auto
filtrant (pas de filtre entre ce sable et le matériau du remblai). On recommande dans ce cas de
choisir un sable 0-5 mm vérifiant : D50 >0,08 mm (propreté) et D15 > 0,1 mm (perméabilité).
Enfin, un sol très gradué (d60 /d10 > 16) et à granulométrie discontinue présente des risques
d’érosion interne de sa partie fine sous l’effet des circulations d’eau. Le filtre contigu à ce
matériau doit donc être déterminé avec le d85 de la partie inférieure de la courbe
granulométrique du sol, après le changement de pente.
I.7. Hydraulique des sols
L’étude des écoulements dans le sol repose sur les hypothèses suivantes : le sol est supposé
complètement saturé ; l’eau et les grains sont incompressibles ; conservation de la phase liquide et
de la masse de l’eau interstitielle ; l’eau circulant entre les grains présente la viscosité ; les
contraintes totale et effective ainsi que la pression interstitielle de l’eau sont liées par la relation de
terzaghi.
L’eau exerce un effet direct sur le comportement de la plupart des sols :
- capillarité ; - gonflement et action du gel ; - percolation à travers les barrages ; - tassement des
structures ; - instabilités des talus dans l’argile.
Les différents états de l’eau dans les sols : - eau de constitution ; - eau liée ou adsorbée
- eau interstitielle : eau capillaire et eau libre
I.7.1.Vitesse de l’eau dans le sol
Les hypothèses qui découlent des écoulements linéaires sont :
- Le sol est supposé saturé (Sr = 1),
- Le régime d’écoulement est permanent et laminaire.
Par définition, la vitesse apparente est la valeur v = Q/S, rapport du débit de l'eau écoulée à la
section de l’échantillon de sol. En fait, la vitesse réelle (entre les grains) moyenne est v/n où n est
la porosité, mais il est plus simple de raisonner sur la vitesse apparente.
I.7.2. Charge hydraulique en un point
Considérons un point situé dans un massif saturé siège d’un écoulement permanent. Soit u la
pression de l’eau en ce point et z sa cote par rapport à un repère quelconque. La charge
hydraulique en ce point, est par définition :
Or les vitesses dans les sols sont toujours faibles rendant négligeable le terme en v 2/ 2g. D’où
h= (μ / γw) +z.

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I.7.3. Gradient hydraulique
Dans un écoulement uniforme et unidirectionnel, le gradient i est par définition le rapport de
la différence de charge h à la longueur L du trajet de l’eau dans le sol. Dans un écoulement
quelconque, le gradient hydraulique en M est le vecteur i de composantes :

(où h est la charge en M, l’axe des ordonnées (z) étant


orienté vers le haut). Si M' est infiniment proche de M :

Echantillon de sol soumis à un gradient hydraulique i=h/L


I.7.4. Propriétés hydrauliques des sols

I.7.4.1. Loi de Darcy


Cette relation fondamentale s'écrit : où k est le coefficient de perméabilité du sol.
Il vaut de l'ordre de 10 -8 à 10-10 m/s pour une argile et 10 -4 à 10-6 m/s pour un sable.
Il peut être déterminé au laboratoire (perméametre) et/ou sur le terrain. Dans les terrains
stratifiés (parallèle et verticale), on détermine K de la manière suivante :

I.7.4.2. Équipotentielles et lignes de courant


Les lignes de courant sont les courbes tangentes en chacun de leurs points aux vecteurs
vitesses. La loi de Darcy entraîne que le vecteur gradient est tangent à la ligne de courant. Les

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équipotentielles sont les lignes où la charge h est constante. Elles sont orthogonales aux lignes
de courant puisque si dh = 0, alors i .dM = 0

Réseau de lignes de courant et d'équipotentielles


I.7.4.3. Cas d’un barrage à drain horizontal sur substratum imperméable
Considérons un barrage drainé horizontalement, en situation d'écoulement permanent. Nous
disposons de deux conditions aux limites en régime permanent : h = H le long du parement
amont AB et h = z le long de BC (courbe de saturation).
Le potentiel est nul au niveau du drain. La courbe de saturation et le contact avec la fondation
sont des lignes de courant.

Saturation d'un barrage en terre


Le débit de fuite total se calcule en sommant les débits de fuite dans chaque tube de courant
où l'on applique la loi de Darcy. Or, les conditions de formation des sols (dépôts stratifiés) ou
de construction des remblais (par couches compactées) conduisent le plus souvent à une forte
anisotropie du sol avec des perméabilités beaucoup plus fortes dans la direction horizontale.
Pour éviter tout risque de contournement du drain en cas d’anisotropie, il est vivement
recommandé de construire un drain vertical entre la base du remblai et le niveau normal des
eaux plus 0,20 à 0,30 m.
I.7.4.4 - Forces d'écoulement et forces de pesanteur dans un sol saturé
La force de pesanteur appliquée à un grain de volume unité est un vecteur vertical descendant
de module : La force d'écoulement est : . Elle est tangente
à la ligne de courant.

Forces appliquées à un grain de sol

CHAPITRE II : EROSION INTERNE

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II.1. Définition et concepts de base

En présence d’eau, les ouvrages en terre peuvent subir des dommages irréversibles suivant
trois mécanismes principaux : le glissement, la surverse (Évacuation par débordement à la
partie supérieure d'une cuve, d'un bassin) et l’érosion interne. Le risque de rupture par érosion
interne augmente avec l’âge du barrage.
L’érosion interne peut être définie comme étant l’entraînement progressif de particules du
matériau constituant un ouvrage sous l’action de l’écoulement qui le traverse. Elle est
également définie comme une migration de particules engendrée par un écoulement
hydraulique souterrain dans un sol ou dans un ouvrage en terre. Le mode de rupture par
érosion interne peut toucher aussi bien la fondation que le remblai, y compris le noyau
étanche. Cette migration engendre une modification des caractéristiques hydrauliques et
mécaniques du matériau constituant l’ouvrage, notamment sa perméabilité. La perturbation de
cette caractéristique intrinsèque essentielle peut créer une perte d’étanchéité ou une
surpression interstitielle. Une telle modification de ce milieu peut être le facteur déclenchant
d’une rupture d’ouvrage.
Deux conditions doivent être réunies pour le développement d'une érosion interne.
Premièrement, les particules doivent être arrachées c'est-à-dire que la contrainte de
cisaillement hydraulique doit être plus grande que les forces de contact résistantes. L'eau doit
donc avoir une vitesse suffisante pour fournir l'énergie nécessaire à l'arrachement des
particules de la structure de sol. Deuxièmement, les particules détachées doivent être
transportées : un critère hydro-mécanique et un critère géométrique doivent alors être remplis.
Le flux doit être suffisant pour transporter les particules (critère hydro-mécanique) et les vides
existants dans les sols doivent être suffisamment grands pour que les particules détachées
passent au travers d'eux. Ce vide est soit un conduit (érosion régressive ou érosion de conduit)
ou des pores dans une couche grossière (suffision et érosion de contact).
Selon le comité français des grands barrages (Fry et al., 1997) et selon Lautrin (2002),
l’érosion interne ne se développe que si deux conditions sont réunies : l’arrachement des
particules et leur déplacemennt. L’érosion interne englobe différents types d’actions qui
peuvent avoir lieu au même endroit et en même temps. C’est ce caractère simultané qui rend
la distinction précise des phénomènes physiques difficiles. Les études de terrains permettent
de distinguer six phénomènes d’arrachement (entraînement, érosion régressive, débourrage,
boulance, dissolution et défloculation) et deux phénomènes de transport (suffusion et renard).
Seules les notions de boulance, de renard et de suffusion seront présentées dans la suite du
cours.
II.1.1. Boulance.

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La boulance est la conséquence d’un gradient hydraulique vertical et ascendant. Les forces
d’écoulement s’opposent directement au poids des particules et la résultante des forces est
dirigée vers le haut (vers le sens d’écoulement) ce qui provoque un entraînement des
particules par écoulement.

II.1.2. Renard

Le renard (pas l’animal) est un arrachement régressif des particules de l’aval du sol vers un
milieu extérieur et en progressant vers l’amont, jusqu’à la formation d’un conduit continu. La
variation de granulométrie du sol engendre donc une variation de la perméabilité. Ce
phénomène (renard) est difficilement détectable et évolue très rapidement, ce qui laisse peu de
temps pour agir. Généralement l’apparition du phénomène de renard dans les sols cohésifs est
favorisée par des défauts de perméabilité. La figure ci-dessous indique le phénomène de
renard dans un barrage.

II.2. Méthodes d’estimation du gradient de rupture

Il existe plusieurs méthodes d’estimation du gradient de rupture. Les méthodes présentées ici
reposent uniquement sur les critères hydrauliques.
Il est difficile de déterminer précisément les variations locales de perméabilité dans l’ouvrage.
Le gradient hydraulique global est le seul paramètre quantifiable. Les auteurs cherchent donc
à identifier la valeur seuil de ce gradient au-delà duquel peut se déclencher l’érosion interne.
Actuellement, plusieurs approches existent pour déterminer le gradient hydraulique critique.
II.2.1. Méthode Terzahi
Terzaghi a montré qu’il existe un gradient hydraulique critique pour des écoulements
ascendants, appelé gradient de Terzaghi ou de boulance. Ce gradient est la valeur limite pour
laquelle il y a équilibre entre le poids des grains et les forces dues à l’écoulement.
𝛾𝑠
𝑖𝑐𝑟 𝑇𝑒𝑟𝑧𝑎ℎ𝑖 = (1 − 𝑛 ) ( − 1) avec n la porosité, γs et γ w respectivement le poids volumique
𝛾𝑤

des grains et de l’eau (KN.m-3).

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Cette formule ne fait intervenir ni la cohésion ni le confinement et suppose un écoulement
laminaire autour d’un ensemble de grains, elle n’est donc applicable qu’à des sols
pulvérulents lâches.
Exo : Calculer le gradient de boulance pour γs =26,5 KN/m3 et 0,27<n<0,51. Ce gradient
peut-il être considéré comme gradient de rupture lors du dimensionnement de l’ouvrage ?

II.2.2. Méthode de Lautrin (2002)


1
En utilisant l’expression définie par Lane : 𝐶 = (∑ 𝐿𝑣 + ) /𝐻′. Lautrin exprime le gradient
3𝐿ℎ
𝐻′ 1
critique : 𝑖𝑐𝑟 = ∑ = avec H’ la charge hydraulique totale (m), ∑Lv la somme des
𝐿𝑣 +1/3𝐿ℎ 𝐶
distances verticales parcourues par l’eau (m) ; Lh la distance horizontale parcourue par l’eau
sous l’ouvrage (le coefficient 1/3 tient compte du fait que la perméabilité horizontale est
supérieure à la perméabilité verticale dans les sols alluvionnaires) (m) ; C le coefficient
dépendant de la granulométrie du sol (voir tableau ci-dessous)

Nature du sol C (valeur maximale) Nature du sol C (valeur maximale)


Sable très fin ou silt 8,5 Gravier moyen 3,5
Sable fin 7 Gravier grossier et pierres 3
Sable moyen 6 Galets, pierres et graviers 2,5
Sable grossier 5 Argiles 2
Gravier fin 4 Argiles raides 1,8

II.2.3. Méthode de Monnet (1998)


2 2
Cette méthode consiste à comparer la perméabilité du matériau avec la valeur 0,01𝑑15 . Si k<0,01𝑑15 ,
2
la rupture se fera par boulance et si k>0,01𝑑15 , la rupture se fera par renard sous un gradient qui
2
𝑑15
s’exprime par : 𝑖𝑅 = 0,01 𝑖𝑐𝑟 𝑇𝑒𝑟𝑧𝑎𝑔ℎ𝑖 avec K la conductivité hydraulique (m/s).
𝐾

Cette formule ne prend pas en compte la cohésion et n’est applicable qu’aux écoulements ascendants.
La figure ci-dessous indique la limite de stabilité sous l’écoulement.

Que signifie d15 ????

Limite de stabilité sous l’écoulement

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II.2.4. Approche mécanique

L’approche mécanique consiste à estimer la contrainte de cisaillement sur la surface d’un tube
induite par l’écoulement d’un fluide dans le tube. Cette contrainte a été exprimée par Hillel
∆P r
(1980) suivant l’équation τ = ( ) avec ΔP la différence de pression le long du tube de
L 2
longueur (Pa) ; L la longueur du tube (m) et r le rayon du tube (m)
∆P qw 8ƞ
Le gradient de pression peut être estimé par ( )= ( 2 ) avec qw le débit hydraulique
L A r
(m /s) ; A la section du tube (m ) ; r le rayon du tube ou du pore (m) et ƞ la viscosité
3 2

dynamique du fluide (kg/m/s).


Pour généraliser cette approche à l’étude du sol, Khilzr et al . (1985) ont modélisé les sols par
un réseau de tubes capillaires parallèles de rayon constant. La perméabilité intrinsèque du
r2
système peut s’exprimer par : K = n , avec n la porosité de l’échantillon et r le rayon
8
hydraulique moyen (m).
En substituant r par K dans l’expression de la contrainte de cisaillement, celle-ci peut
s’exprimer par
∆P τ n
= (√ ). Par ailleurs la perméabilité intrinsèque K peut être déterminée grâce à la
∆L 1,414 K
ƞ
mesure de la perméabilité hydraulique k suivant l’équation : K = k
γw
L’écoulement d’un fluide au cœur d’un sol peut s’accompagner de la migration d’une partie
des particules constitutives de ce matériau poreux. La perméabilité et le comportement
mécanique de ce sol peuvent alors évoluer significativement. Les expérimentations déjà
réalisées mettent en évidence la pluralité des phénomènes responsables de cette migration et
leur caractère évolutif.
II.3. Erosion interne par suffusion

II.3.1. Principaux critères d’initiation de la suffusion


Le phénomène de suffusion correspond à la migration des particules fines érodées dans un
milieu poreux sous l'action d’un flux hydraulique. En général, pour que l’érosion interne
s’initie par suffusion, on peut identifier trois critères qui doivent être satisfaits:
Critère 1 : la taille des particules fines de sol doit être inférieure à la taille des constrictions
entre les particules les plus grossières qui forment le squelette de base du sol;
Critère 2 : dans un état initial du sol granulaire, la quantité de particules fines doit être
inférieure à celle nécessaire pour remplir les vides du squelette du sol. Toutefois, le sol mal
gradués avec des vides surchargés et le sol bien gradué ne sont pas susceptibles à la suffusion.
Critère 3 : la vitesse d'écoulement de l'infiltration à travers la matrice du sol doit être
suffisamment élevée pour déplacer les particules fines à travers les constrictions entre les
particules grossières. Les deux premiers critères (dit critères géométriques) sont liés à la
granulométrie d'un sol, tandis que le troisième critère (dit critère hydraulique) est lié à la force
hydraulique provoquant le mouvement des particules fines de sol. Les sols qui satisfont au
critère 1, mais qui ont trop de particules fines ne seront pas soumis à la suffusion, mais
pourront être le lieu d’apparition du phénomène de « piping », avec la possibilité que les fines
soient érodées (seulement les particules fines et pas les particules grossières) au moins au
début du processus. Par ailleurs, plus tard dans le processus, la raréfaction des particules fines

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peut faire apparaitre les conditions de la suffusion. La rupture par suffusion peut se produire
par :
 La formation à l’aval de l’ouvrage d’une zone où la vitesse d’écoulement est
suffisamment importante pour qu’elle soit à l’origine de glissements successifs, voire
d’un déchaussement ;
 L’entraînement des matériaux qui provoque un affaissement local de l’ouvrage et qui,
dans certains cas de crues extrêmes, peut engendrer une surverse et provoquer la
rupture de l’ouvrage ;
 La formation d’une zone instable à l’aval de l’ouvrage, par augmentation des pressions
interstitielles et création d’une zone de dépression.
Cette zone provoque alors un affaissement des couches supérieures. Le fontis (Effondrement
du sol en surface, causé par la déliquescence souterraine progressive des terrains porteurs) qui
en résulte peut alors atteindre la crête du barrage et on assiste à la formation d’une brèche.

II.3.2. Critères d’évaluation de la suffusion

II.3.2. Méthodes granulométriques

Dans la conception classique des ouvrages, les critères géométriques sont très importants.
C’est pourquoi une évaluation de la probabilité de suffusion commence par une analyse
granulométrique du sol testé. Les sols sensibles à la suffusion présentent une granulométrie
discontinue et contiennent un pourcentage plus élevé de particules grossières.

II.3.2.1. Methode de Burenkova (1993)

Selon Burenkova (1993), la stabilité interne d'un sol dépend des facteurs d'uniformité
conditionnels (h 'et h "), définis comme suit:

La représentation de h' en fonction de log (h") pour une large gamme de sols, montre qu’il est
possible de définir des frontières séparant les sols instables et des sols stables (voir figure).
Selon Burenkova (1993), les zones I et III représentent les zones des compositions suffusives,
la zone II représente une zone de compositions non suffusive et la Zone IV représente une
zone de sols artificiels. Le champ pour les sols non-suffusifs (zone II) est décrite d’une façon
approximative par l'inégalité suivante :

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Frontières de stabilité ou d’instabilité des sols

II.3.2.2. Méthode de Kezdi (1979)


Cet auteur a divisé la courbe granulométrique d'un sol en deux parties : une partie fine et une
partie grossière, puis a évalué la stabilité interne par le critère de filtrage bien connu de
Terzaghi appliquée aux deux distributions proposées: d15g ≤ 4 d85f. Avec d15g = diamètre à
15% du tamisât de la partie grossière et d85f = diamètre à 85% du tamisât de la partie fine.

II.3.3. Méthodes hydrauliques

L’action de l’écoulement hydraulique sur les grains est souvent décrite suivant trois approches
distinctes : le gradient hydraulique, la vitesse de l’écoulement et la contrainte de cisaillement
critique. Les valeurs critiques de ces trois grandeurs peuvent alors être utilisées pour
caractériser l’initiation de la suffusion (Bonelli 2012)

II.3.3.1 Gradient hydraulique critique

Sous l’action d’un écoulement d’eau ascendant, la contrainte effective dans un volume de sol
peut s’annuler lorsque le gradient hydraulique atteint la valeur critique (ict) définie par
Terzaghi (1939) (gradient critique de boulance). Ce gradient s’exprime comme le rapport du
poids volumique déjaugé (γ’) et du poids volumique de l’eau (γ w).
Skempton et Brogan (1994) ont constaté que la valeur du gradient critique d’initiation de la
suffusion (ich) peut être de l’ordre du tiers ou du cinquième de la valeur du gradient critique
par le fait que la majeure partie de la contrainte effective est supportée par le squelette
granulaire constitué des graviers. Ils proposent d’exprimer le gradient critique de suffusion du
sable (ic) sous la forme : ic– ich= α ict. Avec α est un facteur de réduction de la contrainte
effective, inférieur à 1.

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Monnet (1998) a utilisé les résultats de ces mêmes essais pour déterminer une méthode
d’évaluation du gradient hydraulique de suffusion. Cette méthode consiste à comparer la
conductivité hydraulique (K) du matériau avec la valeur 0,01.(d15)2. Si K< 0,01.(d15)2, alors
l’instabilité se fera par boulance et si K>0,01.(d15) 2 l’instabilité se produira par suffusion
avec un gradient critique estimé par : ich= 0,01. (d15) 2/k. ic

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CHAPITRE III : DEFORMATION DES SOLS

III.1.Notions de contraintes
Soit un solide dont les forces s’exercent
à sa surface.

En coupant ce solide par un plan fictif (P),


l’élément de surface « s », autour du point « M »
sur la surface « S », est soumis à une force F.
la contrainte au point « M » est le vecteur

Parmi les facettes autour du point M, il existe 3 plans privilégiés pour lesquels la contrainte
tangentielle est nulle (= 0). Ces 3 plans sont appelés plans principaux.
Leurs directions normales, directions principales et les contraintes correspondantes,
contraintes principales, sont notées : σ1 Contrainte principale majeure σ2 : Contrainte
principale intermédiaire σ3 : Contrainte principale mineure. Avec σ1 ≥ σ2 ≥σ3 .

III.2. Calcul des contraintes


Pour étudier l’état de contraintes autour d’un point, on utilise une représentation appelée
diagramme de Mohr qui consiste à représenter le vecteur contrainte f dans un système d’axes
(σ,τ). Dans le cas bidimensionnel, cas très fréquent en géotechnique, le cercle de Mohr est le
lieu des extrémités des vecteurs contraintes et les contraintes principales se réduisent à deux.
III.2.1. Méthodes de calcul des contraintes normale et tangentielle
a) Méthode analytique

Si l’on écrit la première condition d’équilibre (somme des forces est nulle), on aura l’état de
contrainte sur le plan incliné de « θ ».
𝜎 +𝜎 𝜎 −𝜎 𝜎 −𝜎
𝜎0 = 𝑥 𝑧 + 𝑧 𝑥 𝑐𝑜𝑠2𝜃 − 𝜏𝑥𝑧 𝑠𝑖𝑛2𝜃 et 𝜏𝜃 𝑧 𝑥 𝑠𝑖𝑛2𝜃 + 𝜏𝑥𝑧 𝑐𝑜𝑠2𝜃
2 2 2

Le lieu de contraintes dans le plan (σ,τ) est défini par la relation :


𝜎𝑥 +𝜎𝑧 𝜎𝑧 −𝜎𝑥
(𝜎𝜃 − ) 2
+ 𝜏𝜃2 = ( ) 2 2 . C’est l’équation d’un cercle (cercle de Mohr):
+ 𝜏𝑥𝑧
2 2

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𝜎𝑧 −𝜎𝑥 2 2
- de centre de coordonnées (( x+ z)/2, 0) et de rayon 𝑅 = √( ) + 𝜏𝑥𝑧
2
L’orientation des plans principaux est obtenue pour τθ=0, soit
2𝜏
𝜃1 = −𝑎𝑟𝑐𝑡𝑔 𝑥𝑧 et 𝜃2 = 𝜃1 + 𝜋⁄2
𝜎𝑧−𝜎𝑥
Il existe donc deux plans principaux dont l’orientation est donnée par θ1 et θ 2. Les contraintes
principales majeure et mineure sont déterminées à partir de l’équation du cercle de Mohr.
𝜎𝑥 +𝜎𝑧 𝜎𝑧 −𝜎𝑥 2 2 et 𝜎 = 𝜎𝑥 +𝜎𝑧 𝜎𝑧−𝜎𝑥 2 2
𝜎1 = + √( ) + 𝜏𝑥𝑧 3 − √( ) + 𝜏𝑥𝑧
2 2 2 2

Si les directions x et z sont principales ( x =  3 ; z = 1 et xz =0) on trouve :


𝜎 +𝜎 𝜎 −𝜎 𝜎 −𝜎
𝜎𝜃 = 1 2 + 1 3 𝑐𝑜𝑠2𝜃 et 𝜏𝜃 = 1 3 𝑠𝑖𝑛2𝜃
2 2 2

b) Méthode graphique

Il s’agit de déterminer l’état de contraintes sur le plan incliné d’un angle θ et dont les valeurs
des contraintes principales σ1 et σ3 sont connues

La démarche utilisée pour résoudre ce problème est la suivante :


- De σ1, on trace une parallèle au plan de σ1 ;
- De σ3, on trace une parallèle au plan de σ3 ;
- L’intersection des deux plans donne le pôle « P » ;
- Du pôle « P », on trace la parallèle à la facette sur laquelle on veut trouver l’état de
contraintes (σθ et τθ) ;
- L’intersection de cette droite avec le cercle donne σθ et τθ.

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On doit souligner enfin que, en mécanique des sols, on adopte la convention de signes
suivante :
- σ >0 en compression
- σ <0 en traction.

III.2.2. Répartition des contraintes dans le sol


Dans un sol global en milieu continu et sans distribution entre les phases solides et liquides,
les contraintes exercées en un point sur une facette donnée sont dites contraintes totales.
Lorsque les phases sont prises séparément, les contraintes se répartissent entre les solides et
l’eau. L’eau étant incompressible, aucune contrainte de cisaillement n’est observée.
Les contraintes transmises dans le squelette des grains solides du sol sont les contraintes
effectives σ', τ'. Les seules contraintes pouvant exister dans l'eau sont la pression interstitielle
u et la contrainte normale, sans cisaillement. D’après le postulat de Terzaghi (1920), σ = σ'+u
(contrainte normale totale- pression de l'eau) et τ= τ'.
Remarque pour un sol sec σ = σ'.

III.2.3. Contrainte réelle – principe de superposition


Dans le domaine élastique linéaire, l'effet produit par l'action simultanée de plusieurs forces
est égal à la somme de ceux produits par chacune des forces agissant séparément

III.2.4. Contrainte naturelle ou géostatique

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La contrainte naturelle σv0 représente la contrainte dans le sol avant tout chargement
supplémentaire. Il s’agit du poids des terres.
a) Sol homogène à surface horizontale

La composante verticale de la contrainte due au poids propre du sol est : z .z, où z
désigne la profondeur. Pour un sol multicouche : z i .di (d i : épaisseur de la couche i).
b) Sol inondé à surface horizontale
L’élément de sol est allégé d’un poids équivalent au poids volumique de l’eau multiplié par
son propre volume lorsqu’il est noyé dans l’eau interstitielle. Ainsi la contrainte totale sera
supportée par le squelette solide et l’eau. D’après la loi de Terzaghi,v =v’+µ
µ= γwhw, avec u= pression interstitielle, v’ contrainte effective transmise au squelette solide.
NB : le poids volumique intervenant dans le calcul de la contrainte est γ sat. v’=v-µ = 𝛄′𝐳.
Le diagramme de variation de la contrainte principale, la contrainte effective et la pression
interstitielle en fonction de la profondeur se présente comme suit :

σ'z est indépendant de hw

c) Cas d’une nappe phréatique à la profondeur H (H < z)


𝜎𝑧 = 𝐻. 𝛾ℎ + (𝑧 − 𝐻). 𝛾𝑠𝑎𝑡 ; 𝜇 = (𝑧 − 𝐻). 𝛾𝑤 ; 𝜎𝑧′ = 𝐻. 𝛾ℎ + (𝑧 − 𝐻)𝛾 ′

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d) Sol homogène à surface inclinée

Après application des équations d’équilibre


𝜎𝑦 = 𝛾. 𝑌. 𝑐𝑜𝑠𝛽 = 𝛾. 𝑍𝑐𝑜𝑠 2 𝛽
𝜏𝑥𝑧 = 𝛾. 𝑌. 𝑠𝑖𝑛𝛽 = 𝛾. 𝑍. 𝑠𝑖𝑛𝛽𝑐𝑜𝑠𝛽 et
𝑌 = 𝑍𝑐𝑜𝑠𝛽

III.2.5. Contraintes liées aux surcharges.

Les dépôts de sol sont normalement stable, à moins que les circonstances naturelles ou un
chargement artificiel ne contribue à y accroitre les contraintes effectives et qu’un tassement
s’en résulte. De manière générale, un abaissement de la nappe augmente la contrainte
effective. Cependant, divers types de surcharges induisent aussi des contraintes (Δ) dans le
sol. Il s’agit : des charges ponctuelles ; Des charges uniformes, reparties sur les surfaces
rectangulaires et circulaires ; Des charges en forme de remblais.

 Cas d’une charge ponctuelle.

Il est admis que la répartition des contraintes en profondeur est la même si le milieu est
homogène. Cette application n’entraîne pas d’erreur importante quand il s’agit des couches
meubles pour lesquelles les ordres de grandeur des modules ne sont pas différents. La
distribution des contraintes peut être évaluée en utilisant des procédures conventionnelles

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acceptables basées sur des équations analogues de Boussinesq. La répartition des contraintes
sous une charge ponctuelle peut se faire suivant des plans horizontaux (A) ou en bulle de
contraintes (B).

Le cas B montre que pour une même pression, le volume de sol impliqué en termes de
déformation varie en fonction de la forme de la structure.
En considérant le sol comme milieu semi fini élastique, la contrainte verticale due à la force
ponctuelle Q est calculée d’après la formule de Boussinesq (1885) :

3𝑄 𝑍3 3𝑄 1
∆𝜎 = . (𝑟 2 = . 𝐶𝑜𝑠 5 𝜃.
2𝜋 +𝑧 2 ) 5/2 2𝜋 (𝑧 2 )

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Cette équation peut s’écrire de la forme Δ= I z. Q / z2 . Iz= facteur d’influence de la contrainte
verticale déterminé en fonction de r/z par abaque.

 Cas d’une surcharge uniformément répartie

Lorsque la surcharge est uniformément répartie sur toute la surface, la contrainte Δ=q quelle
que soit la profondeur.

 Cas d’une surcharge circulaire uniforme.

Δ= q (1-(z3 / (r2+ z2)) = Izq . I z étant le facteur d’influence fonction de r/R et z/Z.

 Cas d’une surcharge rectangulaire uniforme.

Sous l’effet d’une surcharge rectangulaire de largeur b et de longueur L, la contrainte induite


sous l’un de ses coins de cette charge est ΔI zq. ou Iz est fonction de b/z et L/z. les valeurs
de I z pour une semelle rectangulaire sont résumées dans le tableau ci-après.

L/z b/z 0,1 0.3 0.5 1 2 >3


0,1 0,01 0,01 0,02 0,03 0,03 0,03
0,3 0,01 0,04 0,06 0,08 0,09 0,09
0,5 0,02 0,06 0,08 0,12 0,13 0,14
0,7 0,02 0,07 0,10 0,14 0,17 0,17
1 0,03 0,08 0,12 0,18 0,20 0,20
1,2 0,03 0,09 0,13 0,18 0,21 0,22
1,4 0,03 0,09 0,13 0,19 0,22 0,22
1,6 0,03 0,09 0,13 0,20 0,22 0,23
2 0,03 0,09 0,13 0,20 0,24 0,25
La contrainte à la verticale d’un point quelconque s’obtient en construisant à partir du
rectangle et du point des rectangles ayant chacun un sommet au point considéré. La contrainte
cherchée est la somme algébrique des contraintes produites par le quadrilatère. On procède
par la méthode du découpage.

Considérons les points A et B

 Cas d’un remblai semi infini.

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Pour un remblai de hauteur Hr et de poids volumique γr, la contrainte verticale est Δ I zq,
avec q = Hrγr, Iz facteur d’influence fonction de a/z et b/z.

b/z a/z 0,01 0,05 0,1 0,3 0,5 1


0,0 0,00 0,01 0,03 0,10 0,15 0,26
0,2 0,13 0,14 0,16 0,22 0,25 0,33
0,4 0,23 0,24 0,25 0,30 0,33 0,38
0,6 0,32 0,32 0,33 0,36 0,38 0,41
0,8 0,37 0,37 0,38 0,40 0,41 0,45
1,0 0,41 0,41 0,42 0,43 0,44 0,45
1,2 0,44 0,44 0,44 0,45 0,46 0,47
1,4 0,45 0,45 0,46 0,46 0,47 0,48
1,6 0,47 0,47 0,47 0,47 0,48 0,49
2,0 0,48 0,48 0,48 0,48 0,49 0,49
3,0 0,49 0,49 0,49 0,49 0,49 0,50

 Charge uniformément répartie sur une surface quelconque

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III.3. Relation contraintes – déformations.

Le sol comme tout solide, se déforme lorsqu’il est soumis sous divers charges. Pour
déterminer les déformations qui ont lieu dans toutes les directions autour d’un point du sol, il
suffit de connaitre les valeurs des déformations dans les directions ox, oy et oz autour du point
considéré. La variation du volume autour du point considéré est ΔV/V= Ɛx+Ɛy+Ɛz. Il existe
trois principales directions pour lesquels les déformations angulaires sont nulles. Ces
directions sont appelées directions principales de déformation et sont notées Ɛ 1, Ɛ2 et Ɛ3.
Les relations contraintes déformations sont appelés Loi de comportement, puisqu’elles
permettent de caractériser la réponse d’un matériau sous l’effet d’un chargement. Dans un
solide isotrope situé dans le domaine déformation élastique, les relations contraintes
déformations sont :

Ƹx = 1 / E’ [𝐱 − V (𝐱 + 𝛁𝐳)], γxz =1/G.τxz,

Ƹy = 1 / E’ [𝐲 − V (𝐲 + 𝛁𝐳)], γyz =1/G.τyz,

Ƹz = 1 / E’ [𝐳 − V (𝐱 + 𝛁𝐲)], γxy =1/G.τxy ,

E’ est le module d’élasticité longitudinale, V est le coefficient de poisson, G est le module de


cisaillement transversal qui est donné par : G = E’ / [2 (1 + V)].

III.4. Tassement des sols


III.4.1.Définition
Dans la plus part des cas, la surface du sol est horizontale et les charges sont verticales. Les
déformations et par conséquent les déplacements seront dans la même direction. Ils sont alors
appelés tassement. Le tassement est par définition la variation de hauteur d’une couche de sol
sous l’effet d’une charge (surplus). La consolidation est l’évolution du tassement dans le
temps. On distingue deux types de types de tassements :
- Uniformes qui affectent peu la structure et sont liés aux problèmes de raccordement (remblai
– ouvrage d'art ; canalisation – bâtiment).
- Différentiels qui peuvent entraîner des désordres importants et sont observés sur les
structures hyperstatiques → tassement entre 2 appuis.
Le tassement doit être évité pour assurer :
 le drainage (comme tassement maximal : 10-35 cm) ;
 l’écoulement de l’eau dans les canalisations (éviter de modifier les conditions de
circulation : 10-20 cm) ;
 la sécurité à l’égard de la fissuration.
Dans le cas par exemple d’une poutre de 10 m, le tassement total est compris entre 5 à 10 cm
alors que le tassement différentiel varie entre 2,5 à 4 cm. Les tassements sont dus au
phénomène de compressibilité des sols. Celle-ci résulte de la compression de l'air contenu
dans les vides (Si), l'expulsion de l'eau contenue dans les vides (consolidation primaire) et la
compression du squelette solide (consolidation secondaire)
Le tassement total St = Si + Sp + Ss

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Le calcul du tassement d’un sol soumis à un chargement vertical se fait en deux étapes :
- calcul de l’état de contraintes dans le sol avant et après le changement. Pour cette
étape, il est en général fait appel à la théorie de l’élasticité, cette approximation étant
valable au moins pour les contraintes verticales ;
- calcul des déformations : deux méthodes sont utilisées pour cette seconde étape, la
méthode du chemin de contraintes (basée sur l’essai oedométrique et la méthode
dérivée de la théorie de l’élasticité (basée le plus souvent sur l’essai pressiométrique)
Les sols grenus (sable et gravier ayant un coefficient de perméabilité élevé), saturés ou non,
ont un tassement immédiat Δhi. Pour les sols fins saturés (faible coefficient de perméabilité),
sous l’action d’une charge, l’eau libre ne peut s’évacuer immédiatement et supporte toutes les
contraintes appliquées (suppressions interstitielles Δu=Δ) pendant la phase de construction
de l’ouvrage ; on aura le tassement immédiat hi.
La transmission des contraintes au squelette solide se fait progressivement au cours du
drainage de l’eau et les surpressions interstitielles diminuent. Cet écoulement s’arrête lorsque
Δu s’annule. On obtient donc le tassement à long terme ou le tassement final de consolidation
primaire Δhc. Pour une couche de sol h et d’indice des vides initiale e0 après un chargement
donné et à un instant donné, Δh /h = (e0-e) /(1+ e0) = Δe / (1 + e0). Δh et e sont respectivement
le tassement et l’indice des vides à l’instant t.
III.4.2. Estimation du tassement
On peut réaliser l’analyse des contraintes avec une précision mathématique qui est supérieure
à celle du calcul du tassement.
III.4.2.1. Détermination du tassement par la théorie d’élasticité : coefficient de réaction
du sol
L’application de la théorie d’élasticité permet de déterminer le tassement analytique ou à
l’aide d’abaques. Dans le cas d’un milieu élastique semi-indéfini, le tassement en un point
quelconque d’une semelle repartie à la surface de ce milieu est :
s=fBq’(1-V’²)/E’
s le tassement, V’ coefficient de poisson, B le diamètre ou largeur de la semelle, q’ contrainte
effective appliquée au sol par la semelle, f coefficient de forme qui dépend de la semelle et de
la rigidité. Si la semelle est ancrée, s= fB (q’- σv0)(1-V’²)/E’
III.4.2.2. Détermination du tassement par la méthode d’intégration par tranche
Lorsque les sols d’assise sont constitués de plusieurs couches de compressibilité différente,
les formules précédentes ne s’appliquent plus. La méthode d’intégration par tranche comporte
deux phases :
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- déterminer la répartition des contraintes en profondeur ;
- calculer le tassement de chaque couche de sol en fonction de la contrainte transmise à la
profondeur concernée.
Le tassement total se calcule par sommation des tassements de chaque couche.
III.5. Forces hydrauliques
Si l'on considère un petit élément de sol isotrope autour d'un point M d'un écoulement
bidimensionnel, la résultante Fw des forces hydrauliques appliquées à cet élément est la
résultante des forces de pression interstitielle s'exerçant sur son contour :

La résultante des forces hydrauliques appliquées à l’unité de volume = force unitaire


d’écoulement + Poussée d’archimède.
La force unitaire d'écoulement a pour intensité i.yw (i étant le module du vecteur gradient
hydraulique) et est tangente à la ligne de courant passant par M, puisqu'elle est portée par le
vecteur gradient hydraulique. Ce résultat peut être étendu à un volume de sol de forme et de

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dimensions quelconques. Il en résulte que les forces hydrauliques appliquées à un volume de
sol peuvent se réduire à deux systèmes équivalents :
1 - les forces d'écoulement et la poussée d'Archimède (forces volumiques);
2 - les forces dues aux pressions interstitielles agissant sur le contour du volume considéré
(forces extérieures).
Suivant le problème de stabilité que l’on veut étudier, on considérera l’un ou l’autre système :
- par exemple quand le gradient hydraulique i est uniforme (c'est-à-dire lorsqu'il
conserve la même valeur et la même direction en tout point de l'écoulement), la force E,
agissant sur un volume V quelconque de sol, se calcule simplement.
Elle a en effet pour expression : 𝐸 = 𝑖. 𝛾𝑤 . 𝑉. Il est alors intéressant d'utiliser le premier
système.
- inversement, lorsque l'écoulement est quelconque, l'intégration des forces élémentaires
d'écoulement 𝑖. 𝛾𝑤 . 𝑑𝑣 est longue et fastidieuse. Il est alors préférable de déterminer les forces
hydrauliques à partir des pressions interstitielles sur le contour de l'élément.
Lorsqu'un sol est baigné par une nappe au repos, le squelette solide est soumis à la poussée
d'Archimède : le sol est déjaugé (cas b).
Lorsque la nappe est en mouvement, le sol est, de plus, soumis à des forces d'écoulement ou
forces de percolation dirigées dans le sens de l’écoulement et proportionnelles au gradient
hydraulique i. Les grains du sol opposent, en effet, une résistance à l'écoulement de l’eau dans
l'espace intergranulaire (ce qui se traduit par la perte de charge), inversement l’eau exerce une
action égale et de signe contraire sur le squelette solide (principe de l'action et de la réaction).
L'intensité de la force d'écoulement agissant sur un élément de sol de volume V est :
𝐹⃗ = 𝛾𝑤 𝑉𝑖⃗

Cas a : pressions Cas b : résultante des forces


Forces hydrauliques. Etudes des forces exercées sur un élément de volume V par deux lignes
de courant et deux équipotentielles.

27
III.6. Etude de la pression interstitielle
La pression interstitielle en un point d'un massif de sol peut dépendre :
- de la situation de ce point par rapport à la surface de la nappe (la nappe pouvant être
statique ou en mouvement);
- des contraintes créées autour du point considéré par une variation des charges
appliquées au massif.
La pression interstitielle n’est liée aux variations des contraintes que dans le cas des sols de
faible perméabilité. Une variation des contraintes appliquées à un élément de sol se traduit en
effet par une variation de volume de cet élément qui absorbe ou rejette de l’eau.
Si la perméabilité du sol est élevée, le mouvement de l'eau est instantané et la pression
interstitielle n’est pas modifiée. Inversement, si la perméabilité du sol est faible eu égard à la
vitesse de variation des contraintes, l’eau interstitielle ne peut s’écouler que très lentement et
se met en pression (ou en dépression). La pression interstitielle à la fin du chargement ou du
déchargement du sol est alors : 𝑢 = 𝑢0 + ∆𝑢
𝑢0 la pression interstitielle initiale indépendante des contraintes ; ∆𝑢 la variation de la
pression interstitielle liée à la variation des contraintes (∆𝑢 pouvant être positif ou négatif).
La pression interstitielle évolue ensuite dans le temps (le sol se consolide) pour atteindre une
valeur uf indépendante des contraintes appliquées.
a) Cas d’un remblai

La pression interstitielle initiale en un point M de la couche d’argile est : 𝑢0 = 𝛾𝑤 𝑍𝑤


La construction d’un remblai de grande largeur, exerçant sur le sol une pression p, provoque
en M une augmentation de pression Δu = p et, à la fin de la construction, la pression
interstitielle en M est : 𝑢 = 𝛾𝑤 𝑍𝑤 + 𝑃.
Lorsque la consolidation de l’argile sous la charge du remblai est terminée, la pression
interstitielle en M redevient égale à u 0 (si la nappe n’a pas subi de fluctuations importantes).
Dans le cas d'un remblai construit sur un sol perméable la pression interstitielle est
constamment égale à u0.
b) Cas d’un déblai

28
Avant l'ouverture du déblai, la pression interstitielle en M est : 𝑢0 = 𝛾𝑤 𝑍𝑤
L’ouverture du déblai entraîne une diminution des contraintes totales autour de M et le sol
tend à augmenter de volume. Si la perméabilité du sol est faible, le sol ne peut absorber que
peu d'eau pendant les terrassements et ne subit par conséquent que des variations de volume
très faibles. Il en résulte une diminution Δu de la pression interstitielle dont la valeur ne
dépend que de la variation des contraintes totales en M. La pression interstitielle en M varie
au fur et à mesure que le sol se consolide sous les nouvelles contraintes qui lui sont appliquées
et tend vers une valeur différente de u 0 et indépendante de ces contraintes. L'ouverture du
déblai provoque, en effet, un rabattement de la nappe et un écoulement permanent s'établit
lentement dans le sol. La valeur finale de la pression interstitielle en M est déterminée par cet
écoulement (figure ci-dessous).
Dans le cas d'un talus de déblai ouvert dans un sol de perméabilité élevée, la nappe prend sa
forme d'équilibre au fur et à mesure de l'exécution de la tranchée et le régime permanent
s'établit dès la fin des travaux. La pression interstitielle en M est alors indépendante des
variations des contraintes dans le sol et son évolution est liée uniquement à celle de la nappe.
Le comportement d'un sol peu perméable évolue donc entre deux comportements extrêmes :
- un comportement à court terme, lorsque le sol vient d'être chargé ou déchargé. Aucune
variation de volume n'a encore pu se produire et les contraintes normales sont alors
reportées totalement ou en partie sur l'eau interstitielle ;
- un comportement à long terme, lorsque la pression interstitielle due au chargement du
sol s'est dissipée et que le régime d'écoulement de l'eau dans ce sol est devenu
permanent. Le comportement d'un sol perméable est toujours un comportement à long
terme.
c) Evaluation de la pression interstitielle à court terme
Dans la grande majorité des cas, les études de stabilité à court terme ne font pas intervenir
explicitement la pression interstitielle. Le sol ne subissant aucune variation de volume, sa
résistance au cisaillement est indépendante des contraintes totales qui lui sont appliquées et il
peut être considéré comme un matériau à phase unique.
d) Evaluation de la pression interstitielle à long terme
Lorsque le sol est traversé par un écoulement, la détermination des pressions interstitielles qui
se développent à long terme se fait à partir du réseau des équipotentielles de l'écoulement
permanent. Si hM est la charge hydraulique le long de l'équipotentielle passant par le point M,
la pression interstitielle en M est : 𝑢𝑚 = 𝛾𝑤 (ℎ𝑀 − 𝑍𝑚 )

Dans le cas d'un écoulement à surface libre, la pression interstitielle au point N (N étant le
point d'émergence de l’équipotentiel passant par M) est nulle. On a donc : ℎ𝑁 = 𝑧𝑁 = ℎ𝑀 d'où
la valeur de la pression interstitielle en M : 𝑢𝑀 = 𝛾𝑤 (𝑧𝑁 − 𝑧𝑀 )

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III.7. Tassements dus à l'augmentation des contraintes effectives
III.7.1.Tassement dû à un abaissement uniforme de la nappe
Soit un massif de sol partiellement baigné par une nappe libre dont le toit se trouve à la
profondeur z0 comptée à partir de la surface. La contrainte verticale effective exercée par le
sol en place est représentée en fonction de la profondeur z par la courbe 1 de la figure 1a.
Lorsque la nappe subit un abaissement uniforme d'amplitude z1 -z0, la poussée d'Archimède
n'agit plus sur le sol compris entre les cotes z1 et z0 et la courbe des contraintes effectives
devient la courbe 2. L'augmentation de la contrainte effective en fonction de la profondeur est
égale à 𝛾𝑤 (z-z0) lorsque z est supérieur à zl (fig. lb). Dans le cas d'une nappe en charge dont le
toit est constitué par une couche superficielle A peu perméable (Fig. 2), un abaissement z1 -z0
de la surface piézométrique se traduit également par un accroissement 𝛾𝑤 (z0 -z) de la
contrainte verticale effective en tout point de la couche B. Mais il faut aussi tenir compte de
l'accroissement des contraintes effectives dans la couche A. Si, par exemple, les infiltrations
de surface sont négligeables, il existe dans cette couche une nappe alimentée par celle de la
couche B et dont le niveau piézométrique se situe initialement à la profondeur z0.
L'abaissement du niveau piézométrique entraîne donc une diminution de la pression de l'eau
dans la couche A (plus lente que dans la couche B en raison de la différence des
perméabilités) et, à l'équilibre, l'augmentation de la contrainte verticale effective est
représentée par le diagramme de la figure 2 de même allure que celui de la figure lb.
Si le sol est suffisamment compressible, l'augmentation de la contrainte effective se traduit
par des tassements :
 tassement du sol compris entre les niveaux z0 et z1, somme des tassements des couches
élémentaires d'épaisseur dz situées à la profondeur zi et supportant la surcharge
uniforme 𝛾𝑤 (zi- z0) ;
 tassement du sol situé au-dessous du niveau z1 provoqué par la surcharge uniforme
𝛾𝑤 (zl-z0) supposée appliquée au niveau z 1. Si le sol compressible a une certaine
extension en profondeur, le tassement du sol situé sous la nappe peut être important, la
surcharge due à l'abaissement de la nappe étant transmise intégralement aux couches
les plus profondes.
Lorsque l'amplitude du rabattement est faible par rapport à l'épaisseur des couches
compressibles, on peut négliger le tassement du sol compris entre z0 et z1.

30
Figure 1 Influence de l'abaissement d'une nappe libre sur les contraintes verticales effectives
dans un massif de sol.

Figure 2 - Nappe captive. Variation des contraintes verticales effectives due à un rabattement
de nappe.
II.4.2.Tassement dû à un abaissement non uniforme de la nappe
Le rabattement d'une nappe provoqué par un pompage n'est pas uniforme. Son amplitude est
d'autant plus grande que l'on est plus proche du groupe de puits ou de pointes filtrantes mis en
service.
Les équipotentielles de l'écoulement vers ces puits peuvent généralement être assimilées à des
surfaces cylindriques à génératrices verticales dans la majeure partie de la zone intéressée par
le rabattement. Dans ces conditions, l'augmentation des contraintes effectives en un point M
est : ∆𝜎 ′ = −∆𝑢 = 𝛾𝑤 (𝑧1 − 𝑧0 ) = 𝛾𝑤 ∆𝑧
On peut alors évaluer le tassement au point M à partir des formules établies aux paragraphes
précédents.
∆z étant variable, le tassement n'est pas uniforme et un ouvrage situé dans la zone d'influence
du pompage subit des tassements différentiels, ceux-ci sont d'autant plus importants que
l'ouvrage est plus étendu.

31
Il résulte de ce qui précède qu'un rabattement de nappe risque d'endommager principalement
les constructions légères de grande superficie, fondées sur semelles étroites et s'appuyant sur
un sol normalement consolidé ou légèrement surconsolidé.

Question : l’étude piézométrique est-elle nécessaire dans le fonctionnement d’un barrage ?

32
CHAPITRE IV : FONDATIONS

IV.1. Définition et description


Les fondations d’un ouvrage sont les éléments de la structure assurant la transmission des
efforts de cette structure sur le sol (principalement les efforts de pesanteur).
Elles reprennent et transmettent au sol toutes les charges permanentes, accidentelles ou
d’exploitation. L’étude du sol (reconnaissance du sol) permet de connaître le comportement
mécanique du sol lorsqu’il est soumis à un chargement. Il s’agit d’étudier les conditions de
stabilité de la fondation et les conditions de tassement du sol. Dans l'étude des fondations, le
sol et l'ouvrage ne constituent pas un ensemble mixte, mais deux ensembles dont il s'agit de
connaître les interactions. On distingue :
les fondations superficielles (semelles ou radiers) ; les fondations profondes (pieux, puits,
barrettes).
La différence entre ces deux fondations repose sur :
a) les dimensions. Les fondations superficielles (semelles) sont limitées en dimensions, au-
delà, les techniques de mise en œuvre sont relatives aux fondations profondes.

D : hauteur d’encastrement et B la largeur de la semelle


Les fondations de ponts ont typiquement des formes rectangulaires et portent un mur ou des
poteaux. Les fondations de bâtiments sont par contre beaucoup plus variées et complexes.
b) Par le niveau de fond de fouille

33
IV.2. Fondations superficielles
La profondeur d'encastrement (D) reste inférieure à 5 ou 6 fois la largeur de la fondation (B).
Elles sont définies par les caractéristiques suivantes
- La largeur B de la semelle qui est le plus petit côté de la semelle ;
- La longueur L qui est le plus grand côté dans le cas d’une semelle rectangulaire ;
- La hauteur d’encastrement D, qui est l’épaisseur minimale des terres au-dessus de la
fondation et
- L’ancrage h, qui est la profondeur de pénétration de la semelle dans la couche
porteuse.

(a) et (b) fondations


superficielles, (c) pieu.

IV.2.1. Quelques types de semelles


a) Semelles isolées.
Les semelles isolées sont les fondations des poteaux. Leurs dimensions de surface sont
homothétiques à celles du poteau que la fondation supporte
On distingue les semelles circulaires (B=2R) ; carrées (B=L) ; rectangulaires (B<L<5B)
b) Semelles filantes ou continues.
Les semelles filantes sont les fondations des voiles. L>5B
On peut également avoir un radier qui est une semelle de grande dimension qui porte soit une
partie soit tout l’ouvrage. Dans ce cas, la largeur est de plusieurs mètres. On utilise les radiers
pour le cas de support à résistance faible.
IV.2.2. Comportement d’une semelle chargée
a) Charge et contrainte ultime

Courbe typique obtenue lors du chargement d’une fondation superficielle


Si on considère la charge appliquée au sol, Qu, charge ultime ou charge maximale ou encore
charge qui entraîne la rupture du sol, cette charge n’a pas de valeur précise mais en
géotechnique, on estime que Qu=B/10. Si A est l’aire de la semelle, q u =Qu/A avec qu la
contrainte ultime.
34
NB : si le matériau est sec, on travaille en contrainte totale. Si le matériau est humide, la
charge appliquée se disperse car une partie est reprise par la phase liquide. Lorsqu’il y a eu
pression interstitielle entre deux grains, ces deux grains ne peuvent se toucher sinon, il y aura
instabilité du sol.
Le dimensionnement exige que la capacité portante et le tassement soient examinés. Dans la
pratique, le tassement détermine le dimensionnement du bâtiment. Les désordres structuraux
résultant des tassements sont indiqués par les phénomènes tels que la fissuration des murs, les
distorsions des portes et des cases et fenêtres.

Soulèvement I : zone de compression qui se déplace avec


la fondation ;
II : Effet de déchirement ou de cisaillement
qui se traduit par la remontée vers le haut
car la résistance au cisaillement n’a pas pu
supporter la contrainte
III : Zone de sollicitation mécanique

Représentation du faciès de rupture du sol sous une fondation superficielle

b) Capacité portante
Pour tous les sols, la capacité portante peut être estimée par des calculs simples en supposant
connus les paramètres de résistance du sol de la fondation dans la zone d’influence de la
semelle. La capacité portante est déterminée en supposant 3 états de contrainte :
- Résistance du sol sous le niveau de la semelle notée Qj
- Action des terres au-dessus de la fondation c’est-à-dire agissant comme une surcharge
et notée qo=γ1D. Cette action qui génère qo entraîne une résistance Qp
- L’action de la cohésion du sol qui génère une résistance Qc.
La charge limite de la fondation Qu sera donc égale : Qu=Qj+Qp+Qc. Cette charge ultime
entraîne une contrainte ultime qu=qj+qp+qc avec qi=Qi/B. La formule générale de la contrainte
ultime qu est : qu=0,5Sj γ2BNj+Sq γ1DNq+ScCNc
Sj Sq et Sc sont les coefficients qui dépendent de la forme de la fondation ; N j, Nq et Nc sont des
facteurs qui correspondent à chacun des termes Sj Sq et Sc et sont des coefficients numériques
qui dépendent uniquement de l’angle de frottement interne φ. Si le calcul est réalisé pour une
semelle à base horizontale ie L=1 alors Sj =Sq= Sc=1. Alors qu=0,5 γ2BNj+ q0Nq+CNc

Tableau : Expressions et valeurs des facteurs de portance.

35
Dans le cas d’une semelle isolée, les coefficients de sécurité sont

IV.2.3. Flexibilité de la fondation


Les fondations superficielles peuvent être flexibles ou rigides. Les méthodes permettant le
calcul des contraintes qui en résultent sont normalement basées sur l’hypothèse d’une
flexibilité parfaite. Mais les fondations ne sont en général pas parfaitement flexibles et la
distribution réelle des contraintes diffère de celles que l’on suppose. Par conséquent, les
tassements réels sont différents des tassements calculés.
IV.2.4. Construction
Le calcul des capacités portantes, de distribution de contrainte, de prévision de tassement
peuvent avoir été faits en vain si les techniques de construction ne sont pas prises en compte.
Ainsi, pendant la construction, on doit tenir compte :
- du soulèvement de fond de fouille ;
- du gonflement des argiles ;
- remaniements des sols granulaires.
Les activités de construction sont liées : au rabattement de la nappe phréatique ; au
dynamitage ; à l’excavation et au battage des pieux.
IV.2.5. Capacité portante d’un rocher
IV.2.5.1. Fondation sur un rocher sain
Supposons un rocher dont les fissures sont < 3 mm. Ce rocher est sain : qu= Ksp.qu-ech
Ksp facteur et qu-ech la compression moyenne d’un échantillon de roche.
Espacement de la discontinuité Largeur de l’espacement Ksp
Moyenne rapproché 0,3-1 0,1
Largement rapproché 1-3 0,25
Très largement rapproché >3 0,4

IV.2.5.2. Fondation sur rocher médiocre


Il arrive que l’on rencontre un rocher dont les discontinuités sont rapprochées, qui altéré et
fragmenté. Dans ces conditions, on considère que la roche est un matériau granulaire et on
dimensionne la fondation en utilisant les critères de mécaniques des sols.
IV.3. Méthodes d’estimation de la contrainte ultime des sols
La capacité portante présumée peut être estimée à partir de la description du sol. L’estimation
plus précise de la contrainte effective requiert des paramètres déterminés lors des études
géotechniques
IV.3.1. Contrainte ultime à partir de l’essai de pénétration standard (SPT)

36
La contrainte ultime d’une semelle reposant sur du sable peut être calculée à partir des
résultats issus de l’essai SPT en utilisant la relation qui existe entre l’indice N du SPT et la
largeur de la semelle. Des valeurs obtenues selon cette méthode correspondent au cas où le
niveau de l’eau souterraine est beaucoup plus bas que le niveau d’assise de la semelle. Si le
niveau de l’eau s’élève jusqu’au niveau d’assise de la semelle, il faut alors utiliser une valeur
de la qu< à la moitié des valeurs obtenues :
qu= 12000N.Kd si B<1,2 m ; qu=8000N.Kd [(B+0,3)/B]² si B>1,2m
avec Kd coefficient de profondeur et N l’indice SPT
Kd=(1+D)/3B si D<B ; Kd=1,3 si D>B
IV.3.2. Contrainte ultime à partir du pénétromètre à cône statique
Lorsque la stratigraphie des sols est connue, il est possible d’estimer qu à partir des résultats
obtenus au pénétromètre à cône statique. Pour des semelles superficielles placées à environ 1
m, qu =0,1qcône. Avec qcône la résistance en pointe du cône
IV.3.3. Contrainte ultime du sol à partir des essais de cisaillement non drainé
Dans le cas des fondations sur une argile, la contrainte ultime est régie par des conditions de
stabilité à court terme. La résistance au cisaillement correspondante en condition non drainée
permet de déterminer qu suivant la relation
qu= 5µσu (1+0,2B/L)(1+0,2D/B)+σ0. µ :coefficient correcteur pour la résistance ; σu
contrainte de cisaillement non drainée et σ 0 contrainte verticale due au poids des terres.
IV.3.4. Contrainte ultime à partir de la résistance au cisaillement
La contrainte calculée à partir de la résistance au cisaillement d’un sol correspond à la charge
appliquée provoquant une rupture générale en cisaillement du sol de fondation. Si on connaît
la résistance au cisaillement : qu= c’Nc+q’Nq+0,5γ’BNj avec B, la largeur, q’ la contrainte
effective exercée par le poids des terres, c’ cohésion effective du sol, γ’ le poids volumique
déjaugé. Le calcul de la contrainte admissible est appliqué un coefficient de sécurité sur qu
généralement pris égal à 3 :

IV.4. Fondation profonde

En fonction de leur mode de réalisation, sont distingués plusieurs types de pieux, qui sont
différents également dans leur comportement. On distingue donc :
- les pieux battus ou vibro-foncés sont des pieux préfabriqués en béton armé ou en acier ; ils
sont mis en place par battage avec un mouton ou par vibrofonçage, ce qui remanie
profondément le sol environnant ; - les pieux moulés sont réalisés par forage préalable d’un
trou dans lequel on coule du béton ; le sol environnant est donc très peu remanié.
IV.4.1. Capacité portante des fondations profondes
On peut définir la force portante d’un pieux Q u comme la charge maximale qu’il peut
supporter sans se rompre. On définit aussi la qu d’un sol qui est la charge maximale par unité

37
de surface que ce dernier peut supporter. Au-delà de cette charge, le sol se rompt. La charge
limite Qu supporter par une fondation profonde est décomposée en :
- Charge limité de pointe Qp=Aqp correspondant au poinçonnement du sol sous la base
du pieux ;
- La charge limite mobilisable par frottement entre le fût du pieux et le sol : Q f=P∑hiqf
qp est la contrainte limite de pointe (Kpa) ; qf frottement latéral unitaire de la couche ; A
section droite du pieux ; P périmètre du pieux ; hi épaisseur de la couche i.
Pour un pieux ancré dans un sable, la capacité portante nette est pratiquement la même que la
portance brute.
Le terme de pointe ne dépend généralement pas du type de pieux. Le frottement latéral est
fonction des matériaux constitutifs du sol, du pieu et du mode de mise en place de ce dernier.
Ce terme est plus difficile à évaluer et on s’attèle plus au calcul de la force limite de pointe Q p
Le calcul de la contrainte de rupture sous la pointe qu peut être fait de deux façons
A partir de l’essai pressiométrique :
P*le est la pression limite nette équivalente (ici, la pression limite moyenne dans la zone située
autour de la base du pieu). kp est appelé facteur de portance lié à l’essai pressiométrique. Sa
valeur est fixée en fonction de la nature du sol de fondation et du mode de mise en œuvre du
pieu.
A partir de l’essai au pénétromètre statique :
qle est la résistance de pointe lissée équivalente (moyenne des valeurs écrêtées de qc dans la
zone autour de la pointe du pieu). kc est un facteur de portance pour l’essai pénétrométrique ;
il dépend de la nature du sol de fondation et du mode de mise en œuvre du pieu.
IV.4.2. Tassement d’un pieu
IV.4.2.1 Pieu isolé.
Le tassement d’un pieu isolé sous les charges usuelles est généralement faible et ne constitue
pas un paramètre de calcul déterminant pour la plupart des structures. Par contre, dans
certains cas où l’on a des pieux isolés, il est nécessaire de prendre en compte ce tassement.
Expérimentalement, on remarque que le tassement en tête des pieux est généralement de 1 cm
sous une charge de référence de 0,7Qp et ce pour une gamme de pieux dont la longueur est
comprise entre 6 et 45 m et le diamètre variant entre 0,30 et 1,50 m. On définit une valeur
limite de tassement notée Sref sous la charge de référence.
Pour les pieux forés Sref =0.006B (avec des valeurs extrêmes de 0.003 et 0.010B)
Pour les pieux battus Sref =0.009B (avec des valeurs extrêmes de 0.003 et 0.010B)
IV.4.2.2. Groupe de Pieu
Les pieux sont, dans la pratique, presque toujours battus ou forés par groupe. Le calcul repose
sur le coefficient d’efficacité f du groupe de pieux. C’est un coefficient correcteur qui
s’applique à la force portante du pieu isolé et permet d’évaluer la force portante d’ l’un des
𝑄𝑔 𝑄𝑔
pieux du groupe. 𝑓 = ∑ =
𝑄𝑡𝑖 𝑛𝑄𝑡𝑖
Où Qg est la charge limite du groupe et Qti la charge limite des pieux du groupe considérés
comme isolés. Une idée intuitive de l’effet de groupe est donnée par des pieux battus dans un
sable lâche. Le battage et la pénétration des pieux resserrent la structure et compactent le sol

38
entre les pieux, ce qui confère au groupe une force portante améliorée (f>1). En milieu serré
au contraire, du fait de la dilatance, la pénétration des pieux produit un relâchement de la
structure avec augmentation de l’indice des vides, qui se traduit par une diminution de la
capacité portante du groupe (f<1). Le calcul de la capacité portante d’un groupe de pieu est
proposé par la formule de Los Angeles :
𝐵 1
𝑓 =1− 𝑥 [𝑚(𝑛 − 1) + 𝑛 (𝑚 − 1) + √2(𝑚 − 1)(𝑛 − 1)]
𝐿 𝜋. 𝑚. 𝑛
m, le nombre de rangées ; n, le nombre de pieux dans chaque rangée ; B, le diamètre d’un
pieu ; L, l’entraxe des pieux d’une même rangée.
La charge portante limite d’un pieu du groupe est alors donnée par Qt= f Qi
IV.4.3. Notion de profondeur critique.
Le calcul des fondations superficielles et profondes se différencient par la prise en compte du
frottement sur les parois latérales de la fondation profonde. Pour cette dernière, on introduit la
profondeur critique Dc qui est le niveau au-dessous duquel en sol homogène la résistance sur
la base n’augmente plus. Dc=λB.

Sol Fondation circulaire λ Fondation filante λ


Argile -limon 2 3
Argile-limon compact, sable compressible 5 6
Sable et gravier 8 9
Sable et gravier très compact 10 11
En utilisant le facteur de portance de fondation
Dc=Nqmax 2/3. B/4

φ 0 5 10 15 20 25 30 35 40
Nq 1 1,8 3,4 6,5 13 36 57 134 355
Nc 7 9,6 13,8 20,6 32 54 97 190 421

CHAPITRE V. STABILITE DES PENTES ET TALUS


IV.1. Classification des mouvements de terrain
La stabilité des pentes intéresse aussi bien les pentes naturelles et les talus artificiels.
L’estimation de la sécurité réelle vis-à-vis du risque de rupture est très délicat quelque soit
l’approche utilisée particulièrement pour les pentes naturelles et les talus en déblai. Toute
étude de stabilité doit être précédée d’une reconnaissance géologique très fine qui permet de
mettre en évidence les hétérogénéités locales ainsi que d’autres facteurs comme le pendage et
l’anisotropie.
1) pentes naturelles
Les mécanismes généralement observés sont : l’écoulement, les glissements (plans,
rotationnel simple, rotationnel complexe) ; le fluage
2) Talus artificiel
Ils sont principalement affectés par des glissements et parfois des phénomènes de fluage. Les
ouvrages qui présentent des talus artificiels sont :
-les ouvrages de soutènement ;
- les digues et barrages en terre ; les talus en remblai sur sol compressible ou non ; les talus en
déblai
II- Description des principaux types de mouvement
1) Glissements

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Les glissements affectent généralement les travaux de terrassement et de soutènement. La
rupture est parfois précédée de signes précurseurs mais, peut être brutale.
On distingue, les glissements en plan, rotationnel simple, rotationnel complexe et successif
emboité
En général, pour le glissement plan, la ligne de rupture suit couche ayant de mauvaises
caractéristiques mécaniques et sur laquelle s’exerce souvent l’action de l’eau. Une telle
couche est appelée couche savon.

Exemple de glissement plan sur une "couche


de savon

Glissement de terrain de type rotationnel multiple

Glissement composé

2) Fluage
On parle de fluage quand il y a déformation des matériaux sur charge constante. Le
phénomène de fluage correspond à des mouvements lents dû à des sollicitations atteignant le
domaine plastique donc proche de la rupture.
3) Talus en déblai et en remblai sur sol non compressible
3.1) talus en déblai

Les cercles de pieds sont les plus courants dans ce type d’ouvrage. Les cercles profonds ne se
produisent que lorsque le sol est situé sous le niveau du pied de talus est de mauvaise qualité.
3.2) Talus en remblai sur sol non compressible

40
Lorsqu’un remblai en sol compacté repose sur une couche d’argile molle, les ruptures
susceptibles de se produire sont profondes et interviennent rapidement si le sol est homogène.
Les cercles de rupture sont tangents à la base de la couche molle. Si la sécurité vis-à-vis de la
rupture est faible, il peut se produire un fluage de sol de fondation entraînant un tassement
anormal du remblai. Cette déformation à volume contant s’ajoute alors au tassement dû à la
consolidation du sol. On peut procéder à un renforcement par géotextile. La mise en place
d'une ou plusieurs nappes de géotextiles ou de géotextiles à la base du remblai permet
d'augmenter sa résistance à la traction et d'améliorer sa stabilité vis-à-vis de ruptures
circulaires. On peut donc augmenter la hauteur de remblai mise en œuvre à chaque phase de
chargement, sous réserve des conditions de poinçonnement du sol. Le géotextile a pour effet
annexe de rendre plus uniformes les tassements du sol sous le remblai
4) Stabilité en rupture circulaire avec coefficient de sécurité global.
4.1) Stabilité selon un cercle donné
L'étude de stabilité d'un talus est généralement menée en considérant une section plane et en
se donnant une surface de rupture circulaire. Cette dernière hypothèse correspond d'ailleurs
bien à ce que l'on observe en réalité. Le terrain entre la surface et le cercle est découpé en
tranches verticales minces pour lesquelles on calcule les forces en présence en se plaçant à
l'instant de la rupture (poids de la tranche, frottement contre le massif de sol qui reste en
place...).

Les deux forces R n et W qui s’ajoutent à la rupture de la tranche sont matérialisées par leur
moment qui tendent à déstabiliser la tranche. Le coefficient de sécurité F s est égal au moment
résistant sur le moment moteur.

C’est une méthode par tâtonnement qui consiste à trouver les coefficients de sécurité suivant
chaque cercle. On obtient donc à la fin, le cercle qui donne le plus petit coefficient.

Si le sol est homogène, C est constant, φ est constant, L étant la longueur développée sur la
plan de rupture.

4.2) prise en compte des nappes

41
4.3) Stabilité des pentes en rupture plane

5) Talus verticaux
Il est rare de laisser les talus définitifs verticaux mais il est en revanche courant de dresser
verticalement les fouilles de fondation et de tranchées. La hauteur critique (rupture) d’une
fouille est donnée par la relation
Hc= 3,85 (C/γ)tg (π/4+φ/2). Si le sol a des fissures de traction Hc= 2,67 (C/γ)tg (π/4+φ/2).
6) Étude générale de la stabilité d'une fouille
Avant d'ouvrir une fouille, il faut s'assurer qu'il n'existe pas en profondeur une nappe captive,
qui pourrait provoquer un soulèvement du fond de la fouille. Car il faudrait, le cas échéant,
prévoir son rabattement, généralement par puits profonds. Considérons une couche d'argile
homogène saturée, de poids spécifique apparent y, surmontant une couche perméable dont la
nappe est en charge. La surface piézométrique de cette nappe se situe à la cote z = H au-
dessus du toit de la couche perméable.
Une fouille ouverte dans la couche superficielle ne sera stable à court terme que si la pression
de l'eau au niveau du toit de la couche perméable est équilibrée par la pression de l'argile
constituant le fond de fouille, c'est-à-dire si :

Si l'on définit le coefficient de sécurité F comme le rapport des forces stabilisatrices aux
forces tendant à provoquer la rupture, on a :
Cette même expression correspond au coefficient de sécurité à long terme. Un écoulement
permanent s'établit alors entre la couche perméable et le fond de fouille. Le toit de la couche
et le fond de fouille sont les deux équipotentielles extrêmes de cet écoulement dont la perte de
charge est : en effet et

Dans la partie centrale de la fouille, les lignes de courant sont verticales et le gradient
hydraulique prend la valeur :

42
Un volume de sol a, b, c, d de largeur unité est soumis à une force d'écoulement verticale
d'intensité : qui tend à le soulever et à son poids déjaugé γ’D qui
tend à le stabiliser. Il sera stable si : d’où

7) Stabilité de dièdres ou bancs rocheux


Stabilité d’un dièdre
Dans un massif moyennement fracturé, un bloc rocheux est défini géométriquement par les
plans de discontinuité et par la forme de l’excavation. Le bloc est initialement bloqué par le
massif, l’excavation venant libérer progressivement les efforts de butée. La méthode des blocs
ou des dièdres a pour objectif de définir le renforcement (ancrage passif ou actif) nécessaire à
la reprise des efforts pour maintenir le bloc en place, que ce soit en voûte ou en parement.
Le mécanisme de rupture résulte de l’action de la pesanteur et de la structure des
discontinuités. Dans le cas de la chute libre en toit, c’est uniquement la pesanteur qui entraîne
l’instabilité. Dans le cas d’un glissement, une loi de comportement des discontinuités doit être
prise en compte.
Le bilan des actions motrices et des actions résistantes permet de déterminer un coefficient de
sécurité.
L’étude de la stabilité de dièdre comporte quatre étapes principales :
– le recueil des données géométriques et géomécaniques : détermination de l’orientation et du
pendage des principales discontinuités (analyse structurale) ;
– l’identification des dièdres potentiellement instables qui peuvent glisser ou tomber au
contour de l’excavation (analyse cinématique) ;
– le calcul du coefficient de sécurité dépendant du mode de rupture de l’équilibre ;
– le calcul du renforcement nécessaire par dièdre instable pour obtenir un facteur de sécurité
acceptable.
Des algorithmes de calcul permettent d’identifier automatiquement les blocs susceptibles de
tomber. En 2D, pour des cas simples d’un ou deux dièdres, les calculs peuvent être menés à la
main jusqu’au dimensionnement du boulonnage.
Bloc en voûte
Dans ce cas il n’est pas nécessaire de considérer les propriétés mécaniques des discontinuités
pour calculer le soutènement. Les boulons doivent dépasser largement dans le rocher sain
pour assurer un ancrage suffisant (un mètre minimum). Le nombre total de boulons N peut
être approché par la formule suivante :

W est le poids du bloc ;

43
f, le coefficient de sécurité, souvent pris entre 2 et 5 ; B, la charge maximale admise pour un
boulon. En générale si f>1,5 le milieu est bon, f<1,5, rupture possible à tout moment ;
1<f<1,5, tout est possible.

Stabilité de bancs

Il s’agit du cas particulier d’ouvrages creusés en direction dans des massifs rocheux nettement
stratifiés horizontalement. Soient q la charge par unité de surface au-dessus du toit, à la portée
de la poutre, h sa hauteur effective (compte tenu de l’action des boulons) et t la résistance en
traction de la roche. Compte tenu d’une rotation possible aux deux extrémités, on admet en
première approximation que le moment maximal est :

La contrainte de traction maximale associée qui s’écrit

Celle-ci doit être inférieure à la contrainte admissible de la roche, d’où l’on déduit la longueur
minimale des boulons :

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