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Les bassins néogènes égéens, de la Terre à la Mer

Ecole Doctorale 398 Géosciences Ressources Naturelles

Institut des Sciences de la Terre Paris ISTeP UMR 7193

Localisation : UMPC, Tour 56-66, 5ème étage, case 117, 4 place Jussieu 75252 Paris cedex 05

Directeur de thèse : Christian GORINI (UPMC)

Encadrants : Sébastien ROHAIS (IFPEN) et Laurent JOLIVET (Université d’Orléans)


Contact : christian.gorinipmc.fr ; Sebastien.rohais@ifpenergiesnouvelles.fr ; laurent.jolivetniv-orleans.fr

La déformation de la plaque chevauchante dans les zones de subduction est contrôlée par de nombreux
paramètres actifs sur des constantes de temps très diverses. Depuis les mouvements liés au cycle sismique
jusqu’à la formation de grandes zones de cisaillement accommodant des centaines de kilomètres de déplacement
relatif on observe tous les intermédiaires tant pour la dimension spatiale que la dimension temporelle. Il n’est pas
toujours facile de faire la part des choses dans le cas de processus géologiques long-terme. Par exemple l’origine
de la Faille Nord Anatolienne est discutée : s’agit-il d’une conséquence directe de la collision Arabie-Eurasie
que l’on explique bien dans le cadre d’un modèle d’extrusion ou bien le mouvement rapide de l’Anatolie n’est-il
permis que parce que le slab s’est déchiré sous l’ouest de la Turquie et sous la région de Corinthe et a ainsi
permis un mouvement de retrait plus localisé et plus rapide ?

Le cas de la région Égée-Anatolie est depuis longtemps un laboratoire de premier ordre pour l’étude des
mécanismes de contrôle des déformations de la plaque supérieure dans les zones de subduction. On y trouve des
conditions d’affleurement excellente, grâce à la présence de nombreuses îles dans le domaine arrière-arc, et des
conditions aux limites cinématiques bien contraintes. Par ailleurs, comme dans l’ensemble de la Méditerranée, la
Crise de salinité messinienne a créé des surfaces remarquables (surface d’érosion et de transgression)
absolument contemporaines sur l’ensemble du domaine et facilement repérables tant onshore qu’offshore et qui
peuvent servir de très bons marqueurs des mouvements verticaux.
Pourtant très peu d’études ont été consacrées à l’identification et la datation précise de changements de régime
tectonique à l’échelle de la région. Il existe en effet très peu de profils sismiques en Mer Egée. Quelques profils
académiques ou industriels ont été publiés, surtout dans le nord de l’Egée et dans le Golfe thermaïque. Il existe
également peu de forages, en tout cas accessibles dans la littérature, à l’exception notable du site DSDP 378 en
Mer de Crète (Leg 42) et de forages industriels dans le nord de l’Egée, en particulier dans le bassin de Prinos où
des hydrocarbures sont en exploitation. Il faut mentionner également la couverture dense de profils sismiques du
Golfe de Corinthe, publiée ou en cours de publication mais qu’il est difficile de corréler avec le reste de la Mer
Egée compte tenu du caractère très actif de ce rift et de ses failles bordières. Ce projet vise donc à reprendre une
partie des données existantes (sismique en Mer Egée et synthèse des bassins de la région Rhodope-Égée) pour
les réinterpréter dans le cadre des concepts actuels et à en acquérir de nouvelles (mouvements verticaux dans
l’arc hellénique).

La thèse projetée consisterait donc en une étude de la dynamique des bassins égéens et de l’arc hellénique à
partir de deux sources d’information :
(a) la couverture sismique de la campagne de 1972 que nous ré-interpréterons à la lumière des données et
concepts nouveaux,
(b) des observations de terrain complémentaires dans les extensions onshore des bassins analysés sur les profils
sur les quelques îles où cela est possible et dans la région du Rhodope.

La seule couverture sismique complète de la Mer Egée correspond à une campagne de 1972 tirée pour Chevron.
La plupart de ces profils appartiennent à l’IFPEN et sont à notre disposition. La pénétration est très variable
selon les régions traversées atteint plus de 3 s. Pourquoi reprendre l’étude de ces profils anciens, déjà exploités et
en partie publiés ? Nous avons aujourd’hui une vision beaucoup plus synthétique assise sur un grand nombre de
données de terrain acquises au cours des années 90 et 2000 depuis le Rhodope jusqu’à la Crète en passant par la
région de la Mer de Marmara. Par ailleurs les travaux récents sur les indices de la Crise de salinité messinienne
sur le terrain et en offshore en Méditerranée n’avaient pas encore été faits. Dans ce domaine également notre
vision de l’évolution régionale a grandement évolué depuis les années quatre-vingt.. Enfin, l'utilisation de la
stratigraphie séquentielle et de la stratigraphie sismique de la méditerranée pour établir un calendrier de la
déformation n'a jamais été envisagé à partir de ces données sismiques, combinées avec des analyses de terrain.
Les rares bassins affleurant à terre dans les Cyclades seront examinés à la lumière des observations faites sur les
profils sismiques. Les plus grands bassins se trouvent sur les îles d’Eubée (bassin marin de Kimi dont la base est
aquitanienne) et de Samos (bassins flio-lacustres de Karlovassi et Mytilini, belles sections complètes du
Serravalien au Pliocène avec plusieurs niveaux datés radiométriquement). Les bassins crétois ont fait l’objet de
nombreuses études, encore récemment et nous ne pensons pas indispensable de reprendre ces travaux bien faits
La synthèse des données des profils sismiques (stratigraphie sismique) ainsi que des travaux de terrain
complémentaires pour mieux comprendre le contexte structural de ce bassins nous permettront d’intégrer
l’évolution sédimentaire dans la géodynamique de l’Egée et d’en préciser le calendrier et la formation des reliefs.

L'utilisation de modèles numériques stratigraphiques développés à l'IFPEN permettra à la fin de ces travaux, de
tester différents scénario identifiés à partir interprétation des lignes sismiques et des données de terrain. Il s'agira
de restaurer l'architecture des bassins sédimentaires afin d'amener des éléments de discussion sur le lien entre
déformation (taux de subsidence, de surrection...) et processus de surface (climat, érosion, flux sédimentaires...).
Cette étape de quantification devrait ainsi amener des points décisifs pour contraindre l'évolution géodynamique
de l'Égée.

Nous attendons des résultats nouveaux dans deux domaines principaux :

Un modèle 3D des bassins égéens et une meilleure description de l’ histoire de la déformation récente grâce aux
observations sur les sédiments (depuis le miocène) nous aidera, entre autres, à quantifier les rapports entre
l’extension N-S qui a former la Mer Egée et la compression E-W dont l’origine reste discutée : est-elle une
conséquence du flux de manteau asthénosphérique vers le slab en cours de retrait dans un espace réduit, ou bien
est-elle une conséquence de l’extrusion vers l’ouest de l’Anatolie, ou encore une conséquence de la propagation
précoce d’une décrochement dans le système égéen (le « mid-cycladic lineament »). Pour répondre à ce type de
question fondamentale nous avons besoin de données quantifiées sur le raccourcissement et sur son calendrier
(pendant l’extension ou seulement après ?)

L’analyse des bassins offshore et onshore nous permettra de compléter la cartographie des systèmes de canyons
messiniens et de leur remplissage pliocène entre la Paratéthys et la Méditerranée orientale. C’est un point majeur
dans la compréhension de la Crise de salinité car l’origine du sel en Méditerranée orientale et les connections par
seuil avec la Méditerranée occidentale restent en partie mystérieures.

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