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Bulletin de l'Association

Guillaume Budé : Lettres


d'humanité

L'encyclopédisme de Constantin Porphyrogénète


Alphonse Dain

Citer ce document / Cite this document :

Dain Alphonse. L'encyclopédisme de Constantin Porphyrogénète. In: Bulletin de l'Association Guillaume Budé : Lettres
d'humanité, n°12, décembre 1953. pp. 64-81;

doi : https://doi.org/10.3406/bude.1953.5043

https://www.persee.fr/doc/bude_1247-6862_1953_num_12_4_5043

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L'encyclopédisme de Constantin Porphyro

goût,
sentir
brillants
était
bénéfice
réservé
avoir
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l'activité
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curiosité,
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P
djct
L'ENCYCLOPÉDIE DE CONSTANTIN PORPHYROGÉNÈTE 65

l'enquête précédemment menée va se prolonger. C'est au début


du règne de Constantin Porphyrogénète que l'on copie en les
translitérant les ouvrages techniques de l'antiquité, dont le
Dioscoride de la collection Pierpont Morgan nous offre un si
bel exemple. Au cours de la troisième décade du siècle, on récu¬
père les historiens grecs, et nous devons à cette époque ces
exemplaires de luxe que sont le Thucydide de la Laurentienne
(Laur. LXIX-2), V Hérodote de la même bibliothèque (Laur.
LXX-3), le Plut arque de Paris (Par. Coisi., 319). Mais ce sont
de trop gros ouvrages pour être lus commodément par le public.
Désireux de faire assimiler par son entourage la quintessence de
la culture ancienne, Constantin Porphyrogénète eut l'idée de
l'introduire dans des formules encyclopédiques. Sur son ordre
ou sous son influence, on a en quelque sorte présenté l'antiquité
en digests. On l'a résumée, on en a fait des extraits. Et, par voie de
conséquence, involontairement sans doute, on a été amené à
négliger les sources mêmes qui avaient servi à alimenter les
travaux encyclopédiques. Si bien que l'immense travail fourni
par Constantin Porphyrogénète et son équipe de chercheurs, au
lieu d'assurer la conservation des textes anciens, contribua
efficacement à leur destruction : le zèle qu'on avait mis à résumer
et à adapter les textes avait rendu inutile la conservation des
originaux.
Une autre remarque préalable s'impose. Dans le travail ency¬
clopédique inspiré par Constantin Porphyrogénète et souvent
exécuté par lui, nous ne retrouvons pas l'influence traditionnelle

de l'Université.
domaine de l'histoire
On sait
des textes
l'influence
et de capitale
la tradition
exercée
de la dans
culture
le

par le milieu universitaire, par l'enseignement et les programmes,


par les scholars pour tout dire. Or, ce rôle primordial de l'Uni¬
versité, qui est la loi de l'histoire de la culture, ne se distingue
pas ici. L'illustre Université de Constantinople, fondée jadis et
organisée par Constantin le Grand et Théodose, amoindrie au
cours des luttes de l'iconoclasme, naguère revigorée par Bardas
en 853, ne retrouvera ses prérogatives et son éclat qu'un siècle
plus tard, avec le décret de 1043. Dans la présente enquête, ce
n'est pas l'influence traditionnelle de l'Université que nous
rencontrerons,
d'abord chercher
mais
en celle
ce domaine.
d'un homme. C'est l'homme qu'il faut
66 l'encyclopédie de Constantin porphyrogénè

les circonstances politiques ne lui permirent pas d'exer


trône, il la consacra à la science et à l'érudition. Essay
caractériser dans le domaine qui nous intéresse ici, c
recherche des textes et de leur diffusion. Représent
notre homme devenu un fidèle habitué des bibliothèq
mant une équipe de chercheurs occupés à recueillir da
les provinces de l'empire les écrits, surtout les ouvrage
rature profane et de technologie, qui avaient échappé au
teurs du siècle précédent.
Il est facile de l'imaginer travaillant dans la biliot
Camilas qu'il a lui-même organisée dans le Grand Pala
date que le continuateur de Théophane, à qui nous d
renseignement, a malheureusement négligé de nous pré
peut, en s'aidant par exemple du plan joint à l'édition d
du Livre des Cérémonies publié dans notre collection G
Budé, se figurer le site de ce temple du travail dan
ensemble d'édifices que constitue le Grand Palais (n° 36
Le Camilas est situé entre le Triconque et le Chrys
C'est à l'étage du mésopaton qu'est établie la bibliothè
regard, à l'ouest, sur la cour qui sépare le Camilas du C
clinos. Du côté du sud, par delà le passage des Quaran
la vue s'étend sur les terrasses qui s'étagent en pente
jusqu'aux bords de la mer de Marmara. C'est là que C
Porphyrogénète a installé la nouvelle bibliothèque, q
plus importante de Constantinople tant que la cour ne
portera pas aux Blachernes. C'est là que sont alignés les
volumes que l'empereur a fait venir de toutes les p
l'empire, ou qu'il a fait copier par ses scribes.
De cette enquête, nous avons par hasard conservé un
une image, qui vaut la peine d'être retenue. C'est C
Porphyrogénète qui parle, au début de ce court traité,
d'ordinaire comme un appendice au Livre des Cér
Observanda et agenda imperatori. Il s'agit du cérémonia
doit observer quand l'empereur est aux armées. C
s'adresse à son fils Romain, et le morceau ne manqu
saveur.

L'empereur veut enseigner à son fils les règles de


militaire et mieux encore la bonne tenue que les anciens
autrefois aux armées : της των προγόνων παλαιάς
Mais l'empereur n'a rien trouvé sur la question dans
thèque du palais : « Donc, dit-il, ayant fait une longue
sur la question, et n'ayant trouvé là-dessus aucun mém
L'ENCYCLOPÉDIE DE CONSTANTIN PORPHYROGÉNÈTE

dit maître, en effet, sur l'ordre de Léon, ...... notre père et ton
aïeul, avait traité par écrit la matière dont je veux m' occuper,
Mais comme le maître était dépourvu de culture grecque ( μου¬
σικής ελληνικής), son écrit était plein de barbarismes, de solé-
cismes et de fautes de syntaxe : notre homme au fait, comme sa
vie l'a montré, était en Dieu et n'avait de zèle que pour la spiri¬
tualité. Tant y a que, son absence de culture, comme j'ai dit,
rendait son écrit répréhensible et pouvait induire le lecteur en
erreur. Pourtant, il y disait des choses louables et exactes, comme
il convient à un homme pieux et vertueux. Quoi qu'il en soit,
les notes du maître, écrites avec rudesse et négligences de style,
au reste très incomplètes, n'atteignaient les choses qu'avec obscu¬
rité, laissant le reste dans l'ombre : j'ai donc pris le parti de com¬
poser à ton usage le présent mémoire. »
Tout Constantin Porphyrogénète est là. Son goût pour la
recherche sur un point curieux, son enquête, d'abord dans la
bibliothèque du palais, puis dans celles des couvents, ses répu¬
gnances devant un texte mal écrit, puis sa détermination immé¬
diate de reprendre la question, en faisant une retractio du
mémoire de Léon Catacylas.
Le goût de la compilation et de la retractatio était héréditaire
chez Constantin Porphyrogénète. Il le devait à son père, Léon VI,
et à son aïeul Basile Ier. Je n'ai pas besoin de rappeler le zèle
encyclopédique qu'avaient déjà manifesté ces empereurs. Il
suffit de citer l'immense compilation des Basiliques qui, en
soixante livres, réunit toute la matière de l'ancien droit romain.
Léon VI s'était en outre appliqué à la science militaire, qu'il
exerça plus volontiers dans son cabinet de travail que sur les
champs de bataille. Reprenant le procédé millénaire de la retrac¬
tatio, qui remonte en fin de compte à l'ancienne tradition stoï¬
cienne, il avait réécrit, à l'aide de sources diverses qu'il para¬
phrase, les vingt et une constitutions dont l'ensemble forme les
Tactiques.
Léon VI avait écrit un autre traité militaire, qui présente dans
des conditions singulières la méthode d'abréviation d'un ouvrage
antérieur. Il s'agit des Problemata, dont j'ai donné l'édition
princeps en 1935. L'ouvrage se présente sous la forme de ce que
nous appelons un catéchisme, fait de questions et de réponses.
Léon VI suit pas à pas, en l'abrégeant fortement, le texte du
Strategicon de Maurice. Il procède par questions, et à chaque
question qu'il formule il donne une réponse qui est un extrait de
l'ouvrage de Maurice ; à peine y a-t-il de simples retouches
68 l'encyclopédie de Constantin porphyrogén

de race. Il serait plutôt ce que dans la vieille langue cla


appelle un « antiquaire », un « curieux ». Comme écriv
comparerait volontiers au comte de Caylus. Cela n'en
au mérite singulier que l'empereur érudit acquit dans
la culture. Il exerça une influence profonde sur son
inspira les philologues de son temps.

Constantin Porphyrogénète est un écrivain et il n'est


saire de rappeler l'étendue de son œuvre, dont les titr
paux sont connus de tous : Liber Caeremoniarum, De
trando imperio, De thematihus , etc. C'est de l'encyclo
du compilateur que je dois parler ici.
Rien ne le définit mieux, à cet égard, que les quelq
que feu l'abbé Yogt lui consacrait dans l'édition du
Cérémonies. Après avoir loué le grand idéal des écrivai
tins, Albert Vogt montrait comment ces écrivains s'étaie
esclaves volontaires des formules anciennes, s'attardan
ger les œuvres d'autrefois, à les recopier et à les comm
parlant plus précisément du Livre des Cérémonies, voi
ajoute : « Constantin VII, en publiant le code des céré
la cour, a fait œuvre de compilateur. Non seulement il
bien partout où il le trouvait, dans les cérémoniau
comme dans la tradition orale ou écrite, essayant de fa
les usages d'autrefois avec ceux en vigueur de son temps
aussi, très probablement, de remettre en honneur une
depuis longtemps tombée en désuétude, mais, antiqu
sionné, archéologue épris d'un glorieux passé, il a i
quels dans son texte, d'abord les cérémoniaux d'époq

dente rien
n'ont .....
àet,voir
ensuite,
avec lepeut-être,
Livre des Cérémonies
des morceaux
de la
adven
Co

tantin VII l'a fait, le sachant et le voulant, uniquemen


pas laisser s'égarer et se perdre des récits qu'il jugeait,
point de vue ou à un autre, du plus haut intérêt. » Ai
Albert Vogt. Et il songeait à maint morceau du texte q
éditer et notamment à ces chapitres de Pierre Magistros
à la fin du livre I du Livre des Cérémonies , et qui, rep
un cérémonial du VIe siècle, sont à n'en pas douter un
tion factice, morceau qui, malheureusement, manque
du livre I, laissée inachevée par notre ami.
Mais la forme la plus curieuse, et sans doute la plu
L'ENCYCLOPÉDIE DE CONSTANTIN PORPHYROGÉNÈTE 69

une enquête sur laquelle nous sommes malheureusement


dépourvus de renseignements positifs, l'impérial chercheur
réunit, sur des thèmes précis, tout ce qu'on pouvait alors recueillir
de textes anciens. Pour les mettre de nouveau en circulation, il
en fait des extraits ou des résumés, dans l'idée que cette forme
abrégée était plus facilement accessible.
Dans son désir d'embrasser tous les domaines de la science,
Constantin Porphyrogénète s'était trouvé amené à réduire systé¬
matiquement la matière des livres qu'il utilisait. Quels regrets
n'avons-nous pas à exprimer de la disparition de tant de bons
ouvrages que l'empereur lisait encore et dont il provoqua la perte
par son zèle à n'en produire plus que des résumés !
De cet immense travail encyclopédique, qui semble avoir
porté sur des domaines très divers, la majeure partie, à son tour,
a péri. Il n'en reste plus que les membra disjecta que les philo¬
logues ont réuni avec un zèle en général assez heureux. ·

Le recueil qui permet le mieux d'analyser les méthodes de


l'entreprise est sans doute celui des Extraits d'histoire naturelle
sur les animaux , dont Spiridon P. Lambros publia deux livres en
1885 (les deux autres livres n'ont pas été conservés). La collec¬
tion est formellement attribuée à Constantin Porphyrogénète :
Συλλογή της περί των ζώων Ιστορίας .... Ινωνσταντινω τω
μεγάλω βασι,λεΐ και αύτοκράτορι φιλοπονηθεΐσα. Le texte dit
bien que l'ouvrage « résulte des travaux de l'empereur ». Nul
doute cependant que quelque sous-ordre n'en ait réalisé l'exécu¬
tion. Notre homme a d'abord, dans son livre I, compilé les travaux
d'Aristophane de Byzance ; dans son livre II, il a ajouté aux
extraits tirés de cet auteur des morceaux plus étendus empruntés
à Élien, à Timothée de Gaza, à Agatharchidès, à saint Basile, à
Ctésias. L'excerpteur, oubliant l'autorité impériale qui lui a
imposé ce travail, fait des remarques personnelles sur la manière
dont iléditions
deux a procédé.
différentes
Il signaled'Élien
notamment
— c'est
qu'il d'Élien
a eu à sade
disposition
Préneste

qu'il s'agit — une édition brève et une édition intégrale qu'il


appelle πλάτος ; il signale même, à propos de tel passage, qu'il
ne l'a pas trouvé dans l'édition intégrale : έν τω πλάτει αυτά
ούχ εδρον.
Du même genre, mais plus vaste dans sa réalisation, est la
collection des Géoponiques. Que l'auteur — l'ouvrage est attribué
communément à Cassianus-Bassus — ait été inspiré par Cons¬
tantin Porphyrogénète et ait travaillé suivant ses directives, nul
ηο l'encyclopédie de Constantin porphyrogénè

se persuader qu'il était en quelque sorte l'auteur des


dont il prescrivait la rédaction. En réalité, Constantin P
génète avait fait recueillir les matériaux utiles à la réda
la compilation — παντί τρόπω ... συνάγεις τά χρήσιμ
dans la préface — et il avait imposé le plan général de
conformément aux principes qu'il avait fixés pour son e
encyclopédique. Les extraits, puisqu'extraits il y a, son
suivant un ordre qui, en vingt livres, embrasse toute la
que comporte la science de l'agriculture. Presque tous le
portent le nom des auteurs auxquels ils ont été emprunt
auteurs grecs, évidemment, car nous n'avons trace ic
écrits de Caton, ni de ceux de Collumelle ou de Palladius
curieux est que le compilateur se réserve parfois la l

placer
devinrent
sondans
mot.laPar
suite
unlajuste
source
retour
de nouveaux
des choses,
extraits
les Gé
ou

velles adaptations. J'en veux pour preuve ces deux cour


Sur la greffe que va prochainement publier M 110
H. Thomson. Mais nous regretterons toujours la p
sources dont s'était servi l'auteur des Géoponiques .
Le rattachement à l'entreprise constantiniennc est n
net dans le cas de Y Encyclopédie médicale. Sur l'ordre
tantin Porphyrogénète, le médecin Théophane Nonno
une sorte d'abrégé de l'œuvre d'Gribase, qui était lui-
abrégé des connaissances des anciens médecins grecs. On
de même à l'inspiration de l'empereur la rédaction de d
d'art vétérinaire appelés communément Hippiatriqu
l'appartenance
doutes. de ce traité à l'officine impériale a soulevé

L'activité encyclopédique de Constantin Porphyrogé


pliquait à tous les domaines. On la retrouve dans celui d
graphie. Mlle Sirarpie der Nersessian a repris récem
problème et je lui emprunte ses conclusions. Il est pro
l'entreprise d'une collection de Vies de Saints, réa
Siméon Métaphraste, fut patronée à l'origine par C
Porphyrogénète, quoique le Menologium en question
achevé qu'après le règne de l'empereur. Des morcea
autre main furent ajoutés à l'œuvre primitive et, par exe
incorpora dans la collection plusieurs Vies dues à N
Paphlagonien. On remarque dans l'entreprise un certain
ment, que souligne l'inégale répartition des Vies de Sa
le calendrier : on compte cent vingt-deux vies pour
premiers mois de l'année (septembre à février) et vin
L'ENCYCLOPÉDIE DE CONSTANTIN PORPHYROGÉNÈTE 7

dus à des écrivains antérieurs, sans y apporter de modification


allant jusqu'à conserver le nom de leurs auteurs. Cela est bie
dans la tradition constantinienne. Dans d'autres cas, surtou
quand il s'agit d'œuvres récentes, l'auteur n'apporta pas d
modifications notables. Mais le plus souvent Siméon écrivit d
nouveau les biographies, conformément aux principes de
paraphrase alors en honneur.
On serait étonné que Constantin Porphyrogénète, petit-fi
et fils de Basile Ier et de Léon VI, ne fût pas intervenu dans
domaine juridique. Son éloignement du trône lui interdit pendan
longtemps l'œuvre législative. Mais il s'agit ici des études d
droit. On sait que certaines des scholies des Basiliques remonten
à son influence, et peut-être à son ordre. Mais il n'est pas douteu
que la rédaction de la Synopsis Basilicorum, achevée peu après

mort
Basilede
et Constantin
Léon avaient
Porphyrogénète,
recueilli dans ne
les relève
soixante
de livres
son inspiration
des Basi

liques tout ce qui était encore acceptable à leurs yeux de l'ancienn


législation impériale. Mais une telle compilation n'était plus dan
le goût du temps, encore qu'elle fût de date relativement récent
Faire de tout cela un résumé par extraits et l'ordonner suivan
le plan alphabétique, voilà qui répondait bien aux nécessité
nouvelles. Ainsi fut constituée la Synopsis Basilicorum , que le
lecteurs des siècles suivants devaient trouver encore trop longu
et susceptible de nouveaux abrègements.

Ce qui fait la gloire de l'entreprise encyclopédique de Cons


tantin Porphyrogénète, c'est incontestablement sa collectio
d'Extraits des historiens, auxquels la postérité a précisémen
donné le nom d 'Excerpta Constantiniana. Les restes essentie
en ont été édités naguère en quatre beaux volumes par U. Boiss
vain, C. de Boor et Th. Buttner-Wobst.
Dans leur état primitif, ces Extraits constituaient une des plu
vastes encyclopédies que l'on connaisse. On regrette de n'être pa
mieux renseigné sur la manière dont on a organisé cet immens
travail, dont la réalisation imposait au préalable la réunion
Constantinople de tout ce qui restait de littérature histori
graphique des Grecs. Sans doute l'impérial rédacteur s'expliquai
il sur ce point dans la préface qu'il avait dû mettre en tête d
livre I, qui n'est pas conservé.
Au total, à une date de son règne qui n'est malheureusemen
pas précisée, Constantin Porphyrogénète, dans le dessein d
faire connaître à ses contemporains l'immense littérature histo
L'ENCYCLOPÉDIE DE CONSTANTIN PORPHYROGÉNÈT

cinquantc-trois sections ou chapitres (κεφαλαιώδεις υπ

et C'est
paraissent
à un avoir
dessein
fourni
pratique
cinquante-
d'encyclopédie
trois volumes
qu'av
imp

l'empereur et ses adjoints. Il était sans aucun doute plus c


de se renseigner dans cette collection méthodique,
Larousse avant la lettre, que d'aller chercher directem
renseignement dans l'œuvre de Théopompe ou de Pri
avait ainsi, depuis le temps de Thucydide jusqu'aux h
du VIIe siècle de notre ère, une matière immense rangé
plan nouveau. La compilation impériale représenta
années ou plus de l'historiographie grecque. Il est perm
demander si, à l'exception des grands historiens, les so
cette compilation ont jamais été transcrites en minuscu
ne possédons en effet, dans nos manuscrits médiévaux

proportionin très
conservé extenso
faible
que des
les œuvres
historiens
de ceux
grecs. d'entre
Nous

furent connus de l'Université. On s'expliquerait que les


crits d'historiens recueillis par Constantin Porphyr
n'ayant jamais été transcrits en minuscule au complet,

négligés dans
nouvelle de l'histoire
la suite était
et aient
la compilation
disparu définitivement.
de ConstantinL

rogénète, devenue pratiquement la source unique de t


seignement et jouissant d'une autorité officielle. Il est c
tout
Souda,
cas recueillant
que le lexicographe
les matériaux
Suidas,
de son
ou, volumineux
si on veut, l'aut
dict

ne jugea pas à propos de compiler les œuvres authenti


anciens historiens : il prit ses notes et ses exemples

Extraits s'il
comme de Constantin
les avait Porphyrogénète,
extrait directement
et, dedes
bonne
manus
foi

chaque auteur.
Le plus curieux — et c'est sans doute ce qui choqu
nos conceptions modernes de l'histoire — c'est que Co
Porphyrogénète n'ait pas rangé ses extraits dans un o
correspondît à des préoccupations historiques. Et c'est
ce qui caractérise l'encyclopédiste, qui range ses matér
sujets accessibles à des lecteurs étrangers aux recherch
niques. On dirait que l'auteur a des desseins de morali

que
teurs,d'érudit
aux collectionneurs
: il fournit des
d'anecdotes.
développements
C'est un
tout
recueil
faits d

dirions-nous familièrement. Car quel avantage peut


pur historien à trouver des renseignements rangés
rubrique : « des vertus et des vices », « des sentence
L'ENCYCLOPÉDIE DE CONSTANTIN PORPHYROGÉNÈTE 7

isolé. La qualification même d 'Hypotheseis rangées par sujet


κεφαλαιώδεις υποθέσεις, rappelle une autre série d' Hypotheseis

peut-être
mais inspirée
antérieure
du mêmeà l'époque
esprit. Il de
s'agit
Constantin
des Hypotheseis
Porphyrogénète
tirées de

Stratagèmes de Polyen. Le compilateur ancien avait rangé se


historiettes, empruntées aux écrivains antérieurs, en usant d'un
classement qui n'avait rien de scientifique : stratagèmes d
Romains, stratagèmes de Macédoniens, stratagèmes de barbares
ruses de femmes, etc. L'auteur des Hypotheseis résuma les hui
livres de Polyen en une soixantaine de courts chapitres où le
matières étaient classées dans un ordre qui pouvait intéresser
les amateurs de technologie militaire, mais qui n'était pas
vraiment tactique : sur les mots de passe, sur les signaux lumi¬
neux, sur la manière d'utiliser les vents, sur celle d'éviter l
panique au combat, etc. Tant y a que les Hypotheseis devinren
un ouvrage classique, et qu'en dehors du texte même de cett
compilation, nous connaissons cinq paraphrases différentes de
ce petit traité, toutes datables du Xe siècle : l'une d'elles est encor
inédite ; deux ont naguère été éditées par M. J. de Foucault
Il s'en est fallu de peu que le texte de Polyen ait péri : nous n
le retrouvons que dans un manuscrit tardif, du xive siècle ; mais
la tradition du texte des Hypotheseis et des paraphrases est large¬
ment représentée, et en manuscrits anciens. C'est la règle : le
résumés, les morceaux choisis, les paraphrases ont une tendanc
à se substituer
monnaie chasseau
la texte
bonne.
authentique. Comme on dit, la mauvaise

C'est ce qui arriva pour les Excerpta Constantiniana. Je l'ai dit


l'entreprise impériale de compilation a beaucoup contribué à la

perte des
autant, assuré
trésors
la de
survie
l'histoire
de laancienne.
collection
Mais
constantinienne.
cela n'a pas, pour
Les

cinquante-trois gros volumes rédigés par l'équipe de Constantin


Porphyrogénète à la suite d'un long travail d'élaboration, pourvus
d'une solide reliure, ont été déposés dans quelque bibliothèque
officielle, sans doute au Palais, peut-être dans la salle du Camilas
dont il a été question plus haut. C'est là qu'on venait les consulter
Il ne semble pas qu'ils aient jamais été l'objet de copies au cour
des cinq siècles qui suivirent. Or, les bibliothèques officielles de
l'empire byzantin, à cause de leur situation insigne, sont précisé¬
ment celles qui résistèrent le moins bien au pillage, aux incendies
aux destructions. Il n'est resté qu'une infime partie de l'encyclo¬
pédie historique de Constantin Porphyrogénète. Pourquo
L'ENCYCLOPÉDIE DE CONSTANTIN PORPHYROGÉNÈ

quelques volumes se trouvaient-ils prêtés et ont ainsi éc


sort subi par le reste de la collection. Cela se voit. Si je
aujourd'hui le Saint Jean Chrysostome du chancelier
c'est que, lors de l'incendie qui, en 1794, dévora les livr
més du chancelier déposés à l'abbaye de Saint-Germ
Prés, les dits in folios se trouvaient avoir été prêtés à l'a
Saint-Jouin-de-Marnes,
moment de la Révolution.
dont la bibliothèque fut disp

Il reste à faire l'inventaire de ce qui a été sauvé des


Constantiniana. Un premier recueil comportait une série
sur les vertus et sur les vices : Περί άρετής και κα

bibliothèque
incendiée en juin
de Tours
1940, qui
mais
conservait
les Extraits
de précieux
Constantinien
volu

sauvés. On les appelle Excerpta Peiresciana, du nom


érudit français qui en fut le propriétaire, avant que le
passât à l'abbaye de Marmoutiers, puis à la Bibliot
Tours, dont c'est le seul manuscrit grec. On ne saurait
que ce volume soit l'exemplaire même de la collection
tinienne : du moins est-ce une copie ancienne.
Un second recueil était, par son ampleur, le plus i
de tous ceux que nous avons conservés. Il s'agit de
relatifs aux ambassades : Περί πρεσβειών. Le texte
compilation n'occupe pas moins de deux volumes da
tion de C. de Boor : Legationes Romanorum ad gentes
tiones gentium ad Romanos. Le prototype de cette com
qui était peut-être l'exemplaire même de Constantin P

génète,
rial, en a 1671.
disparu
Les
lors
Excerpta
de l'incendie
legationum
de la Bibliothèque
ne nous sontd

que par une copie qu'André Darmarios avait prise du p


tirées.
à la fin du xvie siècle, ët par les reproductions qui e

Un autre recueil s'intitulait Περί γνωμών et présen


suite de développements sententieux. Il s'agissait de

morales,le de
rience, tout
principes
tiré des de
historiens
conduite,
anciens.
d'enseignements
Le manuscrd

moins ce qui en restait, a été utilisé au xive siècle comm


seste : autre
collection d'Actes
genre conciliaires.
d'infortune. Le
On zèle
copia
dusur
cardinal
le texteAn
an

ressuscita le texte sous-jacent. L'original est aujour


Vatican. Il semble que l'écriture soit la même que celle d
conservé à Tours. Tout cela nous reporte à une haute
L'ENCYCLOPÉDIE DE CONSTANTIN PORPHYROGÉNÈTE

édités Hist.
menta par C.Graecorum
Millier, sont
de la
facilement
collectionaccessibles
Didot. dans les Fra

D'un cinquième recueil nous n'avons gardé que quelqu


restes, rapportés du Mont Athos, il y a un siècle, par Minoï
Mynas, et conservés aujourd'hui à Paris, dans un manuscrit
fonds supplémentaire grec. Il s'agit d'extraits relatifs aux batail
et aux sièges : Περί παρατάξεων και περί πολιορκιών. Ce tit
d'ailleurs, n'est pas authentique : d'aucuns disent Περί στρ
τηγημάτων. Certaines erreurs matérielles de présentation donne
à penser que nous n'avons pas affaire ici à un original, si anci
que soit l'exemplaire parisien, mais à une copie, sans dou
directe (Paris. Suppl. gr. 607). J'ai naguère préparé de ces extra
une édition qui n'a pas vu le jour. On en trouvera le texte da
la collection Didot, ou mieux encore dans la Poliorcétique d
Grecs de C. Wescher (1867).
Mais mes recherches ont du moins eu l'avantage de m'éclair
sur l'origine de ces Extraits. Je rattache cette compilation à u
chrestomathie historique plus ancienne, remontant au IVe sièc
— B. Hemmer dinger veut y voir l'œuvre de Sopatros d'Apamée
qui comportait à la fois des résumés et des extraits. De cet
chrestomathie perdue est sorti un ouvrage de technique mi
taire, lui aussi perdu, auquel j'ai donné le nom d , Antipolior
ticum ; de Y Antipoliorceticum, enfin, est né le De obsidione toleran
(réédité en dernier lieu par H. van den Berg, 1947) et le Mém
randum sur la défense des places (édité par moi en 1940). Il y a u
parenté indéniable entre ces deux dernières compilations et l
extraits constantiniens. Si l'on veut continuer à dire que l
extraits Περί παρατάξεων κα£ περί πολιορκιών se rattachent
l'encyclopédie constantinienne, il faut admettre que l'empere
s'était référé, dans certains cas, à des ouvrages plus anciens, q
étaient déjà des chrestomathies. Et cela peut jeter un jour nouvea
sur l'entreprise impériale.

Ce qui est certain, en tout cas, c'est que le goût d'excerpteu


de Constantin Porphyrogénète se manifesta à plusieurs reprises
propos des écrits de technologie militaire. Voici la liste de c
extraits, attribués ou attribuables à l'empereur ou à son entourag
a) De re militari praecepta. Le morceau a été édité par le card
nal Angelo Mai ( Spicilegium romanum , t. IV) d'après le Lau
rentianus LV-4. L'éditeur ignorait l'origine du morceau. C'e
en réalité un extrait du Strategicon de Maurice (VIII, 2), que l
76 l'encyclopédie de Constantin porphyrogén

rentianus LV-4. En fait, le morceau appartient aux Con


Tactiques de Léon VI, qui figurent dans le même man
la Laurentienne. Les deux rédactions présentent le m
du texte. Il y a longtemps que je caresse l'idée de faire
tion critique de ce morceau, qui présente un extrêm
c) De moribus diversarum gentium. Ce petit traité,
de nouveau au Laurentianus LV-4, a été édité pour sa
moitié par Lami ( Opera Meursii, t. VI). Le morceau y est
ment attribué à Constantin Porphyrogénète. C'est en
nouvel extrait du Strategicon de Maurice (XI, 2 et 3).
loppement intéressant a trait à l'art militaire, tel qu'il se
chez les peuplades limitrophes de l'empire.
d) De venatione hellica. C'est un morceau qu'on
V Ambrosianus B-i 19-sup. C'est encore un emprunt fait
tegicon de Maurice ; mais il s'agit cette fois d'un app
cet ouvrage, appendice présenté sous le nom d'Urb
texte curieux traite de la manière de pratiquer la ch
armées : la chasse, pour les armées en campagne, est u
l'instruction tactique, pour la culture physique et auss
ravitaillement. Il existe plusieurs états de ce petit traité
de celui qui nous est connu par le manuscrit de Milan
une édition critique serait un excellent exercice philol
Quant à l'activité en tant qu'auteur de Constantin P
génète dans l'ordre de la littérature militaire, elle se
deux traités édités jadis par Reiske entre les livres I et II
des Cérémonies. J'ai promis d'éditer ces deux morceau
reprend un jour la publication du Livre des Cérémon
inachevé dans notre Collection byzantine.
Le premier de ces libelles, Praecepta imper atori, a
façon dont l'empereur doit se comporter en campagne. C
Porphyrogénète, s'adressant à son fils Romain, dont il v
l'éducation militaire, lui explique quelle était l'attitud
lointain prédécesseur, Constantin le Grand, depuis le d
hostilités jusqu'au jour où la victoire le ramenait dans la
Toutes les situations sont envisagées, sauf le combat pro
dit. Ce morceau avait été placé comme préface dans l
collection d'écrits militaires recueillie dans le Laurentian
Il est permis de se demander si la constitution de cette
pédie n'est pas, elle aussi, due à l'initiative de Constan
phyrogénète. Les éditeurs successifs des Praecepta Im
qui n'ont utilisé qu'un manuscrit de Leipzig, plus tard
L'ENCYCLOPÉDIE DE CONSTANTIN PORPHYROGÉNÈTE 77

proprement parler un cérémonial militaire : Observanda et agenda


imperatori. Il s'agit cette fois du comportement et de la tenue de
l'empereur et de sa cohorte, non plus en temps de guerre, mais
en temps de paix, quand il arrive au souverain de séjourner dans
les camps. C'est le traité dont j'ai dit plus haut que Constantin
Porphyrogénète
niant et en le rénovant
l'avait à
emprunté
sa manière.
à Léon Catacylas, en le rema¬

Guerre et paix, Constantin Porphyrogénète avait prévu les


deux cas. Mais notre impérial compilateur n'avait aucun goût
pour la science militaire. Il n'était même pas, comme son père,
stratège de cabinet. Seul le cérémonial intéressait cet antiquaire.
Aussi a-t-on eu tort de lui attribuer la Tactique imprimée sous
son nom par Lami, dans le tome VI des Opera Meursii. Le long
morceau, du reste très altéré, qu'on lit à cet endroit, n'est qu'une
partie de la vaste encyclopédie tactique composée un peu plus
tard par Nicéphore Ouranos. Des morceaux s'en sont trouvés
détachés qui, restés acéphales et anonymes, ont d'abord été
attribués à Alexis par la tradition manuscrite, puis, après de nou¬
velles réductions, à un Constantin quelconque, qui est devenu,
sous la plume de Lami, Constantin Porphyrogénète. Mais la
force de la tradition est telle que les meilleurs historiens, malgré
la démonstration que j'ai donnée, continuent à invoquer la
Tactique de Constantin Porphyrogénète.

Constantin Porphyrogénète, qui reflétait le goût de son temps,


s'il ne l'inspirait pas, eut des émules dans l'activité encyclopé¬
dique, émules dont les uns travaillèrent dans sa ligne et peut-
être sous sa direction, les autres avec des directives comparables.
Je me limiterai ici au domaine de la technologie militaire.
On assiste sous le règne de Constantin Porphyrogénète à une
extraordinaire floraison d'écrits militaires, dont la caractéris¬
tique, pendant un demi-siècle, est qu'ils reprennent constam¬
ment et compilent des travaux antérieurs, sans qu'il soit jamais
— ou presque jamais — fait appel à l'expérience du moment.
On met bout à bout, en les paraphasant, plusieurs traités anté¬
rieurs, et on estime avoir fait œuvre nouvelle. Léon VI lui-même,
au début du siècle, avait donné l'exemple dans les Constitutions
Tactiques, où il compila tour à tour Onésandros, Elien, Maurice
et quelques autres.
78 l'encyclopédie de Constantin porphyrogé

Poliorceticum et en 938, une Géodésie. Il y a exacte


ans, à une date où je ne songeais pas encore aux pré
clusions, j'écrivais ceci : « Il y a quelque chance qu
d'Héron de Byzance aient été écrits sous l'instigation
nage de Constantin Porphyrogénète. » Vingt ans après
que confirmer ce jugement. Héron de Byzance, fidè
ception constantinienne, a compilé un recueil pré
recueil, nous le possédons encore dans une série de
datant du début du XIe siècle. C'est ce que j'ai appelé l
Poliorcétique. Ce corpus comprend cinq auteurs :
Mécanicien, Biton, Héron d'Alexandrie, Apollodore d
Philon de Byzance (deux livres de la Μεχανική
D'ordinaire, dans sa compilation, Héron de Byzan
sources dans l'ordre, et il signale nommément ses réfé
peut donc comparer le travail nouveau aux sources an
en déceler l'originalité. Même remarque à faire à pr
Géodésie , dont les chapitres 10 et π reproduisent tex
les chapitres 31 et 32 du Traité de Dioptrie d'Héron d'A
— Héron de Byzance est dans la tradition constantin
il use plus librement de ses sources, tantôt copiant, t
tant, tantôt ajoutant du neuf. Il a essayé de faire œuvr
En dira-t-on autant d'un autre écrivain dont on n
bon de retenir le nom, l'auteur de V Apparatus Bellicu
type-né du compilateur inintelligent, qui n'a fait qu
des curiosités : comment empêcher les chevaux de h
les embuscades, — ou des recettes : comment éteindr
s'agit du feu grégeois), comment provoquer des co
spontanées, etc. Il a existé deux états de cette compil
perdu, que l'on peut dater de l'âge de Constantin
génète, l'autre conservé, légèrement postérieur
J.-R. Vieillefond a naguère fait un sort. Les auteur
sont Énée, Jules Africain, Polyen et quelques autres.
On doit de même rattacher le Corpus perdition à l'âg
tantin Porphyrogénète, et sans doute à son ambiance
traité, aujourd'hui perdu, comportait 87 chapitres. J
senté l'économie dans un petit ouvrage, paru hors
pendant la dernière guerre et imprimé sans visa.
inconnu compile cinq travaux antérieurs : De te str
venatione bellica, Apparatus bellicus, De secretis episto
theseis. Il utilise ses sources par voie de paraphrase,
suit pas à pas, scrupuleusement. J.-R. Vieillefond
L'ENCYCLOPÉDIE DE CONSTANTIN PORPHYROGÉNÈTE 79

volume, en effet, étant la paraphrase du Corpus perditum, n'est


que la compilation d'une compilation. Mais la première partie,
de beaucoup la plus longue, utilise une Tactique aujourd'hui
perdue, dont l'intérêt me paraît considérable. Cette Tactique
devait être un peu plus ancienne : avec quelques emprunts à des
sources classiques connues, Onésandros, Jules Africain, Êlien,

joint
Polyen,
armées
grand
n'était
réalité.
deintérêt
pas
byzantines
elle
précieux
purement
présente
de cette
renseignements
quiune
livresque,
a Tactique
une
description
précision
mais
perdue
sur avait
de
la
inconnue
consiste
l'ordre
pratique
des attaches
de
ailleurs.
en
militaire.
bataille
ce avec
qu'elle
Elle
des
Le
la
y

Dans un ouvrage remarquable qu'il a consacré aux armées


médiévales et qui comporte une très juste étude sur les armées
byzantines, feu Ferdinand Lot a écrit des pages pleines de saga¬
cité sur les effectifs des armées byzantines. Mais il a fait cette
étude à l'aide de raisonnements inductifs et de renseignements
indirects. Il lui a échappé, quoique je lui eusse fait hommage
de mon édition, de constater que la Sylloge Tacticorum consacre
plus de vingt pages à la question des effectifs, où ses vues se
trouvaient du reste parfaitement confirmées : une armée byzan¬
tine comporte, suivant le cas, six à douze mille hommes, fantas¬
sins et cavaliers compris.
Kôchly, il y a juste un siècle, pour remplir le folio terminal
d'un programme, ne vacua albescet pagina, avait édité, d'après
un médiocre manuscrit de Berne, deux chapitres de la Sylloge
Tacticorum , à laquelle il donne le nom de Tactica inedita Leonis.
Migne reprit ces deux pages dans sa Patrologie. De là est née la

légende
sans l'avoir
d'une
lue. Tactique
Affaire de
inédite
routine,
de et
Léon,
cela qu'on
chez les
invoque
meilleurs
encore,
tra¬

vailleurs. La tactique en cause n'est pas de Léon, et depuis


quinze ans elle n'est plus inédite. Il faudra que les historiens
réapprennent à lire le grec.
Le dernier ouvrage sur les armées dont il me reste à parler
est, lui, resté inédit, du moins dans sa majeure partie. Je veux
dire la Tactique de Nicéphore Ouranos, à laquelle j'ai consacré
un volume en 1937. Par sa date, cette longue compilation n'ap¬
partient plus au cycle de Constantin Porphyrogénète, mais est

postérieure
est
Ouranos,
due auetvaleureux
àa son
été écrite
époque,
général
dans
tout
les
des
en
dernières
armées
restant byzantines,
années
dans sadu
tradition.
siècle.
Nicéphore
Dans
Elle
8o L'ENCYCLOPÉDIE DE CONSTANTIN PORPHYROGÉN

tions tactiques de Léon VI, les Praecepta militaria de


Phocas, le Corpus perditum et V Hermeneia tirée
d'Élien. Comme on le voit par cette formule extrême
l'encyclopédisme a évolué dans un sens nouveau : la r
traités disparates pour faire une seule œuvre nouvelle,
rédaction rajeunie. La formule était destinée à rencont
succès : il existe deux recensions de cette énorme co
l'une de forme plus populaire que l'autre.
L'art de la guerre sur mer n'a pas échappé au zèle de
pédistes. Nous connaissons dans ce domaine deux coll
type constantinien. Un premier recueil, malheureuseme
réunissait le court traité de Syrianos Magistros, un m
Maurice (De fluminibus transeundis ) et les Stratagèmes
tirés de Polyen. — Un second corpus est heureusemen
et se trouve dans Y Ambrosianus B-119-sup., déjà in
l'ai publié en 1943 sous le titre de Naumachica. La
comprend : la Constitution XVIII de Léon VI, Γ Excer
ticum du même empereur (courts morceaux de la
tion XX), le De fluminibus transeundis tiré de Maurice,
machicae de Syrianos Magistros et les Naumachicae
Basile Patrikios. Par la date, cette chrestomathie m
situe à la fin du règne de Constantin Porphyrogénète
un des ultimes efforts de l'encyclopédisme qu'ait p
l'empereur.

* *m

Si le règne de Constantin Porphyrogénète — on a m


du siècle de Constantin Porphyrogénète — marque un
brillante dans l'art littéraire, il faut avouer que cet
manque singulièrement d'œuvres originales. Qui voudr
torier l'ensemble de la production à cette date ne
jamais qu'une littérature de type encyclopédique.
A dire vrai, cet encyclopédisme a revêtu deux fo
première est spécifiquement Constantin ienne et consiste
cation d'extraits : on réduisit la production antérieure,
ment la tradition héritée des anciens, à des formules pl
formules qui, par conséquence, entraînaient l'oubli et la
ouvrages que l'on avait pu jusque là conserver in e
L'autre forme est celle de la compilation, ordinairem
phrasée, qui s'applique plus volontiers aux travaux
L'ENCYCLOPÉDIE DE CONSTANTIN PORPHYROGÉNÈTE 8l

mais c'est lui et son entourage qui lui ont assuré la plus grande

vogue.

Encyclopédiste, Constantin Porphyrogénète, dont nous avons pu

suivre l'activité dans quelques domaines précis, est le plus grand

brasseur de textes que l'antiquité et le moyen âge aient jamais

connus. On lui reproche à juste titre d'avoir provoqué la dispa¬

rition des écrits qu'il avait fait connaître par résumés extraits

ou paraphrases. Du moins avait-il eu le mérite de remettre en

circulation la production culturelle antérieure, et notamment

les textes de l'antiquité. Il fit, dans les milieux relevant de son

obédience, ce que firent plus tard, en Occident, les gens de la

Renaissance. Il avait vraiment réalisé une œuvre d'utilité publique,

κοινωφελές έργον. Quand Constantin Porphyrogénète mourut,

en 959, il pouvait se réjouir d'avoir fait de grandes choses pour

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