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Revue internationale de

l'enseignement

L’éducation publique aux États-Unis - L'éducation et la nature.


L'éducation physique
Georges Weulersse

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Weulersse Georges. L’éducation publique aux États-Unis - L'éducation et la nature. L'éducation physique. In: Revue
internationale de l'enseignement, tome 47, Janvier-Juin 1904. pp. 128-132 ;

https://www.persee.fr/doc/revin_1775-6014_1904_num_47_1_4925

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L’ÉDUCATION ET LA NATURE. L’ÉDUCATION PHYSIQUE (2)

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(3; Ecoles maternelles.


L’ÉDUCATION PUBLIQUE AUX ÉTATS-UNIS 129

lapin vivant trône sur le pupitre professoral ! Dans les laboratoires des
écoles secondaires vous trouverez des élèves, jeunes gens ou jeunes
filles, en train de disséquer des grenouilles ou même quelque animal plus
gros et plus voisin de nous, un chien, un chat !
Quant aux très nombreux collèges, qui sont comme des écoles prépa¬
ratoires à l’Université, intermédiaires entre l’enseignement secondaire et
l’enseignement supérieur, tous ou presque tous sont situés dans de petites
villes, toujours près de la grande campagne. Les Universités elles-mêmes
ne sont pour ainsi dire jamais situées en pleine ville ; de toutes celles
que j'ai pu visiter, deux seulement ont comme les nôtres façade sur rue :
l’Université Johns Hopkins à Baltimore, et l'Université Washington à
Saint-Louis ; encore cette dernière s’est-elle depuis lors transportée au
milieu d’un parc à demi sauvage. Harvard et Yale, les plus anciennes,
sont presque les seules à n’avoir qu’un yard , une cour — une cour qui
peut être semée de gazon et plantée d’ormes vénérables et de tilleuls
ombreux mais entourée de bâtiments, de grilles ; et pas de campus !
L’Université Columbia, à New-York, s’élève sur une belle colline au bord
de l’Hudson, aux confins de la ville et de la campagne. L'Université de
Chicago est située entre la 57e et la 58e me ; mais pour arriver aux vas¬
tes pelouses
direct est un de
sentier
gazondefinterre
où battue
s’espacent
à travers
les Facultés,
une lande
le chemin
d’herbesle folles
plus
et de bruyères. Qu’est-ce donc dans l’Ouest? L’Université de Wisconsin
est comme une cité idéale, toute blanche, dans une campagne enchan¬
tée de verdure et d’ombre auprès de lacs de cristal. L’Université Berke¬
ley, près de San-Francisco, est entourée de grands bois de chênes verts
et d’eucalyptus et regarde la « Porte d’Or », l’entrée du Pacifique. L’Uni¬
versité Stanford, à Palo Alto, en Californie encore, ouvre ses portiques
à l’extrémité d’une allée de palmiers longue d’un kilomètre, et les mai¬
sons des professeurs sont toutes imprégnées des senteurs balsamiques
des grands pins rouges !
Le « Campus », c’est presque le centre de l’Université. C’est là que Ton
joue le foot-ball et le base-bail ; c’est là qu’on se promène, qu’on cause ou
qu’on dort ; c’est là qu’on entonne en chœur les chants d’étudiants et que
Ton pousse les cris d’Apaches ! C’est là ou dans les bois voisins que se
donnent les fêtes. J’ai assisté aux préparatifs d’un gala de fin d’année au
collège féminin de Wellesley, près de Boston. Des jeunes filles éparses
dans les hautes herbes d’alentour cueillent des fleurs ; d’autres, dans des
bosquets (où la veille on a joué Comme il vous plaira ), accrochent
aux branches
achèvent de décorer
des ballons
une flottille
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; d’autres au
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bord
de d’un
cérémonie
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universi¬
taire où la nature n’ait part. Pour le Class Day à Harvard, les galeries
du théâtre où se déroule la partie officielle de la fête sont tendues de
guirlandes de feuillage et la cérémonie se continue en plein air, sur des
bancs de bois blanc ou sur l'herbe ! En plein air aussi Yale célèbre la fin
des études, et chaque année la classe sortante plante au pied du mur de
grès rose de la bibliothèque un lierre commémoratif. A Wellesley, c’est
un arbre que plantent les dernières arrivées, tout enrubanné aux couleurs
de leur promotion. A Palo Alto, étudiants et étudiantes ne plantent pas
de séquoia ; mais ils ont baptisé du nom de l’arbre gigantesque leur
petite revue, et les dortoirs s’appellent Roble et Encina — Chêne et
Chêne-vert ! L’Université enfin possède-t-elle un musée, ce qui est loin
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d’être rare, vous y trouverez do médiocres moulages ou des croûtes ori¬


ginales, mais de magnifiques vitrines de crânes, et de merveilleuses
reconstitutions
sives et charmantes
d'animaux
du Darwinisme.
replaces dans leur habitat, illustrations déci¬
L’homme étant naturellement composé d’un corps et d’une Ame, le soin
de l’un n’est pas moins important que le soin de l'autre: c’estle premier
principe de la pédagogie américaine. Saul les très anciennes ou les très
reculées, les écoles des Etats-Unis à tous les degrés, sont des chefs-
d’œuvre d’hygiène et de confort. Partout la lumière entrant à flots par
de larges baies fait briller les murs blancs et les boiseries claires. Tout
reluit, quelquefois les angles des murs et jusqu’à ceux des marches d’es¬
calier sont arrondis pour que la poussière ne puisse s’y amasser ; dans
telle Université on a choisi pour les calorifères des foyers à alimentation
automatique afin d’éviter les fumées qui pourraient salir la façade, trou¬
bler l’atmosphère des classes. Celles-ci sont vastes et hautes ; encore pour
faciliter le renouvellement de l’air laisse-t-on souvent les portes ouvertes
sur le couloir. Les vêtements ne sont jamais place's dans les salles d’étude,
mais dans des vestiaires attenants, pourvus d’appareils de ventilation
spéciaux. La température est soigneusement maintenue au degré conve¬
nable, souvent par des régulateurs automatiques. Dans beaucoup d’écoles
neuves à plusieurs étages, pour prévenir les encombrements et les acci¬
dents, on a ménagé des escaliers doubles, un pour la montée, un pour la
descente ; en cas d’incendie les deux servent d’issues. On veille sur la
santé de l’élève avec une attention jalouse ; on ne le laisse pas se cour¬
ber pour écrire, et si dans tel amphithéâtre d'Université on ne peut donner
aux étudiants des tables, le bras droit des fauteuils s’élargit en tablette.
Tel surintendant des écoles d’une cité de l’Ouest découvre plusieurs rai¬
sons pour proscrire l’emploi des ardoises; et hune d’elles est que le reflet
abime les yeux des enfants. Enfin d’un bout à l’autre de l'Union les
leçons sont courtes ; dans les écoles secondaires de Washington, même
pour des jeunes gens de seize àdix-sept ans. elles ne dépassent pas trois
quarts d’heure. Courte aussila journée scolaire, qui compte rarement plus
de six heures y compris le temps du déjeuner, et qui finit généralement
à deux ou trois heures de l’après-midi. Avant que vienne la soirée où il
fera les devoirs et apprendra les leçons du lendemain, l’écolier américain
a le temps de prendre l’exercice nécessaire (1).
Que la culture de l’esprit ne nuise pas au bien-être du corps, c’est beau¬
coup ; mais ce n’est pas proprement là l’éducation physique. Celle-ci ne
se donne pas uniquement dans les gymnases ; le travail manuel en est
presque la première forme. Dès l’écoie maternelle on dirige les jeux des
enfants de manière à développer chez eux « la dextérité de la main, la
justesse de l’œil » ; et le travail manuel se poursuit souvent à travers tout
i’enseignementprirnaire et secondaire jusqu'aux Ecoles ou Facultés techni¬
ques où il peut remplacer l’athlétisme des collèges classiques. Car les col¬
lèges et les Universités ont leurs gymnases : c’est à T âge où trop souvent
chez nous on s’en lasse, que le jeune Américain, en pleine adolescence, en
pleine jeunesse, s’adonne avec le plus d’ardeur à la gymnastique. 11 faut
que chaque jour le corps ait son heure, quelque temps qu’il fasse ; point

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L’ÉDUCATION PUBLIQUE AUX ÉTATS-UNIS 131

d’école secondaire qui n'ait son gymnase fermé, vaste préau parqueté et
ciré où d’épais tapis remplacent la sciure ou le tan. Le gymnase de l’Uni¬
versité
d’un château.
de Wisconsin est à quatre étages, et du dehors présente l’aspect
L’éducation physique comprend la gymnastique pure et la gymnasti¬
que appliquée. La première est toute scientifique : certains coins du gym¬
nase ressemblent à un laboratoire. Il y a des appareils spéciaux pour
élargir les poitrines trop étroites, relever les épaules déjetées, redresser
les dos ronds ; d’autres pour mesurer la capacité d’aspiration et d’expi¬
ration ; des bascules de précision. Les « massues indiennes » en bois
verni qui tiennent lieu de nos haltères, beaucoup plus gracieuses, sont
aussi beaucoup mieux faites pour développer la souplesse en même temps
que la force des poignets. La douche enfin est le complément obligatoire
de tout exercice un peu violent : dans les grands gymnases universi¬
taires chaque étudiant a sa cabine de douche où il peut régler la tempé¬
rature de l’eau à un degré près. - La gymnastique appliquée est la pré¬
paration immédiate aux différents sports. Une petite pièce à part, sorte
d’entresol au plafond bas, d’où ptmd au bout d'une corde courte un gros
ballon dur : c’est la salle d’entrainement pour les multiples jeux où il
faut avoir le poing solide. Là se livrent de solitaires, mais violents pugi¬
lats : une seconde d’inattention, une erreur de parade, et la grosse boule
de cuir rebondissant sur le plafond voisin vient frapper rudement le nez
du boxeur maladroit. Voici une bicyclette montée sur rouleaux, où Ton
peut s’exercer les jarrets sur place : et voici l’appareil où s’exercent les
amateurs d’aviron : des ressorts adaptés aux rames remplacent la résis¬
tance de l’eau. Les plus grands gymnases sont d’ailleurs assez vastespour
qu’on ait pu y établir une « piste cyclable » : celle de l’Université Colum¬
bia a 180 mètres de tour ; et les rameurs ont Tlludson chez eux. De
même les équipes de Wisconsin ont leur lac ; mais comme ce lac est gelé
une trop grande partie de Tannée, on a installé un « bassin de cano¬
tage » pour l’entrainement hivernal. Est-il besoin de dire que toute
grande Université a sa piscine, dont les escaliers de marbre blanc rap¬
pellent parfois les Thermes des Romains ! — Le sport enfin pénètre vic¬
torieusement dans le gymnase et T.égaie. Certains jeux trouvent à se
déployer à Taise dans ces vastes préaux : on débarrasse une moitié du
grand hall, on l’isole par un filet qui descend du plafond au plancher: et
voilà un tennis de chambre ! Dans les écoles de jeunes filles une salle est
réservée au basket-ball, qui est comme le base-hall féminin, moins rude,
moins violent, mais non moins passionnant que l’autre !
Nulle part n’est-elle faite à l’àme, aux sens supérieurs, au caractère,
dans cette éducation du corps ? — Il s’en faut bien : sans compter que
ces exercices corporels « affranchissent l’esprit », le libèrent de la mala¬
die, de la fatigue, de la nervosité, l’esprit y trouve plus d’une satisfaction
immédiate. Tout gymnase est pourvu d’un excellent piano, et les mouve¬
ments d’ensemble en musique contribuent puissamment à donner aux
jeunes oreilles et aux jeunes imaginations le sens de la mesure et du
rythme. La gymnastique suédoise, qui est fort en honneur, tend à former
des hommes (et des femmes) souples, agiles, bien découplés, bien équili¬
brés, aux gestes harmonieux, exempts de cet épaisissement musculaire
qui dépare les athlètes : le spectacle que se donnent les uns aux autres
les jeunes gens dans leur demi-nudité est bien fait pour éveiller en eux
132 REVUE INTERNATIONALE DE L’ENSEIGNEMENT

le sens de 1 elegance plastique. Les photographies de statues grecques


qui décorent les murs rappellent la beauté antique, qui elle aussi se
forma dans les gymnases : dans les grands halls remplis de mécani¬
ques barbares, elles évoquent le souvenir des classiques palestres.
Lors du récent concours pour la reconstruction de l’Université Berkeley,
les architectes américains s’étaient contentés d’imaginer d’immenses
Auditoriums , gymnases couverts à multiples étages qui pouvaient servir
de Salles des fêtes pour des milliers de spectateurs ; l’architecte français,
s’inspirant des traditions gréco-romaines que le climat californien per¬
mettait de faire revivre, osa dessiner au milieu de la cité universitaire un
amphithéâtre à ciel ouvert où tout un peuple pouvait s’asseoir : ce fut un
des mérites qui lui valurent le prix.
Aux murs du gymnase on voit encore affichés les « records » détenus
par les différentes Universités : l’enthousiasme pour le sport contribue à
créer cet esprit d’émulation cordiale qui unit entre eux tous les étudiants
d’Amérique. — N’a-t-on pas eu raison enfin de dire que le sport lui-même
est à sa manière une éducation : l’athlétisme n’est-il pas à sa manière un
humanisme ? Dans un match de base-bail, quel apprentissage de l’initia¬
tive individuelle et delà discipline collective, quelles leçons de silencieuse
énergie, de résolution, de hardiesse, de <jo ahead et de pluck ; quelle
véhémence de passion sans doute, quelle ardeur de combat, même quelle
brutalité de lutte ; mais aussi quel respect de l’adversaire, quel souci du
fair play! et quelle soumision pacifique aux décisions souveraines de
l’arbitre

G. Weuleksse.

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