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Traité de Porphyre, touchant

l'abstinence de la chair des


animaux , avec la Vie de
Plotin par ce philosophe, et
une [...]

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Porphyre (0234-0305?). Auteur du texte. Traité de Porphyre,
touchant l'abstinence de la chair des animaux , avec la Vie de
Plotin par ce philosophe, et une Dissertation sur les génies, par
M. de Burigny. 1747.

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PREFACE.
'Ouvrage dé Porphy-
re touchant FAbfH-
nence de la chair des
-Animaux nous a paru fi fin-,
gulier & H di8;ne d'être lu
que nous avoi~ crû employer
ucilemenL notre tems, en-mec~
tant. ce Livre à portée d~cre
connu de tout le monde.
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homm<s&
~ç..le~q,ty..
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Le projec de ita-~n~ec

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~ï~ pËiiir~~
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~ns ~ac ueHg t~ n~ cr~~
p~ Me e g~t~
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grand .unau-c
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pMOtH'ta. p~
f€<St:tpn. ~,jm ')-)-
Ce~ qm~copq-ed~~
opinions remues, prec]K;ta~c
pour être Cnguhefs ~n~
fbuvent en ?t,rc dignc~ :<t
~n-
ceux qui s'elotgne~t ~es
timens ordin~res dansÏe~C.
fein (le rendre te& honto~
plus ~ges ~méricenc qu'on
leur donne audten,cc..
C'etoit cett~nem~.nt
tention de .Porp~d~
l'Ouvrage dcl~~taen~~
us p~~4~
dont
on
d~nne~I~~P~

ne
~m~e~dë!nimf-
~eë~fô~e~
~P~~e'~S~'Q~ë' ~tS-

~H~
f~mp~e de par~dox~, dans

~RaM~d~~f~Hnemens
d~ àits
~j±r~'d6
~dp~e~ cta~!ques
~ë ~di-
~ehÂ~e~ d~
'i~ph~S?n~"t& hatÏL
1&nëë'~e tc"p~~ des opi-
~<m /St!e~o-
rd~. Ce~m~ m'f contre
~ùer â~~o{&nce ae l'ef-
~n~hut~M~eMe a m~me au-
Mht d'menc pour ceux
~r~ -~l
qui~ï~ent Jt
penfer, que !a
la.
ie~e'~MiHotfe, dont le
r@Mc~ ph&&<jM<;bn~re ~&
QM~S ~caitN~MOC~~ta~
(aa~'ïïMcettaiBïï~frin~o~
~Gen~c~~ïa~
.~IcDndn~
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pM~€ ~)<,
LTAMi~ic~ <ce~~
~Q:imc. HoMtenius
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c~~TT~iœ (S~~gp~~
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I~pâi~q~pat ce~~e Tra~
4w~9~~o ~~a!<~t~ avo~
qwtn~ ~e~~Baa.Œya~. idce.
~c~ouïM qn&Ma~c ccn~

( ~) 6orphy~TE!Q~o~e Py~ia~
~p~~qn~~
SattC~~r~~e~s~ébres deFAn.
le f~
~C~~
traduit du Grec par
~~1,
~r~B~ ~'X.Pa~ cj~
de Mau~

Bt~j~, de
~oj~a~ ~ï&~è~on
M~ ~il~$S!~ â~6~ <?
&~A&~ ~~u~ë~
d~~ ptâ~~ ~ës.
phf~e~tSa~ iÀi~~I~Mè~H
M~ ~ê~a~
le Mxc~âë Pc~b~~àM
ptas~ran~~p~ ~6~~s.
~uces qu~
~napéch~
pù~ ptc~~
o~
~)~i~q~Ô~'Àe

un tcns fuivi & qu'on ne dë~


couvre p~~te~ni toû~e
que I~A~cur a.'
~d~u'
appre'~re. ~v~
M~heK~ (
l,

D~vi~

c (~)i K~GnBc.j 4~ <P"


~8~ C~/c iLcr le 4. ch~ d<CiIa..S. j~
d~mMiQ~' -)
Tb~B~ p~~pieM p~MM
die ~n~f ~{E~;M ?tM
ne~~ ~u~'MFigM ~pp~~
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n~~un~ïneM moK~es
~rpfi~ ~ya<nc ~mb ~@n~
pâ ~@ leu~ p~Mnc~
fe<,
~y~s ~i9! k tr~
Np~$
~u~ion Vi~ Placm
par Porphyre an T~icé do
iAbfU~e~e~ yc.~ d~ c~~
te vie b~âuçoHD d~ fai~t. aux
3 .<
ont rapport à rHi~rc d~
~y~Y~
Pp~hyr~ ~a~~$ P~i~
€& ?1~ ~m~ excT~
ordinaire~ que Ton ne peu~
trôp examiner lorsqu'on veuC
approfondit- l'homme & c'e~
une levure digne d'un Phi-
lofophe, devoir' comment un
homme tel que Plotin a ecé
reprefence par un homme du
c~ra.(~ere de Porphyre.
Ce recueil 6nit par une diC-
fertation fur les Génies. Cet-
te matière ~i~bic un des prin-
cipaux objets de la (pécule
tion de Plotin de Porphyre
& des aucres Philosophes
qut
écrivoient vers la n du Pa-
ganifme. C'eâ ce qui nous
ait prendre la retoluîion de
l'éclaircir.
Nous avons mis a la têcc
de ce Volume une vie de Por-
pby4p~ ~is~e~ôt~
r~jt~c~i~M bp j~L~ j~h~
~nç~a ont âppT~'dë
c~f Ph~Hotbphp. L'expënc~M
~p~~r~oir qu'oit li~av~
p~~ ~e;p~Ïmnn Ouvrage~
q~ oï~rconnoîc ton Au~
teur. D~Ujeur~ il n'e~ per~
~8~) qu;ine prenne mrërêc

d!
a, ~yie ~ua~~cmme célèbre
~ût~guUer. 1'.
V 1 E
D E
PORPHYRE
Orphyre nous apprend lui:
même (~) qu'il étoit Ty<
nen. Longin Libanius,
Eunape fuppofent qu'il eft né a. Tyc
caphate de ia P hénicie. Ncan<
moins Saint Jérôme & Saint Chry-
~bfton~e ont prétendu que Baca-
née Bourg de Syrie étoit fa Patrie.
C'eft pourquoi ils l'appellent Ba.
taneote ce que quelques-uns ont
€r& avoir éc~ die p!ûcôc par for-
me d'injure que pour indiquer
~) Vie de Plotinc.7.
îe lieu de & ïîaif&nce on peut
voir fur ccb~conjed~fes~Hot-
ûenius (~)trop Soignées de !a vrai-
femblance pour devoir être r~Lp-
porcées. Le vrai nom de ce Phi-
lofophe étoit Malc qui en lan-
gue Syriaque fignifie Roi. Longin
le lui fit quitter, 6~ t~ngagea a\
prendre celui dePorpbyie~ qui a
quelque rapport au terme de Roi,
parce que l'habillement de pour-
pre écoic réfervé aux Rois & aux
Empereurs.
Il nacquit la douzième année
de l'Empire d'Alexandre Sévere,
c'eA-à.dirc, Fan 133. de rEic
1,
Chrënenne(~).Il ëtoic d'one &mil"
le ditlinguée. 11 paCa fa )cuneGë à
voyager dans le dc~ein de faire
connoiGance avec les hommes de
(M fiécle qui avoient le plus de
repucacion d'habilecc, & de pro~
fiter de leur dodrine..

(~ Dt
~) Eunape.
~cr~ Porph. C.
Il avoic été Cbréden fi on
en Cfoic FHt&or~en Socraie qui
~ute quc~ Porphyre renoc~ au
CM~iani~ne de coÏëre devoir
eeé Œa.ltra.ice p~r quelques Chré-
<iens Cé~rëe en P~IefUne mais
ce &ic pour êcre crû, auroir bc-
~OM~ d'être ~creM
par un garant
plus a po~rrce de le ravoir, que
Soçrate. Ce qui eA conûanc, c'eit
~it eu de grandes Haifons avec
les Chréctens. Vincent de Lërins
( ) précend avoir lu dans les
Ouvrages mê<nc de Porphyre
que ce PbHo(ophe ayanc oui par<.
l~r die i~ grande repurauon d'O-
~eMs aUa crouver a Atexan-
drie.Eo&bc~) nous a conserve un

(«) ~f M~~<M t~~KJ < Po~M-f~ CX-


d'~WM~f~~A ~~wjff Qy~ew~ ~/e~tM~<<MM,
yere~~cxHM y~T~x~ ~~w c«M f~~
~M~ ~/C~t Mn~MM~Ke f~MW qui
a~
MC~t
~M~ y~w~ coM~~)~ Vincent.
maen~s. Li-

(~) ~u~ebe m&. EccL t. 6. c. t~. Mp~.


J5~ Vied'Ou~ c. X. t. II. p ~oy.
paffage fort curieux de Porphyre,
dans lequel nous soyons ce qu'il
penfbic d'Origenes. II y en a. eu,
1,
di~bic-il,qui ne voulant pas aban-
adonner les écritures des Juifs,
':mais voulanc feulement répondre
aux raifons par lesquelles nous
~les combattons, y cherchent des
M
explications forcées, qui ne coa<-
» viennent point du tout à la let.
tre mais par ce moyen ils ont
plucôt fait admirer leur efpric
M
qu'ils n'onc foutenu l~utoricé de
M ces écritures
écrangëres car ils
M nous font des énigmes des paro-
M
les de Moite les plus claires 6&
les plus (Impies ils- les relèvent
M
M comme
des oracles divins qui
couvrent de grands my&ëres $ &
o après avoir comme enehantë tes
M
efprits pa.r cette vaine o~enta-
M cion de'ngures 6c d~vërïtes ca.
Mchëes~ils les trompent par les
M
rauCes explications qu'ils leur en
donneni.On peuc voir cette con.
~duice ~ansun homme que jaia
connu, lorfque j'étois encore fort
M Jt:une & qui ayant acquis une
M grande eSHme durant fa vie l'A
M conservée encore après Sa mort

par les livres qu'il a compotes


M
j'entends Origenes, dont le nom
eA fort célebre parmi ceux qui0
M
font prorefnon d'enfeigner cette
» dodrine. II a été difciple d'Am-
M mone
le plus habile Philofophe
de notre rems & il a trouvé dans
M
lui un grand avantage pour s'a.
vanter dans la Science. Mais il a
eu le malheur de s'engager dans
M cette
Sec~c barbare ôc arrogance.
M Ayant
fait naufrage courre cet
ecueil, il corrompit tout ce qu'il
~yavoic d'excellent,cane dans fa
M
perfonne,que dans fa fcience,par
M
le mélange qu'il vou-loit, faire de
M
laPhiIoSbphie avec le ChriSUa.
nifme;car menant une vie Chrë<
Mtienne contraire toutes lesLoix,
M il Mvoic fur 1<L Divinifë ô~ fur
m~ « J
M tout le re~e le fënnment de$
Grecs, qu'itcouvroit néanmoins
M par les Fables de ces Barbares.
M 11
li~oit (ans ceûë les écrits d~
Numenius.de Longïn ~c des plus
M
habties Pyrhagoriciem. Il ~i~oit
M
auΠu~age des Ouvrages deCho<-
f rémon k Stoïcien de Cornu*
z té & ay&nc appris par cette ëtu-
"de la mamére d'expliquer ~e
d'entendre les My~ëres des
Grecs, il ks applique .aux Ecrb-
ae tures Jud~qocs. a:
A ce di&ours H n~e& pd~ di&
~cile de reconnoiorc un <M~
mi déclare de la, R.eHgion Chrc~.
tienne, dont les dccHlons outrées
& parnates ne doivent raire au<
eucc ï~ pfeSIon~ 0~ ïgnore 61~
connoiCance de Porphyre avec
Orige~es a prëcëde ie preMier
voyage de ce Phtiofophe a R.o<
me. Il ~lia dans ceccc capitale
du Monde (~) à l~cede viogc an~
'~ViedcPlotinc.~ l
I! y re&a peu cette première fois.
Après y avoir fait une courte ré-
Hdence il alla étudier à Athè-
nes fous Longin, Khëreur le
plus eAimé de fon nécle. Ce que
le cem$ nous a confervé de fes
Ouvrages jufUne l'idée avan-
tageuse que1, les contemporains a-
voient de lui. Ils difoient (a) qu'il
avoit une Science parraice de tout
ce qui regarde les belles-Lettres
& la rhétorique ils rappel-
loient un trcfbr de fcience, & une
bibliothèque vivante.
Porphyre fit de fi grands pro~
gr~s tous cet excellent Ma~re
qu'en peu de tems il devine l'hon.
Dcur de cette Ecole.
Nous avons dans Eu(ebe (~) le
fragment d'un Ouvrage de Por-
phyre dans lequel il fait l'hif<
toire d'nne F&tc que donna Lon-

(a) Eunapms t/M Po~A.


~) Prep.EvMg. 1. X. p. 4~4.
A ni)
gin pour célébrer le jour de la
naiSance de Platon. Porphyre y
écoit. Ils écoienc fept en cour. La
converfation ~oula pendant le re-
pas fur des matières gavantes.
L'on y prouva qu'Ephore Théo-
pompe, Ménandre Hypéride
Sophocle même avoient été des
plagiaires:
La Grammaire ire ôc
& !a Rhécori.
la Rhëcori-
que ne fuffifoient pas, pour oc.
cuper tout entier un homme auf.
t avide de ravoir que Porphyre.
H fit fon fecond voyage à Rome
à rage de trente ans la douziè-
me année de l'Empire de GaIIien~
c'e~-a~dire, au commencement de
l'an 16;. de J.C. Le célèbre Plotin
y tenoic alors fon école. Il paffoit
pour être le premier Philofophe
de fon tems fa plus fublime Mé<
taphyfique ôelaïhéurgieécoient:
les principaux objets de fes études.
On appelloit Théurgie, la fcience
qui apprenoit les diverfes c~pé<
ces des êtres intelligens la fu.
bordination qui ëcoic entr'eux
le. culte qui leur ëcoic du, 6c les
cérémonies néceffaires pour s'u~
Ylir intimement avec eux.
Porphyre n'eue pas plutôt vd
Plotin qu'il fe propofa d'acqué-
rir i'âmicië de cet homme illuf-
tre & bientôt le difciple eut
l'eftime & la confiance de fon maî<
tre à tel point, que Plotin char.
gea Porphyre de répondre aux
ouefHons qu'on lui raifbit, & lui
donna, fes Ouvrages (a) pour qu'il
y m)t la dernière main. Ils demeu-
rerent près de fix ans enfemble.
Porphyre qui étoit fort fujet à la
mélancolie (~) s'en trouva telle-
ment ratiguë que Plotin lui con-
feilla de voyager pour la difliper.
Dans les accès de fes vapeurs il
lui prenoit un fi grand dégoût de

(a)Vie de Pioun c. 7.
(~) Ibid. c.
la vie, que pluueurs fois il fe fe-
rcic donne la more, û Plotin ne
l'en eue détourné. La Philoïb-
phie de ces Platoniciens infpiroit
un grand mépris pour la vie. Leur
~y(tême étoit que quiconque af-
piroit à la fageSe dévoie renon-
cer à tous les plaifirs des fens
que nous étions dans un ërac d'é-
preuve, dont il falloit fortir, pour
pouvoir être heureux. Quelques~
uns ëcolenc persuades, qu'il éroit
permis a chaque mortel. de hâter
L. rëunion de fon âme avec cet~
le des esprits. Porphyre., fuivanr le
confeil de Plotin Sortit de Ro.
me quinziéme année de l'Em.
pire de<ja!Hen fur la fin de l'an
~6~. de J. C. Il alh en Sicile &n
Cap de Ulibëe pour y raire con-
DoiHance avec Probus, qui y avoit
une grande réputation. Eunapc
prétend que Porphyre fut long.
temps en Sicile, ne faifant que ~bu"
pircr;i qu'il ne prenoit point de
honrncure~e qu'il ne voulok voir
erfonne que Plotin en ayant éfë
inEormé~ craignant qu'il ne vou-
Mc mourif paJ~ en Sicile, où il
eut des conferences avec Porphy.
re, qu'il déceriuin~a confentir de
vivre. Eunape ajoute, que Por-
phyre avoit écrit i~ conversion
iqu'~I avoit eue avec Plotin à ce
fa}ec. Mais a-Harément ii y a de
la confufion dans le récit d~Eu-
nape. Car Porphyre lut-même (~)
en dit ~ïez ypour donner lieu de
tToife qu'il pas revu Pt<)tt~
depuis qu~il étoit parti poar la
Sicile.
Ce fut pendant qu'il y ccoit,
qu'il compofa fon fameux Ou-
vcagecootfede Chrifiianifme, qui
a~ndu fon nom C odieux dans
t'EgîMe. tl nours a appris (b) qu~H
a,voic étc à Caichage 6c il y

.~t~JE~n c~i~
)
(~) De 1. ill. c.
apparence que ce fur pendant qu~H
croit en Sicile, qu'il prit la réfo.
lu don de voyager en Afrique. Il
ne retou rna a Rome qu'après là
mort de Plotin. Il y paria fouvent
en public avec beaucoup d'ap<.
plaudinement. Il avoit un grand.
nombre de difciples qu'il trai-
toic avec douceur bonté, ôc
pour lefquels il étoit fort commu-
nicadr. Jamblique eft celui oui
lui a fait le plus d'honneur. Un
intime anu de Porphyre écant
~ort, 6e ayant laiSc une veuve
appellée Marcelle chargée de cinq
cnfans il l'ëpoufa afin d'êcre
a portée1, de donner facilement de
Feducacion à fes enfans..
Onn'e0:.pa5 fort inAruic des
dernières actions de fa, vie. On
f~ait qu'il a vécu plus de Mxan-
.te 6c huit ans mais on ne ~aic
pas précifément quand il eft
mort. L'opinion commune ~) e(t
7 1..1 r..
(<t)EuMpe.
qu'il a fini fes ~ours à Rome. Ce-
pendant S. Jérôme prétend qu'il
a été enterré en Sicile.
Porphyre (avoic presque tout
ce que Fon pouvoit favoir dans
le 6ec!e où il vivoic. Il ponedoit
les beiïes-Letrres, rHiftoirc, !s
Géomécrie la Mufique. Il >ex<
celloit fur rout dans la Philôfb~
phie de ce tems là qu'il enfeigna.
de vive voix a,u~i bien que par
un grand nombre d'Ouvrages. H
a. fait une prodigieufe quantité
~e livres, dont on peut voir les
titres dans Hot~enius, d~ns Fa-
bricius dans M de TiHenionc
(4,). On y, dëurerotcJbuvenc de
l'ordre & de la. clarté. Ces perrëc-
tiens & trouvent ràremenc dans
les ouvrages philo&phiqucs~~ur-
tout dans ceux du Aécle de Por-
phyre< On 1'~ accuïc de s'êcre
quelquefois. contredit mais il
eA louable de changer de fend.
(«) Vie de Dtodctien Ait. ~o,
mens, lorfque de nouvelles ré..
flexions font appercevoir que l'on
.s'eA trompe.
Ses plus célébres Ouvrages font
le Traité de abfHnence des vian-
des, "dont on donne ici la. cra<-
dudion & le Livre contre les
Chreciens. Il ëtoic divïfë en qum-
ze Hvres. On n'& rien fait de plus
fubtil 8c de plus d&ngéreux con-
tre la: Religion. De coas les A~
teursprora.neS) Porphyre e~ celui
qui avoit lû nos Ecrivains (~) f~-
crés avec le plus d~pplic~tton
dans le deSein d'y trouver des
arnica, poor les comb~rre~
pour ie& décrier. Ïl~ë v~nco~c d'y
avoir cronvé on grand nombre
de toncradicëons<PMeurs PeFes
entr~pMrenc de le r~cer. Leurs
ouvra~ges~ y de jnAme qae cctu~
Porphyre, ce &M~enc pl~s. H y
quelques -années qoe fonpréccn~

TiIIem. ~tt. ~i~VM de D($c~)~n~


doit (a) qu'il étoit à Florence dans
la Bibliothèque du grand Duc
mais ce fait ne s'e& pas vëriSë.
Ce Livre a. rendu le nom de
Porphyre fi odieux que la plû-
part des Anctens ne parlent pres-
que point de lui, fans couper que!-
que cpichëte nëcriSante~ q~i de.
~igne l'horreur qu'ils avoient de
~es blasphèmes. Il parole que
Constantin fit quelque Edit îe-
vere contre fa mémoire & fes
écries qu'il ne brûier ôc vou<
lant donner aux Ariens le nom
le plus injurieux, il ordonna qu'ils
feroient appellés Porphyriens.
Mais quelque dëce(të qu'il ait été,
il y a eu quelques Péres, & même
des plus célèbres, qui ont rendu
juftice à fa Science 6c à fes talens,
Eu&be ne craint point de l'appel.
1er (~ un admirable Théologien.

<~t~~
~) F~r~MJ Jc/c~. ~4r~M~<. p. i
(~) PMp. Evang. 1.IV. p. 1~7.
<t<MO~.
S. AugufHn le qualifie d'homme
de beaucoup d'cfpnc, & du plus
habile des Philofophes (~).
S. Cyrille le fameux Boéce
J
partenc (~) de fa fcience avec beau<
coup d'éloge M. de Tillemont
C réservé dans les louanges qu'il
donne à ceux qui ne pen(bienc
pas ortodoxemenr, dit (c) qu~Por-
)hyre étoit le plus célèbre de tous
es Payens, qui ont ccr~c du temps
de Dioclétien.

(~)AucuAin.de civit.Doi 1. 7. c. y. PM/o/o-


J)~M~ M~ï. 1. ï~. C. 11. De~~MMMM!PM/O/e*
phorum <~ non ~t~OCr~ <M~M< AcM~e~t
(~ He/~cM~c. ï.
(c~V~ de Diocletien Art. ~8.
TRAITE
DE
PORPHYRE
Touchant t'a ~iinence
des Animaux.
~S~~MJf.

LIVRE P.-REMIER.
Yant écc informé (~)
que vous~ condamniez
i
-j-
ceux qui renonçoienc
j~ la viande, a-& que vous
Fufage de
recommenciez en manger, j'ai

{<t ) Porphyre adre~e cet Ouvrage a Finnos


d'abord voulu en dôuier~parcs qce
votre fobfictë m'eA connue
que d'aiïie~fs ~e fai&is teHëxion
au refped que je vous ai infpi-
rê pour ces hommes R.e!ïgieux
de~rAQdquicc, qui ont etë d'un
fentiment contraire mai~cecce
nouvelle m'ayant efé confirmée
par ptuÛeuM personnes )'ai crû
qu'il ctoic plus convenabte-de
convaincre votre efpnc que de
vous faire une (oh'eAioo quoi
qu'a la yerite jvotfe conduite
m'y ait autorifé car pour me
ïervif d'~ae eKpi~Eo~~&ee~cn
ne peut pas dire que vous ayez
abandonne le mauv~M chenDin~
pour entrer dans la bonne voie
ni que votr~ ctmveiù ge&re de
vie foit plus païrdit, qu ceM que
vous avez abjuiré, poor me &r<

CaAncius
ce grand am! de Ploon, dont H
eft parié avec beaucoup <T~oge dam la vie
~e ce Philofophe.
vir des termes d'Empedocle mais
il m'a. paru plus conforme à no.
tre ancienne amitié de vous prou-
ver clairement que vous êtes
dans l'erreur depuis que vous
avez changé de Sentiment. Je
pourrai par-la être utile à ceux
qui n'ont d'autre objet, que celui
de connoître la vëritc.
IL En faifant réfléxion fur les
caufes de votre changement je
n'ai eu garde de l'attribuer à la
nëceHite de conferver votre fan-
ré & vos forces ce font des idées
populaires indignes de vous car
lorsque vous viviez avec nous
vous conveniez vous même que
FabfHnence des viandes concri~
buoit à entretenir la fanté &
1,
que fans avoir recours à cette
nourriture,on étoit en état de fu p-
porter les travaux auxquels obli-
ge l'exercice de la Philosophie,5
& l'expérience vous l'apprenoit.
Vous êtes donc revenu à vos pre<
miers désordres, parcet F que vous
vous êceslai~ déduire, ou parce
que vous avez crû qu'il étoit m-
diSerenc a.uSage de donner lâpre<
férence i un genre de vie fur Fa~
ire, ou enfin par quelque autre
raifbn que j'ignore car je ne pui?
pa.s croire, que l'intempérance ÔC
îa. gourmandife
vous ayenc porté
a cet excès de méprifër les loix
fondamentales de la Philosophie~
à laquelle vous avez été attaché.
Je n'Imagine -pas que vous ayez
moins de fermeté que des gent
ordina.ires,qui€C~nt convaincue
qu'ils avoient eu tort de manger
de la chair des animaux ie fe..
roient plûtôt laiffés mettre en
pièces, que d'en faire leur nour<
riture, & n'auroienc pas. eu plus
de répugnance à manger de la
chair humaine, que de celle de
plufieurs animaux.
III. Mais dès que je fus infor.~
înfor~
mé par ceux qui reviennent de
votre Province, des argumens que
vous employez contre ceux qui
s'abfUenneni des viandes je ne
~ne contentai pas d'avoir pitié de
vous,e je fentis des mouvemens
d'indignation, de voir que féduit
par de frivoles fophifmes vous
ayez entrepris de détruire un dog-
me ancien approuvé par les
Dieux mêmes. C'eA ce qui m'a.
fait prendre la résolution d'ex-
pliquer notre Doctrine de rapJ
porter avec plus de force d'u-
ne façon plus étendue que vous.
ne Favez fait ce qu'on peut nous
opposer d'y répondre, & de faL
re voir que les objecUons que
l'on a apportées contre notre ïyf-
terne, ne font que de vains rai~
fonnemeps qui ne peuvent pas
tenir contre la force de la verL;
té. Vous ignorez peut-être, que
ceux qui ont attaqua le fenti-
ment de l'abstinence des viandes
ne font pas en petit nombre. Les
Péripatéticiens, les Scoïctcns
la.plupart des Epicuriens fe (bnc
déclarés contre cette Do~dne
de Pythagore & d'Empedocte
dont vous étiez partifan. Divers
autres Phito~bpbes ont écrit âufR
contre ce fenriment encr~u.
tres Claude de Naptes. Je rap-
porterai leurs dï~cuicës j'onMt.
trai fëutementcenes qui n'ont rap-
port qu'aux preuves d'Empedocte.
IV. Ceux qui ne font pas de
notre ~endmenc Soutiennent, que
c'eâ confondre les idées de Juï~
nce que de nous obliger de l'ob<
~erver, non feulement avec les
êtres ï'a.i<onna.bles,n)âis&uui avec
~euK qui font dépourvus de rai-
fon; que les hommes Se les Dieux
méritent feuls notre attention
que les Animaux ne font poine
dignes de notre compafion
n'ayant point de rapport avec
nous, 6c que n'étant point mem-
bres de notre fbcietc ils ne dot<
vent point être mcnagcs,lorfqu'il
s'agit ou de les faire travailler,
ou de les manger que ce ~ëroic
nou$rairc tore a nous-mêmes de
n'en point tirer tout l'ufage que
l'on peut, fous preccxce de )uf-.
tice\ & que nous cous réduirions
par là à mener presque une vie
~Mvage.
V. U n'eA pas queftion ici des
Nomades 8~ des Troglodytes, quï
ne connoMënt d'autre nourricu~
re que la viande mais il s'agit
de ~eux qui & propo&nt de rem-
plir tes devoirs de l'humanité.
Quel <Mvrage pourrions-.nous ra!<
re quel art pourrMos-cous exer-
cer, quelle commodité pourrions
cous nous procurer, fi nous regar-
dions !es Ammaux comme étanc
dieim~me namfC que nous 6
craignant de. leur faire aue~a
tort, nous les traitions avec tou$
les mcnagemens poiHbles II e&
vrai de dire, qu'il nous icroic in~
poulble de prévenir les miféres
qui nous rendroienc la vie mal-
heureufë fi nous nous croïons
obligés de1, pratiquer les loix de
la jufUce avec les Animaux,
fi nous nous écartions des anciens
ufages car comme dit HéCo-
de J~pirer ayant difUnguc les
natures, & fëparé les efpcces~per-
mit aux poiffons, aux bêces ~au-
vages aux oifeaux de fe man.
ger les uns les autres 1, parce
qu'il n'y a point de loix en.
tr'eux mais il ordonna aux
hommes dtobferver la juftice à
t'ëgard de leurs (ëmbiables.
VI. Or nous ne pouvons pas
commettre d'injtïûice avec ceux,
qui ne peuvent pas obfërver avec
nous )~ régies de la jufHce.C'e~ un
principe que ron ne peut conief-
ter dans la morale. Lc~ hommes
ne pouvant pas fe fumre à eux~
mêmes, comme nous le diSons, &
ayant befoin de beaucoup de cho~
~e~.
fes ce fëroic les détruire tes ré-
duire à l'état du monde le plus
malheureux, & leur ôter les in~.
trumens dont ils ont befoin pour
les néceffités de la vie, que de
les priver du fëcours qu'ils peu.
vent tirer des Animaux. Les pre-
miers hommes n'ccoient pas auf-
i1 heureux qu'on fe l'imagine
car la <uper(Hcion qui empêche
de toucher aux Animaux de.
voit auŒ donner de la répugnan-
ce pour couper les arbres les
plances y ayant autant de mal
à abattre ua <apin ou un chêne,
qu'a égorger un boeuf ou un mou~
ton ~i les arbres & les plantes
font animés comme le croyent
ceux qui en&ignenc la Mécemp~
fyco~e. Ce font là les princi.
paux argumens employés par les
Stoïciens <Se par les Përipatéd~
ciens.
V 1 I.
Les Epicuriens prc<.
tendent que les apciens Lcgiû~
teurs ont déclaré l'homicide im-
pie, 6c ont accachë à ce crime
de grands déshonneurs~ acauie de
la nëccuité où écoienc les hom<
mes de vivre en ~bciecë. Pour
qu'ils euuenc horreur de ce cri~
me il fuffiroit peuc-êcre ou'i!s
fiffent attention fur la reCem.
blance qui eft entr'eux. Le bien
de la fbciecé a fait décerner des
peines très-graves coatre ceux
qui aifat~neroieqic
oui auaumeroienc ~e ces peines
~t ces
~oncïumfances, pour retenir ceux
que la feule loi de l'Humanicc
q H' a tc
n pas.
arreterolt
VIII. Les premières loix n'one
a

poinc été écablies par la violea~


ce mais par le confentement de
ceux qui les ont acceptées Se
les premiers LcgiQaceurs onc fait
recevoir leurs loix plûtôt par
leur prudence que par la force.
L'utilité en ayant été appcrcue
par te grand nombre, les autres
qui navoienc peuc-ëcre pas fai~
les mêmes réflexions ont été
obligés <ie s'y foumettre par la.
en iuce de la punition. C'étoit le
feui moyen que l'on pouvoit em~
ployer contre ceux, qui ne vou-
loienc pas convenir de l'utilité
des réglemens avantageux car
la cramce eft encore le feul mo<
tif qui empêche le commun des
hommes de faire le mal ~Ï

tous les hommes étoient capables


d'appercevoir ce qui e~ conve..
nable & de s'y conformer les
loix ceûëroienc de leur être né-
ceuaires~ parce que d'eux-mêmes
ils éviteroient ce qui e~r dëfen-'
du, 6e pratiqueroienc ce qui e&
ordonné. Une mûre réflexion fur
ce qui eft utile & fur ce qui eN:
nuiHb!e fuffiroit pour faire ëvi< (
ter le ma!,ô( pour faire donner
la préférence au bien. La menace
de la punition n'eft que pour ceux,
qui ne font pas capables d'apper-
cevoir l'utilité de la loi la crain~
te qu'elle inspire un frein
qui empêche les panions de ~e
porter aux excès défendus, ôc
qui oblige de fe conformer à ce
qui e~ convenable:
IX. Le meurtre même invoJ
lontaire n'a pas été exempt de
quelque punition, afin d'ôcer tout
précexte aux homicides & d'o-
bliger les hommes, d'apporter
toute leur attention pour prëve-'
nir ce malheur. Je fuis persuadé
que les expiations incroduices
pour purifier ceux qui avoienc
commis des meurtres tolérés par
les loix, n'ont eu d'autre prin-~
1
cipe que de détourner de l'ho-
micide volontaire c'eA pourquoi
les premiers Législateurs non&u<
lement ont établi des peines con-
tre les meurtriers mais aufE ils
ont déclaré impurs ceux qui après
avoir tué1 un homme ne fe fai~
foient pas purifier par des expia,.
tions, Ils ont par la adouci te$
mœurs & ayant ainu calmé l'em~
portement<k la violence des hom~
mes, ils les ont détournes de fe
tuer les uns les autres.
X. Mais ceux qui firent les
premiers réglemens, n'empêche.
rent point de tuer les Animaux.
Ils voyoicnc l'urilitë que l'on en
-pouvoit retirer & que le foin
1,
de notre confervation demandoit,
que l'on fe précautionnât concr'"
eux. Quelques uns de ceux qui
avoient un plus grand fond d'hu<
mamce r & repréfenté
~r
ayant aux
autres hommes que le motif de
l'utilité commune les avoit dé.
tournés de l'homicide~ avant
fait voir les inconvéniens d'avoir
recours à la violence, leur ont
perfuadé de refpeder la vie de
leurs fetnblables ce qui dévoie
contribuer à la confervation de
tous les particuliers. Rien ne leur
étoit plus avantageux, que de ne
fe point féparer les uns des au.
<w
<
tres de ne fe faire aucun tort,
de fe réunir non feulement con<-
tre les bêtes fëroces~ mais auS
contre les autres hommes qui au-
roient entrepris de leur faire quel-
que violence.
XI. Et pour retenir avec plus
d'eiEcacc ceux qui tuoienc les au.
tres hommes fans aucune nëceC-
fité, on établie des loix contre
l'homicide qui ~ubC&er 'enco-
re, & qui rurent reçues avec ap-
plaudMIemenc par la multitude,
qui n'avoic pas.eu de pe~neà s'a?..
percevoir combien la rëunmn des
Dom~es leur procuroic d'avan-
tage il étoit feulement permis
de détruire tout ce qui pouvoit
puire à notre confervation. Si l'on
difoit que la loi a permis de tuer
les Animaux qui ne rbwc aucun
tort il feroit aifc de répondre
qu'il n'y a aucune espèce d'An:~
maux dont le trop grand nombre
ne fût nuifible. Les brebis,= les
bœufs 6e lesautres Animaux de
ce genre font d'une très-grande
~titicë aux hommes mais s'Hs
étoient' en trop grand nombre
ils leur feroient fort préjudicia-
bles les uns à caufe de leur for-
ce, les autres parce qu'ils con-
ibmmeroienc les fruits que la ter-
re produit pour notre nourritu-
re. C'eA pour cette raifon, qu'it
cA permis de tuer ces fortes d'Ani-
maux pourvu qu'on en iaiue au-
tant qu'il en faut pour nos be-
foins, & que nous pouvons en
garder fans nous faire tore. Mais
quant aux Lions,
r aux Loups
v &
aux autres bêtes féroces nous les
détruifons autant que nous le
pouvons parce qu'ils ne nous
font d'aucune utilité.
XII. Ce fut elle que l'on côn-
fu!ta lorfqu'il rue quefUon de
décider ce que l'on pouvoit man..
ger car il y auroit de la folie à
croire que les Légitlateurs. n'ayent
eu en vûe que le jufte & le beau.
Les idées ont été fort diHeren<
tes félon les divers pays & l'on
en peut juger par les Coutumes
toutes oppofées au fujet de la
nourriture des Animaux. Si l'on
avoic pu faire quelque convention
avec eux par laquelle on ferait
demeuré. d'accord de ne les pas
tuer à condition qu'ils ne nous
tueroieni pas il auroit été beau
de porter jufques.Ià la juAicc;
chaque partie y auroit trouvé &
Jfurecë mais n'étant pas pouibtc
que l'on faSe des traités avec des
êtres qui ne font pas fufceptib!es
de raifbn, il ne. faut pas avoir
plus d'attention pour cux~ que
pour ce qui e& inanimé. Le feu!
moyen de procurer notre furecë,
ef~d'ufër du pouvoir que nous
avons de les tuer ce fbnc là les
ralfonnemens des Epicuriens.
XIII. Il nous re~e à rappor-
ter les preuves employées par le
vulgaire. Les Anciens die-on,
s
s'abftenoienc à la vérité des Ani-
maux non point'par aucun mo<
tif de pièce, mais parce qu'ils ne
connoNbient point l'ufage du feu.
Ils ne l'ont pas plutôt connu
qu'ils l'onc refpe~c comme quel-
que cho~e de facrc. Ils font ve-
nus enfuite a manger desAnimaux;
car quoiqu'il fût naturel de man-
ger de la viande il étoit contre
Ïa nacure de la manger crue
c'eA pourquoi les bêtes féroces
fbnc appellées manges crue ~il
ctt dit par forme d'injure Tu
mangerois Priam tout crud c'eA
ainu que fbntcaradérifes ceux,qui
n'ont aucun principe de Religion.
On ne mangeoit donc point d'A~
nimaux dans l'origine des cho-
fës l'homme ayant de la répu-
1,
gnance pour la viande crue mais
dès que l'usage du feu eut été
introduit,on s'en fërvir pour apprê<
ter non feulement la viande
mais auBI pluGeurs autres alÏ-
mens. Les nations qui ne man<
gent que du poiHbn font une
reuve que les hommes ont de
'averGon pour la viande crue
car elles font rocir leur poij~n
ou fur des pierres ëchauSees au
foleiî, ou elles l'exposent au ia<
ble brûlant & ce qui fait voir
que les hommes mangent nacu"
rellement de la viande, c'eA que
les Grecs & les Barbares fans
diAin<~ion font dans cet ufage.
XIV. Ceux qui foutiennent
qu'il y a de t'inju~ice à manger
des Animaux font obliges de
prccendre qu'il n'e~ pas permis
de les tuer. Cependant nous fbm-
mes indifpenfablemenc obliges de
faire ta guerre aux bêtes iauva-
ges, & cette guerre efi jufle car
il y en a qui nous attaquent tels
font les Loups & les Lions d'au"
tres nous mordent, lorfque nous
marchons defïus, comme les fcr~
pens il y en a qui gâtent les
iruits de la terre, c'e~ pourquoi
nous tâchons de les détruire
pour prévenir les maux qu'ils peu-
vent nous faire. Quiconque voit
un &rpenc~ cherche à le tuer,
non &ulemenc afin de n'en être
as mordu mais afin qu'il ne
)leBë perfbnne car lorfque nous
laïSbns les bêtes Procès, nous
avons de l'amitié pour les hom<
mes mais s'il eft )u~c de décruL.
re certains Animaux il y en &
d'autres qui font accoutumes de
vivre avec nous, ëc pc~ur lefquels
nous n'avons point d'averdon
c'eA ce qui fait que les Grecs ne
mangent ni chiens, ni chevaux,
ni ânes, ni un grand nombre d'oi-
feaux. Quoique le cochon ne foit
bon qu'a manger les Phéniciens
&: les Juifs s'en abstiennent, par~
ce qu'il n'y en a point dans leurs
pays. On affûre qu'encore aduel-
icmcn: on ne voie point de ces
Animaux en Ethiopie. De mërn~
.donc que les Grecs ne facrifient
point aux Dieux ni de chameau,
ni d'eléphant, parce que ces Ani-
maux ne nafuënc point en Grèce?
&inu en Chypre, en Pliénicie & en
Egypte on ne facrifie point de co-
chon parce que ce. n'eA pas un
animal de ces pays-là & if n'eit
pas plus étonnant que quelques
peuples s'abstiennent de manger
du cochon que ote voir que nom
ayons de la repugnance à manger
du chameau.
XV. Mais pourquoi s'abAien~
droit-on de manger desAnimaux ¡
Seroit-ce parce que cette nourri-
ture nuit à l'âme ou au corps ?
Il eft aifé de prouver le concra!-
re car les Animaux qui mangent
de la chair, font plus intelligens
que les autres. Ils chalfent avec
&rc, 8e fe procurent par-là une
nourriture qui augmente leurs rbr<
ces *9 tels font les Lions & les
Loups. L'usage de la viande ne
raif donc aucun tort ni à Famé,
ni au corps c'e& ce que l'on peut
prouver par ce qui fe paHe chez
îes Athféres. Ils n'en. font que
plus forts, parce qu'ils mangent
de la viande & les Médecins
l'ordonnent aux malades dont ils
veulent rétablir les forces. Une
preuve auez forte que Pythagore
s'eA éloigné de la véricé c'eft
qu'aucun des ~iciensSages n'a été
de fon fentiment ni les Sept par
excellence, ni les Phyficiens qui
ont vécu enfuite ni Socrate, ni
~es disciples.
X V I. Mais fuppofbns un mo<

ment que tous les hommes em<-


brafrent la Doctrine de Pytha.
gore qu'arrivera t'H de la fecon~
dire des Animaux ? Perfonne n~L
gnore jusqu'où va celle des co-
chons & des lièvres ajoncez-y
celle des autres bêtes y auroit.-it
de quoi l~s nourrir? Que d~yien~
droient les Laboureurs qui n'o<.
feroient même pas tuer les Ani-
maux qui détruiroient leurs moiF-
fons ?a La terre ne pourroit pas
fuffire à cette multitude. Ceux
qui mourroient, produiroienc une
corruption dans l'air qui caufe-
roit nëceuairemenc une pefte, à
laquelle il n'y auroit point de re-
méde la mer les rivières les
étangs feroient remplis de poif-
fons l'air d'oi&au~ & la terre de
toute forte de réptiles.
X V I I. De combien de remé~
des Salutaires fë priveroit-on,
on s'ab~enoic des Animaux ?l ït
y a eu plufieurs perfonnes qui
ont recouvré Fumage de la vie en
mangeant des vipéres. Le Do.
me~iquc du' Medécin Craterus
fut attaqué d'une maladie rbrc
étrange les chairs fe fcparoient
de fes os tous les remédes qu'on
lui raubit ne lui procuroient au"
cun foulagement. On lui donna.
de la vipére apprêtée en forme
de poiffon5 & il fut guéri. Plu~
Ceurs autres Animaux~ ou même
quelques-unes de leurs parties,font
des remédes fpécifiques dans cer<
taines maladies &e ce feroit fe
priver de ces remédes, que de re-
noncer à l'ufage des Animaux.
X V 111. Si les plantes ont au~-
C une ame comme on le dit a
quoi feroient réduits les hommes,
s'ils étoient obligés de s'abftenir
des plantes ainfi. que des Ani..
maux ? & s'il n'y a point d'im- <
pieté à faire ufage des plantes
il n'y en a pas non plus à tuer les
bêtes.
XIX. On pourra obieûer, qu'il
n'eA pas permis de tuer ce qui
eft de meme efpéce que nous~:
mais fi les ames des Animaux font
femblables aux nôtres c'eû leur
rendre fervice que de tuer leurs
corps, puifque c'eft faciliter leur
retour dans le corps humain 6C
on ne caufe aucune douleur à leurs
ames en fe nourriuknc de leurs
corps, lorsqu'elles en font fëp~
rées. Autant les ames doivent
s'attrifter de quitter les corps
humains ~uca.nc doivenc-eUes
avoir de 1,joie de s'éloigner des
corps des autres Anima-ux, puif.
que l'homme domine fur les bê-
tes, comme Dieu régne fur les
hommes, Une raifon fumante
pour tuer lesAnimaux, c'eA qu'ils
tuent eux-mêmes les hommes. Si
les ames des bêtes font mortel-
les, nous ne leur faifons point
d~injuftice en les tuantS 6e nous
leur rendons fervice fi elles font
immortelles ) puifque nous les
mettons à portée de recournep
prompcemenc dans les corps hu.
jmains.
X X. Lorfque nous nous dc<
rendons contre les Animaux
nous ne commerçons poinc d'in~
mA}ce, nous nç faifons que les pu"
nir,
nin II e~ vrai que nous tuons les
ferpens 6c les fcorpions lors mê-
me qu'ils ne nous attaquent pas
mais c'eA afin qu'ils ne faffent
point de mal aux autres hommes
& quand nous tuons les bêtes qui
gâtent les fruits de -la terre on
ne peut pas dire que nous ayons
tort.
X X I. quelqu'un s'imagine
Si
que notre conduite eA injure
qu'il ne raHe donc u~age ni du
lait ni de la laine, ni des œufs;
ni du miel car de même que
l'on ne peur dépouiller ua homme
de ~on habit fans injufUce c'eft
êcre injufte à l'égard d~une bre-
bis que de la tondre, paijfque
toison lui fert d'habit, 1, & de pren-
dre fon lait puifqu'il ne nous eft
pas defliné mais fes petits. Le
miet ~ue vous enlevez à l'abeille
pour votre p!aMr,avoicété amau~
pour nourriture. Je ne parle
pas de Fopmion des Egypnen~
'f~.
que l'on ne peut toucher aux plan-
tes fans injuftice. Mais fi tout eft
fait pour l'homme, l'abeille cra<
vaille pour nous lorfqu'eUe fait
fon miel <Se la laine des brebis
eft devinée par la~ nature à nous
échauSer ~&c à nous tervir d'orne~.
ment.
XXII. Lorsque nous tuons des
Animaux pour les fa cri fier nous
imitons les Dieux. Apollon eft
appelle cueur de~toups, & Diane
meurtriére des bêtes&uvages. Les
demi-Dieux 6~ les Héros qui font
bien fupérieurs à nous par leur
origine & par leur vertu ont fi
bien approuvé l'ufage des Ani-
maux, qu'ils en ont oSert aux
Dieux par douzaines parcen~
laines. Hercule eft appelle man-
geur de boeufs.
XXIII. Si quelqu'un ~buce.-
noit, que l'incention dcPyth~go"
fe étoit de détourner les hom-
mes de fe manger les uns les
très, il avanceroit une grande ab-
(urdicé car fi les hommes du
rems de ce Philôfbphe fe man.
geoient il auroir eu tort de les
engager a s'ab~enir des Animaux
pour les empêcher de fe man-
ger il les y auroic plutôt exci-
tes, en leur infinuant qu'il n'y
avoit point de' différence entre
manger un homme, ou tin cochon
& un bœuf. Si au contraire ils ne
s'eniremangeoienc pas à quoi
croit-il bon d'avancer cette opi-
nion ?P Si cette loi étoit établie
pour ceux qui fuivoient fa Doc-
trine rien n'eit plus honteux,
1,
puifque l'on en pourrait conclu-
re, que ceux qui vivoient du tems
de Pythagore étoient mangeurs
d'hommes.
X X I V. Si nous nous ab(tc<
Dions des Animaux non feule~
1)
ment nous nous priverions de
beaucoup d'avantages & deplai-
6rs mais auffi les terres nous de-
yiendroienc inutiles. Elles (croient
ravagées par les bêtes Sauvages;
on ne verroit que des ferpens &
des oifëaux il ~ëroic très diSct-
le de labourer les Semences fe-
roient mangées par les oi~ea.ux,
&&'il leur en échappoit les bê-
ces à quatre pieds a.chcverolent
de les détruire les hommes ré<
duics âinC à la plus graude mife*
re fe verraient contraints de fe
manger les uns les autres.
XXV. Les Dieux eux-mêmes
pnc ordonné qu'on leur f~crinâc
tes bêtes fauvages. L~Hul;oire e&
remplie de ces faits. Les Hera.
clides qui allerent à la guerre de
Lacédemone avec Euriûhënes 6~
proclès, n'ayant pas de vivres,
mangerent des ferpens que la ter..
j'c leur donna pour nourriture~
Une nuée de fauterelles &uva un
jour en Lybie une armée qui man~
quoit de couc. Voici ce qui arr~
va près du détroit de Gade& r
Mogus Roi des Mauritaniens, qui
fut tué à Mothone par Agrippa,
avoit aSëgc le temple d'Hercu-
le qui eft très riche. C'écoic la
coutume que les Prêtres facri..
SaNent tous tes jours des VidL
mes fur l'Autel de ce Dieu. Le
tems fit voir que ce n'était point
une in~icudon humaine mais
que le Dieu lui-même l'avoit or-
donne car il arriva que te Siè-
ge tirant ev longueur, les VI<~i<
mes manquerent. Le Prêtre fort
embarraGë eut un fonge. Il lui
fembloit être au milieu des co<
ionnes d'Hercule vis-à-vis l'A~
tel de ce Dieu il voyoit un ot-
feau perché fur l'Autel & qui
cherchoit à s'envôler après avo~
pris fon vol y il tomba entre les
mains du Prêtre, qui s'en &int&:
le -facrifia. Dès qu'il fe fut réveil-
le il alla à la pointe du jour à
l'Autel qui l'avoit occupé pen-
dant fan rêve il appercm l'oL.
ïcau qu'il avoit vû en fonge
vint (e remettre entre fes mains
î!
le Prêtre le prit & le donna au
grand Prêtre qui le iacriSa. Ce
qui arriva à Cyzique eft encore
plus remarquable. Mithridate fai.
foit le ~ëge de cette Ville. On
ccoic au jour de la fête de Pro.
ferpine où Fon doit tacnSer un
boeuf. Les troupeaux facrés par-
mi letquSs on prend la Vi~ime,
paiCbienc hors de la ~ille l'heu.
re du facrifice écoic arrivée le
boeuf qui devoit être facrifié
mugic, ayant traverse le dé-
troit il vint fe préfenter à la por~
te de la ville qui lui fut ouver"
te. H courut à l'Autel o~ il fut
facrifié. C'eft donc avec raifon
que l'on eft perfuadé que les fa-
crifices des Animaux font con-
formes à la pièce puifqu'ils plajL
&nc aux Dieux.
XXVI. Que deviendroic un
Etat C tous les Cicoyec~ avoient
cette averfion pour l'e~unon
du iang ? Commenc pourraient-
ils repouuer les ennemis qui vien-
droienc les atçaquer s'ils craig-
noient de les tuer ? II feroit trop
long de détailler les inconvéniens
de cette Dodrine l'exemple mê-
me de Py thagore nous apprend,
qu'il n'eA pas concraire a la pië<.
té de tuer & de manger des
Animaux.On nourriuoicaucrerbis
les Athlétes de lait 6c de froma-
ge trempé dans l'eau. On leur
donna enfuite des figues féches.
Pythagore changea ce régime~
& voulut qu'on leur fit manger
de la viandey pour les rendre
plus forts. On rapporte que quel.
ques Pyrhagoriciens ont facrifié
eux-mêmes des Animaux. Voilà
les argumens que Fon trouve
dans Claude dans Héraclide le
~Poncique, dans Hermaque FE.
picurien~ chez les Stoïciens, ôe
chez les1, Péripaccticicns. Nous
n'avons pas omis les di~EcuM~
que l'on nous a dit que vous fai-
~lez, comme mon intention e&
de répondre a toutes ces objec-
tions, )'ai crû devoir d~abord les
rapporter.
XXVII. H faut première
ment favoir que ~e n'écris pas
pour tout le monde. Je n'ai en
vue ni ceux qui ne 1-ont occ~
pës que des Arts méca-niques nî 1
îes a.chtécesy ni les fotdacs, ni les
matelors ni les Sophi~es, ai ce~x
qui pauenc toute leur ~ie dans le
tumulte des affaires je ne parle
qu'aux hommes raifonnables, qui
veulent ravoir cequ~Hs (ont, pour.
quoi ils font fur la terre ce
qu'ils doivent devenir. Pour les
autres, je n~y penfe pas car dans
cette vie on dore agir dUrërem.-
ment avec celui qui ne cherche
qu'à dormir ou avec celui qui
voudroic éloigner le P~mmeit y
pour être toujours éveille. II Jbut
que
que le premier fe livre à la bon.
ne chère, qu'il habice une mai-
fon tranquille qu'il fë repo(e
dans un lit bien grand & bien
mollet qu'il ne penfe à rien de
ce qui pourroit trop l'occuper
que les odeurs, les parfums &
tout ce qu'il boit & mange, ne
contribuent qu'a augmenter fon
indolence. Mais quant à celui qui
fe propofe de peu dormir il faut
qu'il foit fobre qu'il renonce à
l'~age du vin qu'il ne fe nour.
riffe que d'alimens légers & peu
nourrICans que fa maifbn foit
cciairée que l'air en foit fubtil
qu'il ait des affaires & des em"
barras & qu'il foit couché du~
rement. De favoir pour lequel
de ces deux diSferens genres de
vie nous fommes nés, ce feroit
1,
le fujec d'une longue ditferta-
tion.
XXVIII. Quant à ceux qui
avenus des erreurs de ce mon-
de font perfuadés que la nacu<
re les a defUnës à veiller 1, nous
leur confeillons de mener un gen.
re de vie convenable aux idées
qu'ils fe font faites & d'aban-
donner à leurs lits délicieux ceux
qui ne fongent qu'à dormir. Pre.
nons feulement garde que com<
me ceux qui ont mal aux yeux
le communiquent à ceux qui les
regardent, & que ceux qui bail-.
lent donnent envie de bailler
il ne nous prenne envie de dor..
mir, en habitant une région o&
tout porte au (ommeil, & en vi<
vant avec des gens qui s'y livrent
tout entiers. Si les Lëgiûateurs
n'eurent travaillé que pour ceux,
qui fe propofent la plus grande
perre~ion ce feroit une nëcef-
~të de profiter de la permiuion
qu'ils nous ont donnée de man-
ger de la viande mais comme
ils n'ont eu égard qu'à la vie
commune n'ont tra,vaUlc que
pour le vulgaire rien ne nous
empêche de remonter jufqu'à la
Loi Divine non écrite qui eft
Supérieure à toutes les loix hu.
moines.
XXIX. 11 ne faut pas croire
que le bonheur connue, ni dans
ia facilité de parler ni dans la
multitude des connoiuances. H
n'y a poinc de fcience qui puiffe
nous rendre heureux, fi elle n'eA
accompagnée d'un genre de vie
convenable à notre nature. Or
la fin & la perrecHon de l'hom-
me confiflent à mener une vie
fpirituelle. Les feiences peuvent
bien contribuer à la perfecHon de
Famé mais elles ne ~fnfenc pas
pour le bonheur. Et puisqu'il faut
ccre purs non feulement dans nos
discours mais auui dans nos ac-
tions, examinons ce qu'il faut que
nous faillons pour parvenir à cet-
te pureté.
XXXJ1 faut d'abord renoncer
à tout ce qui nous attache amc
cbofes fenfibles & à tout ce
1,
qui nourrit les payions, ne s'oc-
cuper que du fpirituel car nous
redemblons à ceux ']i quittent
leur patrie pour aher dans un
pays étranger, où ils fe ramiHa.<.
rifent avec les loix & les coutu.
mes des barbares. Lorfqu'ils doi.
vent retourner chez eux, ils fon.
gent non feulement au voyage
qu'ils ont à faire mais pour y
être mieux reçus, ils cherchent: à
te défaire de toutes les maniéres
étrangéres qu'ils ont pu contrac.
ter, & a fe reubuvenir de tout ce
qu'il faut~aire pour être vus agrëa-
blement dans leur pays natal.
De même nous qui fommes dcC'
tinés à retourner dans notre
vraie Pacrie il faut que nous
1,
fenoncions à tout ce que nous
avons pris ici d'habitudes mau-'
vaifes & nous devons nous
yçubuvçnir que nous ~Pïnmes
<des fubAances heureufes & étcr<
nelles1, devinées à retourner
dans le pays des intelligences
où l'on ne trouve rien deïënnb!e.
Il nous faut donc être continuel.
lement occupé de ces deux ob-
jets, de nous dépouiller de tout
ce qui eft matériel & mortel 1,
& de nous mettre en état
de retourner d'où nous hom-
mes venus, fans que notre ame
ait fourrert de cette habitation
terreftre. Nous étions autrefois
des ~ubftances intelligentes dé-
gagées de tout ce qui eH: fenfible;
nous avons été enfuite unis à des
corps parce qu'il écoic au def-
fus de nos forces de converfer
éternellement avec ce qui n'écoic
qu'inceUe~uel. Les fubltances in-
teltigentes fë corrompenc bien-
côc, dès qu'eHes font unies à des
chofes fenfibles comme l'on voit
qu'une terre où l'on n'a femé que
du froment, produit cependant
de l'yvraie. En;
T~
XXXI. Si nous voulons donc
retourner dans notre premier
état it faut nous féparer de tout
ce qui eft ~ënnbte renoncer à
tout ce qui eft contraire à la rai-
fbn nous dégager de toutes les
paflions, autant que la rbibleuë
humaine le permec ii ne faut
fonger ~u'a perredionner l'ame
impofer-filence aux paflions, afin
qu'autant qu'il eft po~ible nous
menions une vie toute incellec-
tueHe. C'eA po~quoi il c& n~
ceuaire de fe depouilter de cet.
te enveloppe terre~re car H~auc
être nud pour bien combattre
~c nocre attention doit aller non
feulement jufqu'aux chofes qui
doivent nous Servir de nourritu-
re mais aufE jufqua réprimer les
dëGrs car à quoi ~erviroic-il dt
renoncer aux actions 6 on en
!ainbic ~ubuiter les cau~s3
XXXII. Pour parvenir a~ce
renoncement il faut employer b
force, la perfuafion le raisonne-
ment & roubli. Ce dernier moyen
eft même le meilleur, puisqu'il eft
le moins violent, & par confé,
quent le moins douloureux. Il eft
dinicile de féparer par force des
choies fenfibles fans qu'il y pa.
roiSe quelque trace de la violen-
ce que l'on a employée ayons
donc une attention continuelle
à ce qui peut fortifier en nous la
partie (piricuelle & ab~enons-
KQus d<e ce qui réveille les paf.
fions. Il y a une forte d'aHmens~
qui n'c& que trop capable de pro-
duire cet effet.
X X X 111. Il faut donc s'en
priver. Nous remarquerons à ce
fujet qu'il y a deux fources qui
forment les liens de notre ame
& lorsqu'elle eA enivrée de ces
poifons mortels elle oublie ~a.
nature. Ces deux fources font le
plaifir & la douleur. C'eft le fen.
timent qui les prépare. L'imagi-SI-
Dation, l'opinion 6c la mémoire
les accompagnent Voilà ce qui
met les pafrions en mouvement
& lorsque l'âme en e(t une fois
agirée elle fort bien toc de ton
affiette naturelle, & cefïe d'ai-
mer ce a quoi elle eft deûinëe. H
eft donc à propos d'éviter les paf<
~ons,"autanr qu'il e~ poffible. Le
moyen d'y parvenir c'eA de re.
noncer- aux agitations violentes
qui nous font caufées par les fëns
ce font eux qui produifent tous
les défordres de l'ame. La preu-
ve en eft dan~ les effets que cau<
fe la vue des fpec~acles, des dan.
fes, des femmes. Les fens font
donc comme des filets, qui en..
traînent l'âme vers le mal.
XXXIV. Etant ainH violem~
ment émuë par les objets étran-
gers, elle s'agite avec fureur. Le
Trouble extérieur fe communique
à l'intérieur., qui a déja été em-
flammé par les fens. Les cmo<
tions que caufe Fouie font
quelquefois de fi prodigieux ef*
recs que banniilant la. raifon
ils rendent furieux & fi chemi-
nes, qu~on fe livre aux poftures
les pius indécences c'eH: ce qui
arrive à ceux qui s'injurienc, ouL
qui écoutent des discours où la
pudeur eft bleffée. Tout le mon-
de j~it combien l'ufage des par.
fums dont les amans fe fervent
avec tant de fuccës,nuica. rame.
Il eft inutilé de nous écendre fur
les effets du goûc. On fcaic qu'il
nourrit les paŒons, & qu'on ne
peut le îatisfaire fans appefantir
fon corps ') & comme difoit un
Médecin les alimens & les boif.
fbns dont nous faifons notre nour-
riture ordina-ire font des poi.
1,
fons plus dangéreux pour l'âme,
que les poifons préparés par l'Art
ne font dangereux pour le corps.
Les attouchemens rendent pret-
que l~mc corporelle, La mcmo~
re & l'imagination écanc ëchau~-
fées par les fens mettent en mou.
vement une multitude de paf-
llons la crainte, les dëGrs, la co<
lére l'amour, le chagrin la ja-
louse & les inquiétudes.
XXXV.C'eft pourquoi il faut
beaucoup travailler pour s'en
.garan tir il faut y pea~er jour &
nuit à caufe de cette liaifon né<.
ceuaire que nous avons avec les
fens. C'e(t ce qui doit nous en-
gager à nous éloigner autant qu'il
eft poffible des lieux où nous
avons fujec de craindre, que nous
ne rencontrions ces ennemis
craignons auui de rifquer une dé.
faite en hazardanc un con~bat.
XXXVI. C~t pourquoi les
Pythagoriciens & les anciens Sa~
ges alloient habiter les pays les
plus défères. D'autres s'ecabti~.
fbienr dans les cemples & dan-s
les bois iacrés, où le peuple n'e.
.toit pas recd. Platon choifit l'A-
~adëmie pour fa demeure quoi-
que ce lieu fut défera éloigna
de la ville, &e même à ce qu'on
,dit, mal fain. D'autres n'ont pas
cp~rgnc leurs yeux, dans l'eïpé-
rance de pouvoir méditer fan$
diârad-ion. Si quelqu'un s'imagi-
.noit qu'en vivant avec les hom-
mes & en fë livrant à fes ~ens,
il pourroit être fans paHions, il
détrompe luimêm~ & ceux qui
l'ëcoutent, parce qu'il ne rait pas
~Mention que quiconque eft fort
tic avec les hommes devienc
refcl~vedespau!ons Cen'e~pas
~ans raison qu'un Phticiophe
dit,
dit.. en parlant ddes Philofbphes
0 P fies
(~) Hs n'ont point appris dans
leur teuneCe le chemin de la pla-
ce publique 5 ils ne connoiuenc
ni le Palais, ni l'Hôtel de Ville,
ni les endroits où le Public s'a~

~A) Bht<M~ T&~Cf~


femble. Ils n'ont aucune part ni
aux loix 3 ni aux décrets ni
aux brigues ni aux repas pu-
blics où l'on admet de la muG-
que. Ils n'y penfenc pas même
dans leurs rêves ils ne favent
pas plus ce qui fe paue de bien
ou de mal dans la ville, ou ce
qui eft arrivé de fâcheux à leurs
ancêtres qu'ils favent la quan.
tité d'eau qu'il y a dans la Mer<
Ce n'eft point par vanité qu'ils
ignorent ces détails. Leur corps
eA dans la ville, comme dans un
pèlerinage 5 mais leur amé qui
méprise ces petites chofes ne
cherche qu'a s'en vol er~ comme die
Pindare & néglige tout ce qui.
Z>
l'environne
X X X V 11. Un homme oe cet..
te trempe n'aura pas beaucoup
de peine à s'accoutumer à l'abf.
tinence des viandes, lorsqu'il fe<
ra attention au danger qu'entrai.
ne avec foi l'uïage de cette nour<.
récure, §c que le feul moyen d'ê?
tre très. heureux eft de tâcher
de rçfïembler à la Divinicë. Ii
cherchera donc à l.ui plaire~ en
nienant unp vie fobre & dégâ~
gée. le plus qu'it eft poHibIe, des
chofes mortjtles.
XXXVIII. Ceux qui fbu~
tiennent qu'il e~ permis de faire
ufage des viandes prouvent f<.if-
S&mment: qu'ils font les efclaves
de leurs payions. Ce n'e~ pas un~
cho~e indifférence, que de renrbr~
cer fes chaînes. Le Philofophe
n'accordera à la nature que ce
qui lui eH: absolument npceiïaire,
II n'aura recours qu'a des nour~
ritures légères i il rejettera les
aucres comme écanc trop ca~
pables de porter 4 la volup~
ce. Il approuve la maxime de ce?.
lui qui a dit, que les fens écoienc
les clous qui attachoient l'âme
au corps en réveillanc les paC-
~!ons, $e ~ninfpiranc le dcCr dç
jouir des objets corporels. Si le?
fens ne retardoient pas tes opéra-
tions de l'esprit H iëroit poiHblc
que l'ame fe trouvât quelquerbis
à Fabri des padons, & indépen-
dante des~nouvemens du corps.
X X X 1 X. Mais comment
pouvez-vous dire que l'âme ne
dépend point de çe qui fe pa~e
dans le corps, puifque l'âme e&
où eft le fentiment ? Il eft diHe-
renc de ne point donner fon at.
tention aux chofes fenfibles d'ea
détourner même fon intention,ou
de s'imaginer qu'elles ne prennent
rien fur l'âme. Ce feroit vouloir
~e tromper foi-même que de
croire que Platon ait été de cet-
te derniére opinion. Celui qui fe
trouve à une grande table ou
au fpe~acle, ou aux aNembIces,
où l'on n'eA occupe qu'à fe di-
vernr en eft fans doute aHec~é.
S'il eft dHtraic il apprête ma.
tipre nre au~ domcfUqucs,
à toute la compagnie, parce que
fon ton eft diSërenc-de celui des
autres.
X L. Ceux qui difent que
nous avons deux ames1, n'ofenc
pas aSurer que nous ayons deux
attentions. Ce feroit réunir deux
êtres donc les opérations ne ~ë
reuëmbteroienc pas, 6epourroienc
même être oppofées Fune à l'au-
tre.
X IL I. ~ais à quoi bon ré.
primer nos paHions les anéan-
cir même n'être occupe que
6e
de cette vidoire en tout tems
S'il vous étoit aifé au milieu des
périls qui vous environnent de
mener une vie fpiricuelle & fi
en vous livrant à la bonne chér~
& aux vins les plus exquis, vous
pouviez donner votre attention
à la contemplation des chofes in.
telIe~ueUes vous le pourriez
donc auffi quand vous feriez
même ce qu'Un~eH pas honnccç
de dire. Ceux qui (c propo~nc
de mener une vie parfaite doi.
vent non-feulement renoncer aux
plaifirs de l'amour mais auul
s'abftenir d'une innnicé de cho<
fes. Ils doivent être crcs-fbbres,
t
& n'accorder à ia nacure que ce
qui lui e(t ab~blurnenc néceuaire;
car les fens ne font jamais fatis-
faits qu'au préjudice de la partie
intellectuelle 6c plus la partie
dépourvue de raifbn eft agitée,
plus la raifon fbuSre, parce qu'il1,
n'ef!: pas poŒbIe pour lors que
fon attention ne foit partagée.
X L 11. L'opinion que l'on
pouvoit fe livrer aux f~ns 8(
cependant s'appliquer aux cho-
fes incelIectueUes a été une oc-
cafion de chuce pour pluCeurs
barbares, qui perhjadës de cette
idée, s'adonnoient a tous les plai-'
~!rs. J'en ai entendu quelques-uns,
qui youloienc faire ain~i l'apolo-
tie de ce malheureux H~êrne. Les
viandes
viandes ne nous fouillent pas plus,
que les ordures des fleuves ne
fouillent la Mer. Elle les revoie,
parce qu'elle ne craint pas d'en
etre intec~ée. Nous ferions les ef-
claves d'une vaine terreur fi
nous apportions trop de précau<
tions fur la nature des alimens
dont nous faifons ufage quel-
ques ordures qui fe mêlent à une
petite quantité d'eau la gâtent
mais on ne s'en appercevroit pas~
fi elles étoienc jettées dans la
-Mer. Ce n'eft qu'aux petites ames
a être précautionnées fur les ali-
mens les génies .fpuiuanf n'onc
°j
rien a craindre lis ne meuvent
pas en être fouillés. C'eft ainC
que ces raifonneurs fë trompent
& que fous le faux prétexte de
l'indépendance de leur âme i~&
fe précipitent dans les abîmes du
malheur. Ce font ces principes~
qui ont engagé quelques Cynr-
ques à s'abandoni~er à coûtes le's.
fantaifies les plus déréglées
comme fi tout étoit mdicfëc.cnc~
X IL 1 1 I. L'homme prù<
-dent à qui les charmes de ce
monde font fu~pe~s, qui con-
nexe le cœur humain, f~aic que
lorsque le corps eft remué par
les objets extérieurs paSion.
fe met auNLcôc en mouvement
foit que nous te voulions foit
que nous nous y oppofions. Pour
lors la partie de nous mêmes qui
eft fans raï~bn ôc qui eA inca.
pable de juger & de fe contenir
dans les bornes de la nacure~s'a-
gice avec violence de même que-
ces chevaux fougueux, qui ne font
point retenus par un ~age con-
du<~eur~ il n'e~ pas poŒbte qu'el-
le fe conduire convenablement
quant aux objets extérieurs ~1
elle n'ett dirigëe par ce qui doit
la gouverner ôe ~cctairer~ Celui
qui ôte a fa partie raifonnable le
droic qu'elle a de gouverner 1~
partie defUcuëe de raifon &c
qui permet à celle-ci de fui vre fes
défirs, ouvre la porte à tous les
vices ~e celui qui ne consultera.
que la raifon ne fera jamais rien
que de fage.
XL IV. L~ dinFërencequ'H
y a entre rhomme de bien &
te vicieux c'eft que le premier
a
a. toujours les yeux fur la raifon,
afin que-elle le gouverne Fautre
ne la confulte pas. Delà vient
'que tant de gens. s'égarent dans
leurs discours, dans leurs acUonSy
dans leurs dënrs, tandis que les
-gens vertueux ne font rien que
de convenable, parce qu'ils fer
taiSënt conduire par la ranon
yufques dans l'usage qu'ils font dey
alimens & dans toutes les opé-
rations corporelles. C'e~-elle qui
contient les fens l'homme e~
perdu, dès qu'elle ccue de le gou-
verner.
X L V. C'eft pourquoi tes
gens vertueux doivent s'abfte-
nir des viandes <S~ des plaifirs-
des fens parce que ceux qui s'y
livrent ont bien de ta peine à les
concilier avec la raifon. C'eA ce
que ne comprend point la pac<
tie de nous mêmes qui n'eft pas
raifonnable car elle n'eft pas ca-
pable de rënëxion. Si nous pou~
vions nous délivrer de la fervitu-
de de manger, il nous feroit plus
ai~ de parvenir à la perredion.
La digestion le fommeil le
repos nëceuaire après avoir man'<
gé demandent une attention
continuelle de la part de la rat-
fon, pour nous empêcher de nous
livrer à des dëGrs dërëglës luî-
tes ordinaires des nourritures trop
fortes.
XLV I. La raifon réduit à
peu de chbfes le nëceCaire. Elle
ne cherche point à avoir un grand
nombre de domefUques brillans,
ni à fe procurer beaucoup' de
plaifirs par le manger, parce-
qu'elle i~ait que torfque l'eAo.
mac eft trop plein, l'homme eft
incapable d'agir, 6e nedéGre que
le Sommeil. Elle fçait que lorf-
que le corps eft trop gras fes
chaînes en deviennent plus for-
tes, & qu'il en eft moins capable
de remplir fes vrais devoirs. Que
celui donc qui n'a d'autre inten-
tion que de mener une vie Spiri-
tuelle, & de s'aSranchir des pa&
Cons nous faffe- voir qu'il e~
plus ai~e de îë nourrir de vian~
des que de fruits ou de légu<
mes que Papprêc en eA plus
6mple que la digefUon en eft
plus facile;, qu'elles excicenc moins
îes payons, & qu'elles rendent
le corps plus vigoureux.
XL VIL Si ni aucun Mé-
decin ni aucun Philosophe
ni aucun Maîcre d'éxercice m
en6n qui que ce foit n'a ofëavan-
cer ce paradoxe pourquoi ne
nous dégivrons-nous pas vofon~
,tairement d'un fi grand fardeau
Pourquoi ne nous aSran~hitfbns-
nous pas d'une infinité de maux,.
en renonçant a Fufage de la. vian~.
de Les richeffes nous feroient
pour lors inutiles. Nous n'au-
rions pas befoin d'un grand nom-
bre de domefUques & nou~
nous paûerions d'une multitude
de meubfes & d'uften~!es. Nous~
jne ferions point appëfantis pa,r
le fommeil. Nous cvfcerrons de
grandes maladies, qui nous oMt-
~enc d'avoir recours aux Méde-
cins. Nous ferions moins portés
aux plaifirs de l'amour. Nos chat.
ces en feroient moins fortes. En"
~m nous ferions garantis d~unc
in6nicë de maux. L~abAfnence
des viandes remédie à tous ces~
incon venions. En ïë bornancaox
~hofes inanimées H n'y a per-
sonne qui ne puiffe avoir ai(c-
mène ce qui lui eft nëcei&ire
& l'on procure à Famé une paix
qui la met en furecë contre les
panions. Ceux qui ne mangent
que du pain d'orge, difoit Dio-
gcne y n'onc deffein, m de nous
voler ni de nous faire la guer-
re. Les cyrans Se les fourbes fbnc
tous mangeurs de viandes. En
diminuant les befoins en re-
tranchant une grande partie des.
~Mmens~ nous Soulagerons le cra~
vait de l~e~omac 3 l'eipric ~era.
plus libre, n'ayant plus rien i
craindre, ni des fumées des viao"
des ni des mouvemens du corps.
X L V 1 1 1 L'évidence de
ce nftême n'a befbm nii <~
commentaires ni de preuves.
.Non-feulemenc ceux qui fe f~nc
propofe de mener une vie ipi~
~icuetle, ont regardé l'abSinence
des viandes comme ncceaaire
pour parvenir à leur nn mais je
crois auS que tout Philo&phe
pen&fa de même~ des qu-'il voui-
dra donner la préférence à un~
.(âge économie fur le luxe 6e
qu'il fera attention à l'avantage
que ceux qui fe contentent de
peu, ont fur ceux qui o-nt beau-
coup de befoins. Et ce qui pa-
roitra plus éronnanc quelques-
uns d'encre les Philosophes qui
font conG~er le bonheur dans
le pla.ifir penfent de même. Je
veux parler des Epicuriens, -dons
plufieurs, entre lesquels étoit E-
picure fë font contentés pour
toute nourriture de pain d'orge~1,
& de fruits, & ont fart voir dans
leurs ouvrages qu'il faHoit très-
peu de choie pour la nourriture
de l'homme & que des nourri.-
rure~ nmples & faciles à & pro.
curer, lui fufHfbient'.
X L 1 X. Les befoins de la na-
tore font bornés difent.ils ~c
on peut affement les fatisrairc
il n'en eft pas de même de ce qui
ne canCIte que dans de vaincs
opinions~
opinions. ils ne regardent com-
me nece~aire, que ce dont la pri-
vation fait n~ceJairemenr fouf-
Mr. Mais pour ce qui n'eA que
de luxe & que l'on ne dë~re pas
nëceufairemenc j ils le regardent
comme inucHe puisqu'on pour-
roit s'en paffer fans douleur que
l'on peut fubufter fans ceta 6c
que le prétendu befoin qu'on en a,
n'eA dû qu'à de ridicules & fauffes
opinions. Celui quife nourrit de
viandes, ne peut pas fe paûfer de
chofes inanimées pour fa nour.
riture celui qui borne fon man~
ger aux chofes inanimées, a la
moitié moins de befoins & il
peut fe les procurer aifcmcnc
& fans grands frais.
L. Ils ajoutent qu'il faut que
celui qui ne peut pas avoir ce
qui lui eft néceffaire, ait recours
aux conîblAcions de la- Philoso-
phie, 6c Supporte avec courage
les maux qui lui furvieBnenc. tl
eft vrai que nous ferions mal con-
icillës, fi nous ne confultions pas
la Philofophie lorfqu'il s'agit
des befbins de la. nature. Que ce
ioit donc elle qui nous dirige
pour lors nous ne chercherons
pas a. accumuler des richeues, 8e
nous réduirons nos alimens à très-
peu de chofes. Nous n'aurons pas
de peine à comprendre qu'il eft
beaucoup plus heureux d'avoir
peu de befoins, & que c'eA un
moyen très-sûr d'éviter de grands
i nconvéniens.
L I. Tels font la pefanteur du
corps, les embarras attachés à
une vie voluptueufe la dinicul-
té de conferver toujours la pré.
fence d'efprit & la raifon & en-
fin plufieurs autres, qui doivent
nous engager à donner la préfé-
rence à la vie frugale puifqu'il
n'y a point de compenfation qui
puifle tenir lieu de tous ces défa-
vantages. Un Philofophe doit
être convaincu, que rien ne lui
manquera dans cette vie-ci. Il
aura d'auranc plus facilement
cette perfuaGon qu'il ne recher.
chera que des chofes qu'il eft ai.
j(e de fe procurer car il feroit
bien-tôt détrompé s'il donnoïc
dans le luxe. La plûparc des gens
riches font toujours dans la pei-
ne,t comme fi tout devoit leur
manquer. Un mocif pour fë con.
tcnr&r de peu de chofes & de
celles qu'on trouve aifément eft
de faire attention que toutes les
richeSes du monde ne font pas
capables de guérir les croubles
de Famé., que les chofes com-
munes funS~enc pour le befoin
que fi elles manquenc, elles cau-
~enc peu de chagrin à celui qui
n'ett occupé qu'a mourir & que
fi l'on n'eit féduit par de vaines
opinions, il eft bien plus aifé à
ceux qui font accourûmes à la
frugalité de trouver des remc-
des à leurs maux, qu'à ceux qui
vivent dans l'abondance. La di-
ver fité des mets non-feulement
ne remédie pas aux troubles de
Famé elle n'augmente pas mê-
me le plaifir des fens. Car il n'y
a plus de plaifir, lorfque la faim
eft appaifée. L'usage de la chair
ne contribue point à la conferva.
tion de la vie. On l'a introduie
pour varier les plaifirs. On peut
le comparer aux plaifirs de Fa<
mour, & aux vins étrangers dont
on peut fort bien fe paner mais
ce qui eft nëceuaire a l'homme,
fe réduit à peu de cho~ë, eft a!
fé à trouver 8e on peut en rai~
re ufage fans que la jufUce & la
tranquillité de l'ame en fouSrenc.
L 11. L'ufage de la viande
loin de contribuer à lapante, lui
eft contraire. Car les mêmes
chofes qui rëcabliuent la fanté
~bnc celles qui la confërv~nc. Or
on la recouvre par un régime
très-frugal d'où la viande eft ex~
due. Si la nourriture des chofes
inanimées n'cft pas capable de
procurer autant: de forces qu'en
avoir Milon, &e ne contribue pas
à la vigueur du corps qu'im~
porte a un Philofbphequi fe def-
fine a la vie contemplative. &
qui renonce aux exercices vio-
lens & à la débauche ?3 Il n'eH:
pas étonnant que le vulgaire s'i-
.magine que l'ufage de la viande
foit utile pour la fancé puifqu'il
croit que les plaifirs de Famour
y contribuent, quoique loin d'ê-
tre fains c'eH: beaucoup quand
ils n'incommodent point. Mais
il faut faire peu d'attention à.
ce que penfent ces fortes de
gens car de même que le plus
grand nombre n'eH: pas capable
d'une amitié parfaite & con~an~
te auHi n'e~-il pas fait pour la
fageffe. U ne ~aic ni ce qui con-
vient au particulier, ni ce qui en:
utile au public il ne difMngue
pas le bien du mal l'incempé~
rance, & le libertinage, ont pour
lui des attraits ainG il n'y a pas
~ujec de craindre, qu'il ne fe trou..
ve pas auëz de gens pour man-
ger les animaux.
LUI. Si tout le monde pen-.
foit fainement on n'auroit befoin
ni d'oiseleurs, ni de pêcheurs~ ni
de chanëurs, ni de porchers. Les
animaux fe dëcruiroienc les un-s
Jes autres de même qu'il arrive
à toutes ces efpéces dont les hom-
mes ne. mangent point.
Il n'eft: pas douteux qu'il faille
conferver la fancé mais ce n'eft
point par la crairte de mourir
c'ed afin de ne point trouver
d'obstacles dans la contemplation
de la vérité. Le meilleur moyen
d'entretenir la fanté eft de main-
tenir l'ame dans un état tran.
quille, & dans une grande atten-
tion pour la vén':é ainu qu'on
peut te prouver par l'expérience
de plufieurs de nos amis. On en
a vd ( ) qui après avoir été tel.
lemenc tourmentés pendant huit
ans de la goute aux pieds 6~ aux
mains qu'il ral!oic les porter
1,
en ont été guéris des qu'ils fe font
défaits de leurs richeues, 6c qu'ils
n'ont point eu d'autre objet que
celui de s'occuper de la Divinité.
La fituation de l'ame influe
fur la fanté de même que la diet-
ce ~e comme difoit Epicure, il
faut craindre les nourritures que
nous déûrons beaucoup mais
dont nous fommes fâchés d'avoir
fait ufage. Tels font les mecs fuc.
culens que l'on achéte fort cher,
& dont l'ea~ec eO: de caufer des
réplétions des maladies, & de
mettre hors d'ë~ac de s'appli.
quer.

( « ) Porphyre parle ici de Roganen, dont il


Ait mention dans la Vie de Plotin c, 7.
L I faut même avoir af-
V. Il
tention à ne pas trop fe raCaCef
des nourritures fimples & l'on
doit agir toujours avec modéra-
tion. En fuivant ces confits, l'on
ne s'attachera pas trop à la vie
l'amour des richeHes ôe 1~. crain-
te de la mort ne feront pas trop
d'impreflion fur nous. Le plai~if
que donnent les repas fomp-
tueux, n'approche pas de celui
que produit la fbbriccë cnmme
Je favent ceux qui en ont fait
l'expérience. Rien n'eH: plus
agréable,que de s'appercevoir que
nos befoins fe réduisent prefque
à rien. Supprimez la magnincen<
ce de la table 1, la patEon pour'
les remmes, l'ambicion l'argenc
nous feroit plus à charge qu~uci-
le. Un homme délivre de ces
payons a aifément tout ce qu'il
lui faut & goute une joye pure
d'avoir ce qui lui eft nëceuaire
avec tant de racilicc.Nous ne f~au~
rions trop en prendre l'habitude
parce qu'en bornant nos befoins
nous reffemblons aux Dieux, Nous
ne fouhaiterons pas de vivre tou.
jours,afin d'augmenter nos richeC'
fes nous ferons vraiment riches
parce que nous mefurerons rros
richeues fur le befoin & non pas
fur les vaines opinions. Nous ne
ferons pas fans ceHe dans l'efpé-
rance des plaifirs vifs qui font ra.
res, & coujours accompagnés de
rroubles~mais contens du préfent,
le dénr d'une longue vie '~ous oc<
cupera peu.
L V.. N'e~-il pas abfurde que
celui qui eA dans une fituation
fâcheufe foit qu'il fouffre foit
qu'il fcjc en prifon ne s'embar~
raffe en aucune façon de fa nour-
riture, refufe même quelquefois
de manger, tandis que celui. qui
eft vraiment dans les liens &
y
tourmenté par mille payions fâ<
cheuïes s'occupe de le procurer
diverses fortes de mets qui ne
peuvent que rendre fes chaînes
plus pefantes ? N'eit-ce pas igno.
rer fon état, & aimer fa mi~re ?
Ce n'eft pas ainH qu'en agiuenc
ceux qui font renfermés dans les
priions peu fenfibles au préfent
& remplis de troubles, ils ne fon.
gent qu'à t'avenir. Quiconque
voudra parvenir à la tranquilHcé
1,
ne recherchera ni une table mag.
ninque ni de~ meubles tuperbes,
ni des parfums exquis ni d'ex-
ceHens cuifiniers ni des habits
ïupernus on ne dénre ces pré-
tendus biens, que parce que l'on
n'a point les vraies idées des cho-
fes. !!s font toujours accompag.
nés de troubles infinis m,ais c'eft
à quoi les hommes ne Ponc poinc
d'attention peu contens de ce
..qu'ils ont ils ne défirent que
ce qu'ils n'ont pas.
L V I. Celui qui aime la vie
contemplative fera frugal il
f~aic ce que c'eft que les chaînes
de l'ame il s'ab~iendra des vian.
des, parce que les alimens ina<
nimés lui fuS~cnr. Je demande-
rois volontiers à un Philofophe,
s'il ne s'expo~eroic pas à quelque
douleur pour être parfaitement
heureux. Lorfqu'il nous jfurvienc
quelque grande incommodicé
pour en être guéris ne fouf-
irons-nous pas qu'on employé le-
fer & le feu ? Nous prenons des
remédes dëfagrëables encore
rëcompenfbns nous généreuse-
ment ceux qui nous traitent ain<
~i & lorfqu'il s'agir des maladies
de l'âme, & de combattre pour
parvenir- à l'immortalité, pour
nous réunir à Dieu malgré les
obstacles du corps n'e~-il pas
convenable de braver la douleur ?
Mais nous ne traitons point ici
du mépris de la douleur il n'e~
quefUon préfentement que de fe
priver des plaifirs qui ne font
pasnëceCaires. Je crois que ceux
qui voudroient encore s'opiniâ.<
trer pour la défenfe de l'intem-
pérance, n'ont rien a répliquer.
L V 11. Si nous voulons par-
ler avec vérité, nous ferons obli-
ges de convenir que le feul moyen
de parvenir à la fin à laquelle
Nous fommes devines eft de ne
nous occuper que de Dieu &
de nous dëra~ber du corps, c'eft~
a dire, des plaifirs des fëns.No~
tre ~atuc viendra de nos œuvres~
& non pas des discours que nous
nous ferons contentés d'écouter.
Il n~t pas polfible de s'unir à
un Dieu fubakerne & a plus
forte raifon à celui qui domine
fur tout même fur les natures
incorporelles fi l'on ne renonce
pas à l'ufage de la viande. Ce
ne peut-être que par la pureté
du corps ~c de l'ame que nous
pouvons avoir quelque accès au~
près de lui. Pour y parvenir il
faut donc vivre purement
faintemenc de force que comme
ce pere commun e~t crës-CmpIe
rr~s-pur, ~uSfanc à lui même $c
dégagé de toute ma-ciëre~ quicon-.
que veuc s'approcher de lui, doit
travailler d'abord à la pureté de
fon corps, ~c enfuite à celle de
coures les parties de fon ame. Je
ne crois pas que personne veuil.
le me contredire mais onfera
Surpris 7
peut-ccre que nous regar-.
dions l'abSinence des Animaux,
comm~ une cho~c euentielle à la
~ainretë, tandis que nous croyons
que le facrifice des moutons &
des bceurs efr une adion Tainte
& agréable aux Dieux cette
madère étant fufcepcible d'urie
longue diicuŒon nous allons
commencer par traiter des iacri<
nces.
TRAITÉ
DE
PORPHYRE
L 1 VR E SE CON 13.
Près avoir traité de la
fragilité & des moyens
d'arriver à ta, perrec~
tion, nous iommcs
<- parvenus à la,
quefUon des tacrinces~ qui n'eA
pas fans grande difficulté & qui
demande une longue difcuffion,
nous voulons ne rien avancer
qui ne puiuë plaire aux Dieux.
Nous allons expoier les réflexions
ncceuaires pour l'incelligence de
cette maciére, après avoir relevé
quelques erreurs qui ont rapport
à ce fujet.
1 L Premiérement nous nions
que ce foit une conféquence que
de ce que la. nëceuicë oblige de
tuer les Animaux il foit permis
de. les manger. Les loix veulent
bien qu'on repouue les ennemis 1
qui nous attaquent mais il n'a.
pas encore été permis de les man-
ger. Secondement, quoiqu'il con<-
vienne de facrifier des êtres anL-
niés aux démons, aux Dieux 6~
9. quelques Puiuances par des rai-
fons ou connues, ou inconnues
aux hommes il ne s'enfuie pas
que l'on puilfe fe nourrir des AnL
maux car on fera voir qu'on en
a facrifié dont on n'auroit pas
ofe manger. Et quand on en pour~
roit tuer quelques-uns ce n'eH:
pas une preuve qu'on puiffe les
tuer tous comme on ne doit
point conclure qu'il feroit permis
de tuer les hommes parce qu'on
auroit droit de tuer les An!.
maux.
III. L'abflinence des Animaux
ainu que nous l'avons remarqué
dans notre premier Livre, n'e~
pas recommandée à tous les hom-
mes elle ne Feâ qu'aux Phile.
[ophes & fur tout à ceux qui
font conS~er leur bonheur à imi<
ter Dieu. Les Léginaieurs n'onc
pas fait les mêmes Rcglemens
pour les particuliers, pour les
Prêtres. Ils ont permis au peu.
pIe Fufage de plufieurs alimens,
ôc de diverfes autres chofes qu'ils
ont interdites aux Prêtres fous de
groSës punitions ëe même fous
peiae de la mort.
IV. En ne confondant point
ces objets 8e en les diflinguant,
comme il convient, on trouvera
la fblution de la plûpart des dif~
Hcultés qu'on nous oppo.fe. On
prétend qu'on eft en droit de
tuer Jes Animanx à caufe des torts
qu'ils
<
qu'ils nous font. De-là: on con-
clue qu'il e~t permis de les man-
ger. Parce qu'on tes facrifie on
ïbutienc qu'on peut s'en nourrir 3
& parce qu'on a droit d'excermL.
ner tes bêces féroces, on juge qu'il
eft permis de tuer les Animaux
domestiques comme l'on ~nfere
que parce que les Athletes
les foldacs & ceux qui font de
violents exercices j peuvent man-
ger de la viande les Philofo-
phes, en un mot tous les hom-
mes ont ce droit là. Toutes ces
conséquences font dcred:ueufes,
comme il eft aifé de le faire
voir & comme nous le prouve-
rons dans la fuite mais pour le
prêtent nous allons traiter des
facrifices. Nous expliquerons leur
origine nous dirons ce que l'on
~acri6a d'abord les changemens
qui arrivérent dans ces cérémo-
nies nous examinerons file Pht-
lofbphe peut tout offrir en ~cn-
fice ,6c à qui il faut facrifier de~
Animaux nous dirons fur ce ~u-
jet ce que nous avons découvert
nous-mêmes, ce que les Anciens
nous ont appris.
V. Il paroîr qu'il y a un tems
infinie que la nation que Théo<
phrase appelle la plus éclairée
qui habice le bords Sacrés du
Nil a commencé à facrifier aux
Dieux cëleûes dans les maifons
parciculicres, non pas a la véri.
té des prémices de Myrthe ou
de canelle~ ou d'encens mêlé avec
du Safran i car ces chofes n'ont
ccé employées que dans la fui-
te des tems lorïque les hommes
s'occupant d'ouvrages pénibles
en oSroienc une partie aux Dieux:
ce n'efr pas là ce qu'on ~acriHoic
dans l'origine on fe conrencoïc
de pré~encer aux Dieux de Fherbe
que l~on arrachoit de fes mains
~e que l'on regardoic comme les
prémices de la Nacure. La. cerM
produifit des arbres, avant qu'il
y eût des Animaux y &cavant les
arbres, il y avoit des plantes, dont
on coupole tous les ans les feuil-
les, les racines, ôe!es bourgeons,
pour les jetter au feu & fe
rendre par la propices les Dieux
céle~es. C'ctoic par'îe feu que
les Egypriens rendoient aux Dieux
ces honneurs. Ils gardoient dans
leurs temples ( <<} un feu éternel,
parce que le feu a beaucoup de
reuemblance avec les Dieux. L es
Anciens avoient une ~1 grande ar~
tendon à ne point s'éloigner de.
ces anciennes courûmes, qu~its rai-
~bienc des imprécations contre
ceux qui innov~roienc: H fera ra-
cile de rëcônnoïcre l~anciennete
de ces facrinces fi l'on veut raiL
:re attencion qu'il y a encore urx
grand nombre de gens ~qui~cr~

(<t) E~be P~p. Evang, Ï. I~p. ï9~


~ient de pecics morceaux de bois
odoriferant. La terre ayanc pro-
duit des arbres, les premiers hom-
mes mangérent des glands ils en
o~rirenc peu aux Dieux parce
qu'ils les réfcrvoienc pour leur
nourri cure mais ils leur facri-
fioient beaucoup de reuiîles. Les
iRœurs s'étant poties on chan.
gea de nourricure on offrit aux
Dieux des noix. Ce changement
donna lieu au proverbe voilà
aHez de glande
VI. Apres les légumes, fe pre~
mier fruit de Cérès que l'on vit, ce
fut l'Orge. Les hommes l'oSrirenc
d'abord en grain aux Dieux
ayanc enfuke trouvé le 6crec de
le réduire en rarine de s'en
Bourrir ils cachèrent les inS:ru<
mens dont ils fë fervoient pour
ce cravâil ôc persuades que c'é-
toit un (ecours que le ciel leur
envoyoit pour le foulagement de
leur vie, ils les re~peAérenc com~
me (acres. Ils offrirent aux Dieu~
les prémices de cette farine, en
la jetranc dans le feu 6c encore
aujourd'hui à la fin des facrifices,
on fait ufage de- farine pétrie
d'huile & de vin c'e~ pour
rendre tëmoisnas'ea l'origine des
r 'c
facrifices ce qui eft
n °
ignoré de
<
prefque tout le monde. Les fruits
& les bleds étant devenus crës<
communs on offrit aux Dieux
des. gâceaux, & les prémices de
tous les fruits on choiHuoic ce
quily avoit de -plus beau & de
meilleure odeur on en couron<
noit une parcie & l'on jeccoic
l'autre dans le feu. L'ufage du
vin, du miel ôe de l'huile ayant
été en~uice trouve les hommes
or&irenc les prémices de ces fruits
auxDieux,qu'i!s regardoienc com-
me les auteurs de ces biens.
VU. On voit encore la preu~
ve de ce que nous difons dans la
proccuion qui fe faic à Athènes
en l'honneur du Soleil & des He~j
res. On y porre de l'herbe fuf
des noyaux d'oirveyâvec.des le"
gumes, du giand des pommes
iauvages, de l'orge du froment,v
des pâtes de figues des gâceaux
de fromene, d'orge, de fromage-
1,
& de neur de farine avec une
marmice toute droire. Ces pré-
mters facrifices furent Suivis d'au~
tres remplis d'injufHce de craa.u~
té y de forte que l~on peut diror
Que les imprécations que l'on ra~
foit autrefois, ont eu leur accom~
pliuëment. Depuis que les hom~
mes ont fouillé les Autels du fang
des Animaux ils ont éprouvé
les horreurs de la famine & de~
guerres ils fë font. ramiliari~
~ës avec le fang. La Divinité y
pour me fervir des expreŒons de
Thëopbra~e, leur a par-la in~L
gc la punition qu~ils méricoienc
& comme il y a des Athées & de~
~en~ qui penfent mal de. 1~ DivS.
cicé~en croyanr que tes Dieux fort:
méchans ou du moins qu'ils ne
font pas plus parfaits que nous
auul voie on des hommes qui ne
font aucun (acriSce aux Dieux 8e
ne leur offrent poïnc de prémices
& d~aucres qui leur facrifient ce
qui ne devroit pas être facrifié.
VIII. Les Thoës qui habL
toienc fur les confins de la Thra-
ce, n~oOroienc aux Dieux, ni pré.
mices ni facrifices auffi furent
Hs enlevés de ce. monde
i
de
forte qu'il ne fut poffible de
trouver ni aucun d'eux m au-
cun vefHge de leur demeure. Ils.
uibienc de violence envers les
hommes ils nlionoroienc poinc
les Dieux & ne vnuloient: pas
leur &criner malgré l'uiage rec&
par touc. C~eft pourquoi Jupicec
fâché de ce qu'ils n'honoroienr
point les Dieux, & ne leur oSroienc
point de prémices ainu que la~
j'a~fbïi l'éx~e les anéandc~ Les
BaSariens facn6ërenc d'abord de<
taureaux, enfuite des hommes. Ils
firent après cela leur nourriture
de ceux-ci, comme a prëfcnc on
mange le refcc des Animaux donc
on a facrinë une partie. Mais qui
eft.ce qui n'a pas oui dire que de-
venant furieux ils ie jeccérenc les
uns fur les aucres y juiqu'a ce que
cette race qui avoir introduit pour
la première fois des facrifices hur'
mains j fut détruite.
IX. On ne facrifia donc des
Animaux, qu'après les fruits. La
raifon qui obligea d'y avoir re~
cours,1, ccoic fort facheufë c'ë-
toit ou la famine, ou quelque
autre m-alheur. Les Athéniens ne
les firent mourir d'abord, que par
ignorance, ou par colère, ou par
c~aince. Ils attribuent le meurrre
des cochons à Climënc, qui en
tua un, fans en avoir le deCëin.
Son mari appréhendant: qu'elle
n'eût commis un crime conMca.
l'Oracle
ta l'Oracle d'Apollon le Dieu
ne layant pas repris de ce qui
ctoic arrive, on en conclut que
Fanion étoit indifférente. On pré-
tend que l'inspecteur des facrifi-
ces qui étoit de la famille des
Prêtres, voulant facrifier une bre.
bis, confutca r0rac!e, qui lui con.
feilla d'agir avec beaucoup de
circonfpeccicn. Voici les propres
termes de la réponfe il ne t'e&
pas permis d'user de violence con~.
tre les brebis, defcendant des Prê-
tres mais~ fi elles y confentent.,
je déclare que eu peus ju~emenc
mêler leur fang avec de l'eau
pure.
X. Ce rut tur l'Icare dans l'At-
tique, que l'on fit mourir pour la,
premiére fois une chèvre, parce
qu'elle avoic broute la vigne.Dio-
me.PrêcredeJupicer conservateur
d'Athènes égorgea t~premier
un bceuf, parce qu'a la fête de ce
Dieu lorfqu~ar~réparoic les
truies félon l'ancien ufage un
bœuf~rvinc, & mangea le facré
gâteau Diome aidé de tous ceux
qui étoient avec lui, tua ce boeuf.
Voilà en partie ies occafions, qui
ont engagé les Athéniens à tuer
les Animaux. Il y en a eu de dinë"
t renres chez les autres peuples-.1
elles font toutes dénuées de bon.
nes raifons. Le plus grand nom ·
bre croie, que c'e(t la faim qui
caufé cette injuMce. Les hommes
ayant mangé des Animaux les
ont enfuite facrinés ? jufques.
là ils n'avoienc point fait ùtage
de cet aiimenc. Puis donc que
dans l'origine les Animaux ne fer<
voient ni aux facrifices ni à la
nourriture des hommes, on pour.
roit fort bien. s'en pauër 6c ce
n'eft pas une conféquence que ce
foie- une chofe p ieufe de les man<
gero¡ parce qu'autrefois on en
mangeoit & on en facrifioit puif.
qu'il eft démontré que Forigine
rien de pieux.
<ie ces facr ifices n'a
X I. Ce qui prouve encore que
c'eA FinjufUce qui a introduit le
meurtre des Animaux, c'ed que
l'on ne facrifie, ni l'on ne mange
les mêmes'chez toutes les nations.
Elles fe font coûtes conformées en
cela à leurs befoins. Les Egyp-
tiens & les Phéniciens mange.
roient plutôt de la chair hucnai-
ne, que de la vache. La raifon eft
que cet Animal qui eft fort uti-
le, eft rare chez eux. Ils man~
gebienc des taureaux & les facri-
Boienc mais Us ëpargnoient les
vaches pour avoir des veaux &c
ils déclarerent que c'étoit une im-
piété de les tuer. Leur befbin leur
fit décider que l'on pouvoit man.
ger les taureaux qu'il çcoic
impie de tuer !es vaches.
Théophrafie fe fërt encore d'au.
tres raifbns pour interdire à ceux
qui veulent vivre pieufemenc, le
facrifice des Animaux.
1
XII. Premièrement c'ed que
comme nous l'avons dcja. ob~er<.
vé on n'y a eu recours que dans
la plus grande extrémité. Les fa-
mines & les guerres ont enfuice
obligé les hommes de manger
les Animaux, Puisque ia. terre nous
fournie des fruics pourquoi re~
courir à des ~acrihces qui n'~
voient été introduits que par-
ce que les fruits manquoient ? S'il
faut que la reconnoiC~nce foit
proportionnée aux bienfaits, nous
devons faire de grands préfens
à ceux qui nous ont comblés de
biens & il convient que nous
leur offrions ce que nous avons
de plus précieux fur tout C c'eft:
d'eux. mêmes que nous tenons
ces avanca.go$. Or les fruiK de 1~
terre font le plus beau & le plus
dignie préfent, que les Dieux nous
ayent fait car ils nous confer.
venc la vie, nous mettent en
~c~ d~ vivre raiibnnabkmen~
C'eft donc par Fonrânde de ces
fruits qu'il faut honorer les
Dieux. On ne devroit leur offrir,
que ce qu'on peut ~acriSer fans
commettre de violence. Car le ~a-
crince ne doit faire tort à qui <~ue
ce foit. Si quelqu'un difbic, que
Dieu a fait pour notre ufage les
Ani àmaux. ~inH que les fruits,
nou~rëpondrions qu'il ne faut
cep6nd~nr pas les facrifier, puif-
que cela n'eA pas podble fans
les priver de la. vie y &: par con.
féquent fans leur faire mal. Le
facrifice eft quelque chofe de
crë ainfi que fon Eeymotogie
1,
le fait voir. Or il eH: in}u~e de
rendre graces aux dépens des au<
tres. Il. ne feroic pas permis de
prendre des fruits ou de< plantes
pour les facrifier malgré celui à
qui elles appartiendroienc à plus
forte raifbn &roit<il défendu d'u-
furper des chofes encore plus
prccieu&s ,que les fruits 6e les
plantes, même pour les offrir aux
Dieux. Or l'ame des bêtes eft plus
prëcieufe que les fruits de la ter<
re il n'eH: donc pas raifonnable
de tuer les Animaux pour les
facrifier.
XIII. On dira peut-être que
nous faifons violence aux p!an«
tes lorsque nous les ~CjsMoQs.
Mais il a beaucoup de diSen~ce.
Nous n'en faifons pas ufage ma!-
gré elles & quand même nous
n'y toucherions pas leurs fruits
tomberoient. D'ailleurs en cueit-
lant le fruit, nous ne façons pa~
mourir la p!ance$ Quanc autï'a~
vail des abeilles, il e~ iufte que
nous en partagions le proSc, puif-
que c'eft à nos foins qu'ëttes font
redevables d'une partie de leurs
ouvrages. C'eft des plantes qu'eL
les tirent le mie) & ce font les
hommes qui cultivent les plan-
tes on peut donc entrer en par-
tage avec elles mais de façon
qu'on ne leur rauë point de tort, &
que ce qui leur eft inutile, de vien-
ne ~a. rëcompenfë de ce que nous
avons fait pour elles. AbAenons'
nous donc des Animaux dans les
facrifices ils appartiennent aux
Dieux m<ds quant aux plantes,
il femble qu'elles foient de no..
tre domaine. Nous les fëmons
nous les plantons nous les en-
tretenons par nos foins; nous pou.
vons facri~ier ce qui nous appar-
tient mais nous n'avons aucun
~roit fur ce qui n'e& pas à nous.
D'ailleurs ce qui coûte peu, ce
que l'on peut avoir alternent, eft
une offrande plus agréable aux
Dieux & plus juu:e~ que ce que
l'on trouve difficilement. Ce que
les Sacrificateurs peuvent fe pro.
curer fans peine, eft plus conve-
nable à ceux qui font dans I'e<
xercice continuel de la piété. En-
fin il ne faut -facrifier que ce que
la juûicc permet de facriner &
il n'eft point permis devoir re~
cours à des onrandes magninque~
qu'on eft même portée de trou.
ver aifément 6 l'on ne peut les
offrir fans violer la Sincère.
XIV. Que rôn rane attention
fur le plus grand nombre des pa.ys:
ron verra qu'il ne faut pas met.
tre les Animaux entre les chofes
que Fon peut aifément fe procu-
rer & qui ne coûtent pas cher..
Car quoiqu'il y ait des parties
liers qui pouedent de nombreux
troupeaux de brebis & de boeufs.
premièrement il ya des nations en-
tiéres, qui n'ont point chez elles
des Animaux que l'on puiGe fa-
criner; car il n'eA pas question
ici des bêtes qui font robjec da
mépris général. Secondement le
plus grand nombre des habitans
des villes n'a point de ces Ani-
maux. Si l'on dit que les fruits.
agréables font rares chez eux,
on conviendra qu'ils ont du moins
des productions de la terre. Il e&
plus aifé de trouver des fruits
que des Animaux; 6e cette faci<
litë eft un grand bonheur pour les
gens de bien.
XV. L'expérience nous ap<
prend, que les chofes nmples ofL
ïertes aux Dieux leur plaifent
da.vântage~que les facrifices fbmp-
tueux. La Pythie prononce, que
ce Theu~ien qui avoit mit do~ *Àb.

yer les cornes de fes bœufs, ôcquï


o6&oic des Hécatombes à ApoL
Ion lui plaifoit moins qu'Her.
mionëe, qui & contentoit de &<
criner de la farine pétrie, aucune
qu'il en pouvoit tirer de fon fac
avec fes trois doigts & comme
le Theualien après cette décifion
~c brûler fur FAutel tout ce qui
lui reçoit la Prêtreuë déclara,
qu'il étoit depuis ce dernier &<
crifice deux fois moins agréable
aux Dieux qu'il ne l'écoic au<.
paravant. Ce qui prouve que ce
n'cft -point par les offrandes chë*
res que l'on plaît aux Dieux, ôc
qu'ils ont plus d'égard, à la dit"
pofition de ceux qui &cri6enc
qu'a la quantité des Vi~imcs.
XVI. On crouve des histoires
Semblables dans Thëopompe. Il
t
rapporte qu'un Ariatique de Ma~<
gnéne fort riche & qui poSX"
doic piuCeurs troupeaux, .alla i
Delphes. Il étoit dans i'ufage de
faire tous les ans de magninqucs
~acnSces, non feulement parce
qu'il éroir fort riche mais. auù!
parce qu'~ ccoit pteu~, & que par
la ilvouJoicpI~reauxDteux.Ce
fut dans ces ditpoCcions qu'il alla
à Delphes, menant avec lui une
Hëcacombe qu'it vouloit offrir à
Apotton à qui il aimoic faire des
p(Erandesïuperbcs.Ila!Iâconfulter
rOrâcie pour favoir quel étoit
le morcel qui plaifoit davantage
aux Dieux & qui leur of&oic les
&cn6ces les plus agréables. Il
màginoit être de tous- les hom-
mes celui qui fervoit le mieux
les Dieux 3 3c il ne doutoit pas
que la. réponfe de la Pythie ne fût
en fa faveur. Mais la PrêcreHë
répondit que Ctéarque habitant
de Mëchydrie en Arcadie étoit
celui, dont le culte étoic le plus
agréable à la Divinité. Le Mag-
nëden étonné fouhaica faire con-
noiffance avec Cléarque. Il alla
!e chercher, pour apprendre de
lui comment il fàifoic fes ~acri6<
ces f il fe preua donc de te ren-
dre â Mérhydrie H rrouva que
c'ëtoic un rorc petit endroit il
commenta par le- mcprifer, per-
fuadé qu'aucun particuKer de ce't-
te bourgade, même que la ville
entière n'ëtôic pas en ëtac de
faire des offrandes aux Dieux
àuni magnifiques que les Hennés.
H aborda enfuite Ctëarque, pour
-lui demander comment il hono-
'roit les Dieux. L'Arca-dien lui rc-
pondit, qu'il obfervoit de faire ïe~
Acrinces dans les tems ordon<
nës que tous les mois & à cha-
que nouvelle lune, il donnoit des
couronnes à Mercure à Hécate
& à routes les Divinités~ que fes
ancêtres lui avoient appris à ref~
pe~er qu'il tes honoroic~en leur
offrant de l'encens & des gâteaux
qu'il ne laiffoit paffer aucune fê"
te fans faire un facrifice pubËc
qu'ii n'immotoic ni bceuf, ni au-
tre victime, mais qu'il offroit ce
que l'on trouve auemenc com~
me les fruits de la terre & les
prémices de chaque &Mbn, donc
il brûloit une païtie fur rAuteL
II nnic par con~ciUcr auMagnëucn
de fuivre fon exemple, & de ceE.
fer de facriner des bceurs.
XVII. Quelques Ecrivains
rapporcent: qu'après la d~fake des
Carthaginois, les Tyrans de Sî"
cilc oSrircnc avec beaucoup d'é-
nml~ion des Hécatombes aApot?
ion & que l'ayant confulté
pour favoir qui étoic celui dont
î~oSrande lui écoic le plus agréa~
blé il avoit répondu à leur gran.
de furprife, qu'il donnoit la pré"
férence aux gâteaux de Doci~
~Tous. C'étoit un homme du pay~
de Delphes, qui cultivoit un ter.
rain difficile & pierreux { il croie
defcendu de fa bourgade ce jour
la, 6e avoit oSerc au Dieu quel-
ques poignées de farine qu'il
avoit tirés de fon havre-fac ce qui
avoir fait plus de plaifir à Apol~
ion, que les facrifices les plus ma-
gninaucs.
îtè'm''ble C'eft à quoi u~ Po~c~
Ïcmbte faire aHuCon, parce
qu~
-.quo
le fait étoit public, Anciphay
nes dit dans fa my&ique les Dieux
acceptent avec plaifir les oHran-.
des de peu de dépend. La preu.
ve en eH:, qu'après qu'on leur a.
~[acriné des Hécatombes, on 6-
nit par leur oBFnr de l'encens~
~e qui f~ic voir que ce oui leur
été présence jufques là, n'eAqu'u<.
ne dépenfe inutile oc que les cho-
ïës les plus Gmples ïbnc celles qui
leur plaiïenc le plus. Ce qui a
fait dire à Ménandre dans fon
Fâcheux:l'encens & le gâ.ceau font
agrëabies aux Dieux ils les re-
çoivent avec plaifir, lorfqu'ils onc
été puriScs par le feu.
XVIII. C'eA pourquoi on ïë
fervoit autrefois, fur tout dans les
facri6ces~pùblics de vafes de
terre, de bois d'oner, dans l'i-
dée que les Dieux les aimoienc
mieux que les autres & c'eft par
cette raifon que les plus anciens
vafes qui font de terre ou de bois,
font plus refpec~ës tant à caufe de
la macicre~que de la umplicitc de
l'Art. On die que les frères d'Ef-
chyle le priant de faire un hym~
ne en Inonneur d'Apollon ce
Poëce leur répondit ( )~ quetin-

(~) Fabndus Bib. Grxc. i. II. c, t $. n. ?. T. 1~


nichus avoic très-bien travaillé fur
ce fujet. On compara les ouvra"
ges de ces deux Auteurs on trou<
va qu'il y avoit la même diSé"
rence qu'entre les anciennes ûa<-
tues des Dieux les modernes.
Les anciennes, quoique faites fim.
plement, infpirent plus de reC*
pecb les autres à la vérité fbne
mieux travaillées mais elles laif~
~enc une moindre idée de l~Di<
vinité. C'etc -en conséquence de
cecce eftime pour les mœurs an-
ciennes, qu'HëCode a faicTclo~
ge des anciens facrinces, a dit
f uivez les Coutumes de votre
ville. L'ancien nfage e~: le meiL
leur.
XIX. Ceux qui ont écrit fur
les cérémonies oes ïacri~ces, ôc
fur. les Vidimes recommandenc

p. <if. lire Tinnichus, & .non Phri-


I). faut
nicus comme on le voit dans les cdit~on~
crdinaife< de Porphyre.
une grande attention dans FoM~-
tion des gâteaux comme étant
plus agréables aux Dieux que le
facrifice des Animaux. Sophocte
ra.ifant la de&ripcion d'un facn<
fice agréable aux Dieux, dit dans
une de &s tragédies il y avoit
une toifbn des libations de ~in,
des rai fins en abondance, de cour-
te forte de fruits de t'huile &:
de la cire. On voyoic autrefois
à Délos des monumens refpec):a-'
bles, qui repréfentoicat des Hy-'
perboréens qui offroient des épies.
Il rauc donc qu'après avoir puri-
6é nos âmes nous confacrions
1,
aux Dieux des ViAimes qui -leur
plaifent. Ce ne font pas celles qui
font d'un grand prix. On ne croie
pas qu'il convienne à la ~aincecë
du facrifice, que le Sacrincaceup
ait un habit propre tandis que
jfba corps e& impur & comment
ofera-t-on facrifier avec un habit
propre avec un corps pur, C
on
on a Famé fouillée par tes vices
C'ett la bonne difpoStion de ce
qui e~ divin en nous qui ptatc
à Dieu plus que toute cbofe, pac
iâ reSembIa.nce que nous avons
par-ti avec lui. On voyoic écri~
ces vers fur 1~ porte du Tem~
p!e d'Epid~ure quiconque eaire
dans le temple doit être pur. La
pureté conH&e à peniec &ime<
menr.
X X. On peut prouver par
c~ qui nous arrive tous tes )our~
i
en nous metcanc t~Me y que
ce n'eA point F~bonddïïce' des.
oM~tion~ qui pt~c à Dieu 6c
quit & contenue des chofes les
plus communes. Avânc que de
nmnger y nous o~&ons tes prémiL
ces de nos viandes,en petite quan~
ntë à la véritë m~is ce peu ho~
aor~beaucoupi~ Divinité. Thëo'
pbr~e q:ui a. trahë des &cri6ce&
<te' chaque pays, ~nc voir qu~u~
~e&is.on ï~o~cok aux Dieux (pM:
des fruits, &:de l'herbe avant les
fruits. Il fait enluite l~hi&oirodes
libations les plus anciennes, dit-
il, n'ctoienc que de Peau 3 on of-
frit. enfuite du miel après,cela
de rhuik, & en dernier lieu du
via.
XXI. C'e& ce qui eft prouve
par les colonnes qui ~c conser-
vent à Cyrce en Crcce~ ou ~bnc
décrites exa<~ement les cérémo-
nies des Corybances. Empédocle
rend auni témoignage à cette vë<
litë, lorsque parifam des~ennce$
de la Thëogomic~ il dit Mars
n'étoit pas leur Dieu. Ils n'aiment
point la guerre. Jupiter Satur-
ne, ni Neptune n'étoient pas leur
R oi i s. reconnoiHënc pour Re!<
Be Venus c'eft< à- dire l'amitié.
Ils tâchoient. de fe ~a rendre fa-
vorable, en lui offrant <des(t~
tues ) des figures d'Animaux des
parfums d'une excellente odeur,
des facrmccs de Myrchc 6c d'~n-
"t<en$~ & en faifant des libations
<ie miel que l'on repandoic à ter-
re c'eft ce qui fe pratique en-
core aujourd'hui chez -certaines
étions, ce qui doit être re-
gardé comme des vefliges des an-
-ciens usages. Pour lors les Autels
~'étoiënt point arrofés du fang
des Taureaux
XXII. je crois que tant que
ies hommes ont refpe~e ramitic,
& ont eu quelque iencimeni pour
ce qui avoit du rapport avec eux,
~Is ne tuoient pas même les Ani-
maux parce qu'ils les regardoient
<omme étant peu près de même
nature qu'eux mais depuis que
ia guerre y les troubles, tes com..
t)ats fë fbnt introduits dans !c
inonde personne n'a épargné
fon ïemb!ab!e c'eft fur quoi il
~aut faire des renéxions. Quelque
iiaifon que nous ayons avec les
~autres hommes, dès qu'ils & li-
~Mnt a leur mech~sccrc~ peur
faire tort aux autres, nous croyont
être en droit de- tes châtier ë~
même de les exterminer. Il- e&
~uût raifonnable de fe défaire de.
Animaux malraifan&~ qui par leur
nature ne cherchent qu'à nous
détruire.. Maïs quant à ceux qui
ne font aucun. mal &. dont te
naturel ett doux c'e& une injut.
tiee de les tu~er comme U.e& in-
juûe de ruer les. hommes qui ne~
font aucun tort aux autres. !1 me'
paroh qu'il fuit delà que nou~
n~avons pas droit de tuer t~s les.
Animaux, parce qu'il y en a~quet<
ques-uns qui font naturellement
mëchans de même que. le pour
voir que nous avons de tue~ les
hommes malraitans, ne nous d~n~
De pas droit fur la vie des honf
nëtes gens.
XXIII. Mafs~ ne pourra-t-on
pas tacriSer les Animaux que.l'on
peut tuer ? Il eft ici question d~
ceux qui~bncnaturcUeme~MïMn~
vai~; &: ne convient pas plua
de tes facrîScrque ceux qui font
mutiles ce tcroit offrir de mau.
vaifes prémices ce ne Sëroic
pas honorer les Dieux. S'il ëcoic
donc permis de ~cri6cr des AnL
maux~ccne pourroit être que ceux
qui ne nous font point de m~I
mais comme on a été obligé d~
vouer qu'il n'e& pas permis de fai~
~e mourir ceux-ci ,ilne peut donc
pas être permis de les facrifier.
Si on ne don pas les facrifier non
plus que les malfai&ns c'e~ une
conféquence, qu'on n'en doit &-
cnner aucun.
X X IV< On (acrine aux Dieux
pour trois raifons pour les ho-
norer pour les remercier ou
eït6n pour leur demander les biens
qui nous font nëcenaires. Il eft
~e de leur oi&ir les prémices
de no~ biens y puifque nous les
donaons aux honnêtes gens. Nous.
~onocoM Ie& Dieux) ann qu'ik
éloignent de nous tes maux qû~
nous craignons, ou pour les prier
de nous accorder les biens que
Dons fouhaitons ou pour les re-
mercier de leurs bienfaits & CM
demander la continuation, ou en~
fin pour rendre hommage à leurs
perfed:ions. S'il e& permis. d'of"
irir aux Dieux les prémices des
Animaux, c'eA pour queiqu~une
de ces raiCons car nous n'ea
avons poinc d'autres qui nousob!i-
gent de facrifier · mais Dieu fe
croira-c~il honore par des prëml-
ces qu'on ne peut lui oSrir, ians
commettre d'injuriée Ou p!&.
rôt ne pentcra-t-iï~pas qu'on le
déshonore en rainant mourir ce
qui ne nous a raie aucun tore,
puisque nous convenons nous mê-
mes que c'eA une inju~ice~ On
M~honore donc point tes Dieux, en
facrifiant les Animaux ?ce n'dt
pas auili par cette efpëce de &-
cri6ces qu'il faut rendra grades
aux Dieux de leurs bienfaits, car
la reconnoiuance aux dépens d'un
tiers à qui l'on reroic tort, ne fë<
roit pas raisonnable ~c celui qui
prendroit le bien de ~bn voifin
pour le donner à quelqu'un~d~nc il
auroit reçu un plaiGr.ne ~ëroit pas
cenfereconnoiuanc< Cen'e~pas
auu! dans l'espérance d'obtenir des
biens, qu'i) faut facrifier les Ani-
maux aux Dieux car quiconque
veut obtenir une race par une
iojuAice donne Eeu de croire
qu'il ne l'aura pas plutôt reçue
qu'il deviendra ingrat. On peut
bien fe. cacher aux hommes mais
il n'eft pas poffible de tromper
Dieu. On peut conclure de tout
ce que nous venons de dire, qu'il
n'y a aucune bonne raifon pour
Seriner les Animaux.
XXV. Le plaifirla que nous pre~
e facrinces,
Dons aa, ces
x~on ft e nnous em-
pêche de faire attention à la vë-
ritc~ mais fi nous nous trompons
nous m&mes nous ne trompons
pas Dieu. Nous ce facri&ons an.
cun de ces vils Animaux qui ne
font d'aucune utilité aux hommes;
car qui eA-cequt s'cft jamais avifd
d'om-ir aux Dieux des ferpens, des
Morpions des Suges, & des Aot-
ïinaux de pareille espèce Mais
quanr à ceux qui nous font uci-
les, nous n'en épargnons aucun:
nous les cuon~, nous les Scot-
chons dans l'idce de mër&$rpar<
ta la procedion des Dieux. C'dt
a.ïn6 que nous traitons les boeur~
les brebis. ,.les cerfs, les oHcaux,
& même les cochons gras. Mai-
-gré leur impureté, on tes &cnnc
a.ax Dieux. De ces Animaux, les
uns travaillent pour nous procu~.
ter les. besoins de ra vie les au<
tres nous fervent de nourriture y
ou à d'autres ufages~ quelques-
uns qui ne font d'aucune utilité~
mais n'mplement agrëables~~ font
employés aux~ facri6ce?~ Oo~ ne
~crin~
facrifie ni les ânes ni les ëlë-
)hans ni aucun de ceux que nous
faifons travailler 8c qui d'a 1-
leurs ne contribuent pas à nos
plaifirs on les tue à la. vérité
non pas pour les facrifier mais
pour en tirer quelque ufage. Quant
aux animaux que nous defUnons
aux ~criSces 1, nous choiuuons
moins en cela ceux qui feroient
les plus agréables aux Dieux, que
ceux qui fervent à contenter nos
dëGrs & nous faifons voir par-
lai que dans nos facrifices nous
avons plus en vûe nos plaifirs
que les Dieux mêmes.
X X V I. Les Juifs de Syrie
àinG que le remarque TheophrafL
te confervent encore dans les
facrifices les usages qu'ils ont re-
çus de leurs pères. Si on nous or-
donnoic de les imicer, nous fe.
rions bien-tôc< rebutés des ~acn"
fices. Ils ne mangent point de ce
qui a été facrifié ils brûlent la
vi~Ume toute la nuic ils verront
deffus du miel & du vin ils la
confument toute endëre a6n
que le Soleil qui voit tout ne
foit point témoin- de leurs my&e.
res. Ils jetînent de deux jours
l'un ôc pend~nc tout ce tems
comme ~s font n~turcUemenc
PIiilofbphes ils ne ~encrecien-
nent que de la Divinicë ils év~~
minent les Aftres coûte la nuit
& recourent à Dieu par leurs
priéres. Ce furent eux qui les
prémiers offrirent les prémices
des animaux, ôc même des hom<-
mes, ce qu'ils firent plûpo~ par
ncceHicë) que par aucune a.utre
raifon. Que l'on jette les yeux
fur les Egyptiens qui font les plus
iàgcs de tous les hommes~ ôc
ron verra que bien loin de tuer
les animaux, ils ~ë repreien~oien~
les Dieux fous leurs Ëgures de
force qu'ils regardoienc les ~ni-
maux~~omme ayant beaucoup d~
rapport avec les Dieux & les
hommes.
XXV H. Dans l'origine des
tems on ne facrifioit que des
fruits. Enfuite les moeurs s'écanc
corrompues~ les fruicsécanc de-
venus rares, les hommes porte-
rent la fureur jusqu'à fe manger
les uns les aucres ils oNrirenc
aux Dieux les prémices de ce
qu'Us avoienc de plus beau &
enfin des hommes même. Enco-
re aujourd'hui en Arcadie aux
Fêtes des Lupercales & à Car-
thage, on facrifie des hommes
en certain cems de l'annëe
quoique par les Loix des ~acrin-
ces ceux qui font coupables de
meurcre Soient déclarés indi-
gnes d'auHcer aux myHëres. Après
cela, ils ont ~ubAicuë les animaux,
<Se raHaCës de la nourriture per~
mife ils ont porté l'oubli de la
piété dans leurs goûcs jufqu'a
manger dccouc ce qui exiAoic,
fans avoir aucune attention aux
Loix de la tempérance. Ils ëtbienc
dans l'usage de goûter de ce
qu'ils offroient aux Dieux & ils
conrinuerenc lodqu'apres les
fruits ils 1,
(acrinerenc les' animaux.
Dans l'origine, les hommes con-
tens d'une nourrirure frugale n~
chagrinoient point les betes. Le
fang des taureaux ne couloir point
(urrAutel, & l'on regardoir com-
me un très-grand crime de pri.
ver quelque être de la vie.
X X V 11 L Ç'eft ce que l'on
peut prouver par un Autel que
l'on conferve encore à Dëlos,8c
que Fon furnomme l'Autel des
pieux parce que l'on ne facrifie
jamais deffus aucun animal ce
nom de pieux fut donne éga.
lement a ceux qui çonftruifirenc
l'Autel, comme à ceux qui y fa.
crinoienc. Les Pythagoriciens ap~
prouvèrent cet ufage & s'ab~e-
noient pendanc touce leur vie de
manger de la viande. Seulement
iorfqu'Hs of&oient les prémices
de quelques animaux aux Dieux,
ils en goûtoicnt & nous nous en
rempliifons mais il n'auroit ja-
mais fallu répandre le fang fur
les Autels des Dieux & les hom-
mes- auroienc dû s'interdire la
nourriture dès animaux ainfi
e.celle de leurs femblabes. Il
~eroit propos de ne jamais ou-
blier une coutume qu'on ob~er-
v,e encore à Athènes, & qui de-
vroit nous tenir lieu de Loi.
XX IX. Autrefois lorfqu'on
D'ofrroicaux Dieux que des fruits,
comme nous l'avons déjà remar-
qué, &. que les animaux ne fer-
voient pas encore de nourriture
aux hommes~ on dit qu'au mo.
ment qu'on prcparoic un facrin-
ce public à Athènes, un bœuf qui
revenoit de la charue~ mangea
le gâteau & une partie de la
farine que l'on avoit expofee fur
"une table pour la facriSer~ rei~
ver& loutre & la foula aux
pieds ce qui avoit mis en colère
a un tel point Diome ou $opa-
ire Laboureur de l'Attique, ÔC
Etranger, qu'ayanc pris fa ha-
che, li avoir frappé le boeuf qui
en étoit mort. Le premier mou-
vement: de colére étant paHë
Soparre fit rëSëxion fur radLion
qu'il venôit de faire3 H enterra.
le bcëuf, il fe condamnai un
&c
exil voloAraire~ comme s'H à~oic
fait ~nc impiëcë il s'enfuit en
Créi~. Une fechereuë Suivie d'u<
ne fàmiriè étant
ne famine furvenùe 00
ëcahc (urvenue ~n
con~uhà Apollon la Pythie ré.
pondit que le fugitif qui ëcoit
en Crète appaiferoit la colére
des Dîeux qu'il falloit punir le
meurtrier 6~ re~ufciterle mort.
Cette repo nfe ayant doiihë lieu
à des informations on décou-
vrit ce qu'avoit fait Sopatre. Ce-
lui. ci qui fe fëntoic coupable &~
magina qu'il décourneroic l'ora<
ge qui lemenxcoic~s'il engageoic
les. Crécoi& faire 1~ même cho*
à
fe qu'3 avoic faice. n dit à châ~
cun de ceux qui le vînrenc voir
que pour fe rendre le Ciel r~vo~
rabte, il falloit que la Ville
crifiât un bœuf. On étoit dans
l'embarras de (cavoir, qui e~-ce
qui pourroit & recoudre A tuer
cet anim~l~ Sopatre s.'y offrit à
CondidoQ qu'il ~eroit fajc Citoyen,
& que les habîra.n~ confentiraient
a ~&cre ccMitpIrces du meurtre. Ce..
la lui fut accorde. On retourna.
dans la Ville, & on régla les cé-
rémonies celles qu'elles ~ubGftenc
encore aujourd'hui.
X X X. On choifit des Vierges
pour porter l'eau &c cette eau
ferca~ aiguifer la hache & le glai-
ve. Quand cela e& raie, on don'
ne la hache à quelqu'un qui frap-
pe le bœuf un autre l'égorgé
tes autres rëcorchenc. Enfuice
tout le monde en mange. On
code après cela le cuir du bœuf;
on le remplit de foin y on le met
fur fes jambes, comme s'il étoit
vivant on l'attache à la charue,
comme s'il alloic labourer on
informe enfuite fur le meurtre
on affigne tous ceux qui y ont
eu part. Les porteufes d'eau rejet-
tent le crime fur ceux qui ont ai-.
guife la hache & le glaive ceux"
ci accufent celui qui a donné la
hache. Ce dernier s'en prend
celui qui a égorge & enfin ce-
lui ci accufë le glaive qui ne
pouvant fe défendre, e&condam-
ne comme coupable du meurtre.
Depuis ce cems jusqu'à prcfenc~
dans la Citadelle d'Achcnes,
la Fête de Jupiter Confervateur
de la Ville, on facrinè ainfi un
bœuf. On expofe fur une tabre
d'airain un gâteau, de la farine.
On conduit des bœufs vers cette
table & celui qui mange de ce
qui €& deNus c& égorge. Les
~milles de ceux à qui ces ron.
crions appartiennent fubHftcnc
encore. On appelle boutvres Ie~
defcendans de Sopatre. Ceux qui
viennent de celui quichaSbicles
bcEufs font nommes cencriades,
& on appelle daitres les pecics
fils de celui qui égorgea le bœuf:
ce nom lui fut donne a caufe de
la din:ribunon qui fe faifoit de la
chair de cet animal, après qu'on
Savoie tue on finit enfuite par
jetter le glaive dans la mer.
X X X I. II n'ëcoic donc pas
permis dans l'Antiquiré de tuer
îes animaux qui travaillent pour
nous.. On devroit encore s'en
abH.enir & fe perfuader qu'il
n'eft pas convenable d'en faire
ufage pour notre nourriture.
Nous trouverions même notre
fureté dans cette abfiinence car
il n'y a que trop fujet de crain.
dre que ceux qui mangent des
animaux, ne fe portent à la fû~
reur de manger leurs femblables.
Ceux qui auroienc aSëz de ~en~
timenc pour craindre de manger
des animaux, ne feroient point
capables de faire tort aux hom-
mes. Cherchons doncàcxpict
les fautes que nous ~vons com-
mifes par le manger ayons
devant les yeux ces vers d'En~»-é
pédocle Pourquoi ne ~uis~e pM
more, avant que devoir a-pproché
de mes tévres une nourriture dë~
fendue ? Le repentir eft le remé.
de que nous pouvons oppofer à
nos fautes. Sacrifions aux Dieux
des Ho~ies pures ann de par-
venir à la iaintecé d'obtenir
la procedion du Ciel.
XXXII. Les- fruits font ua
des grands avantages, que nou~
recevions des Dieux. Il faut leur
en offrir les prémices &c i la
terre qui nous les donne. C'eft
elle qui eA la. demeure commune
des Dieux & des hommes. Il
jfaat~que nous la regardions- com..
m~ notre nourrice & notre mere;
qite nous chantions ~es louanges,
&- que nous l'aimions comme lui
~yànt obligation de la vie. C'e&
par~-ta qu'à la fin de nos jours
nous ferons trouvés dignes d'être
à~nns dans le Ciel, à la compa-
gnie des Dieux mais il ne faut
~às s'imaginer qu'il faille leur of-
t~r dc~ fâcrinces de tout ce qui
~xMte, 5c que tout ce qu'on leur ~a<
~rine !eur foit égaïëmentagreable.
Voilà t'abrège des principa-
Us raifons dont fe (ërc Théo-
phrase pour prouver qu'i! ne
faut pas facri~er les animaux
nous enavons Supprime quelques.
unes.de fabuleufes & nous avons
njoucë quelques autres preuves.
XXXIII. Je n'ai point def-
fein d'entrer da.ns le détail de
tous les facrifices uficés chez les
diverfés Nadons $c je ne prë.-
tends pas faire un traicc du Goa<
vernement. Mais les Loix du~pays
dans lequel nous vivons, nous
permettant d'oQrir aux Dieux des
chofes fimples & inanimées~
nous devons donner la préfëren~
ce à celles-ci dans nos facrifices
en fuivant néanmoins la coutume
de la Ville où nous hommes éca-
biis. Tâchons d'être purs en ap"
prochant des Dieux & présen-
S
tons leur des facrifices convenu
bles. Enfin fi les premiers ~acri<
nces plaifoient aux Dieux, & leur
temoignoienc ïuSMammenc la re<
connoiHance des bienfaits que
nous recevons d'eux, n'auroic~il
pas ccé abfurde de leur orR'M'Ies
prémices des animaux caadM
y
que nous nous abstenions de les
manger ? Car enfin les Dieux ne
font opas ptres que nous ils peu.
vent bien fe paCer de ce qui ne
nous eft pas~ nëceCaire il ne
&roic pas raifonnable de leur doa.
ner les prémices de ce que nous
croyons ne pas devoir manger.
Nous gavons que lorfqu'on ne
mangeoit point les animaux, on
ne les ~acrinok pas 3 Sedès qu'on
a commencé a en manger 1, on
les a facrifiés il feroit donc très-
convenable que celui qui s'abftienc
des animaux n'onrïc aux Dieux
que les alimens dont il faic ufage.
X X X I V. Il faut fans doute
facrifier aux Dieux mais les fa.
crifices doivent être dliferens
fuivant les diverfes Puiffances
auxquelles ils font offerts. On ne
doit rien préfëncer au Dieu fu-
prême, ainti que Fa dit un Sage i
car ce qui e& matériel eft in-
digne d'un Etre (~i eH: dégage
de la matiére. C'eft pourquoi il
et!: inucite de s'adreuer à lui, ou
eatui parlant, ou même incërieu-
rement.(~)Si l'ame eH fouillée par
(~) On Cent aue~ combien ces principe
font faux. Nos vaeux font un hommage que
ta. nature pme nous apprend à fendre Dieu:
quelque paŒon /c'eA par un .fi-
lence pur, 6e par de chapes pen<
fées que nous l'honorons il faut
donc-qu'en nous uniuanc avec lui,
& en lui reCembIanc, nous deve-
nions une fainte HoMe qui lui
ferve -de louange 6e que par là
nous opérions notre faluc. La.
perredion du facrifice conMe
a, dégager fon âme des pallions,
6e à fè livrer a. la contemplation
de la Divtniré. Quant aux Dieux
qui ont pour principe ce premier
Etre il faut chanter des Canti-
ques de louange en leur honneur,
& facrifier a chacun les prémices
des biens qu'ils nous donnenc,
foit pour nous fervir' de nourri-
ture, foit pot~ l'employer à des
facrifices & fi le Laboureur or-
&e tes prémices de tes fruits.;
offrons leur de bonnes penfëes~
6e remercions les de ce qu'ils nous
OLnc donné le pouvoir de. les con-
templer~ de ce que cette conccm.
pladon'eA la vraie nourriture de
î'anae, & de ce que converfanc
avec nous, nous ravoriîanc de
leurs apparitions, ils jious* éclai-
rent pour nous fauver.
XXXV. Ce n'e& cependant
pa,s de certë façon qu'en ~gifïënc
même pludeurs de ceux qui s'ap~
pliquent à la Philofophie. Ils cher-
chent plus à fe conformer aux
préjugés qu'a. honorer Dieu. Ils
ne fongent qu'aux Situes & ne
fë propofenc point d'apprendre
des Sages quel eft le véritable
cuice. Nous ne difputerons pas
avec eux. Notre bue e& d'arri-
ver à la vëricé, de prendre pour
modèles les gens vertueux d~
l'Antiquicë de prodccr des inC-
trucMons qu'ils nous ont données,
.& qui ne peuvent qu'êcre très,.
unies pour arrivera la perreAion.
XXX VI. Les Pythagoriciens
qui s'appliquoienc beaucoup aux
nombres ôc aux lignes ~n ofL
frôlent fouvent les prémices aux
Dieux. Ils donnoient le nom d'un
nombre à Minerve, à Diane
Apollon, à la Juftice, à la Tem~
perance. Ils faifoient la même
chofe à l'é gard des ijgnes & ils
pturenc telicmenc aux Dieux par
cette espèce de facrifices, qu'ils en
recevoient le don de Prophétie,
lorsqu'ils les invoquoienc &:
qu'ils en ëcoient: favorifés dans
les recherches, où. ils avoient be<.
foin de leur fecours. Quant aux
Dieux du Ciel, foit les planétes,
foit les étoiles fixes parmi lef-
quelles le Soleil doit avoir le pre-
mier rang, & la Lune le fécond,
nous les honorerons par le feu
qui eft de même nature qu'eux,
ainfi que le remarque le Théo-
logien~ Il ajoute qu'il ne facrifle
rien d~animë mais feulement du
miel des fruits, des fleurs Se
que fbn Autel n'eH: jamais fouil-
lé par le fang mais il eft inuti-
le
le d'en tranfcrire d'avantage. Il
faut que celui qui s'applique â
la pièce ne facrifie aux Dieux
rien d'animé y mais feulement
aux Démons 1 foit bons~1. foie
mauvais il connoïc quels font
les facrifices qu'il faut leur oSrir~
& qui font ceux qui doivent leur
facrifier. Je n'en -dirai pas davan-
tage. Quanc aux Platonicien.s
puifque quelques-uns d'eux ont
publié leur doctrine j je vais ex-
poïer leurs ~ëncimens voici don~
ce qu'ils penfent.
XXXVILLe Dieu Suprême
eft incorporel, immobile~ indi-
vifible. Il n'eO: borné en aucun
endroit il n'a befoin de rien qui
foit hors de lui. L'âme du mon~
de a ces trois pTopriécés elle a
le pouvoir de ~e remuer elle-mê-
me, de communiquer un mou-
vement régulier au corps du mon-
de quoiqu'incorporelle 6~
non &~ette aux paS.ons.eilc s'enL
revêtue d'un corps. Quant aux
autres Dieux, le monde, les étoi-
les nxes, les planétes, 6e les Dieux
compofés de corps 6e d'âme, &
ui ibnt viGbles, il ne faut leur
facrifier que des chofes inani.
mées. H y a outre cela. une in~
finité d'ccresinviGbles~ que Pla.
ton appelle Démons fans diAInc-
tion quelques-uns de ceux-là a
qui les hommes ont donné des
noms particuliers, reçoivent: d'eux
les mêmes honneurs que Foa
rend aux Dieux. Ils ont leur cul.
te il y en a plusieurs aucres qui
n'onc point de nom 6c quel'o&
honore d'un cuice aHëz obfcur~
dans quelque ville -ou dans quel-
que bourgade. Le reite de-cette
multitude d'êtres intelligens eft
appellé Démon. L'opinion com-
mune e(r, que fi nous n'avions
aucune attention pour eux 6c
que nous nëg)igeaûfons leur cul-
te, ils en feroient indigna 6~
nous feroienc du mal, qu'au-
contraire ils nous font du bien
lorfque nous tâchons de nous les1)
rendre favorables par des priè-
res, par des facrifices & par les
autres cérémonies uucëes.
XXXVIII. Puifqu'il y a beau.
coup de conrufion dans tout ce
que l'on pen~e de ces inceUigen-
ccs & qu'on n'épargne point
calomnie à leur égard il eft né-
ceitaire d'entrer dans un plus
grand décail de leurs différentes
nacures. Remontons jufqu'à I'o<
Yigine de l'erf~ur, & faifons t~s
di~incHons (uivanies. Toutes les
âmes qui ont pour principe l'â-
me de 1 Univers,1, gouvernent les
grands pays qui font fitués fous
la Lune. Leur administration eK:
conforme la raifon. Il faut être
per(uadé que ce font de bons Dé-
mons, qui n'agiuënc que pour 1~
titicé de ceux fur lesquels ils pré..
Cdenc fbit qu'ils foient chargée
du foin de quelques animaux y
foie qu'ils veillent fur les fruits,
~bic que ce foient eux qui prococ-
rent la pluie, des vents modérée
le beau tems & tout ce qui
~5
contribue A rendre les faifons fa~
vorabtes. Nous leur avons t'o-
.bligation de la MuCque de la
Médecine de la Gymnastique~
& enfin de tous les Arts. Iln'e&
pas vrai-femblable que nous ayant
procure de fi grands avantages.
ils cherchent à nousnuire~ Il faut
mettre au rang des bons démons
ceux qui comme dit Platon font
charges de porter aux Dieux les.
prières des hommes, 6c qui rap<
porcent aux hommes les avertiC.
démens les-exhortations & les
oracles des Dieux mais -toutes
les ames qui au lieu de dominer
refpric qui leur eO: uni, s'en laiC.
ieni gouverner jufqu'a être tranf.
.portées par la colére & par les
payons, font avec raifbn appel-
lëes des démons mal faifans..
X X X I X. Ils font mvifibles
Se échappent aux ~ens des-hom.
mes ils n'ont point un corps fa-
lide, & ils ont des figures dISe~
rentes les formes qui envelop-
pent leur efprit fe font queL
quefois appercevoir, & quelque*
fois on ne peut pas les envifager:
Ces méch~ns efprits changent
de figure. Leur e(prit en ce qu'il
eft corporel eft fujet ~ux p~ulons,
& eft corruptible & quoique
i
toit joint leur ame pour être
uni avec elle un cre~tong temps,
il n'eft pas éternel car il y a
apparence qu'il en fort des écou.
lemens & qu'il jfe nourrie Il y
une proportion régulière en-
tre l'esprit &: rame des bons gé.
nies. On s'en appercoit lorf-
qu'ils apparoiuënt corporelle-
ment mais il n'y en a aucune
entre l'efprit & l'ame des mau-
vais gcnie&. Ceux-ci habitenr les
espaces qui font autour de la ter~
re.Il n'y a forte de maux qu~ils
n'entreprennent de faire avec leur
caractère violent & fournois lorC.
qu'Us ne font point obfërvës par
un bon génie plus puiiYant qu'eux
ils ufent de violence 8c font de
fréquences attaques quelquerbi~
en fe cachant d'autres fois ouver-
cemenc ainu ils cauferit aux
hommes de grands maux & les
remèdes que les bons génies pro-
curent font lents à venir. Car
le bien va toujours d~un pas fë-
g)e~ &avec ordre. Des que vous
f èrez'perfuadé de là vérité- de ce
que jt dis, vous ferez bien ëtot~
gné deccunber dans cette abfur-
dicë que les bons génies foient
auteurs des maux ou que les
mauvais nous procurent des biens.
X L. Une des chofes les plus
fâcheufes que nous ayons à crain-
dre des mauvais génies, c'eft que
quoiqu'ils foient caufe de tous
les malheurs que nous éprouvons
dans cette vie des peftes des
Aërilitës des tremblemens de
1,
terre, des fëchereues, & autres
Semblables Héâux~ils voudroient
nous perfuader que ce ~bnt eux
qui nous procurent les biens con-
traires à ces m~ux~ c'eft-a-dire y
la.~eftilicë. Ils voudroient nous.
nuire fans que nous le f~uSons
ils cherchent à nous engager i
des prières & a des facnnces
>
pour âppaijfer les' bons génie s
tomme s'ils étoient fâchés contre
nous. Leur intention eft de nous
empêcher d'avoir des opinions
iainesdes Dieux, 6e de nous atti-
rcr a eux-mêmes. L'erreur & la
conrhCon leur plaifent. Jouant
~inu le personnage des autres
Dieux ils profitent de.nos extra-
vagances ayant pour eux le plus
-grand nombre des hommes, à qui
ils inspirent un amour violent des
richeffes des honneurs., de~ pla!~
Rrs de la v~ine gloire, fourcc
des divifions des guerres 6e des
malheurs qui aniigent la. terre
mais ce qu'il y a de plus tri(te
c'eft qu'ils nous donnent ces mê-
mes idées des plus grands Dieu
& que dans leurs calomnies ils
n'épargnenc pas même le meil-
leur de tous les êtres, qu'Hs~LC-
cufent d'avoir tout confondu. Ils
mfpirent ces opinions, non~ïëu-
lement au peuple mais auS! à
pluueurs Phtiofophes; lepeû~
pie voyant ces iencimens toute-
nus par ceux que l'on met au
rang des Sages, fc confirme par..
la da.vania~ge dans fes erreurs~
X L I. La. PoëCe a aùNi con.
tribué à corrompre les opinions
des hommes. Son &yle enchan-
teur n'a. pour bat, que de faire
croire les. chofes les plus impof-
Cb!es mais il faut croire très..
fermement que ce qui e(t bon ne
fait point de ma.l. 6c que ce qui
e&
eft mauvais ne fait point de bien
&. comme dit PIacon~ ainfl que
la chaleur ne refroidit pas, & que
le froid n'échaunë pas ce qui eft
}u(te ne peut pas faire de tort. Or
Dieu eft par fa nature ce qu'il y
a de plus jufte autrement il ne
ieroic pas Dieu. Il faut donc ïup-
pofer que les bons génies n'ont
pas le pouvoir de mal-faire. Une
Puiifance qui feroit mal-fai~ance
par fa nature &. qui voudroic
raH'e du mal, feroic toute diSe<-
rente d'une Puiûance bien-fai-
fante. Les contraires ne peuvent
pas fe réunir dans le même fujet.
Les mauvais génies fbncaux hom-
mes cous les maux qu'ils peuvent
les bons au contraire averriSenc
les hommes des dangers, dont ils
font menacés par les génies mal-
fai(ans; &: ils donnent ces avis
ou par des fbnges, ou par des in~
pirations ou ennn par d'aucres
moyens. Si quelqu'un avoic le
talent de discerner ces divers
~verciucmens~it fe mettroit faci.
iemcnc en garde contre tous les
maux, que les mauvais génies font
capables de nous faire. Les bons
génies donnent des avis à cous les
hommes? mais cous les hommes
ne les entendent pas comme il
n'ya que ceux qui ont appris à tire,
qui puiuënc lire. Toute la magie
n'e(t qu'un effet des opérations
des mauvais génies ~c ceux qui
ont du mal aux hommes par des
enchancemens, rendent de grands
honneurs aux mauvais génies 6~
fur tout à leur chef.
X L 11. Ces e~pries ne font oc<
cupës qu'à tromper par toute for?.
ce d'itiuuons & de prodiges. Les
filtres amoureux font de leur
invention t'incempérance, le dé-
iir des richeues, t'a m bi ci on vien-'
nent d'eux, & principalemenr l'are
de tromper; car le menfonge leur
C~ cr~milier. Leur ambidoj~
<H: de paSër pour Dieux &e leur,a
chef voudroic qu'on le crût le
grand Dieu. Ils prennent plaiur
aux facrifices ensanglantes (~):
ce qu'il y a en eux de corporel
~'en engraiCe car ils vivent de
vapeurs & d'exhalaifbns, Se fe
fortinent par les fumées du fang
des chairs.
XL III. C'eft pourquoi un
homme prudent & fage fe garde-
ra bien de faire de ces facrifices
qui attireroient ces génies. Il ne
cherchera qu'a purifier entiére-
ment ~on ame qu'ils n'attaque-
ront point, parce qu'il n'y a au-
cune fympatbie entre une ame
pûre & eux. Nous n'examinons
point fi c'e~t une nëcenitë aux
Villes de les appaifer. On y re-
garde les riche~ës & ley chofes
extérieures &. corporelles, com-
me de vrais biens 8e le contrai.

~) EntebePrep. Ev. L 4. P* 17!.


M comme des maux. On y e{~
fort peu occupe du foin de l'amer
Pour nous aucune qu'il fera pof-
fible1, noyons pas befoin des
faveurs de ces génies, mais rai<
fons tout ce qui dépendra de
nous, pour tâcher de nous ren-
dre fëmblables à Dieu & aux
bons génies ) nous ypa.rvicn~
drons, fi en nous guériua.nc des
panions, nous tournons toutes nos
pensées vers les vrais êeres a6n
qu'ils nous fervent continuelle.
ment de modèle, & q~e nous
~vicions de reuëmb!er aux me-
chans hommes aux mauvais
génies en un mot a tout ce qui
i~ complaît dans les chofes mor.
telles & matérielles de forte que,
comme l'a dit Thcophrafie, nous
ne <acrin~ron§ que ce fur quoi !c~
Théologiens font d'accord, très-
perfuadés que moins nous aurons
de fcin de nous dégager de nos
pafEons plus nous depcndiQ~
des mauvaises Puiuanccs, &: plus
il fera nëceÛaire de leur facrifier
pour les appàifër. Car comme
dirent les Théologiens, c'eH une
Déceuicé pour ceux qui font domL
nés parles chofes extérieures
qui ne ma~cn~enc pas leurs paf.
Cons~de fléchir les mauvais e~
<pries
autrement ils ne ceHëront
de les tourmenter.
X L I V. Tout ce que nous ve~
nons de dire ne regarde que les
facrifices. Revenons à ce que no~$
avons dit au commencement de
cet Ouvrage,que quoiqu'on Seri-
fie des Animaux il ne s'enfuit pas
qu'on puiuë les manger. Nous aL.
lonsprëtencemencraire voir que
quand il ~croic néceifaire de les
onrir en facrifice on devroit ce-
pendancs'abftenir de lesmanger<
Tous les Théologiens conviens
nent, que l'on ne doit point man-~
ger des viandes qui onc fervi aux.
facrifices offerts pour détourner
<
les maux il ne faut avoir recour}
pour lors qu'aux expierions. Que
perfbnne~ difent-ils 1. n'aille nii
"la. Ville, ni dans fa propre maifbn~
avant qu'il ait purifie fes habic~
~c fon corps dans la rivière oa
dans la rbnraine. Ils ont ordonné
a ceux à qui ils ont permis de
iacriner~ de s'abAenir de ce qui
avoit été5 facrifié de fe préparer
en <e fancMnant par des jeûnes, &
fur tout par rabâinence des Ani-
mau;x = ce pieux
~n~ux~ reglnle étant
pieux régime etant
comme la fauve-garde de i~inno~
eence, & comme le ~ymbote ou
le fceau Divin, qui empêche les
mauvais effets des génies que l'on-
veut appaifer. Car on n'a rien sL
craindre d'eux lorfqu'on n'eft
1,
pas dans les mêmes dnpoGcions y
& lorfque le corps & l'esprit pu<
rifiés ont, la piété pour bou.~
clier. 0
XLV. Il n'eft pas jusqu'aux
Enchanreurs qui n'ayent eu re-
cours a ces précautions; ils les
ont regardées comme néceHaires
mais elles ne font pas toujours
efficaces; car ils ne s'adrenënc aux
mauvais génies que pour de vilai.
nes avions. La pureté n'en: pas
faite pour eux c'ett la vertu des
hommes Divins & des Sages elle
leur fert de fauve-garde, & les in.
troduit chez les Dieux. Si les
Enchanreurs fefaifoient une habi.
tude de la purecé ~biencôcits re~
nonceroienc à leur profeŒon
parce qu'ils ceQeroienc de délirer
cequilesporceârimpiëté. Rem-
plis de paŒons n'aimanc que
Ïe détordre; ils
ne s'abfUennenc
que pour unte~ms des nourriturès
impures & ils font punis de leurs
déréglemens, non ~eutemenc par
les mauvais génies qu'ils mettent
en mouvement, mais auHi par
cette fupreme jufUce, qui voit tou-
tes les actions des hommes pë-
necre jusqu'à leurs penfées. L~
pureté intérieure & extérieure
Tl'eft donc que pour les hommes
Divins, qui travaillent à délivrer
leurs ames des payons, & qui re<
noncent aux alimens qui mettent
les payions en mouvement. Ils ne
refpirent que la ~ageue & n'on~
fur Dieu que des idées faines ils
fe fandinent par un facrifice fpi-
ncuel & ils s'approchenc de Dieu
avec un habit bianc pur ~'erL
a-dire avec une ame dégagée de,
panions, 6~ avec un corps îeger,
qui n'eH: poinc appefanti par des
fucs étrangers qui lui étoienCL
qui ne lm
pas devinés.
XLV I. Si dans les facrifices in~
titués par les hommes en FhonJ
neurdes Dieux, la chauGure que
l'on porte doit être pure oc fans
tache, ne convient il pas que
notre peau qui eft notre dernière
rbbbe (bit pure & que nous vi-
vions purement dans le Temple
de notre Père, c'cH-à~dire dan~
c.
ce monde ? S'il ne s~agiubit que
de la pureté du corps, il n'y
auroit peut-être pas C grand dan.
ger à la négliger mais toutcorp~
iènfible recevanc quelques écou"
lemens des génies grouiers~ on
aura trop de reuëmblance avec
eux,e fi l'on: ne fe met en garde
contre l'impureté qu'il y a à crain~
dre de l'ufage de la chair du
ïang.
XL VII. CcA pourquoi les
Théologiens ont ob[ervé avec
grande attention l'abfUnencc de
îa viande. L'Egyptien nous e n a
découvert la raiîbn que rexpé<
rience lui avoit appelé. Lorsque
l'ame d'un Animal eft féparée de
fbn corps par violence, elle ne
s'en éloigne pas, ôe fe tient près de
lui. Il en eA de même des ames des
hommes qu'une more violente a.
fait périr; elles reflent près du
corps c'eft une raifon qui doit
empêcher de fe donner la morc~
Lors donc qu'on tue les Animant
leurs âmes fe plaifent auprès des
corps qu'on les a. forces de quitter;
rien ce peut les en éloigner elles
y font retenues parfympachie on
en a vu plusieurs qui ioupiroienc
près de leurs corps. Les ames de
ceux dont les corps ne font point
en terre, rc~enc près de leurs ça"
davres~ c'e~t de celles là que les
Magiciens abufenc pour leurs opé~
rations en les for~a-nc de leur
obéïr lorfqu~ls font les maîtres-
du. corps mort, ou même d'une
pârtte. Les Théologiens qui font
jnftruits de ces myûéres, & qut
l~
fa vent quelle eft la~ymp~tbiede
I~me des bêtes pour les corps.
dont elles oncétë réparées,
avec quel plaiGr'elles s'en àppro-
chêne, ont avec raifon dérendur
l'ufagc des viandes afin que nous
ne foyons pas tourmentés par des,
ames étrangéres, qui cherchent
a ~ë yéunir à leurs corps &: que
nous ne trouvions point d'obsta-
cles de ta part des mauvais génies
en voûtant nous aprocher de Dieu,
X L V 111. Une expérience fré-
quente.leur a appris, que dans le
corps il y a une vertu fecrete qui
y attire l'ame qui l'a autrefois ha.
bité. C'eA pourquoi ceux qui veu..
lent recevoir les ames. des Ani~
maux qui favent l'avenir, en man~
gent les principales parties
comme le cceur des corbeaux
des taupes des éperviers. L'âme
de ces ocres entre chez eux &a
même tems qu'ils font ufage de
ces nourritures,t 6~ leur fait re~
dre des oracles comme des Divi~
nites. .4

XL IX. C'ett donc avec rai.'


fon que le Pbilofophe qui eft en
jmêmecemsie Prêtre du Dieu fu-
prême, s'abftienc dans fes ali~
mens de tout ce oui a été animée
il ne cherche qu'a s'approcher de
Dieu tout feul en prévenant les
perfëcutions des génies impor~
tuns. IL étudie la nacure; en qua~
lité de vrai Philofophe il s'ap"
plique aux Hgn~s ëe comprend
les diverfes o p ératio ns de la na..
ture. Il eft inceiligenc modefie
moderé toujours occupé de fbn
falut & de même que le P rêtre
d'un Dieu particulier s'applique
à placer convcnaMemenc les Aa~.
tues & à jfe rendre habile dans les
my~éres, dans les cérémonies~
dans les expiations, en un moc
dans tout ce qai a rapp ort au cuL
te de fon Dieu: auŒlePrêcredu
Dieu fuprëme étudie avec atten-
tion les expiations, & tout ce qui'
peut l'unir à Dieu.
L. Si les Prêtres des Dieux fu~
balternes & les devins ordonnenc
de s'éloigner des tombeaux, d'évi~
ter la fréquentation des méchans~
de n'avoir aucun commerce avec
les femmes qui ont leurs régies
de ne point fe trouver a aucun
Spectacle indécent ou lugubre
de np pas s'expofer a rien enien~
dre qui puiûe mettre les pauions
en- mouvement, parce que l'on
s'appercoic iouvenc que la pré<
~in des gens impurs trouble le
ïeD~e
daMn,
d

j8e y
& qu'il y a plus de dan<
dan.,
~er que d'utilité à facrifier indi~
crectemenc,i le Prêtre du Dieu.
Suprême, qui eft le pere de la na-
ture, pourra-~L! fc réfoudre à de-
venir ~ui-mëme le rombçau des
corps morts ? Lorsqu'il fera
r.empli d'impurecés, comment
cjherchera-t'il à s'unir avec le plus
parraic de tous les êtres ? C'eft
bien anez que pour vi'/r~ nous
ayons recours aux fruits, quoique
ce foit proprement recevoir les
parties de la mort mais il n*eft
pas encore tems de nous expli-
quer fur ce fujec il faut encore
traiter des facrifices.
LI. Quelqu'un dira peut.ëcre
que nous aneantifibns une grande
partie de ta divinanonA ce!ie qui
& faic par l'infpecUon des encraiL
les, fi nous nous ab~enons de
li
tuer les Animaux: mais celui qui
'fait cette objection, n'a qu'à ruer
les hommes auiïi car on dit one
l'on voit encore mieux l'av~Rr
dans leurs encraille?, c'eft aind
que plufieurs Barbares confutcenc
ce qui doit arriver. Mais comme
il n'y a que HnjufUce & la cupL
dité qui pourroienc nous engager
à tuer un de nos Semblables
pour apprendre l'avenir, auui e(t.
il injufte Je faire mourir les Ani<
maux parce motif de'curiofité.
Ce n'eft pas ici le lieu d'examiner,
fi ce font les Dieux ou les Démons
oui nous dëcbuvrenc les ~gnes
aes ëvenemens futurs, ou nc'eft
l'amc de l'Animal féparée de fon
corps, qui répond aux quefHon$
qu'on lui fait par fes entrailles.
LI 1. Quant à ceux qui ne font
occupés ~ue des chofes exccneu~
fes puisqu'ils te manquent à eux
mêmes, permis à eux de fe laiu~r
emporcer par l'ufagc mais pour
le vrai Philofopbe qui eft délivre
de Fe&lavage des chofes exrérieu"
res, nous prétendons avec raifo n
qu'il n'importunera pas les dé-
moas, ne recourera ni aux ora~ f
.c!es, ni aux entrailles des An!<.
maux. I! ne cherche qu'a ~e deçà-
cher des choies qui fonc recourir
aux devins. Il renonce au ma.
riage pourquoi.0 iroici! conful.
cercn oracle au ~ujec d'une fem.
me ? Il ne l'imporcunera pas non
plus ni fur le commerce, ni fur
les domeftiques ni iur ~bn avan-
cement, ni fur les autres vanités
humaines. Ce qu'il fouhaice de
fçavoir, ni aucun devin, ni les
entrailles des Animaux ne le lui
découvriront pas II fe recueillera.
en lui même i c'eMa que Dieu
yé6de il en recevra des conseils
propre~ à le conduire à la vie
éternelle & tout occupé de ce
grand objet il ne cherchera point
a être devin, mais il fë propofe.
ra d'être l'ami du grand Dieu.
LUI. S'il fe trouve rëduie
dans quelque excrëmicc fâcheufe,
les bons génies a.ccoureronca.fon
jfecour~&.Iui découvriront l'ave-
nir, foit-par des rêves, foit par dçs
prëdencifiiens; ils lui apprendront
ce qu'il doit éviter. I! faut feule-
menï: qu'il s'éloigne de ce qui e~
mauvais, qu'il connoiffe ce. qu'il
y a de meilleur dans la nature.
Mais la méchanceté des hommes
& l'ignorance dans laquelle ils
font des chofes divines les por.
tent à mëprifer ce qu'ils igno~
rent, &.à en mal parler d'aurant
plus que-ce n'eft point par des voix
iëndbies, que ces natures s'exprL
mène. Comme elles font fpirL
ruelles, ce n'eft que par l'efpric
qu'elles fe communiquent à ceux
qui les refpedenc. Quoique l'o~
facrifie
&crine desAnimaux pourconnoï-
tre l'avenir,. il ne s'enfuie pas qu'il
faille les manger: comme ce n'eA
p~s une conséquence qu'il fbicper~
mis de manger de la chair parce
que l'on en facrifie aux Dieux 6e
aux démons. Car les hi~oires rap-
percées parTbëophra~e~parplu~
rieurs autres fontnnention d'hom-<
mes facnnés~I n'eH cependantpas
permis de mander les hommes.
LIV. Les r ivoires font rem~
plies de ces raies: nous en rap~
porterons quelques. uns, qui fu~*
fifent pour prouver ce que nous
avons avancé. On ~acrinoft à
Rhodes un homme à Saturne le 6
du mois Metagedmon (~); & cette
coutume après avoir fuMAëtong-
tems ~fuc enfin changée. On con~
fervoit en prifon jusqu'à la fête de
Saturne un de ceuxqui avoient été
condamnes à mort le )our de

(~11 répond au mois de Juillet.


la fête on menoic cet homme hor~
des Portes vis. a-vis l'Hôcel da
bon Confeil, &. après lui avoir faic
boire du vin, on Fégorgeoic. Dans.
(~) Salamine qu'on nommoit au-
trefois Coronis pendant le mois
appellé par les Cypriens Aphro-
difium, on facrifioit un homme-
a Agraule fille de Cécrops & de la.
NympheAgraulis. Cette coutume
dura ~ufqu'au rems de Diomedc,
où elle fut changée. On facrifia.
un homme à Diomede. Le tem.
pie de Minerve d'Agraule & de
Diomede étoit enfermé par une
même muraille. Celui qui devoit
être Serine étoit mené par de
jeunes gens il faifbi~ trois tours,
autour de l'Hôtel en couranc;
le Prêtre enfuite le frappoit d'un
coup de lance dans l'e~omac, 8c
ïe brûloit après cela'cout encie~
fur un Bûcher,.

(~) Eufe~e Prep.Evang.L ~< p. t~


L V. Ce facrifice fuc aboli par
Diphile Roi de Cypre vers le
tems de Seleucus le Théologien
il changea cet ufage en celui
de Seriner un bœuf; & le dé-
mon agréa ce bœuf à la place de
Fbomme.AmoGs Supprima lefacri.
6ce des hommes à Heliopole d'E-
gypte, comme le témoigne Ma-
nechon dans fon livre de l'Anci<
quicë de la Piété. On les- (acn-
~oic a Junon on les examinoic
pour fcavoir s'ils écoienT fansim~
perred:ion, de même qu'on au~
"~oi~ran: un Veau, & on les fceL
!oic. On en immoloic trois. Amo.
Cs ordonna qu'on leur ~ubfHcue-
roit trois figures d~hommfj faites
de cire. Dans Mue de Chio & à
Ténëdos on facri fioit un homme
à Bacchus le cruel, & on le met.
toit en pièces comme le dit EveL
pis de Cary~e~ Apollodore rap-
porte auSi,que lesLacédëmoniens
~acriSoient: un homme au Dieu
L V I. Les Phéniciens dans !e~
grandes comices foit de guerre y
ioic de fechereCe, foit de fami-
ne, facrifioient ce qu'ils avoient
de plus cher à Saturne & ce fa"
crifice fe faifoit en con~quen~
ce d'une délibération publique.
1/Hi~oire Phénicienne eH: p!ei<
ne de ces facrifices. Sanchonia-
thon l'a écrite en langue Phëni<
ciehne, &c Philon. de Biblos l'ai
traduite en Grec en huit Livres.
Iftre dans le recuëil qu'il a fait
des-facrifices de Crete rapporte,.
qu'autrefois les Curetes ïacri-
fioient des enfans à Saturne. Pal*
las qui de tous les Auteurs eft ce-.
lui qui a le mieux écrit fur les
my~ëres de Mychra~ prétend que
les facrifices humains ont écëprcC'
que abolis par tout fous l'Empire
d'Adrien. On facrifioit autrefois
à Laodicée de Syrie une vierge i
Pallas préfentement on. lui facri"
fie une biche. Les Carthaginois
qui habitent l'Afrique ~acrinoienc
auffi des hofH.es humaines cefuc
Iphicrate qui les abolit. Les Du-
rnatiens, peuples de l'Arabie, ~a-
crinoienc tous les ans un enfant, 6c
i'enrerroiencïbus PAuceI qui leur
fervoit de repréfentation de la
Divinité. Philarquerapporceque
tous les Grecs, avant que d'aller à
la guerre, facrifioient des hom~
mes. Je ne dis rien ni des ThraceSy
ni des Seiches, ni comment. les
Athéniens ont fait mourir la fille
d'Ëri~hée & de Praxichée. Qui
ne~aicqueprëfencemencaRomc
même, à la fête de Jupiter Lana~
lis,onimmoteunhomme3Cen'en:
pas à dire pour cela que l'on pui~-
ïe manger de la chair humaine~
Quoique dans quelques nëceu!të&
l'on le foit crû obligé de facrifier
des hommes, & que quelques aC-
~egës preues par une extrême
famine ayenc crû pouvoir manger
des hommes ils n'en ont p~s
moins été regardés comme exë<
crables, & leur conduite a été
traitée d~impie.
L V I I.Après la première
guerre des Komains en Sicile
contre les Carthaginois, les Phé-
niciens qui ëcoienc à la foide de
ceux-ci s'éc~nc révotcës & vou-
Janc engager tes Africains dan~
Jeur rébellion, Amilca<rfurnom<
me B~rc~s leur fit la guerre, & les
réduiuc à une fi grande famine,
qu'ils mangèrent d'abord ceux
qui avoient été eues en combat
tanc & lorfqu'ils les eurent man~
gës tous) ils mangerent enfuice
îeurs prifbnniers & enfin leurs
domeftiques. Ils Snirenc par fer
manger les uns les aucres après-
avoir tiré fur qui le fort tombe-
roic. Amitcar ayant pris ceux qui
reftoienr à discrétion, les fit rou- 1
1er aux pieds par fes elëphans,
comme fi c'eut été une impiëcc
de laiuer ces miférables en tbciëcé
avec les autres hommes. Il ne
voulut jamais malgré cet exern~
pie fë foumettre à l'ufage de
manger les hommes y ni Annibal
fon fils à qui quelqu'un donna le
confeil d'accoutumer fon armée 1
qui étoit en Italie à cette nourri-
ture, a6n qu'elle ne manquât ja~<
mais de vivres. Ce font les guer-
res & les famines qui ont intro~
duic l'ufage de la viande il ne
falloit donc pas s'accoutumer a
cette nourriture par le feul motif
du plaifir, comme il ne convien-
droit pas de manger des hommes
par cette raifon. Ec par ce qu'on
facrifie des Animaux à quelques
PuiuaneeS) il n'ett pas pour cela
permis d'en manger. Ceux qui
facrifioient des hommes ne
croyoïenc pas pour cela être en
droit de s'en fervir pour alimens.
tIeH: donc démontré par çe que
nous venons de dfre que de l'ufa-.
ge de facrifier les Animaux la
permijfEon de les manger ne s'ea~
fuit- pas.
LVIIL G'eft une cbo&avé-
rée chez les Théologiens que
l'on oiTroic des facrifices enrian-
glantés, noiî~ux Dieux, mais aux
démons; 6cceux quilesoHroienc
connoiGoienc la nature de ces
Pui~ances. 11 y a des génies ma.~
faifans il y en a de bien-faisans,
qui ne nous tourmentent point
lorfque nous leur donnons les~
prémices feulernent des cho&s~
que nous mangeons, & dont nous~
nournSons ou notre corps, ou no-
tre ame: voila ce qui n'étoit pas îg<
norp de ces Théologiens. Mais it
eft tems de finir ce Livre après
a.voir ajouté quelque cho& pour
faire voir que plusieurs ont ed
de faines idées de la Divinité ?
quelques Poëtes raifbnhables ïë
font e~p tiques ain6
Qui e~rhommeauezrol~anez
imbéciUe ~ouaGëz crédule~ pour
s'ima~ner
s'imaginer que les Dieux pren<
nent plaifir à des os fans cba-ir,
à la bilp cuire dont à peine les
chiens qui ont faim veulent man.
ger & qu'ils reçoivent ces mets
comme un préfènt ? Un autre
Poëce a dir je n'onrirai que des
g~ceaux & de l'encens car je
facrifie aux Dieux, & non mes
à
amis.
LIX. Quand Apollon nous
ordonne de facrifier Suivant l'u~

r
fage du pays, c'elt. à dire ccnfor-.
mëmenc à l'usage de nos pères,
il nous rappelle aux anciennes
courûmes. Or nous avons prouva
que dans les anciens rems on
n'onroit aux Dieux que des ga.<
tea.ux6~ des fruits (~).
L X. Ceux qui les premiers
ont fait de grandes dépenfes en

( a ) On omet ici quelques étymologiesGrec-


ques, qui outre qu'elles ne font pas fufceptible~
de traduAion ne font rien à ce que l'Auteur
ye~t prouver
facrifices ne favoient pas quel
t
cuain de maux ils incroduifbienc
dans le monde, la. fuperfHcion,Ie
luxe l'opinion que l'on pouvoit
corrompre les Dieux & s'aiïurer
l'impunicc du crime par les fa-
crifices. C'eftd~ns cette vûe que
quelques-uns ont Serine cro~
victimes avec des cornes dorées
d'autres des hécatombes. Olym<
pias mere d'Alexandre facrifia
cinq mille vi~imes en une feule
fois c'eft ainG que Fôn fait fervir
A magnificence à la fupertUdoa~
Lorsqu'un jeune homme s'e& per-
fuadé que.les Dieux aiment la
dépende destacriSces~ fe rëjouif-
~enc~ainf! qu'on le dit, aux repas
des bœurs des autres Ani-
maux,1) comment pourra, t'it gar~.
der de la modération Et lors-
qu'il s'imaginera, que la multitu.
de des viétimes eft agréable aux
Dieux, il aura moins de rëpug<
nance à commettra des injuMces~
parce qu'il croira pouvoir racbe<-
ter tes péchés par. des facrifices.
Mais s'il fe persuade que les Dieux
n'en ont pas befoin qu'ils ne re-
gardent qu'aux difpofitions de
ceux qui approchent d'eux, &:
que rHofHe qui leur eft la plus
agréable, eft d'avoir des idées
exades de leur nature & de leurs
.opcracions il travaillera à deve-
nir fage, faine & ju~e.
LXI. Les meilleures prémi-
ces que l'on puiffe offrir aux
Dieux, ce font un efprit pur &
une ame dégagée de panions. Si
on leur offre quelque autre cbo-
fë il faut que ce foit avec recuëil-
lemencSc zéle. Le motif qui nous
fait honorer les Dieux doit être
le même, que celui qui nous por-
te à refpec~er les gens de bien
à leur céder la première place,
à nous lever lorfque nous les
voyons, a leur parler avec égard.
Ce n'e& pas comme s~s'a~!ubic
de payer un impôc. Car on ne doit
pas dire aux Dieux ( << ) Si vous
vous reSbuvenez de mes bien-
o
faits Phiiinus, ôe que -vous
M
m'aimiez, j'en fuis content; c'é-
» toit Là mon intention Dieu
n'e~ pas content de ces difpo.fi-
tions. Ceft ce qui a fait aûurer
à Flacon, qu'un homme de bien
doit toujours Tacrineraux Dieux,
6~ continuellement s'approcher
d'eux par des prières, par des
offrandes, par des facrifices, en
un mot par tout le culte que l'on
doit à la Divinité. Quant au mé<
chanc, le tems qu'il employe à
honorer les Dieux, eft un tems
perdu. L'homme de bien fçait ce
qu'il faut employer en facrifices,
en offrandes en prémices, & ce
dont il faut s'abftenir: mais le
vicieux qui ne confulte que fbn
humeur, honore lés Dieux ~L

( j ) Vers ~'tm Ancien.


vant Ces caprices fon culte
approche plus de l'impiété que
de la pié~é. C'e~ pourquoi Pla-
tôn<tcroic que le Philofophe ne
doit point fuivre les mauvais ufa-
ges, parce que cela n'eft ni agréa-
ble aux Dieux ni utile aux hom-
mes~ qu'il doit cherchera en fubf-
tituer de meilleurs 3 que s'il1 ne
peut pas yréuŒr,il fautdu moins
qu'il ne prenne aucune part à ce
qui eft mauvais & que lorfqu'il
eft dans le bon chemin il doie
toujours continuer fa rouce, fans
craindre les dangers ni les mauvais
discours. H fëroif eHectivemenc
honteux, que tandis que les Sy-
riens s'abstiennent de poiSbns~les
Hébreux de cochons, un grand
nombre de Phéniciens & d'Egyp.
tiens de vaches ~&c que ces peuples
ont été fi attachés à ces usages
qu'envain pluCeurs Rois ont cen-
té de les faire changer & qu'ils
ont mieux aimé fouffrir la mort
que. de vio)er leurs Loix 3 cous
tranfgreS!ons les Loix de la na-
ture Jes préceptes Divins, par la
crainte des hommes 6e de tsurs
mauvais propos. Certes l'aHëm-
blée des Dieux & des hommes
Divins auroit fujet de nous regar-
der avec mépris, s'ils voyoient
que nous qui ne fommes conti-
nuellement occupes qu'a mourir
aux chofes extérieures foyons
devenus les efc!aves des vaines
opinions & que nous appréhen.
dions les dangers qu'il y- a à ne
nous y pas conformer.
TRAITE
DE
PORPHYRE
LIVRE TRO ISIE'ME.
I. 0 US avons démontré
dans les deux premiers
Livres, que Fu&ge de
la viande eft contraire à la tem-
pérance. à la frugalité &: à la
piété qui nous conduisent a la
vie. contemplative. La perfection
de la ju~ice eA renfermée dans la
piété envers les Dieux & l'abfti-
nence des viandes contribuant
beaucoup à la piété il n'y a pas
fujet de craindre, que tant que
nous confërverons la piété à l'é-
gard des Dieux, nous violions~
jufUce que nous devongaux hom.
mes. Socrace difbic uo~ jour à
ceux qui difputoient fi le p~aMr
devoit être la nn de l'homme
que quand tous les cochons &
les boucs en conviendraient, il
n'avoueroic jamais, tant qu'il au-
roit Fumage de fon efprit, que
la vraie reiicicé 'conuitac dans
les plaifirs des ~ens. Pour nous,
quand tous les loups tous. les
vautours du monde approuve-
roient l'usage de la viande, nous
ne conviendrions pas que ce fût
une cho~ë jufce parce que l'hom-
me ne doit point faire de mal, ~e
doit s'abftenir de fe procurer du
plaifir par tout ce qui peut ràire
tort aux autres. Mais puifque
nous en fommes fur la jufUce~ que
nos adversaires prétendent ne
nous obliger qu'à l'égard de no~
Semblables, & nullement a l'égard
*des Animaux nous allons faire
voir que les Pythagoriciens ont
raifon, de Soutenir que toute ame
qui eH: capable de Sëncimenr &
SuScepcible de mémoire eSc en
même tems raifonnable ceci
étant une fois démontre, il fuit
que les loix de la ju~kc nous
obligent à l'égard de tous les Ani<
maux. Nous n'expoferons qu~n
abrégé ce qui a ecë die a ce lujec
par les Anciens.
II. Il y a deux fortes de raî~
fons felon les Stoïciens, runein<.
térieure & l'autre extérieure. CeL.
le ci fe communique au dehors.
Il y en a une droite il y en a
une dcrec~ueuSë. Il faut exami-
ner de laquelle les Animaux font
privés. ESt-ce de la droite raifon
Eft-ce de la raifon en général
Eft ce de la raifon incérieure ?
Eft ce de la raifon extérieure
II femble qu'on veuille leur ôcer
non feulement l'ufao-e de la dro!<.
0 quelque rai:
te raifon mais auui
fon que ce foit parce qu'au-
trement ils reSembieroienc aux
hommes, chez tefquets à peine y
a.<c.it un Sage ou deux~ fur qui
la raifon domine toujours. Les
autres font vicieux quoiqu'ils
ayenc la raifon en partage. Mais
les hommes portant l'amour pro-
pre trop loin, ont décidé que les
Animaux étaient privés de toute
raifon. S'il faut cependant dire
la véricc, non îeulemenc tous les
Animaux ont de la raifon mais
auiïi il y en a quelques-uns qui
la portent jufqu'au ptus hauc de-
gré de perfe~ion.
111. Puifqu)il y a deux raisons
l'une qu'on montre au dehors~
& l'autre incéneure commen~
~ons à parler de celle qui fe fait
connoître par les fons. C'eft la
voix qui s'exprime par l'organe
de la langue qui fait connoïcre
paue
ce qui fe au dedans de nous
Scies paillons de notre ame. C'eA
de quoi tout le monde fera obli-
gé de convenir. Peut-on dire que
cette voix manque aux Animaux ?
n'exprimenc- ils point ce qu'ils
~encenc ne penfent-ils point
avant que de s'expliquer ? Car
j'entends par la pensée ce qui ~ë
pauc intérieurement dans "l'â-
me, avant qu'on l'exprime par la
voix. De quelque façon enfuite
que l'on parle foit comme les
Barbares, foit comme les Grecs,
foit comme les chiens, foit com-
me les boeufs, c'e~ la raifon qui
s'exprime & les Animaux en fbnc
capables. Les hommes convergent
encr'eux fuivant les règles qu'ils
onc établies & les Animaux ne
confultent dans leur façon de s'ex<.
primer~ que les loix qu'ils ont re~
çues de Dieu & de la Nature. Si
nous ne les entendons pas, cela
ne prouve rien. Car les Grec$
n'entendent point !e langage des
Indiens; & ceux qui font élevés
dans FAttique ne comprennent
rien à la Langue des Seiches, des
Thraces & des Syriens. C'eA la
même chofë pour eux que le cri
des grues. Cependant its écrivent
6~ articulent leur Langue y comme
nous écrivons 6( comme nous
articulons la nôcre i 8~ nous ne
pouvons ni articuler ni lire la
Langue des Syriens & des Pertes
non plus que celle des Animaux.
Nous entendons feulement da
bruit & des fans, fans rien com<
prendre. Lorsque les Seiches par-
lent entr'eux il nous femble
qu'ils ne font que gafouiller, tan-
tôt hauflanc tantôt baiffant la
1,
voix un langage absolu-
c'eH:
ment inintelligible pour nous.
Cependant ils s'entendent au~E
bien entr'eux que nous nous en<
tendons nous-mêmes, ii en eft de
même des Animaux. Chaque ef~
pcce entend le langage de la 6en.
ire & ce langage ne nous paro!~
qu'un Cmple fon qui ne ngnine
rien,.que parce qu'il ne s'eft encore
trouve aucun homme, qui ait p&
nous apprendre la Langue des
Animaux, Se nous fervir d'Incer<.
prêce. Cependant s'il en faut croi-
re les Anciens, 6c quelques- uns
de ceux qui ont vécu du tems
de nos peres & même du nôtre
il y a eu des gens qui ont encen"
du & compris le langage des AnL-
maux. On compte parmi les An-
ciens Melampe Tireuas avec
quelques autres, & parmi les Mo.
dernes'ApolIonius de Tyanes. On'
affûre de ce dernier qu'écanc avec
fes amis, & entendant une hiron-
delle qui gafouilloit il dit~ qu'eL
leaverciHbicfes compagnes qu'un
âne chargé de bled écoic combe
près de la viHe & que le bled
étoit répandu par terre. Un de
pos a~is nous a rac~ncé~qu'il avoic
eu un jeune domefUque qui en~
tendoit le langage des oifeaux.
Il aCûroic qu'il etoit prophéce,
& qu'il annonçoit ce qui ecoïc près
d'arriver que cette faculté lui
a~oit été ôcëe par fa mere qui
appréhendant que l'on n'envoyât
ce jeune homme à l'Empereur en
préfent avoit uriné dans fon
oreille lofqu'il étoit endormi.
IV. Mais laiffons ces faits à parr,
à caufe de Fincrëdulicë qui n'ett
que trop naturelle. Personne je
crois, n'ignore qu'il y apluueurs
nations, qui ont encore une gran.
de facilité pour encendre la voix
~de quelques Animaux. Les Ara..
bes entendent le langage des Cor-
beaux, les Tyrrhëniens celui des
aigles; & peuc-êcre que LOUS tant
que nous hommes d'hommes, nous
entendrions tout ce que difenc les
Animaux fi un dragon léchoit
nos oreilles. La variëcë la dif-
férence de leurs fons prouyenc
auëz qu'ils SigmSenc quelque cho-
Se. Ils s'exprimenc diNeremment
lorsqu'ils ont peur, lorsqu'ils s'ap~
pellent, lorsqu'ils averdSIene leurs
petits de venir manger lorf.
qu'ils fe careSIen~ ou îorfqu'ils fe
défient au combâc & cette dif..
férence eft fi difficile à obSërver
à caufe de la multitude des di<~
verSës infléxions, que ceux même
qui ont paSIe leur vie à les écu-
dier, y font fort embarraffés. Les
Augures qui examinent le croaS-
fement de la corneille &c du cor-
beau, en ont bien remarqué un
crës~gra-nd nombre de différens;
mais ils n'ont pas pu les obferver
tous parce que cela n'eS~ pas
pouib!~ aux hommes. Quand les
Animaux parlent enrr'eux les
fons donc Ils Se fervent font très-
Ëgnincatifs~ quoique nous ne les
entendions pas. Mais s'ils paroif-
fent nous imiter apprendre la.
langue Grecque, & entendre ceux
qui les gouvernent qui eft celut
qui peut avoir aSëz peu de bonne
&i pour nier qu'ils foient raifon-
blés parce qu'il ne les entend
pas ? Les corbeaux, les pies les
bouvreuils, les perroquets imi-
tent le langage ces hommes, fe
fouviennent de ce qu'ils ont en-
tendue apprennent ce qu'on leur
dit. Ils obéinenc à leurs maîtres.
Plufleurs d'entr'eux ont décou.
vert le mal qui s'étoic fait dans
la maifon où on les ëlevoir. L'hyë-
ne desindes, appellée par les gens
du pays Crocotale imite C par.
~icemenc la voix humaine, fans
avoir été in~ruice, que lorfqu'el-
le approche des maiK)ns, elle ap<
pelle ceux qu'elle croit pouvoir
ai(ëmencenlevcr,enconcr~faifanc
la voix de leurs ami~, a qui elle
fait bien qu'ils obéironc, & quoi-
que les Indiens foienc inftruits de
cette rufe, ils font cependant fbu<
vent accrapés par la reCëmblan-
ce de la voix. Ils fortent de chez
eux
eux, & périuëntainu. S'il y a des
Animaux qui ne peuvent ni imL
ter notre langage ni l'appren~
dre cela ne prouve rien n'y a<
t.il pas des hommes qui ne peu.
vent ni imicer, ni apprendre je
ne dis pas les cris des Animaux,
mais même les cinq différences
(~alec~es f II y a des Animaux
~ui ne parlent pas mais pe.cc~
être efc-ce pour n'avoir poinc
été in~ruits y ou pour n'avoir pas
les organes de la voix ? Nous.
mêmes étant près de Carthage
nous avons nourri une perdrix qui
avoic volé droit à nous. Elle a écé
long. tems chez nous & elle étoir
devenue fi familiére qu'elle nous
carrenbic badinoit avec nous,
& répondoic à notre voix~ au.
trement que les perdrix ne s'ap..
pellent encr'elles.
V. On rapporte que parmi les
Animaux qui font fans voix il y
en a d'auC! obéiuans à leurs mal"
tres, qu'aucun domefUque pour-
roit l'être. Tel écoit le poiHb~
de Crauus appellé par les Ro<
mains Murene. Il école fi fami-
lier avec fon maître 8e fon maî<
tre t'aimoic à un tel point, que
lui qui avoit tupporre avec conC-
tance la mort de crois de fes en-
fans, pleura fa Murène, lorfqu'el.
le mourur. On prétend qu'il "y
des anguilles dans l'Arëchu~e, &
1,
des Coracins dans le Méandre y
qui obéiuenc à la voix de ceux
qui les appellent. On voie par. là,
que les Animaux qui ne font point
ufage de leur langue pour ex-
primer ce qu'ils penfent font
cependant arrêtes des mêmesfen-
timens que ceux qui parlent. Ce
feroit donc une chofë fort dé-
raifonnable de dire, qu'i! n'y a de
la raifon que dans le difcours de
l'homme, parce que nous le com<
renons & qu'il n'y en a point
dans le langage des Animaux
parce qu'il nous eft inintelligible.
C'eA comme fi les corbeaux fbu~.
tenoienc, que leur croauëmenc eft
le feul langage, raifbnnable &
que nous fommes fans raifon1,
parce qu'ils n'entendent pas ce
que nous difbpj ou comme fi les
habirans de l'Attique prëten~
doient qu'il n'y a de Langue que
la leur 6( que tous ceux qui ne
la parlent point, font privés de
raifon. Cep endant un habitant
.de l'Attique entendroit plûtôt le
croailëmenc du corbeau que
la Langue des Syriens ou1, des
Pertes. Ce feroit donc une ab.
furdité de décider, qu'une tel.
le efpéce eft raifonnable ou non
parce qu~on entend ce qu'elle dit,
ou qu'on ne l'entend poinc ou
parce qu'elle parle ou parce
qu'elle garde le filence. Onpour-
roic par la même raifon aU&rer~
que l'Etre Suprême ôc les autres
Dieux font dépourvus de raifon,
I
puisqu'ils ne parlent apoint.; mais
les Dieux même en fë caii~ni
indiquent ce qu'ils penfent.Les ci-
feaux les entendent plûtôt que
les hommes3 & après les avoir
entendus, ils rendent aux hom-
mes les volontés des Dieux~ au-
tant qu'ils le peuvent car ce fbhc
les oifeaux qui fervent d'inter-
prêtes aux Dieux. L'aigle l'eft de
Jupieer l'cpervicr le corbeau
le font d'Apollon la cicogne
l'eft de Junon l'aigrette & la
chouette le font1, de Minerve, la
grue l'eA de Cërës d'autres oi-
feaux le font des autres Dieux.
Ceux parmi nous qui étudient les
Animaux 6c qui les nourriuenc
entendent leur langage. Le Cha~-
feur comprend à l'aboyement du
chien, s'il cherche le liévre~s'it
l'a trouve i fi après l'avoir trou-
ve il le pourfuic s'il Fa pris &
s'il s'eH: échappe. Ceux qui con-
duifent les vaches, favenc quand
elles ont faim, quand elles ont
foif quand elles font fatiguées
quand elles font en colère quand
elles cherchent leur veau le lion
par fon rugiuemenc fait enten.
dre qu'il menace le loup par
fon hurlementnous indique qu'il
eft malade & le berger cqpnoit
au bélemenc de la brebis ce qui
lui manque.
V I. Ces Animaux entendent
auui la voix des hommes foit
qu'ils foient en colére foit qu'ils
les carreitent foit qu'ils les ap<
pellenc, foit qu'ils les chafïenc
en un mot ils obéifient à tout ce
qu'on leur ordonne, ce qui leur
feroic impouible, s'ils ne reuem~
bloient pas à l'homme par l'in..
telligence. La mufique adoucit
certains Animaux ôc de fauva-
ges les rend doux tels font les
cerfs, les taureaux ôc pluiieurs au.
tres. Ceux même qui prétendent
que les Animaux n'ont point de
raifon, conviennent que les chiens
Suivent les règles de la Dialecti-
que, & font dans quelques oc.
calons des Syllogifmes. Lorfqu~ils
pourfuivent une bêce qu'ils
font arrivés à un carrefour qui fc
termine à trois chemins, ils rai-
fbnnwnc ainil Elle n'a pû pa.ner
que par Fune deces crois j-ouces:
or elle n'a pafïë ni par ceMe-Ià
ni par celle ci i donc c'eft par
cette croiuëme-ci qu'it faut la
poursuivre. On répondra fans
douce, que c'eft par un infUnct:
naturel que les Animaux agiuënc
ainfi puiiqu~its n'ont point été
inAruics. Mais ne recevons nous
pas de la nature notre raHbn ?
Et s'il faut croire Ariftoce il y
a des Animaux qui apprennent a.
leurs petits à faire ptudeurs cho-
&s, & même à former leur voix
tel eH: le ro~EgnoL II ajoute que
plusieurs Animaux apprennent di-
verfes chofes les uns des autres
& des hommes ce qui eft con-
firmé par tous les ëcuyers, par
tous les palfreniers, par les co-
chers, par les cbaQeurs, par ceux
qui ont foin des élëphans des
bœufs, des bêtes Sauvages & des
oifeaux. Tout homme raifonna.
hic,°_convicMdra,que
Y ?q
ces ~aics prou:-
prou-
vent que les Animaux ont de rin*
telligence. L'infenfë 6<: l'ignoranc
le nieront parce que la gour-
mandife les empêche de raiion.
ner. Il ne faut point être étonné
de voir tenir de mauvais difcours à
cette efpéce d'hommes, lorsqu'on
les voit mettre en pièces les Ani-
maux avec la même infenfibilité
que G c'étoienc des pierres. Mais
Annote Platon Empëdocle
Pythagore Démocrite, ôe tous
ceux qui ont recherche la vérité,
oht reconnu que les Animaux
avoient de la raifbn.
VII. Il faut pré~encen~enc faire
voir~que lesAnimaux ont la raison
intérieure. Elle différe de la nô-
tre, fuivant Ari~occ non poino
par fa nature, mais feulement du
plus au moins de même que, fë~
îon plusieurs, la nôtre différe de
celle des Dieux, feulement en ce
que celle des Dieux eft plus par-
faice. Touc le monde convient
que les Animaux'ont les fens, les
organes Se le corps à peu près
Semblables a nous. Ils nous réf.
Semblent non feulement par les
panions par les mouvemens de
Pâme mais auffi par les mala-
dies extraordinaires. Aucun hom-
me fenfe n'ofera dire, qu'ils font
privés de raifon a caufe de Finë~
galité de leurs divers tcmpëram-
mens, puifque chez les hommes
même on remarque tant de diE.
férence dans les familles & dans
les nations Ôc que cette diSë<
j?ence ne décruic pas la raifon.
L'âne eft fujet au cathare, ainfi
que l'homme, & meurt de même,
lorsque
torfquc ce mal tombe fur les poul-
mons. Le cheval de même que
l'homme crache ~es poulmons 8e
devient étique il eft fujec au
torticolis, à la goutte, a la 6ë<
vre à la rage & l'on die que
pour lors il b~iue les yeux vers
la terre. Lorfqu'une. jument eft
pleine, fi elle fënt l'odeur d'une
hmpe qui s'éteint, cUe avorte
de même qu'une femme. Le bœuf
8c le chameau ont la 6évre 8e
entrent en fureur. La corneille
eft ïu~etteala galle ôc à la lépre,
de même que le chien celui-ci
a la goutte, & devient enragé. Le
cochon s'enrhume. Le chien
eft encore plus- fujet au rhume <
te rhume même des gommes a
tiré fon nonn Grec ( ~) du chien.
Nous connoiSbns les maladies de
ces animaux, parte qu'ils vivent
avec nous ? nous ignorons celles
(~ ) K'w~.
des autres, parce qu'ils ne noua!
font pas familiers: Les animaux
que l'on coupe perdent leur$
forces. Les chapons ne chantent
plus leur voix reffemble à
celle de la poule. Il en eft de
même des Eunuques, dont la voix
reffemblè a celle des femmes. Il
n'e(t pas poffible de diftinguer le
mugiSëmenc les cornes d'un
boeuf coupe d'avec ceux'd'une
vache: Les cerfs coupés ne jec<
tënc plus leurs bois; ils'les gar-
dent cou)ours comme les Eunu~
ques confervencleur poil. Si on
coupe un cerf âyanc qu'iL aiç
fbn bois il ne lui en vient point
de même que fi l'on fait Eunu~
que quelqu'un ~v~mc qu'il ait de
la barbe it ne lui en croïc poinr~
On voit par-là que les corp~dc
presque tous les animaux font
difpofés comme les nôcres.
VIII. Voyons après cela s'ils
ne nous reuemblenc pas quant a.ux
payions de l'âme. Parlons d'abord
des fens. Les animaux les parca-
gent avec l'homme car ce n'~H:
pas lui feul qui gouce les faveurs
qui voit les couleurs qui fenc
les odeurs, qui encend le bruit
qui e<t fenfible au chaud, au froid
& a ce qui eft l'objec de l'accou-
chement. Les animaux ont ces
mêmes tentations & s'ils lésons,
quoiqu'ils ne foient pas hommes~
pourquoi leur ôteroit-on la raiibn,
parce qu'ils ne font pas hommes ?
On pourroit dire de même que
les Dieux ne font pas raifonna~
bles puisqu'ils ne ïonc pas hom-
mes. On pourroit nous dépouil-
ler nous mêmes de la raifon
puifque les Dieux font raisonna"
blés, & que nous ne fommes pas
Dieux. Les animaux ont les ~ens
bien plus parfaits que les horn~
mes. Je ne veux point parler de
Lyn-cëe.H n'e~( ) fi fameux que
( ) Lyncéeécon un Argonaute, ~ui avoit
dans la fable. Y a-t-il un homme
qui ait la vue auffi bonne que le
dragon? D'où vient que les Poëtes
ont employé fon nom, pour ex-
primer l'avion de voir. Quelque
élevée dans les airs que foit une
aigle le tiévre ne peut pas ëchap"
perà fa vue. Qui a l'ouïe au0i nnc
que les grues,qui entendent d'aufE
Icin qu'aucun homme peut ap~
percevoir ? Prefque tous les Ani*
maux ont l'odorat beaucoup plus
excellent que nous de forte qu'ils
fëncenc ce qui nous échappa &c
connoincnt chaque chofe à la
piAc auul les hommes fe laif.
feint.ils conduire par les chiens

la vue fi excellente qu'elle pénétroit les


cho&e les plus bolides. Ce Lyncée a quel-
quefois été confondu par les Traduôeufs avec
le Linx. Dalechamp s'v eil trompé dans fa
vernon d'Athénée, & Fougerolles dans cel-r
le de Porphyre voyez les observations dq
Ménage fur le (€çond ÎJYrc de Malherbe
p. H8'
lorsqu'ils vontâlachauëdufangtier
&ducerf.Lesanimauxfenrent bien
plûtôc que nous les influences de
iair. La connoiuance qu'ils en ont,
contribue à nous découvrir le tems
qu'il fera dans la fuite. Les plus
habiles Médecins ne di~inguenc
pas auul exactement les aveurs,
ne favent ni ce qui e{t: nuifible
ni ce qui eft fain ni ce qui peut
fervir deconcre-poifbn,auui bien
que les animaux. AriAoce prétend
que ceux d'entr'eux quia ont les
Mns les plus parfaics, font ceux
qui onc le plus d'efprit. La dif-
fére nce des corps peuc les ren<-
dre à la vérité plus ou moins fen-
~iMes'~ plus ou moins vifs: mais
elle ne peut point changer l'ef-
fence de Famé ? & comme dam
les mêmes efpéces il y a des corps
plus fains les uns que les autres
des maladies fbrc<diHerences, 6c
des diïpoCdons fort opposes
auHi il y a de bonnes & de mau-
vaifès âmes, & il y a divers dé~
grés de bonté & de méchance~
té. Socrate Aligoté Platon
D'onc pas été également ~on~.
Cette égalité de bonté ne fe trou-
ve pas même dans ceux qui ont
les mêmes tennmens. Si nous
avons plus d'intelligence que les
animaux, ce n'e& pas une raifon
pour foutenir qu'ils n'en ont point:
comme on auroit tort de dire
que les perdrix ne vôlent pas )
parce que les éperviers vôlent
mieux qu'elles, ou que ceux-ci
ne favent pas voler, parce qu'il
y en a une efpéce qui voie beau-
coup mieux que toutes les autres.
Il faut bien convenir que l'ame
dépend des difporitions du corps
cependant il ne change point
fa nature elle agira ditféren~-
ment, félon le~ diverfes organifa<
tions du corps dans lequel elle
fe trouve, & avec un corps dif-
férent du nôtre elle fera des
chofes que nous ne pourrions pas
faire mais fa nature ne chan.
géra point pour cela.
IX. Non feulement les ani-
maux raifonnent il fau: faire
voir auffi qu'ils ont de la ~pru~
dence. Premièrement: ils favenc
ce qu'il y a de fbible en eux, ~e
ce qu'tl y a de fort. Ils précau-
tionnent leurs parties foibles,'y &c
fe fervent des fortes. La panchéL
rc attaque ou fe défend ~vec fes
dents1) le lion a.vec fes dents &
&s ongles le cheval avec ton
1,
pied le bœuf avec fes cornes
Je coq avec ton éperon, le fcoc~
pion avec fon éguillon les fer..
pens d'Egypte avec leur crachar,
d'où le nom leur en eft reAé ils
aveuglent en crachant ceux qui
les attaquent. Les autres animaux
ont recours à d'autres défenfes
pour leur conservation. Il y en
a qui fe tiennent cloigncs des
hommes, & ce ~bnc ceux qui (ont
forts ceux qui font foibles, s'c-
loignent des bêtes féroces 6e
s'approchent des hommes les un<
plus loin, comme les moineaux &
ïeshirondeHes qui font leurs nids
dans les toics d'autres font plus
privés, commeles chiens il y en a
qui changent de demeure fuivant
les laitons en6n chacun d'eux
connoic ce qui lui eft avantageux.
On peut. remarquer les memes
jai~bnnemens dans les poiubns 6c
dans les oifeaux ce qui a ët~
en grande partie recueilli dans
Jes livres, que lesAnciens ontécrits
fur la prudence des animaux, par-
mi lelquels AriAote qui a traite
cette quefUon avec beaucoup~ d'ë<
xaditudc, a~uce que tou~ les ani~
maux fe conArui&nc une demeu<
rc, où ils vivent en Rtreté.
X. Ceux qui difent que les ani-
maux font toutes ces chofes na~
turellement, ne prennent pas ga~
de qu'ils conviennent par-là qu'ils
font naturellement raisonnables,
ou que la raifon n~e& pas natu<
rellement en nous $c n'eft fuf~
ceptible d'augmentation que Sui-
vant que la nature nous a formes.
La Divinité eft raifonnable fans
avoir appris à le devenir. Il n'y a
point e~de rems où elle ait été
Ïans raifon. Elle a été raisonna-'
ble dès fon exigence l'on ne
peut pas -dire qu'elle ne foit pas
raifonnable, parce qu'elle n'a pas
appris à l'être. La Nature a en-
seigne plufieurs chofes aux ani<:
maux & aux hommes. L'instruc-
tion leur en a appris d'autres.
Les animaux apprennent plufieurs
chofes les uns des autres. Ils en
apprennent auul quelques-unes
des hommes, comme nous l'avons
dit. Ils ont de la mémoire, qui
eft la chofe la plus euencielle pour
perre~ionner le raifonnement
& la prudence- On trouve chez
eux de la mcchancecë êe de l'ei~-
vie quoiqu'en moindre degré
>
que chez les hommes. Un Archi~
te<~e ne pofe point les rond~
mens d'une maifbn, qu'il ne Me
de ïang-froid. On ne conftruit
point de vauïeau qu'on ne foie
en ~âncé. Un vigneron ne tr~v~il~
le point à la vigne, qu~nd G<9il
fe trouve pas capable de i'accen?
tion neceuaire pour bien faire ~bn
ouvrage & preique tous les hom~
mes travaillent ivres la propa-
gation de l'efpece. Les animaux
s'approchent les uns des autres,
pour avoir des petics, &: la plu*
art ne regardent plus leursremel*
es lorsqu'elles (ont pleines celles
ne le fouffriroient même pas. L'in~
continence des hommes n'èA que
trop connue. Parmi, les animaux
le mâle prend parc aux douleurs
de la femelle lorfqu'elle met bas;
tels font les coqs il y a des mâ-
les qui couvent les pigeons font
de ce nombre. Ils examinent l'en<
drok favorable où la femelle
pourra, pondre ils nétoyenc
leurs petits, des qu'ils font nés.
Si l'on y fait attention, l'on re-
marquera que tout fe fait avec
ordre chez les Animaux qu'ils
vont au devant de ceux qui les
nourriQenc, pour les carreffer,
qu'ils reconnoi~enc chacun leur
~maître & que lorsqu'on veut le
mal-traiter~ls le lui font entendre.
XI. Qui e&-ce qui ignore que
~s Animaux q~ vivent enfemble,
obfervent entr'eux la juAice ?
C'eft ce que l'on peut voir dans
les fourmis, dans les abeilles, 6c
dans les autres animaux de pareil.
le espèce. Qui ne fçait )ufqu'o&
va la cha~eté des Palumbes a
l'égard'de leurs maies? S'il arrive
qu'elles ayentétéfurprifës par un
autre mâle, elles ne manquent
pas de le tuer fi elles en peuvent
trouver Foccauon. Tout 1e mon-
de à ouï parler de la piété des
Cicognes à l'égard de ceux qui
leur ont donné le jour. Chaque
efpéce d'Animaux a une vertu
éminente & particulière que la
nature lui a donnée. Il ne faut pas
leur ôcer la raifon parce que c'eft
la nature qui leur donne cette
qualité, & qu'ils ne fe démen.
tent pas. Si nous ne comprenons
pas comment cela fe &it c'e&
que nous ne pouvons pas entrer
dans leurs pensées: mais ce n'e&
pas une raifon d'attaquer leurrai
fon car nous ne pouvons pas en-
trer auui dans les raifcns de Dieu;
mais nous jugeons par fes ouvra-
ges qu'il cA intelligent & raison.
nable.
XII. Ceux qui conviennent
que la jufHce nous lie envers tout
ce qui eft raisonnable mais que
les Animaux fauvages ne méritent
point notre compàuton\ parce
qu'ils font injures, n'ont au~
cune communication avec nous,
ne font pas mieux difpofés à Fé~
gard des Animaux qui vivent
avec nous, même à l'égard de
ceux qui ne peuvent vivre fans le
fecours des hommes. Les oifeaux,
les chiens, pluHeur~ autres ani~
maux à quatre pieds comme les
chèvres, ies chevaux, les brebis,
les ânes~ les mutets~ s'ils font.
éloignés de la Ïbcieté des hom-
mes, font dans la néceNicé de pé-
rir, La nature, qui en les créant
les a rendus utiles aux hommes 3 a
arrangé les chofes de façon que
nous avons befoin d'eux & qu/il
y a une ju&ice d'eux nous &s
de nous a eux. Il n'eA pas furpre,
nant qu'il y en ait de Sauvages
Fégard des hommes. Car ce que,
die ArNrote.o~: vrai fi les ani-
maux avoient des vivres en abon~
dance, ils ne feroient iauvages,
ni encr'eux ni avec le~hommes,
jC'e& la ncceŒcé de la vie, <~ui 1~
porte à des adions cruelles cpm"
me auCi c'e~' en lesnourriuanr,
que l'on acquiert leur amitié. Si
les hommes (ë irouvoient réduits
dans les mêmes extrémités que
les animaux, ils feroient encore
plus féroces que ceux qui nous
)aroiuenc fauvages. C'eA ce que
'on peut prouver par les guerres
6c par les ramines, pendant lef~-
quelles ils fe mangent les uns les
autres & même ~ans guerre 6c
fans famine ils ne craignent pas
de manger les animaux familiers
qui vivent avec eux.
.XI 11. On dira peut-être que
l'on avoue que les animaux ~onc
raifonnables mais qu'ils n'ont
point de convention avec nous.
C'eA parce qu'on les fuppofe fans
raifon, qu'on nie~cetce conven-
tion. On a d'abord décidé qu'ils
n'avoienc point de raison enfui-'
te le.~ hommes font entrés en ~b-
ciëté avec eux a caufe du befoin
qu'ils en avoient, mais fans faire
attention s'ils font Taifbnnables.
Voyous s'il n;y a point de conven.
tionentr~eux~ ôe remarquons au-
paravanc qu'on auroic tort de
nier la raifon à un homme, parce
que nous ne ferions pas en traité
avec lui, puisque nous n'avons fait
aucune conventionavecla plûpart
des hommes. Plufieurs animaux
~ë ~onc rendus enclaves des hom-
mes3 & comme a fort bien dit
quelqu'un tout ingrats que font
les hommes, les animaux par leur
~ageHe& par leur juAiceoncobtL.
gc leurs maîtres de les fervir &:
d'avoir foin d'eux. La méchance-
té des animaux même prouvé
qu'ils ont de la raffon. Les mâles
fontjaloux
Mnc jaloux deleurs femelles,
remelles, & les
femelles de leurs mâles. Il ne leur
manque qu'une feule mechance~
té d'attaquer ceux qui leur font
du bien. Ils ont tant d'amidc ôc
tant de conS~nce pour leurs biçn~
faiseurs qu'ils les fuivent même
lorsqu'on les méne à la. mort où
à un péril ma~ire~o. Et quoique
les hommes les nourrirent pour
leur propre utilité ils les ai.
ment. Les hommes au contraire
ne font jamais fi mal intentionnés,
que contre ceux qui les nour~
riuenc, ne fouhaitent rien tant
que leur mort.
XIV. Les animaux font 6 rai.
fonnables dans leur façon d'agir,
que lorfque la gourma-ndiië ou
la faim les engage a s~approchcr
du manger où l'on a. mis des ha"
menons ils y viennent ~vec rë-
nëxion; les uns tâchent de féparer
la nourriture d'avec ce qui leur
pourroic faire mal il arrive ïbu-
vent qu~ls & retirent fans avoir
mange, parce que la raifon l'em~.
porte fur l'appëcic les autres s'en
vangent fur les appas qu'on leur
a. tendus, en les &liuanc de leur
urine. U y en a qui ~bnc gpur<
man~
mands que quoi qu'ils ~achcnc
qu'ils feront pris, ils ne craignent
pas de manger ce qui doit les
faire mourir Semblables en cela.
aux compagnons d-'Uliffe. Quel-
ques animaux ont prouve par les
endroits qu'ils ont choius pourleur
demeure qu'ils l'emporco~nc
fur nous du côté de la prudence:
Les êtres qui font leur réfidence
dans les régions ëthërëes, font
raifbnnables ceux qui habitent
dans l'air participent auŒ à la
raifon. Les animaux aquatiques
en ont moins. Les terreftresne
viennent qu'après. Nous fommes
du nombre de ces derniers, nous
qui réfidons dans la partie la plus
baffe du monde & fi nous ju-
geons de l'excellence des Dieux
par les endroits qu'ils habitent
nous devons porter le même ju-
gement des êtres mortels
XV. Lor~qu~on voit que les
Animaux (ont capables, defe reo~
dre habiles dans les arts en u&.
,ge chez les hommes qu'ils peu-
vent apprendre à danfer à mener
un char, à fe baccre feul à feul
à nlarcher fur des ëchajues, i
ccrire, à lire à jouer de la flûte Se
de la guitarre, à tirer de l'arc,
1,
àntbncer à cheval, peut on dou-
ter qu'ils n'ayent de la raifon
puifque ce n'e~ que par la raifon
que l'on s'exerce dans les arts ?
Notre voix ne produit pas~ëule-.
ment un fon dans leurs oreilles,
mais ils comprennent la différence
des fignes ce qui ne peut venir
que de l'entendement Se de la
raifon. Mais dit-on ,ils font mal
les avions humaines. Les liom~
mes les font-ils tous bien? On
ne peut pas le dire car H cela
étoit il n'y auroit dans un com-
bat ni vainqueurs ni vaincus. Ils
n'ont~ dit- on, ni confeil, ni aNetn~
blée, ni ne rendent point deju<
gement. Dites~moi comment lë~
hommes agiuënc, c'y en a t'il pas
plufieurs qui fe déterminent avant
que d'examiner ? Et comment
pourra-t'on prouver quêtes Ani.
maux ne délibèrent point? Per-
fbnne n'en peut donner td preu-
ve & ceux qui ont ccric FHif.
toire particuliére des Animaux,
-ont dëmoncré le contraire. L~s
autres ob~e~ions qu'on raie con-
tre la raifon des Animaux, font
toutes auffi frivoles. On die qu'ils
n'ont point de villes. Les Scithes
qui n'ont d'autres demeures que
leurs chars, n'ont point de villes
non plus que les Dieux. Si les
Animaux n'ont point de loix écri<
tes, les hommes n'en ont point
~u tant qu'ils ont été he~ux.
On dit qu'Apis fut le premier
qui donna des Loix aux Grecs,
quand ils commencèrent à en
avoir befoin.
XVI. C'eft la gourmandise qui
a perfuadé aux hommes, que les
Animaux n'avoient point de rat-
ion. Cependant les Dieux & les
Sages ont eu pour les Animaux
la même conMéracion répondanc
[uppIiants. que pour
ics~uppliancs.
les Apollon répondant
à Ariftodique de' Cume, lui dit
que les moineaux étoient les
fupplians. Socrate juroic par les
Animaux 3 & avant lui Khada<.
maBEe.Le& Egyptiens les ontcrâ
des Divinités foie qu'eSe~ive-
ment ils ayent été perfuadés
qu'ils étoient des Dieux, foit que
de deQëin formé ils ayent repré"
ïëncë les Dieux Tous les figures
des boeufs 1. des oifeaux ~c des
autres Animaux, afin que les
hommes s'abftinHenc de manger
ces animaux ainC que leurs fëm~
MaMes. Peut-être ont-ils eu en-
core quelques autres raisons fe-
crettes. Les Grecs attachoient les
cornes d'un belier a la ftatue de
Jupicer celles d'un taureau à
la ~ame1, de Bacchus. Ils ont
compote Pan d'un homme &c
d'une chevre. Ils ont donné des
aïles aux Mutes 6~ aux Sirenes, de
même qu'à la V ivoire, à Iris
à l'Amour Se Mercure. Pinda-
re dans fes hymnes a fait retÏëm<
bler tous les Dieux pourtuivis par
Tiphon, non aux hommes, mais
aux animaux.. Lorfque Jupiter
devint amoureux de PaHphaé il
fe changea en taureau il a pris
une autre fois la figure d'une aigle
& celle d'un cigne. C'eit pour-
quoi les Anciens rendoienc de fi
grands honneurs aux animaux
ils les honoroient encore davan-
tage, lorsqu'ils difoient que Ju.
picer avoit ccë nourri par une
chèvre. C'ënitune Loi chez les
Crétois y incroduice par Khada~
mance, de jurer partout les ani<.
ïnaux 3 & quand Socrate juroic
par le chien 6c par foie ce n'ë~
toit poinc une plai&ncerie: ilfui~
voie les Loix du )uAe fils de Ju<.
piter. Il ne badinoit point non;
plus lorsqu'il appelloit les cignes
fes camarades. La fable nous ng-
nifie auffi que les animaux ont
une ame pareille à la nôtre lors-
qu'elle rapporte que la colére des
Dieux a changé des hommes en
animaux dont ils ont enfuite eu
compaulon, qu'ils ont aimés
dans ce dernier état. C'eA ce
qu'on dit des dauphins, des at<"
cions des rouignols & deshiron"
délies.
X~V 11. Ceux des Anciens qui
ont eu le bonheur d'être nourris
par des animaux, en ont autant
tire de vanité que de leurs pères.
L'un s'e~ vanté d'avoir été nour-
ri par une louve, d'autres par une
biche ,'ou par une chèvre ou par
des abei~e$. Sémiramis a eu. des
colombes pour nourrices/Cirus
un chien, le chantre de Thrace
Bn.ctgne dont le nom lui eft re~.
té.,Les turnoms que l'on a don~
nés à Bacchus, à Apollon, à
Neptune, a Minerve, à Hccace~
font tirés des animaux pour leC.
quels ces Divinités avoient de
l'inclination celui de Bacchus
vient du bélier ceux d'Apollon
du loup 6e du dauphin; ceux de
Neptune Se de Minerve du che-
val~ 6e fi l'on donne à Hécate
les noms de vache de chienne
de lionne, on en eft plus facile~.
ment exaucé. Que fi ceux qui
auprès a.voir facrifié les Animaux
les mangent, ïbu.tiennenc pour fe
~Hiner qu'ils font fans rai&n, il
faut donc auffi qu'ils difent que
lorsque les Scithes mangent leurs
peres Us prétendent qu'ils n~onc*
point de raifon.
X V M I. Il eH: clair par ce que

:nous avons dit jusqu'à prë&nt


'Be par ce que nous dirons encore
.dans la fuite en parcourant les
~ëntimens des Anciens, que les
animaux font r~i~bnnable~ ~c
que quoique plufieurs d'eMr'eu~
n'ayent qu'une raifon imparfaite,
ils n'en K)nt cependant pas abfb"
lumenc privés. S'il doit y avoir
un commerce de jufHce entre
tout ce qui eft raifonnable, com~
me en conviennent~ ceux contre
tefquels nous disputons pourquoi
n'observerions'nous pas les Loix
de la Juftice avec tes animaux ?
Nous ne prétendons pas que l'on
doive étendre ce principe juP
qu'aux plantes parce qu'il n'eft
pas facile de concevoir qu'elles
ayent de la raifon. Nou& man<.
~geons les fruits nous ne dëtruL-
ions pas pour cela la tige. Quanc
aux cadavres des animaux, fi on
excepte les poisons, nous ne man-
geons que ceux que nous avons
tués & nous commettons à cet
égard beaucoup d'injuMce. Car
comme remarque Plutarque par-
ce que nous avons befoin de di<
verfes choies que nous en raL
fons
fons ufage, ce n'eil pas une rai-
son d'êrre injure à l'égard de
tout ce qui exiïtc. La nature
nous permet de faire quelque
tort, lor~qu'i) s'agir d? nous pro-
curer ie nëceHatre, fi toutefois
on peuc appeller tort ce qu'on
enleve aux plantes en leur iaif-
fant la vie: mais det détruire ou
de gacer le reAe pour fatisfaire
les ptaiGrs, cela eft anurémenc
cruel & injure, puifque t'abft!-
nence de ces chofes ne nous em.
pêcberoicni de vivre, ni d'être
neureux. Si le meurtre des ani-
maux & leur chair nous étoient
auffi nëceCaires pour vivre, que
!'air, l'eau, les ptances & les fruits
~ans iefquets nous ne pouvons pas
vivre, la nature nous auroit mis
dans la nëceŒcc de commettre
cette injuftice: mais plufieurs
Prêtres des Dieux plufieurs Rois
barbares qui menoient une vie
picute: &: une inRuitc d'animaux
ne font point ufage de cette nour-
riture cep~ddnt vivent con<
fbrmémenc à l'intention de la
nature, n'e0:il pas déraifonna-
bte~ quand bien même nous fe-
rions obligés de faire la guerre
à quelque amma.ux~ de ne point
vivre en pa-ix avec ceux qui ne
nous font point de tort de n'ob-
ferver la juâice à régard d'au-
cun & douter de violence envers
tous?'Lorfque les hommes pour
leur confervation ou pour celle
de leurs enfans de leur patrie,
enlevent le bien des autres, rava-
gent les pays & les villes, la né..
ceHicé leur fert d'excufe pour pal.
lier leur injuAice mais quicon.
que fait ces mêmes violences, ou
pour s'enrichir., ou pour fatisfai-
re à fes plaifirs, ou pour fe pro~
curer des chofes qui ne font pas
nëcenaire~ paHe pour cruel
brucal méchant, Quant a ceux
quiïe contentent d'endommager
les plantes, de faire ufage du feu
<~de l'eau, de tondre les bre-
bijs, d'en prendre le lait d'appris
Vûi&r les bœufs, de les faire cra-
~iUcr pour fe procurer ce qui eft
Deceflairc ~.Ja vie Dieu fans
douce leur payd~nne mais de tuer
les animaux p~ur fon plaifir &
par gourmandife cela eH: abfQ<
lumenc in~uAè cruel. Ne de-
vroic-il pas fuSire que nous nous
en fer viuïorns.pour les travaux auf.
quels its nous font nëceilaires
XJX. Celui qui pente que nous
ne devrions poincnous nourrir de
la chair des bœufs ni ôcerlavie
aux animaux, pour fatisfaire no-
tre gourmandife, & pour parer
nos caMes, ne nous ôcc rien de ce
qui e& néceuaire pour la vie ou
util,e pour la vertu. Ce feroit ou~
trer les chofes que de comparer
les plantes aux animaux car ceux-
ci ont du fentiment. Ils font fuf-
~epnbles de douleur, de cramcc
on peut leur faire tort, & par con-
féquent commeccredet'inju(Hce,
à leur égard. Quant aux plantes,
elles ne foncent point ainfl oa~e
peut leur faire ni mal, ni tore, m
injufUce. On ne peut avoir ni
amitié, ni haine pour ce qui n'a.
point de fentiment. Les diiciples
de Zénon prétendent que la Juf-
tice eft fondée fur -la renemblan-
ce qu'il y a entre les êtres. N'e&<
t il pas abfurde de fe croire obtL
gé d'obferver les Loix de la JuC.
tice avec une infinité d'hommes,
qui n'ayant: que le fentiment
font dépourvus d~efpric6c de rai-
fon, (urpadenc en cruauté, en
1,
colére & en avidité les plus cruels
animaux n'épargnant ni la vie
de leurs enfans ni celle. de leurs
peres tyrans ou miniAre~ decy<
rans tandis que l'on ne fe croie
obligé à rien à l'égard du bœuf
qui laboure, du chien avec lequel
PR vic~ des animaux qui nourrie
fent l'homme deieur!ait:,6d'habit-
lent de ieurtoifbn~Envëricécec-
te contradiction eft trop ridicule.
X X. Mais y auroit il de la.
vraifemblance dans ce qu'a pré-
tendu Chryfippe, que les Dieux
nous avoient fait pour eux & pour
nous & que les animaux avoient
été faits pour les hommes les
chevaux pour combattre avec
eux, les chiens pour les aider à f
chaGër les panthéres les ours
& les lions pour leur donner oc-
cànon d'exercer leurs forces ? Le
cochon Suivant ce fyftême n'a
été raie que pour ccrc tué Se ce
que l'on doit regarder comme
une grande faveur des Dieux, ils
n'onc eu d'aucre intention en !c
produifant que de nous procu~
rer un manger agréable & afin
que nous ayons des jus & des en.
tremets en abondance. Ils ont
fait diverfes fortes d'huitres &
plufieurs efpéces différentes d'oi-
~ëaax.imicant en cela lesnburrL
ces & même les ArpaSanc en
bonté. Ils n'onc cherché qu'à ùdos
rendre la vie délicieufë à rem-
plir la cerre de plai~rs & de jôaif.
Tancer Ceux à qui ces pnntipe~
p)airo!enc,Se qui croiroient qu'ïts
ne feroient pas îndtgnes' dé b
D~micë peuvent examiner les
ôbje~iôns qu'a raie ce fu~ec Car<
nca~de. Tout ce qui exMe dan~
la nature a quetq~re uniïM tar~-
qu~oh en fait l'ufage poui' lequet
il e~ defliné par exempte 6 Je
cochon e~c raie pour Erre tué &
pour êcre mangé lorsqu'on te
eue & qu'on le mange il a. rem.
pli fa devinée, eft utile mais fi
Dieu a fait les animaux pour l'u~
~age de l'homme quel tna~e rai-'
i'bns nous des mouches, des cou-
fins des chauve- fouris,des Sca-
rabées, des Scorpions, des vipères?
Quelques uns de ces animaux fbnc
d'un afpec): désagréable il y en
a. parmi eux que l'on ne peut tou.
cher fans danger l'odeur de quel-
ques autres eft infupporcable les
cris de quelques-uns font dëp!aL.
~ans & aSreux enfin il y en a.
donc la rencontre e(t mortelle à
ceux qui les trouvent en leur che-
min. Pourquoi l'Auteur de la na-
ture ne nous a c 'il point appris
de quelle utilité pouvoienc être
les baleines ë(Ies autres montres
marms.que la venreu~ëAmphicrice
~ourricdansfbnfëm~S~pourparler
ïuivanc,.le langage d'HomëreJ'on
dit que coût n'a pas- ère fait pour
nous cette di~indion fera un
grand fujec deconfuGon & d'obf-
curicë 6e nous aurons bien de 1~
peine a ne pas pécher contre la
justice lorfque nous voudrons
faire violence à des êcres,qui n'ont
peuc-êcre pas été faits pour nous,
mais comme nous, pour fervir
aux intentions de la narure. Je ne
veux pas dire que fi l'on dëcidoic
de la jufilce des chofesi par l'ucL
lité que l'on en retire nous fe-
rions obligés deconvcnir~quenous
avons ëce taies pour des animaux
trës-pernicieux, c'ett-à. dire pour
les crocodiles pour les baleines
& pour les dragons car nous n'en
tirons aucun profit: au lieu qu'eux,
lorfqu'ils (aiuCëne un homme, ils
le mangent en quoi ils ne font
pas p!us méchans qucnou C'eft
lanécenicé&Ia. faim qui les por-
tent à cette injufUce au lieu que
nous, nous tuons la pldparc des
animaux pour nous amuiër ce
qu'il eft aifé de prouver par ce
qui fe pauc dans les amphyehëâ-
tres 6e à la chaue ce qui fbrei<
fie le penchant que nous avons
à la cruaucé. Ceux qui les pre<
miers ie font portés à ces ex.
ccs~onc presque détruit chez les
hommes la compauion & l'hu-
mamcë; Ôc les Pythagoriciens, par
leur douceur à l'égard des bêtes,
ont travaillé à rendre les hom.
mes plus tumains & .plus com.
panons, & ils y ont beaucoup
plus réuŒ que ceux qui penfënc
din'éremmenc d'eux, parce qu'ils
accoutumoient les hommes à
avoir de l'horreur pour le fang,
& que l'habitude a un grand em-
pire r
fur les
t pâmons. ZD

XXI. ( a ) La N ature que l'on


convient: agir toujours Sagement
a donne aux animaux le fentL
mène, afin qu'ils cherchanenc ce
qui leur e& utile & qu'ils ëvi.
1
caSenr ce qui leur eft contraire
ce qu'Us ne peuvent faire que par
le ïëncimenr. Or la facuicé de
choifir ce qui eft avantageux, ~c
de rejetter ce qui eft pernicieux,
ne peut réfider que dans un fu.

(4) On a paÛe ici quelques raifonne-


mens fort obscurs & peu concluans copiés
d'après Plutarque dans fon traité Quels
(ont tes animaux qui ont le plus d'esprit'
jet capable de raifonner de ju-
ger', & d'avoir de la "mémoire.
Ceux à qui vous ôteriez le pref-
~éniimenc de revenir la mé-
1,
moire, les prëparalirs, refpëran-
ce ) la crainte le déur,1, le cha-
grin, n'ont plus befoin d'yeux
ni d'oreilles ni de ~entimenc
hi d'imaginacion. Ces fâculcës ne
pouvanc plus leur fervir il au-
roic beaucoup mieux valu en erre
prive que d être dans les pei-
2
neslb dans les chagrins dans
douleur, &~ ne pouvotr pas y re~
médier. Nous avons un difcour~
du P hyficien Straton,pour prou-
ver que le fentiment fuppofe né-
ceSairement de l'intelligence. Il
arrive fouvent que nous parcou-
rons des yeax quelque écrie, ou
que nous ne faifons pas attention
à quelque chofe que l'on nous-dit,
parce que notre efpric eft ailleurs,
~c que revenant a ce qui a été
ou 1A ou dit nous y donnons
notre application. G~ ce qui
a fait dire, que c'étoi~Pefprit quii
voyoic & qui écoutait, que !e
refte ëcoic aveugle & fburd car
Jes yeux & les oreilles font infen-
fibles, fi refprit n'eA pas aire~ë.
C'eft pourquoi le Roi Cléome.
nés étant un jour dans un repas,
où l'on chanroic une chanfon qui
ëcoïc fort applaudie quoiqu'un
lui ayant demandé s'il la crouvoic
à fon grë il répondit que c'é-
toit aux autres à en direAcur ~en-
timenc parce que fon eipric ëroic
pour lors dans lePëioponè~e. C'eA
donc une conséquence neceûaire,
que des qu~on a du ~encimenc y
on a de FincetHgence.
XXII. Mais fuppofbns que le
~encimenc puiNe faire ~es fonc-
tions fans l'intelligence. Quand il
a rempli ton objet, qui connue à
difcerner ce qui convient on ce
qui eft contraire qui eft-cc qui
s'en rcGbuvien! ) Qui'e~-c~ qui
craint ce qui aSige ? Qui eft-ce
qui dë6re tes chofes utiles ? Qui
eA ce qui fbnge à fe les procu-
rer, lorfqu'el'les font éloignées ?.>
Qui eft- ce qui fe prépare des lieux
de fureré des recraices ? Qui e~
ce qui tend des embûches ? Qui
e(t- ce qui cherche à échapper à des
filets lorfqu'il eft pris C'eH: ce
que les Philosophes ne manquent
pas d'examiner jufqu'a l'ennui
dans leurs introdu<~ions lorf-.
qu'ils p~enc de la rëfbtunon~ qui
eft le deCein de venir a bout d'u-
ne chofe de t'entreprise, des pré-
paratifs de la mémoire qui n'e~
aucre chofe que racrencion a queL
que chofe qui eft pallée, & que
le fentimenc nous a rendu autre-
fois prëfence. Or tout cela ~uppo<
fe le raifbn'nement: & tout cela
fe trouve dans les animaux. It eft
étonnant qu'on ne faffe point ré.
Séxionà teursadHons,à leurs môti-
vemens dbnc plufie urs ont pour
principe la colère, la craince, l'en<.
vie~c la. jaloufie ce qui fait que
ceux mêmequi ne penfentpascom-
me nous, puniûent leurs chiens ôc
leurs chevaux lorfqu'its font
quelque fmce en quoi ils ont ra.i.
n)n, puifque pâr.Uns!e$ pcr(ëc<
tionnen.t en leur donn~nc p~.r
la douleur ce ~encimcnc que n/~
appelions repentir. Les anup~ux
fbnc&ndbles aux pleurs que t'oil
goûce par les oreilles par les
~on
o
yeux. Les cerfs & les chevaux
ibnc naccés par les (bns des nu-
tes & des hautbois. Le chalumeau
fait (arc!r le cancre de fon trou,
comme par une efpéce de vio.
lence. On dit que Falote vient
~ur l'eau pour encendre chanter.
Quant a ceux qui font aCez dé-
j'aifbnnabljes,pourfoutenir que les
animaux ne ~e réjouiGenc, ni ne
fe fâchent, ni ne craignent ni
n'ufënc de précautions, ni n'onc
point de mémoire, mais qu'il f~<
ble feulement que l'abeille fe reC.
(buv4enne,~ue l'hirondelle raCe
des proviGons que le lion fe met-
te en colére que le cerf ait peur,
je aérais pas ce qu'ib repon-
droient à ceux qui leur foutien-
droient que les animaux ne voient
ni n'entendent mais qu'ils ~ëm<
~lenc (euiemenc voir & enien-
-dre qu'ils n'ont point de voix,
mais qu'ik patoiiÏënc en ~v~ir,
en un mot qu'ils ne vivent'pas',
mais qu'Ms paroiCenc vivre p~caf
touc homme ~en~c s'appercevra,
que ces deux fuppoficions font
egatemenc contraires à l'éviden-
ce. Mais, dira-c-on lorsqu'on
compare les procèdes des hom-
mes avec ceux des animaux on
remarque dans ceux-ci beaucoup
d'imperredion peu de déur ~de
la vertu nulle envie de fe per~
fecHonner 6e l'impouibilicé de
parvenir à la fin pour laquelle la
~ture les a faits ,,& dont elle leur
donné les premières notions.
Mais cela n'eâ point regardé par
ces Philofophes ( a ) comme une
inconséquence. Us enSeigncnc
qu.e l'amour paternel le prin.
cipe de la SbcieCié, ôc le fonde-
ment de la juftice ~quoiqu'ils
nepui~enc pas douter que les ani-
maux aient- une pauion crës-vive
;pour leurs pi<ems, ils pt~cendenc
cependant qu~ nous :ne tommes
pas obligés de garder la iuAice
~vcc eux ils (c fervent d~Pe"
xemple des muleta qui il ne man-
que rien des parties génitales
qui les employenc avec plaiHr
& qui cependanc ne peuvent poinc
parvenir à la gënëracion. Voyez
s'il n'eA pas ridicule que ceux' qui
accutenc les Socrates les pla<
cens, les Zenons, 1,
d'êt:reauulmc<-

( a ) C'e&'à-dire les Stoïciens. Voyez le


ttatt~ de Pimarque,
chans, auffi fols~ auffi injuftes que
les derniers des hommes, fe p lai-
gnent de la méchanceté des bêtes,
ce de ce qu'elles ne fe portent
point avec adez de vivacité à la
vertu comme fi c'ëco!r à la priva.
tion abfolue de la raifon 6e non
pas i fa foibteCc, qu'il fallût at-
tribuer ces imperfections qu'on
convient être dans les animaux
ce qui paroïc par la timidité
rinMmpcrancc t'inju(Hce 6c la
mec~ancecc, que l'on remarque
dans plufieurs d'eux.
XXIII.Cetui qui prétendroit,que
ce qu! ne peucpoinc arriver à ia pcr~
fsAion de la raifon n'en e(t poinc
fufceptib!e, reHembteroic à quel-
qu'un qui foutiendroit, que le fin-
gc n'a point re~û de la nature fa
laideur, ni la tortue fa lenteur,
parce que le finge n'eft pas fut.
ceptible de beauté ni -la tortue
de v!teCe, Ils ne font pa~ at..
tcntion à une difUncUon qu'il faut
f~ire.
faire. La raifon vient de la natu-
re mais la parfaite raifon vienc
de l'attention & de t'inftruc~ion.
Tour ce qui e0: animé participeï
à la raifon dans toute la mut-.
ticude des hommes, on n'en peut
pas nommer un qui ait atteint ta
perrec~ion de la rai(bn,ou de la fa-
seuc. N'y a-c-it pas de la diSë-
rcnce entre les façons de voir
de vôler ? Car les ëperviers ne vô~
ten~pas de même que les ciga~
tps, & les aigles vôlent dISerem-
ment des perdrix. De même par-
mi tout ce qui participe a la rai-
fon, l'on ne remarque pas la mê<
.me facilité à fe pouvoir perrec<.
cionner. It y a de fi fortes preu<
ves que tes animaux font capa-
bles de vivre en tbciecë, qu'ils
ont du courage qu'Us ont
recours à la ru~ë lorsqu'il
eft que(Hon de fe procurer ce qui
leur eH: nëceGaire qu'il y en a
d'injuftes de tâches de <tupi-
dès que l'on a agité une d!~pc<
te, pour favoir fi les animaux ter.
redres Femporcoient fur ceux de
la mer, Il e(t aifé de faire à ce fu-
jet des comparaisons. Les cicog<
nes noarrijB&nc leurs pères, les~
chevaux marins tuenc leurs peres
pour pouvoir faillir leurs mères.
Les perdrix agiNënc bien di~ë-
remment: des pigeons. Les mâles
des perdrix'canenc les œufs de
leurs .femelles, parce que celles-
ci, tant qu'elles couvent chaf.
fent leurs mâles. Les pigeons a~
concra~re partagent avec leurs fe..
melles la peine de couver leur,
ceufs. Ils porrenc les premiers la
becquée a leurs petits dès qu'ils
font nés le mâle bat la feme~
le, lorfqu'eile eft trop long-tenM
hors de fdn nid & H l'oblige de
retourner à fes ceurs & à tes pe-~
tirs. Je ne ~ais pas pourquoi -An-
tiparer, qui reproche aux ânes6c
aux brebis leur mal-propretë, ne
parle ni des chats ni des hiron~
délies. Les premiers cachent leurs
ordures de façon qu'elles ne pa.~
ï'oiuënc jamais & les hirondel-
le~ apprennent à leurs petits à
mettre le derriére hors de leurs
nids~ ~&de ne le pas gâter.
Pourquoi ne dirons nous pas qu'un
arbre eft plus indocile qu'un au-
tre arbre comme nous difons
que le chien eft plus d~ciie que
la brebis ou qu'un légume foit
moins brave qu'un autre légume
comme nous difons. que le cerf
à moins de courage que le Lion ?
Et comme dans les chofes qui
n'ont point de mouvement l'u~
ne n'e& pas plus tardive que l'au-
tre &c dans celles qui ne rendent
point de fbn l'on ne peut pas
dire que l'une ait la voix moins
.forte que l'autre auul ne dira~
t-on que de ce qui a reçu de la
-nature le don de l'intelligence
celui.ci e~t plus timide, celui-là
c& plus pareHeux cet autre eft
plus intempérant puisque ces
divers degrés fuppofenc de l'in<
telligence. Il ne faut point être
cconné, fi l'homme furpaflè les
animaux par fa facilicc doappren-
dre, par fa pénëcr~cion, par la
jufUce par les qualités fbcia.<
bles. Entre les animaux) il y en a
plufieurs qui ont beaucoup d'à.*
vancag~ fur les hommes par la
grandeur par la vicede, par la
pénétration de la vue, & par
la fubniicë de l'ouie. Cependant
l'homme n'eft.pas pour cela ni
~burd ni aveugle ni fans for-
ces. Nous courons a la vérité
moin.s vîce que les cerfs nous
voyons moins bien que les éper-
viers. La nature nous a donne des
forces & de la grandeur quoi-
que les ctephans &e les chameaux
foient beaucoup plus forts & plus
grands que nous. Nous pouvons
faire le. même raifonnement à l'é-
gard de l'intelligence des an~
maux & nous ne devons pas
prétendre qu'ils ne penfent point
& qu'ils n'ont point de raison
parce qu'ils nous font inférieurs
du côté de la pensée ôc de la rai.
fon. Il vaut mieux dire, qu'ils les
ont foibles & troubles.
XXIV. Si cet~n'avoïc déja
été fait plufieurs fois nous rap-
porterions une infinité de faits,
qui prouvent l'adretle des ani-
maux. Faifons quelques autres
rénéxions. I! femble que chaque
partie de notre corps, ou chacu<-
ne de nos puin~nces, foit fuicep-
tible de quelque dérangement~ou
par la mutilation ou par les mala-
dies~ qui empêchent les fondions
auxquelles ces parties & ces puifL
tances font deftinées par la na-
ture. Ainfi l'œH peut ceffer de
voir la cuiuë peut boiter la
langue peut bégayer, ô~ ces di<
vers défauts font ane<3:és à ces
&uls membres car ce qui n'e~
pas fait pour voir ne peur pas
devenir aveugle, ce qui ne doit
pas marcher, ne peut pas boiter
& ce qui n'a point de langue
ï~cApoinc fufceptible de bégaïe-
inent. Auffi n'appellera c on ni
fol, ni- infenféni funeuBC., ce
que la nature n'a point faic pour
penfer &pour raitbnnen II n'y
a. point de faculté, qui ne foit fu-
jette à quelque alcéradon J'ai
fouvent vu des chiens enrages.
On ~Cure que les ch~ev~ux 3 les
boeurs & les renards enragent.
L'exemple des chiens ~u8ic; car
il eft hors de difpute ~iifert de
preuve que ces animaux penfent
ont de la raifbn & que ce qu'on
appeDe r~e&: foreur chez eux,
n'eH: que ta. raifon troublée &
confondue car ils n'ont ni la vue
ni l'ouie alcërëe 3c comme il y
auroicdel~abfurdrcë à nier,'qu'un
homme qui feroic accablé de me"
lancolie ou tombé en démence
n'a point fouffert d'altération ni
dans fon efprit, ni dans fon. rai~
fonnement, ni dans fa mémoire
de même ce feroit concredir~ la
vericë, de nier que les chiens en-
ragë&oe ~ounrenc point de dër~n"
gement dans leurs penfées, dans
leurs ra.ifbnnemens & dans leur
mémoire puifque le trouble où.
ils ~bnt, leur fait mëconnoïcre
1,
ceux qu'ils aiment le mieux, chan-
ger de façon de vivre, 8c les em~
pêche de voir c~ qui (ë prë&nt~
devant eux. Voilà les argument
que l'on trocvc dans pluCeurs des
ouvrag~~que Plut~qae a écrits
contre tes ScoÏ6ten$ c<3otrc les
Péripatedeie~.
XXV. th~ophra~e employé
le raifon~mcnt'fuivanc.Nous re"
gardons côntme parens comme
unis par la namre ceux qui font
nés du mêïMpere6c de la même
mère ou ceux qui defcendent
des mêmes aïeux. Nous traicons
les citoyens de notre ville com-
me nos alliés parce que nous
habitons le même pays, ~e que
nous vivons en focieté avec eux.
Le Grec eft allié du Grec le
Barbare l'e~ du Barbare: il ~a
même une alliance générale entre
tous les hommes par l'une de ces
deux raifons ou parce qu~ils ont
les mêmes auteurs, ou parce qu'ils
~bnc de même efpece ~cque par.
confëquenc ils ont les mêmes
moeurs & le même cara&ére. Or
les mêmes principes des corps fe
trouvent dans tous les animaux.
Je ne prétends point parler des
premiers élémeris dont les plan-
tes font auni composes, mais de
la Semence des chairs & des li-
queurs qui fbdc naturelles a tous
les animaux. Je parle de leurs
âmes, qui fe renemblent par les
défirs, par la colère~ par le rai-
sonnement & fur roui parle Sen-
timent. Les corps des animaux,
de
de même que leurs âmes, ont di&
tërecs degrés de perre~ion mais
ce font les mêmes principes chez
les uns & chez les sucres ce qui
cft bien prouvé parla reCemblan-
ce de leurs paŒons. Si tout'ce
que nous venons de dire eA vrai,
il faut convenir que tous les ani.
maux pen(enc,<k que la feule
différence quieA enrr'eux nous,
ne conuire que dans le genre de
vie, de forte que nous devons les
regarder comme nos aMiés. Car
comme dit Euripide ils ont les
mêmes nourritures & les mêmes
paŒons que nous :!cfangquicou-
îe dans leurs veines eft de même
couleur que le nôtre ce qui dé*
montre que nous avons les mêmes
Auteurs c~A-â-dire le ciel & la
terre.
X X V I. Les animaux éranc
donc ainC nos a)liés, s'il e~:
vrai, comme l'a enfcigné Pytha..
gôre, qu'Us ayenc une amë &m-
blable à la nôtre c'eH: ju~e
cirre que l'on accufe d'impie~
ce ..quiconque ofe manger fon
iemblable i & quoi qu'il y aie
quelques animaux fauvages, il ne
&uc pas croire que cela décruiïe
l'espèce d'alliance y qui e(t entre
nous oc les bêces. N'y a t'il pas
chez les hommes des méchans~
que leur caractère dépravé pprce
a nuire a ceux avec lefquels ils
vivent ? Nous les faifons mourir,
nous v!vons en fociété avec les
autres de même s'il y a des ani~
maux féroces, ,ilcA permis de les
tuer, comme l'on tueroit les hom-
mes qui leur reSërnblenc mais il
faut traiter avec bonté ceux qui
font d'un naturel doux, & il ne
faut manger ni Ies uns ni lesautres,
comme nous ne mangeons pas les
hommes injures. Notre conduice
cft bien peu conforme à la JufU~
ce. Nous faifons mourir les ani-
maux fa~IIi~ parce qu'U y €n
de fauvages & de féroces~ nous
mangeons les familiers en quoi
nous commerçons une double in-
juflice. Premièrement en ley
tuant fëcondemenc, en les man-
geant. On peut ajoûter à tout ce-
ci, que ceux qui difenr que c'efh
détruire la JufUce que de i'ëcen~
dre jufqu'aux bêces, nonfeule-
ment n'ont pas de vraies idées de
la JufHce, mais ne travaillent que
pour le p!ainr, qui eft -l'ennemi
capital de la JufHce. Car des
~ue le plaifir eft la fin de nos ac'
tions il ne peut plus y avoir de
Ju(Hce. Quie(t.ce qui ne fait pas,
que l'amour de la JuAice s'aug-
mente par la pnvacion du pia~
Cr? Quiconque s'abAienc de tout
ce qui eft animé & même des
animaux qui ne font pas utiles à
la fbciéccy aura beaucoup plus
de répugnance à faire tort a fes
&mbtabÏes ôe mieux il fera dif<
pofé vers les animaux en gënéraL
plus il con&rvera. d'amitié, pour
les cfpcces particulières. Mais ce<
lui qui reftraint les devoirs de 1&
JufUceà l'homme fëu~eft toujours
fur le point.de commettre queL-
que in)ufHce. L& table de Pych~-
gore étoit plus agréable, que celle
de Socrate. Celui-ci difoit, que la.
faim étoit le meilleur de tous les
a-Saifonnemens & Pychagore
prétendoit qu~ le r~pas le plus
fatisfaifant ëcoic de ne faire corc~
perfbnne~ & de ne s'écarter jamais
de la JufHce. Ceux qui ne veu~
lem point manger des animaux,
n'onc aucune parc aux inju~ices
qui (c commeec~nc ~l'occaCondc
cette nourricurç; Diçu ne nous a
pas fait de racon,que pour cravail~
îpr à notre confervacion nous rufL
fions obliges de faire tort aux
autres ou il auroic mis chez nous
un principe d'injufHce Ceux-Ii
ne me paroiuenc p~s avoir une
vcncable idç~ d~ la Juftice, au;
enseignent qu'on ne doit l'ob-
server que pour maintenir la ~b"
ciëtë entre les hommes autre"
ment on n'entendroir par Jufti-
ce,que t'amour pcmr le genre hu-
~&in mais cHe~côn~e~ he rairè
aucun cort à ce qui ne nous nuit
pas, de forte qu'it raut t'ëfendre
à tout ce quie~~nfmë. L'euen.
à
ce de' la Ju~ice con~i~e, 'fâife
doïïtmer cequi n'a pomt de râl-
ton par ta partie raisonnable
de forte que ce qui n'a poinc de
raison obciue à ce qui en a
moyennancquoi l'hoï~me ne~~rë-
ra jamais fort à qui~que'cefHc.
Car dès que tespaNtons feront re-
tenues, !es dëurs rëprimës Ja
cotëre ca!mëe, la rai<oh prendra
ic deCus pour Idr~ l'homme~ré~
Semblera ce~qu~t y a de plu~ par<
rafc. Or ce qux eft pàrrait, ne raie
tort a rien. Ït fë &rc de ~a puifL
~ance~ pour conserver les autres
<trcs, pour leur faire d u bien &:
il n'a befoin de rien. Pour nous
tant que nous voudrons être ju~
tes, nous ne reronstor~à rien. En
tant que mortels, nous manquons
de plufieurs chofes qui nous &nc
mëce~aires. L~u~age de ces chofcs
~'eA point injure car quel tore
faifons- nous aux plantes, lorsque
nous porenons ce qu'eltes rejec-
lenc, ou a~xrruics, brique nous
mangeons ceux qu! ~nc ;prëcsd~
tomber, ou au< bceMs, en pré-
nant leurs laines ? An concrairc
nous leur rendons, ~ryjce & le
~b~ que nou~ ie~ }~eno~, .nous
a;~pri&~ ~attager ~v~c ~l!es Ïeur
laïc. Ài~nquoique rhomme de
bien pa<roi~e'avoir peu d'atten~
tLon pour fon, corps, il ne com~.
m<e~ cepen~ianc p~inc d'injuRicC
-contre mi.m&mc pjuifque par li
~empéran~e augmente tes ver~
t.as, & en devienc phis j[emb!abk
à Dieu.
XX VII. Si te ptaiCr eft h
fin de l'homme, il eC: impo~ble
que la jufUce fob&fte elle ne
mbGUcra jamais qu'a/utant qu'on
s'en tiendra aux pra~ieres déci-
fions de la n~n~'e, qui (uSi&nc
pour rendre rhoïnme heureux.
Les défirs de la nâcare déraifon-
n~bte &: de prétendues nëceŒ~
tés ont inrroduic KnpMce dans
le monde. C'e& delà qu'eft venu
l'ufage de manger les animaux,
a6n~ difbic-on~ de cônïërver la
pacure humaine~ detuiprocuper
ce dont elle a befôin. Mais la fin
de l'homme devant &cre de ref-
fembler à Dieu, il ~ie peut y par-
venir qu'en ne faifant tort à quoi-
que ce foit. Celui qui c(t domina
par fes paSIons, ~e contente de
ne nuire ni à (es eofans ,hi a &
femme. U mcph(e les autres de.
yoirs, parce que la partie dëraL-
~bnnabte qui <e(t
en lui,tourne
touce fon attention vers les cho..
~es përinables il n'admire
qu'elles. Celui au contraire quî
eft dominé par la raifon, ne Mit
tore'ni au citoyen, ni à l'étra.n..
ger, ni & quelque homme que ce
fait,
parce qu'il maitrife laépartie
déraifonnable oute
dcrai~bnnabie ~c plus il écouce
& p!us
la raifon plus il eft femblable
à Dieu. Un homme de ce carac-
tére ne fe contente pa6 de ne point
faire de tort aux hommes il n'en
veut pas même faire aux ani-
maux. Il conferveroit cet efp ric
.de JufHc<e avec les plantes s'it le
pouvoic pour être plus Jtembla-
blé à Dieu. Si nous ne pouvons
pas porter la perredion jufques
fa, imitons nos Anciens, 6c pla!-
gnons le défaut de notre nature,
qui cH: Compoïëc de parties fi
discordantes, qu'il eft impoHibIe
eue nous Soyons entiérement par-
raies car nous avons des besoins,
agfquels nous ne pouvons remé*
dierque par des chofes ëtrah-
gércs~ on cA d'autant plus
pauvre que l'on a plus de befbia
des chofes extérieures. Plus Fon
a de befoins moins l'on reuem-
ble à Dieu. Ce qui reuembic a
Dieu pouede les vraies richeffes.
Celui qui eA riche & qui n'a be-
foin de rien ne rait tort à per.
fonne. Car dès qu'il fait quel-
que injufUce~ eût-il toutes les ri-
cheues de l'Univers, toutes les
terres du monde, il e(t pauvre,
parce qu'il eft inju&e, impie~ & ~u-
jec a toute la méchanceté que la
descente de l'ame dans la manë<.
re à occafionnée, depuis qu'elle
eft privée du vrai bien. Tout n'cA
que bagatelles lorfqu'on s'éloi-
gne de fon principe. Nous ibm-
mes toujours dans la miiëre, lorf-
que nous ne fommes pas occupés
de celui qui peut feul nous raua"
fier & que nous ne cherchons
qu'a fatisraire ce qu'il y a de pc<
fiuable en nous, fan s faire aiten~
i
don ce que nous avons de plus
noble. L'injufHce perfuade ai&.
ment ceux qu'elle a. fubjugués
parce qu'elle foumit.des plaifirs
à ceux qui la ~uivenc. De même
que dans le choix d'un genre de
vie, celui qui a fait l'épreuve de
deux juge mieux que celui qui
n'en connoïr.qu'un :auCi )orfqu~t
s'agic de choifir ce qu'il fauchai*
rebu ce qu'il fauc fuivre le meii"
leur juge eft celui qui a la con~
noiCance des chofes ctevées &
qui les compare avec celles qui
font d'un ordre inférieur. Il pren,
dra mieux fon parti, que celui
qui jugera deschofes du premier
ordre .par celles qui font fubal
ternes. Par'conféquent celui qui
confulte la raifon e& bien plus
en ccac de fuivre le bon parti J
que celui qui fe laiffe conduire
par ce qui cA deraifonnable en
nous. Le premier ïcaic cequec'e&
que la raifon Se ce qui lui eft op-
pofé parce qu'avant que d'êcre
f&îfonnable, il a paSë par ce der-
nier état. L'autre an contraire
n'a. aucune expérience des chofes
raisonnables. H persuade cepen-
dancfes femblables. C'e&un en.
fant qui joue avec des encans.
Mais dic-on, fi couc le monde
fuivoit ces principes, que deviens
drions-nous ? Nous en ferions plus
heureux. L'injufHce feroit bannie
de chez les hommes, & la JufHce
habiteroit chez eux, comme dans
le ciel. C e& précifément comme
Son dif&ic,que iesD~naïdes
roient fort embarraSëes de ce
qu'elles feroienc, G elles n'étoient
plus obligées de tr~vaillëi a rem<
plir leur tonneau percé comme
un crible. On demande ce que
nous ferions fi nous réprimions
nos payions & nos défirs qui font
la fource funefte de tous les maux
qui inondent notre vie. Nous imi-
terions le liécle d'or, où l'on étoit
véricablemenc libre. La pudeur,
la crainte de faire tort, la Ju&i.
ce habicoient chez les hommes
parce qu'~s &conceBtoient des
fruits de la terre, qui fans être
.cultivée leurcommuaiqtïoic&s
r!cheCes avec abondance.Or com-
me les affranchis acquièrent pour
eux ce qu'ils acquéroient pour
leurs maires, avant qu'Us furent
libres, ainfi lorsque vous ferez
délivré de la fervicùde du co~
& des paHion~ que vous encrer
nez par toutes les chofes extérieur
res vous fortifierez votre ince,
rieur, en .ne faifant ufage que'de
ce qui vous appartient~ ne pre-
nant point par violence le bien
des autres.
TRAINE
DE i

PORPHYRE
LIVRE QUATR ÏE'ME.
I. OU S avons répondu
a presque coûtes les diE-
Scukës que fbnc ceux
qui admeccenc la nourriture de ta,
viande. Ce n'eft véritablement
que par intempérance qu'ils pren-
nenc ce parti mais pour fe juâi.
~r, ils n'onc pas honce de cher-
cher des prëcexces dans la nëceC.
Hcé c< qui leur donne lieu de
~aire1 beaucoup d'cxaeératiQns~ U
~efte encore deux queftionsi exa*
opiner runceO:, C cecte nou~
~iture eft unie car c'e& parli
qu'on a. fëdun ceux qui fe laiûenc
dominer p~r ~les pU!6r~ ~L'aucré
e&, s'iLe~ vr~i qu'~uc~n~âg~~n1,
aucune nanonpc rejette l'u~ge
de la chair des animaux. C'eA i
la faveur de cette afÏercion, que
les hommes fe font prÊcés a îin<
)u(tice. Nous allons faire voir
qu'eUe eft contraire à la vérité
de FhiAoire.Nous répondrons en-
fuite à la quefUon de l'utilité
de cette nourriture & à quelques
autres.
II. Nous commencerons par par-
1er de quelques peuples,qui fe font
abftenus de la nourricùre des ani.
maux. Les Grecs feront les pré"
miers parce que nous connoif-
~bns mieux ceux qui nous ont
appris leurs ufages. Dicearque le
Péripatéticien, qui eft un de ceux
qui a fait l'abrégé ~e plus exact
des mœurs des Grecs ~aCure que
les anciens qui écoienc plus près
des Dieux que nous écoicnc auf-
6 mei Meurs que nous, qu'i~s cra-
vailloient à (ë rendre parfaits de
force qu'on les regarde comme fai~
fant l'âge dor~ccm parcs aux hom<
mes d'aprëfenc, qui font formés
d'une mancre corrompue. Ils ne
tuoienr rien d'animé, C'eft pour
cela que les Poëces ont appe~
ce Gécle i'âge d'or. La terre d'e~
te-même leur produifoit des fruits
en abondance. Tranquilles &me-
nant une vie pacifique, ils cravait<
loient avec leurs compagnons quî
écoienc tous gens de bien. Dicear~
que raifbnnanc à ce fujec pré.
tend que c'e& ainC que Foh vi-
voit du tems de Saturne fi l'on
doit croire qu'il ait exifté 6C
que ce qu'on dit de lui ne ~bic
pas fabuleux ni allégorique. La
terre produifoit fans être culti.
vée. Les hommes n'étoienc poine
obligés,d'u&r de précaution pour
~c procurer des vivres. Les Arts
étoient inconnus, & on ne favoic
encore ce que c'écoic que labou-
rer la terre. Il arrivoic de.là que
les hommes menoient une vie
tranquille', fans travail fans !n<
quiétude, & même fans maladie,
s~i faut s'en rapporter à ce que
dMent les plus habiles Médecins.
Car quelle meilleure rcoecce pour
!a fancë, que d'éviter les plenicu~
des auxquelles il n'écoienc nulte~
ment;fujets,n'ufant jamais que des
alimens moins fores que leur na<-
ture, toujours avec modération
malgré l'abondance, comme s'ils
eri avoient ed difecce ? C'eA pour.
quoi l'on ne voyoic chez eux ni
guerre, ni Sédition. Il n'y avoic
aucune raifon qui pûc occafion.
ner chez e'ix des différends de
forte que toute leur vie (e paf-
foit dans le repos & dans la tran-
quilHcé.Ils fe porcoiçnc bien, ils vi-
voient
voient en paix/& s'aimoient.Leurs
detccndansëtànt devenus ambi-
tieux, éprouverent de grands
n~lheurs regrettèrent avec
raifbn le genre de vie de leurs
ancêtres. Le proverbe ~z
qui fut en uf~ge dans la.
~uice prouve la frugalité des
premiers tems, & la racilicë de fe
procurer des vivres fur le champ
car il y a apparence que c'efi ce-
lui qui a donne l'origine à ce pro<
verbe,qui a -change- la premiére
ra~on de vivre. Vint enfuite la vie
paAorale, pendanc laquelle on ne
plus d'àcquintion que l'on n'avorc
de befbins l'on' coucha aux
animaux. On remarqua qu'il y en
avoit qui ne faifoient point de ma!,
que d'autres étoient mëchans ôc
dansëreux. On chercha à appri-
voiser les premiers, a fc dërai-
re des autres. Ce fut pendant ce
~celc que la guerre s'introduiSt
chez les hommes. Ce n'e(t pas
Y
moi qui avance ces faits on peut
][es voir dans tes HiAoriens. Il
y
avoit déjà des richeffes, dont on
fâifbic beaucoup d'e(Hme;on cher-
cha à fe les enlever & pour y
réuffir on s'attroupoic. Les uns
attaquoient Ôc les autres fe dc<
~endoienc~pourconfërver ce qu'ils
~voient. Peu de tems après les
hommes faifant reûéxion fur ce
qu'ils croyoienc Être de leur uti-
Iicë, en vinrent au croiHéme gen~
ye de vie, c'e~-à-dire à ~grf-
culcure. Voilà ce que nous ap~
prend Dicearque lorsqu'il traite
des mœurs des anciens Grecs,
qu'il faic l'hmoife de rhcureufë
vie des premiers tems à laquel<
te contribuoit beaucoup rab&i-
Bence des viandes. Il n'y a:voit
poinc de guerre parce que l'in~uC-
tice'ctoic bannie de deuus la terre.
Ensuite parut la guerre avec l'avi-
dite l'on commença a faire
~iot~nce ~ux animaux. Ceft pou~
quoi on ne peut-être crop furpris
de la hardieuë de ceux qui ont
ofé avancer, que l'abfHnence des
ammaux eft la mère de t'mju(tL
ce, puifque l'hiftoire & l'expé.
Tience nous apprennent que des
qu'on eut commence a tes tuer,
le luxe la guerre ~e l'injufH-
ce s'incroduiËrenc dans lè mon-
de.
~11. Ce qui ~yant été remar~
que par Licurgue le Lacedëmo~
~lien il fit des Réglemens te!&
que quoique 1-utàge de manger
des animaux rue déja recâ on
ne CMC pas dans la ncce~icë de
recourir à cette nourriture. Il a(-
~igna a chaque Citoyen une p~fc
'non pas en troupeaux de bœufs,
de brebis de chèvres de che-
naux
irc~
en argent. mais en ter-
qui rapporcoic chaque hom-
a
me Soixante oc dix mdfures d~or-
~e douze à chaque ~emme &
<d~tHfcs fruits à proporcion~ H
étoit persuade, que ces ~!imCM
&6Hbt€nc pour fe conferver en
parfaite &ntc & que les hoïï~
mes n'en avoienc pas befbm d'au-
tres. On dit que long-tems aprc$
parcourant la Laconie au retour
d'un voyage qu'il avoit faic
voyant les bleds coupés depuis
peu les aires égales, il fe mit
à rire & dit à ceux qui ëcoienc
avec lui que la Laconie parole
foit être un pays qui venoic d'ê-
tre partagé tout nouvéllement
entre pluSeurs freres. Dès qu'il
fe propofoit de bannir le luxe-de
Sparte il faHoic qu'il abolit la
monnoye d'orôe d'argene, & que
celle de &r fût feule en utage.
Le poid~~cn étoit grande & 1~
valeur pe~ce de .force que
la, macierc qui faifoit la va-
leur de dix mines tenoit beaj~
coup de place, & qu'il falloit deux
bœufs pour la traîner. Ce rëgie<
mène fupprima plufieurs c~péce~
d'indicés a Lacédëmone. Car
qui auroic voulu ou dérober, ou
fe laiSer corrompre ou prendre
de force ce que l'on ne pouvoit
pas cacher, ce que l'on poucdp!~
îans êcrc plus efUmc, 6e donc
en
l'on ne pouvoîc faire aucun u&-
ge, en le mettant en pièces (~)
Les arts inutiks disparurent avec
l'or l'argent. Il n'y avoit pomc
de commerce entre les Lacëdé~
moniens. & les autres peuples de
la Grece. Il n'étoit pas ractic de
transpercer la monnoye de fer,
qui loin d'être eftiméc en Grè-
ce, n'étoit qu'une occaMbn de
raitlerie. Les Lacëdémdmens fe
trouvoient donc dans l'impôt

( <t Pour comprendre ceci, il &ut ajoutât


ce qu'en lit dans Plutsrque que lea ou-
vriers avoient ordre de tremper le fer tout
rouge dans le vinaigre, pour en emouHet la
pointe &: le rendre tnutile a tout autre
emploi ce fer ain6 trempé devenant fi ai-
gre qu'on ne pouvoit plus ni le battre, ni te
tQfger. ~M L~~<
bilité d'acheter des marchanda
fes étrangères, qui entretiennent
te luxe< Les vaiCeaux marchands
n'encroienc point dans leurs ports;
~C l'on ne voyoft point aborder
en Laconip ci Sophi&e ni diteur
de bonne ~vanture ni Mar~
chand de filles Di orfëvj'c, ni
~ouaiUer parce qu'il ~n'y avoic
point -d'argent. Le luxe s'anéan~
tic ainG peu à pe~u n'étant plus
foutenu par ce qui Pexcicc ôc l'en<:
trencnt. Ceux qui étoient plus ri-
ches que les autres, ne pouvant
faire ~ucun u&ge de leucs richeH.
~es qui demeuroienc conune en.
~evelies il arfiva de la que les
meubles d~u~age & donc- on ne
peucpas.Ce paue~commcJesU~
les Cëges les .râblée étoient
~rës'bien {aies chez eux le gc~
be~l~cde Lacëdcmone appe!lc
Cochon, étoit crës-efUmé a l'ar~
mée, ainGque die Cricias.La cou~
leur empêchoic que l'on pnc s'ap-
percevoir û l'eau qui ctoic dedans
€t<MC propre les bords ëcoicnc
jfaits de manicre~ qu'ils rcMnoicnc
loue ce ~)ui étoit trouble d<ms
le gobetec,~brtc que ce qui ë~oic
de plus pur en forcoir. C'ctoïc
une invention de leur LëgiOd-
ceur, comme te rapporte PIuM.r<
que. Les ouvriers n'ëca.nc donc
.plus occuper à des ouvrages inu'.
n~emplo~erent toute leur adref.
& à pcr~e&ionner les nëceuai~
r~s.
IV. Pour détruira encore da.
vnnrage le luxe, & anéantir le dé-
Cr <des nche~, il ~c un crpiË~
ip~ rëglemenc cres-be~u. C'eA ce.
~ui ,pâc teq~ct il .écoic ordon<
~ëde manger ,en<ëmbie~ ôc dene
& nourrir ~c ~d~limeas~ordon-
nés ~r Ja. loi. Il étoit dërendu
manger chez ~oi ~ur des lies
Somptueux, d'avoir des tables
magniSques appr&cces par des
~uiCnicM pour s~ngraiflër pen.
danc les ténèbres ainH que !ctc:
animaux gourmands, <8c pour cor-
rompre par ce moyen les moeurs
& les corps, eh (ë livranc à cout~
fbrre de deCrs y eh dormant beau-
conp, puh ayanc recours aux
bains chauds, 6c paSanc àmG ia
vie dans t'indolence, qui devienc
par ce rëgime~ comme une mata-
diehabicueMe. Ce q~it fit donc
de mieux, c'èft d'avoir dëcruic
le dëur des richencs par la com~
munauté des repas & par leur fru-
ga!ité car il n'y avp!c aucun
moyen de faire ufage ni oKehtà-.
tîon dé magnincencc I<e pauvre
6e te riche mangeant cmcmbi~;
de forte que Sparte ëcoic ia
~ëute ville du monde où ce
que l'on die communëmenc <!e
Plutus qu'il eA aveug!e ~e
trouvât vrai. H y ëcoic (ans fonc-
tion, comme une Aarue fans âme
6c fans mouvemenr.ït n'ëcoic
pas permis de manger chez foi,
~c d'aHer au repas commun,
c'ayantptus faim. Onexaminjic
avec grand foin celui qui ne bu.
voie ni ne mangeoit on lui re<-
prochoïc ou ~on intempérance
ou fa déHc~ceSe qui lui faitbic
dédaigner les repas publics. Les
tables étoient de quinze perfon.
nes chacune, ou un peu plus ua
peu moins. Chacun apportoit par
mois une mefure de farine huit
pots de vin cinq mines ~[e rro<.
mage, deux & demie de figues,
quelque peu d'argent pour l'ap.
prêt.
Ces repas ëtanr auŒ ~Lgeï
auu! fobres 1, c'étoit avec rai.
fon que les enfans y alloient com.
me à une école de tempérance.
Ils entendoient parler des aSai~
res publiques. li étoient cëmoins
d'une gayété digne de gens libres.
Ils s'accoucumoient à fe plaifanter
fans aigreur & fans fe fâcher
car c'ëcok le propre des Lacëdc-
moniens de fouffiir la rai)!er!e
& fi celui qui écoïc raillé n'éeôit
pas content, il demandoic grâce,
le raiMcurauui-côc ceSbir. Te~
tes étoient les loix des Lacédé~
moniens au fujec des repas, quoi-
qu'elles furent faires pour la muL
titude. Ceux qui avoient 'été éle-
vés a Lacédëmone, écoïem beau<
coup plus br~ves~ ptus tempérans,
plus attachés à leur patrie que
les autres peuples, donc les ames
& les corps écoienc corrompus,
On voit par là que cette Repu'-
blique faifoit prorëiRon d'une ab~
Ainence parfaice. Ïi n'y a que les
peuples chez lesquels la corrup~
don regnaic qui n~avoienc au'
cune répugnance pour-manger de r
la chair. Car ~1 nous paNbns aux
sucres nations qui om~u un grand.
re~peoL pour les ioix fages pour
l'humanité &: pour la piéré, nous
verrons ciairemenc que l'ab~inen~
des viandes a été obfervée~ &
non' de tous au -moins de plu<
Ceurs pour la confervation &:
l'avantage des villes afin que
ceux qui fervoient lesDieux leur
facrifioient pour FEcac puïlenc
les.fléchir, & effacer ies pêches du
peuple c'eft ce que fait renfanc
dans les cérémonies des myftc-
a
res lorsqu'il cherche appa,i-
fer- les Dieux pour les imciés, en
pratiquant exa~emenc ce qui efi
prefcrit. C'eA ce que font dans
routes les nadons d~ns coures
les villes lesPrccres qui ~acrinenc
pour tout le mond~ qui par leur
piété dëcermmenc lesDieux à pro-
ceger l'Ecar. L~ufage de tous les
animaux eft incerd~ à certains
Prêtres. Il y en a qu. ne font obli-
ges de s'abfccnir o'.edc certaines'. y
e~pjcces. Si donc ceux qui ibnc
prépofës-pour prcuderau ialuc
des villes auxquels le culte des
Dieux eft connë s'abAiennenc
des animaux~ qui oïeradire que
Fabâinence des viandes foit dan<
gereufe pour les viiles
V 1. Cheremon le Sco'icien
traitant des prêtres Egyptiens,
dit qu'ils éroient regardes com<
me des Philosophes en Egypte
~c qu'ils cboiuubient un endroit
ou ils puitent s'appliquer tout en.
tiers aux chofes facrées. L'ardeur
qu'ils avoient pour la contempla..
cion, les engageoit à habiter près
des ~atues des Dieux. Ils ctoienc
dans une nnguliére vénération.
Ils ne quittoient leur folitude que
les jours de grandes fêtes. Dans
les autres temu il étoit prcfque
i~poSbIe d'avoir aucun'commer-
ce avec eux. Ceux qui vouloienc
les aborder, dévoient d'abord fe
purifier & s'ab~enir de plufieurs
chofes, conformément aux loix
facrées de l'Egypte. Ils renon~
coîenc à tout travail 6c a toute
forte de commerce pour s'ap<
pliquer uniquement à la concerna
placion des chofes divines par.
ïà ils acquéroient de l'honneur.
Ils vivoient dâns une conMcra-
tion, qui leur procuroic une plei-
ne furecé. Us devenoient pieux
& (avan~ car cette application
continuelle aux chofe s divines, les
mettoit en état de réfréner leurs
pâuions, de mener une vie ~pi~
rituelle. Ils étoient grands parti-
fans de la frug&Hcë, de la modeC-
tie dans le vëtemenc, de -la tem-
pérance de la patience de la
jufUce & du détachement des
richeltes. La diNIcutcë* que ron
avoic de les aborder les rendoit
plus refpeAabtes. Dans le tems
de leurs purincadon~ à -pein~
voyoient.iis leurs plus proches.
Ils n'avoient de commerce pour
lors qu'avec ceux qui (e purifioient
auffi. Ils habitoient dans des en-
droits inacceffibles à ceux qui n'é-.
toient pas purincs qui n'e~.
toient devines qu'au Service dc~
Dieux Les autres tems ils voy oient
leurs confrères mais ils n'avoient
aucune liaifon avec ceux qui n'é-
toienc pas initiés dans leurs my~-
téres. On les voyoit toujours près
des ~acues des Dieux ou ils les
portoient ou il&aMoient en pro-
ceŒon. Ils agiubienc en tout avec
décence 6e digoKe. La vanicë n'y
avoit aucune part. On remarquoir.
que la raifon feule les dirigeons
Leur pofture même prouvoic leur
grâvicë.Hsmarchaienc avec ordre.
Leur regard écoic aïÏurë. On ne
voyait point remuer leurs yeux
d'une façon égarée. Ils rioient ra..
rement, & leur joie n'alloit même
jamais que jusqu'au fourire. Leurs
mains écoienc toujours cachées
par leurs habits. Chacun d'eux
avoit la marque du rang. qu'il te.
noi!: dans le tacriSce car il y
avoit chez eux difrërens ordres
I~eur nourricure étoit frugale 8e
.Smple.Lesunsnc buvoient: point
de vin les aucres n'en buvoient
que très. peu. Ils diibienc qu'i! ac-
taquoit les nerfs qu'il rendoic
la cêce pe&nce ce qui e(t un
ob~acte a la recherche de !a. vc~
rité, ennn qu'il porcok à l~mour.
Ils s~bjftcnolenc de plufieurs au<
-tres choies. Hsn'u~bienc pas mê~
me de. pain dans le rems de leurs
purincanon's dans les sucres
tems où ils en m~ngeoienc ils le
coupoicnt en pecics morceaux, le
mêloient avec de I~hyHbpe, par-
ce qu'ils precendoienc que par ce
mét~nge il perdoir beaucoup de
fa. force. Le plus fbuvenc ils ne
&iibi~nc pas ufage d'huile 6e G
par hazard. ils en meccoienc dans.
leurs légumes c'ccotc toujours
en pence quantité, 6~ autant ~eu-
lement qu'il en falloic pour en
corriger le goût.
VII. H pe leur école pas per-~
mM de manger, ni de boire de
~e qui croijtloic hors de l'Egypte~.
ce qui fermoit la porte à une par~
tie con~dcrab!e du luxe. Encore
s'abftenoienc~its -des poinon: me"
me d'Egypre des bêtes à qua~
tre piedsJ ~)ic qu'elles n'eu~cnc
ou'un ongle foit qu'eUes en euf.
ienc p lufieur s. Ils ne n~ngeoiene
pas de celles qui n'<Lvoienc poine
de cornes, ni des oiieaux carnd-
€!er.s. Il y en avoic entr'eux ptu~
Heurs qui s'ab~enolent de couc
ce qui étoit animé. Aucun d'eux
ne mangeoit rien pendant le cem~
de fa purification de ce qui avoic
été animé. Pour lors même ils
ne faifoient point ufage. des œuf~
Ils ne couchoient point aux va~
~i
ches, ni aux animaux maies qui
étoient }umeaux ni a ceux qui
avoient quelques défauts, ou qui
étoient de diverfes couleurs on
qui avoient quelque diSbrmicë
ou qui étoient domptés comme
ëcanc déja deftinés aux travau~x~
Ils ne mangeoient point aujE de
ceux qui avoient quelque rapport
de reCembtance avec ceux que
l'on refpe~oic en Egypte, ni ceux
qui n'avoient, qu'un ceil ni ceux
qui avoient du rapport avéc
t'homme. On avoit fait pluneurs
observations, qui appartenoient i
rart de ceux qui étoient prëpo~.
fés à marquer les veaux deflinés
aux facrinces ce qui a donné oc<
cafion à divers livres. Les oifeaux
écoienc un des principaux objets
de leur attention. Ils ne vouloient
pas que l'on mangeâc des tour.
terelles. Ils prétendoient qu'il ar<
rivoir tbuven~que 1-'épervier après
avoir pris une tourterelle s'ac-
couploit avec elle & lui rendoit
la liberté comme te prix de fa
complaifance 8e afin de ne point
s'expofer à manger de celles là,
ils n'en prenoienc aucune. C'étoic
là leur difcipline génerate. Il y
avoic des ufages diSfëren?, fuivant
la différence des Prêtres & des
Dieux) lorsqu'ils fe punSoient,
Quand ils fe ac
préparoient
ees à leury
~ce ie ocrées ils
.cérémonies ls ëcpicnc
un cercain nombre de- jours
les uns de quarante deux les
autres plus tes autres moins'~
mais au moins ~epc ~ours pen-
danc lefquel~ ils s~bAenoienc
de coût ce qui ecoic animer m&<
me des légumes ôc du commet
ce des femmes. Qu<Lnc aux gac-
cons, m&me da.ns les autres cems
ils n'en raifoienc aucun ufage. Ils
fe lavoient trois fois le jour dans de
l'eau froide en ïe levant avanc
le dîner bavant que de fecou~
clier.S'il leurarrivoic d'avoir quel-
que rêve voluptueux ils fe bai-
gnoient auui-côc après leur réveil
Dans les aucres cems its n'ufoienc
pas du bain C fcéqnemmenc. Lcu~
lit étoit de branches de pal-
mier leur oreiller étoic un de.
mi, cilindre de bois bien poIL Ils
s'exercoienc pendant toute leur
vie à fupporter la ~oif & la taim~.
ôc a manger trcs peu.
V 1 II. Une grande preuve de
leur tempérance e& que ne rai~anc
aucun exercice ils n'ëtoient
mais malades Se qu'Us avoienc
.toute la vigueur dont ils avoieac
besoin. Ils fatisfaifoient à toutes
les rongions de leur mini~ëre,
qui fuppofoient une force peu
commune. Ils étoient occupes la
nuic à ob fer ver les cieux, & quel-
quefois à fe-purifier. Le jour ccoic
employé au culte des Dieux. 11%
çbantoienc leurs louanges troi$
ou quatre fois, le matin 6defbir)
lorfque le foleil ctoic au milieu
.de fa courte ) & kriqu'il fe cou~
choit. Le ren:e du tems ils ëtu-
.dioient l'arithmétique & la gëo~
métrie tdhjours occupés à ra~
re des découvertes & des expé.
rien ces, ils paSbient les nuits d'h y-
ver a ces exercices étudiant aut-
la Philologie, n'ayant aucune
s
atcentionpours'enrichir~ & ayant
~cpuë. le ;oug du luxe qui e&
toujours un mauvais ma~re< Leuf
travail aifidu étoic une preuve
de leur patience,~ de la modé~
ration avec laquelle ils repris
moientleurs dëCrs.Il~regardoienc
comme un des plus grands cri.
mes de voyager hors de t'Egyp"
te parce qu'ils avoient en hor-
reur les moeurs le luxe des
étrangers. Ils croyoient qu'il n'c<.
toit permis de voyager qu'à ceux
qui y étoient concraincs pour !c~
aiîaires du Roi. Ils s'encrecenoient
continuellement de la néce(t!c~
d'obferver les coutumes qu'ils
avoient reçues de leurs pères ~c
pour peu qu'ils fulfent convain.
eus de s'en être ëloignés ils
étaient dégrades la vraie me-'
thode de p hilofo p her étoit chez
leurs Prophètes ôc chez leurs Ecri"
vains facrës. Quant aux autres
Prêtres, les porte-cierges & Ie$
&crMains, ils menoient une vie
pure mais con pas tout a fait R
a,u(tëre. C'eA ainn que l'écric un
Auceur très ami de la vérité, très.
cxa<3: & des plus célébres parmi
les Stoïciens.
IX. Ceux qui étoient aind accou~
tumés à de pareils exercice: ~ôc
à fe rendre la Divinité ra.miHë'-
re, étoient perfuadés que l'hon~
me n'ëcoic~ pas le feul des êtres
qui fût rempli de la divinité ils
croyoient que l'ame n'ha.bicoic
pas feulement dans l'homme, mais
qu'H y en avoit une dans preC-
qoe toutes les efpéces des animau~
C'e& pourquoi ils reprë~encoienc
Dieu faus la figure des bêtes,
même des fauvages Se des oi~eaux~
&u~E bien que fous celle de l'hom-
me. Vous voyez chez eux desDieux
qui reHernblenc à l'homme juf.
qu'~u cot oC qui ont le vifage
ou d'un oifeau ou d'un lion
ou de quelque autreanimal. Quek
querbis Dieu e& repréfenté cbe~
pu~ ayanc une tëce humaine, &c
les autres parties d'autres ani-
maux. Ils veulent nous faire voir
par-là que fuivant l'intention des
Dieux il y a Société entre les
hommes & les animaux Se que
c'eft en con~quencc de la vo~
lonccde ces êtres ïuprêmes, que
les animaux Sauvages s'apprivoL
jfënc & vivent avec .nous. C'eft
pourquoi le tione&.refpe~é chez
eux comme un Dieu & il y a
une province de l'Egypte que Fon
appelle Léoncopolis du nom de
cet animal comme il y en a une
.autre appeilce Buuris ôc une
autre que l'on nomme Lucopo<
Us, a cau& du bceuf &.du loup.
Ils addroienc lapuiHance de Dieu
&us la figure de di~Krens ani-
maux: Entre les démens ils re~-
pedoient far tout Feau & le feu,
~omme ayanc plus de pacr à no-
tr.e con&rvaTion on les voyoic
dans leurs temples 6~ encore au~.
jonrd'hui a rouverrure de la ch~
pelle de Sërapis~on lui fait un-
facrifice par le feu 6c par l'eau.
Celui qui chante l'hymne, verfe
feau & montre.le feu tandis que
ce!ui qui eft à la porte, adre~Ië J~
parole à Dieu en langue Egyp-
tienne. Ils avoienc un refped par-
ticulier pour t~uc ce qu'ils
croyoient avoir quelque rapport'
avec ce <~ui ccoic ~acre. Ils ado<.
rêne un homme dans le cancon
d'Anubis. On lui facrifie &: on
brû)e des victimes fur (on aureï,
après quoi il mange ce qui luf
a été apprête. U n'e~ pas plus
permis de manger des animaux
que des hommes. Ceux qui on~
excellé par leur lage~c & qui
ont eu le plus de communication
avec la Divinité ont découvert:
que quelques animaux font plus
agréables à certains Dieux que les'
hommes ~omme l'épervier au
1,
Soleil. Cet oifeau en: tout ~ang
j.ouc e~ric. I! prend l'horame ~h
compaulon il pleure !or(qu'H
rencontre un cadavre il jette de
la terre iur fes yeux dans la per.
fuafion où il eft que la lumiére du
foleil y habite. Ces mêmes hom~
mes ont auul remarqué que !'c-
pervier vivoic très-long tems
qu'après fa mort il avoit la fac~L
té de prédire l'avenir; que des qu'il
ccoic dégage de fon corps, il de.*
venoic très. raiionnable, 1, connoif.
foit ce qui dévoie arriver, ani<
moic les ftatues des Dieux,& mec-
toit leurs cemples en mouvement.
Quelque ignorant peu in&ruic
dans les choies divines aura hor-
reur du Scarabée. Les Egyptiens
au contraire Fhonoroient com-
me l'image vivante duSoIci!. Tout
Scarabée e(t mâ!e, jette fa (c-
nlence dans un endroit humide
en forme fpnérique il la remue
de fes pieds de derrière en tour-
nant ainH que fait le Soleil dans
ie ciel &( il eft vingt-huit jours
a faire ce même exercice ce qui
eft le cours périodique de laLune.
Les Egyptiens font d'autres rai-
onnemens à peu près dans !e
même goût fur le bélier, fur le
crocodile fur le vautour, fur
l'ibis enfin fur les autres AnL-
maux, & ce n'eA qu'a force de
~ënexions, &: par une fuite de leur
profonde fagefre, qu'ils en font
venus a refpe~er les Animaux.
Un ignorant n'a pas la thoindre
idée des raifons qui ont engage
les Egyptiens à ne point fuivre le
torrent & à honorer ce que le
vulgaire mépri(bic.
X. Ce qui a autant concribue
encore que ce que nous venons
de dire~ à leur donner du ref<
pe<~ pour les Animaux, c'eft qu'ils
ont découvert que lorfque l~ame
des bêtes eft délivrée de leur
corps, el'e eft raifbnnabte, & pré~
voie l'avenir rend des oracles, &
eft capab!e de faire couc ce que
l'ame de l'homme peut faire lor~.
qu'elle e& dégagée du corps. C'eft
par cette raimn qu'ils refpectoienc
~es Animaux, ~&'abAenoienc d'en
manger, autant qu'il leur ëton
poflible. Il y avoit beaucoup de
raifons qui déterminoient les
Egyptiens à re~pc<~er les Dieux
~[bus la forme des Animaux. Nous
ferions trop longs, d nous vou..
lions 1~ apprôrbndir toutes. Nous
nous contenterons de ce que noua
en avons déjà dit. Il ne faut cepen-
dant po!nt omettre, que lorfqu'H~
embaungen~ les corps des gens de
condition ils en féparent les en,
traiUes~ les mettent dans. une
~ai~fë. ~tre plufieurs cérémonies,
qu'ils pratiquent en rendant le~
Derniers devoirs aux morts, il
Tourï)ent cette cailfe du côte du
Soleil & un de- ceux qui em~
~uméi les entraiiles, fait cette
priëre, qu'Euphanre a traduite de
r r Egyptien 0 Soleil nocre Seig<:
~eur, 6c tous les autres Dieux qm
donnez la vfe aux hommes re~
cevez-moi, &c livrez, moi aux
Dieux de l'enfer, avec lesquels je
vaisnabiter.j~i toujours rëïpe~e
eres
les Dieux de nies 6~ tant
queiaivec&dansle monde,
inonde, j'at
honôrÏ ceux qdi .OMC' engendre
Je
Hyoc <ioi!p$. n'ai tué aucun
&omme. n'ai pôinc violé de
dépôc, ni fait-aucune raute irré<
parabte, ocnj'ai commis quel.
que pêche dans ma vie fou en.
mangeanc, &tc~n buvant ce qui
n'écsiepas permis, ce n'eA pas'
moi ~qu~ ai pêche y mais ceci. Il
moncroic en même~tems la caiue
dans. laquelle étoient les entrail-
ks ~ap~savoirnni cette prié~
ïe, it~eccoK la caNe dans la riviè-
re y
embaumoic le re&e du~
corps qui étoit regarde comme
pur.-LesEgypciens croyoient donc
ccre obligés de fe juAiner auprès)
de la. Divinité, pour les m rauK~
qu'Us ~vo!cnc commifes par le
mangea par te boire.
X JL Partons prcfencemencde~
nations qui ~bnc plus connues~
Les juifs s'abAenoienc de pluSeur~
animaux avant la per~cucion
qu'its (bujSHreM fous 'AcnochtM
qui viola ie~rs Loix, &c ~ntaicc
fous les Romains, lorsque le tca~
pIe ~c pns, qu'H fut acccSHeà
tous ceux qui vouloient y entrer.
Jusqu'alors l'entrée en avoir ecé
mterdicc. La Ville mês~futistë..
truice. Les Juirs ne tai~bient ~u~
con uïage du cochon & encore
aujoard hui ils s'en ab&ïennenc~
Il y avon chez eux trois Ïe~es
de Ptilo&plies.. Les premiers
étoient les Pharifiens les feconds
les Sadocëens~ les troHIcmes les-
E~ïëniens, les plus re~pedables df
tous. Jofëph parle dans pluûeur~
endfoics de la ra~on de vivre de~
ces derniers dans le Second Lt<"
Trc de &m Hmoire Juive qui e&
~n ~ëpc Livres, dans le dix-hui~
tiéme de <esAnnquicé~quicon<-
tiennent dix-huit Livres, ~en<-
fin dans fon &cond Livre contre
les Grec&, lequel ouvrage n'en
renferme que deux. Les E~oieM
&QC Juih d'origine ils on~ bca.n~ ¡
d'~mK!~ fes,
<:oup ans pour les
~res Us s'aiment beaucoup
plus, qu'H n~imen~ les autres
hommes~ Us ont horreur des pt~
jSrs comme de quelque chofc de
n~uvats; ~Hs font, conSâcr la
vercu dans cen~pérance&d~o~
ta. vf~oire ~r les paSions. Ils d~
daignent de fe marier mais ils
~e chargent des enfans des. autres,
pour tes ekver dans leur façon
de viv~e & ils en ufencavec eux
(onttïTe ~'Hs ëtotcntteu~s parens.
Ils ne condamnent cepeadant pas
le manage,M la géB~ranon qui en
eft le &uit mais Us blamcnc beau~
coup ramour ïtnmodcre des fe<n~
<nc~ H$ mcprMeoc kï rkJbLC~c~
C~e&une chofe admirable, que
façon dont ils vivent en com~&n~
Oa ne crouve'ch&ieux per&nM,
qui ait plus de bien qu'un autre.
C'en une Loi; que quiconque en-
tre dans cecce fëd~~ lut donne
tous fes- biens, de, force qu'il n'y
a ni pauvre ni riche parmi
Tou~ leurs MéB~ton~~cunis~ 0~
prendroic les E~niCns p~ur d~~
&~res. L'usage des ~rfums~e~
teg~rdë .ehez eux contme quelque
cRo~c de honteux ;Cc 6 quelqu'un
~oic ëré pa~rfumë~ même mà.tgté
lui, i'1 fe lave bien toc. Ils crosne
q~'il eft raisonnable de ne fe pi-~
quer pas d'tme propreté trop re~
cher~hëe, 6~ d'êcre toujours habil~
M de. blanc. Ils choiMcnc ceuy
qui- doivent faire leurs a6Mres
on fournie à. chacun fes be~ôin~
fans aucune diftin~ion. Ils n'habi~
~ent pas une feule Ville: il n'y @n'
a point où: il n'y aie plusieurs de
ce~tc &~ &: lof~qu'ib arrivent
d'ailleurs dans une Ville, ceux
de leur parti les préviennent. Ocr
ne les laiile manquer de rien 6c
dès qu'on les voit y ils fondrais
tés comme s'il y avoit longtems.
qu'on, les connut c'efc pourquoi
lorsqu'ils voyagent, ils ne. por~
tenc rien avec eux, n'éca.nt obl~
gé~ a, aucune dépende. Ils ne chan-
gent jamais d'habicsny de bouliers
qu'ils ne foient déchirés ou ufés
par le tems.. Ils n'achetent ni ne
vendent rien mais chacun d'eux.
doLïïne à. ~bn confrère ce qui lui
manque y & reçoit de lui ce qui
lui e& unie. Il ne leur eA nëan<
moins pas défendu de recevoir
~ans rien rendre~
XII. Ils ont un reïpec~ Hngti~
lier pour la Divinité. Avant que
le Soleil foit levé ils ne difënc
ries de profane; Ils lui adreuënc
quetques prières, qu'ils oncap-~
prMes de leurs pères, comme pour
le fupplicr de ie lever. Leors dj~
rêveurs enfuite les envoient tMJ
veiller aux arts qu'ils lavent. 11~
&nc occupés au travail avec bea~
coup d'attention jusqu'à la cin-
quième heure âpres laquelle i!$
s'aHënabtenc dans un même en-
droit: ils vont enfuice ~ë laver
dans de reau rroide~ couverca
d'un voile de lin. Apr'cs cette pu-
hUcation, chacun d'eux fe retire
dans fa cellule. ïln'eH: point per-
mis à ceux qui ne (ont pas de leur
&c~ d~y entrer. Ainu puriSësit~
vont au ré&Aoire qui rcScmbIe
à un lieu facjréils s~aCeoienc co
cardant un grand Glence: le bou-
mnger leur donne à chacun leur
pain par ordre & le cuKinierIeuf
donne uo plac~ où il n~y a qu'un
feul mets. Le Prêtre fait la pri~
rc, &~ qQoique.tes vivres dont ib
~M~-u&gc foien t purs, il ne leur
eft pas permis d'y toucher avaM
que la pncre foit faite. Lorsque
ie rcp$& ctt ËM ~lc Pr&tre JËMi une
nouvelle
nouvelle prière ainû avant que
de manger, & après avoir man-
gé ils rendent graces à Dieu. Ils
quittent enfuire leurs vêcemens
qui font comme facrés pour re-
tourner à l'ouvrage jusqu'au foir
ils obfervent les mêmes céré-
monies en fbupanc s'ils ont
quelques hôtes, ils les font fou-
per avec eux. On n'enrend jamais
de clameurs dans leurs maiions i
jamais il n'y a de tumulte ils
parlent chacun avec ordre leur
jSience paroit aux ëcrangcrs un
myâcre redoutable. 'Ils n'onc pas
de peine à l'obfervér, a caufe de
leur abfUnence continuelle & de
leur fbbriécé~ qui fait qu'ils ne
boivent & ne mangenr prëci~e"
ment, que ce qui eft nëceuaire
pour vivre. Ceux qui veulent en-
trer dans cetce focieLe n'y fbnc
pas reçus tout d'un coup il faut
que pendant un an entier ils pra-
tiqupnc ce même genre de vie
dans le dehors. On leur donne
une pioche, une ceinture & un
habit blanc. Si pendant ce tems-
là ils donnent des preuves de
leur tempérance, on les initie
davantage au~ cérémonies de la
fedc. Us font admis aux bains
ils ne font cependant pas encore
reçûs à manger en commun. On
les éprouve encore pendant deux
ans; après qu'us ont laiCc
s
voir qu~ils font dignes d'être re<
ç4s a
mis.
danslafocicté,
la fociet $ ils yy font ,~4~
~d-

XIII. Ava~c que d'être recds


i la table commune, ils font un
ferment cerible par lequel ils s'en.
g~gec~t prcmiërcmenc d'êcrepieu~
envers Dieu,cnfuiie juftes à 1'~
gard des hommes de ne faire ja-
mais tort perfonne, ni de propos
dc~berc, ni par l'ordre d'autrui 3
de baïr les injures de prendre
toujours le parti des gens de
bien .d~crc Rdelles coût le
monde & fur-tout aux Puiuances,
puifque c'eft par la. permiEon de
Dieu que nous avons des Supé-
rieurs. Si celui qui doit être reçu.
eft conMcué en dignité, il jure
de ne jamais abufer de fon pou-
voir, de n'être jamais mieux vétti
ni plus orné que fes inrërieurs,
d'aimer toujours la vérité de-
voir de réioignemcnt pour les
lenteurs, de conjferver fes main~
pures de tout larcin & fon a.nac
de tout gain injure de n'avoir
rien de caché pour ceux de fa
fëde, de n'en découvrir aucun des
fecrets aux autres quand më~
me onemploieroitla. tpenace de
mort. Ceux qui font recûs,jurent
encore de tranfmettre aux autres
les dogmes de leur fed:e, têts
qu'ils les ont recds, de s'ab~enir
du vol, de cbnfërver les Livres
de leur parti 8~ les noms des
Ang~s: tels font, leurs fermens.
Ceux qui y manquent font chaC
fés de la ~ociecc 6~périCënt m!<
terablemenc; car liés par leurs-
engagemens &: par l'habitude, ils
ne peuvent pas prendre de nour~
ricurechez les autres~ 6créduics
à manger de l'herbe, ils meurenc
bien.côc de faim c'eA pourquoi
on les a vds touchés de pitié- à
l'égard de ceux qui avoient écc
chaffes, & qui étoient rëdtncs i
la dernière mifére. Ils les ont
recûs de nouveau, les croyant a(L
fez punis de leurs fautes de s'ê-
tre vus près de mourir. Ils don"
nent une pioche à ceux qui font
prëcs d'encrer dans leur iociccc
parce que lorsqu'ils voncauxcom<
modités ils font une roue d'un
pied de profondeur, qu'ils cou-
vrent de leur manteau par reC.
pec~ pour les rayons de la Divi-
nicë. Ils vivent avec une fi gran-
de rrugalicé, qu'ils n'ont befoin
d'aller aux commodités que le
fepcicmc jour & ils tont dan$
l'ufage de paCer cette tournée a
louer Dieu & à fe reposer. Ils
ëto!enc parvenus par cette habL
tude de vie à une fi grande fer-
mccc, que la torture, les roues,
le reu ennn les plus grands tour-
mens ne purent les contrain.
dre à bîafphémer leur lëginareur
ou a manger ce que leur couru-
me leur défendoit. Ils le firent
bien voir dans la guerre contre
fés Romains. On ne les vie poinc
chercher à néchir leurs bour-
reaux, ni jercer aucune larme au
contraire ils riaient dans les plus
grands tourmens & ratHoienc
ceux qui les tourmentoient. Ils
-rendoientl'ame avec tranquillité,
bien perfuadés qu'elle ne mour~
roie pas car c'e~ un. dogme
bien établi chez eux que les
corps font morcets que la macié<
rccfHujecce au changement que
les ames font immortelles,qu'elles
font composes d'un air très.léger
& attirées vers les corps par M
mouvement naturel & que lorC.
qu'elles font dégagées des liens
de la chair, elles fë regardent
~omme délivrées d'une longue
Servitude, qu'alors elles font dans
la joie, Se e tranfportcnt vers le
ciel. Accoutumes à ce genre de
vie & s'occupant ainfi de la vc-
rité Se de la piétés il eft trës.vraL
Semblable de croire, que pluueurs
d'entr'eux ont connu ra venir,
ayant été élevés dès leur tendre
jeuneuë danslale&ure des Livres
ïacrés des écrits des Prophètes,
dans l'ufage de différentes pu-
rifications. Rarement fe trompent
ils dans leurs prédirions. Telle eft
la feue des Etféniens chez les
Juifs.
XIV. Il leur eft défendu à
tous de manger du cochon du
poiffon fans écailles que les Grecs
appellent cartilagineux, & des
Animaux qui n'ont qu'un ongle.
H leur doit défendu auu! de
tuer ceux qui fe réfugioient dans
leurs maisons comme fuppliants,
à plus forte raifon de les mah.
ger. Leur Législateur n'a pas vou<
îu qu'ils cuâucncle père la me~
re avec les petits. IIleur a ordon-
ne d'épargner~ de ne pas tuer
même dans les terres ennemies
-les Animaux dont l'homme fe
fert pour travailler. Il ne craig-
noit pas que la race de ceux que
l'on ne facrifie pas, n'augmentât
trop, & ne caujSt la famine. Il
(a voie que ceux qui peuplent beau-
coup vivent peu de tems,
qu'il en meure un graïld nombre,
lorfque les hommes n en ont point
de ïbin 6c qu'enfin ceux qui mul-
tiplient beaucoup, ont parmi les
Animaux des ennemis qui les
détrui&nc. La preuve en eft que
nous nous ab~enonsde p}u6eurs,
comme des lézards, des vers,
des mouches, des ferpens de~
w
chiens, fans craindre qu'ils no~
ramène. D'ailleurs il y a de la
différence entre tuer les Ani<
maux, &. les manger. Nous en
tuons plufieurs dont nous ne
mangeons aucuns.
XV. On rapporte que !~s Sy~
riens s'abâenoienc autrefois de~
Animaux, & que par conféquent
i~ ne les orrroienc point aux Dieux
en iacriRce qu'Us les tacrUierenc
dans la fuite pour obcenir la nn
de quelques S~aux qu'Us furent
f~r q~e d~s~
1 ~a '1" 11.
longtems ~ans en manger. Ce ne
1.i w u ri
Mte des cen~
qu'ils en mangerent, ainG que le
j'apporten~canthe deCiziqueSc
UI~

Aictcptade de Chypre; ce qui ar-


riva dans le rems de Pygmalion
de Phénicie Roi de Chypre, à
l'occaGon de la prcvaricacion
~uivance, de laquelle faic mention
Afclepiade, dans l'ouvrage qu'il
ëcric fur la Chypre & la Phëni-
cie. Autrefois l'on ne facrifioit
rien d'animé aux Dieux. Il n'y
a.voic aucune Loi à ce fujcc, par~
ce que ces Serinées ctoien~ cen<
fés défendus par la Loi naturelle.
On prétend que la premiére vie.
time qui fut facrinée, ce fut à
l'occafion d'une ame, que l'on de-
mandoic pour une âme. L'ho(He
fut confumée entièrement. Il ar-
riva dans.la fuite qu'un jour que
la vi~imebrubic, un morceau
de la chair tomba à terre le
Prêcre !eramaua,ë€s'ccanc bru-'
le, il mit fans y penfer fes doigrs
dans ia bouche, pour appai~er
la douleur le goût de la viande
lui fit ptaiur il en mangea, & en
donna à fa remme ce qui étant
venu à laconnoiuance de Pygma-
lion, il fit précipiter du haut
1
d'un rocher !c Prêcreavec la Pré.
treffe, & nomma un autre Prêrre~
qui peu de tems après en faifant
le même facrince, mangea auS
d<? ta chair, & fut puni de même.
Dans la~uice ces facrifices conti-
nuant d'&crc en ufage, & les Pré*
tres ne réfiftant point à la tenta<
tion de manger de la viande, on
eeSa de les punir. Quant à l'ab~
tinence des poiSbns,cUe ïubCAa
jusqu'au tems de Mcnandre le
Comique qui ~exprime ainG
Prenez les Syriens pour modMe
quand la gourmandife les enga.
ge à manger du poiHbn, auH!côc
kurs pieds ôc leursmains deviens
nent enflés pour appai&r la Di..
vinicë ils fe revêtent d'un fac,
fe mettent fur du fumier dans un
grand chemin croyant avoir
trouvé le moyen de réparer leurs
Autes par cet abaiHement.
XVI. Chez les Perfes on ap-
pelle Mages ceux qui s'appliquent
aux choies Divines, les minif-
tres des Dieux c'e& ce que 6g<-
nifie le terme mage dans la
Langue du pays.1, L'ordre des Ma«
ges eft ceMementretpe&ccnPer.
&, que Darius Sis d'Hy~a~peor~ Z

donna que fon mit fur fon tom~


beau encr'aucrcstiBres~ qu'il avoit
~cë doreur en magie. Il y avoit
de trois fortes de Mages, ainfi que
le rapporte Eubuie qui fait l'His-
toire de Mithra en plufieurs Li-
vres. Les plus p~r~ics des Ma.ges~
ceux qui font dans la premicre
cl&uë ne mangent rien d'animé,
& ne tuent rien de ce qui a vie.
Ils perC~enc con~mmenc à s~bC.
tenir des Animaux, fuivant l'an.
cien u~ge. Ceux de la Seconde
cl~Cë ulenc de la viande à la vcri-
tc mais ils ne tuent aucuns des
Animaux familiers. Les Mages de
la troisième çlaHe en épargnent
auHi quelques uns. Le dogme
de la Métempficofe e& recd chez
ceux de la première claffe, comme
l'indique affez ce qui fe pane dans
les myAcres de Mithra car pour
faire vou le rapport qu'il y a en<
tre nous ôc les Animaux, ils ont
coutume de nous dë~gner parle
nom des Animaux. Ils appellent
lions ceux qui participent à leurs
my(tëres. Ils donnent le nom d~
lionnes aux femmes qui font de
leur (ëc~e. Ils appellent corbeaux
les miniftres de leurs myûëres. Ils
en agirent de même à l'égard de
leurs peres ils les appellent ai.
gtes&c éperviers. Ceux qui en~
trent dans les my~ërcs appellés
de~ lions prennenc la figure de
touce forte d'Animaux. Pallas en
rend raifon dan~. l'ouvrage qu'il
a fait ftr Mirhra. t! y dit que le
fëmimenc commun ett, que cela a
rapport au cercle du Zodiaque
mais que la vérité eft, que les
Mages veulent par là défigner
énigmatiquement & exa<~ement
les révolutions des ames humai.
nes, qui fuivant leur fentimenc :1
entrent fucceflivement dans le
corps de divers Animaux Les La..
tins donnoient à quelques Divi"
nfcës le nom des Animaux. Ils
appelloien~ Diane louve le So.
leil, taureau, lion, dragon, ëper<.
vier Hécate, cheval taureau,
lionne, chien.ne: le nom de Phe-
rebate a été donné fuivant plu~
Ceurs Théologiens à Proferpine,
parce qu'elle nourrie des tourte-
relies. Cet oifeau lui eft confacrë.
Les Prccreuës de Maïa lui en
font une offrande. Maïa eft la m&.
me quePro~erpine elle a ëcé ainS
appel lée, parce qu'elle efUa nour.
rice du genre humain, ainfi que
Cércs. On a confacré le cocq à
celle-ci c'eH: pourquoi les Prê-~
tres de cette dceuë s'abfUennenc
des oifeaux domeftiques. Il eft
ordonné à ceux qui font initiés
dans les myftéres d'E!eunne, de
s'en absente auffi, de même que
des polubns~ des féves, des pê-
ches & des pommes. Ils ont une
ëgal6 répugnance à toucher le
tronc dç ces arbres qu'un cada~.
vre (~). Quiconque a étudié
la madère des viCons, ~aitque
l'on doit s'abftenir de toute &r-
te d'oifeaux 6 l'on veut être dc-
livré du joug des chofes terreftres;
& trouver une place parmi les~
Dieux du ciel. Mais la méchan.
eeté, comme nous l'avons déjà.
remarque plufieurs fois, eft ingé-
nieufë i faire fon apologie mr~
tout lorfqu'eUc n'a aj0&ire qu'A
des ignorans: c'e(t pourquoi ceux
qui ne font que médiocrement
vicieux, regardent comme de
vains difcours ce que nous avons J
dit contre l'usage de la viande. Ils

(«) Thomas Gale dans fa note furlechap,


Y i~ de la fëc. 4. des my Aères d'Iamblique, don-
ne un autre Cens à cette phrafe par ce qu'au
Heu. de e~~fw il lit TcA~v~ & il fait
dire à Porphyre que ceux qui étoient initiés aux
myA~res d'Eleufine avoient autant de repu~<
nance à toucher une femme en 'couche qu*un
€<tdavM: mais cette le~on ne paroit pas fe con-
cilier fi bien avec ce qui précède que cetle j~ue
peusavonsiuivie'
.1
croyent que ce font des contes de
vietHes~des propos fuper&icieux,
Ceux qui ont fait plus de pro"
grès en méchanceté, font non
Ïeulemenc dans la difpofition de
porter a.vec indignité de ceux qui
ibnc dans notre ïy~cme mais
traiter d~ fuper&kion &:
auffi de
de vanicc, la domine oppofëe~
leur gourmandife mais ils font
auez punis des Dieux 6c des hom<
mes par ces mêmes difpo~tions.
Pour nous, âpres avoir encore
parlé d'un? nation étrangère
célébre par fa juftice &: par fa.
piëtç, nous paierons a d'autres
çhofes.
XVII. I! y a chez les Indiens dî-
vertes proreïEons. On en voit qui
s'appliquentuniquementaux cho~
jfcs divines. L es Grecs donnent le
nom des Gympojfbphi~es à ceux~
cLIIy en a de deux ïorces.LesBrac"
manes font les premiers~ ensuite
~bnp Içs Samanéens. Les Bracma<;
nés reçoivent de leurs peres par
tradition leur do~rine & cette
efpéce de facerdoce. Les Sama-
Deens fe choiuuënc parmi ceux
qui fe propofënc de vaquer aux
chofes divines. Leur genre de vie
a ëté traité par Bard~âBS de Ba-
bylone, qui vivoit du rems de nos
peres, & qui étoir avec Dendamis
& les Indiens qui furent envoyés
à l'Empereur. Les Bracmanes ionc
tous d'une même famille. Ils for.
tent d'un même pere Se d'une
même mere. Les Samanéens font
de diverses ramilles toutes cc<
pendant Indiennes. Le Bracmane
n'en point (bumis à l'Empire du
Roi. Il ne paye aucun impôt.
Quelques-uns de ces Philofophes
habitent fur les montagnes, d'au~
tres près duGange.Ceux des mon~.
tagnes vivent des fruits d'Autom-
ne,, de lait de vache caillé avec
des herbes ceux du Gange ne
mangent que des fruits d'Au<
tomne
tomne,dont il y a une très-grande
quantité près de ce fleuve. La,
terre y produit continuellement
des fruits nouveaux, 6c beaucoup
de ris qui vient tout feul donr
ils font u&ge~ S'il arrive que les
fruits leur manquent ils regar~
dent comme la dernière intem-
pérance, & même comme une im-
piccé~ d'ufër d'aucune autre nour-~
riture, & fur tout de manger
des animaux. Les plus religieux
&: tes plus pieux font les plus ac~
taches à ce genre de vie. Ils font
occupes une partie du jour, 3cl~
plus grande partie de la nuit <t
chanter les louanges des Dieux
& à les prier. Chacun d'eux
une petite cellule, où il demeure
feul, autant que cela eft polUbie,
Car les Bracmanes n'aiment pas
à habiter en commun, ni à parier
beaucoup & 6 par hazàrd cela
leur arrive, ils entrent en retraite,
~c font plufieurs jours fans parler
ils jeûnent très. fouvent. Les S<~
manëens~ comme nous l'avons
déjà. dit fe prennent au choix.
Lorf que quelqu'un veut être reçu
dans l'Ordre, il fe prcfence de<
vant les Magijftrats de la ville il
abandonne fa Patrie & -tous fes
biens on le ra(e enfuke pour le
dépouiller de coût ce qui eftfuper..
Su iur le corps. Il prend après
cela 1-'habit & va chez tes Sa-
maneens fans recourner ni .chez
fa femme, ni chez fes enfans s'il
en a Se n'en étant pas plus oc<
cupë que s'ils ne luiapparcenoienc
pas. Le Roi prend foin de leurs
cnrans, & leur procure ce qui
leur eft nëceuSre. Les parens fe
chargdhc de la femme c'eA ain.-
fi que vivent les Samanéens. Ils
demeurenc hors des villes. Ils paf-
fent tout le jour à. s'occuper de
Ja Divinicë. Ils ont des maisons
êe des temples bâtis aux frais du
Roi dans leique~s il y a des
ceconomes, qui reçoivent
e ce que
!e Roi a réglé pour la nourntu-
re de ceux qui y habitent. On
leur apprête du ris du pain des
fruits des légumes. Ils entrent
dans le réfectoire au fon d'une
trompette alors ceux qui ne fbnc
pas Samanéens fe retirent. Les Sa-
manëen~: fe mettent en priére.
Tandis qu'ils prient, on entend de
nouveau la trompette & leurs
domestiques leur apportent à ch~
eun un plat car ils ne mangent
jamais deux d'un même plat. Dans
ce plat il y a du ris & fi quel-
qu'un d*eux demande quelqu'au-
tre chofe on lui fert des lcgu<
mes 6c quelques fruits. Après us
repas qui dure fort peu de tems,
ils retournent aux mêmes occu-
pations qu'ils avoienc incen'om-
pues. Ils font tous fans femme ôe
ils ne pondent aucun bien Eux
& les Bracmanes font en fi gran~
~e vénération que le Roi vieac
chez eux pour leur demander en
grâce de faire des prières pour
lui, iorfque le pays eft attaqué
par les ennemis & il veut avoir
leur avis fur ce qu'il doit faire.
X V 111. Ils font difpofés à l'c-
gard de la more de façon, qu'ils
regardent le tems de la vie com<
nie une malheureuse nëce~Scé
à iaqudie il faut ~ë prêcer mal-
gré loi, pour ïë conrbrmer à rin-
tention de la na ture. Us ~ouhai~
rêne avec empreHemen~ queleur~
ames (bienc detivrëes de leurs
corps. Il arrive fouvent, que lorC.
qu'ils paroiSenc fe bien porter
,ë~ n'avoir aucun ~jec de cha~
grin~~is forcent de la vie ils en
aveitidënc les autres i perfonne
ne les en empêche. Au contraire
on les regarde comme trës.heu~
feux & on leur donne quelque
commiffion pour les amis qui font
morts tant ils font perfuadés que
les ames fubMenc toujours 6c
conlervenc entr'elles un com-
merce continuel. Après qu'ils ont
reçu les commiu!ons qu'on leur
a données ils livrent leurs corps
pour être brûlés parce qu'ils
croyent que c'eA la façon la plus
pure de féparer t'ame du corps.
Ils nniuenc en louant Dieu. Leurs
amis ont moins de peine à les
conduire à la more que les au.
tres hommes n'en ont à voir pan.
tir leurs concitoyens pour de
grands voyages. Ils pleurent d'ê<
tre réduirs à vivre encore & ils
ehvient le fort de ceux, qui ont
préfère a cette vie ci la demeure
éternelle. Nul de ceux que l'on
appelle Sophiftes & dont il y
un Ë grand nombre chez lesGrec~ i
ne leur vient dire que devien-
drions nous fi tous les hommes
nous imitoient ? On ne peut pas tes
accuser d'avoir incroduic le dë~or<
dre dans le monde par ce mépris
de la more car outre que couc
le monde ne fuit pas leur cxem<
pie ceux qui les imitent ont
plus donné de preuves de leur
amour pour 1~ juAice, qu'ils n'ont
introduit de confufion chez les
hommes. La loi~ne leur a impo~
fé aucune nëceSitë en permet-
tant aux autres de manger de la
viande elle a laiuë à ceux-ci la
libercé de faire ce qu'ils vou~
droient. Elle les a re~pe~és~ com<.
me étant plus parfaits. Les puni-
tions ne font pas faites pour eux
parce qu'ils ne connoiuenc paa
rinjuiHce. Quanc à ceux qui de.
mandent qu'a.rriveroic il fi tous
les hommes imitoient ces Philo-
sophes ? Il faut répondre ce que
difbicPychagore: ~1 cous les hom-
mes devenoienc Rois qu'en arn-
veroic-il Ce n'e~ pas cependant
une raifon de fuir la royauté. Si
tout le monde écoic vertueux, les
Mâgi(tr<tCs & les Loix feroient
inutiles dans l'Ecat. Perfonne n'eft
cependant venu encore à cet ~x~
ces de folie de foutenir que
Il
chaque particulier ne doit pas
travailler à fe rendre vertueux.
La. Loi tolére plufieurs chofes
dans le vulgaire, qu'elle interdit
au Philofophe ôe au citoyen ver-
tueux. Elle n'admet point dans la.
magiftracure certains artifans
dont $Ue permer cependant la
profenion. Tels font les arts fer-
viles & ceux qui ne fe conci.
lient pas facilement avec !aJuAi<
ce & les autres vertus. Elle ne dc~
fend pas au commun des hom~
mes d'avoir commerce avec les
courtisanes :mais en exigeant d'el-
les une amende elle fait auez voir
qu'elle regarde ce commerce bpn<
teux pour les honnêtes gens. El-
le ne défend point de pauer
vie dans les cabarets cependanc
un homme qui auroit médiocre-.
ment foin de fa réputation, fë le
reprocheroit. On doit raisonner
de même à l'égard de l'ab&inen~
ce de la chair. Ce qui eft accof<
de par tolérance au vulgaire, n'cft
pas permis pour cela à celui qui
afpire à la perfection de ia ver-
tu. Le vrai Philofophe doic Se
conformer auxLoix~que lesDieux~
les hommes qui fe font pro.
pofés les Dieux pour modèles
ont établies. Or les Loix facrées
des nations &; des villes ont re-
commandé la faintetë, & incerdic
l'usage de toutes les viandes aux
Prêtres, 6e de quelques unes a~
peuple ou par piété, ou à caù.
(ë des inconvëniensqui9réfultoient
de certe nourriture. On ne peut
donc rien faire de mieux, que d~
miter les Prêtres, & d~obëir aux
Lëginateurs, fi Fon veut aspi-
rer à la plus grande perfection,
on s'abn:iendra de manger de tous
les animaux.
XIX. Il s'en eft peu Mu ,que
je n'aie omis ce paCfage d'Eu..
ripidc~qui aH~re que les Pro.
phëces
J phctes de Jupiter en Créte s'abs-
tiennent de manger de la chair
des animaux: Voici comme il raie
pa.rtdr te Chœur Minos, Fils d'u-
ne Tyrienne de Phénicie, defcen-
dant d'Europe 8c du grand Jupi-
ter Roi de Créte fameufe par cent
vïttes. J'arrive en abandonnant
Ï~ temples des Dieux conâruics
de ctiénes de ciprës par le moyen
du fer. Nous menons une vie pu-
re. Depuis le rems que j'ai été
raietre de Jupicer Idéen, je
ne prends plus de part aux re-
pas noûumes des retes de Bac-.
cho~Je ne me repais plus de
viandes crues j'ocre des nam<
i
beaux ta mère des Dieux je fuis
Pr&tre des Curetés,couvert d'ha"
bits Manc~. te m'étonne des en-
droits où naifeni les hommes.
o
Je
fu!s auS les Ueux ou on les en.
terre 1, oc je me garde bien de
ranger de. ce qui a eu vie.
XX. JLes Prêtres faifoient con-
8
C&er la purece i ne point m&Ier
les choses contraires. Ce mcï&n-
ge-H ccoLC regardé chez eux com-
me quelque chofe d'impur. Ils
croyoienc que t~ nourriture des
fruits éroit conforme i la nâEu<
re, ce qu'ils ne penibtenc pas a i'c.'
gard des <dimens,que nous procu~
renjc les animaux morts. Ib croient
periua.des que ce qui écpÏc con.
forme à la nature ne pouvoïc~p~
~buit!er que l'on ne pouvbic
pas tuer les a.Dima.ux, &: réparer
leurs ames de leurs cofps~~m$
fe fouiller ni priver de ïencim~ht
ce quie& (enubic, en ~tr~
un c&d~vrc. On ne f<~uroj~ <ËEre
pur, qu'on ne renonce à bien des
chofes il n'y a de pureté que
d~ns ceux qui ront ufâge des cho~
~es conformes à. la nature. Les
pl~turs même d2 !~mour ïbuijt~
îenc r~me ( ) ne les euc-on qu'en

( <! ) On o~npt ici ~ac!~uM cHioRRe~eM


t&n~e, parce que par -là la plus
noble pardedenous mêmes e<ien~
porree par le ptaidr. Les paffions
~buillenc au(H parce que lorsque
l'ame en eft-agitée la partie dë~
raifonnable qui e& comme la fe~
meUe, fe confond avec la raifon
qui en eft comme le mate. Le
mélange des chofes de différen-
tesnacures~doic être regardé com-
me quelque chofe d'impur; d'où.
vient que dans les teintures qut
fë font par des mélanges Jorfqu'onL
mé!een(ëmble dtSerentesefpéce~
celas~appeite fouillure. C'eApour~
quoi le PoëfC a dit de même
qu'une femme qui fbuiUe l'ivoi-
re avec la pourpre. Les Peinrres
donnent le nom de corruption
aux mélanges & dans l'ufage
commun, ce qui n'eft pas mëlan-

que l'on ne pourroit décemment traduire


en François & qui d'ailleurs ~bnt ccès ab-
~n~<
gc appelle pur fans corrupuoH,
naturel. L'eau n~êtce avec de
la terre fe gàce & n'e~ poînr pu<.
re. Lorfqu elle cou!e ~elte rejer*
te tous les corps ëcraogers. Lorf.
qu'tihe e~u defccn<i d'une Source
qui coûte co~ours 6e qui n'eft
1
pas bourbeuse comme parle
Hcïïodc la boICon etT eft cres-
&tne., parce qu'ette eA claire &
&BS mélange. On appelle pure,
une femme qui n'a jamais eu com-
merce avec un homme. La cor-
nïpcion n'e& autre cbotc,que le
mélaïTge des contraires. Am6
)<Mndre ce qui e8: mopc a~ec ce
qui eâ vivanc ~ë nourrir de ce
qui a ed vie communique në<
cenaircmencia corruptrion~de më<
a~e quele mciangeducofpsavc~
l'âme. Des qu~un ~homme nait,
fon âme eft fbuiHëe par fon union
avec le corps. TLoriqu'il
~#"ouill 'eq meurt
m ef~ auf &ui)Iée, parce
I~meeftautE arce qu'el-
u' 1=
Je ~orc d'un cadavre. EUe l'e~ pn~
core par la colère par les dc~-
~rs, par les padons qui font ex~-
citées par la nature des alimens
4c de même que l'eau qui coule a.
,travers les rochers ef~pLus.purë
,que celle qui paCe à travers ks teï\.
~es rangcujes~ puisqu'elle entrai.
,ne avec-elle moMM de limon au~.
~C l'âme qui exerce- fes Ëon~iohs
~taos un corps décharné, qui n'eH:
pas rempli des fucs des c hairs
~rrangëres, fe gouverne beaucoup
mieux eft pluo parfaite plus pu-
re, 6e plus intelligente < comme
Fpn dit que le thin le p!us fec
j~ plus piquant, eft celui qui fbur<
nit de meilleur miel aux abeilles:.
La penfée eft fouillée, ou ptû<
toc celui qui penfe torfoue la
1,
fantaifie & l'imagination fe mê<
-lent avec la pensée, & que IcuM
opérations fe conrbndenc. La pu-
irincation conMe à fe féparer db
toutes ces chofes étrangëres~~c
ne prendre que des alinvec~
qui taiCenc toujours Famé daoa
l'être naturel comme le vrai
~dîment de la pierre, de la plan-
te & Ju corps,. eft ce qui les con-
&rve &: ce qui les fait augmenter~
Autre chofe eft de fe nourfir
autre chofe e(t de s'engrâiSër 3
autre chofe eft de fe procurer les
chofes aëceNsures autre chofe
e& de donner dans le l~xe. H y
a. différences fortes de nourritu~
res &c différentes efpéces à nour<
rir. H faut à la vénré tout nour-
rir mais il ne faut chercher i
B~gra!ner que ce qu'il y de prï'n~
cipat en nous. L& nourriture de
l'âme raifonnable eft ce qui con.
ferve la raifon & fon entende-
ïnenc. C~eft donc là ce qu'it
faut çhercher à nourrir ôc àen~
gr~iuër, plutôt que le corps par
ru~ge de la. chair. C'e(t l'enten-
dément qui4 doit être heureux
TÉterne!!emenc. Un corps trop gMs
rend r~me moins heureufe par-
ce qu'il augmente ce qui eH mor-
tel en nous .& qu'il eit un obf-
racle pour arriver à L). vie cier.
ccUe. Il fouille l'ame, qu'il rend
pour ainfi dire corporel !e, en l'ac"
tirant a des cho&3 étrangéres.
La pierre d'Aimao communique
fon âme au fer, -qui eft près d'el-
le de forte que de très-pesant
il devient léger, & accourt à t'Ai*
man acnrc p~r tes c~pries de
cette pierre. Quelqu'un qui ne fe-
ra occupe que de Dieu 1, cher-
dfera t-il ne fe remplir que des
alimens qui nuisent à la perfec-
tion de l'âme ? Ou plucôc en ré<
duifant a très-peu de choses ïba
nëceuaire ne tâchera-t-il pas de
s'unir à. Dieu encore plus imimë--
ment que le fer ne ~'attache
i t'Aiman ~PMc aDieu queïïou$
puuions, fans périr, nous abAe-
nir même des fruits de la terref
Nous ferions wraiemeQt ïmmof<
tek~ comme dh Homère y fi nous
n'avions befoin -ni de manger
ni de boire ce Poète nous aver-
tit par talque fi la nourriture nous
fait vivre, elle eften m&me<tems
une preuve de mortalité. Si nous
n'avions pas befoin de nous nour-
rir, nous ferions d'autant plus
heureux que nous ferions, plus
près de rimmortatitë. Prcienrer
ï~enc que nous fbmmes mortels;
nous nous rendons encore plus
morcela s'il eit permis de parler
aind par l'usage que nous rat-
ions des chofes morteHes.Uame~
aioG que ditThëophraAe,nefe
contente pas de payer au corps'
le loyer de (on habitation mais
elle s'y livre toute entière. H fe-
roic à fouhaiter que nous puffions
vivre fans boirelni fans manger,Se
fans que notre corps dcpertc: pour
lors nous approcherions très près
de. ia Di vini té. Mais qui ne dé<
plorera le fort malheureux des
nommes qui font enveloppas
dans des cënëbrcs H ëpaiues~qu'il~
aiment leurs maux fe, baYJenc
eux mêmes, ôc celui qui eft vëri~
tablement leur père enfuice ceux
qui les averciuenc de forcir de cet
ct-at~ivreue, dans lequel ils font
plonges? Mais en voilà anëz fur
ce fujec 3 paCons prëfëncemenc à
quelques autres quêtions.
XXJ. Ceux qui pour répon.
dre aux exemples tirés de divers
fes nations que nous avons rap-
portés nous oppo~enc les No-
mades les Trogtodices les Ic<
thiophages ne favent pas que
c'ett par néceScë que ces peu.
pies en font venus a manger de
la chair leur pays ne produi-
[oit aucun fruit & ëtoic H &é<
rile qu'on n'y vovoit pas même
de Fherbe ce n'étoic que des
fables. Une preuve fenfible de
la m.éclianceté de leur terrain
1,
c'eft qu'ils ne pouvoient pas faire
de feu rauce de matière com-
bufHb!e. I!s mettoicnt leurs poïiL
fons fécher fur des pierres fur
le rivage. Ce fut donc par në~
ceŒté qu'ils mangerent des ani<
maux. Il y a outre cela des na~
tions naturellement fi féroces
que ce n'e(t point par ettes que
les gens fenfés doivent juger de
la nature humaine. Autrement
on mettroiten que~ion, non feu-
lement fi l'on peut manger des
animaux mais auS! fi Fon peut
manger des hommes taire
plufieurs autres actes de cruauté
On rapporte que les Mauagëres
tes Derbices regardent comme
très-malheureux ceux de leurs
parens qui meurent d'une mort
naturet!e pour prévenir ce
malheur, lorfque leurs meiUeurs
amis deviennent vieux ils les
tuent &: les mangent. Les Tiba<
réniens précipitent ceux qui font
prêts d'entrer dans la vieiHeue.
Les Hyrcaniens & les Cafpiens les
cxpofenc aux oifcaux aux
chiens. Les Hyfcaniens n'atten-
dent pas même qu'ils fbienc
morts mais les Cafpiens leur
laiffent rendre le dernier (bupir.
Les Seiches les enterrent vivons;
&. ils égorgent fur le bûcher ceux
que les morts ont aimés davan~
tage. Les Ba~riens )eMenc aux
chiens les vieillards vivans. Sca-
fanor qu'Alexand re avoir nom-
me Gouverneur de cetre Provin"
ce fut fur le point de perdre
fon gouvernement parce qu'il
voulut abolir cette co-piume.
Comme ces mauvais exemples
ne doivent pas nous faire renon-
cer aux devoirs de l'humanité,
~uui ne devons-nous pas fuivre
les exemples des nations, que la
nëceŒtë a déterminées à manger
de la chair. Nous rerions bien
mieux d'imiter les euples ver-
tueux,e qui n'ont cherche qu'i
plaire aux Dieux car de vivre
fans fuivre les principes de la pru-
dence, de la fa geuë ôc de la pie-
të,c'e(t p!ûcôc. mourir pendant
long tems que mal vivre ainfi
que difoic Dëmochares.
XXif. Il nous refte rappor-
ter encore quelques témoignages
d'hommes célébres en faveur de
rabMnence. Car un des reproches
que l'on nous raie y e~ que nous en
manquons. Nous tavons que Trip-
toîème eft le plus ancien Légi~
teur desAthéniens. Voici ce qu'en
die Hermippe dans le fecond Li-
vre des Legidaceurs. On prcMjjjj~
queTripcat~me fit des Loi~ ~our
les Athéniens. Le PhUo~bphe
Xénocrate auu-re, qu'il y en a
encore trois qui nibn&enc à Eteu~
Cne. Les voici retpechez vos
parens honorez les Dieux par
î'oHrande des fruits ne faites
poinc de mat aux Animaux. Les
deux premières ~onc fondées en
bonnes raffbns.~raut faire couc
le bien dont nous fommes ca-
pables nos pères ôc meres.
C'~ leur rendre ce qui kur
èit ~û ils font nos bienrai-
tear~ C'eft auûl un devoir de
rendre aux Dieux les prémices
des biens qu'ils nou& ont don<
nés. Quant au troiCeme~ Xé.
nocrate eft en douce de ce que
penfoit Tripcolême lorfqu'it
ordonnoit d.e s'abAenir des~ am<
maux. E& ce dit il qu'it
~roybic que c'ëcoït une cho~e
trop cruelle,.de ruer ce qui eft
d~ même efpéce que nous ? Ou
voyanc que les hommes faifoient
mourir pour Servir a icur no~r~
ricure les animaux les phM
utiles, vouioic. H adoucir leurs
mœurs en égayant de les en<-
gager a ne faire aucun ~nal aux
animaux qui vivent avec eux
& Surtout à ceux qui font d'un
caractère doux ? Pput..<Êtrc ~uf~
~iqu'après avoir ordonné d'of-
frir aux Dieux les fruits de la
cerre il s'eft imagine que cet-
te loi feroit mieux observée,
Fon ne facrifioit pas des ani"
maux aux Dieux. Xénocrate
rapporte pluGeurs autres rtïbns
de cette loi, qui nefoncpas trop
vraifembJabies. Il nous funit qu'ii
en réfulte, que Tripcotcme de-
fendu de toucher aux animaux.
Ceux qui dans la fuite violerent
cette ici ne !e firent que par
une grande nccedrc ~c ne
commirent ce péché que com-
me malgré eux ainf! que nous
l'avons déjà remarque. Parmi les
loix de Dracon il y en a une
conçue en ces termes. Rëgle~
ment qui doit être éternellement
obfërvc par ceux qui habiteront
a jamais l'A ttique on recédera
les Dieux & les Héros du pays
fuivant les loix remues chacun
felon fon pouvoir on publiera
leurs louanges on leur offrira
les prémices des fruits & des gâ-
teaux de toutes les faifbns.
Fin du Traité de fp?y~
V LE
DE
PLOTÏN.
PAR P 0 R. P H Y R. E.

E Philosophe PIoc!n qui


.a. vécu de nos jours pa~
roICbic honteux devoir
un corps. AuH! ne par.
ïoic-i! jamais aide fa famille, ni
de fipatrie 6( il ne voulut
p~s ~uSFrir ~u'on fit n! ~bn por.
traic. n! fon bun:e. Un jour qu'A-
melius le prioit de fe ia!Cer pein~
dre, ~'e&-ce pas affez, lui dit-il,
.de porter cette ngure dans la-
qucl!e la nacure nous a. renferma
fans en tranfmeccre la reuëmbla!
cedia po~ricë~ de même que
.quelque chofe qui en vaudrez la
peine Comme il perGftoic cou~
jours lui refuser cette marque
de complaisance, Amelius pria
Carcerius le plus fameux peintre
de ce tems !à, d~àHer à l'audi-
toire de ftodn; car y aUourjqui
voutoic à tcrce de le regar~
der,it fej-empiic reUemenc l'ima~
gtnadon de fa ngure, qu*iHe petg.
nie de mémoire. Amelius le diri.
geoit conforte que !e porcraic rot
très rëM~mMdnt. Tout cda <C
t.. <' eue con<t*
paua ,'(ans queP!ôtinen
noîuance,
11. Il écoic fore <ujec à !a co~
lique cependant il ne voulut ~t-
Tnais prendre de recède, perfu~
dé qu'il ccoicind~ne <i'un hom.
me grave de ~e &ulagcr par ce
moyen. Il ne prit jamais der~é-
riaque, parce que, <M~bit. H il ne
vouloit
vouloic point fë nourrir de ta.
chair d'aucun Animal Familier.
Il ne fe baignoit point il fe con'-
tencoit de fe faire frotter tous les
~our~ chez lui. Ceux qui !ui renr-
doient ce fervice étant morts d~
la pefte il ceûfa de fe raire frot.
ter & cette inccrrupcion !ui pro*
cura de grands maux de gor~e~
dont on ne s'appercevoit poinc~
tanc que j'ai ëcë avec lui apr~
que je l'eus qtMCcë~ fan mal de
~orge s'aigrit a un tel po!nc, qu'~l
toit eoujour~enrouë, qu~e
~coic tou~ours~enro~té que fa vûe
vue
fë troubla. 6e qu'il lui iurvmt de's
-ukëres aux pieds & aux mains.
C'eft ce que m'apprit à mon re~
tour mon ami Euftochius, qui de-
meura avec lui ~ufqu'a fa mort.
Ces Mcommodircs ayant emp&<
cbe amij de le voir avec
4a même aSîduicé, il te retira en
campagne, dans un bien qui avofc
~ppiartene aZethusun de fes an~
c~ensamîs qui doit mort. C~ju!
V-1-t
lui étoit neceuaire, lui éto!t rbup-
Di de la terre même de Zethus,&
de Minturnes de la part de Ca~L
tricius qui y avoîc du bien. LorfL
qu'H fut prêt de mourir, Eu&o<
chius qui demeuroit à Pouzotes,
fut quelque tems à venir le trou-
ver. C'efHui-même qui me l'a ra-
contc.Plociniuidic,jevous~tends;
je ~uis ad:ue!tement occupé à
yenvoyer à la Divinité ce qu'il y
en moi de Divin. Alors un dra-
gon qui étoit fous le lit dan~le~
quel il écoic couché, fe gliuadan~
un trou qui étoit dans la muraille,
~e Plotin rendit l'efprit. U avôie
pour lors foixarite fix ans. L'Em-
pereur Claude nniuoic la féconde
année de fon régne. J'ccois pour
lors à Lilibée. Amelius ëcoif à
Âpamce de Syrie, Ca&ricius à
Rome Eu~ochtus ëcoic foui près
de Plotin. Si nousremoncons de~
puis !a Seconde année de Claude
~uÏq~a Soixante fix ans au<déli
coos trouverons que !a naiSacce
<te Ptocm tombe dany ia treiziè-

re. 11 n'~ jamais dire


me année de l'Empire de Sëve-
ni te
~nois~ni ie )our ~u'n ctoir ne
p~rce qu'H ce vouait p~int qu'oo
<:é!ébrâc fe jour de n~iihnce,
mi par de~ ~criSces, ni p~r des
trépan. Cepend~nc 1 ui même (âc!'t-
~oic régâtoic fes amis les jours
~de h nuance de P~con ôc il
~Mok que ce Jour ta H& SHeM uat
<ii(co~rs, îorfqu~ ie pouvoient
iequet ccon !â en présence de!C.lb
ien~tce. Voicî ce que nous a. vont
appris de tui-m&nre, dans tes di-
verie~ c<Mverfacioni que cou$
avons edes avec t~L
11 L H ccoit entre les maiM
~un Précepteur &c ~voic dcj~
iimcAtM, qu~i! ~vont eacore une
Nourrice. Ua jour qu'H voutc~c 1~
tëcery ette & ptâigmc de ~bo im-
porcumce~~e qut t~ Se tant de:
More~ <aQ'il n'y fcco~'na pt~M~
Ecanc âgé de vingt-hutcans,~
~ë donna tout entier à la Phiio~-
fophie. On le recommanda; aux
maires, qui avoienc pour lors je
plus de réputation dans Aiéxaat-
drie. HrevenoilE tou~urs de~au~
ditoire trifte ôc chagrin. Il fit part
de fes difpoGcibns à un de fes
amis, qui le mena entendre Am<.
monius, que Ptoc!n ne cono~Mo!t
pas. Des qu'it reut entende ~tt
dit à fon ami voicii celui que )c
cherchois & depuis ce jour il
refia amduement près d'Ammo"
nius. Il prit un Ë grand goûc pour
!a Phito~bphie, qu'il te propo~
d'ecudie~cel)~ des Perfes & celle
des Indiens. Lorsque l'Empereur
Gordien fe prëpàfa à faire ~bn
ex pëdi~Qn concre les Perfes, Plô"
tin fe. mit à~a~ite de l'armée~
ayanc poùr lors treate neuf ans.
Il avoit ëcédixaotme~nseocieM
presd'Ammonnis. G ordien ayant
etc tué enMc~bpocamie~ Eioam
eut ~Rcz de peine à fe ~uver i
Ancioche. Il revint à Rome âge
de quarante &ns, lorfque. Phi-
IjLppe écqic Empe~e~r.. Hëren-
M~s, Origine &e Plotin étoient
convenus d~ tenir fëcrecc~ t~ doc<
trine qu'ils avoient ~pprifë d'Am*
monius. Plotin obferva cette coa.
vcn~on. H~rcnmus fut ~e pre~
mïe~ qui I~y!Q!cequ~Futimt.
te~p~r Ongënc. <~e dernier, écri.
vit un Livre fur tes Dcmons
fous l'Enopire de Gallien il en fit
un autre pour prouver qu~ le
Prince le fëut Poëce (~).Plo<
.un longcems fans riep écrire.
j[l (e contentoit d'enfëigner de
~iye voix ce qu'il avoir appris
4'Ammonius. Il p~& de b forte
<

{ « M. de ValoM a cfû que cet Origene, qu!


~e& pas te fameux Ôrigene, avoit voulu faire
fa cour par cet onvrage a i'Empereur.<jallien~
qui paHbit pour être grand poète. V T~emont~
~e de C~en att. i. Hi&.de< Emp. T. p~
(
dix années entières à in~rMre
quelques difciptes maïs comme
i! permëttoit qu'on lui 6e des queC.
tiens il arnvoic (buvenc que
Fordre macquoic & que cet&
d~géneroit en b~garcHes, ainR
que je l'ai f~û d'Amc)ius,qui fe
mie au nombre de fes difciples
la irorCéme année du (ëjour de
à
Ptoirn Rome. C'ëtoic la troL
~ëme année de FEmpire de Pni-
lippe~Yi demeura avec tuijufqu'i
la premiére annëede!*Empirede
Ciaude~, c'ett à-dire~ vingr-qua-
tre ans. Il (orcoic de récotë de
LiGm~que. C'ecoic Ïe ptus tabo~
rieux de tous ceiix qui etudioient
en même tems que lui. Il avoïc
cent faûembtë, 8c &voît prefqu~
par cceur tous les ouvrages de
Numenius.Il composa cent Vo<
lûmes de ce qu'il avoïc oui dire
Piocin dans (es conférences
il laM& ces remarques JuSia
HëGchius d'Apamçe, ion
adopcif.
1 V. La, dixième annëe de FEn~.
pire de Gallien, je partis de Gré-
ce pour Rome avec Antoine de
Rhodes/J'y crouvaiAmelius~qut
depuis dix-buicans ëtudioic fous
Plotin. Il n'avoit encore ofé rien
ccrir~ n ce n'eft quelques Li-
vres de ~es remarques, donc k
nombre n~aUoic pas encore )u{-
qu'à cent. Plotin avoit pour lors
cinquante neuf a.ns~ J'en avois
nence~ lorfque je m'accachai à
!uiJl commença a écrire (ur quel,
qu es quêtions qui fe préfënterenc
la premiére année de GaUien &
la dixième qui eft celle où je
le cocnus pour la premiére fois
il avoic dc~ écrit vingc & un
Livres, qui n'avoient été commu-
jniques qu'i un très petit nom<
brc de personnes. On les don<
noit diSicHemenc. C'ccoîc avec
précaution;~ ilfaUoie ècreauS-
rë du caradëre de ceux qui les
recevoicnc. Comme il n'avoÏc
point mis de titres a. fes Livres,
chacun y avoic mis ceux qu'~
a voie ~ugc à propos ( a ).
V. Je demeurai avec lui cette
année, 6e tes cinq autres ~otvan~
tes. J'étois aHc dix ans a~para-
vant à Rome. PIocin pourJors ne
travaIHoic point. Il fe conteniok
d'inUruire de vive voix ceux qui
aHoienc à fon auditoire. Dans ces
fix ans on examina plufieurs quet-

( ) Porphyre ajoute que les titres les plu<


reçus étoïent les (utvans du beau, de l'im mor-
talité de l'ame, du deAin de FeCence de ra-
me, de l'entendement, des idées de l'être, de
la deicente de i'ame dans les corps comment
eft procédé ce qui e~ après le premier cire de
l'amit~ fi toutes les ames ne font qu'une du
bon, & de Funi-c des trois principales ~bAao-
ces de la génération & de l'ordre des êtres qui
font après le premier des deux matières dif-
férentes réfléxions du mouvement circulaire
du Démon quieft échû à chacun de nous:
quand il ell raifonnable de Sortir de cetre vie-ci
de la qualité s'il y a des idées pour les chofes
~nguliére? des vertus de la dialectique
t-onureit rame tient le milieu entre les lubilan-
t~ MK~viubles & celles qui lent diables ?'
-tionsdans les conférences qu'il
cen~ic, Améiius moi )e priant
in&ammenc d'écrire il fit deux
livres pour prouver que i'unitë
ïe crouve dans le touc. H en fit
encore deux autres pour faire
voir que ce qui eft au deûus de
l'être, n'cft point intelligent ce
que c'eft que la premiére intelli-
gence, & ce que c'eA que la fe.
conde ( )~

) On lit ensuite dans Porphyre les ti-


trer de n Livres de Plotin les voici de
ce qui eft enpui~fancc de qui eil
ce en
ade de l'impombilit~ des chofes incorpo-
reiles. TroM Livres &f rame comment none
vovoM de la contempladon du beau intel-
ligible que les eho&< intelligibles ne (ont
pas au de là de l'entendement du bon, con-
tre les GnoRiques des nombres pourquoi
ce que fon voit de loin paroit plus petit fi
le bonheur connue daM l'étendue du tems ?
du mélange de toute< choses comment
la. multitude des idee< Mïba&e du bon du
volontaire, du monde, du iendment & de ia
m~moice des genre: de t'être trois Lt-
vres de l'Eternité & do Tem.
Ce$ vingt quatre Uvres An'ent jcompoiés
VI. Lorsque j'étois en S!cite~
où je me retirai vers la quinziè-
me année de l'Empire de Gal.
lien, il <K cinq Livres,qu'il m'en-
voya du Bonheuf de la Pro.
vidence en deux Livres des Sub-
fiances inceHigen! 6e de <:ei!es
qui ~bnt au de us,& de t'~moNr. U
m~envoy~ ces ouvrées là pre-
miére année de l'Empire de C!au<.
de, au commencement de la
feconde. Peu de tems Avant que
de mourir, it m~envoya les cinq
fuivans ce que c'eft que le mat:
6 les A&res cnc quelques in6uea-
ces ce que c'cû que ~Homme
ce que c~eA que rAnHnah du pre-
mier Bien & du Bonheur~
Tous ces ouvrages enfemMe
font cinquante qua~reLivres. L~s

pendant les 5x ans que Porphyre demeura


avec Plotïn~, & 14s en faifbtcntquarante~n~
avec les vingt 8~ un qui étoient~cjbeyés ay:mt
que Porphyre ~tat~ Rjo.mp~
~ms ont été écrits dans la }euneCe
de l'Auteur, les autres lorsqu'il é-
.toit dans .toute fa forcer enfin les
derniers, lorsque fon corps écoïc
déjà fort anniSe: ils fe reCentent
de i'~iac dans tequct it croie, tori-
qu'il les compolbirt Les vingt ~c
un premiers font foibles. Ceux
qu'il a écrits dans le milhude &
vie font des témoignages qu'il
~toic dans toute la force de fon
efprit. On peut regarder ces vingt
quatre livres comme parfaits, &
ï'oc en excepre quelque petits en-
droits. Les neuf derniers fboc
moins rbrts que les autres &e de
ces neuf, les quatre derniers font'
les plus fbibles.
VIL Il eut un grand nom.
bre d'Auditeurs 6e de difciples.
que l'amour de la Philofophie at-
tiroic à fon Auditoire. Améliusde
Tofcane étoit de ce nombre. Son
vrainometoicGentilianus.Itavoic
Auu! pour difciple tr~s-aŒdu Paa~
lin de Schhople, qu'Amc)ius fuf<
nomtuoicle peti'c.Cu&ocmus d'A.
léx~ndrie Médecin fut con~
nu de lui ~ur la -fin d~ jfâ vie, ôe
~t re~~ .~vec Plotin jusqu'à la
mort decePhnofbphp. Tout oo
~upc d~ la &~e Do~nne de Plo~
lin, il d~vin~uo vrai Pbilofbphe<
Zodcus s'attacha auffi à lui. H
étoit cridque, ôc Poëcc en même,Ÿ
<:ems. Il corrigea !cs .ouvrages
,d-'Anti*maqu.e & il mic en crè&.
Jbeaux vers rabk de l'ine Ac~
iancide. Sa vuebaiCa 6c il mou~
rut peu de cems .tvant Plotin. Pau.
lin ccpit mort au~E~ lorsque PIo-
tia mourut. Zcchu~ étoit un de
fës disciples il étoit originaire
d'Arabie ëe javoic ëpoufé la nl<
Je de Thcodo~ ami d'Ammonium
II étoit Mpdecin, jSc tres-agréa<-
ble à Piotin qui chercha à le
recirer des a~&iref publique dont
il fe mêloic, H vécue avec lui dans
upe tre~ grande li~fbn il r~-
r
tira même la campagne de Zé,
thus éloignée de Cx milles de Mm-
tûmes. Ca~ricius~ furnommé Fir<-
mus, avoit acheté ce bien. Per-
~onoe de notre cems n~ plus ai.
gens de mérit
nlé les gens
mêles méricee quePtrmus<
que
H a~voic pour Plotin )a. plus gran<
de vénërà~on. It rendoit a Amë~
iius les mêmes (ervices~ qu'au roic
pû lui rendre un bon dome&ique
itavoicpour motJe~.mêmes atceiï-
dons qu'un frere. Cependant cet
homme C arracha à Plotin éroic
dans le train des affaires pubJI.
ques<Ptu6eurs Sénateurs venoienc
aud l'écouter. MarceHus y Oroo-
rius SabîniHus Rogaton 6.
rent fous lui de très-grands pro-
grès eïi Phiiofbphie. Ce dernier
qui ccoit auiu du Sénat s*étoit
ceUement détaché des chofes de
la vie, qu'il avoit abandonné tes
biens, renvoyé tous fes domcRi-
ques, & renoncé à fes dignMcs.
Devant être nommé Prêteur, les
Licteurs l'attendant il ne vou~
lut poinc &rtir, ni faire aucun
exercice de cette dignité il ne
voulut pas même habiter dans fa
maifon. H alloit chez tes amis
il y mangeoit il y couchoit il
ne mangeoit que de deux jours
l'un 8e par cette conduite, après
avoir été gouteux a un tel point
qu'il falloit le porter dans fbn
uëge, il reprit fe& forces, & ëicn-
dit les main& avec autant de ract<
lice que ceux qui proreï~nc les
Arts mëchaniques, quoiqu'aup~.
ravanc il ne p&t raire aucun u(a*
ge de fës mains. Plotin avoit beau~
conp d'amicië pour lu!. It eo fai-
foic de grands doges, it le pro~
pofbit, comme devant fervir de
modéle à tous ceux qui vou!oient
devenir Phitotophes. Sërapionr
d'Alexandrie fut auu! fon difci<
ple. tt avoir d'abord été Rhë.
reur. Il s'appjiqua entité d la
Philofbphic. Il ne put cependant
~ë guérir ni de l'avidi té des
richeCës, ni de Future. Plotin me
mit auu! au nombre de les anMS,
& il daigna me charger de don-
ner la dernière m~in ~ës ou-
vrages.
V 11 L II ëcnvo!c m~s il n'M-
moit as à recoucher ce qu' avoîc
une fois écrit, ni même à relire
ce qu'il avoit fait, parce que fes
yeux fatiguoient tor~qu it liiotC.
Le caractère de fon écriture n'é-
coïc pas beau. H ne dHUnguoic
poinc les (yl~bes il a-voic trës<
peu d'attention à rOrchographe.
H n'étoic occupé que du ïens des
chofes ~uxqueHes il doonoic fou
attention &: il fut cantinueUe~
ment }u(qu~ mort dans cette
habicude, cequiëtoicpournotn
tous un fujec d'adm!r~tioB..Lor~
qu'il avoit fini un ouvrage dans
fa cëfe, & qu~enfuice it écnvoie
ce qu'il avoit médité il &mb!o!c
qu~i copioit un Mvre.Ccta Be Fem"
p&choic pas de faire la conver~-
tion (urd'aucrcs matières 6c lorf-
que. celui avec lequet il s'entrece-
noit s'en alloit, il ne rcti~oïc pas
ce qu'It avo!c ëcric, pendant qu'Us
p~r!oienc
p.arloien~ enfemble. C'était pour
ensemble. C'cco!<:
mën&ger vdc, comme nous i'~
vous d~}a dit. Il coatinuoic d~c-
cnre comme ft !a. converfadon
n'eAc mis aucun intervalle a fon
sppl!c~tion Son efprit étoit cou<
jours occupé de lui,& de ceux quî
ëroienc avec lui. Le feul fommeil
pouvoit incerrompre fon âMen~
tion. 11 ne dormoit guéres~ Ses
méditations' conunueUes écoicnc
un bbfhc!e au fommeï~ a.um biea'
que grande fobrieté. Car fou-
vent il ne mangeait pas m~mc de-
pain.
IX. H y avoir des femmes qu{
lui étoient fort attachées Gëmi-
na chez taqueUe il dcmcuroic
la n!!c d~ ceUe-ci qu'on appeUojc
~N1 Gemina, Amphid~ 6~
Q'ArHton femme du 6!s d'Iam-
blique toutes trois aimant beau-
coup la Philofbphie. Ptudeurs
hommes & fetnmcs de condition
étant prêts de mourir, tui confie-
rent leurs enfans de l'un & de l'au-
tre féxe avec tous leurs biens,
comme a un dëpoScaire irrépro-
chable ce qui faifoit que fa mai-
&n ccoic remptte de jeunes gar-
dons & de jeunes filles entre lef-
quels étoit Potamon que Plotin
prit plaifir à élever & qu'il fai-
foit parler fur les mariëres les p!us
imporc~nces. Il exammoic avec
exaélitude les compces de leurs
tuteurs il difoit que jufqu'a
ce que ces jeunes gens s'adon-
naNenc tout entiers a h Phitofb-
phie il falloit avoir foin. de leurs
Mens, 8c les (aire jouir de tous
leurs revenus. Ces occupations ne
i'empêchoMnt point d'avoir une
attention concmuelic aux ch.ofes
ÏQteHca:ueltes. Il ëcoU doux jSc
d'un accès facile à tous ceux qui
vivoient avec lui. Il demeura
vingt fix ans entiers a Rome. Il
fut Couvent choiH pour ~rbïcre~
Jamais il ne fut brouillé avec au~.
cun homme en place.
X. Entre ceux qui faifoient pro-
fouion de philofopher il y en
avoit un nommé Otympius. Il
etoir d AIëxindne il ~vaie ccc
pend~M quelque tems difciple
d'Ammonius. Il traita P)otm avec
mépris, parce qu'il vou!oîc ~voir
plus de rëpuc~cton que lui. Il em~
ploya des opérations, magiques:
pour lui nuire m~H s'ëc~nc appef~
çd que fon enrreprife recombon
fur lui même, il convint: avec fe~
~mis qu'it falloit que rame de
Ptotm f~c bien puiSa.nce pui~
qu'elle rétorquoit fur fes enne<
mis leurs mauvais deCëms. Plo<
tin s'étant apperçû des projec$
qu'OLymp!us ~rmoic contre lui,
die le corps d'Oiympius e& prc~
~ntem~nc en convulfion. Celui..
ci ayant donc éprouvé pluCeurs
fois, qu'il fouffroir les mêmes
maux qu'it vouloic faire fouffrir
à Plotin ceûa enfin de le per-
fécuter. Plotin avoit eu de la na-
ture des avanr.ages, queles autres
hommes n'en avoient pas re~u.
Un Précre Egyprien 6r un voyage
à Rome. II nt connoiffance avec
Plotin par le moyen d~un ami
commun. Il ternit en rêce de don,.
her des preuves de fa (agene. Il
pria P!ocin de venir avec lui à
un fpe~acte., qu il fe propofoit de
donner. Il avbic un démon fa.
milier qui lui obei~oic, des qu'it
rappeHoic. La fçëne dévoie fe pa~
fer dan~ une Chapelle d 16s L'E-
gyprienanuroi~qu'il n'avoic trou.
vé que ce feul endroit pur dans
Rome.Il invoqua fon. démon, afin
qu'il parût. Mais à fa place on vit
paroîcre un Dieu qui n'ccoic point
de l'ordre des damons ~cc qui fit
dire à l'Egyptien voas êcos heu-.
yeux~Pîotin:vousavczpourdëmoa
un Dieu. On ne fit aucune quef-
tion. On ne vit rien de ptus y Fa<
mi qui gardok les oiïeaux les
ayant ëtouH~s, foit par jaloufie
foit par crainte. Plotin qui avoit
pour génie un Dieu, avoit une
attention continuelle pou~r ce di-
vin gardien. C'ett ce qui lui fit
entreprendre un ouvrage fur le
démon que chacun de nous a en
parcage. It tâche d'y expliquer
es différences des génies qui veH<
Jenc curies hommes. Aniélius qui
.étoit fort exa<3: à ~acriaer & qui
cétëbroit avec foin les facrtScés
des fêtes ~c de la nouvelle Lune~
pria un )our Plotin de venir aveç
lui aC5ftep a un facrifice. PIocia
lui répoodic ? c'eA à-ces Dieux à
venir me chercher, & non pas i
moi à aller les trouver Nous ne
pûmes comprendre pourquoi il
tenoic un diïcours dans tequ~î
HparoMbitC~nc de vanicc &
nous Ef'esâmes pas lui en deman-
der la raifon.
X I. Il avoit une 6 parfaite
connoiuancc du caractère des
hommes & de leurs &~ons de pen-
fer, qu'H devinoïc ce qu'on vou-
loit cacher & qu'it prévoyoïc
ce que chacun de ceux avec qui
i!vivoic,deviendroic quelque jouï~
On a.vo!C volé un çoiUer ~nâgm-
6que à Chione. C'écjoic ~ine vea"
vcrefpe~cte qui demeuroïc chez
lui avec fes enfans. On Rc venir
tous les dome&iques. Plotin les
envif&geA tous 6e en montrant
l'un d'eux c*eA celui ci quia
fait le voi, dit-il. On lui .donna
tes ecdviëres il nia long. tems
enSn il avou~, 6e rendic le col.
lier. Il nroic rHorbïcope de tous
les jeunes gens qui le voyoienc.
Il dû&ra que Potemoa auroic de
la. difpoCcioa a. r~mour~ qu'il
vivroit peu de M~s, ~c c'eâ ce
qui arriva. Il s'appercut que pa-
vois de~ëm de (brcir de !a'vic. H
vint me trouver dans fa maiibn,
où je demeurois. Il me dit que ce
projet
~i ne (uppo&it pas un état
nf 'étoit
bien fente que c'ëcoic t'eHct de
la mélancolie. H m'ordo~~a de
voyager. Je lui obéis. J'axai en
Sicile, pour y écouter Probus cc-
lébre PhHo~bphe qui demeurait
à UHbëc~ Je perdis ainG la fan-
caiCede mourir. Mais je fus privé
du plainr de demeurer avec PIo"
tin jusqu'à fa mort.
XII. L'Empereur GaUien
l'Impératrice Salonin6 fa rcmmc
avoient une conGdëradoD parti-
cutiëre pour Plotin. Comptanc
donc fur leur bonne volonté, il les
pria de faire rebâtir une Ville de
Campanie qui ëcoir ruinée, de
la lui donner avec coût fbn ter-
ricoire~ a~in qu'il la ne habiter
par des Philofophes, & qu*H y
ccabtïc les Loix de Platon. Son
intention ccoic de lui donner le
nom de Platonop!e~ & d'y aller
demeurer avec (es difciptes. l! eût
facilement obtenu ce qu'il de-
mandoïc, fi quelques-uns des cour.
tifans de FËmpereur ne s*y fu~.
'Cent oppotës ou par jatouCe,
ou par quelque autre mauvaiïe
raifon.
X 111. Il parloit tr~s propos
dans fes conférences. Il Savoie
trouver fur le champ les répon~
fes qui con~enoienc. Sa pronon-
ciation n'ëroic pas exa&c &.
confervoit cette inexactitude dans
fon écriture: iorfqu'ii partoic, il
~eïnbloicque t'en voyoic~bname
fur ~bn vi~ge qui étoïc comme
enntammé. I-1 étoit d'une figure
agréable. U n'ecoit~amaisi ptus
beau quetbr~qu'on lui faifoit des
quêtions. On voyo'c comme une
légère rofée fortir de tes pores.
La douceur brilloit fur fon vidage.
H répondoic avec boncé ~bl~
ditë.Jel'iaterrogeai pcndaactrois
)ours pour apprendre de M l'u-
nion <iu corps avec l'âme. U pa&
tout ce tems à me dëmoncrer ce
que je voulois fa.voir. Un certain
tha~maïms 1m faisane des qucf-
cicns communes, je l'interrompis
pour faire moi même les queftions.
ThaumaGus s'y oppofa, mai~ Plo.
tin prëtendic, que c'ëcoic le feul
moyen de parvenir à 1 ëctairciHe~
ment des di&cutcës.
XIV. Il étoit fort concis dans ce
qu'il écrivoit. L'on y remarque
un très-grand fëns. Il y a plus
de penfées que de mots~ L'En<
thouGafme 6e le Paccdque <e
trouvent chez lui. Il a rëpahda
dans&s Livres plufieurs dogmes
fecrets des Stoïciens & des Përi~
pacënciens. Il a fait auHi ufage
des ouvrages Mëtaphinques d'A-
Ti&oce. Il favoir la Gëomecriey
rAnchmetique, la Mëchanique
rOpcique, I& MuGque quoiqu'H
D~nc
if eût pas grande envie de travail.
1er fur ces diverfes fciences. On
lifoit dans fes conférences les
Commentaires de Scvëre, de
Cronius, de Numënius~ de Gaies
d'Atticus on IHbic auHi les
Ouvrages des Përipatëticiens
d'AfpaCus d'Alexandre, d'A<
dra~e, les autres qui fe rené
controient. Ces ledores ne fai-
~bienc pas tout de fuite.Plotinavoïc
fes ~encimens parciculters fort dif~
férens de ceux de ces Philosophes.
Il ÏuivGtC la méthode d~Ammo-
nius. Dans les examens, il fe rem~
pliHbic de ce qa'il avoit 1&
après avoir rëSéchi prorbndé<-
ment, il fe levoit. On lui lut ùo
jour un traité fur les principes
ide Longin, qui aimoit tes aMi-
t
~uhës. Longin dît- il eft un hom-
me de Lettres- mats il n'e& nul-
tement Philôfopb~. Origëac vîht
~ne fois dans j[on auditoire. Pto.
tinyougk~&voulucfc lever. Or~
gène le pria de continuer. P!od~
téponditc que l'envïe de parier
ceub!~ lorsqu'on étoit per&aoc
que ceux que t'en entretenoic
favoient ce qu'on avoit à leur
dire & après avoir parlé encore
quelque peu de tems il fe leva-
X V. Un jour qu'à fête de
Platon je li(b!s un poëme fur le
mariage facré, quelqu'un dit que
reçois fou, parce qu'it y avoir
dans cet ouvrage de i'enchou-
6afme da MyAique. Piocin;
reprit la parole~ die d'une façon
à être entendu de tout le- monde
vous venez de nous prouver que
vous êtes en même tems Poëte
Phi'tofophc & înitîë dans les myf-
tcres Sacrés. Le RhëceuT Dtopha~
ac avoit là une apologie de ce que
dit Aictbiade dans le banquet de
Platon. Il. voutoic y prouver qu'unf
ditcipte q~icherchoiî: à s'exercer
dan& la verta devoit avoir une-
~omplaiiance absolue pour fb&
ma!tre, qui avoit de~dïnoûr pour
lui. Piotin &' leva plufieurs fois,
comme pour Sortir de 1 auembtée.
Il fe retint cependant & après
que l'auditoire fe fut &parc y il
~n'ordonn~ de réfuter <edi6:our~
Dioph~ne n'ayant pas voulu me
ie donner, je me rappelai les ar-
gumeosque je réfutai, êe <e tus
mon ouvrage devant les mêmes
Audïteur&,qjuïaToient entendu ce<
lui de Diophane. Je 6s un fi grand
r
plaifir à P!o~n, Qu'il répétat'~p!u~
iieurs roïs pendant que }e inois
frappez (<< ) ain6, & vous devien-
drez la tumiére des hommes. Eu-
bule qui profeuoit à Athènes la
~o&rine de Platon lui ayan~ea..
voyé des écrits ~ur quelques q~e~.
tiens Pi~roniques, il voulut qu'oc
me tes donnât pour !e examiner,
a6n que }e tui en nSe mon rap<
port. N ctudia.auS! les regtes de~

) v<M <naoa!ct~.
Astrologues mais ce n'ëco!cp~
pour le devenir & ayant décou-
.vert qu'il ne falloit pas fe neri
leurs promeucs il prit la peine
de les réfuter plufieurs fois dana.
fes Ouvrages.
X V 1. Il yavoic daasce rems~
là des Chrcdens &c des parti&n~
de l'ancienne Philofophie, en-
tr-'autres AdelphiusCe Paulin. Ils.
avoienc le&puvrages d'Alexandre
de Libye~ dePhitocomu~, de Dc.<
mo~rate de Lidus. I1& ppr~
toient avec eux lés- Livres myAl"
oucs de Zoroa~re, de Zo&nen
de Nicothëe d'Allogène de
AIefus, ~c de pluSeurs autres. Ils
trompoient un grand nombre de
perfonnes 6& ëcoienc eux-même~
trompés dans la perfuafion où ils
écoienr, que Platon n'avoicpa~
pcnéerë dans la profondeur delà.
iubftanccinceltigence~C'en:pour..
quoi Plotin les réfuta dans fe~
conférences U ccrivic~ contre
eux un Livre que nous avons in-
ticulé contre les GnoAiques. It
me taiHa le refte a examiner
Amélius composa ju~q~'A quaraB"
re Livres pour réfuter celui de
Zoftrien; & moi j~pporcai plu~
Ceurs argumens pour faire voi~
que le Livre attribue i Zoroaf.
tre ëtoic ïuppofc depuis peu, 6c
fait par ceux de cette fe~e~ qui
vou!oiccc perfuader que leurs
dogmes avoient été enfeignés par
rancien Zoroaftre.
XV IL Les Grecs prcMn-
doienc que Plocin s'étoit appro-
prié les fetitimcns de Numënius.
Triphon qut ëcok Scoïcien Se
Platonicien-, le dit à Amjëtius
lequel 6c un Livre ~auquel nous
avons donné te ncre ~de la diffé-
rence entre les dogmes de Plo<
tin ôc ceux de Numënms. Il me
le d~dia i moi le Car c'ccôic
mon nom,1, avant que je m'ap.
peUaue Porphyre. On m'appct-
loit Malc dans la Langue de moa
pays. C'ccoic le nom de mon
père & Male repond au mot
Grec qui 6gni&e Roi. Longin
qui a dcdic à Cicodame à mot
fon Livre de. la Véhémence
m'appelé Mate à !a cêre de cec
Ouvrage; & AmciMK a traduit ce
nom en Grec.
(~) Amettu~ au Roi &!u~
Vous &ve~Meoque}uCqu'àprc<
Cent j~t gardé le- 6!ence a t'occa-
6on de quetqucs discours qui
ont été répandus par des gens
M célèbres d'ai~eurs~ qut ont in-
cenrïon de faire croire que te~
M (cnrMncns de nocre a m! ne <bnt

M autres que ceux


de Numéniu~
M
d'Apamëe. M eft contant que
n ces reproches ne viennent que
de t'envie de parler.- Non con~
tens de ce reproche, ils o~cnc
dire que fes Ouvrages (ont ptats~

(«) LoitM ~Amditu à Porphyre.


remplis de minuties & de nw-
w fëres~ Puisque vous croyez qu'R
M jfauc profiter de t'occaSon, pou<r
rappetter dans notre membre
une PhHofbphie~ui nous ~raat
~p!û, pour }u(MScy un ~u<&
grand homme que nocre a,m&
PIocin, quoique je ~chc que &
M
dodnne été re~ue ~vec ïuc~
» ces depuis longtems~ ;e ~ns~
taïs cependant à ce que je vous.
M ~i promis par cet ouvrage, que
M
j'~i Sni en trois jours comme
M
vouste&vez. J~Ï befoin. devo~
M tre
iïidulgence. Ce n'c& point
M un Livre fait avec examen ce
<bnt ~uiemenr des rcâe~~on~
que j'ai trouvées d'ans des écrits:
~que~t faits autre fois, ~e
que j~î arrangées comme ce-
la s~ ren~oatrë~ Vous aurez
ta bonrë de me réformer~ 6 je
m'éloigne des &ncimens de
Ptotin. Je n~ài e& d'aurre in-
cenfioo~ que celle dévoua &ir~
plaiur. Percez vous bîeb~
XVIII. J'ai rapporta cctM
lettre, non &ulemcnt pour fair~
voir que quelques-uns du tcnM
ïnënae de Plotin prëtcndotent
que ce PMtofbpbe fe faifoit hon<
neur de la docïrïnc de Nu<nënius~
mais auC! qu'on i~tr~itoic de di.
leur de bagatelles; en un mot
qu'on le meprMbic, parce qu'on
ne rehcendoic pas. C'ëcoi~ un
homme bien éloigné ducara~é-
are de la vankë des: So~M&es. M
~mbloic ~re~ ~n. conver&tion
avec fcs di&iptes~tor&t ~coic
dans &n auditoire. Il ne & pre~
~bic pas de découvrit tes profon.
deursde ton ty~me. Jel'ëprou~
vois bien dans tes cc~mmence~
mens que je l'écoucoi~. Je voulus
l'engager à's'cxpHqnef davanta-
ge par i Ouvrage que )d fis. contre
lui
pour prouver que ce q~eron
convoie eft hors l'entendcmeBC~
II vpulu!: qu'AD~c)MS le lui M~~
câpres qu'il en eut fait la lec"
cure Plotin lui dit en riant ce
feroit à vous arëfbudre ces di~L-
culcés que Porphyre n'a raices
que parce qu'il n'enrend pas bien
mesfëncimens. Amélius ne un ~C
fez gros Livre, pour répondre
mes objectons. Je répliqua!.
Amélius écrivit de nouveau. Ce
tfoiGëme ouvrage me mit plus au.
&ic de la matière, & je changeai
de fentiment. Je M s ma rétrac.
tation dans une a~emblëc. De<
puis ce rems j'ai eu une conËan~
ce enciére dans tous les ouvrages
de Plotin. Je le priai de donner
la dernière perfecUon à ~cs écrits,
& d'expliquer un peu plus au long
fa doctrine. Il difpofaau~Ii Amé~
lius à faire quelques ouvrages.
XIX. On verra quelle idée
Longin avoit de Piocin, par une
réponfëqu'il me nc;j'érois en Si-
cile. Il fouhairoit que j'aUane le
trouver en Phcnic~ & que je
portaCc avec moi les ouvrage
de Plojdn il me mandoic M en.
voyez-moi, je ~us prie, ces
ouvrages, ou plâtôc apportez-.
les ~Lvec vous car je ne me laf.
M'ferai point, de vous prier d$
voyager de ce coco-ci préféra~
blempnt a tous les autres pays
M
quand ce ae fëroit qu'a caufe
de notre ancienne amitié, 6e de
M ta température modérée de

M
Fair~qui eft un excellent pré,.
M
fer~auf contre la rbibleHë du
M corps,
dont vou& vous plaignez~.
M
Car je ne prétends pas qu'en ve<
M nanc me voir
je vous mettrai
M en état d'acquérir quelque
nouveau d~gré de fcience. Ne
comptez pas trouver ici rien de
M nouveau, ni
même des. écrits
M
des anciens Philosophes que
» vous croyez être perdus. II y
» a une fi grande difette de co~
Mpi~cs, qu'à peine en ai-jep~
» trouver an qui ait voulu aban-
donner fbn travail ordinaire
pour tranfcrire les ouvrages de
Plodn que j'ai revûs~depuis tout
le rems que je fuis en ce pays<
ci. Je crois avoir tous fes ou-
vrages que vous avez envoyés.
Mais ils font imparties &: rem.
plis de fautes. Je m'ëcois per<.
fuadé que nocre ami Amélius
avoit corrigé le mal qu'avoient
raie les copiées mais il a eu des
occupations plus preHances que
celle-là. Je ne fais quel ufage
faire des Livres de Plotin, quel.
que paŒon que j'aie d'exami~.
ner ce qu'il a écrit fur l'âme &:
fur l'être ce font prëciïemenc
ceux de fes ouvrages qui font
les plus corrompus. Je vou-
drois donc que vous me les en-
voyaŒez écries ëxademenf. Je
les lirois & je vous les renver-
rois promptement. Je vous rc«
pëce encore de ne pas les en~
» yoycr mais de les apporter
vous-même avec les autres ou-
vrages dePlotin,quiauroiencpd
échapper à Amélius. J'ai re<
cueilli avec foin tous ceux qu'il
a. apportés ici. Car pourquoi
~ne rechercherois.je pas avez
empreHemenc des ouvrages &
eMmabtes? Je vous ai dit de
près, de loin, Se lorfque vous
étiez à Tyr qu'il y ayoic dans
Plocm plufieurs raifonnemens
que je ne comprends poinc par-
raicemenc, mais que ~aimois 6c
que j'admirois fa façon d'ccrij
re, fon ~yle ferré & plein de
force, & la difpoGcion vrai-
mène philosophique de fës dif-
fërtadons. Je fuis perfuadé que
ceux qui cherchent la vërieé,
doivent mettre les ouvrages de
Plocin de pair avec ceux des
plus grands hommes.
X X. Je me fuis fort écendu
pour faire voir ce que le plus
grand Critique de nos jours,
qui avoit examine presque tous
les ouvrages de ïbntems, pen~oic
de Plotin. IL Savoie d'abord mc~
prifé parce qu'il s'en étoic rap.
porté à des ignorans. Il s'ccoic
persuadé que l'exemplaire de fes
ouvrases qu'jl avoit eu par Amé<
lius etoit corrompu, parce qu'il 3.<
n'étoit pas encore accoutumé au
~:yle de ce Philofophe: cependant
C quelqu'un avoic les ouvrages
de Plodn dans leur purecc, c'é-
toit cercainemencAmëlius, qui les
avoit copies fur les Originaux
tnêmes~ j ajouterai encore ce que
Longin a dit dans ce même Ou-
vrage, de Plotin., d'Amëlius
des autres Philofophes de fb
tems afin que l'on foit plus au
1,
fait de ce que penfoit ce grand
Critique. Le Livre a pour tiere
de la fin contre Plotin & Gen"
tilianus Amélius. En voici le co'~<
mencement. M II y a eu Mar.
MceIIus plufieurs Philofophes
de notre tems & fur-touc
M dans notre jeuneGë. Il eft inu-
M
nie de nous plaindre du petic
M
nombre qu'il y en a prëfcnie~
M ment
mais lorfque nous étions
M jeunes,
plufieurs perfonnes s'ë-
M toient
acquifes de la réputation
~dans la Philofophie. Nous
M les avons tous vûs parce que
nous avons voyagé de bonne
heure avec nos peres qui nous
ont menés chez un grand nom~
bre de nations & dans plu-
Ceurs villes. Parmi ces Philofo-
M
phes, les uns ont laiCX leur
do&riac par écrit dans le de&
M~ernd'être utiles a lapo~érité~
les autres o~t crd qu'il leur ~u&-
M foie d'expliquer leurs fentimcn~
M i leurs difciples. Du nombre des~
M premiers étoient les Plaïoni-
ciens, Euciide~Dëmocrîte~Pro~
M
elinus qui habitoic dans !aTroa<
de, Plotin 6e fon ami Gencî~
3- lianus Amélius qui font éca~
i
bits préfentemenr Rome le&
Stoïciens Thcmidocle Phë-
bien, & Annius & Médius, qui
"étoienc célébres il n'y a pas
long-tems 6c le Përip~técicien
Héliodore d'Alexandrie. Quant
à ceux qui n'onc pas jugé à pro<
~pos d'écrire, il faut placer Am.
momus ~Ongëne Platoniciens~
avec lefquels nous avons beau"
coup vécu & qui excelloienc
~encre tous les Philosophes de
leur tems, Théodoce & Eubule
i
fucceCcurs de Placon Athè.
nés. Si quelques-uns d'eux ont
M
écritcomme Origëne des dc<
M mons
Eubule des Commençai-
~res fur le Philebc~ ~urie Gor.
M
gias des remarques fur ce qu'A-
riAocc a écrit contre la R.ëpu~-
blique de Platon ces ouvrai
1,
ges ne font pas auez conCdë-
<
rables,pour que lesAuteurs pui~.
» fcnc être mis au rang de ceux
qui ont fait leur principale oc~
~cupation d'ccnre car ce n'e~
que par occafion qu'ils ont fait
ces petits ouvrages. Les Stoï<
ciens, Ermine LyGmache
Athénée & Mufonius qui ont
M vécu a Athènes, les Péripaté.

ri ticiens Ammomus & Mufb<


nius les plus habiles entre tous
ceuxqui ont vécu de leur rems-,
16c fur tour Ammonius tous
M ces Philosophes n'ont fait au..
cun ouvrage fërieux<rl!s fe font
» contentés de compofer quel'
M que poëme ou quelque diCcrc~.
M tion, qui ont étë
conservés mat<
M
gré eux; car je ne crois pas qu'ils
M eurent voulu être connus de la
M poAcncé Gmplement par
de fi
M petits livres puifqu'ils avoient
ncg)Igë de nous communiquer
~leur do~rinedans des Ouvra-
ges plus férieux. De ceux qui
M onc écrie, les uns n'ont raie que
recueillir ou tranfcrire ce que
M les Anciens nous ont laiCe. De
M ce nombre font
E~citde D~-
M
mocnce & Proclinus les au<
M tres
fe font contentés de tirer
M diverses chofes des anciennes

M
hiAoires~ qu'ils ont comparées
M avec ce
qui fe palloit de leur
» cems.C'eO: ce qu'ont raic~Annms
M Médius 6e Pitëbion.Ce dernier a

M
cherché à fe rendre recomman"
M dable plûtôt par le ~yle que par
M les chofes. On peut ajouter à

» ceux-ci Héliodore qui n'a rien


» mis dans décrits, que ce qui
» avoit été dit par les Anciens
M dans leurs leçons.
Maisplotin
M
Gencilianus Amétius ont rem-
M
p!i leurs écrits d'un grand nom-
M bre de queflions, qu'ils ont trai-
tées avec exadicude, &e d'une
façon qui leur eft GnguHére.PIo"
tin a expliqué les principes de
Pychagore & de Platon plus
w
clairement, que ceux qui l'onc
-précédé; car ni Numénius,nî
Cronius, ni Moderatus, ni Thra*
ûllc n'approchent pas a bean<
<* coup près de f'exa~itude de P!o3
cin. Amétius a cherche a mar-
cher fur fes traces.Il a fuivi plu.
Seurs de fes fcntimens. Mais il
eft beaucoup plus prolixe dans
~s explications de forte que
Aytes~i~ërens.Nous
<' ce (onr des
avon$ crû que leurs feu!~ Ou-
M vrages
mëritoienc une atcen-
» tion parciculiëre car pourquoi
prendroit-on la peine d'exarnî-
ner ceux, qui copiant les Ou~-
vrages des autres, n'y ont rien
ajouté ,&conte~tant de ramaC.
(ër ce qui e(t ëpars ailtecrs, <ans
même s'cmbarrailer du choix?
y. Nous avons agi de la même
ra~on que Gentilianus en a ag!
a l'égard de Phton, qu'il con-
tredic a~.&jet de la juMce.Nous
avons examiné ce que Plocin
récrie fur les idées. Nous avons
y, réfuté notre ami commun te
wJ~~ (~) du pays de Tyr. Il s'efï

(~) Porphyre.
~Beaucoup occupé à imirer P!o<
tin. Il a entrepris de faire voir,
que fon fentiment fur les idées
reçoit préfër~ble a u nccre Se
nous lui avons prouvé qu'il avoit
eu tort de changer de Doctri-
,~ne. Nous avons examiné p!u<.
neurs dogmes de ces Phitofb-
phes dans la Lettre- à Amëlius,
qui e(t auH! gi'ande qu'un Livre.
Nous y répondons a une Lei<
tre qu'il nous avoit envoyée de
R.ome & qui avoic pour cicre
de la façon d-e philofopher de
Plotin. Pour nous y nous nous
fommes contentés. de donner
pour titre à notre Ouvrageie
M
Epitre à Amélius. c<
XXI. Longin avoue dans ce
que nous venons de voir, que Plo..
tin &: Amélius l'emportent fur
tous les Philofophes de leur tems
parle grand nombre de quêtions
qu'ils propofenc 6~ qu'ils onr
wne manière de phitofbpher, qut
leur eft particulière que PIorhl
ne s'éroit point approprié les ~en<
timens de Numënius qu'il avofc
à la vérité pro6cé des Ouvrages
des Pythagoriciens enfin qu'il
ecoic.plus ëxa< que Numënius,
que Cronius que Thrafille.
Après avoir dit qu'AmëHus fui-
voit les traces de Plotin mais
qu'il ëcoïc trop ë~eïrdu dans fes
explications ce qui faifoit la dif<
férence de leur Ayle il parle de
moi qui depuis peu avois acquis
la connot~ancc de Plotin, & dit
notre ami commun le Roi qui
eft Tyrien d'origine compo-
? pluueurs Ouvrages dans le goût
de Plotin. Il déclare par-là que
~'ai'évkë les longueurs peuph!<
îotbphiques d'Amétius~ pour imL-
ter te tour de Plotin. Le jugemenc
de ce premIerCrinque de nosjours
~umc~ pour faire voir ce qu'il &.uc
pcnfer de Plotin. Si j'eune pu aller
ToirÏ.ongin lorsqu'il m'en prioi~
il eut point fait de réponfe avant
que d'avoir fait un nouvel exa-
men de (es fentimëns.
X X I I. Mais s'il~: befoin de
rapporter ici le jugement des Sa..
ges. Qui eft plus fage. ou plus
vcridique qu'Apollon ? Amelius
çonfulta ce Dieu pour favoir
ce qu'étoit devenue l'ame de PIo-
tin & voici la réponfe que fie
celui qui avoit prononce que So-
crare étok le plus ~age de tous
les hommes. ,Je chante une hym.
~ne immor~He pour un excel-
lent ami. Je veux tirer de ma
~guitarre des fbns admirables.
j'invoque les MuM\a6nqu'eI~
Jes joignent l'harmonie de leu.rs
voix a mes ïbns comme elles
Srent lorsqu'elles aiderent Ho~
mère à chanter la colère d'A<
chilleôe desDieux.SacréChœur
des Mufës chantons tous en.
Semble Je ~erai au milieu de
~vous Génie qui cciez homm~
& qui préfente.
auparavant
~menc êces dans l'ordre Divin
des Génies de puis que vous
r êtes délivré deschaînes ducorps
du tumulte des membres.
Se
Vous vous êtes livré à la fageiïë;
vous avez abandonné les mc<
ch~ns, afin que votre âme ref-
câc toujours pure. Vous avez
adonne la. préférence à cette
voie où brille la clarté Divi..
~vine, où régne la junice. Lcrf.
que vous raiïiez des efforts, pouf
vous échapper de ce torrent d'a<
~mertume de cette vie terrcf-
tre, de cet état de vertige lorC.
"que vous ''ciez au milieu des
"flots &: des tempêtes les Dieux
vous ont fait fouvenc paroitre
des ~gnaux pour éclairer vo-
cre ame dans ces routes tortueu-
fes, & pour la conduire dans le
,) vrai chemin dans la voie éter-
,) nelle. Ils vous frappoient de
w Mquensrayons de Iumiére,pour
,,vous éclairer au milieu des ce"
~nëbres. Auu! uc vous livriez~
vous pas au fommeil & lorf.
,,que vous cherchiez à Fëloigner
au milieu des Hors, vous avez
dëcouverc des chofes .~dmir~
blés qu'il n'eft: p~s facile de
), voir & qui ont même échappé
~a ceux qui ont recherché la fa-
~gcCë.Prë&ncemencquevous êtes
dégagé d~Fenveloppe du corps,
vous avez été admis dans rat-
Semblée des eiprics. Ceû-Ia qu~
fë trouvent Famine, les ~ëHr~
agréables toujours accompag.
uës d'une jpie pure. Là on fe raC.
$, &Ce d'Ambroine on n'eA oo-
~cupë qu'a aimer: on refpire l'air
cranquiHe de l'âge d'or. C'eH-U
qu'habicenc les freres Minos
6c Khadamante le juAeEaque,
~PIacon~Pychagore; en un mot
tous ceux qui & font livrés à 1'~
mour des biens éternels; ils font
~prëfëncemenc dans la claiïe des
heureux gcnies. Leur ame jouit
d'une joie continuelle au milieu
»des fêtes. Vous, après avoir li.
vrë une infinité de combats,
vous êtes parvenu au féjour des
fages génies où votre bonheur
fera durable. Finitions Mufes,
cette hymne faite en l'honneur
de Plocin. Voilà ce que ma gui-
tarre avoic à dire de ce bien-
heureux.
XXIII. L'Oracle que nous
venons d'entendre a décidé que
Plotin doit bon, d'une grande
douceur 6~ d~unc fbcijete très.
agréable 0~ c'eA ce que nous
avons va par nous même dans
le tems que nous avons vécu avec
lui. Apollon nous apprend auHI
que ce Philofophe dormoic peu
que fon ame étoit pure, qu'il étoic
toujours occupé de la Divinité
qu'il aimoit de tout fon coeur,
qu'il déSroit avec empreGcmenc
de fortir de ce fiécle corrompu.
Eclaitc ~infl ~'unç lumiére Di~
vine
'VIne
vine il ne cherchoic qu'a s'éle-
ver vers l'être ûiprême par' les
voies dont Platon fait mention
dans fon Banquet. Au~ Dieu lui
apparut-il, il eut la commu-
nication intime de cet Etre fuprê-
me, qui eft fans Sgure, donc l'on
ne peut pas donner la repréîen~
tation & qui enfin e~: incompré.
henuble. J'ai été aCez heureux
pour m'approcher une fois en ma.
vie de ce Divin Etre & pour m'y
unir. J'avois pour lors îbixance
& huic ans. C'écoic cette union
qui faifoit'tout l'objet des déCrs
de Plotin. Il eut quatre fois cet.
te Divine jouMance pendant que
je demeuroi~ avec lui. Ce qui fe
paNë pour lors e0: ineSabIe~
1,
Les Dieux réclairoienc & le di.
ngeoiënC) lorsqu'il s'ecartoic de
la vraie voie..L'Oracle nous fait
entendre qu'il ne compofoic fes
Ouvrage qu'en rëC~chinanc fur
ce que fes Dieux lui faifoient voir..
Les fpëculatioas humaines onc.
leur avantage. Mais quelle diC.
rance n'y a.c-i) pas de-là à.la con-.
noi~ance des Dieux ( )
XXV. Telle eft la vie de PIo-
tin. 11 m~voic charge de l'ar-r
rangemenc de la révifion de-
fes Ouvrages. Je lui promis
à tes amis d'y rravaiHer Je ne
Jugeai pas a propos de les raa<
ger confu~cmenc fuivant !'or~
drc du tems qu'ils avoient ccc'
publies: j'ai imicéApoHodore d'A-
thènes, & Andronique le Péri*
paccdcien. Le premier a recueiL.
!i en dix Tomes ce qu'a faie:
Epicban~e le Comique 6c
l'autre a mis de fuite les Ou~
vrages d'Ariftore & de Theo~

( On omet le refte de ce Chapitre, par-


<! )
<e que ce n'ei que Ix répétition de rOjraci~
<TApoUoc.
ptirafie fur le même fujer. J'ai
parcage les cinquante-quatre LL
vres de Plotin en fix Enneades
en l'honneur de~ nombres fix $c
neuf. J'ai mis dans chaque En-
neade les Livres qui font fur la
même matiére 8c toujours à 1~
e6ie ceux qui font les plus faci~
les à entendre. ( a ) Nous y avons-
joint par-ci par-la quelques Gom~
menraires pour fatisfaire nos
amis, qui cco~eni perfuadcs qu'il
y avoir qudquey cndroics qui
avoient befbin d'êcrc ëclaircis.
Nous .avons mis de~ Châpicres,
où nous avons expliqué le cems
dans lequel chacun de ces Livres
a été publié excepté au Traité
du Beau, parce que nous n'avions
pas de connoiuancc de l'époque

('<) On trouve enfuie dans Porphyre l'or<


~re & les titres des cinquante Livres de Plo-
<in. Nous les avons omit ici parce qu'on
Rem les voir plus bau:~
<*
ou ce Livre vit lejoar nous mcc~
trons des points par tour. S'H y
a quetque faute de didion nou~
1~ corrigerons. On peut voir, en-
lifant les Livres, que nous a. vous
fait tout ce que nous avons pd
pour leur donner toute la per<
~e~ion pouibic.
DISSERTATION
SUR 1/E'XISTENCE
DES GENIES.
~i? ~j~
D~M
~M~ ~J
d~ /~y
<??

PMc/c~~y~
c~ p~M/?.
E que Porphyre dit de~
Génies, nou~ a paru de<
mander un €~la.M'ciue-
ment & nous avons crû
que le Le~ur verroit avec quel-
que pl~i~r les diverfM idées de&
hommes a cefujei~
Cf ~7f~~
~f~
L'cxi&en~ <îes ~ge~~ot~~o~
<
dogme rc<;û prefquc gëneraie-
rnent chez cous iesjmfs. Lestées
Saducéens contredifoieû~ cecce"
dod~me~ enni~nt qu'il y câtde~
Efprits (~), ce qui doit p,iroï<
~rës nogulier~ puisque les Li-
tre
vres facrés de l'ancien TeAa.
ment & même le Pentâceuque
iuppo~enc en une infinie d'en~
droits qu'il y a des Anges. L~
premiëre efpéce dont it foh: par-
le dans l'Ecriture~ e~ celi~ de~
Chérubins. Dieu en avoit place
un àd'encrce du Paradis cerre~rc
(~) pour garder l'arbre de vie
après la dcfobéiHantedu~premier
pere. Le Prophécc Ezëcbielîup~
po(ë (~) qu'ils avoient des ailes.
(«) AA. c. i~. v. 8.
(~) GeneC c. ~v. t~.
(~);E~ch~c. 10. v. & 10~
tes Commentateurs qui ont faic
M description de la ngure de$
Chérubins( ) ont moins confui--
ce rEcricure que leur propre ima~
gination: aanien onc ils raie des
montres. Ils ont crû qu'ils ce<
~oienc de rhonTme~ de F~gte~ du
bœuf& du lion. Ils ~vorenc, di-r
&nc-ils, !e vi~ge de l'homme~
le dos couvert d'un grand poiiu
comme celui de la crinière d'un
Hon, les cuiues oc les pteds de
veau &e !e corp~ couvert de
quacne grandes aitës: d'auere~~
IbsoRcdëpeinrs comme un hom-
me, dans I& t&ce duquel o~
Toyoiriarace de l'homme, d~
bœuf & du lion de trois côccs y
un aig)e place fur un cafque
qui couvroic cette têce~ trois ra~
ces. Entre Se derrière les épaules
on voyoit quatre grandes a~tes,
deux de chaque côte. Cette ngu-
re avoit quelque rapporc aa

(<ï) V. CalmetftM la Geneiec.


Sphinx ce qui a fait croire~ ?J
Ciëmenc d'Atexandrie que k
Sphinx. des Egyptiens étoit une
imitation du Chérubin des Hé-
breux. Le Prophète Ifaie parle
de ces efprits ( ) il a~ûre que
Dieu eft aun ~ur les Chérubins il
fait auui mention des Séraphins
Se c'eft le feul des Ecrivains Nacres
qui en dife quelque chofe;, il les
dépeint ( ) comme ayant fix aî-
les. Nous voyons dans les Pfeau-
ïnes, quil y a un ordre de fubf-
tances fpirituelles appellées Ver.
tus (f) ~qui fervent de minières
l'ccre éternel.
Le nom le plus communément
donné à ce genre de créatures y
eA celui d'Ange~ qui dans fbn ori-
gine fignifie député ou mena~
ger. L'auteur de la Genèfe qui
(a) Itai.
c. :t7. v.i~.
(~) C. v. s.
(~) BeneJicite Domino omne< vïrtutM
ems, mint~n ejus, qui &cid~ voluctatem ejos.
P~ tOt~V. M.
fuppofe l'exigence de ces efprits~
n a pas jugé a propos de parler
du tems de leur création; ce qui
a été l'occaûon de plufieurs con-
jectures frivoles pour les Com-
mentateurs, qui ~e croyent dans
l'obligation de deviner ce que
FAuceur qu'ils interprëcenc taiC
ïë dans l'obfcuricë. Les Peres
Grecs & Latins qui ont précédé
Saint Auguftin ont enseigne ( )
que les Anges furent créés avant
le monde & ils fe fondent fur
le pauage de Job, ( ) qui dit que
les fils de Dieu louoie.nt l'Eternel
avec les affres du matin, lorfqu'il
pofoit les fondemens de la terre.
Saint Augu~in fuivi en cela du
plus grand nombre des Incerpré~
ces, a cru que les Anges avoient été
créés le premier jour avec 1~ lu.

(«) Petau
7.
~4~c/. L
CMïimant.GeneC c. 1.
~) Job. c.;8.T.
ï. c. i;. Calmer

99
miére. Origene a prétendu~ que
fous le nom d'eaux fupérieures
que FEcricure place au deuus du
Firmament, & que le Prophéte
invite à louer le Seigneur, il ne
falloit point entendre des eaux
réelles, mais les efprirs bien-heu..
reux, 3e que les eaux inférieures
qui font placées dans les a.bîmes
n'écoienc autre chofë que les Dé.
mons; mais ces allégories ont
tjrouvé peu de parcitans. Ce qui
eA con tant par l'Ecriture c'eA
qu'il y a un grand nombre d'ef-
pries mcchans~ dont la principale
fbncHon eH depcriccucerles hom..
mes, & de les induire en tentation
(~). Ils n'étoient pas mcchans
dans t'origine mais ayant voulu.
fe rendre in dépendons de l'Ecrc
fuprême, ils font reftés dans cet
écathabicuel demecbancecé. Le

(.~) Job. c. i. v. t~. EclcHa~nec. 3?.v*


33'~ 34.
tems qui a précède leur &po~a-
Ce\ n'ett point exprimé dans l'E<
criture.SainrAugufUna crû qu'ils
avoient pèche le jour même de
leur création. La preuve qu'il en
donne n'cA pas défnonftrative.
It fe fonde fur ces paroles de la
Genëfë y~
il la lamiére des
~M~~ c'eft-a-dire, que &!oa
ce Père, Dieu fépara les bony
Anges d'avec les mauvais. On ne
trouve le nom ni d'aucun Ange,
?1 d'aucun Diable dans les Livres
écrits avant la captivkë car le
~rnM de Sara~ qui répond à ce-
lui d'adversaire, cara~ërifë ptû-
t~c les fondions du chef des mau-
vais efprics, qu'il ne le défigne
par fon vrai nom c'eft ce qui a.
fait dire aux Juifs dans le Tal-
mud de Jëruiatem~ que c'ëcoit à
Babytone ~ue leurs peres avoient
appris les noms des Anges (~
(~) Nomina angcioniunatcendifïe cumjn-
= Tr1,
Les Livres facrés écrits depuis la
deArudion de la Monarchie des
Juifs nous apprennent les noms
de quelques Anges. Daniel (a)
parle de Michel & de Gabriel. >.
Il fuppofe que Gabriel avoit des
aîles. Raphael eft le h~ros d~
Livre de Tobie (~) il triomphe
d'A~modëe il le fai~ic ô~ Fen~
chaîne dans les déferrs de la hau-
te Egypte. C'e~ lui qui prc&nce
e
prier de Tpbie; &
a Dieu les prières ble;'
il eft un des fept esprits qui fbnc
toujours devant le Seigneur (~~
II ~e& fait mention d'Uriel & de
Jeremiel dans le qu~tripme Li-
vre d'Efdras mais ce Livre n'e&
pas canonique.
Le premier nom propre de
diable que nous linons dans rE-~

deis ex Babylom~'HiAona vêt. Per~arum,Hyi3~


c.io.p.~7;.
( ~) il.
Daniel c. 9. v.
(~)Tobiec.8.v.3.c. n.v.n.&ï~t
(c) Appcalypfc c.i.v.
cricure~ eft celui d'Afmodée, dont
il eft parlé dans le Livre de To-
bie (~) en expliquant auez
ôc
naturellement ce qui eft dans cet
Ovrage, on pourroit penfer que
le Diable eft fufceptibte d'~mouc
~c de jâlouHe il tmbte que ce
,font ces palions qui décermine-'
rent A~modée àcuer les fept pre-
miers maris de S ara. Il eA parlé
dans ce même Livre (b) d'une
recette, pour mec<:re en fuite tous
les démons. Elle confiftoit à mec~
tre fur des charbons une partie
du cœur d'un gros poinbn qui
malheureufemenc n'eA pas nom-
me. La fumée étoignoic les mau.
vais eïprics.La mufique produifoit
auSi ces mêmes effets & le Roi
Saül y avoic recours, pour erre
foulagé lorfqu'it étoit tourmen.

(a)Tobie c. 3. v.8.
(~) Tobie c. 6'. v. i9.
té par le mauvais efprit (~). C'ë<.
toit une opinion re~uc chez Jes
Juifs, que iesD'abIes avoienc parp
à tous les malheurs qui a6H-
geoienc les hommes. Ils croyoiertt
que la plupart des maladies de-
voient être ~ribuëcs a l'opéra~
tion des démons its pentoienc
que quelques-uns de ces efpric~
préfidoient aux maladies du jour,
& d'aucres à celles de la nuit. Ils
ne doutoient pas que David ne
iuppofac cette domine l'orfqu'il
parle du démon du midi (~).
M~is S le genre humain de~
ennemis terribles dans la perfon~.
ne de$ mauvais e~prics, il a auE
de puiCans prote~eurs dans les
Anges, dbnt les fondions ~bm d~
veiUer fur la conduite des gens dc~
bien~ de les fecourir c'ett c~
que David fupDo~c lorsqu'il con-

(<t) Reg.L. ï.c.ï6. v. ~3


( ) PIcatmie ~o. V. îc P. C~Ime~
foie ceux qui font dans l'oppref~
fion par l'efpërance du fecours
des Anges (a).
Ces bienheureux efprits non<
feulement onc foin des particu.
liers mais auni H y en a de pré-
pofés pour veiller fur toute une
nation. Il eft parlé dans le Pro~.
phëce Daniel de l'Ange des Per-
ïës & de t'Angc des Grecs ( ).
Michel eA nomme le prote<~eur
du peuple d'Ifract. Quoique ces
créatures ne fuCënt occupées qu'à.
faire du bien aux hommes, on
craignoit cependant de les apper-
cevoir~ dans la perfuaCon oùron
étoit que l'on ne pouvoit pas voir
un Ange fans courir rifque de la
mort ce qui a fait dire à Gë-
deon malheur à moi, j'ai vd
l'Ange du Seigneur face à face

( Immittet angelus Domini in circuitH


<! )
omentium eum, &enpieteos. )3. v. 8.
(~ ) Daniel c. io. v. i ~o. 11.
<
( ~) Les anges, quoique pursef-
prits, font prefque toujours re.
présences dans l'ancien Te~a<
mène, comme ayant des corps, 6~
paroiffant faire des fondions cor-
poreHes. On les voit manger chez
le Pacriarche Abraham (~). Le
Prophéce Michée nous fait en~
tendre que ie nombre de ces eC.
pries eA très-grand (r),torfqu'tl
aŒIre qu'il a vû le Seigneur (ur
fon thrône & toute l'armée des
Cieux à fa droite S( à fa gau-
che.
Le nouveau Teftament entre
dans un plus grand détail de la
haine dont le démon eft animé
contre les hommes. On y voit que
Je~us-ChrM: même ne fuc pas à
l'abri de la témérité de FAnge
Tencaceur. Cec efprit rebel<

(a) Juges c. ~.v.il.


(b) GeneCe c. 18. v. 9.
(f)Roisi.c.n.v. t?.
(d) Matth. c.
le tente le Sauveur dans le dé-
fert. Il le tranfporte fur le pi-
nacle du Temple enfuite fur
une montagne très haute 1,
d'où lui ayant montré tous tes
Royaumes de la Terre il lui
dit ( ~) je vous donnerai tous
ces écats avec leur magnificence,
parce qu'ils m'ont été livrés &
que je les donne à qui je veux
fi vous m'adorez. S. Pierre aûu<
rc ( ) que le Diable femblable a
un Lion rugiGanc, n'eA occupé
qu'à chercher à dévorer les hom-
mes. Ces efprits impurs non con.
tens de tourmenter le genre hu-
main, entrent auCi dans les corps
des animaux. Ils vont quelque-
fois & promener dans des lieux
arides, fans pouvoir trouver de
repos (c). Leur demeure ordinai.

~)Luc4.v. &
(t)Epit.ï.c.v.8.
(c) Matt. 8. v. 31. Marc v. ire Luc!.
y'3~'
re eft l'Enfer d'ou ils ne (brceot
que torique Dieu leur permet
d'aller tenter tes hommes car
S. Fierre & S. Jude ~uurenc («)
que les Anges rebelles furent pré-
cipités dans le Tartare pour~
être punis }ufqu'~u jour du juge-
ment. Le Chef des Démons ccoic
connu chez les Juifs fous le nom
de. Béelzebut (b).
Si l'Ecriture nous apprend que
le<s hommes ont de cruels enne~.
mis dans les ~n~es rebelles elle
prouve auffi qu'ils ont de puif-
fans amis dans les bons An.
ges. C'écoit une opinion reçue
con~âmmenc chez les Juifs, que
chaque )erfbnne avoir un Ange
pouri.e< irigcr. Jeïus-Chri~ t'au-
torife~ orfqu'U dit (f) nemé-
priiez .Lucun dé ces petits par.

(a) i. Petr. cz. v. t' Jud. v. 6.


(b) Matthieu 11. v. 14.. Mate V. tt. Luc
Ïï.V.If.
(c) Matthieu il. v. 10.
ce- que leurs Anges voyent tou.
jours la face de mon pere qui
eft dans les Cieux. Lorfque Kho~
de vint dire à t aHernblëe ( ) qui
ccoic dans la maison de Marie
mere de ~ean Marc, que S. Pier-
re que l'on croyoit êcre en prifon,s
avoit rrappé à la parce on ne
voulait pas la croire chacun di.
fuit c~fi: p!ûrôc fon ange.
J. C. nous a. appris quelles
feront les fonctions des anges à
la. confommation des Sectes. Ce
&nceux qui (bnneroncde la crom<
.pette pour affembler les Etds.
Us fepareronc les bons d'avec les
mcchans dans le jugement der-
nier ils enverront ceux ci
dans l'ëcang de feu ~~JL Nous
bavons au(E par J. C. qu'il y a.
une nombreuse quantité d'Anges;i
car il affûre (~) qu'îi eA le maî<

(~)A~esit.V.Ï~.
~) Matthieu 14. v. 31. & 13. V.4~' & ~0.
(~ Mat.:6.v. ~3.
3~ D~f~~
tre de prier fon Père y qui enve~
roic à ion fecours plus de douze
légions d'anges.
S. Paul eit celui de tous les
Ecrivains facrés qui~ous inftruit
le plus en détail des différens
ordres des efprits céle~es ( <%).
Maimonide croyoit à la vérité
;avoir découvert dans l'ancienTeC.
tament dix efpéces différentes
d'efprits. Mais S. Paul s'eft ex-
pliqué plus clairemenc. Il parle
des Principaucés des PuiSances,
des Vercus~ des Dominations, des
Trôner des Archanges (~)~ S.
Jérôme examine d'où l'Apôtre a
tiré ces connoi~Ïances. Il prétend
que c'eft dans les traditions des
Hébreux. S. ChryMome aURre
(~) que rEcricure ne nous a pas

(~) Petau de Ang. 1. t. c. i.


(~ Ephef: i. v. ti. CoUo~ ï. v. ~.TheaU.
I. C. 4. v. ï~.
(c~ Pe~n ~n.
rëvclc tous les différens ordres
d'Acges qui ëxiH:oient~
-Dans la fuite des tems
di&ingué les fuMances céie&es
on
endiSerens Ghced~. Cette diMn-
~ion ~e trouve pour la première
fois dans les Livres attribués à
Saint Denis i'Aréopagice, & el-
le a été adoptée par Saint Gré-
goire le Grand. C'c(t donc d'à-
près eux que les Théologiens en-
seignent ( ), qu'il y a trois Hié-
rarchies d'Anges, trois ordres
d'Hiérarchies~ voici comment
ils les rangent les Séraphins~
les Chérubins les Trônes les
1
Dominations, les Vertus, les PuiC.
tances, les Principautés, les Ar.
changes~ les Anges. Les Grecs
célèbrent (~) encore à prêtent la
fêtp des neufs Ordres des Anges
le 8. Novembre on lit dans

(«) S.Thomas i. p. qnx~ 18. art.


~) Cangii Con~a. Chrif. 1. 4. i~ 9,
leur Ménologe ( ), que Samaez
un des Chefs des Anges fë rcvoL
ta contre Dieu qu'après cette
rebellion il fut appellé le Diable,
& que c'étoit Michel qui ccoic
à la tête des bons Anges.
IL P/~M~ Peres -des ~r~M~
ont que les Anges avoient
des foypj.

Quoique les Peres des premiers


Cèdes donnauent beaucoup dans
raHëgorie, ils prenoienc iou~enc
trop à la lettre des paffages de
l'Ecriture que nous croyons en
fuivanc le fentiment de l'Eglife
devoir inrerprécer diSerentmenc
qu'eux..Neconfulcanc que le fens-
apparenc du texte facré, ik
toient perfuadés que les. Anges ÔC
les démon*! avoient des corps.

(a) MenoL gHccum~ptè: Ughe~ius T, p.


s. Ju(Hn parle de la nature de
ces êtres (~) comme s'ils euffenc
ccc desfubftances irès-fubciles,
mais non abfbiument fpirituelles
Se incorporelles. C'eA pourquoi
il leur attribue des avions, qui
ne peuvent fe faire fans corps.
Car il dit que quelques Anges
ayant recû de Dieu le gouver-
nement du monde y~e rendirent
bien-toc prévaricateurs de la Loi
~e que par le commerce qu'ils
eurent avec les filles des hom~
mes e ils engendrèrent les êtres
que nous appelions les démons.
Cette opinion paue aujourd'hui
pourridicule & infoutenablé.mais
elle n'étoit point extraordinaire
dans ces premiers nécles.Eneécoic
appuyée, dit M. de Ttllemont~ fur
le fens mal entendu de l'Ecriture
felon laverfion des Septante, a qui
i'pn rendoit alors plus de refpe<~

M TiUem. art. XVIII. T. p.


& de déférence ( a ) qu'au texte
Hébreu. S. JufHn a trouve beau.
coup d'Auteurs célèbres, & les
plus grands efprits d'entre les
Peres qui l'ont fuivi dans la pen..
fée qu'il avoit touchant la natu-
re des Anges. JufHn croyoit auui
que lesAnges ie nourriffoient dans
1~ Ciel. Il le prouve
par les pa(-
fages de l'Ecriture dans lefquels
il eft parlé du pain des Anges. C'é-
toit auui une opinion commune
dans l.es premiers fiécles (b) que les
démons fe nourriitoient du fang
des VicUmes que l'on facrinoit.
Parmi les rêveries d'Origène,
qui ont été condamnées dans le
cinquième Concile il y en a
plufieurs qui ont rapport a
dodrine fur les Anges. Il crcyoic
(~) que toutes les efpéces fpiri-.
(a) Petau Je Angelis, I. 3. c. 1.1.1. c. i.
(~) Petau 1. 3. c. t. Spencer 1.1. c. 3. DiHef.
tn ad. p. 4~1.
(c) Harduin com. T. 3. Fabri Bib. Gfxca T.
XI.p.~p.&~o,~
tuelles étoient égales dans leur
origine que leur différence n'é-
toit caufée que par la différen.
ce de leurs corps que les Anges
& les Archanges devenoient ames,
enfuire Anges ou démons. Les
corps que les Peres donnoient à
ces êtres étoient beaucoup plus
légers que ceux des hommes
aiou que dit Cauien(~).
Lodque l'on trouve dans
les Anciens que <Jes Anges ou
les démons font incorporels il
n'en faut pas conclure qu'ils les
croyoient des iuMances parra!<
temenc fpirituelles le terme-d'in.
corporel chez les Anciens n'ex-
cluoit ordinairement que les
corps groffiers. C'eA ce qui eft
clairement exprimé dans les fra-

( a ) Habent enim fecundum fe corpus qoo


iubC&unt, licet multo tenuius quàm nos. Caf-
~en Cçllat. y. CXIII. p, 4~,
gmens de Théodore qui ~c~
voit ainS dans le fecond Cède
de l'Eglife (<<) < on dit que les
«démons font incorporels. Ce
c n'eA pas qu'ils n'ayent point de
« corps car ils ont une figure
< par
laquelle ils font fufcepnblc~
« de punicion mais c'eft par com~
« paraifon avec les autres corps y
« auprès dèfquels ils ne {ont que
«comme des ombres. Les Ang.es
« ont des corps puisqu'ils font
«viubles L'âme même eQ:
corperelle Les Mahomëtan&
croyent au9i (~} que les Anges
les Diables font revêtus d'un
corps de feu s 8c la différence
qu'ils mettent entre les bons &
les mauvais Anges ~c'cA que le
feu qui compofe le corps du dia<
blé, eft empoifbnne.9

TheocL Eclogx Fabric. T.


(<ï)
p. ~44.
( ) PheiHen Thcologta Jud~ca~EptA. dédie.
n.
Les Anciens n'avoient point
d'idée exacte de la fpiritualité.
C'eft ce qui eft démontré par
la façon dont ils s'exprimoienc
au fujet de l'âme. S. Irenée a
avance que l'âme étoit un fouf-
Hc qu'elle n'écoic incorporelle
que par comparaifon avec les
corps gro~Eers (~) ce qui a fait
avouer auPercMaNuec ( ~), q~e
fon ne pouvoic pas nier que Saine
Irenée ne fe fût écarté de la vraie
Théologie 6e de la vraie Philo-
fophie dans ce qu'il a écrit fur
la nature de l'ame. Tertullien
fuppofe dans tous fes Ouvrages
que l'âme eft corporelle. II en~
treprend de le prouver dans un
traité particulier (f):il croit que

( <ï ) Flatus e& enim vnae fed incorporables


animx quantum ad comparationem mortalium
corporum. Ircnéel. c. 7. p. ~oo. 1.1. c.
p. ï~
(~) ProÏegom. p 1~1.
(c) De anima c. 7. 9. & ~ï"
<~ <.
c'e& la Do~rine de l'Ecricure. IÏ
enieigne que la figure de Famé
eft femblable à celle du corps i
& dans définition qu'il en don.
ne, H y fait entrer qu'elle eft
corporelte, qu'etle a une ngu~
re ) corporalem ~M~. Tatien
aCure (<?) qu'H y a pfuueurs par<
ties dans l~ame, & qu'elle 0~: cor<
porelle. S. Hilaire prétend ( )
que tout ce qui ett créë~fbk in~
telligent foit d'une autre nacu~
re e& corporel. S. Ambroife en-
seigne (f) qu'il n'y a que la Sain~
te Trinicé exempte de compofL.
tion maténeHe. Cauien & Gen-
nadius auûrenc (~ que Dieu teul

(a) Tatianus adver. Grasco~ p. i; y.


(b) Nam & animarum fpecies 6ve attinen-
tium corpora five corporibus exulantium,
corpoream tamen nattH'a' fux fubûantiam fbr-
tiuhrur. Hilarius in Matth. p. 6 3~.
( c ) Ambros. de AbraRam 1. z. c. <.n.
p. 338.
(~) Ca~en coll. 7. CXIII. GennadMïs de
Ecclef. dogm. c. XI.
eft incorporel. Méchodius &Fauf-
te de Riez (~) qui a ëcé réfuté
par Claudien Mammerc, ont fou.
tenu que l'ame écoit corporctie.
Ces idées doivent nous Mire ex-
cufer plus facilement les Sadu-
céens & les ECcniens, dont le
1.
CAême étoit que l'âme étoic com-
potée d'un air très -pur & trè~.
ïubdl ( ). On peut cependane
incerprécer favorablement les er..
reurs apparentes, du moins de
quelques-uns de ces hommes fi
célèbres quenous venons de nom.
mer, en les accufant umplemenc
de s'être mal exprimés; ils appela
loient corps génëratemenc roue
ce qui éxiAe. Ainfi Tertullien
donne un corps a Dieu même
quoiqu'ailleurs il écabliue fa urn~

( <! )-Méthodius dans Phothius cod. i~ p<0

(&) yoteph de bello Judaïco 1. i. c. îi. Por-


phyrius de ab~. 1. ~i). p.6t. Voyez aufft
1 HiAoïrc de la Philosophie 1-'ayenneT. i. p. a.7;.
plicicé parfaite. Le mot corps
alors ëto!c le mot oppofé à
néant. On ne peut nier cepen-
dant en particulier de ce Doc-
teur, qu'il n'ait crA Famé vrai-
ment corporelle après tout ce
qu'il a écrit pour le prouver.
III. R~ ~~w~rj~r~~
~?~
ques au fujet
intelligentes.

Les Hérétiques des premiers


"Cèdes ne (e -contenterent pas
de ce qu'ils avoien~ vu dans !'&.
criture fur les Anges. Ils débitè-
rent au fujet des intelligences de
ï! grandes abjfurdicés, qu'on au-
roit peine à le croire, fi elles n'c-
toient acceftées par lesauteurs les
plus graves. Simon le Magicien
pauë pour l'inventeur des Eon~
( a ) rendus fi célébres par les

(a) Tillem. T. i. art. Stmon p. 36.


Valenciniens. On croit que c'ë<
toit comme autant deperibnnes
dont ils compofoient leur piéni-y
tude &.leur divinité fanca(tique.
Simon en avoit huit au moins y
la profondeur le Ctence l'ef-
prie, la vérirë le verbe la1, vie,
l'homme, &~ l'Eg!i~e. II appelloit
Hëtene fa première intelligence.
C'ëcoicuneremme publique qu'il
menoit avec !ui 6c qu'il préten-
doit être l'Héléne d'Homère.
C'ëcoic par cette première ince!-
ligence, difoit-il qu'it avoit eu
d'abord dcNein de~crëcr tes An-
ges. Mais elle qui favoit la vo<
lontëde fon pere le prevint, &
engendra les Anges & les autres
puiCances fpirituelles auxqueL
les elle ne donna aucune con-
noit!ahce de fon père. Ce furent
ces Anges S: ces puiffances qui n-
rent le monde 6c les hommes.
Simon donnoit à cesAngcs divers
noms barbares qu'il invencoic 6e
dans la fuppoGcion qu'il y avoic
plùfieurs Cieux, H attribuoit cha-
que Ciel à un Ange. Ces Anges
ce voulant pas que l'on ~ut qu'ils
avoient été engendres avoient
retenu leur mère parmi eux. Ils
lui avoient fait toute forte d'où"
trages & de violences pour
l'empêcher de remonter version
pere. Ils l'avoient enfermée dans
des corps dercmmes, 6eencr'au<
tres dans celui d'Héléne femme
de Ménelas.
Ménandre qui avoic été di~ci~
le de Siqoon, prétendoit ( ) que
les Anges avoienr éte engendrés
par l'intelligence divine que
c'étoient eux qui avoient fait le
monde & le corps de l'homme
que pour lui il ëcoit. venu en qu~*
lité de Sauveur donner aux hom~
mes la ïcience & la moyen de
vaincre les Anges Ce
g Créateurs du
monde.
(«) Tillem. T. p. 4~.
Les GnofHques rcconnoiubienc
deux principes (~ l'un bon &c
rautre mauvais. Ils admeccoienc
httic dincrens Cieux, qui avoient
chacun un Prince pour le gou-
verner. Le Prince du feptiéme
étoit Sabaoc, c'eH: lui difoient.
ils qui a fait le Ciel & la. Ter<
re, & les fix derniers Cieux avec
ptuSeurs Anges. Ils le faifoient
Auteur de la Loi des Juifs ils di<
foient qu'il avoic la forme d'un
âne ou d'un cochon. Ils mettoient
dans le huitième Ciel leur Bar-
belo ou Barbero à qui its don.
noient des cheveux de femme
& qu'ils appelloient cancot le. pè-
re ) tancôc la mère de l'Univers.
On affûre que tous ceux d'entre
les hérétiques qui ont pris le
nom de GnoiHques~ dKUnguoienc
I tcCtcaccur l'
nivers du Dieu.
Créateur de l'Univers~ Dieu

<«) Tillem. p. 49. T. t.


qui s'cft faic conno!ere aux ho~
mes par fon fils.
Cërinchc ne croyoic p~Ls( ) que
Dieuruc FAuceur des Créatures,
H prëcendoic que le monde avoic
ccë faic par une vertu 6e p~f
une puiuance bien inférieure aux
êcrc~invi~bles qui n'avoit a.u~
cune communicâdon a,vec eux~
&: qui même n'~voic aucune con.
noiG~nce de Dieu. Tertutlien
Saine Epiphane, Saint AuguOrn
& Théodoret diïënc, qu'il a.ccri-:
buoit la création du monde
pluGeursAnges~ 8c à diverfes pui~
i
(âncesinfërieures. Il avoic fon Si-
lence, Profondeur~ PIëni-
tude, ptuueur~ êcresinviCbtes6c
inen~bles qu'il pkcoic au deuus
du Crëa~cur. 11 foutenoit que 1~
Loi & les Prophedes venoicnc
.des Anges que le Dieu des Juifs

~TiUem.p.;7.T.t<
~toit qu'un Ange 8~ que ce-
lui qui avoit donne la Loi~ étoit
un des Créateurs du: m~ndc
6e même un mauvais Ange,
rapport de Saint Epiphane.
Saturnin diMp~e de Mé~an~
dre enMgnoic (~) qu'iL y ~voic
un Pere Souverain, inconnu irouc
le mon~e, qui avoic -fait les -Anges
les Archanges, & les autres na~
t.ures fpirituelles & celles. Il
croyoit que tepc de ~es Anges
s'étoient &)uAfâit& à la puiNancc
du fbuverain Pere 6~ avoient
~réé le monde ~Ctouc ce qu'il
condent~ &ns'que .Dieu !e Pere-
e~eûtconnoM&ncc; q~eces An~
ges pou&doient chacun leur por-
tion du monde qu'ils étoient
Auteurs d'une pârcie des Prophé-
ties mais: que tes autres venoieiïe
de Satàn ~ennemi des Anges;

~Tiiem.T. t. p. 117.
Créateurs de l'Univers, & part!-
c~liëremenc du Dieu des Juifs,
qu'il difoit être auui un Ange
l'un des fept qui avoient créé
le monde. Il ajoutoit que Dieu
ayant faic paroître une image
toute briliânce, l'~yanc auffi.
toc retirée, tous les anges Créa..
tpurs ravis devoir vu cette im~
ge qui étoit difoient ils celle
de Dieu, s'.étoient auëmbles ~c
que pour imiter cette image, ils
avoient formé un homme, lequel
ne pouvoit que ramper fur terre
comme un ver~ jufqu'au tems que
Dieu en ayant eu compatEon
parce qu'il étoit fait à fon im~
ge lui avoit envoya une ccin~
celle de vie qui favoit anime
& l~voic dreffé fur fes pieds. Il
difoit que le Dieu des Juifs &:
tous les autres Princes Crcaceuys
du'monde s'ccoienc fbuteves con~
tre le Pere & que le Chrift fon
pils étoit venu s'oppofër eu~
"pour détruire le Dieu des Juifs,
&uvcr ceux des hommes qut
écoienc bons ~e perdre les me'"
chans avec 1-es- démons qui les
apitoient.
Bafilide difciple ~uiE de M~
nandre, mettoit diverses gênera
tiens en Dieu ( ) dont 1~ der-
niére avoit produit des Anges qui
a.voicnc fait un Ciel. Il precei~
doic que ces Anges en ~voient prct~
duit d'autrès qui avoient fait
un fecond Ciel fur le modéle du
premier, & ~tm! toujours fuece~
~vemenc juïqu~u nombre de 36~.
Cieux avec une infinité d'an-
1,
~ufqaels il donnoit des noms
ges, qu'if
tels lui plaifoit. Yt foutenoit
que les Anges du dernier ciet,
qui eft celui que nous voyons
avoient fait tout ce qui e(t dans
Docre monde, qu'ils avoient dif'

~) 1~. p. ne.
fritte ehtr'eax' tes provinces &
tes peaptesde~ terre; que le
chef de Ange$ ëtoit te Bien
~csJ~i&~&Me ~ous ~es&~ltres
s'ëcoicnt réunis ~bntre lu!, parce
~au p~}u<B~e 'au partage fait
eot~o~ voulu fbuinec-
tjM t~tesie~ canons a Henné.
H ~ttrM<~))Èic& Prcp&ettes aux
Anges crë~uj~, & Loi aa
Juirs.
Djeudes Æ..
C~pôcr~te & disciples
~cribuoienc(~)I~.er~àtïon d~
B~dc <â de$ An~s, qui ne vou-
ktenc poih~reconn~tre i~uto-
M~ d~Die~ }
ÏL~V~bt~fniens ét~btiNoient
~e~eEo~~) divins en trois
c}~s. tts cr~yoienr que le dia-
b}e ~voit étc produk pïLr !ecret~.
t~~cEoh, ~cavoit produit ceux.
~ui ont crée le tnontle.

(~) Ibid. p. ~f~.


(~) J&p.i~o.
J~fc~pn ~outa. a ces égare-
~hens(~ l'audace avec laquelle
fu o~oit no~feulenn
S b!à~phëmoic le Crëaeeur
~uppo&ic no~-(ca!eme6c être m-
In-
~t ~trequ'il
fcneur au Dieu ~buver~m ce
qui étoit com~aû~ tous !es 6noC.
tiques ï~âMqu'il foutenoit être
mauvais & l'auteur du m~ T~~
tien chef des Encr&citcs admet-
toit ( ) Mnd que VaIeïMfin, des
Bons invifibtes, des Princrp~acës,
des Produd.ions & autres folies
<embIaMes.
Ces étranges vifions p~roICent
~voiT été puiïces dans la do<~r!<
M des Chafdéens avec îâquelte
&Mes ont un cr~s-grand rapport..
Plutarque s'e<t étendu fur les fen.
iimens de ce peuple dans le Tr~-
té d'Ifis 6c d'Onns. Nous y
voyons que Zoro~readmertoic
deux principes; qu'il appelloit

(~ J~.p. i<8.
~~) l~p.~n~
Oromazes le bon principe,, & le
mauvais Arimanius 3 que le pre~
mier renëmbloic ~Ia lumière, <8c
l'autre aux ténèbre~ Se à Figno~
rance qu'Oromazes étoit né de
la plus pure lumiére, & Arimar
nius des cënébres, qu'ils font
toujours en guerre. L'un a fait
CxDieux, ajoute Plutarque ( };
M
le premier e& celui de bienveit-
lance, ie fecond de vérité le
croiCéme de bonne foi le qua-
criéme de fapience le cinqui~
me de richeflës, le Hxiéme de
joye pour les chofes bonnes &
bien- faites. Arimanius en a pro"
duic fix auHi, tous adversaires
,~& concraires ceux-ci. Les
Chaldéens difbienc auH!, qu'O~-
romazes avoic fait vingt, quatre
Dieux qu'il avoit mis dans un
ceuf; & que les autres qui avoient
été faits par Arimanius en pare;!

( a) Tta<L~'Anuot.
nombre avoient gratté- 6c racine
tant cet ceuf, qu'Us l'avoient
percer & que depuis ce tems-la.
les maux
avoient été pêle-mèle
brouillés avec tes~ biens. Il eft
difficile de ne pas croire que ces
extravagances ne ca.chau€nc pas
quelque fens aHëgorique.

IV. Les ~~w~M~ Philofophes o~~


admis des Efprits.

Cecie opinion, que la. nature


ôft peuplée d'une multitude d'EC-
prits din~rens eA prefque aunï
ancienne que le monde. Les*
Egyptiens qui font les premiers
que nous- fâchions avoir cultivé
les fciences a.dtnectoienc divers
fes fubftances Spirituelles Se
pluueurs Ordres de puiuances cé-~
Mes. Le célèbre Mercure Trif-
mégi~e avoit écrit fur cette ma-
tiére vingt mille Volumes, H l'on
peut s'en rapporter à Juiius Fi~~
micus (~ ). Les Chaldéens admë~-
toient des bons &~ des mauvais
Démons ( ) les premiers ccoient
îe's minières du vra;i Dt6u; les
des hommes. L'
autres écoienc ennemis dëchrës
!à mer 6~ la
terre ëcoienc remptis de ces der-
niers. Il y en~voirde~xefpëces.
Les uns écoienc de rëu~ les au.
très d'aire les croîuëmes écoieM
de terre. Il y en avoit d'ea.u:
que!ques~uhs habicoientfbus ter-
re les derniers qui écoienc tes
~lus cerribles~ ne pouvoieQcfb~
<t' tenir la. h miérë ( r)~

(« ) M~'cHrM<~e~y~Mj' coM/cr~/F~~t/~H~'
t/0/<~M~H~
Po<!< or~r
~M/?M '~«yMT yM~~OÎ~~
~M~~
~M<e<
~ro/og~
~~OK~ ~~<B~M~M~
c«~/?~HW

C* ~o/o~M ~c~~orM~ explicab-a-


in ~H~<tJ
~«r quas ~ytM ~«~<<4~«/~H~t ~r ~4MM-
A<H~. Julins Firrnicus Maternus. Voyez au~B'
Pabric. bib. grxc. T. i. p. 7~.
b ) Stanley hïA. Phil< p. ir. -3T;T.
( c ) Voyez les Notes de Gale fur la S. i. o.
d'Iamblique.Fabr. bibl. gr. c. 8. p. l78.ScaR-'
~y,htA.rhii. parc. XIIL
Les Grecs ccpienc auu! per"
ruades de l'exiïtep~e des efprits:
&
Les premiers Pocces que l'on
peut regarder. comme leurs Théo-
Ïogiens
og en Dous appr~nnent
.n~~s ~pprpnneni ce
qu'ils pen~bienc fur cette m~cié<-
re. Orphée dans fa pncre Mu~ i
&e (~) reconno~c, qu~it y a uï~
grand nombre de diSerensE~pncs
répandus p~rtouc. Il croyoit qu*il
y àvoic des- Démons dans le
ciel dans rair, dans les eaux, fur
)a terre fous terre dans le feu
ce qui revient à la dod:rine des
Cliatdëens. Ces Détnons ccoienc
de~ Eïpnts fupérieurs aux hom~
mes, ôc prefque dès demi'Dieux~
Le nom deDémon n'écoic pas pris.
en mauvaife part:. Chez les Grecs
dans ces premicry tems on 1~
donne quelquefois aux Dieux,
(~)ainS qu'on peut"le remarquer

~) Orphée~ v. ~r.
(~ ). Fabric. bibl. gr. c. S. p. ~77. Pintat"-
~ae des Oracles qui onc ceSe.
dans Homère & dans Flacon. Ôr-<
phce croyoit auHi que chaque
me
homme ëtoic
étoit' procégc
prorég'é par un bon
Génie, &c per~cutë par un mâu*
bod

Vais. He Gode étoit perfuadé, quô


les hommes de l'âge d'or avoient
été changés en Démons après
i~ur mort par là voloncë de Jupî"
ter que leur fbndiM étoit de
veiller à 1~. conduite d6$ hommes,
d'observer ceux qu~ menoient
une vie vercueu&, de di~ribuer
les ricbeSes a. qui ils jugebienc i
propos. Il enfeigne qu'ils avoient
un corps aëtien avec lequel ils
fe tranfportoienc faciletnenc par
toute la cerre. C'eft FTëuode(~)
que on croit avoir le premier
difUn~ué en quatre elanes les
êtres IpiriEuels. L~s hommes ra!~
Soient îa plus fubalterne. Les Hé~
fos, les Génies & les Dieux for-.
moient les trois autres.
(~ Huedi Ainet. quxAtones L i. c 4.. p.
fo.Plutârqne~ des Oracles qui ont ceûc~
Les plus célèbres Philofophes
~dopcérenc la tradition reçue-
Thaïes, Pychagore, les Stoïciens
admirent des ccres mitoyens ea-
tre les Dieux ëc Ips hommes;
Hër~clice enfeigca. que l'<Lir ëcoi!:
rempli de Démons (~).
Si Fon s'en ra.pporce a. un très"
&v~nc homme dans la doctrine
de Pigeon (~)~ce Philofophe
proyoic que Dieu avoir produit
le monde ëetous les êtres qui lui
font inférieurs. Du nombre de.
ces êtres, ceux dont la rbncHon
eft la. plus noble font ceux qui
ont le Soleil~ 1~ sucres ~res
à conduire dans leur orbite &
qui leur font ce que l'âme e~ au
corps. Ces Di~ux fubalternes.
(ont donc les moteurs des corps
cdeAcs.
( Plut. des Opm. des Phil. c. 8. Diog.
~aerce. Stan. H&. PhiL p. 11. & 11.
(&) L'Abbé Fraguier, Th~olog. des Ph~Oï
<bphes, p. ipo. après la traduc. de la Nat~i
te des Dieux.
Le même Flacon rapporte
.comme une opinion générale.-
ment re~ue ( a ) qu'il y a un Dé.
mon pour mener chaque homme
dès qu'il e~ mort, dans une gr~Q~
de âuemblée
< o y
où il? eA'~é.~LotC.
qu'il are~ûïbn jugemenc/He~
mené par ce même Démon au
lieu qui lui eâ defUnë. Les Dë~
mons font invi6b!es aux hommes
( ) quoiqu~s ~oienc toujours
pr~d'eux. Ï!s pénëcrent ju[.
qu'aux penfées le? plus ~crecces.
I!s a-iment les gen& de bien 8c
.baï~enc les mecnans. Ils cn~
voient les prières les~'requê«
tes des hommes vers le eiet aux~
Dieux, Se de la rranfmetcenc caL
.terre les oracles &c les rcvëlacions

<! ) Phœdon p. 80. edit Ficini.


(~ ) Epinomisp. loro. ed. Fie. V. au~i PIt~
traite d'IËs & d'OIu:M trad.Amioh
.deschofës occulcesS~ futures, &:
les donadons des richeues 6c des
biens. 11 y a j~on feulement des
Efprits dans les airs, félon Pl~
ton, majs ~u~E il y a des demL
Dieux qui habitent dans Feau.
Xënocrâte~ le chef de l'Ecole
.-de Platon après la mort de ce
Philofophe, croycic qu'il y avoïc
en l'air des Natures grandes 6c
puiuances.mais malisnes, &: qui fe
~t-r'
plaiioient a tour~nenter les hon~;
f
me~(~).
Alcinoas~da~srOuvragequ'it
a raie pour expliquer la doctrine
.de Haton fon ma~cre (~),auure
qu'il y des- Démons dans la
terre, dans le feu, dans l'air &C
dans reau, c'e~-a-dire, dans les
parties de l'univers les plus éle.
vëes, dans la région moyenne
e
~c fur la cerre que toute la cer-;

(~) Plut. I~s & OCnstf~d.~Anuot,


~) Dedoc.Pht.c.XV.
re, 8c même toucce qui dt âu<
dctfous de la Lune leur écoic
Soumis.
PoiEdonius penfoit, que l'air
étoit rempli d'Efprîcs immor-
tels (~).
Ptutarque étoit perfuadé (~)
que--fans la do~rine de Pexiften-
ce des Démons, la nature étoit
pour nous une enigme inexplica.
blé. Ce qu'il dit à ce ~ujec~ ren~
ferme prefque en abregé tout ce
que l'Anciquicé croyoïr. Il me
M
Semble, dit-il, (c) que ceux qui
M onc mis l'efppce des Démons
M entre
celle des Dieux 6e des
M
hommes, ont r~fblu beaucoup
de diniculcés, ayant trouvé le
M
lien qui conjoinc & tient en.
u ïemble par manière de dire

(<t) Quod plenus fit aef !mmortaimm Atu<


%norum. Cicero de Divin. L. i.n, ~o.
( b ). Des Qracles qui ont ceHe.
~c) Trad. d'Amiot.
S nbcre fbciécë & communication
avec eux, foit que ce propos ôc
cecce opin{on foit venue des
M anciens Mages &
de Zoroa~
M cre, ou bien de l'Egypte, ou de
la Phrygie; quant aux Grecs,
M Homère a
ufé indifféremment
M de ces deux noms,
appellanc
M quelquefois les Dieux D(f-
M mons, & les Démons Dieux.
Mais Hé~ode a le premier pure-
ment & di&ine~ement mis qua~
tre genres de Natures raifonna~
M blés, tes Dieux les Démons
3
plùdeurs en nombre & bons,
les demi-Dieux, les hommes
Car les Héroïques ~bnr nonlbrés
M entre les demi-Dieux. 0 Ce que
dit ailleurs Plucarque (~) pour
expliquer les fentimens des An-
ciens, mérice d'êrre rapporté
M & pourtant ont mieux
fait &
M
dit3 ce font fes cermcs 1) ceux
(4) Traité dTHs & d'OHns~trad. d'Amio~
qu~ntr ponïe~~ écrit que- ccT
qu~ti rëc!cc d~pphon /~06<
M
iîs n~oîenc point ac<
Se d'H!s
cidCns'~ehus'hi aux.Dieux
M ni âu< ao~~ne&quei ques
âfns
srând~ Démbhs. comn~e ont
M d
~i.t
faic PyCb~o~s,
v~ Piaron,
~\t
onc
eno.
cràtes, Cbryuppe, fuivan~
~ehce!â les opiniort~ des vieux
Se anciens Thëo'Iogicns qui
tiennent qu'Us onc été ptm forts
6c ptus robuftes que les hom-
j~ mes & qu'en puifiance ils onc
grandement furpâ~e notre na-
j~ ture mais ils n'ont pas eu ta.
Divïnicc pure &c Cmp!e, ains
ont ëtë un fuppôt compose de.
nature corpore! îe <pMtueH e~
capable dé volupté~ de dou~
!eur, &.de~ autres pau!ons &:
aiîe~ions qm accompagnenc
ces mutànohs. Car encre les
Démons it" y Tr; 'comme~ncre
les hommes, diverutë & diiK<.
rence de vice &~ de venu. ·
Plotin Porphyre ont exami-
~ë ce qu~cpB~icueIa,di9~rence
des Dieu~ cTavec lés Démons.
Les Dieux, dit le premier ( ),
3
&nc fans pa~Eon, !es Démons en
ont & nennenc te milieu entre
les Dieux 6e les nommes. Les vrais
Ï)i~x b~bice~f dans le monde
inceUigibIe ceux qui réfident
dans le monde fenfible, font da
&cond ordre. Les Démons one
des corps aenens~ eu ignées, its
ont commerce avec les corps il
n'en eft pas de mêMe des Dieux.
Porphyre penfe de même. Il
écrivoic a Nébon q:<e les Dieux
ëepient de pures intelligences 8c
que les pémon' avoient des corps.
Il n'y avoit aucune diver~cé à ce
fujet entre !csPhitofbphes,n l'on
~'en rapporte J~mbiique (~).
a:
Proclus croyoit que ies Dieux

~t )Enneade3. L. n. p. i~f,
(~ ). De mySonisJp. i. c. i f.
écoiene toujours accompagna
d'une grande fuite de Démons
dont la plus grande facisfa~ion~
écoic d'êcre pris pour les Dieux
à la fuite désuets ils étoient (
Maxime de Tyr traite l~jqueC.
tion des Esprits confbrmémenc
la doarine de Platon, dans fa di~
fertation fur le Dieu de Socra-
te ( ). Il prétend donc, qu'il y
a. des intelligences mitoyennes
entre les Dieux & les hommes
qu'elles fervent d'interprètes aux
hommes auprès de la Divinicé;
qu'elles font en t.'ës grand nom-;
bre;5 qu'elles rendent continuel-
lemenc de bons fervices au genre

(a) Circa unumquemque deûm eA ?hname-


rabilis D.emonum multitudo eademque cnpx
ducibus cogpoment~ reportant. Gratulantur
'~he ) quando Apollines aut joves nominantuf
quippe cùm propnormnDcorum proprietateof
in ie ip6s exprimant. V. Gale fur le ch< zo. d<
la S. d'Iambitque ~/?c~
(b) Maxime de Tyr di~. i~.
humain; qu'elles procurent la fan-
té donnent des confeils dëcotp-
vrenc ce qui eft caché concrr.
buenc à la perredion des arcs
fuivant les hommes dans leurs
voyages qu'il y en a qui préfL-
denc aux villes d'autres à la.
campagne que les unes rendent
fur la terre, & que d'autres habi.
tent dans la mer. Apulée qui a.
fait auffi un Ouvrage fur le Dieu
de Socrate y a renferme tout
ce que les Platoniciens penfoient
àu fujet des Démpns ( ).

(<t) CaEterutm'fUnt quxdam divine medix Pb-


ie&ates inter fummum xthera & infimas tec~
ras in ifio interje~x aeris fpatio, per quas & de-
fideria noâra & mérita ad deos commeant. Hors
à Grxco nomme J<t<~c~$ inter coelicolas ter-
j~colasquc ve<ftores hmc pfecum, inde dpno-
rum qui ul~o citroque portant, hitiepetitione's
ihde fuppetias ceu quidam utriufque interprè-
tes & falutigeri.Per hos eo(dem,utPlato in lym-
poCo~autumat~ cun~a denunciata, & magorum
varia miracutà~ omnesque prxfagiorum Ipecies
feguntur eorum quippe de numéro prédit!
curant fingula eorum proinde Ht e~ eui~uc
Cenfbrin~ conformément a îà
dodrine de Ptacon, foutient que
dès qu'un homme eft ne Dieu
lui defHne un Génie pour exa-
miner &s avions Se fes penfëes,
dont il -rendra compce d~ns !e
jugement que les ~mes fubironc
après leur mort.
H y a eu des Philosophes 3 quï
ne fe font pas conrencës de faire
gouverner les hommes par un
Génie. Ils onc prccendu que cha.
que homme en- avoic deux, qui

tributa provincia, vél' fbmniis con~rmandis,


vel vatibus infpirandts, vel fulminibus jaculan-
dis, ye~nubibus corufcandi~, c~terisque adeo
per q~x futûfa dignoseimas, qux cundà coele~
cum voltKïtate, & numine, & audoritate fed
Djernonum obfëquiô, opéra y-& mini~eno 6e~
arbitrandum eft, ex illo puriflimo aëris liquide
& (ereho elemfen~ coaiita. Quippe ut~ne com-.
prehendar.T, dasmones fant genere animalia, in-
genio rationabilia, animo pafÏiVa corpore~aëna~
tempore xterna. Apulée de Deô S~C~&! Gal-
chtdius fur leTImée s'expnmea peu~'c~e'mé-
me. Dxmon dit-il, eA animal ration~Biré, im-
mortalc patibile xthcrium diligenthuïhh~
minibm impeitiens.
velltoienc fur fes avions. C'ëcoic
le fëncimenc d'Empédocle & d'En-
clide (<<). Les Romains (uppo<.
&ient qu'il y avoit des Génies rë*
pendus partout &. qui s'inrerre~
foient à tout ce qui exi~oic
c'efr à quoi le Poëée Prudence fait
âUufion (~).
Les peuples les plus éloignes
de nous croyent encore préfen-.
remer.t, que les hommes fonc pro-
cëgés par des Gcnies.C'eMc fcn~
.riment des Siamois de~ Ghi~
nois de forte que l'on peur
1
dire avec Calchidius & M. H~ec
(f), que la Grèce FIcatie 8e
les Barbares dépotent tous en
faveur, de cette doctrine. Il ne

(<ï )Huedi Qua:A.A!net.l.t.p.t34*


(b) Cumportis, domibtM, thennis, &abuî!s
~teatis
Ad~t~re ïaos Gemos, perque omnia membra.
Urbis,~e~~<e locos Gemorum millia Ba,uita.
Fmgere, nep~opri~ vacetangulus ullus ab
Hmbra.
( c ) Hnet. Qux&. Alaet. 1.1* p. i~
faut cependant pas diu!muler~qu<*
parmi les Stoïciens il y ea avoi~
qui ne voulant, nf contredire l'o..
pinion générale ni cependanc
'admettre, recouroient
1.
à l'at~
légorie. Ils paroiubient: vouloir
avouer que chaque homme avoit
un Génie, qui ne Fabandonnoic
ornais. Mais ce Génie, felon eux,
n'ecoic autre c&o& que rencen~
démène la ration, que les hom<
ilocs avoient reçus de Dieu & de
la nature. C'eft ce que croyoit
FEmpereur Aritonin (a).
Les Anciens étoient perfuadés;
que non.ieutement it y avoic de~
Génies qui aimoienc les hommes
ils ~oucenoienr auui qu'il y avoic
desE(prics mëcHans~ qui n'étoienc
occupes qu'a chercher les occ'a-
ïions de prëc~Icer le genre hu-
main dans le crime. L'Hiftoire
de Dion & de, Brutus avoir con~

(~) Marc Ant. 1:


vaincu Plutarque ( a ) qu'on ne
peut s'empêcher de recevoir cet-
te opinion, quelque abfurde qu'el-
le paroiue, qu'il y a des Démons
envieux ôc malins qui s~tta-
chent aux gens les plus vertueux,
& q ui pour s'opposer i leurs bon.

nes avions, leur jetcenc dans l'ef-


prit des frayeurs & des troubles
de pesr que s'ils demeurent fer~
mes &: inébranlables dans la ver-
tu,9 ils n'obtiennenj: après leur
mort une meilleure vie que la
leur. Les plus fameux Philoso-
phes enfeignoient comme une vc-
rkë con~ance, l'exigence de ces
mauvais Génies. Empédocle n'e&
pas le <eul, dit Plutarque qui
<aic crû qu'il y avoic de mauvais
Démons. C'ccoit le fentiment de
Flacon, de~ënocrate, de Chry-
Cppe & de Démocrite. Il eft digne

M Pint V~e de Dton.


de remarque~ que ces Philofophes
ne penfoient pas que ces~ mauvais
Génies puuenc nuire aux hom.,
mes, à moins qu'ils n'en euCenc
obtenu la permiition (~) ce qui
eH: très-conforme à la Dodrine
du Livre de Job qui vraifem.
blablement n'~ jamais été connu
des Payens. Le dogme, que tous
les hommes font protégés par
un Génie paQe dans la Théo-
logie Chrétienne, où la Do<M..
ne des Anges gardiens eA rcgar~
dée comme une vérité inconceC.
table ce qui a raie dire à S. Jé-
rôme~ que la dignité de l'âme eït
grande, puisque des qu'elteexifL
te, eMe cS deftinëc à être gar.
dëe par un Ange ( b ). Les Pères

J~(a) Gale fur le ch' 17. de la S. d'IamM~qw.

/MM~ M~?
MMMor4dit Servius, Meccrc M<w ~e~-
<~pMnK~
(&)Magna <%M~4~ C/? <!M<M4nWt ~<Ï~«~H~
habeat <ï~ ortM M<!M'MMM~~ CM/?O~MM!~ An-
H~e~on~ Aiat. ~Vni. v~ to.
étoient auBi perfuadés que les
Royaumes ~c les Eglifes parcicu-
Mères avoient chacun leur Ange
(~). Origène a pluscenfukë à ce
~ujec fon imagination dërcgtée
la véricc ou lauconcé. 11 a pré-
tendu que les Anges étoient pri.
vés de la préfence du Pere iorC-
que celui qui eH: commis a leur
foin fuccombc à la renradon. Il
C'a pas craint d'avancer ailleurs
fur un paffage du Deuceronome
mal entendu que les anges dans
le Ciel tîroienc au fort pour fa~
yoir de quelle nacion, de quel~
!e Province de quelle personne
ils feroient !es gardiens ( ). Car-
te Fabri n'étoit pas moins vi(!on-
nairc q
paire u O. g Je 'ue
qu'Origène. penfe
ne penCe
pas, dit Gafraret (f) avoir ja-
mais.rien Id de plus ridicule, que

(~ Petau de ~M~. 1.1. c. <. & 7.


(~) Barbevrac ~c M~y To~p. !0t'
Curioutés inouies c X. p. 440.
ce que cet Auteur a écrit fur lei
efprits car après en avoir diC.
couru comme s'if eue pane une
partie de fa vie au Ciel & Fau"
tre dans l'en~r il découvre tous
les anges des Princes de la ter-
re, donnant aux fept Electeurs
de l'Empire ceux qu'on recon-
ooîc avoir plus de pouvoir com<-
me à l'Archevêque de Mayence,
premier Eledeur grand Chan~
celier de Germanie, Michel i
l'Archevêque de Trêves, grand
Chancelier de France &e dcu~
x~cme Electeur, Gabriel a l'Ar*
chevêque de Cologne grand
Chancelier d'Italie & troifiéme
Electeur Raphaël 3 au Palans
du Rhin, quatriëme pledeur
Vriel i au cinquième qui eA
Duc de Saxe Scealcel ? au 6xië<
me qui eft le Marquis de Bran-
debourg, Jehadiel au Roi
de Bohême qui eA le &pdeme.
Fer~die~
T~ J) 1
Quelques anciens Pères de IT~-
glife enfeignoient auu! que (~)
chaque homme écoic obfcdë
par un mauvais ange qui cher-
choit à le perdre. Hermas le fbu~
tient dansiboPaneur ~Grégoire
de ~ice fuppofe que c'eH: une
ancienne tradition Ecctcua-nique.
Origène pâroiubic perfu~dé~ que
les vices mêmes avoient dcsDé<
mons particuliers pour protec<.
teurs que l'un préfidoit à rim-
pureté, l'autre à la colère. QueL
ques Philofophes rérutés crës-fc~
neufëmeatparPlotin(b) ont crd
que les maladies des hommes

haut.
étoient des Démons, ce qui re-
vient à peu près à l'opinion des
Juifs, donc nous avons parle plus
Il eft donc contant, .que l'exif-
tence des cfpncs eft un dogme

(~ Petau ~Mg. 1 t. c.
(~ Enneade i. 9 n. 14. p.
qui a été généralement reçu par
tout. Il n'a ëcë concède que
par queîques particuliers qui
paffoient pour penfer très mal
de la Divinité. Les Epicuriens fe
diftmguoient parmi ces incrëdu<
les. CaHius qui étoit de cette fëc-
te, difbic (~) qu'it n'ëcoïc nulle-
ment croyable qu'il y eût des
Démons, ou des Génies & que
quand il y en auroic, il feroit ri-
dicule de croire qu'ils priuent
Ja figure & la voix des hommes;
& que leur vertu & leur pui~Ian~
ce s'ëcendiSenc )ufqu*~ nous. Et
confequemmenc i)s ëcoîenc per-
suades (~)~ que tout ce quel'o~
ditbîcdesa.pparicions des efprits,
i!co!c que contes de vieilles ou
d'ë~prics foibtcs. Nous ferions fans
doute beaucoup plus inftruits de

M Plut. Vie de B~aHM.


<~Piut. des Optn. des PM1. c. 3. & Vie d~
Dion.
ce que les Anciens penfoient
fur les Génies C nous avions
les Ouvrages qu'Alexandre
d'Aphrodiuum ( ) PofHdo~
nius, Plotin, Julien de Chaldée,
& un Origene différent du ce-
lebre Aueeur EcclëCaftique de
ce nom 1, avoient compofés ïar
cette matière mais nous avons
perdu tous ces écrits, à la réfër~
ve de celui de Ptocin, que l'on
croit être le quatrième Livre 'de
la croiCcme Enne~de.
V Expofition de la Dc~MF
Jamblique.
On pourroic être furpris de
n~vo!r prefque pas vu encore
citer Jamblique celui des Au-
teurs de 1 Anciquicé, qui a traité
le plus à fond la que(Uon des

(~Fabnc. Bib. grec. 1. 4. T. 4. p. 78.rMP/o-


«M p. 97. & m. TUi. M~. B~c~ T. p.

d-
Génies mais c'eA précifëment
cette raifon qui nous a détcrmi~
joés à le réicrverpour un article
parciculier dans lequel nous
1,
donnerons l'abrégé de fon fvf.
terne.
Jamblique vivoic dans un Cë<
cte, où l'attention des plus cé~
3
lebres Philofophes ëcoic tournée
fur le commerce que les hommes
pouvoient avoir avec les Génies.
Oh ne peut lire leurs Ouvrages,
fans être rebucc de ce délire con-
tinuel, ni fans être étonné de
trouver au milieu de ce ranaciC-
me beaucoup de connoiuances,
&: les principes de la plus haute
piété. àPorphyre avoit écrie une
Kttre
un Egyptien mmé Ané
bon, dans laquelle il propofoic
diverfes questions fur la natu..
re des Démons fur la divina-
tion & fur la Théurgie c'eft<
Ip
a-dire fur le fecret de procu.
rer à l'âme une union incime
~v6c la Divinité. Jamblique fous
Je nom emprunte d'Abâmmon
co<npo& fon Ouvrage des Myf~
tërCs des Egyptiens dans le-
quel fon intention eft d'éclat
cir toutes les diSculcés de Por-
hyre. Il y traite très au long de
'apparition des efprits & il cn<
tre dans un très-grand détail de
tout ce qui te paffe dans les en..
trevûes des hommes avec les Gé-
nies.0
Il prétend (<) que les yeux font rë-
jouis par les apparitions desDieux,
~u lieu que celtes des Archanges
font terribles celles des Anges
font plus douces. Mais lorfque les
Démons lesHéros apparoiNenc~
ils infpirent l'effroi: les Archontes
caufent une impreffion de dou*
leur en même tems que l'époa.
vante. L'apparition des ames n'eO:

(<t)L.t.c'
pas tout à fait fi défagréable que
celle des Héros. Il y a de l'ordre
& de la douceur dans les anpar!
tions des Dieux, du trouble 6c
du d~rdre dan$ celles des dé-
mons du tumulte dans celles des
Archontes. Lorfque les Dieux te
fcnc voir (~) il femble que le
Ciel, le Soleil la Lune aillent
s~né~ntir. On imagineroit que
la terre ne peut pas réG~er à leur
préfënce 3 à l~pp~ricïon d'un Ar.
change il y a tremblement dans
quelque partie du monde elle
eft précédée d'une lumière plus
grande~que celle qui accompagne
îes apparitions des Anges. Eite e~
moindre à rapparidon d'un Dé-
mon elle diminue encore
lorfque c'eA un Héros qui & fait
voir.
Les apparitions des Dieux font

(~ C
tr&s-br!l!anccs. Il y a moins de
clarté dans celles des Archanges
&: des Anges. Celles des DémoM
font obfcures mais encore moins
que celles des Héros.Les Archon-
tes qui préfident au monde, font
lumineux fi l'on excepte ceux
oui ne font occupés que du foin
nés chofes matérielles. Car ceux-
J~ font obfcurs. Lorfque les ames
apparoiCenc, elles reuembtenc à
une ombre. Les vivons qui vreo-
nent des Dieux, font comme des
éclairs celles des Archanges &
des Anges reHembtenc a une lu~
mfére très. pure; celles des D&-
mons à un feu trouble & très~
agité, au lieu que la iumiére qui
Accompagne les apparitions des
Dieux ou des Archanges, eft im~
mobile. Celle que l'on voit, lorf.
qu'on apperçoit le)Anges, e(t dans
un doux mouvement.
Les Dieux purifient l'âme (~)

MO;.
les Archanges la rappellent et-
le les Anges l'aSrâncbiGent de3
liens de la matière les Démons.
au contraire la portent à facisrai-
re les dénrs de la nature. Les Hé~
ros lui infpirenc 1'a.mouf des cho-

tërïet~.
fes ~enCbtes 5 & les Archontes
ne t'occupent que des foins ma.
Les Dieux dans leurs appari-
tions (a) donnentla faute au corps,
là vertu à rame 8c la purece à
j'c~prit. Ils perrec~ioûnenc toutes
les facultés de l'homme. Les Ar.
changes produifent fbuvenc les
mêmes enets mais non pas dam
la même plénitude. Les Anges
~bnc bienraitans ils le font eo~
eorc moins que les Archange?.
Les Démons ~ppefannHënc le
<orps, rendent malade, retiens
nent ceux qui onc des dcHrs etc..

(<~C.~
v~ Les Héros portent quelque-
<

fois les hommes à de grandes ac.


tions. Les Archontes difpofent
des biens de ce monde. Les ames
pures qui font dan~'l'ordre des
Anges, ramenent r~me humaine
~ux chofes vertueufes, & donnene
les biens qu'elles font e~perer~
Les ames impures rempliuenc les
hommes de p~uions qui les ren~
dent e~cl~ves du corps. Lorfque
les Dieux font leurs apparitions
(a), ou ils ont avec eu~ de$ Dieu~,
ou une grande fuite d'anges. Les
Archanges font accompagnes
toujours des Anges. Lp$ mauvais
Démons doanehc Fidée des ~up*
plices femblent avoir avec
eux des bêtes féroces. Les Ar~
chonces font voir des provinces
à l'imaginadon d~ hommes.
La lumiére que l'on voit à Fap-

MC. 7.
parition des Dieux & des Anges
(<<) eA fi fubcite, que les yeux cor-
poreis ne peuvent la Soutenir.
Lorfque les Anges fë font voir
ils agitent rair de façon que
les hommes n'en font pas incom-
modés. On entend du bruit dans
l'air à l'apparition des Héros. Les
Archontes font accompagnés de
fancômes. L'ame reuenc une joie
ineffable lorsque les Dieux lui
dpparoiuenc elle produit pour
lors des ac~es d'amour. La vûe
des Archanges donne de l'intel.
ligence pour tes chofes fpirituel.
tes. L'apparition des Anges inf-
pire l'amour de la raiCon de la
&geue, de la vérité de la ver-
tu.LesDémons donnent aux hom.
mes le dé6r de la génération
ils augmentent la cupidité. La

~)C. 8.
(~ C.
y fait faire de bel.
vue des Dieux
les adions, & procure de grands
biens. Les Démons les Héros
les Archontes, ne donnent que
des chofes matérielles, terreftres,
~c mondaines.
Les Dieux ne fe font voir qu'eut
gens vertueux ( ) après qu'ils
ie font puriSés par les facrifices..
lis les forti fi ent contre les vices
& les payons. Alors ce que les
gens de bien tenoient des d&-
mons, s'écHpfe comme les tc<
nébres fuyent devant lé Soleil.
Lorfque les impurs facrifient, ils
n'obtiennent point par-H la gra.
ce de vp!r I~s Dieux. Ils attirent
feulement les esprits mcclians,
t
qui les excitent au crime.
Il y a des Dieux de diverfes
pfpécps (~). Les uns ont des corp~;i
& il fauc iacriHer à ceux-ci des

(~)L.c.ï.
~) L. c.t~
choses (enGbles. Il yTn a d'au.
très dégages de la matiére (~)~
il ne leur faut rien of&ir de ter-
re~re. Ces derniers ne font aux
bpmmcs âne des pr~fens fpiri-
tuels Les Provinces font cotn~
mifes à rinfpe~ion des Dieux Se
<des Anges auxquels elles ont écc.
parcagées (~).
La Théurgie (~) qui eft l'art
de commander aux efprics, a ëcç
apprifë aux hommes par Mercu-
re &: expliauëe par Bycis qu!a
avoit étudiee îes Hiëroglyfes
g d'E<-
gypte. Les Tbëurges paubiçnc
( ) pour avoir le fecret d'é-
voquer les Dieux par des parp-
les my~ërieufcs ôc loriqu'il y
avoit quelquerëGftance,laThëur<
gie avoit recours à des mena<

C. 17.
~)C.
(c)
L. c. t,
<~) L<.c.
ces qui. triomphoient de l'opi-
ïliâcrecé des EHeux (~)~ c'eÏt ce
qu'auurenc Jamblique 6c Cherë<
mon. S. AugufUn a eu connoif.
fance de ces cérémonies excra-
vagantes & il en fait mention
dans fa Cité de Dieu (~
On a pû remarquer, qu'Iam<
oblique parle de quelques ordres
d'esprits, que les autres Auteurs
profanes n'ont pas connus, cona~
me des Archontes & des Archan-
ges. Ces derniers n'étoient pas,
inconnus à Porphyre. Gale a ob-
fervé (r) que le nom d'Archon~
te avoit été donné au dëmon par
J. C.~}. Quant aux Archanges-

(«) TL. c. y.V.G~/c fur cet endroit'


(~) ~HAM~O qui Mr~XM~MJ COg~ M~O-
~C C-CC~C~ M~~tM~~y, M~ P~Mt

~~r~~M~
e. XI.
K~
0/?W~ ~!f~~M ~~MrM f~fy~Cf ~<c~ y
De civit. Dei L X..
(f) Gale fur le cl~. 7' <Ï€ S. d'iarabll~~
4~)JeMC.t~.v.~ï.
Gale a prétendu ( ) que Tes Uvrpy
des Jmf~ & des Chrétiens avoienc-
pu apprendre à Porphyre & à
Jamblique l'exigence de ces et<
priCb mais il eft crë~ poBIbie au~.
i!~que ce fbit dans tes Ouvr~.
ges des Chaldéens que ces Philo.
fophes ayent puiÏë cette connoi~
fance. Car il e& confiant, que les.
Platoniciens des derniers tems !i-
~bient plus les Ouvrages de Zo-
roaftre & les li vres profanes, que-
ceux des Chrcuens. Il eft cerraiït
au~,que les Chaidéens admec~
toient des Archanges (~). Gro-
tîus ëcoit perfuadë, que c'ëtoic
à Babylone que les Juifs avoient
appris l'exigence de cet ordre de
Gën!es ce qui pourroir con-
firnier l'opinion de ce favant hom-
me c'eA qu'il n'e& point parlé

(<t) Gale. p. ic~.


~) Notes de Gaie~ur ïaf: i. c 3. Fabr. BIbt
C. S. p. 178. ~tanie~ H~?. FA< p. XIII.
des Archanges dans te~ Livres
iacrcs écrits avant la captivée.
VI. Les ~c~~ croyoient
jE~ ~~<& c~M-
~o~~ ~JL~rï~wMorM-
e~ leur ~~r.
Les plus anciens PhitofopRe~
BC croyoient pas que tes efpnrs
re~aSenc toujours dans un ctac
permanent. Us ~ppo~bienc qu'ils
~tofent libres, & qu'Us ëtoient
punis des fautes qu'Hs raïfbienc~
C'cA ce qu'enseigne Empedocie
(~ ), qui ajoute qu'après le tems
de leur punition, i)s recouvrent
derechef le iieu !e rang Se
fëiat qui leur e& propre (ëtoo
leur nature. C'étok une opinion
gënëra!e, que les êtres fpirituels
pouvoient mériter de paner d'un?

t4~PhM. TtBM~ <riHs & d'O~rts.


rang moins élevé dans un ordre
fupérieur. HëCodc, comme nous
Pavons déjà vû a prétendu que
les ames des hommes de l'âge
d'or a voient été changées en Dé-
mons. Plucaraue adopté cette
opinion dans fon tra.itc fur rc~-
rit famili er de Socraie. Il faut
être forcemene perfuadé diT-it
ailleurs (a), que par la vertu les
âmes des hommes deviennent
par l'ordre des Dieux Héros,
de Héros Génies & fi elles ont
paCé toute leur vie comme les
~ours des famtes cérémonies
des purifications, dans la pure-
té & dans l'innocence fans avoir
commis aucune oeuvre morcelle
ci néchi fous le joug des pau!ons
de Génies elles deviennent de vé-
ritables Dieux &e reçoivent 1~
plus grande & la plus heureufe
de toutes les récompenfes, non

<~) Plut.. Vie de Romulus~


pas par un arrêc public d'une
ville mais rëeHemenc~ & par des
raifons qui fe- tirent de la Divr-
Bice même. Il rcpece ailleurs ( a )
qu'il
bon»& arrive quetquerbïs
que q qque les
bons Démons` font changes en
Dieux, en récompense de leur
vertu & que c'eft ainS qu'IGs &
Ouris font parvenus à la Divr.
Ricë.
Le nombre des. âmes qui fbct
inëcamorphofces en Dieux eft
~rës.pedc, 6 l'on s'en rapporte
à Plutarque. n Les autres diïënc
M
(~) qu'il ïë fait mutation d'a<
mes, ce font les termes de cet
Auteur, fe tournant d'hommes
M enf dem~Dieux, & de demi-
Dieux en Démons 3 & de D~-
mons, bien peu & av~c rbrc
» long espace de tems-, après ëcre

(«) Pîut. Traité d'ICs & d'OMs.


(~) Piut~ des Oracles qui ont cef~; !M<
~Amio~
? bien années, & endëremenr
purMées par la vertu, viennenc
a participer de la Divimcc ôc
M y en qui ne fe peuvent con-
tenir arns fe laNenr aUcr 6c
M
s'enveloppent derechef de
M corps. morce)s où ils vivent
M
d'une vie Nombre & oMcurc
» comme d~ne fumée.
Les Dieux Lares & les Dieux
Pénates avoienc été des ames hu-
maines, l'on croit Labcon cic&
par Servius (~
Jamblique &
enseigne auu! que les âmes
devenoienc (buvenc Anges par la
boncé des Dieux. ~taxime de-
Tyr a-joute (c) qu'âpres avoic
été métamorphofées en. Démons~

L~O
(«t) in /<&W~ ~H< ~p~/<MMW <&~M~ ~t~
~<M or;go 4M<MM~ C/~ ~M~<tM<J~Cf«~
~M<&HJ «M~M &wnaM<e vertantur in ~eo~ ~M
appellantur. animales ~HO~ ~M~M~
<M~~ny«~ ~M P~M~~ <~ L«~ Servtm ~ut ~e
3 Livre de i'En~de.
~) Jamb. f t. c. t.
~) Max. Tyr. dtH. 17~
elles veillent fur la conduite des
sucres hommes.
Les Thëotogiens Chrénens ont
auu! examiné la querMon, (I les
ames pouvoient devenir Anges
Ptc!!us a traité cette matière. 11
ibudenc f~) avec raifon que les
âmes des hommes ~anc des eïpë-
ces abfolument di~reates des
Anges, cette tranfmutation n'eNr
pas poSbtc. Origène avoir penfX
di~ërctnmenc~ comme nous rà-
vons vA plus haut.
Il y avoK parcage de <entî-
mens entre !es Anciens fur ftm~
Morta!ttë des Démons~ HéSode
cite par Piurarque (~) prëcen?-
doic, qu'a-pr~s certaines rcvotu-
tions ils venoient à mourir. Le
tems de leur durée, ajoure c'!t,
eft de neuf mille fept cens vingt
ans. D~àucres cependanc la font
(a} Ptellu~ de omn. ~o~ n. pi 9~. Fabr.
Grec. Tr p. 84.
) Plut. des Ondes qui ont cc~
plus courte. Les Stoïciens ncd&
terminoient point le nombre
d'années queie~Dëmons vivoienty
mais ils fbatcnoienc qu'ils écoienc
mortels, & qu'en une C grande
ïnulticude de Dieux que Don
tjeoc (~), il n'y en a, qu'un' ïeui
qut foit ccernet & immortel &c
que tous les autres ont eu con~.
mencemenc par naiSancc, &e
prendront fin par mort. Les PIa"
toniciens qui croyoient !e':jGëEfies
immorcels prétendoienc en m&-
me cems qu'ils écoienc pa~Eb!~s (~).
.Le nombre de ces etprics a été
auS l'objet de la: Spéculation des
curieux. Enée de Gaze copiant
ce q.u'il avoit vd dans les Phi~.
lotophes Payens, a écrit (~) que
le ciel, rair~ la cerre~ ia mer,

~)Plut. ibid. trad. d'Amiot. w


(&)Max. TyrItMdiiT 17.
~) PetaH<~ L. i, c. i~
rAe~r~
r<Mher & ce qui eft fous la terre,
étoit rempli d'efprits bons &
mauvais. Quelques Peres ont exa.<
miné fi les Anges étoient fupë<
rieurs en nombre aux hommes.
Il y en a qui ont crû, qu'il y avoit
cent fois plus d'Anges que d'hom.
mes ôcils fe fondoient fur cette
parabole de l'Evangile qu'un
homme qui avoir cent brebis, en
ayanc perdu une, alla la cher.
cher. Cette brebis perdue eH:,
felon· eux, le genre humain (a).
Pfellus pour faire voir qu*i! y a.
beaucoup. plus d'hommes que
d'Anges, fe fert d'une raifon à
peu près de ta même force. Les
Anges les Archanges, les PuifL
tances dit-il, reuemblenrplus à.
ia-Divinicé que les hommes donc

(<ï) ErgO MOM~FM~ MO~CM! non cmïMW~


tXt~M~o Angelorum c<e/<r/?~~ opinanda c/?.
~t
Hilarius.
ceux. ci doivent être en plus
,grand nombre (a ).
Les mauvais cîprits ont auSI
étéf partag és en divers Ordres
.On en a diftingué neuf ctâCës.
Wier en parle au long (b) on
trouve <LUuI chez lui (cj le nom
de rous les chefs des légions des
Diables, &c la description
ils. des n-
ur s fous lefqselless itsparoinënc.
gures,fousleïqael!es rail~'ent
Les Théologiens qui ont exa.
,miné comment les génies pou<
voient agir fur les hommes, ont
décide qué c'écoic en remuant
leur imagination, 8c en mettant
les efprits les humeurs en mou-
vement ( ). Ce qui doit rauurer
ceut que la crainte des actions

(<t) De omn. dodr. n. ï~. FaLr. bib. gree.


T.~p.
(~) Depr~. djcm c. 17. p. 77.
( c ) P~hdo-monar. d<em. p. <~b.
(d) Per motum /oc<MMM! ~M~or~n.
Thomas quaef. n. «r. 3. part. i.
des
< Génies inquieceroic, c'e& « que
les Ecrivains quia ont recherché
avec le plus d'attention les opë-
rations de ces êcres, ont avoué
(a) que leur curiofité n'avoit pas
été fatisfaite. Gaffarel crès-ëru<-
dit dans ces matières, l'aÛure
pofitivement (~). D'aUteurs ~up-
pofë la réalité des difcours que
îes Ecrivains crédules nennenc
au fujet des Génies un homme
fage n'en doit pas plus erre in-
quiet, que s'ils n'exin:oienf pas
il doit mettre toute fa connan~
ce en Dieu, fans la permi~Iion du.
quel ces êtres malins n'ont au<
cune autorité fur 1 homme

(a) Campanella J
Riolan Symphorien
y
Champier aHurent que quoiqu'il aycnt fait,
ih n'ont jamais rien pu voir de furnat trei,
au moins de ces œuvres qu'on difLit de leur
tems procéder des Démons.
( Curiofités inouies, z. partie c~ 7. P*
379.
qu'on doit croire ne raccorder
~m~s que pour des r~ifbn~ fore
importantes
TABLE
DES
MATIERES
contenues dans ce Volume.
` A
A B~Kwwe des viandes <~« Animaux,
JT\. viande.
~c~M~. Lieu défère joigne d'Athènes &
ma~ fain ~9. Pourquoi Platon le choiCc
pour (a demeure, ibid
'~c d'or. Pourquoi il a été appellé ain~i par les
Pocces, t f
~~M~. Sacrifices humains qu'on lui ~aifbit à
Salamine, ï ~&
J<Combten
L'Aigle eft l'interprète de Jupiter, t8?.

~f.
ve,
cet oifeau a la vue perdante, 19~
Cec oifeau eft l'interpréte de Miner-
188
~~<noM~. Sentimenc de ce Philofophe M fujet
des Génies, ou Démons, ~n. ~~H~.«
--0
~/u~. Elle vient, dic-on~ fur l'etu pout enten-
dre chanter, 11~
t
~ntc. Sources etnpoî~bn~esqmtbrmeBtIesliens
de notre a~e ) f f. ~r /«<v. Cao<e de fes dé~
~ordres, f~. Èiie dépend de ce oui fe
paiïe dans le corps ~r. Combien les choses
~ën6ble< prennent (or elle ~~v. De
ceux qui dirent que nous ~ens deux ames
< La ~tuanon de l'aine m~ue fur la (ànté~
7~. Idée que les Platoniciens avoient de l'a-
me du monde ï ~7. ~M~. Etat des ames
ieparées de leur corps par violence ï 3.
~~v. Qui font cethn dont tes Mapciens abu-
fent peut leurs opérations iy~ L'âme e&
attirée par une vertu fecrette dans le corps
qu'elle à habité, i Que toute ame capable
de fentiment & dé n!e<noire eft raifbnnable
177 ~M/. Il y en a de bonnes & de mau-
vaifes 1~8. Commet elle dépend des dif-
pofitions du corps ibid. Ce qui la fouille,
~l6.f.QueUeeA(a nowriture ~i~.
En quoi elle eft fouillée par.un corps trop
gras, ) i~. Ce que les anciens Peres penfoient
de fa nature 40~ ~w~ Si les ames peu-
vent devenir Anges, ~~f
~M~w. Tems auquel il ~e mit au nombre des
Disciples de Plotin 33~. Son caractère &
fes études ibid. Son vrai nom,; 9. Ouvrage
~u'il dédie à Porphyre, & Lettre qu'il lui écrie
à ce. 6~et, f7. <M~.
Amilcar, furno.-nmé Barcas. Etrémicé à laquel-
le il réduiCt les Phéni~ens révoltés qui
étoienr à la folde des Ci rtba~incis~ < 6. Com-
ment iL les fit périr, ibid. Il ne peut fe fou-
mettre à ratage de manger les hommes, t<7
~Mïc/Fj. li
abolit en Egypte les facrifices hu-
mains qui s'oHroient cjunon~ 16;J
J
'~KCHr. Erreur de ceux qui penfent que les
plains de l'amour contribuent & la (anté 77
~MC. Cet animal eA fujet au cathare 1~1. Re-
proche qu'un Auteur lui fait de fa malpropre-
té i~
~M~ Leur exiflence étoit un dogme généra-
ralement reçu chez les Tuirs, 381. Leurs dif-
férences efpeces ibid o* ~M~. Signification
de n~r nom 3~. Du tems teur.creanpn
3Sf. Où les Juifs apprirent leurs
homs~ 387. Noms de ceux dont ileA parlé
des gens de bien ,390. <<
dans l'Ecriture, 388. Ils font les protecteurs
Leur corpo-
réiteinCnuoe dans l'Ecriture, ~t. Des An-
ges ~araiens, 39~. ~pn~ion des An-
ses la çon&mmation des ~ecles 39~. Des
<Ï!Hprens ordres des Aoges ;96. ~yKW. Ce
que les Pères des premiers ~ecles ont pen~e <da
leur narure a 3~ <!r /M<f. Rêveries des pre-
miers Herétiaues à leur fujec 49~. ~yM<v.
Do~hine des A"ges gardiens regardée dans
l'E~life comme une wérité conitante 4~4
Ce que les Përes ont penfe du nombre df
Anges 4~/
~~M< de l'Arerhufe, qui ebéiuent à la voix
de ceux qui les appellent, 8<
~~MM~. But & plan de Porphyre dans ConTrai-
t~ de l'AbfUnence de la chair des Animaux
~7' ~~M~. Par qui fon fyfc&me a ère com-
battu, it. Raisons de ceux qui Foat attaqu.é,
yM~. Pourquoi les Anciens s'ab~ce.
noient de la chair des Animaux 3~. Justice
de la guerre que l'homme raie a quelques-uns,
34 /M~. Inconvénien'! de leur grande re<
condtté )7 Ô'~v. Les Dieux ont ordonné
ou approuvé qu'on leur en f~criCât, ~f. d~
~M~. Qje quoique la néce~Eté oblige de les
tuer, il ne s'enfuie pas qu'il foie permis de les
manger <7. /«w. L'Ab~inence de leur
chair n'eft pas recommandée égatement itout
les hommes 88. Malbecrs arrivés au genre
humain depuis qu'on a fouillé les autels de
leur (ang, 9~. Origine des facrifices ~Ani-
maux ~~HM/. lis n'ont rien de pieux
~9. On ~n'y a eu recours que dans la dernière
extrémité, ioo. Pourquoi ils ne font pas per-
mis, tôt. ~w. Les Animaux ne font paa
faciles à trouver dans tous les pays, 10~. En
quel tems on a commencé 3 les tuer~ ti~.
On ne doit pas tuer ceux qui ne font pas
malraifans n~. Si l'on peut facrifier ceux
qu'on peut tuer ibid ~/M< Qui font ceux
qu'on facrifie ou que l'on ne facrifie pas
ïio ~~«w. Que quand on pourroit les fa-
criHer,on ne doic point en manger, 14?.~
/H<v. Moyen pratiqué pour recevoir l'âme de
ceux qui (avent l'avenir !~f. Si la juftice
nous oblige envers eux 177. <~yH/
Qu'tls onc d~ la ratfbn ~78. ~v. Qu'ils
onr l'ufage de la voix t79. <MM/. De ceux
qui ont entendue compris leur lansa~ë, t8l.
~«v. Des Animaux qui font fans voixJ
i 8 s. /M~. Que nous les entendon? 18~.
< /<Mf. Qu'ils nous entendent, ï< <M~.
PhitofbpJ~s qui leur ont attribué de la raifon,
191. Qu'ils onc la raifon intérieure i9~.
yM< Elle ne différe de la nôtre que du plu&
tu moins ibid. Retfemblancequ'ils ont avec
nous ibid. Maladies auxquelles ik font iu-
jets, ,19;. Ils ont les mêmes fens que l'hom-
me, même plus parfaits ï~ /M<v.
Qu'ils ont de la prudence, t~ <M~. Ceux
qui vivent enfemble obfervent entr'eux la jui-
tice, 103 Animaux qui perirolenc s'ils
étoient éloignés de la (bciété des hommes,1
10 f. Pourquoi quelques-uns font (auvage~
ibid ~H<t/. S'ils ont quelque convention
avec nous loé. ~r~M~ Amitié qu'ils ont
pour leurs bienfaiteurs, 1~7. ~v. Com~
bien ils font raifennables dans leur façon d'a-
gir, lot. ~M~. Arts dans lefquels ils peu-
vent ie rendre habiles, lïo. Conudéradon.
que les Dieux & les Sages ont eue pour eux
m. De ceux qui ont bit gloire d'avoir été
nourris par de& Animai, 11~ S'tls font faits
peur l'homme tu. J~w. Qu'ils ont
îe fentiment ti~. <y/M/t/. A quoi on doit
attribuer leurs imperrëdions i;t. ~w.
Qu'ils (bnr capables de vivre en focieté 13).
Efpéce d'alliance qu'il y a entre nous & eux
1
~4t. Ô\/M/'u. Double injustice que nous com-
mettons à leur égard .14~. Animaux plus
agréables à certains Dieux, que les hommes J
179. Ceux qui multiplient beaucoup ont par-
mi les -Animaux des ennemts qui les détrui-
fent
Annibal. II réfute pendant la guerre d'Italie
d~ccoutumer fes troupes à manger les hom-
mes, t~7
Antipater. Reproche que cet Auteur fiait aux
ânes & aux brebis de leur malpropreté,
~«p&aM~. Comment il prouve
t~
que ie<
Dieux aiment les Grinces de peu de dépen.
~B,t0~. <W.
~pM. Il eit, dit-on, le premier qui ait donné
des loix aux Grecs,
~pc//oM. D'où viennent fes (urnoms
m t
n~
~e~MM~ de Tyanes. Intelligence qu'il avoit da
langage des oiseaux, t <i
~r~ Ces peuples entendent le langage des
Cofbeaujr~J iBa
~ycA~Mtg~. Ils n'étoienc pas inconnds à Por-
phyre, 4~7. Us ont éc~ admis par les Chai..
<ieens, ~o.~Q~ les juifs en avoient appris
l'exiAence, ibid ~~M~.
~rc&MW. Nom donné par Jamblique à un
Ordre d'efprits, Jefus-Chrift le donne
au Démon, ibid.
~~o~f. Ce que ce Philosophe nous apprend
de certains Animaux 190. (~y~. Il re-
connoît qu'ils ont cpas de la raifon 191.
En quoi, ~elon lui elle dinére de la nôcre
~9ï.. Ce qu'il dit de leur prudence, too
~~pM< Ouvrage qu'il a compote fur la Chi-
pre & laPbénicie, i~<
~ncJ~, C'eft le premier nom de Diable qu'on
trouve dans l'Ecriture, Ce qui femble
l'avoir détertBiné à tuer les fept premiers
maris de Sara ibid.
~<&fMM. ProcetEon qui Ce faifoit dans cette
ville en l'honneur du Soleil & des Heures
Ce au*<M y portoit ibid. Origine des
&cti6çes d'Animaux à Athènes 96. (~'Jtw.
Origine d'une ancienne coutume observée
danx cette viMe n~. ~MW.
~~t/ Avantage qu'ils retirent de l'ùtage de
la fiandc, 7. Par le cenfeil de qui ils com-
mencerent d'en manger ~7
.~MMcA~nw. Ils rendent l'ame prefque corpo-
relle, ~7
~~«/?tW Se. ). Eloge que ce Père a fait de
Porphyre, l~. Son fentiment fur le tems de
la ctéazion des Anges 38~. Ce qu'il a pen-
~e de celui de la chute des mauvais Anges
3:7. Pacage de ce Pcre fur la Théurgie
des Payens ~9. N. <~).

B.

IT) ~cc&M~. Sacrifices humains qu'on lui oC-


~1 froit à Chio & à Ténedos Les
Grecs lui donnoient des cornes de Taureau 2
m.
B<y~
D'oA vient fon furnom
Coutume barbare de ces peuples à
1,
11~

regard de leurs. vieillards, 3~J


B~c/~K~. Ce qu'il rapporte du genre de vie des
B~Gymnofbphtttes Irions, ~o~
Rêveries de cet HéréSarque au fujet
de Dieu, des Anges & de la création ,41;'
~/M~.
S~~M.f. Cruauté de leurs facrinces humains
& de leurs repas, Comment ils en ru-
rent pun is t&
B~~M. Bourg de Syrie patrie de Porphy-
re,1, ï
JB~Mt&. Nom que les Juifs donnoient au
Chefs des Démons ~~4
Bofc~. Eftime qu'il faifoit de Porphyre,
B<KM~ Origine du facrifice des Boeurs à Atbè<
nés, 97. ~~v. ïif~' Maladies aux-
quelles ils font fujets ï~j. DiSculte de diC.
tingaer !e mu~inement & les cornes ~an
bœu~coupé d'avec ceuxd'une vache, r~.
QjeUestbnr les armes-de cet Animale t9~
B~A~r. En quoi il conu~e, ;t. Seul moyen
d'y arriver, <tt
Boutyres. Qui Cont ceux a qui. on ~onna ce
nom n~
ôrte de Gvmnoïophi~es c!~ez les
t'
.Br~cM~HM
Indiens, ~o~. Leur otigtne, ~o~.Leor ha-
bicatiott & teur nourriture d~ ~M~. Vé-
nération qu'on a poar eux ~07. <~ /«w.
Leur dtjj)oucion à l'égard de la mort, ~08.
~/<M~
Bre~. Origine du ~acnSce des brebis a Arne-
nes, 97. Reproche qu'un Auteur leur fait
de le~r malpropreté, i~
c.
~M?~. Le ton du chalameau fait fortir le
cancre de (on trou
Carpocrare. Rêveries de cet Herénarque au fa-
jet de Dieu, des Anges & de la création

Ctr~ Par quelle adre~ïe il peignit de mé-


moire 'e Phiiofophe Plotin ~i<
Ct~A~fMo~. Sacriticeshumjins qu'ils offroient,
t<f. Pa' qui ils turenr abolis ibid.
C~/pMa~. Coutume barbare de ces peuples à l'é-
gard de leurs vteiHards ~n. ~yMM/.
C~M/o~<M. Scnnmenc de ce PhiloCophe au fujet
des Génies ou Démons )o
Cc~r~ Qui font ceux qui on donna ce
nom s np
<Cf~r. Les cerfs coupés ne jettent plus leur bois,
ï~. Si on les coupe avant qu'ils ayent leM
bois il ne leur en vient point ibid. Ils
font flattés du fon des Bûtes & des haut.bois,
C~MMAt. Rêveries de c<t Hété~afqoe au
i~
fujet
de la Divinité & de la création,
<C&<M~ Sentiment de ces peuples au fujet
~to.
des Dcmons 418. ConnoiiÏance qu'ils ont
eue-des Atchanges.
<iÛ!M~MM. Maladies auxquelles cet animal eft
~!et, j~~
€<MM. Soin qu'ils ont de cacher leurs ordures

C~~MoM. Ce
~f
qu'il rapporte des Prêtres Egyp-
tiens, t68. ~/M<v.
Chérubins. C'eA la premiefe erFéce d'Anges
dont il foie r'adc ~ns tEcriure~ ~i. Ce
qu'elle en dif ibid ~/«~ Ftnure motif.
tïueu~e que lesCotr'oaemaceurs leur donnent
3~
C~t/a~. Maladies auxquelles cet animal eft fU-
jet, '9; QueHesfont fes armes, i')9. Il e~'
ûatté du (on des Hures & des haut-bois n~.
C~t~ Origine du kjcn6ce des Chèvres dans
l'AttiquC) ~7~
<C!M~ Ils fuivent en quelques occafions le~
frég!es de la Dtalediq~ie, & font. des fyllo-

<
gifmes, i9o< Maladies auxquelles ils font
Sujets !9<. Preuve que dans la rage ils (bu~
frent dû dérangement dans' leurs penfées
~38.
~CtoM~~c. Cet oi(e~u e~ l'iocerpréte de Miner-
ve, ïM
C~/o~a~
>
t St. jean Sentiment de ce P~M
fur la Patrie de Porphyre, T
~co~H~. Cet oifeau ei~ l'interprète de Junon
188. Sa piété envers ceux qui lui on donné le
~ur; 10~.
<C/~r~HC. En quoi ~on culte & fes facrifices
étoient plus agréables aux Dieux que ceox
des autres hommes, 107 <9*~M~.
C/fo~cn~. Réporne que ce Prince fit un jour
dans un repas, 117
~C/~cM~. Elle p~ la pr")Tncre qui ait tuéun co-
chon à Athènes,
<Co~cM. Pourquoi les Juifs & les Phéniciens
s'ab~enoien: du cochon, /M<v. Rare-
té de cet animal dans certains p~ys, ibid.
Par qui lé premier fut tué à Athènes, 9~
Cet animal eft fujet au rhume 193. ~y~iê-
me fuivant lequel il n'a été fait que pour erre
< tué,e
Quel font les armes de cet oiseau 199.
niIl
eft confacrc à Céres, )oi
Co~CtM~ du Mcandrf <~n wifnnfnr a la voix
de ceux qui les appellent 18<
Co~~MM. Cet ot(eau eft l'mterpréce d'ApoUon )
9
188
Co~MC~. Maladies aufqueU~s cet oifeau e~ fa.
iec,' 193
Cp~j. Lorsqu'il e~- trop ~ras, il e~ moins capa.
ble de remplir fes devoirs, ,69 Comment l~a-
me dépend de fes difpofitions', ) ~8
.C~rywptMt! Ce qu'on entend par ce terme dans
'a Peinture, )t~
Cory~M~f~ Description des cérémonies de leurs
tacrtnces qu'on voyoit en Crére, t ~r
CM~oH Gobeler de Lacédémo)~e fort efUmé dans
Ips armées, pourquoi, 16~ ~rj~
ChMH~. La crainte eit le Icul motif, qui em-
pêche le commun des hommes de faire le
ma!, iy. Poar qui elle e(t faite, & ce qu'elle
opére, ibid. (~H<v.
O'~T. De la Murène de ce Romain & com-
bien iU'aimoic, t8~
Cr~J.Ce qu'il dit du Gobelet de Laccdcmonet
appellé Cothon t6t. ~/HW.
CHr~M. Sacrifices humains qu'ils oSroienc à
Saturne i~. Ils s'ab~enoienc de la chair
des Animaux, 3 3
cyniques. Ce qui avoit fait croire à quelques-
uns de ces Philofophes que tout croit in-
diSërenc 6f.
Cyrille ( Se. ) EfHme que ce Pere faifoit de Por-
phyre, 1~.
D

J~
TT~~M. Qui font ceux à qui on donna ce
nom~ïi~.Sr'n jrig~ne, ibid.
D~r~ fils d'Hi~afpe. Titre qu'il voulut que l'on
mit fur fon tombeau, t<~
D~aocrM. Ce Philofophe admet de la raifon
dans les animaux, t~ti
Démons. A quels êtres Platon a donné ce nom
t)X. Opinion commune à leur fujet ibid.
~/MW. De la nature des bons Démons~ t jy.
<!r ~MW. Obligations que nous leur avons
1 40. Qui (ont les Démons malfaifans, <M.
Maux qu'ils caufent aux hommes t~t. C~
qu'on a le plus à craindre d'eux, ibid ~MM/.
Conduite différente des bons & des mauvais
Démons, 4~. < ~M~. La Magie eA un effet
des opérations des derniers 14.6. Les filtres
amoareux font de leur invention, ibid. Si on
doit leur faire des facrifices 147. ~v.
Comment on n'a rien à craindre d'eux ,150.
Pourquoi les Enchanteurs s'adreuent à eux
l~ï. Comment les bons Démons fe commu-9
mquenc aux hommes 160. Ce que écriture
nous apprend des Démons 386. Sentiment
de Saint Augufhn fur le rems de leur Apof<
Mf!e ;!7. Premier nom propre de démon
qui fe trouve dans l'Ecriture~ ;88. Recette
qu'elle nous donne pour les éloigner, ~S~. <~
~M~. Opinion des Juirs a leur fujer,
39c. Leur
haine contre les hommes, ~t. &fuiv. Leur
demeure ordinaire, Nom de leur Chef
chez les Juifs ibid. Opinion des Peres des
premiers uccles à leur fujer, ~oo. Ce que les
Chaldéens en penfoient, ~t8. Idée que les
Grecs en avoienc ~i~. juiv. Sentiment
d'Hé~ode à leur fu~ec, 4-to. Doctrine des an-
ciens Philofophes fur ce qui les regardoit,
4t ï. ~HW. Démons envieux & malins, 43 ·
Doctrine d'Iamblique fur les Démons
4!9. ~'yM<t/. ~e qu'il dit de leurs apparitions,
4~1. &fuiv Partage entre lesAnctens lur leur
immortatité < 4f~. ~'YM~. Leurs divers Or-
dres 4~7. Combien on dçir peu s'en inqpié-
D~ter,9 4f9
Coutume barbare de ces peuples à l'c-.
~ardd? leurs veillards, }M
DM~~t voyez D~MOM.
D~ appellée Louve par !e<: Latins J 3or.
Dicéarque. Abrc~c qu'il a fait des moeurs des
Grecs, tf4. Ce qo~il dit de l'âge d'or, :ff.
~M:V.
D~M, Nous ne pouvons avoir d'accès auprès de
lu!
lui que par la pureté 84. y~ Ce qui
lui plaît en nous plus q~te toutes chofes ï t~;
Preuve que ce n'efc point l'abondance des
oblacions qu'il aime, ibid. On ne ~auroit le
tromper 11~. Comment nous pouvons Fho.
norer i~. Idée que les Platoniciens en
a voient, i;7.Ile& par fa nature ce qu'il y
deplus~u~e, i~ Plus on a de besoins, moins
on lui reiffemble :4~
Dieux. Par quelles offrandes on doit les hono-
font les plus agréables, 103. ~r.
rer, ïoi. Les facrifices qui coûtent peu leur
Ils ont
plus d'égard à la disposition de ceux qui facri-
Hent, qu'a la quantité des victimes, !o<. Dif-
férence entre les anciennes Statues des Dieux
& les modernes l ii. Pourquoi on leur fa-
crine, 117. Pourquoi nous les honorons, ibid,
<~yM<f. Le facrifice des animaux les déshono-
re ï 8. Ik peuvent fe paner de ce qui ne
nous eft pas néce~aire 131.. Comment nous
pouvons les honorer, 1~4.. Quelles font les
meilleures prémices que nous pouvons leur

norer,<
offrir, 171. Par quel motif nous devons les ho-
En fe tai(ant, ils indiquent ce
qu'ils penfënt~ t8S. Pourquoi représentés par
les Egyptiens fous des figures d'animaux, ni~
Dinerentes espèces de Dieux admis par Jam-
blique ~47. ~/<M~.
DM~MC. Ce que ce Philofophe penfoit des avan-
tages de la fpiritualité 7
Dwnc. Il eft le premier qui aift facriné des bccurs
iAthenes~~?. n~.
DMmc~~ Sacrifices humains qn'n Ïai onro<c a
Salamine, x~t. Par qui ils furent abelis, t~~
jP<p~ ? Roi de ChYore. Il abolit les factices.
rhumain< dans cette ti~ Y~
B~t~~a~MM. Si on taneannc en ordonnant de
~*ab&enir de < 'er les an'maux,1~8. /Mt~.
L~B<fe Le (eut moyen d~etrf heureux e& de
thercher à luifed&n~er~ 6t. idjeesfi es que
quelques Poètes en ont euc&, t ~7. ~yM~u. El-
eA fat~n~sbie <ans januis avoir appcis
le devem: tôt
Doc~M~. Son facrifice de farine ptci~té par
ApoUonades H~atombes, to~
Douleur. Le mépfisque nous en~aifons dans tes
mal dies du CMps, nons apprend à la mcpri-
fer dans. celles de l'âme 8
Dracon. Règlement ~ait par ce Légiflateur aai
fujet des (acnEces~ )i
Dr~oM. Excellence delà vûe du dcagon 196.
-Pourquoi les Poë'es onc emptoyc Ico nom
pour exprimer l'actton de votr~p ibid.
JDMHMWH~ Sacrifices huauaN~s ~oSetts par ce&
~Ics~
E.
Tr~ G~~j. Anciens facrifices de~es peuples,
90. /MW, Véncra'ïon qu'Hs avoient
pour te <eu 11. Leur re~pf~: pouf4es vaches
fur quoi ronde 99. Sacrées huTn&~ qu'ils
oHroienc, t 6 Par qut t!s ~Knt ~bo!i-s,
Ils ont r<:pré(ent~ !cs:0ieox tous des figures
d'animaux m. De teufs Pret~M t<!8. d~
JLeufjoccupaLrion & rftraipe dans laquelle i!&
vivotent, z69. Ltur nourriture, z~o. ~M~.
Pourquoi tis d' rendcienc de manger des tour-
terelles, t7~. Pourquoi ils reprctentoier't la
Divinité fous la figure des animaux, ~77~0!-
peA qu~!s avoient pour le Lion, 1,78. Ce qui
contribua a inspirer aux Egyptiens du retpec~
pour les animaux, t81. <~ ~<w. Leur ufage
lorfqu'ds embaumoient les corps des peribn-
nes deco.ndicion, ~81. <t~. Leur intiment
fur Fexiicence des Eiprics ~ï 7
E/M</?M~ A~men!. dont 1~ Pictres d'Eleu~ne de-
voiencs'abAenir~ jot
ÏMp~oc/~Ce qu'il rapporte des facriRces oSerur
t
à Venus, ou l'amitié, 11~ ~M~. il admet de
la raifon dans les animacj:, 1~1. Son jfend-
ment au (njec des Génies ou Démons ~p.
~'yHM/. Ce qu~l penfbit de la suture des Ei-
prits, t
~ccM~. Pourquoi on en o~roit à la nn des (a.
citnces 109. €MM~
EMc~Mp~fM~.Pourquoi ils s'adreï!ent aux mau-
vais Genres., t~t. La pureté n'e~ pas faite
pour eux ibid. Comment ils font punis de
leurs dércglemens,
BMc~~ef. Rêveries de ces Hérétiques au fujsc
des Eons~ 41 y
Eottj. Qui en a été l~nvenreur,~o6 Leur nom-
bre & leur nature~ ~07. Doctrine des Vaien-.
tiniens à leur (ujec, 41~
E~f~. Cet oifeau eu t'interprète d'ApoUon y
m. Il ett conlacr~ au foleti,17~. Ses quar-
e~YM~
tes
E~MWc Frugalité de ce Hn!o<ophe~ 7~ S~n:
'ffnc rrn.;nt fur les alim~ns 7~
J~Mt~f. Plu~IeuM d'en~r'eux ont a~ppro~~yc
la (ru~aHcé~ 7~
jE~cAy~~ En quoi ce Poere prér?roirau\ h~mne<!
qu'il avoir compotes en l't~nneur d'Anollbn~
eeuxde.TynnictM~x~o~. <MV~
E~p~. C'eft l'efpric qui voit & qui écoute, ~17~
JS~f<M. Ce que l'Ecriture nous apprend des Es-
prits, ;8i. /M~. Les plus Fameux Philc<-
fophes en ont admis, ~.ly.xKv. Par qM
leur exigence a été combattue, ~8. Opi-
nions des Anciens à leur nijec, ~i. ~«M/.
Comment ils peuvent agir fur les hommes,.
4f8.Si leur exigence doirles inquiécer,
B~MW~. Endroits de~Jofeph, od il parle de cet-
te (ë<~e de Philosophes chez les Juifs, t8~
~HM~ Leur origine & leur amitié entr'eur t
tSf. Leur tempérance& leur frugaMté,
<!r~< Leur refpeet pour la Divinité, ~87.
leur récepuon dans la fede, z89. ~'y~w~
Serment qu'ils font en y entrant, i9o.
Leur rerm~té dans les tourmens t~
conduite à l'égard des animaur i~. ~M~.
Leuc

B~o~!<M. Lortqu'il e~t trop plein rhomme ne


dénre que le fbmmeiï,
JSH&M/e, Auteur d'une hifroire de Michra t~~
~MM~pc. Sentrment de cet Auteur fur la patrie
de Porphyre, i. Ce qu'iL dit du fe;our de ce
Philofophe en SicHe, ro. <~yM~
Euripide. Ce que ce Poëte dit de la vie des Cu-
reres, 313.
Et~f. PaHage de Porphyre que ce Père nous a
conservé, 4" d'~w. Autre fragment qu'il ci-
te de ce Philotophe, 7. Eloge qu'il fait de
hti i
E~M~M~. Par quel principe elles ont intro-
du~tes~> ~8~
F.

V~ ( Carto ) Opinions ridicules de cet


J[' Auteur au (ujet des Anges ~3~. ~~«w.
Farine. Origine de l'u~ge de la farine dans les
facrifices Sac~nce de farine préféré par
les Dieux à des Hécatombes, ioy
Feu. Reiped & vénération que les Egyptient
avoient pour le feo, ~ï. Il a beaucoup de
reuemblance avec les Dieux, <
Filtres. Les filtres amoureux font de l'invenEion
des mauvais Démons, t~<
FfM~f. Elle <n: recommandée même par Epi-
3

cure & ptudeurs de Ces disciples, 71. Avants


tages qu'elte procure 74~. ~/t«v. Motifs qui
doivent porter à l'embrauer ,7~. Elle eft né-
ceHaire a la vie contemplative !l. ~T~HW.
Preuve de la frugalité des premiers tems~
1~7.
FyM~/ de ia terre. C'efr le plus beau & le plus
digne présent, que les Dieux ayent fait a~x
hommes, 100. Il eft plus ai(é d'en tfouver i
~ue des animaux, ,10~. C'ëtoit dans l'Origi-
ne tout ce qu'on Cactifioit aux Dieux, i~),
G.
Gl'l nipératri -ce
~J Con que €$< Bmpere'àr
époufe
~Con6d'éradon Empereur A:
l'I mpératrice fon époufe avoienc peut
&:

Plotin> ~o.
G~MH~. Origine d~ l'usage d'o~ir des Gât eaux
en &cn6ce, ?;.
Sacri&e de ~teaux pim
agréab!e a Apollon que des HecaMmbe~
i0~
C~MM~, voyez DfMo~.
Gland. Le gland a été la ptemicre nourriture des
hommes ~i. Origine du proverbe: voila af-
fez de gland, ibid. 11 prouve la frugalité des
premiers temç ~7.
G~~H~. Rêveries de ces Hérétique! au fuiet
des deux principes & des Anges, 409.Mtv~
pcMf. bSëts pernicieux du goût, ;7. Excellence
du goûr dans les animaux t~7.
~fccj. SacriSces humains o~rcs par les anciens
Grecs t~. Qui fut le premier qui leur don-*
na des loix m. De leur manrére de vivre
Iff. ~«<v. Opinion des Grecs modernei
fur les Ordres de': Ang~s 397. <M~. Sen-
timent des anciens Grecs au fujet de l'exif-
teneedpsE~prtrs~.ot. <<v.
pyoMM~. Opinion de ce Sçavant fur la Source ou.
les Juifs atvoienr pui(c la connoiilance des Ar-
changes, ~~o,
<Cf~. Excellence d&l'eUie de cet oifeau,
'G«f<'f. En quel tems, & comment elle com-
fmencA à stMtoduMe patmt les hommes,
A 5 ?. <~jH~~
H.
TT~&Ene a un grand empire fur tes paf-
J~ (ions~ tzf.
~cc~M. Oiê~rens noms d~n~aux donnisacec.*
1

rp Oc~, n~. ë~ ~of.


~c~ow~c. Un racrifirede farine patrie prcrer~
parles Dieuxàdes Hécatombes, to~ie~
H~MC~. Doctrine de ce Philosophe ait ~ec
des Génies ou DemoMS n
1,
~r~!<oM<~ Son (aeri6ce de farine pétrie pïéféré
par !es Dieux à des Hécatombes 10~
Hcr~~c. Ce que cet Auteur rjpporce deTrip-
totéme, 314~
H<r/f. M fait l'éloge des anciens lacriSces, 111.
Dochine d~ ce Poece au tu ec des Génies, oa
Démons ~to. Son fencunem fur leur durce
>
4ft.
H~~c~. Propreté (tont CfC oiseau inflruit te~
pt-cits,
H~MW. Con}e<9;cres de cet Auteur fur le
i~.
·
nom
deBataneoce don-né a. Pprphyre par quelques
Pcres
~co~fc. En quot il far~ con~~r l'immortatité
i.
3 t ~<~v. Vers de ce Poëte ciré
jH~ Quelle e~ la fin & la perfection de
~~v
l'homme <i. tl eft une fub~ance
heunute~c cterrei~, f 3. La liaifon avec te~
hommes nous fend enclaves des payons 59-
DitrcrpHc~qu'tt v a e';tre l'homme de bien &
le v'cieux ~7. Peu conrens de ce qu'ils ont
les hommes ne détirenr que ce qu'ils n'ont
~pas. Sijt Seul m~yen qu'a l'homme pour par-
l~enir a & 6n ,8~. De la nourriture des pre-
miers hommes, qt Origine de< tacri~ces des
hommes /<M~. Les hommes mépri-
t n.ignorent,
fent ce~qd'tls t <o. Différence entre
t'homme de bien & le méchanc au fujet du
eatte des D~eux t7i. Combien d'hommes 1er
<téterminent, avanr que d'examiner, ï t. Si
ïfsanimaux fonc faits pour !'homme, m.
yHn/. En quoi le <orc des hommes eA dépk~-
table 10. ~~<i/.
j~CHf. Combien cet-anirnal imite p~Taitement
la von humaine~ t8~
R~M~M.f. Coutume barbare de ces peuple
i égard de leurs vieillards. 3 n.
I.
<
T ~M~. II eft un des difciples les plus ce-
lebres de PorphTre, 11. Sa doctrine (ur~es
Génies ou Démons, (~/ïM/. Génie du
fiécle où il vivoit ~.o. ~e qu'ii dit de leurs
appancions, ~i. ~'y«~. Difïefenresefpecet
de Dieux qu'il. admet, ~47. ~*yM<T/.
J~~c ( Se. ) ~entiaMnt de ce Père fur la patrie
de Porphyre, l. Il croit qu'il a ctc enterré en
Sicile 13. Pau~ge de ce Père fur la dignité
de l'âme N. (6).
J~.Le Livre de Job n'a vraisemblablement ~t-
mais été connu des Payens, ~)4*
Jc/~cA Endroits des Ouvrages de cet HHtorien
ou il parle des EiÏeniens, tS~. ~w~.
J~&<cr<Mc. 11 abolit les facrifices hutnains chez les
Carthaginois, t6y~
Irénée ( Se. ) Sentim.enc de ce Père fur la nacure
de l'âme, ~o~
.1fa'ie. Il efi le <eul des Ecrivains facr~s~ qui par-
le des Séraphins 384.
t
Juifs. Pourquoi ces peuples s'abftenoient du co-
chon f De leurs facriHces 11 ï ~1'. Ils
ont les premiers facrifié des animaux, même
des hommes, ni. Trois fectesde Philofo-
phes parmi eux ~84. Leur opinion au ~ujec
des Démons 390. Leur fentiment ~ar les
Anges gardiens, ~Od ils avoient puifé la
connoiuance des Archanges, 4-~o~
j~MMM. Sactifices humains qu'on lui oHroit à H&-
nopoli~
~iopolis en Egypte < 6~ .Par qui abolis ibid
Jupiter. Sacrifices humains qu'on ofiroic à Rome
à Jupiter L~M/~) ï< Les Grecs lui don-
noient des cognes de bélier, m. Ses méta-
morphcfes en aigle, en cigne, & en taureau

J~ 113
t& perfeA!on de la jt~ice eA renfermée
.daa~ la.pi~cé 17 y. Si la ju&ice nous oblige à
l'égard des Animaux, 177. ~M~. Quele(t
ïw rondement de la ju~ice, t .0. Par ou fon
amour augmente,
eifencet
i~ En jwoi conMe (bti
i~fi
-JM/?M (St.) Sentiment de ce Pcre fur -la cor-
poréité des Anges 39~. Ce qu'il a penfé de
leur noacciture, ~o~

L.

TT ~~OM. Sentiment de cet Ancien ~ur la na-


J cure ,4es Dieux Lares des Dieux Péna~
tes, 4~
I~c~~noM~M~.SacriËceshumains qu'ilsom~oienct
à Mars 16~. Parcage des biens fait enrr'eux
pai JLicurgue, i~De leurs repas communs,
K3. ~/MW.
Lares. Ce oue c'étoïc que les Dieux LaKS & lès
Dieux Pénates,
L~~ï~H~. Ils n'ont1
tta~aillé que poor le vul-
gaire, ~o. Ils n'ont pas raie les mêmes ré-
gtemens .pour les particuliers, que pour les
Prêtres 88
JL~MtM. Sentiment de ce Rhéteur fur !a pairie
de Porphyre, i
~~r~Hf. Réglemens faits par ce LégMateïu'<
~~9. ~~M~. Ce qu'il dit un jour en par-s
courant la Laconie, 1~0
Lion. Quelles font les armes de cet Animal,
~RefpeA que les Prêtces Egyptiens avoienc
pour lui, t~X
Loi Divine. Elle eft fupérieure à toutes les Loix
humaines, ~i. La loi colère pluCeacs chofes
dans le vulgaire, qu'elle interdit au Philofo-
phe, <tt
Lo~M. Son fentiment fur la patrie de Porphy-
re, l. II ~il fait quitter le nom de Mâle
s. Idée avanta~eufe que fes contemporains
avoienc de lui, 7. Jugement que Plotin por-
ta de (on fç~voir ) f ). Idée qu'il avoit de
Plotin & de fes Ouvrages 3<îl. ~M<
Lyncée. 11 neft fameux que dans la Fable
Qui il étoit, ibid N. ( j ).
ï~.
M.
3~M. Qui ils étoient & d'où vient leur nom,
z~8. Re~pe<~ que les Perfes avoient pour eux,
ibid ~y«~. Trois forces de Mages, ~9~. Le
dogme de la Mccemp~yco(e reçu parmi euxJ
ibid. Noms d'animaux par lefquels ils dé-
fignoient les hommes, pourquoi ;oo
Af~<cMM~. Qui font les ames dont ils abnfënc
pour leurs opérations, i
Magie. Elle n'eft qu'un effet des opérations des
mauvais Démons, !~<
~AM~w. Leur opinion 9
fur la corpotéicé des
Anges & des Diables, 401
Af~. Elle e~ la même que Pro~erpine, ~or.
Pourquoi ainu nommée~ #
ibid.
A~t~cH~f. Combien il comptoir d'c~eces dif-
férentes d'Anges, g6
M~ï~M auxquelles les animaux font fujers,
~93

tion, t.9.
~<c nom Syriaque de Porphyre, (a ugniËca-
JM~Mgfr. Combien la (ervitude de manger nous
eft un ob~acle, peut arriver à la perfedion
»

M~fCMM. Blasphèmes de cet Héréfiarque contre


le Créateur, ~iy
~r.f. Sacrifices humains que les Lacédémonicnt
M~lui offroient,
Coutume barbare de ces peu?'es
l'égard de.leurs vieillards
i<~

~i
jH<c J
de Tyr. Sentiment de ce Philosophe au
fujet des Génies ou Damons ~18. ~«~.
Mélange des chofes de diftërente nature, regar-
dé comme impur, }ïf. ~yM/
AffM~M~rc. Ce que ce Poète dit de l'abStinprce
des poiubns chez le'- Syriens i~~
JM~M~rc. Dodrine de cet Hercuarque fur l'o-
rigine & la nature des Anges, ~o&
Mercure Trifmégi~e. Sa doctrine au ~jet dc<
iubStances fpiritueUes ,47~ /H~ 11 enlei-
gne la Théurgie aux hommes, ~4<
M~w~/yca/f. Le dogme c'c la Métempfycofe
reçu chez les Mages, 19~
JMtM~ruc. D'ou vient fon furnom ny
JM~r~Mf. De la Murène de Craffus, 18~. Com-
bien il aimoit ce poiffon ibid.
J~«~MC. Animaux que la mufique adoucir, 18~.
n?
N.
~~f. Ses
*~T dturt. Sesde
befbtns (bntbom~,
tropfont z. Ia~o~
bornés y7~. Inco~'
JL~) menions de trop les ecendre~ 74.
~fC~T~r. La raifon réduit le nece~Sire à peu de
chp(e 68. Lorsqu'il manque, à qm on doic
avoir recours ,7;. Douceur & tranquilHcé
que goûtent cecx quï s'y bornent, 8$.

de la viande,
J.
~~tMMC. D'où vient fon mrnom,

<!ry«~.
&i y
Noix. Apres le gland on offrit aux Dieux des
noixen(acti6ce, ~&
NeM~M. Ce qui for~ ces peuples a faire ufage
t.
Nourriture. Nous devons craindre les nqurritu-
~s que nous deuions beawcoup, 7~

0.
dorat. Presque tous les aninaaux l'ont ptas
excellent que nous,
C~M~. Jeune homme
i~
difbit entendre le
qu'on
langage des oifeaux ,181. Comment il perdit
cette faculté, ibid. Des oifeaux qui imttent
le langage des hommes ,18~. Ils fervent d'in-
terprètes aux Dieux, t88
~p~ ) méfe d' Alexandre. Nombre de vi<~i-
mes qu'elle facrifia en un feul )our'< 170
~Mtpwj. Patrie de ce Philofophe ~6. Jalou-
iie qu'il conçût de la réputation de Plocin

r'r'tr~t'j
ibid. Opérations magiques qu'il employa po.ac
~<
lui nutre & quel en fut le fuccès
~yHn/.
P~. C'e~ le premier fruit de Ceies que l'pïi
~it apr~s les légumes gi. Comment les
hommes l'omirent aux Dieur, ibid. ~r/MW.
Of~cMf. Ce que Porphyre penfeit de ce Pète
4. & /MV. Son Sentiment fur le cems de la
création des Anges 386. Sa doctrine fur leur
nature 400. ~~M~. SM autres opiniont à
fu}et,437.
0~ kur
Ouvrages compofés par ce Pmlo(oph<~
livres <
Sentiment de M. de Valois fur un de feu
N. ( 4 ). Déférence que P!oci&
marqua pour lui, }~ }. ~'yH~f.
Orphée. Sentiment de ce Poëte au fujet des Gé-~
nies, ou< Damons, 4~. dry«<f.
~M~. Effet prodigieui des émotions caufees par
~ouie, yy. ExceMence de l*ouie de iA grue

"F~ ~~jc. Sacri6cesnama!n$ que


ceex de Lao"
J~ dicéeof&oientàcetteDceNe, 1~4
~~j. C'eA de tous les Auteurs celui qui a I<
mieux écrit fur hs myAéres.de Mithra ,1~4.
Ce qu'~ d dit de l'abolition des facriSces hu-
mains, ibid. Ce qu'il dit de l'usage où étoieni
les Mages de défigner les hoïNmes par des
noms d'Animaux, 30~
MH~c. Chafteté de cet oi&au, & & fidélité à
l'égard de ton mâl<, 10~
~OH. Les Grecs le compofbient d'an homme Se
d'une chévre 11~
P~~f. Quelles font les armes de cet animal,
Combien leur a&ge nuit à Famé
i~
s 7
P<w. On doit s'abftecir de tour ce qu~îes ré-
ve:e, Ce qui les met en mouvement,
Moyen de les éviter, ibid. Néce~Ccé de les
téprimer, 63.~ /M~. L'habitude a fur elles
un grand empire n~
P4ul ( Sr. ) Ce qu'il nous apprend des Anges
39~.D'ouiia tiré ces connoiuances, ibid.
~Ma~j ( Dieux ) Voyez Lares.
Penfée. Ce que c'eft que la penfée, ï7~. Ce qui
!a (buit!e ) ~ï7
~cr~f des premiers 6éc!e! 11s ont crû que les
Anges avoient des corps, 398. ~~M~. Ori"
ginedeleur opinion, 39~. Leur (entimen:
tur la nature de l'ame 403. ~M<v. Com~
ment on peut les excu~r ~o~. ~jM~.
Ftr~~oK. En quoi confifte la perfedion de
I.
l'homme, ~Mïf. Renoncement aux cho-
fes f?nf!b!es nccedaire pour arriver 4.
64. Combien la Servitude de manger nous eft
un ob~acle pour y. parvenir, <~
P~H~tMj. Sacrifices humains qu'ï!s oifroient à
Saturne, 1~4. Extrémité à laquelle furent ré-
duits les Phéniciens révoltes', qui étcient la
folde des Carthaginois t«. Comment i!s
furent rraicés par Amitcar, ibid.
Phérébate. Pourquoi ce nom a été donné à P~-o-
ferpine,
Philofypke: Portrait qu'en rau Platon
;0t
~w. Ils ne do vent accorder à la nature; que
ce qui luie~abfb!ument néceuaire~r. L'abs-
tinence de ~a chair des Animaux leur eâ re-
commandée ~8.1!s tont les Prêtres du Dte~
fuprême~ t Leur étude & leur occupation,
*ï~. I!s n'ont recours ni aux oracles ~i aox
entrailles des ammaujr, ty?. Secours qu'ih!
doivent attendre des bons Génies, Y<;o. Ils ne
doivent poin: fuivre les mauvais ufages, !7~.
Plusieurs cho!es leur (ont interdites que la
loi icicre dans le vulgaire, n. Loix auxquel-
Ïe~i! .doivent fe conformer, )tt. Sentimens
des anciens Philofbphes au fujet des Esprits
417 <~ Y. Ce qu'ils penfojent de leur nature~,
de leur !mmortalitc, de leur nombre, 4~1'
~'yM<t/.
Philofophie. C'eft à elle qu'on doit avoir recours
lorsqu'on manque du ncceBaire, 7;. Avanta-
ge qu'elle procure, 74-
Piéré. La petreccton de la ju&ice e~ reniermee
dans la pieté !7f. Combien l'ab~inence des
viandes contribue à cette vertu,
Pieux. Autel des Pieux à Délos pourquoi ainfi
nomtne 114
Pigeons. Ils partagent avec leurs femelles la pei-
.ne de couver leui s oeuis, 4
Pindare. Ce que ce Poète dit'de l'ame des Sa-
ges, <!o A qui il ajaic refiembler les Dieux
~ourfuivis par Tiphon i YJ
P~Mf~. Si on leur ra~c violence lorqu'on en ufe
ou. qu'on les facrine ,101 ~~M~. 110. x~<?.
Il n'c~ pas facile de concevoir qu'elles ayenc
de la raifon, n~
Platon. Pourquoi il 'Il choïuc ~Acad'mie pour (a
choifit l'Académie
demeure f8. Portrait qu'il fait des Philofo-
e ~y~.
pnes, Etres auxque!s il a donne
nom de Démons t Son fëntiment fur
la nature de ce qui eft jufle, i4f Conseil
qu'il donne aux Philosophes, t7t II a~mec
de la raifon dan~les animaux 191. Son fën-
timent fur lesjGénies, ou Ocmons ,4~1'
P~OM~M. Leur Philofbphie infpiroit un grand
mépr!s peur la vie, io. Sterne qu'ils <oî~
voient à ce <ujec, ibid. Leurs fentimen fur~
nature des Dieux, 137. ~'yM< Leur doc-
trine au fujet des Génies ou Démons, 4~?.
<~ ~v. N. ( a Ils lea crcyoient panibles
9,
4~
~~M. Tems aaquel~e Phjlofbpheenfergnoic à
Rome, 8. Réputation qu'il y avolt, ibid. Oo~
jets prinetpaux de ~es écndes ibid. Eftime &.
tendance qu'il marqua pour Porphyre ,). Il
ne peut fouffrir qu'on raHë ion porfrait, 3~7.
~'ytw. Son éloignement pour les remèdes t~
318. ~'y~ Comment il mourut, ~o.
Age qu'il avoit à fa mort, ibid. Epoque de
& naiffance, ~<~ <~ ~w. Ce qui lui arriva
au fbjec de fa nourrice, 3'. Ses maîtres
fes crudes < 3~. Ses premières occupations aL
?
Rome 3; <!r/M~. Quand ir commence
écrire ) 3; f. Titres de tes Ouvrages ~f.. N.-
( <! ). ~~7. ~T. ( a ). Cara<fcere de fes écrits~
3 39. ~3~1. Ses- principaux D~cipleS) ibid.
~yH~. Sa manière de composer 34.
Femmes qui lui ètoient attachées, ~44. Con-
fiance que les pere~ & les mères avoient e~
lui, }~. Sa douceur~ tM~/H~u. Combien,
dé tems il demeura à Rome, 3~6. Son avan-
ture avec un Prêtre E~y~tien 3~7. (~ ~w.
Dieu qu'il avoit pour ~énie~ ;<. Conn~fi<
fance pa'ta ire qu'il avoit du caradère des hotn<
mes, 34~. Confidcrarion que l'Empereur Gat"
lien & fa femme avoient pour lui, ) ~o. Ses
conférences, 3~ t. d~/MW. Jugemer.t qu'il
porta de Longin 3~3. Déférence qu'il mar-
qua pour le Philofophe Origène ibid. ~r /L
Ouvrage qu'il compofa contre les Ch~ttens
<~y< Idée que Longin avoit de lui
3~1. ~jM~. Jugement qu'Apollon en perta,
~73. ~ywïv. Communications qu~il eut avec
la Divinité, !77. Ordre dans lequel (es Ou-
vrages ont été diftribués par Porphyre, 37~,
Son-fentiment aufu~etdes Démons,
4~7
t/<M~<M. Remarque dè cet Auteur au fujet de
i'ù~age que nous faifons des tuires êtres,
~/MW. Ce qu'il rapporte de la doctrine de
Xoroattre touchant les deux Principe~ 41 f.
~H<t/. Sort- fentiment fur l'exigence des Dé-
mons.~i~. Ce qu'il dit des Démons envieux
oc malins, ?on opinion fur-la natoie des
!i.yi<
Esprits, 4.
F~c~f. La poëfie à continué à corrompre fes
opinions des hommes, ~4.
SP~es'. Idées faines que queloues uns d'eux on&
eues de la Divinité, i<7. <~y~ Pourquoi
il< ont' employé le nom du Dragon, pour ei-
primer l'action déçoit, T~
r~~c. Patrie de ce Philosophe, r Pourquoi
app. lié Batanéote par quelques Péres ~<sf.
Son vrai nom ,n~ S. Pourquoi il prit ce-
lui de Porphyre ibid. Sa naiUance & ta &
mille., <M. Occupations de fa jeunet,
S'il avoit c~é Chrétien, 3. Ce ou'U pèrifoic.
d'Origéhe~ 4- ~f. A quel âge il alt&â
Rome, 6. Ses études à Athènes fous Longin
7. ~ym~. Second voyage qu'il nr à Rome, 9.
li étudie fous Florin, Emme que ce Phi.
lofcphe faifoit de lui, ibid. Accès de mélan-
colie auxquels iF fut fujec ~'yH~. Son
voyagea ton (éjour en Sicile ro. ~r /M~. Il
y compote fcn fameux Ouvrage contre les
€hcétien~ n.Il Yt à Canhage, ibid. Son
retour ~Rome, t i.Répuration qu'il s'y fit, ibid.
II s'y marie Opinions diverfes fur le
tems & ie lieu de fa mort, ibid. ~«~. Son
ravoir ,13. Livres qu'il a compotes, ibid. Ce
qu'on y déureroit, ibid. Ses Ouvrages les plus
célébres, t4. Dans quelle vue il s'écott appli-
qué à la ledure de l'Ecriture ibid. Combien
ïbn nom a été odieux aux premiers Chrétiens 1.
l f. Eloge qu'Eufebe, Se. Au~urtin & Sr. Cy-
lilïe ont fait de lui ibid ~~f. Son but &
fon Flan dans (on Traité de FAblUnence de la
chair des Animaux, 17. <M<v. Pourquoi il
a compo~ cet Ouvrage ~S. ~<w. A quel
âge il s'attacha. à Plocin, Celui-ci le char-
ge de mettre la dernière main à fes Ouvrages,à
3~3. <!r t78. Ju~emenrquePlotinporrade
quelques-uns de <es écrirs ~f~. <~ /M<v Son
fenumencau fujec des Oémons, 4~7. Leccre
qu'tl écrivir furcetre tnaciére, 440. D'otl il
avoit pû tirer la connoiiÏance qu'il avoit des
Archanges ~.o
Po~doM~. Sentiment de ce Philofophe fur l'e-
xifteocedesEtprirs, 4~4~
P~M~j. Origine de l'u(a6:e'd'oCrir aux Dieux
les prémices des fruits en (acri&e~ Quel-
les (ont les meilleures qu'on peut leur prélen-
ter, f7i
Pf~MMMf~f. Lesbons Génies s'en fervent, pour
découvrir l'avenir au vrai Philosophe, J~
Pf~rM. Perre~rion particulière que les loix exi-
gent d'eux, 88. L'ufage de la chair des ani-
maux interdit à quelques-uns 9 ~<7. Des Pré-
tres Egyptiens t<8. <v. En quoi les Pré.
tres des Anciens faifoient conter la pureté
Pf~f~M. La dodrine des deux Principes adop-
tée par les Anciens Hérétiques, 409. ~/H~.
D'où iis'l'avoient tirée 41
P~ecÏM-f. Sentiment de ce Philosophe au~et d<t
Génie: ou Démons 417. ~MW.
Pfo/<rp~. Pourquoi appellée Phércbate ~of.
t
Elle eft la même que Maïa.,
P/<p//<fj. H croit que levâmes des hommes ne peu-
vent devenir Anges 4~ f. Opinion de ce Pé-
P< t.
re fur Je nombre de ces E(priis

vertu,
4.~7
Ce qu'il faut faire pour parvenir à cette
~~M~. Ce n'eA que par elle, qu'on
peur avoit accès auprès de Dieu, 84. <~jM~
Elle eR n.ceuattc pour facrifier aux Dieux,
111. En quoi elle conu~e, l C'eA la verca
des hommes divins &r'es Sa~es~i~ t. Et: quoi
les Prêtres des Anciens!~ fa!(oienc con~Iicr,
) t Quelles chofes lui font contraires
y~<v.
J~~e~. qui ordonna qu'on nourri
Ce. fut lui
les Athlètes d? viande, 47. 11 admet dela rai-
fon dans l~s animaux, '91. Son opinion Yur
leur ame,t4i. En quoi fa table étoit p!a~
agréable que celle de Socrate 14~.
Pythagoriciens. Ils s*ab(t?noienc toute leur vie~
de mnnger de la viande,- 114. ~~Mw. Sa-
crifices de nombres & de lignes qu'ils e~
i
froient -aux Dieux, !f.MW. Leur Senti-
ment fur l'âme raifonnable !77. Comment
ils réouïrent i rendre les hommes ptus do~x
& plus humains, n~
a
R.
DT) J~iv. Celui qui la contre ne fera j4aoa!~
J\_ rien que de fage, ~7. Elle contient les
fën s, ~L~homme eft peï~a des qn'eUe eeNef
de le gouverner ibid. Elle réduit fe nécefiai-
!? à peu de cho&t 68. Deux fortes de raifon
1~7~ Si les animaux en tbnt~rivés, ibid
De celle qui (ë ~k connoitre p~r les fbns
I7S. ~~w. Quels êtres participent plus otr
moins à la raifbn ~09. Di&in6Hon entre la
Mifbn & la parfaire raison. t)). Avantage de
celui qui coniulce la raifon a.y <
~ccowo~Mfe. Elle doit étre proportionnée anx
bienfaits, teo. BUe n'e~ pas raifonnable aux
dépens d'un t r e ri9
i~MoM~t aux choses fehHbles nécefairé à
ceux qui afpirent à la perfeûion y~
~&!<f<MH<MM. Il juroit pat !es animaux, m. I.oj~
~u'ii Mtiod~i&c a cefujet chez les Crétois,
~'<
~Jt«Mc. Animatïïquiy~bhcfujet~~ 1~3. Ety-
mologie de fon nom Grec
J~~A~ Pourquoi les riches font tonjoun dans la*
peine 7~
s
~c&f~ Eî!esne font pas capables de guérir les
troubles de l'âme y 7~
~~tWM. Progrès que c~'Sénateur nt dans la

ment, <M.w.
PhilofbptMe tous Plotin~ ~ï.Son détache-

Rome. Sacrifices humains oHefts à Rome a la fé-


te de Jupiter L~M/~ 0 1 ~y
~Ko~ Cet oifeau en~igh< à &< petits à ror-
Mer Leaf vwix, ~a
t s
au~«<t. Nom que les GnoAiques donnoien:
Prince du feptiéme Ciel, 40~. Ce q~HIs
penfoient de lui, & figure qu'ils lui attri-
buoient, <M.
~Ac~cfj. Si les Dieux ont ordonné ou approu-
vé ceux d'animaux, 4~. ~M~. Des anciens
facrinces des Egyptiens ~o.MW. Des fa-

oSrirenc (ucceutvemencaux Dieux, ~.<


crifices des premiers hommes, & .de ce qu'ils

Origine de l'usage de la farine dans les ~acti-


6ces, Malheurs arrivés au genre humain
depuis l'origine des facrifices fanglans
Origine des facrifices d'animaux, 9<. ~~<w.
Us n'ont rien de pieux, j0n j~'y a eu re-
cours que dans la dernière extrémité toc.
<Le~M:ï!nce ne doit faire tort à qui que ce foit,
loi. Et/mot~gie de fon nom, ibid. Quels
-font les facrifices les plus agtéables aux Dieux,
ïo). ~r yH~. Pourquoi on les 6nit par o~ir
d~ l'encens, 10~. Pourquoi on s'y fervoit au~
rrefois de va~ës de terre ou de bois, Pio,
Tfoisraifbns des facrifices, ï 17. Comment oa

mes, !n. Des ~acrinces des Juifs <


y a plus en vue (es ptaiursqueles Dieux mê-

n <
Origine des facri6ces humains, t. /Mtv.
Dintrence des (acri6ces, fuivant les di~eren-
tes Puiâances auxquelles on les offre, l
En quoi conUfte leur perfeftion ï 34- Sacri~.
~ïces humains offerts à Saturne & autres, ï~t.
yww. Quand abolis, 164. Maux que la.
magniSce~ee des facrifices a introduits dans
monde tye. Loix de Iriptoleme & ~e
Dracon au fuiet des factifices, ~4.MW.
Pourquoi les anciens Sages alloient habi<-
ter les pays les plus dciercs f3. La pureieett
la vertu des Sages .1~1. Combien le nom-
bre en eft petit, 78. Cenûd6ration qu'ils ont
eue pour les'animaux,
&<f< Le plus grand nombre n'e& pas fait pouf
Ht
elle, 77
~nMe~, Nom que les Grecs modernes donnent-
à un des Chefs des Anges. ;p
à
~<<M<!HM~, forte de Gymnoïbpbi~es chez les
Indiens ~o;. Qui ils font 304. Leur récep-
tion) ~06. Leur genre de vie, ibid. ~'yH<v. Vé-
néracion qu'on a pour eux 307. <~ /M~.
J
I.eurdif?oution à l'égard de la mort, ~oS.
<MV.
&tMc. L'ufage des Viandes loin de contribuée
à la fanté lui e~ contraire, 76. Les mêmes
chofes qai la rctabliiient font celles qui la
confervent ibid. Pourquoi doit la con-
ferver 7<. Le meilleur moyen de l'entrete-
nir, ibid ~r/«~.
&M<MW. Sacrifices humains qu'on lui faifoic en
divers endroits, i< t. ~M«/164.
Saturnin. Rêveries de cet Héréfiarque au (ujet
de Dieu des Anges &: de la création ~ti.
~'y«~.
a

S~< Pourquoi lesvivante


Egyptiens l'bonofoient,
comme l'image du Soleil tto.
/M~.
&«tMM. Elles ne peuvent nous rendre heureux,
~1
Scorpion. Quelles font fes armes, 199
Scyt~j. Coutume barbare de ces peuples à l'é-
gard de leurs vieilles, } t
~M. Agitations violentes causes par les Sens,
~6. ItS produifenc tous les détordres de l'â-
me, ibid. Ils font comme des filets qui l'entraî"
nent au mal, ibid. Ce (ont les clous qui l'at~-
tachentau Corps, 6t. Ils retardent les opéra-
tions de l'efprit, 61. Ils ne font jamais fatif-
xaits qu'à fon préjudice, 64.Ce n'efi qu'en s'en
dérachant, que l'homme peut parvenir à fa
fin 84. Ils font les mêmes dansThomme &
dans les animaux, & plus parfaits dans ceux-
ci, ipf.~y<w.
&HfMB~. Que le fentiment fnppofë ncceuaire-
ment l'inceUigence~ nf ~/Mn/.
Séraphins. Ce qui en efc dit dans 1 Ecriture, ~84.
Figure qu'elle leur donne, ibid.
~rpcKj. Les ferpens d'Egypte aveuglent avec
leur crachat, i~~
Simon le Magicien. Il paue pour l'inventeur des
Eons, 406. Ses rêveries fur leur nombre & fur
ion Hélène 407. ~~MW.
Socrate le Pbitofbphe. Ce qu'il dit à ceux qui diC.
putoient, fi le plaifir eft la 6n de l'hommet
176. Il juroit par les animaux, m. /M~.
Ce n'étoit point en badinant, qu'il appelloit
les cignes tes camarades, 114. En quoi fa ta-
ble étoit moins agréable qne celle de Pytha-
gore,e 144
~ecr~c l'Hifrorien. Ce qu'il rapporte du Chrif-
tianifme de Porphyre,
~o~. Noms d'animaux ~ue les Latins lui don-
noieot, oit
~OM~M. Les bons Génies s'en fervent, pour dé-
couvrir l'avenir au vrai Philosophe, 160
Sophocle. Deteription que ce Poëte fait d'un fi.
crifice agréable aux Dieuxs ti&
SM<~fe. A quei ce mot t'appliquée dans ï~ te m
iure, ~iy
Sf~oy, Gouverneur de la Bac~riane pour Ale.
xandre. Commenc il pentà perdre Con G~af
vernemenc ~t;
~r~oM. Commentai prouve que le fentimenc
fuppofe nece~aiBemenc l'intelligence n~.
yM<'u.
Syriens. Quand, & à queUe occafion ces peuples
commencerent à manger des animaux ~<f.
/«< Jusqu'à quand ils s'ab~mtencdes poi~
~cns t~<
T.
~TT~ B~~MM~H. Son fentiment (ur la natafe de
J~ l'ame, ~o /ï<ïv. En quel fens il don-
ne un corps à Dieu même, 40 /M<v.
T~M~o~. Sentiment de ce Pcre fur la corporéi-
ré des Anges des Démons & de l'âme ~ot.
TrA~op~~f. Témoignage qu'il rend aux lumiè-
res des Egyptiensdu~o. Son fentiment fur l'o-
rigine des maux genre humain, 94. Raï-
fens dont il te (ert, pour pronver qu'on doit
s'abOenir de facrifier les animaux, to$. (~
€e qu'il dit des iibations 114. Ce qu'il rap-
porre des facrifices des Juifs, n.i (~y~w.
Comment il prouve que les animaux penfent,
~39. ~M~. Son tëntimentfurle féjour de
l'âme dans le corps i<~
T~opompc. H~oires par lesquelles il prouve que
les facrifices les plus fimples fbnc les plus agrca,-
bles aux Dieux, )o6:*C'
Y~tM~c. Ce que c'ecoit, & ce qu'elle apprenoif,
S. <~ ~w. 448. rar qui client enseignée
~x hommes 448
T~
n~
Quel e~ celui qui fournie le meilleur
aux abeilles, 317
~%oM. Demeure de ces anciens peuples, 9 y.
Leur imptece & leur cruauté, CommCnc
ils en furent punis, ibid.
~a~a<fpM~. Coutume barbare de ces peuples à
l'égard des vieillards,
?~MM (M. de) juftice ~u'~rend an merïce
ï
de Porphyre, i~
~a~M~ Pourquoi tes Prêtres Egyptiens
6'abftenoienc de ces oifëaux 17~. lis ~on6
confacrétàPrôfërpine, 30:
?Wpfo/~f. C'eA le plus ancien I.egif!ateur dei
A~enieM Loix qu'on rapporte de lui.
~~f.
2~<j~/o<~ffjr. Ce qui rbrca ces peuples à faire
ufage de la viande, 3 ri. ë~y~
~~M~&«~. En quoi les kymnes qu'il avoic raitt
pour Apollon., étoient préiÏMbIesà ceu d'Ef"
chyle, 1~1
~frA~M~M~. Cps peuples enMNdent le langage
des Ailles i:~
V~
V~

7 ~c~. Re~ect des Egyptiens & des Ph~-


niciens pour cet animal, fur quoi ronde,
~.C'etoit chëzeu~ une impiété qued'eatuer,
ibid.
*t
~/M«w<~w. Rêveries de ces anciens H&ctique<
au fujet des Diables & des Ëons ~i~
~~oM (M.de)Sonfëntfmencfur'un (ouvrage
du Philofophe Origène, N. ( a J.
j~MM. Elle eil la même que ~amitié n~ Ce
facrince,
que les Anciens lui croient en
~J«~
Viande. Si l'u~a~e de la viande nuit à l'amer
au corps )6. <j~v. Avantage de l'ab~tt-
nence de la viande 70. Pourquoi l'ufage e~
a. été introduit, 7$. <!r 167. Loin de contri-
buer à la ~anté il lui eft contraire, < .<~
Sur quoi on fnnde l'obligation de s'abstenir de
la viande, 113. ~r~M<T/. Ce qui a forcé quel-
ques nations a en faire ulage, t. J«<v.
~fT. Les plus agréables aux Dieux ne ~bne
pas celles d'un grand prix, t <t
~accHf de I<orins. Ce qu'il nous apprend de
Porphyre
~pc~. U rilité que Fon retire dans les maÏadie$
de l'u~e de ce repti e, ~8. ~M~.
y~e.Animaux qui ont la vûe ttcs-percante~ 19~

x.
'~7" E'Mocf~. Ce que ce PhMofbpne a dit de
quelques loix de Triptol~me 314. ~'J<
Sa doctrine au tu~et des Gcnies ouT)émoh~~
z.
~y Oro~rf. Doctrine de ce PhMotbpîte to~-
chant les deux Principes, ~t /«~. ~es
livres p!us IC-s des Platoniciens des dernfer~
tems, que ceux des Chréciens~ 4~
~Wf~y, Difciple de Plotï~. Qui il etoit y 340.
Ses Ouvrages & fa mcrc, ~M~

r~ f~w.
Fautes à ~~y~r.
j~ < 1.1.6-agiHté, ~z &nga!ité.
P. i 61. i. i MeMge~mon~~MMe~ge~tnion.
P~m.l.7.1es,~M:6:s.
P. 113.1.13. 6, R~< ~MHM Si l'on
dit.
P. 3~. t. Ca~ochios, Eo~ochius.
P.~4.1.to.ià,<&.
P~ 98.1.1~ Ughellius, Ughell us.
P. ~oo. 1. i.y. Harduin Com. ~jz Harda~
Cône.
P. 404. 7<~iacMt, e0Sgïaram.
P. 4~7.1. i6.a t~ébon, /</M; à Anebon.
P. 4)~. 1. 6. la v~mé ~M que la v~tit~
~PPXO~T~O
TT 'At lu par Ordre de Monfeigneur î~
~J Chance!ier,!aTraduÛ!onqui précède
la Diflertadon & laDinertanonen mime
tcms Je n'ai rien trouve qui en duc
arrérer l'imprcinon & les deux Ou-
vrages fads~eront les Loueurs. Ce
Avril 1~7. S ALLIER.

PRJT~ILjE GE D~ ROL

de
TT OUI S, parla race de Dieu, Ro~
France & de Navarre, à nos
a~més & féaux Confeillers y les Gens te-
aans nos Cours de Parlementa Maîtres de&
Requêtes Ordinaires de notre Hôtel
crand Conleil, Prévôt de Paris Bail"
Ë~s, Sénéchaux, leurs Lieutenans civils~
& autres' nos Juâiciers qu'il- appartien-
dra S AL UT. Notre amé JEAN D K
B u R E, Libraire à Paris, Nous a fait
expofer qu'il déHreroit faire imprimer-

~K~
& donner au Public un Ouvrage- qui
pour dcre~Tr~~
QMM~ tr~M' <~ ~K~~
r~rp~r~, c~ f/pM~ une
~r~Mo~ fur G~n~, s'il nous plai-
fuit lui accorder nos Lettres de Privi"
tegepource nëceÛaires: A CES cA:u-
XES, voulant favorablement traiter FEx~
posant, Nous lui avons permis & per<
mettons par ces Préfentes de faire im-
primer ledit Ouvrage en un ou pMeuM
Volumes, & autant de fois que bon lur
Semblera, 6e de le vendre ire vendTcr
débiter par tout notre Royaume pen~
dant le tems de fix années consécutives,
compter du jour de la datte des Pré-
&ntes FAISONS défendes a toutes
perfbnnes de quelque qualité & condi-'
tion~qu'elles Soient d'en introduire d'im-'
preffion étrangère dans aucun lieu de-
notre obéi~ance comme au~ à tou~'
Hbraires & Imprimeurs d'imprimer ou
faire imprimer vendre faire vendre
J
débiter ni contrefaire ledit'Ouvrage, nu
d'en faire aucun extrait fous quelque
prétexte que ce foit d'augmentation
~orrecUon, changement ou-autres tant
la permifEon expreffe & par' écrit du-~
dit expofant ou de ceux qui auront droi<-
de lui, à peine deconnfcation des exem"<
plaires contrefaits de trois mille livrer
~amende contre chacun des co treve~
TMM dont un tien a Nous en tiers à
F Hôtel Dieu de Paris, & Fautre tiers
audit expofant ou à celui qui aura droit
de lui, & de tous dépens dommages oc
intérêts à la charge que ces Préfentes
feront enrégi~rées tout au long fur le~
Régi~re de la Communauté des Librai-
res & Imprimeurs de Paris dans trois mois
de la datte d'icelles que FimpreuiOQ
dudit Ouvrage fera faite dans notre
Royaume oc non ailleurs, en bon papier
& beaux caractères renfermement a la
feuille imprimée attachée pour modéle
fous le conire(çel des Préfentes que
l'Impétrant Ce conformera e tout aux
réglemens de la Librairie & notam-
ment a celui du ïo. Avril 17~. qu'a-
vant de l'expofer en venté, le Manuicnc
qui aura fervi de copie à Fimprenion
dudit Ouvrage fera remis dans le même
état ou l'Approbation y aura été donnée
es mains de notre ircs-cher & féal Che-
valier le fleur d'Agueueau Chancelier
de France Commandeur de nos Ordres~
& qu'il en feraenfuite remis deux Exem-
plaires dans notre Bibliothèque publi-
que un dans celle de notre Chàteau
Ju Louvre, ce un dans celle de notre-
dit très-cher & féal Chevalier le ~cuy
d'Aguc~eanChanceiier de France,le ~put
pelée de nullité des Préfentes da
contenu defquelles vous mandons & en-
joignons de faire -jouir ledit Expofanc
& fes Ayans-cau~ pleinement & pai-
~blement, fans Ibu~Fdr qu'il leor ~bk fait
aucun trouble ou empêchement; vou-
lons que la copie des Présentes qui fera
imprimée tout au long au commence~
ment ou à la fin dudit Ouvrage, foit te-
nue pour duement Hgninëe & qu'aux
copies co!lationnées par l'un de nos
âmes & féaux Confeillers & Sécretaires
foi foit ajoutée comme à l'Original: com-
mandons au premier notre Huinier ou
Sergent fur ce requis de faire pour
FexLCution d'icelles tous a<3:es requis &
né~euaires, fans demander autre permif-
~on, & nonobflant clameur de Haro;
Charte Normande & Lettres à ce con-
traires CAR tel e~ notre plaiHr.DoNNE~
à Paris le neuvième jour du mois de
Juin, Fan de Grace mil ~ept cens qua-
rante fept & de norre Régne le tren-
te -deuxième. Par le Roi en ion ConfeiL
SAINSON.
R~yi ~c~
Royale des
Regiflre nr.
f~pM~ de
C&
Paris,
M*. 79 ~0/. 70 COM/O~M~C~ aux ~MC~M~
glemens, fM/M~ ~x~~hi~i8 jH~r~r 17~~
P<!y~ le 12. 7~~ t7~7~

G. </AVELIER,~M~

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