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linguistique allemande
contemporain - Vincennes
Fuchs Catherine. Les problématiques énonciatives : Esquisse d'une présentation historique et critique. In: Documentation et
recherche en linguistique allemande contemporain - Vincennes, n°25, 1981. Dans le champ pragmatico-énonciatif. pp. 35-60;
doi : https://doi.org/10.3406/drlav.1981.970
https://www.persee.fr/doc/drlav_0754-9296_1981_num_25_1_970
moderne,
Le
théorique
ter
de
tiques
problématique
rement
(évidemment
terme
l'énonciation
ici
Souvent
définie
(§deelle
"énonciation"
et
2.),
contribuer,
très
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3.).
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contemporains,
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un comme
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sujet
son
repose,
adver¬
présen¬
et des
dif¬
la
37
dans son principe même, sur la prise en compte de ce que nous appelons au¬
jourd'hui "la situation d'énonciation". "Trois éléments sont à distinguer
pour tout discours : celui qui parle, le sujet sur lequel il parle, celui
à qui il parle", dit Aristote. Cette filiation, bien longtemps oubliée,
en
établit
quelques
n'est
particulier
rien
une
années
d'autre
correspondance
par
: "L'histoire
que
les l'histoire
linguistes,
entre
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deset
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enémotive"
Lelumière
Guern,etce
depuis
en¬qui
Vue d'un point de vue de linguiste, cette prise en compte du sens cons¬
titue une amorce de reconnaissance de la diversité possible des conceptuali¬
sations d'un même référent, en fonction des sujets et des situations. On no¬
tera en particulier que le problème de la non substituabilité d'expressions
de même dénotation dans un contexte dit "opaque" peut aussi bien être trai¬
té en termes logiques d'une sémantique intensionnelle qu'en termes linguis¬
tiques d'une sémantique énonciative .
2.1. le courant ENON cia T if (au sens étroit) • (37) . Deux points retiendront
ici notre attention : le processus continu d'élargissement par lequel l'ana¬
lyse, qui porte au départ sur certaines catégories énonciatives , finit par
s'étendre à tout l'énoncé, et la notion même de catégorie énonciative.
2.2.1. champs d’étude. Le courant pragmatique nous semble s'être engagé dans
trois grandes directions :
a) l'étude des "actes de langage" : à la suite des distinctions propo¬
sées par Austin entre "constatif" et "performatif", ainsi qu'entre "illocu-
toire" et "perlocutoire".
b) l'étude des "mécani smes conversati onnel s " : en particulier dans le
sillage des travaux de Grice®, on s'attache à dégager les règles, postu¬
lats, implicatures et maximes constitutifs de l'échange verbal, et à distin¬
guer les divers niveaux où peuvent se jouer les actes de langage (actes pri¬
mitifs, dérivés, marqués, manifestes, ou non).
c) l'étude des "présuppositions" qui, après avoir connu une grande vo¬
gue, semble en relatif déclin.
Ces trois directions ne sont pas indépendantes les unes des autres : il
existe entre
d'elles peut être
elles définie
de nombreux
en termes
liens,desde deux
multiples
autres passerelles,
v(471 . et chacune
rents Les
dictionnaires
définitions dede linguistique4
l'énonciation
(541données,
' témoignent
par de
exemple
la diversité
dans les des
diffé-
points
de vue possibles sur l'énonciation ; chacun "tire" l'énonciation vers sa
propre problématique théorique. Aussi bien une présentation d'ensemble des
grandes questions et positions communes aux diverses approches de l'énoncia¬
tion est-elle difficile) . Nous tenterons néanmoins d'en esquisser les
grandes lignes. Nous retiendrons trois axes de réflexion : la mise en cause
de l'opposition langue/parole, la conception de la sémantique, et le rôle du
sujet.
aussi bien souvent marquer la frontière entre l'analyse des paradigmes d'uni
tés isolées et l'analyse de leur combinatoire syntagmatique en une unité de
taille supérieure. Ainsi par exemple, Benveniste distingue-t-il l'analyse
du signe "en langue", au plan "sémiotique", relevant des méthodes de la lin¬
guistique structurale, et l'analyse de la phrase "en discours", au plan "sé¬
mantique", relevant des méthodes de la linguistique énonciative ; dans un
cas, la langue a pour fonction de "signifier", dans l'autre elle permet de
"communiquer" : "le sémiotique se caractérise comme une propriété de la lan¬
gue, le sémantique résulte d'une activité du locuteur qui met en action la
langue"(57).
On trouve une position assez proche chez Guillaume, qui voit dans la "lan¬
gue" le plan du vituel.de la puissance, du fini des règles, d'une première
"coupe" effectuée par la langue dans la pensée, et créant un mouvement, et
dans le "discours" le plan de l'actuel, de l'effet, de l'infini des réalisa¬
tions particulières, d'une seconde "coupe" effectuée par le discours dans
le mouvement, et créant des "effets de sens", des valeurs au niveau de la
combinatoire des unités dans la phrase.
Pour l'un comme pour l'autre, sujet et énonciation relèvent donc du discours
et se manifestent là où l'on passe du stock statique des unités isolées à la
dynamique de leur combinatoire au sein de la phrase, c'est-à-dire en défini¬
tive au "jugement", à l'assertion. Contrairement à la "parole" de Saussure,
le discours est ici vu en positif et considéré comme objet d'analyse pour
le linguiste.
Mais cette position se trouve à son tour rejetée par les théories de
l'énonciation plus récentes, qui entendent intégrer le sujet de l'énoncia¬
tion et l'analyse de la phrase (ou de l'énoncé) dans la langue elle-même.
b) énoncé/énonciation : l'énoncé s'oppose à l'énonciation comme le pro¬
duit à la production, l'objet à l'acte ; mais le propre des problématiques
énonciatives réside précisément en ce qu'elles postulent la nécessité de se
référer à la production pour rendre compte du produit, dans la mesure où le
produit contient les traces de sa production. Si l'on ne connaît jamais que
les énoncés, c'est à partir de ces énoncés que l'on tente d'inférer les mé¬
canismes de l'énonciation.
A cette opposition vient parfois se superposer une autre dichotomie : celle
du "type "/"token" ; on opposera ainsi 1 ' "énoncé-type" à 1 '"énoncë-token"
(c'est-à-dire à l'occurrence particulière de l'énoncé dans une situation
donnée)
c) langue/produits textuels : le produit textuel est considéré par
certains auteurs (comme par exemple Culioli ou Pottier) comme une réalisa¬
tion particulière d'un système d'opérations qui, par définition, ne contient
rien de plus que le système de la langue.
49
NOTES
(12) Cf. Les travaux de Marcel lesi, Gardin (cf. son ouvrage de 1974), de
Pêcheux (ouvrage de 1969). Pour une présentation d'ensemble, voir
Maingueneau
voir aussi Langages
(1976), n°13,
pp. 65-98
23, et
37, sa41,45,
bibliographie
52, 53 et pp.
62, 187-188
Langue et
Fran-
190 -,
çaise n°9, 15, 28, et l'article de Dubois (1969). On notera, dans le
n°62 de Langages (1981) Les réticences des tenants de l'"AAD" à l'égard
de 1 ' héritage juridico-rhétorique en analyse du discours.
(13) Cf. Le titre du traité sur 1 ' argumentation de Perelman et Olbrechts-
Tyteca (1958) : La Nouvelle Rhétorique.
(14) Cf. Les travaux de Grize (voir par exemple Grize (1978)), et la revue
que publie le decentre
l'Université Neuchâtel.
qu'il dirige : Cahiers du Centre de Sémiologie de
(15) Voir les travaux de Ducrot sur mais (p.ex. Ducrot (1980 a) pp. 11-29)
et sur les "échelles argumentatives". Pour une présentation d'ensemble,
voir Maingueneau (1976) pp. 163-171 et la bibliographie p. 190.
(16) Cf. Fuchs (1981) § 3.
(17) Cf. Les "particuliers égocentriques" de Russell (voir Russell (1940)
ch. 7) et les "symboles index" de Peirce.
(18) Cf. Jakobson (1957).
(19) Benveniste (1970), repris dans (1974) p. 84.
(20) Pour une présentation générale, voir Maingueneau (1976) pp. 102-104 et
Lyons (1977) vol. 2 ch. 15.
(21) Voir par exemple Fillmore (1971).
(22) D'après Nuchelmans (1973), pp. 97 sq.
(23) D'après Nuchelmans (1973) pp. 128 S£.
(24) Cf.
d'Histoire
la conférence
des Sciences
de Desbordes
du Langage
à la (Lille,
Seconde septembre
Conférence1981),
Internationale
intitulée:
"Actes de langage chez Varron".
(25) Cf. Aristote De l'Interprétation cf. 12 et 13.
(26) Citons, entre autres : Bally (1932), qui reprend la distinction modus/
dictum, Halliday (1967-68), qui distingue modalités de l'énonciation
(relations inter-sujets et actes de parole) et modalités de l'énoncé
(attitudes du sujet par rapport à son énoncé), Culioli (1968 p. 112)
qui distingue quatre types de modalités, Pottier (1976) et (1980). Pour
une présentation générale, voir Maingueneau (1976) pp. 110 sqq. ,
Lyons (1977) vol. 2, ch. 16 et 17, Langages n°43 (et sa bibliographie).
(27) donnée
ArnaultLe etGoffic
Nicole(1978)
Logique,
. rééd. 1965 p. 129. Cf. l'analyse qu'en a
sophie
appelle
n°32philosophe
aux
vaux
du recherches
ont
de dudésormais
Communications,
connu
langage
anglais
prenant
un essor
et
"pragmatique"
à Austin
laparti
pour
Récanati
linguistique
objet
cul ièrement
sur écrit
les
1 De
'énonciation
Speech
même
de frappant
que l'énonciation
c'est
dans
Acts".
saundepuis
linguistique.
présentation
"numéro
--à
les consacré
ceCesdu
travaux
qu'on
tra¬
55
(50) Ainsi dans Grice (1968) et (1969), on a affaire à des séries d'écrans
sans
chez
"l'image
Ducrot,
fin, dequil'énonciation"
lerenvoient
sens de l'énoncé
å l'image
: on risque
finit
de l'image
par être
d'oublier
de caractérisé
l'image...
purement etDecomme
simplement
même
notion
la dénotation.
de "locutoire".
D'où la tentative de Récanati (1980 b) pour cerner la
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56
et aussi
- n °43,
°T3,
°17,
°23,
°31,
°41
°°45,
°52,
°53,
°62
°21,
°22
°42,
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