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Nous avions prévu de faire vivre différents ateliers de pratique d’activités pour ensuite
amener les participants à analyser ces situations. Si les jeux de société ou les histoires furent
accueillis avec évidence, lorsque l’on annonça qu’il y aurait aussi un atelier sur les jeux
chantés, on perçut un étonnement. « Ils et elles allaient devoir faire la ronde… »
Les différents groupes participèrent donc à cet atelier avec pour consigne de jouer et de
réfléchir aux compétences que ces jeux chantés pouvaient développer chez les enfants. Des
jeux individuels, à deux ou en plus grand groupe se succédèrent mettant en scène des
situations très diverses.*
Les participants jouèrent à des jeux de mains, des jeux de tresse, des jeux à se retourner : Ce
pouce-là, Scions du bois, Un petit bonhomme, J’ai cassé la vaisselle à maman, Sainte
Maritaine…. Puis des rondes comme Les pigeons sont blancs, Bonjour Guillaume, Le petit
limousin, Ah mon beau château… amenèrent l’ensemble du groupe à devoir tourner rond,
choisir, réagir, se regrouper, s’organiser… Enfin la situation d’évolution libre de Promenons-
nous dans les bois les amena à côtoyer les activités d’expression.
Les adultes entrèrent très rapidement dans ces jeux. Même ceux qui avaient quelques
réticences à l’idée de devoir refaire la ronde à leur âge participèrent activement. Il se
dégagea de l’ensemble des groupes de l’investissement et un vrai plaisir de jouer. Ils
pratiquaient des activités qui leur parlaient. Ils se souvenaient d’avoir joué, ou vu jouer, à
des jeux similaires il y a plus ou moins longtemps. Et cet univers familier des jeux chantés
apportait des réponses à certaines de leurs interrogations pédagogiques.
L’analyse qui suivit mit en avant l’intérêt de ces jeux qui représentent un véritable outil de
développement, mais un outil que l’enfant s’approprie, manipule, transforme, maîtrise et
utilise à sa guise. L’adulte ne faisant que le mettre face à des situations ludiques qu’il pourra
ensuite investir et réinvestir. La maîtrise de l’espace, les perceptions corporelles et le tracé
des lettres sont intimement liés. La proximité de langage entre faire une ronde et faire un
rond n’est pas un hasard. De la ronde au rond, apprendre à écrire ne se fait pas que sur une
feuille de papier. Les rondes et jeux chantés amènent l’enfant à construire de véritables
compétences pour maîtriser son schéma corporel. Des activités de motricité fine et globale,
qui permettent de situer et organiser son corps dans l’espace (Ronde, file, ligne, ordre
dispersé…) avec des actions motrices comme se prendre par la main, se retourner, faire
demi-tour, tourner sur soi-même, s’accroupir, bouger les doigts, frapper des mains, se
balancer, marcher, galoper, sautiller, courir… Mais ces jeux chantés renforcent également la
maîtrise du temps. On matérialise et on vit la cadence, la durée, le vide, l’accentuation,
l’alternance des chanteurs. Ces phrases musicales rythmées, jouées et rimées facilitent aussi
l’organisation au sein de la phrase et la structuration du langage. Par le biais de ces petites
chansons, les enfants se familiarisent avec du vocabulaire, ils décomposent en phonèmes,
jouent avec les rimes et les sons. Ils doivent choisir des mots et les adapter à la structure et
la segmentation d’une phrase…
L’analyse de ces jeux chantés fit également prendre conscience aux participants de l’intérêt
que représente cette activité en termes de relations. Les enfants sont amenés à donner la
main à un garçon ou une fille, à choisir quelqu’un, à négocier avec l’autre… Mais tout cela se
fait dans le cadre protecteur du jeu.
Olivier IVANOFF
*On peut retrouver les rondes et jeux chantés évoqués dans cet article dans des fichiers publiés par les Ceméa :
Jeux chantés n°1 (CD + fiches pédagogiques) :http://www.cemea.asso.fr/spip.php?article304
On peut aussi les retrouver sur la médiathèque éducative en ligne Yakamédia : https://yakamedia.cemea.asso.fr/