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1.1 Introduction
Dans cette étude nous nous proposons d'examiner les ex-
pressions qui servent à marquer une relation de paraphrase
entre deux segments de discours. Ces expressions n'ont pas
encore été décrites d'une manière systématique, bien qu'elles
semblent jouer un rôle déterminant dans l'organisation dis-
cursive de la communication orale. Parmi ces procédés, la
reformulation paraphrastique (ou simplement la paraphrase)
tient une place particulièrement importante: l'emploi d'une
paraphrase permet au locuteur de résoudre un certain nombre
de problèmes communicatifs : problèmes de compréhension, pro-
blèmes concernant la prise en compte de l'interlocuteur, pro-
blèmes de menaces potentielles pour les faces des interlocu-
teurs, etc. Or, la reformulation paraphrastique nécessite -
ceci sera une de nos hypothèses principales - un marqueur
quelconque sans lequel en général un énoncé ne serait que
difficilement reconnaissable comme paraphrase d'un autre énon-
cé. Cette fonction d'indication peut être réalisée par diffé-
rents moyens: à côté d'expressions comme je m ' explique, c'est-
à-dire, précisément, enfin, donc, bon, on observe des phéno-
mènes suprasegraentaux et paraiinguistiques (intonation, accen-
tuation, vitesse de débit, puissance de son). Dans la présen-
te étude nous nous bornerons aux expressions de nature seg-
mentale que nous appellerons "marqueurs de reformulation pa-
raphrastique" (MRP) .
1'énoncé-source
(représenté par (a) dans notre exemple)
2)
1'énoncé-doublon
(représenté par (b) dans notre exemple)
l'élément qui indique une relation paraphrastique:
le ou les MRP (dans notre exemple: c'est que)
anteposition
(2) et ce soufre (...?) qui s'est qui était il
est sublimé /È^/ c'est-à-dire qu' /MRP/ il
est vraiment euh en poudre, en poudre très
très très fine' /EQ7
(M.J.: Araignées rouges 3/3o-32)
(ES = énoncé-source, MRP * marqueur de la reformu-
lation paraphrastique, ED = énoncé-doublon)
postposition
(3) A: alors vous savez que les bonzaîs' y a une
sorte de de d'éthique, à respecter' /ES/
on n'aime pas tellement y mettre dessus des
produits chimiques (...)
M: oui et qui sont aussi le l'expression de
d'un art de vivre d'une^philosophie' /ED/
et je vous comprends parfaitement, hein /MRP./
(M.J.: Araignées rouges l/2o-24 et 2/11-13)
intégration
(4) (...) l'université, a été orientée selon, trois voies,
.. d'une part la. euh. pluridisciplinarité, /ES/
. auparavant l'université était, disons monodisciplinaire,
(...) on a donc introduit la pluridisciplinarité'
MRP
i . „ i
ED
(Pluridisciplinarité)
I I
autrement d i t , c ' e s t - à - d i r e ( q u e ) , ca v e u t d i r e a u s s i , e t j e
c ' e s t ç a , c ' e s t q u e , comme v o u s vous comprends p a r f a i t e m e n t ,
l ' a v e z d i t , en d ' a u t r e s t e r m e s , j e v a i s vous d i r e , nous
je m'explique, je le répète, je sommes b i e n d ' a c c o r d , v o u s
veux d i r e ( q u e ) , j e vous donne me d i t e s q u e , t u v e u x d i r e
c e s p r é c i s i o n s , j e vous l ' e x -
p l i q u e , par exemple, pour
p r é c i s e r e x a c t e m e n t ma p e n s é e ,
q u a n d j e d i s X, v o y e z c e q u e j e
veux d i r e
II II
bon, d ' a c c o r d , d i s o n s , d o n c , en a h , ah b e n , a h o u i , a l o r s ,
f a i t , enfin, oui a l o r s, p r é c i s é - bon, d ' a c c o r d , d e t o u t e f a -
ment, q u o i , t u s a i s / v o u s s a v e z , çon, évidemment, h e i n , o u i ,
vraiment voilà, vraiment
(7)
3.1.1 Comme nous l'avons vu, les deux termes d'une paraphra-
se, l'énoncé-source et l'énoncé-doublon, se trouvent dans une
relation d'équivalence sémantique. Cette équivalence sémanti-
que doit, en principe, être présupposée par toute relation para-
phrastique. Toutefois, en analysant un certain nombre d'exemples,
on constate aisément que l'équivalence sémantique apparaît
sous la forme d'une gradation différenciée, qui s'étend
entre deux pôles extrêmes. Les deux exemples suivants illus-
trent ces deux pôles extrêmes, qui se caractérisent respec-
tivement par un cas d'équivalence maximale et un cas d'équi-
valence minimale:
Or, l'étude des textes de notre corpus nous montre que la ma-
jorité des paraphrases est caractérisée par une équivalence
sémantique plus ou moins forte et qui doit se localiser entre
les deux cas extrêmes. Ceci nous amène à émettre l'hypothèse
que la fonction des MRP, à savoir l'établissement d'une rela-
tion paraphrastique, est plus ou moins présente dans tous les
cas qui peuvent être interprétés comme paraphrases, et qu'elle
devient de plus en plus dominante au fur et à mesure que l'équi-
valence sémantique diminue.
C. : a b s o l u m e n t i n i n t é r e s s a n t , /=ED/ a l o r s c h e z les
cinéastes (...)
(Le M a s q u e e t la P l u m e , 2 8 / 1 / 1 9 7 8 )
A: ah d'accord,
M: vous saupoudrez à sec*, et ce soufre (.-.?) qui
s'est qui était il est sublimé c'est-à-dire qu'il
est vraiment euh en poudre, en poudre très très
très fine'
(M.J.: Araignées rouges 3/2o-32)
4.3.1
i
(21) (...) tous les axes sont binaires'., ca veut dire'..
(...) que tous les axes sont découpés'., en deux
traits, incompatibles,..
(lignes 2-4)
(22) (...) où toutes les cases sont remplies' c'est-à-
dire où toutes les combinaisons, de traits, théo-
riquement possibles, sont effectivement réalisées
dans le système'..
(8-11)
Nous avons là des paraphrases du type 'expansion' (cf. ci-des-
sus 3.2.1). Dans (21) la locutrice utilise d'abord un terme
technique, axe binaire; puis elle reformule son énoncé en rem-
plaçant le terme de binaire (dans 1'énoncé-source) par découpé
en deux traite incompatibles (dans l'énoncé-doublon). De même
elle précise dans (22) par une reformulation ce que cela signi-
fie quand, dans la matrice, toutes les cases sont remplies
(énoncé-source): toutes les combinaisons théoriquement possi-
bles de traite sont effectivement réalisées dans le syetème
- 339 -
4.3.2
4.3.3
(24) (...) euh Jakobson a démontré par exemple'., que..
si toutes les langues, exploitaient toutes les
toutes les possibilités théoriques de combinaisons
de phèmes'. elles disposeraient d'un système phono-
logique comprenant (...) quatre mille quatre-vingt-
seize phonèmes,., or vous savez que., les langues'
(...) comportent â peu près, trente-cinq quarante
ou quarante phonèmes,.. (...) (plus fort) donc',
vous voyez que. il y a un + une possibilité très
réduite par rapport au nombre des possibilités
théoriques'.
(52-64)
Ici, le problème communicatif que l'activité paraphrastique
aide à résoudre ne résulte pas d'une éventuelle incompréhension
due â l'emploi d'un terme technique, mais plutôt de la comple-
xité du discours et des difficultés de compréhension qu'elle
entraine. Après avoir introduit la notion de système saturé
(cf. ex. 23), l'enseignante donne un exemple: elle explique
que;dans le système phonologique du français, certaines combi-
naisons de traits théoriquement possibles ne sont pas réalisées.
Ensuite, elle élargit la perspective en parlant de toutes les
langues (début de l'ex. 24). Par le MRP donc (donc vous voyez
que...) elle reprend son argumentation interrompue (cf. lignes
43-45: les langues naturelles ne réalisent pas toutes les com-
binaisons de traits théoriquement possibles). Ainsi, après
avoir illustré cette affirmation par un exemple, elle passe
de nouveau à un niveau plus abstrait, en généralisant à partir
de l'exemple. L'emploi de donc correspond exactement à celui
décrit par Zenone: "Donc indique la reprise du fil du discours
après une digression"; il "renvoie anaphoriquement à un topi-
que dont il a été question préalablement et qui est ainsi ré-
introduit" (1981, 116-117; cf. ci-dessus 3.2.5). Ce topique
est réintroduit sous forme d'un résumé. Dans une étude sur les
fonctions communicatives du résumé, Werlen a montré qu'un résu-
mé sert aussi à souligner ce qui semble, dans un contexte don-
né, particulièrement pertinent au locuteur (Werlen 1982, 293).
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- 342 -
Notes
Conventions de transcription:
, p.ex, alors voilà, intonation descendante
1
p. ex, ah bon' intonation montante
pause courte, moyenne ou longue
bien mot/syllabe fortement accentué
est rallongement
7rire) commentaire du transcripteur
+ fin du commentaire (si elle ne
coincide pas avec la fin de
la contribution d'un locuteur)
mot ou énoncé incompréhensible
(je veux?) mot ou énoncé qui n'a pas pu
être identifié avec certitude
(...) omission
rX: bonne journée chevauchement de deux énoncés
LY: au revoir
Bibliographie