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Dans le contexte actuel des révélations de l’ampleur des abus sexuel commis par les
prêtres en Suisse depuis 1950, mais aussi des abus d’autorité dans les communautés
nouvelles, il est difficile de parler de miséricorde, car trop souvent nous avons une
conception faussée ou insuffisante. Pour beaucoup c’est simplement effacer les
fautes, les actes mauvais et les péchés. Or la miséricorde implique un cheminement
long et lent et passe par la vérité, la justice (et donc la réparation), le pardon et la
réconciliation, pour découvrir l’amour et la paix que seul peut nous donner Dieu.
= MISÉRICORDE
• Justice (2) : C’est le cœur accordé au cœur de Dieu ; elle dépasse la justice
humaine nécessaire pour prendre conscience de la portée de nos actes mauvais et de
leurs conséquences2. Il n’y a pas de pardon sans justice, ni de justice de Dieu, sans
amour. La vérité de nos péchés, de notre mal, germe de la terre, et du ciel se penche
la justice du cœur de Dieu, accordée au cœur renouvelé de l’homme (Psaume 85(84),
12). Jésus, en posant par trois fois la question à Pierre : « M’aimes-tu plus que ceux-
ci ? », lui donne l’occasion de se réconcilier avec lui-même et avec Dieu, en
réaffirmant le fond de son cœur : « Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je
t’aime » (Jean 21, 173). Dans le cas des abus sexuel (pédophilie, viol, …) c’est la
justice civile qui doit intervenir en premier. L’autorité ecclésiale doit soumettre à la
justice civile les cas. Dans le cas des abus d’autorité c’est les instances d’engagement
professionnels qui doivent intervenir en premier (l’instance d’engagement du
personnel (RH, justice de paix, syndicat). Dans les cas d’abus spirituel c’est une
commission diocésaine (à créer) qui doit intervenir.
Bien souvent le prédateur de pédophilie n’est pas conscient de la gravité et de la
portée de son acte, car il a encore une conscience d’enfant et se situe dans
2
Particulièrement dans le domaine des abus, il est nécessaire et indispensable que celui qui a commis un
tel crime soit jugé par la justice civile, seule à même de prendre en compte la douleur, la souffrance et les
dégâts, souvent profonds et durables, occasionnés chez la victime.
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Voir note 1.
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La cheminement de la miséricorde
l’innocence enfantine. Il faut lui donner l’occasion de sortir de son infantilisme pour
prendre conscience de la gravité de ses actes.
Dans ces cas d’abus sexuel et d’autorité, la réparation est très importante. Le plus
souvent les victimes sont atteintes profondément dans tout leur être et ont besoin d’un
long chemin de prise de conscience, de guérison, et de pardon (accompagnement
psychologique et/ou psychiatrique, médicalisation pour la dépression, … cela coûte et
n’est pas remboursé par les caisses maladie). L’idéal serait que la victime puisse
rencontrer son prédateur (cela demande une préparation et une médiation) Ou du
moins que le prédateur rencontre une victime. On appelle cela la justice réparatrice
qui permet au prédateur de prendre conscience de la gravité de ses actes et donc
d’amorcer lui aussi un chemin de guérison et de pardon.
La victime comme le prédateur ont besoin de guérison et de pardon.
Pour la victime pour passer de la vérité à la justice, elle a besoin d’être écoutée,
accueillie, prise au sérieux pour que la vérité puisse éclater avant d’être soumise à la
justice civile puis à la justice religieuse.
La justice religieuse doit aussi reconnaître la vérité des actes commis, d’une part pour
prendre en compte et au sérieux la victime et d’autre part envisager les sanctions
adaptées et nécessaires pour le prédateur (suspension, envoi dans un monastère, …).
Dans l’Église catholique nous distinguons le for externe, qui est une relation
d’autorité du for interne qui est la relation personnelle de chacun avec son Seigneur et
son Dieu, dans une liberté intérieur intangible.
Cette distinction est capitale pour éviter toutes les formes d’abus, spirituels, d’autorité
et sexuel. Toutes les déviations des communautés nouvelles dénoncées ces dernières
années ont leur origine dans cette confusion.
• Pardon - réconciliation (3) : Alors le pardon peut nouer la gerbe pour réconcilier
l’homme avec lui-même, avec les autres, avec l’univers, par le pardon de Dieu. Le
signe de cette réconciliation est la paix intérieure retrouvée et agrandie. Pierre reçoit
une nouvelle mission : « Sois le berger de mes brebis » (Jean 21, 17), pour
représenter Jésus, l’unique berger (Jean 10), en faveur de l’unité de l’Église naissante.
Ce pardon est un processus qui prend du temps et passe par différentes étapes4.
Ce pardon est très difficile pour la victime et ne peut se faire sans accompagnement
adéquat. Ce processus est encore plus difficile pour les victimes, dans les cas d’abus
sexuel où le corps est impliqué et blessé. Ce corps et tout l’être garde les traces
conscientes ou inconscientes de l’abus perpétré et demande le plus souvent un suivi
psychologique, voir psychiatrique pour être guérit. Le souvenir de la blessure doit se
transformer en souvenir de la présence guérissante et aimante de Jésus-Christ
toujours présent en nous et avec nous qui a subi avec nous ce traumatisme. Cette
découverte ne peut se faire que dans une relation personnelle avec Jésus-Christ qui
nous aime tel que nous sommes.
Pour les abus spirituel et d’autorité c’est aussi un chemin de guérison qui est
nécessaire, à la fois psychologique (si nécessaire) et psychiatrique, professionnel
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Jean Monbourquette, Demander pardon sans s'humilier, 2004, Novalis/Bayard, Montréal/Paris ; Comment
pardonner ? Pardonner pour guérir, Guérir pour pardonner, 2011, Novalis/Bayard, Montréal/Paris.
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La cheminement de la miséricorde
Ce chemin de la miséricorde : vérité => justice => pardon => amour et paix =
miséricorde demande encore un approfondissement pour l’appliquer concrètement :
Pour les abus sexuel (pédophilie, viol, attouchements, …)
Pour les abus d’autorité (perversion du service en pouvoir)
Pour les abus spirituel (dépendance spirituelle et de volonté, fausse obéissance,
soumission au discernement externe, conseils déplacés et non avisés, … )
Il s’agit d’approfondir les racines de ces comportements déviants afin d’une part de
mieux les identifier et donc les prévenir et d’autre part d’aider ceux qui ont commis
des abus sexuel ou d’autorité à cheminer vers une guérison, et une conversion pour ne
plus en commettre.
Le plus souvent les actes déviants ont une origine dans des blessures (manque
d’amour, de câlins, d’attention, de reconnaissance, …), des actes déviants (viols,
abus, …), dans l’enfance jusque dans le sein maternel et la jeunesse.
Ces actes déviants ne naissent pas spontanément sans origine, mais sont la
conséquence d’une méconnaissance profonde de soi, de son passé, qui n’est pas
suffisamment connu en profondeur (inconscient) et donc pas assumé (accepté et
guérit). Là également il y a tout un processus à entreprendre en Eglise.
En d’autres termes même si l’Eglise est responsable de l’aspect systémique de ces
actes à cause de la manière dont elle a traité les cas pendant des décennies en les
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La cheminement de la miséricorde
mettant sous la table (en les cachant), le changement dans ce domaine ne suffit pas
pour éviter ces actes à l’avenir. Une étude plus approfondie (médecin, psychologue et
psychiatre) des cas individuels est indispensable, pour mettre en lumière les racines et
leur influence sur l’individu. Pour l’instant cette recherche sur les racines de ces actes
déviants a de la peine à commencer à ma connaissance5.
Reprise du livre « Les cinq doigts de la pastorale et de la bonne gestion d’une équipe
pastorale », p 48-50 retravaillé et amélioré BS du 21 au 26-09-23.
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Voici quelques articles sur la question : https://www.disno.ch/wp-content/uploads/2017/07/155-Comment-
soigner-la-p%C3%A9dophilie-Journal-La-Croix-12-avril-2016.pdf
https://www.letemps.ch/sciences/pedophilie-difficile-quete-dune-origine-biologique
https://serval.unil.ch/resource/serval:BIB_S_31046.P001/REF.pdf
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/09/28/pretres-pedophiles-le-celibat-aux-racines-du-
mal_5361297_3232.html
https://www.journaldemontreal.com/2019/02/21/on-ne-nait-pas-pedophile-on-le-devient
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