1,90 € jeudi 26 novembre 2020 75e année N° 24 227 France métropolitaine

dieu
est mort
Diego Armando Maradona
(1960-2020)
Mark Leech/Offside/Presse Sports

ANT 2,20 € - BEL/LUX 2,20 € - CH 2,90 FS -ESP/AND 2,50 € - G B 2,30 £ - GR 2,90 € - ITA 2,60 € - MAR 19 MAD - NL 2,60 € - PORT CONT 2,80 € - REU 2,20 € - TUN 4,50 DIN
 2 Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE
dispa rition
DIEGO MARADONA l’hommage
UNE VIE
DE TOUS
LES
DIABLES
Joueur d’exception, personnage sans
pareil, génie autodestructeur, Diego
Armando Maradona a aimé
le football et la vie d’un amour fou,
déraisonnable. Il laisse la trace
d’exploits immenses d’un joueur venu
de la rue et de faiblesses
Jean-Claude Pichon/L’Équipe
d’un homme attiré par les ténèbres.
VINCENT DULUC
Pour raconter une vie, et une mort, il suffit
de revoir le visage de la grâce, un ange aux
boucles brunes, béni par tous les dieux et
par trop de diables, de pressentir le froid du
marbre qu’il va rejoindre, cette ultime mor-
sure, et de regarder sans s’en détourner le
masque devenu cireux, au crépuscule
d’une vie traversée par la magie d’un pied
gauche et les excès qui auront abîmé son
corps tout entier. À 60ans, Diego Maradona
est entré dans l’éternité bien avant l’heure,
mais d’un pas lent, essoufflé par la vie et
par toutes les nuits qu’il ne voulait jamais
quitter avant l’aube.
Dans l’histoire du sport mondial, il y a eu
peu de personnages comme Diego Mara-
dona. Pas beaucoup de joueurs comme lui,
non plus, mais sa légende s’est nourrie de
bien plus que de l’évidence du génie, parce
que ce prodige argentin, arraché à l’adoles-
cence et à une vie ordinaire par les arabes-
ques et les fulgurances qu’il avait décidé de
faire partager au monde, a toujours repré-
senté plus que lui-même, semblant porter
les rêves du peuple dans tous ses combats,
ceux qu’il a gagnés comme ceux qu’il n’avait
aucune chance de ne pas perdre. Il les a li-
vrés le torse bombé, les yeux mouillés, les
poings fermés, la gueule ouverte de chants,
d’insultes et de fierté. Être Diego Armando
Maradona pendant soixante années et
quelques jours aura été une aventure sans
beaucoup d’égales, plusieurs vies en une
seule, comme disent les épitaphes, mais
plusieurs morts aussi, auxquelles aucun
autre n’aurait survécu. Il avait été triste, le
30 octobre, de ne pas pouvoir fêter son soi-
xantième anniversaire dans la chaleur et le
faste, parce qu’il n’était né ni pour la soli-
tude, ni pour l’indifférence, ni pour se faire
rappeler, le soir à 18 heures, qu’il serait
l’heure de la soupe et des médicaments.
“Je suis sorti de Fiorito pour
atteindre le toit du monde, mais,
,,
une fois là-haut, j’ai dû me
démerder tout seul
On a longtemps cru, pour dire la vérité, qu’il
ne vivrait pas aussi longtemps. Qu’au fil de
ses disparitions et de ses retours, parfois
magnifiques, parfois bouleversants, par-
fois pathétiques, il prendrait un raccourci
qui pousserait la planète à s’incliner un peu uu
 Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE
uu plus tôt au pied de sa dépouille cabossée.
Toutes les vies qu’il a vécues auraient suffi
à en brûler un seul. Lui s’est consumé in-
exorablement, mais avec majesté, se dé-
barrassant chaque matin du linceul qui
menaçait de l’envelopper. Il l’a recouvert
pour toujours hier, à la suite d’un arrêt car-
diaque, quinze ans jour pour jour après la
mort d’un autre génie autodestructeur,
George Best.
« El Pibe de Oro », le gamin en or d’une
famille nombreuse, avait grandi dans le bi-
donville de Villa Fiorito, dans la banlieue
sud de Buenos Aires, et appris le football
de la rue, si tant est qu’il ait jamais appris
quelque chose, puisque toute sa magie
semblait tomber du ciel, non pas au sens
de la facilité, mais de la bénédiction. Il di-
rait : « J’ai grandi dans un quartier privé. Privé
d’eau, d’électricité et de téléphone ».
À 10 ans, il avait rejoint enfin un club, Ar-
gentinos Juniors, et il avait débuté en pros
dix jours avant ses 16 ans. Quatre mois plus
tard, au début de 1977, Cesar Luis Menotti
le lançait en sélection, et la rumeur déjà
parcourait la planète, ainsi que les premiè-
res images. Parce qu’il avait 17 ans, Menotti
l’avait trouvé trop jeune pour la Coupe du
3
l’hommage DISPARITION
Patrick Boutroux/L’Équipe
Après avoir dribblé 5 joueurs sur 60 mètres, Diego Maradona (ci-dessus)
marque le but du 2-0 contre l’Angleterre en quart de finale de la Coupe du
monde 1986 (2-1). À gauche, l’Argentin lors d’Argentine - Cameroun (0-1)
le 8 juin 1990 en phase de groupes de la Coupe du monde à Milan (Italie).
Et, ci-dessous, en 1984, toujours avec le maillot de l’Argentine.
monde 1978 qui allait sacrer l’Argentine de ARGENTINE
Videla à domicile : Diego, qui faisait partie Né le 30 octobre 1960.
des trois joueurs écartés au dernier mo- 91 sélections, 34 buts
ment, lui en avait voulu toute sa vie. entre 1977 et 1994.
Il n’y avait aucune chance que sa vie en
club fût lisse. Après un passage d’Argenti- ¢ Clubs : Argentinos
nos Juniors à Boca Juniors, en 1981, pour Juniors (ARG, 1976-
deux saisons magiques, il avait découvert 1981), Boca Juniors (ARG,
l’Europe et le FC Barcelone, en 1982, pour 1981-1982 et 1995-1997),
deux saisons chaotiques, une hépatite, une FC Barcelone (ESP, 1982-
jambe fracturée par Andoni Goikoetxea, 1984), Naples (ITA, 1984-
une bagarre générale devant le roi le jour 1991), Séville FC (ESP,
des retrouvailles, des nuits sans sommeil 1992-1993), Newell’s Old
et la découverte de la cocaïne. Boys (ARG, 1993-1995).
Avec Boca, Naples (1984-1991), au fond, ¢ Entraîneur :
aura été son seul amour, un amour éternel Mandiyu (ARG, 1994),
mais ravageur, concentrant la rédemption, Racing (ARG, 1995),
la gloire et la chute. Le Napoli n’avait ja- Argentine (2008-
mais été champion et il allait l’être deux 2010), Al Wasl
fois, en 1987 et 1990, sans oublier la con- (EAU, 2011-
quête de la Coupe de l’UEFA, en 1989. Mais 2012), Al
il avait le nez dans la farine et dans les en- Fujairah SC
nuis, et ses relations avec la Camorra au- (EAU, 2017-
ront fini par le fragiliser. Lâché, seul, con- 2018), Dorados
trôlé positif à la cocaïne en 1991, arrêté en de Sinaloa (D2 MEX,
uu
Argentine en flagrant délit de consomma- 2018-2019), Gimnasia La
tion, suspendu, condamné à la prison avec Plata (ARG, 2019-2020).
IPP/Presse Sports
sursis, puis, plus tard, à l’équivalent de
 4
dispa rition
DIEGO MARADONA
uu 37 M€ par le fisc italien qui saisirait même
ses boucles d’oreille en or, il en avait fini, la
trentaine atteinte en marchant, avec ses
années de gloire.Le reste, en club, ne vau-
drait pas la peine d’être vu, à peine d’être
vécu. Il avait eu ce mot : « Je suis sorti de Fio-
rito pour atteindre le toit du monde, mais, une
fois là-haut, j’ai dû me démerder tout seul. »
À tout jamais, Diego Armando Mara-
dona restera un héros de l’Argentine, de
Naples et de la Coupe du monde, le décor
de sa frustration, de son plus grand bon-
heur et de sa chute, dans l’ordre. En 1982,
en Espagne, il était encore jeune, et ses
21 ans avaient mal appréhendé l’événe-
ment, c’était sans doute de l’avoir trop at-
tendu, et puis il était tombé sous les coups
de Claudio Gentile, le défenseur italien, qui
l’avait martyrisé impunément, avec les
complicités de l’arbitrage de l’époque : il
avait quitté la scène expulsé face au Brésil,
au match suivant, puni d’avoir répondu aux
offenses, ce qui avait raffermi son senti-
ment d’injustice et sa conscience d’un
combat à gagner par lui seul.
Il avait cherché des raccourcis
pour retrouver un corps de
footballeur pendant la Coupe
du monde 1994, était tombé
pour des traces d’éphédrine,
avait été exclu de l’épreuve
qui l’avait fait roi
Maradona se vengerait de Gentile, de l’arbi-
trage, de toutes les injustices, et même de
la guerre des Malouines, quatre ans plus
tard, au Mexique, en portant l’Argentine au
titre mondial, et en signant une carrière,
peut-être même une vie, par le brigandage
absolu d’un but de la main, un geste de con-
trebandier, avant un deuxième but vertigi-
neux et génial, contre l’Angleterre (2-1). On
a toujours su, et lui aussi, qu’au soir de sa
mort ces images repasseraient en boucle,
que rien ne résumerait mieux ce person-
nage à deux faces, pareillement fascinan-
tes, que rien ne concentrerait à ce point la
fascination et l’admiration du monde. En
1990, éliminer la Nazionale à Naples, en de-
mi-finales (1-1, 4-3 aux t.a.b.), avait été une
victoire lourde à porter. Il avait précipité sa
solitude en demandant à la ville de le choi-
sir à la place de l’Italie, et, avant la finale
perdue contre l’Allemagne (0-1), à Rome, il
hurlait « Hijo de Puta… » pendant que les
Romains conspuaient l’hymne argentin et
que les larmes coulaient sur ses joues.
1994, l’année de la chute, d’une autre
chute, c’était presque une autre vie. La
chronique de sa déchéance s’était déroulée
en direct. Les éclipses et les ellipses
avaient été nombreuses. Quand on le re-
Alain de Martignac/L’Équipe
Diego Maradona lors d’Argentine - Nigeria (2-1) en phase de groupes
de la Coupe du monde aux États-Unis le 25 juin 1994, quelques jours
avant de se faire expulser de la compétition pour dopage.
l’hommage
trouvait après six mois d’absence, il était
toujours changé. Il aura passé sa vie à ten-
ter de remonter des pentes trop raides,
qu’il dévalait trop vite quand il se laissait
glisser. À Naples, déjà totalement dépen-
dant à la cocaïne, il
lui arrivait d’être
désigné au contrôle
antidopage, mais,
longtemps, il l’avait
dribblé. « Tout le monde
savait que ce n’était pas lui
qui pissait », dirait un jour
Michel Platini.
Mais Diego ne pouvait
pas se retirer sur la pointe
des pieds, comme s’il avait
toujours pensé que ce n’est pas
ainsi que les hommes vivent. Il
avait cherché des raccourcis pour
retrouver un corps de footballeur
pendant la Coupe du monde 1994,
aux États-Unis, était tombé pour des
traces d’éphédrine, avait été exclu de
l’épreuve qui l’avait fait roi, chassé de
son ancien trône comme un malpro-
pre, son numéro tiré au sort, à Boston,
par le médecin du site, le médecin de
l’équipe de France et de Lyon, à l’époque,
Jean-Marcel Ferret.
,,
“Je suis noir ou blanc.
Je ne serai jamais gris
Et puis, quand il avait cessé de courir,
tout l’avait rattrapé : une crise cardia-
que après une overdose en 2001, un
autre infarctus en 2004, alors qu’il fai-
sait plus de 100 kg, une opération de
Diego Maradona l’estomac pour en perdre 40, des difficultés
face à Luizinho lors à marcher, mais rien qui ne l’empêchait de
d’Argentine - Brésil danser et de se coucher tard ; tout annon-
(1-3) le 2 juillet çait depuis longtemps, presque dès les
1982, en phase de premiers jours, qu’il allait mal finir.
groupes de la Coupe Diego n’avait même pas 40ans qu’il se vi-
du monde, à sitait déjà comme un musée. Derrière cha-
Barcelone. cune de ses chutes, il avait cherché une ré-
Puis, ci-dessous, demption, une manière de tromper la
lors de l’édition mort et de se
suivante mentir à lui-
4 ans plus tard même, mais
à Mexico. pour la bonne
cause. Il avait
arpenté les cures
de désintoxication et
le territoire de ses hé-
ros de l’Amérique du Sud
et de l’Amérique Centrale,
aimait Fidel Castro, défendait le
président vénézuélien Hugo
Chavez contre George Bush, et puis
son successeur Nicolas Maduro, en-
core.
Et puis, un jour de 2008, il était devenu
sélectionneur de l’Argentine, ému aux lar-
mes. À sa première causerie il avait fait
pleurer tout son vestiaire, en Écosse, leur
parlant de la beauté de l’Argentine, de la
fierté de l’Argentine et de la magie des
hommes. La deuxième fois, il avait dit la
Richiardi/Presse Sports
même chose et ils avaient encore pleuré.
Et puis un peu moins, la troisième fois.
À la fin, ils auraient voulu entendre d’au-
tres mots, mais ainsi parlait Diego. Il avait
tenu jusqu’à la Coupe du monde 2010, jus-
qu’à la défaite face à l’Allemagne (0-4, en
quarts de finale). Le soir de la qualification
Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE
L’Équipe
pour l’Afrique du Sud, en Uruguay (1-0), il
avait lancé, sans que l’on sache exacte-
ment la part de la rébellion profonde et de
la vulgarité crasse : « À ceux qui n’ont pas
cru en nous, je demande pardon aux dames,
qu’ils me sucent et continuent à me sucer. »
Au fond, il avait prévenu depuis longtemps :
« Je suis noir ou blanc. Je ne serai jamais
gris. »
Aimer Diego Maradona, c’était accepter
toute sa gloire, et accepter qu’elle ne soit
pas divisible. Avec Diego, il fallait tout pren-
dre, les jours et les nuits, le génie et le mal,
l’innocence et l’attrait pour les ténèbres.
Alors, s’il fallait sortir cinq images de lui
pour les emporter avec soi pour les nuits de
nostalgie, ce serait : Diego à 12 ans, annon-
çant à la télé que son rêve était de jouer pour
l’Argentine et de gagner la Coupe du
monde ; Diego chantant la chanson de
Diego, ses filles avec lui sur la scène, dans le
film d’Emir Kusturica (*) ; Diego jonglant à
l’échauffement pendant la Coupe du monde
1990, lançant le ballon jusque dans le ciel de
Naples, le caressant, le cajolant, pendant
que le reste de l’équipe argentine s’échauf-
fait et s’apprêtait à faire ce qu’elle avait tou-
jours fait, courir pour lui ; Diego contre l’An-
gleterre, en 1986, la main de Dieu puis le but
du génie, pour l’éternité ; les traces du pas-
sage de Diego sur la terre et à Naples, trente
ans après qu’il eut transfiguré la ville, ces
murs recouverts, au détour des ruelles, de
ces peintures un peu passées, devenues
comme les traces d’un Saint-Suaire et rap-
pelant l’apparition. Diego était une foi. É
(*) Maradona, tout simplement.
Diego Maradona
en 1992 avec
deux de ses
filles dans une
chambre d’hôtel
à Séville,
en Espagne.
Marca/Icon Sport
Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE
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l’hommage DISPARITION

réactions
Lionel Messi, attaquant
international argentin
du FC Barcelone, sur Instagram :
« Une journée très triste pour tous les
Argentins et pour le football. Il nous
laisse mais ne part pas, parce que Diego
est éternel. Je garde tous les bons
moments vécus avec lui et j’en profite
pour transmettre mes condoléances à
toute sa famille et ses amis. Repose
en paix. »

Gary Lineker, ancien attaquant

international anglais, buteur lors
du quart de finale de la Coupe du
monde 1986, sur Twitter : « De loin,
le meilleur joueur de ma génération
et sans doute le plus grand de tous
les temps. Après une vie bénie mais
troublée, j’espère qu’il trouvera enfin un
peu de réconfort entre les mains de
Dieu. »

Cristiano Ronaldo, attaquant

international portugais de la
Juventus Turin, sur Twitter :
« Aujourd’hui, je dis au revoir à un ami
et le monde dit au revoir à un génie
éternel. L’un des meilleurs à jamais.
Un magicien sans pareil. Il part trop tôt,
mais laisse un héritage sans limites et
un vide qui ne sera jamais comblé.
Repose en paix, crack. Tu ne seras
jamais oublié. »

Gabriel Calderon, ancien attaquant

international argentin du Paris-SG
(1987-1990), finaliste de la Coupe
du monde 1990, sur Twitter :
« Je t’aime Diego. Je ne te juge pas pour
ce que tu as fait de ta vie mais je t’aime
pour ce que tu as fait de la nôtre. »

Ronaldinho, ancien milieu offensif

international brésilien, sur
Twitter : « Mon ami, mon idole, mon
numéro 10, je te remercie pour chaque
moment passé en ta compagnie. Nos
conversations ont toujours été très
spéciales et je chérirai tous les
moments de joie passés ensemble sur
le terrain, où j'étais là pour t'admirer
et rendre hommage à ta grandeur. »

Alain Boghossian, champion du

monde 1998 avec la France et
ancien milieu de terrain de Naples,
sur la chaine L’Équipe : « Maradona
était encore très présent à Naples, il
hantait toutes les rues de la ville, son
effigie est dessinée sur quelques murs
et vous ne croisez pas un supporter qui
ne vous parle pas de lui. Il a fait rêver ce
peuple napolitain... c'était un amoureux
du football et de Naples. »

Juan Martin Del Potro, joueur de

tennis argentin, sur Twitter :
« J'ai l'impression que tu retournes à
l'endroit qui t'appartient. AU CIEL.
Pour moi tu ne mourras jamais.
Repose en paix. »
Diego Maradona en 1982 lors
d’un match amical à Buenos
Aires, en Argentine.
L’Équipe
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dispa rition
DIEGO MARADONA
Photos L’Équipe
Michel Platini
«C’était un enfant-roi»
Longtemps rival de Diego Maradona et de Naples quand il jouait à la Juve,
l’ancien meneur de jeu rend hommage au gaucher argentin et se souvient.
VINCENT DULUC
« Comment avez-vous reçu la nouvelle
de la disparition de Diego Maradona ?
C’est d’abord une très grande perte pour le
football, et une tristesse. Mais après tout ce
qui s’est passé ces dernières années, je m’y
attendais. Je m’étais préparé à entendre un
jour, à la radio, l’annonce de la disparition de
Diego Maradona. Quand tu le voyais parler,
ou se mouvoir difficilement, avec toutes les
caméras autour, tu savais que ce serait
compliqué, pour lui. Alors, tu te prépares à
la mauvaise nouvelle, mais ça te fait quel-
que chose quand arrive le jour, dans ton
cœur, dans ta tête. C’est difficile, parce qu’il
y a la nostalgie qui arrive, la mélancolie.
Quelques bons moments du passé revien-
nent, mais à travers un très mauvais mo-
ment.
Vous souvenez-vous de la première fois
où vous l’avez croisé, ou affronté ?
Ah oui, très bien. C’était à Buenos Aires, en
1979, à River Plate, dans un match Argenti-
ne-Reste du monde. Enzo Bearzot (ancien
sélectionneur italien) m’avait demandé de
venir jouer, parce qu’il voulait qu’il y ait un
Français dans l’équipe. J’étais en Martini-
que avec mon épouse, cela faisait deux
mois que je n’avais pas touché le ballon,
j’étais tout bronzé, et on avait gagné 2-1
l’émotion
contre l’Argentine. Il y avait eu un trophée, et
donc un tour d’honneur, mais comme on
avait battu les Argentins, le stade était vide,
tout le monde était parti ! Nelson Mandela
devait nous remettre la coupe, mais je ne
sais même pas si on n’est pas allés la cher-
cher tout seuls, finalement…
Et en face, donc, pour la première fois,
Maradona…
Oui, c’était Tardelli qui le marquait. Je l’ai
appelé tout à l’heure, je lui ai dit “Oh Marco,
tu te souviens ?” Eh oui, il se souvenait,
il avait essayé de le taper du début à la fin,
et il n’avait jamais réussi à l’attraper. Après,
bien sûr, j’ai suivi la suite de sa carrière,
à Barcelone d’abord, à Naples ensuite.
“Mon jubilé ? Diego était venu
de Paris, en voiture,
et avait joué une mi-temps
avec les chaussures
de Jean-Pierre Papin ,,
C’était un vrai feuilleton pour l’Italie
des années 1980, la Juve de Platini contre
le Naples de Maradona ?
Oui, mais des feuilletons, en Italie, il y en
avait tous les dimanches. Une fois c’était
Zico, une fois Platini, une fois Maradona. Le
mot le plus important pour la presse ita-
lienne, c’était “sfida”, le défi. Tous les di-
Diego Maradona, manches, il y avait ce mot à la une. Pendant
vénéré à Naples, que l’on jouait l’un contre l’autre, on se
et Michel Platini, adulé voyait deux fois dans l’année. Après, quand
à Turin, se sont livré je suis devenu dirigeant, on se voyait aux
en Italie, comme ici Coupes du monde et, quand on se croisait,
en décembre 1984, on s’embrassait. Mais tout le monde sait
des duels en haute qu’il n’aimait pas beaucoup certains diri-
altitude. geants…
La photo célèbre et incroyable de votre
jubilé, c’est Platini, Pelé et Maradona
et, sur le maillot de Diego, le slogan
“no drug”…
J’avais une fondation pour aider les toxico-
manes et c’est pour cela qu’il y avait ce
message sur le maillot. C’était l’Italien Tony
Damascelli qui m’avait aidé à organiser sa
venue, et Diego était venu de Paris, en voi-
ture, et avait joué une mi-temps avec les
chaussures de Jean-Pierre Papin. Alors,
je suis allé à mon tour à Buenos Aires pour
lui rendre hommage, à la Bombonera (le
stade de Boca Juniors), quand il a organisé
son jubilé, en 1997. Il était venu au mien, je
suis allé au sien, voilà. Je me souviens de
son discours, c’était émouvant. Mais, bien
sûr, j’étais resté dans la tribune, cette fois.
Quel regard portez-vous sur le joueur
Maradona ?
Il y a tellement de choses à dire… Mais j’ai
repensé à quelque chose, depuis que j’ai
appris la nouvelle : j’aurais bien aimé être
Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE
en forme, n’avoir pas joué blessé à la
Coupe du monde 1986, et qu’on règle
tout ça en finale, à Mexico. (Sourires.)
Cela aurait pu faire, un peu, Cruyff con-
tre Beckenbauer en 1974. C’est dom-
mage. J’étais champion d’Italie, cette
saison-là, et j’ai joué tous les matches
blessé. Diego, lui, était parti se préparer
très tôt.
Avez-vous été touché par ses descentes
aux enfers successives, au fil des années ?
Je pense qu’il a souffert, que c’était un
gamin mal entouré, écorché. Je ne lui en
veux pas de ses fautes, mais j’en veux à son
entourage. Tous les gens qui étaient autour
de lui en ont bien profité, et ne l’ont pas aidé
à s’en sortir. Mais il y a autre chose, aussi : il
est le produit d’un pays, l’Argentine, et d’une
ville, Naples, à qui il a donné de la fierté, et
qui lui ont tout permis en retour. Il est aussi
l’enfant d’une passion, d’une culture. Il était
l’enfant d’un pays où le football est roi, et
donc un enfant-roi. Je ne crois pas qu’il y
aura trois jours de deuil national, en France,
pour Zidane ou pour moi, quand on ne sera
plus là…
C’était quoi de jouer le dimanche
après-midi, à San Paolo, contre le Naples
de Diego Maradona ?
Tu arrivais la veille à l’aéroport de Naples, et
il y avait déjà 2000 personnes pour t’ac-
cueillir, si l’on peut dire. À 13 heures, le jour
du match, on quittait notre hôtel de Salerne
pour partir au stade, escortés par des cen-
taines et des centaines de vespas conduites
par des Napolitains qui te faisaient des bras
d’honneur et tout le reste. Ensuite, tu tra-
versais le centre de Naples, où les rues
étaient désertes, mais c’était parce que les
mamies étaient aux fenêtres pour te faire uu
 Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE
Pelé : « J’espère que
nous pourrons jouer
au ballon ensemble
dans le ciel »
Pelé, triple champion du monde avec le Brésil (1958,
.
1962, 1970), sur Twitter : « Quelle triste nouvelle.
J’ai perdu un grand ami et le monde a perdu une légende.
Il reste encore beaucoup à dire, mais pour le moment,
que Dieu donne de la force aux membres de sa famille.
Un jour, j’espère que nous pourrons jouer au ballon
ensemble dans le ciel. »
des gestes obscè-
nes. (Sourires.) Enfin, tu arrivais au
stade, il y avait 80 000 personnes, et là
uu c’était presque plus tranquille. Mais il y avait
du respect. Diego, par exemple, respectait
ses adversaires, il ne provoquait pas.
Au classement des grands joueurs de
l’histoire, quelle est sa place, à vos yeux ?
C’est compliqué. J’ai joué contre Mara-
dona, et il est évident qu’il a été l’un des plus
grands, mais j’adorais Cruyff. Pour moi,
Cruyff était le meilleur. Il y avait Pelé, mais je
ne l’ai pas vu jouer avant la Coupe du
monde 1970, et ce n’est plus un humain,
c’est autre chose. Si la rivalité Pelé-Mara-
dona a toujours existé, c’est aussi parce que
c’est la rivalité entre le Brésil et l’Argentine,
et que chacun des deux pays voulait avoir le
meilleur joueur de l’histoire.
Si Diego Maradona a touché autant
les gens, c’est aussi parce qu’il a vécu
une vie incroyable en marge du foot ?
Oui, il n’a pas eu qu’une vie de footballeur.
Le moindre de ses mots et de ses gestes a
fait le tour du monde. Et paradoxalement,
c’est pour cela que tout lui a été pardonné.
Parce que les gens ont compris qu’il n’a pas
été responsable de tout.
Il restera tout ce que savait faire Diego
Maradona avec le ballon…
Un jour, j’ai dit que ce que fait Zidane avec le
ballon, Maradona le faisait avec une
orange. Ce n’était pas pour critiquer “Zi-
zou”, évidemment, mais Diego pouvait faire
des choses fantastiques avec un ballon, il
aurait aussi pu être un jongleur de rue, c’est
comme cela qu’il avait grandi, et c’est un
peu comme cela qu’il a vécu, aussi.» É
7
l’émotion DISPARITION
Ronaldo Schemidt / AFP
L’Argentine dévastée
Sous le choc après l’annonce du décès de Diego Maradona,
hier, ses compatriotes ont commencé à lui rendre hommage.
DE NOTRE CORRESPONDANTE Puis, petit à petit, le choc laisse place à le corps de Maradona sera veillé lors d’une
ANAÏS DUBOIS une profonde tristesse. Pour beaucoup cérémonie de 48 heures qui se déroulera à
d’Argentins, «Diego» est un membre de la la Casa Rosada, le palais du gouverne-
BUENOS AIRES – « Le football argen- famille. On a sa photo dans la chambre ou ment. Rien de moins pour Diego.
tin est mort», lâche en direct le le salon, on fête son anniversaire comme En attendant, dès le milieu de l’après-
journaliste sportif Horacio Pa- celui d’un cousin. De Villa Fiorito, le quar- midi, les supporters tous maillots confon-
gani, la gorge nouée. Il est tier très précaire où il a grandi, à celui de La dus ont convergé vers la place de l’Obélis-
12h50 à Buenos Aires, hier, Boca, les habitants sont dévastés. L’émo- que, haut lieu de célébration des victoires
quand la nouvelle tombe. Diego Maradona tion est sans précédent. footballistiques. Ils ont décidé de rendre
est dans le coma à la suite d’un arrêt car- hommage à leur « D10S » en chantant
Le 23 mai 1988, dio-respiratoire. Douze minutes plus tard, Trois jours de deuil national comme ils le faisaient dans les tribunes.
Nancy a accueilli le « Pibe de oro » perdra la vie. Ni la pré- Au plus haut niveau du pays, les homma- C’était avant le Covid, il y a une éternité :
trois légendes du sence d’une demi-douzaine d’ambulan- ges commencent à pleuvoir. Le président « Quelle année de merde », souffle un sup-
jeu : Michel Platini, ces, au domicile où il se rétablissait d’une argentin Alberto Fernandez d’abord, puis porter de Boca Juniors au pied de l’obélis-
Pelé et Diego opération d’un hématome sous-dural su- Cristina Kirchner, l’ex-présidente pour la- que, les yeux remplis de larmes. Damian,
Maradona bie le 3 novembre, ni l’espoir des Argentins quelle Maradona avait toujours affiché son maillot de Gimnasia y Esgrima La Plata, le
(de gauche à droite), de le voir revenir des ténèbres une dernière soutien, envoie un « Hasta Siempre Diego » club où Maradona était entraîneur, regarde
à l’occasion du jubilé fois n’y pourront rien. Cette fois, après une (« Diego pour toujours »). Les journalistes ceux qui chantent, muré dans le silence.
du Français. vie de morts et de résurrections, «El Diez» soulignent qu’il est mort le même jour que «Je ne pouvais pas rester seul chez moi. J’ai
Hier, anticipant est parti, pour de bon. Fidel Castro (en 2016), rappelant que Diego suivi Maradona pendant trente ans, je vais
les trois jours de Une onde de choc traverse alors le pays. représente pour de nombreux Argentins l’accompagner jusqu’au bout.»
deuil national, Les téléphones portables vibrent partout. ce héros populaire qui s’est élevé contre les Un dispositif de sécurité impressionnant
les Argentins ont Sur les écrans, les journalistes s’effon- puissants, de la FIFA aux oligarques de son est déployé dans le centre de la capitale. On
célébré par milliers drent en direct. Les panneaux de signalisa- pays. sait que cela peut déborder à n’importe
la mémoire du tion de la capitale affichent dans l’après- Alberto Fernandez annonce même rapi- quel moment. Car « Diego représente tout,
champion du monde midi un « Gracias Diego » (« Merci Diego ») dement trois jours de deuil national et sus- poursuit Damian. Absolument tout. Per-
1986 (ci-dessus, qui résonne comme un cri unanime. pend toutes ses activités. Dès aujourd’hui, sonne ne nous donnera ce qu’il nous a ap-
à droite) ou exprimé porté comme joies ». Pas même Messi ?
leur tristesse aux « Messi ne lui noue même pas les lacets »,
abords de la maison lance-t-il, sans demi-mesure, avant de
de la star s’effondrer. « Maradona est l’auteur d’un
(ci-contre). moment unique dans l’histoire du pays, un
moment qui ne se reproduira pas : gagner
une Coupe du monde en battant les Anglais
en quarts de finale au Mexique et en inscri-
vant le plus beau but de l’histoire, rappelle
celui qui a commenté ce but en direct, Vic-
tor Hugo Morales. Je crois que c’est le mo-
ment le plus parfait de toute l’histoire de l’Ar-
gentine. Il n’y a pas eu un seul Argentin qui
n’ait pas été heureux et qui n’ait pas fêté ce
but du plus profond de son âme.»
Ce 25 novembre 2020, comme ce jour de
1986 contre les Anglais, Maradona unit
Marcos Brindicci/AP
tout un peuple, au-delà de ses différences.
Oublié le côté sombre de leur héros. Les
supporters chanteront jusqu’au bout de la
nuit avec, en tête, l’image du sourire rayon-
nant du pibe de Villa Fiorito.
 8
le génie
Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE
dispa rition
DIEGO MARADONA

Il a gagné dans tous les pays où il a joué

En sélection
1 Coupe du monde (1986)
En clubs

34 buts
(principaux titres)
91 sélections (1977-1994) 1 Championnat d’Argentine (Boca Juniors, 1981)
2 Championnats d’Italie (Naples, 1987, 1990)
1 Coupe de l’UEFA (Naples, 1989)
1 Coupe d’Italie (Naples, 1987)
1 Coupe du Roi (ESP, FC Barcelone, 1983)
1 Coupe de la Ligue espagnole (FC Barcelone, 1983)

dont 8 buts en Coupe du monde

4 phases finales de Coupe du monde :

1982, 1986, 1990, 1994
Carrière en clubs
1976-1981 Argentinos Juniors (ARG) : 167 matches 116 buts

1981-1982 Boca Juniors (ARG) : 40 matches 28 buts

1982-1984 FC Barcelone (ESP) : 58 matches 38 buts

1984-1991 Naples (ITA) : 259 matches 115 buts

1992-1993 Séville FC (ESP) : 26 matches 5 buts

1993-1995 Newell's Old Boys (ARG) : 5 matches O but

Robert Legros/L’Équipe

1995-1997 Boca Juniors (ARG) : 31 matches 7 buts

PLUS QU’UN JOUEUR

Tout là-haut, au sommet de l’histoire du jeu, il y a Pelé, Cruyff, Di Stefano, Platini, Zidane, Messi,
Cristiano Ronaldo. Et Maradona, à qui beaucoup voudraient offrir la couronne, malgré les épines.
VINCENT DULUC Il existe autant de réponses qu’il y a de alors d’un attaquant, ou alors des deux, ou accélérations souveraines, une envie de
questions. Il n’était peut-être pas le plus encore d’un joueur libre. Un gaucher de gagner aussi démesurée que son orgueil.
Est-ce que le plus grand est celui qui fait grand, mais il était le seul. Le seul en son petite taille (1,65m avec des crampons), Mais ce n’était pas le profil de Mara-
rêver ? Est-ce celui qui gagne, celui qui ne genre, trop grand pour sa propre vie. qui aimait caresser le ballon de l’extérieur dona qui comptait, c’était ce qu’il en fai-
heurte ni la morale ni les règles, celui qui du pied, dans le désintérêt de son pied sait. À l’entraînement, pas grand-chose,
dure sans artifice ou celui dont le génie Une technique folle, droit et de la plupart des autres surfaces : sinon les jours de rédemption qui lui ser-
même se consume sous nos yeux, chaque de la magie dans le pied gauche, dans son deuxième but mythique contre vaient à effacer les traces de ses nuits. Il
jour et chaque nuit ? Est-ce que la Coupe des accélérations souveraines l’Angleterre en 1986 (2-1 en quarts de fi- n’avait pas envie de courir tous les jours et
du monde est le seul juge de paix, le seul Cela n’aide pas beaucoup à définir une nale), c’est bien de l’extérieur du droit qu’il des joueurs italiens diraient qu’ils
astre qui puisse départager les chasseurs place dans l’histoire d’un sport, mais c’est progresse à travers les lignes anglaises, l’avaient vu courir autant en un mois, en
d’étoiles? Est-ce que Diego Armando Ma- la nature des inclassables que d’échapper sur un fil dont il ne tombera qu’après avoir 1986 au Mexique, que depuis deux ans à
radona est le plus grand joueur de l’his- aux cases. Le profil du joueur Diego Mara- marqué. Son registre ? Une technique Naples. Mais les autres joueurs de ses
toire? dona était celui d’un meneur de jeu, ou folle, de la magie dans le pied gauche, des équipes couraient, et lui, il les faisait ga- uu
 Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE
9
le génie DISPARITION

Le plus précoce
des plus grands
Âge lors de la première
sélection internationale
1 - Maradona (ARG), 16 ans, 3 mois et 28 jours

2 - Pelé (BRE), 16 ans, 8 mois et 14 jours

3 - Messi (ARG), 18 ans, 1 mois et 24 jours

4 - C. Ronaldo (POR), 18 ans, 6 mois et 15 jours

5 - Cruyff (HOL), 19 ans, 4 mois et 13 jours

6 - Platini (FRA), 20 ans, 9 mois et 6 jours

Au pied du podium mondial

Plus grand nombre de matches joués en Coupe du monde
7 - Zidane (FRA), 22 ans, 1 mois et 24 jours
1 - Matthäus (ALL) 25
Messi loin devant
2 - Klose (ALL) 24 23 3 - P. Maldini (ITA) Meilleurs buteurs de l'histoire de l'Argentine
1 - Messi 3 - Agüero
42
71
(142 sélections) (97)

21 2 - Batistuta
4 - Crespo
(64) 35
4 - Maradona (ARG), Zmuda (POL), Seeler (ALL)
(78)
56 5 - Maradona
34
(91)

uu gner. Sa trace unique et majeure se situe
là, dans sa capacité à transcender le des-
tin d’équipes presque ordinaires. Naples,
c’est vrai, était un peu moins ordinaire sur
la fin, quand Careca et Alemao étaient ar-
rivés, mais lors du premier Scudetto, en
1987, Diego avait donné vie à une équipe
qui n’aurait jamais connu la gloire sans lui.
Il fallait bien que chaque geste compte,
dans une saison à 41 buts en 30 matches
pour le champion, dont 10 pour Mara-
dona.
Il a transformé
le destin commun
de ses équipes
La trace de l’Argentin, c’est, donc, ce qu’il a
fait pour Naples, qui n’a jamais été cham-
pion avant lui ni après lui. C’est aussi et
surtout, bien sûr, ce qu’il a fait pour la sé-
lection argentine. La Coupe du monde,
presque toujours, définit les joueurs lé-
gendaires. Pelé restera le Roi parce qu’il
en a gagné trois, même s’il n’avait quasi-
ment pas joué lors de la deuxième, blessé.
Cruyff restera un héros romantique
d’avoir perdu la finale 1974 (1-2, contre la
RFA). Messi, le joueur le plus fort que le
monde ait jamais vu jouer tous les trois
jours, se verra éternellement opposer son
incapacité à offrir une Coupe du monde à
l’Argentine, alors que son équipe, finaliste
en 2014, notamment, était largement su-
périeure à celles de Diego, en 1986 et
1990.
Les limites des comparaisons, évidem-
ment, sont celles des générations et de
l’image. Les images de Pelé sont plus ra-
res. Celles qui ont résisté au temps sont
fascinantes et expliquent l’aura du Roi,
même si Pelé ne se montrait vraiment au
monde que tous les quatre ans ; dans les
intervalles des saisons brésiliennes qu’il
dominait de toute sa grâce et de tout son
génie, il venait en Europe en tournée cou-
rir le cachet.
La légende de Maradona, et sa position
dans la hiérarchie des grands du jeu, re-
pose sur la manière dont, dans chacune
de ses équipes, à Naples comme avec
34e minute de jeu, l’Argentine, il a transformé le destin com-
le 5 juin 1986, mun. Il y a peu d’exemples, dans une
à Puebla : d’une volée phase finale, sinon celui de Michel Platini
du pied gauche, Diego à l’Euro 1984 (9 buts en 5 matches), d’un
Maradona permet impact personnel aussi fort que celui de
à l’Argentine d’égaliser Diego : en 1986, au Mexique, il avait Val-
face à l’Italie dano et Burruchaga avec lui, et une ar-
de Gaetano Scirea (1-1), mée de joueurs ordinaires qu’il sublimait
lors de la deuxième et qui le vénéraient ; en 1990, en Italie, il
journée de la phase avait besoin de la vitesse de Caniggia (sus-
de groupes. pendu en finale), et un peu du pied gauche
de Calderon, pour n’être pas complète-
ment livré à lui-même.
La place même de Diego
Maradona dans la légende tient
à ses excès et à sa manière
d’avoir résisté à ses démons
Au moment d’évaluer sa place dans l’his-
toire, il faut évidemment considérer toute
l’histoire. Garder la part de la lumière,
mais en se souvenant de l’ombre, des ru-
meurs et des secrets qui auront entouré
ses rédemptions successives, sans ou-
blier, pour être complet, la question de
l’impact d’une consommation effrénée de
cocaïne sur le rendement d’un sportif de
haut niveau. Mais même ce débat, justifié,
est difficile à tenir, parce que la place
même de Diego Maradona dans la lé-
gende tient à ses excès et à sa manière
d’avoir résisté à ses démons, parfois, et de
leur avoir cédé, le plus souvent. Faut-il ju-
ger l’apothéose de 1986 et le miracle de la
finale 1990 à la lumière de 1994, de son re-
tour improbable et de son contrôle antido-
page positif ? Faut-il examiner sa trace au
sommet en mesurant sa chute ?
C’est une contradiction impossible à
trancher une fois pour toutes. Il est plus
grand que ses accomplissements parce
qu’il était plus qu’un joueur, mais ses ex-
cès même rendent sa trace de joueur dif-
ficile à évaluer exactement. Il n’était peut-
être pas le plus grand, c’est possible,
même si le doute peut lui profiter autant
qu’aux deux ou trois autres qui, seuls, ha-
bitent sur son palier. Mais il était le dernier
héros, et ceux qui tenteront de le rejoindre
ne seront que des joueurs. É
 10 dispa rition
DIEGO MARADONA
Du plomb à l’or
L’aîné des trois frères Maradona s’est construit
balle au pied sur les terrains vagues d’un bidonville.
Et il a vite compris que l’avenir de sa famille
allait dépendre de son talent.
CHRISTOPHE LARCHER
L’enfant a un buste musclé, des jambes vi-
goureuses et un visage tranquille. Un re-
gard vide aussi. « C’est mon neveu. Avant,
c’était un petit plein de vie. Mais, à force de re-
nifler de la colle, il s’est grillé les neurones »,
se lamente « El Goyo » Carrizo, quadra
édenté, cheveux épars, mauvaise cicatrice
au genou. À Villa Fiorito, les dealers sévis-
sent à ciel ouvert. Rues défoncées, fossés
débordant d’ordures, planches, parpaings
et tôles de récupération consolident à peine
les façades des logements. Ici, comme
dans toutes les villas (1) qui ceinturent Bue-
nos Aires, s’amassent les Argentins les
plus indigents et les miséreux venus de Bo-
livie, du Pérou et du Paraguay. Jusqu’en
1976 et au déménagement vers le centre-
ville, la famille Maradona a vécu rue Aza-
mor, dans un trois-pièces décrépi, sans eau
courante, au plafond poreux et au garde-
manger minimal.
Toute son enfance, avant que la gloire ne
transcende sa vie, Diego Maradona a
écumé les potreros (2) de Fiorito. L’aîné des
trois garçons régnait sur la terre bosselée
avec El Goyo pour partenaire favori. « Nous
passions nos journées un ballon au pied.
Nous étions inconscients. Aujourd’hui, les
gosses ne jouent plus trop au foot. Trop de
drogue, trop de misère… »
À 8 ans, à son entrée chez les Cebollitas
(petits oignons) d’Argentinos Juniors, Diego
Maradona est pris pour un adolescent nain.
Sa maman, Doña Tota, doit présenter le
certificat de naissance pour lever l’ambi-
guïté. Deux ans plus tard, à peine plus
grand, toujours aussi trapu et le regard en
fuite, il est le roi du malabar (« jonglage ») à
la mi-temps de matches de Première Divi-
sion. Sa virtuosité inédite lui vaut les bravos
de la foule médusée par la magie de son
pied gauche.
En 1971, le diablotin de Villa Fiorito est
l’invité de Sabados Circulares, une émis-
sion télé très suivie. Interrogé après une sé-
rie d’astuces avec le ballon, il répond que
son rêve est « de jouer en Première Division,
d’être retenu en sélection et de remporter la
Coupe du monde ». Un article sort la même
Alain de Martignac/L’Équipe
l’enfant prodige
année dans le quotidien Clarín. « C’est le dé-
but du phénomène Maradona, relate Lean-
dro Zanoni, journaliste argentin et spécia-
liste des médias. Deux ans plus tard, le grand
magazine El Gráfico consacre deux pages
aux jeunes d’Argentinos Juniors avec Diego
en vedette. Il a 12 ans, c’est unique ! Dès lors,
tous les journaux suivront de près sa progres-
sion fulgurante jusqu’en équipe première
d’Argentinos. Depuis, Maradona n’a jamais
quitté la une. »
Le vieux monsieur qui ouvre la porte de
son appartement du quartier Constitución
a accompagné la métamorphose de l’en-
fant Maradona. Au mur, une photo avec un
message – « Avec mon affection et ma recon-
naissance » – et une signature – « Diego ».
Employé de banque toute sa carrière, Fran-
cisco Cornejo s’est occupé pendant trente-
cinq ans des jeunes d’Argentinos Juniors. Il
est considéré comme le découvreur du fu-
tur champion du monde. « Je l’ai entraîné
pendant sept ans. Au bout de quelques mois,
j’étais convaincu qu’il avait un destin unique.
Au début, il était d’une grande pureté. Ensuite,
il a été happé par la gloire. »
“À 15 ans, comme il gagnait pas
,,
mal d’argent, Diego est devenu
comme un père très jeune
RAÚL « LALO » MARADONA, FRÈRE CADET
Dès la préadolescence, les premiers mé-
faits de la notoriété se cristallisent dans le
regard des parents de ses adversaires. Ul-
cérés qu’un gosse chétif au teint mat venu
des bas-fonds puisse surpasser leurs en-
fants. « Diego subissait l’envie des autres, se
souvient Francisco Cornejo. De la touche, on
l’insultait :“! Negrito ! Tuez le !” Des trucs in-
fects… Sur le terrain, il était déjà soumis à la
violence, mais il encaissait et répondait par
des gestes de folie, sans cesse axé sur le jeu.
Le football l’a transformé intérieurement, en a
fait un gagnant naturel, aussi bien à 12 ans
pour un soda qu’à 25 ans pour la Coupe du
monde.»
Pendant des années,le formateur d’Ar-
gentinos Juniors est le papa bis de Diego
Maradona, substitut à un géniteur, Don
Diego, debout chaque matin à 5 heures
pour aller à l’usine, homme peu cultivé, ne
Cet article
a été publié pour
la première fois
dans le magazine
« L’Équipe »,
le 29 janvier 2005.
16
L’âge du prodige
lorsqu’il marque son
premier but en
Première Division
avec Argentinos
Juniors.
Ce 14 novembre 1976,
il inscrit même un doublé
contre San Lorenzo.
Roi du jonglage, le virtuose, ici à l’entraînement avec son club d’Argentinos Juniors en 1976,
a rapidement conquis le cœur de ses compatriotes.
manquant ni d’affection ni de rigueur, juste
de présence. Alors, jusqu’au passage de
son fils en équipe première d’Argentinos
Juniors, en 1976, Francisco Cornejo prend
le relais : « Un génie, il faut juste faire atten-
tion à lui. C’est ce que j’ai fait. »
À l’époque des premiers émois suscités
par son protégé, Francisco Cornejo pré-
vient la mère de l’enfant, Doña Tota, femme
écrasée par les tâches ménagères et l’ab-
La maison natale sence de perspectives pour sa progéniture.
de Diego Maradona, « Ce garçon va vous sauver…
dans un bidonville — Que Dieu vous entende ! »
de Buenos Aires. À peine pubère, Diego Maradona saisit la
responsabilité qui lui incombe. Il voit ses
conditions de vie, son père s’échiner après
sa journée de labeur pour l’accompagner
s’entraîner avec Argentinos Juniors à La
Paternal, lointain quartier de Buenos Aires.
Le trajet prend des heures. Il faut passer
d’un bus à l’autre. Ce rythme harassant
cesse peu avant le seizième anniversaire du
phénomène. Le club lui octroie un apparte-
ment de trois chambres près du stade.
Adieu la cahute de Fiorito et son sol en terre
battue, la famille, soit neuf personnes, em-
ménage dans un logement sans luxe mais
fonctionnel. Maradona prend conscience
que le bien-être des siens dépend à jamais
de lui.« À 15 ans, comme il gagnait pas mal
d’argent, Diego est devenu comme un père
très jeune. Il a rendu notre quotidien plus con-
fortable », se remémore Raúl « Lalo » Ma-
radona, frère cadet de six ans. Un poste de
télévision sera le premier achat.
Compagnon en sélections de jeunes et
Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE
JC Buguin/Icon Sport
en équipe d’Argentine, Juan Barbas a sou-
vent partagé la chambre d’El Diez (le dix).
Comme lui, il vient d’une villa sinistrée, par-
tageant l’espoir de s’extirper de la misère.
«Sauf que, chez Diego, ce sentiment était dé-
cuplé. Il était en colère quand on disait du mal
de son quartier. Il exécrait ceux qui racon-
taient que les enfants de la villa étaient tous
crasseux, ignorants et inutiles. Il voulait deve-
nir le symbole de cette population d’exclus.
C’est pour ça qu’il n’était jamais malade. Et,
s’il était blessé, il jouait quand même ! »
Nourri par cette fureur qui ne le quittera
plus, Diego Maradona mue. Francisco Cor-
nejo, cantonné aux équipes de jeunes, n’est
plus là pour le contenir, et sa personnalité
prend des contours plus acérés. « Vers
17-18 ans, l’ado gai et gentil est devenu plus
coriace, explique Abelardo Carabelli, ex-Ce-
bollita devenu champion du monde juniors
en 1979 avec le duo Maradona-Barbas. Il
acceptait mal les avis contradictoires. Il fallait
dire oui sans poser de questions sinon tu dé-
gageais ! Il devenait un centre d’intérêt natio-
nal, faisait vivre sa famille. Il avait rencontré sa
future femme, avait affaire à des adultes en
costume au langage et aux principes inédits
pour lui… Déjà, il ne pouvait plus dîner au resto
sans être assailli ! Je n’ose pas imaginer com-
ment ça devait se bousculer dans son cer-
veau. » É
(1) À prononcer « vi-ja », à l’argentine, c’est le
mot local pour bidonville. Ses habitants sont
les villeros.
(2) Potrero : terrain vague.
 la cicatrice 11
Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE
dispa rition
diego maradona

Quand diego a croisé « goiko »

Le passage de Maradona au Barça restera marqué par la grave blessure infligée par le Basque
Andoni Goikoetxea, en 1983, et par une bagarre générale lors de leurs retrouvailles 7 mois plus tard.
anToine maUmon de LongeViaLLe
Pour les médias européens, il est rapide-
ment devenu «le Boucher de Bilbao». Pour
le Times, Andoni Goikoetxea méritait même
en 2007 le titre de « joueur le plus violent de
l’histoire ». Évoquer les deux années que
Diego Maradona a passées à Barcelone, où
il a débarqué en provenance de Boca Ju-
niors, c’est rappeler qu’il y a inscrit 38 buts
en 58 matches et remporté trois trophées
(une Coupe du Roi, une Coupe de la Ligue et
une Supercoupe d’Espagne). C’est surtout
parler de l’ancien défenseur de l’Athletic
Bilbao et se replonger dans deux soirées
qui surprendront ceux qui en découvriront
les images : celle du 24 septembre 1983, où
apparaît une première fois la figure d’An-
doni Goikoetxea, et celle de la finale de la
Coupe du Roi qui opposera également le
Barça à l’Athletic, le 5 mai 1984.
Maradona a 22 ans à l’orée de sa deu-
xième saison avec le Barça. Sa première
année a été tronquée par une hépatite qui
l’a éloigné des terrains trois mois. Sa se-
conde sera gâchée par cette soirée de sep-
tembre 1983. Quatrième journée de
Championnat, les Catalans mènent 2 buts
à 0 face à Bilbao, le champion en titre,
quand le destin de Maradona rencontre ce-
lui de Goikoetxea, ou plutôt quand la jambe
gauche du Basque traverse la cheville gau-
gentin), mais c’est arrivé juste après un tacle
de Schuster qui n’a pas été sifflé. J’étais plus
chaud que d’habitude. J’ai pris un risque ex-
cessif, mais il n’y avait pas de méchanceté.»
Le tacle est pourtant terrible. Le numéro
10 se fait évacuer sur une civière. Sa cheville
gauche est cassée, les ligaments arrachés.
L’arbitre consent à sortir un carton jaune.
Pas plus. « Pour comprendre toute l’histoire, il
faut resituer les choses dans leur contexte »,
estimait Andoni Zubizarreta dans El Pais, qui
avait retracé cette soirée en 2008, 25 ans
après les événements. L’ancien directeur
sportif de l’OM gardait le but de Bilbao ce
soir-là: «Deux années avant, Schuster s’était
blessé sur un tacle de Goiko. À cela s’ajoutait la
rivalité avec Barcelone, l’hégémonie du foot
basque (la Real Sociedad et l’Athletic avait
remporté les 3 précédents Championnats),
ce que le foot pouvait comporter de revendica-
tion à cette époque-là, qui était celle des pre-
mières de la démocratie en Espagne, où les
tensions politiques étaient très fortes. Tout a
fini par se mélanger.»
Le lundi qui suit, Goikoetxea passe de-
vant la commission de discipline, devant la-
quelle il fond en larmes. Deux jours plus
tard, la sanction n’est pas encore tombée
que le défenseur est porté en triomphe par
ses coéquipiers à l’issue d’un match de
Coupe des clubs champions, face à Poznan.
San Mamés l’acclame. La commission des

DR
che de l’Argentin. compétitions attend un quart d’heure après

,,
“ C’était une intervention
un peu dingue
andoni Goikoetxea
«C’était une intervention un peu dingue, je ne
suis pas venu par hasard », dira plus tard le
défenseur basque. Vu le passif du joueur, on
veut bien le croire. Lors de sa première sai-
son en Espagne, Maradona a déjà pu goûter
à la permissivité des arbitres de l’époque et
à la dureté de ce qu’est alors le jeu espa-
gnol. Mais face à lui se trouve un client qui a
coûté un genou à Bernd Schuster, dont la
saison 1981-1982 avait pris fin un soir de dé-
cembre où il avait croisé « Goiko ». Schuster
est devenu le coéquipier de Maradona. Ce
match est aussi l’occasion pour l’Allemand
de retrouver son ancien bourreau. Ce der-
nier: «J’aurais pu l’éviter (en parlant de l’Ar-
Angel Ruiz azua/Pics United/Presse Sports
la fin de la rencontre pour rendre son ver-
dict. C’est qu’on veut protéger le président
de la Fédération, présent au stade, la sus-
pension étant de dix-huit matches…
Les coups pleuvent,
la cohue est totale
Elle sera ramenée à six en appel. Mara-
dona se voit prédire six mois d’absence. Il
revient au bout de trois mois et demi. Le
8 janvier 1984, face au Séville FC (3-1), il
plante un doublé pour son retour. Son
Barça terminera troisième de Liga, Bilbao
est de nouveau sacré. Mais les deux équi-
pes se retrouvent pour la revanche, le
5 mai, en finale de la Coupe du Roi.
«Si ce n’est pas le Barça qui gagne, je pré-
férerais que la Coupe aille au Real, parce que
je suis un amoureux du football», glisse Ma-
Le dernier match de radona dans les jours qui précèdent le
Diego Maradona avec choc. « Je ne peux pas répondre de ce qui
le Barça, lors de la peut se passer s’il continue à faire de telles
finale de la Coupe du déclarations», répond Pedro Aurtenetxe, le
Roi 1984 perdue président de l’Athletic.
contre Bilbao (0-1), Les Basques l’emportent 1-0, au terme
se terminera par une d’un match du calibre du PSG-OM de dé-
bagarre générale. cembre 1992. Sept avertissements sont
donnés pour jeu violent. Maradona passe la
soirée le nez dans le gazon. Au coup de sifflet
final, le jeu laisse place au combat de rue.
Les coups pleuvent, la cohue est totale, Ma-
radona est survolté. Genou, pied, poing, tout
y est. Et devant Juan Carlos, le Roi… Cette
fois, tous les protagonistes (six joueurs, dont
l’Argentin et Goiko) en prendront pour
trois mois de suspension. Maradona est
transféré dans la foulée à Naples.
«On s’est revus quand il est revenu jouer à
Bilbao avec Séville, a révélé Goikoetxea l’an-
née passée. J’avais appelé l’intendant de
l’équipe parce que je voulais le saluer. On est
restés une demi-heure à parler dans son hô-
tel autour d’un café. » L’ancien défenseur a
conservé la paire de chaussures avec la-
quelle il avait fauché le génie argentin. Il
l’avait réutilisée quatre jours plus tard,
quand il avait été ovationné par tout un
stade, avant de les mettre dans une boîte
en cristal, qu’il garde précieusement. «Ce
n’est pas un trophée de chasse, s’était justifié
le Basque dans le quotidien El Pais. Je les
garde parce qu’elles symbolisent d’un côté le
harcèlement que j’ai subi avec la blessure de
Diego. De l’autre, l’émotion de mon hommage
à San Mamés. Pour moi, elles montrent les
côtés pile et face du football, sa dualité.» Ma-
radona n’aurait pas dit mieux. É

Julian Martin/EFE/SIPA

Le tacle d’Andoni Goikoetxea qui blessa gravement Maradona, le 24 septembre 1983. Diego Maradona reçoit les journalistes chez lui, quelques semaines après sa blessure.
 12 dispa rition
le chef-d’œuvre
Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE

DIEGO MARADONA

Le plus beau
tango du monde
Diego Maradona avait survolé la Coupe du monde 1986,
au Mexique, qu’il a gagnée à lui tout seul, ou presque.

« La main de Dieu »,
en quarts de finale
du Mondial 1986,
contre l'Angleterre
(2-1).

Le parcours
André Lecoq//L’Équipe

YOHANN HAUTBOIS
Dans les locaux décatis du Club America, à
un kilomètre du stade Azteca de Mexico, où
sera sacrée quelques jours plus tard l’Ar-
gentine, Diego Maradona, bravache, manie
l’humour potache devant les caméras. Hé-
bergé avec la sélection argentine par le club
mexicain, le meneur de jeu de Naples pré-
sente sa chambre de caserne, de mecs, qu’il
partage avec un autre «Italien», l’attaquant
de Lecce, Pedro Pasculli. Sur les murs de
brique rouge, des nanas dénudées, un por-
trait de Valeria Lynch, une actrice du pays, un
sphérique, notamment un énorme ballon
représentant la Terre, dans un remake du
Dictateur, de Chaplin, sans effets spéciaux.
Il s’amusait tout seul, en attendant de se
jouer de ses adversaires, et renouait avec
l’insouciance de son enfance quand, à dix
ans à peine, face caméra et tout dépenaillé,
il avait confié : «J’ai deux rêves, le premier est
de jouer le Mondial, le deuxième est de le ga-
gner.» Un mois plus tard, il le réalisera sous
les yeux des supporters locaux qui disaient
leur soutien et leurs regrets dans le stade:
« Maradona, pourquoi n’es-tu pas né au
Mexique?»
de l’Argentine
Coupe du monde 1986
phase de groupes
Argentine 3-1 Corée du Sud
Italie 1-1 Argentine
avant le Mondial faisaient du sélectionneur
une cible vivante auprès d’une opinion nos- Argentine 2-0 Bulgarie
talgique de César Luis Menotti, qui avait of- huitièmes de finale
fert à l’Argentine en 1978 sa première Argentine 1-0 Uruguay
Coupe du monde sans « El Pibe de Oro »
(«le gamin en or»), pourtant déjà une perle. quarts de finale
Maradona avait d’ailleurs douloureuse- Argentine 2-1 Angleterre
ment vécu son éviction. Dans l’esprit du jeu, demi-finales
dans la philosophie, il était pourtant plutôt
Argentine 2-0 Belgique
un «menottiste» qu’un «bilardiste», mais il
avait compris que ses rêves passaient par finale
un pragmatisme, une mesure, qu’on ne lui RFA 2-3 Argentine
connaîtra plus beaucoup ensuite: «Bilardo
m’a fait grandir, tonna-t-il au Mexique. Écri-

Polaroid de Claudia, sa future femme, et une
icône de la Sainte-Vierge.
En chef de bande léger et charismati-
que, entouré de son père et de son beau-
père, tous les deux responsables d’entre-
tenir les asados (des grillades typiques
d’Argentine) et de poser les pichets de vin
sur les nappes vichy, Diego est heureux.
Tous les soirs, il a la «Tota», sa maman, au
téléphone, et tous les soirs, il pleure. Pour-
tant, au Mexique, il a vécu «un moment ma-
gique» et si la diététique n’était pas la prio-
rité du groupe, l’Argentin, depuis quelques
semaines, avait mis tous les atouts de son
côté, comme il le confia des années plus
tard : « La drogue diminuait mes moyens
physiques mais, à l’époque, quand je m’en-
traînais fort pour le Mondial, je ne me dro-
guais pas.»
À l’entraînement, virtuose, il amusait la
galerie, jonglait avec tout ce qu’il trouvait de
,,
“Aucun de nous n’a la magie
du jeu de Maradona
MICHEL PLATINI,
CAPITAINE DE L’ÉQUIPE DE FRANCE, AU MONDIAL 1986
Si, justement, il y est né en cet été 1986,
même si les médias argentins, les suppor-
ters, sur cette édition mexicaine en tout cas,
n’y croyaient pas. Un coup d’œil sur la liste
des joueurs retenus par Carlos Bilardo suf-
fit à leur donner raison. Parmi les « étran-
gers», il y avait bien Jorge Valdano qui évo-
luait au Real Madrid mais, à 30 ans, il
déclinait comme Daniel Passarella (33 ans,
Fiorentina), seul rescapé du sacre de 1978
et capitaine destitué au profit de Diego.
Jorge Burruchaga portait le maillot nantais
et la plupart des autres joueurs évoluaient
au pays (River Plate, Boca Juniors) ou dans
des clubs européens secondaires (Lecce,
Elche). La médiocrité des résultats et du jeu
5
vez que je suis devenu le fils adoptif de Bi-
lardo.»
Avec l’Albiceleste, il était arrivé dès le
6 mai sur place et, s’il avait finalement ac-
cepté de ne pas se faire opérer d’un genou
en mars, il avait bien levé le pied au prin-
temps avec son club, tout de même troi- Diego Maradona
sième de Serie A. Lui avait fini meilleur bu- a marqué cinq buts
teur, n’avait jamais semblé aussi fort et s’il et délivré cinq
était encore un « roi sans couronne », passes décisives
comme le titra L’Équipe en début de compé- lors de la Coupe
tition, il fascinait jusqu’à ses contempo- du monde 1986.
rains, dont Michel Platini : « Aucun de nous Seul l’Anglais Gary
n’a la magie du jeu de Maradona». À 25 ans, Lineker a marqué
son heure était venue et il l’avait compris : davantage (6) lors
« Si c’est le Mondial de Maradona, ce sera le de ce Mondial. L’Argentin
Mondial de l’Argentine.» a par ailleurs été désigné
Pendant un mois, «Pelusa» (*) présenta meilleur joueur
tout un tas de tours et de passe-passe à des du tournoi.
adversaires dépassés, des soldats désarti-
culés, démembrés, mis au sol par une uu

« Le but 22quartjuinde1986, stade Azteca de Mexico

finale de la Coupe du monde.
Argentine 2
Angleterre 1
Butcher Maradona
du siècle »
Une frappe. 6 3 Unpourcrochet
éliminer
2 Quatre touches Reid Hoddle
pour conduire
4 Deux touches de balle l’adversaire. son ballon. 1 Dans son camp, 3 touches
(55 ) e Shilton 5 Unsurdribble Fenwick pour enrhumer le défenseur. de balle pour éliminer
deux Anglais et passer
But du 2-0 le gardien.
60 m balle au pied la ligne médiane.
12 touches de balle
10 secondes de génie
5 joueurs éliminés
Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE
Diego Maradona brandit le trophée de la Coupe du monde, après la victoire en finale
de l'Argentine face à la RFA (République fédérale d'Allemagne), le 29 juin 1986 (3-2).
uu feinte, un crochet. Ils le prirent à deux, à
trois, en zone, en individuel, lui tirèrent le
maillot, tapèrent les chevilles, les mollets…
Ils s’excusèrent tous, ils n’avaient pas le
choix. Aucune des sept équipes rencon-
trées par l’Argentine n’aurait dû terminer à
onze son match. En ouverture du Mondial,
le match contre les Sud-Coréens (3-1)
n’aurait même pas dû aller à son terme :
matraqué, balancé, découpé, Diego aurait
pu être à l’origine de trois expulsions au
moins. Il délivra finalement 3 passes décisi-
ves, fut impliqué sur 73 actions et toucha
218 ballons selon les comptes de l’envoyé
spécial de L’Équipe, Gérard Ernault, qui avait
souligné « son outrance dans le dribble ».
Jacques Thibert, son collègue, l’avait com-
paré à un gladiateur : « On se croirait dans
une arène romaine avec un chrétien livré à la
sauvagerie des lions.»
“Un pareil phénomène
,,
dans une équipe, c’est quasiment
un don du ciel
CARLOS BILARDO,
SÉLECTIONNEUR DE L’ARGENTINE ENTRE 1983 ET 1990
Sur les pelouses rêches du Mexique, avec
ses Puma King, la languette blanche rabat-
tue sur les lacets, il dansa sur le ventre des
Coréens, des Italiens, des Bulgares, des
Uruguayens, de tous. Contre l’Uruguay
(1-0), en huitièmes de finale, on lui avait pro-
mis le sang et les coups, lui s’attendait «à un
traitement spécial», mais il s’était dit «habi-
tué ». Sans broncher, il réalisa le meilleur
match de sa vie selon les journalistes de
L’Équipe («il récite son football comme jamais
peut-être il ne l’avait fait») qui lui attribuèrent
la note de 9/10 sans qu’il ait marqué ni fait
marquer. L’austère Bilardo dira: «Un pareil
phénomène dans une équipe, c’est quasi-
ment un don du ciel.»
Ses évitements, ses crochets, l’alter-
nance intérieur-extérieur du pied, presque
sur la pointe, l’identifiaient immédiatement
sur les images télévisées pourtant poisseu-
ses de l’époque. L’élasticité de son petit
corps trapu le rendait unique et la presse fi-
nit par tourner en rond pour résumer les
matches : « Diego et les autres », « Diego et
ses copains», «Diego et ses frères». France
Football, en bilan de la compétition, tenta un
«Le roi et ses sujets», mais Diego était bien
tout seul. Et quand tous les médias ten-
taient de personnaliser le sacre annoncé, il
s’en amusait : « Il n’y a qu’une merveille au
monde : Sophia Loren. » Parfois, il variait
dans sa galerie d’actrices fétiches et citait
aussi Raquel Welch.
“Venez nous voir jouer dimanche,
,,
vous verrez comme nous
le marquerons
BOBBY ROBSON, LE SÉLECTIONNEUR ANGLAIS,
AVANT LE QUART DE FINALE FACE À L’ARGENTINE
La merveille de Mexico, pourtant, c’était
bien lui, et il ne connut aucune baisse de
Patrick Boutroux, Robert Legros, Jean-Claude Pichon/L’Équipe
tension, affichant une régularité phénomé-
nale: la moyenne de ses notes par L’Équipe
atteignit 7,64 en sept rencontres, dont deux
fois 9/10 (Uruguay et Angleterre) et un petit
6 contre l’Italie (malgré son but égalisateur),
sa note la plus basse. Il remporta égale-
ment le Ballon d’Or Adidas qui, à l’issue du
vote de 920 journalistes, récompensait le
meilleur joueur de la compétition. Il ter-
mina premier avec 2 564 points, loin, très
loin devant le deuxième, le gardien alle-
mand Harald Schumacher et ses
344 points. Mais tout le monde ne retiendra
de son mois en altitude que le quart de fi-
13
le chef-d’œuvre DISPARITION
nale contre les Anglais (2-1), quatre ans
après « las Malvinas », la guerre des Ma-
louines, qui titillait son nationalisme totale-
ment assumé.
«Bien sûr que la victoire sera le plus impor-
tant, mais nous ne pourrons nous empêcher
de penser à ce conflit », confiait-il avant la
rencontre. Une assurance dont ne s’était
pas méfié Bobby Robson, le sélectionneur
anglais, sûr de pouvoir l’arrêter : « Venez
nous voir jouer dimanche, vous verrez
comme nous le marquerons.» Un dimanche,
le jour du Seigneur, on a vu Terry Fenwick,
averti dès la 9e minute, descendre Mara-
dona, lui glisser une mandale dans le dos
de l’arbitre ; on a souri quand les bouchers
Kenny Sansom et Peter Reid tentèrent de
lui couper la route à deux.
“De quelle planète viens-tu
pour que tout un peuple
se retrouve le poing levé
à soutenir l’Argentine ? ,,
VICTOR HUGO MORALES, COMMENTATEUR URUGUAYEN,
APRÈS SON DEUXIÈME BUT FACE AUX ANGLAIS (2-1)
En vain, car le numéro 10 argentin avait, ce
jour-là, tout mis dans la balance, son génie,
sa rouerie, devant les 110 000 spectateurs
du stade Azteca, qui basculèrent dans la fo-
lie en quatre minutes, de sa main de Dieu
qui trompa Peter Shilton (51e) à son slalom
entre cinq plots anglais éparpillés comme
des mômes (55e, voir par ailleurs). Deux buts
qui résumaient une vie, une carrière de tous
les excès, mais face auxquels, malgré la lé-
gitime colère anglaise, tout le monde s’in-
clina, même Robson : « Son deuxième but
est fantastique. […] Je n’ai pas aimé ce but
mais je l’ai admiré.»
Même l’ancien vainqueur de 1966, Bobby
Charlton, y alla de son petit hommage, à sa
façon, en estimant que l’Angleterre avait af-
fronté « une équipe d’Argentine qui jouait à
douze. Maradona vaut bien deux joueurs ».
Aux journalistes français, il avait fait « une
impression comparable à celle qu’avait lais-
sée Pelé, ici même en 1970 », alors que son
adversaire en demi-finales, le fantasque
gardien belge Jean-Marie Pfaff, avait lancé:
«Ce n’est pas un joueur normal, c’est un ex-
traterrestre.» Après son second but contre
les Anglais, le commentateur uruguayen
Victor Hugo Morales en perdit la tête et la
voix : « J’ai envie de pleurer. Dieu tout-puis-
sant. Vive le football. Diego ! Maradona ! Il y a
de quoi pleurer. Le cerf-volant cosmique. De
quelle planète viens-tu pour que tout un peu-
ple se retrouve le poing levé à soutenir l’Ar-
gentine ? Merci, mon Dieu, pour le football et
Maradona.»
« El Diez » n’avait pas encore 26 ans et,
avec ses bouclettes de couleur jais, son su-
blime maillot bleu indigo contre l’Angle-
terre, il était d’une beauté christique malgré
son anneau à l’oreille gauche. Frondeur, es-
croc, génial, maté par Lothar Matthäus en
finale mais décisif, tout de même, pour lan-
cer Burruchaga vers la gloire sur le troi-
sième et dernier but argentin (3-2). Diego fi-
nira la compétition avec cinq buts et cinq
passes décisives, un total qui oublie les tirs
sur les poteaux, son but refusé pour hors-
jeu et l’efficacité relative de ses coéquipiers.
Peu importe, il avait atteint son acmé, son
rêve de gosse. D’ailleurs, sous les yeux
d’Helmut Kohl, le chancelier allemand, il
embrassa la Coupe du monde et la serra
dans ses bras comme on berce un enfant. É
(*) Un terme argentin qui fait référence à ses
cheveux bouclés.
 14 dispa rition
l’amour fou
Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE

DIEGO MARADONA

Voir Naples,
Diego et mourir
Jamais, peut-être, un sportif n’avait autant
incarné une ville que Diego Maradona
qui a passé sept années (1984-1991)
en Campanie où il a tout gagné et tout perdu.
YOHANN HAUTBOIS
Dans la voiture qui mène la famille Mara-
dona vers le stade San Paolo, au tout début
de l’été 1984, le paysage d’une ville lé-
preuse, souillée, défile sous les yeux du
père de Diego, horrifié que son fils renoue
avec ses origines, avec Villa Fiorito, ce fau-
bourg du sud de Buenos Aires, à deux pas
de la Quema, décharge à ciel ouvert, où le
jeune Diego venait approvisionner en eau
potable le foyer familial, les seaux en équili-
bre sur ses épaules frêles. « Don Diego »
demanda à José Alberti, un agent qui venait
d’œuvrer au transfert du FC Barcelone à
Naples : « Où est-ce que vous avez amené
mon fils ? » En enfer. « Sa cage », comme
«El Diez» l’avouera plus tard, était cette cité
touchée par une épidémie de choléra en
1973, encore debout après le tremblement
de terre de 1980 mais mitée par le chô-
mage et la Camorra (mafia napolitaine),
tentaculaire, suintant dans chaque recoin
des quartiers campaniens, jusqu’au sein
du club dont 20 % de la billetterie était gé-
rée au noir.
Le jeune numéro 10 y débarqua comme
le sauveur, «la dernière illusion» selon l’écri-
vain Domenico Rea. « Un héros mythique,
président Corrado Ferlaino qui lui conseilla Diego Maradona
d’accepter, le soir-même, l’« invitation » de est accueilli
« gens très importants ». Dans la villa où se par des dizaines
pressa toute la « farandula », la jet-set na- de photographes
politaine des années 1980, le piège se re- lors de sa présentation
ferma sur l’Argentin à qui il fut demandé au public napolitain,
d’écarter Jorge Cyterszpiler, son ami d’en- le 5 juillet 1984.
fance et imprésario en charge de son image
et, donc, des royalties…
En échange, Diego se vit promettre la
protection d’un clan qui l’arrosa de pré-
sents, la montre sertie de diamants offerte
ce soir-là étant le premier des cadeaux
empoisonnés. La Mercedes, elle, réappa-
rut miraculeusement deux jours plus tard.
Le meneur de Naples participa, aussi, à
des soirées, des mariages de la famille de
Luigi Giuliano, membre influent d'un clan
de la Camorra spécialisé dans les paris
clandestins sur les matches de football.
Des amitiés dont il se défendait, maladroi-
tement comme toujours : «Je suis grand et
je vais où je veux. Pour moi, il ne s'agit que de
supporters de Naples.» Il appartenait doré-
navant aux Napolitains, à tous les Napoli-
tains, même les moins fréquentables.
“Il fut la rédemption
d’une population pauvre,
le héros du plus faible. Il restera
Aldo Liverani / Icon Sport

analysa un autre historien italien. Il était la

parfaite concentration de toutes les qualités et
tous les défauts des Napolitains. Il faisait ga-
gner cette ville, par sa fourberie, sa fantaisie.»
Un dieu maudit, descendu sur Terre, qui
paiera au prix fort sa liberté, ses titres et son
talent. Un saint déchu, qui se vautra dans la
fange mais qu’on adula, malgré tout, mal-
gré ses infidélités, ses addictions et à qui on
tendait les nourrissons pour obtenir sa bé-
nédiction, sa protection, la même que la Ca-
morra lui imposa, très vite. Deux mois à
peine après son arrivée, la voiture de Diego
fut volée, il s’en était ému auprès de son
Carlo Hermann /AFP
et de notre Naples ,,
toujours le dieu du football
MASSIMO VIGNATI,
GÉRANT DU MUSÉE DÉDIÉ À MARADONA À NAPLES
Du jour où il s'assit à la table du clan Giu-
liano, le meneur de jeu signa un pacte avec
le diable, cerné puis dévoré par ses propres
démons. Car si Diego, à Barcelone, avait
mis une narine dans la cocaïne, la Ca-
morra lui a mis la tête tout entière et la jus-
tice italienne révéla comment elle avait ar-
rosé tout le Angelina Lauro, un bateau de
Dès l’annonce de croisière où l'équipe de Naples avait fêté
la mort de Maradona, son deuxième titre de champion d’Italie, le
hier, les Napolitains 29 avril 1990.
sont descendus dans Diego fut alors plus familier du « Virgi-
les rues pour rendre lio», du «Papillon», du «Lido Club 21», des
hommage à boîtes de nuit où il s’imbibait de champagne
l’Argentin. et de filles, que du centre d’entraînement
du Soccavo.« Pelusa » (1) n’avait pas at-
tendu la cité italienne pour devenir Mara-
dona, ce double maléfique qui l’avait déjà
rattrapé par la manche lors des soirées ca-
talanes, mais c’est à Naples que Diego
trouva une ville à son image, excessive et
attachante le jour, sombre et interlope la
nuit, insaisissable toujours.
À son arrivée sur le sol italien, interrogé
par les médias, il avait pourtant déclaré,
avec la naïveté du gamin qu’il était encore (à
24 ans), chercher « la tranquillité» à Naples,
ignorant probablement où il mettait les
pieds. Constamment entouré dans son ap-
partement de la Via Scipione Capece, au
cœur du quartier de Posillipo, Diego décou-
vrit l’isolement, la solitude aussi, quand,
Les dirigeants napolitains avaient même
déniché un sosie sur l’île de Capri pour, le
jour de sa présentation, duper les fans sur-
excités après quarante jours de négocia-
tions avec le FC Barcelone, qui en avaient
amené certains à s’attacher à la grille du
centre d’entraînement, d’autres à entamer
une grève de la faim et à assiéger le consu-
lat espagnol à Naples afin de s’assurer que
le meneur de jeu signerait bien avec leur
club.
Parfois, le tumulte s’estompait et il trou-
vait refuge chez Saverio Vignati, l'ancien
gardien des vestiaires du stade San Paolo,
et Lucia son épouse, des parents de substi-
tution, dans le quartier pauvre de Secondi-
gliano où, aujourd’hui encore, le fils de la fa-
mille, Massimo Vignati, gère bénévolement
le musée à la gloire d’«El Diez» dont il avait
dit, dans L’Équipe, le 5 janvier 2018 : «Il fut la
rédemption d’une population pauvre, le héros
du plus faible. Il restera toujours le dieu du
football et de notre Naples.»
Très vite, «El Pibe de Oro» («le gamin en

pour dîner, il privatisait des restaurants, fai-
sait baisser les stores, laissant passer un fi-
let de lumière artificiel et le murmure de la
rue, un brouhaha permanent qui lui rappe-
lait qu’il ne s’appartiendrait plus jamais.
or ») découvrit les attentes de tout un peu-
ple de « terroni » (2), moqué, insulté par le
Nord, revanchard également et qui l’adula,
se l’accapara pour ne plus le lâcher. Encore
moins après le premier Scudetto de l’his- uu
 Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE
uu toire du Napoli, en 1987, qui rendit dingue la
ville, parée d’un bleu ciel pur et divin,
comme la Vierge Marie, où tout brillait, les
yeux et les néons : « Ce fut le Scudetto de
toute une ville, se remémora Maradona
dont le rire d’enfant avait retenti dans tout le
vestiaire, le jour du sacre. Les Napolitains
avaient compris que le titre ne revenait pas
forcément aux riches mais aussi à ceux qui
luttaient dans l’adversité… Pour ces gens-là,
j’étais le capitaine du bateau, le porte-dra-
peau.»
“Tant que la drogue était
un divertissement, ça allait.
Mais quand c’est devenu
un cauchemar, là, j’ai fait
souffrir les gens qui m’aimaient.
Le seul coupable, c’est moi ,,
DIEGO MARADONA
Un capitaine à la dérive, otage de la drogue
que le milieu lui fournissait par kilos, ce
dont, excepté durant sa carrière de joueur,
il ne s’était jamais caché. « El Pibe » était
souvent revenu sur « cette maladie », no-
tamment dans une interview avec son ami,
le journaliste italien Gianni Mina, en 2007,
que L’Équipe Magazine avait publiée : « Di-
sons qu’au début, c’est une maladie qui rend
plus fort, qui te donne de la chair. (…) Tant que
la drogue était un divertissement, ça allait, je
ne faisais de mal à personne. Mais quand
c’est devenu non plus un divertissement mais
un cauchemar, là, j’ai fait souffrir les gens qui
m’aimaient. (…) Le seul coupable, c’est moi.»
Parce qu’il n’a pas su se tenir à distance
du côté le plus sombre et dangereux de
Naples, parce qu’il était psychologique-
ment inapte à devenir l’équivalent de San
Gennaro, le saint patron de la ville, dont la
figure avait été mêlée sur un des murs à
Diego pour devenir un être hybride, mi-
ange, mi-démon, « San GennArmando ».
Naples l’avait happé, englué et lui qui était
venu, aussi, « pour sauver les enfants défa-
vorisés », se retrouva parmi les voyous,
condamné à de la prison avec sursis et une
forte amende après que sa voix avait été
entendue sur des enregistrements télé-
phoniques négociant des filles avec Car-
melina Cinquegrana, une Napolitaine sus-
pectée de proxénétisme et de trafic de
drogue.
Le récit de la chronique judiciaire avait
même mis en avant les révélations d'un
mafieux repenti, un certain Pietro Pugliese,
ancien garde du corps de l’Argentin, qui
Maradona avec la coupe de l'UEFA, remportée par Naples en 1989 contre Stuttgart.
Diego Maradona et les Napolitains exultent en ce 5 mai 1987 : après un nul contre
la Fiorentina (1-1), ils remportent le premier titre de champion de l’histoire du club.
l’accusa de tous les maux, notamment
d’avoir lâché le Scudetto en 1988 au profit
de l’AC Milan de Silvio Berlusconi et des in-
térêts de la Camorra qui ne voulait pas ver-
ser des milliards de lires aux parieurs clan-
destins du Totonero (3) en cas de victoire du
Napoli. Les fans n’y crurent pas une se-
Diego Maradona conde, animés du même syndrome de per-
au côté de Carmine sécution que leur idole, du même senti-
Giuliano, membre ment de paranoïa quand l’Argentin se fit
d’un clan de la mafia contrôler positif à la cocaïne, après un
napolitaine. match contre Bari (1-0, le 17 mars 1991), lui
DR
15
l’amour fou DISPARITION
Jean-Claude Pichon/L’Équipe
Mark Leech / Offside
qui, jusque-là, avait vu son urine à chaque
fois substituée par ses dirigeants.
Suspendu quinze mois, Diego, accusé
dès 1986 par une jeune Napolitaine, Cris-
tiana Sinagra, d'être le père de son enfant,
en avait fini de son histoire immédiate et
passionnée avec Naples. La presse le lâ-
cha, le lyncha car «non seulement il a triché
avec lui-même, mais avec le sport». Mais le
peuple énamouré n’a jamais oublié ce «hé-
ros en déroute » (Il Corriere della Sera), ce
«scugnizzo», ce gamin de la rue napolitain,
qui quitta la ville dans la nuit du 2 avril 1991
comme «un escroc» sur le vol AZ 576 Alita-
lia, direction Buenos Aires. Seul ou presque
mais dupe de rien, surtout pas de l’em-
preinte qu’il avait laissée : « La survie, voilà
ce que nous incarnions à Naples, la survie. »
Diego est mort, Naples un peu aussi. É
(1) Un terme argentin qui fait référence à ses
cheveux bouclés.
(2) Terme péjoratif utilisé par les Italiens du
Nord pour désigner ceux qui sont originaires
de l’Italie méridionale.
(3) Le Totonero, dérivé du Totocalcio, le loto
sportif italien, est un mot qui fait
communément référence aux paris illégaux
et aux matches truqués en Italie.
16 dispa rition
DIEGO MARADONA
Pris dans le tourbillon
Durant un an et demi, entre fin 2008 et l’été 2010, Diego Maradona fut sélectionneur
de l’Argentine. Pas évident à suivre, sur comme en dehors du terrain.
Attaché à la couverture de l’équipe natio-
nale d’Argentine depuis la Coupe des Con-
fédérations 2005, j’avais d’abord pu obser-
ver de près le calme appréciable de son
sélectionneur de l’époque, José Péker-
man. Plusieurs fois titré avec les moins de
20 ans argentins, dépositaire d’un football
offensif et créatif, il fut remplacé après la
défaite en quarts de finale du Mondial 2006
contre l’Allemagne (1-1, 2-4 aux t.a.b.) par
le beaucoup plus volcanique Alfio « Coco »
Basile, voix de stentor et déclarations choc.
Mais comme Pékerman, et malgré quel-
ques superbes performances collectives
à la Copa América 2007, il ne réussit pas
à faire fructifier l’incroyable vivier à sa
disposition.
Quelques jours après sa démission, mi-
octobre 2008, l’incroyable devint d’un coup
réalité. Diego Armando Maradona venait
d’être nommé sélectionneur de «son» Ar-
gentine, qu’il mena au titre mondial 1986
avant de multiples déboires sur, puis en de-
hors du terrain. Énorme surprise, tant le
Pibe de Oro n’avait qu’une mince expé-
rience de technicien et paraissait, comme
toujours, capable de tout. Incontrôlable,
bombe à retardement, revenu de tous les
excès, allait-il s’acheter une conduite à ce
poste terriblement exposé ? Julio Gron-
dona, le très puissant président de la Fédé-
ration argentine (AFA), en était persuadé, et
avait apprécié la présence de Maradona
auprès de la Seleccion, lors des JO de Pé-
kin, quelques mois plus tôt. Pour l’enca-
drer, si tant est que ce soit possible, l’AFA
nomma Carlos Bilardo, sélectionneur du
Diez lors du titre de 1986, comme manager
de l’équipe nationale.
Une vingtaine de minutes
au plus près de lui
Mi-novembre 2008, me voici donc à Glas-
gow, pour les débuts de Maradona sur le
banc argentin, en amical face à l’Écosse. Je
ne suis pas le seul : 450 journalistes guet-
tent la moindre apparition de l’auteur de la
Main de Dieu face aux Anglais, de quoi en-
core amplifier sur place sa popularité.
Dans une salle de conférence de presse
immense, ses quelques déclarations n’eu-
rent pas vraiment de saveur ni d’impor-
tance, mais sa seule présence électrifia
l’air. Un charisme rare, une bête de scène
voire peut-être de foire. Chaque caméra ou
appareil photo guettait la moindre mimi-
que, chaque reporter espérait une pun-
chline ou une référence à son glorieux
passé plutôt qu’un long discours sur
le 4-3-3. Pas très détendu, inquiet en réalité
de la santé de sa fille Gianinna, hospitalisée
pour une grossesse difficile, il resta assez
sobre, comme le lendemain lors du
match (1-0).
Face à une telle effervescence, com-
Jean-Louis Fel/L’Équipe
ment approcher l’icône de plus près, tenter
d’échapper au cycle classique des confé-
rences d’avant-match puis d’après-match
où tous les médias ont droit aux mêmes
déclarations? Tâche ardue, tant son entou-
le sélectionneur
Mon Maradona à moi
rage fut souvent mouvant et déroutant.
À Marseille, avant un match face à la
France (2-0) début 2009, la chance fut de
notre côté. Installée dans un luxueux éta-
blissement face à la Méditerranée, la
sélection argentine prit ses quartiers
dans un joyeux mélange de décon-
traction et d’improvisation. Mara-
dona avait un staff pléthorique, fait
d’amis de vingt-cinq ans comme de
connaissances plus récentes au CV
improbable, mais décidait surtout de
son programme lui-même. Sans at-
tendre le grand point presse prévu la
veille du match ni prévenir les salariés de
l’AFA, il décida soudain vingt-quatre heures
plus tôt de s’adresser une vingtaine de mi-
nutes aux rares envoyés spéciaux argen-
tins déjà à Marseille.
Encouragé à suivre le mouvement par
un ou deux collègues que je côtoyais depuis
plusieurs années, je me retrouvais alors
installé dans une petite pièce à quelques
mètres de Maradona, accompagné de Ber-
nard Papon, photographe à L’Équipe. Pas
franchement rassuré et craignant à tout
moment que notre présence soit jugée in-
désirable, j’attendis la fin de l’échange pour
placer une ou deux questions sur son vrai-
faux transfert à l’OM (en 1989). El Diez y ré-
pondit avec un grand sourire, et tout cela
permit de publier le lendemain une inter-
view, certes non exclusive, mais que je pen-
sais être le seul à « avoir » en France. Eh
bien non : un petit coquin d’un autre quoti-
dien avait récupéré les déclarations de Ma-
radona auprès d’un confrère argentin et en
avait lui aussi fait un article, décrivant
même le décor de la pièce où il ne se trou-
vait pas la veille.
Ce petit frisson ressenti en croisant Ma-
radona de près ou de plus loin ne me
quitta pas pendant un an et demi.
Comme ces centaines de gamins
venus assister à l’entraînement de
la Seleccion en banlieue de Mar-
seille, alors qu’ils ne l’avaient vu
jouer ailleurs que sur YouTube,
comme tous les passionnés de foot
conscients de croiser une légende
vivante, plusieurs fois passée tout près
de la mort mais au magnétisme toujours
Par Stéphane Kohler stupéfiant.
Journaliste à « L'Équipe »
depuis 1996. “J’aimerais que vous me fassiez
une contre-proposition pour que
,,
je puisse dire à Diego de combien
on est en train de parler
L’ATTACHÉ DE PRESSE DE MARADONA, TENTANT
DE NÉGOCIER UN TARIF POUR UNE INTERVIEW
Lors des éliminatoires sud-américains
pour le Mondial 2010, je pus constater plu-
sieurs fois, en Argentine mais aussi au Pa-
raguay ou en Uruguay, la dimension unique
Diego Maradona du personnage. Plongeant comme une
donne ses consignes otarie sur le terrain détrempé du Monu-
lors du match mental après une victoire miraculeuse face
Argentine - Nigeria au Pérou avant d’hurler de bonheur assis
(1-0), le 12 juin, sur un mini-fourgon à poubelles le condui-
pendant la Coupe sant en conférence de presse, capable d’in-
du monde 2010. sulter la terre entière dans les entrailles du
Centenario à Montevideo à l’issue de la vic-
Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE
toire contre l’Uruguay envoyant son équipe
au Mondial sud-africain, il ne parut jamais
en paix avec lui-même ni en mesure d’ap-
porter de la stabilité et de la sérénité à ses
choix et donc à son équipe.
Pouvait-on raisonnablement attendre
autre chose de lui? Rejeté par une partie de
l’élite argentine qui n’a jamais compris
pourquoi ce gamin surgi d’un bidonville
pouvait représenter le pays dans le monde
entier, Maradona allait vers ses cinquante
ans avec la maturité d’un ado turbulent et
narcissique. Il convoqua plus de cent
joueurs en un peu plus d’un an, ne trouva
jamais la clé tactique pour utiliser au mieux
Messi, laissa au placard des cadres comme
Zanetti ou Cambiasso et faisait l’objet de
débats constants sur les multiples chaines
d’info argentines. Comment résister à une
telle pression?
Dans les mois précédant le Mondial sud-
africain, je retentai ma chance pour décro-
cher une interview avec Maradona, une
vraie cette fois. Son attaché personnel de
l’époque était aussi le compagnon de sa
fille Dalma. Après quelques échanges de
mail, il se montra aussi cash que son pa-
tron: «Diego sera en Europe en janvier (2010)
et l’idée est d’organiser quelques rencontres
de trente minutes dans un lieu à définir et
avec un cachet de 100 000 € pour les télévi-
sions (…) Comme vous êtes un média écrit,
j’aimerais que vous me fassiez une contre-
proposition pour que je puisse dire à Diego de
combien on est en train de parler.» Fin de la
discussion, puisque l’enveloppe à notre dis-
position était, et sera toujours, de zéro euro.
En Afrique du Sud, la folie Maradona fut à
son paroxysme. Non pas dans le camp de
base de Pretoria, où l’Argentine se prépara
presque à l’abri des regards, laissant au
Diez quelques jours pour souffler avant le
grand show médiatique mondialisé. Son
équipe réussit un premier tour correct,
mais son ego XXL passa encore devant ses
joueurs. À chaque point presse, à chaque
apparition dans la petite salle du stade
Loftus Versfeld, il fut d’abord question d’un
one-man-show de Diego et très peu du
reste. Une pique à Pelé, une autre à Platini,
des clins d’œil, des dédicaces à tel ou tel
journaliste argentin : Maradona semblait
prendre un énorme plaisir à attirer toutes
les attentions, plus cabotin que technicien.
Comment jouait sa Seleccion d’ailleurs?
Bien difficile à dire. Pas d’identité de jeu, pas
de certitudes défensives ou offensives,
juste des coups d’éclat comme en 8es de fi-
nale contre le Mexique (3-1). Tout vola en
éclats en quarts de finale contre l’Allema-
gne (0-4). Sans solution tactique, sans être
parvenu à transformer l’improvisation per-
manente en méthode recevable, le cham-
pion du monde 1986 faisait peine à voir
après l’élimination. Conscient que le poste
dont il rêvait à voix haute depuis des années
allait lui échapper, conscient qu’il avait raté
son pari. Mais tenter de le suivre et de le
comprendre fut une opportunité unique. Et
le voir partir un chagrin profond. É
 le sulfureux 17
Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE
dispa rition
DIEGO MARADONA

Une existence de cent soucis

Starifié très jeune dans son pays puis idolâtré dans le monde entier, Diego Maradona
a dû trouver des paradis artificiels pour y puiser un peu de liberté. Mais pas de répit.
STÉPHANE KOHLER

Incontrôlable jusqu’à en mourir. Qui pen-

sait sérieusement que Diego Armando
Maradona allait pouvoir un jour s’endormir
paisiblement dans son canapé et ne plus
se réveiller, dans le calme et loin de la fu-
reur qui l’a escorté depuis si longtemps ?
Le footballeur de génie a fait l’admiration
de tous, l’homme a toujours eu du mal à
gérer les hallucinantes attentes nées de
son talent, bien trop tôt puis bien trop vite.
Et, pour souffler un peu, pour s’extraire
de cette pression étouffante, il a pris des
raccourcis qui sont ensuite devenus des
autoroutes chimiques ou alcoolisées vers
une voie sans retour. Mercedes Castaño,
psychanalyste installée à Buenos Aires,
nous dressait il y a quelques années un édi-
fiant résumé : « Il est d’une grande vulnéra-
bilité psychique. Il vient d’un bidonville, d’un
milieu très pauvre et, au lieu de devenir un
délinquant, il est devenu une icône mondiale.
C’est une charge très forte. En réalité, il est
toujours en représentation. C’est une pres-
sion immense, qui s’est accompagnée d’une
tendance à l’autodestruction : poids, alcool,
drogues, entraînant des problèmes cardia-

ques. Il n’arrive pas à se retenir, à réfléchir
avant de parler, il est très impulsif, c’est un ré-
flexe de protection, de défense.»
Maradona a passé son après-carrière
de joueur entre cures de désintoxication et
retours spectaculaires en forme. Après
son ultime et récente hospitalisation pour
un hématome sous-dural, son docteur,
Leopoldo Luque, se voulait pourtant rassu-
rant mais l’alcool semblait bien avoir rem-
placé la cocaïne ces dernières années. Fin
octobre, au moment de fêter ses 60ans, le
champion du monde 1986 était apparu très
affaibli en pénétrant sur la pelouse de
l’équipe qu’il entraînait, le Gimnasia
La Plata. Incapable de marcher seul, il fai-
sait davantage peine que plaisir à voir, mais
était acclamé, comme toujours, avec ce
mélange de passion et de débordement
presque enfantin qui caractérise l’Argen-
tine dès qu’on parle du Diez.
La cocaïne,
échappatoire obsédante
Et son pays en parle depuis 1971, avec la
première mention dans la presse du petit
prodige, même orthographié «Caradona».
Ses dons lui valent d’être mis en vedette à
Reuters
la pause des matches d’Argentinos Ju- Les gesticulations Ce n’est évidemment pas en allant à Na-
niors, où ses jongleries virtuoses passent du supporter ples que les choses allaient s’arranger. Au
en direct à la télévision. La loupe médiati- Diego Maradona contraire de Barcelone, Maradona se sent
que ne le lâchera plus. en tribune durant à l’aise dans cette cité bouillante et exces-
Où commence-t-il vraiment à chercher Nigeria-Argentine sive. Au sein d’une équipe moyenne, il ba-
des échappatoires illicites à cette pres- (1-2), le 26 juin 2018 nalise l’exploit et la ville lui pardonne tous
sion ? À Barcelone, où il signe en 1982. à Saint-Pétersbourg ses délires et une face sombre qui prend de
Sous le maillot blaugrana, ses débuts sont en phase de groupes plus en plus d’ampleur. Diego de Napoli se
décevants. Il souffre d’une hépatite qui le du Mondial russe. mêle à la pègre locale et la cocaïne est om-
laisse sur le flanc près d’un trimestre. niprésente. Sa vie est chaotique, des dizai-
Les supporters et les médias s’impatien- nes de personnes vivent à ses crochets,
tent, Maradona se replie sur lui-même, mais les victoires suivent, alors… « Je fai-
victime d’insultes racistes («métèque») et sais oublier tous les soucis qui rongeaient la
découvre une maîtresse envahissante : la ville, nous rendions les gens heureux. Sans
cocaïne. Dans son autobiographie, Moi, nous, Naples n’avait plus rien. Mais Naples a
Diego (Calmann-Lévy, 2001), il le reconnaî- aussi été pour moi une cage, ma famille et
tra bien des années plus tard: «Mon séjour moi nous ne pouvions sortir normalement de
a été pénible. Hépatite, fracture, mentalité chez nous», dira-t-il plus tard.
catalane. Mais aussi parce qu’à Barcelone je Sa relation avec la cocaïne durera très
suis tombé sous l’emprise de la drogue. Et de longtemps et il multiplie les coups de sang
la pire des façons : quand on pénètre dans le comme en 1994, quand il passe devant les
monde de la drogue, on s’y refuse d’abord, juges pour avoir tiré à la carabine sur des
mais on finit par céder.» journalistes. Fin 1997, il est de nouveau
contrôlé positif à la cocaïne. « Personne ne
me fera croire que la drogue ou l’argent ont
changé mes sentiments, écrira-t-il. Rien. Je
reste le même, celui de toujours. C’est moi,
Maradona. C’est moi, Diego.»
Le 15 mars 1994, “Je ne suis pas un saint,
mais je paie très cher
,,
la police argentine
escorte Diego Maradona tous mes excès.
à la sortie du tribunal, Je me punis tout seul
alors qu’il a blessé
à la carabine Pendant plus de dix ans, entre1994 et2005,
un journaliste il navigue à vue, entre fin de carrière de
à Mercedes, joueur banale, courte tentative d’entraîner
à une centaine deux clubs argentins et multiples addic-
de kilomètres tions. La cocaïne, l’alcool et l’obésité le font
de Buenos Aires, plusieurs fois frôler la mort. Il multiplie les
Olga Maltseva/AFP
tié avec Fidel Castro. En 2005, il pèsera jus-
qu’à 120 kg puis se fera poser un anneau
gastrique. « Je ne suis pas un saint, mais je
paie très cher tous mes excès. Je me punis
tout seul. Et je ne souhaite à personne de vi-
vre ce que je vis», lâche-t-il en 2007.
Maradona pense enfin avoir trouvé sa
voie et un poste à sa mesure en devenant le
sélectionneur de l’Argentine (2008-2010,
voir page 16) mais multiplie les sorties
grossières face à la presse ou les choix tac-
tiques curieux. « Il ne faut pas oublier que
son caractère s’est forgé dans un bidonville,
dans un monde empli de perversité. Per-
sonne ne s’est jamais chargé de l’éduquer,
analysait alors Fernando Signorini, son
préparateur physique historique. Il est le fils
d’une culture. C’est quelqu’un qui ne sait pas
dissimuler ses émotions. Tout ce qu’il fait,
c’est ce qu’il aurait fait en tant que joueur. Il
refuse de porter l’auréole du sélectionneur. Il
considère que mûrir ce serait abandonner.»
La magie n’opère pas, ou plus. Il est re-
mercié après le Mondial sud-africain (où
l’Argentine se fait éliminer par l’Allemagne,
0-4, en quarts de finale) et repart dans ses
travers, chassant le contrat dans des clubs
modestes du Golfe ou au Mexique. À force
de faire le yo-yo physique et émotionnel,
a-t-il songé parfois au suicide? «Non, il est
trop fier, observait Mercedes Castaño. L’ap-
pui de ses filles est très important, il en parle
souvent. Beaucoup de gens lui ont tourné au-
tour par intérêt. On dit souvent que Mara-
dona, c’est une sorte de métaphore de l’Ar-
gentine, avec des hauts et des bas très
marqués. Mais l’Argentine est habituée à des
situations éruptives, au manque de stabilité
politique et économique. On supporte mieux
que Maradona, visiblement, ce mal-être. »

en lui tirant dessus cures de désintoxication en Argentine, Mais comment l’Argentine va-t-elle sup-
deux mois plus tôt. Suisse, Uruguay et Cuba, où il se lie d’ami- porter le départ de Maradona? É
 18 dispa rition
le subversif
Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE

diego maradona

Dario Lopez-Mills/AP
2

Piko/ArgenPress/Presse Sports
Presse Sports

1 3

Diego Maradona
avec le leader cubain
Fidel Castro,
le 27 janvier 2000
(photo n°1).
Cinq ans plus tard, il
apparaissait aux côtés
Tout au long de sa carrière, Maradona est resté fidèle au socialisme
du président latino-américain et a multiplié les liaisons politiques sulfureuses.
vénézuélien Hugo
Chavez à Mar Del PaSCaL gLo
Plata pour protester
contre la visite de Diego Maradona a commencé sa carrière
George W. Bush en pro en 1976, en même temps que le géné-
Argentine (2). ral Videla à la tête de la junte militaire ar-
Maradona était aussi gentine. Avant, il avait grandi à Villa Fiorito,
proche d’Evo Morales, bidonville de la banlieue de Buenos Aires,
l’ancien président et connu quelques coups d’État. Alors
bolivien, ici en mars quand, en 2015, il s’attaque à Sepp Blatter
2008 (3). – « Nous avons un dictateur à vie » à la tête
de la FIFA –, on se dit qu’au vu de ses prises
de position politiques tout au long de sa
carrière, l’Argentin sait de quoi il parle.
En juillet 2018, tout juste nommé prési-
dent du Dinamo Brest, à l’ouest de la Biélo-
russie, il souhaite rencontrer le président
Alexandre Loukachenko, l’un des derniers
dictateurs européens. Pour montrer patte
blanche, il déroule son CV : « Je me sou-
viens très bien de Fidel Castro, Chavez, Ka-
dhafi, je connais aussi Poutine et aujourd’hui
je veux faire une photographie avec Louka-
chenko.»
“Fidel me téléphonait et à deux
heures du matin, on prenait
À gauche toute
Ben Johnson comme préparateur physi-
que. À la liste de ses relations pas toujours
fréquentables, il aurait pu citer aussi le
Tchétchène Ramzan Kadyrov en 2011.
Castro fut donc le premier. Le « Lider
Maximo» et le Napolitain se rencontrent en
1987 à Cuba. Pendant cinq heures, ils par-
lent de l’île, de Che Guevara, de l’Argentine,
de football ou de baseball et nouent une re-
lation amicale. Maradona a toujours ad-
miré la révolution cubaine au point de se
faire tatouer les portraits du Che et de Cas-
tro.
À partir de 2000, accro à la cocaïne, il en-
chaînera les cures de désintoxication à La
Havane, sa « seconde maison ». « J’ai vécu
quatre ans à Cuba», rappelait-il en 2016 à la
disparition de Castro, ce « second père »
qu’il appelait « maître ». « Fidel me télépho-
nait et à deux heures du matin, on prenait un
mojito pour parler de politique, ou de sport ou
de ce qui se passait dans le monde […] Le nu-
méro un des révolutionnaires, c’est le Che,
avec Fidel en tête. Moi, je viens dans le pelo-
ton qui suit.»
politique a été utilisée contre le peuple. J’en ai
assez d’écouter des promesses jamais te-
nues. […] Je suis fatigué des soulèvements
militaires. Le peuple argentin réagit. Il ne veut
pas le retour des militaires qui ont éliminé
trente mille compatriotes entre 1976
et1983. »
Mais deux ans plus tard, lassé d’être uti-
lisé politiquement, il s’en prend au prési-
dent argentin, le pourtant péroniste Carlos
Menem, dénonçant les injustices sociales
dont souffrent ses compatriotes et disant
son désir d’aller vivre aux États-Unis. En
septembre 2019, à son retour au pays, au
Gimnasia La Plata (rebaptisé Gimnasia y
Esgrima de Eva Peron entre 1952 et 1955),
le « Pibe de Oro » affiche encore son sou-
tien à Cristina Kirchner, en lice pour le
poste de vice-présidente, taclant au pas-
sage le président néo-libéral Mauricio Ma-
cri… ancien patron de Boca Juniors et au-
quel le capitaine Maradona s’opposait déjà
en 1996 pour défendre les primes des
joueurs.
il se présente à un meeting de
pellera à poursuivre l’héritage de celui qui
« a changé la manière de penser des Latino-
Américains soumis leur vie entière aux États-
Unis ». Il le fera à travers «l’héritier» Nico-
las Maduro. En 2017, il se déclare « chaviste
jusqu’à la mort », prêt à se « battre contre
l’impérialisme et contre ceux qui veulent
s’emparer de nos drapeaux ».
L’année suivante, au cours de la campa-
gne présidentielle, il se présente à la tri-
bune d’un meeting de Maduro comme son
«soldat», avant, en mars2019, de lui dédier
une victoire de son équipe de Dorados
(MEX). Dédicace qui lui vaudra une amende
par la Fédération mexicaine. Il en profite au
passage pour se payer les États-Unis, «les
shérifs de la planète que sont ces Yankees».
Dans la même veine politique, il sera fidèle
au Bolivien Evo Morales, rencontré lui
aussi en 2005, avant de devenir président
en 2006, et qu’il soutiendra en novem-
bre 2019 après sa démission, dénonçant
«un coup d’État orchestré».
En revanche, malgré ses engagements,
jamais Maradona ne s’est présenté à une

,,
À l’origine de ses sympathies pour le so-
un mojito pour parler de cialisme latino-américain: ses origines très
politique, ou de sport populaires et le péronisme (*) dont il se re-
diego Maradona vendiquait en soutenant les présidents ar-
gentins Nestor Kirchner (2003-2007) et
En Libye, Saadi Kadhafi, fils du dictateur, Cristina Kirchner (2007-2015). Dès 1989, au
voulant progresser en foot, l’avait engagé Brésil, il se mouille: «J’ai une piètre opinion
en 1999 comme conseiller spécial avec des politiciens argentins. Dans mon pays, la
maduro comme son « soldat »
Le Venezuela était l’un de ses terrains d’en-
gagement favoris. Dès 2005, il s’affiche lors
du « Sommet des peuples » de Mar del
Plata (Argentine) aux côtés d’Hugo Chavez,
fondateur de la « révolution bolivarienne »
version Caracas. À sa mort en 2013, il ap-
élection. En 2015, on lui a juste prêté l’am-
bition de briguer la présidence de la FIFA,
soutenu notamment par Nicolas Ma-
duro. É
(*) Mouvement fondé au milieu
des années 1940 autour
de la figure de Juan Peron.

Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE
À jamais culte
En raison de son talent ballon au pied
et de sa personnalité, Diego Maradona
a suscité un nombre délirant d’œuvres
à travers le monde, dans tous
les registres imaginables.
PIERRE-ÉTIENNE MINONZIO
Il faut dès maintenant se préparer à cette
triste éventualité. Un jour, nos enfants nous
demanderont qui était ce Diego Armando
Maradona dont ils auront vaguement en-
tendu parler sur des réseaux sociaux. Il
sera temps alors de leur montrer des com-
pilations de ses plus belles actions, ou
mieux, cette séquence hallucinante tirée
du foutraque documentaire « Maradona
par Kusturica » (2008), dans laquelle « El
Diez » interprète en public une chanson à
sa gloire, La Mano de Dios du chanteur ar-
gentin Rodrigo.
Le visage bouffi et les yeux clos, il sem-
ble d’abord comme éteint face au micro,
alors que sa famille le scrute d’un regard
inquiet. Puis Maradona reprend vie au fil de
ce morceau euphorisant, pour finalement
hurler le refrain comme un dément, bien-
tôt rejoint sur scène par ses deux filles. En
six minutes tout est dit, ou presque, de la
personnalité flamboyante de l’ancien me-
neur : son aura charismatique, son refus
de la demi-mesure, son inexorable quête
de rédemption.
Cet extrait témoigne aussi de la dimen-
sion culturelle de l’héritage maradonien,
Franck Faugère/L’Équipe
fascinante par sa diversité et sa vitalité.
Pour dire les choses simplement, aucun
footballeur n'a suscité autant d’œuvres
que Maradona à travers le monde. Un site
britannique recense par exemple neuf sta-
tues de lui, dont deux en Inde. D’innombra-
bles fresques murales le mettent en
scène, la plus connue étant peut-être celle,
qui, à Buenos Aires, imitant le plafond de la
chapelle Sixtine, le représente dans le rôle
du Tout-Puissant tendant la main.
En Argentine, il a également généré des
bandes dessinées (El Dié), une comédie
musicale (Entre el Cielo Y el Infierno) ou une
pièce de théâtre comique, Barrilete cos-
mico. D’autres spectacles lui ont été dé-
diés, que ce soit en Italie (Tre vole 10, d’Al-
lessandro Siani, que Maradona a lui-
même joué sur scène) ou en France, avec
Maradona c’est moi, une adaptation survol-
tée d’un roman de l’écrivaine Alicia Du-
jovne Ortiz. De même, de nombreux films
exaltent le parcours de l’Argentin, que ce
soit sous la forme de documentaires (celui
d’Emir Kusturica donc ou plus récemment
celui d’Asif Kapadia), de biopics (La mano de
Dios, de Marco Risi, en attendant celui que
préparerait Paolo Sorrentino) ou de longs
métrages plus originaux, à l’image du pro-
l’icône pop
Maradona a inspiré des phétique El Camino de San Diego de Carlos
artistes du monde Sorin, qui raconte l’histoire d’un amoureux
entier depuis quarante de Maradona terrassé par l’émotion lors-
ans, du Français qu’il apprend que son idole est victime…
Benjamin Biolay d’une crise cardiaque.
(à gauche) au
réalisateur serbe Bouillonnement créatif
Emir Kusturica qui Enfin, on ne compte plus les chansons qui
lui a consacré un ont été écrites en honneur du « Pibe de
documentaire présenté Oro », depuis un intrigant single interprété
au festival de Cannes par Linda de Souza (Maradona), jusqu’à des
(en bas à droite). tangos poignants (on recommande le
Pompeya Para Diego Era París, d’Alejandro
Szwarcman), en passant par une splen-
deur de rock symphonique irlandais (Bal-
lad of El Diego de The Dirty 9s). Pourquoi ces
artistes aux horizons si divers en sont ve-
nus à célébrer Maradona ? Il y a ceux qui
étaient fans du joueur, comme Benjamin
Biolay, qui lui rend hommage dans son titre
Borges Futbol Club, et qui nous confiait en
2017, les yeux brillants : « C’était tout sim-
plement LE grand magicien du football : son
pied gauche, c’était quand même un truc de
marteau ».
D’autres mettent en avant son caractère
entier, tel Manu Chao, auteur de deux mor-
ceaux géniaux consacrés à l’ex-numéro 10
(Santa Maradona et La Vida Tombola) et qui
a lâché à So Foot : « Il existe des personnages
Stéphane Cabaret/L’Équipe
qui planent au-dessus du bien et du mal, et
Diego en fait partie. Il ne triche pas, il s’impli-
19
dispa rition
DIEGO MARADONA
DR
que à 100 % dans sa vie au plus fort de l’ins-
tant présent ».
Alors que Kusturica met lui en avant la
dimension politique du personnage, puis-
qu’il dit dans son film de la fameuse main
de Dieu face à l’Angleterre que « C’était un
de ces rares moments où un pays fortement
endetté auprès du FMI triomphait d’un des
pays dirigeants de ce monde ». Quant à
l’écrivain François Bégaudeau, il est cap-
tivé par les contrastes de la légende mara-
donienne, allant jusqu’à comparer le
champion du monde 1986 à Céline dans
un texte pour So Foot : « Qu’on se le dise, le
génie n’est pas correct. Il est mal léché. C’est
un même coup de reins qui l’arrache aux co-
des techniques, physiques, moraux. C’est la
même capacité hallucinatoire qui produit
Mort à crédit et les délires antisémites de
Céline. »
Cette brutale diversité de points de vue
aboutit à ce constat : tous ces artistes inspi-
rés par Diego ont vu en lui ce qu’ils avaient
envie d’y voir, projetant sans doute sur lui
certaines de leurs propres obsessions,
quitte à s’éloigner de la réalité. Puisque,
vis-à-vis d’eux, Maradona ne s’appartenait
plus vraiment, il n’y pas de raisons pour
que ce bouillonnement créatif, unique dans
l’histoire du ballon rond, s’interrompe avec
le décès du principal intéressé, aussi dou-
loureux soit-il à accepter. É Hahn Nebinger Orban/ABACA
 20
footba ll
LIGUE DES CHAMPIONS phase de groupes (4e journée)
Frédéric Porcu/L’Équipe
LOS PIBES DE PLOMO (*)
Les Marseillais ont été éliminés piteusement de la Ligue des champions,
après une quatrième défaite en autant de matches, sans avoir marqué un but. Terrible.
êêêêêê
Marseille 0 0
FC Porto 1 2
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL -
VINCENT GARCIA
1
MARSEILLE – On va vite résumer la
campagne de Ligue des cham-
pions de l’OM, déjà terminée sans
Marseille avoir jamais vraiment com-
est la seule équipe mencé: les Marseillais n’avaient
à n’avoir toujours rien à faire là. Ils n’étaient pas invi-
pas marqué tés et ont été sortis sans ménage-
cette saison ment et sans émotion des soirées
en Ligue du milieu de semaine par une
des champions. équipe de Porto plus mature, plus
L’OM n’a cadré expérimentée, plus vicieuse, plus
que six tirs, réaliste, plus tout en fait. C’est le
le plus faible bilan haut niveau et l’équipe d’André
de tous les clubs Villas-Boas n’était pas taillée
en lice. pour de tels sommets.
Opta C’est toujours un peu de la
faute d’un entraîneur quand ses
joueurs subissent quatre défaites
d’affilée, sans marquer un seul
but et en encaissant neuf, un bilan
catastrophique qui dit beaucoup
des faiblesses affichées à la face
de l’Europe par le club phocéen.
Le pire, peut-être, dans tout ça,
c’est que ce groupe, avec Man-
chester City, Porto et l’Olympia-
kos, semblait abordable lors du ti-
rage au sort, et que l’OL était sorti
d’un groupe à peu près identique
la saison dernière pour atteindre
les demi-finales de l’épreuve.
L’entraîneur portugais n’a jamais
su trouver la bonne formule, le
bon système, le plan de jeu adé-
quat ou les mots justes pour his-
ser ses joueurs à la hauteur de
l’événement.
Les cadres n’ont jamais
su porter une équipe
trop tendre
Le technicien s’est beaucoup
cherché, donnant l’impression
d’une fébrilité qui ne lui ressem-
blait pas la saison dernière et il n’a
pas su non plus aligner les bons
hommes à la bonne place. Son
choix de lancer hier le jeune Luis
Henrique (18ans), par exemple, a
été un flop monumental, un de
plus dans un automne désas-
Marseille 0-2
treux sur la scène continentale.
Mais « AVB » ne peut pas en-
dosser à lui seul la responsabilité
de ce terrible échec, après
sept ans sans C1. Ses meilleurs
joueurs, ses cadres, à l’image de
Florian Thauvin (voir page 22) –
mais il n’est pas le seul –, n’ont ja-
mais su porter comme ils au-
raient dû une équipe trop tendre
pour cette compétition. Voilà donc
l’OM éliminé après quatre petits
matches, et qui recevra l’Olym-
piakos la semaine prochaine pour
rester dans la course à une quali-
fication en Ligue Europa, une
compétition qui semble plus
taillée pour les Marseillais, fina-
listes en 2018. Et s’ils veulent se
concentrer sur la L1 pour revenir
la saison prochaine en Ligue des
champions essayer d’être moins
ridicules, il y a de quoi faire sur la
scène hexagonale avec Lyon,
Lille, Monaco, Rennes et tous les
prétendants au podium.
Le match d’hier contre Porto
s’est résumé à une bonne en-
tame (tête de Valère Germain ca-
FC Porto
drée, 15e) et puis les Marseillais
ont plongé dès que les hommes
de Sergio Conceiçao ont accéléré.
Zaidu Sanusi avait lancé un aver-
tissement d’une frappe sortie par
Steve Mandanda (37e). Le latéral
gauche a puni ensuite, après un
jeu de billard dans la surface à la
suite d’un corner où la défense
marseillaise s’est montrée con-
fondante de passivité (0-1, 39e).
À l’heure de jeu, après les
changements de Villas-Boas –
entrées de Payet, Cuisance, Be-
nedetto –, l’espoir est revenu
dans les rangs olympiens à la
suite d’un centre du Réunionnais
manqué d’un cheveu par Thau-
vin (61e), tandis que, quelques mi-
nutes plus tard, Grujic était ex-
pulsé (67e). L’OM n’est pas resté
longtemps en supériorité numé-
rique. Comme un symbole de la
naïveté marseillaise, Balerdi s’est
fait doubler comme un bleu par
Marega sur une… touche rapide-
ment jouée par le funeste Corona.
En retard, le défenseur central ar-
gentin a commis une faute sur
Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE
l’attaquant portugais dans la sur-
face (voir par ailleurs). Et le penalty
transformé par le capitaine Ser-
gio Oliveira a mis fin au (léger)
suspense (0-2, 72e).
La tête de Benedetto – toujours
aucun but cette saison – sur le po-
teau a été l’ultime sursaut mar-
seillais en fin de match (90e + 1).
Un but n’aurait rien changé, sauf
peut-être l’angoisse de terminer
cette campagne à zéro point et
zéro but, une menace qui plane
toujours au-dessus des Mar-
seillais et qui leur vaudrait des
moqueries pour les dix prochai-
nes années. Avec 13 défaites d’af-
filée depuis 2012, record d’Ander-
lecht battu dans la Ligue des
champions moderne – (La Jeu-
nesse d’Esch [Luxembourg] a fait
pire (16 entre 1973 et 1987)) –, les
sujets de railleries sont déjà as-
sez nombreux. Et c’est franche-
ment triste pour l’unique vain-
queur français de la C1 d’être
tombé aussi bas. É
(*) Les gamins de plomb.
Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE
21

Marseille - FC Porto : 0-2 phase de groupes (4e journée) LIGUE DES CHAMPIONS

Balerdi, c’est ballot

Alors que Porto venait d’être réduit à dix, le défenseur argentin a provoqué
un penalty et son expulsion, plombant les espoirs de l’OM.
DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE C’est dommage, vraiment, même pendant ses débuts labo-
MÉLISANDE GOMEZ parce que Sergio Oliveira trans- rieux avec l’OM, à Brest (3-2, le
39e minute : formait le penalty et qu’il n’y eut 30 août) ou contre Saint-Étienne
Zaidu Sanusi ouvre MARSEILLE – C’est difficile à croire, ce plus rien à espérer, ensuite, mais (0-2, le 17septembre), par exem-
le score pour Porto matin, devant la tristesse du bilan c’est la Ligue des champions, ple. Face aux Verts, il avait la cir-
à l’issue d’un corner. et la limpidité du score final, mais aussi, avec ses petites erreurs et constance atténuante d’évoluer
il y avait un souffle d’espoir pour ses grandes conséquences. Ba- latéral gauche et c’est nettement
l’OM, hier, autour de l’heure de lerdi pourra se dire que l’appren- mieux quand il joue dans l’axe, à
jeu. André Villas-Boas venait de tissage est un passage obligé, son vrai poste, comme à Lorient
tenter un coup de coaching, avec mais il est douloureux quand (1-0) ou Strasbourg (1-0), ses
trois changements d’un coup, et même, forcément, d’autant que deux dernières sorties en L1, net-
les entrées de Payet et Benedetto la courbe était positive, ces der- tement meilleures. Tellement
semblaient apporter un peu de nières semaines, pour la recrue qu’AVB a choisi de le lancer plutôt
mouvement autour de la surface de juillet dernier, arrivée en prêt que Caleta-Car, hier, expliquant la
portugaise. Surtout, Porto était du Borussia Dortmund, avec seu- veille : « Il est dans un bon moment,
groupe C 4e journée
réduit à dix après un second car- lement une dizaine de matches il peut commencer à avoir plus de
pts J.
ton jaune logique pour Grujic (67e) en pro dans les jambes. minutes. »
1 Man. City Q 12 4
et, puisque les Marseillais Mais l’Europe exige un autre
2 FC Porto 9 4
n’étaient menés que d’un but, “Il est dans un bon niveau, encore. Face à City (0-3),
3 Olympiakos 3 4 moment, il peut
,,
tout redevenait possible. dans une défense à trois, Balerdi
4 Marseille É 0 4 commencer à avoir plus
Mais, voilà, l’espoir s’était à avait souffert comme les autres ;
Manchester City est qualifié peine éveillé qu’il a été éteint d’un de minutes hier, il était un peu plus seul dans
pour les huitièmes de finales. coup, trois minutes plus tard, par ANDRÉ VILLAS-BOAS, LA VEILLE DU MATCH, le mauvais rôle. Il a 21 ans, et c’est
L’OM est éliminé de la C1. Leonardo Balerdi. Il n’est pas AU SUJET DE LEONARDO BALERDI une explication autant qu’une
juste de tout poser sur les jeunes C’est un profil que Villas-Boas promesse : il fait des erreurs,
hier épaules de l’Argentin, parce qu’il avait ciblé et l’entraîneur a tou- mais il a encore tout le temps de
Olympiakos 0-1 Man. City n’a pas été le seul de son équipe à jours soutenu son défenseur, les corriger.
(GRE) (ANG) décevoir, mais cette faute évitable
Marseille 0-2
FC Porto dans sa surface a décidé de la fin
(POR) de match et fermé le rideau vingt-
cinq minutes trop tôt.
le calendrier C’était une faute évitable, oui,
de Marseille en C1 parce que l’action est partie d’une
hier touche portugaise, rapidement
Voir ci-dessus. jouée par Corona côté droit, et
mardi 1er décembre Balerdi aurait dû être nettement
plus attentif, sur le coup. Il n’était
Marseille 21 h Olympiakos
(GRE) pas bien placé, et son retard l’a
hier conduit à l’erreur, quand il a désé-
mercredi 9 décembre quilibré Marega en pleine surface
Marseille 0 0-2 1 FC Porto Manchester City (ANG) 21 h marseillaise. M. Ekberg n’eut pas
Stade Vélodrome. – Temps frais. Pelouse en bon état. Match à huis clos. Marseille besoin de l’avis du VAR pour dési-

Alain Mounic/L’Équipe
Arbitre : M. Ekberg (SUE) 6
3,8 4 6 déjà joués
gner le point de penalty. L’arbitre
Amavi 3 5 suédois a sorti le carton jaune et
Luis Henrique Je. Corona Manafa Olympiakos (GRE) le défenseur a compris : déjà
3 1-0 Marseille
•
4 averti en première période pour
Balerdi Bo. Kamara 5 7c 6 une faute « utile » sur le même
Marseille 0-3
•
Marega Oliveira Mbemba
5c 4 4 6 Manchester City (ANG) Marega, qui lançait un contre, il 70e minute : Leonardo Balerdi retient Moussa Marega dans la surface
S. Mandanda M. Sanson Germain
6 4 6
Marchesin FC Porto (POR) 3-0 Marseille venait de mettre un terme à son de réparation. L’arbitre sifflera un penalty et infligera au défenseur
4 4 match. de l’OM un second avertissement synonyme d’expulsion.
Diaz Grujic M. Sarr
A. Gonzalez Rongier
4 3 6 7
Thauvin
Après-match André Villas-Boas
Sakai Otavio Sanusi
3 Entr. : A. Villas-Boas (POR) Entr. : S. Conceiçao 7 5,8
entraîneur de Marseille
Remplacements possession Remplacements
59 : Bo. Kamara par Cuisance, 57
e
43 78e : Je. Corona par Taremi.
Luis Henrique par Payet
et Germain par Benedetto.
78e : M. Sanson par Nagatomo
et Thauvin par Aké. 2
%
tirs cadrés
4
79e : Marega par Joao Mario
et Diaz par Nakajima.
90e : Oliveira (cap.) par Loum.
Non utilisés : Dio. Costa (g.),
« Ça peut laisser des traces »
Non utilisés : Y. Pelé (g.), Leite, Baro, Felipe Anderson, DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL PERMANENT occasions avec Dario (Benedetto). La de nos joueurs ont beaucoup
Vanni (g.), Strootman, fautes Martinez, Evanilson, Nanu, «L’OM vient d’enchaîner une Ligue des champions, c’est fini pour d’expérience. Si on prend tous les buts
Caleta-Car, P. Gueye, 19 14 Vieira. treizième défaite en C1, un record... nous. Je n’ai jamais préparé à ce point qu’on a pris, neuf, il y a beaucoup de
Khaoui, Lu. Perrin. Cartons.– Bon, on ne peut rien faire sur les treize deux matches dans ma vie, face à mon choses sur lesquelles on doit faire
Cartons.– 6 avertissements : 4 avertissements :
Balerdi (29e, 70e), Sanson (36e), passes réussies Grujic (58e, 67e), défaites, elles sont là. On avait déjà équipe de cœur, avec autant mieux. On ne s’est pas créé assez
Bo. Kamara (49e), Thauvin (54e), 408 300 S. Conceiçao (59e), touché le fond à Porto (0-3), on le d’attention. Mais tout s’est mal passé. d’occasions non plus. On a payé un prix
Payet (85e). 487 369 Oliveira (86e). touche encore ce soir, mais Craignez-vous que ces gifles très cher pour ce retour dans une
1 expulsion : Balerdi (70e). 1 expulsion : Grujic (67e). aujourd’hui, on a tout donné, avec ne laissent des traces en L1 ? compétition dont on rêvait, les autres
Suspendu au prochain Suspendu au prochain détermination. La première période Oui, ça peut laisser des traces, ça peut sont meilleurs que nous, ils ont le
match : Balerdi. match : Grujic.
est équilibrée mais on a beaucoup de arriver. Pour le moment, pas encore, niveau. Nous, pas encore. C’est dur.
Les buts 0-1 : Sanusi (39e). Après un corner d'Oliveira, le ballon revient sur Sanusi malchance, notamment sur le notre parcours en Championnant L’OM peut encore se qualifier
après une tête de Grujic repoussée par Kamara. Le latéral gauche bute dans un premier premier but. Les changements ont reste bon et intact. Il faut serrer les pour la Ligue Europa.
temps sur Mandanda avant de tromper le portier marseillais d'un tir du gauche. amélioré les choses. Mais il y a faute dents, dès samedi face à Nantes, pour La Ligue Europa n’est pas un bonus.
0-2 : Oliveira (72e s.p.). Balerdi accroche Marega dans la surface de réparation. sur Amavi avant que le penalty ne soit continuer à rêver à travers la L1. Être troisièmes avec quatre ou six
Sur le penalty, Oliveira croise sa frappe et trompe Mandanda pourtant parti du bon côté.
sifflé. Leo fait une grosse erreur, il La C1 est-elle une compétition points... On veut surtout bien sortir de
n’avait pas besoin de faire faute. À 0-2, trop grande pour l’OM ? cette compétition, avec une bonne
c’était fini, même si on a eu quelques Ce sont des mots trop durs. Certains image.» M. Gr.
 22 footba ll
LIGUE DES CHAMPIONS
Alain Mounic/L’Équipe
Thauvin,
les rendez-vous manqués
L’attaquant marseillais a traversé le match contre le FCPorto,
hier, comme cette campagne de Ligue des champions.
Beaucoup trop discrètement.
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
BAPTISTE CHAUMIER
MARSEILLE – Il n’a pas eu de geste
d’humeur, il n’a pas affiché de co-
lère rentrée ou prononcé de mots
fleuris. Il y avait juste une forme
de dépit sur le visage de Florian
Thauvin quand il s’est approché
de la ligne de touche pour céder
sa place à Marley Aké, peu avant
les dix dernières minutes de ce
match contre le FC Porto (0-2),
hier soir.
L’attaquant marseillais a
quitté le terrain la tête baissée,
accompagné d’une petite tape
paternaliste de son entraîneur,
André Villas-Boas, et ce n’est pas
certain qu’elle suffira à atténuer
sa déception ni sa frustration
après une nouvelle prestation ra-
tée sur cette scène européenne
où il espérait tant briller. Si l’OM a
raté son retour en Ligue des
champions dans les grandes lar-
geurs avec quatre défaites en
quatre matches, aucun but ins-
crit et neuf encaissés, c’est aussi,
surtout, en raison des défaillan-
ces de ses leaders. Bien sûr,
Thauvin n’est pas l’unique res-
phase de groupes (4e journée)
ponsable (vous pouvez citer
Payet et/ou Benedetto), mais les
attentes étaient grandes autour
de lui. Après une saison dernière
passée à l’infirmerie pour soi-
gner une cheville douloureuse, il
en avait lui aussi alors que sa
seule expérience en C1 se résu-
mait jusque-là à cette funeste
campagne à 0 point en 2013-
2014. Un boulet qu’il traîne en-
core aujourd’hui, comme d’au-
tres, et qui ne lui assure pas la
meilleure publicité auprès des
grands d’Europe.
Il a peu à peu disparu
de la rencontre
Dans ce match de la dernière
chance, pour entretenir un espoir
devenu quasi illusoire et éviter à
Marseille une treizième défaite
d’affilée dans la compétition, l’in-
ternational (27 ans) a bien essayé
de mettre du rythme dans le cou-
loir droit du 4-2-3-1 où AVB avait
choisi de le positionner. Il a connu
vingt minutes intéressantes où il
a souvent cherché ses coéqui-
piers, Valère Germain et Morgan
Sanson. L’entente entre les trois
compères a débouché sur une
demi-occasion, avec la frappe de
Sanson (4e), mais elle a rapide-
ment été étouffée par le pressing
des joueurs portugais et l’impact
physique qu’ils ont mis progres-
sivement dans les duels.
En l’absence de Payet, une
nouvelle fois laissé sur le banc au
coup d’envoi, Thauvin a aussi eu
la charge des coups de pied arrê-
tés et son coup franc pour la tête
de Germain (15e ) a failli être
payant. La suite ? Le gaucher a
peu à peu disparu de la rencon-
tre, bien tenu par le latéral ad-
verse Sanusi, certainement le
meilleur joueur du match (voir
par ailleurs) et auteur de l’ouver-
ture du score.
Le bilan est insuffisant, vrai-
ment. C’est beaucoup trop peu
pour un joueur qui se rêve un
destin dans un grand club euro-
péen alors qu’il pourrait profiter
de sa liberté contractuelle en juin
prochain. Il y a bien la Ligue 1, où
l’attaquant a soigné ses statisti-
ques personnelles jusqu’à pré-
sent (3 buts, 5 passes décisives
cette saison), mais Thauvin
s’imaginait certainement une au-
tre scène pour briller… É
Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE
Marseille 0-2 FC Porto
Florian Thauvin tente de chiper
le ballon à Luis Diaz en effectuant
un tacle, hier, sur la pelouse
de l’Orange-Vélodrome.
tops
Sanusi 7/10
Le latéral gauche de Porto ne sait pas
vraiment faire de touches et son style
tranche avec celui de son prédécesseur,
Alex Telles. Mais il a marqué,
a beaucoup proposé dans son couloir,
et a réussi une intervention de premier
ordre sur un centre de Payet convoité
par Thauvin (61e).
Sergio Oliveira 7/10
Son penalty était suffisamment bien
placé pour tromper Mandanda (72e).
L’ancien Nantais, devenu international
portugais en 2020, semble tout faire à
son rythme, mais il a été le patron de
bout en bout au milieu et a organisé le
jeu avec une précision remarquable.
M. Sarr 6/10
Depuis un mois il remplace Pepe,
blessé, et son interim est convaincant.
L'ancien Niçois s'installe tout
doucement. Hier, à part une relance
ratée en debut de seconde période,
il a géré sereinement une attaque
marseillaise en berne. R. D.
flops
Balerdi 3/10
Réaction Il a bien commencé, en imposant
sa puissance à Marega. Puis une passe
casse-croûte pour Alvaro, qui a fait
Alvaro Gonzalez, frissonner tout l’OM (18e), a lancé un
déclin inéluctable. Averti une première
défenseur de l’OM, fois (29e), il est naïf sur un appel de
au micro de RMC Sport Marega, qui provoque un penalty et son
« C'est difficile parce qu'on a expulsion (70e).
joué pour rien. Le penalty pour
le 2-0 nous fait mal. Il nous
Luis Henrique 3/10
Timide et appliqué, il se signale par un
reste encore deux matches de raid infructueux (13e). Après une
Ligue des Champions, une ouverture de Kamara, une talonnade
QUAND chance d'aller en Ligue de bon aloi pour Germain, côté gauche
BENEDETTO Europa, on va se battre pour (28e). Remplacé par Payet (59e), qui a
OFFRAIT ça. Maintenant qu'on est essayé de travailler ses centres et ses
UN CADEAU coups de pied arrêtés.
À MARADONA… éliminés de la Ligue des
Anciens de Boca Juniors, Champions, il nous reste à Sakai 4/10
Dario Benedetto et Diego penser à l'Olympiakos. Pour Même constat que sur les dernières
Maradona avaient noué se qualifier en Ligue Europa, rencontres de C1 : même s’il est
une relation d’amitié, ces mais aussi pour notre fierté. volontaire, il affiche des lacunes à ce
dernières années. Le niveau. Trop peu d’apport offensivement,
premier, désormais On veut bien finir. » des défauts de concentration
attaquant de l’OM, avait défensivement. Il a fini dans l’axe après
même récemment offert l’expulsion de Balerdi. M. Gr.
un cadeau pour les
60 ans du « Pibe de
Oro ». Il avait fait
fabriquer un tableau
100 % connecté pour son
Carton plein pour City
aîné, un concept imaginé Déjà vainqueur de ses trois premiers matches en phase de groupes de la C1
et conçu par une startup cette saison, Manchester City a signé une nouvelle victoire, hier en Grèce
française, (1-0), sur le terrain de l’Olympiakos, grâce à un but de Phil Foden (36e).
ArtDesignStory, qui Pep Guardiola s’était pourtant privé de Kevin De Bruyne et Kyle Walker
permet de revivre les (laissés au repos), et il avait choisi de se passer du Français Aymeric Laporte,
meilleurs moments de laissé sur le banc. Face à une formation grecque sans grande imagination,
sa vie et de recevoir des Mathieu Valbuena étant blessé, les Citizens ont monopolisé le ballon et tiré
selfies vidéos en temps vingt-deux fois au but – onze tirs cadrés –, contre une seule tentative pour les
réel sur un tableau Grecs. Avec ce revers à domicile, l’Olympiakos demeure à la portée de l’OM.
interactif. Ba. C. Trois points séparent les deux équipes qui vont désormais se battre pour
accrocher le wagon de la Ligue Europa. J.Ph.C.
Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE
Le Real
renaît
Après un début de parcours
cahoteux, l’équipe madrilène
s’est relancée dans la course
aux huitièmes de finale, grâce
à un deuxième succès d’affilée
contre l’Inter Milan.
HERVÉ PENOT
La Maison blanche lave toujours
propre en phase de groupes de la
Ligue des champions. Elle a en-
core lessivé l’Inter Milan, hier,
dans un affrontement qui devait
décider de l’avenir de ces deux ca-
dors du groupe B. La victoire du
Real (2-0), la première à l’exté-
rieur depuis décembre 2019 en
C1, relance le club dans la course
à la qualification pour les huitiè-
mes de finale alors que son début
de compétition laissait craindre le
pire : une défaite à domicile contre
le Chakhtior Donetsk (2-3) et un
nul arraché à Mönchengladbach
(2-2). Les Italiens, eux, se trouvent
ce matin au pied du mur et il leur
faudra gagner en Allemagne pour
rêver en un beau destin.
Le Real n’est pas totalement
sorti d’affaire mais apparaît sur le
chemin de la résurrection après
ces deux succès contre les Italiens
(3-2 à l’aller). Même privé de Ser-
gio Ramos et de Karim Benzema,
les tauliers, l’équipe madrilène
s’est promenée devant un Inter ul-
tra-décevant, comme tétanisé par
l’enjeu. S’il ne réagit pas, il ne pas-
sera pas la phase de groupes,
comme lors des deux dernières
saisons (3e à chaque fois).
Antonio Conte ne peut se con-
tenter d’une telle performance.
Très vite mené par un penalty
d’Eden Hazard (7e), son premier
but avec son club en C1, l’entraî-
neur italien a vu son édifice s’ef-
fondrer quelques minutes plus
tard avec l’expulsion d’Arturo Vi-
dal (33e). Que s’est-il passé pour
tops
E. Hazard 7/10
En plus de marquer son premier but
avec le Real en C1, sur penalty (7e),
il s’est montré très juste dans le jeu,
plus dans la distribution que dans
l’élimination. Les Milanais n’ont jamais
été capables de réduire son influence.
L. Vazquez 7/10
L’ailier droit du Real s’est baladé. Il a
donné le tournis à ses défenseurs en
servant Rodrygo sur le second but (59e)
et en déclenchant bon nombre
d’actions dangereuses. Il n’a pas hésité
à bosser défensivement aussi. H. P.
Inter Milan 0-2
voir le Chilien fondre un plomb
avec M. Taylor ? L’arbitre avait dé-
cidé de ne pas siffler un penalty
pour un contact avec Varane dans
la surface. Pas simple pour les
spécialistes du VAR, au vu des
images, d’infirmer la décision ini-
tiale d’un arbitre très bien placé
sur le coup. Même si sa réaction
semblait signifier qu’il n’était pas
tombé seul, Vidal écopait d’un
premier carton jaune pour con-
testation. Il s’avançait alors vers
M. Taylor, buste droit, torse
bombé. Cette attitude de défiance
entraînait un second jaune et un
retour au vestiaire. L’Inter ne s’en
remettra jamais, en dépit d’un
bon début de deuxième période.
Modric rayonne
toujours
Les joueurs se montraient inca-
pables de pousser le Real dans
ses derniers retranchements.
L’entrée d’un intéressant Perisic
à la place d’un fantomatique Lau-
taro Martinez ne suffisait pas.
Comme en face, on retrouvait le
Real des soirs de réveil, à la fois
puissant et inspiré, avec un Mo-
dric dominateur qui, à ce rythme,
devrait apposer sa signature au
bas d’un nouveau contrat (il se
termine en juin) avant la fin de la
saison. Le Croate a rayonné par
son sens du jeu, ses passes la-
sers et cette facilité à choisir tou-
jours les bons décalages. Et il y
avait de quoi s’amuser avec un
Vazquez virevoltant et un Hazard
qui revient de mieux en mieux. Le
Real n’a finalement pas attendu
longtemps avant d’assurer son
flops
Arturo Vidal non noté
Son statut de joueur expérimenté
aggrave son cas. Le Chilien (33 ans) a
été expulsé pour deux jaunes, pour
protestation, en quelques secondes
(33e, 33e) alors que l’Inter était menée
dans un match déterminant.
Barella 3/10
Le milieu a été généreux, certes, mais
dans les mauvais coups sur les deux
buts. C’est lui qui a bêtement provoqué
le penalty, transformé par Hazard (7e),
et qui n’a pas suivi Vazquez, auteur du
centre décisif (59e).
23 footba ll
e
Real Madrid phase de groupes (4 journée) LIGUE DES CHAMPIONS
hier
Inter Milan 0 0
Real Madrid 1 2
Arbitre : M. Taylor (ANG) (5).
Match à huis clos.
•
4,2 5c
S. Handanovic
5 5 4
Skriniar De Vrij Bastoni
3 3 4 - 5
Gagliardini
Hakimi Barella Ar. Vidal A. Young
4 3
7
R. Lukaku L. Martinez
4 7
Mariano Diaz
E. Hazard L. Vazquez
6 7
6
Odegaard Modric
Kroos
7 7 6c• 6
Fer. Mendy Nacho Varane Carvajal
5
Alessandro Garofalo/Reuters
Courtois 6,2
Ent. : A. Conte (4) Ent. : Z. Zidane (7)
Inter Milan
Remplacements.– 46e : Bastoni par
D'Ambrosio (note : 5) et L. Martinez par
Perisic (note : 6). 63e : Hakimi par
A. Sanchez. 78e : Gagliardini par Sensi.
86e : R. Lukaku par Eriksen.
Non utilisés : Radu (g.), Stankovic (g.),
7e minute : à la suite succès grâce à l’intenable Rodygo maine. L’équipe de Zinédine Zi- Darmian, Nainggolan, Ranocchia.
d’une faute dans (2-0, 59e). À l’aller, le Brésilien dane a compris que cette saison, Cartons.– 4 avertissements :
la surface de Nicolo avait marqué le but de la victoire à marquée par le Covid-19 et tant Gagliardini (19e), Ar. Vidal (33e, 33e),
Sensi (85e). 1 expulsion : Ar. Vidal (33e).
Barella (à droite), peine entré en jeu. Là, il a fait de rebondissements, recelait Suspendu au prochain match : Ar. Vidal.
Eden Hazard trompe presque aussi fort : une reprise bien des pièges. Même s’il sem-
Samir Handanovic sur parfaite sur un centre millimétré ble avoir trouvé des ressources, Real Madrid
penalty et ouvre Remplacements.– 58e : Odegaard par
de Vazquez sur sa première tou- l’entraîneur français, triple vain- Casemiro. 59e : Mariano Diaz par Rodrygo.
le score pour le Real che. Et tant pis si le but a finale- queur de l’épreuve, saura rappe- 77e : E. Hazard par Vinicius.
Madrid. ment été accordé à Hakimi contre ler à ses troupes que rien n’est Non utilisés : Altube (g.), Lounine (g.),
son camp. encore acquis. Conte devra trou- Marcelo, Duro, C. Garcia, Asensio, Isco.
Cartons : aucun.
Les ennuis de début de Ligue ver, lui, les mots et les hommes Suspendus au prochain match : aucun.
des champions s’évaporent mais pour relancer les siens à Mön-
il ne faudra pas prendre Donetsk chengladbach. Ce sera encore Les buts 0-1 : E. Hazard (6e s.p.) ;
0-2 : Hakimi (59e c.s.c.).
à la légère, non plus, dans une se- plus compliqué… É
1/15
Le Real madrid
s’est imposé à Milan Jusqu’au 29 novembre(1)
pour la première
fois en Coupes
d’Europe après...
quatorze tentatives
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 24 footba ll Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE

LIGUE DES CHAMPIONS phase de groupes (4e journée) tableau de bord

LES GROUPES 4e journée hier hier hier

groupe A 4 journée e e
groupe B 4 journée Olympiakos 0 0 Borussia M'Gladbach 3 4 Liverpool 0 0 L’Atalanta
Manchester City 1 Chakhtior Donetsk 0 Atalanta Bergame 2
matches buts
pts
J G N P diff
matches buts
pts
J G N P diff Arbitre : M. Massa (ITA) (7).
Match à huis clos.
1
Arbitre : M. Cakir (TUR) (6).
Match à huis clos.
0
Arbitre : M. Del Cerro Grande (ESP) (6).
Match à huis clos.
0
en profite
1 B. Munich Q 12 4 4 0 0 +11 1 B. M'Gladbach 8 4 2 2 0 +10 Malgré une infirmerie pleine
2 Atl. de Madrid 5 4 1 2 1 -3 2 Real Madrid 7 4 2 1 1 +2 4,2 5
Sá
6 6
Sommer
4 5
Alisson (Van Dijk, Thiago, Henderson,
3 Lokomotiv M. 3 4 0 3 1 -1 3 Ch. Donetsk 4 4 1 1 2 -9 4 4 4 5 5 7 7 3 4 5 3 Keita, Gomez, Alexander-
4 Salzbourg 1 4 0 1 3 -7 4 Inter Milan 2 4 0 2 2 -3 R.Semedo O. Ba P.A. Cissé Lainer Ginter Elvedi Wendt N. Williams Matip R. Williams Tsimikas Arnold…), Jürgen Klopp avait
3 4
hier hier
4
Dräger
M’vila R. Pepe
5
Rafinha
6
Neuhaus
6
Kramer
6
Lazaro
5
C. Jones
4
Wijnaldum
•
4c
Milner
quand même choisi de faire
tourner son équipe, hier, pour
Atl. de Madrid 0-0 Lokomotiv
(ESP) Moscou (RUS)
B. M'Gladbach 4-0 Ch. Donetsk
(ALL) (UKR)
4
Mo. Camara Fortounis
4c • 5
Masouras
6
M. Thuram
7c
Stindl
• 7
Embolo
3
Origi
4
Salah Mané
4 recevoir l’Atalanta : Fabinho,
Robertson, Jota et Firmino
B. Munich (ALL) 3-1 Salzbourg (AUT) Inter Milan (ITA) 0-2 Real Madrid (ESP) 6c
Sterling
• 4
Gabriel Jesus
4
B. Silva
4
Solomon
4
Junior Moraes
4
Tete
7
Ilicic 6
8c •
A. Gomez démarraient sur le banc.
Pessina
7 6 3 3 4 7 5 6 6 L’entraîneur allemand pouvait se
groupe C 4e journée groupe D 4e journée Foden 5 Gündogan Alan Patrick Stepanenko Marlos Gosens Freuler De Roon Hateboer le permettre, Liverpool ayant
Rodri
matches buts matches buts 7 6 6 6 4 3 3 3 6 7 5 déjà engrangé neuf points en
pts pts
J G N P diff J G N P diff B. Mendy Dias Stones Cancelo Matvienko Bondar Krivtsov Dodo Djimsiti Romero Toloi trois matches de C1. Mais avec
1 Man. City Q 12 4 4 0 0 +9 1 Liverpool 9 4 3 0 1 +6 6
Ederson 5,7
4c
Piatov
• 3,9 6
Gollini 6,3 Curtis Jones, Rhys et Neco
2 FC Porto 9 4 3 0 1 +5 2 Ajax Amsterdam 7 4 2 1 1 +2 Williams, trois jeunes joueurs
Ent. : P. Martins (POR) Ent. : J. Guardiola Ent. : L. Castro (POR) Ent. : J. Klopp (ALL) Ent. : G.-P. Gasperini
3 Olympiakos 3 4 1 0 3 -5 3 Atalanta B. 7 4 2 1 1 +1 Ent. : M. Rose (7) formés au club, et Origi ou
(3) (ESP) (6) (3) (3) (7)
4 Marseille É 0 4 0 0 4 -9 4 FC Midtjylland É 0 4 0 0 4 -9 Tsimikas, alignés d’entrée, les
Olympiakos Borussia M'Gladbach Liverpool
Remplacements.– 66e : Dräger par e
Remplacements.– 68 : Lazaro par Remplacements.– 61e : Tsimikas par Anglais ont calé.
hier hier Vrousai. 70e : R. Pepe par Bouchalakis. Herrmann. 69e : Neuhaus par Zakaria et Robertson, Wijnaldum par Fabinho et Origi Les Italiens n’ont pas eu besoin
Olympiakos (GRE) 0-1 Man. City (ANG) Atalanta Bergame 78e : Masouras par Soudani. Embolo par Plea. 80e : Stindl par Benes. par Jota. 62e : Salah par Firmino. de trop forcer, mais seulement
Liverpool (ANG) 0-2 (ITA) Non utilisés : Karagyris (g.), Tzolakis (g.), 84e : M. Thuram par Ib. Traoré. 85e : Matip par Minamino.
Marseille 0-2 FC Porto (POR)
Ajax Amsterdam 3-1 Androutsos, Kitsos, Nikolis, Papadopoulos, Non utilisés : Grun (g.), Sippel (g.), Non utilisés : Adrian (g.), Kelleher (g.), de deux coups de patte magiques
(HOL) Midtjylland (NOR) Sourlis, Tsavos, Vinagre. Jantschke, Lang, Poulsen. Cain, Clarkson, Koumetio. de « Papu » Gomez. Le capitaine
Carton.– 1 avertissement : Rafinha (39e). Cartons.– 2 avertissements : Carton.– 1 avertissement : Tsimikas argentin a délivré deux centres
Suspendus au prochain match : aucun. Lazaro (48e), Lainer (90e). (57e). rentrants depuis la gauche : le
groupe E groupe F Suspendus au prochain match : aucun. Suspendus au prochain match : aucun.
matches buts matches buts Manchester City premier a trouvé le pied droit
pts
J G N P diff
pts
J G N P diff Remplacements.– 76e : Rodri par Chakhtior Donetsk
e
Atalanta Bergame d’Ilicic (1-0, 60e), le second la
Fernandinho et Sterling par Mahrez. Remplacements.– 59 : Solomon par Remplacements.– 70e : Ilicic par tête d’Hateboer, qui a
1 Chelsea Q 10 4 3 1 0 +8 1 Bor. Dortmund 9 4 3 0 1 +6 77e : B. Mendy par Zintchenko. Fernando. 70e : Marlos par Marcos Antonio. D. Zapata. 75e : Gosens par Mojica. 85e :
2 Séville FC Q 10 4 3 1 0 +3 2 Lazio Rome 8 4 2 2 0 +4 86e : Gündogan par Doyle. 81e : Alan Patrick par Maycon. Pessina par Al. Mirantchouk.
parfaitement remisé pour
3 FC Krasnodar É 1 4 0 1 3 -6 3 FC Bruges 4 4 1 1 2 -5 Non utilisés : Steffen (g.), Carson (g.), Non utilisés : O. Chevtchenko (g.), Non utilisés : Sportiello (g.), Rossi (g.), Gosens (2-0, 64e). Avec 7 points,
4 Rennes É 1 4 0 1 3 -5 4 Zénith St-Pét. É 1 4 0 1 3 -5
Garcia, Laporte, Nmecha, Palmer, Torres. Trubin (g.), Bolbat, Cipriano, Vitao, Sudakov. Lammers, Muriel, Palomino, Panada, Piccini, l’Atalanta talonne l’Ajax (7 points
Cartons.– 3 avertissements : Carton.– 1 avertissement : Ruggeri, Scalvini. aussi) qui ira à… Anfiled la
Sterling (39e), Dias (53e), Gündogan (85e). Stepanenko (45e). Carton.– 1 avertissement :
Suspendus au prochain match : aucun. Suspendus au prochain match : aucun. De Roon (89e). semaine prochaine. H. G.
hier hier
Suspendus au prochain match : aucun.
FC Krasnodar 1-2 Séville FC (ESP) Borussia 3-0 FC Bruges (BEL) Le but 0-1 : Foden (35e, passe Les buts 1-0 : Stindl (17e s. p.) ; 2-0 :
Rennes 1-2 Chelsea (ANG) Dortmund (ALL) de Sterling). Elvedi (34e, passe de Stindl) ; 3-0 : Les buts 0-1 : Ilicic (60e, passe
Lazio Rome (ITA) 3-1 Zénith St-Pét. Embolo (45e+1) ; 4-0 : Wendt (77e). de Gomez) ; 0-2 : Gosens (64e, passe
(RUS) d’Hateboer).

groupe G
matches buts
groupe H
matches buts
hier
Ajax Amsterdam 0 3
hier
Bayern Munich 1 3
hier
Atlético de Madrid 0
Le Bayern
qualifié,
pts pts
J G N P diff J G N P diff
1 FC Barcelone Q 12 4 4 0 0 +11 1 Man. United 9 4 3 0 1 +8 FC Midtjylland 0 1 RB Salzbourg 0 1 Lokomotiv Moscou 0
2 Juventus
3 D. Kiev
Q
É
9
1
4
4
3
0
0
1
1
3
+4
-7
2 Paris-SG
3 RB Leipzig
6
6
4
4
2
2
0
0
2
2
+1
-3
Arbitre : M. Karasev (RUS) (6).
Match à huis clos.
Arbitre : M. Grinfeld (ISR) (6).
Match à huis clos.
Arbitre : M. Vincic (SLN) (5).
Match à huis clos. l’Atlético
6,1 5,5 • 5,2
piétine
5 7c 5
4 Ferencvaros É 1 4 0 1 3 -8 4 Istanbul B. 3 4 1 0 3 -6 Onana Neuer 5
6 Oblak
7 6 5 6 5 J. Boateng Alaba 6 6 5 5 5
hier hier Mazraoui Schuurs Blind Tagliafico Pavard Richards Trippier S. Savic Gimenez Lodi
5 3 Pour le moment, le tenant du
D. Kiev (UKR) 0-4 FC Barcelone Man. United (ANG) 4-1 Istanbul B. 6 5 8 Goretzka
6
Roca 6 5 •
6c 7 titre trace sa route vers un
(ESP) Paris-SG 1-0 RB Leipzig (ALL) Klaassen Labyad Gravenberch 4 7 M. Llorente Saul Niguez Koke Carrasco
Juventus (ITA) 2-1 Ferencvaros T. Müller hypothétique doublé. La Bayern,
7
Neres
5
Traoré
•
7c
Tadic
Gnabry
7
Lewandowski
Coman 4
Félix
3
A. Correa
poussif en première période
3 4 5 contre Salzbourg (3-1), a
5
Kaba
4 3
Koita
5 4 Zé Luis 4 néanmoins remporté sa
Mabil 3 Dreyer 5 Kamano 3 4 Ignatiev quatrième victoire en autant de
Sisto Szoboszlai Mwepu 4
buteurs Berisha An. Mirantchouk Koulikov
5 4 4 5 Krychowiak matches de groupe, la quinzième
Onyeka Madsen
1. Haaland (+ 2) (Borussia Dortmund), 6 buts.
2. Morata (+ 1) (Juventus), Rashford (+ 1) (Manchester United), 5 buts.
-
Paulinho 3 4c •
3
Cools
4c•
Ulmer
Junuzovic
4
Camara
3
3
Kristensen
5
Rybus
6
Murilo
•
7c
Corluka Jivogliadov
3 d’affilée dans cette compétition.
Les Bavarois sont donc déjà
4. Jota (Liverpool), 4 buts. Scholz 5 Sviatchenko Wöber 4 Ramalho 8
5. D. Zapata (Atalanta Bergame), Coman (+ 1), Lewandowski (+ 1) (B. Munich), Hansen 3,8 Stankovic 4 Guilherme 4,8 qualifiés pour les huitièmes de
Plea (B. M'Gladbach), Ti. Werner (Chelsea), Messi (FC Barcelone), Oliveira (+ 1) Ent. : E. Ten Hag (6) Ent. : B. Priske (5) Ent. : J. Marsch (USA) Ent. : D. Simeone Ent. : M. Nikolic (SER) finale, un horizon que l’Atlético
(FC Porto), Immobile (+ 2) (Lazio Rome), Torres (Manchester City), B. Fernandes Ent. : H.-D. Flick (6) de Madrid entrevoit encore de
Ajax Amsterdam (4) (ARG) (5) (6)
(+ 2) (Manchester United), Berisha (+ 1) (Salzbourg), 3 buts. loin. L’autre cador supposé du
e
Remplacements.– 66 : Blind par Martinez Bayern Munich Atlético de Madrid
et Klaassen par Alvarez. 82e : Mazraoui par Remplacements.– 62e : Gnabry par Remplacements.– 60e : Lodi par Hermoso groupe, déjà accroché à l’aller
Klaiber et Labyad par Promes. 90e : Neres Le. Sané. 63e : Pavard par L. Hernandez. et M. Llorente par Lemar. 80e : Carrasco par (1-1) en Russie par le Lokomotiv
par Ekkelenkamp. 78e : Coman par Douglas Costa. Camello.
Non utilisés : Stekelenburg (g.), Kotarski Moscou, a de nouveau été tenu
79e : Richards par J. Martinez. Non utilisés : Grbic (g.), Felipe, A. Moya,
RÈGLEMENT (g.), Brobbey, Antony, Huntelaar, Timber. Non utilisés : Nübel (g.), Zirkzee, Musiala, Sanabria, R. Sanchez, Saponjic, Valera, en échec (0-0) à domicile.
LES PREMIER ET DEUXIÈME de chaque groupe seront qualifiés pour Carton.– 1 avertissement : Neres (41e). Choupo-Moting, Arrey-Mbi. Vitolo. Malgré sa domination et ses
les 8es de finale. Le troisième sera reversé en 16es de finale de la Ligue Europa. Suspendus au prochain match : aucun. Cartons– 3 avertissements : Neuer (24e), Cartons : aucun. statistiques largement
Le quatrième sera éliminé. EN CAS D’ÉGALITÉ DE POINTS entre plusieurs équipes, Roca (48e, 66e). 1 expulsion : Roca (66e) Suspendus au prochain match : aucun. supérieures (20 tirs à 4), l’équipe
les critères pour les départager sont :
FC Midtjylland Suspendu au prochain match : Roca.
Remplacements.– 26e : Paulinho par Lokomotiv Moscou espagnole, qui a péché dans la
¢ 1. le plus grand nombre de points obtenus dans les rencontres directes.
¢ 2. la meilleure différence de buts dans les rencontres directes.
Andersson (note : 3). 69e : Madsen par RB Salzbourg e
Remplacements.– 76 : An. Mirantchouk finition, n’est pas parvenue à
Andersen et Kaba par Kraev. 82e : Dreyer par e
Remplacements.– 71 : Junuzovic par par Magkeïev et Kamano par Ribtchinski. l’emporter. Giménez a pourtant
¢ 3. le plus grand nombre de buts dans les rencontres directes. Isaksen et Sisto par Pfeiffer. Adeyemi. 72e : Mwepu par Ashimeru Non utilisés : Kotchenkov (g.), Savine (g.),
¢ 4. le plus grand nombre de buts à l’extérieur dans les rencontres directes. Non utilisés : M. Andersen (g.), et Szoboszlai par Sucic. Iosifov, Lisakovitch, Listsov, Eder, Moukhine, eu la balle de match, sur corner
¢ 5. si deux équipes sont toujours à égalité, les critères 1 à 4 sont à nouveau Ottesen (g.), Dyhr, Hoegh, M. James, Non utilisés : Walke (g.), Coronel (g.) Rajkovic, Silianov, Jemaletdinov. (89e), mais le défenseur
appliqués, exclusivement aux matches entre celles-ci ; en cas de nouvelle égalité, O. Sorensen, Vibe. Solet, Farkas, Vallci, Onguéné. Carton.– 1 avertissement : uruguayen n’a pas cadré sa tête.
les critères 6 à 8 s’appliquent. Carton.– 1 avertissement : Madsen (43e). Cartons.– 2 avertissements : Koita (58e), Koulikov (66e).
¢ 6. la meilleure différence de buts sur tous les matches du groupe. 1 expulsion : Sviatchenko (90e). Deuxièmes avec cinq petits
Camara (90e). Suspendus au prochain match : aucun.
¢ 7. le plus grand nombre de buts marqués. Suspendus au prochain match : aucun. Suspendus au prochain match : aucun. points, les « Matelassiers »
¢ 8. le plus grand nombre de buts marqués à l'extérieur. ne sont pas à l’abri d’une cruelle
¢ 9. le plus grand nombre de matches gagnés. Les buts 1-0 : Gravenberch (47e, Les buts 1-0 : Lewandowski (42e, déconvenue. V. V.
¢ 10. le plus grand nombre de matches gagnés à l'extérieur. passe de Tadic) ; 2-0 : Mazraoui (49e, passe de Müller) ; 2-0 : Wöber (52e
¢ 11. le fair-play. ¢ 12. le coefficient UEFA des clubs. passe de Tadic) ; 3-0 : Neres (67e, passe c.s.c.) ; 3-0 : Le. Sané (68e, passe de
de Traoré) ; 3-1 : Mabil (81e s.p.). Coman) ; 3-1 : Berisha (73e).
 Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE
footba ll 25
Paris-SG LIGUE 1

Tuchel, pas com’ d’habitude

La nervosité affichée publiquement par l’entraîneur parisien ces dernières semaines,
et notamment mardi soir après le court succès contre le RBLeipzig (1-0), interroge.
HUGO DELOM (avec J. Ba. et D. F.)

L’éternelle analogie entre le PSG

et l’OM, relancée récemment par
Leonardo (*), peut se prolonger
jusque dans l’attitude de leurs en-
traîneurs. À la question : « Qui
d’André Villas-Boas ou de Tho-
mas Tuchel est le technicien le
plus nerveux en ce moment ? »,
difficile de trouver une réponse
définitive. Mardi soir, à l’issue de la
victoire, au mieux poussive, de
ses joueurs face au RBLeipzig en
Ligue des champions (1-0), l’en-
traîneur parisien a marqué des
points dans son duel à distance
avec son homologue marseillais.
À une question presque ano-
dine sur la «fébrilité, le manque de
confiance» de son groupe, Tuchel
a répliqué par une réponse
cinglante : « Vous demandez tou-
jours la même chose. Si vous avez
les couilles de faire ça, allez dans le
vestiaire et dites-leur. Ils ont
tout donné physiquement. Je suis
fatigué de répondre à vos atten-
tes. » Une réaction vive qui inter-
vient dans une période où l’Alle-
mand (47 ans) avait déjà multiplié
les interventions publiques mor-
dantes.

Une posture publique
qui évolue
Tuchel n’était pas réputé, lors de
son passage à Dortmund (2015-
2017), pour ses coups de sang en
public. Il y a bien eu ces recadra-
ges envers Pierre-Emerick Auba-
meyang ou l’attitude de certains
jeunes, mais en dépit de dernières
semaines compliquées au BVB,
jamais le technicien ne s’est em-
porté aussi vivement. La réaction
de Tuchel, mardi, a donc étonné
outre-Rhin. Lors de ses dix-huit
premiers mois à Paris, le techni-
cien s’est employé à nourrir
l’image d’un entraîneur à l’écoute,
pédagogue, charmeur parfois, vo-
lontiers adepte de l’humour.
C’est avec un sourire plein
d’ironie, parfois, qu’il faisait pas-
ser des messages. Comme à l’ex-
directeur sportif Antero Henrique,
en janvier 2019, le jour où, lassé
d’attendre la recrue Leandro Pa-
redes, il voulait aller «voir dans les
Pierre Lahalle/ L’Équipe
Franck Faugère/L’Équipe
douches» s’il n’y était pas. Il s’était surexposition d’un entraîneur pa- rapport de séduction. Et laisse yence (2009-2014) n’a cessé de ré- Thomas Tuchel,
certes agacé, en avril 2019, quand risien – six conférences de presse donc davantage sa personnalité, péter que les difficultés actuelles concentré, lors d’une
Laurent Paganelli, le consultant en huit jours en période de C1 – volontiers éruptive, s’exprimer. du club étaient liées au calendrier conférence de presse
de Canal+, avait revêtu un maillot peut amener à une forme de las- Au-delà de son caractère, Tu- et aux blessures. Des raisons qu’il au Camp des loges,
strasbourgeois, mais ces mo- situde. A fortiori sur des périodes chel, qui n’a pas cherché à créer estime pas suffisamment prises le 28 février.
ments de tension en public étaient de tension où les mêmes ques- des liens particuliers avec des en compte.
plutôt rares. Le basculement est tions se posent. Alors que son journalistes français, a le senti-
donc récent. Il s’est traduit notam- équipe traverse une séquence de ment d’être désormais isolé et in- Un groupe qu’il protège groupe H
ment par sa colère face à un jour- grande pauvreté dans le jeu, Tu- compris. Isolé parce qu’il estime Les sorties récentes peuvent en- pts J.
naliste de Canal + en marge de la chel est très exposé. Certes, Leo- que Leonardo dispose d’un ré- fin s’interpréter comme une ma- 1 Man. United 9 4
réception de Rennes (3-0, le 7 no- nardo s’offre davantage de sorties seau médiatique influent, volon- nière pour Tuchel de protéger 2 Paris-SG 6 4
vembre), un échange vif après le publiques que ses prédécesseurs tiers critique sur son action. Et in- son groupe. Avec son « Si vous 3 RB Leipzig 6 4
déplacement à Leipzig (1-2, le (y compris pour recadrer son en- compris parce qu’il s’étonne de ne avez des couilles, allez les voir, les 4 Ist. Basaksehir 3 4
4novembre), et donc, mardi soir. traîneur), mais son technicien est pas avoir eu plus de crédit après joueurs ont tout donné physique-
l’une des rares voix du PSG en ce sa dernière saison très accomplie, ment », l’entraîneur parisien uti- le calendrier
Une surexposition qui lasse moment puisque les joueurs, en conclue par 4 titres et une finale de lise un ressort de management du Paris-SG en C1
raison du contexte sanitaire, ne C1. Tuchel ne s’attendait pas à être classique du « eux » contre
Dans l’entourage d’Unai Emery, le sont pas présentés à la presse. immédiatement sous le feu des « nous ». Parfois distendu (après mercredi 2 décembre
prédécesseur de Tuchel, l’argu- Alors qu’il sait son avenir parisien critiques, qui lui paraissent en ou- le match contre Manchester Uni- Manchester United (ANG) 21 h
ment avait été souvent utilisé. La quasi scellé, il n’est plus dans un tre infondées. L’ex-coach de Ma- ted, 1-2, le 20 octobre) ou après le Paris-SG
fameux épisode des anniversai- mardi 8 décembre
res de Di Maria, Cavani et Icardi, Paris-SG 21 h
l’an dernier, le lien entre Tuchel et Istanbul Basaksehir (TUR)
Des temps de jeu à surveiller son groupe ne s’est jamais totale-
ment rompu. En protégeant son déjà joués
La gestion des temps de jeu et le retour des blessés seront Thomas Tuchel pourrait de nouveau disposer de Mauro effectif de manière véhémente, le Paris-SG
une nouvelle fois les enjeux majeurs de la semaine, avant Icardi (genou). Le buteur argentin (4 matches seulement technicien renforce le sentiment 1-2 Manchester United (ANG)
le déplacement à Manchester mercredi prochain en Ligue cette saison, 348 minutes, 2 buts), a participé à plusieurs d’appartenance et tente de jouer Istanbul Basaksehir (TUR)
des champions. Auteur face au RB Leipzig (1-0, mardi) séances ces derniers jours. S’il ne ressent pas de douleurs la carte de l’unité. É 0-2 Paris-SG
d’une entrée – de 10 minutes – assez impressionnante, d’ici là, sa présence face aux Girondins n’est pas à exclure.

RB Leipzig (ALL) 2-1 Paris-SG

quasiment deux mois après son dernier match (contre Alors que Neymar a pris beaucoup de coups contre Leipzig, (*) Le 10 novembre, le directeur
Paris-SG 1-0 RB Leipzig (ALL)
Angers, 6-1, le 2 octobre), Marco Verratti devrait avoir un le cas de Marquinhos (notre photo) est surveillé. Le sportif du PSG avait affirmé :
temps de jeu plus conséquent contre Bordeaux samedi Brésilien, strappé à une cuisse, a joué sous anti-douleurs «Paris, ça n'a jamais été Manchester United qualifié lors
soir. Toujours privé de Bernat, Gueye, Kehrer et Draxler contre les Allemands comme indiqué par Thomas Tuchel exactement la ville du foot. C'est de la prochaine journée
s’il ne perd pas contre le Paris-SG.
(blessés) ainsi que Diallo (suspendu), l’entraîneur parisien mardi soir. H. De. toujours Marseille».
 26 footba ll
LIGUE DES CHAMPIONS Paris-SG
IMPRESSION
SOMMEIL
DEVANT
La courte victoire face à Leipzig mardi
n’a pas du tout rassuré les anciens
joueurs du PSG, frappés par la faiblesse
offensive du champion de France.
DAMIEN DEGORRE
et ARNAUD HERMANT (avec F. V.)
Ce n’est pas unanime mais presque : face
au RB Leipzig (1-0), mardi, le PSG a sans
doute réalisé « son plus mauvais match de
C1 sous l’ère qatarienne », pense Jérôme
Rothen, consultant pour RMC Sport. «On a
gagné au Loto, renchérit Jérôme Alonzo, qui
officie désormais pour la chaîne L’Équipe.
C’était l’un des pires matches du PSG en C1 à
l’un des moments les plus importants. Au
moins, le club s’épargne une crise majeure et
il reste en vie. Mais, à moyen terme, cela ne
peut pas tenir. Oui, Paris est en vie mais après,
on fait quoi ? » Oui, que fait Paris ? Pour
l’heure, pas grand-chose. Il continue avec
les mêmes. Mais ses dernières sorties
n’augurent rien de bien favorable.
Tous inquiets ou presque
« La seconde période à Monaco (2-3, ven-
dredi) avait déjà été inquiétante alors après
hier, on peut être inquiets oui, déclare Eric
Rabesandratana, consultant pour France
Bleu 107.1. Le PSG n’a jamais été capable
d’élever son niveau et n’a rien produit. » Ro-
then poursuit : « Face à Leipzig, j’ai eu l’im-
pression de voir une équipe en Coupe de
France qui, à domicile, cherche à garder un
résultat contre un adversaire de deux ou trois
niveaux supérieurs. Alors, est-ce que je suis
inquiet ? Oui, je le suis. Parce que le plan de
Thomas Tuchel repose uniquement sur les
apports de Neymar, Mbappé et, à un degré
moindre, de Di Maria. J’ai rarement vu une
équipe avec de telles ambitions européennes
être aussi dépendante de rendements indivi-
duels. En cas d’absences, quel est le plan B?
Dès qu’il y a du répondant d’un point de vue
technique ou tactique, cette équipe devient
méconnaissable, faible même.»
Seul Luis Fernandez apporte une vision
moins pessimiste. Pour le consultant de
beIN Sports, pas question de voir le verre à
moitié vide : « J’ai senti Tuchel sur la défen-
sive, lors de sa conférence de presse d’après-
match. Lorsqu’il dit qu’à Leipzig, le PSG mène
1-0 et qu’il manque un penalty dans la foulée,
c’est vrai. Paris avait réalisé une belle pre-
mière période en Allemagne, non? Même s’il
a été décevant dans le jeu, le match de mardi
permet au club de se repositionner en C1, de
se remettre dans la course à la qualification.
Pierre Lahalle/L’Équipe
J’ai l’impression, de l’extérieur, que le groupe
est derrière son coach.»
La fatigue, une excuse ?
C’est souvent ce qui revient dans les expli-
Kylian Mbappé essaie d’échapper au tacle de Marcel Sabitzer, mardi, contre le RB Leipzig (1-0). cations du coach: enchaînement des mat-
Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE
ches, blessures, fatigue… Fernandez sous-
crit en partie à cette thèse : « Quand je re-
garde le nombre de joueurs blessés ou de re-
tour de blessure, ce n’est quand même pas de
la faute de Tuchel. Il doit gérer des situations
différentes. Il ne faut pas oublier que Neymar
et Mbappé revenaient eux aussi de blessure
(tandis que Draxler, Bernat et Kehrer sont
toujours inidsponibles).»
En revanche, elle ne trouve pas le même
écho chez les anciens joueurs. Alonzo, par
exemple, ne valide pas : « Physiquement,
cela ne devrait pas aller en s’arrangeant d’ici à
février, on est d’accord ? Tuchel ne peut pas
toujours se cacher derrière les blessures et le
rythme des matches. Tout le monde est logé à
la même enseigne. Quand il a repris la saison
– et on était tous d’accord pour reprendre –, il
savait bien qu’il allait connaître un rythme
d’enfer. Il fallait bien caser le même nombre
de matches dans un délai plus court.»
Rabesandratana souscrit : « Certes les
joueurs sont fatigués et blessés comme dans
d’autres clubs européens, mais il y a un pro-
blème de mental dans l’approche du match.
La fatigue normalement vient après, au dé-
part, tu t’en sors grâce au mental. Le seul
point positif, c’est le mental affiché pour le tra-
vail défensif, d’autant qu’il n’y a pas eu de repli
des trois de devant.» Rothen conclut: «Il faut
arrêter de se chercher des excuses. C’est vrai,
tu peux être moins bien physiquement,
mais bon… Il y a tout de même beaucoup de
joueurs dans cet effectif qui n’ont pas le niveau
de Paris.»
Une équipe moins forte cette saison ?
C’est en tout cas l’avis de Guy Lacombe, qui
fut l’entraîneur du club de la capitale de
2005 à 2007 : « Le niveau général du PSG a
baissé cette saison. Thomas Tuchel a raison
quand il sous-entend que son club ne s’est
pas renforcé à l’échelle de ses ambitions. On
le voit sur ce genre de match contre Leipzig.
Quand le Bayern Munich a des absences au
milieu, il double avec Tolisso ou Martinez. À
gauche, les choix se font entre Hernandez et
Davies. Au PSG, il y a Bakker à gauche et je ne
crois pas qu’il se soit renforcé en prenant Flo-
renzi à la place de Meunier. Les joueurs qui
sont arrivés sont de bons joueurs mais pas
des joueurs pour renforcer une équipe qui
sort d’une finale de C1 et qui veut toujours al-
ler chercher ce trophée.»
Ce point de vue est partagé, en partie, par
Alonzo, qui nuance tout de même: «Il n’y a
sans doute que douze ou treize joueurs de très
haut niveau, mais je ne peux pas croire
qu’avec cet effectif-là vous ne soyez pas capa-
ble de faire mieux que ce que j’ai vu mardi. Tu uu
 Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE
27
Paris-SG LIGUE DES CHAMPIONS

uu ne peux admettre de te faire manger à tous
points de vue, la possession, l’intensité, les
duels, par Leipzig. (Il insiste) Par Leipzig!»
Tuchel a-t-il des leviers ?
Le mal est-il fait, irréversible pour cette sai-
son, ou Tuchel dispose-t-il encore de quel-
ques leviers ? « Il faut qu’il mette Mbappé,
Neymar, Di Maria et Verratti dans un bénitier,
ironise Rothen. Ce que Tuchel est incapable
de faire, c’est de changer le style de son
des choses, des matches et des événements.
Contre Leipzig, il repasse à trois derrière au
bon moment pour préserver l’essentiel. Il faut
se mettre à sa place psychologiquement par
rapport aux joueurs qu’il a. Mbappé et Ney-
mar demandent de la liberté, surtout contre
Leipzig, car il sait qu’ils peuvent marquer à
tout moment. Il doit aussi les gérer… Cela
passe par des choix, notamment au milieu.»
Alonzo, lui, pense que cela implique sur-
tout un choix devant: «Si ton projet, c’est d’at-

équipe, en avoir une qui joue plus haut sur le
terrain. Il faut pourtant plus de maîtrise avec le
ballon, mais le coach actuel est incapable de
mettre cela en place.» Ce que l’ancien milieu
de terrain du club de la capitale a vu mardi le
conforte par ailleurs dans son idée : « Les
trois de devant ont besoin d’avoir un point d’ap-
pui. Kean, en cinq minutes, en a fait plus que
Mbappé et Neymar lorsqu’ils étaient position-
nés comme avant-centre. Mais ça, Tuchel ne
le voit pas?»
Alonzo abonde dans ce sens : « Neymar
veut les clés du camion? Donnez-les-lui! Met-
tez-le en numéro 10, un peu comme Griez-
mann en équipe de France. Et, devant lui, pla-
cez Mbappé avec Kean, dans le rôle de Giroud
chez les Bleus. En ce moment, ton joueur avec
le meilleur ratio but/temps de jeu, c’est l’atta-
quant italien et tu le laisses sur le banc? Asso-
ciez-le à Mbappé ! Avec Kylian, vous avez un
bloc de diamant brut entre les mains et cela
fait deux ans qu’il stagne.»
Lacombe atténue la critique envers le
technicien allemand: «Je trouve que Tuchel
a encore pas mal de lucidité en l’état actuel
tendre que Di Maria, en une heure et demie, te
mette un coup franc et un piqué, cela va être
compliqué. J’adore Di Maria mais, au-
jourd’hui, il ne peut pas être dans le onze de
départ du PSG. La solution, pour l’instant,
c’est de le sortir.»
Verratti, la solution miracle ?
L’entrée de Marco Verratti mardi, à la
83e minute, a modifié le visage de l’équipe,
positionnée plus haut, habitée par plus
d’agressivité. «Verratti, on peut dire ce qu’on
veut, quand il entre, ça change pas mal de
choses. Bien sûr, au milieu vous avez du
monde, mais vous avez surtout des joueurs
moyens», déplore Rothen. «Je suis d’accord,
reprend Alonzo. Ce joueur-là est capital
quand on observe la faiblesse abyssale du mi-
lieu parisien. Mais il n’y a pas de fatalité non
plus à ses absences à répétition. » Un point
qui n’a pas échappé à Fernandez non plus:
« Ce que j’aimerais de lui, c’est qu’il prenne
ses responsabilités, qu’il soit moins blessé et
plus décisif quand il joue.» L’ancien coach du
PSG n’est pas le seul à le souhaiter. É
Pierre Lahalle/L’Équipe
Neymar se heurte
à Nordi Mukiele, RENNES
lors du court succès
contre Leipzig (1-0)
Toujours sans Aguerd ni Terrier
mardi Après son élimination en Ligue des champions, mardi contre Chelsea (1-2), Rennes n’aura pas le
au Parc des Princes. temps de gamberger. Tombés à la septième place en Ligue 1, les Bretons tenteront d’enrayer leur
mauvaise série (une victoire en dix matches toutes compétitions confondues) dès demain
(21 heures) à Strasbourg, avec un effectif toujours handicapé par les absences de Nayef Aguerd et
Martin Terrier. Les deux joueurs, touchés par le Covid-19, sont aussi incertains pour le déplacement
décisif pour l’avenir européen du club, mercredi prochain à Krasnodar. Une victoire et Rennes serait
reversé en Ligue Europa, une défaite et il serait éliminé de toute Coupe européenne. En cas de nul, il
faudrait attendre la 6e journée de la phase de groupes, le 8 décembre, pour être fixé. Titulaire face
aux Blues, Gerzino Nyamsi devrait donc être reconduit dans l’axe. À gauche de la défense, Faitout
Maouassa, qui a retrouvé la compétition mardi, pourrait débuter son premier match depuis la fin
septembre, derrière James Léa-Siliki, qui conserverait sa place de milieu excentré, à moins que
Romain Del Castillo lui soit préféré. H. S. et J. Ri.
Équipe probable : A. Gomis – H. Traoré, Da Silva (cap.), Nyamsi, Maouassa – Camavinga, Nzonzi,
Bourigeaud – Doku, Guirassy, Léa-Siliki (ou Del Castillo).

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28 footba ll Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE

LIGUE EUROPA phase de groupes (4e journée) Lille 18 h 55 AC Milan

David sur la voie

rapide
Auteur de son premier but avec le LOSC à son
quatorzième match, le successeur de Victor
Osimhen a emprunté les chemins de traverse
avant d’atterrir à Lille à seulement 20 ans.
RÉGIS TESTELIN gnalé un refus. « Pourtant, j’avais fait une se-

Jonathan David est né à New York dans le quartier

de Brooklyn par le plus grand des hasards, alors
que ses parents haïtiens et sa sœur aînée, Chris-
tie, étaient en vacances dans le coin, en janvier
2000. Trois mois plus tard, ils sont retournés au
pays, avant d’en partir pour s’installer à Ottawa, au
Canada, quand Jonathan avait six ans.
Le nouvel avant-centre de Lille, recruté cet été
à La Gantoise, en Belgique, pour la somme de
27 M€, hors bonus, parle français, anglais, créole.
Il comprend le néerlandais et possède les natio-
nalités canadienne et américaine. Mais il n’a pas
de passeport haïtien car il n’y est pas né. Il a été in-
ternational américain avec les moins de 20 ans,
début 2018, mais c’est le maillot du Canada qu’il
porte désormais. Comme Alphonso Davies, le
phénomène du Bayern Munich ; il a la fibre cana-
dienne, il croit en cette équipe et veut la ramener
en Coupe du monde, un jour.
Avant d’atterrir au LOSC, qui le suivait depuis
début 2019, et où Luis Campos, le directeur tech-
nique du club, lui a promis de bâtir l’équipe au-
maine fantastique là-bas », dira un jour
« Iceman », un surnom qui lui a été donné
par un entraîneur canadien pour son
EN BREF
20 ANS (CAN)
sang-froid devant le but. « C’est vrai, il avait 1,80 m, 77 kg.
tout cassé à Stuttgart, appuie son agent, Attaquant.
mais le VFB était en proie à d’énormes pro- Club : Lille.
blèmes de direction et n’avait pas de pouvoir de
décision. Stuttgart s’en est mordu les doigts et nous ¢ 2018 : le 9 septembre,
a même recontactés par la suite pour avoir Jo. On a il honore sa première
compris pourquoi Salzbourg ne l’a pas pris, mais sélection avec le Canada,
Stuttgart, jamais. » contre les îles Vierges
En novembre 2019, Rose, le coach de Mön- américaines (8-0).
chengladbach s’est souvenu de l’été 2016 et aurait ¢ 2020 : le 22 août, il fait
aimé aligner David à côté de Marcus Thuram et ses débuts en Ligue 1,
Alassane Pléa, au sein de son attaque. Mais c’est avec Lille, contre Rennes
le LOSC qui a décroché le pompon, en devançant (1-1).
notamment trois clubs de Premier League,
Leeds, Crystal Palace et Brighton.
Et les grandes écuries européennes ? Elles le
connaissaient et le suivaient avant qu’il arrive à
Lille, mais pas au point d’en faire un incontourna-
ble et c’est pour ça que David a choisi le LOSC :
pour jouer. Le Barça de Ronaldinho a été le mo-

Jérôme Prévost /L’Équipe

tour de lui après le départ d’Osimhen, il en a es-
suyé des plâtres, et connu quelques échecs.
Gamin, à Ottawa, il jouait à l’école au volley et au
basket, mais c’est vers le soccer qu’il s’est
tourné, à force d’avoir été voir jouer son père, un
ancien attaquant des divisions inférieures haï-
tiennes, et d’avoir regardé, avec lui, des matches
à la télé.
Ses références : le Barça
de Ronaldinho et le Liverpool
de Gerrard
De 10 à 16 ans, il jouait surtout pour s’amuser et
s’occuper, et puis un jour, subitement, il s’est mis à
y croire. Au point de se confisquer lui-même sa
console et de remplacer les parties de jeux vidéo
par des séances de travail physique. Puis de s’ins-
crire dans un camp d’entraînement de l’équipe
nationale, ouvert aux jeunes joueurs amateurs du
pays, alors qu’il évoluait dans le club d’Ottawa In-
ternationals. C’est à ce moment-là que Nick Ma-
vromaras, un agent canadien, l’a découvert et ne
l’a plus lâché, jusqu’à lui permettre d’exaucer son
rêve : signer en Europe, à La Gantoise, en mars
2017, après y avoir fait un essai concluant quatre
mois plus tôt. « C’est dingue, en dix-huit mois, Jona-
than est passé d’un club amateur d’Ottawa à un club
qui joue la Ligue Europa, explique Mavromaras.
Avant qu’il arrive à Gand, il n’était personne et tout le
monde s’est demandé en Belgique comment il avait
pu échapper à autant de clubs. »
Parmi eux, le RB Salzbourg et le VFB Stuttgart,
où il a été recalé à ses essais, durant l’été 2016.
Marco Rose, l’actuel entraîneur du Borussia Mön-
chengladbach, était le directeur de l’académie de
Salzbourg à l’époque ; c’est lui qui a dit non à Da-
vid, parce qu’il était âgé de 16 ans, et bien trop
jeune pour lui promettre quoi que ce soit. Et, en
plus, il n’avait pas de passeport européen.
Dans la foulée, Stuttgart lui a également si-
dèle absolu de ses jeunes années, il a adoré le Li-
verpool de Gerrard, Sterling et Suarez, plus que
celui de Klopp, a-t-il avoué un jour.
Arsenal, Chelsea, Manchester City ou Everton
sont des clubs qu’il aimerait rejoindre un jour. Et
lorsqu’il lui est demandé à quel joueur il ressem-
ble, il cite Firmino, le Brésilien de Liverpool,
« parce que, un peu comme moi, c’est un neuf qui
joue comme un dix ». En attendant, il a un plan de
carrière en tête et il passe par Lille avant un grand
club. Derrière ce parcours se cache un garçon in-
telligent, réservé, courageux et solitaire, adorant
faire des siestes de deux heures avant de regarder
un match de foot, le soir. « Il ne dira jamais grand-
chose dans ses interviews, mais pas par manque
d’intelligence, au contraire, c’est un gars très intelli-
gent, explique Rudy Nuyens, un confrère flamand
du Het Laatste Nieuws, qui l’a suivi dans ses an-
nées à Gand (2017-2020). Jess Thorup, l’entraîneur
danois de La Gantoise, m’a dit un jour de lui ”Jo,
quand tu lui expliques ce que tu attends de lui tacti-
quement, il a déjà tout compris avant que tu aies fini
ta phrase”».
”Je crois que Dieu décide
d’un destin pour tout le monde
,,
et si c’est ce qu’il voulait pour elle,
je dois l’accepter
JONATHAN DAVID À PROPOS DE SA MÈRE
DÉCÉDÉE L’ANNÉE DERNIÈRE
Vadis Odjidja a été son capitaine durant deux ans à
La Gantoise. « Jo était dans son coin du vestiaire, il
parlait peu mais tout le monde l’aimait bien. Il est
posé et sait ce qu’il veut, il a vraiment quelque chose
dans la tête. D’habitude, les jeunes qui mettent des
buts, tu les vois changer, lui jamais : qu’il ait mis un
doublé ou raté son match, le lundi matin, il était tou-
jours déterminé et savait comment il voulait cons-
truire sa carrière. »
Celle qui lui manque le plus, aujourd’hui, c’est
Jonathan David,
lors du succès
de Lille contre
Nantes (2-0),
le 25 septembre.
sa maman, Rose Grethelle David,
décédée l’an passé, en décembre, à
52 ans, après cinq années à lutter contre
la maladie. Lorsqu’on l’a prévenu que c’était
bientôt la fin, son fils est monté dans le premier
avion. « Quand j’étais en escale à Londres, on m’a dit
qu’il était trop tard, j’étais seul dans l’aéroport, a-t-il
confié un jour à nos confrères flamands. C’était
très difficile à réaliser, mais depuis je pense à ce que
ma mère aurait voulu. Elle insistait pour que je me
batte et que je continue à faire ce que j’aime faire. Je
crois que Dieu décide d’un destin pour tout le monde
et si c’est ce qu’il voulait pour elle, je dois l’accepter et
continuer à me battre. »
À son retour en Belgique, après
avoir été dire adieu à sa maman,
David a marqué neuf buts et
fait deux passes décisives, au
cours des dix derniers mat-
ches de Championnat dis-
putés avec La Gantoise.
Avec le LOSC, il aura donc
attendu quatorze matches
avant d’inscrire le premier, et
de lever les bras au ciel... É
 Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE
Lille veut plier l’affaire
Une victoire contre l’AC Milan qualifierait le LOSC pour
les 16es de finale, trois semaines après l’exploit de San Siro.
Alain Mounic/L'Équipe
L’attaquant lillois Yusuf Yazici avait inscrit un triplé, le 5 novembre, sur la pelouse de San Siro, lors du match aller (3-0).
RÉGIS TESTELIN
Avec 10 points, c’est réglé. S’il bat
à nouveau l’AC Milan, ce soir, trois
semaines après son exploit re-
tentissant à San Siro (3-0, triplé
de Yazici), le LOSC sera assuré de
disputer les 16es de finale de
l’épreuve.
Ce serait une belle perfor-
mance dans un groupe relevé, et
la confirmation que Lille est dé-
sormais capable de mener deux
combats de front, en France et en
Europe, ce qui n’avait pas été le
cas la saison passée. « On devra
jouer avec la même application, la
même concentration et la même
générosité qu’à Milan, réclamait
hier Christophe Galtier, le coach
nordiste. Avec l’envie de ne pas cé-
der trop de terrain. » Mais sans
son meilleur joueur, Renato San-
ches, ni son arrière droit numéro
un, Zeki Celik, tous deux blessés.
La victoire convaincante contre
Lorient (4-0, dimanche) a remis le
LOSC à la deuxième place de la
Ligue 1 et les idées en place.
LOSC lille
L’équipe est à nouveau tran-
chante devant et solide derrière,
et ce serait le moment idéal pour
prendre trois points. « Si par bon-
heur on était qualifiés jeudi soir, ça
rendrait le calendrier plus confor-
table », espérait Galtier. Il pourrait
en effet soulager ses cadres con-
tre Prague et le Celtic, lors des
deux derniers matches de Ligue
Europa, dans une période très
chargée.
”Je vais rappeler
à mes joueurs ce qu’ils
ont dû mettre à San Siro,
à l’aller, pour obtenir
investis à fond ,,
ce résultat ; ils étaient
CHRISTOPHE GALTIER, L’ENTRAÎNEUR LILLOIS
Sur l’équipe qu’il va aligner ce
soir, à trois jours d’un déplace-
ment en Championnat à Saint-
Étienne, tout laisse à penser que
les meilleurs joueront. « Quand
des joueurs sont en forme, on a ten-
dance à vouloir les laisser sur le
terrain, a-t-il dit, sans doute en ré-
Lille - AC Milan
férence au tandem Yazici-David.
groupe H 4e journée
On est au début de notre série de dix pts J.
matches (jusqu’au 23 décembre)
et ce match peut être décisif pour la
1
2
Lille
AC Milan
7
6
3
3
poule. » Si Lille bat Milan, tout sera 3 Sparta Prague 3 3
tellement plus simple à gérer en- 4 C. Glasgow 1 3
suite.
Le onze de départ et l’aspect
technico-tactique auront leur im- aujourd'hui
portance, mais ce sont l’état d’es- 18 h 55
prit et l’intensité d’il y a trois se- Lille - AC Milan (ITA)
maines qui risquent de (re)faire la RMC Sport 1, RMC Story
différence. « Je vais insister auprès et Téléfoot
de mes joueurs sur l’énergie qu’on Sp. Prague - C. Glasgow
doit avoir pour refaire ce genre de
(RTC) (ECO)
RMC Sport Live 6
match, et leur rappeler ce qu’ils ont et Téléfoot Stadium 2
dû mettre à San Siro, à l’aller, pour
obtenir ce résultat ; ils étaient in-
vestis à fond », a rappelé leur en-
traîneur.
Lille qualifié si...
¢ Il gagne contre
En face, les Rossoneri joueront l’AC Milan. Même dans le
sans Zlatan Ibrahimovic (voir ci- cas d'une égalité de trois
contre), touché à la cuisse gauche. équipes à dix points, Lille
« Le Milan devrait évoluer dans une devancerait l'AC Milan et
autre animation, estime le coach le Sparta Prague dans les
des Dogues, avec plus de percus- confrontations
sion et de transitions offensives. Il particulières (9 points
ne faudra pas leur donner trop marqués, contre 4 et 4).
d’espaces et de la profondeur. »
AC MILAN
29
phase de groupes (4e journée) LIGUE EUROPA
4-4-2
RMC Sport 1, RMC Story et Téléfoot aujourd'hui
Lille 18 h 55 AC Milan
Arbitre : M. Pawson (ANG). À Villeneuve-d'Ascq, stade Pierre-Mauroy.
4-2-3-1
29 7 7 5
Bradaric
5
J. Bamba Castillejo
8
Dalot
21 24
Botman 12 Tonali Kjaer
André
16
Maignan
Yazici
9
12
Rebic Calhanoglu
10 •
99 c
G. Donnarumma
6 c
Fonte
• 8
Xeka J. David 4
Bennacer
46
Gabbia
26 11 15 19
Pied Araujo Hauge T. Hernandez
Entr. : C. Galtier Entr. : S. Pioli
Remplaçants : Remplaçants :
Chevalier (g.) (30), Karnezis (g.) (1), Djalo (3), (à choisir parmi) An. Donnarumma (g.) (90),
Reinildo (28), Soumaoro (25), Ikoné (10), Tatarusanu (g.) (1), Calabria (2), Conti (14),
Niasse (27), Bo. Soumaré (24), Lihadji (19), Kalulu (20), Léo Duarte (43), Romagnoli (13),
Weah (22), Yilmaz (17). Diaz (21), Kessié (79), Krunic (33),
Principaux absents : Maldini (27), Colombo (29).
Çelik, R. Sanches (blessés), Principaux absents :
Pizzuto (non-inscrit). Musacchio, Saelemaekers, Ibrahimovic,
Suspendus au prochain avertissement : Leao (blessés).
aucun Suspendus au prochain avertissement :
aucun
«Dézlatanisé»
mais pas coulé
L’AC Milan a déjà plusieurs fois été
privé de Zlatan Ibrahimovic cette
année, et s’en est toujours bien sorti.
« Ma blessure ? Rien de grave, tre et présente un bilan de 5 vic-
c’est une histoire d’une ou deux toires et 2 matches nuls. Or, cette
semaines », a rassuré Zlatan fois, son indisponibilité s’ajoute à
Ibrahimovic, hier, au micro de celles d’Alexis Saelemaekers et
Sport Bladet. Le Suédois était Rafael Leao, limitant les options
sorti blessé à la cuisse gauche, offensives au sein de l’immuable
dimanche, lors du succès à Na- 4-2-3-1. C’est donc Ante Rebic,
ples (3-1), le énième qui portait d’ordinaire ailier gauche, qui
son sceau depuis son retour au sera aligné avant-centre, l’autre
club en janvier. option étant le jeune espoir Lo-
Malgré ses 39ans bien sonnés renzo Colombo (18ans).
et le calendrier dense, le staff Pas encore buteur cette sai-
technique et médical n’avait pas
prévu de le mettre au repos dans
le cadre d’un turnover. Ibrahimo-
son, à cause notamment d’une
blessure au coude et d’une lon-
gue suspension purgée en Ligue
vic est même le seul joueur de Europa, le Croate (27 ans) avait
l’effectif milanais qui ne possède scoré 12 fois la saison passée,
pas vraiment de remplaçant atti- que des buts inscrits à partir de
tré. Néanmoins, lors de ses au- janvier. Surtout, à cette intéres-
tres absences en 2020, grippé en sante finition, il conjugue un gros
février (absent 1 match), touché abattage défensif, contrairement
au mollet en juin (2) et par le Co- à son illustre coéquipier. Le Mi-
vid-19 en septembre (4), le Milan lan ne perd pas tout au change.
n’a pas perdu une seule rencon- V.P.
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 30 footba ll Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE
footba ll
LIGUE EUROPA phase de groupes (4 journée) e
Nice 21 h Slavia Prague LIGUE DES CHAMPIONS
Rennes

LES GROUPES 4e journée

e
groupe A 4 journée groupe B 4e journée
matches buts matches buts
pts pts
J G N P diff J G N P diff
1 AS Rome 7 3 2 1 0 +6 1 Arsenal 9 3 3 0 0 +7
2 Y. Boys Berne 4 3 1 1 1 +2 2 Molde 6 3 2 0 1 -1
3 CFR Cluj 4 3 1 1 1 -3 3 R. Vienne 3 3 1 0 2 -1
4 CSKA Sofia 1 3 0 1 2 -5 4 Dundalk 0 3 0 0 3 -5

aujourd'hui aujourd'hui
CSKA Sofia (BUL) 18 h 55 Y. Boys Berne (SUI) Molde (NOR) 18 h 55 Arsenal (ANG)
RMC Sport Live 12 RMC Sport 2 et Téléfoot Stadium 8
CFR Cluj (ROU) 21 h AS Rome (ITA) Dundalk (IRL) 21 h R. Vienne (AUT)
RMC Sport Live 7 et Téléfoot Stadium 3 RMC Sport Live 13
groupe C 4e journée groupe D 4e journée
matches buts matches buts
pts pts
J G N P diff J G N P diff
1 Slavia Prague 6 3 2 0 1 0 1 Glasgow Rangers 7 3 2 1 0 +3
2 Leverkusen 6 3 2 0 1 +5 2 Benfica 7 3 2 1 0 +5
3 Nice 3 3 1 0 2 -4 3 Lech Poznan 3 3 1 0 2 -1
4 Hapoël Beer Sheva 3 3 1 0 2 -1 4 Standard 0 3 0 0 3 -7
Étienne Garnier/L’Équipe

aujourd'hui
21 h
Nice - Slavia Prague (RTC)
RMC Sport 1 et Téléfoot
Leverkusen (ALL) - Hapoël B. Sheva (ISR)
RMC Sport Live 8 et Téléfoot Stadium 4
aujourd'hui
21 h
Standard (BEL) - L. Poznan (POL)
RMC Sport Live 11
G. Rangers (ECO) - Benfica (POR)
RMC Sport Live 5 et Téléfoot Stadium 5

Après les médocs, le choc

groupe E 4e journée groupe F 4e journée
matches buts matches buts
pts pts
J G N P diff J G N P diff
1 Grenade CF 7 3 2 1 0 +3 1 Alkmaar 6 3 2 0 1 +3
Nice jouera gros face au Slavia Prague, alors que la moitié de 2 P. Salonique
3 Eindhoven
5
3
3
3
1
1
2
0
0
2
+3
-3
2 Naples
3 Real Sociedad
6
6
3
3
2
2
0
0
1
1
+1
+1
son groupe a été positive au Covid et arrêtée pendant la trêve. 4 Omonia Nicosie 1 3 0 1 2 -3 4 Rijeka 0 3 0 0 3 -5

aujourd'hui aujourd'hui
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL PERMANENT nouveau positif. « Il avait du mal à tifs ont continué à s’entraîner Remis du Covid, 21 h 21 h
ANTOINE MAUMON récupérer, il s’est senti très fatigué, cette semaine-là, mais sans ac- Morgan Schneiderlin Eindhoven (HOL) - P. Salonique (GRE) Naples (ITA) - Rijeka (CRO)
DE LONGEVIALLE a expliqué hier son entraîneur Pa- céder au bâtiment et en respec- devrait jouer, ce soir, RMC Sport Live 9 et Téléfoot Stadium 7 RMC Sport Live 6 et Téléfoot Stadium 2
Grenade CF (ESP) - Omonia Nicosie (CHY) AZ Alkmaar (HOL) - Real Sociedad (ESP)
trick Vieira. Il a été mis à l’isole- tant les règles de distanciation. face au Slavia Prague. RMC Sport Live 12 et Téléfoot Stadium 8 RMC Sport Live 10 et Téléfoot Stadium 6
NICE – À ceux qui doutaient que l’on ment. Il a fait un autre test ce mardi, Schneiderlin raconte ses
pouvait attraper deuxfois le Covid, qui s’est avéré négatif, mais c’est quinze derniers jours. « Le lende- groupe G 4e journée groupe H 4e journée
Kasper Dolberg démontre mal- trop juste pour ce match. Il n’a pas main du test, j’allais bien, décrit le matches buts matches buts
heureusement que oui. Après encore repris l’entraînement indivi- milieu de terrain. À partir du mer- agenda pts
J G N P diff
pts
J G N P diff
avoir été infecté mi-septembre, le duel. » credi et jusqu’au début du week- demain 1 Leicester 9 3 3 0 0 +8 1 Lille 7 3 2 1 0 +6
Danois est rentré de sélection de Déjàs privé de Dante (genou) et end, j’ai eu comme une grosse 2 Braga 6 3 2 0 1 0 2 AC Milan 6 3 2 0 1 +2
Équipe de France (F)
Hassane Kamara (cuisse), les Ni- grippe, avec perte de goût et d’odo- 3 AEK Athènes 3 3 1 0 2 -1 3 Sparta Prague 3 3 1 0 2 -3
çois se débrouilleront sans un rat. J’ai repris l’entraînement indivi- qualifications Euro
4 Zorya Lougansk 0 3 0 0 3 -7 4 C. Glasgow 1 3 0 1 2 -5
RMC Sport 1 et Téléfoot - 21 h troisième joueur majeur pour ce duel au début de la semaine sui- France 21 h Autriche
Groupe C qui est, déjà, un match qui pour- vante avec les joueurs qui étaient W9 aujourd'hui aujourd'hui
4-3-3 Nice rait décider de leur avenir euro- aussi infectés. C’était léger, pas
Ligue 1
18 h 55 18 h 55
péen. Défaite à l’aller par le Slavia plus d’une heure avec une intensité AEK Athènes (GRE) - Zarya Lugansk (UKR) Lille - AC Milan (ITA)
4-2-3-1 Slavia Prague Prague (2-3, le 5 novembre), basse – petit footing et travail tech- 12e journée RMC Sport Live 14 RMC Sport 1, RMC Story et Téléfoot
Arbitre : M. Nyberg (SUE). Allianz Riviera. Voir page 31 Braga (POR) - Leicester (ANG) Sp. Prague (RTC) - C. Glasgow (ECO)
40
l’équipe de Patrick Vieira doit nique – pour éviter que le rythme
Benitez l’emporter pour reprendre l’avan- cardiaque ne soit trop haut. Depuis National RMC Sport Live 5 et Téléfoot Stadium 1 RMC Sport Live 6 et Téléfoot Stadium 2
20 3 2 23
Atal Bambu Nsoki Lotomba
tage sur son concurrent direct ce lundi, on a repris les entraîne- 12e journée

10 Schneiderlin
6
•
c
29
pour la deuxième place d’un
groupe où Leverkusen semble
ments collectifs normaux. Je ne
vais pas dire que je suis à 100 %, Coupe d’Italie
groupe I 4e journée
matches buts
groupe J 4e journée
matches buts
Claude-Maurice Reine-Adélaïde pts pts
22 7
au-dessus. Mais le problème, mais on va faire en sorte que le 16es de finale J G N P diff J G N P diff
11 pour les Azuréens, est qu’aux ab- mental comble ce pourcentage 1 Villarreal 9 3 3 0 0 +8 1 Tottenham 6 3 2 0 1 +4
R. Lopes
Gouiri
Maolida hier
16 sences s’ajoute une inconnue sur qu’il manque. » 2 M.Tel-Aviv 6 3 2 0 1 -2 2 Royal Antwerp 6 3 2 0 1 +1
PARME 2-1 Cosenza (D)
Kuchta l’état des troupes. « Avant la reprise collective au 3 Sivasspor 3 3 1 0 2 -1 3 Linz ASK 6 3 2 0 1 -1
9 7 12
15e jour suivant le test positif, on a Bologne 2-4 a.p. LA SPEZIA 4 Karabagh Agdam 0 3 0 0 3 -5 4 Ludogorets 0 3 0 0 3 -4
Olayinka Stanciu Sima “J’ai eu comme une
,,
27 23 effectué un bilan sanguin et cardio- CAGLIARI 2-1 Hellas Vérone
Ib. Traoré Sevcik grosse grippe, avec perte logique pour éliminer tout risque de aujourd'hui aujourd'hui
19
Oscar Dorley
•
15 c
Kudela
6
Zima
28
Masopust de goût et d’odorat complication liée à la maladie, pré-
Udinese 0-1 a.p. FIORENTINA
aujourd’hui
18 h 55 Linz ASK (AUT) 18 h 55 Roy. Antwerp (BEL)
1 MORGAN SCHNEIDERLIN, Karabagh (AZE) - Sivasspor (TUR) RMC Sport Live 13
cise le Dr Jean-Philippe Gilardi, Torino 14 h Entella (D2)
Kolar MILIEU NIÇOIS RMC Sport Live 15 Tottenham (ANG) 21 h Ludogorets (BUL)
responsable du service médical
Nice La préparation de la rencontre du club. Certains sont encore fati-
Sampdoria 17 h Genoa M. Tel-Aviv (ISR) - Villarreal (ESP) RMC Sport 2 et Téléfoot Stadium 1
Entraîneur : P. Vieira. En capitales, les équipes RMC Sport Live 7 et Téléfoot Stadium 3
Remplaçants : (à choisir parmi) s’est effectuée avec un groupe dé- gués ou souffrent de symptômes qualifiées.
Boulhendi (g.) (16), Cardinale (g.) (30), cimé par la diffusion du Covid : le mineurs – comme la perte de goût groupe K 4e journée groupe L 4e journée
Coly (12), Daniliuc (5), Pelmard (24), virus a touché douze membres de ou d’odorat, le mal de gorge, la toux
Pionnier (36), Danilo B. (21), Boudaoui (28), matches buts matches buts
pts pts
Lees-Melou (8), K. Thuram (19), son effectif. Tous, à l’exception de irritative. Ça peut être dérangeant buteurs J G N P diff J G N P diff
Trouillet (27), Ndoye (14), Ben Seghir (35), Dolberg, sont revenus dans le dans l’approche du match. Mais le 1. Yazici (Lille), 6 buts. 1 Di. Zagreb 5 3 1 2 0 +1 1 Hoffenheim 9 3 3 0 0 +10
Mahou (32). respect du protocole, mais dans jour J, avec l’adrénaline, ça sera ef- 2. Nunez (Benfica), Acolatse 2 Wolfsberger AC 4 3 1 1 1 +2 2 Etoile Rouge Belgrade 6 3 2 0 1 +3
Principaux absents : Dante, H. Kamara (Hapoël Beer Sheva), Dabbur
(blessés), Dolberg (Covid-19). quel état de forme ? Comme facé. » 3 Feyenoord 4 3 1 1 1 -1 3 S. Liberec 3 3 1 0 2 -8
(Hoffenheim), Ishak (Lech
Suspendu au prochain avertissement : presque tous les positifs, c’est le En interne comme en public, le Poznan), Alcacer (Villarreal), 4 CSKA Moscou 2 3 0 2 1 -2 4 La Gantoise 0 3 0 0 3 -5
Schneiderlin. lundi 9, au début de la trêve, que mot d’ordre est celui répété hier Liendl (Wolfsberger AC), 4 buts.
Slavia Prague Morgan Schneiderlin a appris par Patrick Vieira : « Il n’y a pas 8. Pizzi (Benfica), Elyounoussi aujourd'hui aujourd'hui
Entraîneur : J. Trpisovsky. qu’il devrait observer une qua- d’excuses à avoir ». « On est prêts (Celtic Glasgow), Iheanacho
Remplaçants : Kovar (g.) (31), Boril (18), 18 h 55 18 h 55
rantaine. Le lendemain, le club pour aller au combat », a insisté (Leicester), Manu (Ludogorets Wolfsberger AC (AUT) - Di. Zagreb (CRO) La Gantoise (BEL) - Etoile Rouge B. (SER)
Holes (3), Lingr (32), Malinsky (26), Razgrad), Gouiri (Nice), Kayode
Jurasek (37), Musa (33). décidait de la fermeture de son l’entraîneur. À l’aller, Prague (Sivasspor), Julis (Sparta P.),
RMC Sport Live 11 RMC Sport Live 9 et Téléfoot Stadium 5
Suspendu au prochain avertissement : centre d’entraînement pour une s’était bien imposé malgré CSKA Moscou (RUS) - Feyenoord (HOL) S. Liberec (RTC) - Hoffenheim (ALL)
Sevcik. Bacca (Villarreal), 3 buts.
semaine. Seuls les joueurs néga- cinq absences dues au Covid. É RMC Sport Live 10 et Téléfoot Stadium 4 RMC Sport Live 8 et Téléfoot Stadium 6
Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE
31
e
Lens 1-1 Nantes 8 journée (match en retard) LIGUE 1

Lens laisse
filer
sa chance
Le club artésien a perdu deux points,
faute de maîtrise et de ressources
athlétiques, bousculé par des
Nantais revigorés après la pause.
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL PERMANENT « Je suis énervé, résumait
JOËL DOMENIGHETTI Christian Gourcuff qui a procédé à
la pause à trois changements (en-
LENS (PAS-DE-CALAIS). – En période de trées de Bamba, Fabio et Chiri-
pandémie, sans soutien popu- vella), cinq en tout, ce qui ne lui était
laire, et de bourrage des journées arrivé qu’une seule fois cette saison
de Championnat, il faut savoir se (à Nice, 1-2, 3octobre). Notre pre-
contenter de peu. Alors Lens et mière période était honteuse. Dans
Nantes n’ont pas trop râlé après l’attitude, le comportement. On a
avoir partagé équitablement les joué arrêté. On a la chance de n’être
points hier à Bollaert-Delelis menés que d’un but. Mais ce n’est
(1-1). Chaque équipe a eu sa pé- pas compréhensible. En ayant aussi
riode. Lens n’a pas su tenir un ré- peu de dynamisme et de mobilité,
sultat à sa portée et a concédé un on ne peut rien produire. En deu-

Franck Faugère/L’Équipe
penalty (78e). Nantes n’a pas ré- xième période, dos au mur, on est
ussi une première période à la capables de faire autre chose. Dans
hauteur de sa deuxième alors une semaine où il fallait gérer l’ef-
qu’il aurait même pu l’emporter fectif, j’ai fait des choix de départ.
en fin de rencontre. Des changements étaient prévus.
Mais il n’y a pas eu lieu d’attendre à
la pause. Il fallait réveiller tout le
hier êêêêêê monde.» nalty que l’on donne à retirer (lire ci- Sous les yeux de Loïc Badé, le Lensois Jonathan Gradit tacle Randal Kolo
Lens 1 1 dessous). On a eu moins de fraî- Muani et provoque un penalty transformé par Abdoulaye Touré (81e). 11e journée
“On aurait dû penser à
,,
Nantes 0 1 cheur au fur et à mesure du match. pts J.
Arbitre : M. Batta (5). Match à huis clos. mettre ce deuxième but On a manqué d’énergie pour mieux 1 Paris-SG 24 11
5,3 6
Leca LOÏC BADÉ, LE DÉFENSEUR LENSOIS
contre-attaquer et maîtriser la pos-
session. On n’a pas non plus trop re-
tops flops 2
3
Lille
Lyon
22
20
11
11
4 6 5
Gradit Badé Haïdara Randal Kolo Muani, son meilleur culé ni été en grande difficulté. Mais Kakuta 7/10 Emond 3/10 4 Montpellier 20 11
5
Michelin Cahuzac
•
5c 5
C. Doucouré I. Sylla
5 attaquant, souligne l’enchaîne-
ment des rencontres et occulte
on concède logiquement ce penalty
car on est en retard.»
Le meneur a inscrit son cinquième but
de la saison (1-0, 27e). Disponible,
L’attaquant a souffert de la
comparaison en première période
5
6
Monaco
Marseille
20
18
11
9
7
6 Kakuta 4
tout problème mental : « On s’est Malgré ses 18 points en dix ren- il a aimanté le jeu lensois et cherché dans les duels et l’impact athlétique. 7 Rennes 18 11
Banza Ganago remis en question à la mi-temps, contres, le club nordiste nourrit alternativement la profondeur pour Son investissement est réel mais sa 8 Lens 18 10
7 explique-t-il. On manquait d’agres- quelques regrets liés à ses pro- Ganago ou ses partenaires sur les ailes complémentarité avec Kolo Muani 9 Nice 17 10
Kolo Muani sivité, de mouvement, comme si on blèmes dans les sorties de balle pour désengorger la densité au cœur reste à démontrer. Le replacement de
4 6 10 Metz 16 11
3
Louza
Emond
Blas avait peur. C’était un peu compliqué ou son manque de justesse dans du milieu. Il a amélioré la tenue de Blas (6) en soutien axial en deuxième 11 Angers 16 11
6 4 dans les jambes. On fait avec. On a les derniers gestes. « On reste balle malgré le pressing défensif période a modifié la donne. Nantes s’est 12 Bordeaux 15 11
A. Touré M. Abeid
4 6 essayé de reproduire nos trente malgré tout sur une bonne lancée d’Abeid et surtout de Touré. montré plus dangereux et aurait pu 13 Brest 15 11
Appiah 5c
Pallois
• 5
Girotto
Corchia
premières minutes contre Metz que l’on doit pouvoir maintenir si on l’emporter si ce dernier avait cadré 14 Nantes 13 11
5
Lafont 5 (1-1, 22 novembre). Quand tout va s’impose dimanche face à Angers, Kolo Muani 7/10 sa reprise sur service de Coulibaly 15 Nîmes 11 11
Ent. : F. Haise (5) Ent. : C. Gourcuff (6) plus vite, le ballon suit et c’est plus tempérait Loïc Badé. On prend L’avant-centre des Canaris s’est créé (90e + 4). 16 Saint-Étienne 10 11
Lens facile pour se montrer dangereux.» cinq points sur nos trois derniers la première occasion après un dribble 17 Reims 9 11
Remplacements.– 66e : Kakuta par Lens n’a donc pas su saisir sa matches (deux nuls, un succès). sur Haïdara mais Leca stoppe son tir Gradit 4/10 18 Lorient 8 11
Mauricio et Ganago par Sotoca. 84e : Cahuzac chance après avoir ouvert le score On aurait dû penser à mettre ce cadré (2e). Il a existé offensivement, Le défenseur lensois avait plutôt réussi 19 Strasbourg 6 11
par S. Fofana et I. Sylla par Medina. sur action placée (1-0, 27e). «Je ne deuxième but mais cette tactique mais l’équipe artésienne a opposé un bon match en mettant intensité et 20 Dijon 4 11
88e : Banza par Kalimuendo.
Non utilisés : Farinez (g.), Fortes, Clauss, sais pas si on a perdu deux points avait bien marché à Dijon (1-0, sa solidarité pour le contrer. Il ne engagement nécessaires. Mais il a terni
Jean. mais Nantes nous a posé plus de 22 novembre). On savait que redresse pas assez sa frappe après son bilan en provoquant un penalty sur demain
Cartons.– 4 avertissements : C. Doucouré problèmes en deuxième période, ça serait plus compliqué face à avoir éliminé Leca dans la surface (52e) une action qui entache clairement sa Strasbourg 21 h Rennes
(36e), Kakuta (63e), Gradit (78e), Badé (85e). admettait Franck Haise. La décep- Nantes, même si on avait les indivi- et écrase trop son tir cadré (62e). Mais responsabilité puisqu’il arrive en retard Téléfoot
Nantes tion vient surtout de la manière dualités offensives pour faire la dif- obtient un penalty (78e) et trouve la tête sur Kolo Muani et le déséquilibre en samedi
Remplacements.– 46e : Appiah par Fabio dans l’esprit, de ce deuxième pe- férence.» É de Coco qui ne cadre pas (86e). pleine course dans la surface (78e). J.D. Marseille 17 h Nantes
(note : 5), M. Abeid par Chirivella (note : 5) et Téléfoot
Emond par A. K. Bamba (note : 5). 72e : Louza
par Coco. 88e : Kolo Muani par K. Coulibaly. Paris-SG 21 h Bordeaux
Non utilisés : Petric (g.), Basila, Castelletto, Canal +
Augustin.
Cartons.– 2 avertissements : Girotto (7e),
Kolo Muani (71e).
Une réserve sur le penalty nantais dimanche
Lyon 13 h Reims
Téléfoot
Les buts 1-0 : Kakuta (27e, passe de Interpellé par le VAR, M. Florent Batta, l’arbitre, a fait est venu déposer une réclamation. « C’était une satisfait du VAR. Ni le dernier. Le débat est lancé depuis 15 h
Banza). Trouvé sur la gauche de la retirer le penalty d’Abdoulaye Touré arrêté dans un réserve pour contester l’esprit, avoue Franck Haise, longtemps. » Christian Gourcuff, lui, n’a pas Lorient - Montpellier
surface, Banza échappe à Girotto et centre premier temps par Jean-Louis Leca (80e). Sur les sans que l’on sache la réelle utilité de cette forcément apprécié. « Je ne comprends pas. En En multiplex sur Téléfoot
en retrait pour le pied gauche de Kakuta, Monaco - Nîmes
laissé seul à dix mètres du but nantais. images télé, le gardien de Lens sort de sa ligne initiative. Si le gardien ne peut plus bouger du tout, ça l’occurrence le VAR est ici intéressant car il peut dire
Lens - Angers
1-1 : A. Touré (81e s.p.). Tacle en retard de à peine une seconde avant le départ du ballon des être difficile d’arrêter des penalties. Ou alors, quand ce oui ou non si c’est à retirer ou pas. Du banc, je ne peux Metz - Brest
Gradit sur Kolo Muani. Le penalty de Touré pieds du milieu nantais. sera le cas, ils vont souvent être retirés. On voulait pas juger. Mais si c’est une réserve parce que le jeu a Nice 17 h Dijon
est stoppé mais donné à retirer. Touré Après l’égalisation des Canaris (1-1, 81e s.p.), du marquer le coup mais on ne va pas aller au CNOSF repris entre temps avant de faire retirer le deuxième
marque en trompant Leca sur sa gauche. Canal +
même côté que le premier penalty, Yannick Cahuzac pour ça. Je ne suis pas le premier coach qui n’est pas penalty, c’est assez laid. » J.D. Saint-Étienne 21 h Lille
Téléfoot
 32 footba ll Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE

DROITS TÉLÉ

Mediapro
traîne les pieds
Même s’il n’a pas honoré ses paiements, le principal
diffuseur de la L1 n’est pas prêt à abandonner
les droits à n’importe quelles conditions.
ÉTIENNE MOATTI (avec A. H.) lonté de Mediapro de poursuivre une cession des droits, mais en
son incursion sur le marché fran- obtenant des garanties de ne pas
À moins de dix jours du paiement çais. être poursuivi par ses différents
de la prochaine échéance prévue L’instance souhaiterait que son créanciers (LFP, opérateurs,
dans son contrat avec la LFP, Me- principal diffuseur règle les mat- abonnés…).
diapro n’a pas rendu les armes. ches retransmis et non payés
Rien n’indique que le groupe sino- (sept journées, entre la 7e et la Canal + prêt à prendre
espagnol a l’intention de régler la 13e), soit une somme d’environ le relais
traite du 5 décembre, après 140 millions d’euros, puis rende Aucune de ces trois options n’est
n’avoir déjà pas honoré celle du les droits. Ce qui lui permettrait, acceptable pour la Ligue, qui ne
5 octobre dernier (172 millions en lien direct avec le conciliateur, croit plus en son partenaire. Mais
d’euros). Mais il n’a pas non plus de faire affaire avec Canal +, prêt à le temps ne joue pas en sa faveur,
manifesté sa volonté de se désis- récupérer la totalité des matches car si aucune solution n’est trou-
ter de ses droits (780 millions si la situation se décante. vée avant le 4décembre, les clubs
d’euros annuels jusqu’en 2024 Mais du côté de Mediapro, on vont se trouver en grande diffi-
pour huit matches de L1 par jour- assure pour l’instant être prêt à culté, après avoir déjà souscrit un

née). En tout cas pas quel qu’en
soit le coût.
Une négociation est ouverte
avec la Ligue devant le tribunal de
commerce de Nanterre depuis
plusieurs semaines. Le concilia-
teur, Marc Sénéchal, se démène
pour trouver une solution entre
les parties, avec l’objectif d’abou-
tir le 4décembre, date à laquelle il
doit présenter un plan de sortie de
crise au président du tribunal.
Mais pour l’instant, toujours pas
de fumée blanche. La Ligue ne
croit plus à la capacité et/ou la vo-
continuer, après avoir revu les ter-
mes du contrat actuel. Avec trois
options possibles. La première
consisterait à obtenir une réduc-
tion sur cette saison, particulière-
ment impactée par le Covid-19.
Mais sans toucher aux montants
promis pour les trois suivantes.
La deuxième serait d’allonger le
contrat de deux années (six ans
au lieu de quatre) et d’associer la
LFP au projet, quitte à faire entrer
des fonds pour investir dans
l’opération. Enfin, la troisième se-
rait pour Mediapro de réfléchir à
Bernard Papon/L’Équipe
premier emprunt, la saison der-
nière, puis un second, en octobre,
pour pallier la défaillance de Me-
diapro. En théorie, la conciliation
pourrait aller au-delà de début
décembre et s’étirer encore sur
plusieurs semaines. Mais au vu
de l’urgence pour le football pro- pro si la situation s’éclaircit. somme fixe qui serait de l’ordre Téléfoot est le
fessionnel français, ce ne serait Comme l’a révélé L’Équipe, le dif- de 600 millions d’euros. Du côté principal diffuseur
évidemment pas le meilleur fuseur historique du Champion- de la Ligue, on espère un contrat de la Ligue 1 cette
schéma. nat est disposé à formuler une of- tout de même un peu plus favora- saison.
En attendant, Canal +, déjà dif- fre autour de 700millions d’euros ble et plus proche des montants
fuseur de deux matches par jour- annuels, en y incluant des bonus du cycle précédent (2016-2020),
née (330 millions d’euros), est liés à une hausse éventuelle de soit environ 720 millions d’euros
prêt à prendre le relais de Media- ses abonnements. Avec une annuels. É

FFF COMMISSION DE DISCIPLINE DE LA LFP

L’assemblée générale reportée à mars 2021
L’assemblée générale de la Fédé-
ration française de football (FFF)
qui devait se tenir le 12décembre,
aétédécaléedetroismois.
Le report a été acté lors d’un comi-
té exécutif de l’instance. L’assem-
blée générale doit être repro-
grammée le 12 mars 2021, à la
veilledesélectionsfédérales,pour
lesquelles Noël Le Graët, l’actuel
président (photo), n’a pas encore
dévoilé ses intentions quant à une
Pierre Lahalle/L’Équipe
gues qui, pour certaines, n’ont pas
encore rendu leur verdict. Une au-
tre source a invoqué l’impossibilité
à l’heure actuelle de « sortir un
budget prévisionnel cohérent et sin-
cère» en raison des incertitudes fi-
nancières entourant cette année
2020 marquée par la pandémie de
Covid-19.
L’Assemblée générale de la Ligue
defootballamateura,elle,bienété
maintenueau11décembre.
très court
PEDROS À LA TÊTE DE
L'ÉQUIPE FÉMININE
DU MAROC
Un peu plus d'un an après
son départ de l'Olympique
Lyonnais, Reynald Pedros
(49 ans) va commencer une
nouvelle aventure. Selon
Canal +, Pedros, consultant
pour la chaîne, a été nommé
sélectionneur de l'équipe
féminine du Maroc.
Un match ferme pour Abdou Diallo
Expulsé vendredi dernier à Monaco (2-3), Abdou Diallo, le dé-
fenseur du PSG, a été suspendu un seul match par la commis-
sion de discipline de la LFP. Le défenseur parisien manquera
donc la réception deBordeaux, demain.
Ligue 1. Un match ferme à la suite d'un troisième avertisse-
ment en 10 matches : Aholou (Strasbourg), Chafik (Dijon),
Doumbia (Angers), Thiago Mendes (Lyon), Rudi Garcia (entraî-
neur Lyon).
Ligue 2. Deux matches ferme : Bondo (Nancy). Un match fer-
me à la suite d'un troisième avertissement en 10 matches :
Amian, Van den Boomen (Toulouse), Assifuah (Pau), O. Cisso-
kho (Nancy), Huard (AC Ajaccio), Lekhal (Le Havre), Magnin,
Nsimba (Clermont).

nouvelle candidature. Pour expli- SUSPENDU PAR LA FIFA,

quer le report de cette assemblée LE PRÉSIDENT DE LA CAF
générale, une source proche du SAISIT LE TAS
dossier a avancé le retard pris par Le président de la Confédération LIGUE DES NATIONS
les élections locales dans les Li- africaine de football (CAF)
Ahmad Ahmad, suspendu pour
L'Ukraine reléguée sur tapis vert
cinq ans par la FIFA notamment L'UEFA a annoncé la victoire sur tapis vert de la Suisse sur
SUÈDE manque.Cen’estpasunsecret»,aconfiél’attaquantau pour des détournements de l'Ukraine, après l'annulation du match de Ligue des nations
Zlatan Ibrahimovic : quotidien Aftonbladet. L’international suédois (39ans,
116 matches, 62 buts), qui avait annoncé sa retraite in-
fonds, a annoncé qu'il allait
saisir le Tribunal arbitral du
prévu le 17 novembre à Lucerne, en raison de la mise en qua-
rantaine de toute l'équipe ukrainienne. Avec cette victoire par
« La sélection me manque » ternationaleaprèsl’Euro2016,avaitdéjàrelancéles
spéculations, le 2 novembre, en postant sur les ré-
sport. « La décision n'a pas été
rendue de façon juste et
forfait 3-0, la Nati obtient son unique succès de l'année et sauve
sa place dans l'élite européenne en remontant à la troisième
À quelques mois de l’Euro (11 juin - 11 juillet) où la seaux sociaux une photo le montrant maillot de la impartiale », estime le dirigeant place du groupe 4 de Ligue A, tandis que l'Ukraine rétrograde
Suèdeaffronteral’Espagne,laPologneetlaSlovaquie Suède sur le dos et portant le brassard de capitaine, malgache, qui vise un effet en Ligue B. L’instance disciplinaire de l'UEFA a jugé que
(à Bilbao et à Dublin), Zlatan Ibrahimovic a adressé, accompagnée du message sibyllin : « Ça fait long- suspensif pour briguer un l'Ukraine était « responsable de la non-tenue du match », alors
hier, un nouvel appel du pied pour un retour en équipe temps». Blessé, il manquera le match de l’ACMilan à deuxième mandat à la tête de la que la décision émanait des autorités sanitaires du canton de
de Suède. « Je vais être honnête : oui, la sélection me Lille,cesoirenLigueEuropa(voirpage29). CAF (scrutin prévu le 12 mars). Lucerne et que les deux sélections souhaitaient jouer.
Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE
Grace Geyoro
« On ressent les
choses différemment »
Depuis sa frustration du Mondial, la Parisienne
a changé de dimension en équipe de France
et rassure sur l'unité du groupe.
NATHAN GOURDOL
Après sa grosse performance
vendredi contre l'OL (1-0), la
milieu du PSG Grace Geyoro a
retrouvé l'équipe de France avec
en ligne de mire les deux
derniers matches de
qualification à l'Euro 2022 contre
l'Autriche demain et le
Kazakhstan, mardi. Prudente, la
joueuse de 23 ans (33 sélections)
pèse ses mots au moment
d’évoquer un climat tendu
autourdesBleuesdepuislaprise
de parole d'Amandine Henry
fustigeant le management de
Corinne Diacre, le 15 novembre.
« Depuis quelques mois,
vous semblez plus apaisée,
plus mature dans le jeu...
Le fait de ne pas avoir forcément
joué en Coupe du monde
(dix-huit minutes, en phase de
poules contre la Corée du Sud et le
Nigeria), je me suis remise
en question. Ça m'a obligée à me
dire : j'ai mes qualités, il faut que
j'arrive à les mettre au service du
collectif. Je me sens très bien en
ce moment, j'ai la confiance de
mes coéquipières, j'arrive à
prendre mes responsabilités.
Vous l'avez dit, votre Coupe
du monde 2019 a été difficile.
EN BREF
23 ANS
1,66 m ; 61 kg.
Milieu.
Club : Paris-SG
¢ 2012 : après avoir évolué à
Saint-Jean-de-Braye (Loiret), elle
rejoint le Paris-SG et dispute
son premier match professionnel
lors de la saison 2014-2015,
à seulement 17 ans.
¢ 2017 : le 22 janvier,
elle honore sa première sélection
avec l’équipe de France,
contre l’Afrique du Sud (2-0).
ASSEYI QUITTE LE
RASSEMBLEMENT. Touchée à une
cheville, l'attaquante Viviane
Asseyi (Bayern Munich) a dû
déclarer forfait à son tour (après
Le Sommer, Tounkara et Torrent)
pour les deux derniers matches de
qualification à l'Euro 2022 contre
l'Autriche, demain, et le Kazahstan,
mardi. Elle est remplacée par la
milieu Oriane Jean-François
(19 ans, Paris FC). Sy. D.
33
footba ll
France demain Autriche qualifications Euro 2022 ÉQUIPE DE FRANCE FEMMES
Alexis Réau / L'Equipe.
Avez-vous craqué durant qui arrive à bien vivre ensemble,
la compétition ? c'est le plus important.
Je suis une compétitrice, donc
”Si on me donne
,,
j'avais envie de plus jouer. Mais à
aucun moment, j'ai eu une crise des responsabilités, été importante pour moi, mais Je l'espère. Par mon rôle au Grace Geyoro, ici le
ou quoi que ce soit. Le plus je ne reculerai pas aussi pour elle. Elle m'a montré milieu, j'aime bien donner des 23 octobre face à la
important, c'était le groupe. Il qu'elle avait confiance en moi, conseils. Mais quand je parle de Macédoine du Nord
faut savoir se dire qu'on dispute Depuis le Mondial, vous avez qu’il fallait que je joue mon jeu prise de parole, c'est plus sur le (11-0), et la France
la Coupe du monde à la maison, pris de l'importance chez les comme en club, car elle comptait terrain. Après, si on me donne occupent la première
qu'on a eu de très bons Bleues. Qu'est-ce qui a changé ? vraiment m'utiliser. des responsabilités, je ne place du groupe de
moments. J'ai discuté avec la coach. Elle Pensez-vous pouvoir être reculerai pas. Je continue à qualifications à l’Euro
Mais Amandine Henry a parlé m'avait demandé comment je l'une des leaders de la nouvelle prendre de l'expérience, j'espère 2022 à égalité avec
d'un “chaos total” durant m'étais sentie. Cette discussion a génération ? que tout cela va payer. » É l’Autriche.
le Mondial au sujet de
l'ambiance sous les ordres
de Corinne Diacre....
On est des personnes
différentes. On ressent les
choses différemment. Sur le
plan sportif, forcément, on
voulait aller décrocher ce titre.
Après, il y a eu des côtés positifs,
on a vécu quelque chose de
formidable quand même. Il faut
s'appuyer sur ça, continuer à
progresser, à vouloir chercher un
titre avec cette équipe de France.
On en a vraiment envie.
”Les gens disent souvent
,,
qu'il y a des clans, mais
c'est faux
Avez-vous compris
l'emballement de ces derniers
jours et ressenti le malaise
exprimé par la capitaine ?
Amandine a parlé, il y a eu
plusieurs événements autour de
offre
cette prise de parole. Si elle avait
besoin de parler, elle l'a fait.
Mais moi, aujourd'hui, je n'ai pas
forcément de position vis-à-vis
flash
de ça. Je suis en équipe de
France, je me sens bien dans le
groupe, tout va bien.
Lundi, vous avez effectué
une réunion entre joueuses,
sans le staff. Pourquoi ?
C'était une réunion très
2,99€/mois
importante pour nous. Il fallait
qu'on arrive à discuter avec tout
ce qui sortait un peu partout. On
avait besoin de parler. On s'est dit
qu'il fallait qu'on reste très pendant 3 mois*
concentrées sur vendredi. Il y a
beaucoup de positif qui est sorti
exclusivement disponible sur le site L’Équipe
de cette réunion.
Cette discussion prouve-t-elle
que le groupe n'est pas clivé ?
Les gens disent souvent qu'il y a
des clans, mais c'est faux. Quand
on a discuté, on s'est aperçues
qu'il n'y en avait pas. On avait
juste besoin d'échanger, de
remettre les choses dans leur
*Trois mois d'abonnement à 2,99€/mois TTC. À la suite de ces trois mois, votre abonnement sera automatiquement reconduit à 9,99€/mois TTC. Offre valable du 17 novembre
contexte aussi. On est une équipe
au 29 novembre 2020 pour tout abonnement à L'Équipe numérique. Vous êtes libre de résilier votre abonnement à tout moment en vous rendant dans la rubrique « aide et contact ».
 34
De si jeunes exilés 4/ 5
Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE
footba ll

série
Ils ont défrayé la chronique en quittant la France encore adolescents pour rejoindre
la Juventus, Arsenal, Newcastle ou Liverpool. Un pari pas toujours couronné de succès.

Le Tallec - Sinama-Pongolle
UNE PENTE UN PEU TROP RED
En 2003, Anthony Le Tallec et Florent Sinama-Pongolle débarquent à Liverpool précédés d’une
réputation flatteuse. Ils ne sont pas parvenus à s’y imposer, sans que leur relation n’en souffre.
PIERRE-ÉTIENNE MINONZIO
Anthony Le Tallec,
à Annecy, lundi. Voilà une amitié qui avait toutes les rai-
sons d’exploser en plein vol. Mais elle per-
dure, malgré le temps qui passe et l’éloi-
gnement. Désormais âgés de 36 ans,
Anthony Le Tallec et Florent Sinama-Pon-
golle sont ainsi restés très proches,
même s’ils sont engagés dans des dyna-
miques différentes. Le premier finit sa
carrière de joueur à Annecy (National)
tandis que le second a déjà entamé sa re-
conversion en tant que consultant sur Ca-
nal +. Une chaîne qui leur a d’ailleurs ré-
cemment dédié un documentaire
touchant, intitulé Ados stars.
Pour l’occasion, le duo a rappelé devant
les caméras les circonstances surréalis-
tes de leur rencontre, intervenue lors d’un
tournoi de poussins organisé à la Réunion
au début des années 1990. Le Tallec, qui
évoluait au Havre, avait été élu meilleur
joueur, tandis que Sinama-Pongolle, qui
jouait à la Saint-Pierroise, le club le plus
réputé de l’île, avait été lui sacré meilleur
buteur. Alors qu’ils étaient réunis pour
une photo souvenir, ils s’étaient décou-
verts un improbable lien de parenté, puis-
qu’une cousine du père de Florent est ma-
riée à un oncle d’Anthony.
“Je n’étais pas contre
qu’Anthony et Florent restent
un an de plus au Havre,
mais eux souhaitaient nous
rejoindre dès 2003 ,,
GÉRARD HOULLIER, ENTRAÎNEUR DE LIVERPOOL
LORS DE L’ARRIVÉE DES DEUX JOUEURS
Ils gardent ensuite le contact, et en 1996,
le Réunionnais rejoint son pote au Havre.
Ils vont y connaître une progression spec-
taculaire, illustrée par leur récital lors du
milieu offensif Le Tallec survolent la com-
pétition, conclue par une victoire en finale
face au Nigeria (3-0), au cours de laquelle
ils marquent chacun un but. Un mois plus
tôt, ils ont conclu un accord avec Liverpool
et le Havre pour rester en France et rejoin-
dre le club anglais par la suite, en 2003 ou
2004, en fonction de leur évolution. Le club
normand récupérait 60 millions de francs
dans l’opération (environ 12 M€ actuels).
Pourquoi avaient-ils choisi les Reds ? Selon
Le Tallec, Gérard Houllier, le manager du
LFC de l’époque, avait été particulièrement
persuasif. Quant à Sinama-Pongolle, il
s’était contenté… d’imiter son ami : « J’étais
en contact avec Arsenal quand j’ai appris
qu’Anthony avait signé à Liverpool. Je me suis
dit : “On a tout fait ensemble jusque-là, pour-
quoi on ne continuerait pas cette aventure
ensemble ? ” »
Les premières interactions entre le LFC
et ceux que la presse anglaise appelle les
French Kids sont délicates. En effet, une
des clauses de ce double transfert impli-
que la tenue d’un match amical entre Le
Havre et Liverpool, qui se joue le 19 juillet
2002 au stade Jules-Deschaseaux. Les
Reds s’imposent 1-0 à l’issue d’une partie
au cours de laquelle Le Tallec et Sinama-
Pongolle ont tout fait pour faire bonne im-
pression face à leurs futurs coéquipiers.
«Ils avaient un peu forcé leur jeu, surtout Flo-
rent, qui enchaînait les dribbles, raconte en
souriant le défenseur malien Djimi Traoré,
qui a joué à Liverpool entre 1999 et 2006.
Après ce match, les joueurs anglais, comme
Steven (Gerrard) et Jamie (Carragher),
étaient venus me poser plein de questions à
propos des deux Frenchies. Du genre : “Ils
sortent d’où ? Pourquoi est-ce qu’on les a si-
gnés ?” ». Ce qui n’empêche pas le duo, âgé
de 18 ans, de prendre la direction de Liver-
pool dès 2003. Sur le moment, ce départ un

EN BREF
ANTHONY LE TALLEC
Mondial des moins de 17 ans, disputé à
Trinité-et-Tobago en 2001. Avec les
Bleuets, le buteur Sinama-Pongolle et le
peu précipité fait grincer des dents au HAC
et à la Fédération, Houllier se retrouvant
accusé d’avoir dévoyé des gamins pas en- uu
36 ans

¢ Club : Le Havre (L2 puis L1,

2001-2003) ; Liverpool (ANG,
2003-2007) ; Saint-Étienne
(2004-janvier 2005, en prêt) ;
Sunderland (ANG, 2006-2007,
en prêt) ; Sochaux (2006-
2007, en prêt) ; Le Mans
(2007-2010) ; Auxerre (2010-
2012) ; Valenciennes (2012-
2015, L1 puis L2) ; Atromitos
Athènes (GRE, 2015-2017) ;
Franck Nataf - Jean-Louis Fel/L’Équipe

Astra Giurgiu (ROU, 2017-

janvier 2018) ; Orléans (L2,
janvier 2018-2019) ; Annecy
(N2 puis N, depuis septembre
2019).
Alex Martin/L’Équipe

¢ Palmarès : Ligue des

champions 2005, Coupe de
France 2007.
 LUNDI MARDI HIER AUJOURD’HUI DEMAIN
Vincent Péricard Jérémie Aliadière Landry Bonnefoi Florent Sinama-Pongolle Olivier Kemen série 35
et Anthony Le Tallec DE SI JEUNES EXILÉS (4/5)

uu core prêts pour le grand saut. « Ça m’a mis
en rogne qu’on dise ça, lâche le conseiller de
Jean-Michel Aulas. Moi je n’étais pas contre
qu’Anthony et Florent restent un an de plus
au Havre, mais eux souhaitaient nous rejoin-
dre dès 2003. Ils étaient majeurs après tout ».
“Une fois sur place, on a compris
que la parade en car dans la ville
,,
avait dû commencer
sans nous
FLORENT SINAMA-PONGOLLE, SUR LES CÉLÉBRATIONS
APRÈS LA VICTOIRE DE LIVERPOOL EN C1, EN 2005
À Liverpool, les « French Kids » se font vite
remarquer par le reste du groupe.Sinama-
Pongolle raconte : « Le premier jour, on était
convoqués à Melwood, au centre d’entraîne-
ment, où nous attendait un car, pour partir en
stage de présaison... En nous rendant à Mel-
wood en voiture, on s’est trompé de chemin et
le car est parti sans nous. Finalement, quel-
qu’un nous a appelé pour savoir où on était et
le car est venu nous prendre. On est montés
dedans en se faisant tout petit. » L’autre sou-
venir marquant que conserve le Réunion-
nais de cet été 2003 concerne une violente
altercation à laquelle il assiste, interdit,
dans les vestiaires, à la mi-temps d’un
match amical contre l’Ajax. « (Steven) Ger-
rard avait reproché à (El-Hadji) Diouf de ne
pas lui avoir fait une passe. Mais comme
Diouf ne l’écoutait pas, ils en sont venus aux
mains. Tout à coup, j’ai découvert l’impor-
tance des ego au plus haut niveau, les straté-
gies individuelles, qui ne sont pas forcément
malsaines, mais qui peuvent parfois foutre en
l’air un collectif. »
Très vite, les deux ex-Havrais réalisent à
quel point il sera compliqué de se frayer un
chemin vers le onze de départ, vu la con-
currence à laquelle ils sont confrontés en
attaque (Diouf, Harry Kewell, Michael
Owen, Emile Heskey, Milan Baros…). Pour-
tant leurs premiers pas en Premier Lea-
gue sont séduisants : jusqu’au début de
l’année 2004, ils profitent de chacune de
leurs entrées en jeu pour se mettre en va-
leur. Une réussite initiale que Le Tallec ex-
plique par leur amitié : « Florent et moi, on
habitait près des docks, dans des apparte-
ments voisins. On mangeait très souvent en-
semble le soir, on se soutenait ». Mais bien-
tôt, ceux que les médias anglais
surnomment désormais « Flo Po » et « Le
Talent » sont confrontés à des difficultés
que Bruno Cheyrou, leur coéquipier de
l’époque, résume ainsi dans Ados stars :
« Le plus difficile ce n’est pas de débuter, le
plus dur c’est de confirmer après une pre-
mière année où l’on était très indulgent avec
eux, où l’on ne voyait que leurs qualités, leur
fraîcheur, leur enthousiasme. »
D’autant que la progression des Bleuets
est freinée par de nombreuses blessures,
Sinama-Pongolle souffrant notamment
d’une lésion des ligaments croisés du ge-
EN BREF
FLORENT SINAMA-
nou gauche en janvier 2005. Quelques PONGOLLE
mois plus tôt, Rafael Benitez avait rem- 36 ans.
placé Houllier sur le banc des Reds et Le
Tallec avait pris peur : « Benitez avait débar- ¢ Clubs : Le Havre (L2 puis
qué avec une armada d’Espagnols (Fer- L1, 2001-2003) ; Liverpool
nando Morientes, Luis Garcia, Xabi (ANG, 2003-2007) ; Blackburn
Alonso…), je me suis dit qu’il n’allait pas me (ANG, janvier-mai 2006, p.) ;
faire jouer. Je suis allé le voir pour lui deman- Recreativo Huelva (ESP, 2006-
der de partir en prêt… C’était une énorme er- 2008, en prêt) ; Atlético de
reur. Je suis parti six mois à Saint-Étienne, où Madrid (ESP, 2008-janvier
ça ne s’est pas bien passé. » 2010) ; Sporting Portugal
De fait, en raison de leur faible temps de (POR, janvier 2010-2012) ;
jeu, les deux compères vont multiplier les Saragosse (ESP, 2010-2011,
prêts au cours de leur aventure fragmen- p.) ; Saint-Étienne (2011-
tée à Liverpool. Au final, « Flo Po » a inscrit 2012, p.) ; FC Rostov (RUS,
9 buts en 65 matches avec les Reds, quand 2012-2014) ; Chicago Fire
« Le Talent » a été l’auteur d’une seule réa- (MLS, 2014-janvier 2015) ;
lisation, en 32 rencontres. Un bilan évidem- Lausanne Sport (SUI, janvier
ment décevant, après toutes les attentes. 2015-mai 2015) ; Dundee Utd
Reste que les Frenchies ont gagné mal- (ECO, novembre 2015-2016) ;
gré tout le respect éternel des fans du LFC, Chainat Hornbill (THAI,
en raison de leur contribution à la quête 2016-décembre 2018) ;
victorieuse du club en Ligue des cham- Saint-Pierroise (DH, février
pions, lors de la saison 2004-2005. « Florent 2019-juillet 2019).
avait inspiré notre come-back face à l’Olym- ¢ Palmarès :
piakos à Anfield (3-1, 8 décembre 2004), en Ligue des champions 2005,
entrant à la mi-temps alors qu’on était me- Charity Shield 2006.
nés 0-1, indique Dan Fieldsend, auteur de
Local, un ouvrage sur l’histoire du LFC. Et
lors du quart de finale aller à domicile, contre
la Juve (2-1, le 5 avril 2005), Anthony avait été
excellent, délivrant une passe décisive pour
Luis Garcia. » Ce qui vaudra aux deux amis
l’honneur de suivre en tribunes du stade
olympique Atatürk, à Istanbul, la miracu-
leuse victoire en finale de Liverpool face à
l’ACMilan (3-3, 6-5 aux t.a.b.) en finale, et de
glaner ensuite une médaille, quand bien
même ils n’étaient pas sur la feuille de
match.
“Je suis heureux d’avoir
remporté des titres, mais surtout
,,
je suis fier d’avoir côtoyé
des joueurs extraordinaires
ANTHONY LE TALLEC
La suite sera moins réjouissante. « Le len-
demain, Anthony et moi, ainsi que les autres
joueurs qui n’avaient pas été retenus dans le
groupe comme Neil Mellor ou Stephen War-
nock, on a pris un avion différent du reste de
l’équipe, qui nous a fait arriver un peu plus
tard à Liverpool, confie Sinama-Pongolle.
Une fois sur place, on a compris que la pa-
rade en car dans la ville avait dû commencer
sans nous, pour des raisons de sécurité. Je
suis rentré chez moi et j’ai regardé les festivi- Aléxis Réau/L’Équipe

Florent Sinama-Pongolle
à Boulogne-Billancourt,
lundi.

tés à la télévision… C’était un moment diffi-
cile, j’en ai pleuré. Il y avait même les femmes
des joueurs dans ce car et nous, on n’y était
pas. Liverpool a toujours eu un côté famille,
Coéquipiers mais sur ce coup-là, ils nous avaient laissés
au Havre, Anthony de côté. »
Patrick Boutroux et Franck Nataf/LÉquipe
suis heureux d’avoir remporté des titres,
mais surtout je suis fier d’avoir côtoyé des
joueurs extraordinaires comme Gerrard ou
Owen. C’était magique, la perfection au quoti-
dien », dit le Tallec. Un sentiment prolongé
par son complice : « Parfois on me dit :

Le Tallec et Florent Pour autant, en dépit des déconvenues,
Sinama-Pongolle pas un instant, Sinama-Pongolle et le Tal-
ont ensuite continué lec ne regrettent d’avoir tenté leur chance
leur chemin si jeune au LFC. Parce qu’ils ont plutôt bien
ensemble rebondi ensuite, le premier connaissant
à Liverpool. une sélection en équipe de France alors
qu’il évoluait à l’Atlético de Madrid (en
2008), le second décrochant notamment la
Coupe de France avec Sochaux en 2007.
« Quand je me retourne sur ma carrière, je
“Comment ça se fait que tu restes aussi ac-
cessible ?” Eh bien je réponds : “Parce que j’ai
joué au Liverpool FC, un club où tu croises
des superstars super humbles”. » Surtout,
cette expérience outre-Manche offre aux
deux potes un lot infini d’anecdotes et de
souvenirs communs, qu’ils adorent parta-
ger à chacune de leurs rencontres.
Comme deux cousins très éloignés qui
n’en finiraient pas de rester proches. É
 36 Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE

rugby
DISPARITION DE CHRISTOPHE DOMINICI

Thomas Lombard
« Même en finale,
il avait fallu que Domi
fasse plus et mieux »
Le directeur général du Stade Français évoque
la personnalité et l’influence de celui qui fut
son coéquipier pendant sept saisons.
HAMID IMAKHOUKHENE Français)-Laporte (entraîneur).

Au téléphone, le débit est lent, le ton est

bas et le trouble évident. « C’est d’une
violence inouïe», souffle Thomas Lombard
à propos du drame qui s’est noué mardi
après-midi. Le directeur général du Stade
Français assistait à l’entraînement de
l’équipe pro au côté du Team manager,
Christophe Moni, quand il a appris la mort
brutale de Christophe Dominici à 48 ans.
Accompagnés d’Yves Maman, ancien
Ce qui est étonnant c’est que mardi en fin
d’après-midi, on s’est retrouvés à Jean-
Bouin presque instinctivement ! Comme
EN BREF
THOMAS
s’il était évident qu’on devait être LOMBARD
ensemble pour affronter ce terrible 45 ans.
moment. Max (Guazzini) ne pouvait pas Directeur général
être présent sur l’instant, mais on l’a eu en du Stade Français.
permanence au téléphone, il y avait aussi Ex-centre ou ailier.
Christophe Moni, Yves Maman, Alain Joueur du Stade Français
Elias, et Bernard Laporte est arrivé après. de 1997 à 2004.
Puis tous ceux de 1998 se sont

manager de l’équipe pro, les deux
hommes se sont rendus sur les lieux du
décès dans le parc de Saint-Cloud, où les
attendaient Alain Elias, lui aussi ex-
manager des années fastes, sans doute le
plus intime de Christophe Dominici.
Lombard évoque la mémoire et la
personnalité de celui qu’il a côtoyé sept
saisons dans le club de la capitale (1997-
7
manifestés. Beaucoup ne vivent plus à
Paris, mais le téléphone a beaucoup
sonné. Domi a marqué une génération,
tous les mecs qui l’ont connu en gardent
et en garderont quelque chose. Thomas Lombard
En 2005, à l’issue du Tournoi des Six a joué pendant sept
Nations, il nous avait confié : saisons avec
“Dans un groupe, j’ai toujours été Christophe Dominici
une bouche, un rassembleur aussi”... au Stade Français,
entre 1997 et 2004.
Romain Perrocheau/L’Équipe

2004), au côté duquel il a conquis quatre
Boucliers de Brennus (1998, 2000, 2003,
2004) et partagé quelques sélections en
bleu en 2000 et 2001.
«Les nombreux témoignages qui
affluent depuis la disparition de votre ami
et ancien coéquipier témoignent du rôle
central qu’il tenait parmi les acteurs de
l’époque Guazzini (président du Stade
Michel Deschamps/L’Équipe
Oui c’est vrai. (Long silence.) Domi a vécu
des moments durs, des déchirements, on
lui a arraché des personnes chères à son
cœur et il a toujours été habité par ça (sa
sœur est décédée dans un accident lorsqu’il
avait 14 ans). Il était tout sauf un solitaire, il
avait besoin d’avoir du monde autour de
lui, qu’il y ait de l’affection entre les gens,
de l’énergie. Sans doute celle qu’il avait dû
Ils remportèrent quatre
Boucliers de Brennus
ensemble : en 1998,
2000, 2003 et 2004.
déployer pour affronter tout cela. Il vous a
dit qu’il était une “bouche” et, en fait, les
moments dont je ne me souviens pas, ce
sont ceux où il n’était pas là. Sa
personnalité faisait qu’il ne pouvait pas ne
rien se passer. Il fallait qu’il y ait une sorte
de bouillonnement permanent. Dans
l’hyper-affectivité ou dans la crise, avec lui
ce n’était jamais lisse.
Guazzini ne cache pas que Christophe
Dominici était son joueur préféré. On sait
aussi le lien fusionnel qui existait entre lui
et Bernard Laporte. Comment le reste
des joueurs vivait-il cela ?
Encore une fois, il n’était pas lisse. Une
relation traditionnelle, ça ne l’intéressait
pas. Domi, il fallait qu’il creuse, qu’il
touche, qu’il aille gratter au fond de toi,
qu’il y ait une émotion. Parce qu’il était, je
pense, un écorché lui-même, par rapport
personnalité. Et il le rendait bien à tout le
monde. Il était entier.
Il incarnait les années dorées du club.
On l’a souvent vu dans la loge réservée
aux anciens joueurs, au stade Jean-
Bouin. Quels étaient ses liens avec
le Stade Français ?
Sa présence, c’était tellement naturel !
Domi n’avait pas coupé les liens avec le
club, bien au contraire d’ailleurs, il ne
coupait les ponts avec personne. C’est
aussi un trait de caractère qui lui était
propre. Très récemment, après les
victoires contre Toulouse (48-14, le
1er novembre) et La Rochelle (35-13, le
15 novembre), il m’avait envoyé des
messages. Il n’était surtout pas
indifférent à ce qui se passait au club, loin
s’en faut. Voir que tout allait mieux sur le
terrain, ça lui faisait plaisir. À partir du

à plein de choses. Quant au ressenti du moment où tu l’avais croisé, que tu avais

groupe, ça ne posait pas de problème. Il partagé quelque chose avec lui, il ne
n’y avait aucune manipulation derrière coupait pas. Même si, parfois, il était
cela, c’était sa façon d’être, sa spectaculaire, voire déstabilisant. Il uu

“Domi n’avait pas coupé les liens avec le club, bien au contraire
Dominici (ballon en main) et Lombard (2e à g.) ont évolué ensemble durant sept saisons au Stade Français,
comme lors de ce match de Coupe d’Europe face aux London Wasps, le 22 octobre 2000 à Jean-Bouin. ,,
d’ailleurs, il ne coupait les ponts avec personne. Voir que tout allait
mieux sur le terrain, ça lui faisait plaisir
 Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE
uu pouvait resurgir quand tu ne l’attendais
pas du tout. Il te surprenait. La saison
dernière il nous avait accompagnés sur
des déplacements de Top 14, notamment
à Brive. Ou en Challenge européen. Il était
avec nous en Italie quand on est allés
affronter Zebre. Et à Jean-Bouin, jusqu’à
l’arrêt du Championnat, en mars, il était
présent à presque toutes les rencontres.
Vous qui avez joué tant de matches à son
côté, retenez-vous un ou deux rendez-
vous particulièrement mémorable ?
Il y a beaucoup de matches où il a été bon,
très bon, décisif même. Mais la finale de
2004 contre Perpignan (38-20) me reste à
l’esprit. Il jouait à l’aile gauche et il claque
un drop. C’était rare, et le monsieur drop,
c’était davantage Diego (Dominguez),
notre ouvreur et buteur. Et évidemment
Domi, dès qu’il claque le drop (30e), en
allant se replacer, il va mettre une pièce à
“l’Italien” (né en Argentine, Diego
Dominguez a totalisé 74 sélections avec
l’Italie). “Tu vois, moi aussi, je mets des
drops.” Et l’autre (Dominguez), il était
tellement fou que trois minutes après, il a
à son tour passé un drop ! C’était ça notre
truc. Des challenges permanents, de la
bonne provocation, une forme de
DISPARITION DE CHRISTOPHE DOMINICI
Les Bleus avec
«Domi » sur le bras
Les joueurs de l’équipe de France porteront
le surnom de Dominici sur leur bras gauche
lors du match face à l’Italie, samedi.
Ce n’était pas prévu, mais Bernard Laporte s’est
présenté devant les médias pour rendre un
nouvel hommage à son ami Christophe
Dominici, décédé tragiquement mardi. Juste
avant le début de l’entraînement à haute
intensité de l’équipe de France hier, profitant
des quelques minutes de retard des Bleus, le
président de la FFR, encore très ému, visage
fermé, a commencé en disant que « le rugby
français était dans la peine. On a perdu un grand
joueur, a-t-il poursuivi. Je l’ai dit aux joueurs
présents chez les Bleus actuellement. Domi,
c’était un palmarès extraordinaire, je leur souhaite
d’avoir le même. J’ai perdu un ami, j’ai du mal à
réaliser ». Puis Laporte a assuré qu’un « grand
hommage » serait rendu à Dominici, samedi au
Stade de France, en marge de la réception de
l’Italie. « Les joueurs porteront sur le bras gauche
son surnom, Domi, a-t-il annoncé. Il y aura
également une grande bâche et une minute de
silence. L’hommage sera à la hauteur de ce qu’il a
Les joueurs du quinze de France réunis hier soir, à Marcoussis, lors de leur entraînement.
compétition et de chambrage, entre nous. Christophe Dominici Ça laisse des traces à vie. Il y a une telle
Avec, surtout, beaucoup d’affection. Et là, (à gauche) avait émotion à reparler, revivre toute cette
même en finale, il avait fallu que Domi
fasse plus et mieux.
Vous faites partie d’un cercle qui pouvait
accompagné le Stade
Français de Thomas
Lombard (à droite)
époque, que forcément, dès qu’il y avait
une opportunité, tout le monde sautait sur
l’occasion. Et ça n’a jamais été
se retrouver à la brasserie “Le Cardinal”, plusieurs fois l’an institutionnalisé. On aurait pu créer,
porte de Saint-Cloud, pour des déjeuners passé, comme comme c’est le cas ailleurs, une
qui n’en finissaient pas… Il y avait lui, ici à Brive, association. Mais là, non. On s’est revus
et d’autres comme Bernard Laporte. en décembre 2019. pour les vingt ans du titre en 2018, et pour
On a été marqués au fer rouge parce le reste c’était à l’envie. On passait quatre,
qu’on a vécu ensemble au Stade Français. six, huit heures à évoquer le passé. On ne
parlait pas de ce qui se passe aujourd’hui.
Non, on avait besoin de se remémorer et
Les auditions des témoins de raconter pour la 1000e fois les mêmes
aventures. C’était systématique. Là, on va
se poursuivent tous se retrouver. On a besoin de se revoir,
de faire un truc pour sa mémoire et se
Au lendemain du décès brutal de l’ancien international Christophe Dominici à raconter Domi.
Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), les auditions des témoins se sont poursuivies, Vous étiez-vous entretenu récemment
hier. Deux personnes qui ont vu l’ex-joueur du RC Toulon et du Stade Français avec lui ?
avant sa chute mortelle ont été auditionnées par les policiers du commissariat Onéchangeaitassezrégulièrementpar
de Saint-Cloud, en charge d’une enquête sur les circonstances de sa mort. Un SMS.Ycomprispendantlestractationspour
cycliste qui a assisté à sa chute dans le vide doit être entendu aujourd’hui ainsi lareprisedel’ASBH(finalementavortée).Ces
que la compagne de Dominici, partie à sa recherche au moment du drame. Les dernierstemps,onluiavaitproposéde
premières constatations ont permis d’établir que l’ex-ailier se trouvait en revenirnousvoirparcequ’onsentaitque
équilibre sur une rampe en béton qui mène à la grille d’honneur du domaine de l’aventuredeBéziersl’avaitchamboulé.
Saint-Cloud au moment de basculer dans le vide. Les résultats des analyses Maisdepuisledébutdesaison,onnel’avait
toxicologiques pratiquées sur la victime devraient être connus d’ici demain. St. S. pasvuphysiquement.Parcequ’ilyavait
cettesituationsanitaireparticulièred’une
37
apporté au rugby français. » Bernard Laporte a
enfin eu une pensée pour Jeannot, le père de
l’ex-joueur, Nicole, sa mère, ainsi que son
épouse et ses deux filles, tout en promettant
que la FFR ne les laisserait pas tomber.
L’entraînement des Bleus terminé, les
références au décès de l’ex-ailier international
(48 ans, 67 sélections) ont été très limitées.
« La mort de Domi, c’est un coup dur pour le rugby
français, a réagi l’arrière Gervais Cordin, né en
1998, année du premier titre de champion de
France de Dominici avec le Stade Français.
C’était une légende de notre sport, une idole pour
beaucoup. C’est une triste nouvelle. On va essayer
de lui rendre hommage samedi. » Un sentiment
partagé par le troisième-ligne Anthony
Jelonch : « On veut faire un gros match samedi
pour Domi et pour rendre tous ceux qui l’aimaient
fiers. Bernard Laporte a fait un discours devant le
groupe pour parler de Domi. Il était touché. Nous
aussi finalement. » M. R.
Pierre Lahalle/L’Équipe
“Ces derniers temps, on lui avait
proposé de revenir nous voir
parce qu’on sentait que l’aventure
de Béziers l’avait chamboulé ,,
part,etenraisonducontextedel’après-
Béziersjepense.Encoreunefois,çal’avait
sacrémentsecoué.
Vous dites que l’affaire de Béziers
l’a chamboulé…
Il a fait avec Béziers comme il a toujours
fait avec tout le monde. Je pense que
Domi a tout donné, sans se poser la
moindre question et que, certainement, il
s’est trop investi, avec, en face de lui, des
gens qui n’étaient pas prêts à donner
autant que lui…
Comment le Stade Français
va-t-il lui rendre hommage ?
Le contexte fait que ce sera une
communion à distance puisqu’il n’y a pas
de public dans les stades. On va faire tout
ce qu’il est possible de réaliser pour lui
rendre un grand hommage et qui durera
un certain temps, en tout cas pour nous,
tant il mérite qu’on fasse bien les choses
compte tenu de ce qu’il a apporté au Stade
Français.» É
38 rugby Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE

COUPE D’AUTOMNE DES NATIONS Équipe de France

L’entraînement fut PRO D2 11e j.

à haute intensité
hier à Marcoussis aujourd'hui 19 h
pour Sekou Macalou, Colomiers - Nevers
ballon en main, 20 h 45
qui devrait débuter Aix-en-Provence - Biarritz
samedi face à l’Italie. demain 18 h 45
Oyonnax - Vannes
19 h
Perpignan - Aurillac ¢
Rouen - Béziers ¢
Carcassonne - Grenoble ¢
Montauban - Mont-de-Marsan ¢
Coupe d’automne Soyaux-Angoulême - Valence-Romans
des nations
3e et dernière journée
Classement
poule A
matches
samedi 17h pts
J. G. N. P. diff.
Galles - Angleterre 1 Vannes 34 10 8 0 2 +49
dimanche 15h
2 Oyonnax 32 8 7 1 0 +83
Irlande - Géorgie
3 Perpignan 30 9 7 0 2 +68
classement 4 Biarritz 27 8 6 0 2 +63
pts J. 5 Aix-en-Provence 26 10 6 1 3 -8
1 Angleterre 9 2 6 Colomiers 24 8 5 1 2 +59
2 Galles 4 2 7 Béziers 22 10 4 1 5 +20
Irlande 4 2 8 Nevers 22 10 4 0 6 +18
4 Géorgie 0 2 9 Grenoble 19 9 4 1 4 -10
10 Aurillac 18 10 4 0 6 -25

Pierre Lahalle/L’Équipe
poule B 11 Montauban 18 9 4 1 4 -43
samedi 21 h 10 12 Carcassonne 15 9 3 0 6 -31
France - Italie 13 Valence-Romans 12 8 2 1 5 -45
(Stade de France, à huis clos) 14 Rouen 11 10 2 1 7 -34
classement poule B 15 Mont-de-Marsan 7 7 1 0 6 -64
pts J. 16 Soyaux-Angoulême 6 9 1 0 8 -100

Des Bleus bis

1 Écosse 11 3
2 France 9 2 19 h
3 Italie 5 2 Colomiers
4 Fidji 0 3
Nevers

en mode commando
Écosse 28-0 Fidji Arbitre : M. Castaignède (Côte d'Argent).
match gagné sur tapis vert avec Stade Michel-Bendichou.
bonus offensif en raison de cas
de Covid-19 chez les Fidjiens. Colomiers
Entraîneur : J. Sarraute.
Les équipes classées premières de
leur poule se rencontreront pour le
Réunie depuis lundi à Marcoussis, la relève des joueurs atteints Équipe : 15 Girard – 14 Vici, 13 Perrin,
12 Fontaine, 11 Laforgue – 10 Soulan,
9 Queheille – 7 Lescure, 8 Bézian,
titre ; les équipes classées 2e se
disputeront la 3e place finale, etc.
par la limite des trois feuilles de match a participé hier soir 6 Chiappesoni – 5 Earle, 4 Coletta –
3 Palma-Newport, 2 Larrieu, 1 Dubois.
Les matches auront lieu
le 5 ou le 6 décembre.
à son seul entraînement intense de la semaine. Remplaçants : Elliot (16), Tartas (17),
Granouillet (18), Ponpon (19),
Rokoduguni (20), Deysel (21),
LAURENT CAMPISTRON chant. « C’était pareil la semaine rafale de la part du boss quel- d’avoir deux mecs qui se connais- Seguela (22), Sheklachvili (23).
précédant notre premier match de ques minutes plus tard pour un sent par cœur comme Serin et Jali- Nevers
Bâtir en six jours une équipe suffi- l’automne contre le pays de Galles en-avant grossier : « Vous ne bert pour conduire le jeu. Ça ap- Entraîneur : X. Péméja.
samment compétitive pour battre (24 octobre), observe le corespon- pouvez pas perdre des ballons porte de la sérénité et de la Équipe : 15 Jaminet – 14 Blanc, 13 Loaloa,
12 Derrieux, 11 Camou – 10 Menoret,
l’Italie, samedi soir, et se qualifier sable de la conquête William Ser- comme ça, ce n’est pas possible, fluidité.» 9 Cazenave – 7 Kazubek, 8 Fabregue,
Top 14 10e journée pour la finale de la première (et vat. C’est bien de commencer par pas possible ! » La séance a Sinon, le poste d’arrière devrait 6 Plataret – 5 Ceyte, 4 Bradshaw –
pts J. dernière ?) Coupe d’automne des deux jours très studieux pour que quand même été suffisamment être occupé par le revenant Dulin, 3 Papidze, 2 Hamel, 1 Lolohea.
nations. Telle est la mission d’un les mecs assimilent bien le sys- musclée pour provoquer les ceux d’ailiers par Thomas et Vil- Remplaçants : Genevois (16), Kitutu (17),
1 La Rochelle 30 9 Njewel (18), Fraser (19), Manevy (20),
2 Toulouse 24 9 staff tricolore qui a dû switcher tème de jeu. Comme c’est différent sorties sur blessure du centre lière, de centres par Danty et Bar- Urruty (21), Herry (22), Roelofse (23).
3 Clermont 23 7 son effectif, lundi, à cause de cette de ce qu’ils font en club, ils doivent Olivier Klemenczak (cheville raque et de n°8 par le Castrais
4 Racing 92 23 8 règle des trois feuilles de match vite prendre des repères. » gauche) et du troisième-ligne Anthony Jelonch, présenté il y a
5 Stade Français 23 8 maximum qui a renvoyé dans Évidemment, il ne faut pas s’at- Fabien Sanconnie (béquille à la trois ans par son coach de l’épo- Canal+ Sport 20 h 45
6 Toulon 23 8 leurs clubs la plupart des joueurs tendre à des miracles tout de cuisse droite). Seront-ils rétablis que Christophe Urios comme le Aix-en-Provence
de la liste « premium ». Le sélec- suite. Le manager des Bleus, Ra- pour samedi ? Pas certain du futur n°… 7 des Bleus. « Au-
7 Lyon 20 7
tionneur Fabien Galthié et ses ad- phaël Ibañez, avait prévenu, hier tout au regard de leurs claudica- jourd’hui, je joue plus souvent en 8
Biarritz
8 Bayonne 20 9 Arbitre : M. Millotte (Île-de-France).
9 Bordeaux-Bègles 19 8 joints sont donc confrontés cette soir, juste avant l’unique entraîne- tions marquées. en club, rappelle Jelonch. C’est Stade Maurice-David.
semaine à un groupe considéra- ment à haute intensité de la se- À part ça, comme toujours, assez facile pour moi de passer
10 Pau 15 9 Aix-en-Provence
11 Montpellier 12 6 blement renouvelé, parmi les- maine : « Avec tous ces nouveaux l’entraînement a permis de se d’un poste à l’autre, j’ai des repères Entraîneur : F. Cibray.
12 Castres 11 7 quels 16 bizuths. « C’est un chal- joueurs, on peut s’attendre à des re- faire une idée assez précise de aux deux. » Équipe : 15 Massip – 14 Charlat, 13 Delage,
lenge très excitant, estime Laurent cherches d’automatismes, et donc l’équipe qui pourrait démarrer la Au total, cinq joueurs du 12 Belan, 11 Poirson – 10 Radosavljevic,
13 Brive 10 8 9 Darbo – 7 Guiry, 8 Malet, 6 Piazzoli –
14 Agen 2 9 Labit, le responsable de l’attaque à un peu de déchet. » rencontre contre l’Italie. On de- quinze titulaire pourraient ainsi 5 Warion, 4 Le Devedec –
tricolore. Parce qu’il faut optimiser vrait certainement y trouver des honorer leur première sélection 3 Loukia, 2 Forbes, 1 Ishchenko.
chaque minute. On y va un peu dans Cinq bizuths dans joueurs qui ont longtemps évolué contre l’Italie : le pilier gauche Remplaçants : Laget (16), Corbel (17),
demain 20 h 45 l’équipe de départ ? Mondoulet (18), De Coninck (19), Sola (20),
Castres - Clermont un esprit commando, avec des ensemble à la charnière à Bor- Neti, les deuxième-ligne Geraci
Zambelli (21), Bézy (22), Vernet (23).
joueurs qui sont arrivés lundi avec La séance a été conforme aux deaux-Bègles, le demi de mêlée et Pesenti, le centre Barraque et
samedi 15 h 15 Biarritz
Toulon - Pau une énergie terrible, qui se sont im- prévisions. Engagée, énergique, Baptiste Serin (par ailleurs l’ailier Villière. Fabien Galthié an- Entraîneur : M. Clarkin.
18 h 15 prégnés de la dynamique du mais polluée par quelques bal- promu capitaine) et l’ouvreur noncera sa compo aujourd’hui à Équipe : 15 Domvo – 14 Barry, 13 Plessis
Toulouse - Agen ¢ groupe précédent, et qui sont con- lons tombés et fautes d’indisci- Matthieu Jalibert, ainsi qu’une 11 h 30. É Couillaud, 12 Saili, 11 Artru – 10 Perraux,
La Rochelle - Brive ¢ 9 Couilloud – 7 Knight, 8 S. Armitage,
tents d’être là et de poursuivre pline qui ont parfois poussé Labit première ligne toulousaine com- 6 Cramond – 5 Olmstead, 4 Aliouat –
Montpellier - Bordeaux-Bègles l’aventure. » à balancer ses bras d’exaspéra- plète (Neti-Mauvaka-Aldegheri). L’équipe probable : Dulin – Tho- 3 Nutsubidze, 2 Ruffenach, 1 Millar.
dimanche 18 h Les deux premiers jours du tion et Galthié à élever la voix : « On tient à ces connexions, dit La- mas, Barraque, Danty, Villière – Remplaçants : Da Ros (16), Tcheishvili
Racing 92 - Bayonne rassemblement ont été jalonnés « Qui a fait la faute ? Le 6 ? Allez, bit. C’est important pour nous. Jalibert, Serin (cap.) – Macalou, (17), Gimeno (18), O'Callaghan (19),
21 h 05 Aurrekoetxea Alegria (20), Bosch (21),
de réunions et de séances d’en- dehors ! » Le 6 ? C’était Cameron Dans une équipe jeune et inexpéri- Jelonch, Woki – Pesenti, Geraci – X. Lucu (22), Azariashvili (23).
Lyon - Stade Français
traînement menées en mar- Woki. Qui prendra encore une mentée, c’est toujours mieux Aldegheri, Mauvaka, Neti.
Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE
S’il n’en reste
qu’un...
Thomas Ruyant a subi,
à son tour, une sérieuse avarie.
Charlie Dalin, leader, est le seul
des foilers à avoir été épargné.
Sûrement pas que du hasard.
STÉFAN L’HERMITTE
Jean Le Cam, qui est aussi difficile
à suivre en mer qu’à terre, avait
tissé début novembre une méta-
phore de marin-jardinier, où il
expliquait que plus un râteau avait
de larges et grandes dents, plus il
ramassait de saloperies, ce qui
est aussi vrai pour les foils. Or il n’y
a pas que de la sargasse et du
plastique en haute mer, comme
peut en témoigner Thomas
Ruyant, depuis la nuit de mardi
à mercredi : « Je marchais à
20 nœuds quand j’ai entendu ce
grand bruit. Je n’ai pas vraiment
d’explication.»
Le jour lui révéla un foil babord
fissuré, probablement hors ser-
vice, ce qui va lui coûter cher et pas
qu'en dizaine de milliers d’euros.
« Je continue avec une seule aile
en me disant qu’il me reste mon foil
tribord, qui est statistiquement le
plus important. La route est longue,
je continue, je m’accroche. » L'im-
pétueux Alex Thomson, privé trop
tôt l’an passé (19e jour) de son foil
tribord, n’avait pu disputer la
victoire à Armel Le Cléac’h et
reste poliment mais intimement
persuadé, qu’il serait revenu le
premier aux Sables. En regardant
les albatros, Ruyant va vite mesu-
rer qu’à certaines allures, on vole
mieux avec deux ailes.
Les grands foilers – toisé au
ruban souple de couturière qui
peuvent atteindre jusqu’à sept
positions hier à 22 heures, après 17 j et 9 h
60° W 50° W 40° W
à 93,4 milles
1 2 du leader
DALIN RUYANT
APIVIA LINKED-OUT
à 18 929,3 milles (35 057,1 km) de l’arrivée
mètres – étaient huit au départ.
Il ne reste que le seul Charlie Dalin
(Apivia) à ne pas avoir été victime
d’une avarie majeure. On notera
que le seul LinkedOut a ratissé
trop large. « Mais les foilers tels
qu’ils sont aujourd’hui, pointe
Vincent Riou, vainqueur 2005, vont
plus vite en pointe, accélèrent et
décélèrent plus, ont plus de couple,
ce qui fait donc beaucoup plus
d’efforts.» Le hook (crochet d’atta-
che) de l’Occitane d’Armel Tripon
n’est pas descendu tout seul, pas
plus que le mât du Corum-l’Épar-
gne de Nicolas Troussel.
“Rien n’est infaillible,
dans un monde
où on essaye de tout
maîtriser c’est beau,
il faut l’accepter
KEVIN ESCOFFIER
Et si Alex Thomson continue
d’étayer l’intérieur tout carbone
de son Hugo-Boss, si une écoute a
lâché sur le très préparé Charal
de Jérémie Beyou, ce n’est pro-
bablement pas que du hasard.
« C’est un job de schizophrène,
nous expliquait Kevin Escoffier,
lors d’une navigation, qui chevau-
che une coque de quatre ans âge,
soulagé par des foils minimalis-
tes et rétractables. On part en
n’ayant pas validé grand-chose,
rien n’est infaillible, dans un monde
où on essaye de tout maîtriser c’est
beau, il faut l’accepter.»
30° W 20° W 10° W
BESTAVEN HERRMANN
SIMON LE CAM
ESCOFFIER
RUYANT
THOMSON
DALIN
ue
romiq
orthod
Route
à 374 m. à 482,1 m.
3 4
LE CAM ESCOFFIER HERRMANN
Yes-We-Cam ! PRB SEAEXPLORER
1 mille correspond à 1,852 km
39
bateaux
e
17 jour VENDÉE GLOBE
Thomas Ruyant
Thomas Ruyant Accepter aussi, n’est-ce pas d’Escoffier et Simon, alors qu’on petits foils), elle ne s'enflamme
a cassé l'appendice Kojiro Shiraishi, de déchirer une est en train de faire un pas énorme pas, au contraire des garçons qui
bâbord de son bateau grand-voile et de coudre trois et de découvrir un nouveau sont très sanguins. » Il faudrait,
« LinkedOut », jours. Accepter encore, n’est-ce monde.» oui, en plus du hasard, détermi-
dans la nuit de mardi pas Sébastien Simon, de perdre Début novembre aussi, la ner la part de faute du skippeur,
à mercredi. sa girouette, de grimper vaine- sémillante Alexia Barrier, sur son de l'architecte, du constructeur,
ment en tête de mât à l'abri relatif antique Le Pingouin de 21 ans du balayeur. Mais oui, Samantha
d'une île, et de continuer, lui aussi, d’âge, regardait toute cette mo- la bien-aimée, sans sorcellerie
handicapé. « Finalement, il n’y a dernité et glissait : « Ma favorite aucune, peut croire à un podium.
qu’un bateau au port, reprend c’est Samantha (Davies), elle a un Devant, Dalin, avec ses drôles de
Riou, qui chapeaute les projets bateau fiable (génération 2012, rames, ne fait pas le malin. É
,,
événement sur la chaine L’Équipe
hommage à Christophe Dominici
photos L’Équipe
ce soir 21h00
La suite du pointage
6. Yannick Bestaven
Nouvelle-Zélande
France
0° (Maître CoQ IV), à 507 m ;
20° S 7. Sébastien Simon
(Arkea Paprec), à 604 m ;
8. Alex Thomson
(Hugo Boss), à 664 m ;
30° S
9. Samantha Davies
(Initiatives-Cœur), à 689 m.
1/2 finale Coupe du monde 1999
10. Louis Burton (Bureau
Vallée 2), à 699 m ;
11. Benjamin Dutreux (Omia
- Water Family), à 751 m ; en hommage à Christophe Dominici,
40° S 12. Damien Seguin
(Groupe Apicil), à 778 m ;
la chaine L’Équipe rediffuse
la demi-finale de Coupe du monde 1999
13. Giancarlo Pedote
(Prysmian Group), à 812 m ;
14.Maxime Sorel face à la Nouvelle-Zélande
(V and B-Mayenne), à 846 m ;
50° S 15. Isabelle Joschke
à 502,3 m. (MACSF), à 867 m ;
5 16. Romain Attanasio
(Pure - Best Western),
à 1002 m.
17. Clarisse Cremer
(Banque Populaire X),
à 1012 m...
disponible gratuitement canal 21 (TNT, Free, Bouygues, Orange, Fransat, Numéricable, SFR), canal 79 (Canalsat)
 40 tennis de ta ble Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE

DISPARITION DE JACQUES SECRÉTIN

Dominique Jullian /Sud Ouest/MaxPPP

Alex Martin/L’Équipe

À LA TABLE DES GRANDS

Avec la disparition de Jacques Secrétin, hier à 71 ans, le tennis de table français
perd une légende. Pongiste spectaculaire au palmarès bardé de titres,
«Maître Jacques» a incarné et popularisé son sport comme personne.
BÉATRICE AVIGNON debout sur une table avec le facé- tennis de table, qu’il a incarné et
Même lorsqu’il tieux Vincent Purkart. Si Jacques popularisé pendant plus de qua-
représentait l’équipe Il restera l’inusable table à son Secrétin est parti dans la nuit de rante ans.
de France, comme ici nom au fond du jardin, la joie de mardi à mercredi, à 71 ans, vic- Lorsque Jacques Secrétin est
en 1975, Jacques s’appeler Secrétin l’instant d’un time d’une crise cardiaque dans appelé en équipe de France pour
Secrétin prenait son coup droit spectaculaire, l’image sa maison de Tourcoing, son la première fois, à 13 ans, le ping-
sport comme un jeu. du gaucher moustachu jouant nom restera à jamais associé au pong fait figure d’aimable loisir. Il
aurait pu choisir le football, solli-
cité par le RC Lens, mais avait
préféré continuer à jouer avec
cette petite balle blanche dont il
était tombé amoureux à 6 ans,
dans le club scolaire créé par son
père directeur d’école. Le natif de
Carvin (Pas-de-Calais), n’aura
ensuite de cesse de vouloir prou-
ver que son ping-pong, raillé jus-
qu’au sein de l’INS (l’ancêtre de
l’Insep), n’était pas qu’une activité
d’après barbecue.
Pour cela, il a compris qu’il lui
faudrait gagner. Et pas que des
cafetières ou des fers à repasser
dans les tournois. Ce qu’il fit, sans
se départir de son âme d’enfant.
L’Équipe
Christian Martin, son coéquipier
en équipe de France pendant
quinze ans et médaillé de bronze
européen en 1976. Il s’amusait,
même quand il jouait sérieuse-
ment. C’était un joueur d’instinct.
Pas puissant, mais avec un place-
ment de balle et une finesse hors
norme. Il avait un jeu spectaculaire,
comme seulement 10 % des pon-
gistes. »
Le premier Français
champion d’Europe,
en 1976
Sa collection de titres de cham-
pion de France (17 en simple en-
tre 1966 et 1981, 21 en double
hommes et mixte entre 1967 et
1989) n’aurait pas suffi à asseoir
sa notoriété en dehors du ping.
Secrétin ajoutera d’abord à son
palmarès deux médailles de
bronze mondial en double en
1973 et 1975, avec Jean-Denis
Prague. Une première pour un
pongiste français. Après sa vic-
toire en demi-finales, il tombe
dans les bras de son adversaire,
le Tchécoslovaque Milan Orlow-
ski. « Je le voyais plus comme un
partenaire que comme un adver-
saire à battre, pour moi c’est ainsi
que doit se vivre le sport », racon-
tait-il à L’Équipe en 2014. Jacques
Secrétin se fait un nom dans le
sport français, mais il n’oublie
pas ses fondamentaux.
En 1977, encore, il semble
d’une désinvolture déconcer-
tante au moment de glaner son
unique titre mondial, en double
mixte. « En finale, on menait 2-0,
20-17, et il me dit : “Maintenant on
balance, on s’en fout”, raconte
Claude Bergeret, sa partenaire.
Incroyable d’avoir cette lueur d’es-
prit sur une balle de match ! Il pre-
nait les choses au sérieux mais à
sa manière, en dédramatisant. Et

« Il a toujours considéré le tennis de Constant. Puis, surtout, un titre moi, ça m’a permis de me relâ-
table comme un jeu, se souvient européen individuel en 1976, à cher. » Trois ans plus tard, Jac- uu
 Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE
41
DISPARITION DE JACQUES SECRÉTIN

Secrétin,
c'était show
Avec Vincent Purkart, puis avec d’autres
internationaux, Jacques Secrétin a fait
le tour du monde pour promouvoir
son sport par le biais de l’humour.
Si la notoriété de Jacques Secré- assurait même parfois deux re-
tin a dépassé le cadre du tennis présentations dans la journée. »
de table, au point d’être cité, en Le show s’est arrêté en 2006,
1977, dans un sketch de Coluche, après quelque 3000 représenta-
le champion le doit en grande tions, la santé de Vincent Purkart
partie au « Show Secrétin-Pur- ne lui permettant pas de pour-
kart ». Imaginé à la fin des an- suivre l’aventure (il est décédé le
nées 1960 par Vincent Purkart, 11 novembre 2015).
champion de France en 1964 et Jacques Secrétin avait déjà in-
1965, sur le modèle du spectacle tégré le Ping Music Show au dé-
des Harlem Globetrotters en but des années 2000, une tour-
basket, il fera le tour de France, née de quelques centaines de
du monde et quelques plateaux dates où il apparaissait en capi-
télé pendant près de quarante taine de bateau ou en homme de
ans. Jacques Secrétin rejoint Cro-Magnon jouant au ping avec
Purkart en 1972, dans le rôle du une omoplate au côté des ex-in-
joueur sérieux. ternationaux Patrick Renversé
Raquette trouée, surdimen- et François Farout. Avec, tou-
sionnée, table de plus en plus ré- jours, cette intarissable envie de
duite, pétards… tout est bon pour faire connaître et partager son
faire rire les spectateurs, qui sport.
parfois découvrent un sport Ces dernières semaines, il se
spectaculaire et d’une rigou- réjouissait de partir à nouveau en
reuse précision. « Les à-côtés tournée, avec un nouveau show
étaient très drôles, se souvient intitulé « les As du ping », en
Claude Bergeret, qui assurait la compagnie de Thomas Bouvais,
démonstration d’ouverture et pongiste paralympique. « Toute
l’arbitrage de ce match particu- sa carrière a été un spectacle,
lier. C’était artisanal, mais Jac- conclut François Farout. Il ne
ques ne s'énervait jamais. Nous s’épanouissait qu’une raquette à la
étions toujours sur la route, et on main. » B. A.

uu ques Secrétin empoche avec Pa-

trick Birocheau un nouveau titre
européen, puis le bronze mon-
dial en 1981, qui consacrent son
talent de joueur de double.
« C’était un plaisir de jouer avec lui,
glisse Christian Martin. Il était le
préparateur, le partenaire était le
finisseur. » Secrétin sera encore
titré en double mixte (avec la So-
viétique Valentina Popova) et par
équipes aux Championnats
d’Europe en 1984.
Joueur génial et unique, au
point qu’aucun de ses coéqui-
piers n’arrivait à comprendre ses
analyses de match, et que son
expérience de coach ne dura pas,
homme de partage à l’humour
salué par tous ceux qui l’ont cô-
toyé, « Maître Jacques » a raccro-
ché un soir de mai 1990, au
terme d’une finale de Ligue des
champions remportée avec Le-
vallois.
“Il a été le détonateur
qui a fait sortir
le ping de l’ombre,
notre locomotive ,,
PATRICK BIROCHEAU, COÉQUIPIER
DE SECRÉTIN EN ÉQUIPE DE FRANCE
mer quelques échanges ou
transmettre sa passion, qu’il
forme des cadres en Afrique et
en outre-mer, ou qu’il inter-
vienne dans les prisons, sa prin-
cipale activité depuis 2001.
« Même après un spectacle, il ne
refusait jamais d’échanger quel-
ques balles avec ceux qui le lui de-
mandaient, témoigne Patrick
Mozola, organisateur du Ping
Music Show, dans lequel interve-
nait Secrétin depuis vingt ans. Il
savait qu’il était un champion, mais
j’ai dû lui mettre dans la tête qu’il
était une légende. »
Il y a bien eu quelques accrocs,
avec la Fédération, coupable à
ses yeux de ne pas suffisamment
le solliciter, ou Patrick Biro-
cheau, agacé par sa façon de ra-
conter l’histoire dans son auto-
biographie (Je suis un enfant de la
balle, 2007). Mais rien qui n’ait
entaché l’image du passionné,
voué au tennis de table. « Il a été le
détonateur qui a fait sortir le ping
de l’ombre, notre locomotive », re-
connaît Birocheau.
Il y a quelques jours, Jacques
Secrétin annonçait à son club de
Lys-Lille Métropole qu’il repre-
nait sa licence. Il aurait dû dis-
« Un lien fusionnel avec son sport »
L’ancien champion du monde Jean-Philippe Gatien, coéquipier puis successeur
de Jacques Secrétin, se souvient de sa passion pour le tennis de table.
«Votre carrière a été très liée peu plus tard qu’on comprend
à celle de Jacques Secrétin, mieux… Mais je n’ai jamais eu de
vous souvenez-vous de votre problème de cohabitation avec
première rencontre ? Jacques, on avait un respect
On s’est côtoyés de diverses mutuel, et l’intégration en
manières pendant près de vingt- équipe de France s’est faite
cinq ans. Les premières images naturellement.
sont assez claires : quand je Vous avez ensuite partagé le
rentre à l’Insep en 1981, j’avais maillot de l’équipe de France,
À son retour de Suède, 12 ans et demi, on partageait la et celui de Levallois…
où il vient d'être sacré salle d’entraînement avec Je me souviens du
champion du monde l’équipe de France seniors. Il Championnat d’Europe à
1993. Jean-Philippe avait beaucoup d’humour, donc Prague, en 1986, il terminait sa
Gatien (à gauche) pose quand on est jeune c’est difficile carrière internationale et je
avec Jacques Secrétin. à appréhender (il rit). C’est un débutais. Les gens aiment
souvent à dire que la transition
entre nos deux générations s’est
faite à ce moment-là. On a
surtout vécu de super
moments. On a eu aussi une
belle tranche de vie à Levallois,
comme joueurs, puis il a été
coach. Si j’ai peut-être un regret
pour lui, c’est qu’il n’ait pas eu la
joie de jouer et vivre les Jeux
Olympiques, car il était un
passionné de jeu.
Jean-Claude Pichon/L’Équipe
table et de le faire connaître à
tous les publics, partout dans le
monde. Je pense que c’est ce
qui va rester, et qui touche tout le
monde. Au travers du show
(avec Vincent Purkart, voir ci-
dessus), il a permis de
démocratiser le tennis de table
grâce à des moments
humoristiques mais aussi
performants, et les gens se sont
rendu compte de l’adresse et de
la dimension physique de ce
sport. Plus tard, il avait toujours
ce plaisir d’échanger des balles
avec tout le monde, dans les
clubs, les écoles, les prisons…
Il voulait laisser une
empreinte ?
Oui, il avait cette mission
suprême, qui était en lui, de tout
mettre en œuvre pour qu’on
parle du tennis de table, qu’on le
valorise. Il est difficile
d’imaginer le ping sans Jacques,
tellement il y est associé de plein
de manières. Je mesure au

Mais sa raquette n’a jamais
quitté sa main gauche, lui qui fai-
sait déjà le show pour faire aimer
son ping dans toute la France et
autour du monde depuis 1972
(lire par ailleurs). Toutes les occa-
sions étaient bonnes pour enta-
puter les Mondiaux vétérans à Que reste-t-il de Jacques travers des nombreux coups de
Bordeaux, repoussés au prin- Secrétin, au-delà de ses fil que je reçois combien il a
temps par la pandémie. Il avait performances marqué le monde du ping et
ses chances en simple et en exceptionnelles ? celui du sport aussi. C’est un
double. Le tennis de table ne Il avait un lien fusionnel avec son signe qu’il a marqué son
verra pas l’ultime coup du Maî- sport, cet infatigable besoin et époque. Cette effervescence-là,
tre. É désir de promouvoir le tennis de il en aurait été très fier.» B. A .
42 auto-moto
RALLYE-RAID Dakar
7 647 km (dont 4 767 km de spéciales)
ÉTAPE 1 ÉTAPE 2
Dim 3 janv., Lun 4 janv.,
622 km 685 km
(ss : 277 km) (ss : 457 km)
Dévoilé hier, le parcours du Dakar 2021 en Arabie saoudite totalisera douze étapes
et 7 647km sur une boucle Jeddah-Jeddah.
PASCAL SIDOINE
Des bords de la mer Rouge aux
dunes du Quart Vide, en passant
par les temples nabatéens de Al
Ula et les vallées de la boucle de
Neom, en janvier 2020, le désert
saoudien avait surpris, séduit,
emballé la plupart des concur-
rents du premier Dakar au
Moyen-Orient. Après onze édi-
tions en Amérique du Sud,
l’épreuve avait donné le senti-
ment de renouer avec ses origi-
nes africaines.
Onze mois plus tard, l’organi-
sateur ASO (propriété du groupe
Amaury, comme L’Équipe) a dé-
voilé hier le parcours de la deu-
xième édition qui se déroulera
dans la péninsule arabique du
3 au 15 janvier.
Plus de dunes
Au menu : une boucle Jeddah-
Jeddah longue de 7 647 km (dont
4 767 km de spéciale), en douze
étapes, via Ha’il, dans le nord du
pays, où aura lieu la journée de re-
pos le 9 janvier. Si le tracé pré-
sente des similitudes géographi-
ques avec celui de l’an dernier, il
ÉTAPE 3 ÉTAPE 4
Mar 5 janv., Mer 6 janv.,
630 km 813 km
(ss : 403 km) (ss : 337 km)
Dans une bulle de sable
tourne dans le sens inverse et a
été revisité à 90 %, selon David
Castera, patron du Dakar.
La variété des terrains et la dif-
ficulté devraient répondre aux at-
tentes des engagés (près de
300 au total). « Ils (les organisa-
teurs) ont tiré les leçons de 2020 où
on avait eu une super première se-
maine et une deuxième un peu
moins bien, réagit Stéphane Pete-
rhansel (buggy Mini, 3e en 2020). Il
y a un potentiel énorme, on va dé-
couvrir de nouveaux endroits. Avec
ces formats désormais de douze
jours, c’est très intense, il faut y aller
d’entrée de jeu. Ce qui m’inquiète
un peu, c’est les deux dernières
étapes qui étaient en début de
course l’an dernier. La navigation
est compliquée dans ces labyrin-
thes au milieu de montagnes. Ça
veut dire que tout peut basculer les
deux derniers jours. Mais c’est bien
pour le suspense. »
Copilote de Nasser al-Attiyah
(Toyota, 2e en 2020), Mathieu
Baumel estime qu’« il y a pas mal
de nouvelles choses intéressantes
et plus techniques, en particulier
dans les dunes. A priori, il y a plus
de vraies dunes, ce qui n’est pas
9 8
Neom
Yanbu
Jeddah
Départ (3 janvier)
Arrivée (15 janvier)
ÉTAPE 5 ÉTAPE 6
Jeu 7 janv., Ven 8 janv.,
625 km 655 km
(ss : 419 km) (ss : 485 km)
pour nous déplaire à Nasser et à
moi ».
Un plateau relevé
En auto, on retrouve toutes les tê-
tes d’affiche, plus quelques petits
nouveaux qui vont chercher à
jouer les trouble-fête. Vainqueur
en janvier dernier à Riyad, Carlos
Sainz (buggy Mini) tentera d’ajou-
ter une quatrième couronne à son
tableau de chasse tandis que son
coéquipier Stéphane Peterhan-
sel, associé à un nouveau copi-
lote, Édouard Boulanger, se ver-
rait bien accrocher un
quatorzième succès (6 en moto, 7
en auto). Cette 43e édition est éga-
lement marquée par le retour de
Sébastien Loeb au volant d’un
4 × 4 inédit conçu par l’écurie bri-
tannique Prodrive.
« Avec l’arrivée de la nouvelle
équipe Prodrive emmenée par Sé-
bastien Loeb et Nani Roma et les
buggys de Mathieu Serradori, de
plus en plus performants, ça fait
une belle liste de participants, ob-
serve Baumel. Le niveau sportif
devrait être très relevé. De notre
côté, on n’a pas trop roulé cette an-
née mais on est prêts. Comme
Du 3 au 15 janvier
2021
Sakaka
7
10 Ha’il
(repos, 9 janvier)
Al-Ula
6 Buraydah
11
12
2
1 Wadi Ad-Dawasir
Bisha
ÉTAPE 7 ÉTAPE 8
Dim 10 janv., Lun 11 janv.,
737 km 709 km
(ss : 471 km) (ss : 375 km)
d’autres équipes, on va participer
aux deux rallyes à Ha’il mi-décem-
bre. Ça va permettre de faire les ré-
glages sur le terrain des spéciales
du Dakar. »
En moto, après le sacre de
Honda et Ricky Brabec, qui a of-
fert l’hiver dernier la victoire à la
marque japonaise, trente et un
ans après Gilles Lalay, on peut
s’attendre à la réaction de l’ar-
mada KTM. Il faudra aussi comp-
ter sur Pablo Quintanilla au gui-
don de la Husqvarna, dauphin de
l’Américain, et suivre le potentiel
des Yamaha d’Adrien van Beveren
et Andrew Short.
Road-book numérique
C’est la grosse nouveauté pour
les équipages inscrits en élite (au-
tos et camions), qui auront une
version électronique du road-
book disponible sur une tablette.
Les motos conservent le road-
book papier, l’objectif étant de gé-
néraliser la tablette sur l’ensem-
ble des véhicules en 2022.
Comme prévu, après un test en
2020 sur quelques étapes, l’orga-
nisateur a opté pour la distribu-
tion du road-book tous les matins
Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE
5
Riyad
4
3
250 km
Bernard PaponL’Équipe
ÉTAPE 9 ÉTAPE 10 ÉTAPE 11 ÉTAPE 12
Mar 12 janv., Mer 13 janv., Jeu 14 janv., Ven 15 janv.,
579 km 583 km 557 km 452 km
(ss : 465 km) (ss : 342 km) (ss : 511 km) (ss : 225 km)
(et plus la veille au soir) avant le
départ de la spéciale (dix minutes
pour les autos, vingt minutes pour
les motos). Deux nouveautés principaux engagés
également concernant la sécu- autos Peterhansel-
rité : des alertes sonores sur les Édouard (buggy Mini),
GPS pour les dangers 2 et 3 et le Sainz-Cruz (ESP,buggy
port du gilet airbag obligatoire Mini), Loeb-Elena (MCO,
pour les motards. Hunter), Al-Attiyah-
Baumel (QAT, Toyota),
Une bulle anti-Covid De Villiers-Haro Bravo
(AFS-ESP, Toyota), Al Rajhi-
L’objectif est de créer une bulle Von Zitzewitz (SAU-ALL,
Dakar afin de protéger le bivouac Toyota), Roma-Oliveras
du coronavirus. « Les gens arrivent Carreras (ESP, Hunter),
Despres-Horn (Peugeot),
dans le pays avec un test PCR, en Serradori-Lurquin (BEL,
font un deuxième à Jeddah et à par- Century), Dumas-de
tir du moment où ils sont négatifs, ils Turckheim (Rebellion
entrent dans la bulle, explique Da- Motors).
vid Castera. Tous les bivouacs se- motos Brabec (USA,
ront fermés, personne n’intègrera la Honda), Quintanilla (CHL,
Husqvarna), Sunderland
bulle en cours de route. On a égale- (GBR, KTM), Price (AUS
ment un camion laboratoire qui va (KTM), Van Beveren
nous suivre en permanence dans le- (Yamaha), Short (USA,
quel on peut faire soixantaine de Yamaha), de Soultrait
tests par jour en cas de symptômes. (Husqvarna), Santolino
(ESP, Sherco TVS).
Pour les concurrents, c’est une ob-
session. Certains ont demandé des
douches et des toilettes privatisées.
Ils ne veulent pas que leur Dakar
s’arrête au bout de quatre jours.
C’est tout leur investissement qui
partirait en fumée. » É
 Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE
omnisports 43

ski a lpin

Lech vitrine du parallèle très court FONDATEUR : Jacques Goddet

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Ligue des champions F. 3e j. Mulhouse-Lodz (POL).
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Coupe du monde. À Lech Zürs (AUT). Slalom parallèle F.
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E-mail : abo@lequipe.fr Ligue Europa. Molde-Arsenal. Sur RMC Sport 3, Multizone.
souffre mais ces derniers temps TARIF D'ABONNEMENT :
la douleur est devenue France métropolitaine : 1 an 19 h 00 FOOTBALL EN DIRECT
Tessa Worley dispute aujourd’hui le parallèle de Lech sur un tracé de type géant, insupportable », a expliqué (364 n°) : 555 € ou 430 € zones Ligue Europa. Sporting Braga-Leicester,
portées Paris RP. Zones portées,
sa spécialité. Dressen, qui a subi une autres formules et étranger nous Sparta Prague-Celtic Glasgow,
batterie d'examens lundi à consulter. Maccabi Tel-Aviv - Villarreal,
IMPRESSION :
COUPE DU MONDE Pour la seule fois de bénéficier d’un tracé plus rapide que l’au- Munich à son retour de Copper POP (93 - La Courneuve), CSKA Moscou-Feyenoord Rotterdam,
l’hiver, même s’il y aura deux titres décer- tre. Sans l’Américaine Mikaela Shiffrin, qui Mountain (Colorado). CIRA (01 - Saint-Vulbas), La Gantoise-Étoile Rouge Belgrade,
nés en février aux Mondiaux de Cortina (in- fait l’impasse et préfère s’entraîner en vue CIMP (31 - Escalquens). Slovan Liberec-Hoffenheim,
Siège social : Parc d’activité
dividuel et par équipes), les skieuses (au- des prochaines courses, on suivra particu- ba sket - nba de la Villette aux Aulnes AEK Athènes-Zorya Louhansk, Molde-Arsenal.
jourd’hui) puis les skieurs (demain) seront lièrement aujourd’hui la Slovaque Petra LE ALL-STAR GAME 2021 77290 Mitry Mory 19 h 00 FOOTBALL EN DIRECT
au départ d’un parallèle, à Lech (Autriche). Vlhova ou encore l’Italienne Federica Bri- ANNULÉ CILA (44 - Héric), Nancy Print Ligue Europa. Wolfsberger-Dynamo Zagreb,
(54 - Jarville), MIDI PRINT
Après de nombreuses critiques les sai- gnone. Quatre Françaises sont en lice : La décision était attendue, (30 - Gallargues-le-Montueux). CSKA Sofia-Young Boys Berne, LASK-Anvers,
sons passées, la Fédération internationale Tessa Worley, Coralie Frasse Sombet, Jo- elle a été officialisée par la Dépôt légal : à parution AEK Athènes-Zorya Louhansk, Qarabag-Sivasspor.
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a revu son règlement, adoptant notam- séphine Forni et Doriane Escané. Clara Di- NBA hier : il n'y aura pas de Origine : France 20 h 35 RUGBY EN DIRECT
ment un tracé de type géant et des man- rez, vainqueure la saison passée du paral- All-Star Game NBA 2021. Taux de fibres recyclées : 100 % Pro D2. 11e journée. Aix en Provence-Biarritz.
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dernière, à l'assaut du Trophée Jules-Verne, le re- monde, prévue ce samedi à spectateurs. Tottenham (ANG)-Ludogorets Razgrad (BUL).
cord du tour du monde en équipage et sans escale. Kontiolahti (Finlande), ne va Sur RMC Sport 3, Multizone.
Les maxi-trimarans de Thomas Coville (photo) (So- pas réunir l'ensemble du pla- volley-ba ll
debo Ultim 3) et du tandem Franck Cammas - teau prévu. Pour pénétrer BÉZIERS PASSE 21 h 00 FOOTBALL EN DIRECT
Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild) dans la bulle sanitaire mise en Deux victoires nettes, 3-0, Ligue Europa. Standard de Liège-Lech Poznan,
Grenade-Omonia, Dundalk-Rapid Vienne.
s'attaquent à la marque établie en janvier 2017 par place par la Fédération inter- dont la dernière hier, ont
Francis Joyon et l'équipage d'Idec Sport en 40 jours, nationale (IBU), toutes les dé- permis à Béziers de rallier les 0 h 05 HANDBALL
23 heures, 30 mi- légations subissent à leur arri- huitièmes de finale de la Ligue des champions H.
nutes et 30 se- vée à l'hôtel un test PCR. La Coupe CEV féminine. 8e journée. Paris-SG - Porto (POR).
condes. Pour bat- première batterie a rendu son Le club français s'est ainsi
tre ce record, Co- verdict : des membres des défait des Polonaises de 21:05
ville doit revenir équipes de Russie, de Lettonie Legionowo (25-18, 25-23,
Jérôme Prévost/L’Équipe

couper la ligne à et de Moldavie ont été testés 25-23) et affrontera au début CHRISTOPHE
Ouessant avant positif. Ils ont été immédiate- du mois de novembre Le
2h25 le 5 janvier ment mis à l'isolement. On at- Cannet, qualifié après DOMINICI
2021 et Cammas tend désormais la décision seulement un match disputé
le même jour d'une éventuelle mise hors face à Saratov (3-0). Marc Francotte/L’Équipe

avant 2h55. course de ces trois nations.

ha ndba ll

Débuts différés pour Steins 9 h 05 L'ÉQUIPE MOTEUR Direct Auto Express 2016-2019.
LIGUE DES CHAMPIONS Une semaine après sa belle Émissions 56 à 58 et 35.
victoire à Porto (31-34), le PSG reçoit le champion du Por- 13 h 00 PÉTANQUE Mondial La Marseillaise 2020.
tugal en début de soirée (18 h 45) au stade Pierre de Cou- 32e, 16e et 8e de finale H.
bertin. Une affiche aux airs de revanche qui se déroulera à 17 h 30 L'ÉQUIPE D'ESTELLE Avec : Estelle Denis, Julien Aliane,
Twitter @psghand

huis clos et sans Luc Steins (25 ans,photo), le nouveau de-
mi-centre parisien. Hier, lors de la dernière séance d’en-
traînement, l’ancien meneur de jeu toulousain a reçu un
coup sur sa cheville droite, la même où le Néerlandais
avait subi une rupture partielle de l’articulation tibio-fibu-
laire qui l’a tenu éloigné des parquets durant le mois der-
nier.
En revanche, Viran Moros (désormais négatif au Covid-
19) et Kamil Syprzak (genou), effectuent leur retour dans
le groupe. Le jeune demi-centre Baptiste Clay (18 ans)
sera également présent sur la feuille de match. À noter
Thibaud Vézirian, Olivier Rouyer, Bertrand Latour,
Benoît Trémoulinas, Dominique Grimault.
19 h 45 L'ÉQUIPE DU SOIR 1re partie. Avec : Olivier Ménard,
Éric Blanc, Giovanni Castaldi, Mélisande Gomez,
Dominique Severac, Régis Brouard, France Pierron.
que le match PSG-Vardar Skopje, reporté en raison de 21 h 05 RUGBY Hommage à Christophe Dominici.
cas de Covid-19 chez le champion macédonien, a été re- France - Nouvelle-Zélande.
programmé au mardi 1er décembre (18 h 45). Entre leur Demi-finale de la Coupe du monde 1999.
déplacement à Créteil, ce dimanche et la réception d’Is-
23 h 00 L'ÉQUIPE DU SOIR 2e partie.
tres, le 6, les Parisiens disputeront donc quatre rencon- Rediffusions à minuit, 1 heure.
tres en l’espace d’une semaine. J.- L. F.
 44 Jeudi 26 novembre 2020 | L’ÉQUIPE

Illustration Fabien Clairefond

L’humeur
Jacques sommaire Rémy Fière
secrétin Football

40 La mort de Diego Maradona

Dieu et diable à la fois
L’hommage de Michel Platini
Un géant du foot
P. 2 à 5
P. 6 et 7
P. 8 et 9 Prends ça,
jeune con !
L’enfant de la balle P. 10
Goikoetxea, son cauchemar espagnol P. 11
Le Mondial 86, son chef-d’œuvre P. 12 et 13
Naples, un amour tragique P. 14 et 15 Même en phase de cessez-le-feu, le
Mon Maradona à moi, confinement continue à me vriller le nerf de

L’Équipe
par Stéphane Kohler P. 16 la virilité. Et le sport manque tant que, pour
La face cachée de l’idole P. 17 ne pas bouillir, j’organise désormais en
En politique, des liaisons sulfureuses P. 18 clandestin quelques jeux interdits. Instants
Kylian peu civiques volés sur un terrain stabilisé
mbappé Une figure artistique P. 19
qui se trouve dans le bois, près de la maison.
26 Ligue des champions

Pierre Lahalle//L’Équipe
Hier matin, j’avais ainsi convié, dans une
Alain Mounic/L’Équipe

florian Marseille creuse encore P. 20 à 22 grande ouverture multigénérationnelle,

thauvin Ligue 1 quelques pères et leurs fils pour une sacrée
22 Pourquoi Tuchel s’agace
Faut-il s’inquiéter pour le PSG ?
P. 25
P. 26 et 27
partie de ballon rond. Façon PSG-Leipzig.
Oui, bonjour tristesse…
En tenue, comme le demandait le message
thomas Mediapro entre deux eaux P. 32 envoyé sur Telegram, nous nous sommes
lombard Série : de si jeunes exilés (4/5) retrouvés à l’heure dite. J’avais à cœur
36 Sinama-Pongolle et Le Tallec,
liés à jamais P. 34 et 35
de démontrer que l’enfermement
n’avait de prise ni sur ma technique,
ni sur mon mental.
Rugby Il fallut pourtant me rendre à l’évidence:
Étienne Garnier/L’Équipe

L’hommage de Lombard à Dominici P. 36 et 37 la pandémie a fait du grabuge là-haut.

Mon surmoi n’est plus tout à fait le même.
Tennis de table Il a même muté, dirais-je, vers une
Jacques Secrétin, sous-estimation de ma dangerosité.
infatigable pèlerin P. 40 et 41 Pour avancer de piètres excuses, je
pourrais rétorquer que je n’ai jamais goûté
cette

le dessin de l’acnéique sans pitié culture du

grigri, que
m’humiLia à nouveau, je suis
d’un petit pont plutôt
contrôle-
passe à l’ancienne, et que, après deux trois
grands ponts du jeune Marcellin, 13 ans,
Qu’en quarante kilos, je l’avais assez mauvaise. Le
pensez-vous ? cuistre me fit ensuite une série de
passements de jambes si déroutante que je
m’auto-taclai avant de m’écrouler, les
guibolles en aiguilles à tricoter.
attend vos avis Lorsque, en ricanant quelques minutes
plus tard, l’acnéique sans pitié m’humilia à
Espérez-vous que Canal + nouveau, d’un petit pont cette fois, je pétai
récupère les droits un fusible… Tandis qu’il l’emmenait aux
urgences du Val-de-Marne, son père, à qui
de diffusion de la Ligue 1 l’on conseillait depuis des années de se
recycler dans les métiers de bouche, option
en remplacement charcuterie, me fit pourtant les gros yeux.
de Mediapro ? «Bordel, tu t’es pris pour qui? Pour Verratti?»,
me dit l’homme dont la tendresse sur le pré
Rendez-vous dès à présent sur avait le goût du pemmican de guerre. Puis il
cracha par terre.
«T’inquiète, je lui ai rétorqué, pour un gamin,
pour vous exprimer
quatre semaines de plâtre, en période de
pandémie, tu verras, c’est rien!»

s d e s p o r t
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eau

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