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Romania

I. Notes sur la langue vulgaire d'Espagne et de Portugal au Haut


Moyen Âge (712-1200).
J. Tailhan

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Tailhan J. I. Notes sur la langue vulgaire d'Espagne et de Portugal au Haut Moyen Âge (712-1200). . In: Romania, tome 8
n°32, 1879. pp. 609-613;

doi : https://doi.org/10.3406/roma.1879.6497

https://www.persee.fr/doc/roma_0035-8029_1879_num_8_32_6497

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MÉLANGES.

i.

NOTES SUR LA LANGUE VULGAIRE D'ESPAGNE


ET DE PORTUÔAL
au haut moyen âge (712-1200).

I. ACETORE, AZTOR, AÇOR (autour).


i° Le 26 novembre 1057, Sancho V de Navarre vendait à Sancho
Fortuñez le monastère de San Miguel de Yécoza avec toutes ses dépen¬
dances. Il recevait en payement un cheval du prix de 500 sous (d'ar¬
gent?), et deux autours dressés, l'un à la chasse du héron, l'autre à
celle du canard sauvage, estimés 200 sous chacun (Llórente, Provincias
Vascongadas, t. Ill, escr. 46) : « Accepi exte unum cabalum », dit ce
prince dans l'acte de vente, « in precio de quingentos solidos, et uno
aceîore garcero in precio de ducentos solidos, et alio acetore anatero in
precio de ducentos solidos ». — Cent ans plus tard, le 26 octobre 1 124,
un seigneur portugais, Egaz Gundesindiz, déterminant les limites de #
son puMo de Cernancelhe, dans la charte de privilèges qu'il lui octroie,
fait mention de la source, ruisseau, ou étang des Autours ( Monum . Port. ,
Leg. et consuet p. 364) : « Suis terminis per illam aquam de Tega, et
per illam aquam de Aradros, et per illam aquam de Acetores1. »
Dans les chartes latines de la Castiile, de Léon et de la Galice appar¬
tenant à la période du haut moyen âge espagnol, ni acetore ni son équi¬
valent phonétique aztor ne figurent une seule fois, à ma connaissance.
Ceci est également vrai des chartes asturiennes de la même époque. Il
existe toutefois sous ce rapport une différence entre ces deux classes de
documents. Les chartes d'Oviedo, à l'exclusion des autres, renferment la
preuve indirecte de l'existence dans la langue vulgaire, non pas seule¬
ment d 'acetore et d 'aztor, mais aussi à'azor, et cela dès la fin du

aquam
i. Unde des
açatores.
trois mss. de ce fuero, celui qui provient de Moscagata, porte
Romania , Vlll 2o
6 10 MÉLANGES
viiie siècle. On voit, en effet, couramment employé par les notariiâe
cette province, aux premières années du siècle suivant, le dérivé azto¬
rera ou azorera avec la signification de « bouquet de bois » ou de
« forêt », qu'il a gardée jusqu'en ces derniers temps dans quelques
districts du Portugal 1 , et qui s'explique par le fait bien connu du grand
nombre d'autours que nourrissent les forêts asturiennes.
2° Chose vraiment curieuse, c'est azorera, dérivé d 'azor, transfor¬
mation la plus moderne du primitif aztore, qui, dans l'ordre historique,
se montre le premier. De 812 à 967, sauf l'apparition à' aztorera à l'état
de variante dans la charte d'Ordoño Ier citée plus loin, les documents
asturiens ne semblent connaître qu 'azorera, et n'emploient que lui. C'est
d 'azorera que se servent successivement Alphonse-le-Chaste en 812
[Esp. sagr., t. xxxvn, escr. 8), les moines Severin et Ariulphe en 853
[E. s. ib. 9), Ordoño Ier en 857 (E. s. ib. 10, p. 326), Alphonse-le-
Grand en 891 et 905 (Esp. sagr. ib. 12 et 11), les deux fils de ce
prince et ses successeurs dans les Asturies, Froila en 9 1 2 et Ramire
en 926 (E. s. ib. esc. 13 et 14), enfin, en 967, Don Diègue, évêque
d'Oviedo (E. s ., t. xxxvm, escr. 6). A ce moment azorera s'éclipse, et
son doublet aztorera fait son entrée en scène, le 14 mars 976. Car c'est
bien à cette date, et non un siècle plus tard, comme l'a cru et imprimé
Risco, le savant continuateur de Y España sagrada , que fut rédigée et
signée la donation du comte Froylan Velez, où aziorera fait sa première
apparition en compagnie de gavilanzera, autre mot dérivé de même genre
et de signification analogue, mais de moins fréquent usage : « Omnes
has villas integras ..... cum officiis salinarium secus litus oceani maris,
aztoreras , gavilanzeras, venationes in omnibus montibus » [Esp. sag.,
ibid. escr. 23) 2. Les autres pièces de provenance asturienne où ce mot
est encore employé exclusivement sous cette forme sont les chartes du
roi de Léon Bermude II en l'an 992 ( aztoreas , Esp. sag., ib. esc. 5),
des rois de Castille et de Léon Ferdinand Ier en 1036 [ib. escr. 15),
Alphonse VI en 1085 .(«aztoreras et gavilanzeras ..... aztoreras et
venationes » ib. escr. 26, p. 333 et 336), enfin Alphonse VII en 1126
(Yepes, Coronica de San Benito, I, esc. 52, « aztoreira »). Aztorera dis-

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de
NOTES SUR L'ANCIENNE LANGUE VULGAIRE D'ESPAGNE 61 I
paraît alors à son tour, pour ne plus reparaître qu'en Portugal, dans ce
passage du fuero octroyé aux habitants de Coleirôs, en 1 1 26, par le
roi Alphonse Ier : « Termina de istius ville. .... per carvalias et per lombo
de azoreira {Mon. Port. Leg. et cons., p. 387). »
30 De tout ce qui précède, on peut, je crois, tirer deux conclusions
très acceptables : l'une qu 'açor vient par aztor d'acceplor, comme le
veut Diez, et non d 'asturius, et à plus forte raison d'astur; l'autre que
les açores bien dressés étaient encore fort rares dans le nord-ouest de
l'Espagne au xi° siècle, puisque le roi de Navarre achetait chacun des
siens au prix que coûtait alors un bon cheval de guerre 1 .
II. ACOLZETRA, COZE DRA.
i° Outre colcedra , cité par Diez comme appartenant au haut espagnol
( Etym . Wœrt. 3e édit. , I, p. 134), et que je n'ai pu encore retrouver,
cette langue possédait certainement, dès le milieu du xe siècle, les deux
dérivés du bas latin culcitra inscrits en tête de cet article, et ayant tous
deux le sens de « couette », « lit de plume ». Je rencontre acolzetra
dans la donation d'une dame castillane, Doña Eylo, au célèbre monas¬
tère de San Pedro de Cardeña, en date du 27 décembre 942 : « Spon¬
tanea mihi accessit voluntas, ut ..... traderem meipsam, vel propriam
substantia mea, Iectum meum, genape, et acolzetra seu plumazo, pallio,
et sernas » (Berganza, Antigüedades de España , esc. 31). La magnifique
dotation de Saint-Sauveur de Lorenzana, en Galice, par le saint comte
Osorio Gutierrez, me donne cozedra. Voici ce que je lis dans cet acte
passé vingt-sept ans après le précédent (17 juin 969) : « alium peculiare
« de liteyra et sex lectos cum tapetes... cozedras , almuzallas, plu-
« mazos », etc. [Esp. sagr., t. xvm, escr. 17, n. 7).
20 Le haut espagnol cozedra donna le diminutif cocedreta, écrit coce-
derta dans le Fuero viejo de Castilla : « Si algund judio tomare peños de
« algund cristiano a logro, et los peños fueren como ropas de vestir o
« cocedertas , o otras ropas » (lib. III, tit. V, 5). Cocedreta doit être, je
crois, entendu ici dans le sens de « coussin » ou d' «oreiller».
III. ACREPANTAR.
Une charte hispano-latine datée de l'an 897, mais qui en réalité n'a
pu être écrite avant l'année 937 2, nous offre le verbe acrepantar employé

d'épouser
dans
quelque
mater
faut
2.
i. donc
Voyez
En
notre
Ranemirus
temps
897,
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lireNouv.
donation,
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marié,
porte
Ordonius
morte
ou 947).
ou921.
le ms.,
depuis
venait
rex,
Oril
ÓI2 mélanges
avec la signification de « forcer quelqu'un à faire quelque chose », signi¬
fication que l'antique crepantar, d'où notre verbe est formé par la simple
addition de Va préfixe, n'a eue ni alors, ni plus tard. Il n'y a d'ailleurs
aucun doute possible sur le vrai sens d'acrepantar dans le document en
question. Gondesinde Erotiz, neveu par alliance d'Ordoño II de Léon,
et possédant de vastes domaines dans le Portugal léonais, déclare en
termes très nets, par une des clauses de cette pièce, qu'il donne à sa
fille Froilo cent esclaves de l'un et de l'autre sexe, pour la servir, d'un
libre service, sa vie durant; avec droit, après la mort de leur maîtresse,
pour eux et toute leur postérité, d'aller où ils voudront, sans qu'aucun
des parents du donateur puisse les contraindre à le servir : « Serviant ad
illa pro ingenuos, dum vida vixerit. Et post ovito suo, vadant ubi volue-
rint, illos et filios et neptos qui de eos nati fuerint, et ex progenie
illorum. Et non abeant licentia ex genere meo acrepantare illos pro a
servitio» (Mon. Port. , ibid. escr. 12). »
IV. ANAZIAR, ANAZIADOR.
i° Après avoir, dans sa note sur la 128e glose de Reichenau (Ane.
gloss, rom., p. 36 de la trad, franc.), constaté l'existence d'un verbe
anetsare, signifiant « pousser, presser », Diez ajoute que par son #5, qui
semble indiquer un tz ou z allemand, ce verbe fait penser à l'ancien
haut allemand anazan — excitare, instigare, impeliere , mais avec affaiblis¬
sement en e de Va primitif de la syllabe dérivative. Cet a primitif ainsi
que le z allemand s'étaient conservés au xne siècle dans la forme portu¬
gaise de ce verbe anaziar et de son seul dérivé certainement connu,
anaziador. Je rencontre le premier dans ce passage du Fuero de Sena,
aujourd'hui Seia (a. 1136): « Et si (de?) illos qui anaziarent ad mauros
« (al. mouros ), prendat rex suam mediam partem » (Mon. Port. Leg. et
consuet ., p. 371). Le second m'est fourni par un fuero plus ancien de
vingt-deux ans, celui que le comte Henri de Portugal octroyait aux pobla¬
dores de Tavares en 1 1 14. Dans la partie qui traite des délits et des
peines, je lis ce qui suit : « De judicio inflado, x quartarios, medio a
« senior et medio a concilio ; de feridas unus cum alio ..... v quartarios
« a senior; de homicidium La modios ..... de anaziador , aprehendent
« illum quantum abuerit; de rausum, La modios ..... qui autem arran-
« caverit armas in villa perdet eas » (ib., ib., p. 360). J'avais un moment
songé à reconnaître le substantif verbal d 'anaziar ou anassiar dans le
mot annassia, que je rencontrais dans une charte de privilèges de l'an 1 062 ,
donnée par le roi Ferdinand Ier en faveur du monastère de San Pedro
de Arlança, et que Yepes a publiée (Coron, de S. Benito I, esc. 31);
mais, outre que le double n d 'annassia m'embarrasse quelque peu, je
crains que ce mot ne soit chez le docte bénédictin le résultat d'un
RINDON 6I $
déchiffrement inexact. Je ne serais pas surpris qu'un nouvel et plus
sérieux examen de la pièce originale, ou de l'ancienne copie dont Yepes
s'est servi, eût pour résultat la substitution de marinería à anassia dans le
diplôme de Ferdinand.
2° Quel était en Portugal le sens précis d 'anaziar et de son dérivé ?
C'est ce que, pour le moment, et jusqu'à ce que de nouveaux textes plus
explicites me passent sous les yeux, il m'est difficile de dire. Ce que
je sais, c'est que Vanazia était en certain cas un crime très grave,
puisque le comte Henri de Portugal décrète la confiscation de tous les
biens de l'anaziador, tandis que le rapt et l'homicide ne sont punis que
d'une amende de cinquante muids de blé. Je sais aussi, d'autre part, que
Vanazia chez les Mores donnait au roi droit de partage avec l'anaziador
(Fuero de Seia). Tout ceci pourrait à la rigueur s'entendre du bri¬
gandage à main armée, pratiqué en pays chrétien et alors sévèrement
puni (Fuero de Tavares), ou en pays arabe, et dans ce cas toléré ou
même encouragé, moyennant l'abandon de la moitié du butin au roi
(Fuero de Sena). Malheureusement pour cette interprétation, le roi
Alphonse Henriquez mentionne dans ce même Fuero de Seia la razzia
ou brigandage armé contre les musulmans, et n'exige pour sa part que le
cinquième, et non la moitié du butin : « Homines qui fuerint trans
« ermio, et prendiderint maurum qui fugiat, aut mulo, aut cavalo, aut
« asino, aut bovem, aut vaca, et illi fueri[n]t .....de terra de Mauros .....
« dent quintam ad illo rege, et alia alcaidaria non dent » (Mon. Port.,
P. 370-
La langue moderne connaît un verbe ânaçar « agiter, mêler, battre,
brouiller (des œufs et autres substances liquides) » ; si ce verbe est
identique à Yanaziar de nos textes, on pourrait donner à celui-ci le sens
de « se révolter, s'insurger, former des factions » .
Jules Tailhan.
H.

RINDON
CONTE HAGUAIS 1 .

Il y avait une fais, coume no dit trejouous une fais, une bououne
femme qui avait filáe un gros paquet de fi. Olle avait biein envie d'en
faire de la tèle, mais les t'iieis ne travaillent pas pouour riein, et o n'était

parler
que
lui-même
M. i.Cosquin
làM.de
oùJean
la
est
ie une
Hague,
son
bien
Fleury
version
est
connu
dans
différent
nous
lorraine
; une
communique
M.deCarnoy
forme
; lavoy.
prononciation
qui
encore
enceneaconte
s'écarte
Zeitschrift
donnétranscrit
française
ici
defür
une
l'orthographe
rom.
fidèlement,
ordinaire.
version
Philo!.,picarde
d'après
Le
française
III,conte
3 1 et
1le.

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