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Titre: Position déchirante et paroles coupantes : Sékou Touré, la cinquième colonne et

le néocolonialisme

Auteur: William LAGUË, Candidat à la maîtrise, Université de Sherbrooke

Publication: Commandement colonial, résistances et décolonisation - Une histoire de


l’Afrique contemporaine

Sous la direction de: Patrick DRAMÉ et de Boris LUKIC

Pages: 189-215

URI: http://hdl.handle.net/11143/19138

DOI: https://doi.org/10.17118/11143/19138
Position déchirante et paroles coupantes : Sékou Touré,
la cinquième colonne et le néocolonialisme

William LAGUË, Candidat à la maîtrise


Département d’histoire, Université de Sherbrooke
Il vaut mieux accepter de nous tordre l’esprit de façon à nous dire sem-
blables à l’image que renvoie de nous-mêmes le miroir déformant de la
propagande […] plutôt que de le casser pour nous admettre tels que nous
apparaissons […] exécutants et tâcherons des basses œuvres coloniales1.

Aimer le territoire est synonyme à la fois d’anticapitalisme et de décoloni-


sation2.

On finit toujours par ressembler à ses ennemis3.

En Afrique, la période de décolonisation prend une nouvelle tournure avec l’arrivée de


Charles de Gaulle. Son projet de la Communauté est bien accueilli, à l’exception de
quelques pays dont la Guinée4. Sékou Touré y voit le néocolonialisme, auquel il dit non.
Anticolonialiste dans l’âme5, le Guinéen tient à tout prix à la Révolution. Dès l’indépendance
en 1958, la France quitte le pays en laissant un désordre administratif et en subtilisant
des millions de dollars6. Prix à payer pour conserver l’indépendance, Sékou Touré va éviter
plusieurs coups d’État et tentatives d’assassinat entre 1958 et 1970, ce qui contribue à sa
croyance du complot permanent7. Cela dit, l’opération « Mer Verte », le 22 novembre 1970,
est l’élément le plus explosif. Orchestré par le Portugal et exécuté à partir de la frontière

1. Alain Deneault, Bande de Colons : une mauvaise Conscience de classe, Québec, Lux Éditeur, 2020, p. 199.
2. Matt Hern, Joe Sacco et Am Johal, Réchauffement planétaire et douceur de vivre : road trip en territoire
pétrolifère, Montréal, Lux Éditeur, 2020, p. 214.
3. Jorge Luis Borges, Le livre de sable, Paris, Gallimard, 2011, p. 93.
4. Charles Robert Ageron, La décolonisation française, Paris, 1991, Armand Colin, p. 144.
5. Céline Pauthier, « L’héritage controversé de Sékou Touré, «héros» de l’indépendance », Vingtième
Siècle. Revue d’histoire, no 118, 2013, p. 1.
6. Patrick Dramé, « Indépendance et dépendance : les intérêts économiques français en Afrique de
l’Ouest (1960-1980) », dans Maurice Demers et Patrick Dramé, dir., Le Tiers-Monde postcolonial : espoirs et
désenchantements, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2014, p. 100.
7. RFI-Savoirs, Mémoire collective : une histoire plurielle des violences politiques en Guinée, s.l., 2018, RFI,
p. 148.

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Guinée-Bissau par des mercenaires et dissidents guinéens, la Guinée est frappée par une
violence inattendue ciblant Sékou Touré8. Certainement ébranlé, après quelques mois
il publie La 5ème Colonne9. En quoi l’idée de la cinquième colonne, telle qu’élaborée par
Sékou Touré, marque une volonté de défendre la Révolution, ou est-elle symptomatique
du complot permanent? Pour répondre à la question, nous regardons la fonction qu’oc-
cupe la cinquième colonne dans sa pensée. Nous croyons que son inspiration socialiste
transparait dans la manière de construire une esthétique politique justifiant ses futures
intentions de répressions. La cinquième colonne s’établit dans sa pensée sous la forme
d’une volonté à résister aux impérialismes, en ayant évité plusieurs coups d’État.

Ainsi, il est sans contredit aliéné par ces multiples attaques et c’est pourquoi il cherche-
ra à identifier des coupables – quiconque n’ayant pas la Révolution à cœur – et toutes
personnes en désaccord avec Touré sont passibles d’être des agents de la cinquième co-
lonne. Il se met clairement en dichotomie avec tous ceux pouvant avoir des affinités avec
les puissances impérialistes. En somme, son approche envers la cinquième colonne est
à la fois une manière de défendre son pouvoir révolutionnaire ainsi qu’une répercussion
de sa croyance inébranlable dans le complot permanent. Pour Sékou Touré, la cinquième
colonne possède une double utilité : elle explique et elle justifie.

Dans un premier temps, nous regarderons la définition de la cinquième colonne par


Sékou Touré et les acteurs qu’il identifie. Ensuite, nous verrons comment cette cinquième
colonne correspond à une réaction défensive de sa part et enfin, comment celle-ci est éga-
lement symptomatique de sa croyance au complot permanent. Dans un dernier temps,
nous offrirons une théorie afin de comprendre comment la cinquième colonne pris jour
et comment elle a continué, bien longtemps après la parution de son livre, à être un pilier
dans le discours de Touré. Mais avant tout : la définition du néocolonialisme s’impose.

Le néocolonialisme se définit comme une politique impérialiste, menée par certains


pays développés et ce notamment des anciennes puissantes coloniales, qui visent à ins-
tituer leur domination et diverses méthodes d’influence sur les États indépendants du
tiers, soit leurs ex-colonies. Le néolibéralisme est inhérent au capitalisme. À la suite des
décolonisations, les anciennes colonies sont embourbées dans un système économique
faisant d’eux des pays « sous-développés » – une notion découlant du « simple jeu de la
fixation des prix internationaux10. » Touré, anticapitaliste et socialiste radical, s’oppose

8. Ibid., p. 156.
9. Ahmed Sékou Touré, La 5ème Colonne, Conakry, 1971, Bureau de presse de la présidence de la Répu-
blique, 376 p.
10. Saïd Bouamama, « Planter du blanc »: chroniques du (néo)colonialisme français, Paris, Éditions Syllepse,
2019, p. 13 et 15. Le néocolonialisme subjugue donc les pays à une nouvelle forme de dépendance éco-
nomique sous-tendue par le capitalisme. Pour le sociologue Saïd Bouamama, le néocolonialisme se dé-
veloppe en quatre facettes : l’expropriation terrienne, l’extraversion économique, le traitement d’excep-
tion et les « nationaux » dictant publiquement ces nouvelles réalités.

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naturellement au néocolonialisme et à tout ce qui se rattache au colonisateur : l’impéria-
lisme et le capitalisme11.

Dans La 5ème Colonne, il mentionne régulièrement le néocolonialisme comme étant pro-


blématique pour ces raisons. Ajoutons que le néocolonialisme découle de l’impérialisme
qui est un : « phénomène ou doctrine d’expansion et de domination collective ou indivi-
duelle12. » L’impérialisme peut être direct ou indirect, par conquête ou informel ; mais sur-
tout, il y a l’impérialisme territorial dans lequel la puissance impérialiste saisit et contrôle
les profits directs ainsi que l’impérialisme de marché qui instaure la violence pour mettre
en place des conditions avantageuses à la puissance impérialiste13. Enfin, ajoutons l’in-
terprétation de l’historien Henri Wesseling, dans Colonialisme, impérialisme et décoloni-
sation : l’impérialisme signifie l’expansion du pouvoir politique d’un pays sur un autre14.
Touré s’oppose radicalement à cette idée, décidé à préserver sa souveraineté.

1. La cinquième colonne et sa définition

1.1. La création de la cinquième colonne dans la pensée de Touré

La cinquième colonne en Guinée prend tout son sens à la suite des évènements de no-
vembre 197015. Le concept devient clair après ces évènements, mais ce n’est pas Sékou
Touré qui invente l’idée de la « cinquième colonne ». En effet, l’idée apparait durant la
guerre civile espagnole16. Sékou Touré le sait très bien puisque lorsqu’il fait sa propre
analyse de l’étymologie du mot, il rappelle l’histoire avec Franco qui avait dit que la « co-
lonne » la plus décisive fut la cinquième colonne17. De manière plus générale, la cinquième
colonne renvoyait à désigner « […] les capacités de l’ennemi disposées derrière la ligne de
front ou au cœur du dispositif adverse18. » En 1971, la cinquième colonne possède déjà

11. Justin Koné Katinan, Idéologie, conscience et combat politique en Afrique, Paris, Éditions L’Harmattan,
2015, p. 214.
12. Le Larousse, « impérialisme », Le Larousse, consulté le 12 novembre 2020, https://www.larousse.fr/
dictionnaires/francais/imp%c3%a9rialisme/41863?q=imp%c3%a9rialisme#41767.
13. Michael Mann, « Impérialisme américain : Des réalités passées aux prétextes présents », Études inter-
nationales, vol. 36, no 4, 2005, p. 446.
14. Henri Wesseling, Colonialisme, impérialisme, décolonisation. Contributions à l’histoire de l’expansion eu-
ropéenne, Paris, L’Harmattan, 2013, p. 11.
15. Pour simplifier et alléger le texte, les « évènements de novembre » font référence au coup d’État
dont il fut la cible que nous avons expliquée en introduction.
16. Gilles Gallichan, « Le “bouleversement intime” : le Québec et la France vaincue de juin 1940 », Les
Cahiers des dix, no 59, 2005, p. 251.
17. Touré, La 5ème Colonne, op. cit., p. 148.
18. Jérôme Poirot, « Cinquième colonne », dans Dictionnaire du renseignement, Paris, Perrin, 2018, p. 149.

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un passé dans la littérature19. Nous pouvons penser que Sékou Touré s’est inspiré, de
près ou de loin, des intentions déjà prêtées au concept de la cinquième colonne afin de
construire la sienne en Guinée. Particulièrement, l’élaboration de sa cinquième colonne
ressemble à celle que la France connut durant la guerre ; trois dimensions permettent de
voir les similarités.

Premièrement, quand la France de 1940 invoque la cinquième colonne, cela lui per-
met de « […] rejeter la responsabilité de la défaite sur un ennemi aussi insaisissable que
puissant. La débâcle de juin 1940 […] une explication simpliste : la cinquième colonne
était à l’œuvre20. » C’est la même chose dans la pensée de Tourée : elle explique l’inexpli-
cable et se déresponsabilise, en invoquant les traitres qui sont responsables de tout, des
traitres qui sont partout. Deuxièmement, l’historien Max Gallo utilise les récits de l’époque
et présente une création d’un « nous » contre « eux » (cinquième colonne)21. » Touré, à
nouveau, procède au même titre que les Français à construire un dialogue du Peuple
africain (nous) contrent les traitres (eux) et qu’il faut doubler la prudence, car « l’ennemi
le plus dangereux est celui qui se confond à vous et parle votre langage pour mieux vous
atteindre22. » Par ces propos, Touré ne fait pas que créer deux groupes distincts, mais il
instaure un climat de méfiance et de surveillance.

Son poème le reflète encore mieux, puisqu’il met en garde sur le voisin qui partage tout
comme nous, sauf les bonnes intentions de la révolution23. Troisièmement, l’arrivée de la
cinquième colonne en France devient aussi possible en établissant clairement un fautif,
un ennemi extérieur : Hitler24. La cinquième colonne devient mythique, expliquant tous
les malheurs imaginables, vrais ou faux25. C’est encore ce que Touré va calquer, dans son
livre, en identifiant Léopold Senghor comme le porte-parole de l’impérialisme en Afrique
: « Il y a des missions quasi-impossibles que l’impérialisme confie à ses agents serviles
[…] Léopold Sédar Senghor mettait la dernière main aux préparatifs de l’agression […] Oui,
l’impérialisme international […] ne pouvait recruter meilleur agent que Mr. Senghor26. »

Déresponsabilisation, dialogue « nous » contre « eux », climat de méfiance et un enne-


mi clairement défini permettant de se rallier pour la cause : voilà comment la cinquième
colonne s’élabore dans la pensée de Touré. Elle devient un moyen de justifier pourquoi il

19. Agatha Christie, Earnest Hemingway, Alfred Hitchcock, Henri Michel et Max Gallo ont tous abordé la
cinquième colonne dans leurs arts respectifs.
20. Poirot, « Cinquième colonne », loc. cit., p. 150.
21. Max Gallo, La cinquième colonne: et ce fut la défaite de 40, Bruxelles, Éditions Complexe, 1984, p. 16.
22. Touré, La 5ème Colonne, op. cit., p. 183.
23. Voir annexe A.
24. Gallo, La cinquième colonne, op. cit., p. 238.
25. Ibid., p. 235‑240.
26. Touré, La 5ème Colonne, op. cit., p. 143.

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fut la cible d’un coup. Se faisant, il demeure légitime aux yeux des siens, son pouvoir n’est
pas déstabilisé, mais plutôt renforcé en mettant la faute aux impérialistes et Senghor.

1.2. Acteurs de la cinquième colonne

Chez Sékou Touré, la cinquième colonne est d’abord et avant tout représentée par les
forces impérialistes qui, par l’entremise du néocolonialisme, se réinvitent en Afrique.
Comme il mentionne dans son poème (annexe A), l’ennemi direct est cependant à l’inté-
rieur du pays. L’historienne Céline Pauthier le résume ainsi : « l’ennemi intérieur […] qui se-
rait contrerévolutionnaire et incarné au gré des complots […] des agents de la cinquième
colonne impérialiste27. » Sékou Touré mentionne dans son livre cet ennemi intérieur, lors-
qu’il suggère que « les mercenaires, les traitres et les principaux complices qui ont partici-
pé à l’agression impérialo-portugaise du 22 novembre sont tous de nationalité guinéenne
[…]28 » D’ailleurs, son interprétation n’est pas fausse puisqu’une autre historienne, Mairi S.
MacDonald, confirme les propos de Sékou Touré entourant le 22 novembre en avançant
qu’il y avait des forces impérialistes planifiant le coup avec des dissidents guinéens exé-
cutant le plan29.

Mettons-nous d’accord sur ce que c’est que la 5e colonne. […] les anciens,
partis par la grande porte, se sont réintroduits chez nous par la fenêtre
et qu’ils demeurent chez nous sous la couverture d’assistants techniques,
de coopérants, de militaires en casernes dans les bases encore présentes
sur nos territoires, mais aussi en la personne d’Africains indignes, aliénés,
vendus comme ceux qui sont récemment abouchés à l’impérialisme. […] La
5e colonne en Afrique est aussi incarnée par des ministres, des chefs d’État
[…]30.

Extension de l’impérialisme, outil du néocolonialisme et dissidents internes : la cinquième


colonne dans la pensée de Touré regroupe plusieurs éléments se traduisant, comme il
le dit, par un complot interne mené par des « Guinéens résidant dans ces pays voisins
(Côte d’Ivoire et Sénégal) et se livrant à des activités criminelles contre la souveraine-
té de la République de Guinée31. » Enfin, la cinquième colonne n’est effective que par la
participation de Léopold Sédar Senghor qui est « au service de l’impérialisme, apôtre du
néocolonialisme32. » C’est pourquoi nous regarderons brièvement cet acteur si important
aux yeux de Touré dans La 5ème Colonne.

27. Pauthier, « L’héritage controversé de Sékou Touré », loc. cit., p. 36.


28. Touré, La 5ème Colonne, op. cit., p. 59.
29. Mairi S. Macdonald, « Guinea’s Political Prisoners: Colonial Models, Postcolonial Innovation », Compa-
rative Studies in Society and History, vol. 54, no 4, 2012, p. 893.
30. Touré, La 5ème Colonne, op. cit., p. 146.
31. Ibid., p. 15.
32. Ibid., p. 47‑50.

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1.3. « Judas » Senghor : la représentation de la cinquième colonne chez Touré

« Et il n’est pas besoin de chercher loin pour en trouver, car le frère Senghor est l’illus-
tration même de la définition de la 5e colonne33. » Touré attaque sans cesse Senghor,
le « garde-suisse confirmé de l’impérialisme dont il appliqua rigoureusement la hideuse
politique néocolonialiste34. » Dans la pensée de Touré, Léopold Senghor est indissociable-
ment lié à la cinquième colonne et en est un membre crucial en tant qu’intermédiaire avec
les forces impérialistes. Dès la première page, il accuse le Président sénégalais d’abriter
et d’entretenir sur son sol mercenaires et dissidents responsables de novembre 197035. Il
ajoute à la fin que Senghor eut une « participation active à la conception, à la préparation
et à l’exécution des complots contre le régime guinéen36. »

Senghor, selon plusieurs, était proche de la France. Le doctorant en patristique Pierre


Ndoumaï souligne qu’il était favorable à la Communauté française ainsi que pour l’Eura-
frique37. Senghor est demeuré au pouvoir après les indépendances en ayant le soutien
constant de la France, ce qui, toujours selon Ndoumaï, assurait le maintien de l’influence
française au Sénégal38.

Le politologue Antoine Tine est assuré d’une chose : Senghor n’avait pas les mêmes
objectifs et croyances que Touré, alors que pour le Sénégalais, l’Afrique « seule, même
unie, n’était pas viable en dépit de ses immenses ressources […]39 » Du côté du sociologue
Bouamama, le meilleur outil du néocolonialisme réside dans le franc CFA « une mon-
naie coloniale, servile et prédatrice40. » C’est pourquoi Sékou Touré se vante dans La 5ème
Colonne d’avoir résisté au néocolonialisme en n’étant pas subordonné à la monnaie fran-
çaise et se place en dichotomie avec Senghor, dont il accuse d’avoir possédé 2 milliards
de francs CFA ainsi que 8 millions de dollars d’armes au long des frontières en 1960-61 ;
encore pour signifier son lien avec les impérialistes41. Tel que l’historien Patrick Dramé
soutient, Léopold Senghor, bien qu’affiché socialiste, était plus près du capitalisme et du

33. Ibid., p. 146.


34. Ibid., p. 173.
35. Ibid., p. 1.
36. Ibid., p. 366.
37. Pierre Ndoumaï, Indépendance et néocolonialisme en Afrique : bilan d’un courant dévastateur, Paris,
L’Harmattan, 2011, p. 149.
38. Ibid., p. 40.
39. Antoine Tine, « Léopold Senghor et Cheikh Anta Diop face au panafricanisme: deux intellectuels,
même combat mais conflit des idéologies ? », dans Thierno Mamadou Bah, dir., Intellectuels, nationalisme
et idéal panafricain : perspective historique, Dakar, Codesria, 2005, p. 148‑149.
40. Bouamama, Planter du blanc, op. cit., p. 125.
41. Touré, La 5ème Colonne, op. cit., p. 19.

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libéralisme de l’occident tout en entretenant des relations importantes avec la métropole
française42.

L’emploi de la négritude est le point culminant dans l’argumentaire de Sékou Touré afin
d’associer Senghor avec le néocolonialisme et la cinquième colonne. La négritude se
développe chez Léopold Senghor guidé par les principes à la fois « d’enracinement dans
le terroir national » et de « l’ouverture à l’universel », suivant l’idée d’un « vivre-ensemble »
sous des « valeurs universelles » en ayant un « dialogue des cultures », bref un métissage
culturel43. Par ce métissage, il propose de créer l’Eurafrique, car l’Afrique ne peut survivre
sans l’Europe, selon lui44.

Toutefois, cette idée ne fait pas l’unanimité : Bouamama condamne Senghor de re-
présenter l’aliénation par la francophonie en détruisant la culture africaine45, un constat
dont Touré partage en 197146 et clairement dénoncé dans son poème47. La philosophie
« senghorienne » a une influence corrosive sur l’indépendance de l’Afrique, elle n’est rien
d’autre qu’une arme « d’intoxication et d’aliénation culturelle et idéologique » avec l’ob-
jectif d’asservir les Peuples aux puissances impérialistes48. « Obsédé par le désir de se
transformer au contact de la civilisation occidentale, [Senghor] a absorbé, en parfait toxi-
comane, le virus de la culture aliénatrice avec d’autant plus de joie et de docilité qu’il es-
pérait en obtenir la peau blanche49 » - bref, Senghor n’est pas seulement un représentant
de la cinquième colonne, mais aussi celui qui entretient le néocolonialisme à travers sa
philosophie de la Négritude.

En conclusion, nous devons nous pouvons nous demander si, au même titre que la
cinquième colonne, les attaques de Touré à l’égard de Senghor témoignent du désir d’éra-
diquer toute forme d’impérialisme, ou si ce n’est qu’une conséquence de sa méfiance
envers le complot permanent.

42. Patrick Dramé, L’Afrique postcoloniale en quête d’intégration : s’unir pour survivre et renaitre, Montréal,
Presses de l’Université de Montréal, 2017, p. 110‑113.
43. Tine, « Léopold Senghor et Cheikh Anta Diop », loc. cit., p. 132‑133.
44. Ibid., p. 149.
45. Bouamama, Planter du blanc, op. cit., p. 188.
46. Touré explique la négritude : « un produit de l’histoire, un produit des races blanches qui ont instauré
des systèmes de domination, d’exploitation et d’oppression et pratiquent l’impérialisme et le colonia-
lisme. La justification théorique de l’impérialisme est la négation de toute faculté humaine à l’Africain, au
nègre […] faisant preuve d’un odieux racisme, le colonisateur blanc a créé chez les nations colonisatrices
une négrophobie »; cité dans Touré, La 5ème Colonne, op. cit., p.232.
47. Voir annexe B.
48. Touré, La 5ème Colonne, op. cit.., p. 364‑365.
49. Ibid., p. 352.

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2. Autodéfense contre le néocolonialisme, le tentacule de
l’impérialisme

2.1. Cinquième colonne : une attaque à la Révolution à ses yeux

Vous avez déclaré la guerre à la Révolution démocratique africaine50.

La cinquième colonne aux yeux de Touré semble s’élaborer alors que celui-ci tient à dé-
fendre la Révolution Démocratique Africaine contre toute ingérence. Lorsqu’il mentionne
« cinquième colonne », jamais non loin nous trouvons la mention « d’impérialisme » ou
de « néocolonialisme », de même que « Révolution ». Il semble a posteriori créer un dia-
logue entre ces concepts afin de les rendre indissociables. C’est une réflexion partagée
par l’historienne Céline Pauthier qui précise que Sékou Touré mobilise le peuple contre
un ennemi extérieur (impérialisme – néocolonialisme) ainsi qu’un ennemi intérieur (cin-
quième colonne) composé de contrerévolutionnaire51. Voici une citation particulièrement
éloquente tirée de La 5ème Colonne :

La victoire de la Révolution Démocratique Africaine, la victoire du Peuple


Révolutionnaire de Guinée le 22 novembre à Conakry […] sur l’impéria-
lisme, le colonialisme, le néocolonialisme et leurs laquais de la réaction
bourgeoise camouflés en Guinée et ailleurs en Afrique, cette victoire
a changé fondamentalement les rapports de forces entre les Peuples
d’Afrique et les forces anti-africaines52.

Remarquons ce dialogue entre les concepts mentionnés. Il ajoute plus loin « nous
sommes […] étonnés de voir certains Guinéens pactiser avec l’impérialisme contre l’indé-
pendance de la Guinée. [L’attitude des contrerévolutionnaires] a indigné tous les Peuples
d’Afrique53. » Touré avance également que « l’impérialisme, le colonialisme, le néocolonia-
lisme et leurs fantoches veulent encercler la République de Guinée à partir des pays afri-
cains dont les gouvernements leur sont acquis54», ce qui déstabilise tout effort de l’Union
Africaine de l’O.E.R.S (Organisation des États riverains du Sénégal). Plus encore, Touré
avance que Senghor est coupable d’avoir « effrité le bloc africain55. » Bref, il dénonce le
néocolonialisme, ce « grave danger pour l’indépendance des Peuples d’Afrique », car le
but de ces gens est « de maintenir les jeunes États dans l’irresponsabilité » et « c’est la

50. Ibid., p. 144.


51. Pauthier, « L’héritage controversé de Sékou Touré », loc. cit., p. 35.
52. Touré, La 5ème Colonne, op. cit., p. 25.
53. Ibid., p. 66.
54. Ibid., p. 26.
55. Ibid., p. 160.

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raison pour laquelle le gouvernement guinéen, au nom de l’Afrique, s’est toujours opposé
aux traités de coopération militaire56. »

Plus important encore : par ce dialogue entremêlant des concepts importants, il pro-
pose ensuite une relecture de novembre 1970. Sékou Touré avance que l’attaque ciblait la
Révolution, et non sa personne. Par conséquent, la construction de la cinquième colonne
confirme la volonté – très transparente – de vouloir défendre la Révolution guinéenne et
Africaine dans l’ensemble contre cette cinquième colonne en action dès novembre 1970.
Dans l’ouvrage Mémoire collective, il est proposé que la Guinée était, sous Sékou Touré,
perçue comme la défenderesse de la liberté de l’Afrique57. Sékou Touré s’était investi de la
mission anticoloniale en se positionnant comme descendant de Samory Touré (figure de
la lutte anticoloniale) rendant son rôle révolutionnaire légitime et historique58. C’est donc
par une relecture de novembre 1970, mais aussi avec une certaine logique (selon lui)
qu’il peut dire que la Révolution était visée. En dénonçant la cinquième colonne comme
responsable du 22 novembre 1970 dans La 5ème Colonne, Touré peut les associer au né-
ocolonialisme, cette « philosophie d’inspiration diabolique59. »

La cinquième colonne n’est pour lui rien d’autre que « la clique des renégats et traitres
africains, soumis à l’impérialisme et qui, par le mensonge, la diversion, l’intimidation, la
corruption morale et matérielle, tentent de démobiliser les combattants de la Révolution
Démocratique Africaine60. » Remarquons, encore, ce dialogue interne à la base de la
cinquième colonne entre la Révolution, le néocolonialisme et la cinquième colonne.
L’historien Maladho Siddy Baldé avance l’idée selon laquelle Sékou Touré s’opposait au
système d’acculturation initié par la France, puisqu’il croyait que cela nuisait au mouve-
ment d’indépendance61. Nous pouvons percevoir cela dans la pensée de Touré vis-à-vis la
cinquième colonne : il dénonce de façon transparente les contrerévolutionnaires pervertis
par les agents impérialistes, mais – plus important encore – il propose une solution.

2.2. Cinquième colonne : défendre la Révolution

Après avoir créé un dialogue associant la cinquième colonne, l’impérialisme et le né-


ocolonialisme avec la Révolution, Touré propose que l’attitude anti-impérialiste devienne
l’attitude anti-cinquième colonne puisque là repose la menace pour la Révolution. Une

56. Ibid., p. 155.


57. RFI-Savoirs, Mémoire collective, op. cit., p. 78.
58. Ibid.
59. Touré, La 5ème Colonne, op. cit., p. 352.
60. Ibid.
61. Maladho Siddy Baldé, « Pouvoir et menaces, aux sources de l’imaginaire politique de Sékou Touré »,
dans RFI-Savoirs, dir., Mémoire collective : une histoire plurielle des violences politiques en Guinée, s.l., 2018,
RFI, p. 87‑88.

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fois cette association accomplie, la lutte doit être amorcée, car Touré croit qu’il n’y a rien
de « plus juste que d’aider un pays indépendant contre un groupe d’individus qui voudrait
fomenter l’agression et porter atteinte à des vies humaines62. »

Suivant cette logique, Sékou Touré avance que « pour vaincre l’impérialisme sur son
terrain et sur le nôtre, il faut nécessairement que toutes nos entreprises démarrent sur la
base d’un engagement honnête et d’une adhésion totale et sans calcul63. » L’idée de cen-
tralisation est une manifestation de ses croyances socialistes, qui sont amplement élabo-
rées dans son livre Pour une économie populaire et révolutionnaire, où la planification de
l’économie et la confiance des Guinéens sont centrales64. Panafricaniste, révolutionnaire
et anti-impérialiste, Sékou Touré souhaite se libérer de toute ingérence étrangère65.

C’est pourquoi Touré propose de continuer la Révolution, pour se défaire de la main in-
visible qu’est la cinquième colonne et de réussir à « déraciner les séquelles ostentatoires
et imperceptibles de la domination étrangère. L’Afrique doit faire la Révolution et renaitre
à une vie nouvelle d’où […] les manifestations de l’impérialisme auront définitivement dis-
paru66. » En continuant de dénoncer Léopold Senghor, qu’il qualifie de « marionnette de
la cinquième colonne », Touré invite les Sénégalais à rejoindre la Révolution : « cama-
rades patriotes sénégalais, nous devons continuer à lutter ensemble pour mettre fin à
l’indignité67. » En se citant lui-même, Touré conclut que « la révolution est ennemie de la
confusion. […] C’est le mérite du révolutionnaire d’agir et de travailler dans la clarté. N’en
déplaise aux marionnettes et aux pantins de l’impérialisme68 »!

En somme, il nous semble indéniable que dans La 5ème Colonne, Sékou Touré veut dé-
fendre à tout prix la Révolution. C’est pourquoi la cinquième colonne est associée aux
machinations des impérialistes s’attaquant au panafricanisme. Le 22 novembre 1970,
Touré propose alors que l’attaque ne le visât pas, lui. L’attaque était contre l’Afrique, contre
la Révolution. La 5ème Colonne entreprend une relecture des évènements en faisant une in-
dissociable connexion entre impérialisme, néocolonialisme et cinquième colonne. Enfin,
de ce discours en ressort une proposition : continuer la révolution pour arrêter la cin-
quième colonne. Conséquemment, sous sa première dimension, la cinquième colonne

62. Touré, La 5ème Colonne, op. cit., p. 22.


63. Ibid., p. 35.
64. Ahmed Sékou Touré, Pour une économie populaire et révolutionnaire, Conakry, 1976, Bureau de presse
de la présidence de la République, p. 118‑158.
65. Charles E. Sorry, Sékou Touré: l’ange exterminateur ; un passé à dépasser, Paris, L’Harmattan, 2000, p.
10 ; Dramé, « Indépendance et dépendance », loc. cit., p. 101.
66. Touré, La 5ème Colonne, op. cit., p. 239.
67. Ibid., p. 157.
68. Ibid., p. 171.

Commandement colonial, résistances et décolonisation


199
Une histoire de l’Afrique contemporaine
reflète le désir de défendre la Révolution contre le néocolonialisme. Cependant, une autre
dimension est perceptible dans la cinquième colonne.

3. L’apparition de la cinquième colonne :


un symptôme du complot permanent

3.1. Le complot permanent

L’importance des coups d’État dont il fut la cible explique l’autre facette de la cinquième
colonne, qui est symptomatique du complot permanent. Le concept même du complot
permanent n’est pas unique à Sékou Touré : révolution bolchévique, française et cubaine
sont trois exemples où l’idée d’un complot avait été apportée par les forces révolution-
naires69. Chez Sékou Touré, le complot permanent « revient à dire qu’il y aura toujours
des forces politiques, des forces politico-militaires, des forces économiques […] qui ne
voudront jamais que notre révolution avance […]70. » À la source de ces forces politiques
se trouvait la France, par le biais de Jacques Foccart – conseiller du général de Gaulle
– qui avait préparé des coups contre Touré dès l’indépendance en 195971. « L’opération
Persil » de 1959 se traduisit par l’introduction de faux billets en Guinée afin de déstabili-
ser l’économie du pays72. Bien d’autres tentatives de déstabilisation sont organisées, car
l’organisation française était déterminée à devoir : « déstabiliser Sékou Touré, le rendre
vulnérable, impopulaire et faciliter la prise du pouvoir par l’opposition […]73 ». C’est de cette
façon, donc, que le complot permanent s’est formé dans sa pensée : aussi longtemps
que la Guinée envisage le progrès les puissances impérialistes viseront des politiques de
déstabilisation74.

Cette perception facilite l’adoption d’une position instransigeante, car dans un esprit de
réaliste socialiste il y aura toujours deux forces opposées, justifiant ainsi la sienne contre
le néocolonialisme. D’autant plus, l’historien Mohamed Saliou Camara confirme que ce
n’est pas de la folie ce que Sékou Touré croyait : bien au contraire, depuis le « non » de

69. Coralie Pierret et Laurent Correau, « Politique du complot et répression sous Sékou Touré », dans
RFI-Savoirs, dir., Mémoire collective : une histoire plurielle des violences politiques en Guinée, s.l., RFI, 2018,
p. 147.
70. Ibid.
71. Ibid., p. 117.
72. Bouamama, Planter du blanc, op. cit., p. 130‑131.
73. Maurice Robert, « ministre » de l’Afrique : Entretiens avec André Renault, Paris, Le Seuil, 2004, p 104;
cité dans Ibid.
74. Alexis Arieff et Mike McGovern, « “History is stubborn”: Talk about Truth, Justice, and National Recon-
ciliation in the Republic of Guinea », Comparative Studies in Society and History, vol. 55, no 1, 2013, p. 212.

Commandement colonial, résistances et décolonisation


200
Une histoire de l’Afrique contemporaine
la Guinée, le pays était véritablement sous pression75. Camara propose également une
définition intéressante, que nous croyons vient rejoindre la pensée de Touré : le complot
permanent évolue en différentes phases, tout en conservant la même base76. Chez Touré,
son complot conserva dès La 5ème Colonne cette distinction ; avec à la base, la cinquième
colonne.

3.2. Cinquième colonne et novembre 1970 : la cristallisation

Bien que le désir de la Révolution soit important dans l’élaboration de la cinquième co-
lonne, les répercussions de novembre 1970 sont primordiales dans sa conception. À tra-
vers ce coup, Sékou Touré y voit la cristallisation du complot permanent sous l’extension
de la cinquième colonne ; l’outil du néocolonialisme. Camara affirme « le point culminant,
effectivement, a été l’agression de 1970. Là, les gens étaient enragés; ils en avaient marre
de la routine il fallait en finir. Ils ont donc pris les armes pour débarquer77 ». Dans un dis-
cours peu avant la parution de son livre, Sékou Touré dit : « l’année 1971 doit être le départ
de la violence révolutionnaire appuyant une offensive systématique et généralisée contre
la mainmise impérialiste […] en même temps que devront être dénoncés, sinon anéantis
par tous les moyens appropriés, les Africains traitres à la patrie africaine78 ». Quand La
5ème Colonne est publiée, Sékou Touré précise ses idées, maintenant déterminé dans sa
lutte puisqu’il est convaincu que le complot permanent est réel. La cinquième colonne
devient l’explication de l’attaque et la justification du combat à venir. Ceci est assez clair
pour les journalistes Coralie Pierret et Laurent Correau, qui avancent que dans ce complot
de cinquième colonne arrivera une « épuration à peine voilée et une chasse aux sorcières
sans précédent79 ».

Conséquemment, l’importance de novembre 1970 ne peut qu’être répétée : elle donne


tout l’argumentaire dont Touré nécessite pour convaincre les siens que le complot perma-
nent est réel. Dans La 5ème Colonne, Touré amorce régulièrement ses chapitres avec un re-
tour à novembre 1970 tel un argumentaire avant de pointer la cinquième colonne comme
responsable. Ainsi, il s’assure de faire comprendre que le danger est autant dans le pays
qu’à l’extérieur : « l’ennemi (entendez l’impérialisme) entretient chez nous, en Afrique, des
intelligences qui peuvent être africains comme des étrangers. L’on a du reste vu récem-

75. Mohamed Saliou Camara, Le pouvoir politique en Guinée sous Sékou Touré, Paris, Harmattan, 2007,
p. 90.
76. Ibid.
77. Ibid.
78. Pierret et Correau, « Politique du complot », loc. cit., p. 156.
79. Ibid., p. 166.

Commandement colonial, résistances et décolonisation


201
Une histoire de l’Afrique contemporaine
ment la rencontre de l’action nocive des agents de la 5ème colonne de l’impérialisme et
des agresseurs directs depuis le 22 novembre 197080 ».

De plus, il ne manque pas l’occasion de ramener le Sénégal de Senghor dans l’équation


novembre 1970 et cinquième colonne : « […] la barbare agression contre notre pays en no-
vembre 1970. Ceux-là qui étaient avec les impérialistes et les Portugais contre nous, sont
encore au Sénégal […]81 ». Il reproche en fait à Senghor d’avoir participé activement « à la
conception, à la préparation et à l’exécution des complots contre le régime guinéen82 ». Il
est intéressant de voir que dans les deux dimensions de la cinquième colonne se trouve
Léopold Senghor.

En conclusion, le complot permanent n’est plus un complot, mais une réalité dans la
pensée à Touré. C’est ce que l’inspecteur politique sous Sékou Touré, Bailo Telivel Diallo,
explique en entrevue : « ce n’est pas qu’il risquait d’être assassiné. Il a failli l’être à plusieurs
reprises83 ». Ennemis intérieurs et extérieurs, la cinquième colonne est symptomatique du
complot permanent, se cristallisant en novembre 1970.

3.3. Une cinquième colonne qui répond aux attentes : élaboration d’une théorie

L’idée de « construction esthétique », venue de l’historien Tristan Landry dans son livre
La valeur de la vie humaine en Russie84, nous inspire dans l’élaboration d’une théorie pour
comprendre l’importance de la cinquième colonne chez Sékou Touré. Landry appose
l’idée que la valeur de la vie humaine bascule autour de 1917 ; si avant celle-ci elle s’articu-
lait de manière esthétique pour une cause quelconque, elle devient instrumentalisée sous
une idéologie85. Ensuite, La 5ème Colonne s’apparente à un long discours justifiant l’ap-
port des études de Alpha Ousmane Barry, spécialiste de la rhétorique de Sékou Touré86.
L’anthropologue et politologue McGovern explique bien la thèse centrale de Barry : « [Barry]
a isolé les schèmes de son discours public et expliqué comment ils lui avaient permis de
garder une maitrise sur l’imagination des Guinéens alors que ceux-ci souffraient pourtant

80. Touré, La 5ème Colonne, op. cit., p. 148.


81. Ibid., p. 65‑66.
82. Ibid., p. 366.
83. Pierret et Correau, « Politique du complot », loc. cit., p. 154.
84. Tristan Landry, La valeur de la vie humaine en Russie, (1838-1936) : construction d’une esthétique poli-
tique de fin du monde, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2001, 213 p.
85. Ibid., p. 8. Voir annexe C.
86. Alpha Ousmane Barry, Pouvoir du discours & discours du pouvoir: l’art oratoire chez Sékou Touré de 1958
à 1984, Paris, L’Harmattan, 2002, 401 p. ; Alpha Ousmane Barry, Parole futée, peuple dupé: discours et révo-
lution chez Sékou Touré, Paris, Harmattan, 2003, 319 p.

Commandement colonial, résistances et décolonisation


202
Une histoire de l’Afrique contemporaine
des pires abus87 ». L’usage répété des slogans chez Touré a fini par s’imposer comme des
vérités88. McGovern précise que l’art oratoire de Touré lui a permis « d’obscurcir le rapport
entre les mots et leurs référents » et qu’ultimement, il réussit à créer un « espace public où
tout individu était soit avec, soit contre la révolution. […] Toute forme de dissidence pou-
vait mériter le châtiment suprême89 ». Enfin, Touré utilise les pronoms « nous » et « ils »
ou « eux » pour créer une communauté militante et engagée contre les autres qui sont les
ennemis intérieurs et extérieurs90. Cela indique que la cinquième colonne est un groupe
qui répond aux attentes fixées par le Président : en usant ses techniques oratoires et en
développant une esthétique autour du terme, la cinquième colonne devient malléable à
des fins politiques et sociales. Trois dimensions seront brièvement analysées permettant
d’éclaircir cette thèse : d’abord, quand il façonne la cinquième colonne, ensuite selon son
idéologie socialiste et enfin, à travers novembre 1970.

3.4. Création de la cinquième colonne

Premièrement, nous avons abordé ci-haut la construction de la cinquième colonne


en rapport avec le cas de la France. Cela nous apparait crucial dans sa rhétorique de
construction esthétique de la cinquième colonne. Il invoque l’histoire de la France tel un
exemple de justification de violence passé et futur, puisqu’elle aussi s’était montrée intrai-
table avec les traitres et sympathisants de l’Allemagne91. Il est important de comprendre
la signification d’une « cinquième colonne », car comme le souligne l’historien Gilles Morin
avec une cinquième colonne vient suspicion et doute constant permettant l’émergence
des politiques dénonciatrices et violentes92. Était-ce une observation également partagée
par Sékou Touré? Chose certaine, Sékou Touré dans La 5ème Colonne va favoriser l’émer-
gence d’un tel climat en rendant crédibles ses propos par l’invocation du cas français. En
conclusion, dans le processus de création de la cinquième colonne, Sékou Touré tente
d’établir un climat social et une rhétorique lui donnant l’autorité de prendre en charge
l’ennemi.

87. Barry, Pouvoir du discours, op. cit. ; cité dans Mike McGovern, « Conflit régional et rhétorique de la
contre-insurrection. Guinéens et réfugiés en septembre 2000 », Politique africaine, vol. 88, no 4, 2002,
p. 95.
88. Barry, Pouvoir du discours, op. cit., p. 62‑102.
89. McGovern, « Conflit régional et rhétorique de la contre-insurrection », loc. cit., p. 96‑97.
90. Barry, Pouvoir du discours, op. cit., p. 163‑179.
91. Touré, La 5ème Colonne, op. cit., p. 67.
92. Gilles Morin, « Paroles de « défaitistes »: Communistes, pacifistes et protestataires pendant la « drôle
de guerre » », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, no 128, 2015, p. 118.

Commandement colonial, résistances et décolonisation


203
Une histoire de l’Afrique contemporaine
3.5. Idéologie socialiste

Deuxièmement, l’apport de ses croyances socialistes est tout autant crucial dans la
construction esthétique qu’il élabore autour de la cinquième colonne. Le « nous » et le
« il » en est la base ; un élément présent tout au long de La 5ème Colonne. À la même ma-
nière que Lénine utilise cette rhétorique pour rassembler paysans et prolétaires, Touré le
fait en donnant un nouvel intérêt commun : être contre la cinquième colonne93. Également,
le sous-texte dans La 5ème Colonne fait écho au réalisme socialiste : en voyant les choses
comme elles peuvent le devenir selon l’objectif fixé, non pas comme elles le sont94. Cette
mise en relativité est particulièrement évidente dans la cinquième colonne, qui ne se défi-
nit par les ennemis de manières définitives, mais plutôt selon le fait d’être pour ou contre
la Révolution, une notion dont Sékou Touré peut généraliser. À la fois précis et malléable,
il peut ensuite justifier de mettre quiconque dans la cinquième colonne. Enfin, encore en
sous-texte se trouve la dialectique de lutte inhérente à la révolution qui engendre toujours
une contre-révolution95. En ce sens, Touré sait que la lutte doit se faire, car c’est la seule
réponse dans ce cercle vicieux de violence. Bref, l’idéologie socialiste transparait tout
au long de La 5ème Colonne et semble avoir grandement influencé sa perception et sa
construction esthétique de la cinquième colonne.

3.6. Novembre 1970 : le tournant

Troisièmement, novembre 1970 doit encore être souligné. C’est ce qui inspire l’écriture
du livre et c’est sur ces bases dont il amorce son analyse. Nous avons plus haut évoqué le
schéma de Tristan Landry en rapport à la vie humaine. Nous proposons ici une adaptation
de ce schéma96. Nous proposons qu’après l’indépendance en 1958, Sékou Touré doit déjà
se méfier du complot permanent. Ce complot est surtout de l’ordre esthétique, puisqu’il
sait, en tant que socialiste, que la lutte doit avoir lieu et que des opposants s’élèveront. Au
cours de années, il va bel et bien constater des soubresauts du complot permanent, mais
ce sera en novembre 1970 que le basculement – d’esthétique à idéologique – s’opère : la
cinquième colonne permet ce virage drastique du complot permanent. Il deviendra réel et
sera central à son idéologie politique anticolonialiste. Dans La 5ème Colonne, il veut à tout
prix défendre la Révolution – c’est pourquoi le point tournant (esthétique à idéologique) va
permettre de tout justifier au nom de cette Révolution, en raison du complot permanent.

93. Landry, La valeur de la vie humaine en Russie, op. cit., p. 46.


94. Ibid., p. 108‑111.
95. Pierret et Correau, « Politique du complot », loc. cit., p. 148.
96. Voir annexe C.

Commandement colonial, résistances et décolonisation


204
Une histoire de l’Afrique contemporaine
D’ailleurs, après l’attaque de novembre 1970, Sékou Touré met de l’avant son interpréta-
tion des faits: « in the aftermath of the 1970 attack on Conakry, Touré put forward his ver-
sion of events—that forces of European imperialism had tried to re-colonize Guinea97 ». Il
instrumentalise la cinquième colonne afin d’offrir une explication où imaginaire et réel se
croisent expliquant tous les problèmes. Comme la vie humaine devient réduite à son utili-
té sociale en 191798, Sékou Touré réduit le complot permanent à son utilité sociale afin de
justifier la chasse à la cinquième colonne qui s’annonce dans son livre. Cette construction
esthétique permet de « convaincre les Guinéens de la nécessité d’éliminer toute forme
d’opposition à l’intérieur du pays99 ». En conclusion, novembre 1970 est un tournant dans
l’utilisation du complot permanent dans la rhétorique de Sékou Touré, en construisant
l’esthétique politique de répression à travers la cinquième colonne dans La 5ème Colonne.

Conclusion
Voilà l’homme tout entier, s’en prenant à sa chaussure alors que c’est son pied
le coupable100.

C’est un Sékou Touré ébranlé, voir changé depuis novembre 1970, qui écrit La 5ème
Colonne. Il emprunte la littérature et l’expérience française pour concevoir sa propre
cinquième colonne qui regroupe traitres et tout dissident participant au sabotage de la
Révolution. Léopold Sédar Senghor occupe une place d’importance dans l’établissement
de la cinquième colonne, étant à la fois le marionnettiste et le pantin. La cinquième co-
lonne se déploie dans sa pensée en deux temps : d’abord, elle se traduit en une attaque à
la Révolution. Touré voit dans la cinquième colonne une entité s’en prenant à la Révolution.
Cette cinquième colonne a aussi une autre signification : elle est la cristallisation du com-
plot permanent. Ainsi, il s’assure de créer une forme d’esthétique politique entourant la
cinquième colonne, lui prêtant des intentions aussi réelles que fictives pour but d’assurer
son pouvoir politique et justifier ses actions à venir. Finalement, La 5ème Colonne est son
manifeste, son raisonnement des futurs actions politiques.

En 2013, Alexis Arieff et Mike McGovern ont avancé que la vérité de la cinquième co-
lonne, selon les Guinéens, était cachée et probablement enterrée à tout jamais101. Nous
terminons la recherche avec autant de questionnements que de réponses, mais nous
avons tout de même de nouvelles pistes intéressantes. La cinquième colonne a vérita-
blement existé : elle a une place importante dans le processus de décolonisation chez

97. Arieff et McGovern, « “History is stubborn” », loc. cit., p. 212.


98. Landry, La valeur de la vie humaine en Russie, op. cit., p. 9.
99. McGovern, « Conflit régional et rhétorique de la contre-insurrection », loc. cit., p. 85.
100. Samuel Beckett, En attendant Godot, Paris, Éditions de minuit, 2009, p. 12.
101. Arieff et McGovern, « “History is stubborn” », loc. cit., p. 208.

Commandement colonial, résistances et décolonisation


205
Une histoire de l’Afrique contemporaine
Sékou Touré, qui lui fait habilement porter une grande charge de responsabilité afin de
mener ses politiques émancipatrices à terme. La vérité de la cinquième colonne, croyons-
nous, est que ce regroupement fut volontairement vague et malléable pour permettre à
Sékou Touré de protéger la Révolution, qui semble être au cœur de son écriture dans La
5ème Colonne. Malgré les arrestations douteuses, dans la pensée de Touré celles-ci étaient
justifiables puisqu’elles se rapportaient au complot permanent et faisaient partie du pro-
cessus de décolonisation. Inexcusables, les motifs profonds derrière les répressions de
1971 sont maintenant éclairés grâce à cette étude. Il reste maintenant à voir si, au fil du
temps, ces pensées de Sékou Touré ont évolué, voire radicalement changées, ou bien si
elles sont restées les mêmes jusqu’à sa fin.

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206
Une histoire de l’Afrique contemporaine
ANNEXE A

Extrait du poème « cinquième colonne »102

Ils sont étrangers, bien étrangers

Malgré la couleur et la nationalité,

Au continent, au grand continent-Afrique

Dont ils se réclament avec solennité

Pour camoufler leur trahison cynique

[…]

Oui! Ils ne sont que fondés de pouvoir

Au service d’un néocolonialisme vil

Auquel les soumet leur allégeance servile

[…]

Partout ils sèment la discorde,

Découragent, corrompent et affaiblissent

Les Peuples pour que jamais ils n’affermissent

En eux la conscience et la volonté de lutte

[…]

Ils sont objectivement contre l’Afrique,

Ceux de la 5e colonne de l’ennemi extérieur

[…]

Aux Africains, qui fièrement dressés

102. Touré, La 5éme Colonne, op. cit., p. 9‑14.

Commandement colonial, résistances et décolonisation


207
Une histoire de l’Afrique contemporaine
Disent de toutes leurs énergies mâles,

Non! À l’impérialisme en râle

[…]

Dénoncez, démasquez, isolez les intrus

[…]

Partout amplifions, intransigeants, la lutte de classe

Pour exterminer les ennemis de nos masses

Commandement colonial, résistances et décolonisation


208
Une histoire de l’Afrique contemporaine
ANNEXE B

Extrait du poème de la négritude103

L’Agent obséquieux de l’impérialisme,

Le servant fidèle du néocolonialisme

Par sa philosophie de la négritude

Veut de l’Afrique pérenniser la servitude

Et, nos Peuples, figer dans l’odieux colonialisme

Afin que s’éternise le capitalisme

[…]

Dans le foret mystique de la négritude

Disqualifiée sous toutes latitudes

Il distille, invariable, son néo-racisme

Qu’il associe d’ailleurs au libéralisme

Afin de plonger dans une niase béatitude

Ceux qui, dupes, le suivent en toute quiétude.

[…]

Révolution solution

Afrique libre et fière de l’authentique africanisme

Notre choix est l’avenir et non L’archaïsme

D‘Est en Ouest du Nord au Sud

Enterrons définitivement le mythe de la négritude

103. Ibid., p. 374‑376.

Commandement colonial, résistances et décolonisation


209
Une histoire de l’Afrique contemporaine
Et faisons éclater le cadre coupable de l’immobilisme

Pour fonder de l’Afrique éternelle le nouvel humanisme

Commandement colonial, résistances et décolonisation


210
Une histoire de l’Afrique contemporaine
ANNEXE C

Schéma de la valeur de la vie humaine selon Tristan Landry104

Ce que nous proposons :

Schéma du complot permanent en Guinée

104. Landry, La valeur de la vie humaine en Russie, op. cit., p. 8.

Commandement colonial, résistances et décolonisation


211
Une histoire de l’Afrique contemporaine
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Une histoire de l’Afrique contemporaine
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