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206 ANNALES DE GEOGRAPHIE

L'hydrologie de l'ingénieu
de G. Réménieras

Nous avons récemment confié aux Annales de Géographie1, à la Revue de Géo


graphie Alpine2, et à la Houille Blanche, des comptes rendus relatifs à un nouvea
livre très estimable et utile de la Collection Armand Colin : Éléments d'hydrologie appl
quée, par M. G. Réménieras, chef du Service des études hydrauliques à l'E.D.F. La
Librairie Eyrolles a fait paraître presque en même temps3 un nouveau livre bien p
considérable du même spécialiste : L'Hydrologie de l'ingénieur.
Tous les géographes préoccupés des régimes fluviaux doivent posséder cet ouvra
qui rendra les plus précieux services. Car l'Hydrologie fluviale, telle que la conçoi
M. Réménieras, intéresse aussi bien les géographes que les ingénieurs.
En effet, l'auteur ne se cantonne point dans des explications et description
purement techniques et mathématiques, et il recherche et définit autant que possi
les causes des phénomènes naturels.
La présentation est excellente, le style très clair et les figures sont aussi instructive
qu'agréables au regard.

Études sur les facteurs climatiques.


L'ouvrage comporte deux parties : la première étudie « les facteurs du débit » de
cours d'eau. La seconde ansdyse les régimes. De même que dans l'ouvrage précéden
l'atmosphère et l'hydrométéorologie sont traitées longuement en 54 pages. Et des
renseignements particulièrement précieux pour les géographes s'appliquent à
radiation sur des surfaces différemment situées et inclinées, aux températures e
fonction des altitudes, puis à l'humidité atmosphérique et à ses rapports avec les
températures. Quatre figures (p. 37 et 38) indiquent même les hauteurs d'eau conde
sables en fonction de la température de l'air saturé au sol, puis sur le territoire de
États-Unis, en janvier et en juillet. De bonnes défiinitions sont données sur la noti
de jet-stream. Les phénomènes principaux qui intéressent les pressions atmosphériqu
les vents, la circulation générale sur le globe terrestre sont l'objet d'études très int
ressantes et fondées sur de nombreuses lectures.
Les faits importants relatifs aux perturbations atmosphériques, aux masses d'air
thermiquement homogènes, aux fronts et aux systèmes nuageux, sont examinés de
façon très substantielle.
Puis dans un chapitre encore plus gros que le précédent puisqu'il occupe près de
100 pages, l'auteur s'attache à la genèse et aux caractéristiques des précipitations. Il
explique donc d'abord les causes de ces dernières et les phénomènes atmosphériques
qui les précèdent ; à ce sujet, les expériences actuelles sur le déclenchement artificiel
des précipitations bénéficient d'un examen que chacun lira avec l'attention la plus
vive. Le problème, les méthodes et les résultats sont définis en peu de pages de manière
très satisfaisante.
Sur la mesure des précipitations, les détails techniques et la justification des appa
reils choisis, y compris les pluviomètres enregistreurs de plus en plus employés et les
nivomètres, abondent. Les méthodes statistiques grâce auxquelles on critique et
1. Annales de Géographie, mars-avril 1961, p. 185-186.
2. Revue de Géographie Alpine, 1961, p. 121-216.
3. Eyrolles, 1960, in-8°, 413 p., 189 flg.
L'HYDROLOGIE DE L'INGENIEUR 207

utilise les observations pluviométriques de dur


omises. Et il est bon que les géographes sachen
lecteur comprend mieux l'insuffisance des m
leurs point méprisables et même indispensabl
approfondie relativement aux fréquences de
régimes des précipitations, dans le monde et
phique, et nous nous réjouissons de voir que M. Réménieras, en s'adressant aux
ingénieurs ne leur laisse aucun doute sur le caractère indispensable d'une bonne con
naissance des phénomènes de tout genre, en toutes sortes de régions et de situations
locales. M. Réménieras consacre en particulier plusieurs pages aux problèmes des
averses dont dépendent les grandes crues. Et il montre comment on doit s'efforcer de
définir pour chaque région ces phénomènes en établissant des relations : intensité
durée-fréquence. Des figures nous donnent à ce sujet par exemple l'averse-type décen
nale à Paris ; puis à Los Angeles, au Tennessee, à Tunis et à Montpellier. Les recher
ches statistiques de ce genre, avec emploi du calcul des probabilités, sont nécessaires
pour la prévision des averses possibles et donc des crues.
M. Réménieras enseigne encore les méthodes plus ou moins précises par lesquelles
on calcule les lames d'eau moyennes lors d'une averse sur l'ensemble d'un bassin ou
sur des surfaces croissantes. Il faut insister sur le fait que ces chiffres applicables à
des moyennes trouvées en 6 heures, 12 heures, 24 heures, 60 heures, etc., sur des
superficies croissantes, par exemple de 0 à 25 000 ou à 120 000 km2, etc., ont beau
coup plus d'importance que ceux qui se rapportent aux précipitations en des lieux
déterminés. A partir du foyer central, les précipitations décroissent en fonction des
superficies augmentées, selon des taux très différents d'un cas à l'autre et d'une région
à l'autre. Et telle pluie remarquable observée en une heure, dix heures, vingt-quatre
heures, etc., à Paris ou à San Francisco, peut ne donner aucune idée des chutes moyennes
possibles sur l'ensemble des bassins respectifs de la Seine, du Sacramento, etc. Nous
ne saurions d'ailleurs trop insister pour que dorénavant on effectue pour de très
nombreuses grandes averses françaises, des études qui indiqueront les courbes :
durée et intensité, pour des surfaces croissantes. Jusqu'à présent les recherches de ce
genre ont été rares chez nous mais très nombreuses aux États-Unis, en Australie, en
Bavière, en Autriche, et en Italie, etc.
Le bref chapitre suivant montre comment on étudie les caractéristiques topogra
phiques et glaciologiques d'un bassin versant. Là encore, nous trouvons beaucoup
de conseils de méthodologie. Et ceux-ci abondent, corroborés par des exemples très
suggestifs dans le chapitre 4, qui nous montre comment on reconnaît les caractéristiques
thermiques d'un bassin. Les études relatives aux fréquences, bien entendu, sont signa
lées en bonne place avant des données sur les variations de la température selon
l'altitude et dans le temps.

L'évapotranspiration et le déficit d'écoulement.

L'évaporation, la transpiration et le déficit d'écoulement, notions connexes et


cruciales pour les régimes fluviaux, disposent de 51 pages. L'auteur définit les divers
aspects de l'évaporation et explique les facteurs dont dépend le pouvoir évaporant
(terme créé par A. Coutagne), de l'atmosphère. Les influences du déficit hygromé
trique, de la température de l'air, de l'insolation, de la vitesse et de la turbulence des
vents, de la salinité sont traitées brièvement mais fortement. Et le géographe, désireux
de ne pas être uniquement théoricien, a la satisfaction de lire des pages très claires
sur les instruments par lesquels on mesure directement l'évaporation. Puis vient
208 ANNALES DE GEOGRAPHIE

l'examen des formules (Lugeon, Meyer, C


Plusieurs pages nous apprennent les évapo
ou calculées aux dépens de surfaces liquide
Disons simplement que l'évaporation m
d'eau libre, atteindrait 200 mm dans les
d'altitude, 400 mm sous le 64e degré de lat
en Espagne et en Italie, pour de moyenn
l'humidité de l'air dans les régions tropica
Ces chiffres sont très utiles pour qui pe
dans un grand réservoir artificiel. Mais il
les surfaces liquides est supérieure, et en m
aux dépens des bassins fluviaux dans lesqu
occupé par des végétations différentes, et
nente en surface.

Les lysimètres, cuves étanches enterrées, remplies de divers terrains avec des
surfaces nues, ou pourvues de telle ou telle végétation, rendent de grands services en
permettant de comparer les effets de conditions très variées ; aussi bien pour les sols
que pour leur couverture végétale. Mais ils ne donnent point, sur les déficits d'écoule
ment dans les grands bassins, des indications à employer telles quelles. Car il est
difficile de reproduire dans un lysimètre les caractéristiques diversifiées qui peuvent
se présenter sur une surface réceptrice naturelle autre que très petite. M. Réménieras
condense encore pour nous, de manière tout à fait précieuse, une foule de données
expérimentales théoriques, relatives à la transpiration des végétaux ou évaporation
physiologique.
Et nous rappelons que le déficit d'écoulement correspond dans une longue période,
non seulement à l'évaporation directe, mais en plus à la transpiration, d'où le terme
A'évaporation totale ou à''évapotranspiration à employer comme synonyme et expli
cation du déficit hydrologique dans une longue période1.
M. Réménieras présente diverses formules que les auteurs ont établies pour per
mettre de calculer les déficits d'écoulement en fonction soit des précipitations, soit
des températures, soit de ces deux facteurs.
Nous devons dire que grâce à ces équations fondées sur l'expérience, on peut
pratiquer de bonnes évaluations ; mais celles-ci représentent seulement des valeurs
moyennes régionales. Et pour chaque bassin fluvial particulier, il faut apporter des
retouches souvent difficiles, aux résultats bruts des dites formules ou des graphiques,
dont les plus précieux sont des abaques (relations à double entrée).
Enfin M. Réménieras termine ce chapitre si substantiel en examinant la formule
maintenant célèbre de Thornthwaite qui prétend" donner l'évapotranspiration poten
tielle mois par mois et donc les totaux annuels. L'évapotranspiration potentielle est
celle qui aurait lieu si en tout mois les précipitations permettaient à ladite évapo
transpiration d'atteindre le maximum possible, étant donné les températures,
l'humidité de l'air et les autres facteurs. Des connaissances assez élémentaires et une
réflexion rapide montrent que les chiffres de Thornthwaite, en des mois nombreux
pour certains bassins, dépassent de beaucoup les précipitations réelles. Ainsi les
équations considérées donnent des chiffres le plus souvent supérieurs et en maints
points largement, aux déficits annuels d'écoulement subis par les bassins fluviaux.

1. Pour une seule année le déficit particulier peut différer beaucoup de l'évapotranspiration
contemporaine à cause des troubles que causent, dans le bilan précipitation-débits, la rétention et
la restitution.
L'HYDROLOGIE DE L'INGENIEUR 209

Donc, même si les formules étaient très exactes, sous


elles serviraient plus à l'évaluation d'un certain déf
l'excédent agricole, qu'au calcul des déficits d'écou
Cependant, maniée avec compétence et intelligence
donner des indications très utiles sur divers phéno

Les débits. Leur mesure


et quelques caractéristiques des régimes.
Et voici la deuxième partie : Analyse du régime des cours d'eau. Le chapitre vi :
Les stations de jaugeages des cours d'eau occupe 35 pages. C'est un des chapitres qui
correspond le plus, dans le sens étroit et cependant très légitime du terme, à la désigna
tion de l'ouvrage conçu principalement pour les ingénieurs. Mais les géographes qui
veulent s'occuper des rivières, ont tout intérêt à ne pas ignorer les moyens par lesquels
on détermine les débits. Car un géographe doit pouvoir contrôler, au moins dans une
certaine mesure, l'exactitude des chiffres que divers services hydrométriques lui
fournissent et qu'il utilisera pour élaborer des conclusions. M. Réménieras définit
toujours sobrement, comme dans tout son livre, les stations à déversoirs, les stations
barrages, les stations-usines ; puis celles où on effectue les jaugeages proprement dits
ou mesures directes. Il expose comment on dessine en fonction des expériences et
comment se présentent les courbes dites de tarage, c'est-à-dire les lignes généralement
paraboliques qui donnent les débits en fonction des hauteurs d'eau aux échelles. Et
l'auteur montre comment il est utile d'inscrire sur les graphiques les sections mouillées
et les vitesses moyennes.
Il enseigne comment on peut représenter ces résultats par des équations assez
simples. 11 aborde les difficultés que l'on rencontre, au cas d'écoulement « non uni
forme » à la station : phénomène qui arrive lorsque la pente, influencée par un obstacle
fixe ou mobile (manœuvre de vannes, variation d'une rivière confluente) à l'aval,
s'accroît ou diminue de manière plus ou moins irrégulière en fonction des débits crois
sants ou décroissants.
Les corrections nécessaires dans ce cas pour les courbes de tarage sont décrites
avec divers exemples et de manière très satisfaisante. M. Réménieras explique en
particulier comment dans certains postes, pour une cote donnée, les débits ne sont
pas les mêmes en crue et en décrue. Les chiffres sont plus faibles généralement en
décrue, parce que la pente est plus réduite. Des conseils pratiques pour le choix de
l'emplacement des stations de jaugeage à déversoir étaient nécessaires et méritent des
éloges.
Le chapitre vu, Étude du régime des débits, occupe 36 pages. Il est certain que les
conseils méthodologiques ici présents pourraient être développés encore plus. Mais
les explications recommandables et les explications données par M. Réménieras en
ce domaine sont déjà très nombreuses et suffisent plus que largement à un néophyte
désireux de s'adonner à l'hydrologie fluviale.
L'auteur indique quel genre de données caractéristiques on doit se procurer sur
les débits : moyennes de divers genres, chiffres de fréquence diverse. Il montre
comment, pour les études de régularisation des débits des cours d'eau au moyen de
réservoirs saisonniers, on emploie la courbe dite des débits cumulés. Il explique la
signification différente des débits absolus (nous les appelons maintenant les débits
bruts en m3/s) et des débits spécifiques. Puis il expose en 1/s par km2 quelles interpré
tations algébriques et statistiques on peut donner aux courbes des débits « classés »,
c'est-à-dire de diverses fréquences cumulées. Sans oublier d'autres auteurs il s'attache
Ann. be Géog. — lxxii» année. 14
210 ANNALES DE GEOGRAPHIE

assez longuement à la méthode de M. R. Gibrat qui utilise une distribution de


Galton. Ces traductions algébriques doivent permettre d'extrapoler les courbes et
de déterminer les débits très forts ou très faibles de fréquence rare non encore ou peu
observés. M. Réménieras décrit ensuite les différents types de régimes saisonniers, en
général selon le classement et la terminologie que nous avons adoptés depuis longtemps.
Il qualifie de mixte, sans que ce terme appelle de notre part une critique, et caracté
rise brièvement les régimes que nous appelons complexes originels ; puis il qualifie de
complexes les régimes qui, dans nos pratiques habituelles, sont qualifiés de complexes
changeants ou complexes par combinaison : différences terminologiques toutes naturelles
entre les auteurs.

Nos propres choix pour beaucoup de termes ont changé une ou plusieurs fois
depuis que nous nous adonnons à l'hydrologie. Ensuite viennent quelques indications
sur les modules spécifiques que l'on peut trouver dans le monde et sur leurs variations
d'une année à l'autre au cours d'une longue période. Puis M. Réménieras a le grand
mérite de préciser quelques méthodes pratiques pour suppléer à l'insuffisance, en
exactitude ou en longueur d'observations, des données relatives aux régimes de
nombreux cours d'eau.
Nous-même nous nous acharnons depuis le début de nos études à avertir les
géographes que les modules globaux de deux ou trois ans ou même de dix à vingt ans,
et les moyennes mensuelles globales de débits, pour les mêmes suites d'années plus
ou moins courtes, peuvent différer beaucoup, tout au moins par des détails importants,
des valeurs que l'on trouverait pour un demi-siècle et sans doute encore pour un siècle
Or, ce sont ces derniers chiffres qu'il faut considérer comme normaux ; sans avoir au
fond la certitude que d'un siècle à l'autre il n'y aurait pas plus d'écart pour chaque
genre de moyennes que nous-même l'avons cru jusqu'à une date récente.

Prévisions des crues possibles d'après leurs hydrogrammes.


Le chapitre suivant de 68 pages, est celui auquel M. Réménieras a accordé le déve
loppement le plus grand, relativement à l'importance des matières traitées. Nous nous
hâtons de dire que la question si longuement exposée est une de celles qui doivent le
plus passionner l'ingénieur comme le géographe. C'est l'analyse et la prédétermina
tion de l'hydrogramme afférant à une averse donnée. Depuis longtemps on cherche
à évaluer les maxima des crues possibles par des données relatives aux pluies jugées
à craindre sur le domaine fluvial en question. Souvent de nos jours on procède au
calcul des probabilités, en prenant pour base non les crues connues de plusieurs
dizaines d'années, mais les averses observées pendant une longue période. Ou plus
simplement, on cherche à savoir quel serait l'effet sur telle ou telle rivière d'une
averse point encore notée dans les temps modernes sur la rivière en question, mais
qu'on a lieu de croire possible. En général on conclut en ce sens, en transposant sur le
bassin auquel on s'intéresse, les isohyètes des pluies remarquables qui se sont pro
duites et ont été bien étudiées en des régions plus ou moins voisines. On se permet ces
transpositions lorsqu'une recherche critique approfondie a donné la quasi-certitude
que les mêmes pluies peuvent un jour ou l'autre frapper le bassin dont les crues
futures nous préoccupent ; et d'ailleurs on peut transposer non seulement une averse
dûment chiffrée dans une autre région, mais aussi une pluie .extraordinaire, millénaire
par exemple, résultant du calcul des probabilités appliqué aux averses elles-mêmes et
non aux débits pour ladite région. Or, lorsqu'une averse donnée tombe dans un bassin,
les caractères géophysiques de celui-ci (et nous voilà en plein dans la géographie
physique), donc le relief, les altitudes, les pentes, les profils en travers, les dessins plus
L'HYDROLOGIE DE L'INGENIEUR 211

ou moins concentrés du réseau, puis la natur


au diagramme de la crue, à son hydrogramme, u
et décroissances plus ou moins rapides, plus o
obéissant à des facteurs fixes en dehors des c
tendent à se ressembler pour leur allure, quel
recherche donc comment se présentent pour
unitaires, c'est-à-dire tous produits par une a
temps de concentration, c'est-à-dire au temps
venu de la partie la plus éloignée, arrive à la s
Puis dans les cas, très fréquents pour les p
duré plus que le temps de concentration, on d
les graphiques plusieurs hydrogrammes unita
superposant, avec le décalage de temps vou
rapport au premier, pour le troisième par rap
la crue combinée, c'est-à-dire la crue effective
Cette méthode, imaginée par des ingénieur
L. K. Sherman, est très en vogue et elle peut r
M. Réménieras est dans notre pays un des t
étudié le plus son application. Nous croyons de
dans le détail, quelques réserves. Des hydrogra
de même durée n'ont pas exactement les mêm
de la pluie. Si l'averse est plus forte, ou tout
par conséquent le débit, est plus grande, la cru
plus rapidement si les eaux ne débordent pas, m
tera, au terme de la distance envisagée, des hy
Dans l'hydrogramme combiné se feront sentir
que nous venons d'indiquer, et les choses se pa
grammes isolés dans le calcul par abstraction
d'ailleurs changeants à partir de certaines ph
donnaient des débits plus élevés.
Puis pratiquement et faute d'observations,
assez précises, dans la plupart des bassins non
miner les horaires exacts des pluies moyenne
tinguer dans une averse de 12 heures, avec exa
successifs, chacun réalisé en 2 heures. Puis un
d'ailleurs est une des tâches essentielles de l'h
ce qui concerne les coefficients ou quotients d
parts respectives de celui-ci et de l'infiltrati
l'intensité de l'averse, les températures, la sa
peuvent être énormes, encore qu'elles tenden
cas à l'autre que l'on compare des précipitatio
peu contestables montrent d'une part que l'u
repose n'est pas rigoureusement exact, et d'a
pour la plupart des bassins sont malaisément
prudence, finesse, intuition et compétence pa
des crues possibles par la méthode de l'hydrog
superposés a donné des résultats vraiment es
base logique, à savoir l'idée que les facteurs g
imposent au ruissellement certaines caractér
212 ANNALES DE GEOGRAPHIE

au cours d'eau en question, est évidente. Nous po


avoir constaté la ressemblance suffisante des hydr
des crues précédentes bien étudiées et des diagram
aura moyen de tenir compte du manque d'identit
haut pour tous les hydrogrammes unitaires à une
M. l'Ingénieur Lacroix, en étudiant les rapport
fluviaux sur la Corrèze et la Yézère à la suite de la
a noté les divergences en question et a proposé n
ficateurs. Nous avons la conviction que l'on obtie
justes en cherchant à déduire les crues ordinaires de
phénoménales jugées possibles1. M. Réménieras é
prévisions avec une très grande compétence en e
détails qui peuvent causer de l'embarras. Lui-même s
de l'imperfection actuelle. Mais nous croyons qu'il
de plus en plus grandes et des pronostics de plus en
au cours des prochaines décennies.

Prévision des maxima exceptionnels.

L'auteur est plus bref mais à certains égards déjà fort abondant, de façon à
satisfaire la curiosité de ses lecteurs non initiés, dans les 45 pages de son dernier
chapitre, à savoir : Étude des crues et prédétermination de leur débit maximum
probable. Certes, ces explications dans lesquelles il renvoie à d'autres auteurs, sont
assez sommaires, mais très suffisantes pour la définition d'une crue et pour la genèse
des gonflements fluviaux causée par les pluies, par la fonte des neiges, par ces deux
causes, par des embâcles ou débâcles de glace, etc. Il se borne à quelques notations
sur l'aspect économique du problème de la protection.
Et voici des pages qui seront particulièrement appréciées par ceux qui s'intéressent
pratiquement et théoriquement à la prévision des crues possibles dans les différentes
parties du globe. Sur ce problème énorme et d'une extrême difficulté à cause de sa
complexité on peut écrire des volumes, car les méthodes et les points de vue abondent.
Et d'autre part on n'a point encore établi (il s'en faut de beaucoup) de solution
parfaitement satisfaisante et vérifiable.
L'auteur ne pouvait donc présenter qu'un résumé, que des considérations abrégées
sur le problème. Il le fait avec beaucoup de compétence et il fournit des indications
substantielles dont la plupart des géographes et même beaucoup d'ingénieurs ignorent
ou connaissent certainement mal la substance. Il montre l'intérêt des méthodes
basées sur le débit des grandes crues historiques et sur le choix d'une marge de sécurité
pour les ouvrages menacés par les trop gros débits. Puis (1 examine les différentes
formules « empiriques » (ce mot, nous devons le connaître, équivaut généralement,
contrairement à l'étymologie, aux termes «peu expérimental»), utilisant la superficie
des bassins, avec des paramètres régionaux qui acquièrent quelque valeur lorsqu'on

1. Depuis fort longtemps, nous nous permettons de dire, nous appliquons grossièrement cette
méthode pour évaluer les très grandes crues à craindre ou pour rechercher si des chiffres que l'on a
donnés pour les débits maxima sont acceptables ou non, d'après les pluies et les hydrogrammes
voulus par les conditions géomorphologiques. Mais dans nos évaluations rapides, nous nous conten
tons d'envisager la pluie totale supposée efficace en un certain nombre d'heures, et les diagrammes
approximatifs possibles selon l'expérience acquise pour des crues plus faibles, sur le bassin ou sur
d'autres domaines fluviaux semblables, d'après des quotients d'écoulement qui nous semblent légi
times et qui résultent du volume total de la crue. Ces volumes totaux, cela va de soi, impliquent
pour l'hydrogramme lui-même, si l'on en connaît bien le genre, le schéma, certaines pointes, qui
sont les débits maxima.
L'HYDROLOGIE DE L'INGENIEUR 213

les fonde réellement sur l'expérience, forcémen


pour les crues mal ou point mesurées et les gr
Nous ne nous étendrons pas sur la diversité
l'espace et dans le temps les chiffres des averses,
les formules trop simplistes. M. Réménieras s
enveloppes où l'on voit les débits maxima en
versants en abscisses. Ces courbes en fonction
pour la plupart des auteurs, des droites et no
conception qui supposerait un seul coefficien
réceptrice pour toutes les étendues des bassins
sont pour la plupart, dans chaque grande régio
les traduire des équations plus compliquées q
fient.

Puis viennent les méthodes statistiques basées sur l'analyse de la fréquence des
crues. Nous arrivons ici au calcul des probabilités. D'après l'observation de toutes les
crues observées pendant une période aussi longue que possible (mais ces durées sont
presque toujours trop courtes), on établit des extrapolations qui doivent indiquer la
crue maxima à atteindre en moyenne tous les 100 ans, tous les 500 ans, 1000 ans, etc.
Les équations dont on dispose pour ce calcul sont assez nombreuses (lois de
Gauss, de Galton-Gibrat, de Pearson, de Gumbel, de Fréchet, etc.). Et M. Réménieras
explique de façon très compréhensible pour tout lecteur cultivé les caractéristiques
de ces méthodes.

Par malheur les bases que l'on extrapole ne sont pas forcément les mêmes pour un
cours d'eau donné, quelle que soit la suite de quelques dizaines d'années à laquelle
on recourt pour connaître la puissance des crues de fréquence très forte ou moyenne
Et surtout les diverses équations entre lesquelles on doit choisir, donnent pour les
crues de mêmes fréquences faibles des chiffres plus ou moins divergents selon les
types des régimes. Et de plus le contrôle et la vérification des meilleures formule
sont pratiquement impossibles. Car par exemple une crue de 1 000 ans est à peu près
celle qui doit avoir lieu non pas une fois tous les millénaires, mais en moyenne 10 foi
en 10 000 ans, avec des possibilités de phénomènes très rares en moyenne survenant
en quelques années ou quelques dizaines d'années ou manquant pendant un temps
bien supérieur à celui de la période de récurrence.
M. Réménieras est très conscient de ces incertitudes qui peuvent conduire les
spécialistes trop convaincus à l'inexactitude. Mais cette remarque ne prouve point
que nous soyons plus que lui hostile à ce genre de calcul. Ce serait vraiment absurde
car la méthode est la meilleure de celles qui nous permettent d'évaluer les débits
exceptionnels de certaines fréquences. Et les autres procédés basés par exemple sur
les maxima survenus dans des bassins voisins, sur la transposition des averses, etc
sous-entendent encore le calcul des probabilités. Il importe seulement de ne point
oublier que probabilité signifie incertitude et que la méthode en question donne
seulement des ordres de grandeur, d'autant plus susceptibles d'éviter les grosses
méprises que le calculateur est un meilleur hydrologue en même temps qu'un distingu
mathématicien.

1. Une des plus criantes est celle qui suppose une proportionnalité entre les grandes averses
possibles et les précipitations moyennes annuelles. Et l'on se trompe encore beaucoup en liant la
puissance des crues aux pluies officielles de 24 ou 48 heures et non aux concentrations pluviales
brèves, facteur souverain pour les bassins petits et moyens et de relief très accidenté.
214 ANNALES DE GEOGRAPHIE

Valeur générale du livre.


L'ouvrage de M. Réménieras se termine
Mais celle-ci, à la lecture de notre compte
L'ouvrage est très riche, très sobre, très
domaine scientifique que dans le domaine
l'auteur sont à la fois sa curiosité d'esprit
Puis il a le mérite d'emprunter ses exem
lieu de se borner à citer les phénomènes r
vue, d'autres hydrologues, d'ailleurs très
suivre son exemple.
Nous avons la conviction que M. Rémé
précieux services à tous ceux que passion
M. Pardé.

Phytogeographic survey of North America


de John W. Harshberger

Cette deuxième édition d'un ouvrage remontant à un demi-siècle rendra d


services, car il n'a pas été remplacé.
Après une introduction morphoclimatique, l'auteur consacre quatre ch
l'histoire du développement de la flore depuis le Crétacé (il faudrait comp
toutes les recherches récentes sur les paléoflores de l'Ouest), ainsi qu'aux
systématiques avec les autres continents.
La partie la plus substantielle du volume est consacrée à la description de
tions végétales dans le cadre des grandes unités : zone arctique, zone tempé
tique, zone tempérée sèche de l'intérieur, zone tempérée pacifique, zone su
mexicaine montagneuse, zone tropicale du Mexique et de l'Amérique Centrale,
Antilles. Sur de larges espaces, la précision de l'exposé atteint l'échelle de l'associa
tion. Il est évidemment beaucoup plus sommaire en ce qui concerne le Canada et
l'Arctique. p. birot.
P. Birot.

The hardiness of plants


de J. Levitt

Ce petit ouvrage appartient à la catégorie de ces manuels d'Enseignement supé


rieur américains qui présentent, sous une forme parfaitement claire pour le non-spécia
liste, les résultats essentiels de la recherche dans le domaine des Sciences Naturelles
et Physiques. Traitant de la résistance des tissus végétaux au froid, à la sécheresse
et à la chaleur, il renseigne commodément le géographe sur trois facteurs fondamentaux
de l'écologie végétale, les solutions choisies reposant sur une critique brève, mais sagace.
C'est la résistance au gel qui a fait l'objet du plus grand nombre d'études. L'auteur
considère comme essentiellement mécaniques les dégâts provoqués par le froid. Ceci
vaut d'abord lorsque le gel se produit à l'intérieur du protoplasme, phénomène tou
1. John W. Harshberger, Phytogeographic survey of North America, 2« éd., New Y
790 p., XVIII pl. h. t., 1 carte h. t.
2. J. Levitt, The hardiness of plants. Agronomy (Américain Society or Agronomy, New York,
1956, 278 p.

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