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COURS DE CES DRS

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I. EROSION HYDRIQUE
1.1 Définition de l’érosion hydrique
1.2 Facteurs causal de l’érosion hydrique
1.3 Facteurs conditionnant l’érosion hydrique
1.3.1 Nature et l’état du sol
1.3.2 Nature et l’état de la végétation
1.3.3 Pente
1.3.4 Activités humaines
1.4 Mécanismes de l’érosion hydrique
1.4.1 Attaque du sol par les gouttes de pluie
1.4.2 Ruissellement
1.5 Formes de l’érosion hydrique
1.5.1 Erosion de rejaillissement (Splash)
1.5.2 Erosion en nappe (superficielle)
1.5.3 Erosion en rigoles
1.5.4 Erosion en ravines (ravins)
1.5.5 Erosion des berges
1.6 Conséquences de l’érosion hydrique
1.6.1 Conséquences directes
1.6.2 Conséquences indirectes
1.7 Méthodes de lutte contre l’érosion hydrique
1.7.1 Pratiques culturales de CES
1.7.1.1 Travail du sol
1.7.1.2 Fertilisation
1.7.1.3 Systèmes de cultures
1.7.2 Ouvrages et structures de dissipation du ruissellement
1.7.2.1 Cordons pierreux
1.7.2.2 Diguettes en terre
1.7.2.3 Bandes d’herbes ou haies anti-érosives

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1.7.2.4 Murets et terrasses
1.7.2.5 Diguettes filtrantes
1.7.3 Ouvrages de captage du ruissellement
1.7.3.1 Zai
1.7.3.2 Demi-lune
1.7.3.3 Tranchées de reboisement
1.7.3.4 Banquettes
1.7.4 Protection des pentes par le reboisement
1.7.5 Stabilisation des ravins
1.7.6 Protection des berges
1.7.6.1 Fixation par la végétation
1.7.6.2 Etablissement des épis ou jetées
1.7.6.3 Les digues de protection de berge

II. EROSION EOLIENNE


2. 1 Généralités
2.2 Facteur causal de l’érosion éolienne
2.3 Facteurs conditionnant l’érosion éolienne
2.2 La nature et l’état du sol
2.3 La nature et l’état de la végétation
2.4 Mécanismes de l’érosion éolienne
2.5. Effets de l’érosion éolienne
2.5.1 Sur le sol
2.5.2 Sur la végétation
2.6 Méthodes de lutte contre l’érosion éolienne
2.6.1 Fixation des dunes
2.6.2 Rideaux protecteurs (Brise vent, rideaux abris)

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I. EROSION HYDRIQUE

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Introduction
Le sol est un capital précieux puisque l’homme en tire les moyens de sa
subsistance. Donc il faut le conserver, le préserver. Du sol nous en tirons tous
les produits agricoles, fourragers, forestiers et l’eau. La conservation des sols,
c’est l’art d’utiliser les sols correctement en vue de satisfaire les besoins
immédiats mais aussi tout en préservant ces derniers pour les besoins futurs.
C’est aussi une utilisation durable en vue du maintien de la fertilité du sol et des
ressources en eau. Pour que le sol conserve sa capacité de produire, il faut
nécessairement compenser les pertes en éléments nutritifs ; empêcher la
dégradation des propriétés physiques (structure); éviter le décapage des horizons
supérieurs qui referment le plus de matière organique c’est à dire lutter contre
l’érosion.

1.1 Définition de l’érosion


C’est l’ensemble des phénomènes par lesquels les particules du sol ainsi que les
matériaux connectés, sont arrachés à la surface du sol, transportés et déposés
sélectivement ailleurs. On distingue deux types d’érosion :
- L’érosion hydrique : si les particules de terre sont déplacées par la force
de l’eau
- Et l’érosion éolienne : si les particules de terre sont déplacées par la force
du vent.

1.2 Facteurs causaux de l’érosion hydrique


Les pluies et leurs ruissellements constituent les facteurs causaux de l’érosion de
l’hydrique. Une pluie est caractérisée essentiellement par :
- La hauteur de la pluie (mm)
- L’intensité de la pluie (mm/h)
- Les dimensions des gouttes

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- La vitesse de chute des gouttes

1.3 Facteurs conditionnant l’érosion hydrique


C’est l’ensemble des facteurs qui influencent (aggravent ou limitent) l’érosion
provoquée par les pluies. Ils sont :

1.3.1 Nature et état du sol


Il s’agit essentiellement des propriétés physiques du sol qui jouent le rôle le plus
important pour rendre le sol plus sensible ou moins sensible à l’érosion :

La porosité : Elle augmente la capacité d’infiltration de l’eau dans le sol ;

La perméabilité des couches profondes : Si les couches ne font que passer l’eau,
il y aura saturation des couches qui entraînera le ruissellement.

La stabilité structurale : Si la structure est instable c’est à dire les agrégats ne


sont pas cohérents par manque dans la structure du sol de la matière organique et
argile, alors l’eau peut ruisseler.
La capacité de rétention : L’eau du sol est perdue soit par drainage, soit par
évaporation, soit consommée par les végétaux. Si ces facteurs font défaut alors
le ruissellement peut naître. Les sols les plus sensibles à l’érosion hydrique ce
sont les limons et les sables fins mais surtout en absence des matières
organiques.

1.3.2 Nature et état de la végétation


Rôle primordial de lutte contre l’érosion
En général les parties aériennes ont un rôle important dans la diminution de
l’érosion. En effet les parties aériennes servent d’écran, ralentissent le

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ruissellement. Il faut noter aussi l’importance de la litière, les racines (en fixant
le sol, en augmentant l’infiltration).
La matière organique augmente la stabilité de la structure dont élève la
résistance à l’érosion.

1.3.3 Pente
L’érosion augmente avec l’inclinaison de la pente. On a observé aussi que, plus
la pente est longue, plus les pertes en terre augmentent. On lutte contre le
ruissellement sur une longue pente en diminuant la longueur de la pente c’est à
dire entreposer des ouvrages tout au long de la pente.

1.3.4 L’homme

Ce sont toutes les pratiques menées par l’homme et qui ont pour conséquence la
diminution de l’érosion. Ainsi le reboisement, les différentes façons culturales
(travaux du sol), les systèmes de production (paillage, branchage), la
fertilisation, la jachère, les travaux en courbe de niveau, etc. limitent l’érosion.
D’autre part, le défrichement, le surpâturage, le feu de brousse sont des facteurs
qui augmentent l’érosion dont l’homme est à l’origine.

1.4 Mécanismes de l’érosion hydrique


1.4.1 Attaque du sol par les gouttes de pluie
L’impact des gouttes de pluie sur les agrégats va faire éclater les agrégats et
rejaillir (projection dans l’air) des particules. Tout ceci est dû à l’énergie
cinétique des gouttes de pluie. Au début de la pluie, le rejaillissement des
particules est important et au fur et à mesure la pluie se déroule, il va diminuer
parce que le sol est couvert par une lame d’eau. En fin de la pluie, on assiste au
ruissellement de cette lame d’eau en présence d’une pente. Si la pluie est faible,
l’énergie cinétique est faible et par conséquent le rejaillissement est presque
absent.

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1.4.2 Ruissellement
Il se déclenche lorsque le sol ne peut plus absorber toute la pluie qui tombe.
L’apparition du ruissellement est fonction de la capacité d’absorption du sol.
Cette capacité d’absorption est liée à l’intensité de la pluie. En effet, si la pluie
tombe, les particules les plus fines viennent colmater la porosité du sol et
l’infiltration d’eau est impossible. La capacité d’absorption du sol dépend aussi
de l’humidité initiale du sol et de la structure du sol. Un sol humide voit ses
pores saturés et toute autre eau qui tombe ne peut que ruisseler. La cohésion
d’un sol c’est à dire la stabilité des agrégats joue sur la capacité d’absorption.
Ainsi plus les agrégats sont instables, plus la capacité d’absorption diminue. Les
pertes des terres sont fonction de la capacité d’arrachage, capacité de transport
par le ruissellement. Ils se sont subdivisés en deux grands groupes : ceux liés à
l’impact des gouttes de pluie et ceux liés au ruissellement.

1.5 Formes de l’érosion hydrique

1.5.1 Erosion de rejaillissement ou splash


C’est l’érosion qui résulte du choc des gouttes de pluie sur le sol. Elle provient
de ce qu’on appelle l’énergie cinétique des gouttes de pluie. Lorsqu’elle se
produit, les différents agrégats s’éclatent et cela entraîne le déplacement des
particules du sol (sable, argile, limon, etc.). L’action des gouttes de pluie est
appelée battage du sol. Le déplacement des particules entraîne la mise en
suspension de ces dernières dans l’eau. L’action du battage du sol produit
l’apparition des pellicules de battance ou croûtes de battance qui entraînent le
compactage du sol. La première conséquence du compactage est d’abord la
réduction de l’infiltration et la difficulté de la germination des graines. Cette
érosion est dite insidieuse puisqu’elle n’est pas visible. Pour lutter contre
l’érosion splash, il faut empêcher le contact direct des gouttes de pluie au sol par

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en interposant un écran (couvrir le sol avec des grosses feuilles par exemple ;
donner une bonne cohésion au sol, rendre le sol résistant) pour éviter
l’éclatement des agrégats.

1.5.2 Erosion en nappe ou érosion superficielle


Le ruissellement entraîne les particules les plus fines (diamètre = 0,1 mm). Cette
érosion concerne d’avantage la partie amont c’est à dire les parties hautes des
terrains. Elle se manifeste par :
- Diminution de l’épaisseur de l’horizon de surface (décapage)
- Apparition des buttes de terre derrière les touffes d’herbe ;
- Apparition des éléments grossiers à la surface.
Il va se produire des colluvions (éléments grossiers) en amont et des alluvions
(éléments fins) en aval. Il en résulte : une structure grossière, un microrelief et
des marches d’escalier. Pour lutter contre l’érosion en nappe, il faut éviter le
ruissellement en diminuant la pente, en créant un mécanisme de pénétration
d’eau dans le sol.

1.5. 3 Erosion en rigoles


L’érosion en rigole apparaît lorsqu’en faveur d’une pente les eaux de
ruissellement se concentrent. Cette concentration entraîne une augmentation de
la vitesse et cela entraîne un creusement du sol en formant des canaux ou
rigoles. Cette augmentation de vitesse entraîne une capacité de transport
croissante. On peut dire qu’on a une érosion en rigole quand les canaux sont
effaçables par les outils aratoires.

1.5.4 Erosion en ravines (ravins)


Les ravins naissent lorsqu’on a une accentuation de la pente qui entraîne une
augmentation de vitesse et l’incision (l’entaille) devient plus forte. Cette forte
incision entraîne la formation des ravins. Cette érosion intéresse d’abord les

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horizons de surface et ensuite les horizons de profondeur et cela peut intéresser
jusqu’à la roche. Pour lutter contre l’érosion en ravins, il faut créer des barrages
dans les ravins pour diminuer la vitesse afin que l’eau s’infiltre ou coule plus
doucement.

1.5.5 Erosion des Berges


Elle résulte de l’attaque des bordures des cours d’eau par les eaux de
ruissellement (ou des cours d’eau). Cela entraîne le recul des berges qui se
traduit par la chute massive de terre (éboulement). Pour lutter contre l’érosion
des berges, il faut essayer de diminuer la vitesse de l’eau d’écoulement, fixer les
berges avec de la végétation, mettre des blocs des rochers dans les parties
latérales des berges ou encore des sacs de sable ou des branchages.

1.6 Conséquences de l’érosion hydrique


1.6.1 Conséquences directes
- Diminution de la fertilité du sol par perte des éléments nutritifs
- Perte des surfaces (superficies) cultivables
- Perte en eau disponible du sol qui est due à la formation de croûtes de
battance et de la vitesse d’écoulement.

1.6.2 Conséquences indirectes


- Colmatage des retenues, points d’eau (envasement) ;
- Détérioration du régime d’écoulement des cours d’eau ;
- Envasement des plaines inondables ;
- Dégâts sur les infrastructures (routes, ponts, villages, etc.)

1.7 Méthodes de lutte contre l’érosion hydrique

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Dans la zone sahélienne, l’état de dégradation de l’environnement est très
poussé. Pour y pailler des méthodes de lutte anti-érosive ont été importées. Ces
méthodes importées se sont vues vouées à l’échec. Face à cet échec, on a essayé
d’associer la population comme main d’œuvre. C’est ainsi que les techniques
traditionnelles ont été améliorées pour lutter contre l’érosion. Les principes de
base de la lutte anti-érosive sont :
- Techniques culturales ;
- Ouvrages anti-érosifs
- Reboisement.

1.7.1 Les techniques culturales


1.7.1.1 Le travail du sol
Le travail du sol concerne le labour à plat, le billonnage. Il permet de :
- Ameublir en vue d’augmenter l’infiltration ;
- Aération du sol en vue d’augmenter la porosité ;
- Détruire les adventices ;
- Enfouir les engrais et la matière organique ;
- Diminuer l’évaporation.
Le labour à plat
Le labour permet de créer une série de sillons tout au long du champ. Ces
derniers ralentissent le ruissellement et entraînent l’infiltration de l’eau. Si le sol
est épais, le labour ramène en surface de la terre stérile. Cela est surtout possible
en cas de mécanisation poussée de l’agriculture.
Le billonnage
Le billonnage en créant des ados va permettre de garder l’eau dans les sillons et
de permettre son infiltration. Il peut se faire avec de la houe ou d’un corps
billonneur. Pour conserver l’eau contenue dans un sillon, on peut créer des
cloisons de terre et on a un billonnage cloisonné.
Les inconvénients de cette technique sont :

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- Augmentation de l’érosion splash ;
- Augmentation de l’effort de travail ;
- Augmentation du ruissellement et de l’érosion si le billonnage est fait
selon le sens de la pente
Les avantages de cette technique sont :
- Augmenter l’épaisseur des sols projetés par les racines ;
- Diminuer l’excès d’eau dans les terres lourdes ;
- Favoriser la production de plantes à tubercules.

1.7.1.2 La fertilisation
Lorsqu’un champ est cultivé, les récoltes entraînent la mobilisation des
éléments nutritifs. Ces derniers proviennent du sol. La fertilisation consiste
à ramener au champ des éléments qui ont été prélevés du sol. La
fertilisation a pour effet de
- Augmenter le développement des plantes ;
- Favoriser la croissance des végétaux qui entrent le recouvrement du
sol ;
- Augmenter la densité des cultures donc entraîne la limitation de
l’érosion ;
- Augmenter la masse des racines donc augmente la fixation du sol qui
limite l’érosion.
1.7.1.3 Les systèmes de culture
Le paillage
Il consiste à recouvrir les interlignes des cultures par une couche de paille ou par
de couche de résidus végétaux morts. Cette couche est appelée paillis ou mulch.
Le paillage a pour effets de :
- Freiner le ruissellement ;
- Diminuer l’érosion rejaillissement (splash) ;

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- Augmenter la cohésion des agrégats par la fourniture de matière
organique produite par sa décomposition ;
- Freiner l’évaporation ;
- Accroître la porosité du sol par le fait qui attire les des termites qui
creusent des galeries dans le sol ;
- Piéger des sables éoliens, semences, etc. qui permettent d’augmenter
l’infiltration ;
- Faire obstacle au développement des mauvaises herbes par le fait que
les mauvaises poussées ne reçoivent plus de lumière

La rotation des cultures ou succession des cultures


La répétition d’une même culture sur un champ fatigue le sol, le sol devient
alors sensible à l’érosion. Pour maintenir la fertilité du sol, il faut ordonner les
cultures selon une bonne succession qui dépend des conditions naturelles des
aspects socioéconomiques. Elle permet une couverture du sol dans le temps et
dans l’espace.

La jachère
C’est une terre en repos qui est hors culture mais inscrite dans une rotation des
cultures.
La jachère permet de :
- Rétablir le taux des matières organiques qui augmentent la cohésion
des agrégats ;
- Favoriser la remontée biologique qui développe la couverture du sol

La culture en bandes alternées


Elle consiste à placer les bandes de culture perpendiculairement à la pente. La
succession des bandes doivent être une bande qui laisse le ruissellement et après

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une bande qui limite le ruissellement et ainsi de suite. Cette disposition permet
de minimiser le ruissellement.

La culture sous parc arboré


C’est une pratique qui consiste en une culture sous les arbres (denses) qui
fertilise le sol et qui n’entre pas en compétition avec les cultures. L’espèce la
plus utilisée est Faidherbia albida

1.7.2 Ouvrages anti-érosifs

1.7.2.1 Cordons pierreux


Ce sont des alignements de pierres qui sont établis de manière à ralentir le
ruissellement. Les cordons pierreux se font sur des pentes légères. Ils doivent
être disposés perpendiculairement à la ligne de la plus grande pente et espacés
de 10 à 30 m. Avec le temps, on assiste à un enfoncement des cordons et donc il
faut faire des entretiens en mettant de la végétation.
Ils ont un effet double :
- Casse la vitesse du ruissellement donc augmenter l’infiltration ;
- Dépôt de la charge du ruissellement qui va se sédimente donc améliore la
fertilité du sol
En cas de cordons de pierre, l’eau qui s’infiltre en amont de ces dernières est
deux à cinq fois supérieure à celle qui s’infiltre en aval.

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1.7.2.2 Diguette en terre
La diguette est réalisée dans les bas-fonds plus ou moins ravivés et dont la
culture a été abandonnée en tout ou en partie, les diguettes en terre ont pour
objectifs :
- De freiner les eaux de crue et les épandre sur les terres cultivables du bas-
fond dans le but d’arrêter l’érosion par ravinement ;
- De provoquer à l’amont de la diguette une augmentation de l’infiltration
de l’eau et une sédimentation de sables, argiles et débris organiques ;
- De favoriser l’infiltration et récupérer les terres pour l’agriculture ou
améliorer nettement leur productivité à l’amont de la diguette.
Les diguette en terre doivent être établies sur la même courbe de niveau si non,
il y aura la formation des brèches. Pour construire des diguettes en terre, la terre
est prélevée en aval et cela entraîne la création d’une fosse ou tranchée qui va
collecter de l’eau. La diguette en terre ne doit jamais être submergées. Pour cela
il faut mettre au dessous de la diguette un déversoir (pavée de grosses pierres)
qui permet de verser l’eau de l’autre côté. Il faut donner à la diguette une
hauteur suffisante. Pour renforcer l’effet de la diguette, il faut planter.

Diguette en terre

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1.7.2.3 Bandes d’herbes ou haies anti-érosives
Elles ressemblent aux bandes des cultures alternées. Elles ont pour fonction de :
- Ralentir le ruissellement et provoquer le dépôt des particules = rôle de
« filtre » ;
- Améliorer l’infiltration (racines, matière organique, fixation, etc.) ;
- Créer la formation progressive des terrasses ;
- Servir de brise vent ;
- Protéger les champs contre la divagation des animaux (haies vives
défensives).
Pour que ce dispositif soit efficace, il faut :
- La distance entre deux bandes soit petite, que le ruissellement ne puisse
pas prendre de vitesse. Cela est nécessaire surtout quand la pente est
forte ;
- Les bandes (haies) soient suffisamment larges de manière à ce qu’elles
puissent casser le ruissellement ;
- Les haies mises en place doivent pérennes et continues. (Ex. Andropogon
gayanus).

1.7.2.4 Murets et terrasses

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Ces derniers sont mis sur des versants à forte pente et surtout lorsque les
diguettes, les bandes enherbées et les cordons pierreux ne sont pas efficaces. Les
fonctions des murets sont :
- Ralentir le ruissellement ;
- Forcer l’eau à s’infiltrer ;
- Servir de base à la constitution d’une terrasse.
Une terrasse est une parcelle plane et horizontale que l’on construit sur le
versant. Les terrasses se présentent toujours par des marches d’escalier
délimitées par des murets.
Les murets doivent être :
- Profondément encrés sur une même ligne de niveau, sinon le
déchaussement de ces derniers peut entraîner leur effondrement ;
- Sur une base large, le centre de gravité proche du sol ;
- Sur un sol stable pour éviter un éventuel effondrement sur sol instable ;
- La base du muret d’en haut doit correspondre au sommet du muret d’en
bas.
La construction directe des terrasses est très coûteuse donc la construction
progressive (celle des murets) est conseillée.

1.7.2.5 Digues filtrantes


Les fonctions d’une digue filtrante sont :
- Ralentir le ruissellement ;
- Epandage des eaux ;
- Favoriser la recharge des nappes phréatiques.
Les digues filtrantes se mettent en travers les vallées ou des bas-fonds. Elles
consistent à entasser des grosses pierres sur une même ligne de niveau. Cet
entassement de pierres aura une épaisseur de 1 à 2 m, une hauteur de 1 à 2 m et
la longueur est fonction de la vallée. Si, l’on veut garder de l’eau en amont de la
digue filtrante, il faut créer un noyau argileux. L’accumulation de l’eau peut

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entraîner une submersion de la digue. Pour évacuer cette eau, il faut créer un
déversoir qui canalise les eaux au centre. Si le bas-fond est plat, on peut
aménager un grand déversoir sur toute la longueur de la digue.
Lorsque la Digue Filtrante fonctionne, on aura une succession de terrasses sur
toute la longueur de cette dernière. Pour cela il faut que le sommet de la Digue
aval corresponde à la base de la digue amont.

Digue en pierres sèches

1.7.2.6 Zaï ou tassa


Le zaï permet de restaurer des terres de glacis couvertes par une croûte indurée
ou gravillonnaire. C’est une ancienne technique traditionnelle relancée et/ou
améliorée. Le zaï a pour fonctions de :
- Capter le ruissellement ;
- Localiser le fumier et l’eau dans le fond du trou, c’est à dire au pied de la
plante ;
- Améliorer le stockage d’eau et favoriser l’activité des termites.
Les trous sont réalisés à écartement sur les lignes de 0,8 à 1 m et idem entre les
lignes. Les trous doivent avoir 20 à 25 cm de diamètres de profondeur et réalisés
sur une même ligne de niveau. Les bourrelets de terres enlevés dans les trous
doivent être déposés en avant avec un petit décalage pour éviter le retour de la
terre dans les trous. Les trous sont creusés pendant la saison sèche et mettre au

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fond du trou une à deux poignées de fumier et recouvrir avec une légère couche
de terre. A la première pluie, il faut semer.
Les avantages de cette technique sont :
- Simple ;
- Peu coûteux ;
- Conserver l’humidité du sol ;
- Limiter très considérablement le ruissellement et l’érosion ;
- Augmenter le rendement.

Le Zaï ou tassa

1.7.2.7 Les demi-lunes

Elles sont mises en place sur les glacis ou sur les plateaux sur sol limono -
argileux ou sablo -argileux à pente faible et où la végétation a disparu.
Le but visé est de capter les eaux de ruissellement en amont en faisant des
excavations en forme de croissant pour les utiliser pour les cultures et pour les
plantes. La zone concernée est celle où la pluviosité est marginale. Les demi-
lunes sont des cuvettes qu’on ouvre perpendiculairement sur la ligne de grande
pente et sur les courbes à niveau. Pour les cuvettes on a un diamètre de 4 m et

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une profondeur de 15 à 25 cm (cas de la demi-lune agricole), la demi-lune
forestière a un diamètre de 2 m et une profondeur de 15 à 25 cm. Sur les lignes,
l’écartement est de 4 m et c’est aussi l’écartement entre les lignes. Elles sont
disposées en quinconce sur le versant.
Pour les cultures, 15 à 20 poquets/ouvrage sont conseillés alors que pour la
revégétalisation, 1 plant par ouvrage est conseillé pour éviter l’effet de
concurrence entre les plants.
Les avantages de cette technique sont :
- Simple à matérialiser ;
- Peu coûteux ;
- Conserve suffisamment d’humidité.

8m

4m 4m

Demi – lunes agricoles

1.7.2.8 Les tranchées de reboisement


Ce sont des ouvrages disposés sur les flancs des collines lorsque la végétation
naturelle a disparu. Il s’agit d’ouvrages implantés sur des pentes assez fortes et

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sur sol profond même graveleux. Une tranchée est une excavation à deux
compartiments séparés par un gradin central qui reçoit le plant.
Les fonctions des tranchées sont :
- Capter les eaux de ruissellement ;
- Favoriser l’infiltration qui augmente le taux de quantité d’eau disponible
dans le sol ;
- Revégétalisation ;
- Limiter le ruissellement et l’érosion sur terres en aval (vallée).

Tranchées de reboisement

1.7.2.9Les banquettes
La banquette est un ouvrage en terre, en pierres ou mixte, en forme de diguette
antiérosive, réalisée selon les courbes de niveau. Elle peut être continue ou
discontinue, perméable ou imperméable.

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Les fonctions des banquettes sont :
- Capter l’eau de ruissellement et faciliter sa circulation et son infiltration
sur toute la surface traitée ;
- Augmenter la superficie agricole ;
- Révégétaliser les glacis.

Banquette sylvo-pastorale

1.7.2.9 Stabilisation des ravins


Les principaux dégâts que peut provoquer les ravins sont :
- Appauvrissement des sols ;
- Obstruction d’ouvrages ;
- Assèchement des champs voisins ;
- Empiètement sur les voies de communication.
Il faut nécessairement corriger les ravinements en créant des barrages successifs
dans les ravins qui ont pour effet de :
- Freiner l’écoulement ;
- Transformer la pente entre les deux barrages en un palier horizontal.

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Ces ouvrages peuvent être construits en béton, en gabions, en digues, en
disposant des pierres sèches, en utilisant des fascines. Mais il faut toujours fixer
avec de la végétation pérenne.

1.7.2.10Protection des berges


a) Fixation par la végétation
Il faut toujours laisser un espace entre les zones cultivées et le ravin. Elle
constitue la méthode la plus efficace. Les espèces les plus couramment utilisées
sont celles qui ont un système racinaire puissant et un développement rapide.
Exemple : Proposis juliflora, Azadiractha indica, Eucalyptus camaldulensis,
Acacia nilotica.

b) Etablissement des épis ou jetées


C’est une portion de mur épais en gabions ou béton que l’on dispose à l’intérieur
du lit pour protéger les berges. Les murs épais sont disposés de manière à avoir
un angle de 45 ° avec le ravin en aval. L’effet des murs épais est qu’il y a de la
terre qui sédimente après ces derniers dans le sens du courant de l’eau. Pour
éviter le sapement de l’autre, il faut placer les murs épais de façon le courant
coïncide avec le bout du 1er ouvrage. Le second ouvrage est placé de façon que
la 1ère déviation du courant par l’extrémité du 1er ouvrage, situer là, il ricoche sur
la berge et mesurer la distance entre cet endroit et l’autre extrémité du 1 er
ouvrage. Cette distance est utilisée pour placer le second ouvrage.

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Epis de berge de Kori

c) Digues de protection de berge


L’objectif est d’arriver a empêché au courant d’éroder la berge. Techniquement,
une digue de protection doit être disposée le long de la berge et s’appuie sur
cette dernière. Généralement elles sont faites en béton. Pour qu’elles soient plus
efficaces, il faut créer des petits épis ou épis massifs sur ces dernières.

II. EROSION EOLIENNE


2.1 Définition
L’érosion éolienne est due à l’action du vent sur la surface du sol et se traduit
par un transport de particules qui comportent, comme le cas de l’érosion
hydrique, une phase d’abrasion en amont et une phase d’accumulation à l’aval.

2.2 Facteur causal de l’érosion éolienne


Le facteur causal (élément actif) de l’érosion éolienne est le vent.

2.3 Facteurs conditionnant l’érosion éolienne


Nature et état de la végétation
- Maintient la cohésion de la couche superficielle du sol ;
- Réduit la vitesse du vent ;
- Modifie la direction du vent ;

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- Améliore le sol en matières organiques.
Ainsi, la végétation constitue la meilleure protection contre le vent, raison pour
laquelle l’érosion éolienne est à craindre dans les zones arides.

Nature et état du sol


- Sols meubles, secs et finement émiettés ;
- Sols riches en sable, assez pauvres en argile et en matières organiques ;
- Sols humides.

Actions de l'homme et de son bétail


- Exploitation abusive de la végétation ;
- Surpâturage ;
- Défrichement des steppes ;
- Feux de brousse.
2.4. Mécanisme de l’érosion éolienne
- La saltation ;
- La Reptation ;
- La Suspension ;
- Effet d'avalanche.

2.5 Effets de l’érosion éolienne


Sur le sol
- Appauvrissement de la fertilité du sol ;
- Déstabilisation de la structure du sol ;
- Diminution de la capacité de rétention en eau.

Sur la végétation
- Blessures profondes ;
- Racines déchaussées ;

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- Déracinement des plants ;
- Ensevelissement des cultures, des arbres, arbustes, arbrisseaux et des
herbacées ;
- Déformation des cimes ;
- Chablis ;
- Frottures ;
- Torsion ;
- Augmentation de l’évapotranspiration ;
- Baisse des productions.

2.6. La protection des sols de culture contre l’érosion éolienne


Les rideaux protecteurs
- les brises vent
Il existe deux sortes de brise vent :
 Inertes : Murettes de pierres sèches, palissades, etc. ;
 Vivants : Rideaux d’arbres ou d’arbustes, ou même, simple
bandes de plantes annuelles.
On les installe généralement autour des jardins, des vergers, des pépinières ….
L’efficacité d’un brise vent dépend des paramètres ci-après :
o La hauteur ;
o La perméabilité ;
o L’épaisseur ;
o L’orientation ;
o La structure.
- le rideau d’abri
C’est une plantation, mais constituée de plusieurs rangées d’arbres que l’on
érige comme barrière pour protéger de grande surface.
Remarques : les rideaux protecteurs ont pour fonction de :
- casser la vitesse des vents d’où une baisse de l’érosion éolienne ;

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- régulariser la température ;
- baisser l’évaporation et la transpiration ;
- augmenter la productivité.
Comme effets négatifs on peut noter :
- l’action néfaste de l’ombrage sur les cultures ;
- la compétition entre les arbres et les cultures ;
- le refuse pour des prédateurs.
Caractéristiques :
- Le rideau doit être perméable ;
- Il est orienté perpendiculairement à la direction des vents dominants ;
- La longueur du rideau dépend de la parcelle à protéger ;
- L’épaisseur du rideau est variable 2 à 10 rangées.
Les façons culturales
- Utilisation des résidus végétaux ;
- Pratiques culturales ;
- Le travail du sol.

2.7 Stabilisation et fixation des dunes


La méthode consiste à freiner le mouvement des sables. Pour ce faire on érige
des palissades qui sont des obstacles linéaires opposés au vent dominant pour
diminuer sa vitesse et provoquer à son niveau l’accumulation du sable en
mouvement. Ce palissade est constitué de différents matériaux : branchages,
chaumes, feuilles de palmes…

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Photo de brise vent inerte (palissade)
Caractéristiques :
- les palissades doivent être parallèles entre elles et perpendiculaires à la
direction des vents dominants ;
- elles doivent être érigées en intervalles rapprochés, ceci pour tenir
compte de la compétence des vents.
Lorsqu’il existe des vents secondaires ou lorsque les vents changent de
direction, il est conseillé de procéder à un cloisonnement des palissades c'est-à-
dire la confection de quadrillage.
A l’intérieur des quadrillages on peut également recouvrir le sol de paille ou
brindilles (Paillage ou Mulching) pour protéger la surface du sol. Ce paillage
permet l’incorporation de la matière organique au sol.
Lorsque le sable est stabilisé, il faut immédiatement procéder à la plantation
d’arbres. A ce niveau, le choix des espèces est très important. Il est toujours
conseillé de planter des espèces peu exigeantes, résistantes aux vents, ayant un
bon développement racinaire et résistantes à la sécheresse.

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Lutte mécanique ou stabilisation de la dune
Technique de la palissade ;
 Définition
 Principe
 Nature
 Perméabilité
 Hauteur apparente
 Profondeur de la fouille
 Matériaux utilisés
 Distance de la palissade par rapport au site à protéger
 Quadrillage
 Entretien du réseau de stabilisation.

Lutte biologique ou fixation définitive


- Techniques de reboisement
 Reboisement par plants élevés en pépinières ;
 Reboisement par boutures ;
 Semis direct ;
 Espèces à planter ;
 Période de reboisement ;
 Ecartement de plantation ;
 Plantation ;
 Entretien des plantations ;
 Surveillance des sites traités ;
 Aménagement des sites traités.
- Mise en défens

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Elle consiste à empêcher la divagation des animaux sur le site traité durant 2 ans
voir 3ans pour permettre la reprise et le développement des plants plantés, ainsi
que le maintien des ouvrages (palissades) sur place.

Information, sensibilisation et éducation des populations


Les thèmes à développer seront entre autres :
- Protection et la reconstitution des ressources ligneuses et herbacée ;
- Feux de brousse ;
- Exploitation des écosystèmes fragiles ;
- Surpâturage ;
- Promotion du reboisement.

Conclusion :
Une bonne stratégie de lutte contre l’ensablement et la désertification en général
est celle qui vise à atteindre les objectifs suivants :
1. Agir à la source même du mal pour en éliminer les causes ;
2. Sensibiliser l’opinion publique et notamment les populations concernées sur
les problèmes et les méfaits de la désertification en les faisant participer
activement à l’effort national ;
3. Intégrer la lutte contre la désertification dans le cadre d’une action globale de
développement économique et social des régions touchées ;
4. Agir globalement et totalement dans des territoires circonscrits, mais à une
échelle régionale suffisante pour servir de démonstration certaine et pouvant
être de bonne référence pour une éventuelle extrapolation.

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