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Mémoires présentés par divers

savants à l'Académie des


inscriptions et belles-lettres de
l'Institut de France. Première
série, Sujets divers d'érudition

De l’aimant, de ses noms divers et de ses variétés suivant les


anciens
Thomas-Henri Martin

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Martin Thomas-Henri. De l’aimant, de ses noms divers et de ses variétés suivant les anciens. In: Mémoires présentés par
divers savants à l'Académie des inscriptions et belles-lettres de l'Institut de France. Première série, Sujets divers
d'érudition. Tome 6, 1e partie, 1860. pp. 391-411;

doi : https://doi.org/10.3406/mesav.1860.1038

https://www.persee.fr/doc/mesav_0398-3587_1860_num_6_1_1038

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MÉMOIRES PRÉSENTÉS PAR DIVERS SAVANTS. 391

DE L'AIMANT,

DE SES NOMS DIVERS ET DE SES VARIÉTÉS

SUIVANT LES ANCIENS1,

PAR TH. HENRI MARTIN.

---
i.aïQn»! -----

L'aimant était bien connu des Grecs dès le temps de Tlialès;


mais les Grecs et les Romains ont donné à ce corps plusieurs
noms, et ils ont appliqué ces noms à des objets divers. Il est
important de démêler dans leurs écrits ce qui se rapporte à
l'aimant, et ce qui se rapporte à d'autres corps. Cette discussion
intéresse l'histoire de la physique et de la minéralogie, en
même temps que les études archéologiques, philologiques et
lexicographiques.

magnete plane diverso ; Delaunay, Minéra¬


logie der Alten , 2terTheil, 4le Abtheilung,
Anhang vomMagnet;\e même, Uebersicht
der alten und neuen Mineralogieg p. 201 et
suiv. ; Buttmann , Bemerkungen uberdieBe-
nennungen einiger Mineralien bei den A lien ,
inχ1"801Solinum,
&uiv.
Dissertation
les
Mémoires
Commentationes
lydio
Comm.x
DeMagneteanciens
série,
Voy.Saumaise,
1-1808),
(Utrecht,
veterum
11 ,t.deDe
lapide
ont
historique
p.etLapide
IV,
l'Académie
Comm.
ηηίι
1689,
cru
Theophrasteœ
recentiorum,
p.Theophrasti,
Exercitationes
6deetheraclio;
ιetνin-fol.
6-634);
suiv.
l'aimant
critique
etdesvi
) avin
elsect.
; Comm.
inscriptions
,Falconnet,
recentiorum
Schwarze,
p.(dans
sur
De (Gorlitz,
Plinianœ
1398
Lapide
ceetvm
qae
les
11el,; vorziiglich des Magnetes und des Basaltes
( Muséum der Alterthumswissenschaffl , t. II,
p.Humboldt
io2-io4);
sur l'invention
Klaproth, deLettre
la boussole,
à M. deet
Mauricius Pinder, De Adamante, S 1 7 (Ber¬
lin, 1829, in-8°).
392 ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES.

Le principal nom grec de l'aimant était ΧίΟος ήράκλει<χ] .


Un autre nom, μα γνητίθ XiOos , devenu plus tard dominant,
fut donné à ce corps dès 1 époque de Platon; mais ce fut peut-
être seulement à cause d'un malentendu; du moins, il paraît
certain que Platon3 s'est trompé en croyant reconnaître l'ai¬
mant sous ce nom dans un passage de YŒneus, pièce d'Euri¬
pide aujourd'hui perdue, et cette erreur a été reprochée à
Platon dans l'antiquité même V En effet, dans trois vers de
YŒneus, conservés par Suidas5, Euripide parle d'une fausse
apparence, qui, pareille , dit-il, à la pierre μαγνήτ ts, séduit d'abord
l'âme , puis la rend à elle-même. Suivant la remarque d'Hésy-
chius et de Suidas, adoptée avec raison par Buttmann6, ceci
doit s'entendre d'une substance qui trompait l'œil au premier
proème , p. 4 > d'Ideler ( Phys. et med. gr.
minores ); Proclus, Sur le traité en quatre
livres de Ptolémée, I, 3, p. 20 (Leyde,
i653, in - 1 2 ) ; Simplicius , Physique ,
f. 3 1 6 6 Aid. (p, 45i de Brandis) ; Jean
Philopon, De l'Ame, I, f. 27«(éd. gr. de
Venise); Théophylacte , Dialogue, p. 11 ,
et Lettre XXVI, p. 46 (éd. Boissonnade);

.
Photius , Questions amphilochiennes, q. 1 3 1 ,
etc. Pour la forme μαγνησσα, voyez saint
Grégoire de Nazianze, Poëmes, Prières à
p.t.De
liv.
Ptolémée,
de
traité,
tions
nov.
Médicaments
1.Des
Dioscoride,
Alexandre
siques
gel;
c. 9Ii;*123,
livres,
in-12); 1Berlius
80
687,
;laThériaque,
, Parties
VI,
Médicaments
collect.
liv.
Galien,
Voy.
Alexandre
p.amphilochiennes
c;p.1,2;
et g3,l.
1.Photius,
VI,
t.morales,
de
Théophraste,
12
Platon,
i3
III,
Plalon,
Géographie
, d'Aphrodisias
souffrantes,
etp.Proclus,
deSchneider;
simples
Des
et
Matière
53Traité
p.Mai,
3x5,1.
1(de
i4
;AàFacultés
II,
p.3i5
Lexique,
simples,
;Pison,
Ion,
Ion
,(éd.
Des
94
Tralles?)
,astrologique
1.23,
liv.
,q.médicale,
Commentaire
4i
,liv.
VII
1,(éd.
, p.gr.
Des
Parties
1.(éd
IX,
Lucien,
p.i3i
,t.naturelles,
I,53533
p.liv.
2,533
Π,Leyde,
Questions
Pierres,
gr.
i36
125).
t.gr.
;,S58,
p.(Script,
p.Problèmes,
III
souffrantes
d;
II,
d;de
3IX,
95,
de
454;
1en
v,
,et,Images
p.Galien,
Timêe
Spren-
p.Bâle);
Bâle)
quatre
sur
i653,
liv.
1.t.i48;
Ques¬
S25g,
123;
phy¬
211
48
vet.
Des
II,
4,
ce
I,,; la Vierge, v. 583, et à Némésius v. 198;
le faux Orphée, Des Pierres, Χ, ν. 3o2 et
320, et Tzetzès, Chiliade IV, hist. i38,
v. 4oo, et Chiliade VI, hist. 66, v. 621.
Pour la forme μαγνησία , voyez le roman¬
cier Achillès Tatius, I, 17, et Suidas, au
mot H ράχλεια.
3 Ion, p. 533 d, e.
Voy. Suidas, au mot 0ρά«λε<α, et Hé-

sychius , au mot Mayvffris.


5 Au mot ήράκλε«α.
6 Mus. der A Iterthumswissenschafft , t. II ,
p. 5-17.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS PAR DIVERS SAVANTS. 393

abord par sa ressemblance avec l'argent, et séduisait ainsi


pour un instant ceux qui se réjouissaient de l'avoir trouvée :
cette substance non magnétique, bien connue des anciens et
nommée par eux μαγνητις λίθος \ est probablement une es¬
pèce de talc2, corps lamelleux, blanc et brillant, composé de
silice, de magnésie et de protoxyde de fer, avec quelques
traces d'alumine et d'eau. Quoi qu'il en soit, comme ce même
nom, appliqué à l'aimant, semblait indiquer que l'aimant de¬
vait se trouver en abondance à Magnésie, comme d'ailleurs
on s'imaginait que les mots λίθος ήράκλεια, signifiaient pierre
d'Héraclée , et comme il y avait en Lydie deux villes nommées
Magnésie, et sur les confins de la Lydie une ville d'Héraclée,
on appela aussi quelquefois l'aimant pierre de Lydie , λίθος λυ$ία
ou λίθος λυ8ική 3. Un autre nom plus usité de l'aimant était
celui de pierre de fer, σιδηρίτις λίθος11. Enfin Aristote et d'au¬
tres auteurs5 l'ont appelé quelquefois simplement ή λίθος , la

scholiaste
ken;
cod.
aux
Suidas
p.Lapidibus,
Magnete
Théophraste,
moins
zinc.
par
Avhixyf
ch.696,
31422-24
mots
LXii,
Voy.
Voyez
279,
Hésychius,
Helladius,
,dede
aulapide
etΊΛαγνήτις
Théophraste,
Schneider;
de
et
p.Yv.mot
et Beckmann,
un
Plutarque,
vraisemblance,
Etymologicum
Questions
Platon,
529,
290,
102-104,
t. vers
Ηράκλεια.
Theophrasti
IV,
dans
aux
de
,p.Ηράκλεια
p.ion,
attribué
Diogenianus,
Bèkker;
43;
platoniques,
mots
Photius,
54i.
Sur
Des
sur
etp.Magnum
Buttmann,
}Schneider,
i38,de
Pierres
Marbode,
que
Isis
Schwarze(De
ήράκλεία
etàHésychius,
pense,
Α,υΙιχή,
etSophocle
Biblioth.
c'est
dans
vu,
au
, S avec
Ruhn-
Osiris,
mot
l.sur
4De
7;
leetc.i, philoch.
Strabon,
Simplicius
roastre,
sycliius,
au
I,Sextus
pas
thète
De
d'un
gène
attribué
Thèmistius
p#Brandis)
d'Aphrod.
sim, 510,
motMayv-ns,
30
l'Ame,
unVoyez
etc.
ouvrage
donnée
de
SEmpiricus
nom
q.226,
(Paris,
dans
àDémocrite
;au
XV,
Laërte
Clément
1,Quest.
1,2;
,Aristote,
3Phys.
motHpà«As<a;
Physique
1àp.les
deattribué
.ι,ce
Le
i64i,
263,
l'aimant,
(V,
rx°phys.
leGéoponiques
(etf.corps.
Contre
mot
d'Alexandrie
Photius,
38,
titre,
1par
26)
,Physique,
53de
f.in
etàσβηράγωγος
lep.Aid.
63Fabricius)
Aristote
-fol.);
les
et
Περί
mor.
même
mais
7θ3
Aid.
YEtym.
grammairiens,
d'un
Questions
,; XV,
leτVIII
II,,Alexandre
(p.
rjsStrom.
de
faux
une
par
ouvrage
(IX,
a3,
ι"λίθου,
452
Magn.
, ,Cas.
;n'est
dans
Dio-
pas
Hé-
am-
épi-
Zo-
10
4);
de;
II

Sav. étbang. Iie série, t. VI, I" partie. 5o


394 ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES.
pierre par excellence. Ce cinquième nom de raimant en grec
n'a pas besoin de commentaire. Mais revenons en peu de mots
sur chacune des quatre premières dénominations pour en
examiner le sens, l'origine et la légitimité.
D'abord, les mots λίθος ήράκλεια, signifient-ils réellement
pierre d'Hèraclèe? Platon1, Elien2 et Diogenianus3 paraissent
avoir cru, d*i moins, que ce nom avait pour cause l'origine

locale d'une
ment de l'aimant,
ville consacrée
qui, suivant
à Hercule
eux, devait
et nommée
venir principale¬
à cause de

cela Hèraclèe; car c'est évidemment pour cette raison que ces
trois auteurs appellent aussi l'aimant λίθος ήρακλεώτις ou ήρα-
κλεώτης. La plupart des anciens, entraînés peut-être par l'au¬
torité de Platon, ont pensé comme lui sur ce point, et ont
cru que l'aimant venait surtout d'une ville d'Héraclée en ïonie4,
c'est-à-dire d 'Hèraclèe près du mont Latmus 5, en Carie, sur les
confins de la Lydie.
Quant à la dénomination de λίθος μα,γνήτις ,pour en rendre
compte, les uns disaient que l'aimant avait été découvert pour
la première fois dans le pays des Magnésiens6; d'autres di¬
saient qu'il l'avait été par un berger appelé Magnes, qui
s'était aperçu que la pointe de son bâton ferré et les clous de
ses chaussures se collaient à cette pierre7; c'étaient des por¬
teurs de pierre magnésiens qui avaient découvert la propriété

5 Voyez Ptolémée, Géogr. V, n, S 9.


6 Voyez Lucrèce , De Rerum natura ,
VI, 907-908, et YEtym. Magn. au mot

au
maise,
suiv.
in-fol.)
the,4321mot
même sur
Ion
Nature
Dans
Voyez
etmot,
ϋ,ράκλεια
Exerc.
Y, p.Iliade
p.le398
jElius
des
535
scholiaste
et Ρ, les
animaux
II
etlin.
; c.Hésychius
,Dionysius,
756
suiv.
auteurs
inSolinwn,
;dePhotius,
,(Utrecht,
X,
Platon
cités
eti4.
dans
Suidas
p.par
, l.774
Lexique
Eusta-
1698,
c., auet,
Sau- 7 Voyez Nicandre dans Pline , XXXVI ,
i6,sect. a5,n0 127, t. V,p.348, de Sillig;
Isidore de Séville, Origines, XVI, li, et
Vincent de Beauvais, Spec. nat. VIII, 9,
p. 5θ2. (Douai, 1 6 \U , in-fol.)
MÉMOIRES PRÉSENTÉS PAR DIVERS SAVANTS. 305

de l'aimant, suivant Photius1: «car probablement il y avait,


dit-il, de cette pierre à leurs chaussures, et en marchant len¬
tement sur une terre qui contenait du minerai de fer, ils sen¬
taient une certaine pesanteur et une certaine résistance, parce
que les fragments de pierre d'aimant s'attachaient au mine¬
rai 2. » Les auteurs qui attribuent cette découverte à un certain
Magnès ne s'accordent pas sur le lieu; Nicandre et Pline disent
qu'il la fit en Troade; Isidore de Séville dit que ce fut dans
l'Inde, et Vincent de Beauvais3 cite Nicandre en faveur de
cette dernière opinion, mais en ajoutant qu'on trouve aussi
de l'aimant ailleurs y notamment en Espagne.
Voilà bien des versions différentes destinées à expliquer le
nom de μα,γνητίς λίθος donné à l'aimant; mais la variété de
ces versions n'est pas du tout une raison de croire que cette
explication soit vraie. Il paraît beaucoup plus probable que,
si l'on nomma l'aimant μα,γνήτις λίθος , ce fut à cause d'une
erreurd'une
suite que nous
confusion
avons entre
montrée
l'aimant
chez Platon,
et une autre
c est-à-dire
substance
par

nommée réellement μαγνητ ις λίθος. Cette confusion elle-


même vient sans doute en partie de ce que le vrai nom grec
de l'aimant, λίθος ήράκλεια,, avait été considéré comme signi¬
fiant pierre de la ville d'Hèraclée près du Latmus en Carie , de ce
que cette ville était regardée autrefois comme une ville de la
Lydie ionienne4, enfin de ce que Magnésie du Méandre et
Magnésie du Sipyle étaient des villes lydiennes, dont la pre¬
mière était même peu éloignée d'Héraclée. Ce fut sans doute
pour cette même raison qu'on eut quelquefois le tort de don-

nov.
surde
nous
21 Lcoll.
Quest.
'Etym.
adeconservé
decelte
amphiloeh
Mai,
Magn.
anecdote.
une
1. 1,.(au
p.q. 125).
transformation
i3i (Script,
mot Maywpris)
vet.
ab- (Douai,
χλεια.
43 Spéculum
Consultez
16 1Λ, naturelle,
in-fol.)
Hésychius,VIII,
5oau. 19,motp. Ηρά-
5o2 '
396 ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES.
ner aussi à l'aimant le nom de λίθος λύδια, ou λυδική, nom
qui est celui d'une autre pierre.
Mais, suivant Sotacus1 de Caryste, l'un des plus anciens
écrivains grecs sur la minéralogie2, le territoire de la ville
ionienne de Magnésie ne fournissait pas de véritable aimant
capable d'attirer le fer. Il n'est donc pas étonnant qu'on ait
cherché hors de l'Ionie d'autres villes nommées Magnésie ou
Héraclée, pour y placer avec plus de vraisemblance la patrie
principale de l'aimant3, et qu'on ait eu recours à la fable de
Magnès, berger de la Troade ou de l'Inde. D'autre part, il est
certain que le nom de λίθος λνδική ou λυδή était celui de la
pierre de touche4, nommée aussi χρυσϊτις, ou βάσανος, ou
βασανίτης 5, et que le nom de μαγνητις λίθος désignait, comme
nous l'avons vu, une substance non magnétique, qui avait
quelque ressemblance avec l'argent. Tout cela doit nous ins¬
pirer bien de la défiance contre la pensée de trouver dans le
nom grec de l'aimant l'indication du pays d'où l'on tirait ce
minerai. Voyons donc s'il n'y aurait pas quelque autre explica¬
tion du nom de λίθος ηράκλεια, nom qui, pris pour un nom de
patrie ou du moins pour une indication de la patrie de ce corps
merveilleux, a pu donner occasion aux deux autres noms.
Pline6 fait évidemment allusion à une étymologie fort na¬
turelle, d'après laquelle l'aimant serait la pierre d' Hercule , ainsi
Onomasticon, liv. VII, sect. 102 ; Hésychius,
au mot Χρυσίτηδ, et Pline, XXXIII, 8,
sect. 43, n° 126, p. 1 10.
s Voy. Buttmann, l. c. [Mus. der Alter-
nius
VEtym.
349

5,
16,4381i46,
p.sect.
,Voyez
Dans
Dyscolus,
de
687
Magn.
t.Sillig.
25,
V,
,Pline,
Sotacus,
Théophraste,
Pline,
dep.nos
auSchneider;
Hist.
355,
l. XXXVI,
128-129,
motc.dans
mero.
n°MacyvrçTts.
de 128,
Sillig,
Des
Pline,
p.Julius
ch.20,
Pierres,
t. xxxvi.
348-349
V,
etsect.
XXXVI,
Apollo¬
Pollux,
p. §§348-
38,
, 4-
et thamsivissenchafft , t. II, p. 52-102), qui
explique par quelle confusion le nom de
βασανίτης , légèrement altéré , est resté au
basalte,
6 XXXVI, 16, sect. 2 5, n° 127, t. V,
p. 348.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS PAR DIVERS SAVANTS. 397

nommée à cause de la force qu'elle exerce sur le fer. Cette


étymologie est énoncée la première par Γ Etymologicum Magnum 1
et par Photius2, qui cependant ensuite se décident tous deux
pour une autre étymologie moins vraisemblable. Aux rai¬
sons données par Buttmann3 en faveur de cette explication,
j'ajouterai les faits suivants, qu'il m'a paru important de
réunir. Gomme Y Etymologicum Gudianurn1* le dit fort bien, l'ad¬
jectif ήράχλειος signifie d'Hercule 5 et est dérivé de Épa-
κλέους, génitif de Ηρακλή. C'est ainsi que le nom ήράκλεία,
commun à tant de villes, signifiait qu'elles étaient consacrées
à Hercule. C'est ainsi qu'une des bouches du Nil était nom¬
mée par les Grecs ήράκλειον στόμα, bouche herculéenne 6, et
que l'hiéron d'Hercule à Gadès était nommé par eux ήρά-
κλειον1. D'ailleurs, on ne trouve pas dans les auteurs grecs un
seul exemple du mot ηράκλειος, signifiant d'Hëraclèe. Le mot
grec usâva κες désigne une plante qui était réputée propre à
guérir tous les maux ; dans Théophraste, le τΰάνακες ήράκλειον
est le panacès d'Herbule, comme le τζάνακες άσκληπίειον est le
panacès d'Esculape, et comme le τδάνα,κες γειρώνειον est le pa¬
nacès de Chiron*. Au contraire, quand Théophraste veut dési¬
gner des végétaux qui croissent à Héraclée, il se sert toujours
de l'épithète ήρα,κλεώτης οιιήρακλεωτικός9. Il cite des plantes
nommées ou surnommées ήράκλεια,10 ; il ne dit pas qu'aucune
d'elles soit originaire d'une des villes nommées Héraclée ; il

p.Sturz.
654321248,
Voyez
Au
L.
Aux
Questions
c.1.mot
mots
p.37.
10Sophocle,
YEtym.
Μαγνήτιε.
Ai-45.
etamphilochiennes
Èpàxkeios
suiv.
Gud.
Trachiniennes,
et p.au52j,1.
et mot
, Τq.aXdtéios
i3i.
NëiXos,
29,
v. 5i.
de, Des
p.Dioscorid
12,55g,
109s7 169,
SOdeurs,
Voyez
Voy.
Ibid.
Hist.
5, de
p.170
e,I,Théophraste,
des
309;
Strabon
Sprengel.
10,
%etMatière
pl.
5a,§6,
1IX,
72IV,p., , i5,
III
àcle
3médicale,
7&o,
aHist.
, SCas.
,S; 5,III,
51 2,p.de
des, n"
p.6,3ι4·
Schneider.
pl.S1IV,
334
5,IX,
,Comp.
p.5; ,67,
IX
8111.
6 ,;
398 ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES.
donne la patrie d'une de ces plantes, et c'est l'Arcadie1, où
il n'y avait point de ville de ce nom. Mais, dans ces plantes,
il signale, soit la force et la grandeur de leur tige, soit des pro¬
priétés énergiques. La même remarque s'applique évidem¬

ride3,
ment auet àτΰάνα,κες
Xheraclium
ήράχλειον
de Pline4,
de dont
Théophraste2
une variété
et seulement,
de Diosco-
Xheraclium heracleoticum, venait d'une ville nommée Hèraclêe.
Le λίθόσπερμον se nommait aussi ήράκλει α, à cause de la dureté
de ses graines, disent Dioscoride5 et Oribase6. Un des noms de
l'épilepsie était ήράκλειος νόσος , ou ήράκλειον, maladie hercu¬
léenne , cest-à-dire maladie très-forte , contre laquelle il est difficile
de lutter, suivant l'explication d'Orion de Thèbes7et âe YEtymo-
logicum Gudianum8. L'épilepsie se nomme aussi ή μεγάλη νόσος,
la grande maladie 9, et Galien 10 dit expressément que le nom de
maladie herculéenne exprime la même idée. L'éléphantiasis se
nommait aussi ήράκλειον, parce que, dit Aretée11, il ri est point
de maladie plus grande ni plus forte. De tous ces rapprochements
je n'hésite pas à conclure que λίθος ήράκλεια, nom grec de
l'aimant, signifie pierre d'Hercule , c'est-à-dire pierre très-forte ,
qui dompte le fer. Cette explication, pleinement justifiée par
les faits lexicographiques qui viennent d'être énumérés, pourra

8 AumotÉ7riX>7/a,p. 20 1,1.2-3 de Sturz.


9 Voyez Hippocrate, Épidémies, liv. II,
p. 1047 B (· F°ës, Genève, 1622,
in-fol.) ; Galien , Comm. sar le liv. VI des
Epidémies, t. V, p. 523 ( 525), 1. 5o et suiv.
i.ASpengel.
de Sprengel.
ιθόσπερμον.
3o-3i,
7654321 Sillig.
XX,
Hist.
Ibid.
AMat.
Collections
la 17,
de
méd.
des
suite
1 1,Sturz,
sect.
pl.
S médicales
III,
3,IX,
III,
de69,
p.YEtym.
i48
48
n°3o4-3o5.
i5,(i58),
177,
,(55),
Sliv.Gud.
5,t.p.XI
III,
p. 3i4.
,488
p.au
3g6
p. 634,
334,
mot
, de (éd. gr. de Bâle), et Palladius, Sur le
liv. VI des Epidémies ( Sckol. in Hippocr. et
Galen. éd. Dietz, t. II, p. i65).
10 Comm, sur le liv. VI des Epid. t. V,
p. 523 (52 5), 1. 5o et suiv. (éd. gr.de Bâle).
11 Des Causes et des signes des maladies
chroniques, II, i3, p, 178 de Kuhn.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS PAR DIVERS SAVANTS. 399

paraître encore confirmée par l'explication d'un autre nom


grec de avoir
semble l'aimant,
attaché,
λίθοςauσώηρϊτις,
moins subsidiairement,
pierre de fer, nomune
auquel
signifi¬
on

cation analogue.
Ce n'est pas que nous partagions l'opinion de Delaunay \
d'après laquelle les anciens auraient complètement ignoré que
l'aimant fût un minerai de fer. Cette assertion est trop faible¬
ment appuyée par ce seul fait, que Pline, après avoir parlé de
l'aimant à propos du fer, annonce qu'il remet à en traiter à
la place convenable , c'est-à-dire parmi les pierres 2. On sait trop
bien quelle est la bizarrerie des classifications minéralogiques
de Pline, qui, d'ailleurs, est loin de représenter fidèlement
toute la science antique. Mais cette même assertion est contre¬
dite par un fait significatif et par des témoignages positifs
d'auteurs anciens. Le fait dont je veux parler, c'est que le nom
de σώηρϊτις était donné par les Grecs au minerai de fer non
magnétique3, aussi bien qu'à l'aimant. Passons aux témoi¬
gnages qui tranchent la question. On lit dans Y Etymologicnm
Magnum k et dans Photius 5 que ce nom a été donné à l'aimant
à cause de son action sur le fer, ou bien à cause de la ressem¬
blance de son aspect avec celui du fer, ou bien, dit-on, parce
que l'aimant a été trouvé primitivement dans les mines de ce métal.
Jean de Lydie6 assure que le fer extrait d'une mine d'aimant
possède lui-même la propriété magnétique. Alexandre d'Aphro-
disias7 dit que l'aimant paraît n'être autre chose que la terre

4 Au mot Mαγνήτιε.
5 Questions amphiloch. q. 1 3 1 , p. ia5,
de Mai.
Abtheilung,

sect.
Julius
321147,
Voy.
Mineralogie
Voyez
25,
Pollux
t.t.Hésychius,
V,V,
Pline,
Anhang
,p.p.Onomast.
186.
der
348
XXXIV,
Allen
vom
Comp.
au
deliv.
Sillig.
mot
Magnet,
, VII
2tor
i/j,
XXXVI,
StStypîrjs,
, Theil,
segm.
sect.
p. a45.
4a,
16,
99.
l\u
et 6 Des Mois, III, 20, p. Δι, et IV, 11,
p. 58, deBekker.
7 Questions physiques et morales , II, 23,
p. i4o-i4i, de Sprengel.
400 ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES.

qui donne le fer ( yrj σιΒηρϊτις) , mais desséchée et durcie par le


temps ou par quelque autre cause, et que le fer s'élance vers
cette terre, sans doute pour y trouver la nourriture qui lui
est propre. Voilà donc l'aimant expressément reconnu pour
un minerai de fer par un auteur ancien très-renommé. Les
anciens connaissaient les propriétés styptiques des oxydes de
fer; les médecins grecs vantaient surtout pour cet effet l'ai¬
mant et l'hématite 1 ; l'admiration superstitieuse pour les pro¬
priétés magnétiques de ces deux oxydes pouvait bien être
pour beaucoup dans cette préférence. Dioscoride2 dit que les

pharmaciens
naient d'artificielle,
grecs, àendéfaut
soumettant
d'hématite
l'aimant
naturelle,
à uneenchaleur
obte¬

convenable. Si donc la dénomination de pierre de fer, σιδηρΐτις


λίθος , donnée à l'aimant, était motivée en partie, comme le
disent Pline3 et Y Etymologicum Magnum11, par l'action de ce
corps sur le fer, elle pouvait l'être en même temps par la re¬
lation, connue ou du moins soupçonnée, de ce même corps
avec le minerai de fer, appelé également σώηρϊτις.
Mais je pense qu'on attachait encore une autre idée à ce
nom de l'aimant. En effet, Dioscoride5 applique ce même
nom de σιδηρΤτίς à trois plantes qui, toutes trois, se distin¬
guent par des propriétés énergiques, et dont deux se nom¬
ment à la fois σώηρπις et ηράκλεια 6. Il est donc probable que

2 Ll. ce. p. 6j 2 et 81 4. de Sprengel.


3 XXXVI, 16, sect. xxv, n° 127, t. V,
p. 348 , de Sillig.
4 Au mot M.ayvîjtis.
5 Matière médicale , V, 33-35, p. 53o-
Matière
ri1 enfantent
de
(p.Des
dre
lection
et 481Psellus,
121-123
Foës
de
Voyez
Médicaments
) , ρTralles
médicale
· médicale
8(Genève,
pas
1 Des
2Hippocrate,
(éd.
et, , liv.
Pierres
8gr.
liv.
,latine
1simples
4V,
11662,
,deBâle);
VII
de
sect.
,i43
,Sprengel
d'Henri
ch.
,p.Des
in-fol.);
5,liv.
a(11111p.44)
6Femmes
Dioscoride,
et686,
IX,
de
Estienne,
; xiv,
Galien,
Alexan¬
etlat.1.Col¬
ιίχη
qui
4o
II, 53 1 , de Sprengel.
6 Comparez Oribase, Collections médi¬
cales , liv. XI, au mot ÈA|/vj7, et Paul
d'Égine, De la Médecine, liv. VII, au mot
Έλζίνη.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS PAR DIVERS SAVANTS. 401

ces deux noms désignaient métaphoriquement la force, dont


Hercule était le symbole et dont le fer était l'emblème x.
Suivant Buttmann 2, les deux noms primitifs de l'aimant en
grec ont dû être λίθος ήράκλεια et λίθος μαγγανήτις, ou plu¬
tôt μαγγάνευτις , noms caractéristiques, signifiant l'un pierre
d'Hercule , l'autre, pierre qui fait des prodiges; on aurait trans¬
formé par erreur ces deux noms en des noms de pays, et le
second, appliqué successivement , comme le mot μαγνήτις lui-
même, à diverses substances, et conservé dans le langage po¬
pulaire, serait resté définitivement au manganèse3. Cette hypo¬
thèse de Buttmann, vraie en ce qui concerne le mot ήράκλεια,
est contestable, mais non dépourvue de toute vraisemblance,
en ce qui concerne le mot μαγνήτ ις. En eiFet, nous verrons
qu'un corps non magnétique, qui paraît être un oxyde noir
de manganèse, était considéré comme une variété femelle.de
l'aimant, et que Pline attribue à l'aimant un des usages du
manganèse. Il n'est donc pas impossible que le manganèse ait
gardé en propre un nom antique et populaire de l'aimant.
Cependant nous persistons dans l'explication que nous avons
donnée plus haut pour l'origine de ce nom de μαγνήτις λίθος
appliqué à l'aimant; mais il n'est pas impossible d'y joindre
l'explication de Buttmann, si on la trouve acceptable. En effet,
on peut supposer que l'erreur de Platon, qui croyait trouver
l'aimant, sous le nom de μαγνήτις λίθος , dans un passage
d'Euripide, où en réalité il est question du talc, vient de la
ressemblance de ce nom avec μα,γγάνευτις λίθος , l'un des
physiques chez les anciens , chapitre sur les
attractions magnétiques , ïre partie , vers la
quelquefois
oracles
cette
aérolithe
1 Le
pierre,
nom
et etfaisait
ànommée
de
non
une
σώηρΐτις
d'autres
unpierre
aussiétait
aimant.
qui
prodiges;
létyle,
donné
rendait
Je traiterai
était
aussi
mais
des
un fin , en note, et chapitre sur les aérolithes.
2 L. c. p. 46-5 2. Comparez p. 29.
3 Voyez Buttmann, l. c. p. 25-26, et
cette question dans une Histoire des sciences p. 47-52.
Sav. étrang. lre série, t. VI , Impartie. 5;
402 ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES.

deux noms antiques de l'aimant, appliqué ensuite spéciale¬


ment au manganèse, dont l'oxyde noir était considéré comme
un aimant femelle et sans force; et l'on peut dire aussi que
le mot μαγγάνευτις a. pu se transformer ainsi d'autant plus
facilement en μα,γνήτις, parce que Magnésie du Méandre est
une ville voisine d'Héraclée du Latmus, et parce qu'une fausse
interprétation du nom λίθος ηράκλεια avait fait considérer à
tort cette ville d'Héraclée comme la patrie principale de l'aimant.
Quoi qu'il en soit , plusieurs auteurs grecs 1 défendent de
donner à l'aimant 1(3 nom de μαγνητις λίθος, parce que ce nom
appartient à une autre substance, qui imite l'argent; mais,
en blâmant
ces auteurs la
l'application
constatent.que l'on faisait de ce nom à l'aimant,

En effet, ce nom grec de l'aimant, avec la forme masculine


μάγνης, ou μαγνήτης3, autorisée par le double genre du
substantif λίθος \ et employée en effet par quelques auteurs
grecs, est devenue magnes , nom habituel de l'aimant dans la
langue latine5.

zianze , Poésies , Contre une femme trop parée,


v. 97, etc.
3 Pour la forme μαγνήτης, voyez Jean
de Lydie , Des Mois, IV, 1 1 , p. 58 , de Bek¬
ker; Psellus, Des Pierres, p. 52, de Ber¬
nard , et le biographe anonyme d'Alexan¬
dre , cité par Saumaise , Exerc. Plin. in So-
lin. p. 775 (Utrecht, 1689, in-fol.).
ler;
phyre,
bliothèque
Hésychius,
et
mation
1puis
Tralles?),
leuse,
(Ulreeht,
dans
ker
l'Iliade
, 10,
1 ; Apollonius
2Αυΰιχ-ή
Pour
Voyez
Sextus
yElius
Photius,
p.S,deDe
23,
a63
II,,Lucrèce
Problèmes,
1767,
laetcod.
Dionysius,
Helladius,
aux
p.Emp.
l'Abstinence
,756;
forme
Suidas
de
10g,
cod.
Dyscolus
27g,
mots
in-4°)
Fabricius;
Contre
, saint
2De
de
, 23II,
μάγνης,
Μαγνήτις,
au
p.;Nat.
Westermann;
dans
,,l'évêque
,5g,
IV
mot
les
Grégoire
p.529
Histoire
rer.
,Alexandre
grammairiens,
Eustathe
21p.Photius,
ήράκλεία.
voyez
30,de5,
VI
70,
Ηράκλεια.
Diodore
Bekker;
de
,p.merveil¬
v.'affir¬
de d'Ide-
907,
,Bek¬
Por¬
372
Sur
(de
Na-
Bi¬, 4 Pour la forme ή pàxketos λίθος , voyez
Plutarque, Questions platoniques , VII , 11,
et pour la forme ήρακλεώτης λίθος, voyez
Elien , Nature des animaux, X , 1 4.
5 Voyez Lucrèce, VI, 906-1087, pas-
sim ; Cicéron, De Divin » I, 3g ; Varron , De
Ling. lat. VIII, 62 ; Pline, XX , sect. 1 , n° 2,
t. III, p. 288; XXXIV, i4, sect. 4a,
MÉMOIRES PRÉSENTÉS PAR DIVERS SAVANTS. 403

Pline1 indique, comme synonymes latins du nom magnes,


les noms heracleos et sideritis, qui ne sont que la transcription
latine de deux noms grecs de l'aimant. Mais ailleurs, trompé
par un passage de Théoptiraste 2 mal compris3, et peut-être
aussi par le nom de Xidos XvStKt} donné quelquefois à l'ai¬
mant4, Pline dit5 que la pierre de touche ( coticula ou lydias
lapis) se nomme aussi lapis heraclius . Jamais ce nom de l'ai¬
mant n'a été donné par les Grecs à la pierre de touche.
Ce n'est là, de la part de Pline, qu'une confusion de noms.
En voici une autre qui porte en même temps sur les choses
et qui sert à expliquer le nom français de Y aimant.
Pline confond un peu l'aimant et le diamant. Pour mieux
concevoir l'origine de ce malentendu assez étrange , dont
l'exemple avait peut-être été donné au compilateur latin par
quelque auteur grec aujourd'hui perdu, remarquons d'abord
que le mot grec άδάμ,α,ς ( indomptable ) a une signification ana¬
logue à celle que nous avons constatée pour l'aimant dans le
nom Ηράκλεια et soupçonnée dans le nom σι8ηρΐτΐζ, et qui
pourrait même se trouver dans le nom μαγνήτις, s'il fallait le
considérer comme résultant d'une altération de μα,γγάνευτ is.
Ajoutons que le nom à cause de sa signification
même, a été appliqué par les Grecs, d'abord au plus dur des

1 XXXVI, 16, sect. 25, n° 127, p. 348,


de Sillig.
2 Des Pierres , S 4·
3 Buttmann et Schneider ont montré
que Théophraste a -entendu séparer dans
IT
lin,
fol.)
p.dien,
16287
Epist.
De
Séville,
4oa
37i;
i47-i48;
et
civ.
; c.Ausoiie,
26,
cl.
, lu,
Magnes
(2e
de
Dei,
Orig.
I,XXXVII,
édsect.
Sillig
p.de
Ep.XLV,
XXI,
;t.XVI,
Moselle
59Rigault)
V,; Silius
a5
Tertullien,
d4,
p.et4,
4(Utrecht,
,66,
i4
et
6186-187;
v.sect.
Ital.
;20.
; saint
et3i
saint
p.Adv.
7;III
1i5,
348-349
-3Ambroise,
,Augustin,
Isidore
1689,
1265
XXXVI,
7 n°; Clau-
Hermoq.
; 61,
So-
in-
de
et cette phrase ce qui se rapporte à l'ai¬
mant et ce qui se rapporte à la pierre de
touche.

4 Voyez plus haut, note 3 de la p. 393.


5 XXXIII, 8, sect. 43, n°i26, p. 110,
de Sillig.
5i .
'404 ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES.

métaux qu'ils connaissaient \ puis au diamant2, puis aussi à la


jusquiame3, à cause des propriétés énergiques de cette plante.
Ce même nom aurait donc pu, par analogie, être attribué aussi
à l'aimant; bien que nous n'ayons aucun exemple grec de cet
emploi. Mais ces remarques nous aideront à comprendre com¬
habituel
ment il du
peut
diamant
se faireen que
latin,chez
commence
Pline leà s'étendre
mot adamas,
à l'aimant
nom

par un mélange des propriétés des deux corps. Cette confu¬


sion avait-elle été commise, avant Pline, par quelque auteur
grec? ou bien Pline, ce compilateur sans critique et sans
exactitude, y a-t-il été conduit par quelque fausse interpré¬
tation d'un texte grec mal compris? Nous l'ignorons. Ce qu'il
y a de certain, c'est que Pline4 attribue à Y adamas une puis¬
sance supérieure à celle de l'aimant lui-même pour attirer le
fer. Ce prétendu diamant magnétique, de même que Yandro -
damas de Sotacus et de Pline5, ne peut guère être qu'un ai¬
mant naturel ou artificiel. Cette même confusion explique
peut-être pourquoi Pline donne à une pierre, qu'il range
parmi les diamants6, le nom de sideritis, qui appartient à

les autres auteurs cités par Pinder, et de


plus Pausanias, VIII, 18; Héron, Pneum.
p. i46, de Thévenot; Théophylacte , Dia¬
logue, p. 18, de Boissonnade, et les notes
de Boissonnade sur ce passage , p. 1 98 ,
sur les Héroïques de Philostrate, p. 432 , et
sur Planude, Métum. d'Ovide, p. i63.
Hésychius
Hésiode,
siode,
des
Comp.
in-fol.),
trœge
part.
hist.
Théogonie
Œuvres
litique,
De 31 Adamante,
poètes
Voyez
rei
Voy.
I,ad
zur
p.metall.
etp.h.3o3
p.Saumaise
JuliusPollux,liv.
,grecs;
jours,
Bouclier,
,Théophrasle
8Gesck.
II.763
v.aux
1-83;
d,etSvet.
16
εPlaton,
ν.6etmots
une ; , der
ï,et
Hérodote
p.Schneider,
1 773;
Exercit.
46
v.16.
multitude
6,171,
Αϊ>άμα$
Erfindungen
; ,128,
leTimée,
etDes
Beckmann,
scholiaste
surtout
VII
,188
Plin.
VII
Pierres,
137
etde
Analecta
p.,segm.
,Κέντρον
5et1passages
et,(1689,
Pinder,
4g r>1d'Hé¬
t.S239;
241
,;Bei-
99;
Po¬
etc.
1 V,
9ad; 3 Voyez Apulée, De Virtutibus herbarum ,
c. iv, et le scholiaste interpolateur de Dios-
coride, Matière médicale, IV, 69, p. 56o,
de Sprengel.
4 XXXVII, 4, sect. i5 , n° 61, t. Vs
p. 4 02 , de Sillig.
5 XXXVI, 20, sect. 38, n° i46, p. 355.
6 XXXVII, 4, sect. i5, n° 58, p. 4oi
.
m

MÉMOIRES PRÉSENTÉS PAR DIVERS SAVANTS. 405

l'aimant 1. Elle explique peut-être aussi pourquoi Solin 2 et


l'évêque Marbode3 disent qu'une espèce d'adamas se trouve
dans les mines de fer. Enfin, c'est peut-être par suite de cette
même confusion que saint Augustin4, Isidore de Séville5 et
Marbode6 donnent pour patrie à l'aimant l'Inde, qui était celle
du diamant. Il est vrai que cette opinion peut se lier à cer¬
taines fables sur des montagnes magnétiques situées, disait-on,
dans l'Inde ou dans les îles voisines, et dangereuses pour les
navires où il y avait du fer 7 .
Quoi qu'il en soit, au moyen âge, le mot latin adamas , sans
cesser d'être le nom du diamant 8, désigne aussi l'aimant nar
turel ou artificiel, ou du moins le diamant considéré comme
jouissant des propriétés magnétiques au plus haut degré9. En
même temps, on conservait le mot magnes pour désigner,
d'après l'autorité de Pline, un aimant moins fort quel 'adamas10.
D'un autre côté, le mot altéré diamas s'était déjà introduit
dans la langue latine du xme siècle , pour signifier le diamant
comme distinct de l'aimant11; tandis que le mot a damas, dont
c. lxxxix , p. 1 106 , de Bongars ; Albert le
Grand, De Mineralibus, II, 1 , 1, etc.
9 Voyez Marbode, l. c. ν. 4θ; Jacques
de Vitry, l. c. Albert le Grand , De Mine¬
rai. II, 3, 6 ; le traité anonyme DeNat. rer.
cité par Vincent de Beauyais, Spec. nat.
457)
servations
sect.
d'autres
pas
1689,
705432Vil
parmi
De
J'en
Polyhistor,
Origines
65donne
in-fol.)
est
Gemmis,
civitaté
etpierres
parlerai
etles67,
vrai
,théories
ce
diamants.
XVI,
r Dei
nos
c.que
précieuses
même
S dans
,lii,
1,176
19,4·XXJ,
Pline
v.des
v.mon
p.nom
et291.
3g.5g
4·182,
anciens
qu'il
[XXXVII,
ded. p.(Utrecht,
chapitre
sideritis
riesur
455
range
Ob¬
io,
les
età VIII, 4o; la Vita S.Walrici abb. num. 10
.

(Bolland. april. t. I, p. 1 g ε) , etc.


10 Voyez Marbode , l e. S 1 , v. 4 0-42 ·,
et S 19, v. 293 ; le faux Aristole, De Lapi-
dibus , dans Vincent de Beauvais , Spec. nat.
VIII, 19; Arnold, DeLapidibus, ibidem,
VIII, 34 ; le traité De Nat. rer. ibidem , VIII ,
attractions et les répulsions magnétiques , 4o; Albert le Grand, De Miner. Il·, 2 , χ 1,
ire partie. et II, 3, 6;; Phys. VIII, 2, 5; S. Thomas,
8 Voyez Marbode , De Gemmis , S ι , v. 2 4 Phys. VII, 3, etc.
et suiv. Jacques de Vitry, Hist Hierosol. 11 Voyez Albert le Grand , De Miner. II ,
m ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES -LETTRES.

on avait perdu l'étymologie grecque, et que l'on considérait


sans doute comme équivalant au participe présent du verbe
latin adamare 1 , était traduit dans la langue romane par le mot
aywanP, participe présent du verbe aymerpet'· ce èaot aymant
désigna
ou tous d'abord
les deuxtantôt
confondus
l'aimant
ensemble3.
véritable, Puis
tantôt
le lemot
diamant,
aimant

a été restreint peu à peu à désigner la substance que nous


nommons ainsi et qui attire le fer. Enfin ce mot, réduit
à cette signification précise, a fait oublier son rival, le mot
magnète, nom spécial de l'aimant dans s la langue romane4, et
dérivé de magnes, nom ordinaire de l'aimant dans la langue
latine5.

Il nous reste à dire quelques mots sûr les variétés réelles


ou prétendues de l'aimant, suivant les anciens. Le vieux mi¬
néralogiste Sotacus, et Pline® après lui, en distinguent cinq,
dont les unes sont! mâles et les autres femelles. Suivant eux,
il y a des aimants blanchâtres, qui ont peu de force attractive;
ce sont probablement des minerais de nickel ou de cobalt. En
Troade, il y en a de noirs, qui sont du sexe féminin et qui
n'attirent pas du tout le fer; ce sont probablement des oxydes

proth, Lettre sur la boussole, p. 15-17).


C'est un mot grec, qui signifie la petite
de
Ménage
mans
Beckmann.
ι, '1etBeau
Voyez
ledutraité
vais
au
poëme
laCarpentier,
mot
, vieille
DeAimant.
Spec.
de
Nat.
nat.
traduction
Mârbode,
rer.
auVIII
cité, l\ù.
mot par
p.Adamas,
en 102
Vincent
vers, ro¬
de
et grenouille verte nommée rainette (voyez
Pline, XXXII, 10, sect. 42, n° 122, t. V,
p. 42-43 , de Sillig) : par suite d'une mé¬
taphore facile à comprendre, ce nom a
été appliqué à l'aimant, à l'époque où,
5 Voyez du Gange et Carpentier, au mot pour trouver le nord , on a commencé à
Adamas, et Ménage, au mot Aimant . employer en Europe une aiguille aiman¬
4 Voyez la traduction romane du poëme tée posée sur un corps flottant. (Voyez
de Marbode, p. 116, de Beckmana. Foumier, Hydrographie, XI, 1, et Kla-
5 Dans la langue grecque moderne , en proth, l. c.)
italien et dans divers dialectes européens , 6 XXXVI, 16, sect. a5, noa 128-129,
l'aimant se nomme calamité (voyez Kla- t. V, p. 348-349 , de Sillig.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS PAR DIVERS SAVANTS. 407

noirs de manganèse. De même, l'espèce de magnes qui, sui¬


vant Pline l, entre dans la composition du verre, ne peut
guère être qu'un oxyde de manganèse2. En effet, le manganèse
est encore employé aujourd'hui dans la fabrication du verre3.
Quant aux espèces mâles d'aimant, dont la couleur est d'un
bleu plus ou moins foncé, et qui possèdent toutes assez forte¬
ment,debien
sont vrais
qu'àaimants
divers degrés,
naturels,la ou
propriété
du moins
d'attirer
des le
minerais
fer, ce

contenant beaucoup d'aimant.


Pline4 parle d'une pierre nommée théamède, qui se trouve
en Ethiopie et qui repousse le fer; il conclut de là que cette
pierre n'est pas un aimant. Nous tirons une conclusion toute
contraire , en remarquant seulement que , pour faire l'ex¬
périence du théamède, on devait eniployer du « fer aimanté
d'avance, et présenter l'un à l'autre les pôles de même nom.
En effet, des textes de Pline5 et d'Isidore de Séville6 prouvent
que anciens.
aux l'aimantation stable du fer n'était pas tout à fait inconnpe

Pline7 nous parie aussi d'un autre aimant éthiopien , qui se

ment
distingue
le fer,desmais
aimants
les autres
ordinaires
aimants.
en C'est
ce qu'il
encore
attire
làiun
non-seule¬
aimant

ordinaire; maisv pour que l'expérience réussît, il fallait qu'en

21 Peut-être
XXXVI, 26,faut-il
sect.reconnaître
66, n° 192,aussi
p, 371.
un p. 25-26, et p. 47-52; Kopp, Geschichte
der Chemie, t. IV, p. 82-83 ; Hcefer, His¬
oxyde de manganèse dans la pierre d'Ala- toire de la chimie, t I , p. 1 29, et les noies
bande , lapis alabandiciis , minéral noir et sur le dans
Pline, chapitre
l'édition
xxv lat.
du fr.livre
de Panckouke.
XXXVI de
fusible que Pline (XjXXVI, 8, sect. i3,
n° 63, t. V, p. 3i8-3i9, dcSillig) met, on 4 XXXVI, 6, sect. 2 5, n° i3o, t. V,
ne sait pourquoi , à la suite des marbres* p. 39· Comp. XX , sect 1, n° 2 , t. III,
(Comp. Ropp, Gesch. der Chemiei, t. IV, p. 388.
p. 82-83 Braunschweig, 1847, iû-80.·.) 5 XXXVI, 1 4 , sect. 42, n° 147, p. 186.
3 Voyez Beckmann, Geschichte derErfin- 6 Origines, XV I , 20.
dungen,tAV,ρ. 4οι-42θ; Buttmann, Le. 1 XXXVI, 16, sect. s5, n° i3o, p. 34g-
408 ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES.

approchât l'un de l'autre les pôles de nom contraire l. Les an¬


ciens ignoraient ou connaissaient très-mal l'attraction et la
répulsion réciproque des aimants \
L'aimant antiphyson, c'est-à-dire soufflant en sens contraire,
aimant qui , suivant Marcellus 3, médecin de Théodose le
Grand, attire lé fer, puis le repousse , était de même un ai¬
mant ordinaire qu'on approchait d'un petit morceau de fer
aimanté, en présentant l'un à l'autre d'abord les pôles de nom
contraire, puis les pôles de même nom.
Une phrase obscure de Pline4, sur Y aimant hématite à pous¬
sière rouge ou jaune, peut signifier que sa puissance magné¬
tique est nulle, ou bien seulement qu'elle est plus ou moins
grande que celle de l'aimant ordinaire, ou bien qu'elle pré¬
sente quelque autre différence. Le premier sens conviendrait
au fer oxydé rouge, ou hématite rouge. Le second sens est
double : en supposant qu'il s'agisse d'une puissance magné¬
tique inférieure à celle de l'aimant ordinaire, le corps désigné
pourrait être du fer hydroxydé magnétique, dont la poussière
est jaunâtre. Mais le texte de Pline s'entendrait plus aisément
d'une puissance magnétique supérieure5 , et alors on ne voit
pas quel minerai magnétique sa phrase peut concerner. Quant
au troisième sens, il serait trop vague pour recevoir une expli¬
cation précise et une application vraisemblable.
Plus loin, parmi les espèces d'hématite, Pline6 signale l'an-

dum
des
votions
tions
et 32Kopp,
méd. 1 sciences
Je
Comp.
hist.
De
et etles
lat. leMedicamentis
d'Henri
II,
théories
Gesch.
répulsions
prouverai
physiques
de
255,Boot,
der
Estienne).
des
p. 474
Chemie,
magnétiques.
, ,anciens
dans
chapitre
Gemmarum
c. (éd.
1, mon
p.sur
t.cTAdr.Toll)
IV,
des
a53
lesHistoire
etp.attrac-
Obser-
(Coll.
lapi-
ι44·, peut-être
signifie
croire
différer
(Cornp.
p. 45349.
XXXVI
XXXVI,
L'auteur,
que
del'emporter
Isidore
employé
. ce, 20,
grec
16,
verbe
de sect.
sect.
Séville,
leque
sursignifiait
verbe
,38,
25,Orig.XV
Pline
et n°Pline
άιχφέρειν
n0'1a46,
simplement
suivi
129-180,
aura
p.I, 355.
,avait
4.qui
pu
MÉMOIRES PRÉSENTÉS PAR DIVERS SAVANTS. 409

clrodamas, métal noir, très-pesant et très-dur, qui attire l'argent,


le cuivre et le fer. Ce dernier renseignement est évidemment
inexact, puisqu'il ny a point de substance qui attire ces trois
métaux et qui n'attire qu'eux. Si pourtant il faut reconnaître
là une substance magnétique, ce peut être du fer oligiste l.
Que dire de Yamphidane ou chrysocolle, sorte d'agate in¬
dienne, semblable à l'or, et de figure carrée, qui attire, sui¬
vant Pline2, le fer et l'or? S'il faut admettre, avec Delaunay3,
que c'est une pyrite magnétique cristallisée, l'amphidane ou
chrysocolle ne devait attirer sensiblement que le fer.
Quant à la pantarbe, qui, suivant Philostrate4 et Tzetzès 5,
attire les pierres et l'or, et qui, suivant Ctésias6, servit à reti¬
rer de l'Indus, par attraction, les uns à la suite des autres en
forme de chaîne, quatre cent soixante-sept anneaux et pierres
précieuses, qu'un marchand bactrien y avait laissés tomber,
il est à désirer que cette pierre merveilleuse se retrouve. Mais,
malgré son nom, qui exprime l'audace, il est à craindre qu'elle
n'ose pas se montrer et opérer ses prodiges à la lumière du
xix6 siècle. En attendant, le mieux est de ne pas nous en
occuper.
Mentionnons de même, seulement pour mémoire, la sagde
de Pline 7, espèce
trouvaient attachéede àpierre
leurs précieuse
navires etverte,
enfoncée
que les
dans
Ghaldéens
le bois

par la force de l'attraction.

1 Le même nom androdamas est donné 4 Vie d'Apollon. III , 46 , p. 1 33, d'Olea-
par Pline (XXXVII, 10, sect. 54, n° i44, rius.
p. 44o ) à une espèce d'agate blanche 5 Chiliade VI, v. 647-649·
comme de l'argent. 6 Indiques, dans Photius, Bibliothec.
44a.
2 XXXVII, 10, sect.54,n° α7,ρ.44ι- cod. 72 , p. 45 de Bekker.
7 XXXVII, 10, sect. 67, n° r8i,p. 457.
3 Uebersicht der alten und neuen Minéra¬ Comp. Solin, c. xxxvn, p. 48, de Sau-
logie, p. 200-201 . maïse. (Utrecht, 1689, in-fol.)
Sav. étrang. Ire série, t. VI, Ire partie. 52
410 ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES.

On trouvait autrefois, disait-on, en Corse, une pierre nom¬


mée catochite , qui s'attachait aux mains. Peut-être était-ce une
pierre magnétique, et alors il n'était pas inutile, pour le succès
de l'expérience , d'avoir aux doigts des anneaux de fer. Pline1
n'ose pas affirmer cette propriété de la pierre catochite . Solin2
l'affirme, et ajoute que cette pierre attirait également tous
les autres objets, et que les prodiges opérés avec elle par
Démocrite étonnèrent les mages. On sait que Pline a emprunté
bien des secrets extravagants à des ouvrages composés par des
faussaires sous le nom de Démocrite. Solin aura puisé à une
source semblable. Du reste, Kircher3 dit fort bien que le
gypse, la céruse et quelques autres pierres, sans être douées
d'une puissance attractive, peuvent adhérer aux corps hu¬
mides avec lesquels on les met en contact; mais, si les prodiges
opérés avec la catochite n'étaient pas plus merveilleux que
celui-là, les mages étaient bien bons de s'en étonner.
Albert le Grand u nous apprend qu'au moyen âge on signa¬
lait entre beaucoup de corps la même sympathie attractive
qu'entre le fer et l'aimant; mais il soupçonne qu'on pouvait
cacher un morceau de fer dans l'un des deux corps soumis à
l'expérience et un morceau d'aimant dans l'autre. Ce pouvait
être ainsi, suivant la remarque de Kircher 5 , que, dès le temps
de Pline, ¥ androdamas , la chrysocolle et la pantarbe semblaient
attirer des corps autres que le fer. Il en pouvait être de même,
pour la catochite.
M. Schweigger6 prétend que, par le mot ήλεκτρου, dérivé
" De MineralibuSj II , 2 , 11.
5 Magnes, lib. I, part. 1, c. iv.
part.
Comp.
255,
312 Magnes
XXXVII,
C.
p.1, de
474rv.
c.m,Boot,
p.sive
(éd.io,sect.
i3,deAdr.
Gemm.
dearteSaumaise.
Toll).
56*
magnetica,
et n°lapid.
i52,p.
hist.
lib.
444·
II,I, 6 UeberPlatinaAltesundNeues ( Journal
fur praktische Chemie, i845, t. XXXIV,
p. 385-42o), et Ueber das Elektron der
Alten (Greifswald, i848, in-8°).
MÉMOIRES PRÉSENTÉS PAR DIVERS SAVANTS. 411

suivant lui, de ελκειν et signifiant ainsi la propriété attractive ,


les Grecs désignaient un métal dont le minerai est quelquefois
magnétique, savoir, le platine. Mais ailleurs 1 nous prouvons
que, si les anciens ont connu le platine (ce dont il est permis
de douter), ils ne l'ont jamais nommé ήλεκτρου.
Terminons ici cette dissertation, dont l'objet principal était
de nous permettre de distinguer dans les auteurs anciens ce
qui concerne l'aimant et les minerais magnétiques, et ce qui
ne les concerne pas, afin de pouvoir étudier avec discerne¬
ment les observations et les théories des anciens sur les phé¬
nomènes magnétiques.

ciens1 ,Voyez
ci-dessus
ma , dissertation
p. 297-329. Du Succin, de ses noms divers et de ses variétés sav ant les an¬
,

FIN DU VOLUME.

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