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INSTRVCTION
DES PRINCIPES ET FON-
DEMENTS ï>E LA CAVALLERIE,
& de ses
quatre eípcccs, Ascauoir Lan-
ces ,Corrasscs , ArquebusSt drageons, auec
tout ce qui est de leur charge & exercice. nm.l.Hi.]..!:!.. ;ii,,n,n)....lii.i.àÉ.IH.nW
Auec
J>VEL£>rE$ TipVFELLES INVEâV
tionsdeBataillesordonnéesdeCattaUerie,
Et
DEMONSTRATIONS DE LA NECESSI-
TE, VTILITE ET EXCELLENCE DE L*XRT
militaire, fur toutes aultres arts & sciences.
Par
ÎEAN ÏAQVES DE CCDalHwttsttl/ PRINCIPAL
/ CAPITAINE DES CARDES,ET CAJITAI-
ne de la louable ville de Danzick.
.niiiiiHWiniiiiiiiiiiiiinnmïïnimïïiiinw
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W*iï
-££*&'. ^gìi-"
ÂV TRES-ILLVSTRE ET
TRES-HAVLT PRINCEETSEt
GNEVR F RI D ERIC CINQVIRSMEj
CONTE PALATIN DV RHIN, ELÉGTEVR
du S. Empire Romain, Duc des Bauieres
&c* MofiTres-clement Seigneur.
(:) z TRES
DEÒICÀTIÓÏ*.
'"*- t.
lefquelg
D E t> I C A t I Ó N.
Trcshumble subiet
AVLË-
AV LECTEVR ET A MA-'
TEVR DE LATRESNO-
BLE MILICE.
MY Lecteur. CcTreslouableCKeualierJeSeis:
George Balìane dit fans raison eh la préface fur
son traicte duGouuernemét de laCauallerie,qu'il
nc íe peulr assez eímerueillcr, de ìa grande negli-
igtì0^t ZoileyM^ntT^^
ertàèoir^kvo^,^^
fanccitóiììilfeerËtq*^
ualkïìfff & ^ttctí-ej stìbtitìtè^~èft-ptóU on
atwfítftë^ ËtçiÉàiii^v
Lèh Çhapi
Lé. 2. Çhapi
tiëjt t^ap*
LA SECONDE PAÏCTÏË.
'^RaicIrëdePËxcrcicec^^
* estrois
premières est monstre, comment chasque Compag-
nie dôibt^strëdrëíféëj ën forte, que selon ía propriété cìîe puisse
effectuer te qui de saqUalité ëstirétyìiá. Item ëìl qtiêi nombre elles
doibuent eítre. Au chapitre quatriesme est monstre en particu-
lier, comment chascune partie est exercée, v
lè r. (^hap.
le 2. Cb*(*
tê 2. Chap.
U 4. Chap
^r:V;----T-:rv^< Le r. Çhap.
LA QVÂTfUESMÉ ï>AktlL
curieux amateur de lâMilicc vpit, co-
iaquèlléle bënïAg!&
EN rnent de toutes fortes de la Cauallerie , de chaícurië
quatre
trois Compagnies, f áiíànts vin esquadron de 1k.ot>cheuaulx, sont
ordonnées quelques batailles tant defensiues qu' offensiues. Elle
contient trois chapitres»
tut h (fhap.
Monstre íîx tortes de batailles àùèc ìèûrs n'òms propres. Ire
vne
tommátreie cefecmi Liure. I
JUtÊ. @kfc
Comment il rauhdí^
ìir subitement ordoïinercíbacaiUítefiiídiwcs.AVfteïiig^a^o*
LA CmQVIESMI JPklCÍfl*.
dîícwtirs de deux pcrfotóftcì^Vfteì^tó^ l%Atì*Ma^
VN tin, de ladtoité, Part mi^
exccllé^ficprcenimcnccdc
|tardcfsus tenuesiw aultres Ickaces fieartsïant liberté queme-
ctan<qt^,icxttep^kíW
pleíìcursiuïWs ïa£j^s^tt&<^grc$a^
ignéees Acadetoricsatecclcs lettre^ cottëW^oitdcutó >^I-
LaccdcflKmicTtó&^ottlaùïs.È*
^uesccmanhéesetttrc^ës^Grcqs,
hnalemc^quelesàtts^
4cUiëBJ^Ûe éBre pro^íéw , cxplrqum&fraìct&s<mB©*te
lar^emAcrneUcjeotrmteleïÔreqs^I^^tfw
4c^«ntpropofées cnleúrpro-
. .
|>íe4an.gttag«.
Premiercpartie,
DEL INSTRVCTION
ET GOVVERNEMENT
DE LA CAVALLERIE.
1. La premicfçdfcklan^
c^mittetuvoîs Nu«i.i.Fig. u
ÌU Le Coraffitr, ou solda|acncualjaùcclaCortafsccomme oti
voytNum.a. Fig.i.
11L L' Arquebusier, ou soldat à cheual,auec F arquebus ou
bandelict, comme Niim» 3.Fig. i.
IV. Le Drageon ou soldat a cheual, auec lc mufquet ou lâ pic-
que commeNttm.4. Fig. 1.
Ces quattre sortes sont reparties derechef en deux espèces, desqucL
lei'vneestdittc Cauallerie legicrc,& l'aultrerfaueou pesante*
Enlagraueestcompriselalancc&lacôrasic.
En ía lôgierc seCompte l'Arquebusier & Drageon.
Lc lancier est propre pour toutes les deux espèces , tant poutlagra-
uequepour la legicrc,comme aussiilpeulcestre armé a la legicrc, ou a la
pesante auec corassc ferme: Ainsi que cy appres serádcmonstrè.
La qualité de l'armure de la Cauallerie cstauslì de deux fortes.
Ofîensiuefic
Defensiue.
L'vne pour offenser son ennemy, & 1*aukre pour s' en guarântir.
Úcs quattre sortes íusdittes de Caualleries, il y en á partie qui á Y ar-
mute seulement defensiue, & partie qui ráíeulcmcntoffensiue.
Et partie l'á de toutes les deux sortes > ascauoir, & offdnsiue & de.
fensiue.
La Corasse est defensiue.
L* Arquebus ôc Drageon est offensiue.
La lance est offensiucôc defensiue.
Orde ces quattre sortcí de milices a Cheual, ou Cauallerie discouf-
rans cy appris, nous parlerons premièrement de chaseune en particulier,
& puis de toutes en gênerai nous enseignerons tout ce qui concerne les
fondements d'icellcs.
ï, Chap.
EtgouunmmmtdeldC^ùûierie.
CHAP. I.
Du Lancier.
A lance est bien la principale & plus noble partie de ía
Cauallerie, & ce par deux raisons.
I. Pource d'exercice & d
qu'elle requiert plus
adrestè les aultres.
que
II. Pource le cheual de &
quelle requiert pris
meilleur que tous les aultres.
Quant a l'exercice particulier ; tous ceulx qui ont aulcune intelli-
gence de la Cauallerie, scauenc treíbicn, que le Lancier a besoing de plus
d'excercice tant, pour fa personne que pour son cheual, que les aultres.
Comme deuant quelque y o. 6"©.80. ou 100. ans, il a esté en pluígrandere-
commendacion,entre la Nòblesle, qui non seulement es festins de nop-
ces & baptesmes, mais aussi en aultres assemblées extraordinaires (' y ex-
crceoitj&auec grand zcleôc courage s' efuertuoitpour cn porter le prisas
honneur. Er de fait entrcles Lanciers, il n' y auoit que personnages des plus
nobles & dignes de l'honneur de Cheuallerie.
Mais a présent puis que ces festins & exercices de Nobleste,comme de
Rompre lances, Courrir la bague,Ioutter ou tourner &c aultres ieux sem-
blables font venus a dcfaillir.il n'y reste a peine la dixiefme, voyrecentief-
me partie de sesexploit* & effects requis, tant par faultejdes gens propres 6c
capables d'vne science si exquise,en place desquels on est contraint dese
seruir de gens baffes 8c vils, que par manquement de solde requise ôc compe-
tenreaumente.
De fait venant cn considération de cestc première ôc tresdigne forte
de Cauallerie, je ne peulx assez admirer , ni exprimer la diligence soing,
industrie & despens de plusieurs Nobles & preux Cheualliers , en 1' exer-
cice & auan.cement d'icelle,comme on en voit plusieurs discours deserits
en langue Françoise, Italienne , Allemande, ôc aultres : Esquels tout ce
que tu trouues des faits louables & dignes de memoyre, procededelalan-
ce arme vrayementdigne delaNoblesse. Dont on en pourroit alléguer vne
infinité d'exemples rantd'histoyres véritables, que feintes.'
Au contraire nc se pourroit on affez cóplaindrc de la grande nonchail-
lance & mespns deceste forte d' armes, tant estimée dupasse, fsans la sci-
ence de laquelle personne ne pouuoit acquérir reputacion de Cheualier,)
voyant &apercebuant toutesfois,quepar lemoyend' icellcl' estât de Che-
uallier, a esté préféré a toutes auitres dignitez,recebuant par ce moyen la
couronne d' honneur commerresiuste recompense de ses labeurs ôc pro-
uesses ; de sorte aussi que par le moyen d'icclleies plus grands ôc plussigna-
A z lez
4 Liure IL D tU Exercice
ler Cheuallicrs ont tousiours voulu monstrer leur valeur j & maintenir
leur éminence ÔCdignité, iufques enuiron tfo. ou &©. ans en çaefquelsk
noblesse moderne s'en esttant degoustcé, iufques a l'ensepuelir en vn to-
tal oubly, si elle n'estoit aulcunenaeht soustenue es coures des plus géné-
reux Princes , efquelles onenvoyt encor rcluyr quelques.cstinccllcs.es fe-
stins nuptiaulx,Baptcfmes ou aultres semblables solennitcz. Pcult estre,
que cela luy aduient de ce que bien rarement elle s* y trouue, pour en Ve-
oyr les effects tantlouablcs;ou bien que quelques vns s'en font des proiects,
du tout aultres qu'ils nc deburoint: disants cnculxmcfmes par vne maniè-
re demeípris : U y a grande peine ôc labeur, despens inutiles, ôc diligence
iatis profit, iòint qu on ne s'yauancc fans rudes ôc dangereuses secousses.
Et quel auarttage en pcult oh attendre. Cest le ieu ôc
passetemps des
Grans Seigneurs:tun'yasquc faire. Tu courriroys longuementala bague,
ioutterois ou tournerois brauement, ou romperois beaucoup des lances,
deuant de gaigner quelque chose pour ta cuisine, ôcc.
Et quelle est pour le iourd* hùy F occupacion, je ne dis pas de tous
( parlant seulement de ceulx qui sont coulpabies ) mais d'vne bonne partie
de la Noblesse de nostre temps auec meipris ôcdesdaingde ce noble exercU
ce i Ie le disois volontiers,mais Veritas odium parit. La vérité engendre
la haine.
Et voit on journellement les íruicts procedans de la nonchaillancc
ôc mefpris de cestc science,en la perucrsité de ce siécle. Ouureles yculx,
regarde ôc examine m peu en ton esprit les temps passez deuanz ioo. ans;
8c les conférant auec le présent si piteuse ôc malheureusement débauche,
tutrouueras de quoy mener des grandes complaintes. Et situneleveulx
veoyr ouentendrcjctelc declaireray, Dieu aydant, au cinquiefme liure de
ce mien traicte.
La lance pour le présent n'est guere estimée, mesme entre soldats fai-
sant profession de grande experience,disans que c'est vne armure mal com-
mode : Car, disent ils, elle requiert vne compagne nette $ ôc est de nul v sa-
ge, en passages ou lieux estroicts , en bois , buissons ôc aultres semblables
lieux empeichez. Mais fans aulcune raison. Et j'afferme rondement, que
celuy.quisoubs quelconq; prétexte que cesoit,mefprisc ceviel,noble, &C
tresotilcxercice.ou n' entend ce qu'il dit, ou bien 1*entendant, monstre
qu'il
n'a le coeur de soldat ou cheualier. Cars' ilentendoit la qualité, 1*effect,
ôc ce quiyest requis en ceste armure,il ne parleroit en telle manière: Ou
si l'entendant, il lamefprise toutesfois,il monstre bien qu'il n' al'esprit de
Cheuallier,ains de couardt, quitousiours crainct le labeur fie s" imagine le
danger plus grand .qu'il n'est.
Mais,médira on; elle n'estvsiteé mcfme entre les plus grans chefs de*
guerres de nostre temps: Ec prouinces du Pais-bas de toux deux costez,cn
Vngrie, Ôcaultres armées^ on n'y voit non plus des lances. Voyrecegrand
ìc magnanime guerrier le Tres Illustre Prince Maurice d'Orange n* en fait
point grand cas. Car comme Prince tresexpertôctresprudent, qui n'a par-
eil ny entre les Antiques ne Modernes en l'art & discipline militaires'
il tiouuoit quclq-, estime ou auantage en la lance j il la mettroit fans doub-
le en oeuure: mais tant s' cn fault qu'il a mesme cassé , cn son gouuerne-
ment tant louable,' celles qu'il areçeudcsonfcuPcredc pieuse ôc heureuse
.. -. me-
BfgpHUtritemènt dela Cauallerie. j
tnemoyre.Letres Illustre Prince Guillielmc d'Orange, combien que chez
sonaduérse partie elles soyent,toutèsfois hon enttop grandequantité,en-
eórch estre. Mais pour refpohcc jcdis. 4
Cueceste tant noble ôc précieuse partie de la Cauallerie, n' est ne
meípruee ne negligentee de ce trcsprudent ôc Illustre Gendarme: ains te-
nue encor en mesme honneur,estimcôcruputation. Tqutesfoisensonlieú.
Et si il a quitté la lance en son armée présente ,c* a esté a cause de l'
incommodité du lieu ôc du pais, auquel il íe trouue auec son ennemy : n'
ayant la faueur d'vn pais ouuert ôc d' aultres commoditez ( fans la grande
solde du lancier,) requises. Chose qui pour celuy qui á quelq; cognoiffan-
ce de ìa milice, ôcdu dit pais, n'á point befoing de grande démonstration.
Dont aussi,amy lecteur, pour nc t'entretenir trop longuement, passait oill-
tre,je m'adresseray aux poincts requis.
Premièrement il fault que le lácier ait le cheual dé
pris,haulti
fort, bien a droict, bien asleure & ferme en ses ïambes Ôccuisses*
bien dressé, non rétif, facile ôc legier a la bride;
La feelle bien propre &c iuste , sans presser ou endomma-
le chauaucheur
ger : propre auíïì pour pour s'y tenir ferme ôc
asièuré contre la violence du chocqjfaittc auecauantage,nona
la lourde •, comme il aduient souuent,que la feelle
peseaultant
F estriuiere, droicte il y aura vne
que F homme qui est dessus. À
boette attachée, d" enuiron vne paulme, pour y reposer la
ance, quand elle est érigée, comme tu voysFig.z.Num.
f>ctite i.
Le lancier soit bon cheuaucheur, tant pour bien manier^
bien dresser & picquer le cheual, ioint
que pour lesoing requis
fieson entretien , fie cognoissance du naturel ôc condicions de
toutes sortes des cheuaulx qui íè présenteront. Choie de non
Les bottes ôc espérons bien
peu d'imporrance. propres.L'eípec
conuenablei vne stocade trenchante, tant pour F estoc,
que pour
le trenchant. Et voyci le premier & principal, quant a Farmature
comme on voit Num.i.Fig. i»
Le second, est la cuirasse entière dont il doibt estre couuert
des la teste iufques aux genoulx, pour le monis. comme Num.3.
ci les parties. Le collier, Fhaubergeois fin pour sous-
Fig. 2. En voy
tenir le coup du musquet, le prenant en double,de deux pieecs ou
comme tuvouldras, le rendant astèzfort, quant ií fera
simple,
ainsi* redoublé: & ail ors fera de F armature graue > ôc si íe veulx
la redoublure & allors fera de Far-
auoirplus legier,enosteras
mature legiere.L' eschine ou dofliere.Les brassières auec leure-
ôc entières, les gants, le casquet assez fort tant
spaulles propres
contre F estoc que contre la taille, les jambières Ôctafehettes fe^-
Á 3 Ion
*
*• Liure IL De L Exercice
Ion la proporcíoh de f homme pour luy couurìr les genoutx
Num. 4. les gardereins Ôccuissieres faittes auec bonne discrétion
Ôcauantage Num. 5. Le tout bien aiusté félon? le corps de celui
Carcést vn grand auantage d'auoi ries
qui en doibt estre armé»
armes bien iustes ôc ferrées dé toutes parts, tant pout la bien
séance que pour la commodité cF en vscr dextrement au be-
soing.
Estant monté a cheual, il auïá íbn elpée bien attachée au
costé sur F haubergeois , en forte qu'au trot elle ne íàutelle &
ne forte de son fourreau, ou y voulant mettre lamain,enquoy
la lance rompue ilkult qu'il soit bien prompt, elle ne serccul-
le en arriére. Num. 6. Fig. i.
il fault qu'il soit pourucu d* vne lance. Or quant
Appres
a Ja longueur, propor tion ,.ôc legier té, les ordinaires ne font
du tout a reietter : mais pour soustenir vn coup de guerre, tant
contre Mnfantcric que contre la Cauallerie elles nesontbastan-
tes, ainsi qu'on en vie es courses de la bague,tournois, ou aul-
tres semblables icuz. Dont les fauk auoir d'aultre façon: asca-
uoir en forme Ôcforce d' vne picque d'Infanterie , estant par
le bas quclq; peu plus grosse ôc forte, en longueur de 18. IO.OU
%\. pieds, percée par lc trauers , enuiron deux pieds du bout d'
embas, pour y passer vne petite ceinture de bon cuir, pourFaf-
fermer au bras droict, tant pour la tenir plus asseureementen
la rencontre, que pour la pouuoir manier plus dextre ôc com-
modément. La poincte est triangle, trenchante ou vn peu plat-
te ôc aigué a deux costez : non point attachée auec deux lames
ala picque d'Infants, ains bien rassisesur le bout
longues comme
de ion bois : comme tu vois Num. 7, Fig. z.
Oultre la lance il aura, si non deux pour le moins, vn bon
enuiron vne once de balle , bien
pistol, tousiours prest,tirant
attaché auec la boette outasche des patrons, ôc la cleff ayantle
dragon monté, en son fourreau a Parçeon, pour en víèrcs lieux
de íà. lance : y estant contraint de s*
cíqucls il ne se peult íeruir
cndêfendrcaum bien que leCoraísier. comme on voit Num.8.
Soneffect ôc exploict est, dedesfairc ôc dissiper les ordres
ennemis, tant d'Infanterie que de Gauallcric, par ía véhémence.
non seulement il doibt auoir vn sort ôc bon
Cestpourquoy
cheual, mars aussi doibt eftrc courageux Ôc dextre pour excuter
ses
€ t gouvernement deU Cauallerie> ?
sesforces par armes. C hoíc qui sefait par ces trois diuers mouue-
ments de la lance,
ì» Le premier se fait en présentant la lance esleuee, d'embas
enhault.
ÏL Le second, cn présentant la lance droicte,ou róidé.
IIL L^troisiesinc en la présentant abaissée, ou de hault en bas*
Et de ces trois mouuements fault il qu'il soit bien expert
& asseuré»
Le premier íe fait contre la Cauallerie, quànd de la poíntíre
de la lance on cerchela visière de F ennemy, ou de fbn cheual,
tomme on voit Num. i Fig. 3. Ou contre F Infanterie pícquiers
ou musquettiers, luy présentant la lance en face ou au col. côm-
mcFig. 4.Num.i.
Le second sefâit contre la Cauallerie, quand la lartee luy
est présentée au milieu, pour le faire Vuider la selle, ou blesser
lc cheual aucosté. Num. 1. Fig. 3. Contré F infanterie, quand
de fàpoincte il va cueillier 1*ennemy par le milieu*, Comme tu
Vois Num» 1. Fig. 4»
Le troisieíme est fait contré la Câiiaílcrie, quand ilptesen-
te la lance contre la poictrine du cheual ennemy, soit a detftre ou
asenestreNum.3. Fig. 3. Contre f Infanterie, quand la lance est
présentée-a F ennemy,ou estant en gerioulx,oii couché en terre,
comme on voit Num. 3. Fig. 4.
Ces trois diUetsitez des mouuements, tàht comté ía Ca^
uallerie, que contre F Infanterie requièrent grande dextérité,
dont aussi il y fault vn diligent exercice: qui fait en plantant vtt
pieu en terre, ayartt vnbraS au costé, auquel on attache vn blanc
ou
depápiet ou de róile, en telle haulteur qu'il cOrtuicnt pour là
diueríite des dits mouuements , essayant de F enfiller en pleine
course ou carrière, cómme ostvoytFig.5. Num. 1.1.3.
De mesme se fault ilâussi exercer a lêuér vn gastdouehap-
peau ôU áultre telle chose de la terre en pleine carrière, par la po-
incte de sà lance: exercice qui luy viendra fort a poinctôc a pro-
pos tant contre 1*Infanterie, qu'en aultres occurrences* comme
óst Voit Num. 4. Fig. 5.
Lalance se porte en deux manières.
L Esleuée ôc drôicte: qu'on dit manifeste ,óu à decóuUert»
11. Trainée, qu'on dit caché ôc secret, ou coimert.
La première, ascauoir esleuée, sefait en la menant ou por-
tail 1;
$ Et gOHHtrnemsnt dclaCaualkriè.
tarít âroí&^ au chocq, qui est íà.
manifeste, comme on vpit Num. 5. Fig. 5. .
La féconde se fait, quand il là prend par le millicu Ôcla tient
ainsi abaissee,iuíques a çe qu'en carrière il la veult prefènter con-
tre l'ertnémy. Manière bien propre ôc vtile es batailles\ pour
tenant suspens fans scauoir s'il a affaire a
tromper P ennemy j lc
lanciers ou corasses, iufques a ce\qu'a F improuistc, il sent le
elle est dittc secrète ôc cachée yYoy
coup de la lance, dont aussi
Num. 6. Fig. 5.
Etceey quant aux arguments du Seig i Basta pour les cotasses* fur la
quâlitez,proprietez 8c eftects délai an ce.
Venons aussi a cc qu'il met en auatît a mesme intention, sur les prc*.
ptietez dé la dittecotraste,8c Voyons combien selon T opinion Bastiaoe l'in-
tention est géntilé.
D' aultre dit il,
c' est le propre de la corrasse, de se te-
part ;
nir vnic en vngros esquadron , Ôc comme vn
corps solide : ôc
tant plus gros ôc vni qu'il sera, tant plus grande aussi en serála
force ôc essect. Dont pour ne se relâcher Ou desunir , elle atta-
au trott, n'vsartt de galop, sinon quand il fault charger l'en-
que
nemymisenfuitte.
II s' eslargit icy áuxíouánges de íacotrasse, fans dire vn seul motdc
ses prouesses ou de gfaná efíécts qUi en poíirroint estre produicts : fans
monstrer qu' elle soyt nécessaire, voy plus que lá lance : ou prouuerqu'
eri bataille en s'vn pourroit miéulx sertíir, que de la lancé: ôcdé fait il don-
né tous Ces honneurs a laknce.disant : Là lance est aussi tíuissântéÔc
nécessaire pour la Victoyre, que P OuuertUre ôc désordre des e-
ennemis. Et quant de la corrassc il n' en monstre aulcu-
squadronsdes
ne telle nécessité ou puissance. Desortéqu'entoiít cecyjene voyáulcuric
- raison de prééminence que la corrasseén pcult auoir.
Mais espluchons qUelty peu les parolíes susdittes,pârangonant les pfo-
prietez ôc qualitez de chascune, pour veoyr selon les meímes sentiments dé
Basta,pourquellc c'est qu' ondoibtíuger.
La
et gouutrnement dela Cauallerie. 19
La lance ayant le cheual depris ,legier,fort, 8c bien dressé fe peult en
tous angles 8c endroits de la bataille, reduittc subitement en petis efqua-
drons mouuoir auec grand auantage.
La corrasle serrée cn vn corps gros ôc solide, ne peult ni faire ni endu-
rer vnjmouuement subit, ains doibt faire ses exploicts au trot, ou au galop.
La lance, dit il, peult d' vne subite force 6c violence impression per-
cer 8c enfoncer les eíquadròns contraires, les pourfuiure ôc trauailler ert
sorte qu'ils ne se puissent r' assembler ëc reprendre leurs ordres.
Mais la corrassc nc peult d'vne telle violence ôc si subitement inue-
stir 8c enfoncer,beaucoup moins pourfuiure telle sorte qu'il
l'ennemyen
se se puisse remettre fus, &c se remettre en bataille.
Ie te prie, amylacteur, auquel je m'en rapporte, Considère attentiue-
mentôcauec bon iugement, ôc donne la sentence, quelle sorte a raison des
qualitez ôc proprietez ôc effects est a préférer a l'aultre.
Basta poursuit ses démonstrations,eh prennanraussiaulcunésdescó-
moditez Ôcauahtages, que la corrasse a deuant la lance: ôc dit, La coi-
rasse le terrein mol ôc mal vni es lieux incom-
pcult supporter
modes. Mais je t'ay assez monstre dessus en la deduicte du second po-
inct des proprietez des deux sortes de ces armatures, que la corrasse setrou-
uera aussimal ôc pis en semblables incomthoditez des lieux requérant aussi
bien que la lance la campagne dure 8c vnie.
En oultrc dit il: Et
puis tous les cheuaulx se mouuent au trot
ôc médiocres foyent,( com-
eíguallement, pour quelques qu'ils
me ordinairement sont les cheuaulx dé Flandre , trop pesants
on s*en scruir. H veult demonstrer, que tous les
pour laknce) peult
cheuaulx d'vne trouppe de corrasses ont vn trot commun, & quel'vn ne
s'y mouue plus legierement que 1' aultre. Dont aussi ils peuuent estre
conseruez 8c serrez en boh ordre. Mais la lance > comme il pense atta-
quant l'ennemyen pleine carrière, l*vn cheual estant plus legier ôc agile
que l'aultrc,de sorte que les trouppes n'en demeurent si setreesidonnegrád
uuantaged'honneur a la dirte corrasse.
Mais comme il est tresueritablc qu' entre lés lances vrt cheual est
plus legier en carrière que 1' aultre , de sorte que les efquadrons en sont
mal serrez ; aussi certain est il, ôc m*asseuré que personne le niera, que aussi
entre les corrasses vn cheual est plus auance au trot que l'aultre, voy te qu'il
y atel cheual qui au pas deuance le trot de plusieurs : de sorte que l'vrt será
aussi peu serré que l'aultre. Quel csticyBasta,jcteprie,torijugenient?quél-
leestta sentence?
La lance fait seseffects cn pétis eíquadròns, ÔCnon plus<au piusha-
itlt,que de deux files , non serrées, ains qu'il y ait place compétente entre
deux. Et fil aduient que quelque cheual treíbuche ou tombe a terré, il ne
donne aulcun empeschementau suiuant, ains se recueillant facilement il
peult retourner a son esquadron ôc se remettre en sa place.
Mais la cotrasscse rrouuant driie Ôc serrée en vh gros esquadron,s'
il y á quelque cheual de la seconde file du front tombé ou abbattu : en-
cor qu'il ne soit blesséjsi ne se peult ilredresser, ainsi! fault qu'il y demeure
C z auec
*
i© lïïurè II: DeLExerckr
auec empefchement des fumants qui s'y aheurtentôc souuentcsíois tom-
bent fur luy : se trouuant ainsi eh plus granddangcurde ses campagnons
qui le suiuent, que de l'ennemy. Et de fait s'il y en a vn es files de deuanc
ou du milieu abbattu,les fuiuants ne pouuants décliner ne a dextre ne a
senestre , ains poussez des aultres files qui aussi les suiuent sur lc premier*
tombe. Et par ce moyen que maint homne ôc cheual, sans recebuoir
aulcun coup de F ennemy est oppressé Ôc priué de fa vie, ôc tous les aultres'
empeschez de sorte 1*esquadron est eh plus grand danger d' estre rompu
ôc confus de soy mesme que de quelqi impression que f ennemy y pour-
roit faire.Chose qui sans doubte a este veiic du Seig: Basta plus de mille-
foix: & quant a moyj' cn pourrois raccompter plusieurs exemples veus do
nies yeulx. Dont je m'asseuré que la lance a grand auantage ôeprorogati-
Ue deuaht la Corsasse,en semble occasion.
uantage-
C'est vne chose asseUréeqUeles lances ont icy vn juge trop non seu-
lement partial, mais aussimalicieux,qui fait de F ignorant dece>donttou-
tesfois il fait ptofcssion,afcauoir du gouuernemcntde la Cauallerie, ôedes
d'icelle. Comme aussi cecy sera demonstrépout
principaulx fondements
conclusion de cestcquestion de sespropres parolles. Il ditdonques: jo-
lis ces auantages de k corrasse font que les knecs leur sont de-
meurées inférieures, nen seulement de crédit ôc
reputacion,mais
aussi de force ôc efféct:ôc fault qu elles leur cedem,estants seules ôc
en grands efquadrons.
Voyez,jevous prie.commentiiconcludlaquestion proposee, afin que
partout potage la corrasse emporte le pris, présupposant, qUe les hm_
ces soyent contraintes de le tenir en grans efquadrons. Sachant
toutesfois bien que c'est la propriété de lalance de combattre non engros,
mais petis efquadrons ou trouppes , disant luy mesme que les Lanciers
doibuent non en gros mais y adjouttàt
repartis petis efquadrons,
les raisos véritables ôcfondées mesme sur la nécessité, tant esprouuée par F
expérience, disant:
Tant pource que comme on Voít seulement des deux pre-
mières files viennent aioindre 1' ennemy,ôc
ce,peu vniesacaufe
de k diuersité des carrières , que d'aultant que ceulx qui lessui-
Uent, par lamesme raison, s' empeschans F vn F aultre, seroint
Contraints pour faire quelque chose, de se mettre furie trot, ôc
mal vnis sejetterde 1' vn ou de 1' aultre costé,
pour prendre leur
carrière: dont il fauldroit abandonner leur lances, n'en
pouuant
1' ennemy. De sorte que tant
endommager plus grand que scrá
tant en sera aussi confusion ôc le deíor-
l'esquadron, plus graildek
dre:les plus tardifs estants délaissez de ceulx qui sont mieulx mon-
tez, qui tousioursvueillent pénétrer plus auant: ôc est impossible
de se pouuoir remettre ôc reunir,
pour reprendre nouueauparty.
Ce sont sespropres termes,esquels par bonnes ôc bien fondées rai-
sons il efclaircitlaquattriefme propriété de la lance : ascauoir qu' il fault
nécessairement qu'elle soit rangé non en gros mais petis esquadronceaulx.
Car mesme aux plus petites trouppes de deux files, il n' y a que la première
qui
Ëtgouveriiement tkkCaaallerie. M
qui produit soheffectrentier: 8clasecoden' y peult faire grádc chosé,n' ypou-
taant si bien ioindre atemps: Sciatroifiesmc demeure comme du tout inu-
tile: Allcgiianttróís grandes incommoditezprouenantcs de cc que les tro-
hppes sont faittes tróp fraudes.
Premiërement P effect est anéanti.
que
Secondement ií en resoult grans désordres fie confu-
qu
sions. Tiercemërtt ils ne se peuuent rejoindre pour repren-
qu
dre nouùeau Eíquelles párOlles dissoult toutes ses aultres
párty.
conclusions faire suri' auantage corrasses. H dit:
qu'il prétend
de se
quand aussi bien que les corrasses elles seroyent contfaintës
tenir cri gtos eíqúadtorts. ne dit il aussi : Si elles sede>-
PoUrquOy
íarmoint selaissartt fans aulcun mouuement ôcrésistence enfon-
cer des corralses. Il seáit quelle est la propriété de la lance, ÔcqUe
sort mouuement se fait en ôc non cn grarts com-
petis efquadrons,
me celuy de la corrasse.
C* est tout aultant, commé s'il dissoit, si Faírte audit
ctespluirieSi
il voleróit. Car comme cc n' est de la propriété de r aine de voler: ainsi
n'est il du naturel ÔCpropriété dciàlancc de combattre en gros efquadrons.
Finalement dit il: mais si mil corrasses debuOint combat-
tre contre mil lances reparties ën petites seroint
troUppes,elles
facilement percées ôc desfaittes des lances,qui ert petites troup-
pes font plus grand effect-, comme on Voy tqu en ceste manière,
cent lances
peuuent emporter cent corrasses, ôc dauantage»
G ran mérey Mons. Basta: mais ceste sentence estdu tout Contraire a
la prétendue cminehcedela cuirasse: ôcde fait tout l'honneur en estdonné
a la lance, quand tu dis :
Dccla-
Etgouuernement delà Cauallerie.
DECLARATION DES
FIGVRES DV PREMIER
C H A PITRE DELA PREMIE-
RE PARTIE*
Figura 2*
Figura 3.
Figura 4*
Figura /*
Figura 6.
Num. 1.1. Comment il fault détourner le coup auec la lance.
Num. -L.-L.Comment a lances dextres les cheuaulx de tous co-
stez sont atterrez.
Num. 3. 3. Comment la lance dextre taíche deleuer deksellc,
celuy qui la presentea senestre, par le flanc.
Figura 7.
Monstre comment les trois dessusdits mouuements de k lance
sont aussi prattiquez du pistol.
Num. 1. En hault.
Num. 1. au milieu.
Num. 3. En bas.
Num. 4. Comment le lancier, âpres auoir rompu fa lance, ou
ietté par terre,se défend de son pistol.
Num. 5. Comment tous deux , les lances rompues , mettent les
pistolsfurlecol vers la poictrine des cheuaulx contraires.
Num. 6. Comment ils semettent le pistol droict íùr la poictrine.
Num. 7. Comment le lancier met lepistolsurlecoldeceluy,qui
se tient a pied.
Figura. S.
Tu voys comment il se defendde P eípee,Ôc comment elle est mise
en oeuure.
Num
Et gouuernement de la Cauallerie. %7
Num. r. Comment P vrt présente P eípéc, a dextre ÔcP aultre a se-
nestre.
Numa.Comment celuy présente P eïpée eh haúlt,cteillit Ou la vi-
sière ou le col de son ennerny.
hîum. 3. Comment au milieu , òu á lance iroide, ils tafchertt de
prendre P vn P aultre soubs la cuirassé,
faum. 4. Comment par en bas tous deux les cheuaulx font at-
terrez.
Num. j. Instruction comment a bras courbé il fault s' exercera
cueillir vn blanc, au pais, Ôcpar le hault.
Num. 6. Par le milieu, au galop.
Num. 7. Par en bas en pleine carrière.
b i CHAP.
Liure II. DeL Exercice
CHAP. II
DelaCorrafleouCoraísiers.
A Corrasse est vne inuention de nostre temps > entrée
en vsage il y á enuiron ço. ou 60. ans. Car les lanciers
commençans par plusieurs ôc diuerses raisons a defaillir,
en la France 6c au Pais-bas, de sorte qu'on ne s'en pou-
uoit fournir a suffissance : on á commepar côtrainteles
corrasses pour s' en scruir eh leur place. Or ont elles
nomdenouuelleScauantageuse inuention: mais il n' y a
fallu trop de rompement déteste, n'y ayant chose nouuelle sinon le nom:
ou selon le prouerbe, on a donné vn aultre nom a 1' enfant : comme on dit
d' vn.qui accoustuméde mangertousiours de pain blanc, mais n'en pou-
uant non plus prouuer se contenter du pain brun. Et ainsi en est il de la cor-
rasse 8c son inuention:cependant qu'onauoit la noble lance, on la tenoit
en bone réputation : mais n' en pouuant non plus auoir , on en a fait des
corrasses. Ètafin,amylecteur,quetuen voyes la cause de l'inuencion , en
'*
voyci ladeduicte. ....•
Es longues guçrres de la France 6c du Pais-bas, cependant que la no-
blesse s' y addonnoit,iln'y auoit plus noble ne louable armatuic , que la
lance. Mais par la continuaciond'icellesl'argent,quiestlencrfôcsoustien
des guerres, commençant a defaillir: Ioint que cependant aussi vne grande
partie de la noblesse y fut auec le temps consumée ; 8c bonne quantité d'
icelle,si non tous,ayant fait leur debuoir aueedanger dela vie,ôclesche-
uaulx laissez pour les gages, mal récompensez, non seulement de cc qu'on
ne leur donnoit aultres cheuaulx , mais aussi les defraudoit de leur solde
méritée, de manière que sortans de leur maisons bien pourueux&rmoMtez
a bons cheuaulx, ils y retournointtoutpauures, harassez 8capied:ilyacu
plusieurs degoustez, voyants comme le renard d'-/ï-sope plusieurs pistes
qui y carroint,mais nulles qui en sorroint; de sorte que la lance peu a peu
cstdemeureeabandonnée,oupour le moins on s' est apperceu de la déca-
dence 8c default.
Premièrement,dcsnoblesôc bons cheualiers, bien preux6c exercez
au maniement d'icelle.
Secondement, des cheuaulx de pris 8: bien dressez,
Tiercement s'y aussi adioinct l'amoindnssement ou rongemét de la
solde, qui n'en a pas esté la moindre cause : car en ce default. il a fallu se
contenter des cheuaulx moindres, n'en pouuant auoir d' aultres a si peti-
te solde.
Les lanciers aussi qui y sont demeurez de reste, attendans ou Ia fin de
la guerre,ou leur payement, ôeperdans cependant leurs cheuaulx propres
n'en pouuant auoir d' aultres, ont esté contraints
pour lalance,ÔC de quit-
ter
EtgiuuernemenideU Canafierté'. %?
ter la lance, pource qu'il ne pouuoint pteftcr i' c|fe&$tquis ,en cfs che-
uaulx moindres desquels il se falloit seruir : dontpow n' estre du tout in-
utiles , ils ont ptis les armes de la corrasse 6c le pistol : accomplissant ainsi
tant qu'ils pouuoint f effect, qui a faulte de bons 8c legier s eneuaulx leur
estoit denié, auec des cheuaulx gros 8c pesants au trox 8c galop. Et asin
qu'on ne s* apperçeut de ce default de milice » ils se laissèrent donner vn
aultre nom.ôcseloiierd' inuention nouuelle: non tant de nouueauté 8c v-
tilité,mais de seule nécessité,afin que la Cauailerie rçe demeurastdutout
abandonnée. Et s'il y a quelqj chose de nouueau, ce n' est aultre chose que le
nom, comme je telededuiray des deuxeffects delalance.
Ie t'ay dit au chapitre précédent, quel' effect de la lance est offensif
6c défensif.
Offensif quand les ordres 8c efquadrons deTennemyen sontpercez,
dissouls 8c enfoncez, 8c ce parle moyen de petis efquadrons,ou trouppes.
Défensif ferré èc vni envn gros esquadron 8c corps solide,les effects de
T ennemy en sont foustenus.
Cesontles deuxeffectsôcproprietezdela lance: dont y ay dit qu* elle
est ou offensiue ou defensiue.
L'effect offensif se fait par la lance,8c le défensif par 1' harnois ou cuiraf-
sc&rle pistol. Car,commej'aydit,le lancier endoibtaussi bjen,voyremi-
eulx,estre guarny quele corrassier:de quoy ne pouuant a présent difeour-
rir ala longue , j'en donneray en bries quelq; satisfaction 8c contentement.
Le lancier ayant le cheual de pois son harnois , pistols 6c lance pour
offension dcl'ennemy,estappelléLancier;oste luy aueclelancele bon che-
ual luy donnant vn moindre,pesant 8c inutile pour vne subite violence.'cc
será alors vn corrassier. Ou bien.oste au lancier l'armature offensiue, luy lais-
sant seulement la defensiue, 6c en feras ainsi vn corrassier.
Or s' apercebuant auec le temps , qu' a cause des defaults 6c raisons
fusdittes on nepouuoit faire leuée, 8centrctenir lalancconáreduitletout
en corrasse: auec ce contentement (comme Basta dit aussi) que 1' homme
n' auoit besoing de si pénible exercice, ne de cheual de si grand pris.
Et voyci lavraye8c fondamentale histoire de l'origine de la corrasse.
Dont, amy lecteur, tu vois, que quant a i' armature ôc effect, ce n'est
pointvneinuention nouuelle, mais assez antique prise de la demye lance,
de laquelle ony voyt les proprietez 8c effects: ôc n'y á rien que le nomnou-
ueau. Et luy voulant dohnersonvray nom, ils la debuoint nommer demye
lance pour les raiions suiuantes.
Premièrement est ce vne demyelance.a raison des" homme, qui n'est
de la moytié,voyre de la centiesme partie si habile que le lancier : ôcn' a
aultant de peine tant pour estre dressé,que pour exécuter ses effects.
Secondement est ceauslìdemyehnce, quant au cheual, qui n' est dela
moy tié si bon qu'il est requis pour la lance.
Tiercemenr est ce vne demye lance , a raison de 1' armature , estant
la lance, qui estlamoytié de l'offensiue du lancier.
priuée de principale
Quartement aussi a raison des proprietez 8c effects, car Y offensiue de
la lance qui consiste en l'homme, cheual ôc lance, luy est ostée. Et ne retient
que la defensiue en auec vn cheual lourd,ôc qui n' a besoing de si gráde adres-
se, quiencoiapeinen'cstlamoytiédelalanct.
D * Et
3Ò Liure II. De L'Exercice
Et j usques icy est ce que je me fuis rcferué,pour monstrer au Seig : Bâ-~
sta tant la prétendue éminence de la corrasse, quel'inuention d'icellc,dc
les fondements : resemblant ou
laquelle il n'a entendu ou voulu entendre
imirant cé renard,qui ayant perdu la queue , 8c en estant demandé,ou il
aiioit laissé ce membre tant noble 6c nécessaire,' non seulement pour l'or-
nement,mais auffi pour la défense ? rebondit qu'il auoit fait couper-
Volontairemént, pource que c* estoit vn membre inutile 8cde grande char-
ge 8c empefchemeht, voyre qu'on pouuoit estre pris par la.Et que c' estoit fa
houUclle inuention,laquelle ils debuointimiter,pour estre tant plus legiers
6c asseurez de toute incommodité qui en pourroit prouenir. Mais larespon-
Cé qui luy fut donné reuieht fort bien a nostre propos.
Ainsi voyez vous , Nobles Lanciers , la dignité, vtilité &z
nécessité de la lance (bien quelq; peu pénible Ôc laborieufe,com-
me la vertu á tousiours P accès laborieux : mais auffi est récom-
P honneur , ) armature a tous deux
pensée de honorable,propre
effects Ôcoffensif ôc défensif: la corasse n' estant selon les raisons
sufdittes n' est que vostre moy tié. M*is ailleurs nous traitterons plus
amplement de ceste matière.
Cependant toutesfpis en default de ceste partie de la Cauallerie , la
corrasse n' esta reietter,ayant aussi honneur 6c vtilité , quand elle est bien
considérée selon fa qualité, ôc sagement mise en ceuuré 8Cappliquée.
Sa propriété principale est de soustenir éc arrester les efquadrons de
l'ennemy: combien qu'auísiluy est attribué le pouuoir d'en son fer 3c rom>
pre selon l'occurrence les dits efquadrons, mais non indifféremment.
Son armature est harnois fin, soustenant le
coup de P ar»-
cn toutes ses picces comme il est dit de la lance j ôc se
quebus,
voitFi? o.
Son espCe (sans les bottes.6c espérons ) est vne pedarme , où efpee
courte 8c trenchanre , auec la poincte forte & propre tant au trenchant
qu'ai'estoc. Propre pours'en seruir es efquadrons enfoncez 6c rompus.
Al'arçon delaselle,il aurá deux pistolstousiours prests, chargarz 6c
montez pour la defensiue, comme aussipourl'offensiue,combienquel'ar-
fhature pour la plus part n'est que defensiue. Au fourreau des dits pistols
il aurá pendant lc flasque a pouldre, auec deuxelefs. Quant au cheual,il
h'estbesoingqu'ilsoirdes meilleurs: car pour ceste armature on se peult
seruir de cheuaulx communs .moyennant qu' ils soyentforts ôc obeissans
a la bride.
Ses exercices particuliers ne fort t si grans ni exquis, que ceulx du lanci-
er , n'ayant a remarquer que ces deux points.
í. Quil s'áccoustume a supporter le fardeau dé ses armes.
II. Qu'il s'exerce auíli de ses pistols le coup
de tirer asseuré, en
toutes les manières ôc sortes qu'auonsdit du lancier.
S'il veult décharger son pistol contre l'ennemy, qu'il ne luy donne le
feu,
Etgouuernement de la Cauallerie. 31
feu, s'il ne l'á bien asseuré,voyre iufques a le toucher d'iceluy, oupour le mo-
ins de si pres,qu'il le touche de la flambe.
Pour faire son essect fur l'ennemy, il semet fur le trot, ou fur le galop,
8c principalement en la pourfuitte.
II fault qu'il ay t lc terrein dur U solide, a cause de U pesanteur de son ar-
mure : 8c toutesfoisilpeult mieulx supporter l'incommodité d'iceluy,que le
lancier.
Elle est nommée Cauallerie graue ou pesante, a cause de pesanteur tant
de l'armature, que du cheual.
Deck«
32
Déclaration de figure. ?.
CM A-
Stgpuuewtwènt de UCauaHerie.
CHAP. m.
De 1 Arquebusier ou Bandellier.
['Arquebusier Carrabin ouBandelieracheual,estlatroi-
siesme partie de la Cauallerie , 6c estnommé Cauallerie
;legiere> d'aultan qu'il nonseulement lés armes pluslegie-
[res , mais aussi le cheual si pesant, que les deux proce-
dents.
L II á foh nom de son arquebus lohg,ou du bandeau
rqu'ilafursesespaules, dont le dit arquebus dépend.
Deuanr toutes choses u faultquil aitauíli vn bon cheual, de force
moyenne biehala main, 6Clegier a la course ou carrière, 6c prompt tant al'
inuésti r qu'a pourfuiure.
Son armure est vn pectoral auec la dossière fans les brassières 8c iam-
"bieres, 8c l'armet ouuert.Tu peulxaussi dépoter ía dossière situVeulx,po-
ur auoir le pectoral plus fort 6c a
preuue, serré d' vne croisade fur le dos.
Comme tu vois Fig. io. Num.I.
Au col ou fur l'efpaulé il á Vne courroye de cuir , comme le bandeau
du musquettier-, large auec vne traîne crochetée fer au
bout.guarnid'vh
petit resort, afin quel'arquebus y estant accroché n' en sorte. Ceste traî-
ne h'est point ferme, ains la courroye passant par refguille.ellc glisse fur la
ditte courroye, en sorte qu'elle y peult cstrehaulféeou abaissée. Comme oft
voit Num. 2. Fig. io. Son Arquebus a quatre pieds de longueur, auec vn
fusil, tirant pour le moins vne ohee de balle. Au costé senestre au lieu qu'il
approche de la mâchoire pour prendre la mire de son coup, il aurá deux
petits verraulx pour ioindre fermement furie bois par en hault, ôc en bas
du dit arquebus, vne branche de fer rond aussi long quasi que le dit boh;
auquel il y á vne aultre traine auec vn anneau , qui eníre au crochet du
bandeau dessus dit: 8c ainsi y estl' arquebus dépendant. Voy Num.3. Fig.
io. Et y est ceste vergette de fer adiouttée,que tarit au charger qu' au de-
scharger 1' arquebus luy soit mieulx a la main , 6c plus asseuré en ìcellé.
Sans l'arquebus il á encor vn ou deux pistols dependans de son arçon,
pour s'en seruir en toutes occurrences.
SonespéeestvncPedermcpropretanta la taille qu'ai'estoc.
- Aíà ceinture il a le porteflasque de bon cuir, dont
dépend le flaíque
de pouldre auec la clef, li en prend la longueur selon sa proportion,ou
volonté;auy3out d'.en. hault le dit porteflasque á vne petite bourse pour
les baises ôc le nettoyeur de son arquebus. 11 aurá aussi en la ditte bourse,
quelques patrons pour s' én seruir en 1' occurrence;ou bien s'il voùldrail
se seruira au lieu du flasque d' vne taíche de patrons attachée a là cuisse
droicte.de dfet ou douze patrons ou dauantage tous " prests. Auec la dirte
E tasché
34 LìurëlL DepExercice
tasche il aurá auffi vn petit pulucrin te ìa clef attachée. Le tout selon la
Volonté 8c fantasie de chascun,se feruant de ce qui luy semblera mieulx a.
Toutesfois a mon aduis le porteflasque vsitcau
propos 8c plus commode.
i o. Num 4.
pais-bas yest plus propre. Voy Fig.
S'il se sert de la tasche a patrons, ôc nc la veult attacher a la cuisse, il
l'attachera fermement a son arçon guarnie de les patrons.
II se peult auffi couurir,s' il veult d'harnois principale en batarilc.vR
ou la balle de l'arqucbus.^
pectoral contrela lance
La propriété 8c effect, est dé courageusemét molestcr.attaqucr ôc pour-
fuiure l'ennemy de sesarquebufades.
On s*cn sert en l'auant 6c arriére garde pour descouurir 8c battre la
campagne, prendre langue conuoyer, occuper 8r garder les passages. En
somme il peult estre appliqué en toutes occurrences 8c occasions t dont
auffi il sedoibt pourucoir de bon cheual.
Ceste troisicfme partie de la Cauallerie doibt estre fott gaillarde Scpro -
pre,d'aultant qu'elle estappliquéea plusieurs exploicts;joint qu'il a aussi ses
exercices, csqucls il doibt estre bien dressé. Les exercices particuliers sont
ceulxcy.
11fault qu'il soit bien dextre au maniement de l'arquebus, en toutes
les façons 8c modes deferipts au liure premier de l'art militaire de l'Infan-
terie.
L'Arquebus demeuré tousiour pendant de son col au bandeau. S*il le
Veult décharger contrel'ennemyjH'cmpoigne de la main droicte,le mon-
te ,oste lerctienjéprénddcbmain gauche, en laquelle auffi il tient la bri-
de de son cheual au pois ou muecu, prend la mire ou visée,8c finalement
donne feu. Voy Num, 7. Le coup fait, il en retire la main droicté, le rete-
nant en la gauche, ôc le tournant verslecosté senestre, le recharge, monte,
metlepulucrin fur lé bassinet ou fogon, 8c ainsi s'appreste pour le second
coup, ou aultant qu'il en a affaire: 8c tou testant fait, le remet au costé droict,
comme il estoit au parauant.
11tasche d'auoirvnbon arquebus, duquel il puisse tirerdc20ô.a.joo.
pas vn bon coup 8c asseuré*.
11s'exerce a tirer bien au trot 8c au galop, ou en carrière en ces quatre
sortes 8c manières.
I. En carrière il rire a dextre. Num. 6.
II. A senestre. comme Num. 7.
III. Droict deuant soy. Num. 8.
IV» Le corps tourne, il tiere en erriere Num. <>.
Ces quatre sortes,il lesfait en pleine carrière, ôepour son serUirprc*
prement soit eh bataille ou eh aultre occurrence, il y fault grand exercice Sc
diligence 1 dont fans doubte il en recébura grand profit 8c auantage * com-
me jemonstrerayehson lieu es parties suiuantcs.
II conduit 8c porte son arquebus cn deux manières, é
1. Eíleuc comméohvoitNum. 10.
z. Pendahtcomme Num. n.
11se sert aussi d'Vue piccé de peau de veau auec son poil, pourcôuurir
T arquebus contre la pluye, 6c aultre humidité, l'y attachant ou auec des
petis
Etgouuernement dela Cauallerie. 35
petits clous oupetits verraux,oul' en enucloppant lc plus commodément
qu'il pc.ult.VoyNum.ii.
Ne se pouuant plus seruir deT arquebus , ou estant tellement pressé
qu'il nc le peult sihastiuement recharger :il s'ayderáen telle nécessite de la
seconde armature, ascauoir du pistol, au maniement duquel il sedoibt aussi
exercer, selon qu' auonsdit dessus des mouuements de la lance 8c de la
corrasse.
Sadcrniere defence sefaitdel'espée, en toutes les sortes qu' auons
monstrees au chapitre précédent.
Son effect est offensif, fa defensiue estant bien petite.
Pour patuenir au bout de son effect contre l'ennemy >il semet en peti-
tes troupes , esquellcs toutesfois il peult supporter plus des files que la lan-
ce. Car il en peult auoir 4. 6. 8. io. ou aussi aultant que tu veulx; mais note
qu' a moins des filés, il y aurá plus de force ôc offense contre V ennemy.
E z D cela-
Liure II. De D Exercice
DECLARATION DE LA
DIXIESME FIGVRE.
V M. i. Vn pectoral ou halecret a i' efpreuue de
f arquebus, auec ses ceinctures,par le moyen
il est fermement ceint fur le corps.
desquelles
Num. z. Lebandeau,auqucH' arquebus est pen-
du.
Num. 3. L' arquebus auec la vergette de fer au
costé senestre.
Num. 4. Le porteflaíque auec le flasque apouldre,Ôc clef.
Num. 5.1. Comment il empoigne P arquebus de sadextre.
2. Comment il prépare de sa senestre P arquebus,au mon-
ter delapierre^Costerle retien.
3. Comment il prend la mine en pleine carrière.
4. Commenr,apres le premier coup,il seprépare pour le se-
cond.
Num. 6. Comment en pleine carrière il tire a dextre,
Num. 7. Comment U tire a senestre. t
Num. 8. Comment il tire droict deuant soy»
Num. 9. Comment il doibt tirer par derrière.
Num. 10. Comment il porte P arquebus droict.
Num. ii. Gomment il porte P arquebus pendu au col.
Num. iz. Monstre comment d' vne piece de peau de veau ou
aultre chose conuenable il couure P arquebus contre la
pluye, poussière ou aultres inconueniens.
CHAP.
Et gouuernement dela Cauallerie. n
CHAP. IV.
Des Drageons.
'est vne lourde ôc ridicule armature, mais cependant eh
son lieu fort conuenable, propre & vtile partie de la Ca-
uallerie, inuentée afin que ( considérants qu'il y a plu-
sieurs exploicts militaires, qui ne peuuent estre effectuez
ou partie d'icelle,
par la Cauallerie feule ) l'infanterie
I montée a cheual, auec ses armes requises > secondast
prompte 8c subitement la Cauallerie. Qrenvoycil'equi-
Deck-
Etgòuuemementdela Cauallerie.
DECLARATION DE LA
FIG V RE ONZIÊSME.
VM. i. Monstre premièrement Ìa courroye at-
tachée de deuz petis verròulx aujmuíquet:se-
i condement comment lc mufquettier a che-
ual a son mufquet pendant fur son dos ôc la
i mesehe auec la bride cn la main gauche.
Num. x. La picque du picquier rcuestu au milieu
de cuir,en logeur de deux (palmes ayat au deux)boUts de ceste
fourrure deux eíguillettes aussi de bon cuir, par leíquellcslâ
picque est attachée a f harnois de l'homme a
cheuat,qui par
ce moyen fy tient ferme en marchant.
Num. 3»Au costé droict du pectoral vn petit crochet j dont depéd
Ìa picque des eíguillettes fusdittes.
Num. 4. Comment il fault tirer a cheual, aussi bien du mufquet
que de P arquebus ôebandelier.
Num. 5. Monstre que le mufquettier ne doibt oublier íe petit
tuyau, dont auons fait mention au premier hure.
LA
*•"
^:$ufèJl^' J&&$$ìttâ&
SECOÍÍ DE FA R TI Ê
DV GOUVERNEMENT
ET EXERCICE DÉ LA CAv
V A L L E R I É E îî GENER.AU
I. Particuliers.
II. Communs*
Les moyens font f adreítè, institution Ôc science
particuliers
de chascun Cheuaílier ou membre du en son
corps, particulier.
Les moyens communs sont les bien armées,
Compagnies
biendiseiplinces ôcbiengouuerneesrquis'estendent sor tous ré-
CHAP.
CHAP. 1
Des Lanciers, en quel nombre s'en.dòi-
buent faire les Compagnies»
qa'envftesibéllcCompágníéjsibiehmôtéeiarroécôíeqùippceíOntrouueta
bonne quantité d5alhesì couuerts des dés lions j bien fttífisahs
peaulx
pouréfpòùúantérlesbrebis,fcmmes,enrans,duseuîrfegaïdde leurs armes:
mais a veùé dé l'cnhemy,jettérònt le lion a tous les diables. De fait, on y
trouucra dés grandes brauades de parollés, des grandes monstres, mais dé
dextérité au fait de leurs armes, de bien manier téuf chéuál, 8c aultres po- '
ints dontrerthemy pcult estre surmonté ôcabbatu : pas vnmot.Céqucjédis
fans aulcun prcïudice du bon soldat, amateur de l'art 6c discipline militai-
re: seulement pour ceûlx qui sont enrasehézdecebrouct, 6c dignes d'estre
ainsi lauez. lc demeure doneques fur mon aduis, Corifermé par tant des
raisons,6c asseurépar tant dés tesinoignages des grands 8c valeureux soldats,
te duit par Inexpérience mesmé: Ascauoir bon Capitaine fera
qu'vn
plus auec 6o. bons soldats, chaseun homme se présentant pour
îoy a cheual, fans le mesknge des pages ou seruiteurs, qu'vn aul-
tre aùec quatre cents : Voy te j'ose dire d auantage, f asseurant
mondez ( nòri montez ) á l'ac-
qu'encor que si bien armez, bien
coustumée,ils sont facilement Ôcfans grand danger emportezdes
dits 6o. Dont es partiesfuiuantes tu ttouucras plus ample déduction.
Pour la huictiefme, combien des frais seront efpargnez pour lés bien
mefnager ailleurs al'auantagc du Chef General,cn accomplissnt par cent
hommes cc,aquoy on a par cy deuant appliqué quatre cents ou dauantage.
Chose qui pouuoit icy estre deduitte; raais je m'en refetue au cinquiésmé
liure dece mien traicte.
Et conclucay ainsi mes taisons fans doubte auec contentement 8csa-
tisfaction du lecteur: ôcsien l'vn ou en l'aultre luy resteencor quelq, ferupu-
le,illuyseráosté ou csclaircy plus amplement cn aultre cndròict.
Toutcsfois deuant de finir cc discours dela NobleLance,8c passerrf-
uant aulx aultres parties Je debuois icy descrire les qualiteZ 8c charges des
Officiers.Maiscecysererámieulxenvn aultre lieu,ôc en gênerai Dont
m'en déportant a présent, je deduiray icy ce, qui est du de-
buoir des soldats, tant en particulier qu* en conv
mur», 8c puisadiousteray ce qui est
requis de tous Officiers.
Deck-
Et fouuernementdeU Cauallerie. 4£
DECLARATION DE LA
FIGVRÉ XII.
est vn pourtraict d'vnè Compagnie de Lanci-
ers, auec tous sesOfficiers, de 64. hommes.
Num. 1. L' esquadron entier de 8. hommes en
file.
Num. 1. Le Capitaine;
Num. 3. Leseruitcur luy portant la kncèj auec
aultres pages rhénans deux cheuaulx dé change âpres luy.
Num. 4. Les Trompetteurs.
Num. 5. Le Lieutenant.
Num. 6. La Cornette, ouPort-énseigne.
Num. % Comment lá file de 8.habilement repartie ils marchent
à quatre enfilé.
Num. 8. Le Capitaine auec aultres Officiers, qui le fuuient.
Num. 9» Celuy quialesoing des charriotsôcdeviuandiers.
Num. 10. L'Arriére garde des pages ôc valets 5 auec vne Petie ôii
cheual de fourrage.
G CHAP.
LiurìLLDeLÊxema^
CHAV II
De la Corraíse ôc quantité, ou nom-
bredela Compagnie.
À Compagnie des Corrasses pour estre de iuste quanti-
té doibcpour le moins, contenir cent hommes.
D' aultant fa propriété est principalement en ce
qu'est bien ioint 8cserre,commc en vn grand corps 8cso-
lide il entre én bataillé, 6cson effect consiste pour la plus
part au soustenir ôcarrester la violence ennemye.
Et de fait l'effect principal de ceste sotte de Caual-
lerie semonstre aux batailles, escarmouches en campagne ou en guarni son,
au soustién de la charge del'ehnemy,tafchant de rompre, dissiper 8cenfon-
la récherge, se fait en vn gfan
cer les ordres. Lequel soustién, 8c mefmé
corps 8c solide,ou de fa fermeté 6c pesanteur elle arreste la violence tant
d'Infanterie que de Cauallerie dé l'cnncmy. Or ayant en la partie précé-
dente de ce liure descript assezau clair la qualité 6c proprietéde la Corrasse,
j'estime n'estre besoing de m'y arrester en cc lieu, &te molester par vne fade
répétition desmesines choses.
Toutesfoisenvoyciles Officiers.
Le Capitaine.
Le Lieutenant.
Le Port-enseigne.
Lc Furier.
z Corporals»
2 Ou trois Trompetteurs.
Decla-
ÏÏ^VRE Xïïî. '•• -t.
"""
Es w ynpourtraictcPvneÒoni|íagnfe deCor-»-
raíïes de cent hommes.
Num,i. L'EÌquâàton ou Compagnie entière de
lo. en hie Ôccnligne.
Num. a. Le Capitaine.
Num. 3. Lies cheuaulx de change qui sont con-
duits âpres luy.
Num. 4. Les trompettes de la Compagnie.
Num.}. Lc Lieutenant.
Num. tf.LaGoriiétte» v"';.._', I . -:'*ú<-y-.*' '. '-
Nurn. 7. Commenta demies files, ascauoir a 5/u^ marchent auec
leur bagage.
Num. 8. Les Officiers. '''.'•'-.;"v';
Num. o. Les Charriots des a^sJOffieìers.;
Num. 10. Les Peti esou cheuaulx a fourrage des Cotasses,deíquels
chàíçun en doibt auoir le ílen.
Num. u. L'Arriere garde qui si trouue.
G i CHAP.
i* Ume IL '&&fyf%tàrz
G H A P III
Des Arquebusiers > Garrabins ouBatidel-
liers a Cheual, ôc dé ìa quantité de le-
urs Compagnies»
O | Des
Des Drageons»
E debuois icy faire vn chapitre particulier des
Drage-
ons: mais d'aultant qu'ils font leur exploict non a che-
ual , mais a pied, j'en renuoye le lecteur désireux, de sea-
uoir leur qualitez.au liure premier, au quel il trouuera
ce qui est de leur exercice ôcdreísement. Toutesfois te
propose-
ray icy en la figure 15.vne Compagnie de Drageons auec sesOffi-
ciers marchants en campagne : dont tu verras quel est leur
equip
page ôc armature.
Et comme j'ay monstre chascune Compagnie apart en fa
figure: ainsi
les vois tu en la seiziefmc figure a toures les quatre sortes ensem-
bles.Comme Num. 1.les Lanciers.Num.z.les Corraf-
siers. Num. 3. les Arquebusiers:8c Num.4.
les Drageons.
DECLA-
Etgouuernementdela Cauaìlêrie.
DECLARATION DE LA
FIGVRE XIV.
F I G V RE XV.
F I G V R E XVL
C&AP
Et gouuernernent de U Cauallerie.
CHAP. IV.
Commentil fault exercervné
Compagnie.
A dextre. .;-t
A Senestre.
Ouùrir lèsfilés.
Ouùrir Us rdhgs\
de setenir a files Ôc
Cecy est des proprietez de corrasse, rangs
serrez en bon ordre : mais s'vse aussi aulcunes fois es aultres
parties
de la Cauallerie. Voy le rang serré Num. 1.Fig. 19,
Se lancer ajenefirc.
Commétuasesté
aduertyau lancer a droictjainsi se fault il
àuffi comporter icy^en faisanye contraire quant au costé
qu'on
ascauoir que celuy qui est á 1*extrémité se tenant còy,tout
f>rend,
ereste setourne au pied gauche vers le costé droict. Comme tu
voys Num.5. Fig. 19.
A prés auoir ainsi exercé tes soldats es poincts susdits, tu les enseigneras
áuìlì a tirer de leurs arquebus par r ágs 8c filcs:8c auras principalemëtccsoing;
ascauoir qu'ils le fáccnt én sises bien serrées 6c eìgales> soitaupas,autror,
galop oh carrière : 8c qu' ayant fait leur chargé, ils se rctircht én cartièreá
dextre ou a senestre, Vers la quetie de leur cornette, pour se préparera la se-
conde charge,soubs la couùertúreëc chaleur des files,quì au commencemét
les fuiuoint,máis maintenant sont deuant eulx. Etcecy, il le fault itérer è>c
continuer iufques á ce qu'ils y soyent bien dressez,, comme tu voys cn vnë
Compagnie d'arquebusiers éri la figure 20. Num. 1. Est vh eíquàdroh dé
Cárrabiris,chargCaritl'Infanterie ennemie setenant en bataille Num.2.Icy
tu repartiras taC om pagnie en quatrechaseune de i6.cheuaulx.La première
s'auance enuiron 30 ou 4o.pas deuant lasecondes les àuitres,pf emicremét
ail galóp,puis én pléine carrière pour dónef íà charge, cómeNum.jf. Et aussi
toiïqu'élle au ráfaict: son debuoir,elle se tourneta a gauche en carrière, f vh
ftiiuaht f aultrej & faisant ainsi de leur filevh rang j cn leur rétraitte. Etso
fait en la manière suiuante: Ayants tbus déchargez leurs arquebus Ristour-
nent ieiirs cheuaulx a senestre: Le premier ainsi preccde,ôc les aultres sui-
uent sa pisté, chasçun eh son ordre,faifans ainsi vn rang, qui se retire vers
la queue de l'esquadron.ou des aulrres sisesqui le suiuent ên mesme ordre 8c
diítance,ôc se retirent en mesme sotte comme tu vois Num. 4. Et par ainsi
írl 3 toutes
U Liure l& Dc.L Exercice \
toutes les silesfc font place l'vne a l'aultre^pour pouuoir iouer de leurs ar-
mes :commè onvoitNum^.Etdùrantceste retrâitteils sepréparent ppur.
retourner a la charge en leur tour. Et cecy s'appelle vne chargé par sises.
Mais voulant chargerl'ennemy par rangs : Tu ordonneras ton esqua-
dron cn quatre rangs, Num. 6t contre l'ennemy Num. 7. Et le voulant
attaquer au flanc, tu ferâs semblant de vouloit passer oùltredc cé costé:mais
estant paruenu al'ehdroit,outuluy veulx faire la charge, tu les feras passer
en carrière, non les cheuaulx, mais seulement leur corps tournez vers l'en-
nemy, dônhans fcú contre luy, comme Num. 8.Ce qu'ayants fait, ilsíselan-
cent a gauche,pour fàire place a Ceulx qui les suiuent, se retirans auílì vers
le dos de leur esquadron, cóme Num. 9. Iufques a retourner a leUr premier
liçu,8c faire leur seconde charge : Num. 10. Or comme la charge se fait
ce moyen a senestre,ainsi se fait elle áussi a dextre,changé seulement
a manière de selancer selon l'opportunité.
f>ar Et regarde que toutes les tròis
sortes de Cauallerie soyët bien exercées en ces pòincts, estants de treígraii-
de importance 8Cpour toy 6c pour tes cheuaulx: ainsi que verras cy âpres.
Tu dresseras aussites soldats au càtracol, qui est en détour de la place
ou tu te tenois, pour laisser passer la furie de l'ennemy.quit'y pensoit char-
ger: 6c sefait où en personnes singulières, ou en efquadrons entiers.Comme
tu vois Fig*2Í. Or òn s'y met en la manière fuiuante.
Estant en campagne ôc prestau combat : tu tiendras ta Compagnie en
bon ordre 6c biéhvnie. Et voyant quérennemys'auancepourtecharger,
tu feras que ta Compagnie se détourne ainsi vnie qu'elle est, a dextre ou a
fencstre( selon que de ton ennemy te será donnée l'occasiohj de la place ou
elle setenoit vers vh aultre costé; dé sorte*que l'ennemy se prenne a la place
vuide. Ett'appercebuant deluy auoir donné assezde place au passage,tu
te ietteras, faisant tourner ta Compagnie subitement contreleflancd'ice-
luy: comme tu vois Num. 2.1.Fig 21.
Num. 1. est la première pkce,ou tu attedois l'ennemy : qu i te
voulant charger. Num. i. tu te retires,faisant vn carracol de ton e-
DECLA-
«+ LiureJL DeL Exercice
DECLARATION DES
FIGVRES DV Q^V A T R L
ESME CHAPITRE.
Figura /<?»/
Figura 19.
21*
Figura
22.
Figura
Les destours ou Carracols â troupes lancées à dextre ou a
ícnestre,
ï Num.
66 Liure II. De D Exercice
Num.i. Ton Esquadron carracole a dextre, puis tourne a senc-
stre,f>our de láse lancer a dextre contre l'ennemy Num. z.
Num. 3.Ton Esquadron carracole a senestfe, puis tourné a dex-
tre , pour de lá se lancer asenestresur l'ennemy Num.4.
Num» 5* Se lancer a dextre ,& prendre l'ennemy par la qucùc.
Num. 6. Comment se lancer a íenestrepourmeímeerFect:.
Num, 7. L'ennemy, qui chargé par derrière d'vn esquadron di-
uisé, seveult tourner pour ía défense.
Troì-
EtgMHtrntment deU Caualterìe> *1
Troisicíme partie*
DES BATAILLES, COM-
MENT LES COMPAGNI-
ES Y DOIBVENT ESTRE
ORDONNÉES.
CHAP.l
Ordonnance dvne Compagnie
de Lances.
CHAP.
yo Liure IL DeLExercice
GHAP. IL
AY monstre es discours precedens ,<jue c'est dé la pro*
jrieté de lalance de combattre en petits esquadrós,& d'y
jroduire seséffects.
Or afin que tu entendes mieulx ce
que je
yeulx dire j & voyes comme en vne
expérience,
que par semblables eíquadrònceaulx , assistez
toutesfois tant dé leurs Omciers,qué du reite de la
Compagnie
ne soit
en lattiàniere susditte,encor quelle que de 40. testes, tu
feras tout aultant, & de ce du passé, & encor de
plus que présent
Ie te monstreray (chose qui de plu-
on feroitauec 300* ou 400.
sieurs n'a peu eftre remarquée ) comment auec vne
Compagnie,
ou plusieUres tu te défendras de ton ennemy , qui t'est eígalou
te deuance en forces»
qui
il te fault aúoir esgard a ces poincts fuiuants.
Etpour cé faire,
Pi cûiicierriéntsi tuas affaire a des lances seules,ou bien s'il y a de la Ca-
tìallerié & Infanterie, ioincts chez l'ennemy.
Secondement, en quelle manière tudoibs ordonner ta bataille, auec
aultrés sortes de Cauallerie & Infanterie iointe.
Tiercement,si ton combat est offensif ou défensif: ou si tu vas cerchant
te cerchc : car en chafeuftendroit il y fault vne
l'ennemy, ou bien si l'ennemy
manière particulière de bataille.
Si ton ordonnance est defensiue contre aultres «lances ,qui te sont ou
: Lors tu y as deux moyens ou manières de
pareilles, ou te surpassent en force
te ranger.
L'vne en ordonnance ouuerte»
L'aultre en ordonnance ferrée»
La defençe en ordónanceouuertescfait,quand bien résolu tu rencon-
tres l'ennemy auec petits esqûadrons repartis, en pleine carrière: Corn m e tu
en vois deux exemples. Num. 1. Fig. 48. ÔÍ24. Auec vne Compagnie : &
Num.z.Fig. z4. Auec plusieurs Compagnies.
La defence en ordonnance serrée, á deux poincts a remarquer.
I. Si tu peulx estre attaqué en rond ou de toutes
parts.
II. S'il y a dont tu te
quelq; petit auantage, puisses íeruir»
ou de toutes parts: lors tu te mettras
Craignant d'estre chargé en rond
en bataille ronde ou quarrée, dos contre dos comme tu vois Fig. 24. N um. $.
auec vne Compagnie seule, & Num. 4. auec quatre Compagnies.
Mais
Et gouuernement de lá Qauailériè. 71
Mais si tu n'es en ce danger, tu te renforceras le pi us de la part dont ta
attens d'estré attaqué.
Si tues en poinct de défendre resoluement èn ordonnancé oúuérte: tu
regarderas deuant toutes choses si ton cheual est reposé & bastant, ou s'il
est encor las du voyage, dont tu prendras auis de le faire, ou de t'en dé-
porter.
Carsituestôis attaqué, ton cheual estant las & maítraitté : il ne te se-
iroit aulcunement a conseiller de te défendre en ordonnance ouuerte,ains
bienserrée: Et y á grande différence de se défendre en carriere,ou en
galop,
ou en carracoí, & a pied ferme: cecy se faisant, quand les cheúaulx sont las
& harassez-, l'aultrequand ils sont refraichisôc
reposez.
Tutepeulxaussiayderd'vne aultrë defence a ordonnances ferrées;
ascauoir que te serrant dos a dos ; quand l'ennemy qui aussi est des lanciers
te charge, tu le rencontres de tes esquadronceaulx en carrière -. comme tu
Vois Fig. 2 y.Num. 1. Ton esquadron, qui délaissant sa première place > se
tourne caracollant en la campagne, pour sa defence contre la
charge dé
l'ennemy, comme tu vois Num. 2. de la ditte figure.
Ayebonesgardque tes esqûadrons ne soyent ordonnez fvrt derrière
l'aultre : ains en telle sorte,qu'il y ay t tousiour assezde distance entre ceulx de
deuant, que ceulx de derrière y puissent passer entre deux : De
quoy nous parlerons encor en la quatriesme partie,
& se voit Fig. 24. Num. a.
CHAP.
7* Liure II. ^De L'Exercice
G H A P. III.
[ d'vne Compagnie de <5o.Lances, tu veulx attaquer vne
croupe de /oo. Corrasses ou dauantage , tu ordonneras
pour les rompre & enfoncer ta bataille en la manière sui-
uante. Reparty tes lances en huict parties, comme Fig.
26. Num. 1.desquelles tuirastrouuerles Corrassezvnies
6c serrées en vn corps : Comme tu vois Num. 2.
Charge d'vne file de tes lances le costé droict.de
l'aultre le gauche, de la troifiesme la queiie des dictes
Corrasses: qui estant ainsi attaquées de ces trois costez, seront contraintes
de íe mettre en defence: &pour ce faire il leur será force de dissouldrc eulx
mesmes, non fans ton grand auantage leur bonne ordonnance.
Car élles se tournent vers les costez assaillis, voyla défia, deuant de le-
ur faire aulcune force leur corps désuni. Or ayant ainsi enuoyé les d'.ttes
trois files a cercher ou essayer l'aucnture de leui effect, & y voyant, peult e-
stre l'vne ou toutes trois qui non vient a bout, ou aux flancs ou a la queiie, tu
y enuoycras,icelle s'estant retirée,trois aultres fraisehes des cinq que tu auois
en reserué, contre les mesmes endroicts,efquels le commencement est dé-
fia fait i&i será la defaitte fans aulcune doubte plus facile. Et de fait les char-
geant ainsi de tous costez , tu nepeulx faillir de les enfoncer,ou pour le
moins de rompre leurs ordres, soit qu'elles résident, ou non.Cat (ì elles ne
font resistence, la nature mesme le mon lire qu'il fault qu'elles ployent: & fi
elles semettent fur la defence, elles se desfont d'elles mesmes, en setournant
&mouuant vers les costez assaillis.
Or on : Estant cn ceste
acecy pourroit répliquer attaqué
forte j on pourroit en vne
ferrer les coriaces ordonnance
ronde,
dos contre dos, de forte que de quelconque costé les vou-
qu'on
lust elles monstrassent vne front. Mais j' y respons :
charger, que
te voyant ferre en vne telle ordonnance rondeau ne íèrois char-
ainsi de tous costez:ains d'vnflanc> certes alors tu te
ge auquel
trouuerois tenir bon, & lerois auíli facilement
tropdcbile pour
défait.
Tu vois donc est de la lance: & comment
quelle Toperacion
des tu enfoncer, &
aueclamoytié gens, peulxattaquer, empor-
ter les corraces: choíè de les CorraíTesne íepeuuentaul-
laquelle
cunement louer íur les lances.
Estant d'aultre part contraint de combatre ou te défendre des Cor-
rasses , tu prendras garde a ces deux poincts.
Si
se <k»fet tenir eh
NanM.Coasrcafpi-*^^
bonne diíUnce^f
o^áSue.
Num. 2.. Coiima«nt4, <tót>uent estfc ordonnées a
Ç^^gnics
l'ofíensiue.
'Éʧ?S* $
so r dorme a la desensiue.
Num.3.Cemmca^pne^^|p^a^||s
Num. 4. Comment 4.Con»fasgaicssotttbien ordonnées a la de-
fence.
2$.
Pigurà.
k à CHAP.
*jd Liure IL DeLExerctcé
CHAR IV.
Comment Cor-
vneCompagniedes
rassesest ordonnée en bataille»
K | CHAÍ>»
yi lAureìLtDeLs Exercice
CHAP. V.
Des Arquebusiersôt Drageons»
VÁNT a í'ordonnance des arquebusiers,nous l'aûons,à
monaduis, assez monstrée aux discours précedents,âuec
les exemples & sigures:corhmcnt ils font mis e'noeuure, ô£
presauoir fait leur charge,se retirer fans désordre ou confusion, pòur reto-
urnera quelq; nouuelle entreprise: comme tu vois Num.3.
Quant aux Drageons: d'aultant qu'ils Font leur exploict a pied & hon
a cheual, j'en r' enuoyeray le lecteur au premier liure de l'instruction de 1' 1n-
fantetie:ouil trouuerá ce qu'ils peuuent faire, & comment il les fault met-
tre enceuurc.Maisd'aultant, ne font toutes-
quecombieniìsfontacheual,
fois leur ceuure sinon a pied:on peult demander, qu'est ce qu'ils font cepe-
dant de leurs cheúaulx.? A quov jc respons, qu'en son lieu, i en ay parlé a suf-
fisance: ascauoir, que quand on les veult mettre , auec aultre Cauallerie en
oeuure, qu'ils mettent lepieda terre,laissants leurs chéuàu'x
promptement
enfiles accouples par les brides comme Fig. 3A. Num. 1. En la gardé de ce-
se met gail-
luy qui en á la charge pour tous. Et estants ainsi a pied,chascun
lardement en debuoir auec ses armes,selon que l'opportunué se présente, 8c
que l'entreprise le requiert, tant pour l'offensiue que la defensiue : se trou-
uants propres pour tous deux, ascauoir 1' arquebusier pour l'offensiue,& le
-EVE CL A-
*^ ?
Num»4»LadoreaÍ4ue. J
Num»$.C«IW«iK elles sec^r^tttl-iiittti'Aultre,
Figura $n
E v AN r cnce àscfcursderquá^
cintrer soi^J^
riejcdebíiois &
parlerldex^ul^^lí^^^l^fM^es,
touteslesiparticulicritcz qúi y^o&went estre not^^fe
referivé çcstç matière po^r le^i^ésrnc liure,,auquel »Mieu ay-
dant>elle fera traictee lelon l'cxigencc, priant Ic leètcur de 1 attendre en
pacience : je diray seUlemerit en ce lieu comment plusieurs esqûadrons de
dmerses fortes doibuent estre ordonnez en vne bataille.
Saches donques qu'en l'prdonrià%ee d'vne bât^tlje consistante de la
Cauallerie feule, il te fault remarquer principalementdjetfx poincts:
Le ptemier,que tu saches donner le lieu
propre a chascune,
sa
poufen^^tftóla ^ipitité, ceqt*if[e qugpétstrequis.
'Leíe1^lid,qaè^í áyes la sciest^ de li dextrenient diíposer.
les Compagnies, que chascune,fans empescher Taultre, puiííe par-
uenir a son bout désiré.
L Quant
-g|$&<^ «é Oácier.
Et pour
en
4ppjtg$^^^ dange-
reuses fitohesdeplnfiÀurs gratis Cheualters & Capitaines, proccdees ou do
il y fauldrok certes vn
1^3^00à;^^^^^êyèâ^: grand volu-
réc de toutes tes entreprises militaires.
Ity cognoíston, comme/ay dtt »|e jugement, la prudence & science
d* vnGhcf & Capitaine;
fiií|tw jprofcffede quelque.soit de grand ou petit,
commandement fìirlaCauallèrie: entendant la qualité & quantité de chas-
-
Mitob'onSc^ra^LsolU>ttlbièn dextre & biert expérimenté, est sou-
tien t
cát^fcuáíd^dbeif^avnéfeefi^orântôCrnalauííe ( voyrè aux comman-
dement importuns) auçcdariger de fa vie, sansy contredire aulcunement,
encor qtt'ilicáîtmle^ sotìÙeti, asçáuoir au cistquiesme
liure plus a propos.
En quelle confusion a esté léuree,conduictè fiç
gouuernée la Caualle-
rie , iusques a l^tife présente ? Comment y a on tousiours pris l'vn pouc
l'aultre, sàstsáuîcuneí Consideracion ne de qualité ne de
quantité ? De la
vnetelle confiifon^roeflange* qu'il n'y apartie ou forte de la Cauallerie
qui ay t retenu sonestie premier: & en est on venu iusques a cest extrême,
que ne le premier,^le dernier,ne scaitceò;utestdesondebuoirôCaquoy
il est obligé,rìóplùs que s'il st'dlauòit iamais
ouy|)à(rler.Etvoylá que c'est de
nostre milice & discipline n#itair&v& de ceste partie tanc
principalement
noble,vn rustault chargé d'armes & monté a cheual ,c'est assez
pour la Ca-
uallerie.
Quels
Etgouuernement de la Cauallerie. h
Quels aussi en sont les desordresau marcher,& cóbats, escarmouches,
furpnles,entreprises>conuoys& aultres tels actes militaires ?Nul ne ticnc
son lieu , rang ou place: ains tout a rebours: l'arquebusier sert deCorrasse,
ia Corraste d'arquebusier, sans aulcune consideracion ou de qualité ou de
quantité.
Quant au second poinct: ou voít on la correspondence des sortes &
parties de la Cauallcricîou est elle deuement prattiquée ?tout ainsi qu'en vn
troupeau des brebis, ou aultres telles bestes, qu'onadecoustume de Con-
duire par troupes: moyennant qu'on aytvn esquadron serré, c'est assez , en-
cor qu'il n'y ay taulcun ordre ne es files ne aux rangs fans regarder s'ils sont
triangles, quarres,pentagones&cronds, droicts, courbes, estroicts , lar-
ges, au long ou au trauuers : c' est tout vn,qu'ils soyent drus & prés l'vn de
laultre, ou débandez & distants: moyennant qu'ils soyent entassez , comme
les harengs, ce seront toutes bonnes batailles & bien rangées. Et quel en est
le fruict? non aultre que gtand danger : & mesmes en semblables batailles
fainctes,onfe trouue souuenten plus grand danger, que si on estoit deuant
l'ennemy. Et quienestlacaufeîL'ignotance &inaduertence de ces poincts
tant nécessairement requis. Mais reseruons,commeauons dit, ceste matiè-
re au cinquicfme hure
Cependant ne laisseray je icy de déclarer les poincts susdits, requis
pourl'ordonnance d'vne*ataille,&rnonstrerlelieu propre & conuenable
dechafeun.
A u premier ( ascauoir qu'il fault feauoir donner le lieu pro-
pre a chaícune des sortes de la Cauallerie,pour effectuer en ía quá-
tité, cc qui de fa qualité est requis ) il te fault remarquer deux
choses:
Premieremét si tu peulx faire la bataille a ta volonté,te trou-
uant en campagne assezlarge & spacieuse.
Secondement si ta bataille est forcée, en sorte qu'il te faille
t'accommoder au lieu auquel tu te trouues, (bit large ou estroict.
La premiere,èst voluntaire & offensiue.
La seconde est prouoquee , contraindre, & defensiue de la
Car elle peult auíli bien estse a la foix offensiue.
pluspart:
Enl'ordonnance d'vnebataille volontaire: il te fault dere-
chef remarquer ces choses : que tu lordonnes , combien qu' of-
fensiue, en telle manière, que l'ennemy gaignant le dessus , tu la
puisses fans grande alteracionappliquer a la defensiue,ce qui se
fait par deux moyens:
Premièrement, en affermant bien ta bataille, & t'aííçurant
bien du lieu ou de la place que tu t'as choisie : la pourvoyant,
tant aux flancs qu'au milieu , de bons & forts esqûadrons bien
ferrez, & a pied ferme.
Secondement, en l'ordonnant en forte que tu puisses chan-
L i ger,
£4 Liure IL DeLExercice
gcï, i' pccasiori íè présentant, ta première place,par vn caryacol a
dextre ou a senestre, ou de quelques esqûadrons, ou de tout le
corps*
En fordonnancé d* vne bataille forcée : remarque diligem-
ment , si tu peulx estre chargé en front seul, ou en flanc, ou en qu-
eue : ou bien si on te peult assaillir de toutes parts, afin de te pou-
uoir mettre en défense conuenable, soiten campagne ouucrte ou
estroicte,
Ën ces deux occurrences de batailles, ou volontaire ou for-
cée, tu auras occasion de monstrer ta science , jugement & dex-
térité de satisfaire a chaícune, & paruenir a ta fin prétendue Et ce-
cy quant au premier.
Au second, (ascauoir la science de si dextrement disposer les
compagnies, que chaícune fans empefcher l'aultre, puiíìe parue-
nir a ion bout désire ) tu remarqueras auiíì deux choses.
Premierement,en quelle forme & forte ta bataille , soit vo-
lontaire & offensiue» ou forcée & défendue, será les plus com-
modément ordonnée.
Et pour cest effect pour la volontaire, tu te choisiras la sorte plus conue-
nable a ton intencion, entre ces six: La lunaire, fallée, estendue, courbée,
poinctue,& my-partie ou entrelassée.
Secondement, que tes Compagnies ou esqûadrons foyent
tellement repartis, qu'vn chafeun íe puisse mouuoir fans empe-
schement du prochain selon le bout & pretension
qu'il á. Or il te
fault auoir bon efgard, qu'elle ne soit ou trop ouuerte,ou
trop ser-
rée : ains que par toutil y ay t bonne proporcion.
Icy deuant de passer oultre a la declaracion de ce second poinct, je te
proposeray vne bataille de chascune sorte: comme tu vois Fig. $,-. les sixdi-
uersitez, desquelles nous parlerons plus amplement au liure fuiuant, en mó-
strantles propriétés & mouuements plus en particulier.
Orertladitte Fig. 33. tu vois de Cauallerie feule: Num i.Vne
ordonnance lunaire, Num. z. Vne fallée. Num. 3. Vne estendue.
Num. 4» Vne courbée.Num^. Vnepoinctue.Num. 6\Vnemy-
partie ou entrelassée.
Et pourt* induite a meilleure intelligence de ce que j'ay
proposé, jeté
proposeray vne bataille volontaire de Cauallerie seule : en laquelleje te mó-
îtreray V obseruacion & estect des deux poincts susdits.
Soyent trois Compagnies chascune de 64. lances: trois Compagnies
de Corrasses, chascune de cent cheúaulx : trois Compagnies
d'arquebu-
siers , chascune. de 64. & trois Compagnies de Drageons, chascune de cent
hommes.
De
Etgouuernement de la ÇauaUerie. f5
De ceste Cauallerie tu feras vne hatáiUe volontairç. Qx içy
ìl est du a chascune for-
question premier poinct, que tu donne$
te son lieu propre, pour pouuoir effectuer en sa quantité, ce qui
de ía qualité est requis.
Pour en venira bout, & que ta bataille soit ordonnée selon ton de-
sein & desir.il te fault remarquer & bien diligemment considérer la qualité
& quantité de chascune forte en particulier.
3. DE CL A.
*: í:C'"li:Á'Ìi"í-fe;l!i'ïí;-- 'rV":
'.#1:i#'S.
de ce
&iM*í%^$l^^
%^s troupes, taáb^||^^^P^ig|feîontëntrt|ricí-
4a*- ,<.<'*'•'
ìees deditícrfeia#P^;:
Num. 4,Vstcbâtâilk etóndu^eáÉiÉlpne to$$:tiqmfcaiç íbnt
dfcmcltìafettonf* *-,;;;-4Í* ^^*.\ ; %*-'^;: *--.,..,
Num. 4. Vne bataille cou^evain^
Num. $/ÌÉl|f<^
NuauV^b*^^ á,^l|eest
tellement- ^^ftp^^M^I^^ 11Peulc &*& ^cw*
en peu de temps ,:c^,jC^|^ra||^^a tous deux^oftez.
- me liirë>ch
^à^^^^lti^^^^^s que leseffects de
Figura. *s>
Nuniti* Comment auíïì tost que les muíquets on fait leur íàlue
contre l'ennemy j voyants qu'il leur vient fus>sesauuent en
vue retraicte íoubs les picques»
Num,i. Comment les Compagnies tát lances qu'arquebus char-
gent l'ennemy par files.
Ceste ordonnance sedit lunaire volontaire offensiue, & en peulx
faire teste à douze Compagnies ennemy eschascune de trois
cents hommes, auec bon espoir de les emporter.
Figura. 36.
$9. . '
figura.
laditte en
Comment batailles employé fi defenst
ttntre Cebnemy.
des la pre-
Num. 1.Les deux ailes mufquetiers drageons,faifants
mière rcsistence.
fait fá charge.
Num. 1. L'éfquadron de l'ennemy qui
défense.
Num. 5. La bataille ferrée pour meilleure
& esearmouchants a l'of*
Num. 4. Les arquebusiers mufquetiers
fensiue»
CrtAP.
Ëtgàuuernemenì âeia Çàuaììerif. Sk
CHAP II .i
De lOrdre au marcher.
PRES t'auoir monstre au Chapitre précèdent
batailles-\ je f enseigneray
quelques sortes des
auíïì en ce lieu, comment tu te comporteras au
marcher,en forte qu'estant surpris ou aííailly,tu
subitement ranger tes gens íifris aulcune
| puisses
cons usion.Et comme u y a principalement deux
offensiue & defensiue : ainsi y fault il
espèces de batailles, ascauoir
atífli aduiser au marcher j pour s' y pouuoir accommoder promp-
tement. Et de fait on y cognoist l'experience & habilité d'vn boa
DECLA-
Et gouuernemenì de la Cauallerie. M
DECLARATION DE LA
FIG V RE XL.
N laquelle tu asdeuxrepartiíiements du train au
marcher: dont subitement tu te peulx ranger en
bataille soit offensiue ou defensiue» A» monstre
former
l'ordre des Compagnies pour facilement
vne bataille offensiue.
Num. i. Vne Compagnie des lances.
Num, i.Vne Compagnie d'arquebusiers.
Num. 3nVne Comp. de lances.
Num. 4. VneComp. d'arquebusiers.
Num,j. Vne Çomp. de lances.
Num, 6. Vne
Comp. d'arquebusiers»
Num. 7.8.9,10,11.
1z.SixC0mp.de mufquetiers Drageons,de5o.
hommes chascune.
Num. 13. Vne
Comp. de picquiers drageons.
Num, 14. Vne Comp. de corrasses.
Num. 15, La nioytie de la seconde
Cómp* des picquiers drageons.
Num. 16, Vne de corrasses.
Comp.
Num. 17. L'aultre moytié des
picques drageones,
Num, 18.Vne Comp. des corrasses,
Num, 19. Vne Comp4 de picquiers drageons»
Num» ao. Le bagage»
M $ B. MON-
jj, Liure IL DeLExercice
B.
CHAP.
Etgmtetnemmtdel^Ça^al^^
CHAP. III,
Des guettes íç quartiers de ta
Cauallerie»
t)ECLA-
iMureM fo&ExerM
DECLARATION DE LA
FIGVRE XIX
VM. J. z.3» 4. Sont le$ quatre íbrtes de Caual^
lerie, chascune en son quartier & au guet,aU
village.
Num. 5»Le corps de garde du quartier»
Num» 6. Là Sentinelle première.
Num. 7. La Sentinelle double.
Num» 8» La Sentinelle extrême. . 4
Figura 4.Í.
Vn logis en campagne áuec les Compagnies entières»
Num. 1. x. 3.4.Les Compagnies* chaícune appatt ídy*
Num. 5. Le corps de garde.
Num. 6» La première sentinelle»
Num. 7. La sentinelle double.
Num» 8» L'extretne sentinelle.
Figura 4.1*
Cin-
J§fpmernemntdeà^ "j&.
aultantqu^lvéult^
N j Lib.
io* Liure II. 'DeL'Exercice
Lib. í. cap. i i.Huic Tribuhus przerat armorum SCIE NT í A ; &
A RT E perfcctiôcc.
peu âpres : sed etiam armorum
A RTE M didicérit armature.
Cap. 14. Qui omnem Item Qui cón-
tubernales ad DIS C1P L1N A M retineat,
Cap.15.Pdum arte & virtute directum.
armorum DISCIPLINA Vel A R T E bellandi.
Cap. 18. Omni
Cap. 3Ï. Neque enim longitudo «tatis, âut armorum numerus A R-
TEMBELL1CAM tradit. Item : Vt 8c A R S dirigendi, 8c dextra;
VIRTVS poffitaccrescere. Item; Si DOCTRINA cçsset armo-
rum , nihil paganus distat a milité.
Cap. 2.4. Studiosius oportet SCIENTl A M dimicandi. Item : au
du liu.3. Artem firmantur vsque eo.
prologue pradiorutti scripsisse
Item: VIROS summaadrhiratiohelaudandos,quieampra?cipué AR-
TEM cdiscere volunt, sine quaaliazartés essenon possunt.ltem: Qui
sccundos optât euentus, dimicet A RTE non casu.
Libj.cap.i.Exquoihtélligatur quantò studiosius armorum ARTEM
docendus sit exercitus.
Cap. 4. Qiiifickjciam de A RT£ vel viribus gerit.
Cap. 9. Quisque hos A R TIS bellicx commentarios.Item scientes
ARTEMbellicam.
Cap. io.Quisaùtemdubitat ARTEM bellicam omnibus rébus esse
potiorem.ltém : Caetera omnía in hac A R T E cósisttrc. Et fur la sin du-
chapitre: ItaerudiuitscientiaSc A RTE pugnandú
Cap.n. PrsmissisléuiotibusARTlBVS belli.
Cap.i^.Tamen ARS belli.
Cap. xo.Ne ARTE pellaris.
Cap. zz. Quae ratio militaris cXperímentis 8c ARTE scruauit ïtem;
Nam DISCIPLINA bellicae. Item: sed crcdant ARTEaliquaid-
co sereuocari. ltem:licetibi ARS plurimum profit.
Lib. 4. cap. 30. Quae ad oppugnahdas 6c defendendas vtbes aurores
bellicarum ARTIVM prodiderunr,
Cap. 31 Decuius ART1B VS ideo pauciora dicéndasunt.
Cap. vltimo-.Qux ARTIS ampliusinhis frequentiorvfusinuenit.
Iusques icy les propres termes de Vegece: oyants aussi des aultres.
Sexte Iule Frontin en la préface fur son liure premier :Eorum
~Erg°*
t>es frais Ôclabeurs nous en aùons dit quelque chose au precedehti
&cnsetoitla répétition odieuse. Mais quarttaux dangers Ôchazards.ily
eh á des exemples en gran nombre, qùi sorit tres éuidents. Et aduient aul-
cunesfois,èn moins qu'vne heurëoudeux.ilyen quelque milliers, a l'e-
fpreuuë dé leur Vie, tendus én la Campagne, Ôcmonstrants qu'on n'y íoìie
point de plumes , mais des armes plus fínés ôc pénétrantes: ôc n' cn
doubte point qu'en ayant oùy lés noUuelles.tuehauràssentyscómevous
aulÉreshomesámolisparlalibétalitédevosârts ) quelque appréhension.
lë ne diray mot icy du grand danger des tyrohs Ôc,amateurs de cest
att, ës sentinelles, soitdè nùict oudeiour. Combien y ail des sentinel-
les perdues, aux approches de l'ennemy,soit en campagne, ou en vn siégé
de quelque place : où aulcùnesfois ils ne sepeuént tenir droicts ôc ën pied,
ains fòn't lëut office, couchez tout fur leur face, en la plu-
plat en terre
ye, neige,gresle, tempeste , fahs oser bouger de leur place:attendants
tousiours le coùp de quelque balle dé cáhòn, pu d* vnmùfquet, ou dé
quelque aultre atmé violente,qui lés desoeche ôc ostc du pain. Et qui
scáit si l'ennemy les fuit én secret, poùr lcùt còupeir la gorge,quant mo-
iils ìlsy pehsént.Combientcpoùrròis-iécontërdessentinelléSjVoiremcí-
mes plusieurs milliers du corps*mesme de l'armée, gelées en leur place?
Q lly
u* Liure II. De L'Exercice
\\ y a eu tètle sentinelle, de mon temps, qui debuant estre reti rée á esté
auflí dure ÔC roide qu'vne pierre, ne s'osant mouùoir contrcle fioiddc
de Çontreùenit aux loix mihtaires,ou encourrir en quelque danger
Scurerennëmy. As tù bien senty semblable danger?ouy bien al'ombre du
four, Chaussant lés mains, ou les bruslant aulcunesfois cn vne pomme
ïostie : oU bien a table, fustenant le chocq de quelque grand verre de
vin: mais il yen á bien peu qui en semblable combat demeurent sur la
place: ÔCceulx quiydemeurét, en demeurent aussi notez de turpitude:
mais nos tyrons y demeurent aùec 1' honneur dé leur fidélité , qui leur
demeuteá iamais.
Mufan. Hcmonamy Martin,jamais ien'ouys diseourrir soldat en la sorte
que tùfais. Tu dis que les arts libérales ontleur linéaments tirez de l'art
militaire : mais cependant tu dis mesme,qu'il n' y a tels labeurs &c dan-
gers de ho stré part. ToUtestois ilmefoUuient ëncorjôcn'ya trop long
temps,quc hous auohs rencontré en nostre camp dés labeurs quaiì íem-
blablesaux vostres. Car aussi y áiltel au camp des Muscs qui faisant ses
pourmenades nocturnes,ou en nopees ou én aultres festés ôc compag-
nies se troùucén escarmouches assez estrangéS,ôc si bien traicté ou de
ses compagnons mëfmesí OU des guettes de là ville, qu'a grand peine il
sortir du lict en trois ou quatre setímaínësì 6c âpres àuoir deuoré ce
Êeult
on traictëment,áattendu vn aultre íaláire.aseauoirla prison patte Réa-
cteur Mag. Qui est tout l'hohrieur qu'on énrapporrë: Et s'il n* y ad aul-
tre envostre Camp de Mars Jamais je ne m'y vouldrois approcher. Et
dcfaictj'yvoys peud'apparence,ôcpeù dedelineamehts d'aultres hon-
neurs chez vous*
Mart. Va bien Mufan qu'entre les Muses , aultrerhent, comme femmes,
tant délicates, il y á encor des courrages soldatesques : ôc m' asseuie que
s'ils passent dehostrecostéi ilsy prendroint plus de plaisir ôc décou-
page. Car prehahs plaisir aux elearmouches j ils y trouueromt tous-
iours de l'occasiomôc tant plus qu' ils s'y exerceroint, tant plus en f appor-
teroint ils d'honneur, ôc commé par degrez iroint tousiours montant ôc
s*accroissant de réputation Ôcde prouesse: fans aulcune peur d' estre en-
uoyez en prison , encor qu' ils auroint eh vn iour occis plusieurs de leurs
ennemis : ainsen scroint plus âymezôchonhorez.
MuCTu me parles tousiours des escharmouches, grans labeurs ôc dangers;
mais quâr a ce qui y est quasi de pi us commun ascauoir d'yurognct.gour-
mádcr,jouer Ôcc.tcpèster, oui trager defrobbcrôcc.pas vnmot.Et comme
j'entens,quantvoUsmàrchez,iln'y á hostc ou aultre qui puisse retenir ía
cuisinière, tant soht elles alléchées de vos festins ôc grandes promesses
qu'elles oyent-Tu meracornptes des grans trauàulx, des dangers de corps
ôc de vie, mais de la bonne chere, auec Ceres Bachus ÔcVenus ,je n' enoy
tien. Peulteftrequetun'esdececonuént.
Mart.. lévoy bichquctuénfaistonpaíîe temps dem'ouyr ainsi de s ce qui
toutesfoi^estdu moihdré ) hos grans labeurs, trauàulx ôc dangers, es-
queU hoítreart s'apprend ÔCs*exerce, ínais ne scáis tu pas, que Tare rous-
iours bandé se rompt a la fin, & ôc qu'ayant
post hubiía phoebus ,
eschappe quelque grand dahger,on serefaict d'vn bon morceau ôcd'vh bó
traict.
Et gouvernement de la Cauallerie, tij
traict. Car qui vouldroit estre soldat,s'il n' y auoit quelque refectiona-
pres le labeur.
Mus. Mais tu me disois n'agueres» quetu demonstrerois, tous tes propo-
sitions parauthoritez ôcexemples des Grecqs ôc des Latins. Et trouucs
tu entre tes autheurs, que cespeuples la sesont ainsi refaicts âpres leur la-
beurs ôcdangers ?Cerres j'oseroy bien dire que ton Vegecé, Frontin ôc
j£liah h'en font aulcune mention.
Mart. Tu es sophiste, ôcme p retens detoùrher de thon propos , par sem-
blables questions, aufquellesje te refpondray en son lieu: mais maintenàt,
pour retourner au propos commencé, je dis pour le cinquiesine:
L'art de tous histoiriens & autheurs plus renommcz,est
qui
estimée estre la plus noble, vtile & nécessaire, est farts doubte
--Ërgò.
Orque l'Art militaire ayt esté de root temps cn telle estime entre les
du monde, sevoit par diuers exemples.
- plus grâds ôc scauants personnages
vje grand Empereurlules César ne s'est il pas luy mesme employé pour
la descrire ? Auguste n'en donna il pas luy meíme la chargé expresse a
Vegece?
En quelle réputation estoit l'art militaire chez ce grand Roy Philippe
de Macédoine? Son fils, le grahd Alexandre, combien la cherist il ivoi-
re rant, qui ayant remonstré vh poeteanciën qui l'á auoit descripte, il ne
sevoulut reposer, qu'il n'en éust les eseripts soubs son cheuct.
Ces grands ÔcSàincts personnages du peuple de Dieu, Iofue » Dauid,
LesMachabees,rtc l'ont certes eiie a nonchailoir. Combien instam-
ment pricre grand Prophète Royal son Dieu , qu'il le vtfêillc dresser
au combat i ôcrenforcer son arc: ce n* est aultre chose qu'il demande,
quelavraye Ôcsolide cognoissance dé l'art militaire, désirant de ^appré-
dre de son Dieu : Ôchó la Dialectique, Rhétorique, ou aultres semblables
fatràts. Et regarde les histoires anciennes,Ôc Chroniques, Bibliques, si
ce grand Dieu dés batailles he s'est soulciéde Y art militaire* dés inuhi-
tions Ôcaultres choses requises. Voire cè grand Roy d eí Rois, le Sëig:
des Cieùlx ôcdélaTerre, çeDieù ôc de paix ôc desarmées, ne s'est il pas
luy mesme mis en bataille aueC ses exercites célestes, pour la défense
Ôcle secours dëson peuple? Na il point luy mesme monstre comment il
fault ordonner vnë barailleîdethandezenaMoyscIosucGedeohí Da^
tìidôc aultres personnages " semblables.
"
'-
'Et
Et gouvernement de la\Çauàìkrie. fe?
Et afin que sur ce poinct, comme assez clair nous nc nous amusions
trop longuement: que diras tu des plus grands, anciens,ôcscauants entre
, tels Philosophes? Oratcurs,Legislateurs ôc aultres Professeurs de tels arts
- libérales ì Certes ils en ont eu leur
part,6c ont tousiours conioinct l'art mi-
litaire auec les lettres.
Caton, combien est il diligentenla deduicte de l'art militaire,ioincte
auec sesMuses, aufquelles il la préfère aussi ? Et regarde auec queiie dili-
gence il instruit ôc exerce son fils en scelle.
Socrates,leplùsíàgedelaGrece,parlereimoignage de P Gracie, n'e-
st oit il pas bon soldat, ôc exercé en ceste art a suffisance? Certes il a códuict
trois armées auec grande louange.
Lés Tàrentins, né se sont ils seruis d'Architas, pour estre leur Chef?
Mélisse, ne fut il vn heureux Chef,de son armade maririme f
Platon,n'estoitilvnbraue soldat au siège de deux viles Iamagre &
Corinthe?
Çè'çy (oht tìx espèces,de sciences efquelles toute l'art militaire córì-
. íìste. Lesquelles iécomprendsay ensemble (Dièuaydánt )jcn vn traictô
auliure quattiesinë, pour y monstrer comme en vh compende ou abbregé
sesragles.particulietes de chascune.
Maisleçhèmih pour paruéhir a vraye hobiesse.estcesthuy cy,ascauoir,
qu'ayant bonne cogrtoissance de toutes ensemble, ou d'vne aussi en par
ticulietítuL'exercessideleôcconstamment Contre ton ennemy,
Ì4&C MaisçOmmehtseráilpossiblcqu'vnhommepuisseexercet ôc pratti-
quex tohtésces sciences i Certes il y fault plusieurs armées pour vne seule
(tour, la bienaipprcndrc. Etcombien y enail qui demeurent furPapprén-
tissdge? Ôcstùsbien asscuré,que de plusieurs milliers il y auráagran pei-
ne vrt ou deux, qui en viennent a bout
l4act. Tu dis bien Mufan. Et c'est de cecy quejé me plains principalement,
ascauoir qu'il fault que le soldat apprenne premièrement, quand onle
veult mettre enoeuureentre l'ennemy. Apprentissage bien cher Ôcdan-
frcreuxxatl'ehhemy n* y ioue pas i Ôcdebuoit il aUoir appris »deuant d'en
venir siinsia l* efpréuUe.De fàit, c' estde la que de querqueeents anneës én
ça U « á eu fi gtáds desastresôc mal ehcontres aux guerres, ascauoir ,fauittë
de discipline, ôc institution militaire, ôcmesme ohnè scaitla maniéré de
feien guerroyerfcou s'iíy-en>á/quelqu«svhs qui tn ont quelque intelligen-
ce, ils n* y sont ouys. EtVoila comment tout vaparvn malheureux desor-
dre: Le soldat est pris>dëta charrue oud'aultrelabeurxhargcplustostque ;
garded^sesasmesí csteauQyéveEsl'ehncmypourapprcdreaeh ioùe* ou
vsei;qui íoattmfcesfbis.luy coupe la.goíge a la prcmícrércncontrcÔCle
faictpayeí, nonvn Minerual>B%aisvh Martiel bieh cher pour la première
&detaseûe<fbi& Les ancien* en faisoint bien aultrement, ne recebuant
poueíoliiatisiaohiccluyiqjui oftoictbiehihstruict cn 1?art militaire,ou al' c-
fpece alaquelleanlèvouloit-apldíquet .Aussi ont ils estéplus heureux on
ItuKetOtteprMfE^C'c^patcornoyëh que les Lacedemoniens se sont tant
eslcuoi en puissance; C'est de la que ce grand Alexandre fubiugé eh peu
de
Et gouvernement de la Cauallerie. JJ$
de temps auec si peu des gens, de sorte que le nombre; des terrés* proùin-
ces,villes ôc forteresses furmóroit quasi celuy de ses soldats,maisvetetains
Ôcbien Versez es armés, ôc exercez en 1*art militaire. C'est ainsi ^ue les
Romains se sont acquis Ôcconserué si longtemps, la Seigneurie de quasi
toutlemonde. C'cstaihsi qu'encor pour le présent le Turq va accroifsát
de plus en plus ía puissance.Combien que ccstuycyn'ená pas encor laCog-
tloissancë si parfaicte que les aultres, n' en approchant a peine de la céties-
me partie. Qui est l'vne des oeuures de la Prouidencë Dhiine,pour la cen-
serUation d'vnepetite partie de son peuple. Car c'est luy qui la luy dent
encor cachée ; la ou s'il en venoit a quelque perfection, cest vne chosoas-
seutce,qu'ilehauroitbientostttouué la fin de toute la Chrestienté.
Mufan. Tu me dis beaucoup de la manière de bien guerroyer, que toutes
les Monarchies,Royaulmesôc Seigneuries en sont acquises ôesouftehu-
es, 6c semaintiennent aussi longtemps, que la discipline ôc art militaire,
doht ceste rnahiere de bien guerroyer prouient est maintenue. Mais di
moy aussi, quec'estdeladitte manière de bien guerroyer *ôc qu'est Ce que
tu entends pat ce mot.
Mart. T en ay
parlé souuent en ce discours ; mais pour t'expliquer icy tout
par le menu, le temps ne le permet,»: nostre propos cn seroit trop loing:
lointque ce seroit vn labeur inutile, la chose estant encor trop haulte,
énsortequetu ncla poutrois comprendre. Mais,s'ilplaitaDieu>apres
t'y àuoir encor quelque miéulx préparé esdeuxliures suiuant,jeletede-
clareray au cinqUiefme liure, tout ronde ôc ouuertcment.
Mufan. Sus donques,je ne eontenteray de ce que tu m'en as dit, àc cepen-
dant m'exercercy eselementsde ces arts militaires. Mais quelle grâce y
auray ie ? II y á desia vingt ôc quatre ans que j'ay appris t A.B.C. es eseho-
les , 6c m'en fuis tellement auancé, que je poúrroys acquérir le degré de
Docteur: ôc me mettray-iemaintenant derechef a apprendre des elemëts/
comme Vn petit enfant.
Mart. Mon amy , tu ás iusques a présent traicté des choses puériles: Mais
maintenant tut' achemineras aux choses viriles, desquelles tu ne peulx
ny ne doibs auoir honte. Ie les appelle elements:mais éesont les premiè-
res degrez a la virilité; donr aussi dit Virgile, Arma virúmque canò*s
Ce ne sont choses puériles, ni desjeus des enfans,qui y sont traicteZ,mais
les moyens d'acquérir vray honneur Ôcréputation*
Mus Mais qu'endiront més Académiques ?Ie crain ceitesqu'ils ne feront
trop contents, que jé m'ay ainsi laissé persuader, de quitter le camp des
Muses,ôc mefairèsoldat. 1
Quant a culix, ils eheustemí miétrltf aythed'en
faire vn Chanoine ou aultre telle créature de robbe longue.Et de t«y pen-
ses tu qu'ils en seront trop contents, que tu les traictes fit lourde 8citrciui-
lement.
Mart. Qu'ils facertt ce qu'ils vouldront. De toy ils dSïontbicny qotrtU
t'es enfuydelcur'escholc, ôct' es adonné aauitresarts: EcdemOyjd'ctra-
u oir gran gré îc d'en attendre gran salaire,jesca)* bien que non. Tomos-
foisjc protester, qu'en ce mien discours jc ne pretens rien qtn soit contre
l'honneUr 8c réputation des vrays 6c bonis Académiques: ains que je parle
de ces Philosophastres
qui'se rourrenr patroy eubc, pour auancerleúrs
abuz,ôc entretenir laicunesse a tort parleur fubcilitcr ou sophistciids.
R s Car
rç* ÎÀute IL De L Exercice
/ C^riesoaybitn,patlagrac«dcDicUjqucllccstl'vtilitédcSÀcádcmíèi;,&
au profit de tout le monde. Toutesfois,s'ilyauoit
quels frúicts en íbrteàt
de quereller cotre moy Jeleremarqueray pour?
quclqu'vnquiauoitenuic
esexcez taxez, ôc les vouldroit maintenir auec le do-
tel,qui prend plaisir
mage du publiq pour son proprcintcress:ôcdefaictj'y verray.quej'ay tOu*
ché ou attaint:car selon le cómun prouerbe.quandon iette Vne pierre en-
treleschiens,ccluyquicn est touché est le premier a crier. Cependantje
vouldiroy bien souhaiter aux Academiques,que ce bonDieu leur sit lagra-
ce,dcleur occurir lés yeulx,en sorte que regardants les temps ôcles maniè-
res anciennes d'enseigner la ieuncsse, ils entendissent quel profit ôcauàta-
gcils eussent fait par toute la ChrestientéiS' ils eussent propose les arts mi-
iitaircs,ioinctcsaux libérales, auec mesme zelc ôc instance, ainsi qu'on
faisoit entre le peuple de Dieu, mesme enl' Ancien Testament. Ou que
obserué la distinction naturelle, de toutes e-
pour le moins ilsy eussent
statsí En sorte qu'a la Noblesse, comme ordonnée dé Dieu a cela , ils
eussent recommandé la milice auec les lettres : auec meure considéra-
tion de ce vers ancien Tu supplexora:Tuprtftege:Tuquelabora»
C'est l'office des trois estats. L'Ecclésiastique á seing de la
prière & du
seruice Díuinìceluy de la Noblesse, dela défense : Le commun detra-
uailler, pour l1entretien & desoy, ôc des aultres. Et vn chaseuh farfant
ainsi, ce qui est de fa charge, fans doubte tout le monde dèliuré de là con-
fusion quiletrauailleaptcsentíioyroit d'vne amiable paix ôc
prospérité»,
Mufan. Par tu vie, Martin, que le commun.auquel tu comprens les villa-
geois.les marchans, artisans ôcaultres semblables gens, n'oye cela detoy,
que tu leur impose: la charge de trauailler pour? entretien des aultres
deux, aultres estats, de peut qu'ils ne commencent vn nouueau
procez
contre toy.
Mart. Mais qu'est ce qu*ils pourroiht fairfc. Vh procez ? Majs ne scais tu
que laíentcnceycst desia donnée par ce grand Roy des Rois, Ôcjugc des
juges ì Donnez a Csesar les choses qui appartiennent a C ejar: &t
a Dieu les choses qui appartiennent a Dieu., Laquelle tu scais
bieniusquesouellc s' estend. v.
Mufan. le le scais bien. Mais garde toy de te rhesler entre les Théologiens»
Carj' entensquetu les respectes encor, voire iusques a préférer leu r scie-
ce aton art militaire, intitulant de plus haulte 6c plus noble, que toute
les aultres. Et espère que tu lés laisseras eh ceste grandeur.
Mart. Ouy deá. Et ne scais tu que c'est a dire, qui vous tousehera, il
-r touschera la prunelle de mes yeulx* Ioint que bons fidèles ôcfyn-
ceres pasteurisent aussi des maistres d'vnemilice Spirituelle, nous ense-
défendre nos âmes, ôccombatrecontre
ignant comment nous debuons
des ennemis inuisibles.qui auec grandes forces Ôcruses prétendent nous
salut. De sorte q u*ils ont aussi grande conformité auèc
priuer de nostre
. nous qui somes soldats corporels. Et de faict ils ont aussi soldats, ôcen
6cescarmouches beaucoup plus dangereu-
guerres, batailles, ôccombats
ses que nous.Voire l'Apostrc S. Paul estoitaussivrayementfoldar.quand
ils'acheminoit armé auec fà troupe vers Damas. Certes il y auoit son
harnois ôcl'espcc ceinte au costé, ôcle reste, sans doubte bien a la solda-
tcfqua
Et gouvernement dela Cauallerie. ï%
^tesque. Et de la est ce que pour amer le soldat spirituel, il áles termes si
propres, pris du soldat corporel, l'equippant de toutes pièces, d'halecret,
la ceinctuie,lehcaulme, bouclier ôc glaiue , ôc luy en monstrant 1' vsage
contre son ennemy. Ce bon Dieu face lagrace, que comme nous triom-
phons aulcunesfois de nos ennemis corporels, ainsi aussien ceste guerre
tousiours vigilants &c fur nos gardes, emportants finalement la victoire,
ôcgardants toy ôc bonne conscience, nous recebuions laeourónepromi-
se de paix ôc repos éternel. Amen. Amen. Amen.
Fin