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FOLIO ESSAIS
Olivier Bomsel
La nouvelle
économie
politique
Une idéologie
du XXIe siècle
Gallimard
Sommaire
Titre
L’auteur
Exergue
Jusqu’ici…
Introduction
Chapitre I. Le fait institutionnel
L’économie est partout
L’économie disgraciée
L’économie et les institutions
Chapitre II. Intellectualité des institutions
Le romantisme français
Le rationalisme anglais
Fin de l’économie naturelle
Une nouvelle dialectique
Objet et plan du livre
PREMIÈRE PARTIE - INSTITUTIONS ET
TRANSACTIONS
Chapitre III. L’affaire du covoiturage
BlaBlaCar
Les places de marché numériques
Incidences institutionnelles
Économie et institutions
Chapitre IV. La vidéo à la demande
La télévision
Trajectoire technique de l’audiovisuel
Incidences éditoriales et industrielles
Le régime des concessions
L’enlisement
Le cul-de-sac des concessions
Chapitre V. La mécanique des offices
Principes généraux
Les offices en France
Incidences institutionnelles
Les offices aujourd’hui
DEUXIÈME PARTIE - CONTEXTE THÉORIQUE
Chapitre VI. Le problème de l’économie politique
Apparition de l’homme libre
La théorie de l’agent rationnel
La machine utilitariste : l’économie du bien-être
L’individualisme politique : l’économie du choix
public
L’utilitarisme politique : les institutions endogènes
Chapitre VII. L’approche institutionnelle
L’économie des institutions
Institutions et politique
TROISIÈME PARTIE - LA THÉORIE DES ORDRES
SOCIAUX
Chapitre VIII. Le noyau conceptuel
Chapitre IX. Les États naturels
Définition
Dépersonnalisation et pérennisation
Dépersonnalisation de la monarchie française
Extension à l’organisation judiciaire
Médiatisation de l’impersonnalité
Fragilité et stabilisation
Chapitre X. Les ordres d’accès ouvert
Définition
La question des rentes
Chapitre XI. Problématique de la transition
Principe
Un jeu à deux périodes
Le jeu des factions élitaires : le cas de la transition
française
Fonction de la démocratie
La dialectique fédérale
QUATRIÈME PARTIE - APPLICATIONS
Chapitre XII. Que faire des ordres sociaux ?
Chapitre XIII. La France et ses accès
Position du problème
La tectonique française
L’extension des offices
L’ouverture 2.0
Chapitre XIV. L’Europe fédéraliste
Un drôle d’objet
L’après-guerre
L’ouverture post-soviétique
Le basculement fédéral
Le fédéralisme en marche
Chapitre XV. La Chine à travers les ordres sociaux
Trop vite
Une divergence millénaire
L’empire confucianiste
Bifurcation institutionnelle
Le sentier de la convergence
Post-confucianisme
La transition chinoise
CINQUIÈME PARTIE - MÉDIAS ET ORDRES SOCIAUX
Chapitre XVI. Saint-Simon, l’ingénierie des accès
Un effet miroir
Chapitre XVII. Les médias dans l’État naturel
De l’immanence à la raison
Le contrôle des idées dans l’État naturel mature
Position du problème
La Censure royale française
La bascule idéologique de l’Angleterre
L’ingénierie des âmes en chef
Chapitre XVIII. Les médias de l’accès ouvert
Une très forte demande
Le modèle américain
Influence et compétitivité
Prochainement…
Chapitre XIX. Le jeu des institutions
Chapitre XX. L’enjeu des croyances
Appendices
Remerciements
Bibliographie
Notes
Index
Copyright
Du même auteur
Présentation
Achevé de numériser
Olivier Bomsel est professeur d’économie et directeur de la chaire d’économie
des médias et des marques à MINES ParisTech.
« — Avez-vous eu des maîtres à penser ?
— Il y a eu la lecture des grands historiens, Marc Bloch, Lucien Febvre, la
découverte du ton et de la méthode de Max Weber. Ensuite, il y a eu une anti-
expérience : comme il était fortement question des sciences humaines, dans les
années 1960, j’ai voulu apprendre l’économie politique, et je me suis aperçu que
l’instrument ne pouvait pas fonctionner en histoire et n’était qu’une rationalisation
a posteriori. Je suis un déçu des sciences humaines, si vous voulez. »
Paul Veyne interrogé par Véronique Sales,
« Quand Rome dominait le monde »,
L’Histoire, no 247, octobre 2000, p. 92-96.
JUSQU’ICI…
Deux présidents des États-Unis, deux figures de la politique
et de l’histoire, deux productions hollywoodiennes, deux séries
télévisées de part et d’autre de la frontière du siècle.
Le premier, Josiah Edward Jed Bartlet, est fervent
catholique. Il cite Virgile en latin, D. H. Lawrence dans le
texte, glisse dans ses discours des versets de l’Ecclésiaste. Il
respecte les Lumières et les pères fondateurs de la
Constitution. Depuis son entrée en politique — député
démocrate du New Hampshire — il n’a jamais perdu une
élection. Il travaille en équipe, modère ses rivaux, déjoue les
factieux, use des nominations pour promouvoir l’égalité des
races, des genres et l’ascension sociale. Pétri d’humanité, on le
voit, chaque année de ses deux mandats successifs, gracier la
dinde de Thanksgiving. Bref, durant les sept saisons de vingt-
quatre épisodes de The West Wing, il est l’incarnation d’un
prince dévoué corps et âme (la sclérose en plaques le ronge) à
la grandeur de l’empire et au bien-être de son peuple. Bonus, il
est prix Nobel d’économie.
Le second, Frank Underwood, ne doit l’investiture qu’à la
chute de celui qui l’a nommé vice-président. Son parcours est
un lacis d’intrigues, de trahisons, de chantages, de meurtres
symboliques et réels qui font du machiavélisme la source d’un
intégrisme qu’il distille en aparté. Underwood est virtuose
dans l’art de contourner les règles, de les tordre à son avantage
pour soumettre le bien public à son désir. Avec Claire, sa
femme, tantôt blonde et tantôt brune, aussi courageuse
qu’amorale, il forme un couple d’ambitieux s’échangeant des
allégeances, transmuant la Maison-Blanche en auberge des
Thénardier. À peine hissé dans le bureau ovale, Underwood ne
songe qu’à s’y fixer. Son second mandat l’obsède. Il déclare le
chômage « catastrophe naturelle » et détourne un fonds
d’urgence pour financer un rallye d’emplois publics. Sa
démagogie éreinte ses concurrents. Au bout de la troisième
saison, il s’aliène enfin sa femme à force de la trahir, et lance
sa campagne électorale…
Aussi shakespearien l’un que l’autre, ces deux drames
incarnent deux visions de la politique, de l’économie, et du jeu
institutionnel qui relie l’une à l’autre. The West Wing est une
création des années 1990, de la fin de la Guerre froide où
l’Occident assigne sa victoire à la puissance des Lumières
incarnée par l’économie. House of Cards est le
désenchantement du XXIe siècle où le dévoiement des
institutions américaines se propage au reste du monde. Pas de
victoire, ni même de suprématie, mais au contraire une
précarité des institutions dont le détournement peut engendrer
la ruine.
Ces deux fictions et les deux figures du pouvoir qu’elles
dessinent sont le sujet de ce livre. Jed Bartlet, le président des
Lumières, met l’économie — science à la fois morale et
politique — au service du bien-être de ses concitoyens.
Richard III-Underwood la dévoie pour sa réélection. Que
signifient ces relations entre économie et politique ? Pourquoi
sont-elles à ce point opposées ?
L’économie politique s’est forgée comme un discours au
service de princes éclairés. Elle a érigé son statut en science du
bien public, au point de faire du Président idéal un Nobel.
Pourtant, l’économie dépend du jeu institutionnel. Les
meilleurs conseils économiques demeurent lettre morte si la
logique du pouvoir n’y trouve pas son content. La question
d’aujourd’hui est celle de House of Cards : d’où vient le
pouvoir ? Comment les institutions pèsent-elles sur
l’économie ? Quel regard, en retour, une économie qui se
voudrait politique doit-elle leur adresser ?
INTRODUCTION
Chapitre premier
LE FAIT INSTITUTIONNEL
L’ÉCONOMIE EST PARTOUT
INSTITUTIONS
ET TRANSACTIONS
L’économie classique postule que la division du travail est
un phénomène naturel. L’économie moderne tient que cette
division n’est possible que si le coût d’obtention d’un accord
est inférieur à son bénéfice. Ce qui suppose des moyens
d’information, de négociation et d’application des accords. Et
réciproquement, les progrès dans le champ des transactions
permettent d’étendre la division du travail et ses gains
économiques potentiels. L’objet de cette partie est d’illustrer le
rôle critique des coûts de transaction dans les dynamiques
d’innovation et de croissance ainsi que dans les formes
d’organisation industrielle. Nous montrerons à travers deux
exemples, celui du covoiturage et celui de la vidéo à la
demande, comment l’innovation affecte l’organisation des
transactions et bouscule leur cadre institutionnel. Ceci nous
entraînera vers l’étude d’une caractéristique française de
l’encadrement des marchés : la délégation d’offices. Nous en
montrerons les ressorts institutionnels et les difficultés
structurelles d’adaptation.
Chapitre III
L’AFFAIRE DU COVOITURAGE
BLABLACAR
CONTEXTE THÉORIQUE
Chapitre VI
LE PROBLÈME
DE L’ÉCONOMIE POLITIQUE
APPARITION DE L’HOMME LIBRE
LA THÉORIE
DES ORDRES SOCIAUX
Chapitre VIII
LE NOYAU CONCEPTUEL
Pour North, Wallis et Weingast (NWW), le problème
majeur de toute société est la maîtrise de la violence, en
particulier de la violence organisée, c’est-à-dire des menaces
ou actes violents émanant de groupes. Au-delà d’une certaine
taille, la société délègue cette maîtrise à un chef ou un groupe
qui s’organise pour l’assumer. En suscitant des « règles du
jeu » et des organisations en charge de les appliquer, ce groupe
va former un ordre social. C’est, en quelque sorte, le contrat
de protection que nous avons évoqué. Deux ordres types
peuvent être distingués : les États naturels ou ordres d’accès
limité dans lesquels les accès individuels aux ressources sont
octroyés par l’élite gouvernante, et les ordres d’accès ouvert
dans lesquels les formes d’organisation et l’accès à la propriété
sont libres. Les seconds n’existent pas de façon naturelle, ils
succèdent historiquement aux premiers. Mais pas de façon
irréversible. La démarche est évolutionniste sans être
téléologique : « l’ordre social est porté par une dynamique de
changement — d’adaptation à des contraintes ou des
opportunités nouvelles — et non de progrès 1 ». L’instabilité
interne et externe est la règle à laquelle sont confrontés tous
les ordres sociaux. Néanmoins, les ordres d’accès ouvert sont
réputés plus stables que les ordres naturels car, la division du
travail y étant plus étendue, ils sont moins dépendants des
rentes manipulées par l’élite. Les deux ordres types coexistent
aujourd’hui dans le monde, mais seulement 15 % de la
population de la planète vit dans des ordres d’accès ouvert 2.
Pour décrire ces ordres types, NWW recourent à trois
catégories : les institutions, les organisations et les croyances.
Les institutions sont les règles du jeu dont nous avons parlé et
qui s’imposent à tous. Les organisations sont des arrangements
durables entre individus consentants : elles peuvent être
simplement adhérentes — partis politiques, églises, fan-
clubs — ou bien contractuelles — administration, firmes — et
encadrées par des institutions. On retrouve ici la définition de
Williamson de l’entreprise comme organisation contractuelle
ayant recours au contrôle par une tierce partie et à des accords
incitatifs entre ses membres. Les croyances sont les
anticipations de l’impact des institutions sur les agissements
individuels et les comportements d’autrui. Cette catégorie est
beaucoup plus difficile à définir et contribue à la moindre
prévisibilité de la politique par rapport à l’économie. Elle est
néanmoins essentielle car elle recouvre la subjectivation des
règles institutionnelles et la perception de leur légitimité. Nous
y reviendrons en détail après en avoir illustré quelques aspects.
Pour rompre la monotonie conceptuelle, ou illustrer des
aspects critiques du fonctionnement de chaque ordre type,
nous avons choisi des exemples issus de nos lectures ou de
travaux postérieurs à la publication de NWW. Ces exemples
sont particulièrement développés dans le cas de l’État naturel
car sa mise en œuvre est bien plus complexe qu’il n’y paraît.
Nous aurons l’occasion de revenir sur des exemples de l’accès
ouvert ou de la transition de l’un à l’autre dans les deux
dernières sections.
Chapitre IX
LES ÉTATS NATURELS
DÉFINITION
APPLICATIONS
Chapitre XII
QUE FAIRE DES ORDRES SOCIAUX ?
À quoi peut servir une théorie du changement social ? Le
christianisme, l’islam ou le marxisme donnent l’exemple
d’une institutionnalisation de leur théorie à travers des
organisations chargées d’en déployer la puissance explicative,
de la propager aux masses, d’en appliquer les préceptes au
changement des sociétés. En prenant une métaphore
économique, on peut considérer qu’une idéologie — un jeu de
catégories donnant un sens à des phénomènes réels — a statut
d’innovation technique, en ceci qu’elle élève l’utilité
individuelle et sociale de l’adepte : soit qu’elle lui donne un
rôle dans la marche du monde, selon un mouvement dont il
peut se croire acteur, soit qu’elle le convainc de son
impuissance à la dévier et lui assigne une neutralité sereine 1.
Néanmoins, pour que cette innovation s’étende, il faut lui créer
son marché. C’est l’objet des organisations qui entretiennent la
cohérence, l’orthodoxie du discours, et en propagent
méthodiquement l’usage et la croyance.
Notre intuition est que la théorie des ordres sociaux est une
idéologie du XXIe siècle 2. Son cadre conceptuel permet de
relire l’histoire à travers un prisme élargi de sciences
humaines, et d’y abouter, si l’on peut dire, des situations
contemporaines. Il ouvre ainsi à l’analyse des enjeux
institutionnels des sociétés confrontées à la mondialisation.
Pour autant, la théorie ne se prête pas à l’exercice d’une
pratique militante. D’abord parce qu’elle n’est pas
téléologique, ce qui signifie que la réforme, qu’il s’agisse de la
stabilisation d’un État naturel, de sa transition vers l’ordre
d’accès ouvert, ou de stratégies d’extension de l’ouverture,
peut suivre différents chemins, y compris à rebours. Ensuite
parce qu’elle n’est pas figée : de nombreux aspects du cadre,
notamment les jeux d’alliances ou de compétition entre élites,
exigent d’être raffinés par leur confrontation au réel. Enfin,
parce que si la démarche analytique demeure un préalable à la
conception de réformes, leur mise en œuvre effective repose
sur l’habileté des politiques à construire les alliances et les
jeux à somme positive capables de les imposer.
On ne peut, en outre, expliquer toute la politique ni toute
l’histoire avec les ordres sociaux. La question des croyances,
du mouvement des idées et des représentations liées aux
institutions, est encore trop obscure, trop diversement
explorée. Quelle que soit l’efficacité adaptative des ordres
d’accès ouverts, ils n’en demeurent pas moins soumis aux
croyances issues de la politique, et peuvent, ici ou là, basculer
dans le chaos. L’acceptation de la démocratie représentative au
sein d’empires continentaux ou coloniaux a suivi en Europe
des trajectoires contrariées 3. Les grandes tragédies du
e
XX siècle, à commencer par Auschwitz, échappent par leur
singularité, leur démesure réelle et symbolique, à une pure
théorie d’enchaînement de structures.
Néanmoins, l’évocation de la violence comme enjeu
essentiel de la politique et, autour de son maniement, les
concepts d’État naturel, de dépersonnalisation, d’accès ouvert,
de transition, bien qu’encore en phase de test, ont un fort
pouvoir explicatif. La théorie a été publiée en 2009 et, même
si l’ouvrage a aussitôt été traduit en français grâce à l’Agence
Française de Développement, sa lecture est ardue. Le texte se
conclut d’ailleurs par un programme de recherche visant à
orienter ses premières applications. Ainsi les équipes
d’économistes de la Banque mondiale et des instituts de
développement éprouvent-ils sa méthode au suivi des
équilibres institutionnels d’États fragiles ou primaires, au
guidage d’États matures vers l’ouverture des accès 4. Quant
aux historiens, ils la confrontent peu à peu au décryptage de
l’histoire des sociétés 5. Au final, la validation du cadre
conceptuel par des situations historiques et économiques
concrètes convoque de nombreux savoirs croisant diverses
formes d’analyses.
Pourtant, la notion d’ouverture qui caractérise la double
compétition économique et politique des sociétés modernes est
d’une lisibilité immédiate. Il faut pour cela l’écarter du
libéralisme auquel les économistes classiques auront tôt fait de
l’assimiler. Celui-ci désigne une vision économique fondée sur
le caractère aussi bien naturel qu’efficace des incitations et des
marchés. Il s’oppose à l’interventionnisme d’un État
protecteur. Or, ni les incitations, ni les marchés ne
fonctionnent de manière naturelle. Quant à l’État, les ordres
sociaux jettent sur son dirigisme un soupçon de clientélisme,
voire de manipulation de l’économie aux seules fins de
conservation du pouvoir. Le libéralisme n’a plus de
signification lisible dès lors que les marchés sont des
construits sociaux et que son contraire, le dirigisme
économique, résulte du jeu d’intérêt de factions, le plus
souvent rentières.
L’ouverture des accès — aux ressources, aux
organisations — est un concept neuf. Il désigne l’émancipation
par des voies non violentes des formes historiques du
patronage d’État. Il s’appuie sur l’égalité en droit, son
application effective et son extension à de nouveaux citoyens.
Il suppose une double concurrence dans l’économie et dans la
politique en sorte que les nouveaux intérêts trouvent à
s’exprimer dans l’État. Il éclaire la sortie du sous-
développement, les transitions du socialisme à l’économie de
marché ou, à l’inverse, les blocages anti-concurrentiels des
lobbies et des institutions. Il s’invite dans le discours des
politiques enlisés dans le marais des rentes. Ainsi M. Macron,
au lendemain des attentats de novembre 2015, liait-il
explicitement la violence djihadiste, l’inégalité des musulmans
devant l’emploi, et ce qu’il appelait des fermetures dans
l’économie française :
« Quelqu’un, sous prétexte qu’il a une barbe ou un nom à
consonance qu’on pourrait croire musulmane, a quatre fois
moins de chances d’avoir un entretien d’embauche qu’un
autre… Je ne suis pas en train de dire que tous ces éléments
sont la cause première du djihadisme. C’est la folie des
hommes, et l’esprit totalitaire et manipulateur de quelques-
uns. Mais il y a un terreau, ce terreau est notre
responsabilité… Nous avons une part de responsabilité, parce
que ce totalitarisme se nourrit de la défiance que nous avons
laissée s’installer dans la société. Il se nourrit de cette lèpre
insidieuse qui divise les esprits, et, si demain nous n’y prenons
pas garde, il les divisera plus encore… Je pense que ce sont
des fermetures dans notre économie, dans notre société, les
pertes d’opportunité, les plafonds de verre qui sont mis, les
corporatismes qui se sont construits qui à la fois se
nourrissent de la frustration sur le plan individuel et créent de
l’inefficacité sur le plan économique 6. »
Il se fit recadrer au motif que la violence ne saurait trouver
d’excuse sociale, ce que les ordres sociaux reconnaissent
volontiers. Mais au fond, c’était plutôt l’inverse que son
gouvernement redoutait : que l’abandon des clientèles
n’engendrât la rupture de ses alliances et leur réarrangement
dans un camp plus protecteur. Mieux valait alors parler de la
guerre, de la projection de la violence sur un autre théâtre,
pour ressouder ses alliés.
Ainsi donc, même si la politique élabore les croyances,
celles-ci s’appuient sur les institutions : les ordres sociaux
opèrent de façon sous-jacente. De là notre pari de les exposer à
un public plus vaste, d’en illustrer l’usage par leur application
à des choses vues. Lesdites choses procèdent de lectures,
d’enquêtes économiques menées en France, dans l’Europe
post-soviétique des années 1990, ou, plus récemment, en
Chine, avant même que la théorie des ordres sociaux ait paru.
Contrairement à ce qu’exigerait une démarche scientifique,
nous n’allons pas construire de récit analytique adossé à des
sources historiques ou économiques exhaustives. Quitte à
passer pour dilettante, nous n’entendons rien démontrer. Juste
livrer des indices : des trames narratives, des esquisses cadrées
par la forme de l’essai. Nous aborderons d’abord la situation
contemporaine de la France puisque c’est de là que nous
sommes partis. Nous évoquerons ensuite les effets de
l’ouverture de l’Europe après la chute du Mur, et la forme
fédérale que prennent ses institutions. Nous tenterons enfin de
décrire par ce prisme quelques aspects institutionnels de la
dynamique d’ouverture de la Chine.
Chapitre XIII
LA FRANCE ET SES ACCÈS
POSITION DU PROBLÈME
Post-confucianisme
MÉDIAS
ET ORDRES SOCIAUX
Chapitre XVI
SAINT-SIMON,
L’INGÉNIERIE DES ACCÈS
En 1706, en pleine guerre de succession d’Espagne,
Louis XIV perd l’ensemble des provinces flamandes — les
Pays-Bas espagnols — au cours de la seule bataille de
Ramillies où, surpris par Marlborough, le vieux maréchal de
Villeroy abandonne le tiers de ses troupes l’après-midi du
23 mai. Défait en moins de quatre heures, il laisse une armée
en guenilles, au grand dam de l’électeur de Bavière, compère
d’infortune de la France.
Louis XIV, écrit Saint-Simon, n’en est averti que le 26, à
son réveil :
« J’étais à Versailles : jamais on ne vit un tel trouble ni une
pareille consternation. Ce qui y mit un comble fut que ne
sachant rien qu’en gros, on fut six jours sans courrier ; la poste
même fut arrêtée. Les jours semblaient des années dans
l’ignorance du détail et des suites d’une si malheureuse
bataille, et dans l’inquiétude de chacun pour ses proches et
pour ses amis. Le Roi fut réduit à demander des nouvelles aux
uns et aux autres sans que personne lui en pût apprendre 1. »
On imagine ce qu’un tel flottement produirait aujourd’hui
sur des chaînes d’information en continu qui, au fil de
l’attente, amplifieraient le désastre en mise en abyme du
régime. La Bourse serait à terre. Reporters de guerre, experts
militaires, journalistes politiques, économistes, chroniqueurs
de la cour se relaieraient à l’antenne pour égrener les
errements, les réactions en chaîne. Le fail 2 de Villeroy
annonçant piteusement la défaite avant de rassurer Dangeau 3
— le chroniqueur officiel du règne — sur l’innocuité du coup
de sabre dont son fils fut estourbi tournerait en boucle sur
YouTube, nourrissant les tweets assassins de la cour. Le tout
serait repris, réédité, infographié en sondages, disséqué par les
radios, les revues de presse, les experts en communication,
faisant passer Versailles pour un bateau ivre, le roi pour un
naufragé….
À l’époque, hors l’impuissance du vieux roi mendiant des
nouvelles à sa cour, la panne d’information n’a pas eu de
conséquence notable, tant sur la suite immédiate du conflit que
sur la stabilité du régime. L’anecdote, d’ailleurs, ne sera
éventée qu’à la publication des Mémoires de Saint-Simon, cent
vingt-cinq ans plus tard. Pourquoi un tel retard ? Celui-ci s’en
explique :
« Celui qui écrit l’histoire de son temps, qui ne s’attache
qu’au vrai, qui ne ménage personne, se garde bien de la
montrer. Que n’aurait-on point à craindre de tant de gens
puissants, offensés en personne ou dans leurs plus proches par
les vérités les plus certaines, et en même temps les plus
cruelles ? Il faudrait donc qu’un écrivain eût perdu le sens
pour laisser soupçonner seulement qu’il écrit. Son ouvrage
doit mûrir sous la clef et les plus sûres serrures, passer ainsi à
ses héritiers, qui feront sagement de laisser couler plus d’une
génération ou deux, et de ne laisser paraître l’ouvrage que
lorsque le temps l’aura mis à l’abri des ressentiments 4… »
Les raisons politiques et intimes qui poussent Saint-Simon
à observer et à se taire, puis à écrire pour la postérité sont
connues. Elles participent de l’essence des institutions
monarchiques, de la crise qu’elles traversent alors, et du statut
à la fois interne et précaire, légitime et bafoué, de cet
observateur engagé 5. Le mémorialiste se distingue d’autres
chroniqueurs du Grand Siècle qui, à l’image de Voiture, Gui
Patin ou Mme de Sévigné, préféraient recourir à la
correspondance privée. Laquelle était reprise, distillée,
médiatisée dans les salons, bâtissant l’opinion au sein d’une
élite affranchie.
Saint-Simon est systématique, obsessionnel. Il est en
compte avec la monarchie à laquelle il doit le titre dont il a fait
son nom. Il s’exaspère de la chronique officielle, le journal de
Dangeau, dont il raille la niaiserie et la servilité : « C’était un
honnête homme et un très bon homme, mais qui ne connaissait
que le feu roi et Mme de Maintenon dont il faisait ses dieux, et
s’incrustait de leurs goûts et de leurs façons de penser quelles
qu’elles pussent être. La fadeur et l’adulation de ses Mémoires
sont encore plus dégoûtantes que leur sécheresse, quoiqu’il fût
bien à souhaiter que, tels qu’ils sont, on en eût de pareils de
tous les règnes 6. »
À travers les intrigues, les stratégies pour acquérir ou
conserver des titres, des charges, des rentes, dans un jeu
froidement orchestré par un monarque qui « ne veut de
grandeur que d’émanation de la sienne », Saint-Simon
dissèque « le manège de la politique du despotisme » qu’est la
cour. « Les fêtes fréquentes, les promenades particulières à
Versailles, les voyages furent des moyens que le roi saisit pour
gratifier et pour mortifier en nommant les personnes qui à
chaque fois en devaient être, et pour tenir chacun assidu et
attentif à lui plaire. Il sentait qu’il n’avait pas à beaucoup près
assez de grâces à répandre pour faire un effet continuel. Il en
substitua donc aux véritables d’idéales, par la jalousie, les
petites préférences qui se trouvaient tous les jours, et pour
ainsi dire, à tous moments, par son art. Les espérances que ces
petites préférences et ces distinctions faisaient naître, et la
considération qui s’en tirait, personne ne fut plus ingénieux
que lui à inventer sans cesse ces sortes de choses 7. » Ainsi de
l’inclination du roi pour les ministres roturiers et la puissance
qu’il leur laisse s’arroger : « Il sentait bien qu’il pouvait
accabler un seigneur de sa disgrâce, mais non pas l’anéantir, ni
les siens, au lieu qu’en précipitant un secrétaire d’État de sa
place, ou un autre ministre de la même espèce, il le replongeait
lui et tous les siens dans la profondeur du néant d’où cette
place l’avait tiré, sans que les richesses qui lui pourraient
rester le pussent relever de ce non-être. C’est là ce qui le
faisait complaire à faire régner ses ministres sur les plus élevés
de ses sujets, sur les princes de son sang en autorité comme sur
les autres, et sur tout ce qui n’avait ni rang ni office de la
couronne, en grandeur comme en autorité au-dessous d’eux 8. »
Ou, toujours sur l’accès, voire l’accès à l’accès : « D’audience
à en espérer dans son cabinet, rien n’était plus rare, même pour
les affaires du roi dont on avait été chargé. Jamais par
exemple, à ceux qu’on envoyait ou qui revenaient d’emplois
étrangers, jamais à pas un officier général, si on excepte
certains cas très singuliers […] ; de courtes aux généraux
d’armée qui partaient, et en présence du secrétaire d’État de la
guerre, de plus courtes à leur retour ; quelquefois ni en partant,
ni en revenant. Jamais de lettres d’eux qui allassent
directement au roi sans passer auparavant par le ministre […].
La vérité est pourtant que, quelque gâté que fût le roi sur sa
grandeur et sur son autorité qui avaient étouffé toute autre
considération en lui, il y avait à gagner dans ses audiences tant
qu’on pouvait les obtenir, et qu’on savait s’y conduire avec
tout le respect qui était dû à la royauté et à l’habitude… Aussi
les ministres avaient-ils grand soin d’inspirer au roi
l’éloignement d’en donner, à quoi ils réussirent comme dans
tout le reste. C’est ce qui rendait les charges qui approchaient
la personne du roi si considérables, et ceux qui les possédaient
si considérés, et des ministres mêmes, par la facilité qu’ils
avaient tous les jours de parler au roi, seuls, sans l’effaroucher
d’une audience qui était toujours sue, et de l’obtenir sûrement
sans qu’on s’en aperçût, quand ils en avaient besoin 9. »
Au final, nul mieux que lui n’aura décrit les ressorts de
l’État naturel français, voire de l’État naturel tout court, tant la
mécanique des accès relève ici d’une horlogerie gorgée de
complications. La force de son récit est dans la tresse infinie
des portraits où se révèlent tour à tour les hasards de la vie, les
méandres de l’âme humaine et le jeu institutionnel dont
chacune participe. Chaque personnage prend son sens en tant
qu’il ne peut qu’être, fût-ce à temps très partiel, un acteur de la
cour, du théâtre des accès. Si l’impersonnalité des relations
sociales exhibée par NWW pour définir les sociétés modernes
nous semble si concrète, si proche, si pertinente, c’est parce
que Saint-Simon a démonté avec le génie curieux de
l’inépuisable diversité des autres, celle-là même qui fonde
l’essence de la personne 10, la machine des accès d’une société
d’Ancien Régime.
UN EFFET MIROIR
Position du problème
Source : McKinsey Media Global Report 2015, Banque mondiale pour la population.
TCAM = taux de croissance annuel moyen
Ebay 56
Économie de marché 169, 192, 202, 250, 346
Écosse 247
EDF 221
Église 159, 184, 261, 292-294, 297, 299, N7
EL-ASSAD, Bachar 167
EL-ASSAD, Hafez 167
ELTSINE, Boris 234, 236, N16
ENGELS, Friedrich 266
ENGELS, Jens Ivo N3
ERNOTTE, Delphine N26
Espagne 85, 92, 156, 229, 279, 298, 329, 333
Estonie 242
État de droit 27, 169, 182, 188, 235, 295, 318, 330, 340-341, 343,
346, 348
État naturel 149-150, 157-158, 161, 163-165, 168, 172, 177, 179, 181-
182, 185-186, 190-192, 194, 200-201, 236, 253, 258, 264-268, 272,
283-284, 288, 292, 295-297, 307, 309-310, 312, 314, 317, 323,
339-340, 348, N23
États-Unis (ou USA) 13-14, 40, 63, 66, 69, 73, 76, 80, 123, 126, 139,
179, 181, 183, 192-195, 211, 228-229, 231, 238, 240, 247-248,
285, 307-308, 320, 322-334, N1, N5, N9, N12, N15, N16, N20,
N38
Europe 27, 30, 34-35, 43, 46, 75-76, 82, 85, 90, 101, 104, 111, 119,
122, 124, 132, 136, 144, 156, 162, 166-167, 172, 174-177, 181,
195, 200, 204, 217, 224, 226-232, 234-237, 239-248, 251-252,
258-264, 268, 272, 276, 292-294, 296-298, 304, 308, 320, 322,
324-325, 331-334, 346, N4, N5, N5, N7, N9, N9, N12, N15,
N19, N20, N23, N27
Exxon/Mobil N16
G7 61, N13
GALILÉE. Galileo GALILEI, dit 130, 294
Game of Thrones (série) 285
Générale des Eaux 217
General Motors 61
GERSON. Jean CHARLIER, dit Jean de 140-141
GIRAUD, Pierre-Noël 99, N1
GLASSNER, Jean-Jacques 288
Golfe 39, 329
Golfe de Gascogne N23
Google 71, 248, 327-328
GORBATCHEV, Mikhaïl 232, 234, N16
GORKI. Alekseï Maksimovitch PECHKOV, dit Maksim 310
GOYARD-FABRE, Simone 36, N11
GRACIÁN Y MORALES, Baltasar 259
Grande-Bretagne 187, 208, 246, 302, 331, 334, N18
Grèce 27, 128, 176-177, 210, 212, 229, 237, 243, 291, 332, 334, N7,
N9, N23
GREIF, Avner 253, 260-262, N9
Grexit 240
GROSSMAN, Vassili 312
GROTIUS. Hugo de GROOT, dit N7
GUENIFFEY, Patrice 154, 159, 254, N9
GUIZOT, François 113
HADRIEN 141
Haïti 163
HAN (dynastie) 255, 257
er
HARLEY, Robert, 1 comte d’Oxford 323
HARRINGTON, James 36
HARTOG, François 20, 285
Havas (groupe) 74, N13
HELVÉTIUS, Claude Adrien 301, N20
HENRI IV 159
HENRI VII 302
HESS, Rudolf N34
HIBBS JR., Douglas A. N18
HIRSCHHAUSEN, Christian von N17
HOBBES, Thomas 36, 112, 115, 294
Hollande 89-90, N7
HOLLANDE, François 174-175, N5
Hollywood 13, 73, 75, 285, 326, 330, 334
Hongrie 64, 242, 325, N12, N15
House of Cards (série) 14-15, 47, 71, 194, 285-286
HUANG NUBO : voir LUO YING
er
HUGUES I CAPET 154
HUSSEIN, Saddam 167
Idéologie 23, 32, 47, 141, 162, 167, 184, 199-200, 239, 246, 253,
256, 261, 263-264, 266, 272-273, 286, 289, 291-292, 295-296,
299, 302, 304-305, 309-312, 314-315, 325, 327-330, 333, N1, N2,
N9, N12, N37
Inde 303, 320, N17
Internet 52-53, 59, 63, 68-69, 133-134, 271, 319, 327, 330, N9, N34
Ioukos (groupe pétrolier) N16
Irak 163-164, 167, N23
Irlande 229, 242
Irlande du Nord 247
Islam 199, 291-292
JACQUES II 303-305
JAMBET, Christian 291
Japon 264-265, 320, 325, 331
JDANOV, Andreï 311
JEAN II LE BON 158
JEANNE D’ARC 31
JÉSUS-CHRIST 159
JOHN, Richard 324
JULLIEN, François 252, 257, N2
JUPPÉ, Alain 26
er
JUSTINIEN I 156
L’HOSPITAL, Michel de 90
LAWRENCE, D. H. 13
LCI N18
LE BLANC, Gilles N13
LE MAIRE, Bruno N5, N23
LE NAIN (frères) 250
Leeds N17
Lehman Brothers 242
LÉNINE. Vladimir Ilitch OULIANOV, dit 119, 266, 309-310, 314
LESSIG, Lawrence 134, N8
Lettonie 242
Libye 163
Liège 301
Lisbonne 242
LI TONG-TSUN N37
Lituanie 242
LOCKE, John 36, 304
Londres 301, 305, 323
Los Angeles N8
er
LOUIS-PHILIPPE I 185
LOUIS VIII LE LION 155
LOUIS XIII 91
LOUIS XIV 22, 32-33, 81, 86-90, 92-93, 160, 194, 236, 279-280, 282,
300, 305, N3, N6, N12, N12, N14
LOUIS XV 23, 93, 158, 160-161, 300, N2, N10
LOUIS XVI 24, 158, 161, N2
LOYSEAU, Charles 86
LUO YING (pseudo de HUANG NUBO) 271, 274
LUTHER, Martin N7
Lyft 61
Lyon 299, N6
OBAMA, Barack 27
Offices et officiers 23, 51, 74, 81, 83-100, 102-104, 111-112, 132, 134,
137, 144, 158, 168, 173, 190, 207, 210, 212, 214, 217, 219,
222-223, 236, 245, 262, 283, 296, 299, 308, 342, N5, N14
ORBAN, Viktor N12
Ordres sociaux 44, 46, 142-143, 145, 148, 167, 169, 178, 189, 199-
200, 202-204, 220, 227, 247, 249, 251-252, 258, 266, 273, 277,
285-287, 329, 334-335, 339, 344-345, 349, N2, N3
Orléans 156
ORLÉANS (maison) 33
ORLÉANS, Philippe II, duc d’ (Régent de France) 93, N6, N10, N12
ORMESSON, Olivier III LEFÈVRE D’ 96
ORTF 75, N12
ORTOLEVA, Peppino 70
OTAN 228
Ouganda 165
RAFFARIN, Jean-Pierre 26
RAWLS, John N8
RAWSKI, Thomas G. 253, 263-264, N5
RDA (République Démocratique Allemande ; Allemagne de l’Est) 35, 114,
233-234, 238, 240
REBUFFE, Pierre 157
REMBRANDT. Rembrandt Harmenszoon VAN RIJN, dit 294
Renault 216
RETZ. Jean-François Paul de GONDI, cardinal de 94
RICARDO, David 39
RICHARD, Scott 191
RICHELIEU. Armand Jean du PLESSIS, cardinal de 87, 299, N24
ROBERT II LE PIEUX 154
ROBESPIERRE, Maximilien de N8
ROBINSON, James A. 123, 176, 180, 189, 191, 206, 273, 285, N12,
N16, N17
ROCHE, Daniel N15, N17
RODDEN, Jonathan N15
ROGER, Patrick N23
ROMANOV (dynastie) N18
Rome (ville et traité) 133, 229
ROSENBERG, Nathan 64
ROSENTHAL, Jean-Laurent N7, N9
Rouen 299
Roumanie 242
ROUSSELET, André 74, N13
Royaume-Uni 247, 324, N12
Russie 39, 229, 231, 233, 235-239, 298, 309, 312-313, 315, 320, 329,
333, N7, N11
Rwanda 165
Saint-Denis 159
Saint Empire romain germanique 109, 292
SAINT-SIMON. Louis de ROUVROY, duc de 22-23, 34, 36, 92-93, 160, 259,
279-282, 284-285, 317, N12
SAKHAROV, Andreï 314
San Francisco N8
SARKOZY, Nicolas 25-26, 76, 103, 209, N5
SCHUMPETER, Joseph Aloys 45, 135, 142, 170, 173, 176, N7, N17
Seattle N8
SEN, Amartya N8
SÉVIGNÉ. Marie de RABUTIN-CHANTAL, marquise de 96, 281
SHAKESPEARE, William 14, 294
SHANG YANG 259, N11
Show me a hero (série) 286
SHULGI 290
Silicon Valley 40, N1
Slovaquie 242, N15
Slovénie 242
Smartphone 55, 66, 68-69
SMITH, Adam 29, 37, 112-114
Socialisme 35, 46, 114, 119-120, 164, 187, 202, 228, 231-232, 235-
236, 250-251, 268, 274, 276, 311, N8, N17
SOLJENITSYNE, Aleksandr 312, 314
Somalie 163
SONG (dynastie) 261
Sony 67
SPEER, Albert N34
STALINE. Iossif Vissarionovitch DJOUGACHVILI, dit Joseph 266, 314, 326
STARR, Paul 305, 307, 323, 327-328, N11, N12
STIGLER, George 112, 137, N6
STIGLITZ, Joseph N8
STUART (famille) 36, 302, N1
SUÁREZ, Francisco N7
Suède 208, 241
Suisse 208, N5
Sumer 290
SWIFT, Jonathan 306
SYDNEY, Algernon N11
Syndicat 26, 98-99, 101, 104, 118, 124, 139, 175, 207, 214, 218,
223, 233, 340, N10, N20, N24
Syrie 163, 167, N23
Syriza 176-177
Uber 44, 54, 56, 59-61, 64, N1, N6, N7, N8, N9, N12
Ukraine 240, N11
UNDERWOOD, Claire 14
UNDERWOOD, Frank 14-15
Union européenne 34, 176-177, 227, 229, 231, 237-239, 241-248, 308,
331-334, N5, N19, N20
URSS ou Union soviétique 35, 165, 230, 232, 234, 268, 312-314, N11
Uruguay 210
WALLIS, John Joseph 142, 147-150, 153, 163, 173, 176-177, 179-180,
183-184, 186-188, 192-194, 210, 227, 239, 272, 284, 292, 345,
N5, N12, N17, N18, N28
WASHINGTON, George N28
WEBER, Max 1, 37, 46
WeChat 273, N32
Weibo 273, N32
Weimar 246
WEINGAST, Barry 142, 147-150, 153, 163, 173, 176-177, 179-180, 183-
184, 186-188, 192-194, 210, 227, 239, 272, 284, 292, 345, N5,
N12, N17, N18, N28
WELLES, Orson 66
Whig (parti) 31, 94, 303, N1, N12
WILDER, Samuel dit Billy 285
WILLIAMSON, Oliver Eaton 148
WU, Tim N8
XI JINPING N38