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1

AVANT-PROJET DES OUVRAGES


DE PROTECTION DES
TEMPLES D'ABOU SIMBEL

D O C U M E N T S TECHNIQUES : Textes

3,3
Conception des Ouvrages

,
3,30

GENERALITES
3,30 -1
La protect on du site d'Abou Simbel est essentiellement assu-
rée par un barrage et une station de pompage. Les considérations géo-
logiques et esthétiques ont imposé le type du barrage qui ne peut être
qu'un ouvrage en terre. Les quantités relativement faibles de terres
imperméables ou semi-imperméables disponibles à proximité du site
ont conduit à écarter le barrage en terre homogène pour retenir le bar-
rage à zones constituées de différents matériaux.

On aurait pu songer à réaliser ces zones naturellement , par


le procédé de construction des remblais hydrauliques; mais, outre que
ce type d'ouvrage exige, pour qu'un noyau étanche se constitue direc-
tement par ségrégation et sédimentation au centre de la digue, des m a -
tériaux adéquats non disponibles dans la région, il n'offre pas par ail-
leurs une sécurité suffisante vis-à-vis des fuites; le contrôle du noyau
étanche qui "sédimente" au centre du remblai reste en effet très déli-
cat. P a r surcroit ce type d'ouvrage conduit à des talus très doux qui
auraient pour conséquence une obstruction excessive du fleuve.

Seul donc , le barrage à noyau étanche en terre compactée ,


stabilisé sur ses flancs par de lourds massifs plus perméables s'avère
concilier les différents impératifs du site (esthétique, fondation , volu-
m e et qualité des matériaux disponibles).

L à encore on pouvait hésiter entre un noyau central vertical


et un noyau incliné déviévers la retenue qui offre certains avantages
constructifs. La nécessité d'adoucir le talus extérieur, dans le cas d'un
noyau incliné, du fait de lanature des terres imperméables disponibles
(limons assez plastiques , à caractéristiques mécaniques relativement
faibles), et l'inconvénient d'un voile d'étanchéité qui rejeté vers le fleuve
est accru en développement c o m m e en profondeur, ont conduit k n e retenir
finalement que le barrage ànoyau central vertical stabilisé par des m a s -
sifs d'enrochements et de sable.

Un barrage, quel qu'en soit le type, ainsi que sa fondation, quel


que soit le traitement d'étanchement choisi, ne sont jamais parfaitement
étanches. L1 sera donc nécessaire de pomper et de refouler les eaux d'in-
filtration que la seule évaporation à la surface du lac intérieur ne peut
suffire à éliminer.

Bien entendu toutes précautions seront prises pour réduire au


m a x i m u m les fuites et par conséquent ledébit à pomper; mais au-delà
3,30 - 2

d'un certain effort financier dans ce sens toute dépense complémentaire


d'imperméabilisation croît très vite pour une réduction minime des
fuites.

L'évaluation du débit à pomper est d'ailleurs fort difficile,


principalement du fait de la mauvaise connaissance des perméabilités
du rocher très différentes d'un point à un autre et selon que l'écoule-
ment est normal ou parallèle à la stratification, dans une zone fissurée
ou non. Aussi l'ensemble de l'installation de pompage doit-il être étu-
dié avec assez de souplesse dans les hypotheses, de telle manière qu'on
puisse l'adapter aux besoins en profitant de lapremière montée du plan
d'eau pour observer ces fuites par un essai de perméabilité en vraie
grandeur , permettant d'extrapoler de façon plus sûre qu'aucun calcul
l'évolution des fuites en fonction de la charge.

On est conduit à réaliser un réseau d'injection très complet ,


aussi bien dans les alluvions sableuses qu'à travers les appuis de grès,
non seulement pour réduire le coût dupompage, mais aussi pour assu-
rer la stabilité de certaines parties d'ouvrages, éviter le risque de
phénomènes de renards ou de sous-pressions. L e minimum d'injection
nécessaire à la sécurité des ouvrages étant ainsi imposé, le volume
d'injection complémentaire n'est plus qu'un problème d'économie.

L'injection, quels qu'en soient le prix et la qualité, ne peut


prétendre réduire complètement les fuites qui devront donc être captées
par un système de drainage afin de rabattre laligne de saturation de la
nappe tout en évitant lamise enpression de couches profondes SOUS les
temples. Là également, il faut distinguer entre le minimum imposé par
la sécurité des ouvrages ou des appuis et le complément destiné à éviter
qu'aucune trace d'humidité ne pénètre jusqu'aux temples. D e s réseaux
spéciaux de drainage sont prévus autour de chaque temple.

Toutes ces dispositions étant prises , .les réseaux d'écoule-


ment à travers le barrage peuvent être estimés et .lastabi.litédes talus
évalués par l'intermédiaire d'épures qui , au stade de l'avant-projet,
n'exigent pas d'être poussées jusqu'à une précision qui serait incompa-
tible avec l'approximation des hypothèses .

Enfin il faut prévoir des dispositifs permettant d'observer et de


mesurer le comportement des ouvrages et d'en évaluer à chaque m o m e n t
la sécurité réelle.
3,30 -3
Ces questions font l'objet des Chapitres suivants :

3,31 - L e barrage
3,32
3,33
- L'étanchéité
- L e drainage et .lepompage
3,34 - Calcu.lsde stabi.lité
3,35 - Les mesures et observations s u r les ouvrages e

Dans un dernier chapitre 3,36, on trouve le Rapport rédigé


par Monsieur W.J. TURNBULL à la suite de sa visite 2 Paris, rapport
qui contient son avis et ses commentaires sur l'avant-projet.
3,31

1 LE BARRAGE I
3,31 -1
3 , 3 11 - IMPLANTATION

Llimplantation d e 1"xe de la crête d u barrage est en premier


lieu imposée par des considérations d'ordre esthétique. L a crête de la
digue doit être implantée suivant l'axe d u grand temple à 3 O0 m au moins
de sa façade ainsi qu'il fut recommandé en Octobre 1959 parle Comité
d'Experts Internationauxréuni par l'UNESCO.C e point obligé étant fixé,
la topographie d e la rive et la pente doucedutalus intérieur d u barrage
conduisentà rechercher nécessairementles appuis de l'ouvrage sur les
éperons rocheux qui délimitent l'ensembledu site des temples à 400 m
environ à l'amont et à l'aval d u grand temple.

Ces conditions préliminaires étant impératives on pouvait, à


partir de là, chercher différentes courbes s'harmonisant aumieux dans
le paysage pour composer un ensemble centrant l'intérêt sur les tem-
ples Différentes formes circulaires et elliptiques furent étudiées sur
~

plan ou sur de petites maquettes etpermirentd'aboutir à untracé ellip-


tique dont l'axe biais par rapport à la ligne générale des falaises per-
m e t de dégager très largement les temples.

La distance de la façade d u grand temple à l'axe de la crête


atteint ainsi 400 m alors que le pied de la digue reste à 200 m des co-
losses. Les points OU le barrage accoste ses appuis rocheux sont sépa-
rés par une distance de plus de 800 m.

C e tracé qui résulte d e longues études architecturales conduit


évidemment à une légère augmentationduvolume de l'ouvrage (environ
10%) par rapport à un tracé qui serrerait au plus près la rive tout en
respectant les conditions minima imposées par le Comité d'Experts.
Mais l'amélioration de la composition d'ensemble est telle que le tracé
elliptique à axe biais aété retenu. La longueur totale de la crête déve-
loppée estd'environ 1.500 m. C e tracé apar ailleurs leméritede laisser
pour le passage des crues d u Nil un chenal suffisant pour que le risque
d'érosion du pied amont de la digue puisse être facilement écarté.

3,312 - LA FONDATION ET LES APPUIS


Ainsi que les reconnaissances l'ontmontré (voir chapitre 3,23)
L
le barrage repose, sur une longueur représentant plus de 70 % de son
développement, sur les formations alluviales qui dans le lit d u Nil re-
,couvrentle fond rocheux.
3,31 -2
C e remplissage alluvial est essentiellement constitué par des
sables fins et moyens (D50 compris entre O, 25 mm et O, 50 m m ) , uni-
formes, avec parfois quelques minces couches de petits galets. Ces
sables ont montré, par les résistances offertes à la pénétration d'une
pointe conique, qulils étaient très rapidement compacts en profondeur
et que l'épaisseur de la couche de sable superficielle qui devra etre
compactée n'excède pas 3 à 5 m;les prélèvements intacts ont confirmé
ces résultats. L a perméabilité des alluvions sableuses est forte malgré
un léger pourcentage de limon; elle est d'environ à cm/s.
Les résis tances mécaniques de ces sables sont élevées, l'angle de frot-
tement interne pouvant dépasser 35 O ; mais il faudra veiller à ce que la
densité dépasse nettement la densité critique afind'éviter le phénomène
d e liquéfaction spontané. Une densité relative minima de O, 65 est re-
c o m m a n d é e dans ce but. L e tassement de la fondationsableuse après la
constructionrestera très faible et n'excédera probablement pas O, 5 %.

I1 faut indiquer que le long de l'appui amont la fondation sa-


bleuse est recouverte sur une largeur de 150 à 200 m d'une couche de
limon très peu dense (densité sèche 1, O à 1,15), de 10 à 12 m d'épais-
seur et gorgée d'eau; cette couche serait susceptible de provoquer de
très forts tassements (voir chapitre 3,22) et m ê m e des glissements de
talus. C e mat-ériaudevra donc de toute nécessité être complètement dé-
gagé sous toute l'emprise d u barrage.

L e remplissage alluvial sableux dont l'épaisseur donnée par


les forages n'excède pas 20 à 25 m pose donc deux problèmes :

- la consolidation de la fondation,
- l'étanchement sous le noyau imperméable.
L'étanchéité sera traitée dans le chapitre ci-dessous (3,32).

En ce qui concerne la consolidation des sables alluviaux su-


perficiels, dont la plus grande partie est pratiquement constamment
submergée, la méthode proposée est la vibration interne à partir d'un
ponton, en plaçant les vibrateurs en des points assez rapprochés pour
garantir une densité relative de O, 65 et assurer une transition avec le
remblai artificiel.

L e volume de sable à vibrer dans la fondation n'excède ainsi


certainement pas 1.000.000 m 3 .
3,31 -3
I1 faut signaler que le grès que l'ontrouve sous le remplissage
alluvial est en général très tendre, mal cimenté et qu'il faudra tenir
compte de ce fait dans l'a-ménagementdes dispositifs d'étanchement et
de drainage.

Les appuis rocheux amont et aval quiont été reconnus par des
forages profonds se prés entent sous forme d'éperons relativement
étroits, de 100 m de largeur à la cote (180) et 300 m à la cote (140),
OU l'on trouve des bancs de grès horizontaux de qualité très variable
mais généralement médiocre 3 l'exception de quelques bancs durs fer-
rugineux. Ces éperons sont par ailleurs fortement disloqués en surface
(voir chapitre 3, 122) et le problème de leur stabilité se pose. En effet
on peut craindre que, sous l'effet de la saturation lors d u remplissage
d u réservoir et d u fait des cheminements d'eau qui ne manqueront pas
de se produire lors du marnage de la retenue, ajoutés au pouvoir des-
tructif des vagues, la pente naturelle des versants mouillés de ces épe-
rons ne s'adoucisse en amincissant dangereusement ces structures sur
lesquelles s'appuie le barrage. C'est pourquoi il est proposé de con-
forter ces éperons en les stabilisant par des massifs desable et enro-
chements protégés e u x - m ê m e s par des enrochements sélectionnésdont
la pente sera voisine de 3 (horizontalement) pour 1 (verticalement),

La stabilité d u versant intérieur de ces éperons serapar contre


garantie en évitant par un double dispositif d'injections et de drainage
que ce versant soit mouillé. L e drainage devra rabattre rapidement
la ligne de saturation à travers ces éperons et éviter que les infiltra-
tions empruntent les cheminements privilégiés de bancs de grès mal
cimentés en risquant d'entraîner une érosion régressive par renard ou
m ê m e débourrage. Pour ce qui est de l'appui de la digue proprement
dite sur ces éperons, ildevra être traité spécialement endécapant toutes
les zones de grès fissuré ou instable et en encastrant le noyau imper-
méable dans une tranchée parafouille d'une dizaine de mètres de pro-
fondeur.

3,3 13 - LE BARRAGE PROPREMENT DIT


3,3131 - L e batardeau et le remblai de sable vibré
L'épaisseur des alluvions sableuses, et leur forte perméabilité
conduisent à rejeter toute solution qui consisterait àmettre à sec lafon-
i dation d u barrage. I1 faudrait protéger le chantier par une très longue
3.31 - 4

enceinte à étancher sur toute la longueur de son développement (plus


de 1.600 m).Les travaux d'injection oud'étanchement par palplanches,
combinés aux énormes débits qu'il faudrait pomper, rendent cette solu- J

tion prohibitive. L e projeteur s'est donc orienté vers la construction


sous l'eau de toute l'assise d u barrage jusqu'à émerger à. la cote (120)
pour asseoir la digue proprement dite.

Mais auparavant il fautprotéger le pied extérieur de la digue


contre les érosions que les fortes vitesses des courants de crues dans
un fleuve rétréci de près de moitié ne manqueraient pas de produire.

Pour cela unépi enenrochements sera lancé 2 l'amont dubar-


rage, perpendiculairement à la rive afinde localiser les érosions assez
loin du barrage dans une zone OU elles ne compromettent aucunement la
stabilité de l'ouvrage.

Simultanément, un batardeau perméable en sable et enroche-


ments, protégé à 1' extérieur par une couche d'enrochements sélection-
nés, avancera dans le lit d u fleuve de manière à enfermer une nappe
d'eau calme à l'intérieur de laquelle de puissantes dragues viendront
déverser les sables d u fleuve.

Les matériauxdubatardeau seront déversés sur une couche de


matériaux de transition mise en place au préalable à moins que les di-
mensions des enrochements utilisés pour constituer ce batardeau soient
faibles et que ce matériau renferme un volume suffisant de fins, mais
dans ce cas, la mise en place par déversement dans l'eau exigera des
précautions spéciales pour éviter la ségrégation des matériaux.

Puis les sables dragués seront compactés par vibration interne


commelafondationproprementdite. Cemassif seraarasé àlacote (120)
d u côté intérieur d u noyau et à la cote (125) d u côté extérieur, afin de
réserver des délais plus longs pour la construction d u tapis étanche en
limon compacté qui vient coiffer ce remblai de sable 5 l'extérieur d u
noyau.

3,3132 - L e corps d u barrage construit à sec


L'organe étanche dubarrage est constitué par un noyau verti-
cal relativement mince en limon compacté. Les caractéristiquesm é c a -
niques peu élevées de ces limons et leur très forte imperméabilité
ont conduit à choisir un noyau mince tel que les pressions interstitielles
s'y dissipent plus rapidement. P a r surcroit, son implantationverticale
ne le fait intervenir que relativement peu dans les épures de stabilité
d e s talus.
3,31 -5
Si le noyau doit rester mince, il n'en faut pas moins que son
épaisseur soit suffisante, de telle sorte que le gradient à travers les
limons soit inférieur à 3, ce qui permet d'accepter une certaine hété-
rogénéité d u matériau et d'être moins sévère quant à son contrôle.

L e matériau d u noyau sera en principe constitué par les limons


de la zone d'Abou Simbel rive gauche, de meilleure qualité que ceux de
Ballana.

Si, néanmoins, ceux-ci devaient être utilisés, il serait sou-


haitable de limiter leur emploi à la zone d u tiers médian d u noyau en
en évitant l'emploi dans la crête, ce matériau étant susceptible de gon-
fler sous une charge de quelques mètres de remblai (3 à 5 m).

L e limon seracompacté 5 l'aide de rouleaux lourds 2.pneus ou


à pieds de mouton à une teneur en eau et à une densité voisines d e l'opti-
m u m Proctor standard (60 tm/m3). I1 est probable que cette teneur en
eau ne pourra pas excéder l'optimum de plus de 1 % à 2 % sous peine
de voir les engins s'enliser dans des ornières profondes.

L'épaisseur à la base d u noyau est de 33 m, son épaisseur en


crête de 6 m. Sa crête est protégée par une couche de 2 m de sable et
gravier qui évitera la dessiccation et la fissuration superficielle par
retrait.

D e part et d'autre d u noyau seront élevés des massifs stabili-


sateurs. Ils seront constitués par compactage, soit d'enrochements de
grès extraits des falaises, soit de sable dragué dans le Nil ou excavé
des dunes. I1 est vraisemblable, vu la médiocre qualité des grès, que
des massifs d'enrochements contiendraient une proportion élevée d'élé -
ments fins et que les pentes des talus de la digue devraient etre les
m ê m e s dans l'un et llautre cas. S'il apparaissait au contraire, aux
essais d'exploitation de la carrière de grès et de compactagedes maté-
riaux obtenus, que les gros éléments restent abondants et viennent au
contact les uns des autres, il deviendrait probablement possible de rai-
dir quelque peu la partie supérieure des talus d'enrochements.

A noter qu'un enrochement de cette nature devrait être c o m -


pacté au rouleau lourd à pneus en couches relativement minces (O, 50 m
à 1 m).La présence des fins prohibe la mise enplace par déversement
sur grande hauteur et arrosage. Quant au sable qui serait p o m p é dans
le fleuve, il devrait être repris par camion pour être compacté aurou-
leau lourd à pneus à une teneur en eau satisfaisante.
3,31 -6
Endéfinitive, le partage entre 1 s deux olutions résulter d une
comparaison expérimentale plus poussée des conditions économiques et
techniques d'exploitation et d'utilisationdu grès et du sable. I1 serabon
d'inviter les Entrepreneurs consultés à étudier parallèlement les deux
variantes. Les dessins ici présentés figurent la variante en enroche-
ments.
Entre les massifs stabilisateurs et le noyauseront intercalées,
à l'extérieur c o m m e à llintérieur, des couches filtrantes qui s'oppose-
ront à l'entraînement des fins dunoyau dans les vides des éléments plus
grossiers des massifs. Les épaisseurs notables de ces filtres en ren-
dent la constructionpossible par petits camions; le matériau sera éner-
giquement compact6 par rouleaux vibrants Les granulométries des fil-
tres seront déterminées, selon des règles maintenant classiques, dès
que la granulométrie des massifs stabilisateurs sera elle-même connue,
c'est-à-dire dès qu'on aura pu en établir la composition définitive.
Dans le cas de massifs d'enrochements, les filtres seraient à deux
couches de 3 et 2 m dlépaisseur. Dans le cas de massifs de sable, ils
-
pourraient ne comporter qu'une couche à moins que le sable ne ren-
ferme trop de limon, ce qui est peu probable et obligerait au contraire
&constituer, 5 llintérieur surtout, un filtre à trois couches, de manière
à bien rabattre les infiltrations et éviter que la ligne de saturation pé-
nètre dans le massif d u côté intérieur, supposé peu perméable.

Dans les deux cas, le filtre verticaldu coté intérieur se retourne


sous le massif en un filtre inversé horizontal aboutissant à la galerie
drainante, dans laquelle aboutissent les puits filtrants destinés à casser
les pressions résiduelles que l'on pourrait avoir à ljaval d u voile étan-
che, à travers les alluvions. Un petit massif de pied en enrochements
protège le talus contre le batillage d u bassin intérieur. D u côté exté-
rieur, par contre, le noyau est raccordé à un tapis étanche par une,
mince zone de transition intercalée entre ce tapis et les enrochements.
L e tapis en augmentant les longueurs de percolation joue un rôle essen-
tiel dans la stabilité de l'ouvrage, car il renforce le voile d'injection
et, provoquant une perte de charge complémentaire, évite le danger de
renard et réduit les fuites.

D e s pr6cautions spéciales,telles que l'humidification par as -


persion, devront etre prises lors de la construction d u tapis et dunoyau
afin d'éviter que la dessiccation dumatériau sous le soleil de Nubie ne
le fissure par retrait.
P a r surcroît, ce tapis étant prolongé jusqu'au talus extérieur
de'la digue, il se raccordera au tapis naturel que constitueront les li-
m o n s d u Nil déposés au fonddu réservoir. Ainsi, les fuites diminueront
progressivement dans le temps e
3,31 -7
L e talus extérieur d u barrage est protégé par une couche d e
gros enrochements d e qualité, de 2 m d'épaisseur, contre les effets
d u batillage et les vagues, importants sur une retenue d e pareille éten-
due. Ces enrochements pourront être tirés par exemple des gisements
de granit qui se trouvent à l'amont: de Wadi Halfa. Ces enrochements
de protection sont déposés sur un filtre qui évitera que les fins d u massif
sous-jacent ne soient aspirés à travers les vides d e ces enrochements.
Les matériaux des filtres grossiers seront obtenus par criblage, et
concassage si nécessaire, des déchets de granit. Dans le cas OU le
massifserait constituéde sable compacté, il seraitnécessaired'épaissir ,

ces filtres sous les enrochements de protection et de prévoir deux cou-


ches de granulométries étagées afin d'être certain qu'aucun délavage
ne puisse se produire. La pente d u talus extérieur varie de 2/1 encrête
à 3/1 à la partie inférieure.
L e talus intérieur sera simplement protégé contre les risques
de l'érosion éolienne, puisqu'il n'y a pratiquement pas d e pluie, donc
pas de ruissellement, par une couche de petits enrochements de grès
sélectionnés dont la teinte et la texture s'harmoniseront bien avec le
paysage environnant. L e talus présente en section une forme parabolique
plus agréable sur le plan esthétique que des variations brutales d e pente.
Cette courbe correspond à une pente minima de 1,72/1 2. la crête et
maxima de 2,72/l à la cote (120). L'épaisseur totale d u barrage à ce
niveau est de 345 m,alors que l'épaisseur encrête est limitée à 10 m.

I1 faut signaler que la revanche de la crete au-dessus d e la


cote des plus hautes eaux est de 8,O0 m,car la retenue est très longue
et les vents peuvent ?tre très violents. Les formules empiriques de
Molitor, Stevenson et Gaillard conduisent pour une retenue d e 50 k m
d'alignement droit suivant la direction d'unvent de 100 km/heure hune
revanche d'environ 4 m. Cette revanche théorique atteint 6 m pour une
retenue de 100 km. Cependant, compte tenu de la très forterevanche
prévue au barrage d u Sadd el Aali, il est prudent de majorer ici éga-
lement la revanche normale.

Enfin, il faut signaler qu'une galerie d'injections en béton ar-


m é , d e 3,30 m de diamètre intérieur et d'environ 1,50 m d'épaisseur
d e revetement, est disposée au centre d u noyau à la cote (130) afind e
pouvoir éventuellement reprendre les injections; cette galerie permet
aussi d'effectuer des forages pour mesurer les niveaux piézométriques
à l'extérieur et à l'intérieur de la zone injectée.
,
La galerie d'injections sera construite en éléments d'environ
12 mdelongueur séparés par des joints spéciauxmunis de lames d'étan-
chéité permettant à cette conduite de s'adapter aux déformations dii
remblai.
3,32

2
L'ET A N C H E I T E
3,32 -1

3,320 - INTRODUCTION
L e problème des fuites se présente sous deux aspects diffé-
rents :
la sécurité: le barrage est fondé sur un remplissage alluvial
de sables fins perméables au travers duquel il faut éviter la formation
de renards ou de sous-pressions; il s'appuie par ailleurs sur des épe-
rons de grès mal cimentés à travers lesquels il faut empêcher tout
d 6bourrag e e
l'économie d u pompage: le débit des fuites contribue à remplir
le bassin intérieur et afin d'éviter que le niveau de ce bassinnedépasse
la cote actuelle (120 environ) il est nécessaire de rejeter ce débit à
l'amont d u barrage de protection.

3,321 - LA SECURITE
Sur le plan de la sécurité un certain nombre de précautions
doivent etre prises indépendamment de la réduction des fuites

L e danger des renards à travers les sables de la fondation


pourrait être évité en donnant au tapis étanche extérieur une longueur
suffisante (300 à400 m pour des sables fins). Malheureusement en rai-
son d u débouché minimum qui doit être réservé aux crues, ce tapis ne
peut guère être accru et par ailleurs on ne peut le construire sous l'eau.

I1 est donc nécessairede compléter l'effet d u tapis prévu, d'une


longueur totale de 180 m, par une coupure étanche descendue à travers
les sables j u s qu' a u fond de grès. P a r surcroit les grès cuperfi-
ciels étant très mal cimentés on prolongera le voile d'injection à tra-
vers les grès sur environ 25 m de profondeur, jusqu'à la cote (60), non
pas pour réduire les fuites mais pour éliminer le risque de renard à
travers cette roche friable et relativement perméable (5. 10-5 cm/s
environ). Dans les appuis rocheux le voile d'injection sera prolongé 2
travers les éperons le long d u versant mouillé de ceux-ci afin d'en
améliorer la stabilité. Au-delà de l'enracinement des éperons le voile
sera rapidement arrêté avec une hauteur décroissante jusqu'à la cote
(90);voir figure 4,4311 L e voile d'injection dans les grès comportera
~

des trous espacés de 3 mètres qui pourront Stre réalisés à partir de


la galerie d'injection prolongée dans les éperons rocheux 5 la cote (130);
les longueurs des trous moindres permettront d'éviter des déviations
trop importantes L'entrepreneur pourra également, au prix d'un con-
trôle plus serré des déviations, exécuter ces trous à partir de la sur-
face à (190).
3,32 -2
Bien qu'à la cote (182) la falaise dans laquelle sont creusés
les temples soit entièrement ceinturée par la retenue qui passe derrière
ces derniers à environ 500 m , au Nord-Ouest (voir Fig. 2,233) les fui-
tes à travers les grès sont dans cette zone très faibles en raison de la
longueur des cheminements et, de ce fait, il n'y a aucun risque de re-
nard, le gradient étant très faible. L e voile d'étanchéité est interrompu
derrière les temples sur près de 500 m (voir Fig. 4,4311). D e toutes
manières dans les zones non injectées seront prévus des trous de re-
connaissance et de contrôle plus largement espacés, à 20 m par e x e m -
ple, permettant d'éviter d'omettre le traitement d'une zone perméable,
fissurée.

L'exécutionduvoile à travers les alluvions comporte des op&-


rations d'injection difficiles étant donné la finesse du sable. Mais c'est
par les al.luvionsque passe la majorité des fuites et c'est donc sur leur
traitement que doivent porter tous les efforts.

I1 faut d'abord assurer une longueur de contact entre le noyau


et la zone injectée qui soit suffisante;un gradient de 4 est certainement
le maximum admissible pour que les fuites ne puissent pas provoquer
de désordre le long de ce contact. On pourra en profondeur réduire
progressivement l'épaisseur de la zone traitée. Mais cette zone sera
limitée vers l'intérieur par une paroi continue de 0,80 m d'épaisseur
en argile stabilisée au ciment et moulée dans le sol jusqu'au grès se-
lon un procédé qui a fait ses preuves en de nombreux chantiers. Vers
l'extérieur, à 1 5 m de la première, une paroi continue très courte &i-
tera les pertes de coulis dans la zone superficielle du contact plus par-
ticulièrement délicate à traiter. Entre ces parois qui assurent déjà
par elles-mêmes une très forte imperméabilité et qui seront assez
souples et plastiques pour ne pas se fissurer lors des tassements dus
à la saturation, on viendra injecter par levées minces, à l'aide d'obtu-
rateurs, des coulis spéciaux d'argile fluidifiée et de silicate de so-
dium (voir chapitre 3,431) en disposant l'écartement des trous tous les
3 ,O0 m DU en quinconce. On pourra obtenir ainsi une réduction de la
perméabilité moyenne des alluvions qui peut être divisée par 100. La
paroi continue du côté intérieur est disposée un peu au-delà de l'axe
de la galerie d'injection, ce qui permet de reprendre les injections
m ê m e sous la charge du réservoir, le coulis étant alors arrêté par
cette paroi.

En ce qui concerne l'injection des grès, le voile prévu avec


une ligne de trous espacés tous les 3 ,O0 m sera injecté avec des cou-
.lis à faible viscosité : silicate de sodium, bentonite, pour traiter les
fissures et les horizons particulièrement perméables, mais on e m -
ploiera au préa.lable des coulis de ciment pour étancher les fissures.
3,32 - 3

Ilne faut pas compter, sans avoir recours à des produits coûteux c o m m e
les résines synthétiques à très faible viscosité, traiter .laporosité m ê m e
d u grès.

3,322 - L'ECONOMIE-DUPOMPAGE
Afin d'estimer l'importance relative des différents m o y e n s de
réduire les fuites, il est intéressant d'évaluer ces fuites dans diffé-
rentes hypothèses, ces calculs très approximatifs étant guidés par le
tracé de quelques réseaux d'écoulement dans les sections les plus ca-
ractéristiques. L e s valeurs des coefficients de perméabilité à travers
u n matériau hétérogène, que ce soient les alluvions ou le grès, sont mal
connues, m a i s on peut cependant admettre les valeurs suivantes tirées
des essais de perméabilité in situ et des essais e n laboratoire :

Noyau K = 5. 10-7 c m / s

M a s s i f sable et e n r o c h e m e n t K = 1. cm/s

Fondation alluviale injectée K = 5. cm/s

Grès moyen K = 5. 10-5 c m / s

G r è s fissuré (25 % de .la


surface mouillée non trai-
tée par injection) K = 25. 10-5 c m / s
A partir de .là on a p u évaluer les fuites, dans différentes
hypotheses.

Débit tota.1 à travers les a.l.luvionse n l/s

Dis pos itif d '6tanchement appliqué

Tapis 180 m non oui

Inje c t ion s jusq u 'a u g rè s non non

Débits 1800 600


3,32 -4
En ce qui concerne le rocher, les fuites à travers les grès
sous l'emprise de la digue, dans le prolongement de l'étanchement des
al.luvions,sont de 1"ordre de 75 .l/s en l'absence d'un tapis et d'environ
60 i/s si l'on dispose un tapis de 180 m de .longueur.

L e voile d'étanchéité n'est descendu 5 travers les grès que


jusqu'à la cote (60)alors que le granit probablement plus imperméable
doit se situer aux environs de la cote zéro. On peut donc s'intêrroger
sur l'intérêt économique d'un voile descendu partout jusqu'au granit
et à travers celui-ci jusqu'h la roche non fissurée. Si l'on compare les
fuites obtenues à travers les grès par un voile s'arrêtant à la cote (60)
avec celles que donnerait un voile descendu jusqu'à l'horizon supposé
imperméable dans le granit, on obtient une réduction de 30 litres par
seconde. Ainsi pour réduire les fuites totales de l'ordre de 10 5 15 %
(30 1/s) il est nécessaire d'accroïtre la surface du voile dans les grès
d'environ 150.000 m2. I1 y a donc un point au-delà duquel l'accroisse-
ment des dépenses d'injection n'est plus justifiable sur le plan écono-
mique.

Quant aux fuites qui se produisent au-delà des appuis du bar-


rage par le contournement de la retenue en arrière des temples, e.l.les
sont très faibles et de l'ordre de 25 1/s.

0n.trouveainsi un débit total de fuites (avec tapis et injections)


d'environ 250 i/s.

Bien évidemment de tels chiffres n'ont qu'une valeur relative.


Seule la première mise en eau permettra d'obtenir une valeur précise
par un "essai" réel, et c'est la raison pour laquelle il est nécessaire
de prévoir pour la station de pompage un très fort coefficient de sécu-
rité. Cettedernière est en effet calculée de manière à pouvoir évacuer
en première phase 1800 l/s , ce qui représente un coefficient de sécu-
rité de l'ordre de 7. P a r surcroît la centrale de pompage est disposée
de manière à pouvoir être étendue jusqu'à une capacité de 3000 l/s.

Ces quelques chiffres suffisent à montrer que l'évaporation


m ê m e accrue par la transpiration des plantes aquatiques telles que les
papyrus n'apporte guère d'aide quant à l'évacuation des fuites. En effet
la surface maximum que l'on peut planter est d'environ 50.000 m 2
(30.000 dans le lac intérieur et 20.000 sur les berges de ce lac), ce
qui permet d'évaporer en moyenne de l'ordre de 12 l/s seulement
3,33

DRAINAGE ET POMPAGE
3,33 - 4.
3 ,3 3 O - INTRODUCTION
On a vu que le réseau d'injection jouait un rôle essentiel en
diminuant le débit à pomper; on peut donc dire que son importance est
c o m m a n d é e par des impératifs économiques. L e réseau de drainage
répond à une nécessité plus proprement technique : assurer la conser-
vation des ouvrages , en empêchant l'eau d'atteindre les temples, et en
l'évacuant par pompage.

I1 estnécessaire de prévoir deux réseaux de drainage distincts


et indépendants correspondant à des fonctions différentes. I1 est néces-
saire aussi de concevoir une installation de pompage de fonctionnement
absolument sûr et discret. Seuls les principes sont exposés dans le
présent chapitre, les détails cons tructifs étant donnés dans .le chapitre
3,43.

3,331 - DRAINAGE PRINCIPAL


L e premier réseau , ou réseau principal , a essentiellement
pour rôle de rabattre les eaux provenant des infiltrations 2 travers le
rideau d'injection et de les collecter et canaliser vers la salle des
pompes. C o m m e il est nécessaire de collecter le plus près possible
de la "source" pour fviter ladiffusionultérieure de l'eau dans lamasse
m ê m e du rocher, ce réseau suit approximativement un tracé parallèle
au rideau d'injection (Voir la Fig. 4,4311).

L a galerie de drainage joue le rôle de co.llecteurpouralimen-


ter la salle des pompes.

Dans la partie de la galerie de drainage creusée dans le rocher


aboutissent des drains verticaux ascendants et descendants : les pre-
miers sont simplement des trous percés à partir de la galerie, vers
la surface;ils ne sont pas figurés sur la coupe-type qui représente plus
spécialement la partie de galerie située dans le barrage qui ne c o m -
porte évidemment que des drains descendants équipés en puits filtrants.

L a galerie comporte une passerelle de circulation. L e fond


de la galerie est arasé à la cote (118,80).Pour un débit de 3000 l/s la
dénivellation de la surface de l'eau s'écoulant dans la galerie, entre le
I' point le plus éloigné de la salle des pompes et cette dernière, serait
seulement de 0,20 m. La passerelle de circulation à la cote (120,20)
permet de s'assurer du fonctionnement individuel des drains. Dans le
.
3,33 -2
rocher, les drains seront tubés par des tuyaux en matière plastique
perforée. Dans les a.lluvions, on emploiera des puits filtrants classi-
ques , .lescrépines étant protégées par du gravillon.

3,332 - DRAINAGE LOCAL


Un deuxième réseau, double puisqu'il enserre chaque temple
au plus près , vise à chasser de cette zone toutes les traces d'humidité
qui pourraient subsister , ou arriver par remontée capillaire. L e débit
d'écoulement sera parfaitementnul , les drains étant conçus pour assé-
cher le rocher par ventilation à la façon des trous percés dans les
pierres des maisons pour empêcher la propagation de l'humidité du
sol. C e deuxième système est en réalité constitué pour chaque temple
par deux galeries superposées d'où partent des trous rayonnant dans
le sens opposé aux temples; voir figure 4,4312.

La galerie inférieure est creusée à la cote (120,20)de façon


2 rester dans tous les cas au-dessus du niveau du lac intérieur. L'ex-
cavation est de forme circulaire;le revêtement intérieur en béton n'est
pas continu mais constitué de voussoirs successifs afin d'assurer une
ventilation plus efficace du rocher. Dans les intervalles entre les an-
neaux de béton sont forés des trous inclinés qui complètent le dispositifo

La galerie supérieure, dont le fond est à la cote (140), est


également de section circulaire et à l'aplomb de la galerie inférieure;
l'accès se fait à partir de la première galerie par un puits vertical de
2 m de diamètre afin de pouvoir éventuellement amener du matériel de
forage d'une galerie dans l'autre. Elle est également soutenue par des
voussoirs discontinus enbéton, et il enpartun réseau de drains analogue
au précédent. D e s drains verticaux réunissent les deux galeries. La
ventilation pourrait , s'il le fallait , être forcée artificiellement par une
soufflerie;l'air soufflé pourrait m ê m e être desséché par un climatiseur.

Les forages,outre leur rôle drainant , ont un rôle de contrôle :


U s peuvent , par la méthode des isotopes radio-actifs , servir 5 m e s u -
rer la teneur en eau du rocher partout OU i.lspénètrent. Leur nombre
pourra être augmenté ultérieurement s'i.1est jugé utile d'accroître .la
surface d'échange entre le rocher et l'air et de favoriser .laventilation.;

Bien entendu ces galeries de drainage qui ceinturent les tem-


ples ne débouchent pas en surface pour des raisons d'esthétique,la
galerie d'accès étant éloignée de l'entrée des temples.
3,33 -3
I 4
L a disposition des deux galeries permettrait, à très peu de
frais , si cela s'avérait nécessaire, la constitution d'un réseau d'in-
jectionlocale dont le rôle ne serait plus cette fois de diminuer les fuites,
mais d'arrêter la transmission de l'humidité par capillarité si les drains
de "salubrité" s'avéraientinsuffisants. Un tel écran , pour être étanche
ades suintements aussi ténus que ceux dus ala capillarité,devrait être
parfaitement continu. Seules les résines spéciales, très pénétrantes,
pourraient traiter les grès nubiens poreux et très peu fissurés. On pour-
rait d'ailleurs à dépenses à peu près égales, remplacer ce réseau d'in-
jection très serré de résines coûteuses par un m u r continu avec lame
centrale d'étanchéité, excavé et bétonné par puits successifs.

Noter qu'aucun de ces travaux, quel qu'il soit, ne devra re-


courir aux explosifs. Toute excavation sera faite au pic ou au marteau.

3,333 - LE POMPAGE
L'installation de pompage , chargée d'évacuer la totalité des
fuites, sera souterraine pour ne pas paraître dans le paysage. D'autre
part elle sera silencieuse, condition facile à réaliser pour les pompes
mais difficile pour les moteurs si ce n'est les moteurs électriques.
Aussia-t-on d'abord envisagé d'actionner les pompes par des moteurs
électriques alimentés par une ligne apportant l'énergie d'Assouan.
L'étude a montré que cette ligne de grande longueur était hors de pro-
portion avec la faible énergie requise pour le pompage. On ne peut en
effet concevoir une ligne de 400 k m de longueur qui soit économique
pour le transport de moins de 4000 kilowatts, peut-être m ê m e , si les
fuites sont ce qu'on espère, moins de 400 kilowatts.

Mais, ce qui était plus grave , une telle source d'énergie était
vulnérable. En cas d'interruptionde courant nécessitant une réparation
en un point de .la .ligne, on imagine qu'il aurait fallu p.lusieursjours
d'attente avant la remise en service. La sécurité des temples d'Abou
Simbel ne pouvait tolérer de tels risques.

P a r contre, dans un avenir plus ou moins proche il se peut


que l'énergie électrique soit portée dans les régions du Sud et qu'une
ligne 5 haute tension atteigne Abou Simbel. Il sera alors possible d'uti-
liser cette énergie électrique, sans doute à bon compte, tout en gar-
dant les groupes électrogènes diesel c o m m e groupes de secours.
3,33 -4

C'est en effet à une centrale électrogène diesel, éloignée à


deuxkilomètres des temples sur le plateau désertique, qu'on a demandé
de fournir l'énergie. Ainsi les pompes seront m u e s par des moteurs
électriques silencieux et très bien adaptés à l'usine souterraine Plus
tard, ils pourront être branchés ?s.ur une éventuelle ligne électrique
venant d'Assouan. Pour le m o m e n t des groupes formés d'un moteur
diesel et d'un alternateur fourniront l'énergie électrique. L'eau de
refroidissementdes moteurs diesel sera prélevée sur le débit que les
moto-pompes évacueront de l'enceinte. L e fuel nécessaire aux moteurs
diesel sera stocké dans de grands réservoirs assurant à la station une
autonomie de marche de six mois à pleine charge.
On a vu dans le chapitre 3 , 3 2 que les fuites totales étaient
actuellement estimées à 2 5 0 litres par seconde. I1 est correct d'ins-
taller un débit de pompage environ sept fois plus grand, avec possibi-
lité d'extension à un débit douze fois plus grand. On pourra ainsi ga-
rantir largement la protection des temples, faire pendant les premières
années les observations utiles, prendre les mesures correctives néces-
saires et , le colmatage naturel par les limons du Nil aidant , réduire
l'énergie de pompage progressivement.
Un certain nombre d'automatismes sont prévus, tels que ceux
enclenchant ou déclenchant les moto-pompes en fonction du débit des
fuites, mais il reste indispensable d'assurer le contrôle de la bonne
marche des machines par du personnel qualifié. L'exploitation et la
surveillance de l'ensemble de l'installation telle qu'elle est conçue
actuellement nécessiteront la présence de 4 ou 5 personnes.
On s'est efforcé, pour réduire les difficultés de manutention
et d'entretien, de ne pas employer des moto-pompes trop grosses. Les
ponts roulants,les accès, les problèmes de démontage pour l'entretien,
sont ainsi sensiblement allégés e Et surtout, la centrale sera d'exploi-
tation plus souple, puisque le dosage des pompes à mettre en marche
en fonction des fuites réelles sera plus précis a En conclusion d'une
étude approfondie on propose des moto-pompes de 440 CV. Enfin,pour
faire face 2 toute défaillance mécanique, on a doublé tout organe essen-
tiel de l'installation dont la rupture pourrait entrainer la montée du
plan d'eau : non seulement le câble amenant le courant électrique à la
station de pompage mais aussi les conduites de refoulement , les con-
duites d'eau de refroidissement, les cuves de stockage d'eau et de
mazout sont doublés.
Les dispositions générales ont été conçues pour assurer la
sécurité maximum. C'est ainsi que les pompes refouleront l'eau des
fuites au-dessus du niveau de la retenue maximum. D e la sorte, m ê m e
encas de rupture d'une des conduites de refoulement, le risque d'inon-
dation de la centrale souterraine par l'eau de la retenue est exclu.
3,34

C A L C U L S D E STABILITE
3,34 -1
3,340 - GENERALITES
L e risque m a j e u r contre lequel il faut garantir l'ouvrage est
celui des glissements de talus ou de fondation dans tous les cas possibles
de sollicitation. Cette stabilité a u glissement des talus ou de la fondation
dépend essentiellement de quatre facteurs :

- .les Caractéristiques physiques (densité, teneur e n eau) des.


matériaux.

- les caractéristiques m é c a n i q u e s de ces m ê m e s matériaux


(cohésion, angle de frottement interne) qui déterminent les
réactions d u terrain le long de la surface de rupture.

- les pressions interstitielles ou sous-pressions , pressions


supportées par l'eau et l'air contenus dans les pores du m a -
tériau, n o t a m m e n t les pressions de consolidation et les pres-
sions d'écoulement à travers le massif.

- les forces extérieures telles que le poids des matériaux, la


pression de l'eau de la retenue sur le p a r e m e n t a m o n t et dans
certains c a s .l'esaccélérations dues aux secousses sismiques.

L e s différentes m é t h o d e s de calcul consistent toutes à appliquer


aux seules caractéristiques m é c a n i q u e s des matériaux ($etc.. .)u n
coefficient de sécurité défini par le rapport des tangentes des angles
de frottement internes réel et limite, et le rapport des cohésions réelle
et limite. D e n o m b r e u s e s m é t h o d e s permettent d'évaluer ainsi le coef-
ficient de sécurité le long d'une ligne de rupture donnée, c'est-à-dire
la valeur de l'angle de frottement interne effectif et de la cohésion effet-
tive strictement nécessaire pour que l'équilibre soit réalisé.

La ligne de rupture la plus probable pour un cas de charge donné


est celle qui conduit a u coefficient de sécurité le plus petit. C e s coeffi-
cients sont d'ailleurs beaucoup plus faibles que c e u x généralement a d m i s
pour d'autres constructions, D e s coefficients de sécurité de 1,5 2. 2 ,O
dans les conditions d'exploitationnormale o u de 1, O à 1,3 dans les condi-
tions exceptionnelles sont c o u r a m m e n t a d m i s e n matière de barrage. e n
terre. M a i s chaque fois que l'on donne uncoefficient de sécurité, il est
nécessaire de préciser la m é t h o d e , l'évaluation d u coefficient variant
parfois de façon sensible e n fonction du m o d e de calcul.
3,34 -2
3,341 - LA METHODE UTILISEE

L a m é t h o d e utilisée est la m é t h o d e suédoise modifiée qui a


l'avantage de pouvoir s'appliquer à des lignes de glissement polygo-
nales, plus probables que des lignes circulaires à travers des massifs
sans cohésion. Cette m é t h o d e tient c o m p t e par ailleurs des poussées
latérales dues à la pression des e a u x d'infiltration.

L e principe e n est le suivant :

La ligne de rupture polygonale étant choisie on d é c o m p o s e le


massif e n u n certain n o m b r e de tranches verticales et pour chaque tran-
che on calcule :

- .le poids, y c o m p r i s le poids de l'eau interstitielle,


- les pressions hydrostatiques agissant sur les faces verti-
cales et sur la face inférieure de glissement,

- .laforce de cohésion dirigée dans le sens opposé a u glisse-


m e n t possible.

On trace alors le d y n a m i q u e de ces forces de m a n i è r e à obtenir


la résu tante correspondant à la tranche étudiée. O n répète ce calcul
pour toutes les tranches et on trace le d y n a m i q u e général des résultan-
tes. M a i s il m a n q u e é v i d e m m e n t dans ce d y n a m i q u e les forces latérales
d'interréaction entre tranches dues a u x poussées des terres. En fait,
o n a d m e t généralement que ces interréactions sont à p e u près paral-
.leles a la direction générale d u talus.

Li a été a d m i s ici une inclinaison uniforme d e s interréactions


d e 20 sur Ilhorizontale (2,75/1).

Il suffit alors de déterminer l'angle de Cisaillement Ø'


du m a -
tériau correspondant à chaque tranche, tel que les réactions sur le plan
de glissement s'opposant a u m o u v e m e n t ferment le d y n a m i q u e des ré-
sultantes.

L e coefficient d e sécurité est alors C =t Ø


tg Ø'
3,34 -3
I '

3,342 - HYPOTHESES DE BASE


L e s caractéristiques suivantes , déduites des essais d e labo-
ratoire, ont été considérées c o m m e étant situées d u côté de la sécurité
et ont été prises e n c o m p t e dans les études de stabilité de la digue.

3,3421 - Fondation alluvia.le

Densité sèche = 1360


II saturée = 2,OO
Cohésion =o
Angle de frottement = 30"
Coefficients de perméabilité
Fondation n o n injectée = 5 x 10-3cm/s
Fondation injectée = 5 x 10-5cm/s

P o u r la fondation, il a été également vérifié que le coefficient


de sécurité restait convenable pour u n angle de frottement interne de
25 " seulement, supposant la présence invraisemblable d'une couche
continue de limon.

3,3422 - Fondation de grès


Densité sèche = 1,90
Densité saturée = 2,20
Cohésion = o
Angle de frottement = 40"
Coefficient de perméabilité = 5 x 10-5cm/s

3,3423 - R e m b l a i de sable vibré sous l'eau


Densité sèche = 1,65
11 saturée = 2,05
Cohésion =o
Angle de frottement = 30"
Coefficient de perméabilité = 5 x 10-3cm/s
3,34 -4
3,3423 - Limon c o m p a c t 6

Densité sèche = la55

T e n e u r e n eau = 24 %
Densité saturée = 1,95

Caractéristique s inte rg ranulai r e s


c o n s 0.1id ée s
Angle de frottement = 25"
Cohésion = 0,25 k g / c m 2

Avant consolidation
Angle de frottement =o
C ohé s ion = 0,5 kg/cm2
Coefficient de perméabilité = 5 x 10-7cm/s
L e limon m i s e n place relativement h u m i d e est très i m p e r -
m é a b l e et l'eau interstitielle se m e t e n pression pendant la construc-
tion et se draine ensuite lentement au cours de la conso.lidation.

3,3425 -. G r è s et sable c o m p a c t é s et Filtres

Densité sèche = 1,75


D e n s it é h u m ide = 2,oo
Densité saturée = 2,lO
~

Cohésion =o
Angle de frottement interne = 35"
Coefficient de perméabilité = 1 x 10-2cm/s

3,343 - CAS DE CHARGES ETUDIES


C e s études de stabilité n'ont pas la prétention d'être complètes,
c e qui serait inuti.le au stade actue.1des études. Il a été s i m p l e m e n t
vérifié que la sécurité des talus amont et aval (1) était largement assu-
rée dans les cas les plus critiques suivants :

(1) - On reprend ici la t e r m i n o l o g i e usuelle : amont, d u c ô t é d e la retenue, et aval


d e l'autre côté.
3,34 -5

-
Cas A Stabilité du talus aval -la retenue maximum étant à
la cote (182), il n'a pas été tenu compte de l'effet de courbure qui en
toute rigueur conduirait à faire intervenir un terme correctif; chaque
tranche élémentaire ayant une épaisseur plus grande à l'amont qu'à
l'aval. P a r ailleurs l'effet de courbure , l'effet voûte , est un facteur
favorable.

-
Cas B Stabilité du talus amont dans le cas de la vidange ra-
pide de la retenue, de la cote (182) à la cote (147).

-
Cas C A noter que pour le ta.lusaval, le plus critique à ce
point de vue, .l'effetd'un tremblement de terre d'intensité correspon-
dant A une accélération de O ,05 g a été examiné , bien que cette &en-
tualité soit à exclure d'après les géologues.

Cas D - Enfin la stabilité dans le cas très pessimiste d'un


noyau pratiquement liquide ($= O , c = O ,5 kg/cm2) a été étudiée. II est
évident que dans ce cas on peut admettre un coefficient de sécurité de 1.

3,344 - LES RESULTATS


L e tableau ci-dessous donne les coefficients des surfaces de
rupture les plus critiques (voir Fig. 4,341 et 4,342).

COEFFICIENTS DE SECURITE
-
HYPOTHESE SUR LA FONDATION
Cas
$= 30" $ = 25"
A 1,7 195
B 2,2 1,85
C 1,35 1,15
D 1,1 1,1

L'examen de ce tableau suffit à montrer l'excellente stabilité


de cette digue. Les coefficients de sécurité sont largement suffisants
m ê m e dans l'hypothèse extrême d'un angle de frottement de 25 " dans la
fondation; On a vu aux chapitres 3,22 et 3,23 que l'on n'a pas observé
d'angle de frottement interne inférieur à 30".
c

3,35

LES M E S U R E S E T OBSERVATIONS
SUR LES OUVRAGES
3,35 - 1

3,350 - INTRODUCTION
L e barrage ainsi que ses appuis seront équipés d'appareils de
mesure permanents permettant de suivre le comportement de l'ouvrage
pendant sa construction et au cours des années qui suivent.

On s'assurerade cette manière que la stabilitédubarrage reste


garantie par les coefficients de sécurité prévus, en vérifiant que les hy-
pothèses prises en compte dans les calculs sont correctes. On contrôlera
notamment les pressions hydrauliques, les tassements ou déformations
et les fuites (voir Fig. 4,351).

3,351 - LES PRESSIONS HYDRAULIQUES


D e u x types d'appareillage ont été prévus pour mesurer les
pres sions hydrauliques.

3 , 35 1 1 - Les cellules de pressions interstitielles


C e sont des cellules manométriques mises en place au cours de
la construction de l'ouvrage et permettant de contrôler dès le d é m a r -
rage des travaux la valeur des pressions interstitielles dans la fonda-
tion sableuse c o m m e dans le noyau.

Si des observations indiquaient des pressions interstitielles


trop fortes dues par exemple à une consolidation trop lente, il serait
alors possible de prendre les mesures correctives nécessaires (puits
filtrants, filtres, ralentissement d u rythme de construction, diminution
de la teneur en eau des matériaux, etc, ..).

L e principe de fonctionnement de ces cellules manométriques


peut être soit électrique, soit hydraulique, les organes de mesure étant
liés à un poste central OU sont faites les mesures soit par des câbles
électriques, soit par des tubes en plastique disposes dans le remblki.

L e nombre de cellules prévu est au total de 18 réparties sur


deux profils en travers différents. Les câbles des cellules disposées
dans le noyau pénètrent dans la galerie d'injection, alors que ceux des
cellules de la fondation sont liés à la galerie drainante.
3,35 -2

3,3512 - Les tubes piézométriques


La sécurité d'une digue dépend essentiellement d u niveau de
la ligne de saturation et des pressions hydrauliques relatives en dif-
férents points d'un m ê m e profil en travers et notamment à l'aval d u
noyau étanche. Ces pressions et la ligne de saturation sont contrôlées
à l'aide de tubes crépinés à leur extrémité et mis en place au niveau
convenable dans des forages percés 2.travers le remblai une fois celui-
ci achevé.

L e nombre des tubes piézométriques prévu est de 15 répartis


sur trois profils en travers.

3,352 - LES TASSEMENTS ET LES DEFORMATIONS


3,3521 - Les tassements
La digue devant tasser, il est indispensable d'observer durant
sa construction l'évolution des tassements afinde pouvoir prévoir à coup
sûr par extrapolation les tassements qui ne manqueront pas de se pro-
duire après la construction. On peut ainsi entenir compte lors de l'achè-
vement de la digue, en donnant Lia crête une surélévation correspondant
au tassement à venir, tassement que les essais de laboratoire ne per-
mettent pas toujours de prévoir avec assez de précision.

Les dispositifs de mesure des tassements consistent en tubes


téléscopiques verticaux installés dans le noyau au fur et à mesure de
la montée du remblai. O n peut ainsi mesurer le tassement d'une cou-
che quelconque d u noyau de la digue (en principe de 3 m d'épaisseur).
Cinq tubes de tassements seront installés dans le noyau.

3,3522 - Les déformations


Les déformations de la digue et de sa fondation rocheuse sont
mesurées par visées topographiques de repères spéciaux disposés sur
les ouvrages et leurs appuis. Ilyauraainsi au moins 18 repères dispo-
sés sur le parement aval de la digue, répartis sur six profils en travers
et une dizaine de repères placés sur les appuis rocheux. Les visées to-
pographiques de grande précision doivent bien entendu être rattachées
à des bases immuables, donc situées assez loin d u réservoir pour ne
pas être influencées par le remplissage ou la vidange.
3,35 -3

O n pourra également installer dans la digue suivant l'axe du


noyau deux ou trois tubes verticaux en plastique dont on mesurera la
déformation à l'aide d'un inclinomètre enregistreur spécial descendu
à l'intérieur. O n peut ainsi déterminer la déformation exacte du noyau
étanche depuis sa base jusqu'à sa crête.

3,353 - LES FUITES


I1 est particulièrement importantdans le cas dubarrage d'Abou
Simbel d'évaluer les fuites dès les premières montées du plan d'eau.
D e s déversoirs d e jaugeage d e s fuites seront donc installés dans les
galeries en différents points de façon à évaluer ces fuites en les loca-
lisant si possible au besoin par des mesures àl'aide d e moulinets spé-
ciaux descendus dans les puits filtrants. O n pourra ainsi évaluer l'évo-
lution future des fuites et compléter les traitements d'injections si
nécessaire.
3,36

I R A P P O R T D E M . W.J. T U R N B U L L 1

E x a m e n des p r e m i e r s essais d e laboratoire d e s reconnaissance

et d e s d e ssins d u barrage
3,36 - 1

3,360

J'ai été invité par le B u r e a u d'Etudes A. C o y n e et J. Bellier,


par le canal officiel de l'Unesco, d u D é p a r t e m e n t d'Etat et d u C o r p s des
Ingénieurs de l ' A r m é e des Etats-Unis, à m e rendre à Paris pendant la
s e m a i n e d u 8 Août 1960 pour e x a m i n e r les études préliminaires et
l'avant-projet d u barrage d'Abou Simbel. D e s représentants du B u r e a u
d'Etudes A. C o y n e et J. Bellier participèrent à cet e x a m e n et aux dis-
cus sions.

L'objet essentiel de la consultation était d'obtenir m o n opinion


sur la possibilité de construire le barrage: disponibilités e n matériaux,
conditions de fondation, considérations de stabilité du profil choisi pour
le barrage, et p r o b l è m e des fuites dans s o n ensemble.

L o r s de cette consultation toutes les études et reconnaissances


du site, tous les essais de laboratoire et tous les dessins d'avant-projet
alors disponibles ont été examinés. Bien que certaines reconnaissances
et certains dessins aient été encore provisoires je considère que j'ai p u
prendre connaissance d u projet d'une façon satisfaisante.

3,361

L e p r o b l è m e essentiel à A b o u S i m b e l est de construire u n bar-


rage sûr et é c o n o m i q u e offrant u n e protection Convenable a u x temples,
les fuites étant telles que le coût d u p o m p a g e soit admissible.

L e p r e m i e r point à considérer pour la construction du barrage


concerne la nature d u seul site possible ainsi que les disponibilités e n
matériaux.

Je considere que ce site est convenable, sous réserve d e traiter


la fondation et d'employer certaines m é t h o d e s d e protection, c o m m e o n
le verra plus loin.

D u sable propre de granulométrie m o y e n n e est disponible e n


quantité illimitée. D u sable et des graviers pour les filtres se trouvent
dans les terrasses alluviales , m a i s e n quantité peut-être insuffisante
et exigeant u n triage pour l'obtention de la qualité requise. D u grès à
concasser p o u r faire les massifs principaux du barrage est disponible
e n quantité m a i s il se peut qu'il soit de qualité insuffisante c o m m e
matériau concassé. D e la bonne pierre pour la protection des p a r e m e n t s
3,36 -2

existe à une distance d'environ 5 0 k m LJ site. Les débris et les dl-ihets


du concassage peuvent être triés et utilisés pourdonner des matériaux
de filtre convenableb,,L e limon argileux pour le noyau du barrage est
disponible en deux sources principales, consistant l'une enune terrasse
de niveau relativement élevé, à une certaine distance du barrage (car-
rière de Ballana), et l'autre en des dépôts situés au bord du fleuve près
du site de l'ouvrage. L e limon de la terrasse est moins bon à cause de
sa plus grande teneur en montmorillonite.

Je considère qu'il est correct de protéger la fondationdu barrage


contre l'action érosive des courants duNil pendant la construction, par la
construction d'un épi à l'amont (voir figure 4,417). La surélévation du
fond du fleuve , sous l'emprise du barrage , jusqu'à la cote (120)par le
dragage et le déversement hydraulique de sable d'alluvion dans unbassin
d'eaumaintenue calme par batardage, est une opération satisfaisante et
économique. La banquette d'enrochements située au pied extérieur du
batardeau le protégera c o m m e il convient contre les affouillements.

3,362

D e s points particuliers relatifs à la conception du barrage tel


qu'il est représenté par la coupe de la figure 2,232 sont exposés dans
les paragraphes suivants.

3,3621 - Matériaux et Stabilité du profil


D e s calculs de stabilité ont été faits et montrent amplement que
les pentes indiquées sont stables. Ceci reste vrai m ê m e s'il s'avère en
définitive souhaitable de construire les massifs en utilisant surtout du
sable compacté au lieu de grès concassé et compacté, celui-ci devant
peut-être se révéler de qualité insuffisante. Les épaisseurs de couche
filtrante sont suffisantes à condition que les matériaux utilisés soient
de bonne qualité et vérifient les règles usuelles des filtres. Les COU-
ches de protection de parements sont d'épaisseur suffisante. L e noyau
est convenable m ê m e s'il étaitnécessaire de faire son tiers central en
limon extrait de la terrasse alluviale, par manque de quantité dans le
dépôt du bord du Nil. L e matériau de la terrasse est moins bon parce
qu'il contient plus de montmorillonite et qu'il est extrêmement sec.
Afin d'assurer la stabilité correcte de la fondation, l'alluvion du fond
du lit et le remblai sableuxconstitué par voie hydraulique qui se trouvent
sous la section principale du barrage, seront compactés jusqu'à ce qu'on
atteigne une densité relative de O ,65.
3,36 -3
.
3,3622 - C o u p u r e étanche
L e projet d'injection de la coupure étanche tel qu'il était conçu
initialement était viable, m a i s je considère qu'il était plus lourd et plus
cher qu'il n'était nécessaire. Nous nous s o m m e s m i s d'accord sur u n e
disposition qui, en fait, divise la quantité d'injection par d e u x et donne
encore u n étanchement efficace des alluvions. U n e telle coupure conserve
également un boncontact avec la base d u n o y a u étanche, sans réduction
de la longueur de percolation. C o m m e c o m p l é m e n t nécessaire d u trai-
tement e n profondeur un tapis i m p e r m é a b l e raccordé a u n o y a u doit être
placé sous le m a s s i f extérieur d u barrage, A cause de la nature m a l
cimentée du grès de fondation jusqu'à la cote 60 environ i1 a été décidé
de prolonger le rideau d'injection jusqu'à cette profondeur, enutilisant
u n e simple ligne de forages et en injectant au silicate d e s o d i u m et au
ciment.

3,3623 - S y s t è m e de drainage
L a couche d e filtre drainant disposée sur la face intérieure d u
noyau et se prolongeant sous le m a s s i f intérieur d u barrage jusqu'au
pied du talus , est convenable. I1 en est de m ê m e d u massif de pied e n
enrochement. L a galerie collectrice de drainage est bien placée et de
taille suffisante. A p r è s discussion il a été décidé de prolonger les
extrémités des puits filtrants jusqu'à la cote 60 par précaution contre
l'apparition de 'pressions souterraines dans la z o n e des temples. L'in-
tervalle entre puits filtrants s e r a déterminé par construction d'un
réseau d'écoulement. il se peut qu'il faille descendre jusqu'à des inter-
valles de 9 mètres.

3,3624 - Compactage
I1 faudra c o m p a c t e r l'argile silteuse d u n o y a u à la teneur e n e a u
d e l'optimum, ou légèrementau-dessus, et à ladensité d u A.A.S.H.O.
Standard. L e grès concassé ou le sable, o u les d e u x à la fois , seront
consolidés dans les massifs à la densité A.A.S.H.O. Standard. I1 faudra
veiller à ce que la teneur e n e a u pendant le c o m p a c t a g e n e soit pas telle
qu'on ait un foisonnement du sable. T o u s les filtres devront être bien
compactés. C o m m e on l'a déjà dit les sables d'alluvion et d'apport d e
la fondation devront etre consolidés s'ils s'en trouvent qui ont une densité
relative inférieure à 65 %. C'est à dessein que les détails relatifs à la
construction et a u x spécifications n e sont pas traités dans ce rapport.
3,36 -4
3,3625 - Instruments de m e s u r e

Je considère que le s c h é m a général des m e s u r e s à faire sur


le barrage, tel qu'il est donné par la figure 4,351, est satisfaisant.

3,3626

D'après ce qui vient d'être dit brièvement je considere que le


projet remplit les conditions requises pour être sûr et économique.

3,363

L e s paragraphes qui suivent ont trait aux différentes phases


du traitement de stabilisation et d'étanchement des appuis de g r è s , et
des pentes naturelles du grès à l'extérieur et àl'intérieur de ,l'enceinte
dans la région des appuis (voir figures 2,231 et 4,4311).

3,3631 - Pentes des grès du côté d u réservoir

Partout OU la pente est plus raide que 1 (verticalement) pour


3 (horizontalement) elle doit être adoucie à environ 1 pour 3. L e r e m -
blai d'apport peut être en sable, avec une couche convenable d'enroche-
m e n t de protection à la surface. D e telles zones sont indiquées sur la
figure 2,23 1. Je n e pense pas que .le grès soit appréciablement affaibli
par la saturation.

3,3632 - Pentes des grès à l'intérieur de l'enceinte

11 n'est pas nécessaire d'adoucir les pentes. Je considère que


la présence de la galerie de drainage assurera une baisse de pression
suffisante. En plus des puits drainants descendus sous la galerie , des
puits peuvent être forés vers le haut, à des intervalles et des longueurs
5 déterminer. L a figure 4,431 1 donne une implantation de la galerie
que je considère bonne. I1 faudra donner des pentes convenables à la
galerie pour assurer le drainage par gravité. L'implantation des p o m p e s
de drainage telle qu'elle est donnée m e s e m b l e satisfaisante.
3,36 -5
c

3,3633 - Rideau d'injection dans la rive


U n e simple ligne de forages d'injection sera faite c o n f o r m é -
m e n t au tracé de lafigure 4,4311. L e s intervalles entre forages seront
approximativement c e u x qui sont indiqués s u r cette figure m a i s pour-
ront être modifiés. L a surface injectée s'étendra de la cote de la surface
du réservoir à la cote 60 sous le pied de la falaise, et à la cote 90 sous
les extrémités du barrage. Elle continuera à cette cote, du côté aval
du barrage, sur 200 m è t r e s environ , m e s u r é s le long du tracé ellip-
tique. D u côté amont le voile d'étanchéité sera continué jusqu'au droit
de la centrale de p o m p a g e . L e s coulis injectés seront au silicate de
s o d i u m et au ciment. L'entrepreneur devra obtenir expérimentalement
la viscosité la plus basse possible pour le silicate de sodium, utilisant
de préférence la tranche de 10 à 20 centipoises de façon à injecter les
fissures les plus fines et les pores du grès.

D'après ce qui précède o n r e m a r q u e r a qu'une portion de l'el-


lipse complète n'a pas été décrite. Je pense qu'il n'est pas nécessaire
d'injecter le long de cette section. Toutefois la galerie des puits fil-
trants sera étendue à cette section , f e r m a n t ainsi c o m p l è t e m e n t l'el-
lipse, les intervalles entre puits étant approximativement c e u x qui sont
indiqués m a i s avec des modifications ultérieures possibles. L e s extré-
mités des puits situés sous la galerie descendront jusqu'à la cote 6 0 ,
les extrémités des puits situés au-dessus d e la galerie seront déter-
m i n é e s par des études spéciales.

3,364

C e qui suit est une brève description des m e s u r e s de protec-


tion à prendre dans le voisinage i m m é d i a t des temples. L e s temples
sont situés suffisamment .loinl'un de .l'autre pour qu'on les traite sépa-
r é m e n t , m a i s le traitement sera le m ê m e dans chaque cas n e variant
que par l'ampleur. L e principe de base pour l'établissement de l a p r o -
tection des temples est le maintien du "statu quo" des conditions de
n a p p e phréatique et d'humidité. La figure 4 , 4 3 1 1 m o n t r e .lagalerie d e
drainage autour d e chaque temple.

N o u s avons longuement discuté de la nécessité d'avoir u n voile


d'étanchéité autour de chaque temple ou n o n Je crois que m o y e n n a n t un
e s p a c e m e n t convenable des puits filtrants au-dessus et au-dessous d e
la galerie de drainage, un voile d'étanchéité n'est pas nécessaire. Il se
peut qu'il faille adopter des distances entre puits aussi courtes que le
3,36 -6
mètre, mais il faudra pour en décider, faire des études supplémentai-
res. Les extrémités des puits sous la galerie devront être à une pro-
fondeur telle que soient coupées les pressions susceptibles de faire
remonter la nappe phréatique sous les temples. Les puits seront pro-
longés vers le haut jusqu'à une cote qui assure le rabattement total de
la nappe au niveau de l'écoulement libre dans la galerie.

3,365

L e problème général des tremblements de terre peut être


écarté; il n'a pas à intervenir dans le projet d'Abou Simbel puisque
d'après les renseignements recueillis il n'y a pas d'activité sismique
dans la région. Les études géologiques indiquent l'absence probable de
fissuration importante dans les grès.

3,366

Je crois que l'exposé qui précède montre qu'on a établi le pro-


jet et qu'on pourra entreprendre la construction d'un barrage satisfai-
sant. U est certain que la sécurité est convenable. Une estimation pro-
visoire des débits de fuite a été faite, et je la crois raisonnable.

D e s études sont en cours pour le calcul général des réseaux


de percolation, pour la détermination plus précise des perméabilités
en place et pour l'établissement d'un modèle à trois dimensions , cet
ensemble devant fournir une estimation plus sûre des débits de fuite.
Toutefois, la capacité de la centrale de pompage telle qu'elle est des-
sinée donne , d'après les estimations provisoires des fuites , un grand
coefficient de sécurité.

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