Vous êtes sur la page 1sur 6

EXEHCICES SPIHITlJELS E XOHCISME 668

auxquels ils ont droit chaque année (can. 4(;5, § 2 La permissioll de l'Ordinaire est
et 3); mais cet avantage ne vaut qu'une. fois une condition; c'est le cadavre
6° Les religieux, ft la diligence de leurs tifié de façon Les prières qui
sont tenus aussi aux exercices de la retraite annuelle. seront récitées lors de l'iuhumation et qui
J.es modalités de forme et de durée sont fixées par les ont la valeur des sacramentaux doivent en effet être
constitutions de chaque ordre, à défaut par le appliquées à un snjet certain.
rieur ou pal' la coutume. Il est deux cas où l'Église prescrit l'exhumation.
7° Les délinquants Jiien disposés peuvent enfin, au 1° Dans les causes de béatification, le can. 2091l pres-
lieu de suhir une peine, se voit· invités par un supé- crit que l'examen rIe la dépouille mortelle dn servi-
deur ayant juridiction au for externe à faire Ulle teur de Dien ait lieu, avant la clôture du procès s'il
l'etraite, selon les modalités fixées pal' lui. La retraite n'y a pas de miracles, avant l'enquête SUI' ces derniers
apparaît en ce cas comme une pénitence canonique, s'il y cn a, cal' l'éLat de cette dépouille pourrait cons-
destinée à assurer l'amendement du coupable et la ré- tituer un fait merveilleux à soumettre aux
paratioll du scandale causé (can. 2313, § 1, 5°). Les lettres rémissoriales donnent les précisions
Vu le tourbilloll qu'est la vie Illodemc, les papes saires SUl' la dont. doit être faite cette recon-
sont !'evenus à plusieurs rcprises SUl' l'utilité des re- naissance; en deux médecins y assistent.
traites. Nous citerons ; la Constitution SllIllmorum 2° l.orsqu'un excommunié uilandus a été enseveli
fJonlificum, 25 juill. 1922 (Acta apost. Sedis, XIV, dans Ull lien sacré, tel une église, son cadavre doit
420), où Pie XI proclame S. Ignace patron des exer- être exhumé et placé dans un lieu profane, si ce trans-
cices spirituels; la lettre apostolique du 3 déc. 1922 fert peut être effectué sans grave inconvénient
(ibid., (l27), où Pic XI recommande dc suivre dans les (can. 1242). Le grave inconvénient dont parle ce
retraites la méthode de S. Iguace; la lettre du canon se rencontrera très souvent à 1'6poque actuelle.
20 déc. 1929 (ibid., XXI, 689), où Pie XI recommande IIormis ces deux cas, l'inhumation est un acte
la pratique des enfin la lettre définitif. La S. Congr. du Concile, le 10 déc. 1927, a
de Pie XII, Mediator du 20 nov. 1947, condamné la qui consiste à demander pal'
Documentation catholique, XI,V, 194. testament à exhumé du cimetière au bout de
R. NAz. quelque temps pour être à ce moment-là transporté
EXHORTATION PIEUSE. Allocution et enseveli dans La S. Congrégation
tendant à exciter à l'amour de Dieu, et à la fidélité invite même les à disparaître cettc pra-
aux pratiques en témoignent. tique là où elle (Acta apost. Sedis, xx, 21l1).
Le Code l'obligation d'adresser des exhorta- Nous rappelons pour mémoire que, d'après le droit
tions pOUl' ; français, toute exhumation effectuée par la famille
1° supérieurs de religieux. Ces exhortations doi- du défunt doit être antorisée à Paris le préfet de
vent être adressées au moins deux fois par mois aux police, dans les par maires. Les
convers et aux familiers; par ce dernier mot ne sont exhumations non peuvent tomber sous le
visés les domestiques, non les internes ni les dames coup de l'art. 360 du Code pénal qui punit toutc vio-
pensi.onnairccs. Mais s'il s'agit de religion laïque, l'oblî- lation de sépulture; ou, si l'on n'avait pas d'intention
gation ue concerne que les religieux, les novices et délictueuse, elles constituer une contravention
peut-être les postulants, car le can. 509, § 2, 2° dit à l'art. 17 du du 22 prairial an punie de
seulement; omnes de familia; l'amende édictée pal' l'art. 471 du Code
20 Le maUre des novices. Il a, selon le can. 565, § 1, L'exhumation peut être ordonnée par l'autorité
l'obligation de recourir à ce moyen pour donner à administrative, lorsque le cadavre a été inhumé dans
ses sujets la formation religieuse qui fait l'objet de des conditions illégales; ou par autorité de jnstice,
leur noviciat. Cette obligation s'étend évidemment quand il s'agit de rechercher les traces d'un crime.
aux convers et s'impose au moins une fois pal' se- R. NAz.
EXOROISME. 1. Notion et division. II. An-
Il doit assurer, au moins une fois par cienne discipline. III. Discipline actuelle.
semaine, aux séminaristes une instrnction portant J. NOTION ET DIVISION. Exorcisme vient du grec
sur des sujets de spiritualité et se terminant par une SÇOpKtO'J.,\6S, mot ignoré de la langue classique et
exhortation pieuse (can. 1367, 5°). utilisé seulement dans la langue ecclésiastique. Le
R. NAZ. verbe correspondant ÈÇOPKi3<.V a trois significations :
EXHUMATION. Ce mot vient du latin ex « a) faire lier par serment; b) adjurer, c.-à-d.
hllmare, « mettre hors de terre ". demander avec en faisant appel à la cons-
Ouvrir un tombeau pour atteindre nn cadavre est cicnce, au devoir; c) exorciser ". Ce troisième sens a
une des formes du délit de violation de déjà seul été retenu dans le mot français correspondant:
pal' le droit romain (Dig., l. Ut. XII, exorciser, c,-à-d. délivrer de du mal. L'exor-
3) et l'ancien droit canonique (Graf., caus. VI, cisme est donc une adjuration au nom de Dieu
c. 17), puni encore de nos jours pal' le cau. 2328. à l'Esprit du mal, aux fins de le faire sortir d'une per-
corps humain, même séparé de l'âme, doit être sonne ou d'une chose et de briser l'emprise ou la
respecté, parce qu'il a été sanctifié par les sacrements violence qu'il cxerce sur elles.
et qu'il a été le temple du S.-Esprit. Lorsqu'un Dans l'usage ecclésiastique, on distingue trois sortes
pal' conséqucnt a reçu sépulture défini- d'exorcismes ; 1. l'exorcisme dans le sens le plus
tive ell \1Il lieu bénit, sur lequel a des droits à strict, qui a pour but de une personne de la
raison même de la bénédiction possession diabolique; 2. l'exorcisme baptismal,
1150), il ne peut plus être employé dans l'administration solennelle du baptême,
de l'Ordinaire; celle-ci enlève tout caractère délic- pour obtenir et marquer la fin de l'emprise générale
tueux à l'ouverture de la tombe (ean. 1214). Cet Ordi- du diable SUl' l'âmc de toute personne qui n'a pas
naire est le supérieur majeur, lorsque la sépulture a reçu le sacrement du baptême; 3. les exorcismes
eu lieu dans un cimetière de religieux exempts. prononcés sur des matériels, afin d'obtenir
L'autorisation n'est cependant pas requise, si le le diable soit d'exercer SUl' eux quelque
défunt doit être exhumé d'une sépulture seulement /lucnee 1Jt:,nlllac,u
provisoire, ou si ses funérailles n'ont pas en de cal'ac- 1r. DISGIPLlNT,. Nous ne possédons
1ère religieux. pas d'écrits où sont exposés systématiquement, à la
E :\ 0 Hel S ;\1 l,: fi 0
manière de~ riluels ou des sacramentaires, le~ rite~ en émdits Tl'lldiLio <lposlolica Hippo/yli, parle de l'exor-
l'exorcisme pendant les premiers siècles cisme prononcé sur les catéchumènes, avec l'impo-
l'lIais de nombreux lextes anciens disent sition des mains : manu,~ cis imponatul' dUIH cxorcizall-
que les exorcismes, qu'ils atnrment fréquents, s'opé- tUl' Didascalia el ConstiLuLiones apost%mm,
raient par des prières et pal' l'imposition éd. Il, Paderborn, 1906, p. 108; cf. infra, art.
des jointe à l'exsufllatioll (Duchesne, S. Cyrille de Jérusalem (1' 386) donne
OI'ÎlIines culte Paris, 1920, p, 313; Cop- une détaillée des rites de l'exorcisme bap-
des mains el les rites connexes, tismal (Proca/., 14; P. 355). Eusèhe de
Tertullien vers 222) (Aj)o!o- Césarée, décrivant le Constantin, men-
xxm; P. l, 415) à propos des tionne l'imposition des qui était le rituel
: " Ils sonl soumis !lUX serviteurs de Dien ct de l'exorcisme (Vila Cons/antini, IV, (\1; G.,
dn Christ; il noire conlact et il uolre sout!1e, Ile fOIl- 1218). S. Augustin (t se hase SUI' cette
Im:Iu el a/fla/u nos/ra .. " ils sorlent ('.llX des mOllie pOUl' expliquer contre pélagiens la doctrine
('orps humains, el. vous-mèllles êtes d" leur de l'Église sur le originel (Con/ra Jill., Ill, il;
COUfliSiol!. l> Ci' 25f,) (Conlra CelsuIH, l, VI. P. L., XXXIV, Les sacramentaires en usage ,\
Il. 4; f', 0" XI, [)os(, la (1IieSUOII : " Qui sont ces Home, RUX VIle et vm e s., dOllnent in exlenso les prières
la plupart des ehréliells expulsent des cl les rites qui aecompagnent l'exorcisme haptismal:
el. cela sans le secours de vaines J'entrée dans le catéchuménat est marquée pH!' l'e;l:-
et d'incantatiolls, pal' des prières sen- xl/Iflalio, accompagnée d'une formule d'exorcisme.
de simples dont l'homme le Plus tard, il ln messe statiolll1ale du lundi, les clercs
moins est prononçaient SUI' les eatéchumènes trois formules
le plus qui font d'exorcisme (Duchesne, op. cil., Paris, 1920, p, 318-
(Ad Demetl'ianum, e. xv; P. L., IV,
: « Ah 1 si tu voulais les entendre et les voir, DISCIPLINE ACTUELLE. 10 L'exorcisme de la
quand adjurés par nous, fustigés des fouets spirituels, démoniaque. Le Ri/uel romain consacre
soumis aux tourments des paroles, uel'bo/'llIll [OI'men- cette matière son titre XI". un ehapitre
lis, ils sont expulsés des corps qu'ils possédaient; minaire où sont établies les de prudence ob-
quand, avec des ct des hurlements (le server par l'exorciste (voir ce mot), le chapitre Ir,
voix humaine ... , confessent le futur!. .. intitulé Ri/us exorcizandi ubsessos a dœmonio, donne
Tu les verrais Îmmohiles et devant les rites et les prières à aecomplir et à réciter pour
trembler comme des obtenir la délivrance de Le cha-
que tu et que tu pitre III, intitulé in et
S. (t apostaticos, indique les prières servant à
J 025) écrit. en parlant exoreÎsés : « Comment cessation d'une emprise diabolique locale.
expliquer l'extrême agitation, exagiLari, que nous 20 L'exorcisme baptismal. D'après le Rituel
constatons chez ceux sur qui on les mains? u romain (tit, 11, c. IV), le des adultes com-
ImN\-SAvAI'p (t vers 420) c. VI; P. L., mence par l'exoreÎsme du Suit une série de dix
trace ce tableau exoreÎsmes exorcismes, prononcés en des formules diverses, pour
par S. Martin Martin entrepre- forcer le diable à cesser sa domination sur l'âme du
exun"",,· des ne touchait personne catéchumène. Neuf de ces formules sont accompagnées
de ses mains, il personne dcs mots de de l'imposition des mains. Le dixième exorcisme a lieu
à la différence de la des clercs, qui l' onetion faite au moyen de l'huile des eaté-
,11>"(>1'<.,,,1· un torrent de fois les énergu- Dans le baptême des enfants (Rituel,
mènes amenés, il aux autres de se retirer; l'exoreisme du sel, qui est identique
puis, les portes fermées, revêtu d'un cilice et couvert à celui du des adultes, sont prononcées deux
de cendre, il priait, étendu par terre au milieu de formules d'exorcisme, plus courtes et moins solen-
Alors vous auriez vu ces malheureux agités nelles que celles employées pour les adultes.
de façons ... Il Nous pourrions ajouter plu- 3° Exorcismes prononcés sur des objets matériels.
sieurs témoignages de même datant des pre- Selon la docb'ine communément admise, les anges
miers siècles du christianisme. On trouvera plus déchus certain pouvoir d'user des choses
au long dans l'art. Exorcisme, du DicL. de liléol. cath. parvenir à leurs fins mauvaises. Ce
(v, 1770-1775), et dans l'art. Exorcismus, du J(irchen- dans les limites qui lui sout
lexikon 1141-1146). Providence; mais, dans ces
conclusions convient-il de tirer nrés,m(;e démoniaque peut infester
D'abord il apparaît clairement En cette matière, j'exorcisme
époque il avait de règles rituelles qu'une prière adressée à Dieu,
sur la les exorcismes; pour écarter les effets de l'in-
l'imposition des est assez fr€,qllernnlcIlt fluence diabolique; est anssi une affirmation solen-
quée. Quant ft la des vAV"~',"'H"v, nelle du souverain pouvoir de Dieu sur toutes choses.
auteurs et à leurs il est dimcile de des Les objets matériels pour lesquels la
déductions bien fermes. Il faut, semble-t-i1, pour inter- liturgie des formules omcielles d'exorcisme
préter ces textes à hon escient, tenir compte de leur sont l'eau, Je sel el l'huile. Après la bénédictioll qui
genre littéraire, et notamment de l'effet oratoire ou accon' ,lagne l'es matières sont ù
apologétique que leurs auteurs ont eu l'intention de sel'vil' à l'administration certains ainsi
produire. La mêmc réserve semble de mise, quand il qu'à la consécration des églises, des autels et des cIo·
s'agit de qualifier et d'apprécier Je rôle de ceux qui ches. Nous avons dit plus haut que l'exorcisme du sel
procédaient aux exorcismes. fait partie des cérémonies du baptême solennel. Dans
Dans llantiquité chrétienne, tIne cét'émonie d'exo!'- l'Orllo ad faciendam aquam bcncdicLmn (Rituel, tit.VIII,
dsme était particulièrement et solen- e. Il), se trouve, outre l'exorcisme pl'Ononcé sur l'ean,
nisée : celle de l'exorcisme lIne formule d'exorcisme du diITérente de celle em-
hrellx nous onl ployée au dans la qui termine la béné-
décrit les un reeueil de diction, est la croyance en la vedu de l'eau
('Il usage il ROIll/\ vel'S l'an 200, hénite, ad abigflldns dœmones mm'bosqlle pellendos. Le
671 EXORCISME EXORCISTE 672
Ponlificall'omain contient, dans l'office du jeudi saint, quant à la fréquenee et même quant à la nature des
trois exorcismes que l'évêque prononce successivcment actes qui y sont mentionnés.
sur l'huile des malades (oleum infirmorum), sur le Vn éerit de la même époque, qui nous fut conservé
saint chrême (sanclmn chrisma) et sur l'huile des caté- en partie grâce à Eusèbe (Hisi. ecclés., VI, XLIII P. G.,
chumèncs (oleum caiechumenorum); chacune de ces XX, 621), est plus Il s'agit d'une lettre
formules contient une faite à l'Esprit du par le S. (251-253) à l'évêque d'An-
mal, afin qu'il quitte la soumise à l'exorcisme; tioche, du schisme de Novatien.
les termes des trois formnles sont en partie ignorait le pape, ce champion de
ils ne diffèrent que par points de que catholique [de Rome],
avoir qu'un Tandis qu'elle a ...
BIBLIOGRAPHIE. - Probst, art. Ea!()r.~isJrn1ls. prêtres, sept autant de sous-
chenlexikon, v, Fribourg-en-Br., 1886, col. quarante-deux aeolytes, exorcistes et des
art. EXOl'cism, dans The Calholic Eneyclopedia, v, lecteurs avec des portiers au nombre de cinquante-
"',.,uV" ..h 1909, p. 709-711. art. Exorcisme, deux. " Le ici les dignitaires et les fonc-
dans Dicl. [iléal. cali!., v, Schubert, Exor- tionnaires romaine et il en indique
cismus, dans Lexilwn tür Theologie und Kirchè, Ill, Fri- le nombre pour les trois dernières caté-
bourg-en-Br., col. 1914-1916. Duchesne, Origines
du culte c/Il'élien, 1920. Coppens, L'imposition des gories. Il avait donc à Rome, au milieu du m· S.,
mains et les rites connexes dans le Nouveau Testament, Lou- des attitrés. Comme d'autre part ils sont
vain, 1925. rangés dans une nomenclature de clercs, dont les
F. CLAEYS BOUUAERT. premiers recevaient sans aucun doute un ordre, on
EXOROISTE. 1. Origine de la fonction et de peut estimer et c'est l'opinion communément ad-
l'ordre. II. Rite de l'ordination. III. Exercice de la mise qu'ils constituaient eux aussi, dans
fonction. sation ecclésiastique romaine, un ordre
I. OnIGINE DE LA FONCTION ET DE L'ORDRE. faut toutefois reconnaître que ceci n'est pas eXlpr€iSs,j-
Les évangiles avaient conservé la mémoire de nom- ment affirmé. L'existence d'exorcistes
breux exorcismes faits par N.-S. J.-C., ainsi que du aussi de quelques inscriptions funéraires des
pouvoir donné par lui à ses en vne d'exercer mG IVe S., daus lesquelles les défunts sont intitulés
le même ministère. Ces ces devaient exorcista (H. loe. cil., 976). En ce qui
inspirer pratique de concerne l'existence cet ordre spécialement cons-
Aussi plusieurs tcxtes de j'ancienne titué pour les exorcistes, ceux qui ont lu la pénétrante
chréllienne contiennent-ils des allusions ou étude de l'abbé Andrien sur Les ordres mineurs dans
COllClerrrallt l'action des exorcistes. l'ancien rit romain (Revue des sciences religieuses, v,
latine, les plus anciens textes 1925, p. ne peuvent se débarrasser de cer-
nous des exorcistes, sans tains doutes. auteur démontre en effet que les
que leur ministère réservé aux clercs. Au clercs portiers, exorcistes et même lecteurs
plusieurs auteurs affirment expressément étaient des sortes d'employés subalternes,
laïcs pouvaient l'exercer. Ainsi le que leurs fonctions de en plus réduites plaçaient
recueil de à S. Hippolyte et cité en dchors de la ecclésiastique; de plus, pour
les travaux bénédictin anglais H. Connolly l'accession aux ordres supérieurs, il n'était
and sludies, VllI, Cambridge, 1916) sons le titre Tra- de passer inférieurs. a
dilio aposfolica Hippolyti, recueil composé vers l'an à propos une étrangc hypothèse (Ueber
200, dit .: Inde ex eo [empore quo (catechumeni) sepa- den Ursprung des Lectorats und der anderen niederen
rentur, colidie man us eis il1lponatur, dum exorcizaniur. Weillen, 1886) : les lecteurs et les exorcistes auraient
Quelques plus haut, le recueil déclare que cette occupé, dans les commnnautés chrétiennes du IlG
imposition mains, qui a pour but d'exorciser, peut et du m· 5., une place prépondérante; ils auraient
se faire aussi par des laïcs : Si doctor post orationel1l été ensuite supplantés par les évêques et lcs prêtres,
cateclwmcnis mallUl1l imponit, oret eosque dimittat; qui accaparèrent la direction des l'ommunautés.
sive doctor eeelesiastlcus sit sive [aieus, sic facial Dom Leclercq (loc. cit., 975-976) réfute cette théorie,
(Didascalia et Constitutfones apost%rum, éd. Funk, qu'il appelle « une trouvaille, puisque, vers l'an 250,
II, Paderborn, 1906, p. 108). Il semble donc que le il n'existait aucune idée de distinction entre clercs
ministère de l'exorciste dépendait de la possession et laïques relativement aux cxorcistes, qui étaient
d'un charisme spécial (Coppens, L'imposition des les des incultes, mais enrichis du
mains el les rites connexes ... dans l'Église ancienne, ""'"HM1l''' ». C'était, Leclercq (loc. cil., 974), une
Louvain, 1925, p. 52). Tcrtullien (1' 222), qui écrivit fonction, pas un titre, encore moins une dignité ecclé-
au début du me s., dans plusieurs du siastiqne. Cette fonction, pour autant qu'elle pouvait
rôle des exorcistes. différentes reprises il être assumée par quelqu'un qui se croyait en posses-
ou déclare ouvertement que ce rôle pouvait être sion d'un charisme ou d'une vocation spéciale, pou-
rempli par de simples fidèles; nulle part il n'indique vait facilement prêter à certains abus. Vn écho de
qu'il fiit le propre des cleres (Apologetfcum, XXXII; ces abus se retrouve dans un texte du jurisconsulte
P. 410; De idololatria, XI; P. L., l, 794). Origène Ulpien (t 228). Cel ni-ci distingue les véritables méde-
(t dans son ouvrage Contra Celsam (VI, n. 4; cins des charlatans qui prétendent opérer des guérisons
P. G., XI, attribue le pouvoir d'exorciser par des imprécations et des passes de magie: Medicos
à de simples fidèles. Félix, dans son Octa- fortassis quis accipiet... qui alicujlls partis corporis oel
vius (XXVll; P. L., III, 339-340), composé vers 190, certi doloris sanitatem polliccntur... , non lamen si
laisse cntendre la même chose. Nous jugeons inutile Îllcanlavit, si imprccalus est, si, ut vulgari verbo impos-
de reproduire ici ees textes qui sont assez longs et torum utar, exorcizavil (Dig., 1. 1, n. 3, De extraordi-
diffns. On lcs trouvera dans les articles Exorcisme et narils cognitionibus). Reste à voir si ce reproche ne
Exorciste, publiés dans le Diet. de tlléol. cath., v, 1771, s'adresse pas plutôt aux charlatans du monde pro-
1781, et dans lc Diet. d'arclléol. cllrét. et de lit., v, 964- fane qu'aux chrétiens sincères croyant accomplir un
976 H. Leclercq). Remarquons cependant que le acte religieux. Hinschius des katlwlischen
Caral~l€,re oratoire de ces textes, non moins que les Kirchenrecilts, l, Berlin, p. 3) attribue à Phillips
préoccupations polémiques qui les ont inspirés, ne (citant Kircl!cnrecllt, l, Ratisbonne, 1845, p. 342)
permettent pas d'en tirer des déductions bien fermes l'opinion affirmant que ce texte d'Vlpien vise des
673 EXORCISTE. RITE DE L'ORDINATION 674
clercs. Lui-même le nie; nous nous rangeons à son Ordinandi, fllii carissimi, in off/cium exorcistarum,
opinion. En Orient, aux IV· et v· S., les exorcistes debetfs noscere quid suscipitis. Exorcislam elenim
ne constituaient pas un ordre. Les Constitutions apos- oporlet abjicere dœmones et dicere populo, ut qui non
toliques, qui reproduisent la discipline existant en communieat, dei locum, el aquam in minislerio fundere.
Syrie vers 400, disent expressément : exorcista non Aecipilis itaque polestatem imponendi manum super
ordinalur (1. VIII, n. 26, ad 2; éd. Funk, l, 529). La energumenos, et per impositionem manuum veslrarum,
même règle explique cette affirmation en déclarant : gratia Spiritus Sancti et verbis exoreismi, pel/untur
liœc enlm ceriaminis laus a libera et bona volunlate et spiritus immundi a corporlbus obsessis ... Quod vobls
a gratia Dei pel' Christum, advenlu Spiritus SancUj Dominus agere concedat per Spiritum Buum Sanctum
qui enim accepil charisma sanationum, pel' revelationem cette admonition se lit pour la première fois dans le
a Deo deelaratur cunctisque manifesta est gratia ... La Pontifical de Durand de Mende. Ensuite l'évêque
fonction d'exorciste est donc attribuée à la réception transmet aux ordinands le livre, qu'on peut considérer
d'un charisme spécial. La règle exclut tout doute en comme l'élément matériel de l'ordination. Post hœc
terminant par cette constatation: « Si l'on a besoin ponti/ex accipit et tradit omnibus librum in quo scripli
de l'exorcIste ponr en faire un évêque, un prêtre ou sunl exorcismi, cujus [oco tradl polest pontificale vel
nn diacre, alors il est ordonné. » Il est vrai que le missale, quem manu dexlra langunt. Pontifiee dicenle :
concile de Laodicée (vers 360) statue dans son can. 26 : Accipite et commendate memoriœ el habele poleslalem
OTI o'Ô Bsi ÈçoPK{3E1V TOVS \.tfî TIpoC()(6~vTas \ITIO ÈmO"- impollendi manus super energumenos, sive baptizalos,
K6TIov, \.t1)TE év Tais ÈKKÀ1')O"lalS \.ttlTS SV TaiS oh<lO:IS. sive calechumenos. Snit une prière dite par l'évêque,
Ce qni pent se traduire : « Ceux qui n'ont pas été prière qni depuis le VIIIa s. (Missale Francorum) n'a
ordonnés par l'évêque ne peuvent exorciser, ni dans pas subi de changement: Deum Patrem omnipolenlem,
les églises, ni dans les maisons. » Mais le texte est fralres carissimi, supplices deprecemur, ul hos famulos
incertain. Au lieu du mot: SçoPKI3EtV , de bonnes édi- suos bene t dicere dignelur in off/cium exorcistarum; ut
tions portent : ÉTIopKI3SIV (Bruns, Canones... conci- sinl spirituales imperatores ad abjiciendos dœmones de
liorum sœc. IV-VII, l, Berlin, 1839, p. 76), et Probst eorporibus obsessis, cum omni nequilia eorum multi-
pense qn'on n'a en vue ici que les infidèles à catéchiser formi. Enfin, dans une dernière prière, l'évêque, après
(cf. Hefele-Leclercq, Hist. des conciles, I, Paris, 1907, avoir répété l'office principal de chasser les démons,
p. 1014). ajoute une nouvelle mission: ut probabiles sint medici
Le texte le plus ancien où, à notre connaissance, il Ecclesiœ luœ, gratta curationum virluteque cœlesti
soit fait explicitement mention de l'ordre des exor- confirmali.
cistes, se trouve dans un recneil canonique intitulé III. EXERCICE DE LA FONCTION. Nous avons vu
Staluta Ecclesiœ antiqua, recueil dont la composition que l'acte d'exorciser fut parfois exercé avant l'insti-
se place au sud de la Gaule, aux environs de l'an 500 tution d'un ordre spécial. Quand celui-ci fut établi,
(Fonrnier-Le Bras, Hisl. des collections canoniques en ce qui survint à des époques différentes, d'après les
Occident, I, Paris, 1931, p. 20). Ce canon a été repris régions, qnelles règles présidaient à la fonction de
par Gratien, dans son Decretum, où il est attribué au l'exorciste? Nous ne sommes informés à cet égard.
IV- concile dc Carthage, tenu en 398. Nous y lisons Tont ce que nous savons, qn'il existait dans les
(dist. XXIII, c. 17) : Exorcista cum ordinatur, accipial Gaules, au moins au IV. s., un livre contenant les
de manu episcopi libellum in quo scripti sunt exorclsmi, formnles d'exorcismes: le recneil dit Statuta Ecclesiœ
dicente sibi episcopo : Accipe et commenda memoriœ, et antiqua déclare en effet que dans l'ordination l'évêque
habeto poteslalem imponendi manus super energume- remettait à l'exorciste nn libellus exorcismorum (voir
num, sive baptizatum, sive calechumenum (Bruns, plus haut). Il y a lieu d'ailleurs de penser que l'exer-
op. cit., l, 142). Il faut en conclure qn'en Ganle, au cice de cette fonction particulièrement délicate ne
IV· S., l'exorcistat était rangé parmi les ordres mi- fut que très rarement dévolue en réalité aux clercs
neurs. Les paroles citées sont reprises, avec quelqnes qni avaient reçu l'ordre mineur correspondant. Cet
modifications peu importantes, dans un livre litnr- ordre devait être plutôt, plus encore que les autres
gique du VIIIa S., appelé Missale Francorum, qui y ordres un des degrés par lesquels se faisaient
ajoute deux oraisons, intitulées respectivement : l'initiation et préparation aux ordres majeurs. Dès
Prœfatio exorcistœ et Benedictio exorcislœ (reproduites 416, Innocent Iar que l'exorcisation se fait
par Leroquais, Les pontificaux manuscrits des biblio- par les prêtres ou les et encore exige-t-il que,
thèques publiques de France, p. XLV, Paris, 1937). pour l'exécuter, intervienne une autorisation préa-
Au IX· s., la liturgie romaine s'incorpora de nombreux lable de l'évêque (lettre à Decentius, évêque de Gub-
éléments tirés de la liturgie des Gaules; l'ordre des bio; Jaffé, Regesta PonUficum Romanorum, n. 311).
exorcistes reçut ou reprit sa place parmi les rites Ces prescriptions furent par de nombreux
officiels de l'Église romaine. C'est alors, comme l'a textes de droit particulier. peut lire à ce sujet,
bien montré l'abbé V. Leroquais (op. cil., p. XXXII- dans la Colleclio Lacensis, l, les dispositions de plu-
XXXIII), qne furent introduites et stabilisées dans la sienrs conciles provinciaux du XVI" et du XVIIa s. La
liturgie romaine les cérémonies et les prières qui, sauf S. Congr. des Évêques et Réguliers, dans une réponse
quelques légères modifications, se perpétuèrent jus- du 22 févr. 1625, requit expressément l'autorisation
qu'au Pontifical composé, entre 1292 et 1295, par de l'évêque pour pouvoir exorciser, et étendit cette
Guillaume Durand, évêque de Mende, et par celui-ci règle même aux religienx (citée par Ferraris, dans
jusqn'au Pontifical romain, dont la première édition Prompta bibliotheca canonica, an mot Exorcizare,
parut en 1485, sous le pape Innocent VIII. n. 9). nn décret du S.-Office, rendu le 5 juill. 1710 pour
II. RITE DE L'ORDINA.TION. L'ordination de l'Italie et les îles adjacentes, subordonna l'acte d'exor-
l'exorciste tire son origine de la vieille liturgie galli- ciser à l'autorisation de l'Ordinaire et prescrivit de ne
cane du VIII" s. Les cérémonies qui la composent, donner celle-ci qn' aux prêtres sécnliers ou réguliers
gestes et prières, se retronvent en grande partie dans qui offriraient tonte garantie de prudence et de piété
le Missale Francorum (VIII· s.), qui lui-même s'inspire (texte dans loc. cil., n. 10). Plusieurs réponses
des Slaluta Eeclesiœ antiqua (Leroquais, op. cil., et décisions de la Congr. des Évêques et Réguliers
p. XLV). La cérémonie débute par l'appel nominal des se réfèrent aux précautions à prendre par le prêtre,
exorcistes, semblable à celui des portiers et des lec- dftment antorisé par la S. Congrégation, qui procéde-
teurs : Accedant qui ordinandi sunl ad off/cium exorcis- rait à l'exorcisation d'une moniale; un décret du
larum. L'appel est suivi de l'exhortation suivante 1er juill. 1609 prescrit de ne jamais accomplir cet acte
mCT. DE DROIT CA.NONIQUE. D. C. V. 22
(;75 ExonCISTE, EXEHCT<.E DE L,\ FOl\CT1()1\
intra monaslerii mais de le faire dans
extérieure du où la religieuse doit
transférée; suit l'indication des précautions à prendre:
In translalione lmjusmodi, sicuU in actu exorcizationis,
honeslœ personœ consanguineœ vel aliœ mulieres pro-
vcetœ œtatis ae probalœ conversalionis energumcnam
comi/entur... Exorcizatio minori, quo ficri polest, fiai
.~trepitu. Ecclesiœ janua occlusa remanel, quousque
exorcizalione complela ad monasieI'ium energumcnrt
reducalur. Tam in reditu quam in accessu ad ecclesiam
et monaslerium respective, sine dioeriiculo tcndalul'
(Ferraris, loe. cil., n. 15). Règles certes fort sages, mais
ne laissent pas de donner l'impression qn'elles
des préoccupations et des idées préconçues
ne répondant pIns à la mentalité actuellement ré-
gnante. La même réflexion semble de mise à la lecture
des directives données par Benoît XIV, dans
clique Magno, adressée aux de Pologne,
:2 juin 1751; voici la teneur du de l'encyclique:
« Dans la requête qui nous fut il est question
d'un autre abus, à savoir que des exorcisent
sans votre permission. La requête
dans vos synodes ou dans vos
interdit qu'aucun prêtre, séculier ou
l'audace d'exorciser sans avoir obtenu
votre approbation et votre autorisation, défense
doit être portée, comme les le font habituel-
lement... Que si vos préceptes violés et si les
peines comminées ou infligées vous n'étaient pas
observées, nous manquerions uotre devoir en n'en-
gageant pas en votre faveur toute notre autorité;
car rien ne nous tient à cœur que de maintenir
intaets les droits des sont nos frères»
(Fonies, II, 331). Le décrets portés par
les évêques sur la En effet la plupart des
directoires publiés, avant l'unification de la liturgie,
par les différents diocèses, sous les titres de de pmu'
Pastoraux ou de Saeramentaires contenaieut diable laisse le malade
conseils et des préceptes réglant le rôle de l'exorciste, rrTlnllTllIICet lui permet de recevoir la sainte eucharistie,
Le Rituel romain, dans l'édition alln faire croire à sa disparition. 11 emploie de multiples
1614 par Paul avait un chapitre sur arlillces pour tromper les l'exorciste soi t
pour n'en être dupe. Qu'il se souvienne
chapitre soumis revision dans· la parole de qu'il est uue sorte de d(,-
Lion étendue à toute en 1744, SUI' l'ordre de mons qui ne sont que pal' la Jlrii'l'e et le ,imlne
Benoît XIV, Cette édition contenait un titre (Matlh" XVII, 20), qu'il emploie surtout ces deux remèdes,
x, intitulé De exorcizandis obsessis a il !lutant qu'il est possible, soit soit avec le
était naturellement fait aucune allusioll concOlU'S d'autres
une intervention quelconque dévolue au dans une
l'ordre mineur de l'exorcistat; il y était question du religieux
ou pOUl' un autre
prêtre ou d'un autre ministre autorisé : sacerdos seu lIue maison
alius legitimus millisier (c. I, n, 1); sacerdos sive alius l'état de
exorcisla (c. I, n. 21) le Rituel romain soumis à
une nouvelle revision sur l'ordre de Pie XI et publié
en 1926 se contente de dire (tit. : sacerdvs,
de peculiari et expl'essa Ordinarii Rituel a
donc adopté et expressément sanctionné la
ap'uroclhé'es avec
qui, à la suite de nombreuses décisions du mais il faut
était introduite partout comme stylus curiœ. De nom- La sainle eneharistie IlO
breux statuts de droit l'avaient également ou du corps du possédé, de
inculquée (d. les des synodes provinciaux de Quo l'exorciste ne soit pas
l'rague ct d'Utreeht, en 1860 et 1865; Gollectio La- verbeux; qu'il no pose pas des questions superflues 011
censis, v, 484, 876). La dernière édition du Rituel curieuses, surtout pas au sujet de faits fu Lurs ou cachés,
(1926) a remanié, en des nouvelles connais- sans l'apport avec sa foncLion; qu'il ordollne à l'esprit impur
de se laire el de seulement aux in lerrogatiolls. Si
sances acquises en de maladies ncrveuses, les le démon simule l'âme d'un saint, on d'un défunt, On
instructions qui doivent guider l'exorciste. En voici d'lm bon qu'il n'y llucune foi. 15. Il faut
la traduction: interroger SnI' nombre noms des esprits malins, SlU'
« Tlt, XI, e. l, De exorcizandis obsessis a dœmonio. 1. Le l'époque et la cause de leur venue. Si le démon émet des
prêtre qui, muni d'une délégation et expresse de futilités, des l'ires ou des inepties, que l'exorciste les empê-
son Ordinaire, se à exorciser possédés doit réunir che ou les et avertisse les doivent
les qualités de et d'Intégrité nécessaires être peu de ne s'en soucier ne pus
à ce ministère; non dans sa vertu, mais dans la mais de priel' Dieu, 16. Qu'Il
scule divillc, il doit être détaché de toute exorcismes uvec fermeté et aulorité, avec
di té biens de cette 1erre et accomplir c~,tte une gl'unde foi, hnmilîté ct ferveur; quand il voit que l·e~·
pieuse avec chnl'ité et humililé, JI faut en outre Ilu'il soit prit malin estlolll'men!(" qu'il insisle, S'il remarque que
d'un ;)ge l'mît' t'.1 qu'iJ l'olt (1nl(I1H'(: (l{~ l'PS1)Pcl. nOH !-\f'Ulf!r qlll~lqtfn pm'tin dll ('nt'ps dl! iH)S~{'fl{. Hsf :Igjté(~ OH enf1é~,
G77 r~XOHCISTE EXPECTATIVES H7x
livre II est surtout significatif: De magia dœmoniaca
et ejlls En le P. jésuite Joseph de
~"'l W~"~y publia, sous le Les maladies nerveuses
0/1 mentales et les manifestations diaboliques (Paris,
un petit traité où il condensa les résul-
tats de acquise pendant les années
qu'il fonctions d'exorciste omciel diocèse
de Paris. reconnaît sans que le titulaire
de ces délicates fonctions est exposé au
danger d'illusion ct d'erreur. « Au début d'un minis·
tère, (\crit-il, où la len-
lement, alors que je à tra-
vers un domaine vaste ct inexploré, il m'est arrivé,
j'en ferai ici la confession naïve et contrite, d'exorciser
des malades» (p. 204). La possession proprement dite
est une action démoniaque extraordinaire et inso-
lite. « L'Esprit mauvais domine même le corps, s'em-
on l)ar pare de ses organes et se sert d'eux comme s'ils lui
doit expulser cet par appartenaient ell propre, actionnant le système ner-
se trouve hors de son COll)S, veux, faisant mouvoir et les membres,
cet soit brûlé. Le doit parlant par la bouche du 9). Mais les
manifester ses à l'exorciste. - 21. qui anra confusions sont à éviter « Entre les
réussi à délivrer un démoniaque l'exhortera vivement se maladies nerveuses ou
garder désormais du péché, de pen<' de fournir au démon des assimilations indues. De
l'occasion d'un retour offensif, pins dangereux que le pré-
cédent. » médecins, esprit de système, pal'
sation abusive cc qui se voit dans les et les
Comme on a pu le remarquer, les conseils de consultations refusent à priori d'admettre
den ce sont multipliés dans ces instruetions du de même certains
romain. Qu'on veuille bien se référer au n. 1 : Ne facile certains prêtres, prenant la position inverse
credat aliquem a dœmone obsessum esse, et au n. 14 : bant dans une erreur symétrique, attribuent au dé-
Ne ei credatur, si dœmon simularet se esse animam ali- mon, par ignorance de la pathologie mentale ou ner-
sancU, vel defuncU ... Ces conseils sont, en aussi des prescriptions de
pins ponctuellement de nos jours aqueIlleIltS naturels)) (p. 14). Qu'on l(

que dans les temps C'est pourquoi l'interven- bien seulement ne prendre notre réserve
tion de l'exorciste, était jadis souvent prématurée, pour unc façon discrète que nous n'avons
abusive ou inutile, est devenue d'une application jamais rencontré sur notre route le merveilleux dia-
beaucoup moins fl'équente, voire rare. Ou en trouve bolique réel)) (p. 18).
déjà uu indice dans le fait nos statuts l1l'()vjnl'j"nv
BIBLIOGRAPHIE. Del Hio, S. J., Disquisilionum mag!-
el diocésains carum li br! sex, Louvain, 1599-1600. Ferraris, dans
directives ni d'instructions à cette matière, alors Prompla bibliollzeca canonica, nI, Rome, 1759, au mot
<lUCt<;lVl~ elles étaient fréquentes et sonvent minu- Rxorcisnms. Brulls, Callones aposlolormll el cOllci!iorum
J.a lecture de IlOS anciens Libri pastorales est velel'am 1839. Phillips, Kircl1enreclll, l,
suggestive à cet Les causes de ce """"5'" """ Hatishonne, System des katholiscl1en
peuvent être comme suit: une Kirc/wllrecllls, r, Berlin, 1869. Ueber den Ur-
plus exacte et répandue du processus des mala- sprung des Lee/orals und derandel'en niederen 'Veil,en, Berlin,
dies mentales nerveuses, dont certaines manifes- 1886. Salœamenle und Sakramenlalien ill deT!
ers/e J aill'hunderlcn, 1872.
tations étaient parfois trop facilement mises sur Dldasealia et l'anones aposta/arum, 1906.
le compte de l'existence dans Del' ExorcisllUls im al/chrisllie/ren
les milieux POldc,rbo1'lll. 1909. art. Exorcisme, dans
critique plus attentif plus lhéol. catir., Connolly, Texts and
mise au point de la doctrine LH'vV"V~;"IU" ~~""''i''~'" studles, VI Il, 1916. H. Leclercq, art. Exor-
degrés et le mode de du dans cisme, EXOl'elstc, dans d'arclzéol. c/rrét. el de lit., v, 1922,
les actes de l'holllme : intervention indirecte dans les col. 960-976. Coppens, des mains elles rites
connexes dans le N. T. et ancienne, Louvain, 1925.
actions peccamlneuses, directe dans les cas de pos- mineurs dans ['ancien rit romain,
session. On consultera utilement à cc sujet deux arti- dans Reu. 1925.
cles dans l'onvrage collectif publié, en 1948, par Verwaltullg des
les carmélitaines (éd. Desclée De Brouwer), 1927. Fournier-Le Bras,
sous le titre Satan: l'un a pour auteur le P .•1. de Ton- en Occident, Paris, 1931.
quédec, S . .J., ct est intitulé Quelques aspects de l'ac- llascri ls des bibliothèques puoliqw,s
De Tonquédcc, S .•J., nerveuses orr mentales
lion de Salan dans le monde (p. 493-(06); l'autre est et les manifestations diaboliqaes, Paris, 1938; Quelques
signé F.-X. Maquart et s'intitule L'exorciste dCliant aspects de l'action de Satan dans le mOllde, dans Études
les manifestations diaboliques (p. 328-351). Pour se carmélitaÎnes, 1948, p. 4.93-506. L'exorciste
rendre compte de l'évolution des idées ct des méthodes dellani les manifestatiolls lll<W(llU}(U'S. 1'.328-351.
dans ce domaine, il sufIit de deux F.
écrits des théologiens à trois EXPEOTATIVES. I. Définition. II. Ori-
de A la fin du XVI" Martin Del III. Confiscation du droit d'accorder des
Rio publiait lin gros traité Disqllisitiomzm du apostolique.
magfcarllm libri sex (Louvain, G. Rivius, 1599-1600). V. Quels
C'était un de toutes sortes d'histoires, pauvres clercs'~ A
plus ou merveilleuses, attribuées en quoi droit? VII. Modalités de la conces-
partie à l'influence maléfique de l'Esprit sion ct de l'exécution des grâees expectatives. VIII.
il faut bien le dire, avec un souci insufIisallt Mécomptes éprouvés pal' les experl:ants apostoliques.
ct sans esprit critique. Le titre du IX. L' allletcrr!,

Vous aimerez peut-être aussi