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Nous allons maintenant expofer les idéesdu P. André ginent de nouvelles félon Us circonftance».
Uau& le plus fuivi, Voila dmc dans les
jéfuite. Soneffaifurie fyûèmele fit un btauàUfyf-
le plus étendu, & le.mieux lié que je conno.ffe. J o- efentitl on brait de criation humaine,
ferois aflurer qu'il eu dans fon genre ce quele traité
deux Arts réduitsà un feulprincijHefidttu le rien.
tion libr & dépendante de t'artute des lois de l'or-
CTmnt deux bons ouvrages auxquels.11n'a manqué
& il en faut fa- dre, ou pour parler plus clairement, dans le choix de
qu'un chapitre pour être excellent ? deux auteursde tel ordre & un qui naît des observa.
Yoir d'autant plus mauvais gré à ces donne des. variétés même entreles plus
l'avoir omis.M.l'abjfeéftatteuxrappelle touslesprin- tions & qui
beaux5 Arts à l'imitation de,la belle nature: favans artiftes mais jamais au préjudice du beau tffittf
cipesdes une barrière qu'on ne doit jamais fîan»
mais il ne nous apprend point ce que c'eft que la btlU m/, qui eft
nature. Le P. André diftribue avec beaucoup de fa- chir. Wumurusahentus efio. S'il eft arrivé quelquefois
dans fes aux grands maîtres de fe laitfer emporter par leur
gacité & de philofcphie le beau en général c'eh dans les occa.
différentes elpeces il les définit toutes avec préci- génie au-delà de cette barrière,
ils ont prévu que cet écart ajo^teroit
fion mais on ne trouve la définition du genre, .celle Sons rares où
ne lui dteroit mais ils n'en
du beau ta général, dans aucun endroit de fon livre plus à la hanté qu'il
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ont pas moins fait une faute qu'on peut leur repro- eftordonnéde manièreà produirele plusparfaite-
cher. mentl'effet qu'onSepropofe eftSuprêmement beau.
Le beau arbitraire fe fous-divife telon le mème au- Si vouslui demandez aû'eft-ce qu'un homme il
bel
u teur en un beouJegé/iie un btou de goût, te un btou
vousrépondraque c'eftceluidontlesmembresbien
de pur caprice «m-beau de fonde fur la «onnoif-
mini* proportionnésconspirentde la façonla plusavan-
fance du beau tjjtntul qui donne tes règles inviola- tageuse&f accomplnTement des fonctionsanimales
bles un bsau da goût, fondé fur la connoiflance des del'homme.Voyt\EJfài/urlemérite&la vertu pag.
ouvrages de la nature & des produirions des grands 48. L'homme la femme, le cheval & les autres
maîues, qui dirige daas l'application & l'emploi du animaux,continuera-t-il,occupentun rangdansla
beau ejfintiel; un beau de caprice qui n'étant fondé nature ordansla naturece rangdéterminentlesde-
fur rien, ne doit être admis nulle part. voiesà remplir lesdevoirsdéterminentt'organifa.
Que devient le fyftème de Lucrèce & desPyrrho- tion Et l'organifation-eft plusou moinsparfaite08
niens, dans le fyftème du père Aadré ? que refte-t-il belle felonle plus ou le moinsde facilitéquel'ani-
d'abandonné a 1 arbitraire) presque rien auffi pour malen reçoitpourvaquerà fesfondions.Maiscette
toute réponse à l'objection de ceux qui prétendent facilitén'eftpasarbitraire,niparconféquentlesfor-
que-la beauté eft d'éducation & de préjugé il fe con- mesquila conftituent nila beauté1 quidépendde ces
tente de développer la fource de leur erreur. Voici formes.Puis descendantde-laaux objets les plus
dit-il comment us ont raifonné ils ont cherché dans communs,auxchaifes,auxtables auxportes fc.
les meilleurs ouvrages des exemples de beau de ca- il tacherade vous prouverque la formede cesob-
price & ils n'ont pas eu de peine à y en recontrer, jets nenouslaît qu'àproportiondece qu'elleCon-
& à démontrer que lebeau qu'on y reconnouToit étoit vientmieaxà l'ufageauquelonlesdeftine Sefinous
de caprice: ils ont pris des exemples du beau de goût
changeonsfi Souventde mode,c'eft-à-dire fi nous
& ils' ont très-bien démontré qu'il. avoit aum de fommesfi peu conllansdansle goûtpourlèsformes
l'arbitraire dans ce beau. 8c fans aller plus loin ni que nousleurdonnons,c'etl, dira-t-il,quecette con-
s'appercevoir que leur énumération étoit incomple- formationla plus parfaiterelativementà l'ufage
te, ils ont conclu que tout ce qu'on appelle beau efl très-difficileà rencontrer5,c'eftqu'il y a làune
étoit arbitraire & de caprice. Mais on conçoit âifé- efpece demaximum quiéchappeà toutestes finettes
ment que leur conclufion n'étoit juRe que par rapport déla Géométrienaturelle'&artificielle &autour
à la troîfieme branche du beau artificiel & que leur
duquelnoustournonsfansceffe nous nous apper-
raifonnement n'attaquoit ni les deux autres branches cevonsà merveillequand nous en approchons&
de ce beau ni le beau naturel ni le beau effent-ù.
quandnousl'avonspaffé,maisnousnefommesja-
Le père André pane ensuite 1 l'application de fes maisfùri^del'avoiratteint. De là cette révolution
principes aux mœurs aux ouvrages d'efprit & à la perpétuelledanslesformes ou nous les abandon-
Musqué & il démontre qu'il y a dans ces trois ob- nonspourd'autres, ou nous députonsfansfin'fur
jets du beau un beau ejje/ttUl, abfolu & indépendant cellesquenousconfervons.D'ailleursce pointn'eft
de toute inftitutioo même divine qui faie qu'une paspar-toutau mêmeendroit ce maximuma dans
chofe eft une un beau naturel dépendant de l'inili- ^milleoccafionsdes limites plus étenduesou plus
tution du Créateur, mais indépendant de nous un étroites quelquesexemples(uffirontpour éclaurcir
beau arbitraire, dépendant de nous, mais fans préju- fapenfée.Tousteshommes,ajoûtera-t-il,ne fontpas
dice du bcau effintitl. capables de la même attention n'ont pasla même
Un beau tfferu'ul dans les moeurs dans les ouvra- forced'eiprit il»«onttousplusoumoinspatiens,phis
ges d'efprit & dans la Mufique fondé fur l'ordon- ou moinsinstruits,&cQue produiracettediverfitéè
nance', la régularité, la proportion, la iuftcfTe la c'eft qu'untpectaclecompoléd'académicienstrou-
décence, l'accord qui fc remarquent dans une belle vera l'intrigue d'Hérac.lius admirable 8e que le
action une bonntpiu* un beau concert Si qui font la
peuple traitera d'embrouillée c'eft que les uns
que les productions morales, intellectuelles 8c har- reftnindrontl'étendued'unecomédieà troisaQes
moniques font «tw. les autresprétendrontqu'onpeutl'étendreà feptj
Un beau naturel qui n'eft autre chofe dans les 8cainfidu relie. Avecquelque vraiffemblance que
l'obfervation du beau tjfentiel dans no.
moeurs, que ce iyftèmëfoit expofé il ne m'eft paspoffibleda
tre conduit» relative à ce que nonsfommes entre
les eues de la nature dans les ouvrages d'esprit, que Je conviens*vec l'auteur,qu'il fe mêledans«on*
l 'imitation & la peinture fidèle des produâions de la délicatfur ce quenous
nos jugeme»funcoup-d'oeil
nature en tout genre dans l'harmonie, qu'une foû- fommes ,urfretour. imperceptiblevers nous-mêmes
miffion aux loisque la nature a introduites
danqes & qu'il y >milleoccafionsou nous croyonsn'être
corps fonores leur réfonnance & la conformation enchantésque parles bellesformes &ôûellesfont
de l'oreille. en effetla caufeprincipale maisnonla feule de
Un buut artificiel qui confifte dans les moeurs à fe notreadmirationje conviensque cette admiration
conformer aux ufages de fa nation, au génie de fes n'eftpastoujoursauflipurequenous l'imaginons
concitoyens à leurs lois dans les ouvrages d'ef maistommeil nefautqu'un faitpourrenverferun
prit, à refpeâer les règles du difcom, à connoître fyftème noustommescontraintsd'abandonnerce-
la langue & cuivre le goût dominant; dans la Mu. luide l'auteurque nousvenonsde citer quelqu 'at-
fique à inférer à propos la dinoanance, à conformer tachementquenous ayonseu jadispow fes idées;
fes productions aux mouveroens 8c aux intervalles & voici nosraifons,
Il n'eft perfonnequi n'ait éprouvéquenotre at·
D'où iU'enftit que, félon le P. André le beau tentionte porteprincipalement fur la fimilirudedes
ef-
featkl&l la vérifiéé ne fe montrent nulle part avec tant parties*dansles chofesmémesoùcetteSimilitude ne
de profufion dedans l'univers; le beau moral, que contribuepointà l'utilité:pourvuque lespiesd'une
dans le philofophe chrétien & le beau inulUBud chaifefoitnt égaux &folides,qu'tm portequ'Usayent'
que dans une tragédie accompagnée de mufique & la mêmefigureIls peuventdifférer, ence point,fans
dc décorations. T.. en êtremoinsutiles.L'unpourradoncêtre droit, ce
L'auteur qui nous a donné Veffaifur le mérite 6- la l'autre en pié de biche l'un courbeen-dehors 8c
vertu rejette toutes ces diftinâions du bem & pré. l'autreen-dedans.Sil'onfaituneporteenformede
avec beaucoup d'autres, qu'il n'y a
tend qu'un bierre faforme paroitra peut-être mieuxaflbrtie
beau, dont l'utile eft le fondement; ainfi tout ce qui la figuredel'hommequ'aucunedes formesqu'on
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fuit. De quelle utilité font en Architecture les imita- due & la difficulté, en a pofé les principes les plus
tions de la nature & de fes produ&ions? A quelle fin vrais & les plus folides, & mérite le plus d'être lu.
& des guirlandes où il ne fau- La feulechofe qu'on
placer une colonne pût defirer peut-être dans fon
droit qu'un poteau de bois, ou qu'un maffif de pier- ouvrage, c'eft de déveloper l'origine des notionsqui
re ? A quoi bon ces cariatides? Une colonne eft-elle fe trouvent en nous de rapport, (Tordre de fymmé-
deftinée à faire la fonction d'un homme, ou un hom- trie car du ton fublime dont il parle de ces notions,
a-t-il jamais été deftiné à faire l'office d'une co- on ne fait s'il les croit acquifes factices, ou s'il les
^me
lonne dans l'angle.d'un vettibule ? Pourquoi imite. croit innées mais il faut ajoûter en fa faveur que
t-on dans les entablemens, des objets naturels? qu'im- la matière' dé-ton ouvrage, plus oratoire encore
que
porte que
dans cette imitation les proportions foient philosophique, l'éloignoit de cette difcuûion, dans
bien ou mal observées? Si l'utilité etf le feul fonde- laquelle nous allons entrer.
ment de la beauté, les bas-reliefs les cannelures, les
vafes 8c en général tous les ornemens, deviennent Nous nauTonsavec la faculté de fentir & de pen-
ridicules at fuperflus. fer le premier pas de la faculté
dépenser, c'en d'e-
Mais le goût de 1"imitation fe fait fentir dans les xaminer fes perceptions de les unir de les compa-
chofes dont le but unique eft de plaire & nous ad- rer, de les combiner, d'appercevoir entr'elles des
mirons fouvent des formes, fans que la notion de rapports de convenance 8c duconvenance, 6c. Nous
l'utile nous y porte. Quand le propriétaire d'un che- naiffons avec des besoins qui nous contraignent de_
val ne le trouveroit jamais beau que quand il com- recourir à différens expédiens entre lefquels aous
pare la forme de cet animal au Service qu'il prétend avons Couventété convaincus par l'effet que nous en
en tirer; il n'en eft pas de même du panant à qui il attendions, & par celui qu'ils produifoient, qu'il y
n'appartient pas. Enfin on difcerne tous les jours de en a de bons, de mauvais, de prompts, de courts,
la beauté dans des fleurs, des plantes, &c mille ouvra- de complets, d'incomplets, 6c. la plupart de ces ex-
ges de la nature dont fufage nous eft inconnu. pédiens étoient un outil, une machine ou quel-
Je fai qu'il n'y a aucune des difficultés que je viens qu'autre invention de ce genre mais toute machine
de prdpofer contre le fyftème que je combats, à la- fuppofe combinaison, arrangement de parties ten-
quelle on ne puifle répondre mais je
pente que
ces dantes à un même but, &c. Voilà donc nos
besoins,
réponfesN'eroient plus fubtiles que fohdes. & l'exercice le plus immédiat de nos facultés qut
Il fuit de ce qui précede,que Platon s'étant moins confpirent auBi-tôt que nous nauTonsà nous donner
propofé d*enfeigner la vérité à tes difciples,que de des idées d'ordre, d'arrangement, de fymmétrie
défabufer fes concitoyens fur le compte des f-ophif de méc!ianifme, de proportion, d'unité toutes ces
tes, nous offre dans fes ouvrages à chaque ligne des idées viennent des iens, & font faâices & nous
exemples du beau, nous montre très-bien ce que ce avon,s pane de la notion d'une multitude d'êtres ar-
n'eft point, mais ne nous dit rien de ce que c'eft. tificielsce naturels, arrangés proportionnés, com-
Que S. Auguftin a réduit toute btauti à l'unité ou binés, fymmétrifés à la notion pofitive ce abftraite.
au rapport exaâ des parties d'un tout entr'elles, 8c d'ordre, d'arrangement de proportion, de combi-
au rapport exaâ des parties d'une partie confidérée naifon, de rapports, de fymmétrie & à la notion
comme tout, & ainu à l'infini; ce qui me femble abftraite ce négative de disproportion, de désordre
conftituer plutôt l'effence du parfait que du beau. ce de cahos.
Que M. Wolf a confondu le beau avec le plaifir Ces notions font expérimentales comme toutes les
qu'il occafionne, &
avec la perfection stutres elles nous font auffi venues par les fens ils
quoiqu'il y
ait des êtres qui plaifent fans être btaux, d autres qui n'y aurait point deDieu, que nous ne les aurions pas
font beaux fans plaire que tout être foit fufceptible
de la dernière perfeâion,& qu'il y en ait qui ne font de (onexiftence elles font aumpofitives auffi dif-
pas fufceptibles de la moindre beauté telçfont tous tinôes au£ nettes auffi réelles que celtes de lon-
les objets de l'odorat Se du goût, confidérés relati-
vement à ces fens. comme elles ont leur origine dans nos befoins de l'e-
Que M. Crouzas èn chargeant fa définition du beau, xercice de nos facultés, y eût-il fur la furface de
ne s'eft pas appercû que plus il multiplioit les carac- la terre quelque peuple dam la lan duquel ces
tères du beau plus il le particularifoit ce que s'é- idées n'auroient point de nom, elles n en exifteroient
tant propofé de traiter du beau en général il a com- pas moins dans les efprits d'une manière plus ou
mencé par en donner une notion qui n'eft applica- moins étendue plus ou moins fondée
développée,
fur un plus ou moins grand nombred
ble qu'a quelques efpeces de beaux particuliers. expériences
Que/Hutchefon qui s'eft propofé deux objets; le appliquée a un plus ou moins grand nombre d'êtres;
premier d'expliquer l'origine du plaifir que nous car voila toute la différence qu'il peut y avoir entre
éprouvons à la préfence du *»«;& le fécond de re- un peuple & un autre peuple, entre un homme 5c
chercher les qualités que doit avoir un être pour oc- un autre homme chez w même peuple; & quelles
cafionner ea nous ce plaifir individuel, oc par con- que foient les expreffions lublimes «fonton fe me
féquent nous paraîtra beau a moins prouvé*» réalité pour défigner les notions abftraites d'ordre de pro-
dtfonfixiemtftnsy que fait fentir la difficulté de dé-
velopper fans ce feconrs la fource du plaifir que nous fi l'on veut,éternelle* originaies,fiuverainu, nglu
donne le beau & que fon principe de l'uniformité effentieUadubeau; elles ont pafle par nos fens pour
dam la variété n'eft pas général qu'il
en fait aux fi- arriver dans notreentendement, de même que les
gures de la Géométrie une application plus fubtile notions les plus viles; ce ne font que des aoftrac-
que vraie, & que ce principe ne s'applique point-du-
tout à une autre forte de beau, celui des demonftra- Mais à peine 1 exercicede au facultés inte&ec^ <
tions des vérités abftraites & univerfelles.
Que le fyftème propofé dans Yeffufur le mérite & des inventions, des machine», &t. «urem-U»ébau-
fur la vertu où l'on prend l'utile pour le feul &uni- ché dans notre notions d'ordre, ci«
que fondement du btau eft plus défedueux encore de proportion, de liaifoa, d'arrangement*
rapports
qu'aucun des précédera. de (ymmétrie que nous nous trouvâmes environ-
Enfin que le père André jéfuite ou l'auteur de nés d'êtres où les mêmesdotions étoient pour ain& °
Yejfaijhrû beau, tu celui qui jusqu'à préfent a le mieux dire, répétées à l'infini nous ne pûmes faue un pas
approfondi cette matière, ena le mieux connu l'éten- dans l'univers fans que quelque produaïon ne Ici ré-
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veillât elles entrerent dans notre ame à tout infant être laide. D'où il s'enfuit que, quoiqu'il n'y ait point
& de tous côtés tout r.; qui fe paffoit en nous, tout de beau abfolu, il y a deux fortes de etau par rapport
ce qi i exiuoit hors de nous, tout ce qui fubfiftoit des à nous, un beau réel ,iiun beauapptrçû.
la réflexion,
Quand je dis, toui ce qui réveille en nous l'idée de
ficelés écoulés, tout ce que Pinduftrie
les découvertes de nos contemporains, produifoient rapporu, le n'entens pas que pour appeller un être
fous nos yeux continuoient de nous inculquer les beau, il faille apprécier quelle eu la forte de rapports
notions d'ordre, de rapports, d'arrangement, de qui y regne je n'exige pas que celui qui voit un
fymmétrie de convenance, de difconvenance, &c. morceau d'Architecture foit en état d'aflûrer ce que
& H n'y a pas une notion fi ce n'eftpeut-être celle l'Architeâe même peut ignorer, que cette partie eft
d'exiftence qui ait pu devenirauuifamiliereaux à celle-là comme tel nombre eft à tel nombre ou
hommes,que celledontil s'agit. que celui qui entend un concert, fache plus quelques-
S'il n'entre doncdanslanotiondubeaufoitabfolu, fois que ne fait le Muûrien, que tel fou eft a tel fon
fait relatif, foitgtniral, foit particulier,que lesno- danss le rapport de i à 4, ou de 4 5. Il fuffit qu'il
tionsd'ordre as rapports,de proportions,d'arran- apperçoive & fente que les membres de cette-Archi-
gement,de Tymmétric, de convenance,de difcon- tecture & que les forts de cette pièce de Mufique
venance cesnotionsne découlantpas d'uneautre ont des rapports, foit entr'eux, foit avec d'autres
fource quecellesd'exigence de nombre de lon- objets. C'eft l'indétermination de ces rapports, la fa- ™
gueur largeur,profondeur,&uneinfinitéd'autres, cilité de les faifir & le plaiur qui accompagne leur
fur lefquelleson ne conteftepoint, on peut, ce me perception, qui a fait imaginer que le beau étoit plu-
fcmblc employerles premieresdansunedéfinition tôt une affaire de fentimentque de raifon. J'ofe aflïï-
du beau,fansêtreaccufédefubftitueruntermeà la rer que toutes les fois qu'un principe nous fera con-
t
placed'un autre, & de tourner dansun cercleti- nu dès la plus tendre enfance, &que nous en ferons
cieux.
par l'habitude une application facile & fubite aux
Beau eft un terme que nous appliquons à une in- objets placés hors de nous, nous croirons en juger
finité d'êtres mais quelque différence qu'il y ait en- par fentinvent mais nous ferons contraints d'avouer
tre ces êtres il faut ou que nous Fanions une faulte notre erreur dans toutes les occafionsoù la compli-
application du terme beau, ou qu'il y ait dans tous cation d/.s rapports & la nouveauté de l'objet fufpen-
tocs êtres une qualité dont le terme beau foit le figne.
dront r^pplication du principe alors le plaiûr atten-
Cette qualité ne peut être du nombre de celles qui dra pour Cefaire fentir., que l'entendement ait pro- js-
conflituent leur différence fpécifique car il n'y noncé. que l'objet eft beau. D'ailleurs le jugement en
auroit qu'un feul être beau ou tout au pl qu'une parei cas eftprefque toujours du beaurelatif, & non
feule belle efpcce d'êtres. du beau réel.
Mais entre les qualités communes â totfs les êtres Ou l'on confidere les rapports dans les moeurs, &
que nous appelions beaux, laquelle choifirons-nous IVmia le beau moral; ou on les confidere dans les ou-
pour la choie dont le terme peau eft le figne ? La- vrages de Littérature, & on a le beaulittéraire j ou on
quelle ? il cril évident, ce me femble, que ce ne peut les confidere dans les pieces de Mufique & l'on a le
«re que celle dont la préfence les rend tous beaux beau mufieal; ou on les confidere dans les ouvrages
dont lia fréquence ou la rareté, fi elle eft (ufceprible de la nature, Se l'on a le beau naturel ou on lescoa-
de fréquence & de rareté, les rend plus ou moins ûdere dans les ouvrages méchaniques des hommes,
beaux dont l'abfence les fait cefler d'être beaux qui & on a le beaum%kult on on les confidere dans les
sze peut changer de nature, fans faire changer le beau représentations des ouvrages de l'art ou de la nature»
il'efpece, fie dont laqualité contraire r endroit les plus
« houx défagréabtes et laids celle en un mot par aHi fous quelque afpe&que vous confidlriez les rapports
la haute commence augmente, varie à l'infini^ dé- dans un même objet le bus prendra différera noms.
ctine, & diiparoît or ïfn'y a que la notion ôxiep- Mais un même objet, quel qu'il foit, peut Être con-
ports capable de ces effet». fideré folitairement Ceen lui-même, ou relativement
J'appelle donc beau hors de moi, tout ce qui con- à d'autres. Quand Je prononce d'une fleur qu'eu eft.
tient en foi de quoi réveiller dans mon entendement belle,ou d'un poiflon qu'il c&beau qu'entens-je? Si
l"idée de Si: beau par rapport à moi, tout
rapports je confidere cette Iknion ce poûTonfolitairemsnt j
ce qui réy eiiie cette idée. je n'entends pas awîrechofe finon que
Quand 'Je dis tout, j'en excepte pourtant les qua- entre les parues dont ils font coinpofés dc ordre »
lités relative» au goût 1&à l'odorat quoique ces qua- de l'arrangïîraent, de la fymmtknie, des rapports (car
lités priffem reveiller en nous l'idée de rapports, on tous ces mots a» défignent manière*-
aî'MppsJlie point beaux les objets en qui elles réGxtenî, d'«;«'diiiger Ies rapports mimes) en ce ferss toute
quand on ne les confidere que rewtivrtneat i ces ÛSMtt&btJUttout poiffon ci tkaiqmmàe quel Uaub,
un
qualités. On dit mus excellent, umodeur déUcieuJi; de celui que j'appelle heu rééd..
mais non un beau mus une MU odeur. Lors donc Si je confidere la fleur & la
çoiflon relativement
qu'on dit voilà un km turbot voilà uns klk tofi à d'autres fleurs &. d'autre* POjuToas
Quandje dit
on confidere d'autres qualités dans la rofe fie dans le qu'ils font hamx cela qu'entre les êtres de
ttur tiuc celles qui font relatives aux du goût leur genre, qu'entre leslkurs celle-ci, qu'entre les
êe de f odorat. poilfons celui-là, réveUknst ea moile plus d'Idées do
tout' ei tondum de
je Ht
rapports .& te plan de «mainsrapports cas je ne
Quand ^m m foi quoi ré-
veiller dans mon tntauUnunt tëdée de rapport, ou tout tarderai pas à faire voir que tous les rapports n'étant
ce qui rivdlU cette idk c'e!t qu'il faut bien diftinguer pas de la même nature, ils contribuentplus oumoins
tes formes qui font dans les objets, & la notion les uns que les autres à la beauté.Mais je puis aflùrer
que
j'en îi. Mon entendement ne met rien dans les cbo- que fous cette nouvelle façon de con&krer les ob-
fet & n'en ôte rien* Que je penfe ou nepenfé point jets, il y a hou 8c lëd: mais quel beau ,(f\t\lddè
liai façade du Louvre, toutes les parties qui la com- celui qu'on appelle relatif.
pofent n'en ont pas moins telle ou telle forme, &î.el Si au lieu de prendre uaieileur ou un^oiCon^on
& tel arrangement entr'elles
qu'il y eût des hommes généralité, & qu'on prenne une plante ou un ani.
ou qu'3 n'y en eut point elle n'en ferait pas moins mal û on partiotlariie & qu'on prenne une rofe 8c
UUt, mais feulement pour des êtres pofGbîes confli- un turbot, on en tirera toujoursla diitincHondul&w
tués de corps 8c d'efpnt comme nous car
pour d'au. relatif, & du beau riel.
D'où l'on voit qu'il y a pïuueurs beaux relatifs, Se
BEA B EA 177
beUt ou laide entre les tuli- couragequi ne lui permetpas de croirequ'il toit
ou'une tulipe peut être les Wb ou entre toujoursmeilleurdevivreque de mourir; & le qu'il
Ict btlhaa Awfeentre fleurs mourûtcommenceà l'intéreffer.Sij'ajoutequ'il s'a-
tes plantes, Wfc o» W* entre Jk^odiiôions de U
git dansce combatde l'honneurdela patrie que le
Mait<»cooçôittpi'a faut «voir vubien des rofes
le feulquilui refte quelejeunehommeavoi à faire
& bien des turb*>t*^ pour prononcerque ceux-ci font»
btaux ou laids entre les rofes& les terbotsi bien de* à troisennemis,qui avoientdéjàôtéla viea deuxde
fiatfrèresh quelevieillardparle fa fille;quec'eftun
plantes & bien du poinbns, pour proooneer mie la>
r of & le turbot font beauxou ltids entre les plantes Romaint alorsla réponfequ'ilmourût quin'étoitni
& les pouTons & qu'il faut avoir une grande con- belleni laide, s'embellit mefure queje développe
noûTance de la nature, pour prononcer qu'ils font les rapportsavecles circonilances & finitpar être
ttaux ou laids entre les productions de la nature. fublime.
Qu'cfUce donc qu'on entend, quand on dit à
un Changez lescirconstances& les rapports, &fai-
artifte, imitt{ la belle naturer Ou l'on ne fait ce qu'on tes paflèrle qu'il mourûtdu théâtre françoisfur la
commande ou on lui dit ti vous avec à peindre une Scèneitalienne & de la boucheduvieilHoracedans
celledeScapin te qu'ilmourûtdeviendraburlefque.
fleur & qu'il vous foit d'ailleun indifférent laquelle
peindre, preniezla plus
bdtt d'entre les Heurs fi vous Changezencorelescirconftances,'&fuppofezque
avez à peindreune plante, & quelvotre fujet ne de- Scapin(oit au ferviced'unmaîtredur, avare& bour-
mande point que ce (oit un chêne ou un orme*» fec, ru 6equ'ilsfoient attaquésAirun grandcheminpar
la Me d'entre troisouquatrebrigands.Scapùis'enfuit fonmaître
rompu, brifé, ébranché, prenez plus fe défend:maisprefféparle nombre1il eft obligéde
les plantes; fi vous avez à peindreun objet de la na.:
ture, &qu'il vous foit indifférent lequel choifir prêt s'enfuiraufli ôc l'on ment apprendreà Scapinque
nez le plus bout. ' fon maîtrea échappéau danger.Comment,diraSca-
enfui ah
D'où il s'enfuit, 1*. quele principe de l'imitation pintrompédansfon attente il s'eftdonc
de la belle nature demande l'étude la plus profon- lelâche I^aislui répondra-t-on,feul contretroisque
de & la plus étendue de fes pfoduôions en tout qu'ilmourût répondra-t-il& ce
qu'il mourûtdeviendraploifant.it eft doncconfiant
Que quand on aurait ta connoiffance
la plus que la beautécommence,s'accroît varie, décline,
parfaite de la nature, & des limites qu'elle
s'eft pref- & difparoîtavecles rapports ainfique nousl'avons
crites dans la de chaque être il n'en fe- dit plus haut.
ptoduâion
toit pas moins vrai que le nombre des occafions où Maisqu'entendez-vous par unrapport medeman-
le plus beau pourroit être employé dans les Arts d'i- dera-t-on n'eft-cepaschangerl'acceptiondester-
mitation, feroit à celui où il faut préférer le moins mes, que de donnerle nom de beauà ce qu'on n'a
beau, comme l'unité à l'infini. jamaisregardécommerel? Il Sembleque dansnotre
3°. Que quoiqu'il y ait en
effet un maximum de languel'idée de itou foit toujoursjointe celle de
beautédans chaque ouvrage de la nature, confidéré
en lui-même ou* pour me Servir d'un exemple, que
belle rofe quelle produife, n'ait ja- convient a uneinfinité d'êtres, qui n'ont ni gran-
quoique la plus M.Croula péché, fansdoute,
mais ni la hauteur, ni rétendue d'un chêne, cepen- deur ni Sublimité.
dant il n'y a ni beau, ni laid dans fes productions
du trouvéereftrainte-
confidérées relativement à l'emploi qu'on en peut
faire dans les Arts d'imitation., a un très-petitnombredrêtres nais n'eft-cepastom-
Selon la nature d'un être félon quai excite en berdansle défautcoatraire, quede la rendrefi gé-
nous la perception d'un plus grand nombre de rap- nérale,qu'ellefembleles embrafiertous fansen ex-
felon la nature des rapports qur4 excite,, il cepter un amasde pierresinformes,jettéesau hafard
ports, &
eft/ofi ,buiu, plus beau, tris-tout on laidf tas, petit, fur le bordd'unecarrière?Toustes objets,ajoùtera-
grand yélevé /fublimt, outré ou plaçant; U t-on, font fufcebtibtesde rapportsentreeux entre
ce feroit faire un très-grand ouvrage, & non pas un leun parties avec d'autres êtres il n'y en a
article de diâàonnaire que d'entrer dans tous ces ne
pointqui puûTentêtre arrangés ordonnésfym-
détails il nom fuffit d'avoir montré les principes métrius. Laperfeûioneft unequalitéquipeutcon-
nous abandonnons au teneur le foin des conféquen- venkAtous maisil n'en eft pasde même de la Um-
ces & des applications. Mais nous pourrons lui aflu- f/; elle eud'unpetit nombre d'objets.
rer, que foit qu'il prenne fes exemple» dans la natu. Voilà, «eme femble,finonla feule, da moinsla
re,ou' qu'il tes emprunte de la Peinture, de la Mo-
rale de l'Architeâuie de la Musqué, il trouvera
ce qui
toujours qu'il donne le nomde beaurédiitooî
contient en foi dequoi réveiller l'idée de rapports
& le nom'de beau relatif à tout ce qui réveille des
il
rapports convenables avec les chofes auxquelles
en faut faire la comparaison.
Je me contenterai d'en apporter un exempte, prit acre _lui
de la Littérature.Tout le mondefait le motfubume
dela tragédiedesNorates,qu'ilmourût.le demande., qu'ilspuiffentêtre. D'oùil s'enfuit que quoique te
ne la pièce de Corneille, rapport ne foit eue dansnotre entendement, quant
quelqu'unqui connoîtpoint duvieil à la perception,il n'en a pas moinsfon fondement
&qui n'a aucuneidée dela réponfe Horace,
ce qu'il penfede ce trait, qu'il mourût.Il eftévident dansleschofes 6cje diraiqu'unechofecontienten
ce que c'eft que elle desrapportsréels,toutes les foi»qu'ellefera
que celuique j'interrogene cachantfic'eftune
ce qu'ilmourût;ne pouvantdeviner phra- rev8tuedequalitésqu'unêtre conftituéde corps8e
fe completteouun fragment,&apperceVant à peine d'efpritcommemoi, ne pourroitconfidérerfansfup-
entrecestroistermesquelquerapportgrammatical poferl'exigenceou d'autresêtre» ou d'autres
merépondraquecelaneluiparaîtnibeaunilaid.Mais Utés,foit danste chofemême,foithorsd'elle; «je
fi jeluidisque c'eftla réponfed'un hommeconfulté diftribuerai les rapportsen réelsocen appereus.Mais
furce qu'uiLgutre doitfairedansuncombat,ilcom- il y aunetroifiemefortederapports;ce fontles rap-
menceà appercevoirdansle répondantunefortede ports intelleSutls oafidifsi ceuxque l'entendement
Tome
Tomeïl.II. z
17? BEA BEA
humain femblc mettre dans les chofes. Un Statuaire tes les langues qui ont exifté '* qui enflent ou qui
jette l'œil fur un bloc de marbre; (on imagination exigeront ?& pourprouver quela notion de rapports,
eft la feule qui rèftetok
plus prompte que fon cifeau, en enleve toutes les après l'emploi d'une règle
parties fuperflues, & y difeerne une figure mais d'excluSon auffi étendue le philofophe fera-t-itforté
cette figure eft proprement imaginaire Si fiâive; il de les apprendre toutes? ne lui funt-il
pas d'avoir
pourrort faire fur une; d'efp ace terminée par j examiné que l'acception du te^me beau varie dans'
des lignes intelleâutues ce qu'il vient d'exécuter toutes les langues; qu'on le trouve
Il appliqué là à une
d'imagination dans bloc informe de marbre. Un t forte d'êtres' y Alaquelle il ne s'applique point ici,
philofophe jette l'oeil fur un amas de pierres jettées mais qu'en quelque idiome qu'on en faffe ufàge il
au hafard; il anéantit par la 1; fnppofe
pensée toutes les parties perception derapports? Les Anglois difent
de cet amas qoi produifent l'irrégularité uneil par- afoufl*vour,4fouvroma*, une belle femme, une
belle odeur. Où en feroit un philosophe an lois fi
que cela lignifie ?Que quoique à traiter du Am», il voulait avoir
ayant égard 1 cette
la main de rartifte ne puiiSe tracer un deffeia que fur bifarrerie de fa langue ? C'eft le peuple qui a fait les
des ftufaces réfiftantes il en peut tranfporter lima- langues c'eft au philofophe à découvrir l'origine
la fur tout corps-; que dis-je $ fur tout des chofcs; oeil feroit aflezfurprenant
ge par pensée que les prin-
le vuide. L'image, ou tranf- de l'un
cdrps? dans l'efpace & cipes ne (a trou vaflent pas couvent en contras
la penfée dans les airs, ou extraite par dittion avec les ufages de l'autre. Mais le principe
portée par
de la perception des rapports
imagination des corps les plus informes, peut être appliqué à la nature
baie ou Laid, mais non la toile idéale à laquelle on L'a du beau., n'a pas même ici ce «avantage; & il cil
attachée, ou le corps informe dont on l'a fait fortir. • fi général eft difficile
qu'il que quelque chofe lui
Quand je dis donc qu'un être e!t béait par les rap-
pQi's qu'on y remarque, je ne parle point des rap- Chez tous les peuples dans tous les lieux de lu
ports intellectuels ou fiâifs que notre imagination y terre, 6c dans tous les tems, on a eu un nom pour la
tranfporte mais des rapports réels qui y font & couleur en général & d'autres noms pour les couleurs
que notre entendement y remarque par le fecour3 en particulier, &pour leurs nuances. Qu'auroit à
de nos fens. faire un à qui l'on
propoferoitd'expuquer
En revanche, ce que c philofophe
eft qu'une belle couleur? finon d'indiquer l'o-
je préteas que quels que foient les
rapports, ce font eux qui contHtueront la buutti, non rigine de l'application du terme ^muà une couleur en
dans ce fens étroit où le joli eft l'oppofé du beau, mais général quelle qu'elle foit, 6c enfuite d'indiquer les
dans un fens, f ofe le dire, plus philofophique & plus caufesqui ont pu faire préférer telle nuance à telle
conforme à la notion du beau en généra! et à la na- autre. De même c'eft la perception des rapports
qui
ture des Se des chofes. a donné lieu à l'invention du terme beau; & félon que
langues
Si quelqu un a la patience de raiTembier tous les les rapports & l'efprit des hommes ont varié, on a
êtres auxquels nous donnons le nom de beau, il s'ap. fait les noms joli, beau, charmant grand tfublime
bientôt que dans cette foule il y en a une divin, & une infinité d'autres, tant relatifs au phy-
percevra
inimité où l'on n'a nul égard à la petitefle ou la gran- fique qu'au moral. Voilà les nuances du beau mais
deur la petiteue & la grandeur fom comptées pour j'étens cette penfée, & je dis
rien toutes les fois que l'être eft folitaire ou qu'é- Quand on exige que la notion générale de beau
tant individu d'une efpece nombreufe, on le confi- convienne à tous les êtres beaux, parle-t-on feule-
dere folitairement. Quand on prononça de la pre- ment de ceux qui portent cette épithete ici & au jour-
mitre horloge ou de la première montre qu'elle étoit dirai ou de ceux qu'on a nommés beaux à la natf-
folk raifoit-on attention à autre chofe qu'à fon mé- fance du monde, qu'on appeUoit beaux il y-aa cinq
chanifme, ou au rapport de fes parties entr'elles ? mille ans, à trois mille lieues & qu'on appellera
Quand on prononce aujourd'hui que ta montre eft tels dans les fiecles à venir; de ceux que nous avons
bette fait-on attention à autre choie qu'à fon ufage regardés comme tels dans l'enfance, dans l'âgimûr,
& à fon méchanifme. Si donc la définition générale & dans la vieillefle de ceux qui font l'admiration
du beau doit convenir à tous les êtres auxquels on des peuples policés, & de ceux qui charment les fàu-
donne cette épithete, l'idée de grandeur en eft ex- vages ? La vérité de cette définition fera-t-elle loca-
clue. Je me fuis attaché à écarter de la notion du le, particulière, Cemomentanée? ou s'étendra-t-elle
beau la notion de grandeut; parce qu'il m'a femblé à tous les êtres, à tous les tems, à tous les hommes,
& à tous les lieux ? Si l'on prend le dernier parti, on
que c'étoit celle qu'on lui attachoit plus ordinaire-
ment. En Mathématique, on entend par un beaupré- fe rapprochera de mon principe & l'on
beaupetun
bthnt un problème difficile à réfoudre par une bdk ne trouvera guère 'aut' moyen de concilier en-
foluùon la folution fimple 6c facile d'un problème tr'eux les jugemens l'enfant & de l'homme fait
difficile & compliqué. La notion de grand, t àefubli- de l'enfant, à qui il ne faut qu'un veftigc de fymmé-
me, d'élcvl, n'a aucun lieu dans ces occafions où trie & d'imitation pour admirer &pour être recréé;
on ne Iaiffe pas d'employer le nom de btm. Qu'on de l'homme fait, à qui il faut des palais & des ou-
parcourre de cette manière tous les êtres qu'on nom- vrages d'une étendue immense pour être frappé du
me beaux i'un exclura la grandeur, rautre exclura & de l'homme policé; du cil
fauvage fauvage qui
l'utilité un troifieme la fymmétrie quelques-uns enchanté à la vfte d'une pendeloque de verre, d'une
même l'apparence marquée d'ordre &de fymmétrie bague de laiton, ou d'un braffelet de quincaille; 8t de
telle feroit la peinture d'un orage d'une tempête, l'homme policé, qui n'accorde Con attention qu'aux
d'un cahos & l'on fera forcé de convenir, que la ouvrages les plus parfaits des premiers hommes, qui
feule qualité commune, felon laquelle ces êtres con- de beaux de magnifiques, &c.
prodiguoient les noms
viennent tous, eft la notion de rapports. 3 des cabanes des chaumières, & des granges, &
Mais quand on demande que la notion générale de des hommes d'aujourd'hui qui ont reftraint ces dé-
beau convienne à tous les êtres qu'on nomme tels nominations aux derniers efforts de la capacité de
ne parle-t-on que de fa langue, ou parle-t-on de tou- l'homme.
tes les langues ? Faut-il que cette définition convien- Placezla beautédansla perceptiondes rapports
• • ne feulement aux êtres que nous appelions beaux en & veusaurezl'hiftoiredefesprogrèsdepuisla naif-
i françois, ou à tous les êtres qu'on appellerait beaux fancedu mondejusqu'aujourd'huichoiûfTez pour
en hébreu, en Syriaque, en arabe, en chaldéen,, en caraaere différentiel
dubeauengénéral telle autre
grec, en latin, en anglois, en italien & dans tou- qualitéqu'ilvous plaira,& votrenotionfetrouve-
BEA BEA 179
de 1a fcience ou de l'art de les déterminer. Mais ti
ra tout-à-coup concentrée dans un point de fcfpace
cette détermination eft l'objet immédiat & unique
& du tems.
d'une fcience ou d'un art nous exigeons non-feule-
La perception des rapports eit donc le fondement
ment les rapports mais encore leur valeur voilà
du beau c'eft donc la perception des rapports qu on
infinité de noms la raifon pour laquelle nous difons un beau théorème,
a défignée dans les langues fous une
différentes fortes & que nous ne difons pas un bel axiome quoiqu'on
différens, qui tous n'indiquent que ne puiffe pas nier que l'axiome exprimant un rap-
de beau.
n'ait aufit fa beauté ritlle. en Ma-
Mais dans la nôtre & dans prefque toutes les au- port, Quand je dis,
f6uvent par oppofition thématiques, que le tout eft plus grand que fa par-
tres, le terme beau fe prend
il femble que la tie, j'énonce apurement une infiniré de propofi-
à joli; & fous ce nouvel afpea la quantité partagée: mais
beau ne foit plus qu'une affaire de Gram- tions particulieres, (ur
quefion du fur l'excès jufle du tout fur les
de Spéculer exac- je ne détermine rien
maire, & qu'il ne s'agiBe plus que c'eft prefque comme fi je difois le cylin-
tement les idées qu'on attache A ce terme. Voyt^à portions
dre eft plus grand que la fphere inscrite, & la fphere
'article fuivant
BEAU oppofi à JOLI.
en quoi confifte 1 on. plus grande que le cone infcrit. Mais l'objet propre
Après avoir tenté d'expofer
nous refte plus qu'à rechercher & immédiat des Mathématiques eft de déterminer
Zinc du beau il ne eu
relle des opinions différentes que les hommes ont de
de combien fun de ces corps plus grand ou plus
cette recherche achevera de donner de petit que l'autre &,celui qui démontrera qu'ils font
la beauté
la certitude à nos principes; car nous démontrerons toujours entr'eux comme les nombre 3 1., 1 aura
différences réfultent de la diverfité fait un théorème admirable. La beauté qui connue
que toutes ces
des rapports apperçûs ou introduits tant dans les toujours dans les rapports, fera dans cette occafion
dans celles des arts. en raifon compofée du nombre dés rapports &c de
productions de la nature que
à les &c le
la difficulté avoit
Le beau qui réfulte de la perception d'un feul rap- qu'il y appercevoir
théorème qui énoncera que toute tombe
port, eft moindre ordinairement que celui qui rélut- ligne qui
de plu&eurs rapports. La vue du fommet d'un triangle ifoccele tur le milieu de fa
te de la perception
d'un beau vifage ou d'un bcau tableau anede plus bafe partage l'angle en deux angles égaux, ne fèra
mais celui qui dira que les afymp-
d'une feule couleur; un ciel étoilé, qu'un pas merveilleux
que celle totes d'une courbe s'en approchent fans cette fans ja-
rideau d'azur, un campagne ouver-
paysage, qu'une une & que les efpaces formés par
pièce de mu- mais la rencontrer
te un édisce, qu un terrein uni;
faut pas multiplier une portion de l'axe, une portion de la courbe, l'a-
tique, qu'un fon. Cependant il ne de l'ordonnée font
à l'infini & la beauté ne fuit 8c le prolongement
le nombre des rapports fymptote,
nous n'admettons de rapport entr eux confine tel nombre à tel nombre fera beau.
pas cette pcogrenion n'eu indifférente la beau-
dans les bellcs chofes, que ce qu'un bon efprit en peut Une circonilance qui pas
dans
Jaifir nettement & facilement. Mais qu'eft-ce qu'un té, dans cette occafion & beaucoup d'autres,
bon efprit ? où eft ce point dans les ouvrages en-de- c'eft l'aôion combinée de la furprife & des rapports,
on a
duquel faute de l'apports, ils font trop unis, 6c qui a lieu toutes les fois que le théorème dont
au-delà duquel ils en font chargé* par excès ? Pre- démontré la vérité paftbit auparavant pour une pro-
miere apurée de diverfité dans les jugemens. Ici com- pofttion fauffe.
Tous conviennent il y a des rapports que nous jugeons plus ou moins
mencent les conteftations. qu'il
a un eft le réfultat des rapports apper- efTentiels tel eft celui de la grandeur relativement
y beau, qu'il
ûs mais felon qu'on a plus ou moins de connoif- l'homme, à la femme, & à t'entant nous dilôns
d'habitude déjuger, de méditer, d'un enfant qu'il eft beau quoiqu'il foit petit il faut
/ance, d'expérience,
de voir, plus d'étendue naturelle dans l'esprit, on dit abfolument qu'un ^cl homme toit grand nous exi-
dans une femme & il cet
qu'un objet eft pauvre ou riche,
confus ou rempli geons moins cette qualité
femme d'être belle, qu'à un
mefquia ou chargé. plus permis à une petite
beau. Il me femble que nous con-
Mais combien de comportions où l'artiûe eft con- petit homme d'être
traint d'employer plus de le grand nom- ûdéroosalors les êtres, non-feulcment en eux4nômes,
rapports que mais encore relativement aux lieux qu'ils occupent
bre n'en peut faifir, Ne où il n y a guère que ceux de
`daas la nature, dans le grand tout 6c télon que ce
fon art c'eû-A-dire, les hommes les moins tlifpofés
moins connu l'échelle qu'on
i lui .rendre juftice, qui connoiffent tout le mérite de grand tout eft plus ou
des êtres eft
Ces produirions? Que devient alors le beatti Ou il eu fe forme de la grandeur plus ou moins
ne font pas en exaQe mais nous ne favons jamais bten quand elle
iprélenté â une troupe d'ignorant qui
eft jufte, Troiueme Source de diverfité de goûts &
itat de Je {cotir, ou il eftlenti par quelques envieux
de jugemens dans les arts d'imitation. Les grands
qui fa taifent; c'cft-là fouvent «outî'effet d'un grand
dans le maîtres ont mieux ai leur échelle fût un peu
morcçau de Mufique. M. d'Alembert a dit que
mais aucun d'eux n'a
Difçours préliminaire de cet Ouvrage, Dilcours qui trop grande que trop petite
jnérite bien d'être cité dans cet article qu'après la même échelle ni peut-être celle de la nature.
avoir fait un strt d'apprendre la Mufique on en de- L'intérêt, les panions, Pignorance le» préjugés,
vroit laeBftirewde l'écouter: & j'ajoute kc ufagei, les mœurs les climats, les coûtumes
qu'après
-avoir fait un an de la Poëûe & de la Peinture p eft les gouvernemens, les cultes, les évenemens, em-
ou les ren-
«n vain qu'on en a fait un de lire & de voit & qu'il pêchent le* êtres qui nous envBtonnent
de certain» ou- ne
dent capables de réveiller ou de point réveiller
régner* toujours dans les jugemens eneuxdesMp-
moins injuneufe cacow* idées,anéantiflent
plufieurs
vrages une uniformité apparente, établirent de
la vérité pour l'artnte que le partage des ferai- ports très-naturels, Scyen capricieux
& d'accidentels. Quatrième fource de diverfité dans
mens, mais toujours ton affligeante.
Entre lés rapports on en peut diftinguer une infinité
de fortes il y «n a qui fe tonifient s affoibliffent, fa
mutuellement.. nous faiions tous plus ou moins le rôle du critique
fe temperent Quelle différence dans
ce qu'on penfeça de httauii d un objet, fioa lestai- d'Apelle Hz quoique nous ne connoiflions que la
fit tous, ou fi l'on n'en faifit qu'une partie! Seconde chauffure, nous jugeons auffi de la jambe; ou quoi-
fource de diverfité dans les Il y en a d'in- que nous ne cormoiffionsquela Jambe, nous defeen-
déterminés & de déterminés: nous nous contentons ,tous au£ 3 la chauffure mais nous ne portons pas
des premiers pour accorder le nom de beau, toutes Seulement ou cette témérité ou cette oüencation ds
les fois qu'il n'eu pas de l'objet immédiat & unique détail dans le jugement des jfrodu&ons de l'art; celle
Tome Il.
Tome IL
2*1 2ij
180 B E A BEA
de la nâture n'en font pas exemptes. Entre les tulipes hommes d'un même âge, & d'un même homme en
d'un jardin, la plus btUt pour un curieux fera celle différens âges.
où il remarquera une étendue, des couleurs, une Il fe joint par accident à l'objet le plusfaçades idées
feuille,des variétés peu communes mais le Peintre defagréables: fi l'on aime le vin d'Efpagne, il ne faut
occupé d'effets de lumière,
de teintes, de clair obf- qu'en prendre avec de l'émétique pour le détefler
il ne nous eu pas libre d'éprouver ou non des nau-
cur, de formes relatives à (on art, négligera tous
& prendra fées à fon afpeû le vin d'Efpagne eft toujours bon,
les caraaeres que le fieurifte admire
le curieux.mais notre condition n'eft pasla même par rapport à
pour modèle la fleur même méprifée par
Diverfité de talens & de cormoiffances, cinquieme lui. De même, ce veftibuk eft toujours magnifique,
fource de diverfité dans les mais mon ami y a perdu la vie. Ce théatre n'a pas
jugemens.
L'ame a le pouvoir d'unir enfemble les idées qu'elle ceffé d'être beau, depuis qu'on m'y a fifflé mais je ne
a reçues féparément de comparer les objets par le peux plus le voir, fans que mes oreilles ne (oient en-
d'obferver core frappées du bruit des Mets. Je ne vois fous ce
les rap-
moyen des idées qu'elle en a
ont en tr'ellfcs, d'étendre ou de veftibule que mon ami expirant; je ne fens plus fa
reffer-
ports qu'elles btuuL Dixième fource d'une diverfité dans les juge-
rer fes idées à fon gré, de confidérer féparément cha-
cune des idées fimples qui peuvent s être trouvées mens, occafionnée par ce cortege d'idées accidentel-
réunies dans la fenfatkm qu'elle en a rcçfte. Cette les, qu'il ne nous eft pas libre d'écarter de l'idée
dtrnicre opération de l'ame s'appelle abjlraflioa. Y. principale. Poft cquitemftda atra cura.
Abstraction. Lesidéesdesfubttancescorporelles Lorsqu'il s'agit d'objets cômpofés, & qui préfentent
fontcompofées dediverfesidéesfimples,qui ontfait en même tems des formes naturelles & des formes
les jardins,
enfemble leursimpreffions lorfquelesfubllancescor- artificielles, comme dans l' Architecture, fur une au-
cil fondé
porellesfefont préfentées nosfens: cen'eft qu'en
les ajuftemens, &e. notre goût
fpécifiantendétailcesidéesfenfibles,qu'onpeut dé- tre affociation d'idées moitié raifonnables, moitié
finirlesfubftances.V «^Substance. Cesfortesde capricieufes quelque foible analogie avec la démar-
définitions peuvent exciter une idée a1fez claire d'une che, lecri, la forme, la couleur d'un objet malfai-
fubftance dans un homme qui ne l'a jamais immédia- fant, l'opinion de notre pays les conventions de
tement apperçûe, pourvû qu'il ait autrefois reçu fé- nos compatriotes, &c.toutinflue dans nos jugemens.
des fens, toutes les idées fim- Ces caufes tendent elles à nous faire regarder les
parément, par le moyen
de l'idée com- couleurs éclatantes & vives, comme une marque de
Ples qui entrent dans la compofition
lui manque la vanité ou dé quelqu'autre mauvaife difpofition de
plexe de la fubtiance définie mais s'il
notion de quelqu'une des idées fiospks dont cette coeur ou d'efpnt: certaines formes font-elles en ufa-
fubilance ett compofée ,t& s'il eft pnve du fens né- ge parmi les payfans ou des gens dont la profenlon,
ceffaire pour les appercevoir ou fi ce fens eft dépra- les emplois le caractère nous font odieux ou mépri-
vé fans retour, il n eft aucune définition qui puiffe fables cesidées acceflbiresreviendront malgré nous,
exciter en lui l'idée dont il n'auroit pas eu précédem- avec celles de la couleur & de la forme; & nous pro-
ment une'perception fenfible. Voy*\ Définition. noncerons contre cette couleur & ces formes, quoi-
Sixième fource de diverfité dans les jugemens que
les hommes porteront de la btautl d'une aefeription; Onzieme fource de diverfité.
car combien entr'eux de notions fauffes combien Quel fera donc fobjet dans la nature fur la buuuét
de demi-notions du même objtt duquel les hommes feront parfaitement d'accord ?
Mais ils ne doivent pas s'accorder davantage fur La ftruôure des végétaux Le méchanifme des ani-
les êtres intelleanels ils fotat tous représentés maux Le mottde Mais ceux qui font le plus frap-
par
des figues; & il n'y a prefqu'aucun pés des rapports, de l'ordre, des fymmétrics, des
de ces 6gnes qui
foit aiTe* exactement défini pour que l'acceptionliaifons qui régnent entre les parties de ce grand
n'en toit pas plusétendueouplus refferrée dansun tout ignorant le but que le créateur »'eft propoféen
hommeque dansunautre. LaLogique& la Mêla. le formant, ne font-ils pas entraînés prononcerqull
bienvoifinesdela perfection,6 le eft parfaitement bacs,par Ires qu'ils ont de la di-
phyfiqueferoient
Dictionnairede la langueétoit bienfait: maisc'etl vintté &oe regardent-ils pas cet ouvrage comme
encoreun ouvrage à defirer 8ccommeles mots un chef-d'œuvre, principalement parce qu daman-
font lescouleursdontlaPoëfie& l'Eloquencefefer- qué à l'auteur ni la puiffimceni la volonté pour le
vent, quelleconformitépeut-onattendredanslesju- -former tel J>y«r Optimisme. Maisdroit combiend'oc-
ne faurafeulement calions oh nous a avons le nattas d'inférer
Semensdu tableau, tant qu'on & furlesnuan- la pas
pasà quois'entenirfur lescouleurs perfeâioode rouvrage, du nota feul de l'ouvrier,
ces? SeptièmeSourcedediverfité dansles jugemeu». & où nous ne iaiffons pas que d'admirer Ce tableau
fuffit. Douzième fource finon
Quelque foit l'êtredontnous jugeons le» «rôts eft de Raphaëldu cela
&les dégoûtsexcitéspar l'inftrucbon par l'éduca- de drWrfité moins d'erreur dans les jugements.
tion, parle préJugé,ou par uncertainordreftâice Les êtres purement imaginaires, tels que le fphyn»,
dansnosidées,fonttousfondésfurl'opinionounous la fyrene, le rauné, le nùootaure,rhommeidéal, tf*.
fommesque ces objets ont quelqueperfeâion ou font ceux fur la defquels onfemble moins par-
quelquedéfautdansdes qualités pour la percep- tagé 8c cela n'eft pas /«prenant ces êtres imagi-
tion defquelsnous avons des fens ou desfacultés fomét d'après les ,que
convenables. Huitièmefoutre dediverfité. nous voyons obfervés dam les êtres nais la
On peutafltkrerque lesidécaamplesqu'unmême modèle auquel ils doivent reffembler. épars entre
objetexciteen différentesperfonnes,font auifidif- toutes leSjffoduâion» de la nature, en propremeot
férentesque les goûts& les dégoûtsqu'on leur re- partout nulle part.
marque.C'eftmêmeune vérité de Sentiment;& il Quoi qu'il en fioitde toutes ces Mutes de diverfi-
ce n'eft point une raifon de
n'eftpasplusdifficilequeplufieursperfonnes différent té dam nos jugemess celui
entr'tllas dansun mêmeinftant relativementaux penfer que <^e)> <îu»confiftedans taper-
le
idéesfimples,que mêmehommene differc delui- ception de» ai>ports, (oit une chimère Xapplication
mêmedansdesmilansdifférens.Nosftnsfontdansun de ce principe peat varier l'infini & fes modifica-
état de vîfMfitudecontinuelle un jour on n'a point tion* accidentelles occafionner des diiertations &
on
d'yeux un autre jour entendmal; & d'un jour à des guerres littéraires mais le-principe n'enhommes eft pas
Pautre on voit, on fent on entenddiversement. moùw cordta-n-t.filn'y a peut-être pas deux
Neuvièmefourcede diverfitédanslesjugemensdes fur toute la terre, qui apperçoiv*JUexactement les