Vous êtes sur la page 1sur 396

^^

r^
F

''y.
1^
'
I

, I

-(

illl

1 tÏÏfil

/
I
'}
[

4
1T

I
F

Jf
m

V

ATLAS t
il.

HISTORIQUE,
Tome V. et VI.

AMERIQUE
Conter L'ASIE. L'AFRIQUE ^
SEPTENTRIONALE & MERIDIONALE.

i
rmi^f^ff^
F

l ^
•:
1

n
^i*

\
*' i

1:^'

Ir
,

ATLAS
HISTORIQUE, ou
NOUVELLE
A
INTRODUCTION
&
l'HiftoirCj à la Chronologie à la Géographie
m
Ancienne Moderne; &
Repréfentce dans de

NOUVELLES CARTES,
Où l'on remarque rEtabliflement des premiers Etats &c des plus anciens
Empires du Monde, leur durée, leur chute, & leur difFerens Gouvernemens;
La Chronologie des Empereurs , des Rois , des Princes lS:c. qui cnt été dcpuli le Commencement du Monde
îufqu'à prcfent i Généalogiques , tirées des monùmens les plus aiithentitjues > THifloirc du Commerce dc|
leurs SucccflîonS
Compagnies d'Orient &
de toutes Icuis découvertes , marquées dans des Cartes très-cxaélcs , avec les Comptoirs 5c
les Forts de chaque Nation, les routes des Voyageurs 6cc, Le tout accompagné d'un nombre conlidérablc
d'Eftampes 6c Figures deffinécs &
gravées d'après les Originaux , parles plus habiles Maîtres , reprcfentant
cequ'il y a de plus remarquable dans la Rcligionjles habillemens, ufagcs &
productions de chaque Païs.

*
Par M'. C. * *
Avec desD IS SE RTA T IO N S fur rHiftoire de chaque Etat
Par M^ G U E U
TOMED E V V.
I L L E.

ui comprend f(yi
'Affyrie , tArménie ,
SIE en général
Turque Afiatique , la Terre fainte , t Arabie,
la Géorgie , la
^ en particulier >

laPerfe, laTartarie, les Etats du Grand-Mogol, les Indes Orientales , la Chine,


le Japon, le Royaume de Siam. ^
SECONDE EDITION, CORRIGEE ET AUGMENTEE.

A nA MST E RT) A M,
Chez ZACHARIE CHATELAIN.
M. DCC. xxxn.
A:vec Privilège,
'Il

|. !l
'1

il

SON ALTESSE SERENISSIME


MONSEIGNEUR
EUGENE FRANÇOIS,
PRINCE DE SAVOIE ET DE PIEMONT,
CHEVALIER. DE LA TOISON D'OR, CONSEILLER. D'ETAT,
GENERAL LIEUTENANT DES ARMEES DE SA MAJESTE' IMPE-
RIALE ET CATHOLIQUE, MARECHAL DE L'EMPIRE, PRESI-
DENT DU CONSEIL AULIQ.UE DE GUERRE DE SADITE MAJES-
TE", COLONEL DUN REGIMENT DE DRAGONS, SON LIEUTE-
NANT, GOUVERNEUR, ET CAPITAINE GENERAL DES PAYS- '

BAS AUTRICHIENS, &c. .

ONSEICNEUR,
La Defcrîp'ton de l^ Europe feule n'auroit rien qui fut
digne de Fous être offert. VOTRE ALTESSE SERENIS-
SIME l'a prefque toute parcourue
*
fs Campagnes
dans i que
;
'

- •
pour- i.'l

\'

m
E P I T R E.
p ourroit-elle Lui ])r€jenter qui ne Luifoit déjà connu ? Voi-
ci quelque choje de nouveau , qui pourra peut-être agréer à
VOTRE ALTESSE SERENISSIMEi c'ejî la Defcription des
trois autres Parties du Monde , que nous prenons la liber-

té de Lui offrir, o^ quel autrepourr oit-elle convenir mieux


qu'à Fous ^MONSEIGNEUR, quifuivez de près les traces
du Vainqueur de F Àfie ? En effet encore une Campagne àf
, ,

le Bofphore de Thrace voyoit VOTRE ALTESSE SERENIS-


SIME fur fis bords. iLÂlors., qui eût empêché ftyîrmée Vic-
torieufe queVous commandiez , de pénétrer auffiloin que cel-
le du Héros de la Grèce?
Mais un plus noble penchant a mis des bornes à Votre
ardeur Martiale. Content , MONSEIGNEUR , d'obliger
l'Ennemi commun àfe reconnaître , VOTRE ALTESSE SE-
RENISSIME a préféré une Gloire paifible à celle de conqué-
rir de nouveaux Etats. Il Lui afuffid'ajfurer la tranquillité

de ceux de SA MAJESTE' IMPERIALE ET CATHOLIQUE;


de reculer fès frontières , ^ de mettre une forte Barrière
entre Elle ^ un Voifin trop remuant. C'était peu de ré-
sa MAJESTE'
duire la Save entière fous la domination de
IMPERIALE ET CATHOLIQUE; VOTRE ALTESSE SERE-
NISSIME j a joint tout ce qui fe trouve de l'un ^ de l'autre
coté du Danube jufqu' au Timok &' jufqu'â l'Âluta. .
Bel-
grade.^ Temefivar , Parakin , Ifalaz , Schahack , Bed-
ka , & Belina , ne font qu'une partie de Vos Conquêtes.
Et pour tout dire en un mot , le Traité de Pojfarowitz efi
k glorieux fruit de Vos travaux.
Ih êltu d'autres entreprennent de louer VOTRE ALTESSE
SERENISSIME par l'éclat de fon Augufîe Naifjame : pour
Nous,


E P I T R E.
Nous, MONSEIGNEUR, mus mus renfermons en ce qui
La regarde plus perfonnellemenL Sa Magnanimité •, fa.
Vigilance, fin Courage Héroïque , font des Vertus qui Lui X f

font propres^ & dont Elle nef redevable qu'au foin qu''Él*

le a pris de les cultiver. Voilà ce que chacun admira dès


les premiers coups d'ejfai, que VOTRE ALTESSE SER E-
NlSSIME_yf/ autrefois en Hongrie. Voilà ce qui s'ef con-

firmé depuis , tant en Allemagne., qu'en Italie ^auxPaïS'


Bas. Et voilà ce que Votre dernière Campagne vient dô
porter au plus haut point où ilfiitpoffibk d'arriver. El-*

le a fait voir ce que peut la Valeur ,fiûtenue de laplus ra^


re Prudence ,
&' combien les rejfources d'un Grand Capi'^
t aine font au dejfus des lumières du Commun.
toutefois , MONSEIGNEUR, les Vertus Militaires ne
font pas les feules que chacun admire en Vous. Si la guer- I
i
riere P allas Vous accompagne à la tête desLArméesJafàge
Minerve Vous inflruit ^ Vous délajfe dans^ le Cabinet.

Oeft Elle qui fait briller en Vous ce goût exquis pour les
Sciences ^pour les Beaux Arts , qui Vous rendfi délicat en
tout genre de Littérature. C'efi Elle qui Vous donne cette

Sagejje dans lesConJeils.,égale à Votre Valeur dans les Com"


bats. C'efi Elle qui Vous infpire cet amour de la Paix ^fiul

capable d'arrêter le cours rapide de Vos ViEloires. C^efi


Elle qui orne Votre ejprit de tant de belles Connoijfances
que Vous pojfedez. Cette Douceur^ cette Affabilité^ cette
Modération , cette Politeffe , qui font Votre Caraélere,
font les effets de fes dons précieux. Cette Bibliothèque fi
bien choifie., que VOIRE ALTESSE SERENISSIME raffem-
ble avec tant de foin, fera un Monument éternel de Votre
* % Gloi"

p
i
m
,

E P I T R E.
Gloire. Lâ^ Vos Conquêtesferont gravées dans toutes les

Hijloires , pur être tranfmifes â la plus reculée Pojîeri-

té. Là, les Jiéclesàvenirverront, après nous, ce qui afait

le Miracle de notre ^ge.


Nous M ONS EIGNE UR
rfoferions nous flater , , </^ <:o;z-

tribuer de nos fins à l'enrichir. Daigne VOTRE AL-


TESSE SERENISSIME recevoir du moins cet AT^LAS
comme unjufe tribut de nos hommages l Elle j verra, ^
les Lieux qviElle a parcourus dans fis Campagnes ^ ^
ceux ou il n'a tenu qu'à Elle de pénétrer. Trop heureux .^

MONSEIGNEUR, fi nouspouvons concourir à Vous


récréer

par ce Tableau des trois plus vafies Parties du Monde.

C'efi l'unique but que nous nous propofons-, en Vous ajju-

rant que uousfommes avec le plus profond rejpe^

MONSEIGNEUR,

DE VOTRE ALTESSE SERENISSIME,


!'

ï\ A
.
Arafterdam
lei.Avriliyit).
,
Les très-humbles & très-
obeïflans Serviteurs,

L'HONORE" & châtelain:

w
'M

PREFACE. îE bon accueil que le Public a hit à L'ATLAS HISTORICJU E, & l'Aprobation
^que les Savans lui ont donnée, n'ont pas été pour nous un petit encouragement à le
continuer.
5s Feu Mr. Hainage de Bcauval, fi célèbre par ion érudition & par le bon
Sgoùt qui fe fait fentir dans (es Ouvrages, a reconnu * l'importance de celui-ci, qui em~
sèrajfe tout à la fois l^Hiftoïre., la Chronologie ®
la Géographie. Il a rendu juilîte au me-

«rite de l'Auteur, à qui // a falu, dit-il, beaucoup d'avare Çë beaucoup d'art pour affe.m~
bkr tant de matière. Et quoique dans un ii grand dcircin il fut impoiTiblc de ne manquer pas quel-
quefois d'cxa(^titude, ou de ne le pas tromper en quelques cndi-oits, il ajoute, que ce qu'il peut
y
avoir de défei^lueux dans cet Ouvrage, li empêche pas qtCil ne (oit d'une grande iitil'iié 6y dUme grande
commodité. En effet, continue ce judicieux Ecrivain, tout y eft dïp-ibuë en Cartes différentes , oà l'ott
"voit £unfeul afpeB tout ce qui apartient aufujet contenu dans chacune.
P'eu Mr. Bernard n'en a pas jugé moins favorablement. Le dejfein de cet Ouvrage ï
dit-il f , efi fort bien entendu. La Géographie , la Chronologie , ^
l'Hiftoire font trois Sciences
ne'cejfaires à tout le monde., (S qui fout fi unies les unes aux autres, que les deux premières ont
été appellêes les deux yeux de la troifième. Nous ne manquons pas de Livres qui les traitent fépà~
ré'nent. Nous eu avons auffi qui les traitent toutes trois enfemhle ; mais la plupart fout trop
courts , tS ne font pas accompagnez de Cartes , fans lefquelles , en cette matière , // efl impoffthle
de comprendre les difcours les plus tiets ^
les plus exf£ïs. Ici on a réuni tous ces avantages ; Çd
€eiix qui veulent apprendre les Sciences dont nous parlons , ou du moins , en avoir une idée gé-
nérale , mats aff'ez étendue , ti auront pas befoin d'avoir recours à d'autres Livres. C'elt faire en
peu de mots un éloge abrégé de celui-ci. Et une marque que ces deux Savans l'ont jugé digne de
leur attention, c'efl: qu'ils en ont fait l'un &
l'autre un Extrait fort étendu, pour en donner une julle
idée.
Le delTein n'en peut ôtre plus vafle, puifqu'il embrafTe tout l'Univers. On ne s'arrêtera pas ici à
décrire l'importance de la matière. Mr. Gueudeville l'a fait dans les Préfaces précédentes d'une ma-
nière fi nette, li judicieufe, &
en même tems fi enjouée, qu'on ne pourroit rien y ajouter qui ne fûE
au delfous de ce qu'il en a dit. II fuffit de remarquer que L'ATLAS auroit été incomplet, s'il
URQPE.
n'eût renfermé les IV. Parties du Monde. Les volumes précédens ne contiennent que l'E
Il étoit donc néceiîaire d'y joindre auffi l'ASIE, l' AFRIQUE & TAMERIQUE, qui, li elles
ne font pas les plus intéreflantes, font du moins les plus riches, les moins connues, &
par confequent
les plus propres à exciter notre curiolité.
C'elt peu de ne connoitre que l'Hiltoire de fon tems &
de fou Pa'is, fi l'on ne s'iullruît auiïi des
coutumes des autres Peuples, &
de ce qui fe pallé dans les terres les plus éloignées. On s'en inftruie
par la fréquentation des Etrangers &
par les volages. Mais comme tout le monde n'eil pas en état
d'en entreprendre, ou que ceux qui en ont fait, font bien aifes d'en rappeller le fouvenir, on y fupplée
par la ledure, qui aprend aux uns ce qu'ils ne favent pas, &
qui retrace dans la mémoire des autres
une idée agréable de ce qu'ils favent déjà. Si donc une Relation particulière fait tant de phiifir , lorf-
qu'elle ell curicufe &
bien écrite; que ne doit-on pas attendre d'un Recueil de tout ce qu'il y a de
plus utile & de plus intéreff'ant dans les meilleures Relations ? On a fuivi ici les plus exai^lcs &
les plus
nouvelles. On s'elt attaché à ne rien rapporter que fur la foi des Ecrivains les plus fùrs &
les mieux;
indruits. Dans la multiplicité d'Ouvrages de cette nature qu'on a entre les mains, on a choifi ceux
qui paroiflbient drellez fur les meilleurs Mémoires , ou ceux des perfonnes mêmes qui avoient
voiagé fur les lieux. On a tâché de démêler la vérité d'avec ce qui pouvoit lentir la fable; &
daijs
les récits de ceux qui difent ne rapporter que ce qu'ils ont vu, on a dilUngué le merveilleux d'avec
les circonitances réLlles &
eiïentielles , pour ne point en impolér apr^s ceux qui auroient pu fe trom-
per eux-mêmes les premiers. Souvent un Voiageur qui revient de loin prend plaifir à embellir ce
qu'il raconte. On a alors comparé fon récit avec ceux qui paroillbient de meilleure toi ; &
fi quel-

qu'un s'eil; trouvé feul à nous guider dans une route obfcure &
incertaine, (ce qui a été fort rare) on
ne s'eil pas toujours fié à lui aveuglément; mais on l'a comparé avec lui-même, &: ce qu'il a dit de
*
*
rom. V. ,
"V^^^i-

* Hifl.dcs Ouvrage! des Sçavaus Novembre 1704.


.,

.

\ Nouvelles ik la Répubtique des Lettres, Détembre 1704.

il

i
m
„ PREFACE.
Voilà de quelle manière on s;eft engagé à k
vraifemblabl= a fervi à difcerner ce qui ne l'étoit pas. _

continuation de cet Ouvrage: peut-être ces deux derniers


Volumes ne feront-ils pas jugez les moins

™Pour parler maintenant de l'A S I , qui fait la


matière de celui- ci , voici comment on l'a traitée ,
E &
méthode qu'on a fuivie dans l'arrangement des Parties qui la
compolent. Premièrement on a dref-
la
d œil tous les noms des
fé une TMed! touta Is 'Dmi/inns de t Afie , où l'on découvre d un coup
Orient , pour commencer par ceux qui font
Pais de ce valle Continent. "On l'a prile d'Occident en
les plus voilins de l'Europe; &
on les a rangez en colonnes particulières qui renferment chacune les
On cru cette méthode plus propre qu'aucune autre à donner une idée
fubdivifions de chaque Païs. a
générale de la matière; comme on s'ell aperçu qu'elle avoir été omiie dans les Volumes precedcns,
&
on a éié bien-aife d'en réparer le défaut dans ceux-ci. On ne prétend pas s attribuer le mente de
l'mvcmion de ces fortes de Tables on fait qu'il s'en trouve dans pluîieurs Géographes,
;
particu- &
lièrement dans VJtlas Ji Samfon. Cependant on a fuivi dans celle-ci
un ordre différent des autres ;
commode fi même elle n'ell pas nouvelle a divers é-
& peut-être en iu^era-t-on la difpotion plus ,

Voici donc déjà un avantage que ces deux Volumes ont fur les prècédcns , par
le fort ordi-
o-irds
premier coup. On y en trou-
Saire des orands Ouvrages , qu'il n'ell pas poflible de perfectionner du
vera encore un autre plus confidérable plus nécdfaire &c'ell que tout l'Ouvrage ell lie de telle forte,
:

& que toutes en font fi bien jointes


les parties qu'elles ne font enfemble qu'un feul tout.
,
Le deflcm
& un des mérites des quatre premiers Tomes ; on s'eii attaché dans ceux-ci à en bien
l'invention cil
exécuter la difpolition. C'efl: une fuite de matières qui s'enchaînent & qui par leur dépendance
, ,

mutuelle , aulli bien que par leur variété , forment un alTortiment


complet de tout ce que l'Afie ren-
ferme de curieux. La Carte Geografhiqite en ell la bafe & le fondement la Table dont on vient de :

parler en contient la 'Div:fin conforme à la Carte les 'Dijfertatians en expliquent le fujet


:
les Tables :

èvénemens les Généalogies lorfqu'il s'en trouve , indiquent la buccef-


Chronolajriqm en placent les : ,

fion desKois; & les /rarej- toutes proprement dellinécs &


,
gravées, reprefentcnt ce qu il
y a de
plus remarquable dans les ufages & les produaions de chaque Pais.
Il faut feulement avertir le Lec-

teur que pour ne lui pas caufer une dépenfe fuperflue on n'a pas ajouté ici la Carte générale de l'A-
,

fie, non plus que celles de l'Afrique & de l'Amérique dans le


Volume fuivant parce qu'elles fe trou- ,

vent toutes la tête du premier, auffi bien que la Mappe-monde dont elles font des parties détachées.
il

Ceux néanmoins qui n'ont pas les autres Volumes , & qui voudront avoir ceux-ci iéparément , pour-
ront aulli avoir ces Caries, s'ils le fouhaitent. ,„,.,,.,
La Table Jet dnifions de l'Afie cil précédée d'une Tiijfertattm /générale, contenant ce que 1 Hiitoi-
re nous aprend de plus curieux fur cette Partie du Monde ancien. On y
voit les Privilèges qui la
habitans.^ Ce
dillinguent des autres, tant par raport au Culte de Dieu, qu'à ce qui regarde fes premiers
Elle ell fuivie d'une
difcours conduit infenfiblement à la Tlivifion Géographique qui vient après.
Succeffim Généalogique des plus anciens Rois du Monde , lavoir des
Alfyriens premiers féconds, &
l'Hiiloire abrégée de ces mêmes
des Modes, des Babyloniens, &c. Cette Carte difpofe le Leftcur à
Chronologie Hifloiique, les principaux èvénemens de leur Hégne lont
Rois contenue dans leur oii

marquez félon l'ordre des tcms. Et comme le Pais a extrêmement changé , depuis que ces anciens
Rois ont fait place aux Monarchies nouvelles , on a joint là une Carte de C fie Je Ion les Ailleurs an- A
ciens, une autre de l'///& Inférieure , dont la confrontation avec la première lervira à faire remar-
&
quer ces changemens. Voilà pour ce qui regarde l'Allé en général , &
les matières apartenant à la pre-

mière Dillertation.
Enfuite on entre dans Pais , le &
l'on commence par ^Afie Mineure. On en trouve premièrement
une Carte particulière ; après quoi vient la Tlillertatton qui explique ce qu'on en doit lavoir. Com-
me on y parle de Smyrne , d'Ephèfe , d'Alexandrie , du Bofphore de Thrace , on y a joint plufieurs
belles Planches , oii tous ces lieux font reprèfentez , autli bien que les
habillemens de leurs habitans.
&
De là on paffe dans Y Arménie la Géorgie , dont les principales Villes font auffi gravées enfuite, avec
les habits des Hommes des Femmes du Païs. On y voit l'Etat prélent de l'Eglife Grecque , S: ce
&
qui regarde les Prêtres &
Religieux Arméniens.
L'Empire des Turcs fe préfente après , dans une Carte Géographique qui le renferme. Elle eft fuivie
d'une Tremiére 'Di(fertalien fur ce grand Etat, accompagnée de diverlès Planches très-belles, gravées k
plupart par le Sr. Pirart, contenant plufieurs particularitez curieufes des mœurs ufages dcsMahome- &
tans. On parle enfuite de leur Religion dans une Seconde 'Differtation : & la curiolitè du Ledeur eft
pleinement fatisfaite, puilqu'il trouve auffi-tôt la Généalogie de Mahomet, une vue du Temfle de la Mec-
que, une defcription du Telerinage que les Turcs font tant en cette Ville qu'à Medine , le tout tiré
&
de leurs 'Traditions , & de ce qu'on a pu trouver de plus nouveau fur ce fujet.

On n'a pas oublié la Terre-Sainte, repréfentce premièrement dans une Carte Géographique, puis dè-
ctite dans une Differtation où l'on a taché de ne rien omettre de ce qui
peut faire plaifir au Leftcur.
On lui épargne la peine de vifiter les Lieux Saints , par le foin qu'on a pris de les lui remettre devant
les yeux fins qu'il s'e.xpore aux périls d'un Ions & pénible voyage , il peut contenter ici fa dévotion,
; &
en contemplant à loilir la Vil'e de Jerufalem, le Kaint bepulchrc, Bethléem & Nazareth.
& &
l'autre dans plufieurs 'Diferta-

Il ell
Une autre Carte repréfente Y Arabie
tioiis.
trop recherché , &
la Terfc , décrites l'une
Celle qui regarde l'Arabie ell fuivie d'une gravure , où f on repréfente l'arbre du Caffé. Son fruit
la boiflbn qu'il nous procure , trop agréable &
trop à la mode , pour ne deman-
&
dont on le prépare dans le
der pas une defcription particuhére , avec la manière dont on le cultive
Pais. Les Differtations qui regardent la Perfe font au nombre de trois , eu égard à l'abondance de la
matière. La féconde ell fuivie de la Succejfmi Généalogique des Souverains de cette valle Monarchie,
pour préparer le Lefteur , félon notre coutume , à l'Abrégé de leur Règne contenu dans la Chronolo-
,

PREFACE; xti

ie Hijîorîffîie qui vient après. La troîfiéme Diileitatîon eiï celle où l'on décrit l'Etat préfent de la
%'erfe ;c'elt-pourquoi elle ell accompagnée de Phincbes qui rcprcfcntent ce qu'il y a de plus curieux à
ll'pahan: on y voie les habits des Pcrlans, tant ci\i[s que militaires, leurs Molquées, les tombeaux de
leurs Rois, &divers autres beaux monumcns dignes de la curiolité des Voiagcurs.
Tirant enfuite vers le Nord , nous parcourons la Grande Tartarie nous donnons à l'ordinaire la
;

Carte du Pais , fa "Defiriptïon , la Succeffion de fes Empereurs, &: leur Chronologie Hifiorique, où
l'Hiftoire abrégée de leur Gouvernement. C'cll le fcul Pais fur lequel nous n'aions pu recouvrer de
figures mais on en elt bien dédommagé par celles qu'on trouve enfuite fur le Mogol., que l'on peut di-
;

re qui font originales, &


qui n'ont jamais paru ailleurs que dans ce Recueil. Eiies font précédées
'

d'une Tremiére liijfertation fur ce grand Etat, &


de la Succejion Généalogique de fes Empereurs de-
puis Tamcrlan julques à préfent; après quoi viennent \&\xr^ portraits tirez fur les lieux d'après les Ori-
gin<iux, dans le goût &
félon la manière des Indiens. On volt auiii dans une Planche particulière /f/dî-
meiix combat de ces qtiatres Frères-, en qui l'ambicion étoufant k nature, fit naitre un fi ardent defir de
régner, que non contons d'avoir détrôné leur propre Père, ils armèrent leurs mams impies l'un con-
tre l'autre pour fe fuplanter mutuellement. Un tel Tableau ne peut qu'exciter la curiofité à s'inib-uire
du relie de l'Hiltoirc: on la trouve dans la Chrofwlogie des mêmes Empereurs, dont on voit enfuitd
le 'Palais-, avec des partîcularitez qu'on chercheroit inutilement dans d'autres Livres. On en eil icde-,
Vable , aulIi bien que de quatre autres Planches fuivantee , ;\ Moniieur le Comte Jean Jntboitie
Baldini » non moins rccommandable par fes belles connoinîmces , que par le foin parti-
culier qu'il prend de recueillir ain(i diverfes pièces rares &
curieufes , dignes fruits de fes vola-
ges. La facilité toute gracieufe avec laquelle il a bien voulu nous les communiquer, contre l'ordinai-
re des curieux, avares de produire au grand jour leurs précieufes découvertes, mérite que nous lui
rendions ici ce témoignage public, comme un tribut de notre julle rcconnoillance. Les quatre Plan-
ches qui fuivent, &
dont on lui a auHi l'obligation, reprélcntent divers fujets hiitoriqucs du Mogol, le
tout gravé par le Sr. Picart, &
expliqué dans un Dil'cours qui vient après. Elles font précédées d'une
au.re 'Dijfertation où l'on achevé de faire connoitre ce grand Empire, fur les Mémoires lesplusexadts
ik les plus récens.
Du Mogol on palTe naturellement aux Indes & à la Chine: c'eil-pourquoi on trouve là une Car^e
Géographique de ces Pais. Après qu'on en a vu la T)efiriftion dans !e Dil'cours dont elle elt fuivie j
on coniiijiere avec plaiftr les Villes de Surate &. de Bata^via^ la Carte de Java toute nouvelle, n'aiant
pas encofl'e été mife au jour,& celle de Malabar ^àd.n'i lefquelks on trouve ies noms dcsComptoirs où fe
fait le Négoce, la marque des Pavillons, & diverlcs remarques inltruLHives pour le Commerce, & les
principaux Forts des Hollandois dans ce Pais-là. On lit enfuite une partie de ce qui regarde la Chine,
dans la 'DiŒertation générale que l'on donne fur ce grand Pais. La SacceJJÏon Généalogique de les Em-
fiercurs, divifez en 'XXll. Familles, précède immédiatement leur Chronologie., après laquelle on voit
f
lees Habillemens tant de l'Empereur cjue des Dames de la Cour, &c. Une Seconde T>iffertaîion traite
de la Religion des Chinois relie ell iuivie d'une reprél'entation de leurs Temples & de ]envs Idoles; &pour
achever de connoitre les Mœurs & les Coutumes de ces Peuples Orientaux, on les décrit dans une
TroiJiéme'Differtationj accompagnée de 'Planches qui repréfentcnt les habitans de diverfes Provinces.
Et comme les Japonmis font une Colonie de Chinois tranfplantez dans les lies voifines, il étoit natu-
rel do parler tout de fuite du Japon. On l'a fut dans une ÏJz/^rrd/ /os particulière, précédée d'une
Carte de cet Empn-e. On a donné de même la Jz/rc^^o?; (jé''/;f(z/o^/^«(? de fes Empereurs &: L' mé- ;

lange des Tyrans qui ont fouvent ufurpé la Couronne a fait naitre le delfcin d'une belle Planche, où
l'on vo't repréfente le meurtre de l^ Empereur Cuba. De h\ on paii'e à la Chronologie Hiftorique de ces
mêmes Empereurs, puis à la Defcription de Meaco, leur Capitale, où l'on trouve aufii diverfes autres
particularitez.
Entin le Royaume de Siam eil le terme de cet agréable voiage, où, fans autre peine que de feuille-
ter un Livre, non moins utile qu'amufant par fa diverfité, on parcourt d'un coup d'œil ce varte Etat
& tous ceux qui lui font tributaires. La 'Dijfertation en explique tout ce qu'on en a pu découvrir de
plus curieux; &
afin que rien ne manque à la fatisfadtion du Ledeur, on finit par une Vue de la belle
yUle de Sianii des Habillemens de fes Habitans, de leurs 'Pagodes, des Bilans du Roi, de la ma-&
nière de dompter les Elephans, qui font la monture ordinaire des gens du Pais. On auroit peut-être
<iù joindre à ce Volume la Defcription des Iles de £AJie. Mais comme on n'a pas eu deilein
de les décrire toutes , &
que l'on s'elt contenté de parler des principales , on les a
joint à celles de l'Afrique &
de l'Amérique, que l'on trouvera toutes enfemble à la fin du Volume
iuivant.
Oi! a pris foin de parler du Commerce de chaque lieu, d'une manière inftruftive&intéreflante. Non
feulement on l'a-marquè dans les Cartes, mais on en a traité aulIi dans prefque toutes les Dillertatlons.
On y décrit les Pons, les Comptoirs, &
les Coutumes que chaque Nation oblerve dans fon Négo-

ce, les routes qu'elles ont tenues pour s'y aller établir, l'Hilloire de leurs découvertes, &
la manière
dont elles font leurs échanges. En un mot on n'a rien oublié pour rendre cet Ouvrage utile , autant
qu'il ell curieux ^
divertilfant. Les Cartes qu'on a rafiémblées , tant pour ff-lillaire ancien-
ne que pour la moderne , font toutes les plus nouvelles , les plus fûres , & les plus exaéles.
On y a prefque toujours négligé les lieux les moins importans , qui ne doivent propre-
ment être placez que dans les Cartes particulières; &
au lieu décela, comme l'a judicicufemcnt re-
marqué un des Auteurs que j'ai déjà citez * , on y a marqué d'ordinaire les événemens les plus conii-
dérabics, aux lieux mêmes où ils fe font palfez, A la place de divers ornemens aii'ez inutiles, que l'on i ^1
trouve à la marge des Cartes communes, on a rempli ces endroits d'avertilfcmens utiles qui ont rap-
** 1 port
• Mr. Bemartit ^"HS les NoHV*lki de la République des Lettrei, Décembre 1704.
,

,,
PREFACE.
port à la Carte fur laquelle font ces avertiffemens ; & l'ou a tache de ne rien laiffer à defîrer dans une

"îïl™it''paf»uTce détail où nous venons d'entrer, qu'il étoit nécefFaire


de continuer l' ATLAS
Chacun fait qu'on ell redevable de ce bel uuvrage a Mr. C* .
qui, par fon bon
HTS-rOllIOUb;
ces firtes de m.ntiéres
goût pour rirrangement de
&
par fou aplieation infatisable, a rendu en cela un
11 ell aifé de comprendre que ce travail lui a
coûte beaucoup de
fen ce t és-coniidérable au Public.
a falu, comme on a dit, beaucoup d'ordre & beaucoup d art pour
leines & de recherches; qu'il lui
le mettre en l'état où
nous le volons; & que fon zèle pour 1 utilité commune a du être anfli étendu

peut affez le louer, non feulement de s être en-


ric"ux"'& moins apliqué que le fien. En forte qu'on ne
forti d une mamere qui lui fait tant d honneur.
pUé dms une route fi épineufe mais encore d'en être
;

Public a faite à l'Ouvrage, jullifie pleinement ce que nous dilons ici de


La" réception favorable que le

l'Auteur 11 en avoit un lùr


garant dans le Jugement des deux célèbres Ecrivains dont on a parle: &
fidfrage, eli d'un poids auquel on ne fauroit rien ajouter.^
quand il' n'y auroit que leur il ^

la gloire qm peut leur être due légitimeinent on


.^
Comme on ne veut rien dérober aux autres de par Mr. Ferdtmnd Louis de Brejler Conleiller de
,

averit oue l'Auteur a été féconde dans


ce travail ,

& Sénateur de Brcflaw par Mr. jaques Gmllme Imhof, Confeiller de la Ré-
Si Maieilé Impériale ;

les Généalogies èi par diverles autres perfonnes de favoir &de


publique de Nuremberg, fi verfé dans
;

croit^ d'autant plus obligé^de kur_rmdre,_^q^ud feroit ift-


diilinttion. C'ell un témoignage qu'on fe '" " dont on ett -" "
d'exaftitudc f plus de recherches
' "' "^ que celles
' redevable à leurs
cile de trouver ailleurs plus
'

foins.
Mr. ae Limkrs, Dofleur en Droit,
j»r Auteur de YHiflolre dt Louu XIK
qui a été fi bien reçue du
,

de la nouvelle Traduaion des


& O^^" ^' '«"«'« l"'"
public,
Deu contribué aulii i la publication de ces deux derniers Volumes de 1 ATLAS HISTORIQUh,.
lTr'^\Tl^^'^T^nn\n\fv
f;
1 .'etf affocié fans peine au travail
de Mr. CmuieiJiUe , fi connu par tant d autres beaux Ouvrages
qui, quoi qu'elles portent dans le Titre le nom de ce dernier
pour en compofer les miertatiovs,
l'honneur d'une continuation à laquelleil a eu beaucoup de part) font
Ecrivain f pour ne pas lui ôter
minant 'méfiées des produélions de l'un & de l'autre, d'une manière ii imperceptible, qu il era difîi-
Së de Icrdifcern" On reeonnoitra Mr. Gueudev.Ue à fes faillies vives brillantes, & &
à ion llile

pninué Mai^s méthode, l'arrangement, les réflexions plus fericufes, font du partage de Mr. de
H
pS foin de fondre le tout enfemble. On fouhaite feulement que le Public
flJr, oui a fur lui le

foit auili estent de ces


deux dernières Partie-., qu'il l'a paru des quatre premières. ^

r r a nifl'ertation fur le Japo« a été


prefque entièrement changée dans cette nouvelle Ednion. On a
rnnfavé ce oui méritoit de l'être; &du relie, on a travaillé fur des Mémoires beaucoup plus exafts &
qui ell très confiderable, on en trouvera d autres moins importans,
plus récens. Outre ce changement,
volume.]
dans plufieurs endroits de ce

ï\
TABLE
H
TABLE Pour l'ordre & l'arrangemenc

DU

TOME C I N CtU I E ME

L'ATLAS HISTORIQUE.
i j A Préface.
La Ja'JÏe^ottr fctdre éf V arrangement an 7om. V. de P Atlas Bijorique,

DISSERTATION générale fur L'ASIE.

_£ Al^îe contenant les T>ivifwui de l'A/ie dans îcuies fes parties. ..'.'..'. Pag. it,
Succefficn des plus anciens Rois du Monde , /avoir des Affyriens premiers & fé-
conds ^ Medes éf da Sahylonisns,
des
rahles jufques à l'Empire Romain.
^
. . ....
des autres Monarchies moins conf.dé-

Chronologie Hi.?:oriquc des Rois d'AlTyrie.

^^-^ Arîe de i'Afe félon les Auteurs anciens Uc. , \ \ '. ',

Carîe de l'Afe Inférieure félon les Auteurs anciens &c.


Carte Géographique de i'Afie Mineure , avec un état des premiers Rois qui Vont pof
fcdée avûjjt que de pajjer fous l'Empire des Romains
Jures à qm elle apariient aujourd'hui.
fous la Domination dss
. . ... ^ . 1

ir-

DISSERTATION fuiT'ASIE Mineure.

D Efcripticn de la Fille de Smyrne.


liaoïUemcns des hmmes
".
'.''''.

ae Smyrne , des Grecques e^ des Juives de cette Ville.


". '. '.
1

Anuquitez cuneufes qui fe trouvent aux environs de Smyrne fur le chemin &
à'EpheJe 8. 22.
Bojp'me de Jbrace 9.&: 10, 22.

DISSERTATION fur L'ARMENIE & la GEOR.GIE.

V. Ve &Vefcription des principales Villes de V Arménie de la Géorgie 41 &


les hai/illetnens des Femmes du Tais , &
ceux des Tr êtres Religieux Arméniens. &
Carte de la Grèce ^ contenant l'Etat préfeni de l' Edife Grecque ce qui regarde
"^ '"'
&
les Ecchfaftiques

Carte de l Empire des Turcs en Europe , en Afie en Afrique. &


Première DISSERTATION fur la TUilC^UIE en ASIE.

V. Ja-.zâes é" Breuvages des Turcs. Manière dont les Turcs mangenî &c. ''.

+0.
Hatillemens des Dames de Confiant inople des 'Dames du Serrail , des Janijfaires. & 40.
Portraits àieGr and -Seigneur &
des principau:-: Officiers de l'Empire Ottoman , ti-

rtz fur les 'DeJJeijis faits fur les Hmx d'après nature 16. 40.
Fcr>rati5 du Monfii & autres Gens de Lot de l'Empjre Ottoman ^ avec celui d'un
Emir & du Patriarche des Grecs, tirez fur Us lieux d'après nature ou t? après
les originau'.i. . . ,
17- 40.
Alarkge des T'.ircs &
Arméniens , avec la manière dont ft fcnt les démon-
des

pour prtndrs le uain

Tcm. V.
pour fumer, . .

* * ^
...
fir avions ê> amour er. ce 'Païs-là, éf Vufage pratiqué par les femmes Turi.ues
& "
18. 41.
Sccon-

I, ,

'fi

i
"^P"^. ^ :^\
TABLE.
Seconde DISSERTATION fur li TURQUIE en ASIE.

\J Erieaiogie de Mahomet àepuis Ifmaél , Fils au 'Patriarche Aèrahamj tirée des


No.
Memci} es les plus nouveaux éf àe la Tradition des Mahomet ans. 19: Pag. 4.6.

Le Temple de la Mecque avec une Tiefcription exafie de tout ce qu'on y voit, Ô"
des Cfrcinonies qu'on y fait , tire' de la Tradition dei Mahonietans. 20; 46.
Defcriplion du Tekrinage des Turcs k la Mecque à Medine , ok ils & vont du
Caire ponr Tombeau de Mahomet , avec une
'u'ijiter le 'Defcription des Plantes les
plus raies qui /è trouvent aux environs du Caire. 2 r; 4.5.
Carte de la Terre Sainte divifée dans toutes fes parties félon le nombre des Tribus
c^ljracly avec nne Lifte des Evêchez de la Paleflintitirée de la Notice qui s'en
trouve dans la Bibliothèque du Roi Trh-Chrétien 22. 47.

DISSERTATION fur la TERRE SAINTE.


\/ V'e &Vefcription de la Paille de Jerujalem telle qu'elle eft aujourd'hui ^ avec les

f^ue
vent aux environs de cette faille.
&
......
Tombeaux àe fes anciens Rois éf quelques autres ^nîiqititez cnrieufes qui fe trou-

Defcription de l'Egiife du faint Sepulchre, tant par dehors que far dedans^
^3- î»

a-vtc la Chapelle Tombeau de Notre Seigneur.


oit efi le M- 5'.
yu'é& Defcriplion de Bethléem ^
voyent dms ces Lieux famts.
Carte de la 'lurquie , de l'Arabie &
...
de Nazareth 3 à" de pttijkurs Jingulariîez qui fe
.

de Ja Perje avec leurs Dépendances,


, . .

drejfée
25- î»

fur les Obfervations les ^lus nouvelles & les Mémoires les plus recens. 26. Î3

DISSERTATION fur I'ARaBIE.

xJ Efcription, figure ^ qualitez de & l^ Arbre du Caf^, avec h taaniere de U cul-


tiver &
d'en cueillir lefrmt ; !

Première DISSERTATION fur la PERSE.'


Seconde DIS SE RT ATIO N fur la PERSEJ

l3 UcccJJlon des Rois de Terfc anciens & modernes dépuis Cyrus ju/qu*à prefint.
15. 74.'

Chronologie Hiftoriqiic des anciens Rois de Ferfe.

TioUiéme DISSERTATION furia PERSE.

^^ Efcription ér vue de la Place Royale d'ifpahan , la plus magnifique de tout


POrient, des fuperbes Edifices dont elle efi ornée y à- en particulier du Palais
Royal, le plus va/le Edifice de cette grande /-i/Zf , de la grande Mofquée ou Mof-

Defcriplion des habits


..... ...
quée Royale bâtie par Abas le Grand , à- de quelques autres Embelli(femens de
cette Tlace incomparable.

des Terfans , tant des Hommes que des Femmes, de leur


29. 86.

minière de prendre le Tabac &


de leurs Tipes
de la Milice de ce Païs
.
& des
Armes offeufives & défenfk'es que les Soldats portent à. la Guerre.
30. 86.
Defcriplion de la célèbre Mojquée de Cotn , des Tombeaux des deux derniers Rois
de Pcrfc qu'elle renferme, &
du Grand Caravan-Serai de la Ville de Cachan
le plus magnifique de tout l'Orient.
31; 86

.....
^efiription des Tombeaux éf autres Motjumens anciens que l'on trouve non loin
de Perfepolis dans une Montagne de Roche appellée la Montagne des Sepul-
chres.
32. 86.
Carte nouvelle de la Grande Tartarie y ou de l'Empire du Grand Cham
drefée

....
y
fur des Mémoires originaux &
fur d'autres Obfervations très-exaéles de di.
vers Voyageurs.
33- «7-

DIS.
'%, r
TABLE.
DISSERTATION fur h Gzande TARTAR.IE.
KJCJcce/fioi
JCJcce/fiou (les anciens Empereurs Tartares defcenâus de Ghen^hifcan. N^. ag. 9.1.,

Chronologie Hift. des Cans des Tartares.

Prenne:c DISSERTATION fur l'Empire du Grand 1 'OGOL.

iJUcce£iO)t Généalogique ^es Empereurs Mogols


jufqn'À préjmt. ......... depuis Tamkrlan ou Tamerlan
IIO.
I. 2-
y.
o. 10.
6.
3.
7-
II.
4- Et/ipereurs Mo-iols,
S. Empereurs MogoU.
12. Empereurs MogoU.
....
.

....
, -.
,

...
ZlO.
IIO.
ilO.
13. 14.. Empereurs Alogoîsj avec laTompe & la Cérémonie de la Marthe dn Grand
Mogol.
Reprefeniatinn & Vefcriftion du Joidevement des IV. Princes au Mopol contre
l'Empereur leur Père , & du Combat dans lequel Aurtn Zeû demvura -vain.

queur de [es trois hères ^ & Je Jic enjiute proclamer Empereur. 40.

Chronologie Hiftorique des Emperc'jrs du Grand Mogo!.

y U'é & Defcriplion du Palais du Grand Mogol, de fa Mofquèe ide fesTJivertiJfe-


mens , de Femmes de fa manière de
[es , & autres chojh qui firont -vivre , e-\pti-

quf'es dans la Dtfferîatton ftavante. Tableau curieux qui n'a point été vujujqu'ici'

DISSERTATION M O G O L.
irx
Seconde

Figures du Mogol.
3I 4.

5!^ 7. 8. Figures du Mogol .


....... <
fur le

.
Graud

. . . . .
42.
«
II«.
116.
g. 10. II. 12. figures dn Mogol. . . ; , . . ++• 116.

EXPLICATION des FIGURES précédentes.


Troificme DISSERTATION fur l'Empire des MOGOLS.

c
V-> Arte
w
dfi Indes
OHcffioires
lations les plus fdeles.

DISSERTATION
les
& de la Chine ^
plus nouveaux
.....& des
& fur

générale fur
les

les
Iles de Sumatra, Java &c. dreffée fur
meilleures Objervaiions Urées des Re-

INDES ORIENTALES.
4î-

V,
Carte de
Ue et
i'Jle
Defcripfion de Surate
de java,
& de Batavia.
partie Occidentale, partie Orientale
.... ^ drejfée tout nouvelle-
128.
Il'

ment Jur les Me/fioires avec une Tal/e des principales Villes de
les plus exaéîs ,

cette lie i la fituation des Comptoirs &


antres Plates qu'y pofedent les Hol-
landois , & des Remarques très- car teufes fur la manieu- donc ils je pmt éia-

Vue
hlts

Indes.
dans la
à- Defcripîion
Ville de Batavia.

Carte nouvelle des Terres de Cucan


Coromandel ,
.

le
de

tout
•......, dreffé fur
,

les
.

de Cariara,
Obfervations
.

quelques-uns des principaux Forts des Hollandots dans

de Malabar i de Madr.ra
les plus e::a£îes
.

de
.

& de
divers
les
47.

48. ij8.

Voyageurs.
49.

DISSERTATION générale fur la CHINE.

JUcceJfion des Empereurs de la Chine y divîfe'e en 22. Familles.


50. 134.

Chro-

i
TABLE.
Chronologie Hiftorique des Empcreun Chinois.

& des Dames


X X AiiîlUmtnt de VEtnperetir de U ChinePats-U.
ques tifàges ér coiiiumcs obfer've'es en ce .... de fan TataiStavec quel-
N'.Ji; Pag: 14,0.

Seconde DISSERTATION fur la CHINE.

\_J Efcrlptioii d'un des pins fameux Temples des Chinais , avec leur principale Ido-
le

Père
telle que la figure
GriiLiere jejitite.
en a
. ....&
été tirée fur les Lieux envoyée à
.
Rome ^ar
.
le

5^- 154.

Troificme DISSERTATION fur la CHINE.

X J. Abilk-mnt
avec un des plus idéaux
JJ Empire du Japon
d Hommes &
Monumcns
de Femmes de
de ce Fais-là.
tiré des Cartes des Japonnois.
....
diverfes

....
Provinces de la Chine ^

53-
5'1"
160,

'

DISSERTATION fur le JAPON.

i3 Ucceffion des Empereurs du Japon avec une Vefcripîion du meurtre de


,

r Empereur C::ùo t& la réception des Ambajjadeurs Hollandais en ce Ta'is-là. ïî-

Cliïcnclogie Hifiioriqae des Empereurs du Japon.

\Ve &
Defiription de la Ville de Meaca Capitale du Japon,
partuulûïitcz du Pats. . .

Le Royaume de Siam, avec les Royaumes qui lui font tributaires,


...... avec £ autres
5«'
î7-

DISSERTATION fur le Royaume de SIAM.

\ Ue é- T)eJ?-fiplian de la Vtlk de Siam, des Tagodes, des Jalapoins ou Reli-


£.eiix de ce 'Pais, des Balans du Roi cr de fis Ekphans , de la manière de
dompter ces Animaux , avec les haùillemens tant des Mandarins que du Peuple,
ô- qiiel<iues coutumes du 'Fais. . . .
... î8. ,y$.

Fin de la Table du Tome Cinqitîerae.

DIS.
ni

im
,

^
ï^

Pag.

DISSERTATION
GENERALE
SUR

LAS I E.
JES Trois Parties de notre Conti- s ils n'euffent commence eux-mêmes
à devenir re.
nent, l'Afie, qui eft lapins Orientale belles à celui dont ils dévoient refpefter
l'autorité
& la plus valle, eft en même tems & la puiifance. N'étoit-il pas julte
que l'Homme,
la plus célèbre, & celle qui fournit Maître d'ailleurs de tout , reconnût pourtant
agréablement à la reflexion.
le plus un
I

Choifie de Dieu pour être le théâ-


IMaître de qui il avoit reçu la vie &
tout ce qu'il
poifedoit ? Et dans cette dépendance légitime
'

tre où il voulut opérer fes œuvres merveilleufcs de


la Créature par rapport au Créateur,
Dieu n'étoit-
dans le tems , elle nous prefente d'abord l'idée de il pas libre d'attacher à ce
qu'il vouloir la marque
ce qu'il y a de plus augufte fur la Terre ; puil-
<jue ce fut chez elle cjue la Religion naquit avec
de notre Sujcttion ? Funciie &
déplorable événe-
ment !que l'Homme n'ait pu fe maintenir dans
1 Univers. En eifet dès que nous regardons com- une fubcrdination li raifonnable , & que
le même
me une Vérité fondamentale , que Dieu choiiit ce heu où il devoit trouver fon bonheur pour
Pais pour y former à fon Image cet Homme qu'il toû-
lours, ait été changé li tôt en un fcjour
compofa par un aflëmblage merveilleux d'un mor- d'horreur
&:_de mifereiEn cttét,h1 où Adam & Eve
avoient
ceau de Limon organifé , &
d'une fubilance qui été placez pour jouir de toutes les
douceurs de
penfe, nous ne faurions trop réfpecler cette por- Iunion la plus parfaite, l-i fe fit par la malice
vifto-
tion du Globe, où, par le cours &
fclon les Loix neufc de l'Ange Seduacur, cette Chute
terrible
de la Nature , la Providence nous a placez la ; & de ces premiers Epoux,qui les fitpalfer,
toutd'un
curiofitc de connoître ces Lieux fortunez ne peut coup, d'une Fehctté complette, à toute
forte de
être que fort naturelle. Y
a-t-il quelcun qui ne fe foufirances, tant phyliques que morales,
& qui ré-
fit^ une efpcce de honte d'ignorer l'endroit
de fa pandit fur eux,& fur leur Pollérité une
malédic-
nailfance , & qui ne fente pas un plaiiir fecret tion proportionnée à leur defobéïffance
,

et à leur
lors qu'on en relevé devant lui les avantages , les ingratitude. Là , depuis cette étrange révolu-
privilèges , & principalement tout ce qui s'y eit tion, s'alluma cette furieufe guerre
qui règne chez
palTé de fmgulier ? les Hommes entre les Pallions &
la Raifon &de
L'Afie ell donc la Partie du iVIonde où notre ;

Efpece a pris fon origine &


fon commencement.
laquelle un Fratricide fut , &
le rignal,& le pre-
mier fruit. Là fe dépravation du Genre hu-
fit la
Là fut planté par les mains môme de l'Artifan gê- main qui ne commençoit qu'à fe multiplier
nerai, ce Jardin délicieux, où il mit nos premiers ; dé-
pravation fi^ grande &
ii univerfeUe que Dieu fe
Parens , & où , s'ils avoient fû conferver le don ,
repentant d'avoir fait un Ouvrage où il ne
trouvoit
jneffimabledeleur innocence naturelle, ils euifent plus aucun trait de fa relfemblance , refolut
del'ex-
paifé dans la jouilfance de tous les biens fans k & terminer, à une Famille près. Là enfin arriva
ce
moindre traveri'e, une vie parfaitement tranquille
; grand &
admirable événement de l'Ai-che, où
&, qui plus eft, ferme, conilante, &
ail'uréepar quelques humains furent garantis du malheur,
d?
l'immortalité. Souverains de laNature entière qui
n'étoit fane que pour eux, ils en auroient tiré tout
la punition , de la mort commune
; &
refervéz
pour repeupler le Monde, pour redonner à la Ter-
ce qu'elle peut produire d'agreable d'utile, & & re des Habitans, qui ne valurent pas mieux que
leurs
ne l'culfent jamais trouvé rebelle à leurs defirs, Ancêtres.
tom. V. ^ Mais

i
& .

DISSERTATION
M-ais ce qui mon
fens plus de lultre à
donne à JESUS-CHRIST le fécond Adam, par qui la
TAiie, ce qui en relevé drivantage la gloire, c'eft grâce &
la vie ont été données à tous , eil aulli

queDieuait choifi dans cette Partie duMondeune forti de cette heureufe Contrée. La réparation
.certaine Contrée poury établirfon Culte, &pour devoit fe faire là où l'offénfe s'étoit commife.
y recevoir, comme un tribut de reconnoilTance & Dieu, qui avoit promis le remède auiîi tôt qu'il
de dépendance , les hommages & les adorations avoit vu le mal voulut bien l'accorder
, la même ;\

qu'il exige des Mortels. terre qui en avoit contrarié le befoin; afin que la
En effet peut-on , fans s'étonner , refléchir î3enedicfion le répandît où la Maleditlion avoit été
fur une diflinftion fi glorieufe ? Pendant que la encourue.' Cette demeure despremiers hommes,
nuit du Paganifmc &
'àc l'Jdolatrie couvre prefque qu'ils ont défrichée à la fueur de leur vifagc, où
toute la face de la Terre pendant que les Hom- : les Patriarches &
les Prophètes ont demeuré dans
ines,plongez dans un horrible aveuglement, tranf- l'attente de celui qui ètoit l'objet de leurs defirs,
portent rhonncur qui n'ell: dû qu'an SOUVE- &le but de leurs prédiftions,àèté fanftifiéeparla
RAIN ETRE, à des Morts qui avoient fait naiffance &: par la vie du Sauveur du Monde.
bien ou mal le partage de la Vie ; à des Créatures L'accompliiîèment a fuivi les promeflès. Les mi-
inanimées ; &
ibuvent à des objets purement chi- racles de la Redemtion ont été faits là ou ceux de
mériques enfin pendant que notre Efpece entiè-
;
la Création avoient éclaté &. la mort du premier
;

rement défigurée , &


qui avoit dégénéré tout à fait Juite, qui devoit fauver ie Monde, ell arrivée où
de fon Origine celelle,donnoit dans les erreurs les le premier Pécheur avoit reçu la vie.
plus groihéres, les plus abfurdes,lcs plus ridicules Voilà, ce me femble, un racourci de ce qu'on
touchant l'cxiiîence, la nature les attributs de la & peut dire de plus avantageux de l'Afie ,par raport
DIVINITE', au milieu de ce defordre effroya- au Culte du SouvcrainEtre,&àla vraye Religion
ble , Dieu fe conferve un Peuple , qui , Depofitai- Mais on peut ajouter à cet avantage qu'elle a par
re de la Lumière &
de la Vérité , lé connoit le & deflùs les autres Parties du Monde, celui d'avoir
fert Peuple auquel il daigne s'intereffer, & dont
;
été pour le relie de notre Globe la Pépinière des
même, à titre de Chef &c de Prince, il veut bien Mortels.
prendre la Conduite & l'Adminiffration. E,n effet, fur la divine &
infaillible Croyance
Tout n'ell pas moins impénétrable qu'adorable que notre Efpece, fi fuperieure à tous les autres
dans ce profond Myftere Mais ce qui mérite en- :
animaux, fut lauvée d'une entière &: totale extinc-
core plus de confidcration c'eit que Dieu fe foit , tion, par cette Famille favorite qui tlota quarante
refervé la Nation Juive pour exécuter chez elle le jours fur l'inondation générale , on peut conclure à
ir Deffcin éternel de notre Rachat. Les Hommes coup fur, que les Enfans du Patriarche Noé , ces
étoient comme enfevelis dans l'abîme de la perdi- heureux Rechapez du naufrage univerfcl , multi-
tion ;& fi quelcun avoit pu juger d'eux faiuement plièrent en Afie, &
que Dieu répandant une bé-
par le déplorable état où ils étoient réduits, n'au- nédiction miraculeufe fm' l'union conjugale , leur
roit-il pas defefpcré de leur falut ? Cependant propagation devint li nombreufe que le Pa'ïs ne
Dieu travailloit dans un petit coin du Globe pour pouvoit plus ni les contenir, ni les faire fubfiller.
refondre fon Ouvrage, & pour rendre l'Homme C'ell là, autant que je m'y connois,où nous de-
digne de toute fa bonté. Ce Peuple, dont Dieu vons prendre l'Epoque des Habitans de la Terre.
le fervoit comme d'un inltrument en fa main; Aparemment les Delcendans de Noé , qui eflcom-
cette Nation qui pouvoit fe vanter avec juftice
,
me le fécond Fondateur , & le premier Réparateur
d'être une Théocratie, c'efl a dire un Gouverne- du Genre Humain, fes Dcfcendans , dis-je, fe
went divin jX^t profitoit guère de cet avantage fin- partagèrent en plufieurs Colonies. Parcourant
gulicr. Jamais Peuple n'eut tant de penchant la :\ toute la furfacede notre groffe Boule, qui, n'aiant
révolte ; &
fes rechutes étoient fi frequentes,qu'il alors ni Vivans ni Culture, ne pouvoit être com-
fe vit plus d'une fois fur le point d'être foudroyé, pofée que d'endroits affreux & deferts ils fixoient
;

par le bras tout-puiffant qui le foùtenoit. probablement leur demeure dans les Lieux que la
Dieu ne lailîbit pas néanmoins alors de faire' ac- Providence leur infpii'oit, ou qu'ils jugeoient les
tuellement fon Otuvre. Les événemens qui arri- plus propres à former un établifiement.
voient chez l'ancien Ifrael étoient des Types, des De ces petites fources ont coulé &fe font pro-
Figures, des Ombres, qui defignoient lesVeritez duits peu à peu ces grands Fleuves qui couvrent la
d'une nouvelle &
meilleure Alliance le Saint Ef- : Terre, &qui rempliffent le Monde d'un nombre
prit parlant par les bouches humaines annonçoit innombrable d'Individus Humains. De là ell for-
des Oracles lur un avenir, que les Prophètes eux- tie cette variété de Peuples, qui, prefque tous dif-
mêmes ne connoifibient pas. Il fe faiibit des pro- férons en coutumes, en ufages, en opinions en &
diges pourpronoftiquer, pourfigiuerlegrandMi- mœurs, font conformes dans un feul point, c'elï
racle que Dieu prcparoit pour la réparation de fon de vivre fous la conduite de leurs Supérieurs,
Image. Les Rebellions même du Peuple favori- trop fouvent fous la Domination injuHe ti:-anni-&
foient des Symboles, des Emblèmes de ce qui fe que de leurs Maîtres.
pafferoit un jour chez la Nation Sainte & régéné- Ce font donc les Afiatiques qu'on doit regarder
rée. Enfin le Très-Haut, par fa fagelle mfinie& comme les premiers Auteurs , comme les Inven-
m par une route à lui fcul connue , bàtiiibit , chez les teurs de tout ce qui s'eil fait pour le bonheur &
Juifs, furie plan qu'il avoit tracé dans fonConfeil pour la fureté de l'Homme. Je dis de leur bon-
éternel , pour la Rédemption du Genre Humain. heur &de leur fureté; car enfin quel but, quel
Cet inconcevable Projet fut mis en exécution; motif avoit-on dans la fondation des Etats , des
& c'cil; i'ans contredit ,cc qui donne à l'Alie un re- Republiques, & des Gouvernemens ? N'étoit-ce
lief qui furpaffe de beaucoup tous fcs autres avan- pas de mettre chaque particulier à couvert de tou-
tages. Car elle a -/û nairre le premier Adam,
iS. te injuftice , foit au dedans , foit au dehors de la
par qui la mort ell: venue fur tous les Hommes, Société ? N'étoit-ce pas aulli de lui procm-er tous
les
GENERALE SUR L'A S I E.
lesmoyens poffiblcs pour fe contenter raifonnable- Si nous faifons attention au
ment & légitimement ? Que les hommes feroient dedans des Société?!
qucft-ce que c'eft que cette union
heureux agHroient conl'equcmment à de tels
s'ils
Civile qui joint
lesmembres avec le Chef Une menace 3e .=

principes, s'ils vouloient , ou s'ils pouvoient s'ac- punir


corder à bâtir fur ce plan-là! Alors , agiU'ant com-
leverement &
pubhquement ceux qui coinmet-
tront quelque aaion préjudiciable,
me les portions , les fragmens d'une même Natu- (bit à l'intérêt
commun & gênerai foit à l'utilité partieuhére
re , comme les membres d'un même Corps civil, ,
Voulez-vous donc une image bien
comme les Compagnons du même reliémblante,
de la
pafliige d un Etat, d'une RepubUque, d'une Société :
naiffance à la mort ils fe communiqueroient tous Fi-
,
gurez vous un amas d'hommes que la Nature
leurs biens , ils s'entr'aideroient dans tous leurs a fait
naître dans le même Pais: ces
maux ; enfin il n'y auroit point chez eux d'autres Habitans vivant en-
iemble, jouïftent d'une fureté , d'une
peines,que celles qui étant infeparaljles de notre tranquillité
commune,
Machine organique n'admettent pour tout foula-
,
qui foufl[i-e quelquefois de furieufes
langlantes interruptions.
&
gement que la patience que le courage, que la Mais quelle que puiflj:
, être leur félicité, une choie eft
Vertu. toujours certaine;
c eft que fans la balance de
Aulieu de cette Félicité, qui ne fe trouve que
Themis , ians le tran-
chant de fon epee, enfin fans la
dans la Republique idéale de Platon, qu'eil-ce
bride , ou le hen
que des Loix pénales , cet amas de
Mortels fcroit dans
c'cll que les Hommes avec leurs Loix & leurs So-
cictcz > Un Corps fans règle , fans mcfurc , fans
I Anarchie, & confcqucmment dans
le defordre,
dans la confùfion ce ne feroit
ordre, & fans proportions; un Corps monllrucux, ; plus qu'un brigan-
dage. Oui, fans le fecours de la crainte, le
& tout oppofc au Corps humain , lorfque celui-ci & le Mien, qui, tcmporellement
tieii
parlant, font les
elt naairellcmcnt d'une bonne conilitutiou
& deux gi-ands Artilles du bonheur du malheur = &
qu'il n'cll point dérangé par les accidens.
mais aufli les deux plus grands Tirans
En effet , quel Corps , où le Chef dévore la du Monde;
meilleure partie de la fublhmce oii les Membres
ce 1 len &
ce iVhen , dis-je , outre cela l'infatia-
; ble avarice, la haine, la
d'en-haut ne vifent qu'à entretenir leur fuperiori- vengeance, la jaloufie
1 ambition , toutes les pallions
té où les Membres Jubalternes travaillent ardem- dcraifonnables au-
;

ment, uniquement à lem- embonpoint faifant de


roient un cours libre: & en ce cas-là. Bon Dieu i

, que deviendroient les Societez humaines'


leur mieux pour fupplanter ceux qui font au def- le le
dirai hardiment , de vrais
fus d'eux où les Membres du bas étage font foi- Coupe-gorges. Remet-
;
tons nous en route.
bles, languiifans, miferables, ne fubfittent que & Les Loix & les Coutumes, les Arts & les
par une compalhon mêlée de mépris Scien-
Hors les '.

Hurons &
quelques autres fauvagcs , difons le à A? °? '^°™"":nc<= dans cette belle Partie du
Monde. ""t""'
La Loi naturelle, que tous
la honte de notre Efpece, hors quelques les hommes
Peuples portent au fond du cœur, a ftit place -à toutes
les
qui palfent dans notre cfprit pour barbares im- & autres que les bcfoins & la necellité des tems ont
polis, généralement toutes les Sociétez humaines
font des Corps tels que je viens de les dépeindre
introduites , à mefure que
dité ont etemt la première, dont
les paffions &
la cupi-
elles ne font que
La vraye Ame de ces Corps , c'efl la paffion j'en-
tens par ce mot la Corruption de l'Homme
: des ecoulemens &
des explications. Les différens
fes ulages que la communication des
travers, fon oppofition formelle à la raifon. C'cll
,
hommes les uns
avec les autres a rendus nécelTaires , fe
cette fource empoifonnée par un amour-propre font établis
dans cette Pépinière de l'Univers.
exceffif, c'eft elle qui par une infinité de mauvais Les befoins
ruilTeaux dans lefquels elle fe multiplie porte par-
mutuels qui fe font fait femir, les fecours réci- &
, proques qu'il a falu fe rendre , ont fait
tout l'injuitice l'iniquité.& les moyens de fe les
procurer
inventer
En quand nous refléchiffons fur l'état du
effet,
L Agriculture, qui ouvroit le fein commodément.
de la terre , li-
Genre humain depuis que divifé en Peuples , en
,
tjcrale de^ fes biens à ceux
Nations , en Societez , il remplit prefque tout le qui prenoient la peine
de la cultiver, s'eft perfeaionnce peu
ddfus de ce Globe que nous habitons , nous trou- necellité de combattre les animaux
à peu. La
, habitans des
vons par-tout les malheureufes fuites de ce Princi- torets , qu'd falut percer pour
pe , qui étant naturellement dépravé , ne fauroit s'étendre , a fait
produire qtte de mauvais eftèts.
trouver l'arc &
la flèche &
aiguifer le fer , qui por-
ta dans la fuite tant d'atteintes
Regardons-nous les Mortels comme partagez mortelles Heu-
reux les Humains ! s'ils n'euflént pas enfin tourné
en Corps civils ? on les voit appliquez à leur
contre leurs femblables , des armes
mutuelle dellruttion , parla feule pallion de s'a- qu'Us ne de-
vroient employer que contre les bêtes
grandir , &
de s'enrichir ; ou fur des prétentions la chair &
le fang des animaux, dont ils
féroces. Mais
le plus fouvent mal fondées , les hommes commen-
fe font cèrent a fe nourrir, les rendirent
ce qu'on apelle la guerre, pendant ces terribles& mêmes.
liinguinaires eux-
Accoutumez à répandre le fang des bê-
mouvemens, ils ont à elTùyer réciproquement de tes pour en avoir les dépouilles , ils répandirent
leurs femblables tout ce qu'on peut s'imagiirer
de bientôt celui de leurs frères
, pour les dépouiller
plus affreux. Par une violence uniquement apuyée
fur le. droit du plus fort, quel mal nos
aulli. De
là les dilPenfions les querelles , four- &
Coïndivi-
dus ne fe font-ils point les uns aux autres ? Pren-
ces d'mimitiez &
de haines de là l'injuftice 1» :
&
dre, dépouiller, piller, ravager, brûler, malla-
violence , caufes funeftes de la guerre
meurtres.
des &
Les Héros qui s'étoient dillingucz
crer ; que dis-je ? s'entre-rôtîr & s'entre-manger
dans ces guerres contre les animaux, fe
en certains endroits , c'eft ce qui s'eft tou- diftmgue-
rent enfuite dans celles qu'ils entreprirent
jours pratiqué dans notre Efpece contre
fonnable &
, foi-difant rai-
c'eft, par un travers inconcevable
les hommes, &
furent apellez Conquerans. Nem-
, ce rod , le premier guerrier , elt nommé dans
;

qui paffe chez nous pour la plus noble l'Ecri-


pour la & ture un /»« Ci6aj/"ear.
plus glorieul'e occupation,
L'Art de fe vêtir , de fe nourrir & de fe louer
^ ^
.,
vient

i
-^\
,

DISSERTATION
Vient aufli de ces Lieux où fe iit le premier éta- préfcns que nous n'en avons maintenant. Que s'en-
blifTemcnt du Genre humain. Les bois abbatus fuit-il de là ? Que des Arts que nous voyons venir
fi imparfaits des régions oùs'efl fait le premier éta-
font place aux hameaux , aux bourgades , aux Vil-
les. La Tour de Babel , monument de l'orgueil bliilément des hûmines,font prefque encore nou-
& de la foiblelTe des hommes , ell élevée , non veaux : Que les efforts que nous faifons tous les
aufli haut que l'auvoit fouhaité la vanité humaine. joui's pour les perfectionner &
pour nous les ren'-
Au même lieu où elle avoit été commencée , Ba- dre plus utiles , font des preuves qu'ils n'ont pas
bilonc eil: bâtie , & Ninive prefqu'au même teffls. toujours été entre les mains des hommes ; puif-
A mefure que les Hommes lé multiplient, on paf- qu'il n'auroit pas falu tant de temps pour les per-

fe les montagnes &


les précipices , on traveife les fedionncr : Et que fi nous faifons encore des
fleuves &
enfin les mers, &
l'on établit de nouvelles découvertes , qu'il eft furprenant qu'on n'ait pas
habitations. L'Arche, qui avoit fauve Noe fa fa- & faites avant nous, c'eft une marque, non feule-

mille du Déluge univerfel, fcrvit apparemment de ment que le Monde n'elt pas éternel , mais qu'il
modèle aux premiers navires. L'Homme inflruit n'cjl pas même fort ancien. Qu'un impie refufe
à prendre certains animaux en aprivoife d'autres
, après cela de le reconnoître qu'il attribue à ce
:

& les accoutume au fervice. Avec les animaux, Monde corporel ëc vifiblc l'éternité qu'il refufe
il adoucit les fruits & les plantes , & pUe jufques
au Dieu invifible qu'il ne veut pas avouer: c'eft le
aux métaux à fon ufage. Il alfervit peu peu tou- -i comble de la folie. Il n'efl point là-deflùs de fyftème
te la Nature à fon joug. Le Genre humain fort plus plauliblcniplus eonfolant,qUe celui que la Re-
ûinfi iiifenfiblement de l'ignorance , avec les & ligion Chrétienne nous propofe. Et s'il fe trouve
Arts utiles &
nécelTaircs à la confervation de la des Hbertins qui combattent cette vérité, &:qui,
vie, il cultive les autres connoiiranccs plus fubli- par l'intérêt qu'ils ont que la chofc fût autrement,
mes. les Obfervations Allronomiques
Là parurent ofent le fouhaiter &
le dire , je doute du moins
que Chaldcens , fans contredit les premiers
les qu'il y en ait qui le penfent.
Obfervatcurs des Aibes , donnèrent dans Babilone Tout vient donc de ces contrées, où le Monde
à CaDiflhene pour Ariflote. Les Ethiopiens, qui naiffant fe vit comme dans fon berceau. Si les
peut-être aprirent d'eux cette Science, s'yaplique- connoiflànces que nous en avons tirées fe font per-
rent avec beaucoup de foin , par la commodité dues à mefui'e que l'on s'cft éloigné de ce Païs ;
qu'ils avoient de contempler le Ciel les Albes & les fondemens de ces Arts y font demeurez en

dans leur pais , où l'aù: efl toujours ferein fans & leur entier. II a falu les raprendre avec le tems,

images. Ils mefurerent le mouvement de chaque ou que ceux qui les avoient confervez , dans ces
All:re , Se dillingucrent l'année en mois .& en fai- terres toujours habitées, les reportaffent aux au-
fons , réglant l'année fur le cours du Soleil , &: tres. La connoiflànce de Dieu &
la mémoire de

les mois fur celui de la Lune. Ils firent plus ; car la Création s'y conlérva. Mais s'afFolbliffant peu
ayant partagé le cours du Soleil en douxe parties, à peu , les anciennes Traditions s'oubherent, &
ils reprefenterent chaque Conllellation par où le les fables qui leur fuccéderent n'en retenoient

Soleil paiToit, par la figure de quelque animal, d'où plus que de grofliéres idées. Delà tant de différen-
l'on dit que vient la diverfité de leur Religion & tes Religions dans le Monde. L'Idolâtrie ou lePa-
de leurs Dieux. ganifmc parmi les AfTiriens , en la perfonne de Ni-
Mais que fcrt de remonter à l'origine des Arts nus. Le Judaïfme ou la Rehgion des Hébreux,
& des Sciences , &
à celle de tout le Genre hu- infKtuée par Moïfe. Le Chriftianifme , dont
main, fU'onn'en tire des confequences qui ferventà l'autre n'éroit que la figure , établi dans la Ten-e
notre inftrui^lion ? Ces vefliges de la nouveauté Sainte par JESUS-CHRIST même , &: prê-
du Monde ,' font des preuves certaines qu'il n'elt ché enfuite par fes Apôtres. Enfin le Mahometifme
pas éternel. Quelle apparence que les hommes, en Arabie,par le faux Prophète Mahomet. On fait de
avec le cœur &
l'efprit fait comme ils l'ont, Ibient quelle manière la Religion Chrétienne efl entée
demeurez des millions d'années endormis fur leurs fur la Juive: comment on peut remonter du tems
plus tendres intérêts ? qu'ils n'ayent jamais fongé deJESUS-CHR[ST des Apôtres , à ceux &
à ce qui pouvoit rendre leur vie plus longue plus & de Moïfe & des anciens Patriarches: eommentpar
heureufe,par l'ufage des moyens que rindultrie& une fuite non interrompue la connoiflànce du vrai
la néceilité leur fourniffoient ? Car fans parler de Dieu & la manière de le fcrvir, révélées dans les
plulieurs découvertes trcs-Utiles que l'on ne vient faintes Ecritures , nous ont été tranfmifes par les
prefque que de faire ; comme iont la Bouflble, Juifs qui les avoient reçues de ceux qui les ont
l'hnprimerie , les Telefcopes , les Microfcopes précédez. D'où il s'crùuit que notre iainte Reh-
&c. un nouveau Monde, aulli grand que l'ancien, gion même nous vient , avec tant d'autres avanta-
& tant de chofcs nouvellement trouvées dans la ges, de cette Partie du Monde où toutes ces mer-
Chimie, dans rAnatQmie,dans la Phyfique dans & vcùles fe font paflees.
toutes les parties des Mathématiques ; n'ell-il pas Mais avec les Arts &
les Sciences, avec les dif-
furprenant de voir la Médecine, qu'il importe tant férentes Religions qui fe font répandues dans le
de perfedionner,auirr brute, pour ainfi dire,aufn Monde, par le moïen des Colonies forties de l'A-
téméraire &
aufii dangereuie qu'elle l'elt aujour- fie pour aller peupler les autres Parties de la Terre:
d'hui ? Si les Académies deflinées à la perfedion on y a vu en même tems paroître les plus célèbres
des Arts &
des Sciences , ont longtems des Pro- Monarchies &le fiege des plus grands Empires.
tecteurs , tels qu'on en voit à prefent à la tête de La première Puiffance qui s'éleva fur la Terre,
ces favantes Compagnies, en Angleterre , en Fran- depuis la nouvelle propagation , depuis le Déluge;
l\ ce, &
ailleurs; il eft certain que les iiecles fuivans
tireront de la Phyfique , de la Médecine ik des
(ne me demandez point combien de tems après
car je doute fort qu'aucun Hiflorien ou Chrono-
Mathématiques des fecours pour la confervation logifle l'ait jamais fù :) mais enfin cette première
de la fanté cj pour les commoditez de la vie, plus Puiflânce, dit-on, fut l'Empire d'AlTuie. Voici

i/
GENERALE SUR L' A S I É.

ce qui me paroît de plus remarquable fur cette


471^ an fous des Rois inconnus, jufques à ce que
ancienne Monarchie je tire ce morceau d'une
: les Chaldéens commencèrent à régner
à Babiloné.
bonne &
favante maffe de l'Hilloire du Monde. Evochus le premier de ces Rois Chaldéens, com-
,
L'Aiïirie ell plus longue que la Mefopotamie; mença l'an du Monde 1141. II fcmble qu'il ait été
mais elle n'eft pas fi large. Elle a compris même le Bel des Babiloniens, ou le Bel
Jupiter que les
cette dernière, & comme elle a été nommée in- Chaldéens honorèrent comme un Dieu. Après
différemment AfIiric&Babiloniciln'eff pas étran- cet Etat de l'Alfyrie qui dura 1x4. ans,
les Arabes
ge que Plutarqueait dit que la Contrée qui eft au- fe rendirent maîtres de Babiloné environ ii«.
ans
tour de Babiîonc cfl l'Aflirie. avant le Bel Affirien. Celui-ci régna à Babilune
Ninive , que quelques-uns interprètent belle ou durant f f. ans,&fon filsNinus fonda l'Empire des
airéable ,m)mméf: parles Anciens, Nmus, Ninive Affiriens, qui durant jio.anspoflederentla
gran-
& Nimn,étoit la capitale d'Ailirie fon nom \ient : de Afie. C'eft proprement â ce Nimis à ce qua- &
aparemment de Niu , d'où eft forti Nims, & de trième Etat de l'Aflirie que commence la I.
A'ave qui iigniiie demeure ou fejour. Ainfi,fuivant
Mo-
narchie, fous des Rois dont on ne dit ni le nom,
cette origine-li, Ninive n'a point d'autre lignifica- ni lenombre. Ce que l'on fait c'eft qu'entre les
tion que /<! Refidence de Nimts. Les Hébreux la nom- Têtes qui portèrent la Couronne d'Afiirie, une
ment Nimiah & Rehobotb à caufe que fes rues é- Femme fe diftingua beaucoup c'eft la fameuIeSe- :
joient fort larges:les Turcs l'appellent Mouful.Cmc miramis. Pour faire en petit le tableau hiftorique
Ville fut bâtie par Nemrod Car , félon quel- : de cette Princeire , voici ce que l'on en a conté.
ques uns , ces paroles du dixième de la Genèfc, Atargide, nom originaire du mot Adir-dag,
qui
Z)f re Tais-là /irtir Jllfut bâtit Ninive, doi- E hgmhc Toijfonmagnijiijne, remphifoitleTrônede
vent s'entendre de Nemrod, qui alla de Siuear en bine. Comme depuis le Sceptre jufques à la
hou-
j^JJlrie. lette l'amour joué fon jeu cette Reine s'étant laif-
,
Si l'on veut fuivre d'autres Hiftoriens, Afl'ur.fils
de Scm,ne pouvant fouflfir
fé preudreles yeux &
le cœur par un de fes fujets,
Tirannie de Nem- la elle en fit fon Miniftre de lit. De ces amours-là
rod, car la violence n'eit pas moins ancienne que vint une Fille. La mère, qui apparemment n'ai-
l'autorité du Gouvernement, fe fepara de liii & moit pas fon fexe, fut fi chagrine de cette naifian-
fonda le Roïaume d'Ailirie , auquel il donna ce , qu'elle noya fa fille daiïs un Etang. Ce
fon nom. Savoir fi cet Affur eft le même que Be- qui
^ donna lieu â la mctamorphofe de cette Princcffe en
lus ou Ninns qui paffe communément pourleEon- Poiflbn car on ne doute point que l'Atargidedcs ••'t i II
:

dateur de la première Monarchie , entre les Sa- Hébreux ne foit la Dercete des Grecs.
vans Chronologiftesledebat. Ce qu'ilya devrai, D'abord le deftin fe déclara contre l'enfant de
c'eft que fi l'Hiftoire Moderne eft pleine de dou- Monarque
tes
cette defefperée. On abandonna cette
&d'obfcurite2, à plus forte raifon eft-ilbien dif- production de Venus, dans une fohtude probable-
ficile de percer les ténèbres dont les premiers tems ment afti-eufe ; loin de prévoir ce que le fort lui gar-
font tout couverts. doit, on ne vifoit qu'à la faire périr. Heurcufe-
Ce qu'on nous dit de Ninive , Capitale de ce ment pour la Royale delaiirée ce defert-lâ lo- ,
Roïaume eft remarquable & digne de la belle
, geoit une prodigicufe quantité de Pigeons fiiuva-
Curiofité. La multiplication de fes Habitans fe ges. Ces Volatiles tout iarouches qu'ils
, dévoient
rapidement, qu'en quelques années, l'encein-
fit fi
être, touchez du malheur de la petite
te de fes Murailles contenoit environ fix Créature,
cens mille prirent la charitable rcfolutiondelafauver.Dansce
perfonnes; ou lui domia le furnom icGraude; & bon dellcin ils alloient voler du fi-omage mou chez
elle le meritoit bien , s'il eft vrai
qu'elle eût de lesBergers du voifinage ; &
ce fut de ce pieux lar-
tour plus de quinze lieues d'Allemagne , qu'on & cin qu'ils nourrhrent pendant un an la Fille
expo-
ne pût faire ce même tour qu'en trois jours.Ses Mu- fée.
"^

railles avoient cent piez de haut ; elles étoient


d'une Enfuite quelques gens la trouvant par le plus
épaiffeur fi prodiçieufe , que trois chariots
y mar- grand hazard du monde, &: ni plus ni moins que
fi
cnoiei* commodément de front. Il Dieu les avoit envoyez tout exprès, ils l'emporte-
y avoit quinze
cens Ttiurs, &
chaque Tour étoit de cent picz qua- : rcnt&ijs en firent préfent à SimasÉcuyer duRoi,
tre cens mille Ouvriers employèrent à la bâtir l'efpa-
Cet Officier reçut agréablement la petite Avantu-
cede huit ans à bonne melure. Toutes ces circonf- riére; ik comme il n'avoit point d'enfans,
il fefit
taiices hiftoriques paroiflênt refpeôables
par leur fon père adoptif. Cette Trouvée étant parvenue
ancienneté ; mais elles n'ont pas toute la vraifcm- à
l'âge de propagation , Simas la fit époufer
à Menon ;
blance requife pour perfuader, On
y craint, & & par ce Mariage, il fe procura une Alliance con-
non fans raifon, ce mauvais goût qui règne dans la liderable ; car Menon étoit revêtu du beau
vieille Hiftohe ; & Gou-
qui étoit , d'écrire plutôt pour ^clnement de Siric. Cette Union Conjugale fut
le furprenant que pour le vrai. De .deux chofes
l'une n'étant plus pofiible de bâtir des Ninives,
fruaueufe ; il en vint deux fils, Japet Hidafpe. &
:
Cette fécondité ne fit qu'augmenter la tendrefl'e
les hommes d'à préfent font étrangement déchus de Menon pour l'on Epoufe. L'aimant plus en
de la puiflince des premiers Humains ; ou , en ve- amant palfionné qu'en mari, l'abfenee lui étoit in-
nté , ceux qiii parlent de loin ne nous en font pas fuportable. Cela n'eft pas commun dans le Saint
moins accroire, que les Voyageurs des Pais éloi-
gnez.
Lien fouvent l'interruption de refidence
:_ d'af- &
Pour
iiduité y fait plaifir ; & même il n'eft pas rare que
fuivre néanmoms quelque méthode la réparation mutuelle y
dans une route aulTi obfcure que celle d'une anti-
foit regardée comme une
grande fortune.
quité fi reculée, nousraporteronsccque les Chro-
nologiftcs les plus exafls ont écrit de la fondation
^
MENON , obligé d'accompagner Ninus à la-
Conquête delaBadriane, mandaYa femmeâl'Ar-
de l'Empire des Affiriens , favoir , qu'il commença méc; & lors
parNemroddèsl'aui77i.du Monde , & qu'il dura
qu'elle fut arrivée au Camp , il tint
ménage avec elle dans fa tente. C'étoit une he-
Tm. V. ^ roi-

i
:^.
,

DISSERTATION
roïnc que cette Dame ; mais fort mérite martial malheureufement pour lui en voici la preuve il ;
;
n'étoit pas comiu. Sacllant que la rcliliitc du del- vous plaira pourtant ne la recevoir que pour
pro-
fein dépendoît de la prife d'un certain Fort, elle blématique. Notre noiivelle Reine , par une a-
fe met à la tête de quelques Soldats d'élite ; les & dreife all'ez ordinaire chez fon fexe, fut li
bien fe
menant la nuit par des cheminsqu'on àvoit cruim- contrefiiirc , qu'elle acquit un plein afcendant fur
pratiquables , elle vint à bout de fon expédition, l'efprit du Monarque. Fondée fur ce crédit gê-
ce qui produifit un fuccès gênerai. nerai, univerfel & trouvoit en lui
irrejîftible, elle
I] ert tcms de nommer cette bonne Guerrière une complaifance aveugle.
; Enfin , pie à pié , la
c'étoit la fameufe Semiramis. Les fentimens font rufée Princelfe vint à fon but ; elle demanda
per-
partagez fur l'origine de ce nom; Les uns la pren- miihon de régner arbitrairement pendant
cinq
nent de l'Ecuyer Simas, le père adoptif de cette fem- jours ; &
qu'ainfi le Roi lui fît l'hoimeur d'être le
me ; les autres de Sem, dont quelques-uns la font premier de fes Sujets. Ninus prend la chofe en
defcendre ; &
les autres du mot 'Pigeons , à caufe riant ; & pour favorifer le jeu il fe d&oyalifepow;
,
que ces oifeaux nommez en Siriaquc Semirami- cet efpace de tems commandant ferieufement
,
des , avoient fourni à fa première nourriture. On qu'on fuive en tout les ordres de fa chère Semi-
fait encore fur cette racine etimologique d'autres ramis. LaReine aiant feule le maniement
du Scep-
remarciues qui ne font pas de mon fujet, que je & tre, fe fervit de cet inllrumelit
tout-puiffimt pour
iaiile à la difcuffion fcrupuleufe des Connoîlîèurs. II fraper un terrible coup. Après avoir fait l'effai de
vaut mieux,je croi,s'arrêter il des circonltances his- ion pouvou- fur des chofes peu importantes
, fe
toriques, qui quoique peut-être auiiiincertaineSjUe voyant bien établie dans fon Règne de cinq
jours,
laiiTeront pas de faire plus de plaifn au Leàleur. commande
Ninus,aprenantqu'il étoit redevable à une fent-
elle
exécute
à fes Gardes de tuer le Roi on ; &
fa volonté avec autant de foumiflion que
me du nouveau progrès de fes Armes, fut curieux s il fe fùtagi
,
de punir Iccrime énorme d'un limple
de la connoitre. Ce Prince vit donc Semiramis particulier.
;

& il éprouva, pourfon malheur, que cette


Ama- L'i\ reffe de l'amour eft féconde en extravagan-
fone n'entendoit pas moins bien à gagner un cœur ces mais a-t elle jamais produit une fohe pareille
:

qu'à forcer une place. Ninus , trouvant fon Hé- à celle de Ninus ? La confervation d'un Prince
eft
roïne fort à fon gré , en devint épris La Belle attachée
;
fi efl'enciellement à la puiffance l'upreme;
s'en aperçut d'abord, car une femme voit cela
du qu'il ne peut fe dépouiller de celle-ci ne fiit-ce
premier coup d'œU ; &
n'étant pas d'humeur à que pour une minute , fans mettre fa vie en dan-
,

laiifer ëchaper l'occafion , elle réfolut de la faifir& ger. D'ailleurs il faloit que ce Monarque ft:it bien
de la faire valoir comme il faut. poffedé de fa tendrdfe pour né point pénétrer
,
Semiramis avoit,dit-on, de labeauté;!'ambition & dans la demande de fa femme le venin la fcélcra- &
ne lui manquoient pas &: qui plus ell , elle
la fineiïe ; tefl'e de fon ambition. Au relie
, fi ce fait-là étoit
étoit d'un tempérament amoureux.Suivant apuyé de tous les témoignages requis pour formeif
quelques
Hilloriens, cette femme avoit déjà répondu affez une certitude morale , on pourroit dire que
le
mal à l'ardeur Maritale de Menon cela va mê-
; trait eft fingulicr; &
en ce cas-là jcdouterois,que
me jufqu'à infinuer que le cœur de Semiramis étoit Irliftoire nous eût rien eonfervé de plus
extraor-
à vendre, & à gi-and marché. Il femblc que dans dinaire ni de plus curieux. Mais outre
quel'aftiori
une telle difpofition elle devoit bien fe contenter
, n eft guère probable d'elle-même lés ténèbres ,
duPolledeMaîtreffe. Rien moins que cela:rHe- épaiflès dont le vieux tems eft tout couvert, la
ren-
ro'me ne fut pas moins tentée par l'éclat d'une Cou-
ronne , que par la douceur des embralTemens
dent encore plus douteufe &
je ne fai (i on nous
;

raporte rien de l'.\ntiquité qui entre plus


nanu-el-
Royaux; &commepour s'ouvrir le chemin du Trô- Icment dans le Pirrhomfme Hiftorique.
ne, JMenon fe trouvoit, à fon égard, de trop par- Quoi qu'il eti foit; ce qu'on ajoute du Règne
mi les Vivans, le pauvre Epoux, vittime de l'am- de la fin de Semiramis n'a pas plus de vraifcmblan-
&
bition de fon ingrate & barbare Epoufe
, périt ee , &
ne fent pas moins la Fable ni le Roman.
clandeftinement par un funeftc cordeau. Ce l'ut à Cette femelle monftrueufe s'étabht fur le Trône
ce prix-là que Semiramis partagea le Trône de
Amant aufli bien que fon lit.
fon d'AlIirie ; &
afin que fon fexe n'afoibUt point fon
,

Ne nous hâtons pourtant pas dé mettre la mort


autorité , elle prend l'habit d'homme fe fait ; &
paifer pour Ninias,fon Fils, qui avoit hérité d'elle
du malheureux Gouverneur de Sirie furie compte
de fon infidèle Moitié un ancien Ecrivain conte
la taille le vifage
, la voix. & Après cette meta-
:
morphofe , il ne faut pas demander s'il y eut du
le fait autrement. Selonlui.Ninus, charmé
rite & principalement de la valeur toute
du mé- prodigieux dans lit puilfance &
dans fon Gouverne-
virile de ment. En eflèt, elle parcourt toute l'étendue de fa
Semiramis, tâcha d'engager Menon à la lui céder
de gré à gré. Mais l'infortuné Mari ne pouvant
vafte Monarchie; &
elle fait en plufieurs chofes,
mais principalement en jardins&en aqueclucs,des
conl'entiv à un facrifice fi cruel ; d'un autre cô- & depenfes inimaginables.
té , prévoyant bien que le Monarque
, conformé- Pour fon Armée, aucune n'en a jamais aproché.
ment à ce
quin'ellque trop en ufige chezles De- Cette Conquérante comptoit fes Troupes par mil-
politaires &
les Diipcnfateurs del'Autorité Souve- Kons trois compofoient fon Infanterie ; ià Cava-
:

rame, employeroit la violence , l'infortuné Mari lerie n'étoit pas moins que de cinq cens mille
dis-je, quitte la partie trop forte
hom-
f
'
tre ; &
il aime mieux renoncer à
contre fon Maî- mes ; &
le bagage oecupoit trente mille Chariots.
la vie qu'à fa fem- Vous m'avouerez qu'il faut que le Genre Humain
me. Quel dommage que cet exemple-là ne foit pas fe foit étrangement atténué par la propagation.
certain L'amour Conjugal auroit du moins un
!
Les Armées les plus nombreufes qu'on ait vu de-
Martir au lieu que par la Tirannie de Meffieurs
;
puis que notre grolfe boule eft couverte de Mor-
les Epoux, il a des Martires par milUers.
tels, n'ètoicnt 6z ne font encore que des
poignées
J'ai mfmué que l'amour de Ninus avoit tom-né i
de gens, en comparailbn des forces de Semiramis,
qui
,

"""

^^Hl
'/)

GENERALE SÛR L'ASIE.


qui pourtant , fi je ne nie trompe , ne fuivoit pas le tres moyens pour garantir fa perte , ne prit point
Déluge de fort loin. fon innocence comme un prétexte pour fatisfai-
Autre circonllance étonnante ; La Reine avec re fon ambition Se fon envie de régner,
je m'en ra-
Tes trois millions cinq cens mille hommes de Trou- porte à la pénétration &
à la jullellé de votre dif-
pes, c'efl à dire, avec une Armée capable de faire cernement. Ce que je eroi pouvoir donner ici de
trembler l'Univers , ne laiffoit pas de trouver des mon cru , c'eft qu'une Femme qui fait tuer fon ma-
rebelles dans fon Empire , de lé voir obligée de& rimérite d'en être punie par la main d'un Fils qu'el-
les domter. Un jour que cette Reine étoit à fa toi- le aime d'un amour impur.
lette on lui annonça que le Gouverneur de Babi-
,
Je rentre dans mon fujet par une courte reflexion;
lone foûtenu d'un gros parti , avoit fecoiié le joug
, la VOICI. Tout cil fujet ici-bas à la révolution. Lo
de domination Monarchique ,
la s'étoit emparé & tcms, ce deflirufteur impitoyable des ouvrages de
de cette place importante. Notre Héroïne n'etoit
alors coëfféc qu'à demi. Mais l'amour de la paru-
la Nature &
de l'Ait, n'affujettit pas moins il fon
ernpire les Villes les plus tloriflantes
les Etats les
re &de l'ajultement , quelque naturel qu'il foit au mieux affermis, les Monarchies les plus puilTantes
,

beau fexe , cédant bien vite à l'ambition & au main- non,letemsne les anéantit pas moins que ces mife-
;

tien de l'autorité fuprème , cette Princefle


, dans rables individus quinaiflént tous pour la confcrva-
l'état bizarre &prcfque rifible où elle étoit, fe
met tion de leur Efpece , cS: qui par raport à l'avenir
& au
en mouvement pour éteindre le feu de la rébel- pane,ont une infinité de fois moins qu'une minute
lion &quel mouvement, à votre avis? Elle don-
:
à courir fur la TeiTe. ,
,

ne fes orcires pour affembler fes Troupes ; elle af-


Je renvoyé la vérité de ce que j'avance ici à l'Em-
(lége la Ville &
la prend ; après quoi fe remettant pire des Alfiriens. Qui ne l'auroit cru aulli dura-
froidement à fa toilette , elle achevé de fe faire en Afie que
ble l'Afie mêmef Quand on penfe aux
coefier. Le bon-fens fe foulcve contre une telle nar- rapides progrès de cette Monarchie , à fes forces
ration ; &
toute la grâce qu'on peut faire aux Au- prodigieufes , à fon étendue , &c. : ces Peuples
teurs de ce récit , c'ell de croire qu'ils
y ont mis n'ctoient-ils pas allez fondez enaparence pourpre-
beaucoup de plus ou de moins. Cependant on dire la durée de leur Empire jufques à
voulut éternifer cette aftion-là par un monument
fin k des
générations ?Cependant félon quelques Hillo-
,
public; c'étoitla ilatuë deSemiramis àdemicoéf- riens, cette Monarchie dont Ninus fut le Fonda-
fée;& les Rois de Perfe, ajoute-t-on , la faifoicnt
teur, &
Sardanapale le dernier Souverain, ne dura
graver en cette pollure-là fur leurs bagues fur & que fept cens vingt ans. Il crt vrai que les autres
leurs cachets. Cette dernière preuve vaut quel- la font fublificr douze cens quarante ans
; mais ou-
que chofc pour l'ell'encicl du fait: mais elle ne cal- tre que leur eonjcclure paroit la moins vratfembla-
me point la raifon fur les circonllances. ble,il feroit toujours vrai que la première JMonar-
ne me relie plus qu'un article fur cette femme
Il
&
toute extraordinaire. Nous, avons vu comment
chie celle qu'on peut nommer la fource com- &
me la Mère de toutes les autres n'a pas fubfifté ,
après avoir fouillé fon petit Régne de cinq jours, beaucoup près, autant qu'elle promettoit. Ainli
à
par le meurtre de fon Mari , elle quitta l'habit finit l'Empii-e des Premiers Alfiriens, qifi
futenfui-
de fon fexe , & fe fit palfer pour fon fils qui te divifé entre ceux qu'on appelle les Alfiriens
Se-
lui relfembloit. Ce déguifement de fexe , loin conds , les Babiloniens & les Modes.
de s'accorder avec l'hilloire de la toilette la , Les Alfiriens Seconds commencent enlaperfon-
contredit formellement. N'importe, n'examinons màeNimis le jeune, qui rétablit l'Empire d'Alfi-
pas la chofe à la rigueur ; il ne s'agit ici de rien
moins que de
rie l'an du Monde 3Xf
7 , &
le renferma dans fes
critique, JVIais que devint ce Ni- propres bornes, Cet Etat dura 109. ans, c'eft-à-
,

nias, à qui fa Mère


voloit à la fois, fon nom, fa fi- dire jufques à Baltha&r , qui fut tué conime
gure & lii Daniel
Couronne ? l'Hiltoire le fait difparoitre le lui avoit prédit. En effet, dès la nuitfuivantede
pour long-tems à la fin pourtant il revient fin- h
:
cette fameufe Vifion qu'il eut dans un feftin
, Ba-
Scène, &
il y fait un étrange perfonnage.
bilone fut prife parCfi-us. Cette Ville étoit fi gran-
Semiramis , chez qui aparemment la glace de la de, que les ennemis étoit dedans avant que ceux
vieilleilé n'amortiffoit point l'Amour fe laiffii en- , du miUeu en fufl'ent rien. Balthafar ftit tué par des
flammer d'une paillon criro.inelle pour Ninias fon
fils. Mais comme ce Prince, qui valoit mieux
foldats ,& l'Allirie pallii fous la domination des
le monftre dont il avoit reçu le jour , étoit fort
que Modes & des Perfes. Ce fut fous ce dernier Roi
des Alfiriens que furent achevez ces murs fi fameux
éloigné de répondi-e à l'empo'rtement brutal de fon de Babilone commencez par Nabuchodonozor. II
Amante mère &
inceftueufe elle fit une loi pour, faloit voir la magnificence du Pont des Maifons &
permettre à un fils de mêler fonfang avec celui de. Royales bâties fur les deux cotez de l'Eufrate , dé-
qui le lui avoit donné. Peut-on s'imaginer que des crites par Philoftrate dans la vie d'Apollonius L.
r.
Sujets policez ayent ouï une telle Ordonnance fans Cap. i8. Sur le haut du Château, où les Rois lai-
frémir & fans fe révolter ? Ce feroit bien là où il foient leur fejour , étoient ces Jardins fufpendus,
faudroit dire opinion chez les hommes fait tout.
,'
que les Grecs ont fait palTer avec rarfon pour une
Cet abominable Edit,yî'ta»î e/?qu'rlyeneùtun,ne des merveilles du monde. Après la defii-uftion de
fit point dans le cœur du Prince l'mipreffion
que la la Monarchie Aflirienne , Babilone devint la Capi-
Reine fouhaitoit tant s'en faut cette tendreffe tale d'un nouvel Empire
, qui commença par Na-
:
;

outrée lui fit horreur parce que fa Mère l'aimoit


:
bonaffarY-m du Monde 315-7. Ullerius dit feule-
trop, il conçut pour elle une haine dénaturée; & ment que ce A&io»«j/ir, autrement BekJisoviBa-
cette iurie d'amour prellant fon fils de la contenter
ladan , s'étoit joint avec le Gouverneur' des Mo-
& d'apaifer fon impatience brûlante, ce fils n'yré- des pour détrôner Sardanaple , perfonne ne fau- &
pondit que par un coup dé poignard. Si l'attion roit nous apprendre ce quec'étoit que ce Nabonaf-
de Nmias n'ell pas du moins aulTi criante que celle far avant ce tems-k\. Cet état de l'Allirie n'a duré
de Semu-amis; &
fi ce Prince, qui avoit tant
d'au- que 66. ans fous dix Rois. La Famille Royale qui
B z re-

i
,
,

DISSERTATION
regnoit à Babilone étant éteinte, Aïïaradon, après l'imitèrent le plus rehgieufement. Qui aui'oit re-

un interrègne de huit ans , remit les BabiJoniens proché à Dejoces un excès de fuperbe &l d'or-
fous l'ancien joug des Affiriens. Revenons main- gueil, il eût fans doute répondu qu'il faifoit cela
tenant aux Mcdes. pour deux raifons pour faire honneur au Souve-
:

L'origine de cet Empire efl fort tenebreufe ; & rain Etre dont il étoit le Lieutenant rendre les ; &
un habile Homme, qui dit avoir lu quantité d Au- peuples plus dociles &plus foûmis, en leur impri-
teurs fur ce fujet , chez eux que
allure qu'il n'y_ a mant de k vénération pour celui qui les gouverne
difcorde &
divifion. Voici-là delfus quelque cho- & qui les conduit. Ce Roi des Mcdes réufîifibit
fe d'affez amufant. Le nom Medie vient de Maddi heureufement dans ce dernier motif: ni les armes,
Fils de Japhet. Les premiers Rois de cette Mo- dit -on, ni les menaces n'entroient point dans fon
nai'chie furent Arbaces, Mandauce fon Fils, Suf- Adminill:ration; la crainte n'avoit nulle part à l'o-
farme, Artias, Arbiane,Dejoces, Artée, Phraor- béilTance des Sujets :1e Prince ne commandoit rien
tes, Cyaxares, Alliages. Ces Monarques donnè- quedejuite, que d'équitable & les Sujets fefoû- ;

rent fucceffivement une valte étendue à leur do- mettoient par leur eltime profonde pour fa jullice
mination. Entre leurs autres conquêtes on mar- & pour fon équité, C'eft, à mon fens, le plusbel
que la Chaldée, la Méfopotamie , TAffirie, l'Ar- éloge qu'on pùilfe donner à un Monarque. Si ef-
ménie, ou la Pcrlide. Voyons quelques circonf- fedivement Dejoces a reffemblé à un tel portrait
tances curieufes que l'on raporte de ces Souve- pardonnons à ce Prmce ce qu'il a pu faire de trop
rains. en faveur de fa dignité l'effet clï ii beau qu'on
:
,

Arbaces, qui n'étoit que Gouverneur delaMe- n'oferoit en blâmer la caufe. Ce qu'on peut con-
die, indigne de la vie molle &
efféminée de Sar- jecturer ici {;ms témérité, c'ell qu'aparemment
danapale, qui faifoit fa relidence à Ninive, trama les Succeffeurs de Dejoces ne fuivirent pas fon

avec Belefis ou Nabonaflar Babilonien une conju- exemple avec autant de zèle & d'exai^titude fur le
ration contre cet indigne Roi il mena contre lui
:
point de l'Equité que fur le point du Cérémo-
,

une Ai'mée de quarante hommes, le vainquit


mille nie]. LaRaifon, le bon Naturel, la Vertu, ces
trois fois &mit devant Ninive , qui futpri-
le fiége trois principes fontnecellâires pour former un bon
fe la troifiéme année. Sardanapale niant préféré & julte Souverain mais l'Amour-propre lui fuffit
:

une mort volontaire à la honte de tomber entre les pour s'élever, par fes manières i au delFus des au-
mains de fon ennemi , Arbaces retira les Mcdes de tres mortels or ; il ell bien plus commun de s'aimer,
delTous la domination des Afliriens , fut falué & que d'être raifonnable & vertueux. Palfons à un
Roi de Medie l'an du Monde 32-5'7- On ne fait autre Roi.
rien de ce qui regarde fes Suecelfeurs jufques à Celui-ci nommé Ciaxaresd'autant plus de , eff

Dcjoces. mon relTort , que fa mémoire doit être precicufe à


Celui-ci, le premier dont on nous aprenddes notre Alie. Si on peut s'en fcpoler fur les plus
particularitez , n'étant point du fang Royal , n'a- vieux Hiftoriens, quoique leur témoignage ne foit
voit aucun droit à la Couronne ; mais ayant rendu rien moins qu'un apui ferme inébranlable, ce fut &
à l'Etat les fervices importans de reconcilier deux ce Prince qui le premier partagea cette Partie du
Partis qui s'étoient formez fous les adminilh'ations Monde en Provinces. Etoit-cedonc là,direz-vous,
précédentes, &
de faire la paix avec des voifms, faire un li grand bien aux Mortels ? Oui : Car de
on le jugea digne de la Couronne ; par le droit& la tournure naturelle dont les Hommes font , k

de mérite, droit plus glorieux que celui delanaif- multitude engendre chez eux le defordre ; pour &
fance , il fut élevé fur le Trône; Avant que d'y les empêcher de s'cntre-detruire ^ il faut neceifai-
monter, il voulut qu'on le mît en état defoûtcnir rement les feparer.
le rang qu'on lui otiroit , & de pouvoir vivre en On prétend aufhque ce Monarque enfeignaaux
grand Monarque. Dans cette vue il voulut, avant Afiatiques l'Art de bien faire Lt Guerre. Avant
que d'accepter la couronne , qu'on lui fit bâtir un fon Règne, on neconnoiflbit point cette diverfité
fuperbe Palais , &
qu'on lui permît de fe choifir de Genres , cette différence d'Ordres , cette diltinc-
des Officiers & les autres gens qui compoferoient tion de Rangs qui font â la fois, la force & la beau-
fa Garde & fa maifon. Il paroiffbit bien par cette té d'une Armée ; &
toutes les Troupes n'étant
précaution que Dejoces avoit une haute idée du alors qu'un aflcmblage confus , qu'un amas de Gens
Diadème ; &
qu'il pretendoit rendre le Sceptre qui fuivoient leur impetuofité , on étoit toujours
beaucoup plus refpedable que fes Predéceiléurs en rifque de combatre plutôt contre foi-même &
n'avoient fa^t. Mais on ne prcvoyoit peut-être pas contre fon parti, que contre les ennemis. Dans la
qu'il portcroit les chofes fi loin. Ce Prince s'apo- funefle necelhté a laquelle notre malheureufe ef-
théofa en quelque forte, dès fon vivant, &fe mit pèce eltrcduitcdc s'entr'egorger, ce n'étoit pas une
fur le pié d'une Divinité jaloufc de fon élévation. petite invention , que d'aprendre à tuer par métho-
Dejoces ne fut pomt un Prince abordable, facile de & par règles aufli depuis ces fieclcs reculez,
:

&famiiier, comme les autres Rois des Medes. Ce- on a tellement enchéri fur cette découverte , qu'on
lui-ci étoic prefque invifible, &
on achetoit Thon- peut dire que les Flommcs n'ont pas moins étudié
ncur de fa prefence à force de formalicez. Il étoit la Science de s'entr'ôtcr cruellement la vie, que de
défendu de lui rien demander, que par une dépu- fe la conferver heureufement.
tation dans les formes. C'étoit une cfpéce de pro- Ciaxares prit les armes contre les Lydiens, &
fanation & de facrilége,de rire &
de cracher de- la rupture dura cinq bonnes années. On attri-
vant lui. Enfin ce Monarque oubliant abfolument bue le fujet de cette Guerre à un événement
que par nature , il étoit entièrement égal à fes Su- tout à fait finguher ; & qui par cet endroit-là,
jets, ne fe regarda plus que par rapport au pou- fent beaucoup fon Hérodote. Quelques Scythes
voir arbitraire qu'il exerçoic fur eux ; il fut fi & fe trouvant, je ne fai par quel bazard , chez
bien s'établir, fe fixer dans cette fiere &ambitieu- l'Empereur des Medes , ce Prince les fit Pré-
fe diilinftion, que ce fut en quoi fes SuccclTeurs cepteurs de fes Pages, ce qui pourtant ne s'aecor-'
de

-mm I.IWHMWIJ,.ii I
I I .Lxu
,

GENERALE SUR L'A SI É.


de guère avec k barbarie des anciens Scythes.
Ceux- déroute ces mêmes Scythes qui avoient tant
ci n
ctoicnt pas feulement chargez d'aprendre
leur
âffo-.
tili la puiliance
langue, &
leurs exercices, aux Dilciples qu'ils dc-
veur d une infigne perfidie,
; il en purgea fes Etats à ; & la fa^
voieiit mftruire; ils étoient de plus
les Veneurs ou le ipicndcur.
il recouvra & premier
Chailcurs de la Cour. Ce n'eft point encore
vous faurez que ces Meffieurs les Tedanmes
tout- Albages , Fils &
Succeireur du Monarque prece^
Scy- dent, fournit une autre forte
thes avoient aulli du talent pour la de fpertacle à notre
Cuffine car ils •
curioiité;il règne dan^fouHilloire
aprêtoienc eux-mêmes,* de leurs propres un certain mer-
mains, venieux qui nous tire du cours
la chaire dont ils avoient fait
capture , & qu'ils ta politique
de la Nature, & de
àvoient l'honneur de fervir au Roi. ordinaire) je n'en crains pas le démenti
Ce rince avoit eu d'Ariene
Ce Monarque étoit un peu violent de fon natu- 1
, fille de
Haliate,
™„; ?'™ 1"c n'étant apparemment pas moins m^.A^
mee
':,''' "iiP""*' "ne Princeffe nom.
.','
Mandane. ^°S Sa fille lui aiant paru, dans
ditticde a contenter, les Chaiiburs
Cuifmiers avoient eve, comme une fontaine
un
a iouftrir de fon humeur & qui jettoit une quanti-
de fes emportemens té d eau mais li prodigieufe , que toute
Un beau jour ris fe dépitèrent , prirent une re- & , l'Afie en
etoit mondée
, il ne douta point que ce ne
iolution vraiment Scythe. C'ctoit de tuer un de fut un
fonge prophétique ; &
il fe fit une aflaire
ces cnfans d'honneur qu'ils capitale
avoient fous leur difci- d en avoir 1 explication.
plme, de le fiiire cuire, de Aulii-tôt Devins en cam-
l'alihifonner à leur pagne ; car les Dodeurs en
manière , &
de mettre cet horrible mets fur la table
[.1res &
Avenir ne font pas
lans être lecourus de l'iUummaùon
Koyale. Comment ces Scélérats ;
d'en-
purent-ils exécu- naut,ils annoncent le/;,/ar
ter leur deffein? La chofe contingent avec autant
paroît prefque impolii- aa luranee que nous raporterions le
ble: d accord. Mais le premier Narrateur du fait paflé le mieux
etabh. Les Oracles donc
n y a pas reg;u-dé de fi près ; pourvu & s'affemblent; ils fe com-
qu'il fur- muniquent leurs lumières; &
après longue, après
prenne, tju'il étonne notre curiolité
, il ne s'em- mure
baraffe point délibération , ils prédifent d'un commun
de
vraifemblance.la
cord
ac-
que Mandane aura un fils,&: que
Après un tel coup , ces exécrables ce fils ra-
Cuifmicrsfc '-on^nne à fon Aicul maternel
Hâtèrent d echaper à la jufte fureur du
Prince •
& ™anAlliages croit bonnement la
c etoit leur unique parti. Us cherchent Prophétie il s'en ;
donc leur allarme à: ne craignant pas
fureté chez le Roi de Lydie; moins ainfi font or-
ceMonarque, s'il & ;

dmairement dilpolez ceux de fon


,

lavoit leur crime n'eut point


, de honte de leur ac- ne craignant pas moins de
augulle ran" &
corder fa protection. Ciaxares reclame defcendre du T?ône
des gens que d entrer dans le Tombeau
qm lavoient outragé de la manière du
monde la lolu de ne rien omettre
, il elt bien re-

plus fanglante &


la plus affreufe
pour faire mentir le Deffin,
Haliates refufe :
en détournant le malheur
ûe livrer les Réfugiez aimant mieux expofer prefagé. Dans cette
;
fes vue la prciniere précaution
Sujets aux horreurs d'une , fut de marier la Prin-
guerre offbnlive , contre çelle a un Etranger, croyant
un Monarque fort fuperieur , que apparemment par-li
d'abandonner oter toute cfpcrance de
quelques traîtres capables de le trahir •
Succellion , à elle & à fa
auifi quel polterite.
travers de Politique ^ Alliages fait donc époufer Mandane
il
!

Les Modes envoyé ces Conjoints en Perfe , pais


& les Lydiens
pendant s'étant fait
"1 j ,',r.
natal de lEpoux. ^
cette longue dilcorde , mais avec
un fuccès à peu Mais le moyen d'empêcher un
près cgal.tout le mal que le Droit
ou la Raifondu événement, lors
qtie le fort s
plus 1-ort peut caufer enfin les deux Armées fe
:
y cil engagé d'honneur par des fonges
mylicriçux? Les Noces de nos
1 cneontrent dans une conjonaure Mariez fructifient
où il ne faloit û. la Priricelle de Medic devient
plus qu'une Ailion générale pour
décider.
grofl'e. Son Pè-
Déjà re en reçoit la nouvelle;
&
Ciaxares, aiant gagné un grand avantage comme probablement
de Polie, a choie hu avoit fait une
lettattoit d une viftoirc complette; torte imprellion , l'image
je m'imagine lui en revient pendant
même qu'il brûloit de fe voir aux prifes avec l'En- fon fommcil. Autre rère
mquietant,& qui demande des Jojephs
nemi. Surquoipeut-oncompterdansia ou des In-
Vici' Sur terprètes. Dans l'autre fonge
le point de combatte Alliages avoit vu de
peut-être la Mufique
concerts de la Ttierie avoient-ils commencé
:
les & leau: daiis celui-ci , c'étoit du
vin, ou du moins

peut- 1 arbre qui le produit.
être avoit-on même donné L'imagination du Monar-
tout d un coup,
& voici que
le fignal ; que endormi lui prcfentoit une Vigne,
qui, fortant
la Lune s'avife de s'éteindre & de du Coros de Mandane pouHbit des
s eclipfer le Roi des Medes
:
qui probablement
, pampres Ci
netoit pas un grand Clerc en
, pans, fi épais, fi touftbs, qu'ils couvroient
Afeonomic , s'ef- genera-
traye de cette ^f/fi?M«, comme d'un
ement toute l'Afie, ifedonnoient à cette
valle par-
préfai'e finif- tie du Monde la
fraîcheur d'un ombrage
tre; &
remettant l'epce dans le fourreau ,° il
pro- Nouvelles alarmes! redoublement de
agréable
'^n Armiftice qui fut fuivi de la Paix crainte
K'^, ,
pour un Prince foible & fuperttitieux
C elt amb que la vaine illufion d'une terreur Alliages !

voulant, une bonne fois fe mettre


pamquepeut conjurer ces orages terribles, que l'cfprit en ,
îe-
les pos, fait revenir fa fille, veut qu'elle accouche &
i rinces caufent fouvent fur
la Terre par la cliimc- lous les yeux. Il arrive enfin,
re du pomt-d'honneur. ce petit mortel fi re-
Ciaxares eut enfuite de furieux
doute avant &
depuis fa conception. Afin de l'e-
démêlez avec toufler dès fa naiHànce,le Monarque,
les Scythes: cette Nation,
non moins qui prcten-
belliqueufe doit bien l'immoler à fon ambition,
que teroce, le chall'a de devant Ninivc ordonne à Har-
qu'il alïïe- pagus, un de les Minillres d'Etat, d'être
geoit ; elle lui enleva plulîeurs le Sacri-
Provinces elle le •
ficateur de cette victime innocente,
priva pendant près de trente ans de
la fuperiorité
dévouée à &
dans lAlie ; mais enfin, aiant fait
la mort par celui-là même à qui la Nature
demaii-
maifacrer fes I doit la vie.
prmcipaux ememis dans un repas où il
avoir trou
ve moyen de les alfembler, il mit dans Harpagus,vraifemblablement trop humain pour
une entière I
une exécution fi barbare , s'en décharge
Tom. K, fur un
nom-

- :.^',
,, ,

DISSERTATION
nommé MitridatCjlnfpcacurGcncval des Bcflmux clare donc l'Aicul de Cirus ; mais crainte d'abus •,

deSaMajeitc. La funme de ccï Ofticicr,qui ve- & pour une plus grande fureté , il prend du moins
iioit de mettre au monde un enfant mort prcHa ,
la precatttion de le renvoyer en Perfe auprès de
fonMari de lui accorder le nouveau-né pour l'éle- Cambife fon vrai Engendreur.

ver en qualité de Mère & Mitridatc, qui peut-


;
contre Harpagus qui lui avoit manqué de
Irrité

être n'étoit pas moins humain que Harpagus, y con- foùmillion &
de foi , il forme le dcilém de s'en
fentit. Ainli fut fauve Cirus , ce célèbre Conqué- venger ; &
il le fait par le moyen le plus barbare

rant, qui a fait tant de bruit dans fon paiTage fur qui puilfe entrer dans l'cfprit d'un Mortel qui fe
notre Boule & qui n* a pas moins donné d'oc-
,
croit tout permis, &
qui ne confulte que fa fureur;
cupation aux iaiieurs de Romans qu'aux Hilto- vous allez voir. Le
Confeiller a un HIs , âgé de
riens. treize ans ; &
aparemment ce jeune Seigneur cit
Ce fils prétendu de Mitridate aiant atteint fa infiniment cher à fon Père. Le cruel vindica- &
dixième année, il lui arriva une avanture qui natu- tif Aitiages, aiant donné des ordres fecrets pour

rellement de voit le perdre &


qui néanmoins
;
faifir , tuer , couper , &
cuire en partie cet en-
avança fa fortune & Ion élévation. Un jour le fant bien-aimé, il invite fon Minifire à un Régal;
jeune Cirus, jouant avec fes Camarades, ils le choi- & faifant fervir cet horrible mets, il le prcife d'en
"iirent pour leur Roi. Ce petit Monarque de plai- manger , comme du plat le plus délicieux qui fût
fir, de divertiJlément , accepte la Couronne, & la fur la table. Le fclliin fini , le Roi , ne croyant pas
porte avec une dignité qui paliè fon âge. Pendant fa vengeance complette s'il ne joignoit l'injiilte à la

fon Règne, qui fut très-court, en forte qu'on pou- cruauté, ^e


dites-vous de wfl»rf/'i3J',demande-t-U
voit dire à coup fur que dans tout le cours de fon Mevonsai-jepas traité fomptucufement,
à\r{^r'p7ia\x'ii

Adminillration il n'avoit ni mangé ni dormi, pen- ® f» ? Le pauvre Confeiller ne


grand Monarque
dant fon Règne, diï-je, il trouve un Sujet defobeïf- manque pas de fiiireaulTi-tôt une révérence dcsplus
fant, & c{mie révolte ouvertement contre l'auto- profondes, & d'avouer que de fa vie, il n'avoit fait
rité fuprcme. Le Souverain fe fait julticc ; & une chère ii Royale ni li Monarchique. Alors le
quoique cela fût un peu contre la bienféance , il Monfire couronné , montrant la tête, & les autres
châtie le Rebelle de fa propre main ; &
qui plus elt, membres encore langlans, qui n'avoient point fer-
le châtie nadement. vi à la cuiline. Tien , dît-il à ce déplorable Père,

Or il ne vous déplaira point de favoir que le cou- tien , Sauveur de drus , ce font les repes de ce man-
pable étoit un des plus gros Seigneurs du Royau- ger que tu as trouvé fi à ton goik. Quelcoup de ton-
me /Ker//<? de Cirus. 11 avoit pour père un Sa- dre pour le Miniflre Maître pourtant de foi,
! &
trape , un Grand ; &celui-ci , aiant ouï les plain- ne laifiànt rien échaper au dehors de ce qui fepaf-
tes de fon fils , il en fit fa cour au Monarque réel foit au fond de fon ame , Je ne vis , répondit-il
comme d'une nouveauté afl'ez plaifante. Affiages, que pour mon'Prince;^n' aiant point d' autre volon-
curieux de connoître un enfant fi ferme, fi refolu té que lafienne , la Nature meurt chez, moi, dès qu'il
dans le grand Art de commander , le fait venir : m'ordonne d''en étouffer les fentimens. Tel efl le
Comme/a , lui dit le Roi , as-tu eu Vinjolence de langage de la crainte fervile! Labaflé&làchecom-

mettre la maïn fur le Fils d'un de mes Satrapes;^ plaifance , chez les Efclaves de la Fortune , pro-
pourquoi i'as-tii fi mattraïié ? Sire , répond le duit tout d'un coup une inléniibihté , que la Phi-
Roitelet^ fans s'étonner, on fnavoït fait jbn Maî~ lofophie , que la Religion même ne fauroit pro-
tre; ®
comme tel, je devais le punir de fa defobeif- curer qu'avec les derniers eflbrts. Au relie, fi cet-
fance. Le Prince, furpris d'une réponfe aulli fcn- te hilloire t]-agique étoit aulli bien prouvée qu'elle
fée que vigoureufe , regarde avec attention cet paroîtfabuleuie, Harpagus nepouvoitpas s'y pren-
enfant , qui entcndoit déjà le point le plus épineux d]-e plus finement pour déconcerter, 6: pour defo-

de la Royauté, qui eit d'exercer la jullice pénale: 1er le Tiran. Celui-ci ne vifoit qu'à jetter dans la
il l'examine de tous fes yeux; &
foupçonnant à rage , dans le defcfpoir , un Père qui reconnoit avoir
certains traits de reffemblance , qu'il etoit de fon mangé fon fils ik le trouvant au contraire fi tran-
;

iang,il voulut aprofondit le Myllere; &


il décou- quille, fi fournis, fe polTedant fi bien, n'en étoit-ce
vrit la vérité. pas plus qu'il ne faloit pour le faire enrager lui-mê-
Cependant Alliages , aiant reconnu Cirus pour me? Mais voyons le denoûment de la Pièce.
fon pctit-liis fe trompa lourdement dans une con-
, Harpagus n'avoit pas le cœur fi calme ni fi paifi-
jecture. Il raporte fes fonges à ce qui vient de fe ble, qu'il auroit voululepcrfuader àfonMaître.Le
paflèr ; & voyant que Cirus avoit eftéftivcment Pcre combattant intérieurement contre le Sujet, la
poiîedé une Monarchie de quelques heures tendreiïe fut vidorieufe de l'obéïflance &: ce Mi- ;

il en conclut qu'il n'avoit plus rien à craindre pour niflre qui difoit-il , faifait fon fiaifir de celui du
j

la fiennc. Ainli fuivant l'opinion rehgieufe, ouïe -/^Wjfuccomba à l'agréable tentation d'avoir fon tour,
fanatifme d'Ailiages le Dieu des Songes auroit
, d: médite une vengeance proportionnée îi fon ref-
couvert d'eau &: de vigne toute l'Alie; cela par & fentiment. II écrit à Cirus, &
l'exhorte vivement
quel motif ? pour avertir ce puiifant Monarque à prendi-e les armes contre fon Aieul ; n'oubliant
qu'il auroit un petit-fils qui, à dix ans jouant un , pas de promettre que de tout fon pouvoir, que de
certain jeu , nommé LE ROI, obtiendroit par tout fon crédit , il favoriferoitrentrcprife. Le Prin-
le fuffrage unanime de Compagnons, l'honneur ce de Perfe, aiant reçu la lettre par leportcur,qui
t:^ de cette petite Souveraineté.
fes
Notre Lfpece , foi tout en faifant femblant de chalfer , étoit arrivé
dif'ant raiïbnnable , fourmille en extravagances &: heurcufement auprès de Cirus, le Prince de Per-
en travers; Mais fi depuis que le Genre Humain fe, dis-je, accepte la propofition.
eit en être , ii y a eu une imagination plus rifiiile, La chofe meritoit bien un Miracle ;aufri s'en fit-
plus réjouilfante que celle qu'on attribué ici au Roi il un Cirus reçoit ordre en dormant , d'employer
:

de Médie, je prcns la hberté de propofer ce Pro- à l'exécution du grand deiléin , le premier paflant
blème aux meilleurs connoiiîèurs. Aitiages fe dé- qu'il rencontreroit le lendemain. En effet , ce lon-
ge
""^^i

GENERALE SUR L'ASIE.


gc l'aimit excité ;\ fe lever dès fon réveil, ilforcilla combattre. Avant d'entrer en lice,le Monarque fâiÉ
i &
première lueur de Aurore , trouve dans fonche- ù fes Troupes une harangue bien dirièrente de ces
niin le même homme que le Cielluiavoitindiqué:
c'étoitun Perle, nomme Sibaris, qui étant efclave
difcours étudiez que les Hiltoriographes anciens &
modernes font prononceraux Généraux avant une
chez unMede, avoit trouvé moyen de s'cchapcr, Bataille. Alliages fait promettre à l'Arriere-garde
& qui fuïoit aduellement Cirus le gracieu/e,
:
qu'elle maifacreroit tous les fuïards du parti: puis
prend lui même la peine de lui ôtcr les fers , & courant à l'Avant-garde , il employa les promelfes &
l'emraéne dans la Ville. les menaces, les deux meilleure^ figures de l'Elo-
Par quel Icrvice Sibaris marqua fa reconnoifnince quence militaire, pour les exciter au devoir.
:\ Cirus , c'efl fur quoi le miraculeux Hérodote ne En ciîct,les Medes donnent fi furieufement,que les
s'explique pas aOez nettement. Il y a pourtant lieu braves Bûcherons font renverfez ils ne lé croyent
:

de conjecturer qu'il lui donna un confeil dont voi- même plus d'autre refiburce que la fuite: mais un
ci l'exécution. Cirus convoquant le peuple de Per- incident bizarre les arrête: Oh que ladefiméedes
fepo]is,lui ordonne d'abattre un grand Bois qui étoit Etats & confequemment des Humains tient à peu
, ,
aux environs & chacun s'cmpreilé d'obéir l^e jour
; de chofe les Mères & les Femmes de ces Soldats
!

fuivant , le Prince regale fplendidement tous fes'Bu- efîi-ayez, fe prefentant devant eux, prefque nues,
cherons. Après lerepas, Hé bien. Mes ^mis, leur où f£ïari?js-î;iisj,crierent^ellcs , lâches ïêmej>ri/àbles
, voiià deux journées bien différentes ? "Parlez,
dit-il Guerriers ? voulez-vous donc rentrer dans nos ven-
moi franchement ^ laquelle des deux vous afemblé la tres? U n'y avoit probablement que les Mères qui
meilleure'^ Ils repondent, &
même fans heliter,à parloient ; &: un tel langage ne convenoit point hon-
ce que je croi , car je n'y étois pas , qu^ils s'accom- nêtement aux Epoufes. Tant y a que les Perfcs,
modoient mieux de Ja table que de la forêt; ® cela honteux d'un reproche fi mortifiant font volt face
,
e ;
far une raifoti naturelle, (ë confequemment invin- & fondant en déterminez fur les Ennemis, ils les
cible, ceji que la bonne chère ®
la joiefont fiaifir, culbutent à leur tour, & les taillent en pièces. Af-
au lieu que le travail eji pénible i3 fatigant. Cela tiages, qui vraifemblablement fait les derniers efforts
étant reprend Cirus, /ai dequoï vous rendre heu-
, de valeur, eit pris dans la mê[ée,&eilamenéàlbn
reux. Vous ne favez que trop, à vos dépens., que Petit-fils. Le généreux Cirus le reçoit plus humai-
les Medes vous traitent en efc laves : Suivez moi dans
la guerre que f ai dejfein de leur faire. Nous fecoue-
nement qu'il ne mérite ; &
contre toutes les maxi-
mes de la Politique, il lui donne la direction d'une
roHs le joug de nos Tirans; tS la richejfe de leurs de- belle & grande Province.
lis J
fouilles vous mettra dans Cabondance^ dans la volup- Ainfi finit la Monarchie des Medes , qui la pofTe-
té. Ces fortes de harangues ne manquent guère derent trois cens cinquanteans;&: £i:*{'a/rt«e,auiour-
d'être efficaces: le bien & le plaiiir font l'objet le plus d'hui Tauris, enétoit la Capitale. Celle des Pcrfes
attirant, le motifle pluspreiiantpar lequel on puiilè dura depuis Cirus , fon Fondateur ,jufques à Darius,
engager les Mortels. Auiïïleshabitans de Perfepo- dont le valle&puifiantEmpirefuLdetruitpar la pe-
lis ne balancerent-ils pas un moment ; ils reçurent tite & invincible Armée d'Alexandre.
avec ardeur l'offre avantagcufe de leur Prince ; & L'Empire des Pcrfes étoit beaucoup plus étendu
aveuglez de leur efperance, ils fe figuroient la de- que ce que nous appelions laPeriè aujourd'hui. Bien
faite totale des Medes aufli facile, que leur avoit loin de le renfermer entre la Sufiane à l'Occident , la
été la coupe du Bois. Partiiieau Septentrion, la Caramanie à l'Orient, &le
Cirus levé donc l'étendard contre fon Aieul.Af- Golfe Periique au Midi ; il efi certain que les Rois de
tiages, obhgé de fedeffendrc contre fonpetit-tils, Perfc ont quelquefois foûmis prefque toute l'Afieà
^ ne voulant peut-être pas marcher en perfonne leur domination. Xerxcs fubjugua même toute l'E-
contre un ennemi qui devoit lui être cher, donne à gipte , vint dans la Grèce & prit Athènes. Ce qui fait
Harpagus le commandement de fon Armée. Quoi! voir qu'ils portoient quelquefois leurs armes vifto-
:i ce même Harpagus qu'il avoit outragé dans
l'en- rieufes jufques dans l'Afrique &
dans l'Europe mê-
droit le plus fLufible &
qui d'ailleurs n'a paflëjuf-
; me. Perfepolis , Ecbatanc , &: Suze ètoient les trois
qu'ici que pour un ConfeiJkT ? à lui-même. Si l'Hîf- Villes, où les Rois de Peifelailoicntleurréfidence
torien avoit alfez médité fon filleme, il en eût fait ordinaû-e. Cirus, l'an du Monde 3 468. fit de cette
d'abord un General, l'un ne coùtoit pas plus que derniérela Capitale de tout l'Empire des Perfes, par-
l'autre: mais n'aiant pas fait cette réflexion, il elt ce qu'elle ètoitdans le milieu du Pais, ditStrabon
contraint de le tirer du Confeil pour le mettre à la Liv. 15-.
tête des Troupes. Quant au meurtre &
à la man- Cette Monarchiequi eft la H. des quatres princi-
i^araf «s du jeune Harpagus , la crédulité d'Affia- pales , dura xo6 ansfous douze Rois , dont Cirus fut
.

gesiit fon imprudence ceMiniitre aiant affiiré le


: le premier &
Darius le dernier. Sa ruine fit pla j e à la
Roi, dans cette aftreufe conjonéiure, que lebon- IIL qui cil celle des Grecs fous A!exandrc,û: quipaf-
plaifu- de Sa Majellé faifoit le fien, ce Monarque fa enfuite aux Romains ;mais cette matière n'ell
le jugeant par-là le plus foûmis defes Sujets pou- pas de mon fujet. Je dois me borner aux Empires
,

voit-il mettre fes forces en meilleures mains ? Quoi qui ont été fondez en Afie.
qu'il en foit,Harpagus,faifiiTantroccafion qu'il avoit LesParthes y en établirent un très-puifiant, que
lait naître, &
qu'il attendoitaparemment avec im- l'on a confondu mal à propos avec le Royaume des
patience, trahit la confiance de fonMaiire ; en- & Pcrfes ; quoi que ce fût im Etat tout dificrcnt/ormé
traînant les Soldats dans fa perfidie, illcvclemaf-
que, &fe déclare hautement pour l'Agrefieur.
des pièces que les Parthes enlevèrent aux Perfes &
aux Macédoniens. La Parthie ell une Région fameu-
Dans une fituation fi fachcufe , Aftiâges , prêt à fe del'Afie, qui a laMedie àrOccident,laPerfeau
fuccomber, ne perd point courage ; &s'animant par Midi , la BaClriane à rOrient,la Mârgiane l'Hirca- &
fon dcfelpoir , il fait promptement de nouvelles le- nie au Septentrion.La Capitale étoit Hecatompyles,
vées. Ne fe fiant cette fois-ci qu'à foi-même, il va Villeainfi nommécàcaufedcfesc^nt Portes c'eil :

rapidement contre Cirus î & le voici lur le point de aujourd'hui Hiipahan. Voici comme s'eitformé cet
Etat

.J! :

m
DISSERTATION SUR L'ASIE.
leurs Frcrcs en Efpece,Icurs Coindividiis, !euf s fcmbliibles en-
Etat , qui a fait dans la fuite tant de peine auxRo-
fin, ionc obligez de s'abailTerdcvantcux&de
mainsis. Arfacès &
Tiridate fon Frere.cntans de Pria-
Sur ce principe, on peut dire que l'Afie ell la Partie du Gk-
les reipcifter.

pite,qui étoit iils d'un autre Arfacès, fc révoltèrent


bc cerrelh-e la plus favorable aux hommes; celle qui leur fait à
contrelcs Syro-lMacedoniens. Un certain Pherecle, la fois plus de largcffes & de libcralitez. Non feulement la
ou Agathodes , qu'Antiochus funiommé le 'Dieu Terre produit dans ce valle Pais tout ce qui peut fervir à la
avoitclevé aux premières dignitczde faCour,vou- confcrvation de notre Machine de notre Etre mechanique
,
-,

iutfaire une violence infâme à Tiridate. Arfacès fon non feulement elle raporte en abondance tout ce qui peut
Frère, indigné de l'infolence de ce Courtifan , le tua. nous procurer ce fuperflu qu'on nomme le bien-être, c'cfî:-à-
Lacrainted'êtrerechcrcé pour cemeurtre le porta direproprementlavoluptércnfuelle:mais l'Afie fournit aiiffi

àpaireroutre,&: à fe révolter. Ainlife forma l'Empire


tout ce que l'imagination, corrompue par l' avarice paria &
vanité , met à plus haut prix. Oui , c'eft de là principalement
des Parthes,qui a été fouvent en difpute&en con-
que viennent ces chofesprecieufcsdont le luxe s'accommode
currence avec l'EmpireRomain. Arfac_ès,quienfut fi bien , &
par lefquclles la fortune &
la grandeur s'élèvent fî
lepremier Roi , &
dontles dcfcendans furent nom- haut au deiïlis de la baflefTe &
de la mcdiocriré,
mez ^r/acides, monta fur leTrônel'anduMondc Enftvcurde ceux qui préfèrent le détail aux idées généra-
3 7 5-4. Cet Etat a duré 48 o. ans, fous vingt^fcpt Rois les, voici une dclcription de la fécondité de l'Afie. La terre Se
dont le dernier fut Ai'taban. Celui-ci fut trois fois l'eau, dit un habile Géographe, produifent avec abondance

vaincu par Artaxerxes Pedan, homme de fortune, tout ce qu'onpcut fouhaiter pour lavîe. On y trouve toutes
fortes de Grains, de Vins,dc Fruits, d'Epiceries, d'Aromates,
qui de fimple Soldat devint Général d'Armée,& ôta
de Simples, de Drogues , d'Animaux domeftîques , de Bêtes
le trône &la vie à .Vtaban. C'ell par cet Artaxerxes
fauves, de Gibier , de Poiflon; &
cela ne renferme t-il pas tout
que commence le nouvel Empire des Perfes, envi- ce qu'on peut concevoir de necefiaire &
d'utile,tant pour l'en-
ron l'an xiï{. de l'Ere vulgaire. Nous en parlerons tretien du corps que pour le retabliflcment de la lanté? Le
dans la fuite. Nous verrons de quelle manière il fut plaifirfupcrflu,que l'homme reçoit par l'ufage Scia jouïtran-
&
comme enfeveli par les Turcs les Sarralins,& com- ce des objets extérieurs &
fenfibles, doit entrer aufîî fort na- &
me il s'eft encore relevé depuis, vers l'an 1^15-. fous turfUement dans cette énumcration. Mais voyons ce qui con-
Ifmael Sophi. On doit auiTi remarquer dans l'Alic les cerne les biens qui ne font tels que par le caprice.
puifTans Etats du Grand Seigneur, duGrand Kam ,,LesEtoffesderoye Se decoton,lesTapineries, lavcrita-
„blc Porcelaine,font des Ouvrages des Afiatiqucs: &ils ont
des Tartares , du Grand Mogol , des Rois de k Chi-
ne & &
ceux de quantité d'autres Mo- „ mille couleurs qui ne s"eff"acent jamais,que nous n'avons pas.
du Japon, ,,0n y trouve des Mincsdetoutcsfortcsdemetaux. L'Or &
narques confidcrables, tant dans le relie de la Terre- „rArgenc y font communs. Lefable des Rivières en fournit
ferme , que dans les lies qui en dépendent. Nous „fuffiliimment, fans qu'on fe fatigue à le tirer des entrailles de
parlerons de chacun en fon lieu. „laTeire. On y trouve des Diamans, des Perles blanches 8c
Jufqucs à prefent je n'ai parlé de Afie que dans fon ,, rouges , des Rubis , ou Efcarbouclcs
d'Orient, une infini- &
antiquité. Nous avons vu cette grande &immenfe „tê d'autres pierres. Les Carrières de Marbre, de Jafpe,de
Partie duMondeparraportàfesprérogatives,& à fes „Porphire, d'Albâtre, d'Agathe, &c.y font en très-grand
premières Révolutions. Suivant cette idée , d paroit „ nombre. La pêche des Perles s'y faiten plufieurs endroits.
L'Afie eft bornée au Septentrion par l'Océan Septentrio-
que r Alie n'a été , durant plufieurs riécles,qu'un lèul Mer deTar-
nal qu'on apclle d'ordinaire G/afiiî/,Scithique,ou
Empire, ou que dumoins elle n'obéiffoit alors qu'à taric.Elle a à l'Orient la Mer de laChine,Ec au îdi Mer des M h
un fort petit nombre de Souveraijis. Il efl tems que j e Indes &
de l'Arabie. Vers l'Occident l'Afie ell feparée de
donne une idée de l'Afie telle qu'elle ell: aujourd'hui. l'Afrique par la Mer Rouge depuis le Détroit de Babelmandel
L'air y eil généralement kin &
tcmpcré , félon les iufquesàrilthmcdcSucz. Enfin ellccfl; feparée del'Europe
différentes fituations des Pais; mais iln'citpas égal par l'Archipel, par le Détroit de Gallipoli, par la Mer de
par-tout.Ony rencontre dans laZonc torride des en- Marmora, par la Mer Noire, par la Rivière de Don,5c par une
ligne tirée depuis cette rivière iufques à l'embouchure de
droits, où l'onfent un Printems perpétuel, fans être
celle d'Obi Quelques Géographes ont mis des bornes un peu
.

incommodé des grandes chaleurs, qui le font fentir différentes de celles-là entre l'Afie ScTEuiopc ; mais celles
dans les autres endroits de cette Zone. que nous venons de marquer font les plus généralement a-
La fertilité d e l'Afie ell prcfquc fans bornes,&je ne prouvées & les plus commodes. L'Afie ainfi bornée s'étend en
faili ccLte partie du Monde n'eftpasplus riche elle longitude depuis le 4S degré jufquesau 171. &en latitude de-
feule que toutes les autres cnfemble.Lesliberalitez puis le 10. degré de la mcridionale,iufques au71.de la fep-

,1 de la Nature,cettc Mcrc commune.qui u'agit que par


lafageilè,parlapuHrance&:par la bonté delà main
tentrionale , ce qui fait voir qu'elle cft k
plus étendue des Crois
Parties de notre Continent- Les obfervations des Jefuîtcs du
Royaume dcSiam nous font aujourd'hui douter de la longi-
inviliblc qui la conduit; cette Mère, dis-je,fuivant
tude de l'Afie. Si nous en croyons les Journaux de leurs Voya-
la différence des lieux, en ufe bien différemment en-
ges , cUeefi: comprile entre le 47.&: le i(5o.degré,Sca par con-
vers fesEnfans.Elle ellen certains endroits d'une ile- fcquent environ 400. lieues moins qu'on ne lui en donne d'or-
riiité fi afireufe,qu'ondiroitquclcs Mortels qu'elley dinaire. Comme cette longitude ne s'accorde pas avec celle
faitna'itreneluifbntricnencomparaifon des autres. que tous nos Voyageursdonnent à la Perfe aux Indes, je &
Si ces Peuples fe contentent des produéfions qui n'entreprendrai pas de les concilier.
viennent chez eux,n'aiant qu'à peine dequoi fournir StrabonladivifoitencinqpartieSj&Ptoloméeenquarante-
à k fublillance du Corps, c'ell à dire dequoi ne pas fept Provinces. Mais la divifion la plus ordinaire des Anciens
cit celle qu'ilsfaifoientdelagrande&de la petite Afie, qu'ils
mourir , leur condition paroît dure;&: ils ieroicnt ef-
appelloientiV//«care. L'Afie Majeure comprenoit laSarmatie
fe(?tivementfortàplaindrc,(iDicu,quifait compen-
8c laScythie Afiatique,laGedrofie,laCaramanie,laDron-
fer les biens &
les maux,ne les dedommageoit pas en
gianc,rArachorie,îaSogdiane,kBaftriane, l'Hircanie, la
quelque maniére,par une certaine tranquilUtéd'ame Margiane , le païs des Parches,la Perfe ,Ia Suiiane, la Medie ,
qui fuit ordinairementla privation, encoreplusune r Albanie, l'Iberie, la Colchide , l' Arménie , la Mefopotamie,

ignorance naturelle du plailir&de la volupté. r Aflirie , 1' Ara'Die,la Sliie, la Paleftine, la Phenicie,la Cappa-

f Au contraire, d'autres Nations abondent entout. S'agic-


ilde donner à chacun des cinq fens, l'objet qui lui convient?
Jln'yaqu'àprcndre. Faut-il contenter cette imagination hu-
maine, qui, par un aveuglement qu'on ne peut afiéz dcplo-
doce,laCilicieJaGaIatie, lePont, laBithinie ,laLicic,]a
Pamphilic&c. L'Afie Mineure contenoit laPhrigie, laMi-
Çlz^ la Lidie, la Carie avec l'Eolide, l'Ionie la Doride.

Les Anciens avoient encore d'autres divifionsi mais liinsnous


&
attache à certaines particules de l'éccnduë une valeur arrêter, nous diviferonsl'Afiefelon lès principaux Etats,dc
rev , y
qu'elles n'ont point? Ce qui rend les Humains afTez fous pour la manière expliqucedans la Table fuivante.

croire qa'étan: ornez de cesmietesde la matière univerfelle. TABLE


'^
t .;

' .
1

;[

^Smi^ÊS: m
. . . . . . . . —. .

Table Contenait les Division


U^
DivLLe eii S 15

I.LA ORAINDE TaRTAI^IE H. LA TlLRt^UIE ET^T nr.LAl'xjiSE,


Se DiviTe en XXV. Partie s Asie .
Eh
En VII.Pai-ties Savoir XXlH.Pai-ties
.

/^ ^ ^^Li ,

"
Ib]

i.Servan Cep
1 Pm-tie du Koiau ,1^^'' ^^ Seil-van,
ow.iZlei-î'.fUr
\:Bacîu.-à^.
de Caian. \JUÏ: Jffçpre'. \tid&.
2 Partie diL _R oi .i!Bû^aar Ca^
r ^,
Ia,Car-a.:{
<
^
Coatu,.
île Jiolçar. yJamara.
^Partie dniRoi. Létr-a/rartCa^. _ < l^ctccn eruœa
Centaiet
t .
3.Aae,-bej«a.(^|^
\
Les
d'Aftl-acan. \3a/riu:^. aiixnes
^.Eascatii* otL
4. Partie AehB.(TE/lù C^
\ou.Treste-\AAa.-- Geortfie . | C-ori.
.Bepeieret
\jeatt.
c. Siheriç . i^JohcuZ Ca^.

2<i.I.e JJeiert de
\7nuthÛ3£.

(
rie ^^Ypji^nii:ie'.{]>ant^ .
.ç.Pai-tie
lAr
de
^^
^'.Partie de ijarht, ûi£
6. Sanioiedes
peuples ,
f'^"^
\a>^l,£:,
J)ar'ïestaii.\^ ^in^d.
«laeLop. l 7.K.ila-a ou T^ , ., „
Caj,.
'
&hlui„. P«.ΫZ
il-Tartares {xolotam-. ^.Tabristan ^cfJut3^ .

S, Ostialvi peu] ^/Uàttnisht.


Camut.
5 ^'' ^ " 7z"-'j;"-
Cllillois. i
pies. \ Ckor-o^.
comauie \cu,:^ ,,YeracK.
" tJj£f^/^£-
^.Toii^ulL QU.'ïiXi.-iTertùca. Cap. \^ reuts la. Tùt^
QoeSes peupi, \IZiins'k,
10 .Partie du
1 ,B±'a tsLi-a peu j Sratfir-i ^^/^ \tU. Curd-istaii
pies. { Cap. Ji/utche\
lat-aa. l^rias t^.
IX . CliuXistan .
\Sei/m/h'c«.
11 JiJiuti peuj
pies . (^'-aliistanie :Bcadcislù.
lupi. \TûrÛini^.
4.IjeDi E ,. ( 12 -Far Jîstan. {J'^^ij-'W Ci^
2 Daouri peu.(;^tlfîiS.
pies. XTaltmii-.
Z% .Roïau. de ( .^- -, ij J^aristan .{Zfl!^'- C-j/'
uXaPrincipau (•/'y-" f^'-,
-' - l Jllarcàtun.
Chaiza ou ^
< Cui.rciii.of~.
{lmlrcaa.^\Ci}ratù .

Cascar.
I
v i^.EsLeralja t. (<;'.; A>r,ï?<i/-,

^.Calmoiie OU Eol l^^^w^ |. Utnarelis.. \IÈucAs


matou Kalniou- ( ^(Çî».
que , Biicliaires ,
(3wrfA/ï. 24li-incipau.( 2 \ l'.ièa£assie: ^aa^a-i i^.Ckoroiaii. J,*2"T'^ Ca

i3.LeTitr<^uestani ^clet te de Kol, \ \la.Circassic-\^

autrefois i6.Ktrniaii.(X^wv//./rt Ca
SoQ'diaiie .
(Zclau .Z
i7.Iasques.j-Zîïj£«<it Ca^
i^.XJsbecli- <j"''2'"
Giaifatliai tu Trci'. ^c
^.l'Ar
ou Mawa bie
L-ain ai-a Z.- Tuts de
l^.Candaliar. i^^Canda/iaf'
Pati d'unji-itia
Z^ .La Ta rt a rie ^'Hcgct
2o.Sal)lustan.{:S/yî Ca^^
J?i-opre , LPaù dclî-at^h
oii l'ont Jrdeiidu.-
21.Si^istan ou. {Sr<;u:lil't^.
Trat^ Calmut 7- Les ),£&Aj.(2&^«, XStstoTL Ca
SJstaii.
ri-myaStuJbih Iles < ,.
.. ,. ,

cTcnùilllûffol. 22.Send. \.4liitari/urA Ca,

Jî~aitf(t Serti.
CBa/iaieiitr.
Trait/a. Dabfû jjï.Diverfes U^"^v«x««//
^oaot Sec .
^Ues < .'utcch..

V^ aJSiiiNc- Sci

X^- 3» t Melltiipont;
Mcj-â'cm'nClU àcclejia..<li I.

H
CtZti£liC- .


leatiei tCiV ari'Ott vne^ j j I ùtThr^ie lacaltenac.
laThriaio SdltUairt} Stnnadc.. CCTTirae'ic^t.ûrvinTté' ûariii /.-

ék!à£4e.£e-^&-o cet^i^fUùy faiseù:sa T^^&ru^.a'i'ettuùT-ùdtclû'Ti Sardes .

la. Carie.,
iïeC'leéoontéC'£i/r /eJ Jies.uij autt-ej .rAwtfKci étote^ntfinu ^1^^. '2'^ Cbnctde. à ]^>Àe/c.
ia.XzCte',
"u/nr'}^C(U,7^e:CeJQJn7Pv?u:Ai aident ULxJii^n^rnj,ue, ûiX.t3ie tciii &rf Cjvèo'Uej ~dt.. tJi.t.' :
ta.l.^an^iUie. ,

^CcM~l£',Ut.£icie.,ÙLX/icaenie', &,^^^t^,& ta.J^r^i^.mu. hit àt ia^ti/nc^^ e'>i,Taii.ct_lcJ iJ-'W:


la. 2 ^ampJùZiÉ,
a^reJ a/yeit- ovfunu. èa^ifi tf
fpuù ûùi'ueè'&rLSallttajre.éc e^Ô/la£^tie^7im^.J,iit.^a/Tt^hZ la.Tifidie'. .inOacAe..
ta.XjcaoTUe.',
trfna d' nffnrtsU'r ojfre^ Ce
àe M. îtd^tJûictum. /m
xj.stft
£i,?it7tice' Je L.Jy7rM?t/re', icy atvtt douiZ^^^ATninceJ ûo/m u^. Zi:sJl^ Jaas les gucHes êtmiii/èae
-pa^ £& Chnct^ &£ ûnalcem
^^L^&e;ûimt Tcici^ la lijtc Se Us TMei ^ ne'c.rcr'ûûs
JiZcibBi.
• ^

11* ^"'mt
. .. .. . .. . . . .. . . . . . . .. .

\^É,
-^^.' -.,,1

^. UASIE ]3AÎ^S TOUTES SES PARTIES


ToM : V. J^fj Tag: ix .
m
riiicipaies
1
IV. L' It^ DE . VT.EES Iles de l'Asie.
En, lin
larties Priticipaie s
.

Savoir X\1ir.Provi.ncf s .
Sont

Lire cLu Graritl


iINanq^uin ij^-.
oiiKiaitiiian,(ï"'"- Samats tare . ,~Vîiru?ali.
j3 .Parties. j

jou-veiTienieiia l.Yi^hcn. le^eRiTo \Zeic . . Ca^


.

isxmer: £a.hei7tire \ . C Caritaiuiti


ieaicns f m
iti
}iul. I
Cai,il. Cap .
ùii^rc»'. \G-uatita .\,^icm-
'ittach .\Arroeh. C. jPeg^liiii. 'i^Feqiiin

I
Chic .
\
2-enAû .

frt^-ï^ . \J.aJu^ C. .

Ùïacan.. \ CAatzarz: ^.CJiekian h'fteLan. .

\n/hnnis \j£endi>!tTi,. .

Ca£
Ha^ . \3uchar'Juuen.:
\^ta.. \Jarta . ^ Jolcieii. 'ïïckien..
retr- \Xanaaar Ca£ .
Xicccc Cap . .

'%-«
ik
'^tnere.X^lsmcr-e-.C. 6^.Qiiaiitiiii^j47«vr« '

^irda.\nUr;ftt.C. on Caiititm. \.^'"J


Zata.^^Rana..\^^Raiuz.. C Dans 1 Océan Sa>uù>
iaÙlSofaauf. 'Œarvauf. 7.Qiiiamii( .

Jivileea en S. Cgut. V II
'

ufarate. XCarniaîc .

Coi-ps Savoii* /
1]
LDti Japon
S .Oiiaii çi i . \^uaiursL

.mpho
U maOeu
^.Giieiclieii.j^j;;^;
Hff^ftcut. \Xaiiaracut-.
l.I,-e
Sa. \Jfo'{îu'ar-
. ,

•lia .\Jejm.ia iti.Htiijtiaii^, ' "^„


!SS . {
Jmi^apar

n.Hoiian. UCanan. S^fi,


\het .{Jamhel.

i2.XaiiJi,{.7;zrt/2.'.
. 1 tnairis
kttzn- . \ Chttcr-

i3.Xenri.fr^^'. .,-
eMtauees
\~4rn/her-dam..
-'—,
t^t/h.XBraiiij/L'n. . 1 .

Tc«.
Û'atn/i ^2'a^fuz .

Ç:. 1^ Suclii ien.|;Arl-w


.

lanTi,. \tao7i/.

-,4radk.\&or C. ?. Tatanc. Toiant i^Junnan II.lles desLari'ons ou deMai'ie-Aime


7. ~Eedor(nt
\ Catnclo
.
\

Queda,. Queda..
\
ouYmuian h Jelcn. ^ucl^iis
V'
-i
i meta^ de- /;c .
,

iD-Laottintr iXao nrXesPliiUppines OU deLiicoii ou Ma^


ou Leaotixm \tu/uT liiies,,^ rumt de la. Capitale .

truJtiaria.. {JCan/ùia/W; Jîa2aca..\maLic


i..\Tnlna.C. I/un-.\Itw. .e5Molu<^ueâ.|^_^^^.
17.1a Presqu'île
i^ornec
cle Cai"ee.|J'tn^^/i.
EtO Cochât ( TtnA --

V De la S onde Xsumalr-it . \ . ichehi^


hat.\J^arytit.
18 Xes Jtes ^lU.
. eti.
VI. Ceilaii.j Cand^.
iiiipûn^Î0n.t'.
lolccnde MUimaïui Xes autfei scnCdans 'la., fSedicerranee. Saveni-
Cllipre JR.llodea;t4y«<.-^at;j auti-es petites .

Pi-mcipaux )SoiLverairLS deTAiie.


rCfnpercur-d^s lui Xe-Jiot' de- Chwnpaa:
I. 'Cn^ercto' dsTt:r XE''£oi.déXzdordaiu Xa£tn- Ju/X'eau^. Xe-£at.dej^Yteuchs.
Xc Grand..'S.oacî~. tes . ^ûhi^ues Xe-SM d'^rracun^. X&^ÈOL' dcZ^uîha-rn.

I
.

Z 'Crripcreur de, la. ChùUi'. Xe.'î^n.d^îaeAùzrf. Xe^cùde^Xa^u/. X^Xct- deT^Zanaat


!.<• Crand.^am de$ ~Jartafei Xe£eide.Ctlolc . Xe^^ÈcC de'SuZm^. XcXci. d& Xu^ù.
Xc Cuèe ffu. Cinff diij^apon/. J,e.^£ot,de, CeXiles
. . £eî<rùde.1a, CocAmiJun^^. X&Xot, de-Xhitet:.
Le- Xari^d^ la- TUccgu^-^ XÉXûT-d\icA£n-& Xe.ïût^d&Xan^uîft'. Xe^ci. de.'JZas^of
X&E^d&Xhrtach £iv ^.autres dans X^^Sd- d^ dutacDi'^ XiS'ltai, de îrueÂ^
jSumatfoy- Xeîût- dH' ComAui^. Xe-Tais de-~7iù^t/.
__ .__ . yttremter- XeXiccajt dans ta,Xi~es^- Xd£ein£- de^Boritec Xe^i-de Coidanj,
ile. d£- deçà. Îe, Garuje, Xes&ii de.mdU.r'an-^ Xe-Î^Tt- d&Xr'ai'iutiof
Ze£ride CaUrul:. &, de^aaiatt/. Xes'^E^iS d'^ya^de-Xatatt,. peuples liires Si,

Xe •-'^irtdatTao eti,^£ût'd£S XC'Soide Caadea-'. d' Ikcr .

tlesjïtu^'es au.^ud, XeXoi des TILzldii^s . Xe. Soi de', H, r-taiaru


des X'kilifypincs . Xi^£jyid£.Ccîccnde'. XeSot de. Car

Ui
IV'
I

1/
.iUi

,?,^,

ÙAi^
SucCESsiO]sr DES PLUS aî^cieits Rois du Mo
DESMeDES et des BABXLOîriEIfS ET DES AUTRES MOH

ttiar g^ue -

Cyrus atantprls 3aiv

yalaait't^ mitjlit à la ^ lia


itarchit iUs ZéssîrUns ^ui

Cvaxai-es i&utt mart Juas


la jfh^ &t C am.Vy-se
daas la Perse.. Cvi'u^
Succéda aux Ctats Je l'ut,

et de- l'auire.et carniae/t^a,


la. Tl..-&oiiari-Aù- i^u,ir-^si-
celle des Teiy'es

11'
. Tom ^'\''. J/"! A.Tag : i^
K^rOlJL DES AsSYB-XETfS PREMIERS ET wSECODSTDS,
MOIIfS COÏTSIDXIiABLES, JUSQTTXS À L' EmPIRX HoMATIT.

Ajr'es la mort de Balths


sai- L4ssirie£assa,Jhu
domnatiart. des ^edes au
des Petjèsfar la libéralité
de C j-rus -

Moïale des Bai


Ionisas étant éteinfe--h^S^ •

Ofrès un interreone
de huîiaiu remit ces^cufles
fius lancien-jot^ das.issi'
iens-,4ùisLjùutleMaiaii'

'fi
F

t
|v.

I
,

CHRONOLOGIE HISTORIQUE
DES ROIS D'ASSYRIE. il
i
•;
NEMR OD
fut h premier cjiiiciin- .
isce Prince commencèrentlc
Jj.ansd'ÛbreivationsAllrniio
OBSERVATION. \

fedla dciâiirhiiiylo- mjqurs, que Calliltliène envnua pi

„. ,(.„, ,if, i,jt,g, Grec à Aiiftoie, Hc que l'o


s dans .nqu'A
ilfe trouve e» cet endtaît un vuide de 406.
Babylonej
tui l'yl^yrle di- Jre le Grand la prit. D'ail il s'ei
s, durant iefquets l' hifloire ns nous itprendrien
: /«, A„ R./. uit que les Chaldcenss'appliqutii[.i dd ceitditi tmihani Ut ^Ji/yriem.
,.„ I,l,.„ 1, ics le lems de Ncrarod â obk-i
'/teks Allres.
juiijaà la cjut les SARDANAPALE [ L mena une vie molle & effé-
Chuldrens iommi dernier Rai des Aljj- mmée , ai. le brûla enfin dans ion
I ds régner a fi ntas, r'igjiaia.aas. Palais pour ne pas tomber entre
,

les mains d'Aroaces .qui I avoit as-


En lui finit l'Em- flegé dans Ninive. On trouvera ,
EVOCHUS T L (èmble qu'il ait été le Btl des pire des premiers dans la Chronologie. des Mèdes,
rigrxi 6. am. R'.bvloniens, ou le Bil Jupînr, Affyricns , dort combien de rems régna Arbacts,
Chaldéens honorèrent corn-
les l'Einpife fut divifé 8c le nombre de les SucceSciirs.
un Dieu, cnire ceux qu'on
appelé les Aff^îens
Stconils, les Babylo-
CHOMASBOLUS régna 7. anç, niens & les Mèdcs.
PORUS régna 3;. ans.
NECH UBES rè^na 43- ans.
AB lus
ONIB ALLUS
CHINZIRUS
régna
régna
48. ans.
40, ans. OliSERVATION
Es Chaldéens ayant Ôé vainnis SUR LES
dans nne Guerre qu'ils eurenl
Phéniciens
lire les les Ara&es ,

rent qui fe rendirent maitrei


,

de Babylone. Ils y règnèrL-nt du- ASSYPvIENS SECONDS,


rant 171. an, c'eil-à-dire jufqu'au
teras de Ninus qui fonda la Mo-
narchie des Affyriens. Cet Etat deVJJfyriffousXlI.Roh/iJfyiem.
y«'fBaoww<? ASSYRIENS SECONDS^
MARDOCEN- tL pourroit bien avoir été lcM(
I 10p. am , c'eji-à-diie j« ijii'a .'an ^J^M.
TES * rodoach tenu pour Dieu parles , que Bakhafar , Roi des Cîialdccns, fut tut-,
Babyloniens. Iclon la prédiction de Daniel.

NINUS le QE Prince rétablit l'Empire des


A(Iyiiens,S;le renferma dans fes
dura 40. ans.
propres bornes.
S I S IR MO D A-
CHUS
NADIUS régna 37- ans. SA LM A N AZAR j^L fc noramoit autremci
PAR ANNUS régna 40, ans. glaibfhaUî,jr,
NAbONNADUS régna ij. ans.

SENNACHER1B r\E Roi des AlTyriensayantailié-


BEL jijjyrienr'egna f\N ne Tait ni le nom ni le nom- rigna 8, ani après gé Jemliiem. en leva le fiègc,
,

à. Bab-jlone après Its bre des Rois AiTyiiens. Tou leJ^Kehilfall^épar parce qu'un Ange avoit tuédiir.cnt
Arabes durant 55, ce que l'on l'ait , c'ell qu'il- tégné Jes deux /ils , Adra- h nuit 18^. mille hommes de fes
dm. f^"' ''"'* "ï i^o- ans, c'eft-à-iiire melech , cr Sara^nr. troupes. H s'en retourna avecctîîi-
[jurqu'à l'an 3157. que Sardanapali
fulion à Ninive ) où il trouva là
I. MONARCHIE, le brûla dans fon Palais. perte.

NINUS ASSARADON, T A famille Royale qn; rèjnoit à


Ilsde Bit , finda fon lil, , ripiu alrei Babylune étant éteinte, Affata-
'Empire dis jijfy Rli MONARCHIE, qui du- Il fe nommas dan, après uninteitègnedcS. ans,
ra îio. ans dans la Grande Alie, Ejjarihardoa. remit Babyloniens fous
les Hn. kn
joug des Alfyriens, &pi.[]edak
Royaume de Babylone pendant 13.
SEMIRAMIS C Lie époufa premièrement Me-
fufer»mt, •'ignit 41 non , puis Ninus , polléda &
toute l'Alie, Ji l'on en cxcepicles SAOSDUCHI- Ç^ E Roi elt le Nabucsdmaiar ou
s. Elle voulut donner de l'a- NUS. Ntbuchedna^ar ,à.om il ell parié
r à Ion fils, afindelegouver- ngniifurl'Afyritv dans le Livre de Judith. 11 ell dit
mais il la fit mourir. far Babylunt duram qu'il étoit Koi des Alfyriens, St
que pouiiani il rcgnoitfurla grande
La II. année de ville de Nimve, Il fie afliéger
NINIAS tL fc contenta de l'étendue Ju fin R'fgne , il dèfii Bcthulie par fon Général Holofer-
liucida à fa mh Royaume que Seniiraniislui avoir Arphaxad sd du ne , à qui Judith , veuve de Ma-
On ne fait pai cou laiffé , 6i Tans fonger à l'agrandir nalTcs, coupa la tête avec Un cou-
bica de sems il a ri il Te renferma dans fon Palais avec rage héroïque.
les Femmes B: fes Eunuques.
CHINALADA- i L règns îi-ansfur lesAlTyriens&
NUS fur les Babyloniens.
amrement Sarac.

NABOPOLAS- I
L alTocia fon fils Nabuchodonoror
SAR au Gouvernement , l'envoya &
r'ignall.an. (t pi>f- contre Nccos Roi d'Egypte.
lsd.i te Royariiae des
CbaUhas.
D

f
-!j&É!i^
CHRONOLOGIE HISTORiauti DES ROIS D'ASSYRIE.

Î3^- NABUCHODO- I L vit en fongc une Staliie coin BALTHASAR ce de nier Roi des AnV-
NOsOR 11. pofée de quatre métaux , i
f-« Ber.fe nimmi ^?Z les m rs fi fa m euxdeB.-
Daniel lui expliqua celbnge. L'oi NAliONlDE.c bylone quiaTOienléié
ri'gnaii ani. gueil qu'il con^-ui de fes viâoites Hiradoii LABINi- Nabuirhodonoli. r . furent
liernfiirt a du Tem- & de k m ,ignj licence de lès bàti TE, rynal7.anj. ache^: . La ville fut fortifiée
ple de 3''n<JUlem U, mens, l'enfla tellement qu'il en pei e qu'o it de
va/ei w la plupart ditTerprit; ilfutehJfftdugouver
^^.L.jnce des Mêdes. Rien n'éioit
,

liiianlttichofti can- nement,& nienj durant lept an


l'iusmagnifique que le Pont les &
une vie île bêre dans les forêi! Ma'fons Royales bâties furlcsdeiix
Ditu,r^ lu fil mtitri Mais il renita enfin en Kii-niém
c6-eide l'Eufratc, dont Philottra-
djniliTtmfleihfis & reconnut la pullTanee de DieL te fait la dercri.ilion dans la vie
Ditu Bel à BahyUm d'Apollonius. Ceire ville ftoit fi
EVILMERO- grande , que, quand elle fut prife
DACH, larCyius, les ennemis étoientde-
fan fil!, liiifucréda avam que ceux de lautre
, dans ,
vrig>:a .mpiufU, Pcrfcs.Enifcllanui bouc en fiilTeni tien Aînfi finit
fuivanuU ^iikfu ipire tk's Clialdéens, flahylo-
NERIGLISSOR L tuaEvilmerodach dontilavoit s , ou AITytiens: VAlTyrie ayant
épuiifé la ^ceur; illut enfuitedé- halihafarfHtfuèpat pafl'é Ibus la Domination des .VIÈ-
fair par Cyrus, & tuëdanslecom- des Soldai I. des ou des PeiIes, pat la libéralité
bji.
de Cytus.

LADOROSOAR-
CHOD.
p Roi.quoi-quejeune.fiiimé-
F. îjfi,
^-"ch.iit audellus de fon âge, &
fn'i filijui fHtccda,<p' fat tué à caufe de lesdérèglemens, 1

'l^aijai ç.aois.l 11 eut pour Succefleur Balihafar,\


petit-fils de Nabuchtjdonofor, &I
I
fils d'EïiUnerodach. '

OBSERVATION ASTIAGES
jKccédaàlQnPiri^]
II. 'IL envoya
pelit fils
fon
Cyrus
fils

,
Cyax^rès & fon
contre Evil.

SUR LES fcgna 3;. ans: i'efi meiodach fils du Roi des Aily-

MEDES.
La ]\îeilie ,
qui éloit une ires-grande Contrée
lamémeijK'jlffiiimi.

CYA.ÏARESI1,
n-sna afh la mon
riens, qui faifoit descourfesfurk-s
frontières
fut battu
de lé

r E
cité
retirer.
,
de la

Roi de Bahylone ayantfolH-


Créfus, Roi des l,ydiens,
Medie
& les AITyriens contraint;
; celuî.c

àeV^Jfte^ qui avoit four Capitale Eebutane^ de jan Pin. 1} /e avec les Cappadociens Is Phry- ,

était faui h domitiaiiun des /iffyriens , krf giens , les Canens , les l'aphlago-
Diirim U Medi. niens les Ciliciens Se les In-
qifjlrbacès, Gouverneur de tout ce grand aïs, P H rt(Ki l'Empi diens
,

de faire une
,

ligue pour
indigné de la vis molle efféminée de Sardana- ^ du Chaldétni delà
,

abaîlTer la puifTance des Mèdis ii


pile , tram.ï avec Belefu une conjuration pour des Petffis. fut vaincu , lui & fes
ifm il Imlja enfl par Cyasares gui raaicha
le détrôner. Il mena confe lui une Armée de .
, ,

re lui avec Cyrui.


quarante mille hommes fif , le vainquit j, fois.
Enfin ayant contraint Roi de Je cet indigne
brûler dam (on Mèdesdela
Palais, il relira les
dominât ion des Âjjyriens , i3 fut falué Roi de rj E là eft venue la grandeur dt
yonimii ici que J,
Cyrus, qui, ayani été rappclk
Medie, l'andu Monde^î-^j. RoiidesMldij. HO... à 1,1Cdut par fon Père Cambife,
n'i%neions pai que le lut fait Génétal des ttoupesdesPer-
3157. ARRACES P. Peiau en temple fcs , & re^ut en même tcms le
\
régna y,, an,. y. EHjehei cGcor- commandement de celles des Mè-
gtleSynceiles.Mai, des de fon Oncle Cyaxarês. On
Îip4. ,
DEJOC F. S I L fit bàiir Ecbatane la premier ne ni le, un, ni commence à complet la première
'année delà XVIII Olympiade des 30, années de fon règne à l'ai
U étendit l'Empire des MÈJes ]us 7açZ7"Uîr-'eux 144b. qu'il marcha contre le Roi d(
qu'au fleuve Hali. nous aven s préféré ta
Chronologie de Mr. dable Armée compoféedePetfes&
3347. ;PHRAORTES I L périt avec une grande partie de ôsy- l'^bié de Valteinent, de Mèdes.
fon fiU, régn»^^. fon Armée au ficge de Ninive. irce quelle l'accorde
uet celle de i'EcrilH-

3369. [CYAXARES pOurvançerlamort defonPé dans la l'erfe ,Cyrus luccéda aux


fin fils , Tigna 40. re, il Te préparai faire la guer- ""
s de l'un 6;derauire,&c(im-
aas. rc au» Affyriens. 11 reçut les Scy- iça la Secende Monarcbii , qii] eit
thes ,
qui pourfuivoient les Cim- celle des Perfcï.
mericns, &lesayantenyviei,ilen
I ma la plus grande partie.

Il ,1

c HR o-
m '•^J

CHRONOLOGIE HISTORFQUE
DES BABYLONIENS.
' Ette Contrée de l'AGe , que les anciens Géographes aODclenr n^/J^.. n., K^i.. i
'!!:'^,S'=.P°"/_SP"»"^ l» villede Babylone , qui a é.^é feSent --'"'-.
auiourd'hul précirémeut cii elle étoit iituce r
'!,„»-
Ltutiate
," "n-"
dSdfe", qu'on 'ne lait
pafloit au travers, entre deux
"
' avoit aUi

pas même
beaux quais
m
qu, étoient joints par un Pont de pierre que
ron~c;mpt;i7;;trri;;T;Veil™s"de
haut du Château ou les Rois faifoient leur féjour "-•'-
palier pour une des merveilles du monde,
:oraptoit entre les merveilles do
' .
"'5""-'
'°'"it «s lardinsfurpendus,
• •
""^ rori=,n"'-5"'^
l'Orient
^-Tient. Sur le
que les Grecs ont fait
'
H
dertruàiot,de
dellrutiion de celui des Alîyriens
Myrièns dont
doërdle^;;"
Uirenus: il
UlFerius: seto.t joint
.1 s'étoit
ell
jo.nt avec Arbaeès poui
l^l^'p:^™'
pour détrôner Sardanapale Roi des
NaboS^fot^^^îT^-
f^?J^
de ce qui le regarde avant ce tems-là. Cet ttat A, o„'JeV,ifri^^
°
ydeuf™
a duré foix-anre.fi, anc r"l Z'^V. e'eLJ'dhe

NABONASAR QE premiei-
Roi des Babylonie
o«BELESlS,5«i efi devenu ccJèbre par l'£
ARKIAN/û«édfl jr. régna î. ans, Scaprèsftmoi
a Mardùcernpatle.
qui porte ion nom. Ptoléméc s' Il
y eu: à iiabylone un înierrèen
Indao , rîgna qita dl lervi.Sjtous de 1, ans.
les Aftronomesla
font unanimement commencer au
premier jour du mois que L Ce fît Roi des Babyloniens S
les Egyp- I
M..,- n^r.,.,,^.,- regr.a3.ans.
j-^^j^^ qui répond
i i6, Févi de l'année :

e Ere Vulgaire,
NADIUS
BIUS.

JL r^?na4,aiis, aptfs lesquels il y


lis régnÈreiit cnremble 7. ans,
eut lin inletièi;ncde8.aiis.

LA Famille Royale qui règnoità


Rcgna lialiylone étant éteinte,
î. ans. Aflara-
don après un interrègne de B ans
remit les BaSvlonieiis fous I ancien
MARDOCEMPA- ESaïe !e nomme Mérodac BaU-
joug des A(Iy,ieNs. Ai.Mi finit le
rijna n. ani, da». KoyaumedesBabyloniensou Chal-
aeens.

REMARQUES HISTORIQUES peine le lieu véritable oii die ctoitficuée, tel


Icmcnt que ceux qui k confondent avec celle-
Sur l'ancienne Ville de Babylone. qu'on nomme Bagdad aujourd'huijfe trompent
coniidérablementîpuisquerancienneEabyio-
L'Origine <]e Bahyhne v\znx.à\.\naraAeBa-
i<f/,qLii Rit donné à cette fameure Tour
nc étoit fur le bord de l'Lufrate , que Bagdad &
que elt fur le Tigre à plufieurs milles de
les hommes ,
celle-là. '•
entreprirent d'élever jusqu'au fil
Quintc-Curce fait une charmante defcrip-
CicI, environ deux cens ;ins après !c Déluge. _

tion de cett=admirable ville. Ses murs,


Que ce fù c pour le garentir d'un fécond Délu- dit-il.

ge, s'il arrivoit, j'ai peine à le croire, d'au-


étoicnt de brique, cimentez de bitume,
voient îi. piésd'épaiflcur: tellementqucdeux
a^ &
tant plus que Dieu avoit promis
den'inonder chariotsà quatre chevaux de fronty
plus le monde, & qu'il avoit
donné l'A rc-en- pouvoicnt
palier à l'aifc. -llsavoientcinquantecoudécsde
Ciel aux hommes pour marque de fou
Alliance. hauteur, S: leurs Tours étoient dedix
11 ell: plus vraifemblable que ceux pies plus
guientrcpri- hautes L'enceintcétoitdetroiscensfoixante-
rent ce travail énorme , ne le firent que
par or- huit Stades, quifiiifoientquarante-cinq
gueil, ficpounendre Icurnom célèbre milles,
à la Pos- ficTonraporteque les Ouvriers en faifoient une
xerité. Les hommes ne raifonnent
pas toujours Stade par our.Les maifons ne touchoient
fur les fuites de leurs entrcprifes. j
point
Il fuffitque aux mur3,& ne fe touchoient pas même
cn-
quelque chofe leur paroilTe grand difficile, & pour éviter aparcmmcnt les incenJies-
tr'elles,
paur qu'ils
feporrentaVcuglémentàle tenter.
La feule difficulté de continuer cedelTcintc-
Ellesnoccupoienttoutesenfemblequcl'efpa-
mei-aire auroit peut-être fuffi pour
confondre
ce de 90. Stades, &
le relie du terrain étoir
laboui-é, pour fournir la ville de grains en
l'orgueil de ceuxquil'avoiententrepris. cas
Mais defiege. Commcl'Eufrate, quipaifoitau
Dieu voulut leur faire fentir fapuifTance en les mi-
lieu , ctoit fujec à fe déborder, les
fi-apantd'miefpritd'érourdifTcment. deux ^rans
Nonleu- quais qui enfermoientfon lit, étoient
lemen: ils n'entendirent: plus le langage les uns envTron-
nez de profondes cavernes , deitinées à recevoir
des autres, mais ils nes'entendirent
plus eux- les eaux de ce fleuve
mêmes , afin que leur violence
poLiragirdeconcert,feloii leur premier
n'entramât pomt les maifons. Le Château
delTcin. La Langue Hcbraïqueelt aparemment
avoit vingt Stades de circuit , ScfcsTours
celle qu'ils parloient tous avant cet accident,
trente pies dans terre, &quatte-vingts
peu important de favoiren combien d'au-
il e(t de hau-
teur.
tres elle fut alors divifée. Les uns
en comptent Sur le haut de ce Château étoient ces fuper-
foixante dix ,& &
les autres foixantc douze, & bes Jardins dontonadeja parlé. C'ëtoientdcs
nombre des premières familles qui font
félon le
nommées dans la Genèfe. Quoi qu'il en Ibit,cct
terraflès fur des colomn^s
furdefortesmu- &
raillcs, disantes d'onze pies l'une
accident aiantfaicabandonner l'en treprifc de la de l'autre.
Ces voûtes étoient chargées de terre qu'on
fameufc Toui commencée, Nemrod continua , ar-
rofoit par des pompes &: des canaux
de faire bâtir dans cette Campagne de Sennaar, fecrcts , en'
fortcqu'elles poitoicnt des arbres très-gros
& fonda la villedeBabylonc,qui fut confidera- &
trés-élevez , qui paroiJlbient de loin
blcmcnt augmentée par Semiramis. On fait à comme
une forêt fufpenduë en l'air
D z Le

i
R E M A R Q^U E U R n A B Y
L O NE.
Le fefte &lîfinagnificenceibm:, comme on les Ennemis étoient entrez dans Eabylone(anj
voit, bien anciens dans le monde; kluxedcs que ceux qui étoient à l'autre extremitédela
Rois d'iiLijourd'hLii ne £iir qu'imiter celui des v'iile en fuffcnt rien , il elt julte d'expliquer

premiers Rois.Coinmeks p.ilîîons ont toujours comme cela fe fit. Il n'y a rien là de merveil-
été les mêmes , elles ont auflî toujours produit leux pour une grande ville. Les Ennemis l'a-
les mêmes effets Les"15abylonii:ns', Peuple voient attaquée un jour de fête avant i'Auro-
voluptueux Se Hivaut dans l'Art des plaifirs, rc i &
dans la furprife où étoient desgcnsen-
étoientdes-lorscrcs-corron:]pus.(^nn'apasbe- dormis , il n'elt pas extraordinaire que ceux
foiii de vieillir, pour devenirconfommc dans le qui demeuroienc à l'autre boutdelavillen'en
mal. Il ne faut ques'abandonneraupenchant eulTent rien fuquetrois ou quatre heuresaprès.
de !a nature, quand il ii'cft pas refréné par les CarXcnophon Liv. vu, dit que ce ne fut qu'à
Loix Le dérèglement desmœursétoitd'au- ia croilïcme partie dujourquelaprifedccctte
tancplusgrand dans ces Pa'is Orientaux, que la ville fut fuë de tous les habitans C'cllqueles
Religion & la Police n'y raettoient point de Grecs, comme les Babyloniens, divifoicnt le
bornes , £c que l'exemple des Rois étoît une jour artificiel en douze parties, dont la premiè-
efpéce de règle pour les Sujets. Les fefl:ins,mc- re commcnçoit au lever dufoleil. lUautbien
Icz de jeux pleins de dilTolution&delicence. trois heures pour fdîre parvenir une nouvelle
écoient les plus grands divertilîemens de ces d'un bout d'une grande ville à l'autre fur- :

peuples efFcminez. L'yvrognerie &lesdefor- tout quand la choie s'eit panée pendant le fom-
dres qui la fuivent étoient les panetems ordi- mcil, Si qu'on a à peine le temsdeferecon-
naires des Babyloniens, Ils s'y plongeoient ou- noître en l'aprenant. Il arrive tous les jours

tre mefurc. Se fc croyoient alors tout permis. dans Paris des accidens d'éclat , qui font parfai'
Les femmes croient de toutes leurs parties anfii temenc ignorez dans les quartiers éloignez de
bien que les filles, ficlesunes&lesautrcsypa- ceux où ils arrivent. Tant il cft vrai que les
rnifJànt d'abord avec modertic, ne la conler- nouvelles ne courent pas facilement du bout
voient qu'amant detemsqu'ellesdemeuroient :l'une grande villcà l'autre. Cependant feloi
de fens froid. Dès que le vin Scia bonne chci le calcul qu'on a fait il n'y a qu'un moment

commençoientùlesécliaufer, elles quittoient Paris , tout grand qu'il cit It'roit des deux t ieis
,

leui^s robes Se fe dépouilloient de la pudem plus petit, qu'on rre iupofe que 'étoit Baby l

comme de leurs habits. Perfuadées, comme lor,e Combienàplusforterailonfaloit-ilplus


dit un Ancien, qu'une belle femme ne peut être de tcms pour faire pafTer d'un bout à l'autre
IX parée que de fa propre beauté , elles abu- de cette grandeville , la nouvelle de ce qui y
foient de cette maxime pour fe faire voir toutes venoit d'aniver?
nues, Scies Pérès auffi bien que les Maris aprou- C'eft dans Babylone que l'Idolâtrie a pris
voien: comme une galanteriecettelicenceef- fa naifTance, du moins depuis le Déluge, Bel
frenéc de leurs filles&delcursfemmes. Peut- y fut honoré comme un Dieu apiès fa moi
être après tout que l'accoutumance en dimi- Ninus l'on fils Se Ton Succefleur lui conlîicra
nuoit le plaifir. Comme il n'y a que Icsobfta- un Temple, dont la magnificence égalo)t la
c!es qui irritent lesdcfîrs, latrop grande faci- grandeur de la ville, 6c ordonna des Prêtres
lité les émouHè. Il n-'eft: point parmi nous de pour offrir des Sacrifices en fon honneur. La
païsnùladébiuchefoit plus grande, que ceux fabrique des Etofes tiffbésdedivcrfescouleuis
où l'onticnt les femmes enfermées. y fut auflî inventée, auflibienquci'AftTono-
mie. Mais comme les meilteureschofcsdégé-
Les i-errouils & ks grilles nérenl par le mauvais ufagequ oncnfait ,plu-
Sont défailles remparts à la pudeur des jillcs. ficursde ces Aflronomes voyant que la con-
noiiTance des Aftres leur étoit afiez inutile,
Les Pais au contraire oii les peuples vont nuds, changèrent leur profeflion d'Altronomes en
font moins fujets que les autres aux excès infé- cellcd'AIbologucs Is cherchèrent à fairclcurs
I

parablcs du penchant naturel des deux fèxes. affaires en abufant les Grands, Sc le Peuple,
Comme les objets y font toujours prcfens, ils parleursprédiétions. Cette doébrine fut reçue
frapent moins, &
la liberté où l'on cft de iè par fuccclîion de tems en tous les lieux du Mon-
fatisfairc,metdesbornesà la cupidité, qui n'en de, des uns par crédulité &
par foiblefle, &
a point lorsqu'elle
efl: dans la contrainte. des autres par Poluiquc Sc par intérêt. Les
Babylonc comme nous l'avons dit, étoit
, Piinces Se les Rois s'en fervirent pour apuyer
d'une très-vafle étendue , &
elle efl: appelée leurs deffems, les Prêtres des Idoles pour apuyer
grande par excellence dans les Livres Saints. leur fauflc Religion , §c le Peuple l'cmbralla
Mais quoi- que fon enceinte fût prodigieufc , il pour favorifer fes pratiques iupcrilitieufes.
ne faut pourtant pas ajouter fo; aux exager C'efl par les Ouvrages des Arabes qu'a palîé
tionî des Grecs , qui difent qu'elle cgaloît iufqu'à nous l'Aftrologie qui tire fon origine
prcfquc la grandeur du Peloponèfe , que& des Babyloniens. On
en étoit tellement infa-
l'on ne pouvoir la traverfer en moins de ;. jour- tué à Rome du tems des Empereurs, que les
nées de cheval. Sans vouloir précifément dé- Aftrfilogucs s'y maintinrent malgré les Edits
terminer l'étendue de cettevillc, ilellailede qui furent faits pour les enchaflér. La même
concevoir que fon enccinte-étoit fort vafle, fuperllition a régné parmi les Chrétiens. Du
puifqu'elle contenoit afPtz de terres labourées tems de Catherine de Medicisonnefaifoit rien
pour produire dequoi nourrir tous feshabitans fans confultcr les Aftres , Sc l'on ne parloit
durant un long fiege. L'opinion la plus pro- que de leurs influences à h Courd'Henri IV.
bable lui donne jflo. Stades de circuit , qui Roi de France. Mais enfin la Nation Fran-
(ont quarante-cinq -m il le pas, H y a des Au- çoife s'ell guérie de cette fuiblcfiè. On a re
s qui lui en donnent davantage, Sc qui en connu que l'Aftrologien'apasmêmeun prin-
cnmptentjufqu'à foixantc-mille Maisilfem- cipe probable, qu'il n'y a rien de plus vain Se
blc qu'on en doive plutôt croire Ctefias Cli- & de plus ridicule , Sc qu'en un mot c'ell une
tayque, qui y ont demeuré longtems, impollurc lans fondement.
A l'égard de ce qu'on a dit ci-devant , que
I

4
I

P
CI^TE DE £Â^^^~^i:o« u:s I^ExxRs A^cr^^T^;;;^
Reiiiai-tjues HUtoi-i^ues

^à Jj/mïs et par 7'Ji2lL


1era,u
etf. l'-tai/r,. 't Itlt.

s ,iMmà
V'")"
•fi rniL-r en iiy?is ^ai-iies . Jîl- qu^

^'^J^ft'à fa.f/cf. 2>^«/,


I

al'I/iAnie ^cU
cfi: cnb-e la, /le/

eiifonIf^aJ-J^A„u:,uncpe1ih

uuysar, eûmmûnlrctU-cn.

t>-£ îi Ti^fii Suxm eiU.fhrCi/f'ien


^fa^tsijt-iin2. ,^u d^iiiicnt-

4&cn hs ISerU,^ ^„^ /^ ^-^^.^^


ii&i/rs , SI mus en er^'ùns I/ùu
Lû'ji.a.ixjiir.r:,

aaiiùiZi rnU&s , a Jui/âU u/t^


iui minuter ^ue U iiûm J'JstArnj

iTa/iaù hs^crn^^ ^ J.iÛc .L


rmnt ^fi J'oizis^ r-his i-ral/cmilz.

Ik.^ii^ rafp.tcc ^uijZ^^re Jeu


terres nedevant être a)ni;u aui
!. t sszu îiJee JtitieXw'te tiviic .

IX i^u'imn Jtit/Ui-e i&ntlxffu


fr.uh& e'tettAtéJê erenJen hna.
^U4viâ Mix Bornes di f^He
cSte'ià J'-iifrJ^ue , Zes uns .c
'

'il-.Usj.Iacentm.Ji'îlJe.
U'ZsiAnu fui^ entre
Uf'i..
Araitjue et la. ~&er.'^i^rrane'e ,

Cyil'ofviûa làSalL/ù: .Zms Ta


Guerre 3tji^uréa au^ Sûr. .

I ^ . tïeia. ^lù ^fuei'jiûuqu^


XfinitàLl'a&hke. Cataiathme
X^^nJtantfers l't^^/e.ûr cette
raueé sei<n Straéc'n.,yiùu etJHi
hnie'e e/ï . l'^iue fuije iram-e .

-hc & .Tar^oititint ctZz Cù-cnaïai

^fp-ts ûtla.. fîarinarLj, i^oj-tic. le'iâkl^-We. ce ^uijërcd :s.


IL z-nutdsi --'tJuà ertlottauetir et ni?n

au ,,~\Tl^ 2'ù
^ 'raufenù,^;^: ^
SuaBarL , ^uL £t au. ^^fj'jque 's-etc/zJ Jcpiiîs
îaraca comme t/jïuiJrirêt /uPu/a- ..rtà!
.
t Je J^/z,u:, vciclcamme /e. Calûttncs J' ^Irca/c
i/ ^arà^^e Iz, tUJfi
tt PCI-" f- '' "- ^^ ifiJt-e<it£ :Eui\•ajjs

f>a,-ticJe t'i,-u! ut Je l'aulrs Ofailùnne:


— -j,,«_ .i^j^uiinz ,tue Lti
Je JeaJir
AÛs ' /y^^y^^ fue /luUT-e a^ar-ù'e/ijXz uJ£'j^u&
luiiis Il ,uus lu-iTim Je Jù-e au 'il
.
e. 'e,i i,enf,/,u n.niu-d Je .t/ais ct .

1 Cjifle Je 1,. fier £,^,Arei.au,re„^„i Aie Je„„e,. peur Jiem J-Li/ûe l'ijU.
Sci, .4r.il,,.jue ,e,iee iras IjCJ^!
Scutiennent Je./Jer ^u, /Spare / Intélc
7et flua "iatl/es Ceffrar/ies Je ee te„u :ete-^,,^,^i ,„„„ „,„ J rîî' t'ùoirts

,;;f,l^,^^ ,„^
.
. C'c/L
, ,

~.-^i.^
^-k]

MAROJJUS HiSTOieiOUES SUR LES CHAI^GEMKjSrS OTJI YSOISTT AliiaVXJ


Â
lie» i-aiies Hîslorjmies
J..-S .i--^^/£u-'.-s M l-^Hie an,

us i.'/:ji'cns i/iù ci i/i-Tanl i^ni-i

ire -Di^rtitlL-n 6ciici\ifc /hi

i Jifti-ihu-r. Mus ics auC. vj pu-iL\-


û /.t Xv-iV' Ccst J/j..nnM^-r.- .

mure, ixe/i/eujnc au.\: .. .'-.j


.^.liions àsn I^OL-r- A se ivl/r .â /^

le re/tc . â carutoifrt et
lui ativleiir Jcime' l Slrc et'
iii

tout. •.fu a dc'pca4i. 2,^ ùri-i


'à/ii^u 'ciicjîit nciitiiii: .Mie
.>Yhc-c
Icit ain/i . ijui c'tcii Jcmmc de T.ijy

ct-UcrcJc Trc/iwt^ce J^'aidrcs


•A-iit -jU 'clic ait^u'is s..^/i mm
d'.^tm.^ils .li,aa,2cc LrMcn .

^Jhvans Pxj Ccl^fX-s .L-n


Hdnî 11 prûMrcncù- à l.t fi-cmtcrc
?pinîûn. auûujitcjal'ttlciilc •ccjciit
L Docte ^ûcJnutûtl'tl/ufin: Sjp/iii,
licurir .. fiais diii^rermnt t^ilx£ <

lu .Aeaîori prcpremeitt ain/t


Jite'T'ùiÛe .flirietu-c.'ilcjt pliu
i'ra^inilatk aiujhn nom s-ùnt:
Jn ijwt hih'ciL ^4/2 , aui ^iontfïi
llJiau ^.irce- Jit 'cll^ li^nt le nii-
iicu cnlrc IJEiirofe ûih4£jqiie
W^
cja
^mf^-musjrdzLÎr.I. Ch'.
i^uLilit^ja^ les plta ffuiuiciix Ji
ii\^ ont appelles l
lis ^Rûnitiiiu
eue J&tmum.Uajvfttic ou ,

'J'artû Ju m'tlùu J'ûu l'cu^cuf •

'Cùirvfl a.ycc DCttucoup de

fortdârtmnt ûue tr £fiiiu(e--iiie


'.pris /on. nom. Je celù-ci
Ci^lte- Jivi/lon. ancienne

tic i'-4û'e en. aranJc et~


pclitû en ,'flMCurc et - >iincii
.
-

Cûtnprenà ùtjlioau'i/u
aice l'ût'ct lia oi-aiiJe -L4ûe .

enferma 7n, jSaivruTtie ,-îfLi-

franc , 7fl, ^cytfiic Zisizd:


que , Jl,a. .Sefiaue- . iï GeJro
Jle.lit. Carrrt^nic- <L.
a'iane . l^-irachcjîc. IzSagJi.

la J'arvpamtjè , la-Bae/na/zc
l' jJtrcanie , la^'IlarJtajiC',

la. J'artÂie. , Iz IFcrse . la,

Syiane la . <lcjtc . t. 4liani£


LIBeric la Ce^rdùJe t.ir
iient£ . la. .llejâpctainte > L
.4JJirLc.la-£aBilenze. Lir^
lu . la Si-rk Il J'aie liirti:. .

la Menicie . la Olae . Zt,

CappaJé'ce , la ùalatie le

Jl'o/iâ. It JiytÂinîe la -Pa/u-.


'lj-lie,liZveie.rJle Je
Cfcre a l'Oi'ie/Ula. Clinc
. ,

les InJes .et les Iles aJ/'aeen.


T, jrlsJe ~ fJinciire ccin.'.

7a Mrj^^ la. ^fh'sic. ZzXrcàc tz'LDprl^ et IJL- Je ^Jilcelc^ ZaScytliic^t la


. . .

t ùz p7as
pJas urjclie £it Ja/iais
^7a/ ; elle c/t fut pic Je
Sat-maiic cn/ênrne'c-
'fm'c enirc
I.l t ce ^Ijuz-c et le Ihlaa â/L Je,;à et Oa Jelà Jn
2rnaus . S/l/ziiA; viennent Zi <iei'i^ue et la SpaJia/ze
aui.Jâ/it au/aufJ^ii .irtic Je, la Tay. •ic 'Ma ^criauc éftr/vi'r

au' jri appelle le ^yjumc .ie catay MinJe ancie/uic est t^en/Zi-//tA att Cctic^ant poi- Zelleui-e Je et
ip /es _ IJj/i^ Stiiûdcs au Xeva/t£ les clients J^amalie/is et le ^^ea/iJre et atù ^fJÎJl
.
f^ , la ^ tic, -£Uc 'tJlt '
Jent .jV^'Sii e'fi-it At Ca/ûtale
,
X.a'ïPcr^ ccnte-. .

la-'J'a/v^aml/lJe la. ^acù-ia/ie


, Iz , l/a/'erianc ,

^' €ssyfien^ , comme on l'a Jîf


meilleure ^arlic. jai'eir ce ^cU e/t au/oufJln
^nt après en/tiite les IPartlu
,
fa

'^'sasa
r 11

I il

I
. ^ . .


l^tl" I

CARTE DE L ASIE I^EERlEURj


ENRICHIE DE lŒMARQUES HISTORIQUES
REMAJtqui^s _ffjsroj?iiyzEs.

^clai-e- liiii ^ar Jon ^ere ^Dnriiis . Cyms Jut


,u-ci!se de tra/nsôn ^ar l'uarffhernfs qu il

•iiwt .7/Mf^ir avec trois cens &recs de J'en. &ûii-

i'er/ie//ie/it de Zjdie . . dia/it été arrête s/ir ce

sc^/ij.'ço/i j'ar crdre du Hoi j.'uis re/achè £ar


les saijzi de, sa iim-e . li nefirt^as^/ùt^t nOp/tr

ne ai Jon. Gouvernement, qu'il songea au-x. mo-


yetis de. se l'enfer de cet a^o/it & de de£OiSe-
der ^4rlax^rxes .Il ya^na. £Ottr cet e/frt les £rm-

ctpanx, Seiffnears de la Ccttr. Bi. leva, eajèeret une


paissante armée jour J'ar£rei3dre son- Jrère au
momait £/t 'il s'y aite/tdroît le moins . Ûuand tout
^ jrêt jour le dessein qu'il méditait, il jartit

de- Sardes avec jes trouves, &. traversant la Zy-

dîe.Jït en- trois Jours vingt deurL Heuës ec . vi

la. rivière de .Méandre, qiti, a quelques deux


£as de large. ^jr'es l'avoir jassèe sur iitt- l'ont

e£t èai/eaux., ii entra en T'Aryffie.SL ajo/it

fait liiiit lieaes vint à Colosses . Ile là U


'Utgt lieues en trou jours de marche SL vuit •

'.elenes .
ville munie d'un fort Château. Zit Cjfn
\pi la revue de ses troubles qu'il trouva au no

d'Onze mille. Joldaiî jtsamment armez & de

: mille autres .Il vint eijiiiie. à. Te/te . Scja^nl


la dernière ydle de .'Sj/sie-, a^j^elèe le .'Hor-

des Cerauiiens . il arriva ii lajlaine de £ay-


Stre .:De là, il vint a 'Timirie . à T^rièe. Se à lec -
tziS] d'où, traversant la Zycaonie & la Capjadoce.

H arriva à, la yiUe, de liane


Jl se jr^ara alors à entrer dans la Ctlicie

yar de hautes montagnes ou. U était Jacile de t


arrêter, n'y aiant trouvé aucun, oèstac/e. il des-

cenJit dans la, plaine , & vint à 37/arse , qu 'il

fit Jaccagerjar ses Soldi^ H4rmèe .


y rnant
/è/oarnè vin^tJours r^isa de passer outre, se

doutant è, qu'on, la mencit conire l^ Hoy Se criant Von ne. l'avoit jcint enrollèe à-
.
cette, condition..
^ats Cyru trouve awyen. de la rigi^ner, continua, ^ a marcAe . niant reçu, nn re/r/ôrt de plusieurs G-aleres qui j'/nrent
mauUler assez jres de son. Canif Jl arriva, ensuite auy . détroits de la •Syrie.fermez jfjr deivc murs, dont chacun arcit m
jorU jar oii U/ahit jasser nécessairement.jarce que lec chemin
chen état bordé de la mer d'un cèté.BL de f autre de rochers
t/taecessibles .
.4iant jassè sur des 7'aisseaux. le jassage qui est au milieu, il entra, dans la Syrie. Sl vint èi .-^yrmnJre.Mt
il marcha vers l'cuphrate, oit étant arrivé. il déclara, ouvertement a tout» l.4rmèe qu'il a/loit comiattre M
co/itre le Ttoi-
liu /alut quelque tems jour ayaiser les murmures des Soldats . après quoi il lenr Jii jasser le JUilve a yiié ce . qui jar
de bon auyure. .4iant ensuite traversé les déserts de la .^esojotamie . oie il arriva quelque, émeute jrarmi les Soldat
ou marcha j>ar la Province de Saéylone ; SC après avoir /ait douze lieues en trois Jours. Cyriis mit son .-Irmée ai

bataille .
croiant combattre le lendemain . .-îrtiT.xer.-zes niant été averti des desseins de son Jrere . s etcit
'
jrejari à
le recii-oir . On Jaisoit monter son .irmée a dôme cens mille hommes . quoi que - celle de Cyriis n'en eût yuere qi'e

treize ou quatorze mille an jlus Ce dernier avança entre l Cuyhrnte


'

& un retranchement dont


,

lei ennemis ne hu

disputèrent joint le jassaye . Il y attendit dix Jours . sniis qn : iriaxerxes parût jour en i-enir aux. mains ; mais
s' étant remis marche, il
en vit jaroitre son .irmée le troisième jour. On n'était élotyné de jait & d' autr/
Je cillai -cens jas . lorsque les &recs ai.iut chanté l.-^yinne du combat, commencèrent à s' avancer "oar chanjer
.yHoiS oj'ont qu'ils Jissent il la j'crtéc du lare/at. les barbares lâchèrent le jié âL s en/ûirent
'
^oursmWs j^r
.

les Grecs CJrus voiant les /iens J'ictoreeu.\: 3c aiant d^'a été salué :Rcn tint aiipées de un. dieraiPL
.
. . six, cens
qu'il avoir, ramassez observant la contenance, de son /ère. Ze voyant jrêt .i vemr /ndre sur lui . il le jrevuit
SL- tua de sa main -irtagerses qui commandât dix mille cAevaux. Jeiant Jioi les aiant
le . ron^'us . il s' attac/m
a la jersonne. d' .4rta.-cerxes qu'il blessa d'un Jayelot da/is l' estomac; mats aiant reçu Im Ml
COUJ
dessous de l'oeil, il Jitt tué en combattant contre son. Jrere .
, ,

"\^^

elo;n les auteurs anciens fil


Les changemens qui y sont awiwez .

Pay: i6
^V^- 'A '-A 'A-''\
'RKMARqUF.S HiSTCliiqUXS.
J, fj ûrer-s rictorléu-x. , n-e /aehant £as
que Cl,' rus leur Chef eiit ète tof- , s ima^e-
'

fièrent ^w il £ûursiuvcit Its ennemis. Se

mirent hai les armeJ j'cur se rf^oser

•li'res Ât baUidle . .lijjnt j^.isse l/i mut


en cet état . ih Jurent bien surpris le

Undemnin , en apre/iant l'n mort Je Ci/rus.

Je !'..i/r arriver des J^eraiits de la £art-

J . -irt.xxer.xes ,
qiii leur J/'t cU/nanJer les

. irmes , s^emme étuirt l'ainqiieur £.^r /a mcri

Je son ennemi . Un tint conseil Je guer-

re . Si. la pluralité Jes yotx, amnt ète

Je ne se fcint Joiimettre it cette honteuse

ce'nJition. tente l'.4rmee se mit en. etatr

de £artir sous la conJuiie de- Clearqite .

cUe jvcit fait rt £eine ^ueJgues journées.

qiie l'on rit paraître les ennemis, gui en-

pi? lièrent derechef des Jjerants demandanf


.1 parler aux ^rinciffaioc- O^iciers . Ceii.K- ci

s' ehmt assemblez il- Ul tête de leurs ffens


I.! il
rangez en, l>ataÎJ2& ; Us Xeraats Jirent q.u
'

I' J
ils j^enoixnt Jitvoir de la. ^art Jn 'S.oi

j.'ourqitcL Us &recs a^/ottntr £ris les .-ir-

mes contre lui. Clearqu^- prenant la. £arc-

le . dit que. Us "Dieux, ùu étaient témoins

qirils ne s' étaient jouit enroUes jour Ji7i-

re la guerre a ^-îrtaxer.xes : mais que Cy I

entreiemis de divers £rete.x.-i I


rus les ai'ant

tes. ils avalent en honie. de l' aJrandonner


lers^u' ils l' avaient vu enffagé si arant.

que puisqu'il était mort , ils étaient qtJiHes

de leur £arole . SU ne désiraient ni contes

ter la Cauranne. il, .'irtaxerxes . ni raviver


son. £ays . m lui Jmre aucun déplaisir. £qur-

yu qu'il ne s'oposât £oint a leur retaur.

Celui qui £ortoit la. £aroU. £our le Roi


'
cJtar^ê de cette réponse, dit qu'en attendant on jâiirniroit des ouvres aux. ùrecs jusqu'à, ce qtie le

fiit conclu . Tnis étant rei'enn an bout de trois jours . il leur aprit £U '
il aj'oit obtenu leur jrace quoi

K beancaiip de peine: qu'on représentait au 'S.ai qu'il ne de.voit pas laisser retourner en leur £aj.'S des

qui avaient eu l'insolence de lui venir faire la guerre . Cnfi'n , dit- il, vous jouves vous assurer mainte

gii '
an n. '
aportera cuicun obstacle a votre retour , &, '

qu on
'
vous Jourrura des vivres . ou. gu an '
yans eu

nJrs •n, jaj/ant. Vous jurerez feulement que î'ous passerez desardre , &. que vous ^rendrez

'e qu '

il vous Jaudra .si l' on i fournit jouit . Ces conditions furent jurées Je £art Se

'e , &L les JCerauts donnèrent la Colonels Sl. aiu^ Capitaines , & reçurent Iz leur recipra

'.onime les &recs a7 -oient rei;ii dans ^llianee quelques barbares qui s '
etoient engajej: i

eux. : ils marcJierent ensemble . campant qiielqTiey distance les uns des autres . a cause des contesta -

qui s '
eUvoient entre eux. de teins teins . Il a dfiance alla même de £art & d' antre jusqii '
à
ir sur le £aint d '
en venir aux i s . Sur ces eutrfaites , celui qui candutsoit les &re£s de la

d' --Irtaxer.xes , leur niant tendu divers. ft jujer qu on '


7'ouloit ?'ioler le iraité a
e£ard. en ffet an leur demanda le- ide fais . 'Hais rCeno£hoa qui avait jrts la

i
. .

Je Ctearque tué da/is une occasion jarticidiere


jarticidit , les aiant exhortez a se défendre , ils le frent
aillamment . quoi- qu '
après avoir souffert queJqiies checs . qii '
on Jut contraint de les laisser

jour retourner dans la &rece . Xe chemin . tant aller qu'a. revenir, fut d' en7'i'ron onze
Cinquante qu '
ils firent quinze jours de marche , jendan

>f
A w^ i-m 'Ci

k i

\li
:^.i.>

-M
jjj'jM^ J

CARTK eiKOGRArHrqrr_E U^ UASTE MI^^TEUE-E AV^EC ~U'N ETAT


PASSKR SOUS i'KMriBE T)KS ROMAINES 2C SOUS T_.A OOJlî

iiOI.S T>% SlCIOXE Rois tie Pr.nGAMiC IRoi,


j-rliilskre j-cp-ria 20 a: 1 3ipooics 1-eo-iia Ariai-aLfil
2Êvirops 3.Eti3neixe5 r, 2.1 % ^icomeae r .
Oi-opliei-i
3 TelcKiii j.Attale r, 44 2eA^A x petu
5 .
Ariaraiti
4 Apis 4.,£u.]-nenes II .
40 4 Pruiias r.peu Ariaracli
j Tlielxion ,^847 J.Attale 11. r, ai 3814 5 Prusias 11 .

38ÔÔ D.AUalePtilometor r. 5 Ar,sannni


5 Uicomede II ,

iVi-iaratii
Eudeme i}f. iS'/V''^'''^'^' 7 Wicomede III.
8 Leucippe 8 Nicomede IV ,
Ariai-.il,

9 Mesapus iiicn i'û ^ tita /e^Ari e^ it c t g Socrates Ja/tû ^ J^--


ArJai-.-ii]

lo Erate // insCUiioit ^ '^^aié^ .- :r^eu • ^l^A Ariai-atli


il plemnee pie t^matn scn Jû^rtàîe-n ic ?b; i^gS Al-Lfll-iltll
12 O vtnopolis int£ ie t]>iàûeme cu'r.^o^aume Aj.a.ilii
13 Marathon
14 Marate
ij Ecliiree
le Corax
Carte GEOGii-APHiQ^uE dx l'As

. \

Rois deJIessene
1 Folvcliaon
z Perieres
3 Apliarée

I /
4. ïfevï

5 CreipKontej
tor
A :f uiq^VK
6 JEpitvus
7 G-laucu5 ,

K.OIS i>' Armeh^ie r. fcj!.


Rois i
S Istriniiixj ilnaclius r. ^o ans rersee
583.9 J

p Potidas 2 Paphnit
io Si DO tas Tagrajiuà II 3 Apis x 35 »7t8 3 Stheiiela
3038 Artabase 4Ar=-u» r. 70 >75S
11 Phintas Artaxjaj II 4 Eury-ali
39?i
12 AntiocîiiLS 3P84- Tio-ranci m 35
27170 ^ Atreo ;c
A^ameir
7 ^rriojias
2807 S

8 Crotope r. z. i833 7 Eo;iîtlie


13 Anarocles 7- Ariobar^aiie^ 28:ï0 8 Oreste j

Erato Seiiie o lîanu-s


14 EitpKaes 28çjp q Tisameii
Arbace.- j Lyiicee- r 4
{\mi^-^<-s
i
3 Alias r- 2;
,.v/,.v//-/
OraAe [J
ri'etus r. 1;

2eiion. 4 Acrisiis r. 3' '^^'-",^


s^'ti-Ziiaiied ai/i eu,: :?,; -J)^^ce».^tn
T'ip-ranes l"r
J-C'ILt O'^. iZrLS re/ilrcnl ^

l-^v.-V./.S
1

^
H

JES Turcs /voui kli^x .^t-a k/ iK-HT AUjorRii hli:


^^
/:;,.,..x-, ^--3.yu..^7 ._
KOIS UE C0RI.NJ-5IF..
Dr. CArr,vDOCE
2..UiLliri.îau^ 1 -

Mitlii-i<1:i.t.> Jl.
iT, .\rJota-r-aiTe j;

4 Mithi-ul-ale m . X Ornitllioii
j ].
Ariaratneâ S.
JWitlii-itlate TV. Thoas
_:;
3
Mjthl iJnte "V.
's
4 nanioplion
7 r]ia.-iia>.-os I .

< rropoda-'i
CïPliarnnces lU .

D Doi'iiîas
10 Mitl^l.J..^^.te VI.
1 niantidas
pair- i^^re ae I^S're / v f^^- JL MitliriJare VII,
12 PharnacL-i: TV, LF-,5 ïiF.EACUDK.;
slmai rrcti-'^d cet Stii^e^feurf
1 Aie Us
1^ Fble % /xioiii
ijrùn se fc^i- - \c>-ir,7ti //: /ci .MitKriJaleT?ni ,
_ 3 Agelase
ncin&i/es 4 Primiits
11 '^n- aycie-nt- ft/^ le
v Bacllis

^
7 Eu dénie 1

8 AristoJenie
3*0 NT EX-I^S.T'^
g A<Çeanoii
lo Alexaudre
il iKelestes

1 AiLtoinei3.es
% c-vpCele Tyran
3 Perianaer Tvrai
A P/ammLlLCUETvi-

Rois DE T^OTE
1 DamatiiLs

3 KrictonLus
7, Tro5
4 il lis
^ I^aonieaon
D Priani

R.03S DF. I.YDIE


Ar '^oji
xviuKoij; iscLWMUs
\Cf Ardis
30 Haliates
21 Mêles
Z2 Cand.au le
LES Mkb.m-'' Alîi-'
1 Gvo'es
2 Ard-is JJ

3 Sa.diacLos
4 Haliates ]i

= Crépus

K.&IS DE TTR.
1 Abibale
2 ïrome
3 Balea-ar
4 Atiaîtrate
.^ Roi incoLLiiii

5 As tarte
7 A&ex'ini
8 Tlieletei
g lîhobale
10 Eederor %\
1 3îatgen
12 PygnialioTi.

'v'}' es£^ ù-^s cen^ufc


(m pour mieux aire m
Cû7i7tlic •riuunl ^-,-.' .:i:>
;iii*ii!i i
:L -a

VI

i
l-r,sfcitJ.
,

Pag.

DISSERTATION
SUR

LA S I E
MINEURE.
^'Afie Mineure eft une partie de la laquelle ils gemiffent, a éteint tout le feu de leur ef-
grande Afic, qui ellaujourd'liui con- prit & qu'on trouveroit à peine aucune Na-
,
nue fous !e nom de Natolie ou Ana- tion au Monde qui ne perdît tout fon luftre , fi
tolie. Elle ell entre la Mer Medi- elle éprouvoit k Tirannie de
I

la Domination
tcn-anée , où font les Iles de Chypre Ottomane aufli fenfiblcment que l'ont fait les
& de Rhodes Pont-Euxin ou la
: le Grecs.
Mer Noire l'Archipel & la Mer de Marmora
:
; & Tous Enfans mâles des Grecs, aufli bien que
les
l'Euphrate.
. Les Modernes k divifent en quatre les Juifs , qui font fujets du Grand-Seigneur
, doi-
Parties, conformément aux quatre Gouvernemcns vent, lors qu'ilsfont venus à l'âge de quatorze
ou Beglerbegliacs que les Turcs y ont; favoir i.en ans,
payer une certaine fomme par tête qu'ils appellent
,
Anatolie, qui comprend la Bithynie la Lydie , k , Harache ou Karad^e. Cela va tous les ans à qua-
Phrygie, la Paphlagonie, k Mylie, la Carie, l'Io- tre Piaftres , qui font envùon dix
francs i mais
nie, l'Eolide, &
une partie delà Galatic. Cette ceux dont les grans biens font connus payent or-
,
partie eft la plus Occidentale du côté de l'Archipel dinairement le double. Perfonne n'eft exempt
ou Mer Egée. La i. dite Amaiie ou Run , vers de
ce tribut, quelque pauvre qu'il puifl'e être,
le Pont-Euxin au Septentrion
excep-
comprend l'autre
, té ceux qui font fous la protection
de quelques
partie de la Galatie, le Pont, & la Cappadoce. La
Ambaifadeurs. Pour s'entre-foukger, les Juifs ont
3. au Midi, vers la Mer Méditerranée la Cara- & coutume , dans quelques Villes, de faire en com-
manie, où étoient autrefois k Cilicie, k Pamphi- mun une certaine fomme dont la capitation elt
lie, &: k Lycaonie. La 4. qui eft au Levant vers ^

payée. Mais je n'ai jamais ouï dire que les Grecs


l'Euphrate, eft connue fous le nom d'Aladuli, & exercent entr'eux cette Charité
, peut-être faute
comprend l'Arménie Mineure des Anciens. D'au- de moyens. Ce qu'il y a de fâcheux dans cette
tres divifent autrement l'Afie Mineure, mais cette
occafion , c'eft que ceux qui ne peuvent
divifion me paro'il plus naturelle & moins embar- payer
lont quelquefois contraints de
rallante.
fe faire Mahome-
tans.
Il
y a plufieurs
perfonnes qui croyent que les fils
Mœnrs £S Coutumes des Grecs,
auiez des Grecs &
des Juifs font obligez de de-
venir Janifl"aires ; mais cela n'a jamais été en ukge
que lors queTurcs prirent kpremierefoisConf-
les
LEs Grecs différent peu des Turcs pour ce qui re-
garde les mœursjraais il s'en faut bcauccupqu'ils
tantinople. Il eft vrai qu'on dit que dans
les lieux
éloignez, les Turcs enlèvent fouvent les enfans des
foient auili fincères ; ce qui ell caufe que lors qu'on Grecs dès l'âge de fept ans , pour les faire fervù-
a quelques intérêts à démêler avec eux, il faut bien dans le Serrail.
fe tenir fur fes gardes, afin de ne fepaslailfer trom- Pour ce qui regarde leurs femmes, elles ont un
per par leurs rufes. orgueil incroyable mais elle ne font pas li belles
, à
;

Mais au relie , on ne trouve plus parmi eux la beaucoup près , que quelques Voyageurs nous les
moindre oiubre de cette force d'eiprit de ces & ont reprclentées. Les plus belles qui fe voyent
belles connoilfanccs,qui les ont autrefois rendus fi
célèbres. Toute leur Icience eft dégénérée en une
font dans l'Ile de Chio , ou Seio. A
cet oraueîl
elles joignent une pareli'e , qui ne le cède point à
groftiereté qui n'a point fa pareille. Mais il faut
dire aufli pour leur décharge, que l'oprcllion fous
celle des femmes de Turquie ; &
tout ce que .

l'on raconte des défauts de ces dernières , fe doit


7om. V. L en-

i
~M
, &,

DISSERTATION
entendre pour le moins autant des femmes Grec- autres un Ecu , &
moins riches une pièce de
les

ques. \ingt-huit ibus. y en a qui donnent quelque


Il

Les Turcs, au moins ceux de Smyrnc, ne per- choie pour le ménage, comme un mouchoir ou-
mettent pas aux Francs de vivre dans la débauche vré, des chandeliers, quelque pièce decuiline, ou
avec les femmes Grecques : mais comme l'argent tels autres petits meubles qu'il leur plait. Quand
fiiit tout dans ce Pays-1'^ , ceux qui n'ont pas le
don tout le monde a fait fon préfent , le Parrain vient
de continence vont trouver le Cady, de qui ils ob- qui raçiailc tout l'argent qui cil dans le plat, le lie
tiennent des lettres de permiilion , pour lefquelles dans un mouchoir, &
le met dans le giron de l'E-

on paye ordinairement depuis dix jufqu'à vingt poufe; il rairemble aulh les meubles les met à &
Kcus autrement on court rifque d'être arrêté par
;
coté. Alors l'Epoux &
l'Epoulc viennent devant
le Son-B^ichy^ qui cil comme le Bailly , &:d'êtrcmis le Prêtre, lequel, avant que de lire le Formulaire
firit fumer, tant fur eux que fur tous les alliilans,
en prifon, d'où l'on ne fort point, quand on pafîe
pour être un peu à fon aile, tju'il n'en coûte deux de l'encens ou quelques autres parfums. Cepen-
ou trots cens Kcus & fi l'on ne les paye promte-
;
dant tous les afliilans marmottent quelques priè-
ment, ils mettent la Dcmoîfelle avec qui l'on a été res, &font plufieurs fignes de croix, pour attirer
furpris , fur un àne , on lui attache autour& la beneditïtion fur ceux qui entrent dans l'état du

du corps les entrailles de quelque charogne ; mariage. Après quoi le Papas leur ht le Formulai-
dans cet équipage on la promène par la Ville, re , & les marie , prenant premièrement l'anneau

en criant de tems en tems qu'on la traite ainfi ,


de deifus l'Autel, &
après l'avoir béni fait plu- &
pour avoir été furprife en faute avec telle ou telle fieurs iignes de croix, il le met au petit doigt dek

perfonnc. main droite de l'Epoux , puis au petit doigt de&


. Quand les Tiufcs ont anlTi quelque foupçon l'Epoufc ; ce qu'il réitère jufqu'à trois fois. Il fait
qu'une Grecque s'abandonne à l'impudicité , ils la la même cbofe des deux petites Couronnes qu'il

tirent de chc7, elle , &


la font vifiter par une Sage- leur met fur la tête. Lors-que cela cil; fait , ils
femme. Si l'on trouve qu'elle Ibit vierge, elle e(l s'entre-donnent la main , ik on leur prefente un
relâchée, autrement elle court rifque d'être fevé- verre de vin, dont ils boivent chacun une gorgée,
rcmcnt punie mais fi elle peut fe racheter par ar-
;
le Parrain aulh'. Quand levcrre ell vuidc, le Papas
gent, ce qui eit proprement le but du Sou-Bachy, le jette &
le caife ; &
puis il leur étend une efpèce
elle ne manque pas d'être recomiuë pour honnête de voile ou morceau d'étoffe de foie fur la tête, &
fille. les fait danfcr , quelques mouvemens fem-
ou fah-e

Comme les marient fort jeunes


Grecs fe dans & bîablcs. Après toutes ces cérémonies , les hom-
un âge oîi l'on" n'a encore guère de fogelTe , les mes fe retirent &les femmes auffi, & ils s'ent vont
marques d'amour que les jeunes hommes donnent chacun à partfe rejouir & faire les noces. La Com-
à leurs MaîtrelTcs font fort ÎIngulieres & témoignent pagnie eit d'ordinaire fort grande. Les mets , qui
un grand emportement. Ils fe font des incilions font fort abondans , fe fervent dans de petits plats ;
aux bras avec des couteaux , autour de la maifon & l'on en change fouvent pendant le repas. Quand
de leurs Maîtreflès , ou lors qu'ils fe divertiiîcnt la Compagnie eil grande n'ont point de table
fi , ils ;

entr'eux en eompagiiie ; &


ils expi'iment ainfi
& comme s'alTeient tous à terre àla manière des
ils

par l'cfïùrion de leur fang , la violence de leur Tmxs on met aufli les plats à terre , &: tous les
,

paJIion. Ces extravagances , dont les Turcs ne conviez ont une ferviette pour s'elîuier les mains,
font pas cxcmts , fe font fur-tout dans la dé- qui eit fi longue , qu'elle s'étend à la ronde fur les
bauche. On en a vu quelques-uns dont les bras genoux de toute la Compagnie.
étoient tellement déchiquetez, qu'à peine y avoit-il
un endroit oii il n'y eût quelque cicatrice.
Le Mariage des Grecs le lait de la manière que
nous allons dire. On mené l'Kpoufe dans une
DESCRIPTION
chambre à part , après qu'on l'a bien pai-ée , afin D E
que les parens &
les amis l'aillent voij-. Après
qu'elle a été trois ou quatre heures dans cet état,
fcs compagnes &
fes bonnes amies viennent pour GALLIPOLI,
lui tenir compagnie, &r elles fe placent auprès d'el-
le, les unes à fa main droite &: les autres à lir gau-
che. Alors on va quérir le Tapas ou PrêtreGrec, DES DARDANELLES
& l'on met dans la cliambre un iiège ou une peti-
te table pour fervh- d'Autel , fur cette table une & Anciennes & Nouvelles,
ri planche ou tableau où eit repréfenté quelque Saint.
&
Tout
Couronnes
aviprès il

faites
y a
de
deux anneaux
îaine ;
,

&enfinonymet deux
deux petites
DE LEMNOS,
cierges allumez. Après, on fait venir l'Epoux dans
Ja chambre , où on lui donne le haut bout. En- DE TROIE
fuite on aporte un grand plat au Papas , qui le met
devant eux, & qui demande à ceux qui afliltent à &
la cérémonie, s'ils ont quelque préfent à faire aux
Perfonnes que l'on va marier. Lâ-dellùs le Com- AUTRES LIEUX.
père ou Parrain , qui eit comme le Paranymphe
met le premier fon préfent dans le plat &. après ,__

lui tous ceux qui Ibnt priez aux noces font auffi GAUipoli efl une Ville raifonnablement grandej

leur préfent, chacun félon fon pouvoir ou Ht libé- msis mal peuplée il y a pluHeurs Grecs quiy
;

ralité. Quelques-uns donnent m\ Ducat d'or, les demeurent , dont le trafic ordiuaij'e eft de vendre
au

mmm
J T.;

SUR L' A S I E MINEURE.


du Raki c'cll-îi-dire de l'eau de vie. On y voit
, vieux d'emiron quatre heures. Ils font de même
un ChLiteau mais qui n'ell pjs de griindc impor-
, que les autres , des deux cotez du rivage , mais le
tance il y a aulfi un petit Golfe qui fevt pour les
; trajet y ell bien plus large , ai/ant au moins cinq
VaiiFeaux&pour îesGalères. Sur lebord delaMcr quarts de mille ; de forte que li l'on vouloit entre-»
e£t i'Arfenal , où il y a , fous une cfpècc d'arcade, prendre de lescanonner, on nepouiToittout au plus
quelques vieilles Galères qu'on dit que les Turcs y atteindre qu'à la faveur du vent. Celui d'Euro-
ont prifcs fur les Vénitiens , quand ils fe rendirent pe elt fitué fur la pente d'une montagne , ac- &
Maîtres de l'Ile de Chypre mais il c{t plus vrai-
:
compagné d'un Bourg raifonnahlement grand.
femblable que ce font les relies de leur Flote qui L'autre^ qui ell dans l'Afie, ell dans la plaine, &
fut défaite auprès de Lcpante , qu'ils tâchèrent & il a pareillement un Bourg. Le Canon de Q.<i^
de tranfporter par riilhmc de Corinthe pour îa fai- Châteaux ell aufii pointé à fleur d'eau Mais ils ;

re palfer dansTArchipcl, oîi ils ne pouvoient alors ne font ni l'un ni l'autre , d'une grande force,
aller par mer parce que les Chrétiens, qui avoient
, n'aiant qu'une fimple muraille fans foiléz fans &
remporté la victoire , tenoicnt les pailàges fermez. baillons.
On croit que cette Ville cit la première que les Environ en cet endroit cfl le fameux Détroit que
Turcs ayent prife en Europe fous Amurat 1. l'an les Anciens ont nommé rHellefpont à caufe ,

1363. Afin de garantir les vailTeaux des accidens mi'HeUe, fille d'Athamas Roi de Thebes, tâchant
qui leur peuvent arriver pendant la nuit & dans la d'éviter avec fon frère Phrixus les embûches d'ino,
tempête on voit là deux Phares, qu'on entretient
, leur belle-mere, y perdit la vicîil a cinq quarts de
fort commodément de l'argent que tous les Vaif- mille dans l'endroit le plus large , excepté à l'en-
féaux qui paffent font obligez de donner. trée, où il a du moins la largeur d'un mille de- &
Vis-à-vis de Gallipoli fur la côte dAfie àTcntrée mi. Il s'appelloit aulIi autrefois le Détroit de Scltos
de la Mer Blanche ell la Ville de Lampfaque,ii fa- ik Abydosmais aujourd'hui il porte le nom des
;

mcufc dans l'Antiquité. Aujourd'hui ce n'eltqu'un Dardanelles, ou de Détroit dcGallipoli. Ce fut ici
Bourg qui n'ell habité pour la plupart que par des que les Turcs pallèrent la première fois d'Afie en
Ttu'cs , &: il y a très-peu de Grecs qui y demeu- Europe, & que Xerxès, Roi de Perfe, fit faire un
rent. Le paiîàge d'Europe en Afic elt très-étroit pont de bateaux pour faire paifer en Grèce l'Ai-mce
en cet endroit, mais très-agreable. On voit en un nombreufe qu'il menoit avec lui.
lieu appelle Mayfe fitué à l'extrémité de la Propon-
, A quelque dillance de là on palTe hLem»os, qui
tide, trois montagnes de pierres dont les gens du , ell le Heu où les Poètes feignent que Vulcain aiant
lieu difent j que ce furent autrefois des montagnes été jette du haut en bas du Ciel, vint tomber, &fe 1 î

oii il croiflbit du Froment &: d'autres grains , mais rompit la jambe. Cette lie ell vis-à-vis de Trcje, l
qu'elles ont ainfi changé de nature parce que ce- , & entre-deux on voit l'Ile de Tenedos la Ville &
lui qui en étoit le propriétaire fe plaignoit à Dieu, Tifida , qui ell au pied d'une montagne fur le bord
fans fujet , de ce qu'elles n'étoient pas aifez fer- de l'eau.
tiles. On defcend en cet endroit par un courant Pour ce qui ell des refi:es de l'ancienne Troye*
qui ell alTez fort. voici ce qu'en ont remarqué les Voyageurs qui ont
Enfuite on pafTe près de deux Châteaux qui été dans le Païs. On aperç'oit , difeiit-ils , auprès
portent le nom de T>ardanelks , à caufe que Dar- de la Mer une efpècc de baflin dohtie fond ell fort
danus,fils de Jupiter &
d'Eledra fille d Atlas , fut bas, & dont le circuit ne contient pas plus d'un mil-^
le prcniicr Roi de ce Pais , &
qu'il y bâtit une Vil- le d'Italie. Sans doute c'a été un Havre , comme
le qu'U nomma de fon nom , comme tout le païs onle peut juger par les morceaux de colonnes
d'alentour, ©iï^-^/awifl ; ces deux Châteaux font fur qui en relient , où l'on attachoit les Navires d' les
les bords d'Hcllcfpont. Celui qui ell du côte Galères , de la même manière qu'on en voit à
de l'Europe dans la Romanie ne confiftc qu'en Delos.
deux baillons ; il a au milieu une Tour ronde , & Environ une bonne demi-lieuë avant dans le
il ell en triangle au pied d'une montagne , où il Pais, on voit fur une montagne les relies d'un vieux
y
a un joli Bourg. L'autre Château , qui ell du côté bâtiment, mais qui ell tellement ruiné, que l'on ne
d'Afie enNatolie ell bâti dans une plaine ; il a auili peut reconnoitre ce que ce peut avoir été. Partant
un joli Bourg tout auprès. Les Canons de l'un & encore plus avant, on rencontre diverfes ruïncs Se
de l'autre font pointez à fleur d'eau , obhque- & plufieurs morceaux de grolîés colonnes. Mais ce
ment, afin que ceux d'un des Châteaux n'endom- qui palfe tout le relie c'ell ce qu'on voit encore
,

magent point l'autre quand on les tire , ce qui ar- dans le Païs, favoir, les ruines d'un bâtiment qui
riveroit s'ils étoient pointez tout droit , parce que doit avoh- été d'une prodigieulé étendue , comme
le trajet qui fepare ces deux Châteaux n'a pas plus il ell aifé de l'infcrer de la fymmetrie de quatre
d'un demi mille. portes qui font encore debout, dont la hauteur ell
y enapluiieurs qui croyent que ces deux Châ-
Il de quarante-cinq pieds , outre ee qu'il y a encore
teaux, & les Bourgs qui font auprès, font bâtis fur de muraille au dellus , dont l'épailléur ell de cinq
les rumes de ces deux anciennes Villes Sefios Se bralîes. La porte de l'entrée ell encore prefque
j^bydos; mais on ne fauroit afieoir là-dcifus aucun dans fon entier , &: ell de pierres extrêmement
jugement alfuré. Ces Châteaux nelaiilènt paspour- grolFes qui font jointes enfemble. On trouve aulli
tant d'en retenir les noms, car celui d'Europe s'ap- àce bâtiment quantitédepetitesportes,tant par de-
pelle Sejlos , & celui d'Alîe Abydos. Ils paficnt dans que par dehors tout autour. La longueur de
pour être les Clefs de Conflantinople , d'où l'on ces ruines cil de cent trente pas , &: la largeur de
compte qu'ils ne font éloignez que de cinquante cent. Il paroit que c'a été un Temple aulli beau
milles d'Italie. Perfonnc ne fauroit palier par-là qu'on en puiilé voir , puis qu'on compte encore à
fans s'aller prefenter & fans qu'on le vilite cela
, ; une muraille qui , quatorze portes
ell allé/, entière
fe fait du côté de l'Afie. d'une railbnnable grandeur. Mais tous ces vieux
Les deux nouveaux Châteaux font éloignez des bâtimens n'ont aucune fculpturejui rien à quoi on
E 1 puii-'
DISSERTATION
puiife connoîtrc quel ordre d'Architecture ce les de Rome. On y peut entrer par deux portes,
pouvoit être. dont l'une cil du coté de la mer, &
l'autre du co-
téde la terre. La première elt très-belle , la &
Ville efl de ce côté-là fermée en partie par une
Partkiilanîez remarquables touchant les Ca- double muraille. Du côté de la terre , on voit une
méléons qu'an trouve en ce Pàis-là. triple enceinte, dont chacune eil haute de dix-huit
braifes, & rcnlorcèe d'un grand nombre de Tours.
On compte en tout quatre cens foixante pièces de
C'Efl une chofc qui piifle pour confiante pfirmi canon fur les remparts. Au dedans de la ville, du
que ces animaux vivent de l'air
les Nataraliites , ;
côté de la terre, elt un Château fort haut , &: fu-
& en cfîct ce que Texperiencc confirme , car
c'efl pcrbemcnt bâti , où l'on garde les principaux pri-
ceux qui en ont gardé ne les ont jamais vu ni boire ibnniers du Grand-Seigneur. Les maiJbns de Rho-
ni manger. Il ce n'cft qu'ils avalent quelques mou- des font bâties de grandes pierres , de môme
ches. que les dehors de la ville , dont les fauxbourgs
C'elt aufli une vcritc , qu'ils changent fort fou- iont plus grands que la ville même. On y voit
vent Je couleur. On les en a vu quelquefois chan- plufieurs beaux jardins ornez de quantité d'oran-
ger trois ou quati'e fois dans l'efpace d'une demi- gers, dont les fruits ne le cèdent à aucun autre, ni
heure; fan i qu'il y eût autour d'eux aucune cou- pour l'odeur, ni pour le goût.
leur à laquelle on pût attribuer ce changement. L'Ile de RJiodcs avoit autrefois quatre villes qui
Lors que cela arrive, on a coutume de les peindre la rendoient très-conliderable , favoir Lyndusy ,

aufli-tôt, ou avec une fimple détrempe, ou à l'hui- Camyras , Jûlijfus , & Rhodes. Les murailles
le. Les couleurs qu'on dit qu'ils prennent pour de \x première ont été rafécs , & il n'en reite
l'ordinaircj font un très-beau verd, mêlé de petits plus qu'un petit Fort &: l'on ne voie aufîi des
;

points ou taches jaunes , fi joliment parfemées , qu'on deux autres que les fondemens de leurs remparts.
ne les peut pas mieux iiiire avec le pinceau ; quel- Les Turcs s'exercent à la Lutte dans la Plaine des
quefois aufli ils ont des taches brunes, &
elles fout en\irons ik ce combat ne confdle qu'à fe renver-
;

ainfi répandues par tout le corps jufqu';\ la queue. fcriurle dos, ou qu'à prendre le defllis fur fon
D'autres ibis ils prennent une couleur brune, fem- Antagonifle. Les Lutteurs font tout nuds ex- ,

blabîe à celle des Taupes. Leur couleur ordinah-c cepté un caleçon fort court & cet exercice fe
,

ell le gris de Souris, èc leur peau eil fort mince & fait le Mardi & le Vendredi de chaque femaine.
prefque tranlpareute. La plupart du tems ils pren- Toute la rccompenfe du vainqueur elt d'aller à ,

nent une couleur femblable à celle du Lézard. la ronde fe préfenter aux Spectateurs
qui lui
,
Mais pour ce qui efl de ce que l'on dit ordinaire- donnent chacun à proportion de fa liberaUtè.
ment, qu'ils prennent les couleurs de toutes les cho-
fes fur lefquelles on les met , l'expérience aprcnd
que les Naturaiilles fe trompent en cela, car ils ne "De la Ville de
prennent jamais le rouge , non plus que quelques
autres couleurs. On n'en peut guère conferver en TYRÇ^^eSIDON.
vie , plus long-tcms que cinq mois , la plu- &
part meurent dans l'efpace de quatre.
langue aufli longue que tout le corps.
Ik ont la
TYR le
efl
long de
pue Ville maritime, bâtie fur un rocher
la côte de Phenicie dont elle elt
,

la Capitale. Si elle a été fondée l'an du Mon-


de 2.5-49. il faut avouer qu'elle elt plus ancien-
^efcripion do la Ville de
ne que Troye &
que Corinthe. Le lavant Uf-
fcrius en mec la fondation dans ce tems-là par
R H O D E S.
Agenor, Père de Phenbf ëc de Cadmus , qui de
Thebes , Ville d'Egypte, vinrent dans la Syrie,
LA première chofe qu'on voit à l'enti'ée du Port
de cette Ville ell: un Château rond qui avance un
,
pour fortifier Tyr ik Sidon. Cependant , lèlon
jofcphe , il fmdroit pofer la fondation de Tyr
peu dans la Mer vis-à-vis duquel , au Noi'd du
, à l'an du Monde 2.751. parce qu'il dit que cette
Havre, il y a une belle Tour quarrée qu'on dit qui Ville fut bâtie 140. ans avant la fondation du Tem-
a plus de cent pies de haut. LUe efl attachée aux ple par Salomon. Quoi qu'il en foit , le Château
murailles de laVille par une Courtine, & par der- de cette , fi ancienne
ville li belle ,&ell mainte-
rière à un Baflion garni de groifes pièces de Ca- nant chofe conllderable qui s'y voye , tout
la feule
non qui peuvent empêcher de tous cotez l'entrée
, le relie n'étant que des monceaux de piérides &
?
des Vaiffeauxdans le Port. Vis-à-vis de cette Tour, d'anciennes ruines, qu'on voit çà &
là le long du
de l'autre côté du Port,ell; le Château S. Ange, où rivage de la Mer. Il y en a à la vérité quelques-
l'on croit qu'étoit autrefois le ColofFe ou la Ktatuë unes auxquelles on peut reconnoître , quelle a
du Soleil, qui paifoit pour une des merveilles du été autrefo's la grandeur &
la magnificence de
Monde. Sa grandeur ètoit telle, que les Vaif- Tyr ,il célèbre par fon commerce. On voit
fcaux paflbicnt à la voile entre fes jambes pour aufli quelques refies de ce Port li fameux, qui pa-
entrer dans le Port; S: c'étoit tout ce que pouvoit roiifent encore hors de l'eau. Mais il y a très-
faire un homme , d'embrafTer le pouce de cette peu^de maifons qui foient habitées aujourd'hui;
énorme Statue. Lors qu'elle eut été rcnverfèe & c'ell un Aga Turc qui y commande.
par un tremblement de terre , en chargea neuf Pour ce qui ell de la ville de Sidon, fituèe aufîi
cens chameaux du cuivre qu'on avoit emploïé pour

i la fendre.
fur le bord de la Mer , elle elt encore une des
plus belles de toute cette côte. On y voit une
Pour ce qui cft de la Ville, elle eft fupcrbemcnt grande quantité de Jardins , & beaucoup d'Oran-
bâtie, &. fes murailles font à peu près comme ccl- . gers. La ville ell raifonnablement peuplée , &
peut
•s-%

SUR L'A SIE MINEURE. fe,^


peut avoh- environ une dcmi-Iieuë de tour. defagi-émens qu'il eut à elTuyer de la part de l'Empe-
Du cÔlc du Couchant clic elt fur la Méditerra- reur Tibère. Ainfi fon Royaume devint auifi par
née , &
cil accompagnée d'un petit Fort qui la la mort une ProA ince des Romains.
défend. Plulieurs anciennes Moiquécs , dont Le Pont , ainfi nommé parce qu'il règne le
quelques-unes ont été lims doute des Eglifes des long de la côte du Pont-Euxin , a la Pamphilie
à
Chiêticns , font aujourd'hui une panie de fa &
l'Orient, la Bythinic à l'Occident. Oa ne con-
beauté. On montre un tombeau hors de la vil- noir guère nonla fuccellion de fes Rois , qui
plus
le , qu'on dit être celui de Zabulon , l'un des ell , aulIi bien que
les autres , fort interrompue.
douze Patriarches. Le Bazar ou Marché public Le premier qu'on trouve d'ordinaire s'appelle Ar-
elt alFcz régulier ; on y voit quantité de mar- tabaxès , qui fut , dit-on , élevé fUr le trône du
chandiics de toute forte , avec plulieurs Chans Pont par Darius l'an du Monde 3500. Il fut fuivi
ou demeures pour les Marchands dont la prin-
, de quinze .autres Rois, parmi lefquels le onzième
cipale cil celle qu'occupe le Conful François avec fut le gi-and Mithridate , fi fameux par fes guerres
les Marchands de cette Nation. contre les Romains. Les autres turent plutôt des
fantômes de Rois i^ûc des Rois véritables, puifque
les Romains , qui leur en lailToicnt le nom en
l^es petits Royaumes de ,
a\oicnt toute l'autorité.
Entin,leRoyaumc d'Arménie eut Tigranespour
L'A SIE MINEURE, fon premier Roi. D'autres veulent que l'on com-
mence par Artaxias qui étant Gouverneur d'Ar-
,

paroît qu'avant le tems d'Alexandre mcnie pour Antioehus k- Grand, Roi de Syrie, ie
IL y
avoit dans cette Région de petits Souverains,
, il

révolta contre fon Maître ^ &: fit un Royaume de


dont on trouve les noms dans l'Hiltoh-c. Il y a fon Gouvernement. Ce lut l'an du Monde 3839.
aparcnce que fous le Règne de ce grand Conqué- t]uc ceci arriva. Il eut treize Succeifeurs * dont
rant de l'Afic , tous ces'petits Rois de l'Alie Mi- Tiridatc elt le dernier qui ait eu quelque autorité ;
neure s'accommodèrent au tems , crurent qu'il & puifqu'après ce tcms-l;\ il n'y eut plus dansl'Arme-
n'étoit pas de la bonne politique de fe brouiller nie que de petits Rois que les Romains failbient
,

avec Alexandre. Mais après fa mort celle de & & defaifoicnt à leur grè. C'elt: ainii que du débris
fes Généraux, qui avoient démembré & partagé de tous ces petitsRoyaumcs, l'Empire Romain s'ell
fa Monarchie ces petits Rois reprirent le dcHus,
, élevé peu à peu à cette grande Puilïance où on l'a
& commencèrent à faire un peu plus de figure vu depuis en attendant que de fes propres ruines
;

dans l'Hiltoire. Tels font les Rois de Pergamc, fe formalfent tous les autres Royaumes ik. Emph-es
de Bithynie, de Cappadoce de Pont & d'Ai-rae- , qui fe ibnt élevez depuis fa décadence.
nie, dont nous allons donner ici un abrégé. Je finirai cette DilTertation , félon l'ordre que je
La ville de Pergame dans la Myfie
_ fur le , me fuis propofé de fuivre dans tout cet ouvrage,
Fleuve Caïque , a été Capitale d'un petit Etat par l'état de la Religion Chrétienne dans l'Afic Mi-
qui commença vers l'an du Moiide 3711. Ce neure. 11 n'y a point aujourd'hui d'autres Chré-
Royaume a eu fix Rois , &
a duré 15-1. ans. tiens en ce païs , que quelques Grecs O-
Philetorc ,Intendant des Finances de Lyfima- rientaux , en petit nombre ; tout étant générale-
que , Roi de Thrace , en a été le premier ment habité par les Turcs , excepté Smirne , où
Roi. Attale Phllometor , qui a été le dernier, la Congrégation du S. Office avoit coutume d'en-
mourut l'an 3871. &
aiant inllitué le Peuple Ro- tretenir un Archevêque Latin , parce qu'il y a dans
main fon héritier , fon Royaume fut éteint en fa cette ville un grand concours de Marchands Euro-
perfonne, & devint une Province Romaine. péens, outre plufieurs habitans Catholiques. Mais
La Bithynie a eu autrefois des Rois puiJTans, à préfent la Congrégation n'y entretient qu'un Vi-
mais on ne fait rien d'aiTuré de leur règne , ni de caire Apoltolique , à qui elle donne feulement 40.
leur fuccclîion , qui fe trouve fouvcnt interrompue ducats par an. Il y a aulIi dans cette ville des Ca-
à caufedu lilencc de l'Hiftoire jufqu'à Alexandre pucins François, qui font tous les jours en difpute
leGrand. Mais depuis la mort de ce Prince on , avec les Relbrmez à l'occallon du droit Paroilfial.
compte neuf Rois de Bithynie , dont le Royaume Ce qui fait qu'on a ordonne au nouveau Vifiteur
a duré 150. Le
dernier s'appcUoit Socratcs,
ans. de vifiter auili cette Egliié.
lequel aiant détrôné fon frère Nicomèdc , fe vit Pour ce quiell du Commerce, dont je parlerai
rétablir par les Romains , qui fireni: auili de ce aulIi iur chaque païs, autant que j'en aurai de con-
Royaume une de leurs Provinces. noiiîance , celui de Smirne & de Conllantinople

La Cappadoce ell bornée au Septentrion par le ell le plus conlidérable de l'Allé Mineure. Com-
Pont-Euxin , à l'Orient par la petite Armcnie , à me ie Port de cette première ville eil fort commo-
l'Occident par la Galatie , &
au Midi par le Mont de, un grand nombre de vailleaux y aborde inccf-
Taurus , qui la féparc de la Cilicie de la Pam- & famment de toutes les parties de l'Europe, fur-tout
philiè. Ses premiers Rois nous font inconnus. On de France, d'Italie, d'Angleterre, &
de Hollan-
dit qu'un des plus anciens étoit un nommé Phar- de. Les Draps d'Angleterre de Hollande ik de
,

HLicèscontemporain de Cyrus, qui vivoit vers l'an France , font les marchandifcs du meilleur débit
&
du monde 3 474. qu'il fut fuivi de iix autrcsRois dans ces deux places , &
dans les autres Ports ou
dont on ne fait pas même les noms. Mais le pre- Echelles du Levant, où il s'en vend près de 40000.
mier dont on foit certain par l'Hifloire fe nomme pièces par an. On y porte auili du Papier , des
Ariarathès, qui commença de régner l'an du Mon- Epiceries , de la Quincaillerie , de l'Etain &c.
de 3641. Après lui vinrent quatorze autres Rots, mais principalement de l'Argent comptant. On
dont Archelaus,le dernier, qui régna l'an du Mon- en tù-e tous les ans au-delà de trois mille Balles de
de 3993- mourut àRome de chagrin, àcaufe des Soye, (Quantité de Fil, du Poil de chèvre, des Co-
Tom. V. t tons

\ ,

i
._ ^Jt-li'^

DISSERT. SUR L'ASIE MINEURE.


tons filc7. & en laine
de la Cire des Noix de gal-
, , Abouf^uets , ou Abauquets , qui valent 80. afpres,
Jc, du Galbanum de la Rliubarbe, de l'Opium, dont le titre ell fort Iras. Cette monnoye vient de
,

& d'autres des Tapis de Turquie , des


Drogues ,
l'Empire & de Hollande. Les HoUandois au-&
Maroquins des Toiles de Coton , des Cuirs de
, tres Negocians de l'Europe y portent aulii desPiaf-
Bufle du Savon , de l'Alun &c. On fe fcrt à
,
trcs Sevilianes. Les Scberifs de Smirne , pièces
Smime pour monnoye courante des Affelani, d'or, y valent 2^ Piartres.

I' )

DESCRIP-
^ --f
f^
,
'*
;: ;.1
. . ^

Bkscuiptio:î^ de la

oui' etané 3fe^t4££4 e^n. s- diS rv^zG^ranù **»«-,.>«-— ^ - — -•^tem^ t^t-t £CC£ fuù â^mât.

maus O'
Isjiivjr je aSrù^ii d'cu'otr %?i^ neussance au \n&£.ô ^
m&r&, eu e^^ OjÉte' aairiu'vis
cuuùre^vs '^cm& i^at ;$a/rÙ c^ans C .^ocaS^se Je ^^^tf àtJe J
li^is t^e- ces
^^f \,

on^Gft^ a. ?f^ùe ici. . Çn/j^ 3'ffié eftC4>re, 9^44sie44^s 7u£m^ _ae 1'a.n.cie^tm^
..
yt^U,
.
eu pn.ru€pa.^.fn^néju^ui
_
^
tg/fi^ ûTt3'ûié~ ^ ^M.iùr:i ce 'a.thù de .On.'. a^ cec ou^
'jauee «M cn^crtnf «*i?ï#~ ei» urne, ^^û éaiié à^lnoTt/izéU^ oe Jkùnà^éa^fi^ «-«. .«..^ .~^ u.

en. yciâ- e*t£inie deti^x. peétê£4


C^l»a^ u^ny éu.s^ eà- ma^^e a.u.o eaé^ u^tv t>eu. &d£e>', Csd^ ceAc£ à iùrie .'if.

en êtt, ifûu^'e atiJii^ o attér-es ûû?iù i/ cà£e4i r^Mfr£dm.éÉ ^ po^ât~a4.â '^ ^iàe- -^i.^z,o?te eâ^4^- ^
ayJ'iam^£mi''cm2'4fiâ àJc^ùieau. &sÉ ^:e^ «i> ^^ei*L4S^ denvira.m,as ûu Je .
y-
CfL. deee/iJeiftÉ un. 3'ai& ^Cnapeca 'kim .^^ûaa^e eir /£<s re^sée^ J^ jcn^^ ^tùù:^-e:,6eéaay't^eaiy eut/ n^mJ^re 2.
6pen^iù^-ù oë tA m^iUaart^ s&n^ U^ reéics d lorv ./ùnpAiiéà^-e oiu Ci^ûéeA dam ^^
'^carffe, ûùcia>^£^
^/^aurff^.
(lit a>t£- Jiu^à^tMiyl'S^'a^^a^^aie e^^j^i
eiifcù^^^ yêbinâ
au'ilmé éru^t)en. f foiii r&sé&f de jcn. itmtée^/ùo.^ûu^ /W; 1 cA^Éiens 0tL ^us ànù enc^r^ CÛt^
ùecLU^^<

t'énAfa-iion.^, ««^ e-fà ma*yua $ ,

j.'aiù U. Tiashe oiiy£iy?na^(m' Jev£Uéaai.ce û '.^fco^roeé- -^fy^'

Jiprmnder- édûtnenii au/i&it i^iUf^ aTt^4^ Â/yi^ e6ttm.C^rvanreraiou/maùat^uùU^ue d6pAs^*i^


maueny û
^-t^euX' ûtifftsis nKidJons
^^
i

Çai„i^, 07i,j meé c£iU fa^ti^iàrad â^OLUée^ ^^<^iâl£^ fwù joti^ % ja.^y^enda?ice. && "àot^-enù renJ-.
T'"
^ffrrUatOremen^ ceite ^,n.der^i& ^jr dd&Ja^ttaié ceùi/ fe, yûiù ecu,nonv^^ S:
'

Jl c£ù^ J -e^t ^demett^-e ^w Sn4uX/d& £3^WèUi<m.^ '^éiUa^ctae


^
CAà^ <^. e4ù ^fna^oTi^ du/Con^u^C 3e ^Wmw^
MiataA^ i^sa.. &-&s& <^/^/W f^anjs
^^
q,
'pa^ de
^pi^i Â,M.aùf(^ %i.y^ir Ca*rt. eé: ia.j:^r~. ùi- i

j£. jû. est ÙL. dcm.eufe àtc /fftiiu.£ d- ^n^ieief-fe

Je Ji e^ir c^^: du^ Consul de '^^nz^i^-


.
_ ' « ^
G\
a.
-£:.
^^otra^j idu i£ puià porÈ&K- £ou^ ce ouji/ esir
gyr ervî.£s
JlûiTL-.y. J^'f 6n'ait : ;

LLi: DE SmYRNK

il II

st £é JBesestefJi ou la vâikJei

ù& lisix-cJian c^6a àtt-e /riii^CMMi,- conân^ iir Au.. Ms ma.^cda'fiJj t- tnvé /^m^j- e^às da^t^ J&s c ;ù/„
zctùtt. a. u,n£ ptn-éi ei deé !' -/^77 i£ /à'

r"/"
e ^
ccaeiià aêl
Oû^Cj^a, eu. 'i'3asst*t- û c<i>u f^mi^:
r y n'e^à
^^a,T'QA

^eéi^ peaa£ ati^je-

If c^/t

£jù »i4iraM£ Jâ J-ran^za


_ te ^

tLi p^t
«^$^
e^/- ce I i p^
» pcuy&s

f
?'
j7<V . '^^*i s'Êïi^ Cajyoo'rtfy)

•^ -~^uim*ù.9^, iX^U»'-&m.e^vir ^^^^rve de. .^^je^^é^ i/^i^ a.oue^.

^j&^ ta
td^na p£tiis
vefùCAXfi deux, e^U/f&ea, ^ufze auAÔr~d' e£^ é'a44,£!rr, aw Ju^di
^t^lguA âé^n^ eu . i é^ûiia-O' uiyJiaâ€CÉ dc^avus à^de4- acÂcéce. f.

Cs <C^»%z'^ iéc cette. ^ii^in.iéc


Aeu^e ae. -??7î^?-retf,
a.'U/n.e ff&fn.te,
.n de 3>ia,.rt€' . C 'est
^it ùçtome.?^ jM^t ^oïl^^i^ àym4nt<::ére, àa^
^
ffe£i^ AAtiia

'
de

^^^à
'X^i.c^ frt a,^SMté- l'ers *€

•ue/^tùAs Ke^sùe^

^^y-àe-m.é ^tie
&u,e dea'^urcif
d>
C^tiéeau/î^i^fyvu^e/àex^
J ^'Cnti^tù^èei!^
eti
.
l^*^<ï

/^e:/^^^iù/i,ti^J dan,é
^^
C'esû a€ùt&ti'r"de iS. atoon. t^ffti^e seica i^-r^s dâ.Z'/û^a^'t-des
ce£^ e^droié en,, troti^e^-enû- t^ii^ùre
?
/ fti^r^rLÔ. di
1/" ^s
re-n^,^^ jA^iz/ne^n^ i ' dMmis e/- &tv as^^icre, ûiij,'e^& s^£ pai!e^ ^h^z« Cen,% e^rus
e/: .

\\

-^
.
«Ki-'ïii •Jïi#*

^ \
1*1. :

l,j
,

i^!!!«S«!^-

Ha.billemeî^s des Femmes de Smyj


PE CEÏT]
Eemme de Smvrne

j.ê^îes aua^u: etle^ s^-iant aiu.

wii' it-ii^ cûrt?s es i7npca^ ro^uaa a. X


2i>-u,>j JIt aii-l ra,âa.à pat Se-itt^ie

-.crps . eé mieliMi^où
:àar Atéiter oui' &tt
' f - ,n
nanc/id.&sâ ausji a denâ 11
O ' ,'

U^ plus : ajj.i-s s.iu.7-en.i ^/a .. _ .

^vÉéCfid ce pÂâ c^ aici fmt-


£tlij pcrtfnt Jes ^us f>.u^ej àrzu
.
^
espèce- Je âecatte- Jt^ ûon-m^ Je ér-ocarc au, cir^ ^ or eu aueiauefûts t^ô if^€À?iM^s rotij. _

£.Ciëâ attac^nir ce âcft-ite&ïi'^ur^ àJ^ a^'e^-un, nicuc^tn'r ^' aueù^e 6e£^ ccu^etir- me jeii^ment ô/^ ^6
^areic^rnéné^ânpcAe' J'er-eé darçenâ. Slës ^n, /a-ùseni- arèin<tir^/mnt panài-e tùn, »ûu £- enipnrs cée M- ^ie.Ji
Aaéiàs sontpoîti'Cûrcinadrc ûCs p?us rû'/ikf et^T^J eu ce âotcix sût-£e ce'lxnueurs et /ettr:f cAemùes cescte fyvj fi', ,

ei irûc'es .'£Ûej mùjeiiâ^enàre U4ie ^çu^, cacette/te ce £u*'j ci&s-eioc, aue^fn^ts cetiK.au^Scut cesatteû e/ùs art<ia'i<-ut
•,ieji>'urjI c arrcen& inonttûi'e, gui soii t petxees fciii- ejtpfèj.ei- icr-r qtte^s
peiites pièces , sûtil assises e^cs /es cni
leur çiivn. iS/^s vûr/^en.é- des f^eii u tetir /« une cAaine cet-, eues ett tssi aux âf-a^, X- te m:

i/^!/zs àûreu/ea sûtit des es catts,0, , S/tej se pai-eni- sctt. .

r^.%.0. ftua«cs '^m^e^s une auir'/nfiiér ieiràe enfiei-


^r- ,,9;^.
Ce /ùiurj }i,?i7i. ^i/cj t€ -fin

J\'~''^ '"- V/t/j" ~^a^tLSitt<j.tu\. ipu JauU W. 6 . -Xè i^aÉtr/nent 0111, ea 6 sur
.^'iZn. S'S^j-!i^-^£e borpiis,^ ,is càrêHe-ns. cetÉe ^^iû/tâa^/ie etn'iritn' tiTi£ Cerne <

ce oiie cisenà- ôes i>e/is /m/>. C'est uru


•' .^ ^ -^ -o /
'c/t
nuié icMz auc iës ^n£s ûcnt cn-i tunà
f/crre ce' iaspe arcsc ce se-ae piecs ae
^ parîe-r^, a,e£é, att-en, m^ prascfL
^ia-m être lui tvît ça te e parce eue cetùx

ÛU4. ycia<jent en'ce pats-^ /âcAent c'er:.


,
iû c/- ïiziu., ^
eaâ' encore i/e àcut >. t

Jîtiixirê'cefi oj-eir aun^ue miirce-atc.a/in-


artmce partie et en- (^ j'ûit- eiJit^ute'
,

eée ^e aarCer cct/i-/ne u/u teùtfue mjMtt atutére tkiatn^t-es ce ^în*â OcUl^
"es mines ^ui soné- /à autûit>r^nt assis pierrej ce nuirAre Sicn^taiciKs
ani-neiire <.j-ui/^'acu auJre-^zs .^e^i^roftc!. ^e id c/t a u^nc 3'iie: tr&s^ aar^^a
1^ Il àatitruns.ce aui/aii M-z/i/y- mlc ces'^^ntî ât'è suf tvut^ t!a p^iitte et suit~&v^t
ft'i^&Vûltiiree^' aperte^ tïi a'SpÂÀse. Cûtn-: yiere-Je ,^W&nJr£,
-£, ftur Jerpeftte
me c'est" ia. cûfri'rnjin-e tp^ittioTt-.
f~.
-
dit ^ iniMciéd de toitr-s Ci ces .

0'au^e,f ercie-tttr aa-e- id atuc enj^tms cei 1 ^


teurs, ce gu-i a
7-ant ^ f^tiipie de i^^ûifie dûitaycir- éle /e
Ci

uipa/ Ôuariiet^ ûe iàneiertm Ti^e.ei / ce- aire < e ies ~iaôirrintAeis st re


ânt tTe/céxien so'r ce ,^e /us premiers Tierri^tnez autre/cis ajvient éi& pris
sur- ce. mcceù. . .yiM- tttoins eat.
•-istrerpuùi'ccu^: >,^nsêe c^Oi'tce. oui par/oftt Cu/iaàirinà
Ae9et?fedati-'. Ji^.% ses .-fùtcwncrpAc.
!Û .1 ii/,!ii\?n.l-c^ ^Â-
.

DES Grecques et des Iuittes


LE- Tcm.i'i': 7lf T.Taat ZZ
ie ùJiivme T'en:iine qui foit ''fmif/i /r/feienâii
•îil
ent mantere
^eâpfe £rci/
UtacÀent une
•fUi est? fiitnetti^t

: et Cfnej
-- c un Jatiii c /me
et-ée
-- 1 il

r iiisji érocAe àoJ e-t C ityenâ ï^


nejii aue te mini lozr aiec /eçuet
jt i/tiittee éiie^t cnâ un, neeiui e/e

A^ •eu'c ^ms arre reùé<. vcene CeA^e


/c S e^ u eu? pit\ej^j>eM ^em
re éj p t es 71 es ont au t.otL

ScnÈ SI ser-iv^s {fs s oMifres L'es, 71

fre-i el âft ,si i?mntTé aitanéité. mt on


apotir cete^t
ttati'cfi tfs en--

frcj /cjwies^' ùu •xuÉtvs


élites cey~'v/nm£s sciâ^Tui-attes
>?U&f, mt &ctA-eJ &r-s aue//^^j jcr--.

sertir j^-éiu^sj aiantanière au -

I cun Anâtâ tÙ fici/é ùianc/ie aui


' icu^ranâ- uiû-ÎV Lfur pend
-' r- (_ .9/9
um au é>aj tu cct'ps, et MCéJ cn(
uti-i'e- JÙacc icTi crie'recu u
tïs J ù/iu w eMj K /&/!/
yu. Lije(/ij fi}n{ .j/Zef /mut nu^ les t^tit-x'ccnt'me i^n'^/è svit-
v/u. Âa,
a{iet /'/«j
<-.

/ ?j.^n e /es eni-e tie e/n ité-feié __ Uie su»- leur ^ isane ien scrfe juti en est àcut cacne.œ^ane des cm
luf teur^isune
Turtant ^.e ivtr ics autres auàint,^
.__ ,^u II ^ur pùkit parie auc c£ ' ot/e est êmiis parenl-: ifl
raU jaA
l laii jau tC/esicni
, /(es ic. ce in^iHi:^ ane tes Â^/n^ntes nj et. acr ooti£^ /uun^-s •.tiitretitcfit e-ttes. he sc-nâc/taus'-
'eatts Faèciii-cÂes t niiUe^ '.\-iii .v aite cjt C'.j'~-''' itncj ip/t Suncpetrns, e^ s'Aaéi/ùent- c/Cteu-n â cett^-
.

juiJVfc.t ùpeti /jres (^ a(^£ cmtcutL c& <*/*? nuticn,. _-


^
'^•tIs aiii /- si^tit e/i lifT-t amnJ n&in^re, penc'ant att'ics Sffni en ce pais ^s'n^éû/enir ûrdinaîivm^nt
frf/ïtV.

ejcccpfe' ée /cnsa/, /c . ^misfre et & 'TAresûrier, ^


tr à çTatu' fumi-ért- t/e maûens êans cnac'ifne

. Ccmpaami^.gui
.\t ûri-hnac/^eiuent tj'etix eu â/vis marciuzHCs ^n Ccmt'a^^fu^. ûné- mua
atu imt r oJiznt.-u: C/iance/i'è^ et
/es aut/-e
nc/nàre .
/:':"'yr' uetpuif ee-mine ^'^rcs.
te ^n- pius e>rxsLnc ne> i6re atte tis .-IneHois. tna>ts o'i^ tte /eut
^rMief ceucm^nc ut ne seul l'izs si ricnJi jii cmH i a. earm^t eux écaitcm^p t)~ /rtisans et" .

s,e/s s'ir Aaai//cnt aussi à i i nia/iiinx iVj- -./ufes: tr/^tis i^ /t:^e-iLne/tféoù,/ou,i-s £e.u^r ivir ^

r 1
\k I

irOUiCc iZ.àpAt^L su/ ..U^JU^yli.*

qitcaére 2:>et*£i en/ans cvz éci4 r-e/vep

lU^té'ic^s ^atiLè<s e^ JTZeti:

i./" enseieO^j en. terr^.ni^is a^'ee: âa^i (^ n€^Je^.^^ice Zfiee/j

/< aiLeta,ues ttn&s sorfvt^nt ceAe^-s . Ûnnh pu en. tirer- è/e'Jejifin , ..

A iree aU' icné s'est trtma.-e pyerso^nne qtci ait a/eit/fi at^-T" à /es

^tâei i er.

. ûzttes ces -mi. et tou^ e^s restes c ^n/i..iuitcz font j-o,

a été <zjp3o-m.p,
/'a. et co/ maaninc&nce ce. cet/e 3^i//e autre, t

. ^xrreseTtt-
\rres ''&so-n& tous ccniù-e/rts ce .nt/Kâes et t^ à

ÙnsL ie é£*ns qui ce/ntit tcttt-


.4u TnarSrej £:s plit-s du'rs /kit je^nti}- ja, pu.issan.ce-

St àe ictUr ù iZrt h,u-meiî/n. tcrça^ztr ÙL-re^ista^ice


,^€ n.^ est' rie^n ict' cent ic ne i-ienfic à Sa//-.

i
-m
]' \

î
m
nïi

v^,

«J

^1
ANTIQUITEZ curieuses QTJI se TROTJVEÎfT ATJXl EN\
-£.
V" \^!is de Snw
-ferfiLi , viantée ile mutniits ikju;uiei-i.ac ^
côt& on. j'cit ^t aes lieux, de vliis.
lies iétri^ùts

ht- plus î&ile. ^ers^ecHve. dii tncn^ •

iDfuu cettx. plaine..


via à. tme iomte fieure l^ la Vilù.,
'e. iiuts îûn^att
afjelU. ^lanwe. auù-ementld. plaine- îks MMeia H.
mt'ûn. dit êtr-e des r^jvt-j d/m Jémpk de _/anuô . Cest

ania. deux entrées une au JVen^, et taitire^


. £
qu'on fiuilia ,iux envirûns ilyà mtelaue lems et.
la. Statiie de ^ ^arats tt 3eux j^a^ûS auLpU acfietee
^ J'euisé.- Ce.7iL confirme la petis^ Oue cétoit

U ^mt?ïe dd cette ^v'iniie' .

Siuniva â uneveiîtR lieue de la J'i& cnircuj'e&m ent


jort leSes '^daiûjuùes Jiyus ierre £n. lannee jSy.i taiv .

'trom/a. îe tomàeuu 3e ^arcas^aiius licnudn et de^


son. -fils Us deux c^rps étaient etieore l'un auprès de, y
lauirc OJ-ec leurs cutraifës et leurs iaiiis Â
fia- la TênJe dy
aroitiùz^ jnfcrifriicn $w^ue.é-Ur-

MartusPatiiLsfils deMfliTcusîkbms ielaFamille


G-aleiia.iùrnomme Jumus .a^e' de vingt et uq an
C^^inieau idi à presentiâut ouvrés ^jSiruJ-me dzns le-
^
JkrdiiLd'.écimei:.^. oà U sert àanefintaine' J'I/arûiir
telaue le rtipreJenie la. taille- doiue, fana a/amie a^-J^X ™

Jje las ^.clieJ- ^ue. l^n--. i-ûiù i^t-

JVT 3i . ikûib sur la. vor-te. Ji ui.

niaiJotL Mm.lw'C' £ul- s' dtant-lkttr-


.-

tav sci~upiJe, davGU^ une. un


tJiei l'aj-oit tnutx- de^ji^uree..-'-

C'est es- quit y a, ^^^^eux ^uan^


ces sortes ^cuiii^uit&z tcmiefitr-
ejitrd, les mains le ces Î^Ueles .

Jts Tss ^d^ent daierd en. leur


âtunt la tête., au. en. letir ^^^.'
rzinl le Ttsage . parce ^uil leur
est i^'lerl/l/i a^yatr aitatn^
loz
X,a, scuîvture <k c£. ias Jle- -

M ^Z" varoiù £u7ie. assez


main.- £1U- a^ûit^ dt& ap>ortee.-
par le. Tice.— Cens ut d-ltltenes
êûti/z&-

mais un. peu endofTimaaee . Sue


•fut enâdte. aparté^ en. Mhl^
lande' ûL en. tî.^a.rde& gml'
.

aite. tenu . £ll& est tt p^eu,


près teÏÏA ^u& ïa. reiTresente- ùt^

-figtu-& qu'on, a. mise, icv "


ÛTU
T.- Toit ces inûts .

MHNOAnPA XAIPE
C'eit à iire.
Adieu MeJiodora.
Eri: CCS a,^Ltres

ANTIOXE XAIPE
Adieu. Aîitioclius -

Cc' sont des mots qubn. meitoît^


sowyent sur les J^mietziù:^ r
a^ln. mie ceujc qui. passot£tlt~
pussent eit les lisant apreruo'e
le iwnt de la. persotute. qui y
était enterras. . et que- cela, les
avertit en rnêTne tents dejaire-
des 3'aux pjur elle- , parce, qtie'

la. superstitiem. JPazenne. crozûûr,

quâ ce là, pozn'ûit être, dung'


soulaeiement va

'mi^i'^ÊSsxm-
. .

''
M

SrS DE SMYRîfE ET SUE. EE CHEMITSr X)' JEpHESE.

Jjes Jûj'cs eityoni liert /a p/us^ra/ti£i paru.


i«-r Ls . Inmurnens et les ^u^, et atJtn i^s .

i^irc2c&s lous hs tùnum^es Jmis iem


leia-s

theitzui i^u-ie lait Jestùu^yaur ix.îx.. etdontthjc


yluL. aii^toiit ils i^u/ûtu's dacun. leur ^Jù^^ .

"- ' uL. est Lt. ^r-ertu£re- Je,


ti^ut 2é- Jjeo'ani: pour U
i i
j'ïiisseaux inarc^ ' Jertt .
._

va ti-i^ ïi niûusauàt J& U ViiU 'w ils vot-tent leurs


mui ÂwJises k icry-e. ojvc /le ùcU'^uj^s et, i&s c%a -
de la, ftiein^ nuutiere,
^
aisseaux £ule>L ^OJtent . Xâ. ^Fûrtr-
aie, cni/s'e y^ré éZ^f^.i^îe. , c'est uti.
"Ip/ia a dnvirvn, Auiir lieues Je circuzi—
îl II vresguc par assez A. etviôn. = tout:
"
et uiL Jôtt ion aneraae llr
_/' esc- .

•foû/auj-s plein. d£ tviites fortes


var ou l'ûfL

flcui'eiùs 3e tDiitr ce.

L^Jùiurejmr^ ,cl ,V:


JiiiL^mneL écriait i$^ .

cnire, h Cirque et l..éjipAi


'e, a Sries e, qu'crv civit être.

Jytaji£, , lu/ie. des seeâ mer^-eillcs


'fide,. où le. scderat S/v/irate
"Ut u, -feit. rour- etct-niser sa. me =
e ne T'a ayant azttrcment fâii-&
'1er de lut aptss sa- mort-.
tu. detizns de /a ponte du »1
^t du, J[/ord otv l'oit^ arao-e en,
f>ioire, un, homme k C/icyat
"- uft Chien. au,vfés de lui, ,

n,fie- aussi un, se,fy?e*tù guù


' i.orttllc. autour d'un, arire .

-D 'J, cotd du, niidv et> fiers de


^ i rie on, %'oi^ sur une. arûsse
i ti • ces mots en, lettres Jjotines

ACCENSO.
RENSLET.ASUE
I t (KJaiisJaporte ces autres mots

u\l P.VEBI.NIŒRH.

M.
HIAE VXORIS El.
'S comme toutes ces hitres m
nt rien dentier et que. ces in -

s sont rûmfiieè enjiai'lietles


rr ont: coniroints d'oJ'oitcr
jt / nh- bvuJ-ent aucune sens
ef
^u / u ^euj'eni nzéme en. imaainej-
// i leur coaj'ienne
tf l aut diTont ùLporée on voit-
e • pierre ou. sontoz-uy-cz ces me&
I N/OR CANTVSIVM,„^
Ji I S nt ûMsst, roTTums de sorte
.

'
^eut rien, cûmprendre .

I
'^^itJ&èSSBSSBiSBKSgmB
wn.

/
, . ,

Pag. îj;

DISSERTATION
SUR
L A R M E N I E
E T

LA GEORGIE.
Si
L s'en finit bien que la grande Armé- Quoique îa DliFertation fuivante , dcffinée en
nie foit aujourd'hui aulli confidéra- général aux Etats du Grand Seigneur en Afie, ren-
ble qu'elle l'étoit anciennement. Ce ferme par conféqucnt l'Arménie qui eft auiii fous
;
Pais protégé autrefois par les Ro- fa domination ; nous ne laiderons pas de parler ici
,
mains ,où les LucuUus, les Pompées en particulier de cette Région , dont nous tirerons
& les Mithridates ont conduit de la defcription des Auteurs qui en ont écrit le plus
nombreufes Armées , avoir fes Rois , dont la ma- récemment. Ses villes principales font Erzeron,
gnificence & les richefies ne contribuoient pas peu Cars, Van, Schildir, Tetlis, Revan, Derbent &
à fa réputation. Il palfa enfuite fous la domination quelques auti'es, parmi lefqucUes il s'en trouve qui
des Perfes , auxquels, fuccederent les Sarrafins. iont potredces par le Roi de Perle.
Quelques-uns croyent que Selim l'ajouta à fcs con- A i'égard d'Erzeron dont, nous donnerons le
,

quêtes après fon retour de Perfe , où il venoit de plan& la defcription dans la Planche fuivante
gagner cette fameufe bataille contre le Grand Sophi de pallage & de dépôt à toutes les
cette ville fert
ifmael. On trouve dans l'Hiiloire , que du tems Marchandifcs des Indes , fur-tout lorique les Ara-
de Selim , qui mourut en 15-10. ii y avoit un Roi bes font des courfcs autour d'Alcp de Bagdat. &
de la grande Arménie , &
un autre dans la petite, Ces Marchandifcs l'ont laSoyc de Pcrfc , le Coton,
nommé Atadoli^ à qui Selim fit couper îa tête, & les Drogues , & les Toiles peintes dont on vend
,

l'envoya à Vcnife, pour marque de la viftoîre qu'il très-peu en détail dans l'Arménie jufques-là, dit
:

venoit de remporter dans le Levant. On conjec- l'Auteur qui me fournit ce récit , qu'on laifleroit
ture que les Turcs s'emparèrent en même tems de mourir un malade faute d'un gros de Rhubarbe,
la grande Arménie , pour pouvoir pafler en Peife quoiqu'il y en ait des balles toutes entières dans le
fur leurs propres terres , lans fe fier aux Princes païs. Mais , comme on l'a remarqué elles ne font
,

voifins. Quoiqu'il en foit, dit un Auteur, nouveau qu'y paiTcr , &l'on fc feroit un fcrupule de les en-
& célèbre, l'Arménie ne tarda pas de tomber fous tamer le moins du monde. La feule chofe qui fe
la domination des Turcs , dont les Annales citées débite à Erzeron , elt le Caviar , ragoût décelta-
\i^x Calvi/àis marquent que Selim fils de Selim con- ble, qui n'cft autre chofe que des oeufs falez d'Ef-
quit l'Ai'mcnie en ijix. turgeons, que l'on prépare le long de la Mer Caf-
De tous les avantages qu*avoit autrefois ce Païs pienne. Ce ragoût brûle la bouche par fon fel, &
il n'a plus maintenant que ceux que lui a donnez la cmpoifonne le nez par fon odeur. Les autres
Nature par les bornes fa fituation.& Renfermé Marchandifcs dont on a parlé, font portées Trc- ;\

entre des Montagnes, des Rivières des Mers, il & bizonde, où on les embarque pour Conilantinople.
a au Septentrion les Monts Mofchiques , Mofcon- On y aporte de Perfe la Garance ou Roia , qui fert
tes ou Mefchiens , qui le féparent de la Colchïde pour les teintures des Cuirs & des Tories. LaRhu,-
de l'Iberie & de l'Albanie Au Midi , les Monts
: barbe y vient d'Usbccq pu Tartarie X^Semenci-
; &
Taurus & Niphate qui le féparent de la Mefopo-
, ne ou la Graine aux -vers vient du Mogol.
tamie ou Allyric A l'Occident l'Eufrate qui le
;
, Le, Gouvernement d'Erzeron rend au Pacha ou
fepare de l'Afie Mineure Et les Monts Calpiens
:
Vieeroi de la Province , trois cens bourfes par an,
lui fervent de bornes à fOrient du côté de la Me- chacune de cmq cens écus. Ces bourfes le pren-
die. Il n'ell prefque plus connu que fous le nom nent fur les Marchandifcs qui entrent dans la Pro-
de Turcomanie ou Curdifian , que liji ont donne fcs vince ou qui en ibrtcnt, la plupart payant trois pour
nouveaux Maîtres. cent ,& quelquefois lix. On exige de plus des droits
Tom. F. G coii-

^ I
,

rf:^a^'> t WàÀ 'litftfl'fT ^tjjrnifntrnuàin mm Sii

DISSERTATION
coiifidérablcs pour les efpeces d'or & d'argent. La C'eft où l'Evcque d'Erzeron fait fa refidence. Un
So3'c de Perfepaye 80, écus par charge de Chameau peu plus loin on trouve de belles vallées où l'Eu- ,

qui ell du poids de 800. à 1000. livres: Le Fucha frate ferpcnte parmi des plantes mcrveilleufes. Le
difpofe encore de toutes les Charges des villes de Paifage en eft fort agréable , &
les ruiffeaux qui
y
la Province, qui s'ailerment, félon l'ufage du Pais, tombent des montagnes font un fpeétacle fort di-
& le doment au plus olli'ant & dernier enchérii- vertiffant. Les uns coulent fimplement , répan-
feitr. Outre cela, tous ceux, excepté les Turcs j dant leurs eaux fans bruit les autres bouillonnent
:

qui fortent de la Province pour aller enPerfe,font dans de petits baflins bordez de gazon. Ils vien-
obligez de payer cinq écus dans Erzeron , quand nent tous de quelques fontaines qui font fur les
même ils n'auroicnt pas deMarchandifes. Et ceux montagnes , & qu'on affure être les fources de
qui ne portent que l'or &
l'argent néceffiiires pour l'Eufrate. On ne peut guère contenter fa curio-
les fraixdê leur voyage doivent cinq poiu- cent de la
, fité fur ce point, fans s'expafer à la rencrntre des
fomme dont ils font porteurs. Outre toutes ces Curdes, grands voleurs de leur métier , qui habi-
taxes on cxigeoit encore autrefois de tous les
5 tent ces contrées. Us logent fous de grandes Ten-
Etrangers de quelque Nation qu'ils fulfent la Ca-
, , tes d'une efpèce de drap brun foncé , fort épais,
pitation ordinaire, lors qu'ils entroient dans Erze- qui fert de couvert à cesmaifons portatives. Leur
ron. Elle étoit réglée différemment félon l'eili- enceinte, qui fait le Corps de logis , ell un quarré
mation que les Turcs faifoient des perfonnes , par long, fermé par des treillis de cannes delà hau-
raport h leur bonne mine, ou à leur équipage. La teur d'un homme, tapiirez de bonnes nattes au de-
Province d'Erzeron rend aufli au Grand Seigneur dans. Lorsqu'ils déménagent, ils plient leur Ten-
plus de 600. bourfcs en argent. Outre le Carach te comme un Paravent , &
la chargent avec leurs
ou Tribut, exigé des Armemcns&desGrecs,qui uilcnciies & leurs enfans fur des boeufs fur des&
en produit trois cens , le Sultan en tire encore lix vaches. Ces enfans font prefque nuds dans le
poLir cent de toutes les Marchand ifes de la Doua- froid. Ils ne boivent que de l'eau de glace, ou du
ne. II jouit aufii du Droit de Taille réelle , que lait bouilli à la fumée des bouzes de vache que l'on
payent les biens poifedez par les Spahis. amaffe avec ibin. Ainfi vivent les Curdes , en ehaf-
Il elb à préfumer que tant de Taxes dégoûtent fant leurs troupeaux de montagne en montagne.
bien les Voyageurs de vifiter un pais, où l'on atant Les hommes font bien montez, &
prennent gi^nd
de foin de dégraiifer leur bourfe. On pafferoit foin de leurs chevaux. Us n'i.nt quedeslancespour
peut-être encore par deiTus cet inconvénient, files armes. Les femmes v.int partie fur des chevaux;
routes de ce pais n'étoicnt pleines de voleurs, qui partie fur des bœufs. Elles portent des ba£,ue^ aux
dépouillent les Marchands jufqu'aux poites des vil- narines, font fort laides, &
ont iur le tout un air de
les. Les voleurs de nuit yibntlur-tout fortàcrain- férocité. Elles ont les yeux petits , la bouche ex-
dre. Comme les Caravanes font obligées de cam- trêmement fendue , les cheveux noirs & le teint
per, fi l'on ne fait bonne garde dans les Tentes, farineux & couperolé circonflancês peu prf'presà.
;

ces brigands viennent fans bruit pendant qu'on eft induire les Voyageurs en tentation.
endormi, &
tirent des balots de Marchandife avec Pour mêler maintenant quelque peu d'Eruditioiî
des crochets, fans qu'on les entende. Si les balots à ce récit , la montagne où Ibnt les fources de
font attachez avec des cordes, ils ne manquent pas l'Eufrate, doit être une des divilions feptentriona-
de bons rafoirs pour les couper. Quelquefois ils les du Mont Taurus félon Strabon, ik ce Mont
,

Jes vuident à quelques pas de la Tente , ou ils les Taurus avec les branches & les chaînes occvpe pref-
emportent tout entiers quand ils y fentent cer- que toute l'Alie Mineure. Dehys le Géographe
taines Marchandifes quiîeurplaifentleplus. Quand nomme le Moût Arménien celui d'où fort l'Eufra-
on part avant le jour, ce qui fe fait ordinairement, te, que les Anciens ont appelle 'Paryardes. Stra-
ilslé mêlent parmi les voituriers , &
détournent bon dit ailleurs politivement, que l'Eu i'ate & l'Araxe
!

quelques mulets à la faveur des ténèbres. Sur tout fortent tous deux du Mont Mos, qui eil une por-
les Peuples du Curdillan , qui defcendent , il ce qu'on tion du Mont Taurus. Pline allure que l'Euti-ate
croit, des anciens Chaldéens, tiennent la Campa- vient d'une Province appelléc
la Caramttde dans la
gne autour d'Erzeron , jufqu'-à ce que les gran- grande Arménie, que Domîtius Corbulo qui avoit
des neiges les obligent de fe retirer , &
fe mettent été fur les lieux nomme le Mont Ma^ & que Nu-
à l'affût pour piller les Caravanes. Ces vaga- tianus, qui avoit aulFi vu ce pais, appelle Capotes.
bonds, nommez Jaftdes, n'ont point de Religion, Eullathe, fur Denys Periegete , la nomme /khos.
quoiqu'on dife qu'ilscroyentenyd/îi^,ou_y(?yffj-,par Mithridate paffa par les fources del'Eufrateens'cn-
tradition. Mais ils craignent li fort le Diable, fuyant dans la Colchide , après avoir été battu par
qu'ils le rcfpcttent, de peur qu'il ne leurfalfe du Pompée. Il y a beaucoup d'apparence que l'adion
mal. Ils ne reconnoiffent aucun Maître & les ; fe pajià dans la Plaine d'Erzeron, les deux bran-
Turcs ne les puniffcnt pas , même lorsqu'ils font che del'Eulrate qu'on y voit aiant puêtreappellées
arrêtez pour meurtre ou pour vol. On le conten- fes fources par les Hiftoriens. Procope n'a pas
te de leur faire racheter leur vie pour de l'argent, connu ces fources, puifqu'il les fait fortir de la mê-
& tout s'accommode aux dépens de ceux qui ont me montagne que celles du Tigre. Il y a, dit-il,
été volez. une montagne en Arménie à cinq milles demi de &
A une petite journée d'Erzeron eft un ancien Theodojiof^olis-, d'où fortent deux grands fleuves:
Monartère, qui porte le nom de S. Grégoire , & celui qui palfe à droite s'appelle l'Eufrate, l'au- &
qui eil allez riche, quoique fitué dans un lieu très- tre le Tigre. Strabon , au contraire, a eu raifort
froid. Le Sel Ammoniac dont la terre eit pleine
, de dire que les fources de ces rivières font éloi-
en ces quartiers-là, y entretient les neiges pendant gnées de deux cens cinquante milles , ou de deux
dix mois de l'année. A
trois heures de la même mille cinq cens ilades. Pompée , comme dit l'io-
ville eff un autre Monaffère furnommé le Rouge, rus, fut le premier qui fit dreffer un Pont de Ba-
parce que fon Dôme eit peint de cette couleur. teaux fur l'Eufrate , dans le tems qu'il pourfuivoit
Mithri-

i
,, ,

Ill
SUR L' ARMENIE. 'n
Mthridate. Quelques Minées auparavant , Lucul-
lus avoit facnfié un Taureau à cette fameufe Ri-
vaux abattus &
fauver leurs balles de foye ou cel-
\
les de leurs amis. Car les Voituriers
viéi-e pour en obtenir un partage favorable. Turcs ne s'em-
,
baraflcnt pas des Marchandifes qu'ils conduifent
Pour ce qui elt de Theodofiop'oUs , on croit ordi- & ne repondent de Les Arméniens .-dans
rien.
nairement que c'eft l'ancien nom d'Erzeron , en les palfages des rivières , efcortent eux-mêmes leurs
fupofant que les habitans i'/lni^e fe retirèrent i
chevaux, & fe fecourent entre eux, aufli bien que
Theodojîopolis après que leurs maifojis furent dé- les Etrangers , avec un emprelfement très-louable.
truites, yirtze au raport de Cedren
, étoit un , Ils ne fe dérangent guère dans leurs manières.
grand Bourg, plein de richefles , habité non feule- oujours égaux
1 ils fuyent les Etrangers turbu-
ment par les Marchands du pais, mais aulfipar plu-
iieurs autres Marchands ou F'aéteurs Syriens,
lens, autant qu'ils
,

aiment ceux qui font pacifiques. W


Ar- Ils les logent volontiers avec
eux , leur donnent &
méniens &c. qui, comptant fur leur grand nom- a manger. Lorfqu'ils font avertis qu'une Carava-
bre & fur leurs forces, ne voulurent pas fe retirer ne doit palfer, ils vont un jour ou deux au devant
d'abord avec leurs efl'ets i Theodojiofolis pendant de leurs Confrères leur porter des rafraïchiilèmens
,

les guerres que l'Empereur eut avec les Mahome- ,


& fur-tout du meilleur vin. Non feulement ils en
tans. Cette dernière ville étoit grande puill'an- & offrent aux Francs , mais Os les obligent même par
te au milieu du XI. (iecle; elle étoitiituéetout
pro- leurs honnêtetez d'en boire à leur^fanté.
On les
che d'Jrtze, & paflbit pour imprenable. Les In- acenfe mal à propos dit l'Auteur de cette Relation
,
fidèles ne manquèrent pas d'alliéger ce dernier
d aimer trop ce jus de la treille ; puifque, bien loin
bourg, dont les habitans fe défendirent vigoureu- d'en abufer , on remarque que de tous les Voya-
fement pendant fix jours. Mais le General des af- geurs, les Arméniens font les plus fobrcs , les plus,
fiegeans, voyant leur opiniâtre refillancc, & apre-
hendant que la Place ne fut fecouruè, y fit mettre
œconomes &
les moins glorieux. S'ils portent en
foitant de chez eux des provifions pour les plus
le feu de tous cotez. Cedren all'ure qu'il y périt grans voyages , ils en raportent fouvent une bonne
cent quarante raille âmes ou par
le fer , ou par le
, partie. Ces provifions font de la farine , du bif-
feu. Comme la Place fut réduite
en cendres , il y cuit, des viandes fumées, du beurre fondu,
a apparence que reûes de ces pauvres habitans
les
du
S: les Marchands étrangers qui s'y vinrent établir
vin, de l'eau de vie, &
des fruits fecs.
Quand ils féjournent dans les villes, ils fe met-
dans la fuite , pour ne pas tomber dans un pareil
malheur, fe retirèrent i.T:beodoJwfolu
tent par chambrées , &
vivent il peu de fraix. Us
qui en étoit ne vont jamais fans filets. Us pèchent fur les rou-
tout proche.
Quoi
tes, &
mangent d'excellent poiflbn. Il troquent,
en foit , les Turcs , à qui le nom de
qu'il fur le chemin, des Epiceries pour de la viande fraî-
Thepdofîopolis parut peut-être trop long trop em- & che. En Afie , ils débitent la Qumquaillcrie de
barraflânt , donnèrent à cette ville le nom à'/lrt-
Vcnife, delfance, d'Allemagne. Les petits mi-
zé-rum, c'ell-à-dire,v^«sf des Grecs ou des Chré. roirs, les bagues, lescolhers, les émaux, les pe-
tiens ; Ritm , ou Rttmili en Langue Turque
, li- tits couteaux, lescifcaux, les épingles, les éguil-
gnifiant la Romanie ou la terre des Grées. 11 ne les , font plus recherchez dans les Villages
faut pas confondre cette viUe , avec une autre Theo-
que la Il II
bonne monnoye. En Europe, ilsportentduMufc&
'dojiofalis qui étoit fur le fleuve Abhorras en Mefo- '1
des Epiceries. La feule choie qu'oa peut repro-
potamie. On
peut juger par ce que je viens de cher aux Arméniens en fait de Commerce
, , c'eft
dire, que d'Jrtzenm on en a fiiit par corruption
tjue lorfque leurs aftàires tournent mal dans les pays
Arzeron ou Erzeron qui ell le nom que cette
, étrangers oii ils négocient , ils ne retournent plus
ville porte aujourd'hui. On trouve ;\ trois ou qua- chez eux. Quoiqu'ils difent, que c'eff parce qu'ils
tre journées de là de bonnes mines de cuivre
, d'où n ontpas le front de fe montrer après une Banque-
l'on tiroit la plus grande partie de celui qui
fe tra- route, il efl certain qu'alors leurs Créanciers
n'en
vailloit dans le fauxbourg des Grecs , qui fe ré- & peuvent rien tirer. Mais il faut avouer, d'un autre
pand maintenant en Turquie &
en Perfe. On af- côté , que les Banqueroutes parmi eux font très-rares.
fure qu'il y a auffi des mines d'argent fur le chemin
d'Erzeron à Trebifonde. ^
A
l'égard de la Religion , chacun fait que les Armé-
niens font Chrétiens, mais non pas à la manière de l'E-
.
Quant aux mœurs des Arméniens, ce font, dit- glifeRomaine. On les accufe d'être Eiitychietts , c'elt-
on, les meilleures gens du monde, honnêtes, po- i-dire de ne reconnoître qu'ime nature en JESUS-
lis, pleins de bon-lens&: de probité. Us ne fe mê- CHRIST,ou plutôt deuxnatures fi bien confondues,
lentque de leur commerce , &
s'y appliquent avec que quoiquils admettent les proprietez de chacu-
toute l'attention dont ils font capables. Non feu- ne en particuher, ils ne veulent pourtant entendre
lement ils^ font les Maîtres du Commerce
du Le- parler que d'une feule nature. Leurs plus habiles
vant, mais ils ont beaucoup de part à celai des plus
Evoques, pourfe laver de cette accufation, foù-
grandes villes de l'Europe. On les voit venir du tiennent quetoute l'erreur vient delà difettedeleur
fond de la Perfe jufqu'à Livourne; plufieurs étoient Langue qui , manquant de termes propres fait
, ,
établis à Marfeille, il n'y a pas fort longtems
; & qu'ils confondent lbuv£nt le mot de nature avec ce-
chacun fait combien il s'en trouve en Hollande & lui de perfonne. W n'elt pas vrai qu'ils excommu-
en Angleterre. Us palfent auffi chez le Mogol, \ nient trois fois l'année l'Eglife Latine , comme le
Siam , à Java aux Philippines
, dans tout l'O-, & prétendent quelques Ecrivains cette pratique ; &
rient excepté à la Chine. Soit qu'ils travaillent
, ne fe trouve point dans leurs Rituels. Les plus
pour eux, ou pour les Marchands de Suifa , faux- fotsôulesplus ignorans d'eux croyentîe/^^ir Evaii^
bourg d'Ifpahan , qui eit le centre de leur Com-
merce , ils font infatigables dans les voyages ,
gik, qui elt un Livre rempli de fables d'extra- &
& vagances touchant TEnfance de J. C. U dit , par
méprifent les rigueurs des faifons. Us ne fe font exemple, cjue la Vierge en étant enceinte., Salomé
pas une aflàire de paffer de grandes rivières à pié
fa fœur l'accufa de s'être abandmnée ; f^tie U Vier-
aiant de l'eau jufqu'au col , pour relever des che-
ge lui dit alors, qu'elle n'avait qu'à mettre la main
G i fur.

A
,

jWgggaigg^rtfyr*

DISSERTATION
fur fon ventre , ^ qu'elle connoîtroit bien le fruit que les âmes attendentle Jugement Univerfd daiW
Qu'elle portait, ^e Salome' y a'tant aplicfué lamain^ un lieu qu'ils placent entre le Ciel &
la Terre, où
il en fortit un feu qui la cG»fnm<i jnfqii à la- moitié elles fe flattentde jouir un jour de la gloire , quoi
du bras, ^telk
reconnut fa faute t^ retira fa main qu'elles foient dans la crainte d'être condamnées à
Ç^ fon bras parfaitement guéris , après les avoir uufuphce éternel. S. Nicon, originaire de la pe-
apliquezfur le même endroit far ordre de la Vierge. tite Arménie, nous a lailTé uii Traité des Erreurs
Ils prétendent que le Fils de 'Dieu fe ferott fait tort des Arméniens , clont l'Original Grecfe trouve dans
de pajfer par le fein d'une femme; qu Un en fit que la Bibliothèque du Roi 'V. C. Mr. Cotehcr en a
le feniblant , ^
que les Juifs firent mettre quekun donné une Verfion Latine.
en fa place. Ils difcnc aullî que J. C. étant à l'E- Le Clergé d'Arménie eft compofé du Patriarchei
cole pour aprendre V Arménien., Une voulut jamais des Archevêques , des Evêques , des Dofteurs,
prononcer la première Lettre de leur Alphabet, que des Prêtres Séculiers , &
des Moines. Le Patriar-
le Maître ne lui eût dit la raifon pourquoi elle re- che porte le nom de Cathoïicos depuis fort long-
M
f refente nue renverfée. ^ue ce bàu-bomme , qui tems. Procopc remarque que ce nom eft emprun-
7ie co7inoiJJoit pas l'Enfant E
J S V S , lui donna un té des Grecs. Les Arméniens ont plulleurs Pa-
Jbufflet, ^
que J ESVS
lui répondit, fans s'émou- triarches aujourd'hui fur les terres du Roi de Perfe,
voir , Hé bien , puijque vous lie le favez pas , je & fur celles du Grand Seigneur. Celui à'Itchmiad-
vais vous l'aprendre : cette Lettre_ repréfènte la zin ell le plus célèbre de tousiaufTi bien que le plus
Trinité par fes trois jambes : Le Maître d'Ecole riche; il a, dit-on, près de fix cens mille écus de
admira Ion habileté , &
le rendit à fa Mcre, Mr. revenu. Tous les Arméniens qui le rcconn .'iilent
Thevenot, qui raportè ce conte , ajoûtt qu'il y a un & qui pafTent ly. ans , lui payent cinq fols par an.
i0' Manufcrit Arménien dans la Bibliothèque^ du Roi T.
C.oùrhiiloire d: les inventions de leurs carafteres
Les aifez lui donnent jufqu'à 3 ou 4. écus. Avec
.

tout cela il eft tout à fait pauvre, puifqu'il eft obli-


font expliquer. Il n'en fait remonter l'invention gé de payer la Capitation pour ceux de fon trou^
qu'à 400. ans, &
dit qu'ils fe fervoient auparavant peau qui ne font pas en état d'y fatislàire; à qaoiil
de carafteres Grecs. confomme fon revenu , & y ajoute fouvent de fes
Les Arméniens content „ que J. C. étant à la épargnes. Ce Patriarche eft vêtu aufti fmiplement
„ chafle avec S. Barthélémy &
S. Thadée , il tua que les autres Prêtres. Il vit très-frugalement , &
„ cinq perdrix le long de l'Aras, &
qu'une infini- n'a qu'un petit nombre de Domeftiques. Mais c'elt
„ té de monde vint autour de lui pour l'entendre unPrélat des plus confidérables duMoiîde,parl'au-
3, prêcher; mais que k nuit étant furvenue , les torité qu'il a fur fa Nation. On afTurc qu'il y a qua-
J, deux Apôtres 1 avertirent qu'il faloit renvoyer tre vingt mille villages qui le reconnoilfentJ
„ ces gens. Jcfus leur répondit , qu'après avoir Les Curez &: les Prêtres Séculiers fe marient^
„ donné à leurs amcs la pâture néceiwire , il faloit de mêirie que les Papas Grecs, &
ne fauroient paf-
5, prendre foin de leurs corps, &
que pour cela ils fer à de fécondes Noces. Aufti choiliiTent-ils des
„ ii'avoient qu'à faire bouillir les cinq perdrix avec filles dont le teint promette une longue vie une &
s, une oque de ris. Tout le monde en fut rairafié forte fanté. Ils travaillent tous a quelque métier,

,^ &^ comme il ne faifoit pasclau', chacun crutqu'on pour gagner leur vie & pour entretenir leur famil-
„ lui avoit fervi une perdrix entière. Le Roi d'Ar- le. Pour aprocher de l'Autel plus purement, ils
5, menie, qui aimoitfort là chalî'e , en fut très-fâ- font obligez de coucher dans l'Eglife, la veille des
s, ché , &
ordonna qu'on fit mourir les Apôtres & jours qu'ils d àvent célébrer les Myfteres de leur
5, leur Maître. Jefus fe fauva dans l'Arche fur les Religion. Leurs Eglifes font d'une grande pro-
„ hauteurs du Mont Macis ; mais Barthélémy & preté. Il n'y a dans chacune qu'un feu! Autel pla-

ï, Thadée payèrent pqur lui". La plus plaifante cé au fond de la Nef, dans le Sanduaire, où l'on
hiiloire qu'ils racontent ell celle de Judas. „ Ce monte par cinq ou fix marches. Ils font des dé-
3, Malheureux, difent-ils, fe repentant d'avoir tra- penfes coniidérables pour orner ce Sanduaire , &
„ hi fon Maître, crut qu'il n'y avoit pas de meJl- il n'eft permis à aucun Séculier , de quelque quali-

„ leur expédient pour fauver fon ame, que de fc té qu'il foit, d'y entrer. Leur chant eft beaucoup
„ pendre &
d'aller aux Limbes, où il favoit bien plus agréable que celui des Grecs.
J, que J. C. devoir defcendrepour délivrer les âmes. Les Arméniens ont des règles particulières pour
„ Mais le Diable, qui le vouloir mener en Enfer, le Mariage. Un homme veuf ne peut époufer
„ lui joua un tour de fon métier. Il le foùtint par qu'une veuve. On ne fauroit chez eux contrader
J, les pics tout pendu qu'il étoit, jufqu'à ce que un troifieme Mariage , ce feroit vivre dans la for-
J.
„ C. eût fait fa vifite dans les Limbes , après quoi nication. De même une veuve ne peut pas époufer
« il le laiiïà chcoir, & l'entraîna à tous les Diables. un garçon, Mais on ne fait cequec'eft que de faire
Quoique les Arméniens ne veuillent pas entendre l'amour parmi eux. Les Mariages fe font félon la
Îvarierdu Purgatoire, ils nelaHIentpas de' prier fur volonté des Mères, qui ne confultent d'ordinaire
es tombeaux," &
de faire dire des MelTes pour les que leurs Maris. Dès qu'on eft convenu des ar-
Morts. Selonla plupart de leurs Prêtres , il n'y a ticles, la Mère du garçon vient au logis de la fille,
ni Paradis ni Enfer. Ils croyent que l'Enfer fut dé- accompagnée d'un Prêtre &
de deux vieilles fem-
truit, après que J. C. en eut enlevé les âmes des mes , & préfente à la future une bague de la part
Saints, auffi bien que celles des damnez. Quant à de fon fils. Le garçon fe montre en même tems ,
la création des âmes, ils croyent, comme Origène, tenant fa gravité, le mieux qu'ft peut, car il n'eil
qu'elles ont été créées au commencement du Mon- pas permis de rire à la première entrevue. ïl eft
de. Ilyaauifi des Millénaires parmi eux, qui croyent vrai que cette entrevue eit très-indiffcrente puif-
,
qu'après le Jugement Umverfel J. C. régnera pen- que la fille, belle ou laide, ne montre pas même
dant mille ans fur la Terre , avec les Predeflinez, le yeux , tant elle clt voilée On préfen-
blanc des !

pour les faire jouir de la Béatitude. La plupart des


j

te à boù-e au Curé, qui fait les fiançailles , fans qu'il


Dotleurs Arméniens font pourtant du fentiraent , '

foit ncceffairedepublicr des bans. La veille des Nô-


,

U:

1
\\

SUR LA GEORGIE.
Ces.Ie Fiancé envoyé des habits, tS: quelques iieures a-
pres il vient recevoir che/, fa Hancée
cune mefme. A
peine favent-ils compter au-deli
le préicntqu'el- de cent. Tout fe iait chez eux par
le veut lui Le lendemain on monte à clicval échange.
fitire.
on n'oublie rien pour en avoir des plus beaux.
, & A égard des Géorgiennes quoi qu'elles nefoienc
I
,
1
Le pas toutes des beautez par&ites
on peut dire que
l' lancé fortant de la maifon de la ftnure ,
marche le ce lont généralement de belles
premier, la tète couverte d'un rai/x-au d'or oud'ar- perfonncs,aiantiur-
tout un au- de fanté qui fait
gent, ou d'un voile de gaze incarnat , fuivant plaifir. Leur teint dt
fa Jouvent parfumé ii la vapeur des bonzes de
qualnc. Il tient de la main droite le bout d'une vache. Un
Voyageur moderne, qui a vu également celles
cemture , dont la Fiancée , qui le fuit à cheval des
Villes ec de la Campagne, allure
couverte d'un voile blanc , tient l'autre bout que la plupart des
ce K.eialtons nous en impofentbeaucoup
voile tombe jufques fur les jambes du cheval. Deux fur leur beau-
hommes marchent à côté du cheval de la Fiancée
té On ne peut les defabiifer d'un vilain 6rd dont
elles Je couvrent le vifage
pour en tenir les rênes. Les parons, les amis, la , pour conferver les an-
fleur ciennes coutumes du pais.
de la.jcuneHe,à cheval ou 1 pié,les accompagnent On verra leur habille-
ment dans la Planche fuivante.
a l'Eghle au l'on des hillrumcns, en procellion,
le Les Géorgiens , de même que les Arméniens '

cierge à la main, &:fims confufion. On met pie à payent la Capitation au Roi de l'erfc fur
terre à la porte del'Eglife, les & Fiancez vont juf- lix yjl,«g,s par tête
le pié de
, chacun de ces Aiarh valant
qu aux marches du Sanétuaire , tenant toujours h environ vmgt-dcux fols. On prefente i ce Roi
cemture par les bouts. Là ils s'aprochcnt de front, en hommage quatre faucons tous
& le Prêtre leur aiant mis la liiblc fur la tête, les ans, fept Ef-

demande s'ils veulent


prendre pour Mari &poui-
fe
leur claves tous les ti-ois ans , & vingt-quatre charges
de vm; mais on ne laiffepasdelui'en
Femme. Ils inclinent la tête en hgne de confente- envoyer beau-
coup plus. Outre cela , la plupart des belles
ment. Le Prêtre prononce alors la Liturgie filles du
du Fais lont dclhnées pour lonSerrail.
Mariage, fait la cérémonie des anneaux , LesGeorgicns
dit la & lont grans yvrognes,& boivent plus d'eau
de vie que
Melle. On fe retire enfuite chez l'Epoufe
, dans de vm. Les femmes pouH'ent cette
le même ordre où l'on étoit venu. dcbauche plus
Le Mari fe loin encore que les hommes
couche le premier , après avoir été déchaulPé par où l'on peut ju- ,
par ger fi elles font cruelles envers leurs
&Femrae,quiett chargée du foind'éteindre la chan- galans. C'elt
peut-être, dit mon Auteur, cet excès d'y
delle , & qui ne quitte fon voile que vrogne-
pour entrer rie , qui a gâte le beau ftng de
dans le lit. S'il ell vrai que ces gens aient Géorgie ; car il
la fim- trouve, comme je l'ai déjà remarqué
phcité d'obfcrver fcrupuleufement cette , qu'il a beau-
dernière coup dégénéré de ce qu'il étoit autrefois.
cérémonie , prendre femme en ce pais-là ell pro- On voit
prement acheter chat en poche ; car la plupart ne
parmi eux peu de boiteux d'ellropiez , fur-tout &
dans les terres les plus avancées où
quittent point leur voile pendant le jour ; en forte les F'rancs ne
lejournent pas car on accufe ces derniers
qu'un Arménien qui revient d'unlong voyage, ;
d'incon-
n'ell tinence par-tout où ils en trouvent l'occafion
cas aiiuré que la femme qu'il trouve dans fon lit
ioit la même que celle qu'il avait
On remarque qu'à Tefhs, Capitale de Géorgie,
en partant, la dcbauche ell très-grande
entre les Chrétiens,
aulh bien qu'entre les Mahomctans &
les Juifs Le
DE LA GEORGIE. vin cil la lource de tous ces defordrcs.
«riches, tout le monde y en boit avec excès
Pauvres
Ces
débauches leur lont fupportcr plus patiemment
le
CF.aupaïs,qui ell borné au Nord par la Circaffie,
Midi par la l'urcomanie & par
.joug des Seigneurs qui les traitent
avec tyrannie
l'Erivan, à Non feulement ils les font travailler à coups de bâ-
l'Orient par le Scirvan , S: au Couchant par la Mer

Noire, elt partagé en deux parties par leMontCau-


ton, &
enlèvent leurs enfans pour les \'endre à
leurs voilms quand ils ont befoin
d'argent , mais
cafe. La Partie Orientale, qui ell l'ancienne Jie-
rie& la Géorgie propre , eft tributaire des Perfes
ils prétendent avoir droit
de vie de mort & fur
; leurs fujets. Le vin gris de Géorgie ell allez bon.
& la Partie Occidentale cil tributaire des Turcs &r t.elui que l'on fournit à la Cour de Perfe ell un
répond ;\ l'ancienne Cokhide. C'eil en général un vm rouge qui aproche de celui de Côte-rôiie, mais
,

fortbon pais mais quand on ell particulièrement


; encore plus fumeux & plus violent. Les vignes
fur les terres du Roi de Perfe , on ell agréable- naillent en ce pays-là autour des arbres, &
ment furpris de voir les gens du pais qui viennent montent
fur leurs branches qui leur fervent d'éehalas.
vous préfenter toute forte de provilions, pain, vin, Les
Mahometans y boivent du vin ou s'en palfcnt fé-
poules, cochons, agneaux, moutons. Us s'adref- lon le goût du Roi.
,

Si le Prince ne l'aime point


fent fur-tout aux F'rancs, avec un vifage riant
; au illeur ell défendu d'en boire j mais ils
lieu qu'eii Turquie , on ne voit que des vifages fouffient
fe- impatiemment , en ce dernier cas , d'être obligez
rieux, qui vous mefurenr gravement depuis les pies de s'accommoder au goût de
jufqu'à la tête. Ce qu'il y a de meilleur , c'eil que
la Cour. Le Prince
de Géorgie a plus de lix cens Tomans de rente,
les Géorgiens méprifent l'argent
, ne veulent & luivant la manière de compter du Pai's. Un
Tourna
point vendre leurs denrées. Ils ne les donnent vaut II. écus &: demi Romains. Ses revenus
pas
pourtant; mais ils les troquent pour des bracelets, con-
lillent en 3 00. Tomans de penfion qu'il reçoit du
des bagues, des coIUers de verre, de petits couteaux
Roi de Perfe , et en ce qu'il retue de la Douane
&c. Les filles fe croyent plus belles , lorfqu'elles de Teflis ou de l'entrée des eaux de vie
ont cinq ou lix colliers pendus au col qui leur
, des &
, melons. Le tout va à près de joo. Tomans , ou-
tombent fur gorge. Filles en ont aulK les oreil-
la tre ce qu'il exige fous prétexte de régaler
les Grans
les garnies. Ces peuples , comme dit Strabon, qui pailent par Teflis. Le pa'is lui fournit des mou-
font plus grans &
plus beaux que les autres hom- tons , de la , du heure ,
cire &
du vin. Pour les
mes , mais leurs moeurs font très-iimples. Ils ne fe moutons, il en relue un par an de chaque famille,
fervent d'aucune monnoye , d'aucun poids, d'au- ce qui fait le nombre de 40. mille ; car quoi-qu'il
Tom. V.
" y
DISSERTATION SUR LA GEORGIE.
foixante mille familles en Géorgie, il n'y en a confiner toute leurReligion à bien jeûner &fur-tout
y iiit

que 40. mille qui noiirrillcnt des troupeaux. Al'c- àobrerver le grandCarcme,firigoureufcmcnt, que
gard du vin, on en donne quatre mille fommes ou lesRehgieux de la Trappe ne le feroicntpasmieux:.
charges au Prince. Cependant , non feulement pour l'exemple , mais en-
Comme on trouvera dans la Planche fuivante la core pour éviter le fcandale, il faut que les pauvres
vue & la dcfcript ion de Tcf 1 is , je ne m'arrêterai point Capucins Italiens jeûnent fansnécellitéauflilouvent;
ici à décrire cette ville.Cc qu'on y voir déplus remar- & auili févérement que les gens du païs. Les Géor-
giens font fuperititieux qu'ils fe iéroient batilér
quable, ce font les Bains dont les foureesfont très- fi ,

belles &
ont une chaleur fuportabie.Outrc l'eau chau- unefeconde fois,s'ilsavoiem rompu leur jeûne. Ou-
&
de , il y ena aulli de la tiède de la froide. Ces Bains tre l'Evangile de J.C. ils ont IcPetit Evangile, dont
font très-bien entretenus, &
fontprelquetout ledi- j'aidéjà parlé, qui court en mamiferit chez eux,&
vertiflcmcntdesBourgcoisdeTeflis.Leurplus grand quine contient que des extravagances. Onylit,par
Commerce ell en fourrures. La foyc dupais ne palfe exemple, „queJ.C. étant enfant, aprit le métier de
point par TctUs, pour éviter les droits exceilifs de la „ Teinturier , & qu'étant commandé par un Seigneur
„ pour aller en commiifion tarda trop à venir fur
Douane. Les Arméniens vont l'acheter fur les lieux, , il ;

& la Smyrne ou aux autres Echelles de


font porter à „quoi ce Seigneur s'impatientant alla chez fonmaî-
la Méditerranée. On envoyé tous les ansplusde deux „tre pour en aprendre la raifon. J. C. étant arrivé
mille charges de C'hameaux,des environs dcTeflis & «quelque temps après , fut irapé par cet homme,
du relie de laGeorgie,à Erzcron,dela racine appcUée „mais le bâton dont il s'étoit lervi , flcm-it fur le
Boiayquiien pour les teintures. Le Bazar deTctlis „ ciiamp , & ce miracle fut la caufe de la converfion
cil toujours bien fourni de toute forte de fruits , fur- „de ce Seigneur, &:c.
tout de prunes &
d'excellentes poires debon-Chrê- Lorfqu'un Géorgien vient à mourir, s'il ne laifle
ticnd'Eté. La maifon du Grand Vizir ellla plus belle pas beaucoup d'argent, comme c'cll l'ordinaire, les
de la ville. Les apartcmens font en enlilade, mais bas,à héritiers font enlever deux ou trois enfans de leurs
lamode du pais avec des frifcs de Heurs d'ailèz mau-
,
vairaux,& les vendent auxMahometanspour payer
vais goût. Les Tableaux d'hilloire ne valent guère l'Evêq ue Grec,à qui on donne jufqu'à cent écus pour
mieux, les figures en étant ma! dellinées,mal colo- une MelTe des Morts. Le Catholms^ ou l'Evêque
rées , ik encore plus mal gi'oupées. Le plâtre ell fort Arménien, met fur la poitrine des Morts de fon Rite,
commun en ce païs-là. On le peint i trefquc d'une une Lettre, par laquelle il prieSt. Pierre de leur ou-
manière qui n'elt pas dcfagréab'e. vrir la porte du Paradis ;cnfuite de quoi, on les met
dans le Suaire. Les Mahometans en lont autant pour
y a dans cette ville un Couvent de Capucins Ita-
Il

liens qui ne font que trois, deuxPeres un Frère. La & Mahomet. Lorfqu'une perfonne de conliderationeft
Congreaati-.m de la Propagation ne leur donne que malade, on confulte les Devins Géorgiens, Armé-
zf.écus-Romainspartêtc, qui font environ loo. li- niens , Mahometans , qui affûtent ordinairement
vres de France mais on leur permet d'exercer la Mé-
:
qu'un tel Saint ou un tclProphcte cil en colère: que
decine , qu'on fupofc qu'ils lavent , ce qui ne lailVe pas pour fapaifer & pour guérir le malade, il faut égorger
de leur apovter quelque profit ; car fi le malade guérit un mouton , & faire pîufieurs croix avec le fang de cet
par hazard , on envoyé du vin au Couvent , aulli bien animal. Après quoi on en mangela viande, foit que le
que des vaches , des moutons ikc. Et s'ilmeurt , ou s'il malade guérilfe ou non.Les Mahometans ont recours
ne guérit pas,les Médecins nefont pas payez.Cc Cou- aux Saints Géorgiens, les Géorgiens aux Saints Ar-
vent eit allez joli. On y reçoit tous les Francs qui paf- méniens & quelquefois les Arméniens aux Prophè-
,

fent parTellis , Se leur bofpice apartient auxCapu- tes Mahometans. Mais ils font tous d'intelUgence
cins de la Romagne. Le Supérieur prend la qualité pour faire des fraix au malade , & choififTent leurs
à^Tr^fet des hhjjions de Géorgie. LesTiieatins,qui Saints fuivant l'inclination ouladévotiondesparens.
étoient dans k Colchide ou Mingrelie,recevoient^au- En ce pais-là comme en France
, &
en Italie , on
trefois delà mcmcCongregati. n cent écuspartcte, élevé la plupart des filles dans des Monaftéres ce ,

& ils étoient devenus Seigneurs d'une ville mais il ; I


qui fait qu'elles font mieux inllruites que les hom-
n'y a plus maintenant qu'un fcui de leurs Religieux mes, de leurs fuperflitions. Elles y aprennent à lire
ciuiylalfe fa rcfidence, les autres s'étant retirez. Le & à écrire. Elles y font reçues Novices puisPro- ,

Patriarche ou Métropolitain des Géorgiens recon- feffes, après quoi elles font les fondions Curiales,

noit le Patriarche d'Alexandrie, tous les deuxcon- & comme de batifer &
d'appliquer les faintes huiles.
vienncnt que le Pape cil le premier Patriarche du Leur Religion ell proprement un mélange de la
Monde. Quand celui des Géorgiens vient chez les Grecque &
de l'Arménienne. Il y a quelques fem-
Capucins, il boit à la famé du Pape, mais il ne veut mes Mahometanes qui font Cathohques en fecret
paslereconnoitreautrement. LeRoidePerfe nom- dans Teflis , &
celles-là font meilleures Catholi-

me le Patriarche de Géorgie, fan s exiger ni préfent ni ques que les Géorgiennes , parce qu'elles font plus
argent. Celui des Arméniens au contraire ,_ qui le inllruites. Les Capucins lesvifitent, les confeflcnt,

tient àErlvan,dépenlc plus de vingt mille écus en &leur donnent la communion chez elles, fous pré-
prcfens pour obtenir fa nomination, ik fournit chaque texte de leur donner des remèdes pour des maladies
année toute la cire qui fe brûle dans le palais du Roi. fupofées. Elles viennent aulli quelquefois dans leur
Ce Patriarche ell fort méprifé ^ la Cour , de même Eglife , mais elles s'y tiemient debout , fans ofer
que les Arméniens; on les regarde comme un Trou- donner aucune marque de leur foi. Il y a cinq
peau d'Efclaves qui ne peuvent s'aguerrir ni fe ré- Eglifes dans Teflis, quatre dans la ville une dans&
volter. le fauxbourg. La Métropole des Arméniens s'ap-

Pour ce qui elt delaReligion dupaïs, elle efl:pref- pelle Sion. Non feulement les EgUfes des Chré-
que étoutée par i'ignorance& lafuperilitionquirè- tiens ont des cloches &
des clochers, mais fur ces
gnent parmi ces peuples. Les Arméniens n'en lavent clochers, ils ont des croix, chofe très-remarquable
pas plus que les Grecs, & les Grecs aufli peu que les dans le Levant.
Mahometans. Ceux qu'on y appelle Chrétiens, font
VUE
/1

ii
,

Carte DE LA. Grèce contenas^t iJEtatpreseis^t de ei

>IK

Attéii &st t.

iam. / tôt, Jiiin.pié jtLf ,^tau£ùc<. ils a

'
cn£ pa.?v erti,r q-ti/a e£re Ci/ /l^^uOf ^a*li /'tn^.^^Aif»rt^^ du- I

. /^t

jau.t^fn£nà ee j£U,rzie4-/, c^fn^ni.,

J'acreil : c 'etsù^ ou-t^ ^eci^ Ciipcse


,//,^/a^C

j^ien-t, se m /^ten£- piz^ u,ite- -y "

mu re^cim.fteùrsenùpoiif aùJ re/uù


Z^Z. àj'è-aiLej, an^a^-e ^e~s J^^elep^^z-^z^
I4i£^
/'.''^'/"•S
icutiJ -àâtiX.^ ^^"r-, C^.éov»rj, eu t^sA-ifieu<xJ0 i l'n/r.
.^^i/i^â xnUsauïù eat défO'rTt^ e&
est cé^a/m«y ù c/i^çA^a
rtétvi("rf ^Jt
^Jt p-.~ iiÂ^:^i t^a i^i^
--
: .
Janj &s /laét'ès Je ires ^erfi.ie-f-j .

6'£^âse ^i-ec4Mi^.^Z es£- par-m,i^ ai


^ îl^serUr a-fa^n^ au» cl e-ùm _Aj'^/'

'
h" /-„_.. ^^.
ca na ^iz^cUtre-inir pas j
fti^
f
Grecque k ce oui regarde les liccuÈsiASTipuEs

^1

recgiie .

1 ^ i .,.

.&C î js^ ny^ iinù^^ ,férf


.:^cux epiiu

Bt^ éotC/4f7tJr-J .&., " n/hna?vis.


f' ^ cy n",
Jésus chi^ist est va/n^tt^ur^. On^n-e ^c in^ piDi^t Cil. preàr^è a*cM

^r-ce. /V 'e^afi^fu^f^i£^ je/as ^u^J


%ijffî^ ?-artçcnncnà' <^ ^afezj. Tne-nzA à. ig a-tts /i?Mj --

t irvi^te^n^ pfêiAn/ta^i'e
•^ce- ^tt^/yt

(Sd- cAa^A^à Z^^-... — "- ^^,'^~,i~ —. — .- jT ^^ I.- '•


it6a/n,fTt07i?u.


\ \

'/
4f,'

JJ^' £ ^>* ij^t*


Empire
CarteAvecjmxmei: Table de la LonrititAe
des Turcs
& Latitude
e^^ Asie
des piiiicijjalis

6 aaili J'y ^aU. èiuxp


lMmFIRE des JtB. s n its

en V 'Ùic •ffe/ti. ^rtau£ . ^ est ^oi «>/-


./aXc,

\Ù>e£.

e^^^i

djz. Jojyuù: JtMi-c^i 'nimvnà ^a, .lUZ,


'S'-'"
-teciàm. ài ai/aumei
iàivi/i'cices o vus C tats
t#-
tTràuutire/Tzcnt et ^aCeiveaac. ariznJs Cfcm Cen, d/aji^ tacots

*«;, ye.CJ.! et partit: iv m Crc


«r3.<a.
-etàe l Cscioi yi
hCya ààr KJan xipe pai^e e .<&,;.

J&G„,
amainùeaeUL:jt^iianie.faLrKce^ro^,&-^^eia.
oui coTtiie/iî &.)>aréie. de la •.aaateiMo/^-ns.aïu. Ai Jci^a J. t^aiMCctcais
. .

^ tjâ/yiaatis ou. petits ûiyiii'cTi£iticns,àe ^c


^ or ^ „A"«,, Si,.-
•oani. aiu canw'vnà ùiv. ^(^J^,ia^^ ci i'^QbJe, au. i£<^a.J. tJ^^ù.tuxls .0^. Gifomîtcu. àe'lû^ai-

iTtùao. i/â^ùuizis .^e Cyuv: t.^jiataca& .Ole Ci/piv j. Uamiaaits^eJ}a/nas,.ta.tJai J(S,


•e^S.

û
.CilÙtfIS

•IL
?r
^i£iuttie:i-efs tj* Sé,-

•ûuxits.à^J an a^.
tJaytaia

B^*'
Afrique, ses parties,
DIVISE da^s toutes TN-puyeaiix. ^1
ie cette cS'te : le tottt iresre fur les Mémoires .^„.k3,-5,...v,,.
lui
IV )l
i\

Pag. 19

à
.

PREMIERE DISSERTATION
s U R L A n
TURQUIE
EN ASIE.
§N peut dire , fans crainte Je trop dire, depuis les frontières les plus reculées de li
hazardcr , que cette valle PuiiTan- Pcrfe , jufques au Détroit de Galhpoli , ou des Darda-
"U ce efl un des plus grands fujets fur nelles. L'air n'y ell pas d'une égale température.
'
lefquels on puiile réfléchir. N'é- Dans la partie Septentrionale qui comprend l'Ana-
tant dans l'on origine prefquc tolic , la Sourie , le Diarbeck , l'Arménie ou la
,
'

rien ; n'étant que comme un grain Turcomanie , & quelque partie de la Géorgie, le
de mauvaife femence ,d'une maniè-elle multiplia Ciel doux ik le climat fort tempéré mais
efl: fort ;
re à couvrir de grands efpaces daus trois Par- les il chaud dans l'Arabie & quelquefois mê-
elt plus ,

ties de l'ancien Monde ; occupant je ne fai com- me fl brûlant, que fans la rofée qui tombe toutes les
bien d'Etats en Afie &
en Afrique , auiR bien qu'en nuits & qui en modère la chaleur on auroir bien ,
Europe. de la peine la fuporter.
:\ La plus grande partie
En effet ,Grand Seigneur poflede du Levant
le du terrein que le Turc pofléde en ce Païs-là cftfa-
an Couchant depuis Belis de îa Gomare , ou l'ex- blonneux, mculte & infertile fl ce n'efl aux envi-;

trémité occidentale du Royaume d'Alger , qui lui rons des rivières qui font fort rares, & vers la Mer
eil tributaire, jufques Balfore qui eJl au bout du
;\ où il elt un peu moins ingrat. Mais ailleurs , la
Golfe Periique,un cfpace de huit cens Heués pour terre produit tout ce qui elt néceffaire à la vie.
le moins ;& du Septentrion au Midi, depuis Caffà Elle abonde en froment, en orge, en fruits 8c en
de la CherfonefeTaurique, ou plutôt depuis leTa- coton. On y recueille en quelques endroits d'ex-
naïs au-dellus des Palus Méotides, jufques à Aden cellent vin , &: du fafran en abondance. 11 y a de
qui elt à l'embouchure de la Mer Rouge , ou Détroit très-beaux pâturages , où Ton nourrit un grand nom-
de Babel-mandel , un autre efpace de fept cens bre de chevaux , &
de chèvres blanches, dont le
lieues. En Afie, il a la NatoUe, la Sourie ou Bo- pofl efl doux comme de la foie. On y trouve des
rillan,la Turcomanie,leDiarbeck les trois Ara- & mines d'argent , de cuivre , de fer d'alun , du &
bles; & ces quatres parties comprennent un grand crirtal, de l'orpiment, &
de l'aimant, dont la ville
nombre de belles &
valfes Provinces. En Afri- de Magncfie a tiré fon nom. Les citrons , les
que , il a le Royaume de Barca l'Egypte. Les & oranges , les figues y font communes en bien des
Etats de Tunis , d'Alger , de Tripoli font ibus & endroits , de même que les palmiers , le miel , la
fa proteftion. Les Princes de Tranfilvanie , de
Moldavie , de Valachie , la Repubhque de Ra- &
cire, la calîé , la canelle , l'encens , la mirrhc &
plufleurs autres Les chevaux y font
aromates.
gufe lui payent tribut Et les petits Tartares dé-
: beaux &excellcns, moutons fort gros, &: tou-
les
pendent de lui, &
le reconnoiilent pour îcur Pro- tes fortes de gibier & de poitîon s'y trouvent en
tcdeur. Enfin , pour avoir une idée plus parfliite abondance. Le long des côtes dans les places de
de cet Empire, il faut remarquer , qu'il elt divifé Négoce, il fc fait un grand commerce par le tranf-
en vingt-cinq Gouverneniens, dont il y en a un en port des marchandifes du Levant. Exiles confillent
Egypte , fept en Europe , dix-fept en Afie. & en cuirs, tapis, cotons, camelots, étoffes defoie,
Entre ces Gouverneurs , il y en a deux nommez épiceries. C'elt-pourquoi toutes les Nations de
Beg]ierbeis;!es autres font Baflàs ,& ils ont fous eux l'Europe y tiennent des Conluls. Les Chevaliers de
d'autres petits Préfets. Maite n'y font aucune entreprife, en confldération
L'étendue de la Turquie en Afie , du Sud au des PrinceiChrétiens.Le Grand-Seigneur y tient des
Nord,e{l d'environ trois cens vingt-einq lieues, & Bâchas, ou desBeo;lierbeis,qui ont fous eux plufleurs
d'environ cinq cens d'Orient en Occident, c'elf-à- Beis , Sangiacs &
Timariotb , pour maintenir les Peu-
Tem. V. I pies
DISSERTATION
pics dans le devoir & empêcher qu'on n'infulte les Quoi qu'il en foit , on ne peut raifonnablcmenC
Mahomet
'

Etrangers. difconvcnir que n'ait été un très-habile


Les Turcs quihabitcntkpartieSep-
Afiiitiqucs, & Fourbe. Voici la peinture fine
très-illultre &
tentrionale de cet Empire, fout prcfque tous gref- délicatement touchée que hous en lait un judicieux
fiers, ignorans & parelleiix. Ils aiment la bonne Ecrivain.
chère & toutes fortes de fenfualitez , & ne fe con- Sous l'Empire d'Héraclius, l'Arabie vit fortir du
tentent pas des plaifirs que la nature permet avec fond de fes deferts un de ces hommes remuans &
l'autre fexe. Ils fontpcurtant jaloux de leurs Fem- téméraires, qui ne femblcnt nez que pour changer
mes, & exercent mille eruautcz fur leurs efclaves. la face de l'Univers. Celui-ci flit d'autant pluspcrni-
Ceux de la partie Méridionale de l'Arabie Tur- & eieux,qu'il cachoit une poh tique adroite une ambi- &
que font plus fpiritucls , plus induftrieux , ëc plus tion demefurée, fous une grolhércté de mœurs, qui
fùbtils. Ils même
grand foin de cultivcrla ter-
ont ctoit moins un défaut de la nature que de l'éduca-
re. Ils nourrillent un grand nombre debcffiaux, &: tion. Elevé dans la fcrvitudc , il lut fe faire un
fur-tout de chameaux mais ils font grands vo-
; peuple & des fujets. Aiant par une pénétration ,

leurs ," &


l'on elt contraint de marcher en groflès naturelle, découvert que IcFanatifme eft l'endroit
troupes pour fe mettre à couvert de leurs brigan- le plus foible du Genre-humain il fe fervit de ce ,

dages. penchant commun pour affermir les fondemens de


Pour ce qui efl: de la Rehgîon fuivent pref- , ils fa Monarchie. Il débuta par s'ériger en Légifla-

que tous les erreurs de Mahomet. On y voit des teur. Son ignorance ne lui fut point un obllacle:
juifs , des Grecs divilez en pluiicurs Seétes , dont fou habUetc alla jufqu'à profiter d'une maladie à la-
les principales font celles desMelcliites,des Nelto- quelle avoit le malheur d'être fujet ,
il à faii-e &
riens, des Diofcoridcsj des Arméniens , desjaco- pafîcr pour
les effets d'une infpiracion célefte , les
bites &
des Maronites. Les trois premières ont convulfions dans Icfquelles il tomboit fouvent. Il
trois Patriarches , outi-t celui de Conllantinople, n'employa pas moins adroitement le penchant du
qui font celui d'Alexandrie , celui d'Antioche qui cœur humain à la volupté ; & il trouva moyen de
demeure à Damas, &
celui de Bethléem. Les Ar- latisfaire fes defirs,en autorifant ceux des autres.
méniens en ont deux; l'un fait ion fejour dans le Cou- Il eut même le fecret de donner :\ fes Sénateurs

vent d'Ecmearin en Géorgie , ik l'autre à Sis dans une idée toute Payennc fur l'état des âmes dans
l'Adulie. Lesjacobitcs en ont un qui demeure i la l'autre vie, afin de leur laire méprifcrla mort dont
Caraemit, dans le Diarbcck ou Mcfopotamie. Les les frayeurs auroient pu retarder les progi'ès qu'il
Chrétiens font fujets au Carage , qui elt le tribut dont méditoit. Ainfi on ;peut dire de lui , que la voie
j'ai dqa parlé. Les plus riches payent jufques à des plaifirs le conduiiit à un degré de puiilànce , où
cent cinquante Pialfi-es par tête, <k les pauvres en les autres n'aiTivent qu'avec peine&: àforce detra-
payent quatre. Les femmes lesiiîles, les Prê-& vaux.
tres, les Moines, &: les Rabins en font exempts. Suivant ce portrait-là , &
fi la pelntm'e e[\ ref-

L'Empire Ottoman doit fa naiHânce à l'Arabie femblante , Mahomet, à la vraye Religion près,
deferte;& un CHmat des plus ileriles donnale pre- n'avoit-il pas toutes les quahtez eflenciellement re-
mier Etre à cette énorme &: monrtrueufc Monar- quifes pour fonder un Empire ? Conciher la fu-
chie. Un petit Individn de l'Efpcce humaine arri- perlfition avec la volupté, c'eit remuer les hom-
ve furlaTerre;&qu'y vient -il fliire? Dans les vues mes par les mobiles qui ont le plus de pouvoir fur
profondes du Conducteur de l'Univers, dans le fc- eux; &: par le moyen de ces deux puillantes ma-
crct adorable de ia Providence Mahomet vient au , chines, il n'y a rien à quoi on ne puiffe amener les
Monde, comme. un inllrumcnt en la main de l'Ou- Mortels. Mais s'enfuit-il de là que le Mcilte Ara-
'

vrier gênerai , pour donner lieu vV des révolutions be ait é! é conduit far la voye des plaifirs à un de~
furprenantes,foit pour le Culte religieux, foit pour gré de puijfance où les autres n^arrivent qiiavec
la domination temporelle. peine ©à force de travaux ? C'efl ce qui ne pa-
Les delfcins de cet Arabe extraordinaire aiant eu roît pas alfez clairement; &
n'en deplaife au Pein-
des fuccès fi rapides &
fi iieureux,iln'e]l pas éton- tre, fon dernier trait de pinceau n'a pas toute la
nant que fa Pofteritc fuperlliticufc en ait faitle Fa- julfelle fouhaitable,
vori de Dieu , &
qu'elle l'ait fmgularifé par des mi- Oli font donc ces grans plaifirs qui ont ouvert à
racles. Le merveilleux &
le furnaturel iiéent bien Mahomet le chemin du rang fuprème Si je neme ?

aux Fondateurs des Sociétez humaines aulîi les : trompe on ne peut nommer que la Polygamie,
,
vieilles Chroniques &
les anciennes Traditions ne Or la plurahté des femmes eft ordinairement un
manquent-elles guère de leur en donner; &: par cet furcroît de peine & de chagrin. Hors cette vo-
endroit-là l'Impolleur avoit grand fujct de fe tlater lupté, fî c'en efl une,laReligion Turque n'a-t-elle
qu'on l'éleveroit bien haut au-dcifus de la condition pas fes fâcheux endi'oits? La CirconcifionJ'abilinen-
mortelle. ce du vin , d'autres ufages dont les fens ne s'ac-
Nous autres Chrétiens nous fommes très-perfua- commodent point, rendent , ce me femble , cette
dez que Mahomet n'a été rien moins qu'un Pro-
, Loi-là plus étroite que commode. Pj-etendez-
phète & quand on nous prouveroît démonrtrati-
; vous que la ferme perfuafion des délices futures dij
vemcnt que Mahomet a fait des prodiges , nous Paradis Mahometan fut ce qui aplanit abrégea la &
n'en ferions pas moins fermes à nier le fait; ou du route du Cotiquerant ifme au faux Prophète ? H
moins , ce qui efl une grande reifource en pareil faut ne guère connoicre les Hommes, pour croire
cas, nous citerions d'abord l'Ange de ténèbres tra- que l'efperance des biens à venir , de quelque na-
vefli. Ce ne peut être , dirions-nous fans balan- ture qu'ils foient , faffent aflèz d'imprefTion pourin-
cer , &
nous aurions raifon , non ce ne peut être fiuer fur la Morale &
fur la pratique. Quel-
que Belzebut , le Prince des Diables , qui a favo- ques-uns agilîent confequemment : mais , bon
riféce Lcgillateur , &
qui en a fait un Saint pré- Dieu! qu'ils font rares. Le Commun fuit l'inf-
tendu. tinéf machinal ; & la croyance des chofes invi-
ii-
SUR LA TURQUIE EN ASIE. 31
fihics
tion.
ne sétep-d qu'à une iroiàc èl: lleiile spécula- fa Patrie , il la remplit de carnage dliorrcurj
C'ell pourtant cette même ville qui ell aujoui-d'huî
& m
Ne pourroit-on donc pas former une meilleure le centre du Culte Mahometan depoiitaire des :

conjecture ? L:i voici. Apjrcmmcnt notre Arabe precieufes Reliques du Legiil:Ucur, les Pclerms y
étoit a la fois un grand Guerrier, un inlignc Hy- & viennent en foule de toutes parts ce lieu de dé- ;

pocrite. Comme Guerrier, je me figure en lui la votion renferme des richelfes immenfes ; on le &
prudence , l'aflivité , la valeur , l'intrcpidîté en ; vilite avec tant de foi , tant de vénération tant ,

un mot, toutes les vertus d'un bon rave Capitai- & d'étonnement, & de pieuiê onction, que les plus
ne. Comme Hypocrite, il eut radreiîe de aire ac- I zèlez Mululmans , ravis d'avoir vu ce Sanctuaire,
croire à fcs Troupes tout ce qui lui plut fur le cha- dont, à ce croycnt, rien ne fauroit aprocher,
qu'ils
pitre de la Religion ; il leur prêcha , que Dieu l'a- fe brûlent les yeux par
la réverbération du Soleil;
voit choiii pour annoncer le vrai Culte qui de- jugeant qu'après la vue de la Sainte Mecque , qui
voit s'établir par les armes fur toute la Terre ; eft bien autre chofé que Notre Dame de Lorette,
& profitant de la crédulité gi-oificre de ces Barba- généralement toUs les objets vilibles âc colorez font
res, i! alluma chez eux ce zèle militaire qui a tou- à méprifer. Suivant ces fbus-là , c'eltune efpèce
jours fublilté dcpu's dans la Nation, qui ell com- & de profanation , de facrilégc , de regarder quel-
me l'ame de fa Scde il alluma , dis-jc , ce zèle
; que chofe, quand on a eu le bonheur de contem-
également dévot meurtrier & par ce chemin ; & pler la gloire du Très-Haut dans fon Adignon &
nouveau &
racourci, le Fourbe furmonta tout ce dans fon Favori.
qui faifoit obllacle à l'exécution de l'on projet. On A
propos de cette Mecque fi vénérable &: fipro-
trouve là une vraifemblance fort naturelle : digiculcment vénérée , les Curieux ne feront peut-
mais on n'y trouve point cette vqye des fla'tfirs-, être point fâchez de trouver ici une digreffion.
qui conduit au même degré de ^uijfance où les au- Ce petit Mortel, dont il s'agit, a fiiit une fi grollë
tres n'arrivent qu^a-vec feine , £*) à force de tra- figure dans le Genre Humain; ik. d'ailleurs il a por-
vail. té un coup fi terrible au Chrillianiime, qu'il n'elt
Mahomet avança aufli fes affi\!rcs par un autre pas qu'on n'ait envie de favoir ce qu'on a public à
expédient, dont la réufïitc ctoitinfaillibe. Ce grand fon avantage. Voyons donc les couleurs brillantes
Zélateur de la gloire divine &
du lakit des âmes, &: miraculeufcs, que lesEcrivams Arabes ont don-
faifant un favorable &
gracieux accueil aux malfai- né à leur Mefiic.
teurs &aux vagabonds, comme le Pais étoit pro- Mahomet, iniinuè un Savant , fignifie , homme
bablement fertile en telle marchandife,il cnvenoit, de defirs^ attendu^ dcjîré ou agréable ; &: dès-lors
dit-on , dans fon Camp une quantité prodigicufe. ce nom-là étoit un texte fécond d'excellent ra- &
Ces Scélérats trouvoient dans cet Afile Prophéti- port pour les glofes allégoriques & figurées. Ce
que , dans ce Sanftuaire Martial , l'Impunité de Prophète Conquérant fit fon entrée fur notre
leurs crimes ; en cas de mort, le martire fur de Boule l'an de la Création quatre mille cinq cens
ce qu'on nommoit le vrai Culte; enfin, l'efpe- & quarante ik un cinq cens foixante
; onze ans &
rance certaine d'une volupté fenfueUe fans fin: & après le Rédempteur ; &
huit cens quatre-vingt-
tout cela , joint à l'attrait du pillage du butin, & deux ans depuis la nailîanee ou la 'mort d'Alexan-
valoit bien la peine d'accourir. Il ne faut pas de- dre, on laiiiè cela dans l'incertitude. Ceux dont
mander li.le Ibi-difant Melïïe catechifoit à fa ma- la Nature fe fervit pour donner le jour à ce fa-
nière cette foule d'honorables Profelites s'il leur ; meux Corrupteur de la Vérité ik. de l'Equité, fu-
tendoit les bras s'il leur ouvroit les entrailles de fa
; rent Abdallan , qui fignifie Serviteur de "Dieu , &
pieté ; s'il leur promettoit de la part de Dieu , la Eminc fon Epoufe. Tous deux fe difoicnt du
rofée du Ciel &
la graille de la Terre. Au relie, Sang d'Abraham , par Ifmael fon Bâtard; la iVIe- &
fi cette circonftance hilloriquc elt vraye , car re étoit de la Tribu des Coreifcites , la plus noble
tout ce qu'on raporte d'un Ennemi dételle doit famille des ïfmaélites mais la bonne Dame n'en
:

être toujours fufped; s'il ell, dis-je, certain que écoit pas plus riche. Il n'y a rien là qui ne foie

Mahomet peupla de Voleurs de Bandits l'Eglife & dans l'ordre des caufes fécondes ; qui ne foit na- &
naillante de fon Alcoran , c'cll un raport remar- turellement poffible, par conféquent. Mais les pro-
quable entre le Fondateur de la Monarchie Otto- diges luivans demandent bien une autre ibumiifion
mane, & celui de l'ancien Empire Romain. Le d'efprit. Cependant , je répondrois bien qu'il n'y
Bâtijffeîir Rome , ayant ouvert fa ville à tous
de a pas un Dévot dans la Sefte , qui ne fe fit brûler
ceux qui par leur fcclcrateire, avoient mérité d'ê-
,
pour de tels miracles ; c'cfi par-tout le génie dij
tre exterminez par le glaive de !a Juilice , cette in- Fanatifme ik de la Superitition.
fâme Colonie devint dans la fuite la Maïtreilê du La Mère de l'Homme Celefie , étant groffe de
Monde, ou , pour parler plus exactement , elle de- lui , le porta neuf mois en toute joyc , en pleine &
vint la Puiffance la plus étendue la plus formida- & fanté accoucher fans douleur , c'étoit bien la
;

ble qui fût fur la Terre. Mahomet n'a-t-il pas eu moindre grâce quelle pouvoit fe promettre; je ne
à peu près le même fort ? Secondé d'une poignée fai même fi ce fruît ùéni ne palîa point, pour naî-

de Marauds , il jette les fondemens d'un État, tre, à travers le Corps maternel, comme le rayon
qui , par fucceiïion de tems , abforbe un nom- pénètre verre. Toujours paffe-t-il pour un
bre prefque incïoyable de Peuples
rainetés.
de Souve- & fait
le petit
le
incontcflable , &
malheur à i^ui en doute! que
Mefiie naquit d'une manière très- édifiante,
M
Les villes de la Mecque
de Medine furent les
&: &
qui déclara l'infailUbiliié de fa Million. Dès
premières fur qui tomba le nouvel orage. Les que l'enfant, qui, à ce qu'ondgitprcfumer, épioit
Magiilrats de la Mecque aiant voulu éteindre,
, le moment, vit qu'il étoit tcms d aparoitre , il ng
dès le commencement ce feu de révolte
, mal , fait qu'un faut de fa prifon à terre , où prollerné
leur en prit car le faux Prophète s'ctant emparé
: , dans les formes, il entra par un aéte d'adoration, V
de la Place, la ravagea; &
fans aucun égard pour dans la carrière d'ime vie qui devoit êtj-e fi impor-

I % tan-

i

DISSERTATION
tante à l'Uiiivers. La
dévotion fut courte & bon- hté ; fi reçut donc cette plus precieufe de toutes
ne reniant fe mettant pour la première
:

ICi piez, car avoit fauté la tSte


fois fur les grâces , il &
la reçut d'une manière à laquelle
il la première, fit on ne s'attcndroit jamais. Le petit Envoyé du Ciel
fa confcfiion de foi , & annonça fa venue ; Jl n'y a gardoit dans un beau & bon Pâturage les bètes de
luunfiul Dieu s'écria-t-il 'fS je viens au Monde
, ;
Mère;
la je dis de fa Mcre, car il avoit perdu fon
de fa fart. Dieu, pour épargner à fon Envoyé
la Père dès le feptiéme mois de fa conception, &
douleur de l'Opcration Sacramentale le fit naî-
il

tre Circoncis
, étoit pollhunic. Mahomet
gardeiir de cochon, me
bien que le Mahomctifme n'a
: fi
fait iouvenir de ce célèbre Sixte Cinq
point chez loi la relique du Saint Prépuce. , qui , defti-
né à remplir avec fracas ce qu'on prétend être*
Par combien d'autres merveilles \^ Nativité de Vicariat de l' Homme-'Dieu , la Vice-'Deité
ce Réparateur ne fut-elle pas illuflrée ? Ce , eut
fut à dans fa première jeuneffe cette honorable occupa-
l'honneur du Nouveau-né qu'on bannit à perpé-
tuité du Paradis tous les Anges révoltez;
tion. Au refle cet exereiee-là ne convenoit point
aveepcr- trop mal à notre Arabe , puisqu'il devoir un
million de fe répandre par-tout pour tenter jour
les conduire des gens chez qui la Raifon ne dominoit
Mortels, &
de tenir en Enfer le fiége de leur Em-
guère plus que chez
pu-c pour y tourmenter éternellement les damnez
lesanimaux brutes , & qui
n';ivoicnt prei'que rien d'humain que la figure.
bclon ces Arabes , le Régne de Satan feroit
mo- Mahomet étant donc à k fuite de fes §uadrupe-
derne j du moins n'auroit-il guère plus
* ans.
de mille des, &
courant peut-être aauellement après quel-
que Chèvre mutine , il fut bien étonné de fe trou-
La Nourice , nommée Halima , c'eft-à-dire de ver fur le dos. Or, à votre avis, qui avoit
ion naturel, fait le
ji 'avoit pas une goutte de lait: mais
quand la bouche de l'enfant eut touché
coup ? deux jolis Anges; &
ces Eljjrits, déonifcz
la mam- en beaux garçons, firent la merveilleufe opération
melie fèehe , la liqueur nutritive coula autant & que vous allez voir. Débutant par ouvrir la
plus qu'il ne fliloit. Cette grande fête fut annon- poi-
trine du petit Berger, ils lui tirèrent le
cée par quatre belles &
fortes voix, qui, fans qu'il I
cœur ,
mirent ce précieux morceau dans un plat d'or
&
maf-
y eût aucun Corps vilible , rctentillbicnt des qua-
j

fif Enfuite ces Operateurs celdles , prcffant ce


tre coins de la Place. En Perle , le feu facré qu'on Sacré Mufcle , en expriment une goûte de
avoit toujours entretenu rcligieul'ement venin
, fymbole noir; &qu'efl-ce que c'était, s'il vousplait,quece
de la confcrvation publique , ce feu s'éteignit de
foi-même ce qui marquoit une révolution pro-
poifon? Le fatal &
funcfie héritage de notre pre-

chaine.
, mier Père; l'eftét &
la marque de la defobcïflince
d Adam ; enfin , ce malheureux principe de dérè-
n'y eut pas jufqu'à des arbres morts qui reiTuf-
Il
glement que nous contraftons dans le fein mater-
citerent ; &
un Palmier , li fec t^'i] n'ctoit plus nel, qui caufe tant de defordres dansnotre Efpèce,
bon qu'au feu , reverdit fruaifia. Dieu fait files & & qui dure autant que la vie. Bienheureux Ma-
dattes en étoient courues , rechercliées avec le & homet lors qu'on lui arracha cette racine
dernier cmprcfl'ement
,
d'une
11 y eut à l'accouchement
d'Eminc une aparition de quelques Sages-femmes
!
infinité de maux Cette belle
! &
grande cure aiant
réuffi , les Chirurgiens lavent bien le
d'une beauté enchantée & qui néanmoins n'étant cœur ; car
;
javois oublié qu'un des deux Anges tenoit
la que fpertatriees, fiiifoient honneur
à la Cérémo-
une
eguiere d'or pleine d'eau , le remettent proprement
nie d'un enfantement furnaturel. Il s'y trouva auffi dans fa fituation naturelle , referment
l'ouverture ;
certains oifeaux anonymes , & aparemmcnt créez & ils firent le tout avec une
adrefl'e fi furprenante',
tout exprès & d'une efpèce neuve ; car ils avoicnt que le patient ne foufti-it pas la moindre douleur;
pour becdesjacintes, dont
Orient jufqu'à l'Occident: l'hyperbole,
l'éclat brilloit depuis & qu'il ne refla pas la plus légère aparence de
l'Opé-
1
comme ration.
N'efi-il pas vrai que cette manière defane-
vous voyez, cft alfez jolie. Les Statues des
Dieux furent tout d'un coup teintes en couleur
faux un homme
tifier &
de le rendre impeccable , efl
d encre & il n'y en eut pas une qui ne fe cafsàt
finement in\'entée, &
tout-;Vfait origina'eî
;
le Après tout ce qui vient d'arriver dans la naiffan-
nez. Comme le Diabl;, à titre du plus grand des ce &
dans l'enfance du Prophète , que ne devoit-
menteurs, a la mémoire excellente, il doit lui fbu- on point attendre de lui pendant fon Miniflere
venir de cette Epoque-li. On ne dit point où ?

Prince des ténèbres étoit alors, ni ii quoi il


ce
s'oeeu-
Aufli^ confirma-t-il la vérité de fa MifDon , & de
fon Caradere divinement reprefentatif, il les
poit mais ce qui efl vrai comme l'Alcoran, les
:
con-
firma, dis-je , pu- des lignes , par des miracles
Anges s'étant jettcz iur leur défunt confrère qui
fer, le jetterent dans l'endroit de la Mer
Luci- n'ont jamais eu , &
qui , je croi , n'auront jamais de
le plus femblables; je vous en fais juge.
profond; &
le pauvre Diable alla fi bas, qu'il
ne Mahomet
fepara la Lune en deux demi-globes;
lui falut pas moins qu'une quarantainedejourspour
le remettre à fee. Convenons que ces Arabes font
& ces pièces de Lune étoient dans une fi
grande
diflance, que tous les Speftateurs du
admuables pour la vraifemblanee , fort doftcs auffi, prodige virent
diflinflement une montagne entre-deux. Ce
très-habiles gens à diilingner entre la fubflaneê Saint,
de fabrique toute neuve , étoit chéri jufqu'à
étendue , &
la nature indivifible ou fpirituelle.
ration, des arbres des pierres; &
l'ado-
il avoit fur ces &
Helas rendons nous juttiee pour vouloir rai-
!
:
deux Elpèces un afccndant à leur faire faire tout ce
fonner fur des matières à nous très-inconnues
,
non moins innnnsifaUei , nous tombons, avec nos
Ik qu'il vouloir. Un jour il s'avife d'apcller deux vieux
chênes , car je m'imagine que c'en étoit ces
prétendues clartez, nous tombons dans des con- deux :

vivans de bois, qui étoient éloignez l'un de


tradictions aufii ridicules l'autre,
\ i\ Diable au fond de que le fc joignent fans délai , &
la Mer.
vont de compagnie
Retournons au Mcf lie Ifmaélite ; ce qui auprès du Patriarche ils le faluent , lui offrent
:
refte eff trop beau pour le fapprimer.
Mahomet aiant atteint fa feptiéme année, il étoit
leurs fervices ; & munis de fa benediaion , ils

grand tcms de lui donner le privilège d'irapeccabi-


fe feparent, & fe replantent gravement chacun en
fa foffe.

„ Dans

IW-
-^g^vTWB^
,

'-^J

''
-H

i\
UR LA TURQUIEEN ASIE. 33
), D^.m tous les endroits où paiFoit,!! n'y aVoit
il ran , ils fe fervent encore de ce Vcrfct du cin-
ni arbre ni pierre qui ne le fakuit avec refpeft
s,
quantième Chapitre du Deuteronome , où il eft
» tous lui criant , du plus loin qu'ils le voyoient, parlé de Sina , de Sair , & de Taran
ils difent
„ Taix vous /ait, Jfôtrs
j
de 'Dieu! 11 failbit fortir que la Loi
fut donnéeàMoifefurle&ai'; l'Evan-
„ d'entre fes deux doigts des fontaihes qui dans gile à Jefus, fur les Montagnes de Sair , ou Jeru-
,

„ h plus grande fechereirc fourniflbicnt de l'eau à falem &


l'Alcoran à Mahomet l'EnVv,yc de Dieu,
; :S II
„ fon Armée , qui , tant en hommes qu'en bêtes, fur les montagnes de "Paran ou de la Mecque.
Ils'
„ étoit conliderablement nombrcufe. Avec un prétendent même qu'Adam eut le nomd'^/&; Mu-
„ chevreau & quatre petites mefures d'orge , il apaifa hammet ou Perc de Mahomet
, , avant qu'il eût le
„ la faim de quatrc-vlirgts hommes en nourrit un i nom d'Adam & que la lumière
; qui fut la pre-
„ plus grand nombre avec quelques pains: & une
,
mière des chofes créées , comme ils le difent,
„ autre fois railhfia généralement toutes fes Trou- parut alors fur le Iront de ce Prophète, de la même
„ pes avec un peu de dates qu'une jeune fille lui manière que la Lune paraît dans fon plein.
„ prefenta dans la main. Un tronc de palmier, Les
Anges le virent & le coi-.nurent avant qu'ils cuffent
„ devant lequel il avoit coutume de faire fes devo- connu Adam, quiidifent-ils,»'^»/* encore qu'entre
„ lions & de prier Dieu, l'aimoit fi paffionnément, l eau fS la iou'é & à qui Dieu promit que ce Pro-
;

„ qu'en fon abfence , on l'entendit crier plus haut phète naitroit de lui. Pour mieux confirmer cette
„ qu'un chameau & dès que ce dévot & tendre
;
promdlc , il lui en vjulut palier un Contrat qui
„ tronc fentit près de foi l'objet de fon impatiente fut écrit par l'Ange Gabriel
,

avec une plume du


„ & pieufe afièftion , il ceifa de fc plaindre & de
,

„ crier.
Paradis fur un rouleau de papier plus blanc que
neige en prefence de foixante miUc Anges qui
la I
Mon Auteur feroit fcrupule d'inférer dans le ,

l'accompagnoient. Après cela faut-il s'étonner ,


CataloBue miraculeux du fiiux Mcilie ce pigeon , qu'on lui ait donne le nom de Muitapha
tant rebattu, qui venantfouventàfon oreille, qui en ,
paifoit Arabe lignifie £///, Chai/!'/ & que l'Auteur de la
pour fon Sa'nt Efprit. Comme les Evangelittes de Généalogie de cet Impofteur ait aflùré que dans
Mahomet ne difent rien de ce prodige-fe , il le Ciel nommé Achmet
y a il efl , Mahomet fur la
fondement légitime pour foupçonner que c'clî une
fable inventée par quelque Chrétien. En eftet,
Terre , & /llvatrazin ou le Marqué dans le Pa-
radis ?
en matière d'oppofition dans le fanatifme , les partis
Nous regardons tout cela, par l'œil du bon-
font extrêmement alerte pour fe déchirer
, pour fens, comme de hautes impertinences ; nous ne &
s'entr 'imputer des faits ridicules, criminels,
odieux. fanrions nous redire allez qu'il ne s'ell
Hé qui ne fait que , même dans le vrai Culte,
!
, jamais rien
imaginé de plus extravagant. Mais pouvons-nous,
Ja malignité , la calomnie pour ne rien dire de
, lans tomber dans le dernier étonnement
plus fort , fe font cachées fouvent fous le , fane
voile cette reflexion-ei ? Ces fotifes , toutes
grollicres,
fpécieux de la fraude pieufe de la bonne m- & toutes vifibles , toutes criantes qu'elles nous
pa-
tention?
roillcnt, font pourtant crues de bonne-foi
L'Ange Gabriel , curieux d'entendre dogmatifer par la
meilleure, je veux dire la plus nombreufe partie
cet Envoyé Extraordinaire du Roi des Rois s'ha- , diiGenre Humain. Car fi je difois qu'il y a fur la
billeen Arabe, & prie l'Apôtre de Dieu de lui ex- Terre mille Mahometans pour un Chrétien
pliquer l'Ellènciel du Mahometifme. m'a- ,
// niijljle, vancerois-je trop ? Concluons donc hardiment,
répond le Fondateur de la Théologie Sanguinaire,
qu'en gênerai le BON-SENS efl un meuble
àjonfefer qu'il n'y a point d'autre "'Dieu ijue Dieu, bien
inutile; qu'il n'efl point d'imagination
abfurde.fî
^ que je fuis l'AfôIre de Dieu : à obferver
fart contradiftoire, fi ridicule, qui ne trouve les
fi

foigneu/ement les ferns établis four la prière : Parti-


à fans, qui ne foit embralléc aveuglément; qu'en- &
donner l'aumône &e. L'Hypocrite ne difoit pas fin, au heu de définir l'Homme un
le
Animal rai-
tin , qui étoit d'exterminer par le fer le feu tout & fonnable , on le dcfiniroit mieux un Animal
cré-
ce qui s'opofcroit à l'étafahllcment au progrès & de dule.
fa Scéte. Cependant l'Ange Gabriel fut bien Pour revenir
,
Mahomet cet Impofieur aiant
;\ ,
content du Catcchilte , & ii l'honora de fon ap- fait fon chemin & ne vùiint pas -i moins qu'il la
,
probation. Aparcmment l'Intelligence ^raUfée fe Conquête temporelle & fpirituclle de l'Univers,
titconnoître &
alors le Legiilateur , qui croyoit
;
ehoiiit quatre de fes principaux Difcipics pour
n'avoir parlé qu'à un Mortel , fut fenfiblemcnt être
les Minillres & les Exécuteurs de ce vafte projet.
confolé , de ce qu'un des premiers Seigneurs
du Ces quatre Arabes étoient Abubequer, Omar ,
Paradis eût bien voulu s'abaiilèr jufqu'à devenir i
fon Ofman, & Ali. L'inftruêtion que ce Meflie don-
auditeur, &
en quelque manière , fon difciple en na à fes Miflionnaires fut tout oppofée à ccllcdont
Théologie Morale. notre Sauveur munit fes Saints Apôtres. Les
Pour donner un tableau fini de la chimérique or-
& dres que les Fondateurs du Chrifiianifme reçurent,
imaginaire Grandeur du faux Meffie, j'inférerai ici
un paiiàge de l'Hiiloricn François chezqui jepuife
& qui prefque toujours ont été très-mal obfervez
par leurs Suecefleurs,confiftoient uniquement
comme à une bonne & favante fourcc. La fureur dans
la parole &• dans l'exemple ; du relie, ce
des Arabes eft encore allée plus loin, puifque félon n'étoit que
fimphcité, que pauvreté, que patience que
ces Ecrivains Mahomet , cha-
, à été prédit dans l'Ecri- rité. Mais que le faux Envoyé du Ciel
s'y prit bien
ture. Ils foùtiennent que ee pall'age de
l'Evangile d'une autre manière Allez , dit-il à fes Apôtres
I

de Saint Jean, Si je ne m'en vais oint , le Confola-


f Militaires , prêchez ma divine Loi , l'épée
i h
teur ne viendra point à vous marque leur Pro-
phète, à qui CCS Infidèles attribuent l'épithete de
, main ; &
tuez , fans mifericorde , tous ceux qui
voudront faire obflacle à fa propagation Car
Taraelet ou Confolateur. Outre le pallage mal
:

vous êtes les quatre glaives foudrayans de ta 'Di.


entendu du Cantique d'Habacuc Dieu vietidra du ,
vinité.
coté du Midi , a le Saint paraîtra Mont de Ta- Après cette terrible benediftion
Tom. K K
, le Legiflateur'
al'.
,,, ,

34 DISSERTATION
afiigne à ces Prédicateurs armez , chacun Ton dc- exaltée dans nos Sacrez Oracles ; en qui Dieu, &
partemcnt. ^-Vli a l'Arabie ; Oiman , l'Egypte & le Souverain de la Théocratie Il'raclitique, fembloit
l'Afrique; Omar, la Perfe ; Abubequer , l'Af- & avoir mis fes complaifances. Notre Calife , ronge
lirie , la Babiionie &c. Lorlque ces Généraux, du zèle de l'Alcoran , fit une cruelle perfecution
que leur Maître avoir lait Princes , étoient lur le aux Juifs qui rcfuferent de s'y foumeitre mais il ;

point de fe mettre en marche, qu'ils s'attendoicnt & fut enfin payé de fa tirannie ; voici comment & :

bien de mahometijer , de gré ou de force , toute accufé de pratiquer mal la Morale de cette même
la Terre , un accident imprévu les arrêta. Le Religion dont il étoit zélateur enflammé , oh qu'il a
Patriarche , attaqué d'une fièvre dans Medine d'imitateurs! car il ne fe faifoit pas un Icrupulc de
termina la brillante 6l tumultueuié courfe ; mourut
ii boire du vin; &
déplus, chofe dont fes gens lui
à foixante &
un an , la trente-deuxième année du faifoicnt aparemment un plus grand cas de confcien-
feptiéme liécle Chrétien. ce, lorfque conformément au précepte, il s'agiffoit
je ne faurois dire juiqu'où il avoit poufTé kPuif- de diilnliucr le butin , le Seigneur Omar taifoit
fance du Califiit. Les quatre Généraux que j'ai io\\]ov,ts le partage du Lion ; accufé, dis-je,deces

nommé , lui l'uccederent tour à tour ; mais cette traiifgrcfi!ions fcandaleufes , on confpira contre fa

fucceflion ne fut pas fans injullice ni fans violence. ue. Un des conjurez , nommé Aicha , fit même
Le delunt Prophète avoit , par fon Tellament â fes Comphces cette courte , mais pathétique ex-
dciliné fa place il Ion cher Ali , qui pourtant ne hortation, Tuez, ce Caufeur , qui eft détenu Infidè-
régna que !e dernier des quatre. le. Enfin un de fes Domelliques, plus déterminé,
Au gi-and mcpris de la dernière volonté du Fa- ou plus zélé que les autres, lui porta le coup mor-
vori de Dieu , Abubcquer , comme beau-pere du tel. Cet afl^âllinat fe commit le vingt-troilieme de
Mort , & d'ailleurs beaucoup plus âgé que fes l'Hegire c'eit-â-dire
, de la fuite du Prophète
,

Compétiteurs, s'empara de la Couronne, fi Cou- pour éviter la potence. Ce Calife fut tué à foixan-
ronne y avoit alors , &
ne la porta que deux ans. te & trois ans &
après avoir régné glorieufement
;

11 mourut à liagdat , où il avoit étabh le fiege du dix ans lix mois & dix-fept jours
, il mourut en ,

nouvel Kmpirc ; &


on crut que quelcun des Con- 643.
currens l'avoit cmpoifonné. 11 deht l'Armée d'He- Par meurtre d'Omar , Ofman , Othman , ou
le

raclius ; &
par cette déroute il fit porter à cet Othoman, autre Apôtre du fituxMclIie,montafur
Empereur la julte peine de fon ingratitude envers le Trône du Cahfat. Les Hilloricns ne s'accor-
les Saraims , en attendant que Phocas l'en châtiât dent point fur fon élévation. L'un dit que le der-
bien plus cruellement. nier Calife avoit nommé ce Prince pour fon Suc-
Par la mort de ce fécond Calife , Omar ou Ho- ceiïèur ; &
s'il en faut croire un autre & habile

inar fut élevé au Trône. Il étoit de la haute taille, Narratettr , Ofman acheta indireètement la Cou-
vaillant , &
plein de bon-fens la barbe claire : ronne , par fes largelTes aux hauts Officiers de
le teintbrun, &
la tête chauve, foit dit pour faire l'Armée. Ces Ecrivains varient encore fur une
plailir aux Amateurs de Portraits. Ce fécond circonftance affez remarquable l'un dit qu'Omar :

Ufurpatcur , après avoir pourfuivi Ali , qui s'étoit avoit époufé féconde fille de Mahomet;
la l'autre &
retire au fond de l'Arabie ; après avoir fi bien & affirme qu'il avoit époufé toutes deux. Dans le
les

dépouillé ce malheureux Prince, qu'il ne lui refloit dernier cas , le Prophète n'auroit pas regardé
ablolumciit que fa jullc & légitime prétenlion, fit comme un crime cet hicefie, qui , je ne firi pourquoi
la guerre aux Chrétiens ; &
non moins heureux &
nous fait horreur , que nous prétendons répugner à
que Ibn Prcdeccireur , il remporta de grans avan- le Nature ; je àii je ne fai pourquoi : car la pre-
tages fur l'Empire d'Orient. Heraclius , qui re- mière famille de notre Kfpècc ne fut-elle pasne-
gnoit encore, trouvoit alors, de plus en plus, fujet cefiâircment inceftueufe ? Et d'ailleurs, l'exemple
de fe repentir. Cet Empereur, qui avoit vu les du bon &
amoureux Patriarche Jacob prouve au-
premiers troubles de Mahomet , loin de fe remuer thentiqucment queDieunecondamnoit pas alors le
avec emprelVcment pour obvier au mal , &: pour Mariage des deux foeurs.
étouffer ce Lion nainiint , le laiire tranquillement Ofman fit la guerre à Conftantin Pogonate,
croître &
fe fortifier : il l'employa même, comme c'elt-à-dire /e .fîar^a. Empereur d'Orient mais la :

General auxiliaire, contre ChoiVocz, Roi de Perfe; fortune lui fut pluscontraireque favorable contre ce
&: l'Arabe révolté fervit utilement le Monarque Monarque. Le Calife fut plus heureux dans fi;s
Oriental dans cette Expédition. Sa Majellé He- autres entreprifes plus brave par fes Généraux
:

raclicnncneprevoyoit guère que les Succeiléurs de que par lui-même, il fit à la Puifi^ance du Cahfat
ce Novateur fcroient un jour pofiéiléurs de tousfcs plufieurs nouvelles aquifitions par le droit du plus
Etats , &
au delà. Tant il eil vrai , comme dit fort. Homchod & Moavias
Lieutenans, , fes
un ancien Poète , du moins c'ell fa penfée , que quelques-uns difent Occuba , foumirent l'Afri-
Dieu a fait lltgement pour l'exécution dcfesdelîèins que ; &
s'étant emparez de la partie Orientale de
quand il a couvert l'Avenir d'une nuée épaiHe, & la Barbarie, ils y firent bâtir la ville de Carvan ou
impénétrable aux Movtch^ ^rudeas fut jiri temporis Cairavan. Carthage , cette aneierme fameufe &
exitum caligmofâ noEîe premtt 'Deus. L'hnpru- Rivale de Rome, fut ruinée ; les deux Maurita-
dence d'LIerachus , ou plutôt les grandes fuites de nies, rendues tributaires on entra dans la Sicile,
;

famauvaife politique, m'ont fait faire ce petit écart- on la défola, & les Sarafins s'y étant établis , ils
là. Revenons au Califat. Omar, ayant donc batu demeurèrent long-tems en pollèflîon de l'Ile. Tyr
Bogairc frère d'Heraclius , fut profiter de fa Vic- pallâ auiH par force , fous la domination du Califat.
toii-e, mieux qu'Annibal n'avoir fait de la ficnnc. Mais parmi tant de progrès , il y en a un , quifure-
Mettant le fiege devant Damas , il fe rendit cette ment ne fait pas honneur à la mémoire conquéran-
femeufe ville tributaire il conquit la Phenicie, la
: te d'Omar S'étant de loin ou de près rendu maî-
:

Mefopotamic, la Syrie, la Perle, l'Egypte , la Ju- tre de l'Ile de Rhodes , il fit brifer & mettre en mor-
déej ëi fur tout Jerufalem , cette Oté Sainte , fi ,
ceaux ce CololFe qui a fait l'admiration de l'Antiquité.
Ce

IW'
,

•'il

SUR LA TURQUIE EN ASIE. 3^


Ce troiiiéme Prince du Cdiflit, qui, conformément quelquefois le titre de Soudans , fc foulcvei'cnt à îeui*
tiu faux y-jiint Efprit de l'ambitieux fanguinaire & tour, & s'établireut fur les ruines de leurs Maîtres.
Prophète , fon Beau-pere , avoit porté le Ter & le Par là , l'Empire du Califlit fut tout à fiiit mis en
feu dans jMahomctane une Miflîon
la Sicile, fit à la morceaux ;& les Tirans, dont il n'y avoit déjaque
de douze ans; car fon Règne fut de cette durée ; trop, le multiplièrent fur la Terre.
& il mourut vers la moitié du fcptiéme Siècle, en Après la décadence des CaHics , des Sarazins,
6ff. félon quelques Auteurs. Ali fe défit de ce des Sultans, enfin de toutes ces Souverainetez qui
Compétiteur par un lâche alîliilinat
, & d'autres ; avoient pris leur fource en Arabie, diqui allant de
veulent qu'il brava la mauvaife fortune par une Révolution en Révolution dura environ quatre cens
mort volontaire. ans; les Turcs montèrent iur la fcène; &c'eità
Quelle que fût la fin de ce Convertiireur à la prelcnt de cette vafte 6c formidable Monarchie que
Dragonne, AH s'en voyant défait crut que tout , nous devons voir quelque chofc.
I

feroit joug fous fon pouvoir ; & qu'il alloit rélinii- Les Turcs fortis du Turkcllan , frontière de la
i

en fa perfonne toute la puiillmce du Fondateur de Tartaric Orientale , grans Amate u rs de la Tner/e Hu-
laReligion armée &: cofitraignante : mais i! fe maine, autrement de la Guerre , & qui s'étoient
mécomptoit groffierement. Mahomet, fils d'Of- déjà rendus redoutables à leurs voillns les Turcs, ;

man, des brigues pour remplir la place de fon


fit dis-je, vers le commencement de l'onzième liècle
,
Père, &fe mit à la tête de fes partifans.
vrai qu'Ali fe debaraifa de ce nouveau Concur-
Il clt firent irruption en Pcrfe ik en Chaldée leur Com-
mandant étoit, félon les uns,Targrolipix, & félon
: 'l Kl
rent, l'aiant défait dans,un combat, anéanti par & d'autres, Gelakddin Melikcha.
là tous fes efforts. Mais il ne fut pas ii heureux Salguk , !e premier Turc qui embraffa le Maho-
contre Moavias ce Guerrier , qui avoit été Ge-
:
metifme , entre plufieurs fils eut un certain Michel ;
neral d'Armée du dernier Calife, voulut aulli de- & de ce dernier naquirent Togui-Beg & quatre au-
venir- fon SuccefTcur îl difputa donc la Couronne
:
; tres , dont les noms ne font rien au fujet. Le Roi des
& em-agé de ne pouvoir réuffir , il fuborna des Turcs, voyant en ce Michel un eiprit inquiet & re-
traîtres qui envoyèrent le pauvre Ali chez les Morts. muant, eut envie de s'en défaire: mais lui, bien in-
Il y a pourtant des Ecrivains qui nient le tait ; & formé de cette mauvaife intention , fe retire & prend
félon leur témoignage, vrai ou faux, il fut tué par les armes il levé l'ètcndart contre fon Souverain.
;

un de fes Doraeltiques,qui,apparemmentpourune Michel avoit toujours demeuré avec fes frères dans
bonne recompenfe , vangeoit en cela une certaine le Mauvar-Nahr ou païs au delà du Kleu-, e & il s'y
, ;

femme dont Ali avoit fait périr l'Epoux. Ainll ce étoit fait tellement aimer , que plufieurs Turcs ne
premier Gendre du Prophète , car il avoit époufé reconnoillbient plus d'autre Domination quelafien-
Fatime , la fille aînée de Mahomet , profita peu de ne. S'étant déclaré des premiers, dit un Hiitoricn,
1^
la mort d'Olman , ne lui aiaut furvécu que quatre en faveur de rAIcoran,il avança fi bien fes affaires,
ans. Son fils hérita de fa grandeur mais Moavias : que peu de tems après, fa famihe s'élevafur le Trô-
ne tarda guère il l'en dépouiller. Celui-ci donc ne d'Egypte. Ce fut ainfi que fe forma le mélange
ufurpa toute l'autorité du Califat ; &
cette Dignité des Turcs avec les Sarazins &
ce fut aullî en ce
,

fe conferva pendant un Siècle chez fesdefcendans. tems-h\ que les Turcs fe mahometiferent.
Cette puilïance s'étendit fort loin la SLâe , la : Maintenant, pour venir à la Porte Ottomane,
Mefopotamie, laPerfe, le Corafan,le Tabarillan, '

voyons l'origine de fa fondation. Un des defcen-


le Deilen , !' Ai-abie , la Nubie , l'Egypte , l'Efpagne dans de Michel fon nom étoit Ortogrul ou Or-
,

la Sardaigne , la Corfe , & quantité d'autres païs tugard, n'ayant que la cape &
l'épée , vint ofirir
étoient fous fa domination. Cette vafte Monarchie (
fes ferviccsàAladmllI.Sultan dcCogniouIconium.
aiant été feparée en Provinces , les Gouverneurs i Ce Prince fe fit honneur de le recevoir agréable-
vifcrcnt à l'indépendance , &
ils y réliffirent. Ce ment ; &le nouvel Officier fe comporta fi bien,
fut ainfi , par exemple, que l'Afrique &: l'Efpagne '

qu'il gagna le cœur de fon Maître , devmt fon &


furent démembrées du Califat. D'ailleurs, les Chré- ,
Favori.
tiens d'Europe , croifez fous la Bannière du Pape, 1
Ortogrul mourut dans fa faveur , & laifTa un fils
enlevèrent aux Sarazins la Paleitine, &
poflederent nominé Ottoman , Otman , ou Ofman. Ce Sei-
ïc Royaume de Jerufalem , environ cent ans. . gneur fucccda à fon Père dans bonnes grâces les
Enfin , plufieurs Conquerans étant venus à la tra- du Sultan ; ik comme il excelloit dans le mérite
verfe , diminuèrent l'Autorité des Califes ; in- & militaire , il monta au Poile important de Genera-
fenfiblement leur pouvoir fut réduit à la Jurifdittion liffime. Le Souverain fit plus voulant diftinguer
:

Spirituelle, au Tribunal des Confciences. Ce fut d'une manière éclatante celui qu'il honoroit de
de cette maniérc-là qu'un General , nommé Trogul- fon ettime , &qui avoit déjà fait plufieurs ex-
Beg, s'étant emparé de Babilone, traita Cajem qui ploits , il lui donna l'Etendart Royal, l'Epée,
en étoit Caliiè 11 le contraignit à fe foumettre à fon
:
le Sceptre ; Se fi l'établît Roi de Caramanie.
Sultanat , & ne lui lailla que lAdminillration du Ce Roi , qui dans le fond n'étoit que Gouver-
rellprt Ecclefialtique. C'eft-là l'origine de tant de neur , s'avifa d'une nouvefie invention pour mar-
Souverainetez qui fe formèrent en ce tems-là , c'ell- quer plus de refpeèf & de reconnoifi~ance à fon
à-dire dans l'onzième Siècle , comme les Sultans Bienfaiteur ; c'efl que toutes les fois qu'on battoit
d'Egypte, de Sirie &c. les timbales , il ne rnanquoit jamais de le lever ; &
D'un autre côté, ces difîerens Gouverneurs, qui c'efl de-Ià , dit-on , que quand on bat celles des
s'étoient rendus Maîtres du pouvoir fuprème, tom- Empereurs Ottomans , toute l'Armée fe tient fur
bant bien-tôt dans l'indolence, & s'abandonnant à les piez.
la fiateufc douceur de régner voluptueufement, En 1198. Aladin étant mort fans pollerlté, fes
fournirent des occafions de révolte que leurs Mi- Etats furent partagez entre huit Gouverneurs , &
nillres furent bien mettre en œuvre. CesOfticiers, Ottoman , qui en étoit un , eut pour fa part la
qu'on nommoit Vifîrs , &
à qui on donne auffi Bithynie , Province qiù changeant alors de nom,
K 1 lut

ri
,

3^ DISSERTAI- ION
fût appellée Ofmanie. Le
BiLhynicn , trop ambi- dcCantacuzene qui avoit ufurpé l'Empire deConf-
tieux pourfe contenter de lli portion, fit la guer- tantinople iur Andronic , Orchan dis-jc avoit , ,
re à fes Compartageans , &
les dépouilla tous. eu deux fils, Sofiman & Morad. Il y a de la con-
Ce premier Monarque de la puiffance Turque fit troverfe hiltorique touchant le premier. S'il finit
encore plulieurs autres Conquêtes ainfi ce gi-and ; en croire les uns, Soliman fuceeda-X fon Père; il
Empire, comme bien d'autres, fut fondé fur l'In- fit une alliance ofïènfive avec les Grecs , iubju-
juftice , & rUfurpation.
fur Ce Conquérant gua les Bulgares, ik outre plufieurs autres villes
pour mieux éternifer le fouvenir de fes violences il conquit Andrinople & Gallipoli. Ces beaux
& de fes oppreinons, ordonna que fes Succeifeurs commeneemens faifoient tout efperer mais ce :

ajoûteroient fon nom il celui de leur nailfance: il régna jeune Prince, étant à la e halle , tomba de che-
vingt-huit ans, &
mourut Jèprm^eiî/iire, en 1317. val, &: mourut de cette chute. D'autres Chrono-
Selon la plupart des Hiitohens , ce Prince logiltes meutcnt la mort de ce Prince avant celle
inffitiia le fameux Ordre des Janillaires ; voi- & de fon Père &
foùtiennent qu'on ne l'a mis au
;

ci ce qu'on débite fur l'origine de leur bonnet. nombre des Empereurs Turcs, qu'à eaufc defcs bel-
Un Moine Mahometaii s'étoit mis en réputation les adions.
de Sainteté : Ottoman , aiïéz fupcrflitieux, alfez Par cette incertitude-là, Morad, c'efl-à-dire
bon fanatique pour s'imaginer que ee Beat Souhaité^ ou par corruption Amurath, qui hérita
pouvoir inlluer fur de fes Armes, en-
la réiiflite de fon Pcre le furnom de Guerrier , pailc chez
voya di:^ Soldats pour lui demander fa fainte bé- pluiieurs Ecrivains pour le troifiéme Roi. Dès
nédiction. L'Homme de Dieu la leur donne avec qu'il fut fur fe Trône, fon premier foin ne fut pas
toute l'humilité d'un Dévot ; pour rendre le & de travailler au bonheur de fes fujers, engouver-
feeours fpiritucl plus efficace, il coupe une man- nant avec cette tendrefié paterncHe qui fait l'eifen-
che de fa vefc , &
fait prefent aux Soldats de ciei du bon Souverain ce fut, félon la louable cou-
;

cette precieufe Relique. Alors on nomma ces tume , d'étei-:dre fa puilîânce d'augmenter fa &
Tueurs, ces Gendarmes bénits. Nouvelle Milice; grandeur. Comme la Grèce lui parut un des
& ils prirent cette coeflure qui pend fur les épau- meilleurs pais du Monde , il en fit le premier
les comme une manche, que les Turcs nomment Théâtre de fes fureurs &
tenant laViftoire com-
:

Ketehe. D'autres prétendent qu'il ne fut mention me enchaincc , il fournit la Thracc, les Provin-
du Janipiriat que fous Amurat II. ou tout au ces adjacentes, & plufieurs villes conlidcrables.
plus fous le Petit-lils de notre Ofman mais on
répond, que les Succeifeurs de celui-ci n'ont fait
; Les Génois tenoient alors Pera ou Galata ; &
comme avoient là quantité de Vailfeaux mar-
ils
qu'augmenter cette Inflmterie , que lui accorder chands, ils en fournirent, -à deux écus, ou, félon
de nouveaux privilèges; & cela paroît allez vrai- d'autres, jufqu'à quatre écus, chaque Soldat pour
,
fembkble. le tranfport &: le palliige de foixante mille hommes
A
Ottoman fucceda Urchan ou Orchan , fur- en Europe. Ainfi,pourunprofitde fix vingt mille
nommé le Guerrier : ce Prince, qui étoit le plus écus, ou peut-être de deux cens quarante mille,
jeune de la Famille Royale, s'étoit fort diltingué une Republique Chrétienne procura aux Infidèles
dans la Guerre fous le Règne précèdent ; le & l'entrée de la Chrétienté lâche : & fordide in-
Père le prcferoit à tous fes autres fils. Orchan, térêt, dont furent bien punis dans
ils la fuite. A\ec
voyant que fes frcres fe faifoient la guerre pour la ces Troupes débarquées, Amurat ravagea la Ma-
fucceflion , prenant le parti d'être fimple
fpeda- cédoine mourir cruellement
, fit le Dclpote de
teur , fe retira en M\lie , &
n'eut pas fujet de Servie, & fubjugua la bafie Myfie.
s'en repentir. En effet , pendant que la Monar- Il elt vrai que la perfidie eut beaucoup
de part
cliie étoit en feu par cette concurrence de préten- à fes progrès. Une grande partie de la Grèce,
iions, toutes bien armées, la plupart des Grans, appuyée par Marc Crajouifch Prince de Bulgarie,
<^ui favorifoicnt Orchan , par la raifon que , fans s étoit foulevée contre Jean Paleologue
Empe-
égard au droit de l'ù^e , ils jugeoient ce Prm- reur des Grecs. Ce Monarque , ne fe fentant pas
ce le plus digne du Trône , lui ofij-irent la Cou- alfez fort pour rcfifier à tant d'Ennemis, demanda
ronne; &lui, n'étant rien moins que d'humeur à la du feeours au Turc; &
celui-ci, pafTionné pour le
refufer, il fe mit bien-tôt en état de foûlenir fon Conquermitifine , n'avoit garde de ne pas faifir une
Election. fi belle oecafion- Enefïct, ce mauvais Auxifiaire
Ayant défut fes frères, & devenu par-là paifible faifoitpayer chèrement fon affillance. Le Grec
poilelfeur du Roiaume il tourna fes armes vic-
, voyoit enlever fes meilleures Fortcrefies, piller fes
torieufes contre Andronic Empereur de Grèce, voifins, ravager fes Amis; enfin, un AlHcdetmi-
iir remporta fur de grans avantages. Il fub-
lui foit fon Empire; &, pour comble de malheur, il
jugua plusieurs Provinces
belles il pouHa fes ; n'ofoit s'en plaindre. Amurat trouvoit toujours de
frontières jufqu'au Détroit de Gallipoli juf- , & belles railbnspour faire les & chofes; Paleologue,
qu'aux bords de la Mer Noire, fixant fa Relidence trop foible pour les empêcher, difiimuloit ce qu'il
àBurfe, ville qu'il avoit fournis du vivant de fon n'eût ofé blâmer fans rompre l' AUiance,fans rifquer fa
Père. Le Roi de Caramaiiic, dont il avoit époufé Couronne fa liberté & même
, , la vie. Ainfi le
la fille, éprouva, auili bien que les autres, les ef- Grec ne eherehoit qu'à temporifer , qu'à fe fau-
fets de fon ambition. Enfin, cet Infatiable d'a- ver en ufant de politique ; le Turc profi- &
grandiiîi:mcnt rit la guerre aux Tartares ee ; & toit ouvertement de la foibleflé , la complai- & de
iut en combattant contre eux qu'il trouva le re- fanee involontaire d'un Prince, qui avoit le mal-
pos de la mort, n'aiant jamais goûté celui de la heur d'avoir trouvé dans la pcrfonne de fon Defen-
vie: il fut tué en 1358 & ion Règne avoit duré
^ feur le plus dangereux de fes Ennemis.
trente-deux ans. Le Règne d'Amurat fut d'un bonheur aufli
Orchan, de fon mariage avec la fille du Roi de long que confiant pendant trente &
: un an de
Caramanie, ou, félon d'autres , de Théodore, fille Règne, il lit en Afie , &
en Europe, trente-fept
fois
,

il

SUR LA TURQUIE Ë N ASIE. 3/;

neceflitc d'être les Soldats de cet Infi-


fois là guerre ; il &
en fortit toujours victo- à la trille

rieux. Une de fes plus mémorables Conquêtes dèle.


Notez que l'Hittorien On quelle honte pour la Chrétienté j
vit alors
;
eil celle d'Andrinoplc.
qui aflirme ce fait-li , eft le même qui attribue
& pour Succellèurs de l'ancienne Grèce
les on !

la prife de cette ville à Soliman. moins A vit trois Empereurs de fuite , combattre fous les
donc qu'on n'eût repris cette Place importan- Drapeaux des Janiii'aires , & prêter ainU leurs
il:
peut-on fc forces à Bajazeth pour fubjuguer de grandes Pro-
te , ce qai n'cll guère probable ,
vinces.
contredire plus itiànifeftement ? Je ne laillèrai
Amurat , dit cet Ecrivain , Sur la fin , ou félon d'autres , dès le comment
pas de continuer.
qui d'ailleurs a beaucoup de fiiiefïe de bon- & cément dû quatorzième fiecle s Sigifmohd , Roi
fens , Amurat fit cette capture en
i3<Ji. il & de Hongrie , gouvernoit tiranniquemcnt fefe
Sujets "(S: cette dure Adminiltration aiant pro-
en fit la Capitale de l'Empire , titre qu'elle porta
;

jufqu'à la Conquête de Conlhmtinople. duit une guerre civile , Bajazeth crut devoir
Le Monarque dont il s'agit vécut foixante & failir une fi belle ocealion. Il débuta par le fiege

de Nicopolis, ville de Bulgarie fur le Danube;


cinq ans, & finit la courfc en 1389. On a écrit
diverfement de fa mort ; mais voici l'opinion h vers la Valachie. Le Hongrois implora le fe-

plus commune Un Domcllique du Dclpote de


:
cours des Puiiîànees de l'Europe & celles-ci \

à la prcilàntc folhcitation du Saint Père de Ro-


Servie, qu' Amurat avoit fait mourir, voulant van-
me, fe croilèrent pour la defenfe de Sigifmond.
ger la mémoire de fon Maître, forma le deffein
hardi d'alTalliner le Roi des Turcs. Aiant donc Jean Comte de Nevers , fils aine du Duc de
Bourgogne Phihppc le Hardi, amena une Armée
demandé à rendre fes devoirs au Sultan, on l'in-
troduilit ; &
il obtint les entrées d'autant plus de quatre-vingt mille hommes & le Turc avoit ;

aifément, qu'il difoit vouloir oflrir un beau riche & deux cens quarante mille hommes d'Infanterie i
prefent , ce qui eil le grand Pall'eport chez les avec foixante mille de Cavalerie. Nonobffiant
cette grande diftènee de forces , les Auxiliaires
Princes &
chez les Grans dans ces Païs-là. Mais
notre Homme, fc baiflant pour baifer la main du Chrétiens ne lailferent pas d'avoir le deffus en plu-
Monarque , tire de fa manche un poignard , & fieurs rencontres ; mais ayant hazardè téméraire-
lui en donne dans le ventre un coup fi bien appli-
ment une attaque générale , accablez par le grand
qué, qu'un moment après l'ame fortairt du corps, nombre, ils furent enlierement défaits. La fleur
s'envola je ne lai où. On dit que depuis cette de la NobleflTe Françoife , qui avoit pris parti dans
funelle avanture , nul n'ell conduit devant le cette occafion , demeura fur la place ; les Chefs &
Grand-Seigneur , que deux Capigi Bachi ou Chefs demeurèrent Priibnniers.
des Portiers ne le foûtiennent fous les bras , ou Après cette terrible déroute, Bajazeth célébra
que l'un ne prenne fa manche droite, & l'autre la fa Vidoire par une aftion digne de fa férocité î

gauche. alfis un Trône fuperbe


fur il fit hacher en fa ,

On faitAmurat Père de trois fils , Saulex ou prefenee un grand nombre de François ; & cela
Saux Jakub ou Jacob , &. Abu-Jaïid ou Baja- aux yeux du Comte de Nevers leur General,
,

zcth. premier s'étatrt révolté , fon père lui fit


Le &prifonnier comme eux. Cependant, la cruau-
té cédant cnfuite à l'avarice, il permit à ce Prince
crever yeux. La Couronire apartcnoit au fé-
les
cond ; mais lors du meurtre d' Amurat , fes fa- & quinze autres Seigneurs de fe racheter ,
;\ le &
total de ia Rançon monta il deux cens mille dueats.
voris, après avoir concerté la chofe entr'eux , le
firent avertir qu'il vînt auprès du Sultan ; & Bajazeth, Maître de Nicopolis, enflé de fes fuc-
dès qu'il fut dans la tente , on l'étrangla , ce cès , &
ne rcfpirant que Conquêtes , entreprit
& la machination de Ba- celle de Conllantinople ; mais il échoua honteu-
qui fe fit par l'intrigue
jazeth. fement dans l'exécution de ce grand dcfl'ein le :

Cet Ufurpateur fut donc le quatrième Roi des Maréchal de Boucicaut, un des prifonniers relâ-
Turcs. Cet Hillorien dont je parlois tantôt fe , chez , à la tête d'un petit Corps de douze cens
trompe dans fon calcul; car fi, comme il le pré- hommes , chofe prefque incroiable accourut au !

tend , Soliman, fils aîné d'Orchan, a règne, fecours des Afiiegez , &
fauva cette Capitale de
Empire d'Orient. Ce revers fut d'autant
Bajazeth doit necefl'airement être le cinquième l'ancien
plus, mortifiant pour le Turc , qu'il comptoit
Roi.
Bajazeth donc fut le SueecHèur d' Amurat î & furement fur cette nouvelle & importante
on Auteur de la coutume barbare & fce-
le fait
proie.
lerate les Empereurs Ottomans ont eu long-
que Jufques ici l'étendue la puidance de la Mo- &
tems, d'arrofcr le Trône du fang fraternel , & narchie Ottomane avoient toujours augmenté ;
d'immoler leurs plus proches à la fureté de leur mais voici un échec qui lui domia une rude
Domination. Comme ce Monarque faifoit des fecouffe , &
qui , pendant quelque tems , la fit
déchoir de ce grand luilre. Bajazeth vifaat à
prodiges dans le fanglant métier des Armes, foit
pour "la conduite, foit pour la valeur , mais fur- la Tirannie Univerfelle , montrant afiéz par &
tout pour la diligence , &
la rapidité , on le fur- fes aUures d'une ambition .infatiable , qu'il vou-'
îoit mettre tout fous fes piez ; les Princes de
nomma Uerim , c'ell-à-dire le Foudre. Il cil: vrai liberté s'adrefi'ant
dont irienaçoit la
qu'il n'auroit pu fouh-aiter une conjonfture plus l'Afie , il ,

Tamerlan prelTerent ce faïueux Cham des


favorable, ni plus conforme à fon humeur maliii- à ,

crante. Les divifions ruîneufes qui defoloient Tartarcs dé s'oppofer à l'Opprcfièur commun.
,

C'étoit aller au devant d'un mal en fe jettant ,


l'Empire Grec , fecondoient parfaitement les in-
dans un plus grand rij'que car Tamerlan bà-
clinations toutes Martiales du Mahometan fes ;
:

Princes , loin de s'unir pour conjurer la nouvelle tiifoit fur le même plan d'Ufurpation que Baja-

tempête , &
pour faire digue au torrent , fe zeth ; il & ètoit déjà le plus avancé. En efièt,
brouillèrent de plus en plus, & furent enfin réduits ce Viaite ioiuux faifoit trembler l'Orient:
Tm. K
t
f
, ! ,

DISSERTATION
& il avoit pouffé fes Conquêtes depuis la Chine teurs affurent que , pour ajouter le dernier ou-
jufqu'à la Pologne. Tamcrkn. n'avoit donc gar- trage à la fervitude , on coupa la robe de cette
de de refufer k demande des Princes allarme?. : PrincelTe jufqu'il la ceinture , qu'étant ainfi &
Jeur accordant volontiers une protection qui lui demi-nue , on la contraignoit de fervir publique-
-étoit avantageufe , qu'il s'attendoit peut- & ment à table.
.être bien de faire paier fort chèrement , il en- Au relie, que l'exemple de ce puifTant Monar-
tre en rupture ouverte avec le Roi des Turcs que dans un fi horrible changement , cil une
fon Rival en puiilimce , &: en Heroïfme pré- grande leçon de Morale pour zç.^ Divinitez
tendu. mortelles, qui, enyvrées de leur élévation pre-
Le Tartare , aknt allemblé une Armée de fente, lé regardent mfinimcnt au-dcllus de la mul-
huit cens mille hommes , car on ne marque pas titude ne farfant jamais une réflexion qui leur
,

moins que lix cens mille Piétons , deux cens & feroit fi neceflaire , c'ell: qu'il n'y a point dans la
,

mille Cavaliers, le Tartare , dis-je , avec ces for- vie , de révolution d'état & de condition , point
ces prodigieufes , mit le fiege devant Sîvas en de trille Catallrophc , à laquelle ils ne fuient

Cappadoce, prit h ville, & fit mourir Orthogu- fujets


le, Fils & Succeffeur prefompcif de Bajazeth , qui Bajazeth régna quatorze ans ; fa prifon de fer du-
s'étoit jette daui la Pkce pour la défendre. ra huit mois ; & fa mort arriva la deuxième année
Après avoir en Arménie plus de fix
fiiir pcrir du quinzième fiecle.
vingt mille mortels, il cherche fon Ennemi , & Mahomet jeune des cinq Fils qu'il
, le plus
le rencontre armé d'un miUion de bras , car il avoit laiiTé , fut fon Succefiéur. Il elliiya beau-
Hvoit de compte fait , ou fauf erreur de calcul, coup de traverfes , avant de fe voir aflermi fur
ti'ois cens mille combattans à cheval , deux & le Trône mais , devenu paifible polîclïéur de
:

cens mille fantaflins. La bataihe fe donna dans l'Empire , il donna cours à fon beau Naturel,
les plaines de Callovalli près d'Angouri , ville & fit brUler fes bonnes quahtez. Ce Prince
de Galatic cette Journée fut fangknte
: fu- & avoit été élevé fecretement , dans la déroute
îielle aux vaincus les Turcs y aiant perdu deux , de fa Famille , chez un Cordier , d'autres di-
cens mille hommes. Bajazeth avoit eu le bon- fent chez un faifeur de cordes de Luth mais :

heur de fe fauver mais le Vainqueur le fit ; il ne fe fentoit en rien de la ballclTe de fon


pourfuivre avec ordre fous peine de la vie,
, ,
éducation. La nobleilc de fon ame fupplea à.
de ne pas le manquer ; &c on lui obéît û bien, tout ; &
il fut aux Turcs , ce qu'Augulle fut
qu'il ent contentement. Comme rarement la aux Romains après les cruels ravages du Trium-
mauvaife P'ortune fe déclare à demi , le pau- vu-at.
vre Turc eut encore le malheur de voir , par Le Pont , la Bithynle , la Cappadoce, la Ser-

la prife de Burfe , fes Femmes fes Enfans & vie pafTerent fous l'obéïilance de ce Sultan
tomber aulli entre les mains du Tartare. Tant & agrandirent l'étendue de fa Dominaiion mais :

de dil'graces , coup fur coup , ne furent pour- dn moins c'étoient des Conquêtes volontaires ;
tant point capables d'abailfer fa fierté ; l'or- & ou le Monarque en fut plus redevable à la dou-
gueil qui lui étoit naturel , ou peut-être le ceur de fon Gouvernement , puiffant Aiman
fouvenir de fon élévation palT'éc , ne lui permet- pour des peuples , qu'à !a force de fes armes
toit pas le moindre ménagement pour celui qui & qu'à la ncceffité. Il ne fut pas moins heureux

étoit l'arbitre abfolu de fon fort. La chofe al- contre l'EfcIavonie &
la Macédoine dont il s'alîu-

iolt même jufqu'à l'indifcretion. Si jétois en ta jettit une partie , &


contre les Valaques qu'il
place., lui comment me trai-
demanda Tamerlan , contraignit à lui payer un Tribut. Mullapha ,
terois-tu ? Enfermé par ?non
ordt^e dans une cage fon frère &
fon Compétiteur , lui avoît caufé du
de fer , repond hardiment le Prifonnicr je fei^e ,
chagrin ; &
fuivant les règles de la méchante Po-
fait promener en cet état. là far toute L^Àfie. Ce litique, il devoit fe défaire d'un Concurrent am-
malheureux Monarque prononça lui-même fa fen- bitieux, &,qui plus ell, fon Aîné cependant, lors :

tence car le Vainqueur, indigné d'une répon-


; qu'il fut MaiLre de fa perfonne , il fe contenta de
fc fi meprifanie commanda que monté fur un , le faire enfermer preuve infaillible que chez lui
:

vieux mulet on l'expofàt à la huée des Trou- lebon Naturel prévalolt fur l'Ambition. Maho-
^;l'l|il- pes & qu'il ne defcendît de cette monture
;
met I. ne régna que huit ans & il mourut de ma- ;

ignominieufe que pour entrer dans une prifon


,
ladie en 1411.
telle qu'il l'avoir delignée. Amurat II. & le
du précèdent , mon-Fils aine
On rapporte diverfcment fon genre de mort ; ta fur le Trône mais il n'avoit pas tous les
:

les uns difent qu'il fe perça la gorge avec une bons endroits de fon Predeccllcur , dont , com-
arête de poifTon , laquelle un coquin d'ef- me nous allons voir , il n'imitoit guère l'Humani-
clave avoit eu rinfbicnce de lui jetter par mé- té. Son Oncle s'étant foùlevé , Amurat eut le
pris félon d'autres, il trouva le moien de s'em-
: bonheur de remporter fur lui une Vitfoire com-
poifonner mais un Hiftorien , qui en cela
: plette ; mais il en effaça la gloire ; car trouvant
fuir le fentiment commun , raconte ainfi le fait : dans un builfon de la Montagne de Toganum , le
Tamerlan aiant fait enfermer fon Prifonnier Vaincu qu'il pourfuivoit, la proximité du Sang ne
dans une cage de fer qu'il failbit porter par-tout l'empêcha pas de le faire étrangler en fa prefcnce.
en triomphe , ce dur cruel traitement , joint & Ce Sultan échoua devant Contbntinople mais ;

aux autres ignominies qu'on lui faifoit ciïiiier , le en recompenfe il s'empara de l'Etolic , mit &
jettant dans un defefpoir aiîi-eux , il fe caffa la fous tribut la Valachie , k Servie la Bofuic. &
tête contre les barreaux de fa cage. Difons, Muihpha, fon frère , ayant voulu i"emucr pendant
chemin failant , que fa Femme nommée Mi- , les Guerres , le Monarque le prit dans Nicce, &
liève , ou JVIarie fut auiîi promenée &: inful-
, lui donna ia même fin qu'à l'autre Muitapha leur
tée comme le Roi fon Epoux. Quelques Au- Oncle commun.
Jean
, ,

%\

s UR L A TURQUIE EN ASIE. 5S
Jean Cattriot Prince d'Albnnie non feule- c'ellce qui paroit inouï dans un Empereur Ot.
trient devint Tributaire comme fes Voiims; toman , à moins que par ces Lettre.^ il ne faille
mais même on le rcduifit à la dure neceUitc entendre les Dofteurs en Théologie Mahomet
d'envoyer en Otage fes Enfans à la Cour Otto- tane , &
autres Savans ou Beaux-Efpiits de la
mane ; & le Turc les fit circoncire , ce qui même trempe.
étoit un 7.èle de Religion criant & contraire Mahomet II. occupa Trône après k inort
le
au Droit des Nations. De ces cir^q , ou félon de fon Père ; & ce fameux Conquérant recula fi
d'autres , de ces trois jeunes Caftriots , Alexan- loin les bornes des Ottomans qu'on pourroit
dre plut au Grand-Seigneur Sa Hauteilb prit ; & à. coup fur
,

l'appeller le fécond fondateur de


,
nn foin tout particulier de fon éducation. Ce- cette Monarchie car enfin c'efl lui qui a mis
; ,
!ui-ci , qu'Amurat avoit nommé Scanderberg l'Empire Turc fur le pié de cette vaffe éten-
c'efl-à-dire Seigneur Alexandre , voyant mourir
tous fes frères , qu'en crut empoifonncz , s'écha-
due , &
de cette redoutable puifliince où on l'a
vu ; &
où probablement on !e verroit encore,
pa , &
dans la fuite il fe rendit fi redouta- fans fes troubles intdlins , & fi fa MiUce n'avoit
ble , qu'on l'apclloit avec juffice , le fléau des
, pas dégénéré.
Turcs. Suivant un Hifforien , l'Antiquité a eu peu de
Ammat fit guerre aux Honsrois mais
auffi la : Héros qu'elle puiiTe oppofer à celui-ci. l'ius
ceux-ci , commandez par le célèbre" Huniade heureux dit-il , qu'Alexandre , il agrandit & af-
,

& fecourus par d'autres Princes , battirent fi


,

fermit un Empire, qui a été plutôt augmenté


que
bien les Turcs , qu'ils fiirent obligez de con- démembré. Plus habile qu'Annibal , il fut profit
fentir ï une Trêve , pour gage de laquelle on
donna , dit-on , au Sultan une Hollie confacrée.
ter de fes Vifloires , detruilit deux Empires &
dont il avoit juré la perte. Plus juile enfin que
Quelque tems après Ladiflas Roi de Pologne,,
Jules Ccfar dans le choix de fes Ennemis , il
monté fur le Trône de Hongrie , au lieu de ne rendit malheureux que les ennemis de fa
goûter les douceurs d'une pabf" avantagcufe ne patrie.
, C'cfl l'encens qu'un Panegyriffe Chrétien
fit point fcrupule de rompre la Trêve. Le Mo- donne à fon Hero.s Turc mais fi on pefoit à la :

narque fuivit en cela le confeil d'un Prêtre,


qui coinme bon Minillre du Pape Eugène W.
balance de l'Equité cet éloge pompeux ma- &
,
gnifique , n'y trouveroit-on point plus de Re-
dont il étoit Légat , prèchoit ce dogme abomi- thorique,plus de faux-brillant, que de lolidité.que
nable , Qu'on ne doit point garder la foi aux In- de vérité ?
fidèles. Cette infraction obligea les Turcs ii re- Ce prodige du Conqmramifme naquit à An-
venir- en Hongrie & ce fïtt alors qu'Amurat
; drinople le i.f. du Mois qui porte le nom du
fur le jjoint de combattre, tirant de fon fein l'Hof- Dieu de la Guerre , en 1430. Amurat l'avoit mis
tie qu'on lui avoit donnée, apoflroplia
JESUS- en tête i Scanderberg mais aiant afliiire à trop
CHRIST, lui demandant hautement railbn de forte partie , voire à
:

un des plus gi-ans Maîtres du


la perfidie des Chrétiens. carLe Ciel la lui fit ; tems dans le métier de Guerre , fon aprent-flà-
la
les Hongrois furent mis en déroute ; ils perdirent ge ne fut pas heureux. A fon
avènement i l'Em-
àix mille hommes , &
ce qui léntoit le plus le mi- pire , il enfanglanta fa Couronne par le meur-
racle, c'eft que Ladiflas fon deteflable Mora- & tre de fes Frères. Enfuite il porta fes armes
lifle furent tuev, dans la Bataille.
contre l'Albanie , pour vanger la honte de fon
Notre Amurat n'étoit pas de ces Souver.iins
ambitieux , qui ne veulent perdre la Couronne
Predecelîéur la ficime &
mais trouvant un :

Guerrier ciui le deconcertoit par-tout , il fut


qu'avec la vie. Avant fa glorieufe Expédition de contraint de le lailfer en repos pour quelque
Hongrie , dcgoiité de fa Grandeur , il avoit ab- tems.
diqué en faveur de Mahomet fon fils mais ce :
Mahomet , enragé de ce mauvais début , alla
Prince étant trop jeune , les Miniftres firent tant
d'inflances, qu'ils engagèrent le Père à fc remet-
jetter fa fureur fur Confl^intinople & ne réiiffit ,

que trop heuretifemcnt pour îa Chrétienté. Il


tre au Timon. Comme
il étoit apparemment bi-

got , il fe démit une féconde fois , fe retira &


alRégea la ville le neuvième d'Avril 1473 ,
il la força le vingt-neuvième de Mai.
&
dans une Maifon de Dervis , ou Moines iMatio-
Le Con-
quérant abandonna la Place à la fureur du Sol-
metans mais il fe d^mmachifa pour une autre
:
dat ; le maffacre &
le pillage durèrent trois
occaiion. Scanderberg, fon Filleul fon Elève, & jours ; quarante mille Habitans furent égorgez;
fc rendant formidable de plus en plus , rempor- & les Religieufes violées ; on y commit toiite for- i
tant tous les jours de nouveaux avantages Amu- &
!

, te de violences , d'horreurs , d'inhumanitez.


rat , moins attaché i la folitude , qu'au bien de i',t après cela , qu'un Chrétien répande fes
l'Empire, rcfolut de détruire ce foudre de Guer- Heurs fur la Mémoire d'un tel Monltre de Bar-
re. S'étant donc remis à la tète d'une puiffante barie.
Armée, il forma le fiege de Croye , Capitale du Del'Empire de Conilantinople , le Turc , en-
Prince Ennemi. C'éfoit où la mort fattendoit ; flé d'ailleurs de plufieurs autres progrès , entre-
une attaque d'apoplexie l'aiant enlevé pendant cet- prit l'Empire de Trebifonde , &
marcha droit à
te entreprife.
la Capitale. L'Empereur Comnène , n'ayant
Ce Monai-que mourut en 1471. Il étoit plus point de fccours à efperer èc craignant le fort
,
qa'OBogeaaire ; & il avoit régné trente aris & de Conflantin Empereur de Conilantinople , fe
demi. Un habile Ecrivain dit qu'il étoit le Père rendit à difcretion , céda toute la Colcliide. &
des pauvres , éloge très-rare dans un Souverain On lui promit un dédommagement
louaiige néanmoms
; avec cette ; &
qui n'eit pas incroyable, belle effjerance , le Vainqueur le mena , comme
car l'Humanité cil défont pais & de tout rang: en triomphe , à Conllantmople mais on lui fit là
mais ce que le même Auteur ajoiite
rat étoit le Protefteur des Gens de Lettres,
, qu'Amu- une querelle de fang-froid fats prétexte de ; &
:

I
Lettres interceptées , on fit cruellement mourir
L 1 lui.

:^i
DISSERTATION SUR LA TURQUIE EN ASIE.
lui l'Impératrice fon Epoiofe
, , & toute la famille l'âge de cinquante & un an en 1482. vingt-huit
,

Impériale. ans après de Conilantinople. Il lailloit d'à-


la prilc
Pour l'invincible Scanderberg,il mourut en bra- quifition par le droit de l'cpée , à fon Succelfeur,
vant toute la fortune du Turc ; &
ce dernier , mar- deux Empires , huit Royaumes, vingt grandes Pro-
(^ue d'une Ame bafie ou vulgaire , témoigna une vinces, & deux cens villes mais en étoit-il plus
:

joie exceinve de la mort de ce vrai Héros. Maho- honnête homme ? On l'accufa de n'avoir ni Foi ni
met régna trente ans , & mourut d'une colique à Loi', &. de facrificr tout à l'Idole de fon Ambition.

yiAN-i

:^^^^^m
If
A/^TAÎsIlES èc BrEUVAGES~DÊS TLTRC S.
_ Bons efets de XEuii SosRiExi.

jr.^st poj^par ùl'^uc û^ ju/£àé c^itÇ'u^d fei^nem- aJhenéA du^.. ^^ se. ccntenâ^n/- ...

/^/'/-^/-^ /euéé-ms^t- au^^éé^i^^ ééà/é.iu,- mi r m^£ au^ji ^j^^af-e^^t % à^ caiM' ç,^,. .

lûunc, enfùiz ûi?'jr fn€^ pi a


JfL<^rcBi^ii/ifpoti.t^£;aîîie'n£e

7 it/i£~ àea.ucûup ce pûi^'^'e pa.r- J,-

àe mouév?i- cm, Je

t dpaïs et^ec .

nviciùx. i ^?a>nJe v ctti/


c'esâ la terre
à-ut- ati^^^Mj fiTt^ petite .

L'/i- de éaù e^yee i^ tcrr.

de M. r se meÉtirn/
,4.
Uâsits leé
^ '^
j tAm,afusre
eu
sen,ûUûc^n crd:'
f /
aue nû^f-Jai/

cjt iùn inorceeidc renVG de
ntam^m^/iy eruru oiùi^apel
Lnt SoËpsL e^ aU'Jie^t'i^ set

^iZ/iJe de tez^ atii, îctt^/i^


ii^ii^ Oywùnùr eô miie'ûrdi

Mn a€iia sùnt cuji^ il

:iiùtLtM& uiiJïak etjta..t


^ï:^ 3iLnom deDieu et a>Uj^ ^^__ ^^^^
& 16^ nu!U^tr^»!^ç^r y^^ ^,U ^^ /^^ ^,^U„uJ, „ n^, „ u^^, ^ ..,. ,^u,e,^^cA^^ .

malî u^je, fiiid t&p^ua a ^aj^^^ J^


fii^ua'eM àedans .Car
Ul^' pmtr
pot ueiie^"- -"^ ^'^
•f^c -- —^ rôèt
^juLùJtnt
- -< /^ ,'
pa àoui/ti _ / y' '
'T--'' i/â /^ rt^^^^ji^

rimUu«, ^y^.u»u oe,ùy-! aric A: ^e^u. J^nf où^u,,, ^^t autant ^uu '/«,\x /aùi . &r, m.
câjâ aJi'eZoïLÈsoil lu
•'e.^&!
mjiti/£ £Ù. ^ioi^'e /mu^ . c/ll(Mi-t raruaytié-i-fiit^ ne û f-nt poiM- i^k /rn&i.
^•tat ctêrè appétit; àtm. fuià^niu-dt Sinie. un dmft jai- i£ Sofm
mtué ^ uMj apiià ^
autres èar ûs '\'ûrcj ne s^r7 'mais <jii.'ii,fi..fi..'i u ... .,. ,7 ,,.-,,,. ,
^tii a eie sers-i.ûii *àfe eèSinie^ ^m fnJme t^^n^
t/'
, ^ 'Cur te e'esjert-, se^ au^'tt jc>itr àù /rU'itj e-u- Ja.
le //let smipiùm^n^ s^wr- ^ Sojjra.
s» w ^^« d^^ ^-^ ^ ^^i^ % ^,^. ft^ ,^^,^^ ^-^ .4^-4^^^^ ^^„

ju^^^^ ^^^«^.«^^ Jçùi:.u . "JZ- ccu^^ A^/a,û. ^j„iii, ^r,„a^ ^ /a p^Ji.,/ ri

tù^ce- pa*a &, ^lUt^ j^^nÉ


^t^it^ jcnÉ imu cain^iuuwn
amé ami/oaJttism ?*m
^'ttn affûj-
cpùi- v/L a^n^n/^ gu^
pi^ 'à
téj niù~e4 . ^^'j

« /;.«
..en-M „uzttf,^f i.-.-J^^„e^ Jtj,cd«,ffit ,di£smt % frù &,^oilcM.
/. .ij,;,/ /.-J
. . . .

ILA MANIERE mmT LES TliECSMANGEî^fT"'^'''^"


fKAHIETE ENTRE QL ELor ï;s MarRS DES Tv UCS ic LES NOTRES
UJilctM aa^Ci.7/itt Ci^i<r- Jt- / /U^iU, Jo-/i/ «..y C'«i*r.< s^. s^n^enù pour- ^^sat-
,5.1

ff-n p-cu de
prcp^KÉ
Je x^/nd^'^&,
y//iài'^rsr,
A c^^tadn£j
•^tt £^ éf^i-rré mi^i'^pi-^
à€. ^ùïo^?'e
Je-

sortes
pùïo^?'e

^
c.-
e/ Jr A'i'
A'f'
luyssi.--!!

^\\uiifi/ qu'ii'piujj€
, c/-
\-usemé^
âaiiuj \-usem
âajiuj
/ofi s'v a^ccifûiume si hîén a^'fc
ûZ-e-, de.

é'ùJl:A& fait ufu\ satcsie £r-es ?v:


tems .au'ûn
t'V'/ï^. £fi- rffci- /a c{nlÉnm& put un^
Sûrt& mc^^a'e£
f

û
un
yWj- ûe ciévn.. ozi au'o-n
î?eu-de /^rl

n
parcf- qu 'un ^' es4-a^outi^}ru

St-rn Ju m^i/z^r ûfa-rr^.'-

- Ja ?miéZe-aa' fi'e?7r^âç^
MCLùOiftide . rt- eti yen /ci
•t jamais tmi-ng^*- .fmzis
k
mt t&ttil- va^4'cii^e^' ewi
'ébn<j£ciet2.t-

^z£ 'vûu fviéj. £t-9.


ces ^ktat
< ossé'es ce io. ffzcrm mafi>u
Mit' l'on manos /es petits
t -àieàa<dx a CeLjyowrOiJ^e .

• r /c7t& eué^ssi roâi^ ^ &r-:


A<Miâ: sur /& ^rzta^e^ u,ft

u J^AM.tâi acj^i^'rs et "Je

f/^N-hr 4ea /eu-i^j ;cc aui


1r un ?KM,*zaer- mr-t Je/ical
i ?i ej'é-jpm^tt, iijade que.
aiian-c i^ sont cai£r à twi^e !
iruvtîiei'e. ^ o?7.t- e-ncore

AtTiùx, cêst iù /ej


couper &n. t74iafèi^-s -Si-rs

.^'iis sù?Uj^{i.ne>s, et Ùe^^es


tif-e à<MÙ la.^d'e/^', c'est en-.
corC' un meÉ asset. /riaai)

nous ape/Sns Ca/jb', dent ui


'.A' %eure lus ont une uut/-^
. L-te^cj^uji au/es /u /. '>^j/'et J^-estr'^ùt^ Jucf-e,% fus àc
.

:\'{uc rcse. an-ee un peu Je pa//%t/k di^ .'âus^ ou .


"•' tfvs
./s. Ce /i€ua'•2^ est ' '
asrèaé/e.
/ait aéùssi tùn£> pâte et /mJ'espère i.e gàteetu a, ^ l.^ i^njo^r' pcrter c >. ' lis^ec Sin^'atui^tJ on j^ûÎ--

ftj-o/^way £€> meù^ t/a^ns t.& t,.eiu pxu<^tie,a4ieïi/iiù ^tfori. t£./iM£ a.


t> a^'ce <Kn-, oei^s atc û?t^j'oZLU3^, et ecst te ârce^'} At?-<?- on.
'/-PMiod/re- (Sf-/zrf tes ûccasét^ns ùi ^in est
f an pre/Kr un ^j^t^ Jeetu Je J'ze dem-t tes 2vi^eu,n se trozô-j-^it as
c3 tfta^i^^ec i^ joif-
Cn- e^pûîct a^oi^f ^paf tûui c/U^ tes ^-£e:s y2 e^^ 3-r'â;.i, au^e/tS esà -mi.- peu, /^zJ%, pa^cc ,

tst faitv 4.^u^ Je^ét^îcù ffia^ c/i veut Â^ fe^Jre^ meit^wty a-n^ frùetta^â Jo'n^ dsi^oii^/^ ^
e/o'/it Zi'fi, pi;u Je Jue^^-e. c f eu: ae'ro^tJ.ct J'ecorcc i c^~iz-nac- ou Je aàn>fi-
it tf-ou-j-er ce- o eau- Je i-ze- %^. Tznec pai' tes Ma.isseaiUîJz. . a^rrt3'e?it auecati^.. vu ca- etny^it.
f^, et /'a?!' a^ uuta.nt ou'on ^v peti-t jtro?~te.r co3?Lpn.ûJe.ate^t asve J^t .'~'' Cettti soéi-zete-
^-ieé-

^ aucfc ai.eu ^zrect'/%u^t44£^' Je/a'pL-ilpaft Jes â^ana^rs OMt rûïctQ.&n.t. cent


S'a'i:of:~J&
S -
c /es,

'a-ir^^ôûn.^i^ c/ïef-c et tcs ant^vs font Je- ûttt^is &c.cés Jeàoù^. tT^n.' .fitc lie rzz iims tes
jizir^^âûn.

vots ce âcu^ye, e:t- Jes /f^ts Secs mn^ ^pé^ts çfiz?iJe^ jenvî^ùiûn J^u^ze m^ni/te raùûwnoù/em&â
, .

.y/uss/ £st-c& à ta.Jbé/'iets'


'.. ;te Jes uftefitaux otù^cn Jcit sut7^:&ueii-
oi^'on iJctt sutrté-iie>'" ^ii^r
i 6o7z-ne ec rvvztste. Conip/^^ni
.%
e'tei/ perdus Je pcssccc/- Je ora'Us â^ns ^U' pr-opnet&, gsj'as'oir- Jes fonJs J eux Jcnt ia tù-ar,

^ tzfis /e rc^'en^t, /test ce-rt^dn ^c u^r /ru^.à/it^' ic Siùt- ^arg^tcoôe âcucAe^ anricAt'/oit p/tis izè

û?^ist:an/ii^i^û' OiA" tes eeceés éc taôortn-e. c^re /t'en- rziSm/z^ daais tmis tes atù^vs pais,
ce/ese ceta,com^ téc /'^iJt^XùKs anArva ^ceic-jej.cn. aUot Âf^^ens: 7&tà S Cim.értUfe> og:£s au^^ nous iCtsi^M . /i^-zis

(i./vu- e<xe,m.fi^. <~um -r/e/i ^mMur^.tc i£ eH' oizt- p/tts^ttrs ; itous ^,»-eo7zs Jea /ùàtàs ceurôj- se ^ an fivr£;.nâ-.

Irf- t^isso/ts c*vttns /ws iwi^j'eu^ àSfiiiua iiûti^ ras^mJ.!^ ^h^ ix^uàt t^tte/ eux att c^rzérii^^ se
/v cA^j'eax. ntseftt
r/?iére tèuf- àiif-âi- ua /fiMn- Jrdfc c^â c^s n<pzt.s
. ^
côt^' AJnen^& cfiez ett^ c'est ta, ftUttn' ^auc^û tiens .

jauc^e <z Jrûit, ec en ûi^nirj se/^are^s,- <e e/M ait CK'ntnute écrivent Je ^t/vtt à ^oinrAe,, Jc tu^s./^. -S sûfU .

iT/iM-finJ- lA.^Iir rim,r ../i-t-.~'f,.vr-ir>,^ /S *•>,» '^^'"- au^ fl^^lS JèUM^^<f OUetott' ""-' ''' ^
'•'• —' —
Si^

\ a
il il

|. i]

il

!
'I

i
. .

.' ^ l>J-»g>J>-^**-

Habillemens des Dames i


i^tti iéi Marnes ày/cnsto'néi. Seeeâil, ic
f!urfif£, fT^t^elit^e ail nom :

are J
J wi air Jar am/lîéeta- et J»

magni/ïc^ncÉ éou&~pa3~iiz
'caJùsT-, el- aMi' nt^passe J^
àisn —om-.ix/ù dté avtTuj
Ju)a.rm^ Je' ee ptM /à.

-leur T^rjjoiis mo coë/tt^re


esâ iti/,a£^ee à/ ceu^r iete par
rj^tiait/ib;' m^iceA^n Je
Je
.dcyer'te^ am^Mr-s aui s{mi ,

toiu éneÂéz d'm- eâ J'arçeni


. ,V . z'
ete^ceJ r m^éent aujii, de imt.
c\à
'-^ C\ .
^
te^ soré&s de pierrert&s Je/on

• Je àù'^sej ^/ears .
/.-/A-

mè-re-
^ 'c^^ ^'U4'')^fitr ^ mel..

sans /u. cY-^if-g .te^m£-nà qic

c^é^s /s erv peù.3>-efi& /ers^r^


v^'ftJain.t^piiiASieii4^

o^-utr dejaueîf A^Yui^c.


fiÉTié^ u?î£- oMé-re /or^né teAe'

V aie- lûû/û-iin ,
auei^îi

ju>eir e/Âs 4^rTVpfUyicn^-- un

n^e- estslp^^au^, â, eau


^zùéJce^

^trrtcfi&

i)€4 d'ûf' a,u<t9zJ Ce. sûfzà JcJ

li pe'^27tn^
i^ft Avi'&r
Je,

eC^
Jiséi.n€â£^yn

afv£- u.n^ -éur

àaÂ't-.

i
.

^i^Jt^.

.S'rig.T i-r.^o .

rAisTTimypLEDES Dames
s AIRES
A
;

u nahiff^ou jur- m ^mi^ufi

.^lâ ût^éivefné'^t naôti/rfs :

aué'/im^s u»^d onà sur /'a /^ .

te u?î Kii/pat^ii éon^^t fûin-:


v_ r-, (_

/i ,7 1 1 ' .^ à c7U 1/ a aux 9.


c^/iix

.^Az une /'i.ume al/acÂe'e au.i


o/efUe^ cûmtne J^'$ ft i- a

aussi ce ijrjs ^oumt^às J^ p/u -

1
o Ce t ttn^ Si/r u J'i'i/f. \

A' c fijt ^ty7cm eu éontief-

/e%^efe/i^t.J a^u/eitrs. />tct/c^ :|


oretc a^acn^ a qncf r/A'j
I (A /!& ti. tttéj sof^&s àe pc/cttx,
// t v. r a ^e .resisetn ran
II

j'iii /:t
,

i ^
.

/)- r\.
p^fitec f/ettrs c cr ,vî
^ i

r /
/f7 7/i/^re ce ffûiiipi^fs , é"/ au mi •

/uu ce lAiia/it^ fc£t4r on- 1- /m^


/ ^
jui urti^j merr-4rre€s
^ .
^
yc i/- en
lauisi %<itf me^i^nt ces ^etjfi
iaiu/L//^j cc/fiff7é ce4 l'i/Z/^ts

it.iuffts StfTîé/aô/es.W^z.ii^

-ï //lain'rf crctmidre ce s'Àaài^i.

i(V Uf^s esâ ûo/ozr un fcnmt ce

le/cun rcu^s ayec un Juréan ciuic


ime/ope auicu'T Ce^t ufu estu'a
Je eaftJe ce' fct/e fyti^ ce ccto?u

,.ûtnme û7t ce peiit 't /> Xins /a


!'i|

yg cnè une/cffe Je écn^ze/y


^m^ûs am/pefid£ntrpaf~cerriere,
^(r l-oy o/var- ce^'^a ni- wi à^ { a u
ij^M/ -yie^vù crentr a^i m^iiXeu ctt. I

Çvni- i^&lt c'o'ntenir cûT-é et


naut- û'eMî^i^rcm dcinipiec. c'est
/" ^n
/- âcn mr~ Ce cerfncn te ûu en
'
V
i7?c-/Zi SercaJa autrement , e'/s

eut' corainaû-e un âctznet ecm.


ui£ Ces a^uireé 'Jures ,autc-z(r ai
aueZ la rvu-^ni uui'^yurâa.n.
c'tùite'm.unter-ô' tûuâ à-mii cin^'-.'

'•
'7 Ai,„/u


1- ».'
î^^£^

; lin (rHAVn SKIGNEUB K des rRIÎTCIPATJX OrTIClEUS DE i'EMPlHE OirTOiJAîr IIREZ SV K


/ i m lit 1' /f ^itfC d'apr^ luUurS.
^ jSm. la. I

i
H:«

-^

*--JS5j^

\ ( i]


^grtsr^Ut i^ «i Mjiuécsti, aj^iBie^i n^aarUt Miiji n r,
i^a^rUr ne.
r —
i, ^n^raX. a^
cù . lût
ùùttw^â',.
— - .. .

/jrvs re-njt^ cayn^âe . Jù âi^étt-âvu-f- Jeé ^DiçTi/iê-ev se- Je-,

ji-uci-i; eriu,n/mat c'eit UùL q^tii- e-s& rtxi'e^lu' dêietiC& ^kti


ccrite flu%i4
. initie ace

('fi

r..,
Le 1 -ir^XKS^TR^ A.GA.. (^
,
LE CAP1TJ\.N BJLCIL4.
i^eoi, a. i/ire / .^n,fracK u/n ces p^smu t ^ ''/"
aiu^U44 ^C i^7mn,a,>tCL. à. U4 ù^ ^a>ivUsaù~e4 au tutu, :

ère ce ir^^t:/ .^eha nvu^ x ii^ose lïfe tûici Cet arr^nfAif te i&s Z^ ce ù ./^~cn^yffe^, e:ârnà- ï^ esâ, peu,*- at/fi^c th :

cL. ce i^tps Aarmis ffe4 tr-Ti VT'emt^^rs au^ scm-é i^crn. .Vcz-'. -/&j ^yti/ros ri-' an-ir ou^e^fs au^ .frïwzd? ?''cMMa-ux
tLiL _ par Ce (j7 ann Jgnffu>u^ .
il
si

H
il
i w

liait
.

Portraits DU MoTJFTi se atitees Geks iw

«^»«.^ ^ 3l^c^&„,a^% f,^„^ ^^^^ <i™^^;i

DERJICHS qui tournen

narU-, &é ârtu au.i'iirU, se ài^MJ la..trmùi

^fim à une J^Siy/^<ï^ om^ &j an,Mn

ce^ée U)a^je, /e^/^nte^i^ aùa ja-n^ /a^.-'^^

en. è^e éâim^dij '^

lM.iM cu-MlNISTRE ixmiMOSOXrEE âsâ pe>zhtee, ce qu4. ûtnt f^t-rv éinirn^^^ >ï
-^ r^ Z' ^ ' '
-^e ^iM^àt^ Cef~e^ au^ ejt-
'""^^ ^vrarQ^ ^/[ii^u^^ u^ CtilSia^ le
,

:V'. i

\\por£if tenu ùe^^ Ufoan.ji' e*. ta. ^Xe4é& ae- ^a-ùi^ ^'^r^ci^tt^

I
'^•'^nc ?iofni->-â ail. C-aire, atte '^^ajuutr~s se /én.ê (Z/t^Cfi

^ a.-!^ éozcà Jug^^ i^&fà éà^ Ce

Y
"j^c/hs ^ti^L-
r^":
&s^ un^ Q .^ "
çeé C^c4?7tdéa-nc£s

ose ^(? aM^ny, mi^c&s Jou/z^n^ oa^s

:/ en/ jra/UÔarz^' ^

•ert ati.- i^^sjZLi ces roccnTL-es se au--

KM
l \

m.
f' il

îliril

1/^

'
w.
Mariage dt:s Turcs scdi^s Arméniens aa^ec u
:en ce pats i.a_ se r xtsa&e peatioué par x>:s

J^Ol^^ tdy7l _

li

:trou3'e .

m.e/i^c/iaà^ é

fine, aui n 'e<<:& p^s ffî<z6 à p-^x'ypty


lu/te' Je cA.cùi/-. st u^?e
eu L^n la i

Dame TuiicqzTs qyz sosxjjirXijLiir.


/ea ^amtrj^ JuftM^i^d se é%gty/i^nà^fre^ a^i^ 60^1/^^ .^

ejern^ Jea /l^c^é ^i^ ^ cÂaw.

W-.
.

RE DOKT SE EOKT LES DEMOlsTSTRATRms 1>:AMOUi|


^\
MïtCOTTES POUB. PKr.ïfI»ïlEI,ElîAIî4^8CPOURrUMER _
TÔnv. V. jVf^S.

i:isrT LicvR Mariage.

/i^/i-t à'ia^ ûêâi? Je ta ^"^rv/ie, Û/i

^^/unë ^Sm a.cr&sâi'n^.Ae'U^éiU'ÇjCi

a^'a^ ûr-ûT? Ja/i^i /ej /Viî«.c ,w^;vz^

tin -E lis:e f

<;<4êy j^nà i7z*»3y c a^£ft-tMU€fc a. ncpa e^ ? ojs^s

/ tea /^'-C/tCi
V.
,

'îi

>'
A

Pag. 41

SECONDE DISSERTATION
s U R L A

TURQUIE
EN ASIE.
T)e la Religion Mahometane en général , telle quelle
s'oèjèrve en Afie.

|A Religion Mnhométane cfl pref- principaux, dans lefquels j'at dciTein de me renfer-
que toute Religion Ju-
fortie de la mer. I. De croire en Dieu, &
de l'adorer feui
;daïque ; &
comme la chofe n'a pas comme tel. IL De prier aux heures marquées.
befoin d'être prouvée, parce qu'elle m. De jeûner pendant le Ramazan. IV. De faire
eft trop évidente , je me contente-
'
l'aumône. V. De faire au moins une fois le volage
rai de le remarquer dans le premier
I de la Mecque.
article du Symbole Mahométan , qui eft en ces Quant au I. article bn peut dire que les Maho-
:

termes : IL N'Y A POINT DE DIEU métans font les plus grands Déiltes de tous les
QUE DIEU. Les Mabométans ont aiTm-ément hommes. Ilsconfellent &
adorent un feul Dieu,
pris des Juifs ce Titre, ou cette infcription de leur Créateur du Ciel &
de la Terre, aiant les mômes
Religion. Les Juifs appelloient les Taules de U notions fur l'Unité de Dieu que les Juifs ; aulli elt-
Loi , le Témoignage , &: rendre témoignage lignifie il clair premier article de leur Confcflion de
que le

parmi eux embrafler leur Religion. Les Mabomé- Foi eft tiré de ces mots divins qui le lifent en tant
tans s'expriment tout de même fur ce fujet , & d'endroits du Vieux Teftament L' Eternel notre
,-

c'ell de là qu'ils appellent les IVlartyrs , Cbehid, T)ieu eft le feul 'Dieu. Ils drfent là- dellus que
c'eit-à-dire Confejfeiirs ou Témoins. Ces mots,
-,
c'eftun blafpheme de parler à Dieu , ou de Dieu
témoignage en "Dieu , ne font proprement que le Ti- au nombre pluriel comme de dire , vous ^ Seigneur
, i

tre du Symbole; &


cependant on les tient ii elfen- parce que ce mot vous fignifie une pluralité au ,

ciels, qu'on ne les peut omettre dans la Trière^ lieu qu'il n'y a en Dieu qu'une très-Iimple unitéi
& dans les autres Aftes de Religion , quoiqu'on aulti difent-iis toujours en leurs prières, ïo?;,c'eft-^

le puiflè faire , lorlqu'on recite la 'Profeffion de Foi, à-dire, toi. Ils infiltent non feulement fur l'unité

par forme d'exclamation , & d'cjaculation , com- d'une Divinité , contre les Adorateurs de pluficurs
me cela leur arrive à toute heure ; ou par manière Divinitcz ; mais auffi fur l'unité èc Jiniplicité d'une
de récit, ou dans les autres rencontres delà vie ci- Terfoîine dans CEffence divine, contre nous au^
vile. La raifon qu'ils donnent de ce qu'ils met- très Cbrétie?is qui fommes inftruits par la Révéla-
tent ainfi toujours le Titre de la Profeffion de Foi tion à adorer la Trinité dans YVnité. On trouve
dans le corps de la Profeflion même, c'eft que par-tout dans leurs Livres, foit, Scholaftiques ou
l'Ange Gabriel donna le Symbole dans cet état-là à de Dévotion, que lorfqu'lls parlent de Dieu , ils
IVIahomet, l'aiant re^'u de Dieu de la même ma- ajoutent ces termes grolliers qui n^engendre ni
,

nière. n eft engendré


qui n'a ni femme ni fils:, &c quand
:

Pour obferver quelque ordre dans l'explication on veut leur reprefenter qu'en parlant du Fils de
des principaux points de cette Religion , tirez par- Dieu les Chrétiens n'entendent autre chofe que le
ticulièrement du Traité que Monfieur Reland en terme d' Intelligence, ou de yerèe TUvin, ilsoppo- ''I^I
a donné depuis peu' en Latin» je les réduirai à cinq fent toujours que ces termes-là ne font que des
Tom. V. M pi'é-
,

41 SECONDE DISSERTATION
précifions d'entendement ; que k
Divinité ell un du Ciel, ils doivent s'y trouver renfermez dans urt
Etre li fimple , qu'il ne peut recevoir de compoll- fouverain degré de perfeèlion. Quand on leur
tion ; &
que toutes ces ThEories font prifcs de l'E- objefte,que li on boit &
maflge dans le Ciel, il faut
tre créé , qui n';i aucune proportion avec l'Etre qu'on y ibit fujet aux neeelhtcz qui fuivent le boi-
incréé. re & le manger: ils repondent, que ces mets déli-
On peut voir dans TAuteur que j'ai cité ci-de- cieux ne font point d'excrément, mais que cette
vant , & dans les Voiages du Chevalier Chardin, fubftance s'exhale par les pores en une fueur,qui
quelle clt la Théologie Mahomécanc,fur l'Unité de ell le plus excellent parfum. Quant à ce qu'on dit
Dieu, fur ïc^ Attributs, fur le Décret éternel, fur communément j qu'ils excluent les femmes du Pa-
le Jugement final , fur les promeilés & fur les me- radis , pour accorder ce point avec la volupté fen-
naces. Je pafTe à ce qu'ils croient de fes opéra- fuelle qu'ils y fupofent , ils difcnt que les femmes
tions extérieures. Touchant l'Ame de l'homme, ne feront pas dans le Ciel dans le même lieu que les
i[s tiennent que Dieu a créé les Ames long-tems hommes , pour qui il y aura des femmes celeltes
avant le Monde. Plufieurs Dofteurs Orientaux plus belles que les femmes de ce monde ne feront à
ont cru la Métempfycole , particulièrement à l'é- la refurreèlion ; &
qu'à l'égard des femmes rcHuf-
gard des Ames des Prophètes, des Saints, & des citées qui feront rendues bienheureufes , elles paf-
Gens de bien ; &
cette opinion , qui cil originaire feront dans un lieu de délices, &
y jouiront com-
des Indes, a encore plufieurs Fauteurs aujourd'hui. me les bienheureux de toutes fortes de voluptez.
Sur la Création du Monde, la Créance des Maho- Le n. article qui eil la Prière , cil un de ceux
metans cR mêlée de beaucoup de fables , prefque que les Mahoinétans obfervent, du moins à l'exté-
toutes tirées du Rabinifme ; &
pour ce qui regar- rieur, avec le plus de foin. Leur tradition porte;
de leurs Livres Divins , ils' ne doutent pas qu'ils que Mahomet aiant reçu fa commiflion pour venir
n'aient été envoyez de Dieu à leur Prophète. C'eil publier fa Loi , promit à Dieu de faire faire cm-
une grande queflion parmi eux, de favojr ficesLi- quante or«ï/5«fpar jour àceuxqui s|y foumettroient %
VTes ont été créez ou non. Ils les regardent com- liir quoi les autres Prophètes, qui étoient venus lur

me la Parole de Dieu même, écrite en caractères la Terre avant lui, lui aiant fait connoïtre la tié-
viiibles, pour être confervez dans l'ame des hom- deur , &
même l'averfion que les homrnes avoient
mes. Ils croient que ces Livres étoicnt au nom- naturellement pour la Priéi'e, &
com-bien il y avoit
bre de cent & quatre, dont Dieu en a envoie dix de peine il les engager ;\ ce devoir \ il le reprefen-
;i Adam, cinquante à Scth, trente à Enoc, dix à ta à Dieu , qui lui relâcha peu :\ peu vingt oraifons
Abraham, uni'iMoïfe, (\\.ù eil ]c Feiitaîeuqt/e , un de cinquante, les réduifant ii trente par jour^ mais
ÎL JESUS 'qui eil XEvangUe^ un à David qui ell: fans vouloir les diminuer davantage. Mahomet
le Livre des 'Pfeaumes , & un à Mahomet qui eil aiant commencé fa Million, ordonna donc trente
YAkoran. Et par raport au Tentateuque , à VE- oraifons par jour à ceux qui embraifoient fa Doc-
•uangile^ &
au Livre des 'P/èanmes , on pourroit trine; mais il vit bien-tôt lui-même qu'ils ne pou-
demander pourquoi lés Mahometans en rejettent voient faire tant de prières feparémentj chacu- &
la Doctrine, piiifqu'ils les reconnoiilént pour des ne en fon propre tems , les befoins les occupa- &
Livres Divins. Mais c'eft qu'ils ne l'entendent pas tions de la vie ne le permettant pas. La première
de CCS Livres, tels que nous les avons aujom'd'hui. guerre de Medine, qu'ils appellent Kazakendeky
Ils l'entendent des anciens exemplaires émanez im- c'eil-à-dire la guerre de La tranchée , laquelle fur-
médiatement de Dieu, qui ne fe trouvent plus^ & vint là-deffus , le lui lit encore mieux connoitre.
qu'ils acculent les Juifs lV: les Chrétiens d'avoir al- Les Koreis (c'elt cette puillimte Tribu Ai'abefquc,
térez. Pour ce qui eil de l'Alcoran, ils regardent dans laquelle Mahomet avoit pris la naiiTance,-
comme Infidèles, &prononcent anatheme contre mais qui lui faifoit la guerre comme à unLnpiq &
quiconque oferoit en retrancher le moindre mot ou ù un Tyran) les Koreis, dis-je, avoient mis le
la moindre fyllabe. Ils en ont pour cette raifort iiége devant cette ville de Medine avec beaucoup
compté les mots tout exprès, & je trouve qu'ils fe de force, &
ils s'en feroient bientôt reudules Maî-
montent au nombre de 994<54. tres , parce qu'elle n' avoit pas d'autres fortifications
Ils ne doutent pas que Dieu n'ait fufcité en di- qu'un bas mur, fans le confeil que donna un des
vers teras divers Prophètes pour annoncer fa Loi, Officiers de Mahomet, qui étoit le fameux Salmou
à qui ils donnent difierens dègrez , félon la différen- Perian, Perc Nourricier d'^/i. Hpropofa à Ma-
ce de leurs fonélions. Le premier de tous a été homet d'ouvrir une bonne tranchée autour de la
Adam , & le dernier & le plus excellent , Maho- ville, &
d'y loger fes troupes. Mahomet le crut,
met. Ils lui donnent, comme j'ai dit, pourSuccef- & mit fes foldats à remuer la terre; mais com-
feur Abubeker , enfulte Omar, Othoman, & Ali me ils n'avançoient guère , à caufe qu'à tout mo-
&c. On trouvera ci-après la Généalogie de ce ment il falloit quitter le travail pour aller faire l'o-
Prophète. raifon , il pria Dieu de décharger fes Profelytes de
Us- font confider leurs refpefts pour Dieu & pour ce pefant joug qu'ils ne pouvoient porter. Dieu
fon Nom à le prononcer toujours, avant d'entre- le fit, & leur relâcha vingt-cinq prières. La pu-
prendre aucune chofe ; & même ce refpeèt va fi blication de ce grand foulagement fe fit fur le
loin^ que non feulement ils n'emploient le papier à champ. On annonça qu'il fulîifoit aux Mahome-
aucun ufagc file , de peur que le nom de Dieu n'y tans de faire cinq prières par jour qu'il n'y avoit :

foît écrit; mais que s'ils en trouvent ;\ terre quel- que cinq prières d'obligation mais que quicon-
;

ques petits morceaiiXjils les ramaffcnt avec foin & les que en feroit de furerogation attireroit fur foi
,

mettent dans un trou de la muraille. Chacun liiit des récompenfes &


des bénédidions, fix fois au-
que fidée qu'ils fe font de la félicité éternelle, eil tant pour chaque prière de dévotion, que pour les
qu'on y jouira de tous les plailirs des fens, non plus 1 cinq prières d'obligation.
pour la neceiîité , mais pour la volupté en l'upo-
; 1
Le tems de ces prières efi: très-régulièrement ob-
faut que tous les biens donc on jouit ici bas venant '

fervé. La première fe doit taire à midi , car c'eil


par
^ ,,

il

'i

SUR LA TURQUIE KN ASIE. 4>


pur le midi que les Maliométans commencent le lorfque l'air Voici comme ils font,
eil fercin.
jour civil , à la manière aucieune , &: ils preunent
le midi du moment que le Soleil palfe le point ver-
pour crier fi haut, &
afin de ne pas s'étourdir eux-
mêmes. Ils mettent les deux petits doigts dans la
tical de rhemifphere qu'on appelle le Zenith. Ils bouche, &
en tirent les cotez , lant qu'ils puiffent
appellent cette prière , Trière de Zoor , qui ell le porter les deux pouces dans les oreilles pour les
terme iacré pour dire midi. La féconde prière cil
celle qu'il:-, appellent Aftre ^ c'ell-à-dire de Vê^re-,
boucher. Ainfi aiant la bouche ouverte , les &
oreilles fermées, ils fe mettent à crier de toute leur
qui fe fait depuis que le Soleil eil dcicendu à qua- force. commencent leur annonciation par ces
Ils
rante-cmq degrcz de l'Horizon , julques à ce que paroles O Dieu très-gra7id , lefqueiles ils profè-
:

la moitié de fou difque difparoiire. La troifiéme rent des quatre cotez vers les quatre coins du Mon-
prière elt appellée Namafcbeb^OM^Priéredela nuit de puis ils font la ConfelTion de Foi
:
, en ces ter-
dont le tems elt depuis qu'il ne fait plus afTez clair mes Témoignage que nous rendons de 'Dieu : {ou à
;

pour diilinguer un fil noii- d'avec un blanc , ce & Dieu) Il liy a f oint d'autre Dieu que Dieu. Ma- '< i
qu'il faut de tems par delà pour faire trois des prof- homet de Dieu. Ali efl le Vicaire de
eft l'/ÎJ^ôtre
trations requifes daiis la prière , ce qui va à cinq ou Dieu. font cette ConfelHon quatre foisauffi,
Ils
fix minutes de tems , jufques à minuit. La qua- vers les quatre faces du jMcnde. Ils difent , en fe
trième prière eil celle du coucher, qu'ils appellent tournant lentement dé tous cotez , en rond Le- :

Namazcofteuy ou Trière du dormir , dont le tems vez-vous : faites vos Trières: occupez vous dans
n'elt point limite ; car il fuffit qu'on la Talfe après
la prière précédente , &
avant qu'on s'aille cou-
la. plus parfaite a&ion qiCayent fait Mahomet
Ali , les plus parfaites des Créatures. Si c'eft il
^

}
^

cher. La cinquième prière eil appcllce Namas minuit , ou le matin , ils infèrent après ces mots,
Sabah ou Prière du matin , ailiîi SaLah , en un& éveillez-vous de votre dormir. Enluitc , ils difent
mot. On la compte depuis que les Etoiles font dif- encore quatre fois , O Dieu \ O Dieu très-grand!
paruës, jufques à midi.
Les tems de ces Prières font annoncez par des
puis ils chantent quelques Verfets de l'Akoian, &
ils hnillént eh dilant , maudit foit Omar. Ils lont
Cricurs d'office , qui font entretenus pour avertir d'ordinaire environ un quart d'heure à tout cela;
du haut de la Mofquée quand il eil tems de laire mais dans les folemnïtez , ils y mettent plus de
l'oraiion. Ces Crieurs publics s'appellent Moafin-, tems, &
quelquefois jufqxj'à une heure, la n s fai- h -'I
comme qui diroit X /ivertijfenr \ ce mot venant re autre chofe , que repeter les paroles raportées
'à!azen , qui lignitie avertillément. Les Mofquèes ci-dcHUs,en chantant lentement ài'italiennc. Dès-
paroilliales en entretiennent au moins un ; mais qu'on entend crier la prière, ceux qui font de loifir
d'ordinaire elles en cnCredcnnent plulicurs. Ces le lèvent la vont faire. &
Preccnifeurs, en Turquie , en Tartarie, en divers On voit par ce que je viens deraportcr, que ces
endroits de V Arabie , Se par-tout aux Indes , ne Crieurs ou Avertillèurs n'exhortent pas le peuplé
font pas l'annonciation de defïlis le Dôme de la à aller à la Mofquée faire leur prière , comme les
Mofquée; mais du haut des Tourelles qui y font Relations le diient , mais qu'ils n'ont pour but que
attachées , &
qui fervent de Clocher. Ces Tou- d'avertir qu'il cil heure de prier. Les Mahomé-
relles font ordinairement fort menues, fort hau- & tans font bien éloignez de croire qu'il foit d'obliga-
tes, tant qu'on a peine à appercevoir d'en bas les tion de faire fcs prières dans les Lglifes publiques
;
hommes qui y font. Les grandes Mofquèes ont puifqu'ily a des Théologiens parmi eux qui enfei-
toutes; ou deux, ou quatre de ces clochers mais ; gnent, qu'il n'y a point de jour prefentement au-
ils ne fervent que d'orucment. Les Avertîlïeurs quel on foit obligé d'y aller, faute àTman , ou de
n'y montent plus , par la jaloufie des Mahométans, Vicaire de Dien, comme je le dirai plus bas. Aulli
qui fe font mis en tête que ces gens voyoient , ou y va qui veut, &
l'on eft là-deffus comme, fur tout
convoient voir , de-là , dans les appartemens des le relie du culte, parfiiitement lahle à foi-même,
femmes ; &
bien qu'il paroiiTe que cela foit im- fans rien qui fente la contrainte ou l'Inquilition.
polïible, j'entens pour y rien difcerner,non feule- Une des grandes préparations que les Turcs apor-
ment ;\ caufe de la hauteur de ces Tourelles ; mais tent à la Prière, confiite à fe la^er plufieurs fois,
auili des grands arbres dont toutes les biaifons font & comme ces ablutions font au nombre de cinq
remplies &
environnées j néanmoins ces Cricurs ils leur donnent aufli cinq noms dillerens. Il elt
publics n'y montent plus; On a drelfé des huttes vrai qu'ils ne font pas obligez de les obferver tou-
de bois fur les Dômes des Mofquèes. C'cil de-là tes cinq avant que de fe mettre à prier ; mais ils
,

qu'ils appellent le monde à la prière; & comme les ne pourtant pas d'en faire une grande af-
laiffent
édifices font bas , & qu'ils n'ont
au plus qu'un éta- faire. La première de
toutes celle qui efl la &
ge , ils n'empêchent point que ravertiilément ne plus générale, puifqu'elle eil pratiquée des Chré-
/ !
retentiÛe à l'entour. tiens auili bien que des Turcs , efl le bain ordinai-
Les jours ordinaires il n'y a qu'un AvertifTeur, re, qu'Us appellent Amam. La féconde cil pour
ou trois au plus , qui faflent l'invitation à la fois ; les necciHtez du corps ^ s'appelle Tacharat ou &
mais il y en a quelquefois jufqu'à une douzaine en- Tropreté. La troifiéme eil pour fe nettoyer des
femble , & même davantage , les jours de fêtes , irâpuretez oit l'on pourroit être tombé la nuit ouïe
comme le Vendredi, & fnr-tout le Carême. Lorf- jour, &
ellefe nomme Goujlu ou Turification. La
qu'il y en a plulieurs font les invitations à par-
, ils quatrième efl ordonnée pour fe laver de toutes les
ties , & en s'entre-repondant. Lnfûite ils chan- ialetcz qui proviennent des organes des cinq feus
tent les louanges de Dieu demi-heure durant, en de nature: Pour exprimer celle-ci ils fe fcryent du'
plein-chant, 6: en faux-bourdon , dont le concert mot Perlim Aèdefijiqui fignifie l'eau à la main ou
n'cll pas deiagreable à ceux qui y ont pris goût par ablution &c la cinquième efl celle des Corps morts
\

l'ufage. On ne fauroit croire de combien loin on qui s'appelle Eubujakmaks ou ablution des morts.
peut entendre leur voix. On le fait , dit un cu- Le tems du bain eil limité. Les hommes y vont
rieux Voyageur, de qumze & de dix-huir cens pas. depuis le grand matin jufques à midi ; le reft^ &
Ml d^

I'
, , ,

SECONDE DISSERTATION
du jour cE pour les hommes n'y vont
les femmes :

jamais avec elles , foit qu'ils croyent avec les An- %§«ipeignoient avec art leur tremblante pau-
ciens , qu'il n'cll pas fain pour les hommes de fe piëre ,
baigner au même lieu &
à la même heure que les Et fous deux arcs dejai rccevoient la
lumière.
Femmes: foit que l'honnêteté la pudeur ne le &
leur permettent pas. Il leur eft expreifément dé- La manière dont fe lavent ceux qui viennent aux
fendu, &
fous de grolfes peines, d'y paroître feule- bains eil tout-à-fait particulière.
Après qu'on s'elt
ment. Il n'y a que les jeunes garçons, jufques ii déshabille tout nud dans la première
fille, on fe lie
l'àgc de fcpt ou huit ans tout au plus, qui puiffent une grolfe ferviette autour du corps. En
cet état
s'en aller aux bains avec leurs mères ou leurs pro- on traverfe la féconde falle, qui cil plus
chaude que
ches parentes, qui n'ont rien à craindre d'eux à cet hi première, &
l'on entre dans k
troifiéme où 1 on
age-là. fue. On y couche tout à plat fur le , entre au mi-
s
On _
n'attend plus , comme on faifoit autrefois lieu de fur un marbre un peu élevé
la lalle
chez qui cil
les Romains, que
cloche fonne pour aller la à l'endroit le plus chand, &
où , après qu'on a un
aux bains. On ouvre dès
les quatre heures du
les peu fue, un valet duMaîtredubain vient
qui étend
matin, & l'on ne les ferme que
vers les huit heures & qui piie les bras &- les jambes de
celui qui a fuè
du foir. Durant tout ce tems-là on n'y fait jamais tantôt par devant, tantôt par
derrière. Après quoi
de bruit, &
l'on n'entend point dire qu'aucun y ait ilfe met fur les mams & fur les pies , et fe elilfe d^une
dérobé les habits ou la bourfe d'un autre j ainii on manière fort adroite
n'a pas befoin, comme du temsd'Ovide, d'y mettre Enluite il le mené dans un autte
le long du dos & des cuillés
endroit, où il v a
plufieurs balhns bl pluCcurs robinets
d'eau chaude
* TJa Tortkr pour veiller aux bardes de U Tuante, dont A le lave par tout le corps qu'il
, lui frote après
cela avec un fac de camelot , de
boUracan , ou de
Il que ^\ les hommes ne font plus obligez
ell vrai telle autre gro le ctoflc dans laquelle il foure la
,
d'obferver cette ancienne coutume , les femmes ne mam. Alors favonne & le lave tout de nou-
il le
l'ont pas tout-à-fait perdue, Chacunetàched'y
aller veau. Ces petits fies de camelot ou
frottoirs ont
au meilleur état qu'elle peut ; comme elles vont & y fuceede aux Etrilles des Anciens
pour ce qui re-
en grand nombre, &
qu elles ypalfent toute l'après- garde I ufage car la forme
:
,

&
la matière en font
dinée, plus pour eaulér &pour von- leurs amies, toutes diflerentes. Ceux-ci font
y quarre4 cV fervent
que pour les befoins qu'elles en ayent, elles font a nettoyer le corps de toutes les
faletez qui pour-
obligées de mener leurs vieilles Efclaves avec elles roient s y être arrêtées, comme
, les étrilles fervent
(jui attendent dans la première falle auprès a gi-atcr. Mais comme ils ne
des ha- font que d'une groife
bits de leurs Maîtrelfes ; car les Turcs
favent par etofe
expérience, aulfi bien qu'Ovide, tous les tours
, ils font bien plus
manier que n'étoient les inllrumens de
commodes & plus aife? "i

qui
fepeuvent faire dans cesoccafions;ilsn'ignorentpas métal ou'i
avoient une poignée , & qui étoient
comme nos couteaux à tailler les arbres peu pfès
faits à

\Combien les Bains font dangereux. I \ Ii


berte qu avoient les Romains à l'égard des'
Et propres à cacher des larcins amoureux. les Turcs l'ont aufli à l'égard de leurs
ctriile ;
ftottÔï^
c ell-a-dire que chacun peut
avoir le fien , & le
C'eftpour cela qu'on voit toujours marcher après faire porter au bain pour s'en
elles leurs Efclaves
fervir lui feul Mais
, qui portent fur leurs têtes tant comme les Turcs ne font pas difficulté
de
le hnge de leurs Maîtrellés
ce qui
de leurs amies , que & & de boire enfemble dans un même vaillèaumanger , non
pour une collation, qu'elles ont
elt nL'ccH'aire plus que de porter les habits
d'mie perfonne moi"
accoutumé de enfemble & qui ne confifte
faire , te,aulh n en ont-ils pas de fe
faire fréter du
qu'en quelques falvas ou confitures. Tout cet , fae qui a lervi à un autre, même
aprêt eil lailfé à la garde de ces vieilles femmes pourvu feulement qu'on
le palfe auparavant une
pendant que les Maîtrelfes vont au bain. Ainfi
ou deux fois dans feau
comme on fait toujours. '
c eil encore la coutume aujourd'hui , comme
du Les Mahométans ne fe contentent
tems de Martial pas de s'être
lave tout le corps dans les bains
ordinaires, ils font
encore obligez après s'être
,_ aquitez de VAbdeft-
X^'uue Vieille à laporte a£ife s 11 leur eil arrive
pendant la nuit
Garde la Robe (S la Chemi/e. quelque évacua-
tion extraordinaire
, foit qu'ils couchent
feuls ou
en compagnie, de fe laver dans
Si les femmes Turques & Grecques ont retenu un bain particu-
her. Cette purihcation fe fait dans
cette ancienne coutume des Dames Romaines , de une cuve ou
tonne quarree,que l'on empUt d'eau
faire garder leurs habits tous lesmatins
perdre
, elles n'ont pas plus lailfé

celle qui regarde leurs ajuftemens


& que on vuide le foir. Cette
cuve eil ce
; car el- que les Anciens appelloientZ,««rwouO««;„,,,&
lesont un foin particulier de fc peindre les che-
les lûtes la nomment Aousc
veux &
les ongles des mains des pies, avec de la & nufent de cette putification
Goufli. Comme ils
poudre d'une certaine herbe que les Arabes qu'après qu'ils fe
appel- ont bien lavez dans le bain, cela
lentElhanna & les l'urcs Akana,>\m elt une pou- ne les occupe pas
long-tems ,1s ne font que fe
dre rouge ou roufsâtre. EUes fe nohcilfent ;
plonger trois lois
auffi dans 1 eau, après quoi, ils en
les lourcils & les paupières, comme Juvenal le dit fent la place a un autre
fortent laif- &
de celles de fon tems ; ce qu, continue mf-
ques ace que tous ceux que la nuit
i précédente a
V obh-
Cum cuflode forts tmiicam fervante puelU.
^totidmit fnrtims baliiea midta jocos. S Illa fnpercilium madidâ fuligine taffum
Oblicjuà frodncit acu, fingitque,
% Vl fuprà togulam lufca recumbat Aims. trementes
Atlollens oculos.

:^l

ife''-
,

SUR LA TURQUIE EN ASIE.


Ml
obigez à cette cérémoiiie
mcmc manière.
, fc foient purificx de la dit qu'il n'en viendroit jamais à
feilla
bout ,
de retourner vers Dieu , pour lui demander
&
lui con-
4?
%
Le ni. Commandement du Jeûne, ap- cfi: celui de diminution i ce Jeûne fi long
la &
prefque per-
pelle chez eux Ramaz>an. Il dure un mois entier, pétuel Mahomet le crut* il remonta au Paradis,
:

ou plutôt une Lune, car c'ell par les Lunes que les & obtint deux mois de diminution il fit favoir ce
:

Turcs mcfurent leurs années; & le Ramazan elt le fuccès à J E S U S qui lui confcilla d'en aller de-
,

neuvième mois. Ils clliment cette Lune plus fain- mander bien davantage, ce que Mahomet fit, & *

te que les autres; parce, diJent-ils, que TAlcoran obtint encore deux mois de rabais; &
enfin à plu-
fut aporté du Ciel en ce tems-là. Voici comme fieurs reprifes, toutes faites fur lesconfeils de JE- ^1
on l'annonce au Peuple; Lorfque la Lune de C/j««- SUS-CHRIST , il fit relâcher le Jeûne à un mois.
ban, qui eilccïlcqui précède le Ramazan^Q}^ ache- Le Conte alllire que JESUS prella Mahomet de
vée , plulieurs perfonnes des plus zélées s'en vont retourner vers Dieu , afin qu'il lui plût de le rédui-
fur une montagne , pour tâcher de decouvrii" la re à une femainc ou de ne le faire que de neuf
,

nouvelle Lune. Si c'eft un homme digne de foi heures par jour il lui rcprcfenta, que la fragilité
:

qui en aporte la première nouvelle dans la ville , on humaine èîoit inconcevable; que lui-même, quoi-
lui donne une récompenle & on publie à haute ; qu'il eût donné une Loi fi douce, &
fi facile, avoit

voix le Ramazan par tous les quartiers de la ville vu les hommes fe rebeller contre fes fiatuts, parti-
& même on le fait encore ùvolr le foirpar un coup culièrement dans ce point du Jeûne, que pas un
de Canon. Auffi-tôt on pend une infinité de lam- Chrétien ne vouloit garder jufques au coucher
pes ;\ tous les Minarets , ce qui
fe renouvelle tous du Soleil. Mahomet lui répondit , qu'il n'ofoit plus
lesfoirs, & un
fpertacle fort agréable.
fiiit Pen- aller importuner la miféricorde de Dieu, que fi &
dant tout ce mois, Turcs font de la nuit lejour,
les fou Carême étoitditficile à garder, ce fcroit aulïi
& du jour la nuit ; parce que comme il ne leur elt le feul Jeûne qu'il ordonneroit.
pas permis pendant tout le tems qu'on voit la lu- Le IV. Commandement ell celui de l'Aumône,
mière du jour, de manger ni de boire , ni de rien qui cfi de deux fortes chez les Mahométans. L'une
mettre en la bouche, ni même de fumer (ce qui efi limitée, tantpôur la fomme,quepourletemsoù
peut-être leurfait plus de peine que le relte) ils tâ- on la doit donner; &
c'elt ce qu'on appelle les Déci-
chent de paiïer lejour à dormir; de forte qu'on ne mes. L'autre eit l'Aumône communément dite, qui
voit prefque perfonne dans les rues. Au contraire, n'elt point fixée , &: que chacun fait â fon bon-plailir.
dès que la lumière du Soleil afaitplaceàcelle de la On la doit taire de cinq fortes de chdfes , du
Lune, les rues fontpleinesdemonde,aulIibienque bétail, de l'argent, des grains j des plantes, iSrdes
les Kahuës, ou Maifons à Caffé. Cela dure toute marchandifes. Le Bétail dont on ell obligé de fai-
la nuit, &
dès que le jour recommence à paroître, re l'aumône font les Chameaux , les Bœufs & les Bre-
iis.fe ieparent &
fe rendent chacun chez foi. En bis, à condition que celui qui fera l'aumône de ces
cela ne font que ce que l'Alcoran leur permet;
ils fortes d'anima\ix, en Ibit le maître, qu'il les ait pof-
puil'qu'il porte en termes exprès, qu'ils peu\ent fedez au moins durant un an, qu'il lésait nour-
&
manger boire toute la nuit, jufqu'à ce qu'on puif-
fe diilinguer à la lumière du jour un fil blanc d'avec
ris lui-même, ou qu'il en ait pris foin ; parce que les
&
animaux dcttinezâ l'agriculture les bêtes de char-
I
un noir. Mais quand le Riunazan aprochc de fl ge ne font point fujeti à cette Loi. Il faut auliien
lin, c'eit alors que la licence efi: plus grande; l'on avoir un certain nombre, fuis quoi le précepte de
ne voit autre chofe dans les rues que des chanteurs l'aumône n'oblige plus. Pour ce qui regarcie l'au-
de chanfons, des joueurs d'inltrumens, des joueurs mône laite de l'argent , il faut être Mufulman ,
de Marionnetcs & autres Bâteleui's, qui cherchent homme libre j &
en avoir une certaine quantité
à gagner quelque chofe 6c à divertir les buveurs. dont on foit le maître. A
l'égarddes grainsj iîfaut
C'ett ainfi que les plus faintes inflitutions dégé- tiii'ils aient été femez, (ce qui exclud ceux que la

nèrent dans la Pratique, quoique dans la Théorie ^rerre a poulfcz d'elle-même) qu'ils foient lérrez
on en falTe toujours un grand cas. Les Dottcurs dans les Greniers, &
qu'ils fe montent à une cer-
Mahométans ne recommandent pas moins le Jeûne taine quantité, Pour ce qui efl: des Plantes j il n'y
que Prière.
la Le Jeûne, dilènt-ils , ell la porte en a que de deux fortes dont on foit obligé de fai-
& l'entrée de la Religion. Tout homme qui meurt re l'auiuône, favoir, les Palmiers & les Vignes. En-
dans le tems du Jeûne, eil bien-heureux êc vafûre- fin, par raport aux marchandifes , on y obferve
ment en Paradis. Et leurs Prédicateurs affirment les mômes conditions que dans les aumônes d'ar-
û la lettre, qu'au commencement dujeûne les portes gent. Quoique toutes ces limitations reitreignent
duParadis s'ouvrent, & celles de fEnferfe ferment eKtrêmemerit le précepte de l'aumône , on ne fau-
pour tous les gens de leur Religion. Voici ce que roit pourtant nier qu'il ne fe trouve beaucoup
leur Tradition raporte de l'établiirement de cejeû- de charité parmi les Turcs, &
même beaucoup
dc, que Mahomet avoit promis Dieu de faireob- i\ plus que parmi les Chrétiens ; ce qui lait qu'on
ferver durant dix mois. Ils content que Mahomet voit fi peu de Mendians en Turquie. Unegi-ande
étant prêt de commencer fa million, fut élevé au partie des Hôpitaux, des Ponts, des Caravanfe-
Paradis fur un animal ailé, reilémblant , aux ailes rais, des Acqueducs fur les grands-chemins, des
près, à un Centaure. Dieu lui mit en mainla Loi Eontaines, &
autres femblables commoditez , ne
Mahomctane, &
lui en recommanda la promulga- doit font établiffement qu'à la charité de quelques
tion. Le Prophète lui promit de la faire recevoir, Turcs pieux qui les ont tait bâtir pendant leur vie^
&: garder, de tout fon pouvoir. Comme il defccn- ou qui ont légué avant leur mort de grollés fom-
doit du Paradis, il s'arrêta au quatriém.e Ciel à par- mes pour fournir à cette depenfe. Ce qu'il y a de
Icr à J E S U S & lui fit le récit de ce qui s'etoit
, plus louable^ c'efl qu'ils exercent cette vertu fans
pafle entre Dieu & lui , lui difant entre autres par- avoir égard à la difiércnce de Religion, que les &
ticularitez , qu'il s'étoit engage à faire jeûner les Chrétiens &: les Juifs y ont part aufii bien que les
hommes dix mois de l'année. JESUS lui répon- Mufulmans.
tom. V.

:fMi

^\
4« SECONDE DISSERTATION SUR LA TURQ. EN ASIE.
Comme Mahomet compofa fa Loi en partie fur plus beaux habits ; on le fait monter fur un Che-
celle des Juifs , &
en partie fur celle des Chrétiens, val, ou fur un Chameau ; on le promené par toute
il voulut aufïi avoir un Sacrement. 11 choiiit celui la ville, fi clic n'eff pas trop grande, ou bien,
des Juifs , en admettant h Circohcifion , qu'il eilima comme cela fe pratique à Conftantinople , par tout
plus commode pour foi, &
d'une origine plus an- le quartier où il demeure. Ses Camai'ades d'Eco-
cienne que le Batême des Chrétiens , qu'il trouva le ou fes amis , le fuivent tous il pié ^ en jettant
,

trop fimple. Il mit pourtant cette différence entre de grands cris de joyc » de ce que 1 on va le rece-
fa Circoncifion &
celle des Juifs , qu'on ne la de- voir au nombre des Mufulmans. Lorfque cette
voit pas adminiftrer aux enfans huit jours après leur Cavalcade eff achevée &
que le monde ell retour-
nalifance ; mais lors qu'ils auroient onze ou douze né à la maifon , l'Iman de la Mofquée du quartier
ans, auquel tems non feulement ils font en état de fait une petite exhortation au fujet de l'opération
rendre raifon de leur Foi , &
de faire de bouche qui fe va fane après quoi un Chirurgien aiant mis
;

cette confeflion ; // nji a^o'mt d'autre "Dieu que le jeune homme fur le Sopha , ou Effrade
, deux
1)ieu, Mahomet €fi fin "Prophète: mais aulîi d'en de fes Serviteurs tiennent un linge étendu devant
comprendre le fens. Outre qu'il y a encore cette îui^ &
alors tirant le prépuce le plus qu'il eftpof-
petite différence entre k Circoncifion des Maho- fible, &
le ferrant avec une petite pinccttc , il le
métans & celle des Juifs, que ceux-ci, après avoir coupe avec un rafon. Cela fait, ilmontre aux af-
coupe le prépuce, déchirent avec les ongles re- & fiffans ]a partie coupée, qu'il a mife fur le bout
de
doublent avec les doigts la petite peau d'cn-bas, fon doigt pour la faire voir \ la ronde, criant ce-
que les Anatomiltes nomment le Frein, zm lieu que pendant plufieursfois,^//a//ffi^frya alla alla. En-
ceux-l;\ fe contentent de couper le prépuce. Cet- fuite il bande celui qu'il vient de circoncù'c, qui
te Circoncifion des Turcs n'eff regardée que com- fait affcz connoître par fes cris quelle douleur
lui
me une marque d'obéïffance qu'ils rendent à la pa- caufe une plaie faite dans une partie fi fenîîble.
role non écrite de Mahomet; car il n'en arien écrit Les afïïftans redoublent alors leurs acclamations^
dans fon Alcoran mais voyant qu'il avoit beau-
:
& félicitentle nouveau Circoncis de ce qu'il eftrc-
coup de feétateurs , &
qu'il lui en venoit encore çu au nombre des Fidèles après quoi ils vont pren-
;

tous les jours davantage , il leur ordonna feule- dre place au Sofa,e'eft-à-di]-e à la table, où ils font
ment de lé diilinguer -ainfi , tant des Chrétiens régalez félon les moyens
des parens du nouveau
qui ont le prépuce , que des Juifs qui font cncon- Mufulman.
cis , mais d'une autre manière qu'eux , quoique V, Pour ce qui eff du Voyage de la Mec-
pourtant les MahoméCans admettent la Ciixoncl- que , nous n'en dirons rien ici tant parce que
,

iion des Juifs. nous nous refervons d'en parler dans la Diiler-
(Juand le Jour de la Cérémonie eil arrêté , on tation fur l'Egypte que par ce qu'on en trou-
,

prépare un fellindans lamaifon de celui qu'on doit vera des circonffances curieufes dans une des Plan-
circoncire j & cependant on lui fait prendre fes ches fuivantes.

1 \\

\ GENE-

W
M
'

J\

Ai
«

^1

\,

/ [
GENEALOGIE
^^...;EX J s 31 .4 ///
"/-,'.î /Aï pi//

Jlxj^L^'lif Oj.T3i C Ji-i Tiiiu-Ji.


III.
£^^ . fr.,/f^.>
'îe £*^i// &. «i. -f .7,- /ySl SELAM

(A^ÈÎà , Clejiard . XpJiî . iib x . . ji aq


f'r
.47 .

& eèa auti-si ^nyfdesdi ?i. 'aient emA:

'^^T-otir, fti,
'
^yi.^ra^'t/'t n èiait ni <^>t^ «' Cdrefi^ii . ,

'e- ^nt- cnt»tteiiiu n^tc 3)Uu ntéirte-, SL ^l'I/ a .

ys Jea -^iiJes Jii^ aiitita nroiir âar- 'ntr&r , 'v<ï'

tat-ù itiiA ep^^Mt-a ^t/ii faii Jiè4 ra,:en


•.'^Li cem^me de
;

" *"'
"^ira'i-ikr aax. £S^taa aux-
.

. ^.
t ina-m/neÉâ mu. ^at-
, rvff^n^iTte>

•^la/iamet- .

u
rToniV.y 13..
MAHOMET
t.inr/i'e _4.:BJIAH 1 31 . ^•^1
C ui T j il V r. .

.•e/A

fln.^ . fi '
i^t^ ^/"f ^i" i^"™ u."™ --^, ^ .
«
il

c-^pe-nda-tdr ,^ est mu «u «."«*/v J« ..-ï«^w^ -^


^1

Qr y../_^ ',V. —patent ^thiétC^r .


Chnj^r.
,
JaM an "vv/'f iitn^--!Ju,

aid-
'
frit "^ étmnes xitii

/i int^nÈe à. •ftux cent

treize
SI /lîx
ii-

éeiiùmtnf
*rri-i f qvt-
art
-o"^'
p"
'"
X^f
^^h'm^i .
-i^J"
''
A

il i

l:i

in 1

I
.

-LE TeMPXE de EA me r que \\EC une DE.St Kl


lih\lO\lb
J O^
( TRt s <^I !_ _t ^I I I ]

nt^THe a& yerâcerâs cA^^£^£x. ica^ . .

Jir^j ifu, 'ofi/ £Jà ofris'à ^m^'C^


— . ÙM g^atl^J, ÏW—
ta- ..-u. «-,.

_ 'Ce, Ca^^ est lifi^ Caa^££^ êâ£ie,Àce ^u r/i

ï35?srr
EXACTE DE TOETT CE QEroiSrT VOIT &; DE S 7:^». . ^V

. -tra/at .^ . &. cè'r^


"_/ Ccc£e £^_^ir^ /e

j'- ..- , .-^ r. ,. 9/'

f^ I

Jvic^ ^ -JciA ne^v aa^ ^cffU/yre ^ 0us


Bt^, r^nt^uj^É^^ âeu^ .fer a^t^ £cce Ufl Pu
V£ Cd ta- a^rTz^rv anâia-U't^ . „
\^4^, J .—a,"^ ùfrre n^re au^ cft cit^ ao/eir
.

fc
^^'^ A^./
^n^tWaOf i^Jl^it à âfi. -istf C n^f en 34. A^-t r^s J £u e/^s ^-tz f

'f s i/isent a^-inr cAr c'ctihc e/c€ûifi'.


n- 'M r fn

\
n^m

(1:1 I

i il
. , : 1 .

DESCRIPTION TdÙ PELERINAGE DES TURCS A LA]V


i,E loMBEAu DE Mahomet. AVEC une description des PlAt

mire cà .
71.<.^J "/'?''=

F Cran-Jj éaatiouti
'monter ^r i&j
ère iic Jouii .

JS r'Taptfîj Je Spa-^
'
m.SoUais de
Jù-^r
X Ci^t^n^ij Oit. CiZ. :
£iéiUmj liesTaïusiat

âranJ mmttre .

i\il det /aaiisairei.

XeCiUre medemeSi: Jii'i/e ettj^iutii-eJ'dlcs .aat

3ulae/i eu- i-st an Ttyrt du. Caii-c fur


Sululen.
Vdli:.Ilyii!-^autr,^ ^uettre mille ituû/hTts.^uaniiiB d arei/imj &d:,..^arcAands ././/./
&JeJûerc. Ûity jtiùnt des Valais tUdej de injalej ^Ha^nifyucs qui faiscùmtunfupi:r!'. .ml
telcn^ Al. fit S les nrr-tvufs dsia ^u^rre les ont eatiÀr-ement ruines, un.

&. le^runJ. Caire iZ^


& où. il se ren^ tûui/yttrs ^imntit^ de ttuTrt^
'

Car-afa im. e/t À. deux tiea^ da^rand Cotre,: elU r-en^cr-rrwit t&ux mi/i^^„,,fr,-.
^afflw
moyens. & m'citSe^t miUes dEteur.J,es Sultans y tÉntneiUi auir^his leur Char, ûa i- }'.-/.-it.
peries~J^C7tihcaax ûnrtchis d.'arcs,de^iirtraits&,3£-Jîtaiuis.I,e^ehtpeii£Îc-lesjrc'i,iiilp
d£sStatuës de. Saints. Tes a4orciti&> les ccu}-roitde.ta^is,<k'l'ondtCqucni/vct^,iii,Jii!,
t£S des J^r
G-rertiers gue-dof^t yjtt ïâtir £Ue g/Z" maintenant S^euglcc', & /, ., p,
.

^h i an^ieniu^ qrandeui
deVieux Caire, ^Jhr la rij's ûrieniaZe ilu...MZ: il n'a£t!tnt de maraillej
-yO"''
m^raile- villoff»peuplé de,- ^uel^tie^S Ckrétians &. .drmeniens .Ilv
hors du. CiUre,, "Bet-ziala,, Gemethailan.&^ei-moclt, leprerru. -.^ute/ta.h/

Sesjimil/^s >-ejUmiisnt
lit- pi^'*t^ de-jneme ncrrv a. deu^^ Tnille jneu/b '-étend ûccident au, tlidi. t'espace d'i. d
&,detnie,, &, du.^A'ût-djus^u.'à. Xeb-mcch lieue. Tl u ajduAeurs ,j^ûsau<:\..:
presaue a c^Zles de 2a /glg j/jv, etccefi
Colleaes .dte.Jece!Ti.d a utt-TaiatS &.! unidempli Ztpli^art des ,.^larcAa/id;
yv 'eaesjèat^las rUdeS £_£lus velues .

fleur ^t d'uajautie_£âle a eir^fiuiZ.- ûny l'cttsottt. Haures de-^ariarie,,. le, ireisieme., cerUienc trots mille tnui/hn.
Ibs îcnfruit à cu$^ orales &^uelgai
: &,iin hèau. Collée/. C^
le. rendes -tous ordinaire' d:s délattciee &/ des /i/l. s .L
Jvjt duc : il e/tj^res^ue semSlaHe au ^uij'y rendent a la^Jortie- du. Sermon, des ^.^oTiomelans au/3i itcnque les Coruediens , .

Hnurefinlfe suAfoefe- . de terroir_plasJir£tle^ue celui du Caire en Ivutcjhrte doji-uits ic .L-


•.^ue'r'e

U
.Hcick reffhtnile aff-ez àlaSam- Kwi/îw tout deù-ds rares dans mil TiU^e. noinme Matt^ea. À. Se£t mille pu
74a:Sa^ratne a,7a couleur, l'odeur et, cette jnlle^ ûuire, celles guiJimt décrites &• r^rG/etUeeS id.on.tri'oit l'^frSre d/i ki
.

leaoûtdu fu/c le plus excéîlertt;^ e/t ^ui e/tor^ifluire d'.iraiie, Cetarire. dent 7a.J^ure e/t^roî'eé.'jr.' Z-re^emiL .,- :.
.

P^mr£uriUs .iratiesjàlstfieatlemi^ A^ius Ca/hts .dt ajjeu de. /èuUlcs ./imilaileS à^cujres à ccZlcs delà raè. , d'iut va J ti.
en le mèlaataf££ cette /èiuBrice .On en
sur le liant-, écgui 7ie n>mient^otnt en.ltit'cr.Jôa.èois ^aommeux., 7cqer,&,pai\-i! rr
/àitdes Cat)jp7asmes far les tumeurs
au- de-nors ses iranehsybnt lowues .droites, menues ,&j /es ramcauisc sont odorif\-r.:n.:
.
ki^^dules_£emrles Viipeurs de .Àlere .

fleurs ettJont_petùss ,& reffemilent il celles del'^icatia. Slles_^endent cÂaeune .' ,.//.j
forme de couronne^ &j ont une odeur charinunt^ .XeSaume.gui
. la. qomme ,L rci
distile desje?itûs du tronc, des guilfcat l'air il deyient, Hanchâtrc .^uis ^-erd. en ii:ilt.
^ ..

jaune dcrE.. ^ en fin d'unjauim inut ou de couleur du miet. Oujhrtir deTeancc sûn .lu
sv^'nkrante.. gu elle fait nuJ. àla tête. &Jhuventfait/aiffner du^iua. SIU se ck.2n.,. „i/.
l'Iement en une autre^Tus dctu^e êc^lus aqre'aile C'^ ce gnon- ap£ele le. vrai Lui^n. .
,f,.

leJ. Celui j£ut eft lieux ne.yent ^resaue plus ri&n-.

Des Caineleoiis .

Ce/2 u,u: cAcfo guij^a/ie^our coiyîtmtcj^armi le, . Khturalistes


que l
^Jii cej^,^ cenprme 1 £,xpe.ience ^ucn mitfuite quelques Curu
^re gui en acheta étant aSmir.u.. a^ura ^u il „t- les
aianuiis
.

lors gu aies mettotf dans une c%a,nl^e exncfee au


ifr^nd air
plus ^au prenant c,rand_^lafLr à humer Tairfais qui
venoit
ils avaloieni £uelguBfis des mouches maù ces infectes .
fe.

"t^ifrl-fcurent de Cculeur\ Jt a t
sanS gii'il y ciit auteur d'eux a u te -lu

elcicfert Ion Teintre, due inj


t^ei-te leidatnar.
il
qu'ils fTc notent peur l'ct~dinaii-e
g j>
Ù.
à tiez'au.rfl^atile
tji-uils
très teau. i-erd mêle' de jjetits
tùS Xes inàlleuJ's/ïynt Heirâti-es oit j
.
taches jaunes 'Suelgue fcis aig iL
Irons, hd/has A mous .Ses Jiidllea rei
.

des taches h'unes repanAuj j_aj .


•ilent à celles dti . tfirtAe.ùs Inc leCot^s Jiugu 'à ta gueue .X u ei
& lesfleurs enjbnt tlancies
'

Zesdamarmsjhat lejis
ordinaire ^t. dit- il encore
.

centre tcute fir


if ts w
'- deJiei-re^out^pree.d'alteraiien.ii'ÙT/ta
dcfuris .& leur^enu eftfcrt mu &j
transparente dis prennent la^lup .

inis une couleur Semllaile a et c.

de^iccmoTB.m/^uier deJ'Aaracn .de Xeaard. mais iù iic prennentJaa ai u


trône, les "brautnis ,1eji-uit!, te lait.lii cou- ncn,_pliis guc guelgues autres coul ur pai
leur. &l^retè diLj^uier mais lafioure
cefeguent les .^aturalàtes se- ttorn^ nt^^Ui

& la.jr^3eur ^/ès/àiulles aprocAen.tr ^entygue ces ^diumauic. prennent toutes


fflas deceUûS du^Heuriemoiifi-uttrafr^i les ceiiZeurs fur les guelles ou. les met. Cela,
tehit^umticte,. tient le veiiti'c îilre .
ide.
. g . a

^-.4
ETaMEDINE,OU ils VOXT mCATRj: POT Ji VIsTTKR
PLL:^ rares qui se TE.OUVI \ I \t X h\\ I1M)\^ 1)1 ( MKI f_
•\y\
A

%\

\
te nctni/fcuJè trott£e. ûu- Car-iwanc élit un CA^Sûits t^ turm^de- Jfanur^ .giti à latstc de
Sa ^cusqu£>ts êc d-driaUtiiS les amJiùt^ à.la 7flecqu£ &'à-.11edùi£,&.ïe^ ri.
surette' Tt îes iru^t à, otm-i'erf 3es _pr-ifss des .draieS .^uiJcmCtot^ûurs
toute, .

ctLde^ daits les d^erts^cm- iur^reiiA-e. îas^i^SaftS .Ze^ncnibre, des Chameaux^ia


tpcrtnj- les TclertHS .Tes -dlimstU Scle^^i^a e^Jhui-erU- de Sooc è^ ^tuî^tiefits 3i-
. .

'
Séùftmur' pûtw Jà/fv^r c& vaijMe- donne. Cous les ans Sixcens mille ducats,^ui. t/î"
'eu près ^
^uatrtcmc^artte- du. rei'eriu de l'Saipte. sans r ci'nii'rcndr'c les /raioc des
S XûS inendiarU y l'ont: njrie.y aïanC neamnotns un cjrtain ni'inhre de Chaîne.
.yCuttefie. lent- fiiit tenir ^rèts en cas de malade. . ivant ^ic la Caratidu^j^arte. .

'er en reyue les ^cterins Tes Cha^aeaux. &, las Cliafiots ilej-uis le Talais duMoeAa.
, ,

\tiers des portes dis l'ont en/ufte fiure- alts. dans ufie grande: Cani^Oi^ne .^aur attan.
.

nt'J^t ou. huit jours ^uc tout scntpnèt ajjavti'' .

•elle. a}mmence.^ar la. Caj-alcrie- aiu._^rend tcUfours les defans X,es .iîareehattaC' .

fers . les Cuisiniers , les Vij'onmers , Si. antres Jbrtas d\.drt^a7LS nece/3cur-i^s sut
^t dans une
Clutnteaui. £n/uite. viennent Tes Chet'oux du. Jïiurzw^ ^ui. ,
l'Ichneumen e/T une esjic^c dsTcui-
^lee. de. deux Chameanac., accom£c^né/ de-^ua/Uite. uns chargez de' d autres , tes
an.jat^tus ^rartd ^uun Cfute <X.
'
e/3aire^our le '2'elerin^e', Se tes autres menez en. matrt'.j'our tes nudades & nvi-t- d'un_poit rude, comme celui â
^cui-j-oiênt en ajvir' i^hin,. Enfuit» inarchentTes Chameaux, des aens de^ualiù: : • Itn^.meuctiete' de ilane.deJaune &
ne mu&ttnde de/..^ioHS^Uetatres &
deJ'elerins àpie^, /ïiirzs d'une ti'cit^a doJanti cendre. Jlales dents, la tiuj^ue éc
le nteuS£uet Se laj^ltune/. J,es Chefs de la. Cararaoe. & les autres O/fieicrsreJitr aenieotres cotnme un chae, te. arc
Vn Chaaieau. ^ui^erte uti. ^arillcm, d'er les yliit: degrés & unaran^ nemora d' 1 cemme un^curceaa. les oreiltei
'hameauiX. ferme la. Caro-i'one . â, rendes . tei jaoAes nôtres .êc
u'on. e/h arrwe àZa- ^'fJecgue on ^re CcJ'oytllan'au/tomlteau de .'HaAemet. l'.lni-
.
'i ^''V?^'
aux^tes de derrière Ta :

l'a^or^ eft ex.emt dejàrdecuc le re/^ de/avie.'2)ela.inec^ueon.Jc,rend.à.^6: Buë toi^ue Se effiùJSe autour des rem
'y j'^iter le. s^ultJire du, prétendu- 'J'rophete: Ce l'cn^e se fiuir enquarantejours ûn,ayrtt'iyt/e cet animal auteur d'.tles
.

meiire jin^t: à la. .,'fjec^ue. & à'^^edùte^ 'idrie comme les êhiensSctei Chats

-y oïL grince, .drahe ^uiJe. dit descendant div ^ ^aAemet commande, dans le
,
Il se nourrit! de lézards, deSerpens. ,
ns,de7!.ats.JerelaitlB. de
la, .'Uec^ue. Ce. Chertf ajous fim. Com.mandement dtcc mille Coj'oZiers Su i-tiu/t mit-
.

Creneuilles,&-d'atttres
""
.iu^remier bruit de l'aj-rii'ce des Telertns il se retire dans les mentaïf-. Caméléons, de
. .

/emllalites
irrnee ,jusgiC à ce gue la. Carai-ane- en retout-ne Jl tes menace, de leur couper .

s'ai-rëtenù_£lus de ru^tj'eurs Jttrfês terres Xajuite. du Clterifj'ientdelacrainti. .

les Mires yèus jretoxte décelerini^& ne lui tendent des em^ehes ^our te. de'
, ,

de/ks £tats Cependant le Crand Jeûneur- heu/ïiit_£r^'ent tous les ans d'une Cuii-a/ïè
.

deux, cens cinquante mille 7}ueats àjès fi-eres &. à. /es £n/âns Xe Chertf à. son. .

.^ ,,„ ,;..^«^
Seu/neur
t-„,™-^..., -.--^i^ces de. toile. dciSoie,
-and. très Jïnji, Se trois ou guatrelù'T,
; dhnt il donne au/7i m Lh^delaCa

Des Caméléons .

remar^uaile car elle efl au^i. lor^uejpcc tûiUr


'
de-^his :

elU .
cemmeles ^/àturattstes l'ont remarqué .lU
u'ils proiuuiat les m.ruches,
alers zmrnotntcs ta. lai^ae^ouffee en ayant comme oit. le pet.
. i~ dans cettc.j'tanehe, ~Us

JUI c3tcr-cke.nt j'alentters l humidité TiennentJepa/hr de/TÛS .^ouand te, CarruHeim sera: ai
' i^ei ^ rond nomhre. il retire SaZiti^ue sijromeement.j^u,' aucune neluè éehapeJLors^ue

K roulent- descendre d'un lieu haut dans uaplus ~has .ils ai-ancent a3>ec uns grande Circon'
•amèrement un des_piès de déliant T^rs telias, &enfitite l'autre. Ce ^U ils fintaufSi a£rès des
•tèr-c .lejtmnnat cependant à Ce çu'ilt peui-fntafeeleur qaeuë. dont ils l-eiitourent afin de mar

'''"''
tirnut: ils Je taiflcal ainfL ceulerjusqu'à ce qu'ils /aient au bout.&. ^uand tis nepeu.vent'
d'un cot^.Xeur marcher très lent. Si '
'
^
^ teUe quelle tei répr^eatde Jli/ en a
J ^^^auijrèteadcnir^uele Oimelean a àni/irurs ta^eidc
^ Xtt Ccleeafic.que tes virales appileii.
deas .n'a ne /&/u-j nijraits en egipti
\^ui e/lfèn_pâis naturel,
—'-"- '

- tavrte imas notre J'oyj^eur a/3ure ^il' il nel'a


:

•Tn^fiut dupi
jamais remarqueguêtres rarementêclcrs^'d
£n£i7i-ù7it^uelaii 'un dans un enA-oiteù. dpîit
fiJ'--
^ral _ _
prendre ïair a/bna^ ..4krs.£t-ii d eusivitla, Xaiatitra ea taStramenie a la, liae
Jcule leplus giiil^eu.vcit & teme^noitffarftii haute de trois ûu quatre ceude'es , les
"'ers moiavnuinj ^^arfes eian^emeas centl feuilles d
lot bran enjbncé.& la racine

•7 irr
a -i
^^ " le^randj^taifir ^u'il y^renaie. Xes tenjue. èpaiffh .rouifeâtre ,& d'une odei
tresjcrte .Ja graine enim-e Scjàttper
-J, «Sk^ ^ ^AiT^t ^ïï^^^^^H I J^^f'"^"^ de ce^ettt animal soiie rends .-b^it neirs
^fort^etits Ce^u'it y ade^lus remarguahln.
.
dre î 'espritpcur un tents .

Ze:hateitdeCaffe. Caïîin^i/hila..:
tf au'u en tourne und'un c-ôt^' &, Z autre d'
m autre, enJôrte ^u'il veut remanier en kiuUr reffemhlejorl; au iiotrcr es fleurs f^i. f
jaune dore. rendent une honne
i &
sonjrait efl d'un Chaud tem/^e'-
u;.
lâehb te ventre deeharifB t'eflètni.
.
k
t

'1
\ '.
&I
r;

V .,
. .. . .

^»i#^ IUl lLWff'-^">»; l I ^ÉgiSBllig g~

CAUTr. jjE La tekre sainte divisée datsts toutes


AVEC UNE I>ISTE UES EVTXHEZ DE EA Pjy^'
DANS LA BIBEIOTllEqî

RiLESTINE.-

T) oia .
'oAs '}^uà
Aiitipasdi-ida

Ia.iniiLa.s
aaitmr-à '
Âui taiu âa tLuix Satiits SL. •-iiariicii&e.rtine>!it & itant Sefa&Are- Ipe^ &s CAi~e

heii* vtt"t Tuit&r- àe imiiea •^ix.rts . &cn. S-ii^^eifiie- est a- •jfr&setzi /o^ -j»»»** Se jcj /rut -

As SOI'. /~ai(^ ne /sft^nt qu- à.


'
éa aa-m/lù^- conit't' &s coa-raes ^ea A^rtraSeA . Cette. ?'/VÎJ e*t 1.

xopolis. reéiètijia- d'ua- A^o/naiac àaieitàanù ait fS-^auerfiei/ àe- ^^ajiiaa .

ïTViUM^'a*? autrams Ai4>ne-'n, ou, Sumaf .Sita^a a, ^t/T-ots uejiea ou, en-f-iroti' àe, c mincie 1
F, m au s. lie. Saintv/ie , att
I

& ryatccnoe. au, a-mriJ


.

Sac ixiic<7ie//,i- àea Sa,mai~iiai-nt , Se à '


u/ft- S-ci/n^iac-

Oju.s .
qui ifVfre-nà du. £3^tc/ui, .-''& ^Orinoi .

SQ1-U.C1S.
fcii- cdiieation, lie- niorU.r~aitt ijfr-e*qu€. --ffûta que, ^ei j-zicnct .

liapsias
Ee qiiun-Pato s £4t.rvece.ii.i qui vxjnî: à t^Bi-utti&ni . Qeizti. autrapTLa *t rtcAe- Se- J*. pMiieii*e, a
£Bn r~ticttae.r qtu e*t bi-tcutuLi'e' au, ^'t-
Gaaa 3»
Eegiu,.-J louirè '
mu, , iwua •vurtaaeci^'it

Eegi itm-Lutas nncicnin&mBnt / .

Heoiutn-Gadt

AzoTusti .

Parabas i.e

Paliterjiu,m
Azotui«ti"|
Tipiim
-G—R—Arf^-D-E MHEf-Et
J

mets an- tatt

Azot
^ Ippini
'

Estoiiiaion

Esti-lion
Tricomias .
]\ï E R O C C 1 D E ^TA L F
Toc3tu,s-
Saltium
Cortiîaiitin.]-

aquis

41 3^'Ù3 '^'jiiires

Salton
CoJiitaiitini-

.£4 ^i^^^'aJ
âsiftu^^fintt Car.

£ât ù£iûu, àe. Ce.-

hprae- dit» de- t'a

3) ^-'>5Î

_^* Oiutirte-rru- Aiece Adras Tiladclphie. Cariaiados .

ca< Beceri-a 'S 'Arabie Dvas .


SaLtum.
Medav EsiiLS.
lessar ï^eapolis .

INevi. rilipopolis . J^nacojnias


.

\ PA^^;TIES SELOl^ LE T^OMBRE DES TllIBUS D ISliAEL


E TIRXi: .Dr. T.A ^O.TICE QUI S TROUVE
't::N" ^.^. v. ^^^.Tî.^,-^;.
ROI TI2ES CHRETIEN.
'i

M i

\.

Conos Paterxa,
tt05onias.
rlooeros. Conus ^liuanos
Conus Purgio
Coinisarioco^i
Coniis Nectis
.
!i. h
iiostanis
.

lus Madeicon ,
At-etlion /ti' Coiîiis VestaiTios .

nocoreatas. Pyr g o ar U-toit


__*gKi(;,o jrr.i^gftSST'-- ^.

M
,

P^S- 47

DISSERTATION
S U R L A

T R R E
SAINTE ^Ousvoici arrivez à cette Terre bicn- „ & Jéricho. Jamnia &
Joppé qui ont jurifdic^ ,

heureuCe , où j E S U S-C H R I S T „ tion fur les régions voiiines ne font point com-
,

I
eil né , ^ où i! a opéré fes plus „ prifesen ce que je viens de dire , non plus que
grans mmicles dans le tems. Mais
I
» la Gamalitc , la Gaulanitc , la Bathanéc la &
avantque de parler des lieux qile le „ Trachoriite , qui font partie du Royaume d'A-
Sauveur du Monde a fanftificz par „ grippa. Ce païs , qui
habité par les Syriens
elt &
L préfence i commençons par une defcription „ ics Juifs, mêlez enfemble , s'étend en largeur de-
igénérale de ce pais , dont on peut voir l'étendue „ puis le Mont Liban &
Jes fourccs du Jourdain
dans la Carte précédente, La Paleffiric elt prcf- „ jufqu'au Lac de Tiberiade , &
en longueur de- 1 1
que toute enfermée de montagnes ; elle elt bor- „ puis le village d'Arphac jufqii'à Juliade. Mais
née au Septentrion &
à l'Orient par le Mont ce païs, autrefois fi beau &fi fertile, eit prefque
Liban, à l'Occident par la.Phenicie, Ja Mer de & inciilte aiijourd'hui , paixe qu'il ell dénué d'habi-
Syrie , &au Midi par l'Arabie Petréc. On la tans.
nomme 'Palejline du noni des PhililUns , appeliez Jerufalem , appellée ià Cité de T>ien , parce que
par cori-uption Talejîins. Tout ce Païs j qu'on la Majcfté divine refidoit particuhéremcnt dans
nomme auili Judée , comprcnoit les douze Tribus fon Temple, en étoit la Capitale ; cette ville, &
des Enfàns d'Ifraël & Ir. Judée particulière n'a-
; où la première EgHfe a été fondée , elt appel-
voit que celles de Juda &
Benjamin , avec les vil- lée par les Pérès du premier ConcUe gênerai de
les de Jerufalera , Bethléem , Afcalon ; Azot, Conltantinople , îa Mère de toutes les Egiijes.
Joppé &;c. Du terils du Fils de Dieu , il étoit di- En effet , c'elt là qu'à pris fon origine la Religion
vifé en lix parties favoir, la Galilée, la Samarie &
5 Chrétienne , &
que par la prédication des Apô-
la Judée propre , qui étoit en-deçà du Jourdain tres, qui font fortis de cette ville, elle s'eit enfuite
vers la Mer Méditerranée &, au deM du même fleu-
\ répandue dans toutes les parties de l'Univers. Mais
ve, la Trachonite,riturce ou Perée,& l'Idumée-. „ La cette Métropole de la Judée ^ comme l'appelle Eu-
„ Judée dit Jofephe de Bello Jud. LU. III. c. 4. fe
, fèbc^ aiant été détruite par Titc, la ville deCefa-
„ termine au Village d'Anuath autrement Borceos , rée fut honorée de cette dignité , l'Eglife de &
„ du côté du Septentrion. Sa longueur du côté du Jerufalem même lui fut foumife dans la fuite, com-
„ Midi s'étend jufqu'à un village d'Arabie iiommé me à fa Métropolitaine. Cela n'a pas empêché que
„ Jardan & fa largeur, depuis !e fleuve du Jour-
; quelque tems après l'Evêque de Jerufalem n ait
„ dain jufqu'à Joppé. Jerufalem placée au mi- ,
été élevé à la dignité de Patriarche i comme on le
„ lieu , en ell le centre & ce beau païs a encore
; voit dans l'Action VII. du Concile de Chalcedoinc,
„ cet avantage, qu'allant 3ufqu'àPtolemaïde,!aMer où, pour terminer les differcns qui s'étoient for-
„ necontribuë pas moins que la Terre à le rendre mez entre Maxime, Patriarche d'Antioche, Ju- &
„ Il cit divifé en
au/Ti délicieux qu'il eit fertile. venal Eveque de Jerufalem , il fut ordonné que le
i, onze parties , dont la ville de Jerufalem ell la premier auroit fous lui les trois Phenicies 1 Ara- &
,j première la Ville Royale & la Capitale de tou-
j bie, &
le fécond les trois Paleflines. Chacune de
„ tes les autres. Les dix autres parties ont été ces Provinces eut auifi fa Métropole dépendante
„ diftribuées en autant de Toparchies , qui font du Patriarche de jerufalem ,favoir, Céfarée, Scytho--
„ Gopha , Acrabatane , Tamna Lidda , Em- , polis & Petra. La première eut, à ce qu'on croit,
„ malis , Perla, l'Idumée, Engadi , Herodion, pour premier Evêquc le même Corneille Centu-
N 1 rioîj

%M
j ,

rf.xàié^k

^8
DISSERTATION
Suc- Apres lui Maximus-
rion, qui y avoit été batifé par S. Pievrc. Ses
ccffcui-s ont été, l'IavienfousDiocletien,
Théophi- Juliamis.

le fous Commode, Theottiite du tcms


d'Ongene, Cajus.
Symmaqtie.
Domniis Theottene fous Galheii , Anatohus,
& Cajus.
auparavant Eveque deLaodicéc,Eufcbe,Acacras,
Julianus.
& Gelafe fous Theodofc.
Capito.
Scythopolis , Métropole de la féconde Palelti-
Vaiens.
ne , ell Ctuce dans une plaine fort agréable , a un
1)olichianus.
demi mille du Jourdain. Elle s'appelloit autretois lequel s'étant retiré à l'infù
&
ne fut nommée Scythopolis, Et enfin Narcijfe ,
Betliin &Nyfa,
de tout le monde, les Evêques voifms mirent "Dis
qu'après avoir été rebâtie par les Scythes, qui 1 or-
en fa place.
nèrent de plufieurs beaux édifices. Ce n'eft main-
Celui-ci étant liiort peu de tcms après , eut pour
tenant qu'un Bourg , où il y a très-peu d'habitans.
Suceeffcur Germanion.
SesEvêqucs furent , Patrophile , dontd eft fouvent
parlé dans l'Hiiloire Ecdefiaffique , qui étoit & A Germanion fucceda Gordius.
un des dèfenfeurs d'Arius ; V.dens , Saturnm, Narcillc étant revenu alors, &
s'étant exeufé de
reprendre le Gouvernement de fon Eglife , à
Olympius, & Theodofc. ,
caufe de fon grand âge , eut pour Coadjutein-
.

Petra, Métropole de la troifième Paleltine,etoit


Alexandre.
une ville très forte, fituée fur unemontagnefort éle-
Celui-ci étant mort en prifon poui'IaFoi, fut
vée, aux confins de Moab. Il ne faut pas la con-
remplacé par Mazabanes.
fondre avec une autre Petra de Paleliine qui ii'é- ,

Arius fut Eveque delà Il eut pour Succeileur Hymenée.


toit qu'un fimple Evèché.
Enfuite Zambdas.
première , & Afl:erius de la féconde. On peut
Enfin Hermon, qui fut le dernier Eveque de Je--
voir dans la Carte précédente les divers Evechez
Métropoles. rufalem avant la perfécution.
fuffi-agans de ces trois
Après Hermon vint Macaire.

SUITE DES Enfuite Maxime.


Celui-ci aiant abdiqué l'Epifcopat ^ Cyrille fut
ehoili pour lui fucceder.

PATRIARCHES Ereuiiis fucceda à Cyrille.


Heraclius fucceda -à Erenius,
D E Hdaire fucceda à Heraclius.
Cyrille-^ qui avoit abdiqué peu auparavant , rc
& reprit fa place.
JERUSALEM, vint alors,
Jean fucceda à
Traylius fucceda à Jean.
Jnvenal fucceda à Praylius.
Cyrille.

ih-ée del'Hiftotre Ecdefiajiîque d'Eufehe. Enfuite Juvenal s'étant retii-é à Conftantinoplej


Theodofc lut dcfigné Eveque en fa place ; mais
qui aiant été challé par Marcien , juvenal fut ré-
<>t^qties , furnommé le Jnfte, fut le premier
tabli.
J^remplic le ficgc de cette C-.ipîtalc de l'Egbie
Chrédennc. Anaftafe fucceda à JuvenaL
Après lui vint Martyrins,
Simeon fils de Cleophas lui fuccéda,par le choix
Saliifte lui fucceda.
qu'en firent les Apôtres aflemblez pour ce lujet en
Enfuite Helias.
un même lieu, avec les Difciples du Seigneur , au
Jean.
moins ceux qui étoient encore en ^àe, après le mar-
tyre de St. Jaques &
la dertruftion de Jcrufalcm.
^Pierre.

41 ASimeon luccèda un nommé Jup , qui avoit


_

Macaire, qui
erreurs d'Origènc.
fut dépofé pour avoir favorifé les

été Juif, &


qui s'étoit converti à la Foi de JE-
Celui-ci fut fuivi d'Euffochiiis.
SUS-CHRIT. &
gouverna encore
qui fut le quatrième Eve- Macaire fut rétabli enfuite,
Zach^e vint enfuite ,

que de Jerufalem. quelque tcius l'Eglifc de Jerulalem.


Tci/ie fut le cinquième. Jean en fut fait Eveque après lui.
Benjamin le {ixièmc. Knfuite Amos ou Hamos.
Hejychius.
Jean le fcptième.
Zeicharie.
Matthias le Imiticme.
^Philippe le neuvième.
dixième. Sophrone,
Scneque le
l'onzième. Alors les Sarrazins s'emparèrent de Jerufalem
^iifte
& durant ce tems-là le liége ne fut pas rempli On :

Levi le douzième.
Epbrés !e treizième, connoit feulement quelques Patriarches, dont voi-
Tofeph le quatorzième, & enfiii ci les noms.
quinzième. Théodore.
Judas le
L'Eglifc de Jerufalem s'étant enfuite multipliée Elie.

par le moyen des Gentils qui fe convertirent à la Jean.


Foi , le premier Eveque (\m fucceda à ceux qui Thomas.
avoient été juifs, s'appelloit Marais. Orefies.
Simeon, qui remplilToit le fiège l'an 1088.
Cajjïan lui fucceda.
Douxe ans après , les Latins aiant recouvré Je-
Eiifuitç Vîibims.
1 ,

y
i
1^-
SUR LA TERRE SAINTE.
j'ufalem , cette EgUfe eut encore les Patriarches milieu du Sanftuairc , & il y cti avoit deux au-
luivans. tres aux deux bouts. On mettoit fur celle qui
étoit à gauche les vafes facrez ik. le pain qui
,
1099. Ttîtihert.
1107. Ebremar., dcpofé. devoit être béni pour la Communion. Sur la
ïïi-L. jirmnl ou Ani ul^he. table qui étoir à droite on mettoit les vêtcmens
,

facrezjdont l'Evêque ou le Prêtre devoit s'habiller


1 1 8
iii8. Etienne.
. Guarimond
pour célébrer les Saints Myitères. i::l
1130. Guillaume, L'Euchariltie ou le Pain bcni avec affions de
,

1146. Fulcher. grâces , durant les cinq premiers Siècles de l'E-


115' 9. Amaury. glife fe mettoit dans les mains des fidèles , aux-

1180, Heraclîxis. quels il étoit hbrc de l'emporter de la con- &


Albert. ferver dans leur maifon. On l'adminiflroit aux
Thomas I. Enfans batifez , qu'on faifoit auffi participer au
Calice, de même que tout des fidèles.
le refte
h
Robert. [

Après avoir participé à la Sainte Cène , ori


i
Jacques.
'Thomas II. faifoit dans l'aflcmblèe des fidèles des fclhns de

Les autres ne font pas bien connus; Charité, appeliez ,(^<i/fj. Les pauvres y étoient
mêlez avec les riches , qui leur faifoient volon-
tiers part de leur abondance. Mais il fe trouva
bien-tôt de la corruption dans ces aflèmblées, lî
1>efiriptton des EgUfes anciennes.
Ai.
innocentes dans leur origine , comrrie nous le
voyons par les reproches que Saint Paul en fait aux
. A cette Succeflion des Patriarches de Jerufa- Corinthiens, /. Corinth. xi. i8-iz. Voici la def-
lem , je joindrai une defcrîption des EgUfes An- cription que Tertullien fait de ces Agapes , dans
ciennes pour donner une idée de celle qui fut
,
fon Apologie pour la Religion Chrétienne Ch.
premièrement établie dans cette Capitale de la XXXIX. Notre feftin , dit-il , jie dément fojj^ /on
Judée. nom. On Pa^feile AGATHE,
qui veut Wre en
Les Eglifes des premiers Chrétiens étoient com- Grec amour , chanté , ddeBion. ^oi-qn^H en
pofées de quatre parties. La première étoit le coûte à ceux^ qui en font la dcfcnfe la f:eté , li
f^ejiibule ou Tortique , qui joignoit par dehors la fait croire qu'on y gagne infiniment. Ce petit fe-
porte de l'Eglife , &
qui n'étoit pas regardé com- cours confole îê foittient nos pauvres. Comme on
me un lieu faint. C'eft là que fe tenoient les Pc- ne voit point dans ces fefltns une épargne vile
nitens publics , qui n'avoient pas encore mérité & hofiteuje , auffi ri y fait-on point ofientation de
d'être reçus dans l'Eglife , qu'on appelloit les & luxe ®de profufion. On ne fe met point à ta-
Tleuransy parce qu'ils fe jettoient aux pies despaf- ble , qiion naît auparavant goûté les délices de
fans , qu'ils conjuroient avec larmes d'intercéder la prière. On mange autant que la faim le de~
pour eux auprès de l'Evêque. mande , ^
on boit à proportion , ^
totîjours félon
La féconde partie étoic la Nef^ que les Fidèles les bejoins de la nature. Ainjî on fè raff'afie ,
occupoient durant l'Office divin. Les hommes y Jans oublier quun fidèle efi obligé de prier 'Dieit
étoient féparcz des femmes par un petit mur, qui toute la nuit. Nous y parlons ^ comme des gens qitt
commençoit dès la porte de l'Eglife qui fètermi- & fàuent bien que le Seigneur nous entend. La
noit au Chœur. prière , qui a commencé le repas , le finit aujfi.
La troifièine partie étoit le Chœur , d'où l'on Mais , quelque louables que fulTent d'abprd ces
lifoit l'Ecriture Sainte à l'Airemblée. On y chan- repas , ils dégénérèrent en difiblutions. Et pour
Toit les Pfeaumes &
les autres Saints Cantiques, retrancher le mal dès la racine , il falut inter-
ce qui étoit fuivi de la Prédication. Là on pu- dire ces feltins qui fe faifoient dans les Eglifes.
blioit aufh les Règlemens des Evêques les Edits & C'eft ce que fit le Concile de Laodicée dans le
de l'Eriipereur- On y dénonçoit les Excommuniez. 28. CaiioUi
On y hfoit les Dyptiques , c'eil-à-dire les noms L'Evêque n'étoit pas le feul qui eût le foin
des vivans &
des morts. Ce lieu étoit plus élevé des Egliies. Les Prêtres &: les Diacres parta-
que la Nef, d'où on y montoit par quelques dcgrez. geoient avec lui la foUicitude Paftorale, ce Col- &
La quatrième partie étoit le SanBuaire , qu'on lège , nommé Presbytère , revit encore aujour-
nommoit aufh le Tribunal &
le Saint des Saints. d'hui dans les Confiftoires des Proteilans. Preu-
11 étoit feparé du Chœur par des balulh'es , & c'é- ve que le Gouvernement de l'Eglife Prûnitivc
toit d'entre ces baluilres que l'Evêque, dans une n'étoit point Monarchique , mais Republiquain
chaire portative , prêchoit à fon Peuple. Les s'il eft permis de parler ainfi , & que les Evêques,

Prêtres y étoient auffi placez, mais dans un lieu non plus que les Modérateurs des Confiftoires de
moins élevé que l'Evêque. Ce Sanftuaire étoit l'Eglife Reformée , ne font que les premiers ^entre
toujours tourné vers l'Orient , la porte de l'E- & leurs égaux. Des qu'il furvenoit dans un Dîocefe
glife regardoit l'Occident. Les Juifs obfervoient une épineufe, aulli-tôt l'Evêque aiïembloit
affaire
la même llruaure du Temple
fituatioii dans la ces Prêtres &
ces Diacres qui compofoient fon
de Jerufalem ; &
lès Romains dans le Paganilme Conièil, &
l'on y mettoit l'aftaire en déhbération.
avoient réglé , qu'on regarderoit du côté de l'O- L'Evêque faifoit enfuite exécuter la délibération
rient lorfqu'on voudroit fe rendre les Dieux pro- qu'on y avoit pVife. Les Souverains-Pontifes
pices. Depuis ce tems-là , prefque toutes les lemblent avoir confervé cet ancien Presbytère
Eghfes des Chrétiens furent aulR tournées du mê- dans le Collège des Cardinaux ; mais la fuprê-
me côté. me autorité que les Papes fe font attribuée , fait
L'Autel, ou la Table de la Communion ctoit au voir, qu'en retenant quelque chofe à l'extérieur de
Tom. V. Ô l'ufa-'
,

50
DISSERTATION
l'ufage Primitive Eglife , ils fe font étran-
de la 8. BAUDOIN V. fuccéda à fon Oncle.
de SiUUe , Sœur de Baudoin
gement éloignez de fon cfprit. Car pour ce qui Il étoit fils

ell des Evoques, qui font auffi aujourd'hui comme IV. qui époufa en premières Nôees Guil-
autant de petits Souverains dans leur Clergé , laume de longue ifée en fécondes Noces
, &
ils n'ont plus de Presbytère. Il n'en refte qu'u- Gui de Luzignan , Père de Baudoin V. qui
ne légère image , ou plutôt un véritable fantôme, ne régna que trois mois.
dans le Cliap'itre des Eglifes Cathédrales , puil- 9. GUI DE LUZIGNAN, comme tu-
teur de fon fils, prit le Gouvernement. Rai-
quc les Chanoines n'y ont plus aucune part au
miniftère du Presbytère ancien. Toutes leurs mond Comte de Tripoli le lui difputa ; &
fonétions maintenant renfermées dans le
font Saladin , Sultan de Syrie & d'Egypte
aprcnant ces brouilleries déclara la guer-
Chant de l'Office divin ; encore faut-iUes y enga-
,

re à ces Princes , prit Gui de Luzignan


ger par de bonnes rétributions , qui n'empêchent
pas encore qu'ils ne s'en déchargent fur des Chan- prifonnier, & fe rendit
maître de Jerufalem
le i. d'Oftobre 1187. Depuis ce tems-là,Je-
tres gagez.
Ce fut fur le modèle de ce que je viens de rufdem &
les Lieux Saints ont toujours

raportcr de l'Eglifc Primitive , que celle de Je- apartcnu aux Infidèles ^ fous la domina-
Elle eonlerva long-tems tion defquels ils font encore aujourd'hui.
rufalcm fut fondée.
fa fplendeur , même durant la ftireur des Per- Voici maintenant Fétat préfenc de cette
fécutions ; mais la Terre Sainte étant tombée au ville.

pouvoir des Sarrazins des Turcs dans le v 1 1. &


fièele , elle leur demeura foûmiie jufqu'à la fin
Etatpréfent de Jerufalem.
du X I. que les Chrétiens entreprirent la première
Croifade pour la retirer de leurs mains. Après
cette expédition , le Royaume de Jerufalem fut On eircuit , à en faire le tour par dehors , ell
rétabli ; mais il ne dura que 8 8 ans , fous ix. Rois,
la fucceilion.
.
S d'environ trois quarts d'heure.
d'une manière aifez ferrée ,
Elle ell bâtie
elle ett raifonna- &
donl^oici
blement peuplée ; mais prefque toutes les rués
en font étroites tortues , &
ce qui ne forme

SUCCESSION pas un bel aipefl en dedans. Ses Habitans font


en partie Mahométans , en partie originaires du
pais , &: en partie Juifs. Les premiers en font
incomparablement le plus grand nombre. Les

CHRONOLOGIQ.UE Juifs viennent fouvent s'y établir ,


ment quand ils font âgez , cela
&
principale-
dans la vue
d'être enterrez dans la
&
d'y finir leurs jours ,
vallée de Jofaphat ou Les mu-
aux environs.
DES ROIS DE raillesde la ville font allez belles
res de taille
biities de pier-

flanquées d'efpaee en efpace de


&
,

plufieurs Tours quarrècs avec des embrazures,

JERUSALEM. comme on le peut voir dans la Planche qui fuit.


Ce fut Soliman , Empereur des Turcs , qui
fit faire cette enceinte à la ville l'an 1559:
tiepiis qtCelle eut été refrife par les Latins. quelques-uns croyent que cet ouvrage avoit
été commencé par fon Père Selim , lorfqu'il
eut pris Jerufalem fiu: les Soudans d'Egypte l'an
Ans de ijrj.
J.C.
1099. i./^ODEFROl DE BOUILLON, La Mofquée principale , que les Turcs appel-
Vj qui avoit été Chef gênerai de la pre- lent le Temple de Salomon , èft , dit-on , bâtie
M. mière Croifade , fut choifi d'un commun fur les fondemens du vieux Temple , c'ell-pour-
accord après la prife de Jerufilem pour quoi on lui a donné ce nom. On dit aufii qu'el-
être Roi de cette ville. Godeiroi étoit le a en dedans la même figure , quoi-que dans
fils d'EiiJiache , Comte de Boulogne , & un efpace beaucoup plus petit. Par dehors elle
repréfentée ci-après dans
à'Iiia Sœur de Godefroi le Bojfu , Duc paroît telle qu'elle ell
ne régna pas un an en- la Taille-douce. Il n'elt permis à aucun Chré-
de Lorraine. Il

tier. tien d'y entrer ni d'en approcher , il leur eft &


IIOO. I. BAUDOIN fuccéda àfonfrère, &re- même défendu de mettre le pié fur la place qui
gna ï8. ans. l'environne.
3. BAUDOIN Le Couvent des Mineurs Obfervantins qui

km III8.

II3I,.
.

& régna 11. ans.


Roi par fa
fuccéda à fon Coufin,

4. FOULQUE, Comte d'Anjou, fut


femme Beatrix
II.

, fille de Baudoin
fait
font à Jerufalem
Bethléem
Occidentale
celle &
&
, ert fitué
de Damas
la plus haute de la ville. Le nom-
,
entre la Porte de
dans la partie la plus

II. Il régna 1 1 . ans. bre des Religieux ell ordinairement de 30. à 40.
j. BAUDOIN
II4^ III. fuccéda à fon Pcre, fous la conduite d'un Gardien. Ils font le fer-

& régna ans. 2. 1 .


vice divin au S. Sépulcre , dont nous donnerons
H63 6. AMAURY,Comted'Afealon, fuccé- la defcription ci-après. Ils ont été dépouillez de

da à fon frcre, & régna 10. ans. ce Sanfluaire par les Grecs , qui l'avoient ob-
II7Î 7. BAUDOIN VI. le Lépreux, fuccéda tenu du Grand-Vizir pour une femme d'argent.
à fon Père & régna , 13 . ans. Mais les Religieux de S. François efpèrent de le
,

SUR LA TERRE SAINTE. S^

recouvrer, à la follicitation des Princes Chrétiens tombeaux , dont l'un , qui cfl de trcs-bcâtî Por-^
qui b'y font déjà cmploicz, &
aux initances réi- phyre, elt, à ce qu'on prétend, celui du Sacrifi-'
térées du Pape, moiennant une fomme confidéra- cateur Melchifedech les deux autres font de Go--
;

ble que ces Pères ont recueillie dans la Chi'êtienté defroi de Bouillon Se de Baudoin fon frère , Rois
pour ce deffein.
Tous les Voyageurs qui viennent d'Europe à
Jerufalem , de quelque Religion qu'ils foient,
de Jerufalem.
Entre la Porte &; le Chœur de PEglife on ren-
contre une pierre longue , où le Corps de J;
\A
vont loger chez ces Religieux , plutôt par cou- C. après avoir été détaché de la croix , fut mis
tume que par aucune néceilité , puifque chacun par Jofeph d'Arimathée , Nicodeme quelques &
a d'aller
la liberté loger où bon lui femble. autres, pour être embaumé à la manière des Juifs.
Mais Chrétiens d'Eui-ope vont ordinairement
les Cette pierre eft appellée /a fierre de PonÉfion.
i
chez les Latins , de même que les Grecs chez Derrière le Sépulcre de J.C. on en voit deux
les Grecs , &
les Arméniens ou autres chez autres, qui font taillez dans le roc l'un elt ce^ :

ceux de leur Communion. II f;iut avouer aulE, lui de Jofeph d'Arimathée , l'autre de Nico^ &
qu'on auroit peine -^ trouver un logement plus deme. Dans la Nef, ou l'Eglife des Latins , (car
commode & plus agréable
puifque rien n'eft le Chœur &
le S. Sépulcre apartiennent aux Grecs)

I
,

égal à la bonne réception que ces Religieux font il y a deux pierres , fur l'une defquelles on dit il
aux Pèlerins , fans avoir égard à la diftérence de qu'étoit J. C. &
fur l'autre Marie Madelaine
Religion. lorfquc cette femme , croiant parler à un Jar-
dinier , lui demanda s'il n'avoit point vu le Sei-
gneur.
y a toujours neuf Prêtres Latins dans cette
Il

DESCRIPTION Eglife du S. Sépulcre , dont l'occupation conti-


nuelle eft de prier Dieu d'avoir foin des Lieux&
Saints. Il y en a auffi fept Grecs , cinq Armé-

D U niens , &
un Cophte ; mais les Latins font les
principaux , ceux &
qui y ont le plus d'au-
torité. L'Eglife n'a qu'une porte , au delTus
de laquelle il y a un beau bas-relief en mar-
SAINT SEPULCRE. bre.
détail
Je n'entrerai pas ici dans un plus grand
, pour paffer à l'état préfent de la Terre
î!l
Sainte.
On n'y envoie maintenant aucun Miniftre de la
LEdontBâtiment de
on trouvera
l'Eglife
le
du
Sépulcre , Congrégation du S. Office, n'y aiant que quelques
Saint
dans la féconde
deilein Couvents de Rehgieux Obfervantins , dont l'un
Planche fnivante , eil en général de l'Ordre elt, comme j'ai dit, à Jerufalem, le fécond à Beth-
Gothique ; mais les chapiteaux des Colonnes léem,
paroiflént de l'Ordre Corinthien , fans pour-
&
le troifième à Nazareth, tous trois fous
l'obéïflance du Gardien de Jerufalem. Le Païs eft
%
tant que toutes les proportions y foient exade- rempli de Grecs , d'Arméniens , de Cophtes &
ment obfervées.- La longueur de l'EgUfc elt de d'autres Chrétiens Orientaux. Les Latins y font
cent dix pas , &
la largeur de quatre-vingt qua- en petit nombre, &
la plupart étrangers ou Pèle-
tre, en prenant chaque pas pour deux pies. Le rins. Les Maronites , qui y font en grand nom-
Dôme cil foùtenu par lo. Colonnes, dont fix font bre , habitent le Mont Liban. Ils font tous
quarrées , faites de grofîes pierres , &
quatorze Catholiques , réunis à l'Eglilè de Rome gou- &
rondes d'un marbre aifez beau. DciTus celles-lil, vernez par un Patriarche , qu'ils appellent le Pa-
il y en a dix-huit autres , qui régnent autour de triarche d'Antioche ; quoi-que le Patriache d'An-
la Galerie , dont dix font aulli quarrées , les &
tioche foit un Grec , qu'il rélide à Damas. Ils &
autres rondes. Ce Dôme elt ouvert par le haut, ont des Evêques , des Prêtres , des Moines &
&garni d'un treiUis de fer qui donne entrée à la de S. Antoine , font fort pauvres ; &
étant plus
lumière. &
Au dellbus , directement au milieu de opprimez tyrannifez par les Turcs, que les au-
l'Eglife, eft un petit Temple ou Chapelle, où tres Chrétiens , parce qu'ils profeflènt la Reli-
l'on voit le Sépulcre de JESUS-CHRIST gion Catholique Romaine. Lorfque ces Peu-
Notre Seigneur , tel qu'il elt repréfenté ci-après ples ont un nouveau Patriarche , ils envoient à
dans la Taille-douce. Le Chœur eft environné de Rome pour le faire confirmer par le Pape , à
plufieurs colonnes, tant gi'oupécs que fimples, fur robéilfance duquel ils fe foûmettent. Ils ont un
lefquelles cil appuiée l'Eglife autour du Chœur. Collège à Rome , en avoient un autre ci- &
Ces Colonnes font alternativement l'une quarrée devant à Ravenne. Les Miflions fe font par
& l'autre ronde , &
font enfermées d'une mu- les Capucins , &
par les Mineurs Obfervatins de
raille qui environne tout le bâtiment. Toute la Jerufalem , de Tripoli , de Baruti , d'autres &
voûte elt peinte en Mofliïque. Le Chœur eft endroits près du Mont Liban. Il y a auffi des
placé droit devant Ventrée du S. Sépulcre , &
Carmes déchaulTez à Tripoli &:fur leMontCarmel.
fa longueur elt de cinquante pas fur dix-fept de lar- A
l'égard de la Syrie propre (qui eil la partie
geur. la plus Septentrionale de tout le païs , poiïe-
On voit dans cette Eghfe plufieurs Chapelles dé laujourd'hui par les Turcs fous le nom de
curieufes , dont divers Voyageurs ont donné la Sourie ou Sourillan,) les Miflions s'y font par
dcfcription entr'autres celles d'Adam, où l'on les Capucins
: &
les Carmes déchauilèz, avec fuc-
prétend avoir trouvé le crâne de ce Père du cès , fur-tout à Alep , où il y a auffi plufieurs Je-
genre - humain. Cette Chapelle renferme trois fuites. Les Carmes ont réuni à la Foi Romai-
O 1. ne
t.^:

51 DISSERT. SUR LATERRESAINTE.


un Coadjuteur Catholique caufe de fon grand
ne le Patrrarche des Syriens , avec un grand nom- I
-i

bre de les Diocefains. Mais dans le tems que la âge, il mourut, & le Siège Patnarchal fut envahi
Congrcgation du S. Office fongeoit à Im domier !
par un Grec.

mÈ0sm^

V .'

i-i VDE
hi
TU£ DES CRIPT [O:^^ DE L EGLISE DU SAINT
a: SEPTILCH5
CHAPEI-LE DIT SAXÎfT SEPTJI-CHRE QUI , Yun ZXTJSRTJùTJRl^ liF. tf
VST j\ COTE HTT ClTCF.UR DE T.'£GLISE

i^ifl» Chi^e^ a,été exaciemefUr ce^sîné^ jur&f ÏUnx.i: i'ott peif,t


au,yi& e^t ^û^èu-rtientr reçprêse^tâei.êcœ est éouiE lïè tnAr&re Ko,

j£i Sfct^fimii^œs sortà assù fur /es <^ux àctrux l »tar-ére ^e


Jtu'dte,,
J'— y^ié- atta: ceux certes .^ ÀatU- est un, jaetiii Qeme cûu/j'ertr^p^mé
tS'ttu. sut- offu/zfi ccCûTifi^s aai- ssiLtrjzuix À i&ux . Cef^e CAo^re/ua^ncu^t

l'r&nt.tef'e.ain- j 'av^^^ la, £naoi^^ ai IJ^aife.ifTiitni-.


ïènc-nj- au. Jiru/cÂri.

ifEr DE 1' Eglise dit saint Si i'xtt,chrf

li-
Il
m.T PAR DEHORS QUE PAR J^EDAWS AVEC XA CHAPELLE
V \

ml
.'rt-t-STS»:.
ï.:

S y

fu
Carte de la Turquie,OWeivatioiis
de l: Arabij
Dieslee lui- les les jjliis ii„

IV

lïib
DE LA
les
Perse
Mémoires les
avec leurs
pltis recens
DEPETSTDATSrCES
. r -,-. i,
i

îi: î

il

) i

ï:
..__ —
__jrpi___

L'

A 'Il

ï:i

' 1

1,'-

i
Pag. yj
P
D I s s 1R TAT OM î
l V

SUR

LA R A
RE M
B
T UR
I E,
P A RT I C U L lE E N s

L ARABIE HEUREUSE.
, & où fe trouve de l'eau fort
faine,
['Arabie en gênerai eft , comme l'on ! en quantité
fait, ce vaile Pais qui s'étend depuis une agréable fraîcheur , & un Printems prefque
le Détroit de la McrRouge jnfques au
continuel.
Golfe Perlique
, &
depuis l'Océan
Oriental , ou la grande Mer des OBSERVATIONS yâr fe Royaume d'YE-
Indes, jufques aux frontières de la MEN.
Syrie, de la Paleffine &
de l'Egypte , formant la
Mémoires qu'on en
plus grande Preftu'Ue qui foit dans le Monde con-
nu. On fait auffi la diviiion ordinaire de ce grand
CE Royaume, félon les
n'eft pas Héréditaire ; le Prince qui fe fait le
a;

Pais en trois Arables, qui font, la Tieferte, la "Pe- plus d'amis , &qui a le plus de forces , ou d'in-
trée& l'Heureufe ; diviiion qui n'a pas été fuivie trigues , l'emporte ordinairement fur fes Concur-
des Géographes &
des Indiens Orientaux. rens , qu'il fait quelquefois mourir ou enfermer.
Ceux-ci ont partagé toute l'Arabie en divers Mais il faut entendre par-là , que quoique ce
&
Royaumes Régions, ou Provinces, qui font en- Royaume foit depuis un très-long tems dans une
core aujourd'hui polfcdées par des Rois des & même Malfon,on ne fuit pas régulièrement la fuc-
la compofent ;
celEon naturelle des branches qui
Princes particuliers, Icfquels ne dépendent ni du
Grand-Seigneur , ni du Roi de Perfe. en forte que les Aine;, font exclus de la Couronne^
Entre ces
quand les Cadets, ou les Princes plus éloignez ont
Royauincs , l'un des plus confidérables eft celui
allé-i de puilVance & de conduite pour y parvenir.
i'Tmsn. I! comprend la plus grande partie du

Pais, qui a été nommée Arabie Heursufe. Ce Pais C'eft alnii que le Roi régnant en 170S. a fuccedé
s'étend du côté de l'Orient le long de la Côte de au Roi fou Frcre , au préjudice du Mis de ce Frè-
la Mer Oceane depuis
, Aden jufques au Cap de re, qui n'cll que Gouverneur de laVille de Tage.
Kafalgat ,c'eft-à-dire d'un Golfe à l'aritre une On a cru que ce Prince pouvoir être de l'illuftre
;

partie de la Mer Rouge le borne du côté du Cou- Maiibn de Thabatheba , dont quelques-uns font
chant & du Midi; & le Royaume ou Pars de Hiti- remonter la Souveraineté en Arabie , jnfques ati^
eiaiycpi apartient au Chérit de la Mecque, en fait tems de Charlemagne. Cette Maifon a formé une
les limites du côté du Septentrion. Dynaftle de Princes defcendans d'Ali , & il eft fur
Le feul Royaume d'Yemen -1 l'exclufioii de que ces Princes ont régné
,
dans l'Yemen , eri &
toutes les autres Régions de l'Arabie, produit l'Ar- Egypte, dès le dixième fiécle. Cependant, uiî
Voyageur habile croit plutôt que le Roi dont
bre duCafié: encore cet Arbre ne fe trouve-t-ilen
,

fon origine des /Ijubites ,


grande abondance que dans trois cantons princi- nous parlons , tire
i'Ajuli ou Joi, Chef d'une
paux , qui font ceux de Betbelfa^uy , Senan ou ainli apcUe?. du nom
qui a donné naillance au fa-
Senaa , & Galhani, du nom de trois villes qui lont autre grande Maifon
dans les montagnes , &
dont Scnaa paiTe pour la meux Saladin, &. à fa Pofterité une branche de :

véritablement en ce même
Il eft vrai que les Mon- ces Ajubites regnoit
Capitale de tout le païs.
tagnes font l'agrément , l'abondance ,& toute la Païs d'Yemen dans treizième fiécle,
le celui &
qui en étoit alors leChef , prenoit la qualité de
richeilé du Royaume d'Yemen ; car tout ce qui
s'étend le long de h Mer Rouge , n'eil qu'une CaUfe , &
celle d'Iman qui en eft iniéparable ;

mauvaife plage &


prefque fterilo , qui ne produit ce que le Roi d'Yemen fait encore aujourd'hui.
rien en quelques endroits , jufques à dix ou douze Une autre marque de grandeur &
de magnifi-
licuës de largeur mais qui eft bordée en revanche
;
cence Royale chez ce Prince , qui lui elt com-
par ces mêmes montagnes, lefquelles, outre le Caf- mune avec tous les Princes de l'Orient , c'eft le

fé portent beaucoup d'autres arbres des fruits , grand nombre de femmes qu'ft entretient à fa
,
p Gonr,
Tem. V.
, ,,

I>.

u DISSERTATION
Cour, &: qu'on fait monter à fix- ou fcpt cens. pérature parfaite , &
les jours &
les nuits y font à

Leur Sci'rail particulier eildansle Château de Mou- peu près d'une même longueur.
ab. Ces femmes font de diverfes nations, & l'on Le relie du Pats qui porte ce'nom,&qui efi: di-
alfure qu'il
y a fur-toiit des Géorgiennes, d'une vifé en d'autres Royaumes ^produit les Gommes , la
grande beauté , &
des femmes Arabes même, Myrrhe, '& les Aromates ; &
dans d'autres con-
qui font fort blanches. Elles vont viennent du & trées du premier Royaume on trouve de l'Encens
Château au Palais , où il y en a au moins trente lo- en abondance. On ne parle point des arbres du
gées dans un apartement particulier. Leur voitu- Baume , parce qu'ils croiifent hors de l'Arabie Heu-
re ordinaire ell un Chameau , fur lequel on met reufe, &
aux environs de la Mecque.
à travers une cfpece de berceau couvert d'dcarla-
tc , &
bien garni de couilins , fur lefquels ces R E M A R QU E S touchant le Roi d'Temen.
Dames font couchées ou aiTifes ; elles fortcnt par
Mouab fcjour ordinaire duRbî
une petite ouverture, qui ell fuj- le devant , le vi-
fflge couvert d'un voile de toile "peinte fort finc-&
LAd'Yemen.ville de efl le
Elle elt allife fur la pente méridio-
fort claire. La plupart des femmes de ce Païs nale d'une petite montagne c'elt le Roi régnant
:

portent un grand anneau d'or au bout du nez, qui ( en 1 7 1 1 ) qui l'a fait bâtir. A une pareille diltance
elt percé pour cet effet ; &
outre cela elles por- d'un quart de heué, ce Prince a aufli fait bâtir fur
tent au bi'as , au poignet , &
au deiliis de la che- une montagne plus élevée , un Château qui porte en-
ville du pic , des cercles d'or ou d'argent. KUes core le nom de Mouab ; c'eit comme une marfon
font de plus toujours remplies d'odeurs de fen- & de plaifance, où le Roi va fouvent fe delalïér. En
teurs les plus fortes. On ne dit rien de la coutu- forte que , par ce que l'on vient d'obferver , Damas,
me qu'elles ont de fc noircir le delTous des yeux, &
Mouab , le Château de ce nom , font pofez comme
&: de fe frotter les mains &
les pies d'une certaine en angle, &
à une pareille diltance l'un de l'autre.
drogue qui donne à ces parties une couleur vive, &
A deux lieues demie de Mouab le Roi a encore
& rend les ongles fort rouges ; cela paife en fait bâtir fur une petite montagne , une Citadelle
Arabie, &
ailleurs dans l'Orient, pour une efpece où il tient garnilon & une nombreufe artillerie.
de beauté. C'efl là qu'il fc retire dans le tems des guerres avec
On remarque qu'à Mouab, comme à Moka, les les Princes voiiïns , quand il craint l'aproche des
femmes fe vilitent entre elles le foir ; mais que ennemis , & qu'il croit n'être pas le plus fort.
la jaloufie des hommes les rend là beaucoup plus Quoique fon Palais dcMouab foit grand com- &
lauvages qu'ailleurs, en forte qu'elles n'ofent pref- mode à manière du Pais , rien n'ell plus fimple
la
que pas paroître fur les terralfes pour y prendre & moins recherché que fa Itrudure , à laquelle la
le frais. fimplicité des meubles &
des ornemens intérieurs
Entre les villes confiderables de ce Royaume, la répond parfaitement bien. On en peut juger par
principale s'appelle Scnaa , à quinze heues de Mouab ceux de la Chambre du Roi , où l'on ne voit autre
& à cent quarante de Moka. Nul Voyageur Eu- chofe qu'une Ellrade, ou Sopha couvert de tapis,
ropéen, que je fâche, nel'a encore viiitée. EUedoit & pour toute décoration, une fimple Indienne qui
avoir de beaux relfes d'antiquité car long-tems; règne tout autour de la Chambre , de la hauteur
avant la naiflânce du Mahométifme, elle étoit la feulement de cinq ou Cx pies. Cette Indienne ne
Capitale de toute l'Arabie Heureufe,&:fous la do- commence de chaque côté qu'à l'endroit où finit
mination des Tobbais , Rois puiffans qui y tcnoicnt l'Eftradc, qui fcrt de lit,& qui cil cenfée fufifam-
leur Cour. Le Palais de ces Princes étoit fuper- raent ornée par des tapis &
par des coulïins qui
be , & bâti fur une colline au milieu de la ville. n'ont rien de trop magnifique. La Perfonne du
Dans la fuite &
pourtant avant Mahomet
, Roife relient auJIi de cet air de fimplicité. On
l'Empereur d'Ethiopie , attiré par les Chrétiens ne lui a point vu d'autre habit que d'un drap aïïez
qui gemliFoient fous la tirannie des Arabes , aiant fin, de couleur verte ou jaune, fans aucune efpece
conquis l'Arabie Heureufe, fit bâtir dans Senaa,& d'ornement, aiant les jambes &
les pies nuds,avec
fur la même colline , un T. cmple magnifique, par des babouches à la Turque. Pour toute diftinc-
émulation du Temple de la Mecque, pom- détour- tion, il porte defius fon Turban une efpece dévoi-
ner les Arabes du culte fuperilitieux idolâtre & le de foye blanche , qui lui couvre toute la tête,
qu'on y pratiquoit ; mais les Ethiopiens ne gar- tombe fur le devant &
fe noue fous le menton , à
dèrent pas long-tems leur conquête. Les Auteurs peu près comme les femmes parmi nous portent la
Orientaux, où l'on trouve ces circonitances , que coëflé de tafetas. Je ne fai ii dans une fimplicité fi
l'onraporteenpaflant, difent déplus, que Senaa grande , obfervée dans la maifcn & jufqu'en la per-
eft une ville fort ancienne, riche , peuplée, ik & fonne d'un afiTez pnilfantRoi, il n'entre point quel-
qu'on y fait un plus grand commerce d'argent que que affeifïation , ou quelque principe de la Reli-
de marchandifes. Ses murailles font fi larges , que gion Mufulmane. Ce JPrince prend la quaUté
huit chevaux cnfemble d'Iman , c'cfi:-à-djre de Prêtre ou de Pontife de
y peuvent marcher de front.
yiÙHlfeda , célèbre Géographe , ajoute que Senaa la Loi de Mahomet, Il fe pourroit faire que le
relTemble tout-à-fait à Damas , par l'abondance de fafle & l'oltentation ne foient pas compatibles avec
fes eaux, &
par fes jardins délicieux. Je ne fai li cette dignité , comme dans le Mahométifme en
fur cette idée on nepourroit pas placer en ce quar- gênerai on voit les Mouftis , les Gens de Loi , les
tier-là cette cfpcce de Paradis terreflre nommé Imans ordinah'es , les Cadis même les Minif- &
Iram, &
plante dans l'Arabie Heureufe par un an- tres de la Jufi:ice aifetSer dans leurs habits , &
cien Roi, que Mahomet môme traite d'impie dans dans tout ce qui les regarde, une modeftie ex-

i fon Alcoran ; Paradis célèbre dans le Mahométif-


me, &
dont prcique tous les Ouvrages des Poètes
Mufulmans font mention. Quoi qu^il enibit, l'air
traordinaire.
Pour ce qui efi: de la vie particulière du Roi
d'Yemen, elle elï afiez uniforme. Ce Prince fc
de la ville &. des environs de Senaa cil d'une tem- levé dès que le jour paroît ,, il dine. à neuf heures
pour
SUR L' A R A E. I
S!
pour fe recouclici-
deux heures après mihi on
à onze heures du matin & à ell couvert d'un faux-fourreau d'écarlate.
bat les tambours,
joue des hauts-bois. Celui qu'on
& on que marche dure les Tambours ne ectrentTant
la
apelle le Chef
,
de
des Tambours , ou le Tambour-Major
battre, comme
Timbales defonner,&lesHaufs-
les
a fcul le wis de jouer.
privilège d'enti-er dans l'apanement
,
Tout
cet apareil n'eft que pour al-
du Prince, er dans la plaine voitine,
éveille ou endormi. C'eft un Turc de Nation, environ i un quart de
af- lieue de Mouab, où il
ie/, plaifamment équipé , portant une ceinture y a un pavillon dreflè pour
ex- y recevoir le Roi , & qui eft auffi deffiné à fervir
traordinaire .toute garme de grande
de crochets d argent,
plaques & d Oratoire, ou de Mofquéc. H '

&
une palme en broderie Pendant que ce Prince eft en marche,
lur le devant de fon Turban, il trouve
&ns parler d'une lur ion paflage cinquante
chame d argent, qui en fait pluficurs fois defcsplus bcauxChevaux,
le tour qu on mène en main, cV qui ont des
d une manière bizarre. Dès que le
reveU duRoi caparalions richement brodez, avec
houitès des &
eit annoncé par cet Officier, des brides gar-
1 nnces &
11 eft vilité par les

par les Grands, qui l'entretiennent


nies d or &
d'argent. Ils portent à la felle , d'un
cô-
juf- te un fort beau fabre,
ques au tems delHné à la prière, ou
aux
Pautrc une hache&de d'ar-
Au refte, ceux-ci ne l'aprochcm jamais fans affah-es.
lui tou-
rnes. CesChevaux viennent de Damas, où
tient fa prmcipale Ecurie,
le Roi
cher la main droite, qu'il tient iur font iuivis d'un pa- Ils
fon genou , la- reil iiombrc de
quelle ils Im baifent avec le plui Chameaux, auffi parfaitement bien
profond refpcfl II équipez , avec des bâts qui ont chacun
y a auin des tems dellinci à la promenade, un grospom-
yilite des femmes.
à la & meau d argent. Les Chameaux portent
i leur tête
Enfin , ce Prince termine la une groile touffe de plume d'Autruche
lournee enfe couchant régulièrement noire Tout
à onze heu- cela n
res du foir, après avoir foupé à
cinq
eft amené h\ que pour parade , & pour orner
Mais 11 quelque chofc ell capable de
relever la
la lete ; car les Chevaux & les Chameaux ne fer-
vent à autre choie après avoir paflc devant le
limphcite qu ona remarquée, de faire éclater en & ,

lui la Majelle Roiale c'ell fans doute la marche J 1i'


^ "
plulieurs fois le tour de la Tente,
,

que fait ce Prince lorfqu'il fort de Mouab, °"oi Pavillon dont je viens de parler.
aUer tous les Vendredis à deux heures
pour Le Roi entre dans cette tente, il v reftc une &
après midi heure entière i remplir les fonèlions
au heu deftmé pour la prière publique. de fon minif-
Tout le tere &
de fa qualité d'Iman , qui conCilc
monde fait que
chez les Muzuimans , le Ven-
c'elt à com-
,
mencer , ou i entonner la prière
dredi qui eft le jour de dévotion ou
d'aiièmblèe, faire enfmte le K/jotaù,
publique, à &
qui repond au Samedi des Juifs efpéce de Prône ou de Ser-
au Dimanche & mon, dans lequel, après avoir loué Dieu,
des Chrétiens. Cette marche commence par mil- on célè-
le boldats à pié , &
qui >ont en bon ordre, après
bre la mémoire de Mahomet, l'on fait des priè- &
res pour le Prince régnant.
avoir tait une décharge i la porte
du Palais Par
Les Princes,
ceux qui ont accompagné le Roi, font
tous &
•mi ces Soldats il en a deux rangs qui portent des leurs priè-
y res en même
Chapeaux coupez en pointe, auxquels tems que lui , en l'imitant en toutes
on donne ie Choies , pour les cérémonies requifes
nom de Drapeau dAly, Les Soldats font fuivis ; car cette , ...i

immédiatement de deux cens Cavaliers de


la garde
1 ente dt fort ouverte , &
prefque tout le monde ,'i.i I
peut voir 1 Iman. Après la prière,
du Roi, montez fur de lort beaux chevaux le Roi remonte
,& par- a cheval au fon des Timbales,
faitement bien harnachez. Ces CavaUers, outre les
des Tambours, &
armes ordinaires favoir le fabre & la carabine
des Hauts-bois , il fait fa &
marche pour le re-
,
tour de la même manière qu'il eft
portent des demi-piques dont le fer venu ; les Sol-
eft orné de dats faifant plufieurs décharges
franges Les Officiers de la à la fortie de la
maii'on du Roi, &les
Courtrfans fuperbemcnt montez , fuivent
tente ; &
le Peuple, des vœux des acclama- &
valerie; & à une certaine diltance on
cette Ca- tions. A
Ion arrivée à Mouab , une partie
de
voit paroître cette Cavalerie entre dans le
le Roi monte un très-beau cheval blanc, fort
fur Palais , l'autre fe &
paihble, & qm depuis long-tcms ne
fert qu'à mon-
tient dans les dehors
; &
quand le Roi eft tout-à-
ter le Prmce 11 a a fcs cotez les deux
Princes fes
tait rentré il fefait plufieurs
, courfcs , divers exer- &
cices de Cheval, les CavaUers courant
à toute bri-
i
'' '^'='

Un Ofiicicr /^'«^Y™^
™°';',"i'S
paiez.
'^<=
P-'^ richement & de les uns contre les autres , faiiant des at- &
fort hautement monté
portcau taques régulièrement , qui prcfentent
Koi un grand parafol , ou plutôt une au Peuple
efpece de dais allcmblè une image de la guerre. Ce
tous lequel il marche à couvert jour-là , tous
du Soleil. Ce dais ceuxquife trouvent fur le chemin pourvoir
eltde Damas vert, avec une efpéce de paf.
falbala d'une
etote rouge, d'environ huit
pouces de hauteur NT ' °™ '"^ privilège de l'aproeher de lui&
baderlamain,
T
qu'ft ne retùfc à perfonne , toùiourS
qui règne tout autour
, &
qui eft enrichie d'une en chemin faifant.
crépine d or. Au
I

defl-us du dais il
y a un globe Au refte, on a de la peine à concevofi- comment
d argent doré & au deifus du globe une petiïe pi-
r fi ce Prince, aiant bàd un nouvelle Ville avec
raimde aufti dorée. j unPa-
ais, pour
Immédiatement devant y faire fa rèfîdence ordinaire, fans par-
^ Roi, un de fes OfH-
le
'

ler du Château qui n'en eft guère


ciers^a cheval porte l'Alcoran éloigné , n'a pas
enfermé dans un , tait conitruire une feule
Moi'quèe , en forte qu'il
tac de drap rouge. côté A
de cet Officier, il y eft obhgè d'aller faire fa prière
en pleine cam-
en a un autre qui porte un étendart
de Damas vert pagne, de la manière que nous avons dit
de figure quarrée. Cela s'apelle C'eft
l'étendart du Roi. un myltére qu'on ne peut pénétrer,
Un yapomt de figure dedans comme aux autres, ,
qui nerou- &
Ic peut-être que fur la méfiance
mais feulement quelques Caraftéres du Prince Arabe
Arabes relevez qui, non content d'avoir mis fa perfonne
en broderie; cet étendart eft garni à
l'emour d'une &
en fureté'
à couvert par une longue fuite de montagnes 1
<
crépine d or. Enfin, un autre Officier,
marchant à n ofe encore s'enfermer dans un Temple, où
cheval derrière le Roi, porte fon fabre, ilpour-
dont la poi- roit être furpris par fes ennemis,
gnée &
le fourreau font fort enrichis. ou trahi par fes
Le fourreau propres fujets, Cela ne feroit pas fans
exemples
P » puif.

DISSERTATION
gendre de Mahomet, fut avec quelques Arméniens, & beaucoup de pauvres
puifque le fameux Ali
quartier léparé , ou une efpcce de
,
rallemblce, Juifs dans un
ali-illlné dans une Mofqucc, le jour de
fanxbourg hors de la ville, tous gens bafanez, af-
ou de la prière publique des Mufnlmans. &
extrêmement civils. La ville eft
fev,bien faits,
entourée moitié de pieiTes moitié de terre battue ,

'Deftriftion de la Ville d'Jdeii.


avec de la paiUe. Il y a quatre portes fans folfei,
hautes & plulieurs Tours , avec du Canon fur quelques-
CEtte ville cfi aiîife au pié de plufieurs
unes. Ces Tours font habitées par des Soldats qui
montatmcs, qui l'environnent prelque de toutes qui durant &
leur iommet, font des patrouilles pendant la nuit ,
parts Elles ont cinq ou fix Forts à dans le Bazar ou &
le jour le tiennent fur le Port
avec des courtines, &
d'autres ouvrages en grand
empêcher les defordrcs car en ce
Marché pour :

nombre , aux gorges des montagnes. IJn bel ,

jaloux de la tranquilhtc publi-


Ton cil fort
Aqueduc conduit de là les eaux dans un grand Ca-
pais-là.

nal ou Refervoir, conftruit à un quart


de lieuc'de que, & de la bonne police. Ils amènent les cou-
tous lesHa- pables devant le Gouverneur , qui , fur le raport d'un
la ville, qui en fournit de très-bonne i
point d'autre à Aden, & je ne vieux Officier qui commande les Gardes , les fait
bitans. 11 n'y en a
fur quelle au- punir feverement.
fai, dit le Voiageur d'où je tire ceci,
palier une nviere au Tous les Soldats , au nombre de cinq ou fix cens,
torité nos Géographes font
La place dl entourée de s'affemblent tous lesjoursdepuismidijufqncsàdeux
travers de cette ville.
mauvais état, heures dans la grande Place, pour conduire le Gou-
murailles, qui font aujourd'hui en affez
cependant verneur à la Mofquée, où il va avec beaucoup de
fur-tout du côté de la mer , où il y a de &
fafte& d'apareil, accompagné de fes fils,
quelques plates-formes par intervalles , avec cmq
ou
Canon de fonte, dont quelques-uns tout ce qu'il y a de gens eonfiderables , fuperbe-
lix bateries de
On croit que c'eH ment montez, faifant porteries drapeaux du Roi,
font de foixante livres de baie.
& ceux de Mahomet & d'Ali , au ion des Timba-
encore de FartiUerie que Soliman IL y lailla après
avoir pris la ville &
conquis prelque tout le Pais, les. En fortant de la Mofquée toute cette Infan-
terie fait une décharge, & toujours à baie, ce qui
que les Turcs furent contraints depuis d'abandon-
caufe iouvent des accidens.
ner aux Princes Arabes. ^
Les Femmes, excepté un petit nombre de celles
Pour arriver il Aden du côté de la terre, il nya
du commun ne paroiifent jamais de jour dans les
qu'un feul chemin pratiqué fur un terrein allez
,

forme de rues de Moka. Le foir elles ont un peu plus de


étroit. S: qui s'avance dans la mer en ainfi l'on en
liberté , qui confiUe à s'entre-vifiter
Peninfule. La tête de ce chemin eft commandée par
;

rencontre quelquefois à une heure de nuit, éclai-


un Fort avec des Corps de garde d'efpace en efpace; un &
rées feulement d'un falot, porté par efclave,
S: à une portée de C anonplus bas , il y a un autre For t
fuivies de leurs femmes. Quand elles rencontrent
en pâté avec quarante pièces de Canon , en plu-
fieurs batteries & une Garnifon, en forte qu'il fe-
,
des hommes en leur chemin, elles fe rangent aufli-
tôt d'un même côté, contre les maifons, pour les
roit irapolfiblede tenter une defcente de ce côté-
li & pour
de la ville à ce dernier Fort, il y
aller
lailfcr palfer, gardant le filenee &
une grande mo-
peu près vêtues comme le lont
;
dcllie. Elles font à
a encore fur le chemin de communication un autre
en général toutes les femmes de l'Orient , aiant
Fort de douze pièces de Canon, avec une Garni-
fur toutes choies un grand voile d'une toile fine de
fon. A
l'égard de la mer , par où celte ville ell
couleur, qui leur cache le vifage, fans lesempêcher
véritablement acccllible, e'cll une baie qui a huit
qui e(l comme divi- & de vok à travers elles portent aufli de petites boti-
:

à neuf lieues d'ouverture ,


& nes de Maroquin. 11 y a chez les gens de confide-
fée en deux rades , dont l'une ell fort grande af-
l'autre moindre plus & ration de très-jolies perfonncs, qui ne font pas plus
fez éloignée de la ville ;
brunes que des Efpagnoles , avec des traits iort
proche, qu'on apelle le Port. Celle-ci eft d'envi-
fins, & capables d'infpher de h paffion on peut :

ron une lieue de large , -i prendre cette largeur de- m


même conjeêlurer qu'elles ne font ni farouches,
puis la Citadelle qui'la commande , avec chiquan-
te pièces de Canon , jufques à la pomte avancée,
infenfibles.

où font les Forts dont je viens de parler. On


Le Pais en général eft fort fee, ny aiant que de
mouille par-tout à dix-huit , vingt vingt-deux & mauvaifes eaux nitreufes , prelque falées mais & ;

le territoire de Moka eft le pire de


tous il y fait ;

braflcs. Je ne dis rien de l'intérieur de la ville,


où l'on une chaleur cxceffivc , S: il n'y tombe prefque ja-
dont la grandeur eft afl'ez conliderable i

mais de pluies. Mais vers les neuf ou dix heures


voit encore plulieurs belles maifons à deux étages
& du matin, il vient de la Mer un vent de bize qui
& en tcrrafl'es, mais anlfi beaucoup de ruines de
rafraîchit beaucoup, fans quoi l'on ne pourroit ré-
mazures. On comprend aifément par ce qui ref-
à la chaleur.
te , & par une fituation li qu'Aden
avantageiife ,
fiiler
Moka quelques palmiers
étoit autrefois une ville fameufe& importante, une On voit au dehors de

& principal boulevart de l'Arabie plantez parmi le fable , que l'on a foin d'arrofer par
Place forte
Heureufe.
, le
Le territoire des environs ell fort le moien des puits que l'on a creufez ,
qui por- &
tent des dattes fort communes. Il vient auflî du
agréable, quoi qu'aflcz étroit, avec beaucoup de
mil en quelques endroits, qui eft blanc, trois fois &
verdure au bas des Coteaux.
plus gros que le nôtre. Quand il eft tombé de la
Moka. pluie, ce qui arrive rarement,, la terre fe couvre
1)eJcriptïon de la Ville de
d'une efpece de croûte de fel: celui dont onfe fcrt;
eonlidcrable que en ce pais fe fait prefque fans aucun travail , par
Moka n'ell pas
,

LA celle
ville de
mais elle eft devenue plus mar-
d'Aden ;
fi
le moien des foflés &des rigoles qui reçoivent l'eau
la marée monte ; & le fel s'y
chande , aiant fait notablement diminuer le com- de la Mer , lorfque
durcit fort, que pour le retirer il faut le rompre,
merce de cette première ville depuis quelque tems. li

comme une pierre, avec des pics.


lille ne contient qu'environ dix mille habicans.
Tief-
,

H\<

SUR L' A R A I E. ST
M
drcfle de n'aporter guère de Caffé , quand le prûi
'
'Dejcriptkn de la Ville de Bethelfaguy. n'en eft pas tel'qu'ils peuvent le Ibuhaiter.
C'elt à Bethelfaguy que fe font les achats de Cafj

CEtte ville eft éloignée deMokîi d'environ trente- fé pour toute la Turquie les Marchands d'Egyp- ;

cinq lieues , en tii'ant vers le tond de la Mer Rou- te &cetix de Turquie y viennent pour ce fujet, fie
î^e, dont elle ert à dixlieues de dillance. On y va en chargent une grande quantitéfurdesChamcaux,
en deux petites journées , en côtoiant les Monta- qui en portent, comme j'ai dit, chacun deux ba-
gnes ; &
on trouve vers les deux tiers du chemin la ies, pelant chacune environ foixante & dix livres,
ville de Zebit , ou Zeb'ide qui paroit avoit été
,
jufqu'à un petit Port de la Mer Rouge, qui eit à
grande &
confiderable , &
où il n'y a prefquc point peu près à la hauteur de cette ville , à dix heués
tl'eau quoique quelques Géographes y remar-
,
d'éloignemeiit. Là ils le chargent fur de petits bà-
quent ime rivière. Il cil vrai que iiir cette route timcns qui le tranfportent cent cinquante lieues i \
on trouve divers petits ponts qui fervent à palier plus avant dans le Golfe, à un autre Port plus con-
lesruifleaux, ou plutôt les torrens qui defceudent sidérable , nommé Gedàa ou ZiedeH^<j(^\ elt propre-
des Montagnes en certains tems , mais qui n'ar- ment le Port de la Mecque. De ce Port le Caffé
rivent prefque jamais jufques à là Mer , fe perdant ell encore, rechargé fur des Vaillèaux Turcs, qui
dans les fables brûlans de cette côte. le portent jufqu'à Suez dernier Port du /ond de la
La ville de Bethelfaguy , quoique plus grande Mer Rouge, qui apartient au Grand-Seigneur;
que celle de Moka, ell du mcme Gouvernement, d'où étant encore chargé fur des Chameaux, il eft
& le Gouverneur de Moka y tient un Lieutenant, tranfporté en Egypte , &
dans les autres Provinces
qui prend aulli la quahté de Gouverneur. Klieeil de l'Empire Turc , par les diflèrentes Caravanes,
ornée de tort belles Molquées , dont les hautes ou par la Mer Méditerranée. Et c'elt enfin de l'E-
.Tours , ou Minarets, font blanchies en dehors comme gypte, que tout leCaffé qui s'efl eonfumé en France,
en dedans. Les mailbns y font de briques à im & a été tù'é juftju'à l'année 1708.
deux étages, avec des tcrrafies. La ville n'a point
de murailles ; mais à une porcéc de mouiquet on Remarques fur la Religion des Arabes.
voit un fort joli Château , où il n'y a point d'autre
eau que celle d'un puits extrêmement profond , COmme l'Arabie eft le païs où le Mahometifmeâ
dont l'eau que l'on tire par le moien d'un Chameau, pris nailTance , on y eft mieux inllruit qu'ailleurs
fort toute fumante comme fi elle bouilloit, de for- de plufieurs traits d'Hiltoire &l de Religion qui y ont
te qu'il cft impoffible d'en boire d'abord; mais en du raport & t^uelques-unsde ceux qui ont voyagé
;

ia la'iïant repofer pendant la nuit, elle devient la en ce pais-là afiurent, qu'ils s'y font défaits de quan-
meilleure &
la plus fraîche qu'on fauroit trouver. tité de faux préjugez lur cette matière. Voici, en-
11 y a en cette ville un fort grand Bazar , ou Mar- tr'autres , deux obfervations qu'on ne fera peut-ètrd
ché au Caifé, qui occupe deux grandes Cours avec pas fâché de trouver ici.

des galeries couvertes. C'eil là que les Arabes de La première, que c'efl: une erreur de la plùparÉ
la campagne viennent aporter leur Catlé dans de des Européens, erreur qui fe trouve auflidans plu-
grands iacs de Nattes; ils en mettent deux lacs fur fieurs bons Auteurs, que le Grand-Seigneur elt le
ciiaque Chameau. Les Marchands qui en veulent
acheter le font par l'entrcmife des Ba?tians, qui font
Souverain de la Mecque fi: de Medine , S: que lès
Cherifs, c'ell-à-dire les Princes de la race de Ma-
U>
en Arabie toutes les fonctions des Juifs de Tur- homet, qui y commandent, ne font que des Gou-
quie & des Courtiers d'Europe, fur-tout pour le verneurs , ou des Valiaux tributaires. Il elt vrai
c. mmcrce du Caflë qu'ils favent parfaitement con- que les Turcs , aiant détruit l'Empire des Cali-
,

noiïrc. fes, &leur aiant fuccedè par droit de Conquête,


Dauii le milieu du fond du Bazar , il y a un Di- le Sultan a auffi fuccedé à la dignité à toute &
van ou Sopha élevé de quatre pies, où fe mettent l'autorité des anciens Califes, premiers SuccelTeurs
fur des tapis les Officiers de la Douane , & ^ticl- de Mahomet, qualité très-èminente, qui le conf-
quefois les Gouverneurs en perfonne. Ces OfH- tituë Chef de la Religion &
de l'Empire fi: qui cfl ,

ciers tiennent regitre du poids qui fe fait en leur reconnue par les quatre principales Seftes du Ma-
prcfence & du prix de tout le Cafle qui elt ven-
, hométifme. Mais il ell vrai au/fi, que dans la dé-
du, pour en faire paier les droits. Les Pefeurs fe cadence &
la divifion de cet Empu'e , la race du
fervent de grandes balances ;& pour poids,de gref- prétendu Prophète s' elt confervé la Souveraineté
fes pierres envelopées dans delà toile. Pour tout & la polTeffion de ces deux lameufes villes, 6c du
droit de vente fur le Caffé , le Vendeur fcul paie la païs, où elles fontlituées, fans opofition des autres
valeur d'un fol par piaftre du prix qu'il eit acheté ;
Princes Mahométans , &
fans être dans la dépen-
fi: il faut toujours paier comptant , les villageois dance d'aucun au contraire
: les plus puillàns ,

Ai'abcs ne faifant aucun crédit. On paie en Piaf- d'entre ces Princes ont pour les Cherifs oc pouf
tres Mexicanes , ceiles du Pérou &
les Sevillanes les lieux qu'ils poffedent une extrême vénération,
n'aiant prefque pas de cours, depuis que les Por- leur envolant fouvent des ofïrandes & des prelens
tugais leur en mêlèrent, difent-ils, de faulfes de confid érables.
cette efpece; de quoi ils n'ont jamais perdu le fou- D'ailleurs , dans les titres qu'ils fe donnent, fi: qui
vcnir :ils reçoivent auffi l'or en fequins. On por- font, comme on le fait, fort failueux, ils ne pren-
te journellement duCad'é àBethelfaguy de la mon- nent .que l'humble quahté de Serviteurs des deujt
tagne, qui n'en elt qu'à trois lieues de diflance. Le facrées Villes de la Mecque de Medine ce qui & :

marché s'y lient tous les jours à l'exception du Ven- elt particuliérernent vrai à l'égard du Grand-Sei-
dredi, que le Gouverneur &
les Douaniers vont à gneur, qui prend auffi la qualité de Protecteur de
la Mofquée , après midi , accompagnez de leurs la Sainte Jerufalem dont
il eft Véritablement le
,

OfHciers &
des Soldats , portant les Drapeaux de Maître fi^ lece qui marque allez la dif-
Souverain :

jMahomec, & ceux du. Roi. Les Paifans ontl'a- , ference qu'il y a entre ces villes par raport à luL
^
Q Aa

i
,,

„^T!»

î8 DISSERTATION
Aureftc, de fuplémentàla Généa-
(Se ceci fervirti La féconde obfervation qu'on peut faire, cft, que
logie de Mahomet) cette race des Enfans du Pro- la Mecque & Medine, avec les Païs qui en dépen-
phète, pour parler comme les Orientaux, tire fon dent, ne font point fituées dans lArabie Heureu-
origine de fatime , fille de Mahomet Kpoufe d'Aly , fc, eu dans fYcmen d'aujourd'hui, comme l'écri-
laquelle eut deux fils , favoir Hafîan Huflèin , & vent plufieurs Auteurs ; mais dans une Province
qui ont fondé deux grandes Maii'ons dans le Maho- d Arabie en général , qui elt contigue à l'Yemen,
mctiline, &. qui font les Pères de tous les Cherifs à laquelle les Arabes donnent le nom de Begias &
& defcendans de Mahomet, qui font aujourd'hui de Tûhama. Auffi voit-on que ces deux pais ont
dans le Monde. leurs limites, qui les divifent, &
qu'ils obéïiiënt :\
La Maifon de Haflan a été divifée en deux bran- des Prmces difiérens , &
indépendans les uns des
ches principales dont la première elt refiée en
, auti-es.
Arabie , &
a domié des Rois ou des Princes fou-
verains à la Mecque à Medine. & La féconde I^es Banjans d'Arahie , far r^ntremife defqnels fe
branche eft pallee en Afrique , &
a donné nalilan- fait tant le commerce de ce faïs-là.
ce aux Rois de Maroc &
aux autres Cherifs qui
,

font en Afrique. Banjans dont


Je ne dis rien ici de k Maifon, ou des Dcfcen-
LEs parlé, font tous
j'ai
des Indes, & partlcuhérement de
originaires
l'Ile de Diu ,
dans de Huflcin, fécond fils de t'atime , qui font, dans le Roiaume de Cambaie, près de Surate. Ils
félon les Orientaux ;"îes Rois de Perfe d'aujour- viennent en Arabie dès leur bas âge, pour y cher-
d'hui , &
les autres Cheril's de lAfie, parce que cher à laire fortune par le commerce; ils fe répan-
cela n'ellpas de mon fujct, renfermé danslesfeuls dent atifh pour ce fujet dans les autres parties de
Cherifs de lArabie. Cependant, quoique la Bran- l'Inde. Il y a parmi eux de très-riches Marchands,
che ahiée de la Maifon de Hailân le foit multipliée beaucoup de Peleurs d'or &
d'argent, des gens &
en une infinité de MaUbns , ou de Familles diftë- enfin de toutes fortes de Métiers. Au refte , ils
rentes dans TArabie, il n'y a jamais eu que quatre font les jiîus fins Arithméticiens du monde; car en
principales Mailons qui ont régné à k Mecque & trois ou quatre carafiéres tracez fur l'ongle du pou-
â Medine, qui icnt celles de hefijy Cagder ou Ka- ce, quand ils lontprelîcz, ils font un compte exaét
der, àc Béni AlonJlatani, ZMir&m&wt Béni Hûjfan en un clin d'otil. 11 Jaut cependant ctre furfesgar-
de Ben'i Hachem , &
de Benï Kitada. Le iCherif des avec eux , car ils trompent avec une merveil-
qui règne aujourd'hui à k Mecque clt de cette , Icufe adrcfie. On croit que le commerce de ces
dernière Maifon, laquelle, à ce qu'on prétend, gens-là gâte les Arabes, ceux-ci aiant naturellement
occupe la Principauté depuisplusdecinq cens ansj de ]a benne foi & de la probité , &: fe failant un
& celui qui règne à Medine, efl de k Maifon de point d'honneur de paroître tels; majsilsnekiflént
Beui Hachem 3 qui régnoit aufli à la Mecque avant pas de tromper aufli, quand ils peuvent le faille fù-
celle de Betii Kitada. Mais celle-ci fc trouvant rement,
encore mukiphée ik divifée en plufieurs branches, La Religion des Banjans eft une Idolâtrie bizar-
la parenté , qui cft entre tous les Cherifs d'une re &grofîicre, car on dit qu'ils adorent toutes for-
môme Mai. on, devient fouvent parmi eux un fujet tes d'animaux , mais principalement k vache , qui
de difcorde; ils prennent les armes les uns contre elt ]e grand objet de leur culte &
de leur amour.
les autres pour" la Souveraineté , &
fe font de cruel- Entêtez des opinions de la JVletcmpfycofe , ils ne
les guerres. Quelquefois la divifion fe met auili font jamais de mal à aucune créature vivante , &
entre les deux Cherifs régnans de k Mecque ék. de on ne peut leur faire un plus grand dépkifn-,quede
Medine, ils fe font k guerre, &tout eft en confu- tuer en leur prefence quelque animal que ce foit,
fion dans leurs Etats. Ilsn'ontpas en mourant déplus grandfouci, que dé
Alors le Grand-Seigneur, en quahté de Cahfc, pouvoir tenir une vache par la queue, afin,difent-
îie manque guère de prendre connoiifance de leurs ils , que leur ame puifié entrer dans le corps de cet
ditlérens, de parler aux Cherifs avec fermeté , d- Animal chéri. D'ailiers , entre plufieurs pratiques
d'inllaller quelquefois par force un Cherif en kpla- fuperiUtieufes, comme de fe laver tout le corps à
ce d'un autre; mais toujours le Prince favorilé doit leur lever, & avant & après le repas, de ne rien
être delà Maifon régnante, toute l'autorité du Sul- manger de tout ce qui a vie, &
d'aller tousles foirs
tan ne pouvant pas interrompre cet ordre établi. au bord de k Mer faire leurs prières, en fe mouil-
Mais celte hauteur de k part du Sultan , la & lant le front avec la main ; ils prennent tous les ma-
foûmiilion de la part des Cherifs, ne détruifent pas tins d'une certaine compofition faite avec de k bou-
pour cela leur Souveraineté. 11 cft vrai qu'elle a ze de vache mêlée de iailran dont ils le marquent
,

reçu quelquefois des atteintes confidérables , fur- au front, en fe profternant , & en touchant k ter-
tout du tems de Selim ï. &
du Grand Soliman fon re, & aufli aux extrêuritez des oreilles.
fils, à qui rien ne réfftoit , &
qui, par le moien Parmi tant d'abfurditez , ils ont cela de bon,
d'une >lote qu'il fit équiper dans le fond de la Mer qu'ils pardonnent aifément les injures', qu'ils ne &
R uge ,rendit maître des Côtes d'Arabie,
fe & font jamais de mal à perfonne. Enfin, ils ont en
d'une partie du Roiaume d'Yemen. Mais fes aparance une grande innocence de moeius; on dit
Succelîeurs n'ont pas gardé long-tems ces conquê- même que leur nom de Banjan ne fignifie autre
tes; car, à l'cxceptiGn de Gedda , qui clt propre- chofe, qu'un homme fimple &
innocent. Ils ont
ment le Port de k Mecque , & où les Turcs tien- une Langue & une écriture particulière, que l'on
nent encore un Bâcha, dont l'autorité elt aifez bor- croit n'être autre chofe que le Malabar. Au refte»
née , ils ne pollcdent plus rien de fort confidérable leur habillement eft fort fingulier, fur-tout celui de
l en Arabie. Il n'en clt pas de même de la côte la tête,qui efl une efpece de Tm-ban de Moufléli-
opoicc, qu'ils ont prelque toute ufurpée fur les ne blanche , qu'ils tâchent de faire imiter, tant qu'ils
Abyllins,lcfquels par ce moien ne poHédentplus peuvent , les cornes & k tête de la vache ; pour &
de Ports en propriété fur k Mer Rouge. lereite, ils portent uue efpece d'Aube de Coton,
qui.
, ,,

'il

r A

SUR L'ARaBÏË» r^ '41


qui leur delccnd fort bas ; &
par deirous une ma- PlufieursVoya^rs ont demandé auxGraiidsdti
nière d'écharpc aflez longue pour les ceindre tout pais, &
à toutes "iortes de perfonnes,la raifonpour
autour du corps , & qui leur paffe aulTÎ entre les laquelle ils prennent tant de Caffé quel bien il;

cuifles; ne portant ni bas, nicaleçon,& la plupart leur faifoit ; fi fon ufage guérit de qlielque mala-
allant pies nuds. Les plus notables ont une cchar- die; &enfin,à quoi il étoit bon? La reponfe aété
pe de foye de différentes couleurs. Les Ai'abes, générale, que le Caffé nourrit, &
qu'il fait du bien
qui ont les Banjans en horreur, & qui ne les fouf- en plufieurs manières ; outre que c'eft pour eux un
Irent que pour le commerce , ne leur permettent doux amufement , &: une habitude agréable. Je
pas de fe marier enArabie, ni d'avoir aucunecom- ne fai, ii à ce grand ufage du Caffé parmi Jes Ara^
munication avec les femmes ; en forte qu'ils font bes, on ne peut pas apliqucr une remarque de nos
obligez de s'en retourner dans l'Inde lorfqu'ils veu- V oyageurs , qui eft, que ces Gens-là font d'une gran-
lent fe marier, &
qu'ils ont fait quelque fortime en de frugalité , &
pour la plupart maigres &fccSs
Arabie. quoique d'une affez bonne taille.
Les Arabes de l'Yemen font fort perfuadez * &
'iDe la Tréfaration ^ de la Boijfon du Caféparmi tous les Orientaux aufTi que le Caffé ne croît nul-
,

les Arabes. le autre part que dans leur païs on a cru pourtant
:

qu'il venoitoriginairement d'Ethiopie , d'où il a été


LEur manière de préparer le Caffé, en gênerai, eft tranfporté dans l'Arabie Heureufe. Cette opinion
preique la même que celle de tout leLe\ant, eften quelque façon confirmée par la Relation du
que nous imitons tous les jours en Europe; avec Voyage que Charles-Jaques Pontot fit en Ethiopie
cette différence , que les Arabes le prennent ordi- dans les années 1698. 1699.&1700. Ce Voyageur
nairement prefqu'auffi-tôt qu'il eft cuit, fans le fai- dit qu'on voit encore aujourd'hui des Caffez en ce
re repoler, fans y mettre de fucre, dedans de fort Païs-Ià , que l'on ne cultive que par curiofité ; il en

petites taffes. Il y en a parmi eux qui font envelo- décrit même la plante, fans affurer de l'avoir vue:
per la Caftètiére d'un linge mouillé , en la retirant mais cette defcription, oii la plante en queftioneft
du feu, ce qui fait précipiter le marc du Caffé in- comparée auMirthe,en: fi diflérente de l'Ai-bre du
continent , &
rend la boiilbn plus claire ; il fe fait Catlé que plufieurs François ont vus en Arabie,
aufli par ce moyen-là une petite crème au deffus, qu'il faut de néceflité qu'il y ait là-deffus quelque
& loriqu'on le verfe dans les taffes , il fume beau- méprife. D'ailleurs , les meilleures Relations que
coup davantage , &
forme une efpece de vapeur nous avons de l'Ethiopie , dont la plus eftimée eft
grallè, qu'Us Je font un plaillr de recevoii', à caufe celle du Père Tellez Jéfuite Portugais , l'Hlf- &
des bonnes qualitez qu'ils lui attribuent. toire même d'Ethiopie de Mr. Ludolf, fi curieu-
Les Gens de diitindion ont une autre manière fe &
fi exacte , ne parlent en aucune manière du

qui leur eft particulière ; ils ne fe fervent point de Caffé. Quoi qu'il en foit, depuis que le Cafte eft
la fève du Caffé, mais feulement des écorces ou co- pafie de l'Afie dans toute l'Europe , avec le fuccès
ques qui leur fervent d'envelope , en y mêlant auffi que l'on fait , on n'a pas manqué d'en multipliet
de la pellicule fine qui couvre immédiatement k fè- l'efpéce; ce que l'on continue tous les jours défai-
ve ; en forte que quand le tout cil bien prépare re , il meiure qu'on en voit augmenter la confomma-
ils eftiment que nulle boilîbn n'eil comparable à tion & le profit en forte qu'il y a à prefentdesCaf-
;

celie-là. On prend l'écorce du Caffé parfaitement fés dans beaucoup de montagnes &
dans d'au-
mûr, on la brile &
on la met dans une petite poê- tres lieux de l'Yemen , qui n'en avoient jamais
le, ou terrine , fur un feu de charbon , en tour- porté.
nant toujours , en forte qu'elle ne fe brûle pas com- C'efl: une prévention prefque générale en Euro-
me le Gaffe, mais feulement qu'elle prenne un peu pe, dont les gens éclairez reviennent pourtant tous
de couleur. En même tems on fait bouillir de l'eau les jours, que les Arabes , jaloux d'un bien qui ne
dans une Caftétiére , &
quand l'écorce eft prête, vient que parmi eux, ne laifient fortir de leur pais
on la jette dedans avec un quart au moins de la pel- aucune fève de Caffé , qui n'ait paffé par le feu , ou
licule , en laiflànt bouillir le tout comme le Caffé par l'eau bouillante , pour en faire, dit-on, mou-
ordinaire. La couleur de cette boiilbn eftfembla- rir le germe , afin que fi l'on s'avffoit d'en fcmer
ble à celle de la meilleure bière d'Angleterre. On ailleurs , ce fût inutilement. Jean Ray , An-
garde ces écorces dans des lieux fort fecs bien & glois , l'un des plus fameux Botaniftes de notre
enfermez, car l'humidité lem- donne un mauvais tems, adonné dans cette erreur; car après avoir
goût. parlé des vertus du Caffé, il dit fort férieufcment,
Nos François qui , à la Cour du Roi d'Yemen ^ue le Caffé ne croiffant que dans V Arabie Heureu-
chez les Gouverneurs , & les Gens de confidera- fe-, il s'étofitte quun Jï petit coirt en ftiife tant four-
tion, n'ont point pris d'autre Caffé , avouent en effet nir , ® que ceux qui font maîtres d'un fruit p re-
que c'ell quelque chofe de bon &de
délicat; ajou- cherché, ayent Jibien fu empêcher qu^on 71' en ait pu
tant , qu'il n'elt pas néceffaire d'y mettre du fucre avoir ailleurs un feul grain capable de germer , ^
parce qu'il n'y a aucune amertume à corriger , & qu'on ne diminuât par là leur profit &c. Erreur
qu'au contraire, on ft^nt une douceur modérée qui qui ne peut plus lé foûtenir, après le témoignage
Cette boiffon s'appelle le Caffé à la Sul-
tait plaifu". de nos Voyageurs , &
le retour de nos Vailfeaux
tane, dont on fait un grand cas dans tout le pais. qui ont raporté plufieurs facs remplis de Caffé en
Au reffe, y a beaucoup d'aparence qu'on ne peut
il Ion entier , c'eft-à-dife avec fa gouife fa dou- &
guère la faire avec fuccès que fur les lieux , car ble écorce , fans avoir fouffert cette prétendue
pour peu que ces écorces de Caffé, qui déjà n'ont altération.
pas beaucoup de lubftance quand elles font trop On fait d'ailleurs que les Hollandois, dont !a fa-
lèches , foient tranlportèes ou gardées , elles gacité & le génie pour le commerce ne peuvent
perdent beaucoup de leur qualité , qui confifte être trop louez, ont porté du Caffé de l'Arabie à.
principalement dans la fraîcheur. Batavia, qu'ils l'ont femé, replanté, &heureufe-
Q 3, ment
,,

60 DISSERTATION SUR L' ARABIE.


ment élc%'é aux environs de cette famcufe ville. naturellement graves férieux &
, , modérez. Ils
Mais comme la rccoltc n'en eft pas encore allez a-
bondantc & que d'ailleurs il n'clt pas auffi bon que
affedtent tant de fagelle dans leurs adions, & dans
, leur contenance , que tout ce q^u'il y a au monde
celui qu'on tire de l'Arabie , ils continuent d'en- de plus plaifant , ne fauroit prclque les faire rire
voyer de Batavia même des Vajfl'eaux dans la Mer
Rou£re,avec de l'argent pour le commerce du Gaf-
quand ils font parvenus à l'âge d'être mariez, &
qu'ils ont la barbe allez longue pour ne paraître
fe. Les Anglois ont encore planté des Gaffez à
Madrafpatan , qui ont beaucoup moins réufli que
plus de jeunes garçons. Ils parlent fort peu, ja- &
mais fans néceiiité , toujours l'un après l'autre,
ceux de Batavia , &
cjui font à prefent en quelque fans s'interrompre paraucuneforte d'erapreffement;
façon abandonnez. Enfin , depuis quelques années, ce qui eff bien opo'c à la manière de certaines
les Hollandois fe ibnt avifez de cultiver du Gaffé à gens. Ils font accoutumez à ne faire non plus
de
Surinam ; & cet effai leur a û bien réulli , qu'on mouvemens que des Statues ils fouffrent patiem-
;
doit s'attendre à voir dans peu de tems le Gaffe très
commun en Europe. Il eff vrai que ce Gafte , non
ment le babil des Femmes , des Enfans des grands &
plus que celui de Java , n'eft pas audi ellimé que
Caufeurs , & voyent avec plaifu: les genj qui parlent
vite & qui s'énoncent le mieux.
celui qu'on ^i^^eWcCaffé du Levant : c'dt celui que Les Converfations des Arabes font fort honnê-
les Caravanes Turques vont chercher par terre
en tes; on n'entend rien dire de ce qu'ils croient Gtïç:
Arabie. Toute la différence qu'il y a entre ce Gaf- contre la bienfeance &
les bonnes mœurs. Il eff
fé &
celui que les Hollandois &
autres Nations Eu- vrai que quand ils doivent parler de quelque partie
ropéennes tirent direftement de l'Arabie, c'eft que du corps, ils les nomment toutes par leurs noms,
celui-ci fc tranfporte parMer,au-lieu que les Turcs
& cela ne bleffe point chez eux la modeffie.
La
le tranfportent par terre ; & c'eff à cette différen- Mcdifancé ne règne non p'us jamais parmi eux.
ce de tranfport qu'on attribué bonté iaCaffé du Ils ont une grande lénération pour le
pain & pour
la
Levant. le fel , en forte que lorfqu'ils veulent taire
une inf-
On a
aulli fcmé du Gaffé dans le Jardin des Plan- tante prière à quelcun , avec qui ils ont mangé
tes de d'Amfferdam , où l'on eff enfin par-
la ville
venu élever des plants de cet arbre , dont quel-
à
ils lui difent
, far le fain ®
far le fel qui eft entre
mus , faites cela. Ils fc fervent encore de ces ter-
ques-uns ont déjà porté du fruit à l'âge d'environ mes pour jurer , en niant ou en affirmant unechofe.
trois ans , &
l'on a tranfporte un de ces plus "jeu- Ils font três-modeffes dans leurs entretiens
, fe te-
nes plants dans le Jardin Royal à Paris, où on le voit
actuellement. Ce qui achevé de prouver que les
nant toujours affis à terre devant les Emirs
les &
Arabes n'entendent aucune fineffé lur l'arbre &fur
Etrangers ; & de peur que leurs mains ne fe por-
tent, fansypenfer, à quelque endroit indécent,
le fruit du Caflë , & qu'il n'ellpas impolfible d'avoir
ils peignent continuellement leur barbe avec les
enfin cet arbre dans les plus fameux jardins del'Eu-
rope: je dis, dans les plus fameux jardins, car,
doigts de la main droite , &
mettent la gauche fous
fi le coude, pour foûtenir le bras. Ils ont tant de
les Arbres de Caffé
y ont quelque durée, ils paffe- refpeft pour la barbe, qu'ils la confidèrent
ront toujours parmi nous , pour des plantes rares, comme
un ornement facré que Dieu leur a donné pour
& euricufes dans lefquelles l'art a en quelque ma-
, les diffinguer
,

des femmes. Ils ne la rafent jamais,


nière forcé nature ; la &
il eff aifé -à croire qu'ils
& la laiflènt croître
dès leur plus tendre jeuneflè.
ne tireront jamais en eonlequence pour la multi- Tous les Perfans qui la rafent par deifus la mâchoi-
plication du Gaffé, dans des Climats fi diff'erens
de re, font rejjutez hérétiques parmi eux parce
que
celuique la Providence a deftiné à la produftion c'eft un point cffenciel de leur Religion
,

de cet Arbre, dont on trouvera le deffcin dans de ne la ja-


mais rafer , aufli bien qu'une marque d'autorité
la defcription ci après. de hberté. Les femmes baifent la barbe à kurs
&
Maris , &
les Enfans à leurs Pères , quand ils vien-
"Des Arabes du Hefirt. nent les faluer. Les hommes fe la baifent récipro-
quement, lorfqu'ils fe faluent dans les rues ouqu'ils
CEux qui croient faire en un motle portraitd'un reviennent de quelque Voyage. Enfin , plus il
y a
liemme teroce, cruel & brutal, en difant que de Cmplicitc & de naturel dans les mœurs de ces
c un Arabe , ieroient bien détrompez , s'ils
eit
Nations , que nous regardons comme barbares,
voyoïent par eux-mêmes ces Peuples dont ils fe for- plus nous devons avouer quel'affeaation qui fe
ment une idée ii defavantagcufe. Le bien & le mal re-
marque dans les manières des Européens , eff un
font le partage de toutes fortes de Nations
;& pour vice, qui nous fait paroître pour le moins aufli bar-
ne parler ici que des Arabes du Defeit , il y a de bares à leurs veux.
loit homiëtes gens parmi eux. Ces Peuples font

DES-
M !.•

'vf '. «î

:>d
.

DESCUIPTIOIS', riaURE.ET (QUALITE TlT. 1 ARBRK DU CAFE AVrj ;

JlameoM d'un.Jrhre de Café chargé

defleurs etdefi-uits datées , le jCaturel^ .

l'.irhre g^iuprodiût le Ca/è' s'élève dejius ftx jusqu'à dous^ fieâs de

hauimr Sa ûrnsfeur &st Je Aix.dnaze.etjtisqiia ^uinse jowce^ de Cir =


.
%.>:
c^ii&reiice. i^antUa aitùtat son êta£ deperfection, il resjemhle firtr
.

mur ia- -figure n- yn de nos poitmiers de hait ou dix ans .Mes branches
in^rieures se courlent ordinairement, quand cet arhre est un^eu aae

M
,

et en même tems elles


J" 'étendent en rond .Jvrnutnt une manière de
parasol. Ze hois en est jvrt tendre . etrji pliant, que le houi- de
la plus leaqne hraache £eut être amené j'us^u 'à deux a ti-ois £ieds
de terre,. X'écarce de l'oj-hre du Cifé est hlaaehât/-e et un jreu ra ,

hoteuse . Sa fiuilîe aproche fi rt de celle du citronnier, quoi qu 'elle


ne jàit pas tout-à-jàirp. £oiiitiie ni fi ejiaisse la. couleur en est
,

aussi d'ua 7'ert uji £eu plus jiacé L' arbre du .


Ctfi' est toujours
3'eri . et ne Je dejouHle jamais de ivutes Jès fiuiUes a la fins elles :

fiât ranaées des deux cotés des rameaux , à une médiocre distance ,

et £resqae a I o^osite l'une, de l autre .

^iu reste rien n'est jilus singulier en ce genre que Jes


on 4..^^^uau appelle
toutes les jaisons de 1 année
ifl

JTC.'duetions ; car '.sque .

araine.,ou-fè-'e du Caf
yoit un même ai-hre poi-ter des filears et des fruits , dont les uns
yerts , et les autres t ? leur maturité .

Ses fieurs fint blanches et ressemhlent ieaucoU£ à celles d.


,
Uj,rs.n,er. .-Iv. l ecorce extérieur
jasaùii , aiant de même cinq petites Jcuilles assoj: courtes, l odeu. clair : elle nane dans une esp^fe de ii.j,
i est agreaéle et a quelque chose de balsamique
, .
' le Za qousse qui est attachée a l' arh/-..' j'a

qdut enfiit amer . tUes naissent dans In /Duetioii drs queiies des que • ta oraine
la ar. de lau chaque .-^v/j

jviiilles oj'ec les iranches .


ordinairement en deux moitiej: .

C^and la fleur est tombée • il resic en sa j'iace ; ûu j'iutét Cette fèye est entourée .

il natt de chaque fleur , un_petit fruit fin yert d 'abord mais qui firtfine qui en est cantme la sec
,

détient rouqe en meurissant etestfiiita^eu-jires com/ne uae grosse cot^ de. c de l'une et de l'autre j.?x .

cerise Il est fart ion à manger, nourrit et rafiaichit heaucouf. Sens il serajia/ie dans la suite .

la chair de cette cerise, on trvuye au lieu de natau la fii'e,au la Les j'oiaaeurs assurent que L
graine que nous ofellcns Ca-fè' eayeloj'e d une £eUicale firt jlne
.
. herqae , ou de bouture, comme qucLju.

Cette fi'ye est alors extrêmement tendre, et son août est assesitcs -a - entier et dans
, sa jmrfaiie maturité mis .

aréahle ; mais à /aesure que cette cerise nteurit, la fij-e qui est de -
les replanter ou 1 on yeiit
dans aqaiert jeu à peu de la dureté: et enfin le fioleil aiant desse = Zejried des mauta^nes et lcs£Ei
ché iDut-a-fiit ce fi-uit rouoe sa chaw que l on mangeoit aupar = ,
plus humides sont les lieux destinez aux
,
£
ayant deiyient une baie , ou gousse de couleurfirt brune qiufiit .
a dé-tourner les eaux des sources et les£ei
U

^"SSé^T"
. . .

.îflERE DE LE CULTIVER ET IDEÏT CTJEIELIIJ- LE EliUrE

7ê uîles de Ljfe deffinees dans leu e ai ieu


\
'Naturelle fui l Prw Jial

i 1

i7t^eaux parpetites rigales jusques auteur du pied des arlres car .

djàut nccessaireiaent ^U 'ils scient arrùses .et lœn humecie^ jrour


di-uctifier. et^ou4-porter leurjruità matm'cie .

L. 'est £Oiij' cela ^u 'en replantant le Cijtfe . les ~4raùes font


une fisse de irois ^teds de lai-i^e et de , emg ^ieds de prolôndeur. laquelle
ils rei'etùsent de cailloux ' afin que l'eau aitjrlus deficdité d entrer hi
aj'ont dans la terre, dont cette Jt-sse est remplie ety entretteane la . rî'a

conrenalle •.cependant guanJ ils }'ifieatjîti- l'arùre beaucoup Je Lare mi '

''I'
ils i^teui-nentleau.dejc!njjiedafingue lefT-aitjèeie unpeujurlèsiranclies.
ce que la trop ûramle liuinidûs pourroit empêcher
I^sCwieux enrôlant ICI ce rameau, dont lesfimUes etUsfiuits
Jêatd'.iprcs U naturel,J"aperce!'ront Heu -tôt que cela estjèrt difirent de
âfut ce guenons oj-oas yujasqn'ici dans plufieurs ewraaes.ciilèanprciendn

représenter des rameaux de l'arSie de C^'


St l'égardde la. récolte du C^'.coinme l'ai-lre qui leporte est cAar.->
ioutklajèis dejleurs. defi-uits mpar^iis etdejriuts mûrs, c'est une nécessité /Il
qu'elleJèitjài^ entrais tcms ddèreas -.eta cet e'aard oa^eaî dire ^d'd e altois
Jhisoiis dans l a>utec jiro^res a la cueiHete du Cote; mais ces tenu nejôatjra.

fxes m reouuers, defirie que les. Vraies ne reconneissent de récolte .

esi- alor rati^ et- d, un yert •elle du , s de, IIa. .parce OL - c'est la plus arande
f^'
t cauieur ùrutie st exirsmetnertér amere de toute l aanee .

'eue ji''i ^juj'te ; ^st an peu. ^lus grosse ûnandils ycal^nt cueiUu le Cifi . ils étendent desj'^es de tedcjom

qti' une j'eu/e jsj'£ . fa quelle se dts'ise les arhres .les quels onjcccue eti^ite .et tout le C^'guide ù'eufe nmi' ùimie
ayecj^iciliîetonle inetdansdesdàcs_poarleli'aasporter aidears.etle meure en
tè a^iis l aycns dit. dune £elà'cade monceauJiir des nattes npa gu, 'djeche aajèledjpeadajit quelque tenis et que les
.

•ce mterieure . J,es .draies fifii' èecui = pousses qui conùcnnent- la fere .jruîssent entité s ûuj-rir. par le nzoïea des arcs

'Ms ajellent leur Café à la. Sultane datit


.
rouleaux lù:pierre ou de loisfirtpesans gae lançassejar dessus
.
.

Xiors quepar ce iraJ'ail le C^^'estjarti. dejes ecorcas. etjepa/'e

J'l^ani:nt de sematUe, et non £.2S de comme l'onyo^.endeux^etites^'yes.on^lûtot eadeax moitiés gui n'en
:!!-/,:>- qousses.céft.J. dù-e le fruit d^itseientqu.'uneauparoi'aat.ilestdenauJ-eau.niis àdecl>eraujoled.£arce
)

','.'.< ensuite les plans en.pépinière, pùur quU est encore asscs rert.etque le €i^' trojr^ajs etrqui n'est pas hien .

jec. court risque deJe noterJîir la mer, on le raaae eiyuite dans degraizds
'u .{: .-.intoas les £ lus oinlragez et les . yaas^ou/'le netoier.i^în que le del'itenji>it meilleur : car ceux qui ne

plus irande culture consiste prcnnentjas lejem. de rendre Uni- Ca^' iien netet/ècAéltprapas , le

y mcntajnes et a, eanJutre
.
-- '^^ ir '' -

Tvjvjyff;:^''
'

-i

.; I,

Pag. 6i

PREMIERE DISSERTATION
s U R L A

PERSE. A
Perfe eft , en Afie , la Rivale la
l

plus redoutable de l'Kmpire Otto-


I narchie ; &
comme tel , il fait trop belle figure
dans les ficelés reculez , pour ne pas nous arrê-
11
man &
ces deux Puillances voifi-
; ter un peu fur fon chapitre. La naiftànce de
nés , &
ja]oufes,fe l'ont tait la guer-
I
ce Conquérant fi célèbre fut annoncée par le
re plus d'une fois. Cependant , il ! Saint Elprit ; &
Ifaie fervit d'organe de trom- &
s'en faut beaucoup que la Perle ne
I

; pette à cette annonciation. Cyrus eft le Berger


foit aujourd'hui ce qu'elle lut anciennement. Sur \
du Seigneur , eft-il dit chez ce Proph':te // ac- :

le ton que nos Géographes en parlent , la différen- complira fon bon-plaifir , en difctnt même à Je~
ce doit être fort grande , pu^lqu'ils nous aifurent rufalem. Tu feras rebâtie Ï3 au Temple, Tu feras
-,

que cet Etat-là n'cll ik prelent qu'une partie de ce fondé. Sur quoi on fait Une remarque bien glo-
qu'il étoit dans fa première dm'êe. rieufe à la mémoire Je ce Roi de Perfe futur &
. En effet, il étoit renfermé entre quatre grandes prédit ; c'elt qu'il eft un des fept feuls Mortels
Mers, favoir, la Mer
Noire , la Mer Rouge, la i dont il eft fait mention dans l'Ecriture avant leur
Mer Cafpienne , &
le Golfe Perfique. Il étoit arrivée chez notre Efpcce ; les tix autres étant If-
outre cela borné de fix Fleuves prefque aulR fa- mael, Salomon, Joliaï Roi dejuda, Jean Baptifte
meux que ces Mers, qui fonL,rEuphrate,l'Araxc, &JESUS-CFiRIST.
le Tigre, le Phafe , l'Oxe l'Indus. &
Et pour en Bien plus dans l'Oracle fàcré le même Cyru?
,

marquer davantage la grandeur , les Pcrfans laif- eft appelle leMeifie, leChrilt, ou l'Oint. Ainli
ferent encore pour confins de ce valle Empire, on peut dire, que ce Prince , quoiqu'Idolàtre,
un efpace de trois à quatre jours de chemin de ter- avoit été choifi du Ciel pour repréfentcr en
rein tout-à-fait inhabité , quoique bon ferti- & quelque manière fur la Terre le Fils de Dieu,
le , pour empêcher , difent-ils , les contellations cinq cens foixante ans avant le profond & ado-
pour les limites , ces Pais deiérts fervant com- rable Myftcre de l'Iiicarnation. Aulli quelques
me de murs de feparation entre les Royaumes anciens Pères de l'Eglife n'ont-ils pas pu s'empê-
voifins. cher d'orthodoxifer ce grand Prince & de ren- ,

Mais ces Fleuves &


ces Mers ne font pas aujour- dre un témoignage avantageux à fa Croyance & à
d'hui les contins de la Perfe. Son étendue clt fa Foi. Selon Theodoret , Cyrus prit des leçons
rcliérréc du côte de la Mer Rouge, fur le bord de de Théologie fous le Prophète Daniel & au ra- ;

laquelle la Perfe n'a plus de Places. Cependant port de St. Cyrille d'Alexandrie , ce Prince ,
les Perfans , dans leurs Dcfcnptions Géographi- aiant lu la Prophétie d'Ifaïe il en fut fi péné- ,

ques les plus nouvelles, ne laiifcnt pas de porter en- tré , qu'il s'écria comme par un mouvement ex-
core leur Empire jufqucs à ces anciennes bornes, tatique j II n'y a point d'autre T>ien que le T>ieii
ditant, qu'elles font effectivement &
de droit les des Juifs.
limites de leur Pais. L'Auteur de la Monarchie Perfanne étoit , dit-
Néanmoins, en l'état oîi eft aujourd'hui la Perfe, on , d'une haute dillinélion en corps & en ame ; &
clic prend depuis la Géorgie au 45-. degré de on voioit bien que la Nature , conduite par l'in-
Latitude, qui eft fa plus grande étendue du cô- telligcnce &
par la main de l'Artifan tout-puif- à i
te du Nord , jufqucs au 14. le long du Fleuve faut s'étoit extrêmement appliquée à en faire un
,

Indus, du côté du Midi; &


depuis le 77. de Lon- Chef-d'œuvre , un modèle partait dans l'art de
gitude vers les Monts d'Ararat à l'Occident , juf- régner. Cyrus étoit un de ces hofnmes rares, en
qu'au III. Acrs les Indes &
la Tartarie à l'Orient. qui tout parle , & dont la feule vue imprime
Ce qui fiiit voir que cette partie-là n'cft pour- un refpea mêlé d'admiration d'une taiUe des ;

tant pas fi éloignée du Total , 11 un Hiftorien mieux prifes le vifage formé avec cette propor-
;

a railon de mettre l'étendue de l'ancienne Per- tion , avec cette dclicatelTè de traits , avec ce
fe, à fcpt cens lieues de longueur, &
cinq cens de teint brillant, qui fait les belles perfonnes j on
largeur car , fuivant la fupputation géographi-
: n'oublie pasla fine tournure de fon nez & on nous ,

<jue, la Perfe moderne eft encore longue de cinq fpecifie que ce nez étoit aquilin. Je croi qu'il
,

cens dix lieues , &


large de trois cens foixante dix. & vaut mieux laiflér dire l'Elogifte Voici donc le :

Cvrus fut le Fondateur de cette puiffante Mo- portrait que ce Peintre nous en donne.
1:
Tom. F. R « Cy.

I
, ,

«l PREMIERE DISSERTATION
que je ne craindrois point
„ Cyms avoit l'efprit vif l'ame noble & grande oppofition ,

abfolument &
digne d'avancer, qu'ils font contradiftoires
„ à l'examiner par ics inclinations, il étoit
„ de tout fon bonlienv ; &
quand la Fortune au- incompatibles.
de Cyrus fa fin ne fut
Quelle qu'ait été la vie ,
„ roit encore plus fait pour lui , elle n'auroit
fait
rien moins que gloricnfe ; voici comment.- &
„ nue payer fcs dettes, ha Fortune fayer fis Tomuis Reine de Scythic
dettes ? j'ignore Ji neuve & origi-
la pcnféc efl:
Etant en guerre avec
Chrétienne, m cette Princeife, qui ne lui en cedoit point en Hé-
nale,- mais elle ne me paroit ni
que Fortune je vous roïfme, lui fit faire par un Héraut trois propofi-
même folide. Qu'cll-cc la ,

la Paix, un Combat fingulier * ou


la Batail-
dans k fens de Religion , & confequcm-
tions ;
prie
L'Araxe féparoit les deux Armées ; & il fa-
,

inent dans le vrai? Ell-ce autre cliofe que ia Provi- le.


loit que l'une ou l'autre palfAt cette riviére-Hi,
dence , cet Etre fouveraincment libre qui dirige
D'abord Cyrus prend la relolution d'attendre for>
fagement,-& toujours pour le mieux , les afl'aires

du genre-humain ? Or cette Dircfti-icc fuprême Ennemie; mais aiant changé d'avis, il traverfe le
fleuve avec fes troupes , & lé campe dans un en-
faiûnt tout gratuitement & de fa pure bonté,
pourroit-elle
endroit être endettée ? droit avantageux. Là , bien retranché , foit in-
par quel
Voulez-vous prendre pour une eaufc aveugle
la
conllance , foit crainte , foit , c'efi le plus appiircnt, &
qu'on exprnnoit & rufc de vieux Capitaine ; tout d'un coup il aban-
qui agit toujours au hazard , Camp dequoi
dans
heureufement par le mot Alors n'é- FATUM? donne fon pofte , laiffant
& fur-tout
le
du vin en abon-
faire grande chère ,
tant point rcfponfable des évencmens , on n'efl: point
en droit de rien exiger d'elle ; comme nous ne & dance.
lui avons aucune obligation dans la bonne
réiif- L'Amazone , ne doutant point que le Perfaii
de nous en plaindre, de & n'eût pris la fuite, ordonne à Spargabile , fon Fils,
fite, aulli cft-il ridicule
murmurer dans les mauvais fuccès. Reprenons la de le pourfuivre avec le tiers de l'Armée. Si c'é-
toit un piège que Cyrus avoir tendu , le jeune
peinture.
colîime fes enfans,&
fes Sujets
Prince ne manqua pas de donner dedans. Au
„ Cyrus regarda
11 honora de fon efti- heu de chercher rapidement les prétendus fuïards
„ il en fut apcllé Le Tere.

&
me de gens &
de mérite les pour fondre fur eux , il entre dans le Camp aban-
„ fes bienfaits les
donné, &s'en empare. Mais cetteConqnéte,auffi
„ gens de Lettres , & il en fut nommé Le Tra- fut fimelte aux Vainqueurs:
perdu plupart des facile que profitable
„ teneur. La volupté
,
qui a la
,
boivent , ils s'cnyvrent , ils s'endorment ; &
„ Princes, ne le toucha point ; & il difoit que k
Ils

grand & le plus Cyrus , qui


probablement avoir fes efpions au
„ Chaftcté étoit le premier &
guet , averti d'un tel defordre , faififiant l'oc-
„ ornement des Femmes. Il étoit modeftc , re-
cafion , accourt ; il furprcnd les Scythes enfeve-
„ connoiHânt, jufte, civil, fobre, vaillant, gene- en aiant &
lis dans le tombeau de Bacchus ;
„ reux & magnifique.
envoyé dormir en l'autre
Cela s'appelle un homme fait & achevé pour grand marché , il les

gouverner fes femblables ; fi toutes les Socié- & Monde. Spargabife fait prifonnier , reçoit du
,

tez Humaines avoient il leur tête un individu de Roi viftorieux le préfent de la liberté mais ce :

cette perfeélion-là , il feroit auffi doux d'avoir


Prince , ne pouvant fc réfoudre à furvivre à
nn Maître , que c'ell fouvent une néccJIité fata- fon malheur , ou plutôt il fon imprudence , fe
le ; &
l'obéïiiance à l'autorité foavcraine feroit tué ; & va trouver fes Soldats dans ce vafl;e
dans le monde une fourcc d'autant de biens foùterrain, où rien n'efi plus aifé que de dcf-
retour eft interdit pour
y produit de defordres & de
qu'elle maux. Mais cendre , mais d'où le
jamais. Ce fut tout le fruit que Spargabife voulut
que ces Portraits hiftoriques de Princes célèbres
& bruyans font fufpetts de flaterie & d'imiigina- tirer de la generofité de Cyrus.
Il n'cll pas difficile de s'imaginer quelle pro-
tion !

ceux qui les ont connus il fond , ou qui ont


Si fonde blellùre ce terrible coup fit dans le cœur
de Tomiris outre l'afoibhllcment de les forces
été témoins oculaires de leurs aflions éclatantes,
:

revenant de chez les Morts voyoient ces Copies par la perte des Troupes ; la mort d'un Fils , qui
fans doute lui étoit cher , devoit l'aftîiger au
fiirdées , en bonne-foi y reconnoîtroient-ils les
dernier point. Aufli n'écouta-t-cUc que fon ref-
Originaux ? Au relie ce même Cyrus dont on exalte
,

la jïdlice fi: la modellie , n'avoit-il rien de déré-


fentiment ; &
fuperieure i la foibleffe de fon
glé dans fon ambition ? Lui qui, en trente années Sexe , qui naturellement fe foulage par les lar-
de Règne, foùtint cinq ou fix guerres différentes, mes , elle ne refpù'e plus que vangeance que &
eut- il toujours le droit & la bonne caufc de fon cô- carnage. Cette Héroïne , pour fe fatisfaire,
employé la diflimnlation ce moyen-là ne coûte :
té ?Je doute fort que cet Aiiatique, qu'il fit prifon-
nier & qu'il dépouilla de fonRoyaume, en tùt de- pas beaucoup aux femmes ; d'ailleurs , par un &
meuré d'accord. tel expédient , Tomiris rcndoit peut-être le
D'ailleurs, quelques ticrivains ont dérivé le nom change à Cyrus, &
le payoit en même mon-

de Perfe , d'un mot Hébreu qui lignifie rompre, noye.


divifer, déchirer, ravir; comme files Perfcs euf- La Reine , faifant donc femblant de quitter la
fent été des oifeaux de proye , des gens qui ne partie , fe retire avec une précipitation aftéftée.
cherchoicnt qu'i ravir le bien d'autrui ; (i ces & Cyrus , ne doutant point d'une viftoire complet-
Etymologiltes ont rencontré julte , n'ell-il pas af- te , pourfuit les Scythes
les atteint mais & :

fez vraifemblablc , &


fans juger temcrairement ne ceux-ci qui , s'étant pollez tout exprès dans
,

peut-on pas prefumer , que le F'ondateur de la des endroits fort ferrez , avoient l'avantage du
Monarchie Perfanne n'étoit pas plus fcrupuleux terrein , tournent face ; , animez par leur &
qu'un autre , fur l'article de la violence , de l'u- Princeflc , qui les encourageoit encore plus par
combattent avec
lurpation, &
de l'opreffion ? Enfin , l'homme Julie l'exemple que par la voix , ils

«!s: le Conquérant ont, moralement parlant, une fi tant de furie , que toute l'Armée des Perfes fut
'j
û

if I.

s t» R L A PERSE. h
âife en déroute : mais quelle déroute , s'il vous brûlé dans Place publique. On
la Monftretel
plait ? La tuëris fut univerfelle ; il n'y eut point ne fait-il pas grand honneur à fi Cnuronnc , &
d'exception & de deux cens mille hommes que
; à ce CaraClere rcprefcntatif de la Divinité, dont
Cyrus comraandoit ce jour-lù , il n^en refta par les demi-Dieux de laTerre lavent ii bien fe pa-
un i dit-on ^iti ftU porter la nouvelle de cette
, rer , Caradtcrc qu'ils font fonner fi haut, qui & > i
défaite. Bon Dieu quels niallacreurs que ces
!
ell leur bouclier impénétrable aux
traits de la
-il

Scythes Quand ils auroielit eu aBiiire à deux


!
Nature de la Jultice , de la faine
, droite &
cens mille moutons ^ ne fe fulTent-ils point laf- Raifon ?
fez d'égorger ? franchement le fait n'eil guère , Autre exploit rare curieux de ce fécond &
croiable. Dans le vieux tems , on couroit beau- Roi de Perfe: Cambife étant grand dévot deBac-
coup au merveilleux c'étoit-là le goût domi-
; chus les ,copieufes freqiientcs Libations &
nant dans la Science du pail'é & la Vérité n'y ; qu'il offroit au Dieu de la Vendange avoienC
trouvoit pas fon compte. Nous ne fommcs pas iouvcnt de mauvaifcs fuites. Un jour Prexaipe ,
ti-op bien guéris de cette maladie-11. Mais en- fon Confident, & le plus zélé de fes Serviteurs,
fin, lePyrrhonifmc Hillorique n'ell pas dcfendu. l'exhorta de faire tous fes efforts pour fe modé-
Llnquifition ni la Juftice ne fe mêlent point de rer fur cette paiiion vineufe , prenant la Ubcrté
cette forte d'Incrédulité , fur ce pié-là , permis & de lui remontrer combien ce vice groffier étoit
à chacun d'examiner , par le bon-fens , le carnage préjudiciable à fon honneur & à fa confervation.
des deux cens mille Perfes ; encore plus permis & De quelque manière qu'on puilTe fe prendre pour
d'en croûe ce qu'on voudra. moralifer un Monarque ablolu, la chofe elt tou-
Cyrus ne fut pas plus heureux que les au- jours infiniment hafardeufe ; vous allez voir en &
tj-es on le trouva parmi les IMorts
: & Tomi- ; quelle monnoie le Moralille Perfan fut paie de feî
ris fe faifant aporter fa tête , ce fut aparem- bonnes intentions.
incnt pour elle un objet bien agréable î il ne Le Monarque aiant écouté, d'un grand fang-
manquoit à la vangeancc dont fon ame étoit froid, l'exhortation pathétique , le donneur d'avis
polî'édée", que le plaiiirde voir fon Emrcmi vi- fe flate d'avoir fermonvé frudueufemcnt r mais il
vant. fe paflbit bien autre chofe dans l'ame du préten-
Ce grand Conquérant , qui meritolt de termi- du Pénitent. Le Roi, pour preuve de repetitan-
ner plus heureufement une carrière fi éclatante, ce une groife débauche
, fait trop petite néan- ;
avoit lailfé deux fils , Cambii'e & Smcrdis. Le moins car il eût été
! fouhaiter l'aggravaTwn il , :\

premier lui fuccéda ; il régna même du vivant de du péché près , s'entend qui! fc fût nîis hors de ,
îbn Père, qui , avant que de marcher pour la derniè- toute connoiif nce &: de tout mouvement.
re guerre , l'avoit déclaré Roi de Perfc. C'étoit L'Yvrogne Couronné, après avoir bien bu, com-
un terrible Sire, que ce Cambife ; il ne fut jamais mande à un jeune fils de Prexaipe, de fe polter
un Tiran plus déterminé vous en jugerez par les :
à la porte d'une falle , debout , & la main gauche
traits fuivans. fur la tête. Cette innocente Vittime de rYvrefle
Cambife fit tuer fecrctement fon frère. De- & de la Tirannie , n'aiant garde de prévoir fon
venu amoureux d'Atolfc fa fœur , il confulta funefie fort, court ik fe met dans la pollure or-
les Difpcnlateurs de la Juttice leur demandant donnée
, alors Cambife, failant la fondtion d'Ar-
:

Jî quelque Loi fermettoit aux Frères d'époufer cher &


de Cupidon à rebours, prend un arc, le
leurs Sœurs. Le cas étoit embaraffant : ces Ju- tend, tire une flèche; vifant droit au cœur, il &
rifconlultes craignoient la violence ; & comme frapc Ç\ juftc, que l'enfant tombe mort puis fe :

il chez les Dodeurs , tant en Droit


eft très-rare tournant vers le Père He bien lui dit-il , que , !

Divin , qu'en Droit Civil , de fe facrifier pour fen femble Le vin môte-t-il l'ufage de la tête
.?

la Probité ; ces Pcrfans trouvèrent un biais , qui C& de la main ? Non, alfurément mais i! l'avoit :

dans l'aparence fauvoit leur intégrité , mais comme mctamorphofé en Tigre ; il l'avoit mis
qui, dans le fond, étoit pire qu'un aquiefcement. hors d'état de le fouvenir qu'il étoit homme.
A'»/;j- ne trouvons foint de Loi , répondirent-ils
au iVIonarque , qui autorife un tel mariage :
Quelle proîieffe pour un Roi Lui tous ceux ! &
de fon rang qui font des aftions de cette hor-
mais nous en avons trouvé une qui autorife tout reur-lvi voire beaucoup moins criantes, ont-ils
, ^\.
ce que font les Rois de Terfe. Ces Oracles con- jamais penfc que le bonheur des Sujets dépen-
fultez ne fe rendoient-ils pas par-là les Fauteurs, dant de la conduite du Souverain , pour peu
non feulement de l'Incelle , mais même du Def- qu'il s'écarte de l'Equité, il agit diredlement con-
potifme le plus barbare &
le plus outré ? "Tant il tre fa deffinatîon ?
eilvraique chez les ConfeiUers les Officiers & A.vec tout cela , Cambife fut jufle une fois en
du iMaître , la crainte ik l'intérêt contribuent, fa vie; mais ;\ fa manière féroce, en gâtant fa &
plus qu'on ne fauroit croire , il éteindre dans bonne adion par un rafinement de ci-uauté. Voici
Ion cceur les femences de l'Equité
de l'Hu- , le fait. Samnis exerçoit la première Charge deju-
manité ; &
à fonder fur les ruines de ces Ver- dicature ce haut Officier s'étant laiffé feduire
:

tus les plus eHenciclles à un Prince le pou- aux attraits de ce métal dangereux qui caufe
,

voir arbitraire &


abfolument tirannique le tout ; tant de malverfations , les Intereffez s'en plai-
au grand &
déplorable malheur des pauvres gnirent à la Cour. Le Prince , informé de l'in-
Sujets. jufl:ice, condamne le coupable à être écorchè vif.
Cambife, aiant affiegé &
pris Pelufe en Egyp- Enfuite , ordonnant qu'on clouât la peau du
te , fit déterrer le Roi Amafis , nouvellement fupplicié au fiège du Magifirat , la chofe fut exé-
mort , & de qui il prétendoit avoir ^-eçu un cutée. Cela fait, il mande Otane , fils de V Ecor-
afront : ainfi , par l'ordre de ce Vainqueur in- chè, lui dit& Je te donne place
: l'Emploi U &
humain , on tira du tombeau le Cadavre Roial ;
on Je déchira à coups de fouel ; & puis il fut
de ton 'Père : mais tontes les fats que tu auras
quekun à juger regarde bien cette peau-là-, de
-,
i
i R peur

>fj
,

64 PREMIERE DISSERTATION
feur que tombant dans la même faute , tu ?:e fauroit , fans aller contre les lumières de la Raî-
fois pini du même ftippi-ke. Un Prince qui pu- fon, difconvenir que le Gouvernement Populaire
nit dans les Juges la coiTuption l'injullice , & ell le plus conforme au Droit Naturel mais c'eit :

rcmplilTant un de fcs principaux cngagemens auffi celui qui eil le plus fujet aux inconveniens ;
eit bien louable; mais le cbàtimenc doit être tou- & fi le grand tréfor de la Société Civile eft
jours paternel; &, autant que le cas peut le pcr- une liberté bien réglée, il n'y a point de Mobile
itiettre , il faut que la clémence cmpëehe l'excès qui fe dérange plus aifément ; &
qui, pour peu
de la rigueur. Or il ell viiible quL- Cambiiepu- qu'il fe dérange, puill'e produire de plus horribles
niffoit en Tiran; &
qu'il y avoit plus de fcrociré effets. C'eifc aparemment ce qui oblige tant de
que de raifon, dans ion procédé. Au relie, c'c- Dotteurs en Pohtique , donner la préférence
il

toitun terrible Mémento -^^owx 0;ane,quc la vue de à la Monarchie mais l'expérience ne leur don-
:

cette peau humaine ; &


s'il y en avoit autant dans ne que trop fouvent le démenti ; il ne faut &
tous les Tribunaux, il ell à prélumer que les Ma- pas être fort verfé dans l'Hilloire du palfé du &
gillrats ne feroient pas ii fulceptibks de ten- prefcnt, pour fe convaincre, par le bon-fens, que
tation. tous les defordres pailagers de l'Etat Républicain
Après mort de Cambife, qui mourut d'une
la font moins à craindre que la Tkamrie l'Oppref- &
blellure s'ctoit fait par accident
qu'il de l'on , fion fous un long Règne.
épéc^ à la cuilîc
, &
qui ne laillà point de pof- Pour revenir à la Délibération des Grans de
teritc, le Gouvernement tomba dans une elpè- Pcrfe , le dernier fentiment prévalut peut-être :

ce d'anarchie. A la tin, un des deux Partis s'é- étoit-ce le pire ; &


un Caton d'Utique n'eût pas
tar.t défait de l'autre, lix Seigneurs, des princi- manqué de l'alfurer : mais il eil afïez probable
paux de la Nation, délibérèrent cnîemble fi on que ces Seigneurs embrailerent volontiers ce par-
confcrvéroit l'Autorité Monarchique, ou s'il va- ti-là , par la raifon lecrete qu'étant également
l-it mieux fe mettre en Repubhque. L'un, fe diflinguez par la naiffance &
par le rang , ils
déclarant pour l'Etat Populaire, reprefenta de bon- avoient tous le même droit pour aJpirer au Trône,
fens, que la Roiauté étoit trop voillne de la tous la même e.perance d'y monter.
Tirannic; qu'il n'y avoit qu'un pas de l'une à Il fut donc refolu d'avoir un Roi mais on le :

l'autre; &: que quelque bon que fût naturelle- prendre, & comment le faire? C'étoit la difficul-
rnent un Munarquc, il fucc(.mbv./a prefque tou- té. On convint, tout d'un coup, qu'il ne faîoit
jours au charme de fon pouvoir , &. occajion ix ] point chercher un Monarque ailleurs que dans la
continuelle de le conienter. Troupe prcfcnte; &
la chofc étoit fort julle, il
Un autre , qui tcnoit pour le Gouvernement effectivement cette iilultre Bande étoit compofée
des Nobles , apuia Ion iéntiment de ces raifons- des premiers & des plus vertueux de la Nation.
ci: La violence d'une multitude ell encore plus Mais on difputa fur la forme de l'Elettion ; &
infuportable , &
plus rude, que la Tirannie d'un la voie des Suffrages ne fe trouvant pas du goûc
feu! Maître. Le Peuple étant un Tout, compo- de l'AlTemblée , quclcun s'avifa d'un pieux &
fé de Parties contraires , & un Monilre à plu- dévot expédient, Raportons-nous en. dit-il , à
fieurs têtes point réglé par le jugement ;
, n'ell notre grand Dieu ; un Maître de fa main ne peut
il eib aveugle dans fes attions dans fcs con- & être que très-bon. Or, comme je ne doute point
feils. 1! me paroït donc , ajouta-t-il, pour con- que vous ne le fâchiez, ce gi-and Dieu , c'étoit le
cluiion , que l'Ariftocratie eil la meilleure ; car Soleil. Cette bonne & rcHgieufe propofition efl
le Gouvernement des Sages eil le plus fur. On acceptée fans contredit; & voici le plan du pro-
eil toujours conduit fort heureufcment quand on jet. Le matin du jour fixé pour cette Cérémonie
,

eft conduit par les Gens de bien ; on ne doit & importante, c'efl-à-dh-e nparemment au levé du
Être élevé aux premiers Emplois, que par le mérite flambeau de l'Univers , tous les Prctendans dé-
& par la vertu. voient fe trouver bien montez devant le Palais ;
Enfin un troifième Seigneur , étant d'un avis & celui dont le cheval, bête confacrce au So-
contraire aux deux precedens , remontra, que l'op- leil, henniroit le premier, feroit cenfé choill par
preihon Monarchique étoit encore moins à crain- la Divinité lumineufc ; &
comme tci , on lui de-
dre , que les mouv^mcns tumultueux &c fanguinai- fereroit la Couronne. Quoi! ime puiifante Mo-
res qui s'clevcnt fi fouvent , comme de furieux narchie mife à prix pour un henniilèment Oui ; !

Orages, des Tempêtes aireufes, dans le Gouver- mais c'ell en fuppofant que ce cri , tout beffial,
nement Démocratique ou Populaire; que le Gou- tout chevalin qu'il foit, eil une adoration, un
vernement des Grans &: des plus Sages degene- hommage , une invocation extraordinairement
roit ordinairement en celui qui étoit réglé par le infpirée par le Dieu, en faveur du Cavalier; &
petit nombre, qui facrifioit toujours l'utilité pubh- on conclut de là , que celui-ci a une vocation
que l'intérêt pcrlbnncl Qu'ainii il valoit mieux
-il :
divine , &qu'il eil miraculeufement élu. Voilà
s'en tenir aux Loix du Païs, c'ell-à-dire à la Mo- ce que c'ell que les Hommes oh que leur folie :

iiarch'e fondée par Cyrui^ , il qui d'ailleurs le ell ancienne !

Roîaume avoit obligation de fon étendue, de fa Ce beau deffein pris &


arrêté , il ne s'agiffbit
puillancc, &
de tout fcn luflre. plus que de le mettre en œuvre. Entre ces
On agitoit dans ce Confeil la queftion îa plus Seigneurs Afpirans, il y avoit un Darius; c'é- &
importante qu'on puilfc faire chez le Genre-Hu- toit lui qui, comme par un preffentiment de fon
main : car qu'y a-t-il de plus ellcntiel aux Couronnement prochain, avoit opiné en faveur
Hommes, que de favoù', que de bien connoitre du Gouvernement Monarchique. Ce Seigneur
l'Etat où ils peuvent vivre enfemble* le plus avoit un Palfrenier , nommé Ebar ce Domei^ :

fûremcnt & le plus agréablement: Mais que ce tique , zélé pour fon Maitre , & peut-être un
point-là eil diiiicile à refondre
Je doute même !
peu mécréant , entreprit , avec fon agrément ,
(^u'il foit poiiible de décider là-deflus.
On ne I
lequel, je croi, 'H ne fût pas obligé de deman-
der
SUR LA PERSE.
dcr deux fois , entreprit de le royalifer par une
„ ce confcil n'étoit dans le t"ond qu'un fanglant re-
route naturelle fort abrégée. &
Le Palfrenier „ proclie qu'il téiuoignoit par-là que les Perfes
:
noua une intrigue amoureufe entre le Cheval que
I, étoient trop lâches pour fe trouver devant Ale-
Darius devoit monter , &- une jolie Cavale. La „ xandre. 'Darius fit auiii mourir, félon Quinte-
veille de l'Elettion , il mena à lafourdine ces heureux >, Curce, iîf/</f«t' exilé d'Athènes, qui, fans reflet
amans devant le Palais i & il y eut jouïflance. „ chir fur l'orgueil du Roi qui lui demandoit ce
Le lendemain , lors de la Cavalcade , la Montu- " IM'il jugeoit de fes Troupes, fut afl'ez hardi pour
re de Darius reconnoiffant l'endroit où il avoit
,
„ lui repartir, que celles de Macédoine itotent meil-
goutë tant de plaifir le foir précèdent, en hennit de
„ leures. Qelque grande opinion que ce Monar-
joye; &
tout le monde, prenant ce henniffement,
„ que eut conçu de fes forces,
qui n'étoit qu'un gros foupir Ac fouvemuœ volup- il tut défait, &
„ obligé même de prendre la fuite. La troifiémc
tueufe, pour une prière du matin, que la Bête ia-
„ bataille lui tut trés-funelle; & comme il s'étoit
crée farfoit au Dieu de la clarté , on ne douta
„ lauve en dcfordre, Alexandre, qui ne vouloir
point que le Soleil ne donnât la préférence à Da-
„ rien laill'er d'imparfiiit, le fuivit long-tems fans
rius ; &
, fur un fondement fi folide il fut pro- ,
„ le rencontrer. C'eût été pour lui ungrand bon-
clamé Roi avec une acclamation générale. Avouez
„ heur, s'il eût été pris par ^/cvas^r^, qui étoit
moi que ce Valet d'Ecurie en favoit long quand
il auroit été Prêtre & Sacrificateur
:

s'y fcroit-il
„ plus généreux que Belus Habarzane, qui le &
,
„ tuèrent l'an du Monde trois mille fix cens qua-
mieux pris pour jouer la Religion , & pour la met- „ rante-un, ou félon d'autres, l'an trois mUle fix
tre à profit ?
„ cens quarante-deux, trois cens trente ans avant
La Monarchie de Perfe, qui comme vous ve-
,
„ a naûlance de Jefus-Chrifi. Quelques-uns di-
nez de voir, avoit recommencé fous Darius, dura „ ient qu'après avoir- été percé de coups par ces
Jul'qu'au dernier Prince du même nom. C'di ce „ traîtres, un Soldat, qui étoit allé chercher de
Prince fi connu par fa puifl'ancc &

heur.
par fon mal-
En effet, la fin de-Darius eil un de ces
„ l'eau, le rencontra, &
que le Roi l'aiant recon-
„ nu a fon langage, le pria de dire de fa part à
évenemens qui n'arrivent prefque jamais & qui, ;
„ Alexandre: ga';/ avoit traité véritablement,
à caufe de cela , peuvent palier pour des prodiges.
La Perfe étoit alors, peut-être , le plus vafie
en Rot fa mire , fa femme fes enfans ©
Su'il
le & lui etoit bien plus oblige! qn'à /es parens
mêmes,
:

plus puiffant Empire de l'Orient un jeune Témé- :


qui, pour le payement de toutes les grâces
raire , pour ne point dire Fou , fe mettant qu'il
en tète leur avoit faites , ®
des 'Provinces qn'il l-ur avoit
d'affujettir notre groffe Boule , pleurant même & genereiifement données, lui avaient ôté la vie:
amèrement de ce que Dieu a fait la Terre fi pe-
tite; cet Audacieux, dis-je entreprend
^l'il étoit de fa réfutation de fa vertu de le ^
, de fubju- vanger de ces parricides ; qu'il lui demandoit S
guer une Nation quifembloit menacer toute l'Afie;
une fefinlture.
& avec une poignée de Soldats , en trois coups je
, Tel fut donc le fort de l'infortuné Darius.
veux dire en trois Batailles , il en vient ù bout. Ce
Monarque allez puiffant pour mettre fur pié
Un favant Hifiorien nous décrit cette chute fur- Armée de
,
une
quatre cens mille hommes d'Infanterie,
prenante, dans un Récit abrégé , qui ne fera àc iQ cent mille chevaux, auroit-il
pas
jamais préviî
ici un morceau hors d'oeuvre
, qui , tout au & qu Alexandre, qui, en comparaifon de là o-randeur
moins, ralraichira la mémoire du Leéteur. n étoit qu'un Roitelet étoit né pour le
„ Dans la première Bataille ^ dit ce dofte Ecri-
,
dépouill
1er ? Les Hommes , difoit un
ancien Comique
'

„ vain, Alexandre^ après avoir palfé le Grd»/^?/ir, lont comme des baies dont les Dieux fe
fervent
„ aujourd'hui Granico Lafara, avec treize & pour jouer -1 la paume. Mais pour
,

chrillianirer
„ Cornetes de Cavalerie , qui elfiiycrent dans ce cette peniée-l;\, on peut dire que
le Tout-puif.
„ palfagc tous les traits des Perlés qui l'atten- fant n'étant pas moins le Maître abfolu
„ doicnt fur le bord de la Rivière, du géné-
il tua Mitri- rai que du particulier, des Socictez
„ Jate gendre du Roi Roface , qui Humaines
étoit un des que de leurs membres , il foufle , quand
„ Pruicipaux de l'Armée; Se il lui
Conquérant deter- ce
„ mtiié eût été tué lui-même par Sfitridate,
plaît, fur les plus pullfans Etats, & les détruit
qui aufli aifément, que la fortune d'un fiinple
„ lui avoit déjà porté un grand coup de mor-
hache lur tel. Cette grande vérité n'a pas été inconnue
„ fon cafque, fi Clitus, lors qu'il vouloit redou-
même aux plus puiflans Princes: en voici une
„ bler le coup , ne l'eût perce d'une

pcrtuifane.
Pendant que la Cavalerie Macédonienne eomb.a-
agréable preuve: Timur-Lenck, par corrup- &
tion Tamerlan, s'étant apperçu
que Bajazeth
„ toit, l'Infanterie pafl'a le Granique;
ce fut & Ion prilonnier étoit borgne, ne put
s'empêcher
„ alors que les deux Partis firent paroître une
ar- de rire. Ce fameux Empereur des Turcs,
deur égale pour la vidoire. Mais elle fuivit qui,'
„ dans fon horrible infortune, le fentant
„ toujours Alexandre-, qui ne perdit que très. peu toujours
de fa profperité pafiëe, foufl'roit impatiemment,
„ de monde & Darius y fit une perte confidera-
;
comme de raifon, que l'Ennemi victorieux
„ blc. Ce^ Roi qui n'avoit envoyé que lés Lieu- inful-
, tàt à fon malheur, par une marque extérieure
„ tenans Généraux contre Alexandre, & qui ap- de mépris, d'un
„ que Memtion de Rhode étoit mort, fe re-
prit
lui dit Tu ris de maair aflûrc :

dtfgrace , Timurfouvien toi qu'elle pour-


; ?nais
„ lolut d'aller en perfonne avec cent mille
che-

M
roit bien t'étre commune;
vaux, & quatre cens mille hommes de pié,con- §ue 'Dieu difpofe de

„ tre l'ennemi qui le chcrchoit; quoique Caride-
tous les Etats , g
que c'eft lui qui les diftribuê
Je nen doute point, répond Tamerian ; &
„ me. Athénien, qui s'étoit réfugié dans fa Cour ne ris pas de ton malheur, mais de la
je
pour éviter la colère d'Alexandre qui le hafifoit, penfée qui
„ m dl venue en te regardant , §,,e tous tes
„ le dilfijadàt de fe hazarder, & qu'il s'offrît
de Etats /ont trh-feu de chofe devant
„ prendre le foin de cette guerre. MAsTiarm! "Dieu,
quifquil veut bien qu'un Boiteux
le fit maflacrer pofede ce
„ s'étant fauffemem imaginé que
,
D T qu'il avoit donné à »» Borgne:
7om. V.
I
Car ce celé-'
I.

vf,
Y,
,

66 P RE M. D i;S S E R T. SUR LA PERSE.


volté contre les derniers, ftcoua
le joug de lêfir
devenu boiteux d'une
bre Conquérant étoit ,

domination, & rétablit la PullVance Perlamei &


chute. ^
derniet Darius,
-
la Mo-
1 -4^
cette Rcfurredion dura jujques à Hormifdas fé-
Depuis la cataftrophe du
révolutions, cond. En 631. les Sarrafms attaquèrent ce Prin-
narchie de Peffe iouflrit plufieurs & s'étant emparez de la Cou-
auxquelles je ne m'arrêterai point. Je me conten- ce , le ehafl'erent ;
l'ai deja mimuc ronne , ils la gardèrent plus de 4C0. ans. Depuis
te de dire en courant , comme je
,
SoUveràin,s
plus de deux la moitié de l'onzième fiécle , pluficurs
que ce ruill'ant Etat qui avoit fubrillc
iuccedcrent les uns aux autres. Et cela dura
,

cens ans fous tvciïe Rois, &


peut-être pus, lut le
dont nous allons
par les Ko- jufqucs il la dernière Révolution ,
poiredé fueceinvcment par les Grecs,
L'an deux cens vmgt- parler dans la DM'ertation Juivante.
mains, & par les Parthes.
s'étant ré-
fept dé l'Ere Chrétienne , Artaxerxcs

: ,1 f

iJECONy
&

.\\^
Pag. 67

SECONDE DISSERTATION
S U R L A

PERSE. il

\ 'Etabliirenlent des
Sophis fur le bonnets rouges à douze plis. C'eft-pourquoi leS
'
Trône de Perfe raconté fi dif-
ert Turcs les nomment en plaifântànt Kïkbachs , c'eft-à-

[
fcremment par Hiftoriens, qu'on
les dire Têtes Rouges.
,

ne peut pas
I
fe tlater d'en âtrc inf- Notre Dévot tenant donc le fécond rang dans
truit avec certitude. Tout ce qu'on
I
le Royaume , &: d'ailleurs y étant beaucoup plus
peut faire dans une fi grande di\er-
I
eftime , beaucoup plus aimé que l£ Roi , il ne
fité d'opinions , elt de s'en raporter au témoigna- luimanquoit que l'occafion pour franchir le pas,&
ge d'Un Voyageur , qui s'clt informé de la cho- pour, fous le mafque de Religion , mafque d'une
ie fur les lieux. Si Ion récit n'ell pas la vérité efhcace admirable aux Ambitieux , détrôner le
pure, on peut du moins le recevoir comme une Maître légitime , &
tranfplanter la Couronne dans
Probabilité j revêtue de toutes les circonftanccs capa- fa Famille. Klle le prefenta , cette occafion , on ne &
bles de faire croire un événement dont on n'a pas manqua pas de la laifir &
de la bien faire valoir.
été foi-même témoin. Tamerlan, revenant de fon expédition de Tur-
Il y avoit , dit-il , en Perfe un Scheik nommé quie, tout couvert de lauriers , mais fur-tout fier
Aidar. C'elt aparemment le même qu'un Hif- & glorieux de traîner après fon Char de triomphe
torien appelle Schik £i</er , furnommé Arâwellis^ l'Empereur Bajafeth &
fa Femme; Tamerlan, dis-
ou parce qu'il étoit né à Ard-wil , autrement Ar- je , rcpalTe par la Perfé. Le Scheick , dans une,
deuil ; ou à caulé qu'il étoit Sultan de la même conjoniffure ii favorable , n'ell pas dévot à s'ou- I
}.
ville. Cet Aidar pallbit pour un génie fuperieur ;
blier: il fait au Conquérant toupies honneurs qui
d'un grand exemple dans fes mœurs ; comme & dépendent de lui ; il comble les hauts Officiers,
il occupoit le premier poite de la Loi , il s'étoit d'honnêtetez &
de careifes ; enfin , il fe ménage
aquis dans le public une vénération un cré- & fi adroitement ,
qu'il gagne le cœur du Roi vie-,
dit extraordinaires , fe difant du Sang & de la Ra- torieux. Ce Monarque, pour témoigner fa recon-
ce de Mahomet ; &
cela directement , de père & noillance au faint Perfonnage , lui (ait prefcnt de
en iils. Il portoit fur la tête la marque dijiînc- tous les prifonniers Turcs cette capture étoit
; &
tive d'une origine il honorable. Dédaignant la très-nombreulé &
très-confîderable.
Coéffurc de la Nation , il en inventa une toute Aidé , fortifié de ces captifs , (^m pouvoient
mylterieufe , &qui fublifte encore. C'eil un bon- compofer une Armée, il les difperfe, en attendant
net plat qui s'élève en s'éiargilîant , phlfé de & qu'il puifTe en faire ufage. C'eli; à quoi fes En-
telle manière, qu'il forme comme douze cotez, en fants travaillèrent. Voiant combien le Peuple,
mémoire des douze Prophètes. Il y a au mDieu étoit prévenu en faveur de leur Père, & cela fur
une pointe , de la longueur d'un grand doigt ; ce une perfuafion générale de fa Sainteté, ils cultivè-
qui aparemment reprcfentoit l'Impolleur de la rent fi bien cette bonne difpofition par leurs ma-_
Mecque , ou peut-être cet Ali qui ell; le fécond nieres engageantes , & , ce qui vaut encore mieux,
Oracle des Perfans , &
qu'ils nomment le Lieu- par de grandes largeffes , qu'ils fe mirent bientôt
tenant de T)ieti. Cette Goéffure ell probable- en état de lever le mafque, de déchirer le voile,
ment celle dont un autre Auteur fait mention, de fe révolter ouvertement.
après nous avou- apris que le mot Scheich eit un On déclare donc la guerre à Alamour, lepofTef-
terme Arabe qui fignitie VieïUard , ^' 'Docteur ; feur légitime de la Souveraineté qui , autant qu'on ,

mais particulièrement , une Terfonne £une pieté peut le remarquer par l'Hilloire, ne donnoit pour-,
reconnue. Schekh-Aidar , ajoute cet Ecrivain, tant à fes fujets aucune caufe ni julle , ni même
fotitenoit qu'Omar , Ofman , & Abu-Beker, plaufible , de defobéiiïance & de rébellion. Les
SiUccelTeurs de Mahomet, avoicnt ufurpé le droit Royaliftes, quoique les plus foibles,ne lailferentpas
d'Ali, qu'il faifoit palier pour un grand Prophète, de tenir &
de le défendre quelque tcms. Mais,
prêchant, que fa mémoire dcvoit être fainte, & enfin le bon parti fuccomba & daas une bataille ,

que de ces trois Tirans devoit être en exé-


celle donnée près de Tauris , l'Armée fidèle fut tail-
cration. 11 ordonna encore, que les douzeSuccef- lée en pièces & le Monarque tué par Kmael So-
,

feurs d'Ali feroient reconnus pour de très-grands phi, le troifiéme Fils de Cheick Aidar.
Saints î & que leiu'S Seftateurs porteroient des Ce meurtrier de fou Roi lui fucceda. Com-.
S z mène

J '
'I
,

68 SECONDE DISSERTATION
lui la Raifon & la Nature étoicnt moins forte?
ment il eut la préférence fur fon Père & fur fes chez
que l'Ambition voici le fait. De plufieurs Fils, il
deux Frères, & ce que tous les trois devinrent,
:

Je trouve feu- ne lui relloit que Sophi-Mirza plein de mérite, & ,


ccft ce que je ne faurois éclaircir.
qui, par les marques qu'il donnoit dansla jeuncfié,
lement ; qu'Ifmael Sophi ett le Chef de la Maifon
commettrois de fon geifie & de fon courage , paroill'oit devoir
qui rcgnc aéluellcment en Perfe. Je Le Peu-
fuivre un jour les traces de fon Père.
un pcché d'omiffion , fi je fupprimois ici une re-
ple, rendant jufliee aux bonnes qualitcz de l'Héri-
marque ; c'ell que le mot Sofhi n'dl pas un nom lui temoignoit beaucoup de zèle
tier prefomptif ,
de qualité , mais de Scflc. Ainli étoicnt apellez
tous ceux qui embraflbient la doflrine
d'Ali, & d'attachement. Cette aflèttion populaire dl
laitla pas fouvent d'une dangereufe eonfequcnce ; elle a été
qui, quoique Gendre du Prophète , ne &
de faire bande à part dans le Mahométifme , & funelle à plufieurs Grands ; c'ell de quoi Mirza

fit l'expérience, à fon grand malheur.


d'y expliquer l'Alcoran à fa guife. Or les Rois de
Perfe , comme bons Alilles , ont perpétué celte Epi-
La crainte s'empare de Cha-Abas. Son Ffis lui
parut en état de lui arracher aifément la Cou-
thète de Siiphi , comme un titre , ou un furnom
ronne. C'ell, dans la Morale, tout de même que
qui rend leur Majellé plus rcfpeftable par la fu-
pcrftition- des fujets. llinael par la mort céda le s'il en avoit formé le deifein car en fait de ;

m Couronne, la peur cil un microfcopc qui groflit


Trône à Cha-Tammas fon fils , qu'on ne peint
&
de qui on ne dit ni bien ni furieufement l'objet ; <k comme la jaloulie ell en-
en rouge ni en noir,
core plus forte en Ambition qu'en Amour, celle du
m'ai. ce dernier fuccéda Cha-lfmael II. , mais
A Monarque, furnommé néanmoins le Grande le
fon règne fut fort court ; encore beaucoup trop
premiers Supots de la
puifqne porta enfin à une étrange extrémité.
long néanmoins ,
les
Il eil vrai que le jeune
Prince, ne fe ménageant
iVlonarchie, &
les Grands de la Nation furent obli-
détrôner, à caufe de fa barbarie , de & pas allez, fomentoit, en quelque manière, un mal
gez de le
fon inhumanité. A
peine tenoit-il le fceptrc , que, dontil ne connoiilbit pas aifez la confequence le &
commanda qu'on pal- péril. Un jour , Mirza étant à la chalfe avec Cha-
pour début de fa tiiannie.il emporter
fon Frère, ce Abas , il fe laiifa tellement à l'ardeur de
fît un fer brûlant fur les yeux de
fon âge , que fans refléchir fur la Loi , dès que la
qui fit que ce pauvre Prince eut le rcfte de fes
bête parut, il tira defifus. Je dis Jur la Loi. Car
jours la vue extrêmement baflé , quelqtics-uns rac-
ordonne aux ChalTcurs.fous peine de la vie,
ine aiant écrit qu'il étoit aveugle. Ce fut ce Prin-
iléîoit

ce, nommé Mebcmet-Cada-KenJijqu'on mit enU


de céder au Roi l'honneur du premier coup ; &
De la manière un
c'eft ufage qui s'obferve encore à prefent à la
l , i' place de Cha-lfmael fon Frère.
il n'étoit guère Cour de Perfe.
qu'on parle de ce nouveau Roi ,

Le Monarque, irrité de cette hardieffe, qui ef-


plus éclairé de l'efprit que du corps , n'étant pas
Mais il fcftivcment étoit un crime de Ltzc-Majellc
fort entendu dans le grand art de régner.
prend néanmoins le parti de diflimuler ; il ne té-
rendit à la Perfe un fervice auquel elle ne s'atten-
doit pas , & qui ,ne pouvoit être plus avanta- moigne rien de fon vif &
profond relîentiment,
Nation ce fut d'être le Père de Cha- C'étoit un grand lacrifice qu'il faifoit au bien de
geux à la ;

Mas I.
l'Ktat & :\ l'amour du fang. Cha-Abas étant vieux,
&
SuccelTcur immédiat de Mehe- &n'aiant point d'autre Fils, s'il eût donné cours à
Celui-ci , Fils
la vengeance & à la jaloufie , fa Maifon étoit
met, fe ientant capable des plus grandes choies,
entreprit de remettre la Monarchie dans fon an-
éteinte ; &
la Nation tomboit dans l'embaras de
chercher un Maître.
cien luilre, &n'en vint pas tout-à-fait à bout,
s'il
ne durèrent que trop peu une
Ces deux raifons
du moins avan^a-t-il beaucoup dans l'éxecution de
:

belle Efclave aiant conquis le cœur de Mirza , ces


ce projet. Il etoit jeune , lorlqu'il monta fur le trô-
ne; & il trouva une Puiflance
tellement rognée, tendres amours devinrent fruétueufes, produifi- &
& rent un petit Prince. Grande joie pour le Monar-
& réduite à des bornes fi étroites , qu'au Nord
du Royaume ne reltoit prefque que la que. Maispeut-êtreplus parce qu'il fe croyoit alors
a l'Oueil il,

feule ville de Casbin. Ce Prince, également habile


en état de contenter fa noire & eruellepaiïion , que
pour la politique &
pour la guerre , employa fi hcu- par le plaifir d'être Aicul , &
d'avoir efperance de

reufcment l'adrefiê &


la force, que par ces grands
laiffcr un Succeifcur. En effet, la jaloufie du Roi
Mécha- allant toujours en augmentant , il ne fut pas plu-
moyens , qu'on pourroit nommer en ffile
tôt Grand-pere qu'fi fit crever les yeux à fon
nique, les deux maitres-refl'orts de la machine du ,

Gouvernement , il regagna plufieurs Provinces 1-iIs,

La fureur de ce Père dénaturé n'en demeura


vers le Couchant, &. conquit enfuite les Royaumes
de Lar, d'Ormus & de Candahar. On ne marque pas là. Mirza , quoique privé de la vûë , confe- &
point fi ces progrès fe firent équitablement : le fur- quemment hors d'état de bien régner , ce pauvre
pasune aveugle lui étoit encore redoutable. Voulant donc
nom de Gr«;ii, dont on l'honora, n'cnefl:
fe mettre l'efprit en repos de ce côté-là , il prenti
preuve dcmonlb-ative.
la barbare refolution de faire mourir fon Fils uni-
L'ufagCjOU pour mieux dire, le travers&laeor-
ruption de l'Homme, ont valu cette pompeuleépi- que. Cet exécrable defl'ein ne fut alfurèment pas
thète aux plus grands Opprelieurs , tant anciens conçu dans un tranfport de colère , ni avec préci-
&: pourvu que les actions foient pitation vous Valiez voir.
que modernes ;
;

déterminé à fe tirer d'in-


éclatantes, on compte pour rien la fceleratefl'e des
Le Monarque donc ,

intentions, &
des expédients. Quoi qu'ilen foit quiétude par la mort de fon fils , jette les yeux fur
s'il a réufii, à & celui de fes Courtifans qu'fi jugeoit le plus pro-
de Cha-Abas, s'il a toujours agi, lui or- &
lalueurdclajullice, c'efl: fon plus beau , c'ett fon pre à exécuter cette barbare refolution ,
plus glorieux endroit.
donne de tuer Mirza, &
de lui en aporter la tête.
Ce Monarque flétrit fa gloire par une tache in- Mais Cha-Abas s'étoit trompé dans Ion choix.
cCFacable. Il fit voir par un afte de cruauté , que Le Miniltre, auffi humain que k Maître étoit de-
na-
,

W M
'^1

SUR LA PERSE. fi,


w
haturé Tentant toute l'horreur du commande-
,
{
Comment avec un Prince dû caractère de
fîllrè,
ment , refula de s'y foumettre. Apparemment, ce Monarque ? Il punit fevercmcnt la Ibumiffion î -

comme ce Seigneur étoit le plus avant dans la con-


fidence du Roi, il prit la liberté de plaider la cau- I
& il rccompenfe genereufemcnt le refus qu'on fait

de lui obéir. Si tous les Miniilres de Cour imi-


V( 1
le du Prince , &
n'omit rien pour lui lauvcr la vie :
I
toient ce dernier Seigneur , s'ils n'acceptoient que
il ne manquoit pas de matière dans fon plaidoyé ; des ordres juftes &
railbnnablcs , il en iroit
laRaifon& la Nature lui en fournilToîent abondam- mieux pour les Sujets ; car perfoline ne voulant fe
ment: mais ne pouvant rien obtenir, &lajalou- prêter il l'injullice , -^ la violence du Maître , il
ûe ambitieufe triomphant tout-à-fait de la tendref- gouverncroit cquitablcmcnt. Mais ce /-là ell tout
fe paternelle , ce rare Favori déclare avec une fer- Platonicien un tel bonheur n'arrivera, dans le
:

meté reipcftucufe , qu'il defobéïra autant par de- Monde que quand il plaira.au Créateur de refon-
voir que par inclination ; fupliant Sa Majeilé de dre fon image tant que les Hommes garderont
:

le taire périr cent fois, plutôtque de l'obliger ré- i\ leur tournure prefente , tant que les Mortels fe-
pandre le fangRoial; à égorger le Père, dans la ront comme ils font, la Tirannie trouvera toujours
perfonne du Fils; à être le meurtrier, le boureau mille fauteurs pour un oppofant. D'ailleurs, où
de l'un &de l'autre. trouver un Monarque qui voudroit imiter Cha-
Que le Monarque , en foi-même, n'ait pas non Abas dans fon repentir ? Les Princes trouvent bien ï|.
feulement approuvé, mais aufïï admiré le courage mieux leur compte \ punir une defobcïlîàncc in-
de ce Grand, c'elt ce qu'on ne fc perfuaderoit pas nocente, julle, dcmêmeneccHàire; &:;\ recompen-
aifément. Mais la paillon fut la plus forte. Helas icr la foumillion criminelle, fcelerate ,
n'en va-t-il pas tovijours de même? Et fi dans les
!

fe au bien-public.
pernicieu- &
jnoindres plaifirs le penchant ei\ viftorieux de la Nonobllant le regret les larmes de Cha- &
Raifon, combien plus, lorsqu'il s'agit de conferver Abas, la mort de Mirza ne le guérit point de fa
une Couronne qu'on préfère tout , ;\ians la-& jaloulic. Continuant toujours à facrïticr le bon-
quelle on regarde la vie comme un fuppHce heur de fes Peuples à fon intérêt perfonncl, c'elï
afreux ? Cha-Abas n'écouta donc que fon aveu- à-dire à la crainte imaginaire mal fondée d'être &
gle &cruelle ambition ëc loin de rendre jufti-
; renverfé du Trône, il donna à Cha-Sephi fon pe-
ce au zèle &
à la fidélité de fon brave Minif- tit-fils une éducation tout oppoféeà celle qui con-
tre, il le difgracie ik le condamne au bamife-
ment.
venoit à l'Héritier prcfomptif d'une -grande &
puilîimte Monarchie. Cette cducatio"n devint
Le Roi n'aiant donc point réuffi, s'adreffe à un même dans la fuite comme une efpcce de loi :'

autre Seigneur: celui-ci, aparemment plus fcrupu- écoutons là-delTus l'Auteur de la Relation fur la-
Icux fur les devoirs d'un Kfclavage illimité , ou quelle je bâtis.
peut-être, encore plus efclave de la faveur de & Depuis ce tems-là , dit-i! , tous les enfans mâles
la fortune, que des volontez de fon Maître, le du Sang Roia! font tenus eni'ermez dans le Ha-
rendit aflez malheureux pour trouver dans un de ram ou Apartement des femmes & on les nour- ;

une foumiffion qui dcvoit coûter cher au


fes Sujets rit dans l'ignorance, en leur donnant deux ou trois
Monarque. Eunuques pour leur apprendre à lire &i à écrire,
Kn efiét, ce trop bon Minilire d'une fureur & leur tenir compagnie, pour les divertir foit à ti- .^

exécrable , exécutant ponftuellement l'ordre de rer de l'arc , foit à fc promener fur un Ane dans
Cha-Abas , poignarde ou étrangle Mirza , lui les jardinsdu Serrail, quand on le leur permet; car
coupe la tête, & l'apporte au Roi dans un baliin on ne leur donne point de cheval ; durant &
. d'or. Qui ne croiroit que cette precieufe tète fût tout ce tcms-là on ne les fait jamais voir au
un mets exquis pour ce Prince enragé de jaloufic Peuple.
& que fcs yeux la dévorèrent avidement ? Tout Les anciens Rois de Perfe avoicnt une méthode
lecontraû-e: à cet horrible & pitoiable objet Cha- bien ditlérente ilsfaifoicnt inllruire à fond leurs'
:

Abas s'attendrit l'amour naturel fe réveille tout


: enfans dans la Théologie, dans la Morale , dans la
d'un coup; & fufpendant un peu l'ambition, il Politique &
dans la Guerre ; on leur choifillbit &
fait verfcr des larmes à ce Monarque , qui , par la pour Maîtres les quatre hommes qui excelloient le
fureur de la jaloufie , ne refpiroit que l'efiliiion de plus dans ces genres-là. Cha-Abas , prenant donc'
fon propre fang. Cette douleur-là étoic-elle fm- le contrepié d'un ufage fi louable, fi utile à l'E- &
cere? Dieu feul le fait: la Politique elt une Ac- tat , fit élever fon petit-fils d'une manière baife,
trice générale fur le Théâtre de la Souveraineté ;
efféminée, &
tout- -à-fait indigne du rang auquel il
il n'elt point de rôle qu'elle n'y joue ; onpourroit étoit dcllinc.
fur-tout la nommer le fmgc de la Nature de la & Bien plus pour empêcher que l'efprit de ce
:

Rehgion. De quelque efpcce que pût être le re- jeune Prince ne s'ouvrît, que la pénétration de &
pentir de Cha-Abas, il paia fort mal ou plutôt
, génie ne lui caufàt quelque impatience pour le
très-bien le boureau qu'il avoit w/> f« befogne. Trône, fon Aieul lui taifoit prendre tous les jours
Ce vil efclave de la Tirannie eut, pour récompen- de rOpium fi bien que par ce fuc fomnifere
: &
fe de fa iwvm\S\ox\ parricide beaucoup d'injures
^ : mortel de Pavot , Cha-Scphi, non feulement fut
le Roi, après s'être déchargé fur lui de fa colère, long-tems Itupide mais même fon tempérament
;

vraie ou aparente, le chaffe , lui défend pour ja- fi refroidi, que les Médecins lui aiant ordonné le
mais l'honneur de fa préfence confifquant tous
; vin, pour le rechauffer & le fortifier,- illecoua,
fes biens il le réduit à neuf ou dix fous par jour.
, fur ce point-là , joug de Mahomet ,
le de- &
D'un autre côté , ce Père affligé ou paroilîànt tel,re-
, vint , comme vous le verrez dans un moment,
flechiifant fur le mérite de la defohéïirance duCour- un des plus zèlez Sedtateurs , & enfin un Martyr
tifan qui n'avoit pas voulu égorger le Prince le , de Bacchus.
rapelle de fon exil le comble de carelTes,
, lui donne& Cependant ce même Cha-Abas, qui aimoit fou
un des plus beaux Gouvernemens de la Monarchie. polte â la fureur, & qui apparemment n'aimoit h.-
T viç
,

' \
'

SECONDE DISSERTATION
vie que pour le pkifir de régner, fut oblige ,
com- chez le Roi; & comme s'ils futfent revenus d'une

c'ell leur mauvais & expédition héroïque, Jani-Kan lui dit au nom do
me tous ceux de fou ordre ,
fes lix complices, qu'ils venoient de tuer le grand
endroit, de partir pour le voyage de l'autre Mon-
& Officier de la Couronne. C
fort bien fait , ré-
J de Ce Monartiue , i qui la Perfe doit le luftrc
la puiflince dont, par une efpècc de
refurreftion
efl
pond le Monarque ; £0 en cela vous n'avez, fait
de mille^ lij; que f revenir mes ordres. Cha-Sephi étoit bien
elle jouît à préfent , mourut fur la fin
cens vingt-huit il régna quarante
bonnes années,
:
éloigné de penfer ce qu'il difoit ; ii , dans une &
gloire & le bonlieur. On auroit eonjoutture ftdehcatc, il fut capable de prendre
toujours entre la
le parti de la diflimulation, nous pouvons conclure
pu lui donner pour confolation, ce qu'on diloit à
iVlahoinet IV. Empereur des Turcs, lors de fou de là qu'il avoit fecoué l'engourdillement du Pa-
detrôncincnt Vous avez regnè quarante ans;
;
vot , &
qu'il pofl'edoit déjà une des qiialitez eilen-

homme vont devez donc vous en lielles de la Politique dans un Souverain. La Sul-
c'eft la vie d'un :

tane Mère, qui, outre le mépris de l'Autorité fii-


contenter; S d'autant f lus, que feu de vos 'Préde-
ceUeurs ont régné fi Img-tms. l'auvrc confola- prème, fe voioit outragée perfonnellement , af-
tion Elb il un Monarque qui ne meure dans tout feda auiïï une infcnfibilité apathique , ne fiii-
!

fon appétit ?
fant rien paroître de fon vif &
protond reflentiment.
Cha-Sephifon petit-fils , lui fuccéda. Ce Prm-
,
Les Criminels dévoient bien prévoir que cette
cc, qui étoit jeune, &
que le fréquent ufage de bonace feroit infailhblement fuivie de la tempête:
l'Opium avoit rendu prefque imbecille, ne fit rien mais croiant leur faftion plus redoutable qu'elle
n'étoit, ils s'endormirent dans cette fauiî'e leeuri-
de confiderable pendant piuficurs années ; c'étoit
En Cour aiant pris de bonnes mefu-
proprement la Sultane Mère qui gouvernoit en fon té. efltit , la

nom. JVIais enfin , s'étant rétabli de corps S: d'el- res pour affurer la jullice & le châtiment de raifaf-
prit, &
devenu capable de tenir le Sceptre, il finat, les Factieux périrent tous fept à la fois, &
lorfqu'ils s'y attendoient le moins: le Roi trouva
enfanglanta fon Adminiftration par un terrible ex-
le moien de les faire venir au Confeil, &, n'étant
ploit voici comment on raconte la chofe.
:

Cha-Abas, qui, pour le dire chemin-faifant or- , point fur leurs gardes, ils y entrèrent très-itnpru-
donna, parjenefai quel motif, qu'on lui donnât dcmment tous à la fois au milieu d'une délibéra-
:

tion, dontlefujetétoitaparemment fuppoféjun Eu-


une Sépulture fi feerete & fi bien cachée , qu'on
ne put la découvrir, avoit laiifé un Mémoire de la nuque entre dans la falle; le Roi, comme on en&
dernière importance. Il recommandoit dans cet étoit convenu, fe levé, & fe retire à ce fignal-là.

Ecrit fecret, que quand l'autorité du jeune Monar- En même tems du Confeil eft remph d'une
le lieu

que feroit affci ferme on fc défit de fcpt Sei- ,


foule de demi-hommes , ou d'Eunuques bien ar-
gneurs des premiers du Roiaume & qui faifoient
,
mez , qui fc jcttant fur les Seigneurs , en font un
une cabale, dont Jani-Kan, General de la Cavalerie, carnage complet. On ne marque point fi ces Grans
étoit comme le Chef La Sultane Mère, & Mir- fe détendirent, &
s'il en conta bon à leurs vils &
za Také , premier Miiîifl;re , étoient chargez de meprifables Boureaux : on dit feulement qu'on
cet Ordre Tellamentaire & , comme les deux ;
expofa dans la grande Place les corps les têtes &
grans Supôts du Gouvernement ils ne faifoient ,
des fuppliciez ; &
que comme ce n'cll pas la cou-
qu'attendre un tems propre pour remplir ce funetle tume en Perfe que le Peuple prenne connoiifanee
projet. du Gouvernement, la plupart frapoient du pié ces
Ces Profcripts , aiant éventé la mine voyant & têtes féparées, les poullbient comme des boules,

venir l'orage , refolurent de le faire tomber fur s'entredifant ; I^oila les têtes de ces chiens qui ont
l'Exécuteur. S'étant donc tous aflemblcz un jour defoléi à la ilohnté du Roi: Docilité populaire,
de grand matin, ils vont au Palais du Premier Mi- foit commode pour le Defpotifine ; encore &
niftrc , poignardem le portier , entrez dans ; & plus favorable à la violence des plus grans Ti-
l'apartement du Maître, quifelevoit, ilslefaluent tans !
à coups d'cpée , &
ne fortent qu'après s'être bien Sur ce que j'ai dit que ce Premier Miniftre, dont
î^flurez mort.de fa les Seigneurs fe défirent, ticM. parfaitement Eunu-
La Sultane Mère, qui étoit comme Régente, que, l'hilloire de fon amfutat'ien cil trop curieufe
ne pouvoit recevoir un coup plus fenfible le dé- ;
pour n'en pas régaler le Letteur. Mirza Také
funt étoit fon œil, fon bras droit au Timon; elle étoit, fous le Règne de Cha-Abas, Gouverneur de
tenoit confeil fecret avec lui il lui rcndoit comp- ;
Guilan ; &
poiVcdé d'une paillon brutalement non-
Pages, il en vint jufqifaii
te de tout ; &
comme il étoit parfaitement Eunu- conformijfe pour un de fes

que, il entroit librement en tout tems dans le & viol. Le jeune homme
voulant avoir raiion d'un
,

Serrail , privilège que peu de gens voudroient fi cruel afront, fe met


fecrétemcnt en chemin , &
acheter au même prLx. Déplus, ce premier Mi- fait fi bonne ddigence, qu'U arrive dans la Capita-

niitre fourniifoit chaque jour à la Princcll'e qua- le, & va droit faire fa plainte au Roi. Ce Monar-
tre cens ducats d'or pour fes menus plaifirs ce : que , qui eût été vraiment Grand dans cette oc-
qui devoir lui tenir lieu d'un grand mérite auprès cafion-Uf, fi, conformément à la Loi de l'Equité
d'elle , & ce qui valoit mieux que la meilleure èc naturelle, il avoit pris du tems pour entendre &
la plus vigoureufe virilité. C'étoit dans ces coii- pour confronter les deux parties, refervant une
ferenees noèturnes , que ces deux Perfonnes de- oreille pour ]e f revenu, fit bonne & prompte juf-
truilbient la nuit toutes les refolutions prifes dans tice mcoraflaignant: Cha-Abas lui donne le Gou-
vernement de Guilan; & le renvoiant au plutôt,
i le Confeil
Monarque il
du Prince par
leur fantaific, par le crédit , ou plu-
tôt par l'afcendant toujours etticacequ'ellesavoient
les Grans ; tournant le
il lui ordonne de couper la tête à

la donner
fa partie, & de

un Officier dépêché tout exprès pour


:i

fur fon cfprit. aller la querii' & comme le Page n'avoir ni fàge
;

immédiatement après l'aiTaffiuat du Premier Mî- ni la maturité requife pour un fi haut Emploi , le
tiîitre, les Seigneurs Meurtriers allèrent en corps Prince lui donne un homme capable pour le con-
dui-
,

\!.| \*l

^tl

SUR LA PERSE.
duire dans les fondions de fon nouveau Gouver- étoient en conflift de Jurîfdicllon s'étoit rendor- ,

nement. mi, fe fourre , ^ar e/pie^/erie ou autrement, dans


Cependant , le Gouverneur Contre-naturaîifte une niche qui ordinairement eit cachée d'un ta-
aprenant k fortie furtivc de îa Maîtrefre màlc, & pis, &: où on ferre les matelas ék les couvertures.
ne doutant nullement de ia perte , s'avifa de Le Roi, réveillé encore une fois par l'inquiétude
tenter une reirource ; ik il n'eut pas lieu de amoureufe, ou, pour parler Phebus, paiiapiqûu-
s'en repentir condaïunant au tranchant d'un ra-
: re du malin Cupldon ne voiant point fa chère
;

foir la partie criminelle , il ie fit mettre le bas-ven- moitié, fe met en colère tout de bon , & deman-
tre à l'uni. En même tems , &: lans faire atten- de le fujet du refus , ou au moins , d'un il grand
tion à fa plaie encore toute faignante , il fait, fur retardement.
un brancard , efcorté d'un Chirurgien , par un & La Sultane Merc , ennemie mortelle de la Rei-
chemin détourné , le voyage d'ifpahan. Arrivé ne, qui la meprilbît beaucoup, n'étant qu'une Ef-
heureufement à la Cour , il demande audience , clave Géorgienne, au lieu que la jeune Reine étoit
l'obtient ; &
le Roi , qui n'attcndoit qu'une tête née Princefie , & fille du Roi de Géorgie , la
morte, eit extrêmement ctanné de voir paroïtrc vieille Sultane, dis- je, faiilt cette occafion-h\ pour
un Individu vivant, Alors le pauvre Mirza Ta- contenter fa vangeance, pour enflammer la colère
ké ou Tabé, car tous les deux font bons , prefen- du Monarque &: le mettre en fureur ; comme &
te dans un plat d'or les pièces de fon doulou- malhcureulement , elle fe trouvoit alors dans la
reux facrifice il arrofe de fes larmes cette of-
;
chambre du lit , elle fit figne au Roi fon fils, que
frande expiatoire ; le Dieu Mortel , &
touché fon Kpoufe étoit nichée derrière le tapis. Sur cela
d'une pénitence fi efficace , jugeant que le cri- le Monarque fe lève , fi pourtant il étoit couché^
minel s'étoit puni aflèz rigoureuferaent , lui fait & prenant fon poignard , il entre , comme un
grâce entière 5 il lui rend fon Gouvernement , & enragé , dans la niche , &
perce , de cinq ou lix
dédommage par un autre moien , la partie of-
,
coup.-, , le ventre de fon Epoufe traitement bien :

fenfcc, qui ne a'attendoit guère à perdre fa cau- oppofe à celui pour lequel il l'avoit apellé. On ne
fe ; & qui peut-être donna plus de malediil^tions dit point fi la Reine en mourut on remm-que feu-
:

à l'inifrument coupé à cette ame mife en mor- , lement , qu'après cette vaillante Se glorieufe
ceaux, que quand il en avoit reçu le coup. 11 eli: prouellé , l'Epoux fe rendormit aufli prompte-
auOi fort vraifemblable que Cha-Abas pardonna ment, que s'il ne fût point fort! de fa place. Quel
d'autant plus volontiers , que par-là il lé con- , ,
triomphe pour la Sultane Merc Il n'y a qu'une !

fcrvoit une bonne tête. Preuve de cela , c'eil femme , & une femme vindicative qui puiffe fe
qu'entre les inftruétions que ce Monarque donna à l'imaginer.
Ion Fils avant de mourir, il y avoit un article par Quant au Monarque quelque féroce que foit
,

lequel il lui recommandoit de mettre Mirza-Také cette action-lii , s'il tait voir en d'autres
n'avoit pas
à la tête du Minillere d'Etat , ne connoilïîxnt per- conjonctures qu'il aimoit le fang , elle ne fuffiroii:
fonne dans tout le Royaume qui fût plus digne de pas pour lui donner le titre de barbare dans le :

ce polie important. fond, il y avoit là plus de malheur que de naturel.


Pour me remettre en chemin , revenir à & Le lendemain de cette horrible expédition , le
Cha-Sephi ce Prince n'avoit pas le bon de fon
, Monarque , ne ié fouvenant que confufément de
Aieul ;& il en eut le mauvais fon Règne fut :
ce qui s'etoit paflë le foir , demande la Reine on ;

fanguinaire fa cruauté lui fit même perdre des


;
lui rend un coiupte fidèle de fon afreufe avahture;
Places. Mais fans entrer dans le détail de fes
,
il en eft au defeîpoir , &: s'en prenant au vrai au-

violences, je n'en raporterai qu'un feul trait: il n'y teur du C-rime, je veux dire au vin, il déchargea
a peut-être que cette attion-là qui le montre tout fon reiicntiment fur cette boillbn , de fa na-
imitateur de fon Grand-Pere comme Cha- ; & ture aulîi innocente que bienfaifante. Il fit donc

Abas exerça fa fin-eur contre ce qui devoit lui être publier par tout le Royaume une defenfe ex-
le plus cher Cha-Sephi lit à peu près la même
,
prelle ik fevere de boire du vin , avec ordre à
chofe. Voici le fait. tous les Officiers de Police de le faire répandre
Ce Monarque , aiant pouffé jufqu'à la debau- par-tout où il s'en decouvriroit , d'en faire met- &
che d'un gi'and repas chez un de fes Of-
la joie tre les vaifTeaux en pièces. Ce rude fâcheux &
ficiers, revintau Palais , envola dire 'i la Sul- & effet , ce fruit amer de la Converlion du Maî-
ti I iL
tane Reine de venir le trouver ; il avoit apparem- tre fut rigoureufement exécuté fur les Efclaves
ment quelque affaii-e conjugale &: preffantc à lui ou Sujets , car en Allé , &
trop fouvcnt dans
communiquer ; &
le vin , qui étoit fon antidote nos quartiers , c'efl là même chofe. Efi-il une
contre le refroidiilëment invétéré de l'Opium , ope- occalion où on puilfe dire avec plus de fondement,'
roit merveilleufement. La Roialc pourtant & ^lidquid délirant Reges , fleBuntur Achivî :
très-efclave Epoufe , aprenant que le Roi avoit
bu, tems mal-propre pour entrer en matière, ne Ceft au Teuple à payer les foùfes du Trince?

fe hâta point d'obéir.


pices de Bacchus, dormoit à
tendant le Congrès , fe réveillant , ne trouvant
Le Roi, qui
bon compte
,

&
fous
,
les auf-
en at-
Bacchus fut donc condamné en Perfe à un bannif-
fement perpétuel permis à lui , pourtant , de fe,
:

réfugier, quand il lui plaîroit, chez les Nations de


m
point la Reine à fes cotez , s'impatiente, fe fàchc, l'Europe, Nations afiéz propres à conibler le Dieu
& renvoie pour un fécond apel pour une nou- & dans fon affliction, Mais fon exil fut court; cardes
velle fommation. Les Eunuques courent chez la l'année fui vante , le preflbir 6c le verre allèrent com-
Princeife, & lui difant ce quife paffe , la preilént me auparavant.
de répondre à l'ardeur nwritalc , & de venir avec Lapénitence du Monarque dura encore m'oins :'
emprelïement. Sa Majefté s'enfonça plus que jamais dans l'yvro-
ï\
Enfin la Sultane Reine arrive maïs trouvant : gnerie ; &
probablement , fa rechute donna lieu
que Sa Majeilé , chez qui le Vin l'Amour & d'abord à l'infraètion , &
enfuite à l'aboUtion de fa
T % Lôi^
\

71 SECONDE DISSERTATION
Mais du moins ces Pcrfecuteilrs fe croiant plu.»
Loi. Enfin, Cha-Sephi, apès un Règne de
c|ua-
éclairez que ceux qu'ils tourmentent,
difent.pour
torzc ans , mourut d'une débauche ; ce Prmce &
prétexte, qu'ils cherchent le bien de leurs Sujets;
s'immola, comme une viéHme , comme Martyr,
beau- qu'ils veulent leur ouvrir les yeux ; enfin , qu'ils
cette même faulFe Divinité qui lui avoit fait que le
n'ont point d'autre vue, point d'autre but ,
coup de bien contre l'Opium mais infinutient plus ;
langage
exceflif qu'il lui rendit. Sa falut des perfecutci ; car n'ell-cc pas là le
de mal , par le culte
fpecieux , ou plutôt le dévot jargon de ce faux zè-
arriva la quarante-deuxième année du
dix-
mort
le, dont la lueur éblouît les fimples , les ignorans,
feptième fiécle.
Cha-Sephi eut pour Succdieur Cha-Abis 11. 11 & dont le feu impétueux renvcrfe les Loix divines
étoit vaillant & généreux mais il n'en deyoit rien
:
& naturelles?
En Perle bien autre chofe le Roi fe dit
à fon Pcre, ni en yvrognerie ni en férocité. Ecou-
, e'ell :

tons là-dcffus un témoin oculaire , & d'autant plus


bon Mufulman & veut qu'on le croie tel: or un
,

croiablc, qu'il parle plutôt en Avocat , qu'en Juge


bon Mufulman ne doit point boire de vm Maho- ;

Ce Moiinriiiie dit-il aimoit le vin met, ccLegillateur que fes Seftateurs croient, de
dcsinterefië.
comme l'on Prcdecefl'eur ;
,

&
,

en aiant pris quel- bonne foi, avoir été le grand Prophète, l'Ami &
l'Envoie de Dieu défend exprefl'émcnt l'ufage de
quefois avec excès , il a fait des adlions qui paroil-
,

que cette boiifon cependant, on brûle ceux qui, par


lent cruelles ; mais qui ne pailént en Perfe
:

delieateile de confcience , & pour oblervcr exac-


pour un Julie châtiment de la dcfobéïflance aux
tement la Sainte Loi c'eft-à-dire , félon eux,
Ordres du "Souverain car il &ut remarquer, que
,
:

lesPeifans refpedcnt plus la Loi du Prmce que


pour faire leur Salut , veulent être fidèles fur ce
celle de Mahomet. Quoique l'Alcoran détende le point-là. Le Prince n'oferoit avancer qu'ils font
vin, on en boit communément fans fcrupulc mais :
mal; il faut, fuivant fes lumières fes principes,- &
il fiiut qu'il convienne qu'en cela ils
font meilleurs
quand le Roi par un commandement ex-
l'interdit
près , perfonne n'ofe contrevenir. Aujh ont-ils
Mufulmans que lui ; &
pourtant il ne laillé pas de
les condamner au feu. Peut-on concevoir une fee-
pour un grand principe de Rehgion , qu'il faut fe
quand un & lerateHc plus outrée; ou, fi l'expreifion eil trop
foùmettre au Roi , comme à Dieu ;
forte, peut-on voir un travers plus prodigieux?
Perfan a juré far la tête du Roi , qu'il tera ce-
ci ou cela , la chofe cil immanquable ,
s'exé- & La Religion des Perfans, direz-vous, e'ell d'o-
béir au Roi, comme àDieu. Soit: mais lors qu'ils
cute au plutôt.
defobéïflent à Mahomet pour obéir au Roi, ils
,iS-l '

Un jour que Cha-Abas 11. avoit bu outre melu-


dcfobcïli'ent formellement à Dieu; vous volez bien
re dans fon Haram , ou l'apartement de fes fem-
mes , il commande à trois de ces Dames de boire que je parle toujours par fuppofition ainfi, ce- : &
la par une eonféquence necefTaire, leur Religion
avec lui. Elles s'en excufent, alléguant pour rai-
eft, qu'on doit defobéïr àDieu pour obéïr auRoi.
fon, qu'elles dévoient bientôt faire le Saint Péleri-
naae, c'ell-à-dire aller à la Meque. Mais le De plus , fur leur fondement , fi le Monarque
(. 1;^. vouloir introduire dans fon Roiaume l'Idolâtrie,
Monarque aiant réitéré l'ordre jufqu'a trois fois ; &
l'Athcïfme , l'Impiété , toute forte de crimes
& les Dévotes tenant ferme, il commandaquon
un grand feu , & qu'on les d'abominations , ils ne feroient pas moins obligez,
lesliit, qu'on allumât
remillion. en confcience, de fe foùmettre au Roi , que quand
jettit dedans ; ce qui fut exccuto fans
il lui plait d'ordonner qu'on boive du vin: c'elt
Dans une autre débauche , le Roi pria encore une
Dame de ion Haram, de boire du vin: les priè- une fuite qui émane de la même fource ; la dif- &
res du Souverain font , dit-on , des commandcmens ;
férence n'ell que dans le plus le moins. Quelle &
exécrable Théologie! 11 eft certain que dans les
& ce Tiran le fit bien voir. La Dame refufant au
Etats Monarchiques, le Prince eft beaucoup mieux
Monarque une complaifance qu'elle croioit apa-
tranfporté de fu-
fc lève fervi que Dieu mais c'elt un eftêt de la foibldlê,
:
rcmment criminelle, il ,

reur, & des Eunuques de


commande au Chef de la corruption de l'Homme ;& la Divinité, qui a
fes raifons pour tolérer cet étrange defordre , re-
faire fubir à cette prétendue Rebelle le iupplice
du feu, d'être brûlée vive comme les trois
& dreHèra fon Image quand il lui plaira. Mais en
autres. L'Officier fc mettoit déjà en devoir Perfe, l'Ai-ticle de Foi le plus effcnciel, c'eft dere-
d'exécuter le commandement du Roi : mais cette noncer à la Loi de Dieu ou â celle de Mahomet,
par fes larmes, & car en ce Pais c'eft la même chofe , pour fe foù-
Dame tant par l'es prières
fit
au bon-plaifir &
que l'Eunuque , attendri &
touché de compafiion , la mettre aveuglément à la volonté
lailfa allercroyant d'ailleurs que le Roi, quand il
;
duRoi. Encore un coup, quelle exécrable Théo-
auroit cuvé fon vin , feroit grâce à cette condam-
logie !

née , parce qu'il l'aimoit beaucoup. Le Monar- "Cha-Abas Second régna environ vingt-quatre
que s'étant éveillé à l'Eumique s'il a
, demande ans, &
fit pendant ce tems-là plufieursaflionsfem-

liiivi fes ordres &


le Minillre répondant qu'il blables à ccUes que vous avez vu jugeons de là fi ;

avoit cru en devoir difl'erer


;

l'exécution , le Roi s'en fon Adminiftration rendoit fes Sujets heureux, &
s'il meritoit aa'on lui obéît comme à Tlieu. Ce
trouva tellement oflTenfé, que fur le champ il fit
brûler le Chef des Eunuques , et pardonna â la Prince, qui n avoit point dégénéré pour l'yvrogne-
femme. rie, mourut d'une inflammation de gorge, ce qui
LaTirannie efl; detcftable par -tout: mais cette
étoit le fi-uit d'une grande débauche de table.

violence des Rois de Perfe a quelque chofe de Ainfi on peut le compter entre lesvittimes de Bac-
monftrueux. Que des Princes , ufurpateurs des chus: car ce Dieu a eu d'illuttres AfcrtjTJ- , ne lùt-
Droits de Dieu , entreprennent d'affujettir les ce que le fameux Alexandre , qui, après avoir, en
&
Ames , de foiimettre les Confeienees à leur pou- douze Campagnes , conquis une bonne partie
voir arbitraire , c'elt ce qui n'arrive que trop fou- de rUnivers , s'immola à fa gloire , aiant bu fi
vent ; &
c'cll une injulfice criante , que les gens de copieufement à Babylone, qu'il en creva.
bon-fens &
de probité ne fauroient affei déplorer. Cha-Abas II. a eu pour Succeffeur Cha-Sephi IL
fon
SUR LA PERSE. 73
fon fils. La manière dont on s'y prit pour affer- ble, ils s'aviferent d'an expédient, qui, pour n'être
mir la vie iSj la Couronne de ce Monarque, ett point de leur reffort , n'en étoit pas moins plai-
touE-à-fait finguliere; le récit doit en faire plai- & fant, ni moins heureufcment inventé.
fir auLetlcur qui ne la fait pas : j'infère donc fouHre en même tems La Perfe , dirent-ils ,

ici lanarration d'un fait i\ rare, conféquenament &


maladie du Roi , & une deux maux effentiels ; la
très-digne de votre curiofité. donc la vraye caufe de h grande cherté: quelle eft
maladie du Roi ? c'eft que les Aiirologues n'ont
Ciia-Sephi II. qui naturellement n'étoir pas d'une
fanté fort vigoureufe , tomba dangereufement ma- pas fu trouver l'heure favorable pour le Couronne-
lade dès qu'il fut fur le Trône. Quand un tel ac- ment du Roi. La confequence étoit admirable,
cident arrive , la coutume veut que tous les Grans comme vous voyez: mais que ne fait-on point ac-
du Royaume & les Gouverneurs des Provinces croire aux Sots Ces Médecins donc fâchez de , !
,

des qu'ils favent le Monarque en péril, envoyeur fe voir ainfi difgraciez , & fe vantant d'en favoir
à la Cour une Oifrande pécuniaire , chacun fuî- pour le moins autant que les Maîtres dans la Scien-
vant fcs forces ou fa generolité. Ce font ordi-
nairement des efpèces d'or aulfi mec-on ces pre-
fens dans un ballin d'or enrichi de pierreries
:

;
ce de l'Avenir, n'avoient-ils pas raifon fur un point?
Le Médecin &
l'Aftrologue Ibnt tous deux Devins
de proféffion ; tous deux fort fujets à fe tromper ;
î
puis on le fait palTer trois fois fur la tête du l'un & l'autre bâtiirent fur le hazard la différen- :

Monarque ; & , comme li c'étoit un Sacrement, ce , c'etl que l'Afirologue ne fait que dire , au
on prononce, pour la forme, ces paroles mifte- lieu que le Médecin agit, dont trop fouvent mal
rieufes &
auxquelles ne doutons pas qu'ils n'at-
, en prend à notre pauvre KXpèce. Ces Médecins
tribuent une vertu furnaturelle : datcha bacbèna Perfans, fe piquant donc auili d'AftroIogie , s'of-
cQurbon olfon; cell-à-dire, Cet argent- là eft facr't' frirentde prouver au Roi qu'on ne lui avoic
fié pour la fauté iie la tête du Roi. Si ce précieux pas marque le bon moment pour prendre poflef-
remède opère, fi le Prince cchape à la mort, & iion du Trône & qu'il falloit pour recouvrer
;

recouvre fanté, on diflribué ces offrandes aux


la fa fanté &
remettre l'abondance dans fon Royaume,
pauvres , à quni ie Monarque guéri toute fa & recommencer à une heure plus heureufe la Céré-
Maifon ajoutent beaucoup de ch;iritez mais fi la : monie de Vîntrôjiifatioii ; même que Sa Ma- &
maladie met Monarque au tombeau
le on fe ,
'

jette devoit prendre un autre nom. Le Monar-


croit difpenfé de remercier Dieu ou de le glori- , que &
fon Confeil ayant goûté la propoUtion,
fier par une bonne œuvrt.- les pauvres n'ont rien à ; les Médecins &
les Allrologues , s'érant unis,
prétendre; on ferre fort bien la monnoye facrée, attendirent , pour l'exécution du Projet , le pre-
& on en groHit le Trefor. Cependant la tête du mier jour malheureux , qui , félon leur fcicncc,
Succeffeur n'auroit peut-être, pas moins befoin,
dans le Moral, de ce remède externe qu'il étoit
neceiïaire au défunt dans le genre Phyfique.
,

Mais
,
devoit être fuivi d'une bonne heure.
Le malin de ce jour-là, un homme qui fe difoit
du fang des anciens Rois, fut placé fur un Trône;
U
continuons. & il avoit le dos appuyé contre une figure de bois
Le lo. d'Août 1667. le mal augmenta extraordi- qui le rcprefentoit au naturel jouant là le Per- :

nairement } &
fa violence fut telle, que, par l'Ar- fonnage de Monarque , les Grans vcnoient en
rêt d'tfculape , le malade fut condamne à ne pas foule aux piez de ce Phantôme de Souveraineté:
voir le lendemain. Tous les Grans de la Cour, ils lui rendoient leurs hommages; ils recevoient fes

fur cette terrible fentence , allèrent vilîter la Mof- ordres ; enfin , pour le refpeéf , pour la foumif-
quée de Babarou, Kglife hors la ville; ils deman- fion, pour la complaifance, fur-tout pour la tla- &
dèrent fervemment à Dieu
rifon miraculeufe dcce Prince;
au Prophète la gué- &
&
pour rendre leurs le Rôle de Courtifans.
terie, ces Seigneurs foûtenoient, en bons Adeurs,
l
vœux plus efficaces , ils fe cotiferent tous pour La Comédie fut courte; !e Règne de ce Prin- &
donner une groiî'e fomme aux pauvres. Le jour ce du vieux fang ne dura que jufqu'à l'heure /-rtî-
fuivanc on ordonna à tous les Chrétiens Arméniens pice, qui effeiSivement arriva vers le foir , la- &
de prier Dieu pour la fanté du Roi ; &
immanquable car , fuivant qu'on en ils allèrent quelle étoit :

tous, tant Clergé que le Peuple, faire leurs priè-


le convenu un peu avant le Soleil couché un étoit ,

res au bord d'un b'ieuve ; envoyant auffi cinquante Oflicier de la Cour vint par derrière couper la tête 1

des plus groHés pièces de la Monnoye d'or , afin à la figure de bois & un coup de fabre mit à bas ,

qu'on les palîàt topïquement & religieufement fur toute la grandeur du faux Roi qui fe levanE ,

la tête du malade. Mais comme l'offrande étoit promptement s'enfuit à toutes jambes. Au même mo-
immonde, on n'appliqua pas le remède avec les mê- ment le Monarque réel parut dans la fale du fpedacle
mes paroles que celui des Seigneurs
, on fe con- tragi-comique Si après qu'on lui eut mis fur la
: ;

tenta de dire, Beraite Saddttk , deflitié pour au- têie le bonnet de Sophî , qui tient lieu de Cou-'
mônes. ronne, il s'affit furie Trône ;oi;i changeant de nom,
Le Roiquelques jours après fat hors de danger ; comme l'Ordonnance Affrologique le portoit, il fe
& il ne demander fi les pauvres en bé-
faut pas déclara Cha-Soliman. Cette IVlommerie ridicule
nirent le Ciel mais ce n'ctoit pas ailez î
; il s'a- & fe fit au bruit des tambours , des trompettes , des
giifoit de rétablir le Monarque dans une fanté par- acclamations; (k. on n'y omit pas la moindre cir-
faite. Comme il étoit toujours languillant , & que conllance du Cérémonial de la vraye Introtiifatiou.
fes Médecins n'avoient pu julqu' alors découvrir la Ce jeu-là étoit abfolument neceffaire pour obéir
fource du mal , cela lui fit croire que leur ignoran- à la Loi , qui vouloit que pour changer de nom &
ce empêchoir fon rétabliflement il en fit châ- ; & prendre de nouveau poffeflion du Trône , le Roi
tier quelques-uns, dont tout le crime étoit d'avoir eût chailé un Prince qui, fur quelques prétentions,
fait de leur mieux. Leurs Confrères , voyant auroit ofé l'ufurper: ce fut par cet endroit-là qu'on
qu'il n'y faifoit pas bon pour eux , puifquc leur choifit un homme qui fe vantoît d'être defcendu
Tatimt étoit un Maître qui puniflbit l'impoffi- des anciens Rois de Perfe , qui de plus étoit & il
Tom. y. y d'une

i
74 S E C. D
I S S E T. R SUR LA PERSE.
d'une autre Religion que la dominante. Depuis lesMortels , il n'eft point de Scène fi extravagante
ce tems-là la faute du Monarque s'étant fortifiée, dont leur fotte &
folle crédulité ne puilïe fournir

& les vivres aiant baiiië de prix, les Medecinsren- l'argument & le fujet!

trerent en crédit ; &


tous les Allrologues furent Au refte , fi ll^eure frofice avoit influé fur la

difgraciez,:! la referve de deux ou trois qu'on jugea Machine organique du nouveau Soliman , elle n'a-
les plus capables. voit rien produit de bon dans fon efprit touchant
Ainfi les Médecins gagnèrent leur procès con- les devoirs & les fondions de fa Dignité. Ce Mo-
tre les Afli-ologues pas un chez les Grans
:
les & narque , fe donnant prcfque tout entier au plaifir,
petits qui ne crutde bonne foi que lesDocîeurs en fe repofoic de tout fort tranquillement fur fes Mi-

Avenir ne favoient pas leur métier & que les ; niltres , & ne leur parlant môme que rarement,

Difcipes d'EfcuIape Hivoienc autre chofe que rai- ce n'étoit pas lui proprement qui regnoit , il ne
fonner fur le dérangement du Corps Humain. faifoit que prêter fon nom & fon autorité. Cha-
D'ailleurs tout le Royaume fut perfuadé que le
,
Soliman, enfermé fouvent douze ou quinze jours
rétablifTemenr du Monarque, &
la diminution dans fon Serrail gouvernoit fes Femmes , ou plu-
,

de la cherté étoient les efièis de la prétendue heu- tôt fes Femmes le gouvernoient pendant que
;

re fa-uorable. Cependant, il ne fe peut rien de de pauvres fujeis opprimez par les Dépofitaires &
plus abfurde; &
il ne faut qu'un grainde bon-fens
les Difpenfateurs du pouvoir fuprème languilîoienc ,

pour s'en convaincre: car enfin, ce jeu du faux après fa préfence pour lui faire leurs plaintes.
Ufurpateur &
de la figure de bois pouvoit fe faire Mais c'en ett aiîéz, & même trop fur l'Hifloire des
en tout tems ; il auroit toujours eu infailliblement Rois de Perfe, dont on va donner la Succeffion
le même fuccès ; & confequemment la recherche Généalogique, fuivie de la Chronologie Hillorique
du moment heureux étoic une împoilure , une de leur Règne, Apres quoi nous parlerons en gé-
tharlatanerie manifellc : tant il eft vrai que chex néral de la Nation, telle qu'elle eft à préfent.

Sk^^^lX^'êi

suc.
l-(

^t
y^ i

ri. . .1]

A^'' '

il

:",<

1 il:
-

kSuccEssio^ DES Rois de Perse anciei^.'^

: SaRBARA

r
AdES
)ESEE..^ Siao]

l5DI&EE.i IpEEO^ËT]: IhoBJ!


"^f,."' *" V3- H .''

|"VA.EANE5 I.SUIG-EE- \'À.RA^ES ^APOE,, IAetaxee


V. DES . mi. III. i XES.

J "Varans s Varanes T^AïtSE S .


I I
Hormis --
1 . _ |
S apor
II. ni. DATES II. n™^ II.
^9 4- 3'"^
3£1^ L_

-|"Vara"NI,s Hormis --

Sapor. Artaxa=
DATE 5.
2 73- iT3.
ÎJou.A^el Empire d.e8 Perles en Orient jpar Artaxares
1SEC0î1XII = I
OCHUS. I_Jamaxe
Ae, TAXER: ArTAXER^
(mm XE5 II ^J XES III.
1 t

''^^ AN. ^H , ,

Darius Oropas
\^y XeRXE s —J ArTAXER; -_j XEEX.E TES
H HISTASPES o^x
5MEE.DIS t

^481 .

Brandie (le.s premiers Rois île Perle.


Cl
lan Al

Remarque Historique. PE
•^ Ljmpti^ è&sK^^yéT^SdJ etoit adtt-m /ou oeojicûup puis ^^nûu/
a'UC'C4i aue nûnj cen'notjjon^ ajucu/rv niu^ Jouâ C£- Tu^nj. ^<:=dJtJte'n/

tn. a-u. iZ eùù ùj ôor7t£,s oTie'


.
nouj ùu^ von/ntmj eàùn^ cette' Levr^/.

C Jù eM: ce'tai-fc OTu^ les v_>tOT^ o& Q-V'^'/^f d- ont: miet^mc' /ou
/eu;
'cuftuj tczitC' c \L''i/ie- a. ùu/r >;^^at>ttnatumj .t..A..,e^vc&â^Aio

/utjua. fO^tfte -touttt C


'.
^rUL^^Ze^. ï-i^ra^ ensuite- àam^ Ut^ C/r-eds' CÏ

v^v^ ne- /omI' àeru> yp^a^ -rv-nps^r-fno'f- l (j?f?ijpi/r& ûCd tiJ^^e,.

&7ttr^ la, tzJtUta,7ze- à. t CJcciàe^tC, ùl-\. Ja-r-tnie' aa^ fn^ee^tentrûm/,

ia, ùa/rm^x/n^e/ à. C Ori^-nù, CX/ Le/ go^eS-.^^/e^-^q'ue' aw /TZcàz/.

aut/^mt les 'born&s otlotl. ûic

a ncLe'nJ'-<~iyCoi.i d^ '^Ja-rfé' fm^o^ant &«?-

3-t''
S7Î. ^ir ia, Caj^lùlCe.

/ I 11
L-TCiPi r^ C^MTV'mo- â
le- Tuar-q^ue/ 3ûr-aSon/ ^^^/tA/ JCV. .

lu^au'a ce aue- Za,^^i/e^t~/é' toTnéa, /ouâ Ut, £iom^7ï.titi,oTV àej


. .

%\

DERNES, DEPUIS CyRUS JUSQU'A PRESENT.


C& à^r7t4erÇlA.(V île — 'e7'/e
Sehac Sehac Sehac Sehac
^SoPHI II, AbaS II. ^SlSMAEL II
jé^2 i66'8 .
OSSËM. .frêne. M emmto- aivi^J^f

SXHAC Sehac Hemie- lSehac Sehac


SoPHI Abas . Hemsse. Mehemet. ISMAEL

Ha&me
L&MEC= Aluvam: I
Mo BAT, SoPHI Sehac
^^
n
I

BEC . BEC . I5MAEE. Tamas


J4-S9

Rostam, BlAZAN: lACUP Cal IF.


CHioBZEtl,;;;
^^«3
&OR., VAL Cas s an
'^\
.

^4 79 -140 a
Priixces delà laction ivcEelier 1?laiTC

1
COIiAISSLIF,
^.^7.
.

Princes ie
. .
Amis can
DAIL.

la, l'action
--


_.

3.ix
loOîfCHA.
^433-
Beli er iioir ,
lAcENHALI
s>
AMER=MOCCOTO.Ms^I,IMAN.UKtJTLU |l>l =

MET. ^.
E.ois Taj-tai-es

~1
TOGUE MeliE I5ae,cia = G-ELAL
-

_yj
Afi-S LAN SHAH. E.UK. . a« OdiEL . w^
Branclie des Ttircs E.oi,s de Pel-re .

Remarque Historique .

atint f^yriùS a. été ie prv^fm^^ &/ •:^éyartuj ù.^e'mie'r-: /aTcn/rde


pui^ l am^ ûtù mmwe jaùS. ja^an, a. l an, -jSôc .

\^ ''ïiéiva/>7cr& j e/L sta-Tiù &^£é^ refiàu. maître, c^

ùa/ g4ie'r-r& àted ,!i:z^Ca.r^ne<i . "ûràwan aïO' e/n- etût£~

.Jim. a^ant ete- Tat^ncii t>a^i~.^.-i/rta.pcifrt^, ^7weùn£ u/n^^îyrim€^ Ûr-zi

^^z^riini& yfe tff^>teya,n,t JaTid \}.JCi3V'éc /a^ru àe



c/
jewe e£^ . re^Uirzi. fôuj la, istuddo/n^ie' àeé Czy^^T&f , ^ent C
ut remcntveCù^ l a'n, àe- 1 Orff jni/U^twr^' 33^ ^-^^ V^ZJ- 1

C'&feconé Otat àtM^v ^la ana /trué XXVI. *.JCin4 Cûntr.. VrtxKxc
. ,

.uL/nMits tO-^-^e^e -va^à, au, wojivmf ûe^^-3^a/r-raz^^^i .


f ^
•cMué Ù^kHi-ti:^ j'en rem&r^nt mattrej ia>nioîS .Sz-v eitrentrlX ^.^^(tTLs .,

^gif <cJa^^a/r^d y -r-^.fief-emi^


V am-
c

t/at^a/rej Sc-vainoTiit ùs Z^/rcd


7X â
factum. àiù,.
1 1
U-r^-

ît\

\r
I
, ,

Pag. 7f
m'.J
CHRONOLOGIE HISTORIQUE DES ANCIENS ROIS DE PERSE,
(

Avec des Remarques fur l'Hiftoire de leurs Reo-nes.

Monde.
3468. CYRUS, QE Prince , pnr la tiuman des ART A XERXES L fut ilkillre par h douceUr de
il cûinmandoit dt/iuis deux Royaumes des Perfes & "^'^'''Eongue-main. I
fon efptit.S; par U grandeur de
14, uns Ici Armées desMèdes , devine \e fondai fdrce ^u'il avait I.1 fon courage. Il régna 49.-ans,Bi
de fin Père i^ defin laMonarchie dt l'Critni. Ce fut main droite plus lon- n^iurut le même jour que fa
Oncle , lar/qui , par alors qui! permit aux Juifs de s'en fem
gue ijue l'autre.
Damafpia.
la muri dtt premiir , retourner en Judée & de rebâtir ]e Il fiiccida à fan
nommé C«mhy/e , il Temple. Ik le firent fous la con- Pire Xerx'es.
olilinl le Royaume de duite de Zorobabcl , & du Souve- XERXES 11. Ls enyvra dans une Fête , &lorf-
Per/e , cJ" celui des rain Prêtre Jefus ; & les plus pau- fin fils lui [uccède. J
qu'il dormoit dans fon Palais
M/des par U mari de vres d'entr'eux obtinrent quelque
_
, il
tut tué par fon frère
Cyaxar'es frtrs ''• Secoadian.
gratification pour faite ce voyage.
Mandant /a M'en, SECONDIAN 1
L ne régna que fept mois. II fut
JL mourut âgé de
79. ans, après amrtmeni Sogdian. abandonné des liens, &fonftère
en avoir tenu 7. la Monarchie de
Ochus régna en fa place.
tout l'Orient. On dit qu'ayant été
défaitpar Thomyris , Reine des OCHUS I
Lrégna feul après la mort de Si
MaiTagères. il éprouva le reiTenii- U-
ment de cette PrincelTe , dont il
appelé Darius le
n-rd, parce tju
condian , &
mourut apiès avoir
iUhan- ïegné dis-neuf ans.
avoit un peu auparavant vaincule geafonnom.
fils, nommé Spargapife. ARTAXERXES
II.
QE Prince, à l'imitation deCam-
CAMBYSE (^Ambyfe régna ans & mois, dit Mnemon
byfe , fit éeorcher tout vifs des
fatùdn À Ion Pir
7. 7.
grande
o> de corrompus,
les fit couvrir de&
Mémoire , peau les Tribunaux oii ils ju-
r
Cyrui la même an cMerdis, autre fils de Cyrus, eut r'igna quaraaie-ireii geoient , afin que les autres Juges
nie de fa mon. le gouvernement de l'Arménie
eunent toujours devant les yeux le
&: de la Médic. il défit dans la fupplice préparé pour ceuxquiad-
Bataille de Cunaxa
OROPASTES
anlefa»^
QE Ma^e fut tué cinq mois après Cyrus [an frère, Cou-
miniflrent mal la Jultice.

SMEROrS
fon ufurpaiion.par fept Seigneurs
qui acoicnr confpiré contre lui. 9"'
de laLydi
fiolii
Q Cbus fait
, fon fils légitime ,

tuer Arfamès . quefonPè-


aiant
ajurpa le B-cyiiUme. Hérodote les nomme Oian'ti, Hi- -- avoji
darnes , Mégabife , Uobrias, Afpa- qu'il
eu d'une Maltreiïe ,
aimoit extrêmement, Arta-
&
lin'es, imafherrûs, o- Darius. xerxès mourut de douleur ,
après
DARIUS dit r)ês le commencement delon rè-
ivoir apris la mort de ce
imc. Ochus fut falué Roi
fils bien-

HYSTASPES. gne Il épouli AïolTe , fille de après


«". 'i" 7- Seigneur Cyrus, veuvedeCanibyfe.ôid'un
a mort de fon Père ,
fe fit &
nommer, comme lui, Ariaxerxès,
Mage qu'elle avoii époulé depuis.
U entra dans ce Mariage un peu de ARTAXERXES jl^ Près
avoirrègnéij.ans.i! tom-
Politique. Darius voulut infinuer m. ba malade, ayant été empoifon-
par \ï que Royaume ne tomboit dit Ochus rigna
I né par ordre d'un Médecin. Va
pas entre ks mains d'un Etranger,
certam Bagoas , qui fil lecoup.S;
mais qu'il reniroit au contraire tlfuhjugua ty dé qui avoit tout pouvoir dans
dans la famille de Cyrus. les
Cette , 'a toute l'Egypte ées du Rot de Perfe
virdu Stltil ilt Princcffe infpira à Darius ledelîéin
pour ,
pilla Us Temples u vanger les outrages faits par Aria-
ttriitnt à cheval , ty de conquérir la Grèce. Pour cet en emporta leui le. xerxès dans l'Egypte fon Païs
ijue celui-là /ersil rt- efFet, il ordonna à quinze des plus , fit
Livres de Science tT mourir tous les enfans de cePrin-
cannit pour Roi , dam grans Seigneurs du Royaume , de d'Hiftoire , que Ba. ce, à l'exception d'Arfès , le pliu
le cheval htnniriiii It fuivre avec de bonsEquipages Dé- goas racheta par de jeune, qu'il pla^a fur k Trône,
premier. Oéhrd ,
mocédès fon Médecin K fon Favo- granditfimmes d'ar-
Ecuyir de Dariui ~ qu'il choifit pour aller recon gem. H fit des rail-
avait U fecret défai- ire les principales villes de k leries du Boeuf jipit
re ^uandilvouloil C'étoit ce Médecin qui
,
I •ce. Il Oleu des Egyptiens
hennir un chevat; il engagé la Piinceffe à inipircr
-lit
-
-lefitlacrifiiràun
fef.rvitd,fanadref. au Roi ce delTein. Sa vue ie, parce qu'on Ta-
fi pa»r favorifcr fin agiiTant ainfi , éiuii de ie fdii '" Im-méim appelé
Maître ; ainfi des conduire en fon Païs en b.
que le cheval de Da- compagnie. En efFet , quand ils
fuient tous arrivez en Grèce, qu'ils
Mages àefiendirem , eu eurent vifité les Poiîs&les Cô- ARSES
ador'irent , O' faine- tes, &
qu'ils curent même poufië ne régna que deux-
g Agoas ayant aprisque
loir
le punir de
le Roi vou-

rem Darius comme tous fes crimes,


jufqu'en Italie, Démocedès fe de. ans cr quelques mail.
Roi. Cofl i'Airue- roba adroitement à !bn Efcorte , &
prévinr, U le fitmourirlas. an-
X de fon Règne.
gagna Crotone oii éioiifa roaifon
l'HiJloired-Efihir. laiirant aux autres le foin de reti,ur-
rjOmme il ne rcftoit perfonne
ner chcï eux. Ainlî toute la de-
pour remplir Trône
penfe &
les préparatifs que fit k
nuque y mit Cadoman, filsd'Arfa-
le , l'Eu-
Ur.; de Perfe , n'aboutirent,
dit
mès , frère d'Artaxerxes. Ce Ca-
je , qu'à reconduire un Char-
doman prit ie nom de Darius,
lo.a.i en fon Pais. Danus mouruij

ayant lègné 36, ans. DARIUSIil. Ans la première Baraillequ'Ale-


dit Cadoman fui xandte préfenta à Darius, fur le
XERXES c On Armée étoit li prodigieufe défait
,

par Alexan- Granique, ce premier courut grand


fuciêdn à fin Pire "''à peine toute Grèce pou-
la dre en trois Satail- tifque de fa vie. Son cafquc s'ouvrit
Dès
les di^irentes: U d'un coup de ciraetetre ; mais par
le commence- avoir plus de deux première fur le Gra- bonheur Clitus perça de fa pertui-
•.m de fan rtgne il nille mbat- nique qui efl une
, fanne Spitridare, quialloitponerà
parla la Guerre dans Cornélius Nepos ajoiii
,
Rivière de la Phry- Alexandre un fécond coup.
U Grèce. Armée navale étoit de doùit gie: La féconde pris
Il U lit a<,f, aux cens Vaiifeaux longs de deux & d'iffus , ville de Ci- F) Ans la féconde , que Darius pré-
Bgyptie»squis-éioient mille VailTeaux de cliarge. Tout liae fur la Midi,
, fenta à Alexandre près d'Ifl'us,
revallei, contre lui. Grèce , d'où Xerxès
cela périt en
rerranee: c/ la iroi- ce Roi de Perfe perdit tout fon ba-
futlui-même obligé de s'enfuir A r bel-
comme un miférable , après avoir
Jiimt pris d' gage, &
toute fa famille , favoir,
le , ville dt l'jijjy Sifigambii
, fa Mère , Staiire , fa
vaincu par les Grecs près de
femme, fes deux filles, 6i fon fils
Salamine. 11 fut tué
dans fon lit Ochus , qui avoit pas encore fix
Attabane Capitaine defcsGat-
ans. Alexandre les alla villtet dans
11 a lègnéu. ans.
teurtente, lesconfola, &kut pat-
laavec beaucoup derefpeâ,

yfï
, 1

.-i^^^—

~G H RO N O L OGIE DES ROIS DE PERSE,


Depuis l'EtablilTcniEnt àc leur Nouvel Empire.

Il ne rigna que quatre T) An! la derrière , qu'Alexandre 483. HOBA LAS


pTcretita à Darius, près d'Arbel- frère d' IJdiscrdis r'egn

Ea périjpini . H fit
jc, ce dernier fut détail fans relTuur-
Ma- ce. Il prit la ftite îi fe jetta entre
avec Im la ,
finir
narchic dei Perfei ,
qui Ifs bras de BelTus , Gouverneur de la CABADES n E Prince fut violent & (oible. Il
Baftriane. Mais ce perfide le tii pri- ch^fié l-on^iime an donna nue Loi qui permeitoit d'u-
fonoief. Si puis le tua. dtfanrlgn,. fer indifFéi
11 régna detecbcf après Zamaf-
A Infi t ZAMASPHES
fils de Piresis régna .

r\ E la raïne de la Wonarcliie des CHOSROES


'-'perles, on vit naître la III. Mo- ri^na 48. ans.
narchie Ancienne qui fut celle des
,

Grecs , en lï petfonne d'Alexandre HORMISDA, A Gailiias, qui nous a donné cette


tgna i^.ani. * Chronologie des Rois de Perfe,
dont on a p^rle ci-devant.
ne met point les années de Hormif-
ARTAXARES C^ PnVe. qui étoit otiginaire de da ,
pane qu'il travailloit à fon Hif-
eu A R T A X E RXES 1
Petle , ayant vaincu 6c lue Aria- loire durant le règne de ce Prince.
"èsna quatorze ans c^ ,
ban Roi des Panhes , fit rentter la
,

- Fanhic fous la l-uiffance des Perfes,


dont il fefit Roi jeita ainfi les
, & CHOSROES H.
fondemens de cenouve! Empire, l'an re^na 39. ans.
iiû. de l'Ere vulgaire. Ce Royau-
me des Prr/fi Siconds a duré 4ii. an SIROES
fous XXVII. Rois, dont le premier eft
Anasaiès, Se le dernier Hormifda II.
qui IcsSarraiinsotàent le Roy; ADESER
& la vie l'an Û47' fils de Sir ois r'egaa 7,

S APOR SARBARAZAS
r'igna-ii.an.
Cl fui lui qui prit
prifinnier l-lim^,reur
VaUritn,qu ilfil icerchtr
BORANE
jîtfe de Chofrch
if-

HORMISDATES
HORMISDAII. I L fut pris par les Sarraiins, qui le

VARANES nommé far qutiques-ut dépouillèrent de fon Royaume ie &


Ifdigtrdh III. régna 1 firent mourir.

VARANES II.
La Perfe demeura durant 391. an fous la domination
rlgnu 17. am.
XVI 1. Sultans, qui régnèrent de luiie avec une puitlar
fouveraine,
VARANES m.
Enfuite elle tomba fous la puilTances des Turcs.
fgna que quatre men.

NARSES TOGRUL-BEG,
fertî du Turkijlan avec
r'igm 7. a»!.
pmjfante Armêt ,
Bagdat.que TogrulBeg prit de

HORMISDATES I en Perfe , dam il force, & obligea le Calif Cajem . ,

W. r'egaa 7. «ai cr 5.
fit la conquhe , c rè- s'y étoit auffi enfermé, de lui donner
duifit à l'extrémité les
'
qualité de Sultan,
Sultans de la Maifin
Biivia qui rtg7iei( en
SAPOR II.
Perfe.
,

_ . 70. -«.. n fut


dcdaré Roi itam into-
dans le fein dt jt
OLUT-ARSL AN r\E h Famille de ce Prince forti-
fuccéda à /on Oncle reni plufieurs branches , qui for-
Tùgriil-Beg ; mail H mèrent autant de Principauté! fousun
foulja plus loin fis Con- qui tenoit ordinairement
feul Sultan
ARTAXERXES '
s , u- te rendit
,

fa Cour en Perfe , ou dans le Cora-


ffere de Safur régna 4
ire de la haine Afie. fan. C'eft de là , que fonirent !ei
Sulians d'Alep, de Damas , de Cogn.

SAPOR m. ou JcDniam &


plufieurs autres petits
,

Princes que les Hifloriens confon-


,
fiU
dent fous le titre de Jures de &
Seudaai.

MELtC-SHAH
futiêda kfon P'eriqu'U
ruk fe faifit de Bagdat , & fut 1

ISDTGERDES f^ E fut à ce I

'-^Aicadius en
fis de Safor figna il.
la pciionne & |i iARCIARUK.

VARANES V.
104. ;GELALODUL I L fut chaire par Mahomet frère de
;Gaialédin âgé li , Barciaruk.
fils à'ifdigerdes r^gna
10- ans. y ans, fuceida à fm
Pin.
ISDIGERDES II.
MAHOMET.
fili Je V.iranit , régna
ans a-
A H MU D.
11- ^. mais.
'M
PER02ES KUTLU-MUSA.
rignn 14. ans. Les Huns
Ufirm férir.
SOLIMAN fL futcbaffédePerfeparlesTartares,
/iittérf» kfon Pire. Bî fc retira dans l'Afic Mineure.
CHRONOLOGIEDESROIS DEPERSE, 77

Durant la Domination des Tartares.

La Perfe tombe fous !a pu!0ance des Rois de Perfe de la Fanion du Bélier Blanc.
Tartares. USSUM-CASSAN
rigna 9. ans.

OCCOTO CALIF
fl"j du Tariarei rigni
fur la FerfE.

JACUP-CHIORZ- IL fut empoifonné pit Ta femme;


TAMERLAN, CE
Prince, avec une
dit Armée prodi-
EIVAL
la Terreur de l'Univers, gieiife de Tartares , entra dans la
défir deux cens & Turcs. [on frire Agna 13. a:
a conquête de la Perfe raille

Perfe.
DAjaieth, qui les commandoit, fut BIAZANGOR
"fait prifonniet, & Tamerlan le fit
enfermer dans une cage de fer,
comme une BÈte féroce, pour en di- ROSTAM.,
vertir fes Courtifans. Bajaieihs'y tua-
de dcfefpoir.
HAGMECBEC I L étoit fils d'Orgolu , &
fut maffa.
çxé par trois de fes Capitaines.

SHCcetTeurs de Tamerlan , de la Se6te de Maho-


ALUVAMDEC I L étoit de la Famille dTJITum-Caf-
met, & du Parti nomme la Fanion du *fan.
Bélier Noir.
MORAT Tigna ij.
J
L étoit fils de Jacup & fut chaflï.

CO R A UF T L Babylone fur Sultan Hel-


r\aa i6.am.
I S S
com.
prit le

SOPHI ISMAEL JL étoit de la Famille d'UlTam-Caf-


à\
\\
r-ignai.-i.arii.

AMISCANDAR I
L Fut affaffiné par fon frère.
SCHAC-TAMAS
fin^isrigna ii..ans.
[m fils rigna 38. ans,

SCHAC-ISMAEL L égorgea 8. de fes frères . & fiât


JOONCHA r L alfadina fon itère pour lui fuc-
fi>ifrWtr^gn,,l..an!.
I
empoifonné par fa fœur Peria,
céder.

SCHAC-MEHE- X fils de Godabenda.

ACEN-HALI IL fut tué comme fon Père , par


MET
rt^na 7, arts.
fcnfili ri^M «a an 'ufium-CalTan de la Fai-litn du siliir
SUnc qui règne encore aujourd'hui. EMIR-HEMSSE T L fut égorgé par fon BarbicrJ
'li rigna 7. mm.
SCHAC-ABASj I L égorgea fon fils Soplù-Miiia , pour
rcgna 49. ans. élever fon petit-fils.

SCHAC-SOPHI

SCHAC-SOPHI
fmfih.

SCHAC-ABASII.
SCHAC-ISMAEL II.
rigTia iS. an,.

I
L
envoya en 1714. une Ambafiadt
^ foieinnelle à Lnuls XIV. Roi de
France. L'Ambalfadeur fe nommoit
Mehcmei Riz,a Beg,

PARTICULARITEZ CURIEUSES gneurs de fa Cour , le fit égorger impitoyable-


ment ,
pour élever fon fur le Trône. petic-fils

11 paya cher car l'Hiltoire remar-


fa barbarie ;
Touchant le Couronnement,
que qu'il fut livré à des remors cuilans , qui le
tourmentèrent jufqu'à fa mort encore plus cruelle-
L' autorité , & le pouvoir des Rois de Perfe. ment que n'avoit fait fa jaloufie.
Cette folicudc dans laquelle les Princes de

LA jaloufie de l'autorité eft


Rois de Pcriè , que dans la crainte qu'ils
fi grande parmi les Perfe font élevez , eit caufe non-feulement que
ces Rois font ordinairement fort ignorans , mais
1
ont que leurs EnFatis ne foient regardez des encore qu'ils font gouvernez toute leur vie par
Grands de meilleur œil qu'eux-mêmes , il les font les Eunuques à qui on a confié le foin de leur
élever dans le Serrail , où ils demeurent jufqu'à k jeunefie. Car quand ils fortent du Serrail pour
mort de leurs Pères , élevez au milieu des fem- être faluez Rois , ils n'ont encore rien vu , tout
mes , &
d'une manière très-peu convenable au eft nouveau pour eux , il n'eft pas furprenant &
rang auquel ils font dcflincz. On trouve une que ceux qui les ont élevez confcrvent fur leur ef- '
ï
preuve de cette jaloufie dans l'acirlon dénaturée de prit l'afcendant que le tems fie l'habitude leur ont
Schac-Abas I. qui , ayant remarqué que fon fils fiir prendre.
Mirza étoit regardé favorablement des grands Sei- La Cérémonie de leur Couronnement eft fort
Tom. l^. X fîm-l

i.

V V

i
M
,

:f^-_

CHRONOLOGIE DES ROISDEPERSE.


chemin depuis le Palais Royal
fimple. Mr. Tavcrnier dans fon Voyage de Perfe de faire couvrir le ,

jufqu'à fa maifon , de riches Tapis de brocard d'or


Liv. V. die que quand ur. Prince fort du
Serrailaux

inlHnccs qu'on lui en fait en lui annonçant la


mort & d'argent, qui occupent un côté de la rue, l'autre
a terre a la étant iemé de fleurs félon la faifon. Ses Domelliques
de fon Pcre , il fc jette ordinairement
porte du Haram , &s'étant enfuite aflis fui" les ta- & Officiers font en baye le long de l'avenue ^tenant
envoyez, ceint le chacun une pièce du préfent que leur Maître doit
lons , on de ceux qui lui ont été
ces pa- faire au Roi , qui conflftc en étoffes , en vaiflelles
fabre à celui qui eft faloc Roi, en lui difant
en harnois dechevaux&enargentmonnoyé. Quand
^u'tlplaifeh Fèire Majeflé de Je fouvemr
que
roles:
le Prince an'ive , on jette à tes piez quelques mille
fan EfcU-ue a eu l'homear de lui ceindre ce fahre.
pour aller ftiire fonner livres en or Sc en argent monnoyc,
Enfuite de quoi il fe retire
Trompettes & les Tambours , fcion la coiltu- La falle oïl le Roi efl: introduit eftcouverted'une
les
trouve dans un Voyage plus nou- magnifique collation , on attend un dîiîcr fplendi-
me. Mais je
veau , que le Roi qui doit être inftallé ,
eft aflis de, & la fête dure 24. heures.

garni de pierreries £c haut Les Titres qu'on leur donne font les plus pom-
fur un Tabouret d'or ,
,

de trois picz , &qu'alors on met fur la tète un


lui peux que l'on puiffe imaginer ; &
comme fî l'éten-
due de leur pouvoir devoit fe mefurer fur celle de
Bonnet ou Couronne qui efl: la marque de fa nou-
qu'on nefefercpomtdechai- leurs titres , ils pouflent leur autorité jufqu'à faire
velle dignité-, en forte
Cérémonie feulement. exécuter les plus violentes ôc les plus extravagan'
fes en Pcrfe , qu'en cette
tes réfolutions.
Quand un grand Seigneur traite le Roi, il a foin

TROI-

TROISIEME DISSERTATION \ .
-1

SUR il
\

LA PERSE. ïE Païs en général eft aride, Itérile il fait des vents comme au Prîntems. En Eté,
§ \

y
i

P& peu habité. La douïiéme par- dans le païs dont nous parlons, les nuits font d'en-
t rfe n'ell pas cultivée. C'ell au Midi fur- viron dix heures , &
il y a peu de Crépufcule; ce
p tout qu'il manque & de
d'habitans qui joint à la fraîcheur confiante des nuits modère
\ culture, & qu'il s'y trouvedegrands la grande chaleur du jour.

'dererts. Le manque d'eau eft la A lire les anciens Auteurs , fur-tout Arîatl
caufe de cette lîérilité ; car par-tout oi!i il s'en & Quinte-Curce, fur le luxe, la molelfe &
les

trouve abondamment , le terroir e/l fertile & richelfes des anciens Pcrfans , on ell furpris que

agréable. A l'égard du manque d'habitans, il efl l'idée qu'ils en donnent foit Ci peu conforme à ce

caufé d'un côté par l'étendue démefurée de ce


païs , &
de l'autre par le Gouvernement arbi-
traire qu'on y exerce. Ce Royaume étant auffi
qu'on y voit aujourd'hui. On ne peut pourtant
pas douter que la Perfe n'ait été un païs des plus
fomptueux, &: des plus opulens del'Univers. Mais
Il
valie on peut aifément juger que l'air y elt
,
auffi deux raifons ont été la caufe de ce changement:
fort différent, fuivant la fituation de chaque pais. L'une la différence de la Religion , &
l'autre cel-
le du Gouvernement. Les anciens Perfans étoienc
En effet au iVlidi, il n'y a point d'Hiver,^ à l'ex-

tremilé opofée il y a peu d'Eté ; ce qui juftifie cet-


te parole du jeune Cirus dans Xenophon
Royaume de mon Père,
Le
dit-il, eft fi grand qu'on
:
Ignicoles, c'eft-à-dire, Adorateurs du feu : ce qui
les engageoit à cultiver la terre , parce que
c'étoit une adion pieufe &
méritoire , félon leur
I f!

ne peut durer du froid à un bout , ni du chaud à Religion, de planter des arbres , de défricher un
l'autre. 11 eft fec par-tout où il elt froid ,
mais il champ &c. au lieu que la Philofophie des Maho-
n'eft pas également fec par-tout où il ert chaud. métans ne tend qu'à jouïr des chofes du monde
Il elt chaud & fec tout le long du Golfe Perlique; pendant qu'on y eft, fans s'en mettre plus en pei-
& en même tems très mal-fain ce qui fait que :
ne que d'un grand chemin par lequel on a paffe.
durant quatre mois de l'année, les Habitans de ces De même !e Gouvernement de ces anciens Peu-
Contrées fe retirent vers les montagnes. Il ell en- ples étoit beaucoup plus julle & plus égal Le
core plus mauvais , là où il ell mêlé d'humide , droit de la propriété des terres y étoit fiïr & fa-
comme le long de la Mer Cafpienne, quoique ce cré; mais à prefent le gouvernement eft defpoti-
Païs foit admirable depuis le mois d'Odobre juf- que & purement arbitraire. On peut juger du
qu'à Mai. Les grans chemins y paroiiTent des al- changement arrivé à cet égard par ce qui arriva
,

lées d'Orangers, qui bordent des parterres. On y fous le règne d' Abas le Grand il y a un peu plus
,

trouve des fruits excellens & de fort bon vin beau- , de fix vingts ans. Ce Prince, qui tendoit unique-
coup de gibier , & fur-tout d'excellent langlier. ment à rendre fon Peuple heureux & fon Etat tlo-
Mais le Peuple y eff jaune, défait, & plus languif- riifant, ayant trouvé fon Empire délabré &: apau- II;
fant qu'en aucun autre endroit. Les variations vri, entreprit de le rétablir dans fon ancien luilre.
Il amena dans fa ville Capitale une Colonie d'Ar-
communes des faifons , -à parler en général , t
font de cette forte fur-tout dans le cœur du
,
méniens, gens laborieux & indullrieux, qui n'a-
Royaume. voient rien en arrivant, &qui devinrent dans peu
L'Hiver commence en Novembre, durejuf- extrêmement riches. & Mais dès qu'Abas eut ceifé
qu'en Mars, rude &
violent, avec des glaces&: des de vivre la Perfe ceffa de prolperer. Le Peu- ,

neiges qui tombent à gros ±locons dans les monta- ple paffa peu à peu aux Indes, durant les deu^;
gnes , mais qui ne tombent pas également dans le règnes fuivans, & enfin fous celui de Soliman qui
Fais plain & uni. 11 y a des montagnes à trois commença en 1667. la richeffè & l'abondance fe
journées d'ifpahan, du coté d'Occident, où la trouvèrent beaucoup diminuées. La monnoye me-
neige dure huit mois de l'année. Depuis le mois me étoit altérée, on n'y voyoit plus de bon ar-
de Mars jufques à Mai, il règne des vents forts, gent. Les Grands apauviis écorchoient par-tout
dont l'arrivée efl une marque certaine que l'Hi- le Peuple pour avoir leur bien. Le Peuple, pour
ver eftpafîe. De Mai en Septembre l'air eff fe- fe garentir de î'opreffion des Grands , devint ex-
rein , rafraîchi par les vents quifoufHent la nuit, celfivement fourbe, &trompeur; &delàtoutesles
le foir & le matin ; & de Septembre à Novembre, mauvaifes
voyess'introduiffrent dans le commerce,
X 1 Lç

11
i'f M.
>. tl
'
»

vf
, ,

V .-,!;!

8o TROISTEMEDISSERTATÎON
lors qu'ils les voyent fortir d'un
Le fan<T àcs anciens Pcrfes eft naturellement louer les gens I

près d eux. Ils parlent ,


Us font laids , malfaits , pefans , ayant la lieu , ou palier
lurent
groffierr |

peau rude &


le teint coloré. Ce qui fe voit dans depoient faux pour le moindre mteret. Ils
1 &
le Païs des Gueùres , qui font le relie des anciens
empruntent ne rendent pomt . s ils peuvent & &
perdent rarementloccalion Lhy-
Perfans, dans les Provinces les plus proches des tromper, ils en
&
Indes. Mais dans le relie du Royaume , le fang pocrilie le deguifement leur font naturels Ils &
&
|

ell devenu très-beau, par le mélange du fang


marchent gravement. Ils font leurs prières leurs

Georffien &
Orcaf/jeu , qui ell le peuple du mon- puriBcations aux temsmarque-z, |
quoique natu- &
de ptrmi lequel on voit de plus belles perfonnes. rellement ils
ayenc de la pente à hofpitalite ,
>
à 1 &
l'humanité, ils ne laillênt pas de les afièfter , pour
Les' hommes font ordinairement hauts , droits
de belle apa- en faire paioître encore davantage.
& Ces vices ,
vermeils, vigoureux , de bon air
infeftent le commun de la Nation , ne laif-
rence. Pourl'efprit, les Perfans l'ont au fli beau qui
que !e corps. Leur imagination eft vive, prompte fent pas d'avoir
leurs exceptions. On trouve par-
& fertile ; leur mémoire aifée féconde , &
mi les Perfans de la jullice, de !a fincérité ik de la
&
yciences aux Arts pieté, autant que dans les Religions que nous croyons
beaucoup de difpofition aux , li-

béraux & mechaniques. Us en ont aulFi beau- les meilleures.

coup pour les armes. Ils aiment la


,_ gloire
_^
De tout cela il s'enfuit que les Perfans , comme
la vanité qui en clt la fiiulfe image. Leur naturel ! tous les autres habitans de la Terre, ont leur bon.
efl: pliant &
fouple; leur efpric, facile infinuant. & & leur mauvais; mais le bon prévaut , & l'em-

Leur pente à la volupté , au luxe , à la dépenfe porte de beaucoup. Ce font , dit-on , les Afia-
elt grande &
niturelle &
c'ell ce qui fait qu'ils
;
tiques avec lefquels il y a plus de plaifir à commer-
n'entendent ni l'œconomie ni le commerce. cer , &
qui entendent mieux ce qu'on appelle le
Ils font Philofophes fur les biens les & maux favoir-vivre , &
par-là ils font honte aux Na-

de la vie, fur l'efperance , & fnr la crainte de l'a- tions qui palTent chez nous pour rudes pour &
plus louable dans les mœurs grolliéres. Si l'on leur reproche quelque chofe
venir. Ce qu'i! y a de
fur la civilité c'efl d'excéder en complimens:
des Perfans , c'ell leur humanité envers les Etran- .

sers, l'accueil qu'ils leur font, laprotedlion qu'ils! défaut dont certams européens font tellemerit
leur donnent , l'hofpitaliié qu'ils exercent envers
'
foupçonnez hors de leur patrie, qu on prend quel-
eux, &
leur tolérance pour routes les Religions quefois non feulement pour de lair battu, mais
Etrangères , quoiqu'ils les croient faulTes & abo-
'
même pour des pièges, ce qu ils difent le plus hn-
minables; fi l'on en excepte les Ecclefiailiques j
cérement &
de meilleur coeur.
du Pais, qui font, comme par-tout ailleurs pleins ,
U eft vrai qu on reproche auITi aux Perfans d ê-
de haine & de fureur contre ceux qui n'ont pas les
'

tre fuj'ets à la vanité & à la vengeance ; mais


mômes fentimens qu'eux. Les Perfans font hu- ; en quelle Société humaine ces deux vices ne ie
mains & iulles fur la Religion , jufques-là qu'ils j
trouvent-ils pas ? où ne caufent-ils point du
permettent à ceux qui ont embrallé la leur , de trouble & du defordre ? On attribue au commun
&
!

la quitter &
de reprendre celle qu'ils profef- 1
des Perfans un penchant bien plus odieux,
fuient auparavant. Us croient que les prières bien plus criminel; c'ett celui de la volupté cou-
de tous les hommes font bonnes & eiiicaces , & |
traire à la nature. Us ont pourtant chez eux
ils recherchent même dans leurs maladies les quantité de belles femmes ; car outre celles du
dévotions des perfonnes de différente Religion Païs , les Marchands qui en font négoce
Ces Peuples étant, comme on a dit , hixurieux amènent un grand nombre , & n'amènent rien
& prodigues, on n'aura pas de peine à croire qu'ils que d'exquis. On voit en Perfe des femmes de trois
font aufli fort pareiTeux; ces chofes-là allant ordi- couleurs , &
toutes trois très-agréahles ; chacune
nairement enfemble. Us haïflent le travail , & dans leur genre , &
fuivant les diflerens goûts des
Jd\ une des caufes les plus ordinaires de leur ! hommes. U y en a de blanches, de bazanees,
pauvreté. Il ne fe battent jamais ; tout leur cour- i
& de noires. Les blanches viennent de Pologne,
roux, qui n'elt pas petulenciS: emporté, s'évapore !
de Mofcovie , de Circaffie , de Mingrelie , de
en injures. Mais ce qu'il y a de fort louable parmi j
Géorgie , &
des frontières de la grande Tarta-
eux, c'eit que quclqu'emportement qui leur arri- rie. Les bazanees forcent des terres du Grand
ve. le nom de Dieu t-ltt toujo
toujours révéré. Le Blaf- Mogol, & des Royaumes de Golconde , de Vi-
pheme efl non feulement inconnu , mais même in^ fapour &c. Et quant aux noires , on les acheté
concevable à ce Peuple. Us ne peuvent compren- fur la Côte de Melinde , &
fur celle de la Mer

dre que parmi les Emopéens on renie Dieu quand Rouge. Les Perfans abondent donc en cette
on ell en colère, Mais on ne peut les louer de marchandife vivante. Ou peut dire qu'ils en re-
môme de ne prendre pas fon faint nom en vain ;
gorgent. Avec tout cela, ils ne lailfent pas d'être
car ils l'ont fans ceUé à la bouche. Leurs ferraens paflionnez pour un autre amour infâme brutal j &
les plus ordinaires étant par le nom de ^'leu, par & peut-être le feroient-ils moins , li le beau fexe
lesEfprits des Tropbeîes , par les Efprits , ou le étoit plus rare chez eux.
Génie des Morts ^ comme les Romains juroient par A propos des Eemmes , on ne fera peut-être
lesGénies des Vivans. point fâché de connoitre les Perfannes par les
Deux habitudes contraires fe rencontrent com- endroits les plus curieux. Elles font invilibles à
hommes, excepté à leurs Maris, tji bien
munément parmi les Perlans de louer Dieu ; celle tous les
fans celle, &
celle de proférer des maledidions&r qu'elles font exemtes de tentation adive ; dif- &
des ordures. Ce vice règne parmi les gens de penfées par là de la peine que nos Dames fe
toute forte de conditions ; mais ce n'eft encore donnent à la toilette, & devant le miroir, pour
qu'un des moindres qui fe rencontrent chez les attirer les cœurs , & pour faire tomber les âmes
Perfans. Us font d'ailleurs diffimulez , flateurs, dans le péché. Cette invifibilité du beau fexe
.fourbes , fans pudeur. Us prennent le tems de eft fi fcrupuleufemenc obfervée, que quand les
fem-
^'"'

•) '.\ï

SUR LA P E R S E.
femmes vont aux bains publics, ce qui n'arrive qui
qua celles qui font
de ballb condition, tiennent fous une févere
les
De
pauvres pour fournir aux bains trop & peur quils ne fe gâtent aux
difeipl'ne
Ecoles, on leui- don-
domeffiques , et ne des Maîtres à la maifon
les portent un grand
voile qui les cache du
haut ie
les Uomeiliquès , &
en bas, à: fous lequel comportent devant eux avec grand
en marchant que par. deux
elles ne voient le
onr e enue.
refpef
Les autres vont deux fSis le jour
&
, petits trous. Ccfe- à l'E-
roi chez nous une
grande mortification pour les
cole ,& quand ils font revenus, les parens les

t*c'om;s.'=^
-"'''' "^^^-^
y "—i- uennent auprès d'eux
cent i entrer dans le
ans , à moms qu'ils ne
Les jeunes ne LnmJn-
monde qu'après vingt
La faineantife & la moUelTe font le partage, des
foient LrL plûSf
'* °"
lew""k-^"'^."'™'
& loin d'y agn
le logis
^"^""-^
en MaîtrelTfes
infpeaio/dan rZn' 'X n"
Concubine , 1, l'on
'7. on leur donne une
reconnoît qu'ils foient
d'un
la cor
difon dEpoufe n'eft
="
pour elles S,
pu cfcla"
tempérament amoureux.
Le Gouvernement de Perfe comme
nous l'a
^'"S"* d- tiÇTuver n
,

pe pa s-là des Epoux fouples


c?païsfà"d' 'f ^r vous m mué, ell tout-à-lait
obcïlTans , & derpotique7s.?e pou-
, nui voir arbitraire n'y elt
p-emblent à la voix de 4
Dame du ?o, s limiterai aimne «
Perfannes s'occupent la
a la tabagie de toutes les
meilleure partie''du
fortes. Celles
î^ë
jou
eeption. Le Roi 'a droit de vie &- de
les fujets, indépendamment
Zrt
de tout Corfdl
S&
le moien de fe
qui on de toute procédure.
faire fervir
claves à leur frotter le
, erapto leurs ef
Il peut faire moui-ii
manière dont ,1 s'avife &:par de
l'horrible privile4 dû
5
corps
pour provoquer le
fommeil: Enfin elles fe
,
im-fia^r, les plus Grands de la ,

, dédommagentlomme Monarchie "fans


die peuvent par le plaillr que le Corps de l'Etat s'en
formalife fans qu'o,
, dans leSr rudë™p! ofe Im en demander la
,

d^un,
d ; r
*™™' '^"^^ "^l'^nt le prépuce du-e, qml
raifon.
n'y a point au
Si blei qJ'onTu ,Hîf'
enfant monde de Àfaitie ptos
. circoncis
ce lient remède pour
perfuadées que c'elt un;
S Maître que ce Monarque. Il
dt vraimS fn? le
procurer laLond
toiu-nons aux mœurs des
fe
t^Rl pie ou nos Monarchdatrcs
voudroient mettre I
Habitans
Communément , les Perfans font vifs fouveramete- du Prmce. Dieu
alertesfur & les confonde
veuille par fa grâce confervcr
qu"
la connoiffance de
l'avenir ; aufli peut-on
dire rdtedu DROIT NATURELi
les débris "' le
"= petit
P™i^ &
^rônf'nf"'' ^J?'°^°e'^ Judidan^e dt fuîë La Jullice
s'exerce dans le Royaume
renouvcnement d'an-
''-" ';'""!"'
autant d'exaflitude que avec
.!&
née A^
un Almanac également Mathématicien & Pro- de dilieenee'^ Les pio
ces s terminent ordinairement
phétique. Ce Livre
"""'"'
d'Ephemerides JSt y
cela ans Avocat, fans
iV,r le champ
&
Procureur, fans ce ?r'and
P anetes
des Plfneïs
''' ^'"''''^ Afconomique nombre d'aflamcz dont le Palais
mais
ce qui vandroit mieux
; , de Thémisfour-'
mille, & qui s'engradle
du fang & de la fubllance
s'il
y avoit autant de vérité que d'iUufio" cet'A
.luanae el remph de divifes des malheureux Plaideurs.
prédifflo
cS n'dt pas nean
,s if y moins qn'en Perfe, les Juges
ên'."e,{u, les
maladies, fur les di! ne foient^coriuptï
fettëssi" bles comme les nôtres
"'"1"'-' '= «:™s propre mais ils vendent la juffi-
faire V
£, habilcr,
M, 1
'
pour fe
pour la faignée , la purgation
ce a bas pnx &
,

d'ailleurs ; quand leurs


;
cxac^
les
voyages &c. '
°" ^'" Mn-
fis ajoutent" foi entière^ "ce u! ce &°S^ I5™r™^' P'^"" -"

Zt! ' ^ ''' ™ *°"' '' '^'S'^ <*= '=«' «n- exemple ' "' """î"" ?"" '''^ *«'-<^ ">-

.Mais les Dévots .prennent


une route plus reli
-gieufe pour s'inftruire du futur ^es Revenus dit Roi
pour favoir la réuffite d'une coCgèn •
Terfe.
chofe qui te'^coiV
LLs Revenus du Roi de Perfe coulent de
deux
fources différentes, favoir, du
UKicle, ccll-à-du-e
pais d'Etat , &
Mahomet, habillé à la <.-„,£„ ' Q"""' -^ P^" d'Etat qui
fcnf les
lont le '^J"'-}'!''-
grands Gouvernemens de
,

avec
avec'refted'i'AÎc
^' ™«= 3™'
P""™''certains
lelpeitlAlcoran, en dilant
'"''
Ro. nyapomt de fonds en propre.
l'Empire le

mots Les'kevcnus
myl crieux que le Confultant '""' P™P>;ement des contributions,
n'entend pota 3n'nn 5-<
M ombe dabord fur m, commandemci/ quon d.lhngue en ordinaires &
extraordinaires
[\\\
ffl«if
affiri Les ordinaires conliûent
il prédit bonheur & fuccès : mais quand tité réglée de
en une taxe ou qi i""
fruits des plus exeellcns
de cha-
que Province dont le Gouverneur dl obligé
ra ,-e
outie.
'
A ^
P'"'™^' °" " » gii-de de palTer
De ?tout tems , les Mmillres d envoier des Convois au
du Sanituai- Roi de tems en tcms , &
e ont profité de la des lommes d'argent fdon
fottife commune ; teU le pouvoir de la Pro-
toû- vince. Celle de Curdeflan
J?"" ï' " i P>-<^f™t & tel fera ufqties à la par exemple
T/
fin du^Monde, l'efprlt
des Officiers du fcuL/vril
. une pâme de la Chaldce,
, qui dl
produit le meillcùr'bêu™
,

le, le Couverneur en
que fois. Celle de Géorgie
envoie tant de charees cha I) \
Après tout ce que nous avons dit, produit du'dfexcel-
on aura pei-
ne à croire que l'éducation de
bonne en Perfe qu'elle l'elt
la jeuieffe fôk auTli
eftiftivemeM
Xul Vf r"'"' "^"îa""
1 un & de 1 autre lexe
'•=' P'"=^ ''="=ii perfonnes
'

die dt obUgée d'envoler


;
de
pendant non feulement la NoblclTe Ce de chaque choie le plus qu'dlc
ou plutôt les ,
peut." Les contr"
Lnfans de bonne Maifon butions extraordinaires confillcnt
, ( car en Perfe il n'v i en des prefens
point de Nobleffe proprement de ces mêmes denrées, & des
dite ) font très-bien ehofes les plus rares
que les Gouverneurs puiflènt
élevez
commun.
, mais aufli fes enfcns des per
b™es
On donne le foin des prcmie à Z
dt
voient au Iloi pour Etrennes
recouvrer, qu'il en-
au premier jour de
LtmuquB qui leur fervent de Gouverneurs, 1 an, & en d autres occahons encore. On ne peut
& dire a .çoi ces divers tributs
fe montem toœ les
ans
, , , ,, ,

TROISIEME DISSERTATION
de charge , en
eft entretenue & m en étofes , en chevaux , en bêtes
La Maifon du Roi &
i

ans.
;

drogues, cnharnois, en armes, en tout ce qu il


entretient,!
une foule innombrabled'Arti&nsqu il faut pour fes befoins, ou pour les plaifus On lui
qui l'on donne h nouniture en efpece
cdl le fonds du envoie des Filles &
des Garçons , que 1 on choi-
Quant au pais de Domaine ,
fit dans tout ce que
l'Orient prodmt de pltis ac-
Revenu lui
Roi il en eft le Seisneur tout le
:
:

comph ; enfin de l'or , de l'argent , des


& pierre-
fruits de
en apai-tient, c'efl^i-dire le ti_ers des ries , des parfums , &
de tout ce qui peut fe re-
nature qu foient. Apres
la Terre , de quelque
ils

& le Domaine couvrer de riche de &


précieux. Il taut mettre

contributions des Provinces


encore au nombre des Revenus du Roi
les certaines
les droits
lesRevenus du Roi dePcrfe viennent de décharge fur les bu-
le droit grolIés dépenfes , dont il fe
Seiïneuriaux, entre Icfqucls le premier eft impolé , foit en les faifant tra-
du 'bétail. On en donne un fur lept ,tant pour la
toi- fets, & qu'il leur

de trou- vailler fans paier, foit en leur faifam paier ce quil


Le Roi a peu
fon que pour la portée.
faudroit qu'il paiàt lui-même &
qui lui couteroit
peaux en propre. Les troupeaux de l'erle lont
habitent fous beaucoup d'argent.
nourris par de riches Pitres , qui
. ,. ,
recueillir des prin-
pu
Voilà, autant que je l'ai
des pavillons , qui vivent en troupes de deux à
& fources des Re-
Leurs troupeaux cipaux Voiai;eurs, quelles font les
trois cens perfonnes chacune. dont rien n'eft affermé,
& venus du Roi de Perfe ,
couvrent des campagnes à perte de vue , leur
bergers que les In- non plus que les fonds de terre mais tout fe fait ;

droit le levé par des Chefs de point non


contrée. Le par commillîon ou par régie. Il n'y a
tendans entretiennent dans chaque lont libres par
en Lhé- plus de taxes fur les perfonnes , qui
Bétail de Perle confite principalement la taille y eft entièrement m-
Mules en & toute la Perfe , &
vres en Moutons en Anes , en ,
,
en
connuë. L'exemption générale des tailles
,

Chameaux. Il y a peu de Bœufs en ce pais. Le ne con-


Orient eft peut-être ce qui fait qu'on
.

Revenu des Haras ell auffi fort conliderable Nobles de Rotu- &
des Poulains, noit point de différence de
car le R-ii levé le tiers de la valeur fur les denrées, à
riers Il n'y en a point non plus
quoiqu'on les évalue fi bas, qu'un Poulain ne paie '

la i-eferve du Tabac feulement. On ne peut guè-


d'ordinaire que dix à douze francs. „ „ montent les Revenus du
re ellimer au jufte à quoi
.

Outre cela, il y a le Revenu de là boie du Co- &


Roi de Perfe cependant , ceux qui fe font aph-
ton, dont l'on tire p ur le Prince le tiers de
tout ;

fupputation croient qu'elle


Les quez à en faire la ,

ce qui s'en recueille dans tout le Roiaume. monnoie


peut aller à environ trente-deux millions
Mines des Métaux, & des Pierrerie» apartiennent ,

de France-
au Roi feul , aulli bien que la pêche des Perles ;

mais on en levé le tiers préferablement pour les Magnificence de fa Cour.


ï)c la
frais & la dépenfe.
Les Monnoies rendent au Roi deux pour cent maifon Roiale & l'éclat dé fon
Otiicicrs & pompe de
'

fans ce qu'on lève pour les gages de> LA la


train paroit particulièrement en trois occafions:
pour les frais. Le revenu de l'eau ell aulh tort
comme tout ne vient en Perfe Dans les Fêtes qui fe font foit à la Ville ou à
, la

Campagne dans les Voyages du Roi, & dans


conliderable, car la
qu'i force d'eau, il n'y en a p.is un filet que Ion ,

Réception des Ambafladeurs.


ne vende ; &
eaux d'autour d'Upahan rapor-
les
Les Fêtes du Roi fe font ordinairement dans de
tent , à ce qu'on affure plus de foixante lie m
grandes iallcs ouvertes à divers étages , qui font
,

écusparan. Tous les Habitans , tant natns


dans le Palais Roial. La plus grande eft celle qu'on
qu'étrangers , qui ne font pas de la Religion du Conviez en-
c'eft ordinairement un appelle la quaratite-Coloimes , où les
Pais, paient aulli tribut ;

trent par des jardins , &


entre des arbres , ions
Ducat par tête pour le racheter de l'interdit au- une des
lefquels on voit douze chevaux , qui (ont
,

quel la Loi de Mahomet condamne ceux qui ne Ces che-


principales magnificences des Fêtes du Roi.
veulent pas fe faire Mahometans. La Taxe des
par chaque Boutique vaux, qui font toujours les plus beaux qu'on puiffe
Boutiques eft de dix fols
de diftance les
voir , lont placez i quelques pas
d'Artilan, & vingt p.ir Boutique de Revendeur.
uns des autres, Cx de chaque c6tè,&
attachez à
Les Péages & les Douanes font aulli d'un grand &
d'or tendue a terre
Les premiers font les Droits impofei une greffe corde de foie
revenu. d'or, d'un pié de long,&
clous, auffi
pour entretenir la fureté des Chemins. On les
avec de gros
irros à proportion. On leur pafli: aux piès des en-
paie par charge de Chameau , ou de Cheval mais ,
femblables & on mec
l'autre. Le traves faites de cordons , 1

fort différemment d'une Province à Ecurie , d'or


devant eux tous les uftenciks d'une
Revenu des Douanes, qui eft par-tout ailleurs la Maifon du Roi.
ne rend pas maflif , & toute la vaiUélle de la
plus confidérable partie des Finances ,
Les harnois des chevaux font de pierreries , &
de
parti-
tant en Perfe , à caufe de la confidera'.ion Le Tione du
tems pour le négo- perles , tous d'un goût différent.
culière qu'on y a eu de tout première falle ce Trône
Roi eft au fond de la
Golfe Perftque ou
i
que dans l'on
ce. 11 nV a le
huit pies de diamètre
mais dans eft Quan-é , d'environ
paie félon la valeur des .Marchandii'es :

couvert d'une
toutes les autres entrées duRoiaume , on paie tant haut de deux ou trois pouces ,
étoffé blanche brodée d'or , de foie ,
de perles. &
par charge.
eftiment la Un haut gros traverfin , tout couvert de pier-
&
Je paflé au cafuel , tiue les Perfans aiant deux petits couffins à
reries, fert de
partie la plus claire &la plus liquide, de même
doffier,
Cette couver-
que la plus importante, des Revenus du Roi. Il côté, auffi couvert de pierreries.
le devant par des
coule de deux Iburccs , dont la première contient ture du Trône eft foûteimë fur

les confifcations qui montent par an ii de groiles pommes d'or maffif , auffi garnies de pierreries,
,
entre colon-
de même que des crachoirs placez
les
fommes ; & la féconde les prclens dont j'ai parlé L'habit du Roi eft cou-
nn'nn lait Darts au nouvel an. On
an Roi de toutes parts
fait au nes qui les foùtiennent.
qu'on i

valeur de plufieurs
emploier vert de pierres prècieufes de la
lui envoie beaucoup plus qu'il ne peut mil-
,

i -. il

SUR LA PERSE. ^
imîlions, la plupart de couleur. Derrière lui font ver ce dont on a ixrfoin. La marche du Roi fe
rangez neuf ou dix petits Eunuques, de douze ;\ fait de cette manière. Les Gardes du corps , fort

quatorze ans , les plus beaux enfans du Monde , leiles & au nombre de cent cinc^uante ou deux
richement vêtus , tenant les mains fur l'cflomac , la cens, marchent les premiers. Apres vient un des
tête droite , les yeux arrêtez , &
immobiles comme petits Ecuyers", conduifant fept à huit chevaux de
des Statues, Derrière eux font des Eunuques plus main, menez comme en lefTe par des Officiers de
âgeZjaiantfurl'épaule des moufquets garnis d'or & l'Ecurie. Enfuite , marche le Grand-Enfeigne
de pierreries. A
la droite eil le premier Eunu- portant un Guidon, coupé comme une flamme de
que, ou le grand Chambellan du Roi, aiant à fa navire, accompagné de cinq ou iix autres Guidons
ceinture un petit cofre d'or plein de mouchoirs & dont les Cornettes font plus petites. Le Grànd-Ve-
de parfums, pour en fervir le Roi à fa demande. neur vient après, fuivi de fept ou huit Fauconniers
Auxcôtezdelafalle font affis les premiers Officiers l'oifeau fur le poing; puis le Chef de meute i qui
du Roiaume , enfuite les Gouverneurs des Provin- fait mener autant de chiens en lefle par desCa\a-

ces, les Intendans &c. Lorfqu'il y a des AmbafFa- Hers. Enfuite on voit palîcr des Capitaines, dont
deurs à la Fête, ils font placez parmi ces Grands, le nombre doit toujours être de quatre au moins.
en un rang plus ou moins élevé , félon le lieu Ils portent lur le dos une arquebuze, pafîée en

d'où ils viennent, &


la fuite qui les accompa- bandoliére, dont le fuil eil garni d'or &
de pierre-
gne. ries. Puis marche le Grand-Portier, avec cinq ou,
Lorfque le Roi eil entré , après & le fignal fix Cavaliers autour de lui. Enfuite le Grand-
qu'il en donne, la Muflque commence, & les Dan- Chambellan, qui eil Eunuque, avec fept ou huit
ieufes fuivent ; puis on fert devant
un chacun l'a- Eunuques, qui, tout laids qu'ils font, ne laiHént
vant-repasfnr des napes de brocard d'or. Cet avant- pas d'avoir grand air, parce qu'ils font vêtus ma-
repas confille en un fervîce de if. ou i5. alïiétes gnifiquement, &
avantageufement montez. Tous
d'or & de porcelaine, pleines de fruits verts & ces Seigneurs ont un nombre de valets de pié, mar-
fecs, félon lafaifon; pendant ce tems-li, la Muii- chant à la tête de leurs chevaux. Après eux vien-
qUe joue toujours, aU lieu que les Danfenfes font nent deux grands Eunuques, marchant immédia-
quelquefois des paufes. Lorfqu'on fert du vin au tement devant le Roi, dont l'un porte fon arque-
feltin , le Roi en boit le premier & en envoie en-
, buze garnie de pierreries, &
l'autre fon arc 6c fes

fuite à l'AlTemblée , commençant d'ordinaire par flèches, en deux Carquois très-riches. Le Roi mar-
îes Ambalîadeurs. Quand l'heure du repas eil ve- che feul, entouré de huit ou dix valets de pié
ûuë on deffert les fruits , on levé les napes & l'on
,
avec des pennaches fur la tête^ &
des grelots à la
en étend d'autres aulli larges que la falle, faites de ceinture ; à vingt pas de diilance marche le Gîand-
fine toile peinte, ou de tafetas à fleurs d'or, fur Vizir, le Grand-Smintendant &
les autres grands

lefquelles on fert une intinité de ragoûts. Ils con- Seigneurs, dont il y a toujours quelcun que le Roi
fillent en rôti fec & de haut goût en poillbn fec , appelle pour s'entretenir avec lui. Après eux mar-
ou fumé , avec bien des fauces de toutes fortes. chent trois ou quatre Officiers de la Garderobé
Chacun a quinze ou vingt petits plats devant foi, du .Roi, un Officier de la Cuiline &
un de la Som-
avec de grandes porcelaines entremêlées, qui tien- mellerie, ceux-ci faifant. porter ii boire dans deux
nent environ deux pintes de forbet, avec chacune petits cofrcs fur un cheval, &
ceux-là tenant des
une cuilliére de buis, qui tient un petit verre. Ce toiletes pleines d'habits les plus neceilaires en voya-
fervice dure quelquefois trois ou quatre heures ; & ge. Tout le bagage iermc la marche, c'eff-à-dire
quand chacun a bien bu , & que le Roi veut le re- les Domelliques des Seigneurs.
tirer, il fait ligne d'aporter le dernier fervice. Ce- Pour ce qui elt de la Réception des Ambaffii-
en potages , en mets bouillis , en
lui-ci qui confille deurs, c'elt en quoi la Perfe étale le plus fa magni-
Tous Envoyez fent appeliez Ambalîa-
ragoûts &
principalement en ris de toute forte ficence. les

d'aprêt, ne dure guère que demi-heure, dès & deurs dans ce païs-là, n'y aiant qu'un terme pour
que le Roi a mangé, on lui donne à laver & à la les dénommer dans leur Langue. Du moment
Compagnie, & chacun fe retire. qu'un Ambaftiideur met le pié fur les terres de l'E-
Quand ces Fêtes fe font à la campagne , c'eft tat, il elt appelle l'Hôte du Roi, &
elt traité

toujours dans le même ordre. Les Tentes font comme un Flôte dans fon logis. Le Gouverneur
divilëes enfalles, &
la feule différence, c'eil qu'el- & l'Intendant du Lieu s'empreffent à le faire fer- 1^:
les ne font pas li magnihques, &
qu'il ne s'y Trou- vir, &à le bien régaler. On lui donne un Gar-
ve pas tant de monde. iVlais en échange, les Ten- de-hâte^ qui eil fans celle à fes cotez, qui doit&
tes fontentourées de Troupes fous les armes fort & répondre de lui fur fa tête. On le loge da^s la
un autre endroit ;\ fon
leftement vêtues. maifon du Roi , ou dans
Lorfque !e Roi fait quelque Voyage , fon train choix, & là l'on le défraye généralement de tou-
éfl tout-à-fait magnifique &
nombreux. Il a tou- tes choies. On le mené ainli de traite en traite
jours deux équipages tout femblables , afin que fon aux dépens des heux où il palle ,jufques à la Cour,
apartement loit drellé avant fon arrivée. Les où il eil toujours logé & den-ayé, & d'où on
"Tentes font comme de fpaeieufes maifons , oii le reconduit de même hors du Royaume. On fait
toutes lesOfEîces font chacune à part. Il y a la falle à confillcr la grandeur &
la magnificence, à faire

recevoir les vifites, les bains, le Serrail ; le & longtems attendre les Ambalîadeurs avant que de
quartier d'un grand Seigneur contient quelque- leur donner audience parce, difent-ils, que i\
;

fois cinq cens pas en quarré.


jours difpofc en manière de ville.
Le Camp elt tou-
Le quartier
du Roi eil i l'un des bouts , &: le Serrail en fait
l'on en ulbit autrement, un Ambalïadeur auroit
liijet de croire qu'on cff las de lui, &
qu'on ne fe
met en état de l'expédier que pour fe debarraller
n
de fa pcribnne. Pendant ces long délais, la Cour
l'extrémité. Le milieu du Camp confille en Mar-
chez, qui font difpofez en longues rues droites, s'informe du fujet de fa venue , afin de concerter : t\
le traitement, 6c la reponle quon lui doit
faire.
& l'ordre y eil tel, qu'on fait toujours où troii-
Après
Y %

^1

M
«+ TROISIEME DISSERTATION.
Après donc qu'il a long-tcms follicitc l'audien- foi , il n'y a ni boue ni pouflicre, ordinancmcnt, .

ce, on lui en marque lejour, & le Roi k lui don- Sa coniiru Lotion eft fort irréguhérc, de quel- &
ne, danstouL-c la pompe de la Cour. Quand l'Am- que côté qu'on regarde cette ville , elle piiroît
balHideur a fait fon falut, il délivre fcs Lettres, & comme un bois , ce qui fait qu'on n'en donne point
vapjcndre feance dans la Salle Roiale, où il eifcré- ici de Plan , mais feulement quelques-uns de fcs
galé tout le jour. Enfuite on examine fes Let- plus beaux Edifices que l'on trouvera ci- après. Là
tres, auiîi bien que l'es propofitions, fcs de- & ville d'Ifpahan ell divifée en deux quartiers , l'un
mandes, &
cela fe fait dans un fcilin, que le Pre- du côté d'Orient , &
l'autre du cti[.é d'Occident.
mier Minillre fait à l'Ambanàdeur. Quand fes Elle a huit portes, mais qui ne fe ferment jamais,
dépêches font prêtes, on lui envoyé l'Habit Roial quoique les battans, qui ibnt couverts de lames de
avec lequel il va prendre fon audience de congé. fer , en fuient toujours bien entretenus. On dit
C'eit là où l'on lui donne la réponfe du Roi > & que les deux quartiers qui la partagent viennent
ion expédition, avec un prcfent appelle Ca/aat ,cnii de deux Princes , qui diviférent autrefois cette ville
e(t fouvent la matière de beaucoup de diHèrends. en deux parties , qui portent leur nom. Le Roi
Les Perfans ont pour cela un Cercmoniel fort y a trente-deux Maifons d'Ouvrages , ou Atteiiers,
exaifl, parce que ce prefent eit compofé de plus contenant chacune environ cinquante Artifans.
ou moins de pièces, îelon la qualité de l'AmbalTa- Ces Maifons ont un Surintendant, qui en fait la re.
deur. Ils elUment que le Galaat eft complet, lorf- Vue de tems en tems. C'elt une dépenfe tout-
qu'il ell compoié d'un cheval harnaché, de l'é- à-fàit Roiale , &
digne d'un grand Monarque.
pée, du poignard, de l'aigrette, & de deux ha- Chaque Ouvrier reçoit en entrant en fcrvice un
bits entiers,un d'Eté & un d'Hiver. On le don- Ade ou un Brevet, enrégîtré dans toutes les Cham-
ne de cette forte aux Ambafladeurs du Grand-Sei- bres des Comptes ; ik: on lui paye fcs gages du jour
gneur, & du Grand-Mogol mais on ne donne ; il de fon entrée. 11 y en à qui ont jufques ii huit cens
ceux d'Europe que l'épée ou le poignard, avec le écus. .

cheval tout nud , outre l'habit. Les Perfans en- Le guère moins d'uhe lieue
Palais Roial n'a &
ferment les Lettres de leur Roi dans des facs de demie de La
porte en elt toute de porphi-
tour.
broderie , & li un leur en prefente des Potentats re &
fort exhaull'ée. Les Perfans la rcvcrent
de l'Europe qui ne foicnt pas ainfi enfermées , les comme facréc,auiri bien que le feuil,& Ton feroic
Miniilres les rejettent, & refufcnt de les prcfenter puni, fi l'on marchoit delfus. Lé Roi même ne
au Roi. la pafïc jamais à cheval, parrefpeft. Au devant, à
cinq ou fix pas du Portail , font deux grandes fai-
^efcri^tion 4'Ifpahan Capitale de 'Perfi. tes , dans l'une dcfquelles le Prëfident du Di\an
adminillre la Jullice, &
daub l'autre le grand Maî-
CEtte ville, qui eJtune des plus grandes du Mon- tre d'hôtel tient fon bureau public. côté font A
de, n'a pas moins de douze lieues , ou de 14. deux autres fallcs plus petites, qu'on appclle7(i//f.f
milles de circuit, en y comprenant les Fauxbourgs. des Gardes , parce qu'elles ont été faites pour un
Plufieurs font monter le nombre de fes habitans à Corps de gardes. Mais la perfonnc du Souverain
onze cens lîiille amt:s & ceux qui y en mettent
; eft facrée en Peffe , qu'on néglige cette Garde,
ii

moins, affurent qu'il y en a fix cens mille. Elle eft & n'y a jamais perfonne durant le jour.
il Ceux
bâtie le long du fleuve de Zendcrond , fur lequel qu'on y met la nuit en faction, y dorment dans leurs
il y a trois beaux ponts. Ce fleuve prend fa four- lits comme dans leurs maifons , fans fermer même

ce à journées de la ville ,
trois efl groili des & le grand portail, par où chacun entre fort com- &
eaux d'un autre fleuve beaucoup plus grand, qu'A- me il veut. Ce Portail clt lin azilc facré &. invio-
bas le Grand y a fait amener, en perçant avec une lable , dont il n'y a que le Souverain en perfon-
depenfe incroiable des montagnes qui font à plus ne qui puilFe tirer un Criminel. Tous les Ban-
de trente lieues d'Ifpahan. Alnfi le Roi de Fran- queroutiers &
les Malfaiteurs s'y retirent durant
ce Louis XIV. n'elt pas le fcul qui ait fliit de ces qu'on accommode leurs afiaires , les horhmes &
choJes extraordinaires; &
en comparant même fcs les femmes à part, dans deux gi-ands Jardins iépa-
ouvi:agCà, &
la maQniticence de fa Cour, avec cel- rcz , qui ont chacun un Pavillon contenant une
le de ces puillàns Rois d'AIie , on trouvera que falle 6c plulieurs chambres. Les Mcquées ne font
c'eit peu de choie , en comparaifon des richelfes point des afiles en Perfe , non plus que les autres
immenfcs , &
de la pompj extraordinaire que l'on lieux facrcz. On
connoif d'autre afile que
n'y
voit dans l'Orient. Les murs d'Ifpahan- ne font les Tombeaux des grands Saints du païs , cette
que de terre , airez mal entretenus , Se font telle- Porte Impériale , les Cuilines , Se les Ecuries du
ment couverts par les maifons , par les jardins & Roi. Les Sofis, qui ont la garde de la Portelmpé-
qui y touchent, qu'il faut en quelques endroits les riale , ont auiîi l'Intendance de l'azile , iavent &
chercher pour les apercevoir. La beauté de cette bien en tirer du profit. Vis à-vis de ces jar-
ville confiite particulièrement dans un grand nom- dins, à main gauche, eft un beau Pavillon , qu'on
bre de Palais magnifiques , de maifons gaies & appelle le Sallon de rEcurie. Il eil bâti au mi-
riantes, de Caravanferais fpacieux , de beaux Ba- lieu d'un Jardin , dont les allées font garnies de
zars , de canaux , &
de rues dont les deux co- Platanes très-hauts. Il eft couvert d'un Plafond
tez font plantez de gi-ands arbres. On y comp- de Molaïque , ailis fur des Colonnes de bois peint
te jufques à trente-huit mille deux ou trois cens & doré , &; il elt féparé en trois ilUles , comme
èditiccs , favoir vingt-neuf mille quatre cens foi- on le peut voir dans les Planches qui fetrouvent ci-
xante-r^euf dans l'enceinte de la ville , huit & après. Le Portail dont on a parlé conduit à un
mille fept cens quatre-vingt au dehors. Les ruéy grand Perron , au haut duquel on trouve des
n'y font point pavées , non plus que dans les au- Corps de logis de tous cotez. Ce font les Maga-
tres villes de Perfe ; mais comme l'air y cif fms du Roi , ou les Galeries , où l'on travaille
fcc , &: q.ue d'aiileiu-s chacun arrofc devant chez pour lui &: pour fa Mailon. droite on trouve laA
Bi-
s . .J

SUR LA PERSE. '^ï?f

Bibliothèque, dont la falle n'a que ii. pas de long verts de haut en bas de lampes incru^écs
petites
fur 12,. de Les murs de bas en haut font
large. pour les illuminations, &
lurmontcz d'un Condor,
percez de niches où les Livres font couchez à
, dont le Roi feul a l'ufage,par lequel il va par-tour,
plat les uns fur les autres, fans
aucune diitindion fans être aperçu.
des matières dont ils traitent. Les noms des Au- Le refte du Palais contient des Magaiins , des
teurs font écrits pour la plupart fur la tranche des \ ,

Galeries d'ouvrageS, &: le quartier des Femmes,


Livres, qui font aifez proprement reliez. De grands quelles Perfans appellent Haram ou Lieu facré.
rideaux doubles, attachezaUplafond, couvrent tou- Ce Serrail contient près d'une lieue de tour. On
tes ces niches. Les Livres qu'on garde dans cet- n'y entre que par une très-grande faveur , encore
te Bibliothèque Royale font Pedans , Arabes faut-il être déguifè en homme de métier, Se fous
,

Turquesques &Cophtes. Il y en a auffi quelques-


.
prétexte de réparation. Alors on fait patfer tou-
uns en langue Occidentale , favoir , des Rituels Femmes
Romains , &
des Livres d'Hilboire de Mathé-
matique. On croit que les uns furent pris au fac
&
tes les
tre;
d'une partie du Serrai! dans l'au-
& les Ouvriers étant entrez dans celle qui eft il
y travaillent, étant conduits & gardez par
vuide ,

d'Ormus, Se les autres au pillage de la Maifon de des Eunuques, qui ne permettent pas qu'on re-

%m
l'AmbafTadeur de Hoiftein, dont le Secrétaire, garde ailleurs que devant foi. Ce Serrail eft en-
nommé Okarius , avoit une BibUothéque d'exccl- fermé de murs lî hauts, qu'il n'y a aucun Monaf-
lens Livres. tere en Europe qui en ait de femblaWes. Les
Le Corps de logis le plus fomptueux de tout apartcmens en font garnis de meubles, les plus
le Palais Roial, elf celui que l'on nomme le ^(a~ voluptueux qu'on puiilè s'imaginer. Les hts,
rante-pUiers , quoiqu'il ne foit fuporté que par fuivant le raport d'un Voyageur,
qui a trouvé le
dix-huit; mais la Plirafe Perlanne elt de mettre le moyen d'y entrer, font îl terre fur de riches tapis j
nombre de quarante pour un grand nombre. étendus lur de gros feutres qu'on met
par def-
,
Ainfi ils apellent nos Lultres quarante- Lampes fus le plancher, pour les conlèrvcr.
, Les Mate-
parce qu'ils ont plufieurs lampes. Ce Corps de lats font faits d'ouattes, aufli bien que les couver-
Logis, bâti comme les autres au milieu d'un Jar- tures. Ces Palais font peints d'or Se d'azur par-
din, e{l un Pavillon qui coniille en une falle éle- tout, excepté les endroits où les Plafonds font de
véede cinq pies, large de j i. pas de. face, & pro- raport, &
où la boiJcrie eft de fenteur. On voit
fonde de huit, à trois étages, dont le plafond dans l'un de ces Palais un falon à trois étages,
,
fiiit d'ouvrage Molaïque, cil porté fur dix-huit foutenu fur des Colonnes de bois doré, qu'ort
Colonnes de 30. pies de haut, tournées Se dorées. pourroit appellcr une Grotte
car l'eau y eft î
Ilconlilbe de plus en deux chambres qui font à cô- par-tout , coulant autour des Etages dans un Ca-
té, & en une autre fiUe au dos de Ja grande.*, nal étroit,
qui la fait tomber en forme de nape
de 30. pasdeface, dideif. de profondeur, avec' ou cafcade, en forte qu'en quelque
de petits Cabinets aux coins. Les murs font revê- Salon qu'on fe trouve, on
tus de marbre blanc peint , &
doré jufques à autour de foi. Au delà de ces grands Corps de
moitié de la hauteur, Sz le refte eft fait de Chailis Logis on trouve en face
endroit du
voit Se on fcnt l'eau tout m
un grand Edifice qui con-
de criifal de toutes couleurs. Au milieu du Sa- tient un long apartemcnt, au milieu de
30. autres
lon, il y a trois baffins de marbre blanc, l'un fur plus petits. C'cft là où
loge le Roi avec la Fem-
l'autre; le premier, quarré, de dix pies de diamè- me favorite, &: vingt autres des plus confiderées.
tre, & les deux autres plus p::tits, de figure oc- Le nombre des apartemens de cet Enclos eft
togone. Le Trône du Roi eil fur une Eltrade bien de cent cinquante, ou de cent quatre-vingt,
longue de douze pas, & large de huit. Il y qua- &
l'on prétend qu'il y habite huit à neuf cens pcr-
-a

trecheminéesdansle falon,deux à droite &


deux à fonncs. Il y a encore trois Enclos, dont le plus
gauche , au dellus defqucUes on voit de belles pi-oche, eft un lieu enchanté
Se iait feulement
,
pemtures qui tiennent tous les cotez. Au haut poiir la volupté. Ce ne font que
Jardins embellis
du falon tout à l'entour font attachez dés Rideaux de ruiifeauxi de balfins, de volières, avec
des
à&^ûn coûti, doublez de brocard d'or à fleurs, Pavillons çà &:là, meublez très-fomptucufement.
qu'on tire du côté du Soleil jufques huit pies de Le fécond Enclos eft pour les Enfans
i\
du Roi ou ,
terre, ce qui rend le filon très-frais. On ne fau- régnant on décédé, qui font trop grands pour
roit voir de plus pompeufe Audience, que celles converfer fans danger avec les femmes. Le troillé-
que le Roi de Perfe donne dans ce falon. Son me, qui eft le plus vaibei eft le fejour des
vieilles
Trône, qui eft comme un petit ht de repos, eft femmes des femmes difgraciées, , & des femmes des
garni de quatre gros couftins brodez de perles &
Rois défunts.
dc_ pierreries. De petits Eunuques blancs mer- Quoique le Roi de Perfe foit Mahométan, il ne
veilleufement beaux font un demi cercle autour laifle pas d'être en correfpondance
avec le Saint
de lui, & quatre ou cinq plus grands Eunuques Siège. Le Pape lui a écrit plufieurs
Brefs, aux-
font derrière tenant fes armes tout-à-fait riches & quels il a répondu;
,
&
le Pontife d'aujourd'hui a
brillantes. Les plus grands Seigneurs de l'Etat même reçu il n'y a pas long-tems une lettre de
font fur les cotez de l'Eftrade où eft le Trône. Les ce Prince. Du tems de Paul
V. les Carmes dé-
Seigneurs inférieurs font fur une autre Eftrade. chauflèz furent envoyez en Periè,
La jeune Nobleflé, Se tous ceux qui n'ontpas droit un Bref du Pape à Abas le Grand qui le reçut
& préfenterent
,
deféance, font debout au bas avec la Mufique; À: fort refpettueufcment. I! leur donna
une mai-
les Ofhciers fcrvants font debout dans le
Jardin. fon dans Ifpahan , où ils bâtirent un Couvent
Dans le même enclos, où eft ce fuperbe falon, il une Eglife. 11 y a aufTi plufieurs Auguftins,
&
Jè-
y en a encore deux autres , & quelques aparte- fuites Se Capucins, qui tous y réfiderent quelque
mens, chacun dans un Jardin féparé. Les murs, tcms avec le Caradere d'Aniballadeurs
de quel-
dont ces Jardins font renfermez, font faits de ter- ques Princes. Les Carmes
y croient comme Am-
re, la plupart de la hauteur de 10. à iz pies , cou- bafladeurs du Pape, les
Augulbins comme Ambaf-
Tom. V. '/^
fa-

ï; I

\ l

i'
,/
u TROIS. r)lSSEJR.T. SUR LA PERSE.
fadeurs du Roi de Pologne, les Jefuites com- principalement de ce pais-là font les Ouvrages
me ceux du Roi de Portugal, & les Capucins d'or, d'argent & de foie, comme font ces riches
comme ceux du Roi T. C. Mais depuis peu, les &
tapis , ces beaux brocards dont la matière ne
Carmes font les fuuls à qui il foit permis de de- fe falit jamais , Se à qui, par une iavcur linguHc-
meurer à Ifpahan. Les autres en ont été chaflez re , le tems qui détruit tout, n'ôte rien de leur
par le premier Minilh-e d'Etat , qui croioit , en beauté. Le commerce de la Pérfe fe peut dif-
zélé Mahometan, que le commerce des Chrétiens tinguer entre le négocedupaïs, &lenégoce étran-
étoic capable de fouiller la ville, parce qu'ils y ger. Les Pcrfans & les Juifs font le premier ;
buvoientdu vin. Cependant, après les avoir obli- mais les Arméniens font en pofléfhon de l'autre ;
gez de vendre leurs maifons, on leur aifigna un & ce font eux qui, comme Fatteurs du Roi ik des
endroit hors de la ville , où ils ont un Couvent & Grands, dillribuent les Soies, les Chagrins, les
une Eglife. Maroquins &c.
Touchant l'article du Commerce , ce qu'on tire

DES.
.- I

.•":-

4-

'Ii-i
.H
.

1 .

3)'ISPAHAN, LA PLUS mai


^^SC^wriON ET VUE DEU^ Pt.ACE UOTAT.E
CETTE I.E PLUS Y^ST£El3IFIC£I.B
±^ rBN PAimCUlJKK wPALAISROYAL

DISCIUPTIOW
JÎESCRJPTION DE XA PLACE SUITtOt-LVAIEME Di-SLEri'TIOTJ
ROIALE B ISPAHATT .
„ V/„" ,,ir, run^ ^«-^ /««< « «'"»« *' "f ' ^."J"'*
"Jiaul^e entreij _princj£aUs et
r^ûi 'Mace. gui estant dm jrta leSis^""" dar
'ti peiiles , canJuyenù'
In ^uof-r/ L,m ^ f^ -sas/"-- f^ f ^3f J^e^ Centre, en est
vlaee.

du reisrds di.£Ur. h, peut ivir ci- dessus


'.at la-ai. M(Ix.j!i&s.a>-ic .
/"es
de, quel^us six i-in^
_ g^uj.
mât. haut .

tasse dans les se-UnuiOc^


,-t X tii-er à- la. .

hr^l ^.^ gtuitj-e hom^mi de.fro^sWj>cu>-eni^ Ttaee à. ^rente-cu U


maijana pullùiues .^ux ia»^ de
i .

^ ™^H
.

^imi-<£ prcnune'- £nire. ce Canal et. le^


d^nt U Tla^ *f en^h-^nnd^ Uv- a «/t esp^^ de A^
.
Canal Uj adcuxa,-oJfes a>to,u^ Ç^2
de^iumep.
hau^ de. l,idir_pies etd^stanies
de L.-aai- ier,>undf^
,
un, t-eiord terre .
^f
se,',-ent. Je passe paur fexej^ece
^>. tuo^ ^^j
.


a»^i hJt >nai^ U'^e ^^celu. '^Cx"^'
™^
Le -tour de &JKl=
gui i>ui--^ue lepie-dei «tjusoiu .

yel une oJresfi. exdraordtiuure


co^ime ciUa.pu
-ncÂiÛJzt Zao.tJide^ au.nh-mu.'^de.nwne. Usj^Jom'cs
^.uu-^uer k.-Ta.'is *« lyV- da,i*
.ciurc Cia^ie majfin. est JoulU- Mtni t .
-Perse, ^lu.
'sUTuite- de^t'an^assadeiir de-
.

diux fca*y«« dniU ftini ma^e Sur


lit-
.
année— la.
^Jrs/ur U
^ l'^^' 'tait en^ -fi^'tcc cette,
.

c^ en. deJ^s f'^ J.^TM„der-:Pcrùa3ue Un yatt^- dessus dan


et en.
-.a,'i ,f"i J%,
haut guaù-^ •^'^'^''ff
premUr^-TU^uhe. est- celui duTala^ .^ Ur
Jeux fiir h dei-riire CelUs deU^Pl^ue
:a.
Th-' 'l
.

dduel kuc.pas de MzLnce, reqne une ial^tr.


,nt~-/U-n-u^ iA_petit talc^n. ^,zt U au. ,1,^^ d.pùco de Ue
^.ahistre e/t

'deh-Lju^ à ,W, .ei,Jult de^Ui^-c.le W^«/^ Î% iais^Jt. '^^^'^


dirsi^e.tIiitH.<!tfirt^rd!iiU. a.la.vue. Lm . defonte '^-^'/^F^'f /'TV'tw
pÂne ex^^Us 'deux lus froAcsd,^ portail
maisonsfo>aÈ3uiîs c^ia-ei-Ut
en-tei-rassee ,au iu- = f
delà. Cauj-ei-iuj-e da.'.'BaAar PAVXLI.OH MAGNITICfflE qUIEST
Air DE
h&s ^OS
.
îau.
%unaee^ sd- sont îeutes .nar^uee.
Hw
.

de mni/'om Je ù. :PLu^ est e,d.'eccupe.


C^ aux d £epaane Cesont des depouiMes
par les qranJs S^lces que. to>^ ^oitdms
U ^lan. oj-mes .

delafiriei-efe J
Srmns cii. X.es :£ers^ .

trviù-e- l^tnfdilrtilUrie ^a' Js en ont t


Verrait à.tOcciJinl : Zct . msqtue du Cèdre
Vtsa ru .

a. u»::BayiSen. de Machines . W
art apf^^le. L Jifj^- porte
TJleriMonal de.
dans imdes les parties deUur £m_p.
JLe Tour de cette £tace entre les
aa-ies-La. Mosquée JLjihie au bout. eslrjarnid^d'latanes Cestwia,i
In^crU k.t'aub-i iout-. Canal,
''la.ylue. etU marche
jette ses Iranches firt haut,
ce
^.'''-J'"^. 1
J^aJiosgue's'^^uJc etU .«ar^é unj^erial ^m.
^rjnde "nuifins en so,it cou.i-ertes. sans
er^et,:
is dula^iace-Jorment une
'

oi-nc'nen£.fatt Je cette -Fine-


au 'un lajeut- ^vir à-dessous r cheis cet du mande : f
:

au Je:i:j'it d'eau de.


un Raisin pas de-iow des pl-LS lella vromenades
-fo.
endroit au
t ùV- profirtJeui'.-fiità.dw&-dont lei qu'ilY a taâjiTui-i aueJ^i^
pcuthvuyer''de.lonihrc contJV les ran
piës ,{e

U..-M%tMfid^ dejfrphy.-.. ^-^/X"'' %,^ du foleil . £lle cft ti^iyours pleine d>
^t Uplm Â^u^-e- rotupte au-'on iâch^ deji-^
eÂeiir
ton-, ^nJ tout" >
Ans cetj^ïs dian^. on- ainduit^ ti^,^. -ià
pmaiivi- --
ntre-tient Teait ^arà>utr^ 7 -iant dans ce--, À fa-j-ie. smpU dans U. ^-^
dans tans 7ef .nr/iva L^anaux^ de la. ! .

1
. . .

yjE DE TOUX iLORIENT.DliS SUPERBES EDUICES DOISTI ELLE EST ORNEE


EKO-KLE -HÂTIE PAK AbAS LE GliASD ET DS (JTTELCiTOS AirTEES EMTBElilSSEMBÏTS DE
CITTEJ'LACEINCOMmtABI.E

.ir„ é ^ ^' j*' M j*^. \ A


— ~ »^ '«1! '
""

Lais R,oial DESCRIPTION deeaMosoufeKoiali: D£SLHTPTION DU MARCHE IMPERIAL .

1... .flai-clic Im^Lrial. ref,ixscnie ci dessous epr f;i-


'ns dcjj. Jit u .

)
/-? etjort cxAaiiJJi'e, et U seitil ^m
e/c de. ùt. e ueniiU, t a.Âs 4fU3 AorJ . dcrti il.Jàit la plus or.
Ûiis su ^eiite de. AâHment Picote h. ^er-te oalustre de j^urr, _. ..hauteur d'ofiu.fiui SUIS heUe entrée
it-puis'e tirer an. Criminel. Ce h sefittjptr an l fusgues fis a tLs tie teiitt-ee . Xits deuxji Demi -aiite en^ncâ< corn feut voir dans
île BO.'le
JT lui ohtL,^ d'en sortir Cette Zat ne- re^ni-.
.
eresjàees armme ûa le peut voii- dans la "flanelle
• ce îlati - Z,e\PortaiZ est "and de^mJ^irn
injra
' Ik Us citcuiis

,iU a&i m
,au'U n'éù!Û
l'arUlcn^iSaîcn.Je
dessous de l'autre côte', sortt ourerba arcades, m fait Je earreaux de^orcelame ^eirtt de ,/Horesqi .

ii-grpÉS duiu: <Jiaim .pour enifècfier les ciei-e de diitries couleurs ou. aioaUsseii deux arau. ,

iassa^urs ppnr nJler kl'atiJienee. CeSa&n dVfoJpr .J,ES dau: autres auJessus,Jôntdegi
. Parapets auî iv'ane'tttout aittsur dé
, cdijic T
rt Jrun .itefaùiue- smi/enu. ^ar
îli^nJ^ revêtus de toiles 3e. Jaspe eé-de-jar^liy^e : ce/
ittons saut des cAiJ^is .U Cristal Je Veniss ' ' " .— ' - - droques que i îeauiBerrotiJèrt^ow l'etalooe^ Jes ^oiiaïliàrs
iSiees des jlus Jm£s ituùermei .iju/cn étend Jortaa:esi_ Crfeyra.ecdcs tltar-Jiaâiit det^fta £reàeiJii, juiy i^ijtnt t
Zjfi^e intérieure guifirm. le
t-nie. XMqrand
IBaffin. de marirs aTec ,
dem
.

hni. er^ncee de 13.^1-' — te. fa.' ils Bit A plus Icau-Il eJtjiraidiauiitlai^JÎiiaâ^arAiia
ûr revêtue^ de. a 'fasj'e Le CranJ. antre les J^iei
JUl llbn quiearifisU enu/ie Salle êUree de-çin^ qros Mâi'laae de. freris pie's e
[ mies deSo-j'ies de- Jiaut. Jl caitîyis_ deji/ai
1 parce ^ue I dhoniinent

ïhiuls aux caiia
L I^
mjirs Jont verêbu de fùriirvs àlc tir ettazur .

,4a nùSeU du •Salon, tîj a, dé la BurqiieiterU Jriite de reau.-c d email, et u. toute sorte de Sûtmerie. iqnai-^a.ili' r^iejoni'butt-
t^/de ieuixs cauteurs .

plate autour de nûx matière qui eork •Uûre unearosse dochc /[ui eiijàîtTa cunei niais ai."
c Irone Hu Roi est sur une ^urtlrifme. fi-ise .
J
dans 1^ Jalon Sont le desJtiS et les cct^Z
.
des passaaes de l'.ilcoran en. te. . sjonne-janiai^ Ti parvtt_paf les lettres moulées.
k U t,mUeur de tcdifire . fuJoav lit ^' elle a aparlsnu a des Meliaiei^ès d'
: m dessus deh^^u^tie eft L leau. J'ayiUpn. répré-- £j!. entrantjar ce. ieaii^or&. d'où an l'a. aussi inans^orte'c après laj-ri^e
'^miiu.h-unt.^n .ujjl dejasj. '.lUi: deesuverte i-ers le car^s de nirau^ l'iUe :

i dgcrcns et.,rcs 'e^J'rlnjî » sus au plus arandet au^lusjsntfluet


V prern/rrenieat une Sj^Oeieuse
etde j3 dt 1 ce^asàr eft aiu»erùen vaute Xe
_f . .
'•iijeiir

t-i^iii. tarde de fa. est te/ nlUeu. Uid r. td'u.


c/e nieiae qu£ la '"oute duJiax.
"Sjrandsta,
'rariiU partijiie^ ' -adês couverts ciaai^
arcs j^ilasir-es .Le lroita.la. moyôn ^ la iru^nm^ï.:
c mile rond s, _ 'e

xilteii. Jûrnunte dun crciffant dore.^cuit


u Cami'o'yêrgi^jj'M-J'l e/tlâlià.'&uT ,

Jes£lus ie/aix nurrceauj: 2e l ArcKitectu!-e moâeme. ^iinei^a^iei^ cour , etarntreritj'lus Jr i

3es.Ferfzn= CeiasteiPortt^u ^,d ^ftc^^mme h daur "ianiires . Ces Jeux£^ces cntdearanJs Torùàls 1,

Juientple cfl sépare en Jeui fi fies inhales £Jr un lême /b-u£lure gue ce^ii i£i./ilarcAe.' LmporiaZ
j Âui j!U^ -k huit au. nul 1 du jiiel ily a une J.es S&aaars/ônt les J^iéUx où. l'on, i-end te
rae£o le gui. mine ^ns linter nir du.Pni-U^ue . gs Us -Denrei^ . mais Tes ^lusjincs et les plus
ion ycituae datrt de^^orpAj re ou 1 cn^preche Ini ieres Ce sont des aalerles couvertes ,
. iuit £
_r u en atantuni-autre alcntree d/LpcrH^ueetaj uifpas de Lrjeurj^rt fautes . a 'uile
•caitpert Jestmee £iiur£recher£ea^nt lêté. '^n-a àoutjaues -
ae.

Cette suie he U
soi ee Jstt ccnfiniiie par UsJoùv. Jje .Pài-illon de Tjiirtiqe e/i UJi.iatzmentjettè hursSoBu -.

aias le qrani ir tiji du XVt Jiècls. eir- >Te,mù&t&itjrour2a récréation d'oias M.-k.Jcn.avcnt
.

est pour ccli .} i en lapp le la. ..fiosguec iRoittle iienck la. Couronne Ceft Un nicu^-emenir J'Morloje guifit
. .

elle ICI it le \ uite m. lU lu es Je rei-erUi dcizf de qraadis rrraricifettes attadéas a '


.
'^

l llriinijhai r 'i p.^ti^ sa part-

^il jgmi n»mi;j


f
l |^^||^^^ \
Il'l
'.il>.

V.
il \,

* il

• .- '

!•
.

''
m
IIal)it5 de^ rersaiis DESCRIPTION DES HABITS DES PERSAN!
IF1.E.M\^IF11L PE PRFNDRE LE T\B \L i F I.

Hah l des'F^n n.es

'.f.r
/ i
/
u >«.
^aiu w ùû u
Aei u. u £^u Je y
np usicuv £t(Uf O'ù tuie
/4 £e c ^ e frf ère ^ ou .

t élit ée^ ùiL u iMctA/eu £ lAçiiu


tàc uo ux. t, i «.
--""^^Si^.

l .«

m .1

'i !

^ \
F
; /

1
'
-i.

f
DESCRIPTION DELA CFLÈBRE MOSQUEE DE serai COM,DES To
ME io DU Grand C ^ra^w de l^ Vu

ï^l

SvlTeBUI^DMSCRIPnOIfDL fOMBZn niKiSl BEIl MOÏ^IJÎE

^i -ter^4 PS'^^ ^^"^ p^/a^


i-oric 'il/ou., icrù.,in.at ff«4 it^u ^ p^ m^gn^fljut V'
U6ùj / ur ^&^ Ccmr ic ^ui
,w /u^^^^ . &<««&( —! <*" "/- uttn^li lit ^n^fvJa

est rrai-/vii£- a^Uaut «,««, fii'on. àù-oU ftt^ c'fJt A ryin-t-. cfi^irurte ? 'j.ea4-t&/mn^ ci^^ro a. ,. eux. at
Jt'Ûlmt est fura eiS-éoi 3to 2^5^/i raw *" 7''

'''y,

ntaan^d^l*J.i^ CK /^£ Sâ^ ^ COT-pj ?£ l'SÂ

L?nJixu.^e T^tàme p'^ A Ucu^ CaZi


<a âft^ntea^«x.sstwj X i/aAoJued C
.tùtxati. JdL 'èasjcii^ eu cintre,

Cae.a.-va.:s^-Ser4i DE Cachan.
DU LF C 1 Zi 4^

vtij 6%LW C<ira,yan -jifat /^ icu^


,
est c££:i^ di ^^e^^
ÙL Tii^ dé /Ja^Aan.. ^
es& auan^é.cimvme on Â^^t^ JOPr- ù*.
-£uiiic /ace aÙiiU- pM-^C-dan4 )ef€X. (^is poé ^ineér^u&s ic

i-AWt^s.uj-,'^ ufi£- a,iaai.â-cnaanSre t^urt.ùûs. ùfi- âoj',


^u^i f^*^-
kti c

df .
cÂtn£^
^^Lc&s du.'fUri'au,%^ e^^ ^c£cmd^e ^u.ié .
^
t'u^, 9-e^étu, % ma^frù
fUtic. fit. i?~a7isviircnâ pr'ej^M£ conune
O/^aré^^me-ii^
'du '.'irpâ^.Jis eé^£6 Jes cJie^ oizir ^uiiPZ^
~ '^^'
" dett^ auèr&s n-'cn, onirqtce' dix n. uft/granJ
a, utt/gi
iiietn£

lituTiUu^u- oAot' a, ctn^ -y /


sotiené en. une càotnài-e. ce- tg .vies{ de £tm^
ùffti iz. je. ce laixig.

ntuU£, 3-otUec . aa-e£ li^te cÀemditee au. tTvUceu.ti^ti^ /-i/rtifue gm


TTC Hi^ie. êea-ant, aui sert àe- /c^ yoÂis des J'ecc-nds

ùa^ son.t faits comme, c^iùx.'^'' ettâa^. à un- Da./t^éfe^/»es


' ' ' -^' ' - - - —' -,.fi£ ioTi^ auictcr criT'ciér ca.n4 uz
.

/^ccweindue eu S^t^a^u-n^ êxagcm iHi- nudtM. ..e U


i^iniie
tf4c.àcntc£iftLe
tetUxTcite t(e
^
est um. çrun^e iewtdqtie 01^ Iffn^ yen.
f'fvyisiffTis Je. ocu^^. du.

./e'/Unx, est sûùs tt/n. Aatié-t:, nut^/u,^ uc ^cràaic.rej etu de i

31'^-''^''-''^ "-
.

ROIS DE PERSE QU ELLEja^NEERj


UX DES DEUX DERNIERS TUUII.ORIEMT i --v-.,v j.y .f„. \ y.:
CACHAT^^LEPLTJS MAGSIFiqUE DE J^s«
roMBEi.1 jiF Srrj I A-EPl rt ïfEF Dl,

ft/». ^ t^mleati qui /

I.
^ uaié ^n^cé tottt

i ù tMV Otu -raao o tl ûzrx,

/ L^Tra^/îre c j^^&f te

& 0€piè€^ ce- n^erir

C d/ cnjjriup t 'or. ^<y


pi^cea oiu- conbpof£ntrcci
A ra^ sont tenMà-^ iCiti,.

surt'i- /îv cr-çoA^-is , ci

rUe )'sy>tà % ^nj' or:


w e pi^ Jti-i su. '.

f ca/t-ia£4£fes
"r«
/
SujrEDELA DEscjiirjioy vr Tom RA.ir t-kSefthideza Mosqt'KÉ.

^ ujnA} ' dcn& / -ài^i^^tt. mt^tMi ^st^ai'éc te


rtcÀc Iroc^} Je K^e^^e le'plu^ ^e<Md, ^i Joià au, motLàe,. cm>>:
^r^ù auù^ ^s 'e^u\. witz Ca Ut^assi^ ^"^^^
vort. artrhma ^a*i.£fé, c'a^n^ /m£ cca*%a£e. arec tme Ct^pt'ue c: Cr
Ut a.7Uiç^ i./ia*n^n^ 3oitâ/ej i.^ neti^

de. fenie^ir . ^uir invcAe cà Â. //(- a. Jes /U^Àea ck scfU pitisî

^ J^'rtd de £w ^ù £fiArttve/2. tWw àes fae4 deàrvairù d'Jr.'î^


^hissëi^â^iifle-aanéà^cea Cnaa^e^'^ eut à'û7 K^'iuyené- îiùe
K. un Ca ta^- ^ut- irviAe-u.
eonaùie' -sn-Jc. ".^irOrDs ^Mîié^e^^i^ Ss ^o k. oc. ma,res /n/ vieee. ^yfùts
^e i^ée^ &^iiiàm^ Cou^t' cm.
c i. j fj&-iii Â-ucà fsi- ùotct à.^ià /iusim.ok^'^mDûTi'fic J/^UMia^r .^'P^^rea.eii- cracÂ^s.en,récAtué,
i é-ms çra-ncés lâo^^/^ stM' um£ même e^^dw.en/tJ4sçâtt£é . 6n.âlëte^ A Jii^K^a^ ffar^t^'. Jàs'^sî/ù
^ a t&fmAÂett/ S»<a«iSo Cna^el^ est- te ^Or?i^se*^fu,'au/K.^t£â.J:Mr,3n.a/ltùnie}ansiùf nùzuéCiiis te *'!
iiAs quù i^s ^i*^a/ns Cnné/n-t â/foi^ éàe
doéiski ùklàriâ plitiiem-J fiim^âeauoo f^èure4iù^fu.aujeur.Ona.
Au-U: ^M^ Srae, %
^ A /Utect- ^ é".

^ams
fe^'êtti,
^
êrû^ oiâii tiatu ^a^vet^e du. mî/ieu/ K A*fit Ç*rèértà s^nt
av % et- 7U.V ùnnéfe /uscfn- en/ùan . U6'
.
%. Kcm^retenué vçun/tir'tcu^-aimtr l'.'Uci-yrrui- U'/oxii' tcûz rmii.
^afe.-

R 11 liF L li- If i^,


--^ ItU^CARAVAX- S^JiAT SM CACHAX^.^
Ji ^aésùv-t?
f-uf. csi-
aui Md au ni-ùi^tt.- ce ûi. Ccurde ce Ca raj:.wi
'eo.iL.

àde^ Je c^n^ pus . Jié éat-de serit Ccur^s .As tf«iwV», a^«/^'

V^ ce«^ fiU T-'eic^^i-ir toÀre ^urs^r^frM dessus aprà


'•.coTrimû^itâ

tiwrs ^uri^eUè^ie: . ^
durrie-re de ce Anzti/'t3j^ùe^^anf,rvesi

êea. t& dtl'imi^. ^^ctmJÙ^e erv Ce çra/ià&s Ect^fies'

: ds oaÂis sc.& âaoa^c. f-u-i sûn& àpeti^prè^


Jùs p^eeiipotLT (

Ji,ffi£fneiJtm.metr£e.0tt.£ Us i^ar-te>mens Je-cauàre cctx -^ir -^

aussùp/usteat-j ./laaa^ifU,icJoatMans pnu^ lés^tr " ^"


vtMU'reî êcu •

V- ^ detrière est r

P^afttez ^ar ^éas ie ûretTLC, oui a ausst /ait-

laie ùm.ù et étau ^t jement


^^l invctic Je ia est /e ^itats laïa/, lovù à tIs Mn Mit-e

I / au iajem itie^ /môassajeur?. i'wi ec Catfàre .wf.


destine,
^ ^Hr é'eaux.^%MS ^ nt^/ieu esé £^ât^ '^er^ârçu^es k
des autres exe^vùces
Âclure \ e éciUe sorte
'^ te A rteAtsse
^ eter/es de /oie to
de CeteAa,r>.yienir àes
% J 'cr x J ai
ârûat-rds
manu
iéi (
cent f^ne se Ait en aucun têtu de & '^fse pius ds datin. 3e
et^ rs ^ t^/et s e t ti '^e ArccatJ un.i. te à ^eurs sdl-^e/cu
%éti eà, gzefian t; aii-K ^ini-rcHs
t (~ ?

\ J
m
'•feif*if^i"

4 Al

T7

'•I
II
F

DES CHIP ïioN DES Tombeaux ôc autres 'M


'

M-
Dï, PERSi:,POLIS DANS UNE MolsrTAG^SfE DE

},^^ti K à. aaucÀe U'it£ Odi^re ptaidtA audit' ^eit*

a^r^a a^-oi/r" meTtie'

? liti. aau>iihf'-/^'y
/a. Ce-^ri£ Jetdic, ùtmé^ii:'

rJravMéc P« c^ txtm'^ia^ KùnUr ce. ^i ^a^~fi£ *

2;Sica.^- . 6M. e^ir^l'rv/im^ P ,^w-/-^

^ I
is-=- - - n&: lij Cûùn/ft-dj
it'rvn- eetac/'iê^ a-a,
Mitt pmnx^
cmj-uj eW
'Je Au/âx A"
Cnapiàsaux,-
. .
'."--.;

J^ en
ceTHûtiM'nte^i'jastîo^fr à^^i^ ^/ftc ^e^ca6
^" ù!ii£.

P; (
fît"

J
teni: aitec& rvrza en- T^cieri o/u/c^sm
tu. a^iieca^^tune. eat £z^'TTk7r^en£a,£Ùnu- £»c nuf
^"^ ^t

tt&^/^KaAûm^

ii af«j*lii«fra- de' cAacu^v- wfSf A?ra«fe««cc a^ anz^.

-ie Vais Ooffi l'ofteftà où^ia


'
è^rit.^in't û^u^etiéé^.

/ - tn»rid Âi>njs ièe^' a^nût^e-r ^«.««^ii^^W'ïJ^w^ig

s ^fMen cacA^'i 'i)a,rt4 e^ ie7i7'éea*if, ci2^f a.pra£

lie fziS'tf^viWw au-t. cottcÙlt^- -ooitls u/nei cave' na


dett^^neif J'en-^tt^^té-- Or^^ yciz& Jea^x- ùm>
mof^iv âco'Tt'C ^-/u^r- a; itrt-i^ c'mùz^ztsa cçcU.

iii^i-ére^ q/tt-^- ^^^ cc^ufr-sfU; te qi€i*. JorUr f-nc^

t:l&yt,it^r~ ce âK^ t?^^^i»-o^l't>''a/^a^l^s ceé écirt,ùé


L-
'
eti^eJÙ pas
JME^S A^CIEÎ^S QliEUOÎÎ TROUVE ÎÏ0Î^I.01N
E appellej:.a Moî^tagnedes sepixlchees^

^1 r

*y r • ^ '-'

Mt-fyvù îticàesfia^ C\ /. <:

JÂeu, fuvM if'm4^6 yis ^J'^ ^£Un£f^*


il

ri
W-^^c^u-tés ^ûu^erfiM^n^ , te ^__ _

'mi^ /»^ oui ô^ Â^i'û^tC^ r^^^f^'^nlt^!

MmâA^attt^^ d^e^^ii-on^ foj>lâtù> ^.c a»^^^

""
'^i'm^ni' a'
i' i
/ t£ C^CU'I' loivï/" eues ^^rec^/tà pet &
Tio^tau^ -^ trtafé^^ «fc- «w Cc^ft-ne^ Dit

' '^ u/n£pi^M^ ^


€:^Lér^rvcA&, est-
à'"
'
V JiMiipie^

t^anii^ -s&f ^ftreJ :'~ce S^mir des


—- cA nôûre/ ce-fns éc ce- noJ mo'..

^ixanin^â-paj eée^À'eàÉ âjs^r^^frpt^^'

f/' <^ /Z t^^y.yj^^^^^^j.i^ Pat


il 'Il

ilh
^..'

if

%
H <.

( ,\
i
-i

1
'i
1

È\

^1
'"£


( \RTE Nouvelle de la Grande Tak
^ 1 y "^ -y "^
^^pf-

1 i
î
IRIE ou DE i; Empire du Grand Cham,
ï oblervataoïis très exactes de
divers Vova<îeurs
. ^ ,.^- ,.

1 -\ n -\-\,-'^\^ 'A^

M
) .

ii '!

Il \

H
n
.1.1

V
Peg. 87

é
DISSERTATION GENERALE il

s U R L A

R A N D E
vi

TARTAR I E.
sE'tte vafîe Région que l'oii nomme laChine. La Tartarie propre ou ancienne éflvers
Grande Tartarie , pour la dif-
la le Septentrion, la plupart inconnue. On y met
tinguer de laTaitarie d'Europe, cil une Place appelle Tartar ou Tatar, qui, félon quel-
trop inconnue pour en pouvoir ques-uns, donne ce nom au Païsî mais il y a plus
donner une relation fidèle. Elle d'aparence qu'il eittiréde celui d'une Rivière, ainli
elt il éloignée de nous tant par nommée , que )es Cartes ordinaires font couler
mer que par terre , à. k rcferve de ce qui fe ren- daiis le Païs de Mongul , placé le long de l'Océan
contre vers la Mofcovic, vjrs la Perfç , vers l'Em- Septentrional où elles font décharger le Tartan
pire du Mogot , &
du côté de la Chine Septen- Elles mettent auiii une ville de Tartar fur cette
trionale ; elle elt fi inaccelFible par raport au grand Rivière. Mr. Wicfen*, qui met les Monguls aux
nombre des hautes montagnes des deierts af- & Confins de la Chine , y met audi k Rivière: de
freux qui l'environnent des écueils des bancs
'. & Tartar i & il en fait une des fources de la Rivière
que l'on trouve le long de les côtes Orientales , ik qu'il appelle Schingal & Quantung , qui coule au
des glaces prefque continuelles qui les bordent du Midi de celle d'Amur , &: va fe décharge)- dans
côté du Nord , que toutes les Relations que nous l'Océan Oriental. Au relie, ce favant Homme
en avons font pour le moins fort douteufes , pour n'y met point de ville de Tartar , & il y a apa-
ne pas dire tout-à-fait Cependant,
incertaines. rence qu'elle eit imaginaire , comme plulieurs
dans l'obligation où je fuis d'en parler, pour ne pas autres.
laifiër cet ouvrage impartait je me contenterai de ; Quoi-qu'il en foit, on peut du moins juger par
raporter ce qui s'en trouve de plus affuré dans lea cette remarque, que le nom de Tartarie n'eil pas
Auteurs qui en ont écrit. un nom de Religion , comme quelques-uns fe le
Ce grand Pais efl fitué ehtte la Mer glaciale, font imaginez. La Tartarie dclèrte s'étend de-
celle de la Chine avec le détroit d'Anian, la Mer puis les Rivières de Jazarte &
de Tanaïs , jufqu'au
Cafpie, les Etats du Roi de Pcrfe & de la Chine, Mont Imaus. On cilime que c'eil une partie delà
& les Fleuves Obi & Tanaïs. Mais à la vérité, cet- Sarmatie Afiatique des Anciens. Elle elt pofîe-
te divifion ell bien incertaine , & il feroit difficile dée par diverfes aUèmblées de Peuple que les Tar-
d'y quelque fondement , quoi-qu'elle ait été
faire tares nomment Hordes , qui en leur fignification
la plus reçue par les Européens. Pfufieurs Mo- ont beaucoup de rdport aux Tribus des Juifs.
dernes aiment mieux s'attacher ^ la diviiion que La Tartarie de Zagatai a des peuples beaucoup
font les Arabes, qui comptent dans la Tartarie le plus civilifcz que les premiers , aulli bien que le
Roiaume de Thibet ou Tobbat où étoit autre- , Catai. C'elt l'Empire du Grand-Cam , ;i qui on
fois le Païs Septentrionalde la Scytbie le Mau- : donne julqu'à cent Rois Tributaires ; &; on afTure
renaher ou Mawaralnahara
le l'Olgarie ou le : que les Sujets ont pour lui tant de rcfpeifl de &
Kahnuki les Chazalgites les Caulachites ou Ka-
: : vénération, qu'ils le nomment ordinairement i^r'/j
ta Cathai Mongal , Moal ou Magog les Kaïma-
: : JeT)ieUi Ombre de 'Dieu, ïê Âme de'Dieu. Aufli,
chites ou Naimans le Roiaume de Tangut ou
: quand il meurt, lesTartares tuent tous ceux qu'ils
Tanju & Bagargbar le Roiaume de Niuche ou
: rencontrent, pour aller, difent-i!s,iervir leur Prin-
Teuduc & Jupî. Le Roi de Niuche elt celui ce en l'autre monde ce qui a fouvent coûté la vie - .'1

M
: ;

^ui depuis quelques années s'elt rendu Maître de à plus de dix mille perfonncs. Le fejour or^inai-
Z 1 re

* Nicolas Wltfen , Àucic» BourgHtmejire y


CanfeilUr de la des PrinjinceS'Unhi e» Anj^kierre ^i: à Aftjierdam le lO.Âaùi
iiilk À'Amfîerdam , ComMiJjaire dit Pilotage , DWsihur de la J717. daasJdT/-'""'^''
Conipag''.:<! dis Indes OrUtitalsi , Amènjfadefir des Etats Gériàmr

\m
DISSERTATION GENERALE
re du Grand Cam eit Cambalu , ville Ca-
en hiver teiTe eil le lit ordinaire de leurs Cavaliers. Ils

pitale de fmiEtat, fitiiée aux extrcmitcz du Gâ- portent leurs labres la pointe tournée devant leurs
Ils vont à la charge avec impetuolité ;
tai. Les Relations modernes nous en parlent com- jambes.
me d'une des plus grandes & des plus riehes villes mais pour attirer l'Ennemi , ils font femblant de
du monde. Car pour de Quenfai , qui veut
celle plier , &
lors qu'ils l'ont engagé ;\ les pourfuivre
dire Ville du Ciel &
que Marc Polo met dans ce
,
en defordre, ils fe rallient tout-à-coup ne man- &
Pais on ne fait où elle eft , &
on ne fturoit trou- quent guère de le mettre en déroute.
,

ver les àouzc mille foixante Ponts de pierre qu'il Les Tartares &
les Mogols , dont nous par-

lui donne. Outre ce Roiaume de Catai, le Grand lerons dans la fuite , ont la même origine ; &
Cam en a plufieurs autres confidcrables ; comme quoi-que l'Empire des Mogols d'aujourd'hui foit
celui de Tangut oîi l'on dit que l'Imprimerie fut
,
nouveau , par raport à celui des Tartares , puis-
trouvée il y a plus de mille ans. C'elt de Tan- qu'il y a plus de cinq cens ans que Genghizcan

gut d'où vient la bonne Rhubarbe. Les autres fut proclamé Empereur de cette Natidn , nous
Etats de ce Roi font le Roiaume de Tendue , où appellerons quelquefois les Tartares , Mogols de
l'on trouve des Chrétiens Nclloriens ; celui de Tartarie , on anciens Mogols , pour les diltin-
Thcbet, qui abonde enCorail, dont on fe fertpour guer des Mogols des Indes qui font plus con-
monnoie courante. nus. Cette grande Tartarie d'Afie , de même
Les Tartares en général aiment la guerre , & que la petite 'l'artarie d'Europe , ne font rien au-
on les confidére comme les meilleurs Ai-chcrs du tre chofe, comme je l'ai déjà dit, que ce qu'on ap-
montte. Leurs guerres fe terminent toujours par pelloit autrefois la Scythie. Elle contient divers
le pillage & la defolation du Pais, où ils entrent Roiaumcs ; mais ils font partagez en tant de Sou-
en armes. Pour l'ordinaire ils n'ont point de de- verain etez, qu'il eit prefque hnpolïible d'en faire le
meure fixe, & ils courent fur les Terres de leurs dénombrement.
Les Auteurs Orientaux fe font contentez de la
voifms. Les plus pailiblcs habitent fous- des ten-
tes de feutre , & n'ont point d'autre emploi que divifer en quatre Parties. La première eft le
celui de garder leurs troupeaux. La principale Capfchac compofé de plufieurs grandes Provin-
,

force du Grand Cam eonfifte en Cavalerie, qui eit ces, parmi lefqttclles clt celle des Getes, fttuée k
d'autmt plus confiderable , que fouvcnt les Rois l'Occident du Pais des Mogols , au Septen- &
qui lui font Tributaires lui amènent jufqu'à cent trion de la Tranfoxiane &
des Pais que le Si-
mille chevaux. Nous ne pouvons rien dire de hon arrofc. La féconde Partie clt le Zagatai , qui
fur des diverfcs Hordes, ou Bandes des Peuples ell appelle par les Anciens Tranfoxiane , par les &
de la Tartarie dcferte , leur nom étant fouvent Arabes Maouarannahar. La troifième ell le
aulli douteux que leur demeure ell peu arrêtée ;
Caraeatai , qui contient le Turqucltan , le Pais
les Peuples de ces alTemblées prennent quelque- des Naïmans , le Pais des Gelayrs , dont celui des
le Pais des Yugu-
fois le nom du lieu où ils s'arrêtent, & fouvent ce- Keraïtes ne fait qu'une partie ;

lui de la couleur de leurs habits. Prefque tous res, le Tangut, le Khothan , ou Khyta , ou Kou-
les 'T'artares font Mahometans quoi-que dans ces
:
tan ; le Pais des Calmacs, & le Roiaume de Cour-
vaftcs Provinces on trouve aulli des Juifs , & ge qui confine à la Chine il la Mer, &
Enfin
quelques Chrétiens du côté de Mofcovie. Ils la quatrième Partie eit compofée de l'ancien Mo-

ont la taille haute , & leur manière d'agir eit ailez goliflan qui cil le Gog
,
&
Magog, dont la fitua-
ouverte &fmcère. Ils ont fort peu de loix , mais tion eft marquée diveriement piar les Hiitoricns,
d'eux-mêmes ils défèrent atix perfonncs les plus quoique ce foit le véritable Pais de Genghizcan.»
confidérablcs qui ont droit d'exercer la Juili- Les uns l'ont mife dans FAfie Mineure ; d'au-
ce. Leurs habits ordinahes ne font que des tres feulement en Lydie d'autres dans la Col-
;

peaux de mouton ou de renard ; mais les hom- chide &


dans l'Hyberie ; &
enfin quelques Voya-
mes qui tiennent quelque rang , portent de lon- geurs l'ont placée aux Pais des premiers Scythes
gues veiles de foie ou de cotton , qui viennent la au-deflùs de la Chine, vers le Nord-Ell de rAfic,
plupart de la Chine. Ils ont de larges ceintures, dh'ant , pour apuicr leur eonjeflurc , que les En-
où ils lailîènt pendre un mouchoir de chaque fans de Magog , fécond fils de Japhet pallérent ,

côté. Ceux qui fe plaifent à la guerre ont quel- du Nord d'Europe à celui d'Alie , où ils donnè-
,

quefois des bottes qui font tiilùcs de foie î mais rent leur nom aux Païs qu'ils habitèrent. Eii
ordinairement elles font de peau de cheval. L'nlii- uii mot , ce Païs ell fitué dans le dernier Orient
ge des éperons leur clt inconnu. La viande à de l'Afie au Septentrion de la Chine , a tou- &
demi bouillie ou à demi rôtie eit leur mets or- jours été fort peuplé. Les Auteurs Orientaux
dinaire ; celle de cheval &
de chameau cil pour ont appelle fes Habitans Mogols , les Euro- &
eux la' plus delicieufc ; les bœufs les vaches &
y péens leur ont donné d'autres noms. Dans le
font très-rares. Les 'Tartares des Parties Septen- tems du Bifayeul de Genghizcan , ils firent des

trionales ne s'attachent ni à Fagriculture lu au tra- progrès ; ils s'avancèrent jufqu'au Caraeatai , où


fic, ce qui en bannit les richellés , à moins qu'el- ils obligèrent quelques Cams à leur paier Tri-
les ne viennent du pillage qu'ils font continuelle- but; mais dans l'on-zième fiecle, auquel Genghiz-
ment fur leurs voifms. Ils ont quelques mines can prit naiffance , ils étoient tributaires du Roi
d'or. Mais leur grande application ert il la condui- des Keraïtes. Dès le feptième liecle , il y avoit de
te de leurs troupeaux de chèvres de brebis, & deux fortes de Mogols les uns, appeliez Mogols
:

dont le lait clt leur breuvage ordinaire. Ils por- Dirlighin; &
les autres, Mogols Niron. Les Mo-
tent un Calque .N la guerre , ou du moins une coë- gols Dirhghin étoient les Nations de Congorat,
fure de peau qui eit ronde , &
qui leur defeend Bcrlas, Mercout, Courlas , plufieurs autres; &
fur le front &
fur les oreilles. Les armes à feu & Peuples de Merkit , Tanjout , Mercat,
les
ïeur font inconnues ; mais ils fe fervent de Soumogol , Nironcajat , Yeca Mogol , quel- &
l'arc. La houllé de leurs chevaux étendue par ques autres encore , étoient les Mogols Niron.
Sur-

r-Ai
"S« iSfISS»; wifcb w

SUR LA GRANDE TARTARIÉ.


•Sur quoi il faut remarquer, qu'Yeca-Mogoi & Ni- tité d'Idolâtres. Car quoi-que cette Loi ait été
roncajat apartenoient en propre -à la Maifon de Jong-tems obfervée dans fa pureté par les Tartan
Gcubîhizcan.
Comme prefcjue tous les Empires &: les IMai-
res, &
qu'elle le foit encore par beaucoup d'en-
tr'eux , néanmoins la Supeiilition a peu à peu in^
fons illuilres ont leurs fables leurs faux mira- & troduit ridolatrie dans leur Religion lans que les
;
cles , les Mogols n'en ont pas manqué ils ont
; Superltitieux crulfent aller contre l'efprit du Le-
mieux aimé corrompre la pureté de leur Hilloi- gillateur. Cette Loi aprit à ceux des Tartares qui
re, que de n'y pas mêler du merveilleux, lis ont n'étoient ni Chrétiens ni Mahometans, à diliinguer
attribué des révélations -^ Genghizcan: pour & un Dieu celelte , d'un Dieu terrcHre. Ils ont tou-
porter vénération des Peuples auift loin qu'elle
la
pouvoit aller, ils lui ont donné de la Divinité.
jours adoré le premier ; &
le fécond n'a pas laillë
de trouver place dans leurs maifons fous la forme
Ceux qui s'intéreUbicnt à Ion élévation, curent
même l'infolencc de le faire palier pour fils de
d'une Idole, d'une Statué couverte de feutre,
fous le nom de Natigay.
&
Ils l'aecompagnoient
Dieu. Sa Mèm , plus modeile , dit léulement qu'il d'autres Statues , qu'ils difoient être celles de
fa
étoit Fils du Soleil ; mais n'étant pas
all'cz vainc Femme fS: de fes Enfans. Et ils s'adrelfoient à ces
pour fe flatter de l'amour de ce bel Aitre,
elle Statues, pour leurs neceffitcz domelliques.
apliqua la iable neuvième Prédeccifeur; &
à fon H. Il ordonna par une autre Loi, quelesChefsdes
on publia que Buzengir étoit Fils du Soleil. Nous Selles,
les Religieux, les Tlevots, lesCrieurs des
park-rons dans la iuite, de coBuzengir, dont les
Mo/quées (§ ceux qui lavaient les morts feraient
^r
Turcs & les Tartares croient que la Mère ell !a exemts
,
,

des charges publiques , auffi-bieii que les


tige de tous les Empereurs Mogols.
Médecins.
, Pour parler maintenant de quelques coutu- III. Il défendit fous peine de la
vie qu'aucun
mes de ces Peuples & du premier établillc- Grince ou autre homme
,
quel qu'il fût , entreprit de
,

ment de leurs Loix: je raporterai en peu de mots ,

fe faire proclamer Grand-Can on Empereur fans


ce qui fc palTa dans une Diète générale que leur ,
avoir auparavant été élu par les 'Princes Cans,
Grand -Cam convoqua pour en faire la publica- Emirs, ,

tion.
S
Lorfque les Princes du fang , les Nevians, blez légitimement
far les autres Seigneurs Mogols a£em-
dans une T>iite générale.
les Cans les Emirs & autres Seigneurs qui dé-
,
IV. Les Chefs des Rations furent privez
voient coiupofer la Dicte générale furent arrivez par
une Loi farticuliére , des titres d honneur qu'ils
au lieu que l'Empereur Mogol avoir marqué & af-
, feCloient d'avoir , à [imitation des Mahometans:
que le premier jour du Printems fut venu, ils s'ha- Il défendit de les donner à l'Empereur qui
billèrent tous de blanc. lui fuc~
LeGrand-Can.vêtucom- céderait , voulant feulement qu'on le nommât
me les autres fe rendit à l'ailémblc'e.
Caan
, Il s'allit fur avec deux /l. Il pria rne'me qu'à l'avenir, an
fon Trône au milieu des Princes de fon fang, le
la traitât fimplement de Can. Ce qui fe pratiqua de-
Couronne fur la tête. Tous les Cans & les autres puis quand an lui parlait ; mais quand an lui
écri^
. Seigneurs firent des vœux pour la continuation voit , on ajoutait toujours quelques Epithètes
de fa fanté &
de fa polleritc. Ce qui fut fuivi à fn
qualité de Can.
des cris &
des aplaudllfemens du Peuple, qui étoit V. H ordonna
qu'on ne ferait jamais de paix avec
à l'aifemblée. Après cela , on ne fe contenta aucuns Rois, Trinces ou 'Peuples , à mains qu'ils
us
pas de confirmer pour lui pour fes Succellëurs& fefuffent entièrement foûm'is.
J'Empire des Mogols; on y ajouta celui de tou-
Vî. La diftribution des Troupes far dix
tes les Nations qu'il avoit fubjuguées. , par
On dé- cent, par mille, & par dix mille, fut auffi réglée,
clara même les Defcendans des Princes vaincus,
dé- comme une chafe fort commode pour lever en peu
chus de tous leurs droits. Quand il eut remer-
de tems une Armée , ES pour en faire des deta.
cié tout le monde des marques de zèle
& de chemens.
refpeét qu'il en recevoir , n'ignorant pas que
bliifement des Loix dt le principal devoir d'un
l'cta- VIL ^e lorfqu'il faudrait
mettre en Cami-

pagne, les Soldats viendraient prendre leurs armes
Souverain; il ne manqua pas de déclarer, qu'aux
des mains de l'Officier qui en ferait le Gardien
anciennes Loix du Pais il jugeoit ;i propos i
d'en qu'ils les tiendraient en état , (^ les feraient voir
ajouter de nouvelles , qu'il vouloir qu'on à
obfer- leurs Chefs , lors qu'on ferait prêt à donner
vât. Ba.
taille.
I. 11 fut ordonné de croire ^n'iî
n'y a qtiitn 'Dieu-, En effet, ils montroient à leurs Chefs jufqu'au fil
Créateur du Ciel& de la Terre ; qui feiit demie la
à l'aiguiUe ; &
ils étoient obligez par la même &
mort , les hiensfS la pauvreté, pi accorde Loi de raporter leurs
•vie IS la
armes dans les magazins du
®refufe tout ce qu'il lui fiait , ®
qui a fur toutes Prince , dés que la guerre étoit finie il les
; repre-
chofes un pouvoir ûbfolu.
noient pour la chafiè qu'on faifoit en Hiver quand
,
Il femble que le Grand-Can
n'ait fait puMier cet- il ne fe prci'entoit point d'autre occafion de s'en
te Loi , que pour montrer de quelle Religion
il fervir.
ftoit ; car bien loin d'ordonner quelque
punition VIII. Il fut défendu , fous peine de la vie,depiller
contre ceux qui n'étoient pas de fa Seite , il dé- ^

l'Ennemi, avant que.


le Général en accordât la per~per~
ièndit d'inquiéter pcrfonne au fujet dé la Reli- rni£ion .

mais an ordonna qu'alors le moindre Soldas


gion ;_ &
il voulut que chacun eût la liberté de Jouirait du même avantage
\

que l'Officier , is demeu-


profelièr celle qui lui plairoit davantage pourvu rerait maitre du butin dont il fe trouverait
,
qu'on crût qu'il n'y avoit qu'un Dieu. Quelques- pourvu faift ^
qu'il paiât au Receveur du Can les droits
uns de fes Enfans &
des Princes de fon fang étoiait partez
par le Règlement.
Chrétiens, &
les autres faifoient profellion du
Ju- IX. Comme Temugin /avait qu'un exercice con-
daïfme , ou du Mahometifme , ou enfin étoient
tinuel eji neceffairc aux gens de guerre pour les
DeïHes comme lui. Sa Sefte fut plus fuivic que
les autres dansUTartarie, où il
tenir en haleine , que la Chaffe lui parut une oc- ® 8]
y avoit auffi quan- cupation propre à exercer fes Troupes
, il ordonna.
"lom. F.
a A Q„( I.

l
ço DISSERTATIO N GÉNÉRALE
que tous les Hivers on ferait .
"e aux bêtes, àe pouvait époufer les deux Sœurs. On permit
la manière fuïvante.
la Polygamie, &
l'»fàge des filles efclaves. Ce
X. ©«f depuis le mois qui rt^ Mars qui fut caufe que dans la fiiite chacun prit autant

jufqu^ï celui qui répondoit à OBobre , perfonne


ne de Femmes ^
d'Efclaves qu'il en pouvait nour-
prendrait les Cerfs, les "Dains^ les Chevreuils, rir. Vadminifiratian des biens chez les Tnrtares
les Lièvres , les , non plus que
Jnes fauvages regarde les Femmes ; elles achètent vendent ©
certains oifeaux ,que la Cour
afin les Soldats ^ comme il leur plait ; les Maris ne fe mêlent de rien
puffent trouver fuffifamment du gibier pendant l'Hi- que de la chaffe ®
àe la guerre. Les Enfans qui
ver, dans les Chaifes qu on ferait obligé àe faire. naiffent des Efclaves font légitimes, aujfi-bien que
XI. On défendit pareillement d'égorger les ani- ceux des Femmes mais les Enfans de
; ces dernières,

maux Il falloit leur lier les


qu'on voudrait tuer. ï§ entre ces Enfans ceux de la première Femme font
jambes, leur fendre le ventre^ fourrer la main juf- les plus canfiderez du Père qui les avance les pre-
,

qu'au cœur , ^
V arracher. miers. Cet avantage toutefois étant réglé , il ne
Xn. L'ordonnance de manger le Jang^ les entrail- trouble nullement la paix de la famille, qui d'ordi-
les des animaux fut mife an nombre des Loix. Il naire vit dans 7ine parfaite intelligence.
était auparavant défendu aux Magols d'en manger ;
XVIII. ^ne
autre Loi condamne à mort les Adul-
mais reveiiant un joiir d'une expédition, les Soldats tères, & permet de les tuer quand on lesfur-
l'on

manquant de vivres, ^ prefque réduits à l'extremi. prend Les Habitans de la Province


in flagrant!.

té, rencontrèrent une grande quantité' d'entrailles de


de Càindu murmurèrent contre cette Ordonnaîice ;
bêtes , £une Chafe générale que d'autres peuples
parce qu'ils avaient coutume pour bien faire les hon-
,

avaient faite. La faim les contraignit d'en manger. neurs de chez eux , t£ pour mieux recevoir leurs
Le Can même en mangea. ^Depuis ce tems-là , ce Amis, de leur livrer leurs femmes. Ils prefente-
'Prince aiantjugé que ces alimens défendus pourraient rent plufieurs requêtes au Can pour n'être point ,

encore devenir utiles à fes Troupes^ dans d'autres oc. privez de ce moien de régaler leurs Hôtes. Ce Prin-
ea/ions, non feulement en permit l^ufage, mais même ce, cédant à leur imporîunité, les abandonna à leur

le confacra.
honte. Il leur accorda ce qu'ils demandaient :
XIIL Les Immunitez ^ les "Privilèges des Ter- mais afin que la pudeur de fés autres fujets ne
cans furent règles^ comme on l'a déjà dit. fût point bleffée par -une coutume qu'il trauvoit
-
XlV. Pour bannir l'oifiveté de fes Etats ^ il im- contraire à l'honneur ^ à la raifon, il déclara

mola à tons fes Sujets la necejfité de fervir le pu-^ en même tems qu'il tenait ces Peuples pour des
hlic en quelque cbofe. Ceux qui 71 allaient point à infâmes.
la guerre , étaient obligez dans certains tems de tra- XIX. Pourentretenir l'amitié entre fes Sujets i
vailler à des ouvrages publics gratuitement , ^ils il régla les Alliances &
les étendit fart loin. Il

emploioient un jour de la femaine au fervice particu- permettait à deux familles de s'allier, quoiqu'elles
lier du Prince. neuffent point d' Enfans vivans. Il fitffifàit que
XV. La Loi contre les vols portait , que ceux qui l'autre une fille , bien que
l'une eût eu un fils W
en cammettroient de canjiderables , comme de dé- ne fallait qu'écrire un Con-
tous deux jnarts; il
rober un cheval , un bœuf, ou quelque autre cbofe trat de Mariage , faire les cérémonies ordinai- ^
de pareille valeur , feraient punis de mort , £^ res: les morts étaient réfutez mariez,^ les famil-

qu'avec nu coutelas on couperait leur corps par le les véritablement alliées.

milieu î que ceux qui 7ie merit croient pas la mort , Cet ufage dure encore aujourd'hui chez les Tar-
recevraient des coups de bâton, plus ou mains, fui- tares ; rnais la fuperftition y a ajoitté des circonf-
•vant la valeur de ce qu'ils auraient dérobé. Ce châ- tances Ils jettent au feu le Contrat de Mariage ,
:

timent finifoit ordinairement par le nombre de fept. après avoir fait deffus quelques figures qui repré-
On donnait fept coups de bâton , dix-fept, ou vingt.. fentoicnt les prétendus mariez quelques formes %
fept, ou trente-fept, ^ainfijufqu'à fept-cens;mais de bêtes. Ils font perfuadez que tout cela efi porté
punition en payant neuf par la fumée qui en fort , à leurs enfans, qui fe ma-
on pouvait éviter cette ,

fais U
valeur de ce qu'on avait volé. Vexa£iîtn~ rient dans l'autre mande.
de avec laquelle on vbfervoit cette Loi, mettait en XX. Le ToJinerre, dans l'ancien Magolifian g^
fureté le bien des Magols ^
des 'fartares fujets du
autres Pats vaifins , était fi redouté des Magols ,
Grmid-Can. parce qu'il faifoit de grans ravages , qu!aujfi-tôt
XVI. "Défenfe fut faite aux Sujets de l'Empire
qu'ils l'entendaient gronder , ilsfe jettoient tout éper-
de prendre pour Tiomefiique aticune Perfonne^ de dus dans les Lacs ^
les Rivières , oà Us fe noioitnt.
leur Nation, afin qu'ils puffent tous s'adonner à la Temugin,voiant que cette terreur extraordinaire lui
guerre. Et pour conferver les Efclaves étran- faifait perdre fes meilleurs Soldats , quelquefois
.

gers qu'ils feraient obligez d'avoir pour leur fer- lorfqu'il en avait le plus grand befain, défendit fous
vice , on publia deux Ordonnances ; par l'une on de groffes peines de fe baigner % tS de faire aucune
défendait, fous peine de mort^ à tant Moghol ou Tar- H
ne leur fut pas même permis
forte d'ablution.
tare , de donner à boire ^
à manger à un Efcla- de laver leurs habits dans les eatix courantes , pen-
ve qui ne lui apartiendroit point , non plus que de dant que le tonnerre fe ferait entendre.
le loger oude le vêtir fans la permijfion de fan Maî-
tre-, par l'autre on obligeait fous laméme peine,
& On que les exhalaifons qu'ils ex-
leur fitaccroire
tous ceux qui rencontreraient des Efclaves fugitifs , citoicnt en remuant l'eau, foiinoient principale-
à les ramener à leurs Patrons. ment tonnerre, qui cauferoit moins de defor-
le

XVII. Par la Loi qui concernait les mariages, dre, s'ils s'éloignoient des Lacs au lieu de s'y pré-
il fut ordonné que l'homme achèterait fa femme, cipiter. Ils fe fournirent à cette Loi, que les Tar-

tê qu'il ne fe marierait avec aucune fille dont il fe- tares qui ne font point Mahometans obfervent en-
I- rait parent au premier ou au fécond degré; maison core; car ceux qui le font, la regardent comme
7ie défendait point les autres afinitez^ de forte qu'un une fuperftition qui fait violence à l'un des Points
ca-
Kl

!-l

V,'
SUR LA GRANDE TARTARIE. SI

capitaux de Ivt Religion Mufulmane , qui donne les &


mêmes par-tout , que la dépravation du cœuf
une pleine liberté à Tes Scd-ateurs de fe laver psir- naturelle aux hommes de tous les Pais, j'ai re-
efl:

tout où ils trouvent de l'eau. Ils font même per- marqué aufli plus haut , que îa Supcrltition a\oit
fuiidez que f.uis cela il n'y a point de falut à efpé- introduit peu à peu l'Idolâtrie , dans la Rcliiiiou
rer pour eux. des Tartares ; fans que les fuperfliticux crulfcnt
XXL Les EJpiom les fanx-Témolns , les Soda-
t aller contre l'efprit du Lcgillateur. Il n'elt que

mites & les Sorciers furent cotidamnez à mort. trop de Chrétiens en Europe qui leur reflem--
XXII, On publia des Ordoimances très-rigoureu- blent en ce point , quoi qu'ils fuficnt très-fachez
fes contre les Commandans qui manqti croient à leur de leur reflémbler en tout le relie. De plus , la
devoir principalement dans les Taïs éloignez. En
,
Loi qui bannit l'oifîyeté ^
qui imfofe aux Sujets
,

quelque lieu quilsfuffent^ on devait les faire mou- la neceffsié de fervir le 'Public en quelque choficy
rir , fi leur conduite était blâmable. Si leur fau- n'cll-elle pas encore une belle Icçion pour nous?
te était légère , ;/ fallait quils vinjfent en jier- On ne voit point là de gens qui achètent à prix
fofine fe prefenter au Grand-Cau £g fe Juflt- d'argent le privilège de palier , comme dit Boi-
fier ; Es ce Trince était là-dejfus un Juge très- leau,
feuère. La nuit à bien dormir , Ç^ le jour à rien faire.
On publia plufieurs autres Loix , gui ne font pas Ils favent que l'oifiveté elt l'Ecole du vice.

fpccitiées dans les Auteurs que j'ai fuivis. Je la punilfent-ils feverement ,


Aufli
témoin les Loix que 1;
n'ignore pas qu'il fe trouve dans le Levant un Re- j'ai raportces contre le vol l'adultère. Rien &
cueil intitulé Tafà Genghizcant ; c'elt-à-dire , les n'eft plus beau que celles que ce Prince fit pubher
Loix de Genghizcan ; mais comme perfonne , que pour le règlement de fes Troupes &rétabiilïèment
je fâche, ne encore aportées en Europe , on
les a de la difcipline militaire les exercices qu'il leur
;

ne peut fatisfaire pleinement la curioiité du Lec- faifoitpratiquer pour les tenir en haleine auiîi-bien ,

teur fur ce point. Celles dont on vient de par- en tcms de paix qu'en tems de guerre. Ce qui re-
ler , &qui font fans doute les principales , de- garde les alliances & l'union entre les Sujets , cil
mcuréi-ent dans leur vigueur pendant le Régne de digne des Etats les mieux policcz de l'Europe i &
Temugin Se celui de fes Succeifeurs. Tamerlan s'il s'y trouve encore quelque chofe de mêlé qui

même , qui naquit cent onze ans après ce Prince, paroiire choquer nos mœurs &: qui femblc contrai-
!cs fit encore obferver dans tout fon Empire. Il re ;\ la bienféance , c'eil moins un etîèt de la bar-
ell vrai qu'on ne pouvoit les enfreindre fans en- barie de ces Peuples , qu'une fuite de l'aveuglement
courir des peines fi rigoureufes , que cela ne con- infeparable de ceux qui n'ont point été éclairez
tribua pas peu à les maintenir. des lumières de l'Evangile. Parlons maintenant
Un Auteur affure que le Grand-Can les inventa de la Chaffe que ces Peuples font en certaines fai-
par la force de fon oon-fens &de fon efprît ; fons de l'année, &-enfuite nous dirons un mot de
qu'aucuns livres , non plus que l'exemple des an- la manière dont les Mariages fe célèbrent parmi
ciens Rois, ne lui en avoient fourni l'idée. D'au- eux.
tres Auteurs toutefois prétendent qu'elles ne font Genghizcan fe trouvant à Termed dans le cœur
qu'une copie de celles que les Orientaux attri- &
de l'Hiver, cette faifon l'empêchant de continuer
buoient autrefois à Turc fils de Japbct,fils de Noé. laguerre, il refolut défaire une grande Chaiic, pour
Quoi qu'il en foit , ces Loix , comme on peut le tenir fes Soldats dans l'ufage continuel des armes.
remarquer , ne font ni d'un Scythe , ni d'un Barba- Pour cet efict comme le Prince Toufchican,
,

re. Il fcmble à nos Européens , pour ne pas dire Grand-Vencur de l'Empire ètoit abfent , il or- ,

il nos François, que tout le bon-tens cft dans leur donna au Nevian fon Lieutenant de préparer une
Païs, & peut-être dans leur tête. Ils regardent belle Chaflè, & de l'étendre autant que le pouvoit
les autres Nations du monde comme des fauva- permettre le pa'is où l'on étoit, & le rcfte de l'Hi-
ges, & croient leur faire bien de l'honneur, quand ver. Le Nevian remplilTant les devoirs de fa char-
ils leur donnent quelque chofe de plus que la ge, eut foin de faire avertir les Veneurs. Il leur

feule figure humaine. Mais j'ai raporté exprès ces dit la quantité de terrein qu'ils dévoient embraf-
Loix,poui- faire voir à ceux qui le piquent de bon-fens fer , &
il les envoya en polte pour en marquer les

& de lagefTe, qu'on en trouve aullî bienailleurs,que bornes. Il commanda enfuite aux Officiers de
chez eux ; & que fouvent les Infidèles font hon- guerre , de fuivre au plutôt les Veneurs à la tête
te aux Chrétiens mêmes. Car pour ne dire qu'un de leurs Troupes , &
d'aller occuper leurs quar-
mot en paflant , par manière de réflexion , litr la tiers , afin d'agir félon lesordres qu'ils favoient
Religion des Tartares ; j'ai raporté plus haut que avoir été prefcrits par l'Empereur , lorfqu'il pu--
le Grand-Can défendit que Pon inquiétât perfon- .
blia la Loi des Chaflcs &
qu'il en régla la ma-
7ie au fujet de la Religion , Ç^ quil voulut que cha- nière.
cun eût la liberté de profejfer celle qud lui flai- D'aboi-d que les Officiers eurent conduit les
rait , ponrvîi qu'on criU qu'il tiy avait qu'un feul Soldats au rendez-vous , ils les rangèrent en fi- &
'Dieu. En quoi il témoigna plus d'intelligence ik. rent comme une haie èpaiiFc, doublant quelquefois
d'humanité que n'en ont plufieurs de ceux qui font les rangs autour du cercle , qui avoit été marqué
profellion du Chrillianifme , puis qu'il comprenoit par les'Vencurs. Ils ne manquèrent pas de décla-
par les feules lumières naturelles, que la confcicnce rer , quoique perfonne ne l'ignorât , qu'il y alloit de
des hommes n'eft point du nombre des chofes qui la vie de laifler fortir les bêtes hors de l'enceinte,
peuvent être alTervies à l'autorité & ailujeties par qui étoit environ de quatre mois de marche , & ' 1'
la violence. II feroit à fouhaiter que les Rois, qui qui renfermoit une infinité de bocages , &; de fo-
font prefque fâchez d'avoir un titre commun avec rêts j avec toutes les bêtes qui les habitoient- Le
ces Souverains fi reculez, leur reflemblaifent pour- centre de cette grande circonférence , où il faloit
tant dans le bon ufage qu'ils font de leur l'aifon & que tous les animaux fe retiraifcnt , étoit marqué
de leur puiffiince. Mais comme les Peuples font dans une plaine que l'on avoit choiiîe. Les Ofti-
Aa 2. cier^
,

iHBa

F
il^i

Çï DISSERTATION GENERALE
ciefs de k Vénerie
dcpcchérent aullî-tôt des Cou- des voycs S: des routes , broffbient par le plus
riers au Lieutenant Général des Chaffes, pour lui épais des forêts & par les tailhs , d'où bien-tôt
rendre compte de la diipofition deschofes, & lui fentant aprocher les Chaffèurs, elles fortoient pour
demander les ordres de la marche. Le Lieute- aller ailleurs chercher une retraite plus aff'urée.
nant les alla lui-même recevoir du Grand-Can, & Les tanières de même que les terriers fe rcmplif-
enfuite il les donna aux Couriers qui partirent en foient ; mais inutilement , car on les ouvroit avec
diligence pour les porter aux Officiers de la Véne- des bêches ou des boyaux ; on fe fervoit même de
rie , après avoir remarqué le quartier du Roi, furets; de forte que les bêtes étoient obligées d'en
pour le trouver plus facilement quand on les y ren- fortir &de s'en éloigner. Le terrein ordinaire
voieroit. Ce que le quartier du Roi fût
n'ell pas leur manquant peu à peu , les divcrfes cfpèccs fe
pour toujours établi dans un même endroit , car il mêlèrent les unes avec les autres. Il y eut des ani-
dcvoit avancer fuivant le mouvement des Troupes; maux qui devinrent furieux , Se qui donnèrent beau-
mais comme c'étoit toujours fur une même ligne, coup d'exercice. Ce ne fut qu'après des peines
quelque changement qu'il y eût, on ne pouvoit le extraordinaires, que les huées &
le fon de plufieurs
chercher inutilement. infi:rumens les forcèrent à s'écarter.
Les Couriers n'eurent pas plutôt porté les or- Comme un grand nombre de bêtes fe retmérent
dres aux Officiers de la Vénerie , que ceux-ci les jufques fur les montagnes, on détacha des Partis
communiquèrent aux Capitaines. Alors les tim- de Chaflcurs &de Soldats pour les en chalfer. Ce
bales , les trompettes &
les cors fe firent enten- qui n'étoit pas fans difficulté, car il n'ètoit pas per-
dre , &: fonnércnt la marche de toutes parts. mis aux Soldats de les bleilèr , &
elles leur refif-
Elle commença par-tout en même tems , de & toicnt fouvent. D'autres Partis defcendoient
la même manière. C'ell:-à-dirc que les Soldats dans les précipices qui fcrvoient de retraite à cer-
marchoient fort ferrez , &
toiijours vers le cen- tains animaux , qu'ils n'avoïent pas moins de peine à
tre , en poufiant devant eux les bêtes , tels que mettre en fuite. Il n'y eut toutefois point de ca-
des bergers qui mènent leurs troupeaux. Ils verne &
point de forêt où on lailTàt une feule bête.
avoient derrière eux leurs Officiers qui les ob- Pendant ce tems-là les Couriers partoient conti-
fervoient , &
ils étoicnt arme?. , comme s'ils fuf- nuellement de tous les quartiers pour aller avertir
fent allez à une expcdition militaire. Cependant, le Grand-Can de ce qui iè paffoit à la Chaife , & lui
quoi-qu'ils euflcnt leurs cafques de fer , leurs & porter des nouvelles des Prmces , dont plufieurs
boucliers d'ofier , avec leurs cimeterres , leurs arcs prenoient part comme les Chafi^eurs au divertifiè-
leurs carquois pleins de flèches , des limes , des ment que leur donnoicnt les courfes , les em-
haches , des madès d'armes &
leurs cordages barras & les divers mouvcmens des animaux.
jufqu'au fil &
à l'aiguille , il leur étoit défendu L'Empereur, qui avoit d'autres vues que le plaihr
de lucr ou de bleil'er aucun animal , quelque de la Chaife, alloit fouvent lui-même obferver l'état
violence qu'il voulût faire. 11 y avoit de rigou- des Troupes , voir fi fes ordres étoient exaèîement
reufes peines établies contre ceux qui fe fervi- fuivis , &s'il n'y avoit point de relâchement dans

roient de lem's armes contre les bêtes. 11 étoit la dilciphne.


feulement permis de pouffer des cris des & L'efpace devenant de jour en jour plus petit, &
huées pour les efrayer &
les empêcher de for- les bêtes féroces ne pouvant plus guère s'écarter,
cer l'enceinte l'Empereur l'avoit ainfi ordonné.
: elles s'élançoient fur les plus foibles &
les dechi-
On marchoit donc tous les jours en chaffant les roient ; mais leur furie ne fut pas de longue du-
bêtes vers le centre , Se l'on campoit toutes les rée, car comme on les chailbit de toutes parts, &
nui:s. Le fervice n'en ctoit pas pour cela négli- qu'elles commençoient à n'avoir plus d'autre ter-
gé. On donnoit le mot des rondes , il y avoit& rein que celui où on les vouloic voir toutes enfem-
des corps-de-garde ordonnez , aufli bien que des ble, le Lieutenant du Grand- Veneur fit battre les
fentinciles. On les changeoit. On chàtioit ceux tambours &
les timbales , &
jouer de toutes fortes
qui s'cndormoient , ou qui ne faifoient pas exafte- d'infirumens. Tous ces fons, joints aux cris &;aux
mcnt leurs fondions. Il y avoit quelquefois des huées des Chaffèurs &
des Soldats , cauférent une
allarmes. Enfin , tout ce qui fe pratique à la guer- fi grande frayeur aux animaux , qu'ils enperdirent

re ctoit ponftuellement obfervé. La marche con- toute leur férocité. Les Lions &
les Tigres s'a-
tinua fans obftacle pendant pluiieurs femaînes ; doucirent ; les Ours &
les Sangliers , femblables
mais une Rivière , que les Troupes de certains aux bêtes les plus timides, paroiflbient abattus &
quartiers ne purent paflèr à gué, l'interrompit. Il confiernez,
fallut faire alte &en donner avis aux autres , afin Lorfque le Grand-Can vit tous les animaux af-
de garder toujours l'égalité de la marche. Cepen- femblez dans un petit efpace, il ordonna de fe pré-
dant , ceux qui dévoient paficr la Rivière y parer à y entrer. Il y entra le premier aux fanfa-

pouifcrcnt les bêtes , qui la tra\erfèrent en nageant. res des trompettes , tenant d'une main fon épée
Ils pafi'érent enfuite fur de grands cuirs ronds & nùë, Se un arc de l'autre. Il avoit fur l'épaule un
légers, ferrez avec des cordes. Plufieurs foldats carquois plein de flèches , &
il étoit accompagné

étoicnt afiis fur un de ces cuirs qu'ils attaehoicnt à de quelques-uns de fes enfans ik de tous fes Offi-
la queue d'un cheval, &:le cheval le tiroit, en fui- ciers Généraux. Il commença lui-même le car-

vant un nageur qui allojt devant lui. nage. Il frapa les bêtes les plus féroces , dont

Cette Rivière ainfi paflëe, la marche ne fut plus quelques-unes entrèrent en fureur &
voulurent
interrompue , elle devint toujours égale. Le cer- défendre leur vie. Il fe retira enfuite fur une
cle venant ;\ s'étreck , les bêtes commencèrent à éminence, s'affit fur un Trône qu'on lui avoit pré-
fe fentir prefTècs , & comme fi elles fe fuflent aper- paré, & delà il obfervoit la force Se l'adreffe des
çues qu'on les vouloit aculcr , les unes fe jettoient Princes fes enfans , &
de tous fes Officiers qui
1,- '

dans les montagnes, les autres dans les vallées les attaquoient les bêtes. Quelque danger qu'il y
plus couvertes ; les autres , fans fe mettre en peine eût , perfonne ne s'épargnoit , Se l'on montroic
d'au-
,

SUR LA GRAN DETARTARIË. p^


d'autant plus d'ardeur , qu'on n'ignoroic pas que aportent des préfens , que les époux reçoicent
leGrand Can jugeroic par U du mérite d'un cha- fans être obligez d'en rendre, fans leur faire au-* &
cun. Tous les jeunes gens de l'armée, après les cun regal ; mais ces huit jours expirez , il faut qu'ils
Princes & !es Seigneurs, entrèrent dans cette en- traitent leurs parens amis, &
ces feltins ne fô &
ceinte, & firent un grand carnage des animaux. paiîent point ordinairement fans qUerelles, parce
Les de Genghizcan,fuivisdepiulieurs
Perits-iils qu'on n'y ménage pas les boilïbns.
petits Seigneurs de leur âge, le prefentéient en- Après ces Remarques générales, je ne puis
fuite devant le Trône, & par une harangue faite à mieux finir cette Diilèrtation, que par le récit de
leur mode, prièrent l'Empereur de donner la li- ce qui regarde les cinq grandes Reines, femmes
berté aux bêtes qui relloient. Il la leur accorda, de Genghizcan & fes quatre principaux fils. Ce
,

en louant la valeur de fcs troupes, qui furent aufll- récitnous conduira naturellement à la DifTertation
tôt congédiées & renvoyées à leurs quartiers. En fuivante, où la Généalogie de ce Prince eft rapor-*
même tems tous les animaux qui avoient évité le téc, enfuite de fes principales .-îéîions. Un Hiito-
fabre & les flèches, ne fe voyant plus environner rien parlant des Princeftèsfes femmes, en marque
s'échapérent& regagnèrent leurs forêts. Telle fut jufqu'à près de cinq cens, fans parler de fcs concu-
la chalîè de Tcrmed, qui dura quatre mois. El- bines il dit que parmi toutes ces Dames, il
;
y en
le auroit duré davantage, fi l'on n'eût pas craint a cinq qui ont eu plus de part que les autres à fon
d'être furpris par la faiibn, &
d'y être encore ocu- ertime , &
qui par conlcquent avoient beaucoup
pé lorlqu'il faudroit continuer la guerre. En ef- plus de pouvoir fur lui. Gnzifuren^ fille du Can
fet, on touchoit au Printems de l'année 1211. & des Naïmans, fa première femme; TurtaCougi-
les troupes de divers endroits étoient déjà arri- ne y fille du Can de Congorat; Ohoulgme ^ fillâ I
vées. On ne les laida pas long- tems repoier. d'Ounghcan Roi des
Keraites: quelques-uns la
,

Genghizcan fe mit à leur tète fur la fin de Mars nomment autrement ; Cnbcoucaîun , fille du Roi
pour pafTer l'Oxus , & aller enfuice vers la Bac- de la Chine; &
Coulancatiin fille de Daïrafon,
triane, où le tjultan Gelaleddin avoit aiTemblé une Can Mogol de la Nation de Mercar. Cette der-
armée. nière étoit d'une beauté iinguliére.
Voici maintenant de quelle manière fe font les Ce Prince eut un prodigieux nombre d'enfans,
mariages parmi les Tartares. Ils font fuîvis de mais il mit entre fes fils une grande difièrence. 11
fêtes publiques, conformes à la qualité des Epoux. n'y en eut que quatre qui commandèrent fouverai-
Ils achètent les plus belles filles qu'ils peuveut trou- nement dans fes guerres dans fes Etats. Ces &
ver, & en font enfuite leurs femmes. La Loi leur quatre Princes eurent tous les grands Emplois, &
permet d'en ufer ainfi, pourvu que celles qu'ils il^ eft fi peu parlé de fes autres fils, qu'il femble
époufent ne foient ni leurs fœurs, ni leurs tan- n'avoireu que ceux-là. Quelques Auteurs en don-
I

tes. Un homme peut èpoufer les deux fœurs, & '

nent une raifon. Ils difent que les Mogols, par-


même k^s femmes de fon Père , après fa mort, ticulièrement les Princes, n'eifimoient leurs en-
excepté celle qui l'a mis au monde. Ils n'ob- fans qu'à proportion de la NobleUe de leurs Mè-
fervent pas de grandes cérémonies pour fe marier. res; mais la conduite de Genghizcan ne favorife
Ils fe contentent d'un confentement mutuel des pas cette opinion, puis quePurtaCougine,qui étolt
parties, ménagé par les Pères & les Mères. Le la Mère des quatre Princes qui furent {x diftinguez
mariage conclu, le Père de la fille reçoit du futur des autres , n'étoit que la fille du Chef ou Can
époux l'argent dont on ert convenu ; enfuite il de Nation de Congorat, & qu'il avoit des enfans
la
donne un grand repas aux parens & parentes de de filles de Rois , qui vivoient dans fa
fon gendre, où les ficus ne manquent pas de fe
trouver. Au milieu du felîin, la mariée s'échape
fortis
Cour comme de fimples particuliers. Ce n'eit
pas qu'ils ayent abfolument demeuré fans auto-
^1
& va fe cacher avec quelque parente i & lorfque j
rite. Ils ont tous éié Princes ou Cans comme
fes compagnes, qui doivent avoir ménagé le lieu leurs autres frères; mais leur fortune a cié bor-
de fa retraite, voyent que le marié a peine aie née à de petites Souvcraineiez. Ils furent pour
découvrir, rien ne les divertit davantage , rien ne la plupart établis dans le Mogoliftan, où l'Em-
fiiit plus de peine au futur époux: mais quand il pereur leur Père leur donna pour appanagcs p!u-
eU alfez heureux pour trouver fa femme, il la iieurs Provinces de l'Orient, ainfi qu'à fes frè-
mène aurti-tôt chez lui, où tous les parens & les res, parmilefquels le Prince Utakin fedillinguapar
amis les ayant conduits, les laiflënt en liberté. Le fes Emplois, &
fur tout par le gouvernemenc
lendemain du mariage, la mariée fe fait couper les du Royaume de la Chine, qui lui fut confié , pen-
cheveux, depuis le haut de la tête jufques au dant la guerre qui fe fit contre le Roi de Cariz-
front. Se fe revêt d'une grande velle qui lui tom- me. Jougi Cailar fon fécond frère eut auffi de I
be fur les talons. Cette velle ell fendue par de- beaux Emplois, ik. fut un de les Généraux d'armée.
vant & s'attache au côié droit. Après cela elle Toufchkan ^ appelle par quelques-uns Jougi, fut
met fur fa tête un bonnet attaché à un petit cer- l'aîné des quatre fils de Purta Cnugine; le fécond
i;
ceau fort léger, qui en fait la forme, & qui fc fe nommoit Zagataycan, le troîfiéme Ofl.iycan
y
noue fous le menton avec un ruban. Cette coef- & enfin le quatrième Tîtlkan. L'b.mpercur leur
fure efl longue de deux ou trois palmes. Mais Père, après avoir étudié leurs inclinations, dont
celle des femmes qui veulent paroîcre plus que les il fut fort fatisfait , réfolut d'en faire fes pre-
autres , a quelquefois une aune de long. Elle miers Miniftres, & de les pourvoir des plus im-
eft quarrée par le haut , couverte d'une riche portantes Charges de l'Etat. Il fit Toiifchica»
étofe, ^
ornée de plumes & de pierreries. Cela Grand Veneur de l'Empire. Cétoic la Charge la
leur donne un grand air, lors qu'elles font à che- plus confidérable, à cauiè de la chafie à la-
val; & comme ce bonnet eil creux, elles y enfer- quelle les Mogols croient indifpenlablement obli-
ment leurs cheveux. Les jeunes gens font des ga- gez. Il choifit le fécond pour être Chef de la
lanteries aux mariez pendant huit jours. Ils leur Jultice. II lui donna le litre de Directeur des
Bb Lok t\

i&4àL
54 DISSERT, GENER. SUR LA GRANDE TARTARIE.
Loix, &
'

voulut que tous les Tribunaux de le jugea digne de


il
'
''"""
'
&
cette place; ne forma preC>
d'entreprife fans le confulcer. Les af-
l'Empire dépendiffent du fien. C'étoit Zagalay- que plus
guerre furent confiées à Tuitcan, le
cm, qui ordonnoit des peines contre ceux qui faires de la
Loix, & avoit foin de plus jeune des quatre. Les Généraux dépen-
n'obfervoient pas les il

les conferver dans toute leur pureté. Le Prin- doient de lui , &
recevoient par fa bouche les or-
ce OClay eut la charge de Chef des Confeils. Il dres du Grand Can.
faifoit paroître tant de prudence, que Genghizcan

r
m \
SUC-
-fj^SSSî^"
'':,ll:
: Ge^eàlo gie DES Al^CII

E-eniai' qvue Historicité .

?fl^il prtJ àe, naui etv àan/ii^r-


iCc/itr ùaucùù/ ceCoe--
Ci' a-. 6i£' ceptÉe/ h

a'ut' la-Jeha^-^ J. _ fA
Ufie-./ia./^
, _ _ _ , ^

efTzpccAe' œj t.Ja'rttbT-eJ ^ entj-^i^


cnesL tej Cnt/n^td, ôe-ùs àt^Ur-.&Ci
'maitr^ej Je' lau'r&até.corn
TTta lus p/rcnt ett J^-f^- <.'lira, nea/i -

mciiz^ e^mxn'c t^utsieu/ri /cu-rer-od^ju

^ n^fm/nt/ iof à&fneU're^ , '^ .

I^rs lé' iiùùcu' à& ce yaj^tc ^au , il

1/ a ûAS j?£Ufp^ u&rt^ . ifiiù ri 'ont"


tf(fi?tt S' hctûitcuicn fixe- maû f2u ti-

l'en.tiàiiarCampaa'iiC'/tf.r'dei c^iait^^ts
(k/tnis àej tc?ifs4 . Cej lûfU'j àc^ ^u-
vu^ /ont MùtrrâucQS "ea^r irvup&i .

'
ait 'an' af^f>&Cc. C/û-rSej .

Chv Ct^mfto cÏTati —Min'ïLu.fnej e-'l-

/er-tnea da,nj la^/arta^i-tc.éo^ Lonàit

3e C ch?iffitm£'7-ui iuC Ci'ûu.yii' i


'

I: W
. .

(.1
:'''
il

s Empereurs Tartares,
) A

^ y ne dit i-ioii a^ ces 4 derni<-irs Pi-itu-es.


I
Reiuartjj^te Historimte .

*j£n'i'jt jpaj facÙc. èc iit.jnj lui-


p^i'cci/entfnt dans atie,lTe?ns /rj

teitUr Ce-pois oui/ cA> ùTiùr^ /e-^Ta'naij


Si lé ^crùffi^Tie; & q^ 'otv nom Ttte pri'
~ ut, ^•'e4i£e-t^af£a-ri£..

•rc anti tes . 'iii-tai-uj

m!
T^^alre-, i:J'eSn. ce aue ètC /é . /<.- =

'n^^ooo iznj ya >â:^


.

t peint àe.-
î*
pu^-e^ ta/ gaer-r^ au

•^iJ'
'"èiiy-fip ??2aà7^e^^^ & C/uiU'. éi
Icf-^ ^â. hintù£ù:_nvm7nS^ f'ren crm
lenca. ce it;,7itci~. ùuni^iri~'e . mis

cmt^uez (2.- ûi, L nine ûvnt


. le ^Xvn<.

t\

mmanctiffitint 3& leu/T- .AmV' x-uticat'.


''/m. nemtfi£^i£ i& ûrmnè Can,. euTa -

âirenc tout £& nmij-eau,^ C Ci^i,r& àe^'


L /u,m., Cejt la^rami^ù/ 3a ce-^r^icc

rM rc giu, rca.ne a/icoi-e'eaifottrè àut


i.

mB

i\

H
'«'t

9f l>i

CHRONOLOGIE J
HISTORIOUE
DES C A N S
DES

TARTARES.
- 'J

l'Hiftoirede ces Empereurs étant fort obfcure &fort incertaine, je ne m'engagerai point
ijdans la recherche de fon antiquité la plus reculée. Je ne remonterai que jufqu'à Gen-
Jghizcan, que tous les Mogols ik les Tartares reconnoiirent pour le plus grand de leurs
JPrinces. Il étoit fils d'un Can nommé Pifouca ou Yelbuca, qui avoit régné dans l'an-
|cien Mogoliltan. Je dirai feulement que Cabalcan Bifayeul de ce Prince, pour le faire
•Jdillinguer des autres Cans de la Tribu de Niron fes Parens , ajouta le nom de Cayat
à
celui de Niron que porcoit en particulier fa principale Tribu: depuis ce temslà, ce mot, comme un
titre d'honneur, demeura non feulement â la Tribu, mais au Can même qui en étoit le Maître,
& à
ceux qui k compofoienr. L'origine de ce mot vient de certains Peuple-; qui étoient à l'extrémité
fepientrionale du Mogolidan, & que l'on nommoit Cayat, parce-que leurs Chefs avoient autrefois éta-
bli dans une montagne appellée Arkenékom une fonderie de Fer, qui donna une grande réputation
à
CCS Branches Mogoles , à caufe de l'utilité que tous les Païs Mogols en reçurent. On appella ces Gens-
là les Forgerons d Arkenékom & comme les Ayeux de Genghizcan b'allicrent avec eux dans la fuite,
;

quelques Ecrivains mal informez ont publié que ce Prince étoit né d'un Forgeron, &: qu'il avoit été
Forgeron lui-même. Ce qui les a jettez dans cette erreur, c'eit que chaque Famille Mogole, pour
conferyer la mémoire de ces illultres Forgerons, avoit coutume le premier jour de l'année de célebier
une Fête, pendant laquelle ils élevoient une Forge armée de fes foutlets, où ils allumoicnr du char-
bon & faifoienc rougir une maflé de Fer, qu'ils battoient avec le marteau lur une enclume; & cette
adion étoit précédée & fuivie de prières. Ces Ecrivains fans doute, ignorant la caule decettecéré-
monie, & ne fâchant pourquoi on donnoit le furnom de Cayat à la Famille de Genghizcin, fe font
perfuadez que ce Can avoit été Forgeron, & que pour remercier Dieu de l'avoir éievé à l'Fmpire,
il avoit établi cette coutume. Ainli ne pouvant remonter plus haut dans l'Hilîoirc des anciens
ÏVIogols, ils ont fi\\t paficir Genghizcan pour un miferable, dont l'élévation n'a été qu'un pur ouvrage
de_ la Fortune. Mais les HlÛoriens qui ont voulu creufer l'antiquité pour découvrir l'origine de ce
Prince, ont eu d'autres fentimens de lui. lis parlent tous de fon Père Pifouca Behader, comme d'un <. U-
Can très-conliderable parmi ceux de l'ancien Mogolillan. Il avoit époufc Oulon Aikeh, fille d'un Can
de fes Parens qui avoit remporté plufîeurs Viftoires fur fes Ennemis. On peut voir clairement par-là
que la nailîance bailè qu'on lui attribué ell un effet de l'ignorance des Ecrivains. En effet fon Père
defcendoit en ligne direi^ie,par fept Générations, de Buzengir furnommé le Julie, donc la réputation a
été fi grande dans les Païs taeptentrionaux & Orientaux de l'Afie , qu'il n'y a point eu de Prince conli-
dérable qui n'ait voulu pafler pour parent ou pour allié de fa Maifon. On peut donc allurer que Gen-
ghizcan fils de Pifouca ell né Prince ou Can.
Sa Mère fe nommoit Alancoiia: elle avoit déjà été mariée & avoit eu deujf fils, appeliez, félon
Marco Paulo Bactout ,
, & Balaèfout: d'autres les nomment Beikeda ou Yekeda. Ou dit que
Doliyan-Byan ion Mari mourut quelque tems après, & qu'au lieu de fonger à fe remarier, com-
me elle palibit pour une Dame très-vertueufe , elle mena une vie retirée , & fit croire aifémenc
qu'elle ne vouloit fonger qu'à l'éducation de fes enfans.
7 F
Néanmoins, quelque lems après elle parue
Bb 2- grof-
, , ,

9« CHRONOLOGIE HISTORIQUE
groire. Les Parens de fon Mari en murmurèrent. Us l'obligèrent mcme à paroître devant le Juge
de K\ Tribu. Il ell: vrai qu'elle n'en fit aucune difficulié. fcUe alla hardiment chez le Juge. Llie le
pria d'aboi d de prendre gnrde à ce qui lui écoit arrivé, & d'en oblervcr toutes circonltances avant
les

que de porter Jugement. Le Juge lui demanda de quel homme elle écoit devenue enceinte. Elle
répondit, qu'aucun homme n'y avoit contribué; mais qu'étant un jour négligemment couchée l'ur fon
lit, une lumière extraordinaire étoit venue éclairer l'obrcuricé du lieu où elle étoit ;que cette lumicre,
dont l'éclat cblouïlToic, l'avoir environnée avoit pénétré par trois fois dans fes flancs. &Comme !a
bonne Dame Alancolia étoit bien aîfe de prouver fon innocence au Peuple i^ de lui perfuader que fa
grolTelTé n'étoît pis naturelle, on raporte qu'elle ajouta qu'il chaque fois que la lumière avoit pénétré,
elle avoit conçu un fils ; qu'ainli il fatloit attendre le tems de fon enfantement que fi elle met- -,

toit au monde trois enfans mules, ce feroit une preuve ïnconteltable que tout ce qu'elle avançoit ctoin
véritable; &
qu'au contraire, fi elle n'accouchoit pas de trois fils, elle fe foumettoit à tous les fup-
plices qu'on voudroit lui faire fouflrir. Le terme étant venu , elle confondit la calomnie des Parens
de fon Mari qui ofoient accuièr fa vertu; elle mit au monde trois fils, qui dans leur tems donnèrent
le nom à trois grandes Tribus, Buzengir étoit un de ces trois fils , les Chefs de leurs defcendans &
font appeliez Nouranyonn , c'elî-à-dire Enfans de lumière. Cette fable a donné lieu à quelques Au-
teurs d'appeller Genghizcan Eils du Soleil, le croiant defcendu d'Alancoiia par îiuzengir fon neuviè-
me Prédecdièur. Marakefchy, l'un des Hiftoriens Arabes qui ont raporté cette fable, proteile qu'il
n'y ajoute point de foi, &
qu'il eft perfuadé que ceite Uame ne l'a invemée que pour éviter
la mort qu'elle avoit méritée par fon crime. Cependant les Mogels confacrèrent cette fable. Elle
fut tenue pour un miracle parmi eux, &
ils demeurèrent perfnadez que Dieu envoyant fa lumière à

Alancolia, n'avoit eu en vue que de faire naître un jour, des Defcendans de cette femme, un Prince
qui vengeât le Ciel des injufticcs que les hommes commettoient tous les jours; ils ont cru que ce &
Prince étoit Genghizcan.

I.qENGHIZCAN. lequel fuivsnt le nport de FadUlhh


, Compagnons de fa vîfloire trouvant leur compte à l'élever
4ui a écrit U vie de ce Prince , eut pour Perc Pilôuca ce haut rang , animèrent les autres i luivre leur exemple.
Behïdcr , & pour Ayeul Purtan fils de Csbalcan. Celui-ci
fortit de "Tumenecan fils de Baïfancourcan, dont le Perc Te Le CouronnemeM de ce Prince fut donc réfolu, &ronji
nommait Caïdufin. Ce dernier ctoit fils de Touiomiten- gea qu'il le falloit faire dans la Province de Ifeca Mogol
can , qui eut pour Père Boucacan fils de Buzengir furnom- Dilon Yldac où Temugin avoit pris nailTance, Les Peuples
mé le Jufte. Entre ces Princes il y en a trois particulière- accoururent de toutes parts pour étietemoins de cette Cérémo-
ment qui fe font rendus recommandables : Buiengir par mil- nie . où le principal Afleur fe rendit accompagné des Cans fes
le venus & par la qualité de Roi de Cotan Cabalcan en le ; Panifans, il s'ailit fur un fiege des plus fimples qu'on avoit
ftilant admiter de toute l'Afie par Ton courage: & Piiouca pofé fur une éminence , d'où il harangua l'AlTemblée avec fon
Fcre de Genghiiean pour avoir fournis à fon obéilTance h éloquence ordinaire. Sa Harangue finie , on le fit mettre fu»
plùpait des Chef des Nations Mogoles , avec plufieurs Sou- un feutre noir qu'on avoit étendu fur la terre , &
la peifonne
verains de Caracatay qui iroubloietit fon repos. Il les vain- qui éiuit chargée de portei la parole , lui annonça hautement
quit malgré les lécours qu'ils recevoient fouvent du Roi de (a la volonté des Peuples Mogols. Il lui remontra, que quelque
Chine Septentrionale ou du Catay. Le dernier Combat que pouvoir qu'il eût , il le tiendroit du Ciel; que Dieu ne man-
Pifouca donna avant la naiiTatice de Genghiican , fut contre la queroit pas de benii fes delTeins , s'il gouvernoit fes Peuples
Nation de Soumogal , qu'on appelloit aufli Tatar. Pour fe avec juftice ; &
qu'au contraire il le rendroit miferable , s'il
venger d'une infuke qu'il en avoit reçue , il fit marcher fes ahufoit de fa puiffance : ce que lui marquoit le feutre fur le-
"
Troupes vers leurs frontières. 11 entra dans leur Pais , 6c le quel il étoit affis. Après cette reraonirance , fept Cans
pilla. Temugincan, Général de plufieurs Hordes, vint pour levèrent d'un air de cérémonie , &
le portèrent fur le Trône
l'en chaflcr ; mais Pifouca alla mit en d(
au-devant de îui , le qui avoit été préparé au milieu de l'AlTemblée. Alors ils li
toute après une fiughnie bataille revint glorieux dans
, & proclamèrent Empereur, &
lui donnèrent le tiirede Grand
ITeca Mogol dans une maifon de plaifance appellée Dilon Yl- Can de toutes les Nations Mogoles, même de celle des Mi
dac , où il faifoit fa demeure ordinaire. Pour éternifer le fou- kiies, qu'ils déclarèrent Rebelles. Enfuiie ils fléchirent ne
venir de cette vidoîre , il donna le nom du Can qu'il venoii fois !e genouil devant ce nouveau Grand Can , pour marque
de vaincre à un enfant, dont accoucha peu de tems après de l'obéïlTance qu'ils lui ptomett oient tous. Les Peuples, à
Olon Ayké la première de fes femmes. II l'appella Timugin. leur exemple , firent auffi neuf génuflexions accompagnées
Comme on ttouva du iang caillé dans les mams de l'enfant d'acclamations &
de cris de joye, pour alTurcr le nouvelEm.
Pifouca fut étonné de cet accident qui lui parut fort extraor- pereur qu'ils fe foumetioient aveuglément à tout ce qu'il lui
dinaire, êcconfulta, felûnlacoiitumedesMogols, IcsAfirolo- plairoit de leur ordonner. 11 promit de fon côté de les gou-
gties &les Devins, Mais il ne lut pas content de leurs con- verner avec autant dejudice que de douceur , &
de les dé-
jeélures. Soughoudgin fut le fcul qui fatisfitlc Can Mogol; fendre contre tous leurs Ennemis , de procurer leur bien &
illui dit que comme l'étoile de fon fils marquoit qu'il auroit leur repos, de leur aquerir de la gloire &
de faire connoître
un grand nombre d'Ennemis â combattre, le fang qu'on avoit leur nom à toute la terre. Se voyant Empereur de tant de
vu dans fes mains faifoit connoltre qu'il tcîndroit les Campa- Peuples, il penfa moins à jouir en repos de fa nouvelle di-
gnes de leur fang &
les vaincroic tous qu'il deviendroit en; gnité , qu'à s'en rendre encore plus digne par de nouveaux ex-
peu de tems Grand Can de tous les Scythes, paice que lamai- ploits. Bien-tât fes Ennemis, jaloux de fa puiiTance, lui four-
fon de fa Nativité dans fon hoiofcopt: étoit la Balance, qui nirent les occafions qu'il attendoit. Le premier contre qui il
n ligne aérien , &
que les fept planètes étoient dans eut la guerre fut le Roi de la Chine Septentrionale à qui i! ,

ce ligne. livra une bataille très-fanglante. Ce Roi y perdit trente mille


nés , &l'Empereur Mogol après avoir perdu im grand
dcJ.C. Je à l'Hiftorien de Genghiican le recît de la perfc
lailTe nombre d'OfEciers , &
plus de Soldats que les Ennemis , fe re-
iiâS. tion qu'il foiilTrit pendant fa minorité de la part des Cans Mo- avec tout le buiin qu'il put faire, par la Province de Pe-
de gols, après la mort de fon Père de la confpiration qui fut
: quin , dans laquelle il avoit quelque intelligence. Les Chi-
l'Heg.
formée contre lui à U Cour d'Ounghcan Roi des Keraïtes, nois ne le pourfuiviient point, parce-qu'ils n'ctoîent pas moins
JÔ4. :ment le Ptéte-Jean d'Afie où fa vertu lui fufcita des En-
, fatiguez que les Mogols , &
qu'ils avoient aufG bcfoin de re-
is encore plus dangereui que ceux qui l'avoient obligé d'a- pos. C'eft-pourquoi ne regardant que la perte qu'ils venoient
bandonner fes Etals ; K des autres événemens de la vie de ce de faire, &
craignant que Genghiican n'aiïiegeàt leur, Ville
«tcJ.C, e jufqu'à l'année iioi. qu'il retourna dans fon Fais âgé Capitale, ils réfolurcnt de s'accommoder avec lui pour le faite
de quarante-neuf ans. Il y tut reçu aux acclamations non fortir de la Chine, que la guerre avoit déjà léduite-dans un
feulement de fes Sujets , mais atillî des aivties Peuples Mogols. état pitoyable.
l'Htg.
Ils ne croyoient pas pouvoir alTei le remercier de lesavoir dé- Mais dans féconde guerre que Genghiican porta en ce
la
539-
livrez de h Tyrannie d'Ounghcan , qu'ils appelloknt le Perfe- Païs-là , faifi d'une forterelTe eonliderable qui ou-
après s'être
outeur de leur Nation ; &
charmei de fa valeur , de fa fagelfe vroit l'entrée de la Chine, il réfolut de mettre leiîegedevant
A: defon affeélion pour euï, ils l'clevoient fanscelTejufqu'au Pcquin qui en Capitale.
eft la Quoique le Roi de la Chine
ciel. 11 ne manqua pas de profiter d'une occafion fi favorable eût fait mettre beaucoup de Troupes dans cette Place , les
pour avancer fes affaires. U fe fetvit encore de fon éloquen- Mogols excitez par ies Rebelles qui les accompagnoient fe dé-
ce , dont il n'ignoroit pas le pouvoir. Il promit aux Mogols terminèrent à en faire le fiegc. Ils eifayerent même de la

1 de grandes fortunes , s'ils avoicnt affez de ïèle pour féconder


les delTeins. Les Peuples
, gagnez
par Tes paroles par tout Je
bien que fes Aroispaniculieis aftl'floient de dire continuelle
ment de lui , téfolureiit de l'élire Grand Can c'eil-â-dire Em- ,
&
prendre d'affaut ; mais le Prince de la Chine , à qui le Roi fon
père en avoit confié le Gouvernement dès la première guerre,
la défendit avec tant de vigueur, que les Affiégcans firent

ftbrts inutiles. On ne fauroit dire combien il fe fit de bel-


peieur de toutes les Tribus. Les Cans qui avoieni été les, les aflions pendant ce lîege.- parce que comme le deflin de la
'

Chi-
1/ i

i.i
r!>
r

GENEALOGIE DES EMPEREURS MOGt


JUSQ,TJES
VII -AJÏATTJM ^14. 1

«: /èhiorUa sa-/' ù''


On it reaatVL
'rmsifim^

Jean Harsia.

j£HA¥r ou

Amaïum iTJ. Ho
kjption j)b linboustan JïIAYOM >oilcla.Uul:
Et Ta RntJ K\1 u ->'..
la in Dviia-^tic .

IMFIRE Bp bRANB 3IOGOL


IIMIR4CH\/* MlR'V'îCHtC M1ER.2A .
jff i met LS tteit:s gae -41^ gut nfia^
"^
t h/u&r ^ / MIR A ^ 1' ?. /t
_...._ __^ iu>inéire de '-

i»^^ Sek ou. Sf.I1-


OM\K

itnJiiant ^ni
'/.» Vf
IIIMOH\MPD M1R\M0UT Vc /J<s.ù
MlRACHA, j'n
/ ^ "*
r ^ «^^ %>ï Miras cHAC
t laa ir<: e ^ ^ /il.
ÏETES Dl MoGOL 1\ ABULH1ID -iBtSAlIÎ ABUSAID, Airl^
, / ^ / ^.^ ^^«.4W
//o/tan '^ yi I- a a %xAwtà a w *«j-w /ê dcauei
(i i J- It^M^
^ u. t LOi an ?<j P Itz-x t ^ j! couper
^
AUe /a. i^q^
i
V Sek « SeJCH OMAK. 17 i z4 a sicmcu:
]aii

.'^' TI EAB\K. u ~&\~aVR. a BABOUR .w IdLj^^o,


i J f f I is t7 J/ Ut. moi a. .

II
.

OEPUIS TaMBERLA]^
; s r, i>f T
ou Tamerla^
\Tim:lr-. ^-'^^.Pa«.
%

j
, i.

Vin.AKEBAR, .^- GRAUD ^a XA.,AGUE BAR Description dit Royaume


't?ll litV iviuijn ans ^jiuf£S paur ttu' ^apù'aut-t- u de
Kachemir£
X^JEHAN^ruJBHOTT GUltE ^ui jca{ %rSa s £ue al extrémité cUi- Mo^I
lin % l/ÙJiuii, lesQcil àJàjr r^auii^'il ia.ï^t Uun.
"bti l'erî(uéù: ttatn. è^it SCMA SELIM jt nu.uiat .
Uet£aiiire fizf ^a urt-m^tirS Se e^â e Ai
n jJz7
-CIL^-JEHAN .'tt KOUKUM. ùu. CHKDMi»i ScHAH
-jY.y^KS IIU:U.I-lU ^-JLJlifJ
tï eu Pvt e e ^ ^£ anj /ex-trfir iùr c^ éir ;

toaU rïJc éaé-^ Wf eft e ic aj ee enire ^^


A li £i t^Uif/OAt iii tf orieK vtttâ
iir iejB^ ffrv Aes j-^ ru
Se &/rtgme /u/m asâ sans
if fuarAr Se /lèiU'^ ^/^ *: ?«
i^i/i isi^n
Jjuuiii Cent? a/ij .i/'/vy /afi^ir /iVi»' àu'Orc
tJ au A"'
,

<. u &Vj7 rfi érv 'iatmi/it

LBADOUR 51AH f^^na fort peu. c'n ne tiut !MANI£It£ DONT OUBB-UIi XES MOR-TS
aPittu /^c-7iuian- fii^ as j^m-
II. TeHAÏT DAR51AC .-a JEHAN DARSIA ,

aui-ùiie^u ,ic /a,S^*nc4d d-eesst^ r^rt^euA! utié


ap>-cs -.i.iJcu!- fi.t-A: mai<r en ne sat'^ pas &" .

Je sa /nerf. <-
TltTTi it-uSmi^nt m/i^itne eu, de^tt tr^xâ ettseJ-e/ù

3 XIV. TERROG SIEJt r« FAltA KJK. ^wl'ywi- cU datis us y^iw/ni-j- Hmù auaàre •eu. cùif^jes ^sc/as'eé-.
n OiJUi i deiit otuear mi^iai CMi/inf /a'
t f OR. 3é en 4n i vrese^U- Ci ^n f^ari se irre-ciMitanà- iirw caë t^is /ajèsst .

i
à f, uil zta é ireu^irA.u.f j^j- ^

i
M\

.ru.

H
nhru T. -.Vx' S° '.^^

1^)

.
F
•'7

V !

li

m
\\*^-'Ù7iai/iiTn ou t^MoiiTTiaymi, rnoTt eJi J55Z
F

m^

Mi
IZotti. V. J^''f3S . Ta^: UO -

1
*
i
^1
F

m
^
.1

i-

(IF"
F

i'(

I
,

^'
W'

!'J
DES CANS DE TARTARES.
Chine fembloit être attaché à la bonne
celte Capitale, les plus braves Chinois
ou mauvaifc fortune de
& les grans Seigneurs
S
ilsen vinrent i bout toutefois ,& les Mahometans furent obli-
gez de mettre leur efperance dans la force de leurs murailles

de l'Empire y étoient entrez pourpartagerl'honncur d'une lon- & dans la valeur de cenx qui les dévoient défendre. Us vi-
gue défenfe ; le grand nombre de Troupes qui étoitdans la rent en peu de tenis changer la face de leurs affaires. En
ville ôiant toute efperance aux Affiegeans de l'emporter à for- moins d'un mois toutes leurs tours turent renvetfées, leurs ma-
ce ouverte , ils réfolurent de l'alFamcr. La famine devint fi chines brifées , leurs murailles percées , ils lurent réduits à &
grande dans Pequin, que les hommes aimèrent mieun fe man- fe défendre dans leurs fécondes fortifications, qui n'étoicnt pas
ger les uns les autres que de fe rendre. Cependant la conf- a la vérité moins bonnes que les premières. Mais un Officier
iance des Chinois ne leur fervit de rien, car la ville fut pri- de leur Garnifon , rebuté par la réfoluiion opiniâtre que le
fe par (tratagêrae; ce qui aiant été raporré au Roi de la Chi- Gouverneur avoit pris de fc défendrejufqu'àia mort, étant en-
ne, il en conçut tant de déplaifir qu'il s'empoifonna. tré fecretement avec quelques autres dansleCarop des Affiegeans,
leur donnèrent avis du foilile de la Place. Mais ils n'yftirent
Cinq ou fix ans après Genghiican aiant eu fujet de Te plain-
, pas reçus comme ils s'y étoient attendus. Les Princes après
dre du Sultan de Cariime, écrivit A tous les Princes Etrangers lesavoir interrogez leur rchifercnt lefauf-conduitqu'ilsdeman-
qui étoient de fes Amis ou qui lui payoient tribut, la réfolu- doient , S: leur duent que les Mogols avoient tant d'averfion
tion cil II éioit de fe venger par la voye des armes du mépris pour les gens qui manquoient de fidélité à leurs Princes, qu'ils
que ce Prince avoit fait de fon amitié. Il les inviloit âparta- les chàtioient par-tout oîi ils les ren contrôlent. Cariacas
ger les lauriers qu'il fe prometloit de cueillir , Bi à le venir voulut le juliifier, mais on ne goûia point fes raifons , &
trouver incelTamment avec les iroupes de leur Nation. Après le mita mort fur le champ, auifi bienquetouslesautresOfKciers
avoir pris les précautions les plus fages pour prévenir les trou- Carizmiens. On fit encore mourir quelques Soldats , & tout
bles qui poutroient s'élever dans l'Empire pendant fon abfen- le relie fut fait Efclave, Cependint les Mogols profitèrent fi
ce , il marcha avec une armée coinpofée de fept cens nulle bien de ce raport , qu'après avoir donné un rude affaut fait &
hommes dans les Etats du Koi de Cariime. Ce!ui-ci , aiant une brèche coiifidetable , ils entrèrent brufquement dans la vil-
apris par fes Efpions les préparatifs des Mogols , ne s'étoit pas le, 8c palTeient beaucoup île monde au fil de l'épce. Us n'en
endormi, 11 avûît fait faire des levées eonlidcrables , èc n'a- demeure-ent pourtant |-as fi-tôt maîtres; car il reftoit encore
ïoi: rien épargné pour avoir une armée puilîante. Comme il vingt raille hommes au Gouverneur, Il avoit fait fortifier
ne doutuit point que fEmpeieur Mogol n'en voulût à h ville tout ce qui ponvoîi l'éire. On avoit fait des retrancheraens
d'Otrar tant à caufe de l'échec que ce Prince y avoit reçu
, dans les rues étroiies ; ce qui donna plus de peine aux Affie-
que parce qu'elle lui ouvroît un paiTage dansie cœur du Royau- geans que k Château mètne, quoi-qu'il fût bien fortifié. Ou-
me de Carizme; il paflale fleuve de Jaxirtes avccfestroupes. tre cela, Gayercan lenoit le gros des Troupes dans une place
6c les mena vers cette ville. En effet , il trouva les Mogoli d'armes pour les dillrihuer aux lieux qui en auroient befoin.
,

dans un lieu nommé Caraçou Les deux armées fe préparerenl : Rien ne plus vif que les atiaques.
fiit Rien de plus opiniâtre
aulli-tôt à combattre. On vit en peu de rems de l'un de & Pendant un mois emier on combatit de part
rértilance-
l'autre côté les Efcadrons les Bataillons rangez. &
On en- & d'ai.nre avec une ardeur infatigable. Enfin le Château fut
tendit enlijite la grande trompette Ktrreaa qui a i;. pieds di cinportéi mais les lieux étroits tinrent plus long-tems. Com-
long , les timbales d'airain appellées Comi, les tambours , le me cinqu.inre hommes y pouvoient foùtenir une attaque le ,

fifres &
autres inllmmens militaires. Pendant qu'on fonnoit nombre des Affailians devenoit inutile , ceux-ci même étant
la charge , les Cariimiens , qui éloicnt tous Mahometans .
expofe* aux traits des Affiegez perdoient chaque [our beau-
implorèrent le fecouts de leur faux Prophète , 6t les Mogols coup de monde. Infenliblement la ville (e remplit de Cada-
s'aiïurant fur leur bonheur & fur l'expérience de leur Grand vres Ôc les maifons furent ahatues , de forte que chacun fe ca
Can , fe proniettoient une viéloire complette. Le choc fut chant dans les mines pour combattre à couvert, cela relarda
terrible. Les Cariimiens , animez par l'exemple de leur Roi encore la prife d'Oirar.
qui combattoit avec une ardeur extraordinaire , conferverent
leur avantage autant qu'il leur fiit poflibic; néanmoins, aiec Genghiïcan.à qui les Princes en voy oient tous les jours des
quelque courage que fe battît le Sultan , il fe vit alors prefque Couriers , étonne d'une fi longue réfifiance , défendit qu'on
obligé de céder le Champ de bataille , il alloi: reculer, & tuât Gayercan , pour avoir le plaifir de le punir lui-même , ne
quand le Prince fon iîls , après avoir défait les nouvelles trou- aoyant pas qu'un fi méchant homme méritât l'honneur de
pes qu'on avoit envoyées contre lui, s'étant hâté de le rejoin- mourir en combattant. Cet ordre coûta la vie à un grand
dre , rétablit entièrement le Combat. Les Mahometans pri- nombre de Mogols , car comme ils vouloient épargner le
rent une nouvelle vigueur, 8; retournèrent i la chargeavecplus Gouverneur , il lémbloit qu'ils fuiTent obligez de choifir ceux
de flireur qu'auparavant. Les Mogols de leur côténe démen- à qui ils adreffoient leurs coups au lieu que les Cariimiens ,

tirent point leur bravoure ordinaire. Jamais ils ne s'étoient n'ayant rien à ménager, tunient beaucoup plus de monde
portes plus vaillamment ; comme ils avoient à faire i& qu'ils n'en Les Afiiegeans toutefois faifant fans
perdoieut.
des hommes aufïï braves qu'eux , il y eut un carnage épou- ceffe fucccder des Troupes fraîches àeelles qui étoient fatignées,
vantable , &
la viéloire balança long-tems entre les deux par- trouvèrent avec le teras 11 fin de leurs Ennemis. La multitu-
tis.

cher
Enfin l'Empereur Mogol , qui avoit un grand corps dt
referve fous la conduite de fon fils Oftai lui manda de mar-
&
d'aller charger les Ennemis en fl-nc.
cet ordre avec beaucoup de courage,
Oéiiï exécuta
fes troupes firent une &
,
de l'emporta. Gayercan refia feul avec deux hommes ,
core ne fe crut il pas vainai. Tel qu'un mourant qui ramailè
en-

tout ce qui lui refie de force pour lutter contre la mort, ilprit
une vigueur nouvelle. Il fe retira fur une terraffe de fon Pa-
&
V^
horrible boucherie. Cependant les Cariimiens foûiinrent en- lais avec fes deux compagnons, que la même fureur animoit,
cette dernière attaque avec une grande fermeté. Ils com- 8c de là roulant de groffes pierres fut les Mogols qui s'avan-
ment jiifqu'à la nuit alors chaijue p.irti fe retira dans fon
: çoicnt le plus , ceux-ci tomboient à la renverfe fur leurs Ca-
Camp, Screcueillit fes blcfTe?. le mieux qu'il lui fut poffibli marades qui lesfuivoient & les entrainoient avec eux. En-
fin Gayercan après avoir encore tué un grand nombre d'En-
Après une fufpenlîon d'armes qui donna aux troupes des nemis perdit fes deux Compagnons, & demeura feul contre les
ieux Partis le tcms de fe remettre , les Princes Oéiai Za^s- & Mogols , qui l'ayant enfin entouré fe faifirent de fa perfonne.
aï par ordre du Grand Can leur Père
, menèrent les leurs de- , Ils le chargèrent de chaînes le menèrent aux Princes qui & ,

'antOtiar, après s'être pourvus de vivres des autres chofes & trouvèrent en lui autant de fermeté d'ame qu'il avoit fait
lecelTaires pour le liège de cette Place qu'ils jugeaient bien de- voir de valeur. Us l'cnvoyerenr fousfure garde an Grand Can,
voir durer long-tems. En effet , quelques Habita ns de la ville aiant pour en difpofer comme il lui plairoit. L'Empereur, après
;té fnrpris &
amenez devant eux , leur raporierent qu'outre la i avoir reproché tous les malheurs qu'il avoit caufez , le
force des murs, un très-grand nombre d'hommes en compo- mourir à Samarcande dans le Palais de Gheuc-Scrai.
foient ia Garnifon; que dix millcchevaux commandez par Ca-
Capitaine des Gardes du Sultan y étoient entrez depuis Celte expédition fut fuivie de celle que Genghizcan fit dans
peu de jours, &
qu'auparavant le Gouverneur y avoit fait en la Tranfoxune de la reduflion des villes de Zarnuc
;
de &
cinqujnte mille hommes. Ils ajoutèrent à cela, qu'il y Nur; des lièges de Bocara de Samarcande ; 8c de la pour-&
dans Otcar une ii grande abondance de toutes fortes de
t fuire qu'il fit du Sultan de Carizrae avec trente mille hommes
munitions, que les afliegez n'en pourroient manquer de long- fous la conduite de trois Généraux Enfin après la mo :

rems, attendu même que Gayercan avoit fait tortir les bou- fes malheurs avoient jette dans une profonde
. .

chez inmiles. Oftaï &


Zngatai mandèrent auffi au Grand Can lancolie dont rien ne pouvoir le divertir, Genghizcan aflîegea
l'état oii étoit la ville qu'ils vouloient aCGeger. Ce qui obligei Cariirae Capitale de Ion Royaume. Le Pais de Carizme eft
1 Kmpercur d'aller lui-même reconnoître la place. Il s'y ren- que Ptolomêe à nommé Choralinîa. Il avoii à fon
dit , &
fit drefier fon Pavillon devant les murs. Il vilita les de- Orient ia Tranfoxiane , la Corafiane à fon Midi , & il é
hors, & qmnd les eut bien examinez, il donna aux Princes
il feparé de l'une 8c de l'autre de ces Provinces par des
fes confeils, ou plutôt fes ordres. 11 partit enfuiie pour la ferts. I! avoir au Nord
Grande Tanarie, à i'Occideni la
Ibxiane ou il avoit de grands deffeins à exécuter. Après
, Cafpienne, que pluûeurs Géographes Orientaux appellent
lun depirt , les Princes établirent
quartiers de l'armée au- les le Lac de Carizme, Bc il y avoit encore quelques Pais deTi
tour Je la vile Ils fe fortifièrent
ordonnèrent des corps de , de ce côté-là. La ville Capitale auili appellée Carizme, ne
"l'roupi's pour la furetéde leurs convois
en un mot ils pri- ; mée depuis Corcange par les Pcrfans & Orcange par les N
rent toutes les précautions poflibles pour
fe tendre maîtres de gols, étoit alors à fix petites journées de la Mer Cafpiem
la Place. Les Mogols commencèrent le fiège par l'aproche de 8; firuée fur le bord Occidental de l'Oxnsau 4i.degrédelati...
leurs Béliers &
de leurs autres machines , 5c fur-tout de celles Toute l'étendue du vrai Pais de Carizme n'éioit que de-
qui rouvoient favorifer les gens qu'ils employèrent à combler puis le 37, jufqu'au 41- ^egré de même latitude; ainfi qu'i' I F
le folié de la ville. Gayercan fit fes efforts pour (es en empê- s'érendoit en longitude depuis le 91. degré jufqu'au p6. inclu-
cher. [1 ordonna des fonies , on tira une infinité de flcdies fi vement , c'eft-à- dite qu'il n'avoir guercs plus de 71. heues de
du haut des murailles , & les afBè^ei fe tervirent fi utilement l'Orient i l'Occident. On vit bieniôt une infinité de Chariots
de leurs dards enflammez, qu'ils brûlèrent fouvent les machi- remplis de provifions , & de munitions de guerre , de matiè-
nes des Mogols qui de long-tems ne purent combler le folTé,
, res combultibles , d'outils, de béliers, &de machines toutes!
Ce prê-'
^ , ,

F
firctes.
CHRONOLOGIE HISTORIQUE
Genghiican avoit toujours beaucoup de conflarce en qui il avoit une eniiere coniiince , d'accompagner ce Prince

l'on étoile, &


comptoit fort fut le nombre 6c la valeur de ll-s en Tranfoxiane &
de poutfuivie Gelaleddin, liceSultan olbit
troupts. Il ordonna aux Princes d'affieger d'abord la Capitale y mettre le pied. Il fit encote quelques loix pour prévenir les
de Cariime, afin d'étonner les autres villes , de tâcher de & diC'i:nrions qui puurroicnt naître entre Zagatai '6i [es autres

le icndre Maître du Royaume pat une feule aftion. Il ne héritiers , &


il voulut qu'on les écrivit pour les taire exécuter,

laifl'a pas de prende toutes les précautions neceffaires pour fai- en cas de befoin. Le dernier ordre qu'il donna conceinoii
re rctidlr ce'.te entreprife , parce qu'il étoit perfiiadc que la vil- Schidafcou, à qui il ne pouvoir pardonner f» révolte, quel-
le de Cariïme l'eroit bien défendue , tant à caufe que c' étoit que chofe qu'il eût dit à fon Envoyé; ôsalinquece Prince ne
k lieu le plus cJieri du Sultan , qu'à caufe que la Reine Tur- profitât pas de fa mort, s'il la favoit , il défendit de la publier

can-Catun fa Mère y avoit toujours fait fa refidence depuis la jufqti'àce que Schidafcou qu'on attendoit au Camp, y fût ar-
mort du Roi Tettifch fon mari, Effeftivement cette Princef- rive, & il commanda de s'alfurer de lui , & de le traiter fui-
fe, à qui Je Sultan avoit laifiï la difpofition entière du Gou- vant la rigueur des loix. Il rendit l'cfprit peu de jours après,

vernement de eePaïs, aîmoit beaucoup la ville de Cariirae, dans le leras rocrac qu'on difoit dans leCamp qu'il le portoit
& la tenoit dans un très-bon état. Elle avoit pour Secrétaires beaucoup mieux qu'à l'ordinaire, &
qu'on le verroit bien-iôt:
de fes coramandetnens fept des plus habiles hommes de fon
,
la tête de l'armée.
tcms. On lui donnoit le Titre de Codx-ainie Gehan , c'eft-à- Cette mort arriva une année ou environ après le couronne-
diie la Dame du mtmdt &
fa puiiTance étoit li bien établie
,
ment de St. Louis Roi de France , c'eft-àdire fur la fin de
dans l'Empire , que lorfqu'il fe rencontroit de doubles Expé- l'an de grâce izift. Heg. 613. après 1;, années de Resiie , &

ditions de Mehemed &


d'elle fur une même affaire, on n'en i la fojxante-treîiième de fon âge. Il ne fut pas difficile de
re^ardoit que la datte , &
la dernière étoit exécutée fans opo-
cacher la mort de Genghiican , parce que chez ces Peuples oa
(ition; tellement que l'autre de meut oit nulle, quoi-que fignée ne fait guères ce qui fe pafTe dans l'apartement d'un Grand Sei-
de là main même du Sultan. Dans ces Expéditions, elle pre- gneur malade , qui ne veut d'ordinaire être vu que de ceux
noit la qualité de Protectrice de la Foi du Monde , fc de & qui le fervent pendant fa maladie. Il feut mÉrae obferver que
Reine des femmes. Son feing éloit: 3' "" """ "" tipronc- quand quelqu'un elt malade, on met fur fa maifon un iîgnal
lioa de Dieu fiul. Elle l'ccrivoit avec une fort grofle plume pour avertir qu'on ne le vifite pas ; ceux qui ont quelqi &
S; le peignoir fi adroitement qu'il étoit très-malaifé de le con- autorité font poferdes fentinellcs bien loin au-delà de kur h
trefaire. Elle avoit un efprit fupeneur. Elle protegeoit les bitation, pour empêcher que qui que ce foil n'enappioches'il
foibles contre les puilTans , Bc lors qu'on lui deraandoit jufli- n'eli appelle. Schidafcou arriva huit jours après la mort de
ce , elle cxaminoit l'affaire avec tant d'alteniion , que fes Ju- Genghiican dans ie Camp, qu'il trouva en joyeà caufe de
geraens étoient toujours équitables. 11 n'étoit permis à per- la feinte guerifon de fcm Empereur dont les ordres â fon égard
,

fonne de la folliciter pendant t\u'elle s'inllruifoit d'une chofe furent exaéleracnt exécutei. On fe faifit du malheureux Schi-
fur laquelle il falloir prononcer. Les pauvres la regardoient dafcou de fes Eiifans
, &
de quelques Seigneurs qui l'accompa-
comme leur Mère , pnrce qu'ils relTentoient fouvcnt des eflets gnoient, on les fit tous mourir , K
par cette langlante exé-
lie fa libéralité. Elle faifoit beaucotip de bien dans le Royau- cution le Taiigut &
les Provincesquî en dépendent demeurè-

me de Cariime- 11 eft vrai qu'elle a flétri fa mémoire par fa rent annexez à l'Empire des .Mogols. Après cela on déclara
la mon de Genghiican. On n'entendit plus par-tout que des
criisnté. Elle aimoit â répandre du fane, quand elle rêfo- &
lut de quitter le païs de Carizme , elle fit mourir jiifqu'à dou- cris. On vît toute la famille Royale baignée de pleurs , les
ze EnFans de Souverains qu'elle lenoit prilonniei's & parmi ,
Officiers de la Cour conflernei, les Soldats accablez de dou-
lefquels le trouva un Prince Seljukide, fils de ce Togtul, der- leur, &
tous les OfEciers faifoient retentir l'air de leurs regrets.
nier Roi de cette Maifon , que Tekifch fon Mari avoit fait Lors que la pompe funèbre fut préparée , que les Princes, K
périr. les Généraux d'Armée &
les autres Officiers de guerre furent
Celte expédition fut fuivie de celles de Nacfcheb, de Ter- afiemblei , les lainbouia , les trompettes , les timbales, tous
med, de Bedalchan &
antres lieux de la Tranlbxiane , durant les inllrumens militaires annoncèrent les funérailles de tous

lefquelles les Généraux de Genghiican firent des progrès con- côtei. Enfuite on porta le corps du Grand Can Svcc la der-
fiderabics &
ravagèrent tout le Païs jufques aux confins delà nière magnificence , au lieu que ce Prince avoir choifi pour
Cûraxane; ils prirent les Places de Nifa , Caendat , Dï- & fa fepulture. Ce fut fous un atbre d'une beauté finguliére
megane. Pendant qu'ils lui foùmettoient ainfî le Pa'is des ani- où revenant de la diafle quelques jours avant fa maladie,
, i

cieiis Parthes Genghiican de fon côté fubjuguoit le Païs de


,
s'étoit agréablement repofé. On l'enterra avec les plus hono-
Baie qu'on appelloit autrefois la BaÛriane. De là il palfa aux rables cérémonies de la Religion Mogole , enfuite on éleva &
" dans cet endroit un fuperbe tombeau. Il n'y a pas d'aparence
In les, fournit l'ancienne Medie , aujourd'hui Aierbijanc .

revint enijite dans fon Païs. Je ferois trop long, li je voulois que la coutume barbare qu'on a pratiquée depuis chez lesTar-
fuivre et Prince dans le cours de fes Conquêtes. Je lailTe ce
tares &
les Mogols, d'ôter la vie à ceux qu'on rencontroit

foin à ceux qui ont écrit au long THiftoire de fa vie. Je paf- en portant en terre le corps d'un Grand Can aît été ol ,

fe au tecit de ce qui fe palfa dans fa dernière maladie , qui eli fcrvée cette fois; car les Hifloriens ne le difent point, &d'ai
digne non feulement d'un grand Empereur , mais d'un Pbilo- leurs , elle n'étoit pas l'eiTet d'une loi, 11 cft eonftant toutr

fophe , &
peut-Éire même d'un Chrétien. " fois qu'on a exercé cette cniauté aux funérailles des Empi

Le Grand Can fe fentant fort-mal, fit venir en fa prefence reurs qui ont fuccedé à Genghiican. Les Cavaliers qui a(
,

fes fils avec leurs anfans, Les autres Princes du fang s'y ren- compagnoient la pompe funèbre , perfuadez que li^s hommt
dirent auQi, fuivanl fes ordres: lorfqu'il les vit tousalîémblei, qu'on tuoit alors étoient prédellinez , faifoient mourir ccu
il fe mit fur fun féant, & malgré les douleurs qui le prcIToient,
qu'ils renconiroicnr fur leur pallage Se mêoie ils égorgeoicnt
,

il prit, autant qu'il lui fut poflible.cet air


de majefléqui avoir les plus beaux chevaux.
jufques-là donne de crainte à fes cntans mê-
tant de refpeifi 8c Les Peuples vinrent ce tombeau. vifiterplanta d'au- On
mes ôi aux Souverains de l'Orient : il leur dit , qu'il femoit tres arbres autour de celui qui le couvroit , avec tant d'ordre
affoiblir fes cfprits , & que c'étoit une néceJTité qu'il fe difpo- & d'art , dans la fuite ce monument le plus
qu'ils rendirent
fât à mort- Je fOHj laip , ajoiita-C il , le plus puijfunt Bmpiri
la beau du monde. Un
grand deuil ne demeura pas enfermé
fi
"
du monde , -vous tn fus paffcjjeun mai! fi voui wnulcz, li confer' :
dans le Tangut. Il ferêpandit bieniôtpar tout l'Empire.

ver fayi^ coùjaHTs «nii %


,
fi U
difcorde fe gliffe parmi t/OHi , fiyeii Cour fut remplie de Cans Se de grans Seigneurs tnbuiaires
perfuAdez. que was -uoui perdre: amis qui vinrent en perfonne confoler les Princes atïligi
On dit même, que pour mieux leur faire voir que leur fa- & cette affluence de Souverains dura au moins fix mois. On
lu! di:pendoit de leur union, illeur donna un faifTeau de flèches s'adreflbit â Oéiaï comme à l'Empereur défigné ; mais bien
tju'il s'éioii fait apponer , &
leur dit de le rompre : comme que ce Prince pût agir de pleine autorité , il ne voulut rien
ils n'en purent venir à bout . il fit défaire le faiffeau , leur ayant & faire fans confuUer ceux dont le Grand Can fon Pere fe fervoit
fait rompre fans peine les flèches féparées , il prit de là occa-
dans fts Coùfeils, &
même il proteHa qu'il n'agiroit point fou-
lion de leur reprefenier les effets de l'union ôt de la difcor- verainement, que la Diète ordonnée par les Loix n'eut été te-
' dans les Princes. Enfuite , il leur dit : Ntjcytx. donc qu nue , 6c qu'on n'y eût examiné s'il éioic capable de régner.
ne t/ingue CT qu'aa cœur voui /irez, à l'ahri dis , v e s de la On avcît déjà dépêché des Courîers par tout l'Empire pour
maitdiilhn; tar fi vous nebfifae:^ pai lu leixque tahliei celte affemblée , &
l'on ne doutoit pas que tous ceux qui
qxe vims marchiez djus la tjdjs de la dijfinfian avoient droit d'y aûîfler ne fe hâtaffent de fe rendre à Cara-
l'efià-dire , 'vos Ennemis Je rendront bien-tôi n. i dev corom où elle étoit convoquée. 11 fembloit alors que ce grani
Etat fût en interrègne. Les af&ires pourtant n'en fouflroien
Après avoir achevé ces paroles , il demanda à ceux qu point. Zagaïaï.qui étoit le dépofitairefkl'expofiteurdesLoix,
coutoient, s'ils n'étoient pas d'avis qu'il fît choix d'un P les faifoit obferver avec exaétitude. Elles étoient dans une vi-
qui tût capable de gouverner après lui tant d'Eiats. Alors fes gueur d'autant plus grande, que la mémoire du LegiOateur étoit
t-ils &
fes Petits-fils fe mirent à gen on x dirent Vouiéiei no- & ,
encore fraîche. En eHet, puuvoient-ils manquer de vénéra-
tre Pere cr notre Empereur, c aousfimmes -vas Efclaves; c'efi à tion pour un Prince qui les avoit rendus les plus refpeéfables
nous de iailjer la tSie Urf^ue lious nous hùnorex. de i/oi ordres , ty Peuples de la terre: un Prince d'ailleurs qui avoit toutes les
de les exécuter. En même tems ils lé relevèrent, é;auffi-iôi il venus des grans Conquerans ? 11 avoit un génie propre à for-
nomma pour fon Succelfeur le Prince Oétai le déclara , & mer de belles entreprifes, &
une prudence confommée pour
Can des Cans par la qualité de Caan qu'il lui donna 8; que fes ,
les conduire; tine éloquence naturelle pour perfuader.une pa-
Sutceffeurs ont confervée. Ils fléchirent le genouil une fé- tience â l'épreuve de toutes les fatigues , une tempérance ad-
conde fois, s'écrièrent &
Ci qu'ordonne le Grand Gea^hiz.canejl
:
mirable, un grand fens, avec une pénétration vive qui lui fai-
ju/le. Nous lui obéirons tans ; er s'il lui ptaîfoit de nous comman- foit prendre fur le champ prefque toujours le meilleur parti.
der di bai/er la verge mime dont nous aurions mérité d'Srre cbâ- Véritablement il étoit fanguinaire , &
il traiioit fes Ennemis

liez, noits le ferions fant ptim. L'Empereur donna àZagaïaï avec trop de rigueur. Oétaï Can après lui poulfa encote plus
Il Tranfoxianc , Se pluileurs autres Païs , dont il voulut qu'on loin fes Conquêtes dans la Chine ; & fes autres SuccefTeurs
lui fit un contrat particulier , & ce Païs piit dès ce tems-là le voyant prefque toute l'Afie fous leurs loix, portèrent leurs ar-
nom de fon Souverain. îl fut appelle Oa/oai-Tcia^aM» , c'ell-à- es dans l'Europe jufques chez nos voîiins.
dite , le Pais de Za^ntai. H ordonna à Carafchar Nevian , en Après la mort de Genghizcan fes Etats demeurèrent fous la
1

D t. ti CANS DES TARTAK.es. 9!»


domination de fcs enfans, de la manière qu'il les leur avoir Hulacûufils de Tuli. Enfuire voulant esécuter unepartiedes A ni
partagé de fon vivant. Le Capfchac relia au Prince Batou fils projets de Batou.il alla jufqu'à ConHantinopln 6t ravagea tout
aine de Toufchi. Zagataï eut pour fa part !a Tranfosiane j.'c.
EnSn , après diï années de règne ,
aulîi nommée Mauvaralnahar, parles Européens, leZaga- &
tai , ou le Pais des Uibecs Se Turkeftan. Tuli eue la Co- , h Après lui l'Empire de Capfchac fut poffedé par Mcncontem
raffane, la Perfe les Indes. &
Tout le refte fut le piUiage crenient Mongatniur. fi'sde Dogansfilsde Batou, StceMen-
d'Oiftai, c'e/l-â-dire la grande Hotde appe|]éeOurdoulmlec^ coûtera fut furnommé lùlk, qui étoit le nom du Trifayeul de
Oloughyurt,0ÙGenghizcan taifoit ordinairement fa léfidence;
le Pais des Mogois, la Chine Septentrionale nommée Caiai,
Genghiican.
1
qui a pour capitale Pequin, Bc enfin les autres Païs vers la Mei CALAZ fils de Tazîï , auffi appelle Toudehencay- fils dt
Orientale Si le détroit d'Anian. Oftai prit le titre de Caan ,
, Dogau , tut le cinquième Roi de Capfchac.
qui lignifie Empereur. U commença de régner en lïiB. ik
ut en 1141. U i'agit de lavoir prefcniemeni quelle fut
ftmée de ces quatre Princes , Se la fuite de leurs Succef- ^1
jufqu'à Tamerlan , qui les ai^nt tous vaincus , ne leur
laiiTa que le titre de Cans Bi d'Empereurs Mogois, jufqu'a & Le Vil. ERTEC,
de Toul fils de Kilk,& on
fils lui attri-
préfcnr que h lignée de Genghizcan feconfervc encore dans bue f origine de la Tribu Tartare de Rous Ertec.
les Cans de U petite Tariarie ou Crimée en ligne direfte , &
dans la branche des Uibecs qui régnent dans la Tranfoxiane. Le VIII. MNIBE'E
fils d'Errec. Ce Janibée aiant apris
Quui-qu'OiSji Caan ne fuit que le troilJcme fils de Gen- qu'Afchraf fils de Timuitach fils de Tchouian , aupaiavant
ghiican, cependant , comme il eft fou Succefleur, je le place- Vifir du Sultan Aboufaide, avoit ufurpé le Royaume
d'Aïer-
rai ici aprcj fon Père. bijane ou des Medes fur les Princes enfans de lEmpereut
Aboufaïdcan Roi de Perfe & des Medes & defcendant d'Hula-
II. OCTAI. Il commença à regnef) comtue j'ai dit, en -- Can petit-fils de Genghiican , il marcha contre l'Ufurpa-
,

iîi8. 11 faifoit fon fejour ordinaire à Oloughiurt, ville peu palfj le détroit de Derbende & arriva à Tauris
, qu'il
,

éloignée de Caracorom. Il éioit jufle libéral. 11 en & 11 vainquit enfuite Melik Afchraf, il s'empara de fes tré-
une Armée à la pourfuite du Sultan Gelaleddin. lors , fe rendit Maîirc du Pais , &
après avoir lailfé à Tauris
On compte dix-neuf Succefieursd'Oflaï à l'Em pire d'O long- Prince Birdi-Bey fon fils, il revint en Capfchac, oiiilraou-
liiutt ; mais ces SucceiTeurs turent tantôt des enfans de ce Prin- t en 1349-
ce, &
tantôt des Enfans de Tulican fon frère. Il envoya At-
gounaga en 1135, en CoralFane pour la gouverner, & Le IX. BIRDI BEY

1
ayant fils de Janihée
. qui quita Tauris
apris la defti'uftion de Herar qui en étoît la Capitale, il fie r dès qu'il aprit la mott de fon Fere , (k fe rendit en Capfchac.
bâtir celte ville par un Emir appelle Azeddin Moccadera Hi
raoiiy , envoya pour cer effet, &
furnommé Jamebaf, qu'il Le X. KILDYBE'E, autre fils de Janibée.
qui fit aulTi enfemencer les terres du pays en 1138. Enfin
Odlai Caan, après avoir régné pendant 13. ansavecautantde
douceur que d'équité , mourut fort regretté de fes peuples
1241.
Le Prince Keyouc Can fon fils , dont la Mère étoit la célè- LeXiI. TCHERKES Can, qu'on fit encorepafferpout
bre Touraklna Cattm , fut fon SuccelTeur. Il fit affembli fils de Janibée, à caufe des conjonilures.
une grande Diète dans le Camp de fon Père. Il monta fur:_
Trône d'un confentcment général à Oloughiurt, l'an de grâce Le XIII. KHEDERCAN.
114;: mais il ne jouît cas long-iems du Pouvoir Souverain,
car mourut dès l'année 1146.
il LeXlV. MAZOUD Can, fils de Kliedercan. '
L'Hiftoire ne fait aucune mention des Princes enfans de
'
1
Keyouc Can non plus que des autres enfans d'Odai. Il lâ-
, LeXV. BAZARTCHICAN.
loit qu'ils fuficnt trop Jeunes pour conferver la grandeur du
Trône Impérial; car Batou fils de Toufchi, Roi de Capfchac, Le XVI. TOCAY, Es de Schabycan.
fit tous fes efforts après la mort du Prince Keyotic Can, fils

de Tulican pour faire recevoir Empereur un Prince de la race


, Le XVIL TOC LU G Timur Can, fils du frère de Tocay.
de Tuli , & il en vint il bout. Mangou Can , fils de Tulican ,
fucceda à Keyouc , & depuis ce lems-là aucun Prince de la Le XVIII. MOURAD COJA Can, frère de Tocluc
poIletitÉ d'Odai n'eft monté fur le Trône. Tiinur.

COUTLIC COJA Can, frère de Tocay. "5 f


HISTOIRE 1^ XIX.

Le XX. OUROUSCAN, qui eut pour en&ns Tofta


D E
Caya, Cotlucbouga tué par Tocatmichcan , & Timur Melic.
Ilmoutut en 1376.
': y
TOUSCHI CAN Le XXL
lutaullj en 1376.
TOCTA CAJA.fllsainéd'Ouroufcan.Ilmou-

FILS aîné de Le XXII. TIMUL MELIC AGLAN fils d'Ourouf-


can, qui combattit contre Tamerlan, & fut blefle dans le

GENGHIZCAN. combat.

Le XXIII. TOCATMICHCAN AGLEN, qu


après avoir été fecouiii par Tamerlan contre Ouroufcan
TOUSCHI,
Giau^y
que quelques-uns
un d'autres irès-grand Prince. Sa branchi
fut
appellent Djoarfy , & Toéia Caya
proteifiion,
& Timur Mciic, & inflallé fur leTiôneparfa
, fit lui-même la guerre à fon Bienfaiteur en 137a.
fublifte encore aujourd'hui dansk petite Tartarie, mal &i fut vaincu par le mSme Tamerlan en 138S. 139t. ijpj, &
_ l'invafion des Mofcoviies dans la grande Tattarie , puifque
"
les Tartares reconnoiifent SelimKeray pour leur légitime Le XXIV. TIMUR COTLUC AG LEN.filsdeTi-
verain. Touchi en langue Tatiare fignific un hàii bien i
Les Metkites un jour aiant ttouvé une occafion favorable de
mur Melic , qui avoit aufii fetvi Tamerlan en 1388. & en
1390. contre "Tocatraichcan , ainli qu'en 1391. & 1395.
pillerle camp de Genghiicm , enlevèrent fa femme qui étoit
groire,& la conduilirent à Ounghcan.qui la lui renvoya. Elle
accoucha fur la route d'un Prince qui tiit nommé TrtMcjfci àcau-
Le XXV. SCHADY B E'E , malgré l'infiallation de
Coirytchac Aglen faite par Tamerlan dans lemoisd'Avrilijpj.
fe de cette avanture. Ce Prince étant devenu grand , ic
fignala par de belles adions. U accompagna l'Empereur Ion Le XXVI. POULAD fils de Schady Bée , quoi-queTa-
Perc, dans la guerre de Cariime, prit en perfonne la ville & merlan ne le reconnût pas pour Can.
de Jiind fituée fur le fleuve Jasartes^ Genghiican fut li fatis-
fait de fa conduite
, qu'il lui donna dès-lors en Souveraineté
l'Empire de Capfchac , le Pais des Getes & le Turquellan.
Le XXVII. POULAD fils de Timur Cotluc , quoi-que
non reconnu par Tametlan , qui avoit inlhUé & reconnu Ide-
Toufchi s'établit dans le Capfchac y mourut fix mois avant & coucan.
la mort de fon Père , arrivée en 1116. Cinquante-huit
Princes
en ligne direfle ont régné aptes lui fur le Trône de Capfchac. Le XXVIII. GELALEDDIN, fils deTocat-Michcan.
te
Son fils Batou-Can , fon premier SuccelTeur , fit la conquê-
des âlains , des Affites , des Rulles ou Mofcovites , des Le XXIX. KERIM BIRDY, aufii fils de Tocatmich.
i
If
Bulgares ^
de plufieuts autres Peuples, li travetfa même la
RuiTie pilla &: ravagea la Pologne , la Moravie
lic, ik
, la Dalma-
marchoit en Hongrie pour aller faire lefiègedeConf-
il
, Le XXX. KEPECCAN, fils de Tocaimichcan.

tantinople quand la mort vint interrompre ce grand delTein en


,

:i56. Batou fit encore d'autres beaux exploits: felonremarque


Le XXXI. BAHHIRA, encore de Tocalmich. fils

qu'il étoit le plus libéral &


le plus généreux Prince du monde.
Le XXXII. CADIR BIRDICAN, encore de To- fils
Après la mort de Batou-Can Bereké Can fon frète lui fuc- Catmich. marcha contre Idecou inllallé par Tamerlan, & fut
,
Il
ceda , & fe fit Malioraetan, 11 eut une fanglante guerre contre rué dans le combat.
,,

LcXXXIII. IDECOU,
CHRONOLOGIE HISTORIQUE
CEHADER KERAY Le LVII. Can, fils de Scia met
Keray Can, Il mourut en 1641.
Le XXXIV. SIDI AHMED.
Le LVIIL MAHEMED KERAY Can . fils de Sela-
Le XXXV. DERVISCH, fils d'Alchycan. raet Keray Can: il fut dépofé en 1644. puis rétabli, & enfui-
tc dépofé en 1654.
Le XXXVI. KOUTCHUK MEHEMED Cati , fils

de Tociimirchan. Le LIX. ISLAM KERAY Can, fils de SeU m et Keray


Can qui mourut en 1664. après avoir fait pendant 14. ans la
Le XXXVn. DOLET BIRDY Can, filsdeTacsh Ti- guerre en Pologne,

Le LX. ADELKERAY Can, fils de Tchou ban Keray


Le XXXVIII. BARRAC Cati, de fils Cabargic. C^n i' f^f dépoféen
-. 1671. S; renvoyé prifoiinier à Rhodes

Le XXXIS. CAYASEDDIN Scliadi Bée.


Le LXI. SELIM KERAY Can, qui regnoit en 1673.
Le XL. Mehemed, fils de Timurcan.
Le LXH. DOLET KERAY Can. filsdeSelim Keray .673-
Le XLI. HADGY KERAY de Mehemed Can , fils Caa : il fut dépofé & relégué à Rhodes & depuis a Chio.
Can qui mourut en 1475. laifTa douze ÉJs. &
Ce grand nom- C étoitun Prmce fort aimé de fcs Sujets , & qui naflbit pour
bre de Princes fut eau fe que l'Empiie de Capfchac tomba en un grand Capitaine,
décadence, de forte qu'on vit trois Cans régner â la fois. Ce
qui caufa une guerre qui ruina plulieurs Provinces , dont les Le
LXIII. KAPLAN KERAYCan, qui a été dépo-
Mofcoviies s'emparèrent. Le grand Empire de Capfchac au- fé en 1708. Il etoit allé en Cîrcaffie pour réduire
quelques
roit été mfailJiblemem détruit, fi le Sultan Mahomet Second, Rebelles; mais ayant été battu &
mis en fuite, le Grand Sei-
Conquérant de Conllantinople , louché du malheur de ces gneiir l'a dépofé , &
a rétabli en fa place Dolet Keray Can
,
'
Princes, n'eût pris foin de les fecourir. 11 envoya pour cet fils de Sehm Keray Can.
effet Ghedic Ahmed Pacha qui prit la ville de Caffa fur les
,

Européens 6c enfuiie celle de Mancoup dont il emmena tous


,

les Habitans prifonniers. Le Prince Mengheli Keray fils de Branche des Cans Uzbécs Rois de Trans-
"
Hadgy Keray fe trouva parmi eux , Bc perdit fa oxiane, iflus du même Touchi Can,
avoit été Can pendant quelques jours , mais ayant
par Tes frères , il s'éioît relugié à Mancoup
qui éio Fils de Genghizcan.
mains des Chtâiiens , & il aitendoit là l'occafion de remonter

fur le Trône, Mais il ne fut pas long-tems prifonnier. Ma- rjZbec Can Roi de Capfchac, defcendant de Touchi, fiit
homet Second l'inftalla même bien-tôt. Ainfi Mengheli Keray dépouillé par Tametlan , lui fes Succefleurs , de la &
fut le XLIl. Roi de Capfchac. Province de Tranfoxiane. II eut
Bec , dont eft defcendu Cheybec (
Le XLin. MEHEMED KERAYCAN, fils deMen- Dynaftie, nommé Dolet Uibekyan.
gheli. Cheybec Can étoit fils de Berrac Sultan , fils d'AbuIkayr Can,
Il reprit la Tranloxiane fur les Enfans
de Tametlan en 1498.
Le XL!V. GA7YKERAYCAN, fils de Mehemed qui après la mort de Mina Sultan Huféyn, petit-fils de Tamer-
fut dépofé après fix muis de Règne. lan. Il entra enfuite en CoralTane l'an de grâce
1507, d'où il
chaiTa Badyaizaman ; mais il fut défait lui-même dans
la fuite
Le XLV. SAADET KERAY Can, qui donnafonfrè- & tué par Chac Ifmaél Sefcvi , auprès de la ville de Mcrou
re Saliibkeray en otage au Sultan Selim Ottoman. Dès ce l'an ijto.
tems-là les Turcs donnoient mille cinquante alprcs depenlîon Le 11. COUCHICAN, qui mourut en iirio
fut
par jour aux Cans de Ciim , d'autres penfions à des Sei- & Le III. ABOUSAYD, de Couchangi mort en ma fils
gneurs de la Cour de ce Can; comme on le peut voirdansle
' "" liunhalaklibar.
Le
IV. OUBAYDALLAH Can, coufin deCheybt
mort en 1^39.
Le V. ABDALLA
Can, mort en IJ40.
: XLVI. ISLAM KERAY Can, de Meliemed-
fils Le VI. ABDALLATIF Can, qui regnoit en iî4t.
Keray, Sous fon Règne le Royaume fut divifé en deux fac- Tous ces Princes & leurs SuccelTeurs onttoùjoursété&font
tions. L'une obéilToit à Saadet Keray Can ô; l'antre à Iflam , encore aujourd'hui en guerre avec les Rois de Perfe de la
race
Keray Can. Tellement qu'en ISI7. ces deux partis en vin- de Chah Ifmaél Sefevi , defcendant du Chec Sefy, Nous
aux mains fur les rivages du Borilibene. Celui d'Ifiam favons pas les noms de ceux qui ont régné depuis Abdallari*
y eut l'avantage. Saadet Keray fut obligé defefauverà Can; nous favons feulement qu'il eut pour SuccelTeur Berrac
Cunllantinople , oii l'Empereur Ottoman lui fit une penfion. Can de Samarcande, ôc Seid Burhan Can de Bocara en ifjô.
ainfi qu'on le peut lire dans le voyage de Mirfidy Aly Envoyé
Le XLVn. SAHHIBKERAY,
qui fit tuer Iflara Ke- du Sultan Soliman.
ray , un long Règne par le Sultan Soliman
Éc fut dépofé après Les SuccelTeurs de ces Princes régnent encore à prefent dans
II. & envoyé en prilbn à Rhodes. Les Mofcoyites prirent le la Tranfoxiane; mais chacun a fa Souveraineté particulière
<j. Juillet nji. fur Sahhibkerai la ville de Caïan,fiEucedanslc l'un eft Can de B»cava , l'autre de Samatcande l'autre de
Capfchac au Nord d'Allracan , fur le fleuve Volgg. Balkhe, &c.

Le XLVIII.
Sultan,

Le XLIX.
fils
DOLET KERAY
de Menghely Keray

MEHEMED KERAY
Can, fils de Mobarec
Can mort en 1577.

Can , qui fut dépo-


HISTOIRE
fé pour avoir defobéï au Grand Seigneur. DeZagataï Can, fécond fils deGenghizcan,
Le L. ISLAM liERAY Can, tiré des prifons dcRho- ^Agataï Can étoit mieux iàit que fes frères, I! étoit encore
des. Il mourut en 15S8. plus équitable qu'eux , St obiervoit plus exaflemcnt lesloix
établies par fon Père. II avoic eu en partage la Tranfoxiane
Le LI. GAZY KERAY Can. Cétoit un Prince fa- le Pais des Vugures , la grande ville de Cafchgar auprès du Te-
vant, un excellent Poète, un habile Muficicn. Le Grand & bet, le Royaume de Bedacfchan , &Ia ville dcBalc, que plu-
Seigneur lui augmenta fa pcnfion jufqu'à cent livres par jour, fieursSavans aflurent être l'ancienne Baélria. II gouvemoit
parce que ce Prince avoic rendu de grands fervices à l'Empire tous ces Pais à Jaide du Prince Carafchar Nevian , que Gen-
'^'toman dans la guerre de Perfe , où il fit voir qu'il avoit rou- ghiican lui avoir donné pour Viiîr , qui eft Ayeul de Ta- &
les qualiiez d'un grand Capitaine. Il fut pourtant dépofé metlan à la cinquième génération, Caiafchar étoit fils de Su-
ir quelque tems ; mais on le rétablit, & il mourut en 1Û07, gougen Parent de Genghiican.
,

Zagataï, après la mort de fon Père, clioifit la ville de Bech-


.e LIL FATEHKERAY Cjn ,
qui fut ptefquc auffi- balec pour y faire fon féjour. Il étoit pourtant prelque tou-
tôt dépofé. jours auprès d'Oéiaïfon frère, qu'il honoroit refpedoit &
comme fon Maître, quoi-que ce ne fût que Ion cadet. Après
Le LUI. SELAMET KERAY Can , fils de Dolet lui trente Se un Princes, tant de fes Enfans que de fes Ne-
Keray Can. Il mourut en 1610, veux, régnèrent dans fon Pais , qui dans la fuite fut appelle
de fon nom Zagataï,
Le LIV. JANIBE'E KERAY
Can, qui allaenPerfe Son I. Succelteur fe nommoit Bifoumencay Can.
;n 1617. par ordre de la Porte, Il palTa devant CafFa à la tête Le H. Cara Hulacou , fils de Mctouca , quelques-uns di-
ie 4aoon. Tartare5. 11 fut néanmoins dépofé en idii. 8c en- fent Menouca , fils de Zagataï. 11 monta fur le Trône après
iiiie rétabli en 1617. rt de fon frère Bifoumencay par les loins de Carafchar,

qui mourut fous fon Règne , l'an de grâce iijj.


I
Le LV. MEHEMED KERAY Can, tué en l6^^. Le III. La Reine Argana Catun , fille de Nourettchy

Gourcan.
637. Le LVI. ANAYET KERAY Can , fils de Gaïy Ke- Le IV. Naligou fils de Baydar, fils de Zagataï,
ray Can , dépofé en 1637. puis exécuté à mort à Conflanti- Le V. Mûbarek Scha, fils de Cara Hulacou, Ec petit-fils de
nople dans la même année. Zagataï,
Le
,_ ->;*t'
'V

DES CANS'DES TARTARES. loi


Le VI. Bcrrac Can , fils de BilToun , ou Eayrourtoiia filai fe jetter aux pieds de fon Frète, qiu ne lui fiE alors que;
de Menouca. Il mourut en iiôo. des reproches mais qui le fit à la fuite enfermer entre quatre
\ ;
Le VII. Nikepêy Cao , fils de Saryan fils de Zaaataï. , urailks, revêtues d'épines de l'arbre Ad ta gante, où ilordoif-
Le Vin. Bouca Timur. qu'on gardât exaftemcnt jusques i
i le fa mort qu arriva ,

Le IX. Davfl Can , fils de Berrac Can. Il palTa pour un le année après. Ainli Coublay Can demeura pailibk Pofl"es-
Roi fon équitable. feur de l'Empire.
Il régna vingt-cinq ans, pendant ce tems- &
Le X. Kevendgikcan, i de grandes eapcditions, tant à la Chine qu'ailleurs. En
il fit
Le XI. Bsligou. lûç. il aprit la mort de fon Frère HuU.cou qui étoii dans
la LlSj.
Le XU. Abifouca, fils de Dava Csn. Perfe; aiiffi-iôt il eut foin de faire infiallet Bscacan , lilsdHii-
Le XIII. Kepec Can. lacou fur le Trône de Perfe de la CoralTane Si des Indes il ,
;
Le XIV. Elichikeday Can, fiis de Dava Can. lui laifia aulTi plufieurs autres grands Pais qui avoicnt
été con-
Le XV. Davacmui. quis nouveUeraent par Hulacou Can. Les aflions de Coublay
Le XVI. Turmechirin Can, qui mourut en 133Û. fort le- Mnt i la Chine qu'ailleurs font en trop grand nombre pour être
douté de fes voifins. dans cet abtigé. Il y a des livres entiers de ft vie §cde
Le XVII. Dginkcchy. Un 2'^9-i-
Le XVIII. Bifoun Timur Can, (ils d'Aboukcn. Coublay eut pour SucceiTeur fon petit-fils TimutCan fut- ,
Le XIX. Aly Sultan de la race d'Odaï Can.
, nommé Olagiaytuu fik de Hakim , ou Dgekctcm qui régna ,
Le XX. Mehemed Can, fils dePoulad, fils de Kevendeik. douze ans, en lannée 1306 Après lui l'Empire pafia i C ou-i
|

Le XXI. Ciuan Sultan Can fils d'IfJbur Aglen. , :hilay Can fils de Dacni-fec fils de Tcrmebilay fils de
,
DHeke-
Le XXII. DanefcUmendgé Can de h race d'Ofl.iï Can. , iem fih de Coublay.
Le XXIII. Beyan Couly Agien fils de Sorgadou, fils de , Le V. Succclleur de Tuli fut Toggay fils de Couchilay.
Dava Can. Le VI. Tagiy Can fils de Noulik, lurnommé Ëilectou
Le XXIV. Timurchah Aglen , fils de Bifonn Timur Can, Le VII. Anou.-hirouan , fils deDaraCouIin de Tagzy. Cet
fils d'Abo Les Gramls Ibus Ton Règne ufurpcrent l'auto
iken. Fmpercur étoit de très-bonnes mœurs. Cependant il donnu
rite, p.ircc que c'étoit un l'vince très-Foi-'le. trop de pouvoir aux Gouverneurs de fes Provinces, qui s'éri-
Le X>;V. Togaltimur, fils d'ftymelcoja, fils de Dava Can ;
gèrent en Souverains &
caufereni des tioubles dans l'Empitc,
il rétablit un peu les aftaires de l'Eiat , obligea plafieu.-s Sei- & Le Vin. Tocatmur fils de Timur Caa.
gneurs à lui obéir. II mouut en 1)71. Le IX. Btfourdar.
Le XXVI.
Eliss Coja Can, Il revint en Tran^oxia^e à Is Le X. Avkéfils de Bifourdar,
tête d"mie nombreufe Armée de Gcies, donna un combat à & Le XI. Ylcnc Can.
Tamerlan qui s'etoii joint à Mir HulT"ein. Le Xlt. Keytmoiir,
Le XXVII. Adel iulian. Le XIII. Akitmur,
LcXXVlII. Cabuuk-hah Aglen. fi^sdeDonrgy fils d'Eltchy- Le XIV. Eltchy Timur Can , qui vint
trouver Tamerlan,
keday Can flii de Dava Can, qui fut inllallé en 1373. & demeura dans
fa Cour jufques à h mort decePrince.
Après
Le XXIX. Syorgatmich Aglen , fi s de DunifL-hmcnd Can, à quoi
retour^a à Oloughyurt , où i] monta fur le trône en
il
1 40Î.
qui T,iraerlan donna le vain tl(re de Can, fans lui laifli Le XV. Waltay Can, qui
dcfcendoitenlignedireifteduPiin-
moindre autorité. ce Articbourgn quatrième fils de Tulican.
Le XXX. Sultan Mahmoud Can fils de Syorgatmich Ta-
, Le XVI. Orday, fils d'Orday fils de Melic Timur.
merlan faire;!: écrire fon nom au haut des ordres afin de fai- , Le XVII. Bf dernier fut Aday fils d'Arkitmur. Ces dein
re croire au Peuple qu'il obfervoit tes laix de Genghiiean. derniers Cans demeurèrent dans robfcuriié;de forte qu'ihfonl
Le XXXI. Toumen Cotluc Aglen, auffi inliallé par Tamer- regarde! comme leur grand Aycul Articbourga dont ils
des-
n en 1390. cendoicnt, St qui ne fut jamais au nombre des Cans.
Depuis ce tems-là Tamerlan mourut , fts SucrelTeuts & Depuis ce leras-là fon n'entendit plus parler à Oloughyurt
'obrerv,int plus la Loi qui ordonnoit d'éublir des Cans de la des Princes dcfcendsns de Genghizcan. 11 n'y eut
que ceuï
famille de Zagataï fis de Genghizcan , l'on n'a plus parlé que oui defceiidpient de Coublay qui relièrent Rois de h Chine &
des SuccelTeurs de Tamerlan. dont on entendu parler. Les Princes de la poflerité de Hu-
ait
Hrjliin a'Qtlaï Caaa iroipnji fils di Gtnghitcan àtvroh Can Roi de
ki , (aivant l'ordrt rf- U Salgance di et Hritto mais temmi
lacou la CoraCanc, de laPerfe. des Indes onl &
; aufli quelque bruit
fait ceux-ci poufierent leurs conquête'
:

ti />Ucée immediaicmiat afris


fon Pin Jmvant i'erdre di U lusques au Détroit d'Anyan aux eilremireï de l'Orient,
Succill-on je fajfe À ciili du quairi'fme comme on le va voir dans f Hilloitc de Hulacou Can fils de
, fih du Grand Can.
TuL,

HISTOIRE HISTOIRE ^^
T U L I CAN HULACOU CAN
QUATRIEME FILS DE SECOND FILS Dfc'. TULI, ET
GENGHIZCAN. D\L S\ POSTERITE*.
r Oisque Mangoucan fils aine de Tuli fui élevéU'Empire,
r E Prince Tuli s'étoit extrêmement difiingué par fa valeur
Oloughyurt , après la mort de Keyouc Can fils dOftai
il

, il
la vie de Genghiican fon Père
pendant qui lui donna le
, envoya le Prince Hulacou fon tïere dans la Perfe pour y régner
titre honorabled'OlucNevian; c'eit à-dîregrand Prince. Aulïi en fa place en qiialiié de Gouverneur général s'en refervant ,
étoit-il un grand Capitaine II avoit Ja direftion du Trefor de
feulement la .Souveraineté à titre d'honneur. Hulacou étai
l'Armée, celle de la grande Horde ou Camp Royal, S; il étoit arrivé dans Ion Gouvernement en ujo. y reçut des requéii
outre cela Grand Maître de la maifon de fEmpereur. qu'on lui ptéfenta contre le Calife Aballide Mulïafim Bilia...
Après la morr de fon Père , il poiTeda les mêmes charges Sur les plamtes qu'on lui en fit, 6c pa tti cul ère ment fur celles i
auprès d'Oétaï Caan Ton Frère il Oloughyutt, II fc contenu du grand Ailronpme Nafireddin Toufi.qui mécontent de ci
de mettre des Gouverneurs dans la Corailane , dans la Perfe Calife s'éioit retiré
en Perfe il prit la réfolution de porter li. ,
8c dans les autres Pais qu'il avoit eus en partage ; mais ce grand Guerre en Chaldée pour punir Muftafim Billah des mauxqu'il
Prince ne vécut pas long-tems. II mourut en 1119. trois ans avoit caufei. Pour cet efiei, il envoya demander dufecoursà
après la mort de Genghizcan.
Il laiila huit Princes , dont les quatre premiers
fon fterc Mangou Can lorsqu'il en eut reçu il fe mit en
, &
relTemblerent marche vers les Pa'is d'Occident à la téle de trois cens mille
à leur Père pour !a valeur. Il n'eft point parlé des quarredcr- Tariares, 8c arriva devant Bagdad; il en forma le fiege, & s'é-
niers. L'aîné de ces huit Princes s'appeloit Mangou Can , It lant bien-tôt rendu Maître de cette ville il fit mourir Mufia-
fécond Hulacou Can le troifièrae Conblay Can ,
, le qua- & fim Billah dernier des Califes Abaffides.Sc détruifit entière-
le
ttième Artîcbouga. Lorsque le Prince Mangou Can fut par ment leur race en 1158.
les foins de Batou Can parvenu à l'Empire après h mort
de Après cette expédition il alla en Syrie, il en prit toutes
Keyotic Can , il ne renonça pas pour cela aux Roy;iumes
fon Père Tuli. 11 réunit tous fesEtatsen iiîo.&;envoyaHu-
àc ïillts: enfuite il palTa dans l'Anatolie qu'il conquit, & dont il
donna le Gouvernement i Aiieddin Pcrvané. Il fit mourir le
lacou Can fon Frère en CoralTane S; en Perfe, en Qualité de
Vifir Seifeddin Touflhy , 5; mit à la place le dofte Scham-
Gouverneur. Mangi.u Can régna fept années avec touie l'é- I

fcddin Mehemed Joûini, Auteur defHiftoire de Genghiican


quité & !î valeur que l'on pouvoitattendreduplusgrandPrin-
Geionio/iia, ^- lui donna pour Lieutenant fon frère
intitulée
,

; du I rnde. Un Aladin Atalmulc. Après de fi belles conquêtes Hc après avoii


Après Mangou Can k Royayme fut pofiedé par Coublay rèané pendant qiiinze années dans la Perfe la Syrie, la Me-
pas p mot apn's la nouvelle de
,
n'eut mort de Mangou, qu'il la
fopotamie , la Chaldée &
l'Anatolie Hulacoi} Can moumt ;
revint de la Chine où il étoit occupé à faire la guerre,
Scs'as- en ii6î.
fur le Trône d Oioughyu-t; mais Articbouga , le plu?
fit
jeu- Abaca Can fon fils lui fucceda, & monta
ne des qnatre Frères , s'opofa à l'avènement de Couhiay à la
Couronne. Il leva l'étendart à la lête d'unegtolfe Armée. Ces
l'ordre de Coublay Can fon Onde.
ké Can Roi de Capfchac fon coufin fils de Toiichi qui éioiil
11 donna
fur le Tiûne
bataille à flere-
pai
ri
deux Piinces fe batiirtm p ufieurs fois, dans leur dernière & en guerre contre Hulacou fon Père qui s'étoit avancé , &
,

bataille qui fut très-fangUnte , Articbouga aiant été vaincu


Tom. y.
jufquss à Confia ni inople. il battit Bereké , régna ifi. ans &
,

CHRONOL, HISTOR. D ES CANS DES TARTARES.


avec beaucoup de gloire , & de puilTance ; puis il r Can. Il régna après la mort d'Aly ut c •337.
iiBr. ). Tagur Can, qui étant héritier prefomplif de i'Empi
Le It. SuccefTeur fut Nicouder aiilreraentnommc Ahmed , re , s'enfuit dans le Paisde Maiendran.
Can trcie d'Abaca , Ce fils de Hulacou. IfembralTa k Reli- Le î, Bauca Timur Can.
gion MihometanE, régna deux ans & trois mois , ÔC Le 6. h Princelfe fille de Mehemcd Can , appeïéc Chali-
en 1184. ïadé Chahibek Catun, Elle époula un Prince de la race de
LelII. Argouncan fils d'Abaca Can. Il fit mourir le Grand Hulacou, & lui défera le litre de Can , en 1338. 1338J
Vilir Cbainfeddin Joùiny qui avoir fervi lErat fous quatre Rè- Le 7. Soliman Can, fils de Mehcmed fils de S anki fils d'Ah-
gnes, K
il mourui lui-mÉme après avoir régné fept ansl'ande med, que d'autres ont appelle Chiraed fils de Hulacou Can;
grâce 1191. époux de Chahiadé Chahibek Catun.
Le iV. Ghcndgiatou frère d'Argoun , fils d'Abaca & Le S. Dgehan Timur Can , fils d'Alatianky fils de Reïatany
Il ne régna que quaire années, parte qu'il tut tué parBaydcu Can de la race de Hulacou,
Can fon Coufin, l'an iiçj. Après cela les Cans furent
Couronne de Perfe
abolis , Se la
Le V. Faydou Can fils de Tragay fils de Hulacou Can. Il paffaà Melik Achraf fils deTtmur Tach
dcTchouban Vi- fils

mourut dans !a même année 1195. fir d'Aboufayd Can.qui fut vaincu par Janibéc Empereur de

1196. Le VI. Le Sultan Mahmoud Gawn Can d'Argoun fils


,fils Capfchac. Cependant le gendre d'EmirTchouban, appelle Bu-
d'Abaca de Hulacou.
fils 11 fit du btuit, & mourut en 1303, ïurk HatTan hls de Chec Hufein Gurcan fils d'Argoun, n'é-
après huit ans de Règne. tant que finiple Béy, fe rendit fi puiiTant par la ceflion qu'il fit
Le VII. OladgiaytouSultanMeheraedCodabcndé, fi-èrede de fa femme Delchadaga fille de l'Emir, qu'il répudia pour la
Cazan. Sous fon règne fm achevée l'Hidoire mtimlée Tarikb donner au Sultan Aboulayd , que ce Can le fit Ion favori, &
Gazany , dont l'Auteur ell Fadlallali qui a été traduite eo , & lui donna le gouvernement de l'Anatohe. HaÛan y fit fi bien
1690. Ce Prince bâtit la ville de Soltanya en Perfe, où il éta- , qu'après la mort du Buïurk il fe mit à la tcLe d'un
fes affaires
blit fa demeure &
où il mourut l'an 1317. après avoir fait de grand parti &
fe fit enfin couronner Roi des Medes , enfui- &
beau); exploiis & régné quatorze ans. te de Chaldée par la prife des villes de Bagdad, d'Hillé, de Va-
Le Vlil. Sulian Aboufayad Beadeur Can, fils de
Le Grand fet &
de Bâfra, qu'avoit poffedêesMelik Achraf Tchoubanicn,
Codabendé. rendu recommandable par la valeur
H s'eft Il fut fondateur de la Dynallie des Ilcarniens.
Ht (a Il a régné vingt années , Se il eil
magnificence. Janibéc Can de Capfchac laiHa fon fils Birdy Bey à Tauris;
en 133;. 11 a é'é inhumé auprès de fonPère Codabendé
[ mars Birdy Bey retourna en Capfchac apiès ta mottdefonPè-
le beau dôme de la Molquée de Soltanya dans lequel eil , re, qui arriva en 1349. comme on l'a dit ci-devant dans l'Hil-
tout l'Aicoian en fculpture dorée. Après la mort de ce toire des Empereurs de Capfchac. Il laiifa donc le Pais d'A-
grand Piince , la Monarchie des Mogols en Perfe dépérit & 7erbijane au Sultan Avis filsdeBuiurkHafan,dontDilfchadagî
tomba en décadence. Les Princes & les grands Seigneurs du étoit la mère.
Royaume Souverainetei de leurs Gouvernemens ;
fe firent des Ce Sultan tua le rebelle Ahmardgic , & reprit les villes de
ils établi! ent des Cans de la race de Hulacou à titre d'honneur Tauris, Selmas , Soltanya , Ardeville , Coy, Diarbekir &
feulemen' , fe rLl'ervant toute l'auioriié. Nous trouvons les Chiroiian. Enfuite aiant partagé fcs Etais a fes quatre en&ns
de huit Cans de la race de Genhizcan
i
qui régnèrent ,
mourut en 137J.
après ceux-là , mais qui ne turent Empereurs que de nom car : Hufeyn fils d'Avis, Après avoir reçu bien des fecours de Ca- ibSS.
les Princes entans d'Aboulàyad Can ne demeurèrent point à Mehemed Turcoman Fondateur de la Monarchie desMou-
" iliariya
Ils fe firent la guerre les uns aux autres
: furent , & tons noirs Cara Cointu , ce Cara Mehemed le fit mourir lui
lujctiis par 1rs Iksniens dont le Fondateur fui liuiurk Hafian & fes enfans l'an de gace 1410. A
infi finit la race des ilcarniens.
fils de Chéc Hufeyn Churcan.dela race de Genghiscan. Voi- Enfuite Tamerlan chaiTa de Tauris les Princes des Moutons
a les noms •'£ ces huit Cans. noirs en 1388.
Le i. Moula Can. 11 monta fur le Trône en Aïerbijane, Telle fut la fin des defcendans de Hulacou Can dans le
m ell fituée la ville de Soltanya , bâtie par Codabendé. Mais Royaume de Perfe après lefqucls régna Tamerlan qui préiendoil
,

Buïurk Hallàn éicva en même teros à l'Empire un Prince de defcendre de la pofterité de Genghizcan , à !a cinquième filia.
la race tîe Hulacou, appelle Mehemed qui attaqua Moufa- , lion , étant iffu par les femmes du Prince Carafchar Nevian,
can, auquel s'éioir joint Alifchah autre Can de la lacede Hu- dont font venus les princes de la Maifon de Berlas , illnflres
lacou. Alifchah fut tué, & Moula mis en fuite. Mehemcd dans la Tranfoxiane, Tamerlan étoit neveu de HadgiBcrlas,
lui fit enfuite couper la tête par le fecouis de !3azurk HalTan herilier de cette Maifon, qui étoit la quatrième Tribu des
en 1336. Turcs Orientaux. Tamerlan , dis-je , fe rendit maitrc abfolu ,

Le 3, MehemedCan, que d'autres appellent Mahmoud : il & fes EuccelTeurs abohrenl dans la Perfe, le nom & la puif-
il fils de Migiouay , fils d'Amoudgin , fils de Hulacou fancc des Cans ifliis de Genghiican.

PRE-
»0J

PREMIERE DISSERTATION
i 11

SUR

L E M P I R E
DU

GRAND MOGOL.
|N peut juger par les Caitcs Géogra- tagnes flériles peu cultivées & peu peuplées.
Jôphicjues D'au-^
de l'Orient, combien clt très ne le font point du
tout faute de laboureurs, ,
Usrande en tout fens , l'étendue de dont quelques-uns ont
péri, par les mauvais traiie-
^ l'Empire du Grand Mogol qui con- mens des Gouverneurs
qui leur ôtent fouvcnt le ,
tient la meilleure partie de l'Indof-
I necellaire, & quelquefois même font efclaves leurs
" tan ou du moins de la Terre fer- tnfans, quand ils n'ont
,
pas moyen depayer les Im-
me de l'Inde. Il efi (iiué entre la Tartarie, la Per- pôts. Plufieurs ont abandonné
la campagne pour
fe , la Rivière de Guenga la Mer du Gange , &
, U même raifon & fe font jettei dans les villes, ,
quelques montagnes à l'Orient qui le féparcnt du ou
dans les Armées, parce qu'ils y tronvoient moins
Koyaume d'Ava. On donne à ce vafte Empire (ix de tyrannie
cens cinquante lieues de longueur , ou du Le- pour
& plus de douceur. Une autre raifon
laquelle tout le Païs n'efl pas également
vant au Couchant ; & plus de quatre cens cin- che ri-

quante de largeur, c'eil-à-dire du Nord au Midi.


& cultivé, c'ell qu'il y a encore plufieurs Na-
tions dont le Mogol n'ell pas trop le raaîire,qui
Les Voyageurs, qui ont examiné les journées ont la plupart
leurs Chefs & leurs Souverains par-
ordinaires du pais, de la manière que l'on marche
durant trois grands mois , pour traverfer depuis
ticuliers, qui ne lui
(
obéillént point, qui ne lui &
la payent tribut que par contrainte. Outre que
frontière du Royaume de Golconde, jufques le
par-
I
Mogol eil étranger, favoir des Defcendans deTa-
delà Kafni , proche de Candahar qui eil la
pre- merlan. Chef de ces Mogols de Tartane, qui en-
mière ville de Perfe , difent qu'il y a au moins
, viron l'an 140t.de J. Chrilt inondèrent les Indes,
cinq fois le chemin de Paris à Lion, ce qui fait
viron l'étendue que nous venons de dire. Dans
en- où ils fe rendirent lesMaîtres; &
qu'ainfiilfe trou-
ve dans un Païs prefque tout ennemi ; d'autant
ce vafte efpace de terres , il y en a plulieurs
qui plusquenon feulement pour un Mogol, maispour un
font fort fertiles, particulièrement le grand Royau-
Mahometan , i! y a des centaines de Gentils.qui l'obli-
me de Bengale , où l'abondance des ris , des fro-
gentd'entretenirperpetuellememdegrandesArmées
mens, & de toutes les autres choies nceellaiies il tant proche de fa perfonne que dans la Campagne.
la vie eft non feulement fort grande
mais où l'on , Les Indiens appellent AUgols , ou Mo^xls, les
trouve encore une quantité piodigieufe de mar-
Peuples qui font blancs; ou du moins qui ne font
chandiresconfidérables, comme les Soyes, les Co- ni bruns, ni olivâtres, comme les naturels de l'In-
tons, l'indigo, &
tant d'autres que les Relations de c'ell-pourquoi ils nommèrent ainli les Con-
-.

marquent allez. Ces mêmes terres font audî allez


quèrans du Pats qui efi fous la domination du Grand
peuplées , & affez cultivées. L'artifan, quoique Mogol , qu'on appelleroit avec plus de jultefTe,
fort parelfeux de fon naturel, ne laiffe pas,
ou par lEmfereur des Mogols. Je trouve en effet dans
necellîté, ou autrement, de s'appliquer au
travail, un habile Hifiorien que Mogol, ou MoguI, ti-
le
aux Tapis , Brocards , Broderies , Toiles d'or &
d'ar- re fon nom & fon origine
d'une Tribu venue
gent, &à toutes cesforiesdemanufaèiuresdeSoye du Zagataï contrée de la grande Tartarie.
,
iS; de Coton dont on fe fert dans le Païs, ou qui
,
Pour donner une idée générale & abrégée tant
fe tranlportent ailleurs.
du Prince que des Sujets je croi devoir raporier
Mais parmi cette grande étendue de terres, il .

y
en a aulli plufieurs qui ne font que fablonsoumon-
iciles principales & les plus curieufescirconllanccs
qu'on nous en donne.
Dd % Ce

1 >
Ï04 PREMIEREDIS SERTATION
& me il parle, font une groffiére &
vilible impofture.
Ce que ce vafle Empire a de plus fingulier ,
ce qui le rend fupericur à toutes les PuiflTnnces, Cependant, comme ce Cenfeur ne fonde fa réfuta-
non feulement de l'A lie , maïs même de tome la tion fur aucune preuve & que d'ailleurs on ne
,

Terre, c'cllqu'il elt compofé d'un grand nornbre voir point à tout cela d'impolTibilité ni phylîqueni
de Rois qui tous font ou les premiers Sujets,
,
morale , permis d'en croire ce que l'on voudra.
ou les Tributaires de l'Empereur. On partage cet- Pour moi , dans toute quellion de fait , dans tou-
te bocicté , qui ell purement defpocique , n'aiant te controverfe hillorique, je ne vois rien de meil-
d'autre premier mobile que le bon-plaiiir du Maî- leur que la reponfe par lacjuclle certains Pyrrho-
tre on la partage , dis-je , en plus de quarante
;
niens Turcs, nommez Hairetites, fe tirent d'em-
Gouvernemens & chaque Gouvernement ell un barras
;
Allahbiler , vous difent-ils gravement :

Royaume, Mais quel Royaume! Si ces prétendus pour toute folution dans les difïiculcez , 'Dieu.
Monarques font eiieftivement dans une dépendan- le fait ; & Bifek Karaniek , cela nous eft in-
ce abfoluë, comment le titre de Roi peut-ilieur connu.
conveniri" Dans le fond, ce ne font que de vilsEf- On raporte , comme une particularité remar-
clavcs , &
leur Royauté nominale , confequem quable , qu'un des derniers Empereurs avoit lailTé
ment chimérique , ne fert qu'à donner plus de re- en mourant plus de cinq millions d'écus dans l'E-
lief à laSouveraineté de ^'^r£:Z'i-i?o;quiellleG;-<«»<i pargne. 'N'en deplaile à l'Hiftorien , il n'y a pas
Mogol. là , ce me femble , un grand fujet de fe recrier.

Etes vous curieux de voir un échantillon de la Quinze millions de livres font elles donc une fom-
1

puiiTance de cet Empereur ? Suivant ce qu'on pu- me exorbitante pour un Monarque à qui on attri-
blioit fur la fin du fiécle dernier , il a ordinaire, bue une puilfance énorme ? Ce qu'on ajoute au
ment la Cour vint Rois qui le fervent
il , &
dont même endroit vient beaucoup plus à propos :

quelques-uns font obligez de lui fournir au premier c'ert que le même Prince avoit fait faire huit Trô-
ordre cent mille hommes de Cavalerie. Il paile nes, dont un feul coûtoit plus de foixante millions
pour le plus riche Prince du Monde en pierreries; de livres. On peut juger par cette depenfèprodi-
aiant celles de plulieurs Princes fesvoifins, dont gieufe, que cet Empereur étoic furieufement épris
les Predecedeurs avoient travaillé longtems à en de fa Majellé &
qu'il aimoit fa grandeur jufques à

amaffer; & celles des Grands après leur mort. Car l'excès; tranchons le mot , qu'il l'aimoit jufques à
il ell héritier univerfel de tous ceux à qui il fait pen- la folie &
jufques à l'extravagance. Mais il fe fût
fion: &
toutes les maifons devant lefquelles il paf- aquis une glou'e folidement immortelle , fi ren-
fe lui doivent un prefent. Sur ce pié-là c'elt un voyant cet argent-là à fa fource , il l'eût employé
bien pour les Sujets que le Prince forte rarement, & au bien de fes Peuples ; fur tout au foulage-&
qu'à l;i manière des Monarques Orientaux, il vive ment des malheureux. Car enfin, un feul Trône
chez lui dans une molle &
voluptueufe folitude. fuffit à un bon Roi pour faire tout le bien dont il
Un Souverain , vendre par forme de prefent de ell capable ; & &
s'il elt mauvais , il en a toujours trop

don gratuit à fes peuples le pîaiiir de le voir paf- d'un. A


quoi bon donc fept ou huit Trônes, n
fcr devant leurs portes, fe peut-il rien de plus ceux 5 pour le bonheur de qui on doit unique-
bas pour le Prince? Se peut-i! un plus grand ra- ment les faire, font dans la fouffrance l'opref- &
finement de Tyrannie à l'égard des Sujets? lion ?
Autre rufe pour les épuifer, pour les fouler de Ce Monarque, en tems depaîx, peut, dit-on,
bonne grâce &
de bonne amitié ; l'Empereur fe mettre fur pié deux cens mille chevaux combien :

fait pcfcr tous les ans le jour de fa fête; il reçoit donc en tems de guerre? D'ailleurs, que fait-il de
alors plus de trente millions, &
toujours quelque cette nombreufe Cavalerie , quand fes Etats jouïf-
choie de rare <k de nouveau. N'elt-ce pas là en fcnt du calme de la tranquillité ? Je croirois vo- &
quelque manière payer même pour k pefanteur du lontiers que c'cll une méprîfe dans un Hijïorien du
joug. Il faut avouer que ces Aliatiques font bien Monde , Auteur dont je me fers fouvent. Mais je
des animaux nez pour !a fervitude, On a vu des ne fat s'il ne fe trompe pas auiïi fur un autre arti-
Européens qui ne leur en cédoient guère fur cet cle. La Religion , dit-il ,
parlant du Mogol , eft

article-là. la Mahometane ; fa Sefte des Turcs.


ell celle Si
\'oici d'autres richefTes que ce feroit granddom- pourtant on veut s'en raporter aux Géographes &
mage de lupprimer. Un Temple pavé & lambrif- aux Voyageurs, c'ell la Théologie d'Ali qui règne
fé de lames de pur or. Au Château d'Agra Capi- en ce Pais auln bien qu'en Perfe. C'ell à ces Mef-
talede l'Empire , deux Tours couvertes de pla- fieurs à s'accorder.
ques d'or mallîf; deux bojileaux de diamans , Je FiniiTons fur ce fujet-!àpar un trait qui n'eft
boilleau pelant feize livres; deux boiifeauxd'efcar- point équivoque, & qui renferme tout en peu de
faoucles; cmq d'émeraud^s , &
douze de plufieurs mots, il elt d'un homme qui a été fur les lieux.
fortes de joyaux: douze cens fabres à foureau d'or Le Grand Mogol, dit-il, ell airurément le plus

d: garnis de pierreries: douze miïle Chevaux; au- puilTant, & le plus riche Monarque de rAlie,tous
tant d'Elephans: vingt-deux mille Chameaux: cinq les Royaumes qu'il poUêde faifant fondomaine, &
cens Cerfs drctiez à la ChaHe du Lièvre & du étant Maître abfolu de toutes les terres , dont il tire
Daim: quantité de Par.theres, de Lions aprivoi- abfolument les revenus.
fez & de Léopards pour la grande ChaQé. L'Au- Dans les Etats de ce Prince , les Grands Sei-
teur de cette curieufe énuraerarion cite pour fon gneurs ne font que comme des Receveurs Royaux
garant, un homme qu'il avoit vu à lafuitedel'Am- qui rendent compte aux Gouverneurs des Pro- _

balladeur du Grand Mogol, à la Cour du Can de vinces , & ceux-ci aux Treforiers Généraux &
Tartane. Mais elle n'en eil pas moins fulpefte à Intendans des Finances. Si bien que ce Grand
un Géographe Moderne; ou plutôt celui-ci, tout Roi des Indes, dont les Païs en général font fi ri-
en badinant fur fa prétendue incrédulité , inlinue ches, fi fertiles, &
fi peuplez, ne voit point autour

allez que ces belles chofes & ces merveilles , com- de loi de puiiïance égale à la fienne.
Le

vw
,

SUR LEMPIRK DU GRAND MOGOL.


i}\
koj-
Le Mogol poffedc en propre toutes les terres
ti-etenus, qu ils tombent prefque par-tout en rnïne
de ion Ror.ruinc.d'où il s'enfuit qu'il n'y a
dans ce Jit quoique nous volions de fi belles étofTes
Pais niDuchez, ni Marquifats ni venir
aucune Famille
,
de ce pais-là les Arts & les Manutaflures
qui loit nche en fonds de terre
& qui fubCfte
;
ne laiffe-
, roient pas de s'y perdre entièrement
de ies revenus. Le Roi étant d'ailleurs fi la neceffi- ,
héritier de te, ouïe bâton n'obligeoient
tous biens, il s'enfuit encore que les Maifons
les les Ouvriers de tra-
ne vailler & fi quelques Grands Seigneurs n'en te-
peuvent pas fubfifler longtems dans leur grandeur ,

noient chez eux à leurs gages, qui"


mais qu'elles tombent au contraire tâchent de fe
tout-a-coup ; jufnues-li qu'un fils
fouvent & rendre habiles, pour être un peu plus
confiderez
, ou un petit- Un voit par tout ce que nous venons de dire, que
.

es dunpuiffant bcigneur,fe trouve fouvent après


la mort de fon oere, réduit,
Mon les Loix du Gouvernement, l'Empereur des
pour ainfi dire, a la Mogols efl le propriétaire général de
mendicité, lldlvrai que le Mogol lailïb tous les
pour l'or- Biens; bc comme d'ailleurs il a
dinaire une petite peniion à la veuve, droit de vie & de
quelque- & mort, nen ne lui manque pour être
fois même aux enfans ; ou que li le Père vit aifez tout,
le Maître do
hes bnicts ne reipirent que par fa
long-tems , il peut les avancer par faveur grâce ik
, prin- ne flibfiflent que par fa libéralité.
cipalement s'ils font bien faits , blancs Et cJs prefens
de vifage continuels qu'on exige d'eux, ces
& qu ils ne tiennent pas trop de l'Indien.
frandes auxquelles ils font obligez,
nombrciifes of-
Ilparoîtparcequ'onvientde dire, que les Grands c'eft comme
s ils paioicnt par-lâ
beigneurs de la Cour du Mogol, appeliez l'intérêt de la jouiilknce
qu'on
0»>«/„ leur accorde par ufufruit.
Voilà ce qui s'appelle
ne font point des Fils de Famille, ni
des gens de un Efclayage complet,
qualité , comme en Europe mais feulement des
;
& il ell certain qu'une tel-
ayanturiers de toute forte de Nations, '"=='}"--™P de celle que la
^'i-delâ
qui s'at- nivTNirTÏÏ^"?'"
UIVINllE demande avec
tirent les uns les autres à cette de fondement tant
Cour, & que le de les créatures raifonnables. Efl-il
MogoleleveauxDignitcz comme bonlui femUe,
les cafle
& tant de millions èc millions
poflible que
d'hommes ne vivent que
m
de même. Ce font ces Omrahs qui par-
pour le plaiûr, pour la grandeur, pour
viennent aux Gouvernemcns aux principales
, & cefl-â-dire en bonne & faine Morale
la gloue,
pour la vani-
Charges de la Cour & des Armées. Us
ne vont ja- té & la iumée d'un fcul individu
mais dans ies rues que fuperbement vêtus, de leur efpéce"
montez Rien ne me paroît plus contraire ni â
quelquefois fur un Eléphant quelquefois fur un l'intention, ni
, au bel ordre de la Nature, ni à la juitice
ticau cheval, &
fuivis d'un bon nombre de Cava-
grand Etrequi en efl: & l'Auteur &
de ce
liers qui font la garde à leur
logis, avec quantité IcCondufleur
de valets de pié , qui marchent devant Entrons un peu maintenant dans l'Hiltoirc
& à côte
.

de ces
pour fau-e fane place, chaflér les mouches Monarques.
&
j

pouJliére avec des queues de Paon,


la La Maifon Roiale de l'Indoftan reconnoît
porter le pour 1 \
lonChef un homme !

crachoir &
autres chofes fembkbles. Tous ceux
qui , dans fon pailige for notre
qui font a la Cour, font .obhgez
d'aUer deux
(jobc, fit grand bruit & grand fracas chez les Mor-
fois le jour faluer le Roi
tels;comme je l'ai déjà dit, c'efl le fameux Ta- i
; de taire la garde dans la
1 ortereiie chacun a leur tour une fois
inerlan. Les Adorateurs de la gloire héroïque
la fcmai- donnent â ce célèbre Guerrier des éloges
ne, de fuivre à cheval, &
d'accompagner par- mes à leurs principes; c'elt-à-dire qu'ils
confor-
tout le Roi, quand il marche lui don-
en campagne ou
,

qu il fe promené. , nent a plus haute & la plus belle niche qui foit
dans Temple de l'ImmortaHté. Ce Tamerlan
le
Quoique toutes les terres du Roiaume apartien- .

ditj un, qui, pour l'étendue & l'éclat de


-

!!™S5,"
des
Ç°P'''-' »u l^oi. &
qu'il les donne comme quêtes, a lurpafié la gloire des plus
fes ConI
grands Capitai-
Uenefaces aux gens de guerre, pour
leur pen- nes des liecles pallez.
lon, ou aiix Gouverneurs pour Ce Tamerlan hicommra-
l'entretien des We, dit 1 autre, qui, pour la valeur, n'en céda
tioupcs, a la charge de paier une rien à
au Koi tous les ans comme Fermiers
certaine fommc Celar, m
pour le bonheur ;\ Alexandre. En huit
; il s'en refer- ans, il conquit plus de Royaumes que
ve aulli quelques-unes, comme n'en conqui-
un Domaine par- rent les anciens Romains en huit cens ans
ticulier de fa maifon, oii il Il prit
tient des Fermiers, qui tout ce qu'il y a depuis la Chine jufques
lui paient par an une â la Polo-
certaine redevance , moyen-
gne. Toutes ces louanges , réduites
nant quoi les uns &
les autres ont une autorité
prix, reviennent â peu près à ceci.
à leur iufle
comme abfolué fur les Païfans, fur les Tamerlan ctoit
Ardfans & ambitieux, inquiet, ennemi du repos
Marchands des Villes &
Villages de leur dépen- re, %mni coMemfteiir, g-cmà violateur
, fanguinai-
dance. Ainfi il n'y a dans ce Pais ni Grands àe Y éqmté
Sei- naturelle, avide de conquérir pour
gneurs m
Parlemens, niPréfidiaux, ni luges af- conquérir con-
lez puiffims pour reprimer
les violences de ces for-
tre tout Droit Raifon ; &
trouvant peu dé ré- &
fittance, peu d'obUacIe â l'exécution
tes de Gouvernem-s ou Fermiers, qui de û fureur
abufent par- martiale, il eut le bonheur de pouvoir
tout impunément de l'Autorité fe contenter
Roiale qu'ils ont rapidement.
p'=P™'i»M, dans les lieux voifins
h" vîf T"'-
des Villes Capitales, & D'ailleurs, il
y a des Hiftoriens fort éloignez
le Ports de Mer
dans les grandes Villes,
des Provinces, d'où ils
& d encenfer fi fort la mémoire de cet incomparable
faveur amerlan. Suivant quelques Ecrivains
1
que les plaintes pourroient facilement , il n'en-
être por- tra jamais dans la Chhie, bien
tées a la Cour, ils modèrent un peu leur pouvoir loin de l'avoir con
quife.
& exercent moins de tyrannie. Cette autirité cx-
Ses premières conditions furent
^

Muletier, Pallcur, ou Voleur: dérobant


celles de .

cellive des Gouverneurs fait que chacun aftêfte de un mou-


ton a un berger , il en fut blefle
paroitre pauvre, de crainte d'être de deux coups
expofé aux
exaftions. De là vient aufii, comme
on a dit, que
de flèches, lun à l'épaule l'autre à la jai5- &
la plupart des terres font
be , dont il demeura éllropié toute '
neghgées, les Villes mal fa vie
bancs &: defertes,& les ouvrages ce qui lui attira le furnom
publics fi peu en-
de Boiteux ;
car Tamerlan neft qu'une corruption dç

M
,

Tû6 PREMIERE DISSERTATION


2>M«r-Iû«fi,c'efl-i-dire Teraut le boiteux. Prince donnoit déjà une fi haute efperance de
ce qu'il fut dans la fuite , que le Roi fon Père j
^

Sa naiilance ne fut pas moins diffamée on l'a :

tait Fils de Cliartier, de Savetier, de Valet


d'Eta- après s'être repofé quelque tems fur lui des foins
ble; bel endroit pour rétcrnifer dans l'imagination
du Gouvernement, lui céda entin fa place. Exem-
humaine, &: pour le procurer une Immortalité clii- ple rare &
prefque fmgulier on ne l'a , je croi
:

jamais; vu qu'une fois dans notre Europe; encore


mcrique Voions néanmoins ce qu'on a dit de plus
!

fut-il dit que dès le premier moment après l'abdi-


vrailemblable ù l'honneur de cet autre Alexandre,
fi plus ne fut. cation , le Père ouvrit les yeux fur fa folie , & s'en

Tamerlan, fclon d'autres, dcicendu du fameux repentit.

Genghizcan de Tartarie, ctoit Général des trou- Tamerlan débuta, dit-on, dans fa nouvelle Di-
pes du Cam ."oyorgatmet:, en mille trois cens fep- gnité, par faire la Guerre au Grand Duc de Mof-
tante. Il lui lucceda au Roiaume de Zagataï.
Ou covic; le battit & le forj^a d'être fon Valfal. Apres
ne convient point du tems de fa mort, les Chrono- cette Expédition vidorieufe, & qui n'étoit que
logiftee variant beaucoup Hl-dcflli';.. Que cet événe- comme le fignal ou le prélude des autres Exploits,
ment foit arrivé à l'entrée du quinzième fiécle, le Grand Cam de Tartarie, fon Oncîc paternel, en
fit fon Gendre & fon Succellèur. Ce fut cnfuite,
c'eit fur quoi ils font tous d'accord ; mais ils diffè-
rent depuis la deuxième année jufqu'à la fixième à ce qu'on dit, qu'il fit aux Chinois une Guerre

inclulivement ; un Hiitoricn aifurant que ce qui ne le termina que par la Conquête de ce vailc
Prùice vivoit du tem^ de Tulcung pctit-tib de Empire. Il paffa depuis par les Provinces voifines
Hunguu,qui chaila les Tartares de !a Chine. de la Mofcovie, l'Arménie, & la Géorgie, dans
Qua:it à la manière de fa mort, on en parle aulli l'Afie iVHneure, défit Bajazeth dans la Plaine deCa-

fort diverfement l'un dit que retournant d'Egyp-


:
fovafft en Galatie; prit Damas, Jerufalem, le Cai-

te à Samarkand , il finit par une opprcilion à^ en re, Alexandrie, Alcp , Babilone, &
força les Rois

dormant, à Anzar, ville du Cathay félon un au- :


de Perfj à le reconnoître pour leur Seigneur.
tre, il mourut dans les remèdes qu'il prcnoit con- Tout cela dît bien que ce Boiteux a été un fou-
tre un froid extrême gu'il avoit fouffert dans fon dre de guerre ; qu'il a fait une furieufe inondation
voiage. Mais un troilième donne trois caufes de dans l'Afie ; &
qu'il fit à la pointe de l'épée,

avancée ou précipitée
fa fin lavoir la fuite du
; ,
ou par la raifon du plus fort, des aquifitions
Gouverneur de Chebalv , qui lui emporta des furprenantes: mais on ne marque point là com-
Ibmmes immenfes tirées du Tribut i'adultere ;
ment toutes ces Conquêtes furent enfin réduites à
& le meurtre de la plus aimée, de !a plus jeune & l'Empire des Mogols. ISe m'étant pas pofliblc
delà plus belle de fes femmes & enfin, l'éléva-
;
d'éclaircir ce point-là, je paffe tout d'un coup aux

tion ou plutôt fi je ne me trompe , l'évafion du


, ,
Succeilèurs de Tamerlan; les voici par ordre.
Galant cette Princeffc qui dit l'HUtorien Orien-
: , , Au Conquérant fucceda Mira Cha ou MiraSchac, ,

tal, pour en exprimer la beauté, étoît comme la Lu- c'eil-à-dire iAuguJïe , ou le Roi des Seigneurs.
ne dans fin plein ^ comme le Solcïl avant qu'il fe
,
Les uns veulent que ce Prince fût fils de Tamer-
lan; d'autres difent que c'étoit fon frère il y en
couche^ cette Princcflc , dis-je , nommée Golba- ;

na, fut tuée par Tamerhm. a même qui Ibùtiennent qu'on prend ce Mira Cha,

Ainfi, fur la foi de cet fcrivain, ce grand Con- pour Bir Mahomet fi^s aine de Giahan Gbjr, à qui
quérant, qui avoit tant troublé le Monde, ne put l'amcrlan donna le Roiaume de llndcftan. Quel
fc procurer un repos qui ctoit necclTaire à fa vie: fonds peut-on faire fur des raports fi confus ik iï
après avoir remporté tant de viflioires, afTujetti un douteux? Ne laifibns pas de continuer: fi nous
grand nombre de Nations, ne pouvant fe vaincre nous trompons, ce fera après bien d'autres.
Ibi-même, il fuccomba fous le poids d'un chagrin Mira Cha eut pour SuccclVeur Sultan Mahomed
mal fondé: je dis mal fondé: car enfin Tamerlan fon fécond Fils.

]i'avoit-il pas en Jurabondance dequoi fe confoler Celui-ci fut PrcdeccfTeur de Sultan Abufaîd fon
aifément de fes trois caufes de mort ? Concluons Frère aîné, qui fut tué par Hulfum Roi de Perfe.
delà, que l'HeroïfmcPhilofophiquc vaut mieux Scek ou Seichomar fils d'Abufaid.
,

que l'Heroïfme Militaire; -S: qu'une patience rai- Selim,que d'autres nomment Babar, Neveu, Pe-
lonnée dans les dllgraces de la vie, l'emporte fur tit-fils , ou proche parent de Scek , félon d'au- &
tous ces faux-brilkns dont, par un préjugé déplora- tres, fon propre Fils. Babar, fignifie '/"risff bra-
ble , la Muhitude aveugle compofe le mérite de _
ve: aulli dit-on que ce fut le premier des Mogols
ces grands Perturbateurs du Genre Humain. qui fe rendit tout-puiilant dans l'Inde: il mourut
Encore un mot, far le Fondateur de la puif- en 1530. Mais afin que la contradiction ne manque
faule Monarchie des Mogols. Qelques-uns fou- point; car je ne croi pas que jamais tiiitoire, qui
tiennent qu'après la mort d'Abufaid qui commen- ,
pourtant peut palier pour moderne, ait tant varie ;
ça de régner en 1317, qui régna vingt ans, & qui ceMonart]ue,dit un Ecrivain , fut chaffé par Schab
lut le douzième Cam de Tartarie après Zineis; les Olam , c'ell-à-dire Roi du Monde.
plus puiflans de ce grand Etat, fecouant le joug Amayum ou Houmajon, le Bietiheureitx , fils du
du Souverain, fe rendirent abiolus dans les Pro- Sultan Babur ou Bahadur;il mourut en iffz.
vinces dont ils avoicnt IcsGouvcrnemens; & que Abduï Fêta GYieXxX-V^ààxn^laSplendeurdelaFoi^
ce ne fut que trente ou trente-deux ans après, Mahemed , furnommé Akobar, le Grand, AJ- &
que Tamerlan en devint le Monarque. Les au- Mofapher, le Vainqueur , étoit fils de Houmajon:
tres difent que Og, ou Banjan Khan, Roi de Il régna cinquante deux an5,& mourut en 1605.

Zagataï, Frère du \\^\\à. Cam de Tartarie, du & Selim, fils d'Akebar , ou Ackabar , voulut être
tiang ou de k Maiïbn des Zingis, dégoûté de la nommé Nuroddin Giahan Ghir ou Jehan Gure,/«
Roiauté , ennuie de l'Adminiitration des affaires , Lumière de la Foi &
le Conquérant du Monde. Il

fp relblut de la confier au jeune Timur fon fils, fucceda à fon Père , &
mourut en 1617. Ce Mo-
qui n'avoit que quinze ans: On ajoute que ce narque époufa Nur-Mehalle,/« Ltimieie du Serraii

m.
SUR L'EMPIRE DU GRAND MOGOL. 107
f
ou ^u 'Palais ; & appelle e depuis, Nour-Ginham dans une foibîclTe mortelle, ilferctirechezfesFem-
Begum , la Lumière du Monde. Car ces bons mes; èk contre l'ulagc des Rois de ce Païs-là , il ne
Orientaux abondent en épïthetcs emphatiques ils ; paroît que très-rarement en public. On dit que ces
ne difent rien que d'enflé , rien que d'outré riches ; Princes fe montrent àleurs Sujets trois fois la femai-
fui--tout en comparaifons Lumincufes. Sultan'Se- ne , ou pour le moins tous les quinze jours. Si cet-
Kolrou, Kourom, Perulz, &
lim eut quatre fils
Cha-Daniel.-
, te coutume-là cft d'obligation , c'cfl peut-être ce
qu'ils trouvent de plus incommode &: de plus oné-
.1
Kourum ou Cha Jehan fucceda -, &, flins égard reux dans leur dignité, quoiq^ue ce ibit ce qui de- '( /
au droit d'aînclTe , les Grans du Roiaume relevè- vroic leur faire le plus de plaiiir. ., .
, ,
_

rent fur le Trône , dans la FortcreiTe d'Agra on : Cette longue retraite du Monarque dans le Ser-
Tavoit nomme d'abord Schah Bcdin Mahamed: rai! fit préfumer qu'il ne vivoit plus ; que ion &
mais voulant quelque choie de plus pompeux, il fe Succeiîéur deiigné faitbit celer fa mort, pour avoir
fit Cha Gehan, c'eit- à-dire , Roi du Mon-
appeller le tcms de fe mettre au 7'imon , (k d'écarter tous
de &L fa femme étoit nommée Tage Mehalle la Cou-
; , les obifacies qui pouvoicnt l'empêcher de montef
ronne du Talais. Ces ne laiflbnt pas d'ê-
titres fupcrbcs fur le Trône.
tre divcrtilTans ; ceferoit dommage de les omettre. 11 ell certain , dit un Void^eur fameux
l qui &
Le Roi du Monde eut deux tilles , Begum Sa- paroît bien informé des choies , que Cha Gehan
heb, 'Princeffe Maîtreffc -, & Rauchenara Jîegum, n'efperoit plus rien de la vie,&:qu'il fe croioitprès
'Princejfe éclatante, ou Lumière desTrinceJfes. Ces de i;î tin. Dans cette trifte perfuaiion il commande
deux Sœurs eurent quatre Frères; Dara-Cha; Sul- à Dara-Cha de faire ailembler les Seigneurs," &: de
tan Sujah , ou le Vaillant Aureng Zeb , Ornement
; prendre, en leur préience, poiièllion de la Digni-
du Trône; & Morad Bakchc T^epr accompli. Ces , té Roiale qui lui apartenoit légitimement; ajoutant,'
Princes, tous quatre fort ambitieux, fuccomberent que fa plus grande confolation en niourant , fe-
^'

également fous une furieufc pallion de régner. roit de le laliPcr dans la fùre& tranquille joujifance
N'aiant pas même ni aifez de naturel , ni aiïèz de de la Monarchie. Cha-Gehan n'agifToit pas feule-
patience pour attendre la mort du Père, ils prirent ment en cela par un principe d'équité il aimoit fon
:

les armes, &


fe difputerent entre eux une Succef- fiisaîné plus tendrement que les trois autres ce- ; &
fion qid n'étoit pas ouverte ; & qui d'ailleurs, fui- la , parce qu'il lui avoit toujours remarqué, à fon
vant le Droit héréditaire, & la Loi Monarchique , égard, plus de naturel, d'attachement &de foumif-
n'apartenoit qu'à l'Aîné. (ion. En eiïèt, le Prince reçut la propoiition du Roi
Cha Gehan , qui étoit bon Père, aimoit égale- fon Père avec tous les fcniimens d'un bon Fils: Si-
ment CCS jeunes Princes; &: leur avoit dilliribué les re , répondit-ii , je fais à Dieu des vœux finceres
principaux Gouvernemens de la Monarchie ; ils c- pour votre convalcicence , pour la confervation de
loicnt dans la fubordinatîon , les quatre premiers Rois votre Pcrfonne Roiale ; &: tant qu'il lui plaira pro-
de l'Ktat, Dara-Cha , comme l'Héritier préfomptif, longer vos jours, je ferai gloire d'être le premier &
demeuroit à la Cour , au Roiaume de Dehli ; mais le plus obéiilànt de vos Sujets. Puis joignant l'exé-
il n'en étoit pas moins pourvu du Roiaume deSin- cution aux belles paroles, ce qui eft aflez rare chez
di; &
un Lieutenant , Gouverneur , ou, li vous les Mortels , &
principalement chez les Grans, il
voulez , Viceroi , en avoit la conduite &: l'admi- étoit continuellement auprès du Monarque malade,"
niltration. Un autre Auteur dit que Dara-Cha étoit pour veiller à ies beibins; couchant même à côté de
&
Gouverneur de Kaboul, de Multan. Sujah eut en ion lit, fur un tapis étendu par terre., Un Prince de
partage le Bengale ; Aureng-Zeb , le Dccan ; &; Mo- cette touniure-là meritoit encore plus le Trône par
rad Backche , Guzurate , ou Guzerate. Cha
le fa bonté d'ame, que par fon droit de naiirance;& A il
Gehan faifoit donc fon poUible pour contenter fes aparcmment il eût été les délices de fes Sujets: ce-
Fils,& pour les maintenir dans le devoir: mais tou- pendant, quoique fa caufe fût doublement la meil-
tes fes précautions , tous fes foins furent inutiles ; &: leure, le Ciel eut fes raifons pour fe déclarer con-
il eut douleur dans fa vieilleffe, d'éprouver qu'il
la tre: en voici les preuves. '
. ..

avoit aftairc à des Princes ingrats & dénaturez. Au Le faux bruit, que Cha-Gchan étoit morf, s'é-
commencement de mille iix cens quarante-cinq la tant donc répandu par tout TF^^mpire ; les trois au-
Guerre s'alluma entre les quatre Frères ; &: ce feu tres Fils de ce Monarque , prétendu défunt , pen-
domeilique caufa dans l'Empire un fi grand embra- ferent, chacun de fon côté , à s'emparer d'une Mo-
fcment , que la Monarchie en fut fur le penchant narchie à laquelle ils ne pouvoient prétendre fans
de fa ruine. tomber dans une rébellion manifelle. Morat Bakche,'
Un accident donna lieu à ces horribles troubles. le plus jeune des Princes révoltez, entre le premier
Cha-Gchan étoit dans un âge fort avancé,puifquefon fur cette tragique &fanglante Scène, Aiantau plus
Règne paflbît la quarantième année, il ne paroif- & vite, allèmblé une Armée, dont il nom nia C ba-
foit guère fufceptible d'amour. Cependant , une bas Kan,un de fes Eunuques, pour Général, il or-'
beauté des plus accomplies fondit chez lui la glace donne le liège de Surate ; c'elt une ville du premier
delà vieilleiîe;, &ce Prince en devint li paUionné, rang pour le Commerce, & le meilleur Port qu'il y
qu'il aima avec toute l'ardeur d'un jeune homme. ait aux Indes. La Place qui loin d'être fortifiée i
, ,

On compare le cœur des \icillards au fer, lequel, proportion defon importance, n'étoit défendue que
étant de fa nature le plus froid desmétaux, cltauili par des murailles prefque ruïnées,fut emportée d'a-
celui qui s'enfiamme le plus difficilement qu'on a & bord. Mais la Citadelle donna beaucoup d'occupa-
plus de peine à éteindre. Notre Grand Mogol brû- tion. LaGamifon n'étoit rien moins que nombreu-
loitdonc jufques aux moiicllesi mais la vigueur ne fe elle fit néanmoins
: pendant quarante jours ,'une
,

répondantpas(ils'en faloit prefque tout ) à la bonne belle &L vigoureufe reliflance & les Aihegeans y
;

volonté , l'Amant décrépit eut recours ïi. certains pcrdoient quantité de monde. Le Commandahtjde
moiens auxiliaires , dont la vertu calefa£live trop & laFortereflê, homme brave, intrépide, fidèle,^ &
opérante l'approcha du tombeau. Se trouvant donc avoit mis fes Soldats dans la même difpofition. Le
Ee 7. Gé^"

fi-
& ,,,

PREMIERE DISSERTATION
General Eunuque qui tant pour la rufe , que
, , qui confequemment faifoit le plus gralid obfl;a'cle à
pour la force ouverte, tant pour la mauvaife Guer- la fortune.
re que pour la bonne cntendoit Ion métier aiant
, , Morat-Bakchenaturellement afl'ez étourdi, fe
,
fait rechercher les femmes , les enfans , les pareils lailiimt éblouir par ces belles apparences
, fut trop
& amis de ces courageux Defenfeurs de la Jultice facile à croire Aureng-Zeb ; joignant fes Trou- &
leur envoie déclarer qu'il égorgera toutes ces victi- pes avec celles de fon Frère l'impoileur , ils mar-
mes innocentes, fi on ne ferend au pliitôt. JMais cet- chèrent à forces communes , vers Agra , Capitale
te horrible menace ne produilit rien ; les Aliiegez de l'Empire. Dara-Cha , qui , comme l'Héritier
répondant unanimement , que le devoir étoit ce prelomptif, étoit, aprèsCha-Gehan, laparticinte-
qu'ils avoicntdepluscher.Cetrait-làmeparo'it bien reilëe, &qui, avec une puiflante Armée, con-
remarquable ; il fait voir que la vertu elt de tout duite par Soliman Checour, fon fils aine , avoit dé-
Païs& de toute Nation. Mais la nccclfité tit ce que jà batu Sultan Sujah ; Dara-Cha , dis-je , croiant
l'amour du fang , ce que la tendreile naturelle n'a- qu'il_ lui fcroit honteux de fe tenir fur la defenfive,
voit pu opérer les Aliiegez , ne pouvant abfolu-
:
& d'attendre fes deux F'reres , marche fièrement
ment plus foiitenir , &
d'ailleurs craignant i'eftct contre eux, & les attaque avec plus de valeur
que
d'une mine toute prête , demandèrent à capituler : de prudence & de précaution.
on leur accorda toutes leurs demandes ; <^ ils forti- Ce Prince, fe fiant trop aux principaux Chefs de
rent à des conditions aulli honorables qu'elles fu- fon Armée , contre l'avis même du Général qui ,
rent exactement obl'ervées.
C'étoit une riche capture, que cette Conquête:
commandoit fous
bien intentionné
lui, premier Minillrc d'Etat, &
, ce Prince dis-je , s'opiniàtre à
Cha-Gehan avoit fon Tréfor dans
Citadelle de la donner combat , comptant comme fur une viètoire
Surate , comme dans l'endroit le plus fur. Ainfi infaiUible contre des gens fatiguez d'une longue
,
Chabas-Kan s'ctant faifi de cette Toifon d'or,.ren- marche , & à quion ne donnoit pas le tems de fe re-
voia inceiîàmment à fon jeune Maître. Morad-
Backchc , qui , pour venir à bout de fon ufurpation
connoître. Le premier choc fut rude fanglant : &
avoit befoin d'une copieufe finance, reçut, comme
Morad-Bakche , qui fe battoit en defefperè , &
plutôt en fimple Soldat, qu'en grand Capitaine,
on peut bien fe l'imaginer , avec un épanchement fut blefl'é de cinq coups defleches; &fonElephant
de joie , ce butin immenfc qui pouvoit lui être d'un , en fut comme criblé.
fi grand fecours. Il étoit alors à
Amadabar, occupé Cependant , le foi-difant pieux Aureng-Zeb
à faire des Edits iar/aux, à les lancer fur le mi- & volant la difgrace de Morad-Bakche,
,
ne doutant &
ferable Peuple. Ravi donc de la prifede Surate,
pointqueDara-Chanefùtl'hcureux&le'Vainqueur,
encore plus defe voir en poireilion des richeffes de avoit déjà pris le parti de la retraite mais le cœur :
fon Perc, il agit comme s'il en étoit le vrai légi- & lui revint bientôt ; volant venir il fon fecours une
time Succelfeur; on le place fur un Trône fait ex- bonne partie de l'Armée qu'il croioit toute fon en-
près ; on le proclame Empereur ; il fliit battre mon-
noie ; il envoie de nouveaux Gouverneurs dans les
nemie, furpris agréablement , il tourne vifage ,
attaque, à fon tour , celui qui l'avoit mis en fuite.
&
Provinces ; enfin , il n'omet rien de tout cequi pou- Dara-Cha, fort afîbibU par la dcfertion des traîtres;
voit contribuer il l'aftcrmir dans fon Ufurpation.
& à qui, de plus, fa victoire paffagere & trompeufe
Les deux autres Princes rebelles , de leur côté avoit coûté fes meilleurs Officiers & ibn Général,
ne s'endormoientpas. Sujah , dont les forces étoient
de beaucoup fuperieures à celles deMoradBakche,
n'étoit plus en état de fane tête, fes Troupes &
aiant Ibuflèrt une diminution trop confiderable pour
s'étoitemparé déjà des Roiaumcs de Lahor & de accepter le défi fans une témérité vifible ,11 retour-
,
Bengale mais cette fortune fi rapide ne dura guè-
; ne auprès du Roi fon Père , qui avoit échapé à la
re ; &
celui des quatre pour qui le fort gardoit l'Em- mort & dont la fanté commençoit à fe rétablir.
,
pire, fe debaraifa, non feulement de fon frère Su- Ce Monarque confeille à fon fils de fe munir du
jah mais auHi des deux autres
, & même du Roi , Tréfor qui étoit dans Agra, & de fe retirer avec
fon Père. fes ami-s dans la F'orterefl'e deDehli ; ce qui fut in-
Vous jugez bien que csTreJe/lkénuTiône était cefTamment exécuté.
Aurcng-Zeb. C'étoit le plus tindela Famille Roia-
le: Ufavoit diflimulcr à propos; qui plus efi , un &
Atrreng-Zeb , aiant par là gagné le deffus , &
fevoiantenfibeau chemin, ne penfa plus qu'à pour-
penchant afféèté pour la folitude, le faux détache- fuivre fes avantages. Mais comment & pourquoi,
ment du Monde, &
le dehors de la dévotion com- demandcrez-vous , Dara-Cha fut-il abandonné de
pofoient chez lui ce mafque,ce voile fous lequel les fes Gens? On repond, qu'ils s'ètoientlailic corrom-
Hypocrites font de t\ bons coups ; fous lequel & pre par l'argent d'Aureng-Zeb , qui avoit amallë des
auili d'iUullres Scélérats ont fi bien fu cacher leur Ibmmes immenfes dans fon Gouvernement. Ce
marche , qu'ils font parvenus à ce qu'il y a de plus Sultan , habile dans l'obliquité , dans le fouter- &
élevé chez le Genre-Humain. Aureng-'Zeb étant
donc d'une telle trempe, voions,fur le raport d'un
rain , fut donc gagner ces lâches Officiers il ; & y
réullir d'autant plus facilement , que la plupart de
Ecrivain , aparemment bien inltruit & fidèle com- , ces Chefs étant des fugitifs de Perte, gens fans naif-
ment ce rufé Bigot s'y prit pour fupplanter tousfes fance, fans honneur, d'une ame bailc 8c merce- &
Rivaux. naire, ils étoient à qui leur oHfoit le plus.
Pour mieux jouer fon rôle, il fit accroire à Mo- Pour revenir à Morad-Bakche, ce Prince com-
ratl-Bakche, qu'il voioit pafiionné pour le Trône, menfa à ouvrir les yeux fur la conduite d'Aureng-
V \
qu'il vouloir favorifer fa belle noble ambition; & Zeb ; & formant de julles foupçons contre fa bonne
que le connoiflant le plus digne de l'Empire, il lui foi , lui envola demander la moite des tréfors qu'il
1 1
offroit de bon cœur , quoique le plus âgé , tout
,
avoit faiii, aiant delfein, difoit-il , de fe retirer en
ce qui étoit de fa dépenciance , dans l'e.xecution de Guzerate. Aureng-Zeb , qui aparemment n'eût pas
i
fes defleins ; &
qu'il faloit commencer par Dara- été fâché que Morad-Bakche fût mort de fes blef-
Cha dont les prétentions étoient fpecicufes ;
, & voiant bien guéri , inventa une nouvelle
fui-es, le
i
ma-
& , ,

SUR L'EMP/RE DU G R A ND M O G L; lo^


machine pour fe mettre refprit en repos de ce cù- & de la barbarie, ayant fait m.ourir fes neveux, les
té-ià. Héritiers légitimes, ce Cha-Gehan n'avoit paslaif-
il fit adurer fon Frère qu'il ctoit plus que jamais lé de gouverner en bon Prince. On dir que foti
dans la relblution de le conduire au Trône; i^ que Adminillration éioit toute paternelle; punilîant fe-
pour mieux concerter enlemble l'exécution de verement les fautes des Grans , tournant toutes &
ce grand delîein ^ il lui dcraandoit une entrevue, chofes au fiiUagemcnt du jPfff//?.-c'eitfaireenpetir,
îe priant inllamment de venir ie trouver. Morad- le portrait d'un vrai Monarque plût Dieu,; & ;\

Bakche ayant Ibttement aquiefcé on lui tait de nou-


, pour le bonheur des Mortels, que cette Mignature
velles protellations de cendreiTe &
d'all'urances de fût reHémblante à tous les Souverains vous m'avoû- !

fervice; on l'accable de louanges: Oui, mon cher rez qu'il s'en faut plus que quelque chofe. Cha-
Frère, ditTHypocrite, rien n'égale votre courage; Gehan, néanmoins, avec toute Ion humanité, &
& quand il n'y auroit que la valeur vous la polfe-
, quoiqu'adoré dans l'Empire , éprouva le fort des
dez à un point qui vous rend digne de commander Tirans: fes fuiets l'abandonnèrent à la cruelle perfe-
:\ l'Univers. cution d'un Fils dénaturé ; &
loin de fe remuer pour
Ce jeune Prince , enivré d'un fi doux parfum, fa délivrance , comme ils y étoient obligez , enco-
prend à la lettre tontes les flateries de fon Frère. re plus par la Loi naturelle de la gratitude, que par
Chabas-Kan , cet Eunuque zélé qui lui avoit con- le lien du Serment, ils fouffrirent, fans la moindre
quis Surate , &qui avoit le nez long , fit ce qu'il oppofition , qu'il fût le refle de fes jours le prifon-
put pour infpirer de la défiance à fon Maitre, en nicr de fon Opprefléur. En effet , Aureng-Zeb,
lui montrant le piège qu'on lui tendoitrmais toutes ayant enferme fon Empereur &
fon Père, lereduilit à
fes remontrances furent inutiles; foie qu'il eût affai- une petite dépenfe, s'appropnafestréîbrs, &eutla
re à un Prince fans pénétration ; foit à caufeque le dureté de le laiilér languir & finir dans ce triite état.
jugement ne peut rien fur un Efprit aveuglé par l'a- Quant aux deux Frères, qui étoient libres, &
mour-propre. Il ell vrai que quand Morad-Bakche qui pourfuivoient leurspretenilons, ils terminèrent
eût été plus docile, cela n'auroit fervi dericn; cari leur courié d'une manière plus tragique Aurcng- ;
'

il n'étoit plus tems, &: le Fourbe étoit déjà fur de Zcb leur donna fi peu de relâche, que foit par la
fon coup. force &le bonheur de fes armes , foit pas fes ma-
Lorliju'il fut queftion d'en venir au fait , & tou- chinations &fes intrigues, il s'en debaralîatout-'\-faiC
tes les mefures étant bien concertées, Aureng-Zeb, Dara-Cha fut tué par un efciave; li: on porta fa tête
peut-être Ibus prétexte de confirmer le racommo- au Tiran qui avoit ordonnécefacrificelanglanc; &:
dement, invire ion Frère à un grand repas; ce fut qui lui- mcme.facrifiant la Nature à l'envie de régner
alors que Morad-Bakche réfléchit iur les bons avis vit avec plaifir un objet qui lui alïûroit le Trône;
de fon Miniftre: il fe défend honnêtement d'accep- car pour Sultan Sujah, il avoit été fi malheureux en
ter l'invitation: mais prefTé par des inUances réité- ofTenfive &en defenlive qu'il fut contraint de fe
,

rées, & d'ailleurs croyant ne devoir donner aucun réfugier dans une Cour étrangère. Sa mauvaife
indice de foupçon,il fe rendit à la volonté de fon étoile le fuivit en ce Païs-!à: obligé de chercher un
Frère. Morad-Bakche ne couroit pourtant pas tout autre azile, pour avoir comploté la mort du Prin-
le rifque qu'il s'imaginoît car au lieu que l'empoi-
: ce, dans la vue de fe mettre en fa place, on ne fait
fonnement faifoit le fujet de fa défiance , il en fut ce qu'il devint les unsconjedurantqueceuxqu'on
;

quite cettefois-lil, pour être enfermé dansuneFor- avoit détaché après lui , l'égorgerent ; d'autres &
terefle. Ainfi, ce mÔme Morad-Bakche, quiquoi- croyant que traverfant un bois plein de bêtes fcro-
que le plus jeune des fils de Cha-Gehan,fur!erim- ces, il fervit de pâture royale à quelque Tigre ou à
ple bruit de la mort du Père, s'étoit fait proclamer quelque Lion.
fcmpereur,fe trouve tout d'un coup dans un état à Après tant d'heureux fuccès,& même avantque
ne pouvoir pas même difpofer de fa perfonne;i! fe Sultan Sujah eut quité la partie par fa fuite précipi-
voit privé de la liberté ; &cela pour s'être laiiTé tée, Aurcng-Zeb penfe reconnoître Em-
;\ fe faire
enchanter par les belles paroles d'un Frère, non moins pereur dans les formes. Toute cette augulle Céré-
ambitieux mais plus fin & plus dillimulé que lui. Il
, monie, que les Européens nomment chez eux le Jfï-
en va prefque toujours de m&me: la malignité triom- cre ou ]e Coiirontie/Jient conlifte en cePaïs-làdans
,

phe ordinairement de la droiture; & c'eil:, à mon deux points eirencicls c'eltque le nouveau Monar-
;

iens , un des endroits les plus honteux de notre Ef- que fe place fur le Trône; & qu'il foit proclamé
pèce , quoiqu'elle foit meprifable par une infinité par !e Grand Cadi de l'Empire, ou ChefdelaLoi.
de difparates & de travers. L'Ufurpateur ne trouva nul obllacle à shitrônifèr:
Aureng-Zeb ne jouît pas fi-tôt du fruit de fa per- mais le Cadi, qui, à ce que je m'imagine, elt com-
fidie: la détention de Morad-Bakche faifoit un obf- me le Pape & le Saint-Pere des Mogols , s'oppofa
tacle de moins; mais ce n'étoit encore qu'un pas formellement à la proclamation.
vers le Trône ; & il en faloit quvitre: Cha-Gehan Cet homme de bien , qui, dans la conjonflure pre-
'

étoit revenu de la porte de l'autre Monde ; & fi bien fente, faifoit beaucoup d'honneur à une Nation éga-
revenu, qu'il promettoic encore ptufieurs années de lement lâche 5: ingrate envers C^lha-Gehan, a anez
vie: Dara-Cha & Sultan Sujah avoient des forces de courage pour, par un exemple qui n'auroit guère
fufHfantes pour foûtenir la concurrence ;& de plus, d'imitateurs, même dans la Chrétienté, déclarera
étant tous deux les aînez d' Aureng-Zeb , celui-ci Aureng-Zeb, que les Loix de Dieu, duPrcphète,
ne pouvoir régner àleurprejudicequ'à ticred'Ufur- &: de la Nature ne lui permettoient pas, en con-
pareur. Voilà donc trois grandes diflficultez ce- fcience , d'annoncer la Souveraineté d'un homme
:

pendant le faux dévot entreprend de les aplanir, qui aduellement tcnoit dans une étroite prifon le
il en vient à bout ; à quoi ne peut-on pas réuiTir par Roi fon Père; & qui , pour s'ouvrir le chemin de
la puiffante machine de i'Hypocrifie ! l'Empire, s'étoic fouillé de plufieurs autres crimes,
Cha-Gehan, qui, pour le dire chemin-faifant tel que celui d'avoir fait couper la tête à fon Frère
étoit monté fur le T'rône parla voye de l'injulUce aîné.
Tom. K Ff Cet-
,

PREM. DISSERT. SUR L'EMP. DU GRAND MOGOL:


Cette forte remontrance iurpùt d'autant plus le tranfports de joye à un homme manifefiement con-
Tiran, qu'il étoit bien éloigné de s'y attendre l'em- : vaincu de ce y a de plusoppofé aux principes,
qu'il

baras ne fut pas moindre que la furprife. 11 n'Étoit aux fondemens d'une bonne & légitime Adminjf-
pas difficile à l'Oppreilénr de fupprimer l'ufage, & tration & cela pourquoi ? C'ell q u'il a du zèle pour
;

de Te mettre au delïus de la formalité. Après avoir ie Culte , c'ert qu'il elt dévot. Mais ce Scélérat a
violé les Droiu, les plus facrcz , ce ne devoit pas commis & commet aduellementcequela Religion,
être un grand fcrupule pour lui de monter fur le
, foit divine , foit naturelle , défend le plus N'im- !

Trône fans proclamation. Mais comme il lui étojt porte: il ç& dévot cela repare tout O! lagrande
; :

important d'affeder dans cette occifion-lii l'appa- puiiTance de la ^Dévotion. C'elt un vernis incompa-
rence & le dehors de la Juilice, il prit le parti qu'il rable; il embellit ce qu'il y a de plus hideux. Au
auroit dû prendre quand fa caufe eût été aufli bon- relie , notre Europe a produit un e:>;emple ;i peu
ne qu'elle étoit mauvaife ; ce fut de faire ailèm- près femblable, que dis-je? encore plus raonitrueux
bler les Docteurs delà Loi. Lii,plaidantpar Procu- que celui-ci N'a-t-on pas vu un iimple particulier
:

reur, ou par Avocat , devant ce Tribunal Eccle- qui , travelli en lîîgot , en Zélateur de la liberté
iiallique , il i;icba de blanchir ie mieux qu'il put fa iut couvrir fa marche ambitieufe fi finement, qu'a-
noire &
abominable conduite , touchant les deux près avoir fait couper, par la main du lioureau, la
principaux chefs ; favoir, la détention du Roi fon tête facrée de fon Roi , il s'empara du pouvoir fu-
-Père, &
le meurtre de fon Frcre. Il allégua, fur prème, &
devint un des plus grans Partifans de cet-
le premier point, la vieil!cne,!es grandes intirmitei te Tirannie, dont ilneprônoitautrechofequel'ex-
deCha-Gehan: & pour l'autre , il dit, qu'il s'étoît termination?
cru obligé en confcience défaire mourir Dara-Cha, Plus qu'un trait d'hiftoire fur notre Ufurpateur
parce que ce Prince n'étant pas zclc pour l'obfer- de i'Erapire des Mogols je le tire mot à mot d'un:

vaiion de la Loi, buvant du vin , ik favorifant les Voyageur qui écrivoit pendant que ce Monarque
Infidèles, fa vie mettoit la Religion en danger. étoit encore au nombre desviv.ms. Dès le moment,
Ces raifons-là n'étoicnt rien moinsque de poids, dit-il qu'Aureng-Zeb prit pofTeirion du Trône il
, ,

& il étoit fort aifé de les refuter;!afoiblelîeenfau- ne voulut plus manger de pain de froment , ni de
toit aux yeux; mais l'ignorance des Juges, leur dé- viande, ni de poiflon. Il ne fe nourrit que de pain
pravation, ik fur-tout les menaces dont on eut foin d'orge, d'herbages ^ de confitures, &neboit au-
d'armer le PIaidoyé,le fit trouver jultc : on décida cune forte liqueur. C'eft: une pénitence qu'il s'eft
donc qu'Aurcng-Zeb meritoit l'Empire ; & que lui-même imporée,pour tant de crimes qu'il a com-
confequemment fa proclamation étoit non feule- mis: mais fon ambition &
le defir de régner durent
ment légitime , mais même neceiïaire au bien de toi'îjours; & c'ell à quoi il n'a pas delfein apparem-
l'Etat. ment de renoncer de fa vie.
Ce Décret du Concile Mahnmetan n'ébranla Si bien donc que voilà Aureng-Zeb devenu tout
point conibnce du brave
la &
vigoureuxCadi & ;
d'un coup pénitent & après s'être couvert des
;

en appellant 5 comme d'abus, au Tribunal fuprètne peaux du Renard & du Tigre , pour arriver au
& incorruptible de l'Equité, qui cil: celui de Dieu, Trône il veut vivre comme un beau petit Saint.
,

il tint ferme dans la réfolution de ne point procla- Si cette penitence-ià n'étoit pas feinte; ficen'étoit
mer. Il n'y eut pointàcela,dit!'Hillorien, d'autre pas un redoublementd'hypocrifiepourmieux trom-
remède que de ie dépoUeder de fon Office comme per les Peuples , au moins devoit-elle être extrê-
Perturbateur du repos public, & d'en élire un autre mement fufpede. Cet Empereur rentre enfoi-mê-
xèlé pour l'honneur de la Loi & le bien du Royau- me; fenormité de fes crimes le touche, lui fait
me, ce qui fut fait auffi-tôt, Celui qui fut éiupar horreur; ce pour les expier, il fe condamne à une
le Confei! fut enfuitc confirmé par Aurcng Zeb ; & rude abltincnce : jufques ici tout va bien. Mais
pour reconnoiilance de ce bienfait , il le proclama Aureng-/,eb le 'Jeûneur., l'Abfiinent , le Pénitent
Roi le vingtième d'Ociobrc 1661. Cette proclama- aime toujours tendrement la caufe de tous fes for-
tion faite dans !a Mofquée, Aureng-Zeb s'alfit fur faits, je veux dire fon ambition. II fait bien plus, ce
le Trône , où il reçut les hommages de tous les Beat. Il tient toujours ion Père dans une étroite

Grans du Royaume, & il fe fit ce jour -Hi de grandes prifon ; car Cha-Gehan vivoit, & ne mourut que
réjouiÏÏances dansjehanabar , ville bâtie par Cha- quatre ou cinq ans après l'Ufurpation. llytientaufR
Gehan, &
où fe faifoit cette /«ïrow/yà^/w, Enrac- le fils de Daracha,qui devoit fucceder à fon Aïeul.
ine tems les ordres furent envoyez par tout le Royau- Quelle étrange idée ce Monarque repentant fe fai-
me pour célébrer cet avènement au Trône, cequi foit-il de la Divinité ? Ne fe mocquoit-il pas vifi-
fe fit avec de grandes magnificences pendant plu- blement de la julb'ce, de la vengeance du Ciel? Et
fieurs jours. dès-là ne le jouoit-il pas de la Religion , auffi bien
On peut dire que un desplusgrans triom-
c'ell-Ià que de la fotte crédulité de fes Sujets ? Mais c'eil
phes du BigQtiJme. Tout un vaite Empire dont le allez parler de cet Empereur, qui régna jufqu'àl'an
Gouvernement elt fondé fur la Religion, iur lajuf- 1707. li eut irois t)Uccelîèurs,dont on trouvera les
tice, fur l'Humanité, enfin fur des Loixdivines& noms ci-après dans la Chronologie Hiltorique des
humaines, fe foûmet avec épanchement, avec des ' Souverains de Empire,

'

suc
i

m
CHRONOLOGIE ^1

HISTORIQUE
* ''I

4
DES

EMPEREURS
D U

GRAND MOGOL.
Oifque Bajazeth , Empereur des Turcs , ravageoit l'Europe &
fers à tous les Peuples de la Terre ,TamerIan fut celui dont
l'Afie , prdparoit des &
la Providence fie choix Dour
abattre fan orgueil , &
réduire en fumée fes vartes & fuperbes deiïèius. Le Mosol
|çoic de fubjuguer prefque toutl'Univers. Tanierlan entreprit doporer une digue
à
... „ „
armes vidoneufes,
^ leurs &
ajouta à la défaite entière deJeui-Arméeh
prifedeleurChef
qu ! fit enfermer dans une Cage de fer. Ce Prince avoic fait de bonne heure
Fellki de cette valeur'
QUI le rendit à fon tour h terreur de l'Univers. II étoit à peine forti
de Tenfance , qu'il vainquit les
Mofcoyites en bataille rangée. &
fe fit dès-lors regarder comme un Héros
, qui dévoie bientôt rn«eî
la meilleure partie du Monde fous fon Empire. Nous ne le regarderons ici qu'en qualité d'Empe-
reur du Mogol, & que comme Fondateur de la féconde Dyuartie de ce grand I^mpire , où il a eu juf-
*
quaprefent treize Succelleurs.
'

TAMERLAN X* & étoit fils de Og . Seigneur


Amerian 'pAm roisans apr*scer-
Roi de Sadietay ou des Fai-
TAMBERLAN llies , &
neveu du Grand Can dL's
i-dire l'an 1405.

en la-ngue du pais Tanares , & non pas fils d'un fimplc


TIMUR.LENGUE Berger , comme le difenC Moreri U M [ R AC HA , BH Vf Iraclw fut tue d'un coup de fli
ijuifgnifit
Prince Boiteux.
quelques autres ; encore moins d'un MIRASCHAG,» che par un Prmce Mogol , qu'il
inlîgne Brigand comme quelques Mrt;R7,A,«« avoir fait prifonnicr , nommé Catcar.
Auieurs l'ont iauflement avancé. M RZAI . r-tg7,a qui Celui-ci étoit aveugle , & comme il
rame-cinj ans. à tirer de
itfoit l'arc dan^ fa pri-
JL époufa Ta proche parente, la fille lôn pour s'égayer , il réufiit li bien à
unique du Prince des Peuples de la' iraper oii eonduifoit
le la vois; de ceux
grande Tartarie, appelez Mogols, quii êroient avec lui, que Miracha, i'é-
communiqué leur nom aux Etran- c allé voir un jour, fervit Im-raéme
gers qui Eouvement à ptéiént l'in- but à llêciie qui
la lui perça le
doullan.

Sa -viHoirt fur Bajax.tth. QE fut l'an 1401. quoi-que d'autre:


difenc en 1399, qu'il gagna la fa-
;ure Bataille contre Bajar.eih. Il le
iia d'abord avec douceur mi : MOHA MED !. fuci.-eJa à fon Ptrre , ;

nce Ottoman s'en étant rendi I


re jinê qui fuit.
ne par fes emportemens &
fes mc-i MIR AMOUT.
:es , Tamerlan le fit mettre dans ficsad jîi! rit M'raik
; cjge de fer, ou il s'écrafa la

contre les barreaux.

^ij
, , ,

SM
F

CHRUNOLUGlb: HIST'ORIQUK
ABUCHAID s fon Frê-
ad
dernier
Bakche
s appelai
, 51:
M£ORADjeuneBAliCHE,
de
le pliL< tous èioîcaufli le
,
qui ctoit

moins adroit. Il ne fgrgcoit qu'à fc


ABUZAID ij"t ans HutTura Caffan Roi dt: Perfe di/»,Defiraccora-
divertir, & qu'à palier le tems ende-
i lit couper U tête.

AQUZAD, bauebe ou -â k chalFe.

fih aine dt Miracha, Ceci a Uan[46p.


régna, dlx'hah un!.

E K m S E i C H- Dts deux fitlcs , rai- pOur ce quiell des filles. l'aînée


S
OVIAR ri^M -vinit-
née s'appelait Begum- étoïc très- belle , &
avoit beaucoup
Saheb, çtfi-à-di,e \z d'cfpnt. Aufli fon Père i'aimoit-il
Priuccife MaîticITc. padionnément & au delà de ce qu'on
a coutume d'aimct une fille , parce,
"'Ed Religion dit-il, felun la décllion des Minillres
B A8A R lui qui a introduit la
"
que tout homme pouvait
,
-" de fil Loi
Mahoffletarie dans ks Etals , Si 4' ,

manger du fruit d'un arbre qu'il au-


BABER, i rendu dominanie.
roit plante. Ce Prince avoit en elle

BAB OUR , reg»»


iine confiance entière, & comme el-
le difpofoit de fon efprit, c'éloit à
elle auffi que tout le monde faifoit
fa cour. Elle s'intérefla entièrement
pour Ion Fi ère Data , dont elle apuyoit
I L fut détrône par ChiraPatan ,apri
les delTeins en toute occafion.
la mort duquel il remonta lur le 'i'rL

HOUMAyON
fat chaljc tî- rélMi.
^N le regarde comme le Fondateur
•'de
i!
la ni. Dynaftic des
règne encore à préient.
Moguls
m
La cadette
Rauchenara
ft nom-
Be-
L^ plus jeune ne fut ni
fpirituelle que fon aînée; mais el-
fi belle ni fi

gum , cV;î-à-rfire Prin- le n 'et oit pas moins gaye ni moins


ce lié Lumineufe, enjouée. Elle prit le parti d'Aureng-
Zeb, & fe déclara ennemie de fa Sceur
ïc de Dara.
AKEBAR k GRAND T L donna penTion Jeruites pour m%
*lui expliquer la Religinn Chrétic
XA AGUEBAR II refidoit à Agra , & muuru
rigna cimiuaali-deiix 1605.
La fem-me de Cha- CHA-JEHAN, dans la crainti
^ehun fe nommuit Ta- qu'il eut que fes iils ne remuaient
ge MehiWz.c'eft-à-diri les envoya en divers Gouvememen

h Couronne du Serrail. pour les féparer, à l'exception de Da-


Elle fut tr'es- renommée ta, qui, comme héritier préfompiif
JEHAN-GURE I
L refidoil i Laor, &airnoit foit la
pour /a beauté. de^ la Couronne , demeura toujours
peinture.
près de la Cour. Les autres fail'oient
JEHON-GURE les petits Souverains dans leurs Pto-
qui veut dire Sauverai» Son vcrilaUc nom é

du Monde , régna it. S E L r M.


- --s ,
& entretenoient de grofiTes Ar-
....^. fut pié, fous prétexte de retenir
11 inoucut en 1617.
les Peuples dans le devoir.

CHA-JEHAN, /" E Prince eut quatre fils & deux


^filles. U fit fes quatre fils Vice- Aureng-Zeb forme U rj Ans
le tems qu'Aureng-Zeb .... <

KOURUM, rois ou Gouverneurs de fes quatre dejfei» de fe faire R-


dans fon Département de Decan , le
plus eonfiderables Provinces. Enfui- Roi de Golconde avoit pour Viïir Se
pour Général de les Armées un nom-
CHRUM. te étant tombé dans une grande ma-
mé Emir Gemia , Perfan de Nation
ladie , dont on ne croyoît pas qu'il
Ôcttès-fameui dans les Indes. Celui-
SCHAH^JEHAN. pût relever , la diuifion fe mit entre
ci ayant donné de la jaloufie au Roi
rqna 38. ani. fes quatre fils qui prétendoient tous à

il lui luatrt^li O' deux l'Empire. Ils allumèrent entr'euï une de Golconde, fe voyantendanger &
guerre qui a duré cinq ans. de périr , implora l'aûiftance d' Aureng-
fiilis , dam wiciles noms.
Zeb &
le fecours de fon Armée. Ce
dernier marcha contre le Roi deGol-
& ï , & teignit pour le furptendte
rj A R A étoit galant , civil , li.

berai ; mais il avoit trop bonni Mefures qu'il prend d'Être un Ambaifadeui' envoyé versltii
opinion de lui-même , 6c ic croyoi pourfeforlifercrfe, de la part de cha-Je&an. Etant donc
feui capable de tout. Quoi-qu'il fût arrivé à la faveur de cette feinte aux

Mahometan en public il étoit Gen- portes de Bag-naguer, i! fe faifit delà


,

til avec les Gentils, Chrétien avec & Maifon Royale , auroit même fait &
les Chrétiens , &
le prétexte que prit
leRoi de Golconde prifonniet fi ce- ,

A U R E N G-Z E B pour lui faire cou- lui-ci, averti de la fourbe , ne fe fût

per la tête, fut qu'il s'étoit fait Kafer, fanvé promtement. L'union d'Aureng-
c'elt-a-dire InJid'eU on Jdetairt. Zeb avec Emir-Gcrala donna le branle
révolution des ailàires , mit &
dans la fuite Aureng-Zeb fur le Trône

163 s. Le fecend i'appikit cULTAN SUJAH peu étoit à du Mogol,


Sultan Sujali , qui veut ''près de niÉme humeur; mais il
dire Prince courageux. étoit plus fecret &plusferme, ilavoit
pkiî de conduite Si d'adreffe , & fa-
voit fe faire plus d'amis. Mais il Maladie de Cha-Jt- Pète étant tombé malade fur
eioit un peu trop adonné à fes plai- Jehan , gui fert de pré- entrefaites
, d'une maladie qui
firs , & négligeoit quelquefois pour texte à faasmojîlé' de ne eonvenoit ni i fon âge ni à fon

cela les affaires. fil enfam. rang, fes quatre Frères fc mirent en
état de fe difputer fa Succelïion par la
force des armes. Ce qui les anima à
A URENG.ZEBn'avo;tT>ointrair fe faire fun à l'autre une guerre fan-
"galand; mais il étoitjudicieux, lâ- , c'etl qu'ils favoient qu'il fa-
lïcb ou AurciigZeb ;

i l'Ornement chant fur tout bien connoltrc Ion mon-


loitvaincre ou périt , Être Roi ou fc
f'giifie
de , & choifir ceuï dont il vouloit fe perdre , &
que celui qui auroit le
fervir. 1! étoit fecret , rufé , & dif- defîus fe defeiroit de tous les autres,
fimulé au poITible; jnrques-là qu'il fit
comme Cha-Jehan leur Père s'étoit
longtems le perfonnage de Dévot, & défait de tous fes Frères pour ré-
d'homme qui a tout-à-fait renoncé au gner,

monde. des fati-


Cependant il faifoit

ri gues à la Cour , mais avec tant de fe-


&: d'adreife, qu'on ne put jamais
apercevoir.
DES KMPEKEURS DU GR AND M O GO L.

1647. Aareng-Zeb attire foi


uns trire dant fut
^ Urcng-Zcb
n-.^^u , qui II tiuH pas alTei.
i|ui
pour réfilkr tout leui à Tes
:
Chacune dei dfux
^ vaux
Vec une Annéede cent-mille Giie-
jirmfii élail difyojie hiardie contre A
il ureng-'/,eb,
trois FiÈres, &à
fou Pète qui :
de cette font. Lu Ca- & palTe une Rivière très-dansereufc,
é de (on côté
pour l'aller attaquer dans fon camp
- - Morad Bakclne : mit à la téie , rj- ai- Celui-ci, connoiflâtii la difficulté de
partit, fous pfitsxe de joindre
j'emreprife, ne fait aucun mouvemeni
forces '"'•"•'' '"^-'-
comre Dara , qui s'était pour l'empêcher ; mais lailTant quel-
du le plus redoutable. Aufi;ng-Zcb wr fer,7,er te pa£ag, à
ques troupes dans ce Camppouramu-
des troupes & tic
fe fortifia aiifli l'jr- la Cavalerie. fer celles de Dara, il vafe camper ail-
gent de l'Emir Semia , en ibrte qu'il Dernl're tu
Caneni leurs plus avantageufement encore, Bt
-- "
Ru bientôt eu -
:
'
de faire la lui
'

attend là de pié ferme que l'autre


tous les autres, nombre 4e ChamenuK, vienne l'attaquer. Le combat
com-
/«r le devant de/ijueli mence par une furieufe décharge
d'an
éleit atlaehit une /«,". tillerie ; une grêle de flèches
liiccèdt
le pièce de campagne
, à ce premier elFort , enfin on me &
do la groflmr d'u» dou- de part Se d'autre le
fabre à la main
ble mousquet , avec ua 6c chacun fe
mêle. Le carnage fut
homme fur le derrière grand de part d'autre; & &
les 1

de chaque Chameau , qi4'' pes d'Aureng-Zeb


enfoncées au ^,„-
pouvait charger w" de mier choc. Mais il
rétablit fi bien le
W./Î,.r> .mh, f, r Embaras
charger fans mettre pi, defordre par fa valeur par fa pru- &
pajfent dam lis
de Cliah-jehan, étoit dence , demeurant intrépide fur fon
pri'f'a-
raii/i ijui furent faits
extrême. Il avoit beau écrire Derrière lit Cha Eléphant , animant tous fes Géné- &
lettre fur lettre
di pari & d'amn. â fes enfims pour le'
aiTurer qu'il n;étoit point mort,
Meauxéleil placée lapin raux de la voix & de la main
,
grande fartie delà Mouf- rallia fes troupes , les fit de nouveau
qu'il
com-
me en faifoient courir le bruit
ils
marcher su combat, & força enfin le
il les voyoic aprçcher d'Agra avec dé Le refle de chaqiit vainqueur à plier à fon tour. Ce
pmflanies Armées, fom prétexte, Armée loafifleie en Ca- changement inefperé donne de nou-
di-
foient-ils ,de délivrer leur PÈre des valirie,avec l'Bpée,l'Arc velles forces à fes Soldats. Tous font
mains de Dara, qu'ils accufoienr
de V le Carquois. encouragez parla préfcnce,& fondent
l'avoir empoifonné. Ce Père infor- Elle était avec tant d'ardeur fur l'ennemi qu'ils
^ compefè, .
tuné fe voyoit au pouvoir d'un
qui ne refpiroit que la guerre
Fils d'hommes blancs , di le mettent en déroute taillent fon &
, 8e à Maheinetans , d'Etran- Armée en picces.
qui ambitionde régner étoic capa- gers , comme Perfani ,

ble de faite tout haiarder. 11 fut


con- Turcs , Arabes w Uf-
traint d'appeler Tes plus anciens beki, fans compter Ui
Ca-
pitames , dont la plupart n'étoicnt Mogtis qui iioien
pas fort afféiflionnci pour Dara
& grand nombre, 1
de leur commander de marcher pour
la défenfe de ce Fils , animé du lagies en trois corps
rbs
furieux rclTentiment , contre fes Frè- Uieng- Zeb
Ji^ viflorieui s'aprocUe
res, contre fon propre fang ,
con- & d'Agra , & fait raine de vouloir al-
tre ceux enfin pour qui il avoir ler faluèr fon fère dans la forieteffe
lui-
même plus d'effime que pour Dara, où il s'étoit enfermé. Il lui fit d'à-
bord de grandes excufes des eïtremi-
tei où il s'étoit cru obligé d'en venir
contre fon Frère, Mais aiant appris
que Chah- Jehan fedifpofoiti envoyer
du fecours à Dara pour le mettre en
état de recommencer la guerre i'
,
s'empara prcmicrement de la forte-
refle d'Agra, y UnC Chah-jehan &
prtfonnier.
Ordre! jas le Esj
Jaant , four prit LE
Roi donna des ordres fecrets
à
la fureur réciprm
fes Généraux, de n'en
venir aux Autre combat èCAn- L ne
que Sultan Sujah
1 refloit plus
mains qu a la dernière emèmiiÉ reng.Zeb centre fon Fr>. -•contre qui il n'eût point combattu
/« Enfun,. mais le fils de Dar:i qu,
1
« Sultan SHJah , qu'il Cet aiure Frère n'etoit pas moins i
commandoir
1 Armée de fon Père brûlant ebligede fe retirer. craindre pour Aureng Zcb que Dara
, du
défit de fe fignaler, fe mil peuer l'avoitéié; c'eli-pQuiquoi, marchant

Premier cambat a
ne de ces ordres , ne chercha que & contre lui avec une puillarice Armée,
occaflon de combattre. Les
difavaniagi di Dura.
1
Atmées il le rencomre , le bat , & met fou
Je trouvant en prefence, fe faluerent Armée en déroute,
ûabord de plufieurs volées de canon
enfuitc on en vint aux mains
combat , quoique fanglant , ie
et & QEfaitainfi, àceqtrilcroyoit.defcs
déci' plus dangereux ennemis , il mei
da pourtant point la querelle. tout en ufage pour gagner lesOme-
rahs &
autresGiansSeigneurs.àforce
mttigues, de préfens Si de cabales.

Q mée Ependant , Dara avoit remis une Ar-


fur pié, & cherchoit par-tout
Aureng-Zeb pour lui donner bataille.
" -'eut pas de peine à le trouver. Le
bat fut fanglant & des plus opî-
ei
mais ; le malheureux Dara le
perdit encore, & fut bientôt immolé
i6s8.
p Omme terminail fe à l'avantage lui-même à la vengeance de fon Frè.
*-'d'Aiireng-Zeb &
de ceux de fon jiureng-Zeb lui fa, Car Aureng-Zeb s'éiant afluré de
parti, il ne contribua pas peu à leur couper la iSii, auffi hit, fa pcrfonne lui fit couper la tête peu
,

enfler le courage. Ils marchèrent har- nu à fort Frir$ cadet. le tems après,
diment vers la Capitale de l'Empire,
& fe difpoferent à livrer
un fécond com- T L fit le même traitement à Morad
bat, Dara de fon câié , au defef- ^Bikche , dont il avoit conçu quel-
poir d'avoir perdu le premier , ne que jaloufie; de forte que n'aiant plus
focgeoit qu'à la vengeance , obli- & que Sultan Sujah fur les bras il fobli- ,

gea fon Père de lui donner toutes les gea , en réuniffant contre lui toutes Tes
forces de l'Etat. forces, defe réfugier chei un Roi voi-
'on ne fait ce qu'il devint.

nnu Roi,
plufieurs
Irapire,
quoique fon Pèrç
Chah-Jehan ne mourût que trois ou
"'"'"' "" après,
c'eft-à-dire en 1665,

If
r
i
CHRONOL. HISTOR. DES EMPER. DU GRAND MOGOL.

AURENG-ZEB DEvenu paifiMe poirelTeur du Tiô- JEHAN DARSIAC r^N ne fait point non pluslctemsdc
raoït de ce Prince.
ne par la mon de fon Père , il ne la

AURENG-ZEBE pas de iouir longtems d'une pla-


laiffa
DARSIA,
avoit coûté tant de crimes "l^leveu A'Aureag-Zeb O'
-oifième JiU de Chah- ce qui lui
de& eft celui de tous les Fiii du Sulmn Muhe-
^chm , ùgn» 51. rang. Il

Empereurs du Mogol qui ait rcgnc le


plus, Il mourut en 1707-
ADOUR SIAH,
Ce Prince rigaa fan pai-
On ne /ail
fibiimtiit.
peini U tims de fa mort-
FERROG SIER pE Prince n3quit en 1693. 8c des-
cend en ligne droite d'Aureng-Zeb.
FARAK R I
,

Fili di Darjia rîgije e> mourir tous fes parens, pour


,
IL fit

fatisrairc Vambiiion qu'il avoit de


régner.

V u-
"y

SECONDE DISSERTATION 4
SUR
LE GRAND
M O G O L, ï
Servant d'Explication à la figure précédente.

E Palais du Grand Mogol , répré- à voir k marche grave


J Sz feiieufe de ces CololTes
fente dans la figure précédente
j< vivans , qu'ils font tout fiers de
, eil
d'Agra l'honneur qu'ils
% celui , ancienne Capitale de vont avoir de fervir
au divertillement de leur Prin-
fon Empire , dont perfonne jufqu'ici ce, qui eft allis de
I l'autre coté fur un Divan.
|n'a encore donné
la dercription. vant lui font deux Elefans
De-
qui fe battent. On voit
-«Nous avons à la vérité dans les Voya- par
leur attitude combien ces grollês
ges de Mr. Bernier celle du Palais Roïal de mafiis favent
Dehli ; <e remuer quand elles iont
mais outre que celui d'Agra eft beaucoup plus ma- en fureur. Cependant
quelqu animées qu'elles paioiflént,leur
gnifique, le deflein qui en a été tiré fur Condufleur
leslieuxefl elt maître de tous leurs
d'un goût tout nouveau , &
accompagné de cir- au combat ou le fait celler
mouvemens, &
les excite

conflances curieufes , qui n'avoient point encore quand il lui plaît


Après les Elefans, on amène plufieurs
paru. Nous en fommes redevables aux foins d'un qui Iont Gazelles
une efpèce de chèvres aprivoifèes,
iliuftre Voyageur, qui a bien voulu
nous commu- hut aufti combattre devant que l'on
le Roi. Ces Gazelles
niquer l'Original qu'il en avoit entre les mains,
auffi Iont fort communes en ce
bien que les Portraits au naturel des XIV. Païs.ià,
Empe- pour les prendre, de Léopards on de
&
l'on fe ferr

reurs du Mogol, &


les figures fuivames
, qui font heu de Chiens. On fait auflî
Fentlièresai;
dignes de l'attention du Lcfteur curieux. battre enfemble dans
Toutes ce même heu des efpcces de
ces pièces ont été copiées très-fidelement Bœufs gris , qui ref-
, &
l'on jlemblent a des Elans ou
des Rhinocéros ,
i>
&
peut aflurer que la gravure ne cède en des
rien à la Bufles de Bengale avec leurs
beauté des Originaux. cornes prodigieufes
que Ion fait battre contre les Tigres &
Premièrement, le Soleil &
la Lune , répréfentez Enfin
on y porte quelquefois des oifeaux
les Lions'

au haut du Tableau , marquent la fituation de prové


natu- de toute cfpcce dont les uns font pour les Per-
relle du Palais &
la manière dont eft orienté
,
drix, les autres pour les Grues
Les deux
il

principales faces, comme on voit , &


les autres pour
font fejettcr fur les Lièvres
tournées l'une vers l'Orient , l'autre vers
,
&
fur les Gazelles
l'Occi- même, dont ,1s battent la tête
dent, & l'intérieur du Palais forme un quarré , qu'ils &
aveuglent
du Septentrion au Midi.
long de leurs ailes &
de leurs griftès. Souvent auffi
les
Omerahs font pafler en revue leur Cavalerie
Secondement, l'Avant-Cour, qui eft cette p,!i- le devant
Roi, aiant loin que les Cavaliers &
les Chevaux
tie enfermée d'une double enceinte
de murailles, foient en bon état, &
qu'il ne paroiftb en eux
rien
eft deftinèe aux combats des Elefans
& ï la chaiTe que de propre d'extraordinaire& rant pour les ha-
des Gazelles. On y voit d un côté quatre de
ces bits que pour les harnois.
animaux rangez fur une même ligne, attendant C'eft ce qu'on n'a nu
le reprelenter ici dans l'Avant-Cour,
moment d'entrer en lice pour le divertifiement du fer de de peur de eau-
Roi. Quand ils arrivent devant ce Prince, le Con-
la confulion. Mais ona placé en dehors
cjuelques Cavaliers pour donner
ducteur qui eft aflis fur leurs épaules, avec un , uneidéedeceqiie
cro- je viens de dire Tous ces divertiiiemcns ne font
chet de fer à la main , les pique, les talone,
leur que des intermèdes, pour
faire trêve aux afi'aires
fait incliner un genou, lever la trompe en
faire une efpècc de hurlement , que le
l'air, &
(erieufes qui occupent tous les jours
le Roi car •

peuple crè outre ces petites Revues,


qui ne font ptopre'mcnt
dule prend pour un véritable falut. On diroit"
que des Montres, il en fait de tems en tems
deeé-
«-S ^ né-
F
V /

ii6 SECONDE DISSERTATION SUR LE GRAND MOGOL.


nérales, obicrve tomes chofes de fort près.jtrois Rivales font fouvcnt tant de maux dans les
où il

Troifiètnemenc , la Cour intérieure, qui eiî en- Cours de nos Princes, combien ce grand nombre
j

touréc de loges, elt la partie du Palais deilinée|de femmes,, tomes belles &: toutes ambitieufes, ne
aux quatre Reines, &
aux Dames de la Cour. Cet font-elles pas capables de caufer demouveirens? Je
j

endroit s'appèle le iV/«/'W, c'ell à-dire , /a1)ewe!t-i(u\s furpris qu'un Prince de l'Orient ofe conticr ia
re des 1)ames. Cette Cour eit magnifique, com-|'peiibnne à tant de femmes mécontentes. Car il
me on le peut voir. Les arbres qui environnentientre feul dans le Serrai!, pour une ou deux fa- &
les apartemens , v conlervent une fraîcheur admi-!vorites qu'il daigne regarder de bon œil, il
y
r ./ _i M. ^„ , u.,:.
1 1 ^..: r^^ ;„j;av .\
, .

rable, outre qu'étant percez des deux cotez , ils en a huit-cens autres a qui fon indifférence cault
reçoivent toujours de l'air. Là paroît Ttimpereur, un furieux dépit. Il eit vrai auffi,que par un pré-
entouré des quatre Reines 6i de fix autres Dames, jugé commun dans ces climats , la perfonne du
& fuivi de certaines femmes Tartares , armées Monarque ell regardée prelque comme une Divi-
d'Arcs, qui font feules les gardes de l'intérieur du nité: ce qui fait que ces Dames, qui fe tiennent fort
Palais. Cette Alfëmblée eit proprement ce que honorées d'être au nombre de lés El'claves , atten-
nous appelions chez les Princes d'Europe /e Cercle. dent aulFi avec relpeci: qu'il daigne leur difpen-
Les Dames y font afiifes fur de magnifiques car- lér fes faveurs. Ajoutez cela, que l'efprit de divî- ?i

reaux, fous le^,quels font étendus ces riches &j fion de cabales , qu'on
_
&
ne peut douter qui r .

beaux tapis, dont on voit que tout le pave eit cou- j';ègne dans ces Palais, ne permettroit pas à tant de
vert; le Paon &
les autres oifeaux qu'on y voit,Uemmes jaloufcs de leur beauté, de fe réunir [ our
font de ceux que Ion donne aux Dames pour leurileur vengeance commune. Outre que le moincre
j:. „..:,!
divertillement ._.
,
comme la pKipart ont des Chiens foupçon , ou le moindre raport, non feulement fe-
!

'""
, ,

ou des Perroquets parmi nous: avec cette diife- roit avorter le delTein formé, mais il expnferoir à
rence néanmoins, que, nos Dames ont une liberté une difgrace ceriaine celle qui auroic eu la hardief-
entière de choifr quand elles veulent de plus di lé de le concevoir.
gnes objets de leur attachement ; au-lieu que ces Quatrièmement , au coin qui regarde le Nnrd-
Dames de l'Orient n'ont que ces petits animaux KU de ce beau Palais du Grand Mogol , eit l'A-
pour fe divertir, que, &
dcllinées toutes au plai- partement du Prince, à trois étages, duquel on
fir d'un léul homme , nu! autre ne peut préten- paile dans U fameufe Gallerie, qui conduit â la Sa-

dre à partager leurs inclinations. Trille condition ie du Divan ou Conléil, dont la porte répond fur
de ces rares beautez qui ne raflemblent dans leur l'Avant-Cour,
!
&
qui eit la feule chambre dans la-
perfonne tour ce que la nature a formé de plus ac quelle les hommes peuvent entrer. C'ed là qu'on
compli , qne pour priver tous les yeux du plus voit le Roi, vêtu pour l'ordinaire d'une veite de
beau (peflacle qu'on pourroit leur ofirir : comme fatin blanc, à petites fleurs, relevée d'une fine bro-
ii cetie belle moitié du Monde n'étoit pas faite poui derie d'or ik de Ibye. Son Turban eft de toile
l'autre ; ou comme fi c'étoit perdre un bien de d'or, avec une aigrette, dont le pié eft couvert de
cette nature, que de le partager. Mais fi ces bel- Diamans d'une grandeur &
d'un prix extraordinai-
les Dames fentent , comme on n'en peut dou- res, &
d'une grande Topafe Orientale au milieu,
ter, toute l'amertume de leur fevère retraite, com- comme un foleil. Un Colier de grofies
qui brille
bien ne portent-elles pas d'envie à celles des Pais lui pend au cou jufqu'àl'eiîomac.
Perles Son Trô-
Septentrionaux , fi tant ell qu'elles fâchent de ne foûtenu par iix gros pies d'or mafTif, &: touE
eit

quelle liberté on y jouît? J'ai peine à croire, lemez de Rubis, d'tmeraudes &
de Diamans. Qu'on
quels que foient les préjugez où on les élève , que vante après cela la magnificence de nos Rois dans
venant à refléchir fur leur état elles n'en connois- . leurs plus pompeufesaudiences: je croisqueles Am-
fent rinjuitice,& qu'elles puilTent feperfuaderaifé- balladeurs de ces Princes Orientaux ont dequoi
ment, que tant d'appas foient faits pour être à ja- fe convaincre quand ils viennent en Europe, que

mais enfevelis. Car enfin quoi-qu'clles fe flattent,


quelque éclat qu'on afîet^te pourbrilleràleursyeux,
toutes de captiver le Souverain à qui elles s'ettor- il n'aproche pas de celui qu'ils ont accoutumé de
cent de plaire , elles ne peuvent pourtant efperer voir dans leurs Cours.
d'avoir toutes la première plice dans fon cœur, Enfin ,de l'autre côté du Palais, on voit la Mof-
De-là combien de jaloufies , de complots & d'in- quée, dans laquelle le Roi va cinq fois par jour
trigues! Quels artifices, quelles ruies, pour fe fup- faire fes prières , par un corridor qui communique

planter & fe détruire mutuellement ! bi deux ou à fon Apartement.

i
E X-
'LA^
/
^

Pag. 117

EXPLICATIO
DES

FIGURES
PRECEDENTES.
PLANCHE. ôter la crudité & les autres mauvaifes qualitcz de i
T.

ÇA première figure repréfente Begum


l'eau.
La
....
in. figure eft une Dame Bramine afTife dans
Saheb , cette PrinceUè dont nous fon fauteuil, qui ordonne à fa lèrvante de lui aller
avons parlé , qui étoit aimée de chercher de l'eau avec deux cruches. Cette Dame
fon Père Chah-Jehan ;\ caufe de fon
I
porte non feulement aux oreilles, mais aufli au nez
extrême beauté ,
I

&
qui étoit Sœur des perles à !a manière du Pais.
ailice d'Aureng-Zeb.
I
La IV. figure repréfente une AfTemblce de ï\yi
Comme fon penchant pour la débauche étoit Mahometans du Mogol, affis autour des Livres de
pour le moins aullî grand que Ces charmes , elle l'Alcoran élevez en pile au milieu d'eux. Trois de
trouva moyen de faire eutrçr dans le Serrail un ces Niahometahs ont -i la main des Chapelets , fur
jeune homme qui n'étoit pas de grande condition,
mais qui étoit bien fait
ne put , parmi tant de jaloufes
&
de bonne mine. EUc
&
d'envieufes ,
conduire fon intrigue fi adroitement, qu'elle ne fût
lefquelsils récitent de

autres leur répondent.

il.
comtes prières

PLANCHE.
, & les trois

#
bientôt découverte. Chah-Jehan en fut averti , &:
réfolut de la furprendre , fous prétexte de l'aller
vifitcr. La Princellé voiant inopinément arriver LA ra-,
figureV. repréfente une Idole appellée Txo~
ou l'Idole des Bramins, c'elt-à-dire des an-
le Roi , n eut que le tems de faire cacher fon ciens Brachmancs Pythagoriciens. Cette Idole a
malheureux Amant dans une chaudière de bam quatre têtes, quatre mains & deux pies, &c repré-
qu'elle avoit dans fa chambre. Le Roi qui s'en fente le Vedan autrement le Bed ou le Beth ,
,

douta, ne la nienaça ni ne la querella point; mais c'cfl-à-dire les quatre Livres qu'ils prétendent que
s'étant entretenue quelque tems avec elle , lai & le Dieu Bramadonna aux hommes, pour les inffrui-
aiant dit qu'il la trouvoit ce joùr-là toute mal- re dans là connoifiance de la Loi & de la Religion.
,

propre &
toilte négligée , il lui coiifeilla de fe Le I de ces Livres , repréfente par la main gau-
.

laver. Il commanda à l'heure même qu'on mît le che, contient ce qui regarde les Prêtres.
feu fous lA chaudière, &
ne voulut pointpartir que Le z. repréfente par la main qui eft fur le feu^
les Eunuques ne lui euffcnt fait comprendre que le renferme ce qui regarde la Regiapa ou la No-
miferable étoit expédié. bleffe.
Elle eut encore d'autres intrigues , dont la fin ne Le repréfente par la troilième main ouverte,
3-
fut pas moins funelle ; &
le Roi ne potivant plus traite de ce qui regarde les Banians , ceux qui &
les fuporter , lui ordonna de prendre dif poifon, s'appliquent au Négoce.
tant pour la punir de fes débauches, que pour avoir Le 4. enfin , figuré par la quatrième main de
fiivoriié Dara , fon Frère aîné , dans la guerre qu'il l'Idole, contient ce qui regarde les Artifans & les
eut contre Aureng-Zeb. C'ell ce qu'on voit dans Laboureurs.
la figure que nous expliquons , où cette Princcilc, Dans de cette figure , les fronts de'
l'original
alTife près du tombeau où elle doit être enfevelie, l'Idole font peints de jaune &
les Dévotes qui la
,

prend des mains d'une de fes femmes le poîfon que fervent fe peignent auifi tous les jours le front de
le Roi lui a envoyé. cette couleur. Les deux femmes qu'on voit dans
La II. figure repréfente un Regiapit , c'efl-à-di- la figure viennent purifier par le feu les fruits qu'el-
reun Seigneur de laNobleifedcsBraminsouBrach- les doivent mttngcr.
manes , accompagné de fa femme. On y voit la La VI. figure repréfente trois Tarjis , ou Ado-
manière dont il fe fait fervir à manger & dont il , rateurs du F eu , qui font afiis devant un Temple
prend le Thé, que les Orientaux croient propre à rond & fermé, dans lequel le feu perpétuel fe con-
Tm. V>
'

Hh fep-
3l8 EXPLICATION DES FIGURES PRECEDENT;lS.
ferve. Ce Temple clt dcffervi par des Femmes avons dites dans quekune de nos Differtations pré-
Dévotes ou Religieufes , qui demeurent dans les cédentes. Devant le Temple il y a un arbre d'une
montagnes dePerl'e,& qui defcendent, à ce qu'on efpèee fingulière , qui fcrt pour les Pelel'ins ou au-
dit, dcZoroaftre, premier adorateur du feu. Ces tres, à qui le Dieu infpirc le defiein de fe pendre.
Parfis font obligez de rclter toujours là dans la mê- Dans la figure X. font repréfentez deux autres
me pcflure, & vivent de ce que leur aportent ces Pénitens des Bramins, qui préparent la nourriture
Femmes dévotes repréfentées à leurs cotez. . à certains oifeaux fi apprivoifez , qu'ils viennent fc
La figure VII. repréfente des Religieux Pcni- pofer fur leur tête Se fur leurs mains. Celui qu'on
tens de la Religion des yon^ij, laquelle ell une Sec- voit fur la main d'un de ces Pénitens , cil; un Cor-
te des Brachmanes. Ces Religieux font obligez de beau dans lequel ils croient qu'eltl'ame d'un dam-
demeurer toujours dans la poiture qu'ils ont choi- né, &: pour qui ils ont grande compaflion.
fie , & ne vivent que de ce que Içur portent au/li La XI. ert une Pénitente Bramine, toujours afii-
des Dévotes qui les fervent ordinairement. Ils font fe dans la même porture , fur la peau d'un Lion ; el-
prefque nuds , :\ la refcrvc de la ceintui'e,qui dil- le eli: fous un arbre , que ces Peuples regardent
lingue leurs dîficrens Ordres. comme un endroit confacré , parce que Dieu,
La Vni. repréfente deux autres Jouais , aufR dilcnt-ils , a pàiié au premier homme à l'ombre
dans des pollures qu'ils doivent toujours confcrver, d'un arbre. On voit devant elle une femme dévo-
Ceux-ci fe coupent les membres par dévotion. te , accompagnée de fa fcrvante, qui vient fe re-
commander à fes prières.
m. PLANCHE. La XII. repréjcnte une autre Pénitfente allife
dans une poiture très-gênée, & qu'il ne lui elt pas
permis de changer- Comme elles ne peuvent par-
LA IX. figure elt un autre Jiiwçïj-, a/Ils fur un ta-
pis devant un Temple , &toujours dans la mê- ler, ce qui doit être la plus rude partie de leur pé-
me pofture. La Dévotion de celui-ci bit de don- nitence , elles ont pour la plupart un Cornet, par
ner à manger à un Paon, qui elt un oifeau facré le moien duquel elles font entendre leurs befoins
parmi eux, aufii bien que la Vache qu'il n'cil ja- en fonnant de divcrfes manières. Tous ces péni-.
mais permis de tuer , pour les raifons que nous tens & pénitentes ne vivent que d'aumônes.

.
1:

TRO!.

m:
ijy

TROISIEME DISSERTATION
SUR
L E M P I R E
DES

M G G O L S.
^
L
cft tems de donner une idée gé- Un fiimeux Géographe au contraire dit en propres
nérale des Hnbitans de ce Païs.
jl La termes, la f lus grande partie des Mogots font Ma-
plupart d'entre euxj s'il faut s'en ra-
y hometans. Qu'en croirons-nous ? Quoi qu'il en foit*
pporter aux plus célèbres Geogra- on nous donne deux Seigles principales de ces Ado-
aphes , font ignorans & groiliers. rateurs de Divinitez chimériques ; lesBancans, &
sPour ignorans j palle; mais pour la les Parfis.
grofliércté , je croi avoir lu autrefois que. généra- Les Banéàns ou Banians , comme nous l'avons
lement les Indiens , & conlequemment les Mo- dit ailleurs , font prefque tous Marchands , ou
gols , font fins , fubtils * déliez * & qu'on trouve Courtiers, ils font fort adroits & fort entendus
chez eux une certaine politelle qui leur cft natu- dans le Négoce, vivent parmi les
ils Mahométans
relle. J'aime pourtant mieux m'en tenir aux Maî- comme les Juifs parmi les Chrétiens. Donc, nous
tres, qu'à une mémoire dont je n'ai que trop fu- pouvons, à coup fur, les excepter de cette faincan-
jet de me défier. Sur ce pié-là ; nos Indiens Mo- tife, de cette grolïiéreté qu'on attribué au gros de
golijtes font donc groiliers , grands amateurs de la la Nation Indienne. Ces Banéans du Mogol ont
fainéantifc , ne s'occupant à rien , ik fe déchar- une Religion particulière. Elle conlilte ne faire :\

geant de tous les foins domeftiques fur la vigilance mal -à aucune créature vivante &: à pardonner les ,

& l'aftivité de leurs Efclaves. injures. O que je les trouve Orthodoxes fur ce
I

Ils font fort pailionnez pour la volupté véné- dernier article Sûrement , ils ne feront pas dam-
!

rienne , & quoique Polygamites , le plaiJir de la nez par cet endroit-lil. Le pardon des offenfes
nature ne leur iuffifant point , ils courent avide- eft le plus beau précepte de la Morale Chrétienne,
ment après un autre que le Chriftianifme nous dé- & c'cft le plus mal pratiqué. LeS Interprètes &
fend n:\eme de nommer, les Oracles de notre iainte &
divine Loinefontpas
A propos d'amour , on compte de certains Peu- ceux qui le violent le moins.
ples des Indes une Morale bien curieufe. La vir- Ces Mogoiiens Idolâtres prétendent que par H
ginité parmi eux n'entre pour rien dans le mariage;& mort l'Aine ne fait que pafler d'un Corps à l'autre
,
,;

loin que la première nuit des noces l'Kpoux trem- &: que la fubrtance fpirituclle entre indifféremment
ble de n'avoir point de tleur à cueillir, eii ce Païs- dans toutes les efpéces d'animaux, ce que l'on appel-
là IcMari feferoit un crime de commencer lacul- le Métemp0cofe. Ils agiffent conlequemment à cet-
ture de fon champ , fi un Chrétien , ou un Mo- te croiance qui , ;\ la vérité eft extravagante mais
, , ;

gol, c'ell-;i-dire un blanc , ne lui avoit montré le peut-être beaucoup moins que plufieurs autres doc-
chemin. Si la nouvelle mariée eil Princefte , c'ell trines qui palfcnt pour vraies, &qui font des Mar-
le plus confidérable des Prêtres qui fait cet of- tyrs. Sur ce pié-là, nos Baneans n'aiment pas moins
fice. les bêtes que les hommes ; &
voiant que l'homme
LeMahométifrae, comme nous avons vu , eft tient la bête fous une cruelle opprellion, ils la pro-
la Religion dommante dans
qu'on appelle Terre-ferme
cette partie des Indes
, ou l'Empire du Mo-
tègent de tout leur pouvoir fur-tout la Vache eft
chez eux en grande vénération
;

loin de la trai- , &


i\
gol; mais, fclon quelques-uns, elle n'yellpaslaplus ter comme nous faifons, nous, dis-je, qui par une
nombreufe. Un Hiltorien dit nettement , que la ingi-atitude criante, après qu'elle nous a nourris de
plupart des Sujets de ce Monarque font Idolâtres. fon lait, la livrons aii bras du Boucher î ilsluimar-
Hh 1 ^uenp

JÎi
.! .

TROISIEME DISSERTATION
qucnt toute la rcconnoijrance poJiible. On rapor- vent fervir de voiles aux navires , & de tuiles aux
tc qu'un de ces Métemplycoiillcs dépcnfa ju)qu':\ Edifices.
douze mille ducats pour faire les nôccs de fa y a en divers endroits des mines de cuivre de
Il ,

Vache avec le Taureau de fon ami. Etoic-ce donc plomb de fer ^ , &
de diamans. Dans la Province
paier trop cher une bienfakrice réelle & crue di- , de Bengale, on les pêche fouvent dans la Rivière de
vine ? Ne voit-on pas dans la partie du Genre-hu- Cuïe. On trouve dans les terres du Grand Mogol
main qui fc prétend la plus éclairée, des Etres pu- quantité d'Eléphans , de Dromadaires , de Che-
rement chimériques poCeder des richeflés im- vaux, de BelliauXjde Singes très-incommodes aux
înenfes ? Mais iiniffons llir ces charitables Ba- Paifans, par la raifon que ces bêtes, naturellement
neans. malfaifantcs , boivent le fuc des Palmiers qu'on
y
ont des Hôpitaux ; toutes les efpeces vivan-
Ils reçoit dans des vafes. Il y a auffi grand nombre
tes &animées y font les bien-venues ; c'eft la & de Perroquets verts & rouges , & plufieurs efpe-
nôtre qu'on y admet le moins volontiers. En con- ces d'olfeaux. On voit une quantité prodîgicufc
fequence de leur Loi , ils ne mangent rien dé ce de longues allées d'arbres fur les grands che-
qui a eu yie ; ils laillent vivre paifibles le^ ani- mins où piir. confequcnt on peut voyager à cou-
,

maux ; &
leur vermine même pâture en toute af- vert &
agréablement. Une de ces allées, qui
furance fur leur peau. On prétend que cette s'étend depuis Brampour jufques à Agra , n'eft
pîaifante fuperilition s'étend jufques :\ la vie végé- pas moins longue que cent cinquante lieues t
tative, &
qu'ils croient qu'en mangeant une racine, mais, fuivant la conjecture d'un favant judicieux &
ils pourroient avaler l'ame de leurs Parens. Ils Géographe, cette longueur prodigieufe clt fou\ent
s'abllienncnt le plus qu'ils peuvent de la lumière interrompue.
artihcielle , de peur qu'un Moucheron, ou qu'un
Papillon ir'ait le malheur de s'y brûler. Ils croient T)e la Ville de "Debli, ou Jehan- Akad.
faii'e une bonne aétioii , une œuvre des plus mé-
ritoires en fauvant la vie à une Bére & quelcun
,

qui fe trouve dans le befoin n'a qu'à dire à un Ba-


: ,

C le Graiid Mogol Chah-Jehan a


Etre Ville, que
fait bâtir, pour être la Capitale de fon Empire
fieahi Vois-tu cet oifiau-l'à ? mon intention efi de le au-heu d'Agra où les chaleurs font trop violen-
tuer ^
d'en faire un bon repas , à moins que tu ne tes , eft iituée fur le fleuve Gemna. Elle elt bâtie
l'achetés ; il eit fur d'avoir de l'argent. Autant en croUîimt fur un des cotez de ce fleuve, ne &
ils craignent la deilrudîon des efpéces vivantes, communique de ce côté-là à la campagne, que par
autant ils en aiment la propagation ; ils font 11 & le moien d'un pont de bateau!;. C'cit une Ville
grands zélateurs du Mariage , que quand un jeune toute nouvelle à laquelle le Prince qui l'a fondée
,

homme meure fans être entré dans le facré hen, a donné fon nom , qui ne veut dire autre chofe
ils font coucher une fille avec fon cadavre ; lui & que la Colonie de Chah-Jehan. Elle cil toute en-
allurcnt un douaire , comme fi elle étoit veuve. tourée de murailles , excepté du côté du fleuve,
Pîaifante nuit de noces La pauvre Epoufe y pafle
!
& ces murailles font de briques, mais fans foffez
ailcz mal fon tems. Mais c'elt un grand point, & fans aucune défcnfe confidérable. On en peut
que ce douaire : & un tel mariage aecommode- faire le tour en trois heures de tems. Cette
roit fort nos Vierges que la pauvreté rend Mar- Ville a néanmoins une Forterellê bâtie en demi-
tyres. cercle, daiis laquelle eil le Serrail&les autresapar-
Les Parfis font defcendus des anciens Perfes qui temens Roiaux. Elle regarde fur la Rivière, entre
s'étoient retirez dans l'indollan ; ceux-là, confer- laquelle &
les murailles de ce Château elt un af-
vant rehgieufement la tradition fupcrititicufe de fez grand efpace fablonneux , où fe fait lecombat
leurs ancêtres , attribuent la Divinité au Feu , & des Elephans & la revue de la Milice. Les mu-
prennent ce puiiTant mobile de la Nature pour le railles de la Fortereffe fojit bâties en partie de
principal objet de leur culte &
de leur adoration. briques &
en partie d'une pierre rouge qui ref-
,

Dans cette fauffe &


ridicule perfualion , ils ne fe femble â du marbre ; mais elles font beaucoup
I r font jamais ni Maréchaux ni Serruriers , de peur plus élevées &
plus fortes que celles de la Ville,
d'être quelquefois obligez à éteindre le teu; avec un beau Ibffé revêtu de pierres de taille ,-

ce qui, félon leur Cate'chifme., doit s'appeller faire plein d'eau &
depoiiïbn. Autour du folfé règne
mourir leur Dieu. Ils vénèrent auili le bois , com- un Jardin affez large, plein en tout tems de fleurs &
me étant la nourriture la plus ordinaire du Feu ; & d'à rhi-iJ féaux verds , dont la vue, jointe à celles
afin que cet aliment divin ne foit pas profané par des murailles toutes rouges , fait un aiîèz bel ef-
l'attouchement d'un Cadavre , ils fe fervent pour fet. Près de ce Jardin elt la Place Roiale où ré- ,

les morts d'un cercueil de fer. pondent les deux principales portes de la Eorte-
L'air de ce Pais eil fort tempéré , le terroir & reflê , & à ces portes les deux principales rues
très-fertile , excepté vers le Septentrion. Sa plus de la Ville. Cette Place a des deux cotez de gran-
grande fertilité elt en coton , en ris en grena- ,-
des arcades, à peu près comme la Place Roiale de
des , eu figues , en cocos. L'arbre qui porte ce Paris , avec cette difïèrence , que ce ne font point
dernier fruit , fournit aux Indiens prefque tous des galleries continués , mais autant de Bouti-
leurs befoins. C'ell une efpècc de Palmier. Le ques, où fe vendent généralement toutes fortes de
fuc qui en diltUle leur fert de boiilbn , Se de vinai- denrées.
gre. &
On peut faire du pain de l'huile , du fruit Al'égard des maifons , celles des gens du com-
qu'il porte. La coque fert à faire des talfes, des mun n'ont rien de remarquable ; mais celles des
bouteilles , des cuillères &
d'autres fortes d'ouvra- Omerahs, ou des grands Seigneurs, ont toutes les
ges. D'une petite peau qu'on trouve fous l'é- commoditez nécefïaires pour fe garantir de la cha-
corcc,on fait du fil &
des étoffes. Le tronc les & leur, qui efl très-grande en ce Païs-là. Elles font
branches font propres pour bâtir des vailfeaux Se pour la plupart ifolées , pour recevoir le vent de
des maifons. Les feuilles coufucs cnfcmblc peu- tous cotez, Elles ont des Cours, des Jardins jdcs
Ar-

vw
,,

y*^:^*-

SUR L EMPIRE DES MOGOLS.


Arbres, des Refcrvoirs, avec de petits Jets d'eau couverture en broderie , avec dcuS clochettes!,
dans les veilibules. Elles ont des Caves, avec de d'argent qui leur pendent des deux cotez, atta-
grands éventails qui en font Ibrtir l'air frais, qui chées aux deux bouts d'une grolfe chaîne d'argent
fe communique par ce moien aux apartemens qui leur paflé par dellus le dos , des queues de Va-
oii l'on fe tient en repos pendant la plus grande
chaleur du jour. Ou bien, an défaut de ces Caves,
ches du grand Tibet, blanches fort claires, at- &
tachées à leurs oreilles, &
deux petits Elephans
elles ont des Cabanes faites de pailles de racines & bien pareils qui fe tiennent à leurs cotez. ce A
odoriférantes, proprement bâties au milieu d'un divertilicment. on en fait fuceéder plufieurs au-
parterre proche de quelque Refervoir, afin que tres, tels qu'ils font décrits dans plulieurs
Rela-
des valets puiffent les arrofer par dehors. Ces tions. L'autre endroit où le Roi fe fait voir les
maifons ont aulli quatre Divans ou Eih'ades , éle- foirs, ellune Salle plus fccrcte que la précédente,
vées de terre de la hauteur d'un homme, tour- & mais audi belle &
auffi fpacieufc, élevée au dcfl'us
nées vers les quatre Parties du Monde, pour rece- de la Cour de quatre ou cmq pies, comme une
voir le vent de quelque côte qu'il vienne. Enfin , el- grande Ellrade. Là le Roi cil affis dans une chai-
les ont des tcrrafles élevées, où l'on peut dormir fe, où il donne une audience plus particulière
à
pendant la nuit, de plein pié à quelque grande
chambre, où l'on peut tirer fon lit en cas qu'il fur-
Comptes,
fes Officiers, reçoit leurs traite desjf. &
faires plus importantes de l'Etat.
les Tous les
vienne une pluie. Omerahs font obligez de s'y trouver, fous peine
Pour ce qui eft du dedans de ces maifons, dcquclqne diminution de leur paie. Pendant que
le pavé elt couvert d'un matelas de coton épais le Roi s'occupe des aflàires dans cette Salle,
ainli
Ae quatre doigts , avec une fine toile blanche par- que nous avons on ne
dit, laifle pas de ftirc palTec
dcffus pendant l'Eté , &
mi tapis de foie pendant devant lui la plupart des chofes qu'on lui fait voir
l'Hiver. Dans l'endroit le plus apparent de la dans la première audience, avec cette différence,
Chambre , proche de la muraille , il y a un ou que la Cour ell beaucoup plus petite dans cette
deux matelas de coton piquez, avec de fines cou- au-
dience dufoir.
vertures piquées en fleurs , relevées d'une broderie Al'égard du Serrail, c'cll, comme en
Perfe &
délicate en foie, or &
argent, pour le Maître de en Turquie, un Ucu inaccclfible aux hommes,
la maifon, &
les perfonnes de confideration qui en forte qu'on n'en peut parler qu'en général ,
&
furvicnnent. Chaque matelas a fon traverfin de par conjeflures feulement. Tout ce qu'on en fait
brocard. Tout autour de la Chambre , le long par le raport de quelques Eunuques, c'ell que
ce
des murailles, il y a auffi plufieurs traverfms , ou Palais ell compofé de très-beaux apartemens,
fe-
de velours, on de latin à fleurs, pour apuier les parcz les uns des autres, &
plus ou moins grands
afliftans. Les murailles, à cinq ou fix pies de hau-
teur, font toutes percées de niches fort bien pro-
&. magnifiques, félon la qualité les penfions des &
Femmes qui y font. Il n'y a prcfque point de
portionnées & garnies de vafes de porcelaine chambre qui n'ait i la porte fon Rcl'ervoir d'eau
ou de pots à fleurs. Les Plafonds font peints courante. Ce ne font de tous cotez que Parter-
&. dorez, fans néanmoins qu'il y ait aucune tigu- res, que belles Allées, que Cabinets de verdure,
re d'hommes ou d'animaux, parce que la Religion; que Grottes, que Jets d'eau. Il y a aulli de gran-
ne le permet pas. 1
des Caves pour fe garantir de la chaleur pen-
Les apartemens du Roi font difpofez à pro- dant le jour, & de grands Divans & Terrafl'es fort
portion comme ces maifons que nous venons de élevées pour dormir la nuit au frais. En un mot,
décrire , avec cette difl'crenee qu'ils font plus il ell ailé de s'imaginer que tout ce
,
qui peut
grands , plus riches &
rempUs de beaucoup plus conti-ibuer au plaifir & à la mollelfe y cH recher-
d'Officiers, La Salle où le Roi fe fait von- à toute ché avec foin.
fa Cour eli foûtcnué de plufieurs rangs de piliers ;

& dans la muraille qui la i'épare du Scrrail, il y a 'De la Ville d'Jgra,


une ouverture haute & large, où le Roi parOit adis
fur fon Trône. A côté de lui fe voient quelques
Eunuques debout, dont les uns lui ehall'cnt les LA fituation de cette Ville
de Dehii, fur laquelle elle a feulement cet
ell la même que celle

mouches avec des queues de Paon, & les autres a\antage, qu'étant une Ville où les Rois ont fait
lui font du vent avec de grands éventails. De là leur demeure depuis long-tcms, elle a plus d'éten-
il voit en-bas tout autour de foi

les
les Omerahs,
Raias, & les Ambaffadeurs, qui font aufl:i de-
dueque Dehli, plus de belles maifons, des tom- &
beaux fort célèbres. Mais elle n'eft pas fermée de
bout fur un Divan entouré d'un Balullre d'argent murailles, comme l'autre , &
n'a point ces belles
les yeux bailfez &
les mains fur l'ellomac. Plus & larges rues que l'on voit à Dehh. Enfin, Agra
avant dans le relie de la Salle, & dans la Cour, fur ell plus champêtre, principalement quand on la
re-
laquelle elle ell ouverte de trois cotez, font les garde d'un lieu élevé. Les maifons y font mêlées
moindres Ofticiers, &
une foule de toute forte d'arbres, qui font un très-bel effet à la vi'ie. Les
de gens à qui le Roi fe fait voir certains jours fur
,

le midi donnant une audience générale à tout le


Jélùites avoient ci-devant une Eglife & un Collè-
, ge dans Agra,où ils enfeignoieirt en particulier les
monde. Durant une heure & demie ou environ, , Enfans de vingt-cinq ou trente familles Chrctien-
que dure cette Alfemblée, le Roi fe divertit à voir n;s étoicnt Ce
qi:i s'y établies. fut le Mogol
palfer devant lui un certain nombre des plus beaux Ekbar qui
, les y appella , du tems de la grande
chevaux de fon Ecurie pour favoir s'ils font en,

bon état. Il fait la même chofe de quelques Ele-


pullfance des Portugais dans les Indes, qui &
leur donna une penfion pour leur fubfiftance.
phans, dont le corps ell alors bien lavé & bien net, Jehan-Gure, fon Fils, les favorifa encore davanta-
,
mais peint en noir comme de l'encre , avec deux ge. Mais Cha-Jehan, fon Succefl'eur leur ôta ,
grandes raies rouges qui leur defcendent du haut leur pcnlion, &: fit ruiner une partie de leur E»
de la tête vers la trompe. Ils ont alors une belle glilc.
Tom. F, li
Leç
, ^

wm
-"<,

TROISIEME DISSERTATION.
Les HoUandois ont une maifon à Agi-a, où
aufii quinze jours fe promener dans des bateaux ; les

ils grand commerce en Ecav-


faifoient autrefois parens des deux cotez s'alîemblent pour cela tous
late, en Miroirs, en Dentelles, tant de fil que les foirs. Le Marié ;& la Mariée font couronnez;
d'or &
d'argent, en Clincaillerie en Indigo. & de fleurs , te placez au milieu de l'Affemblée. Et
Mais il eil diminué depuis que les Arméniens font pour animer les cfprits & les exciter ;\ la joie, ils
le même négoce ; outre qu'il y a û loin d'Agra à ont des tambours , des trompettes des clin-
, &
Surate, où elï un de leurs principaux Comptoirs, quants, auxquels Ûs mêlent auili leurs voix. Les
qu'il arrive toujours quelque defallre en chemin à trois dernières foirées de la quinzaine, toute la

1-eurs Caravanes. troupe foupe dans un même endroit, &: la derniè-


Les Tombeaux que l'on voit à Agi'a ont été re après le repas, les Pères &
les Mères emmè-

bâtis, l'un par Jehan-Gure, pour honorer la mémoi- nent chacun de fon côté leur enfant, &
ne les joi-
re de fon Père Akebar; & l'autre par Cha-Jehan, gnent enfemble qu'après 'douze ans accomplis.
en l'honneur de Taje-Mehale fa Femme, cette fa- Une fille ne fe marie jamais qu'une foisi fi eUe a &
mcufe beauté dont il fut tellement pollédé , qu'on le malheur de perdre fon mari des fon bas âge^

dit que tant qu'elle vécut il n'en vit jamais d'au-


, elle doit garder un continuel veuvage; mais s'ils ont
tre, & que quand elle mourut, il en penfa lui-mê- vécu longtems enfemble, &
que le Mari vienne à
me mourir de déplailir. Ce dernier , qui cif le mourir, on oblige la Femme à fe brûler toute vive
plus beau & le plus magnifique, clt un grand ôc avec lui. On diTlTe alors un bûcher, autour du-
valte Dôme de marbre blanc, environné de quan- quel toute la Caflre eil affcmblée. La Femme qui
tité de Tourelles de même matière. Quatre gran- fe doit brûler cft couronnée de fleurs, &
parée de
des arcades foûtiennent toute la maiïc , dont trois tous fes joiaux. Et afin de lui diiïiper l'idée aftreu-
font à jour, &
la quatrième elt fermée de la mu- fe de la morti on lui fait boire d'une liqueur
raille d'une fallc, accompagnée d'une galerie, où qui l'enivre , &
qui la fait extravaguer. On la lie
desMullahs entretenus lifent incelTammcnt l'Alco- enfuite à deux perches, &
le cadavre du défunt
ran avec un profond rcfpeft. Sous ce Dôme eil une étant fur le bûcher la face en haut, on met la Fem-
petite chambre , qui renferme le Sépulcre de la Prin- me pardeflTus la face en bas. La Caflre y met
ceiFe. On ne l'ouvre qu'une fois l'année en gran- auffi-tôt; le feu , &
quand tout elt confumé , on en
de cérémonie , &
l'on n'y lailic entrer aucun amafie foigneufement les cendres, que l'on porte
Chrétien, de peur, difent-ils, de profaner la fain- enfuite en facrifice au Gange. Que fil'aprehen-
teté du lieu. fion de la mort fait retirer la Femme du feu, elle
efl la Callre pour toujours,
bannie de devient &
Mœurs ^ Coutumes des 'Peuples du Roiaume de l'cfclave le premier peut mettre la
de celui qui
Bengale. main Ccpcndafit, depuis qtie les Maures
defius.
font les Maîtres en ce Païs-là, &
qu'ils tiennent

COmme ces Peuples croient Metempfycofe


évitent de manger prefque de tout ce qui
la ces Gentils en efclavage, ils ne leur permettent
plus la coutume barbare de fe brûlerai ou du moins
ils

elt défendu par ï'ythagore ainfi ils ne vivent que


; très-rarement.
de , ris &
de poillbn cuit à l'eau pure dans leurs ; Depuis que le Grand Mogol s'efl fendu Maître
meilleurs repas, ils y ajoutent des papées qu'ils de Bengale, les Bengalifles ne tiennent plus rien
font cuire dans les cendres^ &
quand le tout efl en propre, mais ils cultivent les terres à moitié
bien mélangé, ils jettent par-defl'us un peu d'huile &les tiennent des Princes, il qui ils paient une cer-
& de moutarde, n'ufant jamais de fel de poivre ,- taine rétribution. Cependant, la crainte qu'ils ont
ni d'autres chofes femblables. Ils ne mangent ja- des Maures fliit qu'Us ne fe mettent pas beaucoup en
mais enfemble, mais ils ont chacun leur portion à peine d'amaffer du bien de peur d'en être pil-
,

part. Ce font des feuilles de Bananiers qui leur lez & lorfqu'ils ont quelque argent , ils le ca-
;

fervent d'affiettes& de ferviettes; la terre leur fert chent en terre. Mais les Bancans, qui font les
de table ; &
ils ne s'afléient jamais ailleurs. Le plus riches Marchands , pour fe garantir du pil-
fok &
le matin , &
avant chaque repas , ils vont fe lage, font penfion à quelque Favori de l'Empereui",
laver au Gange pour fe purifier. Kt fi après s'être ou l'aflbcient avec eux pour avoir fa proteftion.
lavez, quelque perfonne des Nations qu'ils croient Comme Bengale efl fous la Zone torride entre
impures, vient à les toucher, ils y retournent au- l'Equateur & le Cercle TrOpiquc, les plus grands
tant de fois qu'on les a touchez après s'être lavez , jours n'y font que, de quatorze heures, les plus &
& mourroient plutôt de faim, que de manger avant courts de dix. Mais au lieu que nous divifons la
cette cérémonie. Parmi eux, chacun garde tou- journée en 2.4. heures, les Indiens la divîfent en
jours fon état &
fa profeilion , qu'ils appellent Qaf- Ibixantc points , &
divifent aufli le jour la nuit &
tre, &
ce feroit un crime de palier dans une au- en quatre quarts. Cependant , comme il y
tre que celle qu'ils ont reçue de leurs parens. a prefque toujours égalité de jour&denuît, fa-
Ainfi les Enfans d'un Marchand, d'un Artifan voir en Février, Mars, Avril, Août, Septembre
d'unMedecin, font Médecins, Artifans, Mar- & & Odobre, le jour &
la nuit font divifez en 30,
chands de père en fils. Mais de même qu'il n'efl points, de forte que le premier & le quatrième
permis à perfonne de changer fa condition , per- quart font de huit points, le 1. &IC3. de fept feu-
fonne aufli ne peut defcendre de celle dans laquel- lement. Aux mois de Mai , Juin , Juillet, No-
le i! fe trouve. Il feroit réputé infâme, d'ail- & vembre, Décembre, &
Janvier, les jours font de
leurs toute la Caftre s'y oppoferoit. Ainfi on ié 36. points pendant les 3. premiers mois, les &
I marie les uns avec les autres dans chaque Caftre,
&
nuits de 14; mais pendant les trois derniers, les
cliaeune foùtient en toute occalion les membres jours ne font que de 24. & les nuits de 36. Ainlî
dont elle cil compofée. l'on diminue ou l'on augmente de points les quarts
Leurs mariages fe contractent dès l'âge de trois de chaque partie, félon les faifons. Pour obferver
ïins. Ceux qui font fur le Gange y vont pendant ces points, qui font la. mefure du tems, & en avcr-
^vS^JJ^âS

\\

SUR L'EMPIRE DES MOGOLS. i

tir le Peuple, on fe fert , au d'une


lieu d'horloge , travailler autrement que comme leuts Pères ont
machine appelléc Gâris , qui eil un petit vafe de fait. Et quoiqu'il y en ait qui fuivcnt parfaite-
cuivre percé par le bas , qu'on met dans un autre ment biert le modèle qu'on leur donne , il y en a
plus grand qui ell rempli d'eau. Le petit s'emplit auin plufieurs qui ne travaillent que comme leurs
lenrement par fon ouverture inférieure , s'en- & parens le leur ont enfeigné.
I
fonce ainfi peu à peu ; l'efpace du tems qu'il ell à Enlin, pour finir par l'état de la Religioii Chré-
.
.
couler à fond s'appelle auffi miGaris^ ou un point, tienne dans l'Empire du Grand Mogol , l'cfperan-
il y a toujours des hommes deltinez à prendre gar- ce de l'y rétablir y fit envoler quelques Miffionnai-
de à ce vafe , qui veillent tour à tour, qui fra- & res en 1 année 1640. Ce furent premièrement les ^1
pent d'un marteau une cloche d'airain, dès t^ue le Thcat'ms , qui s'établirent dans le Roiaumc de
vafe eft au fond. Cependant , cette fonnene elt Golconde , tributaire de cet Empire. Enfuite les
ennuyeufe Se allez mal entendue ; car pour faire Carmes dechaufez s'établirent à Tatta i ville fort
favoir qu'il ell quatre heures palTces dans un des grande &
fort peuplée , oîi ils ont une Eglife.
mois où i! y a égalité de jours &
de nuits, on fon- Et enfin les Capucins Franpis allèrent demeurer à
ne trois coups -, &
après quelque intervalle on en Chirate, fimeux Port de Mer. Tout le bien qui
fonne un quatrième, pour marquer que le 4. quart ell revenu de ces divers étabUifemens , ell que le
paflb, &ainfi des autres à proportion mais c'elt ; Grand Mogol accorde la hberté de confciehce
une confuiion laquelle il faut être bien attentif",
;\ dans tous fes vaftes Etats, &n'empêche pas que fes
pour fivoir l'heure qu'il eit. Sujets n'cmhraffcnt la Eoi Chrêtieune : mais de-
Pour ce qui ell, de la manière de s'habiller qui puis que les Protugais en ont été chailez , le
efl en ufage en ce Païs-là, les Maures ont un Tur- nombre des Chrétiens y ell fort petit , la plupart
ban fur la tête , & fur le corps une Cabayc qui les de ces Eglifes aiant été détruites.
Couvre comme une efpece de robe de chambre, Il nolis relie à parler de la Province de Kache-
avec un caleçon, des fandales aux pies, les che- mire, fituée à l'extrémité feptentrionale des Etats
veux coupez, & une grande barbe. Les Gentils du Grand Mogol. C'étoit autrefois un Roiaume,
qui font à leur aife, font auiïi habillez de même, qui avoit fes Souverains particuliers ; mais de-
avec cette différence qu'ils portent tous une mar-
, puis la conquête qui en a été faite par Akebar,
que au front, les uns roiïge, les autres jaune ou c'ell une Province de l'Empire du Mogol , appel-
blanche, faite en forme de croilllmt. Les Maures lée le Paradis terrellre de ce ï*aïs-là, i caufe de fa
portent auffi pom" marque d'honneur une Ronda- beauté. En effet, la campagne en cil fi riante G. &
che, ou J3oucher, avec un Sabre à la main & un i fertile , qu'on la prendroit pour un grand Jardin
Poignard pendu à leur ceinture. Ils ont aulIi des mêlé de Villages &de Bourgades qui fe décou-
Kerrails, oii ils tiennent leurs femmes enfermées;& vrent entre les arbres. Tout cela cil diverllfié de
portent fouvent leur jaloufie fl loin , que fi une prairies , de pièces de ris , de froment , de plu-
d'entre elles avoit regardé Un homrhc , ils la pôi- lieurs fortes de légumes , de chanvres , defafraUi
gnarderoient fur le champ. entrelaflëes de foilcz pleins d'eau , de canaux, de
Les Gentils ne font pas fujets \ tant de jaloutie. ruillèaux , de petits lacs. Tout y ell parfcmé de
Leurs femmes, quoique luxurieufes, félon la qua- plantes ik de fleurs de l'Europe^ &
couvert des
lité du Climat lont en pleine liberté.
i
Celles des mêmes arbres qui croifiènt dans nOs jardins. On
premières Caltres ont" comme une demi-chemifei y voit des pommiers, des poiriers, des abricotiers i
qu'elles appellent èajoux ; elleshuilent leurs che- des noyers chargez de fruits, des vignes des rai- &
veux , ont une 1 erralle ou efpece d'éeharpe unie fins dans la faifon. Il ell vrai qu'on n'y voit pas

qui leur couvre la tête &


leur pend jufques aux
, tant d'efpeces de fruits qu'en Europe, qu'ils ne&
genoux. KUcs portent aux bras &
aux jambes des font pas fi exccllens ; mais c'ell moins la faute de
anneaux d'or &
d'argent * garnis de pierreries ; & la terre, quedes jardiniers, quine faventpas les cul-
la plupart d'elles fe font percer le nez du côté droit tiver &
les entretenir , comme parmi nous. Cet-
feulement. Celles des dernières Callres n'ont que te belle Campagne ell envuonnée de toutes parts
des braflèlets de Corail i &
qu'un feul morceau de de montagnes &
de collines d'où coulent une in-
,

toile qui leur couvre les cuilfes. Elles vont nuds finité de ruifieaux , qui forment tous les Canaux
pies , &ont les mammelîes pendantes , longues dont nous avons parlé. Ces collines couvertes,

comme des pains de fucre renverfezi dont elles al- d'arbres & de pâturages i font remplies de toute
laitent leurs enfans par deiliis l'épaule. Les hom- forte de troupeaux, qui y pallfent d'autant plus li-
mes de la dernière Càitre vont tous nuds , excep- brement, qu'il n'y a dans les bois ni Tigres, ni Ours*
téun morceau de toile qui cache ce que la pudeur ni Lions ni aucune autre bête féroce , dont ils
,

défend de montrer. Ils ne laïiTent qu'un toupet craignent d'être dévorez. Au-delà de ces premiè-
de cheveux fur le fommet de la tête , font fi pau- & res montagnes on en voit d'autres plus élevées j
,

vres , qu'ils vendent quelquefois lem-s enfans pour dont le fommet, toujours couvert de neiges , for-
en faue des Efclaves. me avec la verdure , qui paroît un peu plus bas , un
Ces Peuples en général mangent peu ; tra- & objet très-agréable. Un belle &
large Rivière,
vaillent de même ; mais quelque ouvrage qu'on âui traverfe cette charmante prairie , eil comme le
leur donne , ils l'imitent parfaitement bien , les & .efervoir où fe déchargent toutes les eaux des di-
Ouvriers y font à très-bon marché. Les Maures vers canaux ou ruillèaux qui arrofent les Champs
ne gagnent que deux fols par jour , &
les Gentils de toutes parts. B'-nforte qu'il ne manque rien à
qu'un fol &
demi. Ainfi il ne faut pas s'étonner li ce beau Païsi pour en faire un véritable Paradis dâ
les Etoflès y coûtent fi peu. Cependant, elles coû- defices.
teroient encore moins, il, avant que de les ache- La Ville Capitale, qui porte le même nom que Ja
ter i il n'y avoit pas tant d'impôts à paier. Parmi Province , cil toute remplie de jolies maifons de deux
ces Gentils , on en trouve qui ont tant de vénéra- & trois étages, qui, pour n'être que de bois, n'en
tion pour leurs parens , qu'on ne peut les obliger à font pas moins propres ni moins commodes. Ce
li % n'eit

itaogm^mi
,

.( .

J14 TROIS. DISSKRT. SUR L'EMP. DES MOGOLS.


n'elt pasqu'on y manciue de pierre ; mais parce que plaifoit tellement, qu'il ne pouvoit fc rcfoudrc d'en
le bois , qui defcend plus fîicilement des monta- fortir. C'ett là qu'il alloit fe délaflcr des affaires
gnes par le moien des eaux qui l'aportcut jufqu'au infeparables du Gouvernement d'un grand Empi-
bas.dl tout à la fois & plus abondant,* plus faci- re. Aureng-Zcb plut auffi parfaitement.
s'y Et
le à mettre en oeuvre. Chacune de ces maifons a que les Poètes
c'cll là &
les beaux Efprits du Pais
fon jardin fur la Rivière , fur laquelle on fe pro- s'empreifcnt de mériter à l'envi les recompenfes,
mène en tatcaux dans la belle faifon. Tant de que le Prince accorde aux Ouvrages qu'ils ont
beautez naturelles, & plufieurs autres , qu'on peut coutume de lui prcfenter. Comme la matière cil
lire dans les Livres de ceux qui en ont fait une abondante & que la Nature Iciu- fournit toiijours
,

plus ample defcription , rendent ce petit Pais fi dé- de nouveaux fujets , rien n'elt plus propre à exci-
licieux , que ce n'ell pas fans raiibn que les Em- ter leur génie, que l'émulation de plaire à leur Em-
pereurs du Mogol le préfèrent à tout le rdle de pereur. Aulli voit-on , par le foin qu'il prend de
leur vatle Empire. Ils ne manquent guère d'y l'entretenir , que ce n'ell pas feulement dans les
faire un volage tous les ans , avec l'élite de leur Cours de nos Rois que les Mufcs forment des Ele-
Cour._ Car pour ne point trop fouler une Provin- vés , puifqu'elles en ont dans ces Climats reculez
ce qui n'eft pas d'une grande étendue , ils n'y mè- qui ne ccdcnt peut-être en rien -à nos Beaux-Ef-
nent qu'une partie de leurs Femmes & de leurs Of- prits d'Europe. C'eft dommage qu'il ne nous
':^i!^
t, ficiers , &c eft à qui aura le bonheur d'être choifi vienne rien de ce Païs-là , par où nous puillions
pour faire ce volage. Jchan-Gure, entre autres, s'y en juger.

DIS-
,

vVj^riU->- 1
ïî^ - ":^ _

m ly
DISSERTATION GENERALE
SUR
LES INDES
ORIENTALES.
Uoîque ce que l'on appelle ordinai- glois, les Danois & Hollandois
les , que le Com^
rement les Indes , renferme non merce des Indes a enrichis ,les uns plus , les autres
feulement toute la Terre Ferme, moins, félon qu'ils ont apporté plus ou moins de
Ibumife pour la plupart au Grand foins à entretenir & à faii-e croître ces établifie-
Mogol i mais encore les deux Pref- mens , ébauchez par ceux qui les ont fondez de
qu'Iles de deçà & de delà le Gan- leur part.
ge tout ce qui efl compris entre la
c'eft-à-dire C'eIt en effet par le rhoien du Commerce que fe
,
Pcrfe &laTartarie d'un côté ,jufqu'auRoiaume de foûtiennent les Etats les plus floriiTans. C'ell par
Siam &
à la Cochïnchine de l'autre ; cependant, ce canal qu'ils tirent les plus grandes richefies, &
cour donner des bornes plus étroites à cette Dif- aue pofiedant les chofes les plus rares qui viennent
iertation, où je n'entreprens pas de traiter de tous des extremitez de la Terre , ils font aufii circuler
ces diffcrens Pais je me renferme uniquement à
, les produirions naturelles du Païs, par le moien
des
parler des Côtes de la Mer des Indes, & des prin- échanges, dont le Négoce leur fournit l'occafion.
cipaux ctablillemens que divers Peuples de l'Euro- Quelque ingrate que puiife être une Terre , le
pe y ont faits me refervant à parler dans la fuite
:
Commerce y fait trouver des douceurs; maisauflî,
des autres Roiaumes & Ktats de l'Afie , jufqu'au quelque agréable que foit un objet l'habitude en ,

Japon qui ell fon extrémité la plus reculée vers


, diminue ibuvent le mérite. Et quoique l'abon-
l'Orient. dance fafic ordinairement le bonheur & la profpe-
La palTion du gain , l'envie de s'enrichir , a de rité des Etats, la rareté néanmoins fait tout le
prix
tout tems fait entreprendre aux hommes les Voya-
ges les plus périlleux. Ce qu'ils n'ont pu trouver
des chofes qu'on acquiert par le Commerce dès ; &
qu'elles deviennent communes , elles perdent con-
dans leur Païs , ils l'ont été chercher au-delà des lidérablement de leur valeur. De-là cette adreiïe
Mers , au mépris des dangers &
des travaux infe- en quoi confille toute l'habileté des Negocians*
parablcs de pareilles tentatives. Et quoique les de ne tirer d'un Païs qu'autant de marchandifes
biens ne foicnt regardez que comme le foùtien de qu'il s'en peut confumer dans le lieu oii elles
vien-
la vie, ils ont fouvent prodigué cette même vie nent, &
de n'en envoier au dehors qu'autant qu'il
f)our fatisfaire au defir d'amaiïer ces biens , pour s'y en peut débiter. Par ce moien , chaque chofe
efqueli ils n'ont pas cru que ce fût trop d'expofer confervant fon degré de bonté d'elHme &
leurs corps aux plus rudes fatigues. Dans cette fe maintient dans l'équilibre néceffaire pour
la faire
vûë, n'ont pas craint de fe confier à de frêles
ils rechercher des deux cotez avec un égal emprellè-
barques, qui, ne mettant que quelques pouces de
diftancc entre eux &
la mort, pouvoient à tout
ment. Par-là aulfi l'argent circule avec profit, &
produit un gain proportionné à l'adrefic qu'on a de
moment les faire repentir de leur témérité, fi l'ava- le faire valoir.
rice n'eût étoufië la crainte dans leur cœur, fi & Quoique toutes chofes aient été créées égale*
l'efperance d'un fuccès très-incertain n'eût fermé ment, &: que la préférence qu'on donne aux unes
leurs yeux à la certitude du danger , &
aux motifs au deifus des autres paroilfe un effet du caprice
il ;
les plus prelfans de l'amour-propre. Cependant elt pourtant néceffaire que l'opinion des
hommes y
cette témérité, fatale aux uns, heureufe aux au- ait attaché divers dcgrez de valeur.
Par-là ils font
tres, a été, généralement parlant, la fourcedu bon- excitez à la recherche de celles qui paffent pour les
heur &
de la richclïe de plufieurs Etats, qui, facri- plus précieufes ; & cette feule diffcrence leur fait
iiant quelques particuliers à l'avantage commun, entreprendre ces Voyages de long cours , qu'ils ne
ont fait par leur moien des découvertes très-utiles fcroient point , fi ce qui vient de loin n'avoit pour II
& des établiiTemens trcs-confidérables. De ce eux plus d'appas que ce qu'ils trouvent fous leurs
nombre font principalement les François , les An- mains. Sans ce motif qui a fait peupler les Indes,
Tom. F. Kk ^;q

\ i
, ,

,1* DISSERTATION GENERALE


d'herbes potagères. On y trouve
une efpèce de
ce Païs fcroit peut- être encore un defert
affreux. 11
groffes raves , de l'ofeillc , des
épmars , de petites
n'elt opulent que par le grand
Négoce qu'on y fait,
citrouilles appellces Giromons ,
de la clucorée ,
& les Indiens ne tirent do
l'argent, que parla ven-
le tout en
On s imagine par cette des choux blancs, des concombres, mais
te de lem-s marchandifes.
que ce vafte Païs n'ell qu'or , argent,
petite Quantité , &
d'un goût tout diffèrent de celui
raifon
& d'Europe. On y trouve auffi quantité de citrons,
,

perles, diamans , & autres pierres precieules ,


quelques oranges , des bananes , des gouiaves ,
qu'on de fa fortune dès qu'on a pu y met-
ell affuré
&
des grenades, des patates, des melons d'eau au-
Mais il faut beaucoup diminuer de ces
toute forte de volailles, & de gibier. Les
tre le pié.
grandes idées que l'cloignement en fait concevoir.
tres, &
bœufs & les vaches y font fort communs, mais fur-
Il faut fc tranfporter dans le
Païs , pour connoître
fans ar- tout les bufles , dont les gens du Païs fe fervent
que rien ne s'y fait , non plus qu'ailleurs ,_
pour porter & pour traîner. On y voit auffi des
gent &
fans une bonne conduite. Il n'y a que
cabrits, qni ont de grandes oreilles abattues, &
deux voyes par lefquelles on puiffe fe flatcr d y
,
niaife. &
Comme il y a
une mine tout-îi-fait baffe
rénilir; l'une d'y aller avec quelque CommilTion
,
très-peu de bois à bâtir en ce Païs-là , on y bâtit à
pour y être emploie de la part d'une Compagnie :

l'autre , d'y aller négocier en fon nom ,


ce qin ne fe la Romaine ; &
comme U y arrive de tems en tems
de fraix. & des vents impétueux, on n'y élevé les maifons que
peut qu'avec beaucoup de peine
fltire
d'un étage. On y trouve des Cocotiers en grande
Le Commerce des Indes ell prefque femblable à
ne fejait point par échange abondance. Le Cocotier eft un arbre d'un feu! brin
celui de l'Europe. Il
&fans branches, qui pouffe toûjoursfa tige en haut.
comme dans les Iles de f Amérique ; mais on y trou- coupées, &
il en a qui &
ve des Marchands, des Courtiers des Banquiers. & Ses feuilles font grandes
C'eft de tous les
fournis de toutes les mar- ont jufqu'à vingt pieds de long.
Les Marchands y font
arbres celui dont on peut tirer le plus d'utiUté. 11
chandifes qui fe tabriquent dans le Païs , ou ils
ti-

celles qu ils pour- fournit de qtioi boire èi de quoi manger, de quoife


rent de leurs Correfpondans
loger de quoi fe vêtir ,en un befoin. Le fruit de
&
roient ne pas avoir. Les Courtiers ont leurs droits
cet arbre appelle Coco, vient à la tige entre les feuil-
marauei, au-delà defqucls ils ne laiffent pas de fe
les! il eft de la groflèur d'un melon en ovale, &il
taire payer affez fouvent; mais ceux des Banquiers &
&
il n'arrive guère
qu'ils prennent da- a au dedans une certaine liqueur, du goût de k
font fixes, Lorfque
vantaoe. Les Marchands Européens fe fei-vent même quahté que le petit-lait. le fruit

eft bien mûr, cette liqueur s'aigrit; autour de ce


de Lettres de change ; mais les Marchands Indiens noyau , dont le goût elt
il y a une efpèce de
ne fe fervent que de Billets ; fi le Débiteur en & fruit ,

femblable à celui d'une amande verte, & ce noyau


refule le payement au tems de l'échéance , le
peut avoir un pouce & demi d'épaifléur. Pour
Créancier demande des gardes au Gouverneur ou
boire de cette liqueur, ou coupe une feuille de l'ar-
au Diredeur du Pavillon fous lequel demeure le
& de le conduire en bre, au bout de laquelle on luet un vafe qui reçoit
Débiteur afin de l'arrêter
ce qui en diftille goutte à goutte. Elle enivre com-
,

priibn. S'il intervient quelque contcftation entre


. le Créancier & le Débiteur , elle eft auffi-tôt ré-
me le vin, & doit être bue fraîche pour être bonne.
Pondichery eft , le premier Comp-
comme j'ai dit
glée par celui de qui relevé le Débiteur , les pro-
,

toir des François dans toutes les Indes. Il y a un


cédures étant peu d'ufage en ce Païs-li. Les Par-
ties ccmparoiflent elles-mêmes devant le Juge , & Gouverneur, depuis &
quelques années le Roi y a
établi un Confeit Souveram. La ville peut avoir
donnent chacune leurs moiens de défcnfes ;
mais fi elles ne peuvent pas alfe^ bien s'expliquer, quatre lieues de circuit. Elle eft très.peuplée , &
il leur dl permis d'amener avec elles
quelques-uns beaucoup plus de François que d'autres Nations
de leurs amis , qui expliquent leurs raifons ; le & parce que les Naturels du Païs aiment mieux leur
domination que celle des Maures. Il y a un nou-
Juge, fans s'arrêter àapointer les Parties, termine
ïe aucun délai.
difièrrnd fans veauFort.près duquel queltiues Officiers François
Les François ont trois Comptoirs généraux dans ont fait bâtir des maifons; &
outre celui-li.ff yen

Indes , dont chacun en a deux autres qui relè-


les
a encore neuf autres plus petits pour défendre la
vent de lui. Le premier eft celui de Tandichery ,
ville. La Compagnie y entretient un Comman-
d'où relèvent ceux de Mazïilîpaîan & de Madrl- dant d'Infanterie, un Major trois Compagnies &
^aîan : le fécond ell celui de Smatte d'où dé- complettes de Soldats François; outre deux à trois
pendent ceux i'Amedabar & de Caliait: &letroi-
,

cens Jofafes, qui font des gens du Païs, élevei &


d'Ooj/y ,dont le Direfteur a infpcc- habillez à la Françoife.
fième ell celui
tion fur celui de Caffembafard, qui cfi le lieu oùfe On voit à Pondichery trois maifons de Religieux.
fabriquent toutes les étoffés de Soie. Ce Direc- La première eft celle des Jcfuites, qui eft très-belle,
teur a auffi infpeflion fur le Comptoir de .S^toySr^, quoiqu'il n'y ait guère que cini^ou fix de ces Pè-
res ; avec une Eglife très-bien bâtie. La féconde
qui eft celui d'où l'on tire les étoffes appellées ^cor-
cei d arbres qui eft une Soie fauvagc que l'on
,
eft celle des Miflionnaircs ; &
la troifième, celle

trouve dans les bois. des Capucins, qui fe difent Curez de toute la ville.
On tire de Pondichery de très-belles toiles de cot-
DESCRIPTION DE PONDICHERY, ton, blanches peintes. &
Les toiles peintes , qui
font les meilleures qui viennent d e MuzuUpatan , ont
Et de quelques mitres Comftnrs des Français une qualité différente des autres, ce qui les fait
dans U's Indes. auffi eftimer beaucoup plus. Le fil en eft meil-
leur ; &plus on lave ces toiles, &
plus la peinture
en devient belle. Celles qui en aprochent davan-
POndkhery eft fitué par le ii. degré de Latitude
Septentrionale. Il y fait très-chaud néanmoins, ;
tage , font celles de Madripatan.
Le Pais d'Ougly eft fitué par le z 3 degré de La-
ne laifl'e pas d'y être fort fain. C'eft un Païs
.
l'air
& titude Nord, dans un climat moins fain, &dans
fablonneux,qui ne produit que du ris , très-peu
,,
,

SUR LES INDES ORIENTALES. 1*7

un beaucoup 'plus groffier que Pondichery. Ce-


air the , où ils ont bâtir de très-beaux Magâiins
fiiit

pendant la terre y eft meilleure, & produit toute forte fur le bord du Gange. Plufieurs particuliers y ont
delegumcspotagers, du froment, du ris du miel , aufli fait bâtir des maifons , qui font prendre de
de la circ,& toutes les fortes de fruits qui fe cueillent loin cette Loge pour une ville. Pour aller à celle

dansles Indes. C'elt un GouverncmentduRoiau- des François on paiiè par-devant une Loge desDa-
me de Bengale, que Ton peut appeller le Magazin nois, qui'faluent ordmairement de 13. coups de ca-
de tout le Pais. On y recueille auffi quantité de non lorfqu'on n'eft pas en guerre. La Loge des
c'efi une très-
cotton, de moutarde dont on fait de l'huile, &de François s'appelle Chamdernagor ;

chanvre excellent pour les cordages. Le terroir belle maifon, fituée fur un des bras du Gange, De
ce Comptoir relevé celui de Caifcmbazard d'où
eft plat, & moins fablonneux que celui de Pondi- ,

chery ; & quoiqu'il l'oit affei arrofé , la vigne n'y l'on tire toutes les foiries, aulfi bien que Ballaford»

peut croître, &ron n'yrecueihe point de vin. On dépendans tous les deux de celui d'Ougly.
y trouve anlfi très-peu de fleurs , excepté les Tu- De tous les lieux où les François ont des Comp-
bercufes &
les Rôles blanches. toirs dans les Indes, il n'y a que Pondichery où les

La Loge que les François ont en ce Païs-l!l s'ap- Anglois & les HoUandois n'en ont point car ces ;

pelle Chamdernagor. C'ell une très-belle maifon derniers en ont un gé éral à Bengale, duquel re-
iituée fur le bord d'un des bras du Gange. Deux lèvent plufieurs autres & les Anglois y en ont
;

autres Comptoirs relèvent de celui-là, favoir, Caf- deux, d'où plufieurs autres dépendent auffi; au
femhazard Èk BaUaford , dont nous parlerons ci- lieu que les HoUandois ont Batavia, qui eft leur
après. A
une lieue de la Loge il y a une grande vil- principale Place , & les Anglois Madras où les ,

le appellce Ch'mchurat , où les Anglois & les Hol- François n'oi.t point d'Habitation. Mais avant que
landois de la nouvelle Compagnie ont chacun un de parler de la puifiancc des HoUandois dans les
Comptoir. Les Portugais y ont deux Eglifes Indes, à laquelle le relie de cette Dillèrtation eft i ',1

l'une occupée par lesjéfuites, & l'autre parles Au- refervé , commençons par raporter les railbns de
guilins. Le Port en ett fi grand & fi commode, leur EtabUfièment en ce Païs & comment ils font ,

que 300. Vaifleaux y peuvent mouiller aifément. parvenus à ce degré de grandeur &. de richeUès
Les Baiiians, qui font les Marchands du Pais, ont qu'ils y ont aujourd'hui.
leur demeure & leurs Maga-iins dans cette ville. A
un quart de lieue ell la Loge desDanois, confiftant DE LETABLISSEMENT DES HOL-,
en une maifon allez réguhére. Aux environs de LANDOIS DANS LES INDES.
celle des François , on voit plufieurs maifons que
des particuliers de cetteNation ont fait bâtir, de mê- Qui croiroit que la guerre fût capable de pro-
me que des Portugais. On ne fe fert que de bri- duire d'autre effet, que de defoler les Païs ex-
ques dans tout ce Pais-là, la pierre y étant fort ra- pofez à toutes fes fureurs Qui croiroit que de tant
i'

re. Et la chaux , qui n'efi autre chofe que des de maux qui la fuivent,puillent naître la profperité
écailles d'huîtres brûlées , fe tke de Ballaford. & l'abondance , &
que ce qui naturellement de-
Comme nous avons parlé ailleurs des particularitez voit fervir à exterminer un Peuple entier , eût été
de la Ville & du Rciaume de Bengale, nous n'en la caufe de fa plus grande richefle de tout fon &
dirons rien ici. Je palïc aux diverfes marchandifes agrandiffement? C'ell pourtant ce qui ell arrivé
que la Compagnie Françoife tire de fon Comptoir aux HoUandois, enfuite de la cruelle guerre que
Caf- les Efpagnois leur firent il n'y a pas encore
deux
d'Ougly. Elles confiftent en Malles-molles ,

fes, ouMjulTelines doubles, Ooreas ou Mouifelines fiècles. Perfecutez avec la dernière rigueur par
les armes du Roi d'Efpagne, qui, non content de
rayées, Tanjebs , ou Mouffelines ferrées,Amans,ou
les bannir de tous fes Ports, ravagea leur
propre
Toiles de cotton très-belles, mais qui ne font pas fi
fines que les Sanas qu'on tire de Ballaford. Des pie- Païs par le fer par & le feu, ils furent contraints

reculées chercher ta
ces de mouchoirs de foie, de cotton, & autres, du d'aUer dans les terres les plus

prix & de la quahté dcfquelles il n'eil pas de mon fubfillance qu'on leur arrachoit cette dure né- ; &
l'ujet de traiter. Je dirai feulement qu'à ©izfa, éloi- ceflité fut la caufe du bonheur de cette Républi-
gné de la Loge d'environ loo. lieues , fe font les que. Sans cela, il efl: à préfumer que cette Na-
meilleures &
les plus belles broderies des Indes, tion , naturellement paifible , peu remuante, &
îbit en or, en argent, ou en foie. Et c'eft delà n'eût point pouffé fa Navigation au-delà de la Mer
que viennent les S'teinkerques &
les belles Mouife- Baltique, &
des Païs du Nord , au-delà des Côtes

lines brodées qu'on voit en France. C'ell de Ta- d'Angleterre, de France & d'Efpagne, & des Iles
tena que la Compagnie tire le Salpêtre ; &
c'cftauffi qui en dépendent, &
que fes plus longs 'Voiages
en ce lieu que fe cueille l'Opium, dont il fe fait un fe fuflènt bornez à la Méditerranée
aux E- &
grand commerce dans tout le Levant. chelles du Levant. Mais la néceffité lui aiant
Pour ce qui efl: de Balhjord , c'efi le lieu d'où aiguifé l'efprit donné de &nouvelles forces, elle

l'on tire les belles toiles blanches appellées Sanas , aUa chercher fous un autre Ciel , & parmi des Peu-
ples barbares, les fecours qui lui étoient
refufezpar
qui font des t nies très-fines. C'ell aulfi de là qu'on
tire les étoffes qui palTent en France pour écorces fes propres voifins.
d'arbres. Si-tôt qu'on y apprend l'arrivée de quel- La première tentative qui fut faite pour s'ouvrir
chemin des Indes Orientales , fut d'en entrepren-
que Vaifieau François , le Chef du Comptoir en le
donne avis au Directeur de celui d'Ougly , qui dre le Voyage par le Nord-Efi, pour ranger enfui-
dépêche auifi-tôt quelques Officiers avec des Bala- te la Côte de Tartarie, & palier au Cathai, à la
ras ou Bateaux plats, au miheu defqucls il y a une Chine, au Japon, aux Iles Philippines aux Mo- &
petite chambre, qu'on leur envoyé pour paffer en
d'autres endroits de la Côte. Non loin de
là , c'ell-
lucques. Mais ce defl'ein n'aiant pu rcuffir , parla
difficulté de fe faire une route dans ces cUmats gla-
I
à-dùe à 8. lieues ou environ, ell une Loge des An- cez & inconnus, l'on fut contraint d'en tenter une
glois de l'ancienne Compagnie , appellée Golgon- autre. Cefut l'an lîsfs-. que les HoUandois cnvoye-
Kk 1 'eut
,7

II» DISSERTATION GENERALE


rent pour la première fois quatre VaiiTeaux aux In- Cette defenfe , au-lieu d'intimider la Compagnie i
des par la route des Portugais, c'ell-à-dire en paf- ne fit que lui relever le courage. Ellefit équiper une
fantk Ligne & en doublant le Cap de Bonne Efpe- Flotte d'onze Vaifîéaux,tant en marchandile qu'en
rance. Deux ans &
quatre mois fe pafferenr jufques guen-e. A
peine fut-elle en Mer, que les Dircéteurs
à leur retour; &
quoi-qu'ils n'euiTent pas un grand travaillèrent à en préparer une autre. Cette troifie-
gain , leur fuccès ne laiiia pas d'exciter encore ceux me fut compofée de huit Vaiflcaux, qu'on pour\ait
qui les avoicnt cquipez,& plulieurs autrcsMarchands, de bons Soldats , qu'on engagea fous condition de
à pouffer plus loin cette entreprife. Une nouvelle demeurer un certain temsengarnifondans les Indes,
Flotte de huit Vaiffeaux partit du Texcl l'an 1598. s'il étoit nécclfaire. Toutes ces forces réunies firent
& fut bientôt fuivie de plufieurs autres les années connoître aux Efpagnols & aux Portugais, qu'il ne
fuivantes. Tous ces bàtimcns revinrent deux ans leur feroit pas facile de traverfer le Commerce des
après richement chargez, ce qui aiant encore en- Hollandois dans ces Mers éloignées. Ceux-ci firent
couragé diverfes autres villes de Hollande, elles fi- plufieurs prifes fureux , ik il revenoit de tems en
rent, à l'exemple d'Amllcrdam, équiper plufieurs tems des Vaiifeaux qui apportoient toujours la nou-
Vailïèaux qui allèrent auxlndes,& en revim-entheu- velle de quelque viètoire.
reufcment. Ainfi fe formèrent peu à peu les Com- Les chofes demeurèrent en cet état jufqu'à Tan-
pagnies d'Amlterdam, de Rotterdam, de Zé- & née 1608, qu'il fefit une Trêve de douze ans entre
iande , qui , ammées par les heureux fuccès qu'elles les Efpagnols, les Portugais, & les Hollandois, par
éprouvèrent dans ces commencemens , font parve- laquelle il fut accordé que chacun continueroit de
nues dans la fuite à ce degré de puiilànee ou nous fou côté fa navigation Se fon commerce, de la ma-
les volons aujourd'hui. nière qu'il le jugeroit à propos. Les Hollandois,
Ce n'ell pas que la jaloufîe des Portugais des & durant cet Armiftice , s'emparèrent de quelques
Espagnols ne leur ait fufcité dès-lors plufieurs tra- Places dans les Indes, &
firent alliance avec quel-
verfes. Le Roid'Achera, féduit par les premiers, ques Rois du Païs. Leurs forces s'augmentèrent
arrêta quelques-uns de leurs Vailîeaux, fit périr & tellement, que dans les années 1613.& i6i4,ilsmi-
Corneille Houtman qui les commandoit ; mais ce rcnt en Mer près de vingt-fept Vaiifeaux en divers
Prince aiant enfuite reconnu par quel efpriton l'aiii- tems.
moit ;\ la pourfuitc des Hollaiidois, les favorifa Les affaires de la Compagnie étant fur un fî bon
dam la fuite autant qu'il les avoitperfécutez,&: leur pié, l'on vit l'année fuivante 1615-. les Etats Gé-
fit toute forte de bon accueil. Les Efpagnols , de néraux fe joindre avec elle , pour envoyer une
leur côté, n'oublièrent rien auprès des autres Rois puiffante Flotte dans la Mer du Sud, par le Dé troit de
du Pais pour détruire ces nouveaux-venus. On les Magellan, dans l'efpérance de furprendre les Efpa-
tra'ta de Pirates, de gens fans foi &
ftns honneur, gnols, qui lesavoient attaquez malgré la Trêve , de
&ron mit tout en ufage pour les décrier les fai- & les afïbiblir de ce côte-là, éL- d'aller enfuite auxindes.
re périr.Maisenfinleur bonheur les aiant fait triom- Divers Potentats , jaloux de la profperité de la Com-
pher de tous leurs ennemis , leur Navigation com- pagnie , la traverferent; autant qu'ils purent en lui dé-
mença à devenir' plus heureufe,& leur Commerce bauchant fes meilleurs fujets. Cependant, les années
des mdes à fleurir de plus en plus. : 1618.& 1619. lui furent tout-à-faît favorables. Elle
Les chofes étoient en cet état, lorfque les Hol- vitrevenir desIndes en divers tems jufqu'à dix gros
landois eux-mêmes penferent ruiner leurs afîàires , Vaiffeaux,fi richementchargcz,que leur cargaifon
& perdre tout le fruit de leurs heureux fuccès, La futeftiméefixoufept millions. Ces nouveaux fuccès
plu. alité desCompagnies qui fe formèrent, le peu & lui infpirerent un nouveau courage. Elle réfolutnon
decorrefpondanccqu'ilyavoit entreelles,fut ce qui feulement de rcfdler plus que jamais aux Efpagnols,
manqua de les rcn\'erlèr. Souvent elles chargeoient mais même de les ruiner à leur tour. Cette entreprife
toutes enfemble des VaifTcaux pour le même Port, futpoufréeafrezloin,par!esfoinsdeceux àqui on en
ce qui faifoit baifîer le prix de leurs marchandifes, commit l'exécution. On leur fitla guerre auxMolu-
& chagrinoit beaucoup les intérelfcz. Les Etats ques &aux Manilles, &
à ceux de Bantam à Java.
Généraux en aiant eu connoiHance, alfemblerent à L'année i ôn.étant la dernière de l'Oftroi accordé
laHayelesDirefteurs des Compagnies tant de Hol- àla Compagnie, elle en obtint unnouveau, auifi pour
lande que de Zélandc, &
les engagèrent à confen- vingt &un an , à commencer du i.Janvier 16x3. Les
tir de ne former plus qu'un Corps à l'avenir. Le Efpagnols ne furent pas les feuls ennemis qu'elle eut à
Traité qui s'en ht, fut confirmé par l'Ottroi de combattre ; les Anglois la traverferent aulii en diver-
Leurs Hautes Puiirances pour 1 1 ans , à compter du
. fes oecafions. Ils arrêtoient fes VaifTeaux au pafTage,
jour de la date, qui étoit le xo. de Mars 1601. Cet &: les Amiraux de Dunkerque leur donnoient la chaf-
Oi^troi aiant été ainli conclu &
expédié, laCom- & fe incelîamment. Elle prit la refolution de tenir tous
pa;nic étant devenue par-là un Corpspuilîant con- & les ans une puiffante Flotte dans la Mer d'Allemagne ,
iidérable, qui avoit mis enfemble un fonds de fix pourcroifer fur les VaifTcaux qui revenoient desIn-
millions fix cens mille livres, elle penfa tout de bon des, & les convoier jufques dans leurs Ports. Ces
à profiter de fcs avantages. Elle équipa donc une Flot- précautions leur furent avantagcufes ; les Câpres de
te de quatorze grands Vaiifeaux, qui mit à la Mer Dunkerque fe retirèrent peu à peu.
au mois de Juin 1601. Elle eut encore quelques Voilà par quels progrès cette fameufe Compagnie
combats à cfliiier contre les Efpagnols les Portu- & s'eflétabhe & fortifiée dans les Indes, où elle a acquis
gais mais ceux-ci ne s'étant pas trouvez les plus
; un fi grand degi'é de force &
de puifTânce,qu'iln y a
fort.s,les Hollandois pourfuivirent leur entreprife. jîoint de Souverain dans l'Europe, qui puiffe faire de
Troisans après, le Roi d'Eipagne fit publicrune fi nombreux &
de fi riches armemens. Voilà par quels
Déclaration, par laquelle il étoit fait défenfcs aux moicns elle s'efl mife en état d'y continuer fon com-
Habiiansdes Provinces-Unies, de trafiquer dans fes merce avec un fuccès fi heureux, que les richelîès
Koiaumcs d'Eipagne, &
dans les Indes Orientales qu'elle en retire faifant la meilleure partie de la prof-
^Occidentales, furpeiitede punition corporelle. perité des Provinces-Unies , font en même tems pour
le

P
1^'
\r YLiE ET DESCRIPTION DE SURATE.,DE BATAyiA-.

A
(..

n!.

"3$ , I

"WSW^ ^<r JA ffi^ c c^Lq,'Ue. poT^ 0C' 'ai/i'i^^ ic


• ediejx onM-j , ^.-ea m^usims cas u.'ânontL<^ canvm/u^ Tie

. h^Ao-nte^t^m Ces a4i^ra

sec - K-'ÈHzt^ y- ûTvt £a^/^é^ftcdtt,CGTtvmefC€,

'ici^n-àoi^ Ci'TZ^ âdâcûjipùiÙfij' ptm^ en^/^ir^ ùi^Qvz>i£aîd dé ^ti>r £mpir£ en^cepoda


-m^tr£ en,cep. là.. Jes ru^ y f07i&

'iiefJiipné 'iïù 6n. toute Jhdson. t

: i-wi^^e, oui' se j'^i&nt~ieit&r ûauvs /^ Tneir- ^n. ceér enJrviè. J^a ea^nx. e^ on.^
ûn..à e£B
ééE cûru^zt/Uea Jam £es
cûnju.t£e<f da/m ûs Yûssez
ifûssez eu, &.
'^* (jfeciwitf^, parce aM£ u. t^rru in/ esà éaa,C êc aue a rerrpu.e^- . c££r ûu.3 Tuye es t

u lô. K u-no arandf


"'^
rea ânciy panne. ,

riant .^s ffmriû^s y


jimt- ù/iutcÀea cimtMe^
ùi iuA^ *^ ck-^ropreté
t . éù>ft4£2ise f e'cZiÉe
_^ Citacel&

'<j
TTia^rAe

arârtj.icceé rues
a ù m/i
i
x
iiit.
^.nUy
^van.nc Gai^fiùdrig
u/emefU- peur /a,
I
. wi / ée/^iimm- Jupcji <.
iTiaù pmu
jei.curti tes atiôre^ pi'a
)/ ia pùnte Mi^,.tt nu
£ij e?i cas ce ée^ciit.
l^ial y! 'tù.^ esù citCreTne,
mesua, Je toute

1
^» 'c/iê tûiriÈe . —4^ mauom ' fe (te natiûTis,, êcy^ari

./ encore l'uu twprts »^te?-efneftir ce CAimrùi


l'aient' tH,&ué pa*-
. .V" rti^'i , êllcj ~n tfrUr
,. . " exe,rcer U-.
<!rt// rien Je
y/ient- /e œtnfnerDe.
.
,fitjue ne, ut^ d^iu

h ti
m
'"
^^^•iM^-JVf''--

"

^
"

(-

t
DRESSEE TOUT TSTOUVELEEMENT SE
HoLLA>fDOIS,ET DES REMAHOUE.S TUES CEtRIEUSES SURLAM\>JIEn

Reiiiaj-^xies Xiir i£tatliiTemeiil

i^ UU' ÂiUiù ^Oj^'T', &j^nC~ otta^^ieT' ûi> firrteT-^àe'. ami- éietir^éf'à' e-n, âcn-
£ Tw^nt&, Jûûi07iu/ tm'ec' une' eaaîe vzaueua-. ^
fyt^ jum^ S'otis. sscen^c- attn.
^ ûi jcre^m^^^ .C-'cai^ uti^û&s cÂ^ ffe'C irmee'É'n'n&mie'J'étant r'^iat&
-

ter-tere^e. jur- azie^i^ Tndccntentettt^ftt ^l'iù o^tTÛr reçu- àe C'émoerv/ir-. uif^-uîÂ'/r

auL
&WI- reujâit 7ne7'j^iÛ£4^£^?nent.
•JTUtU^ ^__ __.__^_ Ce ^Ait- ^^
-^~
—-'-— ^^
„„, ^^, -^
^- ,^un -'•-
'"-
eix.c-T^7tte?ii3. &,
~^'
,Z i>7L-
•^Jtùsrcentra /âj- enTi^nuâ mianà j'/j yienêr-oie^nt ataifaie*-ui-^r^er£!âse-, e^r-ce- atd'etofittvuj
VlaAûmûtan4. c'étaitj^TvàeJ firiiM Ûiùt- % M^
àeÂ. m//rtfieK JWwzî^ j-ùx /ûu^i^,%rs-fu'liÉ éts-
é^/U-ÂiUi àÉ cette-erTûu,?^ ^&s Cnrèdsnj , -^ câûs^ eut tout S £iccèi ^zwz eTipûtivûttr attenèi^
\j^ faianm.j ^^ai/u3 à& cettB' T/iatier^ xfiuj à, araiTiàr^' vûur- e^co çti^ Ui' pûuàre à can4}Jz..aûan
'^cnnerent ^U7^ etnelle^ e7Lûej^^r^,ôC ^4rent i^ûti/r-uu.jtj ear te^V^ûantrij
\\^0TZ a par-
tnai cAi^' par- ce tncv^ri^.
7nct/^efL'. ~ £/ -^--^

Mer ORiE^Ti^

o u LA Mer de Java

i.
.. . . ,. .

:7t^w. 'i^ .''v:''^y.iiïy: ui

; Mémoires
ILS
ees plus exacts ,
so:nt établis dans la Ville de Batavia.

m
.>;e

Table
JcsViUfsac l'Ile
de Java.
Bambanc
à Sept^ UeiiJis Je

Passoueouav
'

envirett a. J^c lù:u£S

BALAMBOUANa
ùt Cûte Ûrtentit:

Li rùnere de même
^, enfwûn a deitx.
îi^iws de son. em =

i'ct/cÂtiT'e'

Matajraj^
sur- 1^ ccté' .-^eriJi-
•ie de ille à£re'=
sent leyiehe de' t
é rrt^ereur-
ISSEB ON&OJSr
Ters /it^ûinte ûcci'
dentaU de iTle l
Pal IMS AM
juf iu cète Ûccïden
taie a. un trcn-^cr-ir
inen Jre^uenti^
Bamtem ^
Bantam.
Capiiule du-^oyau-.
jTït de même runn,

Ofa^tenant aux,
diliUandats ^uvy ,

cmt/m£bàtù~ unJvr-t.
Ze Xûv^ trUrutat^
re deuL C[rmpa^nie
sut 17^ le. m^untieiit
dans SûftSûyaume.
goej^cirTûOii^ue-
z'ile de. Java
après de zio.tieuës
d'ûrient en. Occident.
H 4c /iii nûrdattSud,
& 4a0.de circuii^
Uazr n'y ^^as ex--
ce^/h^ment chaud-,
3itei-gu,'ellejbù: en. •

ireleâ.&U'^. dea.
dcJ^at. meril/.
-Ze terroir est/èr ^
tde 6a£ûù're,sut- est\
estwTtéle meilleur de
\

iit/s.Za^lus arande
i7artie.se recuedle-
danj le-Ji. deXantont.
li^rcduitai0. beau. -

p de ris.de^ùre,
'cntein- .On. vtreure,
des tots. i&î rvieres

der, d'of-ffenti de
^•re.des dtanums ,

des ruiis.des emerau


fkf . mais^eu..
Cettelle ^infictec '
de/et^ens & ^ mcu -

chercns £lle éteiâaa.-


.

*v/?ii dù'^êêeno.ffit
e.£et'aianes:mais iZ
tra/'&ts aa/eurd'
iui^ue deux Scui'e-
ains .suj^ûtr t'^m^c'
'-—
"les.K)lianii7ts,

Sûus la drminatipfi,
\deia Zbm^a^nic.

ai
y

\\

ft'
VUE ET DKSCMPTIOISI DE QUELQUES-UNS DES 1

R Min iL Jaia De i Ile f \ bo


aatr^ts ^u un ilSmie ias nuis n n
t. II est /là l .f
Ja u à Ca
n Je laid Je pays qui denzeiirent de e i

es qae Je caille /t n
Jn mues Ja n Ji na/e Jeu s ai n iJ J la. 1} anJ Ile Je Certin 'lellanJ.t, n jai e /• -t ^a
ait,.re Je bsis ausii étcd-eiU Jort /aie . Jant In medleare jtariu aparttent au "Zat Je 'le/ nTte d^ l it ' _. AometanJ XI tr a plidieurj Rj
&. fiirt dtsaffréaiie Jaiis le tenu ^'elle se jufoaes JJalâires <t même 4/itroj. _^/aae^ , -

luirur^eù- Jacalra lUaiuaeiiLi une èe/ie. 'RiPU- Son areait est J'enytron
. put ailleurs efte Ile etmt t

Jiyisee en Jeux-
ieu.-^ Iles aiant
Jles atai. iZ l 'û^ctJent u/l aranJ Pai-l
i-' -
,
. /'" . ion
bsiutt eait, . H-iir y est Jrais &.Jaui : le £Jis Jôiue bien ai-aat
as-aiit Jans les
le terres , Ji. ûît i in ^uii /es jeuiUes Jeid feniilailes a /j
bas . mais beau &. Jaas lui aspect très ogre- l'jbrt autant Je y<usseiui.-y. ^a',fii i-eat. te rt es^ ^re^^ae P âC le devins est tout nmgli Je n el

ahU. Ce- qai l'ajâit cÀntsir aux. JfoUanJois parient Jans /a/iJ, jusgti 'en- arrachant Ju Jart u le /ifnJ Ju £01/., jenJeiit ces 2rb es Ji 'a.

paar Iz ^lace Je leur cafrunecce


jtruicifrille est Je bomie tenue le "Tari aiant une i4 deux, lieuti
. Je , •.n .ai/là- Js ittlacient an tr n le

cUe est à preseitt bien bâtie,, aritee Je caniux. Inrjt en cet enJroit là . Du ^ite' Orien/aJ Je llle i } a Jun^ le4.j, elle., ds mettent ne rtù

bien rei'eius Jont les barJs s o fit plantes


. aussi on ûranJ ûolfe ,-ù à ,-ii Je ce har, e ces Jeu^ ir Ife.. de/renj/er Je h
jaire j-a-Ser i t t.
J -arbres. St. hs maisans aulit^ra^res II n'étant JeptU-ez qoé ^ar un- esyace Je tei re Jenfi/ort JUjtre ilnrs amme dn lait i. tombi t Ja
'lisse riantes qu'il s'en i*Jve J^ns auewte rtn^t jrercAes Jjnt le. terrain est éas i. j liL naaix, tî fei ad
,
ejiats lèpre ipde au Jùad ^ Ujiis
•Ult Je j/olianJe.. Ca tnMi-era oUiem-s le Jacile de Us joindre, en creusant seulemed ea et enJr-iit Je le reste £« de itid ^emme Je h /t
lia âc la Description Je cette naurelle la haateur d'un hcntme Jeia même Its 2'ir aue.i k autres .

'Ule Jont tentes les rats ^ciit ûrees ait petits Sàtunens ^lu i-ienneid Je l'Est j «j le -f aim/nf- T '« // Je U Jaune d, I les trvi
cc-Jeaii . inieux entrer Jojls
le G^lfi; Je se faire t rer j-ai Je^j.i j.

celte J' Isthme ce qui se Jâit en me


espèce .^e ^eiiK Icj i Tii'an., dajai/s n
beiirel, ^ae Je tourner anli-iir Je l'Ile elleaa'ittunfaïuc J^el
lan^à £ai la am^iarEot/kr lej l'ûrli^ais environs ait imXieu lùf
St££je atârniar_^ar- £a Xsi JùflSun^ots ^^n£ rendus ntaitrss Emtr Je ^
G-iryîe. ceœliej-redMe^iu de doa de ûir^ie ^u-U n t.n_£cat- être &
iùe' à- cen/èmme, Jans tutet le .-Son^.

laijtis ^ y/^^ ^^ ^ 7 ^'



ent une a is de ^ b mme. font "¥ i. S is 'c u
i d L^ làves Les "J UanJ is isd ni ^anL. «. pà a ui

/ le es des dsf g Is h ai nt£ i J ^ " £ ** n rale/ad

Pirogues desTeraaIois a ecm-ert il aurait ètè J^eUe d'y amener des livres .
Iles le scio t o j le nJ.

eut Jonc y/iter ^aJe'ie autre jilace au ^erJ-Sst- Je l'Ile, Jans une^lainc
,
-
Je ce Traité/ureni q les H
lemde'e^ar aucune hautetir: elle eteit alors enteiiree J' dais J/inJi-oirni les Juoi^ 3a
enriioju cin^maie uns naturels cùi tre les Portua s r ai tre
le
quiJîiisistoit dejvis £V-^ 't.


ai-ec. les Parhiyats. Ùle ai'jit Jeut toiles Je Aaateui- en- quelques endraiti 3c Auit eu au-i.
i^nemis; et q, e Aallais en
lès de largeur. Il g a Je jjIus dei-ant cette Place ua banc Icng Se étroit fti/orme une es
-
.
séquence jeroie l obi
ece Je Tort .où l'on.jreid- tenir les Tû-B^ues en/urete {.es promis .Vai<ires ne jjeuveiit s'.i- . an Port de :^'jssau au aux i.omriu^

•oeber Je terrejilus arant- ^ne ta.£ertie d'un petit canon. &-au Jehors Ji banc i/jr a un Je lit Ccmp.iitnie J^aUanJoise fsus
M mauUlage Ce fit cdiejUce gae les yioUanJ^îs raolureat dejorti/ier. Je concert avec les
.
leurs /uits. Je les leur lii-rer ao A
'•rnaà>is leurs amû gai étaient ahrs au- nombre Je trais cens Z es espagnols de leur cite
.
£rix Jï.xe' par le Traité. Ces CauJi- .

briilerenl tous les arbres Alei Suissonl aidour de learlvrt.jitj£u-à une assez gi-anJe disbin- tic<ns /irent Jans la /uite i-iolèei
.jiaur découvrir déplus locn.les JemarcAes des ^olbvijoîi. &se mettre en état Je j-re- par les ManJanals. ce gui leur a/A-
iiir leurs entreprises Z es lernaùtis gui araient i^pelei les Aol/aaJois a Icw/
.
ra Je gi\inJi maux -ct^tte Ile ne'
t aidèrent a se firt/tr arntre leurs ennemis comnams, guBi-que quelques-uns , produit quc^ ds ta. ttluicadc i. Jalltacis
K repunJisserd mal uu sele ^a'oafoj.fd'^pour leur d/euse mais enceuragez pi .

a. e;cémple.'des autres, ils se mirent tous sous la protection Jes Jiol/anJots .


.

hJJX TORTS DES HOLLANDOTS DANTS LES INDES.


'Cir- X 'A-JT iSoj . ASFECT Bf Tout j:>\-ij.T.iici2:rE m' côté me t^aMer.. -flSI

i i
il

tant levais ^iii l eni'ironne & les Iles


aiiteat au JVord saiit toiu celle de 'S^tda 3c les au ï'otsiaes jasgii' a .
,
Xa.e j yen Ttlluffi ^ait sa dépendance très qur sont Joui
.V ûa a y J a^pauii c^rrjit qu'on a de cette place il n' v auroit~ crainte .

n iS^ui. dont la mciUtJèft la moitié est i^jictiennee aux ^olùtadcis Tians l'antrt parfit pas lieu de _^re aucun commerce dans A-
.

un Anmme U £ait-il emiiv/^r. ^ai esf^liLs araitdt en eemptt ^aalre l'Ufes principales Joiit- «11 ctslles. A encore moins d'v avoir de
,

'est epaiîSf ^e
d'aa jiust ciacunr rn a Jipt nôtres seul Ja diret/ton îllts ^fiti-eat Jciir- Comptoirs. Df ^liu ce Tont empêche que la .

'a iais trisi. Zes aalureli nir i^ûo hommes £ont- la auem la pliïeart- _ Maures on . Hahû .Vation Jfollandoise atpaye les douannes
. ,
.

mttans, qui okI- en ^l'm'i-nl le nom de Jfifto, & qui relei-enl du laipais qu'elle ayoit aecoùtiimê de pai-er >
juUi tiri^t dtfej tr.,i^b, Tort, c'est ,i dri-e ^m Jont s oiû''''domination deZ^'.T. Us ifjis dipers lieux, ic que le Geui-erneur de ce Toi
•Ut. qu'ils arrêtant £Biir la Généraux des Pivi-aiees - Z'iiies Il v a encore sous In drpendaiici a /ait aiolir d y aplns d'un jiecle.Zes
.

'
ai- an Tâmis l ^au Jfiiteiit-
.
'

du Tari quatre jatres Iles, ^m Jf nomment Us Jles d' l'iiasser. oî. Xaces. familles ou 7rlias qui haiitent l'Ile
tjàit Jt JmxfiaitltsMjhu l'on troimc quantité Je Saoas .làts PtUrs de cet if.Sles portent d'.imhaini partent chacune une langue pai ,

an^etit canal, on Jaif JiiJier le itom de C^reheiu Sc maiiaeiit jioiirlaiiê- de la CJiaw de leurs
^
ficidiere qui n'est £as entendue de l'autre.
nJ nae fcrmi giiarrre Jr in mu £aaad ils les ^eurent prendre - Ils Jûilt ohlioes comme Dans lapins pebU Ile d.imiomt il v a jj .

A qiianil e/A- est tua îchaoj^i "Races d'Olisiims toutes CArètieanes . pi peurei
ntimfiri . Viu jerssmne fiuU •ndre Joiis le Tort . lors gu 'ils sont- mandes jar le Gaureraem mettre Jur pie 1 .sji; . hommes . &. si Saces d
ctéd- k'a.-Aa.J'.vir l-r/in-^^t tJliJinias , qui eaj'eni'ent mettre Jîir pié iipa
J. Jo»t cha^ui ath-e fiurmt- d'Oliiirai & les autres celai d'ôliliui.is: de/orte que s'ils iZJâiagueSaïayùi^i'ra^iciiTais-la devras
} culture. la iiaturt aJmirabh •oient point' de giie--ùrutBZÊ^ii/iiaLn£e n^ c^ar&.^arat ^ue-^
! âLjaalr a etii.-c denlrc fa rlnfact nahitaiu yy0n£-/t_par^àia' ^l il a '^t^resaiin-
>u , ail £niiit d'tnveattr des alisi ^Jkren. a, aî&zrer Si -tert-e,
par_pe//Hle de les oilùrer

Ue Solof
C^/crt d u les -Collai la ^ue l 'f Uaulis e forù^ e eut dans ette Ile po r s „ de/en Ir con
chasse les Parhgais est a cesse de leur
semeat J lue f r une ha, te r a b d e retrancher dins te "Tort dont on p t- c le £laa Ils o&lqerent le r
du rivage de la mer les dedans Jhitt 's a es a fa e des Ira aux exiraord na res e q les a an eur
dé iaiine ^^açoaaerie Il y a de cl
. se Jaiiiierent dans les iois &. vinrent- eufuiti se rendre aux Mhllaadais.Ze Ter .

que côte une yallèe assez profimde natois si maliraites * chasses jar Us lipaanols.se rassemble. ait r-ent-
celle ,
,• d-Or aux. hollandais leur protection, ocrant de se Joumetire j Ivute. les conditions qu'on
poudrait exiger d'eux. Cependant ils n'étaient £as Jarts en nomire Se quai .^ue :

les terres . C'est lii que les Tor-


tngais ayoïent des Uiifrayes avaa- sur pie.apeiae en put- ilfournir dtii.-i ou trois cens capahles déporter les armes .

On se contenta néanmoins d'en tirer le secours jue l'on put. On. les employa au.t_fai
des :Siitiirels diipaysjïint des. ares. tijiiatioas. quoi-qu'd JUt très décile de les_ ranger k trayaUler
upee ordre là fai- .

desjisils. des ieiicliers ScdesJ^res. saient toiit en coi^^ion .fans roulair oiiïr .i aucun commandement. Se stiurent ds
Ils se de/ëndireiTt- lonatems contre s'enfiiyBunt fans qu'au put les faire rereair. Te gai cause U desordre de ces ha
les JlollaadoiS, aianl dans iitans. C'est jpie leurs Supérieurs font hors d'état de les contraindre.
parce qu'ils
illaye ai, ils étalent un L fournissent ^oint de yit-rls &
gue leurs Otn'riers font ailles d'en, aller
chercher dans les iois &
d'y employer Ix ^lus grande partie de ùiir tenu. Ce-
.

pendant iifarce de JUn- Sl daitentiaa- an les ailifea de fe remettre au trai-ail.


âc les auprages se troapant eifin, achepex autant qii -on le peut fcire dans ci
pays-là. le -Traité des Jiallaïukis opec les Ternatois Hit /iyaè U ii. Juin j6oj.
laûvy^iLce JIellaa^ofa^ahl£oiiede_payarùmi les ansaii%^&-eaiKfiânai£i-s^c^tte
ri.
r^ioBfhmmaeitreùiii^onOidece^ili aittci-^yaatfutar-rachor'Sius les ^4rires
gué cro0neiUr dans 7eiir^amnines.iljcifiit^eu.de commerce dans cettiille. <i

^nt è&-£ oi^tderes contme lafenticri^ de cdù^ gue lesjfaiùmjoiiwllëdentdiuts les attelant
i'

I
k:<s;«,»w>

(|.)

lî'

i.

'm

l'A

i
\i

.. I Carte NOUVELLE DE5 TERRES DE CucANDECaw


"^" ""1 l'ijl'l !' -^ I
— I lu .t mi^ -pi

iu>7Cz>tiSk de

^-t^^^

!f

•Tiite, . laraim^i^ yaOt^efirimi iiitif partie a^ „ui, d-an^jeac.SiaU^

Xi^i/ss il' ^oftCi


^P

mmk
^^Ê^^^iitï^LR^ Sssss"mkiM^<;.
— ^
( À /

^ Remarque Historiette .

'Ceft&ve'r:!

'" "^ "^ V" "" "^fr-"^"" ^/»«^^ «--'.'«^1


.\ -, ..
f
t ; .
Car-'''Ua&
'*;^'^^ 4? "'"' .",.•* -*^£c
ïh .ïïhv f.
' '- ..-' Maiijra*

'àûté J'y ela/?i£:

tûwJie

Ommerce-. lii ZVf/£^~. Y. r^ ,»' /^' „ ' _ . .

comm^ m
à peut ym.r'~ia^ am,,^cL-ts. I^CeiirenzeM-"^c Imucj M

TAJÎ1EDE5 TERRES.RoYAtJMES <«^ PROVINCES


contenus aam cette Carte.awcles
Villes Capitales &le
Comptoirs lUT_poireie Lt Comjia^nie Hes
Liaes
IJam la [
-^'^ Cnûr euy
I
Terj-e de/^OTra«OTi!
I
Caru^r- P
Ciican. ) ^"-^^^^^ \,incûùv.

Dans la.la«>i,rf». (
i^i^a.
^
Ter;
de
Caiiava. r«u...f._i ^^'^' J5

( CaZuuf. ft

XelK.de \ Crananera.

'^'^- i ^^;_ .._ Bl

Sur I
XeX.
la. Côte

Lî»».& ( -^^^ »
\JPatmaâcier
r ( Jrtti'ai

-^ï' a erlcore mitre, ce2a.^2u. =


Xe:R.Ji! 'zff^" steufs JZes vefs 2a OtB^ de,
^Hala.-
ia-i-; m^Jts eZles nefcntrnuUementr
R
"I
"1 ""'f'

h
W .'1

If
SUR Lts iNt>Es orientale: S.
c rcfle de l'Europe une fource de toute forte de plus d'emprefiemeut , ilfaut, autant
biens, par la quantité prodigieufe de que l'on peut , in-
marehandifcs terclfer les perfonnes dont on a befoin.
quelle y dilh-ibuc, &
qui fontdépofcesdanskville CetteadrcfTe
ne diminue rien de leur fidélité, ni de la
d Amilerdaiu, comme dans le Magirzin général confiance
de qu on peut prendre en eux. Une faut donc pas
! Univers. C'ell ainii que les ennemis s'éton-
de cette puif- ner de la richeife des HoUandois dans les
iante République, pcnfant la détruire
parlaforcedes
Indes , do' &
armes, n'ont faitquelarendre plus floriffante en rempreflcmentquechacunadelesyfervir. Les foins
l'a- qu'ilsfcdonnentpourravancementdc tous ceux qui
guernflant & &
que les plus grands biens le bonheur
;
leur apartiennent, excitent en eux une
le plus conltant iont précifément l'efFet merveifleufe ) il
des maux émulation ; & ni les périls d'un fi long voyaffc , ni la
dontonvouloit accabler cet Etat, qui, fe relevant
vie dure que l'on mené fur les Vain'eaux,niîa percé
d autant plus qu'on s'eflbrçoit de l'abattre fe voit,en- de tous ceux que la maladie ou la guerre
ta, par la BencdiftionDivinc, fuperieur à emporte ne
toutes les diminue rien de l'ardeur des Matelots, dont le
cntreprifes de fcs ennemis. nom-
bre fcmble augmenter tous les ans à
De toutcequiactéditjufqu'ici, ils'enfuit queles
Mer les
mefurequell
,

engloutft dans fes flots.


l-ioUandois font très-puiffans dans les
Icdent de grands Domaines, &fontles
Indcs,où ils pof-
Maîtres de la
DES AUTRES NATIONS
plus grande partie desEpiceries. ^li
Batavia eft la prin- trafiquent dam les Indes.
cipate Place qu ils occupent dans
ce Païs-là ils y ont
une Chambre bouveraine. Comme je donnerai
:

LEs Anglois,commeje croisl'avoir dit, trafiquent


pres le pan &la defcription de cette
ci-a-
ville ,favoù- dans
aulïï dans les Indes &
y envoient tous les ansplu-
fieurs Vaiifeaux ! mais leur Commerce n'y eft ni fi
laPlancheluivantela vuedefon état ancien,
&celle grand ni fifloriIBnt,;! beaucoup près, que celui
defonetatpréfentdansla Planche qui fuit la Dillér- des
HoUandois s parce que les premiers ne reçoivent
tationfur le Cap de Bonne Efpéranccje des
n'en dirai Indes qu'autant de marchandifes qu'ils
rien davantage en cet endroit.
LcsHollandois y envoient
dent aufti 1
Ile de Ceylan , qui mérite bien
poife- d'argent d'Europe, &que du Commercequ'ilsfont
une Diffcr- en ce Pais, ils paient ceux qui font à leur
tation particulière. krvice-!ê
Je diraifeulement ici,quc c'eft relie fervant à la Cargaifon des Vaiifeaux
danscettc le quel'on cueille le Girotle&la Candie, qu'ils en-
voient en Europe. Le fcrvice des Anglois
les Noix Mufcades & le Poivre. Le Giroflier eltune n'ellpas
non plus fi régulier que celui des HoUandois
plante , & c eft fa Heur que nous appelions Chus de Gi- aiant la liberté de demeurer aux Indes
, chacun

rofle.L odeur en ell fi forte, qu'elle fe répand par tant qu'il veut,
& de s'en retourner aufli quand il lui plaît.
toiitellle.&qu'enMeronlafent à quelque dilhince Les Danois tirent aufti des marchandifes de
delà terre. Le Poivrier eft un petit ce
arbrilicau qui ne , Pais imaisleur Commerce eft trcs-peu
diffère pas beaucoup de l'Epine
noire. Le Canellier
y étendu.puif-
qu'ilsn'yenvoientfouventqu'un feul Vaiflèau d'Eu-
eltuiiari>requi vient très-haut,
&c'eftde fou écorce ropéen trois ans. C'eft auili pour cette raifon
quel on ufe. Pour le Noyer, c'eft un qu'ils
arbre à peu près n ont qu'un Comptoir dans les Indes ; comme
Icmblable aux Noyers d'Europe, & dont le fruit vient &Ben-
galeeft le lieu où le Commerce eft le plus
a peu près de même. libre <S;le
plus ouvert, c'eft dans cette vfile qu'ils ont
SilesHollandoisfontlesplusriches dans étabhleur
les Indes, Magazin.
lis
y font aulli les plus torts, comme je l'ai déjà inlinué, Les Portugais étoient autrefois les plus riches
û:celont eux qui y trafiquent le plus. Ils de
y ont tou- tous les Européens qui trafiquoieut
jours un très-grand nombre de dans les Indes ;
Vaiifeaux fur lefqucls mais ils ont beaucoup perdu de cette ancienne
Ils négocient dans fplen-
toutes les Indes ; du gain qu'ils
deur.De tout ce qu'ils pofledoient autrefois
tirent de ce Commerce
& du revenu de leurs Domai- dans ce
nes^ls en font la Cargaifon de pluiieurs vaftePais,iliicleurrdleplusqiie Goa ,quieftmcme
autres grands beaucoup diminué de fon ancienne grandeur;
NaïUcaux qu'ils envoyent tous les ans en
Europe; & &au
Chaque année il en part d'Europe un heudcplufieursVaifieauxqu'ilsy envoioicnttôusles
égal nombre, q ui ans d'Europe , ils n'y en envoient
reviennent enfmte,aprcs qu'on en a changé l'Equipa-
d'ordinafi-e
ge.bi-tot quunOfKcier
qu un maintenant. II y a néanmoins plufieurs Mar-
arrived'Europconluidon- chands particuliers qui vont à Bengale; mais
ne a monter un autre Vaiffeau
&
ceux qui ont trois
comme
ans de ferviee,& qui veulent
,

s'en retourner chez eux,


les Portugais n'y ont point de Comptoir,
par cou- &
fequent point de Pavillon, ces Marchands,
prélentent ou envoyait un Placetàla pour
Chambre, qui paicr moins de droits de leurs marchandifes , fe met-
ne manque guère d'y avoir égard
, IS les perfonnes q ui tent fous le Pavillon
leprefententfontenctat de s'en retourner.
de celui des Duetteurs de qui
Que iile ilscfpcrent le meilleur traitement.
nombre des Rcquerans ne fuffit pas pour
monter les Outre ces Peuples d'Europe qui vont
Vai icauxqu on renvoyé en négocier
Europe, le Gouverneur dans lesIndcs,ony voit encore plufieurs
dehbereavec fes Officiers, pour examiner autres Na-
ceux qui tions. Les Arméniens font ceux qid en enlèvent
font plus en état de s'en retourner, lé
e'eft-à-dire qui
ontmieuxfait leurs affiiires,& qui, par le bien
plus de marchandifes, &
qui trafiquent davantage
qu'ils dans toute l'étendue decePaïs.Ilsn'y
ont gagne, ontplus en état de paffer ont cependant
commodément aucun Comptoir,& ce hcfont que des particuliers
le relie de leur vie. qui
Il en eft de même des y vont négocier pour leur compte mais il n'eftpas
;
Matelots dès qu'As font arri-
:
ditticile de le faire lans
vez aux Indes , on les envoyé fur d'autres y avoir un Magafm d'autant ,
Vaiireaux,& que pour faire la Cargaifon d'un Vaiffeau
ils ne peuvent revenir en , onne com-
Europe qu'après trois ans de mande ordinairement les marchandifes dont onabe-
icrvice 11 eft vrai que pour les engager
à faire d'autant lomque lorfqu'U eft arrivé & s'il fe trouve prelfé
mieux leur devoir , on leur permet de faire auffi ;
de
quel- partir , les Marchands du Païs ne tardent
que petit Trafic. On leur accorde à chacun pas lonetems
un ou iluifourmr fon chargement. Comme il
deuxCoflii-es , à proportion de leur emploi, y a uiiefai-
qu'ils peu- lon plus commode que l'autre pour arriver
vent remplir de marchaiidifes ,dont ils à Bengale,
ne rendent a eaule du débordement du Gange, le
compte à perfonne. C'ell que pour être prix des mar-
fervi avec chandifes augmente d'un tiers dans le tems
qu'ils y ar^
Ll ,.;.,
,

1x8 DISSERT. GENER. SUR LES INDES ORIENTALES.


rivent &lorfquele nombre ordinaire des VailTeaux
:
marque. Les Roupies Sicea valent 39. fols à
vieille

fe trouve augmenté, le prix y augmente auffi à pro-


Bengale, celles àe Surate 34; celles de Madras 33;
portion. & pour ce qui ell des Roupies courantes , celles de
Comme Indiens font fort fobrcs ,
les &
qu ils font
,
Madras ne valent que xy. fols, celles de Suratei6,&
les Roupies courantes Sicea z8 ou 3 o. Comme les In-
confiilertout leur faille dans une nombreufe fuitede
,

Serviteurs, les Européens qui veulent aller négocier diens aiment paffionnément l'argent, qu'ils le ca- &
dans les Indes ne doivent pas y porter beaucoup de chent en terre lorfqu'ils en ont beaucoup; les Prin-
ces, pour prévenir cet abus, font tous les ans battre
nos marchandifes parce qu'au lieu d'y gagner , ils y
,

perdroicnt coniidérablement , tant par raport au prix momioie ; &


les efpeccs nouvellement fabriquées

coûtant de ce dont ils fe cliargeroient»que parladif- font toujours d'un plus haut prix que les anciennes, ce
ficultéd'acheterfurleslicuxautant qu'ils pourroient qui fait que celles-ci , à mefure qu'elles vieilliiTent
faire s'ils avoient leur argent. On peut porter du vin
perdent toujours de leur valeur.
encePaïs-là,parce qu'il n'y en croitpoint &:ron a ;
Outre les Roupies, il y a encore des pièces d'or
remarqué que le rouge s'y confervc mieux. On y peut qu'on appelle Coufans ^<:[m valent dix-neuf Roupies,
auffi porter de l'eau de vie avec quelques autres li-
& des demi-Coupans , qui n'en valent que la moitié.
queurs , auffi bien que du Corail pour les gens du Païs: On les nomme Coupans-, parce qu'elles fontlongues

les femmes en font des braifelets, & les Médecins &plattessà peu près comme une lame de couteau.
pulverifcnt le relie pour en compofcr leurs remèdes. Pour les Roupies, elles font rondes d'environ trois&
Ce que l'on peut donc porter de meilleur dans les In- lignes d'épailîeur. On ne les diliingue que par les
des , c'elî de l'argent , par îe moien duquel il n'ellpas Chiffres &
les Lettres qui font imprimées dellù s. Ces

difficile d'y faire en peu de tems une grande fortune, Roupies font d'un argent très-pur^; les Coupans &
pourvu qu'on s'y conduife avec prudence & circon- font d'un or pâle , mais qui ne laiife pas d'être très-
fpeftion.Ily a deuxmoicnsde l'yfaire valoir l'un efl :
bon. Sa pâleur ne vient que de ce qu'il n'eft pas mêlé
de le donner aux Banquiers qui le prennent félon
, ,
de cuivre.
l'Auteur que jefui, à lo pour cent ;& l'autre efl: de le La Compagnie Françoife étant Souveraine à Pon-
mettre à la grolîe fur les VailTeaux qui trafiquent dans dichery, y lait battre monnoie au nom du RoiT.C.
le Pais. Ce dernier moien n'eit pas le plus fur, mais Au heu de Corij, on s'y fert de Caches, qui eflune
c'ell celui où l'on peut le plus gagner. menue monnoie faite de cuivre, qui ne vaut qu'un
Acheneitdetousles endroits des Indes celui oùil denier & pour la commodité du pubHc on y rrape
; ,

aulHdepetites pièces d'argent qui ne valent que qua-


y aie plus à gagner.C'ell une Ile arrofée d'une belle
Rivière, dans laquellefe trouve une poudre d'or. Mais tre fols. Mais ces monnoies n'ont cours que dans la

comme elleelld'ailleursforrllerile,onyporte du ris, ville & dans les lieux ckccnv-oifins. On y fabrique
*'
& de groifes toiles de cotton appellées Garas, dont auffi des !P<3^(3:!/ej ou pièces d'or , qui valent cent fols.
s'habiilcnt en ce Pais4a les gens du commun. On y Finifibns par l'état de la Religion Chrétienne dans
porte auffi des Armoifms rouges pour habiller les leslndes. Comme les Portugais font ceux qui enont
,

perfonnes les plus diltinguées. jamais, dit mon Au- fait lespremiers la découverte, &
qui s'y font main-
teur , on n'y perd fur les marchandifes qu'on y tranf tenus très-longtems , le plus grand obllacle qui fe ren-
contra à la converfion des Indiens, fut la crainte
f porte, & le retour fe fait en poudre d'or. Le départ
des Vaiffi:aux pour Achen eil ordinairement à la fin qu'en fe failimt Chrétiens, ils ne fuflént obligez defe
d'Odobre ou au commencement de Novembre, pour foûmem'e à la Couronne 6c aux Loix de Portugal. Ces Na-
tions étant , comme je l'ai dit ailleurs , divifées en plufieurs
y arriver enDecembre ouau commencement dejan- Tribut qu'on appelle Cafires, auroient mieux aime foufFrir
vier.C'elI de Bengale que les Vaifléaux partent d'or- &
même la mort,que d'abandonner
toute folie de lourmcns
dinaire parce que c'eit là où les marchandilés
,
le ris & leur Tiibu. Cette raifon obligea un Jéfuitc nommé Robert
Je trouvent le plus abondamment. de Nohili, a.mr\t que d'entreprendre fa mifïïon dans le Roiau-
On négocie aufli de Bengale à Surate, qui efl main- mc de Madure, de s'accoûcumer à la vie auftere des Brach-
tenant la ville la plus tloriilantcla plus riche , 6c la plus mans, en s'abftenanc du vin , de la chair, &
de tout ce qui
marchande de toutes les Indes. On y porte de laÔcie a vie. La pren3icre Tribu des Indiens eft celle des Brach-
crue, torfe ou autre, que l'on tire de Cajfèmhafard on ;
mans, qui font extrêmement eftimez &
refpectez des au-
tres Tribus. Ce Jéfuite étant donc arrive aux Indes, dit
y porte auffi du fucre,des gonis,qui font de groifes qu'il croit unBrachman,&:pai-cemoicn fît des progrès con-
toiles d'emballage du miel & de la cire, dont le re-
,
fidcrables dans la converfion des Indiens, en leur prêchant
tour fe fait en Poivre en Canelle , & en Catië que les
, ,
qucchacunpouvoit dcmeurerdans faTribu. 11 convertit auffi
Valilcaux Maures apportent de Moca. On envoyé douze B rachm ans, dont ,il fefervit comme deCompagnons &C
auilides VaiiléauxcnPerfe,furlefquels on tranfpor- de Catéchirtes , £c batifa enfuite en très-peu de tems qua-
te des marchandifes des Indes, & celles dont on les rante mille perfonnes de toutes les Tribus. Pcrfuadé qtic c'é-
toit-là la véritable voye pour
convertir les Indiens à la Reli-
charge ordinairement, font, les plus belles toiles de
cotton, les plus belles mouirehncs, &
les plus riches gion Romaine, il propofa d'ériger un Séminaire de Brach-
étoffés, dont le retourfe fait en vin, en argent, en & mans, pour en fàiredes Prêtres oc des Catéchiftes ; mais les
tapis qui font très-eftimcx.
Portugais, &
les Jefuites mêmes rejetterent cettepropofî-

tion. Ainfi après la mortde ce Religieux, fon cntre]3rife fut


Pour un mot de la monnoie des
dire maintenant entièrement abandonnée. Je n'examine point pourquoi les Jé-
Indes, il-faut favoir que pour menue monnoie on ne fuircs eurent plus de delicatcffe à fe faire Brachmans dans les
s'y fert par-tout que de petits Coquillages nommez Indes, que Mandarins dans la Chine &
PhJlofophes à la maniè-
Corii, dont quatre- vingt ibnt un 'Poni, qui vautun re de CcK/a^Wi ne feroit-ce pas que la vie de ces Brachmans
fol. î3u relie il n'y a que l'argent marqué au nom du étant d'autant plus rebutante pour la nature, que celle des

Prince de chaque lieu, qui ait cours dans fon Païs par- Mandarins efl: plus douce &
plus accommodante, ils ne vou-
lurent pas acheter les âmes des Indiens à ce prix? Ou ne feroit-
mi les Maures & les Gentils. Cet argent conliilc en
ce pas que n'aiant point trouvé dans ce Païs les mêmes facili-
Roupies & en demi-Roupies , qui , quoi-que de mê-
tez qu'à la Chine pour s'enrichir fous prétexte de Religion,
me pefanteur, font pourtant de différent prix.Onles ils ont mieux aime abandonner la culture d'un champ qui ne
diliingue en Roupies Sicea^ Roupies de Surate, de leur promettoii point de revenu temporel, les Hollandois
Cadras i &
Roupies Cornantes ^ qui font de la plus étant d'ailleurs maîtres de tout te commerce du Fais ?
-
y u JE
,

iit^^bîfe^

.'• -.11

Pag. ti^

DISSERTATION GENERALE
s UR LA

CHINE. sEtte grande étendue de Païs eft Midi , on rencontre celles de Xenfi , de Suchuen
'
:' il

fituée prefquc au bout de l'Aile & de Junnan. Leaotung dépend auffi de la Chi-
du côté de l'Orient. Les Savans ne , & en fait une 16=. Province; & d'autres y
félon leur louable coutume font ,
ajoutent encore la Prefqu'Ile de Corée vers l'O- ,

fort partagez fur le vrai nom de ce rient, qui fait la 17'. L'Ile de Hainan , l'Ile For-
vafte Empire. S'il faloit les articu- mofe , & quelques autres dépendent encore de ce
grand Empire. Ces quinze l'rovinces mcrite-
ler ici , tous ces noms diftérens , on n'en trouvc-
roit, je croi, guère moins d'une vingtaine. Le roient le nom de Roiaumes , étant toutes riches,
bon Dieu nous garde de nous enfoncer dans ces grandes & belles. On les fubdivife en plufieurs
brouillards de Critique. Ce qu'il y a , linon de autres dont quelques-unes ont douze ou quinze
,

Entre ces villes il y a près de cent


plus vrai-femblable , au moins de plus facile, c'elt belles villes.

que cette Nation appelle fon Pais Chiinghiu , c'elf- foixante Citez , qu'ils nomment Fa : environ deux
à-dire Roiaume du milieu , parce que ces Peu- cens quarante grandes villes, qu'ils appellent Cheui
ples font infatuei que leur Etat occupe le centre, & près de douze cens Hieti , ou petites villes,
ou milieu de n.,trc grofl'e boule ; ce que les
le fans les Foitcreires , les Châteaux , les autres &
Juifs ont dit auffi de la Judée , &
les Grecs de Places qui fervent de demeure auxOfficiers Roiaux.
Pékin Pechin ou Peking ell aujourd'hui la
Delphes , cette ville fi renommée par fon Ora- , ,

l'extrémité de
cle. Quant au mot onCHINE,
le fait venir Capitale de ce grand Etat , fituée il
mu-
de Ciim, qui regnoit peu avant la naiffance du laChine , environ à trente lieues de la grande
Nanguin ou Nankin a eu autrefois cet
Rédempteur , & dont la pollérité dura fort long- raille. ,

tems. avantage.
Cet Empire a toujours pafTé pour 1 un des plus
Païs a au Septentriou une longue chaîne de
Ce
montagnes que plufieurs nomment Ottocora , & confiderables du Monde
, par la grandeur , par la

dans l'endroit ou les montagnes manquent , on beauté de par le grand nombre


fes villes, le mé- &
voit cette famcufe muraille faite contre les irrup- rite de fes Habitans. Comme ce Roiaume ell
d'une fi vafie étendue, la température de l'airyefl:
tions des Tartares , qui n'ont pas laiflé d'y entrer
11 y fait froid vers le Nord , tant par
& de le ravager fouvent, fur- tout au XVII. fiecle, dift'érente.

comme je le dirai dans la fuite. La Chine a au l'éloignement du Soleil , que par le voifinage d'un
Couchant certains autres monts nommez Tlama- grand nombre de hautes montagnes , prefque tou-
jours couvertes de neige. Cependant cette froi-
fms , qui la féparent en partie des mêmes Tarta- qu'on y vit ordinairement
res , &
en partie de quelques Indiens. L'Occan dure ett fi falutaire,
&
le terrible fléau de la pcfte ne
la borne an Levant , &
au Midi , où eft aufli le plus de cent ans ;
Ce qu'il y a de mau-
Roiaume de Tunquin. Cluvier fait la longueur s'y ell jamais fait fentir.
&
fa largeur de vais , c'efl; que la terre s'y
met fouvent de mauvai-
de la Chine de douze cens lieues,
fix cens ne mettre que deuK milles d'Italie par
, h fe humeur, lufqucs à bouleverfer des villes entières
lieue. IVIais d'autres ne la font pas fi ample. Jean par fes treniblemens.
un des plus beauxPais du mon^
Nienhoff lui donne pris de 600, heuës de lon- D'ailleurs, c'elt
Les plaines font unies , qu'il femble
gueur , dans la Relation que nous avons de fon de. fi

fe foit attaché depuis la fondation de l'Em-


Àmbafiade. On la reprefente de figure prefque qu'on
quarrée. On la divife en quinze Provinces ou pire à les égaler &
à en faire des Jardins. Les
Gouvernemcns. Les autres en mettent feize & Chinois , qui rendent leurs terres fi fertiles à force
dix-fept. de les arrofcr , n'ont point trouvé de meilleur
De ces Provinces principales , il y en a dix vers moicn de diilribuer l'eau également , qu'en naet-
le Midi i & le long des Côtes de l'Océan, on trou- tant toutes les terres de niveau , fans
quoi les %)
tan-
ve Chequian Fokicn
, & Cantun ou Quan-
, , plus hautes demeureroient dans la fcchereflé ,
dis que les fonds feroient noyez.
C'eft ainfi qu'ils
tung. Dans le milieu en remontant du Midi au
Septentrion il y a Quianfi ou Hiangfi Quangli,
, en ufent, même dans la culture des Collines car ;

Queichcu
,

Honan ,
Huquang Xanfi. &
Enfin ils les coupent par étages & par degrcz depuis
, ,

vers l'Occident en defcendant du Septentrion au le fommet


Ll
iufques au nié ,
i
afin que les pluies fe
r«'
f

\
,,

130 DISSERTATION GENERALE


rcpandant également par-tout, n'entraînent pas vince de Eokicn s'ébranle , quand le Ciel menace
avec elles les femences , & les terres. Ils ont &
comme force la Nature, en laifant par artifice des
de quelque orage , fe balance à droit à gau-&
che , comme un arbre que le vent agite. Il s'en
plaines où elle avoit formé des montagnes ; & trouve qui font perpétuellement glacées. Il
y en
c'cit une chofebien agréable que la vue d une lon- a une dans la Province de Kiamft qu'on
nomme le
gue fuite de hautes collines entourées , comme & Brayon-riçrs ;parcequeles Bonzes prétendent que
couronnées de cent terrailés qui fe furmontcnt les fa partie fupéricurc, qui a la figure de
Dragon, fe
unes les autres en fe rctrecillant , dont les ter- & lance fur celle qui e(I la plus bailè
, qui reprefente
res font aulli abondantes que les plaines les mieux un Tigre.
cultivées. On
admire fur-tout la montagne de Fokien qui
,
Il ell vrai que la pliipart des montagnes de la
dans toute fon étendue n'dl autre chofe qu'une ita-
Chine ne font pas picrreufes comme les nôtres. tuë, ou une figure de l'Idole Fol, fi monllrueufe,
La terre en cil mêmelcgére,poreufc, facile à cou-
per ; &
, ce qui ell furprenant , fi profonde en la plu-
que les yeux en font grands de plufieurs miUes,
le nez long de plufieurs lieues
&
ce n'efl: pas apa-
:

part des Provinces , qu'on


y peut creufer trois & remment un Ouvrage des Chinois, ils lui auroient
quatre cens pies fans trouver le roc. Cette pro- donné moins de nez eux qui fe font une beauté
,
tondeur ne contribué pas peu à l'abondance de l'avoir court.
, par- La montagne du Chenfi n'dl
ce que les fels qui tranfpirent continuellement, pas moins admhable elle jette feu &: flammes
I, ;.; ;
el-
renouvellent le terroir &
rendent Je Païs toujours le excite des vents', des pluies , des orages ,'
dès
;

fertile. Maismontagnes de toutes les Provin-


les qu'on joue auprès d'elle du tambour , ou^de quel-
ces ne font pas de la même nature , fur-tout celles que autre inllrument. Enfin ccUe de Hiiquang a
du Chenli, du Honan, de Cantun, & de Fokien. cette mervciUeufe propriété, de troubler
tdlemcnt
Ces dcrnicres qu'on ne cultive guère portent des l'cfprit aux voleurs qui en veulent
,
emporter quel-
arbres de toute cfpcce grands , droits , propres
, que chofe, qu'il leur eft impollible d'en fortir au
pour les édifices & fur-tout pour la conilrue-
, lieu qu'on trouve facilement une illuc
,

quand on y
tion des Valifeaux. L'Empereur s'en fert pour dl entré pour qudque autre fin. Il y a i la Chine
lés bàtimcns particuhers , &
fiiit quelquefois venir beaucoup de curioiitez femblables , que quelques
de trois cens lieues par eau par terre , des co- & Philofophes d'Europe admirent , &
tâchent tous
lonnes d'une prodigicufe groifeur, qu'on emploie d'expliquer par des raifons naturelles.
en fon Palais &
dans les Ouvrages pubhcs. Les !fl
Mais
J™"
je croi qu'il
vaut mieux y laiflcr rêver les
Marchands font anlli un grand commerce de ces Chinois, qui aparcmment en rêvant eux-mêmes,
arbres après en avoir coupé toutes les branches
; ont trouvé tous ces miracles de la Nature.
t« ils en percent
les extrémitez du tronc , pour les
Ils fe
font fur-tout entêtez d'un Dragon chimérique,
attacher fortement. au-
Etant ainfi liez 80. ou 100.
fur la même ligne, on en joint un fi grand nombre
quel ils donnent une force extraordinaire
un &
pouïon- louverain. Il dl dans le ciel , dans l'air,
à la queue les uns des autres , qu'il fe fait une cfpe- fur les eaux, d: ordinairement dans les
montagnes;
ce de chaîne , longue d'un quart de lieue, qu'ils ils croient auffi que dans ces mêmes
montagnes i'i
traînent de Province en Province par le moicn
y a des cfpeces d'hommes , qu'ils nomment immor-
des Canaux &
des Rivières. Sur ces arbres ainfi tels, parce qu'en eflct , difent-ils
, ils ont obtenu
difpofcz, ils pratiquent plufieurs petites maifons le don d'uTOTiortalité. Bien des gens,infatuez de
allez commodes , oii le Marchand & fes Mate- cette ridicule opinion , entrent dans ces rochers
&
lots couchent durant tout le voîage, qui dure quel- s'y perdent, dans l'efperance de ne
mourir jamais.
quefois trois ou quatre mois entiers. On vo't en plufieurs endroits des grottes célèbres,
I! y a d'autres montagnes qui font encore
plus où les Bonzes mènent une vie fort aufiére mais
;
utiles au Publie par leurs mines de fer d'étain , pour un petit nombre qui vit avec édification, il
de cuivre , de mercure , d'or d'argent. &
Il ell:
y
en a une infinité d'autres, dont les vices font hor-
vrai qu'on ne creufe plus celles d'argent , foit par- reur qui font mépril'ables aux gens de quahté
,
, cS:
ce qu'il y en a fuffifamment dans l'Empire foit par- , que le Peuple fouflre à peine, par un faux zèle de
ce qu'on ne veut pas faerifier la vie du Peuple Religion.
dans un travail fi pénible. Pour ce qui cil de l'or, Les Temples les plus fameux font aulfi biitis
les torrens en entraincnt beaucoup dans la plaine,
dans les montagnes. Ony vient de deux cens
& il y a une infinité de gens qui n'ont
d'autre mé- lieues en pèlerinage, & le nombre des Pèlerins dl
tier que de le chercher. On le trouve dans la boue,
quelquefois fi grand , qu'ils font dans les chemins
& parm^i le fable: au relie il cil fi pur, qu'il ne faut des efpeces de proceffions. Les femmes fur-tout
pomt d'artifice, ou, pour me fervir du terme pro- n'y inanquent pas , &
rien ne leur plaît tant que la
pre, de bénéfice particuUer , comme dans le Pé- quahté de pèlerines : car n'aiant pas d'autre occa-
rou, pour le retirer des pierres, où il fe trouve or- iion de paroîtrc au dehors, elles font ravies de
voir
dinairement engagé. un peu le monde par dévotion.
Si nous en croions les Chinois qui font eux- , Mais comme ces volages n'augmentent pas tou-
mêmes crédules à l'excès, leurs montagnes ont des jours leur vertu, les maris qui en craignent les fui-
propriétez admirables. Quelques-unes, difent-ils, tes, n'aiment pas trop ces confréries ; auffi n'y voit-
paroifi'ent toujours envelopées de nuages
au contraire, n'en font jamais couvertes ,
d'autres ;

&
on guéres que des perfonnes du commun, les &
jouïf- gens de qualité obligent prefque toujours leurs fem-
fent d'une ferenité continuelle. Il y en a qui ne mes de renfermer leur ferveur dans l'enclos de leurs
produifcnt que des herbes utiles & falutaires , tou- maifons.
tes les autres n'y peuvent croître. On
alRire qu'u- Si après avoir conCderé les montagnes de la Chi-
ne montagne de Chenli qui a la figure d'un grand ne , nous jetions les yeux fur le plat-Païs ; nous
Coq, chante quelquefois fi haut qu'elle fe fait en- trouverons que les Chinois , quelque outrez qu'ils
fendre de trois heues ; qu'une autre dans la Pro- foient dans l'idée qu'ils fe font formez de leur Em-

pire,
,

-^afeîa
M

SUR LA CHINE. »3'


ta
pire, auroientde la peine à inventer rien de plus en ufage dans boilTon ordinaire. Ils ont linè
la
beau, que ce que la Nature leur a donné. Tou- gomme fort particuhére ; leur vernis efl: admira-
tefois ces plaines ibnt cultivées , on n'y voit ni ble, aufli bien que la Porcelaine faiie d'une terre
haies , ni fbffez , ni prefqu'aucun arbre , tant ils qu'on tire de la Province de Kiamii. On y trouve
craignent de perdre un pouce de terre En plu- ! aulli fur une haute montagne un bois très-odoritc-
iîeurs Provinces elles portent deux fois l'an , &: rant, que l'on nomme le bois d'Aigle.
même entre les deux récoltes , on y fctne de petits Mais de tous les artères qui croillent dans la Chi-
grains &des légumes. ne, celui qui porte le fuifelUe plus admirable. La ).

Toutes les Provinces qui font au Nord à & feule propolition furprend ; &
comme il n'y a rien
)

l'Occident, comme Teihig , C/janJt , Soutchoaen,' de femblable au Monde , on s'imagine d'abord


portent du Froment , de l'Orge, diverfes foi'tes que c'eit un paradoxe cependant , au raport d'un
:

de Millets , du Tabac , dcK Pois noirs jaunes & célèbre Voyageur, il n'cflrien de ii vrai, peut- &
dont on fe ferc au lieu d'avoine , pour engraiiler être que vous ferez bien aife de iavoir en particu-
les chevaux ; celles du Midi , &
fur-tout Fonquam , lier la nature &
les propriété?, d'un arbre auili eiî-
Nankin, Chequiam , portent du Ris, parce que les traordinaire que celui-là. Il efl de la hauteur de
terres font baiî'es &: le Pais aquatique. Les La- nos Cerifiers , les branches en font tortues , les
boureurs en jettent d'abord les grains fans or- en cœur , d'un rouge vif
feuilles taillées écla- &
dre ; enfuite quand il a cru environ de deux pies, tant , l'écorce unie
, le tronc court, la tête aron-
ils l'arrachent avec la racine ; ils en font des bou- die &
chargée. Le fruit paroit renfermé dans
quets , ou de petites gerbes qu'ils plantent au cor- une écorce partagée en trois portions de Sphè-
deau &en échiquier , afin que les épis apuiez les
j
re, qui s'ouvre par le miUeu quand il efl: mûr, com-
uns fur les autres, fe foûtiennent facilement en l'air me celle de la châtaigne , qui découvre trois &
& foient plus en état de refiiter à la violence des grains blancs de la grollcur d'une petite noifette.
vents ; de manière que les plaines reiïemblent Toutes les branches en font couvertes, ce mé- &
plutôt à, de valles jardins , qu'à une limple Cam- lange de blanc &
de rouge fait à h vue le plus
pagne. bel effet du monde ; de forte que la Campagne^
Sur la l'bi Pliltorique &
Morale des Relations, où ces arbres font ordinairement plantez en é""chi-
la Chine ell la plus riche portion du Globe Tcr- quier, paroît de loin un vaite parterre couvert de
reilre j &
on pourroit la nommer l'endroit favori pots &
de bouquets de fleurs, Mais ce qu'il y a
de la Nature. Au lieu que tant d'autres Nations d'admirable, c'eflque cette chair blanche qui cou-
fouflrent par la tterilité de leur Climat , par vre le noyau a toutes les qualitez du fuif , la cou-
l'ingratitude de leur terroir , par le défaut & leur, l'odeur, la confillance tout en eit parfaite- ,

du commerce ; ces heureux Mortels , nommez ment Icmblable aulii en fait-on des chandelles
;

Chinois, trouvent, fans ibrtir de chez eux , abon- après l'avoir fondue on y môle feulement un peu
;

dai"jiment le neceltaire & l'agéable , le principal d'huile, pour en rendre la pâte plus molle plus &
& l'aeceflbke. Enfin ils pofl"édent dans l'enceinte douce. Si les Chinois avoient l'art de la puriher^
de leur Société non feulement tout ce qui concer- comme nous purifions en Europe le fuif , leurs
ne l'être & le bien-être du Coi-ps mais même , cJiandelles feroient aufli bonnes que les nôtres.
ces j-iches matières qui flatent tant l'orgueil & la Mais ils n'y font pas tant de façon. Ainfl l'odeur
vanité des fots &
aveugles humains. Voici com- en clt plus forte , la fumée plus épaiilé , la &
ment ungrand Connoilléur en Géographie lumière beaucoup moins éclatante. Il elt vrai
aulTi bien qu'en Hiitoirc , nous décrit ce Païs que leurs mèches n'y contribuent pas peu, car au
fortuné. lieii de coton, quoiqu'ils en aient abondance,
ils
, Outre tout ce qui ell neceffaire à la vie de fe fervent- d'une petite baguette de bois fec lé- &
l'Homme , la Chine produit les plus precieufes ger, entourée d'un filet de" moelle de jonc três-po-
marchandifes de l'Orient. Il femble que Dieu ait reux très-propre à filtrer les parties infenfiblcs du fuif
,

pris plaifir d'ailbrtir chaque Province de cette que ]e feu attire , &
qui entretiennent la lumière :

puifTante Monarchie de quelque bienfait particu- ce bois qu'on allume , non feulement diminue l'é-
lier* Les Voyageurs conviennent que tout cequ'il clat de la flamme, mais augmente encore la fumée
y a de beau ik de bon dans les diftèrens Pais qui & la mauvaiiê odeur.
compofcnt la Terre , efl réuni dans le Roiaumede Parmi les arbres extraordinaires de la Chine,'
la Chine. On y trouve même quantité de chofes je ne dois pas omettre ceux qui portent le Poi-
qu'on chercheroit ailleurs fort inutilement, fi on ne vre ; non pas un Poivre femblable à celui dont
les y avoit tranfportées. Comme la curiofité ne fe nous ufons en Europe , &
que les Indes feules
contente pas du général, vous plaît-il une defcrip- nous fourififlênt, mais une autre efpece de grains
tion plus détaillée ? qui ont à peu près les mêmes' propriétez. Ils
La Chine efl: un terroir extrêmement fertile. Il viennent dans un arbre , grand comme nos
y a quantité de Blé , de Vin d'Orge de Millet, , , Noiers de la grolfeur d'un pois , de couleur grî-
,

de Maïz de toute forte d'excellens fruits , de


, fe, mêlée de quelques filets rouges quand ils :

bons pâturages , couverts de belfciaux , & de fo- font mûrs, ils s'ouvrent d'eux-mêmes , 6c font pa-
rêts qui abondent en gibier & en venaifon. La roître un petit noiaunoir comme du Jayet.
&
Mer les Rivières y fourniilcnt d'excellent poif- L'odeur en efl fi forte qu'on ne peut , fans,

fon. On y trouve en abondance des Rubis , des s'incommoder notablement , demeurer longtems
Topafes, del'Aiman,
fes; quantité de Perles.
&
&
d'autres pierres precieu-
La Porcelaine , la Soie,
fur l'arbre pour les cueillir ;
tirer bientôt &
ainfi il fimt le re-
y revenir à diverfes fois. Après
,
û
le Coton , le Lin les Etofiés qu'on y fait font avoir cxpofé ces
grains au Soleil , on jette le
revenu de cet Etat-1;\.
le principal On en tire noiau qui efl: d'un goùc trop fort & trop âpre ;
aulIiduSel, du Sucre, du Mufc , de l'Ambre gris mais fon écorce delïcchée, quoique moins agréa-
ék toute forte d'Epiceries. Lç Thé y elt fort ble &moins piquante que notre Poivre ord-nai-
Tom. K Mm rc.

t^M
MéiMép

fe

DISSERTATION GENERALE
re, ne killc pas d'être d'un bon ufage dans les ra- ou n'ont pas une pente proportionnée à l'écou-
goûts. ,
lement des eaux , il a été nécefiaire de pratiquer
Quand la Chine ne leroient pas
les terres de un grand nombre d'Eclufcs. On les appelle ainfi
aulli bonnes profondes que nous lavons
&: auffi dans les quoiqu'elles foient bien difte-
Relations ,

dit, les feuls elles font coupées , fuf-


canaux dont rentes des nôtres. Ce
font des chutes d'eau, &
firoient pour les rendre extrêmementfertîlcs. Mais comme des tori'ens qui fe précipitent d'un canal
outre l'abondance qu'ils y portent , le com- & dans un autre, plus ou moins rapides, félon la dif-
merce qu'il y facilitent , ils en font encore la férence de leur niveau. Pour y remonter les bar-
beauté. L'eau en elt claire, profonde, coule fi & ques , on fc fert d'un grand nombre d'hommes,
doucement , qu'on a bien de la peine à s'en aper- qui font entretenus pour cela auprès de l'Eclufe.
cevoir. Il y a pour l'ordinaire dans chaque Pro- Après avoir pafliî des amarres à droit &
à gauche
vince un large canal qui tient lieu de grand che- pour faifir la barque , de manière qu'elle ne puif-
min , renfermé entre deux petites levées , revê- fe pas échaper , ils ont plufieurs Cabeftans par le
tues de pierres plattes ou de tables de marbre moien defquels ils l'élevent peu à peu à force
groiTier , engagées dans de gros poteaux de mê- de bras,jufqu'à ce qu'ellefoit danslecanalfuperieur
me matière, qui les lient cnfemblc par des rainures, en état de continuer fa route.
comme nous avons coutume d'en ufer quand nous Les Chinois , non contens de fiiire des canaux
'.^1 pour la commodité des Voyageurs , en creufent
I travaillons en bois.
Durant guerres on a eu fi peu de foin d'en-
les plufieurs autres, qui fervent à recueillir les pluies,
tretenir les Ouvrages publics , que celui-ci l'un , dont ils arrofent leurs campagnes au tems de la
des plus beaux & des plus utiles de l'Empire , a féchereflc , fur-tout dans les Provinces du Nord.
été ruiné en plufieurs endroits. 11 elt pourtant Durant l'Eté, on voit tous -les Païfans occupez à
encore d'un grand ufage pour refferrer les eaux du élever cette eau dans une infinité de petites ri-
canal, & pour fervn- de chemin à ceux qui ti- goles qu'ils pratiquent au travers des Champs.
rent les barques. Outre ces digues, on a bàli Ils font en d'autres endroits de grands refervoirs
une infinité de ponts pour la communication des de gazon , dont le fond eit élevé au defilis du
terres ils font de trois , de cinq ,
; de fept ar- & rez de chaufiee ,
pour s'en fervir au befoin. Ou-
ches celle du milieu efi extraordinairement hau-
;
tre cela dans le Chanfi , &c dans le Chejtfî , ils
te, afin que les barques en paiTant ne foient point ont par-tout au défaut des pluies des puits de
,

obligées d'abailVer leurs mats. Les voûtes font quatre-vingt à cent pies de profondeur , dont ils
bâties de grands quartiers de pierre ou de mar-
, tirent l'eau avec un travail incroiable. Que ii
bre ,& très-bien cintrées, les apuis très-propres, l'on trouve par hazard de l'eau vive par le Païs,

l"f
& les piles fi étroites qu'on s'imagine de loin que il faut voir avec quelle adreffe ils s'en fervent ils ;

toutes arches font en l'air.


les On en voit ainfi la foûtienncut par des digues dans les lieux \^%
prefque par-tout d'efpace en cfpace, quand le & plus élevez ils la détournent par cent endroits
;

canal efl: droit, comme il l'efl: ordinairement, cet- difièrens , afin que toute la contrée en profite % ils
te longue fuite de ponts fait une efpèce d'allée qui la partagent par des faignées , félon le befoin que
a quelque chofe d'agréable de magnifique. Ce& chacun en a ; de manière qu'un petit ruifieau
grand canal fe décharge à droit & à gauche en bien ménagé fait quelquefois la fertilité d'une Pro-
plufieurs autres petits, qui fe divifcnt en un grand vince.
nombre de ruificaux, lefquels vont aboutir à de Les Rivières de la Chine ne font pas moins con-
gros villages , ou même à des villes confiderablcs, fiderablcs que fcs canaux. Il y en a fur-tout que
Quelquefois ils forment de grands baffins , des les Relations ont rendu célèbres. La première fe
étangs, des lacs dont les terres voifines font arro- nomme Kiam , ou Tamu , qu'on traduit ordinai-
fécs; de forte que cette eau fi pure fi abondan- & rement le Fils de la. Mer. Mais le P. le Comte
te, embellie de tant de ponts , reiFerrée par tant croit qu'on fe trompe , car la lettre dont fe fer-
de levées propres &: fi commodes , diîbribuée
fi vent les Chinois pour écrire Tarn elt différente
également dans de vafl:es plaines , couverte d'une de celle qui fignifie la Mer , quoique le fon &
infinité de bateaux &de barques, couronnée, Ji & l'accent en foient femblables. Ce fleuve prend
j'ofe ainfi parler , d'un prodigieux nombre de vil- fa fource dans la Province de Tunnan , traverfe
lages &de villes , dont elle va remplir les fof- celles de Sonfchiien , de Mouquan , de Nanquin,
fez , &former les rues , fait non feulement le & après avoir arrofé quatre Roiaumes dans l'éten-
plus fertile , mais encore le plus beau Païs du due de 400. lieues , il le jette dans la Mer Orien-
Monde. Les Chinois difent que ce Païs étoit tale vis à vis de l'Ile de Ipnmmïn , formée à fon
autrefois tout-à-fait inondé , qu'à force de tra- & embouchure par les fables qu'il charie. Les Chi-
vail on en fit écouler une partie des eaux , rete- nois ont un proverbe qui dit, La Mer n'a point
nant le reite dans ce grand nombre de canaux de bornes , h le Kiam n'a point de fond. En
qu'on ouvrit pour cela de toutes parts. Si cela eft, effet en quelques endroits , ils n'en trouvent
on ne peut allez admirer la hardielfe ik. la con- point en d'autres ils prétendent qu'il y a deux à
;

duite de leurs Ingénieurs, qui ont crcufc des Pro- trois cens brades d'eau. Il a devant Nankin , à

vinces entières , &


fait naître d'une efpèce de plus de trente Heues de la Mer , une petite demi-
Mer, les plus belles & les plus fertiles plaines lieuë de large le pafiage en efl: dangereux,
; de- &
du monde. Parmi tous canaux des Provin-
ces vient chaque jour plus fameux par les naufrages.
ces Méridionales , il y en a un qu'on nomme le Dans fon cours , qui eft très-rapide , il forme un
grand Canal qu'il traverfe l'Empire depuis
parce grand nombre d'Iles , toutes très-utiles à la Pro-
i Canton qui
,

au Midi , jufques à la ville de


elt
Pékin, fituée dans la partie la plus Septentrionale.
vince, par la multitude des joncs de 10. à 12.. pies
de haut , qu'elles produifent &
qui fervent au
Mais parce que dans cette étendue de plus de chaufage de toutes les villes d'alentour ; car à pei-
quatre cens heués, les terres ne font point égales,
|
ne a-t-on affez de bois pour les bâtimens les &
Vaif-
SUR LA CHINt:.
VaifTeaux. Elles font d'un grand revenu , Se leur puilTance ell extraordinaire. La Chine elt
l'Empereur en retire des droits confiderables. La tellement peuplée, qu'on y a compté quelquefois
Rivière que les torrcns des montagnes enflent jufques à foixante millions de fujets qu'on pou-
quelquefois extraordinairemcnt , devient fi rapi- voir mettre à la Taille. Ses Rivières font fi cou-
de, que fouvent elle emporte ces Iles, ou les di- vertes de bateaux , qu'on tient qu'il y en a au-
minue de la moitié ; par la même railon elle en tant que dans toutes les autres parties du Mon-
forme ailleurs de nouvelles , Se l'on eti: tout fur- de enfemble. Son Monarque jouiflbit d'un re-
pris de les voir changer de place en peu de venu de cent cinqur.ntc millions d'or , ou , félon
tems , comme fi en plongeant elles avoient pafie quelques-uns , de quatre cens millions de Du-
fous l'eau d'un lieu en un autre. Cela n'arrive cats. De plus, ce Roiaume cil: féparé &
com-
pas toujours; mais toutes les années, il s'y trouve me retranché par cette fameufc muraille, dont il
un changement fi confiderable , que pour ne s'y y a peu de gens qui n'aient ouï parler ; muraille
pas tromper on les fait mefurer de trois en trois forte ik longue de quatre cens lieues , haute de
ans, pour en augmenter ou en diminuer les droits, quarante-cinq pics , &
épaiiié de dix-huit ou
félon l'état où elles fe trouvent. vingt. Enfin la Chine e{l ii peuplée , que quel-
Le fécond Fleuve de la Chine fc nomme ques Ecrivains ont dit que ce n'étoit qu'une leule
Hoamùo, c'ell-à-dire la Rivière Jaune , parce que ville, à caufe de la multitude de fes Habitans.
les terres qu'elle entraîne , fur-tout an tems des Avec tant de forces &
tant de précaution,
pluies , lui donnent cette couleur. On en voit qui pourroit fe l'imaginer? cette Monarchie, qui
pluiieurs autres, dont les eaux, en certain tems fembloit^en état de faire trembler l'Univers,
de l'année, font fi chargées de limon fi &
c- n'a jamais eu le plaifir de goûter un vrai repos,
paifles, qu'elles reflemblent plus à des torrens do puifqu' elle ne s'ell jamais trouvée en fureté.
bouc, qu'à de véritables Rivières. Le Hoamho La grande muraille n'étoit point un rempart af-
prend fa fource à l'extrémité des montagnes qui fez_ puiflant pour la garantir du pillage. Les
bornent les Provinces de Soutchouèn :\ l'Occi- Chinois conviennent eux-mêmes qu'ils ont été
dent; de là il fc jette dans la Tartarie, où il cou- toujours expofez aux courfes , aux irruptions
;
le durant quelque tems le long de la grande mu- & , fuivant leurs Hiitoricns , les Tartares ont
raille, par laquelle il rentre dans la Chine entre les defolc la Chine pendant quatre mille ans. La
Provinces de Chanfi & de Chenfi. II arrofe en- durée ell belle &: longue , comme vous voiez:
luite celle de Honan, Se après avoir traverfc une comment , pendant cette nombrcufe révolution
partie de la Province de Nanéîtt , & coulé plus de liècles , nos Chinois ne fe font-ils point a-
de fix cens lieues dans les terres, il fc jette en- gucrris ? Ils l'ont fait fi peu , néanmoins, que
iin dans la Mer Orientale non loin de l'embou- loin de fe mettre fur l'olfenfive , & d'être ja-
chure de Kiam. Ce Fleuve a Mi autrefois de mais les Agreilcurs, c'étoit une grande rareté loi-f-»
grands ravages dans la Chine, & on eli: encore qu'ils marquoient ailez de cœur &de refolution
aujourd'hui obligé d'en foùtenir les eaux en cer- pour fe défendre.
tains heux par de longues & de fortes digues; Ce vaile &
puiiïant Empir-c , qui , félon lesi
ce qui n'empêche pas que les villes d'alentour Annales Chinoifes , fut fondé par Kohi
, dont
n'en craignent les inondations. Aufïi a-t-on eu le Règne dura cent quinze ans ; il
y a bien long-
foin dans la Province de Honan, dont les terres tems de cela , c'étoit deux cens trente-neuf ans
font bafles , d'entourer la plupart des villes , à avant le Déluge cet Empire , dis-je
; paflâ dans
,
un demi-quart de lieue des mui's , d'une bon- le dbc-feplièrae fiècle , fous la domination des
ne levée de terre revêtue de gazon , pour fe Tartares: Xunchi, leur Empereur , entreprit cet-
précautionner contre les accidens, en cas que les te Conquête importante en mille fix cens quarante'
digues fe rompent, comme il arriva vers le milieu trois ; &
ce grand ouvrage fut accompH en moins
du fiécle paifé. Car l'Empereur voulant obliger de fept ans.
un Rebelle, qui tenoit depuis lougtems la ville On donne quelques caufes à cette étrange
de Honan étroitement aifiegée, à fe retirer; il révolution. Les Chinois s'en prennent à
leurs
tit rompre une partie des digues, pour noyer chevaux, qu'ils diiênt ne pouvoir fouffirir la vue
l'Armée ennemie. Mais le fecours qu'il donna à de ceux des Tartares ; &
on conjecture , non
la ville lui fut plus funeile que n'auroit été la fans fondement , que les Chinois , aux appro-
fureur des Alfiégeans; prefquc toute la Provin- ches de l'Ennemi , n'étoieni: pas moins
eftraiez
ce fe trouva inondée, avec plufieurs villes & un que leurs chevaux , ce qui fignifie une timidité
grand nombre de villages, & plus de trois cens naturelle à la Nation. Enfuite , on accufe l'an-
mille peribnnes furent fubmergées dans la Capitale. cien Gouvernement d'avoir donné trop peu
Si la Nature s'ell comme épuifée pour faire d'émulation aux Armes ; les Gens de Lettres
étant
du bien aux Chinois , & pour les enrichir , elle beaucoup plus conlîderez que les Gens d'épèe.
ne leur avoit pas infpiré tout le courage dont ils Enfin , l'ambition &
la révolte des Grans : les dif-
avoient befoin pour conferver ces tréfors , & férentes Factions , dit mon Auteur, qui fe for-
pour fe maintenir dans leurs pofielfions. Cette mèrent entre les Mandarins , c'ett-à-dire Offi-
Nation, à ce qu'on prétend, étoit plongée dans ciers , ou Magiilrats , qui tous afpiroient à
les délices relie avoit abandonné l'ufage des armes gouverner abfoluracnt chacun dans fon Rcflbrt ,
;

fe contentant de fe battre à coups d'ongles, que cauferent dans le Roiaume de terribles révolu-"
ces Peuples laiiToicnt croître à ce fujet-là, de mê- tions
; &
les Tartares lurent fi bien faire va-
me que leurs cheveux qui faifoient leur principal loir la conjonéfure , &
faifir l'occafion , qu'ils ^.ï
ornement. Auilî leurs voifms fûrcnt-ils bien faire s'emparèrent de tout. Avant la Conquête les Gou-
leur profit de cette indolence & de cette douceur. verneurs écoient Maîtres , chacun dans fa Provin-
Rien ne manquoit d'ailleurs aux Chinois , pour ce ils fe flatoient que leur Politique feule ren-
:

bien faire la guerre : l'idée qu'on nous donne de droit l'Empire éternel. Comme on les choifilToit
Mmi dans
h:- .%

DISSERT. GENER. SUR LA CHINE.


dans les Collèges des if /ïrc;:; ils ncgligeoicnt la Guerre i fc En effet ces Gouverneurs Chinois , après avoir fait les derniers

fouciant peu d'y exercer leurs VaHàux ce qui fut bien favo-
: outrages aux Marchands Tartares qui traiiquoientcbezcux,
rable aux Conqucrans. Ceux-ci, pourfe maintenir dans leur les dépouillèrent de tous leurs biens j s'oppofcrentunaniine-

uiurpation, prirent le contrepié. Jls ont établi dans chaque menta l'Alliance que le Roi de Niuche avoit faiteavec celui
Province des Officiers Militaires , ou des Commandans,qui deTanyn,qui devoit epouièr fa Fille; £c s'étant làîfisduRoi
"s'appliquent: àinfpireraux l^euplesle génie des Armes, ficqui de Niuche, par une trahifon effroiablc , ils le firent mourir.
ont foin d'aguerrir les Sujets. Les Mandarins ne font char- Le Fils &
Succeflèur de ce Monarque, voulant, comme derai-
&
de Policeicncorefont-ils fon & de nature, vanger la mon de fon Père, allemble des Trou-
gez que des affairesde Judicatuie
pes, fe met à leur li-ie, les mené par uneRiviereglacce, & franchil-
dans leuv Diitrift fubordonnez aux Lieutenans Tartarcs-, ce lânt la grande muraille, il enircdans la Chine en 1616, s'empare &
quin'cll: pas, pour ces Riûclcls dépouillez honoraires, un& de Kaiven, ville Irontiere de l'Empire. En m6me cems le Koi de
léger fujet de mortilîcaiion. Niuche, pour jullifier les armes, fait favoicà Van Liéquï reijuoit
Un Ecrivain nous donne en abrégé l'hiftoire de cette fa- alors, <]ae tes MaadariMS qui avaient fuit mourir iâihemeat fon Pa-
re , l'avaient obligé à ce qu'il faifoît ; mais que fi on voulait lai faire
meufe Révolution ;&jecroi ne pouvoir mieux faire qucd'in-
ferericice curieuxmorceau,Cci-'aÏ3-là,dit-i!, a été de tcms
u»e fatiifaélion cattvenabte y
propartiormée à l^auirage , il était prêt

immémorial gouverné par un Roi ou Empereur, que la


de rendre la Place furprife, £7 Je finir une Guerre que la Nature ^
le Droit des Gens rendoiest légitime.
ÎJacion furnommoit le Fils du Ciel, 5c qu'elle adoroit com- Ce Roi de Niuche pouvoit-il parler plus rairouiiablement ? Com-
me une efpccc de Divinité: ce Dieu mortel refidoit à Nan- bien de Princes, ïio/re Chrétiens , fe trouvant en pareil cas, n'ao-
roicnt pas la même modération! Cependant, on répondit mal à la
jtin; &
par rucceflion de tems, à Pékin, Quoique la Chi-
propofiiion ;&mal en prit à la Nation Chinoife. VanLié,quid'ait-
ne ait pafTe fous une domination ctrangere, fon ancienCou- leurs étoit tjon Prince , commit une lourde faule dans cette affai-
vernemcnt n'a pas beaucoup change. Le Grand Can de re-là: il en renvoia la connoiifance aux Mandarins, qui, dès-là,
Tartaric, qui s'empara de cetre piiiliànte Monarchie, confcr- devenaient Juges &
Parties;& ceux-ci ,fe formalîfani de ce qu'un
va dans la ville Impe iale de Pékin fix principales Cours petitRoi , qu'ils traîtoient de Barbare , avoit oR s'adrelFer à nu
Confcil d'Etat, qui nomme grand Empereur, ils ne daignèrent pas lui répondre.
Souveraines. La première cft le
& Le Tartare, outré de ce mépris infuliant , jura de ne defarmer
de droit & d'autorité, les Magillrats les Juges des Pro-
qu'après avoir immolé deus cens mille Chinois aus Mânes du Roi
vinces. La féconde Cour cft un Bureau des Finances pourre- fon Fere ; & pour décharger fa Confcicnce par l'accomplllfemeut
cevoirles deniers du Prince. La rroificme a infpcftion furies d'un vœu fi liumaîn & lî édifiant, quelle Religion il alîiegea avec !

Temples, les Prêtres, les Sacrifices, les Cérémonies, les cinquante mille hommes, toute Cavalerie, Leaoyang, Capitale du
Ambalîades, les Rejouillances publiques, les Mariages; Lcaotung. Quoique la Garnilbn fût fort nombrtule, pourvue' de
Munitions; a que les Alliegeans n'euifent pour armes, que l'Arc
cnfintoutcequi a rapovt aux fonctions du Culte Divin &:au
& le Cimeterre , ils ne lailierent pas de forcer la Place. Ils en
Droit deî Nations. La quatrième, pour la Guerre, l'in- prirent plulieurs autres , fur-tout Quamnin une des meilleures
,

tendance des Emplois &: tout ce qui en dépend. La cin- de la Province. Enfin, ces rapides Conquerans percèrent jufqu'à
quième, pour les Bàtimens publics, comme Ponts Se Chauf- Pékin : mais refpeiftant la Capitale de l'Empire ; ou pluiôl crai-
fées, Murailles de villes, Palais, Vaideaux, le.: Apanages & gnant d'être cnvelopez & accablez par l'Ennemi, qui accouroit de
toutes parts , ils jugèrent à propos de fe retirer. Ce ne fut pas fans
des Princes du Sang. Enfin le fixième &: dernier Tribu-
piller toutes les richeifcs des villes forcées ; & fans brûler celles
nal, pour la Procédure Criminelle. qui fe defendoient.
ily a dans chaque Capitale de Province les mêmes Tri- Deux ans après ils firent une nouvelle irruption ; la réiiffiteen &
bunaux, mais qui relTortilTcnt aux Cours de Pékin; ce & futlîheureufe,que le Roi de Niuche, fous le nom de Thîen Min»,
font les Magiitrats de ces Jullices Subalternes qu'on appelle prit le titre d'Empereur de la Chine. C'ell ce Prince quieJlChef de
la Mailon Régnante.
proprement Mandarins^ du mot Portugais ilftîWiîr, qui, je
Cependant les Mandarins, voiant combien le danger pteflbit, fi-
croi, fignifie Commander par comm'ffion. Ces Mandarins rent les derniers efforts pour l'écarter. Ils alfemblerentunc Armée
donc rendent raifon de leur Adminilbation,chacunfelon fon de fix cens mille hommes tous choifis , outre douze mille Auxiliai-
Office, auxTribunaux de la ville Impériale. Outre ces Ma- res ; & au commencement de Mars 1619, ils marchèrent contre

giftrats fubordonnez, l'Empereur en a encore dans chaque l'Ennemi, On vît dans cette occalion-là que le nombre ne peut

Province deux autres, qui font ordinairement des Grans de rien contre valeur; eut le Ror de Niuche, qui, pcut-iire, étoit
la
inférieur des trois quarts & demi, défit ce Monde de Chinois.
hCouril'un, qu'ils appellent î«/a»^,eft comme un Viceroi Depuis ce temsià, le Trône de la Chine fut vivement difputiï
tricnnaire,qui a infpcéiion fur toutes les Cours de la Provin- entre les deux Rivaux: il y eut des révolutions fanglantes 6e ruï-
ce; l'autre, qu'ils nomment Cyaiven^ elt une efpèce deCom- neufes: pendant cette longue &
cruelle GucrrejIaFortunebalança
miffaire général & ambulant, établi pour veiller fur la con- plus d'une fois les Tartarcs furent battus en cettaines occafions ,
:

duite,non feulement des Mandarins , mais même duTutang. & firent des pertes confidcrables : mais enfin la Providence, qui
difpofe, comme il lui plait, de la durée des Empires les plus puif-
Autantqueje m'yconnoi5,on ne fauroit concevoirunpUis
fans, comme de celle des moindres Mortels, fe déclara pour les
bel ordre ;& qui ,en examinant bien la chofe,n'r>uroitjugé, AKreireurs;& en i6jo, Xunchi, après fept années de difpute mar-
qu'une Monarchie ainfi admîniil:rcc n'avoit rien à craindre ni tiale, devine paifible poirefïeur de cette grande &
belle Monarchie.
au dedans ni au dehors? La Chine fut pourtant aiïiijettie, ce Cet Empereur mourut en ifidi; &
avant de mourn il nomma pour
puiflànt Empire tomba fous le joug peut-être ne fera-t-on
:
fon Succcifeur Hoei, quoique le plus jeune de fes Fils.
pointfàchéde trouver ici l'occalion de ce grand raie évé- & Vers la fin du fiècle précèdent on publia dans la Lettre d'un
MilTionnaire, en date de 83, une nouvelle bien curieufe, très- &
nement. propre à nous donner une Jufie idée de la grandeur de la puî^-&
La pauvreté aiant ô:é aux Habitans de la Tartaric Orienta- fance du Monarque de [a Chine, L'Empereur, difoit-on, a fait
le ou de Kin, tous les moicns de faire la Guerre, ils fe tour- depuis peu une partie de ChaflTe dans la Tartarie avec l'Impératri-
nèrent entièrement du coté du Commerce, £c cela, fur la ce fon Aieule, &
fa fuite étoit compofée de trois cens mille hom-

permiffion,en vertu d'un Traité, d'entrer, tous lesans,dans mes tous bien armez. Le but de ce Prince, en fe faifant fi bien
accompagner, cft de tenir les Troupes en haleine, les Rois &
Ja Chine par le Lcaotung, A quelque extrémité qu'ils fulfent
ValTaux dans le refpeâ. II fait quelquefois entourer des Monta-
réduits, ils s'enrichirent infenfiblcment par les marchandifcs gnes &
des Campagnes de dix lieues, pour enfermer les bStes qu'il
dont ib trafîquoicnt ; &
il fc fit chez eux une tellepropaga- vent chaffer. Cela s'appelle fe divertir a grands frais, prendre fes &
tion, qu'ils fe trouvèrent en afiez grand nombre pourfcparer piailîrs d'une manière formidable. Je m'imagine que quandksBa-
leur Contrée en fept Provinces, qui écoicnc autant de petits neans &
les Mt-teniplrcofiftes de ces Païs.là voient une telle chaÛc,
ils font dans une grande defolation; mais plût au Très-Haut que
Roiaumes. Mais comme les Souverains qui avoient partagé
toutes les Armées qui roulent fur la furtace de la Terre , fufl~ent,
cette Tartarie,ctoicnt toujours en divifion, ce qui neman- comme celle ci, uniquement deflinées à exterminer les bi-tes féro-
que guère d'arriver entre de petits Princes ambitieux, ces ces, & à empêcher les hommes de s'entr'égorger!
l-'euples,plus fagcs en cela que leurs Condu£teurs,changerent S'ilenftut croire un Hiflorîen , nos Chinois font d'une Ignorance
la forme du Gouvernement, réunirent ces fept petits Roiau- crafie: toute leur étude, dit-il, fe borne à apprendre à lire & à écri-
re; encore y en a-t-il peu qui y parviennent, même jufqu'à la médio-
mes en un feul Etat ; &lui donnèrent le nom de Niuche.
crité. Mais Geof;raphes parlent bien fur un autre ton. Au témoi-
les
Ce nouveau Roiaume devint fi floriffimt depuis ce tems- gnage de l'un, les Chrnois aiment les Sciences, font fplrltuels, po-
1 ]à,quelc!sMandarins, ou Gvans de la Chine, s'apperçarent
bien que cette Fuilfaucenaiffimteferoit préjudiciable l l'Em-
litiques, & fort induftrîeux. Un autre s'en explique plus pofitîve-
ment, & en ces propres termes: On peut dire fans eïageratlon, que
pire, fi on ne prcnoitfes précautions: mais au lieu de prendre prclqiiciousles Arts&touies les Sciences ont eu cours dans la Chi-
des moicnsdei;igcne&: de prudence pour détourner le mal, ils ne: & on y voit d'cxcellens Géomètres, Arithméticiens, Aftrono-
mes. On ne voit guère de contrariété plus formelle: mais j'oferols
l'avancèrent, offrant d'eux-mêmes au Roi de Niuche une
bien avancer que Monfieur l'HIftorien, grand homme, perdroît fon
occafiondepunirleur infolence, leur perfidicSc leur cruauté. Proci;s devant le Tribunal de la Vérité.
SUC-
, , . , ,

'P^S -^i^

CHRONOLOGIE HISTORICLUE DES EMPEREURS CHINOIS.


Remarques fur les princip^x Evénemeiis de leurs Règnes.
Avec des
EURS ELUS.
Peuple! dit le P. le Comte quî nous elî marqué par la Vulgare
PO-HI, IL civilifa les ,

hronologie.
I
n'ell pas trop long pour judifier leur (.

Il rïgna [15.I venta 1.» Muliiluj Outre !cs IX. Rois ou Empereurs, dont nom venons de par-
l^oli; de laNjri m
- , on compie XXll. Familles différentes qui ont occupé le
Empereur; , :.! tônc fuccellîvenient , & qui ont donné 1^6. Empereurs.

\ katis

XIN-NUM. I, FAMILLE, irr'h HIA, a XV IL Empireun ,cr a


duri .i;¥. a
lia l' Agriculture <y
la Médecine; fin r'cjne
dura 140. «II.
YU T A yu, |TL fut f.mdateii
* riale (innommé
efl-^-din Yu te Grand,

L un Temple appelle le Tt •gan ans avec Xhb, pire en neuf Pro


HOAM-TI, bâtit
MO «..M
\-i.

nûmmé bat fjuel^uti-uai p!e de la Pain, orni ftrétedunt

Fondalfar deiu Monur- dème , & ciioiiit l.i couleur jau


défendu a tous (es Sujets. 11 per- T!-HT. T L perfeftionna la Mufiqi
chie farte -jw'r' rtnSt , ..
* Ipî Darirei!
,

Mufique finfiii.r\gna<),<i uï-TiH les Danfes mcfiirep'


mefurees,
telEial film priffant feeiionna l'Allronomie , i*

Se la Médecine.
TAI CAM I L s"adonna à la cfiaiTe à fes plai- &
XAO-HAO, L bâiir plufieur? villes, inventa ui
^iiis , &
abandi'nna le foin des arfsi-
I
' nouvelle Mulique , Si diltiribiua 1
re. de l'Etat, dont fadminidraiinn fut
confiée à Churn-Çam , fun frère
tien , r'egna 84. * principaun Officiers de fon Royaui:
p.ir les figures d'Oifeaux pJ d,- Bêi

Quïages que les Grands portent enc


re à p lé lent. CHUM-CAM I L fe fit admirer par fa prudence.
jr^^nri 1
i. ans. aprii fin
CHl'EN HIO ordonna q I L fut picuï ; IJ
'Jrir,.

>è aupir'vani 'pirteniiitqu'j l'Empereur delà Tette


jTl-SIAM. IL fe déchargea de la conduite
Cao-Yain, reina iS. de facrifier à l'Empereur du Ciel & ,
Royaume
\rî^na 17. »» a- fui fur un Minifire d'Etat, qui
défendit à fcs Sujets de faireaiicanfa-
I donna lieu à l'L'furpaiionde Hanzo. I
; à Dieu. 11 dteiTi un Calen^lrier ^

'on fuit encore dans la Chine.


._ .. nençsnt l'année â la Nouvelle HANZU,
hifurpaietir
Lune la plus proche du commence , i

du P noteras.
T L remonta fur le Trône de fon Pè-
époufaouatre femm«, fonda plu-
I

I.
I , re, Jk rétablit les Lois du Royaume.
' pour inllruire la Jeu-
fleurs Collèges
Cào-Sin , i'adenna i la nelfe de fon Royaume, Sijouïtd'un
pieté, a- rigia 70. paifible.

CHI, unâe feifihjH!


frivé de l'Empire afrh L
vécut dans foifiveté Scdansleidé-
Mrjouï huit a TI-HOAY I
' lices , abandonnant le loin des affai-
rlgua i6. ani.
res à fes Mjnillres.
T L fe îuftice&
rendit ilUiflrc par fa

par fa libéralité. Pendant fon rè-


TI-MAM IL viliia les Provinces Orientales de
'
Tao , rigita ^ne, il arriva dans la Chi.ieun Délu- * fon Empire & apaifa pluficut
,
ge qui dura neuf ans. H en fit con-
vol tes,
djire le^ ei\uï da^s la Mer , par des
i.auiux artificiels , ce qui lui fit ga-
couronne.
IL accorda quelques ritresd'hon
gner la

XUN IL étoit excellent Muficien , & jouûit L vainquit neuf Princes ou petits
appelle Yu * parfaitemen'. des Inftiumens. Tl-PUiaAM i

Rois qui l'étoient fuûlevei conrre


18 nnidWcYao, .i après quoi lun règne lut paifible.
,

aljocii à fEm I L fut le dernier des Rois Eleftifs


régna feul qui ont polVcdé l'Empire delà Chine
fuii il
I L rhaifa CumKia , fils de Ti-Pit-
durant l'efpace 'le 738- ans : enfuÎTc
de quoi il ed devenu héréditaire
^kiam , & légitime Succeifeur de la
Couronne,
Familles marquées ci-après.

-KIN, s'adonna à fes plaifirs , & aui S


llitions que fes Prédeceflei
Chronologie des Chinois, fil! de Ti-Kium
Quelque incroyable que paroilTe la
;nt condamnées.
m la peut pomtait concilier avec celle de la Bible
n habile Ecrivain
que ""'"^

fuivons. n n'y auruit qu'a fupoter av



,
879- CUM-KIA,
moderne, que N^ë qui eft auffi 1944.
ce de J E S U S-C H R premier Empereur
l S T , ell le F..Èi ,
fils di Ti-Pitlciitm ,

des Chinois, Le Portrait que ceux-ci font de Fdèi ne convient


point mal à Nm; &
ce n'ell pas une chofe extraordi p Ut aulTi lâche & auffi efféminé que
plufieurs Peuples ayeniresar.déWoÉcommeleurfondateur, Ileft
TI-CAO *^
fon Père.
le Smarne dont patient les Poètes; fes trois fils Sem,Cham & régna tmzi ar.

& y^'phii, font le Jufiier , le Neptune 8i le Ptuton des An- TI-FA T L fut un peu plus réglé que les deux
ciens. Cela néanmoins ne feroii pas une raifon fuffifantepour
établir cette fupyiition ; d' autant pluî que les Annaliftes raê-
de la Chini ns conviennent pas entt'eux. Su-ma-quam
,L's plus célèbres , ne fait commencer leur Empire qu à
de fa vie. 11 fit taire Tin Lac de vin
Fi-ii , lîo. ans plus tard que Fobi. Sans parler des fables
il300Q. hommes fe baignoient en f:
dont leur Hiiloire elt remplie il fuffit de remarquer ce que ,
télénce: &
une Tour bâde de Jafpi
ire le Comte , tout porté qu'il eit à faire valoir tout ce
ne laiffe pas d'avouer Savoir , que
& d'autres pierres précieufes, en fa
fient de la Chine , :
de feSConcubines. 11 mou-
l'Hiftoire populaire de cetre gr.uvle Monarchie eif non feule-
'

rut hors de la Chine , d'oii il avoit


ment doutcufe , mais encore maniFeftement faulTe , car elle ; & la Couronne
compte plus de 4^00. ans depuis la fondation de l'Empi- dans une autte Famille.
re Cependant , pour ne paroître pas méprifer ce que plulicuri
cntieut elliment fi fort, nous dirons que les Savans même de
la Cliine donnent beaucoup plus
de 4000. ans d antiquité
à le'Jr Empire qu'ils font remonter leurs premiers Rois plus
;

haut que toutes les Hiftoites ptophanes ; « que


le lems me-

Tom. V. .

'

"^l
,, a

mm

h: A
i
r
' 136
II. FAMILLE,
CHRONOLOGIE
X\M, m
no!7>mie
HISTORIQUE a %%.Em$mitTi,o- a

1766. CHIM-TAM T L coiileutblanchepoutfes


choilit la IjLr.,..laenTiran, & exerça de gran
fut Ch,r di U il. F.I- Drapeaux ou Enfeîgnes, au lieu de fin fils , régna 31. -, '
des ^.jautei
«.^ cru fur les Sujets. 11 febrù
milie Impcriali , ^ rj- la noire que la Famille Hia avoît prif^ la dans fon Palais, fut le dernier di&
la Famille ^am.

TAI-KIA IL fut fort aimé, à caufe de fa bonté III. FAMILLE, n«] nmée CHEU,, « ÎS- Emperears , cr
rign» 33. a»(, 8c de la douceur envers Ton peuple, I duré S73. ans

V O-T M 1
I
L régna heureurement, par les con-
VU-VAM, [L vainquit le Tiran Ckcu, & prit
r(£M 15,, ani. fdlsdY-Yn, fou Miniilre d'H tai. Chef de la lll. Familh pour fcs Etendards la couleur de
Imfèriali , rigna 7, ans pourpre.
TAI-KIM
fuwla i fon fr\r, O CHIM-VAM, I L règua heurcufement.
rigna ï;. a»i. fin fils, rigna 37. ans.

SIAO-KIA, C H A M-V A M [L vécutdanshFaix,


5 On règne fut paifiUe. 8c réiablil l'A-
/on fil , re^na 17, ««f. régna lâ. ans, griculture.

YUM-KI, I L calma quelques troubles qui s'éle- CHAO-VAM [


L étoit exceŒvement adonné à la
fonfriri, riguan.ans. vèrent dans Ion Royaume pailarcvol- '''£»«
S'- "« cliaffe , ce qui le rendit odieux à fes
tedesPrinces tribuiaires. Sujets.
I

T AI-VU, t
^On règne fut ptcfquc toujours pai- MO-VAM IL fit la guerre aux Tariares
, qui
[on/rire, r't-gna 7j., rigna 5;. ans. prirent !a fuite.
1*- ^^
CHUM-TIM, I

J
L arrêta les couifes des peuples bar- tL aimalesplaifirsj&futunpcuctuel.
fanjiis , régna 13. . baresqui entrèrent dansfonRoyaume.
j.j

V AI-GIN I^Ous lui commencèrent les guerres


YE-VAM 1 L ne lit rien qui fût digne d'un Era.
rigna ij, ans.
rigna 15. ani, il é il cnire les Frères & des Ei-
les Fils pereur.
friri du }récédtnl. pereurs défunts, pour Succellion à
la

I
Couronne. Ces guerres durèrent e HIAO-VAM, 1 L fe rendit maître du Royaume.
viron 100. ans. fonfriri, rigna i^.atis.
I

HO-TANKIA, Y-VAM, f] E fut un Prince timide, & fans ef-


fonfrirt, r'egna p, tm fin fils , rigna 16. ans. prit.

ZU-HIE. JL rétablit la Paix dans fon Erapirt LI-VAM L fut haï de pour fa cruau-
fes Sujets
I
régna ^i. an. J
fon fils , r'tgna 19. ans té, & mourut banni de fon Empire,

IJ06. 7.U-SIN, SIVEN-VAM [L apaifa les Rebelles. 6c fe fit aimer


fin fih, rigna i6.ans. du Peuple & des Sages du Païs.

1490. VOKIA. YEQ-VAM, ] L n'imita point les


venus de fonPè
fenfieri, regaa li.am. fin fils, régna 11, ans. te ; il Ër néanmoins la guerre
aux
ZU-TIM.
Tariares Occidentaux,
""" bataille.
fut tué dans &
1465.
fils de Zu-Sin rigna
,
31, ani. PIM-VAM L chafîa les Tartares, mais les
Rois
rigna jl.an, I
Tributaires de fon Fais fe révolté
M33- N A N-K E M. I L fut troublé dans fon règne par
des
:nt contre lui,
fiit de VoKia, r\gna guerres civiles.
ij. ans. HUOM-VAM JL combattit vaillamment conireles
rcgnaij.ans, Rois revoliei , mais il fut tué
dans
1408. YAM-KIA, U mêlée.
fih di Zu-Tim , rigaa 7
CHUAM-VAM, J
L découvrit unegrande confpiralion.
finfili, rigna i^.ans, dont il punit les Auteurs,
1401. PUON-KEM, j
L apaifa les troubles du Royaume,
fi», frire, rigna iS.am & donna le nom d'r» à fa Famille,
LI-VAM L étoit de la race Impériale.
au lieu de celui de Xatn.
I

SIAO-SIN. |L s'adonna aux plailirs. HOEI-VAM, L vainquit les Tartares.


fonfrni ]
, régna ii. an, fonfils, régna i^.ani.

S r A 0-Y E
2 L palTa fa vie dans l'oifivcté. SIAM-VAM J
L calma les dcfordres du Royaume,
fon jrirt, rignaiS.ant. ''•'S»''33-^'ns.

'314. VU-TIM. ^On règne fut hcureui. JL fe fit aimer de tous fes Peuples.
fin fils , re^na 59. am.

2U-KEM, 5 On règne fut paifible. I^.™'fa la fagefle & U bonté defon


fon fils, régna y. ans,

7. U-K I A , jLfe rendit odieuxparfes débauches, jL aima la Pair.


fin/rirt, régna 34,

LIN-SIN, L imiia les dcfordres de fon Père.


J
/'"fiis. r-ign»6.art>

K E M-T ! M L
(>" frire, régna 11. a J
ne fut guère meilleur quclesdeuï JL naquit avec une barbe,
&futan
autres. I Prmce fort prudent.

VU-YE, QE un Prince impie; il flittué


fut
fin fils, rigna ^. ans. d'un coup defoudre, étant à la chaffe.

TAI-TIM, I L fit la guerre au petit Roi à'Ym {__EcéIèbrePhiIorophéCD»/«H«jmou.


[on rigna 3, ans.
fils, qu'on nomme aujourd'hui Pékin. rut durant fon Règne.

TI-YE, [L vainquit le Roi d'Yen.


fin fils, rigna 16. ans. L fe fit ;r de fon Peuple.
I

J
L fut furnommé le Chafie, parce qu'é-
tant veuf. Une voulut pasfc remarier.
, ,

DES EMPERK u
I
Ani
R CHINOIS,
CAO VAM,/ôn/rï- J
L taa fon frère , pour pofledei- HIAO-PIM-TI, Ç^ E fut un Prince paciliqnC,
ris>iai^.a/tt. Ion puit-neuen rigna
,

GUEI-LIE-VAM
r'/gnai.^ am. JU-CU-YM Eune Enfant, delà famille de Shen-ti.
ng'iai.aa,.
NGAN-VAM ÇOn Règne fepafîa parmi lesttoiibles.
VAM-MAM, 'empara de la Couronne , ma
Vfurpaleur , rigna 14, n ou lui fit fouffrir le dcrnicrii
HE-VAM
HOALYAM-VAM JL defcendoit de Krm-ri quatrième
EN-VAM, IL filjetler dans un Lie ks IS. Vi- Empereur ^lecetiefamille, ikfutpri-
,

fmfrire, Tignii4,i.ani *fes que l'on avoit confervei de . é de la Couronne à caufe defes débau
puis rgjo. ans, comme les Simbole; chcs.
des IX. Provinces de l'Empiie Chi
nois, parce que les plus puifiàns defes
Sujets révoltez tâchaient de s'en rcn
QUAM.VU, L étoic iJTu de Kimii , èi fut un
nomme auparavant Prince doux & de facile accès.
lire les maîrrcs, dans la croyance que
Liru-siiii, rhna 1 î. un».
celui qui pourroitles avoir en la pof
MIH-TI, tL fonda une Académie pour lesjeu-
fcHîon feroit aïïiiré de la Couronne nes Geniilshoiiimes.
Jonj;is, r.:gnai%.an!. Ce fut fous
Impériale. fûn règne que la Sede impie de Foë
s'introduifit dans la Chine.
XTN.CIN.VAM 1 L ne fit aucune aftion digne d'un
reifiitô, ani, * Empereur,
76. la la Paix 5c les Sciences,
I régna ir^.am. I'-
N A N-V A M T L vertueux ; mais Ton règne fut
fut 89. HU TI 1 1- fut le premier qui éleva les Eunu-
iroubiépar les guerres civiles, Irigna i-],aas. ques aux Charges publiques.

CHEU Kl UN, IL furc de quitterle Sceptre, 106. ZAM-TI L éioit fort jeune.
fou feîU-neieii , ri^n & en lui fut i
einte la l'amille de
[

'
Chcu.
NGAN TI L neveu de Cham-ti ; il goui
étoit
IV. FAMILLE, nemmt-, CIN, a «, 4. Empirsun Jurant rigna iç.ani.
I
na fous h conduite de l'Imperat

CHUAM- SIAM- |L fut


43- «"1.

le Chef de la IV. Famille.


famère. La Chineéprouvadefonteraj
de fuiieux treniblcniens de terre.
w
VAM , rigna j, ans. X U N-T I
rigna iç.ans,
XI-HOAM-TI, I Lfe rendit odieux rar fa cruauté. Ce
/on fils aiiopiif , régna fut lui qui fit baiir cette fjmeu'e CHU M-T I Q'Eioit un Enfant de deux ans, qui
muraille contre les incurlions des Tar- «< replia qu'un an. mourut la mëmeannée qu'il parvint
au Trône.

uL-xr, CHE-TI, 1 L fe fit admirer par fa prudence


fi» fils, ri^na i.dns. ijju diCh-tm Ti , rigna * quoiqu'il n'eût que 8, ans.
l^uUmennan.
IM-VAM, H U O N-T I, I L permit la vente des OfEces des &
fin^tv^u./egnafiuli. fin frire ^ régna 11. an. Chaigea publiques , & ne lailla au-
cun Entant , quoiqu'il cftt plus de iix
mille Concubines.
V. FAMILLE, «»mm;»HAN, a tu i^. Empereurs durant
LIMTI,
defiinda de Cham-Ti
régnait. ans.
H!bN-TI nE fut un Pnnce lâche &
fanserpric,
rigna ^t. an. ce qui expoia l'Empire à desfjuer-
res ciiangères 6c domelliques,

^E fut un Prince pieux & pacifique. VI. FAMILLE, no mmée HEU-HAN, na e,t que deu>
Ernpiriuri.

LIU-HEU, ;CHAO-LIE-VAM.| 1 L defccndoit de Kim-ti, & fut Chef


j
auparavant nommé 'de la VI, Famille, dont il n'y eut
Lieu-pi , régna 3. ans, que lui & Ion Succeffeur,
VENTI,
Jilf de Cso-Zu , r'egna HEU-TI
xy ans. de Ion lems dans

VU. FAMILLE, n<


KIM-TI JL fe rendit ijlullre par fa clémence &
r'tgna ly.aas. parfts vidioires.
XI-CU-VU-TI, ]L fut Chef delà VIL Famille,
VU-TI, j L étendit fes ConquétesdanslaTar- fils deSamChao, r\-gna mée Cin , différente d'une aut
rignas4.ant. tatie &
dansl'lnde. Aiant à fa Cour
le d'un Roi Tartare , il lui donna
fils

la charge de Général d'Armée , avec


le nom de Kin , qui a été depuis
,HOE-TI.
'fin fils eini régna 17,
pE fut un Prince fainéant qui , laifTa
, la conduite de fon Royaume à fes
fervé dans cette famille des Tanart . Mi ni II res.
quelle lègne aujourd'hui dans la Chine.
HOAI-TI, Lfutplusdignequel'autre.del'Em.
CHAOTI, QE fut un Prince fortprudent&tr Jîli puîné de Xi-ci
I
pire; raiis un de fes Sujets révoltez
rigna 13. a»j. *^magniâque. •gna ans.
6. le fit mourir , après l'avoir force de le
fetvir à table.
SIVEN-TI.
fin Bsvtu , ffgna ij.

I L retrancha les dépenfes fuperfluës qu;


épuifoient les finances de l'Empire,
neveu du mime Xi-ei
CHIM TI l'adonna aux délices
U _....
, Si n au- II, rîgaa 6, ans.
M M-T 1 i

HI AO-GAI-TI,
fia fils, rigna y ans.
1 L fut aimé du Peuple.
/«» nntu , rigna 6, m

il

i
,

m^Ê m

(
,

iî8
Ans
CHRONOLOGIl : H
Ans
I S T R IQ U E
1
de
J. C. )-'c.

316. CHIM-Tr, tL gouverna fous la conduite de fa K!EN-VENTI 1 L fut tué par le Roi Sea-Kim ,
qui
' étoit un de fes Tributaires.
fmfil!, r-i^aa 17.0»!. 1m ère. «gna 1. ani.

343. CAM-Tl,
fon frire, m ligna qui Sîi. YVEN-TI, r L fut affiègé dans Nankin par Chin-
aurre jili di Cao-fU-'Vn- pa-fien , Roi Tributaire , feit pri- &
3-fî- MO-TI,
Jlti aîné ds Ctin-li, ré-
C E
*^d.nt.
fut un PriQCC vemieus & rra- li, n^na ^.ani. fonnier. Avant que de fe rendre il
rompit fon épée,& brûla fa Bibliothèque
gna 17. ans. qui contenoit plus de 140. mille volu-
3S.. N G A I-T r , JL mourut fort jeune. mes, difant que ni les Armes ni les Scien-
fm fis regnn 4.
, ans. ces ne lui pouvoientplubicivirderien.
3â6. Tl-YE, OE
Prince fut privé de la Couronne
L fut tué deux ans après
fon frire , régna 5. ani. par fon l'reraicr Miiiillie qui lui ,
sss- KIM-TI. T la mort de
donna le Gouvtnicnitnt d'une Place, .™ i, l„ fh , ,;im 1. Ion Pcte.
pour y vivre en pcrfonue piivée. ani.

371- KIE-VEN-TI.
pelit-fils d'Tvtn-H, ne XI, FAMILLE, ».mo..-! CHIN.
régna qat deux ans.
373- VU-TI, 1 L vainquit Fu-Kien qui règnoit dans ÏÏ7- CAO-CU-VU-TI, jL fut Chef delaXI.Famme, dont
fon fil», regnai^.g)i,. *U Chine fuptentrionale ; mais en- il yeui5.Empereurspendant33,ans.
fuite il vécut dans les délices. fa-Jim , r>în. 3. ani.
i6a. VEN-Tl. 1 L aima fes Sujets & enfutaimc; ce
NGAN-TI /~"E tut tin Prince lâche & incapa- f.n frire, r-.,na,..ns. fut lui qui établit la coutume de mar-
397. ,

régna 11. *bi. ble de régner. quer les heures de la nuit par diâêrens
fons du Tambour.
4tp. GUM-TI, T leu-Yu qui de Cordonnier étoit
>» frer. . ne r>£»3 ,«<
,

devenu Capitaine, le fit étrangler. !«7. LIM-HAY-VAM, 1 L étoit fils du précèdent.


lieux ans, cr fat liàtr- pour s'emparer de la Couronne. autrement Fiii ,rigaa i.
nicr de celle R.ics.
,69. SiVEN-TI. I aimoit la Paix L , les Sciences & la
ntuiu de Cao-fH-vu-ti, * Mufique.
VIII. FAMILLE, nommfe SU M, a eu S. fmperiiirs.
pendant 5p. ar,!. ,

!»! CHAM-CHIM- T L s'adonna \ fes plaifirs , & fut chalTé


411. CAO-CU-VU-Tt, ï L fut Chef de laVllI. Famille; &la CUM, du Tronc.
auparavant ncmmi Chine, fous fon Rcj^ne , fut divifée ,
An fils , r-esna 7. ans. '

Lieii-Ta ne r'egna ^ue en Empire Aufiral &: Empire Septen-


il ,

trional.
XII. FAMILLE, nommée SUT.

413. XAO-T[, COn Premier Miniftrc d'Etat lui fit S90. C A O-C U-V EN-T 1, 1 L fut Chef de la XII. Race qui n'eut
finjîlsjui/uccidatyrt- '^
perdre laCouronne & la vie , parce auparavant nommé que 3. Empereurs
1

ne fublilta que &


gna I, in. Hïam-kien , rigna 1;. ip. ans.
qu'il étoit trop adonné à fes plaifîrs.

4^4- V E N-T r pE fur un Prince fageSc vaillant, qui &t. YAM-TI, I L fut un grand Prince , ouoiqu'a-
*
j.|i antre fis di Cao-fU-vu-
''1 régna 30. ans. tre
eut continuellement la guerre con-
l' Empereur du Nord.
régna II. ans. donné à fes plaifirs. Il établit les
Titres dcDûfteur, tant pourl'Art Mi-
litaire que pour les autres Sciences,

4S4- VU-TI, T L
airaoit trop la chaffe , & étoit un
fon fils, régna ti.amt. * peu inhumain. «17. CUM-Tl, TL
fut détrôné par li-rven, RoiTri-
fon Suceejfeiir, ne r'igna * butaire.
IL qu'un an.
^'is- FI-TI, fût tué par fcs Sujets, à caufedcfa
fonfits, ntrtgnaquHn cruauté.
Xm. FAMILLE, nommé, TAM:
466. MIM-TI, I L ne fut pas moins cruel que fon
^ii de Ven-fi rïjn< 8. PrédccelTeur.
61S. KIN-VAO-TI, tL fc fit Chef de la XIH. Famille,
auparavant nommé Li- * dont il y eut 10. Empereurs, pen-
,

ïven, régna 9. ans. dant 189. ans. Il obligea cent mille


474- G A N-N G U-V A M, IL fe rendit odieux par fesmauvaifes
rigna^.a„,. * qnaliiei. Et l'Empereur de la Chi- Bornes à fe marier , pour avoir plus
/é<»;î;;,
ne Septentrionale fut aimé à aufe de de Soldats.
fa jullicc.
-
«17. T A I-C U M , } I L furpafTa tous fes PrédéceiTeurs en
478. XUN-TI. L fut tué par siao-taa-chim & la
rigna 13. ani. 'fagclie & en vertu il fonda des
:

autre fil, diMlm-li, ne


[
Vin. Famille fut éieiatcparfaraoït.
,
Académies & desCollèges, pourycn-
ripiaquei. an,. feigner les Sciences 6c les exercices de
la guerre. De
fon tems l'Evangile fut
IX. FAMILLE,»»;; we'eCI, a!M j Empereur! durant z^. ans. prêché dans !a Chine.

4S0. CAO-TI, 1 L
fut Chef de la IX. Famille. 11 ai-
6îo. CAO-CUM I L fit bâtir plufieurs Temples ap vrai
aupara-uanl appelle S'iao- *moit la Paix Ëc les Sciences , di- & rigna 34. ans. * Dieu , &
favorifa l'établiffement du

tao-shim , rtg/ia j.ani. foit fouvenc , que s'il pouvoit régner Chriftianifme.
10. ans l'or ne feroit pas plus cher
,

que ia terre dans fon Empire. «84. VU-HEU, c Lie ufurpa la Couronne, au préju-
Impératrice, régna zi. ^ dice de fon fils.

483- VU-TI L rendre la Junice , félon


fit

rigna ii.aai.
[
Loix anciennes de la Chine.
les
705. CHUM-CUM I L étoit fils de Cao-fum, & n'aima que
régna j. ans. llfe mm- * fes plaifirs.

494- MfM-TI, C On règne fut paifihlc , parce que moit autrement Kim-
l'Empereur du Nord s'appliquait aux Lié.

ïm
/rère rf* Caa-ti , r'cgna
î, aw. Sciences ic fuyoii la gucjre. 7ro, JUI-CUM,
autre fit,de Cao-fum,

HOEN-HEU, L brûler fon Palais, pour en rebâ- rhna feulement i. ans.


499- 1 fit
711. HIVEN.CUM, pE Prince fut pieux, fagc Se chéri
(onjfh, ne régna que tit un plus magnifique.
fon fil,, régna 46. an,. ^ de fcs Sujets.

SOI. ho'ti, L fut tué par Siae-Ten , & fui le der-


>»;?(., ne rigna qu'un
[

nier de cette Race. 7S7- SO-CUM, r L fit paroître fon courage dans plu-
riinaÔ.ans. fieurs batailles qu'il gagna, & futzc-
lé pour la Foi Chrétienne.

X. FAMI .LE, nommée LE A M.


763. TAI-CUM, I L imita la vertu & la pieté de fon

yoz. CAO-CU-VU.TI, L fonda la X. Famille, qui eut 4.


fon fil,, régna ly. an,.
dans
Père
la
; mais il ne
gueiie que lui firent
fut pas fi heureux
les Tar-
auparavant appelle CUo Empereurs durant sj. ans. C'éloit
ares.
Tem , rigna 48. ans. m Prince agillant S: vertueux ; mais
1 aima trop les Bonzes, dont il imiia
a vie pendant tout fon règne ; il fe
780. TE-CUM. ott
"' E fut un Prince pacifique.

étira même pendant quelque temj ÎIEN-CUM,


c ans une de leursPagodesou Temples. ignais.ant.

1
XUN-!
, , , ,

'^'
,v.n

DES EMPEREUR S
XIX.
C
FAMILLE»
H I
mmée
N O
SUM,
I
a
S.
eu 18. Empereurs pen-
139

XUN-CUM. cE voyant attaqué d'une maladie in-


ne régna qiiuit An ^curable, ilfedcraitderEmpit!:.
Tuitur d. Cum-ti
HIEN-CUM, 1 L f^vorifa les Chrétiens , néan- &
rigmn^.an!. * moins il protégea le culte de l'Idole TAI-CUM tL aima les Sciences 8f fonda ncBi-
finfr'ere.régn *bliothequecomp'o(éedequatre-vingt-
mille voUimei,
mourot en ptenant une Médecine
ic potable. CHIN-CUM I
L favorira les Savans , mais fa cré-
firi fils, régna ij. - dii^it^lui fit auioiifer les Superfli-
tions de la Sefle appellée Taa.
8iî. KIM-CUM,
ie ris»" qui 2. ans.
GIN.CUM •-
il n'aimoit pas

VEN-CUM, r L aima les Belles- Lettres & lej Sa- régna ;i,i. ans. aiï avec les Bar
ddavautageufes.
autre fiit dt Mo-çitra,

S41. VU-CÛm^ [oiiS^. YM CUM E Ion U tie célibreHifto.


fonmveu,rég raphe ijHam , dont les
autre fils de Mo-fum
régna 6, ans.
ïHiam-ti, que
plupart des Chinois reeardent
8^7. SIVEN-CUM. tL potta ce furnom , parce qu'il imi-
la

niveu d Hiea-fiim far- * [a les vertus de ce (econd Empereur mêle Fondateur de leurMonarchie.
nommi il [-etit Tai-fum,
régna i-^. ans.
ueïtièmement les Gens deLat
860. Y-C\JU fin fils , ré- jL fe rendit odienxparfonotgueil&
gna 14. ans. Ip.ir fes débauches.
CHE-CUM, r^ E fut un Prince altadit* i fes fen-

HI-CUM. T L dointa plufieuri peuples rebelles. régna.s.an,. timens, & un peu (évéïe.
874.

HOEI-GUM, 1 L
mourut captif dans la Tartarie.
régna i^. dus. ^ oti l'Empereur des Tarutes l'avoil
CHAO-CUM, T L fut tué pat l'Ururpateur Cèu-TtH. il éioit
aiiiié fous préteiEe de régler les bor-
régna 16. ans. fils de Xîn-fum , aujji
bien que le précèdent. nes de leurs Empires.

CHAO-SIVEN, T L fut tué par le même URirpateur,


fin fiii ne régna jHtl. 1 qui mit fin de ccite forte à laXUl, KIN-CUM, I L fut emmené en Tartarie,par le
,

Famille fon fils iff fin Succef- 'même Empereur des Tatwtes, apiès
fiur, ne régna qu'un an.
XIV. FAMILLE H EU-LE A M.
CAO-CUM t L établit fa Cour à Nanking. C'é-

TAI-CU. L fe fie Chef de la XIV. Famille Im- autre fis de Hoe'l-^um ,


*ioit un Prince vaillant quiairaoil &
I périale n'y eut que deux
dont régna j6. ans. aulîiIcsSciencts; maisilfuttropadon-
auparavant no , il

Empereurs qui régnèrent lô.ans. né aui fupctititionsdes Coniies.


Chu-vea , régnaô, ,

Voyant fon Armée défaite par lôj. HIAO-CUM jL vécut prefque toujours en paix,
fon fils adoptlf,rigna parce que l'Empereur des Tartires
Chuam-fum, ilfc tua lui-mfime. 7.7.
éioit un Prince fage Se picuz , qui
lui fit point la guerre.

XV. FAMILLE Iquam-cum d'Apoplexie.


190. it

CHUAM
AM-CCUM, .-IL établit la XV. Famille qui eut4. lr(|na <i.ans.
-al d'A, ré- 1 Empereurs, pendant 13. ans.
I5J. NYM-CUM
Irégnay). ans.
QE fut ui

r->E un Prince pacifique 5c ïclé


^ pour
fut
le bien public. d'Entanb.

M I N-C U M T L fut tué dans une guerre civili I


L s'abandonna trop à fon amoi
' pour les Sciences, dans un tems (
gim qitaa an. ^ tée par Xe-kim-tam gendre de Mim-
endoit de Tai-Cu. guerre.

l6î. '^TU-CUM, I
L négligea les affaire! de l'Empiri
' Se vécut dans les délices.

XVI. FAMILLE » ( HEU-CIN. CUM-CUM


fon fils nt régna que z.

CAO-CU, TL ufurpa Couronne & fat le Chef


la

régiiaT. ans. il fi nom * de la XVI. Famille, qui n'eut que


mou aupara'uaat Xi deux Empereurs pendant tl. ans. TVON-CUM I Ls' enfuit dans la Province de Quang-
tifn-tam. 1
fon frère , ne régna que num, où il

CI-V A M L du Trône par Licu-Chi-


fin neveu , régna j,.
— '
J
fut cbalTé
'^--''
r-i/m.
I L périt dans une Bataille navalequc
HEU-HAN. l'Empereur des Tattarc s gagna con-
XVII. FAMILLE >. (
tre lui. Ain& finit la XiX. Famille
impériale.

XX. FAMILLE r. s YVEN,


YN-TI, |L fut tué dans une fédition. r Lctoit Empereur de la Tar tarie Oc
* 'eidsniale.Bes'étantrendu Maître del
ne régna iiuez.am. \
:hinc il fut le Chcfde U XX, Famille
,

XVIII. FAMILLE nommée HEU-CHEU. jui a euy.Empcieu1spcndant89.an!

TAl-CU, auparavant TL fut Chef de la XVIII. Famille ,


C H I M-C U M
nommé Coguet , régna qui eut 3. Empereurs pendant 6. ans fon neveu, rcgnaii.ans.

XI-CUM. VU.CUM
régna neveit de Chim-^UTn
fin niveu , 6.
tégaa^-ans.
CUM-TI. I
pOramc il écoit trop jeune , il fut

ne régna ^ue ?«( ^-'ptiïé de l'Empire, (on 'Tuteur & GIN-CUM r L régna en paix , & fut chéri de fes

fin frire régna g. ans. Sujets.


^
!
fut couronné. ,

Y M-C U M t LimitalcsvertusdefonPére.
régna 3. ans.

^w^
, ,, ,

CHRONOL. HIST. DES EMPER. CHINOIS.

HI EN-CUM^ Ç' E Prince remporta une célébievic


TAT-TIV
régna
!

pE fut unPriiicc pacifique,


fils d Tm-fum, régnai^. tente cuuue Us Tartarsi
fin fils aâeptif ,

S. ans.

MIM-CUM HIAOCUM I L s'attacha ans Supetâiiions des


régna i3 ans. Bornes ËiàUi^himic.
Jm fils , ru riitia (fti

f^ofi. V U- C U M /-•Efutun Prince colère & violent.


ivEN-CUM I
L favoiifi trr'p les Bonies. régna jû ans.

XI CUM 1 L défit les Tariares & les Japonois.

'XUN-TI (^ E fut un Prince fainéant & adonné régna 4S. ans.


filt dt Mim-fitm , rigna ^ à f« plaifits , en qui fmit la XX.
pE
36.«»,. Race. MO-CUM Princi.- ne fouEEVoit aucunes re-

régna 6. ans. ^raoniLioeesdc la paît defcaSvjets.

XXI. FAMILLE M M 1 a lit i6. Emfirmrs


&
eu M
,

!,Unt ii6. Ms. X IN- 1 L unr prudence admirablr


avt'it
^uncfp.Lt cïuaarin.ire; il lef-'ulTa
TAl.CU PrinctfuileChcfdelaXXI.Fa- égna^^.. ks laitarcs qui etukaL enircz dans la
I^E
.369.
^ mille Impériale. Chine.
Chu, rV-3Û-«"i.
QUAM-CUM
1399. KIFN VENTI 1L étoit fort douï & simé du Peuple
;
régna ^u'unineis
fonnc..u,réS'^5-''n- *niai'rM>w-;i!,fiUdeTii;-f» indigné de
ce qu'il lui avoit été préféré, lui fit la I L continua la guerre conte IcsTar-
guerre 8t le btûla '^ansfon Palais, imriu Titn-ki,fin
fils, régna^.ans.
1404. CHIM-rU, f^E Prince fut rosenanime & pru-
auparatjant yiemmi ^dcnt, HOAl-CUM f L vil Ton Empire divifcparlesguer-
aatremenr Cum-Ch'tm, ^res civiies, &
envahi pai les Taria-
res, U fe pendit lui-même dans un

tardin de fon Palais, ou lis'élois reti-


GIK-CUM T L s'adonna fbit à TAflrologie, régna 11. ans.
ré. AinfifiDitJaXXI.R,ice.
Jon fils , se rigTi* que
quitijutsmeis.
XXII. FAMILLE nummh CIM. qui régne < t aajeitr-

1416, SIVEN CUM 1 LvainquitlesTartarcB, quifircntir- dam la chine.


d'hui
régna ta. ans , il éioit U Chine,
rmpiion dans
fils di (Jin-fum. XUN-CHI I h étoit de Cum-te Roi Tartart
fils

régna II. ant. *<|ui .ivoit conqui' iaChin;. Se firt

»43<5- YM-CUM ï L ftil fait prifonnier de guerre , & Chef de la XXII. Famille aujourd'hui
re^na 14. «nj. emmené en Tartarie. régnante.

1450. KIM-T( 1 L gouverna l'Empire pendant la dé. CAM-HI OQ p


^ Emagnifique.
un Prince
fut ttÈs-jufte & très-

/Mfrtri, régna j.aBs. ' (t ntion du piécedent h mpenur. YANXHI.


I4Ï7- YM CUM pE
^
Piincefur rurromnicT;(»-jï'«»
le min t que ci-devant loriqu'ihemontafurle Trône apiès
I
fadéliviance.

#
\

H A-

i^im^^m
f

I'

f.
f
HABiLLEMEISrT D£ I;EMPXIIEU11 DELA
QUES USAGES &: COUI

Habit du
Habit des dames chii^oisïs
-V eaâ- c<nt^e'ft lie atMi,fLéi^£ at '

^i'fuyJes ^^^/ ,
.CnifUflS pMd^ ^^^^ Jofta auctiT.
I
pour se martyr ^z* tzlia^tt paifoûseité: ^es-ané- i^u-7- '.ro
.croienà^ aue^ c 'est urve c»tcsc~ '«
Ui ^U£a '-ct/p^t a^ioMÂ n £^m.pre(SJ^m^ - â r pa^ Qeau Lziw Cesit^^tt^tiaris ûéj pies eit.

sur àes Carre^uic,


i\ sts
. /a. ét^te
aité^j^u- de'pûtM^'ûpr- le f'eéZ&s ùt àov cufiG j?a-r£te. ae /eur- cotps . iv/
. ù'Â^wùr oe-sa cùg/n/ié^' ic cç ^"n
^'i/ r^ffùr f^ir-e ca^is ^'enipà
J'^t£ni£^ts tn43>rmds ûZ'C^/^r^'
pa>iS£ JéuZ^pc^id^- ultime- K. aotu ^ & ^i^t^ Je '<^te*M^ . Câ^éa^ ft^&fn^£cAepa^ pof' tiine »iaf^ti£ au£ cÂacuit
ùt, cs£- ifîdecertà e^ t^uir-cA^T a
.£4ù ûéÛac iZfc £u:ic partéi' pâx
J'ù ûni^ auire' c&CiZ un. ^f-an^ nàm-&7-£ Je- Cû?u^tS^iM.e,f , at^ n^ por^nû n-ù .dea Ûm4yi£r:f , igU'i. ée oAii>rg^nt
piace sur^ iMi y^èç^ dci'aJtt
. ££^ coCù^Hi/r. /foi est te^^ineti

cëts . a 'Of. On>' e.tvtûzé' au^ssi

it k€ t^tii' ^sf- pas /.cf-m.i's Je s' assco-i); /~- èc su/- /vus /^s y oses dciric-
E &c DES DAMES DE SOÎ^ PALAIS AVEC QUEL
OBSEE-TÉES E« CE PAIS

LA Chiite
Habit des dame5 Chinoises.
Q O'I ri^esaurctt c^f& ccfn^im ^.v r^numi ^ort^i- e trotta m£né-, C>ai~i^Ci:s

%i?te. -leurs tnaris en- to7i.&


f07i.& st /aéoux,
/ai au '«^ /^s oâsef^'enir nonse-u^^i-fn
'uéOc T, même t)a/na ^ pariicu.£Îet^ ûtttre ^i
,

'erte ce. osa j^ûvr, i6{ en.p^7-iyen^ ntê-^n, -


piM-i^ns
V!:*"'
/i^syu/i^
'^fi-"-- f
eonv^tdd auiUgua crime- &s exie-fotvié sans ce-^a, éa-rt'^iueut
eff£ ajH.
Jirf^ pmirauaij iùs c£fn.eur^n.é as:
•s ^<nK. ^KcUis ûn.'ce cas i& son^ Sott-sira>i&s dàa.^t^r-£scic£iim- vate-nt^^^,
.

•s aenffiix, sans ri!:-mu.&r~ au •ar


.P' cà»i^ que Ceur tnêrTe ireuê- ^u^ àanite^- .-J^t ^taôt'ea^^enJ'i^ j^mwies ,!?
y^Q.- ' Q j^ '-^ j^^ . , e ' . . .

kfftfyie â cActctt^LVafsea ^cstM ce csu^r- ret^Tziee esâ'st'riaofirefije, aw' e^^^ m sffrt»nâ-/'a.tn-ads,à. moins mte
j*Aw^ Tn^/rts f^e&uren- t)e/inefft/a^?-m:issicn, ce- gui- na se /aii- aue SarLf une
g^nme. n^ess^iée -^-u^r /:»ritux^a/e ùea.iUé ccnsùte (iana ut.'ve^itessé^ {&.
.

'
S& pOf-ce att, 'ffTi' ej^éMn^ au Ceu^s pies èç da-ns £i/finea.îe de U^tùr tatC^ ^u^s-V dea fu-e.^ ^^éé^ ^cné-
'

'^fJ^&UT-
- ?.•!. ù^f:! àiJ.^ qtLel^U. '
u,n^ tiees', .?K- je^rr-e s^ etrviùin%en£ ^ otAs a^ec CAf /a-n,de,^(te.f att/e/^t ,

S'oTt-senéeini^ ôcttée ceti ' a^'e^is ne peu-9'enà ma/r^de?' sa^za d&qr^?tdes


. . i_v /usa^u 'a. cé a/u^ i^ c'aie'fU in,cc7n.frwcite« . -/a-

E^-eÀ
du. 5&7t est fattma 3c^
ic rt 'esâ'V£r77z^.s à. nai^ au,i?^
de,7k-cha.
ye^
^
pa/T-z^e-: au.
ù £}rM:>eren.r~ CAèï , ate^ ^ass^ozirtiour- uner ée^i/ufeT a>

"'^
ce S^rz^.07ZJ JK ÉÙszi ce, n CAn 'Oj'se -^'tZit-âreit aisentr (^

meu.飀a i:^t •t^re cvux^ T^nz.:


F

If
,;.»
i.

'

:« '

m
f ' '',-
..^«nas tsSia*'-
S?R-'

Pag. 141 H
SECONDE DISSERTATION
S U R LA

CHINE.
DE LA RELIGION ANCIENNE ET
MODERNE DES CHINOIS.
ç:ut
d'un
peu de tems après ,
fils célèbre par quarante
& accoucha dans la fuirç
Empereurs confécu-
tifs que Famille donna :\ la Chine. Tao
fi &
Chun,
ï Omme les grandes Monarchies ne les deux Princes qui lui fuccedcrent , font ii fameux
f peuvent guères fe ibutenir , ii les ef- par leur pieté 6c par !a fagclfe de leur Gouverne-
( pnts& les cœurs ne font liez enfem- ment, qu'il y a bien de f'aparence que fous leurs
s ble parle culte extérieur de quelque règnes la Religion fut encore plus florifi^ànte.
S Divinité ; c'eil pour cela que la Reli- Ileli: aulli iort croiable que les trois Familles
fui-
l gion a toujours eu quelque part dans vantes ont toujours conlervé la connoifiàncc de
leur établjflement. Les Peuples font naturellement Dieu durant près de deux mille ans, Ibus les règnes
iuperfHticuXj&feconduifcnt bien plus par la crédu- de quatre-vingts Empereurs; puilque les plus fa-
lité que par la raifon. Aulli voions-nous que tous vants Interprètes Chinois foùtienncnt qu'avant
Jes anciens Legiflateurs ont toujours emploie ou Icsfuperrtitions dont l'impiété du Dieu Fohi infeèla
la connoillànce du vrai Dieu, ou les trompeufes la Chine, on n'avoit jamais vu d'Idoles ou de Sta-
maximes de l'Idolâtrie, pour foumcttre les Nations tues parmi le Peuple. Il elt certain que durant
barbares au joug de leur Gouvernement. La Chi- tout ce tcms on recommanda toujours aux Princes
ne , plus heureulè dans fes commencement que l'oblérvationdcs maximes de l'Empereur Tao, dont
nul autre Peuple du Monde, a puifé prefque dans la première &
la plus elfenticUe regardoit le cuite
la fourcc les faintes & les premières vcritez de l'on du Souverain Maitre du Monde ; de quoiqu'il y en
ancienne Religion. Les Enfans de Noé qui fe ré- ait eu d'aifcs impies pour s'en éloigner , juiqu'à
pandirent dans l'Afie Orientale, &qui probable- menacer même le Ciel, &
il le provoquer folle-
ment fondèrent cet Empire, témoins eux-mêmes ment au combat, ils ont néanmoins tous été re-
durant le Déluge, de k toute-puifTance du Créa- gardez comme des monfh'cs, &
les autres ont pref-
teur, en avoient donné la connoillànce &infpiré que toujours donné beaucoup de marques de Re-
la crainte à leurs defcendans ; les veitiges qui s'en ligion. Vu-vam-, Fondateur de la troiiième Ra-
trouvent encore dans leur Elîiloire, au raport de ce, ofti-oit lui-même des facrifices félon l'ancienne
ceux qui l'ont feuilletée , ne permettent prefque coutume; &
fon frère, qui l'aimoit tendrement <
pas d'en douter. Ecoutons là-delïus un des plus & qui le croioit encore neceifaire à l'Etat, le voiant
célèbres Voiageurs qui aient été en ce Pais-là. un jour en danger de mourir, fe prolicrna devant
Fohi premier Empereur de la Chine nourrlifoit la Majcité Divine pour en obtenir la guérifon.
avecjoin icpt efpeces d'animaux, pour fervir aux C'efi vous, Seîgficur i lui dit-il en pleurant, oui
facriiices qu'on ofiroit au Souverain Efprït du Ciel l'avez donné aux peuples ; c\'fi notre T'ere , c efi
(ë de la Terre. Hoamtï troilièrae Empereur bâtit notre Maitre. Si mus fommes dans le dcfordre ,
un Temple au Souverain Seigneur du Ciel &: ii la; qui peut mieux que lui nous ramener au bon che-
Judée a eu l'avantage de lui en confacrcr un plus min \ © Ji no'us fuivons exaUemcnt ce que vous lui
riche & plus magnifique, ce n'clt pas une petite infpirez de nous enferguer ^ pourquoi nous puniffesi"
gloire à la Chine d'avoir facrifié au Créateur dans vous par fa perte? ^Pourmoi, Seigneur., ajouta ce
le plus ancien Temple de l'Univers. Chuen hio bon Prince, je fuis peu utile en ce vioxde : s'ilvour
cinquième Empereur ne crut pas devoir renfermer faut une vi£îime , je vous offre de tout mon cœur
en un ieul lieu fes hommages il nomma des Prê-
: ma vie en facrifice, pourvu que vous conferviez mon
tres ou Mandarins Ecclefiaîliques en divcrfes Pro- Maitre, mon Roi S
mon Frère. L'Hilloire ail'u*
vinces, pour prefider aux facrifices, Illcur ordonna re qu'il fut exaucé , &
qu'il mourut en efiet après fa
fur tout que lefervicc divin fe fît avec refpcft, & prière. Exemple, qui prouve manifelt:ement(s'il
qu'on oblcrvàt religieufcment toutes les cérémo- efi: vrai) que non feulement l'efprit de la Religion

nies. Tiko fon Succefléur ne fut pas moins apli- s'étoit confcrvé parmi ces peuples, mais qu'on
qué à ce qui regardoit la Religion. On raconte
y
fuivoit encore les maximes de la plus pure charité,
dans l'Hiftoire, que rimperatriceiafcmmc étant ife- qui en fait k perfection &
le caraàtere.
rile, demanda à Dieu des enfans avec une fi gran- Mais Chim-vam .,{0x1 fils &
fon SuccefTeur, don-
de lervcur durant le tcms du facrifice, qu'elle con- na fur la fin de la vie des miirques fi éclatantes de
Oo X l'a ,
,,

r
/• \

141- SECONDE DISSERTATION


fa p'etû, qu'el'es ne nous killent aucun lieu de doient alors à leurs Sujets ce qu'il y avoit à refor-
douter de la verito ljuc j'ai avancée. Voici com- mer en leurs propres perlbnncs , perluadez que
me en parlei't les anciens Livres ces Chinois. Ce tous les malheurs pubhcs venoitnt toujours de leur
Prince, dii'enuils, qui avoJt toujours règle fa con- mauvais Gouvernement. On en trouve plulieurs
duite par les ordres du Suuverain Il^mpereur du exemples dans l'Hiltoire.
Ciel, tomba dangereulement malade la cinquan- La connoiilânce du vrai Dieu, qui avoit duré
tième année de la vie, &
la trente-leptième delbn plufieursfieclesaprcsle Règne de l'Empereur CAaw-
règne Dès qu'il connut le danger où il étoit, il vam, ne fe conferva pas toujours dans cette pre-
alfcmbla les prin^-ipaux Officiers de ia Cour, dans mière pureté. L'Idolâtrie s'empara enfin des ef-
le delléin de déclarer fon SuccelTeur; &
aiin de ne prits, &
les mocu-'S devinrent li corrompues, que

manquer à rien de ce qui fe pratique en fcmbla- la foi n'étant plus qu'une occafion d'un plus grand
blés occafions, il ic leva de fon Trône où il s'étoic mal, leur fut peu â peu ôtéc par un jufle jugement
fait porter: il voulut qu'on lui lavât les mains le & de Dieu. Parmi les fupcrftitions qui s'y introdui-
vilage, qu'on le revêtît de fes habits Impériaux, fnent, il y en eut principakment de deux fortes ,
qu'on lui mît lur la tête fon diadème; & enluite qui ont partagée julqu'à prcfent tout l'Empire.
s'éra.nt apuié fur une table, il fit à l'Airemblée un L. Loakun donna commencement à la première.
dîicours également rempli de pieté &
de latrcire , Ce tut un Philofophe qui vécut avant Con ucius :
h :!ti
fur les devoirs d'un Roi par raport à Dieu &: à fon fa naifianci , li nous en croions fes Difciplcs, fut

peuple. Enluite s'adreffimt à f jn Filsainé; „C'efl miraculeufe ; car fa Mère le porta plus de quatre-
„ pour vous, lui dit-il, moi Fils, que je parle; vingts aub dans Jes flancs, d'où un moment avr.nt
„ loiez de la venu de vos Ancêtres, plû-
l'héritier la mort il fortit enfi parlecôté gauche, qu'il s'ou-
« que
tôt de ma puillance ik de mon Empire. Je vrit lui-même. Ce mo\;ilrc, quilui furvécutpourle

„ vous fais Roi, c'ell tout ce que vous pouvez at- malheurdela Patrie, ferendten peu detems célèbre
„ rendre de moi: loiez un Roi fage, vertueux, par îa pernicieuie doètiine néanmoins il écrivit
:

„ irréprochable.; c'ell ce que je v us ordonne, & plufieurs Livres utiles, de la Venu,de la fuite des hon-
„ ce que tout l'Empire attend de vous. , Après neurs, du mépris des richeiléb, de cette admi- &
€6= paroles il le fit poiter au ht, où le jour fui ant i! rabl folitude de l'ame, qui nous éloigne du mon-
rendit tranquillement l'eiprit. C'eil fous les rognes de pour nous faire uniquement rentrer en nous-
de ce grand Prince &
d^ Ion fils Cham-vam,quela mêmes. Il répctoit allez Iouvent cette lentence
paix, la bonne-foi, la jullice régnèrent à la Chi- qui éton, diloit-il , le fondement de la véritable
ne, de manière qu'on envoioit iouvent les priion- fageiîé: „ La railon éternellcaproduitun,una pro-
niers labourer la terre, ou recueillirles bleds, fans „ duit deux, deux ontproduitcrois, troisontpro- &
aprehender que la crainte du fuplice les obligeât „ duit toutes choies:" ccquliembloitmarquercnluî
de s'enfuir. Après la récolte ils revenoient d'eux- quelque connoiilânce de la Trinité. Mais il en-
mêmes, & fe remettoient en' prilbn pour recevoir Icigna que le Dieu Souverain éiuit corporel , &
le châtiment de leurs fautes, félon que k-s Man- qu'il gouvernoit les autres Dîvmitez comme un Roi
darins en ordonneroient. Enhn, Il l'on examine gouverne fes Sujets. Il s'adi nna fort à la Chimie,
bien l'Hifloire des Chinois, on trouvera que trois & quelques-uns prétendent qu'il en fut l'inventeur.
cens ans encore après, c'eit-à âne juiqu'à l'Empe- 11 même de la Pierre Philofophalc,
s'entêta il fe &
reur Teu-vam qui regnoit 800, ans avant la pcrluada à la hn que par le moien d'un breuvage,
naiflance de Nutre Seigneur l'Idolâtrie n'avoit
, on pourroit devenir immortel. Ses Difciplcs
point encore inR'ftc les cfprits. De forte que ce- pour y réuilir, ufcrent de Mairie, cet Art dia- &
Peuple a coniervé pr s de deux mille ans la con- bolique devint en peu de tems l'unique Science des
noiilance du véritable Dieu, &
l'a honoré d'une Ge-is de qualité. Tout le monde s'y apliqua, dans
manière qui peut fcrvir d'exemple & d'inltruètion î'efperance d'éviter h mort; & les femmes, autant
même aux Chrétiens. par curiofité que par le delir de prolonger leur vie ^
.
On avoir foin par-tout de nourrir des animaux donnèrent dans une infinité d'extravagances, &
pour les Temples, &: l'on entrctenoit des Piètres s'abandonnèrent à toutes lortes d'impietez.
pour les y offrir; outre le culte in rieur, qui étoit
t-.. La féconde Seète qui domine à la Chine, plus
recommandable on s'attachait avec fcrupu'e juf-
, dangereufe encore &; plus univerfelle que la pre-
qu'aux moindres cérémonies extérieures, qui pou- mière, adore comme l'unique Divinité du Mon-
voient édihcr le Peupic les Reines nourriifoient
; de, une Idole qu'on nomme Fo ou Foë. Elle y fut
eHes-mêmcs des vers à foie, & faifoient de leurs tranfportéc des Indes , trente-deux ans après la mort
mains des étofîcs pour l'ornement des autels, & de Jefus-Chriil. Cette contagion, qui commenta
pour les habits des Ecclefiaftiques. Les Empe- par la Cour, gagna enluite les Provinces, fé ré- &
reurs ont fouvent labouré le champ où l'on recuei!- pandit en toutes les villes: de force que ce grand
loit le fromeuL &
le vin deilinez aux facrihces. Au Corps , dcja gâté par la Magic par l'impieié ,&
relie, les Prêtres n'ofoient les ofrrir devant lePcu- fut corrompu par l'Idolâtrie , &: de-
tout-à-fâit
plequ 'après s'y être préparez par trois ou fept jours vint un allemblage munll:rueux de toutes fortes
de continence conjugale. Il y avoit des jeûnes ré- d'erreurs. Les Fables, les Superititions, la Mé-
glez &des prières publiques , fur-tout quand l'Em- tcmpfycofe, l'Idolâtrie, l'Athéilme partagerci.t tes
pire iouffroit extraordmairement, par la Itcnlité , efprits , &
s'en rendirent tellement les Maîtres ,
par les inondations, par les tremblemens de terre qu'à prefent même le Chrilliani;me n'a pas de plus
ou par quelque guerre étrangère. C'elt par tou- grand obllacle à fon établillement que cette im-
tes ces marques extérieures de Religion que les pie & cette ridicule doctrine. On ne fait pas
Empereurs fe preparoient aux expéditions militai- bien en quel endroit naquit l'Idole fo, dont je par-
res; à prendre polïéfiion du Gouvernement; à le; (je l'appelle Idole èk. ntn pas homme, parce que
faire la vilite de l'Empire ; &: afin que le Ciel don- quelques-uns ont cru que ç'avoit été un Ipectreve-
nât fa bénédittion à leurs cntreprifes, ils deman- nuderEnfer.)Ceuxqui plus probablement aliurent
qu'il
, ,,,

"^-z -_tr. ^^
l,-^-

•\t-ri

SUR LA CHINE, '-13


qu'il ctoit homme , le font naître plus de mille ans phant, le Dragon furent adorez en dlfferens en-
avant Jdus-Chritt dans unRoiaume des Indes allez droits , fous prétexte , peut-être , que le Dieu Fo avoit
près delà Ligne, peut-être audellus de Bengale. fuccelfivementpalfé en tous ces animaux. La Chi-
On dit même qu'il étoit
de Roi. Il fut au
fils ne, plus fupcrllitieufe que tons les autres Roiau-
commeneement nommé Chékia ;' mais
à l'âge de mes, multiplia encore les Idoles, & on en voit à
trente ans il prit le nom Sa Mère , qui le
de Fo. prefentde toutes fortes d'efpeces, qui occupent les
mit au monde par le eôté droit , mourut dans les
douleurs de l'enfantement: elle avoit quelque tems
Temples &
qui fervent à abui'er de la fimplicité des
Peuples.
auparavant fongé durant le fommeil, qu'elle avaloit Il eft vrai qu'on n'a pas toujours pour ces
Dieux
un Eléphant, &
ce fonge a été caufe des honneurs tout le refpeft que Icmble mériter leur quahté.
que les Rois desIndes rendent aux Elephans blancs, Car il arrive allez fouvent qu'après avoir été bien
pour la perte ou pour la pofleflion del'quels ils fe honorez fi le Peuple n'obtient pas d'eux ce qu'il
,
font fait fouvent de eruelles guerres. Dès que ce
monftre fut né , il eut , difcnt-ils , afl'ez de forée
demande , il fe laflc enfin & les abandonne com-
me des Dieux impuillâus ; d'autres les traitent avec
pour fe tenir debout ; il fit fept pas , montrant le dernier mépris : les uns
chargent d'injures , les
d'une main le Ciel &
de l'autre la Terre. Il parla & les autres de coups. Comment, Chien d' Ef-
même, mais d'une manière quimarquoit aflez de prit lui difent-ils quelquefois, nous te logeons
.,

quel efprit il étoit anime. 'Bans le Ciel dans un Temple magnifique , tu es bien doré, bien
, fur la
Terre , dit-il , je fuis te feul qui mérite d'être hmo-
A
nourri , bien encenfé , après tous ces foins que&
rd.^ dix-fept ans , il fe maria , eut un fils & nous prenons de toi , tu es allez ingrat pour nous
qu'il abandonna auffi-bien que le relie du IMonde, reiufer ce qui nous eft neceflàire? Enfuite on le
pour s'engager dans une valle folitude avec trois
ou quatre Philofophes Indiens qu'il prit pour Maî-
fie avec des cordes , &
on le traîne par les rues
tres de fa conduite.
, chargé de boue &
de toutes fortes d'immondices,
Mais à l'âge de trente ans il pour lui faire paier les pallilles dont
on l'avoit au-
fut tout_ d'un coup faifi & conime pénétré de paravant parfumé. Que fi durant ce tems-h\ ils
la
Divinité, qui lui donna la connoilTance univcrfelle obtiennent par hazard ce qu'ils fouhaitent , alors
de toutes chofes. Dès ce moment il devint Dieu ils raportent l'Idole en cérémonie
dans fa niche,
& commença par une infinité de miracles apa- après l'avoir bien lavée bien elluiée &
ils fe prof- :

rens de vénération des Peuples. Le


s'attirer la ternent même en fa prcfence ; lui font diverfes &
nombre de lès Difciples fut
très-grand, c'elt par & excufes. A la vérité , lui difent-ils , nous nous
leur moien que toutes les Indes ont été depuis in- femmes un peu trop preffez : mais au fond , n'avez-
feflêes de la pernicieufe doèlrine. Les Siamois vous pas tort d'être fi difftcilef Pourquoi vous fai-
les ont appeliez Tatafoim , les Tartares
Lamas ou re battre à plaifir ? Vous en couteroit-il davanta-
Lmna-Sem, les Japonois Bonzes , les Chinois & ge , d'accorder les chofes de bonne grâce ? Cepen-
Hocbam. dant , ce qui efl; tait efl: fait, n'y fongéons plus. On
Mais ce Dieu chimérique connut enfin qu'il étoit vous redorera , pourvu que vous oubliiez tout le
homme comme les autres. 11 mourut à filge de paffé. En vérité ne fiiut-il pas avoir perdu le fens,
foixante & di,x-neuf ans & pour mettre le com-
; pour adorer des Dieux de ce caraftere , foibles
ble i fon impieté , après avoir établi l'Idolâtrie du- timides , & qu'on peut impunément maltraiter ?
rant la vie, il tâcha d'infpirer l'Atheïfme àfamort. Mais bien loin que tout cela faflè revenir le
Pour lors ildéclara à fes Difciples, qu'il n'avoir par- Peuple au fiijet de la foiblefl'e des faux Dieux , il
lé dans tous fes difcours que par énigme;
qu'on & s'aveugle tous les jours davantage. Les Bonzes
s'abufoit, fi Ton cherchoit hors du néant le princi- font fur-tout intereilcz âleslâirc valoir, par le
pro-
pe des chofes._ C'eil de ce néant que tout dit-il fit qu'ils en retirent.
, , Pour y réuliir plus lure-
ejîforti ; ^ dans le néant que tout doit retom-
c'ejî ment, voici les principaux points de leur Morale,
ber. Voiià l'abîme où ahoutifent nos efperances. qu'ils prennent grand foin de débiter. Il ne faut
Puifque cet Impolteur avouoit qu'il avoit abufé le
monde durant fa vie , il ne meritoit pas qu'on
pas croire , difent-ils , que le mal le bien foient &
confondus en l'autre iVlonde comme en celui-ci : il
le crût à fit mort. Cependant , comme l'impiété
y a après lamort des recompenfes pour les gens de
trouve toujours plus de Partifans que la vertu, il bien , & des fuphees préparez aux méchans c'eil ;
fe forma parmi les Bonzes une Sette particulière ce qui a diitingué difierens lieux pour les âmes des
d'Athées, fondée fur ces dernières paroles de leur hommes , félon le mérite d'un chacun. Le Dieu
Maître. Les autres, qui eurent de la peine à fe Fo a été le Sauveur du Monde , il elt né pour en-
défaire de leurs préjugez, s'en tinrent aux
pre- feigner la voie du falut, S: pour expier tous les pé-
mières erreurs. D'autres enfin tàchertnt de les chez. Il
y a, ajoûtent-ils , cinq Commandemens
accorder enfemble, en faifant un Corps de doftri- qu'il nous a laill'cz. Le premier défend de tueries
ncoù ils enfeignent une double Loi, qu'ils appellent créatures vivantes , de quelque nature qu'elles
la Loi extérieure & la Loi intérieure. L'une doit foient; le fécond, de prendre le bien d'autrui
précéder &
préparer l'efprit à recevoir l'autre. Ce troifième , de s'abandonner â l'impureté le qua- ;
; le

font des Cintres , difent-ils , qui font necelfaires


pour foùtenir
trième, de mentir ; &
le chiquièmc, de boire du
la voûte qu'on veut fiiire, qu'on & vin.
renverle dès qu'elle eil achevée. Ainfi le Démon
Outre cela ils veulent qu'on pratique plufieurs
le fcrvant également de la fimplicité de la mali- & œuvres de mifericorde. "Traitez bien , difent-ils
ce des hommes pour les perdre, tâcha d'eUàeer en
& nourrilTez avec foin tous les Bonzes bàtiflèz ;
plulieurs ces précieux velliges de la Divinité leur des Monalleres & des Temples, afin que leurs
, que
la raifon y avoit profondément gravez,
d'établir & prières & leurs pénitences volontaires vous déli-
parmi les autres le culte d'une faullè Divinité fous vrent des peines que vos pochez méritent. Brû-
la figure d'une infinité de bêtes; car on nefe bor-
na pas â cette première Idole. Le Singe, l'Ele-
lez des papiers dorez &
argentez , des habits des &
étoffes de Soye. Tout cela en l'autre Monde fe
Tom.y. Pp chan-
r

h- \

SECONDE DISSERTATION
changera en or , en argent , en habits véritables, du Peuple par leurs grimaces Se par leur hypocri-
& fera fidèlement donné à vos Pères, qui s'en ler- lie, les autres en tirent de l'argent par leur Ma-
viront dans leurs befoins particuliers. Si vous gie, par des vols fecrets , par des meurtres horri-
n'obfervez pas ces Commandcmens , vous ferez a- bles, ik par mille fortes d'abominations que la pu-
près vôtre mort cruellement tourmentez &fujetsà deur ne permet pas de raporter. Ces gens , qui
une fuite continuelle de Metempficofes. C'ell-à- n'ont qu'un fantôme de Religion , n'épargnent
dire , que vous naîtrez fous la forme de rats , de rien pour fatisfairc leurs paffions , & pourvu qu'ils
chevaux, de iriulets, cïc de toutes fortes de bêtes. puillcnt tromper la juilice humaine, qui en ce Païs-
Ce deruier point fait beaucoup d'impreffion fur les là ne leur fait point de quartier, il ne cherchent pas
il fc cacher aux yeux de Dieu ,
efprits. Au refte, ces Bonzes ne font qu'un amas qu'ils feroient bien

de toute la Canaille de l'Empire, que l'oillveté, la fâchez de reconnoître.


itiolleire, la neceJIité ont alfemblcz pour vivre des Quoi- que le Peuple en gênerai foit prévenu en
aumônes publiques. Tout leur but ell d'engager leur faveur , les plus fages ne lailfent pas d'être en
les Peuples ù leur en fiiirc; ils n'omettent rien pour garde contre ces Scélérats : &
les Magiilrats, fur-

en venir à bout, &


on raconte tous les jours des Hif- tout , ont toujours l'œil à ce qui fe paife dans leurs
toires qui font voir en même tems leur adrelfe & Monalteres. Il y a quelques années que le Gou-
Deux de ces Bonzes voiant un verneur d'une ville le trouvant avec Ion train or-
I S, leur fourberie.
jour dans la Cour d'un riche Païfan deux ou trois dinaire dans un grand chemin où une foule de Peu-
gros Canards fe prolternerent devant la porte ,
, & ple s'ctoit afTemblée , eut la curioiité de favoir ce
fe prirent à gémir &c à pleurer amèrement. La qu'on y faifoït. Les Bonzes y celebrolent une Fê-
bonne femme, qui les aperçut de fa chambre, for- te extraordinaire. On avoit élevé fur un grand
tit pour favoir le fujet de leur douleur. Nous fa- Théâtre une machine , au haut de laquelle un jeu-
vons lui dirent-ils, que les âmes de nos Pères font
,
ne homme avançoit la tête au deiTus d'une petite
pafîees dans le corps de ces animaux , la crainte & baluitrade qui regnoit tout autour. Ses bras &
où lions Ibmmes que vous ne les fafliez mourir, fon corps étoient cachez , il n'avoit de libre que
nous fera apurement mourir nous-mêmes de dou- les yeux, qu'il remuoit d'une manière fort égarée.
leur. Il elt vrai , leur dit la PaîTanne , que nous Un vieux Bonze paroiflbit plus bas fur le Théâtre,
avions refolu de les vendre mais puifquc ce font
;
& exphquoit au Peuple le faci-ifice que ce jeune
vos Pères je vous promets de les conferver. Ce
,
homme vouloir faire lélon la coutume. Il y avoit
n'eft pas ce que les Bonzes prétendoient. Peut- le long du chemin un ruifléau fort profond, où il

être, dirent-ils , que votre Mari n'aura pas la mê- devoit bien-tôt fe précipiter. S'il veut, ajoùtoit-

&
me charité , vous pouvez compter que nous per- il, il n'en mourra pas, parce qu'il doit être reçu au
I
1

drofls k vie , s'il leur arrive quelque accident. fond de l'eau par des Efprits charitables, quilui fe-
Kniin api'ès un long entretien , cette bonne Paï- ront tout le bon accueil qu'il peut fouhaiter. An
fartne fut d touchée de leur douleur aparente, reitc c'cit le plus gi-and bonheur qui lui puifle arri-
qu'elle leur donna les Canards à nourrir durant ver: cent perfonnes fe font prcfenteés pour occu-
quelque tems pour leur confolation. Us les prirent per fa place mais il a eu la préférence , à caufe de
:

avec refped après s'être vingt fois profternez de-


,
îa ferveur &
de fes autres bonnes quahtez. Le
vant eux; mais dès le foir même ils en firent un Mandarin , après avoir écouté la Harangue , dit
fellin à leur pei:itcComniunauté5& s'en nourrirent que ce jeune homme avoit bien du courage : mais
eux-mêmes. qu'il s'ctonnoit qu'il n'expliquât pas lui-même là-
Un Prince du Sang perdit un jeune homme qu'il defliis h rcfolution: qu'il defcende un peu, con-

aimoit tendrement ; quelques années après il en tinua-t-il, afin que nous puiffions l'entretenir un
parloit encore avec rejfentiment à fes Bonzes, qui moment. Le Bonze , étonné de cet ordre , s'y
lui dirent : Seigneur , ne vous affligez pas davan- opoia incontinent, &
protella que tout étoit per-
tage, votre perte n'eil pas irréparable. Celui que du, s'il ouvroit feulement la bouche , &
que pour
vous pleurez ell: en Tartarie , &
fon ame a parte lui il ne rcpondoit pas du mal qui en arriveroit
dans le Corps d'un jeune enfant mais pour le re-
: à la Province. Ce mal que vous craignez , re-
connoître il faut diltribucr beaucoup d'argent, & prit le Mandarin , je le prens fur moi. Et au
donner de gros prefens aux Prêtres du Païs. Le même tems il commanda au jeune homme de
Prince ravi de cette nouvelle donna avec plaifir defcendre; mais il ne répondoit à tous ces ordres
tout ce qu'on lui dcmandoit , &
quelques mois que par des regards affreux, &
par un mouvement
après on lui prefenta un Enfant pris au hazard, irregulicr des yeux qui lui fortoient à demi hors de
qu'on fit paifer pour celui qui étoit mort. C'elt la tête. Vous devez juger par-1^ , dit le Bonze,
ainii que depuis les Païfans julqu'aux Princes, tous de la violence que vous lui faites. Il efl au defef-
font la dupe de ces Miniilres d'iniquité. Ce qu'ils poir , & a vous continuez , vous le ferez mourir
ne peuvent avoir par adrelfe, ils tâchent de l'obte- de douleur. Le Mandarin ne prit point le chan-
nir par des pénitences publiques , qui leur tiennent ge , & ordonna à fes gens de monter fur le Théâ-
lieu de mérite devant le Peuple, &
qui en attirent tre & de le lui amener. Ils le trouvèrent garoté
la compallion. On en voit dans les rues traîner & lié de toutes parts ,avec un bâillon à la bouche.

des chaînes groffes comme le bras &


longues de On deUa ce miîerable , &
dès qu'il fut en état
trente pieds, qu'on leur avoit attachées au cou 8c de parler , il s'écria de toutes les forces: Ah,
aux pieds. C'elt ainfi , diient-ils , à la porte de Seigneur , vangez-moi de ces afiàffins qui me
chaque maifon , que nous expions vos fautes ; cela veulent noier. Je fuis un Bachelier , qui allois
D'autres dans les à la Cour pour aififler aux examens ordinaires:
I mérite bien quelque aumône.
Places publiques fe frapent la tête de toute leur une troupe de Bonzes m'arrêta hier par force,
force avec une grofle brique, &
fe mettent tout & ce matin ils m'ont lié avant le jour à cette
en fang. Mais les Bonzes ne font pas tous peni- machine fans que je pufle ni crier ni me plain-
,

tens. Tandis que les uns abufcnt de la crédulité dre, réfolus de me jetter ce foir dans le ruilléau,
pour
SUR LA CHINE. HT
pour accomplir aux dépens de ma vie leurs damna- maximes que l'Idolâtrie avoit répandues dans k
bles cérémonies. Chine, au lieu de fuivre le véritable fens des An-
Dès qu'il commença à parler, les Bonzes fe mi- ciens, ils fake entrer eux-mêmes
tâchèrent de les
rent en tuite ; mais les Officiers de Jultice qui font par de faullés interprétations, dans toutes leurs
toujours à la fuite des Gouverneurs, en arrêtèrent idées particuUeres. Ils parlèrent de la Divinité i

une partie. Le Chef, qui protcitoit que ceux comme ft ce n'eût été que la Nature même c'ell- :

qu'on précipitoit dans l'eau ne meurent point, y à-dire cette force ou cette vertu naturelle qui con-
nit jette lui-même fur le champ, fe noia; les & duit, qui arrange, qui conferve toutes les parties
autres furent conduits en prifon &
chiitiez dans la de l'Univers. C'eil, difent-ils, un principe très-
fuite, comme ils meritoicnt. Depuis que les Tar- pur très-parfait , qui n'a ni commencement ni
,

tares gouvernent la Chine, les Lamas, autre ef- tin c'clt la fource de toutes chofes , l'Eifence de
:

ipece de Bonzes venus de Tartarie, s'y font éta- chaque Etre, & ce qui en fait la véritable différen-
blis. Leur habit eil difîèrent de celui des Chinois, ce. Ils fe fervent de ces magnifiques exprcjlions ^: il
& pour la figure &
pour la couleur ; mais ex- pour ne pas abandonner en aparence les Anciens :

cepté quelques Superllitions particulières, le fond mais au fond ils fe font une nouvelle Doftrinei
de leur Religion elt le même , ils adorent & parce qu'ils les entendent de je ne fai quelle Ame
comme ceux-ci, le Dieu Fo. Ce font les Prêtres infcnllble du Monde, qu'ilsfc figurent répandue dans
ordinaires des Seigneurs Tartares qui demeurent à la matière où elle produit tous les changemens.
,

Pékin: mais dans la Tartarie ils Ibnt eux-mêmes Ce n'eif p'us ce Souverain Empereur du Ciel, juf-
les Dieux du Peuple. C'clMà. qu'eft le fiege du te, tout-puilTant le premier des Efprits
, l'Arbi- &
célèbre Fo, qui paroît fous une figure fenlible, & tre de toutes les créatures; on nevoitdans leur ou-
qu'on dit ne mourir jamais. On le conferve dans vrage qu'un Athéifme rafiné un éloignement , &
un Temple &. une infinité de ces Lamas le fer-
: de tout culte religieux.
vent avec une vénération infinie, qu'ils ont foin Cependant, ibit qu'ils ne vouluffent pas fe décla-
d'infpirer à tout le monde. On le montre rare- rer entièrement, foit qu'ils fe fufient expliquez en
ment, & de li loin, qu'il eft diihcile de le recon- termes plus forts qu'ils ne penfoient , de tems
noîtrc. Quand il meurt en efièr, car c'eil un en tems ils parloient du Ciel comme les Anciens, &
homme comme les autres, on fubllitue en fa pla- ils donnoienc à la Nature prefque toutes les cjuali-

ce un Lamas de môme taille, & autant qu'il cil tez que nous reconnoiilbns en Dieu. Ils fouftrircnt
poiiible de même air, alin que le Peuple y foit même volontiers les Mahometans, parce qu'ils ado-
plus aifément trompé. Ainfi les gens du Païs, <k roient, comme eux, le Maître le Roi du Ciel, &
beaucoup plus les étrangers font éternellement la Pour les autres Seftes, ils les perfecuterent à ou-r
dupe de ces impoiteurs. trance, & on prit
à la Courlarefolutiondeles abo--
Parmi les difïèrentes efpeces de Religions qui lir dans toute l'étendue de l'Empire. Mais plufieurs •i}
ont cours à la Chine , je ne parle point d'un pe- raifons les en détournèrent , dont les principales
tit nombre de Mahometans , qui vivent, depuis furent , que parmi les Savans mêmes il y en avoit
plus de Ijx cens ans, en divcrfes Povînces, &; plufieurs d'opinion différente imbus de l'ancienT &
qui n'y font point inquiétez parce qu'eux-mêmes
: ne Idolâtrie de plus , que tout le Peuple étoit dé-,
:

ils n'inquiètent perfonne fur le point de la Reli- claré pour les Itloles', de forte qu'on ne pouvoit
gion , ie contentant de conferver ou d'étendre la renverfer leurs Temples fans exciter des troubles.
leur par des alliances &
par des mariages. Mais Ainii l'on fe contenta de les condamner en gênerai
il eli; important de faire connoître une troifième comme des herefies, (ce qu'on fait encore tousles
Seiïte , qui tient lieu de Religion , ou de Philo- ans à 'Pékin) fans fe mettre en devoir d'en arrêter
fbphie, ou même de Pohtique parmi les Gens de efficacement le cours. Ces nouveaux Livres com-
Lettres ; car on ne fait comment appeller cette pofez par tant d'habiles gens , &
aproiivez]3ar l'Em-
I>od:rine , qui paroît fi obfcure , qu'ils ne favent pereur même, furent reçus avec aplaudiJlement de
guères eux-mêmes ce qu'ils prétendent. Ils la tout le monde. Ils plurent à quelques-uns, parce-

pomment en leur Langue Jukiao , c'eft la Scétc & qu'ils détruifoicnt toutes fortes de Rehgions, ce &
des Savans. Pour mieux comprendre ceci, il faut fut le plus grand nombre. D'autres les aprouve-
favoir que les Guerres civiles , l'Idolâtrie la Ma- & rent, parce que le peu de Religion qu'ils y trou-
gie aiant mis durant plufieurs iiècles le defordre vaient , ne leur donnoit aucune peine à pratiquer.
dans l'Empii'e, l'amour des Sciences en avoii; été Ainfi fe forma la Sedle des Savans , defquels on
bamii ; &
il s'étoit trouvé peu de Dotteurs capa- peut dire qu'ils honorent Dieu de bouche du &
bles par leurs ouvrages de reveiller les efprits de bout des lèvres , parce qu'ils répètent continuelle^-
ra0pupifîcment où l'ignorance & la corruption des ment qu'il faut adorer le Ciel, lui obéïr; mais &
mœurs les avoient enfevelis. Il y eut feulement leur cœur en ell fort éloigné, parce qu'ils donnent
environ l'an 1070. quelques Interprètes de réputa- à ces paroles un fens impie qui détruit la Divinité,
tion; &.en I^oû, un Docteur fe ditUngua des au- & qui étoufiè tout fentiment de Religion. Ainfi
tres par fa capacité. A
fon exemple on commen- ces peuples, ancicnncmeut fifages, fi pleins de la
ça peu à peu à prendre goût aux Livres anciens, connoiffance de Dieu , font enfin pitoiablement
qTi'on avait jufqu'alors abandonnez. Enfin l'an tombez dans la Superftition , dans la Magie , dans
1400. les Einpereurs voulant donner à leurs Su- le Paganiime ^ &
enfin dans l'Athéifme , roulant
jets de l'émulation pour les Sciences , choisirent ainii par dcgrez de précipice en précipice , de- &
quarante Dodeurs des plus habiles, à qui ils or- venus par-là les ennemis de la raifon qu'ils avoienf
donnèrent de iaire un Corps de Doftrîne confor- -fi conitamment fuivie , & l'horreur même de la

me à celle des Anciens, qui fût dans la fuite la nature, à ^qui ils donnent à préfcnt de fi grands
règle de tous les Savans. Les Mandarins, qui éloges.
en eurent la commiJTion , s'y apliquerent avec foin : Voilà l'état prefent de la Chine par raport aux
mais comme ils étoient prévenus de toutes les diftcrentes Religions qui y ont cours; car pour ce
Pp 2. *liii
,

isil

1^6 SECONDE DISSERTATION


qui eft des honneurs que Ton rend à Confiicius, ii auroit fans doute befoin de leurs fervices.
„J'y ai
ne tient pas -aux Jefuites de nous perfuader que ce „ déjà pourvu, dit l'Empereur, vous pouvez &
ne fut jamais un Culte Religieux, & que les Palais „ fur ce point vous tenir en repos" Cependant,
qui portent fon nom ne lont pas des Temples, de peur que par un zèle barbare elles ne fe donnaf-
mais des mailbns deltinécs aux alTemblées des Sa- feut la mort , il ordonna fur le champ qu'on leur
vans. H ne retle plus qu'à raporter le parti que le coupât les cheveux , &: qu'on les renfermât. Dès
dernier Empereur a pris parmi ces ditlerentes Sec- qu'elles font rafécs , elles s'imaginent être inutiles
tes, qui partagent tous les efprits. Ce Prince, na- & hors d'état de fervir les morts de quahté en l'au-
turellement fagc &
politique , a toujours ménagé le tre Monde. On voit par ces exemples, que l'Em-
Peuple. Comme il elt fur un Trône que le moin- pereur eil bien éloigne de donner dans toutes ces
dre fouffle peut ébranler, il tâche fur-tout de l'af- extravagances populaires. Il honore Confacius
fermir par l'amour de fes fujets bien loin de les ir-
: comme le premier &
le plus fage Philofophe du
riter , ilfe rend populaire, moins à la vérité que monde; il fuit en beaucoup de chofes la coutume,
fon Père, de crainte de s'attirer les reproches des quand il juge qu'il y va de fes intérêts ; il offre en
Mandarins ; mais beaucoup plus que les anciens certain tems de l'année des facrificesdans les Tem-
Empereurs Chinois , atin d'adoucir au Peuple le ples, félon l'ancienne pratique ; mais il alTure que
joug qu'une nouvelle domination lui a impolc. Il ce n'cit qu'à l'honneur du Chamti , &
qu'il n'y ado-
permet donc la Superllition il honore certains
; re que le Souverain Empereur de l'Univers. Voi-
Bonzesdupremier ordre, qui fe font rendus rccom- là du moins ce que les Mifiionnaires en raportent.
mandables dans les Provinces ou à la Cour il le ; Il croit un Dieu: mais la politique&Ies
pafflons,fi
fait même violence jufqu'à fouffrir en fon Palais opofées à l'Efprit de Jefus-Chriff , ne lui ont pas
ceux que la Princeife fa Mère y avoit attirez & éta- permis d'ouvrir les yeux fur les veritez de l'Evan-
blis. Mais s'il garde avec eux quelques mefu- gile. Cependant, ce Prince ne veut pas qu'on s'ima-
res il n'eft point cfclave de leurs fcntimens.
, D gine que c'cff par foiblcffe qu'il rejette la Religion
en connoît parfaitement le ridicule, & en plufieurs Chrétienne. Il s'en expliqua un jour à un Jefui-
occafions il a traité de b'ablcs & d'extravagances ce te en ces termes «Votre Loi eitdure mais quel-
:
;

qu'on avoit jufqu'alors obfer\é comme des princi- „ que violence qu'il foit neceiïàire de fe faire
pes de Religion. On prétend qu'il. dit un jour au „ je ne balancerois pas un moment à la fuivre ,
jefuite qui étoit auprès de lui en qualité de Mathé- „ fi je la croiois véritable. Que fi j'étois une
maticien : „ Pourquoi ne parlez-vous pas de Dieu „ fois Chrétien , je prétendrois bien qu'en trois
„ comme nous ? On fe revolteroit moins contre M ans tout l'Empire fuivît mon exemple. Car en-
„ votre Religion. Vous l'appeliez Tientçhu , qui „^ fin je fuis le Maître". Maxime dont les Jefuites
„ veut dire Souverain du Ciel, &
nous l'appelions n'avoient garde de le détourner , eux qui favent
„ Chamti , qui veut dire Souverain Empereur. N'ell- fi bient établir le Defpotifme en matière
deileligion.'
„ ce pa^ la même chofe? Faut-il abandonner un mot,
„ parce que le Peuple lui donne defaullêsinterpreta- DE L'ETABLISSEMENT ET DU
„ tions? Seigneur, lui dit ce Père, je fai que Vo- PROGRES DE LA RELIGION
„.tre Majeilé fuit en eela l'ancienne Doftrine de la CHRETIENNE A LA CHINE.
„ "Chine ; mais pluiieurs Dofleurs s'en font éloi-
„ gnez : &
ii nous nous expliquions comme eux,
PArmi les objeftions que l'Empereur de la Chine
„ ils fc perfuad croient facilement que nous pen- a faites aux Miffionaires , touchant la Religion
„ fons aulfi comme ils penfent. Mais fi Votre Chrétienne , celle-ci n'eit pas la plus foible. Si la
„ Majeflé vrut par un Edit public déclarer que ce connoiilànce de Jefus-Chrilt,a-t-il dit quelquefois,
„ terme de Chamti fignifie en effet ce que les eff neceUaire au falut; &
que d'ailleurs Dieu nous
„ Chrétiens entendent par celui de Tientçhu, ait voulu iincerement fauver ; comment nous a-t-il
„ nous fommes prêts de nous fervir également de laiile ft long-tems dans l'erreur ? Il
y a plus defeize
„ l'un &
de l'autre". 11 aprouva ce confeil, mais fiècles que votre Religion , l'unique voie , dites-vous,
la Politique l'empêcha de le fuivre. Quand la Rei- qu'aient les hommes pour aller au Ciel , eit établie
ne Mère fut morte, ceux qui dévoient prendre foin daris le monde ; nous n'en favons rien ici. La
de l'enterrement, repréfenterent, dit-on, àce Prin- Chine ell-elle fi peu de chofe, qu'elle ne mérite pas
ce, que félon l'ancienne coutume, ii falloit abattre qu'on penfe à elle, tandisquetant de Barbares font
une partie des murailles de fon Palais, pour y faire éclairez ? Les Miffionaires ont aparcmment re-
paifer le Corps parce que la Famille Roiale fe-
:
pondu d'une manière folide à cette difficulté :
roit expoféc à beaucoup de malheurs , s'il pafibit par mais peut-être ne fera-t-on pas fâché d'aprendre
les portes ordinaires. „ Vous n'êtes pas raifonna- que la Chine n'a pas été fi abandonnée qu'elle s'ima-
„ blés, leur dit-il, de vous entêter de ces chimères. gme. Nous ne favons pas tout ce qui s'eft paifé
« Quelle folie, de feperfuader que ma bonne ou dans cette partie du Monde, depuis la mort de Je-
„ ma mauvaife fortune dépende du chemin que fus-Chriff; car les Chinois dans leur Hiffoire ne
j, prendra ma Mcre pour aller au tombeau I Mon parlent prefque que de ce qui regarde le Gouver-
„ malheur ell de l'avoir perdue , & fi après une nement politique. La Providence divine eff néan-
„ auiU grande perte j'avois encore quelque chofe à moins allez juffifiéc, quand elle n'auroit fait pour
„ craindre ce ferolt de la deshonorer après fa
, leur converfion que ce qu'en écrivent les Miflion-
„ mort par des obfcques fuperltitieuiés, &par des naircs. On ne doute pas que St. Thomas n'ait prê-
3, cérémonies ridicules." ché la Foi dans
les Indes, &
il eff certain qu'en ce
Quelque tems après, plufieurs Demoifelles fui- tems-là les Indiens connoiiroient parfaitement la
vantes, qui avoient fervi l'Impératrice pendant fa Chine, à qui ils paioient prefque tous quelque tri-
vie, fe vinrent jetter aux pieds de ce Prince, & but. Il cil donc très-probable que cet Apôtre, à
le prièrent en pleurant de fouffrir qu'elles accom- qui ce nouveau Monde avoit été confié, n'en aura
pagnalîènt leur Maîtrelfe en l'autre Monde, oiiclle pas negligélaplus belle partiejauiïï diffinguée pour-
lois
, , &

4^'

SUR LA CHINE. U7
lors dans l'Orient
tems que l'Empire Romain y
, que l'Italie

Ainfi peut-être qu'il s'y fera tnmfporté lui-même


â?:ûs l'Europe au
étoit le plusfloriflànt.
78z. que ce monument fut élevé , pour conferver
à la poflerité la mémoire de l'état où ia Religion
Chrétienne étoit alors à la Chine. La Chronique
M
ou du moins qu'il y fiura envoie quelques-uns de de ce Païs conhrme, à ce que dit le Père le Com-
fes Difciples. te, par la fuite des Empereurs» ce que ce difcours
Cette conjciilure ell devenue beaucoup plus for- nous en aprend. Mais il dit qu'on y exagère beau-
te, depuis qu'on a lait reflexion à ce que i'Hilloi- coup les vertus des Princes , dont plulicurs paroif- 14

re Chinoife raporte de ce tems-là. Elle dit qu'un fent dans l'Hifloire prefque auffi portez à favorifer
homme entra dans la Chine, &. y prêcha une doc- le Paganifme que la Religion Chrétienne. Quoi
trine celeile. Ce n'étoit pas , ajoute-t-elle j un qu'il en foit , on voit par ce temoignage.que la Eoi
il
homme ordinaire; fa vie, les miracles, & fcs ver- y a été prêchée &
reçue d'un grand nombre de per-
tus le failbient admirer de tout le monde. Déplus, fonnes. Elle y a fleuri du moins durant cent qua-
on lii; dans un ancien Bréviaire Chaldaïque de l'E- rante-fix ans , &
peut-être même qu'elle s'y con-
glife de Malabar ces paroles, qui ibnt dans l'Office ferva beaucoup plus long-tems. La mémoire en
même de St. Thomas C'f/? par le inoien de Se.
: fut abolie dans la fuite ; &
quand les nouveaux
Thomas que les Chinois tè les Ethiopiens ont êtécon- MilRonnaircs Jefuitesy entrcrcnt,ils n'y en trouvè-
•vci'tis , ËJ ont connu la 'vérité. Et dans un autre rent plus aucun veflige.
endroit, Cejl^ar St. Thomas, c'cd-à-dire./a^ /d
T'rédïcation de St. Thomas que le Roiaume des deux
St. François Xavier y arriva l'ati if.fi. Il n'avoit
encore fait dans les Indes qu'un effâi de fon zèle I
fenêtre dans V Empire de la Chine, E.t dans une
ff., qu'il vouloit confommer dans la Chine lorfqu'it ,

Antienne on lit encore ce qui fuit Les Indes-, la : mourut dans un tems où de longs volages & des
Chine , la T'erfe , ^c. offrent en mémoire de St. Tho- peines infinies fembloient lui répondre dufuccès de
mas l'adoration qui ejl due à •votre faint Nûm.Nous ion cntreprife. Ce fut dans l'Ile de San-cham , oui
ne favons pas les convcrfions qu'il y opéra, ni com- comme on l'appelle en France, de Sanciam, dépen-
bien de tems la Religion y fleurit; mais long-tems dante de la Province de Canton, qu'il mourut; on
après, c'ell-â-dire, au feptième Jiècle, un Patriar- dit qu'il demeura enterré durant pluficurs mois;
che Cathohquc des Indes leur envoia des Million- que Dieu le préferva de la corruption ordinaire,
naires qui y prêchèrent la Religion -avec beaucoup qu'ilfutenfuitetranfportéàGo<ï,où on l'honore de-
de fuccès. (Juoi-que leur Hiltoirc en ait touché puis ce tcms-là comme le Protedeur de la ville, &
quelque choie , c'a été néanmoins en il peu de mots comme l'Apôtre de l'Orient. On dit aulli qu'on
1^ d'une manière h obfcure , que jamais nous n'en lit tombeau cette infcription gravée en La-
fur fon
aurions été bien inilriiits, fans l'accident qui arriva, tin , en Portugais, en Chinois & en Japonnois:
dit-on, dans le fiècle palfé, &
dont la Providence C'e(î ici que Xavier , homme vraiment jîj>oJtolique et ,

voulut fe fervir pour affermir plus Iblidement la Eoi été en/eveli. Pour conferver la mémoire de cefc-
dans ce grand Empire. L'an 162.^. des Maflbns en pulchre, on réfolut de bâtir tout autour une bon-
fouillant la terre dans la Province de C^^wt? auprès ne muraille en quarré, & de creufer un folle pour
de Sigftatifon qui en eft la Capitale , trouvèrent une la défendre des ravines d'eau. Au .milieu de ces
longue table de marbre, qui autrefois avoit été éle- quatre murailles on éleva la pierre qu'on avoit trou-
vée en forme de monument , félon la coutume de vé rcnverfée & on y bâtit un Autel. Les gens
,

]a Chine , &
que le tems avoit enfevelie dans les du Païs travaillèrent eux-mêmes à ce petit ouvra-
ruines de quelques Bàtimens, ou dans la terre mê- ge & ne montrèrent pas moins de zèle pour l'hon-
,

me, fans qu'on s'en fi^it aperçu. Cette pierre , qui neur du Saint que les Chrétiens. Ceux qui ont tra-
avoit dix pieds de long lur cinq de large, fut foi- vaillé après à la converlion delà Chine, furent les
gneufemcnt examinée, d'autant plus qu'on y trou- Pères Roger, Paiio , &Ricci, tous trois Itahens.
va dans la partie fuperieure une grande croix bien Ce dernier fe dillingua fur-tout par fon zèle par &
gravée ; &
plus bas un long difcours en carafte- fa capacité. Il étoit iblidement inibuit des coutu-

res Chinois,avec quelques autres lettres étrangères mes, de la Religion , des loix , &
des cérémonies
&: inconnues aux gens du Pais ; c'étoient des let- du Païs, qu'il avoit long-tems auparavant étudié il
tres Syriaques. L'Empereur en fut averti , il s'en Macao. Il parloit bien la langue, il entendoit par-
fit donner une copie, &
il a ordonné depuis qu'on faitement leurs caraderes ; cela, joint à des mœurs'
conferviit avec foin ce monument dans une Pago- très-réglées , à un naturel doux , aifé , complaifant ,'
de où il eft encore à prefent ;\ un quart de lieue de à un certain air infinuant qui lui étoit propre , &
la ville de Signanfou. 11 contient en gros,, qu'il y a dont on avoit de la peine à fe défendre, tout cela,
„ un premier Principe inteUigent fpirituel , & & dis-je , lui aquit en peu de tems une grande répu-
„ qui ell une fubilancc en trois Perfonnes. Que tation. Il eut à combattre la fuperllïtion du Peu-

„ la féconde de ces Perfonncs,qui eft leMefIie,né ple , la jaloufie des Bonzes , la mauvaife humeur,
„ d'une Vierge, a montré aux hommes la voie de des Mandarins touts'opofa aux établilîcmens qu'il'
;

„ la vérité. une Loi toute eelelle &


Qu'il a laiffé vouloit faire. Mais il ne fe rebuta point, après &
„ toute fpiritucUc, pour détromper les hommes de pluheurs années de flerilité, il eut enhn la confo.^
l'eltime des biens de la terre, & leur infpirerl'a-




raour des biens éternels. Qu'un homme de ju-
dée d'une vertu finguliere elf venu la Chine
,

l'an 636. aporter cette Loi, en faveur de laquelle


, ii
lation de voir fruétitier l'Evangile. Il fe fit des
converfions éclatantes dans les Provinces.
Mandarins eux-mêmes ouvrirent les yeux à la lu-
mière de la Eoi Romaine, que ce Millionnaire por-
Les
H
„ rEmpereur7â/-!rp«Mfit unEdit. QucKao,Fils ta jufqucs diins la Cour. L'Empereur Vanli , qui
„ & SucccOéur de Taï~Tçoum,s'apliqua à faire
„ fleurir la Rehgion quefonPereavoitreçûë. Que
,, les Empereurs
fuivans ont aufîi affermi le Chrif-
„ tianifme par leurs Edits & par leurs exemples
regnoit pour-lors,- l'y reçut avec beaucoup démar-
ques de bienveillance j &
parmi diverfes curlo-
fitez d'Europe que le Père lui prelénta , il fut,'
dit-on , h touché de quelques tableaux du Sau-
H
„ malgré la pcrfecution des Bonzes". Ce fut l'an veur &
de la Sainte Vierge , qu'il les fit placer
Tom. F. Q(j dany

^.
148 SECONDE DISSERTATION
dans un lieu ékvé de fon Paliiis, pour y être ho- folée par des converfions éclatantes; une Impératri-
norez. ce avec fon fils reçut le Batême; mais à peine l'un
Cet accueil favorable du Souverain lui attira les & l'autre tems de furvivre à leur Foi.
eurent-ils le
bonnes grâces des principaux Seigneurs de la Cour ; Enfin leTartare,par fa valeur & par une conduite
& malgré la reliftaace de quelques Magillrats , qui digne de la politique des anciens Romains, fe ren-
félon la coutume ne pouvoient s'accommoder d'un dit le Maître , &
obligea en peu d'années toutes
étranger, ne laiiTa pas d'acheter une maifon, &
il, les Provinces à recevoir le joug étranger. Non
de fuire à Teha un établiiîement qui a dans la fui- feulement ce Prince ôta aux Maîiometans la direc-
te été l'apui de toutes les MifRons de rKmpirc.C'eIt tion des Mathématiques dont ils ctoient en pof-
,

par cette voie , que la Religion fut connue, elti- feliion depuis 3C0. ans, &
la donna au Père Adam
rnéc &
prcchée avec fuccès^par les nouveaux Mif- Jefuite mais par un privilège fpeeial il permit à ce
; ,

iionaircs , qui profitèrent des premiers travaux du Père de s'adrefTer uniquement :\ lui pour tout ce
Père Ricci. Le petit nombre d'ouvriers Kuro- qui eoncernoit les Miffionnaires, fans pafierpar les
péens donna même lieu à plulieurs Mandarins de formalitez des Tribunaux , qui étoient peu favora-
prêcher la Foi , &
il s'en trouva qui par leur zèle bles aux Etrangers. Cette grâce extraordinaire,
& par leur capacité n'avancèrent pas moins les af- jointe à plufieurs autres , releva le courage des Chré-
faires de la Religion, que les plus fervcns Miilion- tiens, ^
donna la Hberté aux Paiens d'embralferla
naircs. Le Père Ricci mourat,après avoir furmon- Foi. Plufieurs Perfonnes de la première qualité
té pUifteurs obltacles &
diverfes opofitions de h demandèrent à Tekin le Batême ; les Provinces
part des Ciîrêtiens môme d'Europe. Mais quoique fuivirent l'exemple de la Cour,&
la moilfon devint
durant les années fuivantes l'Empereur parûc enco- fi grandc,que les ouvriers ncfuffifoient pas pour la
re fiivorable à la Religion , néanmoins en 1615-. il recueillir.
s'éleva contre elle la plus cruelle tempête qu'elle Tandis que le Chriltianifme jettoit de profondes
j* eût encore fouffertc. Ce fut un des principaux racines dans les Provinces , il devenoit tous les jours
Mandarins de Nankin, qui la fit na'itre. On atta- plus floriffant à Tekin; l'Empereur lui-même n'en
qua principalement les Palleurs , afin de difliper paroifToit pas éloigné ; il alloit fouvent à l'Eglife
plus aifément le troupeau. Les uns furent cruel- des Jefuites, &
il y adoroit la Majelté divine avec
lement battus, les autres exilez , prcfque tous em- un refpedt qui eût été louable dans un Chrétien.
prifonnez & conduits enfuite à Macao. L'orage On voit encore des Ecrits de fa propre jnain , par

H ^- continua près de llx ans mais enfin le Perfecuteur


:

aiant lui-même été accufé , fut par un coup de la


Providence privé de fes charges de la vie. Sa
mort fit refpircr les Chrétiens , qui dans la fuite fe
multiplièrent plus que jamais, par les travaux d'un
grand nombre deMiflionnaîres. Ce fut en cetems-
Jà , c'eit-à-dire, en l'année 163 1. que les Religieux
&
lefquels il reeonnoit la beauté
Chrétienne; mais le cœur , attaché aux plaifirs des
fens,ne fuivoit pas les lumières de l'efprit
le Père Adam le prelToit Fous avez, rai/on , lui
répondoit-il
:
quand

mais au fo7îd comme7it voulez-vous


: -,

qu'on piijfe pratiquer tontes ces tnaximes? Retran-


&
la pureté de la Foi

; &

de Dominique fe foignirent aux Jefuites & tra-


St.
chez en deux on trois des fins difficiles , feut- ^
être qu enfuite on pourra s'accommoder du rejle.
vaillèrent aveceux dans la Chine. C'elt ainfi que ce jeune Pi-incc,partagé entre laGra-
Le Père Adam Schaal, Allemand de Nation, qui ce &fes pailions , s'imagînoit qu'on pouvoir favo-
parut à la Cour, donna un nouvel éclat au Chrif- rifer la nature aux dépens de la Religion. Ces dif-
tianifme renaiffant. fe fervit des Mathémati-
Il ficultez, que l'Empereur regardoit comme infur-
ques, qu'il entendoit parfaitement , pour s'infinucr montables, ne lui ôterent pas néanmoins l'affedlion
dans l'cfprit de l'Empereur, &il fut cnpeudetems qu'il avoit pour le Père Adam ; ij lui permit de bâ-
C avant dans fes bonnes grâces , qu'il crut pouvoir tir deux Egli fes à Tekin; il voulut même qu'on
re-
tout entreprendre pour rétabliifement folidc de la parât celles que la perfecution avoit renverfées dans
Religion. Il commençoit de fe fervir de fa faveur les Provinces; enfin il luiaccordoit tout ce qui
pou-
avec fuccès , quand une révolution renverfa avec voit contribuer quelque chofe au folide établiiTe-
j

l'Empire de Ji belles efperances. Ce grand Etat, ment de la Foi, qui auroit fait fans doute des pro-
qui paroifToit inébranlable par la puiiRnce, éprou- 1
grès confiderablcs , fi une violente pa/ïion n'eût en-
va alors qu'il n'y a rien de conitant en ce Monde. fin changé l'efprit de ce Prince , ne l'eût ravi dans &
, Quelques Voleurs aflémblez formèrent en peu de un tems où l'on avoit le plus belbin de fa protec-
tems des Armées confiderablcs,par la foule desmé- tion : car on peut dire qu'il mourut de douleur,
contens qui fe joignirent à eux ils brûlèrent des :
caufée par la perte d'une concubine. Cette fem-
Villes , &
pillèrent des Provinces entières. La me, qu'il avoit enlevée à fon Mari, lui infpira en-
Chine changea tout d'un coup de face , &: de l'Em- fin le culte des faux Dieux, mais dans un tel excès,
pire le plus florilîant , elle devint le Théâtre de la qu'il n'étoit plus reconnoifiàble fur le point de la
plus fanglante guerre. Jamais on ne vit tant de Religion. Ce fut en ce rems-là qu'il tomba mala-
meurtres &
d'inhumanitez. L'Empereur lui-mê- de, entêté des Bonzes qui occupoient tout le Pa-
me, furpris dansîP^^i;/,s'étrangla,de crainte detom- lais; & tourmenté par fa pafh'on,qui ne lui donnoit
-tîer entre les mains du vidorienx. L'Ufurpateur pas un moment de repos. Cette mort fut égale-
ilit bien-tôt après cha0e du Trône par lesTartares,

qui s'en emparèrent. Les Princes duSang, qui


ment fatale aux Bonzes qu'on chafîa du Palais , &
:\ la Religion qu'elle mit à deux doigts de fa perte.
.
s'étoicnt en difïèrens endroits décIarezEmpcreurs, Plufieurs Eglifes bâties fur les Côtes des Provinces
furent vaincus ou mis à mort. Pour lors tous les maritimes , furent renverfées par un Edit qui or-
,
Mandarins fe déclarèrent, les uns pour le Tartare, donnoit à tout le monde de fe retirer dans les ter-
les autres pour la liberté & plufieurs entreprirent
:
res trois ou quatre lieues loin de la Mer, de dé- &
des guerres particulières, dans l'efperance de profi- truire toutes les habitations maritimes, dont un fa-
ter du delbrdre univerfel, La Religion,qui gemil- meux Pn-ate profitoir pour faire la guerre à l'Em-
foit parmi tant de troubles, ne lailla pas d'être con- peur. On fut même (ur le point de ruiner Macao,
&
i^ SI

&
SUR
l'ordre étoic déjà donné d'en chaffer les Portu-
gais, quand le Père Adam fit un dernier effortpour
LA CHINE.
la le Pape honora encore du
clefiafbiques François,
même
Dofteurs de Sorbonne
titre deux Ec-
, fidè-
é
les fauver. Ce fut par où finit tout fon credit,qu'il du St. Siège. Si le nom-
les à fuivrc les intentions
avoit utilement emploie pour le bien de la Reli-
11 bre des Mifîionnaires eût répondu à celui des Paf-
gion. Car peu de tems après il fut lui-même l'ob- tcurs, les Eglifes de laChine cuffent été parfaite-
jet de la plus fanglante perfecution. Les quatre ment remplies; mais, le trop grand foin que cha- « il
iVIandarins Rcgcns durant la Minorité du nouvel cun avoit d'y pourvoir, à l'exclullon des autres,
Empereur, poulïez par différentes confiderations, faifoitque pcrfonne ne s'empreiluit d'y aller. Quel-
& fur-tout animez contre ics Chrétiens dont ce , ques perfonnes zélées tâchèrent d'y aporter remè-
Perc étoit prefque Tunique apui, le tirent mettre de. L'Evêque de Munller &
de Paderborn, que
enprifon avec troiy de fes Compagnons. On cita le foin de fon Eglife n'empêchoit pas de porter fes
tous les autres Prédicateurs de l'Evangile Pékin , il vues jufqn'aux extrémitez de l'Orient , fonda à per-
qui furent traitez de "k même manière , & chargez pétuité huit Miinonnanes pour la Chine ? mais
chacun de neuf chaînes. On brûla leurs Livres, comme il mourut peu de tems après, iés dernières
leurs Chapelets, leurs Médailles: on épargna néan- voiontez ne furent pas exécutées. D'autres en
moins leurs Eglifestpour ce qui efl des Chrétiens, France, en Efpagne, en Italie fe donnèrent beau-
ils furent traitez avec un peu phis de douceur. coup de mouvemciis pour fecourir cette Millioii
Après diverfes tourmentes de cette nature que abandonnée; mais ce fut inutilement.
la Religion a foufïértes dans la Chine, le calme lui Le Roi de France, parmi les grands deiléins
fut enfin rendu & la paix dont elle jouiffoit ani-
; qu'il meditoit depuis long-tems pour rendre la Re-
males Millionnaires à repai-er les pertes que la per- ligion Romaine floriiïante en Europe, crut qu'il ne
fecution avoit caulées. Outre les Jefuites , il y eut
encore plufieurs Religieux de Saint François & de
devoit pas négliger de l'étendre aulli en Ane. Il
cnvota des Religieux Mathématiciens, qui, en exé-
y A
Saint Augullin qui entrèrent dans la vigne du Sei- cutant fes ordres pour la perfeftion de l'Altrono-
gneur. Ilfe fit par-tout de nouveaux établillcmcns, mie , travaillaiîènt: en môme tems à la Converfion
& malgré les défenfes,un grand nombre de Païens des Infidèles. On lui avoit fait comprendre que
le convertirent à la Eoi. Quelque tems après, l'Evè- parmi les moiens, dont la prudence humaine peut
qued'Heliopolis, envoie par la Congrégation du St. utilement fe fervir dans les actions les plus faintcs,
Office avec quelques Exclefiafliques François, en- il n'y en avoit point qui euilent plus avancé Icsafai-

tra dans la Chine, plein d'ardeur pour la reforme & res de la Religion à la Chine, que les Mathémati-
pour raccroilîcment de cette nouvelle Chrétienté. ques. Il fit choix de fix Jefuites qu'il crut capables
Ce Prélat avoit "déjà manqué fon voiage une fois : de contenter les Savans,& d'édifier tout à la fois
les vents contraires l'aiant obligé quelques années les gens de bien. Quand ils arrivèrent à la Cliine,
auparavant de relâcher à Manille, Ile confiderable ils la trouvèrent dans l'état que l'on a dit ci-devant,
de la domination des Efpagnols , il y fut arrêté fous couverte d'une abondante molifon &
prefque def-
divers foupçons,- &
obligé de revenir en Europe tjtuée d'Ouvriers. L'Empereur paroilToit plus fen-
par le Mexique. Cet accident, qui avoit rompu lés fible que jamais aux fervices que les Jefuites lui ren-
premiers dcireins, ne fervit qu'à lui en infpirer de doicnt, & fembloit ne chercher que l'occafion de
nouveaux & de plus grands. Il vint à Paris, où fes
bonnes intentions iùrcnt généralement reconnues,
leur faire plaifu". Les Percs crurent qu'il falloit fe
fci-vir d'une fi heureufc conjonChire,pour tirer la
ti
Romerécouta avec plaifn-,& fuivît toutes fes vues Religion Romaine du honteux efclavage où elle
en ce qui regardoit les Mifïïons d'Orient. De for- gemiilbit depuis ii long-tems. Ils prirent la liber-
te qu'il partit honoré des pouvoirs du Saint Siège, té de repréfenter à l'Empereur, „ que les Offi-
& charge des aumônes des fidèles , qui n'attcn- „ ciers de la Province deChanton, fous prétexte
doient pas moins de fon zèle que la converfion du „ de faire garder les Loix,fe faif oient un malheu-
Nouveau Monde. Il pafla donc encore une fois les
„ reux plaiiir de perfecuter les Chrétiens , de &
mers, & arriva heureufement à la Chine. Les Je- „ chagi-iner les Prédicateurs de l'Evangile; que ii
fuites âc quelques autres Rehgieux non feulement „ SaMajefté n'avoit la bonté de révoquer les Edits
reconnurent fon autorité, mais encore firent le nou-
„ qu'elle avoit portez contre les Chrétiens pendant
veau ferment que la Congrégation avoit inftitué, „ fa Minorité, ils fe verroient tous les jours expo-
quoique le Roi de Portugall'eût fouvent défendu. „ fez eux &
leurs Frères, au caprice &
à la mau-
Mais ils jugèrent que ce Prince, en qui l'amour de „ vaife humeur des Mandarins ; que quelque pé-
la Rdigion a toujours prévalu fur les intérêts par-
„ nétrez qu'ils fuffcnt des grâces continuelles qu'il
ticuliers, ne le trouveroit pas mauvais quand il
, „ leur faifbit, ils y feroient bien plus fenfibles, s'il
fauroit que leur refus étoit capable de eaulèr dans
„ vouloir bien fe déclarer ouvertement le Protec-
la Chine la perte du Chriftianifme , & peut-être „ teur de la Religion Chrétienne , &
en permettre
celle des Millions dans toutes les autres parties de „ le libre exercice dans tout fon Empire.
l'Orient. Ce difcours ne plut pas ii l'Emperenr. Il leur
Ce fut unevéritable joie pour l'Evêque d'Helîo- fit dire „ de ne fe pas embarralFer du zèîe outré du
polis, qui après cet heureux commencement fe „ Gouverneur de Chepim-hien &
des Ofiiciers de
préparoit , fuivant fes anciennes idées , à donner une „ Chanton; qu'il auroit foin de faire cefier la per-
nouvelle culture ii la vigne du Seigneur. MaisDieu „ fecution, &de donner fes ordres pour rerablir
Tappella à lui quelques mois après fon arrivée. Cet- „ la paix: mais que quelque amitié &
quelque con-
te mort furprit tous les fidèles elle atBigea fur-tout
:
„ fideration qu'il eût pour eux, ils ne dévoient
les Ecclefiailiques qui avoient été les compagnons pasfe flatter qu'il déclarât Protefteur
„ fe le d'une
de fon voiage ; les autres MifTionnaires fe confo- „ Loi étrangère, ni qu'il introduisît dans fon Em-
Icrent de cette perte, par l'arrivée de deux autres pire une Religion qu'on n'y avoit jamais con-
„ ,

Evêques, qui peu de tems après remplirent fa pla- „ nuë; qu'ils étoient afïez éclairez pour en voir les
ce en qualité de Vicaires Apoftoliques. Outre ce- „ raifons, fans qu'il fût obligé de s'expHquer davan-
Qq X „tage.

Vf?
,

SECONDE DISSERTATION
„ tflge. Une peu attendue confterna les
rcponfc fi deux premiers Prefidens de Cette fameufe Compa-
Pcres, & leur cuufa une douleur d'autant pluy amc- gnie fembloient être dans leurs intérêts. C'omme
re, qu'ils voioient s'évanouir dans un moment tou- ils avoient beaucoup de crédit dans leur corps, on
tes les belles efperances, qu'ils avoicnt conçues de- de douta pas qu'Us n'entrainaflcnt le reile des Otii-
puis fi long-tems. Cependant, comme ils iavoîcnt ciers de cette Cour, &qu'ils ne leur inlpirailént
que ce Prince avoit de l'eilime pour la Religion des fcntimens favorables,
Chrétienne, k laquelle il avoit fouvent donné de Comme l'établillémcnt de la Rehgion à la Chi-
grands éloges, ils ie pcrfuadérent qu'il ne refufoit ne ,& la converfion de tout l'Empire dépendoient
de la protéger ouvertement, que parce qu'il s'ima- de l'Arrêt qu'ils aLtendoient, ils emploiercnt tout
ginoit qu'elle étoit contraire a Tancienne Religion le Lcms que les fceaux furent fermez, àfollicitcr
de la Chine, &: qu'elle n'y avoit jamais été établie. leurs Juges. Ils n'omirent rien pour les gagner,
C'clt-pourquoi ils lui tirent dne, „ qu'ils étoient &: pour mériter leur faveur. Ils leur firent des
„ luipris que Sa Maj^fté, étant au/Ti éclairée qu'el- prelens, ils interellérent leurs amis, ils allèrent les
„ le l'ctoit, traitât de Religion nouvelle la Reli- voir. Ils en étoient reçus avec un accueil, qui les

„ gion Chrétienne, qu'on connoiifoit à la Chine remplillbit de joie , &qui leur faifoit croire que
„ depuis plus de mille ans; que pluficurs Kmpe- l'Empereur avoit prévenu ces Mandarins. On en-
s, reurs s'étoicnt autrefois apliqiicz à l'y faire lleu- trevoioit alTez par le Itile, dont la Requête étoit
„ rir, &: :\ élever dans toutes les Provinces des écrite, qu'elle avoit pafîe par les mains du Prince,
5, Temples au vrai Dieu ; comme en faifoit fot le avant qu'on la lui eût prefentée car il n'y avoit
:

j, célèbre monument qu'on avoit trouvé danslaPro- pas aparence que des Etrangers qui étoient fans apui
.1 ., vince de Chenil en l'année 16^5. &
qu'on con- & fans proteaion, euifent eu la hardicfîc de parler
„ fervoit encore, comme nous avons dit, dans il librement, & de prendre :\ partie un Viceroi avec
„ une Pagode près de la ville de Signanfou, Capi- tous les Ofhciers d'une Province , fans l'agrément
3, taie de cette Province. Qu'au reile il ne falloit &: la permiilion de l'Empereur.
„ pas que Sa Majeilé rcgardiit la Religion Chrê- Cependant les fceaux s'ouvrirent, & tous les Tri-
„ tienne comme une Religion étrangère, puifqu'cl- bunaux reprirent leurs fonètions. La Cour des
„ le étoit la nicme dans les principes dans fes& Rites s'alièmbla, & commençales délibérations par
„ points fondamentaux que l'ancienne Religion, la Requête desjefuites. Cette affaire l'embarralia ;
„ dont les Sages & la premiers Empereurs de la elle ne favoit quel parti elle devoit prendre ni de,

„ Chine faifoient praiciiion, adorant le même Dieu quelle manière elle devoit opiner. Elle étoit com-
„ que les Chrétiens adorent, & le rcconnoiflant me partagée entre la complailance pour l'Empe-
„ aufli-bien qu'eux pour le Seigneur du Ciel & de reur, &fon averfion pour la Religion Chrétienne :
3, la Terre, comme le Père Matthieu Ricci l'avoit elle balança long-tcms. Enfin après bien des incer-

„ voir dans un Livre qu'il avoit compofé en


fait titudes ëc des deUberations , la haine l'emporta fur
„ Chinois fur cette matière,,- Cela fit naitre à la complaifance; ik cette Cour toujours attachée à
l'Empereur la curiofité de voir la relation du mo- fes anciennes maximes , &
toujours contraire au
nument de Sipianfou Livre du Père de Ricci,
8z le Chriftianifme, prononça l'Arrêt que je vais rapor-
& le porta â's'initruire de cette importante vérité. ter.
Maisil croit déterminé de ne rien l'aire alors en fa- „ La Loi de'Dhu va rien qui tende à faire le mal,
veur du Chriilianifme , qui put donner de l'ombra- „ ou à caiijer du defàrdre : éefenfe pourtant aux
ge à fes Sujets. „ MiJJîonnaires de répandre des Livres de cette
. Les Millionnaires prefentercnt quelque tems „ Loi tS de diflribner des Médailles ^ autres cho-
,

après une Requête à l'Empereur , par laquelle il fe » fi^ femblables. 'Pour leur Tiieu permis à eux,

laiiTa toucher ; elle ne eontcnoit aucune raifon pri- ), feulement de t adorer*. Cette Sentence fut pre-
fe de l'excellence de la Religion Chrétienne :1a rai- fentée à l'Empereur , qui la ratifia par cet Kdit.
fon que les jcfuites en donncnt,c'elt,difent-ils,que „ Tour la Loi de Tiieu à la referve de Ferdinand
,

l'Empereur qui voulut la dreller lui-même, crut que „ Verbieft ^ de fes compagnons , auxquels on en
cesraifonsferoientmoinspropresà toucher les Man- ,f permet l'exercice comme auparavant i^ pour les
,

darins Chinois, que celles qu'il jugea à propos de „ Eglifesy de peur que par hazard o?i ne recommen.
leur fubllituër: mais ceux qui connoilTcnt ces bons „ ce à en bâtir foit à la Corn- foit dans les Trovin-
Pères, n'auront pas de peine à le perfuader que la „ ces, £0 quon ne continue à cmbrajfcr cette Loiy
véritable raifon pour laquelle ils en uferent ainfi, .,
fordonne derechef qu^on défende l^un ^ l'autre fous
fut qu'il leur importoit peu par quelle voie ilss'éta- „ de très-grieves peines £^ quon en avertiffe le
,

bîiflent à la Chine, pourvu qu'ils réuisîlTent dans „ Teuple, Je confirme le rejte de cette Sentence.
leur delîein. Cette Requête fur renvoiée deux jours Cet ordre fut foigneufement exécuté. Cependant
après à la Cour Souveraine des Rites, à laquelle il le Père Verbieft préfenta dans la fuite unefeconde
apartient de connoitrc des aftaires de la Religion Requête à l'Empereur, en ces termes; Je fuplie
avec ordre de délibérer fur ce quelle contenoit, & Votre Majefiif de mettre la Loi de 'Dieu que nous
d'en rendre compte enluitc à l'Empereur. Mais profejfons moi ^
mes Compagnons , fur le même pied
comme ce Prince partit bien-tôt après pour aller quelle étoit au commencement de'uotre Règne avant -,

vifiter le tombeau de les Ancêtres félon la coutu- qiion l'eût faujfement accufée ; quon lui donne une
me, &
que les fccaux fe fermèrent peu de jours entière liberté, &
qu'on ne défende pas à vos Sujets
après, la Cour des Rites n'eut pas le tems de l'exa- de l^embraffer. Ce fera le moien d'empêcher la ca-
miner, ni de donner ion Arrêt. lomnie , tS d'en détruire les effets. A
quoi la Cour
On s'en promettoit néanmoins un heureux fuc- fit la réponfe fuivante. Les Miffionnaires font des
cès, àc on avoit tout fujet de l'efperer, api'ès les ajfembléest ils répandent des Livres de leur Loiy ils
démarches que l'Empereur venoit de faire. Les difîribuent des Médailles ^
autres chofes femblables.
jelUites avoient trouvé de la protccfion auprès des On défend aux Sujets de l'Empire de futvre cette
principaux Othcicrs de la Cour des Rites. Les Loi-, ^on enpermet l'exercice aux feuls Européens.
Sur-
,

Sur quoi rEmpci-éur portu


s U k
l'Edit fuivant
inutile de délibérer fur ce que Ferdinand Verbieft
frofofe dans fa Requête &c.
:
L A
// ejî
CHINE.
commifiion , de peur de s'attirer l'indignaLibn de
l'Empereur, dontil ne favoicpas les fenfimens. Il
tâcha de les confolcr, &
pour leur donner le chan-
ge, leur confeilla de dreflêr une P^equête, de la &
I5-I

U y
Les Jéluites , qui s'étoicnt lailTé éblouir par les
aparenccs, & tromper par les vaines proteitations cacheter, &
il leur promit de la faire tenir fecrcte-

qu'on leur avoir faites, furent étrangement conltcr- ment à l'Empereur. Cet expédient mettoit Chaa
nez de cet Arrêt qu'ils n'attendoient pas : ils ne hors 'd'intrigue; mais il cxpoibit lesjeiùiies: car
purent fe perfuader que TKmpereur les abandon- outre qu'il t'iroit l'affaire en longueur, il ctoit dan-
nât, après les démarches qu'il avoit faites; & comp- gereux d'en ufer ainfi, iâns en avoir demandé la
tant Iiir fa faveur, ils s'imaginèrent qu'il auroit la pcrmiliion. C'eft-pourquoi ils conjurèrent Chao
bonté de reformer cette Sentence, avant que de de faire connoitre nettement leurs fentimens à
l'aprouver. Ils fe confirmèrent dans cette penfée,
quand ils aprirent qu'il ne l'avoit pas envoiée au
l'Empereur, &
ils l'en preflercnt dvec tant d'inllan-

ccs, qu'il le leur promit.


!;M
Tribunal des C^z/iîOJ, félon la coutume. Enfin ce qui Le Prince n'arriva au Palais qu'à l'entrée de H
acheva de les tromper, fut,qu'étant allez le lendemain nuit. Comme il alla droit à l'apartcment de la feue
-A Hait-çe , oii étoit al ors l'Empereur , pour lui prefen- Impératrice fou Aieule, les Jefuites, qui l'atten-
ter divers Traitez de Phyfiquc &: de Mathématique doicnt j s'en retournèrent fans l'avoir vu. Il nd
& pour répondre aux queftïons qu'il leur avoit fait ilitpasplùtôt dansfon apartement ,
qu'il demanda à
l'honneur de leur propoier le jour précèdent; ce Prin- Qhao u les Jelùitcs étoient venus au Palais? II lui

ce affefta de leur faire plus de careifcs & d'amitiez repondit, qu'î/j r avaient attendu jufqiCà une heure
que jamais. Le refped les empêcha de lui parler de nuit, &
qu^il mjoit eu toutes Les peines du mou-
de cet Arrêt, ne doutant pas qu'il ne le fit refor- ds à les obliger de s'eii retourner. Mais que difent-
mer après tant de marques de bienveillance: mais ils? repart l'Empereur. HelasISire, répliqua C/jai?,
ils ne furent pas long-tcms dans l'erreur, car ils les uns font malades ^
demi morts, les autres ne
aprirent le lendemain que l'Empereur l'avoit con- peuvent parler, tê tous font fî abattus , ^fîabimesi
lirmé. Cette nouvelle hu un coup de foudre pour dans la douleur , qtCils font fitié à tout te monde. Il
eux. Ils en furent conllernez, & la douleur qu'ils fe fervit enfuite de cet heureux moment pour lui
<n eurent fut fi vive, qu'ils parurent dans un abatte- parler en leur fiveur, &
pour lui faire connoitre
ment, & dans une delblation,qui toucha tous leurs leurs fentimens. L'Empereur l'écouca avec atten-
amis. C'-!mme l'Empereur devoic retourner dans tion &
d'un air allez tranquille. Puis fc tournant
peu de jours à 'Pékin, ils refolurcnt de fe prefen- vers les Seigneurs qui étoient dans fa chambre. Je
ter à Sa Majefté , &
de lui faire connoitre l'état dé- nefçaiy leur dit-il, f^ que ces Mandarins Chinois ont
plorable où ils étoient. Ils allèrent au Palais, & contre ces Européens. Je leur ai marqué affez^ clai-
s'adrelTant à Chao , Premier Miniltre de l'Em- f
rement S cnine que avois defavorifer la Loi deT^ieUf
pereur „ Vousnous voiez, lui dirent-ils, accablez de
: (c'eltainliqu'onapelie à la Chine la Religion Chrê-i
„ trilleiîc, &plongez dans l'amertume. Que de- tienne. ) Malgré cela, ils ne veulent pas qu'elle
„ viendrons-nous après la malheureufe iiVue d'une ait cours dans r Empire. Je fouhaitois faire plaifîr
„ aftâirc, dont nous avions lieu de nous promettre à ces étrangers i en leur acordant ce qttils medeman--
„ un fi heureux fuccei? Que nous fervirontdores- dent en faveur de leur Religion, qui ef la feule cho-
„ en-avant toutes les grâces &toutes les faveurs fe dont ils s'inquiètent; mais ces Mandarins m'en
„ dont Sa Majefté nous a comblez? Nous voilà ôtent le moien par le mot de feulement auquel ils .

„ couverts de honte &


d'infamie. Que diront nos s'attachent, s'opiniâtrant à ne laijfer le libre exer- :i
„ compagnons, &
que penfera-t-on de nous en cice de cette Religion , qu'aux feuls Européens, Je
„ Europe? Pouvra-t-on ie perfuader que nous ne gardai quelque tems la Sentence de la Cour des Ri-
„ nous propofons en venant ici , que l'établiircment tes, ^
je fis venir les Colaos pour leur en faire voir-
„ de la Religion, quand on verra que l'Empereur finjufiice mais je trouvai les Colaos Chinois aujfl
:

„ la profcrit , &en défend l'exercice à tous fes fu- entêtez que les autres, &
il liy a pas eu moien d'y.

„ jets? Quoi !dira-t-on, cll-il polhble qu'un Prince rien cbaft^er; aiiifi Je l'ai confirmée. Cependant, il
„ ii fage & li éclairé, qui leur marque tant d'af- ne faut fas que ces Européens fe defolent ni qu'ils
„ fcftian & qui leur fait des honneurs ii extraor- fe chagrinent. Allez leur dire, Chao^ qu'ils aient
„ dinaires, refufe de leur donner la moindre fuis- un peu de futience, &
qu'ils ne fe livrent pas com-^

„ fattion lur la feule chofe qu'ils lui demandent? il me ils font à la douleur; qu'ils ne précipitent rieii:
„ n'y a pas d'aparence. Il fout que ces gens-lii ne j aurai foin de leur affaire , ^je tâcherai de les con-
„ fe mettent guères en peine de leur Religion, tenter.

„ puifque l'Empereur la condamne, par un Edit Cette réponfe qu'ils reçurent le lendemain au
„ public, dans le tems même qu'ils ont l'honneur Palais, où étoient allez, les raHura,& leur don-
ils

„ de l'aprocher de plus près &


d'être emploiez à na quelque efperance d'obtenir cequ'ils fouhaitoient.
„ f^n fervice d'une manière fi dillinguée. Vous IlsprcllerentCô-îode parler pour eux dans une con-
„ pouvez alfurer l'Empereur que nous fom-
,
jondure ii favorable. Il retourna trouver l'Empe-

„ mes inconfolables , & que nous ferions moins reur, &


lui iit un fidèle raport de tout ce difcours.

„ afligez s'il nous avoit tous condamnez à la mort ;


Ce Prince en fut touché ; il le renvoia confoler les-
„ puilque dans l'état où il nous réduit, nous ne pou- Jefuites, & les ailùrer de fa proteftîon. L'Empe-
„ vous plus vivre qu'avec inCamie. Ils ajoutèrent reur, touché de l'état dcplofable où il les voioit,
tout ce que la douleur la plus vive leur fuggera,& refolut de leur accorder la grâce qu'ils lui deman-
ils conclurent entin par' demander la permifiion de doicnt avec tant d'inltances. Il envola quérir le '

prefenter une nouvelle Requête pour la detenfe de Prince Sofau qu'il favoit être leur ami, il lui par- &
leur Religion. la de leur aflaire. Sofan , qui croit entièrement
Chao, qui leur avoit toujours marqué beaucoup dans leurs intérêts, lui demanda quche en avoit été
d'attachement , ne voulut point fc charger de cette riifuè : l'Empereur lui dit que les Mandarins Chi-r

Jom. V. R r noif

@i

M
î^l SECONDE DISSERTATION
ito'is opinuîfrea à ne -vouloir permettre
s'hélaient „ déHberé,nioi&:mes AfléiTeurSifur l'afflurc qu'cl-
l'exercice de la Religion Chrêtietme qu'aux feuls „ le nous a communiquée, & nous avons trouvé
Européens ; ce qui avott jette ks Jefuitcs dans un „ que ces Européens ont traverfé de valles mers»
Ji grand dejejfoir , qnils étaient inconfoLbies. Sa- „ &;font venus des extremitez de la Terre, attirez
fan tic cnluitc une remontrance très-vive à l'Empe- „ par votre haute fageilèj Se par cette incompara-
reur là-dclllis , à Li fin de laquelle le Prince demeu- „ ble vertu qui charme tous les peuples, & qui les
ra quelque Ccms rêveur, comme s'il eût délibéré „ tient dans le devoir. Ils ont prefcntemcnt l'Jn-
fur le parti qu'il avoit à prendre puis fe tournant
:
„ tendance de rAflronomie & du Tribunal des
tout d'un coup vers lui Hé èien , lui dit-il , je vais
:
„ Mathématiques. Us ié font apliqucz avec beau-
ûrdonner à la Cour des Rites de reprendre la Sen- „ coup de foin à faire des machines de guerre, &
tence qu'elle a portée , ?S de procéder à un nouveau „ à faire fondre des canons dont on s'eft fervi d.ms
Jugement: mais il faut que vous alliez, far 1er aux „ les dernières guerres civiles. Quand on les a en-
Officiers de cette Cour , ^
aux Colaos ^pour leur fai- „ voiez à Nipehau avec nos Ambalîâdeurs pour y
re reconnoitre finpijiice quils ont faite aux Euro- „ traiter de la paix avec les Mofcovites , ils ont
péens , ^
pour les engager à leur être favorables „ trouvé moicn de taire réuflir cette négociation :

dans un fécond 'jugement : vous n'avez qu\i leur ,, enfinils ont rendu de grands fervices à l'Empire.

repeter ce que vous venez de me dire. Oui , Sire , „ Onn'a jamais acculé les Européens qui font dans
repartit Sofan lans b;ilancer, j'irai^ Ï3je leur par- „ les Prtivinces, d'avoir fait aucun mal, ni d'avoir
lerai avec fermeté , je ne ks crains pas \ comme ^ „ commis aucun defordre. La doth-ine qu'ils en-
j'ai une bonne cauje à défendre^ les paroles tie me „ feignent n'clt point mauvailc ni capable de fe- ,

mau'jueront point. 11 ne manqua pas de le faire: „ duirc le Peuple, & de caufer des troubles. L'on
^"l'ii-mpereur de fon côté iit expédier fur le champ „ permet à tout le monde d'aller dans les Tem-
deux ordres, l'un pour les Colaos, l'autre pour la „ pies des Lamas, des Hochans, des Taoffe; ëc
Cour des Rites, afin que ces deux Tribunaux s'af- „ l'on défend d'aller dans les Eglifes des Européens,
femblalîcnt, &
deliberaiient enlémble fur cette af- „ qui ne font rien de contraire aux Loix; cela ne
îmc. Voici l'ordre que ce Prince eut la bonté de „ paroit pas raifonnahle. Il faut donc la'ficr tou-
donner. „ tes les Eglifes de FEmpirc dans l'état où elles
„ Le fécond jour de la féconde Lime de la tren- „ ctoient auparavant, &
permettre à tout le mon-
„ te-unièrae année deCara-hi: Nous Ifamo Colao „ de d'y aller adorer Dieu, fans inquiéter d'oréna-
„ & autres, avons reçu de Votre Majellé l'ordre „ vaut perfomie fur cela: Nous attendons l'ordre
„ qui fuit. La Cour des Rites a ci-devant porté „ de Votre Majeité pour faire exécuter cet Arrêt
j.cette Sentence. Tour rEglife de Ham tçheon ^ „ dans toute l'étendue" de l'Empire. Edt par les
„ les autres Eglifes de lEmpire^ il faut les laiffer „ Officiers en Corps , le troifième jour de la fecon-
„ comme elles étaient auparavant en permettant ,
„ de Lune de la trente-unième aimée du Règne de
„ aux Européens feulement dy aller faire leurs „ Cam-hi , c'e/i-à-dire, le vingtième de Mars de
„ prières ^ leurs adorations. Cette Sentence a „ l'année milfix cens quatre-vingt douze.
3, été aprouvée & exécutée mais les Européens
; Le Prince Sofan &
le premier Colao Chinois
j, qui ont prefentement l'Intendance de l'Allrono- Vam-hi fîgnalerent leur zèle
, &
leur afïeflion pour
3, mie , fe font auparavant emploiez avec beaucoup les jefuîtes dans cette occafion. Le premier, qui
,, de ibin & de iatigues à. faire des machines de avoitafliiléàraiiémblécpar l'ordre exprèsde l'Em-
5, guerre , & récemment ils ont rendu de grands pereur, avoit fait inlcrer dans l'Arrêt ces deux
), fervices dans la négociation qu'on a eu à traiter points : ^e
la Religion Chrétienne aprenoit aux
„ avec les Molcovites. On ne peut les acculer Sujets à être fidèles à leurs grinces ; enfeignoip ^
), d'avoir fait aucun mal, ni commis le moindre aux enfans C obéifance 6y lafoumijfion à leurs parens.
„ defordre. Après cela, regarder leur Loi comme Comme la .fidélité aux Princes, &: l'obéiilhnceaux
„ une Sede fauiîe & pcrnicieulé, & la bannir en parens font de toutes les vertus morales les plus re-
„ cette qualité c'ell; fans doute une haute injulli-
, commandabîes aux Chinois; ces deux points étoient
j, ce. Vous, Tribunal des Colaos, vous vous af- dans l'Arrêt, quand il fut prononcé: mais ils en
„ femblerez avec la Cour des Rites pour délibérer furent ôtez fans qu'on s'en aperçût, par quelque
„ fur ce point. Se vous me rendrez compte de vo- Mandarin du Tribunal des Calaos^ quand l'Empe-
„ tre délibération. reur, félon la coutume, le leurrenvoia. Les Jefuî-
Sur cet ordre, ks deux Tribunaux s'airemblerent tes n'aprirent cette fupercherie , qu'après que ce
le lendemain au Palais. L'Empereur fbuhaita que Prince eut confirmé cet Edit,& lui eut donné for-
le Prince tSo/an fe trouvât à cette aflcmblée, pour ce de Loi. Comme cela ne regardoit pas l'ciTen-
être témoin de ce qui s'y palîêroit, ik pour ache- ticl,& qu'on venoit d'acorder aux Prédicateurs de
ver ce grand ouvrage qu'il avoit fi heureufement l'Evangile plus qu'ils n'avoient olé efperer, ils pri-
commencé. On s'y conforma aux volontez du &
rent le parti de dilÏÏmuler, de n'en point parler
Prince on examina avec foin tous les termes dont
; à l'Empereur. C'efl ainfi que la Refigion Romaine
on devoit fefervir, & après en être convenu, on fut délivrée de l'efclavage où elle avoit gcmi depuis
prononça cet Arrêt auquel le confentement de
, &
plus d'un fièclc à la Chine, fut afirancfiie du joug
l'Empereur donna force de Loi. C'elt en vertu que l'Empereur lui avoit lui-même impofé pendant
de cetEdit, à préfenc fi fameux dans la Chine, que fa Minorité.
les Prédicateurs Romains y annoncent l'Evangile
avec liberté. 'Des Cérémonies des Chinois, ^ des honneurs qu'ils
„ Moi votre fujct Coupataï , premier Prefident
, rendent à Canfucius Qî aux Morts. ,

„ de la Cour Souveraine des Rites, Chef de &


„ pluJieurs autres Tribunaux , je prelénte avec Le Cérémonial des Chinois ne règle pas feule-
„ refpect cette Requête à Votre Majcilé, pour ment, commeparmi nous, la manière lescirconf- &
„ obéir à fes ordres avec foumUiion: Nous avons tances des actions du Cuke rehgieux; les devoirs
pu-
,

\^,-

SUR LA CHINE, H! H': '(:

publics qu'on rend aux Princes, aux Ambaiiadcurs lons parler, laquelle fe pratiquctous les fixmois par
ôc aux premiers Magiltrats ; &
certaines fon(!:'tions les Princes &
les perfonnes d'un rang dillingué , en
éclatantes que la coutume ou les loix prefcrivent : l'honneur de leurs Ancêtres car l'eilime la vé-
: &
mais il s'étend à tous les états ëc à tous les devoirs nération qu'on a pour ce célèbre Docteur elt fi gran-
les plus communs de la vie civile. L'inférieur fait de, qu'on lui rend les mêmes devoirs qu'aux Empe-
ce qu'il doit l'on Supérieur, &. l'égal à ton
rendre à reurs défunts.
égal. Tout marqué avec loin , & s'olilcrve
elt Il y a troistems&troismanicresdifferentesd'ho-

avec exactitude parce que quelque vaines & quel-


;
norcr les morts. Le premier tems elt avant la fé-
que ridicules que nous pai-oillènt ces Cérémonies, pulture, 6c voici ce qui fe pratique alors. On ex-
ils les i-egardent comme un point cilentiel de leur pofe le corps dans la lalle ; on mec une table devant
Morale ils s'y attachent Icrupuleuiement ils les
; ; le cercueil, &l'on place fur cette table ou l'image
admirent ;&: , entêtez de leur antiquité, ils font li du défunt , ou ce cartouche dont j'ai parlé , dans
jaloux de ces ufages,que bien loin de foufti-irqu'on lequel fon nom elt écrit; ce qu'on accompagne de
y aporte quelque changement, ils traitent de gens chaque côté, de fleurs, de parfums, de bougies &
groiliers &
de barbare^ les étrangers qui les igno- qui brûlent. Ceux qui viemient faire des compli-
rent. mens de condoléance, faluênt le défunt à la maniè-
Ces cérémonies qui accompagnent les aftionspu- re du Pais ; c'eit-à-dirc qu'ils fe prolternent , &
bliqucs& particulières , ont caufé dans les eom- frapent la terre de leur front devant cette table , fur
mencemens beaucoup d'embarras aux Prédicateurs laquelle ils mettent cnfuite quelques bougies quel- &
de l'Evangile. Acoutumez dès l'enfance à les re- ques parfums , qu'ils aportcnt toujours avec eux,
garder en Europe comme le figne d'un Culte reli- félon la coutume.
gieux, la Chine, pleines de
elles leur paroilVcnt à La Icconde cérémonie obferve defixenfixmois:
fuperltition. , qui ont porté les pre-
Les Jcfuites Dans toutes les familles quifont riches, on aiinapar-
miers !a Foi dans cet Empn-e , qui y ont travail- & tement qu'on apellc Tfu-tangi ; c'eft-à-dire l'apar-
lé feuîs durant cinquante ans, furent d'abord fra- tement des Ancêtres, Sur une table placée contre
pez du CérémoniLil que les Chinois gardent pour k muraille , &: chargée de gradins femblables :\
honorer leurs morts ^ ëc de ce que les Savans les & ceux d'un Autel, on voit l'image du plus confide-
Mandarins pratiquent pour marquer qu'ils recon- rable des Ancêtres , &
les noms de tous les hom-
noiHent Coiifuchts pour le Legillateur , le Maître mes, les femmes & les entans de la famille , rangez
ô: le DoeHeur de toute Nation. Ils s'afTemblc-
la des deux cotez \k écrits fur de petites tablettes ou
rent pluiieurs fois &
curent de longues conféren- planches de bois, de la hauteur d'envh'on une pal-
ces fur une matière ii délicate û importante: ils & me, avecl'age, la qualité, l'emploi, &lejourde
l'examinèrent avec foin ; &
après s'en être parfai- la mort d'un chacun, lous les parens s'affemblent
tement pendant pluiieurs années , ils pri-
inilruits dans cette falle deux fois l'année, auPrintems &en
rent de permettre aux Chrétiens ces Céré-
le parti Automne. Les plus riches mettent fur la table des
monies comme
des honneurs purement civils, les viandes, du ris , desfriEitSj des parfums j du viii
avertiilànt cependant de ne les pratiquer que quand & des bougies , avec les mêmes compliracns , à &
ils ne pourroicnt s'en difpcafcr ; fe refervant à & peu près les mêmes cérémonies que celles qu'on
dcfaproLivcr ces fupcrftitions , &à témoigner qu'ils pratique quand on fait ces fortes de préfens aux
n'y prcnoicnt aucune part , lorfqu'ils fe trouveroient Gouverncui's , qui prennent poirellion de leurs
dans la compagnie des Paiens. C'eft du moins ce Gouvernemens ; aux Mandarins des premiers or-
qu'écrit un de ces Millionnaires, pour jultifter l'a- dres, le jour de leur naiilance ; &
aux perfonnes
drelfe de fes confrères l\ concilier des chofes qui qu'on veut honorer , &
;i qui on veut donner à

paroilîént li opolees. manger en cérémonie. Pour le Peuple , qui n'a


Il y a deux fortes de Cérémonies inflituées en pas fe moien d'avoir dans fa mailbn un lieu deiliné
l'honneur de CoK/ac/sj. L'une conlille fnnplement à à ces ufages , il place dans l'endroit le plus propre
fe prollerner &
à battre neuf fois la terre du front de fon logis les noms de les Ancêtres, écrits de la
devant une efpèce de cartouche qu'on expofe fur manière dont je l'ai raporté, fans pratiquer les cé-
une table avec des bougies allumées des caliblet- & rémonies dont je viens de parler. Les Chrétiens
tes, &
où le nom de ce Piiilofophe eil écrit en mettent au dellus de ces noms une croix ou quel-
gros caraéléres. Dans les premiers tems i on ren- que image de dévotion , lorfqu'ils n'ont pas d'autre
doit ces honneurs à la Ibatue même de Confucius : heu où les placer avec décence.
mais les Empereurs, voiant que le Peuple donnoit La troiiicme cérémonie ne fc pratique qu'une
aveuglément dans ridalatric; voulant empêcher & fois l'année. Comme les tombeaux des morts font
qu'on ne mît ce grand Homme au rang des Idoles, hors des villes,- &
fouvent dans les montagnes , les
firent fubitituer dans toutes -les Ecoles de la Chine enfans y vont avec leurs parens , du moins une fols
ce cartouche en la place des ftatucs de ce Philofo- tous les ans , vers le commencement du mois de Mai;
phe. Les Mandarins pratiquent cette Cérémo- & là, après avoir arraché les herbes &
les broflail-
nie, quand ils prennent poiiéflion de leurs Gou- les qui environnent la tombe de leurs Pères, ils leur
vernemens , & les Bacheliers , quand on leur don- donnent les mêmes marques de douleur de ref- &
ne les degrez ce qui n'arrive que tous les trois
; peft qu'ils avoient fait à leur mort, mettent lur &
ans mais les Gouverneurs des villes font obligez
; leur tombeau du vin &
des viandes , dont ils font
avec les Gens de Lettres du lieu, d'aller tous les enfuite un repas.
quinze jours rendre cet honneur à Confucius au Je ne parle point ici de plufiem's autres coutumes
nom de toute la Nation. fuperflitieufes , ou aproch;mtes de la fuperltition,
Il y a une autre cérémonie qui fe fait avec plus que quelques Chinois idolâtres ajoutent quelque-
d'éclat &: plus d'apareil, au Printems &c vi l'Autom- fois à CCS Cérémonies parce que ces ulages ne
:

ne, je ne l'expliquerai point ici en particuUcr , font pas communs toute la Nation , & que les Chré-
îi

parce (Qu'elle eit la môme que celle dont nous al- tiens peuvent s'abitenir de les pratiquer. Que fi
Kr a quel-

\"-
*t

\t

ïf4 SECONDE DISSERTATION SUR LA CHINE.


¥ quelques-uns, féduirs paï le mauvais exemple des
ldoKitres,ne i'e comporLent pas comme ils doivent
dans ce tems-là , &
qui en a fait encore beaucoup
depuis, fe réduit à favoirquclefllefentiment com-
dans ceioccalir'ns, les Jeluiies diient quecen'ellpas mun des Chinois touchant Confucius &
les morts ;
à eux qu'il faut b'en prendre, mais au dérèglement s'ils leur attribuent quelque forte de divinité ik
de
de ces Chrétiens , à qui ils prétendent avoir inter- pouvoir plus grand que celui qu'ils avoient durant
dit toutes les cércmnnies luperilitîeufes , ne leur leur vie; s'ils cfperent d'eux quelque chofe ; s'ils
aiant permis que celles qu'ils ont toujours regar- leur font des prières, &c. Ceux qui regardent
dées commedes honneurs purement civils. Confucius &: les morts comme des Divinitez, pro-
Cependant, quciquesRcligieux de SaintDomini- duifent en leur faveur quelques paflages lirez
des
que &. de St. François , étant entrez dans la Chine Cérémoniaux, &
des autres Livres de la Chine, &
long-tems après les Jeluitcs , regardèrent ces céré- aportent les témoignages de quelques Gens de Let-
monies qu'on permettoit aux Chrétiens non pas , tres Chinois , qu'ils difent avoir répondu confor-
comme des ul'ages d'un culte purement civil mais , mément à leur opinion. Les Jefuites &
ceux qui
comme des cérémonies d'un culte religieux, plein lesfuivent, opofent citations à citations, &
Sa van s
,de fupcrllitioa &
d'idolâtrie d'où ils conclurent
:
à Savans : de forte que cette diverfité de fentimens
que les Chinois faifoient de Confucius de leurs & a produit de part &
d'autre fur cette matière des
morts autant de Divinitez , &
que par confequent volumes entiers pleins d'érudition Chinoife, de &
on devoit regarder les lieux deltinez à les honorer, raifonncmens Thcologiques , qui n'ont fervi à au-
comme de vrais Temples ; les prcfcns qu'on leur tre chofe qu'à produire une eipcce de Schifme
en
4 offre, comme des lacriticcs;les tables qui fervent à
CQt ufage, comme des autels; &
tout ce qu'on fait
ce Païs-là. En vain la Cour de Rome s'elt expli-
quée, en déclarant, par un Décret rendu contre ces
en cette occalion, comme une fuperilitîon groffiè- pratiques, que ce font autant de fuperltitions con-
re, une vraie idolâtrie &:un facrilcgc detellable. damnables les Jefuites, toujours attachez infépa-
:

Les jefuites furent furpris difoient-ils , qu'on


, rablement au St. Siège à l'extérieur, &
profdïànt
leur fit un crime d'une chofc fort innocente puis ; de bouche de manière du monde la plus folem-
la
qu'ils ne permettoient rien, dans tous ces honneurs nelle que c'eft Centre infaillible del'Unité auquel
le
qu'on rend à Confucius &
aux morts, que cequ'on ils veulent toujours demeurer unis, ne
lailfent pas
pi'atiquoit tous les jours en ce Païs-là à l'égard des de s'en éloigner dans la pratique, en interprétant
perlbnnes vivantes à qui l'on vouloit marquer de
, fes décifions à leur manière, plutôt que de
renon-
i'eltime & de la coniideration. Ceux qui n'étoicnt cer à un culte d'où dépend ;\ laChinc tout leur
cré-
pas de leur fentiment avouant , comme ils faifoient, dit. C'eil ce qui fait craindre à une bonne
ame
qu'on n'aitribuoit rien de divin & de furnaturel ;\ d'Auteur, que le Chrillianilme ne fubfirtepaslong-
CCS perfonnes vivantes par tous ces honneurs il ; tems parmi les Chinois. 'Pla'ife au Seimeur
, s'é-
n'étoit pas moins certain, Iclon eux qu'on ne rccon-, cric-t-il , dans un tranfport d'Enthoulialle , que
noillbit rien non plus de divin &
de furnaturel dans les divïfions de leurs 'Pajïeiirs ne détruijent pas
Conlucius ni dans les morts ; &
que par confe- entièrement ce troupeau, dont la ferveur donnait de
quent les honneurs qu'on leur rendoit étoient pu- grandes ejperances de la conver/ion entière d'une
rement civils , &
n avoient rien de fuperftitieux. Nation au£ï ffirïtnelle ^ aujfi polie !
Ainli toute cette queilion, quifitbeaucoupde bruit

TEM-
«I

1^1
,

ï)£SCPvIPTlON D UN DES PLUS FAMEUX TEMPI


TELLES O^UE LA EIGUJRE EW A ÉTÉ TIREE SUR LES I

1^ 'iF

'I

DIVINITEZ DES CHINOIS, '.j àûiy^^i\-.


^ . ^ûci^'i //ii'tu-'is ^^iiv^/^ /ctt^m^n^ zv^cTvnu.- Je l'ai'nej èdcù^ CÂincù cnô aus^
iT-es ^n^'fiità-^^i'mif^ qui ii". i

u-f' Je^ m^'v'&u/e,! Ju TnonJe . <

tour :S'ovi£}ne c'ej/- à^^rr Àç. £


nesanà au^j'e cAofe. ûi^'u/l LJté'U; Je ù&ij^fLce Jtc^tt^ù aima^i^fié 6?~^if xitv.
7^,„ ,_
'UJl'^m-S Âcft
Ssjem££ Jzip3-i^i-e x>a/-£iot-p£J; J& à/vù ;3^;^sûnnéj,j,u,' lu a,ppècc-nà- Cou J 'te/n nitir-^^' •eaïc, aa ' to.

é^je- t^ii- c en gratca'e e/ej accut/cirv

A.e^t le Scii-ys^ain.- Ju, oi^,o


- (j,u,£
7- -
iw CAi'noii ap-pè^nt
^^' -?'e c'e<sir Jt'Jir-e^
Jim^i'eui-, ^ c-^£ Ce Ci-ù^én^ Confu.tius JuritTls t?-N;t ^U- î^n JJ^z-eu^ ic C
%7yiiJûj<)^AA lia,nz /ctfMi'ri

d/t Je^aiTic. ûrt^£-. S-n^n- om £Z}i£u>)c Jic-é/^visiCfrti: û7-à?-£ sûJié- &n' Éod céc
iapùmcAe Scpa.Sieiti' pcufr- Je<s Ssxni^ ^fi^vurtù: . /quatca/OCJ se £^tL- par-Ue.
- ,//:
tei^re^tres ..
t?s«-
T.. >*:-...-
J-'it^a^^d^ns au.i' t>n£ 14/^1^ ^t^snJciM<:e, ù^n€-ra£é m^ ém<^s C/'.
L./tt^ni'zs au.1 eut-
.

cru e4i ùj aa£u~


.

I
, .

s CHIjSTOIS AYEC LEUllS PRINCIPALES IDOLES


iJvoiEK aRome parle Père Gruberï Iesuite Tom I
. y. w. s^ "

P-^s' -^^^

i 1

i^

^\

XA_ CiBELE Chinoise


; J*IiS5a est t^pr-eai'niÉC. i^s^ su/- uiw ri-'"'

^fj'iyil' ici ta ^^uf-e s'a^!>^kle- ta^


'aé- Oct-aqon^ ec a ffoo. razt^e^J a»
^ _~.,~_ — >„ èe Àr son. £&va£ion %

ei^nti^ OïL ca^ fné^re. 2ea autr&j ^i«uM .Ç*ârc^J t/«!E<f oraj.on ^nl^fndjeise

/i" i/{'cÂe/£es suiven^t/^j


ecÙ4 a^i
Ji£c£f4 t. ... CÂùze tiJS^S a^ pat^c j (^2Wi'àéctii?fi ce ce/£e tDe'i jM.
ést asitfe sur- /? ioi ! céUz, £^£a,nù^ Sur
nai^ és-iMOiir-s au cessiLS ûi ieaa., àofti e/Ie e.s/- inc^sjam^ie-fî^ at-rciee, cUm
c&iÉA Séesf^ e-sà- Ca. nr-e^^ide^re cause èe to^ute^ ^^ ^n^d-u^£ûfn^ K ce hiu

A. /c/L pnul ^i^^e^ef-A; /e^i*-


£e< ia.^i£onJ' (te ^^ natu^rv '^^/eZ£s eii' s-u^ cette l'^t^ Ca' pimsee

"IdUtù! CiZn^ so?^', ït^^i Jet ^Itcs naéîJei So&àS'tùt^ C^noi-s ^«* paroi^de'fi.ér aa^'û^f emp-ninte
,

cea faéi€4 des a^et,en^ Çre-os K. ^oTna^ps donâ^ CO' su^e^s-ti^ctsny a-


,

lant- oe cot^eyfmite a^ec ce/.^ -ceoes p3e<,i-^^€&s , a/ur'îc- seroià' O/ûsé c'ân.-
nne Â^/it-m iiujsi tair-e tt/rt jaaratée'i/e c^act -

^'/'''"
IK ' '•

V 1!

. {

I
TROISIEME DISSERTATION
4
SUR
QUELQUES USAGES PARTICULIERS 'V'I:

DELA

C
T)es Fi//es, des Bâùmem,
H IN
^ des Ouvrages /es p/us con-
r

Jiderab/es de /a Chine,.

^Ekiiiy qui ell la Capitale de la Chi- qnand mémo on la fiipof'eroit qmrréc elle n'au- ,
ne &c le fiège ordinaire des Em- roit que dix mille pas decircuit, c'cil-i-dire
qu'el-
pereurs, elt fituéc i quarante de-
grcz d'clcvai:ion dans une plaine
abondante, &: peu éloignée de la
le feroit moins grande de la moitié que
Ville des Tanares
la feule
ainii Paris n'ell tout au plus
;

que la quatrième partie de Pékin. Mais d'ailleurs,


%
i grande muraille. Le voifinage de fi l'on fait reflexion que les maifons
à la Chine
la Mer à l'Orient, &: le grand cana! du Midi lui ne font ordinairement que d'un éta^e , & qu'on
donnent communication avec plujïeurs belles Pro- peut ici, l'un portant l'autre , les fupofer
de qua-
vinces, dont il tire en partie fa fubriftance. La tre, on verra que Pékin ne contiendra
pas plus de
ville, de figure parfaitement quarrée , avoit autre- logement que Paris & même en contiendra un ,
fois quatre grandes lieues de tour mais les Tar- peu moins , parce que les rués font incomparable-
;

tarcs en s'y plaçant obligèrent les Chinois de fe ment plus larges que le Palais de l'Empereur
;
loger hors des murailles , où ils bâtirent en peu elt extraordinaircment valle & peu habité
qu'il ;
de tems une nouvelle Cité , qui étant plus lon- y a des magazins de ris pour plus de deux
cens
gue que large, fait avec la Ville une figure irré- mille hommes & de fort grands efpaces , remplis
gulierc. De manière que 'Pekm eil compofé de de hutes ou de petites mailbns pour les examens
deux Villes l'une fe nomme la Ville des Tarta- des Docieurs
:
ce qui étant joint enfemble feroit
;

res, parce qu'il n'y a qu'eux qui s'y puifient éta- une Ville très-conliderable.
blir: l'autre, appcllce la Ville des Chinois ,cit aufli Il ne faut pas néanmoins conclure de
là , qu'il
grande, &: beaucoup plus peuplée que la première. ait à Paris & à Pékin un égal nombre y
d'habitans,
Toutes deux enfemblc font Jix grandes lieues de car les Chinois font extraordinaircment
preilez
tour, de trois mille fix cens pas chacune; ces me- dans leurs maifons de manière que vingt per-
,
fures font juiles & on les a prifes avec le cordeau fonnes & plus encore fe
,
placeront où nous nous
par ordre exprès de l'Empereur. contentons d'en mettre dix & il faut bien que ce- ;
Cela paroitra extraordinaire à ceux qui ne la foit ainfi puifque la multitude
des gens qui pa-
,
connoiili^nt que l'Europe , & qui s'imaginent que roiffent continuellement dans les rués ell li ,
Paris elt la plus grande , comme elle elf lans grande , qu'on en ell effraie ; de forte qu'il ell
doute la plus belle ville du monde cependant, il :
necelliu're en plulieurs endroits , que les perfonnes
y a bien de la différence entre l'une l'autre. Pa- & de qualité l'oient précédez d'un Cavalier qui écar-
ris, félon le plan qu'en a tracé Mr. Blondel par te la foule , fans quoi ils feroicnt très-louvent obli-
l'ordre de Meilleurs de l'Hôtel de ville ,
fervir au deflein qu'on a de l'entourer de nou-
pour gez de s'arrêter. Prcfque par-tout; &
même dans
veaux remparts, n'a dans fa plus grande longueur
les grandes rués il y a de l'embarras. A
voir les che-
vaux , les mulets, les chameaux, les chariots , les
que deux mille cinq cens pas, * par confequent & chaifes , les pelotons de loo. &
de loo. perfon-
* Ui pians m font pas en froperticn ricifre^iit dt leur circiiu, Ss nés
Tm. V.
I
10 TROISIEME DISSERTATION
nés qui s'afTcmblent d'efpace en efpace pour écou- tans que nous comptons à Paris. Ainfi je croi avec
un habile Voia^-eur lui donner deux
qu'on peut
ter les difeurs de bonne avanture , l'on croirok ,

que toute la Province ell venu fondre à ^Peldn millions deperfomies , de s'éloigner
fans craindre
pour quelque fpeftacle extraordinaire. Et cer- beaucoup de la vérité.
tainement i en juger par les aparences , nos vil- On s'cfl un peu étendu fur ce point parce ,

les les pluspeuplées ne font en comparaifon que que c'ell une des choies que les Hiftoriens ont
des folitudes, fur-tout fi on confidere que le nom- le moins examinées. Il n'eil rien qui trompe com-

bre des femmes furpailè de beaucoup celui des me le nombre quand on en juge feulement à la
,

hommes ; &
que néanmoins dans cette prodi- vue & par l'imaginaticn. On croit en volant le
gieufe multitude qui paroit au dehors , on n'y en Ciel, que la multitude des étoiles eft infinie; &
rencontre prefque jamais aucune. C'eit aparcm- quand on les compte , oli eft étonné d'en trou-
ment ce qui a fait juger îl auclques-uns , qu'il y va- ii peu. Une Armée de cent mille hommes
avoîE fix ou fept millions d'iimes dans les deux qui campe ,çaroït un monde ; &
ceux même qui y
f:; villes, ce qui néanmoins elt bien éloigné de la lont faits, s'ils n'y prennent garde , s'y trompent
vérité. facilement. Il cil bon d'examiner tout par foi-mê-
' Voici quelques reflexions là-dclTus , qui feront me, fans fe laiflér aller au torrent ; fur-tout ù la
peut-être comprendre qu'on ne doit pas tout-à-fait Chine ou l'on eit accoiitumê de compter par mil-
I Si juger de la multitude des habitans , par la foule qui hons & quoi qu'en ces matières il ne foit pas
:

pofUblc d'en venir i\ la dernière précilion, on peut


y paraît. Premièrement, de tous les lieux voiiins,
il le rend tous les jours à Pékin un très-^rand nom- néanmoins , h l'on veut , s'aprocher allez de la
bre de païfans qui portent une iotinite de chofes vérité , pour ne pas abui^r de la curiofité des Lec-
t
pour les uGiges ordinaires de ta vie. Comme il teurs. Les rués de cette grande ville font prefque
n'y a point de Rivière dans h ville , le tranfport toutes tirées au cordeau les plus grandes lont
:

des denrées multiplie les voituriers , les chariots, larges d'environ lix vingt pieds , & longues, d'une
il-:' les chameaux, &
les autres bctes de charge. Ainfi bonne hcuë , bordées prefque toutes par des mai-
tous les matins quand on ouvre les portes de la vil- fons marchandes dont les boutiques ornées de
,

le, & les foirs quelque tems avant qu'on les fer- Soie, de Porcelaine & de Vernis, font une agréable
me , il y a une li grande foule d'étrangers,, qui perfpei^tivc. Les Cbintàs ont une coutume qui
entrent ou qui fe retirent , qu'on clt prefque tou- contribue encore à leur cmbclliilêment chaque :

jours obligé d'attendre fort long-tcms fans pouvoir M;u-clîand place devant fa porte fur un petit pié-
paiîèr. Or tout ce Peuple qui fe répand dans les deilal une planche haute de fept ou huit cou-
,

rués, ne doit pas être compté parmi les habitans. dées , peinte , vernie , &
fouvcnt dorée , fur la-
Secondement , la plupart des ouvriers à la Chine quelle font écrites en gros caractères les ditléren-
travaillent dans les maifons des particuliers. Par tcs chofes dont il trafique. Ces efpeces de pUaf-
exemple, quand on veut fe faire ftiire un habit, fe tres rangez des deux cotez dans la rué^ &pfelqfcie
Tailleur vient le matin dans la maifon &
s'en re- dans une égale dillance , font une colonnade qui a
tourne dans la ficnne , &: il en elt ainh des
le foir quelque chofe de hngulier. Cela ell commun à
autres ouvriers, ils courent continuellement la prefque toutes les villes de la Chine, on en voit &
ville pour chercher de l'a pratique , jufques aux en de c^ertains endroits de fi propi'cs, qu'il fcmble
fo^rgerons même , qui portent avec eux leurs inf- qu'on ait voulu Kiire de la rué une décoration de
trumens , leur enclume &
leur fourneau pour les Théâtre.
ouvrages ordinaires ce qui augme;:te iiïns doute
: Deux chofes néanmoins diminuent la beauté
la foule. Troifièmcment , toutes les perfonnes, de ces vues. La première efl le peu de propor-
am moins celles qui font d'une médiocre condition, tion qu'elles ont avec les ravirions , qui ne font
fortent ordinairement à cheval ou en chaife , fui- ni bien bâties ni aiïèz élevées.La deuxième vient
rLes. de pluileurs dometiiques. Si à. Paris, tous les de laboue ou de la poulHére qu'on y trouve.
Officiers , les Gentilshommes , les 'Avocats , les La Chine , fî policée en toute autre matière , ne
Médecins , les riches Bourgeois alîoient toujours le reconnoit pas en celle-ci. L'Hiver & l'Eté font
avec un équipage nombreux, les rues feroient bien également incommodes pour ceux qui fortent,
autrement embarrallécs. Quatrièmement quand ,
& c'eit en partie pour cela qu'on eft obligé d'aller
un. Mandarin marciie , tout fon Tribunal le fuit en -à cheval ou en chaife. La boue o-ite les bottes
cérémonie de forte que c'eft une efpeee de pro-
, de foie dont on fe fcrt & la poulhere s'attache
;

ccflaonii. Les Seigneurs de la Cour ^" les Princes du aux étoftés , fur-tout aux fotins qu'on prépare à
lang paroilïént auJli accompagnez d'un gros de Ca- l'huile , pour leur donner plus de luitrc. Cette
valerie. Et parce qu'ils font obligez de fe rendre poulliére élevée par le grand nombre des Che-
presque tous les jours au Palais , leur train feuî efl vaux qui pailénc , envelope continuellement la vil-
capable d'erabnralîcr la ville. le d'un gros nuage, qui pénètre dans les maifons &
On ne peut nier que toutes ces coétumes , qui qui s'inlinuë dans les cabinets les mieux fermez;
font particulières à la Chine , n'augmentent ex- de forte que quelque précaution qu'on prenne, les

traordinaire ment le monde dans les rues, il ne & tables &


les meubles en font toujours couverts.
fa^t pas s'étonner que 'Tekm parolife ii peuplé , On tâche de dimhiuer cette incommodité par l'eau
quoiqu'il n'y ait peut-être pas tant d'habi tans qu'on qu'on jette continuellement dans les rues, mais on
s'ima'giTie. Mais ce qui doit nous en convaincre, ne laiiTe pas d'en fouftrh' beaucoup, 8c pour la pro-
Gelt que, comme je l'ai fait voir, il y a à Paris plus preté &
pour la lanté.
de logement qu.':\ T^ekm. Quand donc il feroit De tous les batuncns qui compofcnt cette gran-
vrai qu'il ne faut pour vingt ou vingt-cinq perfon- de ville, le léul qui mérite d'être confidere ell le
Bes, qu'autant de p'ace que nous en donnons ici à Palais Impérial. 11 ne comprend pas feulement les

dix; (car ils font plus prêtiez que nous) il faut con- apartcmens &
les jardins du Prince , mais encore

cliu'c que Tekm n'a prefque que le double d'habi- une petite ville où bgem dans leurs maifons parti-
GU-
,,

SUR LA CHINiE,
cuUéres les difibrcns Officiers de la Cour, un toitt fous les Tartares , on les a tellement humiliez
&
grand nombre d'Ouvriers qui font pour le lervice qu'ils ne font à la
Cour aucune figure. Les plus
Pages ; on occupe les autres dans
& aux gages de l'Empereur; car nul ne couche ieuncs fervent de
apartemcns aux offices les plus vils. Ils font
dans les apartemcns du dedans, que les Eunuques. ïcs

Cette ville extérieure dl entourée d'une bonne obligez de les


balayer &
de les tenh propres ; pour
peu on châtie févèrement
féparée du Palais intérieur par une négligent, les
muraille, & qu'ils fe i

autre moins conllderable. Les maifons font &


lesControlIcursqui ont infpeftion fur eux ne leur 9 il
toutes fort baffes &
moins belles encore que celles pardonnent rien.
de la ville des Tartares ; de manière que la feule Le nombre des Femmes ou des Concubines de
qualité des pcrfonnes qui les occupent, la com- & l'Empereur ne nous eff pas fi connu , parce qu'il &
modité qu'on y a d'être à la Cour, en rendent le ell trop grand, &
parce qu'il n'eft pas réglé ; on ne
de ce
fejour plus dclirable. Le Palais intérieur con- les voie jamais ; il peine ofe-t-on s'informer que t:f/
fiile en neuf grandes Cours de plein-pied,
toutes qui les regarde. Ce font des filles de qualité,
comprifes qu'on a prati- les Mandarins des Provinces choififfent; &dàs
fur une ligne, non celles
qué iur les ailes pour les Offices pour les Ecu- qu'ellesfont dans le Palais, elles n'ont plus de corn.-
&
ries. Les portes de communication font de marbre,
munication avec leurs parens, non pas même avec
& portent de gros pavillons d'une Architefture Go- leurs Pères. Cette
folitudc forcée continuelle &
tique , dont la charpente qui ell i. Fextremité du (car la plupart ne font pas connues de l'Empereur )
faire con-
toit, devient un ornement allez bizarre, par un les intrigues qu'elles font jouer pour s'en

grand nombre de pièces de bois pofées en faillie noître,1a jaloufie qui y


règne, qui rcpand les &
foupçons l'averlion , la haine dans tous les efprits
les unes fur les autres en forme de corniche , ce qui ,

ailes des Cours les rendent prelque toutes malhcureufes.


Parmi
de loin fait un alfez bel etïet. Les
font fermées ou par de petits corps de logis, ou par celles qui ont l'avantage de plaite, on en choifit
des galeries. Mais quand on vient aux apartemcns troisqui portent la qualité de Reines. Celles-ci -
elles ont chacune h-
de l'Empereur , les portiques foùtenus par de gref- font fort diffinguées des autres :

fes colonnes , les degrez de marbre blaiK par lef- un apartement' féparé , uneCour ncmbrcufc, des
Suivantes , des Dames d'honneur. Rien ne leur man-
quels on monte dans les fales avancées , les toits
eclatans de tuiles dorées , les ornemens de fculptu- que,de ce qui peur contribuer à leur plaîfir. Leurs
meubles, leur habits, leur fuite; tout en cil ma-
re, le vernis, les dorures, les peintures, les pavez
qui lont prelque tous de marbre ou de porcelaine; gnique. Il eff vrai que leur bonheur confille i fe
mais fur-tout le grand nombre de différentes piè- rendre agréables au Prince: car on ne leur com-
ces qui les compolentjtout cela, dis-je, a quelque munique'aucune affaire ; &
comme elles ne contri-
choie de magnifique , &
reiïcnt le Palais d'un grand buent en rien de leur confeil au bon ordre de l'Etat,
Prince. Mais auili les idées imparfaites que lalla- elles ne tombent point auUi par leurs intrigues &
par leur ambition. Los, Chinois ont Ki-dcllus des
tion Chinoife a toujours eues pour toutes fortes
d'Arts,la!irent entrevoir des fautes cifentielles dans maximes fort différentes des nôtres; ils diltnt or-
tout f ouvrage. Les apartemcns ne font point fui- dinairement, que le Ciel a donné aux femmes la
vis, les ornemens font peu réguliers, on n'y voit douceur, la pudeur, l'innocence en partage, pour
point cette communication qui fait l'agrément & s'apliquer dans les familles il l'éducation des en-
la commodité de nos Palais. Enfin il y a par-tout fans; mais que les hommes, qui ont reçu de la na-
je ne quoi d'inlbrine , ii on peut s'expliquer de
£ii'
ture la force, la grandeur d'ame, la fermeté d'ef-
la forte, qui déplaît aux Européens, qui doit & prit, font nez pour gouverner le monde. Ili; font
choquer tons ceux qui ont quelque goût pour la furpris d'aprendre que parmi nous, les Princeffcs
bonne Architefture. fuccedentquelqucibis auxRois;rIs nous reprochent
Certaines Relations né lailTeht pas d'en parler en riant , que l'Europe eff le Roiaume des femmes.
comme d'un chef-d'œuvre ; cela vient de ce que Voilà, en général, ce qu'on peut dire do Palais
les Miffionnaires qui les ont faites , n'avoient peut- de FEmpereiu- de la Chine, qu'on vantj tant dans
les Hiitoires, peut-être, parce que
dans tout •Pé-
être rien vu de meilleur en Europe , ou bien de ce
qu'après une longue Imte d'années ils s'y font ac- kin \l n'y a, en matière de bâtiment, que celui-là
qui mente d'être efiimé car tout le telle eff fi peu
coutumez ; car fi l'on n'y prend garde , ce qui cho- ;

que au commencement , devient par l'ufage iupor- de chofe,quc c'eff avihr, &
fi j'oie dire, dégra-

table. L'imagination s'y fait, &


c'eil pour cela der nos termes, que de donner aux maifons des
qu''en ces maïicres , un Européen qui a demeuré Grands, le nom de Palais. Ils font feulement d'ui?
, comme les maifons ordinaires, 11 ctt vrai
vingt ou trente ans à la Chine,dlfouvent un plus étage
que le grand nombre des apartemcns qui
fervent à
méchant juge de ce qu'on y voit ,que celui qui n'a
fait qu'y palier. Car comme le bon accent ié cor- loger les Officiers , fupplée en quelque façon à leur
rompt parmi des gens qui parlent mal ; de même le beauté & 'a leur magnificence.
Ce n'ell pas que

bon goût le perd quelquefois parmi ceux qui n'en les Chinois n'aimenf-le fafte &
la depenle; mais la

coutume du Pais,& danger qu'il y a de fe diftin-


ont point. Les foldats des gardes qu'on voit aux
le

&
aux avenues du Palais n'ont pour arme gner, arrête malgré eux. Un des plus grands
les
portes
que le fabrc , &
ne font pas en n grand nombre que Mandarins aVoit autrefois bâti un Hôtel plus élevé
& magnifique que les autres ; on lui en fit un
quelques-uns le le font imaginé mais il y a une;
plus
multitude furprenante de Mandarins &
de Seigneurs crime , &
ceux qui iom établis pour la police l^'en
acculèrent devant PEmpcrcur; mais durant qu'on
qui s'y rendent au tcms de leur audience pour les
Autrefois tous les apartemcns examinoit l'affaire, le Mandarin en aprehenda fi
affaires puliliques.
fort les fuites, qu'il fit abattre fa maifon
avant même
ctoicnt pleins d'Eunuques, dont le pouvoir,deve-
nuprelque fouverain par du Crtuveme-
la foiblcffe que la Semence fût portée. Cette politique a été
autrefois pratiquée fondation des plus grandes
ment , étoit infuportable aux Prmces de l'Empire ;
if la
mam-
mais fous les derniers Empereurs Chinois, &fur- Monarchies, & fi les Romains euffcnt pu s'y
t«-
Ss 1
I
,

it8 TROISIEME DISSERTATION


tenir Us
feroicnt peur-être encore aujourd'hui
, de l'année celui , dont on ufe en Eté a la forme
; ,
plus puiiiàns en Europe que les Chinois ne le font de cône, c'ell-à-dire, qu'il dl rond & large
dans l'Alie.
par
le bas,mais court f& étroit par le haut, ou il fe
Les Tribunaux où fe rend la Juttice ne font guè- termine tout-à-tiiit en pointe; le dedans dt doublé
re plus fuperbes. Les Cours en font grandes, les
portes élevées ; on y voit même quelquefois des
d'un beau fatin, &
le deiliis couvert d'une
natte
très-fine, &c très-ellimée dans le Païs.
oruemens de kulpture Outre cela
bon goût: mais les
d'aflêz on y ajoute un gros flocon de rouge, qui tom-
foie
fales intérieures, & les chambres d'Audiences , be tout i l'entour & qui fe répand julques
fur les
li'ont ni magnificence ni propreté. La Religion a bords; de forte que quand on marche,
été un peu mieux partagée on voit par-tout des cette foie

Temples conlacrez aux Idoles , que les Prin-


: flote m-egulierement de tous cotez,
& le mouve-
ment continuel de la tête lui donne un
ces &les l^euplesjégalemcnt fupcrllitieux, ont bâ-
agrément
particulier.
ti avec beaucoup
de dépenfe,& ornez d'un grand Quelquefois au lieu de foie on porte une
nombre de ftatuës. Les toits en font fur-tout re- efpèce
de crin , d'un rouge vif & éclatant que
la pluie
marquables par la beauté de leurs briques couver- neface point, & qui efl fur-tout en ufage
parmi les
tes d'un vernis jaune &
verd, bordées de toutes Cavaliers. Ce crin vient de la Province de Soiit-
partsde figures bien travaillées, & enrichies auxex-
tremitez de dragons en faillie de même couleur.
cbouen, &
croît aux jambes de certaines
vaches ;
la couleur naturelle dl blanche,
mais on lui donne
Les Empereurs en ont élevé plufieurs dans l'en- une teinture, qui le rend plus cher que la
ceinte extérieure du Palais, parmi lefquels on plus bel-
en le ioie. En Hiver on porte
voit deux confiderablesjbâtis par le feu Koi à lafol-
un bonnet de peluche
•I bordée de Zibeline, ou de peau de renard
licitation de la Reine fa Mère le ref- ;
qui étoit fort , te efl d'un beau fatin noir ou
violet, couvert d'un
entêtée de la Religion des Lamas, Prêtres Tar- gros flocon de ioie rouge, comme
celui d'Eté
tares , & les plus fuperllitieux de tous les Bonzes. n y a rien de plus propre que ces bonnets,
II

Il n'ell pas permis d'entrer & on


dans ces Temples, par-
ce que ces démarches tirent à confequcnce, &
Içsvend quelquefois huit &
dix écus mais iisfont ;

que courts , que les oreilles paroiilènt


Il
toujours dé-
les Chrétiens en font fcandalifez. couvertes, ce qui dl très- incommode
dans les voiages. Quand les
au foleil &
Modes ^ HabilkmenSi Mandarins fe trou-
bonnes ^
niaurttïjes^^taliîez vent en ceremome, le haut du bonnet
dl terminé
des Chinois, par un diamant, ou par quelqu'autre
pierre de prix
&
allez mal taillée, mais enchafiée
dans un bou-
Dès que les filles naillcnt, les nourrices ont ton d or trcs-bien travaillé. Les
autres ont un aros
grand foin de leur lier étroitement les pieds, de bouton d'étoffe, de crillal , d'agathe,
peur qu'ils ne croillènt. La nature ciui femble être ou de quel-
que autre matière que ce foit.
f-aite â cette gêne,
s'en accommode plus facile- Lctir habit dl long &
aifez commode pour les
ment qu'on ne s'imagine, &
on ne s'aperçoit pas Cens de Lettres, mais embarraflimt pour
les Cava-
que leur fanté en foit altérée. Leurs fouîiers de liers. Il confille dans une vdle,
latin brodez d'or, d'argent & de foie,
qui defcend juf-
font d'une qu a terre, dont les pans fe replient par
devant
propreté achevée; &
quoique petits, elles s'étu- I un lur 1 autre , de manière que celui de
defllis s'é-
dient fort en marchant à; les faire paroitre. tendjulqu'au côté gauche: on l'attache
, Car tout le long
elles marchent, ce qu'on auroit de la peine
avec quatre ou cinq petits boutons d'or
à croire,
û: elles marcheroient volontiers tout le jour, d'argent &
fi Les manches qui lont larges auprès de
elles avoient la Uberté de fortir. l'épaule
Quelques-uns vont peu à peu en retrecilliuit jnfqu'au
fe font perfuadez, poignet
que c'a été une invention des an- mais elles s'étendent prefque fur toute
ciens Chinois, qui pour mettre les femmes dans la
, ne laillent par ddfns de découvert que
la main, &
neceiîité
le bout des
de garder la maifon, mirent les petits doigts. On ierre la
vdle avec une large ceinture
pieds 4 la mode. Mais ceux qui s'en font infor- do loie , dont les deux bouts pendent
mez des Chinois même, n'en ont jamais oui parler. jufqu'aux
genoux. Les Tartares y attachent aux
Ce font des contes, dit un jour l'un d'eux en riant
deux co-
tez un mouchoir, un étui
:
à couteau & four- ii
7los'Peres,miJ]i bien que nous, coHUoiJjoient trop bien
les femmes, pour croire qu'en leur retranehant la
chette avec des cure-dents, une bourfe
petits ornemens de toilette.
& d'autres
En Eté on a le col
moitié des pieds on leur ôteroit le pouvoir de mar-
, tout nud ce qui a mauvaife grâce en
,
Hiver on :

cher W f envie de voir le monde. le couvre d'un collet de fatin qui tient i la vefte,
Pour peu qu'on eût voulu confukcr \it^ Rela- ou d'une bande large de trois ou quatre
doigts de
tions fur fair & la phifionomie des femmes Chi- iibehne ou de peau de renard, qui s'attache
par
noifes, il n'auroit pas été facile d'abuier de la
crédulité de quelques Dames de Paris, qui recueil-
devant avec un bouton, &
qui fied fort bien fur-
tout aux Cavaliers.
lirent, il n'y a pas long-tcms, une Franç'oife aban- Outre la vdle, on prend par deffus une efpece
donnée, &
lui donnèrent toutes fortes de fecours, de furtout à manches larges & courtes,
comme
parce qu'elle étrangère,
fe difoit d'une des meil- & cdies des robes de Palais les Gens do Lettres
;
leures familles de
Chine. L'habillement des
la
hommes, comme par-tout ailleurs, y efl fort dil-
es portent fort longs; les Cavaliers fur-tout &
I
ferent de celui des femmes. Ils fe rafent toute la
les Tartares les veulent courts; &
ceux dont ils
ufent, ne defeendent que jufqu'à la hauteur
tête, excepté par derrière, où ils laillént croître
de la
poche. Pour les habits de delTous, on
fe con-
autant de cheveux , qu'il ell neceilàire pour iàire une tente en Eté d'un fimple caleçon de laflétas
blanc,
longuequeué treiléc.Ils n'ont point l'ufage du cha-
peau comme nous , mais ils portent continuelle-
lous une chemifc fort ample &
fort courte de
même étoffe mais en Hiver h chcmile dl de toi-
;

mentun bonnet, que leur défend d'ôter ;


la civilité le, &
par deflbus on a des hauts-de-chauHès de
ce bonnet efl: diflcrent, félon les diflércntes faifons gros fatin fourré de coton, ou de foie
crue, ce
qui
SUR LA CHINE. ^Î9
qui cftencore plus chaud. Tout cela eft aflez fe conferver. JeneJaifi lefard leureft ordinaire,
natiireU mais peur-être fera-t-on furpris d'apren- maison dit qu'elles fe frottent tous les matins le vi.
dre que les Chîaois (ont toujours bottez , &: que fage, d'une efpccc de farine blanche, plus propre
lorfqu'on leur rend vifite, fi par quelque acci- à ternir le teint qu'à lui donner un nouvel éclat.
dent ils Te trouvoient fans bottes, ils font attendre Elles ont toutes les yeux petits Scie nez court à :

les gens pour les aller prendre. Nous avions cela près elles ne cèdent en rien aux Dames d'Eu-
beCoin de cet exemple pour juftifier notre ancien' rope; mais la modeftie qui leur elt naturelle,
re-
ne coutume i mais nous avons encore pouffé cette levé infiniment leur bonne grâce: un petit colet
mode plus loin qu'euxj car on a vu que nos de fatin blanc qui tient àlaveftc , leur ferre & leur
François , noa contens de marcher bottez par les couvre entièrement le cou les mains font tou-
:

rues , s'armoient autrefois d'éperons , afin que jours cachées dans de longues Se larges
manches:
rien ne manquât à l'ornement du Cavalier. Le elles marchent mollement Ô: lentement, les yeux
bon goût nous eft venu fur ce point, comme fur baiffez, la tête panchée, £c l'on diroit à les voir,
plufieurs autres; mais aparemment les Chinois que ce font des lieligieufes ou des dévotes de pro-
qui font entêtez de l'Antiquité, ne s'en guériront fcffion , recueillies fie occupées uniquement de
pas fi-tot; Se c'eft fur tout pour eux une affez Dieu. Ainfi la coutume a fouvent plus de force
grande bizarrerie , de n'ofer aller en ville fans pour gêner le fexe, que la vertu la plus aufterej
bottes, puifqu'ils fe font toujours porter en chai- & il feroit à fouhaiter que la Sainteté du Chrif-
fe. Encore cette mode feroit-elle pardonnable en tianifme eût pu obtenir parmi nous des Dames
Hiver; car comme leurs bottes fouc de foye , £cles Chrétiennes, ce que l'ufage du monde a iufpiré
bas à botter d'une étoffe piquée , doublée de depuistaiitdefieclesauxChinoifes Idolâtres. Cet-
cotton, 6c épaiiTe d'un bon pouce, la jambe eft te modeftie n'empêche pas qu'elles n'ayent lesen-
par là bien défendue contre le froid: maisenEté. têtemcns ordinaires des femmes. Plus on les rcf-
dans un Païs où les chaleurs font extrêmes , il ferre, moins elles aiment la folitude. Elles s'ha-
n'y a que les Chinois au monde', qui pour conler- billent magnifiquement, & paffent le matin plu-
ver un air de gravité, puiffenc fe réfoudre d'être fieurs heures à fe parer , dans la pcnfée qu'elles
ainfi dans une efpèce d'étuve depuis le matin jus- pourront être viies le jour, quoique pour l'ordi-
qu'au foir. AuOi le Peuple qui travaille, nes'cn naire elles ne le foient que de leurs Domcftiqucs.
ferc prefque point , foit pour la commodité, foit Leur coëffure, qui conlifte ordinairement en plu-
pour s'en épargner la dépenfe. La forme de ces fieurs boucles de cheveux, mêlée de toutes parts
bottes eft un peu différente des nôtres car elles de petits bouquets de fleurs d'or 6c d'argent, a
,
.rj
n'ont ni talon ni genouillère. Quand on fait un quelque cbofe de fingulier. Je crois que fi on en
long voyagea cheval, elles font d'un cuir bien paf- voyoit en France des modèles, on y feroit tenté
fé, ou d'une groffe toile noire de cotton, piquée, de quitter cet amas bizarre d'ornemens dont on
mais dans la ville on les porte ordinairement de fa- fe (ert, pour fe coéffer à la Chinoife. Les Da-
tin, avec un gros bord de velours ou dépanne fur rnes portent comme les hommes une longue vef-
ie genou. Le Peuple en public , &c les Gens de te de fatin ou de brocard rouge, bleu ou vert,
quahté dans leur domeftiquc , chauffent au lieu félon leur goût particulier. Les plus âgées s'ha-
de foulicrs des patins de toile noire ou d'étoffe de billent de noir & de violet. Elles ont outrecela
foye très-propres, Se irès-commodcs ils tiennent pardeffus une efpece de furtout, dont les man-
:

d'eux-mêmes aux pieds par un rebord qui couvre ches extrêmement larges traînent jufqu'à terre,
le talon, fans qu'il foie befoin de les attacher par quand on n'a pas foin de les relever. Mais ce qui
devant. Onn'apointàla Chine l'ufage des gands les diftingue de toutes les autres femmes du
& des manchons; mais comme les manches de la monde 6c qui en fait prefque une efpece particu-
vefte font fort longues, on y retire la main durant lière, eft la petiteffe des pieds ; 6c c'eft le point le
le froid, pour la tenir plus chaude. Il y a encore plus effentiel de leur beauté. Cela eft furprenant
une coutume quieft fort ancienne parmi; les Chi- 6c ne fe peut comprendre. Cette affectation va
nois, 6c qui n'eft gucrcs conforme à la politeffe même quelquefois à un excès qui paflcroit pour
Françoife. Leurs Oofteurs ècïcs autres Gens de folie , fi une bizarre 6c ancienne coutume , qui , en
Lettres laiffent croître exceflîvemcnt leurs ongles, matière de mode, prévaut toujours aux idées les
de manière que quelques-uns ne les ont gueres plus naturelles, ne les obligeoit de fuivre le tor-
moins longs que les doigts c'eft parmi eux non- rent, 6c de s'accommoder à l'ufage du Pais. Une
:

feulement un ornement, mais encore une diftinc- faut pas oublier leur manière de fe marier.
lion, par laquelle on connoît qu'ils font éloignez Quand un jeune homme a vingt-cinq ans , il
par leur état, des Arts méchaniques, & que les eft obligé de choifir entrer une Epoufe , ou un
Sciences les occupent uniquement. Enfin comme Cloître ; fâcheufe alternative, 6c où le choix eft
ils affcârent entout un air de gravité, qui attire le :galement dangereux. Mais quoi ! un Cloître
refpeft, ils fe font imaginé qu'une longue barbe
y à la Chine? Oui: il y a là, dit-on , des Moines
pouvoit contribuer, ils la laiffent croître, &c s'ils n'en qui mènent une vie fort auftere Se très-rigoureu-
ont pas beaucoup , ce n'eft pas faute de la cultiver ; fe ; cela doit bien faire rire le Diable , car
mais la nature en ce point lésa trcs.mal partagez communément les Moines font grands amis de
,

& il n'y en a aucun qui ne porteenvie aux Euro- 'cur corps.


péens , qu'ils regardent en cette matière comme On alligne un certain jour auquel tous les Gar-
les plus grands hommes du monde. çons Scies Filles à marier fe trouvent dans un lieu
Autant que les hommes fe négligent parraport deftiné pour ce fujet. Les Garçons font connoî-
au hâle qui les rendaufli bafannez que les Portu- tre leurs facultez , pecunaires s'entend ; puis on
gais des Indes, autant les femmes ont-elles foin de les divife en trois partis : le premier eft celui des
Tom. V. Tt Ri-
Mi

TROISIEME DISSEEITATION SUR LA CHINE. '

Riches ;
Médiocres; Scledemier tez, raiïbrtimenc des génies
l'autre celuides
&des humeurs , la

comprend ceux qui n'ont pas de bien. On en fait qualité de la naiiïance & du bien ,
n'entrent que par
parties belles, hazard dans l'union conjugale. Si donc chez les au-
de même des Filles, mettant à les

médiocres, les laides. On donne les belles aux tres Nations, oiiileft libre de Te contenter & de
àfafancaifie, les bons mariages (ont fi ra-
riches, qui, pour payer la diftinftion, donnentau s'engager
Bureau une certaine lomme d'argcnr. Les moins res, jugeons cequc ce doit
êcreencepais-la. Au
ne don pas être
bellesfontpour les moinsricheSi&ceux-cinedon-|refte cette Loi.U, fi c'cneftune.
nentnen Quant aux pauvres laides, on les dillri- idefagréable à nos Dames, & elles n'auroicnt pas
naturel qui
bue aux indigens & pour confolation ils reçoivent tort de dire que la beauté cet avantage
;
, ,

armeofFenfivequ'elks manient
l'argent dont les fortuncz ont acheté la beauté. Par leur eft fi cher, cette
!

règne «c
une telle police, dont mon Original eft pourtant fi adroitement, que
,
leur beauté, dis-je,

charmé, la tournure dcl'cfprit, les bonnes quili- triomphe chez les Chinois.

H t'
J

il
I
- .il

: <\

I >'-*i
^

HAB^LirviEKSJ)ÏÏ011 UE s vJDi; FEMMES DE DEVERSE S TROl IS CES

jr

I ïf

iii^ f,u^ ., ^au,j pircn^C apuu-n')j /,,r„ mnmr /<«J«


1 ; \

m
Il •

^^1,

m
j

'^flifr^*»"

L CHISJ: Jjy ECTjy DKS ri.VS P.K VI X "\ro>^ir\f},;Nrs i)ji (KPVIS T \


iUli Jiu.e Seule Arclie < Vm r i Ff »»^
BgyrtTTR!
30 iMiiJee^ .xiwMt Ae ^o 'ÎÇ^'^^ K^^yO^

^v :
^
r I

[jtl^
tàumém

-t «tt#;
wmm

L E M PIRE DU Japon, tire

•'
il
ES CARTES DES jAPONNOIs'
mesmmm mmm

••
'.!

m-

7 I
i6i

DISSERTATION
S U R L E

JAPON. . S^Ec Empire, auquel les Européens


si^ donnent le nom dejapon, eft
lies, qui pourroient à jufte titre faire donner à ce
Pais-là le nom d'Archipel de l'Inde Orientale :
nommé quelques-unes de ces Iles font petites 6c ftér:les,
difFeremn:ienc par les ha-
bitans. Le nom le plus ufité 6c les autres aflez grandes 6c. aflez fertiles [in-jï
JiS^ parmi eux eft celui de Nipon,tn.ïe être gouvernées par de petits Princes.
Ce puiflanc Empire eft divifé en fept gr.ind^' ;

&
Jes habitans de iNankm , & Coniiées ( Gokifitzidos en langage du Pais ^ ; ca
des parties méridionales de la Chine, Sijppon. 11 foixante-huit Provinces i 6c en fix-cens 6c quatre
fîgnifie , le fondemmt du Soleil. Le nom de Japon Diftrifts. Outre les Iles 6c les Provinces qu'on .i

a été inconnu aux anciens Géographes, llelt vrai déjà marquées, il y a quelques autres Pais pli-:
que Ptolomée fait mention d'un Pais qu'il ap- éloignés, qui, à proprement parler, n'appartien-
pelle yHW«/«^/ij, rile de l'Orge; mais quoi- nent pas à l'Empire du Japon, mais qui recon-
que les plus favans croyent qu'il veut parler du noiffent l'Empereur pour leur Souverain, ou vi-
Païs dont-il s'agit ici, toujours eft-il vrai que ce vent fous fa protedion. Ces Pais font, i. Les
n'eft qu'une fimple conjecture, Iles de iîja^w , ou Liquejo. 2. Z(fo/î«, qui eft la
Lejaponeft fitué entre le ji. &Ie 42. degrez troifieme &
la plus baffe partie de la Péninfulede
de Latitude Septentrionale; ficlelon une Carte cor- Corée. 3. Jefi^ ou Jefogafima^ c'eft à dire l'Ile
rigée nouvellement fur les Obfervations Aftrono- de Jefo.
miques des Jéfuites , on doit le placer entre le Outre les fept grandes Contrées, il a cinq
y
157. & le 175. degré 30. minutes de Longitude. Provinces , nommées Gokitiai, ou Gokinai Goka
Il s'étend au Nord-Eft fie à l'Eft-Nord-Eit. Sa kokfi c'eft à dire Provinces des Revenus Impé-
longueur, depuis l'extrémité de la. Province de riaux, parce que tout le Revenu de ces Provin-
/*)/£» jufqu'aux Côtes Orientales de celle à'Ofïu, ces eft particulièrement afFefté pour l'entretien de
eft cenfée avoir 200 milles d'Allemagne en droite la Cour Impériale. H fe monte à 14.8 Mans 6c
ligne. Sa largeur eft irréguHere ; mais ù tout pren- 1200 Kokfs de Ris. ("Au Japon, tous les Revenus
dre , il eft aflez étroit en coraparaifon de fa font réduits à ces deux mefures en Ris. Un Man
longueur. contient loooo Kokfs; 6c un Kokf 5000 baies ou
Trois grandes Iles féparées,& entourées d'une facs de Ris.) Ces Provinces Impériales font,
îniinicé d'autres plus petites , compofent l'Empi- L Jamasijro, ou Sans/u. If. Jamat-
re du Japon. La plus grande de toutes s'appelle To, ou Wosju. III. Kawatsij, ou Ka-
N I p o N ,
f félon d'autres , Nephon , ou Japasi ) du S u IV. I D s u M I, ou Sen SJ u. V, S ITZU,
r.

nom de tout l'Empire. Saikoicf, c'eftàdirePaïs ou TsiNOKUNI S< Sjs JU.


de r Ou eft ("nommée par d'autres KiocMmo ou Les fept grandes Contrées dont nous avons par-
Sioe) eft la féconde en grandeur elle eft fituée au
: lé font , L T00KAIDO, c'eft à dire là Contrée
Sud- Oueft de Nipon, dont elle n'eft feparée que du Sud - Eft. II. ToQSANDO, c'eft à dire la
par un Canal étroit, plein d'Iles fie de Rochers. Contre orientale montagneufe. 11L F o ku
Elle eft nommée aufti Kmjïii , ou le Fais des Rokkudo, c'eft à dire la Contrée du Nord.
neuf, parce qu'elle eft divifée en neuf grandes IV. S A N j o D o , C'eft à dire la Contrée monta-
Provinces. La troifieme lie eft fituée entre la pre- gneufe du Nord, ou froide. V. Sanjodo,
mière Se la féconde. Elle eft prefque quarrée; 6c c'eft à dire la Contre montagneufe méridionale.
comme elle eft divifée en quatre Provinces, les Toutes ces Contrées, Provinces 6c Diftrifts ap-
Japonnois l'appellent S ko je F,c'eftàdirelePaïs
1 partiennent à la grande Ile de Nspon. La féconde
des quatre. D'autres lui donnent le nom de Xico- Ile, nommée par les Japonais Kiusju ou Saikokfy
chou ou Sihke, qui n'eft qu'une corruption du contient la VI. grande Contrée , appelle Sai-
nom véritable. Niphon eft quatre fois plus gi kaido, c'eft à dire la Contrée des Côtes de
de que les deux autres. Ces trois grandes Iles rOueft. La troifieme des grandes Iles qui com-
font entourées d'un nombre prodigieux d'autres pofent le Japon , nommée par les Naturels iikokf-,
Tt 3 avec

f
,

I>; '.
>,'

ifii DISSERTATIO'N
avec rile voifinc Awadfîy fîtucc au Nord-Eft dei
L,ikokf ; &: la grande Province Kijnokuni qui '/iltic's au Fois , &fes ProàiiBions.

avance dans le Coiidncnc de Nipon, forment la|


VU. grande Concrée.que les Japoiinois appellencj L'air eft fore fain au ]apon ; Se la meilleure
Nankaido. preuve qu'on eu puifle donner, c'eft qu'il y a
;

Le K-cvenu de toutes les lies 6c Provinces de 'ptix de maladies, & qu'on y vit fort longtems.
l'Empire du Japon monte tous les ans à 2318 Le tenis y eft fort inconftant l'Hiver, l'air eft :

Mans, 6c 6100 Kokfs. Cependant, l'Auteur Ja- charge de neige, ^ produit de grandes gelées:
ponnois fur les Mémoires duquel a travaille l'ex- l'Eté, au contraire , furtout durant les jours ca-
!

ccllent Voyageur que je fuis, ne le fait monter' niculaires, ell d'une chaleur infiipportable. Il

qu'à 2257 Mankokfs. [pleut fouvent pendant toute l'année, mais d'une
[manière extraordinaire pendant les mois de Juin
Tout l'Empire, en général, eft gouverné par & de JiuUet, qu'on appelle pour cette rai(on J«i-
un Empereur, qui a un pouvoir abfolu 6c arbi-/wè;, ou les mois de l'Eau. Cependant, il s'ea
traire i 6c chaque Province, en particulier, eft, faut bien que la Saifon dcspkiycs n'ait au Japo-
gouvernée avec le même pouvoir abfolu, pai cette régularité qu'on remarque dans les Contrées

Prince qui y domine fous le bon-plaifir de l'Em- plus chaudes des Indes Orientales. Le Tonnerre
pereur. Qiielques-unes de ces Provinces font fou- 6c les Eclairs y font fort fréqucns,aulli bien que
mifes à des Princes héréditaires , appelles Daitnio, les Tremblemens de Terre. Il y a néanmoins

qui lignifie ceux d'un mm


éminent; c'cft à dire les quelques Lieux qui, par un privilège particulier,
Princes 6c Seigneurs du premier rang. Les ne font point fujets à ce dernier flcau ; ce que les
Seigneurs des Japonnois remarquent comme uncchofcfinguliere.
Diftrifts font appeliez j'iomio
bien -nommez, c'eft Seigneurs d'un rang Ces Lieux font, les lies de Golho ^ la petite Ile
à dire
inférieur. Quelques-uns de ces Diftrifts (ont des Sikiibîifima la grande Montagne de Kojafkn près ,

Domaines Impériaux, ou des Terres de la Cou. de A'Iiaco, &: quelq^ues autres.


ronne. La Mer qui l'environne eft fort agitée Se tem-
Voici l'origine de cette grande fubdivifion des pêtueufc;ce qui, joint au grand nombre d'écueils,
Provinces qui compolent cet Empire Dans les de rochers 6c de bas-fonds qu'il y a au deffus &c
premiers Se heureux fiecles de la Monarchie Japi au deflbus de l'eau en rend la navigation très
,

noife, chaque Prince vivoit paiilblement dans la pcrilleufe. Il y a deux Toiirnans très remarqua-

w t Provincedont l'Empereurlui avoit commis leGou bles, 5c très dangereux. L'un eft près de Sima-
bara au deflbus d' A makufa> on l'appelle Tatfaki.
vernement. Mais les calamités qui ontfuivi, les
fréquentes diffenfions qu'il y a eu entre les prin. On aflure qu'il engloutit avec uneviolenceextrê-

cipales Branches de la Famille Impériale touchant me , les Vaiffeaux ôc tout ce qui


trouve à portée fe

la fuccedîon à l'Fmpire. ont par degrés rempli d'être entraîné , 2c le brifc contre les rochers
qui
l'htat de trouble 6c de carnage. Les Princes ou (ont au fond. L'Autre Tournant eft proche des
Gouverneurs époufoient des partis difFerens , 6c Côtes de la Province de Kijnokuni. Il eft ap-

la voye des armes ne fut pas plutôt introduite pelle NarrotOi ou A^^ano Narroto^ c'eft à dire
parmi cnyi comme le moyen le plus efficace de ter* Bruïffement d'Awa , à caufe du voifinage de la
miner leurs querelles, que chacun s'en fervit pour Province d'Awa. Celui-ci eft moins dangereux,
fe maintenir dans la poJTellîou des Païsdontils nc- parce que le bruit de l'eau fe fait entendre de
tenoient le Gouvernement que de la pure libéralité loin.

de l'Empereur. Ceux à qui il n'en avoit pomr Le Terroir du Japon eft en général monta-
donné, eurent foin de s'en pourvoir eux-même.'; gneux, pierreux 6c ftcrilc: mais l'ioduftrie des
Lts Princes partagèrent leurs Terres héréditaires habitans Ta rendu aftez fertile pour produire tout
entre leurs Lnfans; 6c quoique ceux ci ne pofTe le nécelTaire. 11 porte deux fois l'année en l'une ,

dafTent qu'une portion du bien de leur Père, ils du Blé, en l'autre du K.is. On moi(ronné le Blé
ne voulurent point lui céder en pompe 6c en ma- au mois de Mai; 6c le K,is, qui eft leur nourritu.
gnificence. Les EmpereursdelaFamille régnante, re ordinaire, au mois de beptembre. Ils ont pref-

qui ont eux-mêmes ufurpé la Couroone, ne re- que tous nos Arbres d'Europe, 6c d'autresqui leur
gardent pas cette grande divition des Provinces font particuliers, D'ailleurs, la Mer leur fournît

de rtmpire comme préjudicable à leur autorité; du Poi(ron , des Ecrevifles ôc des Coquillages.
mais plutôt comme avantageufe , en ce qu'elle Les Kochers même 6c les lieux incultes produifent
fert à leur faire mieux connoitre le véritable état des plantes, des fruits 6c
des racines, pour la

de leurs Revenus. Aufli, bien loin de les remet- fubfiftance des habitans Si l'on ajoute àcela,quc
tre fur l'ancien pied , ils les démembrent 6c les les Japonnois en général vivent avec beaucoup de
fubdivifent encore déplus en plus, félon leurs frugalité, on ne fera point furpris que cet Empire
intérêts ou leurs caprices. C'eft ainfi que l'Em- fi vafte ^ fi peuplé, que la Nature femble avoir
pire du Japon qui n'avoit été partagé d'abord feparé exprès du refte du Monde , ait en abondan-
,

qu'en VU grandes Contrées par le Dai Siu- ce toutes les chofes nécelTaircs à la vie, & que

{
Siumy l'an ^90; Se cnfuite en * LXVI
Pro- par le moyen de l'Agriculture 6c des Arts il puifTe
vinces par Ten-Mii , l'an 681; fc trouve aujour. fe pa(rer de tout fecours étranger.
d'hui ftibdivilé en 60^ moindres parties ou On y trouve un grand nombre de Fontaines
Diftrias. de Lacs Si de Rivières, dont les principales font,
I Ujingava c'eft-à-dire la Rivière ^Ujtn ; i.Oomi
-,
,
,

. dS , depuis U coiiquâc des Iles d'Wi & .


Askagava.
t[u§m.. La
,, , ,

,_i„

SUR LE JAPON i«3


La plus grande richeflc du terroir du Japon Ville de Nagafacki .cn^ Trois j à caufe de Ton im-
& par où cet Empire furpaffe la plupart des Pais portance par rapport au Commerce, 6c pour avoir
connus, confifte en toute forte de Minéraux 6cdc l'œil plus attentif fur les Nations étrangères qui
Métaux, particulièrement en Or, en Argent 5c ont la pcrmilHon d'y trafiquer. Nous uoiiscon-
en Cuivre. Le grand nombre de Sources chaudes, conccnrcrons de donner la Defcription de cette
6c de Montagnes qui jettent de la fumée ou du Ville, 6c de celles de AUacoS^àGjedOi Réfiden»
feu, montre combien il doit y avoir de Souphre ces des deux Empereurs.
caché dans les entrailles de la Terre, fans parler
de ia prodigieufc quantité de celui qu'on en tire Ve/cripiion de Nagasaki.
en plufieurs endroits. Elle fournit encore du
Charbon, du Fer, de l'Etain qui cfl: fi fin 6c fi Nagafaki, qui e(t la Ville affignéc pour la de-
blanc, qu'il vaut prefque l'Argent; de l'Argent; meure desEtrangers jeltfituée à l'extrémité occi-
quantité d'Or; mais lurtoutdu Cuivre, qui efi: le dentale de rUe de Kiulju, dans un terrcin pref-
plus commun de cous les Métaux. Celui de la que ftérilc, entre des rochers cfcarpés &: de hau-
Province de Suruga, entre autres, eft non feule- tes montagnes, éloignée de l'Ile peuplée &: abon-
ment très fin 6c (ans défaut, mais encore chargé dante de ivlipon, &
prcrque fermée par rapporc
de beaucoup d'Or , que les Japonnois depuis quel- au commerce avec les Nations étrangères. Leà
que tems ont appris à féparerScàrafiner eux-mé- defavantages „ grand nombre que cette Ville
en fi „
mes. C'eft une des principales marchandifcs que' fouffre, font qu'elle efi; médiocrement peuplée,
les Hollandois achètent au Japon, 6c ils enfont'de Marchands, d'Hôteliers, Merciers, Ouvriers :iJ
un grand commerce. Les montagnes produifent 6: bons Bourgeois. Le plus grand nombre de ks
[

outre cela des Agathes , des Cornalines &: du Jaf-;habitans eft d'Artifans, de Gens de journée, 6c de
pe ; la Mer fourni: des FerlesScdel'Ambre-gris; jbas-peuple. Cependant, la fituation commode
6c dans une Rivière de la l'rovince de Jet^ngo\S^ iùre de fon Port en fait le rendez-vous corn-
on trouve du Naphte, d'une couleur rougeâtrc,! ™"" ^^^ navires étrangers, 6c des Nations qui ont
donc les Naturels fe fervent dans les lampes , au- la permiilion de négocier au Japon , d'y apporter
j

lieu d'huile; on le cire des endroits oii l'eau eft près- lies marchandifes étrangères, 6cdeles vendre aux
que dormante. iMarchandsJaponnoisqui s'y rendent de tous les
La Soyedu Japon eft afiez grofiîere. Les plus (endroits de l'Empire dans certains tems de l'année:
belles Etoffes qui s'y font, font fabriquées d'une Privilège qui n'cft accordé qu'aux Chinois, ou
foye très fine , qui leur vient des Pais étrangers. Orientaux qui trafiquent fous leur nom , 6c aux
Le Kadfïi on Arbre du Papier , eft une elpcce Hollandois ; mais c'eft pour les uns 8c les autres
;

de Meurier. C'eft de fon écorcc que fe fait le fous de grandes reftrictions , Scfousuneinfpcdion
Papier: on en fait encore des Cordes, des Mèches, bien rigoureufe. Après la cruelle Perfécutîon que
des Etoffes , du Drap 6c plufieurs autres chofes. l'on fit fouffrir à la Religion Chrétienne, qui fi-
,

VUruJîj ou Arbre du Vernis , produit un jus blan- nie en iiSjg par fon extirpation totale , fie par la
>

châtre, donc les Japonnois fe fervent pour vernir perte de plufieursmilliersde Japonnois ; entre plu-
tous leurs meubles, leurs plats Scieurs ailiettes de fieurs Loix nouvelles que l'on fie alors, il fut
bois, qui font en ufage chez toute forte de per- 'ordonné par rAucoritc Impériale , qu'à l'avenir
fonnes, depuis l'Empereur jufqu'au moindre Paï- ile Havre de Nagafaki fcroit le fcul ouvert aux
fan. Car à la table même de l'Empereur, les Etrangers; &c que fi quelque navire étoit forcé
'

uftenfiles verniflTés font préférés à ceux d'Or Se par le gros-tems , ou autrement, de chercher un
1

d'Argent. L'Arbre du Thé y eft encore très coni- abri ailleurs dans l'étendue de l'Empire , aucune
;

mun,auiribienquelcBiï»;6o«£crArbredeC(ï»j;)/jrr: ;perfonne de l'Equipage n'auroit la pcrmiflîon de


les Païfans tirent le Camphre par une fimple décoc- mettre piedà terre: mais qu'immédiatement après
tion des racines6cduboisde cet arbre, coupésen que le danger feroic pafl"é , il continucroic fon
petits morceaux. voyagejufqu'iNagafacki avec une efcorce de Gar-
de-cotes du Japon , fi befoin étoic de qu'ils feroient -,

'Des cinq Filles Maritimes , on Négociantes. voir au Gouverneur de la Ville la raifon pourquoi
ils s'écoicnt arrêtés ailleurs qu'à Nagafacki.
On comprend entre les Domaines de l'Empereur, La Ville de Nagafacki elt ouverte, comme le
ou Terres de la Couronne, les QokofiO comme font la plupart des ViUes du Japon , fans Châ.
on les appelle, c'eft à dire les cinq Villes mariti- teau, fans murailles fans fortifications ni aucune,

mes ou négociantesdel'Empire; quifont, Miaco, défenfe. Les maifons du commun-peuple font


demeure de l'Empereur Eccléfiaftique héréditaire petites, baffes, rarement de plus d'un étage. Le
dans la Province dcjamafijra: Jedoy demeure du toit eft couvert de bardeaux ou coupeaux de bois
Monarque Séculier , dans la Province de Setz : arrêtés feulement par d'autres pièces de bois que
Sakai, dans celle de Jsffumi: èc Nagafaki on Nan- en croix. Les maifons font bâties de bois,
l'on pofe
gafacki, dans celle de Fifen. Les quatre premiè- comme font la plupart des autres bâtimens dans
res font firuées dans la grande lie de Nipon , &c tout l'Empire. Les murailles en dedans (ont lam-
toutes font confiderables par leur abondance Se briffées , ^
tapiffées d'un papier enluminé de di-
leurs richefies. Chacune de ces Villes a deux verfes couleurs. Le plancher eftcoiivert denartesa
Gouverneurs, que leurs Inférieurs nomment
Tobo- dont le tiffu eft fort épais ; ils ont foin de les te-
Samay c'eft-à-direSeigneur, Supérieur, ou Prin- nir dans une grande propreté. Les Chambres
ce. Ils commandent tour à tour ; Ôc tandis que l'un font féparécs l'une de l'autre par des fenêtres à
eft au lieu de fon Gouvernement, l'autre fait fon chaffis. Se des paravents de papier. Ils n'ont ni
Jéjour à Jedo à la Cour de l'Empereur. La feule chaifes ni fauteuils; 5c fort peu de meubles, n'a-
Tom. r- VV yanc
1

16.1.
DISSERTATION
yanc que ce qui abfolument néceffaire pour les tes, mais toutes régulières , les unes allant au
efl
bcfoins journaliers de la Cuifinc. Les mailonsdes Sudjles autres à l'Elt. Qiiand on eft au bout d'une
il eft impoilible d'en voir le bout op-
riches Marchauds , tant Naturels qu'Etrangers, grande rue,
four beaucoup mieux bâties elles ont ordinnire- pofé, à caufe de la longueur extraordinaire, de
:

ment deux étages , difpofés à la manière des Chi- la poulliere, 1 &


de la foule de peuple qui les
nois, avec une Avant-cour, & un Jardin fur le, remplit. Les maifons font , généralement par-
derrière i au-lieti que les maifuns du bas-peuple lant, étroites, à
deux étages ieulemenc, bâties
n'ont qu'une Cour de decliarge. je ne parle de bois , de chaux 6c d'argile , à la manière du
ne différent gue- pais les toits en font couverts de bardeaux ou
point des Edifices publics , qui ;

res des autres que pour la grandeur. 1 els tont de coupeaux de bois; au haut des maifons il y a

les Palais des Gouverneurs, les Maifons des Prin-


toujours une auge pleine d'eau , avec tous les in-

ces &c Seigneurs de l'Empire, &c. Les Etrangers ftrumens


neceÛaircs pour éteindre le feu.
demeurent liors de la Ville, dans des endroits Miaco eft le grand Magafin de toutes les Ma-
toute forte de Mar-
léparés, oii ils font veilles & gardés avec beau- nufactures du Japon , 6f de
coup de rigueur, comme des perlonnes fufpeiles chandifes C'eft la principale Ville de Commer-
fie qui pourroient tramer quelque
Conipiration. ce de l'Empire > à peine y a-t-il une maifon oîi
ïi- 't Il y a environ en tout {oixante-dcux Temples, l'on ne
trouve quelquechofe à vendre, ou à ache-
au-dedans & au- dehors de la Ville. Comme ils ter. C'eft là que l'on rafine le Cuivre, qu'on
font non feulement confacrés au Cuire, mais qu'ils bat Monnoye, qu'on
imprime des Livres, qu'on
fervent encore au diveruiTcmen: & à la recréation, fait au métier les
plus riches Etoffes à fleurs d'oc
ils font accompagnés de Jardins agréables, de bel- Se d'argent. Les meilleures &: les plus chères

les Allées, &: de beaux Appartemtns. Teintures i les Cifelures les plus exquifes ; toute
On voit un quartier tout entier, qui n'eft forte d'Inftrumens de Mufique, de Peintures, de
y
habité que par des Courtifancs; c'eft ce que figni- Cabinets vernifles; toute forte d'Ouvrages en Or
Le &: en autres Métaux, fur-tout en Acier, comme
fie le nom de Kafiemaiz qu'on lui donne.
les lames de la meilleure trempe , & autres Ar.
Commerce de cette forte de marchandi(c y clt
très lucratif, quoique le prix en loit réglé. Ce mes, fe font à Miaco dans la dernière perfection;
font des hommes qui tiennent ces infâmes lieux de même que les habits Se les parures les plus
Mais ce qu'il y a de plus fiiiguUerdu meilleur goût ; toute forte de Bijou-
, c'eft que riches Sf
de Marioncttes qui remuent leur tête d'el-
il ^^ fi ces Belles viennent à fe mariée après avoir 1er. terie,

vi leur tems , elles paflent parmi le commun les mêmes , & une infinité d'autres chofcs. En-
peuple pour honnêtes- femmes , leur débauche fin , tout ce qu'on peut fouhaiter fc trouve dans
n'étant imputée qu'à leurs parens, qui les ven- cette Ville-, & l'on n'y
faùroit rien porter des

dent dès l'âge de dix ou douze ans, c'eft à dire, Pais étrangers, que quelque /Ltrifan n'entrepren-
dès qu'elles font en état d'exercer cet honnête ne d'imiter. C'eft ce qui rend les Manufactures
.

métier. de Miaco fi célèbres dans tout l'Empire , Se les


fait préférer à toutes les autres , quoique peut-

Defcrîption de M i acd , Réfideme de être elles loient inférieures à certains égards.


l'Empereur Ecclé/iajiiqtte hcredilaire. II s'y fait tous les ans un Dénombrement,
qu'on appelle Aratame. C'eft une efpecc d'In-
Kio ou Miaco fignifie quifition fur la vie ôc la famille de chaque ha-
en Japonnois, Ville. Eli.
cft ainfi nommée par excellence bitant, le nombre de fes enfans & de fes domefti-
, à caufe que c'clt

la demeure deSa Sainteté, le Dmi ou


mpereur ques, la Sefte que chacun d'eux profcfle, ou les
t'

Ectlcfiartique héréditaire ce qui la fait regarder f cmples auxquels il appartient.


5
Suivant le der-
comme la Capitale de tout l'Empire. Elle eft fi- nier de ces Aratamcs dont nous avons connoifTan-
tuée dans la Province de jamarto, dans une gran. ce, il y avoit alors à Miaco 51169 Ecclcfialti-
de plaine. Sa longueur du iNord au Sud eft de ques , 4775 s 7 Laïques, fans compter un nombre
trois quarts de lieue d'Allemagne, &: fa largeui mfini d'Etrangers qui s'y rendent de tous les en-
d'une demie lieue de l'Eft à l'Oueft. Elle eft en- droits de l'Empire , ni la Cour entière du Dairi,
tourée d'agréables Collines de verdure, &: de Mon- dont on n'a pu avoir le dénombrement. On peut
tagnes d'oii fourdent un grand nombre de petites juger par-là combien le Japon eft peuplé.
Rivières £c de Fontaines charmantes. Trois l<.i-
vieres, qui ont peu de profondeur, y entrent du "Defcription de J e d o , Réjiàence du
même cote, Scie réuniiïem en une feule au lœuj Monarque Séculier.
de la Ville, oii il y a un grand Font de deux
cens pas de longueur. Le Dairi', avec fa Maifon Jedo eft la Capitale 6c la plus grande Ville de
Eccléfiaftiquc 6c fa Cour , fe tient dans un quar- tout l'Empire, à caufe du grand nombre de Prin-
tier au Nord, féparé du rcfte de la Ville par des ces 6c de Seigneurs dont les Familles les Do- &
murs &: des folles: il confifte en treize rues. Au nicftiques grofliflent la Cour Impériale, Se de la

côté occidental de la Ville il y a un Château de mulritudc prodigieufe d'habitans, dont le nombre


pierre de taille, &
fortifié. Il fut bàd autrefois eft prefque incroyable. Elle dans la Province de

par un des Empereurs Eccicfiaftiques héréditai- Ahija(i


) fous le 55. degré 51 minutes de Latitude
res, pour la fureté de fa perfonne
pendant les Septentrionale; fituée dans une grande plaine, au
Guerres-civiles maintenant il fert à loger le Mo- bout d'une Baye
;
poiftbnncufc , abondante en Can-

narque Séculier ,lorfqu'il vient vifiter le Dairi. Il cres 6c en Coquillages. Ce Golfe ou Baye a
a dans fa plus grande longueur cent -cinquante Kumakura Se la Province à'iàftf à la droite en
KmSi ou braffes.Les rues de la Ville font étroi- fartant de Tcdo pour aller en mer, Se les deux
Pro.
,

. <*ll

SUR LE JAPON.
Provinces d'Jwa Se de Ku^fii à la gauche. Le peu
de fond de ce Goife , Se ]a vafe dont il ell rem-
pli, font caulc qu'on cft obligé de décharger les
très pour éteindre les Incendies.
Villes ,

Cette Ville contient un grand nombre de Moi-


nes, de Temples, de Monaftercs , 6c d'autres
i6î

4 .^1

gros navires à une lieue ou deux au deflbus. Du Bàumens religieux, qui, aufl.1 bien qu'en Euro-
côté de la mer, Jcdo a la figure d'un Croifi'antj pe, font ficues dans les plus beaux endroits. Il
6c les Japonnois prétendent qu'elle a fept * lieues y a plufieurs Temples luperbes .confacrés à Ami-
de long , cinq de large > 6c vingt de circonfé- àa , Sinka , ^anwon , 6c à quelques autres de
rence. leurs Dieux, de toutes les Seftes 6c Religions éta-

Llle n'cll: peint entourée de murailles , non blies au Japon.

plus que les autres Villes du Japon ; mais elle eft On y voir un grand nombre de Palais fuperbcs.
coupée par plufieurs foiïes ou canaux , avec de Ils font féparés 6c diftingués desMaifons des fim-

hauts remparts élevés des deux côtés, fur la plate- ples Particuliers , par de grandes cours 6c de
forme desquels on a planté des rangées d'arbres. magnifiques portes, auxquelles on monte par des
Cela a été fait, moins pour la dcfeniédelaVÏHe, efcaliers embellis &c vernilTés , qui n'ont que peu

que pour arrêter la fureur des incendies qui y ,


démarches. Les appartemens en font fuperbes,
font très fréquens, 6c qui fans cela y fcroienc de 6c de plein-pied à caufe qu'ils n'ont qu'un étage;

terribles r^wagcs. Cependant du côte du Château Ils nelont point accompagnés de Tours, comme

ces remparts font fermes avec des portes capables font les Châteaux oïi les Princes &c les Grands ré-

de réfiftance, &c qui fervent apparemment à les fident dans leurs Etats héréditaires.
défendre. Une grande Rivière , qui a fa fource Le Châîeau qu'habite l'Empereur , eft fitué
du côté du CoLichanc de la Ville, la traverfe 6c prefque au milieu de la Ville, llcft d'une figure
fe jette dans le Port. Un de fcs bras fercdefoffé irréguliere, tirant fur la ronde, 6: a environ cinq
au Château qu'il entoure, 6c de là fe jette auflî lieues du Japon de tour. Il confifte en deux en-
dans le Port par cinq embouchures : chacune ceintes, ou Châteaux extérieurs, fi on veut les
afon nom particulier, 6c un magnifique Pont. appeller ainfi. Le troifieme ,
qui eft au centre,
Nous avons déjà dit que cette Ville eft extrê- eit proprement le lieu de la demeure de l'Empe-
mement peuplée. Cela ne fauroit être autrement reur. flanqué de deux autres Châteaux
Il eft

il l'on confidere la multitude des Oificiers de tout


bien fortifies, mais plus petits , avec de grands
rang 6c de toute condition, qui occupent divers Jardins derrière le Palais Impérial on les appel- :

Portes à la Cour Impériale; mais encore plus par- le ici Châteaux , ai caufe qu'ils font entourés,

ticulièrement fi Ton faic attention que les famil- chacun féparément, de murailles 6c de foflcs. Le
les de tous les Princes de l'Empire y demeurent premier, ou le plus extérieur, occupe un grand
toute l'année , comme des gages de leur fidélité, terrein, il entoure le fécond , 6c une partie du

avec une fuite nombrcufe de Domcftiques, félon Palais Impérial. Outre fes murailles 6cfesfofles,
il a des portes de réfiftance bien gardées j 6c con-
leur qualité j tandis que les Princes eux-mêmes n'ont
que fix mois de congé pour s'abfenter de la Cour, tient un très grand nombre de rues, de fondés ôc

£c veillerau Gouvernement de leurs Etats héréditai- de canaux. C'eft dans ce Château extérieur que
res après quoi ils s'en retournent à Jedo. demeurent les avec leurs
Princes de l'Empire,
i

ils habitent des Palais magnifiques 6c


Jedo n'eft point bâtie avec la régularité que familles :

< .;
l'on remarque dans la plupart des autres Villes commodes , bâtis lur des rues avec àcs cours fpa-
du Japon (^ furtout à Miaco.) Les maîfons en cieufes, 6c font fermés par de bonnes 6c grofles

font petites &


baffes, comme dans tout le relie
de l'Empire , bâties de bois de fapin , avec un lé-
portes.
rein
Le Iccond Château occupe moins de ter-
il fait face au troifieme qui eft la demeure
:
a
ger enduit d'argile; en dedans elles font ornées 6c de l'Empereur, 6c eft entouré du premier; mais
partagées eu appartemens avec des paravents de il eft feparé des deux autres par des murs , des
papier: les fenêtres lont fermées avec des jaloufies. , des ponts-lcvis, £c de grofles portes.
foffés La
Les planchers font couverts de nattes fines les -, &
Garde de ce fécond Château eft beaucoup plus
toits avec des bardeaux , ou des coupeaux de bois. nombreufe que celle du premier il contient les :

Enfin , tout ce qui entre dans leur conftruiStion fuperbes Palais de quelques-uns des pluspuiftans
eft d'une matière fi combuftîble, qu'il ne f^jut pas Princes de l'Empire, des Confeillers d'Etat, des
s'étonner fi le feu fait de grands ravages dans le premiers Officiers de la Couronne, 6c en géné-
pais. On y obferve à peu près le même or- ral de toutes les perfonnes dont la fonction eft
dre 6c les mêmes précautions que dans les au- d'approcher le plus de la perfonne de l'Empereur.
Le Château où demeure l'Empereur lui-même,
* Les lieues ou les milles du Japon ne font pis d'une égale
longueur. Les lieues de terre dans l'ilc Kiusju & dans la eft fitué fur un terrein un peu plus haut que les
,

Province dVy's, font de jo Tijo chacune & les autres lieues autres fur le haut d'une Colline applanie exprès.
, ,

communes ne font que de 36. (Le 7/7o e(ï la mefute de la Il eft entoure d'une muraille forte fie cpaifte de
longueur d'une rue.) Dans les bonnes roules, les premières
pierre de taille, flanquée de baftions à peu près
de ces lieues font d'une heure de chemin à cheval & les autres
,

feulement de iroîs quaits d'heure. Le Tsjo contient 60 K'im ou à la manière d'Europe. On a élevé un rempart
Nattes, fuivant la manière de mcfuter de ce Pais c'ert à dire
,
de terre du côté intérieur de la muraille; ?< au
environ auiant de Toifes d'Europe; de forte que les grandes 6c pour défenfe
de 2160 Kins ou Toifes, deflïis on a mis pour ornement
lieues font de 30CO, ft les petites ,

chacune. A l'cgatd de leurs lieues de Mer, dcm & demi font plufieurs bâtimens en quatre long, ôc des
guérites
un Mille d'Allemagne hors de leur Païs mais au dediins com- bâties en forme de Tours qui ont plufieurs étages.
; ,

me ils s'expriment eux-mêmes, c'elH dire, entre les Iles&aux


environs, ils Its mefutent fuivant la longueur des côtes, fans
Mais les bàtimensdu côtcoù demeurel'Empereur
avoir abfolument rien de fiie là-deffus; de forte qu'on ne peui font furtout d'une folidiré extraordinaire
tous de ,

bien déteriqiner quelle proportion elles ont avec les lieues de pierre de taille d'une groffeur énorme elles font :

Terre: ilparoit feulement en général, que celles-ci font beaU' " irées avec du
pofées l'une fur l'autre fans être alTuréi
coup plus longues que ks lieues de Mer.
Vv 2 mor-
,,

'- 'Mf

166 DISSERTATION
mortier ou des crampons de fer, afin qu'en cas
de tremblement de terre , les pierres cédant au Dm àeux Eniperenrs du Japon, t Eccîê^ojîique
choc, muraille n'en reçoive aucun dommage
la & le Séculier.

Dans l'intérieur du Falais il s'élève une Tour


quarréc, plus haute que tous les autres Edifices: à deux fortes de Puiftan-
Le Japon eft fournis

elle a plullcurs étages,ornés de toits &: d'autres ces ; ^airo, ou Daria, qui eft
lavoir, te Daiït%
embeilinemcns curieux, qui de loin font paroitrc l'Héritier & le Succefteur des anciens Empereurs
le Château fuperbe au. delà de ce qu'on peut di du lapon; 6c l'Empereur, qui eft le Succefleur
re. Le grand nombre de toits recourbes , avec des Généraux de la Couronne, lefquels, comme
des Dragons dorés au haut &
aux angles, qui on le verra dans la Chronologie de cet htat, onc
couvrent tous les autres bârimcns renfermés dans ufurpé infenfiblement l'Autorité fouveraine. Les
le Château, font le même effet. Le fécond Châ Seoguns qui vinrent après 'Jontomot n'ignoroienc
teau cil fort petit, 5j refiemble davantage à une pas le relpe£t religieux que le Peuple a pour la
Citadelle, fans aucun ornement extérieur. Il n'a Famille Impériale. Ils fe gardèrent bien de dé-
qu'une porte, &
un (eut paiTage pour y aller du truire entièrement la Mailon régnante; le Peuple

côré du Palais de l'Empereur, fur un pont long ne l'eût pas fouff^ertiils accoutumèrent peu à peu
& fort haut. Le Château ell: à côté du leurs Maîtres à les laifter gouverner, fie ils leur
rroilieme
fécond, & de fa ftrufture; ces laifTerent le pouvoir de faire des grâces, d'accor-
approche fort
deux derniers font entourés de murs hauts & forts, der des Tirres honorables aux Rois, aux iieigneurs
6c pour une plus grande défenfe ils font environ- ôc aux Nobles du Japon, Cette conduire prévint
nes de fofies larges & profonds, remplis d'eau. les mouvcmens que pouvoicnt faire naître la nou-
C'eft dans ces deux Châteaux que l'on nourrit veauté du Gouvernement, la jaloufie des Grands,
& qu'on élevé les Enfans de l'Empereur, de l'un ?<. l'afteftion des Peuples pour le Sang Impérial,
,
& de l'autre Sexe. Derrière les appartemens de dans une Nation infatiable de gloire. Ils dédom-
l'Empereur il y a encore un terrcin élevé, em- magèrent le Dairi de l'Autorité dont ils le dé-
belli à la manière du païs par des Jardins cu- pouilloient,en le confacrant, pour ainfi dire, par
rieux , & des Vergers terminés par un agréable des honneurs redoublés fie excelhfs. Cependant
Bosquet qui eftauhautde la Colline; il eft com. l'Empereur , pour alTurer fon Ulurpaiion fie ôter
pofé de deux efpeces particulières & curieufes de à fon Seigneur les moyens de fe rétablir, lui en-

\ f planes , dont les feuilles étoilées , mêlées de verd


de jaune Se de rouge
Ce qu'on dit de ces arbres
,

eft fort digne de re-


levoit fes Tréfors fous prétexte de le décharger
flatent beaucoup la vue. d'un détail onéreux, £c fe rendoit maître de fa
perfonne. C'étoit XzSîOgiin^ que quelques Re-
marque c'cft qu'une efpece eft dans foute fa lations appellent le Lubo^ qui levoit les Armées,
;

beauté au Frintems, fie l'autre en Automne. Le donnoit les Charges militaires , & difpoioit des
Palais n'a qu'un étage, 6c ne laifle pas d'être Finances; en un mot, il règloit tout eh Maître,
allez haut. 11 occupe un grand terrein , fie a plu Se le Dairi n'en avoic que le titre. C'eft ainfi.
(leurs longues galleries, de grandes chambres que que le Japon eft gouverné depuis Taikojoma.
l'on peut agrandir ou ctrecir comme on veut, Il y a donc deux Empereurs , l'un de nom , l'au-
avec des paravents elles font difpofées de forte tre d'effet; l'un en qui réfide la Majefté de l'Em-
;

qu'elles reçoivent toujours autant de jour qu'il pire, l'autre en qui réfide toute l'Autorité. Le
en faut. La itrufture en eft d'une beauté exqui- dont les Ancêtres en ont été dépouillés,
Dairi,
fc, félon le goiît d'Architefture
du païs. V.t.s contente de cette Grandeur imaginaire dont il
fe

plat -fonds, les folivcs &


les piliers (ont de Cè- fe voit encore revêtu. Il a une Cour nombreufe

dre, de Camphre, ou de bois de Jefcri dont les Se fuperbe. Comme les Princes ôe les grands Sei-
veines forment naturellement des fleurs ou d'au- gneurs du pais font extrêmement ambitieux, ils
tres figures. Dans pkifieurs appartemens on y n'épargnent rien pour obtenir de lui quelque mar-
met une fimple couche de vernis fort mince: en que de diftiniftion , foit dans leurs Armes , foit
d'autres on le vernit, ou on le cizele. Les bas- dans leurs Chiffres, foit dans leur Train fie leur
reliefs font des oifeaux, ou des branches que l'on Equipage. Ils ont tous à préfenc leurs Ambafta-

dore proprement. Le plancher eft couvert des deurs à fa Cour; fie pour gagner (es bonnes grâ-
plus belles nattes blanches, avec un bord ou une ces ils lui font tous les ans de riches préfens, fie
trangc d'or : ce font - là tous les ameublemens le vifitent même en perfonne ce qui fulfir pour
;

que l'on voit dans les Palais de l'Empereur lui entretenir un gros Train, fie pour foutenir fa
& des Princes de l'Empire. dit, f mais On
Dignité par des dépenfcs confiderables. Au refte,
mon garant du fait,
Guide ne fe rend point cette Idole de Grandeur eft en telle vénératioa
parce qu'il n'en a pas été témoin oculaire) au Japon , que tout le Peuple lui rend des hon-
qu'il y a un appartement caché fouterrain &
neurs divins fie prend de l'eau dans laquelle il a
,

qui au-lieu de plat - fond a un grand Refcrvoir lavé its pieds, comme une choie facrée S^ qui
d'eau ; &: que c'eft là que l'Empereur fe retire ne doit point fervir à des ufages profanes. Ils
quand il tonne, parce qu'ils croyent que la force croyent que tous les Dieux du Pais font obligés de
du tonnerre eft rompue par l'eau. Il y a encore l'aller vifiter une fois par an , fie de fe tenir au-
deux chambres fortes, oli l'on tient les Tréfors près de fa perfonne facrée, quoique d'une maniè-
de l'Empereur: elles font afl'urécs contre le feu re invifible , pendant le dixième mois. Cela paffe
&les voleurs, par de bonnes portes de fer &
des pour une vérité fi confiante, que durant ce mois-
toits de cuivre. là, qu'ils appellent A!^(ïw/Hi7{/f//:i, c'eft à dire, le
mois fans Dieux , on ne célèbre aucune Fête,
parce qu'on croit que les Dieux ne font pas chez
eux
,

SUR LE JAPON. .67


eux dans leurs Temples , mais à la Cour auprès
du Dairi. Ce Pape Japonnois prétend aufli être 'Des Religions du J^ipou en géneYd.
le feul qui ait le pouvoir & l'autorité de déifier
6c de cauonifer les autres , s'il lui paroit qu'ils le La Liberté de Confcience , entant qu'elle ne
méritent, foit par l'apparition de leurs Ames après déroge point aux intérêts du Gouvernement civil.
leur mort , ou par les Miracles qu'ils ont fait. Se ne trouble pas la paix & la tranquillité de l'E-
Il porte ordinairement une tunique noire , fous tat , a toujours été accordée dans le
Japon, aulîi
une robe rouge, &
fur fa robe un grand voile en bien que dans la plupart des autres Contrées de
façon de crêpe, dont les franges lui couvrent les l'Alie. De l.i vient que les Religions étrangères
mains. Il a fur la tcte un bonnet garni de ciiver- s'y font introduites avec tant de facilité, & y
fcs boupes. Il ell ordinairement allis fur un Trô- ont fait de fi grands progrès , au préjudice de
ne, ayant d'un côté un grand fabre fufpcndu, &:de l'ancienne Religion , établie dans le pais de teras
l'autre un arc &c dts flcchcs. Quelque voluptueux immémorial. Depuis un fieclc, il y a eu quatre
que foit ce Prince, il n'cpoufe qu'une Femme, Religions principales , &
qui fe font diftinguées -

&: il la quitte à chaque nouvelle Lune, jufqu'à par le nombre de leurs Sectateurs; favoir:
fon plein. Fendant ce tems-là, il ne fait qu'un 1. SiNTO, l'ancienne Religion, ou l'ancien

repas le jour, Se s'abftient de manger le rcfte de Culte des Idoles de:S Japonnois.
la journée. Pour les autres quinze jours, il les 2. B u D s D o , le Culte des Idoles étrangères

palfc dans toutes fortes de plaifirs & de qui furent apportées au Japon , du Royaume de
divertiflê-
mcns. Si fa Femme meurt avant qu'il ait atteint Siam, ou du la Chine.
fa trentième année, il en peut époufer une autre: 3. S I u T o la Doctrine de leurs Fhilofophcs
,

mais s'il a plus de trente ans, la coutume l'obli- Se de leurs Moraliftes,


ge à palTcr le relie de fa vie dans la continence. 4. D£ivus,cuKrRisTANDo, c'eft à
bon front ell: peint de blanc &de noir. On dire, la Voyede Dieu, ou deChriftjpar où il faut
ne lui coupe jamais ni les cheveux , ni la bar- entendre la Religion Chrétienne.
be, nilesonglcs; de force qu'il a plutôt la fi
gure d'un Sauvage , que celle d'un Roi. Les De la Rdigion an S 1 nto.
viandes qu'on lui Icrt doivent toujours être ap.
prêtées dans des vafes neufs, & fcrvies dans de Des trois principales Religions qui fleuriflenc
nouveaux plats en ufer autrement, eft un crime aujourd'hui dans le Japon , celle du S i n t o mé-
:

digne de mort. rite d'avoir ici le premier rangj mais plutôt à cau-

Le Dairi , comme nous l'avons dit, a fa Cour fe de fon antiquitéScde fa durée, quepar le nom-
à Miaco. Les Empereurs Séculiers y avoient a'^iu bre de fes Sectateurs.
la leur: mais quelques-uns, croyant n'avoir plus Le S I N T o , qu'on apelle auflî S i n s j u , Se ^i¥iM
befoin de réfider auprès du Dairi, ont tranfporcé K A M I M I TS i , eft le Culte des Idoles , établi
le Siège de l'Empire à Jeào , où ils ont formé une anciennement dans le Pars.
féconde Capitale, Qiielques Relations difent que Le but principal que les Seftateurs de cette Re-
tous les fepc ans , le Monarque Séculier envoyé ligion fe propolcnt , c'eft d'être heureux dans ce
au Dairi, par un des premiers Seigneurs de /à Monde. 11 eft vrai qu'ilsontquelqueidée, maïs
Cour, une Corbeille remplie de terre, comme fort obfcurc Se fort imparfaite, de l'Immortalité
im hommage par lequel il reconnoit que tout le de l'Ame, & d'un état futur de bonheur, ou de
Japon appattient à Sa Sainteté. malheur; cependant, ils ne fe mettent poinc en
peine de ce qu'ils deviendront dans une autre Vie 3
tous leurs foins 6: toute leur attention eft de bien
A ces deux PuilTances on pourroit en ajouter adorer les Dieux qui gouvernent &: dirigent les
une troifieme , favoir le Jdco c'efl: le Chef des
:
affaires de ce Monde , &
préfident immédiatemenr
Bonzes j ou le Souverain-Pontife des Idoles. Il
chacun félon ics fondions , à tous les évenemcns
eft fi puilTant, qu'il fait quelquefois la guerre aux
fie à toutes ies néceflitésde la vie. Et quoiqu'ils
plus grands Seigneurs du Fais.
reconnoilTent un Etre fuprème , qui, félon eux ,
habite dans le plus haut des Cieux; Se qu'ils ad-
L'Empereur du Japon eft très riche, &: fes re- mettent auflî quelques Dieux inférieurs , qu'ils
venus fe montent fi haut , qu'ils furpaflent de placent parmi les Etoiles ; ils ne les adorent néan-
beaucoup fa dépenfe , qui eft au moins de trois- moins pas, ni ne leur confacrent aucune Fête^
cens- millions, tant pour fa Maifon , que pour croyant que ces Etres , qui font fi fort au-deftùs
fes Troupes 6c les appointeraens de fes Officiers. de nous , ne voudroient pas entrer dans ce qui nous
Que feroit-ce , s'il accordoit à ics Sujets Se aux regarde. Cependant ils jurent par ces Dieux fu-
Etrangers la liberté du Commerce? Il y a un perieurs , Se leurs noms font toujours inférés dans
nombre prodigieux d'Ouvriers employés pour Ion la formule de leur ferment. Mais ils adorent Se
fervice ; Se l'on remarque que quand Taikofama invoquent les Dieux qu'ils regardent comme a-
fe fut rendu maitrc du Japon &qu'il projetCa de yant un pouvoir abfolu fur leur pais, &lafurin-
qu'il produit , de fes Elé-
paifer à la Chine , il fit conftruire deux-mille tendance de tout ce
vaiffeaux , fans y employer d'autres Ouvriers que mens , de l'Eau, des Animaux, autres chofes ;& &
étoienc à gages. qui en vertu de ce pouvoir font à portée de leur
ceux qui les
faire du bien ou du mal, de les rendre heureux ou
malheureux dans cette vie. Ils font d'autant plus
attentifs à rendre leurs hommages à ces Divinités,
qu'ils femblent être perfuadcs que cela fuffit pour
7omt K XX puri-
i«5 DISSERTATION
purifier leur cceur, Se que pur leur fecours Se leur reçue chez les Peuples de l'Orient. Cependant
intercenion ils ne manqueront pas d'obtenir dans lis s'ablticniicnr de tuer & de manger les Animaux
::.{ la Vie à venir des recompenfes proportion nées à qui lune utilt^s aux hommes, croyant qu'il y au-
la manière dont ils ie feront comportés dans roit de la cru.uue &c de l'ingratitude à le faire.
celle-ci. Us croyent qu'après que les Ames font fortiesdes
Tout le Syftème de la Théologie du Sintos Corps, elles vo:i: dans un Lieu où elles fontheu-
n'eft qu'un compofé ridicule de tables II mon reules, &: qui ett litue immédiatement au-deffous
ftrueules &c il extravagantes , que ceux qui en ont du trente- troilieme Ciel , la demeure de leurs
fait une étude particulière, cachent avec foin tou. Dieux & à eau le de cela, ils l'appellent Taka-
i

tes ces impertinences à leurs propres Dévots, Se mamjacrai c'eilàdire, les Champs hauts & fous-
à plus forte raifon aux Budsdoiiles, Se aux Sefta- célelîcs que les Ames de ceux qui ont bien vé-
:

teurs des autres Religions: C< peut-être que cette cu dans ce Monde, y (ont d'abord reçues; mais
Sefte n'auroit pas fublîfté (i lungtcms , fans l'é^ qu'il n'eft pas permis à celles des méchans Se des
troice liaifon qu'il y a entre fes Opinions & les impics d'y entrer. Se qu'elles (ont condamnées à
Coutumes civiles du Pais, que cette Nation ob être errantes au(ri longtems qu'il faut pour expier
ïervç avec un attachement fcrupuleux Ôc une ré' leurs crimes. C'eft-là toute l'idée qu'ils ont d'un
gularité infinie. état de bonheur futur. Ils fe bornent à ces Champs
lis appellent leurs Temples, Mia jc'c& à dire . Elylees, à ces Lieux heureux & ne croyent poinc
;

la demeure des Âmes immon elles; & leurs Dieux


j
d'Enfer , point de Lieu de tourment, point de té-
Sin & C(ïw/i,ce qui lignifie, ^mw ou h/prils: ce nèbres épaiiïes, point d'eiat malheureux pour les
font les Grands-hommes qui ont vécu pirnii eux. Ames dans la vie à venir, lis ne croyent même

Cette Religion eft partagée en deux Seftci. pas d'autre Diable que celui qui anime le Renard;
L'une eft apellée Juitz. Elle comprend les vé- animal qui fait de grands ravages dans ce païs,
ritables Orthodoxes du Sinto , qui ont perfiilé &: dont on a tant de peur que quelques-uns cro-,

avec tant de fermeté & de conftance dans la Re- yent que les impies après leur mort font transfor-

«m ligion Se dans les Coutumes de leurs Ancêcres, més en Renards jaulll leurs Prêtres apellent-ils l^s
qu'ils n'y ont pas voulu fouffrir le moindre chan-
gement. Mais ils font en petit nombre; & le;
Renards ivha, c'cfl à dire Efprits malins.
Les principaux Points delà Religion du Sinto,
CanufiSi ou Prêtres, en compofenc la plus grande & ceux qui dans l'opinion de fes Seftatcurs les
partie. L'autre Se^beell celle des Riobiis. Ceux- rendent agréables aux Dieux , Se dignes d'obte-
ci font une eîpecede Syncretiftes, qui pour leur nir de leur bonté divine l'avantage d'être d'abord
propre fatisfaàion & pour aquérir une connoif fjcçus dans les Lieux heureux après leur mort; ou,
,

fance plus étendue de la Religion, fur -tout par ctiqu'ils ont d'ordinaire plus particulièrement en
rapport à l'état futur des Ames, s'attachent àre^ vue, une longue fuite de bénédiftions temporel-
concilier la Religion Payenne étrangère , avec les dans cette Vie; ces Points, dis-je, font , i.
celle de leurs Ancêires. Pour cet effet, ils Aip. la Pureté intérieure du cœur: 2. une Abftinencc
polenc que l'Ame ^Amida , que les Budsdoiltes religieufe de tout ce cpù peut rendre l'homme im-
adorent comme leur Sauveur, apaflcparlaTranf pur g. une obfervation exafte des Fêtes folera-
:

migration dans le plus grand de leurs Dieux Tci nelles Se des jours de Fête 4. des Pèlerinages aux
:

Sio Dai Sia , l'elTcncc, comme ils l'appellent, lieux Saints à Isje. A quoi quelques perfonnes
de la lumière & du Soleil. La plupart des S' reh'gieufes ajoutent, 5. matterlonCorps, &mor-
tnïlles fc déclarent de cette Sefte. Toute la tifîer fa Chair.
Cour même du Dairi , ou de l'Empereur Ecclé. Ils ont un grand nombre de Fêtes, dont les

(iaftique, paroit avoir du penchant pour ce Syn- principales font celles qui fe font en l'honneur
cretilraei s'étant peut-être apperçue de lafauflété de Tenfio Dai Sin ou 'Tetjjio Ko T>eti Sm , le pre-
,

& de l'abfurdité de la Religion qu'elle profcne, mier de tous les Dieux des Japonnois, & le Pro-
& de la foibleffc des raifons dont on ïc lert pour tcfteur de l'Empire. Son nom fignifie, le grand
tâcher d'établir la majcfté Se la faintcté prcique 'Dieu Impérial héréditaire de la Qénératiùn célejîe.

divine de cet Empereur. Un'ya mémepaslong. On célèbre fa Fête tous les ans , le feizieme jour
tems qu'ils témoignèrent qu'ilsn'avoicnt pas beau- du neuvième mois, dans toutes les Villes dans &
coup d'éloignement pour le Culte Payen étran- tous les Villages de l'Empire, par diverfes ré-
ger ; car on donna l'^^rchevêché 6c les deux E- jouïfTances publiques, & entre autres par des MaU
vêchez des Ikofiu, qui eft la Sc6Ve la plus riche Jurisy c'ell: à dire , des Procellions, £c par des
& la plus nombreufe des Budsdoïftes à deux
, fpeftacles, qui le donnent fouvent en prélênce de
Princes du S;ing Impérial. Le MonarqueSéculier Ion Image &
de fes Prêtres. Toutes les Villes &
profclTe la R.eligion de fes Ancêtres, & tous les tous les Villages célèbrent ces Matfuris deux fois
ans il donne au Dairî des marques de fa foumiilîon par an , avec beaucoup de pompe &c de folemni-
& de fon refpectj quoi qu'à préfent il ne le fafle cn l'honneur du Dieu auquel ils fe font par-
pas en perfonne, mais par une Ambjffade folem- ticulièrement dévoués.
nelîe & par de riches prei'ens. 11 va lui-même Us ont aulTi plufieurs Pèlerinages, dont le plus
vifiter les Tombeaux des Empereurs ks Prédé- fameux eft celui qui fe fait au 'lemplc de Tenfio
celTcurs, Se fréquente aufij les principaux Tem- Dai Sin à Isje. Les Sintoiftes Orthodoxes vont
I k ples Se les principales Maiions religieufes
font adorés.
où ils en pèlerinage à Isje une fois l'an , ou tout au
moins une fois en leur vie. On croit même que
Les Sénateurs du Sinto necroycnt pasla Doc 'c^ \\\\ devoir indifpenfable à tout homme qui
trine de Pythagore touchant la Tranfmigration des aime fa Patrie, de quelque Sefte & Religion qu'il
f s
Ames ,
quoiqu'elle foit prefque univerfelleraent foie , de donner cette marque de refpeft de &
recon-
,

SUR LE JAPON. i«9

reconnoilTanceqvie tous doivent àTcnfio


finon en qualité de Dieu
tion.au moins en qualité de Fondateur
Dai Sin,,„ !a rcfurreaion de J. C.) On le regarde comme
de Protefteur delaNa.|„ le Patron gênerai Êc le Protcdeiir
&
de pré-
des Ames
humaines j mais en particulier il eft le Dieu &:
&
M
le Père deceuxqniont pafle lienreufement dans

.,,,,.
,

mier Père. I
C'ellpar
Urdresi,, s endroits d'une éternelle félicité.
Enfin, on trovive parmi eux divers
Relicieu-^, dont voici les principaux.
I. LesJ„ fon moyen par fa (eule médiation , que les ,&
C'cll iincj» iiommcs doivent obtenir la remiflion de leurs
1amm,bi,!,oix Prêtres des montagnes.
forte d'Hcrmites qui font profeffion d'abandonner),, péchés, une portion de bonheur dans la &
ce qui eft' Vie à venir.
les biens temporels pour les fpirituels,
quitter une, Il laiiTa à fes Difeiples cinq principaux Corn-
palTaeer pour ce qui cil éternel, de
pleine d'auftc- mandcmens, qui fout:
vie comrnode pour en mener une
Jf Jro , la Loi de ne rien tuer de ce qui a vie.
rite de rigueur, de préférer les mortifications
&
leur 7fu 'Tû la Loi de ne point dérober.
aux délices, palTant la plus grande partie de
,

montagnes faintes la Loi de ne point paillarder.


Sijûm,
tems à voyager dans les
ême au ca
même cœur de Alago , la Loi de ne point mentir.
fe haigner dans l'eau froide ,
^
qui font leur On/tu, la Loi de ne point boire de liqueurs
l'Hivcr.Les riches parmi euxA" ceux à
lespau- fortes. C'eft une Loi dont Siaka recommandaé-
aife, habitent dans leurs propresmaifonsi
l'aumône. troitement l'obfervation à fes Difeiples.
yres rodent dans le païs en demandant
divilee Après ces cinq principaux Commandemens gé-
II. La Confrérie des SiitO!, ou Aveugles;
néraux, qui contiennent en fubftance toute la
en deux Corps , l'un nommé Biiffelz Sao,Si
l'autre
fuivent dix Sitkai , comme ils les
i^rt».i'.jtt. Ces derniers
font Séculiers ils ne vivent Loi de Siaka „
:

r- ri »
,
. ,

induftrielappellent, c eft a dire Conleils ou Avis, qui


,

point d'aumônes, maisexercentquelque


vie. & ;fonc autre chofe que les cinq Loix luMivileesiées Se
?h un fe on fon talent, pour gagner leur pour
our
métiers appliquées à des adlions plus particulières
entretenir la Communauté^ & Vnt divers
!

l'obfervation plus cxafte de la Vertu. Pour l'a-


qui puifteut s'accorder avec leur infortune. Plu-
mour des Savans, & de ceux qui tendent a une
fleurs d'entre c _
eux s'appliquentàlaMufique.&l'on
,
& u....
des Grands Vertu--- (upcricure 6e a une
'
plus grande
-
perfcchon
fe fert d'eux aux Cours des Princes £^ , r - . .

dans ce monde, l'on a encore fubdivife ces Loi,^

S
del'Pmpta on les employé aufli aux folemnités,
aux ictes publiques,
piioiqiio,
chofes femblables.
proceflions
l'
, mariages,
b
eu GW-<»ito, c'eft a dire es cmq.cens Conlei Is
&
j,& Avis, où font fpécifies & détermines avec la
dernière exaftitude, &
en particulier , toutes les

B u d s d o. aftions qui félon leurs idées tendent en quelque


De la Religion i/u
!

qui à caufe de&


1 forte à la Vettu , ou au Vice ,
On cela doivent être pratiquées ,otl évitées avec foin,
Buédo fignifie le Culte de! Idole! étrangère!. ;

Le Ces Préceptes tendent tous a a mortification du


dof p endri fou origine parmi les Brahmins.
corps , à mefurer à preferire les minuties du &
Fondateur de cette Religion porte parmi les Chi- |

de A.t.. ^régime de vie, Se n'accordent qu a peine ce


& qu l
*ob & Taponnois le nom deBarfr
le
dans la Pro.lfauc pour ne point mourir de faim Et comme ils
îl vint au nloSde. félon ces derniers,
V nce de Mag.lL au Païs de .
W*
"om qui, font d'ailleurs en fort grand nombre , il ne fe
que très peu de perfonnes fur qu. ambi-
comprend toutes les régions méridionales de l'A.Jtrouve
1

de fain-
fieunt lies que Continent, qui font habitées par :tion de s'acquérir une grande réputation
dans cette vie, ou i|n dej;re eminent de fe ,.
des' No rs. Sa naift-ance arriva, fuivant leur cal- iteté
Voici jcité dans l'autre, ait a^e^ de pouvoir poijr les
cul, 1 090U 1207 ans avant jèfus-Chrift.
.-. plus
nts les
les Poi..^^
„ Les Ames
t-

des

cITentielsde fa Doctrine.
hommes 6c des
porter a fe foumettre a une difcipline fl exafte oc
animaux font îîrigoureufe.

même fubftance & ne dif- Les Ames des méchans ne font pas condamnées
„ immortelles, de la ,

à des peines éternelles. Lovfqu'cUes ont demeuré


„ férent que félon les differens fujecs qu'elles ani- dans \c'Dfigokf\ ow l'Enfer, un tems fuffifant pour
3, ment , Hommes
ou Béres.
:pier leurs crimes , elles lont renvoyées au mon-
^

„ Les Ames des Hommes, après quelles


font

du corps, font recompcnlées dans un de en vertu de !a fcntence àejmrna O, (c'eft le


3, féparées
un Lieu de Juge des Enfers ) pour y animer , non des corps
„ Lieu de bonheur, ou punies dans
pendant leur huniainsj mais des Animaux immondes, dont Vi
„ mifere, félon ce qu'elles ont fait
lature 6c les propriétés s'accordent le mieux avec
vie.
inclinations corrompues de ces Ames ; tels
3j ,

„ Le Lieu des bienheureux eft nomme Goku- les


les Serpens les Crapauds,
',j fàkf., c'eft-à-dire le
Lieu des plaidrs érerneîs. font, par exemple, ,

différent en leur nature &: les InJcftes, lesOifeaux, les Poifibns , les Qiia-
5, Comme les Dieux
,
Tranfmigration fe fait en paf-
3, les Ames des
hommes dans le mérite de leurs drupedes Sec. Leur
fant des plus vils de ces Animaux, de degré
en
„ aaions paflées, tels font les degrés de plaifir degré, dans d'autres d'une nature plus noble, juf-
Champs Elylëes. Ce-
„ & de bonheur dans leurs ce qu'on Iciu" permettre enfin d'entrer dans
pendant cette heureufe habitation eft fi remplie qu'à
3,
chacun de fes des corps humains alors il eft en leur pouvoir,
„ de bonheur Ôc de plaifir, que
:

6c lom en menant une vie vcrtueufe, de fe


rendre dignes
croit fon partage le meilleur
„ habitans ,
bonheur à venir qui n'aura point de fin; eu
, d'envier l'état
plus heureux d'un autre, il ne de- du
" pour toujours. bien de s'expofcr encore par un train de vie vi-
fire que de jouir du fien
prifon dans
de CCS habitations cieux ,à fubir routes les miferes de la
„ ^mii^rt eft le Chef fuprème une nouvelle
toute cette Doc- ce lieu de tourmens , Se à efluyer
„ céleftes.(ll fane remarquer que
trine n'a écé introduite par les
Bramins qu'après tranfmigration malheureufe.
Xx X Si
, , ,

DISSERTATION
Si nous en croyons les Hiftoriens du Japon les font des Etres fpirituels. Ils croyent le Mon-
le premier qui prêcha ccctc Religion à la Chine, de éternel. Se fuppofent que les Hommes Se les
patra au Japon environ l'an de J. 631 C ob- &
Animaux ont été produits par In &c Jo , le Ciel
tint la permillion d'y bâtir un Temple, qu'on Se les cinq Elémens fublunaircs. Comme ils n'ad-
appelle encore Fakubafi , c'eft à dire le Temple mettent point de Dieux, ils n'ont ni Temples,
du Cheval blanc, à caiife que le Kw, ou làint ni forme de Culte. Ils ne célèbrent aucune Fête,
Livre de Staka^ fut porté par un Cheval bianc. Se ne rendent derefpeftaux Dieux du pais, qu'au-
tant que la civilité ôe le favoir-vivre en exigent.
'De la Religion (il« S i u t o. La pratique de la Vertu, une Confcience pure.
Se une bonne Se honnête vie, eft le feul but où
S I u T o dans le fens littéral fignifîe la Foye ou ils tendent.
ia Méthode des Philofophes. Siudosja, ou au pluriel Ces Fhiiofophes non feulement croyent lamorC
Siudosjuy font les Philofophes qui luivent cette volontaire permife , mais ils la regardent comme
Méthode, lis n'ont, à proprement parler , aucune une ailion héroïque , Se témoignent beaucoup
Religion ; c'efl: à dire qu'ds ne fc conforment à d'eftime pour ceux qui abrègent leurs jours afin
aucun des Cultes des Dieux qui font établis dans d'éviter une mort hontcufe , ou pour ne point
le païs. Ils difent que la plus grande Perfection tomber entre les mains d'un Ennemi viftorieux.
& le fouverain-Bien que les hommes foienc capa. Autrefois , cette Se£te étoit fort nombreufe les ;

blesd'acquériryconllfte dans le plaifir que l'efprit Avisée les Sciences étoicnt cultivés fie faifoient de
trouve à mener une vie fagc Se vertueuîc. Ils ne grands progrès parmi eux ; Se la meilleure partie
rcconnoineiit de recompeufes &z de châtiniens de la iNation faifoit profefiion de cette Philofo-
qite les temporels, &ceux feulement qui font la phie. Mais la Perfécution inouïe, que fouffrit la
fuite nccelTaire de la pratique de la Vertu ou de i<.eîigion Chrétienne, diminua beaucoup le nom-
celle du Vice. Ils difent que nous (ommes obli- bre de ces Philofophesj ôe les Seftateurs de Con-
gés d'être vertueux, à caufcqiie la Nature nous a fuiius n'y font plus fur un grand pied. La rigueur
doués de Raifon , afin que vivant conformément extrême des Ëdits de l'Empereur a rendu les Ja-
aux règles de cette Ivailon, nous montrions notre ponnois retenus, même fur la lefturede leurs Li-
prééminence fur les Créatures qui en font dépour- vres, qui autrefois étoient les délices Se l'admi-
vues. Kooji iOU. Covfuîius i iwt le premier qui en- ration de la Nation, Se autant eftimés chez eux
feigna que le fouveraîn-Bien conlilïe dans la pra- que la Philofophie de Socrate, de Platon, ôe des

H' tique de la Vertu: ainfîon doit le regarder com- autres Fhiiofophes Payens l'eft en Europe.
me le Fondateur de cette Seite Philolophique.
Cette Philofophie, entant qu'elle fe rapporte à Le Japon firme' aux Naturels é' aux Etrangers.
îa pratique de la Vertu &: de la bonne Morale, hit/ioire du Cbrijiianisme de cet Empire. 'De
peut être réduire aux cinq Articles qu'ils appel- quelle manière les 'Portugais s'y e'tablinnt ô" en
lent V(ïny Gi , Re , *//;', Se Sin. Dfm leur en- furent bannis. Ve l'étabUffement des Hollandois,
feigne à vivre vertucufement; (d'où l'on appelle & de celui des Chinois.
un homme vertueux, un'Dfmija.) Gr, à rendre
juftice à tout le monde. Re à être civil Se poli.
, On a vu que les Japonnois regardent leur Dai-
'Jff établit les maximes d'mi bon Se fage Gouver- rî comme une Divinité. Cette opinion s'eft per-
nemeut. EtSin traite de la Confcience pure. Se pétuée depuis le Règne de leurs premiers Mikad-
de la droiture de cœur. Ils ne reconnoiflént point dif ou Empereurs. Fiers d'une extraction illuftre.
laTranfmigration des Ames. Ils croycnt une Ame Se même divine, puisqu'ils deiccndoient en ligne
du Monde, un lïfprit univerlél , une PuilTance direiSte du Fils aine de Tendfio Daidiin, le plus
répandue dans l'Univers, qui anime toutes cho- puiflant de leurs Dieux, ils s'attribuèrent une iain.
ies Se reprend les Ames fcparées des corps , com- teré fuperllitieufe, foutenue par une pompe Se un
me la .Vier reçoit toutes les ICivieres Ôe les Kaux fade fi grands, que cela produifit dans î'ame de
qui s'y jettent de tous les endroits du globe de la leurs fujets une vénération plus qu'humaine pour
Terre. Cette Ame du Monde eft le réceptacle leurs perfonncs. Ce refpeît exceffif devint dans

^ coinmun des Ames, d'où elles peuvent forrir de la (uite fort préjudiciable au gouvernement Se à la
nouveau pour animer d'autres Créatures. Ils con- tranquillité de l'Empire. Il n'auroit pas convenu
fondent cet Efprit univerlél avec l'Etre fuprème, à des Princes qui fe vantoient d'un degré fi émi-
lui attribuant toutes les perfeâions Se les qualités nent de Jâinteté, de gouverner leurs fujets Se leurs
divines qui n'appartiennent qu'à Dieu. Us fe fer. adorateurs qu'avec beaucoup de douceur Se de
vent fréquemment du mot 'Icn , Ciel ou Nature clémence. Proches parens des Dieux comme ils
dans les chofes qui regardent intimement notre étoient , Se refpeités eux-mêmes comme des Dieux,
vie Se nos aiStions. Ainfi ils remercient leCielSe il auroit été au-deffous de leur dignité de prendre
la Nature , pour les néccflitcs de la vie qu'ils en main la conduite des aifaires politiques fie hu-
croyent en recevoir. Qiiclques-uns d'entre eux maines. L'adminiftration en fut laiflée à des per-
admettent un Etre intelleâruel incorporel , qui fonnes féculieres. Par ces moyens , Se par l'ac-
,

ell félon eux Gouverneur Se Directeur, Se non croiiïement de la méchanceté des fiecles fuivans
pas Auteur de la Nature: ils prétendent même le pouvoir de la Noblefle s'éleva à un tel point,
qu'il ell" une production de la Nature , engendré qu'elle renverfa l'autorité fuprème de l'Empereur,
par /« Se Ji?, le Ciel Se la/f erre l'un aitit, l'au- auquel elle dcvoît être fubordonnée. Les Princes
,

tre pafîîf, l'un principe de Génération, Se l'autre de l'Empire, non feulement fe rendirent indépen-
principe de Corruption. C'eft de la même ma- dans fie Souverains des Provinces dont l'Empereur
nière qu'ils prétendent que les Puiffances naturel- leur avoit donné le Gouvernement ils portèrent j

encore

x_
i

SUR LE JAPON.
^

.'
171 ..Il
encore leur ambition plus loin , fur-tour après » vers. Cette grande révolutiou arriva l'an de J. C.
qu'on eue inventé les armes: ils firent la guerre] 1583,

aux Priucesvoifins,& tâchèrent de fe dépofleder Ce Monarque prudehr, parfaitement inftruit de


S

mutuellement de leurs Etats. Ces divifions eurent l'état où fe trouvoit alors Tt^mpire, des vues am-
funedeSjS: firent répandre des cor- bitieufes de fes Princes, auHi bien que du génie
ies fuites les plus
rens de fang. &
des fouliaics de la Nation entière, prévit bien
L'état où fe trouvoient les affaires , Se le def- qu'il lui feroit impoUîble de fe dérober à la dcfti-
fein que l'on avoi: de reprimer rinfolence&cl'am- née de fes PrédéccfTcurs ,
: de fe maintenir dans &
bition des Princes de l'Empire, iîrenc juger à la ponellîon de l'Autorité fiiprème, s'il ne trou- '
j

^1
propos d'envoyer le Scogun ou le Général de la voit le moyeu de reprimer l'infolence 6c l'ambition
,

Couronne, contre eux, à la tête de l'Armée Im-'des Grands , de fe rendre maître du Peuple. &
périale. C'étoit l'ulage, d'élever à un pofte fi Les circonftances du tcms le favoriferent dans
important l'Héritier préfomptif de laCouromie: l'exécution de ce dcHein. Les forces des Princes de
& cet ufage devint avec le tems le fondement de l'Empire avoient été déjà fort ruinées par de lon-
la Monarchie Séculicrc ; car le Général de la gués Guerres - civiles^
j
mais il faloic qu'elles le
Couronney orilomo, qui vivoit il y a cnvironcinq- Ituilent encore davantage. Pour ce dcOcIn, 'T/Jico
cens.quaranteans jayantéchoué dans fes efpcranccsl réfoluc de faire une invafion dans la Corée, qui
de fucccder au l'rônc Impérial s'attribua laieliunc Presqu'île voifine , comme appartenant
,

Souveraineté dans les afl'aires fécuUeres. Il elt de droit à l'Empire. Son principal deifein , lorf-
|

parlé de lui dans les Annales du Japon , comme qu'il prit cette réfoUition , étoit d'éloigner les
i

du premier Monarque Séculier. Cependant fes 'Princes de l'Empire de leur païs & de leurs E-
Succcfléurs fe comportèrent alTez bien avec TEni- rats j ne doutant pas que tandis qu'ils feroienc
;

pereur Eccléfiaftique, pour la perfonne duquel occupés à mettre lous !c joug les Tartares qui
ils confervcrent un grand refpeft, d'autant plus habitent cette Pcninlule, il n'eût le loifir les &
que ces Empereurs Ecçtéliaftiques aVoient lepou-;occafions de faire réuflir fes autres projets, &_dc
voir de confier à qui ils vouloient le C^onimande- s'adiu'cr la polTeilion de fa noiivelle autorité,
ment de l'Armée, le principal &c feul appui de Cela lui réuflit autant qu'il pouvoir le foiihaiter.
PAutorité Séculière. Vers le commencement du Mais l'expédition contre la Corée n'ayant pas
léiziemc fiecle , celui qui étoit alors Général de' eu le fuccès qu'on en attendoit , il fongea à rap-
la Couronne alla fi loin , qu'il fecoua tout d'un peller fes Généraux.
'
Fatigués d'une guerre fà-
coup le joug de la dépendance j il fe rendit ab fo - un pais étranger, leurs finances
c heu fe faite dans
lument souverain dans le Gouvernement féculier cpuifées , Taico ne douta
leurs troupes ruinées
'

de l'Empirci entrcprife qui trouva moins de dif- '


point que ne les forçât d'abandonner
la nécefîité

ficultés dans fon exécution, qu'on n'en auroit at- ;toutes les idées de fédition S: de révolte, 6r qu'ils ne

tendu d'un defTein de cette nature, d'un fi grand fuflent ravis d'acheter leur retour chez eux, &: la
poids, *^ d'une d terrible conféquence. Ce paifiblejouifTance de leurs Etats,à quelque prix que
Général de la Couronne etoit fécond fUsdeTEm- !ce fut, &: quelque dures que fuffent les condi-
pcreur, exclus par fa nailTance de la fucceffion |tions qu'on voudroit leur impofer. Elles furent:
au Trône Impérial, &.' palllonné pour l'Autorité Femmes Scieurs Enfans, fous prétexte
Qiie leurs
abfokie. Il fe maintint par la force dans le Coni. de les mettre eu lieu de fureté dans un tems de
mandement de l'Armée, fie dépouilla l'Empereur troubles, feroieni envoyés à la Cour^, &c feroient
fon père de toute Ion autorité dans l'adminiftra- ;leur réfidence dans Ion propre Château , qu'il
!avoit pris foin de fortifier pour ce defTein , èc
lion des afl^iîres féculieres, dont il s'attribua en-
tierement la connoiifance. Il laifla à Sa Sainteté qu'il avoit embelli de Palais propres pourjes re.
^

l'autoritédans les affaires fpirituelles, comme une' cevoîr: Que les Princes eux-mêmes après leur
prérogative due à fon extraftion divine. Se à fa retour feroient mis en polTeffion de leurs Etats,
i

defcendance en ligne dire£te des Dieux du pais. 'Se qu'on leur fixemit un tems auquel ils pou r-
Le fuccès de cette entreprife hardie, ou pour roient fe rendre à la Cour de l'Empereur , pour
mieux dire téméraire, fut tel à la fin, qu'il de. voir leurs Femmes 6c leurs Enfans une fois l'an-
vint plus avantageux à l'Empire, qu'au Général née, C'eft ainfi que Taico , par un feul coup
de la Couronne Cette révolution jetta
d'alors. de partie, mit le Gouvernement fur un nouveau
les fondemcns d'une nouvelle forme de Gouver- pied, en afloibliiTant le pouvoir des Princes de

nement, fort avantageufe au bonheur Se à la tran- l'Empire, 6c en les réduilant fi bas ,


qu'à l'avenir
quillitédes Peuples, extrêmement propre i tenir ils fuffent hors d'état de faire craindre leurs prati-
en refpect une nation fi remuante. Se fi féditieu- ques fecretes Se féditieufes. Car tandis qu'ils ont
fe. Ils'en falut bien que l'Ufurpateur jouît tran- ordre eux-mêmes de fe rendre, à la Cour tous les
quillement d'une Couronne, qu'il avoit acquife ans pour rendre hommage à l'Empereur Se renoQ-
par des voyes illégitimes j pluficurs d'entre les veller le ferment de fidélité , leurs Femmes 6c leurs
plus puiflans Princes de l'Empire fe firent long- Enfans en font les Otages les plus fiirs. Exemple
tems la guerre pour tâcher de s'en emparer, juf- unique. Se merveilleux, qu'un fi grand nombre
qu'à ce que la fortune en difpofa en faveur d'un de puiffans Princes ayent été mis fous le joug par
Héros incomparable , fidejos ou comme on l'a-
, un fimple Soldat d'une extraction vile, 6e dans
pelladansla fuite, lûica-. Prince d'un grand cou- un fi court efpace de tems !

1! rertoi: à reprimer aufll l'indocilité


6c l'info-
rage , Se d'une prudenceconfommée, qui, d'une
condition balte & fervile , s'éleva par Ion propre lence du Peuple. Il y réuffit par le moyen d'un

mérite &c par fon excellente conduite , jiifqu'à nouveau Corps de Loix , convenables à l'état dit
devenir un des plus puiffansMonarques de l'Uni- païs& au génie des Sujets j mais fi féveres, qu'oii
Jûme K y y croiroît

^
, .

172 DISSERTATION
croiroic ont été écrites par "Dracon l'A-
qu'elles gueil & de vanité que les Japonnois. Peu dctems
thénien, non avec de Tencre, mais avec du (ang. après la découverte de cette nouvelle Colchos,
Leur Tcvérité conlîlle en ce qu'elles n'ordonnent qui (e fit par un pur hazard, un navire y ayauc
point de peines pécuniaires , maïs des punirions été jette (ur la côte l'an de J. C. 1543 , les Por-
corporelles pour tons les cas, & très luuvcnt: la tugais, excités par l'efperance du gain, y firent
morti &: qu'elles ne laifTent ni cfpcrance de pi un court cfpace de
de grands établinémens dans
don , ni furféancc d'exécution , à ceux qui ont eu tems. Us y portèrent
marchandifes d'Europe, les

le malheur de contrevenir aux Urdonnances de & la Doctrine de l'Evangile y fut prêchée par
l'Empereur. leurs Millionnaires , ce qui joint aux mariages
Après la mort de Tako^ qui arriva l'an de J qui (efa!(oiententrecux& leurs nouveaux- Conver-
C 1598, iès Succen'curs luivirenc exaftement ies tis, les enrichit beaucoup, ïlss'infinuerentfi bien
maîjimcs & fon exemple, veillant fans relâche à dans les bonnes grâces de la Nation qu'ils avoient
li; /:
robfervation des Loix féveres qu'il avoit établies mife dans leurs uiterêcs , qu'enfles de leurs fuc-
far cette conduite les Empereurs parvinrent à re- cès ils oferent porter leursvues julqu'à cau(er une
primer les (éditions, malgré le penchant naturel révolution dans le Gouvernement , formant des
des Peuples. Mais il s'agilToit d'alTurer à l'Etat projets pleins d'ingratitude de malignité , & &
un repos durable. L'ouvrage étoit déjà commencé très préjudiciables à la fureté de la famille ré-
& même fore avancé j cependant, il manquoit le gnante. L'Empereur fut frappé d'horreur &: d'é-
dernier coup. On crut donc qu'd étoit à propos de vue de deux lettres pleines de
ronnement à la
'

couper toute commtmicationavcc les cauTes étran dont l'une avoit été interceptée
delTcins perfides,
'

gères des changeuiens qui pourroient avec le tenispar les HoUandois quiétoient alors enguerreavec
nourrir les troubles Se les desordres dans l'Empî'tes Portugais , & qui càthoient d'attirer à eux cet-

re. Les mœurs, & tes coutumes étrangères ,foit te branche lucrative du Commerce; l'autre lettre

qu'elles y fuflent portées par les Naturels du fut envoyée par les Japonnois de Canton , ville

pais, ou par les Etrangers, furent le premier S: de la Chine. Tout d'un coup il fe préfenfaplu-
le principal objet de cette reformation. Lts Car- lîeurs circonftances fort defavantageufes aux Por-

tes , les Dés, les Duels, le luxe, la profufion tugais. Il fut fait à la Cour de grandes plaintes

des tables &c des habits , Se toutes les voluptés par un des premiers Confcilters d'Etat , de ce
étrangères furent regardés comme des obflacles à qu'ayant été rencontré fur la route par un Eve-
1^ la pratique de la vertu &: de !a continence. La que Jéliiite, l'orgueilleux Prélat ne lui avoit pas
lieligion Chrétienne même , la Dodrine du rendu les déférences & les refpects que les Japon-
&
Salut du genre-humain par mérites dej. C. les nois leur rendent ordinairement. Les gains cxceffifs
ne put point échaper à la dïigrace de ces rigides que Portugais faifoient avec une Nation fi cu-
les

Cenfeurs: elle fut déclarée très préjudiciable à la rieufe, &


fi amoureufe des raretés étrangères les -,

forme du Gouvernement qu'on venoit d'établir, tréfors inimenles qu'ils emportoient du Japon
j|

à la tranquiiiité de l'Empire, aux Religions du touchèrent le Gouvernement jufqu'au vif. Les


pais, au Culte de leurs IDieux, à la fainterc S: grands fuccès de la propagation de la Foi Chré-
à l'autorité des Mikaddosou Empereurs Ecclelîaf- tienne, l'union qui étoit entre les nouveaux-Con-
tiques héréditaires. Les voyages £c le commerce vertis, la haine qu'ils portoienc aux Dieux à &
des Naturels du païs aux pais étrangers, ou des la Religion du pais , leur confiance dans la pro-

Etrangers au Japon, furent jugés porter du pré- tellion 6c dans la déicufc de leur Foi, étoient des

judice à la paix publique parce qu'Us iervent


,
caufes confiderables de crainte 6c d'inquiétude:
feulement à nourrir des inclinations étrangères qui Un craignoit que 'ïv on laifToit augmenter le nom-
ne iauroient s'accorder avec la nature du pais 6c bre des Chrétiens, ne donnafTent lieu à de nou-
ils

le génie de !a Nation. En un mot, tous les maux velles révoltes contre les mêmes Monarques qui
que l'Etat avoit foufferts ou auxquels il étoit
, l'enoient de ruiner les forces la puiffance des &
expofé à l'avenir, furent attribués aux mœurs & Princes du Japon avec tan: de peine &c d'efiulion
aux coutumes étrangères j on crut qu'il ne feroit de fang. Se qui en les mettant fous le joug avoienc
pas polîtble de rétablir le corps dans (a première mis fin aux guerres-civiles quiavoientfilongtems
fanté, ii les parties gangrenées n'en étoient re- ravage l'Empire.
tranchées , &
que ce feroit (e flater vainement Ce fut pour ces puifTantcs raifons, que Taico
de la celTationdu mal, fi l'on en laillbic fubfiller arrêta les progrès des Portugaisqui s'accréditoient
la caufe. trop au Japon. Il commença aufli d'arrêter ceux

L'état &: la que faifoit le Chriftianifme cependant, il avança


difpofition de l'Empire étant tel ;

qu'il étoit alors forme du Gouvernement qu'on peu un ouvrage de cette conféquence , qui fern-
la

V
;

venoit d'y établir, le bonheur 5c la profperité du bloit demander beaucoup de tems. Il mourut

peuple, la nature du païs, & la fureté de l'Em- peu après , &: laifTa à fes Succcfleurs le foin
pereur, concouroient àlanéceflitéde fermer l'Em- d'achever ce qu'il avoit commencé. Us ordon-
pire pour toujours, à le purger des Etrangers, & nèrent fur peine de la Croix à tous les Portu-
des coutumes étrangères: ainfi l'Empereur & (on gais à tous leurs alliés Japonnois, fîcàtoutleur
,

Confeil d'Etat vinrent enfin à réfoudre par une Clergé, de vuider l'Empire. Il fut ordonné aux
i
a Loi irrévocable à jamais , ^e
l'Empire feroti Naturels du païs de demeurer à l'avenir chez eux,
fermé. &: à ceux qui en'étoient dehors en ce tems- là,

On ne cfoyoit pas que de toutes les Nations -l'y revenir dans le tems qui leur fut prefcrit,

étrangères il y en eût une qui fût mieux établie au-delà duquel terme ils,feroicnt condamnés au
dans le païs, & qui lui portât plus de préjudi- même fiipplice s'ils étoient arrêtés ; enfin , &
ce, que la Fortugaife, qui n'avoit pas moins d'or- que ceux qui avoient embrafTé la Foi la Doc- &
trine

'«^-
SUR LE JAPON.
îrine de
re car dément.
J.
C. en fcroient abjuration

cultés , que ces ordres furent enfin exécutes il


fans aucun en 161
de fou fuccelTeur FiJe Tadâa en
1 ,

Ce ne fut pas ians de grandes diffi- i6i6. C'eft pourquoi on trouva un expédient,
l'autre

6c l'on régla les cliofes à leur égard de forte que


;
175

m
en avoit coûté moins dcfangPayenauxEmpereurs la même prifon, car on peut appeller aiufi une
pour s'emparer de l'Empire, qu'il n'en fut vcrfc Ile artificielle nommée 'Dèjîmai qui avoit été bâ-
de Chrétien pour les y mainrenirScleur en afTurer tie pour les Portugais dans le havre de Nagaza-
îapo/rellion. Les nouveaux-Convertis ne pouvant ki , leroit allignée pour la demeure des Hollan-
pas être refutés avec des raifons , on mit en ulu- dois à l'avenir. On ne trouva pas à propos de
ge les épées, les gibets, le feu, la croix, Êcd'au- les obliger d'abandonner le pais , &c l'on crut
ires argumensaulli formidables, pour les convain- dangereux de les y recevoir fans quelque referve.
cre & leur faire fentir leurs erreurs. Malgré C'elt pourquoi on ne les tient gueres moins ref-
ces cruels traitemens , &: l'eiFroyable diverfité des fcrrés que des Prilonnicrs, ou des Otages cxpo-
fupplices inventés par leurs bourreaux impitoya- fes aux regards les plus exafts d'une foule de (iir-
bles, bien loin que leur vertu fût ébranlée , ils veillans qui font obligés parun ferment folemnel
fcêlloicnt avec joye les vérités du Chriitianilmc d'épier leurs a£tionsles plus indifférentes: de for-

de leur propre fang, fur les croix où ils étoienr te qu'on lemble ne les garder, qu'afin d'être in-
attachés. Ils montrèrent des exemples fi rares formé par leur moyen de ce qui fe pafTc dans les
de confiance, que leurs ennemis mêmes en étoient autres parties du Monde. Pour ne pas les rebuter,
frappés d'étonnement &c d'admiration. Cette pour les dédommager même en quelque manière
cruelle Perfécution , qui n'a point de pareille dans de leur féjour au Japon, &
du traitement rigou-
l'Hiftoire, dura environ quarante ans. 'Ijsmiiz reux qu'ils y fouffrent, on leur a donné perrais-
qui fut après la mort appelle Tcijojin, donna à la fion de vendre leurs niarcliandifes à concurrence

Un le coup de mort auChriftianilme: il exrermi- de la valenrdecinq-cens-mille écus chaque année.


jia, avec une barbarie qui n'avoit point d'esem- Les Chinois, à qui les Japonnois font redeva-
ple, tout ce qui relfoit de Chrétiens au Japon. bles de leurs Arts &
de leurs Sciences, même &
Il en fit mailacrer dans un feuljourplusdctrenre- des Religions établies dans leur pais ; fur le mo-
fepcmille, que
iiipportablcs
le defefpoir, &
que l'on avoit fait foufFrir à leurs
les fupplices in- dèle de Gouvernement desquels celui du Japon a
été réglé en grande partie; les Chinois, dis.je,ne
m
frères, avoient obligés de s'enfermer dans le Châ- furent point compris dans l'exclufion générale des
teau de Simabara liruc fur les côtes d'Arinia, avec Nations étrangères: on leur laiffa leur commerce
une ferme réfoîution de défendre leurs viesjuftiu'à fie leuL liberté, avec cette reftriftion néanmoins,
la dernière extrémité. Ce Château fut pris après que Nagalaiti feroit la feule Place qu'ils fréquen-
un de trois mois , le 28. jour du fecondmois
fiege teroient, 6c qu'ils n'aborderoient dans aucun au-
de Période Quanje (c'cft: à dire le 12 d'Avril
la tre Port. C'eft fur ce pied qu'on admit à négo-
'1638.) Ce fut la dernière fcene de cette fan- cier au Japon , non feulement les Chinois qui

glante Tragédie; & le fang Chrétien ayant été viendroient de la Chine, mais encore des autres
verfé jufqu'à la dernière goutte , le maffacre £c la pais orientaux, fie des difterens Royaumes oii ils
perfécution finirent environ Pan 1640. avoient été difperfcs après la dernière Conquête
C'eft ainfi que l'Empire du Japon fut enfin de leur Empire faite par le Monarque Tartare.
délivré de tout cmbaras, fie fermé à jamais, tant Mais dans la fuite, lorfque la Religion Chrétienne
ipour les Naturels du pais, que pour les Etran- fur prêchée fie reçue à la Chine, ils commencè-

gers. Ccfutimitilcmenc quelesPortugais établis à rent de porter parmi leurs autres Livres Chinois
Macao envoyèrent une magniiîque Amballadeau qu'ils vendent au Japon, ceux qui traitoient de

Japon; Gens, ni le Caraftere facré des


ni le Uroit des l'Evangile fie de la Foi en J. C. Par ce moyen ils
AmbalTadeiirs, ne pue les garantir du fupplice au répandoient fie failoicnt revivre une Doftrine qui
quel le Gouvernement avoit condamné tous ceux avoit été déclarée préjudiciable à la tranquillité
qui olcroient entrer dans l'Empire, contre la te- publique, fie extirpée en dernier lieu avec tant de
ncur des Déclarations. Les Ambafliideurs fie tou- peine fie en mettant à mort un grand nombre de
te leur fuite, an nombre de foixante &
une per- Martyrs. Cela irrita fi fort le Gouvernement du
fonnes, curent la tére tranchée par un ordre ex- Japon , qu'd fut réfolu de les mettre fur le même
près de l'Empereur: on excepta quelques-uns de pied que les Hollandois, fie de les confiner de la
leurs plus bas Domeftiques , afin qu'ils puffenr même manière.
porter à leurs compatriotes les funeftes nouvelles Les chofes étant en cet état , fie l'Empire é-
de cette barbare réception. tant entièrement fermé, rien ne put faire obfta-
La Compagnie HoUandoife desIndes Orienta- cle aux vues fie aux volontés des Monarques Sé-
les avoit fait le commerce du Japon depuis le culiers, Ils n'eurent plus rien à craindre ni de ,

commencement du dix-feprieme liccle on crut l'ambition âts Grands qu'ils avoient afiujettis, ni
:

que ce feroit une trop grande dureté, &


une in- de la mutinerie fie de la fougue du commun-Peu-
juftice, de traiter avec la même rigueur ceux ple, ni des conleils fie des fecours des Nations
dont la fidélité &
la fincericé avoient été éprouvées étrangères; ni enfin du commerce fie du crédit de

depuis leur première arrivée, non feulement con- ceux qu'ils reccvoient chez eux, ?^ qui y étoienc
tre les Portugais qui avoient été déclarés ennemis tolérés. Les Empereurs n'eurent plus les mains
de l'Empire, mais encore en dernier lieu contre liées; curent la liberté fie le pouvoir de faire
ils

les Chrétiens révoltes d'Arima ajoutez à cela


: tout ce qu'ils jugeroienc à propos ,& d'entrepren-
que la liberté du commerce leur avoit été confir- dre des chofes dont on ne fiuroit venir à bout dans
mée par deux Patentes de privilège, l'une dcf- un pais ouvert , oii il y a un accès libreSc où le
quelles ils avoient obtenue de l'Empereur Jjejas commerce eft permis. Ce fut d'établir un ordre très
Yy 2 exaft

mi i
ii ," <piJia iB
i Lr'
, .

•17+ DISSERTATION
'exa£t&: très rigoureux, dan s les Villes , les'Bourgs Quoique le Chriftianifme ait été détruit au Ja-
•les Villages,Collèges , les Communautés &: les
les pon , comme nous l'avons dit , on y découvre
Sociétés, ians excepter les Corps des Arts Ôc Mé- 1
pourtant encore de tems en tems quelques Chré-
ricrs; de reformer les anciennes coutumes, d'en tiens, fi l'on peut donner ce nomà des gensdont
introduire de nouvelles; d'alligner &: de limiter à . prefque toute la Religion confifte à favoir le nom
chacun fa tâche; d'iiiipirer aux Sujets un elpric de notre Sauveur 6c celui de fabienheureufcMerc.
d'induftrie & de perfeA ion dans les Arts; de les
'

Ces pauvres gens, malgré leur extrême ignorance^


obliger, par le moyen delà gloire & des recom- font II attachés à leurs fentimens, qu'ils aiment:
penlés à imaginer des inventions nouvelles fie
,
mieux mourir mifcrablementen prifon, que defe
' utiles mais aiiHi en même tems d'avoir l'ceil fur la
:
procurer la liberté en faifant abjuration. Ces Chré-
I conduite du peuple, de le retenir dans les bor- tiens de nom ,
plutôt que d'effet, ne font point
nes de l'obeifiancc, par le moyen d'un grandnom- à préfent condamnés à mort fans mifericorde,
brc d'Infpectcurs 6c de Cenleurs rigides, nommés comme autrefois on a égard à leur grande fim-
:

pour cet eftet ; de contraindre clucun à la prati- plicité , fie au peu de befom que l'on a d'ufer de

«jue exade de la vertu > &


pour le dire en un tant de rigueur. On fc contente de les renfer-
nior, de faire de toutl'Empire, comme une Eco- mer dans une étroite Prifon, où ils finifTeiit leur
I ':.
'

le de civilité fie de bonnes mœurs. Ainfi les mifcrable vie, fans en (ortir jamais , fi ce n'eft
Monarques Séculiers ont en quelque manière rcs- lorfqu'on les mené au Palais du Gouverneur,
fuicité l'innocence &
le bonheur des premiers pour les engager à déceler d'autres Chrétiens. Car
j^ges. Exempts de crainte à l'égard des révoltes on n'épargne rien pour extirper jufqu'aux moin-
\:
domeftiqucs, ils ic confient fi fort fur l'excellen- dres reftes du Chrilhanifme , fie pour le faire re-
ce du pjis , 6c fur le courage fie les forces de garder avec horreur. On en va juger par l'Aftc
leurs invincibles Sujets , qu'ils font en état de mé- d'abjuration que je vais décrire , fie par oii je fi-
prifer l'envie & la jaloufie des autres Nations, Et nirai cet Article.

certainemef'.tjtelell le bonheur de l'tmpircdu Ja- C'eft le Jefumi, c'eft à dire dans le fens litté-
pon , qu'il n'a à craindre aucune invafioa des en- ral , l'adion de fouler aux pieds la Figure; àcau-
nemis de dehors. foulent aux pieds l'Image de notre Sau-
fe qu'ils

LaNature rendre la Conquête veur attache à la croix, 6c celle defafainteMere,


a contribué àen
jmpofhble: fes côtes, roides S: bordées de roches ou de quelque autre Saint; ce qui cft une preuve
efcarpées.font baignées par unelvjcrplcine dero- convaincante fie inconteftable, qu'ils renoncent à
cliers fie de badcs, £c fi orageufe, que les naufra- jamais à J. C. fie à fa Religion. Cette horrible céré-
ges y font à craindre en toute faifon. Le Fort de monie,qui fe renouvelle toutes les années,commencc
Nûs^afaki z^ \c feul que l'on connoifle , où des à fe faire le fécond jour du premier mois. Les Offi-
vaiifeaux tant foit peu confiderablcs puiifent être ciers quidoiventêtre préfensà cet Aâ:e, fontl'Of^
en fureté; encore l'entrée en eft-elle très dange- tona ou Chef de la rue, fes trois Oognmi Oja ou
reufe, même pour les Commis , le Fitzia ou Greffier, te Nitzi Jofi ou
Pilotes qui la connoiflcnt
le mieux. peuplé, qu'à MefTager de la rue, outre deux Monban ou hom-
D'ailleurs, le païs eft ft

peine pourroit-on croire que dans fon étendue il mes du Guet qui portent les Images. Ces Images
pût contenir 6c nourrir un fi grand nombre d'ha- ont environ un pied de long; elles font faites de
bitans. Enfin les Japonnois pouilcnt le mépris cuivre jaune , fie gardées dans une boite pour
de la viejufqu'à s'ouvrir ic ventre pour fe donner l'ufage que je viens de dire. Après que les In-
la mort, lorsqu'ils ont été vaincus ou fubjugucs quiiiteurs fe font aflîs fur une natte , le Chef de
par un Ennemi. Comment, avec tous ces avan- tamillc, fa Femme, fes Enfans, avec les Doraefti-
tages, craindroient.ils rinvafion des Nations é- ques de l'un fie de l'autre fexe ^ de tout âge,
trangeres? Aulil les Tartaresl'ont-ils tentée deux tous les locataires de la maifon , fie quelquefois
fois en-vain, avec des Armées prodigieufes: la va- auili les proches yoifins H leurs maifons ne font
leur des Habitans détruilït la première (en 799 ) pas afîez grandes pour y faire la Cérémonie , font
-,

6c la féconde périt dans les flots avant que d'avoir convoqués dans la chambre, où l'on met les Ima-
pu faire fa delccnte(en 12S1O ges fur le plancher nud; après qtioi le Jffumi
Ce feroit peu de chofe , d'être à couvert de Ifie, ou Secrétaire de Tlnquifition, prend la lirte
toute invalion du dehors , 6c de fe tenir chez eux des habirans fie lit leurs noms un par un, les fom-
Ians aucune communication avec les Etrangers, mant de fe montrer lorfqu'ils font appelles , 5c de
s'ils ne trouvoient pas dans leur propre pais dc- mettre leurs pieds fur les Images. Les Enfans qui
quoi vivre heureux 6c contents. Mais on peut ne peuvent pas encore marcher, font foutenus par
dire qu'à cet égard ils n'ont rien à dchrer. Leur leurs Mères qui leur font toucher ces Images avec
climat efl: des plus tempérés. Le pais eft, ou les pieds. Cela fait, le Chef de famille met fon
naturellement fertile, ou rendu tel par le travail fie fccau fur la lifte, comme un Certificat qu'on doit
l'induftrie. Enfin les Arcs fonttellementcultivés porter devant le Gouverneur, que l'Inquifition a
parmi eux, que bien loin d'être obliges de faire été faite dans fa maifon. Après qu'on a parcouru
venir des Ouvriers d'ailleurs , ils lurpafTent eux- de cette manière toutes les rues fie les maifons de
mêmes la plupart des autres Nations en adrefléfic la Ville, les Inquifiteurs eux-mêmes foulent aux

li i-^
en propreté pour toute forte d'ouvrages.

Japon ne fut jamais dans une firuation plus heu-


pieds les Images, fie enfin tous les Otioriaj qui fe
De toutes ces conlîdcrations il rclulte,que le fervent mutuellement de témoins , Se confirment
leurs Certificats avec leurs cachets ou fceaux.
reulé, que depuis qu'il eft gouverné par un Mo- Cette Inquifition le fait feulement à Nagafaki,
narque defpotique, &
(éparé de tout commerce dans le reifort d'Omiiray fie dans la Province de
avec les Nations étrangères. Bmigo i où la Religion Chrétienne avoit fait autre-
fois le plus de progrès. CaraC'
,, ,,

sua LE JAPON.
CaraSître Mœurs-, & Coutume! des Japannois.
avide de gloire
celle-là j
,

c'eft le
17Î
6c plus fenfiblcau mépris, que
point-d'honneur qui les gouver-
M
ne £c qui donne le mouvement à toutes leurs actions.
Les Japonnois font la plupart fort robuftes Il n'eft pas croyable jufqu'à quel point de ferme-
dégagés si propres aux exercices de la guer- té &
de grandeur de courage va leur patience
re. Les Chinois les appellenc Blancs, quoiqu'ils dans les maux qui leur arrivent. 11 n'y a point
ioien: de couleur olivâtre. Ceux qui font d'une de disgrâce, quelque grande qu'elle foit, qui les
riche taille, d'un port grand & majcftueux, font fafle tomber dans la momdrefoiblcftc. Ils marchent
j

fiers , & femblcnt être nés pour dominer. La d'un cœur intrépide au travers de tous les dangers
taille du commun eft médiocre , en quoi ils ce- &
fe donnent bien degarde de faire paroitre quel-
dent aux Septentrionaux: mais ils les furpafTcnten que timidité dans leurs actions ou dans leurs pa-
agilité &en adreile. Ils portent la barbe afTez lon- roles. On ne les voit prefque jamais triftes ni
gue. Les jeunes-gens ont les cheveux coupés par abattus , &
c'eft dans les plus grandes disgrâces
devant; les Artisans &
les gens de la campagne de la fortune qu'ils afteftent de paroitre les plus
ont la moitié de la tête raiée, fie les Nobles l'ont contens. Ils Ibnt tellement accoutumés à gour-
enficrement. ils ne conlervcnt qu'un flocon de mander leurs paillons , que la fermeté Stoïque n'a
cheveux derrière, dont ils fe font honneur, &
rien qui en approche. Des Rois dépouillés de
c'eft leur faire injure d'y toucher , à plus forte leurs htats 6c de leurs biens, confervent toujours
raifon de le couper. Au refte ils fupportent avec l'air de leur première grandeur, 6c paroilfent auill
une patience admirable, la faim, la ioif, le froid, fiers que s'ils étoient encore fur le Trône. Qiiel-
le chaud, les veilles, les travaux 6c toutes les in. que injure qu'on leur faiï"e, ils ne fe laiftcnt point
commodités de la vie. Tous les Etrangers qui ont emporter à la colère, mais ils dilTimulent leur ref-
eu commerce avec eux , confeffenc qu'ils n'ont fcntiment ; 6c quoi qu'ils crèvent de dépit , il
rien de rude ni dcgroiller; mais qu'ils font extrê- ne leur echape jamais aucune parole qui marque
mement honnêtes &
civils les Artifans même de l'indignation ou de la douleur. Auflî n'en voit-
:

& les Laboureurs gardent fi exaftement entre eux on prefque jamais fe plaindre de leur mauvaife
les devoirs de la vie civile, qu'on diroic qu'ils fortune, non pas même à leurs meilleurs amis, foie
ont été nourris à la Cour. Quoiqu'il y ait par- pour ne pas troubler leur repos, foit pour ne pas
tout des gens de peu de fens Se Itupidcs, il eft découvrir leur foiblefle.
vrai cependant que les Japonnois pour la plu- Du des plus grands défauts qu'il y ait dans le
part font gens d'erpric, iubtils, curieux , doués Gouvernement du Japon , c'eft que le Commerce
d'un bon lens,&: qui ie rendent à la raifon, com- n'y eft nullement eftjmé prefque tous portent :

oic témoigne S. français Xavier dans toutes fcs les Armes, ou cultivent les Arts. Ils ont le menfonge
Lettres. Cela parut dans les premières conféren- en horreur , 6c font perfuadés queles Marchands ne
ces qu'il eut avec eux ; car il les trouva lî raifon- fauroient faire un Commerce lucratif fans mentir.
nables , qu'il en fut furpris. Ils l'écoutoient parler Mais quoique le Négoce n'y foit pas fort confîderé,
après quoi ils lui failoîenc des queftions fubtiîes il n'y a point de pais en Europe où il foit mieux
£c judicieufes , &c fe rcndoient à la vérité lors- réglé qu'iU'eft aujaponjcar il n'y a partout l'Em-

qu'elle leur étoit connue. pire , qu'un même poids pour toutes fortes de
Ils font furperftitieux , comme toutes les autres Marchandifcs , tant icches que liquides- Leur
Nations de l'ÀliCi mais ils ne donnent pas aveu- raefure eft longue de fix pieds ; elle eft divifée
glément dans toutes les erreurs: ils cherchent la en fix pLirtitis, 6c chaque partie en dix autres. La
vérité.Ceux qui ont écrit des mccursdes Japon. mefure dont on fe lert dans toutes les bouriquescft
nois conviennent que de tous les Peuples qui font n Julie partout, qu'il ne fe trouve pas à dire de
venus à notre connoiHancc depuis 150 ans , il l'épaideur d'un cheveu; 6c les Marchands lont d
n'y en a point qui foie d'un fi beau naturel 6; fidèles, qu'on ne lait ce que c'eft que de trem-
d'une inclination fi douce &
fi bienfaifantc. C'eft per. La Monnoye s'y débite d'une manière alTcz
ce qui attira S. François Xavier dans leur pais. extraordinaire: car jamais dans le Négoce on ne
Dès qu'il y eut lemé la parole de l'Evangile, el- compte ni l'or, ni l'argent^ mais l'un & l'autre
le prit aufli-CÔt racine, & y produilit beaucoup fe diftribuent fans être vus, en cette manière. Le
de fruit . comme
nous avons dit. Maitrede la Monnoye enferme l'or dans de petits
Le principal exercice desjaponnois eftceluides facs de deux mille-livres chacun , auxquels il
armes: ils les portent dès l'âge de douze ans, fie appoie fon cachet ; Z< ces petits lacs pafll-nt
ne les quittent que la nuit pour prendre leur re- (ouvent par deux-mille mains fans être décachetés.
pos-, encore les pendent-ils au chevet de leur lit, Les grollés fommes fe diftribuent par caiïettes
pour être même Soldats en dormant. Leurs où l'on met vingt de ces petits facs. Cette ma-
mes fontlefabre, le poignard, l'arquebufe, l'arc nière de trafiquer, quoique furprenante, eft fi
& la javeline. Leurs fabrcs lont d'une trempe fi fùre, qu'on n'y a jamais trouvé à redire.
fine, qu'ils coupenten deux ceux del'Europe, fans Ils ont une voye plus courte que la nôtre,
en recevoir la moindre brèche. Comme ils font tous d'obtenir juftice. 1! n'eft pas néceffairc de pour-
r
guerriers & qu'ils fe piquent de valeur, ils met- fuivrc un Procès pendant plufieurs années, ni de
tent toute leur gloire dans leurs armes, fit en font multiplier les écritures, comme chez nous. L'af-
le plus bel ornement de leur chambre, principa- faire eft expofée fans délai, devant le Tribunal
lement quand elles font faites par de boijs Nlai- qui la doit juger: les Parties font ouïes, les Té-
tres. lly adcs fabresqu'ilseftiment jiifqu'à deux moins examinés les circonftances pefées 8c la
,

6c trois-mille ducats. Leur paflion dominante eft Sentence prononcée, fans perdre de tems. On
celle de l'honneur, U n'y a pointde Nation plus n'a point à craindre de retardement par des Ap-
Jome K. Zz pels
,

176
DISSERTATION Il en eft de mê-
pels aux Cours n'y en a poinc qui dans ces vailTeaux refpeaablcs.
fLipérieurcs -, il
croyent que fi
aie le Sentences données me des habits facrés des Dairi. Ils
pouvoir de reformer les
Laïque les portoit lans la permifiion exprefle
dans une Cour fubalterne. Quoiqu'on ne piiiOe un
ou fans un ordre formel de l'Empereur il en
nier que cette voye n'ait fes inconvéniens dans
,

néanmoins certain feroit puni par une enflure douloureule de toutes


certains cas particuliers, il eft
qu'elle eft infiniment préférable aux longs & les parties de fon corps.
Dès que le Trône eft devenu vacant par le dé-
ruineux Procès de notre Europe.
cès d'un Dairi , la Cour Eccléfiaftique y
éle-

Remarques particuliers fur la perfomie & la vé celui qu'elle juge être l'Héritier préforaptif,
d'âge ni de fexe. De-là vient
(ans diftin£tion
Cour du 'Dairt.
qu'on y a fouvent placé des Princes encore mi-
jeunes Princeftes qui n'étoient pas
avancé dans l'Article des Empereurs du neurs, o\x de
J'ai
même des exemples que la
Japon, que le Dairi n'époufe qu'une Femme, mariées ; 6c il y a
Veuve l'Empereur défunt a fuccedé à fon
& que li elle meure après qu'il a atteint fa tren- de
S'il y a plufieurs Prétendans à la Cou-
tième année, il paiTe le relie de fa vie dans la Époux.
continence. Mais je dois avertir que cette parti- ronne, & qu'on ne voye pas clairement quel eft

cularité eft contredite parle Dofteur K-xmpfer celui qu'on doit préférer, on ajufte le difiïrend à

qui paroit avoir examiné l'état de cet Empire l'amiable félon l'équité, Se ils régnent tour&
certain nombre d'années cha-
avec plus de (bin qu'aucnn autre Voyageur. Il à tour pendant un
aflure que le Oairi , lélon la coutume de ics cun , à proportion du degré de confanguinité
Quel-
Prédécefteurs , prend douze Femmes , & don- qui étoit entre eux
Se le Dairi décédé.
ques fois Perc réfigne la Couronne à un ou à
ne le Titre d'Impératrice à celle qui eft iVIcre du le

Prince ou de la Princefle héréditaire. plulicurs de fes Enfans fucceffivement, afin que


_

voir af-
Autre contradiction. L'Auteur que je viens de lui Se leurs Mères ayent le plaifir de les
citer convient, à la vérité, que telle eft la fain- fis fur un Trône, dont peut-être on les excluroic

teté des moindres parties du corps de l'Empereur après leur mort.


Eccléfiaftique qu'il n'ofe fe couper ni les clie- Ceux qui compofent leur Cour descendent tous
veux, ni la barbe, ni les ongles. Mais il ajoute, Ide 'Im Sio T>ai Tfm, Se k croyent fondés , en
.

que comme à la fin il deviendroit (aie & mal- vertu d'une naiftance aufti éclatante, à exiger un
:

auquel un
propre, on peut lui retrancher la nuit ces fuper- îrcfpeft qui pafte de bien loin celui
Laïque pourroit prétendre. Ils font partagés en
iluités incommodes,pendant qu'il dorts parce !

que, félon les Japonnois, ce qu'on ôte alors de :diverfes


branches, Se ils font aujourd'hui plufieurs
fon corps lui a été volé,&: qu'un tel vol ne peut milliers de perfonnes. C^uelqucs-uns d'entre eux

porter préjudice à fa Grandeur ou à fa Sainteté, ont de riches Abbayes ou Prieurés en difFerens

Ce Prince croiroit faire totc à fa Dignité Se à endroits de l'Empire. Mais la meilleure partie
fa Sainteté , s'il touchoït la Terre du bout du demeurent à la
Cour, attachés religieufement à
perfonne facrée du Dairi, qu'ils rcfpeftent com-
pied c'eft pourquoi, quand il veut aller quel-
:
la ;

que-parc, il faut que des hommes l'y portent fur me leur unique appui, & qu'ils fervent dans les

leurs épaules, lincore moiiis voudi'oit-il cxpofer ,


Dignités donc il veut bien les revêtir.

fa Perlonne facrée au grand ait; il ne croit pas L'Empereur Séculier fournit à préfent les fub-
le Soleil digne de luire lut fa tête. jfides néceflaires pour l'entretien du Dairi Se de

Dans les premiers tems , il étoit obligé de s'af- jfa Cour; il lui a aftîgné pour cet eftet hs reve-
feoir fur fon Trône durant quelques heures de la 'nus de la Ville de Miaco &
de fes dépendances,
fuffifent pas à beau-
matinée, avec la Couronne Impériale fur la tête, Mais comme fouvent ils ne î

& de s'y tenir immobile comme une ftatue, fans icoup près pour foutenir fes dépenfes, on eftcon-
feroit pris fur le Tréfor de
remuer les mains, ni les pieds, ni la tête, ni venu que le furplus
ni j

les yeux , ni aucune partie de fon corps. On s'i- l'Empereur Séculier. Néanmoins, ces fubfides

maginait que par ce moyen il pourroit faire jouir font peu de cliofe, & on les paye avec tant de
'négligence, que la Cour en fubfifte à peine: du
fes Etats d'une paix tranquille j au-licuque fi
par malheur il s'étoit dérourné d'un côté ou de moins , elle ne peut plus faire la figure qu'elle
I

l'autre, ou qu'il eût regardé longtems vers quel- lorque le Dairi étoit lui-même Maitre de
faifoit

que Province de (es Etats, on auroit appréhendé l'Empire, &: qu'il en avoir tous les Revenus en
que la guerre, la famine, le feu, ou d'autres ca- fa difpofition. Elle n'a pourtant pas renoncé à
lamités ne défolaiTent bientôt l'Empire. Mais fes anciens airs de grandeur de magnificence & -,

on d'elle, qu'elle eft remarquable


comme on remarqua depuis, que la Couronne 6c peut dire
qui y règne. Les
Impériale étoit le Palladium dont l'immobilité par la fplendide indigence
alTuroit la tranquillité de la Nation, on jugea à Grands s'endettent
le ruinent , pour briller. &
Les moindres Ofliciers à leur tour font réduits
propos de ne plus impcfer un devoir aufiî gênant
aux Empereurs, de les kiiïer vivre dans une à fuppléer par le travail à leurs gages, qui font
£c
leur bien éloignés de fuftire pour leur entretien.
Ainfi Les
molle oifivcté Ôc dans les plaifirs. ,

Couronne tient à préfcnt fur le Trône


place uns font vendent des corbeilles de paille; d'au-
la &
qu'ils ctoient obligés alors d'y occuper. très font des tables, des fouliers, des fers à che-

On ne le fert que dans de ia vailTelle de terre, val , ou autres chofes de cette nature. Le Mi-
parce qu'on la cafte dès qu'il s'en eft fervi une kaddo' feul ne fe fent pas de cette pauvreté, mal-
qu'elle ne tombe entre les mains des gré la petitcftc de fes Kevenus au
prix de ce qu'ils
fois,de peur
Laïques , dont la gorge &: la bouche s'enfleroient étoient dans les premiers tems; parce que, com-
te s'enflàmeroient d'abord, s'ils avoient mangé me il les a en fa propre difpofitiou , il eft fur d'a-
voir
i
SUK LE JAPON. 177 •
1

voirdequoi pourvoir', non feulement à fesbefoins, rcur demeurât dans endroit que fon
le même
mais aufli à fa fplendeur, à ton luxe , à Tes & Prédéceffeur. Mais aujourd'hui, le Séjour des
Dairi efl: en quelque forte fixé à Miaco. Ils font
profufions. Ajoutez que les Empereurs Séculiers
,

lui ont laifle une prérogative confiderable de la en poffefilon du Nord-Eft de cette fpacieufe Ca-
Couronne 8c de h Souveraineté, favoir , le droit pitale; quartier qui mérite le nom de Ville non ,

d'accorder des Titres honorables aux Grands-Sei- feulement par fa grande étendue, £c la quantité
gneurs de l'Empire, à leurs Enfans, Se à leurs de R.ues , de Palais &c de Maifons qu'il renfer-

farenss ce qui, comme je l'ai die plus haut, fait me; mais encore parce qu'il e II aftuellemenc fé-
entrer des fommes immenfes dans (on Epargne. Miaco, fortifié de fofTés , de murs,
paré de &
L'Etude 6c les Sciences font le principal &c de portes, en cas d'attaque fubi-
amu- de remparts.
feraent de cette Cour Eccléfiaftiqne. imprévue. Non feu- te &
Le Mikadcîo y demeure, envi-
lement les Kîige , ou Courtifans , mais même
ron au milieu, dans un vafte Pala-is , qu'on dif-
plufieurs perfonnes du beau-Sexe, fe font fait un ringue des autres par la hauteur & la
magnificen-
grand nom par des Pocfies, par des Hîftoires èc ce de fa Tour. L'Impératrice y loge avec lui,
,

par d'autres Ouvrages. Les Almanacs fe faifoient au-lieu que fes autres Epoufes liabitenc des Palais

autrefois à la Cour ; mais aujourd'hui , c'cft un attenaus. A quelque dillance font ceux des
favanc Citoyen de Miaco qui les dreiïe néan- Chambellans du Dairi.:
2c des autres

moins , ils doivent être examinés &c approuvés de que leurs Dignités obligent de fe tenir toujours
quelques perfonnes commifes à cet effet par la auprès de fa Perlbnne facrce.
Seigneurs

Lorsqu'un Mikad-
I
Cour, qui ont foin qu'on les envoyé à Isje, com- do abdique, on lui alîigne un Palais pour lui,
pour être imprimes. pour fa Famille, & pour fa Cour j & le Prince
me dans un Lieufaint, y
Ils aiment beaucoup la Mufique , &
les Femmes Héréditaire va loger avec les fiens dans un autre.
Maifens efl partagé en-
en particulier jouent avec délicaterte de toutes Le refte des Rues &: des
fortes d'inftrumens. Les jeunes- gens de qualité tre les Officiers de la Cour, à proporrion de
à monter à cheval à faire des leurs rangs &: de leurs dignités. L'Empe-
fe divertiflent ,

courfes de chevaux, à danfer, à fe battre au fleu- reur Séculier entretient toujours une Garde nntn-
& breufe de Btigjos &c de Soldats à la Cour du
ret, à jouer à la paume , à tels autres exer-
cices qui conviennent à leur rang. Dairi, fous prétexte de veiller avec tendreffe à la
Dans les anciens tems, lorsque le Dairi étoit confervation Se à la fûrcté de fa Perfonne facrée
feulMaitre de l'Empire, il réfidoit avec fa Cour & de fa Famille i mais en effet, pour l'empêcher
où il luiplaifoit, &
honoroit de fa préfence fa- de recouvrer la Couronne la Souveraineté que &
crée, tantôt une Ville ou une Province, &c tan- les Princes Séculiers lui ont enlevée.

tôt une autre : il arrivoic rarement qu'un Empe-

1
Zz 2
DE

i
rwwgu rff'. ji nMW '
)! ' 'j 'i- .y^ t iTaLi'><
i
. ^^ -wm»^ •• T^^ÀtJW??»
' '
: 1 Ljismwuji -l-
'

^KJ.ig-Wiwj.'^.MB
,

178 DISSERTATION
DE L'ORIGINE DES JAPONNOIS,
Pour fervir d'Introduâion à leur Hiftoire.

I fit
LA Nation Japonnoife
tout des Mations voifines: fa
Religion, fes Mœurs, fts Loix
diffère prefque en draient toute
Langue, fa par des mains chajies pures.
leur force Ji elles n'e'toient pas cueillies
&
11 propofa d'y en-

tout en voyer trois-cens jeunes hommes £c autant de jeu-


,

eft fi fingulier, qu'on feroit prefque porté à croi- nes filles, d'une famé parfaite; 6r il les condui-
re que ce n'eft point une Colonie vernie des Peu- fitjfous prétexte de leur montrer les plantes dont
ples qui habitent la Terre-ferme, Si elle devoit il avoit Ce n'eft pas qu'il ne connût
befoin.

ion origine à quelqu'une des Nations qui l'en' d'une pareille recherche 3 il ne fe pré-
l'inutilité
toit à la folie de (on Prince , que pour avoir
vironnent , il n'eft gueres vrai fera blable qu'elh
lieu de le quitter, 6c de s'éloigner d'une Cour
n'en eût pas confervé quelques rcifemblances qui
déceleroient fon origine. Cette réflexion a don- oLi il craignoit d'être enfin immolé à la bizar-

ué lieu à un Voyageur de conjecturer que les rerie d'un Tyran voluptueux: en le ilatanc par
cette prudente précaution fe ménageoit une
premiers habitans de cet Empire allèrent s'y , il

retraite fure & agréable. Il partit effeftivement


établir immédiatement après la dilperfion des
hommes, donc Dieu confondit les Langues pour avec cette Troupe, qui fut, félon quelques-uns,
anéantir Forgueilleux projet de la Tour de Ba- la première Colonie qui ait peuplé le Japon.
bel Ce qui rend cette opinion moins receva- Les Japonnois ont confervé quelques traces de
cette Colonie: ils montrent encore dans les Pro-
blc, c'eli: que l'on convient que les Enfans de
iVpe ne peuplèrent la Terre qu'à mefurc qu'ils
vinces méridionales l'endroit où elle aborda, &
multiplioienr. Ils n'avoient garde d'aller les rcftes d'un Temple qui fut bâti en mémoire
fe
chercher des lies aux extrémités de l'Orient de ce Médecin, pour leur avoir apporté de la
tant qu'il y avoit fur leur chemin des Terres Chine, la Fo li telle , les Sciences, fie les Arts
qui fuffifoienc pour eux ôc pour leurs trou- utUes à la vie. Outre cela , les Hiftoires du
l'on chercha un remède
peaux. La Terre a été habitée de proche en Japon rapportent que
proche, & le Japn ne peut avoir eu des habi- Chine
univerfel dans la fous l'Empire de Si, ou

qu'après que la Tartarie Se la Chine en ont Sino-Sikwo, ou Stnosko. Mais elles n'accordent
rans
eu de refte. pas que cette Peuplade ait trouvé le Japon inha-
bité; mettent l'arrivée de ces Chi-
Un autre Voyageur avoit hazardé une Hif- puifqu'ellcs

toire fur l'origine des Jap7îmh. Plufieurs fa- nois la feptiemc année du Règne de Koken leur

milles , dit -il, confpirerent contre l'Empereur


VIII Monarque , 455 ans après Jim- //h pre-
de la Chine, qui en fut averti. Se ordonna que mier Empereur du Japon, 209
ans aidant l'Ere

mourir tous ceux qui avoient trempé Chrétienne ,1a même année que Sino-Sik'SJO mou-
l'on fît
dans ce complot , fans exception. Le nombre rut à la Chine âgé de 50 ans.
qu'après beau- Il faut pourtant avouer que malgré ces preuves,
des coupables fe trouva fi grand ,

d'exécutions il changea de réfolution, &: cette Hilloirc , qui fait venir les premiers Ja-
coup
fit tranfporter le
relie dans les Wzsdujapn, qui ponnois de la Chine, ne paroit gueres vraifem-

étoient alors incultes &: inhabitées. Telle eit, blable dès que l'on réfléchit un peu fur l'extrême
iélon cet Auteur l'origine des Japomiois. 11 ne différence qu'il y a entre les deux Nations. Si les
,

marque point d'où il l'a tirée, 6c ni Annales Japonnois ctoient Chinois d'origine , ils auroient
les
rien confervé quelque chofe du génie de leurs Ancê-
de la Chine, ni celles du Japon, ne difent
la tres ; Se leur langage, quoiqu'alteré avec le tems
on peut hardiment
qui puiife l'autoriler : ainfi
garderoit au moins une ombre d'analogie avec
mettre au rang des fables.
d'apparence à ce que d'au- celui des Chinois. Cela n'eft point : rien ne le
11 y auroit plus
qu'un Empereur de la Chine, reffemble moins que ces deux Peuples , dans
tres racontent ,
la vie, & ne leurs manières de manger, de boire, de s'habil-
faifant réflexion fur la brièveté de
ler, de fe rafer la tète, de faluer, de s'affeoîr.
pouvant fe réioudre à quitter un jour l'Empire
grandeur attachée à la Souveraineté, Leurs ufages différent extrêmement. Les quali-
ïc toute la
univerfcl qu tés de l'elprit n'ont pas plus de rapport. Les
eut la manie de chercher un remède
paifibles, modeftes , aimant la vie
Viif pût le préferver de la mort. Infatué de la pos. Chinois font
H iibilité d'un pareil remède, il envoya dans tou- oifive, la fpéculation , la Philofophie ; avec tout

des perfonnes habiles, cela, fourbes 6c ufuriers. Les J aponnois au con-


tes les parties du Monde
connu traire font guerriers, mutins, diffolus > défians,
pour s'informer fi ce fccrct n'étoit pas
quelque-part. Un de fes Médecins, profitant de ambitieux , &
toujours portés à de grands def-

ce préjugé, s'offrit de
préparer un remède qui feins. A bien confiderer la molleffe efféminée
produiroit cet effet , &
l'aflura que l'on trouve- des Chinois , Se l'humeur aftive 6c bouillante des

roit dansIles du
les les drogues néceffaircs Japonnois, on eft difpofé à croire que les der-
J^pm
compofcr. Ce font des plantes , lui dit- niers font defcendus des 7artares.
pour le
il, mis fi délicates j
qu'elles fe p'tnreient & per- Les Annales de ia Chine rapportent que fous le
Règne
;

Règne d'Uu-Ie,
J(am qui efl: la
XXV
SUR- LE
Empereur delà flimillede
leconde, lequel monta fur le Tro.
ne l'an 1196 avant l'iire Cliretieune, c'ell à dire
environ 500 ans avant la fondation de la Monar-
chie Japonnoife, les Nations Barbares qui habi-
toienc au Nord de la Chine, c'cft à dire les Z^r-
JAPON.
Le cinquième & le dernier de ces
fut ttih-A-Wii- Si-'T^fii-no Alikoiîo, qui rcgna huit-
cens trcnte-fix-millc quarante-deux ans. Par con-
(équent ils compteur deux millions rroiscens qua-
rante-deux-mille quatre-cens foixante-fept ans dé
Règne pour cette Dynaftîe, On peut juger pair
Demi-Dieux
179

m
tares , étant devenues trop nombreures, il s'en cela (euljdeia vafte étendue que la Chronologie
détacha diverfes Colonies pour peupler les lies de ces Peuples ufurpe fur les tems qui ont précé-
de l'Océan oriental. Rien n'empêche que les Tar- dé la Création. 'On entrevoit pourtant l'origine
tares occupant déjà la plus grande partie de ces de ce faux calcul. Ils avoient fans doute confer-
Iles, ils y ayent enfaite reçu des Colonies de la vé une idée confufe de la longue vie des hom-
Chine, qui, fe contondant avec le Peuple déjà é- mes qui ont vécu avant le Déluge voilà le fon- -,

tablij n'ayent rien couiervé de la langue Se des dement fur lequel ils ont attribue à leurs premiers
mœurs de leur première Patrie. Rois cette fuite de Règnes, remplis d'avanturcs les
Puifque les Jûponnois ont des Annales , il fcmbli plus étranges & de guerres fanglantes & cruelles.
que le plus court ferait de les confulter pour y Qiioique les plus favans d'entre eux ne comptent
apprendre l'oriijine Scies commencemens de cette pas beaucoup fur la vérité de ces Antiquités ,
Nation i mais elles font malheureufement infec qu'ils ne prennent que pour ce qu'elles valent,
tées d'une infinité de fables groflieres , qu'a fait cependant tous les Japonnois fans diftinction s'ac-
inventer la manie de vouloir être un Peuple an- cordent à rendre des refpefts extraordinaires à Ifa-
cien. Rien n'cft plus aifé à l'efprit de fiftion. nagti &
à Ifanam fon Epoufe, qu'ils conliderent
que de multiplier les ficelés i quelques milliers comme Auteurs de leur race.
les Le Droit que
de plus ne lui coûtent rien à imaginer, &: il ell la Empereurs ou Pontifes héréditaires
famille des
toujours le maitre de les remplir d'evenemeus & prétend avoir à l'Empire du Japon , dont elle &
de Règnes imaginaires. a joui en paix &
fans interruption durant pîufieurs
C'eft à quoi Xtajapnnois n'ont pas manqué. Si fiecles, eft fondé fur ce qu'ils delcendent en droi-
on les en croit , le premier Age du Monde s'é- te ligne, &
d'aines en aines, de Ten ScoVatSiriy
coula fous le gouvernement de (epc Efprits célcf fils aine Se héritier d'ijanagi. J'ai déjà parlé de
tes, ou Dieux, qu'ils appellent Ten-Ofni-Sitzl- la vénération que les Japonnois ont pour ce De-
^ai; c'eft à dire, \cs Sep grands Efprits cèkjics. mi-Dieu , du nombre prodigieux de Temples
Ils régnèrent tour à tour durant un nombre pro- -ju'on a bâtis en fon honneur, fie des Pèlerinages
digieux d'années. Les trois premiers ne furent qui fe font à Isje, où la Tradition porte qu'il
point mariés i mais les quatre autres eurent des faifoit fa réfidence.
Femmes de même nature qu'eux , &
les afTocie. L'Hiftoire du Japon ne commence à avoir des
rent à l'Empire. Ifanagi Mikotio , le dernier des carafteres de vérité, qu'au Règne de Siri Mu im
fept, eut àifanami A/i/èoïffl fonEpoufe uncpof-
, 00; &c comme les Règnes fabuleux dont nous ve-
terirê qui forma la race des Demi-Dieux nons de parler ne viennent pas jufqucs-là
, que , &c
l'on appella •~Djifin.go-'T)aii c'eft à dire les Cinq qu'il reftc un grand vuidc à remplir, on a eu
grands 'Dmtx ttrreflrés, qui régnèrent tous cinq foin d'y fupplccr par un certain nombre d'Empe-
ïuccefllvcmcnt. Le tems de leur Domination eft reurs de la Chine , defcendus de Kûtjura Kaki &
nommé le tems fabuleux. Un Chrétien , qui de fes cinq Succelléurs.
fait qu'il s'eft à peine écoulé fix-mille ans depuis Le premier deces Monarques Chinois eft nom-
la Création du Monde, cft facilement convaincu mé Ftikii ou Tai Ko i-uki, par les Japonnois, fie
de la fauiTcté d'une Hiftoire qui compte des mil- Fohi par les Chinois. QLielqucs Savans lui trou-
lions d'années. vent beaucoup de rapport ;ivec le Patriarche AW;
Le premier ées cinq grands Dieux fut Ten-Se- fortifie ce que j'ai dit, que les Japonnois
cela
tf-!ZJdï, fils aine &: hérkicv à' Ifa ftâgi Mtkotto.
Les avoient altéré la Tradition touchant lalonguevie
Japonnois témoignent une profonde vénération des hommes avant le Déluge: aufilneluidonnent-
pour fa mémoire &: pour celle de (es dcfcendans. ils que cent dix ans de Rcgne. Je ne parcour-
Ils difent qu'il régna deux cens-cinquante-mille rai point les Règnes de ces Souverains de la Chi-
ans. Ils alTurent que de fon tems la Chine obeïf- ne, &: je pafTe tout d'un coup à Sin Mn tcn
foit_à7eBA"'K-o-j'/,_auquelils attribuent un Règne! C'eft avec lui proprement que commence laMi
aulîî long ôc aufli fabideux. narchie , que fa pnfterité a gouvernée depuis l'an
1

Lefticond, nomme Ofjke;o-m-m Mikotio y vécut;66o avant l'Ere vulgaire , jufqu'à l'an 1693 de
& régna en tout trois- cens-mille ans. Durant 'la mâme Ere. Ainft le Japon a eu une fuite
fon Règne &: celui de fon Succefleur, jufqu'à l'a. d'Empereurs de cent quatorze Princes d'une mê-
venement du quatrième I)//j'i« Japonnois, Sai- me Maifon , qui ont régné fucceflivement durant
TetH régna à la Chine. ''21^2 ans.
Le troifienie,^ appelle Nim-Ki-no Mikotio^ re- Ces Empereurs, quoique d'une origine céleftc,
1

gna trois-cens dix-huit-mille cinq-cens trente-trois 'comme


Tradition nationale, n'ont pas
le veut la
3ns. 'hérité de leurs Ancêtres
le titre de Mikotio, qui
_ . , .

Le quatrième, qui étoit Fik$-OQ.Dcm-no M- 'ne convient qu'aux Dieuxdela


première Dynaflie
htto, régna fix-cens- trente- fept-raille-huit-ceiis &: aux Demi-Dieux de !a féconde; mais on fe
quatre-vingt-douze ans. L'Empereur de la Chi- contente de les nommer iMtkaddo, qui en eft un
ne d'alors étoit /:^f-jV(M ^ff^/, auquel fuccede- diminutif j Dai, Oot Kuot &c 'lai, tous, noms
rent cinq Princes de fa famille. Uni lignifient Ewpermi Trimer Grand-Seigneur
lome f^.
j
Aaa ou

W^. uMm i^ ju ii l' fiLJHaw


DISSERTATION SUR LE JAPON,
ou TEN s I N , Fih dit Ciel. On fe fert aufïï XI Dai, contemporain de JESUS-
du finit z Sy'Tiiny
nom de 'Dairi qui fignifieproprement leur Cour C h r i s t. La féconde commence à Ketkoo &c ,

entière, comme nous difons la Porte pour dire va jufqu'à '^oritomoj qui détache la PuilTance Sé-
l'Empereur des Turcs. On les nomme auJTi (ùnt- culière de l'Eccléfiaftique fe fait Empereur, , &
fîu famat c'ert; à dire Chef on Seigneur de la Cour laiiïe à la Maifon Impériale les vains honneurs
Mcclifiafiique. En parlant d'eux-mêmes, ils pren- d'une Souveraineté Pontificale. La troifieme com-
nent le titre de T/Zw, &: ils fignent Maro. prend ce qui refte depuis Joritomo jufqu'à la fin
Pour mettre plus d'ordre dans cette luited'Em- du dernier Siècle 6c j'y donne la fucceflioD de ces
,

pereurs, nous partagerons leur Hiftoire en trois deux fortes de Monarques,


Epoques. La première commence à Sin Mutèc

CHRO.

1, ;
1 ,

•^1

i8i

CHRONOLOGIE
HISTORIQUE
DES
EMPEREURS
D U

JAPON. PREMIERE EPOQJQE.


V^

Vu Mo, ou SïN MU TIN 00; fonda fa Coût & fa Réfidcnce \ Kàtx. , oîi il mourut
après un Règne de trente-cinq ans, & à l'âge de

ceo.
SYN MU,
i SYN MU
S la Monarchie Japonnoifevcrs l'îmtftfoavant
l'Eit vulgaire, étant âgé de 78 ans. Il é-

toit appeUé auparavant iwa Tihna Mikotto ;


& étoit le quatrième & le cadet de fes frères qui
foixante 8c dii-lcpt.

Son fécond fils Ko sro monta après lui fur le


TEN OO, régnèrent avant Les habitans
lui. du Japon vi-
Trône , Tan 47^ avant l'Ere Chrétienne, étant
nt par Hordes ou Tribus, à la manière des
chaque famille obeïiToit à fon Chef du- âgé de trente-trois ans. La cinquième année de
.ares :

Annales du païs ne connoilTent fon Règne eft remarquable pat une guerre qui
les tems oÙles
&
très Règnes que ceux des Empereurs Chinois,
dont les années leur fervent à fixer les évenemens,
:ommErce qu'ils eurent avec les Cliinois leur
La famil-
s'éleva entre les Provinces de Jiii de G»,

falTent mention. Il régna près de Sj ans,


rut al'àac de nj.
&
qui cil la première dont les Hiftoires Japonnoifes
mou- & ^
,.iitre l'envie d'avoir un Monarque.
le de Tcn fm Dai fm fut préférée. Les frères ainds
de Syn-Mtt furent doue fucceffivcment honorés de
Son SnccelTcur fut Ko an fon fécond fils, âgé
la Souveraineté; mais comme leur Règne fut court
de 36 ans, qui commença à régner l'anjpï avant
& obicur, les Japonnois s'accordent à les comp-
l'Ere Chrétienne. Sous fon Règne il y eut au
ter prefque pour rien, 8c à reconnoitre Syn-Ma
Japon une Edipfe du Soleil , dont les Hiiîoricns
pour le Fondateur de leur Empire. 11 dvihfa les
diLnt, pour exprimer fa grandeur, que le jour
habiuns du japon , qui s'appelloit alors Akhlaft-
fut converti en une nuit noire. Il legua loi ans,
ma , introduilit la Chronologie parmi eux , parta-
gea les tems en mois Bt en années , &
refondit & en vécur 137.
entièrement les Loix &
le Gouvernement de la
Nation. En la cinquante-neuvième année de fon
.1 o R E I OU K O s 1 , fon fil( aine , âgé de 53
Règne naquit Roofi , Philofophe Chinois, qui a KOKE 1 ou
Ce fut fous KOSIl, ans, lui fucceda.zso ans avant] 1 su s-C hr ist.
été l'Auteur d'une nombreufe SeÛe.
ce Règne que l'on vit pour la première fois des
La fixieme année de fon Règne, qui étoit la 184
Idoles étrangères s'mtroduire dans le Japon, el- & avant l'Ere Chrétienne , le Lac &
la Rivière

d'Onmi fe formctent tout à coup 8£ en une nuit


les furent adorées à Khumano. Syn iiit ayant ré-
&
iïTuté le Trône à fa pollcrité, dans la Province de ce nom. Il régna 76 ans
gné 75 ans,
mourut âgé de in ans.
& en vécut iiB.

KooKiN ou KokEN fon fils, régna après


Sot Set, fon troifieme fils, lui

s8o avant l'Ere Chrétienne , & à l'âge de cinquan-


fucccda l'an
KOOKIN lui, & fut couronné à l'âge de 6a ans, en 114
sa
avant l'Ere Chrétienne. C'eft fous fon Règne
te & un ans. De fon tems naquit Ccnfuciiii, on KOKEN,
?hilofophe Chinois. Sui S(i icgna 3 3 ans , & en Ïae les Auteurs Japonnois mettent l'Epoque de la
olonie que le Médecin dont j'ai parlé mena de
h Chine au Japon. Ils difent que ce Médecin
étant arrivé avec fa Troupe, bâtit un Palais ap-
pïllé Canjoka , c eft à dire grande maifon <jitt rtf-
548. Il eut pour SUccefTeur A n n e i fon fils , âgé de
Jemhis AUX CifUx. Cet édifice , dont ils font une
ANNEI, vingt ans, l'an Î4S avant l'Ere Chrétienne,
defcription mervcilleufe , fut biûlé l'an 105 avant
m. Dai. régna 38 ans, & en vécut 57..
:J
l'Ere Chrétienne , par l'ordre d'un Chinois rebel-
le, qui s'empara enfuite du Trône de la Chine

régna Toku
fon fécond fils, l'an après avoir maiïacré le Succefl"eur du Tyran siiito.
Aptes lui
Il avant l'Ere Chrétienne, étant âgé de 44 ans.
Koi>*ia régna 5fi ans, &
en vécut iifi.
.-.i quatrième année de fon Règne il ttanlporta
,
, .

CHRONOLOGIE HISTOR.IQ_UE

II lAJfTa la Couronne du Japon à Kaikwo, re de la Rédemption du. Genre-humain. En la


Sgé de 51 ans, i;7 avant l'Ere Chrétienne. I] foixantieme année de ce même Règne , les Ja-
mourut sgà Je m anî, après en avoir rcgnd j? ponnois commencèrent à creufcr des Etangs , à
cultiver le Ris dans les carapagm-s , à les en- &
fermer de foliés. Trois ans avant fa mort, Bupo,
Son fils SiDN SiNDuSïusiN, qui fucccda autrement nommé Koboim vint des Indes au ,_

SIUN SIN ou l'an (j7 avant l'Ere vulgaire, avoir 5» ans. Lafep- Japon. C'étoit un Philofophe qui s'érigeoit en
SIUSIN, tieme année de l'on Règne, il y eut une grande Légi{l[>teur. Quoique le Japon "foit ifol^ , &
X, Dni.
Mortalité au Japon; & la onzième, qui répond 3u'on ne puiffe y arriver que par mer, cepen-
à Tan 81? avant l'Ere Chréteinne , il créa le Titre ant, pour rendi-e fon arrivée plus merveilleufc
,
& la Charge de Seogun, qui a la direiflion géné- une Tradition veut qu'il apporta fur un cheval
rale de la Guerre & le Commandement des Ar- blanc le Kk, Livre qui contient la Religion 8c
mées en cas de Guerres ou de Révoltes. D eii fa Dodrine. On lui éleva un Temple fous le nom
revêtit un de R-s fils. En la dix-neuvieme année de Fakuiafi, ou Tcmph du Chivai blanc , qui fub-
de fun Règne on bâtit pour h piémicre fois au fiûc encore. Depuis ce tems-là l'Idolâtrie, tant
Japon des Funcs, c'eft à dire des Navires mar- la que celle des autres Nations, fe ré-
Cliinoife
chands &
des VaiiTeaux de guerre. CcPrînce ré- pandit dans le Japon ; & on vit peu à peu le
gna ii8 ans, & en vécut uj. nombre des Pagodes ou Temples d'Idoles', &£
If -

' des Edifices pour les Prêites Idolâtres, fe multi-


plier dans cet Empire.
i. Depuis Syn-Alu , il n'y a
SiNiN lui fucccda à l'âge de 41 ans, 13 ans point dans le Japon d'exemple d'un Règne auffi
avant l'Ere Clwélienne. Ce fut de fon lems que long que celui de Sinin; car il régna 98 ans, &
Je sus-Christ le Sauveur du Monde prit en vécut 13^, C'eft ici que finît la première Epo-
notre chair, 8î confomma par Ta mort le mylte- que: nous allons parcourir la leconde.

SECONDE EPOQUE.
K E I Ko o , troifieme fill de Sin-'m , monta fi O
O S I N , OU W
O O S 1 N i fon fils unique dont
le Trône après fon pcre , l'an 7 1 de l'Ere Chri nous avons parlé, lui fucccda à l'âge de 71 ans,
tienne. !1 avoir alors E4 ans. L'an 84. de l'Ei en 170. Illuftrc dans la paix dans la guerre, &
1 <
- Chrétienne, une\ nouvelle lie fortit du fein de la il fut le véritable Père de fcs Sujets, qu'il
gouver-
Mer près du Jupon ; elle fut nommé Tfikubajimi. na 4î ans avec beaucoup de fageffe de démen- &
& confacrée à mb'is , qui eft le Neptune des ]. ce. Il mourut à l'âge de 113 ans, fut ho- &
ponnois. Trois ans après, on y éleva un Mia ou noré après fa mort du Titre divin de Tataman, &
Temple , fous le nom de TakajuBcmiA , en l'hon- de celui de ftere de Ttnfio Dai Dfia.
neur de tiibis, &
on y fonda un nombre fuffi-
fant de Senties ou PrÊtres Idolâtres, pour y célé-
brer les Cérémonies ruperfiitieufis en l'honneur NiNTOKu fon quatrième fils, âgé de 14 ans,
de ce Dieu Ce Temple devint fameux ricli & régna après lui en 313. il marcha fur les traces de
avec le tems, &
on dit que l'Ile a toujours él ion perc, fut bon, vertueux ôc chéri de fes Su-
exempte des tremblements de terre. Ktikoo régna jets, qu'il déchargea des taxes à diverfes reprifes
Éa ans, & en vécut 143. Il vécut no ans, &
en régna 87. Aprèi fa
mort on lui éleva un Temple à Tfinokuni, où fes

Sujets fadorerent fous le nom de Xiamwa Takakuno

S E 1 M u u fon quatrième fils , alors âgé de 49 Mia Kirejirano Dai Mit Djin.
ans, lui fucceda l'an 131. Il marqua les bornes

des Provinces de fon Empire en 137; mourut ^


11 eut pour fucceffeur R i t s i u fon fî's aîné
âgé de io3 , après un Règne de 60.
âge-de 71 ans, l'an 40P. Ce Prince fit fa réfi-
dencc à Kms dans la Province de 3at/iaito, 6;
mourut âgé de 7 S ans , après un Règne de 6
Tîiou Al, fécond fils d'une fœur de S«'-JWhk
maiiéc à Dakino Miktt» ,
Jamana petit-fil &
Kiikoo, fucccda à fon ontle l'an 191, agc de 44
ans. il fe fraya le di:min au Trône par le n 406, Fan se I fon frerc puiné , fécond fils de &
trc de Kimaji UJtmit Kui-o Mikutco. Il ne jouit FAN SEI, Niacoku, lui fueeeda l'an ^06 ét.int âgé de

que neuf ans d'une Couronne aquile par un crime ÏIX. Dai. ans. Il régna 8 ans, &
en vécut Éj.
&: mourut âgé de ji ans.

NKioo, fon frerc, le plus jeune des fils de


Fintoku , âgé de 3? ans, monta fur le Trône
SiNGuKoGu, ou Djin GHukwa Guu , lui fuc-
régna 40 ans, mourut à
SINGU- cedr en " 1 Cttoit une Dame de trente ans
l'an 414. Il fit l'âge
KOGU, ve ve du de n ci Empereur, & qui d'ailleurs a
de iso.

XV. Dai. Couronne, comme


voit des prétentions lui la pa
renti. au cmquicme degré de l'Empereur Kiikoc An KO o, fonfécond fils, lui fucccda à !*âge de
Elle fit la guc re aux habitans de la Carie, Se ail;
les cheiehei a la lete dune nombreufe Armée
A N K O G, 54 ans , l'an 4Î4- Il avoir â peine régné trois
IXl. Dai. ans, que .Affl/H"ii ou Miiifuwano a S'm , i'un de
,

de les p emiers jours de ion Règne. Mais li

'm. trou\ mt encemte dans un pais étranger, elle crai-


gnit qui. li elle y accouJioit, cela ne préjudiciat
aux droits de 1 Enfant qu elle mettrolt au monde.
fes parens,
Couronne
fe révolta contre lui. Se lui ôta k
Se la vie.

Elle fp hâta done regagner le Japon, retourna â


Ce crime ne demeura pas impuni. J uu Ria-
T(iku/ia dans U Prounce àeMikaffa, où elle fai-
KU fon frère puîné, &: cinquième fils d'i«*Mi!,
foit ->lors, fa réildence Ce fut là que naquit fon fe faifitde Majuwa, Èc expia par fa mort celle du
lils, qui lut nommé dans fajeunefl"e Vaiom ObJî.
Monarque qu'il avoif adaflinc. Ce Prince fe ma-
Ce Prmce Couronne le nom ù'Oi>Jiji
prit a\eL la
ria l'an 4^4 avec la PrincclTe Wakaki, la déclara
Ten en, &. fut furnommc après fa mort Jamaiia
Fauimn, ccll a dire U Mars de San""!"' logi-
Impératrice; & en même tems ordonna par une
Loi qui fubfilte encore, que les Eni'ans d'une
que ia valeur héroïque & fes vertus éclatantes Femme du Dairi qui auroit été déclarée Impéra-
l'eurent fait mettre au rang des Dieux. Singukaga
trice , feroient reconnus pour légitimes héritiers
fa raere mo rui agec de 100 ans, après un Règne
de la Couronne. 11 rcgna i'3 ans , mais on ne
de 70 On h n it au non bre desDéeUesdu Jaj^on,
fait combien il vécut.
Ibus le nom de Ka/jina Bai Miojin.
SE

v--y
,

A. .ïc-j5flWf^.^t>»?ï:s

DES EMPEREURS DU JAPON.

480. Se Ne fou fécond fils, âgé de 37 ans.


FtTATiuou FiNTATz, foH fccondfiJs,
SE NE, Aicccda i'an 480, mourut cinq ans après. & commença de régner en 571. Sous lui le Culte
XXni. Dji,
de l'Idole de B«rft s'accrut de plus en plus au Ja-
pon, &
on y vit arriver des Pais étrangers une

snSoo, petit-filî de R/(jî« diï-huiiicnie


multitude d'Idoles, de Statuaires, Se lîe Bornes,
qui vcnoient profiter dé la crédulité de ces Peu-
# ^1
, fiicccda à 5b itfe, à l'âge de 4S ans, en ples. La fixieme année de fon Règne il ordon-
. Mais aptes trois ans il abdiqua la Couron- na par un Kdit, qu'en fix difiïrcns jours de cha-
î; vécut en particulier jufqu'i l'igc de 8j que mois, les aéatures vivantes, quelles qu'elles
lulfent, feroient toutes mifes en hberié
fans ex-
cepiion; &
que ceux de fes Sujets qui n'en au-
roicnt point en leur pouvoir, en achtteroientpour
avoir occafion de donner ces jours-là des
preuves
Jt pour SiiccelTcur Ninken Ton frurt publiques de leur inclination bienfaifante.
Deuï
Oit alors 4i ans, en 488, Son Règne ï\ ans après, c'eft à dire fan iSo, la première
Ima-
ge de iwiij fut appoiîée au Japon , placée à &
iVrtra dans le Temple de Knhiifi, où
elle occupe
la première place, &
où on la eonferve encore
avec des marques d'une vénération cïtra
ordinaire.
Son Fils B u R E T I , qui lui fucceda en 499 Ce £Mi,] éroit un Philofophc Indien, dont on
fut un Prince barbare & fanguinaire. 11 fe falloir
,
met la naillance vers l'an 1017 avant l'Ere Chré-
un jeu de trancher la tète a des gens qui ne s'y tienne. Sa Doélrinc (ut bientôt
répandue par les
pilciplcs dans les différentes parties des Indes
ittendoient point. 11 ouvroit de fei propres mains
le vem
Les merveilles qu'ils lui atrribuoient , lui
des femmes enceintes. On dit que dans donner le nom de ¥0 ou Voicgc, c'ell à dire
firent
une de ces occafîonsje tonnerre tomba U
te qu'il en eut, ne fut point capable de le
Dit» Les Chinois chez qui on h norta , donnè-
corri-
ger de fa cruauté ; mais pour ne plus Être expofé rent à iirtta le nom de Sinjun, c'cfl
i dire le
a de pareils accidcns , il fit faiie un appanement
sr^nd &
le farfaii. II mourut âgé de
7? ans
349 ans avant
de pierres fort mafllf. 11 fe plaifoit à arracher les
ongles des pieds 8; des mains de fes Sujets, ou â
leur arradier le poil du corps.de toutes les parties
iioubles par le lèle de Marin,
l'Ere vulgaire.
Tandis que l'Idolâtrie étrangère s'étendoit avec
tant de facilité dans le Japon, il s'éleva
de grands
>
Il commandoit à quelques-uns de
grimper fur des Ennemi juié des
Idoles de la Nation , il les arrachoit des
arbres fort hauts , &
quand ils dtoient au fommet Temp'es
il les tiroit à coups de flèches ; ou bien il faifoit
& le-; brùloit. Il fut bientôt regardé comme
un
abattre ou fecouer l'arbre , & les renverlbii aînli.
-, &
on le fit mourir.
Ce monftte abufi ainfi de la patience du Ciel pen-
dant huit ans. On ne fait ni il quel â'-e, ni de
quelle manière la Terre en fut délivrée. Heuteu- Fm^i=c régna 14 ans, &
eut pour SuccelTeur
fcment, il ne laiffa point d'entans qui pulTent l'i- J 00 ME I Ion quatrième fils, l'an del'Ere Cljré-
miter, &
la Couronne paffa par fa mort fiu' une
tienne î36. Ce fut fous fon Regue que Mona
autre brandie de la Famille Impériale. fut defiiit & lue, &
on bâtit en mémoire de cet
événement le Temple de iekaïaùna dans la
peiite
1rovmcc de TamutJH Knri. ^do Afii ne régna
que

Kei Tei, qui lui fucceda en fo7, étoit un


Prince de î+ ans, arrière- petit-fil s du bon Roi Oo-
KEÎ TEl Ji», 8f fils de la Ptinceifc Fkoarufi perit-fille
-Jv SiuN fon frère !ui fiicceda, l'an del'E-
de ce re Chrétienne
Monarque, dont il imita les vertus 588. Ce fiic la troilieme année
XXVir. Dii.
& la bonne defonReçne, que l'Empire du Japon fut divifé
conduite. 11 mourut ayant régné ij ans. Après en fept grands Dépaitcmens. Celte divilion
fa mort il fut pleuré univerfellcment ; & on lui ac-
fiile encore. S; s'obferve dans les Cartes
fub-
corda les honneurs divins à ^tif'jfin , avec le titre
Japonnoi-
éîAskam fes. Son Règne fut de ; ans.
liai M'io Sin.

Après lui SuiKO ou Siko, féconde fille de


1 Empereur Km Ma, & Veuve de Fwfart, mon-
AN 1\ A N fon fils, dija âge de C9 ans, fucce- XXXIV. Dai. ta iur le Trône l'an ^jj. I a feptieme' année
da en J34 , & commença fon Règne pat, l'Apo- de ion Règne, le Japon effuya des itemblemens
•>' •.rte qui furent ternbles 8r univeifels,
theofe de fon père. Il mourut après avoir régné
.u,.>it fuivis de grolTes pluyes qui
& ils
fubmergerent
des Villes entières, La douiicme année, on vit
de l'Or pour la première fois.Si il y fut appor-
té de la Corit. Suîkt mourut aptes un Rcane
-*• jfl. ans.
eut pour SuccelTcur S e n K w a fon frète
SEN KWA. puuié, en îjS. L'an 533 il fit rendre les hon-
XXIX. Dû. neurs divjns a fon frère, fit rcconnoitre pour Kk DsioME,
le Dieu tutélaiic de Jamaiio, fous le nom petit-fils de l'Empereur Fhuaiz,
de
io SiTint Gon^in. parvint à la Couronne l'an ùip, La troilieme
année de fon Règne naquit au Japon le faracuï
Crrane Gioja , Inllituteur des Jammakes. C'eft
une efpecc de Solitaires qui vivent dans les mon-
K N ME I , ou K I M H auite fils de Kii-
tagnes, dans les bois & dans les deferts. La mé-
1

Tii, hérita
E' ,
me année on vit une Comète, Ce Prince régna
de la Courinne l'an ^40. C'ctoit un
nmce fuperftiticux, qui favorifa de tout fon pou-
voir les cérémonies du B u d s
d o , forte d'Idola-
tne Étrangère qui fous
fon Règne fe déborda dans 64.. L'Impératrice Goku, fa femme,Kwo
le japon_ avec tant
de fuccès , que cet Empereur
ht lur-meme élever pluûeors
KWO adoplive de f Empereur finrais , lui fucccda
fille

en
arangeres,
Temples aux Idoles
&
6t faite des Statues de Buds
fi OKU. 641 , &
régna 3 ans.
ou XXSVI. Dai,
Fw.^B a la Chine. Le Culte d:Am}<L,,
qui félon
leur fyfleme ell le grand Dieu
& k
des Ames/éparées du corps, pafli
Pr'otefteur
64s-. Elie eut pour SuccelTeur oo o k u fon fre- K T
de la Chine au
Japon , ou il s'accrédita de plus en plus. On
KOO : piiiné, fan C^t. Il fut le premier qui hono-

bua aux Statues de ce Dieu une infinité


attri-
de mira-
TOKU. .a fes Miniftres &
autres Officiers, de ritres &
IXXVII. Dii- de marques de diffinélion, fclon les polies quils
cles, qui rendirent fameux le Temple
qne Kia occupoient. 11 régla auffi quels honneurs on ren-
Mti lui avoit bâti. Enfin il mourut
âgé de 6» droit à ceux qui, fans Être de fa Cour, extr-
ans, après en avoir régné 31.
çoitnt les Emplois civils. Son Règne fut de 10 t:l

i
f

18+ CHRONOLOGIE HISTOR.I Q.U E

6îî. s 1 Me
, fille i3c Kwq Gaia fucceda à fon on- ,
G B N s 1 o o , fille d'un Prince l'un des fils de
SI ME, cle 6Î5. Elle étoit fiUe,
l'an établit fa réii- & l'Empereur Ti» iiu, lui fucceda en 715. C'eft
XXXVllI, Dii, dence à eo"gt dans k Province de Jamaitt fous fon Règne que les Fables JaponaoUes pla-

d'où elle la iransféra à Afal-urt la dernière année cent la prétendue Apparition miraculeufc des

de la vie. San Regae fut de 7 ans. Dieux K/jdrauno Gmgin , Atnida, ^akitfi , Senfm
^iiyitmwon, &
EiJJamtnftn , qui le montrèrent en
divers endroits de l'Empire. La cinquième année
de fon Règne, elle fit des Règlemcns nouveaux,
concernant les habits des femmes. Enfin , après
661. Elle fit place à Teh su
, fils de Hftomt Si
avoir joui 9. ans du Trône, elle le réfigni à
TENSIl, d'un coufîn de l'Impératrice Kn'o G«*« . cr
SiooMu fils de fon frère, & vécut encore ij
XXXIÏ. Dai. 66z. La quatrième année de Règne eft re-
fon
ans après fon abdication,
marquable parla conftruiftion du fameux Templt
Sic Guanfi , &
par l'éreftion de fa principale Ido-
le. C'étoit l'ouvrage du Statuaire Cashga , qut
fon habileté dans fa proleffion fit regarder comme
un Saint après la mort, Tenfii , la lixicme année SIOO MU. Sioo Mu pritpoficflionderEmpirc en7i4Huit
de fon Rcgnc, fixa fon féjonc â .li^a dans la XLV. Bai. ans après, la Mer parut rouge comme du fang;
Province d'Oiu. Ce Prince régna 10 ans. 731. fur les côtes de Kij , durant cinq jours confccu-
tifs; &
l'année fuivante , il y eut des tempêtes
épouvantables , une grande fechereife , une &
ftérilité fi générale, qu'elle caufa une grande fa-

671. T E M Mu, fon frère puîné , lui fucceda en mine. La treiiicmc année eut aulïi fon fléau la :

TEN MU, 671 , Se ne s"afFermit fur k Trône qu'aptes avoii Petite-vetolc ravagea toutes les parties de l'Empi-
XL. Dii. furmonté bien des oblhcles. Son jeune frère re, Et la feiiieme fut remarquable, parce qu'on
& bâtit alors au Japon les premiers CloitrÉS qu'on

* *? Ole
Parti S:
mo difputoit,
nu Bofi le lui avoit un fon
une Armée nombrcufe ; cependant il fuc-
&
y ait vus pour des filles qui fe confacroient au
comba mois de gu err es- d viles , culte des Idoles. Ce Prince régna ans.
,-
après cinq fe î

donna lui-mârae la mort , en fc fendant k ven-


tre, li fut enfeveli dans le Temple Oka motti , fi-

tué dans h Province de ^amatia. La tioificme


année, on apporta au Japon de l'Argent de Tfuffi.
tnit , otx l'on avoit commencé de travailler aux 749-
KooKEN, fa fille, lui fucceda en 74?.
première année de fon Rcgnc, on tira de
Mines. Un an après , on célébra à Nnrn à & KOOKEN, pour la ptémire fois d'une Mine de la Province
Tauia\e ^iém.a Maijuri {a). Se cet exemple fut XL VI. Dai.
d'qyîa. Il fut prélenté à l'Impératrice, jufqu'
(uivi en plufieurs autres endroits de VEmpirc.
Japonnois avoient tiré de Ch'mc ce mé-
1 .
La neuvième année de fon Règne , l'ufage de la
monnoyc d'argent fut défendu, on frappa à la &
lors les
tal. Son Regnt fut de 10 ans.
la

place des ifo»ii , elpece de monnoyc de cuivre que


les étrangers appellent Pittjti. Ce fut vers le mê-
me tems que le Japon, déjà divifé en fept grand;
Dcpartemens, fut fubdivifé en foixantc-ïîx Pro- pour Succeileur en 75 j, F ai Taj,
Elle eut
vinces. La quatoriieme année fut marquée par de l'Empereur Ten Mu ,
arrière -petit- fils fcptie- &
E un violent tremblement de terre ; l'année & me de Tonncri Jin s. Son Règne qui iut de
fils ,

mivante ce Prince mourut, après un Règne de fix n'eut nen de remarquable que l'incon-
ans ,

14 ans. llance avec laquelle il changea de lieux pour fon


féjour, 11 mourut eu 76).
(aj ny.iaDlJiri. T. pa^. :

Ds I T o fa nicce & fa veuve lui fucceda en


, ,
Seo-Toku, qui lui fucceda, étoit fille ainée

687. La lixieice année de ftm Règne, on com-


de l'Impératrice Koaken, & régna 5 ans.
mença à bralTet du Bière de Ris
Sahti , ou de la
a Oekifittokori dans la Province à^Oomi. Cetti
l'i in ceflc régna 10 ans, malgré les troubles qu'ex 770. KnoNiN, petit-fils de Ten-Sij, monta après
cita O«sno ofi , qui prétendoit l'exclurre de la KOONIN, elle fur leTrOne. La féconde année de fon Rè-
Ctmronnc,
.
XLIX. Dai. gne , eut au Japon un orage de tonnerre
il y &
d'éclairs qui pafîe tout ce qu'on en peut' dire. Il

tomba du Citl des feux qui relfembloient à des


Etoiks &
l'air Retentit d'un bruit épouvantable.
,

L'Empereur ordonna qu'on célébrât dans l'Empire


Gçy.
Elle eut pour fuccelTeur Mon Mu , petit-fils
des Mutjuri pour appaifet les Sacuft irrités , c'eft

MON MU, de Ten Mu, en S97. C'eft lui qui accorda â dire les Efpriis malins qui
,

régnent dans l'air &


des T77fl;i ou Armoiries à chaque Province, l'an
XLIL Dii. dans les campagnes. La
huitième année, la Rivière
70Î ; &
un an après, il fit fabriquer une mcfurc FHju-ufingava. fut tarie entièrement; deux ans &
de bois, quarrée, que ks ^apannùii nomment Seo après, i! y eut à Miaco un incendie terrible, qui
& Maas , &
ks HoUandois Ganton {a) ; il & en confuma cous ks Temples- Kom'in régna 11 ans.
l'envoya dans toutes les Provinces de fon Empire,
pour y fervit d'Etalon , ordonnant fous des peines
très rigoureufes qu'on y conformât les mefures Kw
7S2. Son fils A N-M u , âgé de 4(5 ans , lui fuc-
de Ris, de Froment &
autres grains. Il régna
KWAN- d,\ l'an 781. La fixieme année de fon Rcgne,
MU, ;s Etrangers qui n'étoient point Chinois, Bc qui
:noient de quelque Empire moins prodie , paru-
ntks armes à la main dans Japon. Les Ja- k
ponncas leur firent tête longtems Ce avec peu de
>s parce que de nouvelles recrues repavoient
,

celle les pertes de l'Ennemi mais neuf ans :

après leur arrivée , Tamamar , Générai brave ex- &


. M E 1 fille de l'Empereur Tinfij fe trouvant
EN , périmenté , tua leur Tr»Ji ou Commandant en chef,
708.
proche héritière, lui fucceda en 708, La 3; ks atfoiblit extrèraemcHt.
GENMEI, la plus
première année de fon Règne elle fit frapper de de fc foutenir,
Ils ne laid'crent pas

&
ce ne fut qu'en 8ctf qu'ils fu-
XLUt. Dii.
la monnoye d'or Se d'atgcnt.mais la dernière fut it entièrement delâits. Cette même année Kwan-

défendue de nouveau l'année luivantc. La lixie- K mourut ,âgé de 70 ans, après un Règne de 24.
me année, elle donna des noms aux Provinces,
aux Vilks &
aux Villages de fon Empire , el- &
le voulut qu'ils lulTent marqués dans les
Regilbes Fei-Dsio, fon fils aine Bf Héritier de l'Em-
publics. Son Kcgne fut de 7 ans. pire, ne k poileda que 4 ans, &eut pourSucces-
leur ion fr ci c puîné.

k
V'i
,
, ,

DES EMPEREURS DU JAPON.

A-G A ; fcconii fils de Kimu-Mu , ne fit rien de


;
Siu-S*KU, le douiieme de fes enfant , lui
leuiarquïble durant 1 4 ans qu'il régna. On b.iiit alois fucceda en çjt. Les co m in en cerne n s de fon Rè-
dans l'Empire plulleurs niagniÔqUES Sijîn , ou Mia , gne fuient troublés par des guerres- civil es. Majfa-
But-Sitjfi, ou Tir», c'eft à dire des Temples
kadù , l'un des Princes du Sang des Seigneurs &
ifacrés aux Dieux nationaux aux Idoles étran- & les plus diftinguei de fa Cour, leva l'étendard de
^1
la rébellion , &
trouva le moyen de disputer 7
ans le tetrein contre fon Maitrc. Mais enfin il
fut défait, Bc on le fit mourir. L'an jj^ il y
m furieux tremblement de terre , & un autre
quatre ans après. La foudre fit fouvent des rava-
814:
Siun-Wa, fon frère puîné , lui fiicced.i ei
ges & tomba fur plufieurs Temples , & fur des

SIUN-WA, 14 , & régna 10 aiu ,


qui ne font mil ciQCb p.i
Maifons oii les Bornes vivoient en communauté;
LUI. Dai. icun événement intereffant. & fur-tout en ;J44 les tonnerres les éclairs fe &
firent feniîr dans prcfque toutes les Provinces de
"Empire, Siu-Salm régna 16 ans.

Il eut pour SuccelTeiir ion neveu Nin-Mh


834^
NIN-MÎO. Tecoad fils de Sn-Ga. Ce Prince régna 17 ans.

LIV. Dji. 947. Muka-Kami fon frère , & quatorïicrae fils

de lEmpereur Dai-Go,\M\ fucceda en 947- Son


KAivil, Règne, qui fut de 11 ans, n'eut rien de remar-
quable qu'une AlTemblcc qu'il fit tenir à la Coui
o N T û-K u ou Sont o-K n , fon fils aine
.

ipour lègletlcs affaires de la Religion. Les Chefs


fucceda. La quatrième année de l'on Règne,
MONïO- lui
ily eut au Japon de grands trcmbleraens de terre,
de toutes les Seétes.quifubfiftoicnt alors, s'y
KU, dont l'un fit tomber la tête du grand Dmbius. , ou
LV. Dai.
Idole de sj-ila, dans fon Temple â MUct. 1! ne
tegna que S ;ui!,
e N-S E I ou R E i-S E N , fon fils puîn
fucceda à l'âge de 61 ans, en 9(j8 ; n' &
gna que 1.

ï-Wa
quatrième fils, , fon monta fur le
8ï9.
e en 859. La- cinquième année de Ion Rè-
SEI-WA,
LVl. Dai. gne, les Livres àa célèbre Cmfucim Philofophc
SÉ4. Chinois furent apportés à la Coût, lus avec & Jen-Wo ou Jen-Jo, fon frère, le remplaça
beaucoup de plailir. Quatre ans aprb naquit ,
en 37^, & Jouit de la Souveraineté is 'J^s.
dans la Province de ^amaito , Isje fille de Tjikc-
Kagit Prince du fang. Cette PrinceiTe fe rendit
élebre par fon application à l'étude , compofa &
m Ouvrage qui eit encore au|Ourd'liui très eitimc
Sei-Wa ayant gouverné pendant 18 ans
.-a Japon.
Son Succcfleur Qoassan ou Kwass
Lbiqua en faveur de Ion fils aîné , mourut & fils aine de Rin-Se't, 6c neveu de ^en-Wii, 1

quatre ans aptes fa démiffion.


dans fa dix-fcpticme année , lors qu'il vint
Couronne en 985;. Ill'avoit à peine portée deux
ans , lors qu'il lui vint tout à coup une fi grands
pafiion pour la retraite & pour la Vje que me-
Jo-Sei n'avoit alors que 9 ans î lors-qu'il noient les Bonzes dans leurs Monafteres , qu'il
877:
commença de régner en 877. Sa grande jeunellè foitit lécretement de fon Palais durant la nuit , al-
J.O-SEI,
ne lui permit pas de poner un fardeau aufli grand la embrafler ce genre de vie â §ua»Jî , où il fe fit
tVli. Dii.
que celui de l'Empire. II en perdit l'cfprit; le & rsfer comme les autres Solitaijcs , Ô£ perfevi

g«anii(*u, ou Premier Minilhr-, qui ell: la pré- dans cet état la ans, c'cû-à-dirc jufqu'â mort.
e peribnne après !' Empereur, le fit dépofer
aptes un Rejjne de 8 ans.

Tsi-Dsio fon cou fin , fils de l'Empereur


ITSl-DSIÛ ytn-Wd, profita de fa retraite, & monta futur
K puîné de Nm-Min
o o K f> , frère de
fils & LXVI. Dai,
Trône que fon PiédcceiTcui vtnoir d'abandonner.
M^nio-Ku, fut/flioifi pour le remplacer; mais il La huitième année de fon Règne fut malhcureufe
KOOKO, raounit après un Règne de j ans , dont la premiè- par une mortalité qui fut très grande dans le J:
LVIII. Dai.
re année fut très nialheureufe . par une pluye de
pon; mais en récompenfe ce Règne, qui fut de
Inlile & de pierres qui gâta prefquc toute h iccol-
i; ans , eR célèbre par les Savans illullrcs qui
llorillûlent à la Cour de cet Empereur,
tc du Ris.

UD A , fon troifieme fils lui fucceda en,


Savd-Sio, fils puîné de Rci-Sfi, lui fiiccedi
La féconde année de fon Règne il fit de grandes en roii. Trois ans après, le feu prit au Palais
pluyes, qui caulercnt des inondations, dont la où il demeuroit, &
en conîiiraa une partie; 1';
fiit fort endommagée. Ce Prjuce née fuivante un pareil malheur y caufa de nt
récolte du Ris
veaux ravages. Ce Prince mourut igé de fr ai
il en avoir régné j.

!tgS.
D Ai-G o , fon fils aîné, lui fucceda l'an 8^8, Gr) iTst-Dsro ; c'eft â dire 7/jT-D/^ II,
DAl-GO, La même année fui remarquable pai une Eclipfc filspuîné iitJÎ-Dfit I , fucceda i Sand-Sh en
totale L'air s'obCcurcit tout à coup,
du Soleil. ior7 , âgé feulement de neuf ans. La cinquième
LX. Dai.
fit les ténèbres
furent fi grandes, qu'on ne pou- année de fon Règne, Sai-S'm obtint de lui la per-
voir pas fe voir l'un l'auue. La fciiieme annét miifion d'aller dans un Khuruma ou chariot cou-
de Ion Règne il y eut un incendie â Mixca, liei vert, tiré par deux bœufs; fit cette invention ,
de la Réfidence de l'Empereur, Se 617 roaifons qui étoit nouvelle en ce païs-là , parut fi commo-
furent réduites en cendres. Ce Prince rcgna 55 de, que toute la Coui du Dai fulvit bientôt cei ^;
exemple. L'année fuivante, la pefte fit d'a&eux
ravagea dans tout l'Empire. LeiRegne de ce Prin-
ce fut de zo ans.

Bbb i Go
, ,,

!k?'

^o--
li6 CHRONOLOGIE H I S T G R I Q.U E
Cour, fur-tout la nuit, par la frayeur qu'il leur
donnoit 8c qui les empêchoit de dormir. Nous
aurons occalion de parler de ce Prince fous les Rè-
gnes fuivans. La dixième année de celui-ci na-
1037. Go S I u-S A K u , c'eft-â-dire Siu-Sahu il. Ton quit à la Cour le fameux ^ùritome , qui changea
SIU-SAKIJII, Freic puîné, lui Tucceda en 1037, à l'âge de dans la fuite le Gouvernement , comme nous ver-
IXlï. Dai. ans; & en régna 3. rons ci-après. Kcnjei régna 14 ans.

1046. Go Rii-Se s, ou Rei-Stn 11, n'avoit que 17


REl-SEN II ans lorsqu'il fticccda à ion Pcre en 1040. La
LXX. Dai, treizième année de fon Règne, -Jtxiri-Jji le révol-
ta contre lui dans h Province d'ûiju.
Go Siira-Kawa ou Siib,a-Kawa l\
Lei, rebelles ,

&
•; 1 1 R A- fon frère aine &
quatrième fils de To-Ba , com-
Te ibutinrcni durant cirij an;,
furent ippaifcs
les troubles ne
de Jsri'Jtfi, Gé-
que par la valeur
KAWA II, mença de régner en 1 1 î*. Dès la première an-
née fon Règne fut agité par les difcordes civiles.
néral de la Couronne Commandant en chef & ,

Ij!'!» fc révolta contre lui &


donna lieu à une
de toutes les troupes Impériales. Il remporta fur
fanglante guerre, qui ne fut pas le fcul malheur
eux une viélune complète , tua leurs Généraux
& qu'effuya fErapirc. Un tremblement de terre y
Jlbina-Sadati) TaUoo-Muato , & niic lin à cet- catifj de grands defordres. L'Ewpcteur effrayé
te guerre. Go RiiSen régna 13 ans , & en vécut .prit le pani de la retraite, remit la Couronne à
fon fils Nidfioa qui n'avoit que ifi ans
, en 1159 ;
fe fitrafer. Se embraffant la vie folitaire , fe Con-
facra plus particulièrement au culte des Idoles &
prit le nom de Joo0a.
ioi5p. G -DjJo II, fon Frerc
SAN-DSiOÏI, ipuin
LXÏI. Dji.

Nids 1 o o fucceda à fon perc en i r ç? , &


e fut pas plus heureux que lui. Les deux Géné-
Son Succcflcur fut S r a-K a w a Ton fils aine n ,
.Ut, Nebu'Jori, &
^ofiiamB père de Jmtsme,
SIIRÀ- &
.

qui régna 14 ans. La neuvième année de ce Rè- fe foulevcrent, par une guerre- civile répandi-
KA WA.' gne il y eut l'Eté une grande fccherelTe, qui eau- rent la dcfolation dans l'Etat, Mais deux ans

!
LXXll..Dai. iâ beaucoup de dommage aux fruits de après, ^ofitomc fut tué dans la Province d'Oivan,
la terre.
& Jontama fon fils fut exilé. L'Empereur mou-
rut âgé de ij ans, après en avoir régné
7.

1087. Le Règne de F o r i-K a w *, fon fils s


FOUI- voit que s ans lorqu'd lui lucceda, 1
KA v-A, remarquable, fut de zi ans.&
LXXUI.Dai. R o K o-D s I o o , fon fils aine , fut fon Succcf-
ROKU- fem, n'étant âgé que de 10 ans. Il ne vécut pas
OS 100, aflei pour en jouir, Se mourut trois ans après.

To-Ba, fon fils aine fon Sacccffeur , régna &


s ans; c'eiî a dire depuis 1108 jufqu'à l'an
1114. La première année de fon Règne on cnten-
I

dit dans l'air un bruit femblable i celui de plulicurs


I

'tambours, qui dura plufieurs jours. La quatotiic-


me année de fon Règne, qui fut iiii, naquit TaKakdra fon oncle, qui lui fucceda i étoit
Kij-Ai*ri, Ptincj du fang, célèbre dans les Hiiloi- TAKA- troifieme fils de sUri-Ka-Mi II, &
époufa la fille
res Japonnoifcs. Ce Prince prit le titre de Dairi K U R A. de Kijumori dont nous avons déjà anticipé la dif-
ou Empereur , & le firune Cour lur le modèle de LXXX. Dai. grâce &
la retraite, II y avoir déjà trois ans que
la Cour Impériale : mais ne pouvant longtems Tahakum
étoic fur le Trone, quand fon père, qui
jouer un fi grand rôle, il fut obligé de s'cnfiiir en étoit defcendu depuis ij ans, fcélla fon Abdi-
dans la ftmeufe mailon de Midira fur la monta- cation pjr un entier renoncement aux Grandeurs
gne de Jitjaa, ou les Moii»ci Idokttes le proté- humaines , en fe confacrant i la Vie folitaire. Le
gèrent contre l'Empereur, Peu de tems après il Règne du petit-fils ne fut pas plus heureux que ce-
le iitrafer, embralla leur InftituC, prit le nom & lui de fon ayeul ; il eut auffi fes fléaux. Ls qua-
de Sioo Kai. Il vécut r4 ans parmi eux , & trième année de fon Règne , une grande partie de
mourut âgé de fio, c'eft-a.d:re l'an 1181 , d'une la ville où il réfidoit fut réduite en cendres. Trois
lièvre maligne &
brûlante, qui lui fit devenir ans après , la Petite- vérole fit de grands ravages
le corps rouge comme s'il eût cté en feu. Julte dans tout l'Empire , qui outre cela fut agité par
puniiion de fa révolte contre fon Souverain, To- les guerres-civiles. Les quatre plus puifiântes fa-
Bn régna 16 ;ins, &: mourut l'an ii;^. milles du Japon, piquées l'une contre l'autre d'une
jaloufie affei naturelle , fur-tout les Tehi les &
GenJJii , armeient leurs Vafiaux &
difp uterent
à raain armée, à qui demeureroit feule en pof-
feffion de la faveur des Empereurs, qui montoitnt
Son fi3s SrN-To-Ku lui fucceda , & régna fur le Trône dès l'enfance, &
l.iilibient à leur

SIN-TO-KU, ns. C'eft fous ce Règne que fut bâtie la ville Favoris la liberté de gouverner l'Empire félon Ieur„
LXXV. Dû. vues i fuite ordinaire des Minorités. Les Feki
avoient déjà eu alTei de pouvoir pour renverfer les
projets de Kijomori &
pour l'obfigeK à s'enfuir
,
&
à le cacher parmi les Solitaires, ^tritnajfa, autre
Prince du Sang, le même qui, comme nous avons
1141. oNjEi dit, étoit l'Hercule des Japonnois, n'en fut pas
fon frère puîné, huitième fiîs de
quitte à li bon marché.
KONJEI l'Empei-eur To-Ba , mont! fur le Tronc l'an 1141. Il fut vaincu, 8î fa mort

3$rimaj[a, Prince du Sang, vivoit fous ce Régne. n'ayant pas appaifé le reffentiment de fes ennemis
I.ÏXVI. Dai.
ils exterminèrent toute fa race. D'un autre c6té,
peut l'qppeller THercule de ce païs-là. Les
Japonnuis difent qu'avec le fecours de Faiz- Joriiom» fc releva par la défaite de fes ennemis

, qui eft leur Mars , il tua à coups de flè-


dans U Province d'JjJB, &
fon Parti devint aifcz fort
1^ ches Dragon pour rélever aux premières Dignités de l'Empire,
le. infernal WHj*,qui avciit la tête
d'un finge ,queue d'un ferpent, le cotps
la les & La mort de Takakura arriva pendant tous ces trou-
griffes d'un tigre. Ce Moniîre fe tenoit dans le bles. 11 n'avoit que u
ans , quoiqu'il en eut
régné II,
Palais à\i M'Mdilo , &
jncommodoit beaucoup,
non feulement 1^ perfonnc facrée , mais toute la

AN.
,
, , ,

;i

DES EMPEREURS DU JAPON,


4
An-Toku, fon fucceffeur, ^toit iffu de h peu à peu l'Autorité Impériale. Les Grands fe li-
zijomBn. La première anndc de fon Regr giioient entre eux pour fortifier leur Parti , n'a- &
lalheufeufc , à caufe d'une famine caufée par voient pas plutôt tertalK leur ennemi commun,
k ftérilité ,
qui fe joignit aux guerres-civiles pour que la jalouiie les desuniifoit. Jorinmi, comme
Japon. Les ViH, dont l'autorité avoic nous avons dit, étoit revenu de Ton Exil, & s'ap-
défoler

attiré
le

^de fons les Règnes précédens s'étoienc


une multitude d'ennemis. Leur Parti ne lail-
,

:
pellûic alors TinjemsH nous Talions voir s'élever
:

par degrés iufqu'aux premiers honneurs de l'Etat.


il
foit pas de faire tête par-tout. Ils avoient dans An-Ttkit ne put fe foutenir que trois ans, on &
leurs intérêts Kadfu-viura qui, quoique de bafle , j
le contraignit d'abandonner la Couronne à To-

extraâion, s'étoit élevé pat fon mérite, pat fou; iî A fon quatrième fils. Il vécut encore trois ans

courage &
pat les aâious héroïques, non-feuie-' fous le nom de Ttn-Sii qu'il avoit pris depuis fon
ment à la qualité de Général , mais mfirae à Vhon- !
Abdication. Ses ennemis ne furent point désarmés
neur d'être compté entre les plus grands Princes de par ce facrifice; ils le pourfuivirent, ayant vou- &
l'Empire- Tout
Japon étoît partage entre les
le lu Te fauver par mer, il fe noya, On le nomma
Cabales des Grands. Des Empereurs, à peine for- An-Ttku-icn après fa mort.
lis du berceau, étoicnt mis fur le Trône qui ne Ceft ici que nous bornons fécond Période de le

fe fourenoit plus que par une antique vénération l'Hifloirc du Japon. On verra dans le troilîemc
qui avoit attaché au Sang Impérial une erpece de l'Autorité Impériale , balancée par celle des Gé-
Divimté. Du relie , leur âge , leur éducation , kur néraux de la Couronne, diminuer peu à peu jus-
foiblellé; &
d'un autre côté , l'ambition, le pou- qu'au Règne d'Oiimaix. , qui fe trouve enfin ré-
voir exceffif dei Princes leurs querelles & qu'ils ,
duit aux honneurs attachés à l'idée d'une Sainteté
1 déddoient fouvent à main aimce, avoient affoibli héréditaire.

TROISIEME EPOQUE.
Années it I'Eie
i
:i84. )To-Ba,ou To-BaI1, fucceda à Ton S I u N-T o K D commença de régner en 1
TO-BA. II, père en 1184. Les guerres-civiles continuoient SIUN- Six ans après , on voulut difputer à Sannmme
IXXXU. DU. toujours. D6s la même année mourut i^ttjaaga TOKU, l'Autoiité dont fon pete Bt ion frère avoient joui.
Général célèbre; & fix ans après, ^afitz-w, autre
I.XXXIV. Dii.
U étoit trop tard pour prendre ces mefurcs:
fameux Gi-'néral, fut tué. Sa mort fut fuivie de pouvoir étoit trop bien affermi pour le détri
celle de Hdt-Fim Ion Lieutenant-Général, de & Il fe maintint a force ouverte , fit bâtir des &
l'extirpation de toute fa race. C'eft ainfî que cci VailTcaui de guerre. Siun-Tek» régna 11
à !'envi,& pré-
.bitieufes familles fe déttuifoient & en vécut 46.
paroient fans le favoit le chemin k^mitm». L'an-
née (uivante 1 191, ce Seigneur fe rendit à la Cour.
L'Empereur, qui le regarda comme un inftrument
propre à calmer les troubles de l'Empire l'honora ,

'
tre de i^â-Stogun , que l'on a depuis ce tems II fe démit de la Couronne en faveur de G o
là toujours donné aux Généraux de la Couronne
FORI- Fom-KAWA ou FoRi-i'-AWA U, fils de le-
lui ont iuccedé. U l' envoya , à la tête d'une IvAWA II kakura, en iiii. Cette année fut la dernière de
ibreul'e Armée , avec un pouvoir fans bornes LXXXV. Dai. Saanetomu, htiigun ou Grand-Génénl de la Cou-
terminer les difièrends qui fervoient aux
r tonne, lequel fut remplacé par ^aria-ni, fih de
ces de prétexte pour armer leurs ValTanx , & Sljiaa bakit Daoia. Le nouveau Dairi n'avoit alors
fc faire la guerre. Cet habile Politique coinmença que jj ans: il en régna , 8c mourut n ;

par favorilei les Partis qu'il fe vouloir attacher, & Son SuccelTeur fut fon fils aine , qui av(
s'en fcrvit pour accabler les autres. Les ¥cki, ac-
coutumés' par une longue faveur à icgner fous le
nom des Empeieurs , furent ficrifiés à fes vues: il
punit en eux un attentat qu'il étoir lui-même à la
veille de commettre. 11 n'eut pas plutôt goûté les
charmes de l'Autorité Souveraine , qu'il prît fes Si-Dsio du berceau au Trôneten iiï3.
pafia
mcfures pour ne s'en point deifaifir, il les prît & SI-DSIO, & trois ans h Seagiin SufHtnt, qui failbic
après,
fî juftes, qu'il rendit fa Charge fon Pouvoir hé- & OXXVl. Dai alors fon Kamakura, fe rendit a Miaco
féjour à
réditairesdans fa Famille. To-Bs régna i j ans , S; pour le faluer. mourut 4 ans après
L'e Stogati
monnit âgé de 60 ans. 11 s'étoit démis de l'hm- 1140, & fa Dignité pafla Joui Sane ou J
plr.: quelque tems avant fa mort: on n'en com- itissuGA fon lils. Si-Dfio mourut en 113J-
prend pas facilement le motif , car celui qui lui
fucceda n'avoit que 3 ans.

IÏ4Î. GoSAtsAouSAGAlI, fou SuccelTtur,


SAGA 11. fils puîné de l'Empcrtut Tjmji-M'ik.idJo.
119p. T
s u I s i-M t K A D D o parvint donc 1 la Cou- UUaVII. DaL Règne ne fut que de 4 ans ; il en avoit
TSTJTSÏ- ranne dans une fi tendre enfance fan iiss. 6t
MIKADDO, dés la première année de fon Règne il perdit, Jor'i-
ijcxxm. Dïi tumo. Ce Seigneur
avoit jonï 10 ans d'une Au-
torité peu intérieure à celle de fes Maîtres, quoi-
qu'il n'y eut qu'environ 5 ans qu'il pofledoit le Go Fin A-KVÎA, ou PlKA-K,UïA II, fuC-
Titre de Sci Scagun. Jori-ijt fon fils lui fucceda FIRA- céda en 1147; &
n'eut tien de remarquable en
dans le Commandement des Armées, reçut du & K u SA H, un Règne de treiie ans, qu'un tremblement de ter-
Dairi le Titre dont fon père avoic été honoré; re qui ébranla le Japon en I7.î8, 11 abdiqua la
LXXXVItl. Dii.
mais il ne garda cette Autorité <5ue j ans fut & Couronne en iz6o , 6c mourut âgé de 60 ans.
tué. Saaneteiao fon frcre, fils puîné de Joritorao, La féconde année de Ion Règne, 'Jeri Sam eut
lui fucceda dans fes Dignités, Tfuifi-Mlkaddo , pour Succeflcur, dans la Dignité de Sttgun ou
après un Règne de 11 ans , abdiqua en faveur Grand-Général delà Couronne, MutJS Takà
de fon frète SiuB-Teku , & mourut âgé de jy S IN NO ou Soo Son Sinno, l'un des fils dL

Kame-

^
T-rv'^^ •^•y.rsaf^' v^rm
, ,,,

!i0!

CHRONOLOGIE HISTOR.IQ.UE

-AMï-J».MMA, ÎTCre de Go Fura-Kufa , mon- l'Empireà Kwo G[«n fils-ainé de TK/ffli ;j, en
1*
JAMMA,
'^^ ta fur le Trône, 'qu'il garda if ans; après quoi 1531. Le Set^un Mom KuNi Sinno étoit'

Ï.XXSIS. Du. i|
f] abdiqua en faveur de fon li!s aine. Il femble mort l'aimée précédente , & avoit fait place à
qQ(. la jciKnde du Japon étoit d'avoir des Enfans SoNUNSiNNoouSoNNusSiNNo.fils puiné
pour Empereurs car celui-ci , qui .ivoit fuccedé
: de Baigi II. Ce Prince ne jou'it que deux ans de
Tage de lo ans, abdiqua à zf, vécut encore j &
cette imporunte Dignité, eut pour Succelfcur
après , &
mourut âge de 57. L'an 1ÎS3 , un M , fon ftere NariJosiSinkOo,
TflKA SiNuo mourut, fa Charge Ae. Sengun &
paQa à KoEEiAs Sinno fon fils aine.

K'wo-GiEN, ou koo-Gien, commença de


KWO- régner en rj]!.La féconde année de fon Règne
GIEN, Taka-Udsi, Général de la Couronne & Suc-
GocDA bétita de la Couronne Impériale
XCVI. Dai. celleur de NAB I Josi Sinn O o, vint à la Cour
1175:. Les premières années de fon Règne ftirent
pour faluer le Mikaddo. Ce Général étoit fils à'As-
kago-Saamk'mi-Kami-tiago-lIdJi. Kvio-G'teu , après
affei paifibks; mais la neuvicmf le jetta dans u!
avoir goûté de la Souveraineté pendant deux ans
grand danger. 11 y avoir déjà quelques années qui
ks Tartans avoient fabjugué la Chîni. L'Empe-
s'en lada à fon tour , &
remit la Couronne à ce-
lui de qui il l'avoir reçue. 11 vécut encore 3a ans,
reur Sij-Su, qui y regnoit alors, fe mit en tête de
conquérir auffî leJapon, (a) Dans ce delfcin il
& mourut en 1366.
arma une Flotte de 4000 voiles , & fit embar-
quer Z40000 hommes commandés par le Géné-
ral Tartarc Mooh , qui parut fur les côtes du ja-
pon. Les Ecueils dont ces jllcs font bordées, & Go Daigo, ouDaigoII, reprit les rênes

les tempÊles dont cette Flote fut furprife , firent


du Gouvernement, 8c recommença un nouveau
avorter ce projet, &
les Canii en eurent toute
Règne qui ne lut que de trois années. La lecondc
qui fut en 133^, moui-ut l'Empereur Go Fujimi,
la gloire. Ces Dieux protecteurs de l'Empire,
6c il y eut de grands tremblemens de teire.
irrités, dit-on, d'an attentat contre 'l'Einpire pour'
lequel ils i'îiltcrenbielit , 'fûïmOrefit ces tempêtes'
& détruifirtm la Flotte, Msoh y périt , auffi-'
bien que la plus grande partie de fon Armée.
Gouda mourut âgé de s° ans, après un Règne de 1337- Kwo-Mio, frère puîné de A'iM QV» & qua-
13. Le iengun KoaEiAs Sinno étoit mort KWO-
,
trième fils de Go Fujimi, fucceda en 1337. La fé-

l'année précédente , Sinno ScKiume MIO. conde année de fon Règne , il contera Taka- ii

SannoOsi, fils de Fira-Kuja n , M z Udfi, Général de la Couronne, le Titre illultre de


au Dai Scogun. C eft amfi que ces Généraux, s'em-
fucLcdé.
parant peu à peu de h Toute-puilTance qtie leur
(3) Marco P^,l<,, Vt^nitUT Vimtltn , fmt mtr.ti, donnoit le Gouvernement des Armées dévouées à
leurs intérêts , fe faifoient encore donner des Titres
augulles qui les appfochoient infcnfiblemcnt du
Trdne dont ils s'atrogeoient toute l'autorité. AuiU
W '

'
avons-nous vu que les Généraux de la Couronne
ne quittoient cette Dignité qu'à la mort ; au-lieu
ii8S. l-e Succeffeur de GwAi futFosiuï fon coa- que les Dairis en avoiept à .peine jouï , qu'ils y rc-
FUSIMI .1, fin, & fils de Go -îira-Kuja. 7! commeoça de nonçoient. Les Dairis n'avoient prefque déjà plus
SCI. E»i. r^ner en 1188. même année
Cett-e il lui naquit qne le fade, la repréfentation &
les épines de la
,

un fils qui porta le même nom , & en faveur du- Souveraineté; au-lieu que les Généraux en avoient
quel il abdiqua la CouionnE, après l'avoir porté^.- tout le pouvoir , l'efl'^atiel , 8c la réalité.
Les Hilloriens ne s'accordent jas fur le Règne
de Kwù-Mio. Quelques-uns fuppdfent qu'il dura n
ans: les autres le bornent à z , & rcmpliiTent les
10 années qui relient, en lui donnant pour Suc-

Go FusiMi ou FusiMi II, fucce^a;à fon


celIéurGo M u r A-i. ami ou Mon
a- i; am r II,
feptierae fils de Daïgo U-, mais comme ce Prince
pcrc en 1193 8c ne poifeda
, h Couronne que 3 ne fe trouve point dans la Lille de* Mikiddo!
ans; après quoi U la céda à Go N r d s i 00, fils nous nous contenterons de l'avoir nommé, fans le
aine de l'Empereur Gouda, en 1301. Il vécut mettre dans l'ordre de la Succefliondes Empereurs
encore 3î ans après cette démifljon, 5c mourut du Japon.
âgé de 48 ans.

Siu-Kwo fucceda en ij-ig, 'Il étoit fils nini


La cinquième année du Règne deGoNiDsioo de l'Empereur Kvio-Gien, & ne rcg;ia que 3 ans.
fut remarquable par !a mort du Seogun'K lu m e
NMOOuSANNoOsi.qui, après avoirjouï
ans de cette Dignité , fut lempjacé par fon fils
M o a I K ij N 1 S 1 N N o. L'Eiupereur K,u/it~ Go KWO GiiN ou Kwo-G*« n.fon frerc
"jammû. mourut aufiî la même année; &, en
échange , le Prince Taku-Vdfi naquit fut dans & GO KWO puîné, hérita du Trône en 1352. La troifieme
année de fon Règne, Jeefi-Saki , troifieme iils de
Nidfioo ne régna
GIEN,
la fuite Général de la Couronne.
Taka-Viifi, fe rendit à k Cour; & l'année fuivante
XCJX. Dai.
que 6 ans, &
abdiqua en faveur de Fanna Taka-Udfi fut envoyé dans la Province A'Qomi, oii
SoNNo, en 1308. il s'étoit élevé des troubles. Il ne vécut que peu

13*0. d années après, & mourut en J3CÛ. Son troifieme


fils Joofi-Saki liicceda à fes Charges , 5: tut la mê-

me année revêtu par l'Empereur, du Titre de Sej


Dai Seagun. L'an 1363, ce nouveau Général de
130B.
Fanna Sonno étoit fils de FK_fm! il, la Couronne alla dans la Province à'Ocmi pour
régna 11 ans; après quoi il fe démit delà
FANNA D.aig o, fi Go
commander l'Armée Impériale, Et enfin, après
SONNO, gnité Impériale en faveur de
puiné de Hidjîeo i/ ôt fils de Gû;ida.
--'t poflédé 10 ans cette Dignité , il eut pour
XCiv. Du. cllcut fon fils ^ooJi'Mitu, qui fut honoré du
même Titre de Sti Dai Scajun. Deux ans après
Go Kîwi-G/îB mourut, aptes un Règne de 20 ans.

\ '^
Go Daigo.'ouDaiso II, monta fur le
DAIGO II, Trône en r3i9. S; régna 13 ans. La dernière Go JiN-Jv,fon fils ainé.luifuccedacn 1371,
XCV. Dai. La huitième année de fon Règne fut remarquable
année de fon limpire tut troublée par des Guerres-
civiles très fanglanres, & c'efi peut-être ce qui le par une Comète , 8c par une grande famine qui
détermina a quitter le Gouvernement. 11 réfigna iivagea le Japon. 11 ne régna que 1 1 ans.
Go

T^
, 1 ,

i^v
^<^'

:'-*r -M

Go
DES EMPEK-EURS DU JAPON.

K o M A 1 . fon (ils aine , lui fucceda en occupé de l'attention que deraandoit le gouVerûe-
189
^
GO KO- 1385. L'an ijyi il y eut une guerre dans le pais inent des Armées &
dit foin qu'il donnoit à éta-

MATZ, d'Udfiî, &


cinij ans après le fameuï Temple Kin- blir la tranquillité dans les Provinces de l'Empîrcj

en cendres. L'an 1403, une Co-


«;n/i fut réduit lut hien-aife de fe procurer du foulagement en
mète parut au Printems , &
on remarqua qu'il y partageant fon Autorité avec fon fils Josu-Navo.
eut une grande lechereffe Bt difette d'eau l'tté & 11 lui procui-a le Titre de ici Scogun, l'admit à & k il
l'Automne d'après. L'Hiver il y eut de fuL'ieUï commander les Armées Bc à adminittrer les affai-
treniblemens de terre. Deux ans après, une Mon- resde l'Etat: mais ce Prince mourut l'an r^Sj ,
tagne, à Kajno dans la Province de Simatski , co^n- quatorze ans après fon élévation. IJooJs-AUJja fon
mença à brûler Si à jetter des pierres des cen- & père mourut l'année fuivante, fut fort rcgreté. &
dres; mais la flânie celTa peu de jours après. L'en J o s i-T ANNE, fon autre fils avoit déjà pris la
,

1408, l'Automne fiit fort pluvieufe, ce qui aurj place de fon frère, &
quatre ans après, Josi^
des inondations en pluiîcurs liem de l'Empire ; el- S 1 M M ï iiis de Juji-Tumic fut honoré du Titre di
les furent iuivies de tempêtes de trcmblemens & Sii Uai Siegun , &c partit presque auiii-tôt fpour
déterre. Go Kemaiz régna jo ans. Si eut pour commander l'Armée dans la Province de Ka-Siirt.
SuccclTeur Ton fils. Les antres évcnemcns remarquables de ce Règne,
qui fut aufli de 3^ ans, furent des inondations dans
la Province de Sttz près i'^tmagazaki: les rivières
s'enflèrent, une partie du païs fut fubmeigée , Se
plufieurs perfonnes périrent dans ce déluge qui ar-
Seo-kwo commença
de régner en 1413, & 147 6- riva en 1475. Un
tremblement de terre caufa de
SEO-KWO jouît 16 ans de la Couronne. Il eut quelqu:s guer- tiês grandes frayeurs en 14?;. TJuifi'Milaidda 11
CII, Sii. res-civiles ï Ibtitenir. Uiji , de la famille de ntgp, vécut îjp ans.
fc révolta contre lui en 141 7, cinq ans après on &
vit au Japon un Pifi-kili!. L'Hiftoire a eu foin de
marquer ces fortes de Phénojnenes quand ils y font
arnvés celui-ci eil l'image du Soleil que reçoit 8c
:

renvoycune nuée, comme pourtoit faire un miroir;


de forte que l'on croit alors voir deux Soleils. Au Son fils Kasiu-Wabara lui fucceda en
rjoi. Des Comètes, des famines des tremble-
commoicement de 1415 mourut ^oofi-Afia. Gé- KASIU- ,

mens de terre, furent prefque les feuls évenemens


néral de la Couronne fa Dignité palTa à l'on fils
: WABARA remarquables d'un Rcguede iS. ans. Quoique ^0-
I ) - N o B A. Ce dernier ne paroit point dans CV. Daj.
ia Lille des Grands-Généram de la Couronne que
fij-Jurmi tùt dû fucceder à Jefi-Maffa iOn père,
Mr. Ksmffir appelle Etnptreurs séculiers du Japon; & que fon fils Jafj-iimmy fût honoré du Titre de

mais il y donne, pour SuccefTeur de Jaafi-Aîitz, Sri Dai Ser'gun , il ne l'avoit pas lui-même ; il ne
Joii-MoTsi lils de T4*s-M(ri, , & il a loin
l'eutque l'an 1^09, que l'Empereur le lui con-
féra avec le Commandement des Années. Les
d'y marquer que J o s i - k. * s s u fils de Jofi-Moifi
régna fous fon père; auquel il lait Succéder J osi- guerres qui fiirvinrcnr deux ans après, lui donnè-

Nok: fils de Jnoji-Mii^. Le Daî Sm-Kwii mou- rent lieu d'exercer la vakur; &
après les avoit af-
foupies, il alla en recevoir la reeompenfe à la
rut quelques mois après, &
la même année que k-
Cour en 1113 elles ne celTtrent que fous le Ri
:

gnc fuivant. Fofa-Kawa &


Kad/ura Gava étoîel
les Auteurs de ces troubles: le premier termina fa
vie en fe fendant le ventre.

Go FuNNA-So fucceda à fon père en 1413.


Dèi h première année de fon Règne, le Japon tut
effrayé de l'apparition d'une Comète , 11 ans &
après il en parue une autre. Le Seogifit ou Général Le fuccefleur de Kajîu-Waiara fut G
delà Couronne Juojî-Nuri avoit deux fils, favoir, fon fils, en 1517. Ce fut au commence
l'ninù Joosi-KATi auquel on donne un Règne fon Regiie que finit la guerre dont on vient de
de 3 ans aprèj fon père ; le .puîné J o o s i- & parler. Pendant fon Gouvernement le Japon fut
ssA, C'eil à ce dernier que l'Empeur Ga afHigé deux fois par la Pefle, &
trois fois par une

la i0 conféra le Titre de Sci Dut Sm^un en


- grande Mortalité. Les faifons y furent cxtraor-
1445, DeuK ans après, le Palais Impérial fut réduit dinairement pluvieufes,& les eaux fi grolFes qu'el- ,

en cendres. Le ne fut pas le fcul maltieur qui iroubla les inondctent une grande partie du pais; 6c il
y
h trjnquillité du Règne de Gn Funna-ia, qui lut eut entre autres une tempête fi violente, qu'elle
de 3ff ans: les fept derniers il parut dans le Ciel rcnverla plufienrs Edifices magnifiques, une par- &
des Phénomènes étranges furprenana &
qui fu- ,
tie du Palais de l'Empereur. Josi-FAft, filsde
rent fuivis de la famine, de h pelte , d'une; & fils de ^tfij-Simmj &
petit-fils dc^aA-raBne, avoit

glande mortalité dans tout r£mpire. un fils nommé Joosi-Tir; il le préfenta


'

:
l'Empereur qui l'honora du titre de Sti Uni Siegm
en 1548 Joji-Far mourut 3 ans après.
Ce fut tous ce Règne , vers l'an 1 541 , que les
I

Européens eurent connoifi'ance du Japon. Troi


o Tîiu rsi-MiKADDo, ou TfHtfi-Mikad- Marchands Portugais , jlninni Mûla , François Zci-
fucctda i fon père en 14*5 , 6^ 'on Règne
mot & Anmint Pixai étant partis de Dodra qui elt
TSUTSr- I ,

iicorc p us malheureux, La première année au Royaume de Siam , & faifant voile vers ]a Chi-
MIKADDO, Comète dont
la queue ferabloit avoir
ne , furent jeiiés par la tempête vers les lies di
il pa;ut une
CIV. Dai.
trois bvaffes L'année fuiïanie il y eur
de long. Japon, &
prirent port au Royaume de Caapii-

des trembicmens de terre, &


la famine fut fi gran-
TOfl, Les Etablillcnicns auxquels cette Découverte
de à la Chine, queles gens fe tuoient 8c fe man-
donna lieu, engagèrent eniuiie des Miffionnaircs à
gcoient les uns les autres, En 1468 ,1c Japon fut y porter les lumières de h Foi. Un Japonnois,
déchiré par les guerre s- civiles qui s'y élevèrent.
tourmenté par des remords qui ne lui lailToicnt au-
eun repos apprit des Portugais qu'il en feroit dé-
Deux ans après, une nouvelle Comète redoubla ,

livré s'il s'adrelToit â S. Fran;eis Xeviir dont ils


l'effroi des Peuples, qni regardèrent ce Phénomc-
,

lui firent connoitre le mérite. 11 alla aux Indes


omme un préfagc des malheurs dont lik étoient
ire menacés. C'eft une erreur prefque géné-
où cet Homme Apoilolique étoit alors. Le fruit

ralement répandue, que l'on ne voit jamais impu- de à'Angcn c'eft


leurs entretiens fur la converfîon

ïment les Comètes, &


les railonnemens les pluï
ainfi que ce Japonnois s'appelloit: mais la Provi-
dence fe fei'vit de cette oecafion, pour faire naître
ilides n'ont point encoie pu jufqu'à prcftiit gué-
La mort.Uité qui dans le cœur de Xavirr un extrême defir de plan-
r les hommes de fe préjugé.

iiva en 1471, fembloit le tâvorifer;&: la même


ter la Croix dans ce vafle Empire; elle bénit &
tellement fes travaux, qu'il y fonda uneEgUie qui
_.mcc il parutune troificme Comète , la plus gr.in-
Les Auteurs a été longtems très floriffante.
de que l'on eût encore obfervée.
Japonnois, pour en exprimer la grandeur, difcnt
que fa queue avoir la longueur d'une rue. L'an.
1474. mourut Fi'f/fl-Kfliffl-KiKJ-J'^of'i', Général cé-
lèbre par fon courage &
par fes exploits après fa :

mort il fut honoré du Titre de Rh Am. J o o-


sij-Massa, Grand-Général de h Couronne ,

>
I

"
Mwgj^ wri y ^'-r:'?-ir!rawfe'?;*?'y*MA'*i» g
''
'' '
, ,

-*-"^ x;r^-- —

CHRONOLOGIE H I S T O R I Q^U E
Années de l'Ere

GoN o R A rcgna 3 r ans , 5c eut pour fuccefTeur


la guerre aux Curéins, &
envoya une nombrcufe
La première Armée contre eux. Il ne diffimula point que par
OOKIMATZ Ooki-Matz fon fils, en i5i8.
la Conquête de ce païs , il vouloit s'ouvrir un
cvil. Dai. année de fon Reguc , il y eut l'Eté une cxirème fe-
chemin à celle de la Chine: cette guerre dura 7
dierefle. Ces malheurs font d'une très grande con-
ans. Depuis qu'il s' étoit défait de fon neveu, il avoit
féqueuce au Japon , parce que le Ris , qui eft la
d' ar refera eut
mis fon affcétion à un homme qu'il s'étoit attaché
principale nouniiute, ayant befoin
par fes bienfaits: JiJ'j^', ceii le nom de ce Favo-
quand l'eau manque il fuit toujours à coup fur
ri , devint fon Miniftre d'Etat , 8c obtint du Dairi
une famine. En i^eô Jcsji-Tlr, Général de la
la DiLuité de Nai-Dai-Sia en 15JJ7. Cette même
Couronne, fe fendit le venir,;. J 00 s 1-17 ai
e il plur des Cheveux longs de quatre ou cinq
fûQ fils ne biffa pas , trois ans après , d'ctrc
poucts; ces Pliénomenes ne font point rates au
General, S; l'Empereur le revêtit du Titre de Sei
Seegun. L'an 1574 quelques Incendiaires mirent
japun, &
l'Hiltoire a eu foin de les marquer.
:lia-Aama raouru: l'année fuivante, 8c après la
le feu au (0) Ka-Mia oii l'Empereur faîfoit fa réû-
mort on le mit au nombre des Dieux, félon la
dcntc, 8c il fut prefque loat réduit en cendres.
coutume du Pais. Le Dairi l'honora du Titre
JoeJÎ-Taira n'avoit pas joui longteras des honneurs
Son fils Joosi-A"- Divm de Tojokuni Dai Miojin. On lui érigea un
dont il avoir été gratifié.
Nobe-Na Temple à Miaco , où il fubfiftoit encore à la fin
n'en jouît gueres plus long-tems; Ôï
du (iede paffé: c'ett là que l'on mit fon Urne. Il
G * ou Nobu-Naga, fils puiné de Oridar.
laiflbit pour fuccelTcur un Enfant nommé Fi d e-
Dtnfio-Tain, gouverna les Armées après le di
Comme U étoit à Aïw" en lîBj , il y fut J o 11 1 , dont il confia l'Education à 3e/i;rti fon fa-
nier.
Il avoit'pris toutes les melures dont la pru-
tué avec fon fils. La Dignité de Sa Ucsun pafTa
- dence liumainc eft capable, pour s'affurer de la
à F 1 D E - N o BU , fils de Nabu-Tmia. On met
fidtlité de ce AJiniftre. Il exigea de lui une pto-
la vingt-liiriticme année de ce Règne les commei
lelTe, munie d'un ferment folemnel S: lignée de
cemcns de Fid e-Jo s, qui prit cnfuile le no
fon !ang, qu'il quitteroit la Régence dès que le
de A I K o-S A M A. Cet homm^ , qui n' étoit que
T
TAlKO-5AM.\. le fils d'un Paifan , fut dans la
jeuneffe Sommelier Prince feroii en âge de gouvcrnrr; &
pour mieux
ri:ngager à tenir parole, il maria au jcim; Pupile
d'une PeifQunc de qualité; mais il s'éleva par fon '

mérite jusqu'à la Dignité de Qdanbuku, qui


de l}tfija!. Ce lut donc lous le titre
la fiJle

Dairi en vertu Régent Se de Beau-peie que 'Jtj.jas gouveir


eft la première Perfonne après le :

Japon fous le nom de F 1 d £-J o b i. Il y eut des


de ce litre, il cftfon Lieutenant-Gcnerai ,&Vice-
Ainfi Taïko fe vît en main le roccontens,6i l'.in iSoi 3D/iii/4-r/i*iH, qui;
Régent de l'Etat.
Commandement des Armées, &
f Adramiftration un Emploi à la Cour de Fide-Jm , i"e rL^vqlta;

des Affaires politiques &


civiles. L'événement fit mais les Rebelle; furent bientôt défiiis , 5c leur
mal choifir Chef fut exterminé avec toute fa lâmillc. Trois
voir que le Dairi ne pouvoir pas plus
pour les intérêts , & pour
ceux de fes SuccelTeurs. ans après le Titre de Sii Dai Seogun , qui appar-
,

Jiifques-U , ceux qui avoicnt porté le titre de


Gêné- tient de la Couronne, fut donné â
au Général
raux de la Couronne , avoient fauve les apparen-
Gouverneur de Fide-^on;
Jejijits la même an-&
Troupes, née l'on Pupilc fut honoré du Titre de Nai-Dai-
ces- contens de commander l'Etat 8c les
âiN. Deux ans apiès Fide-Tadda, fils de Jijijaj,
ils prenoieut des Empereurs le droit d'exercer leur
reçut auffi le Titre de Sgi Dai Seogun. Ceft ain-
pouvoir 8c reconnoifloient leur fupérioriié ; ils

que les Dairis prodiguoient les Titres pompeux à


ktir faifoient au moins quelque part de
l'Autorité
ceux qui avoicnt dépouillés de leurs Droits,
Souveraine. TaikoSama voulut être indépendant ;
les

8c régnant en Maître , il ne biffa aus Empereurs


comme euffent été infenfibles â la perte de la
s'ils

Souveraineté donr Tnh-bama les avoit privés.


qu'une vaine ombre d'Autorité, qm confuloit en
L'Autorité du nouveau Trône qu'il avoit élevé
de menues Prérogatives attachées à la Sainteté de
ii bien établie, qu'en 1608 il arriva à Sari*gii
leut Race. Jufques-là toutes les Provinces du Ja-
étoit

pon étoient divifées 8c gouvernées par des Princes un Arabaffadeur que l'Empereur de la Chine en-
voyoit à Empereur fuccelleur de Tatkt-Sama. L'an
particulieis, qui y vivoient en petits Rois; de-lii
1

vient qu'on en trouve tant dans l'Hiltoire Ecdc-


i6ïi , les lies de Ritiku furent conquifes par le
fiaftiquedu Japon: l'Empereur étoit fort content Prince de Satz-uma, 8c depuis ce tems-là on les a
hommages Se payaffent regardées comme appartenant à l'Empire du Japon.
qu'ils lui rcndiffent leurs
lesredevances, fans troubler l'Etat par dss guerres
inteilines. Taiko-Sama réunit toutes ces Provinces
à fon Empire, 6c n'y laiffa de
Gouverneurs que
ctuï lur h foumiiBon desquels il pouvoit compter.
Ainfi il fut Empereur abfolu dans le Japon, parla
foibleffe de la Famille Impériale. Il y avoir 18 ans
qu'Ooij- Maix. étoit fur le Trône , lorsqu'il perdit
'

fon fils Sdo-Kuji' qu'il fe deftinoit pour Succeffcur


Go eut pour fucccffeur fon fils DXi Sbo
jfa fti
S: qui bilToit un fils nommé J o-S e 1. L'Empereur '

K wo, en ifiii. Trois ans après, Jesi] as


lui remit la Couronne l'année d'après, qui fut 1'
DAI SEO leut & Beau-pcre de Fidt-Jeri, voyant ce Pri
KWO, en âge de gouverner par lui-mâme , ne put fe
foudre à tenir la promeffe qu'il avoit faite à Taike
Sama fon Maitre &l fon Bienfaiteur. Le petfidi
aftigea le jeune Prince dans le Palais à'ofacca. L(
Siège dura près d'un an; le Château le rendit en-
fin; mais le Prince, qui s'éloit retiré au fond du
Palais avec fes plus fidèles Amis, y fit mettre le
feu, aimant mieux périr dans les ilames, que
tomber entre les mains d'un Ennemi viftorieux
L'infidèle Régent ne jouit pas longtems du Trône
qu'il venoit d'nfurpcr: il mourut l'année fuiv.i
& fur enrerré à Nic^ua; coutume du
Se fuivant la
Japon crimes heureux , il fut mis
qui confacre les
o-S El II jouît du Trône ij ans; mais Taïki^ ,
J
Ce dernier avoir un au nombre des Dieux fous le nom de G o h
Sama regnoit effeiftivement.
neveu Fidt-T/«gi, Prince fanguinaire.qui
nommé iAMA. C'eû de cet Lfuipatcur que defccnd la
en tuant Foidjje dans la Proum- Famille régnante du Japon c'cll le même que Ion
:
fignala fa cruauté
1^ en extirpant toute k famille de
& connoit dans les Relations fous le nom de 'Jijajja-
cc de Siiiami,
\ ce malheureux. Taita-S^ma aimoit à tel point ce ma. En 1611 il accorda à la Compa^me Hatlandoife
qu'il fe le deîlinoit pour fucceiTeut. Il lui des Indes Orientales l'entière liberté de trafiquer
neveu ,

procura même, en lisi , le titre de


BjjianLuha; 'au Japon. Fibe Tada,
fon troilieme fils 8c
fon fucceffeur, renouvella d'abord les Privilèges
cependanr il le disgracia dans h fuite, & l'obligea
que fon pcre avoit accordés à cette Corapagi
de fe fendre le ventre. L'année fuîvantc il déclara
L'an;
,

ssit,aKu^j^t^^i^^'i^*!rimmM,0i'i

DES EMPEREURS DU JAPON.

L'an 1611, le Dairî ipoufa la fîUe de Tldi Tada; D KWO Mio, on Go To Mio, fut quel-
& dcuï ans après, 3imitz, l'un des fils de Fide GO KWO qncs mois fans prendre le Titre de Mikaddo. La
Tada, étant venu à Miaco pour faluet le Diiti, MIO, troifieme année de fon Règne, il conféra celui de
Prince lui conféra k Titre de Sci Dai Stùgun. CXI. Dai. Nai Dai Nagon
à Jetzna, fils de
Dai Sea Kwo.ln dix-huitieme année de fon Règne, l'Empereur ijfiîruhs ou 'Jttaiti.l'O. Ce dernier vi-
fe démit de la Couronne Impériale en fiivcur de encore alors, &
ne mourut qu'enitfîo.Après
fa fille Nio Te ou SkoTe, 11 v^cut encore la mort il fut nommé DaijoiksimaouTai-
longtgms après fon Abdication. oiNsAMA. Jetznako, ce fils dont .nous ve-
lons de parler fucceda à l'Empire. L'onïic-
, lui
ae année du Règne du Dai Qo Kwc Mio
, le feu
nit à fon Dairi, c'ril à dire à foc Palais, en &
Cette Princeire monta fur le Trône en 1C30; &: onfuma une grande partie, avec plufieuts Tem-
itfjî mourut FiJe Tada, qui fut déifié aprcs pks Bc autres Edifices voiCns. Le Dai mourut en
SEO TE, moit Se nommé Tiiiikuia. Son fiis I j E T i b u- itî4, & lut entcnc avec beaucoup_de folcmnité
ex. Dai. > ou IjEMiTiKo, le mSmc que nous avons dans k Temple de Sin Oiift.

apptllé JcminL , M
fucceda.
La Religion Chtétienne avoit fait des pro5rès
erveiUaiy djiis 1'.: Janon. Pluûeuts de ces pttits
Rois dont nous avons "parlé Vavoient erabralTée, &
la faveur qu'ils avoieni accordée aux Mîilionnairef NiN, fon tioifieme ficre, lui fucceda la

avoit facilité la Converfion des Peuples, Le fang même année; & quelques-uns croycnt que ce tut
des Martyrs avoit fructifié. Les Jéfuites y avoient en ce tcms-lâ que l'on rouvrit les Ports du Japon
fait des fruits admirables. Jufquts-là il y avoit ef- aux Chinois, en leur rendant la liberté du Com-
perance , qu'avec le feras ce valle Empire feroit e dont' ils avoîrnt été quelque tems privés pjt
atnené à la Foi. Cette entreprife avoit été com- la" défiance de Sta'le. L'an 1657, il y eut un fu-
mencée dans les circonftances les plus favorables; rieux Incendie à la Cour de l'Empereur Jeit-aaka;
l'entrée du Japon n'étoit pas encore fermée les
: il continua pendant trois jours, réduifît en cen- &
petits Rois de cet Empire n'étoienC pas fi fort as- dies la plus grande partie de cette Capitale. Qua-
fujettis qu'ils k
font à piéfent les Japonnois joun-
:
tre ans après, celle du Dai eut le même fort; &
foient de la liberté de voyager d^ns leur païs & l'année fuivante, il y eut un tremblement de terre
fi terrible , qu'une Montagne de la Province
dans les païs étrangers, par-tout où leur fsntailie d'Oo-
ou les affaires de leur Commerce appdloient
les : mi , fur la Rivière de Kaizïra , fut engloutie il &
les Nations étrangères potivoiencjetter l'ancre dans n'en pas la moindre
reft-.i trace, ii iv'w mourut
tous les Ports: les Princes, avec qui les Pottugds après un règne de 9 ans.
trafiquoient, tàchoient de les attirer chcï. eux , &
il y avoir de l'emprefleraenc à leur faire des avan-

tages qui les ponafîent à s'y établir ; jchacun s'ef-


forçoit de les faire venir dans fes Ports. Ainfî ks
Ponuaais, recherchés detoutes parts, nég< 6Ci. K I N
S£ N ou T E I S E E M , ou fuivant fon
,

librement &
avantageufement par tout l'Empi KIN SEN, Titre entier, KiN Seo Tei, fon cadet, Kwo '

Les Japonnois, curieux comme ils étoicnt, cxm. Dji. le plus jeune des fils da Dai Sea Kwo Tei , 1

choient d'avoir à l' envi ces raretés étrangères, fucceda en 16Û3. Deux ans après on établit, da;
nen fâchant pas le prix réel, ils en donnoicnt tout les Villes &
dans tous les Villages de l'Empire, un
ce qu'on leur en demandoic. Les Jéfuites, qui Tribunal que l'on pourroit appeller Cnur des En-
accompagnèrent les premiers Portugais au Japon, quiits. Sa fonélion eft de rechercher quelle Re-
n'avoient pas moins à cœur k
Converfion. de ce: ligion , quelle Seâe , quelle Croyance chaque Fa-

Infidèles. Le grand nombre de nouveaux Chré- mille ou même chaque pcrfonne panicuUcre prO'

tiens fit un aui faulTes Religion!


tort confiderable tclTc. J'en ai parlé dans U Diflcrtation , auffi bien

de l'Empire. Les Bonï.es , à qui ils ne portoient que de l'Aéie d'abjuration de la Religion Chrétien-
plus d'offrandes, ne furent pas muets dans cette ne. L'année fuivante l'Empereur ordonna que la
,

occafion. Les Empereurs, attachés au Paganiimc Scélc Juijit Fuji, qui étoit une branche de celle de
commencèrent des Perfécutions pour arrêter ks Fokesju, fût abolie, &
défendit à tous fes Sujets
progrès de la Religion Chtctknne. Dans la feuk de s'y jamais attacher. Ceux de cette Seéle avoit:nt
année 1530 , il y eut 10170 perfonnes qui fouf- des idées fi ridicules de leur pureté de kut fain- &
Les Miffionnaires , dont on teté, qu'ils croyoicnt que le commerce des autre;
frirent pour la Foi.
avoit fermé ks Eglifes ne lailTerent pas de con-
,
hommes ks rendoit impurs fouillés. &
vertir dans ks deux années fuivanics liooo Infi-
La Ville de '^tdo fouffrit bcauiigup par le tu
dèles. On a foupçonné que le jeune Fidi-Jori, qui fembloit y avoir été mis à delTein , il fera- &
bloît que les Incendiaires en vouloicnt parricuHciC'
qui fut dépouillé par fon 'Tuteur , étoit Chrétien
auffi-bien que la plupart des Soldats & des Offi-
mentaux magafins des marchands, aux marions &
ciers de fa Cour &
de fon Armée. Le genre de où les foldats étoîent logés.
, qui fut
La fecherelTe

mort qu'il fe procura ed une preuve qu'il n'étoit trèsgrande , caufa une extrême famine, à laquel-
pas Chrétien, ou qu'il ne Vétoit tout au plus que le l'Empereur tSclia de remédier en faifant diftri-
de fpéculation : cette Religion ne permet pas buec à fes dépens du Ris bouilli aux Pauvres dans
l'honiidde de foi-raérae , à quelque extrémité tout l'Empire. Les grandes tempêtes, qui défok-
que l'on foit réduit. L'imprudence de quelques rcni la Ville d'O/acta &
plufieurs autrr- Lieux ma-
ririmes, furent liiivies d'inondations 6c d'une mor-
Portugais, Hck zèle indifacC de quelques MiQion-
naires ,donnèrent lieu à de nouvelles Perfécutions. talité fur les hommes &
fur le bétail. Peu de ti^ms

Taih Sfimn &


Jifit! fon fucceffeur , effrayés des
après, on s'apperçut que
cis inondations ces &
progrès de la Religion &
de l'union qui regnoit
'-—-
tempêtes avoient embaralTé le lit de la Rivière qu]
entre les Chrétiens, s'appliquèrent à les coule à OJacca on travailla à le nettoyer ,
: on &
entièrement, Enfinl'an i6n la Refigion y trouva une grande quantité d'or 8c d'argent, qui
tierement profqite dans l'Empire ; les Portugais apparemment y avoit été jette dans le tems des
furent bannis à perpétuité, &
tous les Ports fer- detnierrts guêtres- civiles. Le Palais du Daiii ne
fut pas cxcmi des Incendies: le feu ayant pris à
més à l'Etranger, excepté aux HoUandois qui con-
fetverent la permiifion d'avoir un Comptoir dans quelques Edifices, devint fi violent, qu'une grande
partie de h Ville de Miacii fut changée en un mon-
l'Ik de Difma. En 1638 le li Avril, on
rir en un jour 37000 Chrétiens; &
ce Maflacre ceau de cendres. Ce qu'il y eut encore de plus
trille , le feu gagna ks greniers publics 6c en con-
aboUt tellement la Religion Chrétienne dans l'Em-
pire, qu'il n'y refta plus que quelques Particuliers fuma plufieurs. Pour remédier aux fuites de ce
toujours expofés aux fuppliccs les plus barbares dernier maliKur, l'Empereur fit donner ou prêter

dès qu'ils étoîent dénonces ou feulement foupçon. une certame quantité de Ris à toutes ks familles
néç. L'an 1*41, il y eut une grande famine écuni
qui en avoient befoîn cet ufage le pratique fou-
:

mortalité d^ns le Japon. La PrincelTe S«o-Te aprèj


,
vent en tems de famine.
un Règne de 14 ans , fe démit de la Couronne en
faveur de fon frerc puîné, en 1Û43.

"^^
F

CHRONOLOGIE HISTORiaUE DU JAPON,

fon Rtgne, eut enco- ditde jouer d'aucun inftrument de Muiique, ou


La douiicme année de il

Pau- de faire aucune réiouilTance, pendant trois ans.


re occafion d'exercer fa libéralité envers
les
Le Dai Kiit Sm , après un Rcgne de 14 ans , ab-
vres, à roccafion d'une famine caufée par les pluyes
Jiiziah mourut le 7.4 de Juin diqua l'an 1687, en iâveur de fon filsKiw Sen
& par !a grêle.
ou KIN Seo KWO Tbi.
r68o, &
fut mis après fa mort au nombre des
Dieux & nommé G » n J o I n D e n. Son frère

Ts I N A J o Si Ko lui fueccda : on le nomme


suffi Tsji ou Ts
Le D»iri "l'honora enfuite d'un Titre plus étendu,
& nomma Sei Dai Seogun
le Nm Dai 1687: Ce Prince occupoit !e Trflne du Japon en i^sj,
SiN I Ukon Jeno So. En Tm 1683 mou- KIN SEO lorsque r/n4>Vîiff, âgéalorsde4î ans, jouïffoit

rut T o K u M A T I,unique deTsiNAjosiKC


fils
KWO. (ie l'Autorité Impériale. Les Annales du
Japon ne
U y eut CIIV. DiU viennent pas plus loin pour nous autres Euro^
& l'Héritier prÉfomplif de la Couronne.
''^^'"-
un deuil ordonné dans tout l'Empire, 8c ^"1 défen- pécns,

DIS-
t

O- 11

1
Le Roïatjme de SIAM avec les Royaumes q,ui :
Lt^ ÏSLUSVOÏSJ-N^s
^:T /ur Ls oh ser valions des JefuUez ùiy^fCZ for le Louis
Itav jiiv jn Qualité i^£ S£s .-^^

P
r soiJï Tributaires et les isi.es bb SomatraAndemaoîî*
latLUn-s ilinj les Iiuûs et À la C/iine . où l'on fait atmi Za. Jfimte qu'ils ont fcnïUj^ar U T-e/îroif- de l.i Sonate Tuscju aSikm .

ys''
'^'

/^'

tiW^
F
I

W^

(
,

i
193
4
DISSERTATION ^
j
i
11
SUR
ROYAUME
LE
DE S I A M.
«5^2*5gj?3^/5sli grand Royaume, fitué dans la fcs que Pourcelone, excepté les Cannes de fucre
l^S^êSt^ Pi-elqii'ile de l'Inde, au delà du & les Oignons. \LvAvi.Conrafema^o^\
eftà l'Orient

®, •^^ tS GolledeBengale,a ducôté du fur la frontière de Laos, abonde en Elefans, en


yl? l Sn Nord les Royaumes d'Ava &de Rhinocéros & de en bois d'Aigle,

là ^^ >© Pegu; à rOiient ceux de Cam- La Capitale


&
tout le Royaume, appellée Sïam
par les Portugais , fe nomme Sciajunthaia en lan-
jffl^îï^çagS^/!^ boge, de Laos, de Jangoma
KS^tteiSS'^SiS de Tango ; au Midi leGolfe de gue du pais. On en trouvera ci-après une Defcrip-
Siam, & celui de Bengale à l'Occident. 11 fe di- tion particulière. Cette Ville elt fur une grande
vife en douze Provinces, dont chacune a fon Gou- Rivière
appellée Menan, ou Mère des eaux, à qua-
verneur. Ces Provinces font Sciuteja , Ëankoc, tre journées de fon embouchure. Quelques Auteurs
Porce]one,Pitpri,Pitchai,Campeng,Rapri,Ten- prétendent que cette' rivière elt un bras du Gange:
nafierim , Ljgor, Cambari, Conrafema, &
Loucon- mais un Millionnaire qui l'a remontée julqu'à la
étroite; ^ les
fevan. Quelques-unes peuvent conferver le nom frontière de Laos, l'a trouvée fort
de Principautés ; mais ceux qui poffedent habitans du lieu alVurent qu'à trois journées plus
les

payent tribut au Roi deSiam,dont ils font iujets. haut, cen'cll plus qu'un petit ruilTeau quilort des
Ces Provinces portent ordinairement le nom de Montagnes. Prefque la moitié du Royaume elt
leurs Capitales. Les principales villes du Royau- peuplée de Pegons , qui ont
été pris à la guerre ;

me font , Temiafenm , Port de Mer vers l'Occi- ils font plus agiffans que les Siamois. II y a auili
J
dent, fept lieues avant dans la grande rivière don: beaucoup de Laos, qui étant à demi Chinois, font
nous parlerons ci-aprcs, à l'embouchure de la- adroits &
volent avec beaucoup de fineffe. Leurs
quelle le Roi de Siam a fait bâtir une forterelîc femmes font blanches, belles, &
ne font pas en-
dansunelleappelléeMergui. On recueille à Ten- nemies de la familiarité.
naflèrim du Ris & des fruits en abondance. >«- i'oui- ce qui ell des Siamois, ce font des peuples
celans, eltun autre Port de mer fur la même Cô- fort dociles, à qui leur naturel parelTeux, fainéant

te, qui abonde en Câlin & en Ambre gris. Ligor & timide donne ce caraftere, plutôt que l'envie
elt auffi un Port de Mer dans le Golfe de_ Siam, de s'inllruire& aucun penchant à la vertu. De là
où l'on trouve beaucoup de Ris, de fruits, de vient que les Talapoins acquièrent fur eux un fi
Calin & de Poivre. Titpriy autre Port de mer grand crédit, &que leur défendant de luer toute
a du Ris & des toiles de Coton. forte d'animaux, ils ne lailTent pas d'en manger
^aw^'of ,quiell la Clef du Royaume du côté de quand on les leur donne tout tuez. Cependant ils
la mer du Sud, a deux bonnes forterelles. Ce font fort chattes& n'ont quune femme ordinaire-
Royaume abonde en jardinages & en fruits, com- mejit.Les riches ont des Concubines qui font tou-
me Areque, Beiel, Cocos ,Durion , Bananes, Oran- jours enfermées. Le peuple elt bon &
fidèle, &roîi

ges &c. Pourcelone a beaucoup de dents d'Kle- ne trouve point de voleur parmi eux. llsfontpref-
lans.du Ris, du Salpêtre, des CornesdeRhinoce- que tous Maffons& Charpentiers, lis imitentpar-
ros, des peaux de bêtes îauvageSjCommeBufles, faitement les plus beaux ouvrages d'Europe endo-
Cerfs, Tigres &c. de la Gomme rouge, dont on rure & en fculp[ure;il n'y a que la Peinture à!a-
fait la Ciie d'Kfpagne, des Cannes de lucre, des
quelleilsn'ontpuencore parvenir. Ils font de très
Oignons , du Tabac , de la Cire , du Miel , des flam- beauxOuvrages de fcnlpture en chaux, avec une
beaux faits de poix et d'huile, duboispourlacon- eau tirée de Técorce d'un arbre , qui la rend fiforte,
fîruftion des vaiflëaux, du Coton &c. Camburï^ qu'elle dure deux cens ans fans fe gâter, expolee

qui elt luL- la frontière du Pegu , a les mêmes cho- aux injures de l'air. Les vivres font à bon marché
en
Ddd 1 ce

«-5
1
'

DISSERTATION
ce pais-U, & pour s'habiller, on fe fert de pièces
'

tes les affaires étrangères & desMagafmsdu Roi.


d'Etofte qui ne s'ulent pas fi aifément que les iiàbits. Le Ok-'ia-poUatef , qui a foin de fes revenus ; le &
La grande richeire du Roi de Siam coniilte en Ok'ia-Jomharat , qui juge toutes les affaires crimi-
ce que tous fes fujets font obligez de le fervir pour nelles. Les deux premières de ces Charges ont été

'rien toutel'annécà quelqu'ouvrage qu'il les veuil- long-tems fans être remplies fous ce règne, &;ron
le employer. Ainfi toutes les fois qu'il fort dans a cru que le Roi les voulojtfuprimer, parce qu'el-
ces beaux Balons , dont on trouvera une defcription les donnent trop d'autorité. Outre ces Digniiez,

r^ ci-aprè),
ne lui
ou y employé quinze mille rameurs qui
coûtent pas un fou. La môme chofe arrive à
le Roi a un Tréforier,queron nomme 0:é-i*û-/i2f-
di. Ceux qui poiîëdent cesgrandesCharges, don-

la grande chaiïc des Klefans, où il fe trouve qua- nent avec l'agrément du Roi toutes les autres qui
rante à cinquante mille hommesqui ne gagnent pas font dans le Royaume, & font relponfables des
davantage. Ses bâtimens fe fontfur le mèmepic, fiiutes qu'on y commet. Il n'y a de Dignités en ce

& il n'y a que dans le teras de la moiiTon du Ris, païs-Ià que pour ccuxqui fontaduellementaufer-
que les peuples ont la liberté de travailler pour eux- vice du Roi, les Enfans n'héritant point des Em-
mcmes. Il fe trouvepourtantquelquesCantonsdu plois de leurs Pères.
Royaume qui font exemts du fervice, en payant Les revenus du Roi confident en Eléfans, Câ-
une certaine fomme d'argent. De là il elt aile de lin , Plomb , Salpêtre , Ris, S: autres chofes de cette

juger que le Gouvernement eft Defpotique. Le nature. En tems de-paix, le Roi met fur fes fron-
Roi proprement le Dieu des Siamois. Perfonne
elt tières quelques petites garnifons, pour garder les
n'oferoit prononcer fon nom; & il châtie févere- paflages;& en tems de guerre, il fait enrôler tous
ment les moindres fautes, feii fujets étant d'un na- ceux qu'il veut, les fait marcher au rendez-vous,
turel qui veut ctre traité rudement. Leschàtimens & quand ils font en Corps d'Armée, il leur donne
ordinaires font des coups de rote, trente ou qua- du Ris [Jour fe nourrir. La Garde ordmaire du Prin-
rante félon l'éncrmiié du cas. On fait auffi couper ce conlifte en deux Compagnies de Cavalerie de
la tête avec un labre, Se quand on fait mourirun Mahometans, &
deijx de Chinois. L'Infanterie
homme, on ait^chc fa tête au cou des complices eff compofée de deux Compagnies de Siamois avec
& on la laifle pourrir au foleil. LapcineduTalion des fabres, de deux avec des lances, & de deux
y eit aulfi fort en ufage. Le fupHce ordinaire elf avec des moufquets. Il y en a autant de Pegons,
de condamner à la rivière qui cil: la même chofe
,
autant de Carabogiens,& autant de Laos. Onne
que la peine des galères parmi nous. Les Loîxdu ;
doute pas que le Roi de Siam n'ait un tréfor im-
Royaume ne font mourir perfonne. On condamne menfe en or, en argent, &
en pierreries, parce
feulementle^ criminels ou àlachaîne,ou àêirejet-; que tous les ans on y met quelque choie que ja-&
tés dans quelque lie deferte pour y mourir de faim.' mais on n'y touche, l'honneur des Rois conliftant
IVIais le Roi a feul le pouvoir de leur faire couper à l'augmenter de plus en plus. Un des grands reve-
le cou, ou il les abandonne à fes Elefans. ;
nus du Roi elt encore la fuccellion de fes fujets en
Autrefois, que les Roîs étoient toujours enfer- diverfes occafions, comme quand ils meurent en
mez, les Officiers avoient tout pouvoir mais le ; ;
faute, ou qu'ils ont malverfé dans leurs Charges;
Roi d'à préfent veut être informé de tout,_ & il', car alors le Roi confifque tout leur bien & fait
,

palTe tous les jours fix ou fept heures à divers Con- Efclaves leurs femmes & leurs enfans. Hors ces
feils. 11 au dehors, èL"s'ii trouve qu'on cas, les enfans héritent de leurs parens,
a fes efpions |
'
parta-^ &
lui ait caché quelque chofe d'important il en fait gent également quand il n'yapointdeTellament.
,

une iuflice févere. Les Officiers ou Mandarins s'af- Pour ce qui elt de la Religion des Siamois, elle
femblent tous les jours dans une faHe,qui elt dans eft fondée fur le Droit naturel, S: n'elf proprement
laCour du Palais. Chacun de ceux qui ont des Re- qu'un raïuas d'Hiiloires fans fin, qui ne tend qu'à
quêtes à préfenfer,fe tient à la porte, la requête à faire rendre des honneurs divins aux Talapoins,
la main, après quoi il entre & la préfente à ceux Ce font des efpeces de Religieux, qui obfervent,
qui font commis pour les recevoir. Les fc^trangers du moins à l'extérieur un genre de vietrès-autte- ,

s'adreffent au Barkalon, qui juge toutes leurs affai- re. Ils gardent un filence perpétuel font toujours ,

res, ou à fon Lieutenant. Celles qui regardent les apliquez à la contemplation des chofes divines, &
tailles &tributs font cxarninées par un Ofticier par- pafiênt parmi les Siamois pour de grands Saints. La
ticulier qui a droit d'en connoitre. Quand les affai- fin qu'ils fcpropofent dans toutes leurs bonnes œu-
res font difcutées,on le faitfavoirauxOtficiersdu vres ell une bonne tranfmigration de leur ame dans ,

dedans, qui enaverciffent leRoi. Alors Sa Majellé le corps de quelque homme riche ou de quelque
paroîtfurnn Trône élevé de trois braffes ;les Man- Roi, ou dans celui de quelque animal docile,
darins ie prolier r.ent la face contre terre devant lui; comme d'une Vache ou Mouton, qu'ils n'ofent
après quoi le Barkalon ou quelqu'un des premiers tuer, de peur de tuer leur père ou leur mère. Ils
Officiers raporte au Roi le jugement des prmcipaux admettent un Enfer 6c un Paradis, où les crimes
prorcs, que Sa Majellé confirme ou change félon font punis les bonnes aftions récompenfées, &
îa volonté. Quelquefois le Roi fefait raportercer- mais feulement pour un tems, après quoi les âmes
tains procès au dedans du Palais, &: fait écrire fon reviennent fur la terre. Ils difent qu'il y a dans

Arrêt, qu'il envoyé enfuite publier au dehors. l'Enfer des Anges adiuiniltrateurs de la Juftice,
k Il y a fept grands Officiers d;ins le Royaume: fa- qui ont foin de marquer exaélement toutes lesmau-
voir.le A^ahaomtfia-rat ,^u\ eff le premier après le vaifes adionsdes hommes, qui les examinent après
Roi,&quiadrou d'être afiis en fa préfence. Le leur mort, les en puniffent avec une extrême &
Chacri, qui règle les affaires de Guerre &
de JulU- fé\éritc. Ils fe perfuadent que ie premier de ces
ce. Le GeneraiilTime de Terre & de Mer, qu'on Juges a un livre, où la vie de chaque homme en
appelle •Aahutn. Le Ok.ïa-'ua}igy':{\i\zàans{or\ dé- particulier ell écrite: qu'il le relit continuelle-
partement toutes les affaires du Palais. \-.tOk-ïa- ment , &
lorfqu'il elt arrivé à la page qui contient
fra-clang^ autrement le Barkalon, qui afoin de tou- l'Hiltoire de cette perfonne , elle ne manque jamais
d'éter-
''<"

SUR LE ROYAUME DE SIAM. Ï95-

d'ëternuer c'eft-pourquoi ils fouhaitent une lon-


;
croyent qu'ily a eu dans les fiecles
En effet, ils

gue ik. heuieufe vie à tous ceux qui éternuenr. paflez un grand nombre de grands Talapoins, qui
L'Enfer, félon eux, elt divifé en huit demeures, par des mérites extraordinaires qu'ils avoient ac-
qui font comme huit degrtz de peine, & ils croyent quis dans des millierEdetranfmigrations,ioiit de-
qu'il y a un feu qui brûle les Damnez. Ils croyent venus Dieux l'un aprésTauirc que depuis qu'ils ; &
aufli des Démons ; mais ils n'en connoiiTent point ont été Dieux, ils ont
encore acquis de fi grands
d'ïlutrès que les âmes des méchans.quifortantde mérites, qu'ils ont tous été anéantis, ce quieftle
l'Enfer où elles étoient détenues, errent dans le terme du plus grand ir,érite,&la
dernière récom- I Hl
fatiguez
inonde pendant un certain tems,& fontauxhom- penfe de la venu, pour n'être plus fi fort

mes tout le mal qu'ils peuvent. Ils mettent encore en changeant fi fouvenc de corps. Mais par cet a-
au nombre de ces Efpiits malheureux , les enfans néantilîèment , ils entendent feulement un état per-
manent, où ils feiont comme endormis fans rien
tnort-nez, les mères qui meurent en couche, ceux
qui font tuez en duel, ou qui font coupables de fouffrir^&c'eit en quoi ils font confiUer leur félicité
éternelle. Ils croyent quele monde s'ell fait par lui-
quelque autre crime de cette nature.
Ils fe Hgurent de même huit diiferensdegrezde
m.ême, &
que depuis fou commencement, il s'eit
bé,uimde dans leCiel. llsymeitentlamêmechofe écoulé un nombre prelqueinfini d'années:qne les
que fur la terre , des Rois , des Princes , des riches, homme naiftent & meurent plufieurs fois; que ceux
des pauvres, des Souverains & des fujets. Ils afTurent qui font à prélent , font les mêmes qui ont déjà étéî
qu'on y fait la guerre, qu'ony donnedes qu'il n'y en aura point d'autresàl'avenir ;& qu'en-
bataillesi

que'le mariage même n'en elt point banni. Ils hn le Monde finira pour recommencer
dans la fui^
& ,

les parties d'un autre Monde fe-


difent que dans la première, la féconde, & la troi- te, quand toutes
Lesfciaroois,]esPe-
ficme demeure les Saints peuvent avoir des Enfans; ront difpoféesàfe raflembler.
que dans la quatrième, iln'yaplus ni concupifcen- gons les Lacs , , &
les Cambogiens fui vent la même

ce , ni mariage ; & que la pureté augmente enfin Religion , &


depuis la mort de Ckodom, leur der-
toujours jufqu'audernierCiel, qui elt proprement nier Dieu, mort félon eux depuis
xii9 ans, ils
ItTaradis^ appelle en leur langue Nirup-fan._ s'apliquent particulièrement à ces trois chofes:
A l'égard àé'Dieu, i's en croyent un, mais ils l'une, à bien garder les
commandemens que cet
quitousfontfondez
n'en ont pas la même idée que nous. J'arcemotils homme leur a laiiïez par écrit,
entendent un Eireparfait àleur manière, compofé fur la Loi naturelle; la féconde, à fairefaïredes fi-
& de corps, dont le propre elt de fecourir gures qui le repréibntent; i^la troifieme,à bien
d'efprit
les hommes. Ce ftcours confilie à leur donner une nourrir &
loger leurs Prêtres, qu'ils difent être
qui font
Loi, à leur prefcrire les moyens de bien vivre, à les DifciplcsdeCkodom. Les Talapoins,
leur enfeigner la véritable Religion , &
les Sciences ces Prêtres, ont loin d'entretenir les peuples dans
un
qui leur font nécefl aires. Les perfeftions qu'ils lui ces fentimens, en s'aiiirant leur confiance par
vie des plus réglez.
attribuent, font l'aitemblage de toutes les vertus extérieur modcfte,&un genre de
morales,poncdéesdansundegrééminent,acquifesj Ils ne font ni orailon ni facniîce; i!s chantent feu-
entremêlées
par pluiieurs aftes, & confirmées par un exercice lement quelques Hilloires fabuleufes,
à
continuel dans tous les corps par où il a paiTé. Ils de fentences. Quand ils prêchent , ils exhortent
i

le croyent exemi depaflions , mais ils alfurent qu'a la pratique de la vertu, fur-tout à faire &
l'aumône
que d'êtie arrivé à cet état, s'elt fait par auxTalapoins, parce qu'ils nelbni point fondez,
vant il

fon extrême aplication à vaincre fes pallions , un &


qu'ils n'ont point de rentes. Ils paroilTent fort
changem.entfiétrangedansfon corps, quefonfang favans dans leuis Sermons, quand ils citent quel-
anciens, écrits en
en elt devenu blanc. Us lui attribuent le pouvoir de ques pacages de leurs Livres
paroître quand il veut, & de fe rendre de même tangue B«/;,qui elt comme le Latin parmi nous.
invifible aux yeux des hommes, avecuneagiliiéli Ils vont tous les
malins fe préfcnter devant la por-
furprenante, qu'eu un moment il peut le trouver te ou le balon.des gens qu'ils
connoilTent, fe tien- &
modcftie, fans nen
en quelque lieu du monde qu'il lui plaît. Ils ont en- nent là un moment en grande
core pluiieurs autres opinions ridicules fur la Divi- dire, avec un éventail a la main qui les empêche
nité, qu'il feroit trop long de raporter. de voir les femmes. S'ils voyentqu'onfedifpofeà
Leur Loi, au fTi bien que la notre, elt comprife leur donner, ils -attendent quelque tems^finonils

en dix Commandemens. Mais elle elt beaucoup plus s'en vont ailleurs, julqu'à ce qu'ils ayent trouve
fevère; car pluiieurs chofes quiparmi les Chrétiens fuffifamment dequoî les nourrir durant la journée.
ne font que de perfection & de confeil paffcnt , Us peuvent manger tout ce qui leur elt offert , pou-
parmi eiixpour des Préceptes indifpenfables.L'u- les, canards, & autres viandes qu'ils n'oferoient

fage de toute liqueur capabled'enyvrerleurellin- tuer. Us font habillez de jaune, la tête les four- &
terditi leur elt pas mêmepermisdeboiredu
U ne cils rafez, &
!e poil de la barbe arraché avec des

vin, quelque befoin qu'ils en ayent , &


ils font ex- pincettes. Ilsontlaliberiédequitterquand ilsveu-
trètnement l"candalifez,lorfqu'iis en voyent boire ! lent l'habit de Talapoins ,& peuvent fe marier.
à des Prêtres Chrétiens. La raifon pour laquelle il 1 Au relte,les Monalleres de ces Talapoins font
ne leureltpaspermis non plus de tuer lesaniraaux.jcomm^ autant deSerainair^es oùlaJeunefT'eeftele-- -

eit que, vivant comme nous, ils fontfenfiblesàla vée. On y met


tous les enfans de qualité dès qu'ils
••
' -
• •

douleur , & que puis que nous ne voulons pas qu'on font capables d'initruilion , tandis qu'ils yde- &
nous faffe aucun mal , il n'elt pas raifonnable de leur meurent, ils font affujettis àunetrèi-féveredifci-
en faire. Pour la même raiibn ils font obUgez d'e- pline. Leurs règlemens particuliers confiftent à
xercer la charité non feulement envers les hommes, porter «n habit jaune, à le rafer la tête & les four-
mais auflî enverslesanimaux,& de les affilier dans cils , deux fois tous les mois, àmangerfeulement
leurs befoins. Voilà les choies que leur enfeignent deux fois le jour, le matin & à midi , à
n'avoir
les Talapoins , qui font regardez parmi eux com- commerce avec aucune femme , à ne jamais chan-
'

ter de chanfons, ne jouer d'aucun inftrument, a


me les vrais imitateurs de Dieu. à
Tom.F. Eee f^ir

i
à,

I
ir J96 DISSERTATION SUR LE ROYAUME DE SIAM.
fuir les I^eflacles & les léjouïfTances publiques, le où Roi donne fes audiences.
le Le Trône où il
ne point ufer de parfums ,ànepoint aimer l'argent fe met n'ell proprement qu'une grandefenêtreéle-
j

qu'ils ne doivent pas même toucher, à ne prendre vée de fept à huit pics au-deffus
d'une eftradequi
pas plaifir à goûter ce qu'ils mangent , enfin à ho- répond au milieu de la fale
où il ell attendu. A
norer les Prêtres, i leur céder le pas,& às'aireoir droite & à gauche font ordinairement
deux grands
toiijours au deffoub d'eux. Voilà fous quels règle- parafols d'une étoffe d'or à fept ou huit étages,
mens les TaUpoins font vivre leurs dilciples qui dont les bâtons font d'or maliif, & fi
, hauts qu'ils
accoutumez dès l'enfanceàregarderleursIVlaîtreE touchent prefijtie au plancher. Dans ccitefale
l'ont
comme des Saints, confervent toute leur vie ce pré auŒ d'ordinaire les Princes, les Minillres & les
jugé, dans lequel ils élèvent à leur tour leurs en Mandarins du premier ordre, prollernez contre
fans. De-là la grande confiance qu'ils ont en eux terre lorfque le Roi paroît. Sa venue ell annoncée
qui leur fait regarder comme des oracles tout ce par le fon des trompettes, des tambours, & de
qui leur eft annoncé de leur part. Cependant il pa- beaucoup d'autres inflrumens & c'ell alors que le
;

roît par plufieurs circonftances de la Religion de Trône S'ouvre, & queleRoiypaioîtaflis. On ne


ces peuples, que l'Evangîleyaéié annoncé autre- le voit que depuis la ceinture, le reile étant caché
fois; mais qu'il a été altéré &
corrompu dans la par le rebord de la fenêtre.
fuite par l'ignorance &
les vifions de leurs Prêtres
y a trois fortes de Princes à la Cour de Siam;
Il

Quantau rétablifTement de la Religion Chrétien- Lfs premiers font les Princes du Sang Royal de
ne en ce païs-là, le plus grand obfiacle qui s'y trou- Camboje & des autres Royaumes tributaires de
ve , vient du grand crédit & du pouvoir qu'y ont biam. Les fécondes font les Princes de Laos,
de
aujourd'hui les Mahometans. lln'ya rienqu'ilsne Chiamay &
de Banca,qui ont été pris à la guerre,
mettent en pratique pour y introduire leur Sefte & quelques autres , qui le font rais volontairement:
pernicicufe. 11 n'yapasmémelongtemsquele Roi fous la proteflion du Roi. Les troificmes fontceux
de Siam fut follicité à embralTerle Mahometifme, que le Roi a élevez à la qualité de Princes. Le
par tjne AmbaiTade folemnelle delà part de laRei- rcfpcCt qu'ils onttouspour leurRoi,vajufqu'àra-
ne d'^cheti qui règne dans l'un des plus confidé
, doration. La poilure oùilfautétre en fa préfence
râbles Royaume de l'Ile de Sumatra. Le Roi de en ell une marque, &
dans le Confeil même, qui
Golconde, aufli Mahometan, a fait depuis peu la dure quelquefois plus de quatre heures les Minif- ,

même chofc; de forte que le zèle de ces Princes ti es fe tiennent toujours prollernez
devant le R.oi.
voifins ell un grand obltacle à la propagation delà Quand ce Prince fort, tout le monde doit fe reti-
Foi Chrétienne en ce pais là. Cependant les Mif rer, &
perfonne n'ofe fe trouver dans fon chemin,
iîonnaires n'ont pas laiffé d'y faire de grands pro- que ceux qui en ont un ordre exprès. Il faut excep-
grès, non feulement à Siam, mais dans les autres ter de cette règle les jours de Cérémonie
où le
Provinces, où ils ont baplifé plulieurs perfonnes Koi veut fe faire voir àfon peuple. Il tient tous les
des plus coniidérables de la Cour. Le Roi lui jours divers Confeils, dont aucun des Confeillers
même témoigna au commencement delà Miflion ii'ofe s'abfenter peur quelque raifonquecefoit.Et
quel(}ue inclination à ie faire Chrétien, Il deman- s'ilfurvient à quelcun d'eux uneaftaire ou une
ma-
da à être inllruit de nos Myllercs , qui lui furenr ladie, il doit avant l'heure du
Confeil demander
expliquez en langage Siamois ; mais ces dilpoli- permiflion au Roi de ne s'y pas trouver.
tions, (i favorables es en apparence.
apparence, ne produiiirent Daiis le Royaume de Siam . les
^ ^^ Frères du Roi
aucuneflèt ;& l'Eiprit deUituqui l'oiiilequandiijfuccedent à la'Couronnepréfér'a'b]
ementàfesEn-
veut&où il veut, après avoir permis que ce Prin- fans; mais elle revient à ceux- ci a-.près la mort
de - -

ce fût éclairé à moitié des véritez de l'Evangile leurs " "


Oncles.' -
Celui
,
qui regnoit lors du dernier vo-
'

l'a laifle fur le relie dans fon ancien


aveuglement! yage des Eranfois en ce païs-là,avoit deux frères
Pour dire maintenant un mot du Palais de ce qui vivoient avec lui dans Ion Palais.
Uavoitauiii,
Prince ,c'eft un Edifice quia beaucoup d'étendue, félon la coutume des Orientaux,
un fils adoptif qui
mais dont l'ArchiteClure n'a rien de régulier. C>e l'accompagnoit par-tout,
font de grandes Cours entourées demuraillesavec de grands honneurs.
auquelilfaifoitrendre &
La Princefl[é fa fille unique
des Corps de logis, où l'on voit d'un côté les apar- avoir fa Cour
tement —
f cw...... j — r-,ii;_: j.. n _: s., j .. ^ ,
&fonCon(cil,compofezdcs femmes
desOfficiers duRoi,&der8utre un grand des principaux Mandarins. Elle
n'étoitauffifervie
nombre de Pavillors où font les Elefans. On &
y que par des femmes; nul homme ne l'a jamais
voit aulii beaucoup de Pagodes grandes & petites, vue, ni en public ni en particulier. Quand elle for-
dont l'irrégularité ne lailTe pas d'avoir quelque a- toit fur fon Elefant,
elle étoît enfermes dans une
giément. Il faut traverfer cinq Cours, avant que efpece dechaife,oùellenepouvoit être vue
cte per-
d'arriver au pie d'un efcalier, qui conduit à lafc fonne.

VUS

FIN 7) V TOME CI N§ V I E M E.
:>ô";"a««*M».a»' * !=ii^: -ï«^

«7

-:-f^^:
*a-

Vue ^^description delaVillkde Siaa/i:,des1'agodes,di:sTala]


CES ANIMA^JX, AVEC XES HABILXEMENS T
DE LA MANIERE DE DOMPTKR

'H

T'a J

Roy Monte sur sov Elilthant Maniele de montel

^ , /
\i .. ,, , , .

et ^>te- ^ ULct / / etir

mal se ai^icAt, a éemii sur ù ^


^ auf Con peut m^itr^
Ji,rte
^ fo^n^ej
it^ s*tr u-Ns ^àj t)e

& ani-^ff
au ancA x^«^. ti an- t.

.^senÊr^ -É^tj quoi /-&i-


ai se r^àress%Kt~ ii,n'pe^ c<fn
t le tems ce s Asseoir evtnmc
n ent cans ui ûAatjs an, il
rte sur te ^1.5 On. peui m.
: e serj pt e ScAetoX corn nte
aueiatttj u^us /^nt,. pour se
mettre à ^Aaatdîi' ûe itlepA^/.
Cùstpcur ÙLSû/n,mottte' dea S'-
fixtnçtn, g u.i né sont pas eic--
imez a ctiS ant/natuc, ait
1 1
et cej eÂaijeiS sur leur

sei/it, ^xt^^te &


(^ci . ?nmU»n.t- sur lé. e^n, a> l^ tx-ftilucse/tt a^
if mê'm*s,àtneins au^'iû n'at^^nJr àuLçu^^rre^ Caraùfrj.o
^eux,3^t&urs .^cTitr cu^n. ejtr iur^ cou itl'autrt ju-r
.

aiti p/usiitir'J ^
m^mfHéii /teftnent afift' *« tettrfr ifuaw le
tr£
^roupt. Oe S£l£v£arU, S ?na^arin/armt 'lùiit taa^ eu
»3.. ?n les ùtuse aprvab^ Se ^^e^
'è'téne.e^P&cecèfai'eùt zst su^u dû:s dt £i'£èis.X'Sù:i'na<
f jitoui'ou- se ou^ser .Un. éfC a __ e/ùaue-nl auelçiuâjois st
S^c'ciati %t^u£ (Jtet. _5 cm
i trëit ^u- et t''f~ntj^ ta à ojsù; mttU ilpe.
»i/j e ^%sant uj dents >,/int J
icpùùc te ceac^tt^re, sar'Cé' ccn de eet ofitt/uu. gi
_ _ £n^ je/rn au
itarrù'efoxie/aMifcnJ zÂi

^^ ^ Be TalapoiHi

o if enr- 'ertu ^it Met


Udi^ ao i.n£- aéi.ndain.t lentr-
iionas^v^ i^n^ autant 'ae- Je
t/iiiires ca utjetin^Jst- tst ece^es On,
metivus tej enfofi^ ce ouaMte ^lea
l 'iù s/mt capables- ûlinstrueiien *- iitn,

dû Jdi 'ils ^ dtnttu-rtntfOa. ifcr fiiit J^


yra -fe^rt ^fe'rem^-nt- .^ ri^le ce^
^
,

"^It^ûina tst te it renû^re à^uj


mt^H^t^lt elettx.^M oai^ fy^z
rs ^rière^. t'èti-e efiti&it.nttntr'
fés ce ne /^ueAtr /Ofiuiù Ct ^miiU.
Le &4i/r ffor^r /aifuils juic a feu/t

ene-enirt i-^ane (fer rttt-j . eu ma-t


/i les yeu^ âak'ssts te- sang tour^i
/j iete io ecpûf-t^r- itnljours lùit e
iaL ^oui^sj c^u.i'rir It J^atfe te «
T^ Me. e au.m4>nAï >c ee n'atte^u,' t.

aux poKiei' â/u.'auteini ce turiiS au ut.

1*
<.tl
:*' -Si
MS OU Reli&ieux dk ce des Balons du Roi &r de sksElephans pais,
BES AtANDARIMS QUE DV PEUPLE Q UELQUESJ^LTI jUE S_ni^JMjj tC

>v>>
il

\ '\

fi
r-?'

dï aroj.s,e'U.r k Je /a
re^p^n^ ce
jt'aifT parties K. ékiiirtt

£ 1 ^n3 e&pfrU-% ûj^lU de %

dej arandi ^puj- a*/.


tUenl; ^u'ûn. /ew en-An'^ /nâca^r à à/ua i^aai&tu- ecitt'Ui^i
,

iina.^itiiMl-atic/aaeifu s^wi^t^ AtriuM offui àjr^ '^ ^«.•^r^s'àc/eux.^uir-y-


Ui^ sûâit. K en an^^ue a'eu au.' i£ je> imtn'àrU-, C'asl. à m '^e

^£ auteur «M-SLc <^«^ à fuaJrc m C4ti^j>cu % 'iuta^ ifj u^ Pcrf iM(*w Se


p'i& ff^retendcrUr, um- t^mJde ipt^M'^/tte ^ou/r- ^r-t^ei ,i-j

rW-Ar, juTur a/£er à- ck. dt^isCÙnt. le sur- iotti-pcar ^iii l'e


^rnriu^iHU: 'è^&rens eé^a^£c.oertaut,fiaat&n>2à>^daM^de^1terreie^eecAA}se
;

/'Atï^n£ %senJir maû.3-a,ù ^estcelhc-ntiêéele var-


,
cM~/iLe-z ambme- les C^ùùua Oiiy Ure. eiuu*U de àairu ^
i^ma ^^^u^j^tse^ àe. ea^;> i

^
.

ptisenéf' li Def£tK /é^TAe' à ùfuj c n\ jiii /eut


j^iTù!*?* ihi^n^^otifgeoiiftei/ é/sy-^fM JîutJaffesj-a^cc é7tu4: Par eedJrtur O/m^^ui^ ^
t..
X

n" n t U Cuf ^ats ^u> /(utnit •f /^rt /a /^/. , / rï'a.f/^^iû -fi ^M^ /'^ft Jea leu-i^-iis K des nùts i^ ^iMfii^ i^ sont âcan^izXtacA(:z. m

Habits des Siaanoi*

its ne & t^ &^*-ef^ dof an


-.
tmr A ;&«^/^ /^^.
ont. «ï jerrtenù; iù aii ^icj
-J

Ml
,

^"ft^jfetf;^.

i
1 îl

i
'.û^JÊÊt.
u
-:-'4i

i
••^ti,'"' .'ly:^
*>-
./

kl

1>
h-
t «I

s\
P.

' 'i't

I
'
I


M^

Vous aimerez peut-être aussi