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Art militaire à cheval .

Instruction des principes


et fondements de la
cavallerie, et de ses
quatre espèces,
ascavoir [...]
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Wallhausen, Johann Jacobi von. Art militaire à cheval . Instruction des principes et fondements de la cavallerie, et de ses quatre espèces, ascavoir lances, corrasses, arquebus et
drageons, avec tout ce qui est de leur charge et exercice, avec quelques nouvelles inventions de batailles ordonnées de cavallerie et démonstrations de. 1616.

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Art militaire a Chenal.

INSTRVCTION
DES PRINCIPES ET FON-
DEMENTS ï>E LA CAVALLERIE,
& de ses
quatre eípcccs, Ascauoir Lan-
ces ,Corrasscs , ArquebusSt drageons, auec
tout ce qui est de leur charge & exercice. nm.l.Hi.]..!:!.. ;ii,,n,n)....lii.i.àÉ.IH.nW

Auec
J>VEL£>rE$ TipVFELLES INVEâV
tionsdeBataillesordonnéesdeCattaUerie,
Et
DEMONSTRATIONS DE LA NECESSI-
TE, VTILITE ET EXCELLENCE DE L*XRT
militaire, fur toutes aultres arts & sciences.

EXPERIMENTE, DESCRIPT ET REPRESENTS


fsrflusimrt htllufigum mtnUku m tuiwrt.

Par
ÎEAN ÏAQVES DE CCDalHwttsttl/ PRINCIPAL
/ CAPITAINE DES CARDES,ET CAJITAI-
ne de la louable ville de Danzick.

retMECf Jm}rìmfaTrancfrrt,ParV\vi. IAQVÎS.^* s&M


g, frais de lean Théodore de,Bry. >^*^N
ï . il—&wz?<
Ì LAN M DGXVI. ÍSH^i
mmm

.niiiiiHWiniiiiiiiiiiiiinnmïïnimïïiiinw

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W*iï

-££*&'. ^gìi-"
ÂV TRES-ILLVSTRE ET
TRES-HAVLT PRINCEETSEt
GNEVR F RI D ERIC CINQVIRSMEj
CONTE PALATIN DV RHIN, ELÉGTEVR
du S. Empire Romain, Duc des Bauieres
&c* MofiTres-clement Seigneur.

(:) z TRES
DEÒICÀTIÓÏ*.
'"*- t.

RES-ÏÍLVTRE Seig. bon droitpouuoì


noui dire,que,combien qu'entre diuerfèi
calamite^,nous auons atteint vnsiécle
plus admirable & heureux que nos ance-
fires,auqueltoutes lesarts & sciences,tat
mechaniques que libérales ,font montées
au f lus hault, estant polies deplusieurs,
diuers&bons ejprits en toutes nations, qui tendent tous en-
semble a ce bout, nonfeulèment de laijfer quelque tefmoignage
de leurjeauoir Çf expérience, mais auft de monstrer b affeftion
ont defèruir au public. Entre aultres <voyt on
&defir,qu'ils
aufii l'Art militaire, non tant estimée du pafé, & encordu pré-
s
sent, de quelque vns,que nécessairepour le bien & entretien des
Royaumes, Seigneuries & Républiques, menacées Çfmejme
commeùesde tant des dangereux afpeéfs d'vn ç^tCars non pas
planétaire, mais terrestre, Çtfqui leur estplus proche* Auquel
pour faire refijicnce,il ny á meilleur moyen quedefepourucoir
de bonn'heure,nonfeulèment de toutes fertes d'armes,mais aujîi
desgens, qui enfeauent <vferpropre-et dextrement. Et pour les
auoir,íly faultdes préceptes, par lesquels laieuneffey soit bien
inftruicìe & exercée. a&Toyen certespropre defefortifier a ben-
contre de tous"kjfaults,commefentoit tres bien cePrinceLacede-
inonien, quirestant dentadé,pòurquoy la 'ville de Sparte rìefloit
close &enuironnée de murailles & rampart s, comme lesaul-
très villes de la Grèce : Refpondit, que c'estoint là leurs murais
Us,(monstràtses bourgeois bien dreffez,Ç$ exercez, aux armes)
desquelles tl estaitplus ajfeuré que de celles qui e/toint basties de
terres depierres. Reíponcecommeajfez, oultrecuidéedeb'vne^
ainfìaufibitlouàbledebaultrepart: Car il n'y a meilleure mu*
faille ni rampart plus ajfeuré en une ville, que le bon & loyal
deùë & dextrement a la défense de
bourgeois, qui s'employé (à
chirepatrib
Or n'y d il faulte de préceptes en cestendroit, ains voyons
nous comment plusieurs & diuerfes nations y befoignent. 6ntr^

lefquelg
D E t> I C A t I Ó N.

ïejquels ayant rencontré bestépastévn trait té de l'Artimíitairé


de bInfanterie de han
laques de ^aííftottfm Cap^nc des
gardes de la ville de <DantzJck, iebayfait imprimer, Ç&s'enty
que t'en ay faitplaisir aplustéurs. Dontluy mefmemayataufi
-présentéce trait té de la Cheualerie, iemefuisrésolu d enfaire là
wefene,ascauoir de bimprimer^publier,non feulement en lague
Allemande,maisaufien la Francoife,&monftrer le defìrquè
ïay,deferuiraevnchafeuin.
çjxtais d'aultant que telle oeuure bien difficilement entrà
enplace,fans éïìre rongée if des
ignorans, Çtfdesfeauants, mais
enuieux, tS*toufioursplus prompts a reprendre le labeur d'aulx
truy sque de bamender, oufaire mieulx, ilm' afdlluluy chercer
*vn telpatron,feubs laproteftion
duquel ellepourroit euiter tout
oultrage. C'estpourquoy ie m* adresseTres-Illustre Seig. a Vo-
stre Serenifme aAltestè, tant pour ce que iefcay, que comme
Prince vrayémetmagnanimetellesoeuures luy font agréables,
que voyant que c'est encor vn fruicl,qui fort de befehole de et
Gran t^fCaurice de Nassau, Oncle dicelU, il m*a semblé
queie
ne la debuois adressera aultre,comme celle qui en entreprendrait
la défenseauec plus grande affeótion : Séfffjferant deftre reçeùà
de la bénignité accouftumée de vostre Sereniftme Áltefe, com-
me tela luy dédie Ç$ consacre en deue humilité & reuerencejé
prie cebon Dieu de la maintenir en(afauuegarde.

De Vostre Serehiífime Alteííè

Trcshumble subiet

Ican Théodore de Bry bourgeois


d'Oppcnheim.
Auec Grâce
&PriuiIege Impérial
pour six aní*

AVLË-
AV LECTEVR ET A MA-'
TEVR DE LATRESNO-
BLE MILICE.

MY Lecteur. CcTreslouableCKeualierJeSeis:
George Balìane dit fans raison eh la préface fur
son traicte duGouuernemét de laCauallerie,qu'il
nc íe peulr assez eímerueillcr, de ìa grande negli-

gece de ceulx,qui ont escript des choses militai-


res,tant anciens que modernes, en ce qui concer-
ne la Caual'cric. Et alléguant quelques raisons,qui iusques a pré-
sent les en ont detournez,entre leíquelles il conte aulîi celle cy,
qu'ay ans plus dcígard a la milice ancienne des Grcqs & Romains,
desquels le principal effort estoit en l'Infanterie, ils nc se sont
íoulcicz dclaCauallcriemes' en contente toutesfois,àins enad-
iouítc encor vnc auìtre n
plus vray semblable, aicauoir, qu'ils
cn ont rien fecu ne entendu. Ce accorde volontiers,y
que je luy
adioustant encorcecy, a'fcaúoir , que ceulx ìa rhesmes qui l'ont
bien entendu, voulu
par vue damnable cnuien'ont cómuniquer
aux aultres, ce qu'ils en "seauoint. Et quant ace tresprûdent & grad.
Cheualier, c'est bien dommage, suc-
quclcsbrauescxploictscV:
ces,lesquels fans doubteil a mis par escript, he sont publiez. Et
suis bien d'aduis, que s'il eust veícu du temps de la publication dû
susdit traicte, il F cuit & augmente & corrigé en plusieurs endro-
icts. Car , comme oh voit,íl ne dit mot des fondements & prin-
s de U Cauallerie ,nc elle d'oibt estre códuicte
cipe par quel moyen
avnebonne & heureuse fin. Dont a bon droictjem'enplainsa-
uec y£ìian, des choses militaires,
que comme aultres eícriuains
lin' a point escript pour les nouices & Tyrons, mais pour les
viculx & bons soldats. Voycy qu'en dit yElian: Omnium ope-
ra legi, & quid de iis iudicem , dicam : Omhes fereita vnaními-
tet
aAu Leëleur.
ter scripsisse,quasi docere homines vellent, non ignaros, sedsa-
tis earum rerum peritos quas explicare statuerunt. Cestadire:
j'ay leu tous leurs efcripts,& en diray rondement monaduis : A-
scauoir que tous vnanimement en ont escript, comme voulants
enseigner non pas les ignorants,maìsceul* qui ontdesia bonne
cognoissance ou expérience des choses, qu ils prétendent trai-
cter.Ce qui abon droict se pouuant dire, non seulement des anti-
ques, Excepté Vegece,Frohtin&v£lian,mâis auíîi des moder-
nes, &hlesme de ceulx de nostretemps,qui n'ont escript que par
n' y a qui en
parties deceste tant haulte science, dont puisse faire
quelque profit, que ceulx qui y sont bien expérimentez, passent
les principes Òcfondements soubs silence :jk ay bien Voulu
pren-
dre la peine d'en faire quelqi déduction , & monstrer les com-
mencements & tyrocines des arts militaires, pour la satisfaction
& contentement des amateurs d'icelles.T* asseurant rondement
amy lecteur, que ce que j'en escris, ne procède ou de curicusité
ou de quelque vent de fole ambition : mais d'vne fyncere affe-
ction & amour deladitte art,Ôc du désir de secourir & instruire
les tyrons & nouueaux venus. Auecregret,non feulement de ce,
quecesteart a esté si longuement cachée &ccomme
ensepuelic,
mais aulîl qu* en la C hrestienté les principes & fondements d'icel-
le n'ont este deiiement proposées & enseignées a la Ieunessc & no-
uices. Car (cequi toutesfois se dit sans vantiíe ) paruenant par
fauanccmçnt de personnages tresdigncs& amateurs de la vraye
milice, principalement par letresnoble & preux Cheualier X)ie*
fertcf) ítëítljjofls ÎCí General de l'armee de la Maieste Royale de Po-
logne & de Suéde, a quelques grandes & honorables charges,je
ne nVaypeuassezesmerueillerde la grande ignorance de ceulx,

que j'auoy soubs mon commandement, entre lesquels il yen a-


uoit non dix,ne cent, mais bien la plus grande partie, qui ayants
este endiuerfes armées par 10.10. 30. & 40. années, períuadez
& beaucoup scâuoir , & grande expérience j voire hon seule-
ment en communs soldats,mais austi ayants offices de Scrgeants,
Port-enseignes, ou Lieutenants ; qui ne scauoint comment ils
debuoint manier leurs armes, Screípondre a ceulx qui leur en de-
mandoint raison. Chose qui ne prouient que d'vne
déplorable
négligence en Fart & exercice militaire des communs soldats, &
d'vne malheureuse &maulditte enuie de quelques
Officiers,qui
çri ayant quelque cognoissance ne la veulent communiquer,
voire
Voire haiOent
c«ll^l#^

f^ucâtil* tólcíakf &ró^


c|uVft ilde faire assemblables^
le commúrr qrrt PíVéffu sôlf t^ùíï<5urs folir^iùic de l*cnui<í. Et
de fai€b te second íta»yik^é#^t#éfl^

igtì0^t ZoileyM^ntT^^
ertàèoir^kvo^,^^

fanccitóiììilfeerËtq*^
ualkïìfff & ^ttctí-ej stìbtitìtè^~èft-ptóU on
atwfítftë^ ËtçiÉàiii^v

fiC vielsòldac & bien cx£eftó


c^oirmbfìreaFbtmneurdèplusi^
il monftrc {íaiíatrt iwme ;d'àuòir Tòndé, Vòir-e dpuòré ,iâbtó:
Fart mtfoairc) vne^drnrrabié ignóràflcc & ìgtíotasttcimprudch-
ce, de desdaigner 1clabeur d^ultruv > Òcdcmastdcï ^tíeflc jRltìíi-^
lice oh potrtroit attcrKrre ddlaCáualltîrie Vote tjucemitFcrrcct
de subtilité cftoit en hlnfatttcrìc*;
$c^ue dé^áíC^wlfetté óbn'ín r
á auleuneattente MàisMome ignorác & ïóilématyáeuxWprjrtn. -
AB C '
prctaierementl* ,dcuantqutde pefíuader,d9cftfe Docteur,
fit d*çntï«pïcridíc?laiçe»faf^ du labeur d'aultruyl îSí'astujam. is
ouy pu entendu ^combien nofcde, & de quelíc ïitipértarróecstla /
Catìallcïrev66dtvquellencceífitécUèxstcnla^ '
tu cfctcf que tutcvérités,.)jamaisbùyquels TCHTC se* effects,6c
combichteutttisc^neíti'iuiieíqutòd ellcesttai&eri<ìi;uusecom- '..
me Û%ppa3fptstïètÉtqtrtító j jc te prte ^<ìe 1*Mfaftt«ric feute &
íâns GâuaÈierieì- Cómmenf Oídottsteriíoà vhe bataille fans îçel- '
le GauaUerie? QtteUc; íut^tiïè, escarmouche 'ôuâuk^ entrepris ;
se,Iafts I^CátìàlkirieVEn HoTigric comment feroìs tu les cour>
!
íes^rîeTutC»çoftiÌ*ïésttIe poursuiuroistu, comment leferòrs m
deSloger4e nos limites íàhs Cauallerie'f' Ou as tu veu auìcunc
batáiHt, soit c« Hongrit V óû *#â$iìtíequelconque région Û&$
Cau^Wr^:^oirs<|uMieiì'ayt&^

Prince Maurice *# Orange &c. fit pjo- ?„


hcr^o^VÍI 6ct^cIg>einerèlï3£,
yt£f^:>nfte&iy aTursthaut, ou en la Campagne <îeTielìNV
)C0( stoitçe
noble cKeuíílicr le Scigt Gent Pax s'employa fi honorable fid
cpurageusenient ^Nctcsouui^
Cauaïïerie seukc
qu'ils auointìÊnTo0irne,p^ ôcsub-
uíitcz de la Cauailcrit ,il,y fauWroit vn traicte a parr^du^ue
' tou-
tesfc« cbinmeMo^ignòrànijet'estimcmdigne, ;

tiersipourìes i^fons ou nouucaux soldats y tendante an fcnenÔc


instruction deceubt qui dVn tóttcage généreux íesont dénouez
àlaCauallerie. Mais auffittct'ay"^ bien instamment requis au
tocmierìiuredcíliistitu^ de
la Chreáicntéy ôc de la milice, jtu taseherois de l'augmenter &
àiranctr atiltantque rapourrois l'instruction des ieunes soldats?
Mais si tù es fimalhcweuícmen't enuicux^ que tu ne veulx corn- >
founiquérce que tu, enasapprisrpourlesmoinsnedfebuoisturé-
èardermapromptitude&bienvueillaftceauseruiceducommun^
a'vnocilíimalìng»
Qtfàiitamoyjchcyouldrois àubìrveícu pout môy feule-
ment, mais aussi pour tous ce ulx,auxqueis par quelque rrioyen
seruîr, Et teprie3amy lecteur & attiatcut
honnprablc|e ppurrpis
detíeáe milice^ de prcndteces principes & fondements de la Ca-
uallerie a gré Ôcde bonne part, t'èxerçant en ces tyrocines, iuf-
quçsá ce qu'au traicte» suiuajnts^lcíquelsj'esp^
aidant, en tiricrV w reçoìbuc« te reííey & ce qui est de plus gran-
de science jascauoir du logis ou au village ou en
campagne des
places d^A rïnçs,drcsfuspr^ >
tes & extraordinaires Í Item de ce qui
estaobscructsoitaucamper
buaumarthtr: Auec
cesttèonsiderationique sitoutes ces matiè-
res traictécs en ccliure, qu'ilfut deuenu tfcoò ';
eftpint giahdyôt
trop cher a cause de plusieurs figures,<|ui y debuointellrc ad ioin-
tes. Et qhaht aux traictez promis au premier liure >> ils nc fWf-
dront d'estre (si Dieu m* en Faitla grâce ) d*estre
publîe« a temp$}
., leur donnant pour Prodrome ou auanteoumervn petit traicte de
lat^nslarion,de ce renommé authcurFlaue
Vegece^ pour moh-
strer quelle a estéla milice & armature des anciens Romaih5,auec
quelques belles figures &pourcraicturesd'icelle. Oeuure certes
'
. v' '.'' deíîta-
«àeunffuìtee ìínpóftance & ctorieufaé tàm;^
ksvfeuk &<xtì^E Gapitaiiies»
tbldatique|Kíur

VE ces Voilons ,qûînè deèrent ^e d'^pôríer&


dcuorer le miel & labeur d'aultruy, soyent aduertis,
qu'auflrtost que fappetcebutey, qulls^imprimcronc
cesíitieris traita en «Juefconqueia-
qùelquèparttedé
>_ s. -i_ ìL ,,~-^r,r*.r™ *r r^rtiidieilerav.
« OTOTSW^ , *™ ™«-
a leur dom-
eue que ccsoit^c les au^ttentcrav
lahonte qu'ils en'teaàwtf*, &-MoinUskttttmte
Siage : Sans
- rce,qui neleurappaíiErent.
S ÛMMÁí RE DE Cl Sk
COND LÏVR.I
Ô N T E N A u T vri Abbregc de chafq; partie d'ice-
luy,& Chapitre en particulier.
Ce second Liure est diuifé en
cinq parties.
La première partie a quatre chapitres , íè-
loh les quatre fortes & espèces de Cauallerie a-
scauoirí-ances,Corrasses, Arqueb. & Drageons»

Lèh Çhapi

Description de la Lance ysormàtúrc d'icelle, & de


quelle
importance & excellence. Itcmpourquoy elle a commence a de-
faillie ..Et finalement -t vnc collation d'icelle auec la corrassc S
qui
luycftprèséréfeparléSeigr^ il est de-
monstre assezau long à tort* la Lance emportant lë pris > par plu-
sieurs &treíasscùrécs raisons. Iláheíiffigures,Lai. 1.3.4.5-£.7.
8. & u.prises de la Cauallerie d u dit Cheualier Bastaj&cóllbquees
auec leur déclaration surlasirìdu chapitre»

Lé. 2. Çhapi

, De k corrássé Ôc son átmaturé. Que c'est vhe Inúcrttion


nouuellc, & dont elle a prís son origine. 11etti pòtírquóy ce horh
luy estdonné, Auec vrit description dé sòheírect Ù propriété. Il
avnesigure,ascauoirla<>,

tiëjt t^ap*

De PAf qûèbuájCàf raoíri ou bandeîier> íoii armature ôc ma-


niement
Sombre de cìfetondUkri.
tìemcn^çtou^
U-igiV v-f ',' ;•.A '-_ ;v.--"...::,r:. -Ci.;_/ ïì'.L'r ià: ^~; ":'
ríèA^Chap. ,'V ^-,

. t>cs DrágeònSjieUí vtiìitéí Vsogè& árînátUre.íl áVneìfiguïe


ascauoirla n«

LA SECONDE PAÏCTÏË.
'^RaicIrëdePËxcrcicec^^
* estrois
premières est monstre, comment chasque Compag-
nie dôibt^strëdrëíféëj ën forte, que selon ía propriété cìîe puisse
effectuer te qui de saqUalité ëstirétyìiá. Item ëìl qtiêi nombre elles
doibuent eítre. Au chapitre quatriesme est monstre en particu-
lier, comment chascune partie est exercée, v

lè r. (^hap.

Èn quel nombre doibt estre vne Compagnie de Lances, pótif


effectuer proprement ce qui est de ía qualité. Aiiec vne démon-
stration , que selon mon instruction 40. ou 50. chciiaulx: feront a
présent, ce a quoy du pásle on empíòyoit300* où 400, il á Vne fl*
gùrejáseauoifiáw.»

le 2. Cb*(*

Ën quel nombre de Cotf âlïeS


dojbt estre Vne. Compagnie
àiìec seàOfficiers. & a vnciìgùre àícâuòir là ij*

tê 2. Chap.

Des Arquebusiers, Çârrabins oii Ëâhdeïìers ì Òuîiombfe de


leurs Compagnies,auec leurs Oíficiersí ll á trois sig.ascaudiria^,

U 4. Chap

fte F exercices comment iî dôibt eftrë entrepris dtí Iâ Ca*


uallerie,dëmónstrépàr Pexemple d'Vne Compagnie d' arquebu-
siers. Il ásixfiguresjáscauòií là 17»i& ijtio. n.zx.
)(:)( $ LA
"•^«vt^DisLEsMB ^mmm^ :
Es Batailles & leurs diuersitëz, ordonnées d'vne Compàg*
D nie. Contient cinq» chapitres» ; ^

^r:V;----T-:rv^< Le r. Çhap.

Comment vne bataille est ordonnée d* vne Compagnie de


Lances. A vne figure, afcauoir la^tt

Comment vnefeátaulc est ordonnéel-P vne òù de plusieurs


de Lancer est in^ën^uure^ AdeùxFig.arc:l*i4.
Compagnies

Commìentd^vnc Compagnie de jo.pu 60. Lances, onpeult

Com^ &t; vtì|^^ ycì wdóftiíéfc èti

-----v- .-j.: ^: - ^:.,. * '


^l^_->. /" ^^'"^v^'.
^^fcj^.---

Comment & les BandeliòrsÔt Drageons soht Prd'ohhez en


batailles A deux figures. La 31.31»

LA QVÂTfUESMÉ ï>AktlL
curieux amateur de lâMilicc vpit, co-
iaquèlléle bënïAg!&
EN rnent de toutes fortes de la Cauallerie , de chaícurië
quatre
trois Compagnies, f áiíànts vin esquadron de 1k.ot>cheuaulx, sont
ordonnées quelques batailles tant defensiues qu' offensiues. Elle
contient trois chapitres»
tut h (fhap.
Monstre íîx tortes de batailles àùèc ìèûrs n'òms propres. Ire
vne
tommátreie cefecmi Liure. I

ncforcecptouoquec&tkre^^ A%t fig^*


*esaiíe^53^4»^.^ti74g.^K

JUtÊ. @kfc
Comment il rauhdí^
ìir subitement ordoïinercíbacaiUítefiiídiwcs.AVfteïiig^a^o*

De* gardes fie îën^cu*sTtequ^


Caualìetic. A«oisin:gurcs.La4i.4*.^£43/

LA CmQVIESMI JPklCÍfl*.
dîícwtirs de deux pcrfotóftcì^Vfteì^tó^ l%Atì*Ma^
VN tin, de ladtoité, Part mi^
exccllé^ficprcenimcnccdc
|tardcfsus tenuesiw aultres Ickaces fieartsïant liberté queme-
ctan<qt^,icxttep^kíW
pleíìcursiuïWs ïa£j^s^tt&<^grc$a^
ignéees Acadetoricsatecclcs lettre^ cottëW^oitdcutó >^I-
LaccdcflKmicTtó&^ottlaùïs.È*
^uesccmanhéesetttrc^ës^Grcqs,
hnalemc^quelesàtts^
4cUiëBJ^Ûe éBre pro^íéw , cxplrqum&fraìct&s<mB©*te
lar^emAcrneUcjeotrmteleïÔreqs^I^^tfw
4c^«ntpropofées cnleúrpro-
. .
|>íe4an.gttag«.
Premiercpartie,
DEL INSTRVCTION
ET GOVVERNEMENT
DE LA CAVALLERIE.

DVT £ la Milice consiíte en deux poincts t


L En F homme ou gendarme.
[I. Es armes. Comm'on dit en Latin» ín viris
Ôcarmis.
Quant au premier concernant F homme, F
art s'en monstre en trois poincts Ou endroits.
I: A Pied.
11. A Cheual.
III- A Batteau.
La première comprend en soyquattre.eípeccs» csquelles elle á son ac-
complissement.
I, ôc Picquiers dVn régiment entier, où d'vne
Musqucttiers
enseigne, &trouppe,comme il est monstre au premier
liure de Fart militaire a pied.
II» L'Artillerie & science de la manier.
I II. L'art de fortification.
IV» La science d'ordonner vne bataille.
De la seconde & troisiesme espcce, ascauoir de 1*Artillerie &d<0 For-
tification le bening lecteur en trouuerá allieurs suffisance instruction : f&y
adiouterons ce qu'on ypourroic requérir d'auantageDieu aydantau quat-
triesme liure.La quattriesme, ascauoir la science d'ordonner vne bataille
seràdcduicte au troifiesmc liure dcmon traicte.
Et passerayainsi au second poinct de Y art, qui est la science de bien
guerroyer a cheual, y monstrant selon tout mon pouuoir l'affection que
j'ay de satisfaire aux amateurs deceste tant noble science , jusques a cc cptá
y suruienne quelqu'un qui plus expérimenté ,lcs puissent mieuxcontenter*
Qrcestc milice est repartie en quattre sortes.
#& I. U
A Liure IL Del*exercice

1. La premicfçdfcklan^
c^mittetuvoîs Nu«i.i.Fig. u
ÌU Le Coraffitr, ou solda|acncualjaùcclaCortafsccomme oti
voytNum.a. Fig.i.
11L L' Arquebusier, ou soldat à cheual,auec F arquebus ou
bandelict, comme Niim» 3.Fig. i.
IV. Le Drageon ou soldat a cheual, auec lc mufquet ou lâ pic-
que commeNttm.4. Fig. 1.
Ces quattre sortes sont reparties derechef en deux espèces, desqucL
lei'vneestdittc Cauallerie legicrc,& l'aultrerfaueou pesante*
Enlagraueestcompriselalancc&lacôrasic.
En ía lôgierc seCompte l'Arquebusier & Drageon.
Lc lancier est propre pour toutes les deux espèces , tant poutlagra-
uequepour la legicrc,comme aussiilpeulcestre armé a la legicrc, ou a la
pesante auec corassc ferme: Ainsi que cy appres serádcmonstrè.
La qualité de l'armure de la Cauallerie cstauslì de deux fortes.
Ofîensiuefic
Defensiue.
L'vne pour offenser son ennemy, & 1*aukre pour s' en guarântir.
Úcs quattre sortes íusdittes de Caualleries, il y en á partie qui á Y ar-
mute seulement defensiue, & partie qui ráíeulcmcntoffensiue.
Et partie l'á de toutes les deux sortes > ascauoir, & offdnsiue & de.
fensiue.
La Corasse est defensiue.
L* Arquebus ôc Drageon est offensiue.
La lance est offensiucôc defensiue.
Orde ces quattre sortcí de milices a Cheual, ou Cauallerie discouf-
rans cy appris, nous parlerons premièrement de chaseune en particulier,
& puis de toutes en gênerai nous enseignerons tout ce qui concerne les
fondements d'icellcs.

ï, Chap.
EtgouunmmmtdeldC^ùûierie.

CHAP. I.
Du Lancier.
A lance est bien la principale & plus noble partie de ía
Cauallerie, & ce par deux raisons.
I. Pource d'exercice & d
qu'elle requiert plus
adrestè les aultres.
que
II. Pource le cheual de &
quelle requiert pris
meilleur que tous les aultres.
Quant a l'exercice particulier ; tous ceulx qui ont aulcune intelli-
gence de la Cauallerie, scauenc treíbicn, que le Lancier a besoing de plus
d'excercice tant, pour fa personne que pour son cheual, que les aultres.
Comme deuant quelque y o. 6"©.80. ou 100. ans, il a esté en pluígrandere-
commendacion,entre la Nòblesle, qui non seulement es festins de nop-
ces & baptesmes, mais aussi en aultres assemblées extraordinaires (' y ex-
crceoitj&auec grand zcleôc courage s' efuertuoitpour cn porter le prisas
honneur. Er de fait entrcles Lanciers, il n' y auoit que personnages des plus
nobles & dignes de l'honneur de Cheuallerie.
Mais a présent puis que ces festins & exercices de Nobleste,comme de
Rompre lances, Courrir la bague,Ioutter ou tourner &c aultres ieux sem-
blables font venus a dcfaillir.il n'y reste a peine la dixiefme, voyrecentief-
me partie de sesexploit* & effects requis, tant par faultejdes gens propres 6c
capables d'vne science si exquise,en place desquels on est contraint dese
seruir de gens baffes 8c vils, que par manquement de solde requise ôc compe-
tenreaumente.
De fait venant cn considération de cestc première ôc tresdigne forte
de Cauallerie, je ne peulx assez admirer , ni exprimer la diligence soing,
industrie & despens de plusieurs Nobles & preux Cheualliers , en 1' exer-
cice & auan.cement d'icelle,comme on en voit plusieurs discours deserits
en langue Françoise, Italienne , Allemande, ôc aultres : Esquels tout ce
que tu trouues des faits louables & dignes de memoyre, procededelalan-
ce arme vrayementdigne delaNoblesse. Dont on en pourroit alléguer vne
infinité d'exemples rantd'histoyres véritables, que feintes.'
Au contraire nc se pourroit on affez cóplaindrc de la grande nonchail-
lance & mespns deceste forte d' armes, tant estimée dupasse, fsans la sci-
ence de laquelle personne ne pouuoit acquérir reputacion de Cheualier,)
voyant &apercebuant toutesfois,quepar lemoyend' icellcl' estât de Che-
uallier, a esté préféré a toutes auitres dignitez,recebuant par ce moyen la
couronne d' honneur commerresiuste recompense de ses labeurs ôc pro-
uesses ; de sorte aussi que par le moyen d'icclleies plus grands ôc plussigna-
A z lez
4 Liure IL D tU Exercice
ler Cheuallicrs ont tousiours voulu monstrer leur valeur j & maintenir
leur éminence ÔCdignité, iufques enuiron tfo. ou &©. ans en çaefquelsk
noblesse moderne s'en esttant degoustcé, iufques a l'ensepuelir en vn to-
tal oubly, si elle n'estoit aulcunenaeht soustenue es coures des plus géné-
reux Princes , efquelles onenvoyt encor rcluyr quelques.cstinccllcs.es fe-
stins nuptiaulx,Baptcfmes ou aultres semblables solennitcz. Pcult estre,
que cela luy aduient de ce que bien rarement elle s* y trouue, pour en Ve-
oyr les effects tantlouablcs;ou bien que quelques vns s'en font des proiects,
du tout aultres qu'ils nc deburoint: disants cnculxmcfmes par vne maniè-
re demeípris : U y a grande peine ôc labeur, despens inutiles, ôc diligence
iatis profit, iòint qu on ne s'yauancc fans rudes ôc dangereuses secousses.
Et quel auarttage en pcult oh attendre. Cest le ieu ôc
passetemps des
Grans Seigneurs:tun'yasquc faire. Tu courriroys longuementala bague,
ioutterois ou tournerois brauement, ou romperois beaucoup des lances,
deuant de gaigner quelque chose pour ta cuisine, ôcc.
Et quelle est pour le iourd* hùy F occupacion, je ne dis pas de tous
( parlant seulement de ceulx qui sont coulpabies ) mais d'vne bonne partie
de la Noblesse de nostre temps auec meipris ôcdesdaingde ce noble exercU
ce i Ie le disois volontiers,mais Veritas odium parit. La vérité engendre
la haine.
Et voit on journellement les íruicts procedans de la nonchaillancc
ôc mefpris de cestc science,en la perucrsité de ce siécle. Ouureles yculx,
regarde ôc examine m peu en ton esprit les temps passez deuanz ioo. ans;
8c les conférant auec le présent si piteuse ôc malheureusement débauche,
tutrouueras de quoy mener des grandes complaintes. Et situneleveulx
veoyr ouentendrcjctelc declaireray, Dieu aydant, au cinquiefme liure de
ce mien traicte.
La lance pour le présent n'est guere estimée, mesme entre soldats fai-
sant profession de grande experience,disans que c'est vne armure mal com-
mode : Car, disent ils, elle requiert vne compagne nette $ ôc est de nul v sa-
ge, en passages ou lieux estroicts , en bois , buissons ôc aultres semblables
lieux empeichez. Mais fans aulcune raison. Et j'afferme rondement, que
celuy.quisoubs quelconq; prétexte que cesoit,mefprisc ceviel,noble, &C
tresotilcxercice.ou n' entend ce qu'il dit, ou bien 1*entendant, monstre
qu'il
n'a le coeur de soldat ou cheualier. Cars' ilentendoit la qualité, 1*effect,
ôc ce quiyest requis en ceste armure,il ne parleroit en telle manière: Ou
si l'entendant, il lamefprise toutesfois,il monstre bien qu'il n' al'esprit de
Cheuallier,ains de couardt, quitousiours crainct le labeur fie s" imagine le
danger plus grand .qu'il n'est.
Mais,médira on; elle n'estvsiteé mcfme entre les plus grans chefs de*
guerres de nostre temps: Ec prouinces du Pais-bas de toux deux costez,cn
Vngrie, Ôcaultres armées^ on n'y voit non plus des lances. Voyrecegrand
ìc magnanime guerrier le Tres Illustre Prince Maurice d'Orange n* en fait
point grand cas. Car comme Prince tresexpertôctresprudent, qui n'a par-
eil ny entre les Antiques ne Modernes en l'art & discipline militaires'
il tiouuoit quclq-, estime ou auantage en la lance j il la mettroit fans doub-
le en oeuure: mais tant s' cn fault qu'il a mesme cassé , cn son gouuerne-
ment tant louable,' celles qu'il areçeudcsonfcuPcredc pieuse ôc heureuse
.. -. me-
BfgpHUtritemènt dela Cauallerie. j
tnemoyre.Letres Illustre Prince Guillielmc d'Orange, combien que chez
sonaduérse partie elles soyent,toutèsfois hon enttop grandequantité,en-
eórch estre. Mais pour refpohcc jcdis. 4
Cueceste tant noble ôc précieuse partie de la Cauallerie, n' est ne
meípruee ne negligentee de ce trcsprudent ôc Illustre Gendarme: ains te-
nue encor en mesme honneur,estimcôcruputation. Tqutesfoisensonlieú.
Et si il a quitté la lance en son armée présente ,c* a esté a cause de l'
incommodité du lieu ôc du pais, auquel il íe trouue auec son ennemy : n'
ayant la faueur d'vn pais ouuert ôc d' aultres commoditez ( fans la grande
solde du lancier,) requises. Chose qui pour celuy qui á quelq; cognoiffan-
ce de ìa milice, ôcdu dit pais, n'á point befoing de grande démonstration.
Dont aussi,amy lecteur, pour nc t'entretenir trop longuement, passait oill-
tre,je m'adresseray aux poincts requis.
Premièrement il fault que le lácier ait le cheual dé
pris,haulti
fort, bien a droict, bien asleure & ferme en ses ïambes Ôccuisses*
bien dressé, non rétif, facile ôc legier a la bride;
La feelle bien propre &c iuste , sans presser ou endomma-
le chauaucheur
ger : propre auíïì pour pour s'y tenir ferme ôc
asièuré contre la violence du chocqjfaittc auecauantage,nona
la lourde •, comme il aduient souuent,que la feelle
peseaultant
F estriuiere, droicte il y aura vne
que F homme qui est dessus. À
boette attachée, d" enuiron vne paulme, pour y reposer la
ance, quand elle est érigée, comme tu voysFig.z.Num.
f>ctite i.
Le lancier soit bon cheuaucheur, tant pour bien manier^
bien dresser & picquer le cheual, ioint
que pour lesoing requis
fieson entretien , fie cognoissance du naturel ôc condicions de
toutes sortes des cheuaulx qui íè présenteront. Choie de non
Les bottes ôc espérons bien
peu d'imporrance. propres.L'eípec
conuenablei vne stocade trenchante, tant pour F estoc,
que pour
le trenchant. Et voyci le premier & principal, quant a Farmature
comme on voit Num.i.Fig. i»
Le second, est la cuirasse entière dont il doibt estre couuert
des la teste iufques aux genoulx, pour le monis. comme Num.3.
ci les parties. Le collier, Fhaubergeois fin pour sous-
Fig. 2. En voy
tenir le coup du musquet, le prenant en double,de deux pieecs ou
comme tuvouldras, le rendant astèzfort, quant ií fera
simple,
ainsi* redoublé: & ail ors fera de F armature graue > ôc si íe veulx
la redoublure & allors fera de Far-
auoirplus legier,enosteras
mature legiere.L' eschine ou dofliere.Les brassières auec leure-
ôc entières, les gants, le casquet assez fort tant
spaulles propres
contre F estoc que contre la taille, les jambières Ôctafehettes fe^-
Á 3 Ion
*
*• Liure IL De L Exercice
Ion la proporcíoh de f homme pour luy couurìr les genoutx
Num. 4. les gardereins Ôccuissieres faittes auec bonne discrétion
Ôcauantage Num. 5. Le tout bien aiusté félon? le corps de celui
Carcést vn grand auantage d'auoi ries
qui en doibt estre armé»
armes bien iustes ôc ferrées dé toutes parts, tant pout la bien
séance que pour la commodité cF en vscr dextrement au be-
soing.
Estant monté a cheual, il auïá íbn elpée bien attachée au
costé sur F haubergeois , en forte qu'au trot elle ne íàutelle &
ne forte de son fourreau, ou y voulant mettre lamain,enquoy
la lance rompue ilkult qu'il soit bien prompt, elle ne serccul-
le en arriére. Num. 6. Fig. i.
il fault qu'il soit pourucu d* vne lance. Or quant
Appres
a Ja longueur, propor tion ,.ôc legier té, les ordinaires ne font
du tout a reietter : mais pour soustenir vn coup de guerre, tant
contre Mnfantcric que contre la Cauallerie elles nesontbastan-
tes, ainsi qu'on en vie es courses de la bague,tournois, ou aul-
tres semblables icuz. Dont les fauk auoir d'aultre façon: asca-
uoir en forme Ôcforce d' vne picque d'Infanterie , estant par
le bas quclq; peu plus grosse ôc forte, en longueur de 18. IO.OU
%\. pieds, percée par lc trauers , enuiron deux pieds du bout d'
embas, pour y passer vne petite ceinture de bon cuir, pourFaf-
fermer au bras droict, tant pour la tenir plus asseureementen
la rencontre, que pour la pouuoir manier plus dextre ôc com-
modément. La poincte est triangle, trenchante ou vn peu plat-
te ôc aigué a deux costez : non point attachée auec deux lames
ala picque d'Infants, ains bien rassisesur le bout
longues comme
de ion bois : comme tu vois Num. 7, Fig. z.
Oultre la lance il aura, si non deux pour le moins, vn bon
enuiron vne once de balle , bien
pistol, tousiours prest,tirant
attaché auec la boette outasche des patrons, ôc la cleff ayantle
dragon monté, en son fourreau a Parçeon, pour en víèrcs lieux
de íà. lance : y estant contraint de s*
cíqucls il ne se peult íeruir
cndêfendrcaum bien que leCoraísier. comme on voit Num.8.
Soneffect ôc exploict est, dedesfairc ôc dissiper les ordres
ennemis, tant d'Infanterie que de Gauallcric, par ía véhémence.
non seulement il doibt auoir vn sort ôc bon
Cestpourquoy
cheual, mars aussi doibt eftrc courageux Ôc dextre pour excuter
ses
€ t gouvernement deU Cauallerie> ?
sesforces par armes. C hoíc qui sefait par ces trois diuers mouue-
ments de la lance,
ì» Le premier se fait en présentant la lance esleuee, d'embas
enhault.
ÏL Le second, cn présentant la lance droicte,ou róidé.
IIL L^troisiesinc en la présentant abaissée, ou de hault en bas*
Et de ces trois mouuements fault il qu'il soit bien expert
& asseuré»
Le premier íe fait contre la Cauallerie, quànd de la poíntíre
de la lance on cerchela visière de F ennemy, ou de fbn cheual,
tomme on voit Num. i Fig. 3. Ou contre F Infanterie pícquiers
ou musquettiers, luy présentant la lance en face ou au col. côm-
mcFig. 4.Num.i.
Le second sefâit contre la Cauallerie, quand la lartee luy
est présentée au milieu, pour le faire Vuider la selle, ou blesser
lc cheual aucosté. Num. 1. Fig. 3. Contré F infanterie, quand
de fàpoincte il va cueillier 1*ennemy par le milieu*, Comme tu
Vois Num» 1. Fig. 4»
Le troisieíme est fait contré la Câiiaílcrie, quand ilptesen-
te la lance contre la poictrine du cheual ennemy, soit a detftre ou
asenestreNum.3. Fig. 3. Contre f Infanterie, quand la lance est
présentée-a F ennemy,ou estant en gerioulx,oii couché en terre,
comme on voit Num. 3. Fig. 4.
Ces trois diUetsitez des mouuements, tàht comté ía Ca^
uallerie, que contre F Infanterie requièrent grande dextérité,
dont aussi il y fault vn diligent exercice: qui fait en plantant vtt
pieu en terre, ayartt vnbraS au costé, auquel on attache vn blanc
ou
depápiet ou de róile, en telle haulteur qu'il cOrtuicnt pour là
diueríite des dits mouuements , essayant de F enfiller en pleine
course ou carrière, cómme ostvoytFig.5. Num. 1.1.3.
De mesme se fault ilâussi exercer a lêuér vn gastdouehap-
peau ôU áultre telle chose de la terre en pleine carrière, par la po-
incte de sà lance: exercice qui luy viendra fort a poinctôc a pro-
pos tant contre 1*Infanterie, qu'en aultres occurrences* comme
óst Voit Num. 4. Fig. 5.
Lalance se porte en deux manières.
L Esleuée ôc drôicte: qu'on dit manifeste ,óu à decóuUert»
11. Trainée, qu'on dit caché ôc secret, ou coimert.
La première, ascauoir esleuée, sefait en la menant ou por-
tail 1;
$ Et gOHHtrnemsnt dclaCaualkriè.
tarít âroí&^ au chocq, qui est íà.
manifeste, comme on vpit Num. 5. Fig. 5. .
La féconde se fait, quand il là prend par le millicu Ôcla tient
ainsi abaissee,iuíques a çe qu'en carrière il la veult prefènter con-
tre l'ertnémy. Manière bien propre ôc vtile es batailles\ pour
tenant suspens fans scauoir s'il a affaire a
tromper P ennemy j lc
lanciers ou corasses, iufques a ce\qu'a F improuistc, il sent le
elle est dittc secrète ôc cachée yYoy
coup de la lance, dont aussi
Num. 6. Fig. 5.

Quant a fà coursé contre F ennemy, il la commence douìj-


cementôc au pas,puis entre en galop: finalement eriiuste distan-
ce , qui est d' enuiron soixante pas, il donne la carrière au plus
fort, présentant la lance d'enhault,ayant pafsçla moytiédela
ditte distance, P abaissant au chocq selon P occasion que P enne-
my luy présente, comme on voit Num. 7. Fig. 5.
La lance est abaissée a dextre, ou a scnestre.
A dextre,quand elle est abaissée ou présentée du costédroict
au long du cheual, qui entre les trois dessus ditsmouuementscst
le plus conuenableôc asseuré.A senestre, quand trauerfànt lalan-
ceiur le col du cheual, elle est présentée joignant P aureille gau-
che, comme on voit Num. 8. Fig. 5»
Se tenant en campagne contre la Cauallerie ennemie, il
aurá bon esgard,ques' il voy.t F ennemy tout couuert d'armes,
qu'il ne l'attacque aux deux premiers mouuements dessus dits,ne
a lance esleuée,ncdroicteou roidevains autroisieíme, ascauoir
a lance abaisse qui pour lorsest le plus asiéure. Carnepouuant
P homme tout armé, il fault cercher le cheual.
prendre Précepte
bien remarquable.
En voulant attacquer son ennemy, il tascheráde
gaigncrle
costé scnestre, soit de l'homme, ou du cheual, pource que tant P
homme que Ie cheual y est de plus facile prise, ôcle cheual
princi-
palement, y est plus facilement atterré.
Icy s'efmeut vne question furies trois diuers mouuements
desus dits j ascauoir de quelle part ils se facent le mieulx ôc auec
plus grand effect? Sur laquelle je donne cestereíponce toute ré-
solue : que le mouuement, quelconqy qu'il soit,du costé dextre
est préféré a celuy de la senestre. Et ce par les raiíbns suiuantes.
leconcederay bien que la lance présentée du costé senestre ferá
vn
ÊïgoHHtmemnt 4tk CatiallerU. p
vn grand effort >estant &tîçç& affermie ttit^^icprps^c le ç^l
du cheual, oultrc la biensearrec qu on y
pcult remarquer.
Mais je t'ay dit, que tu doibs touiìours tafçhet de gaigner le
costé senestre de ton ennemy .Dont abaissant la lácc du costé dro-
ict,tu la luy présentes aux lieux vitauìx,cest a dire,au coeUr,taht de
F homme que du cheual. Chose qui ne fe nier : fie au con*
peub
traire, le coup donné au costé droict4n' est point mortel, Òclc
cheual n en est si facilement abattu» De forte
que l'aultre auquel
cn essect le coeur est çerche, est plus asseuré, comme tu Voys Fig»
5.Num.£.
En abaissant la lance du costé fenestre,iÌ ía
présenté au co-
sté drôìct de 1*ennemy Ôcdu cheual ; chose qui non feulement
se fait auec plus grande difficulté, y attaquant F ennemy au lieu
auquel a plus de force, ôc s' oppose auec plus grande violenceì
mais qu^ aussi est plus
dangereuse pour toy,& asseuré moins tòtt
coup. Car présentant ainsi ta lance vers le costé senestre de ton
ennemy, tu trouucras, que le col dé son cheual, iceluy fe tout*
jnant tant soit peu Vers le dit trusté senestre, t empeícherà erl
forte que tu ne pourras atteindre le coste senestre d'iceluy, cottì-
jnc tu pretendois si tune tournes aussi ton cheual a droicte, tu
ne lésais entrer, retenu par la bride ademyau dit costé, te met-
tant par ainsi de toutes parts en danger, tant de perdre ton coup,
.que ta vie mesme. Chose que tu nc craindras en abaissant ta lan-
ce a dextre. Car lors 1' ennemy tasehant par le mouuementde
son cheual de détourner, lc costé senestre qu'd te voy t cercher, tu
auras plus de commodité pour iouer de ta lance ôc la tourner,
en íbn détour : n" y trouuant P empefehement
que Fennemy
dessus dit, quánd t]X P abaisserois du costé senestre. Il est bien
vray, qu enabaiflant la lance du caste senestre, il y a
plus belle
Ôcen est le coup plus rude, ôc en partie de
apparence, plus gïand
eféctíCar en courrant contre ton ennemy, aussi lancier,
qui te
présente la sienne ducosté dextre, Ôctu la tienne du senestre, tu
y auras desia vn grand auantage, ascauoir qu' estants tousdeux
•bien armez, ôc ne pouuant rien gaigner fur les corps tant des
vne que de P aultre part, chaseun va trouuef le cheualcontraí-
j-e, qui est P essecl: principal de la lance i Ôcainsi tonennemyíi
lance dextre cerchant le costé senestre de la poictrine de ton che-
,ual, tupourrasabaissant ta lance a senestre ôc trauetíànt lá lance
çpnemye, la détourner deladittepoÀctriûedé ton cketial, Ôcpaf-
B fer de
r
ió Liure IL Di /* Exercice
fer de la tienne la poictrine senestre de celuy de ton adûe rsairç, co*
me il appertNum.i.Fig. 6. Mais il y fault grade dextérité ôchabili-
De forte que je de-
té,yayânt dudanger,íànstropd'asscurance.
meure encor fur mon aduis préférant la lance dextre a la senestre»
Ioint que le regard mesme te monstre qu' en vne rencontre
estantles lances de touts deux costez dextres,ôc cerchants les
de cheuaulx,íàns se soulceirde détourner les
poictrines fenestres
lances des costez, lors deux les cheuaulx nécessairement ou seront
atterrez, ou treígriefuemenr blessez, n'y ayant aulcun auantage
d el'vn sur P aultre: comme on voir, Num. i. Fig» 6»
Dauantage n' est ce P vne des moindres raisons de ma reso-
lucion * qu'abbaissant ta lace a senestre,il te fault courber tout ton
J
le dit costé: dont ne seras trop asseuré en ta selle ,ôc F
corps deuers
ennemy s' en appercebuant, combien facilement penses tu, te la
fairoitilvuider, mesme sans grande force ì Car te présentant ía
lance au costé dextre, certes tu te trouucrois en grand danger, de
il est dit, ta selle. Voy Fig. 6. Num- 3. Et voyci
quitter, comme
mòn aduis fur la lance dextre ou senestre j remettant toutesfoisa
tadiferecion.
Ayant fait son explòict ôcessect par la lance, de sorte qu'il nc
s*en puisse plus seruir, il s'ay deráde son pistol, en Fvfagc duquel il
' fault aussi adroict.
qu'il soit bien exercé ôc
Il s'exercera donc de tirer a quelqj blanc, ou coy, ou au pas,
Où au galop, ou cn pleine carrière rattachant Vn papier a vn
pieu
selon les trois diuers mouuements qu'auons dessus dits de la lan-
ce, ascauoir en hault,droict ou au milieu, ou en bas. Comme on
VóitNum. 1.23. Fig.7.
llvfè aussidu pistol pour fa defence,s* en faisant place quand
sort cheual luy abbattu, ou luy default, iufques a ce qu'il puisse re-
monter, comme Num. 4. Fig.7.
y En l'vfage du pistol, n en pouuant endommager P homme,
il éneetcherà la poictrine senestre du cheual, des le col d'iceluy,
ten sorte qu' en bieis le coup en descende deuers lc coeunmanie •
aíseurée pour en priuerl'ennemy
felàpluspropreôc .Cóbienquc
le pouuant prendre par la teste,il seroit plus tost abbatu,car la bal-
le pâssarttpar le cerueau,il tombe incontinent» Mais il t' y fault
estre fort asseuré:aultrement il vault mieulx t'en déporter, ôc pré-
fentes plustost le pistol sur la gorge du cheual au costé senestre,
~commetuvoisFig:7.N«m»$. '.
Mais
St gouuernement dela Cauallerie. u
-"
Maisayant affaire a Vn ennemy, quin'est çouuert des armes
fincSjtù luy présenteras le pistol fur lapoictrine vers le cosur oufur
ïeípaulle,lateste,le col, ou aultre lieu que tu tròuuerasle plus
commode ôc auantageux. Voy Num. 6.7. Fig. 7.
Ta derniere defence se fait auec F espée, de la quelle tu té
ícruiras a dextre,Ouafenestre,selonqueP occasion se présentera.
Et n'en pouuant intéresser P homme, tu en eercneras lapb-
ictrine gauche ouïe col du cheual,coramcNum. t. Fig. g. ainsi
ciu'auons dit de la lance» Prcnnant garde de donner P estoc assez
profond sor le cheual, pour le faire tomber tant plus tost» E,t*
àduisc de faire tes coups a bras courbé, tant pour lá bien seance
que pour l'aíseurance d'iceulx, tant contre P homme que contre
son cheual. Voy Num. 4. Fig. 8.
Pour t* asseurer8c exercer, tu feras troísmarques en vn
pieu
ou arbre, contre lequellés tut'exerceras en la manière dessusdic-
te du pistol, òu ferme, ou au pas , ou galop ou en Carrière;, te scr-
uànt d'vne Vielle eípee d' escrimeurs , ou aultre qui ne soit
trop
bonne, pour estre assauréen P occurrence, soir contre Cauallerie
OU Infanterie. Voy Num. 1.3.4.5.0.7. Fig. 8.
Pour rencontrer ton ennemy sois auisé de ne prendre la carrière trap
lóngUt, pource que tant plus courte tu la prendras,rant plus grande en se-
ralaviolence: Et si tu la prens trop longue, le cheual non seulement sera
lasôcamatty deuant de venir a son bout, mais le coup fera auísiíàhsaul euh
essect. Etvoyci briefuement les instructions particulières pour la lance. Ve-
nons a la Corasse.
Mais deuant d'en entrer en niaticreriimésouuiént d* vndiscoursduiSeig:
GeorgeBastaauliurc4.chap.7.dugouuernementdela Cauallerie,legierej
de ces deux espèces deCauallerie.aícauoirdc la corasseôcdelalance,&deIa
prééminence de f vne fur f aultre, préférant les corasses auJtlàrìces: fur le-
quel iì allègue quelques arguments òu fondements, mais non pas trop bich
fondez, comme jç demonstreray alléguant, pour ceulx qui n' cn onteog-
noissahee, ses propres termes, pour enmonstrer puis appres F imbécillité.
Il dit donc :L'Introduction des coraíses en ìa Fiance , auec
Vn-total bannissement des lances,a donne occasion de diseourrir,
quelle armure seroit lameillieure. Er cn estant tout au commen-
cement requis, comme viel soldat & bien expérimenté entourés
CÍpéeesde Cauallerie, & ayant bonne eognoissànce des effects d'
son aduis^ôc ne trouuant hors
icclles,d'endonner depropios d'
en faire mention au dit lieu , comme appartenant aussiala Ca-
uallerie legiere, ôc tiré en doubte de plusieurs,il se resoult enla
manière suiuantc.
B z C'est
Ç est vne çkose bj«# d#e»°t<*e h victoire A* est pastousiours
chea ceitty,quideuan,ceÌostermemy de force, ouj'eigalleenyâler
ur ôc fortune-.ainsplws souuent est obtenue çsecejuy qui ábonsjlol-
dats, bien disciplinez^ ôc bien Conduits.
Et Voy t on par expérience, que toutes sortesd' armcs,ne font
fortes d'exploicts, comme aussi on n* en
pas propres póUr toutes
d* vnrnefme ordre. Chose qu'onvoyt
peuìt tousiourS procéder
bien clairement en klance.
Car estant mise èn céUure proprement, elle est si puissante Ôc
ôc désordre d' vn esqjuadron ennemy,
necessairè,queF ouuerturé
en obtenir la victoire : mais mal appliquée ôc gouuernée, ré-
pour
ussit du tout in utile.
La lance donc pour estre vtile Ôcd* effect pour percer vnef-
quadron requiert quattre choses
La première , que le cheual soi,t tresbon, d'aultant qu'il fault
P randon ôcviolence.
attaquer Ôcinuestir ennemy, auec grand
La íeconde,que la campagne soit propre pour la carriere,aíça>
uoir dure Ôcplâine. ...'-.
La troisiefme que le soldat íbir. tresbiert exercé au maniement
de la lance i chóse qui n' est du mestier d'vnchalcun.
clic soit repartie en petits, Ôcnqn
Laquàttriêíme,qu' pas grps
on voyt, feulementicS deux
eíquádrons tant pource que comme
files viennent a ioindre P enrtemy,ôc ce, peu vnies,acau-
è de ládiuersité des carrières: que d* aultat que ceulx qui les fuiuct
f>remieres
la mesme raisons' empesehanS P vnP aultre, scroint contra-
par
de semettre íur le trot, ôc mal vnis, íe
tnts,pour faire quelq, chose,
jetter de l'vn ou de l'aultre costé, pour prendre leur carrière. D ont
illeur fauldròit abandonner ,le$lances,n' en pouuant endomma-
ger P ennemy.
De sorte que tant piusgrartd que seral'esquadron,tant çn jserá
aussi plus grande la confusion ôc le desordre: les plus tardifs estants
délaissez de ceulx qui sont mieulx montez , qui tousiours veulent
or est impossible de se pouuoir remettre Ôc
pénétrer plus auant;
réunit pour prendre nouueauparty.
Et peuappres.Et pour sebienseruir deslances,ilfault qu'elles
soylbt reparties
en elquadronceauxde 15. a 30»cheuaulx, serrez
. comme en vn noeud, afin que les premiers faisans le coup,lesse,-
conds sustentez de ceulx qui les suiueritfaeent comme double es-
sect , ôc plus grand que feròintlès deux simples files distraittes de
: :
i'aide
íaideôcfq^i^^
partiçlejílfic^^
Fusion qm est imptìffibíe 4«Îè^Bi^^P^pour
&á^Qjdm,
fajrel^njipxetóon dé cuiras.
le me tais, {htU, dudefauantage quA elles auroint se mettant
en armez ainsi a legiere, fie bien a cheual,a Pcfpreuue
corps gr<^s,
des cuirasses, qui sont vne armure peinte^ fie enchcuaulx de mo-
indre prix Ôcc.

Voyladoncques, dit il, pòurquoy lálaneen* est bonne pour


tout lieu,ne en gros efquadrons : & toutes fortes des gens ÔCchc-
tiaulx<i' y sont propres.Dont réussit k difficulté d1en faire leuée.
VoycilesraisonsduSeig:Basta quantakknee. Aufquellesil
oppose laríefcription de la cuirasseÔcles qualitez, ôcmóstrequel*
le sorte d'armes estâpreferer aPáultre, disanti
D'aultre part, c' ejft le propre 4$ 1* Cuirasse»Je setenir yníe en
vn gros efquaclron, Ôccomme en corps solide. Et tant plus gros ôc
vni qu'il sera, tant plus grande aussien será la force ôc essect.Dont
au trot, n* vsantde
pour ne íe relaseher ou désunir, eHe attacque
galop, sinon quand il fault charger F ennemy txiis en fuitte.
De quoy elle tire plusieurs commodi tez. La premíere,qu' elle
ôc mal vn j, es lieux incommodes»
peult supporter lc terrein mol,
Et puis les cheuaulx se mouuent au trot, eíguallement, ôc
ils sont ( comme ordinairement font les che-
pour médiocres qui
uaulx de Flandre trop peíàns pour la lance, ) on s'cn peult seruir.
Aussi tout homme armé a la manière de la cuirasse, sepeult
habiliter a ceste armature, auec bien peird' exercice. D Ont procè-
de kfacilitéd'en f^ire grande leuée : Et finallement, chafeun en
son endroit, encor qu'ilsoit a milieu, ôcne combatte, á tqutesfois
son essect, au pois fieau choc, semouuent vni auec seáaultres»
si on considère les défendues:
Enappres, quant aux armes,
Elles sont impénétrables a la lance i combien que des temps pas-
sez, on dit, qu elles n' en estoint trop seures: peult estre, que le
fcryestoitplussin ôcaygu. Dont iì fault taícher de blesser le che-
ual, qui aussi en vne ordonnance si drue, ne monstrant quele
ír.ònt,n^est sifacilement attaint.
1oint qu' on trouue qu' es cuirasses, toutes iesiìles, des la prcr
miere iufques a la dernicre,retiennent leut víâge ôc effect.
Surquoyilconcluddela qualité, auantage ôc commoditez
"B J de
dcc^s áirrr^uréSyqu
lenient dé crédit &repUfaeibn,inaÌs^
Et fault qu*elles leur cèdent, dé feules a seules, ficquand,àuifi
bien que les cuirasses, elles feroint contraintes de íe tenir en gros
esiauadrons. Et cependant, que les lances aycnt patience, de cé-
der a l'inuention des cuirasses : Veu que Combien que du temps
a esté en combattant
passé elles ont pbtehu quelques Victoires, ç*
contre aultres lances» ,
La ou maintenant au fait des armes,ausquel on sefournit des
Ôcpuissants, siëUes vòulòmt attaquerdes cuirasses,ellcs
corps gros

y auroint du pire.
Iufques icysontleshieím.cs termes du Seig. George Basta.
Maisje ne me peulx assez esmerueiller de cestc concluhln, que ledit
Seig|en fait, luy pouuant monstrer le contraire, mesme en son propre dis-
cours. Et défait ses propres mots Ôcexemples, qu'il met énauant,y con-
tredisent, eommé je le feray pároistre tuidemment.>
II dit que la cuirasse a acquis reputacion par dessus la lance: ôf que c'est
: meillieure armature, ôc plus nécessaire que la lance: cependant, qu'on pè-
se bien les exemples qu' il allègue, on les trouuerá tout contraires. Dont
. on s'appereoit que ce Cheuallier, ayant prattiqué enuiron 40. années la
Cauallerie, auec grande diligence , n'a encor tien oU bien entendu des
fondements d'icellc. Dequoy non satts raison je me dis estre ésnierue
illé, ne sachant a quel propos tend ce dit discours. Car de penser qu'il n'^
auroit entendu cesté partie de la Cauallerie, me semble que ce seroit faire
vn affront a tel personnage, ('qui* ayant si long temps hanté la Cauallerie,
fies'y estant aùancé iufques a én faire profession, ne debuoit ignorer bu:met-
tre a nonchailioirmeímelc moindre poinct.j v
De me persuader, que ce fútquelq; affection ou partialité* Ôcque plus
enclin al'vne qu'à f aultre partieje ne foseray faire d'vn si noble sagc,pru-
Ident 8c expérimenté cheualien _„.
Dcsorte qUejcné scay de quél patty me resouldrc. Tóùtesfòis quit-
tant tout respect pour la vérité, je diray rondement ce que j'én sens;
Et poursuiuant ma proposition, je disicy tout le contraire, de ce que
le Seig:Basta prétend,quéíalance estant en son origine réputée la plus
neceflaire, forte, noble, gentile,ôcvcilê partie de la Cauallerie i l'est encor
n' aller trop loingj' esproú-
pour Fhéure prcsenterlaquelle affirmation>pour
.
uéráy parles pfopres termes du dit Basta.
U dit en la description! de la qualité;, vságe, propriétés 8ceffects de la
lantídique La lance estant mise enoeuUre proprement, est sipui£
santé ôc nécessaire,quePouuerturc ôc désordre d'vn esouadron
ennemy >pour en obtenir la Victoire*
Qrést ce vne chose àsseurée entre tous, que deux armées contraires
setenant en yne campagne en baille > prestes s'enuèstir, chasçune partie
prétend d'obtenir lavictoirc sur son erinemy a toute force.
.'.'.".' £t
Etgoutterncìnent deU Cauallerie. %y
Et ceùlx qui entendent les exploicts de la guerre, feauent «|ue potìr.
obtenir la ditte victoíre,il n'y meilleur expédient nécessaire ôc asseuré moyen
que de rompre,dissipcr ôc enfoncer les rangs 6c efquadronsde îaduerfaíre.
Car fans cecy f ennemy ne peult estre surmonté : mais ses trouppes*
efquadrons ôc rangs de bataille estant ouuerts, rompus ôc dissipez, tu en as
la victoire certaine, ôcn'est besoingde le declairer plus amplement. Et chaf-
cun fcait,quetoutcfart,industrie, inuention,peine,labeur ôcdáguer mili-
taire tend a ce seul bout, de rompre 8c enfoncer toutes les forces de F en-
nemy. Or pour cecy voy la conclusion du Seig: Basta: Qu» aultant
ôcdésordre d'vn esquadron de lennemy est ne-^
quel'ouuerture
ceíïàire pour obtenir la victoire : aultant aussi en F armature de la
Cauallerie, la lance estneceflaire.
II à comme bon soldat ôcbien expert,veû íouuent, quel est V essectde la
lance,combien elleaestéinstrument vtile, noble 6c nécessaire en sembla-
bles occurrences.
Comment donc nc s* cn efmerueilleroit oh, que mettant expresse*
ment en front, ce qu'il dit de la nécessité & vtilité la lance, comme (ans la-
quelle bien difficilement on viendroit auboutdeceste entreprise, il siniten
telle conclusion, F inuention des cuirasses , la lance soit
qu'âpres
totalement abolie, Cela prééminence donnée a la cuirasse: fie que
la lance en ay t la patience ?
Ie fuis bien esoahyde ceste sorte de conclure, Comme si on disoít,je
demonstreray quel'eaue claire soit la chose la plus blance eh tctrc,voyre
plus blanche que Ia neige ; esprouuant son dire en la manière fuiUantc: La
neige est la chose plus blance, Ergo, La neige est patience de ce que l'eau
luy estpreferée.Ie ne vi onques conclusion semblable, nc en Aristote, ni
en Rame, &cfault quece soit vne nouucllc sorte de demonstraciòn,8c quant
au Seig: Basta, il semble que comme il reiette 1*antique armature pour luy
préférer la nouuelle,ainsi reiette il aussila vieille modclle des syllogismes po-
lir y substituer vne nouuelle,6c iufques a présent incognue.
Toutesfois, afin que nous passions plusoultre eu fa description de la
qualité.proprieté ôc essectde Ia lance : il dit, que Pour estre vtile ÔCd'es-

sect, pour percer vn esquadron elle requiert quatre choses : Pre-


mièrement, le cheual soit tresoon, d'aultant il fault atta-
que qu'
C'est
quer ôcinuestirl' ennemy auec grand randon ôc violence.
bien dit: car la lance estant Ìa plus nécessaire , meilleure ôc plus noble par*,
tie de l'armature cáuallerefque: il luy fault aussi le meilleur cheual tant en
legierré qu' cn force ÔCaultres choses qui le font de pris. Et n' estant tel,
quel effort pourroit il faire ou foustenir aux aproches ôcau chocq? Et de fait,
Y agilité n'est suffisante pour enfoncer les efquadrons opposez, ne aussila
violence de la carrière, mais la force laquelle il communiq, auec son mai-
stre,est celle qui fait le principal, ôc romptôc dissipe les rangs ou ordres có-
traires. Comme pour exemple: Dechargant vn canon contre vne troûppê,
8cen abbattant plusieurs d'icclle, a qui attribuera on la plus parc de l'essect?
a la poudre ou a la balle? Certes lapouldreest bien violente, mais qui fans la
balle
ré LfarelL DeLbxercta v
halle ne sera tien, mais conioignant la force de la pouldre au«c celle deli
ballctuauratccstcfTectadmirabïeôchornbledártímpte en vniastantv*
esquadron entier.
Pourlc second dit il, qu'il fault campagne soit propre pour la carrière,
ascauoir dure 8c plaine. ;,
Me semble vne chose estrage, de ce qu'il dit,qUe la lance pour par uenit
a son essect demande comme chose nécessaire, vne campagne dure ôcvnic,
la raison,sanS son aduertissement estant suffi-
pour la carrière de son cheual,
sante de monstrer qu' en vn maresquage , ou lieu «lontaigneux 8z aultre-
ment malpropre,on ne pourra grandement seseruir de tous cheuaulx tant
la cuirasse a cause de
pesants que legicts: Et croyez moy (Mons. Basta)que
la grandeur Ôc pesanteur, tant du cheual,commc tu dis non trop agile ÔC
biendrcsse*que de armes, requiert aussi bien,voyre plus la campagne fer-
me «c pleine que la lance. Car tu mets la lance entre larmaturc ôc Caual-
lerie légierc. Or feait on qu' vn cheual legier passe mieulx par lcslieuxm>
commodes ôcinegaulx,qu'vn cheual armé ou chargé de grande pesante-
ur , comme est la cuirassé* Ôccroyez asseurèement, que la ou on ne sepourra
serùir, a Causedes ínconueniens deslus dits de la lance armée a fa façon 8c a la
legiere, cóme vous faittes, la cuirasse beancop moins y inuestirá son ennemy
au trot, 8cfera la poutsuitteau galop.Iointqucla lance fait aussi ôctcll c né-
cessité son office au galop. *
Dauantage, la raison monstre assez,que la ou les cheuaulx legiers,
agiles 8c bien dressez 8cexercez a cause de 1' incommodité du ter rein, ne
les pesants, lourds ôc mal dressez, n' y pour-
peuucht estte mis cn ceuurc,
ront estre d'auiCuh seruicc : Et ne pouuant rnuestir ton ennemy logé en vn
maresquage. OU lieu rhontaigheux, par le moyen de la lance, tu le pourrait
moins endommager de ta Cuirasse. A raison , que si ton ennemy est aussi
bien pourucU de Cauallerie, 8c aultant ou plus fort que toy en campagne,
il te présentera la bataille de fa Cauallerie , non point en cerrein mol ou
maresquageux, s'iln' est contraint de ce faire, 8c asors elle t' est aussi peu
dommageable a toy,qu' aluy profittablc. De sorte que ce second poinct
requis pour la lance , n' amoindritlareputacion d'icelle.pourla donner
tla Cuirasse, d'vn seul poil, ains l'augmente plustost. Cequejepourro-
is déduire &demonstrer plus au clair: mais laissons ces disputes pouf vne
aultre foix, 6Cpassons a la troifiesmc chose requise pour la lance, dontlc
Seig: Basta conclud pour la prééminence de la cuirasse.
La troisiesme, dit il, que le soldat soit tresoien exercé au
maniement de la lance : chose quin'est^mestierd'vnchascun.
De T efficace de ce poinct 6c argument, pour donnerl'honneurala lance
entre toutes aultres armatures 8c disciplines ou exercices militaires.pour eh
parler selon la noblesse de la matière, ilyfauldroitquasi vn volume entief;
mais m'estant obligé a briefueté,j' cn parlcray le plus succinctement qu'il me
serapossible.II dit donc que La lance requiert vn homme bien ex-
ercé: Ôcau contraire , peu d' exercice pour la corrasse, si seule-
ment armé a la corasse il s' y peult habiliter, concluant la defc
fus: dont procède la facilite d'en faire grande leuee, la ou la léuce
devanciers est ass**Jissicile.
C'est
Et gouvernement de la Cauallerie. 17
C est aultant comme s'il vouloitdirc.-ontròùùe beaucoup plus des lo-
ùrdeaúx, qui peuucht monter a cheual, que des bons ôc bien exercez che-
Ualicrst Érgo,il fault préférer les lourdcaux aux preux cheualiers.
le ne lcay >sijc memonstrois auec telle parade d'arguments pour ma-
intenir l'honneur délacbrìrasse par dessus la lance, on me feróit tort dé
demander sij' auoy la ccruellc entière, ou si y auoy ouy sonner quelque
chose de la milice ôcart militaire.mais nc sachant en quel village je prennby
bu tout a rebours.
jpar ignorance T vnpourl'aultre,
Celuy qui n'est du tout privé dii sens commun, voyre ié plus gros lò-
Ùrdéau entend bien, que l'art ou science qui nc s' acquiert fans estiide ÔC
cxercice,est a préférer a celle qui n'en áque faire. Et de fait voyons le com-
mun: nous tròuuerohs qu' vh córdonnier.taillicur ôc aultres sembles arti-
sans, s'estiment meilleurs que cc ruîtaulcs.qúi ne scrucntqúe pour battre
ïe frùment.ôcce d'aultant qu'il luy fault plus de temps ôc industrie pour
apprendre Ôc se perfectionner cn son art. L'Orfcbure Ôcjoyillier s'estime
les aultres artisahs.ôcceabondrcict, fa science est
plus que d'aultantque
plus gehtile, ôc non si commune comme des aultres. Si oh vfoit des sém-
Diables propos ôc fut ce meíme envn yillage, vn tel meritcroitqueluy don-
nant vne dragée d'hellébore, bnluy répurgeoitqUelq, peu la ccruellé.
Voyre mais Mons. Basta. Est il vray que la la»ce,cornmc la plus noblc^
excellente, 8cnécessaire armature, requiert aussi 1* esprit noble ôc heròí.
^uc,quih' eitdu gibbier du commun, nc de ceslourdeaux que tu deman-
des pour ta cuirasse : comme de fait tutromíeras, comme tu dis fcipn l'oc-
casion deleuer tooo detescorrasscs, moyehántqu'ilssoyent robustes,po-
ur cnporter le faix, niais entre toute telle multitude h'y aurá a gran peine
vn qui te puisse seruir dé lance. Et me semble que tu ayes songé íur ce
€>dfcn>a6/quì sefaisoit fort de pbttct douze picqúes » fans pouuoir toutesfois
mettre en ceuure vne seule.
Pout le ditil ^ il fault
quattriefmc qù' elle soit repartie en
ôc non pas en gros efquadrons, tant
pource comme
petis, que
on voy t, seulement les deux
premières files viennent a ioindreP

ennemy, ôcct vniés a cause de la diuersité des carrières;


peu que
d'aultant ceulx les fuiuent,
qUe qui parla mesme raison s'empe-
schans P vn P aultre, seroint contraints chose,
pòiirfairè quelq;
de se mettre fur le trot, ôc mal vnisiseictterdel'Vnou dé P aultre
costé pour leur carrière ; dont il fauldroit abandonner
prendre
leurs lances, n'est pouuant endommager lcùr ennemy : De sorte
tant plus serai' esquadron i tant enserá aussi pliis
que grand que
la confusion ôc desordre : les tardifs estants délaissez
grande plus
âe ceulx mieulx
qui font jnontez, qui
tousiours vueillent
péné-
trer plus auaht : & est impossible de se remettre òc reunir
pouuoir
reprendre nouucau party.
pout
Cecy doibt estre yn atgurheht pour 1' adâncement de la cuirasse par
dessus Ia lance, mais lujrestsi pareil qu'vne vache a vncariatdt. 11enseigne
C énqttel-
li Liure IL DeLExcrcteë
en qúélle manière lélaritier ordonticraTés efquadrons, non pas engrosse*
trouppés,ne aussien 4-ç;.tf. ±o.ûtì$ó.files,veu qtfa peinclasecode peultbierí
ioindre 1*ennémy,comme il dit luy méfme 1 auoir veu 8f expérimenté.
Orestuicy iurle drbict chemin dé la noble art militaire, cachée
iufques a maintenant. Si tul* eusses póurlùiuy, y recerchant qudqj peu plus
curieusement 8cla prattiquéôc la théorie auec ses fondements : lé n' auroy'
aulcune dòubte que fDièut* ayant doiic de longue Vie, Occasion dtíplu&-
urs expériences ) tu russes réussi én vn des plus nobles gentíls,prcux ficperi
sectionnez chèualiérs, qui dés lc temps dés Romains iuíques au iour d'huy
sescrointtrouuez.
Tu as veu ôc expérimenté,qh a peine la seconde file dés lancés
peult
ioindre l'ennemy : mais pourquoy n'as tu cerché le moyen, d'auancer cc
ôcobuicr ou retrancher touts les
qui y seroit encor requis, empeschcments?
Tuasvoyrémeht remarqué les defaults de la Cauallerie : mais n' en as ccr-
thêlcs remèdes. Tu as òbserué que deux filés âuec difficulté peuuent parue-
nir au boUt de leur essect cohtrel'Cî.nemy,8c ordonnes toy mesme les efqua-
drons òu trouppes de &. 8. où io. files.

Regardez VOUS nobles lanciers : îl vous fault áUoir pacien-


ce , Ôcdonner l'auarttage ôc honneur de prééminence aï' inuen-
cion des corrasses, iufques ace que troUuíez Aduocat vous
qui
défende Ôcface rendre vostre honneur.

Etceey quant aux arguments du Seig i Basta pour les cotasses* fur la
quâlitez,proprietez 8c eftects délai an ce.
Venons aussi a cc qu'il met en auatît a mesme intention, sur les prc*.
ptietez dé la dittecotraste,8c Voyons combien selon T opinion Bastiaoe l'in-
tention est géntilé.
D' aultre dit il,
c' est le propre de la corrasse, de se te-
part ;
nir vnic en vngros esquadron , Ôc comme vn
corps solide : ôc
tant plus gros ôc vni qu'il sera, tant plus grande aussi en serála
force ôc essect. Dont pour ne se relâcher Ou desunir , elle atta-
au trott, n'vsartt de galop, sinon quand il fault charger l'en-
que
nemymisenfuitte.
II s' eslargit icy áuxíouánges de íacotrasse, fans dire vn seul motdc
ses prouesses ou de gfaná efíécts qUi en poíirroint estre produicts : fans
monstrer qu' elle soyt nécessaire, voy plus que lá lance : ou prouuerqu'
eri bataille en s'vn pourroit miéulx sertíir, que de la lancé: ôcdé fait il don-
né tous Ces honneurs a laknce.disant : Là lance est aussi tíuissântéÔc
nécessaire pour la Victoyre, que P OuuertUre ôc désordre des e-
ennemis. Et quant de la corrassc il n' en monstre aulcu-
squadronsdes
ne telle nécessité ou puissance. Desortéqu'entoiít cecyjene voyáulcuric
- raison de prééminence que la corrasseén pcult auoir.
Mais espluchons qUelty peu les parolíes susdittes,pârangonant les pfo-
prietez ôc qualitez de chascune, pour veoyr selon les meímes sentiments dé
Basta,pourquellc c'est qu' ondoibtíuger.
La
et gouutrnement dela Cauallerie. 19
La lance ayant le cheual depris ,legier,fort, 8c bien dressé fe peult en
tous angles 8c endroits de la bataille, reduittc subitement en petis efqua-
drons mouuoir auec grand auantage.
La corrasle serrée cn vn corps gros ôc solide, ne peult ni faire ni endu-
rer vnjmouuement subit, ains doibt faire ses exploicts au trot, ou au galop.
La lance, dit il, peult d' vne subite force 6c violence impression per-
cer 8c enfoncer les eíquadròns contraires, les pourfuiure ôc trauailler ert
sorte qu'ils ne se puissent r' assembler ëc reprendre leurs ordres.
Mais la corrassc nc peult d'vne telle violence ôc si subitement inue-
stir 8c enfoncer,beaucoup moins pourfuiure telle sorte qu'il
l'ennemyen
se se puisse remettre fus, &c se remettre en bataille.
Ie te prie, amylacteur, auquel je m'en rapporte, Considère attentiue-
mentôcauec bon iugement, ôc donne la sentence, quelle sorte a raison des
qualitez ôc proprietez ôc effects est a préférer a l'aultre.
Basta poursuit ses démonstrations,eh prennanraussiaulcunésdescó-
moditez Ôcauahtages, que la corrasse a deuant la lance: ôc dit, La coi-
rasse le terrein mol ôc mal vni es lieux incom-
pcult supporter
modes. Mais je t'ay assez monstre dessus en la deduicte du second po-
inct des proprietez des deux sortes de ces armatures, que la corrasse setrou-
uera aussimal ôc pis en semblables incomthoditez des lieux requérant aussi
bien que la lance la campagne dure 8c vnie.
En oultrc dit il: Et
puis tous les cheuaulx se mouuent au trot
ôc médiocres foyent,( com-
eíguallement, pour quelques qu'ils
me ordinairement sont les cheuaulx dé Flandre , trop pesants
on s*en scruir. H veult demonstrer, que tous les
pour laknce) peult
cheuaulx d'vne trouppe de corrasses ont vn trot commun, & quel'vn ne
s'y mouue plus legierement que 1' aultre. Dont aussi ils peuuent estre
conseruez 8c serrez en boh ordre. Mais la lance > comme il pense atta-
quant l'ennemyen pleine carrière, l*vn cheual estant plus legier ôc agile
que l'aultrc,de sorte que les trouppes n'en demeurent si setreesidonnegrád
uuantaged'honneur a la dirte corrasse.
Mais comme il est tresueritablc qu' entre lés lances vrt cheual est
plus legier en carrière que 1' aultre , de sorte que les efquadrons en sont
mal serrez ; aussi certain est il, ôc m*asseuré que personne le niera, que aussi
entre les corrasses vn cheual est plus auance au trot que l'aultre, voy te qu'il
y atel cheual qui au pas deuance le trot de plusieurs : de sorte que l'vrt será
aussi peu serré que l'aultre. Quel csticyBasta,jcteprie,torijugenient?quél-
leestta sentence?
La lance fait seseffects cn pétis eíquadròns, ÔCnon plus<au piusha-
itlt,que de deux files , non serrées, ains qu'il y ait place compétente entre
deux. Et fil aduient que quelque cheual treíbuche ou tombe a terré, il ne
donne aulcun empeschementau suiuant, ains se recueillant facilement il
peult retourner a son esquadron ôc se remettre en sa place.
Mais la cotrasscse rrouuant driie Ôc serrée en vh gros esquadron,s'
il y á quelque cheual de la seconde file du front tombé ou abbattu : en-
cor qu'il ne soit blesséjsi ne se peult ilredresser, ainsi! fault qu'il y demeure
C z auec
*
i© lïïurè II: DeLExerckr
auec empefchement des fumants qui s'y aheurtentôc souuentcsíois tom-
bent fur luy : se trouuant ainsi eh plus granddangcurde ses campagnons
qui le suiuent, que de l'ennemy. Et de fait s'il y en a vn es files de deuanc
ou du milieu abbattu,les fuiuants ne pouuants décliner ne a dextre ne a
senestre , ains poussez des aultres files qui aussi les suiuent sur lc premier*
tombe. Et par ce moyen que maint homne ôc cheual, sans recebuoir
aulcun coup de F ennemy est oppressé Ôc priué de fa vie, ôc tous les aultres'
empeschez de sorte 1*esquadron est eh plus grand danger d' estre rompu
ôc confus de soy mesme que de quelqi impression que f ennemy y pour-
roit faire.Chose qui sans doubte a este veiic du Seig: Basta plus de mille-
foix: & quant a moyj' cn pourrois raccompter plusieurs exemples veus do
nies yeulx. Dont je m'asseuré que la lance a grand auantage ôeprorogati-
Ue deuaht la Corsasse,en semble occasion.

que tout homme arme alamanierc


Il dit dauantage, de k
corrasse se peult habiliter a ceste armature , auec quelq^ peu d',
exercice .-dont procède k facilite d' en faire grande leuee. Mais
quelle prééminence la corrasse en recoibue, a esté dit dessus.
Il dit chaícun en son endroict, encor qu'il soit au mili-
que
eu ôc ne combatte , á toutesfois son essect au pois ôc au choc, se
mouuant vni les aultres.
Mais je ne voy icy aulcune prerogatiue d* honneur que la corrasse cn
ait deuant la lance : estant de mesme es efquadrons des lanciets , auquels
celuy du milieu ÔCle dernier font aussi bien leurs effects que les premiers.
Voyre tous les efquadrons de la milice tant de f Infanterie que de
la Cauallerie,doibt estre,sioh en attend quelq; profit, tellement ordon-
nez, que Celuy du milieu ôc de la queue joue aussi bien de sesarmes ÔCof-
fensiues ÔCdéfendues,que celuy qui est au front. Dequoy,Dieu aidanr,
sera discourru plus amplemenr au rroilìesme liure. En somme la corrasse
n'enalemoindre auantage deuant lalance:voyrede cesmesmesfondeméts
j' esprouueray que la lance en est beaucop auantagée.
Le corrassier quiestrangé au milieu de ce gros ôc pesant esquadron y
est tellement enserré,qu'il ne peulc auoir aultre mouuemenc ne a dextre
nc a senestre, ni en arriére, sinon droict cn auant, ôc cestuyci mesme pro-
duit son effect en vne lourde pesanteur : ne se pouuant employer en aul-
cune offensiue; sinon de retenir ou soustenir ôc se fourrer la ou il est con-
duict par le front, contraint de suiure encor que 8c1' homme ôc le cheual eu
deburoit patir ou demeurer engagé.
Le lancier au contrairerant de front que de quciie peult faire ses re-
traictes, a dextre ô£a senestre,Ôcse reculercommeôc quand il vcult; propre
aussibien al' attaque qu'a la poutsuitte. Chose impossible au Iancier,com-
me tu verras es parties suiuantcs. De sorte qu'en F accomplissement de ses
desseins le lancier est bien plus auantage que le corrassier.
Il dit : Quant aux armes si on regraçde les
passe auant,ôc
defensiues,elles sont impénétrables de k lance, combien que
des temps passez on dit, qu'elles n' en estoint
trop seures:peult
estre
Et g(mmnementdel\Çazérie. n
estre que le fer estoit plusfin ôc aygù; 4onp4f^tr(asçher de ble£
fer le cheual, qui auítì est vne ordpni|a$oe4i<driie ne monstrànt
que le front, n' est si\ facilement âttainç. ->
Cecy debuoic estre vue demonstracioh; prise de&atmes, 8c que la cos-
rasse n' en pouuoit estre, intéressée de la lance : fans toutesfois aulcuné
prerogatiue de la corrasse, le lancier ayânt aussi bon ou meilleur che-
ual, que le corrassier. II ditquela corrasse ne peult estre endommageeou
blessée de la lance , encor qu'on dit qu' anciennement elle n'en estoit
tropasseuree: ôc cependant ne monstre aulcun auantage de la corrasse pour
pouuoir blesser la lance: Demeurant ainsi suspens ÔC en doubte; voyre ía
conscience luy tesmoigne le contraire , comme on entend de ce qu'il dis
aillieurs qu'anciennement il y auoitpeude resistenceen la corrasse contre
la lance, i'endemonstreray aussi le contraire par ses propres termes.
11fait vne comparaison de ces deux armatures ôc dit: que la corrasse
á grand auantage.ôc estant mieulx armée que la lance > ne peult estre en-
dommagé ou blesséd'icelle. Maïs c'est vne comparaison trop froide, po-
ur donner quelque chaleur a la corrasse: la lance se trouuant ôc mieulx ar-
armée,ôcd'armes plus nécessaires,propres ôc vtiles : comme je le Yay de-
monstrer cnpeudespârolles.
La Corrasse s' arme plus a la defensiue , comme aussi elle y est plus
propre, ôc c'est la qu'elle fait la plus grande part de son office, qu'ai* offen-
siue. Maisla lance ôc ses armes sont propres aussi bien pourl'vn que pour
l'aultre.Carsalanceesttoute offensiue pour percer ÔCdissoludrevn esqua-
dron contraire tant de Cauallerie que d'Infanterie: son harnois est defensif
ôc aussi bon s'il veult que celuy de la corrasse.
De sorte que s'il est question de P armature de l'vne ôc de 1' aulrre,je
n'ay doubte aulcune, que celuy qui en á tant soit peu d'intelligence , cn
attribuerai' auantage a la lance, ôc non ala corrasse, comme Basta prétend.
Car quand a X offensiue,il est tout certain que la lance y precede la cor-
rasse. Et de fait le lancier attaquant vn Corrassier , en peult facilement v-
uider la selle, s'il ne le pcrçcdu tout: ôc ne trouuant rien fur 1' homme,il
luy peult fans aulcun empeschement blesser le cheual,chose que le corras-
sier ne luy feráiamais.ôcne peult 1' endommager ne en fa personne, ne au
cheual.
Ioint quelelancier de ses pistols peult paruenirtant al' offensiue qu'a
la defensiue aux mesmes effects du corrassier.
De sorre, dis-ie pour la seconde fois , que de ceste comparaison des
armes de ces deux sortes d' armature 1' honneur en reuient.nona lacoras-
se,mais a la lance qui Ôcen l'offensiue ôc en la defensiue est beaucop plus vtile
ôcauantagee.
Et voyci les raisons fur lesquelles le Seig: Basta fonde la prééminence ôc
vtilité de la corrasse : se faissant fort de tirer tous les leòteurs a son party:
mais auec queleffect le lecteur accorts'enserábìenapperceu.
Or tous ses mal fondez fondements sont ala fin conclus,en la manière
rsoiuante: Tous ces auantages de k corrasse font les lances le-
que
ur sont demeurées inférieures, non seulement de crédit
ôcreputa-
C 3 cion,
ki tjiuYèìí. DeLExercice
effect : ôc fault
cion,mais àuftì défprce^fic qu'elles leur cedeftt
de seules a seules ,ôc quand âussi que les corraíses elles seroint con-
traintes de se tenir en gros efquadrons. Mais si mil corrasses de-
buoint combattre contre mil lances reparties cn petis efquadrons:
ôc defeittes des lances
elles seroint facilement percées qui en pe-
tites trouppes fonrplus grand effect: commeón voyt,qu'enCe-
ste manière cent lances peuuent emporter cent corrasses, ôc da-

uantage-
C'est vne chose asseUréeqUeles lances ont icy vn juge trop non seu-
lement partial, mais aussimalicieux,qui fait de F ignorant dece>donttou-
tesfois il fait ptofcssion,afcauoir du gouuernemcntde la Cauallerie, ôedes
d'icelle. Comme aussi cecy sera demonstrépout
principaulx fondements
conclusion de cestcquestion de sespropres parolles. Il ditdonques: jo-
lis ces auantages de k corrasse font que les knecs leur sont de-
meurées inférieures, nen seulement de crédit ôc
reputacion,mais
aussi de force ôc efféct:ôc fault qu elles leur cedem,estants seules ôc
en grands efquadrons.
Voyez,jevous prie.commentiiconcludlaquestion proposee, afin que
partout potage la corrasse emporte le pris, présupposant, qUe les hm_
ces soyent contraintes de le tenir en grans efquadrons. Sachant
toutesfois bien que c'est la propriété de lalance de combattre non engros,
mais petis efquadrons ou trouppes , disant luy mesme que les Lanciers
doibuent non en gros mais y adjouttàt
repartis petis efquadrons,
les raisos véritables ôcfondées mesme sur la nécessité, tant esprouuée par F
expérience, disant:
Tant pource que comme on Voít seulement des deux pre-
mières files viennent aioindre 1' ennemy,ôc
ce,peu vniesacaufe
de k diuersité des carrières , que d'aultant que ceulx qui lessui-
Uent, par lamesme raison, s' empeschans F vn F aultre, seroint
Contraints pour faire quelque chose, de se mettre furie trot, ôc
mal vnis sejetterde 1' vn ou de 1' aultre costé,
pour prendre leur
carrière: dont il fauldroit abandonner leur lances, n'en
pouuant
1' ennemy. De sorte que tant
endommager plus grand que scrá
tant en sera aussi confusion ôc le deíor-
l'esquadron, plus graildek
dre:les plus tardifs estants délaissez de ceulx qui sont mieulx mon-
tez, qui tousioursvueillent pénétrer plus auant: ôc est impossible
de se pouuoir remettre ôc reunir,
pour reprendre nouueauparty.
Ce sont sespropres termes,esquels par bonnes ôc bien fondées rai-
sons il efclaircitlaquattriefme propriété de la lance : ascauoir qu' il fault
nécessairement qu'elle soit rangé non en gros mais petis esquadronceaulx.
Car mesme aux plus petites trouppes de deux files, il n' y a que la première
qui
Ëtgouveriiement tkkCaaallerie. M
qui produit soheffectrentier: 8clasecoden' y peult faire grádc chosé,n' ypou-
taant si bien ioindre atemps: Sciatroifiesmc demeure comme du tout inu-
tile: Allcgiianttróís grandes incommoditezprouenantcs de cc que les tro-
hppes sont faittes tróp fraudes.
Premiërement P effect est anéanti.
que
Secondement ií en resoult grans désordres fie confu-
qu
sions. Tiercemërtt ils ne se peuuent rejoindre pour repren-
qu
dre nouùeau Eíquelles párOlles dissoult toutes ses aultres
párty.
conclusions faire suri' auantage corrasses. H dit:
qu'il prétend
de se
quand aussi bien que les corrasses elles seroyent contfaintës
tenir cri gtos eíqúadtorts. ne dit il aussi : Si elles sede>-
PoUrquOy
íarmoint selaissartt fans aulcun mouuement ôcrésistence enfon-
cer des corralses. Il seáit quelle est la propriété de la lance, ÔcqUe
sort mouuement se fait en ôc non cn grarts com-
petis efquadrons,
me celuy de la corrasse.
C* est tout aultant, commé s'il dissoit, si Faírte audit
ctespluirieSi
il voleróit. Car comme cc n' est de la propriété de r aine de voler: ainsi
n'est il du naturel ÔCpropriété dciàlancc de combattre en gros efquadrons.
Finalement dit il: mais si mil corrasses debuOint combat-
tre contre mil lances reparties ën petites seroint
troUppes,elles
facilement percées ôc desfaittes des lances,qui ert petites troup-
pes font plus grand effect-, comme on Voy tqu en ceste manière,
cent lances
peuuent emporter cent corrasses, ôc dauantage»
G ran mérey Mons. Basta: mais ceste sentence estdu tout Contraire a
la prétendue cminehcedela cuirasse: ôcde fait tout l'honneur en estdonné
a la lance, quand tu dis :

Premièrement, quand elles seroint reparties en petites troup-


corrasses ert seroint facilement
pcs,les percées ôc desfaitteS;
Secondement, encor les corrasses fussent en
que pareille,
Voyre plus grande quantité, si se trouueroint elles surmontées»
Tiercertient dis tu : Qu' il y en a qui sont les lan-
d'aduis,qúe
Ces secondées des corrasses encor qu'en moindre sero-
quantité,
int supérieures a aultres coiiassés. Et monstres aussi comment
la lance en ses petis efquadrons , doibt attaquer les dittes cor-
rasses soit ert front oU au flanc, aíseurée d'ërt
emporter la victoyre.
Dotit jé fuis grandement csoahy d'vne conclusion si absurde 8ccon-
traire du Seig: fìasta, sur ceste question de lâ prééminence de la corrasse
par dessusla lance: cat il n* eust peu alléguer des argUmcnrs plus verira-
bles 6c solides que ceus* cy, si auec toute diligence 6c industrie il la voulut
attribuer aux lances, ausquelles de fait elle estdéiie indubitablement. Et
ne secontenté de parolles * áing le deelaire encor par exemples tr cseuidents,
corn-
i4 ÏÀurï
cornrhé tu vois ch íâ figure adiointe^qùLcstl' onziefme ienUqfieIle Num./.
il monstre Comment cctìt lances ordonnées competement en leurs efqua-
dfórícéahxchfoncerólrít cent cinquante corrasses. La ou au contraire il ne
scauroit monstrér ne trouucr aulcun moyen » par lequel les IJO. corrasses
pourroint estre guaranties des dittes lances, beaucoup moins les surmon-
ter. Comme cs parties fuiuantes il sera plus cláircmerlt derhortstré.
Et dis que la paciencc, que le dit Seig: Basta prescrit aux lan-
ces j de ce quelles sonfc deuaneces des corrasses est éxpiree,icelÌes
retenant P honneur ancien d'estre la plus noble, louable, vtile,
nécessaire fie digne armature, auíïì bien ail temps présent,
qu*
elle en á eu la reputacion du passé: ôc le retiendra fans aulcunc do-
ubte iufques a k fin du monde Ôcde toutes guerres.
Car si turecerches toutes les inuentiohs militaires, quelconques eì-
Jëssoirtt:tout bien pesé, considéré, conté 8c rabbattú : il faùlt cònfcslcr(û
nous cn v'oions,commc en sommésrédébuables,dire la vérité J qucla Vielle
manière d'vser des armes & discipline militaire, estla meilleure. Et de ce-
ste manière de cercher rìouuélleiinùcntiòns, les recommander 8c approu-
ucr.on n' en atiréaultreprosit,sinon que fart 8cdiscipline militai-
re,par tant des nouucautc2, chafeun y prétendant taire le
sien,comme l'hommeest tôusiours amateut des
choses nouuellé péri apeu a esté obf-
curcic,voy re defaitte te
ensepuelie.

Dccla-
Etgouuernement delà Cauallerie.

DECLARATION DES
FIGVRES DV PREMIER
C H A PITRE DELA PREMIE-
RE PARTIE*

N la Fig. t. tU as les quatre sortes de la Caual-


lerie.
Num. i. La Lance.
Num. t. La Corrasse.
Num. 3. L' Arquebusier.
Num. 4. Le Drageon,

Figura 2*

Monstre les armes du lancier, desquelles il est deíièment cOU-^


uert, chafcune piece rtombréeaparti

Figura 3.

Monstre trois diuers mouuements de 1aIartce, ascauoir.


Num. 1. En hault.
Num. 1. Au milieu ou roide Ôcdroicté.
Num. 3. En bas. Eticeulx contre la Cauallerie.

Figura 4*

Tu vois les mesines mouuements contre 1' infanterie.


Num. 1»En hault.
Num 1. Au milieu*
Num. 3. En bas.

Figura /*

Comment le lancier se doibt exercer,


pouf dextrement vser de
fa lance en toutes occurrences , tant de festin que mi-
litaires.
D Num.
ie Liure IL De L'Exercice
Num. i. En hault.
Num. i. Au milieu»
Num. 3. En bas.
Num. 4. Comment ilVcxerccpour cueillirvngand, ouvnchap-
preau en pleine carrière de la terre.
Num. 5. Comment il porte la lance droicte ôc manifeste.
Num. 6. Comment elle est portée eouuette óu cachée»
Num. 7.7. 7. trois diuerses positions.
La premiere,comment au pas il prépare la lance au choc.
La seconde,Comment il abbaiíse laknce au galop.
Latroisieime,Commentilla présente en pleíne Carrière.
Num. 8.8. Comment tous présentent la lance a senestre.
Num. 9.9. Comment laknce senestre abbàtt ion adueríaifé.

Figura 6.
Num. 1.1. Comment il fault détourner le coup auec la lance.
Num. -L.-L.Comment a lances dextres les cheuaulx de tous co-
stez sont atterrez.
Num. 3. 3. Comment la lance dextre taíche deleuer deksellc,
celuy qui la presentea senestre, par le flanc.

Figura 7.
Monstre comment les trois dessusdits mouuements de k lance
sont aussi prattiquez du pistol.
Num. 1. En hault.
Num. 1. au milieu.
Num. 3. En bas.
Num. 4. Comment le lancier, âpres auoir rompu fa lance, ou
ietté par terre,se défend de son pistol.
Num. 5. Comment tous deux , les lances rompues , mettent les
pistolsfurlecol vers la poictrine des cheuaulx contraires.
Num. 6. Comment ils semettent le pistol droict íùr la poictrine.
Num. 7. Comment le lancier met lepistolsurlecoldeceluy,qui
se tient a pied.
Figura. S.
Tu voys comment il se defendde P eípee,Ôc comment elle est mise
en oeuure.
Num
Et gouuernement de la Cauallerie. %7
Num. r. Comment P vrt présente P eípéc, a dextre ÔcP aultre a se-
nestre.
Numa.Comment celuy présente P eïpée eh haúlt,cteillit Ou la vi-
sière ou le col de son ennerny.
hîum. 3. Comment au milieu , òu á lance iroide, ils tafchertt de
prendre P vn P aultre soubs la cuirassé,
faum. 4. Comment par en bas tous deux les cheuaulx font at-
terrez.
Num. j. Instruction comment a bras courbé il fault s' exercera
cueillir vn blanc, au pais, Ôcpar le hault.
Num. 6. Par le milieu, au galop.
Num. 7. Par en bas en pleine carrière.

b i CHAP.
Liure II. DeL Exercice

CHAP. II
DelaCorrafleouCoraísiers.
A Corrasse est vne inuention de nostre temps > entrée
en vsage il y á enuiron ço. ou 60. ans. Car les lanciers
commençans par plusieurs ôc diuerses raisons a defaillir,
en la France 6c au Pais-bas, de sorte qu'on ne s'en pou-
uoit fournir a suffissance : on á commepar côtrainteles
corrasses pour s' en scruir eh leur place. Or ont elles
nomdenouuelleScauantageuse inuention: mais il n' y a
fallu trop de rompement déteste, n'y ayant chose nouuelle sinon le nom:
ou selon le prouerbe, on a donné vn aultre nom a 1' enfant : comme on dit
d' vn.qui accoustuméde mangertousiours de pain blanc, mais n'en pou-
uant non plus prouuer se contenter du pain brun. Et ainsi en est il de la cor-
rasse 8c son inuention:cependant qu'onauoit la noble lance, on la tenoit
en bone réputation : mais n' en pouuant non plus auoir , on en a fait des
corrasses. Ètafin,amylecteur,quetuen voyes la cause de l'inuencion , en
'*
voyci ladeduicte. ....•
Es longues guçrres de la France 6c du Pais-bas, cependant que la no-
blesse s' y addonnoit,iln'y auoit plus noble ne louable armatuic , que la
lance. Mais par la continuaciond'icellesl'argent,quiestlencrfôcsoustien
des guerres, commençant a defaillir: Ioint que cependant aussi vne grande
partie de la noblesse y fut auec le temps consumée ; 8c bonne quantité d'
icelle,si non tous,ayant fait leur debuoir aueedanger dela vie,ôclesche-
uaulx laissez pour les gages, mal récompensez, non seulement de cc qu'on
ne leur donnoit aultres cheuaulx , mais aussi les defraudoit de leur solde
méritée, de manière que sortans de leur maisons bien pourueux&rmoMtez
a bons cheuaulx, ils y retournointtoutpauures, harassez 8capied:ilyacu
plusieurs degoustez, voyants comme le renard d'-/ï-sope plusieurs pistes
qui y carroint,mais nulles qui en sorroint; de sorte que la lance peu a peu
cstdemeureeabandonnée,oupour le moins on s' est apperceu de la déca-
dence 8c default.
Premièrement,dcsnoblesôc bons cheualiers, bien preux6c exercez
au maniement d'icelle.
Secondement, des cheuaulx de pris 8: bien dressez,
Tiercement s'y aussi adioinct l'amoindnssement ou rongemét de la
solde, qui n'en a pas esté la moindre cause : car en ce default. il a fallu se
contenter des cheuaulx moindres, n'en pouuant auoir d' aultres a si peti-
te solde.
Les lanciers aussi qui y sont demeurez de reste, attendans ou Ia fin de
la guerre,ou leur payement, ôeperdans cependant leurs cheuaulx propres
n'en pouuant auoir d' aultres, ont esté contraints
pour lalance,ÔC de quit-
ter
EtgiuuernemenideU Canafierté'. %?
ter la lance, pource qu'il ne pouuoint pteftcr i' c|fe&$tquis ,en cfs che-
uaulx moindres desquels il se falloit seruir : dontpow n' estre du tout in-
utiles , ils ont ptis les armes de la corrasse 6c le pistol : accomplissant ainsi
tant qu'ils pouuoint f effect, qui a faulte de bons 8c legier s eneuaulx leur
estoit denié, auec des cheuaulx gros 8c pesants au trox 8c galop. Et asin
qu'on ne s* apperçeut de ce default de milice » ils se laissèrent donner vn
aultre nom.ôcseloiierd' inuention nouuelle: non tant de nouueauté 8c v-
tilité,mais de seule nécessité,afin que la Cauailerie rçe demeurastdutout
abandonnée. Et s'il y a quelqj chose de nouueau, ce n' est aultre chose que le
nom, comme je telededuiray des deuxeffects delalance.
Ie t'ay dit au chapitre précédent, quel' effect de la lance est offensif
6c défensif.
Offensif quand les ordres 8c efquadrons deTennemyen sontpercez,
dissouls 8c enfoncez, 8c ce parle moyen de petis efquadrons,ou trouppes.
Défensif ferré èc vni envn gros esquadron 8c corps solide,les effects de
T ennemy en sont foustenus.
Cesontles deuxeffectsôcproprietezdela lance: dont y ay dit qu* elle
est ou offensiue ou defensiue.
L'effect offensif se fait par la lance,8c le défensif par 1' harnois ou cuiraf-
sc&rle pistol. Car,commej'aydit,le lancier endoibtaussi bjen,voyremi-
eulx,estre guarny quele corrassier:de quoy ne pouuant a présent difeour-
rir ala longue , j'en donneray en bries quelq; satisfaction 8c contentement.
Le lancier ayant le cheual de pois son harnois , pistols 6c lance pour
offension dcl'ennemy,estappelléLancier;oste luy aueclelancele bon che-
ual luy donnant vn moindre,pesant 8c inutile pour vne subite violence.'cc
será alors vn corrassier. Ou bien.oste au lancier l'armature offensiue, luy lais-
sant seulement la defensiue, 6c en feras ainsi vn corrassier.
Or s' apercebuant auec le temps , qu' a cause des defaults 6c raisons
fusdittes on nepouuoit faire leuée, 8centrctenir lalancconáreduitletout
en corrasse: auec ce contentement (comme Basta dit aussi) que 1' homme
n' auoit besoing de si pénible exercice, ne de cheual de si grand pris.
Et voyci lavraye8c fondamentale histoire de l'origine de la corrasse.
Dont, amy lecteur, tu vois, que quant a i' armature ôc effect, ce n'est
pointvneinuention nouuelle, mais assez antique prise de la demye lance,
de laquelle ony voyt les proprietez 8c effects: ôc n'y á rien que le nomnou-
ueau. Et luy voulant dohnersonvray nom, ils la debuoint nommer demye
lance pour les raiions suiuantes.
Premièrement est ce vne demyelance.a raison des" homme, qui n'est
de la moytié,voyre de la centiesme partie si habile que le lancier : ôcn' a
aultant de peine tant pour estre dressé,que pour exécuter ses effects.
Secondement est ceauslìdemyehnce, quant au cheual, qui n' est dela
moy tié si bon qu'il est requis pour la lance.
Tiercemenr est ce vne demye lance , a raison de 1' armature , estant
la lance, qui estlamoytié de l'offensiue du lancier.
priuée de principale
Quartement aussi a raison des proprietez 8c effects, car Y offensiue de
la lance qui consiste en l'homme, cheual ôc lance, luy est ostée. Et ne retient
que la defensiue en auec vn cheual lourd,ôc qui n' a besoing de si gráde adres-
se, quiencoiapeinen'cstlamoytiédelalanct.
D * Et
3Ò Liure II. De L'Exercice
Et j usques icy est ce que je me fuis rcferué,pour monstrer au Seig : Bâ-~
sta tant la prétendue éminence de la corrasse, quel'inuention d'icellc,dc
les fondements : resemblant ou
laquelle il n'a entendu ou voulu entendre
imirant cé renard,qui ayant perdu la queue , 8c en estant demandé,ou il
aiioit laissé ce membre tant noble 6c nécessaire,' non seulement pour l'or-
nement,mais auffi pour la défense ? rebondit qu'il auoit fait couper-
Volontairemént, pource que c* estoit vn membre inutile 8cde grande char-
ge 8c empefchemeht, voyre qu'on pouuoit estre pris par la.Et que c' estoit fa
houUclle inuention,laquelle ils debuointimiter,pour estre tant plus legiers
6c asseurez de toute incommodité qui en pourroit prouenir. Mais larespon-
Cé qui luy fut donné reuieht fort bien a nostre propos.
Ainsi voyez vous , Nobles Lanciers , la dignité, vtilité &z
nécessité de la lance (bien quelq; peu pénible Ôc laborieufe,com-
me la vertu á tousiours P accès laborieux : mais auffi est récom-
P honneur , ) armature a tous deux
pensée de honorable,propre
effects Ôcoffensif ôc défensif: la corasse n' estant selon les raisons
sufdittes n' est que vostre moy tié. M*is ailleurs nous traitterons plus
amplement de ceste matière.
Cependant toutesfpis en default de ceste partie de la Cauallerie , la
corrasse n' esta reietter,ayant aussi honneur 6c vtilité , quand elle est bien
considérée selon fa qualité, ôc sagement mise en ceuuré 8Cappliquée.
Sa propriété principale est de soustenir éc arrester les efquadrons de
l'ennemy: combien qu'auísiluy est attribué le pouuoir d'en son fer 3c rom>
pre selon l'occurrence les dits efquadrons, mais non indifféremment.
Son armature est harnois fin, soustenant le
coup de P ar»-
cn toutes ses picces comme il est dit de la lance j ôc se
quebus,
voitFi? o.
Son espCe (sans les bottes.6c espérons ) est vne pedarme , où efpee
courte 8c trenchanre , auec la poincte forte & propre tant au trenchant
qu'ai'estoc. Propre pours'en seruir es efquadrons enfoncez 6c rompus.
Al'arçon delaselle,il aurá deux pistolstousiours prests, chargarz 6c
montez pour la defensiue, comme aussipourl'offensiue,combienquel'ar-
fhature pour la plus part n'est que defensiue. Au fourreau des dits pistols
il aurá pendant lc flasque a pouldre, auec deuxelefs. Quant au cheual,il
h'estbesoingqu'ilsoirdes meilleurs: car pour ceste armature on se peult
seruir de cheuaulx communs .moyennant qu' ils soyentforts ôc obeissans
a la bride.
Ses exercices particuliers ne fort t si grans ni exquis, que ceulx du lanci-
er , n'ayant a remarquer que ces deux points.
í. Quil s'áccoustume a supporter le fardeau dé ses armes.
II. Qu'il s'exerce auíli de ses pistols le coup
de tirer asseuré, en
toutes les manières ôc sortes qu'auonsdit du lancier.
S'il veult décharger son pistol contre l'ennemy, qu'il ne luy donne le
feu,
Etgouuernement de la Cauallerie. 31
feu, s'il ne l'á bien asseuré,voyre iufques a le toucher d'iceluy, oupour le mo-
ins de si pres,qu'il le touche de la flambe.
Pour faire son essect fur l'ennemy, il semet fur le trot, ou fur le galop,
8c principalement en la pourfuitte.
II fault qu'il ay t lc terrein dur U solide, a cause de U pesanteur de son ar-
mure : 8c toutesfoisilpeult mieulx supporter l'incommodité d'iceluy,que le
lancier.
Elle est nommée Cauallerie graue ou pesante, a cause de pesanteur tant
de l'armature, que du cheual.

Deck«
32

Déclaration de figure. ?.

N ceste Neufiesme figure tu vois le


Coraísicr armé de toutes íèspièces
déclarées par le menu au chapitre Dremíer,
Scmonstreesenla figureseconde.

CM A-
Stgpuuewtwènt de UCauaHerie.

CHAP. m.
De 1 Arquebusier ou Bandellier.
['Arquebusier Carrabin ouBandelieracheual,estlatroi-
siesme partie de la Cauallerie , 6c estnommé Cauallerie
;legiere> d'aultan qu'il nonseulement lés armes pluslegie-
[res , mais aussi le cheual si pesant, que les deux proce-
dents.
L II á foh nom de son arquebus lohg,ou du bandeau
rqu'ilafursesespaules, dont le dit arquebus dépend.
Deuanr toutes choses u faultquil aitauíli vn bon cheual, de force
moyenne biehala main, 6Clegier a la course ou carrière, 6c prompt tant al'
inuésti r qu'a pourfuiure.
Son armure est vn pectoral auec la dossière fans les brassières 8c iam-
"bieres, 8c l'armet ouuert.Tu peulxaussi dépoter ía dossière situVeulx,po-
ur auoir le pectoral plus fort 6c a
preuue, serré d' vne croisade fur le dos.
Comme tu vois Fig. io. Num.I.
Au col ou fur l'efpaulé il á Vne courroye de cuir , comme le bandeau
du musquettier-, large auec vne traîne crochetée fer au
bout.guarnid'vh
petit resort, afin quel'arquebus y estant accroché n' en sorte. Ceste traî-
ne h'est point ferme, ains la courroye passant par refguille.ellc glisse fur la
ditte courroye, en sorte qu'elle y peult cstrehaulféeou abaissée. Comme oft
voit Num. 2. Fig. io. Son Arquebus a quatre pieds de longueur, auec vn
fusil, tirant pour le moins vne ohee de balle. Au costé senestre au lieu qu'il
approche de la mâchoire pour prendre la mire de son coup, il aurá deux
petits verraulx pour ioindre fermement furie bois par en hault, ôc en bas
du dit arquebus, vne branche de fer rond aussi long quasi que le dit boh;
auquel il y á vne aultre traine auec vn anneau , qui eníre au crochet du
bandeau dessus dit: 8c ainsi y estl' arquebus dépendant. Voy Num.3. Fig.
io. Et y est ceste vergette de fer adiouttée,que tarit au charger qu' au de-
scharger 1' arquebus luy soit mieulx a la main , 6c plus asseuré en ìcellé.
Sans l'arquebus il á encor vn ou deux pistols dependans de son arçon,
pour s'en seruir en toutes occurrences.
SonespéeestvncPedermcpropretanta la taille qu'ai'estoc.
- Aíà ceinture il a le porteflasque de bon cuir, dont
dépend le flaíque
de pouldre auec la clef, li en prend la longueur selon sa proportion,ou
volonté;auy3out d'.en. hault le dit porteflasque á vne petite bourse pour
les baises ôc le nettoyeur de son arquebus. 11 aurá aussi en la ditte bourse,
quelques patrons pour s' én seruir en 1' occurrence;ou bien s'il voùldrail
se seruira au lieu du flasque d' vne taíche de patrons attachée a là cuisse
droicte.de dfet ou douze patrons ou dauantage tous " prests. Auec la dirte
E tasché
34 LìurëlL DepExercice
tasche il aurá auffi vn petit pulucrin te ìa clef attachée. Le tout selon la
Volonté 8c fantasie de chascun,se feruant de ce qui luy semblera mieulx a.
Toutesfois a mon aduis le porteflasque vsitcau
propos 8c plus commode.
i o. Num 4.
pais-bas yest plus propre. Voy Fig.
S'il se sert de la tasche a patrons, ôc nc la veult attacher a la cuisse, il
l'attachera fermement a son arçon guarnie de les patrons.
II se peult auffi couurir,s' il veult d'harnois principale en batarilc.vR
ou la balle de l'arqucbus.^
pectoral contrela lance
La propriété 8c effect, est dé courageusemét molestcr.attaqucr ôc pour-
fuiure l'ennemy de sesarquebufades.
On s*cn sert en l'auant 6c arriére garde pour descouurir 8c battre la
campagne, prendre langue conuoyer, occuper 8r garder les passages. En
somme il peult estre appliqué en toutes occurrences 8c occasions t dont
auffi il sedoibt pourucoir de bon cheual.
Ceste troisicfme partie de la Cauallerie doibt estre fott gaillarde Scpro -
pre,d'aultant qu'elle estappliquéea plusieurs exploicts;joint qu'il a aussi ses
exercices, csqucls il doibt estre bien dressé. Les exercices particuliers sont
ceulxcy.
11fault qu'il soit bien dextre au maniement de l'arquebus, en toutes
les façons 8c modes deferipts au liure premier de l'art militaire de l'Infan-
terie.
L'Arquebus demeuré tousiour pendant de son col au bandeau. S*il le
Veult décharger contrel'ennemyjH'cmpoigne de la main droicte,le mon-
te ,oste lerctienjéprénddcbmain gauche, en laquelle auffi il tient la bri-
de de son cheual au pois ou muecu, prend la mire ou visée,8c finalement
donne feu. Voy Num, 7. Le coup fait, il en retire la main droicté, le rete-
nant en la gauche, ôc le tournant verslecosté senestre, le recharge, monte,
metlepulucrin fur lé bassinet ou fogon, 8c ainsi s'appreste pour le second
coup, ou aultant qu'il en a affaire: 8c tou testant fait, le remet au costé droict,
comme il estoit au parauant.
11tasche d'auoirvnbon arquebus, duquel il puisse tirerdc20ô.a.joo.
pas vn bon coup 8c asseuré*.
11s'exerce a tirer bien au trot 8c au galop, ou en carrière en ces quatre
sortes 8c manières.
I. En carrière il rire a dextre. Num. 6.
II. A senestre. comme Num. 7.
III. Droict deuant soy. Num. 8.
IV» Le corps tourne, il tiere en erriere Num. <>.
Ces quatre sortes,il lesfait en pleine carrière, ôepour son serUirprc*
prement soit eh bataille ou eh aultre occurrence, il y fault grand exercice Sc
diligence 1 dont fans doubte il en recébura grand profit 8c auantage * com-
me jemonstrerayehson lieu es parties suiuantcs.
II conduit 8c porte son arquebus cn deux manières, é
1. Eíleuc comméohvoitNum. 10.
z. Pendahtcomme Num. n.
11se sert aussi d'Vue piccé de peau de veau auec son poil, pourcôuurir
T arquebus contre la pluye, 6c aultre humidité, l'y attachant ou auec des
petis
Etgouuernement dela Cauallerie. 35
petits clous oupetits verraux,oul' en enucloppant lc plus commodément
qu'il pc.ult.VoyNum.ii.
Ne se pouuant plus seruir deT arquebus , ou estant tellement pressé
qu'il nc le peult sihastiuement recharger :il s'ayderáen telle nécessite de la
seconde armature, ascauoir du pistol, au maniement duquel il sedoibt aussi
exercer, selon qu' auonsdit dessus des mouuements de la lance 8c de la
corrasse.
Sadcrniere defence sefaitdel'espée, en toutes les sortes qu' auons
monstrees au chapitre précédent.
Son effect est offensif, fa defensiue estant bien petite.
Pour patuenir au bout de son effect contre l'ennemy >il semet en peti-
tes troupes , esquellcs toutesfois il peult supporter plus des files que la lan-
ce. Car il en peult auoir 4. 6. 8. io. ou aussi aultant que tu veulx; mais note
qu' a moins des filés, il y aurá plus de force ôc offense contre V ennemy.

E z D cela-
Liure II. De D Exercice

DECLARATION DE LA
DIXIESME FIGVRE.
V M. i. Vn pectoral ou halecret a i' efpreuue de
f arquebus, auec ses ceinctures,par le moyen
il est fermement ceint fur le corps.
desquelles
Num. z. Lebandeau,auqucH' arquebus est pen-
du.
Num. 3. L' arquebus auec la vergette de fer au
costé senestre.
Num. 4. Le porteflaíque auec le flasque apouldre,Ôc clef.
Num. 5.1. Comment il empoigne P arquebus de sadextre.
2. Comment il prépare de sa senestre P arquebus,au mon-
ter delapierre^Costerle retien.
3. Comment il prend la mine en pleine carrière.
4. Commenr,apres le premier coup,il seprépare pour le se-
cond.
Num. 6. Comment en pleine carrière il tire a dextre,
Num. 7. Comment U tire a senestre. t
Num. 8. Comment il tire droict deuant soy»
Num. 9. Comment il doibt tirer par derrière.
Num. 10. Comment il porte P arquebus droict.
Num. ii. Gomment il porte P arquebus pendu au col.
Num. iz. Monstre comment d' vne piece de peau de veau ou
aultre chose conuenable il couure P arquebus contre la
pluye, poussière ou aultres inconueniens.

CHAP.
Et gouuernement dela Cauallerie. n

CHAP. IV.
Des Drageons.
'est vne lourde ôc ridicule armature, mais cependant eh
son lieu fort conuenable, propre & vtile partie de la Ca-
uallerie, inuentée afin que ( considérants qu'il y a plu-
sieurs exploicts militaires, qui ne peuuent estre effectuez
ou partie d'icelle,
par la Cauallerie feule ) l'infanterie
I montée a cheual, auec ses armes requises > secondast
prompte 8c subitement la Cauallerie. Qrenvoycil'equi-

Pour Drageons tu prendras la moytic de mufqucttiers, ôc 1 aultre


moytié de picquiers , chascun armé de ses armes propres, comme il est
monstre en l'art militaire de l'Infanterie, desquelles ils vferont aussi a la
manière d'infants: comme auffi ils sont plus dependans de l'Infanterie que
dela Cauallerie: mais d'aultant qu'ils sont tousiours a cheual» 6c logez mes-
me aux quartiers dclaCauallerie,j'enay voulu faire mention encelieu.
Sesarmes donesont le mufquet, ou la picque. Lemufquet
a,attaché au deux bouts de son fuît., au hault ôc au bas, vne cour-
roye de cuir, a laquelle estant a cheual il le pend au col fur son
dos, Fig. u. Num. u
Estant a cheual il tient k mesehe brullante, ôc la bride du
cheual en fa main , tenant le bout allumé entre ses do-
gauche
igts.
Il a le moindre cheual auoir , dont aussi n est
qu'on peult
de est question de mettre pied
trop grand pris, de sorte que s'il
a terre ôc lc la perte n' en est trop grande.
quitter,
Que le musquettier s'accoustume de tirer de son mufquet a cheual,
de tous costez 8cen toutes sortes, ainsi qu'il a esté dit de 1' Arquebusier aii
chapitre précédent.
11 nc se chargera de bottes ôc espérons, car elles luy serointpkstost
dommageables que profitables, quand il scroit besoing de mettre pied
a terre.
Le picquierauráau milieu de sa picque , vne gaine ou fourure de la
longueur dedeux palmes ; ou bien vne petite courroye, pour cn pendre
la picque asseureement: commeon voitNum. io.
En son harnois il aurá au costé dextre deux petis permis, par lesquels
il y attachera vn petit crochet, pour y pendre fa picque en cheminant»
E 5 cheual
38 Liure II. De L'Exercice
cheual en sorte qtfill' y puiûe porter al' aise 6c sans aulcun empcschement
soub lebrasdcxtte,comme Num./. le monstre, Enl'effect desonexploi.ct,il
met gaillardement le pied a terre. Et cn tout lc reste, il se comporte,cotnme
au liure précédent il a esté die, des musquettiers 8c picquiers.
Quand les Drageons vont attaquer l'ennemy âpres auoir, comme il
estdit,mispieda terre, ils ietrént la bride de leurs cheuaulx fur col de ce-
luy de leurs voysins,ainsi qu' ils demeurent tous ioint de file a file, comme ds
auoint marche, de sorte que les cheuaulx setiennent ainsi accouplez par les
brides ne se pouuants énfuire : entrerant que les maistres sonten terre, on
y ordonne quelques vns qui les gardent, aultant que possible, de tous in-
conueniens qui y peuttoint furuenir.
11 est propre pour toutes entreprises de quelconq, sorte qu' elles so-
yent, 8c principalement quand il est question de subitement efcheller ou
surprendre queIq,fort,oude creuer quelq,porte, ou aultres tels exploicts,
propres de f Infanterie.
Pour surprendre les quartiers del' ennemy,il y est aussi fort propre tant
pour la Cauallerie que pour l'infanterie.
Les picquiers sont fort conuenables pour faire ar r ester la Cauallerie
ennemyeen passages estroicts, des bois 8c aultres occurrences des passages.
Ceste sorte de Cauallerie vient auffi bien a propos cn batailles tangees.
Car estanten pleine bataille contre l'ennemy, 1*auantgarde setrouuera fort,
bien,ordonnant que les Drageons s' auancent subitement contre les or-
ordonnances 8c troupes contraires,soit aux flancq ou ala queue.
Ën somme cest lourde 8c informe sorte de Cauallerie peult estre de
grand effect, si on l'applique propre 8c prudemment : comme on verrá cy
de mon traitté.
âpres es liures fuiuant
Et defair celuy cnentendl'vfage, vtilité, propriété 6c effect, nc
les mefprisera pas , ains comme d'vne Cauallerie 6c
inuention vtile en tiendrágranconte.

Deck-
Etgòuuemementdela Cauallerie.

DECLARATION DE LA
FIG V RE ONZIÊSME.
VM. i. Monstre premièrement Ìa courroye at-
tachée de deuz petis verròulx aujmuíquet:se-
i condement comment lc mufquettier a che-
ual a son mufquet pendant fur son dos ôc la
i mesehe auec la bride cn la main gauche.
Num. x. La picque du picquier rcuestu au milieu
de cuir,en logeur de deux (palmes ayat au deux)boUts de ceste
fourrure deux eíguillettes aussi de bon cuir, par leíquellcslâ
picque est attachée a f harnois de l'homme a
cheuat,qui par
ce moyen fy tient ferme en marchant.
Num. 3»Au costé droict du pectoral vn petit crochet j dont depéd
Ìa picque des eíguillettes fusdittes.
Num. 4. Comment il fault tirer a cheual, aussi bien du mufquet
que de P arquebus ôebandelier.
Num. 5. Monstre que le mufquettier ne doibt oublier íe petit
tuyau, dont auons fait mention au premier hure.

LA
*•"
^:$ufèJl^' J&&$$ìttâ&

SECOÍÍ DE FA R TI Ê
DV GOUVERNEMENT
ET EXERCICE DÉ LA CAv
V A L L E R I É E îî GENER.AU

V*s QVEs a présent as tu entendu,ámy lecteur, lés qua-


litez ÔCproprietez de chascunc partie de la Cauallerie'.
Maintenant tu entendras quels sont les exercices, de-
squels auíli chafcune a part soy doibt auoir bonne cog-
noissance ôc expérience , qui sont appeliez exercices
Communs.
Mais deuant d'enentrér en propos,jété mbnstre-
Tay, quelle doibtestrcT adresse ôc constitution de toutes compagnies ,. 8c
de chafcune.eu sopratig 8r particulier i obseruant pordre qu' auonstenu
en la première partie, selon lequel nous les proposerons T vné aptes l'
aultre.
Et afin que Ceste nostre instruction8c deduitte soit mieulx entendue,
il fault que tu saches,que toutes les compagnies de Cauallerie, iuíquesa
ce nostre temps présent, ont esté dressées ôc gouuernees auec grans dé-
sordres , 6c fans aulcun regard, ne de la perte de celuy qpi les entretient, ne
'dcleur propre interefs, qui n4est aussides moindres.
Lequel désordre est proUcnu principalemét de cé qu' ils n'ont
pas eiìté-
du,ou Voulu entendre les fondemêts prinCipaulx de ceste milice: chose que
fans logues ambages je te monstreray en toutes les cópagnies qui setrouuent
a présent, entre lesquelles a peine tu eh trouueras vne seule
( excepté
celles de cé Trés-illustr. Prince Ôc Preux Cheualliér Maurice de
Nassavv plus de laperfection aul-
ôcc.quis'approche quenuldes
tres Y dressée 6c gouuernée comme il appartient.
Car je te prie, regarde le grand desordre en celles remar-
d'Hongrie,
qué 'ausli des plus braues,prudents6c expérimentez Capitaines, comme
pour exemple. Cc tant grand bon Ôc Ca-
Cneuallier,que expert
pitaine George Bassa, qúi auec grand honneur á manié k Ca-
uallerie années : dorit.il en a
par 40, acquis bonne experience,de
laquelle
Et gouutrn^m^ni deUCauálerie. *i
laquelle mesme les fâits héroïques tcfmoígtierîta^c^îèbitoflie
de fait caestéPttí dés plus vieulx& vsefc ttí. &ftënòbse «ho-
norable milice j y ayant fans doubte auec diligence
remarqué
toutes les particularisez ôc généralisez : nc dit teutesfois vn seul
mot des fondements, cn son traitté* du Goaò«rn€mcrtt de la Ca-
uallerie legicrc.
11a bien veu la grande confusion, fhàíS quand á lá foiiréc, òééasiôri éc
commencement d'iedse, pour y dònnet les rérhédéí éôntíéhablcs 1,il n' y à
jamais pense. II monstre bien lés grans & vtiles effectí de ctste mifîce:
mais il né menstréles fondements, &
moyens par lesquels ils doibueht ç-
streobfenuSi
Et afin que tu m'entendes encor mieulxjje dis pbiifla seconde foís.qu 4
au dressementdcsCompagniesa chéilaí,oh n'á
pris garde au fondement fur
lequel chafeun de ces parties se repose: ascauoir seeditirnerieement j le
moycnôékíiri;
Ce sont lés trois poincts.fur lesquels toutes les art* te sciencesdu mon-
de, voyre toutes les chosescréées, sefondent 8cattestent.
Car vcrUnts cri considération de toutes les créatures de cé Qtahd
Dieu, tout bon ÔCseul sage Créateur, commé auffi toutes sesarts 8c
sciences dû mondé .'flous y trotiúfcròfis aultant que dé Dieu nous est con-
cédé , leut commencement, moVéri, Ôc fin f at&ictertìcrif. Lié
commencement ôc origine , le moyen par lequel élles sofìt cori-
duittes &soustenues,& k fin ou cause finale da leur estre.
Chose qui n*a besoing de plus ample oU plus longue déclaration. Qr
de ce dont nous prétendons diícourrir > oh a bien remarqué 8c trouuc le
commencement de ceste noble milice : on en aaussibieh recérehe 6ctrtíu-
ué la fin te vtilité : mais quand au rhoyen,par lequel elle est soustenue te
conduitte a ía íîn, qUi est lc principal en toutes choses 5II n' y a eUpérfottné
qui iufques à présent en ait fait quelque mention. De sorte que comme
toutes les aultres choses, combien que fondées, né peuuent parUcnîraleur
fin désirée par faulce de ce point: ainsi ne peult on auoir trop bon espoir eh
ceste, de laquelle hous parlons.
Et considère en toy mesme : Ayant le bòri cbmtrichcemënt d' Vhe
chose bonne, 8cla prétendant conduire a vne bonne 8cheureuse sin:il fault
nécessairement que tu pensesauffi aux bons moyéns,par lesquels elle y puisse
paruenir.'ôc fans ces bons moyens, rriesmes les choses tresbohnes,n'attein-
dront leur fin désirée^
Aiftsi en est il ausside noítré Cáualierié ?8c de toutes sesparties ,de-
feriptes en la première partie de eesecondliure.Lecómchccment est bon»
la fi n prétendue vtile : mais la recerche des moyens, par lesquels des son
commencement elle seroit conduitte al' Vtilité de fafin, est iufques a ma-
intenant embrouillée de plusieurs 8c grands erreurs. Et d'aultant que les
moyens prétendus ne sont trop bons Scparfaits: on n'a peu par uenir a la fin
bohne ôc parfaictCi
Et de la estréussi, qu'en ceste milice le commencement, qui est hon &
F parfaict
4x tàurelL-l^L Exercice
des plus grans Scexpérimentez
parfaict >á esté tiré èndoubte personnages!
fie comme il aduient souuent,que la bonne fin, ne femonstrant, on prétend
auffi rciettet le commencement: ainsi y en a il eu , qui n' ont trop fau or a-
blemcnt prononcé de cesté milice. Mais lâ faulte n'a esté qu'en l'ignoran-
ce des dits moyens» par lesquels on la pouuoit 6c debuoit soustenir 6c con-
duire,commcauonsdit,asabonnefin.
Pour meilleure intelligence je te proposeray icy vn exemple, pris hon
des aultres arts 8c sciences,. mais de celle dont nous discourrons a présent.
La lance est trouuée d'vn bon comencement, ôc a bon dr oit
est estimé bonôc : la fin elle est inuentée
parfaict pour laquelle
est aussi bonne ôc vtile en son lieu. Mais quant au moyen, le-
par
elle debuoit estre
quel conduitedeslecommencement,iuíquesa
la fin prétendue , n' estant bon Ôc parfaict -, le commencement
aussi est non seulement tire, comme auons dit, en doubte, mais a
auítì esté du tout reiettéo ôc abondonnée comme vne inuention
laborieuse qu'vtile.
plus
Voyre comme on aproccdédecestepartictantnoble,qui estla lance,
comme vn membre des principàulxde la milice, ainsi en a on aussi fait des
aultres parties, voyre de toute l'art militaire.
Mais afin de venir a nostre propos,nous monstrerons, aultant que fai-
re sepcult, les dits moyens, par lesquels elle doibt estre soustenue 8cgou-
ucrhee.cn sorte qu'elle soit conduitte a la perfection defafindesiiée,
Les Commencements doneques de ces parties de la Cauallerie , ont
esté de bonne 8c industrieuse inuencion, tendante aussi a vne bonne fin:
mais les moyens par lesquels elle y doibt estre conduitte, sont de deux
sottes. •

I. Particuliers.
II. Communs*
Les moyens font f adreítè, institution Ôc science
particuliers
de chascun Cheuaílier ou membre du en son
corps, particulier.
Les moyens communs sont les bien armées,
Compagnies
biendiseiplinces ôcbiengouuerneesrquis'estendent sor tous ré-

giments ôc efquadrons du entier.


corps
De ces deux sortes des moyens il y a plus de cent ans en ça,
qu'on n'en
a fait aulcunc mention fondamétale,soit en parolles, ou
escripts, ou en prat-
tiques.
Lccommencementabien esté trouué bon: la fin estimée bonne 8c
par-
faitte : mais on n'y a peu paruenir4Pourquoy ? Les moyens n' ont esté ni bons,
ni parfaits.
Car regard e,je te prie,com ment la Cauallcrieaestéconduitteiusques
a présent í en quels désordres elle a esté gouqernée ?Pour le déduire, certes il
y fauldroitvn traittéénrier.
Et de fait, quelmeslange 6c confusion, fans aulcun
respect ne de qualiré
ne de quantité, sevoitau maniement d'iceile.
Regard*»
EtgàuuemmeiitjielâCauAlkriè. 43
Regarde fia gr an peine tu trouueras vne seule Compagnie
entre toute la Cauallerie , en laquelle tu me pòuïrois monftrcr
Vrie considération fondamentale, de fa Qualité, de seS effects, de
son debuoir, de ce quille peult faire ou endurer : P vil pesant k
k quantité. C ar quant a la qualité, tu n' en tróu-
qualité, l'aultre
ueras pas vne qui des fondaments loit telle, qu'elle debuoit estre:
ôc ainli cn est il aussi déla quantité.
Quant a la quabté,chafcune compagniccíquadron & Régiment doibt
eh commun.ôc en particulier estre tellement côdieionnee.gouuerneeôc rha-
niee, quelle puiste prester a suffisance tout ce qui est desondebuoir,ôcqu'ort
attend d'elle» Quant a Ìa quantité, on n'eu doibt demander plus de serui-
ce & d'effect,dece qu'elle pcult donner:auec bonne ôc meute considéia-
cion qu'iln'yayt partie aulcuneq>i soit òu trop chargée,ou trop cípargnéé,
demande ou requiert.
que fa qùalifé&r quantité
Etces conditions n* estants bíen&r detiementrémarq^eés,gouucrhéés
ôc dcïtrement maniées en noz Caualleries, iln'estmerueillesicesrooyens
mis a nonchalloir, on n' est paruenu ala fin qu'on prétendoie.
Et sois aduerty qu'en la conduitte ôc maniement de la Cauallerie, il y
fault plus grande diligence 8c prudence, qu'enl'Infantcrie:car cc n'est pas
tout vn: ( comme fans mon aduertissement tu le peulx entendre ) comme
aussi on attend plus d'vn soldat a cheual,que d'vn infant; 8c cestuicy requi-
ert l'expérience 8Cscience de manier ses armes : mais l'aultre y adioint le
gouuerhementde son cheual, pat la force duquel il obtient la plufpart de
seseffects.
EnlalcucedeTInfanterie ôc son gouuerncment tu peulx augmenter
les compagnies ôc enseignes, ou diminuer comme il rc plaist : Cc qui ne se pe-
'
ult faire aulcunement de la Cauallerie. . ,
Chose qui toutesfois, comme vh moyen treíconuehabie,bori 8c par-
faict, n'a esté trop bien obserué: les compagnies estants dressées fans aulcii-
ne considération de la qualité ou quantité requise.
La consideracion de k démande, chaseune com-
qualité que
a tellement soit ni
pagnie part loy,soit condicionnée,qu'ellcnc
ni P vne en default, F aul-
trop forte, trop foible, desquelles pèche
tre en excefs:extremitez communcsôc dommageables a tous bons
faccefs. .....
La consideracion de lá n* estantobseruée, a bien áf-
quantité
foibly k Cauallerie en toutes ses : car on ne l'a laissée ôc
parties
ses termes , dece quellepouuoit prester: mais on luy a impose

dauantage: ôc cé souuént âuec telle confusion


beaucoup j^uck
mefmcs les n'ont a ce
plus part, plus expérimentez pris garde qui
estoit de leur debuoir,ôc ce sorte qu*
qu'ils pouuóintessectuer,de
ordinairement vn a 1' vn F aultre: comme fi on Venolt
pris pour
vers vn tailleur,luy demandant vn pair de souliers, mais en vain.
F a Car
44 Liure If. De LBtimiee
- Car combien que le tailleur scait comment lc soulier est faíct, siest
ce ^u'onl' en tourmente cn vain : n' ayant appris le mestier de cordouannier.
De mesme est souucntaduenu a la Cauallerie, qu'on a demandé d'elle
ce qu'elle pouuòit bien entendre : mais luy estoit impossible de le mettre
en effect.
Or afin qu* auec bonne consideracion de la qualité 6c quantité chaf-
eune partie de la Cauallerie dresse sescompagnies, en sorte que le moyen
conuenable,bon 6Cparfait, qui conduit a bonne 8c heureuse fin soit obser-
ué, nous monstrerons brefuement ce que chafeune d'icelles en doibt ob
feruer 8c remarquer.
Lé Seig: Bastaa eubonne cognoissánce du commencement 8cde la fin
de la lance, partie principale de la Cauallerie: 6c par l'exercice de quaran-
te ans, en a peu recueillir vne suffisante intelligence: mais il s'emble qu'il ne
s'est trop éttquis dés moyens pour y paruenir.
Le commencement Ôc origine de son inuention est
procédé
on
dece qu'onsàenqucroit,comment pourroit percer ôc rompre
vn grand ôc puissant esquadron soit de Cauallerie ou d'Infanterie,
comme fait nécessaire pouf la victoire auec
quelque petit effort.
Acesteffectlalaneeesttrouuce propre. Lecommencementen est bon.Sur
quoy on's* esté enquis par quels moyés on pourroit paruenir ace bon effect:
Chafcunenditsonaduis,8£enéstcestuycid'vne,cestuylad'aulrreopiniofi,
Chaseunfuit fa fantasic,8C entre tarit tous perdent levray chemin.
Êtdé foy, voy la confusion 8c desordre desquels les compagnies des
lanciérS ontestc.je ne dis pas goUuernees, mais troublées, fans la moindre
consideracion dé la proportion 6ccondition, hi de la qualité ni de la quami-'
té,contrcrenrtémy,tantd*InfanterÌcquedeCauallcrie:8c principalement
deuantqU'onaeuérinuentiondelapouldre. Ilsontfair les compagnies de
200. joo.400. 8csouucnt dauantage,selon leurs fantasies, fans considérer
que €0. ou 50. bien ordonnez 6c disciplinez pouuoint donner plus grand
effect.
Et en cest endroict ce preux Ôclouable C heuallier G eoro-e Ba-
sta, par vne longue ôc quasi continuelle expérience a bien remar-
qué, que laknce pour donner son effect, de rompre ôc enfon-
cer les efquadrons ennemis ne demandoit dés gros
efquadrons,
donnent plustost empesehement
quiy qu'auancement,&sont
mais n*
plustost dommageables que profitables: apoint monstre
commet on pourroit obuief a semblables defaults ou exceís : ains
les â quasi du tout reiettees. Dont fuis bien esmerueillé quelles en ayent
estésesraisons.
Or passorisânostretraitté,auqueljedeclaireray,enquel hombre
il fault constituer les Compagnies ôc efquadrons de
chafeune partie de la Cauallerie, en sorte
que toute confusion y soit euitee.

CHAP.
CHAP. 1
Des Lanciers, en quel nombre s'en.dòi-
buent faire les Compagnies»

H A s c v îí E Compagnie doibt estre tellement éoridi-


, cionnee entous les poincts, qu'elle puisse donner effect a
, ce,pour quoyelle est ordonnée 8c érigée, 8c paruenir a Et
prétention par bons,louables 8c Conucnablcs moyens.
Et pour cesse cause le nombre ne sera plus
|
grand de chafeune compagnie, pour le plus due
de 50 ou 64. lances : je dis pour le plus. Câr son vray nombre n*
est que de 40. fans les Ossiciers cy âpres nommez»
Ces 60,50. ou 40. feront aultant ou plus que les 100.300.
ôc 400. du passe.
Les Officiers de chafeune Compagnie sont:
Le Chef ou Capitaine.
Le Lieutenant.
Le Port-enseigne ou Cornette.
Le Furier ou maistre des Quartiers.
Deux Corporals.
Trompettes deux auec les tambours a discrétion»
La raison que je ne donne que 40. jo. ou tf o.lances a vne Compagnie*
affermant qu'elles feront aultant que les grandes Compagnies de ioo.500.
ou 400. du paslé, sont telles:
11fault que tous me concèdent, que 1' expérience qu'on faitiourncl-
lement estletesmoing plus asseuré de tout ce que nous prétendons de ma-
intenir.
Or ceste expérience nous a monstre 8c asseuré, qu* vne Compagnie de
40. ou fo. lanciers faitaukant ôc plus d'effort>quedu passé faisoitvneCom-
pagniede 1.5.8c 4.cents hommes.
Tesmoing sans plusieurs aultres grâhs 8cbrâuescheualíiers le Seig: Ge-
orge Basta,qui ayant assisté enuiroh 40. ans au gouuernement ôc maniement
de la Cauallerie, en a aussi porté les offices ôc charges principales, auec soing
singuhei de remarquer tout ce qui fur ce poinct est de plus remarquable.
Or ce bon ôc expérimenté Cheualliet dit» que de logue expérience-
E 3 ila
'$* Liuye IL DeLExetact
- ìlatromiè ne se doibuent ordonner cn grans, triais
que les lances
voit manifestement que feu-
enpetisesquadronSipourceqU'bn
lement sesdeux premières files peuuent ioindre P ennemy : ôc cc
encor insuffisamment» ilen adiouste les raisons:
Dequoy
La première: a cause de ladiuérsité des carrières , efquclles
ils ne se peuuent tenir efgaulx.
La seconde : d'aultant que les fuiuants s'entre-empefehent
èulx meímes en leur désordre : dont pour faire qUelqUe chose,
abandonnans leurs lances, defquellesiis ne se peuuent plus seruir,
il fault qu'ilsse icttent de P vn ou de P aultre costé.
Voyci qu'en dit le Seig: Basta , en estant acèttâiné par vne longue 6c
industrieuse expérience de 40. ahnees : que mcfmés lés deux files l'vne íui-
uant l'aultre se donnent derempeschcmentMont trouue a propos ôc con-
uenable, qu'on en face des petites troupes.
Et de fait,cduyquiájtant soit peu, d* intelligence de la milice, com-
grans efquadrons de 100. ou zoo. lances, de 3.4.
prend facilement,qu'en
6.8.10.files oudauantage.queles premiers donnans leur effect, ceulx du
milieu, beaucoup moins les derniers y peuuent paruenir pour effectuer
chose.
'quelque
Càrlàprémicré file donriaht son effect,ôcpassaht parmyl' esquadron
dcl' ennemy sans perte ;cest assez pour vne, ou pour lc plus pourdeuxsiles.
Mais si la première default, ou est reiettée ou soustenuc , ou enfoncée
par la resistence -,les aultres files ne luy peuuent donner aulcun secours em-
pèseriez des cheuaulx qui se icttent fur elles.
C'est 1' vne des raisons,par lesquelles les Compagnies nc se
doibùenr faire plus fortes que de 40.50. ou 60. lances.
La secondé est, que te trouuant cn bataille ou escarmouche , ou aul-
tre occurrence entre aultres efquadrons de Cauallerie: te ne peulx estch-
dre lc front de tort esquadron non plus que de 20. ou iç. hommes au
large:
Gat aultremeut y voulantranger & ordonner plusieurscíquadronsdiucrs,
il t'y fauldroit auoir vne campagne fort large, pour retenir la bonne pro-
portion requise envncarmce: choie qui se peult bien effectuera telle front
0.020.011254

lôintquelépliis souueht oh n; a telle Commodité de la Campagne:


ains aulcunesfoisonesteontrainct de comhattreen lieux estroicts ôcempe-
'scheï,dc forte qu'oh ne peult auoir le front que de 4. f. 6. 8. ou 10.
pour
léplus:8c alors certeslesgran* efquadrons,comme les experts le feauent,
soiupiusdomageables que 1profitables.
Pou r le qUatriesme.j ay aussi inanstiéaii premierliuredel'artmilitai-
teapiéd^oilrcjuoy&rcaiTimentlevpcrirescompagnies de 100. ou 80.hom-
mes péliuèrit faite aultant que 2.00 ou 500. Ainsi enestilaussidelaCaual-
lerie,cant pluspetites .que sont les compagnies, tjntmeillcurôcplus grand
. cn serai'effect. • , .
Pour le cinquiesmé:1amesme nousartìonstréa 1' oeil,có-
expérience
rneje
Ëtgouuernement delaCauaiUrie. 47
me je m'en rapporte au tesmoigriagç de tous bons 8c valeureux cheualiers&ç
soldats : qu'il aduient souucnt, qu' attaquant l'ennemi auec des grandes tro-
uppes de loo.ou 300. hommes ou dauantagédét files du milieu, 6c béaucóup
moins les dcrniercs,voy re ne la moy tié de la Compagnie, n'onteu aulcun ef-
fect: Et.qui pis est, voyant que le bain est trop chaud,ôc qu'on laue leur Com-
pagnons de trop forte lessiue,perdent courage,6c commencent a cérehet
quelq» déclin ou rctraicte, 6ccc assezay sèment, par faulte qu'en ftsgransc-
íquadrons il n' y a assez d'Officiers aux flancs, pour les retenir en debuoir.
Pour lesixiefme,n'estceaussirvne des moindres raisons de la petites-
se des Compagnies: qu'estant de 200. 300. 400. oU d auantage : on n' a eu
eígard ("comme on faiteheot pour lc présents qu'au nombre tant des che-
uaulx que des personnes, duquel aussi on s'est, quand vn l'y trouuoit, cori-
tenré. Dont est prouénu, qu'a grand peine, on euttrouué vn qui s'y fut
présenté au seruice aUec vn ou deux cheuaulx, Ôcprincipalement la nobles-
se, ôcceulx qui ont quélq; pouuoir, y vienneht 6.JLi^-«. ïë. Ôcsouvient 20.
cheuaulx cn vne Compagnie. Et pour dire la vérité, comme jé m* eh rap-
porte al'expericnce 6c tesmoignage de plusieurs braués guerriers, ériue
aultant de cheuaulx soubsyn maistre,iusques a^o. ágrahd peine setrouuént
deux ou trois,qui se soucient de faire le debuoir, quarit il est question d'at-
taquer ou attendre l'enncmy.Etdc fait, l'expericnce le conferméen cam-
pagne, bataille ou aultres lieux de meflec, on ne verra en ces grans efqua-
drons, que les deux ou trois premières files de bons soldats & bien mon-
tez, le reste ne sont que seruitcurs apostcz,ouvn tas de vile canaille amas-
sée de toutes parts pout accomplir le nombre, a bien moindre solde que
leurs maistres n'en reçoibuent Et de la procède ceste confusion Ôcperte,que
maint bon cheuallier est contraint d'endurer: qu'ayant en charge vne Gô-
pagnic de trois ou quatre cents cheuaulx, te en prétendant attaquer l'en-
nemy,8c gaigner honneur 8c réputation: il a senti qu'entre quatre cents il
n'a eu que 50.40. ou 30. bons soldats faisants leur debuoir; ascauoir ceulx
qui sont les maistres d aultant des cheuaulx : 6c quant a ceulx qu'ils y met-
tent dessus, la plus part (je ne dispas tous) il y a peu de courage, ôevoyans
que le potage est trop chaudement présenté a leurs maistres, ils s' en.de-
goustent6cn'en demandent pas, 8cnecerchent miculxqued'eschapperen
vne honteuse fuitte.
Pour le septiesme,c* est bien la principale raison de ta susditte peti-
tesse des Compagnies. Et ne me sera contredit de ceulx qui P enten-
cent hommes bien dressez ôc
dent, que armez, experts feront
beaucoup plus contre leur ennemy, que trois ou quatre cents
mal instruicts,mal ôc : Ôc victoi-
disciplinez pis gouuernez quela
re s'incline tousiours deuers ceulx,qui en bon ordre ôc bonne di-

scipline , ôenon en vne multitude confuse attaquent l'ennemy.


Ce que pourmonstrer il y fauldroit vn grand vo-
par exemples,
lume: mais fans en prendre la peine, je n ay doubte aulcunc,que
les bons soldats seront de mon party.
Et comment est il possible quvn Capitaine,ayaht trois ou qUarrc
cents cheuaulx cn charge, les puisse tous exercer ôc dresser comme il àppar-
tient.'ayant assez affaire pour six mois entiers d'en dresser |o. ou 40. selon
l'exigenec
combien luy faùldroit il du terhpt, omettant
(;«cigance de ta iiccefluéî&c
ía peine «pour quatre céntí Chose qui iufques apreíent n' a pas esté consi-
dérée. Ains cecy est céaquoy oh a vise: que l'hommëcustvn bon cheual,
íe corps bien couuert, le compte des troupes entier : 8calorsonadit,que
c'estoit Vne Compagnie bien equippec 8c bien montée. Mais <\es bien
éxefcez*bteftdtclsez fie expérimentée, nulle memoyrei De sorte

qa'envftesibéllcCompágníéjsibiehmôtéeiarroécôíeqùippceíOntrouueta
bonne quantité d5alhesì couuerts des dés lions j bien fttífisahs
peaulx
pouréfpòùúantérlesbrebis,fcmmes,enrans,duseuîrfegaïdde leurs armes:
mais a veùé dé l'cnhemy,jettérònt le lion a tous les diables. De fait, on y
trouucra dés grandes brauades de parollés, des grandes monstres, mais dé
dextérité au fait de leurs armes, de bien manier téuf chéuál, 8c aultres po- '
ints dontrerthemy pcult estre surmonté ôcabbatu : pas vnmot.Céqucjédis
fans aulcun prcïudice du bon soldat, amateur de l'art 6c discipline militai-
re: seulement pour ceûlx qui sont enrasehézdecebrouct, 6c dignes d'estre
ainsi lauez. lc demeure doneques fur mon aduis, Corifermé par tant des
raisons,6c asseurépar tant dés tesinoignages des grands 8c valeureux soldats,
te duit par Inexpérience mesmé: Ascauoir bon Capitaine fera
qu'vn
plus auec 6o. bons soldats, chaseun homme se présentant pour
îoy a cheual, fans le mesknge des pages ou seruiteurs, qu'vn aul-
tre aùec quatre cents : Voy te j'ose dire d auantage, f asseurant
mondez ( nòri montez ) á l'ac-
qu'encor que si bien armez, bien
coustumée,ils sont facilement Ôcfans grand danger emportezdes
dits 6o. Dont es partiesfuiuantes tu ttouucras plus ample déduction.
Pour la huictiefme, combien des frais seront efpargnez pour lés bien
mefnager ailleurs al'auantagc du Chef General,cn accomplissnt par cent
hommes cc,aquoy on a par cy deuant appliqué quatre cents ou dauantage.
Chose qui pouuoit icy estre deduitte; raais je m'en refetue au cinquiésmé
liure dece mien traicte.
Et conclucay ainsi mes taisons fans doubte auec contentement 8csa-
tisfaction du lecteur: ôcsien l'vn ou en l'aultre luy resteencor quelq, ferupu-
le,illuyseráosté ou csclaircy plus amplement cn aultre cndròict.
Toutcsfois deuant de finir cc discours dela NobleLance,8c passerrf-
uant aulx aultres parties Je debuois icy descrire les qualiteZ 8c charges des
Officiers.Maiscecysererámieulxenvn aultre lieu,ôc en gênerai Dont
m'en déportant a présent, je deduiray icy ce, qui est du de-
buoir des soldats, tant en particulier qu* en conv
mur», 8c puisadiousteray ce qui est
requis de tous Officiers.

Deck-
Et fouuernementdeU Cauallerie. 4£

DECLARATION DE LA
FIGVRÉ XII.
est vn pourtraict d'vnè Compagnie de Lanci-
ers, auec tous sesOfficiers, de 64. hommes.
Num. 1. L' esquadron entier de 8. hommes en
file.
Num. 1. Le Capitaine;
Num. 3. Leseruitcur luy portant la kncèj auec
aultres pages rhénans deux cheuaulx dé change âpres luy.
Num. 4. Les Trompetteurs.
Num. 5. Le Lieutenant.
Num. 6. La Cornette, ouPort-énseigne.
Num. % Comment lá file de 8.habilement repartie ils marchent
à quatre enfilé.
Num. 8. Le Capitaine auec aultres Officiers, qui le fuuient.
Num. 9» Celuy quialesoing des charriotsôcdeviuandiers.
Num. 10. L'Arriére garde des pages ôc valets 5 auec vne Petie ôii
cheual de fourrage.

G CHAP.
LiurìLLDeLÊxema^

CHAV II
De la Corraíse ôc quantité, ou nom-
bredela Compagnie.
À Compagnie des Corrasses pour estre de iuste quanti-
té doibcpour le moins, contenir cent hommes.
D' aultant fa propriété est principalement en ce
qu'est bien ioint 8cserre,commc en vn grand corps 8cso-
lide il entre én bataillé, 6cson effect consiste pour la plus
part au soustenir ôcarrester la violence ennemye.
Et de fait l'effect principal de ceste sotte de Caual-
lerie semonstre aux batailles, escarmouches en campagne ou en guarni son,
au soustién de la charge del'ehnemy,tafchant de rompre, dissiper 8cenfon-
la récherge, se fait en vn gfan
cer les ordres. Lequel soustién, 8c mefmé
corps 8c solide,ou de fa fermeté 6c pesanteur elle arreste la violence tant
d'Infanterie que de Cauallerie dé l'cnncmy. Or ayant en la partie précé-
dente de ce liure descript assezau clair la qualité 6c proprietéde la Corrasse,
j'estime n'estre besoing de m'y arrester en cc lieu, &te molester par vne fade
répétition desmesines choses.
Toutesfoisenvoyciles Officiers.
Le Capitaine.
Le Lieutenant.
Le Port-enseigne.
Lc Furier.
z Corporals»
2 Ou trois Trompetteurs.

Decla-
ÏÏ^VRE Xïïî. '•• -t.
"""

Es w ynpourtraictcPvneÒoni|íagnfe deCor-»-
raíïes de cent hommes.
Num,i. L'EÌquâàton ou Compagnie entière de
lo. en hie Ôccnligne.
Num. a. Le Capitaine.
Num. 3. Lies cheuaulx de change qui sont con-
duits âpres luy.
Num. 4. Les trompettes de la Compagnie.
Num.}. Lc Lieutenant.
Num. tf.LaGoriiétte» v"';.._', I . -:'*ú<-y-.*' '. '-
Nurn. 7. Commenta demies files, ascauoir a 5/u^ marchent auec
leur bagage.
Num. 8. Les Officiers. '''.'•'-.;"v';
Num. o. Les Charriots des a^sJOffieìers.;
Num. 10. Les Peti esou cheuaulx a fourrage des Cotasses,deíquels
chàíçun en doibt auoir le ílen.
Num. u. L'Arriere garde qui si trouue.

G i CHAP.
i* Ume IL '&&fyf%tàrz

G H A P III
Des Arquebusiers > Garrabins ouBatidel-
liers a Cheual, ôc dé ìa quantité de le-
urs Compagnies»

'AVLÏAN T* que l'Arqucbusier produit son effect en bà-


tailles,efcarmouchcs 8c aultres occurrences militaires,
en efquadrons larges 6c ouuerts a peu, 8c toutesfois as-
sez fortes files :lln'yfauldra que yo. ou 6o. hommes po-
ur le plus pour vne Çompagnic,pour fairequelq; chose.
De sorte que leur Compagnies né se doibuent faire plus
grandes que celles des lances.
Car cn les eonduilant contre lennemy ; ce qui panera de $. 4. 5. ou
six files au plus sera inutile, 6cplustost dommageable quedeprofir.
Et la prattique monstre, que la première file ayant tait fa charge de
l'arquebus contre l'ehnemy, serétire pourfaire place a la seconde,8c ainsi des;
aultres. De sorte que si tu y as plus de 4. ou 6. files, tu en auras plus d'erh-
peschement que d'auantage. Et voiton par ce moyenjquel'effect principal
de Cestearmature consiste en peu 6cfortes files, comme / en fer ay plus am-
ple deduitte en son lieu.
La Compagnie à les Qfficicrs fuiuants.
Le Capitaine.
Le Lieutenant.
La Cornette.
Deux Corporals.
Deux trompetteurs.
L'Eseriuaindes monstres 8caultres Officiers,desquels on se sert aussi
en toutes les sortes delaCauallerie,pouuoinc mlìì estre descriptsicy, mais
n'ayants aulcuncommandernentsurlessoldats.jénclesrncts pas encelicu:
fans toutesfois preferireaux Capitaines,de s'en seruir ou non, en leurs Com-
pagnies a leur plaisir, 6cles faire tenir bons.
Or icy me semble que j'oy les crisAr contredits des ces Efcriuains des
ne soht contez entre les Officiers,entre
monstres,m'obiectantspourquoyils
lesquels ie conte toutesfois les trompetteurs.qui. sont tout desarmez & n'ont
que l'espee ? A ceulx cyje responds, que, Dieuaydant,je demonstreray am-
plement comment toutes sciences, arrs.prattiques, comme aussi toutes re-
cerches &cinuentions militaires tendent al'offensiue ôc defensiue.
Desquelles
EtgouuernemenìdeUC^^^' fc
Desauelseschascuné,enrôla
* défende
* - ^ùít'^^^Êâ^par
• wX "'
rà^iò^ef4ÌMWchJs.;
'
'. . '
/ ,.'
'*
V r*,
rfî>V.%r «..•- , •
Premièrement par moyens essentiels : 8c puis par quelqriés moyens
adioints ou accidentais. _
Ces deux fortes sont les vtays moyens,parlesquels,comme par cy de-
uant j'en ay aussi fait quelque mention,tout ce qui eh l'ait militaire á bon
commencement pëult paruenir a vne bonne fin. Comme en son heu il será
plus euidethment móhstré.
De sorte qu'en l'art militaire delaCaUalleriè, tout ce qu'on désire d«
conduire a fa fin désirée, y paruient par ces deux sortes des moyens, ascauo-
ir les essentiels, 8c âpres par les accidentais;
Lés Essehtiels,quant aux eommandements,offices, font propres te ap-
partiennent seulemét aceulxquéj'aynômez, afcáuoìr Capitaines,Lieute-
nants 8cc. Ceulx cy Commandent essentiellement aux soldats» premíerémêt
parleur voix, 5c puis parleur' fait augouuernement, au marcher, combat-
tre,guet,íentinelles 8c aultres occurrences de guerre > le tout en tel ordre
qu'il est requis en batailles, sièges, impressions ôc surprises ,ôc a maih armée
de les armes conuenables.
Mais les trompeteurs sont des moyens adjoints ; ou âëcidcntaulx, par
lesquels 6c aultres Officiers les soldats recoibuent quelque commande-
ment.
Pour meilleure intelligence decécy, 6c pour nous approcher de plus
prés a la chose mesme. Le TtompetteUr commande par le son de íà
a toute la de s' efueiller > se préparer au
trompette Compagnie
marcher, entrer ôc sortir, il excite au combaç, soit a loisir òu én
haste : de setenir Il commande a homme Ôccheual d'atta-
prests.
quer subitement renne my* ou luy résister constamment, il eom*
mande ôc sonne la retraitte. Jl commande aux Compagnies e-
fparses de sereioindre ôc reprendre leur rangs. En sommé il á com-
mandement non pas de petite,mais de tteígrande importance,
Comme on verráensonlieu plus ample deduitte.
Maisjeiictrouuc aulcune sortedeces commandements en cësËscri-
uains des monstres: 6c ceulx sont contraints de reçognóístre ces comman-
dements adioints ou accidentaulx des trompeteurs: dònt a bon droit ils font
contez 8cmis au rang des aultres Officicrs:ayants toutesfois esgard aux per-
sonnes , 6c aux qualiteZ ôc quantitez des charges & offices , qu'ils admini-
strent.
Cependant jc prie les Êscriuaihs des monstres , de ne prendre ce que
je dis de maie part, ôc comme s'il estoit dit à leur prciudice : comme auffi
Mess, les Trompetteurs ne vous enflez pas deces louanges, car aul-
trement me donnerez occasion de Vous monstrerl* occa-
sion d'abbattre vos crestes, tout ainsi que le paon,
quand il voit la laide deformité 6c sa-
leté de ses pieds.

O | Des
Des Drageons»
E debuois icy faire vn chapitre particulier des
Drage-
ons: mais d'aultant qu'ils font leur exploict non a che-
ual , mais a pied, j'en renuoye le lecteur désireux, de sea-
uoir leur qualitez.au liure premier, au quel il trouuera
ce qui est de leur exercice ôcdreísement. Toutesfois te
propose-
ray icy en la figure 15.vne Compagnie de Drageons auec sesOffi-
ciers marchants en campagne : dont tu verras quel est leur
equip
page ôc armature.
Et comme j'ay monstre chascune Compagnie apart en fa
figure: ainsi
les vois tu en la seiziefmc figure a toures les quatre sortes ensem-
bles.Comme Num. 1.les Lanciers.Num.z.les Corraf-
siers. Num. 3. les Arquebusiers:8c Num.4.
les Drageons.

DECLA-
Etgouuernementdela Cauaìlêrie.

DECLARATION DE LA
FIGVRE XIV.

Monstre vne Compagnie d Arque-


busiers,ôcíà quantité.
VM. i, La Compagnie ou esquadron de ^.hom-
mes.
Num. z. Le Capitaine.
Num. 3. Sonseruiteur.
Num. 4. Les Trompetteurs.
Num. 5. Le Lieutenant.
Num, 6. La Cornette.
Num. 7. Comment elle marche en Campagne.
Num. 8. Les Officiers qui les précédent.
Num. 9. Leur bagage Ôcarriére garde.

F I G V RE XV.

Vne Compagnie de 'Drageons.

Num. 1. La Compagnie de ìoo. hommes, cent Picquiers ôc


cent Mufquettiers, les picques de dix en file,Ôc 1o. en rang.
Au milieu les Mufquettiers es deux costez, a cinquante en
chaseun, sont dix files a cinq en chascunc.
Num. z. Le Capitaine.
Num. 3. Le seruiteur portant la picque ôc aultres armes.
Num. 4. Aultre seruiteur auec vne partisane.
Num. 5. Vn Sergeant.
Num. 6. Le Premier tambour.
Num. 7. Le Port-eníeigne.
Num. 8. Le Lieutenant auec vn tambour , qui conduit les
pre-
miers cinquante mufquettiers.
Num, 9. Vn Sergeant, conduisent le reste des mufquettiers.
Num.
'"
;: ^'ZJu^eTL^ •
• I«"•
*i :"- ''.-..'. •"."''>>'-.; . > -. ;'-vv'.-^ . - v-"v.. -.'.'
Num. lovCéSlu^èsSergeán^ Capitaine.
désarmés.
Num, ii. Comme én Campagne ils marchent en bon ordre.
Num. ix. Le bagage ôc arriére garde.

F I G V R E XVL

Les quatreCompagnies des quatre fortes de la Cauallerie.

Num. i. Esquadron de Lanciers de 04. hommes.


Num. z. Corassesde cerit hommes.
Num. 3. Arquebusiers a 64. en l'eíquadron.
, Num. 4. Drageons, zoo. en esquadron.

C&AP
Et gouuernernent de U Cauallerie.

CHAP. IV.
Commentil fault exercervné
Compagnie.

L n'est besoing de monstre de quelle ithportahcé il est


pour le Capitaine,d' auoir sa Compagnie bien dresséeôc
disciplinée : veu que ôc corps ôc vie, ôchonneur ôcrepu-
racion en dépendent,fans encor , selon le serment au-
quel il est obligé, le bien ôcseruice de son Chef General.
De faiòt c'est le moyen,par lequel on coghoist Y affe-
ction du Capitaine, ôc le bout principal qu'ils'est p.ropo-
íe en ía charge, ascauoir oul'acquisicion8cauancement de son honneur ôc
repuracion, recommandation de sa personne, auarice, 8c le bien 8cseruicé
de son chef souuerain.Toutes cesefíections dis je apparoissenten ce poinct:
de diligence ou negligence,en l'exercice 6cdressement dé ceulx de fa Com-
pagnie.
Car ces deux Le capitaine poursui-
règles font irifallibles.
uant 1' honneur ôc kreputacion, auancementôc commendátioh
de k personne, tasche fur lesquels il
par tous moyens possibles,
íonge nuictôciour, dauoir fa bien dressée ôc disci-
Compagnie
plinée , pour non seulement auancer le bien de son chef,mais auffi
de faire íelon son estât & calibre louable. Et tel
quelq; chose
ne fauldra de parue-
Capitaine s'y mettant comme il appartient,
nir au bout de ses
prétendons.
Mais le Capitaine auaricieux cerchant sescommoditez pro-
pres , ôc ne sert que pour l'amour de fa solde, n' est guere soucieùlx
de fa Compagnie, pour l'exercer ôc dresser. Ains iour ôc nuictií
íonge fur l'accroist de fa bourse. Et en quelle reputacion oridoi-
bue auoir vn tel Capitaine, nous le monstrerons en son lieu es tra -
itr.cz íuiuants.
Afin donc que le Capitaine ay t fa Compagnie bien dressée, il
exercera diligemment sessoldats es poincts fuiuants.
Entrant enCahipagne pou r semettre sur l'exercice, il examine premiè-
rement íes soldats ou fa Cauallerie, s'ils sont bien fournis de toutes leurs ar-
mes requises, fi elles font entières & bonnes. 11les recerche s'ils sont ama-
teurs de i'art militaire, Scdela milice: Chose qui facilement sevoitaùgou-
H uerne-
5* Liure II. t)e L Exercice
uernçment des dittçs armes: si elles sont bien nettes te polies. Puis il leur
imprime Wen V entendement de cestermes fuiuans, pour y obéir promp-
ts ment.
Se tenir cn bataille ouuerte ou serrée»
Se tenir en bataille oi|uçrtc,se fait en quatre sortes:
I. En vne distance commune ôc ordinaire.
II. En vne distance duple»
III. En vne distance triple.
IV» En vne distance quadruple»
Distance commune Ôc ordinaire se dit, quand les soldats e-»
st ants a cheual, lai fient quatre pas de distance a dextre ôc a sene-
stre, deuant ôc derrière. Comme on voit Fig. 17. Num.i.
Distance duple, quand il y a par tout vne distance de 8. pas.
Num. u
Distance triple quand il y a 12.pas. Num.3.
Distance quadruple, quand il y a 16. pas.
Setenir en bataille íerréc, sefait en trois manières.
h En rangs serrez Ôcfiles ouuerces. Fig. 18»Num. 3.
II. Ën files serrées Ôcrangs ouuerts Num. z.
III. En rangs ôcfiles serrez ensemble. Fig. 19. Num.i.
Lc Capitaine enseigne aufli sessoldats que c'est des rangs
ôcfiles,comment des files on fait des rangs, ôc au contraire des
rangs on fait les files»
Il les enseigne comment il se fault tourner.
A dextre.
A senestre.
A dextre Ôcsenestre.
Doubler les files a dextre Ôca senestre.
Doubler les files pour la premiere,seconde,troisieíme fois,
ou aultant que tu vouldras»
Doubler les rangs.
Serrer les rangs par deuant ou par derrière.
Serrer les rangs a dextre* a senestre, ou á tous deux costez;.
Ouurír les files par deuant ou par derrière.
Ouurirles rangs a dextre, a senestre, ou a deux costez.
Serrer les files Ôcrangs ensemble.
Tourner les files adroicte ou a gauche en marchant.
Tournerlesrangsa droicte ou a gauche, au marcher.
Se lancer a dextre.
Se lancer a senestre» y
Tous ces poincts sont déclarez a suffisance au liurcprccedct
toutesfois j'feaferayiey vnbrief
<|el'art militaire de l'Infanterie:
raccùeil,r'enuoyantdureste lé lecteur a ce^ui yestduv

A dextre. .;-t

Voulant que ton Esquadron òu Compagnie tourne saface


vers le coste dextre, tu vses seulement dece mot sa dextrê.Et alors,
tu vois Num.5. Fig. 17. .. .
ils'y tournera,comme

A Senestre.

Quand il se doibt tourner vers kmain gauche:Voy Num.


é.Fig.17.
A dextre Çffenestre.

C'est quand tu veulx,que tout 1' esquadron tourne sa face


Vers le lieu,vers lequel au parauant il àuóit tourné le dos : qui se
fait en deux manières -yl'vne partie s'y tournant par le costé dex-
tre jôcl' aultre paf lc senestre, comme Num. 7. Fig.7;

'Doubler les files a dextre & afenestrê.

Ie t'en ay monstre la manière de faire,au premier liure cn


l'Infanterie : Ôcest vn poinct singulièrement notable ôcnecclkire
cn la CaiiallerieíFoccasion s en présentant es batailles,eícarmou-
ches, surprises, meslecs, ôcaultres occurrences militaires: ôc prin-
cipalement afin qu' estant en danger d'estre serré ou circonuenu
de l'ennemy, tu te puisses promptement défendre: ôc s'il t' atta-'
quoit trop puissarhent, ta front estant tropfoible pour lesoustc-
: Et ta Compagnie
nir:tuter'ènforcerasparlemoyendecemot
L' Elqua-
y estant bien exercée,tu en sentiras singulier auantage.
dron double se monstre Num. 8. redouble pour la lecondefois
Num. 9.
Doubler les rangs a dextre ou fenestre.

Comme les files sont doubles par deuant, ainsi se doublent


ôc redoublent les rágs par les costez. Corne on Voit N um. i. Fig. 18..
Hz Serrer
'*<> Lìurè II. DeLExemne
Serrer Usfiles.

Cecy sefait eh là Cauallerie, seulement jpar deuant : inais cn


l'Infanteric auísi par derrière. Comme Num. i» Fig. 18.

Serrer les rangs.

Ceeyse fait cn deux manières Premièrement a dexrfé, t'a-


a scnestre,quand tu te r' astreins
uançant de ce costé.Secondement
de ceste part. Comme tu voisNum, 3,Fig. 18»

Ouùrir lèsfilés.

Cecy sefait,asiriqùc voulant attaquer l'ehhemy,tu eslargis


tes files aultant qu'il est de besoing,en sorte que l'vne donne licU à
l'aultre i pour sepouuoir retirer, ou auancer selon le besoing, ou
se couuru; l'vne 1*aultre.* Voy Num. 4. Fig. 18.
pour pouuoir

Ouùrir Us rdhgs\

C'est vne ay de singulièrement àúantageuse : quand tu veujx


tourner le front de ta bataille, tu fais ouùrir les rangs, afin qu'elle
vers k queue: ainsi se fáít auíîl cn aul-
puisse marcher entre deux
tres occasions. Comme tu vois N u m. 4. Fig. 18.

Serrer les rangs.

de setenir a files Ôc
Cecy est des proprietez de corrasse, rangs
serrez en bon ordre : mais s'vse aussi aulcunes fois es aultres
parties
de la Cauallerie. Voy le rang serré Num. 1.Fig. 19,

Tourner lèsfiles a dextre òu àfeneílrè eh marchant.

Tu te serùiras de cecy eh voulant détourner ta bataille : ôcfe


fait bn deux maniérés : a dextre ou a senestre,où en files ou en f ágs.
Asiles, voy Num. 2..Fig. 19.

Tourner les rangs a droiële ou a gauche en marchant.

Comme il aestédit des files, ainsi en fait on auffi au rah>s


ÈtgouuernemëntdelàCaualkrie. ix
les faisant tourner a dextre, ou a senestre ainsi qu'il te
plaist* Voy
Num. 3. Fig. 19;
Se lancer a dextre.

Cecy t'a esté monstre au liure ^ auec instruction


premier
comment il se fait. Et est vn fort vtile ôc notable , princi-
poinct
cri k Cauallerie,
palement qui se lance souuent, quand
il est
que-
stion d'inuestir. Or cecy se fait en deux manières: Premièrement
a ferme $ ôc
pied puis en tournant : ôc toutes deux a dextre ou a se-
nestre. A dextre ôc fermé : celuy qui est al'extrémité
pied quand
du costé senestrcjdcmeurát eh reste de toute l'orddrian-
íàplàce,lé
ce, se tourne du
pied droict,
vers le costé
gauche, comme on voit
Nurri. 4. Fig. 19. Ainsi doibt on auffi procéder au lancer adextreja
pied mobile ôc tourne : mais alors tu ne demeures en ta
place, ains
te tournes en la a ton
Compagne plaisir»

Se lancer ajenefirc.

Commétuasesté
aduertyau lancer a droictjainsi se fault il
àuffi comporter icy^en faisanye contraire quant au costé
qu'on
ascauoir que celuy qui est á 1*extrémité se tenant còy,tout
f>rend,
ereste setourne au pied gauche vers le costé droict. Comme tu
voys Num.5. Fig. 19.
A prés auoir ainsi exercé tes soldats es poincts susdits, tu les enseigneras
áuìlì a tirer de leurs arquebus par r ágs 8c filcs:8c auras principalemëtccsoing;
ascauoir qu'ils le fáccnt én sises bien serrées 6c eìgales> soitaupas,autror,
galop oh carrière : 8c qu' ayant fait leur chargé, ils se rctircht én cartièreá
dextre ou a senestre, Vers la quetie de leur cornette, pour se préparera la se-
conde charge,soubs la couùertúreëc chaleur des files,quì au commencemét
les fuiuoint,máis maintenant sont deuant eulx. Etcecy, il le fault itérer è>c
continuer iufques á ce qu'ils y soyent bien dressez,, comme tu voys cn vnë
Compagnie d'arquebusiers éri la figure 20. Num. 1. Est vh eíquàdroh dé
Cárrabiris,chargCaritl'Infanterie ennemie setenant en bataille Num.2.Icy
tu repartiras taC om pagnie en quatrechaseune de i6.cheuaulx.La première
s'auance enuiron 30 ou 4o.pas deuant lasecondes les àuitres,pf emicremét
ail galóp,puis én pléine carrière pour dónef íà charge, cómeNum.jf. Et aussi
toiïqu'élle au ráfaict: son debuoir,elle se tourneta a gauche en carrière, f vh
ftiiuaht f aultrej & faisant ainsi de leur filevh rang j cn leur rétraitte. Etso
fait en la manière suiuante: Ayants tbus déchargez leurs arquebus Ristour-
nent ieiirs cheuaulx a senestre: Le premier ainsi preccde,ôc les aultres sui-
uent sa pisté, chasçun eh son ordre,faifans ainsi vn rang, qui se retire vers
la queue de l'esquadron.ou des aulrres sisesqui le suiuent ên mesme ordre 8c
diítance,ôc se retirent en mesme sotte comme tu vois Num. 4. Et par ainsi
írl 3 toutes
U Liure l& Dc.L Exercice \
toutes les silesfc font place l'vne a l'aultre^pour pouuoir iouer de leurs ar-
mes :commè onvoitNum^.Etdùrantceste retrâitteils sepréparent ppur.
retourner a la charge en leur tour. Et cecy s'appelle vne chargé par sises.
Mais voulant chargerl'ennemy par rangs : Tu ordonneras ton esqua-
dron cn quatre rangs, Num. 6t contre l'ennemy Num. 7. Et le voulant
attaquer au flanc, tu ferâs semblant de vouloit passer oùltredc cé costé:mais
estant paruenu al'ehdroit,outuluy veulx faire la charge, tu les feras passer
en carrière, non les cheuaulx, mais seulement leur corps tournez vers l'en-
nemy, dônhans fcú contre luy, comme Num. 8.Ce qu'ayants fait, ilsíselan-
cent a gauche,pour fàire place a Ceulx qui les suiuent, se retirans auílì vers
le dos de leur esquadron, cóme Num. 9. Iufques a retourner a leUr premier
liçu,8c faire leur seconde charge : Num. 10. Or comme la charge se fait
ce moyen a senestre,ainsi se fait elle áussi a dextre,changé seulement
a manière de selancer selon l'opportunité.
f>ar Et regarde que toutes les tròis
sortes de Cauallerie soyët bien exercées en ces pòincts, estants de treígraii-
de importance 8Cpour toy 6c pour tes cheuaulx: ainsi que verras cy âpres.
Tu dresseras aussites soldats au càtracol, qui est en détour de la place
ou tu te tenois, pour laisser passer la furie de l'ennemy.quit'y pensoit char-
ger: 6c sefait où en personnes singulières, ou en efquadrons entiers.Comme
tu vois Fig*2Í. Or òn s'y met en la manière fuiuante.
Estant en campagne ôc prestau combat : tu tiendras ta Compagnie en
bon ordre 6c biéhvnie. Et voyant quérennemys'auancepourtecharger,
tu feras que ta Compagnie se détourne ainsi vnie qu'elle est, a dextre ou a
fencstre( selon que de ton ennemy te será donnée l'occasiohj de la place ou
elle setenoit vers vh aultre costé; dé sorte*que l'ennemy se prenne a la place
vuide. Ett'appercebuant deluy auoir donné assezde place au passage,tu
te ietteras, faisant tourner ta Compagnie subitement contreleflancd'ice-
luy: comme tu vois Num. 2.1.Fig 21.
Num. 1. est la première pkce,ou tu attedois l'ennemy : qu i te
voulant charger. Num. i. tu te retires,faisant vn carracol de ton e-

squadron vers la dextre.Et ayant donné lieu au passage, ton esqua-


dron se tourne, le chargeant au costc (voy Num. 3. ) Et comme tu
saisie carracol a dextre, ainsi íe fait aufli a senestre, comme Num.
4. Qui est k pkce,ou l'ennemy te pretendoir charger cn carrière:
mais comme tu voys Num. 5. il prend la place vuide
cependant.
Num.6. tu tournes ton esquadron vers k l'en-
senestre^chargeant
nemy au flanc.
On fait auffi le détour d'vne
aultre'maniere,auquel tupeuís
prendre l'ennemy au deux flancs, Comme on voir c n k figure ad-
iointe.Num. 7. est le lieu auquel tu te tenois contre senne' ,y :mais
auffi qu'il se prépare pour te charger,tu ouures ton eíq u adrort,qui
se sépare adextre ôcasenestre, luy donnant place pour panser pat
le milieu :ôc entré
qu'il est au milieu, tu lé charges des deux Moy-
tiez
EtgùuuernementdelaCauaUerie. «$v
tiez de ton esquadron 8.8.a tous deux costez, le serrât entre deux.
Comme tu vois Num» 9.
Ceste manière est la plus propre ôc facile,rnoyennant que les
soldats y soyent bien drestez.
Aussi y ail encor vneaultresorte de carracol, qui se (àit des ttoupes
lancées a dextre ou a senestre. A dextre >quand l'ennemy te chargeant, tu
quittes ta place commeilacstédit, 8c taisant tourner toh esquadron quelq;
peu a senestre, tu le lances derechef a dextre, te iettant fur luy de cé costé.
Comme tu vois Fig. 22. Num. 1. Est ton esquadron Caracolant première-
ment adextre,pour sedétourner de l'ennemy Num.*. puisse lançant a dex-
tre, 8c chargeant ainsi l'ennemy , en pleine carrière. Et cecy s' appelle le
carracol a dextre. A senestre se fait, quand déclinant de tá place Vêts la sene-
stred'efquadrendeláselance vers la dextre. Num. 3. pour se ietter fur l'en-
nemy Num.4.Eticy te peulx tu derechef seruir de la forte monstréc en la
Fig. 21. L'csquadron reparti, 8c puis l'vne de parties lancée adextre l'aultre a
senestre Num. j. 6c 6. Sur l'ennemy Num. 7. par derrière.
Deces poincts, tes soldats y estant bien dressez ôc exercez, tu en auras
non seulement des grans auantages, mais aussi déclineras maint grand dan-
ger. Car, comme on voit bien clairement, quand vn esquadron de Kenne-
my t'attaque en ordonnance serrée.il fait íà charge ou en galop,ou en carriè-
re: cependant tu ne te bouges,sinon que peu a peu tu te détournes de ta pla-
ce a dextre ou a scaestre, 8c luy fais puis teste au lieu auquel il ne pensoit. Io-
int que tu ayant quitté ta place: il fault que l'ennemy y passe fans essect: ou
se voulant tourner vers toy.il perd la force de fa carrière, 8c par conséquent
de fa charge,qu' il te pensoit faire, oultre la defaitte de son ordon-
nance: de sorte qu'il te vient ioindre en grand désor-
dre 8c confusion: 6c tu demeures cependant
cn bon ordre, pour le rcccbuoirSc
soustenir brauement.

DECLA-
«+ LiureJL DeL Exercice

DECLARATION DES
FIGVRES DV Q^V A T R L
ESME CHAPITRE.

N la Fig. 17. tu vois comment se fait 1' exercice


de la Cauallerie, par
l'exemple d'vne Com-
pagnie d'arquebusiers de 64. hommes,
Num. 1. Distance commune.
i^um. 2. Distance duple.
Num. 3. Distance triple.
Num. 4. Tour a dextre.
Num. 5. Retour a dextre.
Num. 6. Retour a senestre.
Num. 7. Retour adextre ôc a senestre.
Num. 8. Les files doubles a dextre ou a senestre»
Num. 9. Redoublees pour la seconde fois.

Figura /<?»/

Num. 1. Les rangs doublez.


Num. 2. Les files serrées,
Num. 3. Les rangs serrez.
Num. 4. Les files ouuertes.
Num. 5. Les rangs ouuerts.

Figura 19.

Num» i.Files ôc rangs serrez.


Num. 2. Files tournées a dextre ou a senestre au marcher.
Num. 3. Rangs tournez a senestre ou a dextre au marcher.
Num. 4. Se lancer a dextre.
Num. 5. Se lancer a senestre.
Fi H v>:A
lEt gotiuernemtnt de la Caualleriê. fy
20.
Figura.
»

Monstre comment il fault l'ennemy en files oueri


attaquer
rangs.
ÍMum, i. Est vne Compagnie de Carrabins,qui doibt combat-
tre enuiron zoo. Infants ,Num.2. en pleine campagne.
Num. 3. La première file,qui enuiron a zó,ou 30. pas tire en carriè-
re contre T ennemy.
a fene-^
Num,4. Ayant tire^ils font de leur file vn rang,se tournants
stre pour donner place aux fumants.
Num. 5. Ayans rechargé leurs arquebus en carriere,fe remettent
a la queue de leur esquadron.
Num.6. Vne Compagnie d'arquebusìers,quienrangs prennent
l'ennemy au coite.
Num. 7. La troUpe ennemie qu'il va attaquer.
Num. 8. Le premier rang donnant f eu fur l'ennemy.
Num. 9. Le dit rang âpres fa décharge fé reculant & rechargeant
ses arquebus.
Num.i o» Se remet en fa première place*

21*
Figura

Monstre les carracols des Esquadrons en batailles & escar-


mouches.
Num.1. Est ta première place.
Num. i. Est Fennemy qui te vient charger.
Num. 3. Le carracoí que tu fais de ta place Vers le costé droictj
de la te lancer cotre le flanc de ton ennemVjen carrière*
pour
Num. 4. La seconde place.
Num. 5, L'ennemy faiísaiìt fa charge.
Num.6. Carracoí de ton esquadron Vêts la fenestre.
Num.7.Latroiíiefme place-
Num. 8. 8. Ta trouppediuifée,faifantplacea l'ennemy pour en-
trer entre deux.
Num. 9. L'attaquent de tous deux costez.

22.
Figura
Les destours ou Carracols â troupes lancées à dextre ou a
ícnestre,
ï Num.
66 Liure II. De D Exercice
Num.i. Ton Esquadron carracole a dextre, puis tourne a senc-
stre,f>our de láse lancer a dextre contre l'ennemy Num. z.
Num. 3.Ton Esquadron carracole a senestfe, puis tourné a dex-
tre , pour de lá se lancer asenestresur l'ennemy Num.4.
Num» 5* Se lancer a dextre ,& prendre l'ennemy par la qucùc.
Num. 6. Comment se lancer a íenestrepourmeímeerFect:.
Num, 7. L'ennemy, qui chargé par derrière d'vn esquadron di-
uisé, seveult tourner pour ía défense.

Troì-
EtgMHtrntment deU Caualterìe> *1

Troisicíme partie*
DES BATAILLES, COM-
MENT LES COMPAGNI-
ES Y DOIBVENT ESTRE
ORDONNÉES.

OVR faire quelque choie contre ì'ennerhy,est


'singulièrement requis, que ta Compagnie soit
1bien
instruitte, comment elìe se doibt compor-
, ter es batailles &: escarmouches >de faire sescnar-
i ger,d'attaquer,perçer,enfonçer>&:faire íaretra-
' itte : non feulement de
poincts qui importent
ton honneur,mais auíïì deíquelles dépend la vie de toy & de tes
soldats.
Dont pour en auoir
quelque adresse, j'en deduiray les mo-
yens dechaícune partie de la Cauallerie, en l'ordre auquel nous
en auons parlé
par cy deuant.

CHAP.l
Ordonnance dvne Compagnie
de Lances.

OVR bien ordonner vne Compagnie de lances en bataille,


pren garde quejamais tu ne poses plus de deux files, pour atta-
ques ; asseuré, que non feulement la troisiesme, quatriesme,&c.
te setá plustost dommageable que profitable: triais aussi mef-
me la leconde neparuieatapeineauquartde son effect requis. Et s'il est
L z ainsi
SB Liure IL î)e L Exercice
ainsi qu'en vne bataille la seconde file fault dcsapretencion ; queserácç.de
la troisicsmcquauicsme, cinquiesme, comme on en a vsé iusques a présent?
Et qu'il foit tresueritablë jet* en monstrerayîCs raisons &cspreuues.
La première file chargeant l'ennemy de fa lance . ne prend fa résolu-
cionde son fait, ascauoir de la présenter a 1' hbmme ou au cheual /sinon
sacarrière. Chose qui n' est concédée a la seconde
quand elle commence
file, la première luy ostant laveiic , tellement qu'elle ne peult veoyrquelle
commodité ou occasion luy pourroit estre donnée, de lnomme ou du che-
selon l'instruction donnée dessus ,doibtc-
ual,desquels oul'vn ou l'aultrc,
fìrccerché.
Pour le second, en est le cnoc aussi incertain,se faisant en mesme haul-
teur & parle flancde la première,al'aduenture de toucher ou de faillir. ...
Pour le troisiesmc, les cheúaulx de la première file, la détiennent,
luy rompent la vigeur de íâ course: de sotte qu'elle ne peult ioindrel'enne-
myauec la force requise;
Pour le quatriesme,s'il y a quelques cheúaulx de la première íîìe blessez
ou aulcrement tombez par terre : la seconde file aussi en est empeschée de
son effect,estant contrainte dépasser par dessus : chose qui ne se fait fans
les aultres s' en re-
danger,comme on voit, pource qu'vn cheual tombant,
tirent. Et combien que tu paílcs, s'y pérs tu toute la force de ton coup.
Pourlecinquiéíme,yail aussi cest inconuenient, que la première ijle
ayant rompu fa lance fur l'ennemy, fans effect, de percer l'esquadron d'íce
luy, pressé de la seconde qui luy est sur le dos, ne se peult retirer ne a dextre,
ne a senestre, beaucoup moins en arriére: De sorte que la seconde file bien
souuent est plus dangereuse a sescompagnons, que l'ennemy mesmCiCho-
seremarquée de plusieurs bons Capitaines. \
Desquelles raisohson voitai'oeil,commentla seconde file nonscule-
mais aussi peult réussir
mentperd vne grande partie de son effect prétendu,
au danger de ses compagnons: Et íeroitbien le plus seur , de n' y admettre
non plus qu' vne seule file: Contre l'opinion de Basta,cnfeignant qu'il fault
ordonner les lancés én petits esqûadrons de 25,hommes,serrez comme eh vn,
neud : en laquelle il se contredit soy mesme. Comme de fait, si on regar,
de les fondements , c'est vne faulte & contradiction manifeste, félonies
espreuues & raisons dessus posées : renuoyant le lecteur a la considération
des absurditez & contrarierez, ausqucHcs le dit Basta s'enucloppe en son
traitté
Car tantost, dit il, qu'il fault ordonnes les lances en petites troupes &
de peu de files: voyre de nó plus de deux;y adioustant les raisons & motiues as-
sez propres & suffisantes: Tantost dit ilderechcf,qu'illes fault ordonner en
petits esqûadrons, de cinq files serrées en vn neud. Ou je me rapporte au iu-
gement du lecteur,s'il n'y a vne contradiction trop manifeste.
Maismediraon:Outrouuerâonvnc campagne assezspacieuse ou am-
ple pour tel ordre ? Car mettant jo. cheúaulx en vne file, tu trouueras vne
grande espace empeschée. A quoy je respons,qu'il sefaùlt touíîours régler fé-
lon la commotiité du lieu,auquel on doibt mettre les lances en ceuure.fcor-
donner les esqûadrons selon icelle : E t n' y aurálieu,auquel tu ne puisses met-
tre, 3. 4. j. 6.7.8.10.11.15.18.2o. &:c. en file,selon l'occasion seprésentera
' de batailler: mais a
condicion,que tu ne serres deux files ensemble,ains y lais-
sesla
EtgoHuernementdelaC*ttóUerie. c$
lès la distance de IO.OU jo. pas entre dcux,afin que la première faisant faul-
tt, ayt place suffisante pour saretraittc. Qui est vne considération tresne-
ccssairc, ascausir que la première file, quoy que forte & puissante, pouuant
cstrerepóuUee par l'ennemy sans paruenir au bout de sondessein,fe puisse
commodément retirer : & icclle retirée, la seconde chargera lc mesme
lieu; & puis la troisiésme ouquatriesmt ,iusqUes a cé que ton effect soit ac-

comply.
Voy fur cecy la figure 2%.Num.i.Est vn esquadron de lances a 8. files &
rangs serrez : ou tu verras facilement le peud'effect s'il attaquoit l'ennemy
en ceftesorte. Cequisecognoistmieulx Num. 2. en deux files, desquelles
la seconde ne peult ioindre l'ennemy auec effect de sa lance >a cause des
faultes dessus dittes. Num.;. Est vne Compagnie de lances, qui charge
l'Infanterieennemye: outu peulx remarquer aussi le mesme, ascauoir que
la première file estant répoulfée, la seconde ne peult ioindre l'ennemy,
ayant, par ce qu'elle est contrainte de passer par dessus les cheúaulx de ses
compagnons, les lances trop haultes Num. 4. Comment atta-
quent l'ennemy en bon ordre & distance requise pour '
laretraitteNum.i.Lapremieresileayantfaitsa
charge, seretire en carrière, pour sere
ioindre a la queue de son
esouadron.

CHAP.
yo Liure IL DeLExercice

GHAP. IL
AY monstre es discours precedens ,<jue c'est dé la pro*
jrieté de lalance de combattre en petits esquadrós,& d'y
jroduire seséffects.
Or afin que tu entendes mieulx ce
que je
yeulx dire j & voyes comme en vne
expérience,
que par semblables eíquadrònceaulx , assistez
toutesfois tant dé leurs Omciers,qué du reite de la
Compagnie
ne soit
en lattiàniere susditte,encor quelle que de 40. testes, tu
feras tout aultant, & de ce du passé, & encor de
plus que présent
Ie te monstreray (chose qui de plu-
on feroitauec 300* ou 400.
sieurs n'a peu eftre remarquée ) comment auec vne
Compagnie,
ou plusieUres tu te défendras de ton ennemy , qui t'est eígalou
te deuance en forces»
qui
il te fault aúoir esgard a ces poincts fuiuants.
Etpour cé faire,
Pi cûiicierriéntsi tuas affaire a des lances seules,ou bien s'il y a de la Ca-
tìallerié & Infanterie, ioincts chez l'ennemy.
Secondement, en quelle manière tudoibs ordonner ta bataille, auec
aultrés sortes de Cauallerie & Infanterie iointe.
Tiercement,si ton combat est offensif ou défensif: ou si tu vas cerchant
te cerchc : car en chafeuftendroit il y fault vne
l'ennemy, ou bien si l'ennemy
manière particulière de bataille.
Si ton ordonnance est defensiue contre aultres «lances ,qui te sont ou
: Lors tu y as deux moyens ou manières de
pareilles, ou te surpassent en force
te ranger.
L'vne en ordonnance ouuerte»
L'aultre en ordonnance ferrée»
La defençe en ordónanceouuertescfait,quand bien résolu tu rencon-
tres l'ennemy auec petits esqûadrons repartis, en pleine carrière: Corn m e tu
en vois deux exemples. Num. 1. Fig. 48. ÔÍ24. Auec vne Compagnie : &
Num.z.Fig. z4. Auec plusieurs Compagnies.
La defence en ordonnance serrée, á deux poincts a remarquer.
I. Si tu peulx estre attaqué en rond ou de toutes
parts.
II. S'il y a dont tu te
quelq; petit auantage, puisses íeruir»
ou de toutes parts: lors tu te mettras
Craignant d'estre chargé en rond
en bataille ronde ou quarrée, dos contre dos comme tu vois Fig. 24. N um. $.
auec vne Compagnie seule, & Num. 4. auec quatre Compagnies.
Mais
Et gouuernement de lá Qauailériè. 71
Mais si tu n'es en ce danger, tu te renforceras le pi us de la part dont ta
attens d'estré attaqué.
Si tues en poinct de défendre resoluement èn ordonnancé oúuérte: tu
regarderas deuant toutes choses si ton cheual est reposé & bastant, ou s'il
est encor las du voyage, dont tu prendras auis de le faire, ou de t'en dé-
porter.
Carsituestôis attaqué, ton cheual estant las & maítraitté : il ne te se-
iroit aulcunement a conseiller de te défendre en ordonnance ouuerte,ains
bienserrée: Et y á grande différence de se défendre en carriere,ou en
galop,
ou en carracoí, & a pied ferme: cecy se faisant, quand les cheúaulx sont las
& harassez-, l'aultrequand ils sont refraichisôc
reposez.
Tutepeulxaussiayderd'vne aultrë defence a ordonnances ferrées;
ascauoir que te serrant dos a dos ; quand l'ennemy qui aussi est des lanciers
te charge, tu le rencontres de tes esquadronceaulx en carrière -. comme tu
Vois Fig. 2 y.Num. 1. Ton esquadron, qui délaissant sa première place > se
tourne caracollant en la campagne, pour sa defence contre la
charge dé
l'ennemy, comme tu vois Num. 2. de la ditte figure.
Ayebonesgardque tes esqûadrons ne soyent ordonnez fvrt derrière
l'aultre : ains en telle sorte,qu'il y ay t tousiour assezde distance entre ceulx de
deuant, que ceulx de derrière y puissent passer entre deux : De
quoy nous parlerons encor en la quatriesme partie,
& se voit Fig. 24. Num. a.

CHAP.
7* Liure II. ^De L'Exercice

G H A P. III.
[ d'vne Compagnie de <5o.Lances, tu veulx attaquer vne
croupe de /oo. Corrasses ou dauantage , tu ordonneras
pour les rompre & enfoncer ta bataille en la manière sui-
uante. Reparty tes lances en huict parties, comme Fig.
26. Num. 1.desquelles tuirastrouuerles Corrassezvnies
6c serrées en vn corps : Comme tu vois Num. 2.
Charge d'vne file de tes lances le costé droict.de
l'aultre le gauche, de la troifiesme la queiie des dictes
Corrasses: qui estant ainsi attaquées de ces trois costez, seront contraintes
de íe mettre en defence: &pour ce faire il leur será force de dissouldrc eulx
mesmes, non fans ton grand auantage leur bonne ordonnance.
Car élles se tournent vers les costez assaillis, voyla défia, deuant de le-
ur faire aulcune force leur corps désuni. Or ayant ainsi enuoyé les d'.ttes
trois files a cercher ou essayer l'aucnture de leui effect, & y voyant, peult e-
stre l'vne ou toutes trois qui non vient a bout, ou aux flancs ou a la queiie, tu
y enuoycras,icelle s'estant retirée,trois aultres fraisehes des cinq que tu auois
en reserué, contre les mesmes endroicts,efquels le commencement est dé-
fia fait i&i será la defaitte fans aulcune doubte plus facile. Et de fait les char-
geant ainsi de tous costez , tu nepeulx faillir de les enfoncer,ou pour le
moins de rompre leurs ordres, soit qu'elles résident, ou non.Cat (ì elles ne
font resistence, la nature mesme le mon lire qu'il fault qu'elles ployent: & fi
elles semettent fur la defence, elles se desfont d'elles mesmes, en setournant
&mouuant vers les costez assaillis.
Or on : Estant cn ceste
acecy pourroit répliquer attaqué
forte j on pourroit en vne
ferrer les coriaces ordonnance
ronde,
dos contre dos, de forte que de quelconque costé les vou-
qu'on
lust elles monstrassent vne front. Mais j' y respons :
charger, que
te voyant ferre en vne telle ordonnance rondeau ne íèrois char-
ainsi de tous costez:ains d'vnflanc> certes alors tu te
ge auquel
trouuerois tenir bon, & lerois auíli facilement
tropdcbile pour
défait.
Tu vois donc est de la lance: & comment
quelle Toperacion
des tu enfoncer, &
aueclamoytié gens, peulxattaquer, empor-
ter les corraces: choíè de les CorraíTesne íepeuuentaul-
laquelle
cunement louer íur les lances.
Estant d'aultre part contraint de combatre ou te défendre des Cor-
rasses , tu prendras garde a ces deux poincts.
Si
se <k»fet tenir eh
NanM.Coasrcafpi-*^^
bonne diíUnce^f
o^áSue.
Num. 2.. Coiima«nt4, <tót>uent estfc ordonnées a
Ç^^gnics
l'ofíensiue.
'Éʧ?S* $
so r dorme a la desensiue.
Num.3.Cemmca^pne^^|p^a^||s
Num. 4. Comment 4.Con»fasgaicssotttbien ordonnées a la de-
fence.

Num. 1.Quatre Compagnies de^aftíes ocdcmnces ala


áesensiuc,
font chargées èc Num. i Mais
<$3&re aultresCori^^pttcs
en la rencontre, quittant la dcíensiue,s
opposent a l'enne*
my enl'offeníìue,
Fig.
Et gonuernement deiaCauaUerìè. 75
Figura, 26*

Hum. t. Vne Compagnie de Corrasses, íè tenant èn ordonnance,


ferrée. .
Num, r. Vne Comp. de 64.Lances diuisée en S.esquadronceaulxj
qui chargent les corrasses aux flancs & en queiie.
Num. 3. Trois aultres files de la reserue,qui font la recharge des
précédentes.
Num. 4. Sont les trois premières files, qui ayant failly de leur efc
fect,se retirent.
Figura. 27.

Num. 1. VneComp. de4^Lancesórdónce$enesquâaVanceaulx>



desquels chalcun rencontre les corraílès a demies files.
Num. z. 100. Corrasses combatant aussi en petits
VneComp.de
esqûadrons aroffcnsîue.
Num» 3. La première place des lances.
Num. 4. La première place des Corrasses, en bataille.

2$.
Pigurà.

Num. u Vne Comp.de 64. Lances en 8 files.


Num. u Vne Comp. de 100. Corrassesj se tenant serrées en vri
corps solide.
Num. 3. La Comp. des lances, chargeant les Corrasses de tous co-
stez.

k à CHAP.
*jd Liure IL DeLExerctcé

CHAR IV.
Comment Cor-
vneCompagniedes
rassesest ordonnée en bataille»

N l'ordonnahce d'vnc Compagnie des Corrasses , tu au-


ras oultre la bonne &parfaittecognoissance de fa qualité
&quantité,efgardacestrois poincts.
Pour le premier : Si ton ennemy est tellemëe

condiciqnné,quetuayes occasion de l'attendre


i le front feulements ou austì es aultres costez*
Pour le second: h tuas affaire a Cauallerie ou Infanterie feu-
le, ou si tous deux font ioints ensemble»
Pourletroisiesme:Sila bataille íe liure en
campagne large
ouestroicte»

Lesquels trois poincts, n'estants diligemment considérez, il y aurá peu


de profit des Corasses. Car aultre est l'ordonnance, quand on attend l'enne-
my en front : aultre est elle quand on l'attend de tous costez : &c aultre est
fordonnance contre Cauallerie ou Infanterie feule : aultre est elle aussicon-
tre Cauallerie & Infanterie ensemble. Et en toutes ces ordonnances fault
il aussi prendre garde, si on sedoibt mettre al'offensiue ûualàdefensiue.
Or ordonnant vne Compagnie des Corrasses defensiue, feulement en
front,il te fault scauoir,quecommej'ay dit,la remarque de la quantitéôí qua-
lité de toutes sortes de Cauallerie y est grandement nécessaire, comme fans
laquelleonnepeultâttendrebonneissuedes Corrasses. Etquand a la Cor-
rasse, cecy en est la qualité, ascauoir qu' elle setient tousiours vnie & serrée en
vn corps solide, comme áussien tel corps elle produit son effect, sans trop
grandmouuement.Ètainsi est vne Compagnie de cent Corrasses ordonnée
en bataille defensiue, en ttois diuerfes manières.

ï» Énvne ordonnance comme Num. i» Fig.2.9»


quarréc
II» Envne ordonnance large. commcNum.i.
III. En vne ordonnance estroicte. comme Num.3.
Est ces ordonnances, commé aussi en toutes aultres tant de Cauallerie
qu'Infanterie,il fault considérer la raciste & commencement ou fondement
d'icelles.qui est le quarré, dont toutes les aultres font produittes facilement
& fans grande altération, moyennant qu'il y ay t de la dexterité,quiprouient
d'vn diligent exercice; fans léqucíon ne produira rien de bon >tant en toutes
aultres
Etgottuemefnefit de U Cauallerie. tí
Aultres sciences, qu' en l'art militaire i & principalement ceste cy, de bien
ordonner les batailles, comme tu vois Fig. ?5>.en laquelle Num. i. estvne
bataille quarrée,de 10. a io.en filé 6i rang: de forte qu'elle est de tous costez
c%aìe- ,
Si donc tu veux renforcer ta front au double, a scauoir de vingt, tune
fais que doubler les files a dextre ou a senestre; qui sefait sans grand labeur,&:
comme eh vn moment,comrhe on voie Num. z.
Si tu veux aiioir la front estroicte: tu feras redoubler les rangs, & tu l'aú-
rasamoindricdelámoytié. commeNum.j.
Des ces trois sortis d'otdonstances se sert on, quand ost attend l'enne-
my seulement de front.
Mais si tu attensrennemy en front & en queiie; ou de toutes parts : aU
ors il te fault ordonner ta bataille,en forte que tu puisses subitement souste-
nir & empescher tous sesefforts.
Pour donc ordonner vne bataille d'vne Compagnie de Corrasses en
telle occurrence, tu te comporteras en la manière fuiuante : de ferrer biest
ton esquadron, dos contre dos.en vn corps ferme & solide i comme tu vois
Fig.i^. Num. 4.
Ceste ordonnance né sefait en quarté, mais aii ton ^.auquel tu te peulx
miculx défendre contre les charges qui se feront de tous costez.
Cesmodelles d'ordonnastces font defeníìues. Mais situ veulx mettre
les Corrasses en oeuure a l'offensiue : alors tu repartiras tà Compagnie cn
deux, trois ou plusieurs troupes j selon qu'il te plaira, comme Num. ç. Ou est
deux, comme Num. 6. ou èn dix petites troupes.
Et si tu t'en veulx feruir tant a l'offensiue, qu' a la defensiue cohtre aul-
tres Corrasses,alors tu repartiras lâmoytié de ta Compagnie pour la defensi-
ue, &l'aultremoytié pour l'offensiue : commcFig.30. Num I quisonteinq
Comp.de Corrasses,quidoibuentcombatre , auec cinq aultres Comp.de
mesme. Num. 2. Num. 3. dont L'offensiue est de tous deux costez Num. 4»
Etladefensiueaussidemefmej&Num. 5. Ils fontleuts chargés.
En l'ordorinance de telle bataille, pren garde que lesaultresdeUxCó-
pagniesde reserue te puissent promptement fecoUrrir , non seulement a la
defensiue, mais aussia roffensiue. Et pour cest effect, tu prendras
de chascun esquadron l'vne file aptes l'aultre,les poussant
ou auastçant au combat láou bon te sem-
ble, ou le befoistg le requiert.

K | CHAÍ>»
yi lAureìLtDeLs Exercice

CHAP. V.
Des Arquebusiersôt Drageons»
VÁNT a í'ordonnance des arquebusiers,nous l'aûons,à
monaduis, assez monstrée aux discours précedents,âuec
les exemples & sigures:corhmcnt ils font mis e'noeuure, ô£

queleur qualité principale consist»en l'offensiue. Aquóy


nous adiousterons seulement cecy, ascauoir, qu'ilneles
fault point ordonner en grahs corps & ferrez: ains a fiìes
& rangs bien ouuerts:&encompagniesdiuifees, soit eh

gransou petits esqûadrons. VoysurcecyFig.3i.Num.i.En laquelle je pro-


pose trois Compagnies d'arquebusiers, voulants attaquer trois Compagni-
es ennemyes, de mesme Num. A, Enlaquélle obseruc les ordonnances de
tous deux costez : & qu'il y ayt assez de place > pour pouuoir fans aulcun êrrt-
pefchemcnt poulfer les esqûadrons, parles flancs de ceulx qui precedenr,
au combat par les flancs de ceulx qui font en Pauangardeóu en front : &ap-

presauoir fait leur charge,se retirer fans désordre ou confusion, pòur reto-
urnera quelq; nouuelle entreprise: comme tu vois Num.3.
Quant aux Drageons: d'aultant qu'ils Font leur exploict a pied & hon
a cheual, j'en r' enuoyeray le lecteur au premier liure de l'instruction de 1' 1n-
fantetie:ouil trouuerá ce qu'ils peuuent faire, & comment il les fault met-
tre enceuurc.Maisd'aultant, ne font toutes-
quecombieniìsfontacheual,
fois leur ceuure sinon a pied:on peult demander, qu'est ce qu'ils font cepe-
dant de leurs cheúaulx.? A quov jc respons, qu'en son lieu, i en ay parlé a suf-
fisance: ascauoir, que quand on les veult mettre , auec aultre Cauallerie en
oeuure, qu'ils mettent lepieda terre,laissants leurs chéuàu'x
promptement
enfiles accouples par les brides comme Fig. 3A. Num. 1. En la gardé de ce-
se met gail-
luy qui en á la charge pour tous. Et estants ainsi a pied,chascun
lardement en debuoir auec ses armes,selon que l'opportunué se présente, 8c
que l'entreprise le requiert, tant pour l'offensiue que la defensiue : se trou-
uants propres pour tous deux, ascauoir 1' arquebusier pour l'offensiue,& le

picquier pourladefensiuc. VoyFig. 32,. Num. 2. deux Compa-


gnies de Drageons, comment elles font poussées au
combat. L'vne Num.3. L'aultreNum.4. en
son ordonnance. EtNum^.
le combat.

-EVE CL A-
*^ ?
Num»4»LadoreaÍ4ue. J
Num»$.C«IW«iK elles sec^r^tttl-iiittti'Aultre,

Figura $n

Num. t. Compagnies d'arquebusiers ordonnez en bataille con-


tre»
Num.i. Aultres trois comps^gaicS dcmeíme. %$
Num. |. Comment elles s'kiuestent a plus de la moytié , oUa
cliq rïlès reinettant le reste posa: la reserue,pour secourir5^
ceulx qu'on verra ployer*
Figura»
E E SOR <
W-'llpi^
1 Wpp.'*-
G, A, v A"!; ; í;;;.;
v1|^;*'ï^X:
La efte montre en la partie précédente, com-
ment eJia^ne sorte &Com;p^ie^d^ibt estre
òíoeomieëa patt^jk; y,m^:iim^Ësw^ìt les
qïtajreví^ pr4ea-
riÉpEe, «comment elfes rosit mises en oeuure.

E v AN r cnce àscfcursderquá^
cintrer soi^J^
riejcdebíiois &
parlerldex^ul^^lí^^^l^fM^es,
touteslesiparticulicritcz qúi y^o&went estre not^^fe
referivé çcstç matière po^r le^i^ésrnc liure,,auquel »Mieu ay-
dant>elle fera traictee lelon l'cxigencc, priant Ic leètcur de 1 attendre en
pacience : je diray seUlemerit en ce lieu comment plusieurs esqûadrons de
dmerses fortes doibuent estre ordonnez en vne bataille.
Saches donques qu'en l'prdonrià%ee d'vne bât^tlje consistante de la
Cauallerie feule, il te fault remarquer principalementdjetfx poincts:
Le ptemier,que tu saches donner le lieu
propre a chascune,
sa
poufen^^tftóla ^ipitité, ceqt*if[e qugpétstrequis.
'Leíe1^lid,qaè^í áyes la sciest^ de li dextrenient diíposer.
les Compagnies, que chascune,fans empescher Taultre, puiííe par-
uenir a son bout désiré.
L Quant
-g|$&<^ «é Oácier.
Et pour
en
4ppjtg$^^^ dange-
reuses fitohesdeplnfiÀurs gratis Cheualters & Capitaines, proccdees ou do
il y fauldrok certes vn
1^3^00à;^^^^^êyèâ^: grand volu-
réc de toutes tes entreprises militaires.
Ity cognoíston, comme/ay dtt »|e jugement, la prudence & science
d* vnGhcf & Capitaine;
fiií|tw jprofcffede quelque.soit de grand ou petit,
commandement fìirlaCauallèrie: entendant la qualité & quantité de chas-

';7-' Mais nc«cl^fenèc chas-


o^^c S^ trouucfouuentesfòis,dedonneta
cune mesme aussi de tcU qui font
feêiìëïlj^ profel-
smn orente^du^ íoubs silence les
desj^lb^Ìj^|á pourpa^er nouiccs, qvii
fans aulcune cxpcTiè^c^ & mérite feulement
par faueur sont auancez aux
charges príncipates , auec £c;and danger de ceulx qui leur sont commis ?
j'auoycertes aflczd'occasion.demecç^npfaindrejoupourfc moins de ra-
conterlès faúltcs, ^esordres, incemieniens & dang^^ien téíultcnt:
Hiais d'aekfnt quec:'eftlfc matière
propre du troisiesmefiícirtquicsmc liure,
jern y ^i^ùií^^^ -
lc^ nous monftr^hs seulement, en toute rondeur & simplicité, le
lieu propre dechafcunetìwtcde Cauallerie en batiiste, estant sculc & sans
Infanterie.
Ec saches que u icydepend non feulement ton honneur te réputa-
tion, mais auffi la vie ^ k coi^s tant4e toy,^ue^ceulx qui font soubs
«oh commandement: Vc|yre o$i plus <ej(r,]]Mi"êphì S^tt^nquillité de ta con-
science. Car cen'c&§íïez d'au&r Vn pítìpl tiltre,
gr^acle charge pour fie
tirer grans
auátagesj&IrempUijraJ^ compte,
& ref pondre a c^graíhd Dieu des b^ta^es^, ri
p^i^ti ignorance, néglige n
ce & nonchalance , tu te fais meurtrier de tanc des bons K vaillants sol-
dats €rJtfestien$:Cétmd^ de ta personne &c

-
Mitob'onSc^ra^LsolU>ttlbièn dextre & biert expérimenté, est sou-
tien t
cát^fcuáíd^dbeif^avnéfeefi^orântôCrnalauííe ( voyrè aux comman-
dement importuns) auçcdariger de fa vie, sansy contredire aulcunement,
encor qtt'ilicáîtmle^ sotìÙeti, asçáuoir au cistquiesme
liure plus a propos.
En quelle confusion a esté léuree,conduictè fiç
gouuernée la Caualle-
rie , iusques a l^tife présente ? Comment y a on tousiours pris l'vn pouc
l'aultre, sàstsáuîcuneí Consideracion ne de qualité ne de
quantité ? De la
vnetelle confiifon^roeflange* qu'il n'y apartie ou forte de la Cauallerie
qui ay t retenu sonestie premier: & en est on venu iusques a cest extrême,
que ne le premier,^le dernier,ne scaitceò;utestdesondebuoirôCaquoy
il est obligé,rìóplùs que s'il st'dlauòit iamais
ouy|)à(rler.Etvoylá que c'est de
nostre milice & discipline n#itair&v& de ceste partie tanc
principalement
noble,vn rustault chargé d'armes & monté a cheual ,c'est assez
pour la Ca-
uallerie.

Quels
Etgouuernement de la Cauallerie. h
Quels aussi en sont les desordresau marcher,& cóbats, escarmouches,
furpnles,entreprises>conuoys& aultres tels actes militaires ?Nul ne ticnc
son lieu , rang ou place: ains tout a rebours: l'arquebusier sert deCorrasse,
ia Corraste d'arquebusier, sans aulcune consideracion ou de qualité ou de
quantité.
Quant au second poinct: ou voít on la correspondence des sortes &
parties de la Cauallcricîou est elle deuement prattiquée ?tout ainsi qu'en vn
troupeau des brebis, ou aultres telles bestes, qu'onadecoustume de Con-
duire par troupes: moyennant qu'on aytvn esquadron serré, c'est assez , en-
cor qu'il n'y ay taulcun ordre ne es files ne aux rangs fans regarder s'ils sont
triangles, quarres,pentagones&cronds, droicts, courbes, estroicts , lar-
ges, au long ou au trauuers : c' est tout vn,qu'ils soyent drus & prés l'vn de
laultre, ou débandez & distants: moyennant qu'ils soyent entassez , comme
les harengs, ce seront toutes bonnes batailles & bien rangées. Et quel en est
le fruict? non aultre que gtand danger : & mesmes en semblables batailles
fainctes,onfe trouue souuenten plus grand danger, que si on estoit deuant
l'ennemy. Et quienestlacaufeîL'ignotance &inaduertence de ces poincts
tant nécessairement requis. Mais reseruons,commeauons dit, ceste matiè-
re au cinquicfme hure
Cependant ne laisseray je icy de déclarer les poincts susdits, requis
pourl'ordonnance d'vne*ataille,&rnonstrerlelieu propre & conuenable
dechafeun.
A u premier ( ascauoir qu'il fault feauoir donner le lieu pro-
pre a chaícune des sortes de la Cauallerie,pour effectuer en ía quá-
tité, cc qui de fa qualité est requis ) il te fault remarquer deux
choses:
Premieremét si tu peulx faire la bataille a ta volonté,te trou-
uant en campagne assezlarge & spacieuse.
Secondement si ta bataille est forcée, en sorte qu'il te faille
t'accommoder au lieu auquel tu te trouues, (bit large ou estroict.
La premiere,èst voluntaire & offensiue.
La seconde est prouoquee , contraindre, & defensiue de la
Car elle peult auíli bien estse a la foix offensiue.
pluspart:
Enl'ordonnance d'vnebataille volontaire: il te fault dere-
chef remarquer ces choses : que tu lordonnes , combien qu' of-
fensiue, en telle manière, que l'ennemy gaignant le dessus , tu la
puisses fans grande alteracionappliquer a la defensiue,ce qui se
fait par deux moyens:
Premièrement, en affermant bien ta bataille, & t'aííçurant
bien du lieu ou de la place que tu t'as choisie : la pourvoyant,
tant aux flancs qu'au milieu , de bons & forts esqûadrons bien
ferrez, & a pied ferme.
Secondement, en l'ordonnant en forte que tu puisses chan-
L i ger,
£4 Liure IL DeLExercice
gcï, i' pccasiori íè présentant, ta première place,par vn caryacol a
dextre ou a senestre, ou de quelques esqûadrons, ou de tout le
corps*
En fordonnancé d* vne bataille forcée : remarque diligem-
ment , si tu peulx estre chargé en front seul, ou en flanc, ou en qu-
eue : ou bien si on te peult assaillir de toutes parts, afin de te pou-
uoir mettre en défense conuenable, soiten campagne ouucrte ou
estroicte,
Ën ces deux occurrences de batailles, ou volontaire ou for-
cée, tu auras occasion de monstrer ta science , jugement & dex-
térité de satisfaire a chaícune, & paruenir a ta fin prétendue Et ce-
cy quant au premier.
Au second, (ascauoir la science de si dextrement disposer les
compagnies, que chaícune fans empefcher l'aultre, puiíìe parue-
nir a ion bout désire ) tu remarqueras auiíì deux choses.
Premierement,en quelle forme & forte ta bataille , soit vo-
lontaire & offensiue» ou forcée & défendue, será les plus com-
modément ordonnée.
Et pour cest effect pour la volontaire, tu te choisiras la sorte plus conue-
nable a ton intencion, entre ces six: La lunaire, fallée, estendue, courbée,
poinctue,& my-partie ou entrelassée.
Secondement, que tes Compagnies ou esqûadrons foyent
tellement repartis, qu'vn chafeun íe puisse mouuoir fans empe-
schement du prochain selon le bout & pretension
qu'il á. Or il te
fault auoir bon efgard, qu'elle ne soit ou trop ouuerte,ou
trop ser-
rée : ains que par toutil y ay t bonne proporcion.
Icy deuant de passer oultre a la declaracion de ce second poinct, je te
proposeray vne bataille de chascune sorte: comme tu vois Fig. $,-. les sixdi-
uersitez, desquelles nous parlerons plus amplement au liure fuiuant, en mó-
strantles propriétés & mouuements plus en particulier.
Orertladitte Fig. 33. tu vois de Cauallerie feule: Num i.Vne
ordonnance lunaire, Num. z. Vne fallée. Num. 3. Vne estendue.
Num. 4» Vne courbée.Num^. Vnepoinctue.Num. 6\Vnemy-
partie ou entrelassée.
Et pourt* induite a meilleure intelligence de ce que j'ay
proposé, jeté
proposeray vne bataille volontaire de Cauallerie seule : en laquelleje te mó-
îtreray V obseruacion & estect des deux poincts susdits.
Soyent trois Compagnies chascune de 64. lances: trois Compagnies
de Corrasses, chascune de cent cheúaulx : trois Compagnies
d'arquebu-
siers , chascune. de 64. & trois Compagnies de Drageons, chascune de cent
hommes.
De
Etgouuernement de la ÇauaUerie. f5
De ceste Cauallerie tu feras vne hatáiUe volontairç. Qx içy
ìl est du a chascune for-
question premier poinct, que tu donne$
te son lieu propre, pour pouuoir effectuer en sa quantité, ce qui
de ía qualité est requis.
Pour en venira bout, & que ta bataille soit ordonnée selon ton de-
sein & desir.il te fault remarquer & bien diligemment considérer la qualité
& quantité de chascune forte en particulier.

Premierement,qu'elle doibt estre selon ía propriété: secon-


elle
dement, quels effects peult produire.
Et examinant chascune sorte de la Cauallerie selon ce modelle , tu
trouueras vn moyen ttesfacilepourparueniraton bout prétendu a souhait.
Mais \\ fault regarder chascune espèce en particuliers bien consulter la
dessus,ascauoir siauec ces x; 84.hommes.tu pourroisattaquer4000.cn cam-
pagne, fans trop danger.
Pay dit dessus, qu'en l'ordonnance d'vne bataille volontai-
re & offensiue, il fault auoir efgard s'en puisse auílì feruir,
qu'on
la neceílitelc a l'enne-
requérant, parla defensiue, pour résister
my que te pourroit deuancer en forces.
Trouuant donques trois Compagnies de lances , qui font
offensiues,& trois Compagnies d'arquebusiers , aussi offensifs:
auec trois Compagnies de Drageons , eíquelles il y a trois cents
Et daultre part trois cents
muíquetiers, qui font aussi offensifs:
Corrasses &auitant des picques , pour defensiues : de forte que
pour Poffensiue tu auras 684, hommes,& pour la defensiue 600.
testes.
Ayant donc ainsi fait ton compte: & entendant
quelle
est la
force de chascune & qu'est ce qu'elle peult effectuer
Compagnie,
tant en sa quan tité qu'en la qualité, tu en ordonneras ta bataille en
la manicre fuiuante.
Les trois Compagnies des Corrasses íèront comme le pilier
& base de toute la bataille, & les logeras comme tu vois Fig. 34.
Les picques des Drageons feront forte , que
Num.i. reparties en
fvneCompagnie de cent, teferuent d'ailes:&latroisiesmediui-
lée en deux seront colloquez pour reserue,
aux deux costez de la
des Corrasses. Et ainsi ces trois Compagnies des picques
queiie
te seruiront de défense de ta bataille.
En âpres tu ordonneras le reste de ta Cauallerie offensiue,en-
tretaillée, comme tu vois Num. 3. des Lanciers. Num. 4. des ar-
:*Num. 5. Musque-tiers, Et voyla trois esqûadrons:
quebusiers
L 3 lesquels
U Liure IL De L'Exerrìce
en íorte que là moytié férue d'ailes aux
lesquels font repartis
flancs , & le reste s'applique a foffensiue : commençant par les
armes font de portée plus loin-
mufquettiers, pource que leurs
taine»
Les dits muíquettiers estant auancez ou poussez au combat,
tireront file âpres file, iusques a ce qu'ils verront Venir Pennemy
contre eulx:& lors ils seretireront foubs les picques par les flancs
de labataille, comme on voit
Fig. 35. Num. 1.
Ayant ainsi attaqué l'ennemy,tu poulseras auíïì tes Compa-
lances qu'arquebus contre luy, Fvn esquadron âpres
gnies tant
Faultre, & file âpres file : comme tu vois Num. z. Fig. 35. En íorte
la moytié df ta bataille tu trauailles le tiers de ton ennemy,
que de
a la fin que tu viendras, si tu veulx, le charger de tout ton
iusques
corps.
Cecyestvne bataille lunaire,offensiue,en campagne large,
de quatre mil hommes, guarnie auíïì de ía défense nécessaire.
Mais si par les meímes Compagnies,tu vouldrois attaquer
resoluement ton ennemy en campagne, en vne ordonnance my-
& entrelacée : alors tu l'ordonneras en lamaniere fuiuantc.
partie
Tu coiloqueras les Compagnies plus propres a l'offensiue,
ascauoir les lances & aux flancs, comme tu vois Fig. 36,
arquebus
Num. 1. Les Corrasses seront logées par dedans aux dits costez,
commeNum,i.Etles Drageons au milieu , commeNum.3.
Voulant donc par celte bataille, qui est seulement offensiue,
feras les ailes aseauoir les lanciers & ar-
attaquer l'ennemy,tu que
selancent pour le charger aux flancs, comme Fig.37.
quebusiers,
Num. 1.Et les Corrasses de tous deux costez rencontrent les an-
Num. z. Et que les Drageons chargent le milieu ouïe
gles corn*
bataillon de l'ennemy eom. Num. 3,
Te mettant donc fur la prattique de cecy auec la
prudence
n' ay doubte aulcune qu'en bries tu verras ton ennemy
requisejc
en désordre & enfoncé. •
Mais pour vne bataille de front & feulement defensiue, tu
ces mesmes Compagnies en vne ordonnance fallée. En
rangeras
tu doibs principalement remarquer , que la défense soit
laquelle
tellement rangée, que tu en puisses aufli auoir bonne defenserqui
est vn auantage non feulement grand, mais auíïì fouuent neceflai-
^ re.Cecy se fait en la manière suiuante»
Mets
me Num. z. '%' S $ "';.
//_
Ccí cinq Conlpàgsties feront la front : notatìt cependant
de f ronraultant
, entre les dictes Compagnies
quiifàultlàiíïer
celles qui font derrière, puissent sortir entre deux,
d'espace, que
comme Num. 3. deux Compagnies de lances, &
Num. 4. deux
a foffensiue. Num. $ íbnt les
Compagnies d'arquebus,ordonnez de latices,&
trois Compagnies reftantès,Pvne d'arquebuSjPaultte
de mises en reserue secourir si quelq;
latroisiemic corrasses, pour
Compagnie des aultres prïòyoit,tâíitpourla de&níìucque pOúr

Eiés trois cens^ïír™ucts,^fcl©ôlêJÌMa moytié enchaícuri


flanc de la bataille, aueÉ'commanden|ent de donner feu par files,
comme Mum. xvBoe. W.JE*'è^&^piiiáíÉe l'ennemy, ils feront
: où
leur retraicte, reculant des costez vers la queue de la bataille
il te les recebuoir íbubs la chaleur des pic-
bien,s' semble, pourras
V .. fi: "
ques.. /.^,+ V^'*
Mais si l'ennemy te forait z* Éig. 39,0c
p^
tu serreras lés lances
y àuoit danger que la tienne ôcfut enfoncée,
& corrasses eníértíDie,cúmme Nuni.?. tenant les arquebusiers &
comme Num. 4.pour
mufquets pour r escarmouchesofteníiuc,
enuestir l'ennemy Nufitt^i deleurcdUps Ôcarquebuladcs.
Et voy CI en bi^^|^^^I^^P|^|donna.hcè des batailles
elles .íbnt
tant pour 1offensiue ^uc^^|ádl^
rangées en la râg|^
qùaliteteutsir a bon
cune de ses eïpeccïp|pKÌÌi0^^^fe
ôc
effect. Et pourroit ón biéft moástret quelques aultres manières
fortes des batailles.: mais ce Çc;r|pour le liure troisicis-
en diícour-
me,auqUell#içu^4^®^ou-S
rcMs pfelMíìplImcnt»

3. DE CL A.
*: í:C'"li:Á'Ìi"í-fe;l!i'ïí;-- 'rV":
'.#1:i#'S.

[ x ditíerse&fcrtes de^atûillw, de troís Compte


>-:; -^Lácc^íKCúím^.
(}e^côftâlÊ|^r|^^
. ^quebufìers, OcBjgKp&p* de Dr^ons.
N»^* Etì Vne ordtí^pi'ce ditte lunaíre,4*au|-

de ce
&iM*í%^$l^^
%^s troupes, taáb^||^^^P^ig|feîontëntrt|ricí-
4a*- ,<.<'*'•'
ìees deditícrfeia#P^;:
Num. 4,Vstcbâtâilk etóndu^eáÉiÉlpne to$$:tiqmfcaiç íbnt
dfcmcltìafettonf* *-,;;;-4Í* ^^*.\ ; %*-'^;: *--.,..,
Num. 4. Vne bataille cou^evain^
Num. $/ÌÉl|f<^

NuauV^b*^^ á,^l|eest
tellement- ^^ftp^^M^I^^ 11Peulc &*& ^cw*
en peu de temps ,:c^,jC^|^ra||^^a tous deux^oftez.

- me liirë>ch
^à^^^^lti^^^^^s que leseffects de

Trois Compagnies de chaícune forte , faisant en%nble 1184.


sefait vne b$&|le volontaire # oflensi-
tcstes.Défqtt!^
Ue. Chascune en sa distance *cg|f& ., afin que les files fe
donnent place IVne a l'aultre > piç% ^ouuòir piffer entre
deux,& faire íans empeíchemçiu ipst cxplôâct contre 1*en-
nemy»
Num.
Et gouuernement dela Cauallerie. &p
Num, 3.So»tírois Compagnies de corrassescolioqueeí^selonque
tu veulx en queue auec les drageons pour vne reseruc,
Num. z. Trois Compagnies des drageons auec leur picques» »
Num. 3. Trois Comp. de lances offensiues , pour attaquer l'entiç-

Num. 4. Les arquebusiers.


Num«5. Lamoy tié des mufquctiers commençâtis le combat.

Figura. *s>

Nuniti* Comment auíïì tost que les muíquets on fait leur íàlue
contre l'ennemy j voyants qu'il leur vient fus>sesauuent en
vue retraicte íoubs les picques»
Num,i. Comment les Compagnies tát lances qu'arquebus char-
gent l'ennemy par files.
Ceste ordonnance sedit lunaire volontaire offensiue, & en peulx
faire teste à douze Compagnies ennemy eschascune de trois
cents hommes, auec bon espoir de les emporter.

Figura. 36.

. 1|§s|ÉtÉílle offensiue Volontaire j en laquelle d$vne ordonnance


mpyennée ou my-partie, tu peulx attaquer l'ennemy refol-
uement auec toutes les quatre eípeces de Cauallerie»
Num. 1,Les arquebusiers & lanciers es flancs, entrelacez,
Num» i»Les Coxraíïes my-partieS.
Num. 3. Les Drageons musquettiers tenants le milieu de la ba-
taille»
'
Figura\ $7* ,

En laquelle se voyt,en quelle reíblucion l'ennemy est chargé de


toutes les Compagnies de lâíuíditte ordonnance.
Num. 1. Les deux costez extrêmes de la bataille j tenus des lances
ÒtarqUebus,âttaquans l'ennemy aux flancs.
Num. i. Les corrassesattaquants les angses dç 1*ordonnance en-
nemie.
Nui?Ì|).Lesmuíquettiers tourmentants le bataillon de l'ennemy.
-
Figura j&
'
Vne bataille forcée defensiue»
M Num.
1 ' vi
Num. i.Lestïôiîí compagnies des picques drageons.
Num» t. Deux comp. de corrasses.
lances.
Num, 3. Deux compagnies de
Num. 4. Deux comp» d'arquebusiers.
Num. Vne de lances , arquebusiers , & corrasses
5. compagnie
mites en l'amere garde pour vne reíerue,

$9. . '
figura.

laditte en
Comment batailles employé fi defenst
ttntre Cebnemy.

des la pre-
Num. 1.Les deux ailes mufquetiers drageons,faifants
mière rcsistence.
fait fá charge.
Num. 1. L'éfquadron de l'ennemy qui
défense.
Num. 5. La bataille ferrée pour meilleure
& esearmouchants a l'of*
Num. 4. Les arquebusiers mufquetiers
fensiue»

CrtAP.
Ëtgàuuernemenì âeia Çàuaììerif. Sk

CHAP II .i

De lOrdre au marcher.
PRES t'auoir monstre au Chapitre précèdent
batailles-\ je f enseigneray
quelques sortes des
auíïì en ce lieu, comment tu te comporteras au
marcher,en forte qu'estant surpris ou aííailly,tu
subitement ranger tes gens íifris aulcune
| puisses
cons usion.Et comme u y a principalement deux
offensiue & defensiue : ainsi y fault il
espèces de batailles, ascauoir
atífli aduiser au marcher j pour s' y pouuoir accommoder promp-
tement. Et de fait on y cognoist l'experience & habilité d'vn boa

Capitainc^de repartir ses troupes au marcher auec telle dextérités


de bataille que ce soit, il en ay tla
qu' es occurrences quelconq;
commodité : comme j'en ay parlé au premier liure de l'Infanterie,
& le deduiray plus au clair au liure troisiefme. Icy le monstreray
seulement par exemples.
Pour donc ordonner la bataille de la Fig. 34» Offensiue vo-
lontaire enhaste, & mesme en marchant: tu ordonneras le train
(je ne parle pas des auanteoureurs, pris communément de tou-
tes Compagnies, mais de tout le corps de Compagnies) en forte
marche vne Comp.de lanceSj com. Fig. 40.
que premièrement
Num. 1. Apres vne Comp. harquebusiers, Num. z. Apres dere-
chef vné Conip.de lances ;, Num. 3. Suiuie aussi d'vnis Comp. ar-
Et Num. 5. Vne Comp, de lartees. Num. 6. Vne
queb.Nurh.4.
Comp. d'arquebusiers.
six Compagnies 5 trois de lancés, & trois d' ar-
Apres ces
ruseras marcher les mufquetiers des trois Comp.des
quebusiers,
drageons, repartis en six troupes, de 50. hommes chaseune,auee
sesOfficiers : comme Num.7.8.9.10.11 -iz.
Apres ces six troupes >marchera la première Compagnie de
des drageons^ Num. 13 Suiuie dvneComp.de corrasses,
picques
Num. 14. Puis la seconde Comp. des picques drageons my-par-
M z tie.
îp Liure H. DeL Exercice
tie Num. Í5, Puis derechef vne Comp. de corrasses Num. \C, Sui-
uie de l'uultre moytié de la fusditteComp.desJpicqucsNum.17.Et
Num.i8.La troisiesme Comp. de corrasses > suiûie finalement de
la troisiesme Comp. des picques des Drageons Num. 18.
Et voyci le train de tous tes eíquadrons, duquel l'occasion
se présentant,tu te peulx subitement présenter à ton ennemy en
vne bataille lunaire offensiue volontaire > auec toutes ses défen-
ses, comme tu vois Fig.3 4»
s'enfuit le bagage des dittes Compagnies, ascauoir
Apres
les valets auec les cheúaulx du fourrage, charriots, & viuandièrs
& aultres qui s'y trouucnt, comme tu vois Num. zò.
Mais pour se mettre en bataille forcée defensiue, commè
feras marcher tes Compagnies selon Fordre & nombres
Fig.38.Tu
quiy
font i^arquez, Num. 1. Est là première Comp. des picquiers
Drageons: Num, z. vne Comp. de Corrasses. Num. 3. La secon-
de Comp. des picq. Drageons. Num. 4. Vne Comp. des Corras-
ses.Num. 5, La troisiesme Comp. des picq. Drageons. Num. 6/7,
deux Comp. des Lances. Num. 8.9, deux Compagnies d
arque-
busiers : suiuis Num. 10. d'vne Comp. de lances : Num, 11. vne
vne Compagnie de Corrasses.
Comp. d'arquebusiers:Num.ìz.
les mufquetiers
Apres s'enfuiuent Drageons, repartis en
six troupes de 50. hommes chascune: Num. 13. 14.15. 16. 17,18. Et

l'arrieregarde ou bagage des dittes Compagnies. Num. 19.


De toutes ces CompagnieS,en as tu les pourtraicts es figures
íeruir plus commodément.
précédentes, pour t'en pouuoir Or
auoys-ie bien matière & occasion d' adiouster encor
plusieurs
aduertissiments pour le marcher,mais estudieux de bricíucté
je me reserueray, oultre ce qui en est traicte au premier
& ce second, au troisiesme liure vne plus
ample deduicte»

DECLA-
Et gouuernemenì de la Cauallerie. M

DECLARATION DE LA
FIG V RE XL.
N laquelle tu asdeuxrepartiíiements du train au
marcher: dont subitement tu te peulx ranger en
bataille soit offensiue ou defensiue» A» monstre
former
l'ordre des Compagnies pour facilement
vne bataille offensiue.
Num. i. Vne Compagnie des lances.
Num, i.Vne Compagnie d'arquebusiers.
Num. 3nVne Comp. de lances.
Num. 4. VneComp. d'arquebusiers.
Num,j. Vne Çomp. de lances.
Num, 6. Vne
Comp. d'arquebusiers»
Num. 7.8.9,10,11.
1z.SixC0mp.de mufquetiers Drageons,de5o.
hommes chascune.
Num. 13. Vne
Comp. de picquiers drageons.
Num, 14. Vne Comp. de corrasses.
Num. 15, La nioytie de la seconde
Cómp* des picquiers drageons.
Num. 16, Vne de corrasses.
Comp.
Num. 17. L'aultre moytié des
picques drageones,
Num, 18.Vne Comp. des corrasses,
Num, 19. Vne Comp4 de picquiers drageons»
Num» ao. Le bagage»

M $ B. MON-
jj, Liure IL DeLExercice

B.

'O N s t K.E ì'ordré du dit train pour vne bataille


defensiue proposée eríla figures»
Nym»i» Vne Compagnie des picquiers drageonsv
Num. z»Vne Comp.de corrasses» .
Num. 3»Vne Comp. des picq» drageons.
Num» 4. Vne Comp»decorrasies.
Num.5» Vne Comp. des picq» drag»
Num. 6.7. Deux Comp. des lances»
Num»8» 9. Deux Comp. des àrqueb.
Num» io» Vne Comp. des lances.
Num. 11.Vne Comp. d'arquebusiers»
Num. 11. Vne Comp. des corrasses»
Num. 13»14.15. iC 17.18. Six troupes des mufquetiers
' dragéotìs dé
• '
50. testes.
Num. 19+L'arrieregarde ou bagage»

CHAP.
Etgmtetnemmtdel^Ça^al^^

CHAP. III,
Des guettes íç quartiers de ta
Cauallerie»

VA NT ace qui concerne les guettée, j!&itinelìes, tant dé


iour que de nuict: hernies logis soitcn cápâgneouucrtc,
ou en villes & villages ; côme aussile rédcz vous òu la place
des arrhes: comment oh sedoibtafleurerdesíurprises^u
aussi surprendre fenhémy aux quartiers: Le SeigrBasta
enayant donné pleine instruction en soft traître, du Gou-
uernement de 1aCauallerie legiere >& moy aussien ayant
dit quelque chose en l'instruction de 1 infanterie í mesme eh ayant á par.
Jer encor es liures suiuants,jcnem'yarresteray icy dauantage. Seulement
adiousteray pour conclusion, deux figures , la 41. &4Z. EsqUclles le be-
ning lecteur verrá. comment lessufdictes troupes font logées en leurs quar.
tiers en vn village, auec ses guettes 8c sentinelles. Comme Fig. 41.oh voie
les Compagnies» chaícune en son quartier. Num.i. Sont les Lanciers logez
au village pour le guet dcnuict.Num. 4. les Corrasses. Num. j. les Arque-
busiers. Num.4. les Drageons.
Fig.4*. Monstre le logis en campagne, & chascune tròupeen son quar-
tier. Num. tv les Lances. Num.*. les Corrasses. Num.,/. lès Arquebusiers*
Num. 4. les Drageons
Finalement vois tu en la figuré 40. Comment en vne campagne ou-
tterte destituée detoutes aultres commodités»on fait vne clostureouram-
part des charriotJ»

t)ECLA-
iMureM fo&ExerM

DECLARATION DE LA
FIGVRE XIX
VM. J. z.3» 4. Sont le$ quatre íbrtes de Caual^
lerie, chascune en son quartier & au guet,aU
village.
Num. 5»Le corps de garde du quartier»
Num» 6. Là Sentinelle première.
Num. 7. La Sentinelle double.
Num» 8» La Sentinelle extrême. . 4

Figura 4.Í.
Vn logis en campagne áuec les Compagnies entières»
Num. 1. x. 3.4.Les Compagnies* chaícune appatt ídy*
Num. 5. Le corps de garde.
Num. 6» La première sentinelle»
Num. 7. La sentinelle double.
Num» 8» L'extretne sentinelle.

Figura 4.1*

Num. i» u 3.4» Les quatre fortes de Cauallerie.


Num. i. La closturedes charriots»
Num. 3. Les entrées & chemins auec leur barres.
Num. 4. Les sentinelles &; gardes de dehors.

Cin-
J§fpmernemntdeà^ "j&.

Cinqùieíme Ôcderniere partie*


VN DISC OVR S DE DEVX
PERSONNES, MVS AN ET
MARTINjSVR V EXCELLENCE DE
L*A HT MltlTAUÉ, StíVSTfefcÀNT C^EX-
cepfê 1a Théologie > elle surmonte toutes les aul-
tres arts & sciences $tant Libérales
que MechaniqucSi
Vsí ïe reloue, amy Martin» <\ùè tu as si bonne souùë-
nance de ta promesse.&re présentes selohicellc. Car
toute la huiótje n* ay peu reposer, a cause du discours
que nous cômençalmes hier au soit : auquel áuèc gran-
des parades tu promettois,nôseulemétd'cíìeueri'cstat
militaire, mais auíïi de dehiohstrer * qu'exceptant U
Théologie i il n'y aùoit art ou science blùs noble Ocex-
cellente , que cellé cy: l'osant nommer vne science où att: Voire telle,
qui surmonte toutes les aultres qui sont aùmonde< Chose qui non seule-
ment me semble estrahge, mais aussi fort absurde , d'vn estât tântvil &
mesprifë entfô tótís hommes de quelq) entendement & raison. Voire
tarit vi^quele plus pauure Villageois, qui a peine n'a le pain a manger f je
me tais des gens de qùelq; qualité) he voùldroit bailler fa fille a vn sol-
dat en mariage, lòinrque c'est non seulement vn estât mesprisé, mais
aussiodieux. Cas, regarde, jë te prie, auec quelle honte &meípris,(oht
. ils pat touc âpres leurs brembes * leUr donnant vn nom quelq; peu plus
hoitnOrable de piecòree: & comment ils sont hais de tous hommes,grans*
pëtisi riches, pauuresjieuriès &í viëulxjen forte qu'a grande peine,on les
endute patmy les chemins comrhuhs>tant s'en fault qu'on leúr face quelqi
honneur òc teuetence : où que des gens hohnorables ils soyent reçeux
en leurs#maifohs-, comme oh fait partout aux gens de lettres. Etpout di-
re le vray.il me semble, que tù estois quelq; peu transporté du bon vin qui
pari oit par toyrcòmc il aduiéc souuët aux soldats;qui ayáts chassé aux pou-
les, ou acquis quelq;pièce d*argent, il h* y fnieulxque de la despendre
incontinent, &auant de dórmir!& alors ils'se Vantent de grandes prouef-
N ses,
%' •'
^ii^fI.0eJ^Exercià
ieskcojribà^^^^ :
blâblesrncrueilies,&grans faits, qui s'euapoienttó
. te qu'au matin, quand ils fé leueht, ils n'en ícaueht, non vplus que s'ils n'f
auoinciamais pensé.
Cequetoutesfors(iïeprende maie part lè reste/je né dis point detoy,
n' es point decesgens'la. Mais afin que ie net'entre-
voyant bien que tu
tienne plus longucmenti le grand désir que j'ay d'entendretes raisons m'
atrauaillé toute ceste nuict, & me trauaillé encor pour entendre com-
ment tut' acquitteras de ta promesse. Et tant plus quej' y pense, tant
plus l'absurdíté
m'enTaitcroistre led'esii. 1' áy trauaillé éhuiron 14. ans
au camp des Muses, & non fans grande peine>pour m'en parer des sept
arts Libérales: ÔCJi'en^eulsestre«opcontent, d'ouyrque-j'ayioisperda
-& ma peinede laquelle lé poecedrt.
Multa tulit fecitque puer fudauit& alsit:
Sdeiugemétde l'auoirsi mal colloque: & d'cstredeuIcéd'vneftattStvïl
& abiect.De faict j'ay trauaillé, pour comprendre le fondement de foutes
sciencesôí vertus, qui se troùuéf commétoutlemondc,rempIy des limes
d'ieelles,en re*nd teímoighagè ) seulement en ces sept arts libérales. Dont
cncorjete p'rie,que selonta proméssi^&maintenâtqu'ilri'ya íoùbçonde
vin,tu mcdeduises ces.raisons -, inuité auffi mesme de la plaisance de ce
lieu, f aduertissant ausside le faire , comme .personnage aussi lettré , en
bon ordre & méthode conuenabìe.
M-art. Quantahostre discours d'hier, amy Mufan, je t'asseure que je ne
m'y fuis auancé par orgueil ou ambition, ains j'y ay esté poulsé par toy
& tes compagnons. Carvous ayant(auecvn long & pénible silehccdè
•ma part )ouy débattre vnchafcun fur la prééminence & dighirédé ía fa-
culté ,sans vous pouucrir accorder, si non de vous resoùldreaiafin,què
vous estiez tous efgualement instruicts des plus nobles', vtilés te necef-
saiics sciences qui pourrokit estre an monde:j' ay este comme fotcé de'
, .n'opposer soustenant que fans la Théologie, l'art militaire surmontoit
toutes les aultres arts. Ou jc fus receu de ton brocard, qui me deman-
dois,sij,estoisenbpn sens,ou scauoiscequejedifois.'Mais j'yfisrefpon-
ce, que je n'estoypas yure, &combicnque par bónc Compagnie j'auoy
vin de ma coustume , je seauois toutes fois me
pris quelq; peu plus de
maintenir es limites de l'honnesteté. Et quant a vous aultres, voyant
me sembloit raisonablc je
que vous estiez quelq; peu plus eschauffez,qu'il
vous pomis d'en faire la deduicte ajeun; & ne sc pouuant faire en si peu de
de le faire furie champ,j' ay deman-
parolles, comme vous m'interpelliez
de ce temps plus commode, choisissant mesme ce verd & plaisant bos-
selon maparolle & promes-
cage. Sur quoy maintenant je me présente,
se. Mais quanta ta proposition présente, en laquelle tu dis l'estât de la
milice estre sivil&abiect , voire tel, que plusieurs aymerointmieulxde
malotru soldat: c'est vn aultre thè-
veoyr vnracleur de cheminée qu'vn
me ou proposicion, dont n' auons point eu de mention. Toiïtesfois je
tedirayenson lieu,d' ou ce meípris duquel tu nous fais reproche, luy
prouient. Demeurons a présent fur nostre première proposition : asca-
uoir íìl'ari militaire est telle, qu'a bon droict elle doibùe estre préférée
aux sept atts libérales. Mais d' en parler en telle fòrrhe & tels termes,
que
Etgouuernement de la Cauallerie. 99
que tu desires & comme on fait es Académies : fâchez,mòh amy, que
j'en ay perdu toute la memoyrei Car ayant accomplis seize années es ar-
mes, entre plusieurs blesseures, maladies, chaleurs i froides, faim, soif,
grans efpouuantements, dangers de corps & de vie, je n' ay peu retenir
ces fatras scholasti ques. De sorte qu'il fauldrá que tu te contentes de
ma ronde simplicité,en la deduicte de ceste matière : & en estant venu
au bout, tu le mettras, comme bon pédant, en meilleur ordre i afin que
ces grands Maistres en reçoibuent aussi quelque délectation.
Mus: j'enfuis content, Martin, & puis quetu as oublié toutes ces pédante-
ries , jeté pardonneray si aulcunesfois tu t'aheurtes contre la logique*
Seulement passe oultre, afin que nous voyons ce que tu veulx dire.
Mart. ARS M1LTAIR1S est constitutib reuelatòrum cer-
torum pra^ceptorum, vtilitatem habés ad vitam humànárecte
est a direjL'Art militaire est vneconstitucion de cer-
gubernanda.C
tains préceptes reuelez, ayant l'vtilité, de bien gouuerner la vie humaine*
Mus. D'ou te vient ceste definicion attribuée d'Aristote aux arts libérales?
Mart. le le scay treíbien, & que par icelle il veult maintenir , que les arts
libérales peuuent estre honnorées de ce nom d' arts : mais sache , qu'il
l'áempruntée de l'eschole militaire , des maistres de campagne ou de
camp des Lacedemoniens, Macédoniens, & Romains: &en faict com-
me vn certain bourgeois , qui ayant emprunté vn certain gage de son
Voisin,pour s'en seruir quelq; temps : & celuy dont il l'auoit emprunté,
commençant aresuer, & venant ajmourir finalement sans hoirs, qui le
sceussent demander , il le retient comme chose propre, & én fit son pro-
fit. Ainsi eí»|est il de vpstre Aristote & de vous aultres Messieurs, qui ont
emprunté de Mars vne bonne quantité de règles & préceptes ,& iceluy
commençant a resuer de viellesse, & ses enfans ne s'ensoucianrs.bcau-
coup, vous les reténeZ comme propriétaires, & vous en seruez comme
de chose qui vous appartient. Mais, peult estre,le temps viendrá,què
vous en rendrez compte. Maisde cecy ailleurs.
Mus. Cest bien vn propos estiange,quej'oy de toyíbien digne d'en parler
plus clairement.
Mart. Mais ne le temps, lie nostre matière, né nous permettent d'y insi-
ster a présent, & de beauco.up disputer pro & contra. Dont nous ert
discourrons succinctement, & s'il y reste quelq; scrupule, je taschetay
detel'osteralafin.
Mus: Sus donqués,oyants quelle est ta science ou Art militaire.
Mart. Cestvne Art ou science de bien guerroyer, ou si tu l'aymés mieulx en
Latin Ars militaris estscientiabenebellandi.
Mus: Ita,ha,ha, y á il art ou science en laguerre?Dohqués lés rustaùts,hòrh-
mes, femmes, richcs.pauures, ieunes & vieulx,grans & petits,qui soù-
uent n'ont que trop des guerres {& deíbats,y seront grans maistres, eh la
science de se battre & arracher lés cheueulx les vnsaùxâultres.Etqùahd
ouïes villageois & bourgeois guerroyent ainsi, ils font mis òu al' amendé
ou en prison, pour les destourner de la prattiq; de ceste tienne art où
science.
Mart.Ne ris, je te prie, trop hault, deuant d3entendré ce mot dé guerre, lè-
N a quel
loo Liure II. De L Exercice
quel je prens eti ceste définition , eh fa signification propre, eh non
abusiue,comme tul* entends, Et de fait félonie sensque tu luydonnes,
les chiens & les chats, les souris 8c les chats, voy re toutes sortes de bestes,
menént des guerres irréconciliables : qui plus tostsont des dissensions,
déíbats,inimitiez,haynes, ou aultres telles affections mauuaises, bien
éloignées de la ptoprieté,en laquelle j'vse dé ce mot. Dont comme au
liure premier je t'ay proposé la propre signification dumotlatin B EL-
LVMj ainsi te proposeray-je icy la propriété du mot GVERRE.Orce
mot signifie l'effort dé deuxparties,desquelles chasctinevoùlantauoir sa
raison, ou son droict en quelq; câuse ou aultre chose,& ne sepouuát accor-
der , font vn amas de gcns# armes pour obtenir par force leur droict pré-
tendu. Dont celuy qui ála victoire, obtient ailée icelle la chose qu'il pre-
íendoit, 8c l'aultre en á la perte 8c dommage. Et afin que tu T entendes
bien : en guerre ily á tousiours deux parties. Pour exemple : Vn gran
Seig:fait amas de beaucoup dés gens 6cdes munitions. Cecy n' est pas en-
cor vne guerre,mais bien vne preparacion: mais luy donnantvnenne-
my ou party contraire,qui parforcépretendequelq;chGsesurIuy: voylá
alors vné guerre. De sorte que ce mot s'entend, de deux parties deba-
tantes 8Céombatantés fur quelque pretension, l'vne desquelles empor-
te la victoire, 8cl'aultre la perte. Etîàns telles parties ne peult estre aul*
cuné guerre: mais icelles se trouuant : voyia la guerre ••&c toutes deux
guerroyentoUagain ouaperte, ou a honneur ou ahonte: Et sont tous
deux guerroyants en mesme degré, mats en effect diuers , Vvnenrecc-
buant du bien* 8cl'aultre du mah
Mus. Mais n' est ce pas tout Vri,de quelle manière on guerroyé ?
Mart. Non. Car on guerroyé en deux manières; Par terre,8c par eaux Par
terre on guerroyé a pied ou a cheual,auec aultres munitions requises,
8Cpropres pour en vser en terre, 8c a pied ferme. Par eaux on guerroyé
apied seulement8c en bateaux.
Mus. Quelle différence fais tu dauantage aux guerres?
Mart. En l'entrée de mon premier liure, ou j'ay deduict en gênerai la signifi-
cation du mot BELL VMj'ay fait deux sortes des guerres;VneOuuerce,le-
gitime Scpublique : l'aultre Illégitime 8cintestine. Et sont ces deux espè-
ces ou ofrensiues,oudefensiues.
Mus. Ces distinctions mé contentent queíquement.'mais puis qu'en ta dé-
finition de tort art militaire, tu dis, que c' est vne science de bien guer-
royer : qu' entends tu parce mot bien ? Et me semble, que tu veulx aussi
faire vne différence de bien a mal guerroyer i
Mart. Tu dis vray, car ce mot n'y est mis pour néant r & de fait tout y est
compris,ascauoir lecommencément, le moyen &Lla fin de tous cxplo-
icts militaires. Et recerchant toutes les histoire? &c antiques 8cmoder-
nes.tant sacrées que prophanes, tu verras que toùs ceulx qui ont guer-
royé , se sont tousiours euértué de bien guerroyer , encor que souuent
ils ont failly de leut dessein, recerche comme les histoires en tesinoig-
nent.par tant dés labeurs &c dangers. Mais aulcuns, tant de ceulx qui
ignorent Dieu , que de ceulx qui en ont éu bonne cognoissance,ensonc
venus a bonne 8c heureuse fin. Toutesfois ceste maniete de bien guer-
royer, combien que souuent prattiqué, 8c descript pat plusieurs n'a peu
estre
Etgouuernement dela Cauallerie. tot
estre, iusques al'heure présente, produict a son entière perfection: 8c en
voulant recercher curieusement toutes les causes, on ne trouuerá aultre
que celle cy, qui est comme la première &í derniere j ascauoir que Dieu
h'a voulu, qu'elle fut entièrement manifestée.
Si tu considères toutes les aultres arts S>c sciences >tu les trouueras qua*
si toutes au plus hault de leur
perfection, 8c qu'a grande peine elles pour-
ront monter quant a l'art militaire &cla manière de bien
dauantage.Mais
guerroyer, elle én est encor assez esloignée,cóbienqUe,cóme nous nous
fai sons a croy re,elle n*ay t esté jamais en telle haulteur 8c excellence,com-
meelle est maintenant; qui n'est qu'vné fole persuasion des simples &C
qui ne s'y énténdent,se trouuant tousiours ( comme Dieu aydantje le de-
monstreray en aultres traictez fumants ) le contraire*
Mus: Cecy sont dés poincts, qui me semblent encor áulcunement estrán-
ges. Auísi ay je souuentesfois leu que les arts libérales sont nommées
A RTS: mats de ton art militaire, si tu ne me le monstres par éxémplésj je
nelepeulxcroyre,qu'ilyaytaulcùn,quuamais les ayt orné de ce tiltre
tânthonorablCi
Mart. Asindonquôsdet'osterceste lourde incrédulité , jet'eh proposerayj
non pas vn, mais plusieurs
exemples íeíquels elle n'est feulement appel-
lée art, mais telle,sans laquelle les aultres arts ne peuuént subsister. Et
pour t'en tant plus asseUrer,je reciteray de mot a modes Áutéurs,lcfquels
tu ne de buois ignorer. Et en premier lieu te
proposeray Flaue Vegece,qui
est bien l'vn des plus briefs,qui ont eseript de ceste matière j mais aussi des
plus diligent* ; lequel bien souuent &cen diuers endroicts la nommé ART
Et premièrement au liu. í. cap. i. de re ou de la miliceil
militari,
faict l'exorde fuiUanti
In omhi prelin j non tam multitudo 8c virtus indocta, quátn A R S 8c
EXERClTlVM soient prxstare victoriam.Oest a dire:En toutes ba-
tailles la victoire est coustumierémét obtenue, non tant pai Vne multitude
8c puissance inconsiderée, que pat art & exercice» Item SCIE N-
TIA reibelhcaí, dimicahdinutrit aùdaciam. Cest a dire, La science des
choses militaires, ou de la milice, engendre vne audace au combat.
Lib. i. cap, 20. Instruendos aeprotegendos essetyroncs omni A R T E
pughandi.
Au prologue du second Hure, il en parle bien proprement. Instituta
maiorum ( dit il)in ARTE armaturae , pléniisimé Clementiarh ve-
stram, peritissimeque retinére , continuis declatatur victoriis 8c tnum-
phis.Siquidem indubitataapprobatio A R TIS sir, verus semper effectus.
Cest a dire : U appert par les cótinuelles victoires 6c triurhphes que Vostre
Clémence retienttrespleihement &t tresciemment les constitutions des
ancestres en 1' ART deTarmaturéi ou de la milice; Car le íeut 8c vray
effect y est vne espreuue indubitable de l'A RT.
Lib. i. cap. 4. Necesse est irtuictam esse Remp. éuius Impérator
militariarte praecepta,quantos voluerit, faciet exercitus bellicosos.
Cestadire : Nécessairement est la république inuihcible, en laquelle le
Chef ayant cognoissance de fart militaire, scait renfoncer ses armes

aultantqu^lvéult^
N j Lib.
io* Liure II. 'DeL'Exercice
Lib. í. cap. i i.Huic Tribuhus przerat armorum SCIE NT í A ; &
A RT E perfcctiôcc.
peu âpres : sed etiam armorum
A RTE M didicérit armature.
Cap. 14. Qui omnem Item Qui cón-
tubernales ad DIS C1P L1N A M retineat,
Cap.15.Pdum arte & virtute directum.
armorum DISCIPLINA Vel A R T E bellandi.
Cap. 18. Omni
Cap. 3Ï. Neque enim longitudo «tatis, âut armorum numerus A R-
TEMBELL1CAM tradit. Item : Vt 8c A R S dirigendi, 8c dextra;
VIRTVS poffitaccrescere. Item; Si DOCTRINA cçsset armo-
rum , nihil paganus distat a milité.
Cap. 2.4. Studiosius oportet SCIENTl A M dimicandi. Item : au
du liu.3. Artem firmantur vsque eo.
prologue pradiorutti scripsisse
Item: VIROS summaadrhiratiohelaudandos,quieampra?cipué AR-
TEM cdiscere volunt, sine quaaliazartés essenon possunt.ltem: Qui
sccundos optât euentus, dimicet A RTE non casu.
Libj.cap.i.Exquoihtélligatur quantò studiosius armorum ARTEM
docendus sit exercitus.
Cap. 4. Qiiifickjciam de A RT£ vel viribus gerit.
Cap. 9. Quisque hos A R TIS bellicx commentarios.Item scientes
ARTEMbellicam.
Cap. io.Quisaùtemdubitat ARTEM bellicam omnibus rébus esse
potiorem.ltém : Caetera omnía in hac A R T E cósisttrc. Et fur la sin du-
chapitre: ItaerudiuitscientiaSc A RTE pugnandú
Cap.n. PrsmissisléuiotibusARTlBVS belli.
Cap.i^.Tamen ARS belli.
Cap. xo.Ne ARTE pellaris.
Cap. zz. Quae ratio militaris cXperímentis 8c ARTE scruauit ïtem;
Nam DISCIPLINA bellicae. Item: sed crcdant ARTEaliquaid-
co sereuocari. ltem:licetibi ARS plurimum profit.
Lib. 4. cap. 30. Quae ad oppugnahdas 6c defendendas vtbes aurores
bellicarum ARTIVM prodiderunr,
Cap. 31 Decuius ART1B VS ideo pauciora dicéndasunt.
Cap. vltimo-.Qux ARTIS ampliusinhis frequentiorvfusinuenit.
Iusques icy les propres termes de Vegece: oyants aussi des aultres.
Sexte Iule Frontin en la préface fur son liure premier :Eorum

proprié vis in ARTE plerunquepositaprosicit.


Inpraef.lib.j.Nullam video vitra ARTEM màteriam.
Lib. 3. cap. 73. Et nauticae A R T1S peritum.
iElian en la préface de instituendis aciebus ; SC1ENTIAM Grar-
cis acierum instruendarum. Item: Et quiderh de Homerica DISCI-
PLINA armorum. Item : Etiam ARTEM instruendarum acierum
fcripsere.
Âneas, genus bellica* A R TIS in instruéndis aciébus dicit esse S CI-
E N TI A M bellicaî motionís.
1' espère que tu te contenteras de ces tesmoignages , voyant quel'art
militaire est estimée des plus grans personnages estre VNE ART dés
plus grandes ôc signalées.
Mus-
de ceulx qui onfefëtipt en
te toUs les tesmoignages,
Marc. Pour proposer
sorte'de l'att militaire, il y fauldtôit pérdté beaucoup de temps,
ceste
Mais quáfttaux tcsmoig^nagetdé'c
auec soubçonde t'ennuyer.
ascauoir de -Yegèce,Fro|§Ìr*cÌ^i&^
principau!*, felÒnTcut ^>to-
ce qu'ils en ont escriji jt#tfj 1 ontrecùeilly
guez ,pource que ôc véritables Ku^órie'hs^o^ohaùbitde leur
des fameux
pre confession plus
seruir rúlieu dé plusieuh aultres.
temps; deforte qu'ilspeuúéht
dit: Licétihhoc opuseuloì
Vegecçenlaprèface sijr sohpremierliure
íkrwccíïaciaj hec icumen ihgenij-, fedlabor
hecvérborum corçcinnitas
y^j^rom
djIigén*acndelisVyteà^
vtilitateRomana
docentes * dispersa & inuoluta celantur pto
difciplinam traicte il n'est question de
J^est a; dire : Combierî «Ju'en çc
pròrerahtur. bon ifc fidèle
de parolles, ne d'esprit trop stibnlvaitís,d:e
grande parade, s la
recueillir ce qui en diuers historiens ou auítrçs, enseignât
labeur,poUr cacliésSc le produire " en lumiè-
des arrhesìest espars 8c comme
discipline ^ Ví .^ ; í,
re arvtiUté de la ville de Rome.
îiuiìá.; Hotu^
Le mesme au prologue du troisiesme seqùentèVinsti-
prarcepta 8c vsus retinuerunt, 8clitçrispro-
tutaRomani, Marri] operis
didérunti qú« per diueríbs ÀuttiòrcsUbròiqúc^ dlí|^rll^mpçra-
mediòcritatcm rrìeam abbreuiate iussitti, nc yel fastìdiùm na-
tor inuictéj
vel ple^itudo sidei deeífet
scetctutEXPLVRlMÍS, ui^^
de ceulx cy, ont rctenuSC'
adiré: Les Romains enfumantsTinstitution
militaires, lesquels ëfpah par diúers au-
rnisparcscriptlcs préceptes
H voiis á plcu,Empcrcur Inuihciblc, me recommander
teurs & liures,
afirt de he càuset Vri degoust pat vne trop grande lon-
de les âbbregér,
donne occasion de mescro-
t 8* que de trop gráhde briefueté je nc
gueur :•.,.,...,'.-'"''- :
;. ... ,':.. ,( ,.,-'" ._:'"
yance.
s
Idem in prélogo lib. 4. Ad complementum ergo operis Maiestatis vc-
ràtiúnesjquibùs vel nostrar ciuitates defén-
stiraepraeccptiqne suscépti,
inordinem
dendV^l ftòfli^
Dont pour P accomplissçmerït de l'Oeuhre, en-
reáigam ; Ciétt adiré:
iè commandement de VostrèMájesté,jércdùira,par,ordreies
treprise par noz villes doi-
raisons cle diuers auteurs, f*ï lçíquéUes
r,éçuelliès
bueht éstrcdéfcnduésA^ ctllès dés ennemis subuèttiès ou ruíhcts.
: lilud nequé ignbro,
Séxtus Iúlius Frohtih en fa préface dit neqùe
inficior j etiam terùm gestàrùm acriptotes ihdagineopéríssui,hanc qtto-
fiiiflê : ècab A V t H O 8.1B V S traditum * sed
que partém còmplçxos
débet. Lòhguhi est ènim sin-
<fvtopihor )becupatis yfclocitateçohfùli
irrimfensum fcorpùs historiarumprosequi! 8chi qnirjo-
gula 8C fpatsa pfer
rerum, obnfúderunt Icgehtem;
tabiíia excérpTerunt, ipso^velùt aeerUô,
Et peu âpres: Huic lábòrï non ihíuste veniám paciscar, nemeproih-
aliquod à nobis reperit éxent*
curiosb' reprehendat, qiii praeteritùm '
' '" plura:
:"'r s"
't;
îe>4 Liure II. De D Exercice
plùm. Quis eninVad pércenscnda omnia monumehta, qúi vtraquelim
guatradiusuntjsùjficiât^Vhdé muka trânsìre nuhirpsépcrmisi,quod
me nònsine cáuía fecissé scléhtiqui aliotum libros cadenvpfomittcn-
tiura legcrint. Cest adiré: ìeh'ignore 8ç ne hié pas, que les historiens,
' ont
auíficompris ccstèpattieéh la recérchedc leuístfctmres, comme ob-
• scruéc
d*aultres-Aiithëurs tmâisaussicroy-jeiquecommeempesehez,
Onlesdebuoit secourir, parvnedeuebriefufcté, Car c'est vne chose trop
longue 8c fascheUÏCidé poursiiiurc toutes lés particulieritcz esparfes ça
8cla es trcfgrans corps des histoires. Et mefrries cêUlx qui en ont ra*.
cueilîy les choses plus notables , oht Confondu le lecteur par vne trop
grande multitude. Et peu aprés : Et quârtt a moy, je né feray mal de
demander pardon>8C prier que je në sois tchu pour peucur:eux,fi ert ceste
mienne ccuùre ié passe beaucoup des choses* Carquiseiásuffisantpour
fucillctèr 8cdeschiffrer tous les monuments, qu'onéntrouueesdeux lan-
gues principales. Cestpouró^ùoy/ay trouuébon d'omettre plusieurs
choses; 8c ceulx qui aùroht leu d* aultres eícripts de ceulx qui promet-
tent la mesme choseitroUUeront que )e ne le fais fans grande raison.
^Elian aussidit éh son tráicté.de Instituendis âciebusiVerum enume-
taré OMNES> qui aliquid deremilitariscríptum reltquerunr.lohgum
est: omnium.tamen 8c quid de ijs
&superuacaneum òpcrá legi,
iùdicehi.dicârh.' Ômnesfereitavhanimitcrscripsissc,quasi docere ho-
mines vcllcnt,non ignàfos, sed satisearuntrerùrnperitos»quasexplic:a-
restatucrunû Cest adiré. Ce seroit vne chose trop longue 8c superflue
deraccompter toùslés aùthetirs,qui ont laissé par escript quelque chose
de la milice. Toutessois }' & en diray >li-
ay leu les ceuures de tous,
bremchtmohaduís: AscâUoir que tousd^ìvn accord, en oht escript com-
me voulants enseigner des gens, non du tout ignorants des matières qu'il
auointadeduire ou expliquer.
Et qùant a ces autheurs, ils ne sonc contents de dire qu'ils ont appris
ont escript de ceste noble ART MI-
pit longueexperience,cequ'ils
LITAIRE: mais ils confessentaussironderhertt, qu'ils enontraccueijly
vne partie d'aultres auteurs, lesquels ils allèguent fans aulcu n setupuie.-
Et entre aultres principalement y£iiàrtj qui recite paf ordre lés auteurs,
desquelsih'estseruyd Ascauoir H O MERE,quiestléplusanciédeceulx
quiont escript del'artmilitaíreíEt entre aultres, dela manière d'ordon-
ner leshatáilles,& dit lé mesme i£lian,q^ lés ceuures de Stratò-
militaire
ckj Hernie & Frontírtj deladiscipline Homérique. Item
qu'ilá aUfsi leu d'aultres autneuts de rebùs bellicis,commevni£neaJ,
Cyneas,Thenalus,Pyrrhus,Epirota,8cson sils Alexandre, Cscarchus,
Pausániasi Euangelùs, Poly bius Megapolitanus, Eupolemus, Iphicratés,
PosidoniUsStòicus,Bryon, 8c aultres tels quasi innumerables.
De íorte que j* espère que tù te contenteras, de ce que pout ce
prin-
temps jet'ayallegué.nort vhe mais plusieurs hirondelles,téhantsvn mes-
me VolSc mesme rortde sur Texcéllehce de hostre artmilitaire/Sc en po-
urroit alléguer ehcordauahtagé, si le temps le permets ois.
Mu f. Ayant ainsi lés propres termes deuant moy, fetí croyray quelquecho-
se, pout l'amour de toy,&:cohcedcray ton ART MILITAIRE estre
vne
Et gouvernement dela Cauallerie. 105
Vhe AyR T-, mais en son lieu & rang, 8c comme on pourroit dire des arts
mechaniques, entf elesquelles il y a aussi aulcunes assezsubtiles, 8cde bon
esprit 8cde dextérité de la main. Et de faict la militaire s' exerce aussi en
mesme sorte, frappantsusaforcedes bras, comme les villageois battent
le bled. Mais de la comparer aux sept arts libérales, 6c les soldats aux
gcnsdelettres,jenc le peulx comprendre ,8c beaucoup moins qu'elle
les deuance. 11 fauldra donques que tu m'en monstres des raisons plus
solides i fans lesquelles elle demeurera beaucoup en arriéré, entre les me-
chaniques, comme je f ay dit.
Mart. Tentensbien ce que tu vculs dire: Etpourterefpondresclonl'exi-
gencéjilyfauldroit vttraictéappárt: toutesfoispour m' acquitter en peu
des paroíles,puisquetu dis que nostre art militaire doibt estre rangée
entre les arts mechaniques ; si tu me monstres que tant des renommez au-
theurs áyent.pris la peine,dedéscrire les arts mechaniqucs,je t' en con-
cederáy quelque chose. Mais que fuis bien asseuré que tu n'en trouue-
rasaulcun de quelque renom, quijarnais s'y soit employé.
Mus. Cest cela quejevóulois :8c te íérá facilement monstre. N'as tu jamais
leu Virgile,ou Cicéron,ouOuidfc, qui ont escript beaucoup des arts
tant rustiques que ciuiles. Etdctemblablesilyehárantjqu'ilseroit quasi
impossible de les raccompter tous.
Mart. Ie voy bien , amy Mufan, que par force tu thé veulx ranger entre
les mechaniques : Lieu qui te seroir beaucoup plus conueiiable.L'À-
ritlimétiqi, la Géométrie, la Musiq}, sont de tes arts
l'AÌtrQnomie>&
libérales. Or n' ignores tu pastm'ontrouuc beaucoup d'Arithméticiens
entrclesidiots,marcháts,merciers& artisans, surpasiants en science,dex-
terité 8c habilité de ceílc science, tous vos grans Maiftres quiotu
consumé la meilleure part 8c de leurs ans, 8cde lêurs biens'és Académi-
es. Etquantaux Géomètres, ouïes trouue on meilleurs qu' entre les
Ingénieurs * ordinairement telles;gens,qui ne scauenténcorqueccstde
Vosseptàrts libérales. Astronomes,les plus dextres 8c véritables se'troU-
uent entré les naûtonniérs, hommes presque barbares, 8c rèserhblants
quant au reste, 8cen aultres choses, les poissons, auec léfquelsils Voltigent
le plus du temps, qui se mocqueront dé ces ópereuses deìrìoristratiotis
de vos docteurs. La Musique, si tu t'en Vas én
Angleterre,ltàlie,Eípagiie
6c aultres semblables lieùx.tulatrouuerasen lés battéleurs 6c joueurs des
farces du badins , qui onques n' ouyrcnt le norn des arts libérales
plus
doulcê 6c harmonieuse qu'entrè vos Magistros artium , qni là
pluspart
enscauentaultantqu'vn asne. QuediroistudelaMarhematique.corn-
mentelle fleurit mésmeeritre gênsqui ne feauent quec'est, 8c
desquels
tunevoTudi:ois,estrè, cependant combien que simples Mechaniques ils
surmontent de beaucoup, meímc les plus doctes professeurs de ceste air:
8c té confeillerois q*ue poùr cacher tûn ignorance es artSjdefquelles tu
fais si braue profèstìon, tut'allois toymèsme mettre 8c ap-
ehleurrahg,
prendre meftrie encor de ceulx là. Et d'aultre patr, en que! labyrinthe
ure mettroisje,sijete vòudroy raccompter tous les autheurs de grand re-
nom,quionteseriptdelanoblesse,excellence 6c vtilité del* art militaire,
l'esleuant au plus hault degré d'honneur que possible: 6c ce par des raisons
treíiustes 8c treíueritables.
O Mus.
ÌÓ 6 Liure II. De L'Exercice
Mus. je suis content,que ton art militaire soit Art ou science : ca»r Voyant
tant des autheursje suis comme contrainct deconceder, qu'elle soitvne
art singulierc.Mais souUienne toy qu'en tadefinition tu difois,quelle est
vtile pour le Gouùerhement de la vie humaine. Chose tout contraire a
ton art militaire: nc Voyaht aulcunemcntquelavie,estat del'homme,en
soit aulcunemehtmclioréíains plustost tant des Royaumes,villés 6c ter-
ritoires destruits 8c ruinez du tout: Ioinct que c'est vn estât esloigné 6c de-
la vie humaine n' est aùlcuhernent
pieté 6c d'hohnestetéjdoht gouuernée,
ainsdestruicte»
Mart. Cecyestvnc aultre question, aladeduicte de la quelle il fauldroict
auoir plus de temps. Toutésfois pour te refpondre en peu des mots, fa
che,quecommcertl*instruction derinfanteriej'aymoîistiéqu'il y a deux
6c lllegittimés • ainsi eh ceste
sortes des guêtres, Légittimés question le
nom de guerre est pris en deux fortes. Cartoutesicj guerres, qui des ie
commencement du monde iniques a présent ont esté 6c sont eiicòtes,
font où permises de Dieu comme nécessaires pout aUancér, oueniio-
yees poùr punir. Comme pour exemple.Quahd Abtaham deliurc soti
cousin Loth: Moysi fait combattre le peuple contre les Ammonites.Les
guerres de Iosue, Dauid, 8c aultres : Etáù Nouúeaù Testament le guer-
res des Chrestiens contre lés Sarrazins,Turcs8c aultres infidèles: ce sont
guerres,voyre mesmes souuehtesfois commandées dé Dieu expressé-
ment,comme quandSaulrecottcommahdémentdédéstruirc Arnaleck,
Scaultrestels; exemples,troplógsaraccóptericy. Maisenuoyeesde Dieu
pour punir,sontcellesquéDieuenuoyeaulcunesfbìs furiesreueíches^c
impoenitens, en faisant destruire leurs Royaulmes>prouinces,territoires
& villes parfàlusticejComme au Vieu Testament on voit le peuple, pe-
chanteontre sohDieu,assailly deíesentìemis enuoyez dé luypour cha-
stierladesobeissance. Et semblables gUéités enuoyees de Dieu estoint
souuent esrheux, non seulement P.H djcsinsidelcsymaisatislìparaulcunes
du propre peuple.Comrhe on voit au liuré des luges, que les onze tribus
Israël sont esmeués par punition de Dieu contre la tribu de Béniamin,
iusques a quasi l'extreme desfaicte. Ainsi en est ilcncorpotirle présent, y
aildesguerres immissiuesouenuoycésde Di^U, comrne des fìeauxpour
^ uni r les péchez dés hommes. Ainsi té fault il noter la^ différence entre
guerres nécessaires>8c immissiucs. Lapremicíc forte est bonhé, comme
parlaquelle,commeonVoitau Vieu Testament, L'Egllse de Dieuaesté
beaucoup auancéé. L'aultré est vhe punition de Dieu, qui tend a la de-
struction des mèschànts.
Mus je ne suis encor passé si auant en l'éítudé des guêtres, que pour donner
mon aduis fur tant des diueríìtcz par toy alléguées, ie ne m'oíérìér de moy
mesme:6c fauldrá que je consulte auec mes Docteurs Académiques ius-
ques ou jetédoibs croyre. Cépendantilme souuientauoir leuendedi-
cation de ton instruction del'Infanterie , que lés arts libérales ont pris
leur delineanients 6c perfection de l'artmilitairé.Propos tant hors de pro-
pos 6c raison. Car seroit il bien po(ïìble,qu'il y eut entre nous amateurs
desarts libérales
Baccalaures,Maistres,Cádidats,LicêntiatSj Do-

tl:eurs,8c entre vous aultresquelqueaccointance.?IevouIdrois bien que


tum'ostasses ce scrupule , qui m'est de trop dure digestion. Etquanta
mov,
Et gouvernement de Ur Cauallerie. 107
tnoy.je pansois estre instruict en telles arts , que vous aultres » gens de
guerre 8cfarouches debuoiez adorer, tant s'en fault que vous les pourriez
aulcunement mesprifer, comme estants empruntées de vous.
Mart. ìet'endiray la vérité tant ronde 8c simplement. L'escholc>dohtla
discipline 8c art militaite ost issue, est bien plus ancienne, voire iusques
à í'enuiron de mil ans, que celle de vos arts libérales. On listGen:47.
'Que Esau est institué de son pfere,lé Patriarche lacob.pour estre hom-
me de guerre, quand illuydir, qu'il viurá de son glaiue. De forte que mes-
me des ce temps, les eofans de Patriarches se sontàddonneza I'efchòle
8c discipline dés armes. Comme aussi il est dit du mesme,qu'ilestoitbon
archer. Et de fait,st y a plusieurs Conjectures de fa dextérité es armes,
lesquelles ayant douze fils, douze Princes, il les á aussi fans aulcune doub-
tc diligemment exercez : 8c depuis ce temps la, la Jeunesse y á esté tousio-
urs instruicte auec grand soing : dont sorit réussis de tels archers, qui ti-'
roint a vn poil fans faillir. Entre les gentils, l'art militaire estoit ense*
ignée publiquement es eseholes, comme pour le présent vos arts libéra-
les $ ayarit leurs professeurs 8c précepteurs pour instruire 8c exercer les
Tyrons. Et Homère, combien de temps a il employé pòur descrirecesta
discipline ou art en faisant profession publique , comme ses escripts eh
tendent bon tésmoignage.
De Themistocìe dit Plutarche en sa vie, qu'il fut disciple de Phréariùs»
quicnestoit'ne Orateur né Philosophe, ains Professeur de l'art militaire.
Platon aùssiestoit Professeur dé ceste art : 6c ces deux nobles 8c preux
jeuns hommes Chioh 8c Leohidcs.qui ouitent lé tyran Clearche.Tont
sortis dé son eschole. Entre les Romains : Vegcce liu : i. ch : 4. dit, que
le jeun homme sedoibt exercer en toutes armés , pòur tenir bon ordre
& garder 'son rang, poùr lancer fa picquè Où jaucîot auec force réqui se,
gouuerner soneíéuou rondaccaUccdextcnté,qùeles coupsdcTehnc my
en soyent détourne z &c. Théodore én Cassiod: LL. dit: que l'art mili-
taire doibt estre apprise 8c exercée en temps, afin qu' ellestie défaille au
besoing. Catonáluy mesme exercé son fils es armes auec grande dili-
gence. Voire en Romeilyauóit de lieux prppres,esqùels on faisoit pro-
fession publique de l'art militaire: 8Ctant a Rome qu'en aultres endroits
dn n* enuoyoit la Jeunesse a aultres tschoîcs, qu' acellcslà. De sorte que
les plus nobles enuoy oint leurs ënfahs aussitost qu'ils auoínt atteint les
7-S.ou 9 .ans, aux champs 8câù labeur, poùr pouuóir eh après tant miculx
supporter les labeurs dé l'exercicè militaire, Et défait, lés enfáhs n'ont
point estez énuoyéz auxcschoïcscommèonfaítauiourd huy, pour y ap-
prendre la langue oìi grecque ou latine, qu'esteint langues naturelles 6C
maternelles décès peuples, ains seulement pour estre duits aux armés:8c
de laies eseholes des arts libérales, comme tu les nommes, ont pris 6cle
nota 8cle commencement. Etcômmè cesièuhes escholiers estoint nó-
mez soldais de Mars : comme ceulx qui s'exctcoint áù ieu Martial auec
grande diligence, zrelé 8chazard: les professeurs dé vos arts en ayant pris
vn patron, & imitant la ddigénee 8c labeur en vnèaultre mahicre.ont ap-
pelle lèursescholiets Milites de* soldats des Muses. Et
Muíarum,
dé la le commencement de vos eseholes & arts ,dires libérales, non pas
qu'elles soyent telles > mais poutee que ceulx qui y estudient se persua-
O a, dent
ÍÒ8 Ltutell. ^De LExercice
dent, mais a tort, exempts de toute pcirte 8c labeur. Et voit on qu' au
commencement, vos arts n* estoínr en tellé estiftiè 8c réputation, que
Fart militaire, qui estoit beaucoup plus pénible & laborieuse, dont on eh
disoit en commun;
Et comme vos arts
Multatulitrecitquepuer,sudauit&alíît.
florissentauiourd'huyesescnoles , ainsi storissoint du passé les exercices
militaires entre les Greqs 6c Romains; Voire aussi entre
plusieurs aultres
peuples 8c nations.
Et cóbienquel'art militaire ayteomencé a décliner, es villes particu-
lières, qui désireuses de nouùeauté voùloint estre estimées nourrices des
arts libérales 8c pacifiques, si est ce, on en á chassé les
professeurs de plu-
sieurs 8c villes 8c terrés,pource qu'on voyoit que soubs beaUx filtrés la Ieu-
nesses accoustumoital'aisederoysiucté,& se rendoit inhabile aux armes.
De quoy je poufrois alléguer plusieurs exeples. Mais estudieùxde bries-
ueté,jen'eh raccompterayquecestuy-cy. Corhmenrenpnhtilaux Car-
thaginois instruisants selon la persuasion de quelques prétendus Philo-
sophes léuricunesse.auec omission de lá discipline militaire, aux arts li-
bérales ? Ascauoir, que Marcus Attilius Regulus, bon soldat 6c Capitai-
ne, qui auoit aussi vaincu lés Samnites , corrompus aussi per mesmes
moyens, les surmonta en vne bataille naualé,leùrostáën'llámer^4. vais-
seaux, 8cmettant pied enT Affriqucgaigná sur eulx $oó. villes 8c chaste-
aùx, lés ahbattant en sorte qu'ils ne peuùént reprendre haleine. Cár leur
ieunessc áccoustuméeal' ailé de ses arts libérales, ne
pouuoit mahierlcs
armes pourluy faire resistence: Dont auec leur confusion ilsfùrentcon-
traincts,de cyícheraydë chez Xahtippe Roy des Lacedemoniehs,afin
que comme bòhrhaistre delart militaire, il y enscìgnast aussi leurs gens. Et
leùr reusítcccy f; heureusement,
que le dit Xahtippe, méttánt leur mili-
ce en boh ordre, 8c lés enseignant en fart militaire, hon seulement ils
firent eh aptes teste au dit Regulus, mais le vainquirent aussi finale-
ment.
Semblables exemples té pouuòint estre racontées de
plusieurs aultres
Villes. Et t'asseure que la méthode des arts libérales est em pr untée de l'árt
militaire: & si máinténaht elles fleurissent, si ne viendront elles iàmais a
telle fleur Scrëputation, comme á este celle de la milice.
Mus. lime semblé quetu vueilles du tout mëfprifer voirè reietter ícs estu-
âús des bonnes Iettres,leùrattribuantlacauscdelaruine de plusieurs ré-
publiques. Mais je t'eh monstréray tout ie contraire i Ascauoir que les
plusgrahs 8c renommez (Capitaines, comme ce Grand Alexandre, Iule
Cacsar 8c aultres se sont faict estimer pátestude 8c scauòir des bonnes
"'*
lettrëSi :
Mart. Tudis bieri; 8c je Ìéconfcsseáussi,queÌes plus grans oht esté amateurs
des arts libérales, 8c des bonnes lettrés. Mais en quelle sorte où manières 1
Seulement poùr leur plaisir, 8c pour pouùoir mettre
par escript scs beaux
Stratagèmes et aultres succefsiqu'ilS oht eù. Puis il n'oht faict estirhë,qué
de ceulx qui oht escript de l'art militaire, fans se soulciër de lire
quelques
aultres. Alexandre ne fît estât que d'Homère, lequel d ayrhoit tahf, que
semettant au lict.il le logea soùb son oreillíer. Mais qUanr aux arts libé-
rales, iamais ils n'y ont vacqué, comme on fait míaihtcnaíít: neseserùânt
des
ËtgouuetnementdelaÇauaÚerte. ity
dëseftudes, que pour vne récréation où délectation : Là ôii !a triiíicêë-
stoit leur principale occupation,coìththe lëscùlrrfòyëh poùr pâtdehit aux
. vrays honneurs, 6c sacqoétirvhé renomméeétèrriéllé.Et tandis qoèl'art
militaire florissoit i, estant préférée aux arts libérales, lés choses àtlòint
miéulx au monde. Bien cónccdetay je,què cèlirV íjùi á bontìë cdgnois-
sahcc dès arts libérales, serátaht meilleur Cápitáir?è: màis cëpèndátsuis-
je tousiours de cësta-duis, que Ceí deux soyent cSiciiricts^, 8c cjnié l'art mili-
taire soit aussi propoíee á la iëuhcssè,quë les arts libérales. Ce qui he se
faisant poùr lé présent énl'A llèrriâghè,/ en pferis vn présagé d'vn'érui-
neinfaillible, comme il serádeduictailleurs. A láqùèlle toutésfòis oh
pourroit obuiér, si de bon heure oh changeastd' opinion -, afin que les
compieihtes n' en viennent trop tard. Et principalement aùtióhs nous
l'occâsion en ce temps d^estéuër ceste art plus hàùit,iqu'é i&fri'áís éllé hé fut
. au monde, áùecgrande vtilité 6c àùarìrage de toùtê là Chréstiëhté.
Mus. Qu4entends tu par lés soldats de Mars 8cdès Mtíïjèf ; dóht n* a gùe-
res tu fis mention ? Car ils ohtlethesme hom dé sordiàcSi áùéc là seùle dif-
ferencedeMars 6c des Muses.
Mart. Tuas entendu donc 8cles vn 6c lés aultres ont éù leur origine, tant
entré les Greqs que Latins ou Rorhaihs. Car lés cscholes,èsquélles l'art
militaire estoit enseignée, contenoit les èscholíèrs où soldats de Márs:
8c celles ou on enseignoit la doctrine des bonnes meurs Ì áùoit lés soldats
des Muscs. Or estoit là iéùnésse premièrement èhseíghée eh l'àrt militai-
re, áces meuts ensemble >de sorte qu'il n; y àúoit qV Vnê soìrté de soldats,
ascauoir de Mars. Mais aussitost que ces Philosophes diùèrs fè sont raon-
strez,auecléursophisteries 6c pipcrícs,se présentants aùcc si beaux pré-
textes des lettres Scarts libérales à là iéuhessé > qui hé vouloir, tóutcsfoís
perdre le nom des soldatsjils èn oht fait dès soldats dès Muses. Sahstòu-
tcsfoisaùoïrsi grande nécessité de changer de hom ; estants lès soldats
de Mars aussibieh exerces és aùltréslettrës,vertus 8c sciences, que céùlx
Comme rtous voyons én Plùtarqùe i q^uè cè grand Càtoh, grand
cy.
Philosophe cxercoiht son fils âù mahiemét de toùfés fortes d'armes;, rhon-
strant par foh exemple, que ceulx dé son estât aùòiht l'art militaire en
trefgrahdé recommandation l. Ce qui fans l'institution reçeuë en la jeu-
nesse , ne pouùoit estre àùicuherhént. Et alors lès camps de Màrs 8c des
Muses n'estoiht séparez, comme ìis font àù iòUrd'huy : ains oht tousiours
estez cohiòihcts; iusques a ìavénùe décès Philosophes hoUuëaùx> qui vo-
yants qu'au carhp de Mars ils estoirit péù estimez , pourcè qu^ils ne trai-
ctoint que des choses puérilès,lés oht séparez: 8c cè aùeC la persuasion que
par lé moyen des lettres, oh pouùoit acquérir honneur, réputation 6c irn-
rnortalité,oht attiré vhè bonne parfcié de la iéuhessé ; qui volontiers fuit le
labeur a leur party.
Ilestbich vray que ces instituteurs des soldats des Muses, ont fleuri au
eomméncemèrttimaise'acstéáùëcla corruption dé la ieùnesse, 8crùihd
8c destruction de plusieurs grandes républiques. Estant lés Ieùhësgèhs
détournez dés armes 8c dé l'art militaire, pout se iòùer ál'aise dëcommè-
dies Tragedies,où pout miéulx dire des fatcës tcllcs.quc hoùs
Voyants des
badins A hgiois qui semòcqùent mesmes de cëulx qui y despehdét larges;
fart donc militàitë,vénaht ainsi a s'amoindrir, auëcl' accroissement des
Q ì lettrés:
ÏIO. Liure IL De L Exercice
lettres : ën est aussi peu a peu defailly la force ( chose assez déplorable.)
auec l'issue d' vne ruine gcucrale , comme on le peult dcmonstrer pac
plusieurs milliets d'exemples. Par semblables professeurs 8c professions
font ruinez les Laccdcmoniens> les Romains, voire qùasitôutes les pto-
uincesjvilles & republiques, qui ont cerché la vertu,noblesse, 8c immor-
talité. Considère le seul exemple de la Monarchie Romaine : quelle est
la cause de fa décadence í Non aultre que celle-cy: Que les Philosophes
8c languarts Orateurs,commc Cicéron 6c aultres ont voulu gouucrner la
république de leurs plumesda remplissants de liuees auec l'abolissement
des armes, 6c dé l'art militaire. Dent laieunesse trouuantl'éxerciceplus
aisé, déposant les armes, commença a iouerdes plumes, 8C fantastiquer
fur les arts libérales, iusques a enseuelir l'art militaire d'vn honteux 8c
pernicieux oubly. Quelle est la cause de ceste débilité de la Chresti en-
te, tant tiauaillée pour lçpresent du Turcí&c d'où vient a niché si auant en
nostre Europe? Non aultre que celle-cy, ascauoir que ces Philosopha-
stres Acadcmiques,appellaht la iennesse au camp des Muses,a si bon mar-
ché ont désolé celuy de Mars : 6c en lieu des armes tant honorables, que
vtiles 8c nécessaires luy ont mis des plumes, 8c des caiers remplis de leur
foles 6c inutiles resueries entre les mains. Et voy iusques ou ces pédants
se sont aùancez: Ascauoir que les plus beaux 6c plus nobles esprits se sont
rendus semblables a eulx: 6cenlieu des braues soldats, nous ont rem ply
le monde de fainéants de noble langue. Considère je te prie, Amy Mu-
san,le mefphs,auquel pour auiour d'huy se trouue la noblesse;que plu-
sieurs personnes d'estât des Princes, Contes 8c plusieurs Nobles Cheùa-
íiers croupissent es eseholes, pour apprendre 8c enseigner l'A.B.CîVoy ?
Ëccicsiastiqucrémply de plusieurs milliers de gransde nobles pçrsostagés,
qui ayants oublié leur estât, 8c l'honneur de leur ancestres, 6c lieudéla
cuirassc,seycstent d'vnmalhcureuxfrocq.enlieudeladisciplinernihtài-
rejen laquelle leurs pères ont y escu honnorablemcnt sevaultrent comme
en toute immondice,seduicts seulement en leur ieUncsse pat
fiourceaux
es tromperies de ces clamants, 6c persuadez,que la vertu 6c l'honneur
s'acquiert a l'ombre en la chaleur du four.cn tel aise r Mais quel en est lc
fruictrNousl'auonsveu passif quelques centaines d'armees.aseauoirque la
Chrestienté en est quasi toute çorrumpue: 8c est mesueillé (si nous n'y
reëognoissons la Prouidence admirable de ce bon Dieu, qui nous entre-
tient 6c soustient, fans aulcun nostre mérite ) qu'il nous reste encor vn
seul pied de tetrç pour lademeure 8c repos des Chrcstiens. Et de fait nón
fans grande raison.Car regarde les guerres passées d'Hongrie; comment
ont cllcs esté menées? Certes en telle manière qu'il á bien de quoy se ple-
ìndre. Les plus nobles 8Cvaillants esprits, ont esté enuoyez ôc entrete-
nus es eseholes, cloistres 6c prelatures, 6c en lieu d'iceulx on s'est conten-
té d'vn grand nombre de lourds rustauts 6c villageois ignorants 6c fans
aulcune cognoissance de vertu 8c int egritésquîopposcz a ces barbares, ne
pensent la plus part a aultre chose que leur solde aubutin,ouavnehoh-
teuse fuite, s'il y a du danger. Combien penses tu qu'on trouueroit des
personnages nobles, reclus es cloistres ? 8cau contraire quel petit nom-
bre en trouuera on en campagne ? Et quelles perrés s'en sont ensihuies?
De tout cecy, ces pédants 8c recommandeurs des arts 8c Muses, cn sont
la cause.
Cauallerie. ut
EtgouUernementdela
lacauset Et se pallientcncorcauteleusemcnt,que la parolle 8chonneur
de Dieu en est auancé: mais plustost, pour dire le vray, empesché: vcu
que ces bons 8c nobles esprits plus propres aux armés qu' aux plumes j
enyuresd'oysiuere Ôc de paresse j commencent ordinairement f je rn'en
rapporte asohgcr 8c refucr sor des questions 8c disputes
al'expériences
curieuses 8c inutiles,par lesquelles l'Eglise dé Dieu est troublée* la parolle
tirée en doubté, 8c plusieurs simpies scandalizez. Certes ie nombre de
semblables est si grand, que je ne doubte nullement, que lés ayant tous
assemblez, on en fairoit vne armée bastante, non sculëmant poùr résister
auTurcq, mais aussi pour l'en chasser dé son propre tertitoiré : cbmmë
aultre 8ó plus propre endroict.
jetelemohstréray plus au clerënvh
Mus. Ceçtësamy Martihje t'oy auec singulier plaisir: 6c voUldrois que tu
passasses aùant en ce discours: mais fur tá promesse ,j' enautaylápacieh-
cë, iusques a la fihdehostrë Or as tu demóhstré aulcunement,
propos.
que les sept arts libérales ; ont leur origine de l'art militaire; qu'au com-
mencemëntellesestointioínctes ënfcmble,maísqu'jia finíaparessé eh á
faictle diuorce: Monstre moy aussi íì l'art militaire á tels principes, par-
ties , règles 8c préceptes, comme housauuns en nos eseholes j esdenbs
arts libérales.
Mart. Ie le feray volontiers iàueccesteasseurance, qu'en toutes arts, scien-
ces ôcfacultez, tu n'aùras (exceptéla Theologie)iamais veu ne ouydes
principes,règles 8cpréceptes plus Véritables 6casseurëz 8c parfaicts (fans
tant des exceptionsSc appendices où arriére boutiques,) comme elles sont
en l'art militaire Commë,Dieu aydant, tu le verras,quand au quatriesihe
luire jemetttayenauant toute l'art ,auec les règles 8c përeepres de chas-
cune de ses parties, pour satisfaire aux esprits amateurs de ceste tant no-
ble sciencé.Cépehdant tu ftiétlletteras quelque peu les auteurs, qui én ont
escript; pour véoir s'ils ne font mention des principes ; parties,reglës 8c
préceptes aussi bien que ceulx qui on t escript des arts libérales.
En l'art dé l'infantérie, tu as vne partition i en laquelle premièrement
tu vois les prihcipesoUeièments pour l'exercice d'icellé, ascauoir le ma-
niement de 1' arqUebùs Sc mùsquet. Puis , comment on tire pat files 6t
rangs. Tiércérhent,lc maniement dela picque. Pour le quatriesihe l'ex-
ërcice de toutes déùx armures. Lacinquiesihe partie monstre la bataillé
ordóhée d'vue énseighëi La íìxicsrhe,la bataille d' Vnrégiihehtentier. Et
ainsi dés aultres parties-desqueileschascunëa ses règles 6c préceptes, par
ìesqiiels ëllë er ^toduíctë à (à perfection. .
Au second iiuré delâCaUállcrië, tuas aussi ses parties , 8c les réglés
8í préceptes dé chàseùnë.
Au troisiesme k citiqUiësrrie, tu verras aussi les partiesaUëc leur prirì-
fcipes régies 8c préceptes,mísesaUlsi par ordré;8c expliqùeës auliUre quá-
triesmë. '
Dé sórreqùëipoUr retourner a nostre propos , les arts libérales sont
iítues des eseholes tfìílitairesj dont auec lë temps les Philosophes ont em-
prunté lés règles 6c préceptes, comme ils lés auoyënt veUes eh icelles. Or
n'y traittoit oh ou commencement que des moeurs i 6c en estoint pro-
posez les préceptes tant eh Grèce qu'en l'Italie, 6c langues naturelles des
pais : la ou maintenant pour estië instruits én çés arts, il y fault tant de téps
8c de
ni Liure II. *De L'Exercice
& de labeur ,íâns les dcípens, que cest vne pitié d'y veoyr rìièflà ieunêsìc
«n ces deux langues; 8cce fans aulcune nécessité. Car toutes ces art s, ôc
les facultez mesmes se pouuomt enseigner & apprendre en nòstrè lan-
gue Allemande 6c maternelleycomme oh voyt en France, qui á toutes
les arts 8c facultez,8c toute la Philosophie auec louange en fa propre lan-
Et nous Allemans nous anim-
gue, 8cy sont enseignées publiquement.
ions 8ctourmentonstant âpres la Grecque 8c Latine, comme si noùsn'a-
uions vne langue sientière 8c petfaicte pour y pouhoir expliquer ces arts,
<jue les aultres nations: 8c singés que nous sommes, trauáillânts âpres icel-
les, nous oublions la nostre, 6cce qui nons estoit plus vtìle 6cnécessaire.
Certes nous en aurions plus d'honneur 8cde louange, que les arts 8c
sciences, puis que nous les estimons nécessaires* sévissent Scpcussenten-
cendre en nostre langué maternelle, pour ygaigher pour le moins la me-
illeure partie du temps, 8crappliquer alamilice,quin'est de moindre,
ains dé plus grande vtilité 8c nécessité.
lointqu' en ce siécle tant heureux on nousíart,ne scayqùellé, espéran-
ce d'vnc Imiention,pour pouiioir apprendre toutes sortes de languages
en six mois de temps. Mais j'ay belle pëùr que ce ne seroit au profit de nos
Académiques» Mais aussiilmesembleques'ilscommençointaproposer
en langue maternelledes choses qu' auec si grande apparence 6c labeur
ils traictent en langues estrangicrés, eulx mesmes en atiroint honte.Et dé
fait si vn idiot, non toutesfois defpourueu de bon fens,montoit auiourd*-
hùy en leur cathedres pour expliquer Vn Tetchce ou Virgile, où Oùide
auec si grand seing 6c solcnnitez,quefoht ces docteurs de hostrë iéuhes-
sé , en langue Allemande ;je h* ay aulcune doubte, que to'us ceulx qui l'or-
roint, voire ces bachillicrs 6c Maistres mesmes, P estimeroint estre foK
loint que non fans raison je demandé si ces autheurs, qui sont tant mâ-
chez 8c remâchez a noftre iéuncílé 8c auec telle perte de temps 6c despés,
sont d ignés d'estre leus 8c estimez entre les Chrestiensîcertesjc dis qu'il
vauldroit miculx qu'ils raflent tous abolis 6c icttez au feu. Càtqùelsfont
les fruicts de crainte de Dieu ,de Vertu 8c d* honesteté qu'on eh péult rat-
cueillir? len'endiray dauantage,m'espargnant,Dicúaydant,pourquerqî
aultre occasiom Seulement t'aííeure.quesivndeces autheurs resuscité
des morts,vidfic entendit auec quelles solcnnitez .hbeurs ôc fucúts nos
Académiques traictent 6c proposent leurs Muses* cest a dire lèùr fables
fie folies , desquelles ilsscsontseruiSiCommèdeqùciquerécrèation;!air-
fant cependant 8c nesesoutciantdece qui estoit de leurplus sérieuse oc-
cupation, ascauoir l'art militaire, Comme nousauohs monstre cy deuahr,
que les plus grans Philosophes s'y sont occupez, fans doubte âulcunè,
il se plaindroit de la trop grande folié , voìrê vilaine ingratitude dé no-
stre siécle. Et non a tore: car du plomb de leur folie , nóùs voulons pui-
ser sagesse,deleursfables 6cinuencionsd'esbat.nous voulons distilerco-
rne bons Alchymistès l'or de la vérité:8c quant à ce qui hous debuoite-
stre plus précieux quel'or mesme, nòusn'ypensohspasvnefòis.
Et si quelque Allemand, ou d'aultre nation ,eust présenté a ces sages
du passé quelque poème, comédie ou tragédie, ou aultre semblablee-
script en fa langue maternelleje recômandant de telle dignité 6c vtilitc,
pour estre explique en leurs eseholes: que penses tu qu'ils en eussent dit>
Voyla
Et gouuernement de la Cauallerie. n3
Voyla Amy Musan, jusques ou nous sommes transportez pat ia fraude
te astuce du diable, quia basty ses eseholes entré nous ; que delaiáàhs la
vérité celeste,8cnostrebien,nous hous amusons es sablés,inuëntions,poé-
sies 8c folies des payehSiôc les proposons a nostre ieUnessëauëcfi grands
labeurs,6c solennitez 6c parades, comme sice Uoint des sainctes reliques.
Ne diroit pas que nous sommes plusgrans fols & idolâtres que les gentils
mesmes?
Car jé te prie encor,ehcor vne fois, regarde aùec quelle admiration,lo-
uange 8chóneur semblables satratssonttraictegfauHi mesmedeiThéo-
autheurs sont appelle* Lumières»Dieux,
logiens ) en nos Académies.Lés
Scieursèscripts eíleuez iusques aùxcieulx.Sc ce auec telle impudeníe,que
Celuy qui seait miéulx priser lès auteurs payen s des» faculté.voite turques
a leur donner placé entre les esleux de Dieu ( ce quVn oyt d* aulcuns
Théologiens) est estimé plus docte 8c lettré, que lès aultres, qui retenus
peult estre par quclqùè scneiment de conscienccy sont àulcUnemcnt
. modérez. Si cecy n' est vne biëh lourde Idoîattie , je confesse ne Icauoir
que c'est d'idolâtres.
Cértés c'est vne Idolâtrie bien grandcficlou rde,qut le diable par sesru-
ses 8ccaùtcllès tahtàuancé.quMÌ'aaussi fait glisseren nos eseholes* afin
que là tendre iëunesscdeson naturel encline aussi a ce péché, he faillit
d'en estre embeue de bon'heurè. Chose bien déplorable: mais aussidigne
d*àdmi ration, quand oh vouldroit reeercher poùrquoy ce Grand te Bon
Dieu donné tant dé permission au diable, detromperainsi fie séduire tant
des milliers d'ames. Etd'ou este çe,jè te prie , qu oh roitàu iour d'huy
le Royaume du diable tant auahcé 8c acercù entre les Chrestiéns f diint
sont proùehus tant des schismes ÔChéresies.tant de débats en 1*Egli le de
Dieu, si noh( pour le moins en bonne partie) de ces arts libérales. ôc de la
Philosophie, de laquelle l'Apostre S. Paul nous aduettir, tant instammêt
de nous eh dohnet garde. Et certes depùìs la cheutedenos premi. rs
parehs, il n' y a plus propre moyen Scprattiquë, poùt âuancet la perd t. o n
du reste de leur postérité,que celle cy ,ascauo:r l'inucntion, & rccomnun-
dation de quelques arts prétendues libérales.
Car commeesprit trcshialicieux ôc frauduleht, sachant que les Chresti-
èns du NouucaùTestaméht,gouuerhant$ leur eseholes 6c ly nagogues.a la
façon du peuple de Dieu en l'Ancien, seloh la parolle recrue des Pro-
phetes)8cÌcsloixtant Ecclésiastiques que politiques données par Moy se,
qukils y auroit tresgrand auancement du Royaulme de Dieu, 8c destru-
ction dusien.'ils'est iheessament traùaillé pour y introduire íes arrs libé-
rales, afin que par scelles ils fussent détournez de l'ordre ancien <"v-tant
salutaire» Etcecontrelataht sérieuse 6c diligente ordonnance de Dieu.
Car Dieu mesme y ayant proposé des ordonnances Ôcstatuts eanr Eccle-
siastiquesqùe Politiques,meilleurs8c plus propres, que hous n* aurons
iamàis,8csi parfaits ôcaccomplis, que par my tous le» peuples delà tclrre,
il h'y a des semblables : a visé non seulement a Cebout,qu'iU en soyehtdi-
stinguez de toutes aùlttes nations; mais aussique son peuple n1eust occa-
sion, d'en cercher 8c apprendre des gentils, depëUr des entascher aullidé
. lsIdolâtried'iceulx.l'aduertissant mesme de s*ehgatder.
Laquelle ordonnance 6caduertissement debuoit bien estre remarquée
P des
h4 Liure IL De V Exètckt
des premiers Docteurs du Nouueau restament, tout au commence incr»
ôc ordres ÔCcérémonies
pour segarder des loix des gentils, aultant comme
,de l'Idolâtrie mesme. Entre lesquelles choies les sept arts libérales
inuenteesd'eulxnesontdumoindrëdangerrintroduictestoutcsfoisauec
sigrandeiapparence,6creçeuesauëcsigrahdzcle; sanstoutesfoisaulcu-
nenecessité.Carencorqu'onmettroirrouslesSages,Légistes, Docteurs*
Philosophes, auec toutes leurs arts ôc sciences ensemble , sinepoUr-
roint ils, tout aultant qu'ils sont, trouuer 8c donner des loix & statuts plus
simples,propres,conuenables » Vtilés ôeparfaicts, que celles qui font
proposées au Vieu ôcNouucau Testament. Etcroymoy,queíìcëGrand
Dieu, seul sage, Législateur tresparfaict,ôc fidèle auteut 8c fondateur de
toute bonneordonnance,yeustdésiré plus d'artifice & apparencemon-
dainé il l* y pouùoit aussi monstrer , 6c n' y fairoit defence si diligente du
de peur que son peuple y trouuant
contraire: quelque gdust, n'en fut si
dangereusement corrompu.
Mais le diable,ne pouuant par ses ruses 8c finesses , induire ceulx de
l'Ancien Testament a courrir âpres la sagesse, loix, statuts, meurs, 8c dis-
ciplines (entre lesquelles chosesje conte a bon droict Vos arts libérales,
lesquelles aussi bien en ce temps la) des gentils: il en est venu auec gran-
de ruine des Chrestiens ( Dieu ayt pitié de ceulx qui y sont surpris ca leur
simplicité ) a bout au Nouueau testament, nous faisant payer bien cher
nostre curìeusité,ascauoir a perte desarmes. De sorte qu'a bon droict on
exercer 8c mauldire,celuy qui suinant lemalneureuxdeseindu
pourroit
diable.aesté le premier a les enseigner 8c recommander entre les Chre-
stiens.
Et de faict, ce serpetti. cauteleux scauoitbieh , que lés Chrestiens du
Nouueau Testament se contentants des loix,statuts, ordonnances, voire
de la sagesse Diuine, qui leur estoit suffisante pour toutes arrs 8c sciences,
comme on fit au VieuTestamét ; son règne n'en prendroit auleuh accrois-
sement: Les áassailly tantplus instáment.leur proposant ces choses nou-
uelles, pour semaintéir 8c soy Scson règne. C'est poùrquoy nòus
l'Apostre
aduertit tant instamment, qu'en ce dernier terhpsnous noùsdonhions
de garde, non seulement de son gran courroux,mais aussi de ses ruses ôc fi-
nesses* desquelles, ne pouuant par force du glaiuedés tyrans 8c perscéu-
teursraser les fidèles dutoutdelaterre,ôcmcsmequeparlàpersecution
rafinez, comme l'or en la fournaise ils alloint tousiours croissant;il les á as-
sailly par la Philosophie, laquelle par ses prattiques ôc si subtiles menées,il
áen fin inttoduit enl'Eglise, ôc recommandée iusques al'eígaler a la pa-
rolle deDieu mesme, fans estre oti a gran peine apparceu: commejete
le demonstreray plus au cler en son endroict. Mais d'aultant que ceste
matière est hors de nostre propos , duquel jc me fuis , ôc le confesse, es^
de règles ôc de la diale-
loigné quelque peu plus que dciaison.sansesgard
ctique ôc Rhétorique,je te prie de ne le prendre de maie part,y estant
transporté nostre siécle.
par laconsiderationdelamalìceôcperuersitédé
Mus. Etqueseracealafini'Erenchasseroitona ton aduis, les artsliberales
tantmefpriíees ôcmauldites aussi de toy auec leurs inuënteurs 8c*Professeì-
urs, des eseholes ôc Académies? Q^iel désordrc?quelle ignorance plus que
barbare en ehsuiuroit ?
Mart.
EtgouHetnement delaCauallerie. n*
Mart. Ie ne dis pas, mon
amy, que les sept arts libérales cessent es Acadé-
mies : Aussi heles veulx je meípriser : je né. parle que de l'abus 64
pro-
phanation des dittes arts, ÔC^leceulx, qui en sont trompez 6c séduits.
C'est poùrquoyj'yadioustc cemot en Et dis que ces arts,&
partie»
sciences,ascauoir Grammatica, Diaiectica, Ethica
Rhetôrica,
'& Phy fica ", doibuent estre enseignées és eseholes,ainsi qu'on les y ert-
scignoit deuant ènuiron 4000. ans, ôc deuant ìa venue de Christ es Sy-
nagogues, ôc comme aussiChrist mèsme,commc grand Professeur de la
sàgeíïeDiuine ôc ccleste,les y a traictées:Lequel quand il vouloitenseigner
lepeiiple, n'vsoit de la Dialectique oud' Aristote, oude Rame, ne de la
Rhétorique de quelque aultre renommé d« cest art : aussi ne mettoit én
àharit aultres íem-
Virgile,OuidcCiceTonjPlatóajCaton^.ou
blables saincts canonizez en nos eseholes : maisilmcrtoitenauantlese-
'scripts des Prophètes, ôcen l'explicationsimpled'iceulxilmonstroitson
art Ôcscience plus fidèle qu'opéreuse,ôc apparente j comme on auoit de
coustume de faire au Vieu Testament: auquelnohobstant ceste simplici-
té, le diable auoit fait glisser les schismes 6c sectes des Pbariseens, Sadu-
ceens Ôc Etseëns, parié moyen de la Philosophie ôcarts libérales.
Si doncq tu demandés d'aùoir enron escholeses arcs libérales,y dé-
fiers tu d'auoir grandes sciences, grans ôchaults mystères, tu les y peulx .
aùoir, lesprèoant du Vieu ôc Nouueau Testament, ausquéls tu trouueras
ássezdé la besoighe, ôc plus qu'entré tous les Philosophes qui ont esté des
le .commencement du monde iusques a présent. Ersitunescais, ou el-
les sont proposees auec leur règles Ôcpréceptes particuliers au Nouueau
Tcstamcnt,jesuis content dételés demonstrer,maisen aultre temps.
Mais de ce que tu dis, que ce seroit 1' occasion d' vne ignorance plus
que barbare en la Chrestienré :j'en dis tout le contraire: voire f asscure
que pat ce mòyen, la batbatie introduicte en la Chresttenté pardèsin-
uentions > arts ôcdogmes frruoles, en seroit ostée & chassée. On y auroit
au lieu de tant des problèmes Sophistiques, tant d'apparence de sagesse,
la sapience de Salomon, des Prophc tés, de Christ, ôc deses Apostres,ên
placé de la Dialectique d'Aristote, celle de 1' Apostre S. Paul. En lieu
des Loixciuiles ôc Canoniques, de tant des Commcntsd'vnBartho-
lus, fc Baidus, 6caultres. Laloy de Dieu donnée par Moysc,les com-
mentaires des Prophètes ôc Apostres,efquels tous les droicts ÔCeiùils 6c
Ecclésiastiques sont traictes 6c expliqués à suffisance. Et h' auóhs beso-
ingdc Bartiiolus ou Báldus, quine sont Législateurs de l'Eglise de
Dieu, proueue par Dieu mesme des loix plus sages ôc fainctes, que tous ìcs
Légistes du monde ne pourroiht tróuuer ou donner.
Mus.Lescscripts des Philosophes Greqs ôc Latins sont ptòposcéses eseho-
les a là ieuneste,d'aultant qu'ils font plus purs èhcès langues ;Ôc afin que
là ditte jeunesse les y puisse tant íhieulx apprendre , en puisant lacog-
hoissance des fontaines plus pures Ôcfáines,auec les sciences mesmes qui
y fonttompriscs. De forte que éeluy quiá quèlquè ìugëihénr, ne peult
mefpriser ceste manière d'enseigner ôc arts, ôc langues ensemble^omme
ôc profitable. Mais qu'en dis tu Martin f
xsingulièrement
• propre - • -
. .-'•••• - P a;-.':.* :.. -Matt»
{W Liure IL <De L Exercice
Ms& C* n'est qu' vn manteau flí couuerture des Académiques. Et hè scais
tu quel» pàtolle de Dieu, tant riche cri toutes doctrihesjarts ôc sciences,
fi? trouue cn tous languages qui font au mondé f Car depuis que Ptolo-
mée philadelphe, Roy d'vEgypte la fit translater par septahte ôc deux
interprètes en langue Grecque, tout le mohde eh est venu áiacognoi f-
sàhcé. Et comthe lé Viëù Testament g este escript eh Hebtieu poùrles
luiss, le NouueaU en Grecq pour les Gentils, ainsi par ]a gracé de Dieu*
8cle soi ng de nos anccstrés,lesauons nous tous deux i chascune nation*
ôc mesme noùs Allemans.ensa langue naturelle i dé sotte due
pour ena-
uoir l'intelligence, nous té auohspáS bësoing dé tés langues cstrari-
gierés.
Comment fait on pour le présent en France •en laquelle oh ne sefoui-
cie de la langue Latine, y ayant les arrs libérales auec toutes aultres scien-
ces ôcfacultez , ôcy estant proposées, traictees ôc expliquées publique-
ment en fa langue naturelle? Et poùrquoy ne pourrions noùs faite le mes-
me en nostre langue,aussi riche ôc parfaictë qu' aulcùhé des aultres qui
sont au monde. Ou bien puisqu'on veultéritrctcnir les langues, il fâ-
uldroit miéulx d employer le temps éii l'Hebraiquc 6CGrecque, princi-
palement poùrÌescstudìërisdelaTheologie,esquclléslcVicù ecNouueaù
Testament sont escripr otigirièilemènt.
Mus. Pentehs bien ce que tu veuix dire: ascauoir qu'es Académies áuec lés
aultres artsôc sciences , on fit aùssi profession de l'art militaire. Ce qui
ne se ferá iarháis. Et quelle confusion, dé proposer tantost lés bonnes
lettres , tantost lés armes f De. ceste façon, i! fmldroitqué tous les Pro-
fesseurs fussent premièrement soldats : qui est vne chose absurde Ôcridú
Cule. Fais énl'efprcué,ôc tu verras comment tu y seras
rcçeui
Mart. VrayemehttùnVasbieh entendu. Ç^ù'ilseface, ou non, je hë m'en
soulcié,rhoyennarit que de bon coeur Ôcconsciencej'cn aye dit mon ad-
uis.Mais de la confusion, dont ru as si grande pcuriiln'yáacraindre.Cat
combien que les Professeurs demeurent chascun en son estât ôc condi-
tion, si ni âuròit il aulcuhe difficulté de conioindré teâdéux eárnpsjdë
MarsÔc des Muscs,Comme ils estoint du temps de la fleur des Monar-
chies: ÔCfans doubte de ceste heureuse ôc agréable Cohiohctiòn j còrome
de Mary ôcde rerhroè sépareza tort si long temps, lavieuHc hiilicë cn seroit
remise fus ± aùec vne génération de plusieurs preqk 8c nobles Esprits ôc
Cheùalièrs;
Musahi Voire í Mais parce moyënjes armes Ôcles lettres estants traictees
ensemble es Académies,, on y trouucroit plus des soldats que des estu-
diens : ôc plusieurs pàrcns trompez, qui attendants des Docteurs ou
po-
litiques ou ÊCclesiastiquéíjCrireceburoihtdes soldats. Chose qui fans cë*
la n^dùiénr quettOp soùùénti
Mart Cest cela qùëje pretens. Car quant aux Docteurs Ôc
gens de lettres
il y eh 4 qu$ trop au mohde, qui se
mangent l'vn 1*aultre i en sotte,
que maint grand Docteur ôc seáuànt personnage cil: contraint de se
sustenter dé si pauUre solde, qùè mesme vn vàlët d^stáblë nes'enVoùl-,
droit Còhteritër. Et que! prqfitpout Ietestc ? Certes s'st.n*.y én auoit
tant, il n'y auroit aultant des disputants,cíamánts,gUerriers al' ombre ôcc*
se persécutàntslesvns,les aukres auec plus grande
cruaùlté,que ne sont
les
Et gòuuèrntment de la Cauatlew. új
ìes plus barbares en leur guerres t 8t au tìomràite ìl y aùròít des bons Ôc
preux soldats a silffisahccpour s'opposes a tous ennemis ì áccoustumèz
íclon la discipline Grecque 8c Romaine,aU maniement des arrhesj Ôtësle-
uez en scellés dés leur ieunëssé;Ìoiht que lès pàrensk se f roìtuants, comme
tu dis,trompez, n'auroíntde quoy sepláihdrc.s'ëstírnáts.fingùliercmeht
heureux tfèstrè pères des Esprits si noblésigenereux 8c hëroiques.Cepth-
dantje cohcëderay aussi cecy* ascauoir, que lés guerres deburoínt aùssi
estre gouùèrhees 6c menées áùltrëmënt> qu'elles ne sont pout
leprcseq|:
car aultremënt il n' y aùtoít neordre hé honneur.
Musah. Ië voy bien» qù* aùssi éri ce poinct, tu vouldrois aussi introduire v-
he nòuùèaùié * corhmë Vncettâtn Rátichiùs .prttehdant vné hoùùéllè
didactique,OU ihàniere d1 ënsëignër.EtmesemblëiqyilyábonnécOrre-
sporideheë éntre vous.
Mart. Tù me chargés a tort, de Vouloir introduire quelque hOuùëáuté.Càr
cè que jé dis & pretens n'est poinct nouueau, amures ancien, Ôcpi atti-
que depuis le temps dès LacedemoniensôcdéS Romains , aùcc grahdë
vtilité. Dont je vouldrois lê poùuoir réduire ôc mettre sils entre notis,Ôc
Et quant au susdit Ratichíusje
par touté láGhrestienté. confessé d'ëstrtí
desirèuxde sàfamiliarité, ou amitié, cómed'vhpersòsiagetressagéíqut ne
Cërthé aultre chose que d'aUancer les bonnes lettres ÔCtoutes aùltressci-
èncès>sanscè peniblé.laboriéùxôrtrop précieux détour* ìùqtfèl Ôcpétës
8c enfants, sont trauaillëz a présent aùêc grande perte durrtéilleurteiftp's
de la icunesse^ôc^argënt qui y est despendu. Et combien qu'il soit chargé
del'ehuie dé plusieurs, si est ce que là vérité demeurera tousiours venté*
Ôcsou dessein treslouábléiEt il dit,commé vn personnage singulièrement
scaùàht '( pleut á Dieu que foh dire fut rëcëu auëc telle roy" Ôczeie, qu'il
íc propose, Ôt aùàncé deuement dé tous Princes & Seigneurs Ôcaultres
les arts libérales ôc toutes sciences, Ôcfattrltefc
e peùuëht trait^ct & ehseignët ën nostre langue maternelle* aussi bien
ÎiuieriohttépOuùoiOqoë
8c hiiëùlx qu'en la Latine ou Grecque. Etdit vérité. Ces langues 7ont
esté originelles ôc macetnellés a cts peuplés la,aussi bien qu'a nou»f Al-
íemande:dé forte que cë n'est qu^vhemahiere de ragé» où pour le moins,
default de Bon sens, qu*òn fe laisse tánt trainer des Académiques, aùec
si gran labeur ôcdëspens, aptes ces langues ëstràngiercs,poùuarit aUOif
tout ccqufils prétendent, en nostre propre langue. C'est le désordre 8c
fole perte Ôcdetëtnps Ôcdëspens , que le dit Racichius a rematquó esé-
scholës ôc Académies, y cet chant lé rëmedé.
le te prie , pourqùoy ne pourrions hous aussi bien traicter lés atts Ôc
disciplinés cn nostre langue, q,uë les Gentils en les oht traictees en leurs
langues maternelles * Et regaidecómëntces Académiques nous ont pris
soubslëiòugdesgentíls,pourapprédrc d'éulxlesartspretedueslibérales,
fna&hOn libérales* aihs captiues en leur lahgueîEtqueile fraude ou énuie',
de nous promettre des arts Ôcsciences tanfrvtilesj mais eh langue estran*.
giere.en laquelle ilshe pëuuent estre entendus si bièn.quecùm&íëttants
quelque faultë,ils hë ttouuent tousiours quelque trou d' âmbiguité.par
lequel ils ësehàppérit,ôc hous suspens ën disputes? Ëe n'est Ce poinct vne
malice Ôcënùie dámnablèiqu^on entretient Ia Chtestientépardèsscíeh-
P t ces
liS Liure IL'DèbExercice
ces. tantvtiles,mais cachées, en vne langue incognue : la ouïes proposant
en la propre langue de chascune nation, tout le monde s'en pouùoit
. scruir?
Musan. Tout bellement, tout bellement Martin.Car fi tu cries trop haultì
ôcque nos Académiques oyent celte tant lourde ôc malgraçieuse chan*
son : tù sentiras plus des plumes contre toy dressées» que tu n'as des chc-
ùéulx fur ta teste.
Mart. Ha, Ha. Ie me ris de moy mesme ,j' estoy si attentif, attendant la me-
nace de quelque grand combat, duquel je scrois assailly ,desortequej'en
commençoy sentir quelque appréhension. Etabondroìctïncris, dccé
que je m'espouuantois si facilement, attendant d'estre menacé de coups
de canon,musquet,picque, lance, ou d'aultres semblables armes : mais
va bien que ce ne sont que plumes. Tu parles certes comme vn soldat
ftels que vous estes tous ) des plumes. L'encre est vostre pouldrc, la plu-
me èstle Canon,musouetôcpicque. Armes bien ridicules. Mais vien va
peu au camp Mars ,jet'en monstreray dès aultres manières des vrais sol-
dats Ôcnon faincts, comme vous aultres.
Mus lene veulx plus estriuersurtamiliee:Soit A RTou nôjjcncm'ensoul-
csc trop, estimant plus nostre camp auquel nous deuenonsvieulx: laoù
au y offre la plus part meurent en leur ieunessei ôc fur l'apprentissage. De
'
nostre part n' y á sigran d danger. Toutes fois póursuy ton propos com-
mencé, de demonstrer que l'art militaire surmonte les arts libérales, ôc
toutes aultres sciences qui sont au monde.
Mart. Ieleferay simple ôc rondement a la soldatesque, ÔCcomme je l'ay ap-
pris fans beaucoup des parolles ôc ambages, ôc fans les argutatiohs ôc so-
phisteries vsitees en vos Académies. Mais quanta toy, situ ne trouues ma
manière dediscourrir trop au goust des Académiques, comme bon Phi-
losophe ôcvsité en semblables choses,tu les mettras par meilleur, ordre,
afin qu'ils ne s'en degoustent, deuant quedem'auoir oiiy Ôcentendu.
ledis:
Etpourlepremier, Que toute art & science, qui pour
estre bien & prattiquée , requiert aultres
comprise phifïcurs
íciences est plus haulte& estimée, que lés dittes
particulières,
arts ou sciences dont elle se sert»
L'Árt militaire requiert pluíìcurs aultres arts & sciences,
Ergo L'Art militaire surmonte de beaucoup les aultres arts
&: íciences.
Or est ce vne choseclaire. qùeí'artrhiutafte.se sert de plusieurs aultres
arts. Car pour la bien prattiquer, il fault estre bon
ôeparfaict Arith-
méticien, pour repartir vne armée en ses esqûadrons, ttoupesjsilcs ôc
rangs.Et s*il n'est bieniuste cn fa calculatiomiamais il n' en viendra a bout.
Et Pour exemple : Ayant vnearméed'vtì>2.
Voylal'Arithmétique
3. Où plusieurs milles soldats, desquels il fauldroit en haste faire vne bata-
ille , quarrêe,ou longùc,oularge,ou estroicté j ou poinctue,ou ronde, ou
de quelconque sorte que l'occurrenCe la demande, il seseruiráde l'Arith-
métique >qu'elle luy eh monstre le tepartissement.
La Geo-
Et gouvernement de la Cauallerie. «9
La Géométrie hiy sert auíïì de guide en l'art de fortification, sans
<ou employer
laquelle il ne s' y peult entendre auec quelque profit.
Ainsi enestilaullì des aultres arts ôc sciences. Car le soldat se sert de
routes.
LaRhetorique Juy sert grandement, Ôc souuent luycstdim-
portance singuliete,commejen pourrois alléguer plus de mil exemples.
Et de faict il y á maint braue Capitaine, qui par vne oraison ou harangue
bien ordónèe ôc propoíée en temps ferá plus enuers ses soldats, voire aussi
enuers les ennemys, qu'vn aultre par íe grand effort de ses armes. La Iu-
c^ auur' grandement estimée en la milice,ôc prattiquée
risprudcnce
auec grande sincérité. Car en vne si grande diuersité des accidens qui
le présentent en guerre, nous y auorts tousiours là iustice asséuré, miéulx
qu'es villes Secours, fans auscun fard : ncauísi danger de la bonne cause.
Commcjctelemonstreray en son lieu.
lenemcvèulxicyamuíer auxpatticularitez des aultres arts libérales.
Er pouralleguer toutes les Mechaniques, ôc monstrer comment le
soldat s'en lert.ily fauldroit biendutémps.ôcagran peine en trouueroit
on vne feule , quin-e soitscruice,fans celles qui sont propre ôc vnique-
ment occupées a la forge de íès armes. Et voyci le premier argument pour
l'excellence de l'art militaire , par dessus toutes les aultres.
Pour le second: Toute science les plus grands
qui engendre
honneurs & dignitez par laquelle on est auancé aux offices
plus honorables, & on acquiert grand accroissement de répu-
tation (excepte tousiours la Théologie; est la plus excellente 05

plus haulte, & de tous a bon droict plus estimée.


L'Art militaire engendre les plus grans honneurs &c,
—Ergo.
Etqu'ainsiloit.c'est vne chose claire ôcasseuréc partoutlemondc.Car
tous Empereurs,Rois, Princes,Contes, Barons,Chcualiers, nobles,vi-
les, Gùuuerneursôc tous Oifìciers,ont leur origine de la milice.
Ce queiamais tu ne me diras de tes arts libérales. Car combien que
tu prendrois ÔCempìoyerois toutes tes Grammaires, Dialectiques,Rhé-
toriques, ôc tout le de quelconque nom,tu n' en feras iamais vn roy.ne aul-
tre telle personne d'estât.bien en feras tuvnbon BachiIlier,Maistreôcc.
bon pédant pour tourmenter la ieunesse , mais au reste inutile a toute
aultre charge. f
Musan.Quelprofity ail doncqaumódedessoldats.Voirejetemonstreray,
que ceulx qui ont estécíleuez aux plus grandes dignitez, ysontparue-
hus par le moyen des arts libérales, ôc que lans icelles iamais ils n'y eussent
aspirer.
Mart. Ne scais tu, amy Musan, comment ilfault entre les mo-
distinguer
yens,par lesquels on acquiertquelquechosc,Ôcla chose mesme ì Les arts
libérales 6c les sciences sont bien des moyens assez propres Ôc conuena->
blés pour paruehiraux hóneurs, ôc cependâtnesont les hóneurs mesmes.
Voire jc te dis aussi que les arts libérales ne sont seules les moyens,ne mo-
yens suffifans:Et te pourroy alléguer plusieurs Rois,Princcs,SeigneursôC
aultres
iié' Liure II. De Ù Exercice
aultres accreus de grande réputation pari' Art militaire seulement, fans
auoir atricimçcognotfsattccde tels arts libérales.
sourie««isicfme» Toute art ou science qui requiert plus de
la
peine & labeur, frais, diligence, &íbing,J>oùr comprendre,
est a bon droict préférée aux aultres.
L'Art Militaire de peine &c,
requiert plus

Et qu'il y fault plus de peine ôc labeur, frais,diligence ôc soing a la prat-


tique de l'art militaire, qu'es arts libérales: il est tout asseuré. Car consi-
dère je té prië.de combien de diùersitez le soldat est occupé,tànt en hyùer
qu'enesté, soit cn Campagne, ou en guarhifon.
S'il fait profession de bon soldat, il fault, qu'il sache des le moindre
poinct iusques au plus grand, tout ce qui est de là charge. 11fault qu'il sa-
che tous les cléments,ôc ce qui est du maniement du musquet.ll faùlt qu'il
soit bien iuste au tirer. 11faulr qu'il sache proprement víer de ses armes^
soit contré là Cauallerie ou Infanterie. Il faùlt qu'il sache auec grande
prudence ordonner ses batailles ôc se maintenir auec grande dextérité
tousiouts fur sesauantages au combat. 11fault qu'il fachë bien ordonner
son traihaumarchcr.il faùlt qu'il tâche bien ranger sessiles Ôcrângs.púur
les serrer ôcouurir a propos ôc selon l'opportùnìié, les tournera dextre,
senestre,oude quelconque sorte quelahccetlìtéle requiert. U fault qu'il
sache proprement accommoder ses armes,soitaladcfcnsiuéóuarorrch-
siue. 11fault qu'il sache comment il doibt gouùèrncr toutes sesguettes,
gardes,corps dés gardes.sentinclles simples,dòubles, de huict.de ioùr ot-
dinaités, extraordinaires Ôcc.soit a cneùal ou a pied. Deiour il est char-
gé de ses armes, de riuictil veille en la pluye,au vent.en froid/enneigé,
entempestes, ôc aultres incommoditez, aulquels tousiours il s'accom*
modeauec grande prudence ôc patience
II fault aussi qu'il soit accoùstumé auttauail. Car souuent il fault pren-
dre la pale>hoyau, pic, serpe \ hache où coignée en main. U y a des fosses
afairc, de ramparts a démolir en halte; il y a des tranchées, retranche-
ments , des mines Ôcdes galeries,a faire où a destruire par cohtrèmihes. 11
a des forts, bouleuarts ôc des approches à faire, oupour ruiner le Camp
ennemy, ou poùr sauuer 8cgarder le sien. II y a aussi aUlcùnes fois des sur-
prises ôc entt éprises, esquëlles il s'y doibt mettre ou par force, ou par sub-
tilité ôcprudence militaire.
11seau comment bastir sestentes, cabanes, maisons , eschclles,pohts,
ôcaultres semblables oeuures de charpentene.
II al'intelligence de T artillerie; comment on ënvseën bataille> siège,
défense 6i offense. 11en scait les mesures ôc proportions requifèsiil cog-
noistla force de fa portée, de balles chaudes ou froides-,
II a la science des feux artificiels pour en assaillir Ôctourmenter son cn-
nemy,soites villes Ôcforts, Ou én campagne. Tous lesquels exploicts,ne
font fans grande science ôcartifice. En somme pour raccompter routes
les diùersitez des faits Ôcoccupations militaires, accompagnez de gran-
de subtilité,prudence,scienceôcdextérité,il en fauldíoit faire vntraicté
apart.
Et
ËtgomtrnemtntieïaÇauaUerìc* *ii
fetcecy quâtaux labeurs Cvuât aux frais: Ne fault il pas qu'ilsoitpour-
ùeu d'vn bon siamois, ôc armé de toutes
pieces;d'vn bon cheual, ôcdc
toutesaùltres neceslìtez.Combien des pertesyáiláussi,de sorte que plu-
sieurs milliers des grans leurs biens,auec
personnages,yemployent^tous
le hazard de les perdre tout au commencement. Ioinct que pour met-
tre en compte les despens de
l'apprentissage de cestart.ilyfauldroitauíîî
plus de papier. Mais le bon soldat est si noble, qu'il ne se soulcie de tout
cecy ayant pour le bout de tous ses labeurs,dangers ôc pertes, iusques a
la vie mesme, son honneur 5c réputation. II y á tel, qui sort de íà maison,
bien monté ôceqjippé, ôc retourne a ía maison tout nud ôc narrasse,y
ayant souuent laissé vn bras, main, iambe ou pied pour les gages ; foula*
gé seulement de l'honneur acquis par fa prouesse. Il y á tel, qui y em-
ployé tout foh patrimoine, non point en banquetter ,iouer, ou aultres
txcez, comme tu disois tantost: mais l'achept d' aultres cneuaulx ôc ar-
mes, ou bien, estant pris, en la rançon de son corps Ôcde fa vie: n'enat-
tendantaultre salaire,que la bonne ôc honorable memoyre de fa vaillen-
tise, qui s'estend mesme sur la postérité.
Et pour te raccompter par le menu, tout ce qui se passe en la milice^
tát terrestre que maritime,quels trauaulx,artificesôcstratagemes s'y exer-
cent: cë seroit iamaisacheuer.
Pourlequatriesinè: Les arts qui ne s' apprennent, sinon par
grand labeur & frais, voire auec le hazard de corps & de vie4
lont de plus grande estime (exceptée derechef ia Théologie j re-
cciie,approUùéc,Ôcauancéepar beaucoup plus depëine Ôcdangers que
null'aultrc)
que toutes les aultres arts & sciences du mondé.
L'Art militaire ne s'apprend &et

~Erg°*
t>es frais Ôclabeurs nous en aùons dit quelque chose au precedehti
&cnsetoitla répétition odieuse. Mais quarttaux dangers Ôchazards.ily
eh á des exemples en gran nombre, qùi sorit tres éuidents. Et aduient aul-
cunesfois,èn moins qu'vne heurëoudeux.ilyen quelque milliers, a l'e-
fpreuuë dé leur Vie, tendus én la Campagne, Ôcmonstrants qu'on n'y íoìie
point de plumes , mais des armes plus fínés ôc pénétrantes: ôc n' cn
doubte point qu'en ayant oùy lés noUuelles.tuehauràssentyscómevous
aulÉreshomesámolisparlalibétalitédevosârts ) quelque appréhension.
lë ne diray mot icy du grand danger des tyrohs Ôc,amateurs de cest
att, ës sentinelles, soitdè nùict oudeiour. Combien y ail des sentinel-
les perdues, aux approches de l'ennemy,soit en campagne, ou en vn siégé
de quelque place : où aulcùnesfois ils ne sepeuént tenir droicts ôc ën pied,
ains fòn't lëut office, couchez tout fur leur face, en la plu-
plat en terre
ye, neige,gresle, tempeste , fahs oser bouger de leur place:attendants
tousiours le coùp de quelque balle dé cáhòn, pu d* vnmùfquet, ou dé
quelque aultre atmé violente,qui lés desoeche ôc ostc du pain. Et qui
scáit si l'ennemy les fuit én secret, poùr lcùt còupeir la gorge,quant mo-
iils ìlsy pehsént.Combientcpoùrròis-iécontërdessentinelléSjVoiremcí-
mes plusieurs milliers du corps*mesme de l'armée, gelées en leur place?
Q lly
u* Liure II. De L'Exercice
\\ y a eu tètle sentinelle, de mon temps, qui debuant estre reti rée á esté
auflí dure ÔC roide qu'vne pierre, ne s'osant mouùoir contrcle fioiddc
de Çontreùenit aux loix mihtaires,ou encourrir en quelque danger
Scurerennëmy. As tù bien senty semblable danger?ouy bien al'ombre du
four, Chaussant lés mains, ou les bruslant aulcunesfois cn vne pomme
ïostie : oU bien a table, fustenant le chocq de quelque grand verre de
vin: mais il yen á bien peu qui en semblable combat demeurent sur la
place: ÔCceulx quiydemeurét, en demeurent aussi notez de turpitude:
mais nos tyrons y demeurent aùec 1' honneur dé leur fidélité , qui leur
demeuteá iamais.
Mufan. Hcmonamy Martin,jamais ien'ouys diseourrir soldat en la sorte
que tùfais. Tu dis que les arts libérales ontleur linéaments tirez de l'art
militaire : mais cependant tu dis mesme,qu'il n' y a tels labeurs &c dan-
gers de ho stré part. ToUtestois ilmefoUuient ëncorjôcn'ya trop long
temps,quc hous auohs rencontré en nostre camp dés labeurs quaiì íem-
blablesaux vostres. Car aussi y áiltel au camp des Muscs qui faisant ses
pourmenades nocturnes,ou en nopees ou én aultres festés ôc compag-
nies se troùucén escarmouches assez estrangéS,ôc si bien traicté ou de
ses compagnons mëfmesí OU des guettes de là ville, qu'a grand peine il
sortir du lict en trois ou quatre setímaínësì 6c âpres àuoir deuoré ce
Êeult
on traictëment,áattendu vn aultre íaláire.aseauoirla prison patte Réa-
cteur Mag. Qui est tout l'hohrieur qu'on énrapporrë: Et s'il n* y ad aul-
tre envostre Camp de Mars Jamais je ne m'y vouldrois approcher. Et
dcfaictj'yvoys peud'apparence,ôcpeù dedelineamehts d'aultres hon-
neurs chez vous*
Mart. Va bien Mufan qu'entre les Muses , aultrerhent, comme femmes,
tant délicates, il y á encor des courrages soldatesques : ôc m' asseuie que
s'ils passent dehostrecostéi ilsy prendroint plus de plaisir ôc décou-
page. Car prehahs plaisir aux elearmouches j ils y trouueromt tous-
iours de l'occasiomôc tant plus qu' ils s'y exerceroint, tant plus en f appor-
teroint ils d'honneur, ôc commé par degrez iroint tousiours montant ôc
s*accroissant de réputation Ôcde prouesse: fans aulcune peur d' estre en-
uoyez en prison , encor qu' ils auroint eh vn iour occis plusieurs de leurs
ennemis : ainsen scroint plus âymezôchonhorez.
MuCTu me parles tousiours des escharmouches, grans labeurs ôc dangers;
mais quâr a ce qui y est quasi de pi us commun ascauoir d'yurognct.gour-
mádcr,jouer Ôcc.tcpèster, oui trager defrobbcrôcc.pas vnmot.Et comme
j'entens,quantvoUsmàrchez,iln'y á hostc ou aultre qui puisse retenir ía
cuisinière, tant soht elles alléchées de vos festins ôc grandes promesses
qu'elles oyent-Tu meracornptes des grans trauàulx, des dangers de corps
ôc de vie, mais de la bonne chere, auec Ceres Bachus ÔcVenus ,je n' enoy
tien. Peulteftrequetun'esdececonuént.
Mart.. lévoy bichquctuénfaistonpaíîe temps dem'ouyr ainsi de s ce qui
toutesfoi^estdu moihdré ) hos grans labeurs, trauàulx ôc dangers, es-
queU hoítreart s'apprend ÔCs*exerce, ínais ne scáis tu pas, que Tare rous-
iours bandé se rompt a la fin, & ôc qu'ayant
post hubiía phoebus ,
eschappe quelque grand dahger,on serefaict d'vn bon morceau ôcd'vh bó
traict.
Et gouvernement de la Cauallerie, tij
traict. Car qui vouldroit estre soldat,s'il n' y auoit quelque refectiona-
pres le labeur.
Mus. Mais tu me disois n'agueres» quetu demonstrerois, tous tes propo-
sitions parauthoritez ôcexemples des Grecqs ôc des Latins. Et trouucs
tu entre tes autheurs, que cespeuples la sesont ainsi refaicts âpres leur la-
beurs ôcdangers ?Cerres j'oseroy bien dire que ton Vegecé, Frontin ôc
j£liah h'en font aulcune mention.
Mart. Tu es sophiste, ôcme p retens detoùrher de thon propos , par sem-
blables questions, aufquellesje te refpondray en son lieu: mais maintenàt,
pour retourner au propos commencé, je dis pour le cinquiesine:
L'art de tous histoiriens & autheurs plus renommcz,est
qui
estimée estre la plus noble, vtile & nécessaire, est farts doubte

apreferer aux arts Libérales.


L'Art militaire est estimée telle des historiés & autheuís &c*

Ergo.
Or qu' aihsi én soit>6cque l'art militaite soit tât estimée ëntre les authe-
urs anciens ôc plus renommez : Voy Vegece cn son prologue fur le liure
premier : In hoc paruo libello, quicquid de MAXIMISSEM-
PER NECESSARIIS credis, inuenies t C'est»
requirendum
dire:Tùtroùùerasëhce petit liuret, tout ce que crois estre remarquable,
des choses plus grandes & nécessaires.
Etchap.4.lm.i. NeqjehimPARVA ÀVT LËVIS ARS
VIDETVR ARMORVM, siuc equitem siue
peditent
sagittarium velis imbuere. C'est adire: Ce h'est art pfctite oule-
giere de la milice, soit que tu vueilles enseigner vn cheualier où vn
archer a pied;
Au prologue fur leliu.3. Athenienses & Lacedçmoníos ante
Macedonas rerùm potitos prisci testantut annales* Veruma-
pud Athenienses, non solum REI BELLIC^E^sed etiam
diuersarum artium industria. Lacedx-monns autem
viguit
PR>£CIPVA FV1T BELLORVM CVRA. Primi
hamque experimento pugnarum de euentibus colligentes
ARTEM PR^ELÍORVM,íîrmaruntvsqueeo,vtREM
MILITAREM, quse virtute sola, vel certe felicitate credi-
tur contitieri, ad diíçiplinam pueritiaeque studià reiiôcarent,
ac magistròs armorum, T<ï*T',í*«
quos appellarunt,iuuentutem
suam vsum varietatemque pugnahdi pracciperent cdocere.
O Viros surrima admiratioste laudandos , qui eam praccipué
artem ediscere essenon possunt.
voluerunt,llnequáahacartes
Cest adiré: Lès vieilles annales tëfmoigneht,queles Athéniens 8c Lace-
demoniens,ont eu le gouuernement dela Grèce deuant les Macédoni-
ens. Et chez les Athéniens oh auoit seing, non seulement de la milice
Q t. mail
U4: Liure 11. *DcL'Exercice
.mais aussi d'aultres arts ôc diuersessciences; mais les Làcedemohiehse-
stoint principalement occupez du seing des guerres. Car estants les pre-
miers qúi de T expérience des soldats iugërent des cuenementsdes bata-
illes , ils ont tellement recerché ôc cOnfermé l'art des batailles, que
la milice, ("qui s'estime soustenir de la feule vertu,ou bien du bon heur
ôc félicité, ) en fut remise a la discipline ôc estudes de la ieunesse, or-
donnants dés Maistres des armes, lesquels ils appclloint T«*TI«IÌÇ.
qui auoint la charge de luy monstrer ÔCenseigner la diuèrsité des com-
bats ôede l'vsagëôc maniement des armes, O gens dignes & de lo-

uange & admiration, voulants principalement ce-


apprendre
ste art,fans les aultres ne peuuent estre ou subsister;
laquelle
Assez pour h'excéder la briefueté promise : j'espereque tu t'en conten-
teras.
Pour le Sixiesine: L'Art est la
qui plus estimée des plus grands
au monde , comme
personnages qui font Empereurs,Rois,
& Philosophes, tant Ecclésiastiques
Princes,Sages que Politi-
voire monstree & enseignée de ce grand Dieu mesmè
ques i
duise nomme Le Dieu des batailles, est a bon droict:
préférée
a toutes aultres arts ôeseiences,
L'Art militaire est telle.

--Ërgò.
Orque l'Art militaire ayt esté de root temps cn telle estime entre les
du monde, sevoit par diuers exemples.
- plus grâds ôc scauants personnages
vje grand Empereurlules César ne s'est il pas luy mesme employé pour
la descrire ? Auguste n'en donna il pas luy meíme la chargé expresse a
Vegece?
En quelle réputation estoit l'art militaire chez ce grand Roy Philippe
de Macédoine? Son fils, le grahd Alexandre, combien la cherist il ivoi-
re rant, qui ayant remonstré vh poeteanciën qui l'á auoit descripte, il ne
sevoulut reposer, qu'il n'en éust les eseripts soubs son cheuct.
Ces grands ÔcSàincts personnages du peuple de Dieu, Iofue » Dauid,
LesMachabees,rtc l'ont certes eiie a nonchailoir. Combien instam-
ment pricre grand Prophète Royal son Dieu , qu'il le vtfêillc dresser
au combat i ôcrenforcer son arc: ce n* est aultre chose qu'il demande,
quelavraye Ôcsolide cognoissance dé l'art militaire, désirant de ^appré-
dre de son Dieu : Ôchó la Dialectique, Rhétorique, ou aultres semblables
fatràts. Et regarde les histoires anciennes,Ôc Chroniques, Bibliques, si
ce grand Dieu dés batailles he s'est soulciéde Y art militaire* dés inuhi-
tions Ôcaultres choses requises. Voire cè grand Roy d eí Rois, le Sëig:
des Cieùlx ôcdélaTerre, çeDieù ôc de paix ôc desarmées, ne s'est il pas
luy mesme mis en bataille aueC ses exercites célestes, pour la défense
Ôcle secours dëson peuple? Na il point luy mesme monstre comment il
fault ordonner vnë barailleîdethandezenaMoyscIosucGedeohí Da^
tìidôc aultres personnages " semblables.
"
'-
'Et
Et gouvernement de la\Çauàìkrie. fe?
Et afin que sur ce poinct, comme assez clair nous nc nous amusions
trop longuement: que diras tu des plus grands, anciens,ôcscauants entre
, tels Philosophes? Oratcurs,Legislateurs ôc aultres Professeurs de tels arts
- libérales ì Certes ils en ont eu leur
part,6c ont tousiours conioinct l'art mi-
litaire auec les lettres.
Caton, combien est il diligentenla deduicte de l'art militaire,ioincte
auec sesMuses, aufquelles il la préfère aussi ? Et regarde auec queiie dili-
gence il instruit ôc exerce son fils en scelle.
Socrates,leplùsíàgedelaGrece,parlereimoignage de P Gracie, n'e-
st oit il pas bon soldat, ôc exercé en ceste art a suffisance? Certes il a códuict
trois armées auec grande louange.
Lés Tàrentins, né se sont ils seruis d'Architas, pour estre leur Chef?
Mélisse, ne fut il vn heureux Chef,de son armade maririme f
Platon,n'estoitilvnbraue soldat au siège de deux viles Iamagre &
Corinthe?

Xenophon , n'est estoit il vn preux guerrier chez Cyre? Voire ius-


ques a aymer vniquement sesarmes mesmes.
Dionne vainquit il pas Dionyse. Epaminonde, quel guerrier estoit il?
Certes estant le chef des Béotiens, il a vainquu les Lacedemonicns tant
estimez en l'art militaire : ôc de fait il fut le premier ôc des Grecqs 8c Ro-
mains, qui monstrast,qu'ils n'estoint inuincibles.
Zenon, efleu pour chef des Athéniens ne sist il bon debuoir comte
Antigone?
Solonaufsin'areiectéla charge de Capitaine en la guerre de Salamint:
Et voy le stratagème duquel il circonuient lesMegàrois.
Phrynichc, s'est il excusé quand il fut efleu chef de son armée ?
Anstote,a débité ôc vendu tout le reste de son patrimoine, pour s' en
aller en guerre-
Homère, n'estoit il bon soldat îCcrtes ses eseriptsen rendent tefmoig-
nage suffisant.
Ouide,auoit aussi sa solde militaire soubs l'Empereur Auguste.
Virgile : Arma virumque cano. Oy quelle est son dessein ôc oc-
cupation. Le poète Timee , fut enuoyé d'Athènes pour estre le chef ôc
conducteur del'arméeSpartaine.
Lycurge ce grand Législateur, auec quelle diligence recommande il
l'art militaire a ses boùrgoeis. Vois en Iustin au liure troisiesme.
De mesme en fit Mago ce grand chef des Carthaginois,lcs aduertissant
tousiours qu' entre aultres vertus & disciplines, ils eussent l'art militaire en
tresgrande recommandation.
Pythagoras , nc fit il pas retourner les Craronicn» a la discipline
militaire>laquelleilsauointdesia abandonnée? comme on voit en Iustin
liu zo.
Cicéron aussi estoit assez bon soldat Ôcgendarme.
Fabius aussi n' en estoit pas des moindres entendus en l'art militaire.
En somme ce ne seroit que perte de temps, de nommer par ordre tous
les Philosophes ôc gens des lettres, dont vous vous vantez, qui ont aussi
fait profession de l'art militaire.
Q 3 Pour
t%& Liure II. De D Exercice
Pourlcsepíiefmc: L'Art, par laquelle toutes les MohàrcrVÌcâ
& Royaumes du moride font gaignees,eftablies & íoustenues,
test a préférer f excepte la Théologie) a toutes aultres arts £c
sciences*
L'Art militaire est celle la &£.

Or que par l'art militaire les Monarchies 6e Royaumes soyent esta-


blis,gaignez Ôcsoustehus, sepeult demonstrer premièrement par la S. E-
scripturé. Car par qùel moyen este cc,que ce Dieu grand ôctout puissant,
introduictson peuple en la terre promise? Par quel moyen est ce,que le
Patriarche Abraham deliure son cousin Loth ? Par quel moyen est ce,
que le peuple dé Dieu ásoustenu ses royauìmes tant d'années ? Par quel
1'art est ce,que ce grand A lexandte reduit eh si peu de temps,quasi tout le
monde soubs fa puissance ? Par quel artifice est-ce,que les Lacedemoni-
ehs ont régné si longuement? Parquelles arts est ce,que les Romains ont
abaissé la plus part du monde soubs leur ioug? En somme, pour dire aussi
vn mot de nostre temps, par quel art est-ce, que les Prouinces Vniesdu
Pais-bas, sesont opposez a vn Roy si puissant ? Certes ce n' a esté des pltt-
"* fotee d*argumcts
hicá, par Philosophie, par Dialectique, Rhetorique,ou
sophistiques .-non Mufan: maisç' a esté l'art militaire par laquëllë , non
fans grande admiration,ils ont oséfaire teste a vn Roy,assez fort comme il
sembloit de faire ployer tout le monde soubs fa puissance. I'ay bien léu
quelques histoires, mais peu d'excnîples des prouesses de la plume,Ôcqu'
àuec force d'encre ou de papier vnayt gaigné ou débuté quelque ville
ouplacc dela tyrannie de nostre ennemy communie Turcq: peu dé ces
barbares occis en capagne,par le moyé des arts liberalts:aussi n' y ay je veu
guerc dé ces A cademiques plumatiques en campagne ou en bataille: mais
bien les ay je o uy gronder ôc sevanter de loing,cóme les renards en leur rá-
hes,en lieux asleurez Ôchors des coups. La milice qui emporte la teste
auec la barbe ôcc. leur est trop suspecte, ils segarderont bien d'y appro-
cher. Ainsi aussiquant a toy Mufan, derrière le four, Seau coups des pom-
mes rostiés ou des balles de beurre, tu te ferois bien soldat, ôc au loysir
de farces Ôcfables des Muses tu te monstrerois grand maistre ì mais au
camp de Mars, nihil.
De sotte que vous nommants soldats, vous n4estes toutesfbis des vrays
& nobles, mais dés soldats feincts ôc imaginatoires.
Mais il he fault aller trop loing. Qu'est ce, que les plus anciens histoi-
res disent au fur plus de nostre art militaire.
Vegecé cn la préface du quatrieí me liure dit: Adcompleméntum
ergo operis Maiestatis vestra proeceptionc
suscepti, rationes,
vel noífcrae ciuitates defendendae sunt, vel hostiurri
quibus
íubruendas, ex diuersisauthoribus in ordinem
digerárh,ncc
laboris cuíri omnibus condantiìr. C'est»
pigebit, profutura
dire : Donqùes pour l'accomplissement de l'osuure entreprise par lè
Commandement de Vostre Maiesté.iededuiray par ordre les moyens
par
Et gouuernement de la Cauallerie. ™j •
par lesquels nos villes peuuent estre guaranties,& celles des en-
nemis subuerties. Et ne me fêta ce labeur fâcheux, d'aultant que les
choses qui en seront produicte>, seront profitables a tous.
Lib. /. chap. t. Nullaalià re videmús popùlum Romanum or-
bemterrârum subegiste, hisi armorum exercitiò, disciplina ca-
strórum,vsuquemilitiae. Cestadire: II n' y a aultre moyen, par le-
quel le peuple Romain a subiugé semonde, sinon par l'cxercice desarmes,
la discipliné du Camp, Ôcl'accóustumancealamiliée.
Chàp. 15. Liu. t. Nihilenim heque firmius,heque feiicius, nd-
est Ilepubl. in milites
quelaudabilius qua abundant perith
Non enim vestium nitor,vel auri
velargenti, velgemmarum
copia?, hòstesaut ad reiierentiam nostram, aut ad gratiam in-
clinât : sed solo terrore Cest adiré: 11n'y
subigunturarmorum»
a chose plus ferme, né plus heureuse, he
plus louable, qu' vne république
abondante dé soldats bien dressez. Car ne la beauré des habits,ne l'abon-
dance d'or, d'argent ou de pierres précieuses, ne peult fléchir les ennemis
à nostre obéissance Ôcdeuotion : ains il les fault assuiettir
par la terreur dé s
armes;
Liu. i. chap. 14. Militem, cuius est manibus scruanda Reípu-
blica, studiosius oportet scientiam dimicandi, vsumque rei
bellicae iugibus cxercitiis custodire. Cestadire : U fault que lc sol-
dat, par la main duquel la republique doibtestteconseruèe, entretiene
auec grande diligence, ôc exercice continuel, la science de combatreôc
l'vsagcdelamiUcé.
Liu. Í. chap. 1/.
Ncque enim diuitiarum íêcura poíTeííìo est,
nisi armorum deseníione seruetur. La possessiondes richesses nè
peult estreasseurée,si elle n' estconseruée parla défensedes armes,
Liu. 3. chap. io. Qmnes artes,
operaquc omnia, quotidiano
vsu & iugi excrcitatione Quod íì in paruis verum
proficiunt»
est^quanto magis decet in maximis custodiri ? Qms autem
dubitat arterri DelliCam rébus omnibus esse potiorem , per
quam libertás rctihetur, & dignitas prouinciae propagatur,&
conseruatur Irrìperiurri. Haiìc quondam rclictisi doctiinis o-
mnibus Lacedemonij >postea coluere Romani. Hancsolam
hodieque barbari putant císc seruàndam. Caetera omnia auc
inhacartc Consistere* aíit perhanc assequi seposse confidunt»
Cest a dire : Toutes les arts, de toutes oeuures font auáncccs par
& continuel exercice. Ce
l'vsage quotidien qili estant trouué
véritable en choies petites, debuoit estre plus soigneusement
temarqué en celles qui font de plus grande importance. Or
qui
n* < Liure II. De L Exercice
l' art militaire soit laplus inipò'í-
qui est ce qui doubtera,que
' tante la liberté est mainte nue,
que toutes, comme par laquelle
la dignité de la Prouince propagée ,& ï Empire conserué. Les
'Lacedemoniens abandonnants toutes les aultres s'y adonnè-
rent dupasséí Les Romains en âpres s'y exercèrent. Les Bar-
bares aulïì mesmes V estiment digne par dessus toutes aultres
d'estre coníèruée, estimants que tóut le reste y est corripris,ou
qu'on sepeult acquérir le tout par icelle*
l'ay reserué ces passages en leurs propres termes, iusques en ce lieu,
les dëbuant alléguer dessus:mais C'est pour te mohstrer icy a 1' oeil,én
quelleestime ceste nostreart tant noble ÔCdigne a este estimée des ahei-
ens Lacedemoniens , Romains , fie mesme des Barbares, la préférant a
toutes aultres arts 6c sciences, qui sont au mende, Et espère que tu seras
content de ces sept tcfmoignages si clets ôc magnifiques. Et si tu ende-
mándes dauantage, j' y pourrois adiouster éneor plusieurs: mais ce sera
pour vne aultre ôcmeilleure commodité: m' estant icy obligea briesueté.
Mufan. Tu vas recerchant tout ce qui est de ta boutique : mais quand ces
Philosophes disent quelque chose,qui ne te soit trop auantageuse, ou.
bien du tout contraire , alors tu scais bien dissimuler, comme situ n'est
auois rien ouy ou remarqué.Mais as tu aussi leu ce que Platon en dit?
Martin, le ne seay: ôcpourroit bien estre: mais dis le pour m'en rafs aischir là
memoyre.
Mufan» Bien volontiers. U dit donquës: Beatas fore , si.
Reípublicas
aut imperent Philoíbphi, aut Philosophentur ImperatorcS.
Cest a dire : Que les republiques seroint heureuses íí les Philo-
sophes y commandoint,ouíilesCómandeursphiloiophoint»
Coment te plaist Ceste sentence ? qu'en dis tu? llneditpointi
Vbi bellicar artes aut milites imperant, quand les soldats y!
Vbi Philosophi imperant,ou les
gouucrnent,ains: Philosophes
commandent.
Mart. Helas amy Mufan, que tá proposition est fade 8c froide,Ôc málën-
tendue,situy entens fes,fols Philosophastrcs, qui ignorants de la vraye
Philosophie, qui côioinct tousiours Mars ôc les Mules ensemble, s'enyu-
rentdeleur foles ÔCfantastiques spéculations, ôc du reste sont inutiles a
toutes aultres choses. Et defait.jetë rhohstreráy tout le contraire par les
histoires, ascauoir qu'il n'y á èu des républiques plus malheureuses, que
celles quiontestésisimples, de recomrhander le Gouuernemënt a des
gens semblables. Et comment regiroht le gquuernaitou timon, les gens
ombratilesôc ignorants deceste nauigation?Regardel'exemple des deux
Catons bien louables én leur endroit, commëaussi je lesrèuerèvolóíiers:
rháis quéls sont ils, quand ils se fleschissént trop vers lè costé delà prereh-
due,ôcnón vraye Philosophie? l'vn par sesfòlspreCèpresôc loix pris delà
Philosophie.troublele repos ôc 1' estât de la république : L'aultre par fa
trop grande sagessela subuertit quasi du tout. Et quoy d'aultres sembla-
bles?
Ergouvernementale la Cauallerie. 1x5
blés* Examine les Brutes,lesCassics,lesGrachçs,vnCic«roh>ÔÍ<rtiktos:
tu trouueras qu'ils n' ont esté que des pestes trcsdommageabsee d* la re-
publique Romaine, tout ainsi qu' vn bcmosthenedecclled'Atktoics.
Marc Antonin ne fut il pas suspect, voire odieux au commencement, a
cause qu'il auoit lc nom de Philosophent tels exemples pouuôint*ewrc al-
léguez en grand nombre.
Mufan. Ie voy bien qu'il yauroirpeudcgaingsûrtòv,si vn vôulo««spm-
cherle tout par le menu: mais d'aukant que tu t'es obligé a briefueté.je
ne t'en tour menteray dauantage.ainslailleray ton art militaire estre art
telle qu'elleest,concedant pour tccontehtertoutcequctucndemandes\.
Mais deuantde partír,souiuenne toy que tu as promis de monstrer,queles
arts libérales oht pris leurs dehneamentsde l'art militaire , dontj'en vo-
uldrois bienouyrlâdeduicte,ôcveoyren quoy elles se rèserriblerit.
Mart. l'en fuis content, ÔCpout conclusion de ce second lime, teléihon-
streray succinctement. Et pourle premier J c'est vne chose tresatffeurée,
que vos arts libérales né sont qu'rne pourtraicture des arts militaires. Car
n'est-ce pas de la que vous auez transféré ces motsavostrevíàge» de Ba-
silics , Scholae, Classes, Decuríae, Declinatio , Coniugatio,
Conmnótio, Praepoíîtio, Suppositio, Construct'io, Ascehsio,
Dcgradatio,& aultres innumerables? Car comme en vos«-
quasi
scholes, vousauczces ordres ôc repartissements,en classes ôc decuries,
ainsi l'auonsnouseuesnostres au parauânt.La on prend singulier eígard
aux ascensions ôc dégradations des Tyrons. Et n' auezvousaussi emprun-
té ceulx et de nous f Tyro, Miles, Ludimagister, Doctor, Càndidatus,
Baccalaureus? D'ou est-ce que vous auez vos promotions des Maistres
ôc Docteurs, sinon délimitation de nos procédures* lesquelles vous con-
trefaictes comme singes? Et qui est-ce qui vous eust monstre comment
vousdebuiez creer vn Docteur, si vous ne l'eussies veu en nos eseholes
militaires? Chose tantçlaircqu'iln' y á besoing de tcímoignages. Mais
d'aultant que tu en pourreis encor doubter; lis seulcmét les Autheurs qui
ontescriptdel'artmilitaircôctuy trouueras beaucoup plus de ce que ie
t'ay dit.
Pour le second, du commencement de ces delineaments.tu compren-
dras auíïì fans beaucoup des longs propos, quelle conionction fie pareh-
tage ilyá entre vos arts libérales, ôc l'art militaire. Laquellea bon droict
s'accompare a la conionction du mary 6c de la femme > dont s'en-
gendrent tant des esprits heroiques. Et tandis que Marsa esté en telle ôc
bonne conionction auec les Muses, tout le m onde en áiouy dé prospéri-
té. Et de faict, jéte m •
onstreray, qu'entre les Romains, tous les soldats,6c
petits ôc grands, ont esté lcttrez 6c doctes, mais enseignez en leur langue
naturelle. Dela est ce que Vegece ditliu 2. chap. 15. Ita Vt Cx cohor-
te, vel quota eíîetcenturiainvexilld litteris esset áscríptum,

quod intuentes vel legentes milites, tumultua


inquantouis
contubernalibus fuis aberrarenon Cestaditc-Lescom-
postent,
pagmes estoint tellement reparties, que chasque troupe auoit son
hom bre,marque en l'enseigne: de sorte que les soldats le voyants ne pou-
R. uoint
Ijo Liure II. De U Exercice
UOint saillir, combien que la méfiée fut grande, de recognoistic sonètì-
seignc, ôc s'y ioindre promptement.
Liu. i.chap 6. Sed &: numéro
primacohors reliquàs ôtdigni-
tate militum praccedit.Nam génère & institutions litterarunt
viros íectistimos Cestadire: La première troupe deuan-
quxrit.
ce tousiours les aultres tant en nombre, qu'en dignitédes soldats. Car el-
le demande les hommes plus exquis, ôc en noblesse ÔCen la cognoissance
des bonnes lettres.
Liu. ç. chap. 7. Et hoc est in
quo totius REIPVBLIGv-Esa-
lus vertitur,vt ty rones non saltem eorporibus sed etiam A N I-
MIS PR.€STANTISSIMl deligantur. Vires Regni,&
Romani nominis sundamentum, in prima delectorum exa-
minatione consistunt, Nec leue hoc officium , aut
putctur
palïìm quibuscunque mandahdum, quod apud veteres inter
tam varia gênera virtutum, in Sertorio
praecipue constat esse
làudatum. Iuuentus enim, cui dcfensio ctii
prouineiarum,
sortuna committetidaest.
bellorum Scgenere, si copia suppe-
tat,&moribusd?bctexcellere. Honestasenimidoncum mili-
tem reddit» Cestadire: Etc'esten cecy,quelebiendelarepublique
consiste, ascauoir,
qUe les tyrons soyent choisis non seulement
selon la force du corps, mais auíll selon l'cxcellencede l'Esprit.
Caria puissance du Royaulme,ôc le fondement du nom Romain gist,en
vn diligent examen deceulx,quidoibuentestre d'eílitte. Etnc fault pen-
ser que ce soit peu de chose, ou vne charge , qui se puisse recommandera
chascun,laquelle entre vne si grande variété des vertus a esté louée des an-
ciens en Settorius.Car il fault que la ieunesse , a laquelle la défense des
prouinces,ôc la fortune de la guerre doibt cestre commise,soit remarquée
6c de noblesse*ôc s'il y á moyen,des bonnes meurs.Car l'hónesteté recom-
mandele soldat.
Voylavnevrayedescription de la milice Romaine, en laquelle oh tâ-
schoit.aultant que possibles de faire l'eflitte dés gens de lettres, estimants
ne pouuoir estre bons soldats ceulx quin'enestoiht aulcunemétembeus.
Alors il y auoit meilleure correspondence entre Mars ôcles Muscs: il y a-
uoitvnamiable mariage, accompaigne d'vne loyaulté tresconstante.
Mais aussi tost que Cicéron, Pompée, ôcaultres sesont présenter, atten-
tants ôcparfaisants la dissolution de ceiien de mariage,detournáts les Mu-
les de leur fidèle mary , ascauoir de Mars ( qui en auoit ingendré des E-
spríts vrayement heroiques, des vainqueurs ôc triumphateurs de leurs
ennemis j faisantsacroyrealeurgénération,qu'il falloit quitter les hon-
neurs dangereux de leur pere,sc retirer des playes sanglantes , grands la-
beurs d'endurersahs intermissiohjfaim.soikchaleurôcfroidurejVoire at-
tendre a chascùh momentlamortenla fleur de leur aage; Ôcsciure leurs
mères, les Muscs, doulces ôc reposées, qui les esteueroint a grandes digni-
tez, ôc aux Gouuernement des empires, royaulmes, prouinces, ôc villes;
tour
Et gouvernement dela Cauallerie. ijt
tout s'est changé.Là ^enecation dé;Çeste race valeureuse í ceste : Là gtah>
dcur Romaine a décliné, aclçsvi^res ont,pris«sin^^^
stéflc courroucé d'ensiinameureux òukrage» dec<ulxausqu<^
seruyi 6c qu*ìlaWoit auancé, d'vne si vilaine dêu1>yaulté ^^^f^ui*es
les Muses ; les laissant faire la court a ces paiUardcs, s'est rçtoútticlvèrs
leurs ennemis,Ôc auec soy y á transporté toutes les victoires, Ôclés íùc-
cez heureux, desquels il estointotnez, compelçz ôc auancez auparahant.
De la le diseord de leurs Chefsjde la les guerres ciuilcs, efquellcs ils sesont
deuorez eulx mesmes,délai'amoindrissement de leur puissance, dé la se
decroissémént de leurs territoires êc prouincës, dé la les rebellions; de la
en somme tout leur malheur ôcmespris, en sorte que céulx qui mesmes
trembloint a la memoyre de leur nom, leur o soin t faire teste. Etquant
a Márs mesme, il semble estre tellement esmeu Ôcdespité de ce laschd
tour de ses ëfpouses des Muses, que jamais il ne se pourra reconcilicr,ôc
les reprendre a soy*. Dont nousvoyons encor pour le présent le dèfault,
de ces généreux esprits.
Et est-ce vne chose assez déplorable * que depuis le commencement
de la décadence de l'empire Romain iusques a présent, mesme entre les
Chrestiens, qui eust le seing, 6c print la peine de réconcilier ce maria-
ge de Mars ôedes Muses. Cestoit bien dû debuoirde leurs propres en-
fants, ascauoir dés Empereurs , Rois, Princes, Contes,Barons,Chcua-
liers Ôcaultres semblables, issus de ceste couche coniugalc, voire de rete-
nir quelque peu leurs mères , qu' elles né s* abandonnassent ainsi dû touc
a ces viles âmes dé leurs prétendus amateurs, dont ne réussissent que des
bastards exécrables ; 6c les importuner de retourner aube la deiië reue-
rence Vers leur propre mary, pourabolir la honte rëceiie : mais aussi de
Ceste part il y grande difficulté. Toutesfois je nc doubte àulcunémcnt
s'ils en faifoint 1*cssay.ils eh auroint toutesfois l'honneur de là bonne
volonté i 6c qui scait, si Mars qui n'est si farouche, ne se laisseroit quelque»
ment adouleír, Ôcse remettant de leur costé les releueroitaussi eh la vieil-
le dignité, ôc félicite passée.
Mufan. Hé mon àmy Martin, que tu nV as esmeu Vh grand arhoúrvers
PArtmilitaire, 6cdésir del'apprendre; pourveoir, si par auentureie
pouuois paruenir atel degré d'honneur Ôcdé noblesse, cómrhe jerh'éa
estois persuadé' des arts libérales, les estimant le seul moyen d* y paruenir.
Et pourrant dis moy quelle diuersitéy á il, ou qúcllés espèces. Car/ay
íemarquè en ton discours quelque diucrsité,oulttccë que tantost, tu ea
parles comme singulier art militaire, tantost tu en parles comme do
>
plusieurs Arts militaires
Mart. Si tu parles a bon escient, amy Mufan, je fuis certain, (Júè tune t'en
repentiras iamais. Et comme on dit au prouerbcdeccluy,qui rétient vn
charriot d'or.s'ilncsel'aproprícdutout, pourlc moins il en tirera ôc re-
tiendra vh clou ; ainsi en será aussi dctoy:sit'exerceantdeucmcntenrarc
militaire, tu ne Viens au plus hâult degré dé Generaliffimc,ou Chef sou.
Uerain dé l'armée, Mareschaldé camp , ou aultre tel, comme les plus
haults sesuiuëht l'vn l'áulttè >tu pàruiendras peult estre a celuy de Gene-
ral , qui est desia vn degté Principal ôcde Prince : Si nbn de Prince, ce será
Ra decon-
rç* Livre II. *DeL Exercice
*
de conte ^tel qu'est celuy du Lieutenant Ceneral: s'il n'est dé Conr<*,rFsc-
: ta de Baron ÔcChéualieri tel qu'est ccluy de Capitaine d'aultant dessol-
dats. S'il n'est de Basait,il serade Gentilhóme, comme est celuy du Lieu-
tenant ou Pqrt-enseignè. En somme,situ n' attains le plus hault; tit ne
failliras toutesfois de pàruénir a quelque moindre, par lequel ( comme tu
enverras l'expérience) tu iras tousiours montant iusques au plus hault dé
ti, portée. Et pour te diré,Combienily ádes diùersitez ôcespècesen Tait
Militaireouenlamilice,quiest leGcnus, comme on le nomme es e-
scholes; Cachequ'il y a six diùersitez comme espèces.
^ première l'Art militaire ou milice á pied, ou de l'Infan-
terie»
La íecondejL* Art de la Cauallerie.
La troisiesme, La science òu art des batailles,
des Artillerie,
Laquattiesme,L'art
La cinquieíme, L* art de fortification.
Lasixiesme,L'artde CombatreabatteâU.

Çè'çy (oht tìx espèces,de sciences efquelles toute l'art militaire córì-
. íìste. Lesquelles iécomprendsay ensemble (Dièuaydánt )jcn vn traictô
auliure quattiesinë, pour y monstrer comme en vh compende ou abbregé
sesragles.particulietes de chascune.
Maisleçhèmih pour paruéhir a vraye hobiesse.estcesthuy cy,ascauoir,
qu'ayant bonne cogrtoissance de toutes ensemble, ou d'vne aussi en par
ticulietítuL'exercessideleôcconstamment Contre ton ennemy,
Ì4&C MaisçOmmehtseráilpossiblcqu'vnhommepuisseexercet ôc pratti-
quex tohtésces sciences i Certes il y fault plusieurs armées pour vne seule
(tour, la bienaipprcndrc. Etcombien y enail qui demeurent furPapprén-
tissdge? Ôcstùsbien asscuré,que de plusieurs milliers il y auráagran pei-
ne vrt ou deux, qui en viennent a bout
l4act. Tu dis bien Mufan. Et c'est de cecy quejé me plains principalement,
ascauoir qu'il fault que le soldat apprenne premièrement, quand onle
veult mettre enoeuureentre l'ennemy. Apprentissage bien cher Ôcdan-
frcreuxxatl'ehhemy n* y ioue pas i Ôcdebuoit il aUoir appris »deuant d'en
venir siinsia l* efpréuUe.De fàit, c' estde la que de querqueeents anneës én
ça U « á eu fi gtáds desastresôc mal ehcontres aux guerres, ascauoir ,fauittë
de discipline, ôc institution militaire, ôcmesme ohnè scaitla maniéré de
feien guerroyerfcou s'iíy-en>á/quelqu«svhs qui tn ont quelque intelligen-
ce, ils n* y sont ouys. EtVoila comment tout vaparvn malheureux desor-
dre: Le soldat est pris>dëta charrue oud'aultrelabeurxhargcplustostque ;
garded^sesasmesí csteauQyéveEsl'ehncmypourapprcdreaeh ioùe* ou
vsei;qui íoattmfcesfbis.luy coupe la.goíge a la prcmícrércncontrcÔCle
faictpayeí, nonvn Minerual>B%aisvh Martiel bieh cher pour la première
&detaseûe<fbi& Les ancien* en faisoint bien aultrement, ne recebuant
poueíoliiatisiaohiccluyiqjui oftoictbiehihstruict cn 1?art militaire,ou al' c-
fpece alaquelleanlèvouloit-apldíquet .Aussi ont ils estéplus heureux on
ItuKetOtteprMfE^C'c^patcornoyëh que les Lacedemoniens se sont tant
eslcuoi en puissance; C'est de la que ce grand Alexandre fubiugé eh peu
de
Et gouvernement de la Cauallerie. JJ$
de temps auec si peu des gens, de sorte que le nombre; des terrés* proùin-
ces,villes ôc forteresses furmóroit quasi celuy de ses soldats,maisvetetains
Ôcbien Versez es armés, ôc exercez en 1*art militaire. C'est ainsi ^ue les
Romains se sont acquis Ôcconserué si longtemps, la Seigneurie de quasi
toutlemonde. C'cstaihsi qu'encor pour le présent le Turq va accroifsát
de plus en plus ía puissance.Combien que ccstuycyn'ená pas encor laCog-
tloissancë si parfaicte que les aultres, n' en approchant a peine de la céties-
me partie. Qui est l'vne des oeuures de la Prouidencë Dhiine,pour la cen-
serUation d'vnepetite partie de son peuple. Car c'est luy qui la luy dent
encor cachée ; la ou s'il en venoit a quelque perfection, cest vne chosoas-
seutce,qu'ilehauroitbientostttouué la fin de toute la Chrestienté.
Mufan. Tu me dis beaucoup de la manière de bien guerroyer, que toutes
les Monarchies,Royaulmesôc Seigneuries en sont acquises ôesouftehu-
es, 6c semaintiennent aussi longtemps, que la discipline ôc art militaire,
doht ceste rnahiere de bien guerroyer prouient est maintenue. Mais di
moy aussi, quec'estdeladitte manière de bien guerroyer *ôc qu'est Ce que
tu entends pat ce mot.
Mart. T en ay
parlé souuent en ce discours ; mais pour t'expliquer icy tout
par le menu, le temps ne le permet,»: nostre propos cn seroit trop loing:
lointque ce seroit vn labeur inutile, la chose estant encor trop haulte,
énsortequetu ncla poutrois comprendre. Mais,s'ilplaitaDieu>apres
t'y àuoir encor quelque miéulx préparé esdeuxliures suiuant,jeletede-
clareray au cinqUiefme liure, tout ronde ôc ouuertcment.
Mufan. Sus donques,je ne eontenteray de ce que tu m'en as dit, àc cepen-
dant m'exercercy eselementsde ces arts militaires. Mais quelle grâce y
auray ie ? II y á desia vingt ôc quatre ans que j'ay appris t A.B.C. es eseho-
les , 6c m'en fuis tellement auancé, que je poúrroys acquérir le degré de
Docteur: ôc me mettray-iemaintenant derechef a apprendre des elemëts/
comme Vn petit enfant.
Mart. Mon amy , tu ás iusques a présent traicté des choses puériles: Mais
maintenant tut' achemineras aux choses viriles, desquelles tu ne peulx
ny ne doibs auoir honte. Ie les appelle elements:mais éesont les premiè-
res degrez a la virilité; donr aussi dit Virgile, Arma virúmque canò*s
Ce ne sont choses puériles, ni desjeus des enfans,qui y sont traicteZ,mais
les moyens d'acquérir vray honneur Ôcréputation*
Mus Mais qu'endiront més Académiques ?Ie crain ceitesqu'ils ne feront
trop contents, que jé m'ay ainsi laissé persuader, de quitter le camp des
Muses,ôc mefairèsoldat. 1
Quant a culix, ils eheustemí miétrltf aythed'en
faire vn Chanoine ou aultre telle créature de robbe longue.Et de t«y pen-
ses tu qu'ils en seront trop contents, que tu les traictes fit lourde 8citrciui-
lement.
Mart. Qu'ils facertt ce qu'ils vouldront. De toy ils dSïontbicny qotrtU
t'es enfuydelcur'escholc, ôct' es adonné aauitresarts: EcdemOyjd'ctra-
u oir gran gré îc d'en attendre gran salaire,jesca)* bien que non. Tomos-
foisjc protester, qu'en ce mien discours jc ne pretens rien qtn soit contre
l'honneUr 8c réputation des vrays 6c bonis Académiques: ains que je parle
de ces Philosophastres
qui'se rourrenr patroy eubc, pour auancerleúrs
abuz,ôc entretenir laicunesse a tort parleur fubcilitcr ou sophistciids.
R s Car
rç* ÎÀute IL De L Exercice
/ C^riesoaybitn,patlagrac«dcDicUjqucllccstl'vtilitédcSÀcádcmíèi;,&
au profit de tout le monde. Toutesfois,s'ilyauoit
quels frúicts en íbrteàt
de quereller cotre moy Jeleremarqueray pour?
quclqu'vnquiauoitenuic
esexcez taxez, ôc les vouldroit maintenir auec le do-
tel,qui prend plaisir
mage du publiq pour son proprcintcress:ôcdefaictj'y verray.quej'ay tOu*
ché ou attaint:car selon le cómun prouerbe.quandon iette Vne pierre en-
treleschiens,ccluyquicn est touché est le premier a crier. Cependantje
vouldiroy bien souhaiter aux Academiques,que ce bonDieu leur sit lagra-
ce,dcleur occurir lés yeulx,en sorte que regardants les temps ôcles maniè-
res anciennes d'enseigner la ieuncsse, ils entendissent quel profit ôcauàta-
gcils eussent fait par toute la ChrestientéiS' ils eussent propose les arts mi-
iitaircs,ioinctcsaux libérales, auec mesme zelc ôc instance, ainsi qu'on
faisoit entre le peuple de Dieu, mesme enl' Ancien Testament. Ou que
obserué la distinction naturelle, de toutes e-
pour le moins ilsy eussent
statsí En sorte qu'a la Noblesse, comme ordonnée dé Dieu a cela , ils
eussent recommandé la milice auec les lettres : auec meure considéra-
tion de ce vers ancien Tu supplexora:Tuprtftege:Tuquelabora»
C'est l'office des trois estats. L'Ecclésiastique á seing de la
prière & du
seruice Díuinìceluy de la Noblesse, dela défense : Le commun detra-
uailler, pour l1entretien & desoy, ôc des aultres. Et vn chaseuh farfant
ainsi, ce qui est de fa charge, fans doubte tout le monde dèliuré de là con-
fusion quiletrauailleaptcsentíioyroit d'vne amiable paix ôc
prospérité»,
Mufan. Par tu vie, Martin, que le commun.auquel tu comprens les villa-
geois.les marchans, artisans ôcaultres semblables gens, n'oye cela detoy,
que tu leur impose: la charge de trauailler pour? entretien des aultres
deux, aultres estats, de peut qu'ils ne commencent vn nouueau
procez
contre toy.
Mart. Mais qu'est ce qu*ils pourroiht fairfc. Vh procez ? Majs ne scais tu
que laíentcnceycst desia donnée par ce grand Roy des Rois, Ôcjugc des
juges ì Donnez a Csesar les choses qui appartiennent a C ejar: &t
a Dieu les choses qui appartiennent a Dieu., Laquelle tu scais
bieniusquesouellc s' estend. v.
Mufan. le le scais bien. Mais garde toy de te rhesler entre les Théologiens»
Carj' entensquetu les respectes encor, voire iusques a préférer leu r scie-
ce aton art militaire, intitulant de plus haulte 6c plus noble, que toute
les aultres. Et espère que tu lés laisseras eh ceste grandeur.
Mart. Ouy deá. Et ne scais tu que c'est a dire, qui vous tousehera, il
-r touschera la prunelle de mes yeulx* Ioint que bons fidèles ôcfyn-
ceres pasteurisent aussi des maistres d'vnemilice Spirituelle, nous ense-
défendre nos âmes, ôccombatrecontre
ignant comment nous debuons
des ennemis inuisibles.qui auec grandes forces Ôcruses prétendent nous
salut. De sorte q u*ils ont aussi grande conformité auèc
priuer de nostre
. nous qui somes soldats corporels. Et de faict ils ont aussi soldats, ôcen
6cescarmouches beaucoup plus dangereu-
guerres, batailles, ôccombats
ses que nous.Voire l'Apostrc S. Paul estoitaussivrayementfoldar.quand
ils'acheminoit armé auec fà troupe vers Damas. Certes il y auoit son
harnois ôcl'espcc ceinte au costé, ôcle reste, sans doubte bien a la solda-
tcfqua
Et gouvernement dela Cauallerie. ï%
^tesque. Et de la est ce que pour amer le soldat spirituel, il áles termes si
propres, pris du soldat corporel, l'equippant de toutes pièces, d'halecret,
la ceinctuie,lehcaulme, bouclier ôc glaiue , ôc luy en monstrant 1' vsage
contre son ennemy. Ce bon Dieu face lagrace, que comme nous triom-
phons aulcunesfois de nos ennemis corporels, ainsi aussien ceste guerre
tousiours vigilants &c fur nos gardes, emportants finalement la victoire,
ôcgardants toy ôc bonne conscience, nous recebuions laeourónepromi-
se de paix ôc repos éternel. Amen. Amen. Amen.

Summo militi,pro génère humanomilitanti,


sit laus & gloria
Per omnem Amen.
perennitatem.

Fin

Du second liure de t art militaire a Cheual.

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