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Revue bibliographique

I. L’érosion hydrique
On parle de l’érosion hydrique des sols lorsque la terre est arrachée lors du ruissellement, ce
phénomène provoque, ainsi, un déplacement de sol de l’amont vers l’aval. Elle peut dénaturer
la terre en décapant l’horizon humifère et en arrachant sélectivement les éléments nutritifs, les
particules fines et les matières organiques.
I.1. Les agents érosifs
I.1.1. La pluie
Depuis longtemps, la pluie est reconnue comme étant un agent essentiel de l’érosion des sols
(Ellison, 1944 ; Ekern, 1950). De plus, les gouttes des pluies apportent de l’énergie et de l’eau
qui sont à l’origine de la déstructuration des agrégats présents au niveau de la surface, du
détachement des éléments du sol et de leurs transports.
On désigne par le terme général d’érosivité, le potentiel érosif de la pluie (Bergsma et al., 1996).
L’érosivité des pluies dépend, d’une part, des caractéristiques des gouttes des pluies telles que
la forme, la vitesse et la taille, et d’autre part, de l’intensité elle-même.
Il est à signaler que le couvert végétal et ses résidus influencent l’effet de la pluie en diminuant
la quantité d’eau et en modifiant la distribution de taille et de vitesse et donc influant sur
l’énergie cinétique des gouttes arrivant au sol.
I.1.2. Le ruissellement
Il s’agit de la partie des précipitations qui s’écoule à la surface du sol tout en se chargeant des
sédiments et de la matières organiques. En effet, l’écoulement d’une lame d’eau superficielle
est considéré comme un moteur essentiel de l’érosion en détachant, transportant et exportant
les éléments du sol, dont les principales variables qui contrôlent son action sont la pente, la
vitesse et l’épaisseur de l’écoulement (Gimenez & Govers, 2002).
I.1.3. La gravité
C’est un agent rarement évoqué et qui participe au transfert des particules à la surface du sol.
Dans le cas de saturation de la couche de surface en eau, des phénomènes gravitaires peuvent
être observés.
D’autre part, la gravité est considérée comme étant la force principale qui enferme l’érosion :
c’est le moteur de la sédimentation.

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I.2. Processus de l’érosion
L’érosion hydrique provoque des pertes en terre passant par les trois étapes suivantes :
• Le détachement ;
• Le transport ;
• La sédimentation ;

Figure 1: Les processus de l'érosion


(http://www.ma.auf.org/erosion/chapitre1/I.Origine.html)

I.2.1. Le détachement
C’est le progrès de libérer des particules de sol de tailles transportables de leurs amarres dans
une masse de sol (Ellison, 1944).
Avant d’atteindre la phase de transport, les sédiments et les matières organiques doivent être
détachés des forces cohésives présentes dans le sol.
Les principaux mécanismes conduisant au détachement sont (Emerson, 1967) :
I.2.1.1. L’humectation par l’effet de l’impact des gouttes de pluies
On distingue quatre processus qui peuvent être identifiés comme responsables de la
désagrégation :
• L’éclatement : elle est traduite par l’entrée de l’eau dans les pores, et par suite,
comprime l’air retenu dans cette porosité entrainant une pression dite « pression
interne » qui provoque un éclatement des agrégats si elle est plus forte que la force de

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cohésion des particules entre elles. Ainsi, l’intensité de l’éclatement dépend du volume
de la teneur en eau initiale des agrégats et de leur porosité.
• Le gonflement différentiel : suite à l’humectation, ce phénomène intervient en entrainant
des fissurations dans les agrégats.
• La dispersion physico-chimique : elle concorde avec le principe de la réduction des
forces d’attraction entre les particules colloïdales lors de l’humectation.
• La désagrégation mécanique sous l’impact des gouttes de pluie : elle correspond au
détachement par Splash. En effet, les gouttes de pluies ont le pouvoir de fragmenter les
agrégats et particulièrement de détacher les particules de leur surface. Ce mécanisme se
présente semblable aux autres mécanismes cités précédemment et nécessite une pluie
de certaine énergie qui est variable selon les sols. Ainsi l’énergie cinétique des gouttes
ne sera plus absorbée et sera transformée en force de cisaillement qui entraine le
détachement et le Spalsh, d’où la taille et l’impact des gouttes sont des facteurs
importants dans ce processus de destruction et d’arrachement.
I.2.1.2. Le ruissellement
Lorsque la force de friction de l’eau sur les particules du sol est supérieure à la résistance du
sol au cisaillement, il y aura détachement par ruissellement.
I.2.2. Le transport
Ce mécanisme est dû à la fois aux eaux de ruissellement et aux gouttes d’eau de pluie. Ainsi,
les eaux de ruissellement sont les plus responsables du transport des particules du sol détachés
alors que le mode de transport par effet Splash n’est tenu en compte que sur des pentes fortes.
On distingue trois modes de transport par ruissellement :
La suspension, la saltation et la reptation.

I.2.3. La sédimentation
Il s’agit de la disposition des sédiments transportés, dont l’agent responsable est l’eau de
ruissellement, entre le lieu d’origine et l’aval tout en dépendant des dimensions des particules,
leur densité et de la capacité de transport de ruissellement.
I.3. Les facteurs de l’érosion
Certes, en Tunisie, les facteurs naturels sont les vrais moteurs de l’érosion, cependant, les
facteurs agro-socio-économiques influencent ce phénomène en l’accélérant.
L’érosion résulte de l’interaction des facteurs suivants :

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I.3.1. Les activités humaines
En appliquant des pratiques inadaptées sur les versants, l’homme est un facteur principal
conditionnant l’intensité de l’érosion (Roose 1994) en tenant compte de :
• Les défrichements qu’il opère sur les forêts et les parcours naturels ;
• Le surpâturage ;
• La mise en culture des terres sensibles à l’érosion ;
• Le labour mécanisé dans le sens des grandes pentes ;
Toutes ces pratiques favorisent les processus de l’érosion des sols.
I.3.1.1. Les techniques culturales
La mise en œuvre d’un système de culture sur une parcelle détermine au cours du temps une
évolution cyclique des états de surface et de l’occupation du sol.
Par les actions liées à la pratique culturale, l’exploitant peut contribuer à l’accélération ou au
contraire au ralentissement de la dégradation superficielle des sols.
D’autre part, les opérations culturales modifient l’état structural du sol : tout travail du sol visant
à l’implantation des cultures (le labour, les semis) ou à la lutte contre les adventices (le
déchaumage, le binage) assurent un accroissement de la capacité d’infiltration : elles présentent
donc un frein au ruissellement en atténuant sa vitesse.
De plus, le travail de sol modifie la direction des ruissellements par rapport à celle imposée par
la plus grande pente, et la moindre ondulation topographique entraîne une accumulation d’eau
qui peut être responsable d’une importante érosion.
Il s’agit donc des opérations induisant les plus grands risques tel que :
• Les pratiques qui augmentent les probabilités de ruissellement,
• Les actions qui favorisent la concentration de ruissellement,
• Celles qui accroissent la fragilité du sol,
I.3.1.2. Le surpâturage
L’insuffisance des besoins des cheptels en fourrages a provoqué une surexploitation des prairies
et conduisant à la surcharge des superficies pâturées qui reflète la dégradation du couvert
végétal qui était accélérée, ainsi le déclenchement du phénomène de l’érosion.
I.3.1.3. L’exploitation minière
Elle joue un rôle dans l’érosion hydrique par le déplacement des quantités de terre.
Ces exploitations sont à l’origine d’un accroissement de l’activité des phénomènes d’érosion et
de sédimentation.

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I.3.1.4. L’urbanisation
Il est certain que les zones urbaines ont une érosion spécifique plus importante que celle des
régions rurales (Becker and Mulhern,, 1975).
I.3.2. La régression du couvert végétal
Le sol sera exposé à l’action directe des gouttes de pluie dans le cas de l’absence du couvert
végétal. D’autre part, les arbres forestiers protègent le sol contre l’érosion hydrique en atténuant
l’action des gouttes de pluie. Ainsi, le couvert végétal protège le sol contre l’action des pluies
de différentes manières :
• La dissipation de l’énergie cinétique par l’interception des gouttes de pluies, ce qui
diminue l’effet Splash,
• Les plantes ralentissent les eaux de ruissellement par l’intermédiaire de la rugosité
qu’elles donnent au terrain,
• Son système radiculaire fixe le sol en place et y favorise l’infiltration,
I.3.3. Les facteurs climatiques
Le climat présente la cause d’énergie érosive : Ce sont les gouttes de pluies et les eaux de
ruissellement sur les terrains en pente qui détachent les particules des sols.
D’où l’introduction du terme intensité de pluie qui est le rapport d’une hauteur d’eau à une
durée (exprimée en mm/h ou mm/min).
I.3.3.1. Les précipitations
Les paramètres pluies en relation avec l’érosion sont :
• La hauteur des précipitations,
• L’intensité de pluie qui est le facteur principal de l’érosion : plus elle est importante,
plus le phénomène de battage du sol est prononcé,
• L’évaporation qui intervienne entre les périodes pluvieuses,
I.3.3.2. Le ruissellement
L’eau ruisselle sur le sol sous forme d’une lame d’eau, elle lui exerce une force de cisaillement
qui arrache les particules et les transporte.
Le ruissellement est classé en différents types :
• Lorsque la capacité d’infiltration du sol (en mm/h) est insuffisante par rapport à
l’intensité de pluie, il y aura naissance du ruissellement de type hortonien.
• Lorsque le sol est totalement saturé, le ruissellement peut apparaître lors d’une pluie sur
ce sol. C’est un cas rare, sauf sous les climats humides à pluies fréquentes.

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Globalement, la Tunisie est caractérisée par l’agressivité du climat et des pluies irrégulières,
constituant des facteurs importants de l’érosion. De plus, l’importance de l’érosion est liée à la
hauteur des précipitations : plus l’intensité des pluies est importante, plus l’effet de battage du
sol est prononcé.
I.3.4. Les facteurs géomorphologiques et hydrologiques
• La géomorphologie du terrain : elle conditionne la gravité de l’érosion. D’une part la
rugosité de la parcelle reflète les pertes du sol. D’autre part, le relief du bassin versant
conditionne l’importance des dégâts occasionnés par l’érosion hydrique.
• L’infiltrabilité des sols : l’érodibilité d’un sol rend compte de la vulnérabilité de ce sol
à l’érosion. Cette dernière est fonction de la perméabilité de la surface des sols.
I.3.5. La morphologie du terrain
Les paramètres topographiques sont considérés fondamentaux pour expliquer l’importance des
phénomènes érosifs.
I.3.5.1. La déclivité de la pente
La pente est considérée comme étant un facteur important de l’érosion hydrique. En premier
lieu, le ruissellement et l’érosion commencent sur des pentes faibles (de 3 à 5 %). Au-delà de
ces pourcentages, l’érosion augmente avec la pente et la perméabilité des sols. Ce dernier
paramètre se révèle est déterminant.
I.3.5.2. La longueur de la pente
Il est clair que plus la pente est longue, plus le ruissellement gagne en énergie et engendre une
érosion plus intense.
I.3.5.3. La forme de la pente
La forme de la pente intervient pour diminuer ou augmenter le phénomène de l’érosion.
D’une part, une pente a tendance à devenir concave vu que les produits arrachés au sommet
s’accumulent en bas de la pente ce qui s’introduit par diminution de l’érosion.
De l’autre part, si la pente se présente sous sa forme convexe, elle se traduit par augmentation
de la vitesse d’écoulement et de la contrainte de cisaillement exercée sur le sol et par la suite
augmentation de la sensibilité à l’érosion.
I.3.6. Le sol
Plusieurs caractères du sol interviennent dans le maintien de ses particules comme :
• La texture,
• La minéralogie,
• La stabilité structurale,

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• La matière organique,
En effet, les sols limoneux et limono-sableux sont les plus sensibles à l’érosion, alors que les
sols argileux résistent mieux à l’action de cisaillement qu’ils subissent par l’eau de
ruissellement.
Pour les grains de taille compris entre 63 et 250 µm, le détachement des particules est important.
De plus, la stabilité structurale d’un sol, qui est définit comme l’aptitude de ce sol à résister à
l’action dégradante de l’eau, est le critère le plus important pour apprécier la résistance de ce
sol à l’érosion.
I.4. Les formes de l’érosion hydrique
I.4.1. L’érosion dans les interfluves
Elle concerne toute forme d’érosion qui s’effectue entre deux talwegs, elle est appelée aussi
érosion aréolaire.
I.4.1.1. L’érosion en nappe «Sheet erosion»
C’est une forme d’érosion diffuse qui entraîne la dégradation du sol sur l’ensemble de sa
surface : elle se traduit par le décapage de la couche de surface entraînant la mobilité des
éléments fins vers l’aval.
Cette forme d’érosion est considérée la plus dangereuse pour les terres agricoles : elle s’amplifie
avec l’intensité des pluies, la pente, le manque du couvert végétal et la vulnérabilité des sols.
Elle est régie par deux processus :
• Les gouttes de pluie qui arrivent à la surface du sol possèdent une énergie cinétique qui
varie en fonction de leur diamètre. Elles exercent un choc sur les agrégats du sol qui
détache et jaillit les particules de terre : on parle de l’effet «splash».
L’impact des gouttes de pluie fait rebondir de l’eau et projette les particules séparées du
côté aval sur les terrains en pente : c’est une phase essentielle pour le transport des
sédiments par ruissellement. Il en résulte la destruction de la surface du sol qui dépend
de l’intensité de pluie, sa durée et la capacité d’infiltration du sol.
• Il y’aura création, sur le sol, d’une lame d’eau dont l’écoulement enlève les particules
détachées et les transporte. Ainsi, l’épaisseur et la vitesse de ruissellement agissent sur
la puissance de transport.
Le mélange d’eau et de terre s’écoule suivant les pentes et pareil à une nappe et on
trouve que le sol est décapé par des couches successives.
Ce type d’érosion est difficile à déceler et reste la forme la plus répandue dans les champs
cultivés.

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I.4.1.2. L’érosion en griffes ou en rigoles «Rill erosion»
Cette forme se produit lorsqu’il existe des irrégularités à la surface du sol, elle est rencontrée
sur les terrains à pente faible où le ruissellement se concentre dans les rigoles et les eaux
s’écoulent suivant les lignes qui présentent une résistance faible.
Il en résulte des petites dépressions dont l’importance dépend de la nature du sol et de l’énergie
du ruissellement.
Ce phénomène se manifeste par le transport progressif de la couche arable, qui engendre la
diminution de la productivité des terres.
I.4.1.3. L’érosion par ravinement « Gully erosion »
C’est une forme accentuée de l’érosion en rigole : au cours du temps, les eaux qui se concentrent
dans les rigoles commencent à les creuser dont la forme dépend de la nature du substratum (dur
ou tendre).
En effet, les ravines descendent en aval, ce qui décrit l’augmentation de leurs impluviums et
l’effet du creusement s’intensifie, et on parle à ce niveau des ravins.
En géomorphologie, le terme ‘bad-lands’ est employé pour caractériser les zones érodées. En
fait, cette forme d’érosion est à l’origine des ‘bad-lands’.
I.4.1.4. Les sapements des berges
Ils concernent l’affouillement de la base des berges des oueds. En outre, ce sapement s’exerce
sur toutes les rives concaves des sinuosités de l’oued et s’accompagne des dépôts sur les rives
convexes de l’aval formant un méandre.
I.4.1.5. Les mouvements de masse
Ils correspondent au déplacement d’une masse de sol qui est généralement dû à l’infiltration de
l’eau qui inhibe le sol en jouant sur sa plasticité.
I.4.2. L’érosion dans le réseau hydrographique
Dans le réseau hydrographique, l’écoulement des eaux est accompagné d’une énergie qui sert
à transporter les sédiments et induire le creusement. Tant que la charge en sédiments n’atteint
pas une valeur dite d’équilibre et qui au-delà de laquelle l’écoulement ne peut plus entrainer de
nouveaux matériaux, il existe une partie de cette énergie qui est réservée pour le creusement.
Alors, le mouvement des sédiments dépend de cette partie d’énergie et à la fois de la nature du
lit du cours d’eau.
Ainsi, l’érosion dans le réseau hydrographique passe par deux processus :
• Le creusement du lit du cours d’eau ;
• L’affouillement des berges ;

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I.5. Les conséquences de l’érosion
Les conséquences de l’érosion diffèrent selon sa forme et elles se présentent sous plusieurs
aspects dont les plus graves sont :
I.5.1. La perte du capital sol
En Tunisie, l’érosion hydrique concerne environ 3 millions d’hectares dont la moitié est
gravement menacée ce qui reflète une perte annuelle de 15000 ha de terres agricoles.
Cette perte du sol traduit une réduction de la fertilité des terres agricoles et une diminution des
rendements.
I.5.2. Envasement de l’infrastructure hydraulique
Les développements agricole et économique de la Tunisie dépendent de l’infrastructure
hydraulique qui est sous le risque de l’envasement et du colmatage de ses ouvrages.
En effet, le volume des sédiments qui se dépose annuellement dans les retenues des barrages
est estimé à 25 Millions de m3 ce qui signifie une perte de stockage du même volume en eau
chaque année.
I.5.3. Stérilisation des plaines
Au moment des crues, les eaux qui ruissellent sur les plaines détruisent les cultures qui se
trouvent sur son chemin. Ceci cause des dégâts évalués à plusieurs Millions de dinars.
L’assainissement de ces terres devient difficile et donc l’évacuation des eaux excédentaires ne
se réalise que par évaporation, ce qui conduit à la stagnation des eaux et à la stérilisation des
terres.
I.6. Situation de la Tunisie à l’ombre de l’érosion hydrique
La Tunisie est classée dans la zone subtropicale méditerranéenne, avec un climat qui présente
une alternance régulière d’un hiver froid et pluvieux et d’un été sec.
Ce climat est largement affecté par l’aridité qui touche l’ensemble du pays (Boudabous et al.,
2000).
La Tunisie couvre une superficie 16,21 Millions d’ha dont 9 Millions sont considérés aptes à
l’agriculture et au pâturage mais la superficie cultivable est environ 4,5 Millions d’ha.
La dégradation des terres tunisiennes donne naissance à des conditions physiques,
géomorphologiques, bioclimatiques et socio-économiques affectant ces terres. En effet,
l’érosion hydrique touche environ 3 Millions d’ha dont 1,5 Millions sont gravement affectés.
Ainsi, la Tunisie perd chaque année plus de 15000 ha de terres agricoles (Boufaroua, 2002).

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II. Les techniques et les aménagements de conservation des eaux et
des sols
II.1. Les techniques culturales conservatrices
L’utilisation de ces techniques peut garantir la conservation des eaux et des sols tout en
améliorant la productivité agricole.
Les techniques les plus répandus sont :
II.1.1. Le travail du sol
Il a pour objectif de modifier les propriétés physiques initiales d’un sol en lui donnant d’autres
propriétés qui favorisent l’infiltration des eaux de pluie et mieux résister à l’érosion.
II.1.1.1. Le labour
C’est une opération de travail du sol qui consiste à découper la terre en bandes de 12 à 15 cm.
Les objectifs de cette technique sont :
• L’enfouissement des matières organiques et des engrais,
• La diminution des ruissellements et l’assainissement superficiel,
• L’ameublissement de la couche labourée et l’aération du sol,
• Favoriser l’infiltration des eaux de pluie,
II.1.1.2. Les pseudo-labours
C’est une opération de travail du sol qui se distingue du labour par l’absence du retournement
de la terre et sépare principalement la couche superficielle.
L’avantage des pseudo-labours est d’avoir un état de sol qui assure la bonne installation du
végétal et son développement radiculaire. Ils facilitent aussi la destruction des mauvaises herbes
et l’épandage des éléments fertilisants.
II.1.2. Les façons culturales conservatrices
Ils correspondent aux techniques qui maximisent le couvert végétal du sol sans retournement
de la couche superficielle, vu les avantages que les résidus végétaux garantissent comme la lutte
contre l’érosion, la conservation des eaux et la maximisation de la production agricole.
II.1.2.1. La rotation et l’assolement
• La rotation consiste à pratiquer une ou plusieurs cultures en alternance avec la jachère,
et a pour objectif d’améliorer la fertilité du sol et de faciliter la lutte contre les ravageurs
ou les maladies.
• L’assolement ou appelé aussi l’alternance « céréalière/jachère ou légumineuse» est une
pratique courante.

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• La jachère est un moyen qui accroit l’humidité du sol, elle signifie le labour de la terre
pendant l’été suivi de deux autres labours au printemps et l’été qui le suit. Elle est plus
utile dans les sols argileux à cause des fissurations profondes.
II.1.2.2. Les cultures sans labour
C’est une méthode de préparation du sol élimine le labour classique à la charrue.
Elles assurent l’incorporation des matières organiques sans détruire la végétation adventice et
répondent aux contraintes de l’utilisation de la charrue.
II.1.2.3. Les cultures minimales
C’est un moyen de travail du sol qui réduit le volume de terre travaillé entre deux cultures, le
gaspillage de temps et même le risque de dégradation du sol.
II.1.2.4. Le paillage
Il consiste à constituer un couvert végétal protecteur du sol à un moment où la culture est
incapable de couvrir le sol.
Ce couvert végétal formé, facilite l’infiltration des eaux et l’empêche de ruisseler d’où son
importance de lutter contre l’érosion hydrique.
II.1.3. Les techniques douces
II.1.3.1. Le labour en courbes de niveau
Cette technique consiste à labourer les terrains en pente selon la direction des courbes de niveau
permettant de briser le ruissellement et de réduire la vitesse d’écoulement des eaux ce qui
favorise, à son tour, l’infiltration des eaux de pluies et réduit l’érosion.
Cette pratique est efficace sur des pentes jusqu’à 8% là où il y a plusieurs ravines ou sur des
sols à faibles perméabilité, ou sur des pentes plus élevées.
II.1.3.2. La plantation en courbes de niveau
Elle permet la préservation du sol et la rétention maximale des eaux de ruissellement et par la
suite elle limite l’érosion et minimise la perte des eaux de ruissellement.
II.1.3.3. Les bandes alternées
Lorsque la culture en courbes de niveau n’intervient plus pour ralentir le ruissellement, on
applique des cultures en bandes alternées. Elle consiste à réaliser des cultures en une série de
bandes successives à travers la pente. Pour qu’elle soit efficace, la culture en bandes alternées
ne doit pas être utilisée que sur des pentes inférieures à 6 %.

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II.2. Les aménagements des terres en pente
C’est une partie importante de l’aménagement des bassins versants, sachant que les terres en
pente sont particulièrement exposées à l’érosion et forment une source majeure des eaux de
ruissellement et des sédiments.
II.2.1. Les banquettes
C’est un canal creusé et un remblai en ados, construit perpendiculairement à la pente. Elles sont
destinées à réduire la longueur de la pente et à intercepter le ruissellement superficiel avant
qu’il présente une vitesse érosive.
On distingue :
II.2.1.1. Les banquettes d’écoulement
Lors de leur construction, la première étape consiste à rechercher l’exutoire qui peut être soit
une dépression naturelle, soit créé par l’homme. De plus, il doit être recouvert de végétation et
assez large pour évacuer les eaux de ruissellement à une vitesse qui ne doit pas être érosive.
Afin de déterminer l’aptitude des sols à la construction des banquettes, on fait l’appel à une
étude qui englobe les caractéristiques physiques (structure et texture) de ce sol, des études
climatiques qui correspondent à des données précises sur les intensités de pluies dans la zone à
aménager et une étude topographique qui détermine la possibilité d’implanter un réseau de
banquettes dans la zone à aménager.
II.2.1.2. Les banquettes à rétention
Ce type de banquette est construit en courbe de niveau dont l’objectif est de retenir les eaux de
ruissellement en favorisant leur infiltration en quantité suffisante.
On distingue deux types de banquette à rétention :
• Les banquettes à rétention totale, dont les conditions de réalisation sont :
- La pluviométrie annuelle doit être moyenne (300 à 400 mm) ;
- Une intensité de pluie faible ;
- La texture du sol est légère à moyenne (moins de 35% d’argile) et la couche
supérieure possède une profondeur minimale de 1,5 m ;
- La pente est douce de 4 à 6 % ;
• Les banquettes à rétention partielle, dont les conditions de réalisation sont :
- La pluie annuelle est faible à moyenne (250 à 400 mm) ;
- L’intensité des pluies est élevée ;
- Insuffisance au niveau de la capacité d’absorption du sol ;
- La pente dépasse 6 % ;

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II.2.2. Les cordons en pierres sèches
Ils consistent à des obstacles formés d’accumulation des pierres sèches installées en lignes selon
les courbes de niveau.
Les avantages de ce type d’aménagement sont :
• Ralentir le ruissellement de l’eau sur les terrains en pente et freiner le décapage du sol,
• Retenir les matériaux entrainés par l’eau ;
• Formation des terrasses qui favorisent le développement du couvert végétal en se
colmatant progressivement jusqu’à leur sommet ;
II.3. Les ouvrages des voies d’eau
Ils engendrent plusieurs ouvrages parmi lesquels on mentionne :
II.3.1. La correction des têtes de ravins
Elle est assurée par :
• La construction des seuils déversoirs (en maçonnerie, en gabion ou enherbés) ;
• Le comblement des têtes ;
• La déviation des crues par des banquettes déversoirs ou diguettes ;
• La plantation d’arbres ou d’arbustes au-dessus de la tête ;
II.3.2. Le traitement des cours d’eau
Il a pour objectif :
• Arrêter l’érosion latérale résultat des crues au niveau des méandres et des virages ;
• Stabiliser les lits des ravins érodés ;
Lorsque les conditions sont favorables pour l’implantation de la végétation (arbre, arbuste,
herbe, etc…), le traitement biologique est souhaitable.
Par contre, si les conditions ne permettent pas un traitement biologique, il est nécessaire de
construire des ouvrages le long du cours d’eau permettant à la fois de :
• Protéger les berges ;
• Stopper l’élargissement et l’approfondissement des lits ;
• Maintenir des conditions favorables à la végétation ;
II.3.2.1. Les épis
L’action des crues au niveau des méandres et leur concentration contre un côté de l’oued causent
un creusement rapide des côtés verticaux des oueds. En effet, les épis sont construits afin de
protéger les berges d’un oued contre les actions érosives des crues.

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II.3.2.2. Les seuils en pierres sèches
Ils constituent des ouvrages filtrants construits en pierres sèches dans les petits cours d’eau, et
qui servent à stabiliser les pentes et les bords.
De plus, ces seuils sont poreux, ce qui permet de libérer une partie de l’écoulement à travers
l’ouvrage tout en diminuant la hauteur d’eau qui franchit le déversoir et atténue les forces
dynamiques qui s’exercent sur l’ouvrage.

III. Evaluation et mesure de l’érosion


La notion de quantification de l’érosion hydrique est devenue de plus en plus un concept
essentiel qui permet de détecter les zones à risques afin de mettre en place des projets de
conservation des eaux et du sol. Ces derniers permettent de remédier à ce problème d’érosion
et protéger les ouvrages hydrauliques contre l’envasement.
III.1. Les mesures directes
III.1.1. Mesures topographiques
Le principe consiste à suivre l’évolution topographique de la surface du sol d’une parcelle de
dimension donnée et souhaitable délimitée pour éviter l’influence du voisinage.
On détermine par la suite le volume de sédiments emporté par l’érosion, à partir de l’évolution
topographique de la surface du sol et par une double intégration sur la largeur et la longueur de
la parcelle. En effet, on peut utiliser soit un maillage de piquets ou perches graduées de
dimension 20 cm enfoncées dans le sol sur des parcelles de 1 à 2 m². Soit, procéder par des
relevés d’hauteurs entre la surface du sol et une règle métallique horizontale. Les mesures seront
effectuées par des barres graduées coulissants dans des trous équidistants dans la règle et dont
les bases se reposent sur la surface du sol (J.C Olivry et J. Hoorelbeck, 1984)
D’autre part, l’évolution topographique des ravines et ravins peut être suivie par des mesures
régulières, ou après chaque averse, de la variation des dimensions de certaines sections en
travers, placées dans les endroits particuliers. On effectue, ensuite, une intégration double sur
la différence de surfaces entre deux mesures et sur la longueur de la ravine. On obtient ainsi,
une mesure plus ou moins précise de la perte en terre sur les berges et le fond.
III.1.2. Méthode des chenaux « parcelles types »
Cette méthode considère une parcelle de terrain de dimension variable (quelques mètres carrés
à quelques centaines de m²), limitée sur tous ses côtés, afin d’éviter les interférences avec le
reste du versant. Elle présente un système de canalisation constitué d’une gouttière placée
transversalement à l’aval de la parcelle et de la tuyauterie qui dirige l’eau provenant de la
parcelle dans un tonneau. Il faut donc s’assurer que toute l’eau de la parcelle aille dans la

15
gouttière ce qui signifie d’installer la parcelle dans le sens de la plus grande pente. De plus, il
faut installer une tôle galvanisée en amont de la gouttière, afin d’assurer la jonction avec le sol
en maintenant l’écoulement de toute l’eau ruisselante dans la gouttière.
Ensuite, on utilise des tranchées pour limiter la parceller et pour poser la tôle galvanisée en
faisant le lien avec la gouttière, durant deux ou trois précipitations, de manière que la terre
remuée par ces opérations soit évacuée.
L’eau recueillie dans les tonneaux est mesurée. On prélève par la suite des échantillons de
volume donné et on détermine leurs concentrations en matière solide, ce qui nous permet
d’avoir l’érosion globale sur la parcelle.
III.1.3. Essai de simulation de pluie
Le mini simulateur de pluie est un dispositif qui permet de mesurer le ruissellement et la perte
en sol entrainée par une pluie standardisée sur une superficie standard.
La durée, l'intensité et l'énergie cinétique de la douche possèdent une sensibilité élevée des
résultats d'essai pour différentes propriétés des sols étudiés.
Les avantages du mini-simulateur de pluie sont les suivantes :
• Pluie artificielle pour les études comparatives ;
• Assez léger pour être transporté sans camion ;
• Buses en verre étalonnées, inusables ;
• Estimation de la vulnérabilité aux pertes en sol
III.2. Modélisation de l’érosion hydrique
L’application des mesures directes semble difficile et couteuse, à ce niveau, il été important de
développer des modèles ayant le pouvoir de reconstruire les phénomènes physiques et
chimiques naturels en se basant sur des formules mathématiques , et de quantifier les pertes en
terre.
Les modèles d’estimation sont classés en deux catégories :
• les modèles paramétriques (Morgan et al, 1992; Wischmeier et Smith, 1958) ;
• Les modèles déterministes (Burrough, 1989);
III.2.1. L’équation universelle des pertes en terre
Cette équation a été développée en 1958 par Wischmeier et Smith. Il s’agit donc d’un modèle
de prédiction qui tient en compte des facteurs majeurs intervenant dans le déclenchement du
processus érosif, une fois ces paramètres sont bien connus, l’estimation des pertes en sol devient
possible.

16
En remplaçant le facteur de l’énergie des pluies ou le facteur d’agressivité des pluies, Williams
a pu, en 1975, développer le modèle MUSLE dont les principaux avantages sont les suivants :
sa simplicité d’application, sa pertinence physique et conceptuelle de ses facteurs et surtout, la
possibilité de prendre en considération les pratiques de gestion culturale appliquées.
En parallèle, il y avait quelques défaillances provenant de la manière empirique dont le modèle
estime l’ensemble des facteurs et de la non prise en compte des facteurs physiques.
La modification de ces équations a été justifiée par l’applicabilité sur les terres pastorales qui
n’était pas satisfaisante à comparer avec les terres cultivées. Cette re-modification du modèle a
entrainé une meilleure compréhension et prédiction des pertes en sol. Donc ce modèle était
amélioré pour assurer une prédiction optimale et une meilleure stratégie pour l’aménagement
anti-érosif. Cette amélioration se traduit par le modèle RUSLE qui est aussi un outil empirique
qui prend les mêmes termes du modèle USLE mais avec certaines corrections. Ces dernières
minimisent les incertitudes (Renard et al, 1989 ; Terrence J et al ; 1998). Le modèle RUSLE a
gardé la même formule avec une différence qui caractérise la détermination de ses facteurs.
Grâce à une connaissance plus approfondie des mécanismes de l’érosion hydrique, le besoin de
bien analyser d’autres aspects et paramètres relatifs à ce phénomène est apparue et c’est ainsi
que d’autres modèles plus développés ont été conçus. Ces modèles sont de type empirique.
III.2.2. Les modèles empiriques
Ces modèles sont basés sur des formules empiriques qui traduisent les phénomènes physiques
naturels, gérant les aspects de l’érosion. Ils peuvent être très utiles pour l’estimation et la
quantification de l’érosion hydrique en jouant le rôle d’outil d’aide à la décision lors de
l’élaboration des plans de conservation des eaux et des sol (CES). Cependant, ces modèles
présentent quelques limites qui les rendent spécifiques à leurs sites de développement.
En outre, ces modèles ne peuvent pas donner une répartition spatialisée des pertes en sol et
n’intègrent pas les effets des pratiques de CES ainsi que leurs interactions avec les processus
érosifs. Ces pratiques jouent le rôle d’un paramètre important permettant une meilleure
estimation des résultats liés aux pertes en sol.
III.2.3. Les modèles physiques :
Ce sont des modèles qui donnent les estimations des détachements et des dépôts de sédiments
pour un bassin versant. Ils sont classés en deux types selon leurs discrétisations spatiales :
• Les modèles qui s’appuient sur un découpage du bassin versant qui est composé d’unités
hydrologiques surfaciques en sous unités (Gumiere SJ, 2009) ; ce sont des modèles basés
sur des «vecteurs».

17
• les modèles considérant le maillage régulier de l’espace, modèles dits ‘’raster’’. Ils
s’appuient sur les MNT (Gumiere SJ, 2009).
Le choix entre les deux types doit se faire selon l’objectif de l’étude et du type du processus
érosif dominant.
III.2.4. La notion du risque
Le risque associé aux pertes en sol peut être défini par rapport à une valeur de référence et un
maximum toléré. L’usage du sol peut affecter le risque d’érosion hydrique en raison de son
impact sur le ruissellement. N’oublions pas aussi, que certains sols sont naturellement à risque
plus élevé que d’autre à cause de leurs topographies et leurs structures et textures. C’est ainsi
où réside l’utilité de la quantification de l’érosion pour pouvoir installer les aménagements
nécessaires là où il faut le faire. Les modèles d’estimation de l’érosion sont la clé d’une bonne
gestion pour la planification des projets de conservation des eaux et du sol.

18
Méthodologie de travail
I. Introduction
L’étude d’impact des aménagements CES sur les pertes en terres nécessite l’évaluation et la
quantification de l’érosion hydrique soit par la mise en place du modèle RUSLE ou par des
essais de simulation de pluie.
Généralement pour cartographier et quantifier l’érosion hydrique, nous nous basons sur le SIG
combiné au modèle RUSLE. Des essais de simulation de pluie peuvent être aussi considérés,
afin de comprendre le pouvoir érosif et la sensibilité du sol aux pluies dans des milieux distincts.

II. Le modèle RUSLE


II.1. Le SIG
Un Système d’Information Géographique est défini comme étant un ensemble de données
numériques, géographiquement localisés et structurées à l’intérieur d’un système de traitement
informatique. Ce dernier, contient diverses fonctions permettant de construire, de modifier,
d’interroger, de représenter cartographiquement une base de données, selon les critères
sémantiques et spatiaux (Comité scientifique du colloque intégration de la photogrammétrie et
de la télédétection dans les SIG, 1990). En effet, le SIG se caractérise par sa capacité à effectuer
des analyses spatiales d’une grande complexité en combinant plusieurs couches d’information
avec leurs tables attributaires.
II.1.1. ArcGIS
C’est un logiciel d’information géographique développé par la société américaine ESRI, qui se
présente sous forme d’une suite d’applications intégrées à savoir : ArcMap, Arc-Catalogue et
Arc-Toolbox, à l’aide desquelles il permet d’effectuer toutes les taches du SIG, de la plus simple
à la plus avancée. Ceci inclus la cartographie, la gestion des données et leur mise à jour, ainsi
que l’analyse géographique.
ArcGIS est un système complet, intégré et à géométrie variable conçu pour répondre aux
besoins d’une grande variété d’utilisateurs du SIG. De plus, il donne l’accès à une abondance
de données et ressources spatiales.
II.1.2.SAGAGis
C’est un logiciel d’information géographique développé à l’Institut de Géographie, Klima
Campus et l’Université de Hambourg Allemagne. Il offre une des fonctions puissantes de
gestion de données et d’analyses. Ceci, en plus de son interface graphique facile à utiliser et
paramétrable.

19
SAGA permet d’effectuer des analyses raster très puissantes à côté d’une gestion des données
de type vecteur. Il s’agit donc d’une option à considérer, car elle combine les données d’une
manière simple et se caractérise par sa puissance au niveau de l’analyse raster.
L’utilisation du SAGA dans notre cas se résume dans la détermination du facteur topographique
LS à partir du MNT .
II.2. Approche RUSLE/SIG
Il s’agit d’une approche essentielle pour l’appréhension des processus de transfert de sédiments.
Elle est basée sur une méthode multicritère permettant de dresser des cartes indicielles
numérisées et élaborées pour chaque facteur de l’équation universelle de perte en terre affectant
la gravité de l’érosion du sol.
Après la cartographie de chaque facteur à travers ArcGIS et la mise sous forme de couches
d’informations, on procède par la conversion en format raster afin d’entamer les étapes
d’analyse et de combinaison.
En effet, il existe deux modes fondamentaux pour la représentation numérique des données
géographiques :
• Mode vectoriel (Vecteur) : il utilise le concept d’objets géométriques (polygones,
lignes, points) pour représenter les entités géographiques et qui sont définies par leurs
coordonnées dans un système de projection ;
• Mode matricielle (Raster) : il s’agit d’une image (plan scanné, image satellitaire,
photographie aérienne) repérée dans l’espace. Ainsi, la matrice divise le territoire avec
une grille régulière de cellule formant une matrice de lignes et de colonnes, qu’on
associe à chaque cellule à travers une valeur chiffrée.

Figure 2: Modes de représentation numérique des données géographiques


(http://www.ente-aix.fr/documents/118-demoGeo/demo/4_BasesIG)

20
A ce niveau, la superposition des différentes cartes élaborées résulte d’une carte d’érosion des
sols, ce qui permet d’évaluer et de quantifier l’érosion hydrique. Cette approche joue le rôle
d’une tâche essentielle pour étudier l’impact des aménagements CES sur les pertes en terre dans
la zone d’étude.

II.3. Méthodologie de l’étude


Après avoir analysé les différentes données utilisées, on va évaluer la sensibilité des facteurs,
composants l’équation universelle RUSLE, à l’érosion hydrique. Cela est assuré par le recours
à ArcGIS comme étant un système d’information géographique permettant de reclasser les
données et de dériver les différentes cartes thématiques (carte pédologique, carte d’occupation
des sols, carte des pentes, carte des aménagements CES existants et projetés et la carte du
MNT). Vers la suite, les différentes cartes sont converties en mode matricielle (raster) en
conservant la même dimension des pixels.
Ainsi, on a cherché à élaborer un ensemble de cartes thématiques présentant les résultats de
l’analyse des différents facteurs intervenant dans le phénomène de l’érosion ainsi que des cartes
de l’érosion potentielle, à savoir :
• Carte du facteur topographique ( facteur LS) ;
• Carte de la couverture végétale (facteur C) ;
• Carte de l’érodibilité des sols (facteur K) ;
• Carte des pratiques de conservation des sols (facteur P) ;
• Carte de l’érosivité des pluies (facteur R) ;
Ainsi, le croisement des différentes couches des facteurs de l’équation universelle est facilité
puisque toutes les grandeurs sont réduites à une même unité de base qui est le pixel.
La combinaison des couches se base sur des règles arithmétiques et considère une superposition
parfaite des couches d’informations permettant de produire une nouvelle valeur dans la couche
composite.
II.4. Modèle de données
Le modèle RUSLE est développé par Wischmeier et Smith en 1957 et connu sous le nom de
l’Equation Universelle des Pertes en Sols (USLE). Il s’agit donc d’un modèle de prédiction des
pertes en terre ou de l’érosion déterminant la sensibilité de l’environnement..
Le modèle USLE présente une version révisée RUSLE, développé aux USA, et qui est utilisée
dans la plupart des études sur les pertes en terre.

21
Selon le modèle RUSLE, l’érosion se présente comme étant une fonction multiplicative et qui
tient compte de l’érosivité des pluies (facteur R), de la résistance du milieu (facteurs C,K,LS,P).
Ce modèle évalue la perte moyenne en sol par le biais de l’équation suivante :
E = R. K. LS. C. P
Avec :
E : quantité de sol perdue (t/ha/an) ;
R : facteur de l’érosivité des pluies (MJ.mm/ha.h) ;
K : facteur de l’érodibilité des sols (t.h/MJ.mm) ;
LS : facteur topographique (adimensionnel);
C : indice cultural (adimensionnel) ;
P : facteur du mode d’aménagement (adimensionnel) ;
Chaque facteur de l’équation est une estimation numérique d’une composante affectant la
gravité de l’érosion du sol.
II.4.1. Le facteur de l’érosivité des pluies R :
L’érosivité des pluies est définie par la capacité potentielle d’une pluie à produire l’érosion.
Elle se présente comme l’énergie des gouttes de pluies qui donnent naissance à des processus
de destruction des terres (Roose et Lelong, 1976).
Ainsi, le rôle du facteur R est de caractériser la force érosive des précipitations sur le sol
Le facteur R est donné par la formule de Wischmeier et Smith 1978 :
R = E × I30
Avec :
E : l’énergie cinétique des pluies (MJ/ha) ;
I30 : l’intensité maximale des pluies en 30 minutes (mm/h) ;
Cependant, Lal (1976) pense que l’intensité maximale instantanée en 7 min ou en 15 min corrèle
l’érosion mieux que celle en 30 min. En outre, Jebari et al (2008), ont trouvé que l’utilisation
de l’intensité maximale instantanée en 15 min est la plus appropriée pour les régions du semi-
aride Tunisien.
Ainsi, à partir des relevés de pluviographe installé au niveau du lac collinaire ‘’Mrichet el Ans‘’,
celle la plus proche de notre zone d’étude on a pu calculer le facteur d’érosivité des pluies. Cette
station montre des données observées d’ intensités des pluies, selon une série qui s’étale de
1994 jusqu’à 2001. Le calcul entrepris, procède de la manière suivante :
• Découpage des évènements en tranches d'égale pas de temps (15 minutes) ;
• Pour chacune de ces tranches, on calcule l’énergie par unité de hauteur d'eau (mm)
selon la formule:
22
𝐞 = 𝟎, 𝟐𝟗 × (𝟏 − 𝟎, 𝟕𝟐 × 𝐞𝐱𝐩(−𝟎,𝟎𝟓×𝐈) )
Avec :
e : énergie unitaire (MJ/ha.mm) ;
I : intensité de pluie de chaque tranche (mm/h)
I = Hi × 4
Hi : hauteur d’eau caractérisant chaque tranche (mm) ;
• L'énergie de la tranche Ee est égale à l'énergie unitaire multipliée par le nombre de
millimètres de pluie tombée ;
• L'Ectot est la somme des énergies de chaque tranche ;
• Il ne reste plus qu'à multiplier l'Ectot par l’intensité maximale en 15 min pour obtenir un
facteur d’érosivité des pluies en 15 min (MJ.mm/ha.h) pour chaque averse :
R15 = Ectot × Imax15
• Le facteur d’érosivité des pluies sur toute la série s’écrit :
∑ 𝐑 𝟏𝟓
𝐑=
𝐥𝐚 𝐟𝐫𝐚𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐥′𝐚𝐧𝐧é𝐞
Avec :
R : indice d’érosivité des pluies (MJ.mm/ha.h.an) ;
La fraction de l’année : le nombre de jours séparant le début et la fin de l’observation ;
II.4.2. Le facteur de l’érodibilité du sol K
Il s’agit d’un facteur qui mesure la résistance d’un sol au détachement et au transport des
particules par l’eau. Il est fonction de la texture du sol, sa teneur en matière organique et sa
perméabilité.
Wischmeier, Johnson et Cross (1971) ont trouvé une formulation de ce facteur K en fonction
de certains paramètres du sol, il s’écrit comme suit :
𝟏𝟎𝟎𝟎 𝐊 = 𝟐, 𝟏 × 𝟏𝟎−𝟒 × 𝐌𝟏,𝟒 × (𝟏𝟐 − 𝐦𝐨 ) + 𝟑, 𝟐𝟓 × (𝐒 − 𝟐) + 𝟐, 𝟓 × (𝐂 − 𝟑)
Avec :
K : facteur d’érodibilité du sol (t.h/MJ.mm) ;
mo : pourcentage en matière organique ;
S : code de la structure du sol ;
C : pourcentage de perméabilité ;
M = (% sable fin + % limon) × (100 - % argile) ;

23
Ainsi, la spatialisation du facteur K rend compte d’une carte pédologique (voir annexe A)
renseigné par des analyses. Pour chaque type de sol on a associé un facteur K qui lui correspond
et qu’on montre dans le tableau suivant :
Tableau 1: Facteur de l’érodibilité des sols K adopté pour la région d’étude

Type K

Sols minéraux bruts (lithosols/régosols) 0,036

Sols peu évolués d’apport (alluvial/d’érosion) 0,08

Rendzines 0,013

Sols bruns calcaires 0,025

Sols isohumiques 0,054

Complexe du sol 0,05

Oued 0
Source : Rapport interne de l’INRGREF développé par Jebari et al, 2015

II.4.3. Le facteur du couvert végétal C

Il s’agit d’un facteur adimensionnel qui exprime l’influence des méthodes culturales, du couvert
végétal et des sols, sur les pertes en sol.
Ce facteur intègre les effets du couvert végétale de la séquence des cultures, du niveau de la
productivité, de la longueur de la saison de croissance, des méthodes culturales et de la quantité
des résidus sur le sol.
Lorsqu’il s’agit des cultures pérennes, les valeurs de C restent en principe valables pour
l’ensemble de l’année. Par contre, pour les cultures annuelles, il dépend de la culture et sera
distingué par les résidus de récolte laissés sur le sol, l’état de développement, le lit de semence
et la récolte jusqu’au labour de l’année suivante.
Ainsi, pour la spatialisation du facteur C, on s’est appuyé sur la carte d’occupation des sols de
la région d’étude (voir annexe A) et on a associé à chaque type d’occupation du sol un facteur
C qui lui correspond.

24
Tableau 2: Estimation du facteur du couvert végétal C adopté pour la région d’étude

Type C
Forêt 0,1
Grandes cultures 0,3
Arboricultures 0,45
Oliviers 0,45
Maquis et Garrigues 0,25
Parcours 0,55
Surface d’eau 0
Sols nus 1
Zones urbaines 1
Source : Rapport interne de l’INRGREF développé par Jebari et al, 2015

II.4.4. Le facteur des aménagements P

Ce facteur prend en compte les pratiques de conservation des sols qui sont mises en œuvre pour
réduire le ruissellement et l’érosion.
C'est le rapport des pertes en sol d'un champ sur lequel on utilise des pratiques conservatrices,
aux pertes d'un champ cultivé en ligne de plus grande pente et qui est compris entre 0 et 1
(Cormary et Masson, 1964).
Les valeurs de ce facteur P dépendent de la pente et sa longueur, des caractéristiques
topographiques des champs et des techniques antiérosives utilisées.
Pour la spatialisation du facteur P, on s’est appuyé sur les cartes des aménagements CES
existants et projetés de la région d’étude (voir annexe A) et on a associé à chaque type
d’aménagement un facteur P qui lui correspond.
Tableau 3: Facteur d’aménagement P adopté pour la région d’étude

Type P
Banquettes mécaniques 0,18
Aménagements des parcours 0,2
Correction des méandres 0,7
Cuvettes 0,01
Non aménagées 1
Source : Rapport interne de l’INRGREF développé par Jebari et al, 2012

25
II.4.5. Facteur topographique LS
La longueur de la pente S et son degré représente la topographie de la parcelle. Ainsi, et pour
des objectifs d’expérimentation, les parcelles utilisées pour la détermination de ces facteurs,
présentent une surface plane.
L’équation qui traduit le calcul du facteur LS est donnée par Wischmeier et Smith (1978) par :
𝛌 𝐦
𝐋𝐒 = ( ) × (𝟎, 𝟎𝟔𝟓 + 𝟎, 𝟎𝟒𝟓 × 𝐒 + 𝟎, 𝟎𝟎𝟔𝟓 × 𝐒 𝟐 )
𝟐𝟐, 𝟏
Avec :
λ: longueur de la pente de la partie érodée ;
S : angle de la pente (%) ;
m : exposant qui dépend du degré de la pente du terrain ;
Ainsi, on a procédé à la manière suivante pour la détermination du facteur LS :
• A travers le logiciel SAGA-Gis, on a élaboré la carte du facteur LS après avoir entré la

carte du MNT (voir annexe A) sous format raster. Nous avons intégré la limite de la

zone et on a suivi l’instruction suivante :

Geoprocessing Terrain analysis Hydrology Topographic indices

LS factor, field based;

• Extraire le résultat précédent sous un format accessible par ArcGIS :

Geoprocessing File Grid Export Export Esri/info;

• Reclasser la carte du facteur LS à l’aide de ArcGIS :

3D Analyst Tools Reclassify Reclass;

II.4.6. Cartes d’érosion


La modélisation est mise en œuvre par le croisement des données entre elles à travers la
combinaison des cartes des différents facteurs obtenues, permettant d’élaborer la carte des
pertes en sols en tout point de la zone. Par la suite, on utilise le taux d’envasement du barrage
Nebhana, calculé sur une période s’étalant de 1965 jusqu’à 2010. Ceci, afin de caler le modèle
RUSLE au niveau d’El Ouesslatia.
En effet, la zone d’étude et le bassin versant d’Oued Nebhana présentent le même contexte
environnemental. Ils sont soumis aux mêmes facteurs climatiques et physiques.

26
III. Essais de simulation des pluies
La sensibilité à l’érosion est difficile à mesurer. On ne peut obtenir que des valeurs relatives.
Cependant, il est possible d’avoir une indication raisonnable à l’aide d’une mesure relative.
Pour cela, on utilise un mini-simulateur de pluie qui permet de mesurer, sous l’effet d’une pluie
normalisée et sur une surface standard les paramètres suivants :
• Le volume d’eau ruisselée ;
• La masse des perte en terre ;
Le mini-simulateur permet à l’érosion de s’appliquer sur une surface standard de dimension
bien déterminée. Ainsi, la pluie est simulée sur une surface inclinée où les gouttes tombent à
travers des petits capillaires au niveau de la plaque sous un cylindre rempli d’eau.
Une fois la goutte atteint la surface du sol, elle détache des particules de sol qui vont être
projetées et retombent un peu plus bas sur la pente.
En bas de la pente, les particules érodées et l’eau ruisselée seront récupérées dans un réservoir.
Les particules collectées seront étudiées en laboratoire et permettent de donner des indications
concernant la composition et la sensibilité à l’érosion du sol étudié.
III.1. Mise en place du système
III.1.1. Choix du site
Pour pouvoir étudier l’impact des aménagements CES sur les pertes en terre, le choix de
l’emplacement du travail s’est fait en fonction de l’aménagement en cuvettes du secteur étudié.
Ainsi, deux types de terrain mis en évidence dans la région de Genoua à la délégation d’El
Ouesslatia. Le premier consiste à un terrain aménagé par des cuvettes en pierres installées aux
pieds des oliviers et le deuxième consiste à un terrain témoin qui se situe juste au voisinage du
premier et marqué par l’absence d’ aménagements.. Le protocole du travail consiste à effectuer
vingt simulations pour le terrain aménagé, dont la disposition se fait suivant quatre niveaux
inter-cuvettes. Chaque niveau présente cinq points de simulation espacés de deux mètres. Pour
le terrain témoin, le protocole du travail consiste à effectuer vingt simulations dont la
disposition se fait suivant quatre niveaux inter-oliviers et chaque niveau présente cinq points de
simulation espacés de deux.

27
2m

Figure 3: Sites de simulation au niveau du terrain aménagé par des cuvettes

2m

Figure 4: Sites de simulation au niveau du terrain témoin

28
III.1.2. Calibrage et installations
Pour obtenir des mesures représentatives, le débit requis est de 375 ml par minute (voir annexe
B-III) . Le taux de décharge est lié à la température de l'eau. Par conséquent, et en raison de
possibles colmatages, il est nécessaire de vérifier si tous les capillaires sont clairs et de calibrer
le gicleur avant de l'utiliser. De plus, une parcelle ne peut être utilisée qu'une seule fois, pour
cette raison on ne doit pas calibrer ou tester l'arroseur sur le terrain et il ne faut pas intervenir
sur le paysage de simulation.
On effectue le calibrage adéquat et on suit les instructions suivantes :
• Installez le châssis (C), sur la zone du sol sélectionnée, en utilisant les quatre clous ;
• Installez le support réglable (B) sur le châssis de sol (C) et Utilisez les deux niveaux
(16) et les quatre boutons (18) pour niveler le support (B) ;
• Fermez le tuyau d'aération (2) avec un bouchon (1) ;
• Le sprinkleur est placé à l'envers sur le support ;
• Retirez le bouchon (8) de l'ouverture de remplissage ;
• Utilisez le réservoir d'eau (21) pour remplir le sprinkleur et Installez le réservoir de
stockage d'eau sur la partie supérieure du boîtier de transport (22), au-dessus du
sprinkleur ;
• Raccordez le tube (15) à l'orifice de remplissage des gicleurs. Ce dernier peut être
déconnecté une fois le sprinkleur est rempli et tout l'air s'est échappé à travers les
capillaires ;
• Tournez le sprinkleur autour de sa position d'arrosage sur le support ;
• Réglez l'intensité de la pluie à l'aide du tuyau d'aération (2), la distance entre le réservoir
et le côté supérieur du tuyau d'aération doit être réglée en fonction de la température de
l'eau. Pour une indication approximative du réglage correct, la formule suivante peut
être utilisée :
h = 100 mm - 0,65 × température (° C)
Avec :
▪ La valeur 100 mm est la position de départ du tube d'aération au début de
l'étalonnage (la plus proche des 375 ml / min requis) ;
▪ La valeur 0,65 est un facteur de correction de la température, une différence de 1
degré est égale à environ 4 ml/min dans le résultat final ;

29
▪ La formule présente une relation avec la viscosité de l'eau qui dépend de la
température de l'eau, ce qui peut influencer l'intensité de la douche. Avant
utilisation, vous devez toujours calibrer à 375 ml / minute.
À l'université et au centre de recherche de Wageningen, ils ont testé les résultats
suivants:
Tableau 4: Réglage du débit requis

Température de l’eau (°C) Débit (ml/min) h* (cm)


10 350 10
20 375 9
40 450 8

• Notez le niveau d'eau dans le réservoir ;


• Retirez le bouchon (1) du tuyau d'aération (2), déclenchez le chronomètre et la
simulation aura lieu ;
• Après trois minutes, arrêtez la simulation en plaçant le bouchon (1) sur le tuyau
d'aération (2) ;
• Notez le niveau d'eau dans le réservoir ;
Les sédiments laissés dans la gouttière (19) sont ajoutés au contenu de la boîte de collecte
d'échantillons (20) à l'aide d'une spatule (voir annexe C-II). Ainsi, tout le matériel restant dans
la boîte de prélèvement d'échantillons est placé dans le seau d'échantillons.
Maintenant, le matériau peut être transporté facilement au laboratoire, où les quantités de
ruissellement et de sédiments sont déterminées par pesée et séchage.
Le mini-simulateur de pluie peut être utilisé sur le terrain ainsi que dans le laboratoire. Les
résultats obtenus permettent de comparer différents types de sols et rendent compte:
• de l'érodibilité du sol ;
• du ruissellement provoqué ;
III.2. Mesures au laboratoire
III.2.1. Détermination du coefficient de ruissellement
Les mesures à effectuer au laboratoire, en premier lieu, concernent la détermination du volume
d'eau recueilli et la masse de sol érodée. Ces derniers permettent de déduire un coefficient de
ruissellement.
Les étapes à suivre sont les suivantes :
• Faire une pesée de la solution du sol recueillie (M) ;

30
• Laisser décanter la solution du sol recueillie 48 h dans un récipient pour s'assurer que
les plus fines graines d’argile sont bien déposées. Puis enlever l'eau et faire une pesée
de cette eau (ME1) ;
• Peser les sédiments avant (M1) et après passage à l’étuve (MS), y compris la masse des
surnageant, entre 24 et 48 h (jusqu'à la constance du poids). MS sera la masse du sol
érodée (apport solide) ;
• Calculer la masse d’eau évaporée ME2= M1-MS et l’ajouter à ME1 pour en déduire le
volume d'eau ruisselée Vr ;
𝑉𝑟
On peut déduire un coefficient de ruissellement : Cr (%) = 𝑉𝑝 × 100

III.2.2. Analyse granulométrique


Ces analyses sont faites sur huit échantillons du sol qui regroupent quatre échantillons pour le
terrain aménagé (Pi) par des cuvettes en pierres, et le reste pour le terrain témoin (Ti). De plus,
chaque échantillon est pris d’un niveau (ligne) de simulation .
L’identification des sols se fait à l’aide d’essais simples de laboratoire permettant de déterminer
les constituants des sols sur lesquels on a effectué les simulations.
Les analyses granulométriques comptent sur le tamisage par voie sèche des éléments dont les
dimensions sont supérieurs à 0,08 mm et sur la sédimentométrie pour les éléments inférieurs.
III.2.2.1. Tamisage
L’essai consiste à faire passer un échantillon représentatif de sol à travers des tamis superposés
d’ouvertures décroissantes du haut vers le bas. Les particules les plus grosses restent donc
emprisonnées sur les tamis les plus hauts (refus ou retenu), tandis que les particules plus fines
se dirigent vers les tamis inferieurs (ou passant). Lorsque les masses retenues sur chaque tamis
deviennent constantes, le tamisage est terminé et tous les refus sont pesés. La masse de chaque
refus est ensuite comparée à la masse totale de l’échantillon, ce qui permet de calculer les
pourcentages de refus cumulatif et de passant.
Pour effectuer cet essai, on utilise :
• Colonne de tamis ;
• Une balance électronique ;
• Bac en aluminium ;
On détermine pour chaque essai et pour chaque ouverture de tamis :
− Les masses des refus (g) ;
− Les masses des refus cumulés (g) ;
− Les pourcentages des refus cumulé (%) ;

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− Les pourcentages des tamisats cumulés (%) ;
On trace, ainsi, la courbe granulométrique qui correspond à % Tamisât = f (ouverture tamis) ;
III.2.2.2. Sédimentométrie
L’analyse granulométrique par sédimentométrie permet de déterminer la distribution en poids
des particules ayant un diamètre inférieur à 0,08 mm d’un sol en fonction de leurs dimensions.
Ainsi, elle complète l’analyse granulométrique par tamisage.
III.2.2.2.1. Appareillage
Les différents appareils utilisés lors de l’analyse par sédimentométrie sont :
• Un densimètre de forme torpille ;
• Une éprouvette graduée de 2 litres ;
• Un thermomètre de mercure 0-50 °C ;
• Un chronomètre ;
• Un agitateur mécanique à grande vitesse de rotation ;
• Un agitateur manuel (tige avec disque en tôle) ;
• Défloculant (solution d’hexa-métaphosphate de sodium à 5%) ;
III.2.2.2.2. Mode opératoire
1) Prendre 40 g de sol près de la fraction inférieure à 0,08 mm qui a été recueillie par tamisage
à sec ;
2) Faire imbiber la solution l’échantillon, pendant environ 15 heures, dans 250 cm3 de solution
défloculante qui permet d’éviter la floculation des grains argileux pendant la sédimentation ;
3) Le contenu du bécher ainsi traité est versé dans le récipient de l’agitateur mécanique en
ajoutant de l’eau distillée ;
4) Après avoir lavé le récipient de l’agitateur, introduire le matériau en suspension dans une
éprouvette graduée et compléter jusqu’à 1 litre de volume avec de l’eau distillée ;
5) Agiter vigoureusement à l’aide d’un agitateur manuel, pendant une minute environ, la
suspension pour homogénéiser ;
6) Déclencher le chronomètre et introduire lentement le densimètre dans la suspension en vue
de la première lecture à 30 secondes et des lectures successives à 1 minute et à 2 minutes ;
7) Après la troisième lecture, retirer le densimètre, prendre la température et replonger le
densimètre dans l’éprouvette contenant la solution tampon ;
8) Pour les lectures suivantes faites à 5, 10, 20, 40 minutes … jusqu’à 24 heures, plonger
lentement le densimètre 15 secondes avant la lecture et retirer aussitôt la lecture faite. Prendre
à chaque fois la température de la suspension ;

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III.2.2.2.3. Calcul des tamisats cumulés
• Lectures et corrections :
Après avoir déterminé les lectures densimétriques et les températures qui correspondent à
chaque temps de lecture, on opte à effectuer des corrections à apporter aux lectures pour tenir
compte :
− Des variations de température en cours de l’essai (Ct) ;
− Du ménisque (Cm) ;
− Du défloculant (Cd) ;
❖ Correction due au ménisque (Cm) :
Cette correction est obtenu en plaçant le densimètre, dont la tige aura était préalablement
parfaitement nettoyée pour permettre le développement correct du ménisque, dans l’eau
distillée. La différence des lectures faites respectivement au sommet et à la base du ménisque
donnera la correction Cm. Cette correction est à ajouter à la lecture R.
Souvent on prend Cm = - 0,0004.
❖ Correction due à la température (Ct) :
Les densimètres sont généralement étalonnés à 20 °C par le constructeur. Les températures en
cours d’essai étant pratiquement toujours différentes de 20 °C. Une correction est nécessaire
pour tenir compte de la densité de l’eau à la température de l’essai.
Ct doit être déterminé expérimentalement, en prenant deux éprouvettes identiques d’eau
distillée, la première sera placée dans le réfrigérateur à 10 °C et la deuxième dans un four à 35
°C. On prélève les lectures du densimètre dans les deux cas et on trace la variation de la lecture
en fonction de la température de (10 °C à 35 °C). On obtient ainsi les corrections Ct à apporter
à la lecture (voir annexe D ).
❖ Correction due au défloculant (Cd) :
L’addition d’un défloculant modifie la lecture faite dans l’eau distillée. Pour déterminer la
correction Cd, il faudrait remplir une éprouvette de 2 litres d’eau déminéralisé et faire la lecture
au sommet du ménisque. Ajouter la quantité du défloculant prévue au mode opératoire, bien
brasser le liquide pour répartir le défloculant, puis refaire la lecture du densimètre au sommet
du ménisque. La différence de deux lectures représente la correction Cd à apporter à la lecture
Souvent on prend Cd = - 0,0008.
• Lecture corrigée Rc :
La lecture intervenant dans le calcul des pourcentages des grains inferieur à D sera
Rc = R ± Ct + Cm – Cd

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Avec:
R: lecture densimétrique ;
Ct: correction due à la température ;
Cm : correction due au ménisque ;
Cd : correction due au défloculant ;
Rc : la lecture corrigée ;
• Calcul de Hr :
La hauteur de chute (Hr) est définit comme étant la profondeur effective du centre de poussée,
elle peut être déterminée par une projection directe de la lecture corrigée Rc dans le tableau qui
correspond aux valeurs de Hr (voir annexe D) tout en tenant compte des valeurs réservées pour
les trois premières lectures et celles pour les autres lectures.
• Calcul du diamètre D des particules :
Le calcul du diamètre D s’effectue en utilisant la loi de Stockes donnant la vitesse de chute des
particules sphériques dans un liquide, ces particules sont soumises à la force de la pesanteur et
la poussée d’Archimède verticale et ascendante.
𝐻𝑟
Cette loi mène à écrire : D = F × √ 𝑡

Avec :
F : un coefficient qui peut être déterminé à partir de l’abaque (voir annexe D) ;
Hr :hauteur de chute (cm) ;
t : temps de lecture (min) ;
D : diamètre équivalent (mm) ;
• Calcul de pourcentage des particules en suspension (P) :
Connaissant la lecture corrigée Rc, on peut déterminer le pourcentage des grains de diamètre
𝑉𝑠𝑢𝑠𝑝 𝐺𝑠
inférieur à D, soit 𝑃 = 100 × × 𝐺𝑠−1 × 𝛾𝑤 × (𝑅𝑐 − 1)
𝑊𝑠

Avec :
Vsusp : le volume de la suspension soit 1000 cm3 ;
Ws : masse du sol à échantillonner soit 40 g ;
Gs : la gravité spécifique moyenne de la plupart des sols soit 2,65 ;
𝛾𝑤 : le poids spécifique de l’eau soit 10 KN/m3 ;
Rc : la lecture densimétrique corrigée ;
P : pourcentage des particules en suspension (%) ;

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III.2.2.3. Analyse de la courbe granulométrique :
La courbe granulométrique représente pour chaque dimension des particules. Le poids (ou
masse) (en %) des particules de cette taille ou de tailles inferieures (le tamisât) sont considérées.
Ce poids est exprimé en pourcentage par rapport au poids total de la matière sèche de
l’échantillon étudié.
On trace cette courbe en coordonnées semi-logarithmiques (le pourcentage de tamisât cumulés
à l’échelle arithmétique, le diamètre des particules à l’échelle logarithmique) et on extrait les
paramètres qui permettent d’identifier le sol, à savoir :
• T80m : tamisât à 0,08 mm ;
• T2mm : tamisât à 2 mm ;
• Cu : coefficient d’uniformité
𝑫
Cu = 𝑫𝟔𝟎
𝟏𝟎

• CC : coefficient de courbure
(𝑫𝟑𝟎 )𝟐
CC =
𝑫𝟏𝟎×𝑫𝟔𝟎

Avec :
D60 : diamètre effectif des particules qui correspond à 60% du passant ;
D30 : diamètre effectif des particules qui correspond à 30% du passant ;
D10 : diamètre effectif des particules qui correspond à 10% du passant ;

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