BARRAGES EN TERRE
1
6. BARRAGES EN TERRE
6.1. Introduction
6.2. Principes de conception des barrage en terre
6.2.1- Différents types de barrages en terre
6.2.2- Critères de conception des digues de barrage
6.3. Aspects géotechniques
6.3.1- Choix des matériaux
6.3.2- Identification des terres
6.4. Dimensionnements des digues de barrage
6.4.1- Aspects topographiques et hydrauliques
6.4.2- Effets des vagues et revanche libre
6.4.3- Pentes des talus 2
6.5. Protection des talus
6.5.1- Talus amont
6.5.2- Talus aval
6.5.3- crête
6.6. Infiltration et hydraulique interne
6.6.1- Introduction
6.6.2- Détermination des équipotentielles et des lignes de
courant
6.6.3- Calcul des débits de fuites
6.6.4- Protection contre le renard
6.6.5- filtres et drains
3
6.1 - Introduction
• Les barrages en terre peuvent être constitués par des matériaux de
caractéristiques diverses, à la différence des barrages en béton ou
même en enrochement dont les matériaux constitutifs restent connus
dans des fourchettes beaucoup plus étroites.
• Le terme terre couvre une grande gamme de matériaux allant de
l’argile pure très fine à des éléments grossiers.
• Dans certains cas, on utilise des roches altérées facilement
compactables, tels que les latérites, les schistes et les grès tendres,
etc.
• Les volumes à mettre en œuvre pour la construction d’un barrage en
terre sont généralement important : 5 à 15 fois plus que le barrage en
béton du type poids susceptible d’être réalisé sur le même site.
4
Introduction (suite)
5
6.2 - Principe de conception des barrages en terre
6.2.1 Différents types de barrages en terre
• Mis à part les organes annexes destinés à contrôler la filtration de l’eau
dans le massif lui-même et dans sa fondation, il existe trois schémas
principaux de structures de barrages en terre :
– Le barrage homogène,
– Le barrage à noyau étanche,
– Le barrage à masque amont.
a) Barrage homogène
7
b) Barrage à masque amont
• Le masque amont est une paroi étanche plaquée sur le talus amont du
barrage. Il existe de nombreuses natures de masque étanche telles
que béton de ciment ou bitumineux, chapes préfabriquées, membranes
souples etc.
8
Barrage à masque amont
9
c) Barrage à noyau
• Souvent l’hétérogénéité des matériaux disponibles sur place ou leurs
caractéristiques géotechniques ne permettent pas d’envisager une
digue homogène étanche. Dans ce cas une solution couramment
adoptée consiste à concevoir un massif en plusieurs zones, dont
chacune est constituée d’un matériau différent, suivant le rôle que doit
jouer chaque zone.
11
Barrage à noyau central
12
6.2.2 Critères de conception des digues
La conception d’une digue devra répondre aux sept (7) critères suivants :
13
Critères de conception des digues (suite)
14
6.3 – Aspects géotechniques
6.3.1 Choix des matériaux
15
• Les autres pourront en général, être utilisées sinon pour un barrage
homogène, du moins associées à d’autres dans un barrage à zones.
16
6.3.2 Identification des terres
Les caractéristiques les plus importantes pour le choix des matériaux de la
digue sont les caractéristiques granulométriques complétées par les
limites d’Atterberg précisant la nature de la portion fine des terres. On a
une idée plus ou moins précise de ces caractéristiques selon qu’on les
mesure au laboratoire ou qu’on les estime par des tests rapides sur place.
• Au laboratoire
Les limites d’Atterberg sont déterminées selon des essais normalisés sur
la fraction inférieure à 0,5 mm.
19
Pour les éléments fins on remplace les limites d'Atterberg par les tests :
• Secousse :
On prend dans la paume un échantillon de sol saturé et on lui imprime
des secousses ; la surface devient brillante. On écrase la boule entre
les doigts :
20
• Résistance à sec
On pétrit une petite quantité de sol (10 grammes) saturé. on le laisse sécher
au soleil et on l'écrase entre les doigts :
– s'il est presque impossible d'écraser l'échantillon : argile très plastique
– Si la résistance est faible : il peut s'agir d'un sable très fin, dans ce cas
la surface est rugueuse ; ou d'un limon dans ce cas la surface est
douce.
• Plasticité
On exécute des rouleaux de 3 mm de diamètre puis on les remodèle pour
faire une boule :
– Si le fil est résistant et la boule facile à refaire le sol est très plastique
– Si le fil est fragile et le remodelage impossible, le sol est de faible
plasticité.
• Classification
Un tableau permet ensuite de classer les terres ; on peut même ainsi définir
un ordre d'aptitude pour les barrages parmi ces terres (cf systèmes de
classification). 21
D'autres grandeurs doivent être mesurées pour identifier
véritablement une terre ; ce sont :
– La teneur en eau : rapport du poids de l'eau contenu dans un
échantillon de sol à son poids lorsqu'il est sec.
22
A partir du tableau de classification, on peut tirer le résumé suivant :
Toutes les autres conditions étant les mêmes, la perméabilité est plus
grande :
– pour les terres à gros grains que pour les terres à grains fins,
– pour les terres à granulométrie étroite que pour les terres à
granulométrie étendue,
– pour les terres légères que pour les terres lourdes.
– Proportion d'éléments fins < 0,1 mm (tamis 0,080 mm, module 20)
comprise entre 20 % et 70 %.
– Proportion d'éléments inférieurs à 0,05 comprise entre 10 % et 40 %.
– Equivalent de sable inférieur à 40.
– Perméabilité inférieure ou égale à 10-7 m/s après compactage.
24
Qualité des matériaux selon I'USBR
1. Sols bons à excellents
- SM (Sables limoneux, mélange mal calibré de sable et de limon).
- SC (Sables argileux).
25
4. Sols mauvais
– GW, GP, SW et SP (graviers, sables, mélanges et graviers et de sables
peu ou pas fins)
N.B. : Ces sols donnent des massifs perméables.
26
6.3.2 Influence des caractéristiques d’identification des terres sur
leurs propriétés mécaniques et hydrodynamiques :
1. La perméabilité :
g
1 e3
k = C⋅ ⋅ 2 2 ⋅
υ ρs S 1+ e
C = coefficient de forme
g = accélération de la pesanteur
υ = viscosité cinématique de l'eau
ρs = masse spécifique des grains de sol (peu variable d'un sol à l'autre)
S = surface spécifique des gains (surface extérieure de l'unité de poids des grains).
e = indice des vides.
27
La perméabilité d'un sol est donc avant tout fonction de la surface
spécifique des grains qui elle–même varie considérablement avec la
dimension de ceux- ci : S est grand pour les sols fins (S est inversement
proportionnel au diamètre). Les argiles sont donc les sols les plus
imperméables d'où leur utilisation comme masques d'étanchéité dans les
barrages.
On pourra donc utiliser un matériau pour une digue homogène que s’il
contient un minimum de 5 à 10% d’éléments plus petits que 0,080 mm ;
pour un noyau d’un barrage à zone il faut un minimum de 20 à 30%
d’inférieurs à 0,080 mm.
La perméabilité doit être inférieure à 10-6 – 10-8 m/s pour que le matériau
puisse être utilisé comme organe d’étanchéité.
28
2. Résistance au cisaillement
Dès qu'il existe un plan a l'intérieur d'un sol soumis a un état de contrainte
homogène sur lequel la contrainte de cisaillement atteint la valeur τ = c +
on tan φ, il y a glissement le long de ce plan.
29
La cohésion qui est due à l'attraction des particules les unes vers les autres
dépend de la dimension des particules ; en effet cette attraction est
provoquée soit par les tensions capillaires que produit l'eau en contact avec
les gains, soit par les phénomènes d'attraction électriques entre l'eau et les
grains. L'une et l'autre force sont d'autant plu fortes que les intervalles entre
grains et donc les grains eux-mêmes sont plus petits. Une argile pourra
présenter une forte cohésion (ordre du kg/cm2) ; un sable fin une très légère
cohésion s'il est humide, (ordre du gramme/cm2) ; un gravier n’aura jamais
aucune cohésion.
30
• Mais la différence de résistance mécanique entre les différentes terres
provient essentiellement du fait que sur un sol saturé les caractéristiques
intrinsèques C et φ peuvent être mobilisées instantanément si les grains
sont gros, elles ne peuvent être mobilisées qu'après un temps très Iong si
les grains sont petits.
• En effet, dans ce cas, l'eau est emprisonnée entre les grains. Si l'on
exerce un effort à la surface d'un sol fin saturé toute diminution ou
augmentation de volume du sol étant empêchée par la présence des
grains et de l'eau incompressibles, l'effort se traduira immédiatement par
une surpression dans l'eau qui ne se dissipera que lorsque l'eau aura pu
être suffisamment chassée pour que la pression de l'eau reprenne sa
valeur d'équilibre.
31
τ = C’ + σn’ tan φ’ = C’ + (σn’- u) tan φ’
C'est la raison pour laquelle un sol fin est plus fragile qu'un sol à gros grains
et pour laquelle aussi on définit pour les premiers des caractéristiques Cu et
φu dites "apparentes" ou "non drainées" et des caractéristiques C' et φ’ dites
"intergranulaires" ou drainées.
32
• Les caractéristiques Cu et φu sont mesurées en effectuant un essai rapide
(ou non drainé) à l'appareil de cisaillement ou au triaxial. Pour utiliser Cu et
φu apparents il faut écrire la loi de Coulomb :
τ = Cu + σn tan φu
33
C’ varie entre 0 et quelques kg / cm2 pour une argile.
3. Compressibilité
Sous l ’action d’une charge les grains de sol modifient légèrement leur
arrangement, il s’ensuit un tassement dont l’importance dépend de la
nature du sol. D’autre part comme pour la résistance au cisaillement le
sol, s’il est fin présente un tassement instantané (correspondant à un
comportement non drainé) et un tassement différé qu’on appelle
« consolidation ». Cette distinction ne se justifie pas pour les sables et
graviers puisqu’elle est due à l’apparition des pressions interstitielles sous
la charge et à leur dissipation dans le temps. On étudie les tassements à
l’aide de l’essai œdométrique qui permet de définir :
34
- l’indice de compression Cc = - ∆e/∆log σ dans la partie linéaire
de la courbe e = f(log σ) (voir figure ci-dessous)
- Tassements des sol fins : l’essai œdométrique sur ces sols saturés permet
d’étudier le tassement final à prévoir et la durée de ce tassement. On utilise
plutôt l’indice de compression Cc pour prévoir les tassements finaux.
Skempton a trouvé une corrélation entre Cc et la limite de liquidité ωL.
4. Gonflement et retrait
Dans les sols fins l’eau occupe les intervalles très petits entre les grains ; la
tension capillaire dans ce cas est importante, au cours du séchage les filets
liquides se séparent, les courbures des ménisques augmentent et la tension
capillaire croît ; tout ce passe comme si à égalité de tensions capillaires la
pression extérieure appliquée au sol avait augmentée de la grandeur ∆p :ce
qui entraîne une diminution du volume : c’est ce qu’on appelle le retrait.
Celui-ci se manifeste donc particulièrement dans les zones exposées à l’air,
les zones plus profondes n’étant pas soumises à la dessiccation.
37
Ainsi il y a retrait en surface et pas en masse : des fissures apparaissent qui
peuvent compromettre un ouvrage si elles sont importantes. Le gonflement
est un problème inverse qui se manifeste à l’humidification des sols fins.
Elevé 20 – 30 20 – 31 25 – 41 7 – 12
Moyen 10 – 20 13 – 23 15 – 28 10 – 16
39
5. Aptitude au compactage
Les sols dont la granulométrie est comprise dans les fuseaux dits de
TALBOT présente cet avantage.
r
D
P =
Dmax
Où : P = pourcentage en poids de grains dont le diamètre est inférieur à D,
Dmax = dimensions de particules les plus grosses de l’échantillon,
r = coefficient compris entre 0,25 et 0,40, ces deux valeurs définissent
deux granulométrie qui sont les limites du fuseau.
40
Exemple de fuseau de TALBOT
100
90
SOL
Pourcentage tamisats cumulés
80
Limite sup. TALBOT
70
Limite inf.. TALBOT
60
50
40
30
20
10
0
100 10 1 0,1 0,01 0,001 0,0001
41
cette condition n’est pas impérative, un sol qui s’écarte du fuseau peut
convenir s’il présente par ailleurs des caractéristiques suffisantes.
- Les terres trop plastiques sont à éviter car ils se compactent difficilement
tout en exigeant souvent beaucoup d’eau. On a intérêt à se limiter à des
valeurs de IP <15.
6. Le compactage
Préalablement une opération de compactage au laboratoire doit préciser la
valeur vde la teneur en eau et de la densité sèche que l’on doit obtenir.
Cette étude est réalisée au moyen des essais PROCTOR.
On réalise un compactage sur la portion fine (<5 mm) des terres dans un
moule cylindrique au moyen d’un pilon tombant d’une hauteur fixée.
42
Ce compactage est réalisé sur la même terre pour différentes teneurs en
eau. Par pesage et séchage on détermine la densité sèche et la teneur en
eau correspondant à chaque compactage. La courbe suivante est ainsi
obtenue.
γ ω Sr
γd = Où : γs = poids spécifique des grains
γ
ω + ω Sr γd = poids volumique apparent maximum
γs ω = teneur en eau du sol
Sr = degré de saturation
43
Courbe de compactage Proctor standard et modifié.
44
il existe deux normes de compactage au laboratoire qui définissent les
énergies de référence :
Les essais Proctor sont réalisés sur des échantillons débarrassés de leurs
gros éléments (plus gros que 5 mm), pour commodité de l’expérimentation.
On étudie ainsi la portion la plus fine c’est-à-dire la plus importante et elle
détermine les caractéristiques essentielles du mélange. Toutefois la
présence de cailloux à tendance à augmenter la densité sèche et il est
intéressant de connaître comment. 45
• Soit γ1 : le poids volumique sec de la terre fine (<5 mm) obtenu à
l’optimum Proctor.
• Soit γ2 : le poids volumique sec des cailloux seuls. Cette mesure peut
être obtenue par exemple en remplissant un volume connu et en
pesant ce volume. Il n’est pas nécessaire de compacter, le compactage
a un effet réduit sur les blocs seuls.
Si l’on suppose que dans les cailloux seuls on ajoute de la terre fine, celle-ci
pourra se loger dans les vides laissés entre les grains jusqu’à les avoir tous
remplis. Ainsi le poids volumique du mélange n’aura pu qu’augmenter
depuis γ2 jusqu’à une valeur maximale après laquelle rajouter de la terre
revient à augmenter le volume du mélange.
E=H+h+R
48
Hauteur d’une digue
49
2. Plan d’Eau Normal (PEN) ou niveau de retenue
50
4. Revanche (R)
La revanche libre (R) est une tranche comprise entre le PHE et la crête du
barrage. Cette hauteur appelée revanche permet de protéger la digue des
risques de débordement. Le calcul de la revanche tient compte de la
hauteur des vagues qui se forment sur le plan d’eau et la projection de l’eau
vers le haut du barrage due à la vitesse de propagation des vagues lorsque
celles-ci rencontrent le barrage.
Quelques formules:
N.B. : Dans le cas des matériaux sableux, la largeur en crête doit être supérieure à
ces valeurs.
la hauteur des vagues provoquées par les vents dans la retenue dépend de
la vitesse du vent, de al durée du vent, du fetch (longueur du plan d’eau
exposée au vent), de la profondeur de l’eau et de la largeur du plan d’eau.
• Mallet et Pacquant :
1 1
h= + f h = hauteur des vagues en mètres
2 3
f = fetch en kilomètres
3 2
V= + h [ m]
2 3
h = hauteur des vagues en mètres
54
• Tableau de l’American Society of Civil Engineers :
Fetch [miles] Vitesse du vent Hauteur des vagues
[miles/heure] [pieds]
1 50 2,7
1 75 3,0
2,5 50 3,2
2,5 75 3,6
2,5 100 3,79
5 50 3,7
5 75 4,3
5 100 4,8
10 50 4,5
10 75 5,4
10 100 6,1
1 mile = 1,61 km
1 pied = 0,305 m
55
Toutes ces conditions affectant l’exposition du barrage au vent doivent être
considérées dans le choix de la vitesse maximum du vent.
La revanche libre normale est calculée selon un vent de vitesse 100 miles/heure et la
revanche libre minimum selon un vent de 50 miles/heure.
N.B. : Dans le cas où le barrage est situé dans une région très froide ou dans une
région très chaude et sèche, et particulièrement si les matériaux utilisés pour le corps
de digue sont du type CL et CH, une augmentation de la revanche libre sera
envisagée pour des fetchs de 2,5 miles ou inférieurs.
Il est aussi recommandé d’augmenter les valeurs de revanches libres du tableau ci-
dessus de 50% en cas de revêtement lisse du talus amont.
56
• Formule de STEVENSON :
Pour F < 18 km, h = 0,75 + 0,34 f − 0,36 4 f
Pour F > 18 km, h = 0,34 f
Ces formules sont valables que pour un vent ne dépassant pas 100 km/h.
• Formule de MOLITOR :
Pour F < 30 km, h = 0,76 + 0,032 Uf − 0,26 4 f
Pour F > 30 km, h = 0,032 Uf
F = fetch en km, U = vitesse du vent en km/h et h = hauteur vagues en m.
V = 1,5 + 2 h
R = 0,75 h + V2/2g
58
Remarques :
Dans certains grands barrages en terre, la revanche totale dépasse 5 m et
peut même atteindre 10 m. Cependant, en général, elle n’est pas aussi
forte. Ainsi le Bureau of Reclamation admet une revanche totale de 2,5 m
pour les barrages inférieures à 60 m de haut, reposant sur fondations
rocheuses, et si le réservoir ayant une capacité supérieure à 12 millions de
m3, la longueur du fetch est inférieure à 8 km. Lorsque l’une des conditions
fait défaut, la revanche totale minimale est portée à 3 m.
Ces valeurs s’appliquent aux cas d’un déversoir muni de vannes. Dans le
cas d’un déversoir libre, la revanche peut être réduite jusqu’à 3 m.
59
Il est préférable d'utiliser l'abaque suivant dressé à la suite de
nombreuses observations océanographiques corrigées par les
Ingénieurs de l'Armée pour tenir compte du fetch relativement court
mesuré dans les retenues de barrage.
60
____ Hauteur maximale des vagues en mètres; ------- Durée du vent en heures
62
6.4.3. Pentes des talus
Pour étudier la stabilité du système, on cherche les conditions d'équilibre
d’une masse de sol susceptible de glisser selon une ligne (ou surface) de
glissement possible.
63
La définition du coefficient de sécurité des talus à l'égard de la rupture
demeure une des questions les plus controversées de la mécanique des
sols. Plusieurs approches ont été proposées sans pour autant qu'il ne soit
possible de trouver une synthèse pleinement satisfaisante. Le débat reste
donc ouvert !
64
A titre indicatif, le tableau ci-après donne quelques valeurs donne quelques
valeurs de dimensionnement qui devront être confirmées par une étude de
stabilité.
e = CV2
Où : e = épaisseur minimum de la couche d’enrochement [m]
V = vitesse des vagues selon la formule de GAILLARD [m/s]
C = coefficient dépendant de la pente du talus et du poids spécifique
de l’enrochement utilisé.
Quand aux dimensions des éléments elles seront telles que 50% de
l’enrochement soit constitué de blocs d’un poids égal ou supérieur au poids
calculé par la formule :
67
P = 0,52 γ e3 (P est donné en tonnes quand e est en mètres).
68
Les Ingénieurs de l’armée utilisent de préférence le tableau suivant qui
donne l’épaisseur minimum de la couche d’enrochements ainsi que les
dimensions minima des blocs en fonction des vagues déterminées à partir
de l’abaque de l’US Army Corps of Engineers.
Epaisseur minimum
Hauteur des vagues
de la couche D50 minimum [m]
[m]
d’enrochement [m]
0 à 0,30 0,30 0,20
0,30 à 0,60 0,40 0,25
0,60 à 1,20 0,45 0,30
1,20 à 1,80 0,55 0,40
1,80 à 2,40 0,70 0,45
2,40 à 3,00 0,80 0,55
Formule de HUDSON
ρ h3
P=
k p cot anα ( d − 1) 3
e = 1,5 D50.
70
2. Perré rangé à la main
Ce genre de revêtement n’est que très rarement utilisé sur le talus aval des
barrages.
3. Revêtement en béton
Un revêtement en béton est parfois employé sur le talus amont lorsque
aucun enrochement de qualité n’est économiquement disponible (très
longues distance de transport).
Il peut être constitué soit par des dalles préfabriquées, soit par un
revêtement en béton armé monolithique, muni ou non de joints de
contraction (section d’aciers = 0,2 à 0,5% de la section du béton).
Dans tous les cas, il est nécessaire de disposer sous le béton une couche de
gravier et sable formant un filtre, d’une épaisseur au moins égale à 20 cm.
72
Le revêtement est buté à l’extrémité inférieure par une risberme.
73
4. Autres protection du talus amont : Technique du sol-ciment
compacté
Une protection possible du talus amont peut consister en un traitement du
remblai au ciment sur une épaisseur de 0,60 à 1 m le long du parement
amont. C’est technique américaine. Quoique les dosages en ciment doivent
rester assez importants (6 à 12%du poids de terre traitée), cette solution
peut s’avérer intéressante dans les zones où l’enrochement est cher ou
inexistant. On réalise une série de couches horizontales de sols ciment
compacté de 2 à 3 m de large.
74
6.5.2. Le talus aval :
75
6.5.3. La crête :
Couche de Couche de
couronnement couronnement
6.6.1. Introduction :
Les problèmes d’étanchéité des barrages se situent en général à trois
niveaux qu’il convienne de bien distinguer :
• L’étanchéité de la cuvette,
• L’étanchéité du corps de remblai,
• L’étanchéité de la fondation et des rives qui assurent la liaison entre les
deux précédentes.
Il s’agit d’analyser les conditions d’étanchéité des corps de remblai, en
partant d’un constat que les infiltrations peuvent provoquer trois types de
phénomènes préjudiciables à la bonne tenue de l’ouvrage :
• Des fuites d’eau souvent inévitables, mais qu’il convient de limiter afin
qu’elles n’engendrent pas des problèmes plus graves.
• Des sous-pressions qui sont en général défavorables à la stabilité des
ouvrages (déversoirs en particulier).
77
• Si l’eau débouche sur le talus en aval dans les zones peu aménagées,
le gradient hydraulique peut avoir une valeur telle qu’une érosion
régressive prenne naissance et creuse une sorte de tunnel : c’est le
phénomène de renard qui menace gravement la survie de l’ouvrage.
79
• Les surfaces de suintement séparent le sol saturé de l’atmosphère.
Ainsi lorsque l’eau débouche sur le talus aval(non drainé) la surface de
celui-ci constitue une surface de suintement. A cet endroit la pression
est égale à la pression atmosphérique (H = z) et les vitesses ne sont
pas parallèles à la surface.
80
Ecoulements dans les barrages : conditions aux limites
81
2. Etudes du réseau de lignes de courants et des lignes équipotentielles
kV
kH
• Le débit de fuite,
83
Trajectoire de l'eau à travers le barrage
84
Tracé de la ligne phréatique
Cas d’un massif homogène non drainé
A B Parabole de Kozeny
∆l
C
E l
h y Ligne phréatique y0
D
Kr → q c
x α
O
0,3 b x
b
0,7 b d
a = y0/2
85
Définitions :
h = charge d’eau = tirant d’eau
d = largeur en base du barrage diminué de 0,7b (et de la largeur du
filtre s’il y a lieu)
b = projection orthogonale de la partie mouillée du parement amont,
Kr = coefficient de perméabilité du remblai de la digue (remblai
compactée)
E = hauteur de l’endiguement
α = angle du talus aval
86
Etant donné que la parabole admet le point O comme foyer, son équation :
y 2 − y 02 − 2 xy 0 = 0
D’autre part, la parabole coupe le plan d’eau amont en un point A situé à
une distance telle que BA = 0,30 B est la projection horizontale de la partie
mouillée du parement amont. Pour satisfaire cette condition on doit avoir (cf
figure de la parabole ci-dessous) :
h 2 = 2 y 0 d + y 02
soit y0 = d 2
+ h2 − d
En effet en A, on a y = h et x = d
Aussi, en transformant l’équation :
h2 + d 2
= d 2
+ 2 y 0 d + y 02 = ( d + y 0 ) 2
d ' où : y0 = d 2
+ h2 − d
87
Pour obtenir la ligne phréatique à partir de la parabole de Kozeny, on
raccorde celle-ci au point B du plan d’eau amont par une courbe normale au
parement amont en B et tangente à la parabole.
• Si α < 30 ° , l = d 2
+ h2 − d 2
− h 2 cot g 2 α
1 − a0
• Si 30 ° < α < 180 ° , l = y0
1 − cos α
88
Abaque de détermination du point D par CASAGRANDE
DETERMINATION DU POINT D
0,4
0,3
[a0 = ∆ l / (l + ∆ l)]
0,2
0,1
Face verticale
0
30 60 90 120 150 180
89
Cas d’un massif homogène drainé (avec drain aval)
En général les barrages en terres ont munis d’un drain aval qui rabat la
ligne phréatique à l’intérieure du barrage. Dans ce cas la parabole de
Kozeny a pour foyer l’extrémité amont du drain auquel se raccorde la ligne
phréatique. Le raccordement amont se fait comme précédemment.
d y
A B
Drain horizontal
y0
x
O
0,7 b 0,3 b
a = y0/2
b
90
Tracé de la ligne de saturation dans le cas d’un drain vertical
d y
A B
Drain PVC
a
h
y0
x
O
0,7 b 0,3 b Tuyau PVC d’évacuation gravitaire, pente >1%
disposition tous les 50 à 100 m.
b
91
Cas d’un massif anisotrope
Dans le cas d’un barrage à zones, les zones perméables n’ont généralement
aucune influence sur la ligne phréatique de la zone imperméable en raison
des grandes différence de perméabilité (1 à 100 au minimum). On construit la
ligne phréatique comme précédemment en considérant la zone imperméable
seule.
92
Tracé de la ligne de saturation dans le cas d’un barrage à noyau
d y
h C
y0
x
O
0,7 b 0,3 b Drain de pied
a0
b
93
Calcul du débit de fuites
2q
L’intégration donne : y 2 = x + y 02
kr
en se référant à l’équation de la parabole vue précédemment :
y 2 − 2 xy 0 − y 02 = 0 94
On peut poser : q = y d ' où
kr
0 : q = k r y0 = k r [d 2
+ h2 − d ]
• Pour 30° < α < 180°, la relation ci-dessus donne toujours une
approximation suffisante.
q = k r y 0 sin 2 α
avec y0 = h2 + d 2 − d 2 − h 2 cot an 2α
95
Le problème de la vidange rapide
On peut considérer comme rapide une vidange qui s'effectue en un délai inférieur à
un ou plusieurs mois. La configuration du réseau de ligne est alors totalement
différente des cas précédents. Le parement amont n'est plus une
équipotentielle, mais son potentiel varie avec la cote du point considéré. Ce
cas, assez complexe, doit être étudié par calcul informatique ou analogie électrique.
96
- Calcul du débit de fuites à travers la fondation
On peut estimer grossièrement le débit par mètre linéaire passant sous le
barrage à l’aide de la formule tirée de la loi de Darcy.
Noyau étanche
F
T
B Fondation perméable
Substratum imperméable
97
D’après la figure :
H
L = B + 2F et q = S ⋅ kH ⋅
L
Où : S= longueur mouillée de la couche de fondation
S = (T - F)
H (T − F )
q = kH ⋅
B + 2F
Où : kH = valeur moyenne du coefficient de perméabilité horizontale de la
fondation [m/s]
q = débit par mètre linéaire de longueur de barrage [m3/s/ml]
T = profondeur de la couche perméable [m]
B = épaisseur de base de la zone imperméable [m]
F = profondeur de la parafouille
99
F/T 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9
C 100 80 67 58 50 43 37 31 25
2T T2
+ 1+ 4 2
1
q = k H ⋅ H ⋅ log B B
2 2F F2
+ 1+ 4 2
B B
100
Calcul de la pression interstitielle
z Massif du barrage
M2
Z2
Z1 Ligne phréatique
M1
Drain horizontal
z0
M0
Lignes équipotentielles
101
L’égalité de potentielle en M0 et M1 s’écrit :
Z0 + P0 = Z1
P0 = Z2 – Z0
Cette méthode donne des valeurs de la pression par excès, (ce qui va dans
le sens de la sécurité).
102
Lutte contre les infiltrations et protection contre le
renard : (dimensionnement des parafouilles)
Lutter contre la formation de renard consiste :
103
1. Ecran étanche
104
BLIHT proposait la condition
suivante :
∑L V + LH
≥
1
=C
H imoyen
H
LANE a modifié cette condition
en affectant un coefficient lv2
lv1
minorateur égal à 1/3 aux
LH
distances horizontales pour tenir
compte des décollements
possibles par suite de
tassements sous la fondation.
105
Au contact d’un ouvrage rigide, les infiltrations sous l’ouvrage sont
préjudiciables à sa pérennité. C’est pourquoi on cherche à allonger
les circulations de l’eau en adjoignant des parafouilles.
1
∑ LV + LH = C H
3
Avec : Lv : Longueur des cheminements verticaux [m]
Lh : Longueur des cheminements horizontaux [m]
H : hauteur d’eau en amont du déversoir [m]
C : Coefficient qui dépend de la nature du terrain (tableau ci-après)
106
Valeurs du coefficient C de LANE
Nature du terrain C
Sables fins et limons 8,5
Sables fins 7
Sables moyens 6
Gros sables 5
Petits graviers 4
Gros graviers 3
Mélange de graviers et de gros galets 2,5
Argile plastique 3
Argile consistante 2
Argile dure 1,8
107
N. B. : L’application de la règle de LANE pour le dimensionnement de la
fondation de la digue doit se faire avec discernement en se référant surtout
au profil géotechnique du terrain de fondation. En effet cette règle empirique
a été conçue pour les ouvrages rigides fondés sur terrains meubles, les
tassements différentiels peuvent être à l’origine des cheminements
préférentiels au contact sol-béton. Un tel risque est moindre pour un massif
de remblai au contact de sa fondation meuble.
108
Pour la protection des massifs de barrage, on a recourt à deux types
de filtres:
1. Drain tapis :
Talus aval
Ligne phréatique
Remblai
Perméabilité Kr
Filtre Drain horizontal
Perméabilité Kf
H
e A
h
a l
lf
110
Si q est le débit d'infiltration à travers un mètre de largeur du barrage qu'il
faut évacuer à travers le filtre de perméabilité Kf est, on peut écrire :
q = K f ⋅i ⋅ A
Où : A = valeur moyenne de la section mouillée du filtre
H e−h e+h
i= = et A=
l l 2
e−h e+h e2 − h2
q = Kf ⋅ ⋅ = Kf ⋅
l 2 2l
2ql
e= + h2
Kf On peut négliger h2, h étant petit
lf = l + a
112
3. Drain vertical
L’eau de percolation intercepté par ce drain filtrant est évacuée soit par un
réseau de tuyaux drains soit par un drain-tapis filtrant, s’il est également
nécessaire de drainer les fondations.
113
Les critères granulométriques pour le choix des filtres
• Pour protéger les matériaux à granulométrie très étalée (Cu > 20) et
discontinue dont les particules grossières flottent dans une matrice plus
fine, la valeur de F15 doit être choisi de façon à retenir ces particules plus
fines.
115
Fuseau granulométrique des filtres
Les conditions de filtre de TERZAGHI peuvent être schématisées comme suit :
S85 S15
5S85 5S15
116
Puits filtants
Des puits filtrants de décompression peuvent être nécessaires pour assurer
le drainage des fondations et éliminer les sous-pressions dans la zone du
talus aval du barrage, lorsque les fondations sont relativement perméables
mais hétérogènes.
117
Puits filtants
118
Puits filtants
Etat de surface K
Paroi très lisse (métal – ciment très lisse) 100
Mortier lissé 85
Béton lisse avec joints 75
Maçonnerie ordinaire 70
Béton rugueux, maçonnerie vieille 60
Terre très irrégulière avec herbe 50
Chenal rempli de cailloux 40
120
CHAPITRE 7
SUIVI ET ENTRETIEN DES BARRAGES
121
La nécessité du suivi des barrages
- Pendant la crue, relever le niveau maximal atteint par les eaux, la durée
de la crue, le fonctionnement du déversoir, etc…
124
Mesure de la piézométrie
Pour les barrages de plus de 10 m, il est important de suivre la position de la
surface phréatique à l'intérieur de la digue.
Sonde électrique
- Nivellement
• permet de mesurer les tassements
• précision du cm est suffisante
• on dispose des repères de nivellement (bornes en béton) sur le
crête
• nivellement depuis des piliers d'observation sur les rives dans des
zones stables
127
Pathologie des barrages en terre
Causes Dégradations Conséquences
Défaut d'exécution - instabilité du remblai - affaissement
- fissuration - fuite
- lessivage de couche de pose - chute de perré
- Renard le long de conduite de prise - rupture de digue possible
Défaut de conception - griffes d'érosion sur talus aval - rupture à long terme
- érosion régressive du chenal - basculement du déversoir
- érosion talus aval par submersion - rupture digue
- fuite par des défauts de filtre
Arbres - craquage des maçonneries (bajoyers, perrés maçonnés) - érosion talus
- infiltration par racines pourries - fissures bajoyers
- rupture possible
Vagues - lessivage de couche de pose entraînant effondrement érosion corps de digue
- chute du perré
Homme - passage préférentiel érosion talus
- dérangement perré par les pécheurs
- déplacement du perré par autres usagers
Animaux - usure du parement aval par sabots d'animaux - érosion talus
- trou de crocodile - rupture digue
Crue exceptionnelle en - rupture de digue perte totale des ouvrages
retour - rupture des déversoirs
- submersion des digues
Envasement - comblement du fond de la cuvette diminution de la réserve