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Hornus Jean-Michel. Le Traité pratique d'Évagre le Pontique. In: Revue d'histoire et de philosophie religieuses, 55e année
n°2,1975. pp. 297-301;
doi : https://doi.org/10.3406/rhpr.1975.4271
https://www.persee.fr/doc/rhpr_0035-2403_1975_num_55_2_4271
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Il
établi une édition critique du texte grec. Outre les cinq MSS donna
le texte intégral, elle utilise les trois qui réduisent la « Centurie »
90 chapitres (tout comme chacune des six centuries des Képkala
et les dix-sept qui présentent des choix divers. Elle s'est aussi efforcée
retrouver les fragments qui font partie de florilèges ascétiques et
citations d'Evagre qui se trouvent chez d'autres auteurs. Dans
domaine, personne ne peut prétendre être exhaustif. Mais que l'enquê
ait été poussée jusque-là est significatif du caractère systématique qu'e
a revêtu. Si la version latine de Rufin est perdue, on a conservé tr
versions syriaques, une version arabe, une arménienne et une géo
gienne. C'est A. Guillaumont qui les a minutieusement étudiées
a fourni les indications souvent précieuses qu'elles pouvaient appor
pour l'établissement du texte grec. Mme Guillaumont reprend l'ensemb
dans un stemma rigoureux. Elle met en évidence l'existence de deux tra
tions, chacune homogène, remontant toutes deux au Ve siècle et ne différ
l'une de l'autre que sur une dizaine de points tout à fait secondair
Ne nous laissant rien ignorer des motifs de ses choix, elle arrive à l'établ
sement d'un texte qui offre le maximum de garanties. Elle établit
plus qu'il y a eu deux « éditions » du Traité pratique du vivant mê
d'Evagre. La première ne comprenait que les 90 premiers chapitres.
seconde y ajoute en fin de recueil dix chapitres qui sont des apophtegm
« paroles de saints moines >, et encadre le tout entre un prologue et
court épilogue adressés l'un et l'autre au même Anatolios. La prés
tation nouvelle ainsi adoptée pour cette seconde édition a probablem
pour objet de mettre explicitement sous la garantie des Pères du dés
une théologie savante qui éveillait déjà des suspicions. Ce n'est néanmo
pas seulement une pieuse supercherie car Evagre a effectivement v
aux Cellules avec les moines origénistes Ammonios et ses compagno
authentiques anachorètes du désert et pourtant sans doute férus d'O
gène, de Clément et même de Philon. Avec la présente édition, le Tra
est imprimé
contenu originel.
pour la première fois sous sa forme intégrale et dans
Parmi les tentations, une seule n'a pas un sens obvie pour
spécialiste, l'acédie, terme qui doit d'ailleurs lui aussi sa fo
Evagre. C'est « un état d'âme particulier, intimement lié... à l
vie anachorétique » p. 86). Ce « démon de midi » est celui qui p
moine dans la torpeur et la rêvasserie. Il ne faut pas, chez Ev
confondre avec la simple paresse à laquelle il a été identifié
Moyen-Age occidental. Si chaque tentation a son démon, cependa
le Traité la démonologie est très concrète : « Les démons inspi
pensées, et... celles-ci... déclenchent en nous les passions » (p.
veulent ainsi empêcher le moine d'atteindre à l'impassibilité (άπ
terme de la « pratique ».
Jérôme
« De l'impassibilité
le cite dans sa
», lettre
qui est
133.semble-t-il
Il est d'ailleurs
le nom intéressant
sous lequd
que Jérôme n'a jamais dénoncé Evagre pour les erreurs origé
proprement parler mais seulement au sujet de cette doctrine de
sibilité. Il y discerne avec raison une forte influence stoïcienne.
si le mot était déjà couramment utilisé par les auteurs chrétien
Evagre, c'était presque toujours en référence à Dieu seul. Il
été que très rarement appliqué à l'homme et toujours avec une p
extrême. Le seul prédécesseur d'Evagre sur ce point, et qui l'a dire
influencé, est Clément d'Alexandrie, lui-même tributaire du s
par l'intermédiaire de Phiilon (sur la dépendance et l'originalité de
par rapport au stoïcisme, voir pp. 101-103). Contrairement à
devanciers cependant, Evagre ne conçoit pas l'impassibilité co
suppression de l'irascibilité (thumos) et de la capacité de désirer
mia). Au contraire, comme le corps dont elles dépendent, ces partie
me ont elles aussi un rôle à jouer dans l'impassibilité. Chez
l'impassibilité, propriété de Dieu, était proposée à l'homme
qu'idéal d'une similitude avec Dieu. Chez Evagre à l'opposé,
sibilité présuppose un corps, mais libéré des passions. Pour lui le
LE TRAITÉ PRATIQUE D'EVACUE LE PONTIQUE 301
réalité cette impassibilité n'est d'ailleurs pas une ligne frontière entre
temps. Telle qu'elle est, et avec tous les problèmes qu'elle pose, cette
tant en Occident qu'en Orient. Si les dogmaticiens n'ont sans doute pas
connaissance
fut essentielle.d'un auteur dont la pensée est fascinante et dont l'influence