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CHAPITRE 6

BARRAGES EN TERRE

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6. BARRAGES EN TERRE
6.1. Introduction
6.2. Principes de conception des barrage en terre
6.2.1- Différents types de barrages en terre
6.2.2- Critères de conception des digues de barrage
6.3. Aspects géotechniques
6.3.1- Choix des matériaux
6.3.2- Identification des terres
6.4. Dimensionnements des digues de barrage
6.4.1- Aspects topographiques et hydrauliques
6.4.2- Effets des vagues et revanche libre
6.4.3- Pentes des talus 2
6.5. Protection des talus
6.5.1- Talus amont
6.5.2- Talus aval
6.5.3- crête
6.6. Infiltration et hydraulique interne
6.6.1- Introduction
6.6.2- Détermination des équipotentielles et des lignes de
courant
6.6.3- Calcul des débits de fuites
6.6.4- Protection contre le renard
6.6.5- filtres et drains

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6.1 - Introduction
• Les barrages en terre peuvent être constitués par des matériaux de
caractéristiques diverses, à la différence des barrages en béton ou
même en enrochement dont les matériaux constitutifs restent connus
dans des fourchettes beaucoup plus étroites.
• Le terme terre couvre une grande gamme de matériaux allant de
l’argile pure très fine à des éléments grossiers.
• Dans certains cas, on utilise des roches altérées facilement
compactables, tels que les latérites, les schistes et les grès tendres,
etc.
• Les volumes à mettre en œuvre pour la construction d’un barrage en
terre sont généralement important : 5 à 15 fois plus que le barrage en
béton du type poids susceptible d’être réalisé sur le même site.

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Introduction (suite)

 Pour les petits ouvrages : 20 000 à 100 000 m3 de terre.


 Les grands barrages : des millions et même des dizaines de
millions de m3.

• Le transport et la mise en œuvre des matériaux sont des éléments


essentiels du prix de revient. Le transport sur de longues distances
devient vite très onéreux.

• Sauf pour les matériaux particuliers, comme la terre destinée à la


construction de noyau ou les enrochements de qualité, des distances
de 2 à 3 km doivent être considérés comme le maximum
envisageable.

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6.2 - Principe de conception des barrages en terre
6.2.1 Différents types de barrages en terre
• Mis à part les organes annexes destinés à contrôler la filtration de l’eau
dans le massif lui-même et dans sa fondation, il existe trois schémas
principaux de structures de barrages en terre :

– Le barrage homogène,
– Le barrage à noyau étanche,
– Le barrage à masque amont.

a) Barrage homogène

• Lorsqu’on dispose sur place et en quantité suffisante des matériaux terreux


permettant d’obtenir après compactage des conditions d’étanchéité et de
stabilité suffisante, le type de barrage le plus facile à réaliser est le barrage
homogène.

• Le barrage homogène est constitué d’un massif en terre compactée


imperméable, muni d’un dispositif de drains dans sa partie aval et d’une
protection mécanique contre l’effet du batillage dans sa partie amont (figure
ci-dessous). 6
Barrage homogène

Mini 5-10% fines < 0.08 mm

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b) Barrage à masque amont

• La réalisation d’un noyau étanche peut présenter des difficultés telles


que manque de matériau convenable, difficulté de mise en œuvre, etc.
on devra comparer alors cette technique à celle d’une digue homogène
à masque amont étanche.

• Le masque amont est une paroi étanche plaquée sur le talus amont du
barrage. Il existe de nombreuses natures de masque étanche telles
que béton de ciment ou bitumineux, chapes préfabriquées, membranes
souples etc.

• Le masque amont repose en général sur une couche d’éléments fins


drainants et peut nécessiter, suivant la nature, une couche de
protection (figure ci-dessous).

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Barrage à masque amont

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c) Barrage à noyau
• Souvent l’hétérogénéité des matériaux disponibles sur place ou leurs
caractéristiques géotechniques ne permettent pas d’envisager une
digue homogène étanche. Dans ce cas une solution couramment
adoptée consiste à concevoir un massif en plusieurs zones, dont
chacune est constituée d’un matériau différent, suivant le rôle que doit
jouer chaque zone.

• La fonction d’étanchéité est assurée par un noyau étanche en matériau


argileux qui pourra être placé en amont du barrage ou au centre de
celui-ci (figure ci-dessous).

• Le noyau étanche est maintenu par une ou plusieurs zones constituées


de matériaux plus gossiers et relativement perméables, qui assureront
la stabilité mécanique de l’ouvrage.

• Lorsqu’il y a discontinuité importante dans la granularité des matériaux


des différentes zones en contact, il y a lieu d’interposer une couche
filtrante de transition entre zones (cf. critère de drains et filtres).
10
c) Barrage à noyau (suite)

• Le noyau peut être remplacé par un écran interne du type paroi


moulée.

• Le noyau interne a l’avantage d’être peu sensible aux agressions


externes. C’est une solution de longue durée et relativement peu
coûteuse.

• Il présente l’inconvénient d’être difficilement repérable en cas de


fuite.

• L’étanchéité du barrage doit être éventuellement prolongée dans


ses fondations soit par ancrage du noyau, soit en réalisant en-
dessous du noyau une coupure étanche telle que paroi moulée,
rideau d’injection, etc.

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Barrage à noyau central

12
6.2.2 Critères de conception des digues
La conception d’une digue devra répondre aux sept (7) critères suivants :

1. La digue devra être sécurisée contre les surverses vis-à-vis des


crues par l’aménagement d’un évacuateur de crues de capacité
suffisante. A cet aspect devra s’ajouter celui de la possibilité de
vidange.

2. Les pentes des talus devront être stables pendant la construction,


pendant la mise en eau et la mise en exploitation de l’ouvrage, ainsi
que dans le cas de vidange rapide.

3. La digue devra être conçue de manière à ne pas imposer des


pressions excessives à la fondations (capacité portante du sol de
fondation).

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Critères de conception des digues (suite)

4. Les infiltrations à travers la digue et le sol de fondation doivent être


limitées et contrôlées de façon à éviter les risques de renard.

5. La digue doit être sécurisée vis-à-vis de l’effet des vagues.

6. Le talus amont doit être protégé contre le batillage (pompage des


matériaux par l’action des vagues), la crête et le talus aval contre
l’érosion du au vent et au ruissellement des eaux de pluies.

7. Si le barrage est dans une région sujette à des séismes, sa


conception sera tel que le séisme le plus sévère raisonnablement
prévisible, n’endommage pas la fonction de la structure .

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6.3 – Aspects géotechniques
6.3.1 Choix des matériaux

Un reconnaissance à la tarière à main ou avec un appareil de sondage


permet de faire des reconnaissances et des prélèvements d’échantillons
pour analyser les sols et délimiter l’étendue des éventuelles ballastières.
Il existe peu de sols qui ne puissent pas vraiment pas convenir à la
construction d’un barrage en terre ; mis à part les terres très organiques
(tourbes) qui peuvent présenter des tassements très importants et les
terres contenant des éléments solubles dans l’eau (gypse et sel).

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• Les autres pourront en général, être utilisées sinon pour un barrage
homogène, du moins associées à d’autres dans un barrage à zones.

• On éliminera les terres contenant plus de 6% de matières organiques


(6% en poids, la mesure étant faite par brûlage à l’eau oxygénée d’un
échantillon contenant des éléments organiques d’un échantillon qu’on a
porté à ébullition dans de l’eau distillée) et celles qui contiennent du
gypse reconnaissable par sa couleur très blanche ou du sel
reconnaissable à sa structure cristalline et à son goût.

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6.3.2 Identification des terres
Les caractéristiques les plus importantes pour le choix des matériaux de la
digue sont les caractéristiques granulométriques complétées par les
limites d’Atterberg précisant la nature de la portion fine des terres. On a
une idée plus ou moins précise de ces caractéristiques selon qu’on les
mesure au laboratoire ou qu’on les estime par des tests rapides sur place.

• Au laboratoire

La courbe granulométrique est tracée après un tamisage et


éventuellement complétée par une sédimentométrie.

Les limites d’Atterberg sont déterminées selon des essais normalisés sur
la fraction inférieure à 0,5 mm.

• Il s’agit également de déterminer pour les échantillons de sols la teneur en


eau naturelle, l’essai au bleu de méthylène, le poids spécifique des grains
et le poids volumique apparent.

• On réalise environ un essai pour 10 000 m3 de matériaux à mettre en


œuvre. 17
• Sur la base des dimensions granulométriques, on définit dans la
classification internationale :

• La granulométrie est rarement située à l’intérieur de l’une des tranches


granulométriques. On nommera un sol limon argileux ou sable argileux,
etc. selon l’importance des divers constituants.

• Les limites d’Atterberg renseignent sur la plasticité du sol c’est-à-dire sur


l’étendue de la plage de teneur en eau à l’intérieur de laquelle le sol
remanié a un comportement plastique, c’est-à-dire « pâteux ». L’abaque
de plasticité de Casagrande d’finit une classification des sols fins au seul
vu des limites de liquidité et de plasticité (Diagramme de plasticité de
Casagrande) .

• Tests de chantier : Classification du Bureau of Reclamations :

La granulométrie est jugée à l'œil en séparant les éléments visibles à l'œil


nu des autres et dans ceux qui sont visibles à l'œil nu, ceux qui sont plus
petits ou plus gros que 5 mm, enfin en estimant la continuité de la
18
granulométrie.
Diagramme de plasticité de Casagrande

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Pour les éléments fins on remplace les limites d'Atterberg par les tests :

• Secousse :
On prend dans la paume un échantillon de sol saturé et on lui imprime
des secousses ; la surface devient brillante. On écrase la boule entre
les doigts :

– si la surface devient immédiatement terne : pas de plasticité ; c'est


un sable très fin, un silt, un sol peu plastique.
– Si la surface devient terne lentement : faible plasticité, limon
moyennement plastique, argile silteuse.
– la surface ne change pas d'aspect : grande plasticité, sol argileux.
Pour ces sols il a été difficile de faire apparaître la luisance de la
surface.

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• Résistance à sec
On pétrit une petite quantité de sol (10 grammes) saturé. on le laisse sécher
au soleil et on l'écrase entre les doigts :
– s'il est presque impossible d'écraser l'échantillon : argile très plastique
– Si la résistance est faible : il peut s'agir d'un sable très fin, dans ce cas
la surface est rugueuse ; ou d'un limon dans ce cas la surface est
douce.

• Plasticité
On exécute des rouleaux de 3 mm de diamètre puis on les remodèle pour
faire une boule :
– Si le fil est résistant et la boule facile à refaire le sol est très plastique
– Si le fil est fragile et le remodelage impossible, le sol est de faible
plasticité.

• Classification
Un tableau permet ensuite de classer les terres ; on peut même ainsi définir
un ordre d'aptitude pour les barrages parmi ces terres (cf systèmes de
classification). 21
D'autres grandeurs doivent être mesurées pour identifier
véritablement une terre ; ce sont :
– La teneur en eau : rapport du poids de l'eau contenu dans un
échantillon de sol à son poids lorsqu'il est sec.

ω = Poids d’eau /poids de sol sec [%]

Cette grandeur est intéressante à connaître en particulier pour le


compactage.

– La masse volumique des grains de sol.


– L'indice des vides, e (volume des vides divisé par le volume des
grains) ou la porosité (volume des vides divisé par le volume
total de l’échantillon)

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A partir du tableau de classification, on peut tirer le résumé suivant :
Toutes les autres conditions étant les mêmes, la perméabilité est plus
grande :
– pour les terres à gros grains que pour les terres à grains fins,
– pour les terres à granulométrie étroite que pour les terres à
granulométrie étendue,
– pour les terres légères que pour les terres lourdes.

La résistance au cisaillement est plus grande :


– pour les terres à gros grains que pour les terres à grains fins,
– pour les terres à granulométrie étendue que pour les terres à
granulométrie étroite.

Le tassement est plus grand :


– pour les terres à grains fins que pour les terres à gros grains,
– pour les terres à grains ronds que pour les terres à grains anguleux,
– pour les terres à granulométrie étroite que pour les terres à
granulométrie étendue,
– Pour les terres légères que pour les terres lourdes. 23
La densité est plus grande :
– pour les terres à gros grains que pour les terres à grains fins,
– pour les terres à grains ronds que pour les terres à grains anguleux,
– pour les terres à granulométrie étendue que pour les terres à
granulométrie étroite.

Quelques commentaires pratiques pour le choix des matériaux

Les matériaux aptes à la construction des digues doivent avoir les


caractéristiques principales suivantes :

– Proportion d'éléments fins < 0,1 mm (tamis 0,080 mm, module 20)
comprise entre 20 % et 70 %.
– Proportion d'éléments inférieurs à 0,05 comprise entre 10 % et 40 %.
– Equivalent de sable inférieur à 40.
– Perméabilité inférieure ou égale à 10-7 m/s après compactage.

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Qualité des matériaux selon I'USBR
1. Sols bons à excellents
- SM (Sables limoneux, mélange mal calibré de sable et de limon).
- SC (Sables argileux).

2. Sols moyens à bons


- SM. et SC ; CL** (argile peu plastique)
N.B. : ** Pour ces sols, prévoir des protections superficielles soignées.

3. Sois moyens à passables


– ML (limons inorganiques, sables très fins, farine de rocher, sables fins
limoneux à faible plasticité)
– CM (argile inorganique à grande plasticité)
– OL** (limons organiques, mélanges de limons et argile organique à faible
plasticité).
N.B. : ** Ces sols présentent l'inconvénient de grands risques de retrait
et de tassement

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4. Sols mauvais
– GW, GP, SW et SP (graviers, sables, mélanges et graviers et de sables
peu ou pas fins)
N.B. : Ces sols donnent des massifs perméables.

– 4.2. MH, CH, OH (limons inorganiques, sables fins ou limons micacés,


argiles organiques a plasticité moyenne et élevée).
N.B. : Ces sois présentent de très forts tassements après mise en
œuvre.

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6.3.2 Influence des caractéristiques d’identification des terres sur
leurs propriétés mécaniques et hydrodynamiques :

1. La perméabilité :

On sait que le coefficient de perméabilité k mesure l’aptitude d’un sol a se


laisser traverser par l’eau. L’expérience montre que la vitesse fictive
d’écoulement de l’eau dans le sol est proportionnelle à ce coefficient k et au
gradient hydraulique ∆H/∆l le long de l’écoulement (Darcy). On montre que
l’expression de cette perméabilité peut s »écrire sous la forme :

g
1 e3
k = C⋅ ⋅ 2 2 ⋅
υ ρs S 1+ e
C = coefficient de forme
g = accélération de la pesanteur
υ = viscosité cinématique de l'eau
ρs = masse spécifique des grains de sol (peu variable d'un sol à l'autre)
S = surface spécifique des gains (surface extérieure de l'unité de poids des grains).
e = indice des vides.
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La perméabilité d'un sol est donc avant tout fonction de la surface
spécifique des grains qui elle–même varie considérablement avec la
dimension de ceux- ci : S est grand pour les sols fins (S est inversement
proportionnel au diamètre). Les argiles sont donc les sols les plus
imperméables d'où leur utilisation comme masques d'étanchéité dans les
barrages.

L'indice des vides intervient aussi dans l'expression de cette perméabilité :


un sol compacté e petit) est moins perméable qu'un sol lâche.

On pourra donc utiliser un matériau pour une digue homogène que s’il
contient un minimum de 5 à 10% d’éléments plus petits que 0,080 mm ;
pour un noyau d’un barrage à zone il faut un minimum de 20 à 30%
d’inférieurs à 0,080 mm.

La perméabilité doit être inférieure à 10-6 – 10-8 m/s pour que le matériau
puisse être utilisé comme organe d’étanchéité.

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2. Résistance au cisaillement

La résistance maximum au cisaillement d'un sol


obéit en général à la loi de Coulomb :
σn
τ = C + σn tan φ
τn
plan
Où : τ = Contrainte de cisaillement sur le plan
sur lequel s'exerce la contrainte normale σn.

C et φ des caractéristiques intrinsèques du sol.


C est la cohésion et φ l'angle de frottement
interne.

Dès qu'il existe un plan a l'intérieur d'un sol soumis a un état de contrainte
homogène sur lequel la contrainte de cisaillement atteint la valeur τ = c +
on tan φ, il y a glissement le long de ce plan.

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La cohésion qui est due à l'attraction des particules les unes vers les autres
dépend de la dimension des particules ; en effet cette attraction est
provoquée soit par les tensions capillaires que produit l'eau en contact avec
les gains, soit par les phénomènes d'attraction électriques entre l'eau et les
grains. L'une et l'autre force sont d'autant plu fortes que les intervalles entre
grains et donc les grains eux-mêmes sont plus petits. Une argile pourra
présenter une forte cohésion (ordre du kg/cm2) ; un sable fin une très légère
cohésion s'il est humide, (ordre du gramme/cm2) ; un gravier n’aura jamais
aucune cohésion.

L'angle de frottement est du à la rugosité de la surface d'un sol : pour


cisailler selon un plan il faut désenchevêtrer les grains : ce
désenchevêtrement est plus facile pour les grains fins que pour les gros ;
plus facile pour les grains ronds et lisses (galets roulés - torrents) que pour
les grains anguleux (concassés) les angles de frottement pourront varier
entre 25 à 50° selon les types de sol.

30
• Mais la différence de résistance mécanique entre les différentes terres
provient essentiellement du fait que sur un sol saturé les caractéristiques
intrinsèques C et φ peuvent être mobilisées instantanément si les grains
sont gros, elles ne peuvent être mobilisées qu'après un temps très Iong si
les grains sont petits.

• En effet, dans ce cas, l'eau est emprisonnée entre les grains. Si l'on
exerce un effort à la surface d'un sol fin saturé toute diminution ou
augmentation de volume du sol étant empêchée par la présence des
grains et de l'eau incompressibles, l'effort se traduira immédiatement par
une surpression dans l'eau qui ne se dissipera que lorsque l'eau aura pu
être suffisamment chassée pour que la pression de l'eau reprenne sa
valeur d'équilibre.

• La loi de Coulomb définissant C‘ et φ‘ caractéristiques dites


"intergranulaires" ne considère que les contraintes intergranulaires (de
gains à grains).

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τ = C’ + σn’ tan φ’ = C’ + (σn’- u) tan φ’

L'effort appliqué sur le sol entraîne à l'instant initial une modification ∆u de


la contrainte interstitielle et aucune modification de la contrainte
intergranulaire. Ainsi la contrainte de cisaillement maximum.

τ = C’ + σn’ tan φ’ n'a pas changé , elle va s'améliorer au cours du temps


jusqu'à ce que la contrainte interstitielle soit redescendue sa valeur -
d‘équilibre et que l'effort soit encaissé par les grains uniquement (σn’ aura
alors augmenté sa valeur de ∆u et τ admissible de ∆u tan φ).

C'est la raison pour laquelle un sol fin est plus fragile qu'un sol à gros grains
et pour laquelle aussi on définit pour les premiers des caractéristiques Cu et
φu dites "apparentes" ou "non drainées" et des caractéristiques C' et φ’ dites
"intergranulaires" ou drainées.

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• Les caractéristiques Cu et φu sont mesurées en effectuant un essai rapide
(ou non drainé) à l'appareil de cisaillement ou au triaxial. Pour utiliser Cu et
φu apparents il faut écrire la loi de Coulomb :

τ = Cu + σn tan φu

Les contraintes σn étant des contraintes totales.

Les caractéristiques "intergranulaires" C’ et φ’ sont mesurées en effectuant


un essai lent (ou drainé) avec les mêmes appareils. La loi de Coulomb
utilisant les caractéristiques C' et φ’ devra faire intervenir les contraintes
intergranulaires :
τ = C’ + σn’ tan φ’
Ordres grandeurs :
C’ varie de 0 pour un sol à gros grains à 1 ou 2 kg / cm2
pour une argile saturée surconsolidée.
φ’ entre 25° pour une argile à 45 – 50° pour un gravier concassé.

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C’ varie entre 0 et quelques kg / cm2 pour une argile.

φ’ varie entre 0° (argile saturée) et φ’ pour les sols grossiers.

3. Compressibilité

Sous l ’action d’une charge les grains de sol modifient légèrement leur
arrangement, il s’ensuit un tassement dont l’importance dépend de la
nature du sol. D’autre part comme pour la résistance au cisaillement le
sol, s’il est fin présente un tassement instantané (correspondant à un
comportement non drainé) et un tassement différé qu’on appelle
« consolidation ». Cette distinction ne se justifie pas pour les sables et
graviers puisqu’elle est due à l’apparition des pressions interstitielles sous
la charge et à leur dissipation dans le temps. On étudie les tassements à
l’aide de l’essai œdométrique qui permet de définir :

- le module œdométrique E = - ∆σ/∆h/h0.

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- l’indice de compression Cc = - ∆e/∆log σ dans la partie linéaire
de la courbe e = f(log σ) (voir figure ci-dessous)

Représentation d’un essai de consolidation :


Indice des vides en fonction du logarithme de la contrainte effective
35
L’indice de compression et le module œdométrique sont liés :
1+ e
E0 = 2,3σ
Cc
En dépit de la souplesse des barrages, les tassement doivent rester limités,
des valeurs très importantes pourraient provoquer des fissurations en
particulier s’il s’agit de barrage à zones dont les terres ne tassent pas de la
même façon. Les tassements peuvent être dus aux fondations de l’ouvrage, il
y a dons lieu de reconnaître ces fondations, ou la digue elle-même, on
cherche à les réduire en effectuant un bon compactage.

- Tassement s des sols à gros grains : il s’agit de tassement instantané.


L’importance de ces tassements est faible, la compression des sables et
graviers étant faibles : les modules œdométriques sont rarement inférieurs à
500 bars dans ces sols.

- Tassements des sol fins : l’essai œdométrique sur ces sols saturés permet
d’étudier le tassement final à prévoir et la durée de ce tassement. On utilise
plutôt l’indice de compression Cc pour prévoir les tassements finaux.
Skempton a trouvé une corrélation entre Cc et la limite de liquidité ωL.

Cc = 0,009 (100 ωL – 10) (SKEMPTON) 36


Une argile est donc d’autant plus compressible qu’elle est plus plastique (ωL
grand). Par ailleurs elle est d’autant plus compressible que sa teneur en
eau en place est plus forte. L’étude du tassement en fonction du temps
s’effectue aussi à l’ œdomètre. Le tassement instantané pour les argiles ne
représente qu’une petite partie du tassement final et de toutes les façons il
n’est pas dangereux puisqu’on peut le rattraper en cours de construction. Il
est par contre intéressant de limiter au minimum le tassement qui se
produira ultérieurement. C’est la raison pour laquelle il arrive que l’on
réalise des remblais plus hauts que prévus et qu’on arase après un certain
temps, à la côte définitive : c’est ce qu’on appelle le préchargement.

4. Gonflement et retrait
Dans les sols fins l’eau occupe les intervalles très petits entre les grains ; la
tension capillaire dans ce cas est importante, au cours du séchage les filets
liquides se séparent, les courbures des ménisques augmentent et la tension
capillaire croît ; tout ce passe comme si à égalité de tensions capillaires la
pression extérieure appliquée au sol avait augmentée de la grandeur ∆p :ce
qui entraîne une diminution du volume : c’est ce qu’on appelle le retrait.
Celui-ci se manifeste donc particulièrement dans les zones exposées à l’air,
les zones plus profondes n’étant pas soumises à la dessiccation.
37
Ainsi il y a retrait en surface et pas en masse : des fissures apparaissent qui
peuvent compromettre un ouvrage si elles sont importantes. Le gonflement
est un problème inverse qui se manifeste à l’humidification des sols fins.

Le retrait et le gonflement peuvent se mesurer à la variation de l’indice des


vides.
σ + ∆p
∆e = − C ∆ log σ = − C log
σ
Ο : σ = étant la pression initiale avant la variation de la pression capillaire.
∆e = variation d’indice des vides (∆e est d’autant plus important que σ
est faible (proche de la surface) et que C est grand.
C = coefficient de gonflement, il est équivalent à un indice de
compression mais est mesuré au gonflement sur un échantillon que l’on
porte à saturation.

Il est prudent de se limiter à des valeurs de C inférieurs à 0,07 pour


l’utilisation dans les barrages en terre. Là encore les terres les plus
gonflantes et qui présente le plus de retrait sont celles ayant le plus fort
indice de plasticité (corellation de Seed et Al.). 38
A titre indicatif : une argile compactée à l’optimum Proctor Standard
gonflera d’environ :
3% si son IP = 20
9% ‘’ ‘’ IP = 30
20% ‘’ ‘’ IP = 40
32% ‘’ ‘’ IP = 50
D’après Seed.

D’autres corrélations du gonflement avec les propriétés de classification des


sols d’après Holtz (1959) et USBR (1974) (Tableau ci-dessous :

Degré Expansion probable Teneur en Indice de Limite de


d’expansion en% de la variation colloïdes plasticité retrait
de volume totale % - 1 µm IP ωR
Très élevé > 30 > 28 > 35 < 11

Elevé 20 – 30 20 – 31 25 – 41 7 – 12

Moyen 10 – 20 13 – 23 15 – 28 10 – 16

Faible < 10 < 15 < 18 < 15

39
5. Aptitude au compactage

Le compactage des terres (équivalent à un écrouissage) à pour but


d’améliorer toutes les propriétés mécaniques de celles-ci : augmentation de
cohésion et de l’angle de frottement, diminution de la compressibilité,
diminution de la perméabilité, etc. Afin de tirer parti de cette possibilité
d’amélioration on choisira entre deux terres, comparables par ailleurs, celui
qui prête mieux au compactage.

Les sols dont la granulométrie est comprise dans les fuseaux dits de
TALBOT présente cet avantage.
r
 D 
P =  
 Dmax 
Où : P = pourcentage en poids de grains dont le diamètre est inférieur à D,
Dmax = dimensions de particules les plus grosses de l’échantillon,
r = coefficient compris entre 0,25 et 0,40, ces deux valeurs définissent
deux granulométrie qui sont les limites du fuseau.

40
Exemple de fuseau de TALBOT

CAILLOUX GRAVIER GROS SABLE SABLE FIN LIMON ARGILE

100

90
SOL
Pourcentage tamisats cumulés

80
Limite sup. TALBOT
70
Limite inf.. TALBOT
60

50

40

30

20

10

0
100 10 1 0,1 0,01 0,001 0,0001

Ouverture tamis Dimension [mm] équivalent sédimentomètrie

Norme : NF P-94 056 Norme : NF P-94 057

41
cette condition n’est pas impérative, un sol qui s’écarte du fuseau peut
convenir s’il présente par ailleurs des caractéristiques suffisantes.

- Plus simplement, on peut définir un coefficient d’uniformité Cu = D60/D10


minimum pour qu’un sol puisse se compacter correctement. Cette valeur
est proche de 50.

- Les terres trop plastiques sont à éviter car ils se compactent difficilement
tout en exigeant souvent beaucoup d’eau. On a intérêt à se limiter à des
valeurs de IP <15.

6. Le compactage
Préalablement une opération de compactage au laboratoire doit préciser la
valeur vde la teneur en eau et de la densité sèche que l’on doit obtenir.
Cette étude est réalisée au moyen des essais PROCTOR.

On réalise un compactage sur la portion fine (<5 mm) des terres dans un
moule cylindrique au moyen d’un pilon tombant d’une hauteur fixée.
42
Ce compactage est réalisé sur la même terre pour différentes teneurs en
eau. Par pesage et séchage on détermine la densité sèche et la teneur en
eau correspondant à chaque compactage. La courbe suivante est ainsi
obtenue.

On peut faire le même essai pour différentes valeurs de l’énergie de


compactage, les courbes ont l’allure indiquée par la figure suivante: plus
l’énergie de compactage est forte, plus la teneur en eau optimum est faible
et bien sûr que le poids volumique apparent maximum est grand. Les
courbes expérimentales sont limitées à droite par la courbe de saturation
(Sr = 100%) correspondant au sol dont tous les vides sont occupés par
l’eau, la zone située au dessus de cette courbe est inaccessible.
L’expression de cette courbe est :

γ ω Sr
γd = Où : γs = poids spécifique des grains
γ
ω + ω Sr γd = poids volumique apparent maximum
γs ω = teneur en eau du sol
Sr = degré de saturation

43
Courbe de compactage Proctor standard et modifié.
44
il existe deux normes de compactage au laboratoire qui définissent les
énergies de référence :

- norme Proctor Standard ou Normal


- norme Proctor Modifié.

Les cahiers des charges exigent en général en place après compactage,


une densité sèche supérieure ou égale à 95% de celle correspondant à
l’Optimum Proctor (l’un ou l’autre).

6. Le Influence des cailloux sur la densité en place

Les essais Proctor sont réalisés sur des échantillons débarrassés de leurs
gros éléments (plus gros que 5 mm), pour commodité de l’expérimentation.
On étudie ainsi la portion la plus fine c’est-à-dire la plus importante et elle
détermine les caractéristiques essentielles du mélange. Toutefois la
présence de cailloux à tendance à augmenter la densité sèche et il est
intéressant de connaître comment. 45
• Soit γ1 : le poids volumique sec de la terre fine (<5 mm) obtenu à
l’optimum Proctor.

• Soit γ2 : le poids volumique sec des cailloux seuls. Cette mesure peut
être obtenue par exemple en remplissant un volume connu et en
pesant ce volume. Il n’est pas nécessaire de compacter, le compactage
a un effet réduit sur les blocs seuls.

Si l’on suppose que dans les cailloux seuls on ajoute de la terre fine, celle-ci
pourra se loger dans les vides laissés entre les grains jusqu’à les avoir tous
remplis. Ainsi le poids volumique du mélange n’aura pu qu’augmenter
depuis γ2 jusqu’à une valeur maximale après laquelle rajouter de la terre
revient à augmenter le volume du mélange.

Le poids volumique du mélange γm est donc limité à une valeur maximale


qu’on peut calculer en supposant que tous les vides sont occupés par de la
terre fine compacté à sa densité γ1.
γ s + eγ 1 e
γm = = γ 2 + γ1
1+ e 1+ e
Dans ce cas la proportion maximum de cailloux est égale à :
46
γs γs
m= avec e = −1
γ s + eγ 1 γ2
γs
e Terre fine m=
γ1 e γ 
γ s +  s − 1γ 1
γ2 
Exemple : γs = 2,6, γ1 = 2,0
1 γ2 = 1,73, γm = 2,4 pour m = 72%
Cailloux
γs
On admet en général une loi de proportionnalité du type :
γ s ⋅γ1
γm =
m  m 
γ1 ⋅ + γ s ⋅ 1 − 
100  100 

Tant que m la proportion en poids des cailloux est faible, inférieure à la


valeur calculée précédemment.

En fait, tant que la proportion reste inférieure à 1/3 environ l’ensemble


possède les propriétés mécaniques de la portion fine seule, au-delà les
propriétés changent et il est bon dans ce cas d’étudier le mélange et
non la portion fine. 47
6.4. Dimensionnement des digues de barrage
6.4.1. Aspects topographiques et hydrauliques

1. Hauteur de la digue (E)

Dans le langage courant la hauteur d’un barrage (E) est égale à la


hauteur normale de la retenue des eaux (H) majorée de la charge
maximale au dessus du déversoir de crue (h = 1,5 m au maximum
pratique h = 1,20 m) et de la revanche (R).

E=H+h+R

La hauteur totale du barrage serait la hauteur E ci-dessus


augmentée de la hauteur de traitement des fondations.

48
Hauteur d’une digue

49
2. Plan d’Eau Normal (PEN) ou niveau de retenue

le plan d’eau Normal (hauteur de retenue normale) est calculé selon la


capacité utile à stocker pour satisfaire les objectifs et les pertes. On prend
en compte une tranche morte en fond de retenu pour emmagasiner les
dépôts. Cette tranche devrait intégrer la notion de volume sanitaire et de
stock de sécurité (éviter d’assécher la retenue et assurer la continuité de
l’approvisionnement des hommes et du bétail). La tranche morte pourrait
être prise de l’ordre de 1 à 2 m ou quelques fois moins sur les ouvrages de
moins de 5 mètres de hauteur.

3. Niveau des Plus Hautes Eaux (PHE)

le niveau des Plus Hautes Eaux (PHE)est égal au niveau de la retenue


augmenté de la lame d’eau au déversoir compte tenu de l’effet de laminage.

50
4. Revanche (R)

La revanche libre (R) est une tranche comprise entre le PHE et la crête du
barrage. Cette hauteur appelée revanche permet de protéger la digue des
risques de débordement. Le calcul de la revanche tient compte de la
hauteur des vagues qui se forment sur le plan d’eau et la projection de l’eau
vers le haut du barrage due à la vitesse de propagation des vagues lorsque
celles-ci rencontrent le barrage.

5. Largeur en crête (lc)

La largeur en crête doit être suffisante pour autoriser la circulation d’engins


pour la finition de l’ouvrage et ultérieurement pour son entretien. En
pratique, la largeur en crête (lc) est supérieure à 3 mètres.

pour des digues de hauteur supérieure à 3 m, on adopte souvent : lc = E/3.

Quelques formules:

KNAPPEN : lc = 1,65 E lc et E en mètres


51
PREECE: lc = 1,1 E + 1 lc et E en mètres

Autres formules : lc = 3,6 E − 3 lc et E en mètres

N.B. : Dans le cas des matériaux sableux, la largeur en crête doit être supérieure à
ces valeurs.

6.4.2. Effet des vagues et revanche libre

la hauteur des vagues provoquées par les vents dans la retenue dépend de
la vitesse du vent, de al durée du vent, du fetch (longueur du plan d’eau
exposée au vent), de la profondeur de l’eau et de la largeur du plan d’eau.

la hauteur des vagues à l’approche du talus amont de la digue du barrage


est diminuée du fait de l’augmentation de la profondeur et/ou du fait du
rétrécissement en largeur du plan d’eau.

En ce qui concerne le contact des vagues avec le talus amont du barrage,


l’effet des vagues est influencé par l’angle d’incidence, la pente du talus
amont, la texture de la surface du talus.
52
La hauteur des vagues peut être calculée selon les formules empiriques:

• Mallet et Pacquant :
1 1
h= + f h = hauteur des vagues en mètres
2 3
f = fetch en kilomètres

La vitesse de propagation des vagues de hauteurs comprises entre 0,5 et 2


m est donnée par la formule :

3 2
V= + h [ m]
2 3
h = hauteur des vagues en mètres

la revanche libre est donnée par la formule :


53
 V2 
R = A ⋅  h +  [ m]
 2g 

Où : h = hauteur des vagues [m],

V = vitesse de propagation des vagues [m/s],

g = accélération de la pesanteur [m/s2],

A = coefficient de sécurité entre 1 et 2 (souvent A = 0,75).

L’American Society of Civil Engineers propose des valeurs des hauteurs de


vagues en fonction de la vitesse du vent et du fetch ( tableau ci-après)

54
• Tableau de l’American Society of Civil Engineers :
Fetch [miles] Vitesse du vent Hauteur des vagues
[miles/heure] [pieds]
1 50 2,7
1 75 3,0
2,5 50 3,2
2,5 75 3,6
2,5 100 3,79
5 50 3,7
5 75 4,3
5 100 4,8
10 50 4,5
10 75 5,4
10 100 6,1

1 mile = 1,61 km
1 pied = 0,305 m

55
Toutes ces conditions affectant l’exposition du barrage au vent doivent être
considérées dans le choix de la vitesse maximum du vent.

La revanche libre normale est calculée selon un vent de vitesse 100 miles/heure et la
revanche libre minimum selon un vent de 50 miles/heure.

Fetch [miles] Revanche libre Revanche libre


1mile = 1,61 km normale [pieds] minimum [pieds]
Inférieur à 1 4 3
1 5 4
2,5 6 5
5 8 6
10 10 7

N.B. : Dans le cas où le barrage est situé dans une région très froide ou dans une
région très chaude et sèche, et particulièrement si les matériaux utilisés pour le corps
de digue sont du type CL et CH, une augmentation de la revanche libre sera
envisagée pour des fetchs de 2,5 miles ou inférieurs.

Il est aussi recommandé d’augmenter les valeurs de revanches libres du tableau ci-
dessus de 50% en cas de revêtement lisse du talus amont.
56
• Formule de STEVENSON :
Pour F < 18 km, h = 0,75 + 0,34 f − 0,36 4 f
Pour F > 18 km, h = 0,34 f

F = fetch en km et h = hauteur des vagues en mètres

Ces formules sont valables que pour un vent ne dépassant pas 100 km/h.

• Formule de MOLITOR :
Pour F < 30 km, h = 0,76 + 0,032 Uf − 0,26 4 f
Pour F > 30 km, h = 0,032 Uf
F = fetch en km, U = vitesse du vent en km/h et h = hauteur vagues en m.

N. B. : La formule de MOLITOR donne une hauteur de vague non nulle pour U = 0,


ce qui est anormal. Ces formules empiriques ne sont valables que pour des vents
de vitesse appréciable.
57
• Formule de GAILLARD :

La vitesse de propagation des vagues peut être évaluées


approximativement par la formule :

V = 1,5 + 2 h

Où : V = vitesse de propagation des vagues [m/s]


h = hauteur des vagues [m].

L’effet de la projection des vagues vers le haut du parement amont peut


être évalué en calculant le terme V2/2g.

Finalement, la revanche libre minimum pour tenir compte de l’action des


vagues peut être prise approximativement égale à :

R = 0,75 h + V2/2g

La revanche doit en outre permettre de compenser le tassement du barrage


après sa réalisation.

58
Remarques :
Dans certains grands barrages en terre, la revanche totale dépasse 5 m et
peut même atteindre 10 m. Cependant, en général, elle n’est pas aussi
forte. Ainsi le Bureau of Reclamation admet une revanche totale de 2,5 m
pour les barrages inférieures à 60 m de haut, reposant sur fondations
rocheuses, et si le réservoir ayant une capacité supérieure à 12 millions de
m3, la longueur du fetch est inférieure à 8 km. Lorsque l’une des conditions
fait défaut, la revanche totale minimale est portée à 3 m.

Ces valeurs s’appliquent aux cas d’un déversoir muni de vannes. Dans le
cas d’un déversoir libre, la revanche peut être réduite jusqu’à 3 m.

On pourra adopter les valeurs de revanche libre minimale ci-après :

• Barrages de moins de 10 m de haut : 0,80 ≤ R ≤ 1,50 m

• Barrages de plus de 10 m de haut : 1,50 ≤ R ≤ 2,00 m

59
Il est préférable d'utiliser l'abaque suivant dressé à la suite de
nombreuses observations océanographiques corrigées par les
Ingénieurs de l'Armée pour tenir compte du fetch relativement court
mesuré dans les retenues de barrage.

Cet abaque fait intervenir la durée minimum pendant laquelle un vent


de vitesse donnée doit souffler à la surface d'une retenue pour que la
hauteur des vagues produites atteigne le maximum correspondant à
la valeur indiquée par l'abaque.

Exemple : il faut qu'un vent de 40 k/h souffle au moins pendant 2 H


30 mn pour que, sur une retenue ayant un fetch de 16 km, les vagues
atteignent leur hauteur maximale de 1.20 m.

60
____ Hauteur maximale des vagues en mètres; ------- Durée du vent en heures

Détermination de la hauteur maximale des vagues d’après US Army Corps of Engineers


61
Remarque : Dans les cas où le barrage est situé dans une région
très froide ou dans une région très chaude et sèche, et
particulièrement si les matériaux de construction utilisés pour le
corps de digue sont du type CL et CH, une augmentation de la
revanche libre sera envisagée pour des fetchs de 2.5 miles ou
inférieurs.

Il est aussi recommandé d'augmenter les valeurs de revanches


libres du tableau ci-dessus de 50 % en cas de revêtement lisse du
talus amont.

62
6.4.3. Pentes des talus
Pour étudier la stabilité du système, on cherche les conditions d'équilibre
d’une masse de sol susceptible de glisser selon une ligne (ou surface) de
glissement possible.

Par souci de simplification, on retient comme forces sollicitant la masse de


sol en glissement :

- Le poids W qui exerce un moment moteur tendant à faire pivoter la masse


de sol le long de la ligne de glissement,

- Les contraintes de cisaillement le long de la ligne de glissement qui


exercent un moment résistant pour équilibrer le moment moteur.

Puisque le talus est en équilibre stable, la distribution des contraintes de


cisaillement τ le long de la ligne de glissement n'est pas une distribution de
contraintes critiques. On dispose donc d'une certaine marge de sécurité que
l'on apprécie à l'aide d'un coefficient de sécurité F.

63
La définition du coefficient de sécurité des talus à l'égard de la rupture
demeure une des questions les plus controversées de la mécanique des
sols. Plusieurs approches ont été proposées sans pour autant qu'il ne soit
possible de trouver une synthèse pleinement satisfaisante. Le débat reste
donc ouvert !

A chaque ligne de glissement, correspond une valeur numérique précise


du coefficient de sécurité F. On peut rechercher la ligne de glissement
pour laquelle on obtient la valeur la plus faible de F.

Ainsi il existe plusieurs méthodes de calcul de stabilité des pentes :

- Méthodes des tranches de BISHOP


- Méthode de YANBU
- Méthode de Fellenius

64
A titre indicatif, le tableau ci-après donne quelques valeurs donne quelques
valeurs de dimensionnement qui devront être confirmées par une étude de
stabilité.

Quelques valeurs forfaitaires de dimensionnement des pentes de talus de


digues de barrage

Pentes des talus


Hauteur du barrage
Type de barrage
[m] Amont Aval

Inférieure à 5 m - Homogènes 1/2,5 1/2


- A zones 1/2 1/2

Entre 5 et 10 m - Homogène, granulométrie étendue 1/2 1/2


- Homogène à fort % d’argile 1/2,5 1/2,5
- A zones 1/2 1/2,5

Entre 10 et 20 m - Homogène, granulométrie étendue 1/2,5 1/2,5


- Homogène à fort % d’argile 1/3 1/2,5
- A zones 1/2 1/3
65
6.5. Protection des talus
Les talus doivent être protégés contre les dangers provoqués par les vagues
de la retenue, par le ruissellement de la pluie ou par les vents. Il faut prévoir
parfois une protection (enrochement, béton, grillage) contre les animaux
fouisseurs qui peuvent creuser des terriers dans la digue.

6.5.1. Le talus amont :

La protection du talus amont doit être assurée contre le batillage ou action


érosive des vagues.

1. Enrochement en vrac ou rip-rap

C’est le matériau le plus utilisé pour la protection des talus amont.


Quelquefois, il peut s’avérer économique dans les possibilités de protection
de talus aval. Il y a nécessité de entre l’enrochement et le remblai une
couche de transition (couche pose filtrante)d’épaisseur d’environ 20 à 30 cm,
constituée de gravier et de sable (tout venant gravillonnaire) de
granulométrie appropriée. Pour être stable, ce filtre doit avoir F85 > 25 mm.
66
Si la hauteur des vagues est supérieure à 1,50 m, on fixera F85 > 40 à 50
mm. A noter qu’une seule couche de granulométrie convenable suffit en
général.

• L’épaisseur minimum de la couche d’enrochement est donnée par la


relation suivante utilisée par la « Tennessee Valley Authority » (TVA) :

e = CV2
Où : e = épaisseur minimum de la couche d’enrochement [m]
V = vitesse des vagues selon la formule de GAILLARD [m/s]
C = coefficient dépendant de la pente du talus et du poids spécifique
de l’enrochement utilisé.

Les valeurs du coefficient C est données au tableau ci-après.

Quand aux dimensions des éléments elles seront telles que 50% de
l’enrochement soit constitué de blocs d’un poids égal ou supérieur au poids
calculé par la formule :

67
P = 0,52 γ e3 (P est donné en tonnes quand e est en mètres).

Tableau pour différentes valeurs de C en fonction de la pentes des talus et de γs

Pente du talus Valeurs de C pour différents poids spécifiques


γS = 2,50 γS = 2,65 γS = 2,80
1/12 0,024 0,022 0,020
1/4 0,027 0,024 0,023
1/3 0,028 0,025 0,023
1/2 0,031 0,028 0,026
1/1,5 0,036 0,032 0,030
1/1 0,047 0,041 0,038

68
Les Ingénieurs de l’armée utilisent de préférence le tableau suivant qui
donne l’épaisseur minimum de la couche d’enrochements ainsi que les
dimensions minima des blocs en fonction des vagues déterminées à partir
de l’abaque de l’US Army Corps of Engineers.

Epaisseur minimum
Hauteur des vagues
de la couche D50 minimum [m]
[m]
d’enrochement [m]
0 à 0,30 0,30 0,20
0,30 à 0,60 0,40 0,25
0,60 à 1,20 0,45 0,30
1,20 à 1,80 0,55 0,40
1,80 à 2,40 0,70 0,45
2,40 à 3,00 0,80 0,55

Aucune spécification n’est souvent précisée quant à la granulométrie des


enrochements. On se contente d’éliminer les fins par tirage sur une grille
dont les barreaux sont écartés de 100 à 150 mm, la limite supérieure étant
donnée par les possibilités pratiques de manutention et de mise en place
des enrochements. 69
Pour la qualité de l’enrochement, il faut disposer d’une roche dure. Les
schistes et grès tendres sont à proscrire.

• Le dimensionnement du poids et de l’épaisseur minimum de


l’enrochement peut se calculer aussi par les formules suivantes :

 Formule de HUDSON

ρ h3
P=
k p cot anα ( d − 1) 3

Avec : P = poids unitaire de la moitié des enrochements


ρ = masse volumique des enrochements
d = densité des enrochements par rapport à l’eau
cotan α = fruit de talus
Kp = coefficient de dégât (peut être pris égal à 5)
h = hauteur des vagues

L’épaisseur minimale de l’enrochement est évalué à :

e = 1,5 D50.

70
2. Perré rangé à la main

Parfois un perré rangé à la main est plus économique, l’épaisseur pouvant


être réduite de moitié si les perrés sont résistantes et durables (épaisseur de
30 à 60 cm). Les pierres généralement assez petites pour être maniées par
un seul homme sont disposées, comme dans le cas de l’enrochement en
vrac, sur une couche de pose constituée de gravier et de sable de
granulométrie appropriée jouant un rôle de filtre. Une épaisseur de 20 à 30
cm peut être requise.

Le perré doit être bloqué à la partie supérieure sur un épaulement (butée) ou


sur un risberme de façon à écarter toute possibilité de glissement.

Ce genre de revêtement n’est que très rarement utilisé sur le talus aval des
barrages.

Pour les petits barrages en terre en Afrique 0ccidentale (hauteur superficielle


du barrage < 10 m), on utilise de perrés de queue moyenne 30 cm. Les
pierres sont disposées sont disposées sur une couche de pose filtrante en
tout venant gravillonnaire 0/25 et d’épaisseur d’environ 20 cm.
71
Les pierres sont soigneusement bloquées les unes aux autres par les éclats
de pierres. Quelquefois après exécution du perré, on répand une terre
graveleuse sur le talus qui vient combler les interstices et donner une
meilleure résistance à la structure.

3. Revêtement en béton
Un revêtement en béton est parfois employé sur le talus amont lorsque
aucun enrochement de qualité n’est économiquement disponible (très
longues distance de transport).

On ne cherche qu’à protéger le remblai contre l’érosion des vagues, il faut


éviter que le revêtement soit étanche.

Il peut être constitué soit par des dalles préfabriquées, soit par un
revêtement en béton armé monolithique, muni ou non de joints de
contraction (section d’aciers = 0,2 à 0,5% de la section du béton).

Dans tous les cas, il est nécessaire de disposer sous le béton une couche de
gravier et sable formant un filtre, d’une épaisseur au moins égale à 20 cm.
72
Le revêtement est buté à l’extrémité inférieure par une risberme.

Le drainage de la terre sous-jacente doit être largement assuré de telle sorte


que le revêtement ne soit pas soufflé lors d’une vidange rapide par l’effet de
la pression hydrostatique interne. L’eau s’écoule soit par les interstices
laissées par les dalles, soit par de très nombreux barbacanes aménagées
dans le revêtement monolithique.

Il arrive que le revêtement constitue l’organe étanche du barrage, mais cette


situation est à déconseiller en raison des fissures qui se produisent
inévitablement, à moins d’aménager de nombreux joints avec laines
d’étanchéité très coûteuses.

On utilise parfois des revêtements de protection en béton poreux disposé sur


une couche de gravier permettant ainsi un drainage rapide grâce auquel les
sous pressions n’apparaissent plus.

73
4. Autres protection du talus amont : Technique du sol-ciment
compacté
Une protection possible du talus amont peut consister en un traitement du
remblai au ciment sur une épaisseur de 0,60 à 1 m le long du parement
amont. C’est technique américaine. Quoique les dosages en ciment doivent
rester assez importants (6 à 12%du poids de terre traitée), cette solution
peut s’avérer intéressante dans les zones où l’enrochement est cher ou
inexistant. On réalise une série de couches horizontales de sols ciment
compacté de 2 à 3 m de large.

Le ciment est répandu sur la couche de terre à compacter et le mélange


terre-ciment est réalisé par malaxage au Rotavator avant compactage. Le
compactage se fait de la même façon que les couches du massif. Le talus
est nivelé après compactage.

Pour tenir compte des sous-pressions en cas de vidange, il est recommandé


de placer un drain (filtre) entre le massif du barrage et le sol-ciment.

74
6.5.2. Le talus aval :

Longtemps, on a recommandé l’enherbement. Pour des barrages de grande


hauteur, cette technique est associée à des risbermes (terrasses). Dans les
zones arides ou semi arides, l’enherbement est détruit pendant saison
sèche, ce qui fragilise la protection à l’arrivée de la prochaine saison des
pluies. Par ailleurs l’enherbement attire le bétail, ce qui peut constituer aussi
des causes de dégradations de la digue.

Actuellement, pour les petits barrages de hauteur superficielle inférieure à 10


m les revêtements en matériau graveleux latéritique légèrement tassé sont
adoptés pour la protection des talus aval. Une épaisseur de 20 cm s’avère
raisonnable. En effet, sous l’effet de la chaleur et de l’humidité, la latérite se
transforme en une croûte résistante.

Pour les ouvrages importants, on envisage des protection de talus aval en


rip-rap avec des enrochements de petite taille.

75
6.5.3. La crête :

Il est nécessaire de protéger la crête pour lutter contre la dessiccation mais


aussi pour assurer la circulation éventuelle d’engins. On a l’habitude de
mettre en œuvre une couche de couronnement d’au moins 20 cm
d’épaisseur en matériaux graveleux (latérite par exemple).

Pour ce prémunir contre l’érosion de la crête par prolongement (recul) des


griffes d’érosion sur les talus, mais aussi pour assurer une évacuation des
eaux de ruissellement de la crête du barrage vers l’amont (coté retenue), on
met en place des murets de crête. Les murets de crête sont construits soit
en maçonnerie de moellons, soit en béton ordinaire coulé sur place ou
exécuté des sections carrées de 40 ou 50 cm de côtés.
Murettes de crête
en maçonnerie de Murettes de crête
moellons en béton

Couche de Couche de
couronnement couronnement

Remblai compacté Remblai compacté


corps de digue corps de digue
76
6.6. Infiltration et hydraulique interne

6.6.1. Introduction :
Les problèmes d’étanchéité des barrages se situent en général à trois
niveaux qu’il convienne de bien distinguer :
• L’étanchéité de la cuvette,
• L’étanchéité du corps de remblai,
• L’étanchéité de la fondation et des rives qui assurent la liaison entre les
deux précédentes.
Il s’agit d’analyser les conditions d’étanchéité des corps de remblai, en
partant d’un constat que les infiltrations peuvent provoquer trois types de
phénomènes préjudiciables à la bonne tenue de l’ouvrage :
• Des fuites d’eau souvent inévitables, mais qu’il convient de limiter afin
qu’elles n’engendrent pas des problèmes plus graves.
• Des sous-pressions qui sont en général défavorables à la stabilité des
ouvrages (déversoirs en particulier).

77
• Si l’eau débouche sur le talus en aval dans les zones peu aménagées,
le gradient hydraulique peut avoir une valeur telle qu’une érosion
régressive prenne naissance et creuse une sorte de tunnel : c’est le
phénomène de renard qui menace gravement la survie de l’ouvrage.

6.6.2. Etude des lignes de courants et des lignes équipotentielles :

Les équations de mouvement se ramènent donc à ∆H2 = 0, dont la solution


est une fonction harmonique vérifiant les conditions aux limites du projet. Il
existe des solutions analytiques plus ou moins complexes à cette équation.
Mais on peut également étudier les infiltrations par modélisation
informatique, par analogie électrique ou par méthode simplifiée fondée sur
des approximations et des propriétés graphiques du réseau d’écoulement.

1. Etudes des conditions aux limites

Considérons un barrage homogène posé sur une première couche de


fondation de perméabilité voisine surmontant une autre couche beaucoup
plus perméable.
78
• Au contact entre le milieu relativement perméable et la couche de
fondation très perméable, les vitesse de l’eau sont parallèles à la
surface de contact.

• Le contact entre un milieu poreux et un volume d’eau au repos constitue


une surface filtrante. Il en est ainsi pour le parement amont et le fond de
la cuvette. L’eau est au repos et a donc une charge identique à toute sa
masse. Cette surface de contact est donc une surface équicharge.

• La surface (la ligne en coupe transversale) le long de laquelle la


pression hydrostatique de l’eau d’infiltration est nulle est appelée
surface phréatique (ligne phréatique en coupe transversale). Elle est
général distincte de la surface de saturation, la différence entre les
deux étant la hauteur d’élévation ou d’ascension capillaire.

En choisissant la pression atmosphérique comme origine des pressions,


H = z, sur une surface phréatique, le niveau d’eau dans un piézomètre
représentera alors le niveau de cette surface libre. Une autre propriété
est que les vitesses de l’eau sont parallèles à cette surface.

79
• Les surfaces de suintement séparent le sol saturé de l’atmosphère.
Ainsi lorsque l’eau débouche sur le talus aval(non drainé) la surface de
celui-ci constitue une surface de suintement. A cet endroit la pression
est égale à la pression atmosphérique (H = z) et les vitesses ne sont
pas parallèles à la surface.

• La surface horizontale à l’aval du barrage est une surface de


suintement particulière : elle est horizontale donc H constante ; c’est
une ligne équicharge analogues aux surfaces filtrantes.

N. B.: On peut simplifier le problème de l’hydraulique interne d’un


barrage en terre en considérant que les vitesses sont dans les
plans perpendiculaires à l’axe du barrage et qu’elles sont
identiques quelque soit le plan considéré (écoulements plans).
Cette supposition trouve sa justification dans le fait que la
longueur du remblai est très supérieure aux autres dimensions.

80
Ecoulements dans les barrages : conditions aux limites

Plan d’eau Ligne phréatique


ou ligne de courant supérieure

Surfaces filtrantes Surfaces de suintement


Massif perméabilité Kr
équicharges H = cste H = z (cote)

Zone de perméabilité voisine de Kr

Zone de perméabilité < Kr

81
2. Etudes du réseau de lignes de courants et des lignes équipotentielles

L’étude et le tracé précis de lignes de courant et des équipotentielles ne


s’imposent que dans le cas des grands barrages en remblai. Pour le suivi
de ces ouvrages, il sera en effet nécessaire de connaitre avec précision les
débits de fuite et les pressions interstitielles de manière à conduire des
calculs de stabilité les plus détaillés possible et à vérifier que les fuites
restent acceptables tant du point de vue économique que sécuritaire.

pour les petits ouvrages, dont traite essentiellement ce cours, un tracé


sommaire par méthode graphique sera généralement suffisant pour en
comprendre l’hydraulique interne. On s’attachera aussi à déterminer les
données nécessaires aux calculs de stabilité (position et forme de la
surface libre par exemple) et au choix du dispositif de drainage.

Le tracé théorique de la ligne de saturation permettra aussi de vérifier que


la ligne observée (dans des piézomètres par exemple) en réalité n’est pas
plus élevée que prévu. Ce serait en effet dangereux pour la stabilité du
talus aval, cela pourrait créer des sous-pressions anormales sous les
ouvrages en béton posés sur remblai, et enfin provoquer des fuites très
préjudiciables pouvant conduire à la naissance de renard.
82
Lorsque l’on soupçonnera que l’ouvrage puisse présenter une anisotropie
de perméabilité (kH >> kV), on appliquera les méthodes classiques à un
massif déduit du massif réel par une affinité d’axe horizontal et de rapport :

kV
kH

3. Infiltrations dans le barrage et dans la fondation

L’étude des infiltrations permet de déterminer les éléments suivants :

• La ligne de saturation ou plus exactement la ligne phréatique du massif


du barrage

• Le débit de fuite,

• La pression de l’eau interstitielle dans le massif (sous-pressions)

83
Trajectoire de l'eau à travers le barrage

84
 Tracé de la ligne phréatique
 Cas d’un massif homogène non drainé

A B Parabole de Kozeny

∆l
C

E l
h y Ligne phréatique y0
D
Kr → q c
x α
O
0,3 b x
b

0,7 b d
a = y0/2

85
Définitions :
h = charge d’eau = tirant d’eau
d = largeur en base du barrage diminué de 0,7b (et de la largeur du
filtre s’il y a lieu)
b = projection orthogonale de la partie mouillée du parement amont,
Kr = coefficient de perméabilité du remblai de la digue (remblai
compactée)
E = hauteur de l’endiguement
α = angle du talus aval

En partant du cas théorique simple d’un écoulement plan à travers un


massif perméable reposant sur une fondation plane imperméable à l’amont
jusqu’au point et de même perméabilité que le massif vers l’aval à partit du
point O, Kozeny a montré, que dans un barrage en terre homogène non
drainé, la ligne phréatique peut assimilée dans sa partie médiane à une
parabole d’axe horizontal dont le foyer O est situé au pied du parement aval
du barrage.

86
Etant donné que la parabole admet le point O comme foyer, son équation :

y 2 − y 02 − 2 xy 0 = 0
D’autre part, la parabole coupe le plan d’eau amont en un point A situé à
une distance telle que BA = 0,30 B est la projection horizontale de la partie
mouillée du parement amont. Pour satisfaire cette condition on doit avoir (cf
figure de la parabole ci-dessous) :
h 2 = 2 y 0 d + y 02
soit y0 = d 2
+ h2 − d
En effet en A, on a y = h et x = d
Aussi, en transformant l’équation :

h2 + d 2
= d 2
+ 2 y 0 d + y 02 = ( d + y 0 ) 2
d ' où : y0 = d 2
+ h2 − d

87
Pour obtenir la ligne phréatique à partir de la parabole de Kozeny, on
raccorde celle-ci au point B du plan d’eau amont par une courbe normale au
parement amont en B et tangente à la parabole.

En aval on fait aboutir la ligne phréatique en un point D sensiblement situé


au 2/3 de OC, théoriquement tel que :
DC 3 α
= cos
OC 8 2
CASAGRANDE a démonté que DC (∆l) dépend de la distance focale de la
parabole de base et de l’angle α du talus aval. Il a établi une relation entre
a0 = ∆l /l + ∆l et α.

On peut déterminer ainsi le point D.

• Si α < 30 ° , l = d 2
+ h2 − d 2
− h 2 cot g 2 α
1 − a0
• Si 30 ° < α < 180 ° , l = y0
1 − cos α

88
Abaque de détermination du point D par CASAGRANDE

DETERMINATION DU POINT D
0,4

0,3
[a0 = ∆ l / (l + ∆ l)]

0,2

0,1
Face verticale

0
30 60 90 120 150 180

Angle du talus aval α [°]

89
 Cas d’un massif homogène drainé (avec drain aval)

En général les barrages en terres ont munis d’un drain aval qui rabat la
ligne phréatique à l’intérieure du barrage. Dans ce cas la parabole de
Kozeny a pour foyer l’extrémité amont du drain auquel se raccorde la ligne
phréatique. Le raccordement amont se fait comme précédemment.

d y

A B

Drain horizontal

y0
x
O
0,7 b 0,3 b
a = y0/2
b

90
 Tracé de la ligne de saturation dans le cas d’un drain vertical

d y

A B

Drain PVC
a

h
y0
x

O
0,7 b 0,3 b Tuyau PVC d’évacuation gravitaire, pente >1%
disposition tous les 50 à 100 m.
b

91
 Cas d’un massif anisotrope

Ce qui vient d’être exposé n’est valable que si le coefficient de perméabilité


est identique dans les directions verticale et horizontale. Dans le cas d’un
barrage en terre ceci n’est pas vérifié compte tenu des procédé de
construction.

Dans un massif anisotrope de perméabilité verticale kV et de perméabilité


horizontale kH, SAMSOE a démontré qu’il suffirait d’appliquer la méthode
précédente (cas du massif homogène) à un barrage dont les dimensions
horizontales sont réduites dans le rapport : k V
k H

Les coordonnées de la ligne phréatique ainsi obtenues sont reportées sur la


section réelle du barrage au points d’abscisses correspondant.

 Cas d’une digue à zones (noyau imperméable)

Dans le cas d’un barrage à zones, les zones perméables n’ont généralement
aucune influence sur la ligne phréatique de la zone imperméable en raison
des grandes différence de perméabilité (1 à 100 au minimum). On construit la
ligne phréatique comme précédemment en considérant la zone imperméable
seule.
92
 Tracé de la ligne de saturation dans le cas d’un barrage à noyau

d y

h C

y0
x
O
0,7 b 0,3 b Drain de pied

a0
b

93
 Calcul du débit de fuites

- Calcul du débit de fuites à travers le barrage


On applique la loi de Darcy : q = kr · i · A
Or, dans le cas de l’écoulement parabolique :
 ∆l 
α = 180 ° ⇒ a = = 0 ⇔ D = C 
 l + ∆l 

La section A est mesurée par l’ordonnée y de la ligne phréatique et le


gradient hydraulique i par sa pente dy/dx.
dy
q = kr ⋅ ⋅y
dx

2q
L’intégration donne : y 2 = x + y 02
kr
en se référant à l’équation de la parabole vue précédemment :
y 2 − 2 xy 0 − y 02 = 0 94
On peut poser : q = y d ' où
kr
0 : q = k r y0 = k r [d 2
+ h2 − d ]
• Pour 30° < α < 180°, la relation ci-dessus donne toujours une
approximation suffisante.

• Pour α < 30°,on applique la relation :

q = k r y 0 sin 2 α
avec y0 = h2 + d 2 − d 2 − h 2 cot an 2α

• Pour on massif anisotrope de perméabilité kV et kH, on prendra pour les


calculs :
k = kV ⋅ k H

95
Le problème de la vidange rapide
On peut considérer comme rapide une vidange qui s'effectue en un délai inférieur à
un ou plusieurs mois. La configuration du réseau de ligne est alors totalement
différente des cas précédents. Le parement amont n'est plus une
équipotentielle, mais son potentiel varie avec la cote du point considéré. Ce
cas, assez complexe, doit être étudié par calcul informatique ou analogie électrique.

Equipotentielles et lignes de courant dans le cas d'une vidange rapide

96
- Calcul du débit de fuites à travers la fondation
On peut estimer grossièrement le débit par mètre linéaire passant sous le
barrage à l’aide de la formule tirée de la loi de Darcy.

pour une fondation relativement perméable, comme présenté ci-après, on


admet que la longueur moyenne (L) de la ligne de courant est celle de la
ligne de contact du massif imperméable avec la fondation plus perméable.

Noyau étanche

F
T
B Fondation perméable

Substratum imperméable

97
D’après la figure :
H
L = B + 2F et q = S ⋅ kH ⋅
L
Où : S= longueur mouillée de la couche de fondation
S = (T - F)
H (T − F )
q = kH ⋅
B + 2F
Où : kH = valeur moyenne du coefficient de perméabilité horizontale de la
fondation [m/s]
q = débit par mètre linéaire de longueur de barrage [m3/s/ml]
T = profondeur de la couche perméable [m]
B = épaisseur de base de la zone imperméable [m]
F = profondeur de la parafouille

Si B est négligeable devant F, on peut utiliser la formule de SCHOKLITSCH :


 F 
q = C ⋅kH ⋅ H où C = f 
T 
98
On voit qu'à la vidange, les lignes de courant ressortent sur le
parement amont dénoyé. Ceci milite encore pour que soit disposé
sous le perré amont une couche de pose filtrante afin d'éviter la fuite
des fines lors de la vidange, cette couche de pose servant déjà à lutter
contre les effets du batillage.

99
F/T 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9
C 100 80 67 58 50 43 37 31 25

Autre formule de calcul de débit de fuite dans les fondations :

La formule analytique ci-après donne une estimation plus précise :

 2T T2 
 + 1+ 4 2 
1
q = k H ⋅ H ⋅ log  B B 
2  2F F2 
 + 1+ 4 2 
 B B 

100
 Calcul de la pression interstitielle

A l’aide du réseau d’équipotentielles, on peut déduire la pression


interstitielle en tout point.

z Massif du barrage
M2
Z2
Z1 Ligne phréatique
M1

Drain horizontal
z0
M0

Lignes équipotentielles

Pour calculer la pression interstitielle en M0, on part de M0 et on trace une


courbe équipotentielle s’intégrant dans le réseau. Cette courbe coupe la
ligne phréatique en un point M1 de potentielle égal à la cote Z1 de ce point.

101
L’égalité de potentielle en M0 et M1 s’écrit :

Z0 + P0 = Z1

D’où : P0 = Z1 – Z0 = pression interstitielle en M0.

A la vidange rapide, même si on ne dispose pas du réseau


d’équipotentielles, on a une bonne approximation de la pression interstitielle
en M0, en prenant comme valeur :

P0 = Z2 – Z0

Où : Z2 = cote du point M2, point de contact de la ligne phréatique ou du


parement amont avec la verticale issue de M0.

Cette méthode donne des valeurs de la pression par excès, (ce qui va dans
le sens de la sécurité).

102
Lutte contre les infiltrations et protection contre le
renard : (dimensionnement des parafouilles)
Lutter contre la formation de renard consiste :

• Soit à supprimer les infiltrations si on le peut en formant des coupures


imperméables par écran étanche.

• Soit à réduire la force volumique visqueuse, c’est-à-dire à réduire la


valeur du gradient hydraulique, donc à allonger les lignes
d’écoulement.

• Soit à empêcher l’amorçage du phénomène, c’est-à-dire disposer


dans la zone de résurgence des filtres chargés s’empêcher
l’entrainement des particules solides

103
1. Ecran étanche

Il existe différentes techniques utilisables pour réaliser ces écran (murs en


béton, noyau d’argile, murs de palplanches, paroi moulées, voiles d’injection.

2. Allongement des lignes d’écoulement

Afin de réduire les forces volumiques on cherche à rallonger le parcours


moyen des lignes d’écoulement.

BLIGHT puis LANE ont proposé des règles expérimentales définissant un


gradient moyen maximum qui est supposé tel qu’en aucun point dans le sol
les conditions d’entraînement du sol ne soient requises. D’autre part ce
gradient est défini sur la ligne de courant qui suit le contact ouvrage-sol de
fondation; en effet, ce contact est un lieu d’écoulement privilégié où les
renards risquent davantage de se former.

il est possible d’obtenir un allongement de cette ligne de courant particulière


en réalisant un ou plusieurs parafouilles imperméables.

104
BLIHT proposait la condition
suivante :

∑L V + LH

1
=C
H imoyen

H
LANE a modifié cette condition
en affectant un coefficient lv2
lv1
minorateur égal à 1/3 aux
LH
distances horizontales pour tenir
compte des décollements
possibles par suite de
tassements sous la fondation.
105
Au contact d’un ouvrage rigide, les infiltrations sous l’ouvrage sont
préjudiciables à sa pérennité. C’est pourquoi on cherche à allonger
les circulations de l’eau en adjoignant des parafouilles.

Les parafouilles sont dimensionnées en utilisant la règle de LANE :

1
∑ LV + LH = C H
3
Avec : Lv : Longueur des cheminements verticaux [m]
Lh : Longueur des cheminements horizontaux [m]
H : hauteur d’eau en amont du déversoir [m]
C : Coefficient qui dépend de la nature du terrain (tableau ci-après)

106
Valeurs du coefficient C de LANE

Nature du terrain C
Sables fins et limons 8,5
Sables fins 7
Sables moyens 6
Gros sables 5
Petits graviers 4
Gros graviers 3
Mélange de graviers et de gros galets 2,5
Argile plastique 3
Argile consistante 2
Argile dure 1,8

107
N. B. : L’application de la règle de LANE pour le dimensionnement de la
fondation de la digue doit se faire avec discernement en se référant surtout
au profil géotechnique du terrain de fondation. En effet cette règle empirique
a été conçue pour les ouvrages rigides fondés sur terrains meubles, les
tassements différentiels peuvent être à l’origine des cheminements
préférentiels au contact sol-béton. Un tel risque est moindre pour un massif
de remblai au contact de sa fondation meuble.

La règle de LANE s ’applique à le prévention du phénomène de renard et


non à la mise en œuvre de l’étanchéité de la fondation même si les deux
choses sont liés.

3. Utilisation des filtres

L’apparition de renard est due à l’existence de contraintes effectives trop


faibles dans les zones de résurgence. Un moyen de lutte contre le renard
consiste à charger ces zones avec des matériaux plus perméables, les
contraintes effectives sont ainsi augmentées ; les pertes de charges dans le
matériau filtrant étant négligeables le risque de renard n’existera pas.

108
Pour la protection des massifs de barrage, on a recourt à deux types
de filtres:

• Le filtre (ou drain) de pied horizontal ou drain tapis

• Le filtre (ou drain) cheminée ou drain vertical

1. Drain tapis :

Pour intercepter les infiltrations dans le massif d’un barrage en terre


on dispose habituellement dans la partie aval du massif et au
contact de celui-ci avec les fondations, un drain-tapis filtrant destiné
à rabattre la ligne phréatique à l'intérieur du massif. Ce drain s'étend
de lb/4 à lb/3 de l’emprise du barrage. Son épaisseur se calcule en
fonction du débit de fuite.

Lorsque la fondation n'est pas complètement imperméable, ce drain


interceptera également les infiltrations a travers la fondation. Il doit
être alors protégé contre l'entraînement des éléments fins de la
fondation par un filtre inversé.
109
Lorsque le massif est fortement anisotrope, le drain pied est inefficace
et on observe des affleurements de nappes sur les talus aval de
nombreux barrages munis de drain -tapis.

2. Débit unitaire et épaisseur du drain tapis

Talus aval

Ligne phréatique
Remblai
Perméabilité Kr
Filtre Drain horizontal
Perméabilité Kf

H
e A
h

a l
lf

110
Si q est le débit d'infiltration à travers un mètre de largeur du barrage qu'il
faut évacuer à travers le filtre de perméabilité Kf est, on peut écrire :

q = K f ⋅i ⋅ A
Où : A = valeur moyenne de la section mouillée du filtre
H e−h e+h
i= = et A=
l l 2

e−h e+h e2 − h2
q = Kf ⋅ ⋅ = Kf ⋅
l 2 2l
2ql
e= + h2
Kf On peut négliger h2, h étant petit

Il est prudent de prendre un débit q égal au double du débit de fuite


escompté. Ainsi l’épaisseur du filtre à prévoir sera :
ql
e=2
Kf 111
ql
e=2
Kf

La longueur de l n’est pas égale à la longueur totale du tapis filtrant, il faut


retrancher la longueur de résurgence qui est égale à : a = q/Kr.

Avec : Kr = perméabilité du remblai du barrage [m/s]

q = débit de fuite [m3/s/ml]

La longueur totale lf du tapis sera :

lf = l + a

112
3. Drain vertical

Le drain vertical placé au centre de la digue constitue une solution plus


efficace pour intercepter les eaux d’infiltration. Un tel drain constitué d’un
rideau d’une largeur (épaisseur) minimale de 1 m en matériau grossier
(graviers et sables) dont la granulométrie est bien choisie de manière à ce
que les conditions de filtre soient réalisées. Ce rideau peut être mis en
œuvre par déversement du matériau convenable dans une tranchée d’une
profondeur de 1,50 à 2 m, recreusée dans le massif compacté, au fur et à
mesure de l’avancement du terrassement du barrage. Il peut remonter
pratiquement jusqu’à la cote moyenne du plan d’eau dans la retenue.

L’eau de percolation intercepté par ce drain filtrant est évacuée soit par un
réseau de tuyaux drains soit par un drain-tapis filtrant, s’il est également
nécessaire de drainer les fondations.

le drain vertical peut être constitué uniquement de gravier, le rôle de filtre


étant alors assuré par un tapis synthétique non tissé placé en fond de
tranchée, le long de la paroi amont du drain et au-dessus du drain. Dans ce
cas l’épaisseur du drain pourra être diminuée.

113
Les critères granulométriques pour le choix des filtres

Un filtre ne doit ni se dégrader par entraînement des ses éléments, ni se


colmater. Il est conseillé pour cela d’utiliser des sables dont le coefficient
d’uniformité (D60/D10) est supérieur à 2.

Les critères de TERZAGHI (1922) et modifiés par le U.S. Corps of Engineers


et par le U.S. Bureau of Reclamation (1986) sont :

• La non contamination (rétention): F15/D85 < 4 à 5 (1)

(Granulométrie étroite) F50/D50 < 25 (entre 5 et 10) (2)

• L’auto nettoyage (perméabilité) : F15/D15 > 4 à 5 (3)

• Fente (trou) : D15 / largeur de la fente > 1.2 (4)

• La non ségrégation (coefficient d’uniformité) : F60 < 2 (5)

Avec : F étant le diamètre des matériaux filtrant


D étant le diamètre des matériaux du sol en place.
114
N.B. :
• Les courbes granulométriques du matériau filtrant et du matériau à
protéger sont approximativement parallèles dans la gamme des petites
particules.

• Pour protéger les sols classés CL ou CH, on n’utilise pas les


équations (1) et (2), mais la valeur F15 (D15 du matériau filtrant) doit
être inférieure à 0.4 mm.

• Pour protéger les matériaux à granulométrie très étalée (Cu > 20) et
discontinue dont les particules grossières flottent dans une matrice plus
fine, la valeur de F15 doit être choisi de façon à retenir ces particules plus
fines.

L’épaisseur de chaque couche doit être au moins de 20 à 30 cm et en tout cas


supérieure ou égale à 50 fois le diamètre F15.

La valeur de la perméabilité d’un filtre est donnée avec une bonne


approximation par le formule de HAZEN pour les matériaux sableux :
Kf = 100 F102 où F10 est en cm et K en cm/s.

115
Fuseau granulométrique des filtres
Les conditions de filtre de TERZAGHI peuvent être schématisées comme suit :

S85 S15
5S85 5S15
116
Puits filtants
Des puits filtrants de décompression peuvent être nécessaires pour assurer
le drainage des fondations et éliminer les sous-pressions dans la zone du
talus aval du barrage, lorsque les fondations sont relativement perméables
mais hétérogènes.

117
Puits filtants

118
Puits filtants

• La profondeur des puits devra être suffisante pour drainer les


couches perméables situées à une profondeur inférieure à environ
50 % de la hauteur du barrage et susceptibles d'être alimentées par
la retenue, leur densité est fonction de l'hétérogénéité du terrain.

• Les puits drainants peuvent être équipés de piézomètres en vue de


la surveillance du barrage.

• Un puits filtrant ne doit pas avoir un diamètre inférieur à 15 cm.

• L'espacement entre les puits est un facteur dont l’importance est


moindre que leur enfoncement dans la couche perméable. Cela veut
dire qu'il vaut mieux peu de puits filtrants mais profonds que
beaucoup de puits peu profonds.
119
Quelques valeurs de k

Etat de surface K
Paroi très lisse (métal – ciment très lisse) 100
Mortier lissé 85
Béton lisse avec joints 75
Maçonnerie ordinaire 70
Béton rugueux, maçonnerie vieille 60
Terre très irrégulière avec herbe 50
Chenal rempli de cailloux 40

120
CHAPITRE 7
SUIVI ET ENTRETIEN DES BARRAGES

121
La nécessité du suivi des barrages

 Prévenir les risques de rupture


- Pertes en vie humaines
- Pertes économiques
- dégâts écologiques

 Maintenir l'ouvrage en bon état de fonctionnement


- Élément du patrimoine national à conserver
- Éviter des désordres importants pat un suivi et des entretiens réguliers
- Adapter le fonctionnement du barrage aux changements d'usages de
l'eau de la retenue suite à des évolutions du contexte socio-économique.

 Disposer d'un retour d'expérience


- Sur le comportement du barrage par rapport aux prévisions du
concepteur
- sur la pérennité de tel ou tel dispositif (gabions, organes
hydrauliques, dissipateur, etc..)
- sur le bien-fondé des choix techniques (joints d'étanchéité, méthodes de
compactage, etc..)
- sur les connaissances en hydrologie
122
La surveillance des barrages

 L'observation visuelle régulière par l'exploitant

 L'observation visuelle de routine


- Déceler rapidement tout phénomène nouveau affectant le barrage
(fuites, ravinement des parements, désordre des perrés, végétation
arbustive sur les talus, fissures, corrosion des cages des
gabions, obstruction des vannes, etc…)

- Périodicité hebdomadaire au minimum en saison des pluies.

 L'observation à l'occasion des crues

- Pendant la crue, relever le niveau maximal atteint par les eaux, la durée
de la crue, le fonctionnement du déversoir, etc…

- Après la crue, relever l'état du déversoir et de la fosse de dissipation, la


déformation des ouvrages en gabions, le creusement des ravines sur les
talus, etc..
123
 L'auscultation des petits barrages
 Mesure de la cote du plan d'eau (échelle limnimétrique)

 Mesure des débits de fuite (déversoirs, tuyau de drainage)

124
 Mesure de la piézométrie
Pour les barrages de plus de 10 m, il est important de suivre la position de la
surface phréatique à l'intérieur de la digue.

Sonde électrique

Alignement de piézomètres – barrage


de Douna (Burkina)

Boîtier de mesure pour cellule


125
à contre-pression
Mesure des déplacements

- Nivellement
• permet de mesurer les tassements
• précision du cm est suffisante
• on dispose des repères de nivellement (bornes en béton) sur le
crête
• nivellement depuis des piliers d'observation sur les rives dans des
zones stables

Repère de nivellement Pilier d'observation Plaque de centrage


topographique pour niveau 126
- Alignement
• des repères sont scellés sur la crête de la digue et parfaitement
alignés, à raison d'un plot tous les 10 à 15 m (on peut se servir des
repères de nivellement)
• les piliers d'observation permettent de vérifier l'alignement des
repères

- Déplacements relatifs (plots, fissures, etc..)


• vinchons pour suivre mouvements relatifs en 1, 2 ou 3 dimensions
• mesures au pied de coulisse avec une précision de 1/10 mm

127
Pathologie des barrages en terre
Causes Dégradations Conséquences
Défaut d'exécution - instabilité du remblai - affaissement
- fissuration - fuite
- lessivage de couche de pose - chute de perré
- Renard le long de conduite de prise - rupture de digue possible

Défaut de conception - griffes d'érosion sur talus aval - rupture à long terme
- érosion régressive du chenal - basculement du déversoir
- érosion talus aval par submersion - rupture digue
- fuite par des défauts de filtre
Arbres - craquage des maçonneries (bajoyers, perrés maçonnés) - érosion talus
- infiltration par racines pourries - fissures bajoyers
- rupture possible
Vagues - lessivage de couche de pose entraînant effondrement érosion corps de digue
- chute du perré
Homme - passage préférentiel érosion talus
- dérangement perré par les pécheurs
- déplacement du perré par autres usagers
Animaux - usure du parement aval par sabots d'animaux - érosion talus
- trou de crocodile - rupture digue
Crue exceptionnelle en - rupture de digue perte totale des ouvrages
retour - rupture des déversoirs
- submersion des digues
Envasement - comblement du fond de la cuvette diminution de la réserve

Divers - fissures sur déversoirs en béton - fuite d'eau


- défaillance des joints - déchaussement de la 128
- basculement des amortisseurs de chute fondation
129
Entretien des barrages en terre
 Les services techniques :
- Fuite d'eau le long de la conduite de prise : revoir les écran anti-renards
- Fuite à travers la digue : identifier les causes et réparer (recharge et
compactage, drain vertical, etc..)
- Trou de crocodile : réparer le trou
- Talus aval lessivé : remplacer le revêtement si possible par du perré
- Rupture totale de digue : ressouder la digue
- Envasement : curage, rehaussement du déversoir, etc..
- etc..
 Les utilisateurs : le petit entretien
- Comblement des ravines
- entretien des perrés
- enlèvement de la végétation arbustive
- entretien de surface des maçonneries (éliminer la végétation)
- réparation des fils rompus des gabions
130
- etc..

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