Vous êtes sur la page 1sur 10

Dix-huitième Siècle

Du nouveau sur Marguerite Delamarre et La Religieuse de Diderot


Annie Flandreau

Abstract
New light on Marguerite Delamarre and Diderot's Religieuse.
This article presents documents, discovered in 1989, which modify our understanding of the relationship between Diderot's
heroine and the real Marguerite Delamarre. The first (A.N., H5 3836) is a contract, dated 27 August 1759, concerning the
transfer of M. Delamarre's life annuity from Longchamp Abbey to St Eutrope Abbey ; thus Diderot told the truth when he sent his
heroine to St Eutrope in the second part of the novel. The second (A.N., M.C. ; Et : V : 832) is a procuration signed by
Marguerite concerning her income, which proves that she was at Vernon Abbaye Royale on 9th August 1791. These documents
thus throw new light on the elaboration of La Religieuse, by giving more details about the true story of M. Delamarre.

Citer ce document / Cite this document :

Flandreau Annie. Du nouveau sur Marguerite Delamarre et La Religieuse de Diderot. In: Dix-huitième Siècle, n°24, 1992. Le
matérialisme des Lumières. pp. 411-419;

doi : https://doi.org/10.3406/dhs.1992.1887

https://www.persee.fr/doc/dhs_0070-6760_1992_num_24_1_1887

Fichier pdf généré le 23/09/2021


DU NOUVEAU

SUR MARGUERITE DELAMARRE


ET LA RELIGIEUSE DE DIDEROT

En 1954, Georges May montra l'analogie entre Suzanne Simo¬


nin, l'héroïne, et Marguerite Delamarre, religieuse professe en
l'abbaye royale de Longchamp, près de Paris, qui, à trente-sept
ans, en septembre 1752, appela comme d'abus contre ses vœux *.

la Se
avec
que.
Collection
évidence
livrant àJoly
une
que de
recherche
Diderot
Fleury s'inspirait
(B.N.,
fouilléems.,
des
d'un
pièces
fr. fait
1827),
divers
du procès,
il démontra
authenti¬
dans

On sait que le roman se déroule en deux parties ; la première


se situe à l'abbaye de Longchamp et la deuxième au monastère
de Saint-Eutrope-lès-Chanteloup, près d'Arpajon. Sur le pas¬
sage de la religieuse à Longchamp, G. May put, grâce aux
pièces du procès et aussi à la Préface manuscrite tirée de la
Correspondance littéraire de Grimm, dégager la réalité de la
fiction. En revanche, sur le passage à Saint-Eutrope, faute de
documents probants, les recherches furent beaucoup moins fruc¬
tueuses ; l'inventaire des pièces dépouillées ne révéla pas la clé
du mystère. G. May écrivait : « La trace de la vieille religieuse
se perd. Peut-être, un chercheur plus heureux trouvera un jour,
dans cette ville ou une autre, les documents qui permettront de
suivre les traces de Marguerite Delamarre, jusqu'à son tom¬
beau » ( ouvr . cité , p. 76).

Après G. May, tous ceux qui s'intéressèrent à l'œuvre de


Diderot ont partagé sa compassion pour le sort de Marguerite
Delamarre. Le Parlement de Paris confirma, en effet, le 17 mars
412 ANNIE FLANDREAU

(G. May, p. 75). Dès lors, la critique se perdit en conjectures


sur les raisons pour lesquelles Diderot, après avoir suivi la vérité
historique et situé son héroïne dans le décor célèbre de l'abbaye
de Longchamp, l'avait, contrairement au jugement du Parle¬
ment, expédiée dans un couvent peu connu du public. Pour
l'opinion, le choix de Diderot resta donc de pure fiction. G. May
remarqua bien que ce dernier demeurait dans le domaine du
vraisemblable, Saint-Eutrope, près d'Arpajon, étant sous l'auto¬
rité de l'archevêque de Paris. On supposa aussi que, pour pein¬
dre la passion honteuse d'une abbesse, il était préférable de
choisir une abbaye mal connue.
C'est là que l'historien peut relayer le critique littéraire. Il se
trouve en effet, qu'en 1989, au cours d'une recherche historique
sur l'abbaye de Longchamp 2, quelques feuillets découverts aux

Archives
des
Marguerite
professe
Michel,
sion
rue
36).
état
de
déclare
est
royal
du
Regnault
Longchamp
actuellement,
procès,
confirmer
comptes
des
d'une
Une
»,deen
Portes,
en
afin
Saint-Eutrope
ayant
Nationales
pièce
«permission
date
toutes
s'était
que
d'interroger
de
deaujourd'hui,
fait
des
Faubourg
Longchamp
du
et
le
Longchamp
lettres,
par
transporté
16
de
profession
vicaire
5 (A.N.
et
obédience
août
donnée
se».
7que
la
retirer
août
Saint-Marcel
Nous
,officiai
demanderesse
1754
H5
et
la
«au
par
datés
àen
Marguerite
1755.
3836)
réalité
savions,
couvent
de
(A.N.,
àSaint-Eutrope.
l'archevêque
ladite
Saint-Michel.
et
ses
du
Il
perdus
général
s'agit
supérieurs,
de
27
(B.N.,
H5
abbaye
par
des
en
août
Delamarre,
la
3836)
religieuses
au
la
nullité
d'un
«ms
de
lecture
1759,
de
milieu
translation
defait
fr.
Le
Paris,
couvent
Paris
au
Longchamp,
de1827,
permettent
monastère
également
document
des
religieuse
sa
de
deNicolas
profes¬
liasses
pièces
Saint-
établi
f°» 35-
sortir
de

Quel est l'intérêt particulier du document du 27 août 1759 ?


Il s'agit d'un contrat passé entre Longchamp et Saint-Eutrope,
en vue de régler la transmission de la pension viagère de notre
religieuse, conformément à l'acte d'ingression signé en janvier
1736 lors de la profession. Selon la règle accoutumée, les Dames
de Longchamp s'étaient, en cas de transfert, engagées à conti¬
nuer de payer annuellement et par quartier, c'est-à-dire par
trimestre, la rente de trois cents livres. Ce paiement donne lieu,
en 1759, à un litige en suspens entre Longchamp et Saint-

mémoire
octobre
2. Annie
1989).
de maîtrise
Flandreau,
sous L'Abbaye
la directionroyale
de JeandeJacquart
Longchamp
(Université
(17e -18e
de siècles),
Paris-I,
SUR MARGUERITE DELAMARRE 413

Eutrope, lequel comporte cinq années d'arrérages ; d'août 1754,


date de la permission de sortie accordée par l'Archevêque de
Paris, à août 1759, il s'écoule bien les cinq ans en question. La
première année fut certainement celle passée au couvent de
Saint-Michel, qui ne semble donc pas non plus avoir été payée.
Le document déclare, également, qu'il y a « instance pen¬
dante » au Châtelet de Paris, pour laquelle est intervenue une
sentence qui a ordonné, le 19 juin dernier, « l'exécution dudit
acte d'ingression et condamné lesdites dames prieure et religieu¬
ses de Longchamp à payer lesdits arrérages de ladite pension ».
Pour ce faire, Marguerite Delamarre fut « assistée et autorisée
de ladite dame supérieure de Saint-Eutrope ». C'est ensemble
tion
qu'elles
de firent
« saisies
valoir
faites
les sur
droits
locataires,
de Marguerite,
fermiers
puisqu'il
et débiteurs
est ques¬
de
Longchamp » !
Les arrérages se montent à mille cinq cents livres. Le contrat
constate le paiement comptant de six cents livres « en louis d'or
et d'argent ou monnaie ayant cours » ; les Dames de Longchamp
s'engagent à payer les neuf cents livres restantes, outre la pen¬
sion viagère, par quartier, dans les trois années qui suivent.
Cette pension, en tous cas, fut versée régulièrement jusqu'en
1790 ; l'analyse détaillée des comptes (A.N., H5 3835 et 3836)
démontre que Dame Delamarre ne faisait plus partie des effectifs
de Longchamp. Ces versements étaient consignés dans une
rubrique à part, au chapitre des dépenses, en gros tous les six
mois, sous son nom et sur présentation de quittances. La seule
explication à cette présentation est évidemment celle du
transfert, même si nous n'en avons pas la preuve certaine dans
le contrat dont nous parlons. Une telle décision de transfert était
exceptionnelle : il fallait un motif sérieux, santé ou aspiration à
une règle plus sévère ou scandale. C'est bien d'un scandale
qu'il s'agit, et Diderot ne s'y trompe pas. Aussi, reprend-il
spontanément cette explication en faveur de son héroïne et lui
fait dire : « La faute que j'ai commise n'est point de celles
que l'on pardonne en religion » (éd. « Folio », p. 172). Notre
Marguerite ne fut donc pas « pardonnée », mais, en secret,
exilée loin de Longchamp.
De surcroît, le contrat du 27 août 1759 signale le nom de la
prieure de Saint-Eutrope, Aimée ou Edmée Cossin, dont
G. May cite le nom dans la liste des abbesses qu'il a établie
(dans son « annexe II ») pour ce deuxième couvent : elle exerça
sa charge de 1751 à 1761, à l'époque même de notre affaire.
414 ANNIE FLANDREAU

Mais Marguerite n'avait pas encore terminé ses tribulation


Comme l'avait remarqué G. May, l'abbesse de Longcham
Mme de Jouy, dans une déclaration du 13 juillet 1791 fit menti
dans un bref état de son budget de 1790, de « Marguerite De
marre, pensionnaire à Notre-Dame de Meaux en Brie » (A. N
S 4418). Mais, ensuite, sa trace se perd définitivement !
Il se trouve qu'une seconde découverte, au Minutier cent
(A.N., M.C.Et/V/832) permet de lever un peu le voile sur

mystère
procuration
fille
de
Vernon
les
(donc
die.
moindre
pièces
manifestant
contexte
été
reprendre
Longchamp
quelques
toute
Cette
majeure,
trois
du».
de
des
historique
sa
procès,
Elle
procuration
les
semaines
faite
cette
vie,
choses,
directement
lettres
termes
ci-devant
avait
età« nous
existence
un
de
sous
donc
après
la
adressées
elle
avocat
du
présent
en
rend
ne
l'obédience
religieuse
contrat
est
quitté
la
est
sadisposions
!«signée
déclaration
« volonté
la
Il
par
demeurant
majeure
àl'Île-de-France
preuve
s'agit,
sa
de
dame
professe
de
mère
ded'aucun
1759.
ou
sa
»ses
Marguerite
;de
datée
et,
propre
ààqui
sa
Mme
73
supérieures
l'abbaye
ce
àpersonnalité.
sont
du
pour
ans,
autre
l'abbaye
de
qui
main
9
Jouy),
Delamarr
n'est
jointes
laaoût
après
docume
royale
Norma
! »,
A
roy
pas
d'u
av
po
17
pa
a

L'acte en question est établi en l'étude de Me Dubosc, nota


entre autres, de l'abbaye royale de Vernon. Il est avalisé par
maire de la ville, Rigault, assisté de ses officiers municipaux. N
peut-on imaginer que cette procuration fut établie dès l'arriv
de Marguerite à Vernon, qui aurait donc eu lieu au cours
l'été 1791 ? En s'éloignant de Paris, il était urgent qu'elle réa
firme par-devant notaire l'existence de ses revenus. Cette proc
ration présente un autre intérêt : elle désigne précisément
« procureur général et spécial » de Dame Delamarre, lequ
d'ailleurs appose sa signature, Me Cucu Derouville, « avocat
commis à la recette générale de l'Hôtel-Dieu de Paris, deme
rant rue Cloche Perche, paroisse Saint-Gervais ». Or les quitta
ces présentées régulièrement à Longchamp pour le paiement
la pension sont accompagnées sur les registres, depuis 176
soit depuis vingt-trois ans, du nom de Cucu Derouville (
d'Hérouville) qui servit de relais entre Longchamp et Marguer
pour la transmission de la pension. Il fut ainsi l'homme d'affair
SUR MARGUERITE DELAMARRE 415

le remit entre les mains d'un notaire parisien, Me Minguet, avant


de disparaître, cette fois définitivement ! Quant à Me Minguet,
aucun dossier ne permet d'attester qu'il eut à s'occuper des
revenus de Marguerite Delamarre.
A priori , le choix de Vernon était plutôt judicieux ; la munici¬
palité, étant modérée, permettait à l'abbaye, avant tout maison

d'éducation,
en août 1792,
de àfonctionner,
la suite du malgré
décret lade
perte
l'Assemblée
de ses biens.
nationale
Mais,

relatif à la suppression des maisons religieuses, les sœurs furent


toutes dispersées.
Quant à Marguerite, son sort se perd désormais dans l'obscu¬
rité ; elle ne mourut pas à Vernon ; les registres de décès ne
font pas mention de son nom.
En définitive, la découverte de ces documents présente un
double intérêt : ils satisfont en partie notre curiosité sur la vérita¬
ble histoire de Marguerite Delamarre. Ils démontrent également
que Diderot en connaissait les détails avant 1760, puisque toute
la correspondance avec le marquis de Croismare repose sur un
axiome : l'héroïne a pu s'échapper de Longchamp pour Saint-
Eutrope ; Diderot ne l'a pas inventé ; il fondait la fiction de son
roman sur une réalité qui peu à peu se révèle aujourd'hui.
Annie Flandreau
Paris

ANNEXE

I. Contrat entre Longchamp et Saint-Eutrope (A.N., H5 3836)

27 août 1759

Par devant les conseillers du Roi au Châtelet de Paris soussignés,


furent présentes Mesdames les abbesses et religieuses de l'Abbaye

royale
son de de
la Notre-Dame
cloche en la de
manière
Longchamp,
ordinaire
capitulairement
et accoutumée
assemblées
en leur dit
au

grand parloir, lieu où elles délibèrent de leurs affaires temporelles,


représentées par Dame Anne de Tournont, abbesse, sœur Denise Bou-
ret trésorière, sœur Madeleine Garnison trésorière, sœur Thérèse de
416 ANNIE FLANDREAU

Delafontaine, sœur Anne Bertheau, sœur Marie Bedel, sœur Gabrielle


Bertheau, toutes religieuses de ladite abbaye royale de Longchamp.
Et Me Jacques Louis Levasseur, conseiller du roi au bailliage de la
capitainerie de la Varenne du Louvre demeurant à Paris rue de Condé,
paroisse Saint-Sulpice, au nom et comme fondé de la procuration de
Dame Marguerite Delamarre, religieuse professe et ayant fait profes¬
sion en ladite abbaye de Longchamp, étant actuellement par obédience
de ses supérieures, au monastère royal de Saint-Eutrope-lès-Chante-
loup, et de Mme Aymée Cossin de Saint-Jean, supérieure dudit monas¬
tère de Saint-Eutrope, ladite procuration passée devant Me Boullé,
notaire royal de la prévôté de Montlhéry, résidant à Arpajon, le dix-
neuf août du présent mois, dont le brevet original dûment contrôlé,
scellé, et légalisé, est en suite du projet des présentes et est demeuré
annexé à la minute des présentes pour y avoir recours après avoir été,
dudit sieur Levasseur, certifié véritable signé et paraphé en présence
des notaires soussignés,
lesquels ont dit que par l'acte d'ingression de ladite Dame Delamarre
en ladite abbaye de Longchamp, passé devant Marchand l'ainé et son
confrère notaires à Paris, le vingt-huit janvier mil sept cent trente-six,
insinué à Paris le vingt-huit février suivant, lesdites Dames prieure et
religieuses de ladite abbaye de Longchamp se sont obligées de payer
annuellement et par quartier à la Dame Delamarre, religieuse, une
rente et pension viagère de trois cents livres dans le cas où icelle Dame
Delamarre serait par la suite transférée dans une autre maison religieuse
ou ailleurs, en vertu d'obédience ou autrement ; que, dès le seize août
mil sept cent cinquante quatre, ladite Dame Delamarre, par permission
de Monseigneur l'Archevêque de Paris, est sortie de ladite abbaye de
Longchamp et s'est d'abord retirée dans le couvent des Dames de Saint-
Michel, établi en la ville de Paris, rue des Postes, faubourg Saint-
Marcel, duquel couvent et par obédience de ses supérieures, ladite
Dame Delamarre s'est retirée audit monastère royal de Saint-Eutrope
où elle est actuellement et qu'ainsi il lui est dû cinq années au seize
août du présent mois de ladite rente et pension viagère de trois cents
livres, lesdites années montant en totalité à quinze cents livres.
Que, pour le paiement des arrérages échus et à échoir de ladite rente
et pension, ladite Dame Delamarre, assistée et autorisée de ladite Dame
supérieure dudit monastère de Saint-Eutrope s'est pourvue contre les
dites Dames prieure et religieuses de la dite abbaye de Longchamp,
pour raison de quoi, il y a actuellement instance pendante au Châtelet
de Paris et dans laquelle il est intervenu, le dix-neuf juin dernier, une
sentence qui a, entre autres choses, ordonné l'exécution dudit acte
d'ingression et condamné lesdites Dames prieure et religieuses de ladite
abbaye de Longchamp au paiement desdits arrérages,
et, voulant les parties terminer ladite instance et qu'il soit rendu à
ladite Dame Delamarre la justice qui lui est due, il a été traité et
transigé de la manière et ainsi qu'il suit :
dessus
C'est énoncées
à savoir qu'en
et datées,
conformité
les dites
des Dames
actes d'ingression
prieure et et
religieuses
sentence de
ci-
SUR MARGUERITE DELAMARRE 417

ladite abbaye de Longchamp promettent et s'obligent de payer et


continuer chaque année et par quartier, à compter du seize août du
présent mois à ladite Delamarre, sa vie durant et sur ses quittances,
lesdits trois cents livres de rente et pension viagère, dont le premier
quartier échéra et le paiement s'en fera au seize novembre prochain et
ainsi continuera de quartier en quartier, tant que ladite rente et pension
viagère aura couru et jusqu'au décès de ladite Dame Delamarre, du
jour duquel décès, cette rente et pension demeurera éteinte et amortie
et les dites Dames prieure et religieuses de Longchamp en demeureront
déchargées.
A l'avoir et prendre conformément et sous l'hypothèque dudit acte
d'ingression, sur tous les biens meubles et immeubles présents et à
venir de ladite abbaye de Longchamp.
Quant aux quinze cents livres, montant des cinq années d'arrérages
échus au seize du présent mois d'août, il a été, sur et en déduction des
dits arrérages, présentement payé en louis d'or, d'argent et monnaie
ayant cours, payés, comptés, nombrés et délivrés à la vue des notaires
soussignés, la somme de six cents livres audit sieur Levasseur qui le
reconnaît et en quitte et décharge les dites Dames prieure et religieuses
de Longchamp et qui, en remettant ladite somme à la dite Dame
Delamarre sur sa simple quittance, en sera et demeurera déchargé.
Et, pour les neuf cents livres restant des dits arrérages échus, les
dites Dames prieure et religieuses de ladite abbaye de Longchamp
promettent et s'obligent de les payer dans le cours de trois années et
par tiers à compter dudit jour seize août du présent mois en sorte que,
pendant les trois premières années, elles paieront par chaque quartier
à ladite Dame Delamarre et sur ses simples quittances, une somme de
cent cinquante livres, dont soixante-quinze livres pour les arrérages
courants et soixante-quinze livres à imputer sur lesdits neuf cents livres.
Au moyen de quoi, tous procès demeurent éteints et assoupis sans
nul dépens de part et d'autre et ledit sieur Levasseur audit nom, a, dès
à présent, fait et donné pleine et entière mainlevée aux dites Dames
prieure et religieuses de Longchamp, de toutes saisies et oppositions
sur elles faites à la requête de ladite Dame Delamarre entre les mains
de tous locataires, fermiers et débiteurs et consenti qu'icelles saisies et
oppositions
ni avenues. soient et demeurent nulles et de nul effet comme non faites

Car, ainsi et pour l'exécution des présentes, le tout a été convenu


et accordé entre les parties qui ont élu domicile en leur demeure susdites
auxquels lieux nonobstant promettant, obligeant, renonçant, fait et
passé à la dite abbaye de Longchamp au grand parloir, l'an mil sept
cent cinquante-neuf, le vingt-sept août après midi et ont signé la minute
418 ANNIE FLANDREAU

sin de Saint-Jean, supérieure du monastère royal de Saint-Eutrop


Chanteloup, pour la validité des présentes de tout ce qui sera fa
conséquence
ayant fait profession
et Dame enMarguerite
l'abbaye royale
Delamarre
de Notre-Dame
et religieuse
de profes
l'Hum

de Longchamp, près Paris, ordre de Saint-François, étant par obédi

de ses supérieures
Dames étant au parloir
auditdudit
monastère
monastère
de Saint-Eutrope,
où il est accoutumé
les dites
de tr

des affaires temporelles.


Lesquelles ont fait et constitué leur procureur général et spécial, Me
ques Louis Levasseur, conseiller du roi au bailliage de la Varenn
Louvre, auquel elles donnent pouvoir de, pour elles et en leurs n
passer avec Mesdames les prieure et religieuses de ladite abbay
Longchamp, l'acte dont le projet est en tête des présentes promet
obligeant, fait et passé audit parloir, l'an mil sept cent cinqu
neuf, le dix-neuf août après midi, en présence de Me Claude Ber
procureur fiscal du bailliage d'Arpajon et de sieur Nicolas Bau
marchand hôtelier demeurant audit Arpajon étant de présent e
lieu,
ainsi signé
témoins
Marguerite
qui ont avec
de lales
Marre
dites ; Dames
Edmée et
Cossin
moi, de
notaire
Saint-J
s

supérieure ; Baudry ; Bernier ; Boullé.


Au-dessous est écrit : contrôlé à Arpajon, le dix-neuf août mil
cent cinquante-neuf, reçu douze sols, signé Boullé avec paraphe

Plus, est conseiller


écuyer,
Montlhéry écrit
y exerçant
: nous,
du Louis
la
roijustice
etGaudron
sonpour
procureur
Desromon,
l'absence
en de
la
avocat
M.
prévôté
le au
Prévôt,
parlem
roya

fions et attestons à tous qu'il appartiendra que Boullé, qui a pass


présence
les notaires
de témoins,
gardes-notes
la procuration
héréditaires
écrite
de ci-dessus
ladite prévôté
et de l'autre
royal

Montlhéry, pour la résidence du prieuré d'Arpajon y demeurant et


foi doit être ajoutée à sa signature ; en témoin de quoi, nous a
donné notre présent certificat pour servir et valoir ce que de ra
neuf.
fait, lu,Signé
en notre
Gaudron
hôtel, Desromon
le vingtième
avec
jourparaphe.
d'août mil sept cent cinqu

étant
est
possession
L'original
demeuré
en suite
dede
annexé
du
Me
ladite
modèle
Charlier,
àprocuration
lademinute
notaire.
l'acte dont
certifié
duditexpédition
acte,
véritable,
le tout
estsigné
des
demeuré
autres
et para
pe

Rayés cinq mots nuls en ces présentes.


[signé] Deshayes [?], Charli

II. Procuration
Et, V-832) de Marguerite Delamarre (1791) (A.N., M
SUR MARGUERITE DELAMARRE 419

l'an mil sept cent quatre-vingt-onze, le neuvième jour d'août, avant


midi audit Vernon, en l'étude de nous dit notaire.

Étant présente Dame Marguerite Delamarre, fille majeure, ci-devant

religieuse
baye royale
de de
l'abbaye
Saint-Louis
de Longchamp
de Vernon,
et de présent demeurante à l'ab¬

Melaquelle
Françoisa René
fait et Cucu
constitué
Derouville,
pour sonavocat
procureur
et commis
généralà et
la spécial,
recette

générale de l'hôtel Dieu de Paris y demeurant rue Cloche Perche,


paroisse Saint-Gervais, auquel elle donne pouvoir de recevoir de Mes¬

sieurs
appartiendra,
les payeurs
les des
arrérages
rentes de
échus
l'Hôtel
et àde échoir,
Ville dede
Paris,
toutes
et autres
les rentes
qu'il

appartenantes, et celles qui pourront appartenir par la suite à ladite


constituante, à tel titre et en telle qualité que ce soit, perpétuelles,

viagères,
sur les aides
celles
et gabelles,
dites tontines,
commeet aussi
accroissements
de recevoird'icelles,
de tous trésoriers
assignées

particuliers et de toute municipalité, les arrérages échus et à échoir à


l'avenir, d'une rente viagère de trois cents livres à elle due par les Dames
abbesse et religieuses de l'abbaye royale Notre-Dame d'Humilité de
Longchamp, ordre de Saint-François près Paris, plus toutes pensions
qui pourraient lui être accordées en sa qualité

substituer
généralement
des arrérages
procureurs,
promettant,
reçus, donner
en tout
obligeant.
toutes
ou parties,
quittances
des et
pouvoirs
décharges
ci-dessus
valables,
et

Lecture faite en présence de sieur Gabriel François Le Flameng


Delbouville, bourgeois et Jacques Claude Antoine Hébert, secrétaire
greffier de la justice de paix de la ville de Vernon y demeurant, témoins
qui ont avec ladite Dame constituante et nous dit notaire, signé les
présentes

Marguerite Delamarre
Delbouville Hebert

Dubosc

[en marge :] Enregistré à Vernon, ce neuf août 1791. Reçu vingt sols.

Vous aimerez peut-être aussi