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Delpit Martial. Notice historique sur l'École royale des Chartes.. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1840, tome 1. pp. 1-21;
doi : https://doi.org/10.3406/bec.1840.444236
https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1840_num_1_1_444236
DES CHARTE
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s'empressa de recueillir dans son sein les débris des corps
religieux et des anciennes académies. Gardiens fidèles des traditions
de la science, les Laporte du ïheil, les Brial, les Pasloret, les
Daunou, se remirent à l'œuvre avec ardeur ; mais, quels que fussent
leur dévouement et leur zèle, le manque d'auxiliaires ralentit leurs
travaux, et l'on sentit bientôt le vide immense laissé par la
destruction de la congrégation de Saint-Maur. Comment renouer la
chaîne interrompue de ces hommes aussi modestes que savants,
qui oubliaient souvent de signer de leur nom des œuvres auxquelles
ils consacraient leur vie entière? Où retrouver ces jeunes élèves
qui, pendant un long et laborieux noviciat, se formaient à la
connaissance des anciens titres de notre histoire, et devenaient plus
tard les héritiers de la robe et du savoir de leurs maîlres?
Napoléon, qui avait l'instinct des grandes choses en tout genre,
ne pouvant rétablir la congrégation de Saint-Maur, songea à créer
des bénédictins civils dans une espèce de Port- Royal nouveau.
L'honneur d'avoir le premier formulé ce projet, qui devait plus
lard donner naissance à l'Ecole des Chartes, appartient à M. le
baron de Gérando. Secrétaire général du minisîère de l'intérieur en
1806, il proposa la création d'un grand établissement national, où
des savants âgés formeraient à la connaissance des chartes et
des manuscrits du moyen âge des pensionnaires , pris parmi des
jeunes gens distingués par leurs études, et portés par un goût spécial
vers les sciences historiques. Le ministre de l'intérieur, M. le duc
de Cadore, soumit ce projet à l'Empereur, dans un rapport sur les
moyens d'encourager la culture des lettres. Napoléon approuva
l'idée, mais demanda de plus grands développements. Sa réponse
est datée du camp impérial d'Osterrode* le 7 mars 1807'.
Les événements empêchèrent la réalisation de ce projet, qui
fut malheureusement abandonné dans un temps où il aurait
reçu une exécution grande, digne, et en rapport avec son
importance. Ce ne fut que douze années après, vers la fin de 1820, que
M. de Gérando proposa à son ami, M. le comte de Siméon, alors
ministre de l'intérieur, la création d'une Ecole des Charles. Le
-' Voyez,
Voyez, Pièces
Pièces justificatives,
justificatives, n°u° IV,
III le
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textecomplet
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ce rapport.
ordonnance.
Ihèque s'ouvrit le Г1 juillet 1821. Celui des Archives du royaume
ne commença qu'au mois de février de l'année suivante. Le
ministre demanda, pour celte seconde section, une nouvelle liste de
présentation à l'Académie, et nomma élèves pensionnaires les six
premiers candidats portés sur cette liste.
L'ordonnance de 1821, bien que rédigée par l'inspecteur
général des bibliothèques, M. His , était si incomplète, qu'elle ne
fixait pas même la durée de la pension et des cours. Une
ordonnance, contre-signée par M. de Corbière, et datée du 16 juillet
1823, y pourvut, en la bornant à deux années. La môme
ordonnance porte qu'après ce terme, les. élèves seront renouvelés
conformément aux dispositions de celle de 1821 V
Après la fin du premier cours, l'Académie présenta une nouvelle
liste de candidats ; le 9 janvier 1824, le ministre lui écrivit au sujet
de cette liste, et lui demanda en même temps de lui faire
connaître les améliorations à introduire dans l'institution de l'École des
Charles. L'Académie chargea une commission spéciale composée
de MM. de Gérando , Walckenaer, Daunou, Silvestře de Sacy et de
Bélencourt, de lui soumettre un projet de réorganisation pour cette
école2, et ce projet, adopté dans la séance du 23 janvier 1821, fut le
même jour adressé officiellement au ministre. Malheureusement
M. de Corbière ne donna aucune suite aux propositions de l'Aca^
demie, et s'abstint, contrairement aux dispositions de l'ordonnance
qu'il avait fait rendre quelques mois auparavant , de nommer des
élèves pensionnaires ; il pourvut toutefois au remplacement de
M. Pavillet, mort au mois d'août 1823, etlui donna pour successeur,
le 7 octobre de la même année, M. Ponsard, chef de la section
historique des Archives du royaume. Bientôt après, il autorisa les
deux professeurs de la Bibliothèque et des Archives à admettre des
élèves, auditeurs bénévoles et sans traitement.
Le ministre ayant ainsi supprimé les encouragements attachés
au titre d'élève, les cours de l'Ecole restèrent déserts, et
l'institution tomba en désuétude. Ce résultat, qu'on ne peut s'empêcher de
déplorer quand on songe aux élèves qu'a produits lé premier es-ai
d'une École des Charles , était dû surtout aux vices de
l'organisation de 1821 ; mais je n'insisterai pas ici sur ce point si bien
établi d'ailleurs dans le rapport au roi qui précède l'ordonnance,
de 1829, à laquelle j'ai hâte d'arriver.
i Voyez, Pièces justificatives , n° V, le texte de cette ordonnance,
a Voyez, Pièces justificatives, n° VI, l'extrait des délibérations de la séance de
Г Académie des Inscriptions, du о janvier i й 2 4 -
G
Un magistrat, qui est aujourd'hui l'un des jurisconsultes les
plus distingués delà première cour du royaume, M. Rives, nommé,
au mois d'août -1829, directeur du personnel au ministère de
l'intérieur, conçut le projet de rendre à son activité l'Ecole des Chartes,
et d'apporter à son institution toutes les améliorations dont elle
était susceptible. Son premier soin fut de demander au garde des
Archives du royaume et à l'inspecteur général des bibliothèques
leur avis et un plan de réorganisation de l'Ecole des Chartes. Le
garde des Archives du royaume, dans le projet qu'il soumit au
ministre, maintenait la division fatale de l'Ecole en deux sections,
dont les cours, suivis séparément par les élèves, constituaient en
quelque sorte deux écoles distinctes; de plus, il réduisait la sec-
lion des Archives à un simple surnumérariat pour les bureaux de
l'hôtel de Soubise. L'inspecteur des bibliothèques cherchait à
concilier les vues restreintes du garde des archives du royaume avec
les intérêts d'une véritable Ecole des Chartes1.
Ces plans étaient conçus dans des idées trop étroites pour
satisfaire M. Rives. 11 rédigea lui-môme un projet de rapport et
d'ordonnance qu'il soumit à l'examen de M. Bacier, et qui furent
ensuite adoptés par le ministre et par le roi. Nous ne saunons
mieux faire connaître le but qu'il se proposait et les motifs qui le
déterminèrent, qu'en citant quelques passages du rapport adressé
au roi Charles X, le 1 1 novembre 1829, par M. le comte de La
JBourdonnaye.
Après avoir rappelé les dispositions de l'ordonnance de 1821,
le ministre ajoutail : « Celte création fut non moins utile que
« généreuse, mais on ne larda pas à reconnaître combien il im-
« portait de l'améliorer . L'Académie royale des Inscriptions et
«Belles-Lettres se rendit l'organe de cette nécessité ; elle insista
«principalement sur l'inconvénient de -n'avoir ouvert aucune
« carrière aux douze pensionnaires dont cette Ecole était composée,
« et de ne leur fournir aucun moyen d'émulation. Il devait arriver,
« en effet, qu'après avoir employé deux années à de pénibles
« études, ces élèves seraient également embarrassés de tirer parti,
«pour eux et pour l'état, de la science qu'on leur avait donné les
«moyens d'acquérir. C'était un vice non moins notable dans
« l'organisation primitive de l'Ecole, de l'avoir divisée en deux
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« sections, absolument isolées l'une de l'autre, n'ayanlque le môme
« enseignement pour objet, et ne s'entendant ni sur l'ordre et la
« marche des études, ni sur les progresses élèves, dont rien d'ail -
«leurs ne constatait régulièrement l'aptitude et l'assiduité. D'un
« autre côté, les leçons, bornées à la seule lecture et à la simple copie
« correcte des chartes de diverses époques, n'embrassaient pas la
« diplomatique et la paléographie. C'est pourtant celte science qui
« a pour but de constater l'authenticité des documents, de déler-
« miner les caractères qui l'établissent, l'altèrent ou la détruisent
« en tout ou en partie; de fixer incontestablement les dates des
« actes par l'interprétation des notes chronologiques, si variables
«et si arbitraires môme pour chaque règne; de spécialiser, lou^-
«jours dans l'intérêt de la certitude historique, les formules et les
« protocoles propres à chaque époque, selon les variations qui s'in-
« traduisaient dans la haute administration de l'état, et d'exposer
« les caractères qui différencient les uns des autres, les chartes,
« les diplômes, les lettres, les indicules , les rescrits, les édits,
« les capitulaires, etc., etc. *. »
On le voit, le rédacteur de l'ordonnance de 1829 sentait tous les
vices de l'organisation de 1821, et les exposait dans tout leur
jour. Yoici les principales dispositions qu'il crut propres à y
remédier :
« Les cours de l'Ecole royale des Chartes se diviseront en cours
« élémentaire et en cours de diplomatique et de paléographie
« française. Le premier aura uniquement pour objet d'apprendre
« à déchiffrer et à lire les chartes des diverses époques. Sa durée
« sera d'un an. Le second expliquera aux élèves les divers dia-
« lectes du moyen âge, et les dirigera dans la science critique des
« monuments écrits de cette époque, ainsi que dans le mode d'en
«constater l'authenticité et d'en vérifier les dates. Ce dernier
« durera deux ans.
« Nul ne pourra être admis a[u cours élémentaire de] l'Ecole.
« des Charles, s'il n'est âgé de dix-huit ans révolus et bachelier es
c< lettres.
« Tous les élèves [qui auront suivi le cours élémentaire] dç
« l'Ecole royale des Chartes seront admis à concourir pour les
« places d'élèves pensionnaires devant une commission formée du
и secrétaire perpétuel et de deux membres de l'Académie des In-
~> Ce litre ď archiviste paléographe, qui est aujourd'hui le titre officiel des
anciens élèves pensionnaires de l'École des Charles, me semble malheureux. Il a, en
effet, le grand inconvénient. de ne pas présenter une idee bien nette à l'esprit. Le
seul litre connu et-accepté du public est celui Relève de l'École des Chartes. Il
serait à désirer que le ministre actuel voulût bien décider que le titre tf ancien
ëlàve de L'Ecole des Charles sera joint à celui d'archiviste, paléographe sur le
brevet que les élèves pensionnaires reçoivent du ministère après l'épreuve du
second concours, ïl y a d'autant plus lieu d'espérer cetle modification que déjà
elle s'est introduite dans les actes officiels de l'administration. II suffit ďen citer
une preuve. L'ordonnance du 22 février dernier dont je parlerai Lout à l'heure
dit : les élèves de VKcole des Charles en pariant évidemment des archivistes
paléographes.
■
'
.
2 La traduction des textes était au moins inutile; mais les copies des élèves
iiiiles systématiquement auraient pu devenir d'excellents textes à imprimer aprèa
révisiou , et ioi'ruer ainsi chaque année un. spieilege précieux pour l'histoire na-
lioaale, ,
« logique, avec des noies critiques par les élèves pensionnaires; ce
« recueil sera intitulé Bibliothèque de l'histoire de France.
« il sera prélevé ammellementsur les fonds affectés dansle budget
« del'étatàrencouragemenl des sciences, deslettres et des arts une
« somme de 3,000 francs, qui sera employée par le ministre en gra-
« tifications aux élèves dont les travaux contribueront le plus aux
« succès des dits recueils, sur la proposition de l'Académie desln-
« scriplions et Belles-Lettres *. »
J'ai cité textuellement presque tous les articles de cette
ordonnance, parce que c'est la charte constitutive de l'École, et que je ne
saurais trop en invoquer l'autorité. Quoique imparfaitement
exécutée, elle a rendu d'éminents services à la science historique , et le
ministre, qui s'esthonoré en la proposant, avait le droit dire dans son
rapport au roi , après en avoir exposé les principales dispositions :
« Ainsi , tandis que dans le sanctuaire ouvert par François Ier à
« toutes les sciences utiles , un auditoire instruit vient apprendre
« chaque jour ce qu'il lui importe le plas de savoir sur les peuples
« dont les annales occupent les premières pages de l'histoire, un
« autre enseignement , fruitde la munificence de votre majesté, aura
« pour objet spécial les fastes glorieux de la monarchie française,
« l'étude de ses vénérables monuments. 11 sera placé dans cet im-
« mense établissement littéraire qui ne fut d'abord que la librairie
« de Charles V, et dont la protection de ses augustes successeurs
« a fait aujourd'hui le dépôt de toutes les connaissances humaines.
« On n'aura donc plus enfin à regretter de voir privées d'encourage-
« ments ces éludes françaises, qui ont fait pendant plus de deux
« siècles l'honneur de notre patrie, ces études savantes dansles-
' Voyez, Pièces justificatives , n" X!, le texte de ce rapport et les cleveloppi:-
ш unis tle celle proposition. — M. Guizot voulait sans cloute la mettre ;i
•
exécution lorsqu'il clmuiiuda à la chambre eu i8o'| quatre pensions tie юоо francs pour
L'Académie adopta les conclusions de ce rapport et l'adressa of*
íiciellement au ministre. Mais aucune suite ne fut donnée alors
aux propositions qu'il contenait; seulement le nouveau ministre de
l'intérieur, M. de.Montbel, emprunta au projet fourni par
l'Académie les bases d'un arrêté dans lequel il régla la marche à suivre
pour l'ouverture de l'École des Chartes, et donna un règlement
provisoire. Le 30 décembre, il adressa l'ampliation de cet arrêté au
président du conservatoire de la Bibliothèque royale et au garde
des archives du royaume.
Le 9 janvier 1830, il écrivit au secrétaire perpétuel de
l'Académie des Inscriptions pour qu'elle eût, conformément à l'ordonnance
de 1829, à nommer les deux membres qui, avec le secrétaire per^
pétuel, le garde des Archives du royaume, et trois conservateurs de
la Bibliothèque royale, devaient former la commission. L'Académie
choisit MM. Pardessus et Daunou, le conservatoire de la
Bibliothèque royale désigna MM. Baoul-Rochetle, Abel Bémusat et de
Manne. La commission, dans sa séance du 4 février 1830, nomma
M. Pardessus président, et M. Daunou secrétaire.
Les cours de la nouvelle Ecole des Chartes commencèrent le
2 janvier 1830 à la Bibliothèque royale et aux Archives du royaume,
Le 13 octobre de la même année, M. Guizot, premier ministre de
l'intérieur du gouvernement de juillet, modifia l'organisation de
l'Ecole des Chartes en supprimant le cours des Archives du royaume,
et en décidant que le cours élémentaire, comme celui de
diplomatique et de paléographie , aurait lieu à la Bibliothèque royale * . Par
un autre arrêté du même jour, il confirma dans ses fonctions de
professeur le modeste abbé de Lespine, et nomma à la seconde
chaire M. Champollion-Figeac, en lui conférant en même temps
!e titre de membre de la commission , en remplacement de M. de
Manne. A la même époque , M. Daunou étant devenu, en sa
qualité de garde des Archives, membre-né de la commission , fut ,
comme académicien, remplacé par M. Naudet.
Malheureusement pour l'École des Charles, M, Guizot quitta le
ministère de l'intérieur avant d'avoir pu réaliser les vastes projets
qu'il méditait dès lors pour les travaux historiques, et l'Ecole resta
les anciens élèves de l'École des Chartes, demande qui fut refusée parce qu'elle ne
fut pas comprise.
II semble que le cours élémentaire était mieux placé aux Archives du royaume
où abondent les chartes ci les monuments diplomatiques. Aussi le vénérable
directeur de ces archives n'a-til cessé de réclamer contre la translation de ce cours
h la Bibliothèque royale.
13
pour ainsi dire abandonnée à l'insouciance des bureaux. Le 47
novembre 1830, un arrêté du nouveau minisire de l'intérieur, M. de
Montalivet, fixa le mode d'inscription des élèves, la durée des
cours, etc. V Enfin, la commission, dans sa séance du 26
novembre 1830, compléta l'organisation de l'École en réglant les
formes, du concours pour l'admission des élèves pensionnaires.
Le premier professeur de l'École des Chartes, M. l'abbé de Les-
pine, ne survécut que peu de temps à la réorganisation qu'il avait
appelée de tous ses vœux. Il fut enlevé à la science au
commencement de février 1831, et remplacé par un des anciens élèves de
M. Pavillet, M. Guérard. Cette nomination fut aussi utile pour
l'École qu'honorable pour le ministre, et je me plais à rendre
hommage à M. le comte d'Argout, qui eut l'heureuse inspiration
de choisir le nouveau professeur parmi les anciens élèves de
l'Ecole, et qui n'hésita qu'entre deux de ces anciens élèves.
Me voici arrivé à la partie la plus difficile de ma lâche : j'ai
exposé, à l'aide de l'ordonnance de 1829, la constitution de l'Ecole
des Chartes, et tout ce qui a été fait pour en compléter
l'organisation jusqu'à Tannée 1831 ; il me reste à dire comment
l'ordonnance du 11 novembre a été exécutée depuis cette époque.
Avant de chercher à faire partager au lecteur la conviction qui
m'anime, que si l'Ecole des Chartes n'a pas produit tous les fruits
qu'on avait le droit d'en attendre, c'est uniquement l'inexécution
de l'ordonnance de 1829 dans ses dispositions les plus importantes
qu'il faut en accuser , je dois anticiper sur les faits pour mentionner
un projet auquel le nom du ministre qui l'avait conçu donne une
grande valeur. En 1835, M. Guizot, après avoir obtenu des
Chambres des fonds spéciaux pour la recherche et la publication des
monuments inédits de l'histoire de France, voulut que l'Ecole des
Chartes fournît des ouvriers pour l'exploration générale qu'il allait
entreprendre dans nos bibliothèques et dans nos archives ; il songea
en conséquence à la reconstituer sur des bases plus larges. Dans
les premiers jours du mois de mars, après plusieurs conférences
avec le savant président de la commission de l'Ecole, il écrivit ù
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres pour l'inviter à
examiner de nouveau les ordonnances de 1821 et de 1829, ainsi
que. les règlements provisoires faits en 1830 par le ministre de
l'intérieur sur l'ordre des cours et la tenue des concours de cette
' Ce règlement élail extrait du projet présenté par l'Académie dans le rapport
du (\ décembre 1829, Voyez, Pièces justificatives , uo'XlI.
... li
école. L'Académie nomma, dans sa séance du 13 mars, une
commission composée de ceux de ses membres qui faisaient partie de
la commission de l'Ecole des Chartes pour adresser à ce sujet un
rapport au ministre ' ; malheureusement le rapport ne fut pas fail,
et les préoccupations politiques ne permirent pas au ministre de
donner suite à son projet.
La première école des Chartes était tombée en désuétude parce
que le plan des travaux n'avait pas été conçu sur une échelle assez
vaste* parce que les études n'avaient pas été assez puissamment
encouragées, et que nul avenir n'avait été garanti aux élèves à leur
sortie de l'Ecole. L'auteur de l'ordonnance de 4829, pénétré de ces
vérités, et s'appuyant sur les vœux éclairés de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, s'était efforcé de remédier à ce double
mal en attribuant aux élèves la publication de deux recueils de
documents originaux, et en leur assurant la moitié des places
vacantes dans les archives et dans les bibliothèques du royaume.
Par la première de ces dispositions, il avait voulu donner à leurs,
travaux le puissant mobile de la publicité. Il avait dû espérer
aussi qu'en leur confiant une mission aussi belle que celle de
mettre en lumière les monuments de notre histoire, des traditions
d'études fortes et graves s'élabliraient au sein de l'Ecole, que les
cours seraient faits avec plus de solennité et d'intérêt, puisque les
documents examinés, les observations, les notes, les inductions
utiles suggérées aux professeurs et aux élèves prendraient place
dans des recueils imprimés ; que ces mêmes cours seraient suivis
avec plus de zèle, puisque des encouragements pécuniaires
viendraient se joindre à l'aUrait des encouragements honorifiques.
En assurant un avenir aux élèves qui, après avoir subi les
épreuves d'un double concours, se voueraient entièrement à la
carrière de l'érudition, le ministre avait cru présenter une
honorable récompense à des éludes indispensables à l'honneur de la
France , et faciliter ainsi la continuation de tous nos grands recueils
historiques.
Voici maintenant ce qui a été fait pour l'exécution de ces
dispositions si libérales. Une ordonnance royale rendue en 1832 sur
le rapport du ministre du commerce, sous la direction duquel
l'Ecole des Chartes se trouvait alors, par suite du bizarre
bouleversement opéré dans les attributions des différents ministères, a
r Pour prouver que ce n'est pas ici une vaine assertion . il me suffira d'invoquer
l'autorité du rapport fait à l'Académie, le 4 décembre 1829. Voyez, Pièces
justificatives , n° XI, p. 3/j.
2 M. Pardessus a écrit à tous les ministres qui se sont succédé dans la direction
de l'Ecole, il n'a jamais reçu de réponse. ( Note du président de la commission.
M
rarement écoutées et l'ordonnance a subi de trop nombreuses
infractions. Je n'énumérerai pas ici toutes les atteintes portées aux
droits de l'École depuis 1830; il me suffira d'appeler l'attention
sur les fréquentes nominations qui ont été faites dans les
bibliothèques pendant les premiers mois de cette année, sans qu'aucune
ait été accordée aux anciens élèves de l'École des Chartes , et de
dire que depuis 1830, à l'exception d'un employé aux Archives du
royaume, de deux bibliothécaires de l'Institut et des archivistes de
Poitiers, de Lyon et de Colmar , aucun choix n'a été fait sur le
tableau de sortie des élèves de l'École.
Un certain nombre d'anciens élèves de l'École des Chartes a été
attaché, il est vrai, aux travaux historiques exécutés sous la direc-»
tion du ministre de l'instruction publique ; c'est là un bienfait dont
l'École ne saurait se montrer assez reconnaissante ; mais si l'on a
confié à quelques-uns de ses membres des travaux pour lesquels
la spécialité de leurs études les rendait indispensables, cette faveur
ne peut justifier le tort qu'on leur fait en les frustrant de droits
qu'ils avaient dû croire garantis par la loi, et ils ne sauraient
considérer les emplois temporaires qui leur ont été accordés que
comme un moyen de mériter de plus en plus la confiance du
gouvernement, et les honorables récompenses qui ont été promises à
leurs éludes. Et puisque j'ai été amené à parler des travaux
historiques, je n'hésite pas à rappeler que des hommes absolument
étrangers aux études paléographiques, incapables, je ne dis pas de
comprendre, mais de lire la plus belle charte du moyen âge, le
plus beau modèle de la calligraphie du treizième siècle, ont été
trop souvent chargés de travaux importants au préjudice d'élèves
de l'École qui restaient sans emploi \ Je dirai aussi, parce que le
nom du ministre placé aujourd'hui à la tête de tous les intérêts
littéraires m'est un sûr garant contre le retour de ces abus, que la
qualité d'élève de l'École des Chartes a été invoquée dans les actes
de l'administration, et jusqu'à la tribune de la chambre élective ,
pour motiver le choix de personnes qui n'avaient d'autre droit au
titre d'élève que d'avoir échoué dans l'épreuve d'un premier
concours; et l'on ne tenait aucun compte de ce même titre, conquis
dans les épreuves d'un double concours, et reconnu par un brevet
ministériel , solennellement proclamé par l'Académie des
Inscriptions!
1 Le minisire a été obligé de réformer lui-même en 18З6 plus de la moitié des
douze personnes char^é^s en i83j de commencer le dépouillement des manuscrits
de In Bibliothèque royale. J'omets beaucoup d'autres faits analogues.
9
'18
Quelque longue que soit déjà cette Notice > je croirais
manquer à un devoir si je ne signalais l'atteinte que semble porter aux
droits des élèves de l'Ecole des Charles l'art, 26 de l'ordonnance
du 22 février dernier sur les bibliothèques. J'ai dit tout à l'heure
que celle de 1829 a subi de trop nombreuses infractions ; c'était là
un abus de fait auquel il était facile de remédier. -L'ordonnance du
22 février semble attaquer le droit, et ceci est plus grave.
Cette ordonnance, en effet, en admettant les membres du corps
enseignant, les savants et les hommes de lettres, concurremment
avec les élèves de l'Ecole des Chartes, aux places vacantes dans les
bibliothèques, sans déterminer la proportion des droits de chacun,
et surtout sans rappeler les dispositions de l'ordonnance de 1829,
semble annoncer que l'intention du rédacteur a été d'annihiler, ou
tout au moins, de restreindre les droits garantis aux élèves de
l'Ecole des Charles. Ce qui donne plus de force encore à celte
induction, c'est que, dans tous les articles où il est mention d'eux, les
élèves de l'Ecole des Chartes sont placés au dernier rang, comme si
leurs litres dataient seulement du 22 février 1839, comme s'ils
n'avaient pas été depuis longtemps légalement reconnus et
consacrés. S'il en est ainsi, si mon interprétation est fondée, on
chercherait vainement à s'expliquer les motifs d'une pareille, décision.
L'ordonnance de 1829 n'était-elle pas plus favorable aux vériiables
intérêts de nos établissements littéraires, en accordant la moitié
ues places vacantes à des hommes formés par des études spéciales
à la connaissance des livres et des manuscrits, et en laissant dans
l'autre moitié une libre carrière au choix du ministre' pour la
récompense des hommes de lettres qui, hors de l'Ecole, se seraient
fait un nom par leurs services dans le même genre d'études?
A ces observations générales j'en ajouterai une particulière.
L'exception posée dans l'ordonnance de 1829 en faveur de la
Bibliothèque royale n'y avait été mise que sur les représentations
de M., Dacier r, et à cause, dit le rapport au roi, des ordonnances
anciennes et nouvelles qui attribuent au conservatoire de ce
magnifique établissement la nomination de ses employés. Ne sem-
bîe-t-il pas que, si les .articles de l'ordonnance du 22 février qui
annulent ce privilège du conservatoire en attribuant toutes les
nominations au 'ministre, sont maintenus, le droit accordé aux élèves
de l'Ecole des Chartes par l'ordonnance de 1829 doit, par le fait,
s'étendre aussi à la Bibliothèque royale ? '
Je crois en avoir dit assez pour prouver la nécessité de revenir
1 Toy.. Pièces jiisUiicîUives, 3iû УШ. ia к Un; de ÎVL Dacier à M. Rjvt-a.
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à l'exécution de l'ordonnance de 1829. Il est môme permis
■
d'espérer que l'homme d'Etat placé au poste eminent où la voix
publique l'appelait depuis longtemps, complétera pour le pays le
bienfait d'une institution que l'Europe nous envie1 , et dont la
première pensée remonte au grand homme qui avait donné assez
de gloire à la nouvelle France , pour concevoir le projet d'une
école spécialement destinée à rechercher les titres de l'ancienne.
Sans doute, cette école n'a pas produit tousles résultats qu'elle
promettait , mais elle répond évidemment à un des besoins de notre
époque. Aussi malgré le peu d'encouragements qu'elle a reçu , le
nombre des jeunes gens qui se sont présentés au concours pour
obtenir le litre d'élèves pensionnaires a été toujours croissant depuis
la réorganisation. Et quel que soit l'état d'abandon dans lequel elle
a été laissée depuis sa création, cette institution, qui compte si peu
d'années d'existence , n'a été ni sans utilité ni sans honneur.
Qu'il me soit permis d'arrêter un instant l'attention sur les
services qu'elle a rendus à la.science, en rappelant les titres littéraires
de ses anciens élèves. Deux d'entre eux, aujourd'hui membres de
l'Académie des Inscriptions , ont su conquérir une place distinguée
dans l'estime de l'Europe savante 2 ; c'est de leurs rangs qu'est
sorti l'hisurien de Philippe-Auguste et de la Ligue, trois fois
couronné par l'Académie des Inscriptions, et qui a su rendre son nom
populaire 3. C'est à l'École des Chartes qu'appartiennent les auteurs
de l'Histoire du Privilège de Saint- Romain et de Y Histoire du
Sacre des rois de France 4, ainsi que le savant éditeur de Frois-
sart 5 dont le travail, déjà très-avancé, est destiné à jeter une
vive lumière sur l'histoire si dramatique du quatorzième siècle.
Parmi ces premiers élèves de l'École des Chartes, d'autres encore
se sont fait un nom dans l'érudition c> et ont rendu de véritables
services à nos établissements littéraires 7 . Enfin , l'École des
Chartes revendique avec orgueil les noms de ceux de ses anciens
Martial Delphi
Celle [Volíce a cle adressée par la soeie'lc de l'Ecole royaie tics Charles à ni. h
i'nmislrc de l'inslruclion publique, le ->J\ juin 18З0.