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PHYSIQUE
en PC/PC*
Le cours complet
PHYSIQUE
en PC/PC*
Le cours complet
Pascal Olive
Du même, chez le même éditeur
Physique-Chimie en PSI/PSI* - Le cours complet, 928 pages, 2022.
ISBN 9782340-066571
©Ellipses Édition Marketing S.A., 2023
8/10 rue la Quintinie 75015 Paris
III
AVANT-PROPOS
3. TURBORÉACTEUR
— Une sous-section détaillant une application est indiquée ainsi :
3.1 Miroir de Lloyd
I
IV .
lecture plus approfondie. Ces compléments sont identifiés à l’aide d’une barre
dans la marge de gauche et d’un interligne plus petit :
C’est un cas particulier du théorème de Reynolds :
dx x (t + d t ) − x ( t ) ∂ρ x 3
= = d V + ρ x 2 ( t ) S 2 v 2 ( t ) − ρ x 1 ( t ) S 1 v 1( t )
dt dt ∂t
N M ∈V c
dérivée totale dérivée convective
(Lagrange) dérivée locale (Euler)
Pascal OLIVE
II
1
[PREMIÈRE PARTIE]
BOÎTE À OUTILS
Les chapitres :
1. Différentielles et formes différentielles 3
2. Les systèmes de coordonnées 11
3. Analyse de Fourier 17
4. Champs et opérateurs différentiels 33
5. Grandeurs physiques : dimensions et unités 57
Dans cette première partie du livre sont exposés les outils nécessaires à l’étude
des parties suivantes.
Le chapitre sur les champs et les opérateurs différentiels introduit de
nouveaux opérateurs, ainsi que la notion de bilan local. Il doit impérativement
être maîtrisé avant d’aborder les parties portant sur l’électromagnétisme, la
mécanique, la thermodynamique et la Physique des ondes.
f
En mathématiques, une fonction est notée f ou bien x ֏ f(x) , pour la distinguer
de l’image f(x) de x par f. En Physique, la notation g(x,t) est souvent utilisée pour
indiquer que la grandeur g dépend des variables x et t.
1
2
3
[BOÎTE À OUTILS 1]
DIFFÉRENTIELLES ET FORMES
DIFFÉRENTIELLES
1. FONCTIONS DE PLUSIEURS VARIABLES
1.1 Dérivées partielles
f
On raisonne sur une fonction f de deux variables réelles : ( x, y ) ֏ f ( x, y ) , à va-
leurs réelles, de classe C1 .
∂f
On note la dérivée de la fonction f par rapport à la variable x, les autres
∂x y
variables (ici y) étant fixées.
∂f
On note simplement cette dérivée partielle lorsqu’il n’y a pas d’ambiguïté.
∂x
Par exemple, en thermodynamique, une fonction d’état d’un corps pur sous une seule
phase, comme l’entropie S, est une fonction de deux variables indépendantes. On peut
choisir comme couple de variables la température T et la pression p, mais aussi T et
∂S ∂S
le volume V. Il faut distinguer et ∂T , qui sont a priori différentes.
∂T p V
∂ ∂f ∂ ∂f ∂ 2f ∂ 2f
= , soit = : peu importe l’ordre des dérivations.
∂x ∂y ∂y ∂x ∂x ∂y ∂y ∂x
f
Par exemple : ( x, y ) ֏ x 2 ln( y ) est de classe C 2 sur son domaine de définition.
3
4 Partie I. Boîte à outils
∂f ∂f x2 ∂ ∂f 2 x ∂ ∂f
On calcule = 2 x ln( y ) et = . On a bien = = .
∂x ∂y y ∂x ∂y y ∂y ∂x
2. DIFFÉRENTIELLES
2.1 Fonction d’une seule variable
f
La fonction f : x ֏ f ( x ) étant suffisamment régulière, elle admet au voisinage
de x un développement de Taylor :
(δx )2
⋅ f ′′( x ) + O (δx )3 .
f ( x + δx ) = f ( x ) + δx ⋅ f ′( x ) +
2!
Intéressons-nous à la différence f ( x + δx ) − f ( x ) , quand δx est très petit :
(δx )2
f ( x + δx ) − f ( x ) = δx ⋅ f ′( x ) + ⋅ f ′′( x ) + O (δx )3 . On a donc :
2!
f ( x + δx ) − f ( x ) δx
= f ′( x ) + ⋅ f ′′( x ) + O (δx )2 .
δx 2!
On note dx un accroissement δx infiniment petit :
f ( x + dx ) − f ( x ) f ( x + δx ) − f ( x )
= lim = f ′( x ) , ce qu’on écrit sous la forme :
dx δx →0 δx
f ( x + dx ) − f ( x ) = f ′( x )dx .
df
Ceci fait tout l’intérêt de la notation de Leibniz : f ′( x ) = .
dx
df = f ( x + dx ) − f ( x ) est la variation infinitésimale de f au voisinage de x, due à
une variation infinitésimale dx de x.
Remarquons que, contrairement au cas d’un accroissement fini δx , il n’y a pas
dans df de termes en (dx )2 , (dx )3 , etc. Ceci n’est pas une approximation car :
Adx + B(dx )2 = dx [ A + Bdx ] = dx ⋅ lim [ A + Bδx ] = Adx .
δx →0
Un infiniment petit du premier ordre dx est infiniment plus grand qu’un infini-
ment petit du second ordre (dx )2 . Des termes en (dx )2 n’interviennent que s’il n’y a
pas de termes en dx ( A = 0 ).
4
Chapitre 1. Différentielles et formes différentielles 5
df dg exp(2 x )
On en déduit dF = ⋅ dx . Par exemple, si F ( x ) = exp(2 x ) , dF = dx .
dg dx x
∂f ∂f
df = f ( x + dx, y + dy ) − f ( x, y ) = dx + dy , différentielle de f en (x,y).
∂x ∂y
2.3 Intégration
Pour une fonction d’une seule variable, découpons l’intervalle [a, b ] en N inter-
N
( f [a + i δx ] − f [a + (i − 1)δx ]) .
b−a
valles de longueur δx = et calculons I =
N i =1
Cette somme discrète se simplifie :
I = f (b) −f (b − δx ) + f (b − δx ) − ... −
��������� f (a + δx ) + f (a + δx ) − f (a) , soit I = f (b) − f (a) .
���������
0 0
δx devient infiniment petit si N → ∞ , et est noté dx. La somme I n’est alors plus
x =b x =b
discrète, mais continue, et s’écrit I = [ f ( x + d x ) − f ( x )] = df = f ( b ) − f (a ) .
x =a x =a
Ce résultat est bien traduit par la notation de Leibniz :
x =b x =b
df = f ′( x )dx = [f ( x )] ab = f (b ) − f (a ) .
x =a x =a
5
6 Partie I. Boîte à outils
B
La somme continue df = f (B ) − f ( A) = f ( xB , yB ) − f ( xA, y A ) ne dépend que de
A
A et B, et ne dépend donc pas du chemin γ suivi pour aller de A à B.
3. FORMES DIFFÉRENTIELLES
3.1 Définition
Pour un système décrit par deux variables x et y, une forme différentielle s’écrit
δW = P ( x, y )dx + Q( x, y )dy .
G G G
Par exemple, dans un champ de force F ( x, y ) = P ( x, y )ex + Q( x, y )ey , le travail
reçu par une particule se déplaçant de M ( x, y ) à M ′( x + dx, y + dy ) vaut :
G →
δW = F ⋅ d OM = P ( x, y )dx + Q( x, y )dy .
Malgré la notation, qui est la même que celle d’un accroissement fini, c’est un
travail élémentaire, ou infinitésimal, défini pour un déplacement élémentaire :
→
→ G G
d OM = MM ′ = dx ex + dy ey de la particule, se produisant entre les dates t et t + d t .
Une forme différentielle est donc définie pour une transformation infinitésimale
correspondant à une variation dx de x et dy de y au voisinage de ( x, y ) .
Lorsqu’on somme les formes différentielles δW le long d’un chemin γ entre deux
points A et B, on obtient la grandeur WAγ →B (par exemple, le travail de la force s’exer-
çant sur la particule qui se déplace entre A et B le long de γ).
La grandeur WAγ →B = δW dépend a priori du chemin γ suivi entre A et B.
A
6
Chapitre 1. Différentielles et formes différentielles 7
(ii) La forme différentielle δW = 2 x sin( y )dx + x 2 cos( y ) − 1 dy peut être une différen-
∂P ∂Q
tielle puisque = 2 x cos( y ) = . Cherchons donc s’il existe une fonction f telle que
∂y ∂x
∂f
∂x = 2 x sin( y )
δW = df . On identifie pour cela les dérivées partielles : .
∂f = x 2 cos( y ) − 1
∂
y
On intègre alors une de ces deux relations, par exemple la première :
∂f
= 2 x sin( y ) f ( x, y ) = x 2 sin( y ) + ϕ( y ) .
∂x
7
8 Partie I. Boîte à outils
différentielle. Pour une transformation finie, on note WAγ →B = δW , ou simplement W
A
B
s’il n’y a pas d’ambiguïté, et ∆f = df = f (B ) − f ( A) .
A
4. APPLICATIONS
4.1 Fonctions implicites
Considérons trois variables x, y et z liées par une relation f ( x, y , z ) = 0 (∗) , par
exemple f ( x, y , z ) = yx 3 + z ln( x ) + 1 = 0 . Les variables x, y et z ne sont donc pas indé-
pendantes. Si par exemple on fixe les valeurs de y et de z, alors x ne peut prendre que
certaines valeurs, solutions de (∗) . Cependant, comme dans l’exemple, on ne peut
pas toujours expliciter x en fonction de y et de z, c’est-à-dire exprimer analytiquement
x
la fonction ( y , z ) ֏ x ( y , z ) : x est alors une fonction implicite de y et de z.
On peut néanmoins obtenir des relations entre les dérivées partielles. En effet,
comme f est une constante, on a, en prenant la différentielle de (∗) :
∂f ∂f ∂f
d f = d x + d y + dz = 0 .
y ,z
∂x z, x
∂y ∂z x, y
∂f ∂f dy
Si z est constant ( dz = 0 ), on a dx + dy = 0 , or à z constant
∂x y ,z ∂y z,x dx
y
est la dérivée partielle par rapport à x de la fonction implicite ( z, x ) ֏ y ( z, x ) . On a donc
∂y ∂f ∂f
∂x = − ∂x ∂y . On constate qu’il faut bien se garder de « simplifier » par
z y ,z z, x
∂f , cette simplification étant dénuée de sens, et amenant à un résultat faux.
8
Chapitre 1. Différentielles et formes différentielles 9
−1
∂x ∂f ∂f ∂x ∂y
De même = − ∂x , d’où la relation
= .
∂y z ∂y z, x y ,z z ∂x z
∂y
Un certain nombre de résultats peuvent être ainsi démontrés sans avoir à ex-
z x y
pliciter les fonctions ( x, y ) ֏ z( x, y ) , ( y , z ) ֏ x ( y , z ) et ( z, x ) ֏ y ( z, x ) .
9
10 Partie I. Boîte à outils
R
Q= ρ( r ) 4πr 2dr .
r =0
Tout l’intérêt des différentielles est le passage à une variation infiniment petite.
Si le rayon de la boule subissait un accroissement fini δr , on aurait :
4 4
δV = V (r + δr ) − V (r ) = π (r + δr )3 − r 3 = π 3r 2δr + 3r (δr )2 + (δr )3 ≠ 4πr 2δr .
3 3
En revanche, dV = 4πr 2dr est une relation exacte.
δW
La puissance instantanée, définie par p(t ) = , n’est pas une dérivée puisque
dt
W n’est pas une fonction du temps (parler du « travail reçu à la date t » n’a pas de
sens ; parler du travail δW reçu entre t et t + d t en a un).
élémentaires : W = δW = Ri 2 (t )dt .
t1 t1
10
11
[BOÎTE À OUTILS 2]
LES SYSTÈMES DE
COORDONNÉES
1. COORDONNÉES CARTÉSIENNES
1.1 Définition
G G G G
On définit le repère orthonormé direct (O, ex , ey , ez ) : le sens de ez est celui du
G G
déplacement d’un tire-bouchon quand on tourne de ex vers ey .
G →
→
dr = MM ′ = d OM est le déplacement élémentaire entre un point M et un point
M ′ infiniment proche.
11
12 Partie I. Boîte à outils
2. COORDONNÉES CYLINDRIQUES
2.1 Définition
G G G
Soit un repère orthonormé direct cartésien (O, ex , ey , ez ) .
G G G
On définit la base mobile (elle dépend du point M) ( er , eθ , ez ), orthonormée et
directe, ainsi que les coordonnées cylindriques de M, de la manière suivante :
G
— Si m est le projeté orthogonal de M sur le plan xOy, le vecteur unitaire radial er est
→
G Om
→
er = , avec r = Om .
r
12
Chapitre 2. Les systèmes de coordonnées 13
G G
— θ est l’angle orienté ( ex , er ) dans le plan xOy : cet angle est positif si un tire-bou-
G G G
chon se déplace dans le sens du vecteur ez quand on tourne de ex vers er .
G G π
— Le vecteur unitaire orthoradial eθ se déduit de er par une rotation de + autour
2
de Oz.
G
— Le vecteur unitaire ez complète le trièdre direct.
G →
→
dr = MM ′ = d OM est le déplacement élémentaire entre un point M et un point
M ′ infiniment proche.
13
14 Partie I. Boîte à outils
3. COORDONNÉES SPHÉRIQUES
3.1 Définition
G G G
Soit un repère orthonormé direct cartésien (O, ex , ey , ez ) .
G G G
On définit la base mobile (elle dépend du point M) ( er , eθ , eϕ ), orthonormée et
directe, ainsi que les coordonnées sphériques de M, de la manière suivante :
→
G G OM → G
— Le vecteur unitaire radial er est er = , avec r = OM = r .
r
G G
— θ ∈ [0, π] est l’angle ( ez , er ). Lorsque θ = 0 , le point M se trouve sur l’axe Oz du
côté des z positifs ; lorsque θ = π , le point M se trouve sur l’axe Oz du côté des z
négatifs.
14
Chapitre 2. Les systèmes de coordonnées 15
G G G
— Le vecteur unitaire orthoradial eθ est un vecteur du plan vectoriel ( ez , er ) se dédui-
G π
sant de er par une rotation de dans le sens des θ croissants.
2
— Si m est le projeté orthogonal de M sur le plan xOy, l’angle ϕ est l’angle orienté
G →
( ex , Om ) dans le plan xOy : cet angle est positif si un tire-bouchon se déplace dans
G G →
le sens du vecteur ez quand on tourne de ex vers Om .
G
— Le vecteur unitaire eϕ complète le trièdre direct. C’est un vecteur du plan vectoriel
G G G
( ex , ey ) car il est orthogonal à ez .
15
16 Partie I. Boîte à outils
G
Si r varie de dr, le point se déplace de dr selon le vecteur er .
G
Si θ varie de dθ, le point se déplace de r dθ selon le vecteur eθ .
G
Si ϕ varie de dϕ , le point se déplace de r sin θ dϕ selon le vecteur eϕ .
G →
→
dr = MM ′ = d OM est le déplacement élémentaire entre un point M et un point
M ′ infiniment proche.
16
17
[BOÎTE À OUTILS 3]
ANALYSE DE FOURIER
1. SÉRIE DE FOURIER
1.1 Théorème pour une fonction f à valeurs réelles
Théorème
f
Toute fonction T-périodique du temps t ֏ f (t ) , à valeurs réelles, peut être dé-
composée en une somme d’un nombre fini, ou infini, de composantes sinusoïdales
2π
discrètes, dont les pulsations sont multiples de la pulsation fondamentale Ω = :
T
+∞ +∞
f ( t ) = c0 + [an cos(nΩt ) + bn sin(nΩt )] = c0 + cn cos(nΩt + ψn ) .
n =1 n =1
On a alors cn = an 2 + bn 2 .
Convergence
Il existe des conditions pour que la série de Fourier (somme infinie) d’une fonc-
tion converge bien vers cette fonction. Dans le cas des fonctions de classe C 1 par
+∞
morceaux, c0 + cn cos(nΩt0 + ψn ) converge bien vers f (t0 ) pour toute valeur t0 où
n =1
17
18 Partie I. Boîte à outils
+∞
f est continue, mais si f est discontinue en t0 , la série c0 + cn cos(nΩt0 + ψn ) con-
n =1
f (t 0 − ) + f (t 0 + )
verge vers , qui peut être différent de f (t0 ) .
2
Vocabulaire
t ֏ c0 = f est une fonction constante (période infinie ⇔ pulsation ω = 0 ).
t ֏ c1 cos(Ωt + ψ1) est le fondamental de f (même période T que f).
t ֏ cn cos(nΩt + ψ n ) est l’harmonique de rang n de f (période T / n ).
Spectre de f
L’analyse de Fourier permet une représenta-
tion de l’amplitude des harmoniques d’un signal en
fonction de la pulsation, appelée spectre du signal.
Chaque composante sinusoïdale apparaît comme
une ligne verticale, appelée raie. On représente
souvent, comme sur la figure ci-contre, l’amplitude
cn des harmoniques en fonction de la pulsation ω
(qui ne prend que les valeurs discrètes ω = nΩ ,
avec n ∈ N ).
Approximation de f
Pour toute fonction « physique », on a cn → 0 , ce qui permet d’approximer f
n →∞
par une somme finie de fonctions sinusoïdales. Pour les fonctions qui présentent des
discontinuités (créneaux par exemple), donc des variations infiniment rapides, les cn
décroissent lentement avec n puisque ces variations rapides correspondent à de
grandes pulsations.
Exemples de calcul
— Fonction « créneaux »
Prenons f paire et :
f (t ) = F0 pour 0 ≤ t < T / 4
f (T / 4 ) = 0 .
f (t ) = −F0 pour T / 4 < t ≤ T / 2
Il s’agit de créneaux symétriques
(sur une période T, le signal prend pen-
dant T / 2 la valeur « haute » et pendant T / 2 la valeur « basse »), de valeur
moyenne nulle. On a donc : c0 = f = 0 et bn = 0 ∀n car f est paire.
18
Chapitre 3. Analyse de Fourier 19
T / 4 T /2
4
= �
T f ( t )cos( n Ω t )d t + f�(t )cos( nΩt )dt
0 F0 T / 4 −F0
4F0 1 1 1
f (t ) = cos(Ωt ) − 3 cos(3Ωt ) + 5 cos(5Ωt ) − 7 cos(7Ωt ) + ... .
π
4F0
Le fondamental t ֏ cos( Ωt ) des créneaux possède une amplitude plus
π
grande que celle des créneaux.
19
20 Partie I. Boîte à outils
— Fonction « triangles »
Prenons une fonction g impaire
et de valeur moyenne nulle (on a donc
c0 = g = 0 ), correspondant à des
triangles symétriques (la pente, en va-
leur absolue, est la même lorsque le
signal croît que lorsqu’il décroît).
Il est possible d’éviter le calcul
des coefficients an et bn en remar-
quant que la dérivée de g est la fonc-
tion en créneaux paire, symétrique et
de valeur moyenne nulle étudiée pré-
cédemment, dont la série de Fourier
est connue.
+∞
4F0 ( −1)p
On a ainsi g ′(t ) = f (t ) =
π
2p + 1cos [(2p + 1)Ωt ] à tout instant en prenant
p =0
20
Chapitre 3. Analyse de Fourier 21
8G0 1 1 1
g (t ) = 2
sin(Ωt ) − 2 sin(3Ωt ) + 2 sin(5Ωt ) − 2 sin(7Ωt ) + ... .
π 3 5 7
8G0
Le fondamental t ֏ f (t ) = sin(Ωt ) des triangles possède une amplitude
π2
plus petite que celle des triangles.
21
22 Partie I. Boîte à outils
cn 2 an 2 + bn 2
et = si n ≠ 0 . On a donc :
2 2
1 +∞ 1 +∞ 2
f 2 = c02 +
2 n =1
(an 2 + bn 2 ) = c02 +
2 n =1
cn (théorème de Parseval).
n =−∞
Les coefficients Cn ∈ C de la série de Fourier se calculent à l’aide de la formule
T0
1
f (t )e
−2i πnν 0t
suivante : Cn = dt . Le spectre de f fait donc intervenir des fréquences
T0
0
22
Chapitre 3. Analyse de Fourier 23
+∞ +∞ +∞
f (t ) = C0 + C−n e −2i πnν0t + Cn e 2i πnν0t = C0 + Cne2i πnν t + (Cne2i πnν t )∗ .
0 0
n =1 n =1 n =1
+∞
On a donc f (t ) = C0 + 2Re Cn e2i πnν0t .
n =1
Ainsi, on peut ne considérer que les fréquences positives. Le spectre est alors
par exemple la représentation de 2 Cn = cn pour ν = ν 0 , 2ν 0 , 3ν 0 ,…, nν 0 , et de la
T0
1
valeur moyenne C0 = c0 =
T0 f (t )dt = f correspondant à la fréquence ν = 0 .
0
n =1
f (t ) = C0 + 2Re Cn e inΩt = c0 +
[an cos(nΩt ) + bn sin(nΩt )] .
n =1
T0
1
De Cn =
T0 f (t )[cos(nΩt ) − i sin(nΩt )] dt on tire les coefficients c0 , an et bn :
0
T0 T0 T0
1 2 2
c0 =
T0 f (t )dt = f , an =
T0 f (t )cos(nΩt )dt et bn =
T0 f (t )sin(nΩt )dt . On retrou-
0 0 0
+∞
ve la forme f (t ) = c0 + cn cos(nΩt + ψn ) , avec cn = an 2 + bn 2 = 2 Cn , vue au 1.1.
n =1
2. TRANSFORMÉE DE FOURIER
2.1 Théorème
Toute fonction du temps f, non périodique, à valeurs complexes, telle que
+∞
f (t ) dt converge (ce qui implique lim f (t ) = 0 ), est une somme continue de fonc-
t →±∞
−∞
+∞
tions sinusoïdales : f (t ) = fɶ(ν)e
2i πνt
dν , où fɶ , fonction continue de la fréquence ν,
−∞
+∞
est donnée par fɶ(ν ) = f (t )e
−2i πνt
dt . La fonction fɶ = TF(f ) est la transformée de Fou-
−∞
Le spectre de f fait donc intervenir des fréquences négatives, mais pour une
fonction f réelle, on a fɶ( −ν ) = fɶ ∗ ( ν ) , d’où :
23
24 Partie I. Boîte à outils
0 +∞ +∞ +∞
f (t ) = fɶ(ν )e 2i πνt dν + fɶ(ν )e 2i πνt dν = fɶ( −ν )e −2i πνt dν + fɶ(ν)e
2i πνt
dν , soit :
−∞ 0 0 0
+∞
∗ +∞
f (t ) = fɶ(ν )e 2i πνt + fɶ(ν )e2i πνt dν = 2Re fɶ(ν )e 2i πνt dν .
( )
0
0
On peut donc ne considérer que les fréquences positives. Le spectre est alors
par exemple la représentation de 2 fɶ(ν ) pour ν ≥ 0 .
n =−∞
+∞
Si T0 → +∞ , fT0 (t ) → f (t ) , fɶT0 (nν0 ) → fɶ(nν0 ) = f (t )e
−2i πnν0t
dt et ∆ν → dν .
−∞
+∞ +∞
Ainsi fɶT (nν0 )e2i πnν t ∆ν → fɶ(ν)e2i πνt dν
0
0
puisque, pour n ∈ Z , ν = nν0 varie
n =−∞ −∞
continûment entre −∞ et +∞ lorsque ν 0 = ∆ν devient infiniment petit.
+∞ +∞
On a bien f (t ) = fɶ(ν )e2i πνt dν , avec fɶ(ν ) = f (t )e
−2i πνt
dt .
−∞ −∞
2.3 Propriétés
— La TF est linéaire : TF(λf + µg ) = λTF(f ) + µTF(g ) .
— TF [ TF(f )] (t ) = f ( −t ) .
24
Chapitre 3. Analyse de Fourier 25
dfɶ
+∞
—
dν
= −2i π t ⋅ f (t )e −2i πνt dt = −2i π ⋅ TF [t ֏ t ⋅ f (t )] (ν ) .
−∞
f (t / λ ) e
−2i πνt
TF t ֏ f ( t / λ ) (ν ) = dt . Après le changement de variables t ′ = t / λ :
−∞
+∞
TF t ֏ f ( t / λ ) (ν ) = f (t ′)e
−2i πνλt ′
λdt ′ = λ ⋅ fɶ(λν ) .
−∞
Cette propriété est fondamentale : une dilatation de l’échelle des temps ( λ > 1)
implique une contraction de celle des fréquences. Une contraction de l’échelle des
temps ( λ < 1 ) implique une dilatation de celle des fréquences. En d’autres termes :
Plus un signal temporel est bref, plus il est riche en fréquences (spectre étalé) ; plus il
dure longtemps, moins il contient de fréquences (spectre étroit).
25
26 Partie I. Boîte à outils
2
f (t )
2
fɶ(ν )
On peut donc considérer que et sont des densités de probabilité :
E E
2
f (t )
dt est la probabilité que le signal soit détecté entre t et t + dt , et on a bien sûr
E
2
+∞
f (t )
2
fɶ( ν )
E
dt = 1 . De même
E
dν est la probabilité que la fréquence du signal se
−∞
2
+∞ fɶ(ν )
trouve entre ν et ν + dν , et on a E
dν = 1 .
−∞
Par la suite, on posera E = 1 pour alléger les notations.
+∞
2
L’instant moyen de détection est t = t0 = t f (t ) dt , et la fréquence moyen-
−∞
+∞
2
ne du signal est ν = ν0 = ν fɶ(ν) dν .
−∞
−∞ −∞
On peut supposer t0 = 0 et ν0 = 0 sans nuire à la généralité du propos car
l’écart-type est conservé si on décale l’origine des temps ou des fréquences :
+∞ +∞
2
fɶ(ν ) dν .
2
On a alors ( ∆t )2 = t 2 f (t ) dt et ( ∆ν )2 = ν
2
−∞ −∞
Cherchons maintenant à trouver une relation entre ∆ t et ∆ν .
df
Comme on l’a montré au 2.3, TF t ֏ (ν ) = 2i πν ⋅ fɶ(ν ) donc la relation de
dt
Parseval-Plancherel nous assure que :
+∞ 2 +∞ +∞
df 2 2
dt = 2i πν ⋅ fɶ(ν ) dν = 4π2 ν
2
fɶ(ν ) dν = 4π2 ( ∆ν )2 .
dt
−∞ −∞ −∞
+∞ 2
df
Considérons la fonction λ ֏ Γ(λ ) = t ⋅ f (t ) + λ
dt
dt de la variable réelle λ.
−∞
26
Chapitre 3. Analyse de Fourier 27
2 ∗ 2 2
df df df 2 d f (t ) df
Comme t ⋅ f (t ) + λ = t ⋅ f (t ) + λ t ⋅ f (t ) + λ = t 2 f (t ) + λ t + λ2 ,
dt d t d t d t dt
+∞ +∞ 2 +∞ 2
2 d f (t ) df
on a Γ(λ ) = t 2 f ( t ) dt + λ t
dt
dt + λ 2 dt
dt .
��
−∞ ����
� −∞ �����
−∞
( ∆t )2 4 π2 ( ∆ν )2
L’intégrale du milieu se calcule par parties :
+∞ 2 +∞
d f (t ) +∞
dt = t ⋅ f (t ) − f (t ) dt , car la fonction t ֏ t ⋅ f (t ) doit s’annuler en
2 2
2
t
dt �� ���� � −∞
−∞
−∞
0
�����
1
+∞
2
±∞ pour que f (t ) dt existe.
−∞
Finalement Γ( λ ) = ( ∆t )2 − λ + 4 π2 ( ∆ν )2 λ 2 est un polynôme du second degré, or
Γ(λ ) ≥ 0 ∀t car l’intégrande qui intervient dans la définition de la fonction Γ est
positive.
Le discriminant du polynôme doit être négatif : 1 − 16π2 ( ∆t )2 ( ∆ν )2 ≤ 0 . Les
1
écarts-type sont liés par l’inégalité 16π2 ( ∆t )2 ( ∆ν )2 ≥ 1 soit ∆t ⋅ ∆ν ≥ .
4π
1
La relation ∆t ⋅ ∆ν ≥ est fondamentale en Physique.
4π
On peut aussi utiliser la pulsation ω = 2πν pour caractériser le spectre d’une
+∞
1
fonction f. On a alors f (t ) = fɶ(ω)e
i ωt
dω . La fonction ω → fɶ(ω) n’est pas la
2π −∞
1
même que la précédente où la variable était la fréquence ν. Le choix du facteur
2π
pour définir cette transformée de Fourier inverse permet d’obtenir une forme
+∞
1
« symétrique » pour la transformée de Fourier directe : fɶ(ω) = f (t )e
−i ωt
dt .
2π −∞
1
La relation entre les écarts-types s’écrit aussi ∆t ⋅ ∆ω ≥
.
2
On a raisonné sur un signal temporel, mais les résultats sont bien sûr valables
pour une fonction ψ d’une coordonnée d’espace x. Dans ce cas, la transformée de
+∞
1
Fourier inverse s’écrit ψ( x ) =
2π ψɶ (k )e ikx dk , et la transformée de Fourier directe
p =−∞
+∞
1 2π 2π
ɶ (k ) =
ψ
2π ψ( x )e −ikx dx , où k =
λ
est le nombre d’onde, analogue de ω =
T
,
p =−∞
avec λ la longueur d’onde (période spatiale) et T la période temporelle.
27
28 Partie I. Boîte à outils
1
La relation entre les écarts-types s’écrit alors ∆x ⋅ ∆k ≥
.
2
On peut se demander s’il existe des fonctions pour lesquelles on atteint l’égalité
1
∆t ⋅ ∆ω = . Dans ce cas, Γ(λ ) = 0 admet une racine double λ0 = 2( ∆t )2 . Pour cette
2
+∞ 2
df df
valeur, on a Γ(λ0 ) = t ⋅ f (t ) + λ 0
dt
dt = 0 , ce qui entraîne t ⋅ f (t ) + λ0
dt
= 0 , équa-
−∞
t2 t2
− −
2λ 0 4( ∆t )2
tion différentielle qui s’intègre en f (t ) = Ae = Ae . C’est une fonction
gaussienne, et ∆ t est bien l’écart-type temporel pour une densité de probabilité égale
t2
−
2
à f ( t ) = A 2e 2( ∆t )2
.
Dans le cas où la valeur moyenne t = t0 n’est pas nulle, on aurait :
( t − t0 )2 t2 t ⋅t 0
− −
2 2 2( ∆t )2 2 2( ∆t )2 ( ∆t )2
f (t ) = A e =B e e . En conclusion, pour les fonctions gaussiennes
2
du type t ֏ Be−αt eβt , avec α et β réels, la relation entre ∆ t et ∆ν n’est plus une
inégalité, mais une égalité : ∆t ⋅ ∆ν = 1/ 4π .
2.5 Exemples
Fonction « fenêtre »
τ /2 τ /2
e −2i πνt e i πντ − e −i πντ
fɶ(ν ) = e −2i πνt dt = =τ = τ ⋅ sinc( πντ) .
−τ /2 −2i πν −τ /2 2i πντ
La fonction sinc est la fonction sinus cardinal, définie par sinc( X ) = sin X / X
pour X ≠ 0 et sinc(0) = 1 (elle est continue en X = 0 ). fɶ(ν ) est ici à valeurs réelles.
2
Le calcul des écarts-types ∆ t et ∆ν pour des densités de probabilité t → f (t )
2 1
et ν ֏ fɶ(ν ) définies au 2.4 donne ∆ t = τ / 12 et ∆ν → +∞ . L’inégalité ∆t ⋅ ∆ν ≥
4π
est bien vérifiée.
Avec les définitions de la durée δt = τ du signal et de la largeur de bande spec-
trale δν données sur la figure ci-dessus, on a δt ⋅ δν = 2 . On retrouve dans tous les
cas que plus le signal dure longtemps, plus sa bande spectrale est petite.
28
Chapitre 3. Analyse de Fourier 29
Fonction « gaussienne »
t2
−
C’est la fonction t ֏ f (t ) = e 4 τ2 . Elle obéit à l’équation différentielle :
df t 1 dfɶ
+ 2 f (t ) = 0 , dont la T.F donne 2i πνfɶ(ν) − = 0 en utilisant les propriétés
dt 2τ 4i πτ2 dν
dfɶ
+ 8π2 τ2ν ⋅ fɶ(ν ) = 0 . On obtient fɶ(ν) = fɶ(ν = 0) ⋅ e−4π τ ν .
2 2 2
vues au 2.3, soit
dν
+∞ +∞ t2 +∞
−
Par définition, fɶ(ν = 0) = e
4 τ2 d t −βu 2
f (t )dt = e , or le calcul de du donne
−∞ −∞ −∞
π
, donc fɶ(ν = 0) = 2τ π . Finalement fɶ(ν) = 2τ π ⋅ e−4π τ ν est ici à valeurs réelles.
2 2 2
β
La transformée de Fourier d’une gaussienne est également une gaussienne.
2
Le calcul des écarts-types ∆ t et ∆ν pour des densités de probabilité t → f (t )
2 1
et ν ֏ fɶ(ν ) définies au 2.4 donne ∆t = τ et ∆ν = . Pour une fonction f gaus-
4πτ
1
sienne, on a l’égalité ∆t ⋅ ∆ν = .
4π
Le calcul des largeurs à mi-hauteur des deux gaussiennes donne δt = 4 τ ln 2
ln 2 4ln2
et δν = d’où δt ⋅ δν = ≃ 1. On retrouve que plus le signal dure longtemps,
πτ π
plus sa bande spectrale est petite.
0 pour t ≠ 0
δ correspond à une impulsion idéale : δ(t ) = .
+∞ pour t = 0
29
30 Partie I. Boîte à outils
+∞
1
Comme fε (t )dt = ε ⋅ ε = 1 (l’aire sous la courbe des fonctions fε est la même
−∞
+∞
quel que soit ε), cette propriété reste vraie pour la distribution : δ(t )dt = 1.
−∞
La distribution de Dirac n’est pas une fonction, car pour une fonction f nulle
+∞ +∞
partout, sauf en t = 0 , on aurait f (t )dt = 0 , alors que δ(t )dt = 1.
−∞ −∞
Propriétés
+∞ +∞
— Si f est une fonction régulière quelconque, f (t )δ(t )dt = f (0) δ(t )dt = f (0) . En ef-
−∞ −∞
fet, puisque δ(t ≠ 0) = 0 , l’intégrale est la même que pour une fonction constante égale
à f (0) .
+∞
— f (t )δ(t − t0 )dt = f (t0 ) .
−∞
— La transformée de Fourier de la distribution de Dirac est :
+∞
ν ֏ δɶ (ν) = δ(t )e
−2i πνt
dt = 1 . On retrouve qu’un signal de durée nulle possède une
−∞
largeur spectrale infinie.
+∞ +∞
— e2i πν0t = δ(ν − ν0 )e2i πνt dν . Comme f (t ) = fɶ(ν)e
2i πνt
dν , on en déduit que la
−∞ −∞
Ainsi, pour qu’un instrument de musique produise un son le plus sinusoïdal pos-
sible, il faut qu’il vibre longtemps. C’est ce que réalise approximativement un diapason.
30
Chapitre 3. Analyse de Fourier 31
Néanmoins, la durée d’un signal réel étant forcément finie, sa largeur spectrale
peut être faible, mais jamais nulle.
Un signal rigoureusement sinusoïdal n’a donc pas de réalité physique.
fɶ(ν)e
2i πνt
Soit t ֏ R(t ) la réponse à une entrée t ֏ f (t ) = dν .
−∞
H(ν)fɶ(ν)e
2i πνt
égale à la somme des réponses : on a R(t ) = dν .
−∞
Étudions maintenant la réponse à une impulsion. On a dans ce cas :
31
32 Partie I. Boîte à outils
+∞ +∞
f (t ) = δ(t ) = δɶ (ν )e2i πνt dν . Comme δɶ (ν) = 1, on a R(t ) = H(ν)e
2i πνt
dν . Ainsi :
−∞ −∞
H (ν) = Rɶ (ν) = TF [t ֏ R(t )] (ν) . La fonction de transfert d’un système linéaire est égale
à la transformée de Fourier de la réponse impulsionnelle.
32
33
[BOÎTE À OUTILS 4]
CHAMPS ET OPÉRATEURS
DIFFÉRENTIELS
1. DÉFINITIONS ET OPÉRATIONS DE BASE
1.1 Définitions
V
Un champ de scalaire R 4 → R (par exemple un champ de température) est une
fonction du point M et de l’instant t :
Ces champs peuvent n’être définis que dans un domaine restreint de l’espace.
Un champ est uniforme s’il est indépendant du point M. En coordonnées carté-
� � �
∂V ∂V ∂V ∂A ∂A ∂A �
siennes, on a pour un champ uniforme : = = = 0 , ou = = = 0,
∂x ∂y ∂z ∂x ∂y ∂z
∂Ax ∂Ax ∂Ax
∂x ∂y ∂z
� � �
∂A ∂Ay ∂A ∂Ay ∂A ∂Ay
avec = , ∂y = ∂y et ∂z = ∂z . On peut représenter en quelques
∂x ∂x
∂Az ∂Az ∂Az
∂x ∂z
∂y
points un champ vectoriel uniforme à deux instants différents :
Un champ est stationnaire (ou permanent) s’il garde la même valeur en un point
�
∂V ∂A �
M donné au cours du temps : = 0 , ou = 0 , avec en coordonnées cartésiennes :
∂t ∂t
33
34 Partie I. Boîte à outils
G
∂A ∂Ax G ∂Ay G ∂A G
= ex + ey + z ez . On peut représenter en quelques points un champ
∂t ∂t ∂t ∂t
vectoriel stationnaire à deux instants différents :
→
Un déplacement élémentaire d OM le long d’une ligne de champ est donc co-
G → G
G
linéaire au point M à A(M, t ) , soit d OM ∧ A(M, t ) = 0 , ce qui fournit un système d’équa-
tions différentielles permettant de trouver l’équation d’une ligne de champ. Par
G G
exemple pour un champ Ax ( x, y , t )ex + Ay ( x, y , t )ey en coordonnées cartésiennes :
dx Ax ( x, y , t ) 0
dy ∧ Ay ( x, y , t ) = 0 ⇔ Ay ( x, y , t )dx − Ax ( x, y , t )dy = 0 .
0 0 0
L’ensemble des lignes de champ qui s’appuient sur un contour fermé γ constitue
un tube de champ (c’est donc une surface).
34
Chapitre 4. Champs et opérateurs différentiels 35
G G G
— Produit scalaire dans une base orthonormée (e1, e2 , e3 ) :
G G G G G G
V = A ⋅ B = A B cos( A, B ) = A1B1 + A2B2 + A3B3 .
G G G G
— Produit vectoriel dans une base orthonormée directe (e1, e2 , e3 ) : e3 est orienté
G G
dans le sens de déplacement d’un tire-bouchon quand on tourne de e1 vers e2 .
A B A B − A3B2
G G G 1 1 2 3
C = A ∧ B = A2 ∧ B2 = A3B1 − A1B3 .
A3 B3 A1B2 − A2B1
G G G G G G
C est orthogonal à A et à B , et tel que ( A , B , C ) soit direct. En norme :
G G G G G G G
C = A ⋅ B ⋅ sin( A, B ) = A ⋅ B ⋅ sin θ .
G G G
Le signe de la projection C de C sur N dépend de l’orientation choisie pour N
comme on le voit sur la figure ci-dessus.
G G G
L’aire S du parallélogramme formé par A et B vaut S = A ⋅ h (base × hau-
G G
teur). On a donc aussi S = A ⋅ B ⋅ sin θ :
35
36 Partie I. Boîte à outils
G G
La norme du produit vectoriel A ∧ B est égale à l’aire du parallélogramme formé
G G
par A et B .
G G G G G
— Double produit vectoriel : A ∧ (B ∧ C ) est orthogonal à B ∧ C . Il est donc dans le
G G G G G G G
plan vectoriel généré par B et C , soit A ∧ (B ∧ C ) = βB + γC . On retient alors facile-
G G G G G G G G G
ment la formule A ∧ (B ∧ C ) = B ( A ⋅ C ) − C ( A ⋅ B ) .
G G G G G G
— Un produit mixte A, B,C = ( A ∧ B ) ⋅ C est invariant par permutation circulaire :
déf
G G G G G G G G G G G G
A, B,C = ( A ∧ B ) ⋅ C = (C ∧ A) ⋅ B = (B ∧ C ) ⋅ A .
γ γ
On a en conséquence C M1 →M2
= −C M 2 →M1
.
36
Chapitre 4. Champs et opérateurs différentiels 37
G
→
Si γ est fermé, on note C γ = v A(M ) ⋅ d OM la circulation, a priori ≠ 0 .
γ
Le flux Φ S d’un champ de vecteur à travers une surface finie S est défini de
la façon suivante :
37
38 Partie I. Boîte à outils
∂V
∂x
→
∂V G G G
gradV =
∂y sur la base de coordonnées cartésiennes (ex , ey , ez ) .
∂V
∂z
G
Remarque : on introduit parfois l’opérateur « nabla », noté ∇ , dont l’expression
∂
∂x
G ∂ → G
en coordonnées cartésiennes est ∇ = , si bien que gradV = ∇V .
∂y
∂
∂z
Définition intrinsèque
Lorsqu’on passe du point M(x,y,z) au point M ′( x + dx, y + dy , z + dz ) infiniment
∂V ∂V ∂V → →
proche, la fonction V varie de dV = dx + dy + dz = gradV ⋅ d OM .
∂x ∂y ∂z
Cette relation fournit la définition intrinsèque (indépendante du système de coor-
→
données choisi) de l’opérateur grad :
→
Lors d’un déplacement élémentaire d OM au voisinage d’un point M, V varie de dV,
→ →
avec dV = (gradV )(M ) ⋅ d OM .
38
Chapitre 4. Champs et opérateurs différentiels 39
∂V
∂r
1 ∂V sur la base (eG , eG , eG ) .
→
gradV =
r ∂θ r θ z
∂V
∂z
Expression dans un système de coordonnées sphériques
→ G G G
Puisque d OM = drer + r dθ eθ + r sin θdϕ eϕ , on a :
∂V ∂V ∂V ∂V 1 ∂V 1 ∂V → →
dV = dr + dθ + dϕ = dr + rdθ + r sin θdϕ = gradV ⋅ d OM .
∂r ∂θ ∂ϕ ∂r r ∂θ r sin θ ∂ϕ
∂V
∂ r
→
1 ∂V G G G
gradV = sur la base (er , eθ , eϕ ) .
r ∂θ
1 ∂V
r sin θ ∂ϕ
→ →
plus V varie fortement au voisinage de M, plus gradV est grand. Le vecteur gradV
2.2 Rotationnel
Définition dans un système de coordonnées cartésiennes
→
L’opérateur rotationnel, noté rot , est un opérateur linéaire qui s’applique à un
G → G
champ de vecteur A(M ) et le transforme en champ de vecteur : rot A ∈ R 3 .
∂ A ∂Az − ∂Ay
x ∂y
∂z
∂x
→ G ∂A ∂A G G G
∂
rot A = ∧ Ay = x − z sur la base (ex , ey , ez ) .
∂y ∂z ∂x
∂ ∂A y ∂A
Az − x
∂z ∂x ∂y
→ G G G
Remarque : rot A = ∇ ∧ A .
39
40 Partie I. Boîte à outils
Définition intrinsèque
→ G
Pour donner une définition intrinsèque de rot A , on calcule la circulation élé-
G
mentaire δ2C de A le long d’un contour fermé. Ce contour étant élémentaire, peu im-
porte sa forme : on choisit un rectangle de côtés dx et dy.
Théorème de Stokes
On obtient la forme intégrale de cette relation, appelée théorème de Stokes, en
découpant en surfaces élémentaires une surface quelconque S s’appuyant sur un
contour fermé γ. On considère deux de ces surfaces élémentaires voisines (elles pos-
sèdent un bout de contour commun) autour de M1 et M 2 :
40
Chapitre 4. Champs et opérateurs différentiels 41
Les contours élémentaires sur lesquels elles s’appuient sont orientés dans le
même sens que γ, si bien que la circulation sur le segment commun est comptée avec
des signes opposés dans le calcul des circulations élémentaires δ2C 1 et δ2C 2 .
La circulation δ2C sur le contour qui entoure les deux surfaces élémentaires
→ G G → G G
vaut donc δ2C = δ2C 1 + δ2C 2 = ( rot A)(M1) ⋅ d2 S 1 + ( rot A)(M2 ) ⋅ d2 S 2 .
En sommant les circulations sur tous les contours élémentaires, on obtient :
G
→ → G G
v A ⋅ d OM = rot A ⋅ d2 S . C’est le théorème de Stokes.
γ S (γ)
G → G
La circulation du champ A sur un contour fermé γ est égale au flux de rot A
sur une surface quelconque S ( γ ) s’appuyant sur γ.
41
42 Partie I. Boîte à outils
2.3 Divergence
Définition dans un système de coordonnées cartésiennes
L’opérateur divergence, noté div, est un opérateur linéaire qui s’applique à un
G G
champ de vecteur A(M ) et le transforme en un champ de scalaire : divA ∈ R .
∂ A
x
∂x
G ∂ ∂A ∂Ay ∂Az
divA = ⋅ Ay = x + + .
∂y ∂x ∂y ∂z
∂
Az
∂z
G G G
Remarque : divA = ∇ ⋅ A .
42
Chapitre 4. Champs et opérateurs différentiels 43
Définition intrinsèque
G G
Pour donner une définition intrinsèque de divA , on calcule le flux d3Φ de A à
travers une surface fermée élémentaire entourant un volume d3V . Ce volume étant
élémentaire, peu importe sa forme : on choisit un parallélépipède de côtés dx, dy et
dz. On a donc d3V = dxdydz .
G G
Considérons les flux A(Mz + dz ) ⋅ dxdyez à travers la surface supérieure (qui se
G G
trouve dans le plan de cote z + dz ) et A(Mz ) ⋅ ( −dxdyez ) à travers la surface inférieure
(qui se trouve dans le plan de cote z). Leur somme vaut [ Az (Mz + dz ) − Az (Mz )] ⋅ dxdy .
Les surfaces dxdy étant d’ordre 1 en dx et d’ordre 1 en dy, le calcul de cette
∂Az
somme donne dz ⋅ dxdy : elle est d’ordre 3. Le flux total vaut donc :
∂z
∂A ∂Ay ∂A ∂A ∂Ay ∂Az
d3Φ = x dx ⋅ dydz + dy ⋅ dxdz + z dz ⋅ dxdy = x + + dxdydz.
∂x ∂y ∂z ∂x ∂y ∂z
G
Finalement d3 Φ = divA d3V .
Cette relation fournit la définition intrinsèque de l’opérateur div :
Théorème de Green-Ostrogradski
On obtient la forme intégrale de cette relation, appelée théorème de Green-
Ostrogradski, en découpant en volumes élémentaires un volume V à l’intérieur d’une
surface fermée S .
43
44 Partie I. Boîte à outils
On considère deux de ces volumes élémentaires voisins (ils possèdent une sur-
face commune) autour de M1 et M 2 . Les surfaces élémentaires entourant ces vo-
lumes sont orientées de l’intérieur vers l’extérieur, si bien que le flux à travers la surface
commune est compté avec des signes opposés dans le calcul des flux élémentaires
d3Φ1 et d3Φ 2 . Le flux d3Φ à travers la surface qui entoure les deux volumes élémen-
G G
taires vaut donc d3Φ = d3Φ1 + d3Φ 2 = (divA )(M1)d3V 1 + (divA )(M2 )d3V 2 .
En sommant les flux à travers toutes les surfaces élémentaires, on obtient :
G G G
A ⋅ d S
w
2
= divA d3V . C’est le théorème de Green-Ostrogradski.
S V (S )
G
Le flux du champ A à travers une surface fermée S est égal à l’intégrale de
G
divA sur le volume V ( S ) à l’intérieur de S .
44
Chapitre 4. Champs et opérateurs différentiels 45
∂ 2V ∂ 2V ∂ 2V
∆V = 2
+ 2
+ .
∂x ∂y ∂z 2
Définition intrinsèque
→
On a ∆V = div gradV , relation qui constitue la définition intrinsèque du lapla-
cien de V.
G G G
Remarque : ∆V = ∇ ⋅ (∇V ) = ∇ 2V .
Grâce à la définition intrinsèque de l’opérateur laplacien scalaire, on trouve les
expressions de ∆V dans d’autres systèmes de coordonnées.
45
46 Partie I. Boîte à outils
1 ∂ 2 ∂V 1 ∂ ∂V 1 ∂ 2V
∆V = r ∂r + 2 sin θ + 2 2 .
r 2 ∂r r sin θ ∂θ ∂θ r sin θ ∂ϕ2
1 ∂ 2 ∂V 2 ∂V ∂ 2V 1 ∂ 2
On a aussi r ∂r = r ∂r + 2 = r 2 [ rV ] .
r 2 ∂r ∂r ∂r
∂ 2 Ax ∂ 2 Ax ∂ 2 Ax
2
+ +
∂x ∂y 2 ∂z 2
∆A 2 2 2
G x ∂ Ay ∂ Ay ∂ Ay sur la base (eG , eG , eG ) .
∆A = ∆Ay = + +
∂z 2
x y z
∂x 2 ∂y 2
∆Az ∂2A ∂ 2 Az ∂ 2 Az
z
+ +
∂x 2
∂y 2 ∂z 2
GG
Remarque : on peut trouver également la notation ∆A , plus explicite quant au
caractère vectoriel du résultat obtenu, mais moins utilisée.
Définition intrinsèque
On en déduit après calcul la définition intrinsèque :
46
Chapitre 4. Champs et opérateurs différentiels 47
∆A ∆A
G r G G G G r G G G
∆A ≠ ∆Aθ sur la base (er , eθ , ez ) , et ∆A ≠ ∆Aθ sur la base (er , eθ , eϕ ) .
∆A ∆A
z ϕ
L’expression la plus générale est lourde et très rarement utilisée. En revanche,
G
on calcule facilement ∆A dans des cas particuliers. Par exemple en coordonnées
G G G → G → → G G
sphériques, si A = Aϕ (r , θ)eϕ , on a ∆A = grad divA − rot rot A , avec ici divA = 0
1 ∂
r sin θ ∂θ Aϕ sin θ
ar (r , θ)
→ G 1 ∂ G
et rot A = − rAϕ = a = aθ (r , θ) . On calcule alors :
r ∂r
a = 0
0 ϕ
1 ∂aθ
−
r sin θ ∂ϕ 0
→G 1 ∂ar
rot a = = 0 .
r sin θ ∂ϕ
1 ∂ 1 ∂2 1 ∂ 1 ∂
∂a −
rA −
A sin θ
[ raθ ] − r 2 ϕ r ∂θ r sin θ ∂θ ϕ
r ∂r
r ∂r ∂θ
G 1 ∂ 2 1 ∂ 1 ∂ G
Finalement, dans ce cas : ∆A = rA + A sin θ eϕ .
2 ϕ 2 ∂θ sin θ ∂θ ϕ
∂r
r r
→
→ G → G
rot gradV = 0 . div rot A = 0 .
G G → G
div(VA) = VdivA + gradV ⋅ A .
→ G → G → G
rot (VA) = V rot A + gradV ∧ A .
G G G → G G → G
div( A ∧ B ) = B ⋅ rot A − A ⋅ rot B .
47
48 Partie I. Boîte à outils
G
→
V ⋅ d S
w
2
= gradV d3V .
S V (S )
3. CHAMPS PARTICULIERS
3.1 Champ à circulation conservative
Définition et propriétés
Les propositions suivantes sont équivalentes :
G
Un champ de vecteur A est à circulation conservative
M2
G →
γ
⇔C M1 →M2
= A ⋅ d OM est indépendante du chemin γ suivi entre M1 et M 2
M1
G →
⇔ C γ= v A ⋅ d OM = 0 sur tout contour fermé γ
γ
48
Chapitre 4. Champs et opérateurs différentiels 49
γ1 γ
schéma ci-contre, on a C γ = C M1 →M 2
− C M2 →M = 0 , ce qui montre bien que :
1 2
� →
C γ= � A ⋅ d OM = 0 pour tout contour fermé.
γ
γ
— Supposons de nouveau que C M1 →M2
est indépendant du chemin suivi γ. Ceci si-
gnifie que la circulation entre M1 et M 2 ne dépend que de ces deux points, donc qu’il
γ
existe une fonction V du point M telle que C M1 → M2
= V (M1) − V (M2 ) , soit :
� →
δC = A ⋅ d OM = −dV , pour une circulation entre deux points infiniment proches.
→ → � → → →
Comme on a aussi dV = gradV ⋅ d OM , on en déduit A ⋅ d OM = − gradV ⋅ d OM pour
→ � →
tout déplacement élémentaire d OM , ce qui n’est possible que si A = − gradV .
� →
— Supposons C γ = � A ⋅ d OM = 0 sur tout contour fermé. Le théorème de Stokes im-
γ
� → → � �
plique alors que � A ⋅ d OM = rot A ⋅ d2 S = 0 quelle que soit la surface S s’ap-
γ S (γ)
→ � �
puyant sur γ, ce qui n’est possible que si rot A = 0 en tout point.
49
50 Partie I. Boîte à outils
Les lignes de champ sont orientées dans le sens des potentiels V décroissants.
Les lignes d’un champ à circulation conservative ne peuvent donc pas être fermées.
50
Chapitre 4. Champs et opérateurs différentiels 51
51
52 Partie I. Boîte à outils
G
de B à travers une surface S s’appuyant sur un contour fermé γ ne dépend pas de S
mais seulement de γ.
G G
B ⋅ d S
w
2
— Supposons que Φ S = = 0 à travers toute surface fermée. Le théorème
S
de Green-Ostrogradski implique alors que :
G G G
ΦS =
wB ⋅ d2 S =
divB d3V = 0 dans tout volume V limité par une surface fer-
S V (S )
G
mée, ce qui n’est possible que si divB = 0 en tout point.
52
Chapitre 4. Champs et opérateurs différentiels 53
G G
On en déduit que si d2 S2 < d2 S1 , alors B2 > B1 .
Un champ à flux conservatif est intense là où les lignes de champ sont resser-
rées.
53
54 Partie I. Boîte à outils
d3 x
En notant ρ x = la densité volumique de la grandeur x, on a :
d3V
ρx (M,t )d V
3
— À la date t : x(t ) = .
M ∈V
ρx (M,t + dt )d V
3
— À t + d t : x ( t + dt ) = , soit une variation pendant une durée in-
M∈V
∂ρ x 3
finitésimale dt : dx = x (t + dt ) − x(t ) =
M ∈V ∂t
dV dt .
En effet :
— La grandeur reçue est proportionnelle à la durée dt de l’échange.
Si par exemple, à un instant donné, une section d’un fleuve est traversée par
300 m3 d’eau en une seconde, cette même section sera traversée par 600 m3 d’eau
G
en deux secondes. Si la densité de courants J x (P, t ) n’est pas stationnaire, la relation
de proportionnalité entre la grandeur échangée et la durée n’est rigoureuse que pen-
dant une durée infinitésimale dt (cela reste une bonne approximation dans notre
exemple pendant une durée de deux secondes, petite devant la durée caractéristique
des variations de débit volumique).
54
Chapitre 4. Champs et opérateurs différentiels 55
En effet :
— La grandeur produite est proportionnelle à la durée dt de la production.
55
56 Partie I. Boîte à outils
Par exemple, si à un moment donné, 5 ⋅ 1012 neutrons sont produits en une se-
conde dans 1 cm3 de réacteur nucléaire autour d’un point M, le double sera produit
en deux secondes dans le même volume. Si le taux de production volumique σ x (M, t )
n’est pas stationnaire, la relation de proportionnalité entre la grandeur produite et la
durée n’est rigoureuse que pendant une durée infinitésimale dt.
— La grandeur produite est proportionnelle au volume d3V .
Dans l’exemple précédent, 1013 neutrons de fission seront produits par se-
conde dans un volume de 2 cm3 autour de M. Si σ x (M, t ) n’est pas uniforme, la rela-
tion de proportionnalité entre la grandeur échangée et le volume n’est rigoureuse que
pour un volume infinitésimal d3V , et on obtient la quantité δx p produite pendant dt
par sommation sur le volume V : δx p =
M ∈V
σ x d3V dt .
∂ρ x G
+ divJ x = σ x , bilan local de la grandeur extensive x.
∂t
56
57
[BOÎTE À OUTILS 5]
GRANDEURS PHYSIQUES :
DIMENSIONS ET UNITÉS
1. UNITÉS ET SYSTÈME INTERNATIONAL D’UNITÉS
(SI)
1.1 Grandeur mesurable / Unités
Soit une grandeur physique qui caractérise un objet ou un phénomène. Elle est
mesurable si on sait lui appliquer les opérations élémentaires : addition, soustraction,
rapport, multiplication et division par un nombre réel.
Pour faire correspondre une valeur numérique à une grandeur X, on choisit ar-
bitrairement une grandeur unité X u de même espèce. La valeur numérique de X est
alors égale à x = X / X u .
Par exemple, si un phénomène périodique possède une période T0 , toute durée
peut s’exprimer sous la forme τ = λT0 avec λ ∈ R . Si on choisit de prendre cette pé-
riode comme durée unité, la valeur numérique de la durée τ est égale à λ. Plus géné-
ralement, si X1 et X 2 sont deux grandeurs de même espèce (par exemple deux
masses), x1 = X1 / X u , x2 = X 2 / X u d’où x2 / x1 = X 2 / X1 .
57
58 Partie I. Boîte à outils
58
Chapitre 5. Grandeurs physiques : dimensions et unités 59
Par exemple, pour définir une unité de temps, il faut une horloge (système évo-
luant périodiquement). Avant 1960, la seconde était définie comme la fraction
1/ 86 164,090 55 de la durée de la rotation propre de la Terre. Or, la Terre tournant de
moins en moins vite autour de son axe de rotation, il a fallu trouver une meilleure hor-
loge. C’est le cas des horloges atomiques permettant la définition actuelle de la se-
conde, et dont on peut penser que la période est une vraie période (invariable dans le
temps). Des résultats d’observations sont alors utilisables en tout temps.
Il est à noter que l’utilisateur courant ne doit pas être perturbé par le change-
ment : la « taille » de l’unité reste la même.
La définition du mètre revient à fixer la vitesse de la lumière dans le vide à
299 792 458 m ⋅ s-1 . La définition initiale de 1798 posait 1 km = longueur d’un méridien
terrestre / 40 000 (actuellement, cette longueur vaut 40 008 km).
La nouvelle définition du kilogramme obéit à la même logique. L’ancienne défi-
nition était la suivante : « le kilogramme est la masse de l’étalon prototype en platine
iridié à 10% réalisé en 1889 sous la forme d’un cylindre dont le diamètre est égal à la
hauteur ». Cette définition manquait d’universalité (l’étalon était conservé à Sèvres) et
surtout de constance dans le temps (la masse de l’étalon variait dans le temps). La
nouvelle définition permet, grâce à des expériences menées avec une balance de
Kibble (ou balance de Watt), de mesurer des masses avec moins d’incertitudes que
par comparaison avec l’étalon. Cette expérience a permis de mesurer la constante de
Planck avec une incertitude relative de 5,7 ⋅ 10-8 .
2. DIMENSIONS
2.1 Homogénéité
Toute grandeur peut s’exprimer en fonction des grandeurs de base.
On ne peut faire la somme (ou la différence) de deux grandeurs que si elles ont
même dimension, on ne peut appliquer les fonctions sinus, cosinus, tangente, loga-
rithme, exponentielle, etc., qu’à une grandeur sans dimension.
Ces règles permettent de vérifier l’homogénéité d’une formule (une formule non
homogène est incorrecte, la réciproque est bien entendu fausse).
59
60 Partie I. Boîte à outils
Il n’est pas nécessaire de revenir aux grandeurs de base pour vérifier l’homo-
généité.
d2θ g
— Équation différentielle du pendule simple : 2
+ sin θ = 0 . Comme [ g ] = L ⋅ T -2 et
dt ℓ
[ℓ] = L , l’équation est homogène car tous les termes de la somme sont homogènes à
T -2 (un angle étant par définition un rapport entre deux longueurs, c’est une grandeur
sans dimension).
Mgz
— Pression de l’atmosphère de température uniforme : p( z ) = p0 exp − , où M
RT
est la masse molaire de l’air. Mgz est homogène à une énergie par mole puisque mgz
est une énergie potentielle de pesanteur : [Mgz ] = [E ] / N . Le terme RT est également
homogène à une énergie par mole. En effet [ pV / n ] = [RT ] , d’après la loi des gaz
parfaits, or une pression est par définition homogène à une force divisée par une sur-
Mgz
face, soit [ p ] = [F ] / L2 , d’où [ pV ] = [F ] L = [E ] . Le terme − est bien sans dimen-
RT
sion : on peut prendre son exponentielle (également sans dimension), et on a donc de
part et d’autre de l’égalité deux termes homogènes à une pression.
60
Chapitre 5. Grandeurs physiques : dimensions et unités 61
β β
( ) ( )
Nk ∗ = D1α11 ⋅ D2α12 ⋅ ... ⋅ Dd α1d k 1 ⋅ ... ⋅ D1αN 1 ⋅ D2αN 2 ⋅ ... ⋅ Dd αNd kN = 1 , puisque Nk ∗ est
sans dimension. Les βki sont donc solution du système linéaire de d équations et N
α11 ⋅ βk 1 + ... + αN1 ⋅ βkN = 0
inconnues : ... .
α ⋅β + ... + α ⋅ β = 0
1d k1 Nd kN
Si ces équations sont indépendantes, on peut former p = N − d (le nombre de
grandeurs moins le nombre de dimensions) nombres sans dimension indépendants à
partir de ( g1,..., gN ) . Il peut cependant arriver que les équations régissant les βki ne
α11 α21 . . α N1
α α22 . . αN 2
soient pas indépendantes. Si r est le rang de la matrice 12 , le
. . . . .
α1d α2d . . αNd
nombre de paramètres sans dimension qu’on peut former à partir de ( g1,..., gN ) est
p = N − r . L’entier r est le rang dimensionnel du système des N grandeurs.
Prenons l’exemple d’une vitesse v, d’une longueur ℓ et d’une masse m. Ces
trois grandeurs sont dimensionnellement indépendantes : r = 3 . On a donc p = 0 et
on ne peut pas former de nombre sans dimension à partir de ces grandeurs.
En revanche, une vitesse v, une longueur ℓ et une durée τ ne sont pas
indépendantes puisque [v ] = L / T : r = 2 . On a donc p = 1 et on peut former un
α
vτ vτ
nombre sans dimension, par exemple N ∗ =
ℓ
, ou tout nombre ℓ , avec α ∈ R .
61
62 Partie I. Boîte à outils
On n’a ici que r = 2 équations indépendantes : on peut par exemple fixer la va-
β = −α / 2
leur de α, et on a alors : . On peut former p = N − r = 3 − 2 = 1 nombre sans
γ = α / 2
dimension. Ce nombre N1∗ est une constante numérique puisqu’il est solution d’une
1 α
µ ∗ α T0 T
équation F (N1∗ ) = 0
. On a donc = c N1∗
= Cte ⇔ c = N1 = K 0 . La
T0 µ µ
constante numérique sans dimension K vaut 1, mais on ne peut pas le montrer à partir
de l’analyse dimensionnelle.
Explosion atomique
Le physicien G.I. Taylor es-
tima correctement l’ordre de gran-
deur de l’énergie dégagée par la
première explosion atomique, le 16
juillet 1945 dans le désert du Nou-
veau-Mexique, simplement à l’aide
de séries de photos de cette explo-
sion, comme celle-ci-contre.
Il mena pour cela une étude
physique détaillée de l’explosion, faisant l’objet de deux articles, que la légende ré-
sume à une simple analyse dimensionnelle…
L’explosion commence à t = 0 . Dans notre approche simplifiée, l’onde de choc
générée au point O où la bombe a explosé est sphérique. Elle sépare l’air extérieur de
l’air intérieur, fortement comprimé et porté à de grandes températures. Le point délicat
est de trouver les grandeurs physiques dont dépend le rayon R du nuage à la date t :
l’énergie E dégagée quasi-instantanément, la date t, la masse volumique ρ de l’air
extérieur. Il n’est pas évident que l’état de l’air dans le nuage n’intervienne pas, mais
c’est une bonne approximation, discutée dans les travaux de Taylor. Ces grandeurs
sont donc liées par f (R, E, t , ρ) = 0 . On cherche à former des nombres Nk ∗ = E αt βργ R δ
sans dimension à partir de ces 4 grandeurs, soit :
α + γ = 0 γ = −α
α γ
(M ⋅ L ⋅ T )
2 -2
T β
(M ⋅ L )
-3 δ
L = 1 2α − 3 γ + δ = 0 ⇔ β = 2α , la valeur de α étant
−2α + β = 0 δ = −5 α
α
quelconque. On en déduit qu’on ne peut former qu’un seul nombre N1∗ = Et 2ρ−1R −5 ( )
qui est une constante numérique puisqu’il est solution d’une équation F (N1∗ ) = 0 . On
1
1 2 2
2 −1 −5 E 5
a donc Et ρ R = N1∗ α = Cte d’où R(t ) = K t 5 ∝ t 5 .
ρ
62
Chapitre 5. Grandeurs physiques : dimensions et unités 63
63
64 Partie I. Boîte à outils
ℓ
C’est l’équation d’un oscillateur harmonique de période T0 = 2π indépen-
g
dante des conditions initiales. Lorsque cette approximation n’est plus vérifiée, la for-
mule précédente n’est plus valable, et on ne sait pas résoudre l’équation différentielle
non linéaire du mouvement. Comment varie alors la période du pendule ?
Soit τ une durée quelconque. Posons t ∗ = t / τ où t ∗ est un temps réduit (sans
dimension), et effectuons le changement de variable t → t ∗ . On obtient :
1 d2θ g d2θ g 2 d2θ
sin
+ θ = 0 , soit + τ sin θ = 0 , ou + N ∗ sin θ = 0 (∗) , en introdui-
τ2 dt ∗2 ℓ dt ∗2 ℓ dt ∗2
g
sant le nombre sans dimension N ∗ = τ2 . Comme l’angle θ est sans dimension,
ℓ
l’équation (∗) est adimensionnée.
g 2
Pour N ∗ = τ fixé, par exemple N ∗ = 5 , on peut résoudre numériquement
ℓ
l’équation adimensionnée (non linéaire) en prenant par exemple pour conditions ini-
4π dθ
tiales (C.I) : θ(t ∗ = 0) = et ∗ (t ∗ = 0) = 0 . La solution est tracée ci-dessous :
5 dt
réduite réelle T ∗ = 4,65 car, pour θ0 = 4 π / 5 , l’approximation des petits angles n’est
pas du tout vérifiée.
Étudions maintenant le mouvement de deux pendules de longueurs différentes,
lâchés tous deux sans vitesse initiale dans la position θ0 = 4 π / 5 , en prenant N ∗ = 5 .
N ∗ℓ
On effectue le changement de variable t ∗ → t = t ∗ ⋅ τ = t ∗ qui permet de passer
g
de l’échelle de temps réduite à l’échelle de temps réelle. On parle de similitude. Ici, il
64
Chapitre 5. Grandeurs physiques : dimensions et unités 65
s’agit de dilater ou de contracter la courbe donnant θ(t ) , selon l’axe des temps.
Par exemple, pour ℓ = 1,00 m , g = 9,81 m ⋅ s-2 et N ∗ = 5 , on a t = 0,714 ⋅ t ∗ . On
en déduit la période T = 3,32 s des oscillations, qui est très différente de la période
T0 = 2,01 s des oscillations dans l’approximation des petits angles.
Pour le second pendule de longueur différente, on peut procéder de même. La
valeur de N ∗ est sans importance (la changer revient à modifier la définition du temps
τ), du moment que c’est la même pour tous les pendules.
On en tire une conséquence fondamentale : la période des oscillations s’écrit
N ∗ℓ ℓ
T =T∗ =K .
g g
Elle est proportionnelle à ℓ : lâché dans les mêmes conditions, un pendule de
longueur ℓ = 2,00 m aura une période 2 fois plus grande que celle du pendule de
1,00 m. Ce résultat n’est valable que si les C.I sont les mêmes pour les deux pendules,
car K dépend des C.I (par exemple, pour un même pendule lâché sans vitesse initiale,
la période augmente avec θ0 , contrairement au cas des petits angles pour lequel la
période T0 est indépendante des C.I).
Diffusion thermique
1 ∂T ∂ 2T
Prenons maintenant l’exemple de l’équation = de diffusion thermique
∂x 2 a ∂t
à une dimension : la température T(x,t) ne varie que selon l’abscisse x et le temps t.
Le coefficient a est appelé diffusivité thermique.
On peut à l’aide de grandeurs caractéristiques du problème : amplitude T0 des
variations de température, longueur L, durée τ, définir des grandeurs sans dimension :
T ∗ = T / T0 , x ∗ = x / L , t ∗ = t / τ . En effectuant les changements de variables T → T ∗ ,
T0 ∂ 2T ∗ 1 T0 ∂T ∗ ∂ 2T ∗ L2 ∂T ∗ ∗ ∂T
∗
x → x ∗ et t → t ∗ , on obtient = , soit = = N (∗) ,
L2 ∂x ∗2 a τ ∂t ∗ ∂x ∗2 aτ ∂t ∗ ∂t ∗
L2
qui est l’équation adimensionnée, avec N ∗ = nombre sans dimension.
aτ
Dans notre exemple, pour N ∗ fixé, notons T ∗N ∗ ( x ∗, t ∗ ) la solution de (*) corres-
65
66 Partie I. Boîte à outils
Les lois d’échelle (ou de similitude) étant connues, on peut expérimenter sur un
modèle réduit et en déduire les grandeurs en situation réelle. Dans le cas le plus gé-
néral, plusieurs grandeurs physiques sont couplées par des systèmes d’équations dif-
férentielles aux dérivées partielles, mais la technique reste la même. D’autre part, la
recherche d’une solution numérique est largement facilitée par une adimensionnalisa-
tion préalable des équations.
Équation de Navier-Stokes
L’analyse dimensionnelle est particulièrement utile en mécanique des fluides
G
car les équations qui régissent le champ de vitesse v (M , t ) et de pression p(M, t ) d’un
écoulement fluide, même incompressible, admettent rarement des solutions analy-
tiques. Ces équations sont :
G
— divv = 0 , qui traduit l’incompressibilité du fluide.
G
∂v G → G G → G
— ρ + (v ⋅ grad)v = −ρgez − grad p + η∆v , qui provient du P.F.D appliqué à une
∂t
particule fluide de masse volumique ρ et de viscosité η (équation de Navier-Stokes).
L’axe Oz est vertical ascendant. ∆ est l’opérateur laplacien.
Introduisons une longueur caractéristique L, une fréquence caractéristique f (ou
une durée caractéristique τ), une vitesse caractéristique u, et une variation de pression
caractéristique ∆p.
G G
On pose x ∗ = x / L , y ∗ = y / L , z∗ = z / L , t ∗ = f ⋅ t , v ∗ = v / u et p∗ = p / ∆p .
66
Chapitre 5. Grandeurs physiques : dimensions et unités 67
∂ ∂2 ∂2 ∂2
∗ ∗ 2
+ ∗2 + ∗2
∂x ∂y ∂z
∂x
→ ∗ ∂ ∂ 2
∂ 2
∂2
Notons grad l’opérateur ∗ , ∆∗ l’opérateur ∗2 + ∗2 + ∗2 , et en-
∂y ∂x ∂y ∂z
∂
2 2
∗ ∂ ∂ ∂2
∂z ∗2 + ∗2 + ∗2
∂x ∂y ∂z
∂Ax ∂Ay ∂Az
fin div ∗ l’opérateur + + . Après le changement de variables x → x ∗ ,
∂x ∗ ∂y ∗ ∂z∗
G G
y → y ∗ , z → z∗ , t → t ∗ , v → v ∗ et p → p∗ , on obtient :
G
— div ∗v ∗ = 0 , qui ne fait intervenir aucun nombre sans dimension ;
∂vG ∗ u 2 G ∗ → ∗ G∗ G ∆p → ∗ ∗ ηu ∗ G ∗
— ρ fu ∗ + v ⋅ grad v = −ρgez − grad p + 2 ∆ v , soit :
∂t L L L
G
fL ∂v ∗ G ∗ → ∗ G∗ gL G ∆p → ∗ η ∗ G∗
+ v ⋅ grad v = − 2 ez − 2 grad p∗ + ∆ v . L’équation de Navier-
∗ ρ
∂t
u u ρu Lu
G
∂v ∗ G → ∗ G 1 G → ∗ 1 ∗ G∗
Stokes prend la forme : St ⋅ ∗ + v ∗ ⋅ grad v ∗ = − 2 ez − Eu ⋅ grad p∗ + ∆v .
∂ t Fr Re
Elle fait intervenir 4 nombres sans dimension :
— Le nombre de Strouhal St = fL / u .
— Le nombre de Froude Fr = u / gL .
∆p
— Le nombre d’Euler Eu = .
ρu 2
— Le nombre de Reynolds Re = ρLu / η .
Là encore, tous les écoulements correspondant à la même géométrie réduite,
aux mêmes conditions aux limites réduites, aux mêmes conditions initiales réduites, et
aux mêmes valeurs données de ces 4 nombres, se déduisent de la résolution numé-
rique des équations adimensionnées (par la méthode des éléments finis quand c’est
un écoulement à 3D). D’autre part, selon les valeurs numériques des nombres sans
dimension, on peut négliger certains termes devant d’autres. Par exemple :
G
∂v ∗
—Pour St suffisamment petit, on peut négliger St ⋅ ∗ devant les autres termes :
∂t
l’écoulement est quasi-stationnaire.
→ ∗
— Pour Eu suffisamment petit, c’est le terme − Eu ⋅ grad p∗ qu’on peut négliger : les
variations de pression sont négligeables dans l’écoulement.
G
— Pour Fr suffisamment grand, on peut négliger le terme −1/ Fr 2 ez : la gravité n’in-
flue pas sur l’écoulement.
67
68 Partie I. Boîte à outils
1 ∗ �∗
— Pour Re suffisamment grand, on peut négliger le terme visqueux ∆ v : l’écou-
Re
lement est celui d’un fluide parfait.
68
Chapitre 5. Grandeurs physiques : dimensions et unités 69
69
70 Partie I. Boîte à outils
Simplifications
Reprenons l’exemple de l’équation de Navier-Stokes :
G
∂v G → G G → G
ρ + (v ⋅ grad)v = −ρgez − grad p + η∆v .
∂t
Si on introduit une longueur caractéristique L et une vitesse caractéristique u,
on peut comparer les ordres de grandeur des termes suivants :
G → G ρu 2 G ηu
ρ(v ⋅ grad)v = O (terme convectif), et η∆v = O 2 (terme diffusif).
L L
Le rapport des ordres de grandeur de ces termes est un nombre sans dimension
G → G
ρ(v ⋅ grad)v ρLu .
appelé nombre de Reynolds : Re = O G = η
η∆v
G
Ainsi, dans un écoulement pour lequel Re >> 1 , on peut négliger le terme η∆v
G → G
devant ρ(v ⋅ grad)v , c'est-à-dire considérer que le fluide est parfait (sans viscosité), et
G → G G
au contraire négliger ρ(v ⋅ grad)v devant η∆v si Re << 1 .
Ce raisonnement par ordre de grandeur a bien sûr ses limites car il introduit des
grandeurs caractéristiques globales (ici définies pour tout l’écoulement). Une analyse
plus fine montre que pour un fluide s’écoulant autour d’un obstacle, la vitesse du fluide
devient très faible près des parois solides (elle s’annule sur les parois). Même si
G
Re >> 1 , on ne peut pas négliger le terme η∆v dans cette zone appelée couche limite.
D’autre part, les grandeurs caractéristiques peuvent être délicates à estimer.
Pour l’écoulement autour d’une sphère de rayon R, dont la vitesse u est uniforme loin
de la sphère, on sait que la viscosité ne peut être négligée que si le nombre de Rey-
nolds Re = 2ρRu / η est suffisamment grand, et on pourrait penser que Re = 10 con-
vient. L’expérience montre que Re doit être vraiment très grand (supérieur à 2000). Le
terme convectif est lui négligeable pour Re < 1 et pas nécessairement pour Re << 1 .
Enfin, selon la géométrie du problème, des longueurs caractéristiques diffé-
rentes Lx , Ly et Lz (selon les axes Ox, Oy et Oz) peuvent intervenir.
Dans une équation différentielle aux dérivées partielles couplant des grandeur
g1( x, y , z, t ) , g 2 ( x, y , z, t ) , …, on peut comparer en ordre de grandeur des termes ho-
mogènes entre eux en faisant intervenir des grandeurs caractéristiques globales ( G1
pour g1 , G2 pour g 2 ,…, longueur L, temps τ). Un terme sera négligeable devant un
autre si le rapport de leurs ordres de grandeur est suffisamment petit (ou grand). Le
critère numérique pour pouvoir effectivement négliger un terme devant l’autre n’est
souvent obtenu que grâce à des études expérimentales.
70
71
[DEUXIÈME PARTIE]
ÉLECTRONIQUE
Le chapitre :
Production, acquisition et traitement d’un signal électrique 73
71
72
73
[ÉLECTRONIQUE]
PRODUCTION, ACQUISITION ET
TRAITEMENT D’UN SIGNAL
ÉLECTRIQUE
1. NOTIONS SUR L’AMPLIFICATEUR LINÉAIRE
INTÉGRÉ (A.L.I)
1.1 Présentation
L’A.L.I, ou Amplificateur Opérationnel (A.O), est un composant électronique qui
possède deux bornes d’entrée et une borne de sortie. On le représente par un rec-
tangle.
Il est généralement alimenté sous 30 V. L’alimentation possède un point milieu
qui est la référence des potentiels du montage comprenant des A.L.I : on a donc une
borne d’alimentation +Vcc = +15 V et une borne d’alimentation −Vcc = −15 V . Sou-
vent, ces bornes ne sont pas représentées, mais il ne faut pas oublier d’alimenter un
A.L.I…
Une des entrées est appelée entrée inverseuse, ou entrée « moins », l’autre est
appelée entrée non inverseuse ou entrée « plus ». On note V − et V + les potentiels
des entrées. On note Vs le potentiel de la sortie.
Par construction, les intensités des courants i − et i + dans les entrées sont ex-
cessivement faibles, inférieures à 1 µA , donc très inférieures aux intensités caracté-
ristiques des circuits électroniques, qui sont de l’ordre du mA :
Les courants d’entrée d’un A.L.I peuvent être considérés comme nuls : i + = 0 et
i− = 0.
73
74 Partie II. Électronique
Un A.L.I possède :
— Un domaine linéaire pour lequel Vs = µ0ε , avec µ0 ≃ 105 , grandeur sans dimension
appelée amplification différentielle statique. On a alors Vs < Vsat .
74
Chapitre 1. Production, acquisition et traitement d’un signal électrique 75
Vs µ0
µ= = , avec une fréquence de coupure fc 0 ≃ 10 Hz .
ε f
1+ j
fc 0
Défauts non-linéaires
À ce défaut linéaire s’ajoutent certains défauts non linéaires :
— Comme on l’a vu, la tension de sortie de l’A.L.I est limitée : Vsat − ≤ Vs ≤ Vsat + , avec
Vsat + ≃ −Vsat − , tension de l’ordre de 14 V. Cette limitation implique que même dans un
montage stable, les signaux d’entrée ne doivent pas dépasser une valeur maximale si
l’on veut que l’A.L.I fonctionne dans le domaine linéaire.
Cette saturation est par ailleurs utilisée dans certains montages, par exemple
dans l’oscillateur à pont de Wien que nous verrons en section 2.
— Le courant de sortie est limité : Isat − ≤ i s ≤ Isat + , avec Isat + ≃ −Isat − , courant de
l’ordre de 25 mA. Il faut donc que le circuit de charge présente une résistance d’entrée
suffisamment grande pour que cette limitation ne soit pas rencontrée.
dVs
— La pente du signal de sortie est limitée : σ− ≤ ≤ σ + (vitesse de balayage limite :
dt
slew-rate). La pente maximale σ+ ≃ −σ − est de l’ordre de 0,5 V ⋅ µs-1 .
75
76 Partie II. Électronique
76
Chapitre 1. Production, acquisition et traitement d’un signal électrique 77
Ce montage doit son nom au cas où les deux dipôles sont résistifs : Z1 = R1 et
Z2 = R2 . On a alors amplification si R2 > R1 , et « inversion » : H est un réel négatif.
Montage intégrateur
Le montage intégrateur se déduit du mon-
tage amplificateur inverseur. Les deux dipôles
sont un conducteur ohmique et un condensateur.
Ce dernier boucle la sortie sur l’entrée inver-
1
seuse : Z1 = R et Z2 = . On a donc :
jC ω
us Z2 1 du
H ( j ω) = =− =− ↔ RC s = −ue
ue Z1 jRC ω dt
(nous verrons au 2.2 qu’une multiplication par jω correspond à une dérivation).
t
1
ue (t ′)dt ′ + us (0
+
us ( t ) = − ) (montage intégrateur).
RC
t =0
Montage dérivateur
Les positions du conducteur ohmique et du
condensateur sont inversées par rapport à l’inté-
1
grateur : Z1 = et Z2 = R . On a donc :
jCω
us Z2
H ( j ω) = =− = − jRC ω .
ue Z1
77
78 Partie II. Électronique
due
us (t ) = −RC (montage dérivateur).
dt
Ce montage doit également son nom au cas où les deux dipôles sont résistifs :
Z1 = R1 et Z2 = R2 . On a alors amplification sans « inversion » : H est un réel > 1.
78
Chapitre 1. Production, acquisition et traitement d’un signal électrique 79
Comparateur à hystérésis
Pour éviter les basculements intempestifs du
comparateur simple, on peut envisager d’utiliser un
comparateur à hystérésis. Celui qui est représenté
ci-contre se déduit du montage amplificateur inver-
seur par permutation des entrées inverseuse et
non-inverseuse. Le montage est donc instable :
Vs = ±Vsat .
Le courant dans l’entrée + étant nul, les con-
ducteurs ohmiques sont en série. On a donc une structure de diviseur de tension entre
R1 R u + R1us R
ε − ue et us − ue : ε − ue = (us − ue ) ⇔ ε = 2 e . On pose V0 = 1 Vsat .
R1 + R2 R1 + R2 R2
— Supposons us = Vsat ⇔ ε > 0 ⇔ R2ue + R1us > 0 R2ue + R1Vsat > 0 .
Remarquons que l’on n’a ici qu’une implication et pas une équivalence car on a
utilisé l’hypothèse us = Vsat pour aboutir à R2ue + R1Vsat > 0 .
On en conclut que us = Vsat ue > −V0 , donc que ue < −V0 us = −Vsat .
79
80 Partie II. Électronique
Une étude de stabilité montre que si us = Vsat , elle garde cette valeur tant que
ue > −V0 , et que si us = −Vsat , elle garde cette valeur tant que ue < V0 .
Prenons par exemple ue (t ) = E cos(Ωt ) , de période T = 2π / Ω , avec E > V0 .
Initialement ue = E > V0 , donc us = Vsat , et reste égal à Vsat tant que ue > −V0 .
Lorsque ue devient inférieur à −V0 , us bascule à −Vsat et reste égal à −Vsat
tant que ue < V0 .
Lorsque ue devient supérieur à V0 , us bascule à Vsat et le cycle recommence.
Un tel cycle us = f (ue ) est appelé cycle d’hystérésis : le chemin suivi est diffé-
rent selon que ue est croissant ou décroissant.
80
Chapitre 1. Production, acquisition et traitement d’un signal électrique 81
81
82 Partie II. Électronique
ds dn s de dme
a0s + a1 + ... + an n = b0e + b1 + ... + bn m , avec (a0 , b0 ) ≠ (0,0) , soit :
dt dt dt dt
n
dk s m
dℓe
ak dt k = bℓ dt ℓ . L’entier n s’appelle l’ordre du système.
k =0 ℓ =0
s S jϕ
La fonction de transfert du système est H ( j ω) = = e = G(ω)e j ϕ( ω) .
e E
S(ω)
— G(ω) = H ( j ω) = , module de la fonction de transfert, est le gain : rapport de la
E
valeur efficace S du signal de sortie sur celle E du signal d’entrée (c’est aussi le rapport
des valeurs maximales).
— ϕ(ω) = arg [H ( j ω)] est le déphasage du signal de sortie par rapport à celui d’entrée.
ds
En régime sinusoïdal forcé, s(t ) = S 2e j (ωt +ϕ) = j ωs , et plus générale-
dt
dk s n
dk s m
dℓ e
ment
dt k
= ( j ω)k s . L’équation différentielle ak dt k = bℓ dt ℓ qui relie en nota-
k =0 ℓ =0
tion complexe la sortie s et l’entrée e d’un système linéaire est la même que celle qui
n m
relie s et e. Elle s’écrit donc ak ( j ω)k s = bℓ ( j ω)ℓ e , d’où :
k =0 ℓ =0
m n
P ( j ω)
ak ( j ω)k = Q( j ω) .
s
H ( j ω) = = bℓ ( j ω)ℓ La fonction de transfert est donc un
e ℓ =0 k =0
quotient de polynômes P et Q de la variable jω.
s P ( j ω)
— Mettre H ( j ω) = sous la forme d’un quotient de polynômes de jω .
e Q( j ω)
82
Chapitre 1. Production, acquisition et traitement d’un signal électrique 83
n m
— Effectuer le produit en croix pour obtenir ak ( j ω)k s = bℓ ( j ω)ℓ e .
k =0 ℓ =0
k ℓ
d s de
— Utiliser les équivalences ( j ω)k s ↔ et ( j ω)ℓ e ↔
.
dt k
dt ℓ
Ainsi le passage par le r.s.f permet de trouver une équation différentielle qui est
valable quel que soit le régime étudié.
Chaîne directe
Pour la chaîne directe, on a :
R
— us = 1 + 2 ue = µue si l’A.L.I est en fonctionnement linéaire, ce qui est vérifié si
R1
Vsat V
on a −Vsat < us < Vsat ⇔ − < ue < sat .
µ µ
Vsat V
— us = +Vsat si ue ≥ , et us = −Vsat si ue ≤ − sat , l’A.L.I étant alors saturé.
µ µ
83
84 Partie II. Électronique
Il s’ensuit une nouvelle phase où ue est amplifié, etc. Le système oscille donc
et atteint un régime périodique (établi) :
84
Chapitre 1. Production, acquisition et traitement d’un signal électrique 85
d2ue
+ ω0 2ue = 0 , donc des oscillations quasi-sinusoïdales de pulsation ω0 .
dt 2
On peut, à l’aide d’un asservissement, contrôler l’amplitude des oscillations, et
rendre le signal plus pur en le filtrant.
85
86 Partie II. Électronique
La condition pour avoir un signal sinusoïdal non nul dans le circuit est :
µ( j ω)β( j ω) = 1 . On appelle cette condition le critère de Barkhausen.
Remarquons qu’il faut également que l’ordre de T ( j ω) = µ( j ω)β( j ω) soit au
moins égal à 2 pour que l’équation différentielle régissant ue admette des solutions
sinusoïdales.
3. ACQUISITION : ÉCHANTILLONNAGE ET
QUANTIFICATION
3.1 Principe de la numérisation
Un signal physique s (température, pression, champ électrique…) est une fonc-
tion du temps à évolution continue, définie de R vers R . Pendant une durée finie, le
signal peut prendre, à une infinité d’instants différents, une infinité de valeurs s(t). Un
tel signal est qualifié d’analogique.
Un capteur permet de convertir un signal physique en une tension électrique,
qui peut alors être numérisée. L’opération de numérisation correspond à la succession
de 2 étapes :
86
Chapitre 1. Production, acquisition et traitement d’un signal électrique 87
On admettra ce résultat.
Si l’amplitude des composantes sinusoïdales de s s’annule au-dessus d’une
fréquence maximale fmax , deux cas se présentent :
— Si fe − fmax ≥ fmax , les différentes parties du spectre de se ne se chevauchent pas.
87
88 Partie II. Électronique
88
Chapitre 1. Production, acquisition et traitement d’un signal électrique 89
89
90 Partie II. Électronique
90
Chapitre 1. Production, acquisition et traitement d’un signal électrique 91
2N : il renvoie des entiers p ∈ cde 0,2N − 1fgh , soit entre (000...00)2 et (111...11 )2 en code
binaire.
Pour une quantification uniforme, si la plage de tensions traitées par le C.A.N
est comprise entre 0 V et une valeur maximale en volt vPE (valeur « pleine échelle »),
la tension d’entrée analogique v a est comparée aux valeurs seuils v k = kq avec
k ∈ ced1,2N − 1fgh , où q = vPE / 2N est le quantum de tension (plus petit écart entre deux
tensions qui seront à coup sûr codées différemment). La figure ci-dessous représente
la quantification linéaire par défaut d’un C.A.N à 2 ou 3 bits.
91
92 Partie II. Électronique
— Résolution fréquentielle.
Les échantillons du signal s dont on recherche la transformée de Fourier sont
pris sur une durée Ta finie. Les calculs ne se font donc pas sur la fonction t ֏ s(t ) ,
mais sur la fonction sTa , Ta -périodique, qui ne s’identifie à la fonction s que sur l’inter-
valle [0,Ta [ . La fonction sTa s’appelle « périodisée de s ». L’algorithme calcule donc
n nfe
en réalité 2p coefficients d’une série de Fourier pour les fréquences = , avec
Ta 2p
n ∈ ��� 0,2 p − 1��� . Le plus souvent, seules sont affichées les fréquences correspondant
aux valeurs n ∈ ��� 0,2 p −1��� , c’est-à-dire qui vont du continu f = 0 jusqu’à la fréquence
de Nyquist f = fe / 2 .
— Fenêtrage
Dans le cas d’un signal périodique, si le signal s analysé contient un nombre
entier de périodes, la périodisation ne crée pas de discontinuité.
En revanche, dans le cas où la partie du signal analysée ne contient pas un
nombre entier de périodes, l’algorithme F.F.T réalise l’analyse de Fourier d’un signal
périodique discontinu, les discontinuités étant provoquées par les transitions entre les
points de début et de fin. L’effet est l’apparition de raies parasites autour des fré-
quences que contient réellement le signal.
Le fait d’appliquer une fenêtre au signal s (on multiplie le signal par une fonction
adaptée qui s’annule sur les bords de la zone d’acquisition) réduit les discontinuités et
améliore la précision des mesures de fréquence et d’amplitude.
Le choix d’une fenêtre F.F.T (différentes fenêtres peuvent être implémentées)
résulte d’un compromis entre la résolution en fréquence et la précision en amplitude.
Il dépend donc de ce qu’on veut mesurer et des caractéristiques du signal.
92
Chapitre 1. Production, acquisition et traitement d’un signal électrique 93
Citons :
— La fenêtre rectangulaire : Rectangular
Elle correspond à un échantillonnage sans fenêtre appliquée. Elle convient pour
des signaux périodiques contenant un nombre entier de périodes, et pour des signaux
transitoires qui n’ont pas de discontinuités entre le début et la fin de la fenêtre.
— La fenêtre de Hanning
Elle est utile pour des signaux périodiques lorsqu’on cherche à séparer deux
fréquences proches, et pour effectuer des mesures de fréquence.
— La fenêtre à sommet plat, Flattop
C’est la mieux adaptée pour effectuer des mesures d’amplitude. La résolution
en fréquence est moins bonne qu’avec la fenêtre de Hanning.
Paramètres optimaux
L’échantillonnage est, comme on l’a vu, responsable d’une périodisation du
spectre avec une période fe . Il faut donc absolument échantillonner avec une fré-
quence fe ≥ 2fmax pour éviter le repliement de spectre. Néanmoins, le nombre
93
94 Partie II. Électronique
Il ne faut cependant pas prendre N trop grand car on peut alors rencontrer des
problèmes de stockage ou de temps de calcul trop élevé lors du traitement du signal.
— Les courants dans les entrées sont très faibles (du nA au µA) et peuvent être con-
sidérés comme nuls.
94
Chapitre 1. Production, acquisition et traitement d’un signal électrique 95
— La tension us de sortie du multiplieur est bornée par des valeurs proches des ten-
sions d’alimentation : −Vsat ≤ us ≤ Vsat . La valeur k = 0,1 V -1 est choisie pour ne pas
avoir de saturation avec des entrées allant jusqu’à une dizaine de volts.
95
96 Partie II. Électronique
96
Chapitre 1. Production, acquisition et traitement d’un signal électrique 97
Modulation d’amplitude
Le signal à transmettre, signal modulant um , est dans un premier temps sup-
posé sinusoïdal : um (t ) = Um cos( ωmt ) .
97
98 Partie II. Électronique
m m
ue (t ) = U0 cos(ωpt ) + cos (ωp + ωm )t + cos (ωp − ωm )t : le spectre de ue / U0
2 2
contient trois raies de pulsations ωp − ωm , ωp et ωp + ωm , beaucoup plus grandes que
la pulsation ωm du signal modulant.
Si ωmax est la plus grande pulsation pour laquelle l’amplitude est non négli-
geable dans le spectre de um , les variations relatives de pulsation sont désormais très
∆ω 2ωmax
faibles : = << 1 (le spectre du graphe précédent n’est pas à l’échelle).
ωmoyen ωp
98
Chapitre 1. Production, acquisition et traitement d’un signal électrique 99
99
100 Partie II. Électronique
Dès lors, l’analyse de Fourier est très utile puisqu’elle permet justement de dé-
composer tout signal d’entrée T-périodique en une somme de signaux sinusoïdaux de
pulsations ω = 0 (signal constant égal à la valeur moyenne du signal), ω = Ω = 2π / T
(fondamental), ω = 2Ω (harmonique de rang 2), ω = 3Ω , etc…
100
Chapitre 1. Production, acquisition et traitement d’un signal électrique 101
+∞
La réponse exacte à un signal périodique : e(t ) = c0 + cn cos [nΩt + ψn ] est :
n =1
+∞
s(t ) = H (0) ⋅ c0 + G(nΩ)cn cos [nΩt + ψn + ϕ(nΩ)] .
n =1
101
102 Partie II. Électronique
102
Chapitre 1. Production, acquisition et traitement d’un signal électrique 103
jRCω
En sortie ouverte ( i s = 0 ), la fonction de transfert est H ( j ω) = . Il n’y a
1 + jRCω
pas d’amplification dans la bande passante puisque H0 = 1. D’autre part, si on place
une charge, par exemple résistive, le courant de sortie i s n’est plus nul : les courants
qui traversent le condensateur et la résistance du filtre ne sont plus identiques (on n’a
plus en r.s.f une structure de diviseur de tension). La fonction de transfert dépend donc
de la charge, pas uniquement des composants du filtre. Plus précisément ici, si on
RRc
note Req = la résistance équivalente de l’association parallèle R // Rc , la fonc-
R + Rc
jReqCω
tion de transfert est maintenant H ′( j ω) = ≠ H ( j ω) .
1 + jReqCω
Filtres actifs
Les filtres actifs comprennent des composants alimentés comme les A.L.I, et
offrent la possibilité d’avoir amplification dans la bande passante et/ou une fonction de
transfert indépendante de la charge, c’est-à-dire du courant de sortie i s .
103
104 Partie II. Électronique
Cascade de filtres
Deux filtres sont en cascade quand la tension de sortie du premier est appliquée
à l’entrée du deuxième.
u2 u1
H ( j ω) = ⋅ = H 2 ( j ω) ⋅ H1( j ω) . On en déduit GdB = GdB1 + GdB2 et pour les
u1 ue
déphasages : ϕ = ϕ1 + ϕ2 : les diagrammes de Bode de deux filtres en cascade se
somment.
104
Chapitre 1. Production, acquisition et traitement d’un signal électrique 105
ue + us
i = ( jRCω + 2)i s1 , soit =( jRC ω + 2)us . On trouve H ( jx ) = 1/ (1 + 3 jx − x 2 ) .
1 + jRC ω
Du point de vue calculatoire aussi bien que pour la conception de filtres d’ordre
élevé, la mise en cascade de montages passifs n’est pas aisée.
En revanche, intercaler un montage suiveur entre les deux cellules RC permet
de maintenir le premier filtre en sortie ouverte, tout en appliquant sa tension de sortie
à l’entrée du second filtre. On obtient bien H ( jx ) = Ho2 ( jx ) = 1/ (1 + 2 jx − x 2 ) .
Lorsqu’on place un montage suiveur en sortie d’un filtre, ce dernier est en sortie
ouverte et sa fonction de transfert est donc indépendante de la charge.
105
106 Partie II. Électronique
H 0 E0
G(f0 )E0 = = 0,392 V , et ϕ(f0 ) = − arctan(f0 / fc ) = −1,37 rad .
1 + (f0 / fc )2
106
107
[TROISIÈME PARTIE]
OPTIQUE
Les chapitres :
1. Modèle scalaire des ondes lumineuses 109
2. Interférences lumineuses 121
3. Interférences par division du front d’onde 135
4. Interférences par division d’amplitude : interféromètre de 159
Michelson
5. Interférences à N ondes 173
6. Interférences en lumière polychromatique 189
107
108
109
[OPTIQUE 1]
x G G
ψ( x, t ) = ψ0 cos ω t − = ψ0 cos(ωt − kx ) = ψ0 cos(ωt − k ⋅ r ) , avec :
c
2π
— ω= pulsation (temporelle). T est la période (temporelle) de la perturbation.
T
ω 2π G G
— k= = pulsation spatiale. λ est la longueur d’onde (période spatiale). k = kex
c λ
est le vecteur d’onde.
109
110 Partie III. Optique
� � � �
Si r varie de dr , φ varie de dφ = − k ⋅ dr . Comme on a également, par défini-
→ → �
tion de l’opérateur grad , dφ = grad φ ⋅ dr , on en déduit :
� → →
k = − grad φ = − grad ϕ .
Dans le vide (milieu non dispersif), l’onde se propage, quelle que soit la pulsa-
ω
tion, à la vitesse de phase v ϕ = = c = 299 792 458 m ⋅ s-1 ≃ 3 ⋅ 108 m ⋅ s-1 .
k
Ce n’est plus le cas dans un milieu homogène transparent (dans lequel la lu-
mière se propage sans perdre d’énergie) où v ϕ dépend de ω, et on définit l’indice de
ω c
réfraction n de ce milieu par v ϕ = = . On a n > 1 dans le domaine de l’optique.
k n
Comme n dépend de ω (ou de la longueur d’onde λ dans le vide), on a disper-
sion : les différentes composantes sinusoïdales du signal ne se propagent pas à la
même vitesse. C’est ce phénomène qu’on observe quand un prisme sépare les diffé-
rentes couleurs d’un faisceau incident de lumière blanche.
ω 2π
Si dans le vide k vide = = , où λ est la longueur d’onde dans le vide, on a
c λ
ω nω 2πn 2π nω λ
dans le milieu transparent k = = = = , d’où k = et λmilieu = .
vϕ c λ λmilieu c n
110
Chapitre 1. Modèle scalaire des ondes lumineuses 111
— L’intensité I d’une onde plane (ou éclairement), définie comme la puissance surfa-
cique moyenne (en W ⋅ m-2 ) reçue par unité de surface orthogonale à la direction de
G
propagation de l’onde, est proportionnelle à la valeur moyenne de ψ 2 (r , t ) :
T
G G 1 G
I (r ) = K ψ 2 (r , t ) = K ⋅
T
ψ 2 (r , t )dt .
0
111
112 Partie III. Optique
G G G G G
varient sur une distance caractéristique a >> λ : ψ(r , t ) = ψ0 (r )cos ωt − k (r ) ⋅ r .
Si la lumière se propage du point A vers le point B le long d’un tel rayon lumineux
orienté dans le sens de la propagation, on définit l’abscisse curviligne s = OM q de M
avec origine en un point O du rayon (distance algébrique parcourue entre O et M en
G
se déplaçant le long du rayon), ainsi que le vecteur unitaire T tangent en M au rayon
lumineux et orienté dans le sens de la propagation.
G nω G 2πn G
On a k = T = T au point M, où λ est, on le rappelle, la longueur d’onde
c λ
G JJJJJ
G G
dans le vide, et dr = MM ′ = dsT , déplacement élémentaire entre M et M ′ le long du
rayon lumineux. On en déduit le déphasage de l’onde en M ′ par rapport à celle en M :
G G 2πn
dφ = − k ⋅ dr = − ds .
λ
c
Remarquons que l’O.P.P.H progresse de ds = v ϕdt = dt pendant dt. La durée
n
sB
n ( AB )
de propagation entre A et B est donc t A →B = c ds = c
, soit ( AB ) = c ⋅ t A → B .
sA
(AB) est donc la distance que parcourrait la lumière dans le vide pendant la
G
durée qu’elle met pour aller de A à B le long de γ dans le milieu d’indice n(r ) .
112
Chapitre 1. Modèle scalaire des ondes lumineuses 113
Une surface équiphase (ou surface d’onde) est une surface reliant les points M
G 2π 2πc
de même déphasage φM − φS = φ( r ) − φS = − (SM ) = − tS → M .
λ λ
G G 2π
ϕ( r , t ) = ωt + φ( r ) = ωt + φS − (SM ) ( +π) .
λ
On admet qu’il faut rajouter un déphasage de π dans les cas suivants :
— Il y a entre S et M une réflexion en un point P sur un conducteur, ou sur un milieu
plus réfringent (l’onde provient d’un milieu d’indice de réfraction n1 , et se réfléchit sur
un milieu d’indice de réfraction n2 > n1 ).
— Entre S et M l’onde passe par un point de convergence comme le foyer image F ′
d’une lentille.
113
114 Partie III. Optique
Prenons l’exemple fondamental d’un point source à l’infini sur l’axe focal ∆ d’une
lentille mince convergente L. Les rayons issus de S parviennent donc sur L parallèle-
ment à ∆ (l’onde incidente est une O.P.P.H). Les surfaces d’onde sont donc, avant la
traversée de L, des plans orthogonaux à ∆.
Dans les conditions de Gauss, les rayons qui émergent de L convergent en son
foyer image F ′ . Le théorème de Malus montre que les surfaces d’onde sont, avant et
après passage par F ′ , des sphères de centre F ′ (les ondes sont sphériques, conver-
gentes et harmoniques avant passage par F ′ : O.S.C.H, puis sphériques, divergentes
et harmoniques : O.S.D.H). Comme on l’a admis plus haut, la phase présente une
discontinuité de +π à la traversée de F ′ .
Ainsi L modifie progressivement les plans d’onde en sphères. Par retour inverse
de la lumière, on montre qu’une onde sphérique émise au foyer objet F de L est trans-
formée par L en une onde plane :
114
Chapitre 1. Modèle scalaire des ondes lumineuses 115
On montre ainsi que le chemin optique entre F et son image à l’infini est indé-
pendant du rayon suivi par la lumière. Établissons maintenant une propriété fonda-
mentale qui généralise ce résultat :
Le chemin optique ( AA′) est bien le même le long du rayon 1 que le long du
rayon 2.
115
116 Partie III. Optique
116
Chapitre 1. Modèle scalaire des ondes lumineuses 117
et considérer que l’indétermination ∆ν sur la fréquence de l’onde émise est liée à ∆E2
par ∆E2 = h∆ν . L’onde associée à l’émission d’un photon contient donc toute une
bande de fréquences de largeur ∆ν ≃ 1/ τ autour de ν 0 .
117
118 Partie III. Optique
Laser
Le principe de fonctionnement du laser est étudié dans un chapitre dédié. Il
exploite l’émission stimulée d’un photon : un photon incident d’énergie hν0 = E2 − E1
(photon résonant) peut provoquer la désexcitation de l’atome d’énergie E 2 vers l’état
d’énergie E1 < E2 , avec émission d’un second photon d’énergie hν0 = E2 − E1 ,
« clone » du photon incident (ces deux photons ont mêmes direction et sens, leurs
118
Chapitre 1. Modèle scalaire des ondes lumineuses 119
Pour les lasers Hélium-Néon souvent utilisés en T.P, les fréquences émises se
situent autour de ν0 = 4,74 ⋅ 1014 Hz (correspondant à une longueur d’onde
λ0 = 632,8 nm ) et un résonateur optique permet d’obtenir une faible largeur spectrale
∆ν ≃ 1 GHz .
∆ν c
On a ainsi ≃ 2 ⋅ 10 −6 , soit une longueur de cohérence ℓ c = ≃ 30 cm bien
ν0 ∆ν
supérieure à celle des lampes spectrales.
Une source monochromatique (« une seule couleur »), ou sinusoïdale, est une
source modélisée dont le spectre ne serait constitué que d’un pic de largeur nulle. Ce
sont les lasers qui s’approchent le plus de ce modèle.
119
120 Partie III. Optique
Les frontières entre les différents domaines sont conventionnelles, sauf celles
entre les ultra-violets (U.V) et le visible, et les infra-rouges (I.R) et le visible, car c’est
la sensibilité de l’œil qui intervient.
La lumière est une onde électromagnétique à laquelle l’œil humain est sensible.
Sa longueur d’onde se situe dans l’intervalle 0,4 µm ≤ λ ≤ 0,75 µm .
Tout comme les limites du spectre acoustique audible, les limites du spectre
électromagnétique visible varient d’un être humain à l’autre. Certains auteurs donnent
pour le visible le domaine 400 nm ≤ λ ≤ 800 nm .
Les photorécepteurs sont constitués par deux groupes de cellules de la rétine :
les bâtonnets et les cônes. Les bâtonnets sont plus sensibles et permettent la vision
en faible luminosité, mais seulement en niveaux de gris. Les cônes sont moins sen-
sibles, mais permettent de voir les couleurs, car ils se répartissent en trois types selon
les longueurs d’ondes auxquelles ils sont les plus sensibles : les bleus, les verts et les
rouges. Toutes ces cellules ont un comportement passe-bande, et l’œil n’est finale-
ment sensible qu’à la bande du spectre électromagnétique comprise entre 400 et 750
nm.
La vision est un phénomène complexe : les cellules de la rétine, sensibles à des
ondes électromagnétiques de fréquence ν0 ≃ 5 ⋅ 1014 Hz , envoient des influx élec-
triques au cerveau, à la fréquence du signal qui module ces ondes. Le cerveau inter-
prète ces informations pour créer une image, en se basant sur notre expérience (et en
se trompant parfois, ce qui est exploité dans les illusions d’optique). Ce traitement
global de l’information prend un temps variable selon la complexité de l’image, de
l’ordre de 50 ms. Si une alternance d’images est trop rapide, deux images successives
ne peuvent pas être distinguées (ce qui s’accompagne d’une perte d’information). Ce
phénomène est exploité au cinéma ou à la télévision pour créer une sensation de
mouvement continu à partir d’images se succédant à une fréquence de 24 ou 25 Hz.
De façon générale, les capteurs optiques agissent comme des filtres passe-bas
sur le signal qui module les ondes lumineuses qu’ils reçoivent. Ils possèdent des temps
de réponse τcapteur bien supérieurs à la période T0 des ondes lumineuses, mais aussi
à la durée ∆t des trains d’ondes. Ils délivrent donc des signaux proportionnels à la
puissance moyenne du signal (moyennée sur la durée τcapteur ), d’où l’intérêt de définir
120
121
[OPTIQUE 2]
INTERFÉRENCES LUMINEUSES
1. SUPERPOSITION DE DEUX ONDES LUMINEUSES
1.1 Somme de deux ondes scalaires harmoniques
Ondes de fréquences différentes
Au point M se superposent deux ondes :
— La première, de pulsation ω1 , issue d’un point source S1 :
1
ψ1(M, t ) = a1(M )cos [ ω1t + φ1(M )] , d’intensité I1(M ) = K ψ12 (M , t ) = Ka12 (M ) .
2
— La seconde, de pulsation ω2 , issue d’un point source S2 :
1
ψ 2 (M , t ) = a2 (M )cos [ ω2t + φ2 (M )] , d’intensité I2 (M ) = K ψ 22 (M , t ) =
Ka22 (M ) .
2
Les signaux s’additionnent : ψ(M, t ) = ψ1(M, t ) + ψ 2 (M, t ) . L’intensité au point M
ω1 − ω2
En réalité, la réponse du capteur n’est pas nulle si ∆ν =< fc = 1/ τcapteur
2π
car la fréquence ∆ν reste dans la bande passante du capteur. Avec τcapteur = 1 µs ,
cette condition s’écrit ∆ν < 106 Hz , valeur très inférieure à la largeur spectrale d’émis-
sion, même pour un laser (de l’ordre de 1 GHz). On pourra en pratique décomposer la
121
122 Partie III. Optique
122
Chapitre 2. Interférences lumineuses 123
δ(M ) = (S2M ) − (S1M ) est la différence de marche entre les rayons lumineux re-
liant les sources à M.
2π
rieure à ∆t , on a cos δ(M ) + γ1(t − tS1 → M ) − γ 2 (t − tS2 →M ) = 0 .
λ
Il y a donc absence d’interférences.
Deux ondes lumineuses émises par des sources différentes n’interfèrent pas ;
leurs intensités au point M s’additionnent : I = I1 + I2 . De telles sources sont dites inco-
hérentes.
toirement. C’est ce qui arrive quand tS2 →M − tS1 →M > ∆t ⇔ c tS2 →M − tS1 →M > c ∆t ,
soit quand δ(M ) > ℓ c . Alors I = I1 + I2 comme pour deux sources incohérentes.
123
124 Partie III. Optique
124
Chapitre 2. Interférences lumineuses 125
Un tel dispositif pourrait aussi être utilisé comme diviseur de front d’onde (les
deux rayons interférant en M seraient issus de deux rayons différents issus de S), mais
nous verrons que c’est lorsqu’il est utilisé comme diviseur d’amplitude qu’on obtient
des interférences très lumineuses. Dans ce cas, les interférences ne sont observables
qu’au voisinage d’une surface et sont dites localisées.
Dans tous les cas, la lumière a bien suivi deux chemins optiques différents,
(SM )1 et (SM )2 , pour aller de S à M.
δ(M ) = [(SS2 ) + (S2M )] − [(SS1) + (S1M )] = (S2M ) − (S1M ) + Cte . La différence de mar-
che est indépendante du rayon issu de S.
125
126 Partie III. Optique
Soit deux sources lumineuses cohérentes (qui sont donc obtenues à partir d’une
même source S). Si de plus δ(M ) << ℓ c , les trains d’ondes qui se superposent en M
sont issus du même train d’onde émis par S, et le déphasage φ en M entre les deux
ondes qui parviennent à ce point est uniquement dû à la propagation des ondes de S
à M selon les deux différents chemins.
On peut donc écrire les amplitudes en M sous la forme :
ψ
1(M , t ) = a1(M )cos [ ωt + φ1(M )] 2π 2π
, avec φ1(M ) = − (SM )1 et φ2 (M ) = − (SM )2 .
ψ 2 (M, t ) = a2 (M )cos [ ωt + φ2 (M )] λ λ
Le signal résultant prend la forme ψ(M, t ) = a(M )cos [ ωt + φ(M )] et son intensité
1 2
est I (M ) = K ψ 2 (M, t ) = Ka (M ) .
2
Notation complexe
En notation complexe, ψ = ae [
i ωt +φ]
, et si ψ∗ = ae [
− i ωt +φ]
est son conjugué, on
1
a ψ ⋅ ψ = a 2 d’où I =
∗
K ψ ⋅ ψ∗ .
2
Puisque ψ1 = a1e [
i ωt +φ1 ]
et ψ 2 = a2e [
i ωt +φ2 ]
, on retrouve la formule de Fresnel :
1 1 1 1
I= K (ψ1 + ψ 2 ) ⋅ (ψ1 + ψ 2 )∗ = K ψ1 ⋅ ψ1∗ + K ψ 2 ⋅ ψ 2 ∗ + K (ψ1 ⋅ ψ 2 ∗ + ψ 2 ⋅ ψ1∗ )
2 2 2 2
1
= I1 + I2 + K a1 ⋅ a2 ei ( φ1 −φ2 ) + ei ( φ2 −φ1 ) = I1 + I2 + 2 I1 ⋅ I2 cos φ .
2 � � ���������
2I1 2I2 2 cos( φ1 −φ2 )
K K
Diagramme de Fresnel
Un signal sinusoïdal ψ = a cos [ ωt + φ] peut également être représenté dans la
� � � � �
base orthonormée ( ex , ey ) par le vecteur ψ = a cos [ ωt + φ] ex + a sin [ ωt + φ] ey . On a
� �
alors la relation linéaire ψ = ψ ⋅ ex . Le choix qui est fait ici implique que la norme
� �
ψ = a de ψ est la valeur maximale a du signal.
En notant O l’origine du plan affine xOy, la représentation de Fresnel consiste
� →
donc à tracer ψ = OM , où M est le point d’affixe ae i ( ωt +φ ) .
126
Chapitre 2. Interférences lumineuses 127
G G
Ainsi ωt + φ est l’angle que fait ψ avec l’axe Ox : le vecteur ψ , de norme cons-
tante a, tourne dans le sens trigonométrique à la vitesse angulaire ω.
127
128 Partie III. Optique
II
I = I1 + I2 + 2 I1I2 cos φ = (I1 + I2 ) 1 + 2 1 2 cos φ . On définit l’ordre d’interférence en
I1 + I2
φ δ
M par p = = .
2π λ
128
Chapitre 2. Interférences lumineuses 129
Les signaux temporels en M ainsi que leur intensité sont représentés ci-des-
sous :
Imax − Imin II
Le contraste (ou visibilité) des interférences est C = = 2 12 .
Imax + Imin I1 + I2
I2 x
Si on pose x = , on a C = 2 .
I1 1+ x
dC 1− x
En dérivant par rapport à x on obtient = . Le contraste est maxi-
dx x (1 + x )2
mal, et vaut 1 pour x = 1 ⇔ I1 = I2 = I0 ; il s’annule en x = 0 et x → ∞ , soit quand
I1 >> I2 ou quand I2 >> I1 .
La formule de Fresnel s’écrit simplement I = (I1 + I2 ) [1 + C cos φ] .
129
130 Partie III. Optique
On se placera dans ce cas par la suite : les deux ondes lumineuses cohérentes
s’écrivent ψ1(M, t ) = a0 cos [ ωt + φ1(M )] et ψ 2 (M, t ) = a0 cos [ ωt + φ2 (M )] .
2πδ
On a alors I = 2I0 [1 + cos φ] = 2I0 1 + cos , formule de Fresnel pour des
λ
interférences à deux ondes de même amplitude.
Les signaux temporels en M ainsi que leur intensité sont représentés ci-des-
sous :
130
Chapitre 2. Interférences lumineuses 131
On montre que les surfaces telles que δ(M ) = S2M − S1M = pλ sont des hyper-
boloïdes de révolution autour de la droite (S1S2 ) . La surface correspondant à l’ordre 0
est telle que S2M = S1M : c’est le plan médiateur du segment [S1S2 ] .
Leurs intersections avec un plan orthogonal à (S1S2 ) sont des franges circu-
laires.
Leurs intersections avec un plan contenant la direction de (S1S2 ) sont des
branches d’hyperboles.
131
132 Partie III. Optique
132
Chapitre 2. Interférences lumineuses 133
→
→2 → → →2
M1S → G →
M1S′ − M1S = d[ M1S ] = d M1S = 2 M1S ⋅ d M1S 2 M1S = ⋅ SS ′ = e1 ⋅ SS ′ .
M1S
G → G →
On a donc (S ′M )1 − (SM )1 = −e1 ⋅ SS ′ , et de même (S ′M )2 − (SM )2 = −e2 ⋅ SS ′ .
G G → → G G
On en déduit dδ = (e1 − e2 ) ⋅ SS ′ , et si on pose SS ′ = dr er où er est le vecteur
dδ G G G
unitaire de S vers S ′ , on a finalement = (e1 − e2 ) ⋅ er , indépendant de M.
dr
On distingue alors deux types d’interféromètres :
— Interféromètre à division du front
d’onde. Les rayons interférant en M sont
issus de deux rayons incidents distincts
provenant de S, puis qui passent par
des systèmes optiques différents.
G G
Puisque e1 ≠ e2 , on n’aura une
variation de chemin optique ∆δ = 0 à
→ G G
l’ordre 1 en SS ′ que si SS ′ ⊥ (e1 − e2 ) .
On ne peut donc étendre la sour-
ce qu’orthogonalement aux deux rayons
qui en sont issus et qui interfèrent en M.
Cette condition est très contraignante
car il faut alors utiliser une fente très fine passant par S.
Néanmoins, si on élargit cette fente, les franges seront brouillées partout, ce qui
interdit de travailler avec une source large : les franges brillantes sont peu lumineuses
(on ne pourra les observer sur un écran qu’avec une source laser ; sinon il faudra les
observer à la lunette). En revanche les interférences sont non localisées (on peut les
observer dans toute la zone d’interférence).
— Interféromètre à division d’amplitude.G LesG rayons interférant en M sont issus du
même rayon incident provenant de S : e1 = e2 . Ce n’est possible, comme on l’a vu,
que si l’interféromètre possède
une lame semi-réfléchissante
(appelée séparatrice) permettant
d’obtenir deux rayons lumineux à
partir d’un seul rayon incident, le
rayon transmis étant dirigé vers
le système optique 1 et le rayon
réfléchi vers le système optique
2. On pourra alors élargir la
source sans que les franges
soient brouillées : le dispositif
permet d’obtenir des franges
brillantes très lumineuses et de
les projeter sur un écran. En revanche, elles ne sont observables qu’au voisinage de
la surface reliant les points où se coupent les rayons issus d’un même rayon incident :
les franges sont localisées sur cette surface. Ailleurs que sur cette surface, les franges
sont brouillées (le contraste chute rapidement).
133
134 Partie III. Optique
Pour tout dispositif interférométrique éclairé par une source ponctuelle S, les interfé-
rences sont non localisées : on peut les observer dans toute une zone de l’espace
appelée zone d’interférence. Même si la lumière issue de S rencontre une lame sépa-
ratrice, le dispositif est à diviseur du front d’onde : les interférences en un point M
quelconque de la zone d’interférence sont dues à deux rayons différents issus de S.
Lorsqu’on élargit la source, seuls les dispositifs pour lesquels la lumière issue
de la source rencontre une lame séparatrice permettent d’observer des interférences
contrastées, mais alors seulement sur une surface Σ sur laquelle se coupent deux
rayons issus du même rayon incident : les interférences sont localisées, et le dispositif
est à division d’amplitude.
134
135
[OPTIQUE 3]
135
136 Partie III. Optique
1,22 λ
Le rayon angulaire de la tache principale de diffraction vaut θ ≃ (il est
2a
défini tel que l’intensité s’annule sur les bords de cette tache).
Pour une ouverture ou un obstacle de dimension a, ce résultat reste valable en
λ
ordre de grandeur : le rayon angulaire caractéristique du faisceau diffracté est θ ≃ .
a
136
Chapitre 3. Interférences par division du front d’onde 137
137
138 Partie III. Optique
138
Chapitre 3. Interférences par division du front d’onde 139
1.3 Diffraction à l’infini d’une onde plane par une fente fine
On éclaire maintenant avec le laser de longueur d’onde λ une fente de largeur
a (typiquement entre quelques µm et quelques mm) et de longueur très supérieure à
a (fente fine) percée dans un écran opaque. On observe la figure de diffraction formée
sur un écran éloigné parallèle à l’écran opaque (la figure ci-après n’est pas à l’échelle).
On est dans le cas d’un point source S0 à l’infini dans la direction orthogonale
au plan diffractant. Contrairement aux prédictions de l’optique géométrique, il n’y a pas
qu’un seul point lumineux sur l’écran dans la direction du faisceau laser incident, c’est-
à-dire en l’image géométrique S0′ de S0 . On observe une tache principale de diffrac-
tion autour de S0′ , alignée dans une direction orthogonale à la fente. Il y a également
des taches secondaires, mais la tache principale concentre de nouveau la quasi-tota-
lité de l’énergie qui a traversé la fente.
139
140 Partie III. Optique
140
Chapitre 3. Interférences par division du front d’onde 141
D’autre part, le rayon R des trous est suffisamment petit pour qu’on puisse
141
142 Partie III. Optique
considérer que l’intensité sur l’écran serait uniforme, égale à I0 , si un seul des trous
était ouvert. On se ramène donc à deux sources ponctuelles S1 et S2 cohérentes
(puisque pilotées par la même source S) et à des interférences à deux ondes de même
amplitude sur l’écran d’observation.
Soient ( x = X , y = Y , z = D ) les coordonnées d’un point M sur l’écran. L’état d’in-
terférences en M ne dépend que de la différence de marche δ(M ) = (SM )2 − (SM )1 ,
soit ici δ(M ) = SS2 + S2M − (SS1 + S1M ) = S2M − S1M , car SS2 = SS1 , la source S se
trouvant dans le plan médiateur de [S1S2 ] .
Les coordonnées de S1 sont ( +a / 2,0,0 ) , celles de S2 sont ( −a / 2,0,0 ) . On a
2 2 2
a X − a / 2 Y
donc S1M = X − + Y 2 + D 2 = D 1 + + .
2 D D
Comme a, X et Y sont très inférieurs à D, on peut utiliser le développement
u 1 X − a / 2 2 1 Y 2
limité à l’ordre 1 : 1 + u = 1 + . On obtient S1M = D 1 + + 2 D , et
2 2 D
1 X + a / 2 2 1 Y 2
de même S2M = D 1 + + 2 D , d’où :
2 D
aX aX
δ(M ) = S2M − S1M = , et l’ordre d’interférence en M est p(M ) = . Les franges sur
D λD
l’écran correspondent à δ(M ) = Cte . Ce sont donc des droites d’équation X = Cte ,
c’est-à-dire orthogonales à la droite (S1S2 ) .
142
Chapitre 3. Interférences par division du front d’onde 143
Nous avons vu à la sous-section 1.5 du chapitre précédent que les franges sont
en fait des branches d’hyperboles (seule la frange d’ordre 0 est rigoureusement recti-
ligne), mais comme l’observation se fait au voisinage du plan médiateur de [S1S2 ] ,
elles sont assimilables à des droites.
Pour a = 500 µm , D = 1 m et λ = 500 nm , l’interfrange vaut ∆X = 1 mm . Si
R = 50 µm , l’ordre de grandeur du diamètre de la tache principale de diffraction d’un
trou est d = λD / R = 1 cm : on peut bien considérer que l’intensité I0 créée par un seul
trou sur l’écran de dimensions LX = LY = 1 cm est uniforme. Sans interférences, l’in-
tensité sur l’écran serait égale à 2I0 . Le phénomène d’interférences entraîne une ré-
partition non uniforme de l’intensité à l’écran, avec ici des franges brillantes d’intensité
4I0 , et des franges noires (d’intensité nulle). L’intensité moyenne sur l’écran reste ce-
pendant égale à 2I0 , ce qui traduit le fait que la puissance totale sur l’écran reste égale
à P = 2I0 ⋅ LX ⋅ LY .
La figure d’interférence est représentée ci-
contre. Remarquons qu’en impression noir et blanc,
les franges brillantes sont représentées en blanc
alors qu’en impression couleur elles seraient de la
couleur de la source, qui est monochromatique, par
exemple rouge pour un laser He-Ne.
Un laser est suffisamment puissant pour que
les franges soient visibles sur un écran malgré la pe-
titesse des trous. Avec une lampe spectrale (munie
d’un filtre ne laissant passer qu’une seule de ses ra-
diations), on ne peut les observer qu’en plaçant l’œil
derrière une lunette de visée réglée sur l’infini.
143
144 Partie III. Optique
144
Chapitre 3. Interférences par division du front d’onde 145
Remarquons que si x ′ > 0 , le chemin S ′S2 est plus long que S′S1 . Pour trouver
l’ordre 0 en X = X 0 (même chemin optique de la source S ′ au point M0 d’abscisse
X 0 ), il faut que le chemin S2M0 soit plus court que S1M0 , donc que X 0 soit négatif,
d’où le signe moins dans l’expression de X 0 .
λD
Si X 0 << ∆X = , les franges dues à S ′ sont quasiment confondues avec
a
celles dues à S, et les franges résultantes gardent un contraste proche de 1. Cette
condition s’écrit également sous la forme x ′ << λD′ / a , qui est du même ordre de
grandeur que l’interfrange, soit le mm… Une fente étirée orthogonalement à (S1S2 )
doit être très fine (sa largeur doit vérifier b << λD′ / a ) pour garder un bon contraste.
On peut présenter ce résultat sous une forme plus générale. Si on note mainte-
nant ∆p la variation (en valeur absolue) de l’ordre d’interférence en un point M fixé
aX
lorsqu’on passe des interférences dues à S à celles dues à S ′ , on a p(M ) = et
λD
aX ax ′ a x′ X
p′(M ) = + ∆p(M ) = p′(M ) − p(M ) = = 0 (ici indépendant de M).
λD λD′ λD′ ∆X
Ainsi, la condition pour que le contraste reste proche de 1 est ∆p(M ) << 1 .
ab
Dans le cas des fentes d’Young, ∆p est indépendant de M. On a ∆p =
λD ′
pour une fente source de largeur b. On peut définir une extension spatiale bc telle que
∆p = 1 ⇔ bc = λD′ / a . Le contraste vaut C ≃ 1 si b << bc , et C ≃ 0 si b >> bc .
Ce résultat peut être établi de façon plus quantitative en
calculant l’intensité à l’écran due à la fente source de largeur b,
mais cette démarche n’est pas exigible.
Comme la puissance émise est proportionnelle à la sur-
face de la source, un élément de source de largeur dx ′ et de
longueur dy′ autour de S ′ ( x = x ′, y = y ′, z = −D′) créerait une
intensité d2I0 = Kdx ′dy ′ uniforme sur l’écran en présence d’un
seul trou. Avec les deux trous, l’intensité créé par cet élément
145
146 Partie III. Optique
2πaX 2πax ′
vaut d2I = 2d2I0 1 + cos + au point M ( x = X , y = Y , z = D ) .
λD λD′
Les sources S ′ étant incohérentes entre elles, on obtient l’amplitude en M en
sommant toutes les intensités créées par les points S ′ :
b /2 L /2
2πaX 2πax ′
I = 2K 1 + cos λD + λD′ dx ′dy ′
x′ =− b /2 y ′ =−L / 2
b /2
2πaX 2πax ′
I = 2KL 1 + cos λD + λD′ dx ′ , soit :
x ′=− b /2
146
Chapitre 3. Interférences par division du front d’onde 147
ℓ suffisamment faible pour que la portion observée de l’écran soit uniformément éclai-
rée dans le cas où une seule fente est ouverte.
La figure de diffraction est alors étendue selon la direction des fentes par rapport
au cas où il n’y aurait qu’un point source S0 (on ne pourrait dans ce cas observer de
147
148 Partie III. Optique
la lumière que selon la droite (S0′ X ) où S0′ est l’image géométrique de S0 ). On l’ob-
serve autour de l’image géométrique de la fente source sur l’axe X = 0 .
Ce résultat n’est vrai que parce qu’on a pris le rayon R des trous, ou la largeur
ℓ des fentes, suffisamment petit pour que l’intensité sur la zone observée de l’écran
soit uniforme lorsqu’il n’y a qu’un trou ou qu’une fente. On peut montrer que la figure
d’interférences, soit ici des franges rectilignes régulièrement espacées, est modulée
par la figure de diffraction d’un seul trou, ou d’une seule fente.
Par exemple, on a représenté ci-dessous le cas des trous d’Young avec a = 8R
et des fentes d’Young avec a = 4ℓ .
148
Chapitre 3. Interférences par division du front d’onde 149
2.4 Montages pour l’étude expérimentale des trous ou des fentes d’Young
Source et écran très éloignés de la pupille
Dans les études précédentes, la distance D ′ entre la source et la pupille dif-
fractante, et la distance D entre la pupille diffractante et l’écran, ont été prises très
grandes devant la distance a entre les trous, ou entre les fentes. On a effectué un
développement limité à l’ordre 1 en a / D′ et a / D , qui donne un résultat exact quand
a / D′ → 0 et a / D → 0 .
Si a est fixé, cela correspond à D′ → ∞ et D → ∞ : source et écran sont à l’infini
de la pupille. On est alors dans les conditions de la diffraction de Fraunhofer (diffraction
à l’infini par une pupille éclairée par une onde plane).
En pratique, a << D′ et a << D , ce qui est très bien réalisé avec a de l’ordre du
mm, D et D ′ de l’ordre du m.
On peut se passer du développement limité en étudiant uniquement la réparti-
tion d’intensité sur l’axe ΩX de l’écran, puisque la figure d’interférence est, dans tous
les cas étudiés, invariante par translation selon ΩY . Il suffit d’étudier les rayons con-
tenus dans le plan zOx, et on se ramène pour le calcul de la différence de marche à la
figure suivante :
149
150 Partie III. Optique
Montage de Fraunhofer
Le montage précédent est encombrant puisqu’il faut des distances de l’ordre du
mètre entre la pupille et la source lumineuse, et entre la pupille et l’écran.
On peut réaliser le montage de Fraunhofer, plus compact, sur un banc optique.
La fente source est placée dans le plan focal objet d’une lentille convergente L1 d’axe
optique ∆ = Oz , l’écran dans le plan focal image d’une lentille convergente L 2 de
même axe optique ∆.
150
Chapitre 3. Interférences par division du front d’onde 151
151
152 Partie III. Optique
152
Chapitre 3. Interférences par division du front d’onde 153
Il faut cependant ici tenir compte de la réflexion en P sur le miroir, qui s’accom-
pagne d’un déphasage de π. Le déphasage dû à la propagation d’une onde entre deux
2π
points A et B étant φB − φ A = − ( AB ) , un déphasage de π correspond à une diffé-
λ
rence de marche supplémentaire de λ / 2 (en valeur absolue).
On pourrait bien sûr également prendre un déphasage de −π . Le contenu phy-
sique est le même : il y a un changement de signe du champ électrique lors de la
réflexion : ici r = −1 .
153
154 Partie III. Optique
aX λ
La différence de marche vaut donc δ(M ) = (S1M )2 − (S1M )1 = + , et l’inten-
D 2
sité sur l’écran est :
2πδ( X ) 2πaX
I ( X ) = 2I0 [1 + cos φ( X )] = 2I0 1 + cos I ( X ) = 2I0 1 − cos λD .
λ
C’est le même système de franges que pour les fentes d’Young, avec un inter-
frange ∆X = λD / a , mais, du fait de la réflexion d’un des deux rayons, on a des inter-
férences totalement destructives et non plus totalement constructives dans le plan mé-
diateur de [S1S2 ] , donc une frange noire en X = 0 .
λD 2π(a + b ) X λD 2π(a − b ) X
I = 2KLb 1 − sin + sin , soit :
4 πXb λD 4πXb λD
λD 2πbX 2πaX
I = 2KLb 1 − sin cos λD
2πXb λD
2πbX 2πaX
= 2I0 1 − sinc cos .
λD λD
2πaX
L’intensité est donc de la forme I = 2I0 1 − V ( X )cos .
λD
2πbX
Le contraste algébrique V ( X ) = sinc dépend ici du point M sur l’écran.
λD
154
Chapitre 3. Interférences par division du front d’onde 155
λD
La première annulation de X ֏ V ( X ) a lieu pour X c = . On a C = V ≃ 1
2b
pour X << X c et C ≃ 0 pour X >> X c .
On a représenté ci-dessous les franges sur la même zone de l’écran pour
b = a / 10 et b = a / 5 .
Dans tous les cas la frange noire en X = 0 garde un contraste C(0) = 1 puisque
tous les jeux de fentes {S1′, S2′ } créent une frange noire en X = 0 .
λD
En revanche, l’interfrange dû à {S1′, S2′ } dépend de u, ce qui explique les
a + 2u
oscillations de la visibilité.
Lorsque b augmente, X c diminue, et le contraste diminue plus vite lorsqu’on
s’écarte de X = 0 . On vérifie qu’une fente étirée selon y doit être très fine pour garder
un bon contraste.
155
156 Partie III. Optique
156
Chapitre 3. Interférences par division du front d’onde 157
4πN 4πN
soit I ( x ) = K ψ 02 1 + cos x sin α = 2I0 1 + cos x sin α puisque l’intensité
λ λ
1
d’une des ondes est I0 = K ψ 0 2 .
2
On retrouve bien la formule des interférences à deux ondes de même amplitude
λ λ
I ( x ) = 2I0 [1 + cos φ( x )] , et on en déduit l’interfrange ∆x = ≃ .
2N sin α 2N α
157
158 Partie III. Optique
On n’a ici accès qu’à la valeur absolue de v x , mais on sait obtenir le signe en
faisant défiler les franges. On place pour cela un modulateur acousto-optique sur l’une
des deux voies de l’interféromètre afin d’obtenir deux ondes planes de fréquences très
légèrement différentes. On obtient ainsi des oscillations de u(t) de fréquence f0 , même
si le fluide est au repos. S’il est en mouvement, le signe de f − f0 renseigne sur le sens
de déplacement du fluide selon Ox.
Pour obtenir les autres composantes, on crée avec deux autres lasers deux
autres systèmes de franges rectilignes d’équations y = Cte et z = Cte au voisinage
de O. Les trois longueurs d’onde utilisées doivent être distinctes deux à deux pour que
l’on garde des interférences à deux ondes sur chaque axe (sinon les franges ne se-
raient plus rectilignes). Il reste à placer des filtres correspondant à ces longueurs
d’onde sur chacun des trois détecteurs pour atteindre le triplet (v x ,v y ,v z ) .
158
159
[OPTIQUE 4]
Chaque faisceau rencontre un miroir plan de grande qualité (les défauts de sur-
face sont inférieurs à λ visible / 20 ), sous une incidence proche de 90°.
159
160 Partie III. Optique
160
Chapitre 4. Interférences par division d’amplitude : interféromètre de Michelson 161
161
162 Partie III. Optique
Comme les rayons se réfléchissent une et une seule fois sur Sp, quelle que soit
la voie empruntée, on peut, sans modifier les chemins optiques, remplacer les rayons
avant leur réflexion sur Sp par leurs symétriques par rapport à Sp. Ainsi, pour la voie
2, SI est remplacé par son symétrique S ∗I par rapport à Sp, et pour la voie 1, c’est
tout le bloc des rayons SIK, S1′KL et du miroir M1 que l’on peut remplacer par leurs
symétriques S ∗IK ′ , S1K ′L et M1′ par rapport à Sp.
162
Chapitre 4. Interférences par division d’amplitude : interféromètre de Michelson 163
163
164 Partie III. Optique
la différence de marche δ(M ) définie par δ(M ) = (S∗M )1 − (S∗M )2 . Le montage équiva-
lent est le suivant :
164
Chapitre 4. Interférences par division d’amplitude : interféromètre de Michelson 165
On peut donc observer ces franges à l’œil nu (si l’interfrange n’est pas trop petit)
en regardant le miroir M2 .
165
166 Partie III. Optique
166
Chapitre 4. Interférences par division d’amplitude : interféromètre de Michelson 167
167
168 Partie III. Optique
Avec une source de taille quelconque à distance quelconque des miroirs, les
interférences sont localisées à l’infini pour l’interféromètre de Michelson réglé en lame
d’air.
168
Chapitre 4. Interférences par division d’amplitude : interféromètre de Michelson 169
JL e IL
— Le triangle ILJ est rectangle en L : cos i = IJ = et tan i = .
IJ cos i e
IH IH
— Le triangle IHK est rectangle en K : sin i = = IH = 2IL sin i = 2e sin i tan i .
IK 2IL
2e 2e
Finalement δ = 2IJ − IH = − 2e sin i tan i = 1 − sin2 i = 2e cos i .
cos i cos i
On peut retrouver ce résultat en utilisant les sources secondaires S1 et S2 .
Comme S1J = S∗J et S2I = S∗I , la différence de marche est δ = (S1M ) − (S2M ) , soit
δ = S1N d’après le théorème de Malus.
Le triangle S1NS2 est rectangle en N, et S1S2 = 2e δ = 2e cos i .
Les franges créées par d’autres points sources S ′∗ coïncident bien avec celles
créées par S ∗ : on vérifie qu’il y a localisation à l’infini pour une source large à distance
quelconque des miroirs.
169
170 Partie III. Optique
2e ρm 2 2e mλ
p = p0 − m . Son rayon vérifie donc 1 − 2 = − m , soit ρm = f ′ ∝ m : la
λ 2f ′ λ e
distance entre deux franges de même intensité n’est pas constante.
Si on chariote doucement M1′ (on fait varier e), on peut suivre l’évolution d’un
anneau donné ( p = Cte ⇔ δ = Cte ). Comme δ = 2e cos i , si e diminue, cos i aug-
mente donc i diminue, ainsi que ρ.
Les anneaux « rentrent » (leur rayon diminue) lorsque la distance e entre les
miroirs diminue.
170
Chapitre 4. Interférences par division d’amplitude : interféromètre de Michelson 171
Dans cette position, pour laquelle les miroirs réels M1 et M2 sont orthogonaux
entre eux et équidistants de la séparatrice, δ = 0 ∀i : les interférences sont totalement
constructives en tout point de l’écran qui est donc uniformément lumineux.
Les figures d’interférence ci-dessous ont été obtenues en utilisant un filtre per-
mettant d’isoler une raie spectrale d’une lampe, et d’obtenir de la lumière que l’on peut
considérer comme monochromatique. L’épaisseur e diminue jusqu’à ce qu’on arrive
au contact optique. La zone d’observation circulaire centrée sur F ′ est toujours la
même.
171
172 Partie III. Optique
172
173
[OPTIQUE 5]
INTERFÉRENCES À N ONDES
1. INTERFÉRENCES À N ONDES PAR DIVISION DU
FRONT D’ONDE : RÉSEAUX OPTIQUES
1.1 Superposition de N ondes cohérentes de même amplitude dont les
phases sont en progression arithmétique
Au point M, le champ électrique est la somme des champs des N ondes, de
mêmes amplitude et intensité, notés ψ 0 (M , t ) , ψ1(M, t ) ,…, ψ j (M, t ) ,…, ψN −1(M, t ) . Le
premier champ ψ 0 (M , t ) , d’amplitude ψ 0 et d’intensité I0 en M, est pris comme réfé-
rence des phases. Le deuxième est déphasé en M de φ(M ) par rapport au premier, le
troisième de φ(M ) par rapport au deuxième, donc de 2φ(M ) par rapport au premier,
etc. : ψ(M, t ) = ψ0ei ωt + ψ 0ei ( ωt +φ) + ψ0ei ( ωt + 2φ) + ... + ψ0ei ( ωt + j φ) + ... + ψ 0e i ( ωt + ( N −1)φ) .
ψ 0 ( M ,t ) ψ1( M ,t ) ψ j ( M ,t ) ψ N −1( M ,t )
Il n’est pas nécessaire de calculer l’intensité I(φ) pour trouver les principales
caractéristiques de la figure d’interférence. On peut en effet raisonner sur un dia-
gramme de Fresnel dans lequel ψ 0 (M , t ) (en gras) est pris pour référence des phases.
173
174 Partie III. Optique
L’intensité est bien sûr maximale lorsque les N ondes sont en phase en M, soit
si φ = 2k π , avec k ∈ Z . Dans ce cas les amplitudes des champs se somment, donc
ψ = ψ max = N ψ0 , et l’intensité maximale vaut Imax = N 2I0 .
2mπ
Si φ = , avec m ∈ �1, N − 1� , en
N
sommant les N vecteurs représentant les
champs électriques au point M, on forme un
polygone à N côtés. Cette courbe étant fer-
mée, la somme est nulle :
ψ = ψ min = 0 Imin = 0 . Par exemple, pour
N = 3 , on a deux annulations d’intensité
2π 4π
lorsque φ ∈ [0,2π[ pour φ = et φ = .
3 3
En effet, lorsque N >> 1 , dès que l’on n’est pas très proche de la condition d’in-
terférences totalement constructives, soit φ = 2k π , l’intensité, même pour un maximum
secondaire, est beaucoup plus faible que Imax , comme on le constate sur un dia-
gramme de Fresnel :
174
Chapitre 5. Interférences à N ondes 175
2
Nφ
Elle est maximale pour φ = 0 , or I (φ) ∼ I0 2 = N 2I0 Imax = N 2I0 .
φ→ 0 φ
2
Enfin, la fonction s’annule quand le numérateur s’annule sans que le dénomi-
Nφ 2m π
nateur ne le fasse, soit pour = mπ ⇔ φ = , avec m ∈ �1, N − 1� .
2 N
Représentons I (φ) pour plusieurs valeurs de N :
Le rayon R des trous est suffisamment petit pour qu’on puisse considérer que
175
176 Partie III. Optique
l’intensité sur l’écran éloigné serait uniforme, égale à I0 , si un seul des trous était ou-
vert. On se ramène donc à N sources ponctuelles S0 ≡ O , S1 ,…, SN −1 , cohérentes,
et à des interférences à N ondes de même amplitude sur l’écran d’observation.
α X 0 α = X
f′
riel est nul : β ∧ Y = 0 .
1 f ′ 0 β = Y
f′
Dans les conditions de Gauss,
X
α ≃ tan α ≃ f ′
sont des angles, repré-
β ≃ tan β ≃ Y
f′
sentés sur la figure ci-contre.
Les trous vibrent en phase puisqu’ils se trouvent sur un
plan d’onde de l’onde émise par S. Cependant, le chemin op-
tique des trous au point M n’est pas le même. D’après le théo-
rème de Malus, la différence de marche entre le rayon (j) et le
rayon (0) est égale à OH j , où H j est le projeté orthogonal de
S j sur le rayon (0). On a donc δ j = (OM ) − (S j M ) = OH j , et le
déphasage en M entre les deux rayons vaut :
2π � → � → → � → � →
φj = δ j = k ⋅ OH j = k ⋅ OS j + S j H j = k ⋅ OS j , car k ⊥ S j H j .
λ
2π 2π
αx j + β y j =
φj =
λ λf ′ Xx j + Yy j , où ( x j = j ⋅ a, y j = 0, z j ) sont les coordonnées
du trou S j , avec j ∈ �0, N − 1� .
2πaX 2πaX
On a donc φ j = j = j φ , avec φ = .
λf ′ λf ′
On est bien dans un cas d’interférences à N ondes cohérentes de même ampli-
tude, dont les phases sont en progression arithmétique.
176
Chapitre 5. Interférences à N ondes 177
2πaX
Ici, φ = est proportionnel à X (dans les
λf ′
conditions de Gauss), donc les franges sont des droites
λf ′
d’équation X = Cte . L’interfrange est ∆X = comme
a
pour les trous d’Young.
Quand N est grand, on ne trouve de la lumière
qu’au voisinage des points d’abscisse X telle que :
φ = 2k π ⇔ X = X k = k λf ′ / a , c’est-à-dire là où les inter-
férences sont totalement constructives.
La figure est donc constituée de raies : fines
franges brillantes équidistantes d’ordre k. Ailleurs
l’écran est noir. On voit sur la figure ci-contre la diffé-
rence avec les franges d’interférences de deux trous
d’Young, où l’intensité varie sinusoïdalement avec X.
177
178 Partie III. Optique
Comme on l’a vu dans le chapitre sur les interférences par division du front
d’onde, la figure observée est la même avec N fentes d’Young et une fine fente source
à l’infini qui leur est parallèle, qu’avec N trous d’Young équidistants. La longueur des
franges brillantes est limitée par la longueur de la fente source dont on peut considérer
qu’elles sont les images.
Une fois les réglages optiques faits, la lunette de visée est afocale : le plan focal
image de l’objectif est confondu avec le plan focal objet de l’oculaire, et le réticule
(deux fils très fins qui se croisent à 90°) se trouve dans ce plan. Lorsqu’on vise direc-
tement la fente source, on doit observer simultanément et sans fatigue les images
nettes de la fente et du réticule.
Ceci est vrai pour un œil normal
ou corrigé qui voit nettement
sans fatiguer des objets situés à
l’infini, mais en pratique, une fois
que le réticule est placé dans le
178
Chapitre 5. Interférences à N ondes 179
plan focal image de l’objectif (ce qu’on obtient en jouant sur la bague de tirage de
l’objectif), l’image de la fente par l’objectif se superpose au réticule, et une personne
dont l’œil présente des défauts verra les deux nets en jouant sur la bague de tirage de
l’oculaire.
L’onde plane incidente dans une direction caractérisée par l’angle i est diffractée
par les fentes. La direction de l’onde diffractée reste dans le plan π, et on s’intéresse
à l’onde plane diffractée à l’infini dans une direction quelconque caractérisée par
l’angle i ′ . Comme les angles orientés i et i ′ peuvent varier entre −π / 2 et +π / 2 , on
ne peut plus linéariser les fonctions de ces angles au voisinage de 0.
179
180 Partie III. Optique
Comme N >> 1, pour une longueur d’onde λ donnée, on n’a de la lumière que
kλ
dans les directions i ′ telles que δ = k λ , avec k ∈ Z sin i ′ = sin i + , ce qui consti-
a
tue la formule des réseaux.
ordre k −3 −2 −1 0 1 2 3
ik′ (°) −69,0 −38,5 −18,1 0 18,1 38,5 69,0
180
Chapitre 5. Interférences à N ondes 181
d’onde pour différents ordres, ou avec différentes longueurs d’ondes dans un ordre
donné.
La largeur ℓ des fentes n’étant pas infiniment petite, l’écran ne serait pas unifor-
mément éclairé si une seule fente était ouverte. On montre que le rayon angulaire θ
de la tache principale de diffraction vérifie θ = arcsin ( λ / ℓ ) . Ici, ℓ < λ donc cet angle
n’existe pas : la zone observable comprise entre −90° et 90° se trouve dans la tache
centrale. Cependant, l’intensité décroît quand l’ordre augmente en valeur absolue, ce
qui ne permet pas, avec des réseaux de fentes, d’observer certaines raies peu in-
tenses d’une lampe spectrale dans les ordres k > 1 alors qu’elles étaient observables
pour k = 1. On donne ci-dessous l’allure de l’intensité en fonction de i ′ pour le réseau
choisi, et pour λ = 546,1 nm .
Minimum de déviation
Si on fait tourner le plateau du goniomètre constamment dans le même sens,
par exemple de façon à ce que i augmente à partir de l’incidence rasante i = −90° , et
qu’on suit une raie correspondant à une longueur d’onde λ donnée dans un ordre k
donné, on s’aperçoit qu’elle passe par un minimum de déviation : elle se rapproche de
l’ordre 0 (c’est-à-dire de l’image géométrique de la fente) puis s’en éloigne. La dévia-
tion algébrique D = i ′ − i (relation 1) passe par un minimum D = Dmin .
181
182 Partie III. Optique
182
Chapitre 5. Interférences à N ondes 183
une incidence α par rapport aux faces inclinées. Chacune de ces faces diffracte la
lumière. La tache de diffraction est centrée sur la direction prévue par l’optique géo-
métrique, c’est-à-dire selon l’angle −α par rapport à la normale d’une face inclinée, et
λ a
son rayon angulaire θ vérifie θ = arcsin , où ℓ = est la largeur d’une face in-
ℓ cos α
clinée.
ordre k −3 −2 −1 0 1 2 3
βk (°) 88,3 57,8 37,4 19,3 1,1 −19,3 −49,8
183
184 Partie III. Optique
La lumière est émise par une source large monochromatique extérieure au dis-
positif. Un rayon issu de cette source en incidence avec un angle i sur l’interféromètre
traverse la première lame de verre.
184
Chapitre 5. Interférences à N ondes 185
Ce rayon est donc dévié deux fois, et d’après les lois de Descartes il reste dans
le plan d’incidence (plan de la figure ci-dessous contenant le rayon incident et la nor-
male à la lame). Les lois de Descartes fournissent sin i = nv sin i v pour la première ré-
fraction, et nv sin i v = sin i ′ i ′ = i pour la seconde : le rayon n’est pas dévié par les
lames de verre.
Le rayon se réfléchit un grand nombre de fois sur les parois internes, et donne
naissance à N >> 1 rayons transmis par le dispositif, qui émergent parallèlement entre
eux en faisant l’angle i avec la normale à la lame d’air. Ces rayons interfèrent à l’infini,
ici dans le plan focal image d’une lentille convergente L de distance focale f ′ .
Comme pour l’interféromètre de Michelson en lame d’air, lorsqu’on utilise une
source large, les interférences sont localisées à l’infini : deux points source distincts
créent à l’infini des franges d’interférence qui coïncident. Les N rayons qui interfèrent
à l’infini sont issus d’un seul et même rayon provenant de la source.
4 πe cos i
Le déphasage entre ces deux rayons vaut φ = φn +1/ n = − (le rayon
λ
(n + 1) est en retard par rapport à (n) car il a effectué une marche supplémentaire). Il
ne dépend que de i, et les franges d’interférences sont des anneaux d’égale inclinai-
son. L’intensité lumineuse sur l’écran ne dépend donc que de ρ = f ′ tan i ≃ f ′ ⋅ i , dis-
tance entre le point M sur l’écran et le foyer image F ′ de la lentille.
L’intensité lumineuse est la même en tous les points de l’écran placés sur un
cercle de centre F ′ : les franges sont des anneaux centrés sur l’axe focal de L.
185
186 Partie III. Optique
ψ(M, t ) = τ2ψ 0ei ωt + τ2r 2ψ 0e i ( ωt +φ) + τ2r 4 ψ 0e i ( ωt + 2φ) + ... + τ2r 2(N −1)ψ 0e i ( ωt + ( N −1)φ)
���� � ������� �����������
ψ 0 ( M ,t ) ψ 1 ( M ,t ) ψ N −1(M ,t )
1 − r 2N eiN φ
= τ2ψ0ei ωt 1 + r 2e i φ + r 4e 2i φ + ... + r 2( N −1)ei (N −1)φ = τ2ψ 0e i ωt
1 − r 2e i φ
On a donc superposition de N ondes cohérentes dont les phases sont en pro-
gression arithmétique, mais donc les amplitudes décroissent exponentiellement.
τ2ψ 0e i ωt
Comme r < 1 et N >> 1 , on a r 2N e iN φ ≃ 0 et ψ(M , t ) ≃ .
1 − r 2e i φ
K K τ4ψ 02
On en déduit l’intensité I = ψ(M, t ) ⋅ ψ∗ (M, t ) ≃ , soit :
2 2 (1 − r 2ei φ ) ⋅ (1 − r 2e −i φ )
K 4 2 K 4 2
τ ψ0 τ ψ0
2 2 φ
I (M ) = = . Comme cos φ = 1 − 2 sin2 , on a :
1 + r − r (e + e ) 1 + r − 2r 2 cos φ
4 2 iφ −i φ 4 2
K 4 2 K 4 2 K ψ 02 τ4
τ ψ0 τ ψ0 2 (1 − r 2 )2
I (M ) = 2 = 2 = .
1 + r 4 − 2r 2 + 4r 2 sin2
φ
(1 − r 2 )2 + 4r 2 sin2
φ 4r 2 2 φ
1+ sin
2 2 (1 − r 2 )2 2
K ψ02
Comme R + T = 1 , on a τ4 = T 2 = (1 − R )2 . D’autre part, I0 = est l’inten-
2
sité de l’onde incidente.
186
Chapitre 5. Interférences à N ondes 187
I0 4R
Finalement I (φ) = , avec m = . La fonction φ ֏ I (φ) est une
1 + m sin
φ 2 (1 − R )2
2
fonction d’Airy, 2π-périodique, de paramètre m.
L’intensité est maximale pour φ = 2k π , avec k ∈ Z : I ( φ) = Imax = I0 .
On obtient des franges brillantes très fines grâce au traitement de surface des
lames de verre, qui permet d’obtenir par exemple R = 0,95 . On a m >> 1 (par exemple
m = 1520 pour R = 0,95 ).
Sauf quand φ = 2k π , I ( φ) << I0 . La courbe de φ ֏ I (φ) présente donc des pics
très fins autour de φ = 2k π . On se rapproche des constructions de Fresnel vues pour
les réseaux, car si R ≃ 1 , l’amplitude des ondes transmises successivement décroît
lentement, et on peut en première approximation la considérer comme constante.
En revanche, pour des valeurs plus faibles de R, les pics sont plus larges, et on
ne peut plus considérer que l’intensité minimale est nulle.
187
188 Partie III. Optique
188
189
[OPTIQUE 6]
INTERFÉRENCES EN LUMIÈRE
POLYCHROMATIQUE
1. BATTEMENTS OPTIQUES
1.1 Interférences avec un doublet de longueurs d’onde très proches
Le phénomène de battements intervient lorsqu’on isole, à l’aide d’un filtre op-
tique, deux raies spectrales de longueurs d’onde très proches, et qu’on utilise un in-
terféromètre à deux ondes de même amplitude. On note δ la différence de marche
entre les deux ondes au point M où elles interfèrent. Dans le cas d’une lampe basse
pression à vapeur de sodium, le filtre est inutile car le doublet jaune de longueurs
d’onde λ1 = 589,0 nm et λ 2 = 589,6 nm prédomine largement en intensité dans le
λ1 + λ 2
spectre. La longueur d’onde moyenne vaut λ0 = = 589,3 nm , et l’écart entre
2
les longueurs d’onde est ∆λ = λ 2 − λ1 = 0,6 nm << λ0 .
L’intensité lumineuse au point M sur l’écran est la somme des intensités dues
aux deux radiations puisqu’elles sont incohérentes entre elles, soit, en introduisant les
1 1
fréquences spatiales σ1 = et σ2 = :
λ1 λ2
I (δ) = 2I01 [1 + cos 2πσ1δ] + 2I02 [1 + cos 2πσ2δ] .
Supposons que les deux raies soient de même intensité I0 (c’est pratiquement
le cas pour le sodium). On a alors :
σ + σ2 σ1 − σ2
I (δ) = 2I0 [ 2 + cos 2πσ1δ + cos 2πσ2δ] = 4I0 1 + cos 2πδ 1 cos 2πδ 2 .
2
σ1 + σ2
Posons σ0 = , et ∆σ = σ1 − σ2 : I (δ) = 4I0 [1 + cos(2πσ0δ)cos( πδ∆σ)] .
2
1 1 λ 2 − λ1 ∆λ 1 1 λ + λ2 1
Or ∆σ = − = ≃ 2 << σ0 = + = 1 ≃ .
λ1 λ 2 λ1λ 2 λ0 2λ1 2λ 2 2λ1λ 2 λ0
La visibilité δ ֏ V (δ) = cos( πδ∆σ) varie beaucoup plus lentement que la fonc-
tion δ ֏ cos(2πσ0δ) dont les valeurs sont comprises entre −1 et 1.
Ainsi, la courbe correspondant à I ( δ) est comprise entre deux enveloppes
d’équations 4I0 [1 ± cos( πδ∆σ)] .
On a un phénomène de battements : lorsque δ varie, la visibilité varie, en valeur
absolue, entre 0 et 1.
189
190 Partie III. Optique
190
Chapitre 6. Interférences en lumière polychromatique 191
λ0
Dans le cas du doublet jaune du sodium, N = ≃ 982 . Le nombre d’oscilla-
∆λ
tions de l’intensité à l’intérieur d’un battement est de l’ordre de 1000, contrairement à
λ
la figure précédente, pour laquelle on a choisi N = 0 = 20 .
∆λ
ρ2
Dans ce cas, la différence de marche vaut δ ≃ 2e 1 − 2 en un point M de
2f ′
l’écran, situé à une distance ρ du foyer image F ′ de la lentille L de projection dont la
distance focale est notée f ′ .
Lorsque l’épaisseur e de la lame d’air est fixée, la visibilité, dont la période cor-
respond à environ 2000 anneaux sombres, varie très peu à l’écran puisqu’on n’observe
en pratique au maximum que quelques dizaines d’anneaux sombres. La visibilité à
l’écran reste donc proche de celle observée en F ′ , où δ = 2e .
Lorsqu’on chariote le miroir M1 , la visibilité des anneaux varie donc de façon
quasi-uniforme sur l’écran. Elle s’annule lorsqu’il y a anti-coïncidence en F ′ , c’est-à-
dire par exemple si F ′ est un point brillant pour la longueur d’onde λ1 , et un point noir
2e
λ = k1, k1 ∈ Z
1
pour la longueur d’onde λ 2 , soit . On obtient par différence :
2e = k + 1 , k ∈ Z
λ 2 2 2 2
1 1 1 1 1 1 λ λ
2e − = k1 − k2 − = k − , k ∈ Z , soit e = ek = k − 1 2 , k ∈ Z .
λ1 λ 2 2 2 2 2 λ2 − λ1
Lors de l’annulation suivante, k a varié de 1, et on obtient la distance ∆e dont il
1 λ1λ 2 1 λ02
faut charioter M1 entre deux brouillages : ∆e = ek +1 − ek = ≃ .
2 λ 2 − λ1 2 ∆λ
Le programme privilégie cette méthode où l’on raisonne sur l’ordre d’interfé-
1
rence, mais on aurait pu également utiliser la période ∆δ = des battements, avec
∆σ
1 1 λ1λ 2 1 λ 02
ici ∆δ = 2∆e : ∆e = = ≃ .
2∆σ 2 λ 2 − λ1 2 ∆λ
1 λ02
Cette expression permet d’accéder à l’écart ∆λ = entre les longueurs
2 ∆e
d’onde du doublet. On mesure ∆e = 290 µm , et on en déduit ∆λ = 0,60 nm .
La figure ci-après montre des photographies des franges de l’interféromètre de
Michelson en lame d’air.
191
192 Partie III. Optique
192
Chapitre 6. Interférences en lumière polychromatique 193
193
194 Partie III. Optique
Nous avons raisonné jusque-là dans le cas où la frange centrale est brillante.
Pour certains interféromètres de Michelson, la séparatrice introduit un déphasage de
π entre les deux voies, et la frange centrale est noire (c’est aussi le cas pour le miroir
de Lloyd). La différence de marche géométrique est toujours 2αX , mais il faut lui ra-
jouter λ / 2 du fait du déphasage supplémentaire de π entre les deux ondes. On obtient
alors les teintes de Newton à centre noir.
Spectre cannelé
Si on analyse le spectre, par exemple avec un spectroscope à prisme, lorsque
δ est supérieur à 1 µm , l’intensité de plusieurs longueurs d’onde du visible s’annule.
λ
Ce sont celles telles que δ = (2n + 1) avec n ∈ N , et λmin ≤ λ ≤ λmax .
2
2δ δ 1 δ 1
On en déduit λmin ≤ ≤ λmax ⇔ − ≤n≤ − . Par exemple, si
2n + 1 λmax 2 λmin 2
3500 1 3500 1
δ = 3500 nm , nmin = − = 4,2 ≤ n ≤ nmax = − = 8,25 .
750 2 400 2
On a donc 4 annulations dans le spectre, appelées cannelures sombres, pour
2δ
les longueurs d’onde λ n = , n ∈ a5,8 b , soit 412 nm, 467 nm, 538 nm et 636 nm.
2n + 1
194
Chapitre 6. Interférences en lumière polychromatique 195
195
196 Partie III. Optique
d’hydrogène d’une autre galaxie, et constater que ce spectre était décalé vers le rouge
par rapport à celui observé sur Terre, ce qui a permis de montrer que les galaxies
s’éloignaient de la nôtre (effet Doppler). Comme un élément chimique absorbe les
mêmes longueurs d’onde que celles qu’il émet, on a également pu, en analysant le
spectre solaire, déduire de ses raies noires quels éléments sont contenus dans la
couche extérieure de l’atmosphère solaire.
Dans le domaine du visible et des ultra-violets, les longueurs d’onde absorbées
par les électrons contenus dans les molécules chromophores (par exemple des molé-
cules contenant des liaisons doubles et simple alternées) permettent d’identifier ces
molécules. Dans le domaine des infra-rouges, les longueurs d’onde absorbées par les
molécules, du fait de leurs vibrations et de leurs rotations, renseignent sur les liaisons
chimiques entre leurs atomes (par exemple, la liaison O–H d’une fonction alcool ab-
sorbe autour de σ = 1/ λ = 3400 cm-1 ).
196
Chapitre 6. Interférences en lumière polychromatique 197
des raies colorées. Dans un ordre k ≠ 0 donné, les grandes longueurs d’onde sont
plus déviées. Par exemple, pour une lampe à vapeur de mercure, on trouve d’abord,
en s’écartant de l’ordre 0, du violet, puis de l’indigo, du bleu-vert, du vert, un doublet
jaune et du rouge si on se limite aux raies d’émission les plus intenses.
kλ
En différenciant sin i k′ = lorsque λ varie dans un ordre k donné, on obtient
a
kd λ di ′ k k k 1
cos i k′ di k′ = k = = = = .
a dλ a cos i k′ a 1 − sin2 i ′ 2 2
k a 1 − ( k λ / a ) (a / k ) − λ2
di k′
La résolution augmente avec l’ordre (les raies sont mieux séparées dans
dλ
l’ordre 2 que dans l’ordre 1).
Pouvoir de résolution
Pour une incidence i quelconque et une
longueur d’onde λ, on observe dans l’ordre k
une raie lumineuse dans la direction i k′ ( λ ) telle
kλ
que sin [ i k′ ( λ )] = sin i + . Dans le même ordre,
a
on observe la raie correspondant à une autre
longueur d’onde λ + δλ (avec δλ << λ ) dans la
direction i k′ ( λ + δλ ) telle que :
k ( λ + δλ )
sin [ i k′ ( λ + δλ )] = sin i + .
a
L’écart entre les deux valeurs de sin i k′
k δλ
est δ [ sin i k′ ] = sin [ i k′ ( λ + δλ )] − sin [ i k′ ( λ )] =
.
a
Les deux longueurs d’onde étant incohérentes, leurs intensités lumineuses
s’ajoutent. Pour les séparer, l’écart δ [ sin i k′ ] doit être suffisamment grand, car les raies
ne sont pas infiniment fines. On a en effet vu que le pic de la fonction φ ֏ I (φ) dans
197
198 Partie III. Optique
2π 2π
l’ordre k pour λ possède une demi-largeur ∆φ =
N
, où φ =
λ
[a sin i ′ − a sin i ] est le
déphasage entre deux ondes passées par des fentes consécutives. L’intensité, fonc-
λ
tion de la variable sin i ′ , présente des pics de demi largeur δ1/ 2 [ sin i ′] = .
Na
On adopte généralement le critère de séparation de Rayleigh : il y a séparation
si les pics dus à λ et λ + δλ sont séparés de plus de δ1/2 [ sini ′] :
k δλ λ λ
δ [ sin i k′ ] = > δ1/ 2 [ sin i ′] = ⇔ δλ > = ( δλ )min .
a Na kN
On ne pourra donc pas séparer deux longueurs d’onde dont l’écart est inférieur
λ
à ( δλ )min . On définit le pouvoir de résolution par R = . Il est d’autant plus grand
( δλ )min
que ( δλ )min est petit, et vaut R = kN pour un réseau de fentes.
On retrouve que le pouvoir de résolution augmente avec l’ordre k et avec le
nombre de fentes N.
Pour un réseau de 5 cm de largeur contenant n = 570 fentes par mm, on a dans
l’ordre 1 : R = 50 × 570 = 2,85 ⋅ 10 4 .
Le doublet jaune du sodium a pour longueurs d’onde λ = 588,995 nm et
588,995
λ + δλ = 589,592 nm . Comme δλ = 0,597 nm > (δλ )min = = 0,021 nm , la ré-
2,85 ⋅ 104
solution du réseau est suffisante pour séparer le doublet.
198
Chapitre 6. Interférences en lumière polychromatique 199
2 sin β 2 β β β λ β
avec =− =− sin cos , d’où α = − arcsin sin . α doit varier entre
a λ0 λ0 2 2 2 λ0 2
β λ β β λ β
αmin = − arcsin min sin = −9,22° et αmax = − arcsin max sin = 10,04° .
2 λ
0 2 2 λ
0 2
Une fente placée dans le plan fo-
cal image d’une lentille convergente L
permet de sélectionner les rayons diffrac-
tés sous la direction moyenne β′ = 0 . Elle
possède une demi-largeur b non nulle,
mais petite devant la distance focale f ′
de L donc, pour un angle α donné, on sé-
lectionne une petite bande de longueur d’onde de largeur δλ autour de λ.
b b
Comme − ≤ β′ ≤ << 1, la longueur d’onde λ′ sélectionnée dans la direction
f′ f′
β′ et l’ordre 2 vérifie a [ sin(α − β) + sin(α − β′)] = 2λ′ , or sin( α − β′) ≃ sin α − β′ cos α . On
aβ′
obtient donc a sin(α − β) + sin α − β′ cos α = 2λ′ , soit λ′ = λ − cos α .
��� � ���� � 2
2λ / a
ab
On a δλ = δλ′ = cos α . L’angle α restant petit ( −9,22° ≤ α ≤ 10,24° ), on peut
f′
ab
faire les approximations cos α ≃ 1 et δλ ≃ ∀λ . Pour f ′ = 15 cm et b = 0,2 mm on
f′
1500 × 0,2 ⋅ 10 −3
a δλ ≃ = 2 nm .
15 ⋅ 10 −2
En collimatant la lumière issue de la fente du monochromateur, on envoie vers
la cuve d’un spectrophotomètre un faisceau de lumière parallèle dont le spectre con-
tinu est une bande de longueur d’onde de largeur 2 nm, centrée sur une longueur
d’onde réglable entre 400 nm et 800 nm.
199
200 Partie III. Optique
Pouvoir de résolution
Pour une incidence i quel-
conque et une longueur d’onde λ, on
observe dans l’ordre k un anneau lu-
mineux dans la direction ik′ (λ ) telle
kλ
que cos [ i k ( λ )] = . Dans le même
2e
ordre, on observe l’anneau lumineux
correspondant à une autre longueur
d’onde λ + δλ (avec δλ << λ ) dans la
direction ik (λ + δλ ) telle que :
k ( λ + δλ )
cos [ i k ( λ + δλ )] = . On a un
2e
k δλ
écart δ [cos i k ] = cos [ i k ( λ + δλ )] − cos [ i k ( λ )] =
entre ces deux valeurs.
2e
Les deux longueurs d’onde étant incohérentes, leurs intensités lumineuses
s’ajoutent. Pour les séparer, l’écart δ [cos i k ] doit être suffisamment grand car les raies
200
Chapitre 6. Interférences en lumière polychromatique 201
201
202 Partie III. Optique
Autour de cette longueur d’onde centrale, le filtre laisse passer une petite bande
2λ 2 λ
de longueurs d’onde de largeur (δλ )min = = 2 à mi-hauteur, soit la bande
πk m π m
[ λ2 − (δλ)min, λ2 + (δλ)min ] .
Pour m = 1520 ( R = 0,95 ), on obtient (δλ )min = 4,5 nm . L’interféromètre trans-
met la bande de longueur d’onde de largeur 9 nm autour de 546 nm.
202
Chapitre 6. Interférences en lumière polychromatique 203
Prenons l’exemple du spectre de sortie d’un filtre absorbant vert placé devant
une source de lumière blanche. Le miroir M1 se déplaçant à V = 1 µm ⋅ s-1, l’interféro-
gramme est ici la courbe donnant la partie fluctuante de la tension aux bornes du cap-
teur, en fonction du temps.
203
204 Partie III. Optique
λ 02
On lit sur l’interférogramme 2 x1/2 = 4,40 µm δλ = = 68 nm . Le filtre ne
2x1/2
laisse donc passer que la bande de longueurs d’ondes [512 nm , 580 nm] .
204
205
[QUATRIÈME PARTIE]
ÉLECTROMAGNÉTISME
Les chapitres :
1. Les équations de Maxwell 207
2. Électrostatique 229
3. Magnétostatique 259
4. Électromagnétisme dans l’A.R.Q.S 291
205
206
207
[ÉLECTROMAGNÉTISME 1]
Charge volumique
L’échelle mésoscopique est intermédiaire entre l’échelle microscopique et ma-
croscopique (une discussion complète est menée dans le chapitre sur la statique des
fluides). Considérons un volume mésoscopique de matière chargée autour d’un point
M (noté d3V car il est très petit à l’échelle macroscopique), contenant une charge
d3q . On introduit la densité volumique de charges ρ(M , t ) en M à l’instant t, comme le
d3q
rapport ρ = 3
en coulomb par mètre-cube ( C ⋅ m-3 ). Pour une meilleure lisibilité, on
dV
notera souvent ρ au lieu de ρ(M , t ) . Il en sera de même par la suite pour toutes les
densités qui interviendront.
d3N
On définit également la densité volumique n = de particules portant la
d3V
charge q, en m-3 , où d3N est le nombre de ces charges dans le volume d3V . On a
en conséquence d3q = q ⋅ d3N = nqd3V ρ = nq . S’il existe plusieurs types de parti-
cules chargées (des ions Fe3 + et des ions Cl− par exemple), de densité ni , et portant
une charge qi , la densité volumique de charges s’écrit ρ = ni qi .
i
Charge surfacique
Dans certains cas, le volume qui contient les charges possède une épaisseur ε
très faible devant ses deux autres dimensions (comme par exemple une feuille de
207
208 Partie IV. Électromagnétisme
papier). En un point dont la distance à cette répartition de charges est grande devant
ε, cette dernière est vue comme une répartition surfacique. On introduit dans ce cas
un modèle où la distribution de charges est une surface, en faisant tendre ε vers 0.
Ainsi, la charge d2q = ρεd2 S , qui se trouve en réalité dans un volume εd2 S ,
s’écrit d2q = σd2 S , avec σ = lim (ρε ) densité surfacique de charges (en C ⋅ m-2 ).
ε→ 0
σ étant finie, on en déduit que ρ → ∞ dans cette modélisation.
ε→0
Charge linéique
C’est le cas où le volume qui porte les charges est un fil de longueur L et de
rayon r << L . En un point dont la distance à cette répartition de charges est grande
devant r, cette dernière est vue comme une répartition linéique. On introduit dans ce
cas un modèle où la distribution est une courbe, en faisant tendre la surface S = πr 2
vers 0.
1.2 Courant
Courant volumique
Prenons tout d’abord le cas où
il n’y a qu’un seul type de particules
chargées qui se déplacent par rapport
au référentiel d’étude R .
On considère une surface élé-
mentaire d2 S autour d’un point M,
s’appuyant sur un contour orienté.
Soit δ3q la charge qui traverse pendant dt la surface d2 S , dans le sens du
208
Chapitre 1. Les équations de Maxwell 209
G
vecteur d2 S qui se déduit de celui du contour grâce à la règle du tire-bouchon. Cette
charge est algébrique : positive si une charge positive traverse d2 S dans le sens po-
sitif, ou bien si une charge négative traverse dans le sens opposé ; négative dans les
autres cas.
G G
Soit v = v (M , t ) la vitesse par rapport à R des particules chargées au point M
et à l’instant t (c’est la vitesse d’ensemble de ces particules : moyenne à t dans un
volume mésoscopique autour du point M).
Les particules qui traversent d2 S pendant dt proviennent d’un cylindre dont la
G
génératrice est parallèle à v , de longueur vdt selon cette génératrice, et dont la base
G G
est d2 S . Si on note θ = (d2 S ,v ) , la hauteur du cylindre est vdt cos θ , et son volume
G G
vaut d3V = vdt cos θ d2 S = v ⋅ d2 S dt .
On en conclut que la charge δ3q qui traverse d2 S pendant dt vaut :
G G
δ3q = ρmv ⋅ d2 S dt , avec ρm = ρm (M , t ) densité volumique de charges mobiles (les
charges fixes par rapport à R ne traversent pas d2 S ).
G G
On définit le vecteur densité volumique de courants J = ρmv ( A ⋅ m-2 ).
Ce vecteur permet de calculer le débit de charges qui est par définition l’inten-
sité d i du courant traversant d2 S :
2
δ3 q G 2 G
d2i = = J ⋅ d S , en ampère A ( 1 A = 1 C ⋅ s-1 ).
dt
L’intensité du courant traversant une surface S finie, orientée grâce à la règle
du tire-bouchon en fonction de l’orientation du contour sur lequel elle s’appuie, est
δq G G
donc le flux du vecteur densité de courants à travers S : i =
dt
= J ⋅ d2 S (A).
S
209
210 Partie IV. Électromagnétisme
� � � � � �
Ainsi, l’intensité di = J ⋅ dS = J ⋅ εdℓN = ρmv εdℓN du courant qui traverse en
�
réalité une surface εdℓ autour du point M ( N est un vecteur unitaire normal à la
� � �
surface traversée), s’écrit di = J S ⋅ dℓN , où J S est la densité surfacique de courants
(en A ⋅ m-1). Comme σm = lim (ρmε ) est la densité surfacique de charges mobiles, on
ε→0
� �
a J S = σmv , vecteur tangent par construction à la surface qui porte les courants.
210
Chapitre 1. Les équations de Maxwell 211
∂ρ G
L’équation locale de conservation de la charge s’écrit + divJ = 0 .
∂t
G G ∂ρ ∂J
On retrouve le cas 1D si J = J ( x, t )ex : + = 0.
∂t ∂x
211
212 Partie IV. Électromagnétisme
ε0 ≃ 8,85 ⋅ 10−12 F ⋅ m-1 est la permittivité du vide (ou constante électrique), ex-
primée en farad par mètre ; µ0 ≃ 1,26 ⋅ 10−6 H ⋅ m-1 est la perméabilité du vide (ou cons-
tante magnétique), exprimée en henry par mètre.
Ces deux constantes sont liées à la célérité c de la lumière dans le vide :
1
2
ε0µ0 c = 1 ⇔ c = , avec c = 299 792458 m ⋅ s-1 , valeur fixée par la définition du
ε0 µ0
mètre. Pour les calculs avec trois chiffres significatifs, on peut retenir :
1
c ≃ 3,00 ⋅ 108 m ⋅ s-1 µ0 ≃ 4π ⋅ 10−7 H ⋅ m-1 ε0 ≃ F ⋅ m-1 .
36 ⋅ π ⋅ 109
Les équations de Maxwell sont écrites pour des distributions volumiques de
�
charges et de courants, de densités ρ et J . Comme les densités volumique ρ(M , t ) et
� � �
J (M, t ) , les champs E (M, t ) et B(M, t ) sont des champs moyennés (ou nivelés) dans
un volume mésoscopique autour du point M.
Régime stationnaire
∂
À une fréquence nulle ( f = 0 ⇔ = 0 ), le champ électromagnétique est sta-
∂t
�
divB = 0 (M.T)
→ � �
rot E = 0 (M.F)
tionnaire. Les équations de Maxwell se simplifient : � ρ . On cons-
divE = ε (M.G)
0
→ � �
rot B = µ0J (M.A)
� �
tate que le couplage entre E et B disparaît.
� �
Les champs stationnaires E (M ) et B(M ) sont indépendants.
→ � �
� rot E = 0 (M.F)
E (M ) est régi par � ρ .
divE = (M.G)
ε0
212
Chapitre 1. Les équations de Maxwell 213
213
214 Partie IV. Électromagnétisme
∂ρ �
L’équation locale de conservation de la charge + divJ = 0 est contenue dans
∂t
les équations de Maxwell.
214
Chapitre 1. Les équations de Maxwell 215
215
216 Partie IV. Électromagnétisme
J x γ xx γ xy γ xz E x
— Dans un milieu linéaire, la relation est linéaire : J y = γ yx γ yy γ yz ⋅ Ey , si on
NJ z γ zx γ zy γ zz Ez
G N G
J [γ] E
G G G
projette les vecteurs sur une base orthonormée cartésienne ( ex , ey , ez ).
La loi d’Ohm locale est bien vérifiée dans les métaux et les électrolytes (solu-
tions ioniques) qui sont donc des conducteurs ohmiques.
Un conducteur parfait correspond à la limite γ → ∞ (le moindre champ élec-
trique crée des courants). Les valeurs numériques sont de l’ordre de 106 à 108 S ⋅ m-1
pour les matériaux dits « conducteurs de l’électricité ». Un isolant parfait correspond à
la limite γ → 0 (aucun courant n’apparaît, même en présence de forts champs élec-
triques). Les valeurs numériques pour γ sont de l’ordre de 10 −20 à 10 −8 S ⋅ m-1 pour
les matériaux dits « isolants ». En réalité, un matériau isolant, soumis à un champ
électrique trop intense, finit par s’ioniser et donc se met à conduire soudainement.
Pour de l’air sec à température et pression ambiantes, le champ disruptif à partir du-
quel il devient conducteur est Edisruptif = 3,6 ⋅ 106 V ⋅ m-1 . Pour un matériau semi-con-
216
Chapitre 1. Les équations de Maxwell 217
ce sont des électrons libres contrairement aux électrons de valence qui assurent les
liaisons entre les atomes du métal, et qui restent localisés au voisinage de ces liaisons.
Les électrons libres forment un gaz parfait : ils ne subissent aucune action de la part
des autres charges du métal, hors collisions avec les noyaux atomiques.
— Soit Σ le système constitué à la date t par un vo-
lume mésoscopique de métal autour d’un point M. Ce
système contient N électrons libres de vitesses indivi-
G
duelles v ei , avec i ∈ a1, N b , et de masse m.
Entre deux chocs, ces électrons sont unique-
ment soumis à l’action d’un champ électrique exté-
G
rieur E , supposé pour le moment stationnaire et uni-
forme. Le i ème électron a subi son dernier choc avec
G G
dv
le réseau à t = t i < t . En lui appliquant le P.F.D : m ei = −eE dans le référentiel du
dt
G
G eE G
laboratoire supposé galiléen, on obtient v ei (t ) = − (t − t i ) + v ei ( t = t i ) .
m
La moyenne d’ensemble de la vitesse des électrons dans Σ est :
G
G G 1 N G G 1 N
eE
v = ve = v ei = − t − t i + v ei (t = ti ) . Le terme t − t i = (t − t i ) = τ est la durée
N i =1 m N i =1
G G
moyenne qui s’est écoulée depuis le dernier choc, et v ei (t = ti ) = 0 est la vitesse
moyenne des électrons juste après leur dernier choc, nulle puisqu’il y a isotropie de la
G eτ G
répartition des vecteurs vitesses après un choc. On obtient donc v = − E , où τ est
m
la durée moyenne entre deux chocs.
Si le champ électrique est nul, les vitesses individuelles des électrons libres ne
sont pas nulles, mais elles sont réparties aléatoirement du fait de l’agitation thermique,
G G G G
sans direction privilégiée (isotropie du matériau) : v = 0 . En revanche, si E ≠ 0 , une
G G
force électrique s’applique sur les électrons libres, et alors v ≠ 0 .
On arrive à la même conclusion en supposant que tous les électrons libres pos-
G
sèdent la même vitesse v , l’effet moyen des chocs étant pris en compte via une force
G G
de frottement −mv / τ linéaire en v . Le P.F.D appliqué à un électron libre fournit :
217
218 Partie IV. Électromagnétisme
G G t
dv v e G G eτ G G − τ
+ = − E , qui s’intègre en v (t ) = − E + Ae . Après un régime transitoire de
dt τ m m
G eτ G
durée caractéristique τ, les électrons libres acquièrent une vitesse v = − E coli-
m
G
néaire à E .
Les cations étant immobiles, seuls les électrons libres participent à la conduc-
tion électrique, et si on note n leur densité (nombre d’électrons libres par unité de vo-
G G ne 2 τ G G
lume), la charge mobile volumique vaut ρm = n( −e ) , et J = ρmv = E = γE .
m
Le modèle de Drude a le mérite de rendre compte de la loi d’Ohm locale dans
les métaux et les électrolytes et d’aboutir au résultat correct pour la conductivité :
ne 2 τ
γ= . On peut en déduire la valeur de τ dans les métaux, en faisant l’application
m
numérique dans le cas du cuivre, dont on donne la masse volumique :
µ = 8,96 ⋅ 103 kg ⋅ m-3 , la masse molaire MCu = 63,5 ⋅ 10−3 kg ⋅ mol-1 et la conductivité
électrique γ = 5,96 ⋅ 107 S ⋅ m-1 . Les atomes de Cu perdent en moyenne un électron :
on a même densité n en cations qu’en électrons, le métal étant globalement neutre.
La masse volumique du cuivre est égale à la densité en atomes de cuivre multipliée
M
par la masse d’un atome : µ = n Cu , où N A = 6,02 ⋅ 1023 mol-1 est la constante
NA
µN A 8,96 ⋅ 103 × 6,02 ⋅ 1023
d’Avogadro. On a n = = = 8,49 ⋅ 1028 m-3 . On en déduit :
MCu 63,5 ⋅ 10−3
mγ 9,11⋅ 10−31 × 5,96 ⋅ 107
τ= = = 2,50 ⋅ 10−14 s . La durée du régime transitoire
ne2 8,49 ⋅ 1028 × (1,60 ⋅ 10−19 )2
G eτ G
(durée moyenne entre deux chocs) est très courte. La relation v = − E reste valable
m
même si le champ électrique varie dans le temps, du moment que ce champ varie sur
des durées caractéristiques très supérieures à τ. Ce sera bien vérifié pour des champs
variant avec une période T >> τ .
G G
La loi d’Ohm J = γE est valable pour les matériaux bons conducteurs pour des
fréquences inférieures à 1012 Hz , soit sur un grand domaine du spectre électroma-
gnétique.
Remarquons que si l’on cherche des solutions pour la vitesse des électrons
libres en régime sinusoïdal forcé de pulsation ω, on peut utiliser la notation complexe :
G G G G
v = v 0ei ( ωt +ϕ) , le champ électrique étant E = E0ei ωt . L’équation différentielle linéaire
G G
G dv v e G G −eτ / m G G eτ G
régissant v est + = − E v = E . On retrouve que v = − E , et donc
dt τ m 1 + i ωτ m
218
Chapitre 1. Les équations de Maxwell 219
� ne 2 τ � �
J= E = γ 0 E , pour ω << 1/ τ (l’accélération de l’électron est alors négligeable de-
m
vant eE / m ). En revanche, à des fréquences plus grandes, la conductivité est com-
� � ne 2 τ / m γ0
plexe : J = γE , avec γ = = .
1 + i ωτ 1 + i ωτ
Limites du modèle et résultats de mécanique quantique (complément hors-
programme)
Dans le modèle du gaz parfait d’électrons libres, on calcule la vitesse thermique
définie par v th = kBT / m , avec kB = 1,38 ⋅ 10−23 J ⋅ K -1 , constante de Boltzmann. On
219
220 Partie IV. Électromagnétisme
220
Chapitre 1. Les équations de Maxwell 221
S la surface d’une section droite. Les courants sont supposés unidirectionnels : les
� � � �
charges se déplacent uniquement selon Ox : J = J x ( x ) ex E = Ex ( x ) ex .
→ � �
En régime stationnaire, l’équation de Maxwell-Faraday rot E = 0 montre qu’il
� →
existe un potentiel électrique M ֏ V (M ) tel que E = − gradV . Les deux sections
�
droites étant orthogonales à E , elles sont équipotentielles. On note respectivement V1
et V2 leur potentiel.
L’intensité I se conservant le long du tube de courant que constitue le conduc-
� � I
teur, on a I = γ E ⋅ d2 S = γE x ( x ) S E x =
γS
à travers une section droite x = Cte
S
� I �
quelconque, donc le champ électrique est uniforme : E = ex .
γS
M2
� → Iℓ
On en tire V1 − V2 = E ⋅ d OM = γS .
M1
ℓ
La résistance du conducteur filiforme (de section constante) vaut R = , et
γS
V1 − V2 = RI = RI1→ 2 . La loi d’Ohm est une conséquence de la loi d’Ohm locale.
Une résistance électrique (Ω) est homogène à l’inverse du produit de γ par une
longueur.
221
222 Partie IV. Électromagnétisme
222
Chapitre 1. Les équations de Maxwell 223
G G G G
Fk = qk (E + v k ∧ B ) , s’exerçant sur les charges du conducteur, de type « k » : fixes ou
mobiles, par rapport au conducteur.
G G
Nous placerons notre étude dans le référentiel du laboratoire : v k = v k / R labo est
la vitesse moyenne des charges de type « k » du conducteur par rapport à R labo .
Pour donner plus de généralité à notre étude, nous envisageons le cas où le
conducteur est en mouvement par rapport à R labo .
Décomposons le conducteur en éléments mésoscopiques de volumes d3V :
G
un élément donné autour du point M possède une vitesse v e par rapport à R labo .
On définit le référentiel
R cond (référentiel « tangent »), lié
à cet élément de conducteur, en
translation par rapport à R labo
G
avec la vitesse d’entraînement v e .
La loi de composition des vi-
G G G
tesses donne v k = v k / R cond + v e .
— Les charges fixes du conducteur (les cations du réseau métallique), qui ont une
G G
densité volumique ρ f , possèdent par rapport à R labo une vitesse v f = v e .
— Les charges mobiles du conducteur (les électrons de conduction), qui ont une den-
G
sité volumique ρm , possèdent par rapport à R cond une vitesse v , et par rapport à
G G G
R labo une vitesse v m = v + v e .
G G
S’il règne un champ électromagnétique ( E, B ) au point M, les charges de l’élé-
ment de conducteur sont soumises aux forces de Lorentz, de résultante :
G G G G G G G
d3FL = d3V ρm (E + v m ∧ B ) + ρf (E + v f ∧ B ) , or, en régime stationnaire, la densité vo-
lumique de charges du conducteur est nulle : ρ = ρm + ρ f = 0 (en réalité, elle ne l’est
G G G
plus tout à fait, car on n’a plus rigoureusement J = γE de par la présence de B , mais
les écarts à la neutralité sont insignifiants).
La force de Laplace sur l’élément de volume d3V du conducteur autour du
G G G G G G G G
point M se réduit donc à d3FL = d3V (ρm + ρf )(E + v e ∧ B ) + ρmv ∧ B , or J = ρmv est
0
la densité volumique de courants dans le référentiel du conducteur :
223
224 Partie IV. Électromagnétisme
� �
Le flux de J = ρmv à travers une section du conducteur permet de calculer l’in-
tensité I du courant traversant cette section dans le référentiel du conducteur.
Cette expression est fondamentale pour calculer la résultante des forces s’exer-
çant sur un conducteur filiforme plongé dans un champ magnétique.
224
Chapitre 1. Les équations de Maxwell 225
En régime transitoire, les électrons, qui rentrent par la face arrière située dans
� �
le plan x = ℓ , subissent la force magnétique −ev ∧ B qui les dévie vers la face située
dans le plan y = 0 . Les charges négatives s’accumulent sur cette face ainsi que des
charges positives sur la face opposée, qui présente un déficit en électrons. Il en résulte
� �
un champ électrique de Hall EH = EHey , avec EH < 0 .
En régime permanent, les électrons adoptent une trajectoire rectiligne parallèle
� � �
à Ox, imposée par le générateur : v = v 0 = −v 0ex , avec v 0 > 0 , car la force due à l’ac-
� � � � �
tion du champ EH compense la force magnétique : −eEH − ev 0 ∧ B = 0 .
� � � �
On en déduit EH = −v 0 ∧ B = −v 0Bey .
� � �
Le courant i 0 est le flux du vecteur densité de courant J = −nev 0 = nev 0ex à
travers une section droite de surface S = Ld :
� � � � i0
i0 = J ⋅ d2 S = nev 0ex ⋅ d2 S ex = nev 0 S v 0 =
neLd
.
S S
i 0B
On a donc EH = − , et une différence de potentiel :
neLd
y =0
� → i B
UH = V ( y = L ) − V ( y = 0) : UH = EH ⋅ d OM = −LEH , d’où UH = 0 .
ned
y =L
225
226 Partie IV. Électromagnétisme
mγ
D’autre part τ = = 1,82 ⋅ 10−12 s : l’établissement du régime permanent est
ne 2
très rapide.
Avec cette valeur de n, beaucoup plus faible que pour un conducteur, on obtient
UH = 19,5 mV . Cette valeur est suffisamment grande pour pouvoir être mesurée avec
précision, et permet, après étalonnage, la mesure de champs magnétiques par simple
lecture de la tension UH sur un voltmètre.
�
En fait, on ne mesure que la composante de B selon Oz, et il faut déplacer la
sonde dans trois directions orthogonales pour connaître toutes ses composantes.
Le modèle présenté donne ici les bons ordres de grandeur, mais une description
plus réaliste de l’effet Hall fait appel à la mécanique quantique.
� � �
Remarquons que la force magnétique Fm = qv0 ∧ B , qui ne s’exerce que sur les
charges mobiles du conducteur, est compensée, en régime stationnaire, par la force
� � � �
de Hall FH = qEH = −qv 0 ∧ B qu’exerce sur elles l’ensemble du conducteur. En vertu
du principe des actions réciproques, les charges mobiles exercent sur le conducteur
� � �
la force −FH = qv0 ∧ B . Pour les cations du réseau cristallin, immobiles, cette force
n’est pas compensée. Finalement, la force magnétique s’exerce indirectement sur le
réseau : il s’agit de la force de Laplace.
� �
Pour un élément de conducteur de longueur d ℓ = dℓex , les charges mobiles se
trouvent dans un volume dV = S dℓ , et cette force est bien :
� � � � � � � � � � �
dFL = dqv 0 ∧ B = ρm S dℓ v 0 ∧ B = S dℓJ ∧ B = J S d ℓ ∧ B = i0d ℓ ∧ B , puisque la den-
� � � �
sité volumique de courants est J = ρmv 0 = −nev 0 = Jex , et que l’intensité i 0 du cou-
� � � � �
rant, orienté dans le sens de ex , est égale à J ⋅ S = Jex ⋅ S ex = J S .
226
Chapitre 1. Les équations de Maxwell 227
La puissance de la force de Lorentz que reçoit une particule chargée est égale à la
G G G G
puissance pe = qE ⋅ v de la force électrique Fe = qE .
G G
La puissance volumique reçue par les charges de la part du champ (E , B ) vaut
d3 p G G
3
= J ⋅ E (en W ⋅ m-3 ).
dV
227
228 Partie IV. Électromagnétisme
ε0 E 2 B 2
u= + est la densité volumique d’énergie électromagnétique (en
2 2µ0
ε0 E 2
J ⋅ m-3 ), somme de l’énergie électrique volumique ue = et de l’énergie magné-
2
B2
tique volumique um = . L’énergie électromagnétique contenue dans un volume fini
2µ0
ε0E 2 B 2 3
V s’obtient par intégration : U =
2
+ d V .
2µ0
V
G G
G E ∧B
SP = est le vecteur de Poynting (vecteur densité volumique de courants
µ0
d’énergie électromagnétique, en W ⋅ m-2 ). Son flux à travers une surface S orientée
δU G G
donne la puissance instantanée algébrique p =
dt
= SP ⋅ d2 S qui traverse cette
S
surface.
∂u G G G
Le bilan local d’énergie est + divSP = −J ⋅ E (théorème de Poynting).
∂t
228
229
[ÉLECTROMAGNÉTISME 2]
ÉLECTROSTATIQUE
1. PROPRIÉTÉS DU CHAMP ÉLECTROSTATIQUE
1.1 Équations locales / Potentiel électrique
� �
En régime stationnaire, les champs E (M ) et B(M ) sont indépendants.
→ � �
� rot E = 0 M.F
E (M ) est régi par deux équations : � ρ .
divE = M.G
ε0
�
Le champ E stationnaire est donc irrotationnel. En conséquence :
� →
Il existe un champ de scalaire M ֏ V (M ) tel que E = − gradV . V est appelé potentiel
électrique.
� ρ → ρ
De divE = on tire l’équation locale −div gradV = −∆V = :
ε0 ε 0
ρ
L’équation ∆V + = 0 qui régit V(M) est appelée équation de Poisson.
ε0
Sa résolution est souvent plus facile que celle des équations locales régissant
�
E (M ) , car V est un scalaire (une seule équation scalaire à résoudre).
� ρ �
La formulation intégrale de divE = s’obtient en calculant le flux de E à tra-
ε0
vers une surface fermée S entourant un volume V :
229
230 Partie IV. Électromagnétisme
� � �
E ⋅ d S
�
2
= divE d3V , d’après le théorème de Green-Ostrogradski.
S V dans S
En utilisant l’équation de Maxwell-Gauss, on obtient :
� 2 � ρ 3 d3q q
� E ⋅d S =
ε0
dV =
ε0
= int , car ρd3V
ε0
est la charge d3q
S V dans S V dans S
3
contenue dans le volume d V . Finalement :
� � qint �
E ⋅ d S
�
2
= : Le flux de E à travers une surface fermée est égal à la charge
ε0
S
intérieure à cette surface, qint , divisée par ε0 (théorème de Gauss).
Pour une particule élémentaire chargée, le poids sera toujours négligeable de-
vant la force électrique.
230
Chapitre 2. Électrostatique 231
1.4 Calcul du champ électrique et du potentiel électrique créés par des dis-
tributions de charges fixes
G
Le théorème de Gauss permet d’obtenir l’expression du champ E créé par une
particule ponctuelle de charge q, placée en un point fixe P du référentiel du laboratoire.
Comme il n’y a pas de direction privilégiée, le potentiel V(M) ne dépend que de
la distance r de P à M, et pas des autres coordonnées sphériques permettant de re-
pérer M dans un repère centré sur P. Le champ électrique, qui se déduit de V(r) par la
G → dV G G
relation E = − gradV = − er = Er (r )er , est ici radial et ne dépend que de r.
dr
G
Le flux de E à travers une sphère S de centre P et de rayon r vaut :
G G G G
w E ⋅ d2 S =
w
Er (r )er ⋅ d2 S er =
w
w
Er (r )d2 S = Er (r ) d2 S = Er (r ) S = 4πr 2Er (r ) .
S S S S
On peut en effet « sortir » Er ( r ) de l’intégrale car il est le même en tout point de la
surface de la sphère de rayon r.
Quel que soit r > 0 , la sphère contient la charge qint = q .
G
On déduit l’expression de E (M ) du théorème de Gauss :
G q G q G
E (M ) = 2
er = 2
eP →M , champ électrique créé en M par la charge ponc-
4πε0r 4πε0PM
tuelle q placée en P.
La deuxième expression est intrinsèque : elle est valable quel que soit le sys-
tème de coordonnées choisi.
Une charge q1 en P1 crée donc en un point P2 un champ :
G q1 G G G
E1(P2 ) = 2
eP1 →P2 . Notons e1→ 2 le vecteur unitaire eP1 →P2 dirigé de P1 vers
4πε0P1P2
P2 , et r la distance P1P2 .
Une charge ponctuelle q2 en P2 subit donc une force à distance de la part de
231
232 Partie IV. Électromagnétisme
G G qq G
la charge q1 : F1/2 = q2E1(P2 ) = 1 2 2 e1→ 2 . On retrouve la loi de Coulomb énoncée
4πε0 r
en 1795 suite aux mesures qu’il avait réalisées avec une balance de torsion : loi d’in-
teraction attractive (entre charges de signes opposés) ou répulsive (entre charges de
même signe), proportionnelle à q1q2 et à 1/ r 2 , et portée par la droite qui relie les deux
charges.
Le potentiel créé par une charge ponctuelle s’obtient par intégration :
dV q q
− = V (r ) = + Cte .
dr 4πε0r 2 4πε0r
q q
V (M ) = = est le potentiel électrique créé en M par la charge ponctuelle
4πε0r 4πε0PM
q placée en P.
q G q
4πε Pi M 2 eP →M i 4πε0iPi M
i 0 i i
charges volumiques
232
Chapitre 2. Électrostatique 233
1.7 Symétries
G
Les symétries de E sont celles de tout champ vectoriel polaire.
Soit une distribution de charges D. Il faut distinguer :
— La recherche de plans de symétrie ou d’antisymétrie de D passant par un point M
G
donné (ce qui permet de montrer que certaines composantes de E sur une base lo-
cale en M, judicieusement choisie, sont nulles).
G
— La recherche des invariances de D (ce qui permet de montrer que E est indépen-
dant de certaines coordonnées de M).
233
234 Partie IV. Électromagnétisme
Cette propriété est due au fait que les composantes normales à π′ des champs
créés en M par q située en P, et par q située en P ′ , symétrique de P par rapport à
π′ , se compensent.
Cette propriété est due au fait que les composantes tangentes à π′′ des champs
créés en M par q située en P, et par −q située en P ′′ symétrique de P par rapport à
π′′ , se compensent.
G
— Si une translation T de vecteur u laisse invariante D (qui doit donc être de taille
infinie), on doit avoir le même champ en M qu’au point M ′ qui se déduit de M par la
translation T.
234
Chapitre 2. Électrostatique 235
G G
Si la propriété est vraie pour u = zez avec z quelconque (toute translation selon
G G
ez laisse D invariante) alors E est indépendant de z.
G
— Si une rotation R d’angle θ et d’axe Oz laisse invariante D, le champ E (M ′) au
G
point M ′ qui se déduit de M par R, se déduit de E (M ) par la rotation R.
Si la propriété est vraie pour tout angle θ (toute rotation autour de Oz laisse D
G
invariante), E est indépendant de θ .
On peut illustrer certaines de ces propriétés de symétrie par l’exemple d’un dou-
blet de charges opposées.
Le plan yOz (ou tout plan contenant Oz) est un plan π′ de symétrie de D, alors
que le plan xOy (plan médiateur des charges) est un plan π′′ d’antisymétrie de D.
235
236 Partie IV. Électromagnétisme
En un point de l’axe Oz portant les deux charges, le champ doit être contenu
dans tous les plans de symétrie passant par ce point, donc dans tout plan contenant
G
Oz : le champ est porté par ez .
G
En un point du plan xOy, le champ est normal à ce plan, donc porté par ez .
G
Le plan de la figure ( y = 0 ) est un plan de symétrie, donc il contient E :
G G G E ( − x, z ) = −E x ( x, z ) E ( x, −z ) = −E x ( x, z )
E ( x, z ) = E x ( x, z )ex + Ez ( x, z )ez , avec x et x .
Ez ( − x, z ) = Ez ( x, z ) Ez ( x, −z ) = Ez ( x, z )
236
Chapitre 2. Électrostatique 237
dans le champ électrique créé par la distribution D. La somme porte sur le domaine où
G
E est non nul, donc a priori sur tout l’espace.
237
238 Partie IV. Électromagnétisme
G
(ii) Dans le cas où D possède de hautes symétries, c’est-à-dire si la direction de E est
G
connue en tout point M, alors E peut être calculé par application du théorème de
G G q
Gauss
w E ⋅ d2 S = int . On prendra si possible, pour la surface fermée S passant
ε0
S
G
par M, une surface équipotentielle, car alors E est orthogonal à S , donc colinéaire à
G
d2 S , ce qui simplifie le calcul du flux.
d S
w
2
= Er ( r ) = Er (r ) S = 4πr 2Er (r ) .
S
Il reste à calculer qint , la charge intérieure à la surface S .
— Si r < R , il n’y a aucune charge à l’intérieur de S puisque la surface chargée est à
l’extérieur de la sphère de rayon r : qint = 0 .
238
Chapitre 2. Électrostatique 239
étant localisée.
ρ 2
À l’intérieur de la sphère, Vint (r ) = − r + K . On détermine la constante K par
6ε 0
ρ 2 2
Vint = 6ε (3R − r ) pour r < R
ρ 2 0
continuité du potentiel en r = R : K = R : 3
.
2ε0 V = ρ R pour r > R
ext 3ε r
0
ρ 2
Le potentiel à la surface de la boule de rayon R vaut V (R ) = R .
3ε 0
239
240 Partie IV. Électromagnétisme
3Q 3Q 2 3Z 2e2
avec ρ = , d’où Ec = = .
4πR 3 20πε0R 20πε0R
Le rayon atomique suit approximativement la loi R = R0 A1/3 où A est le nombre
240
Chapitre 2. Électrostatique 241
tendent à se stabiliser par fusion nucléaire avec un autre noyau léger, comme celle
entre le deutérium D ( 21H ) et le tritium T ( 31H ) : 21H + 31H → 42He + 01n . Au contraire, les
noyaux pour lesquels A > 56 tendent à se stabiliser par fission, comme l’uranium 238 :
238 234 4
92 U → 90Th + 2 He .
241
242 Partie IV. Électromagnétisme
G G → G
Finalement E (M ) = Er (r )er . On remarque, en utilisant l’expression de rot E
→ G G G G
en coordonnées cylindriques, qu’on a bien rot E = 0 si E (M ) = Er (r )er .
(ii) La surface équipotentielle passant par M n’étant pas fermée, on n’utilise qu’une
longueur arbitraire h de ce cylindre de rayon r et de surface latérale Slat .
On obtient une surface fermée S = S1 ∪ S2 ∪ Slat en lui ajoutant deux sections
droites S1 et S2 (dans des plans z = Cte ) :
G
En tout point de S1 ou S2 le vecteur surface élémentaire d2 S est porté par
G G G G
ez , alors que E est porté par er , donc les flux de E à travers S1 et S2 sont nuls :
G G G G
w
E ⋅ d2 S = Er (r )er ⋅ d2 Slat er . Comme r est constant sur la surface latérale :
S Slat
G G
E ⋅ d S = Er (r )d Slat
w d Slat
2 2 2
= Er ( r ) = Er (r ) Slat = Er (r )2πrh .
S Slat Slat
— Si r > R , S entoure toute la charge que porte D sur la longueur h : qint = ρπR 2h .
Finalement, par application du théorème de Gauss :
G ρ G
Eint = 2ε r er pour r < R
0
G .
E = ρ R2 G
e pour r > R
ext 2ε r r
0
242
Chapitre 2. Électrostatique 243
G
charges D, donc le champ E (M ) appartient à ce plan : E x = 0 . Le plan parallèle à zOx
G
passant par M est aussi un plan de symétrie de D, donc le champ E (M ) appartient à
G G
ce plan : Ey = 0 . On a donc E (M ) = Ez ( x, y , z )ez .
D’autre part, D est invariante par toute translation selon Ox et Oy, donc Ez est
indépendant de x et de y. Il en est de même pour le potentiel V qui ne dépend que de
z : les équipotentielles sont des plans d’équation z = Cte .
G G → G
Finalement E (M ) = Ez ( z )ez . On remarque, en utilisant l’expression de rot E
→ G G G G
en coordonnées cartésiennes, qu’on a bien rot E = 0 si E (M ) = Ez ( z )ez .
(ii) La surface équipotentielle passant par M n’étant pas fermée, on n’en utilise qu’une
portion Sz contenant le point M de cote z > 0 .
On obtient une surface fermée S = S z ∪ S − z ∪ Slat en lui ajoutant la surface
S− z , symétrique de Sz par rapport au plan z = 0 , et la surface latérale Slat obtenue
en translatant parallèlement à Oz le contour γ sur lequel s’appuie Sz .
243
244 Partie IV. Électromagnétisme
244
Chapitre 2. Électrostatique 245
On peut montrer qu’alors les armatures en regard portent des charges surfa-
ciques uniformes et opposées : +σ pour l’armature (1) en z = 0 et −σ pour l’armature
�
(2) en z = e . Le calcul du champ électrique Eint entre les armatures s’obtient donc en
sommant les champs créés par les deux plans infinis, calculés dans la sous-section
précédente. Pour un tel système :
� σ � � σ �
— E1 = ez pour z > 0 ; E1 = − ez
2ε0 2ε0
pour z < 0 , champ créé par l’armature (1).
� −σ � � σ �
— E2 = ez pour z > e ; E2 = + ez
2ε0 2ε0
pour z < e , champ créé par l’armature (2).
� �
Finalement Eext = 0 pour z < 0 et
� σ �
pour z > e , et Eint = ez pour 0 < z < e . Le
ε0
champ électrique est uniforme entre les ar-
matures.
On en déduit la différence de potentiel :
z =e
� → z =e
σe qe
V1 − V2 = Eint ⋅ d OM = Eint dz = Eint ⋅ e = = 1
ε0 ε0 S
, où q1 = q = σS est la
z =0 z =0
charge portée par l’armature en z = 0 , l’autre armature portant la charge q2 = −q .
La charge portée par les armatures en regard est donc proportionnelle à la ten-
ε S
sion U = V1 − V2 appliquée au condensateur : q = q1 = CU = C(V1 − V2 ) , où C = 0
e
est la capacité du condensateur plan.
Une capacité (en farad : F) est homogène au produit de ε0 par une longueur.
245
246 Partie IV. Électromagnétisme
246
Chapitre 2. Électrostatique 247
On montre qu’on obtient également les formules vues dans le cours d’électroci-
nétique :
1 1 q2 1
UC = CU 2 = = qU , avec U = V1 − V2 .
2 2C 2
4. LE DIPÔLE ÉLECTROSTATIQUE
4.1 Définition / Moment dipolaire électrique
Considérons une distribution D de charges localisée, c’est-à-dire d’extension
finie (nous noterons a sa taille caractéristique). On se place
dans le cas où D est « petite ». Précisons ce point :
— On ne s’intéresse qu’au champ électrique créé par D « au
loin » : en un point M tel que r = OM >> a , si O est un point
au voisinage de D (à une distance de D de l’ordre de a).
— Si D est placée dans un champ électrique extérieur (autre
que celui qu’elle crée), ce champ est « localement » uni-
forme (il varie sur une distance caractéristique λ >> a ).
247
248 Partie IV. Électromagnétisme
248
Chapitre 2. Électrostatique 249
−1/2
1 −1/ 2 1 a a2
= AM 2 = 1 + 2 cos θ + 2 .
AM r r r
Comme a / r << 1 , on effectue le développement limité de
1 1 a
1/ AM à l’ordre 1 en a / r : = 1 − cos θ . Pour 1/ BM , il suffit
AM r r
d’effectuer le changement θ → π − θ et donc cos θ → − cos θ , d’où
1 1 a
= 1 + cos θ . Finalement :
BM r r
q a a 2aq cos θ
V (M ) = −1 + r cos θ + 1 + r cos θ = .
4πε0 r 4πε0 r 2
Les termes d’ordre 0 en a / r dans le crochet s’éliminent. En effet, à l’ordre 0,
tout se passe comme si les charges q et −q étaient confondues en O : le champ élec-
G
trique E et le potentiel V sont nuls à cet ordre d’approximation.
Le potentiel est une différentielle du potentiel en 1/ r créé par les deux charges
p cos θ
ponctuelles. Il est donc en 1/ r 2 : V (M ) = . V ne dépend pas de ϕ car l’axe Oz
4πε0r 2
est un axe de symétrie de révolution : D est invariante par toute rotation autour de Oz.
G
Le champ E , différentielle du champ en 1/ r 2 créé par les deux charges ponc-
tuelles est lui en 1/ r 3 . On le calcule à partir de V :
G → ∂V G 1 ∂V G G 2 p cos θ G p sin θ G
E = − gradV = − er − eθ , soit E = 3
er + eθ .
∂r r ∂θ 4πε0r 4πε0r 3
On obtient grâce à une simulation numérique les lignes de champ électrique
dipolaire (valables seulement à grande distance de D) suivantes :
249
250 Partie IV. Électromagnétisme
250
Chapitre 2. Électrostatique 251
G G G G
L’énergie potentielle d’un dipôle rigide est Ep = − p ⋅ E = − p ⋅ E ⋅ cos θ .
G G
La position θ = 0 ( p et E alignés) est une position d’équilibre stable (énergie
G G
potentielle minimale), alors que θ = π ( p et E « anti-alignés ») est une position
d’équilibre instable (énergie potentielle maximale).
Des grains de semoule placés dans de l’huile de ricin ont la propriété de se
polariser en présence d’un champ électrique assez faible. Ils se comportent alors
comme des dipôles et s’orientent selon les lignes de champ électrique.
Lorsqu’un atome, ou une molécule, est placé dans un champ électrique exté-
G G G
rieur uniforme E0 , il acquiert un moment dipolaire p = αε0E0 , où α est la polarisabilité
de l’atome.
251
252 Partie IV. Électromagnétisme
polaires des deux liaisons O–H, donc p H2O = 2pO −H cos(β / 2) = 6,27 ⋅ 10−30 C ⋅ m . On
utilise souvent une unité dans laquelle les valeurs numériques sont de l’ordre de gran-
1
deur de 1, le debye (D), défini par 1 D = ⋅ 10−29 C ⋅ m . On a alors p H2O = 1,88 D .
3
Le moment dipolaire permanent de l’eau est élevé, et la taille de la molécule est
petite, ce qui lui permet d’être un très bon solvant polaire. Elle solvate les ions de
charge q. Ces derniers créant un
G
champ électrique monopolaire E
en 1/ r 2 , les moments dipolaires
des molécules d’eau tendent à s’ali-
G
gner sur E . La force d’interaction
G G → G
F = ( p ⋅ grad)E est donc en 1/ r 3 ;
l’énergie d’interaction est en 1/ r 2 . C’est vrai pour les solides, mais pas pour les fluides
car l’agitation thermique tend à rendre aléatoire l’orientation des dipôles (une étude
252
Chapitre 2. Électrostatique 253
(qp)2
statistique montre que l’énergie d’interaction est proportionnelle à − ).
kBT ⋅ r 4
1/ r 4 . C’est vrai pour les solides, mais pas pour les fluides car l’agitation thermique
tend à rendre aléatoire l’orientation des molécules. Une étude statistique montre que
( p1p2 )2
l’énergie d’interaction est EKeesom ∝ − , et donc que la force est en 1/ r 7 (at-
kBT ⋅ r 6
tractive car un dipôle tend à se déplacer dans les zones de champ intense, donc à se
rapprocher d’un autre dipôle).
— Interactions entre dipôle permanent et dipôle induit (interaction de Debye). Un di-
G G
pôle de moment dipolaire p1 crée un champ électrique E1 en 1/ r 3 , une molécule po-
G G
larisable placée dans ce champ acquiert un moment dipolaire p2 = α 2ε0E1 également
G G → G
en 1/ r 3 . La force F1/2 = ( p2 ⋅ grad)E1 est en 1/ r 7 . L’énergie d’interaction est :
α 2 p12 G G
EDebye ∝ − . La température n’intervient plus car p2 et E1 sont constamment
r6
colinéaires. Cette interaction se superpose à celle de Keesom si les deux molécules
sont polaires.
— Interactions entre dipôle instantané et dipôle instantané (interaction de London). Ce
sont les interactions qui expliquent pourquoi les gaz nobles passent sous phase con-
densée à basse température, alors que leurs atomes sont apolaires. L’effet ne s’ex-
plique correctement que dans le cadre de la mécanique quantique. Une interprétation
classique est la suivante : bien que l’atome (ou la molécule) ne possède pas de mo-
ment dipolaire moyen, les fluctuations de la densité électronique font qu’il possède un
moment dipolaire instantané. Le champ électrique dipolaire qu’il crée polarise un autre
atome, qui a son tour polarise le premier atome… Si les polarisabilités des deux
αα
atomes sont α1 et α 2 , l’énergie d’interaction est ELondon ∝ − 16 2 . La température
r
n’intervient pas, et cette interaction se superpose à celle de Debye (si l’une des molé-
cules est polaire) et à celle de Keesom (si les deux molécules sont polaires).
253
254 Partie IV. Électromagnétisme
Finalement, les interactions de Van Der Waals dans les fluides sont radiales,
attractives, en 1/ r 7 (donc décroissent très vite avec la distance), de faible énergie (de
l’ordre de 10 kJ ⋅ mol-1 , au lieu de 100 kJ ⋅ mol-1 pour les interactions ion – dipôle).
— Les lignes de champ ne peuvent pas être fermées car le potentiel décroît le long
d’une telle ligne. Les lignes de champ dipolaires, tracées plus haut, peuvent donner
l’impression du contraire car elles se coupent en O, mais un « zoom » avant montrerait
qu’en réalité, elles partent des charges positives pour aboutir sur les charges néga-
tives.
— Les lignes de champ électrique se coupent en une charge ponctuelle. Une des con-
G G
séquences de divE = ρ / ε0 ≠ 0 est d’ailleurs le fait que le champ E diverge à partir
des charges positives (et converge vers les charges négatives).
— Hormis en un point où se trouve une charge ponctuelle (où le champ est infini), ou
en un point de champ nul, les lignes de champ ne peuvent pas se couper en M car par
G G
définition E (M ) ≠ 0 est tangent à la ligne de champ passant par M.
À titre d’exemple, on a tracé ci-après les lignes du champ créé par un doublet
de charges identiques dont le point O est le milieu.
G
Tous les plans contenant Ox sont des plans de symétrie de D : E (O ) est dans
tous ces plans, donc porté par Ox, d’où Ey (O ) = Ez (O ) = 0 . Le plan x = 0 médiateur
G
des charges est aussi plan de symétrie de D donc il contient E (O ) : E x (O ) = 0 .
254
Chapitre 2. Électrostatique 255
G G
Finalement E (O) = 0 .
Des lignes de champ se coupent en ce point O de champ nul. Certaines de ces
lignes convergent vers O (celles qui sont confondues avec l’axe Ox), alors que celles
qui se trouvent dans le plan x = 0 divergent à partir de ce point.
Dans le cas d’une charge ponctuelle, toutes les lignes de champ partent de ce
point, ou toutes arrivent en ce point.
255
256 Partie IV. Électromagnétisme
électrostatique gravitation
caractéristique de la particule
à la fois source du champ et la charge q la masse m
soumise à une force
G G
champ au point M champ électrique E (M ) champ de gravitation G (M )
G G G G
force subie par la particule F = qE (M ) F = mG (M )
G qq G G mm G
force entre deux particules F1/ 2 = 1 2 2 e1→ 2 F1/2 = −G 12 2 e1→2
4πε0 r r
−G , avec G constante uni-
constante intervenant dans la 1
verselle de gravitation :
force 4πε0
G = 6,67 ⋅ 10−11 N ⋅ m2 ⋅ kg-2
constante intervenant dans le 1
−4πG
théorème de Gauss ε0
G G
G G qint G
w ⋅ d2 S = −4πGmint
E ⋅ d S
w
2 S
Théorème de Gauss =
ε0 théorème de Gauss
S
gravitationnel
256
Chapitre 2. Électrostatique 257
G G
G
w ⋅ d2 S = 4πr 2G r (r ) .
S
Il reste à calculer mint , la masse intérieure à la surface S .
— Si r < R , la masse intérieure à S est celle contenue dans la sphère de rayon r :
4
mint = ρ πr 3 .
3
4
— Si r > R , S entoure toute la masse de D : mint = ρ πR 3 .
3
Finalement par application du théorème de Gauss :
G 4 G GMastre r G
G int = − 3 πρGr er = − er pour r < R
R3 4
G 3 G
, puisque Mastre = ρ πR 3 .
G 4 R GM astre G 3
= − πρG 2 er = − er pour r > R
ext 3 r r2
Le champ gravitationnel à l’intérieur de l’astre varie linéairement avec la dis-
tance r au centre de l’astre. La force s’exerçant sur une masse m dans l’astre vaut
G GMastrem G GMastrem → →
F =− 3
r er = − 3
OM = −k OM . On reconnaît la force de Hooke li-
R R
néaire exercée à son extrémité M par un ressort de raideur k attaché à l’autre extrémité
O, et de longueur à vide nulle. Ainsi, un corps qui ne serait soumis qu’à cette force
k GMastre
serait un oscillateur harmonique de pulsation ω0 = = . C’est la même
m R3
pulsation que celle d’un corps en mouvement circulaire uniforme à la surface de l’astre,
sous l’effet de la force gravitationnelle exercée par ce dernier.
1
R ∞
de l’astre, on a Ug = −
8πG
G int 2 4πr 2dr +
G ext 2 4πr 2dr , soit :
r =0 r =R
257
258 Partie IV. Électromagnétisme
1 GMastre r 2 GMastre 2
R 2 ∞ 2
Ug = −
2G R 3
r d r +
r 2
r dr .
r =0 r =R
GMastre2 1 R ∞
1 GMastre2 1 1
On a donc Ug = −
2
R 6 r 4 dr + 2
r
dr = −
2 5R + R , et
r =0 r =R
2
3GMastre 3Q 2
finalement Ug = − (analogue à l’énergie de constitution Ec = d’une
5R 20πε0R
boule de charge Q répartie uniformément). Dans le cas de la Terre :
Mastre = MT = 6 ⋅ 1024 kg , et R = RT = 6,4 ⋅ 103 km . On obtient U g = −2,3 ⋅ 1032 J .
Pour mieux appréhender la notion d’énergie gravitationnelle, voici un peu de
science-fiction. Déterminons l’énergie qu’un empire ennemi devrait fournir pour dé-
truire la Terre à l’aide d’une bombe dont l’effet serait de partager la Terre en N boules
identiques disséminées dans l’espace sans vitesse finale.
L’étude se fait dans le référentiel géocentrique supposé galiléen. Dans l’état
3GMT 2
initial, l’énergie gravitationnelle est Ug1 = − . Dans l’état final, les distances
5RT
entre les N boules étant infinies, et leur vitesse nulle, l’énergie du système est pure-
3GM 2
ment gravitationnelle et vaut Ug2 = −N . La masse M de chaque petite boule est
5R
M = MT / N . La conservation de la masse du système permet de calculer le rayon R
4 4
de chaque petite boule : MT = ρ πRT3 = N ⋅ M = Nρ πR 3 . D’où R = N − 1/3RT .
3 3
3G M 2 M 2
L’énergie à fournir vaut donc ∆U = Ug2 − Ug1 = −N 2 T−1/3 + T .
5 N ⋅N RT RT
3GMT 2
On a finalement ∆U = 1 − N − 2/3 .
5RT
Cette énergie est positive (les interactions entre les masses contenues dans la
Terre sont attractives) et augmente avec N. Elle tend vers l’opposé de l’énergie gravi-
tationnelle de la Terre si on souhaite la pulvériser totalement ( N → ∞ ).
258
259
[ÉLECTROMAGNÉTISME 3]
MAGNÉTOSTATIQUE
1. PROPRIÉTÉS DU CHAMP MAGNÉTOSTATIQUE
1.1 Équations locales
G G
En régime stationnaire, les champs E (M ) et B(M ) sont indépendants.
G
G divB = 0 M.T
B(M ) est régi par deux équations : → G G .
rot B = µ0 J M.A
→ G G
La formulation intégrale de rot B = µ0 J s’obtient en calculant la circulation de
G G
→ → G G
B le long d’un contour fermé γ : v B ⋅ d OM = rot B ⋅ d2 S d’après le théorème de
γ S (γ)
porte quelle surface s’appuyant sur γ, cette surface étant orientée en fonction de
l’orientation de γ en suivant la règle du tire-bouchon.
G G
Notons Iint =
J ⋅ d2 S l’intensité (algébrique) de ce courant qui passe par
S (γ)
259
260 Partie IV. Électromagnétisme
� → �
� B ⋅ d OM = µ0Iint : la circulation de B le long d’un contour fermé est égale à
γ
1.4 Calcul du champ magnétique créé par des distributions de courants sta-
tionnaires (complément hors-programme)
On sait exprimer le champ magnétique créé par un circuit filiforme γ parcouru
par un courant d’intensité
� I à l’aide de l’intégrale suivante :
� µ0 Id ℓ � �
B(M ) = �
4π PM 2
∧ eP →M , en orientant le déplacement élémentaire d ℓ le long du
P∈γ
circuit dans le même sens que le courant d’intensité I. C’est la loi de Biot et Savart.
260
Chapitre 3. Magnétostatique 261
261
262 Partie IV. Électromagnétisme
1.7 Symétries
�
Les symétries de B sont celles de tout champ vectoriel axial.
Soit une distribution de courants D. Il faut distinguer :
— La recherche de plans de symétrie ou d’antisymétrie de D passant par un point M
�
donné (ce qui permet de montrer que certaines composantes de B sur une base lo-
cale en M, judicieusement choisie, sont nulles).
�
— La recherche des invariances de D (ce qui permet de montrer que B est indépen-
dant de certaines coordonnées de M).
262
Chapitre 3. Magnétostatique 263
Cette propriété est due au fait que les composantes orthogonales à π′′ des
champs créés en M par l’élément de courant situé en P, et par celui situé en P ′′ sy-
métrique de P par rapport à π′′ , se compensent.
G
— Si une translation T de vecteur u laisse invariante D (qui doit donc être de taille
infinie), on doit avoir le même champ en M qu’au point M ′ , qui se déduit de M par la
translation T.
G G
Si la propriété est vraie pour u = zez avec z quelconque (toute translation selon
G G
ez laisse D invariante), B est indépendant de z.
263
264 Partie IV. Électromagnétisme
Si la propriété est vraie pour tout angle θ (toute rotation autour de Oz laisse D
G
invariante), B est indépendant de θ .
264
Chapitre 3. Magnétostatique 265
265
266 Partie IV. Électromagnétisme
G
sont nulles dans la base locale en M, ainsi que les coordonnées de M dont B ne dé-
pend pas.
G
(ii) Dans le cas où D possède de hautes symétries, c’est-à-dire si la direction de B est
G
connue en tout point M, alors B peut être calculé par application du théorème d’Am-
G →
v
père B ⋅ d OM = µ0Iint .
γ
Toutes les spires sont en série, et sont parcourues par un courant stationnaire
d’intensité I. Ces spires sont régulièrement enroulées. Par exemple, leur nombre par
N
unité de longueur sur la surface intérieure du tore est constant et vaut n = . Il y a
2πR
un grand nombre N >> 1 de spires, donc on peut considérer que leur distribution est
continue et qu’une spire donnée se trouve dans un plan méridien (plan contenant Oz).
266
Chapitre 3. Magnétostatique 267
� →
long de γ. On a � B ⋅ d OM = 2πrBθ (r , z ) .
γ
a
— Si z > , aucun courant ne traverse γ : Iint = 0 .
2
a a
— Si z < et r < R ou r > R + a , on a aussi Iint = 0 . Si z < et R < r < R + a , on a
2 2
Iint = NI .
267
268 Partie IV. Électromagnétisme
2.3 Solénoïde
Un solénoïde est une longue bobine droite d’axe O′x , considérée comme infinie
G
pour la détermination du champ B qu’elle crée (on néglige les effets de bord).
On peut obtenir l’expression de
G
B en remarquant que cette situation
correspond au cas de la bobine torique
lorsque R → ∞ , alors que le nombre
de spires par unité de longueur
N
n= reste constant (on a bien sûr
2πR
G G
N → ∞ ). En tout point du solénoïde eθ → ex , et comme R < r < R + a , on a :
R →∞
r a a r G G
1< < 1 + , avec 1 + → 1, donc → 1 . On en déduit que Bext = 0 , et que
R R R R →∞ R R →∞
G G
G µ0 2πRnI G G Bext = 0
Bint = lim eθ = µ0nIex : G G .
R →∞ 2πr Bint = µ0 nIex uniforme
268
Chapitre 3. Magnétostatique 269
v
B ⋅ d OM = Bz (r )ez ⋅ dzez = Bz (r )dz = hBz (r ) , car r est constant sur AB.
γ A A
Avec l’orientation choisie pour γ, Iint = + nhI , puisqu’il y a nh spires sur la lon-
gueur h.
G G
Finalement, par application du théorème d’Ampère : Bint = µ0 nIez . Le champ
G
magnétique Bint est uniforme dans le solénoïde.
269
270 Partie IV. Électromagnétisme
270
Chapitre 3. Magnétostatique 271
3. LE DIPÔLE MAGNÉTIQUE
3.1 Définition / Moment magnétique
Considérons tout d’abord un circuit filiforme γ orienté, parcouru par un courant
d’intensité I orienté dans le même sens que γ. Remarquons que γ n’est pas nécessai-
rement contenu dans un plan. En régime stationnaire, ce
circuit est nécessairement fermé (des distributions comme
le fil infini n’ont pas de réalité physique, mais permettent
G
de calculer B en un point M suffisamment proche d’un cir-
cuit fermé pour que ce circuit soit vu, depuis le point M,
comme un fil infini).
Soit une surface quelconque S s’appuyant sur γ. Le
vecteur surface de γ est défini comme la somme des vec-
G G G
teurs surface élémentaires de S : S =
d2 S . On montre que S ne dépend que
S (γ)
de γ.
G G
Le moment dipolaire magnétique de γ est par définition m = I S (en A ⋅ m2 ). On
G
note m = m sa norme. On l’appelle simplement « moment magnétique ».
La distribution D est dite dipolaire si son moment magnétique total (somme des
G G
moments magnétiques des circuits qu’elle contient) est non nul : m ≠ 0 .
271
272 Partie IV. Électromagnétisme
� 2µ m cos θ � µ0 m sin θ �
B( M ) = 0 3 er + eθ .
4πr 4πr 3
272
Chapitre 3. Magnétostatique 273
273
274 Partie IV. Électromagnétisme
G G G
L’expression Γ = m ∧ B reste valable dans l’approximation dipolaire où le
champ magnétique extérieur n’est que localement uniforme, mais alors la résultante
G G → G
n’est pas nulle : elle vaut FL = (m ⋅ grad)B . Ce résultat permet d’expliquer pourquoi un
circuit a tendance à se déplacer dans le sens des champs magnétiques intenses. Par
G G ∂Bx
exemple, à une dimension, si le moment magnétique s’écrit m = mex et que >0
∂x
(le champ Bx augmente si on se déplace dans le sens des x croissants), on a bien
∂Bx
FLx = m > 0.
∂x
D’autre part :
G
Le champ magnétique B créé par un aimant droit en un point suffisamment éloigné
est dipolaire : l’aimant droit se comporte comme une boucle de courant.
Par définition, les lignes de champ « sortent » du pôle nord et « rentrent » dans
le pôle sud.
G → G G G
L’aimant est donc soumis à F = grad(m ⋅ B ) s’il est placé dans un champ B ex-
térieur non uniforme, par exemple celui créé par un deuxième aimant. On ne parle plus
de force de Laplace dans ce cas, car ce ne sont pas des courants macroscopiques qui
sont responsables de l’aimantation.
274
Chapitre 3. Magnétostatique 275
G
La norme du champ B créé par l’aimant de droite augmente dans les zones où
∂ Bx
les lignes de champ sont resserrées. On a donc en O : > 0 dans les deux cas
∂x
∂Bx
de la figure suivante. Dans le premier cas, Bx > 0 donc > 0 : pôles nord et sud
∂x
∂Bx
s’attirent, alors que dans le second cas, Bx < 0 donc < 0 : des pôles de même
∂x
nature se repoussent.
G G
La position θ = 0 ( m et B alignés) est donc une position d’équilibre stable
G G
(énergie potentielle minimale), alors que θ = π ( m et B « anti-alignés ») est une po-
sition d’équilibre instable (énergie potentielle maximale).
Ainsi, si une petite aiguille aimantée peut être mise en rotation autour de son
G G G G
centre fixe O, elle est soumise au moment Γ = m ∧ B , qui a tendance à aligner m sur
G
B . En présence de frottements fluides, elle s’immobilise dans la position d’équilibre
G
stable, son moment m (dirigé de son pôle sud vers son pôle nord) indiquant alors la
G
direction et le sens du champ B(O ) : c’est le principe de la boussole.
La limaille de fer, posée sur un support, s’aimante dans le champ magnétique
d’un aimant, puis s’oriente selon les lignes de champ magnétique (les frottements avec
le support l’empêchant de se concentrer autour des pôles, zones de champ intense).
De nouveau, on constate une analogie avec les actions subies par un dipôle
G G G G
électrique dans un champ E localement uniforme : moment Γ = p ∧ E dans tous les
G G
cas, et énergie potentielle Ep = − p ⋅ E si le dipôle est rigide.
275
276 Partie IV. Électromagnétisme
� → � �
Le moment cinétique orbital de l’électron est LO = OM ∧ mev = me r 2ωez , où ω
est la vitesse angulaire de l’électron.
On peut modéliser ce système par une boucle de courant parcourue par la
2π −e −eω
charge −e toutes les périodes T = , donc par un courant moyen I = = . Le
ω T 2π
� � −eω 2 � er 2ω �
moment dipolaire magnétique du système, m = I S = πr ez = − ez , est pro-
2π 2
� � e
portionnel au moment cinétique orbital : m = γ eLO avec γ e = − .
2me
Ce modèle planétaire classique entraîne l’instabilité de l’atome H (l’électron,
dont l’accélération est non nulle, émet un rayonnement électromagnétique, perd de
l’énergie, et finit par s’écraser sur le proton). Bohr proposa un modèle selon lequel :
— (1) Il existe des orbites circulaires stables pour lesquelles l’électron ne rayonne pas.
� → �
— (2) Pour ces trajectoires, le moment cinétique LO = OM ∧ mev de l’électron vaut en
� h
norme LO = n = nℏ , où ℏ est la constante de Planck réduite, et n ∈ N∗ . Il y a donc
2π
quantification du moment cinétique.
276
Chapitre 3. Magnétostatique 277
� d3m �
�
On définit l’aimantation M de ce matériau par M = 3 ( A ⋅ m-1 ).
dV
Si n∗ est la densité atomique, de l’ordre de 1029 m-3 , on a Msat ≃ n∗µB ≃ 106 A ⋅ m-1 ,
ce qui est le bon ordre de grandeur ( Msat = 1,6 ⋅ 106 A ⋅ m-1 pour du fer doux).
Ainsi, pour un aimant cubique de 1 cm de côté, le moment magnétique est de
l’ordre de 1 A ⋅ m2 .
On réalise un vide poussé autour du dispositif afin que les chocs avec les mo-
lécules de l’air soient très improbables.
Le champ magnétique créé par l’électro-aimant est symétrique par rapport au
plan y = 0 ( By = 0 dans ce plan), et les pièces polaires suffisamment allongées selon
Ox pour qu’on puisse considérer, en négligeant les effets de bord, que tout plan
277
278 Partie IV. Électromagnétisme
�
x = Cte est plan de symétrie de B , donc que Bx = 0 .
Si on suppose que les atomes restent dans le plan de symétrie y = 0 , le champ
� �
qu’ils rencontrent est de la forme B = Bz ( y = 0, z )ez .
�
Si les atomes de fer possèdent un moment magnétique permanent m , la force
� �
qu’ils subissent dérive de l’énergie potentielle Ep = −m ⋅ B = −mz Bz , donc cette force
� → ∂B � ∂B �
est F = − grad Ep = mz z ey + mz z ez .
∂y ∂z
La forme des pièces de l’électro-aimant permet, comme
on le constate sur la simulation ci-contre, d’obtenir un champ
fortement inhomogène selon Oz. En effet, les lignes de champ
partant de la pointe (pôle nord) s’écartent en arrivant sur le pôle
�
sud. Comme le flux de B se conserve le long d’un tube de
champ, on en conclut que Bz diminue lorsqu’on se déplace
∂Bz
dans l’entrefer le long de Oz : ( y = 0, z ) < 0 .
∂z
D’autre part, la fonction y ֏ Bz ( y , z ) est paire puisque le
� ∂Bz � ∂B �
plan y = 0 est un plan de symétrie pour B , donc ( y = 0, z ) = 0 : F = mz z ez .
∂y ∂z
En mécanique classique, le moment magnétique des atomes d’argent en entrée
du dispositif est réparti de façon isotrope. La composante mz prend des valeurs con-
tinues entre −mmax et mmax , et une observation de l’écran au microscope devrait ré-
véler l’existence d’une tache centrée sur le point Ω de l’écran situé sur Ox, et allongée
selon ΩZ .
Au lieu de cela, ce sont deux petites taches sur Ωz , symétriques par rapport à
Ω, que Stern et Gerlach ont observées. Le moment magnétique mz de l’atome d’ar-
gent est donc quantifié et ne prend que deux valeurs opposées.
278
Chapitre 3. Magnétostatique 279
1 1
Un quatrième nombre quantique ms ∈ − , (nombre quantique magnétique
2 2
�
de spin) quantifie la projection Lz du moment cinétique intrinsèque L de l’électron
(sans équivalent « classique ») : Lz = ms ℏ .
279
280 Partie IV. Électromagnétisme
� e �
Cependant, la relation n’est plus m = − LO comme pour les grandeurs or-
2me
� e �
bitales, mais m = −g L , où le facteur de Landé est g = −2 pour l’électron.
2me
280
Chapitre 3. Magnétostatique 281
Le théorème d’ampère appliqué sur une ligne de champ γ fermée montre qu’un
G
courant traverse γ : le champ B « tourbillonne » autour des courants comme c’est le
cas autour d’un fil infini.
G
Tous les plans contenant Oz sont des plans d’antisymétrie de D : B(O ) est dans
tous ces plans, donc porté par Oz, soit Bx (O ) = By (O ) = 0 . Le plan z = 0 est aussi un
G G G
plan de d’antisymétrie de D donc il contient B(O ) : Bz (O ) = 0 . Finalement B(O ) = 0 .
Des lignes de champ se coupent en O qui est un point de champ nul. Certaines
de ces lignes convergent vers O (celles qui se trouvent dans le plan z = 0 ), alors que
les lignes confondues avec l’axe Oz divergent à partir de ce point.
281
282 Partie IV. Électromagnétisme
Sauf si on utilise des bobinages, les inductances sont très faibles. Par exemple,
l’inductance propre d’une spire de 5 cm de rayon et de 1 mm d’épaisseur n’est que de
0,3 µH .
282
Chapitre 3. Magnétostatique 283
Les valeurs des inductances propres des bobines de 1000 spires utilisées en
T.P sont de l’ordre de 50 mH. On obtient des valeurs plus importantes (pouvant at-
teindre 1 H), en introduisant un noyau de fer doux dans la bobine, mais la relation entre
Φ et i n’est plus linéaire.
Nous allons calculer son inductance propre en négligeant les effets de bord.
� �
Le champ magnétique intérieur est uniforme et vaut Bint = µ0 niez , d’où le flux
� � µ N πR 2
Φ1 = Bint ⋅ S = µ0ni πR 2 = 0 i à travers une spire.
ℓ
Le solénoïde possédant N spires, le flux magnétique total est :
µ0N 2πR 2
Φ = NΦ1 = i.
ℓ
µ0N 2 πR 2
On en déduit l’inductance propre du solénoïde : L = , qui est bien ho-
ℓ
mogène à µ0 fois une longueur.
On note la dépendance en N 2 de L au nombre N de spires : si on multiplie par
un scalaire λ ce nombre, le champ propre, donc le flux à travers une spire, est multiplié
par λ, mais comme il y a λ fois plus de spires, le flux total est multiplié par λ 2 .
Sauf en présence de hautes symétries comme c’était le cas ici, les calculs litté-
raux de champs magnétiques en tout point de S sont impossibles, et on détermine L
par intégration numérique.
283
284 Partie IV. Électromagnétisme
G
Le flux du champ magnétique B1 créé par γ1 à travers n’importe quelle surface
S2 s’appuyant sur γ 2 (orientée en fonction de l’orientation de γ 2 selon la règle du tire-
G G
bouchon) vaut Φ1/2 =
B1 ⋅ d2 S2 .
S2 ( γ 2 )
G
Comme B1 est proportionnel à i1 , Φ1/2 l’est aussi : Φ1/2 = M12 i1 .
G G
De même γ 2 crée un flux à travers γ1 : Φ2/1 = B2 ⋅ d2 S1 = M21 i2 .
S1( γ1 )
Contrairement à une inductance propre, une inductance mutuelle peut être né-
gative, son signe dépendant de l’orientation relative des deux circuits.
284
Chapitre 3. Magnétostatique 285
On repère un point M par ses coordonnées cylindriques d’axe Oz. Nous avons
G µ i G
vu que le fil infini créait un champ B1 = 0 1 eθ .
2πr
G
Avec l’orientation choisie pour la bobine, le flux de B1 à travers une spire de la
bobine de surface S vaut :
R +a a / 2
G G µ0 i1 G G µ i 1
Φ11/2 = B1 ⋅ d2 S2 = 2πr
eθ ⋅ ( − d2 S2 eθ ) = − 0 1
N 2π r
dr dz
S S dr dz R −a /2
R +a a /2
µ0 i1 1 µ0a R + a
=−
2π r
dr dz = − ln
2π R
i1
R −a /2
1 µ0Na R + a
À travers toute la bobine, Φ1/2 = N Φ1/2 =− ln i1 . On en déduit l’in-
2π R
µ0Na R + a
ductance mutuelle qui vaut M = − ln .
2π R
On note la dépendance en N de M au nombre N de spires : si on multiplie par
G
un scalaire λ ce nombre, le champ B1 donc le flux à travers une spire n’est pas affecté
par la multiplication par λ, mais comme il y a λ fois plus de spires, le flux total est
multiplié par λ.
Le champ créé par la bobine torique a également déjà été calculé, et fournit, en
G G
B2 ext = 0
tenant compte de l’orientation de i 2 : G µ0Ni2 G .
B2 int = − eθ
2πr
G
Il semble difficile de parler du flux de B2 à travers le fil, mais il ne faut pas perdre
de vue que le fil infini n’est qu’une portion d’un circuit, fermé « très loin » de la bobine.
À l’intérieur de ce circuit, le champ créé par la bobine n’est non nul que sur la
surface d’une spire (zone grisée sur le schéma suivant), d’où :
285
286 Partie IV. Électromagnétisme
� � µ0Ni 2 � � µ Na R + a
B2 ⋅ d −
2
Φ 2/1 = S1 = eθ ⋅ d2 S1 eθ = − 0 ln i2 .
2πr � 2π R
S S dr d z
µ0Na R + a
On retrouve la valeur de l’inductance mutuelle M = − ln . Avec les
2π R
conventions choisies pour l’orientation des deux circuits, elle est ici négative.
1 2
L’énergie magnétique d’un circuit isolé s’écrit Um = Li .
2
1
Comme le flux à travers cette bobine est Φ = Li , on a aussi Um = i Φ.
2
N
1
Pour N circuits, on montre que Um = 2 ik Φk , Φk étant le flux total à travers
k =1
le circuit γ k .
286
Chapitre 3. Magnétostatique 287
1 1
Um = L1 i1 2 + L2 i2 2 + M i1 i 2 pour un ensemble de deux circuits. Le terme M i1 i 2 est
2 2
un terme de couplage énergétique entre les deux circuits.
B2 3
Comme l’énergie magnétique des deux circuits, Um = 2µ0
dV (avec
espace
G G G
B = B1 + B2 , champ magnétique total), est toujours positive, on a :
1 1 1 i i 1
Um = L1 i1 2 + L2 i 2 2 + M i1 i 2 ≥ 0 , soit Um = i 2 2 L1 1 2 + M 1 + L2 ≥ 0 .
2 2 2 i2 i 2 2
i1 1 1
On doit en conséquence avoir, ∀x = , L1 x 2 + Mx + L2 ≥ 0 .
i2 2 2
1 1
Le discriminant du polynôme du second degré L1 x 2 + Mx + L2 doit donc être
2 2
négatif : ∆ = M 2 − L1L2 ≤ 0 .
On en déduit un majorant de M : M ≤ L1L2 .
On a ainsi deux cas limites :
Lorsque les deux circuits sont placés dans l’air, le couplage est médiocre, même
si on réalise pour les deux circuits un bobinage serré autour d’un même tore. En effet,
les pertes de flux sont importantes : ce n’est pas le même flux qui traverse chaque
spire.
Un tore ferromagnétique a pour propriété de canaliser le champ magnétique.
Le flux magnétique est quasiment le même à travers toutes les spires des deux circuits
bobinés autour du tore. Le couplage peut être considéré comme parfait. C’est le prin-
cipe du transformateur.
287
288 Partie IV. Électromagnétisme
→ G G G
rot E = 0 M.F divB = 0 M.T
G ρ → G G
divE = M.G rot B = µ0 J M.A
ε0
5.3 Circulation
G
E à circulation conservative : Théorème d’Ampère :
G → G → G →
vE ⋅ d OM = 0 ⇔ E = − gradV v
B ⋅ d OM = µ0Iint
γ γ
Les lignes de champ ne peuvent pas être Les lignes de champ peuvent être
fermées. fermées
5.4 Flux
G
Théorème de Gauss : B champ à flux conservatif :
G G q G G
w E ⋅ d2 S = int
ε0
w
B ⋅ d2 S = 0
S S
288
Chapitre 3. Magnétostatique 289
5.9 Énergie de D
G G
Elle est contenue dans le champ E créé Elle est contenue dans le champ B créé
ε0 E 2 3 B2 3
par D : Ue = 2
dV par D : Um = 2µ0
dV
espace espace
289
290 Partie IV. Électromagnétisme
290
291
[ÉLECTROMAGNÉTISME 4]
ÉLECTROMAGNÉTISME DANS
L’A.R.Q.S
1. INDUCTION ÉLECTROMAGNÉTIQUE DANS
L’A.R.Q.S
1.1 A.R.Q.S magnétique dans le vide
Approximation
G
En régime stationnaire, le champ magnétique, qu’on note B0 (M ) , est indépen-
G
M.T divB0 = 0
dant du champ électrique, et est régi par : → G G . Une distribution D
M.A rot B0 = µ0 J0
G G
de courants J0 (P ) est la source de B0 (M ) en tout point M.
Par exemple, pour un solénoïde infini d’axe Oz et de rayon R, contenant n spires
par unité de longueur parcourues par un courant I, la solution en un point M du vide
G G G G
est B0 (M ) = µ0 nIez à l’intérieur du solénoïde, B0 (M ) = 0 à l’extérieur.
G
Si les courants de densité J0 (P, t ) gardent la même géométrie, mais sont main-
G G
tenant variables, la solution consistant à remplacer le champ B0 (M ) par B0 (M , t ) de-
vient une approximation de la solution exacte du problème (Approximation des Ré-
gimes Quasi-Stationnaires : A.R.Q.S), puisque les équations de Maxwell, en un point
M du vide, sont modifiées en régime variable. Dans l’A.R.Q.S :
G
M.T divB0 = 0
G
→ G G → G 1 ∂E .
M.A rot B 0 = 0 au lieu de rot B0 =
c 2 ∂t
Par exemple, pour le solénoïde parcouru par un courant i(t) variable, la solution :
G G G G
B0 (M, t ) = µ0 ni (t )ez à l’intérieur du solénoïde, B0 (M, t ) = 0 à l’extérieur, n’est plus
qu’une approximation.
On conçoit que cette approximation sera d’autant meilleure que la fréquence
f = 1/ T caractéristique des fluctuations des courants est faible.
L’équation de Maxwell-Faraday montre qu’il y a désormais en M apparition d’un
G
G → G ∂B
champ électrique E1(M, t ) induit, tel que rot E1 = − 0 .
∂t
291
292 Partie IV. Électromagnétisme
Aspect énergétique
292
Chapitre 4. Électromagnétisme dans l’A.R.Q.S 293
ue L2 L2 L 2
On a donc = O ε0µ0 2 = O 2 2 = O << 1.
T c T
um λ
Conclusion
�
Dans l’A.R.Q.S magnétique ( L << λ ), le champ magnétique B(M, t ) dans le vide
�
M.T divB = 0
se calcule comme en régime stationnaire : → � � , mais il apparaît un champ
M.A rot B ≃ 0
�
→ � ∂B
� M.F rot E = −
électrique induit E (M, t ) qui se calcule à l’aide de ∂t .
M.G divE� = 0
L’énergie électrique due à ce champ est négligeable devant l’énergie magné-
tique : u ≃ um .
θ 1 0 θ
2r dt 2r
analogue à Ξ( r , t ) .
293
294 Partie IV. Électromagnétisme
B0 2 3 1 �
Um = 2µ0
d V = µ0 n 2 i 2 πR 2 ℓ , puisque le champ magnétique intérieur µ0 ni (t )ez
2
V
�
est uniforme. Du fait de l’apparition de E1(M, t ) , il contient aussi une énergie électrique
R 2 2
ε0E12 3 ε 0 2 2 di 2 ε di
Ue = 2
dV = 8
µ0 n r 2πr dr ℓ = 0 µ02n 2 πR 4 ℓ .
d
t 16 dt
V r =0
2
U e ε 0 µ 0 1 di 2
Ainsi = R . Pour un courant sinusoïdal de période T, on a :
Um 8 i dt
2π di 2π 2π U R 2 R 2
i (t ) = I0 cos t = −I0 sin t , donc e = O = O , et on
dt cT
T T
T Um λ
retrouve la condition de validité de l’A.R.Q.S : Ue << Um si R << λ .
Effectuons un bilan énergétique pour une longueur ℓ de solénoïde.
Les échanges se font à travers le cylindre d’axe Oz et de rayon R. La puissance
instantanée p reçue par le système est l’opposé du flux du vecteur de Poynting à tra-
�
vers cette surface latérale S , qui est orientée vers l’extérieur, donc selon er :
� � � �
E1(R, t )eθ ∧ B0 (R, t )ez 2 � di R
2
p = − SP ⋅ d S = − ⋅ d S er = n µ0ni ⋅ d2 S , soit :
µ0 dt 2
S S S
di R di R d 1
p=n µ0 ni S = n µ0 ni 2πR ℓ = µ0n 2 πR 2ℓi 2 .
dt 2 dt 2 dt 2
Il est à noter qu’on a choisi, pour calculer le flux, de prendre le vecteur de Poyn-
ting en r = R − . Ce vecteur présente une discontinuité inacceptable en r = R du fait de
�
la discontinuité de B0 . En réalité, à l’extérieur du solénoïde, on ne peut pas négliger
�
� � → � 1 ∂E
le champ magnétique B1(M, t ) , induit par E1(M, t ) selon rot B1 = 2 1 (M.A), de-
c ∂t
�
vant B0 qui est nul !
�
Le flux de B0 à travers une spire du solénoïde est Φ1 = µ0ni ⋅ πR 2 donc il vaut
294
Chapitre 4. Électromagnétisme dans l’A.R.Q.S 295
conducteur ( γ ≃ 107 S ⋅ m-1 ), cette condition devient f << γ / ε0 ≃ 1018 Hz . La loi d’Ohm
étant vérifiée jusqu’à 1012 Hz , l’A.R.Q.S magnétique dans un conducteur est en pra-
tique bien vérifiée jusqu’à cette fréquence, donc sur un grand domaine du spectre
électromagnétique, et notamment pour toutes les applications industrielles.
→ � � �
— div rot B = 0 divJ = 0 : J est à flux conservatif, et l’intensité i(t) du courant
�
(flux de J à travers une section) se conserve le long d’un tube de courant :
— Le courant i(t) est le même en tout point d’un circuit constitué de conducteurs placés
en série.
— La loi des nœuds reste valable dans l’A.R.Q.S.
295
296 Partie IV. Électromagnétisme
� �
— div(γE ) = 0 divE = 0 ρ = 0 . Un conducteur est neutre dans l’A.R.Q.S. Cette
M.G
neutralité permet de montrer (cf. le chapitre « Les équations de Maxwell ») que l’ex-
� � �
pression de la force de Laplace dFL = id ℓ ∧ B reste valable dans l’A.R.Q.S.
Épaisseur de peau
LB
D’après M.F, l’ordre de grandeur du champ électrique induit est E1 = O 0 .
T
�
M.A montre que le champ B1(M, t ) induit est cette fois-ci créé par les courants dans le
→ � �
conducteur : rot B1 ≃ µ0 γE1, ce qui entraîne B1 = O [µ0 γLE1] = O µ0 γL2B0 / T .
T �
Si L << , le champ propre B1(M, t ) créé par le conducteur est négligeable
µ0 γ
�
devant le champ B0 (M , t ) créé par le circuit extérieur (donc le phénomène d’auto-in-
duction est négligeable). En introduisant la pulsation ω = 2π / T , on définit l’épaisseur
2
de peau δ = .
µ0 γω
2
Si la dimension L caractéristique du conducteur vérifie L << δ = , où la
µ0 γω
longueur δ est appelée épaisseur de peau, le champ magnétique induit dans le con-
� �
ducteur est négligeable. Le champ B dans le conducteur est alors égal à B0 , champ
�
créé par les courants de densité J0 qu’on impose.
296
Chapitre 4. Électromagnétisme dans l’A.R.Q.S 297
�
charges ρ0 (P ) est la source de E0 (M ) en tout point M.
Par exemple, pour un condensateur plan à base circulaire de rayon R, d’axe Oz
� σ �
et d’épaisseur e << R , la solution est E0 (M ) = ez en tout point du vide à l’intérieur
ε0
du condensateur.
Si les charges de densité ρ0 (P, t ) gardent la même géométrie, mais sont
� �
maintenant variables, la solution consistant à remplacer le champ E0 (M ) par E0 (M, t )
devient une approximation de la solution exacte du problème (Approximation des
Régimes Quasi-Stationnaires : A.R.Q.S), puisque les équations de Maxwell, en un
point M du vide, sont modifiées en régime variable. Dans l’A.R.Q.S :
�
→ � � → � ∂B
M.F rot E 0 = 0 au lieu de rot E 0 = −
∂t .
�
M.G divE = 0
0
Par exemple, pour le condensateur dont les armatures sont connectées à un
� σ(t ) �
circuit dans lequel circule un courant i(t) variable, la solution E0 (M , t ) = ez à
ε0
l’intérieur des armatures, n’est plus qu’une approximation.
On conçoit que cette approximation sera d’autant meilleure que la fréquence
f = 1/ T caractéristique des fluctuations des charges est faible.
L’équation de Maxwell-Ampère montre qu’il y a désormais� en M apparition d’un
� → � 1 ∂E0
champ magnétique B1(M, t ) induit, tel que rot B1 = 2 .
c ∂t
Si L est la taille caractéristique du système, et E0 l’ordre de grandeur du champ
�
électrique E0 (M, t ) créé par les charges de densité volumique ρ0 (M , t ) , on peut
donner, grâce à l’équation de M.A, l’ordre de grandeur B1 du champ magnétique
�
→ � E LE
B1 1 ∂E0
induit : rot B1 = O , et 2 = O 20 B1 = O 2 0 .
L c ∂t c T c T
� �
Or le champ B1(M, t ) est lui-même source d’un champ électrique E1(M, t ) qui
�
� → � ∂B
s’ajoute à E0 (M, t ) , en vertu de l’équation de Maxwell-Faraday rot E = − .
∂t
� �
→ � � ∂B → � ∂B
( )
M.F donne ici rot E0 + E1 = − 1 , soit rot E1 = − 1 . On en déduit l’ordre
∂t ∂t
� LB LE2
de grandeur E1 de E1(M, t ) : E1 = O 1 = O 2 02 .
T c T
� �
Remarquons que E1(M, t ) est à son tour source de B2 (M , t ) d’après M.A, et
ainsi de suite, ce qui suggère que l’on puisse chercher la solution en régime
� � � �
E = E0 + E1 + E2 + ...
quelconque sous la forme de séries : � � �
B = B1 + B2 + ...
� �
E ≃ E0
Dans l’A.R.Q.S électrique on a � � . L’A.R.Q.S est donc valable dans le
B ≃ B1
297
298 Partie IV. Électromagnétisme
298
Chapitre 4. Électromagnétisme dans l’A.R.Q.S 299
G
divB1 = 0
G 1 dq
Il vérifie → G ∂E0 G , avec J (r , t ) = , en utilisant
rot B1 = ε0µ0 = µ0J (r , t )ez πR 2 dt
∂t
des coordonnées cylindriques d’axe Oz.
G G
La détermination de B1(M, t ) est analogue à celle d’un champ magnétique B
G G
créé par des courants de densité J (M, t ) = J0 (t )ez uniforme.
G
Le calcul de B a été fait dans le chapitre sur la magnétostatique, et donne :
G µ J r G G µ 0 dq G
B = 0 0 eθ B1 = r eθ .
2 2πR 2 dt
ε0 S ε πR 2
Le condensateur de capacité C = = 0 contient l’énergie électrique :
e e
ε 0 E0 2 3 ε q 2 (t ) q 2 (t ) 1 q 2 (t )e 1 q 2 (t )
Ue = 2
dV = 0
2 2 2
V = 2
2ε0 π R 4
πR 2e = =
2 ε0 πR 2 2 C
.
V πR ε0
G
Du fait de l’apparition de B1(M, t ) , il contient aussi une énergie magnétique :
R 2 2
B12 3 µ0 dq 2 µ e dq
Um = 2µ0
dV = 8 π2 4 dt
R
r 2πrdr e = 0
16 π dt
.
V r =0
2
Um ε 0 µ 0 1 d q 2
Ainsi = R .
Ue 8 q dt
Pour une charge sinusoïdale de période T, on a :
2π dq 2π 2π U R 2 R 2
q(t ) = q0 cos t = −q0 sin t , donc m = O = O et on
T dt T T Ue cT λ
retrouve la condition de validité de l’A.R.Q.S : Um << Ue si R << λ .
1 dq 1 dq d 1 e d 1 q2
p= 2 3
q S = 2 3
q 2πR e = 2
q2 = .
2 π ε0R dt 2 π ε0R dt dt 2 ε0 πR dt 2 C
d 1 q2
Le bilan énergétique prend donc la forme attendue p = : dans
dt 2 C
l’A.R.Q.S, la puissance électromagnétique reçue par le condensateur est stockée sous
1 q2
forme d’énergie électrique U e = .
2 C
299
300 Partie IV. Électromagnétisme
gie cinétique appliqué à l’électron libre, sur un tour, dans le référentiel du laboratoire
supposé galiléen, donne ∆Ec = Wchamp/e− + Wcristal/e− . Si Wchamp/e − = 0 , on a ∆Ec < 0 :
les électrons libres perdent de l’énergie à chaque tour, les courants ne peuvent être
que transitoires et finissent par s’annuler. Il faut donc pour avoir des courants établis
G →
v
que W = Wchamp/e− = q E ⋅ d OM ≠ 0 , donc que la circulation du champ électrique ne
γ
G →
On appelle force électromotrice (f.e.m) la circulation e = v E ⋅ d OM sur un contour
γ
300
Chapitre 4. Électromagnétisme dans l’A.R.Q.S 301
�
� → J → J JS dℓ dℓ
e= � E ⋅ d OM = � γ0
⋅ d OM = � γ0 dℓ = � γ0 S dℓ = � γ0 S i =i � γ0 S , puisque dans
γ γ γ γ γ γ
l’A.R.Q.S l’intensité i est la même en tout point de la spire. On reconnaît la résistance
dℓ
dR = du tronçon de spire de longueur dℓ .
γ0 S
� →
La définition de la f.e.m e = � E ⋅ d OM permet bien de retrouver la relation
γ
e = Ri pour un conducteur de résistance R soumis à la f.e.m e d’un générateur, e et i
étant orientés dans le même sens.
301
302 Partie IV. Électromagnétisme
302
Chapitre 4. Électromagnétisme dans l’A.R.Q.S 303
dΦ
de ce flux génère le long du contour la f.e.m e = − (loi de Faraday).
dt
Lenz précisa la loi de Faraday : « la f.e.m induite tend par ses conséquences à
s’opposer aux causes qui l’ont produites » (loi de Lenz).
La spire est parcourue par un courant, et comme elle est placée dans le champ
� � �
de l’aimant, elle subit des forces de Laplace dFL = i d ℓ ∧ B . En examinant ces forces
dans un plan méridien (plan contenant l’axe de la spire), on s’aperçoit que leur résul-
tante est portée par l’axe de la spire, et qu’en effet elle s’oppose au déplacement de
cette dernière.
303
304 Partie IV. Électromagnétisme
La loi de Lenz est une loi de modération due à la présence du signe « moins »
dans la loi de Faraday.
Le champ magnétique étant ici stationnaire, son flux à travers la spire ne dé-
pend que de la position de cette dernière, repérée par l’abscisse x.
dΦ dΦ dx dΦ
Comme = = v = f ( x ) v est proportionnelle à v, la f.e.m e, le cou-
dt dx dt dx
� � �
rant i et donc FL le sont également : FL = −λv , avec λ > 0 , est équivalente à une force
de frottement linéaire (mais avec λ qui dépend de x). L’apparition de cette force de
frottement dans un conducteur en mouvement auquel on applique un champ magné-
tique intense, constitue le principe du freinage électromagnétique.
304
Chapitre 4. Électromagnétisme dans l’A.R.Q.S 305
G G
B0 (t ) = B0 cos(ωt )ez uniforme.
Avec ces hypothèses, le problème pos-
sède la symétrie cylindrique : il y a invariance
par rotation autour de Oz et par translation se-
lon Oz.
On cherche à calculer les courants de
Foucault induits dans le conducteur, ainsi que
la puissance dissipée par effet Joule.
G
On suppose que le champ B1 induit est
G
négligeable devant B0 . Le champ magnétique
G G
total vaut donc B0 (t ) = B0 cos(ωt )ez en tout
point du vide ou du conducteur.
Ce champ dépendant du temps, on a apparition d’un champ électrique induit
G
E1(M, t ) , qui vérifie, aussi bien dans le vide que dans le conducteur (où l’on a ρ = 0
G
divE1 = 0
G
dans l’A.R.Q.S) : → G ∂B0 G . C’est le même système que celui
rot E1 = − = B0 ω sin(ωt )ez
∂t
régissant un champ magnétique créé par des densités volumiques de courants
G
G G divB = 0
J = Jez : → G G.
rot B = µ0 J
305
306 Partie IV. Électromagnétisme
� �
B(M, t ) = Bθ (r , θ, z, t )eθ . D étant invariante par toute rotation autour de Oz et par toute
� �
translation selon Oz, Bθ est indépendant de θ et de z : B(M, t ) = Bθ (r , t )eθ .
� �
On en déduit que le champ électrique induit est de la forme E1(M , t ) = E1θ (r , t )eθ
dans le problème étudié. Pour le calculer, on utilise la loi de Faraday :
� → d � �
�
e = E1 ⋅ d OM = −
dt
B0 ⋅ d2 S , qui est analogue au théorème d’Ampère :
γ S (γ)
�
→ � �
� B ⋅ d OM = µ0 J ⋅ d2 S .
γ S (γ)
d � � d � � d
−
dt B0 ⋅ d2 S = −
dt
(
B0 ⋅ S = −
dt
) ( )
B0 cos(ωt )πr 2 = B0 ω sin(ωt )πr 2 .
S (γ)
� 1 �
Finalement E1(M, t ) = B0ω sin(ωt )r eθ dans le conducteur et dans le vide. Dans
2
le conducteur, ce champ crée des courants de Foucault de densité volumique :
� � 1 �
J1(M, t ) = γ 0E1(M, t ) = γ 0B0 ω sin(ωt )r eθ .
2
La puissance moyenne reçue par les porteurs de
charges de la part du champ s’obtient par intégration sur
le volume V du conducteur : PJ = γ0 E12 d3V .
V
Comme la puissance volumique moyenne :
γ
γ 0 E12 = 0 B02ω2 sin2 (ωt ) r 2 ne dépend que de r, on
4 �����
1/2
peut intégrer sur une couronne cylindrique entre r et
r + dr , de volume 2πr dr ℓ et on obtient :
R
γ0 2 2 π
PJ =
8
B0 ω r 2 ⋅ 2πr dr ℓ =
16
γ 0B02ω2ℓR 4 .
r =0
Du fait de l’inertie thermique du conducteur, seule la puissance moyenne inter-
vient, et on atteint un régime stationnaire dans lequel toute la puissance moyenne
reçue est dissipée par effet Joule. C’est le principe du chauffage par induction.
306
Chapitre 4. Électromagnétisme dans l’A.R.Q.S 307
�
Il reste à chercher à quelle condition le champ magnétique propre B1 créé par
� �
les courants induits de densité J1 est bien négligeable devant B0 .
�
Pour calculer B1 , commençons par remarquer qu’une couronne cylindrique du
conducteur, comprise entre r ′ et r ′ + dr ′ , parcourue par des courants orthoradiaux de
� �
densité J1(M, t ) = J1(r ′, t ) eθ , est équivalente à un solénoïde de rayon r ′ . Le champ ma-
gnétique créé par un tel solénoïde est nul en tout point situé à l’extérieur du solénoïde,
donc à une distance r > r ′ de l’axe Oz.
En un point situé dans le vide ( r ≥ R ), donc à l’extérieur de tous ces solénoïdes,
�
le champ magnétique B1 est ainsi nul. En un point dans le conducteur ( r ≤ R ), le
champ magnétique est la somme de tous
les champs créés par les solénoïdes de
rayons r ′ > r , or ces champs sont portés
� �
par ez : B1 est donc, en négligeant les ef-
� �
fets de bord, de la forme B1 = B1(r , t )ez .
On peut calculer B1(r , t ) en appli-
quant le théorème d’Ampère sur le contour
rectangulaire γ = ABCD situé dans un plan
� →
méridien : � B1 ⋅ d OM = µ0iint .
γ
L’intensité iint s’obtient en sommant les di1 = J1(r ′, t )ℓdr ′ traversant le contour
R R
1
entre r ′ et r ′ + dr ′ : iint = J1(r ′, t )ℓdr ′ = 2
γ 0 ωB0 sin(ωt )ℓr ′dr ′ . On obtient :
r ′=r r ′= r
1
iint = γ 0 ω(R 2 − r 2 )ℓB0 sin(ωt ) .
4
� 1 �
On en déduit B1(r , t ) = µ0 γ 0 ω(R 2 − r 2 )B0 sin(ωt )ez . Le champ propre est maxi-
4
� 1 �
mal sur l’axe Oz où il vaut B1(0, t ) = µ0 γ 0 ωR 2B0 sin(ωt )ez .
4
� � 1
Finalement, B1 est négligeable devant B0 si son amplitude µ0 γ 0 ωR 2B0 est
4
1 2 2
très faible devant B0 , soit si µ0 γ 0 ωR 2 << 1 ⇔ R << = δ 2 , où δ =
4 µ0 γ 0 ω µ0 γ 0 ω
307
308 Partie IV. Électromagnétisme
est l’épaisseur de peau du conducteur. On retrouve bien le résultat obtenu au 1.3 par
analyse d’ordres de grandeur.
Même à 50 Hz, l’épaisseur de peau d’un bon conducteur est faible (de l’ordre
de 1 cm), ce qui fait qu’en pratique cette condition n’est pas vérifiée : le calcul de la
puissance dissipée par effet Joule mené ici ne s’applique pas aux chauffages par in-
duction.
308
Chapitre 4. Électromagnétisme dans l’A.R.Q.S 309
champ imposé est sinusoïdal, or les équations de Maxwell sont linéaires : après un
�
régime transitoire, B( x, t ) varie sinusoïdalement dans le temps en tout point du con-
� � � �
ducteur : B( x, t ) = b( x )cos [ ωt + ϕ( x )] = Re b( x )e [
i ωt +ϕ( x )]
= Re b( x )ei ϕ( x )ei ωt .
� �
� � � 3
� ∂ B2
∂B
Posons B( x, t ) = β( x )e , avec β( x ) ∈ C�. B( x, t ) est solution de
i ωt
= µ0 γ
∂x 2 ∂t
�
2
d β �
d’où 2
= i µ0 γωβ . On cherche des solutions de cette équation différentielle linéaire
dx
� �
du second ordre à coefficients constants sous la forme β( x ) = λe rx .
π
i
r est donc solution de l’équation caractéristique : r 2 = i µ0 γω = e 2 µ0 γω , d'où
π
i
4 1+ i 1+ i 2
r = ±e µ0 γω = ± µ0 γω = ± , où δ = est l’épaisseur de peau du con-
2 δ µ0 γω
� � � (1+ i ) x � −(1+ i ) x
ducteur. La forme la plus générale pour β( x ) est donc β( x ) = λ +e δ +λ e
−
δ , et
x x
� � � x i ωt + δ � − x i ωt − δ
pour le champ magnétique : B( x, t ) = β( x )e = λ + e δ e
i ωt + λ e δe
−
.
� � δ
repasse en réel pour obtenir B et E : .
x
� ω − x π�
E ( x, t ) = B0e cos ωt − + ey
δ
µ0 γ δ 4
Ces champs sont évanescents : leur amplitude décroît avec la profondeur dans
309
310 Partie IV. Électromagnétisme
de la fonction B0e − x / δ : la courbe est comprise entre les deux enveloppes ±B0e − x / δ ,
qu’elle touche tous les ∆x = 2πδ .
décroît avec γ. On prend souvent du fer ( γ = 9,96 ⋅ 106 S ⋅ m-1 ). Pour des champs ma-
gnétiques obtenus sur une table de cuisson de l’ordre de 3 mT et de fréquence 20 kHz,
on obtient pour un fond de casserole de 10 cm de rayon :
2π × 20 ⋅ 103
PJ ≃ −7 3 6
(3 ⋅ 10−3 )2 × π × (0,1)2 = 8 W , bien trop faible pour chauf-
8(4π ⋅ 10 ) × 9,96 ⋅ 10
fer rapidement un aliment. Il faut en réalité utiliser des matériaux ferromagnétiques
pour obtenir des puissances plus élevées.
310
Chapitre 4. Électromagnétisme dans l’A.R.Q.S 311
� �
Le système est placé dans un champ magnétique B = Bez vertical, uniforme et
constant.
On tient compte ici de l’inductance propre L du circuit, supposée constante (bien
que la géométrie du circuit varie du fait du déplacement de la barre), et d’une force de
� �
frottement fluide F = −λv s’exerçant sur la tige. On néglige en revanche tout frotte-
ment solide.
Établissement des équations
Commençons par établir l’équation électrique
du circuit. Comme la tige se déplace, la surface du cir-
� �
cuit varie ainsi que le flux Φ = B ⋅ S = Bax , en tenant
�
compte du fait que B est uniforme, et de l’orientation
de la surface, déduite de celle de γ par la règle du tire-
bouchon. Il apparaît donc dans le circuit une f.e.m don-
dΦ
née par la loi de Faraday e = − = −Baxɺ = −Bav . Le
dt
circuit équivalent est représenté ci-contre.
311
312 Partie IV. Électromagnétisme
di di
La loi des mailles fournit e + e0 = Ri + L , soit e0 − Bav = Ri + L (1) , équa-
dt dt
tion électrique.
La tige est soumise à son poids, compensé par la réaction normale des rails, à
� � � �
la force de frottement F = −λv , à la force appliquée F0 = F0ex , et à la force de Laplace
� B � � → �
�
FL = i d ℓ ∧ B = i AB ∧ B = iaBex . L’équation mécanique est obtenue en projetant sur
A
Ox le théorème du centre d’inertie appliqué à la tige dans le référentiel du laboratoire
dv
supposé galiléen : m = F0 − λv + iaB (2) , équation mécanique.
dt
Les équations (1) et (2) sont des équations différentielles linéaires couplées :
l’équation électrique (1) fait intervenir la vitesse v, grandeur mécanique, via la f.e.m
induite, et l’équation mécanique (2) fait intervenir l’intensité i, grandeur électrique, via
la force de Laplace. Il y a couplage électromécanique.
Bilan énergétique
�
C’est le champ magnétique B qui est à l’origine du couplage. Sans lui, pas de
f.e.m induite ni de force de Laplace.
Pour obtenir un bilan énergétique, on élimine B entre les deux équations, en
effectuant la combinaison linéaire i ⋅ (1) − v ⋅ (2) :
dv di
e0 i − Bavi − mv = Ri 2 + Li − F0v + λv 2 − iaBv , soit :
dt dt
e0 i + F0v = Ri 2 + λv 2
��������� ���
������ ������� �������
puissance électrique puissance électrique puissance dissipée puissance dissipée
fournie par le générateur fournie par l'opérateur par effet joule par frottement
d 1 2 d 1
+ Li + mv 2
dt 2 dt 2 �
������� ��� �����
puissance puissance
magnétique cinétique
312
Chapitre 4. Électromagnétisme dans l’A.R.Q.S 313
Cette relation reste vraie pour tout mouvement de conducteur dans un champ
magnétique stationnaire (induction de Lorentz), que ce soit un mouvement de transla-
tion ou de rotation.
— Si pL > 0 , les actions de Laplace sont motrices, mais alors ei < 0 : la puissance
fournie par le générateur de f.e.m e est négative, ce qui signifie que de la puissance
électrique est prélevée au circuit. On parle de fonctionnement moteur. Le rendement
p
de cette conversion est L = 1 .
−ei
— Si ei > 0 , le générateur de f.e.m e fournit de la puissance au circuit, mais alors
pL < 0 : les actions de Laplace sont résistantes et prélèvent de la puissance au sys-
tème mécanique (freinage). On parle de fonctionnement générateur. Le rendement de
ei
cette conversion est = 1.
− pL
Ces rendements sont unitaires lors de la conversion électrique → mécanique
et de la conversion mécanique → électrique, mais les pertes interviennent en amont
et en aval (résistance des circuits, frottements).
313
314 Partie IV. Électromagnétisme
L’aimant fixe crée un champ magnétique radial de norme B constante dans l’en-
trefer. Ce dernier est situé à une distance a de l’axe de symétrie Oz du système.
La membrane est solidaire d’une bobine constituée de N spires circulaires de
rayon a, de longueur totale ℓ 0 = N 2πa , d’inductance propre L et de résistance R.
La bobine peut coulisser sans frottement selon Oz autour du pôle nord central
de l’aimant. Un système de ressorts se comportant comme un ressort unique de rai-
deur k la relie à l’aimant. La résistance de l’air au déplacement de la membrane est
� � �
modélisée par une force F = −λv , où v est le vecteur vitesse de l’attelage {bobine,
membrane}. La force de la membrane sur l’air est donc, dans ce modèle simple, égale
� �
à l’opposée de la force de frottement F = −λv . On note m la masse de l’attelage.
Lorsqu’on soumet la bobine à une tension u, un courant d’intensité i circule dans
ses spires, et la force de Laplace met en mouvement l’attelage à la même fréquence
que la tension u appliquée, ce qui génère dans l’air une onde de même fréquence.
� � � � �
La force de Laplace vaut FL = i dℓeθ ∧ Ber = −
i dℓBez = −i ℓ 0Bez , le
bobine bobine
champ magnétique étant supposé de norme uniforme dans l’entrefer.
Commençons par établir l’équation mécanique en projetant sur Oz le théorème
du centre d’inertie appliqué à l’attelage dans le référentiel du laboratoire, galiléen :
dv
m = −kz − λv − i ℓ 0B (1) , équation mécanique
dt
dΦ
La loi de Faraday e = − ne permet pas ici de calculer la f.e.m induite dans
dt
le circuit car le champ magnétique n’est connu que sur la surface latérale de la bobine
(dans l’entrefer) et pas sur ses sections. On déduit plutôt e de la relation pL + ei = 0 :
FLv + ei = 0 −i ℓ 0Bv + ei = 0 e = ℓ 0Bv .
Le circuit équivalent est représenté ci-contre.
di
La loi des mailles fournit u = Ri + L − e ,
dt
di
soit u = Ri + L − ℓ 0Bv (2) , équation électrique.
dt
314
Chapitre 4. Électromagnétisme dans l’A.R.Q.S 315
ℓ 0 2B 2 m ℓ 2B 2
L0 parallèle, avec R0 = , C0 = 2 2 et L0 = 0 .
λ ℓ0 B k
Ces grandeurs électriques sont liées à des paramètres mécaniques (λ, m et k)
1
du fait du couplage. On constate que la pulsation de résonance ω0 = vaut
L0C0
aussi k / m : c’est la pulsation des oscillations non amorties de l’attelage de masse
m, soumis à la force de rappel des ressorts de raideur k.
315
316 Partie IV. Électromagnétisme
2 2
ui = Ri + λv . Ainsi, la puissance électrique ui fournie au haut-parleur n’est
pas entièrement convertie en puissance sonore, car une partie de cette puissance est
perdue par effet Joule. Le rendement électroacoustique du haut-parleur est :
λv 2 ui − Ri 2 Ri 2
ρ= = , soit ρ = 1 − .
ui ui ui
On calcule les deux valeurs moyennes à partir des grandeurs complexes.
Si i = I 2 cos ωt = Re(i ) , avec i = I 2e j ωt , et u = U 2 cos(ωt + ϕ) = Re(u ) ,
avec u = U 2e j ( ωt +ϕ) , on a ui = 2UI cos ωt ⋅ cos(ωt + ϕ) = UI [cos(2ωt + ϕ) + cos ϕ] ,
donc ui = UI cos ϕ .
∗ 1
On remarque que u i = 2UIe j ϕ , et donc que ui = Re(u i ∗ ) .
2
1 1 R
Ainsi i 2 = Re(i i ∗ ) = I 2 , et ui = Re(Zi i ∗ ) = Re(Z )I 2 d’où ρ = 1 − .
2 2 Re(Z )
Comme Z = R + jLω + Zm , on a Re(Z ) = R + Re(Zm ) . Calculons Rm :
�����
Rm
1
R0 1 − jR0 C0 ω −
1 R0 L0ω
Zm = = =
1 1 1 2
+ jC0 ω + 1 + jR0 C0 ω − 2 1
R0 jL0 ω 1 + R0 C0 ω −
L0ω L0 ω
316
Chapitre 4. Électromagnétisme dans l’A.R.Q.S 317
R0
Rm = 2
.
1
1 + R02 C0 ω −
L0ω
R 1
Le rendement ρ = 1 − = est maximal quand Rm est maximal,
R + Rm 1 + R
Rm
1 k 1
donc pour ω = ω0 = = . Le rendement maximal vaut ρmax = .
L0C0 m R
1+
R0
Pour ω → 0 et ω → ∞ , Rm → 0 ρ → 0 : le rendement du haut-parleur passe
1 k
par un maximum pour la fréquence f0 = .
2π m
Cette valeur est imposée par des constantes mécaniques (raideur des ressorts,
masse de la bobine et de la membrane). Idéalement, il faudrait un rendement « plat »
sur toute la plage de fréquences sonores pour restituer un son sans le filtrer. Comme
ce n’est pas le cas, on n’utilise que la partie « plate » de la courbe, c’est à-dire une
plage de fréquences qui se trouve haut-dessus de la fréquence de résonance.
Dans cette plage, malheureusement,
le rendement est très faible (quelques %).
Des filtres électroniques permettent
de n’envoyer au haut-parleur que cette
plage de fréquences.
En pratique, il faut plusieurs haut-par-
leurs électrodynamiques pour couvrir conve-
nablement le spectre sonore, souvent trois
(un « « boomer », ou « woofer », pour les
basses fréquences : 40 Hz - 300 Hz, un
« médium » pour les fréquences intermé-
diaires : 200 Hz -7 kHz, et un « tweeter » pour les hautes fréquences : 5 kHz – 20 kHz).
317
318 Partie IV. Électromagnétisme
Cette condition est réalisée avec les G.B.F dont la fréquence maximale délivrée
est souvent de 20 MHz. A contrario, pour montrer que les tensions aux deux extrémités
d’un câble coaxial ne sont pas en phase, et ainsi mesurer c, il faut utiliser une grande
longueur de câble, 100 m par exemple.
À des fréquences allant jusqu’à 10 MHz, la loi des nœuds et la loi des mailles
restent valables.
Conducteur ohmique
La loi d’Ohm u (t ) = Ri (t ) reste valable pour de
bons conducteurs jusqu’à de grandes fréquences, de
l’ordre de 1012 Hz .
En revanche, l’effet de peau se traduit pour les fils conducteurs par une aug-
mentation de la résistance avec la fréquence (les courants ne circulent plus que dans
la peau du conducteur ; la section traversée est donc plus faible).
Les constructeurs fournissent des conducteurs ohmiques dont les valeurs de
résistances sont normalisées et varient très peu, même pour des fréquences élevées.
Les résistances des fils de connexion étant souvent négligeables devant les
résistances de quelques kΩ utilisées dans les circuits, leur augmentation avec la fré-
quence est le plus souvent sans conséquence.
2
Le conducteur ohmique reçoit une puissance R [ i (t )] qui est perdue du point
de vue électrique. La puissance qui n’est pas évacuée sous forme de chaleur est égale
au taux de variation de l’énergie interne U du dipôle (la température du composant
augmente). En régime stationnaire thermique, U est constante, et toute la puissance
reçue est évacuée vers l’extérieur par effet Joule.
ℓ
Enfin, on a toujours dans l’A.R.Q.S, R = pour un conducteur rectiligne.
γS
Condensateur
Dans l’A.R.Q.S électrique, la tension entre les ar-
matures ainsi que leur charge varie dans le temps. Les
armatures portent toujours des charges opposées, et la
dq
relation u (t ) = q (t ) / C reste valable. Un courant i (t ) =
dt
peut faire varier la charge portée par une armature, et on obtient, en convention ré-
du
cepteur, la relation i (t ) = C .
dt
Un champ magnétique apparaît entre les armatures, mais l’énergie magnétique
reste négligeable devant l’énergie électrique : le condensateur emmagasine une
318
Chapitre 4. Électromagnétisme dans l’A.R.Q.S 319
1 2
énergie UC (t ) = C [ u (t )] .
2
On a toujours, dans l’A.R.Q.S, C = ε0 S / e pour un condensateur plan.
Bobinages
dΦ
Dans l’A.R.Q.S magnétique, il apparaît une f.e.m e = − non négligeable aux
dt
bornes d’un circuit comportant un nombre suffisant de bobinages.
Quand cette f.e.m correspond à de l’auto-induction, on a Φ = Li , et donc :
di
e = −L , avec i et e orientés dans le même sens (convention générateur).
dt
di
On retrouve donc la relation u = L en convention récepteur pour une bobine
dt
di
idéale, et u = L + ri pour une bobine de résistance r.
dt
319
320 Partie IV. Électromagnétisme
dS E −
R
t
E = RS + (L + M ) dt (1) + (2) S = + λe L + M
R
.
E = R D + (L − M ) d D (1) − (2)
R
E − t
dt D = + µe L − M
R
320
Chapitre 4. Électromagnétisme dans l’A.R.Q.S 321
1 1
L’énergie magnétique du système Um = L i1 2 + L i2 2 + M i1 i 2 étant une fonc-
2 2
dUm
tion continue du temps (la puissance magnétique ne peut pas être infinie), on
dt
en déduit que t ֏ i1(t ) et t ֏ i 2 (t ) sont continues, ainsi que t ֏ S(t ) et t ֏ D(t ) .
S(0 + ) = 0
On a donc les conditions initiales , ce qui permet de trouver les cons-
+
D(0 ) = 0
tantes d’intégration.
R R R
i1 = E 1 − 1 e L + M − 1 e L −M
− t − t − t
S = E 1 − e L + M
R R 2 2
On en déduit , puis .
E −
R
t E −
R
t −
R
t
D = 1 − e L − M i 2 = e L − M − e L + M
R 2R
Pour tracer les courbes représentant i1 et i2 en fonction du temps, on peut re-
R R
R R − t − t
marquer que, comme ≥ , e L −M décroît plus vite que e L + M : avec les
L−M L+M
conventions choisies, i 2 < 0 .
d i2 L2 − M 2 L + M
t0 tel que (t0 ) = 0 , soit, après calcul, pour t0 = ln .
dt 2MR L−M
E
i1 passe, quant à lui, de i1(0+ ) = 0 à i1(∞ ) = .
R
321
322 Partie IV. Électromagnétisme
Bilan énergétique
On peut établir un bilan de puissance en effectuant i1 ⋅ (1) + i2 ⋅ (2) :
d 1 2 1
Ei1 = R i12 + R i2 2
+ 2
L i1 + L i 2 + M i1 i2 .
dt 2 2
Um
Toute la puissance fournie par le générateur qui n’est pas dissipée par effet
Joule dans les deux circuits, est stockée sous forme magnétique.
Couplage parfait
Remarquons enfin que si on se place dans le cas d’école M = L (couplage par-
1 1 1
fait), on a Um = L i1 2 + L i 2 2 + L i1 i 2 = L( i1 + i 2 ) 2 .
2 2 2
La continuité de Um n’implique alors plus que celle de S = i1 + i2 .
dS
E = RS + 2L (1) + (2)
Après découplage, on aboutit cette fois-ci à dt
E = R D (1) − (2)
− t
R
− t
R
S = E 1 − e 2L i1 = E 1 − 1 e 2L
R , puis R 2
.
On en déduit
E R
− t
D = i 2 = − E e 2L
R 2R
Les courants ne sont plus continus à t = 0 et leur différence est constante pour
t > 0 . Ils sont représentés sur la figure précédente.
322
323
[CINQUIÈME PARTIE]
MÉCANIQUE
Les chapitres :
1. Révisions et compléments : mouvement d’un solide 325
2. Dynamique dans un référentiel non galiléen 345
3. Statique des fluides 381
4. Description d’un fluide en mouvement 397
5. Dynamique des fluides 417
6. Écoulements parfaits 455
7. Bilans macroscopiques 475
L’étude d’une tuyère et d’un turboréacteur menée au chapitre 7 sur les bilans
macroscopiques nécessite l’application du premier principe pour un écoulement
stationnaire à une dimension. Ce premier principe « industriel » est exposé dans la
sixième partie de ce livre, qui traite de la thermodynamique, page 537.
323
324
325
[MÉCANIQUE 1]
RÉVISIONS ET COMPLÉMENTS :
MOUVEMENT D’UN SOLIDE
1. THÉORÈMES GÉNÉRAUX POUR LES SYSTÈMES
DE POINTS MATÉRIELS
1.1 Théorème de la quantité de mouvement / Théorème du centre d’inertie
Étudions un système Σ de N points matériels Mi de masse mi , soumis à des
G G
forces extérieures Fext /i et à des forces intérieures F j / i , avec j ≠ i , dans un référen-
tiel R galiléen.
→ mi OMi →
→
défini par OG = i
⇔ m OG = mi OMi , en notant m = mi .
mi i i
325
326 Partie V. Mécanique
G G
p = mv (G ) : la quantité de mouvement de Σ par rapport à R , somme des quan-
G
tités de mouvement pi des N points matériels par rapport à R , est égale à celle du
centre d’inertie G affecté de la masse totale de Σ.
G G
En écrivant p = mv (G ) , on a aussi :
G G
ma(G ) = Fext : le mouvement de G dans R galiléen est celui d’un point matériel affecté
de la masse totale du système et soumis à la résultante des actions extérieures à Σ.
Ceci constitue le théorème du centre d’inertie.
326
Chapitre 1. Révisions et compléments : mouvement d’un solide 327
G → G → G G G
MOint = OMi ∧ Fj / i + OM j ∧ Fi / j , or, d’après la troisième loi de Newton, Fi / j = −Fj / i
i< j
→
et ces forces sont colinéaires à M j Mi . On a donc :
G → → G → G G
MOint = OMi − OM j ∧ Fj / i =
M M ∧ F = 0 .
j i j /i
i < j i < j
G
0
1 G → G →
entre t et t + dt : dEci = d mi v i 2 = Fext / i ⋅ dOMi +
2
Fj / i ⋅ dOMi .
j ≠i
cinétique de Σ par rapport à R , δWext et δWint les travaux, respectivement des ac-
tions extérieures et intérieures, sur Σ entre t et t + dt .
G → G → G →
On peut écrire δWint =
Fj / i ⋅ dOMi + F
N i / j ⋅ d OM j =
Fj / i ⋅ d M j Mi en utili-
i<j G i < j
− Fj / i
G G G
sant la troisième loi de Newton, qui permet aussi d’écrire Fj / i = Fj / i e j → i où e j → i est
→ →
M j Mi M j Mi → G
le vecteur unitaire = : M j Mi = rij e j → i . On a donc :
→ rij
M j Mi
G G F eG 2 dr + F r eG G G 2
δWint = Fj / i e j → i ⋅ d(rij e j → i ) =
j /i N
j →i ij j / i ij j → i
⋅ d e
j → i car e j → i = 1
i< j
i<j
1 0
G G G
puisque e j → i est unitaire, relation qui, une fois différenciée, donne 2 e j →i ⋅ de j → i = 0 .
327
328 Partie V. Mécanique
Cette propriété peut être mise à profit pour savoir si un œuf est cru ou s’il a été
cuit suffisamment pour être dur : on le fait tourner sur lui-même après l’avoir posé sur
une table.
Dans le référentiel de la table, le travail des actions intérieures est négligeable
pour l’œuf dur, que l’on peut assimiler à un solide : δWint = 0 ; il ne l’est pas pour l’œuf
cru dans lequel les forces visqueuses intérieures travaillent et dissipent de l’énergie.
L’œuf dur tourne plus longtemps car seuls les frottements avec la table et l’air le ra-
lentissent. Si on stoppe sa rotation en le bloquant brièvement avec un doigt, il ne se
remet pas à tourner alors que pour l’œuf cru, bien que la coquille soit à l’arrêt, le jaune
et le blanc continuent à tourner et provoquent la rotation de la coquille dès qu’on re-
lâche la pression, puis l’œuf s’arrête rapidement de tourner car on a toujours δWint < 0
du fait de la viscosité.
328
Chapitre 1. Révisions et compléments : mouvement d’un solide 329
� � �
s’écrit L∆ = LOz = ri eri ∧ mi ri ωeθi ⋅ ez = mi ri 2 ω .
i i
329
330 Partie V. Mécanique
ℓ /2 ℓ /2 3
2m ℓ 1 m
J∆ = r 2dm = µ r 2 dr =
3ℓ 2
=
12
mℓ2 où µ =
ℓ
est la masse linéique, uni-
− ℓ /2 − ℓ /2
forme, de la barre.
�
Le point M i est soumis à des forces extérieures Fext /i que l’on peut décompo-
� � � � �
ser en Fext / i = Fext ⊥ / i + Fext z / i ez , où Fext ⊥ /i est orthogonale à ez .
Le moment des actions extérieures au point de réduction O sur l’axe ∆, fixe par
� → � → → �
rapport à R, est MOext = OMi ∧ Fext / i = OHi + Hi Mi ∧ Fext / i .
i i
�
→ � � �
Comme OH i ∧ Fext / i est orthogonal à ez , la projection M∆ext de MOext sur ez ,
moment des actions extérieures par rapport à ∆, est indépendante du point O sur ∆ et
� � → � � � → � �
s’écrit M∆ext = MOext ⋅ ez = Hi Mi ∧ ( Fext ⊥ / i + Fext z / i ez ) ⋅ ez = Hi Mi ∧ Fext ⊥ / i ⋅ ez
i i
→ � �
puisque Hi Mi ∧ Fext z / i ez est orthogonal à ez . On a finalement :
� � � �
M∆ext =
ri eri ∧ ( Fext r / i eri + Fext θ / i eθi ) ⋅ ez =
ri Fext θ / i .
i i
� � F d
Si on note α i l’angle ( eri , Fext ⊥ / i ), on a sin α i = �ext θ / i et sin α i = i où di
Fext ⊥ / i ri
�
est la distance entre l’axe de rotation et la droite d’action Di de Fext ⊥ / i passant par
�
M i et qui a la direction de Fext ⊥ / i . La distance di est appelée bras de levier.
�
On a donc M∆ext =
εi di Fext ⊥ / i , avec εi = ±1 . Le signe de εi est le même
i
que celui de Fext θ / i , et donc de sin α i , l’angle α i étant orienté dans le sens du tire-
bouchon.
330
Chapitre 1. Révisions et compléments : mouvement d’un solide 331
par cet axe. Dans les deux cas elle n’a aucun effet sur la rotation de Σ autour de ∆.
G G
On constate également que le moment MOz = d ⋅ F⊥ d’une force F⊥ de norme
donnée augmente avec le bras de levier d.
Prenons l’exemple d’une tenaille qui serre un objet. Un des leviers de la tenaille
étant fixé, l’autre levier peut tourner autour d’un axe ∆. Ce levier subit une force de
G
norme F0 exercée par l’opérateur, avec un bras de levier a, ainsi que la force F exer-
cée par l’objet, de norme F et de bras de levier b. Ces forces étant supposées ortho-
G G
radiales, on a à l’équilibre F0a = Fb , donc la force F ′ = −F exercée par le levier étudié
a a
sur l’objet a pour norme F ′ = F = F0 . Avec par exemple un rapport = 4 , on obtient
b b
une force F ′ quatre fois plus intense que celle exercée par l’opérateur.
C’est aussi le principe de la brouette : en exerçant des forces modérées sur les
poignées placées aux extrémités de deux longs brancards, on peut compenser le mo-
ment du poids de la brouette lourdement chargée lors de la rotation autour de l’axe ∆
orthogonal au plan médiateur de la brouette et passant par le point de contact entre le
331
332 Partie V. Mécanique
G
sol et la roue. Le moment par rapport à ∆ de la réaction R du sol est quant à lui nul si
on suppose que le contact avec la roue est ponctuel.
1 1
L’énergie cinétique de Σ s’écrit Ec =
2
mi v i 2 = 2 mi ri 2 ω2 .
i i
1
L’énergie cinétique de Σ en rotation autour de l’axe fixe ∆ est Ec = J ∆ ω2 .
2
Le travail des actions intérieures s’appliquant sur un solide Σ est nul, celui des
actions extérieures vaut :
G →
G G
δWext = Fext / i ⋅ dOMi = Fext / i ⋅ v i dt = [Fext θ / i ⋅ ri ωdt ] = ri Fext θ / i ωdt , or
i i i i
G G G G G G
ri Fext θ / i = MOext ⋅ ez , donc δWext = MOext ⋅ ωez dt = MOext ⋅ ωdt
i
332
Chapitre 1. Révisions et compléments : mouvement d’un solide 333
Deux solides Σ et Σ′ sont en liaison pivot s’il existe une droite ∆ de points de Σ
qui restent constamment confondus avec des points de Σ′ .
Les surfaces de liaison entre les deux solides sont des surfaces de révolution
autour de ∆ , mais non cylindriques, qui permettent la rotation relative de Σ par rapport
à Σ′ autour de ∆, mais pas la translation le long de ∆.
Dans le cas d’une liaison pivot idéale (sans frottement), les réactions surfa-
ciques de Σ′ sur Σ sont normales aux surfaces élémentaires de liaison, donc elles
n’ont pas de composante orthoradiale (elles passent par ∆ ou lui sont parallèles).
En conséquence :
Le moment par rapport à ∆ des actions de contact entre deux solides en liaison pivot
idéale sont nulles. Ces actions de contact ne travaillent donc pas. En revanche, la
résultante de ces actions n’est pas nécessairement nulle.
333
334 Partie V. Mécanique
Couple
Un couple est un ensemble de forces dont la résultante est nulle, mais dont le
moment résultant par rapport à ∆ ne l’est pas.
degré de liberté x θ
vitesse linéaire v = xɺ angulaire ω = θɺ
inertie masse m moment d’inertie J ∆
1 1
énergie cinétique Ec = mv 2 Ec = J ∆ ω2
2 2
puissance des actions ex-
pext = Fext ⋅ v pext = M∆ext ⋅ ω
térieures
théorème du centre théorème du moment ci-
équation du mouvement dv dω
d’inertie m = Fext nétique J ∆ = M∆ext
dt dt
334
Chapitre 1. Révisions et compléments : mouvement d’un solide 335
Le bras de levier du poids est égal à a sin θ . Le moment du poids par rapport à
∆ étant négatif, il vaut M∆pesanteur = −mga sin θ .
�
La résultante des actions de contact du bâti sur Σ est notée R , son moment
résultant par rapport à ∆ est nul puisque la liaison pivot est idéale : M∆contact = 0 .
Le théorème du moment cinétique en projection sur ∆ appliqué à Σ dans R
mga
θ = −mga sin θ , soit ɺɺ
fournit J ∆ ɺɺ θ + ω02 sin θ = 0 avec ω0 = .
J∆
On obtient la même équation en écrivant que l’énergie mécanique de Σ dans R
se conserve en l’absence de frottements. La seule énergie potentielle est celle de pe-
santeur puisque les actions de contact ne travaillent pas :
1
Ep = Ep pesanteur = −mgx = −mga cos θ . On a donc Em = Ec + Ep = J ∆ θɺ 2 − mga cos θ ,
2
et on obtient en dérivant par rapport au temps : 0 = θɺ J ∆ ɺɺ
θ + mga sin θ , c’est-à-dire
l’équation du mouvement, une fois écartée la solution parasite θɺ = 0 , qui correspond
à l’équilibre ( θ = Cte ).
Une position d’équilibre est telle que si on place le pendule sans vitesse initiale
dans cette position, il y reste indéfiniment. Le moment des actions extérieures doit
donc être nul dans cette position : sin θ = 0 . On a bien alors ɺɺ
θ = 0 θɺ = θɺ = 0 , donc
0
θ = Cte . Il existe donc, dans le cas du pendule pesant, deux positions d’équilibre, θ = 0
et θ = π .
La première correspond à un mimimum de l’énergie potentielle Ep = −mga cos θ
et est donc stable, la seconde à un maximum et est donc instable. On retrouve la
stabilité d’une position d’équilibre θ = θéq en perturbant cet équilibre, c’est-à-dire en
posant θ(t ) = θéq + ε(t ) , où t ֏ ε(t ) , t ֏ εɺ (t ) et t ֏ ɺεɺ(t ) sont considérés comme des
infiniment petits du premier ordre. On effectue le développement au premier ordre de
l’équation du mouvement afin de conclure (l’équilibre est stable si les solutions t ֏ ε(t )
335
336 Partie V. Mécanique
sont bornées, instable dans le cas contraire). Pour la position θéq = 0 , on obtient :
ɺɺε + ω02ε = 0 . La position d’équilibre θéq = 0 est donc stable, et les petits mouvements
mga
autour de cette position sont sinusoïdaux, de pulsation ω0 = . Au contraire,
J∆
puisque sin( π + ε ) = − sin ε , la position d’équilibre θéq = π est instable puisque t ֏ ε(t )
est régie par ɺɺε − ω02ε = 0 dont les solutions ε = Ae −ω0t + Be +ω0t ne sont pas bornées
(l’approximation « ε est infiniment petit » n’est vraie que sur une durée au-delà de la-
quelle la solution trouvée n’est plus convenable).
Le tracé de la courbe représentative de θ ֏ Ep (θ) permet, comme pour tout
mouvement conservatif à un degré de liberté, de discuter le mouvement selon l’énergie
mécanique du système (fixée dès qu’on se donne des conditions initiales).
— Pour −mga ≤ Em1 ≤ mga , le mouvement se fait dans la cuvette de potentiel corres-
pondant à −θmax ≤ θ ≤ θmax , avec Ep (θmax ) = Em1 .
En effet, les positions telles que θmax < θ ≤ π sont interdites car pour ces posi-
tions, l’énergie cinétique du pendule, Ec = Em1 − Ep (θ) , serait négative. Le pendule os-
cille autour de θ = 0 , mais les oscillations ne sont pas a priori sinusoïdales.
Elles ne le sont que dans le cas particulier où Em1 = −mga + η , l’énergie η étant
telle que 0 ≤ η << mga . Ce cas correspond à des petits mouvements autour de la po-
sition d’équilibre stable, tels que θmax est suffisamment petit pour qu’on puisse utiliser
2π
le développement limité à l’ordre 1 : sin θ ≃ θ . La période du pendule T0 = est alors
ω0
indépendant de l’angle θmax . On dit qu’il y a isochronisme des oscillations, et dans ces
conditions, même si le pendule est légèrement amorti, la période reste constante, ce
qui permet de fonctionnement des pendules à balancier.
336
Chapitre 1. Révisions et compléments : mouvement d’un solide 337
— Pour Em2 > mga , le mouvement n’est pas borné, le pendule n’oscille plus, mais
effectue des tours complets, ou révolutions, autour de ∆, la vitesse angulaire ne chan-
geant plus de signe. On obtient ces révolutions par exemple en lançant le pendule à
partir de θ = 0 , avec une vitesse angulaire θɺ > 0 telle que :
0
1
Em = Em (t = 0) = Ec (t = 0) + Ep (t = 0) = J ∆ θɺ 02 − mga > mga , soit pour θɺ 0 > 2ω0 .
2
Revenons au cas où −mga ≤ Em ≤ mga et cherchons à déterminer la période
des oscillations. L’énergie mécanique du pendule se conserve :
1
Em = J ∆ θɺ 2 − mga cos θ = −mga cos θmax . On en déduit :
2
2
dθ mga 2
dt = 2 J ( cos θ − cos θmax ) = 2ω0 ( cos θ − cos θmax ) (1) . Lorsque θ passe de 0 à
∆
θmax , il s’écoule un quart de période. Effectuons un changement de variable : θ est
θ θ
remplacé par ϕ défini par sin = sin max sin ϕ . Le changement de variable pré-
2
2
π
conisé est alors valable car il y a une bijection entre θ et ϕ qui varie de 0 à . La
2
2
dθ θ θ
relation (1) devient = 4ω02 sin2 max (1 − sin2 ϕ) = 4ω02 sin2 max cos2 ϕ , en
d
t 2 2
θ dθ
utilisant cos θ = 1 − 2 sin2 , et, puisque est positif sur le quart de période consi-
2 dt
dθ θ dθ
déré : = 2ω0 sin max cos ϕ (2) . Il reste à exprimer en fonction de ϕ et de ses
dt 2 dt
θ θ
dérivées temporelles. Prenons pour cela la différentielle de sin = sin max sin ϕ :
2
2
θ
2 sin max cos ϕ
θ dθ θ dθ 2 dϕ θ
cos = sin max cos ϕdϕ dt = (3) car cos ,
2
2 2 θ d t 2
1 − sin2 max sin2 ϕ
2
θ θ θ
positif, peut s’écrire cos = 1 − sin2 = 1 − sin2 max sin2 ϕ . Nous pouvons
2
2
2
dθ
maintenant éliminer entre (2) et (3) :
dt
π /2
1 dϕ 4 dϕ
dt =
ω0 2 θmax
2
, d’où T =
ω0 2 θmax
2
. Cette inté-
1 − sin 0
sin ϕ 1 − sin sin ϕ
2 2
grale, appelée intégrale elliptique, n’est pas calculable analytiquement.
337
338 Partie V. Mécanique
π θ π
Cependant, si θmax est inférieur à , on a sin2 max ≤ sin2 = 0,25 , or,
3 2 6
1
même pour cette valeur, (1 − 0,25)−1/2 ≃ 1,155 est peu différent de 1 + 0,25 ≃ 1,125
2
−1/2
θ 2 1 2 θmax 2
ce qui justifie qu’on utilise 1 − sin2 max sin ϕ ≃ 1+ sin sin ϕ , c’est-
2 2 2
−1/2
à-dire le développement limité de [1 − X ] à l’ordre 1 en X = 0 :
π /2 π/ 2
4 dϕ 4 1 2
2 θmax
T =
ω0 θ 2
≃
ω0 1 + 2 sin 2 sin ϕ dϕ . On obtient :
0 1 − sin2 max sin ϕ
0
2
338
Chapitre 1. Révisions et compléments : mouvement d’un solide 339
ɺɺ C
θ + ω02θ = 0 d’un oscillateur harmonique, avec ω0 = .
J∆
En présence de frottements fluides, il faut rajouter un couple dont le moment
est supposé varier linéairement avec la vitesse angulaire de Σ :
M = −βω = −βθɺ . L’équation du mouvement devient :
∆frottements
J ∆ɺɺ
θ = −C θ − βθɺ . On peut compléter le tableau des analogies avec un solide en tran-
slation soumis à l’action d’un ressort et de frottements fluides linéaires :
339
340 Partie V. Mécanique
mga mga + 2C
Les pulsations propres sont ω+ = et ω− = .
J∆ J∆
S = θ1 + θ2 = 2 A+ cos(ω+ t + ϕ+ )
On a donc , d’où :
D = θ1 − θ2 = 2 A− cos(ω−t + ϕ− )
S +D
θ1 = 2 = A+ cos(ω+ t + ϕ+ ) + A− cos(ω−t + ϕ− )
.
θ = S − D = A cos(ω t + ϕ ) − A cos(ω t + ϕ )
2 2
+ + + − − −
340
Chapitre 1. Révisions et compléments : mouvement d’un solide 341
mga
identiques indépendants de pulsation ω+ = .
J∆
D’autres conditions initiales particulières, par exemple θ1(0) = α , θ2 (0) = −α ,
θɺ 1(0) = 0 et θɺ 2 (0) = 0 , permettent d’obtenir θ1(t ) = −θ2 (t ) = α cos(ω−t ) . La pulsation
propre ω− correspond au mode propre antisymétrique où les deux barres oscillent si-
nusoïdalement à la même pulsation, en opposition de phase et avec la même ampli-
tude. On peut remarquer que la grande torsion initiale du fil ramène plus vite les oscil-
lateurs vers leur position d’équilibre que pour le mode symétrique : ω− > ω+ .
α = A+ cos ϕ+ + A− cos ϕ−
ɺθ (0) = 0 . On obtient 0 = A+ cos ϕ+ − A− cos ϕ− A+ sin ϕ+ = 0
2 , d’où .
0 = − A+ ω+ sin ϕ+ − A−ω− sin ϕ− A− sin ϕ− = 0
0 = − A ω sin ϕ + A ω sin ϕ
+ + + − − −
A + A− = α
Avec ϕ+ = ϕ− = 0 , les deux premières équations deviennent + , d’où
A+ − A− = 0
α α α
A+ = A− = . Ainsi θ1 = [cos(ω+t ) + cos(ω−t )] et θ2 = [cos(ω+t ) − cos(ω−t )] : le
2 2 2
système est dans une combinaison linéaire des deux modes propres.
On peut écrire les solutions sous la forme :
ω + ω− ω − ω+ ω + ω− ω − ω+
θ1 = α cos + t cos − t et θ2 = α sin + t sin − t .
2 2 2 2
Tout se passe comme si les oscillations étaient sinusoïdales, de pulsation
ω + ω− ω − ω+
moyenne ω0 = + , mais dont l’amplitude varie à la pulsation ωenv = − .
2 2
Si le couplage est faible (C << mga ), on a :
mga + 2C mga 2C C C
ω− = = ⋅ 1+ ≃ ω+ 1 + = ω+ (1 + k ) , avec k = << 1 ,
J∆ J∆ mga mga mga
ω+ + ω− mga ω − ω+ k
d’où ω0 = ≃ ω+ = et ωenv = − ≃ ω0 . On en déduit :
2 J∆ 2 2
kω t kω t
θ1 = α cos(ω0t )cos 0 , et θ2 = α sin(ω0t )sin 0 .
2 2
341
342 Partie V. Mécanique
2π
θ1(t ) est donc le produit de la fonction t ֏ cos(ω0t ) de période T0 = par la
ω0
kω t 4π 2T
fonction t ֏ α cos 0 , de période Tenv = = 0 >> T0 , et dont la courbe re-
2 k ω0 k
présentative joue donc le rôle d’enveloppe de la courbe représentative de t ֏ θ1(t ) . Il
kω t
en est de même pour t ֏ θ2 (t ) , son enveloppe d’équation t ֏ α sin 0 se trou-
2
vant en quadrature de phase avec celle de θ1(t ) . On a donc un phénomène de batte-
Tenv T0
ments pour les deux pendules, de période Tbatt = = .
2 k
1
On peut vérifier que la valeur de l’énergie Emi = J ∆ θɺ i 2 − mga cos θi du pendule
2
2π
i ( i ∈ {1,2} ) à la date t, moyennée sur une pseudo-période T0 = , est proportionnelle
ω0
kω t kω t
au carré de l’amplitude α cos 0 ou α sin 0 des oscillations. L’énergie totale
2 2
du système est constante en l’absence de frottement, et est égale à l’énergie des deux
oscillateurs puisqu’on néglige l’énergie potentielle de torsion, le couplage étant faible.
On retrouve bien le fait que lorsque l’amplitude des oscillations d’un des pendules est
maximale, elle est minimale pour l’autre (transfert d’énergie par le fil de torsion).
342
Chapitre 1. Révisions et compléments : mouvement d’un solide 343
2.7 Modes propres des oscillations de trois disques couplés par torsion
Trois disques identiques homogènes de centres
respectifs O1 , O2 et O3 ont leur axe commun vertical ∆
constitué de quatre fils de torsion A1O1 , O1O2 , O2O3 et
O3 A2 , de même constante de torsion C. On repère la
position des disques grâce aux angles θ1 , θ2 et θ3 dont
ils ont tourné autour de ∆ par rapport à leur position
d’équilibre dans laquelle aucun fil n’est tordu. On note J ∆
le moment d’inertie d’un disque par rapport à l’axe ∆.
Le disque de centre O1 est soumis au couple de
torsion du fil A1O1 de moment −Cθ1 et au couple de tor-
sion du fil O1O2 de moment −C(θ1 − θ2 ) (ce moment est
bien un moment de rappel si on bloque θ2 à la valeur θ2 = 0 , et est nul si θ1 = θ2 ).
Le disque de centre O2 est soumis au couple de torsion du fil O1O2 de moment
−C(θ2 − θ1) et au couple de torsion du fil O2O3 de moment −C (θ2 − θ3 ) .
Le disque de centre O3 est soumis au couple de torsion du fil O2O3 de moment
−C (θ3 − θ2 ) et au couple de torsion du fil O3 A2 de moment −Cθ3 .
En appliquant à chaque disque le théorème du moment cinétique par rapport à
J ∆ ɺɺθ1 = −Cθ1 − C(θ1 − θ2 ) ɺɺ
θ = −2ω02θ1 + ω02θ2
ɺɺ 1
l’axe ∆, on obtient J ∆ θ2 = −C(θ2 − θ1) − C(θ2 − θ3 ) , soit ɺɺθ2 = ω02θ1 − 2ω02θ2 + ω02θ3 ,
ɺɺ ɺɺ 2 2
J ∆ θ3 = −C(θ3 − θ2 ) − Cθ3 θ3 = ω0 θ2 − 2ω0 θ3
C
en posant ω0 = .
J∆
Les modes propres du système correspondent à des oscillations sinusoïdales
des trois disques à la même pulsation. On peut donc se placer en notation complexe
et rechercher des solutions du système d’équations différentielles couplées précédent
de la forme θ1 = Θ1e i ωt , θ2 = Θ2e i ωt et θ3 = Θ3e i ωt . On a alors :
2ω 2 − ω2 Θ − ω 2 Θ = 0
0 1 0 2
−ω0 Θ1 + 2ω0 − ω Θ2 − ω0 Θ3 = 0 .
2 2 2 2
−ω02 Θ2 + 2ω02 − ω2 Θ3 = 0
Il n’existe des solutions non nulles pour les amplitudes complexes Θ1 , Θ2 et
Θ3 que si le déterminant du système est nul, soit :
343
344 Partie V. Mécanique
2ω02 − ω2 −ω02 0
2 2 2
−ω0 2ω0 − ω −ω02 = 0 . La pulsation ω est donc solution de l’équation
2 2 2
0 −ω0 2ω0 − ω
3
2ω02 − ω2 − 2ω04 2ω02 − ω2 = (2ω02 − ω2 )(ω4 − 4ω02ω2 + 2ω04 ) = 0 dont les ra-
cines positives sont ωa = ω0 2 , ωb = ω0 2 + 2 et ωc = ω0 2 − 2 .
On résout le système d’équations reliant Θ1 , Θ2 et Θ3 pour chaque pulsation
propre :
— pour le mode propre « a » : ω2 = 2ω02 . On a alors :
−ω02 Θ2 = 0
2 2
−ω0 Θ1 − ω0 Θ3 = 0 , d’où Θ2 = 0 et Θ3 = −Θ1 . Le disque du milieu reste immobile
2
−ω0 Θ2 = 0
alors que les deux autres subissent des oscillations de même amplitude, mais en op-
position de phase.
− 2 Θ1 − Θ2 = 0
( )
— pour le mode propre « b » : ω2 = 2 + 2 ω02 . On a alors −Θ1 − 2 Θ2 − Θ3 = 0 ,
−Θ2 − 2 Θ3 = 0
344
345
[MÉCANIQUE 2]
DYNAMIQUE DANS UN
RÉFÉRENTIEL NON GALILÉEN
Même s’il n’est pas galiléen, il peut être intéressant de se placer dans un réfé-
rentiel R ′ dans lequel le mouvement d’un point matériel est simple, ou dans lequel
l’observateur est fixe. Les vecteurs position, vitesse et accélération sont exprimés dans
R ′ . Il est alors nécessaire de changer de référentiel, c’est-à-dire de calculer ces gran-
deurs dans un référentiel R galiléen, afin de pouvoir appliquer au point matériel le
principe fondamental de la dynamique.
1. CHANGEMENT DE RÉFÉRENTIEL
1.1 Repère et référentiel
Un repère de temps est constitué d’une origine et d’une unité de mesure cons-
tante. Un événement est repéré par la durée t (en seconde) qui le sépare de l’évène-
ment origine.
345
346 Partie V. Mécanique
G
G → du G G
Ainsi, pour tout vecteur u = AB fixe dans R ′ , on a = ω ∧ u . Le vecteur
dt R
G G G
ωR ′ / R = ω = ω(t ) est appelé vecteur rotation instantané de R ′ par rapport à R .
G
du G G
Comme = v (B ) − v ( A) , les vitesses dans R de deux points A et B du
d t R
G G G → G G
solide R ′ sont liées par la relation v (B ) = v ( A) + ω ∧ AB , avec ω = ωR ′ / R .
3
G G
Si u (t ) = ui (t )ei′ est un vecteur mobile dans R ′ , on a :
i =1
G 3 3 G G
du dui G de′ du G G
=
dt R
d
ei′ + ui i =
d d + ω ∧ u . On obtient :
i =1 R
i =1
t t t R
G G
ω∧ ei′
G G
du du G G
dt = + ω ∧ u (formule de dérivation vectorielle).
R dt R ′
346
Chapitre 2. Dynamique dans un référentiel non galiléen 347
G
La formule de dérivation vectorielle appliquée à ω donne :
G G G G
dω dω G G dω dω G
dt = d t + ωN ∧ω= = : la dérivée temporelle de ω est la même
R R ′ G
0 dt R ′ dt
dans R et R ′ . D’autre part, si un solide R ′′ est lui-même en mouvement par rapport
G
à R ′ avec un vecteur rotation instantané ωR ′′ / R ′ , son vecteur rotation instantané par
G G G
rapport à R vérifie ωR ′′ / R = ωR ′′ / R ′ + ωR ′ / R (composition des vecteurs rotation).
347
348 Partie V. Mécanique
— Le référentiel de Copernic RC est constitué d’un repère dont l’origine est le centre
d’inertie C du système solaire, et dont les axes pointent vers trois étoiles fixes, et d’un
repère de temps.
— Le référentiel héliocentrique RS (ou de Képler) est constitué d’un repère dont l’ori-
gine est le centre d’inertie S du Soleil, et qui est en translation par rapport à RC , et
d’un repère de temps.
— Le référentiel géocentrique Rg est constitué d’un repère dont l’origine est le centre
d’inertie T de la Terre, et qui est en translation par rapport à RC , et d’un repère de
temps. T décrivant une trajectoire elliptique par rapport à RC , le repère de Rg est en
translation elliptique par rapport à celui de RC . Par abus de langage, nous confon-
drons repère et référentiel et nous dirons que Rg est en translation elliptique par rap-
port à RC .
On a donc :
G G G G
v a (M ) = v r (M ) + v e (M ) , où v a (M ) est la vitesse absolue de M (vitesse de M par rapport
G
à R ), v r (M ) la vitesse relative de M (vitesse de M par rapport à R ′ ), et
G G
v e (M ) = v a (O′) la vitesse d’entraînement de M.
348
Chapitre 2. Dynamique dans un référentiel non galiléen 349
G G G G
aa (M ) = ar (M ) + ae (M ) , où aa (M ) est l’accélération absolue de M (accélération
G
de M par rapport à R ), ar (M ) l’accélération relative de M (accélération de M par rap-
G G
port à R ′ ), et ae (M ) = aa (O′) l’accélération d’entraînement de M.
Dans le cas où R ′ est en translation par rapport à R , tous les points fixes de
G G G
R ′ ont la même accélération par rapport à R , donc ae (M ) = aa (M ∗ ) = aa (O′) . Ainsi
G
ae (M ) est l’accélération par rapport à R du point coïncidant M ∗ .
349
350 Partie V. Mécanique
On a donc :
�
de′x � � � � �
� � � = −θɺ sin θex + θɺ cos θey = θɺ ey′ = θɺ ez ∧ e′x
ex′ = cos θex + sin θey dt R
� � � � .
ey′ = − sin θex + cos θey dey′ = −θɺ cos θe� − θɺ sin θe� = −θɺ e�′ = θɺ e� ∧ e�′
dt x y x z y
R
� � � �
Soit maintenant u = x ′(t ) e′x + y ′(t ) ey′ + z′(t ) ez une fonction vectorielle du temps.
On peut exprimer sa dérivée temporelle dans R ′ comme dans R :
�
du � � � � � �
dt = xɺ ′e′x + yɺ ′ey′ + zɺ ′ez puisque (ex′ , ey′ , ez ) sont fixes dans R ′ .
R ′
� � �
du � � � de′x dey′
dt = xɺ ′e′x + yɺ ′ey′ + zɺ ′ez + x ′ dt + y ′ dt
R R R
� � .
du ɺ � � � � d u � �
= + θez ∧ x ′e′x + y ′ey′ + z′ez = dt + ω ∧ u
dt R ′ R ′
� � �
On reconnait la formule de dérivation vectorielle, avec ω = ωR ′ / R = θɺ ez .
350
Chapitre 2. Dynamique dans un référentiel non galiléen 351
� � � �
v a (M ) = v r (M ) + v e (M ) , où v a (M ) est la vitesse absolue de M (vitesse de M par
�
rapport à R ), v r (M ) la vitesse relative de M (vitesse de M par rapport à R ′ ), et
� � →
v e (M ) = ω ∧ OM la vitesse d’entraînement de M.
�
v e (M ) est la vitesse par rapport à R du point M ∗ qui coïncide avec le point M
→
� � �
à l’instant t, mais qui est fixe par rapport à R ′ : v e (M ) = v a (M ∗ ) = ω ∧ OM ∗ .
351
352 Partie V. Mécanique
G G
→ → → →
G G G G →
ω ∧ ω ∧ OM ∗ = ω (ω ⋅ OM ∗ ) − ω2 OM ∗ = ω (ω ⋅ OH ) − ω2 OM ∗
→ →
→
= ω2 OH − ω2 OM ∗ = −ω2 HM ∗
→ → → G
G dω dω G →
On a en effet OM ∗ = OH + HM ∗ or ω et = ez sont colinéaires à OH et
dt dt
→
orthogonaux à HM ∗ .
→ G →
G G dω
On trouve ae (M ) = aa (M ∗ ) = −ω2 HM ∗ + ∧ HM ∗ dont on peut vérifier que c’est
dt
bien l’accélération d’un point décrivant dans R un cercle d’axe Oz et de rayon HM ∗ .
Il est inutile de mémoriser cette formule puisqu’on retrouve facilement l’accélération
d’un point matériel en mouvement circulaire dans R .
G G G G G
aa (M ) = ar (M ) + ae (M ) + ac (M ) , où aa (M ) est l’accélération absolue de M (ac-
G
célération de M par rapport à R ), ar (M ) l’accélération relative de M (accélération de
G G
M par rapport à R ′ ), ae (M ) = aa (M ∗ ) l’accélération d’entraînement de M, accélération
par rapport à R du point M ∗ qui coïncide avec le point M à l’instant t, mais qui est
fixe par rapport à R ′ (et qui décrit donc un cercle autour de Oz à la vitesse angulaire
ω).
G G G
On appelle accélération de Coriolis ac (M ) = 2ω ∧ v r (M ) le terme supplémen-
taire.
352
Chapitre 2. Dynamique dans un référentiel non galiléen 353
G G →
rectiligne uniforme par rapport à Rgal : v (M )/ Rgal = v a (M ) = Cte
G G G G
Dans un autre référentiel R , on a v r (M ) = v (M )/ R = v a (M ) − v e (M ) .
G → G G → G
R est également galiléen si v r (M ) = Cte v e (M ) = v a (M ∗ ) = Cte = u . Tous
G
les points fixes de R doivent donc avoir la même vitesse u , constante dans le temps,
par rapport à Rgal . Ceci correspond à un mouvement de translation uniforme de R
par rapport à Rgal .
Tous les référentiels galiléens sont en translation rectiligne uniforme les uns par
rapport aux autres.
353
354 Partie V. Mécanique
354
Chapitre 2. Dynamique dans un référentiel non galiléen 355
G
dLO → G → G → G G → G
OM ∧ F + OM ∧ Fe + OM ∧ Fc , avec LO = OM ∧ mv / R .
=
dt R G G
MO (F ) G G
M (F )
G G
M (F )
O e O c
Dans le cas où R est en mouvement de rotation uniforme autour d’un axe fixe
G G →
Oz par rapport à Rgal , la force d’inertie d’entraînement s’écrit Fe = −mae = mω2 HM ,
où H est le projeté orthogonal de M sur l’axe de rotation. Elle a pour tendance à expul-
ser radialement le point matériel de l’axe de rotation, et s’appelle force centrifuge. Son
G → → → → →
travail élémentaire s’écrit δW (Fe ) = mω2 HM ⋅ d OM = mω2 HM ⋅ d OH + HM , or
→
→ G
HM est orthogonal à d OH qui est porté par ez , donc, en posant r = HM , on obtient
G 1 →2
→ →
1
δW (Fe ) = mω HM ⋅ d HM = d mω HM = d mω2r 2 = −dEpe .
2 2
2 2
355
356 Partie V. Mécanique
356
Chapitre 2. Dynamique dans un référentiel non galiléen 357
357
358 Partie V. Mécanique
358
Chapitre 2. Dynamique dans un référentiel non galiléen 359
g g
Si ω > ωc = , le terme entre crochets s’annule pour θeq = arccos − ,
R Rω2
π
angle supérieur à : Ep décroît sur 0, θeq et croît sur θeq, π .
2
L’énergie potentielle est maximale quel
que soit ω en θ = 0 , qui correspond donc à une
position d’équilibre instable.
La position d’équilibre θ = π est stable si
ω ≤ ωc car elle correspond alors à un minimum
d’énergie potentielle, et elle devient instable si
ω > ωc .
g
La position d’équilibre θeq = arccos − n’existe que si ω > ωc et elle est
Rω2
alors stable. Les équilibres stables sont représentés en trait plein, les instables en
pointillés.
G G
La force de Coriolis −2mω ∧ v r est ici orthogonale au plan du cerceau et ne joue
aucun rôle sur les positions d’équilibre et leur stabilité. Ce n’est pas toujours le cas.
G G
Par exemple, elle peut (tout comme la force magnétique qv ∧ B qui ne travaille pas
non plus), rendre stable des positions pour lesquelles l’énergie potentielle est maxi-
male. Le point matériel, placé sans vitesse initiale en un de ces points noté A, n’y reste
pas, mais en s’en écartant, il acquiert une vitesse et subit la force de Coriolis (ou la
force magnétique), qui peut incurver sa trajectoire et le contraindre à rester au voisi-
nage de A. Dans ces cas, la détermination de la stabilité ne peut plus se faire en rai-
sonnant sur l’énergie potentielle, mais en résolvant l’équation du mouvement.
359
360 Partie V. Mécanique
Ceci est utilisé pour l’entraînement des astronautes, et à but commercial, à l’in-
térieur d’un avion (comme celui dénommé ZERO G) dont on coupe momentanément
les gaz après l’avoir cabré à 50° (l’état d’impesanteur dure une vingtaine de secondes).
La présence de frottements entre le véhicule et l’atmosphère rend imparfaite l’impe-
santeur et provoque des petits déplacements de l’objet à l’intérieur du véhicule.
Effet de marée
La condition précédente est supposée remplie. Si l’on tient compte à l’intérieur
du véhicule des très légères variations du champ de pesanteur terrestre dues à des
différences d’altitude, il apparaît dans R ∗ un champ d’accélération relative :
� � �
ar (M ) = g (M ) − ae , non uniforme.
�
On note Oz la verticale ascendante, z l’altitude de M, zG celle de G : g (M )
�
s’écrit g ( z )ez .
Les dimensions du véhicule étant très petites devant le rayon terrestre, on a :
�
∂g � � → ∂g �
g ( z ) ≃ g ( zG ) + ( z − zG ) ( zG ) , soit g (M ) ≃ g (G ) + GM ⋅ (G ) ez .
∂z ∂z
�
Le véhicule de masse m et de volume V n’étant soumis qu’à son poids P , on
obtient en lui appliquant le théorème du centre d’inertie :
� � � � → ∂g� � �
maa (G ) = P =
g (M )d3 m = g (G )
d3 m +
GM d3m ⋅
∂z
(G ) ez = mg (G ) .
M ∈V M ∈V M∈V
→ �
En effet, puisque G est le centre d’inertie du véhicule, on a GM d3m = 0 .
M ∈V
� � �
Finalement ar (M ) = g (M ) − g (G ) .
360
Chapitre 2. Dynamique dans un référentiel non galiléen 361
361
362 Partie V. Mécanique
O est un point de la surface de la Terre (de centre T). L’axe Ox est porté par un
parallèle et orienté dans le sens Ouest-Est. L’axe Oy est porté par un méridien et
orienté dans le sens Sud-Nord. L’axe Oz est porté par le rayon terrestre (TO) et orienté
de T vers O. En notant o le projeté orthogonal de O sur le plan équatorial, on définit la
→
→
latitude λ comme étant l’angle orienté ( TO , To ) . L’orientation dans un plan méridien
G
se faut selon le vecteur ex grâce à la règle du tire-bouchon. Pour un point O dans
l’hémisphère nord, 0 ≤ λ ≤ 90° alors que −90° ≤ λ ≤ 0 pour l’hémisphère sud.
Le poids du plomb est alors par définition égal à l’opposé de la tension du fil :
G G
P = −T . La direction prise par le fil définit la verticale au lieu de l’expérience.
362
Chapitre 2. Dynamique dans un référentiel non galiléen 363
Comme Rt est en rotation par rapport à Rg , il faut inclure les forces d’inertie
dans le bilan des forces s’exerçant sur le plomb. Ce dernier étant en équilibre dans
Rt , seule la force d’inertie d’entraînement est à prendre en compte. Le plomb est en
�
outre soumis à la tension du fil et à la force gravitationnelle mG t (M ) exercée par la
�
Terre, en notant G t le champ gravitationnel terrestre. Le principe fondamental de la
dynamique appliqué au plomb dans Rt fournit donc :
� � � � � � � � �
0 = T + mG t (M ) − mae (M ) −T = m G t (M ) − ae (M ) = P = mg (M ) .
aussi
� �
Si on suppose que le référentiel géocentrique est galiléen, le poids P = mg d’un
objet de masse m inclut la force d’inertie d’entraînement due à la rotation de la Terre.
� � �
Le champ de pesanteur est donc g = G t − ae .
�
G t est quasiment uniforme dans un objet, comme le plomb, de très petites di-
mensions devant le rayon terrestre.
Calcul de g(λ
λ)
Supposons la Terre sphérique, de
centre T et de rayon Rt = 6,37 ⋅ 106 m . On
note λ la latitude d’un point O à la surface de
�
la Terre, et ωt le vecteur rotation de la Terre
par rapport au référentiel géocentrique. Le
plomb se trouve en un point M au voisinage
de O.
Calculons la norme ae (M ) de l’accélé-
� →
ration d’entraînement. Pour une rotation uniforme, ae = −ωt 2 HM ae = ωt 2Rt cos λ ,
où H est le projeté orthogonal de M sur l’axe des pôles.
ae est donc maximale à l’équateur et vaut aemax = ωt 2Rt ≃ 3,4 ⋅ 10−2 m ⋅ s-2 .
Elle est très inférieure à la valeur g0 = 9,807 m ⋅ s-2 du champ de pesanteur à la lati-
π
tude λ = : le poids d’un corps est en première approximation égal à la force d’attrac-
4
a a
tion gravitationnelle exercée par la Terre. On a donc e ≃ e << 1, en notant G t la
g0 G t
norme du champ de gravitation à la surface terrestre.
363
364 Partie V. Mécanique
� � �
Pour calculer g ( λ ) , élevons la relation g = G t − ae au carré en remarquant que
�� a
2
ae
l’angle ( G t ,ae ) vaut λ : g = G t − 2G t ⋅ ae cos λ + ae = G t 1 − 2 cos λ + , soit
2 2 2 2 e
Gt G t
1/2
ae
2
a
ae
g = G t 1 − 2 cos λ +
≃ G t 1 − e cos λ g ≃ G t − ae cos λ , en ne conser-
Gt G t Gt
ae
vant que les termes de degré inférieur ou égal à 1 en . On a donc :
Gt
π 1
g ≃ G t − ae cos λ = G t − ωt 2Rt cos2 λ . Pour λ = , on obtient g0 = G t − ωt 2Rt , ce qui
4 2
1 2
permet d’éliminer G t : g = g0 +
2
(
ωt Rt 1 − 2cos2 λ . )
Le calcul donne un champ de pesanteur à l’équateur ge = 9,790 m ⋅ s-2 et aux
pôles gp = 9,824 m ⋅ s-2 .
Calcul de α(λ
λ)
On peut également calculer l’angle α entre la verticale d’un lieu et la droite re-
liant ce lieu au centre de la Terre T.
La relation d’Al-Kashi dans le triangle MAB fournit :
sin α sin λ a a a
= sin α = e sin λ ≃ e sin λ à l’ordre 1 en e . On en déduit sinα :
ae g g g0 g0
ωt 2Rt ω 2R
sin α = cos λ sin λ sin α = t t sin2λ .
g0 2g0
π ω 2R
sinα (et donc α ) est maximal pour λ = et αmax = arcsin t t . Numéri-
4 2g0
quement on obtient αmax = 1,73 ⋅ 10−3 rad ≃ 6' . Cet angle est très petit et c’est une ex-
cellente approximation que de confondre la verticale d’un lieu avec la droite reliant ce
� �
lieu avec le centre de la Terre, ainsi que de confondre g et G t , ce que nous ferons
par la suite.
364
Chapitre 2. Dynamique dans un référentiel non galiléen 365
4.2 Déviation vers l’Est d’un corps lâché sans vitesse initiale
Étudions dans Rt un corps de masse m assimilable à un point matériel. Il est
�
lâché en M0 avec une vitesse initiale v 0 à la verticale du point origine O du repère
associé à Rt . On note H la hauteur OM0 . À l’instant t, le point matériel se trouve en
M. On néglige dans cette étude les frottements dus à l’air.
� �
On note v ( xɺ, yɺ , zɺ ) et a( xɺɺ, yɺɺ, zɺɺ) respectivement la vitesse et l’accélération du
point matériel dans le référentiel terrestre Rt associé au repère Oxyz défini en intro-
duction de la section 4.
Rt n’étant pas galiléen, il faut tenir compte des forces d’inertie dues au passage
du référentiel géocentrique, supposé galiléen, au référentiel terrestre :
� �
� � � � � � dv � � �
ma = mG t (M ) − mae (M ) − mac (M ) = mg − 2mωt ∧ v = g − 2ωt ∧ v (∗) , puisque le
dt
� � �
poids mg = mG t (M ) − mae (M ) comptabilise la force d’inertie d’entraînement. Cette
� �
dernière est de toutes façons négligée : g est porté par ez .
On peut résoudre numériquement l’équation différentielle obtenue, mais ici nous
allons tirer profit de la très faible valeur de ωt pour appliquer une méthode de pertur-
bation : les termes en ωt seront considérés comme des infiniment petits du premier
ordre, ceux en ωt 2 comme des infiniment petits du second ordre, etc. On se limite aux
termes du premier ordre.
→∗ �
d2 OM dv �
À l’ordre 0, l’équation précédente devient = = g , et s’intègre en :
dt 2 dt
→∗ 1�2 � →
OM (t ) = gt + v 0t + OM0 . C’est la solution « classique » correspondant à ωt = 0
2
donc à Rt galiléen. On parle de solution intrinsèque car elle est exprimée sous forme
vectorielle et donc indépendante de la base de projection choisie.
→ →∗ � �
À l’ordre 1 cette solution s’écrit donc OM (t ) = OM (t ) + ε(t ) , où ε(t ) est un
terme d’ordre 1 en ωt , or l’équation « complète » (∗) peut s’intégrer une première fois,
� →
� dv � � d OM � � � � → →
ωt étant constant : = g − 2ωt ∧ v − v 0 = gt − 2ωt ∧ OM − OM0 .
dt dt
→ →∗ �
Reportons la solution recherchée OM (t ) = OM (t ) + ε(t ) dans cette dernière
→
d OM � � � → ∗ → � � � �
relation : = gt + v 0 − 2ωt ∧ OM − OM0 − 2ωt ∧ ε . Le terme −2ωt ∧ ε est d’or-
dt
365
366 Partie V. Mécanique
→∗ → 1�2 �
dre 2 en ωt , donc négligeable devant les autres, et OM − OM0 = gt + v 0t .
2
→
d OM � � � 1 � �
L’équation précédente devient donc = gt + v 0 − 2ωt ∧ gt 2 + v 0t à
dt 2
→ 1�2 � → 1 � � � �
l’ordre 1 en ωt . Elle s’intègre en OM = gt + v 0t + OM0 − ωt ∧ gt 3 − ωt ∧ v 0t 2 .
2 3
���������� �
�
ε
� � � � � �
On a ωt = ωt cos λey + ωt sin λez et ωt ∧ g = −ωt g cos λex . Dans le cas où le
� �
corps est lâché sans vitesse initiale ( v 0 = 0 ) d’une hauteur H, la projection de la rela-
1 1
tion précédente donne : x = ωt g cos λt 3 , y = 0, z = H − gt 2 .
3 2
Pour λ = 45° , on a g = 9,81 m ⋅ s-2 . Prenons H = 100 m : le corps atterrit alors
2H 2ωt cos λ 2H 3
sur le plan z = 0 à t = ∆t = = 4,515 s et en x = ∆x = = 1,55 cm ,
g 3 g
donc à l’Est de O. L’effet est faible, et on peut constater qu’il n’est pas affecté par le
changement λ → −λ : la déviation d’un corps lâché sans vitesse initiale par rapport au
référentiel terrestre se fait vers l’Est, quel que soit l’hémisphère où a lieu l’expérience.
� �
En revanche, si v 0 ≠ 0 , toutes les déviations sont possibles et peuvent atteindre
plusieurs centaines de mètres pour des projectiles lancés avec de grandes vitesses
(missiles...), la force de Coriolis responsable de leur déviation dépendant linéairement
de la vitesse. L’approximation à l’ordre 1 en ωt peut alors s’avérer insuffisante.
366
Chapitre 2. Dynamique dans un référentiel non galiléen 367
� � � � � � � � � � �
ma = Fp + mG t (M ) − mae (M ) − mac (M ) , soit ma = Fp + mg − 2mωt ∧ v . Le poids mg
comptabilise la force d’inertie d’entraînement, qui est de toutes façons négligée, et on
� � �
a ωt = ωt cos λey + ωt sin λez .
Projetons le P.F.D sur le repère Oxyz :
Fx
xɺɺ = m + 2ωt ( yɺ sin λ − zɺ cos λ )
xɺɺ Fx 0 xɺ
ɺɺ Fy
m y = Fy − 2m ωt cos λ ∧ yɺ yɺɺ = − 2ωt xɺ sin λ
zɺɺ m
Fz − mg ωt sin λ zɺ Fz
zɺɺ = m − g + 2ωt xɺ cos λ
On peut donner l’ordre de grandeur des termes intervenant dans ce système
d’équations pour λ ≃ π / 4 . En négligeant les « coups de vent » (effets turbulents),
pour ne retenir qu’un vent moyen, les composantes xɺɺ et yɺɺ de l’accélération sont de
l’ordre de U / T ≃ 10−4 m ⋅ s-2 , et zɺɺ est de l’ordre de W / T ≃ 10 −7 m ⋅ s-2 . D’autre part,
g ≃ 9,8 m ⋅ s-2 , 2ωt xɺ sin λ ≃ 2ωt yɺ sin λ ≃ 2ωt xɺ cos λ = O ( )
2ωtU ≃ 10−3 m ⋅ s-2 , et en-
367
368 Partie V. Mécanique
G → d3 m d3 m
d3Fp = − grad p ⋅ en introduisant la masse volumique ρ = 3 de la particule.
ρ dV
G
Fz d3Fp G 1 → G 1 ∂p
L’équation non utilisée = g s’écrit 3 ⋅ ez = − grad p ⋅ ez = − = g . Cette re-
m d m ρ ρ ∂z
lation classique permet de déterminer la loi de variation de pression avec l’altitude
lorsqu’on suppose que l’atmosphère est en équilibre. En première approximation, la
présence de vents essentiellement horizontaux ne modifie donc pas la loi p(z).
G →
Calculons le produit scalaire entre Fp et un déplacement élémentaire d OM :
G → m → → m
→
Fp ⋅ d OM = − grad p ⋅ d OM = − dp . Pour tout déplacement élémentaire d OM le
ρ ρ
G → G → G
long d’une courbe isobare horizontale, Fp ⋅ d OM = Fh ⋅ d OM = 0 car dp = 0 , donc Fh
est orthogonale aux courbes isobares. Il en découle que la vitesse horizontale d’une
particule est portée par les courbes isobares.
Envisageons maintenant un déplacement élé-
→
mentaire horizontal d OM normal à la courbe iso-
G
bare (et donc colinéaire à Fh ) et orienté dans le sens
des pressions décroissantes (soit dp < 0 ) :
G → m
Fh ⋅ d OM = Fhds = − dp > 0 . Il en résulte que la va-
ρ
leur algébrique Fh est positive pour un déplacement
G
orienté vers les pressions décroissantes (abscisse curviligne s croissante) : Fh est or-
thogonale aux courbes isobares et dirigée dans le sens des pressions décroissantes.
m dp
De plus, on obtient Fh = , relation qui montre que Fh est d’autant plus
ρ ds
grande que les courbes isobares sont
resserrées.
On en conclut que dans l’hémis-
phère Nord, les vents géostrophiques
tournent selon une courbe isobare dans
le sens trigonométrique autour d’une dé-
pression (minimum local de pression),
dans le sens des aiguilles d’une montre
autour d’un anticyclone (maximum local
de pression). C’est ce qu’on peut consta-
ter sur la vue satellite ci-contre. Dans l’hé-
misphère Sud c’est l’inverse.
368
Chapitre 2. Dynamique dans un référentiel non galiléen 369
Fh
Comme v h = , la vitesse des vents hori-
2mωt sin λ
zontaux est également d’autant plus grande que les
courbes isobares sont resserrées. On peut dans le cas de
la dépression ci-contre estimer la valeur moyenne spatiale
de la vitesse des vents en constatant que la pression varie
de ∆p = 2 ⋅ 103 Pa sur ∆s = 5 ⋅ 105 m . Avec ρ = 1,3 kg ⋅ m-3
1 ∆p
on obtient v h ≃ ≃ 110 km ⋅ h-1 . Cette valeur
2ρωt sin λ ∆s
qui correspond à une moyenne spatiale et temporelle laisse présager des plus grandes
vitesses au centre de la dépression. Une telle situation barométrique est en fait une
tempête (vents pouvant atteindre 150 km ⋅ h-1 ).
369
370 Partie V. Mécanique
370
Chapitre 2. Dynamique dans un référentiel non galiléen 371
371
372 Partie V. Mécanique
372
Chapitre 2. Dynamique dans un référentiel non galiléen 373
5. LES MARÉES
5.1 Champ de pesanteur, terme de marée
Dans la section précédente, nous avons considéré que le référentiel géocen-
trique Rg était galiléen. C’est une approximation puisqu’il n’est pas en translation rec-
tiligne uniforme par rapport au référentiel de Copernic RC supposé galiléen, mais en
translation elliptique. Cette approximation s’avérant insuffisante pour expliquer le phé-
nomène de marées, nous tiendrons par la suite compte de la force d’inertie d’entraî-
nement due au passage de RC à Rg .
Un plomb, point matériel M de masse m, maintenu en équilibre dans le référen-
� �
tiel terrestre Rt grâce à la tension T du fil auquel il est attaché, est soumis à T , à la
�
force gravitationnelle mG (due à toutes les masses de l’univers), à la force d’inertie
�
d’entraînement −mae due au passage de RC à Rg , et à la force d’inertie d’entraîne-
→
ment mωt 2 HM due au passage de Rg à Rt , H étant le projeté orthogonal de M sur
� � � �
→
l’axe des pôles : 0 = T + mG − mae + mωt 2 HM .
� � � � � →
Par définition du poids, P = mg = −T = mG − mae + mωt 2 HM . Le champ de
� � � →
pesanteur dans Rt est g (M ) = G (M ) − ae (M ) + ωt 2 HM .
Le champ de gravitation est créé par la Terre, la Lune, le Soleil :
� � � �
G (M ) = G t (M ) + G ℓ (M ) + G s (M ) + ...
����������
Ga ( M )
� � → � �
g (M ) = G t (M ) + ωt 2 HM + G a (M ) − G a (T ) . Nous allons voir que le terme différentiel
�������
terme de marée
� �
G a (M ) − G a (T ) est responsable du phénomène de marées.
373
374 Partie V. Mécanique
374
Chapitre 2. Dynamique dans un référentiel non galiléen 375
mp Gmmt 1
Finalement Ep = − − mωt 2r 2 cos2 λ . Cette énergie potentielle doit
ρ r 2
être la même en tout point de la surface des océans pour que cette dernière soit en
� → �
équilibre. Dans le cas contraire, des forces de résultante F = − grad Ep ≠ 0 déplace-
raient cette surface.
π
En particulier c’est la même aux pôles ( λ = ± ), où r est minimal, qu’à l’équa-
2
mp0 Gmmt mp0 Gmmt 1
teur ( λ = 0 ), où r est maximal : − = − − mωt 2rmax 2 , (la pres-
ρ rmin ρ rmax 2
sion atmosphérique est supposée être uniforme à la surface et on note p0 sa valeur).
Gmt Gmt 1 2
On a donc = + ωt rmax 2 , or ∆r = rmax − rmin << rmin ≃ rmax ≃ Rt :
rmin rmax 2
−1
Gmt Gmt Gmt Gmt ∆r Gmt ∆r
= = = 1− ≃ 1+ . Ainsi :
rmin rmax − rmax + rmin rmax − ∆r rmax rmax rmax rmax
Gmt ∆r Gmt 1 2 ω 2r 4 ω 2R 4
1+ = + ωt rmax 2 ∆r ≃ t max , soit ∆r ≃ t t .
rmax rmax rmax 2 2Gmt 2Gmt
Numériquement : ∆r ≃ 11 km . La force centrifuge rendrait les océans plus pro-
fonds à l’équateur qu’aux pôles d’une dizaine de km si la Terre était une surface lisse
et sphérique, entièrement recouverte de ces mêmes océans. Mais ce n’est pas le cas...
En géodésie, la Terre est modélisée comme un ellipsoïde de révolution autour de l’axe
des pôles, de demi-grand axe a = 6378 km (distance entre le centre de la Terre et
l’équateur) et de demi-petit axe b = 6357 km (distance entre le centre de la Terre et
un pôle). La différence de rayon terrestre entre l’équateur et les pôles est donc juste-
ment de l’ordre de grandeur de la dizaine de km : la forme de la Terre, aplatie aux
pôles, est en effet due à la force centrifuge. L’aplatissement ε = (a − b ) / a ≃ 1/ 298 est
faible : la Terre est « plus » sphérique qu’une balle de ping-pong.
L’épaisseur de la couche océanique est la même en tout point
du plan équatorial ou de tout plan parallèle au plan équatorial : il n’y a
pas de différence de niveau des océans lors d’une rotation de la Terre
sur elle-même et le phénomène de marées n’est pas ainsi expliqué.
375
376 Partie V. Mécanique
376
Chapitre 2. Dynamique dans un référentiel non galiléen 377
� →
Gmmℓ r cos θ Gmmℓ � � � Gmmℓ �
— fℓ1 = − grad − 2 = 2
cos θer − sin θeθ fL1 = ez .
a a a2
� → Gmm r 2 (3 cos2 θ − 1) Gmmℓ r � �
— fℓ 2 = − grad − ℓ
= (3cos2 θ − 1)er − 3 cos θ sin θeθ .
2a 3 3
a
On retrouve que la force qu’exercerait la Lune sur une particule de masse m en
� Gmmℓ � � � � �
T ( r = 0 , θ = 0 ) est fℓ (T ) = ez . On en déduit : Fℓ ( M ) = fℓ ( M ) − fℓ (T ) = fℓ 2 (M ) ,
a2
� Gmmℓ r � �
soit Fℓ (M ) = (3cos2 θ − 1)er − 3 cos θ sin θeθ .
a 3
�
On peut construire Fℓ (M ) pour des points à la surface de la terre ( r = Rt ) et
GmmℓRt
différentes valeurs de θ, en posant Γ = :
a3
π π 3π
θ 0 π
4 2 4
Γ Γ
Fℓr 2Γ −Γ 2Γ
2 2
3Γ 3Γ
Fℓθ 0 − 0 0
2 2
377
378 Partie V. Mécanique
� � �
Puisque Fℓ (M ) = fℓ 2 (M ) , l’énergie potentielle Epℓ marée associée à Fℓ corres-
Gmmℓ r 2
pond au terme d’ordre 2 de EpL , soit Epℓ marée = − (3cos2 θ − 1) .
2a3
Plaçons-nous à l’équateur ( λ = 0 ). Toujours dans l’hypothèse d’un équilibre hy-
drostatique, l’énergie potentielle totale doit être la même en tout point à la surface des
mp0 Gmmt 1 Gmmℓ r 2 (3cos2 θ − 1)
océans : Ep = − − mωt 2r 2 − .
ρ r 2 2a3
π
Cette fois r est minimal pour θ = et maximal pour θ = 0 , d’où :
2
2Gmt Gmℓ rmin2 2Gmt Gmℓ rmax 2
+ ωt 2rmin2 − = + ωt
2
rmax
2
+ 2 , soit, en posant comme
rmin a3 rmax a3
précédemment rmin = rmax − ∆r , avec ∆r << rmin ≃ rmax ≃ Rt :
−1
2Gmt 2Gmt 2Gmt 2Gmt ∆r 2Gmt ∆r
— = = = 1− ≃ 1+ .
rmin rmax − rmax + rmin rmax − ∆r rmax rmax rmax rmax
2
Gm 2 Gmℓ 2 2 Gmℓ 2 ∆r
— ωt 2 − 3 ℓ 2
rmin = ωt − 3 [ rmax − ∆r ] = ωt − 3 rmax 1 − r
a a a max
Gm ∆r
≃ ωt 2 − 3 ℓ rmax 2 1 − 2 .
a rmax
378
Chapitre 2. Dynamique dans un référentiel non galiléen 379
379
380 Partie V. Mécanique
� �
Lorsque le Soleil se trouve dans le plan équatorial, les vecteurs Fℓ (M ) et Fs (M )
sont alignés dans les cas que nous venons de citer : les plus grandes marées de vives
eaux sont observées aux équinoxes. Le marnage dû au Soleil s’ajoute alors à celui dû
à la Lune.
En réalité, le plan de la trajectoire de la Lune n’est pas le plan équatorial ter-
restre : ses déclinaisons (latitudes) maximales sont ± 28,72° et les éclipses solaires
(S, L et T alignés dans ce sens) ou lunaires (S, T et L alignés dans ce sens) sont rares.
Ces alignements contribuent à augmenter le coefficient de marée (les petites varia-
tions des distances Terre-Lune et Terre-Soleil interviennent aussi).
380
381
[MÉCANIQUE 3]
381
382 Partie V. Mécanique
Dans un gaz, le désordre est quasi-total (il est total pour un gaz parfait) : une
molécule parcourt une distance moyenne très grande devant 10−10 m (pour de l’air à
300 K et sous 1 bar, le libre parcours moyen ℓ est de l’ordre de 100 nm).
Citons le cas des solides amorphes, comme le verre, qui ne sont ordonnés qu’à
petite distance. Lorsqu’on les refroidit, le passage de l’état liquide à un état « rigide »
se fait progressivement, sans discontinuité des propriétés physiques, en passant par
un état « pâteux ». On peut les considérer comme des liquides, mais extrêmement
visqueux et rigides : le déplacement relatif des molécules est très difficile, et ils s’écou-
lent si lentement que leur écoulement ne s’observe pas, même à l’échelle du siècle !
Les fluides sont caractérisés par l’absence d’ordre à des distances supérieures
à quelques fois la taille des molécules, et donc par leur capacité à s’écouler.
1 ℓ 1
Le libre parcours moyen est ℓ = ∗
, et le temps moyen de vol τ = = ∗ .
nσ v n σv
382
Chapitre 3. Statique des fluide 383
p k T
Pour un gaz qu’on considère parfait, on a n∗ = , d’où ℓ = B . Le libre par-
kBT pσ
cours moyen augmente donc avec la température, et diminue avec la pression. En
prenant un rayon moléculaire R de l’ordre de 10−10 m , on a, à 300 K et sous 1 bar :
σ = 1,3 ⋅ 10−19 m2 , et ℓ = 3,3 ⋅ 10−7 m = 330 nm . On retrouve l’ordre de grandeur an-
noncé pour l’air dans ces conditions.
Si on note d la distance moyenne entre molécules, le volume V occupé par N
−1/3
particules vaut V ≃ Nd 3 = N /n∗ d ≃ n∗ , soit d = 3,5 ⋅ 10−9 m >> R . Le mo-
aussi
dèle de gaz parfait est donc validé (les interactions entre particules sont négligeables,
4
sauf lors des chocs, et le volume πR 3 occupé par une particule est très inférieur au
3
volume d 3 disponible pour cette particule).
Si la première condition a << L n’est pas remplie, la description n’est pas assez
fine. Par exemple, si a = 5 m , la pression sera considérée comme uniforme sur une
aile d’avion, et on ne pourra pas expliquer le phénomène de portance. En revanche,
a = 5 m peut être suffisant pour étudier des phénomènes météorologiques à l’échelle
d’une ville… Il faut dans tous les cas que la cellule de volume a 3 puisse être considé-
rée comme ponctuelle à l’échelle du système macroscopique étudié.
Si la deuxième condition a >> ℓ n’est pas remplie, le nombre de molécules N,
la quantité de mouvement, etc. contenues dans une cellule cubique de volume a 3 , fixe
par rapport au référentiel d’étude R , varient fortement à un instant donné d’une cellule
à sa voisine. Au contraire, pour a >> ℓ , les molécules (de masses mi et de vitesses
�
v i par rapport à R ) qui rentrent dans une cellule centrée sur un point M ont subi de
nombreux chocs dans les cellules voisines, ce qui assure la continuité spatiale de
N N N
1 � 1 � 1 1
2 mi v i 2 ,
N m
n ∗ (M ) = 3
, ρ(M ) = 3
mi = 3
, v (M ) = mi v i , ec (M ) = 3 p(M )
a a i =1 a m i =1 a i =1
et T (M ) , respectivement densité moléculaire, masse volumique, vitesse macrosco-
pique (vitesse du centre d’inertie des particules de la cellule), énergie cinétique volu-
mique, pression et température ; grandeurs obtenues en faisant des moyennes
383
384 Partie V. Mécanique
d’ensemble sur les particules d’une cellule. La structure discontinue de la matière n’ap-
paraît plus. Ces moyennes sont très peu sensibles à la valeur de a, du moment que la
condition ℓ << a << L est vérifiée.
Si l’écoulement n’est pas stationnaire, on peut ainsi définir, à tout instant t, des
�
champs g(M,t) en un point M fixe de R : densité n∗ (M , t ) , vitesse v (M , t ) , masse vo-
lumique ρ(M, t ) , pression p(M, t ) , température T (M, t ) .
On obtient par sommation continue les grandeurs extensives dans un volume
ρ(M,t )d V
3
macroscopique V , par exemple la masse m(t ) = , et l’énergie cinétique
M∈V
1
macroscopique Ec (t ) = 2
ρ(M, t ) ⋅ v 2 (M, t )d3V .
M ∈V
Les volumes, surfaces et longueurs élémentaires intervenant dans le décou-
page d’un volume, d’une surface et d’une longueur macroscopiques sont en réalité
des grandeurs mésoscopiques d3V = O(a3 ) , d2 S = O(a 2 ) et dℓ = O(a) .
Le choix d’un système fermé, au moins entre deux instants proches, est indis-
pensable pour pouvoir appliquer à la particule fluide le principe fondamental de la dy-
namique. En particulier, la masse d3m d’une particule fluide est constante.
Sauf pour des gaz très dilués, a = 10 µm convient. C’est le cas à 300 K et 1 bar
pour l’air : a >> ℓ = 0,1 µm , et pour l’eau liquide : a >> ℓ ≃ R = 10−10 m .
� �
Soit N1→ 2 = ex le vecteur normal à cette surface, orienté de (1) vers (2).
Le fluide (2) exerce sur (1) à travers d2 S une force normale à d2 S :
384
Chapitre 3. Statique des fluide 385
G G G G
d2F2/1 = d2Fp = − p(M )d2 S ⋅ N1→ 2 = − p(M )d2 S .
La pression p(M) est positive et indépendante de l’orientation du vecteur surface
G G
d S = d2 S ⋅ N1→ 2 . C’est une force par unité de surface, en pascal ( 1 Pa = 1 N ⋅ m-2 ).
2
G G G G
On définit la contrainte de pression σp par la relation d2Fp = σp d2 S ( σp est
G G
homogène à une pression) : σp = − p(M )N1→2 . On dit que la contrainte de pression est
385
386 Partie V. Mécanique
nRT n 2a
Certaines équations d’état, comme celle de Van Der Waals : p = − 2 ,
− nb N
V V
pc pm
Dans le cas où le système étudié est une particule fluide de volume d3V , la
G →
résultante des actions de pression s’écrit d3Fp = − grad p d3V .
→
Cette expression, qui fait intervenir grad p en un point M, n’a de sens que pour
un volume d3V infiniment petit du troisième ordre autour de M. Les actions de pres-
sion sont surfaciques, mais comme leur résultante sur une particule fluide est propor-
tionnelle à son volume, on parle d’équivalent volumique des forces de pression.
→ G
Dans un champ de pression uniforme p(M ) = p0 ∀M , on a grad p = 0 et donc :
G
La résultante des actions de pression Fp sur une surface fermée est nulle si la pres-
G
sion est uniforme sur cette surface. Il en va de même pour le moment résultant MOp ,
calculé au point de réduction O quelconque.
386
Chapitre 3. Statique des fluide 387
387
388 Partie V. Mécanique
On écrit les forces volumiques s’exerçant sur une particule fluide sous la forme
� � � �
d Fv = ϕv d3V . Dans le cas des forces de pesanteur, ϕv = ρg .
3
→ �
Le champ de pression est régi en statique par la R.F.S : grad p = ϕv .
Notons V , et pas d3V , le volume d’une particule fluide, afin d’alléger les ex-
pressions. Comme la masse m de cette particule fluide est constante, on a :
dρ dV 1 dV 1 dρ 1 ∂ρ
m = ρV = Cte + = 0 , soit à T = Cte : − = χT = .
ρ V V dp ρ dp ρ ∂p T
Par abus de langage, on dit souvent qu’un fluide est incompressible si la pres-
sion et la température sont sans influence sur le volume, et donc sur la masse volu-
mique d’une particule fluide (un tel fluide est en fait incompressible et indilatable).
388
Chapitre 3. Statique des fluide 389
389
390 Partie V. Mécanique
390
Chapitre 3. Statique des fluide 391
Mgz z
− −
RT0
La loi p(z) est exponentielle : p( z ) = p0e = p0e H .
391
392 Partie V. Mécanique
Pour une altitude z << H allant jusqu’à quelques centaines de mètres, on peut
Mgz Mp0
effectuer un développement limité de p(z) : p( z ) ≃ p0 1 − = p0 − gz .
RT0 RT0
Mp0
Comme = ρ0 , masse volumique de l’air au niveau de la mer, on retrouve
RT0
la loi de l’hydrostatique p( z ) = p0 − ρ0 gz (ici, Oz est ascendant) : l’air statique se com-
porte comme un fluide incompressible à des altitudes << 8 km .
Nous retrouverons, en dynamique, des situations d’écoulements pour les-
quelles un gaz, bien que compressible, peut être considéré comme un fluide incom-
pressible.
392
Chapitre 3. Statique des fluide 393
393
394 Partie V. Mécanique
394
Chapitre 3. Statique des fluide 395
G G G G G G
On obtient Fp + m′g = 0 Π = Fp = −m′g en appliquant le théorème du centre
d’inertie à Σ′ .
G
La poussée d’Archimède Π , qui est la résultante des actions de pression
s’exerçant sur un corps Σ immobile immergé dans un fluide au repos, est égale à l’op-
posé du poids du fluide déplacé : c’est une force verticale ascendante.
À l’équilibre d’un corps Σ plongé dans un fluide et soumis uniquement aux ac-
G G G
tions de pesanteur et de pression, on a mg − m′g = 0 m′ = m , et :
→ G → G G → → G G
OG ∧ mg + OC ∧ ( −m′g ) = 0 , soit OG − OC ∧ mg = 0 .
→ → →
On en déduit que OG − OC = CG est vertical :
395
396 Partie V. Mécanique
396
397
[MÉCANIQUE 4]
→ →
Si d OM est un déplacement élémentaire le long d’une ligne de courant, d OM
G
est colinéaire en M à v (M , t ) , soit :
→ G G
d OM ∧ v (M, t ) = 0 , ce qui fournit un système d’équations différentielles permettant de
trouver à la date t l’équation de la ligne de courant passant par le point M0 .
397
398 Partie V. Mécanique
Une particule peut être caractérisée par sa position à un instant donné t0 : c’est
la particule qui se trouve au point M0 à t0 . Pour cette particule, la grandeur g ne dé-
pend que du temps et on la note temporairement gLAG (t ) . Par exemple sa vitesse sera
�
notée vLAG (t ) .
Pour obtenir expérimentalement gLAG (t ) , il faudrait placer un capteur ponctuel
sur la particule, et enregistrer à tout instant les valeurs de la grandeur gLAG (t ) que
rencontre la particule dans son déplacement.
La trajectoire de la particule (en-
semble des positions qu’elle occupe au
cours du temps) est donnée par le système
x (t )
d’équations paramétriques y (t ) .
z( t )
398
Chapitre 4. Description d’un fluide en mouvemen 399
Si on veut suivre une particule donnée, on doit se placer à tout instant t au point M(t)
où elle se trouve. Pour cette particule, la grandeur g à l’instant t vaut :
gLAG (t ) = gEUL [M (t ), t ] .
dg ∂g ∂g ∂g ∂g ∂g � →
= + vx + vy + vz = + v ⋅ grad g .
dt ∂t ∂x ∂y ∂z ∂t � ��� �
� � dérivée
dérivée dérivée convective
particulaire locale
∂g � →
La seconde forme, + v ⋅ grad g , a l’avantage d’être indépendante du système
∂t
de coordonnées choisi (forme intrinsèque).
dg Dg
La dérivée particulaire , parfois notée , est la dérivée temporelle de la
dt Dt
grandeur gLAG (t ) pour la particule.
La dérivée locale est la dérivée par rapport au temps de gEUL (M, t ) , obtenue en
restant au point M.
La dérivée convective est due au déplacement de la particule dans un champ
gEUL (M, t ) non uniforme.
399
400 Partie V. Mécanique
G
Dans le cas où g est une grandeur vectorielle, et pas scalaire, le résultat pré-
G
cédent s’applique aux projections g x , g y et g z de g :
∂g x ∂g x ∂g x ∂g x
∂t + v x ∂x + v y ∂y + v z ∂z
G G
dg ∂g y ∂g y ∂g y ∂g y ∂g G → G
= + vx + vy + vz = + (v ⋅ grad)g .
dt
N ∂t ∂x ∂y ∂z ∂t
N dérivée
dérivée ∂g z ∂g ∂g ∂g dérivée convective
particulaire + v x z + vy z + vz z locale
∂t ∂x ∂y ∂z
G G
Bien qu’en un point M, la grandeur gEUL ne dépende pas du temps, gLAG dé-
pend du temps, car la particule se déplace dans un champ non uniforme, et rencontre
400
Chapitre 4. Description d’un fluide en mouvemen 401
Pour un écoulement stationnaire, la trajectoire d’une particule qui passe par le point
M0 est confondue avec la ligne de courant passant par M0 .
G G
La particule se déplace, mais la grandeur gLAG (t ) = gEUL (t ) qu’elle rencontre à
la date t est indépendante du point où elle se trouve : c’est la même que si elle restait
G G
dg ∂g
toujours au même point : = . Sur la figure précédente, la particule est en M1 à
dt ∂t
t1 , en M 2 à t2 , etc.
G G G
dg ∂g G → G ∂g G
On a bien = + (v ⋅ grad)g = : la grandeurs gLAG (t ) varie comme si la
dt ∂t G ∂t
0
G G → G G
particule ne bougeait pas, car dans un champ gEUL (t ) uniforme, (v ⋅ grad)g = 0 .
401
402 Partie V. Mécanique
2
→ →
D d OM D d OM →
→ → D OM
→ G
Calculons = 2 d OM ⋅ = 2 d OM ⋅ d = 2 d OM ⋅ dv :
Dt Dt Dt
2
→
D d OM 3
∂v ∂v ∂v
Dt
=2 dxi dv i = 2 ∂x ij dxi dx j = ∂x ij + ∂xij dxi dx j = 2 Dij dxi dx j .
i =1 i, j i, j i, j
2Dij
→
Dans le cas du champ de vitesse d’un solide, on aurait d OM = Cte (les deux
402
Chapitre 4. Description d’un fluide en mouvemen 403
1 ∂v i ∂v j
La matrice [D ] , de coefficients Dij = traduit donc la déformation
+
2 ∂x j ∂xi
locale du fluide : c’est la matrice déformation. Elle est symétrique : D ji = Dij .
∂v i 1 ∂v i ∂v j 1 ∂v i ∂v j
On peut écrire = + + − . La matrice [ Ω ] est anti-
∂x j 2 ∂x j ∂xi 2 ∂x j ∂xi
Dij Ω ij
symétrique : Ω ji = −Ω ij
On peut maintenant exprimer la variation spatiale de la composante v i :
3 3 3
∂v
dv i = ∂x ij dx j = Dij dx j + Ωij dx j . On en déduit :
j =1 j =1 j =1
Ω 3 1 2
21 ∂v ∂v ∂
2 − 1 v 3
∂x1 ∂x2 ∂x3
G 1 → G
Le vecteur tourbillon ω = rot v mesure la rotation locale du fluide.
2
Finalement, à l’instant t :
403
404 Partie V. Mécanique
G 1 → G
On montre que le vecteur tourbillon ω = rot v mesure la rotation locale du
2
→ G G
fluide. Un écoulement est irrotationnel si rot v = 0 ∀M .
Pour un tel écoulement, il existe un potentiel des vitesses ϕ(M, t ) tel que
G
→
v = + grad ϕ .
2. CONSERVATION DE LA MASSE
2.1 Vecteur densité volumique de courants de masse / Débits massique et
volumique
Le fluide, en s’écoulant, transporte du volume et de la masse. On considère une
surface élémentaire d2 S autour d’un point M, s’appuyant sur un contour orienté.
404
Chapitre 4. Description d’un fluide en mouvemen 405
405
406 Partie V. Mécanique
La masse de Σ vaut :
— À la date t, dm(t ) = ρ( x, t ) S dx ;
— À la date t + d t , dm(t + dt ) = ρ( x, t + dt ) S dx .
Elle subit donc une variation pendant une durée infinitésimale dt :
∂ρ
d2m = dm(t + dt ) − dm(t ) = [ ρ( x, t + dt ) − ρ( x, t )] S dx = S dxdt .
∂t
On note δmx = Jm (x, t ) S dt la masse qui traverse la section S à l’abscisse x
pendant la durée dt, orientée dans le sens des x croissants. Le bilan de masse pour le
système Σ pendant dt s’écrit :
∂J
d2m = δmx − δmx + dx = [ Jm (x, t ) − Jm (x + dx, t )] S dt , soit d2m = − m S dxdt .
∂x
∂ρ ∂Jm
On obtient ainsi un bilan local de masse + = 0 à 1D qui traduit le fait
∂t ∂x
que la variation de masse n’est due qu’aux échanges, donc que la masse se conserve.
G
Le vecteur Jm étant peu utilisé, on retiendra plutôt cette équation locale de con-
∂ρ ∂(ρv )
servation de la masse sous la forme + = 0.
∂t ∂x
406
Chapitre 4. Description d’un fluide en mouvemen 407
G G ∂ρ ∂(ρv )
On retrouve le cas 1D si v ( x, t ) = v ( x, t )ex : + = 0.
∂t ∂x
407
408 Partie V. Mécanique
bulles d’air, ou d’eau mélangée à de l’huile), la masse volumique est la même en tout
point de l’écoulement, et à tout instant. Par exemple ρ = 1000 kg ⋅ m-3 ∀M,∀t pour un
écoulement d’eau liquide, même instationnaire.
∂ρ G
L’équation locale de conservation de la masse + div(ρv ) = 0 , devient,
∂t
G
puisque ρ est indépendant du temps et du point : ρdivv = 0 :
G
En tout point d’un écoulement incompressible et homogène, on a divv = 0 .
Dans un écoulement incompressible, la vitesse est grande dans les zones où les lignes
de courant sont resserrées.
408
Chapitre 4. Description d’un fluide en mouvemen 409
3. EXEMPLES D’ÉCOULEMENTS
3.1 Écoulement parallèle cisaillé entre deux plaques
Les deux plaques sont planes et parallèles. Celle d’équation y = 0 est fixe par
rapport au référentiel d’étude R , celle d’équation y = h est en translation rectiligne
G G
uniforme lente par rapport à R , avec la vitesse u = uex .
G u G
On montre qu’alors le champ de vitesse est v = yex .
h
Caractérisons cet écoulement.
G G u G G
— vEUL ( x, y , z, t ) = v = yex = vEUL ( y ) ne dépend pas de t : l’écoulement est station-
h
naire. Les différentes particules fluides qui passent au cours du temps par un point M
donné ont la même vitesse.
G ∂v
— divv = x = 0 : l’écoulement est incompressible.
∂x
0
vx
G 1 G 1 ∂
→
1 ∂v x G u G
— ω = rot v = ∧ 0 = − ez = − ez : l’écoulement est tourbillon-
2 2 ∂y 2 ∂y 2h
0
0
409
410 Partie V. Mécanique
naire. Le vecteur tourbillon qui caractérise la rotation des particules fluides est uni-
forme (le même en tout point).
1 ∂v x
0 0 0 u
0
2 ∂y 2h
1 ∂v x
0 = 0 n’est pas nulle : il
u
— La matrice déformation [D ] = 0 0
2 ∂y 2h
0 0 0 0 0 0
y a déformation des particules fluides, ici uniforme.
— Il y a donc ici translation + rotation + déformation.
Nous allons étudier les effets séparés de chacune
de ces transformations.
Pour cela, étudions de quelle façon est transformé
JJJJJJJJJJG
un segment M (t )M ′(t ) joignant deux particules fluides
infiniment proches à la date t.
La relationGdeJJJJJJJJJJJJJJJ
JJJJJJJJJJJJJJJJJJJJJ Chasles fournit :
G JJJJJJJJJJG JJJJJJJJJJJJJJJJG
M (t + dt )M ′(t + dt ) = M (t + dt )M (t ) + M (t )M ′(t ) + M ′(t )M ′(t + dt ) , soit :
JJJJJJJJJJJJJJJJJJJJJG JJJJJJJJJJG G G JJJJJJJJJJG G → →
M (t + dt )M ′(t + dt ) = M (t )M ′(t ) + [v (M ′) − v (M )] dt = M (t )M ′(t ) + ω ∧ MM ′+ [D ] ⋅ MM ′ dt
G G G →
→
puisque v (M ′) = v (M ) + ω ∧ MM ′+ [D ] ⋅ MM ′ .
JJJJJJJJJJG G G → u G
Dans le cas particulier où M (t )M ′(t ) = dxex , on a ω ∧ MM ′ dt = − dx dt ey et
2h
→ u G G
[D ] ⋅ MM ′ dt = 2h dx dt ey : les deux termes se compensent, et le segment dxex est en
translation pure.
JJJJJJJJJJG G G → u G
Dans le cas particulier où M (t )M ′(t ) = dyey , on a ω ∧ MM ′ dt = dy dt ex et
2h
G G G u G
[D ] ⋅ MM ′ dt = 2h dy dt ex : le segment dyey est transformé en dy ey + h dt ex , ce
→ u
u G
qui correspond à une rotation d’un angle 2dθ = − dt < 0 autour de ez .
h
410
Chapitre 4. Description d’un fluide en mouvemen 411
411
412 Partie V. Mécanique
G G u
— ex + ey , associé à la valeur propre .
h
G G u
— ex − ey , associé à la valeur propre − .
h
On peut donc trouver un parallélogramme dont la
déformation ne provoquera pas la rotation des côtés,
puisqu’à chaque vecteur propre s’ajoute entre t et t + dt un
vecteur qui lui est colinéaire.
Dans l’écoulement étudié, c’est le cas par exemple
d’un carré dont les côtés sont parallèles aux bissectrices
des axes.
— Une particule donnée qui passe par un point M [ x(t ), y (t ), z(t )] à la date t possède
G G G G
la vitesse vLAG (t ) = vEUL [ y (t )] ex = vLAG (t )ex , constamment portée par ex . La trajec-
x (t )
toire de la particule est donc une droite parallèle à Ox, d’équation y (t ) = Cte = y 0 .
z(t ) = Cte
Les lignes de courant sont également des droites parallèles à Ox.
G G G →
D’autre part, comme vLAG (t ) = v EUL [ y (t )] ex = v EUL [ y 0 ] ex = Cte , la particule
fluide possède un mouvement rectiligne uniforme, donc son accélération est nulle.
On peut trouver ce résultat à l’aide de la formule de dérivation particulaire :
G G G
dv ∂v G → G ∂ G ∂v G
= + (v ⋅ grad)v = v x v x ex = v x x ex = 0 .
dt N ∂t ∂x N∂x
G
0 0
412
Chapitre 4. Description d’un fluide en mouvemen 413
� → � �
d’Ampère � B ⋅ d OM = µ0 J ⋅ d2 S , permet de calculer le champ de vitesse dont la
γ S (γ)
� →
le long de γ : � v ⋅ d OM = 2πr v θ (r ) .
γ
� �
ω = ωez étant uniforme dans la zone où il est non nul, on a avec l’orientation
� � � �
choisie pour γ : 2
ω⋅ d2 S = 2ω0 πr 2 si r < R , et 2
ω ⋅ d2 S = 2ω0 πR 2 si r > R .
S (γ) S (γ)
� �
v = ω0r eθ pour r < R
Finalement, � R2 � .
v = ω0 eθ pour r > R
r
413
414 Partie V. Mécanique
Dans les deux cas, la vitesse d’une particule fluide donnée est :
� � � � � �
ɺ r + r θɺ eθ + ze
vLAG (t ) = re ɺ z = vEUL [M (t )] = v θ [ r (t )] eθ r = Cte et z = Cte .
La particule possède un mouvement circulaire autour de Oz de vitesse angu-
v (r )
laire θɺ = θ constante puisque r = Cte (mouvement circulaire uniforme) :
r
θɺ = ω0 pour r < R
R
2 .
ɺ
θ = ω0 pour r > R
r
On remarque de nouveau que le caractère irrotationnel ou tourbillonnaire de
l’écoulement n’est pas lié à la courbure des lignes de courant. Ici, elles sont circulaires
dans les deux zones : tourbillonnaire et irrotationnelle.
�
−r ω02er pour r < R
� �
L’accélération de la particule est aLAG (t ) = −r θɺ 2er = 4 .
2R
−ω0 3 pour r > R
r
On peut trouver ce résultat à l’aide de la formule de dérivation particulaire :
�
� � 2 � 2
−r ω02er pour r < R
dv ∂v � → � 1 ∂ � v ∂eθ v �
= + (v ⋅ grad)v = v θ v θeθ = θ = − θ er = 4 .
dt � ∂t r ∂θ r � ∂θ r −ω 2R
pour r > R
� � 0
0 −er r3
On peut faire tendre R vers 0, tout en conservant un champ de vitesse non nul,
à condition de maintenir constante la circulation Γ = 2ω0 πR 2 , ce qui entraîne ω0 → ∞ :
� Γ �
r ֏ ω(r ) devient une distribution de Dirac. On a alors v = eθ ∀r > 0 : le système
2πr
414
Chapitre 4. Description d’un fluide en mouvemen 415
G µ I G
est analogue à un fil infini pour lequel B = 0 eθ ∀r > 0 . Bien que l’écoulement soit
2πr
G
irrotationnel partout sauf sur Oz, la circulation de v n’est nulle que le long d’un contour
n’entourant pas Oz ; elle vaut Γ si le contour entoure Oz.
— Tube de Pitot : il permet la mesure de la vitesse d’un écoulement grâce à une dif-
férence entre deux pressions (nous en reparlerons dans le chapitre sur les fluides par-
faits).
415
416 Partie V. Mécanique
416
417
[MÉCANIQUE 5]
G u G
Plus précisément, on a v = yex . On parle de « profil » linéaire des vitesses.
h
Le caractère visqueux du fluide est responsable des forces tangentielles qui le
mettent en mouvement : la plaque mobile met en mouvement le fluide juste au-des-
sous, qui met en mouvement la couche inférieure, etc. À travers une surface
417
418 Partie V. Mécanique
élémentaire d2 S = dxdz parallèle aux plaques, le fluide (2) du dessus exerce sur le
G G G
fluide (1) du dessous une force « visqueuse » d2F2/1 = d2Fv = σv d2 S .
∂v
Comme x = T −1 , et qu’une contrainte
∂y
est homogène à une pression p, la dimension de η
est bien [ η] = [ p ] ⋅ T .
418
Chapitre 5. Dynamique des fluide 419
De façon générale, un fluide visqueux adhère aux parois solides (il y a non-
glissement du fluide sur le solide).
En revanche, dans le cas d’un fluide parfait, il peut y avoir glissement du fluide
sur le solide. La condition aux limites ne porte alors que sur la composante normale
de la vitesse en un point P de la paroi solide (ce qui traduit le fait que cette paroi est
imperméable au fluide : en P, la vitesse normale du fluide est nulle dans le référentiel
lié au solide).
419
420 Partie V. Mécanique
vitesses des N2 molécules que contient (2). Elle « glisse » sur un particule (1) en y
N1
G G 1 G
dont la vitesse est différente : v1 = vN
( y ) ex =
N1 vmj , avec par exemple v 2 > v1 .
v1 j =1
G
Même si les vitesses moyennes sont portées par ex , les vitesses des molécules
G
possèdent aussi une composante selon ey du fait de l’agitation thermique. Pendant
une durée dt, des molécules de (2) vont passer dans (1) et réciproquement : une quan-
G G
tité de mouvement δp2 passe de (2) vers (1), et une autre δp1 de (1) vers (2). Il en
G G G
résulte un transfert total δp = δp2 − δp1 de (2) vers (1).
G
En projection sur ex , on a δpx = δp2 x − δp1x > 0 puisque les particules qui pro-
G
viennent de (2) ont en moyenne une vitesse selon ex plus grande que celles qui pro-
viennent de (1). D’après le théorème de la quantité de mouvement, le système (1)
G δp G
subit de la part de (2) une force de composante tangentielle F2/1 T = x ex , dans le
dt
420
Chapitre 5. Dynamique des fluide 421
G
sens de ex : (1) est entrainée par (2) (qui va plus vite) dans le sens de l’écoulement,
et bien sûr (2) est retenue par (1).
421
422 Partie V. Mécanique
G G G ∂ ∂v G ∂ 2v G
d3Fv = d2Fv ( y + dy ) − d2Fv ( y ) = η x dydxdzex = η 2x dydxdzex , soit :
∂y ∂y ∂y
G ∂ 2v G G G G G
d3Fv = η 2x ex d3V = η( ∆v x )ex d3V = η∆vd3V , où ∆v est le laplacien de v .
∂y
G G
L’expression d3Fv = η∆vd3V est valable pour tout écoulement newtonien in-
compressible.
∂ ∂v1 ∂v 2 ∂v 3
= ηd3V ∆v i + + +
∂xi ∂x1 ∂x2 ∂x3
G ∂v ∂v ∂v
Or div v = 1 + 2 + 3 = 0 puisque l’écoulement est incompressible : on a
∂x1 ∂x2 ∂x3
G G
bien d3Fv = η∆vd3V pour tout écoulement newtonien incompressible.
422
Chapitre 5. Dynamique des fluide 423
G G G G
ρg d3V = ρ d3V g x ex + g y ey + g z ez (aucun axe n’est a priori vertical, l’écoulement
pouvant par exemple suivre un plan incliné).
Appliquons le P.F.D à la particule dans R :
dv x G G → G
ρ d3V ex = ρgd3V − grad p d3V + d3Fv ex .
dt
G G
En faisant le produit scalaire de cette relation par ey puis ez , on obtient :
∂p
∂y = ρg y
: la loi de pression est la même qu’en statique (loi hydrostatique) dans les
∂p = ρg
∂z
z
423
424 Partie V. Mécanique
πD 2
la section traversée : qv = u . C’est une vitesse moyenne, correspondant à un
4
écoulement uniforme de même débit volumique que l’écoulement étudié.
424
Chapitre 5. Dynamique des fluide 425
η
On introduit la viscosité cinématique d’un fluide : ν = en m2 ⋅ s-1 .
ρ
τd ρu L uL
Re = = = .
τc η ν
425
426 Partie V. Mécanique
G
poids ρg d3V . La particule est en outre soumise à deux types de forces surfaciques :
→
— Les forces de pression qui se mettent sous la forme − grad p d3V .
G
— Les forces visqueuses qui se mettent sous la forme η∆v d3V .
G
dv G → G
On obtient alors ρd3V = ρg d3V − grad p d3V + η∆v d3V .
dt
G
dv G → G
Le P.F.D s’écrit donc ρ = ρg − grad p + η∆v , où chaque terme est homogène
dt
à une force volumique (c’est-à-dire ici par unité de volume…).
En utilisant la formule permettant de calculer l’accélération particulaire à partir
du champ eulérien des vitesses, on obtient l’équation de Navier-Stokes, centrale en
mécanique des fluides :
G
∂v G → G G → G
ρ + (v ⋅ grad)v = ρg − grad p + η∆v , équation de Navier-Stokes, valable pour un
∂t
fluide newtonien incompressible.
G → ∂v ∂v ∂v
(v ⋅ grad)v x = v x x + v y x + v z x .
∂x ∂y ∂z
G
— Au fait que cette équation est d’ordre 2, de par la présence du laplacien ∆v .
G → G
O ρ(v ⋅ grad)v
Le nombre de Reynolds Re = donne l’ordre de grandeur du
G
O [ η∆v ]
G → G G
rapport du terme « convectif » ρ(v ⋅ grad)v au terme « diffusif » η∆v .
426
Chapitre 5. Dynamique des fluide 427
427
428 Partie V. Mécanique
— Dans une couche limite proche des parois (puisque la vitesse tend vers 0 en se
rapprochant de la paroi, les effets convectifs finissent par être dominés par les effets
diffusifs).
— Dans le sillage, zone tourbillonnaire en aval de l’obstacle.
La couche fluide qui entre en contact avec la plaque y adhère. Les particules
de la couche juste au-dessus sont ralenties progressivement par cette première
couche, et ralentissent à leur tour celles de la couche juste au-dessus. Ainsi, la zone
dans laquelle les phénomènes diffusifs sont non négligeables (couche limite) s’épaissit
orthogonalement à la plaque. Les particules fluides qui se trouvent à l’abscisse x = 0
à t = 0 arrivent dans la couche limite à l’abscisse x en une durée ∆t = O ( x / u ) .
428
Chapitre 5. Dynamique des fluide 429
Par exemple, pour l’écoulement d’air autour d’une voiture (on prend L = 1 m et
u = 10 m ⋅ s-1 soit Re ≃ 106 ), on a δ(L) ≃ 1 mm .
429
430 Partie V. Mécanique
Les forces qu’exerce le fluide sur le solide sont dues au mouvement relatif des
deux corps et sont donc les mêmes dans les deux situations. On les décompose en :
G
— Force de traînée Ft , souvent appelée simplement « traînée », qui s’oppose à la
G
vitesse u .
G
— Force de portance Fp , souvent appelée simplement « portance », qui est orthogo-
G
nale à la vitesse u .
L’expérience montre que ces forces font intervenir la surface obtenue en proje-
tant le solide sur un plan orthogonal à la vitesse, appelée maître-couple S .
πD2
Dans le cas d’une sphère de diamètre D, le maître couple vaut S = .
4
Nous allons raisonner sur ce cas pour déterminer les nombres sans dimension
G G
intervenant dans l’étude de la traînée ou de la portance. On note F = Ft ou Fp .
F dépend de D, de u, de la masse volumique ρ du fluide, et de sa viscosité
dynamique η. Il existe une relation de la forme f (F , D, u, ρ, η) = 0 .
Cherchons d’abord à former des nombres sans dimension indépendants à partir
de ces 5 grandeurs. Ces nombres sont de la forme N ∗ = F α Dβu γ ρδ ηλ .
Par analyse dimensionnelle, on obtient :
[F ] = M ⋅ L ⋅ T−2 [D ] = L [u ] = L ⋅ T−1 [ρ] = M ⋅ L−3 [η] = M ⋅ L−1 ⋅ T−1.
Seules interviennent trois dimensions : masse M, longueur L et temps T.
On obtient donc N ∗ = Mα+δ+λ ⋅ Lα+β+ γ − 3δ−λ ⋅ T −2α−γ −λ . Comme N ∗ est sans di-
α + δ + λ = 0
∗ 0 0 0
mension, il s’écrit N = M ⋅ L ⋅ T , d’où le système α + β + γ − 3δ − λ = 0 .
−2α − γ − λ = 0
C’est un système à 3 équations (les 3 dimensions M, L et T), et à 5 inconnues
(correspondant aux 5 grandeurs F, D, u, ρ et η). On peut donc fixer 2 coefficients, par
γ = β
exemple α et β, et résoudre le système, ce qui donne δ = α + β .
λ = −2α − β
430
Chapitre 5. Dynamique des fluide 431
α β
ρF ρuD α β
∗ α
On a N = F D u ρ ηβ β α +β −2α −β ∗
, soit N = 2 ⋅ ∗ ∗
η η = n1 ⋅ n2 .
Il n’y a donc que 2 nombres sans dimension indépendants formés à partir de F,
D, u, ρ et η. Tous les nombres sans dimension qu’on peut former à partir de ces gran-
α β
deurs sont en effet de la forme N ∗ = n1∗ ⋅ n2∗ .
On fait le choix :
G G 1 G
La traînée qui s’oppose à la vitesse u du solide est Ft = − ρS Cx uu .
2
Cx dépend du profil du solide : à ρ, S et u fixés, plus il est faible, plus la traînée
est faible. Cz dépend aussi du profil du solide : à ρ, S et u fixés, plus il est grand, plus
la portance est importante.
Comme les grandeurs F, D, u, ρ et η ne sont pas indépendantes, les nombres
sans dimension Re et C ( Cx ou Cz ) sont liés par une relation du type g (C, Re ) = 0 .
431
432 Partie V. Mécanique
ρuD
cet objet et l’étudier en soufflerie de façon à obtenir un nombre de Reynolds Re =
η
proche de celui de l’écoulement réel autour de l’objet.
Si le fluide est le même (l’air dans le cas d’une maquette d’avion par exemple),
le produit uD doit rester constant alors que D est plus petit pour la maquette que pour
l’objet réel : il peut être difficile, voire impossible, d’atteindre le même nombre de Rey-
nolds dans une soufflerie. Une solution est, comme dans le cas de la figure ci-dessous,
de placer la maquette dans un tunnel hydrodynamique puisque ν eau ≃ νair / 10 : la vi-
tesse à atteindre est alors sensiblement 10 fois plus petite.
432
Chapitre 5. Dynamique des fluide 433
G G
et de pression sont indépendants de ϕ, et v (M ) = v (r , θ) est dans le plan méridien zOx
contenant M. On trouve :
3 R R3
v r = u cos θ 1 − + 3
2 r 2r
3 R R3 3u ηR
v θ = −u sin θ 1 − − 3 , et p( r , θ) = p0 − cos θ , en prenant p → p0 .
4 r 4r 2r 2 r →∞
v ϕ = 0
Cette force est due à la résultante des actions de pression, non nulle puisque
la pression est plus forte en amont qu’en aval, et aux forces visqueuses qui entraînent
la sphère dans le sens de l’écoulement. La sphère est en outre soumise à la poussée
d’Archimède si on prend en compte la pesanteur.
On obtient grâce à une simulation numérique les lignes de courant suivantes :
433
434 Partie V. Mécanique
→ G G G
Dans ce domaine, le champ de vitesse est régi par rot ( ∆v ) = 0 et divv = 0 .
G G
Ainsi, si le champ v (M ) est solution de ce système d’équations, le champ −v (M ) en
est aussi une solution. Or cette deuxième solution correspond à l’écoulement inversé
dans le temps par rapport à la première.
G
Dans le cas de l’écoulement laminaire autour de la sphère, soit v + (M ) la
vitesse en un point M lorsque l’écoulement se fait de gauche à droite. Au point M ′
symétrique de M par rapport au plan xOy qui est un plan de symétrie de la sphère, la
G
vitesse v − (M ′) lorsque l’écoulement se fait de droite à gauche est symétrique de
G
v + (M ) par rapport à xOy (c’est la même situation physique que le fluide arrive de la
droite ou de la gauche).
L’écoulement étant réversible, si on change le sens de l’écoulement, la vitesse
G G
en M ′ est changée en son opposé : v + (M ′) = −v − (M ′) .
Le champ des vitesses en donc antisymétrique par rapport à xOy (la vitesse en
G
M ′ symétrique de M est l’opposée du symétrique de v (M ) ) : les lignes de courant sont
symétriques par rapport à xOy.
434
Chapitre 5. Dynamique des fluide 435
Les tourbillons dus au cisaillement dans la couche limite sont transportés dans
le sillage, où l’écoulement est instationnaire et subit de grandes fluctuations spatiales
�
et temporelles : v (M, t ) varie fortement d’un point à un autre et d’un instant à l’autre.
Cet écoulement est imprédictible car il y a une
grande sensibilité aux conditions initiales : si deux parti-
cules initialement très proches, sont transportées dans
le sillage, leurs trajectoires vont devenir très différentes
comme on le voit sur la figure ci-contre.
La turbulence a d’ailleurs pour effet positif de brasser les particules fluides et
joue un rôle fondamental dans la dispersion des polluants, et dans les mélanges.
Dans un grand domaine de Re allant de 2000 à 200 000, le Cx reste pratique-
� 1
ment constant : C x ≃ 0,4 . La traînée Ft = ρS Cx u 2 est alors quadratique en u.
2
La couche limite décolle pour un angle α : à partir de cet angle apparaît une
zone de recirculation dans laquelle le champ de vitesse change de sens (le fluide « re-
brousse chemin »).
435
436 Partie V. Mécanique
436
Chapitre 5. Dynamique des fluide 437
Cx (Re) ⋅ Re2 = Cte , soit logCx = Cte − 2log Re . Il correspond à une pente de −2 en
G
échelle log-log. Pour que Ft décroisse avec u, il faut donc que la pente de la courbe
Si les balles de golf étaient lisses, le nombre de Reynolds atteint lors d’un
« drive » ne suffirait pas pour atteindre la crise de traînée, alors que la présence d’al-
véoles permet d’obtenir cette crise pour des Re plus petits : une balle de golf alvéolée
va plus loin qu’une balle lisse de mêmes rayon et poids, lancée de façon identique.
On constate bien sur la courbe ci-dessus que la crise de traînée est avancée
quand la rugosité relative ε / D (écart-type des variations de rayon ∆r dues aux
437
438 Partie V. Mécanique
438
Chapitre 5. Dynamique des fluide 439
Le Cx des voitures, avions, etc. est quasiment constant dans les conditions où
nous les utilisons (domaine B). On peut donner quelques ordres de grandeur du Cx
de certains corps dans ce domaine où Re > 2000 :
G
L’aile est comprise entre deux plans orthogonaux à la vitesse u de l’avion par
rapport à l’air. Ces plans touchent l’aile en un point A en amont de l’écoulement d’air
par rapport à l’avion, appelé bord d’attaque, et en un point F en aval, appelé bord de
fuite.
La corde est la droite reliant A et F ; l’angle d’attaque (ou d’incidence) i, orienté,
G →
est l’angle (u, FA ) . On appelle extrados la surface supérieure de l’aile entre A et F ;
intrados la surface inférieure.
En réalité, l’aile n’est pas cylindrique : la corde diminue lorsqu’on se rapproche
du bout de l’aile. La longueur moyenne L de la corde est définie par la relation :
S = L ⋅ H , où S est la surface alaire (surface de l’aile vue de dessus) et H l’envergure
de l’aile (distance entre le fuselage et le bout de l’aile).
Pour définir les coefficients Cx et Cz dans le cas d’une aile d’avion, la surface
utilisée dans les expressions de la traînée est la surface alaire (qui est invariante) et
pas le maître-couple, qui lui varie avec l’incidence.
L’aile d’avion est bien mieux profilée que le cylindre : lorsqu’elle est peu inclinée,
la couche limite ne décolle que très près du bord de fuite. Le sillage est restreint, ce
439
440 Partie V. Mécanique
qui limite la traînée. Lorsque l’incidence augmente (pendant les phases de décollage
et d’atterrissage), la traînée augmente, ainsi que la portance.
Cependant, pour une incidence critique (de 16° à 20°), la couche limite décolle
près du bord d’attaque, ce qui provoque une chute importance de la portance. On parle
de décrochage. L’allure des courbes C x = f (i ) et Cz = f (i ) est la suivante :
440
Chapitre 5. Dynamique des fluide 441
1 2mg
grande que le poids : ρS Czu 2 ≥ mg u ≥ . On calcule la masse volu-
2 ρ S Cz
Mp0 29,0 ⋅ 10 −3 × 1,013 ⋅ 105
mique ρ = = = 1,21 kg ⋅ m-3 de l’air grâce à la loi des gaz
RT 8,314 × 293
parfaits.
2mg
Le décollage a lieu pour u ≥ = udéc = 277 km ⋅ h-1 . Cette vitesse est at-
ρS Cz
teinte grâce à la poussée Π = 1200 kN des réacteurs.
e2 ab t
−1 Π 1 ρS C x
u = ulim . On calcule a = = 2,82 m ⋅ s-2 , b = = 3,97 ⋅ 10 −4 m-1 ,
e 2 ab t
+1 m 2 m
e ab t
− e− ab t
1 e ab t
+ e− ab t
parcourue : xɺ = u = ulim x= ln . On en déduit la
e ab t
+ e− ab t b 2
1 e ab τ + e − ab τ
distance parcourue au moment du décollage : D = ln = 2240 m .
b 2
On peut déduire de ces relations l’influence de la masse volumique de l’air sur
la longueur D de la piste. a est indépendant de ρ ; b ∝ ρ ; udéc ∝ ρ−1/2 et ulim ∝ ρ−1/2
donc τ ∝ ρ−1/ 2 . On a alors ab τ indépendant de ρ et D ∝ ρ−1 .
À température identique, ρ ∝ p( z ) . En prenant p( z ) = p0e − z / H , on a D ∝ e z / H :
les pistes des aéroports situés à haute altitude doivent être plus longues qu’au niveau
441
442 Partie V. Mécanique
442
Chapitre 5. Dynamique des fluide 443
Cz
La finesse est définie comme le rapport F = , pour l’avion comme pour une
Cx
aile seule.
1,38
On a pour l’Airbus A380 au décollage F = = 4,2 . La finesse dépend du
0,330
nombre de Reynolds et de l’incidence du vent sur l’avion. Sa valeur maximale est de
22 pour l’A380.
Considérons un vol « plané » (moteurs coupés) : l’avion perd de l’altitude.
G G
On utilise la base de projection ( ex , ez ) définie sur le schéma ci-dessus. Le
G
du G 1 G 1 G
théorème du centre d’inertie fournit m = mg − ρS Cxu 2ex − ρS Czu 2ez .
dt 2 2
En effet, la traînée s’oppose à la vitesse, et est portée par le même axe Ox que
cette dernière, alors que la portance est orthogonale à la vitesse et est portée par Oz.
du 1
En projection sur Ox : m = mg cos α − ρS Cxu 2 .
dt 2
Après un court régime transitoire, l’avion atteint une vitesse limite :
2mg cos α
u= qui va diminuer lentement lors de la descente (car ρ augmente). On
ρS C x
1 1
a alors mg cos α = ρS Cxu 2 , et, en projection sur Oz : mg sin α = ρS Czu 2 .
2 2
C L
En faisant le rapport de ces deux relations, on obtient F = z = tan α = .
Cx ∆h
Le rapport entre la distance horizontale parcourue L et la perte d’altitude ∆h
augmente avec la finesse.
443
444 Partie V. Mécanique
Pour Re > 3000 , l’écoulement est turbulent, mais en effectuant des moyennes
G G
temporelles, on obtient un champ de vitesses v = v z ez porté par l’axe de l’écoule-
ment. Le profil est plat : l’écoulement moyen est quasiment uniforme, sauf très près
des parois, où la vitesse s’annule par adhérence. L’écoulement n’est pas parfait car la
turbulence dissipe de l’énergie, mais c’est surtout près des parois que cette dissipation
a lieu :
444
Chapitre 5. Dynamique des fluide 445
→ � �
L’écoulement est alors régi par l’équation de Stokes grad p = ρg + η∆v .
� → �
L’absence du terme de convection (v ⋅ grad)v n’est pas ici due à l’approxima-
tion Re < 1 (convection dominée par la viscosité), mais au fait que ce terme est nul
�
pour un écoulement parallèle selon ez , incompressible, et donc pour lequel v z est
indépendant de z. En revanche, Re ne doit pas dépasser 2000 car un tel écoulement
parallèle devient alors instable.
445
446 Partie V. Mécanique
� �
— Invariant par toute rotation autour de l’axe Oz de la conduite : v = v z (r )ez .
dp
On a donc = Cte = A , qui s’intègre en p( z ) = A z + B . La pression est une
dz
fonction affine de z.
446
Chapitre 5. Dynamique des fluide 447
η d dv z ∆p
On peut maintenant déterminer v z (r ) , qui vérifie r dr = A = − L .
r dr
d dv z ∆p dv z ∆p 2 dv z ∆p C
dr r dr = − ηL r r dr = − 2ηL r + C , puis dr = − 2ηL r + r , qui s’intègre en :
∆p 2
vz = − r + C ⋅ ln r + Cte . La vitesse étant finie sur l’axe Oz, on a C = 0 , d’où :
4ηL
∆p 2
vz = − r + Cte . Le fluide adhère à la paroi, donc la condition aux limites est :
4η L
v z (r = R ) = 0 . On en déduit :
∆p 2
v z (r ) = (R − r 2 ) pour 0 ≤ r ≤ R . Le profil de vitesse d’un écoulement laminaire
4ηL
est parabolique.
Comme v z est positif, ∆p l’est aussi : la pression décroît le long d’un écoule-
ment visqueux.
Il faut une pompe pour maintenir un écoulement stationnaire dans une conduite
horizontale.
R2
La vitesse est maximale sur l’axe : vmax = v z (r = 0) = ∆p .
4ηL
Le calcul du vecteur tourbillon :
G 1 → G 1 dv z G ∆p G G
ω= rot v = − eθ = + r eθ = ω (r )eθ , montre
2 2 dr 4ηL
que l’écoulement est tourbillonnaire, avec un vecteur
tourbillon non uniforme.
La rotation des particules fluides augmente avec
leur distance à l’axe Oz, et se fait dans le sens positif.
À cette rotation s’ajoute une déformation.
π∆p 2 R 2 R 4 πR 4 ∆p
R
∆p
qv = 4 ηL
(R 2 − r 2 )2πrdr = R ⋅
2ηL 2
− =
4 8 ηL
.
r =0
πR 4
La relation qv = ∆p , qui régit les écoulements stationnaires laminaires
8ηL
dans une conduite circulaire, est appelée loi de Poiseuille.
447
448 Partie V. Mécanique
G G
J ⋅ d S
conducteur 2
∆V = V1 − V2 I1→2 = ∆V = Rélec ⋅ I1→ 2
électrique S
G G
v ⋅ d S
écoulement 2
∆p = p1 − p2 qv 1→2 = ∆p = Rhyd ⋅ q v 1→ 2
en conduite S
Rhyd est appelée résistance hydraulique. Plus elle est grande, plus il faut une
grande différence de pression pour obtenir un débit volumique donné.
On peut comparer la résistance électrique d’un
conducteur de conductivité γ, de rayon R et de longueur
L
L, Rélec = à la résistance hydraulique d’une con-
γπR 2
8ηL
duite de mêmes rayon et longueur, Rhyd = .
πR 4
Les deux résistances sont proportionnelles à la
longueur L. La viscosité η joue le même rôle que la ré-
sistivité 1/ γ .
On note cependant que le rayon R influe plus sur l’écoulement de fluide que sur
l’écoulement de charges (puissance 4 au lieu de 2). Par exemple, avec un rayon 2 fois
plus petit, la résistance hydraulique est multipliée par 16, au lieu de 4 pour la résistance
électrique. Faire s’écouler un fluide dans une conduite très fine demande de grandes
différences de pression. Cette différence est due à la condition d’adhérence à la paroi
(vitesse normale et tangentielle nulle sur la paroi) pour l’écoulement d’un fluide vis-
queux, sans équivalent pour le conducteur électrique, où seule la composante normale
de la vitesse s’annule sur la surface latérale.
πR 4
La vitesse débitante u est définie par qv = u πR 2 = ∆p . Son calcul donne
8ηL
R2 v
u= ∆p = max .
8ηL 2
Puissance
Terminons notre étude par un bilan de puissance. Pour cela, appliquons entre t
et t + dt le théorème de l’énergie cinétique à une particule fluide dans le référentiel du
laboratoire, galiléen : dEc = δWp + δWv . δWp et δWv sont respectivement les travaux
des forces de pression et de viscosité, extérieures et intérieures à la particule fluide.
448
Chapitre 5. Dynamique des fluide 449
Le travail des forces de pression intérieures est nul pour un écoulement incom-
pressible.
G G G G dp
On a d3Pp = d2Fp ( z ) ⋅ v z (r )ez − d2Fp ( z + dz ) ⋅ v z (r )ez = − v z (r )r dr dθ dz ,
G G dz
p( z )r dr dθez p( z + dz )r dr dθez
449
450 Partie V. Mécanique
∆p
soit d3Pp = v z (r )r dr dθ dz .
L
La puissance des forces de pression sur tout le fluide contenu dans la conduite
R R
∆p
de longueur L vaut Pp = L
v z (r )r dr 2πL = ∆p v z (r )2πr dr .
r =0 =0
r
qv
450
Chapitre 5. Dynamique des fluide 451
451
452 Partie V. Mécanique
ρu D
— Nombre de Reynolds Re = .
η
ε
— Rugosité relative .
D
∆p / L
— Coefficient de perte de charge linéique λ = .
1 2
ρu / D
2
∆p
Puisqu’il existe une relation f , D, ε, u, ρ, η = 0 , les trois nombres sans di-
L
ε ε
mension Re, et λ sont liés : λ = f Re, . On peut donc tracer, en échelle log-log,
D D
un réseau de courbes, donnant le coefficient de perte de charge linéique λ en fonction
de Re, pour différentes rugosités relatives (diagramme de Moody).
Le tracé des courbes en régime turbulent est basé sur la formule empirique
(obtenue à partir des résultats expérimentaux) de Colebrook :
ε
1 D 2,51 ε
= −2,0log + , qui relie Re, et λ.
λ 3,7 Re λ D
452
Chapitre 5. Dynamique des fluide 453
∆p 8η 2ρuR 2ρuR
= qv , avec Re = η= , et qv = πR 2u . On a donc :
L πR 4 η Re
∆p 8 2ρuR 2 16 ρu 2
= πR u = .
L πR 4 Re Re R
∆p 1 1
Comme, par définition, = λ ρu 2 . On identifie :
L 2 2R
64
λ= , soit log λ = Cte − log Re . En échelle log-log, la loi de Poiseuille se traduit donc
Re
par une droite de pente −1.
En régime laminaire, la rugosité, dominée par la viscosité, ne joue aucun rôle.
Une aspérité sur la surface intérieure de la conduite ne déstabilise par l’écoulement
parallèle.
— En revanche, dans le domaine de transition ( 2000 < Re < 3000 ), la sensibilité aux
aspérités sur les parois et aux conditions initiales est si importante que la perte de
charge linéique n’est pas la même d’une conduite à l’autre, pourtant de même diamètre
et de même rugosité, ou d’une expérience à l’autre sur la même conduite.
453
454 Partie V. Mécanique
uD
nombre de Reynolds Re = ≃ 104 .
ν eau
ε
On lit alors sur le diagramme λ = 0,039 pour = 5 ⋅ 10 −3 et Re = 10 4 .
D
∆p 1 1
On a donc = λ ρu 2 = 1900 Pa ⋅ m-1 = 0,019 bar ⋅ m-1 .
L 2 D
Pour une pression d’entrée de plusieurs bars, la perte de charge reste faible
pour une longueur de quelques mètres, et l’écoulement peut être considéré comme
parfait.
Malheureusement, les coudes, nécessaires pour obtenir un circuit fermé, pro-
duisent des pertes de charge bien supérieures.
En ajoutant les pertes régulières et singulières, on peut calculer la puissance
minimale de la pompe nécessaire au fonctionnement de l’installation.
454
455
[MÉCANIQUE 6]
ÉCOULEMENTS PARFAITS
1. MODÈLE DU FLUIDE PARFAIT / THÉORÈME DE
BERNOULLI ET APPLICATIONS
1.1 Modèle du fluide parfait
Le fluide parfait n’a pas de viscosité : η = 0 . Il en résulte que les particules
fluides subissent, en l’absence de frottements, une transformation réversible.
Le modèle de fluide parfait est donc un modèle fort : un gaz parfait (dans lequel
il n’y a pas d’interactions entre les molécules) peut ne pas être un fluide parfait ! Il
possède alors une viscosité non nulle et est le siège de transferts thermiques.
Rappelons que le modèle de fluide parfait est acceptable, à grand nombre de
Reynolds :
— Pour un écoulement externe, sauf dans la couche limite et le sillage.
— Pour un écoulement interne de faible longueur (on peut alors négliger les pertes de
charge régulières), sans pertes de charge singulières.
En conséquence, on parle d’écoulement parfait pour décrire un écoulement, ou
une partie de l’écoulement, dans lequel un fluide réel se comporte comme un fluide
parfait.
455
456 Partie V. Mécanique
G
dv G → p
l’équation d’Euler prend la forme = g − grad .
dt ρ
→ dvG
G
Prenons le rotationnel de cette expression : on obtient rot = 0 . On ne
G dt
dv
peut pas ici permuter les dérivations car est une dérivée particulaire. On peut
dt
→ dvG
→ G
d rot v → G → G
cependant montrer que rot = − rot v ⋅ grad v , ce qui implique dans
dt dt
G
dω G → G G 1 → G
notre cas = ω ⋅ grad v (∗) , équation régissant ω = rot v , vecteur tourbillon de
dt 2
G G G
la particule qu’on suit dans le temps. Ainsi, si ω(t ) = 0 pour une particule fluide, ω
G G → G G G G
varie de dω = ω ⋅ grad v ⋅ dt = 0 pendant dt : ω(t + dt ) = 0 .
G G
On a donc ω(t ) = 0 ∀t : une particule fluide qui se trouve dans une zone où
l’écoulement est parfait garde le vecteur tourbillon nul qu’elle avait initialement en
amont d’un obstacle où l’écoulement est uniforme, ou bien parce qu’elle était au repos
avant le passage d’un véhicule par exemple. Il y a persistance du caractère
irrotationnel pour un écoulement parfait, incompressible et homogène. Ceci constitue
le théorème de Lagrange.
456
Chapitre 6. Écoulements parfaits 457
1
On peut donc écrire p + ρv 2 + ρgz = C le long d’une ligne de courant, où la
2
constante C, souvent appelée charge, est homogène à une pression, c’est-à-dire à
p v2
une énergie volumique, ou bien + + z = H , où H est homogène à une hauteur.
ρg 2g
Pour un écoulement inhomogène, la constante C n’est pas nécessairement la
même d’une ligne de courant à l’autre.
Si on suppose de plus l’écoulement homogène, on a vu qu’il est alors irrotation-
nel. Puisque ρ est uniforme dans tout l’écoulement, l’équation d’Euler devient :
G
∂v → v 2 → G G G 1 → → p
+ grad + rot v ∧ v = g − grad p = − grad gz + .
2
∂t G ρ ρ
N 0
0
→ p v 2 G
On a donc grad + + gz = 0 .
ρ 2
Ces deux théorèmes de Bernoulli doivent être appliqués avec précaution, car
toutes les hypothèses en italique sont nécessaires pour qu’ils s’appliquent.
457
458 Partie V. Mécanique
458
Chapitre 6. Écoulements parfaits 459
On a ainsi S1 ⋅ v1 = S2 ⋅ v 2 .
L’écoulement étant supposé parfait, incompressible et stationnaire, on a,
1
d’après le théorème de Bernoulli, conservation de p + ρv 2 + ρgz le long de la ligne
2
de courant confondue avec l’axe Oz, soit, en considérant la conduite horizontale (ou
1 1
en négligeant l’effet de la pesanteur) : p1 + ρv12 = p2 + ρv 22 .
2 2
On en déduit que si S1 > S 2 , alors v1 < v 2 , et donc p1 > p2 :
Débitmètre Venturi
Le débitmètre Venturi est une application de cet effet lorsque le fluide est un
liquide.
Des petits tubes cylindriques verticaux (appelés tubes piézométriques, car ils
permettent la mesure de pression) sont insérés dans la conduite au niveau des sec-
tions (connues) S1 et S2 . Le liquide monte dans ces deux tubes à des hauteurs
459
460 Partie V. Mécanique
� �
Comme v ≃ v x ( x ) ex , le champ de pression selon Oz est le champ statique d’un
p1 = p0 + ρgz1
fluide incompressible : p1 − p2 = ρg ( z1 − z2 ) .
p2 = p0 + ρgz2
1
D’autre part le théorème de Bernoulli fournit p1 − p2 = ρ v 22 − v12 , avec :
2
S1 1 S 2
v2 = v1 , soit p1 − p2 = ρv12 1 − 1 .
S2 2 S2
On obtient, en éliminant les différences de pression entre les deux relations :
2g ( z1 − z2 ) 2g ( z1 − z2 )
v12 = 2
, d’où le débit volumique qv = S1 ⋅ v1 = S1 2
. Ce débit volu-
S1 S1
−1 −1
S2 S2
mique, proportionnel à z1 − z2 , se calcule donc à partir des différences de hauteurs
lues sur les tubes piézométriques.
Trompe à eau
La trompe à eau fonctionne sur le principe de l’effet
Venturi : de l’eau s’écoule dans une conduite qui présente
un rétrécissement. À cet endroit, la conduite est ouverte.
Comme la pression p2 y est faible, un écoulement d’air se
produit. Si la pression de l’eau en amont est p1 , la dépres-
1 S 2
sion p1 − p2 = ρv12 1 − 1 est d’autant plus grande
2 S2
que le débit est grand. On arrive ainsi à faire le « vide »
dans un récipient (la pression de l’air y diminue jusqu’à at-
teindre la valeur p2 ).
460
Chapitre 6. Écoulements parfaits 461
Une première cavité débouche sur une série d’orifices comme le point B ′ , ré-
partis à la surface du tube de Pitot sur une couronne circulaire. Ces points étant suffi-
samment en aval, l’écoulement hors de la couche limite est quasiment uniforme dans
la section droite du tube passant par B ′ . Le point B se trouve dans ce plan, juste en
dehors de la couche limite, dans la zone où l’écoulement est parfait, et comme il n’y a
pas de variation de pression à la traversée de la couche limite, la pression dans cette
première cavité vaut pB′ = pB .
L’écoulement étant incompressible, le débit volumique se conserve dans le tube
de courant, donc u ⋅ S = v B ( S − s ) ≃ v B ⋅ S , ce qui entraîne v B ≃ u .
461
462 Partie V. Mécanique
Une deuxième cavité débouche sur l’extrémité A du tube de Pitot, placée face
à l’écoulement. A est un point d’arrêt : v A = 0 . La pression dans la deuxième cavité
est pA . Les différences d’altitude sont négligeables. Le théorème de Bernoulli sur la
ligne de courant reliant A∞ , un point suffisamment en amont, et A, puis sur celle entre
B∞ également loin en amont, et B, fournit :
1 2
pA = p∞ + 2 ρair u 1
pA − pB = ρair u 2 .
1
p + ρ u2 = p + ρ u2 1 2
B 2 air ∞
2
air
1
pB = p∞ est la pression statique, ρair u 2 la pression dynamique et pA la pres-
2
sion totale.
462
Chapitre 6. Écoulements parfaits 463
est supposé parallèle, donc il n’y a pas de variation de pression dans les directions
orthogonales au jet. Comme la pression p0 de l’air est uniforme autour du jet (la pous-
d2
On a v A = v B << v B , et donc une vitesse d’éjection v = v B = 2gz (formule
D2
de Torricelli).
463
464 Partie V. Mécanique
v 02
pose H = h0 + .
2g
Les conditions nécessaires pour appliquer le théorème de Bernoulli sont réu-
1 1
nies : on a p0 + ρv 02 + ρgh0 = p0 + ρv ( x )2 + ρg [ Z ( x ) + h( x )] entre deux points
2 2
d’abscisses x = 0 et x sur une ligne de courant à la surface libre.
v ( x )2 v 2
Ainsi + Z ( x ) + h( x ) = 0 + h0 = H (1) . D’autre part, le débit volumique se
2g 2g
conserve le long du cours d’eau : qv = Cte = L( x )h( x )v ( x ) (2) .
v2
(1) s’écrit alors + h = H 2g (H − h) , et le débit volumique qv = Lhv prend
2g
la forme qv = L 2g ⋅ h H − h . Si on fixe la largeur L, q v ne dépend que de h.
dq v g
Pour étudier la fonction h ֏ qv , calculons =L ⋅ [ 2H − 3h ] . Le
dh 2(H − h )
464
Chapitre 6. Écoulements parfaits 465
2H
débit croît pour 0 ≤ h ≤ hc = et décroît pour hc ≤ h ≤ H . La valeur maximale du dé-
3
3
2H 8gH
bit qu’on peut obtenir est qvmax = qv = L 27 .
3
Les cas h → 0 et h → H sont des cas limites pour lesquels le débit est nul.
Un débit q v inférieur à
qvmax peut être obtenu avec deux
hauteurs différentes. La plus petite,
ht , correspond à la plus grande vi-
tesse ; la plus grande, hf , corres-
pond à la plus petite vitesse.
v2 v2
Comme 2H − 3h = 2 h + − 3h , soit 2H − 3h = − h = h Fr 2 − 1 , on a :
2g g
dq v g
=L ⋅ h Fr 2 − 1 , donc ht correspond au régime torrentiel, hf au fluvial.
dh 2(H − h )
465
466 Partie V. Mécanique
466
Chapitre 6. Écoulements parfaits 467
→ � � � →
Comme rot v = 0 , il existe un potentiel ϕ(M ) tel que v = grad ϕ .
Le calcul est plus facile si on passe par le potentiel des vitesses ϕ. L’équation
→
locale que doit vérifier ϕ est div grad ϕ = 0 ⇔ ∆ϕ = 0 .
Comme le problème est invariant par toute translation selon Oz, ϕ ne dépend
pas de z : ϕ(r , θ) .
Les conditions aux limites sont :
� → �
— ϕ(r , θ) → ϕ∞ (r , θ) avec v ∞ = grad ϕ∞ = uex . On peut prendre ϕ∞ = u ⋅ x = ur cos θ .
r →∞
∂ϕ
— v r (r = R, θ) = (R, θ) = 0 ∀θ .
∂r
Afin de vérifier ces conditions aux limites, cherchons ϕ sous la forme :
ϕ(r , θ) = f (r ) ⋅ g (θ) .
∂ϕ
La condition (R, θ) = 0 ∀θ entraîne f ′(R ) = 0 . La condition à l’infini entraîne
∂r
qu’on peut prendre g (θ) = cos θ . Alors f (r ) ∼ ur .
r →∞
2 2
1 ∂ ∂ϕ 1 ∂ ϕ ∂ ϕ
En utilisant l’expression ∆ϕ = r ∂r + 2 2 + 2 dans un système de
r ∂r r ∂θ ∂z
coordonnées cylindriques, on obtient :
1 d f (r )
cos θ [ r f ′(r )] − 2 cos θ = 0 r 2f ′′(r ) + r f ′(r ) − f (r ) = 0 .
r dr r
Les solutions de cette équation différentielle linéaire d’ordre 2 forment un es-
pace vectoriel de dimension 2, dont on cherche une base sous la forme de fonctions
du type r ֏ f (r ) = r α .
Le coefficient α est donc tel que :
α(α − 1)r α + αr α − r α = 0 ∀r α2 = 1 ⇔ α = ±1.
Les solutions sont de la forme f (r ) = Ar + B / r .
On détermine A et B grâce aux conditions aux limites :
f (r ) ∼ ur A = u et f ′(R ) = 0 A − B / R 2 = 0 , soit B = AR 2 = uR 2 .
r →∞
R2
Finalement, ϕ( r , θ) = u r + cos θ , et :
r
∂ϕ R2
v r = = u 1 − 2 cos θ
� → ∂r r
v = grad ϕ = .
1 ∂ϕ R2
v θ = r ∂θ = −u 1 + 2 sin θ
r
467
468 Partie V. Mécanique
Dans le cas du cylindre qui tourne, la rotation est prise en compte en rajoutant
Γ
au potentiel ϕ(r , θ) = u r + R 2 / r cos θ le potentiel ϕ′(r , θ) = θ pour θ ∈ [ −π, π ] ,
2π
avec Γ ≥ 0 . Ce potentiel vérifie ∆ϕ′ = 0 , et correspond à un champ de vitesse :
v r′ = 0
G →
v ′ = grad ϕ′ = 1 ∂ϕ′ Γ .
v θ′ = r ∂θ = 2πr
G G G
Le champ V = v + v ′ est donc également solution du problème puisqu’on a
∆( ϕ + ϕ′) = 0 et que les conditions aux limites :
G G G
Vr ( r = R, θ) = 0 , et lim V (r , θ) = v ∞ = uex restent vérifiées. On constate au passage
r →∞
que le modèle de fluide parfait, associé à une géométrie doublement connexe (voir le
schéma ci-après) n’assure pas l’unicité du champ de vitesse solution du problème.
468
Chapitre 6. Écoulements parfaits 469
Montrons que Γ est la circulation du champ de vitesse le long d’un contour quel-
conque entourant le cylindre.
�
Le premier champ étudié v (M ) , qui correspond à Γ = 0 , est symétrique par rap-
�
port au plan y = 0 . La circulation du champ de vitesse v le long du cercle γ d’axe Oz
et de rayon r ≥ R est donc nulle.
� �
La circulation de V (M ) est donc égale à celle de v ′(M ) , et vaut sur le cercle γ
� → Γ � � Γℓ
précédent : � v ′ ⋅ d OM = � 2πr eθ ⋅ dℓeθ = 2πr = Γ .
γ γ
� → → � �
Γ2 = � V ⋅ d OM = rot V ⋅ d2 S . La différence entre les deux circulations vaut :
γ2 S2 ( γ 2 )
469
470 Partie V. Mécanique
→ G G
rot V ⋅ d
2
Γ1 − Γ 2 = S , où S est la surface entre γ1 et γ 2 , entièrement incluse dans
S
le fluide, où l’écoulement est irrotationnel : Γ1 = Γ 2 = Γ .
Il n’y a pas unicité de l’écoulement parfait autour d’un profil cylindrique (il y a
une infinité de solutions correspondant à des circulations différentes autour du cy-
lindre). En revanche, il n’y a qu’un seul écoulement de circulation Γ fixée.
G
Le champ de vitesse v ′(M ) qu’on a rajouté est un champ orthoradial, dirigé
dans le sens trigonométrique. En sa présence, la vitesse du fluide selon Ox augmente
au-dessous du cylindre ( y < 0 ) et diminue au-dessus.
470
Chapitre 6. Écoulements parfaits 471
La portance s’exerçant sur un cylindre tournant autour de son axe avec le vec-
G G
teur rotation Ω , et placé dans un écoulement orthogonal à son axe, de vitesse u à
G G G
l’infini, est Fp = α u ∧ Ω , avec α > 0 . Elle s’appelle dans ce cas force de Magnus.
471
472 Partie V. Mécanique
Le cylindre est fixé au fléau d’une balance. On place des masses dans le pla-
teau de façon à ce que le fléau soit horizontal quand la soufflerie est à l’arrêt. Selon le
sens de rotation, le cylindre monte ou descend.
472
Chapitre 6. Écoulements parfaits 473
473
474 Partie V. Mécanique
G → → G G
de Stokes N
Γ =
<0
v v ⋅ d OM = rot v ⋅ d2 S .
G
γ S (γ) =0
Il existe donc en réalité un tourbillon de bout d’aile, c’est-à-dire une zone tour-
billonnaire, assimilable à une ligne de « vorticité », c’est-à-dire une ligne de champ du
G 1 → G G
vecteur ω = rot v ≠ 0 . Ce n’est qu’au voisinage de cette ligne que l’écoulement n’est
2
pas parfait. Un tel vortex a été étudié à la section 3.2 du chapitre « Description d’un
fluide en mouvement ».
On peut montrer que ces lignes, qui partent du bout de chaque aile, se rejoi-
gnent derrière l’avion, produisant des tourbillons contrarotatifs qui se dissipent après
passage de l’avion, mais qui empêchent des décollages trop rapprochés, au risque de
déstabiliser un avion qui décollerait après un gros porteur…
474
475
[MÉCANIQUE 7]
BILANS MACROSCOPIQUES
1. BILAN D’UNE GRANDEUR EXTENSIVE x
1.1 Description eulérienne / lagrangienne
Dans la description eulé-
rienne, le système étudié Σ se trouve
dans le volume V à l’intérieur d’une
surface S fermée (au sens mathéma-
tique : elle entoure un volume inté-
rieur), fixe par rapport au référentiel
d’étude R .
Dans le cas d’un écoulement, des particules fluides traversent S , ce dernier est
un système ouvert (au sens physique : il échange de la matière avec le milieu exté-
rieur).
On peut donc effectuer des bilans de n’importe quelle grandeur extensive pour
Σ, mais on ne peut pas lui appliquer les théorèmes de la mécanique (théorème de la
quantité de mouvement, théorème du moment cinétique, théorème de l’énergie ciné-
tique), ni les principes de la thermodynamique, car il n’est pas constitué, entre deux
instants, par les mêmes particules.
Cette description eulérienne a déjà été utilisée dans le chapitre sur les champs
et les opérateurs différentiels pour établir l’équation locale traduisant le bilan d’une
grandeur extensive x.
d3 x
En notant ρ x = sa densité volumique, on a à la date t :
d3V
Notons que le mot « bilan » est utilisé aussi bien pour désigner le calcul du taux
dx
de variation de la grandeur extensive x d’un système Σ, ouvert ou fermé, que pour
dt
relier cette variation à ses causes (les échanges, la production).
475
476 Partie V. Mécanique
G G G G
où v = v (M, t ) est le champ de vitesse du fluide, on a δx s − δx e =
w ρ xv ⋅ d2 Sc dt .
P ∈ Sc
Finalement, pour le système fermé Σ :
476
Chapitre 7. Bilans macroscopiques 477
G G
∂ρx 3
dx = x ( t + dt ) − x ( t ) =
∂t
d V dt +
w ρ xv ⋅ d2 Sc dt .
M ∈Vc P ∈ Sc
On a donc un terme supplémentaire par rapport au cas de la description
eulérienne où Σ est ouvert :
dx ∂ρ x 3 G G
dt
N
= ∂t
dV +
w ρ xv ⋅ d2 Sc .
M ∈V c P ∈ Sc
dérivée totale
(Lagrange) dérivée locale (Euler) dérivée convective
Cette relation constitue le théorème de Reynolds (hors-programme), et relie la
description eulérienne (le système étudié est le système ouvert dans le volume de
contrôle) à la description lagrangienne (le système étudié Σ est fermé et transite par le
volume de contrôle). Elle permet donc de calculer la dérivée de la grandeur x d’un
dx ∂x G →
système fermé macroscopique, ce que la relation = + v ⋅ grad x faisait pour une
dt ∂t
particule fluide.
ρx (M, t )d V
3
x (t ) = + ρ x1(t ) S1 v1(t )dt .
M ∈V c δx e
477
478 Partie V. Mécanique
ρx (M,t + dt )d V
3
x ( t + dt ) = + ρ x 2 (t ) S2 v 2 (t )dt .
M ∈V c δx s
La notation ∆xm = xm2 − xm1 désigne ici une variation spatiale entre l’entrée et
la sortie du volume de contrôle, et pas une variation temporelle.
478
Chapitre 7. Bilans macroscopiques 479
2. TUYÈRES ET FUSÉES
2.1 Principe
La tuyère a pour but de transformer en énergie cinétique l’enthalpie du fluide
obtenu après combustion, afin d’expulser le fluide avec une grande vitesse. Nous ver-
rons que cette éjection est responsable de la poussée que subit un avion ou une fusée.
479
480 Partie V. Mécanique
Appliquons enfin le premier principe au fluide, entre l’entrée et une section quel-
1
conque, en négligeant l’influence de la pesanteur : ∆ v 2 + h = wu + q = 0 car la
2
tuyère ne comporte pas de pièces mobiles et que l’écoulement est adiabatique. On a
1
conservation de v 2 + h le long de la tuyère, soit en différentiant : vdv + dh = 0 .
2
d p dp dp
Comme pour une évolution isentropique, dh = T d
� s+ = , on a vdv = − (3) .
0 ρ ρ ρ
dp dS dv
En éliminant dρ entre (1) et (2), on obtient 2
+ + = 0 , puis en utilisant
ρc S v
vdv dS dv dS dv v 2
(3) : − 2
+ + =0⇔ = − 1 . On en déduit :
c S v S v c 2
dS dv
= M 2
− 1 , relation appelée formule d’Hugoniot.
S v
Cette formule permet de montrer que tant que l’écoulement est subsonique
( M < 1 ), il faut dS < 0 puisqu’on veut dv > 0 : la section doit diminuer.
Si on atteint la vitesse du son dans la tuyère, il faut au contraire que la section
augmente ( dS > 0 ) pour que la vitesse du fluide augmente alors que l’écoulement est
devenu supersonique ( M > 1 ). Une telle tuyère convergente-divergente s’appelle
tuyère de Laval (du nom de l’ingénieur suédois Gustaf de Laval) ; la vitesse de l’écou-
lement est supersonique au niveau du col.
La transition subsonique → supersonique étudiée ici est analogue à la transition
fluvial (subcritique) → torrentiel (supercritique) étudiée dans le chapitre précédent. La
dS dv 2 dZ d v
formule d’Hugoniot = M − 1 est l’analogue de = 1 − Fr 2 qui relie
S v h v
l’évolution de la vitesse de l’écoulement à celle du profil de la bosse, le nombre de
Mach étant l’analogue du nombre de Froude.
480
Chapitre 7. Bilans macroscopiques 481
Rγ
de masse molaire M, l’enthalpie massique vaut h(T ) = T + Cte . Comme entre
M ( γ − 1)
l’entrée et la sortie, une particule de gaz parfait subit une transformation isentropique,
1−γ 1−γ 1−γ γ −1
p γ
la loi de Laplace s’applique : T2 p2 γ
= T1p1 γ T2 = T1 1 = T1ψ γ
.
p2
γ −1
2R γ
La vitesse d’éjection vaut v 2 = T1 1 − ψ γ .
M ( γ − 1)
Cette formule fondamentale montre qu’on doit chercher des propergols (carbu-
rant et comburant) permettant d’obtenir une grande température T1 dans la chambre
de combustion, et possédant une masse molaire faible.
Une fusée est anaérobie : elle se déplace dans des milieux très dilués, pauvres
en dioxygène, et doit embarquer à la fois le réducteur, appelé carburant, et l’oxydant,
appelé comburant, qui vont réagir spontanément et dégager une grande énergie. La
réaction utilisée par les moteurs Vulcain équipant les dernières générations de fusée
Ariane a pour réactifs :
— L’hydrogène liquide de masse molaire M(H2 ) = 2,0 g ⋅ mol -1 .
481
482 Partie V. Mécanique
2
6× = 0,375 < 0,5 . Les proportions ne sont pas stœchiométriques, il y a un excès
32
de H2 , qui est gazeux dans l’état final, après la réaction totale suivante :
2H2 (g) + O2 (g) = 2H2O(g)
EI (mol) 2n0 2 × 0,375n0
EE(mol) 0,5n0 ε 1,5n0
0,5 × 2 + 1,5 × 18
On obtient donc un gaz de masse molaire M = = 14,0 g ⋅ mol-1 .
2
La température atteinte par les gaz du fait de l’énergie dégagée par la réaction
vaut 3300 K et la pression atteint 110 bar ! ψ est très faible et on a :
2R γ 2 × 8,31× 1,3
v2 ≃ T1 = × 3300 = 4100 m ⋅ s-1.
M ( γ − 1) 14,0 ⋅ 10−3 × 0,3
La pression extérieure pext joue un rôle important dans la conception de la
tuyère. Si p2 = pext , le jet sortant est parallèle à l’axe de la tuyère (en effet, il n’y a pas
de gradient de pression orthogonal à un écoulement parallèle si on néglige l’influence
de la pesanteur).
En revanche le jet diverge en sortie si p2 > pext (les gaz n’ont pas été assez
détendus) ou se contracte au contraire si p2 < pext (gaz sur-détendus). Aucun de ces
deux cas n’est souhaitable, car la quantité de mouvement sortante est diminuée du fait
de la vitesse radiale dans le jet (on montre par ailleurs que si p2 ≠ pext , des ondes de
choc ou de détente apparaissent et dissipent de l’énergie : l’écoulement s’écarte du
modèle parfait). La tuyère de Laval est dite adaptée quand p2 = pext .
Pour la tuyère du premier étage d’une fusée, qui correspond à la traversée de
l’atmosphère, la condition p2 = pext ne peut pas être obtenue avec une longueur fixe
de tuyère, car pext varie avec l’altitude. On effectue donc un compromis. Pour les
étages supérieurs qui fonctionnent dans le vide, la condition p2 = pext ≃ 0 est obtenue
avec des tuyères suffisamment longues.
482
Chapitre 7. Bilans macroscopiques 483
3. TURBORÉACTEUR
3.1 Description
Prenons l’exemple d’un des deux turboréacteurs d’un avion de ligne de masse
totale mavion = 40 tonnes , qui vole à une altitude H = 6000 m et à une vitesse cons-
tante v avion = u = 200 m ⋅ s-1 par rapport au référentiel terrestre R t dans lequel l’air
loin de l’avion est immobile.
On se placera dans le référentiel R avion en translation rectiligne uniforme par
rapport à R t , supposé galiléen. R avion est donc galiléen.
483
484 Partie V. Mécanique
Dans R avion , la vitesse d’entrée de l’air dans le réacteur est v1 = u , ce qui cor-
484
Chapitre 7. Bilans macroscopiques 485
L’air sera considéré comme un fluide parfait et a fortiori comme un gaz parfait
de coefficient γ = c p / cV = 1,4 .
Mg
α αR
Le modèle I.S.A aboutit à p = p0 1 − z , soit numériquement à :
T0
5,26
p = 1,013 [1 − 0,0226z ] , avec p en bar et z en km.
485
486 Partie V. Mécanique
1 M ( γ − 1) 2
T2 = T1 + v1 = 270 K .
2 Rγ
L’air est un fluide parfait qui subit des transformations isentropiques dans la
manche d’entrée, le compresseur, la turbine et la tuyère. Les lois de Laplace donnent :
γ
T γ −1
— Pour la manche d’entrée : p2 = p1 2 = 0,62 bar .
T1
γ
T γ −1
— Pour le compresseur : p3 = p2 3 = 3,7 bar = p4 .
T2
Pour la turbine, on ne peut pas procéder de même car on ne connaît pas la
température T5 . On applique alors le premier principe industriel au fluide entre l’entrée
et la sortie du compresseur et de la turbine. L’écoulement est stationnaire, et on peut
faire l’approximation qma + qmk ≃ qma :
Rγ
— Dans le compresseur qma (h3 − h2 ) = Pu 2→3 Pu 2→3 = qma (T3 − T2 ) > 0 .
M ( γ − 1)
Rγ
— Dans la turbine qma (h5 − h4 ) = Pu 4 →5 Pu 4→5 = qma (T5 − T4 ) < 0 .
M ( γ − 1)
Or, toute la puissance cédée par le gaz à la turbine est fournie au gaz dans le
compresseur via l’arbre de transmission. On a donc Pu 2→3 = −Pu 4 → 5 , soit :
T5 = T4 + T2 − T3 = 790 K . On peut désormais appliquer les lois de Laplace :
γ
T γ −1
— Dans la turbine : p5 = p4 5 = 1,8 bar .
T4
γ−1
p γ
— Dans la tuyère : T6 = T5 6 = 539 K .
p5
— En l’absence de transferts thermiques et de travail utile, on a conservation de
v 2 / 2 + h le long de la tuyère, donc v 62 / 2 + h6 = v 52 / 2 + h5 v 6 = 2(h5 − h6 ) , ce
�
<<v 6 2
2R γ
qui permet de calculer la vitesse d’éjection v 6 = (T5 − T6 ) = 710 m ⋅ s-1 .
M ( γ − 1)
Lorsque le réacteur est à l’arrêt à l’aéroport, il n’y a pas d’air pour faire tourner
le rotor de la turbine et donc le compresseur. Il est donc nécessaire de démarrer le
compresseur en lui injectant de l’air comprimé. C’est le rôle de l’APU (auxiliary power
unit), moteur moins puissant, à démarrage électrique, souvent situé dans la queue de
l’avion, et qui fournit en outre l’énergie électrique et hydraulique permettant de faire
fonctionner les instruments de bord, la climatisation, etc. Une fois que le rotor tourne
assez vite, on injecte et on enflamme le kérosène : le réacteur démarre et devient
autonome ; on peut éteindre l’APU.
486
Chapitre 7. Bilans macroscopiques 487
Comme v 6 > u , cette force est bien sûr dirigée vers l’avant de l’avion. Le turbo-
réacteur est conçu de façon à éjecter de l’air à une grande vitesse et avec un grand
débit massique.
Pour un seul réacteur la poussée vaut en norme qma (v 6 − u ) , et sa puissance
dans R t est P = qma (v 6 − u )u . En appliquant à l’air, dans R avion , le premier principe
industriel dans la chambre de combustion on obtient, avec toujours qmk << qma , la
Rγ
puissance thermique reçue par l’air : Pth ≃ qma (h4 − h3 ) Pth = qma (T4 − T3 ) .
M ( γ − 1)
P M ( γ − 1)(v 6 − u )u
On en déduit le rendement d’un réacteur η = = = 20% .
Pth R γ(T4 − T3 )
487
488 Partie V. Mécanique
4. TURBINE PELTON
4.1 Action d’un jet sur un auget en translation rectiligne uniforme
La turbine Pelton, ou roue Pelton, est constituée d’augets de forme similaire à
deux coquilles de noix.
Le jet d’eau incident de vitesse c dans le référentiel R du laboratoire, supposé
galiléen, vient heurter un auget et se séparer en deux. Les deux parties sont guidées
par l’auget et en ressortent sur les côtés de la roue en faisant un angle α proche de π
avec la direction incidente.
488
Chapitre 7. Bilans macroscopiques 489
489
490 Partie V. Mécanique
G G G
Pour déterminer la force totale sur l’auget Fauget = Fair/auget + Feau/auget , on ap-
plique le théorème de la résultante cinétique
au système Σ fermé constitué :
— À l’instant t, de l’eau à l’intérieur du volume
de contrôle Vc entre l’entrée et la sortie de
l’auget, et de l’eau qui va rentrer dans Vc
entre t et t + dt .
— À l’instant t + dt , de l’eau à l’intérieur de
Vc , et de l’eau qui est sortie de Vc entre t et
t + dt .
G S G G
On a dpΣ = 2 ρ (c − u )dt (c − u )cos αex − ρS (c − u )dt (c − u )ex soit :
2 dm
dm /2
G G G G G G
dpΣ G
= ρS (c − u )2 [ cos α − 1] ex = Fp0 /Σ + Fauget/Σ , avec Fauget/Σ = Fauget/eau = −Feau/auget .
dt
G
La force Fp0 /Σ est la force de pression qui s’exerce
sur Σ à travers la surface S eau . La pression vaut p0 en
tout point de cette surface. Elle vaut également p0 sur la
surface S air entre l’auget et l’air. Ainsi :
G G G
Fair/auget + Fp0 /eau = 0 , puisque S eau∪ S air est fermée.
G G G G
D’où Fauget = −Fp0 /eau + Fp0 /eau − ρS (c − u )2 [cos α − 1] ex ,
G G
soit Fauget = ρS (c − u )2 [1 − cos α ] ex .
En pratique, α = 180° − β , avec β un angle de l’ordre de quelques degrés, ce
qui évite le phénomène de talonnage (l’eau rejetée par un auget doit éviter au maxi-
mum le dos de l’auget suivant sous peine de faire chuter le rendement). Par la suite,
G G
on prend α = π donc Fauget = 2ρS (c − u )2 ex .
Repassons dans R pour effectuer un bilan de puissance. La vitesse d’entrée
G G G G
dans R est Ve = cex . Pour α = π , la vitesse de sortie dans R a vaut v s = −(c − u )ex ,
490
Chapitre 7. Bilans macroscopiques 491
G G G G G G
donc celle dans R vaut Vs = v s + uex = −(c − u )ex + uex = −(c − 2u ) ex , en composant
de nouveau les vitesses.
Pour simplifier, nous prendrons, dans toute la suite, une géométrie d’auget avec
une seule coquille de noix, équivalente au système réel. Dans ce cas, il n’y a qu’une
section de sortie S , identique à celle de l’entrée.
Prenons un volume de contrôle Vc
fixe dans R , et qui contient l’auget. Les
énergies cinétiques qui rentrent et qui sor-
tent de Vc entre t et t + dt sont :
1 1
— dEce = ρS cdt ⋅ c 2 = ρS c 3 dt
2 2
dme
1 1
— dEcs = ρS (c − 2u )dt ⋅ (c − 2u )2 = ρS (c − 2u )3 dt . Les schémas correspondent
2 2
dms
au cas où le jet repart vers la gauche dans R après interaction avec l’auget, soit au
cas où u ≤ c / 2 , mais les calculs effectués sont algébriques et restent vrais si
c / 2 ≤ u ≤ c , car alors l’énergie cinétique « sortante » est négative, ce qui signifie
qu’en réalité, elle rentre dans Vc .
dEce − dEcs 1
Vc a reçu une puissance cinétique P = = ρS c 3 − (c − 2u )3 . En
dt 2
491
492 Partie V. Mécanique
Dans l’approximation d’un nombre infini d’augets, le jet ne s’allonge pas du tout
et l’écoulement est stationnaire dans R (il est en fait périodique, de période courte
devant la période de rotation de la roue). Le jet repart dans le sens opposé au jet
incident, avec une vitesse plus faible c − 2u . Le débit volumique se conservant en
régime stationnaire, la section totale du jet est plus grande après interaction avec les
augets de la roue.
492
Chapitre 7. Bilans macroscopiques 493
493
494 Partie V. Mécanique
1 d 4
Avec l’injecteur, p( zs ) = ps << p0 entraîne ρgzs = p0 + ρ c�2 1 − .
2 2gH D
Il n’y aura jamais cavitation si zs ≥ H soit :
d 4 1/ 4
p
p0 + ρgH 1 − ≥ ρgH ⇔ d ≤ D 0 . Pour un diamètre D = 60 cm et en pre-
D ρgH
nant une hauteur de chute H = 300 m , on obtient d ≤ dmax = 26 cm .
Le phénomène de cavitation doit absolument être évité car, outre la chute de
rendement qu’il implique, l’implosion des bulles formées par cavitation provoque une
érosion accélérée de la conduite et de la turbine.
Dans le cas de la chute d’eau de 300 m, la valeur mesurée en sortie d’un injec-
teur de diamètre d = 12 cm est c ′ = 74 m ⋅ s-1 , légèrement inférieure à la valeur théo-
rique c = 2gH ≃ 77 m ⋅ s-1 du fait des pertes de charge le long de la conduite.
Tout se passe comme si la hauteur de chute H ′ était légèrement inférieure à la
2
H ′ c′
hauteur réelle H : C = = ≃ 0,92 . Le rendement de la conduite est donc égal
H c
3
1 1 πd 2 2 3
au rapport entre la puissance cinétique réelle Pcin = ′ c ′2 = ρ
qm C c , et la puis-
2 2 4
1
sance potentielle Ppot = qmc 2 , où qm
′ et qm sont les débits réel et théorique.
2
Ppot = qmgH est la puissance maximale qu’on peut tirer d’une chute d’eau de
hauteur H en l’absence de pertes (le débit serait alors qm ).
494
Chapitre 7. Bilans macroscopiques 495
1 πd 2 3 P
On a donc Ppot = ρ c et r = cin = C 3/2 = 89% .
2 4 Ppot
Dans ces conditions, la puissance maximale que peut fournir la turbine Pelton
1 πd 2 3
est Pmax = ρ c ′ = 2,3 MW .
2 4
On utilise souvent plusieurs injecteurs sur la même roue pour améliorer le ren-
dement. Les pertes sont dues à la viscosité, au renvoi du jet avec un angle inférieur à
180°, aux éclaboussures, aux pertes mécaniques.
P
Le rendement peut atteindre 90%.
Pmax
c′ c′
Le rendement maximal est obtenu pour u = RΩ ≃ ⇔Ω≃ , or la vitesse de
2 2R
rotation Ω dépend du couple résistant −Γ exercé par la génératrice d’électricité. Ce
dernier est de la forme −λΩ (c’est une conséquence de la loi de Faraday : la généra-
trice, en débitant, freine la turbine avec un couple de moment proportionnel à Ω). Le
coefficient λ est une constante dépendant des caractéristiques de la génératrice et du
circuit électrique qu’elle alimente. On a donc, en régime stationnaire, et en négligeant
πd 2 c ′2 1 2 c′
les frottements : Γ = 2ρS Rc ′(c ′ − u ) = 2ρ R = πd ρRc ′2 = λΩ = λ , lors-
4 2 4 2R
que le rendement est maximal.
πd 2ρR 2c ′
En choisissant un couple (R, λ) vérifiant l’équation = λ , tout en res-
2
pectant les contraintes sur le diamètre de la roue (qui peut atteindre plusieurs mètres),
on optimise le rendement du système global.
c′
On peut enfin calculer le nombre de Froude Fr = , sachant que l’injecteur
gL
est placé près de la roue (à une distance égale à quelques diamètres du jet). Prenons
L = 50 cm , on a Fr ≃ 30 : la pesanteur influe peu sur le système.
5. ÉOLIENNE
5.1 Principe
L’éolienne est placée dans une zone où les vents moyens ont une vitesse im-
� �
portante v1 = v1ex .
Le nombre de Mach reste cependant suffisamment faible pour que l’écoulement
d’air, de masse volumique ρ, soit incompressible. L’éolienne tourne à la vitesse angu-
laire Ω autour d’un axe horizontal ∆ = Ox . Elle subit un couple de moment M∆ de la
part de l’air, dont elle reçoit une puissance P = M∆ ⋅ Ω .
495
496 Partie V. Mécanique
496
Chapitre 7. Bilans macroscopiques 497
La pression est différente de p0 pour l’air qui traverse l’éolienne, sauf loin en
amont et loin en aval où l’écoulement est parallèle.
On ne peut pas appliquer le théorème de Bernoulli à la traversée de l’éolienne
car le fluide y reçoit un travail utile.
En revanche, on peut l’appliquer sur une ligne de courant entre un point en
amont et un point situé juste avant l’éolienne, où la pression est notée p − . On peut
également l’appliquer entre un point situé juste après l’éolienne, où la pression est
1 1
p0 + ρv12 = p − + ρv 2
2 2
notée p + , et un point en aval : .
p + 1 ρv 2 = p + + 1 ρv 2
0 2 2 2
Comme v 2 < v < v1 , on a p + < p0 < p − : l’éolienne subit une force de pression
G
( p − − p + ) S ex .
La différence entre la puissance cinétique entrante et sortante du tube est égale
1 1 1
à la puissance P reçue par l’éolienne : P = ρS v13 − ρS v 23 = qm (v12 − v 22 ) .
2 2 2
Un bilan de quantité de mouvement appliqué à l’air qui transite par le volume
G
dp G
de contrôle entre S1 et S 2 fournit = qm (v 2 − v1) ex .
dt
G
Ce système fermé n’est soumis qu’à la force −F de l’éolienne, car la pression
étant uniforme, égale à p0 , à l’extérieur du tube de courant, la résultante des actions
de pression est nulle.
G G
On en déduit F = qm (v1 − v 2 )ex , et une autre expression de la puissance :
G G
P = F ⋅ v = qmv (v1 − v 2 ) .
v1 + v 2
De ces deux expressions de puissance on tire celle, v = , de la vitesse
2
du vent au niveau de l’éolienne. On a donc v 2 = 2v − v1 et v1 − v 2 = 2(v1 − v ) .
497
498 Partie V. Mécanique
16
On obtient l’efficacité maximale ηmax = ≃ 59% lorsque le vent loin en aval
27
de l’éolienne a perdu 2/3 de sa vitesse.
498
499
[SIXIÈME PARTIE]
THERMODYNAMIQUE
Les chapitres :
1. Révisions et compléments : les principes de la thermodynamique 501
2. Systèmes ouverts en régime stationnaire 537
3. Diffusion de particules 555
4. Diffusion thermique 575
5. Rayonnement thermique 607
499
500
501
[THERMODYNAMIQUE 1]
RÉVISIONS ET COMPLÉMENTS :
LES PRINCIPES DE LA
THERMODYNAMIQUE
1. SYSTÈME THERMODYNAMIQUE
1.1 État d’un système macroscopique
Prenons comme système Σ un échantillon de matière macroscopique dont les
constituants élémentaires (atomes, ions, molécules) seront appelés, de façon géné-
rale, molécules. Le nombre de molécules que contient ce système est de l’ordre de
1023 , voire plus.
Σ est séparé du milieu extérieur par une surface S . On distingue les systèmes
fermés, qui n’échangent pas de matière avec le milieu extérieur à travers S , des sys-
tèmes ouverts, pour lesquels on peut avoir de la matière qui rentre, qui sort, ou les
deux à la fois. Un système fermé peut échanger de l’énergie avec l’extérieur, contrai-
rement à un système isolé qui n’échange ni matière, ni énergie avec l’extérieur.
La donnée de la position et du vecteur vitesse des molécules de Σ permet de
définir un micro-état. Vu le nombre gigantesque de ces molécules, il est impossible de
décrire un micro-état, encore plus de prévoir son évolution à partir d’interactions mi-
croscopiques.
Heureusement, un observateur « macroscopique » est insensible au mouve-
ment désordonné des molécules, et il lui suffit de quelques paramètres, appelés para-
mètres d’état (pression, température, volume, énergie…), pour définir l’état macrosco-
pique du système Σ (macro-état).
On distingue les paramètres d’état extensifs x, qui sont proportionnels au vo-
lume V de matière homogène (volume bien sûr, masse, énergie…), des paramètres
d’état intensifs X, au contraire indépendants de V (pression, température, et tout rap-
m
port de grandeurs extensives, comme la masse volumique ρ = ).
V
Ces paramètres d’état se déduisent des grandeurs microscopiques en effec-
tuant des moyennes sur un grand nombre de molécules. On ne sait faire le lien que
pour des modèles microscopiques très simples. C’est le cas de la théorie cinétique
des gaz parfaits. Dans un cours de thermodynamique classique, on ignore le plus sou-
vent la nature microscopique des corps, et les relations entre paramètres d’état sont
issues de l’expérience (relations phénoménologiques, appelées équations d’état).
Ainsi, tous les paramètres d’état nécessaires à la description de Σ étant fixés, tout
501
502 Partie VI. Thermodynamique
autre paramètre d’état Y du système Σ est fixé, ce qui se traduit par une équation d’état
Y = f ( x, X ,...) . La grandeur Y est alors arbitrairement appelée fonction d’état.
L’état d’un système est défini lorsque ce dernier est à l’équilibre thermodyna-
mique, dont la définition est la suivante :
502
Chapitre 1. Révisions et compléments : les principes de la thermodynamique 503
Deuxième exemple
Un corps dont les parois sont diathermanes (elles permettent les échanges ther-
miques) est initialement (à t = t1 ) en équilibre thermodynamique avec un thermostat
de température T1 . L’état du corps est caractérisé par son volume V1 , sa pression p1
et sa température T1 . Cet équilibre est rompu par modification du milieu extérieur : on
impose une contrainte
externe en plaçant le
corps dans un ther-
mostat de tempéra-
ture Text = T2 ≠ T1 . Le
système n’étant plus
en équilibre ther-
mique, il évolue. Après un temps de relaxation, le système se trouve dans un nouvel
état d’équilibre (à t = t2 ). L’état du corps est alors caractérisé par son volume V2 , sa
pression p2 et sa température T2 égale à celle du thermostat. Les transferts ther-
miques cessent lorsque la température du corps est uniformément égale à T2 .
Comme précédemment, lors de la transformation ( t1 < t < t2 ), les paramètres
503
504 Partie VI. Thermodynamique
Transformations quasi-statiques
On peut imposer les contraintes extérieures de manière plus douce.
Dans le premier exemple, découpons la masse M en N petites masses M / N .
On pose chaque petite masse sur le piston et on attend à chaque fois l’équilibre.
504
Chapitre 1. Révisions et compléments : les principes de la thermodynamique 505
mécanique (à tout instant, p = pext s’il existe des parois mobiles) et thermique (à tout
instant, T = Text s’il existe des parois diathermanes). On peut parler de sa pression p
et de sa température T puisque ces grandeurs sont homogènes. Si on inverse les
contraintes externes, c’est-à-dire si on fait passer de nouveau la pression extérieure
de p2 à p1 dans le premier exemple, ou la température extérieure de T2 à T1 dans le
deuxième, en une infinité d’étapes, le système repasse exactement par les mêmes
états que lors de la transformation directe. On dit dans ce cas que la transformation
est réversible.
On définit une transformation quasi-statique comme suffisamment lente pour
pouvoir négliger les fluctuations spatiales des grandeurs intensives (p,T,…). On peut
alors représenter une telle transformation dans un diagramme (p,V) ou (p,T). Néan-
moins la lenteur ne suffit pas pour qu’une transformation soit réversible : lors d’une
très lente détente d’un gaz dans le vide, réalisée en perçant un petit trou dans l’en-
ceinte le contenant, il n’y a pas équilibre avec le milieu extérieur ( p ≠ pext = 0 ). D’autre
part, si les frottements fluides disparaissent pour des transformations infiniment lentes,
ce n’est pas le cas des frottements solides, qui rendent irréversibles de telles transfor-
mations. Enfin, certains systèmes présentent des phénomènes d’hystérésis, comme
un fil métallique sur lequel on exerce une traction, et qui s’allonge. Lorsque la force F
exercée devient trop grande, la transformation est irréversible (on passe du domaine
d’élasticité au domaine de plasticité), et la longueur du fil lorsqu’on revient à F = 0 est
plus grande qu’avant la traction. Là encore, la lenteur de la transformation ne suffit pas
à la rendre réversible.
En conclusion, les transformations réelles sont irréversibles, mais lorsque les
contraintes ( pext ,Text …) sur le système varient lentement, il est constamment proche
de l’équilibre thermodynamique et on se rapproche d’une transformation réversible. Il
faut faire appel au second principe de la thermodynamique pour disposer d’un critère
permettant de mesurer « l’irréversibilité » d’une transformation, et de valider éventuel-
lement l’hypothèse d’une transformation réversible. Retenons l’implication :
Un système subit une transformation réversible s’il est constamment en équilibre ther-
p = pext en présence de parois mobiles
modynamique .
T = Text en présence de parois diathermanes
On peut alors représenter l’évolution du système par une courbe continue dans
un diagramme (p,V) ou (p,T).
505
506 Partie VI. Thermodynamique
→ � � �ɺ
mouvement est entièrement déterminé. On connaît OM (t ) = ξ(t ) , et v (t ) = ξ(t ) , entre
→ �
les dates t = 0 et t = t0 > 0 où le vecteur position est OM0 et le vecteur vitesse v 0 .
�
→ �
Supposons qu’à t0 on impose un vecteur vitesse −v 0 : on a OM (t ) = ψ(t ) pour
t ≥ t0 . Deux cas se présentent :
� � �ɺ �ɺ
— Si ψ(t0 + t ′) = ξ(t0 − t ′) ∀t ′ ≥ 0 , ce qui entraîne ψ (t0 + t ′) = −ξ(t0 − t ′) ∀t ′ ≥ 0 , le mou-
vement est réversible. Les équations du mouvement sont invariantes par le change-
ment t → −t . On peut formuler cette propriété autrement : le film du mouvement du
point matériel pour t ≤ t0 , passé à l’envers, montre l’évolution qu’on obtiendrait avec
→ �
les conditions initiales ( OM0 , −v 0 ). C’est le cas du mouvement d’un corps uniquement
→
d2 OM �
soumis à son poids, dont l’équation du mouvement est 2
= g , ou de l’oscillateur
dt
2
d x
harmonique, dont l’équation du mouvement est + ω0 2 x = 0 .
dt 2
� �
— Si ψ(t0 + t ′) ≠ ξ(t0 − t ′) , le mouvement est irréversible. Les équations du mouvement
ne sont pas invariantes par le changement t → −t . Le film du mouvement du point
matériel pour t ≤ t0 , passé à l’envers, décrit une situation physiquement différente.
m�
C’est le cas si on rajoute des frottements fluides de la forme − v dans les
τ
→
→
d2 OM 1 d OM �
deux exemples précédents. L’équation du mouvement devient + =g
dt 2 τ dt
506
Chapitre 1. Révisions et compléments : les principes de la thermodynamique 507
d2 x ω0 dx
pour le corps soumis à son poids, et 2
+ + ω02 x = 0 , avec ω0 / Q > 0 , pour
dt Q dt
l’oscillateur harmonique, désormais amorti.
Dans ce dernier cas, le film passé à l’envers correspond à un mouvement am-
d2 x
ω dx
plifié, dont l’équation est − 0 + ω02 x = 0 . Il est impossible d’obtenir un tel mou-
dt 2 Q dt
vement avec les mêmes forces, c’est-à-dire sans l’intervention d’un opérateur qui four-
nisse de l’énergie au système.
tielle extérieure Epext (due aux actions qu’exerce le milieu extérieur sur Σ) et énergie
507
508 Partie VI. Thermodynamique
Em = Ec mac + Epext est l’énergie mécanique de Σ (telle qu’elle est définie en mé-
canique pour un système macroscopique). Elle ne contient pas l’énergie potentielle
intérieure car on fait le choix de décrire les interactions intérieures au niveau micros-
copique.
Ce « découpage » énergétique convient pour les systèmes usuels, comme un
morceau de métal, qui ne contiennent pas d’énergie potentielle intérieure macrosco-
pique. En revanche, pour un système constitué de deux objets macroscopiques reliés
1
par un ressort, l’énergie potentielle élastique Ep12int = k (ℓ − ℓ 0 )2 , intérieure au sys-
2
tème, est intégrée à l’énergie mécanique. De même pour un système constitué de
deux étoiles distantes de r, l’énergie potentielle gravitationnelle Ep12int = −Gm1m2 / r ,
intérieure au système, est là aussi intégrée à l’énergie mécanique.
Finalement, E = Ec + Ep = Ec mac + Epext + Ec * + Epint E = Em + U .
Les variations de l’énergie totale E sont donc dues au travail des forces exté-
rieures non conservatives. Ces échanges d’énergie avec l’extérieur peuvent se faire
de deux façons :
508
Chapitre 1. Révisions et compléments : les principes de la thermodynamique 509
Travail et chaleur ne sont pas des fonctions d’état de Σ, ils ne sont définis que
pour une transformation donnée.
509
510 Partie VI. Thermodynamique
Le premier principe se met alors sous la forme la plus connue (bien que moins
générale) :
sipée par les frottements, alors que si Σ est calorifugé, δQ = 0 dU = −δWintmac > 0 :
l’effet des frottements internes est une augmentation de l’énergie interne du système.
510
Chapitre 1. Révisions et compléments : les principes de la thermodynamique 511
On suppose par la suite que le système est uniquement soumis au travail des
forces de pression.
Le second principe introduit l’entropie S de Σ, qui est une fonction d’état exten-
sive, non conservative. Pour une transformation finie entre les instants t1 et t2 , la va-
511
512 Partie VI. Thermodynamique
Pour un corps pur, l’entropie molaire sous phase gazeuse est donc (beaucoup)
plus grande que sous phase liquide, elle-même plus grande que sous phase solide.
512
Chapitre 1. Révisions et compléments : les principes de la thermodynamique 513
δQrév
de Σ. T est alors uniforme. Le second principe devient dans ce cas dS = , or le
T
premier principe donne pour une transformation réversible dU = − pdV + δQrév , d’où
1 p
dS = dU + dV , relation connue sous le nom d’identité thermodynamique.
T T
Elle n’est vraie que pour une transformation réversible, mais permet de calculer
une variation d’entropie ∆S = S(t 2 ) − S(t1) entre deux états (1) et (2) connus, puisque
cette variation est indépendante du chemin suivi entre ces deux états.
(2)
1 p
En prenant un chemin réversible, on obtient ∆S = T dU + T dV .
(1)
1 V
Comme H = U + pV dH = dU + pdV + Vdp , on a aussi dS = dH − dp ,
T T
(2)
1 V
qui est une autre identité thermodynamique, et ∆S = T dH − T dp .
(1)
Le concept de transformation réversible est donc très important :
— Théoriquement, car il permet le calcul de ∆S .
— Dans la pratique, car une transformation réelle, irréversible, peut être considérée
comme réversible si la production d’entropie reste petite devant l’entropie échangée.
Pour un système fermé constitué de n moles d’un corps pur, les paramètres
d’état p, V et T ne sont pas indépendants, mais liés par une équation d’état thermoé-
lastique, c’est-à-dire une relation f ( p,V ,T ) = 0 .
513
514 Partie VI. Thermodynamique
∂V ∂V
l’expression différentielle : dV = dp + dT .
∂p T ∂T p
On définit et on tabule les coefficients thermoélastiques suivants :
1 ∂V
— χT = − , coefficient de compressibilité isotherme (homogène à l’inverse
V ∂p T
d’une pression) qui traduit l’influence de la pression sur le volume (V diminue toujours
si p augmente : χT > 0 ).
1 ∂V
— α= , coefficient de dilatation isobare (homogène à l’inverse d’une tempé-
V ∂T p
rature), qui traduit l’influence de la température sur le volume (le plus souvent V aug-
mente quand T augmente : α > 0 , mais pas toujours : α < 0 par exemple pour H2O(ℓ )
entre 0°C et 4°C).
∂U -1 -1
Par définition, mcV = nMcV = CV = , où cV ( J ⋅ K ⋅ kg ) est la capacité
∂T V
thermique massique du corps pur à volume constant, CVm = McV ( J ⋅ K -1 ⋅ mol-1 ) la ca-
pacité thermique molaire du corps pur à volume constant, et CV ( J ⋅ K -1 ) la capacité
thermique du système à volume constant.
1 p
L’identité thermodynamique dS = dU + dV permet d’exprimer la différen-
T T
mcV ℓ
tielle de l’entropie S(T ,V ) : dS = dT + dV . Le théorème de Schwarz permet
T T
d’écrire que les dérivées croisées sont égales car U et S sont des fonctions d’état :
∂mcV ∂( ℓ − p ) ∂mcV ∂ℓ ∂p
= ⇔ = ∂T − ∂T
∂V T ∂ T V ∂ V T V V
∂ mcV = ∂ ℓ ⇔ 1 ∂mcV = − ℓ + 1 ∂ℓ
∂V T
∂T T V T ∂V T
T 2 T ∂T V
T
∂p
En combinant ces deux relations, on obtient ℓ = T . Cette relation (hors
∂T V
514
Chapitre 1. Révisions et compléments : les principes de la thermodynamique 515
programme) montre que le coefficient calorimétrique ℓ est lié aux coefficients thermo-
élastiques. Il est donc calculable si on connaît l’équation d’état thermoélastique.
— On choisit d’exprimer l’enthalpie H (T , p ) comme une fonction des variables indé-
∂H ∂H
pendantes T et p, d’où dH = dT + ∂p dp déf
= mc p dT + (k + V )dp .
∂T p T
∂H -1 -1
Par définition, mc p = nMc p = Cp = , où c p ( J ⋅ K ⋅ kg ) est la capacité
∂T p
thermique massique du corps pur à pression constante, Cpm = Mc p ( J ⋅ K -1 ⋅ mol-1 ) la
1 V
L’identité thermodynamique dS = dH − dp permet d’exprimer la différen-
T T
mc p k
tielle de l’entropie S(T , p ) : dS = dT + dp . Le théorème de Schwarz permet
T T
d’écrire que les dérivées croisées sont égales car H et S sont des fonctions d’état :
∂mc p ∂( k + V ) ∂mc p ∂k ∂V
= ⇔ = +
∂p T ∂T p ∂p T ∂T p ∂T p
∂ mc p ∂ k 1 ∂mc p k 1 ∂k
∂p T = ∂T T ⇔ T ∂p = − T 2 + T ∂T
T p T p
∂V
En combinant ces deux relations, on obtient k = −T . Cette relation (hors
∂T p
programme) montre que le coefficient calorimétrique k est lié aux coefficients
thermoélastiques. Il est donc calculable si on connaît l’équation d’état thermoélastique.
Finalement, toutes les propriétés thermodynamiques d’un corps pur sont con-
nues si on connaît deux équations d’état :
— L’équation d’état thermoélastique f ( p,V ,T ) = 0 qui permet de calculer α, χT , ℓ et k.
— L’équation d’état calorimétrique f (U ,T ,V ) = 0 , ou f (H ,T , p ) = 0 , qui permet de cal-
culer mcV et mc p .
On en déduit α = 1/ T , χT = 1/ p , ℓ = p et k = −V , puis :
dU = mcV dT + ( ℓ − p )dV = mcV dT , et dH = mc p dT + (k + V )dp = mc p dT : U et H ne
dépendent que de T (la démonstration présentée ici est hors-programme).
515
516 Partie VI. Thermodynamique
U = U (T )
Pour un gaz parfait, U et H ne dépendent que de la température : ,
H = H (T )
lois appelées respectivement première loi de Joule, et seconde loi de Joule.
1−γ
1 V nR γ dT dp nR γ
— dS = dH − dp = − nR s’intègre en S(T , p ) = ln Tp γ + Cte .
T T γ −1 T p γ −1
— Comme pV = nRT on obtient ln( p ) + ln(V ) = ln(T ) + Cte , et en différentiant :
dp dV dT
+ = , ce qui permet d’éliminer dT et d’obtenir S( p,V ) :
p V T
nR dp dV nR γ
dS = +γ , qui s’intègre en S( p,V ) = ln pV + Cte .
γ − 1 p V γ −1
516
Chapitre 1. Révisions et compléments : les principes de la thermodynamique 517
Dans un tel diagramme, l’aire A > 0 sous la courbe correspond au travail reçu
V2
par le système (en valeur absolue), puisque W1→ 2 = − pdV pour une transformation
V1
517
518 Partie VI. Thermodynamique
La pression est une fonction p + (V ) lorsque le volume varie de Vmax à Vmin , puis une
fonction p − (V ) lorsqu’il varie de Vmin à Vmax , comme indiqué sur la figure ci-dessous.
La valeur absolue de Wcycle = − v pdV est donc l’aire du cycle Acycle > 0 .
cycle
Wcycle = Acycle > 0 pour un cycle parcouru dans le sens trigonométrique (cycle
résistant). C’est le cas représenté sur la figure ci-dessous.
Détente de Joule-Gay-Lussac
Une enceinte rigide et calorifugée contient
d’un côté n mol de gaz, de l’autre du vide. On ouvre
la vanne qui relie les deux parties. Le système cons-
titué par le gaz évolue entre deux états d’équilibre (1)
p1 p2
et (2) : T1 → T2
V = V V = V + V ′
1 2
Le travail des forces de pression reçu par le système entre ces deux états est
V2
nul : W = − pext
N
dV = 0 , puisque le gaz se détend dans le vide, et la chaleur Q
V1 = 0 (vide)
518
Chapitre 1. Révisions et compléments : les principes de la thermodynamique 519
Dans le cas d’un gaz parfait, ou de tout gaz obéissant à la première loi de Joule
(U ne dépend que de T, et T ֏ U est strictement croissante), on en déduit ∆T = 0 .
V +V ′ p
Pour un G.P, ∆S = nR ln = S > 0 (la transformation est irréversible).
V
Détente de Joule-Thomson
Un fluide s’écoule à travers un milieu poreux. L’écoulement est stationnaire et
adiabatique. Le fluide passe de l’état (1) en entrée à l’état (2) en sortie, la pression
p p2 < p1
diminuant entre ces deux états (on parle de pertes de charge) : 1 → .
T1 T2
Le premier principe appliqué à un tel écou-
lement fournit ∆h = wu + q (expression qui sera
démontrée dans un cadre plus général dans le
chapitre suivant). En l’absence de travail utile
massique wu (pas de pièces mobiles en mouve-
ment) et de chaleur massique q, on montre donc que l’enthalpie massique h du fluide
se conserve.
Dans le cas d’un gaz parfait, ou de tout gaz obéissant à la deuxième loi de Joule
(H ne dépend que de T, et T ֏ H est strictement croissante), on en déduit ∆T = 0 .
R p1
Pour un G.P de masse molaire M, on a ∆s = ln = sp > 0 (la transforma-
M p2
tion est irréversible).
Transformation isochore
C’est une transformation dans laquelle le volume est constant, donc W = 0 .
nR nR T2
Dans le cas d’un G.P, on a Q = ∆U = (T2 − T1) , et ∆S = ln .
γ −1 γ − 1 T1
Transformation monobare
C’est une transformation qui se fait à pression extérieure constante entre l’état
(1), qui était un état d’équilibre avant qu’on ne modifie une contrainte, et l’état d’équi-
libre final (2) : pext = Cte = p2 = p1 . Le travail des forces de pression reçu par le sys-
(2)
tème entre ces deux états vaut W = − pext dV = − pext (V2 − V1) = − p2V2 + p1V1 .
(1)
Le premier principe appliqué au système s’écrit donc :
519
520 Partie VI. Thermodynamique
Transformation monotherme
C’est une transformation qui se fait à température extérieure constante entre
l’état (1), qui était un état d’équilibre avant qu’on ne modifie une contrainte, et l’état
d’équilibre final (2) : Text = Cte = T2 = T1.
Dans le cas d’un G.P, on en tire :
V p
∆U = 0 Q = −W , et ∆S = nR ln 2 = nR ln 1 .
V
1 p2
Si de plus la transformation est réversible, elle est isotherme : T = Cte .
Dans le cas d’un G.P, on peut alors calculer W :
dV V nRT Cte
δW = − pdV = −nRT W = −nRT ln 2 = −Q . L’isotherme p = = d’un
V V
1 V V
G.P dans le diagramme p = f (V ) est une branche d’hyperbole.
Transformation adiabatique
C’est une transformation telle que Q = 0 ∆U = W .
nR
Dans le cas d’un gaz parfait, on en tire W = ∆U = (T2 − T1) .
γ −1
Si de plus la transformation est réversible, elle est isentropique : ∆S = 0 .
Dans le cas d’un G.P on peut alors appliquer les lois de Laplace. L’isentropique
Cte
a pour équation p = γ dans le diagramme p = f (V ) .
V
Pour une isentropique de G.P, on a :
pV γ = Cte ln p + γ lnV = Cte
dp dV ∂p p.
+γ =0 = −γ
p V ∂V S V
Pour une isotherme de G.P, on a :
pV = Cte ln p + lnV = Cte
dp dV ∂p p.
+ =0 =−
p V ∂V T V
On en déduit qu’en un point (V0 , p0 ) du diagramme de Clapeyron, la pente de
l’isentropique d’un G.P est γ > 1 fois plus grande que celle de l’isotherme.
520
Chapitre 1. Révisions et compléments : les principes de la thermodynamique 521
À l’équilibre diphasique (ou diphasé) A(ϕ1) = A(ϕ2 ) , p et T sont liées par la re-
lation f ( p,T ) = 0 (la variance vaut 1). On ne peut pas les fixer indépendamment sans
rompre l’équilibre, car la pression est une fonction de la température.
521
522 Partie VI. Thermodynamique
Voici l’allure du diagramme d’équilibre d’un corps qui peut se présenter sous
trois phases :
Le corps pur A peut se trouver sous phase solide, liquide ou gazeuse. Il existe
souvent plusieurs phases solides, correspondant à des structures cristallines diffé-
rentes. Pour certains matériaux, l’état ne dépend pas que des paramètres intensifs p
et T, mais aussi de l’excitation magnétique appliquée (matériau présentant une phase
supraconductrice), du champ électrique appliqué (phase plasma), etc.
L’eau peut exister sous phase solide, liquide ou gazeuse.
La glace présente plusieurs variétés cristallines que nous ne distinguerons pas
dans le diagramme d’équilibre. À des pressions inférieures à 2130 bar et des tempé-
ratures supérieures à 70 K, la forme ordinaire de la glace possède une structure hexa-
gonale.
Sous 1 bar et à 273 K, la glace est moins dense que l’eau liquide (densité
d = 0,917). Très peu de corps purs possèdent cette propriété (on peut citer le silicium,
le gallium, l’antimoine et le bismuth). On peut montrer que c’est lié à la pente négative
de la courbe d’équilibre entre la glace et l’eau liquide, alors que cette pente est positive
pour presque tous les autres corps purs. Ceci a plusieurs conséquences : la glace
occupant un volume plus grand que l’eau liquide, une bouteille remplie d’eau placée
au congélateur éclate ; on peut par une élévation isotherme de pression faire fondre
de la glace.
Le point triple de l’eau a pour coordonnées ( Tt = 273,16 K, pt = 0,0061 bar ).
Sous cette pression très faible, la glace coexiste avec l’eau liquide et l’eau vapeur.
522
Chapitre 1. Révisions et compléments : les principes de la thermodynamique 523
Sous une pression de 1 bar, l’eau fond à une température à peine inférieure à
0
celle du point triple : Tfus = 273,15 K (c’est dû à la grande pente de la courbe d’équi-
0
libre entre la glace et l’eau liquide), et se vaporise à Tfus = 373 K (à 99,98°C).
Lorsque la température augmente, la pression de vapeur saturante (pression
de l’équilibre entre l’eau liquide et l’eau vapeur) augmente, et les caractéristiques phy-
siques des deux phases en équilibre (enthalpie massique, entropie massique, masse
volumique) convergent. Lorsqu’on atteint le point critique C, il n’existe plus qu’une
seule phase (phase « fluide » ou « supercritique »). La température critique de l’eau
est de 647 K et la pression critique est de 221 bar.
On donne ci-dessous le diagramme d’équilibre semi-logarithmique de l’eau
(l’échelle des pressions est logarithmique).
Définitions
Puisque la variance vaut 1 pour un système constitué d’un corps pur A à l’équi-
libre sous deux phases : A(ϕ1) = A(ϕ2 ) , les grandeurs massiques (volume v, enthalpie
h, entropie s…) ne dépendent que de la température T.
523
524 Partie VI. Thermodynamique
Signification physique
Pour une température T fixée, lorsque le corps pur A est en équilibre sous deux
phases : A(ϕ1) = A(ϕ2 ) , la pression est fixée : p = p(T ) .
L’enthalpie massique de transition de phase est égale à la variation d’enthalpie
lorsque le système constitué d’un kg de A passe de la phase ϕ1 à la phase ϕ2 , dans
les conditions de l’équilibre entre les deux phases, où T est fixée et p = p(T ) .
A(ϕ1) = A(ϕ2 )
E.I (kg) 1 0
E.F (kg) 0 1
h1→2 (T )
On a donc s1→2 (T ) = .
T
524
Chapitre 1. Révisions et compléments : les principes de la thermodynamique 525
calorie, était définie comme l’énergie à apporter à 1 g d’eau pour élever sa température
de 1 K, soit 4,18 J dans ces conditions de température et pression).
Ainsi, avec l’énergie nécessaire pour vaporiser 1 kg d’eau, on peut élever de
10 K la température de 54 kg d’eau !
Isothermes d’Andrews
On effectue la compression réversible d’une masse m d’un corps pur A V placé
dans un thermostat à la température T : la transformation est isotherme, et le volume
V du système diminue constamment.
V
On note v = le volume massique du système. Lorsque ce dernier est dipha-
m
sé, v est une valeur moyenne entre le volume massique de la phase gazeuse, et celui
de la phase liquide.
525
526 Partie VI. Thermodynamique
En revanche, tous ces états correspondent à des points différents dans le dia-
gramme de Clapeyron p = f (v ) :
526
Chapitre 1. Révisions et compléments : les principes de la thermodynamique 527
La partie gauche de cette courbe est appelée courbe d’ébullition (c’est en ces
points qu’apparaissent les premières bulles de gaz lorsqu’on effectue une détente du
liquide), la partie droite est appelée courbe de rosée.
Les domaines A L et A V se trouvent sous l’isotherme critique, respectivement
à gauche et à droite de la courbe de saturation.
Le point critique C est un point d’inflexion de l’isotherme critique. La tangente
en C à cette isotherme est horizontale.
La courbe reliant les points de même composition, pour des températures dif-
férentes, s’appelle une courbe isotitre.
527
528 Partie VI. Thermodynamique
La courbe de saturation est une cloche dont le point critique C est le sommet.
528
Chapitre 1. Révisions et compléments : les principes de la thermodynamique 529
Considérons l’air comme du diazote pur. On peut réécrire cette loi, en introdui-
sant la masse m d’une molécule de diazote, et :
R 8,31
kB = ≃ ≃ 1,38 ⋅ 10 −23 J ⋅ K -1 , constante de Boltzmann.
N A 6,02 ⋅ 1023
Ceci est valable lorsque les niveaux d’énergie sont discontinus (c’est le cas pour
les systèmes qui relèvent d’une description quantique). Dans une approche classique,
les niveaux d’énergie sont continûment répartis, et si la particule est décrite par une
seule variable continue z, comme la molécule de diazote de l’atmosphère, la probabi-
lité qu’elle se trouve dans l’état défini par l’intervalle [ z, z + dz ] , d’énergie E(z), est :
529
530 Partie VI. Thermodynamique
E(z )
−
kBT
dP = Cte ⋅ e dz .
7.3 Distribution des vitesses pour un gaz parfait (complément hors pro-
gramme)
On se place à l’équilibre thermodynamique, ce qui se traduit par une distribution
des vitesses stationnaire (indépendante du temps), homogène (c’est la même en tout
point), et isotrope (il n’y a pas de direction privilégiée).
La loi de Boltzmann fournit la probabilité qu’une particule possède à l’équilibre
G G
thermodynamique un vecteur vitesse v (v x ,v y ,v z ) à dv (dv x ,dv y ,dv z ) près, son
énergie (cinétique seulement ici) associée à la translation étant alors Ec = 1/ 2 ⋅ mv 2 :
m(v x 2 + v y 2 +v z 2 )
−
2kBT
d3 P = Cte ⋅ e dv x dv y dv z .
L’ensemble des états qui correspondent à
une norme de vitesse dans l’intervalle [v ,v + dv ]
possède, dans l’espace (v x ,v y ,v z ) d’origine O,
un volume 4πv 2dv compris entre les deux
sphères de rayons v et v + dv (isotropie), et de
centre O. La probabilité dP = f (v )dv que la
norme du vecteur vitesse soit v (à dv près), est la
somme des probabilités de tous ces états, soit
mv 2
−
2 2kBT
dP = Cte ⋅ 4πv e dv .
On détermine la constante grâce à la condition de normalisation :
∞ ∞ mv 2
−
2 2kBT
dP = 1 Cte ⋅ 4π v e dv = 1 , d’où, après une intégration par partie, et en
v =0 v =0
530
Chapitre 1. Révisions et compléments : les principes de la thermodynamique 531
∞ 3/2
1 π m
−βv 2
utilisant le résultat classique e dv = : Cte = .
2 β 2πkBT
v =0
3/2 mv 2
4 m −
2 2k T
On a dP = v e B dv , distribution de Maxwell-Boltzmann.
π 2kBT
On peut, grâce à cette distribution, calculer :
∞
8kBT 8RT
— La vitesse moyenne en norme des particules v = vdP = πm
=
πM
.
0
∞
3kBT 3RT
v
2
— La vitesse quadratique moyenne des particules u = dP = = .
m M
0
Les moyennes notées g sont des moyennes d’ensemble (réalisées à t fixé sur
un grand nombre de particules). Dans le cas d’un gaz monoatomique, on en déduit
l’énergie cinétique moyenne d’un atome Ec = 1/ 2 ⋅ mv 2 = 1/ 2 ⋅ mu 2 = 3 / 2 ⋅ kBT , ainsi
que l’énergie interne du gaz U = NEc = 3 / 2 ⋅ nRT , où N est le nombre d’atomes, et n
le nombre de moles. On constate que la valeur moyenne de chaque composante
quadratique de l’énergie : 1/ 2 ⋅ mv x 2 , 1/ 2 ⋅ mv y 2 , 1/ 2 ⋅ mv z 2 , vaut 1/ 2 ⋅ kBT .
Ce résultat est général et s’appelle le théorème d’équipartition de l’énergie.
Dans le cas d’un gaz diatomique, il faut 6 paramètres pour décrire la position de la
molécule dans un référentiel R : les trois coordonnées ( xG , yG , zG ) de son centre
d’inertie G, et les trois angles d’Euler θ, ψ et ϕ. On montre que l’énergie cinétique de
la molécule AB dans R est :
1 1 1 1 1 1
E = Ec = mxɺG 2 + myɺG 2 + mzɺG 2 + I ω12 + I ω22 + J ω32 .
2 2 2 2 2 2
La mécanique quantique
permet de montrer que les rotations
autour des axes instantanés ∆1 ,
∆2 ne s’activent qu’à partir d’une
température minimale, et que, du
fait du très faible moment d’inertie
J, la rotation de la molécule autour
de ∆3 n’est jamais activée.
Aux basses températures,
un gaz parfait diatomique se comporte donc comme un gaz parfait monoatomique
d’énergie interne U = 3 / 2 ⋅ nRT , alors qu’à température ambiante, U = 5 / 2 ⋅ nRT .
531
532 Partie VI. Thermodynamique
532
Chapitre 1. Révisions et compléments : les principes de la thermodynamique 533
8. INTERPRÉTATION STATISTIQUE DE
L’ENTROPIE (complément hors-programme)
Il s’agit ici d’un complément non exigible, seule la formule S = kB ln Ω permet-
tant de relier l’entropie à la mesure du désordre est au programme.
533
534 Partie VI. Thermodynamique
N
N
Dans l’exemple étudié, le nombre total de micro-états est 2N = k , le
k =1
N
nombre de micro-états correspondant à k = N / 2 est .
N 2
N N N N N N N N N
Or ln ≃ N ln N − N − ln + − ln + ≃ N ln2 ≃ 2 : pour
N 2 2 2 2 2 2 2 N 2
N grand, pratiquement tous les micro-états correspondent au macro-état « k = N / 2 ».
534
Chapitre 1. Révisions et compléments : les principes de la thermodynamique 535
exemple, on a plus d’information sur le résultat du jet d’une pièce de monnaie truquée,
où P (pile) = 2 / 3 et P (face) = 1/ 3 , que sur celui d’une pièce normale où :
P (pile) = P (face) = 1/ 2 , et si P (pile) = 0,999 , on est pratiquement sûr du résultat du
jet.
L’entropie de deux systèmes indépendants est additive. Considérons un second
système ne pouvant se trouver qu’en un nombre fini d’états ( x1′ , x 2′ ,..., x ′j ,..., xM
′ ) , la
probabilité qu’il se trouve dans l’état x ′j étant P j′ . Son entropie vaut :
M
S′ = − ( P j′ log2 P j′ ) . Le système global peut se trouver dans les NM états xi ∪ x′j ,
j =1
avec (i , j ) ∈ �1, N � × �1, M � , la probabilité de l’état xi ∪ x ′j étant le produit des
probabilités P i P j′ . L’entropie de ce système vaut donc :
N M N M N M
Ξ=− P i P j′ log2 ( P i P j′ ) = −
( P i P j′ log2 P i ) − ( P i P j′ log2 P j′ ) , soit :
i =1 j =1 i =1 j =1 i =1 j =1
N M N M
Ξ = − ( P i log2 P i ) ⋅ P j′ −
P i ⋅ ( P j′ log2 P j′ ) = S + S ′ .
i =1 �
j =1
�� � �� j =1
i =1
1 1
535
536 Partie VI. Thermodynamique
Un système isolé subit donc une transformation réversible s’il est constamment
à l’équilibre, c’est-à-dire si le nombre de micro-états accessibles reste constant. Son
entropie est la même dans l’état final que dans l’état initial : on a S f = Si . C’est le cas
si la cloison est enlevée alors qu’il y a déjà N / 2 boules dans chaque moitié (le
nombre d’états accessibles augmente en fait, mais très peu puisqu’il est déjà très
proche initialement de 2N ). La transformation est bien réversible puisque si on replace
la cloison, on retrouve l’état initial.
Les phénomènes microscopiques sont réversibles (pas de « frottement », de
« viscosité », les équations d’évolution sont invariables par le changement t → −t ), et
pourtant l’irréversibilité existe bel et bien au niveau macroscopique. L’exemple étudié
permet de comprendre ce phénomène. En l’absence de cloison, le système possède
une probabilité non nulle de revenir spontanément dans l’état « k = 0 » où toutes les
boules se trouvent dans la moitié gauche de la boîte, mais cette probabilité (égale à
1/ 4 si N = 2 ) est prodigieusement petite pour N ≃ 1023 : il faudrait des milliards de
milliards...d’années pour que cela se produise, et le système resterait trop peu de
temps dans ce macro-état pour qu’un observateur, sensible à des valeurs moyennes,
puisse détecter autre chose que k = N / 2 . Le phénomène est bien irréversible au
niveau macroscopique : si on replace la cloison séparant à nouveau en deux la boîte,
on ne retrouve pas l’état initial.
On peut bien sûr à l’aide d’un piston repousser les boules dans la partie de
gauche de volume V / 2 , mais le système n’est plus isolé.
536
537
[THERMODYNAMIQUE 2]
SYSTÈMES OUVERTS EN
RÉGIME STATIONNAIRE
1. BILANS D’ÉNERGIE ET D’ENTROPIE
1.1 Premier principe pour un écoulement stationnaire 1D
En présence d’un écoulement, le premier principe doit être écrit dans le cas le
plus général où il y a une variation de l’énergie mécanique du système étudié.
On note E = Em + U = Ec mac + Ep ext + U l’énergie totale de Σ, Em son énergie
mécanique et U son énergie interne.
Le premier principe appliqué à Σ s’écrit ∆E = W + Q pour une transformation
finie ; dE = δW + δQ pour une transformation élémentaire.
On fera également intervenir l’enthalpie H = U + pV de Σ.
Les grandeurs massiques sont notées u et h (de préférence à Um et Hm qui
désignent plutôt des grandeurs molaires).
d3H d3U d3V p d3 m
On a enfin h = 3
= 3
+p 3
h=u+ , où ρ = 3 est la masse vo-
d m d m d m ρ dV
lumique du fluide.
537
538 Partie VI. Thermodynamique
G
On note ui , hi , v i , pi , ρ i et zi , avec i ∈ {1,2} , les énergies internes massi-
ques, enthalpies massiques, vitesses de l’écoulement, pressions, masses volumiques
et altitudes en entrée ( i = 1), et en sortie ( i = 2 ) du volume de contrôle.
Pendant une durée dt, une masse dm traverse le volume de contrôle.
Le système fermé Σ étudié est constitué :
dm
— À l’instant t par le volume de contrôle et le volume dV 1 = qui rentre dans Vc
ρ1
entre t et t + dt .
dm
— À l’instant t + dt par le volume de contrôle et le volume dV 2 = qui sort de Vc
ρ2
entre t et t + dt .
On peut de même amener au système Σ un travail, dit travail utile δWu , en com-
primant ou en détendant le fluide à l’aide de pièces mobiles, comme c’est le cas avec
un compresseur ( δWu > 0 ) ou dans une turbine ( δWu < 0 ).
538
Chapitre 2. Systèmes ouverts en régime stationnaire 539
dm dm p
l’écoulement). On a finalement δWt = + p1 − p2 = −dm ⋅ ∆ .
ρ1 ρ2 ρ
Le premier principe appliqué à Σ fournit dE = δW + δQ , soit :
1 p
dE = dm ⋅ ∆ v 2 + gz + u = −dm ⋅ ∆ + δWu + δQ .
2 ρ
1 p
On obtient donc dm ⋅ ∆ v 2 + gz + u + = δWu + δQ , et on écrit finalement le
2 ρ
premier principe, puisque h = u + p / ρ , sous deux formes différentes :
1 δWu δQ
— ∆ v 2 + gz + h = w u + q , où w u = est le travail utile massique et q = la
2 dm dm
chaleur massique (ce sont des grandeurs reçues par le système qui traverse le volume
de contrôle, par unité de masse de fluide qui s’écoule).
1 δWu δQ
— qm ⋅ ∆ v 2 + gz + h = Pu + Pth , où Pu = est la puissance utile et Pth = la
2 dt dt
puissance thermique (énergies reçues par le système qui traverse le volume de con-
trôle, par unité de temps).
539
540 Partie VI. Thermodynamique
éventuel travail utile exercé par des pièces mobiles extérieures au fluide :
dEm = δWu + δWp int + δWp ext + δWv . On décompose le travail des forces de pression
en travail intérieur et travail reçu de la part du fluide extérieur, car on sait calculer ce
p
dernier : c’est le travail de transvasement δWp ext = δWt = −dm ⋅ ∆ .
ρ
1 p
On obtient donc dm ⋅ ∆ v 2 + gz + = δWu + δWp int + δWv .
2 ρ
Nous nous limiterons par la suite au cas d’un écoulement incompressible pour
lequel le travail δWp int des forces intérieures de pression est nul :
Un tel bilan permet de déterminer la puissance minimale qu’on doit fournir à une
pompe pour amener le fluide de « l’état » ( v1, z1, p1 ) à « l’état » ( v 2 , z2 , p2 ) :
1 p 1 p
Pu = qm ⋅ ∆ v 2 + gz + −Pv ≥ qm ⋅ ∆ v 2 + gz + = Pumin . La mesure de la puis-
2 ρ N
≥0 2 ρ
sance Pu donne accès à la puissance perdue par viscosité : −Pv = Pu − Pu min .
Considérons maintenant, dans un fluide en écoulement, un tube de courant élé-
mentaire qui entoure une ligne de courant comprise entre deux points M1 et M 2 .
540
Chapitre 2. Systèmes ouverts en régime stationnaire 541
Le travail utile massique est nul puisqu’il n’y a aucune pièce mobile dans le tube,
et le travail des forces visqueuses est négatif.
1 2
La charge C = p + ρv + ρgz diminue le long d’une ligne de courant pour un
2
écoulement stationnaire incompressible. Pour un écoulement entre deux points M1 et
M 2 , la grandeur C1 − C2 ≥ 0 est appelée perte de charge.
Si on rajoute l’hypothèse d’un écoulement parfait, alors le travail des forces vis-
1
queuses est nul, et la charge C = p + ρv 2 + ρgz se conserve le long d’une ligne de
2
courant. On démontre ainsi le théorème de Bernoulli grâce à un raisonnement éner-
gétique.
δQ δQ
Le second principe appliqué à Σ s’écrit dS = + δS p , soit dm ⋅ ∆s = + δS p
TS TS
en supposant que la température TS est uniforme sur la surface, notée S , du volume
de contrôle. On l’écrit sous deux formes différentes :
q δQ δS p
— ∆s = + s p , où q = est la chaleur massique reçue, et s p = ≥ 0 l’entropie
TS dm dm
massique produite (grandeurs par unité de masse de fluide qui s’écoule à travers le
volume de contrôle).
Pth δSp δQ δS p
— qm ⋅ ∆s = + , où Pth = est la puissance thermique, et le taux de
TS dt dt dt
production d’entropie (entropie produite par unité de temps).
541
542 Partie VI. Thermodynamique
2. MACHINES THERMIQUES
2.1 Machines thermiques dithermes, cycle de Carnot
Lors de ses transformations, un fluide échange de l’énergie entre l’entrée et la
sortie d’un composant (détendeur, échangeur thermique, etc.), sous forme de travail
massique utile wu avec les pièces mécaniques mobiles, et de chaleur massique q
avec diverses sources thermiques (on parle de fluide caloporteur, car il échange des
calories avec l’extérieur).
En régime stationnaire, le premier principe industriel s’écrit :
1
∆ v 2 + gz + h = w u + q pour un écoulement unidirectionnel en entrée et en sortie.
2
Donnons des ordres de grandeur des variations d’énergie massique entre l’en-
trée et la sortie du composant :
— Pour des vitesses qui varient beaucoup, et prennent des valeurs importantes, v
1
passant par exemple de 0 à 10 m ⋅ s-1 , on a ∆ v 2 ≃ 50 J ⋅ kg-1 .
2
— Pour des différences d’altitude de l’ordre de 10 m, ∆ [ gz ] ≃ 100 J ⋅ kg-1 .
∆h = c p ∆T ≃ 4 ⋅ 103 J ⋅ kg-1 .
Pour un gaz parfait diatomique, comme l’air, de masse molaire :
7
M ≃ 3 ⋅ 10−2 kg ⋅ mol-1 , de capacité thermique molaire c pm = R ≃ 30 J ⋅ K -1 ⋅ mol-1 , on
2
c pm
a cp = ≃ 103 J ⋅ K -1 ⋅ kg-1 , donc pour ∆T ≃ 1 K , on a ∆h ≃ 103 J ⋅ kg-1.
M
542
Chapitre 2. Systèmes ouverts en régime stationnaire 543
Les machines frigorifiques fonctionnent par définition avec deux sources : une
source chaude à la température T1 , et une source froide de température T2 < T1 .
Par exemple, une pompe à chaleur prélève des calories à la source froide (l’air
extérieur), et en fournit à la source chaude (l’intérieur de l’habitation). Pour pouvoir
effectuer ces échanges, le fluide reçoit sur un cycle un travail utile massique w u > 0 .
Un cycle monotherme (où l’échange d’énergie sous forme de chaleur se fait
avec une seule source de température Ts ) ne s’applique pas à ces machines.
S’applique-t-il à un moteur dans lequel le fluide fournit sur un cycle un travail
utile massique ( w u < 0 ) aux pièces mobiles ?
Pour répondre à cette question, on applique sur un cycle les deux principes de
∆h = w u + q = 0
la thermodynamique au fluide circulant dans le moteur : q p .
∆s = T + sN = 0
s ≥0
543
544 Partie VI. Thermodynamique
544
Chapitre 2. Systèmes ouverts en régime stationnaire 545
545
546 Partie VI. Thermodynamique
T1
— ηrév = pour la pompe à chaleur.
T1 − T2
C’est encore pour un cycle de Carnot que ces efficacités, qui ne dépendent que
de T1 et T2 , sont atteintes. Dans le diagramme entropique, c’est le même cycle que
pour un moteur de Carnot, mais il est décrit dans le sens trigonométrique.
Notons que l’efficacité de la pompe à chaleur est supérieure à 1, et que c’est
aussi le cas en pratique pour le réfrigérateur, la relation T1 < 2T2 étant numériquement
vérifiée. Par exemple, pour T2 = 280 K et T1 = 300 K , l’efficacité maximale d’un réfri-
gérateur vaut 14, ce qui signifie que lorsque le fluide reçoit un travail de 1 J, il prélève
14 J à la source froide.
Lors d’un cycle réel, les transformations suivies sont irréversibles, et on définit
η
leur rendement thermodynamique par r = .
ηrév
546
Chapitre 2. Systèmes ouverts en régime stationnaire 547
5 ⋅ 107
cité moyenne ηrév = ≃ 60 .
8,3 ⋅ 105
Les valeurs réelles sont, du fait de l’irréversibilité, plutôt de l’ordre de 10 pour
un climatiseur très performant.
Pour obtenir en 30 min la température de 25°C, il faut une puissance moyenne
8,3 ⋅ 105
Pu = ≃ 460 W . Cette valeur est sous-estimée : un climatiseur va consommer
30 × 60
dans ces conditions une puissance de l’ordre de 3 kW.
547
548 Partie VI. Thermodynamique
sur le tracé, dans un diagramme judicieusement choisi, du cycle suivi par ce fluide.
Nous allons en donner deux exemples : une installation frigorifique et une cen-
trale nucléaire.
548
Chapitre 2. Systèmes ouverts en régime stationnaire 549
Pour tracer le cycle, on commence par tracer les isobares correspondant aux
transitions de phase à T1 = 25 °C et T2 = −10 °C . On lit les pressions correspon-
dantes : p1 = 10 bar et p2 = 2,9 bar .
Pour placer le point A, on prolonge l’isobare p2 = 2,9 bar jusqu’à l’isotherme
0°C.
Puis on suit l’isentropique s = 5,87 kJ ⋅ K -1 ⋅ kg-1 jusqu’au point B sur l’isobare
p1 = 10 bar .
On suit cette isobare jusqu’au point C de température 15°C.
On suit enfin l’isenthalpique (détente de Joule-Thomson) jusqu’au point D sur
l’isobare p2 = 2,9 bar .
549
550 Partie VI. Thermodynamique
550
Chapitre 2. Systèmes ouverts en régime stationnaire 551
Dans les REP, l’eau du circuit primaire est portée à une pression suffisante pour
ne pas entrer en ébullition. Elle constitue la source chaude qui permet de porter à
ébullition l’eau du circuit secondaire dans un générateur de vapeur.
L’eau du circuit secondaire entraîne des turbines haute et basse pression, avant
d’être refroidie dans le condenseur par l’eau du circuit tertiaire (source froide).
L’eau du circuit tertiaire peut être pompée puis rejetée dans un fleuve de fort
débit, ou dans la mer (circuit ouvert), après avoir refroidi l’eau du circuit secondaire.
Lorsque le débit du cours d’eau n’est pas suffisant, sa température serait trop
élevée après la centrale. On utilise alors des tours aéroréfrigérantes où l’eau du circuit
tertiaire est liquéfiée et refroidie (cas de la figure ci-dessous). Le circuit tertiaire est
alors (quasiment) fermé, l’eau refroidie repasse dans le condenseur, et les prélève-
ments dans la rivière sont limités : ils permettent de faire l’appoint en compensant les
pertes d’eau qui s’échappe des tours sous forme de vapeur.
Le cycle décrit dans le circuit secondaire est complexe, mais peut être modélisé
de façon à en conserver les principaux aspects :
— Les échanges d’énergie entre le circuit primaire et le circuit secondaire ont lieu dans
le générateur de vapeur. L’eau, liquide en entrée, y subit une vaporisation totale iso-
bare à 70 bar (transformation G → H → I → A ).
— Une petite partie de la vapeur d’eau (débit massique qm2 ) passe dans la veine de
surchauffe où elle subit une liquéfaction totale isobare ( A → I ).
551
552 Partie VI. Thermodynamique
— La plus grande partie de la vapeur d’eau (débit massique qm1 ) est détendue dans
la turbine haute pression d’où elle ressort avec un titre massique en vapeur de 90% à
une pression de 11 bar (point B).
Cette vapeur est trop humide pour continuer la détente car les gouttelettes d’eau
détérioreraient les aubes de la turbine, et accéléreraient leur corrosion. On doit donc
au préalable la sécher et la surchauffer.
— Le sécheur sépare les deux phases par gravité : en haut, il en sort la vapeur satu-
rante avec un débit massique qm3 (point C), qui est surchauffée jusqu’à la température
de 281°C (point D) grâce à la liquéfaction totale du prélèvement de vapeur en sortie
du générateur de vapeur.
— Une fois surchauffée, elle est détendue dans la turbine basse pression dont elle sort
avec un titre massique en vapeur de 88% sous 0,05 bar (point E).
— Elle subit ensuite une liquéfaction totale isobare E → F dans le condenseur par
échange thermique avec le circuit tertiaire.
— Enfin, on collecte l’eau liquide issue du bas du sécheur, du surchauffeur, et du con-
denseur, qui est alors comprimée jusqu’à 70 bars et réchauffée jusqu’à 76°C (trans-
formation F → G ) dans un compresseur alimenté par un prélèvement de vapeur, avant
d’être réinjectée dans le générateur de vapeur.
552
Chapitre 2. Systèmes ouverts en régime stationnaire 553
Le cycle principal suivi par l’eau qui traverse les turbines est tracé dans le dia-
gramme entropique T = f (s ) ci-dessous.
553
554 Partie VI. Thermodynamique
554
555
[THERMODYNAMIQUE 3]
DIFFUSION DE PARTICULES
1. FLUX DE PARTICULES
1.1 Système hors équilibre
Dans ce chapitre, le mot « particules » désigne des atomes, ions, ou molécules,
d3N
et on note n∗ (M, t ) = la densité volumique d’un type de particules présentes dans
d3V
un milieu, en un point M et à l’instant t (nombre de ces particules par unité de volume).
Lorsque n ∗ n’est pas uniforme, il y a un transport de ces particules des zones
les plus concentrées vers les zones les moins concentrées.
Prenons l’exemple des molécules de sucre dans le café. En l’absence de mou-
vement macroscopique, un morceau de sucre déposé au fond de la tasse va « fondre »
très lentement. Ses molécules vont peu à peu diffuser dans le café. Si on agite le café
avec une cuillère, l’homogénéisation se fait désormais par convection, et elle est beau-
coup plus rapide.
555
556 Partie VI. Thermodynamique
des particules diffusantes : n∗ (M, t ) << ns∗ , ce qui permet de considérer que ns∗ est
uniforme et constant.
Dans le cas d’un corps pur inhomogène, on parle d’autodiffusion. Les inhomo-
généités de densité doivent rester faibles pour qu’on puisse parler de diffusion.
556
Chapitre 3. Diffusion de particules 557
La loi de Fick est linéaire : les matériaux pour lesquels elle est bien vérifiée sont
des matériaux L.H.I (linéaires, homogènes et isotropes).
Elle concorde bien avec les phénomènes observés : transport dans la direction
→
de grad n∗ où les variations spatiales locales de densité sont les plus intenses, et dans
→
le sens de − gradn∗ , c’est-à-dire celui des densités décroissantes.
On peut vérifier ce dernier point sur l’exemple précédent pour lequel on suppose
que la densité ne dépend que de l’abscisse x et du temps : n ∗ ( x, t ) . Si la densité dé-
G ∂n ∗ G
croît avec x, on a bien J d = − D ex .
∂x
>0
557
558 Partie VI. Thermodynamique
558
Chapitre 3. Diffusion de particules 559
N
ℓ N
N
La valeur moyenne de x est x = xk P ( k ) =
2 N k (2k − N ) = 0 .
k =0 k =0
N 2 N
N
ℓ
La variance est σ2 = ( xk − x )2 P (k ) = 2N k (2k − N )2 = Nℓ2 .
k =0 k =0
559
560 Partie VI. Thermodynamique
560
Chapitre 3. Diffusion de particules 561
x2
Ω0 −
Cette solution admet pour solution e 4Dt comme on le verra au 3.6, soit
4πDt
τx 2
Ω0 τ − 2ℓ 2t ℓ2
e en utilisant D = . On retrouve bien l’expression précédente.
ℓ 2πt 2τ
Ce modèle unidimensionnel met en évidence les principales propriétés de la
diffusion (irréversibilité, distance caractéristique ∝ t comme nous allons le montrer
par la suite).
561
562 Partie VI. Thermodynamique
1.5 Convection
Dans le cas d’un fluide en écoulement, le transport de particules se fait aussi
G
par mouvement macroscopique. Si on note v (M , t ) le champ de vitesse de l’écoule-
ment, le nombre de particules diffusantes traversant par convection pendant dt la sur-
G G G
face d2 S autour de M, dans le sens du vecteur d2 S , est δ3N = n∗v ⋅ d2 S dt .
G G
Le vecteur densité volumique de courants de convection s’écrit Jc = n∗v .
Diffusion à 1D
Considérons un cylindre de section S , de longueur L, et d’axe Ox. Sa surface
latérale est imperméable aux particules diffusantes.
Si S = πr 2 << L2 ⇔ r << L , on peut négliger la variation de densité dans une
section droite x = Cte : n ∗ ( x, t ) . Le transport de particules se fait alors uniquement
G G
selon Ox : J d = J d ( x, t )ex .
Pour établir l’équation locale qui régit n ∗ ( x, t ) , nous allons effectuer un bilan de
particules diffusantes au système Σ, constitué par la portion du cylindre située entre
les abscisses x et x + dx .
562
Chapitre 3. Diffusion de particules 563
∂n∗ ∂Jd
On en déduit + = σ , bilan local de particules à 1D.
∂t ∂x
∂n∗
La loi de Fick Jd = −D relie le transport diffusif au gradient de densité, ce
∂x
qui permet d’obtenir l’équation locale régissant n ∗ ( x, t ) :
∂ 2n∗ σ 1 ∂n∗
+ = . C’est l’équation de la diffusion à 1D, avec terme de production.
∂x 2 D D ∂t
Diffusion à 3D
On obtient, en procédant comme pour les transferts thermiques dans le chapitre
précédent, ou plus généralement pour une grandeur extensive quelconque dans le
∂n∗ G
chapitre sur les champs et opérateurs différentiels : + divJd = σ , bilan local de par-
∂t
ticules à 3D.
G →
En utilisant la loi de Fick Jd = −D grad n∗ , on obtient l’équation locale régissant
n ∗ (M , t ) :
σ 1 ∂n∗
∆n∗ + = . C’est équation de diffusion à 3D, avec terme de production.
D D ∂t
563
564 Partie VI. Thermodynamique
De l’équation de diffusion on peut tirer une relation entre une longueur caracté-
ristique L et une durée caractéristique τ. Si on note n0∗ l’ordre de grandeur des varia-
1 ∂n ∗
tions de particules, on a ∆
N n∗ = , soit L2 = O(Dτ) .
=O( n0∗ / L2 )
D N∂t
=O( n0∗ / τ )
Extrémité x = 0 imperméable
∂n∗
Comme Jd ( x, t ) = −D ( x, t ) d’après la loi
∂x
de Fick, l’absence de transport de particules dans
la section d’abscisse x = 0 se traduit par :
∂n∗
Jd (0, t ) = 0 ∀t (0, t ) = 0 ∀t .
∂x
564
Chapitre 3. Diffusion de particules 565
565
566 Partie VI. Thermodynamique
Si les C.A.L varient sur une durée τ >> τd = L2 / D , alors n∗ (M, t ) , solution
1 ∂n ∗
exacte de l’équation de la diffusion ∆n∗ = , est bien approximée par n′∗ (M, t ) ,
D ∂t
solution de ∆n ′∗ = 0 . C’est l’Approximation des Régimes Quasi-Stationnaires.
En effet, si on pose n∗ (M, t ) = n′∗ (M, t ) + ε(M, t ) , et qu’on note ξ l’ordre de gran-
deur de l’écart ε entre la solution exacte et la solution approchée, et n0∗ l’ordre de
ξ L2 τ
tions de n ∗ , imposée par les C.A.L, est τ. On a bien = O = O d << 1.
n0∗
D τ τ
566
Chapitre 3. Diffusion de particules 567
Sédimentation
Le fluide est un liquide au repos dans le référentiel R du laboratoire, galiléen.
Il possède une masse volumique ρ0 , une viscosité dynamique η, et contient des par-
ticules microscopiques sphériques de rayon r et de masse volumique ρ > ρ0 , en faible
�
concentration. On note v leur vitesse par rapport à R . Elles sont soumises à leur
567
568 Partie VI. Thermodynamique
G
poids, à la poussée d’Archimède et à la force de Stokes −6 πr η v .
Après un court régime transitoire, elles atteignent une vitesse limite constante
G 4 πr 3 (ρ − ρ ) G
0 G G 2r 2 (ρ − ρ0 ) G
qui vérifie : 0 = g − 6 πr ηv lim . On a donc v lim = g , et des cou-
3 9η
G G
rants convectifs de densité volumique Jc = n∗ (z, t )vlim .
En régime stationnaire, ce flux descendant de particules est compensé par le
G dn ∗ G
flux diffusif Jd = −D ez .
dz
On obtient l’équation différentielle régissant n∗ ( z ) en écrivant :
G G G dn∗ 2r 2 (ρ − ρ0 )g ∗ dn∗ 2r 2 (ρ − ρ0 )g ∗
Jd + Jc = 0 ∀z −D − n = 0 , soit + n = 0 . On a
dz 9η dz 9ηD
z
− 9 ηD
donc n∗ ( z ) = n∗ (0)e H , avec H = 2
.
2r (ρ − ρ0 )g
Ep
−
kBT
La loi de Boltzmann donne la probabilité P ∝ e que la particule possède
4πr 3 (ρ − ρ0 )
l’énergie potentielle Ep = gz (l’énergie potentielle tient compte de la pous-
3
sée d’Archimède). La densité n∗ ( z ) suit donc la même loi, et on identifie :
9ηD 3kBT kBT
H= 2
= 3
. Dans un liquide, on a D = ∝T .
2r (ρ − ρ0 )g 4πr (ρ − ρ0 )g 6πηr
Pour des particules de masses volumiques, ou de rayons, très différents, la
hauteur H, appelée hauteur de sédimentation, peut être suffisamment différente pour
permettre une séparation de ces particules. Par exemple si H1 = 1 mm et H 2 = 1 m ,
on élimine pratiquement toutes les particules (1) et on garde pratiquement toutes les
particules (2) en prélevant le liquide au-dessus d’une hauteur z = 1 cm .
Jean Perrin mesura la constante d’Avogadro N A
en observant au microscope une cuve d’un dixième de
millimètre de hauteur, remplie avec une goutte d’eau
dans laquelle il avait placé des petites sphères de
gomme-gutte (caoutchouc végétal), dont le rayon est
r = 0,212 µm . En comptant le nombre de ces sphérules
à différentes hauteurs, il a pu vérifier que n∗ ( z ) obéissait
bien à la loi de Boltzmann.
Si, à la hauteur prise pour origine z = 0 , on
compte N0 = 100 sphérules, il n’y en a plus que Nh = 17
à l’altitude h = 90 µm . On en déduit que :
568
Chapitre 3. Diffusion de particules 569
Cette valeur est proche de la valeur réelle N A = 6,02 ⋅ 1023 mol-1, l’écart s’ex-
pliquant par les incertitudes de mesure, notamment sur Nh , r et h.
569
570 Partie VI. Thermodynamique
La densité ns∗ est reliée à la pression de vapeur saturante ps grâce à la loi des
ps N A
gaz parfaits : ns∗ = .
RT
ps N A x
On a finalement n∗ ( x, t ) = .
RT h(t )
On en déduit, grâce à la loi de Fick, le nombre de molécules d’éther qui traver-
sent une section S du tube pendant dt dans le sens des x croissants :
∂n∗ p S NA
δN = −D S dt , soit δN = −D s dt . Ce nombre est négatif car les molécules
∂x RT ⋅ h(t )
diffusent vers le haut.
δN
Le nombre de mol d’éther vaporisé pendant dt vaut donc dn = − , soit :
NA
ps S M Mps S
dn = D dt , ce qui correspond à un volume S dh = dn = D dt .
RT ⋅ h(t ) ρ ρRT ⋅ h(t )
MDps
On en déduit l’équation différentielle hdh = dt régissant h(t). Cette équa-
ρRT
MDps MDps
tion s’intègre en h2 = h02 + 2 t , soit h = h02 + 2 t.
ρRT ρRT
Le temps nécessaire pour évaporer totalement l’éther remplissant les trois-
quarts d’un tube à essai de longueur totale L = 20 cm est donc :
15 ρRT 2 L
τ= L , puisque h0 = et hfinal = L .
32 MDps 4
On obtient τ = 5,2 ⋅ 105 s = 6,0 j . Cette durée est très grande devant le temps
caractéristique maximal de la diffusion (sur une hauteur L) :
τd = L2 / D = 2,8 ⋅ 103 s = 46 min : l’A.R.Q.S est bien vérifiée.
570
Chapitre 3. Diffusion de particules 571
∂ 2n∗ σ 1 ∂n ∗
Le bilan local avec terme de production s’écrit ici + = soit :
∂x 2 D D ∂t
∂ 2 n∗ n∗ 1 ∂n∗
2
+ = .
∂x τD D ∂t
∂n∗ n∗
Sans le phénomène de diffusion ( D → 0 ), on aurait − = 0 , dont la solu-
∂t τ
t
tion en x fixé est n∗ ( x, t ) = n∗ ( x,0)e τ , soit une croissance exponentielle du nombre de
neutrons : τ est le temps caractéristique des réactions de fission.
d2n∗ n∗
En régime permanent, on a + = 0 , dont la solution est :
dx 2 τD
x x
n∗ ( x ) = A cos + B sin .
τD τD
L L
Avec les C.A.L n∗ x = ± = 0 , on obtient B = 0 et cos = 0 soit :
2 2 τD
L π
= (2p + 1) , avec p ∈ N , ce qui quantifie les modes de diffusion.
2 τD 2
Nous ne nous intéresserons ici pour simplifier qu’au mode fondamental p = 0 :
L2
la longueur L vérifie L = π τD ⇔ τ = = τd . Le temps τ caractéristique de la fission
π 2D
L2
est alors égal au temps caractéristique de la diffusion τd = (les deux phéno-
π2D
mènes « se compensent »).
πx
On a donc n∗ ( x ) = n0∗ cos .
L
Le nombre N0 de neutrons dans le réacteur vaut :
L
2
πx 2n0∗ S L
N0 = L
n0∗ cos
L
S d x =
π
.
−
2
Le nombre de neutrons évacués, pendant dt, vers les zones de couverture est :
571
572 Partie VI. Thermodynamique
L ∂n∗ L 2πDn0∗
δNévacués = 2 ⋅ Jd x = S dt = −2D x = S d t = S dt .
2 ∂x 2 L
Le nombre de neutrons produit par les réactions de fission vaut quant à lui :
L
2 n∗ πx 2n ∗ S L L2
δN p =
L τ
0
cos S dx dt = 0
L πτ
dt . Puisque τ = 2 , on vérifie qu’on a
π D
− 2
2 πDn0∗
bien, en régime stationnaire δN p = S dt = δNévacués .
L
Pour contrôler les réactions, on utilise des barres de commande, constituées de
matériaux absorbant les neutrons, qu’on fait plus ou moins rentrer dans le cœur du
réacteur. Le taux de production volumique global des neutrons peut alors être négatif
n∗ ( x, t )
(si le piégeage l’emporte sur la fission) : σ = avec τ′ algébrique.
τ′
On recherche alors la solution de l’équation de diffusion en régime transitoire
sous la forme n∗ ( x, t ) = f ( x ) ⋅ g (t ) . En injectant dans l’équation locale, on obtient :
f ( x )g (t ) 1
f ′′( x )g (t ) + = f ( x )g ′(t ) .
τ′D D
f ′′( x ) 1 g ′(t )
On sépare alors les variables : D + = = Cte = K . Si on suppose que
f ( x ) τ N
′ g (t )
F(x) G( t )
πx
le régime permanent n∗ ( x ) = n0∗ cos était atteint à l’instant t = 0 , on a :
L
π2D 1 1 1
K =− 2
+ = − . Comme g (t ) = g0eKt , on en déduit que :
L τ′ τ′ τd
1 1
— Si K = − < 0 , le réacteur s’arrête au bout d’un temps caractéristique −1/ K .
τ′ τd
Cette situation se produit si τ′ < 0 (le piégeage l’emporte sur la production), mais aussi
si τ′ > 0 , du moment que τd < τ′ . La production l’emporte alors sur le piégeage, mais,
si τd < τ′ , la diffusion, plus rapide que la production globale, l’emporte.
1 1
— Si K = − > 0 ⇔ τ′ < τd , le réacteur s’emballe, et le nombre de neutrons aug-
τ′ τd
mente exponentiellement, avec un temps caractéristique 1/ K . Cette situation se pro-
duit si la production globale, plus rapide que la diffusion, l’emporte.
L2
Le régime permanent τ′ = τ = τd = est donc instable dans notre modèle. En
π 2D
réalité, il faut prendre en compte les effets thermiques (les réactions dégagent de la
chaleur, ce qui est d’ailleurs le but recherché, or l’augmentation de la température peut
diminuer la vitesse des réactions de fission), la dilatation du réacteur, etc.
572
Chapitre 3. Diffusion de particules 573
573
574 Partie VI. Thermodynamique
574
575
[THERMODYNAMIQUE 4]
DIFFUSION THERMIQUE
1. FLUX THERMIQUES
1.1 Système hors équilibre
À l’équilibre thermodynamique, non seulement les paramètres d’état d’un sys-
tème Σ ne dépendent pas du temps (état stationnaire), mais les paramètres d’état in-
tensifs (p, T…) sont uniformes.
Ainsi, une barre d’un matériau solide, de longueur L, calorifugée sur sa surface
latérale, n’est pas à l’équilibre thermodynamique si on impose à tout instant les condi-
tions aux limites T ( x = 0, t ) = T1 et T ( x = L, t ) = T2 < T1 . Après un régime transitoire, la
température dans la barre ne dépend plus de temps, mais n’est pas uniforme. On n’at-
teint pas l’équilibre thermodynamique tant que la source du déséquilibre (les tempéra-
tures différentes appliquées aux extrémités de la barre) subsiste.
575
576 Partie VI. Thermodynamique
G
On définit le vecteur densité volumique de courants thermiques J (en W ⋅ m-2 )
G G
par la relation δ3Q = J ⋅ d2 S dt .
La surface d2 S est donc traversée par une puissance thermique élémentaire
δ3Q G 2 G
d2Pth = d2Φ = = J ⋅d S .
dt
G
Le vecteur J permet de calculer la
puissance thermique Pth (W), souvent appe-
lée flux thermique, et notée Φ, qui traverse
une surface S finie, orientée grâce à la règle
du tire-bouchon en fonction de l’orientation du
contour sur lequel elle s’appuie :
δQ G G
Φ = Pth =
dt
= J ⋅ d2 S .
S
Il existe trois types de transferts ther-
miques : par conduction (ou diffusion ; on no-
G
tera J d le vecteur densité volumique de cou-
rants correspondant à ce phénomène), par
G G
convection ( Jc ) et par rayonnement ( Jr ).
576
Chapitre 4. Diffusion thermique 577
pour chaque atome de carbone, est un bien meilleur conducteur thermique que les
métaux. Les métaux sont cependant de très bons conducteurs thermiques car l’éner-
gie cinétique est également transportée par les électrons de conduction : les métaux
qui conduisent le mieux l’électricité conduisent le mieux la chaleur.
Prenons l’exemple d’une barre d’un matériau solide, coupée en deux, dont on
chauffe l’une des moitiés (on la porte à une température T1 , alors que l’autre moitié
reste à T2 < T1 ). On met en contact les deux barres et on calorifuge l’ensemble. Initia-
lement, les molécules de la moitié chauffée vibrent autour de leur position moyenne
(nœud du réseau cristallin), avec une énergie ciné-
tique plus élevée que les molécules de l’autre moi-
tié. Les molécules des deux moitiés interagissent
au voisinage de la surface de contact et celles de
la moitié (1) perdent de l’énergie cinétique au profit
de celles de la moitié (2). Ce processus se repro-
duit de proche en proche, avec toujours un trans-
port d’énergie cinétique des zones de forte tempé-
rature (la température est une mesure de l’énergie
cinétique moyenne des molécules) vers les zones
de basse température.
G
Le vecteur J d est donc orienté des hautes vers les basses températures.
G →
Jd = −λ gradT , avec λ coefficient positif appelé conductivité thermique du matériau
( W ⋅ m-1 ⋅ K -1 ). Ceci constitue la loi de Fourier.
577
578 Partie VI. Thermodynamique
La loi de Fourier est bien en accord avec les phénomènes observés : transferts
→
thermiques dans la direction de gradT où les variations spatiales locales de tempéra-
→
tures sont les plus intenses, et dans le sens de − gradT , c’est-à-dire celui des tempé-
ratures décroissantes. On peut vérifier ce dernier point sur l’exemple précédent pour
lequel on suppose que la température ne dépend que de l’abscisse x, et du temps :
G ∂T G
T ( x, t ) . Si la température décroît avec x, on a bien Jd = −λ ex .
∂x
>0
Les isolants thermiques sont souvent des matériaux qui emprisonnent l’air et
qui possèdent de ce fait une conductivité thermique proche de celle de ce dernier.
λ dépend peu de la pression et de la température. On négligera par la suite les
variations de λ avec T.
578
Chapitre 4. Diffusion thermique 579
1.4 Convection
Les solides sont les seuls corps dans lesquels on a de la diffusion thermique
pure. Dans les fluides intervient aussi le phénomène de convection dans lequel le
transport d’énergie cinétique se fait par mouvement macroscopique.
L’écoulement peut justement être dû à des différences de température dans le
fluide. On parle alors de convection naturelle. Illustrons son mécanisme dans le cas
d’un fluide placé entre deux plaques parallèles horizontales dont celle du bas est
chauffée. Le fluide se réchauffe au contact de la plaque inférieure et devient moins
dense que le fluide du dessus. Lorsque la différence de température entre les deux
plaques dépasse une valeur critique, une instabilité (de Rayleigh-Bénard) naît, et des
rouleaux de convection apparaissent : le fluide chaud subit une poussée d’Archimède
de la part du fluide froid qui l’environne, et monte, pendant que le fluide froid, plus
dense, descend. Deux rouleaux voisins tournent en sens opposé.
Lorsqu’on chauffe une pièce avec des radiateurs à eau, les transferts ther-
miques dans l’air dus à la convection naturelle sont beaucoup plus rapides que ceux
dus à la diffusion. Le temps caractéristique de convection est petit devant celui de
diffusion : τc << τd . Notons que ce phénomène fait intervenir la gravité et n’existe pas
en apesanteur.
On peut encore augmenter la puissance thermique en imposant un écoulement.
On parle alors de convection forcée. Le ventilateur d’un ordinateur est par exemple
indispensable pour refroidir les composants électroniques.
579
580 Partie VI. Thermodynamique
« dynamique » étudiée dans le chapitre sur la dynamique des fluides (ces couches
limites sont cependant différentes, par exemple la couche limite thermique peut ne pas
exister si le solide et le fluide sont à la même température).
La loi de Newton est linéaire, et traduit bien les grandes propriétés des phéno-
mènes observés : transferts thermiques normaux à l’interface, d’autant plus importants
G
que T1 − T2 est grande, dans le sens de N1→ 2 si T1 > T2 , c’est-à-dire celui des tempé-
ratures décroissantes. Elle donne un bon accord avec les mesures, à condition que le
gradient de température ne soit pas trop élevé.
On détermine expérimentalement la valeur de h, qui dépend de nombreux pa-
ramètres (géométrie et vitesse de l’écoulement, état de surface…).
Pour de la convection naturelle, l’ordre de grandeur de h est 10 W ⋅ m-2 ⋅ K -1
pour l’air, de 100 à 1000 W ⋅ m-2 ⋅ K -1 pour l’eau. La convection forcée permet d’obtenir
des valeurs allant jusqu’à 500 W ⋅ m-2 ⋅ K -1 pour l’air et 15 000 W ⋅ m-2 ⋅ K -1 pour l’eau.
580
Chapitre 4. Diffusion thermique 581
581
582 Partie VI. Thermodynamique
∂Jd
Pour un transport diffusif on a donc d2U = − S dx dt .
∂x
∂T ∂J ∂(ρcT ) ∂Jd
On en déduit ρc = − d , soit + = 0 . On reconnaît un bilan local
∂t ∂x ∂t ∂x
d’énergie interne 1D.
Les échanges thermiques sont liés au gradient de température par la loi de
∂T
Fourier Jd = −λ . On obtient donc l’équation locale régissant T ( x, t ) :
∂x
∂ 2T 1 ∂T λ
2
= , avec a = diffusivité thermique du matériau en m2 ⋅ s-1 . C’est l’équa-
∂x a ∂t ρc
tion de la chaleur à 1D.
G G G
entre t et t + dt : δQ = −
P ∈S
w
J d ⋅ d2 S dt = −
M∈V
divJd d3V dt , d’après le théorème
de Green-Ostrogradski.
Σ étant indilatable, son volume reste constant, et il ne reçoit pas de travail des
forces de pression.
582
Chapitre 4. Diffusion thermique 583
∂T G →
ρc = −divJd = λdiv gradT = λ∆T , où ∆T est le laplacien de T. D’où :
∂t
1 ∂T
∆T = . C’est l’équation de la chaleur à 3D, également appelée équation de diffu-
a ∂t
sion, ou équation de Kelvin.
De l’équation de diffusion on peut tirer une relation entre une longueur caracté-
ristique L et une durée caractéristique τ. Si on note T0 l’ordre de grandeur des varia-
1 ∂T
tions de températures, on a ∆
N T = , soit L2 = O(aτ) .
2
=O (T0 / L )
∂t
a N
=O (T0 / τ )
583
584 Partie VI. Thermodynamique
sans dimension. S’il faut τd = 1 h pour cuire un poulet de masse m = 1,5 kg , il faudra
2/3
m′
τ′d = τd = 22/3 τd = 1h 35 min et pas 2 h pour un poulet de masse m′ = 3 kg .
m
Ce résultat est obtenu à partir d’hypothèses raisonnables :
— ρ et a varient peu d’un poulet à l’autre.
— La durée de la diffusion thermique dans le poulet est limitante. Les transferts ther-
miques par rayonnement et convection, entre le dispositif de chauffage et la surface
du poulet, sont en effet beaucoup plus rapides.
— Les réactions chimiques endothermiques qui se produisent lors de la cuisson sont
également beaucoup plus rapides que la diffusion thermique…
La relation L2 = O(aτ) permet également de caractériser la longueur, notée δ,
sur laquelle se fait la diffusion thermique sur une durée donnée τ.
584
Chapitre 4. Diffusion thermique 585
Extrémité x = 0 calorifugée
∂T
Comme Jd ( x, t ) = −λ ( x, t ) d’après la
∂x
loi de Fourier, l’absence de transferts thermiques
dans la section d’abscisse x = 0 se traduit par :
∂T
Jd (0, t ) = 0 ∀t (0, t ) = 0 ∀t .
∂x
Si la loi de Newton n’est pas donnée, on peut supposer que la convection est
parfaite : h → ∞ . On a alors continuité de la température : T (0+ , t ) = Tf ∀t .
T1(0 − , t ) = T2 (0+ , t ) ∀t
∂T1 − ∂T .
−λ1 (0 , t ) = −λ 2 2 (0+ , t ) ∀t
∂x ∂x
585
586 Partie VI. Thermodynamique
Régime transitoire
Les différents régimes que nous venons de citer sont des régimes établis, qui
ne font pas intervenir les C.I. En revanche, on a besoin des C.I si on veut déterminer
le régime transitoire amenant à ces régimes établis.
Si les C.A.L varient sur une durée τ >> τd = L2 / a , alors T (M, t ) , solution exacte
1 ∂T
de l’équation de la chaleur ∆T = , est bien approximée par T ′(M, t ) , solution de
a ∂t
∆T ′ = 0 . C’est l’Approximation des Régimes Quasi-Stationnaires thermiques.
586
Chapitre 4. Diffusion thermique 587
θ L2 τ
de T, imposée par les C.A.L, est τ. On a bien = O = O d << 1.
T0 aτ τ
Nous allons étudier dans les sous-sections suivantes le régime stationnaire,
puis, sur des cas particuliers, le régime sinusoïdal forcé et le régime transitoire.
587
588 Partie VI. Thermodynamique
conducteur cylindrique
1 R 1 R
R= ln 2 Rth = ln 2
2πγL R1 2πλL R1
conducteur sphérique
1 1 1 1 1 1
R= − Rth = −
4πγ R1 R2 4πλ R1 R2
association série
588
Chapitre 4. Diffusion thermique 589
association parallèle
1 1 1
1 1 1 = +
= + Rth eq Rth1 Rth2
Req R1 R2
T1 − T2
La résistance thermique est le rapport Rth = ( K ⋅ W -1 ) entre la différence
Φ1→2
de températures T1 − T2 et le flux thermique.
Plus Rth est grande, plus le flux thermique est faible pour une différence de
températures donnée.
Nous allons illustrer cette notion par quelques exemples.
Ponts thermiques
Pour améliorer l’isolation thermique d’une maison, on dépose une épaisseur L
de laine de verre de conductivité thermique λ au-dessus des plafonds du dernier étage.
Cette couche se trouve entre les plans z = 0 et z = L .
Commençons par calculer la résistance thermique Rth0 de la laine de verre
dans le cas où toute la surface S des plafonds est bien couverte.
En l’absence de bords, l’isolant se trou-
verait entre deux plans infinis, et le système
serait invariant par translation selon tout axe
orthogonal à Oz. Si l’on néglige les effets de
bord, ce qui est bien vérifié si L2 est petite de-
vant S , la température de l’isolant ne dépend
que de z.
L’équation de la chaleur s’écrit donc :
d2T T2 − T1
∆T = = 0 T ( z ) = T1 + z , en notant T1 = T (0) et T2 = T (L ) .
dz 2 L
G dT G T −T G G G λS
On a donc Jd = −λ ez = λ 1 2 ez , et Φ1→2 = Jd ⋅ S ez = (T1 − T2 ) . On
dz L L
L
retrouve l’expression Rth0 = de la résistance d’un conducteur rectiligne.
λS
La résistance thermique de la couche de laine de verre s’ajoute à celle des
plafonds, de l’air sous la toiture et de la toiture (association série). Nous négligerons
la somme de ces autres résistances devant Rth0 , qui est alors la résistance thermique
de l’ensemble.
589
590 Partie VI. Thermodynamique
Igloo
Un igloo hémisphérique de centre O, de
rayon R et d’épaisseur e, posé sur la banquise,
est constitué de neige, qui, si elle n’est pas trop
compactée, peut encore contenir 70% d’air. Sa
conductivité thermique λ = 0,3 W ⋅ m-1 ⋅ K -1 est
alors très inférieure à λ glace = 2,2 W ⋅ m-1 ⋅ K -1 .
Supposons que l’igloo contienne deux
personnes qui dégagent chacune une puissance thermique P de 90 W au repos. Nous
allons calculer en régime stationnaire la température intérieure de l’igloo, pour une
température extérieure Text = −10°C , en négligeant les transferts thermiques convec-
tifs et radiatifs, ainsi que les transferts à travers la banquise dont l’épaisseur est de
plusieurs mètres.
La banquise se trouve sous le plan z = 0 . Il y a symétrie de révolution autour
de Oz donc, dans un système de coordonnées sphériques, la température ne dépend
que de r et θ : Jdϕ = 0 .
On doit résoudre l’équation de la chaleur en régime stationnaire, ∆T = 0 , dans
la neige de l’igloo (pour z > 0 et R < r < R + e ) avec pour conditions aux limites
T (R, θ) = Tint , T (R + e, θ) = Text et Jdθ ( z = 0) = 0 (la banquise est isolante).
Le problème est donc le même que si le système possédait la symétrie sphé-
rique (c’est-à-dire s’il était invariant par toute rotation autour de O). En conséquence,
la température au point M ne dépend que de r = OM et le vecteur densité de courants
G dT G
thermiques est radial : Jd = −λ (r )er .
dr
590
Chapitre 4. Diffusion thermique 591
dT
En régime stationnaire, le flux Φ = 2πr 2Jd (r ) = −λ2πr 2 qui traverse, de l’in-
dr
térieur vers l’extérieur, une demi-sphère de centre O, est indépendant de r. On obtient
Φ 1 1 Φ
Text − Tint = − en intégrant dT = − dr entre r = R et r = R + e ,
λ 2π R + e R λ2πr 2
T − Text 1 1 1
soit Rth = int = − . Remarquons que dans le cas d’un isolant
Φ 2πλ R R + e
sphérique, et pas hémisphérique, entre deux sphères de rayons R1 et R2 , on aurait
1 1 1
par le même raisonnement l’expression Rth = − .
4πλ R1 R2
Pour l’igloo contenant deux personnes, on a Φ = 2P . La température intérieure
P e
Tint = Text + augmente avec e et diminue avec R, comme Rth .
πλ R(R + e )
Prenons R = 1,5 m et e = 30 cm : on obtient Tint = 0,6 °C . À cette température,
on peut résister au froid en se protégeant avec de chauds vêtements.
3.4 A.R.Q.S
Deux solides S1 et S2 , de capacités thermiques C1 et C2 , possèdent de
grandes conductivités thermiques λ1 et λ 2 . Leurs températures T1(t ) et T2 (t ) peu-
vent en conséquence être considérées comme uniformes.
591
592 Partie VI. Thermodynamique
S1 et S2 sont reliés par une barre conductrice thermique, d’axe Ox, de section
S , de masse volumique ρ, de conductivité thermique λ, de capacité thermique mas-
sique c et de longueur L. L’ensemble est calorifugé. Initialement, on a T1 = T10 et
592
Chapitre 4. Diffusion thermique 593
C2 −
t
T1(t ) = Tf + 0 0
(T1 − T2 )e τ
C1 + C2
.
t
C1 −
T2 (t ) = Tf − (T10 − T20 )e τ
C1 + C2
Cherchons s’il existe un point de la barre où la température reste constante.
∂T T (t ) − T1(t )
Pour cela, on résout = 0 , avec T ( x, t ) = T1(t ) + 2 x.
∂t L
∂T ∂T x ∂T x x x C2
= 0 1 1 − + 2 = 0 ⇔ C2 1 − − C1 = 0 ⇔ x = x0 = L.
∂t ∂t L ∂t L L L C1 + C2
C2
Ce point existe puisque 0 ≤ ≤ 1.
C1 + C2
Les solutions trouvées sont une bonne approximation des solutions exactes si
L2 L C1C2 ρcL2 CC
τ = RthCeq >> τd = ⇔ >> ⇔ Ceq = 1 2 >> ρS Lc , c’est-à-dire
a λS C1 + C2 λ C1 + C2
si la capacité thermique des solides est très grande devant celle de la barre (l’énergie
interne de la barre est alors bien négligeable devant celle des solides).
Représentons l’évolution des températures des solides et de la barre :
593
594 Partie VI. Thermodynamique
594
Chapitre 4. Diffusion thermique 595
présente en effet deux périodes, le jour solaire de durée τ, et l’année de durée 365 τ .
On a ainsi deux épaisseurs de peau : δ j = 2a / ω j et δa = 2a / ωa ≃ 19 ⋅ δ j .
La profondeur de pénétration thermique δ ⋅ ln(100) est définie comme la profon-
deur telle que l’amplitude des variations n’est plus que 1% de sa valeur en surface.
Elle est 19 fois plus grande pour les variations de températures annuelles, dues aux
saisons, que pour les variations journalières, dues à la rotation propre de la Terre.
On obtient les profondeurs de pénétration suivantes, pour des cycles quotidiens
et annuels, selon le type de sol rencontré :
Profondeur de pénétration
a ( cm2 ⋅ s-1 )
Jour (m) Année (m)
Roc 0,020 1,10 20,5
Argile humide 0,015 0,95 18,0
Sable humide 0,010 0,75 14,5
Argile sèche 0,002 0,35 6,5
Sable sec 0,001 0,25 4,6
Ainsi, les fluctuations journalières sont amorties en un mètre, alors que les fluc-
tuations annuelles se font ressentir jusqu’à 20 m de profondeur. Dans des grottes pro-
fondément enfouies, la température reste constante tout au long de l’année.
595
596 Partie VI. Thermodynamique
f ′′( x ) g ′(t ) 1
a = = Cte . Si cette constante était positive ( Cte = > 0 ), on aurait pour g
f
��� �( x ) g ( t ) τ
F(x) G( t )
t
des solutions t ֏ g (t ) = g0e τ divergentes, qui ne sont pas physiquement acceptables.
t
1 −
On pose donc Cte = − < 0 , et on a g (t ) = g0e τ . On en déduit que f vérifie
τ
1
f ′′( x ) + f ( x ) = 0 , dont les solutions sont :
aτ
x x 1 x x
f ( x ) = A cos + B sin f ′( x ) = B cos − A sin .
aτ aτ aτ aτ aτ
L
Les C.A.L f ′(0) = 0 et f ′(L ) = 0 imposent B = 0 et sin = 0.
aτ
On voit apparaître une quantification des solutions :
L L2
= n π ⇔ τ = τn = , avec n ∈ N .
aτ π2an 2
À ce stade, on dispose de solutions dénombrables :
π2an 2
nπx − L2
t
Tn ( x, t ) = cn cos e , qui vérifient toutes l’équation de la chaleur et les C.A.L.
L
nπx
Cependant, aucune ne vérifie la C.I si F ( x ) ≠ cn cos .
L
On cherche alors T ( x, t ) sous la forme de série :
∞ π2an 2
nπx − t
T ( x, t ) = cn cos
L
e
L2 .
n =0
T ( x, t ) est encore solution de l’équation de la chaleur, puisque cette dernière
est linéaire, et vérifie les C.A.L.
∞
nπx
D’autre part, T ( x,0) = cn cos L
correspond à un développement en sé-
n =0
rie de Fourier d’une fonction de x qui est 2L-périodique (la période du fondamental
πx
c1 cos est 2L), et paire.
L
On trouve donc les coefficients c n en développant en série de Fourier la fonc-
tion x ֏ Θ( x ) paire et 2L-périodique dont la restriction à [0,L ] est F.
596
Chapitre 4. Diffusion thermique 597
T1 + T2
On reconnaît une fonction créneaux paire, de valeur moyenne c0 = et
2
T1 − T2
d’amplitude . Son développement en série de Fourier ne contient que des har-
2
T1 + T2 2(T1 − T2 ) ∞ ( −1)p (2 p + 1)πx
moniques de rangs impairs : Θ( x ) =
2
+
π
2 p + 1
cos
L . On
p =0
L2 T1 + T2
Pour t >> τ1 = 2
, l’équilibre thermique est atteint : T ( x, t ) ≃ .
π a 2
L2
Les harmoniques ont des constantes de temps τn = qui décroissent for-
π an 2 2
tement avec n, et leurs amplitudes, déjà plus faibles que celle du fondamental du fait
de la décroissance en 1/ n , décroissent plus rapidement que l’amplitude de ce dernier.
Ainsi, pour t > τ3 , il ne subsiste que la valeur moyenne et le fondamental, et la répar-
tition de température dans le cylindre est quasiment sinusoïdale :
π2a
T +T 2(T1 − T2 ) πx − t
T ( x, t ) ≃ 1 2 + cos e L2 .
2 π L
597
598 Partie VI. Thermodynamique
Transformations physico-chimiques
Dans le cas où Σ est le siège de transformations physico-chimiques (transitions
de phase, réactions chimiques ou nucléaires), l’énergie interne dépend de l’avance-
ment de ces réactions. Par exemple pour un solide (dont le volume V est supposé
constant : le travail des forces de pression est nul), siège d’une seule réaction d’avan-
cement molaire ξ, on a désormais :
∂U
dU = mcdT + dξ . On ne peut plus écrire U = mcT . Dans un tel système,
∂ξ V ,T
même en l’absence de travail et de chaleur reçus (on a alors dU = 0 ), la température
∂U
varie : mcdT = − dξ . Elle augmente si la réaction dégage de l’énergie, c’est-
∂ξ V ,T
∂U
à-dire si < 0 , et diminue dans le cas contraire.
∂ξ V ,T
∂U
Plus généralement, mcdT = δN
W + δQ − dξ : tout se passe comme si
0 ∂ξ V ,T
on avait encore U = mcT , mais que de l’énergie interne était produite par la réaction,
∂U
le terme − dξ = δU p correspondant à l’énergie interne produite (algébrique).
∂ξ V ,T
598
Chapitre 4. Diffusion thermique 599
δ4U p
Si en un point M une puissance volumique σ(M, t ) = est dégagée, le bilan local
d3V dt
∂(ρcT ) G σ 1 ∂T
d’énergie interne devient : + divJd = σ , soit ∆T + = .
∂t λ a ∂t
599
600 Partie VI. Thermodynamique
dT I2 L L
Comme =− 2 x − 2 s’annule en x = , c’est en ce point que la tem-
dx λγS 2
I 2L2
pérature est maximale, et vaut Tmax = T0 + 2
.
8λγS
Si I augmente, Tmax augmente jusqu’à atteindre la température de fusion du
conducteur Tfus . Le fusible fond alors en son milieu et le courant ne passe plus.
On peut choisir la section du fusible afin que la fusion se produise pour une
Ic 2L2 Ic L
valeur critique I = Ic donnée : Tmax = T0 + 2
≥ Tfus S ≤ = Sc .
8λγS 8λγ(Tfus − T0 )
prenant T0 = 290 K et L = 3,0 cm , on obtient une section Sc = 0,74 mm2 . Il faut choi-
Sc
sir un diamètre 2 = 0,97 mm pour que le fusible fonde pour Ic = 16 A .
π
Dans un tel fusible, en régime stationnaire, la puissance RI 2 produite par effet
Joule est intégralement diffusée sur les bords du fusible, où elle est évacuée :
dT dT
Pévacuée = Φ( x = L ) − Φ( x = 0) = −λS ( x = L ) + λS ( x = 0)
dx dx
I2 L L 2
= 2λS 2
= I = RI 2
λγS 2 γS
Ceci n’est pas vrai en régime transitoire où l’effet Joule provoque une élévation
de la température dans le fusible (la puissance dissipée qui n’est pas évacuée sert à
augmenter l’énergie interne, donc la température du fusible).
600
Chapitre 4. Diffusion thermique 601
Elle peut cependant intervenir dans un bilan local d’énergie interne, dans le cas
d’une barre très allongée selon l’axe Ox (cylindre de longueur L et de rayon r << L ).
En effet, comme on fait l’approximation que la température ne dépend spatialement
que de x, on peut prendre pour système un élément différentiel situé entre les abs-
cisses x et x + dx , dont le volume dV = πr 2dx n’est plus un volume élémentaire du
troisième ordre d3V autour d’un point M.
601
602 Partie VI. Thermodynamique
d2T 2h 2h
On se place en régime stationnaire : T(x) vérifie 2
− T ( x ) = − Te . La
dx λr λr
λr
longueur δ = est donc caractéristique de l’évolution spatiale de la température le
2h
long de la barre.
Si on suppose L >> δ , la barre est suffisamment longue pour que la température
en bout de barre soit pratiquement celle de l’air : T ( x = L ) ≃ Te . Écrivons alors les so-
x x
d2T 2h 2h −
lutions de − T ( x ) = − Te sous la forme T ( x ) = Te + Ae δ + Be δ .
dx 2 λ r λr
L L
−
On a donc T (L ) = Te + Ae δ + Be δ .
L
En faisant l’approximation → ∞ , on a B → 0 , car sinon la température diver-
δ
gerait en bout de barre, et on retrouve bien alors que T ( x = L ) = Te . A est déterminé
en utilisant la C.A.L T ( x = 0) = T0 : on a A = T0 − Te . Finalement :
x
−
T ( x ) = Te + (T0 − Te ) e δ .
Des petits plots de paraffine (de température de fusion Tfus < T0 ) sont répartis
sur la barre : ils fondent sur la partie pour laquelle T ( x ) ≥ Tfus , soit pour :
T −T
x ≤ δ ⋅ ln 0 e = xfus . Si on connaît la conductivité λ1 d’un matériau, on peut dé-
Tfus − Te
terminer celle λ 2 d’un second matériau, en réalisant deux barres de même géométrie
avec ces deux matériaux, et en plaçant leur extrémité dans l’eau bouillante. Le rapport
2
xfus 2 δ2 λ2 x
= = permet d’évaluer λ 2 grâce à la relation λ 2 = λ1 fus 2 .
xfus 1 δ1 λ1 xfus 1
602
Chapitre 4. Diffusion thermique 603
A = T0 − Te
L λ L L λ L
On en déduit hch + sh hch + sh , d’où :
δ δ δ = −(T0 − Te ) δ δ δ
B = − A L λ L L λ L
hsh + ch hsh + ch
δ δ δ δ δ δ
L λ L
x hch δ + δ sh δ x
T ( x ) = Te + (T0 − Te ) ch − sh .
L λ L
δ hsh + ch δ
δ δ δ
L
L L 1
Lorsque L >> δ , on a ch ∼ sh ∼ e δ . L’expression précédente devient :
δ δ 2
x
x x −
T ( x ) ≃ Te + (T0 − Te ) ch − sh . On retrouve T ( x ) ≃ Te + (T0 − Te ) e δ .
δ δ
On a tracé ci-
contre les courbes T(x)
pour différentes valeurs
du rapport L / δ .
Lorsque ce rap-
port est supérieur à 5,
l’approximation consis-
tant à dire que la tempé-
rature en bout de barre
est la température am-
biante Te est très bien
vérifiée.
603
604 Partie VI. Thermodynamique
diffusivité
phénomène équation de diffusion
(m2 ⋅ s-1)
∂ 2n∗ 1 ∂n∗
diffusion de particules = D
∂x 2 D ∂t
∂ 2T 1 ∂T
diffusion thermique 2
= a
∂x a ∂t
∂ 2Bz ∂Bz
2
= µ0 γ
∂x ∂t
écoulement de Couette
ν
incompressible (ii)
∂ 2v x 1 ∂v x
2
=
∂y ν ∂t
604
Chapitre 4. Diffusion thermique 605
(i) Les équations régissant dans l’A.R.Q.S le champ électromagnétique dans le con-
�
divB = 0 �
→ � ∂B
ducteur sont : rot E = − .
∂t
→ � � � �
rot B ≃ µ0 J = µ0 γE ( divE = 0)
�
� ∂B
Elles donnent après découplage ∆B = µ0 γ , équation de Kelvin.
∂t
Si on considère un conducteur occupant le demi-espace x > 0 , le système est
� �
� � ∂ 2B ∂B
invariant par toute translation selon Oy ou Oz donc B(M, t ) = B( x, t ) = µ 0 γ .
∂x 2 ∂t
� ∂ 2Bz ∂B
En projection sur ez cette équation est bien 2
= µ0 γ z .
∂x ∂t
En régime sinusoïdal forcé, il existe, comme pour la diffusion thermique, une
2
peau d’épaisseur δ = à la surface du conducteur, qui est affectée par les per-
µ 0 γω
turbations extérieures. Le champ électromagnétique ne pénètre pas en profondeur.
605
606 Partie VI. Thermodynamique
∂p ∂f ∂v ∂ 2v ∂p
dérivée partielle = est indépendante de y. Comme ρ x − η 2x = − , on en
∂x ∂x ∂t ∂y N ∂x
F ( x ,t )
G( y ,t )
2
∂v x ∂ vx ∂p
conclut que ρ −η 2
=− = K (t ) , fonction du temps uniquement.
∂t ∂y ∂x
On peut à l’aide d’une pompe créer un gradient de pression longitudinal (dans
∂p
le sens de l’écoulement) uniforme : = −K (t ) ≠ 0 , mais il n’est pas nécessaire ici
∂x
pour que le fluide s’écoule du fait de la présence de la plaque mobile.
∂v x ∂ 2v x ∂ 2v x 1 ∂v x
Sans pompe, K (t ) = 0 et on a bien ρ =η 2
, soit = . Là en-
∂t ∂y ∂y 2 ν ∂t
core, en régime sinusoïdal forcé, c’est-à-dire si la plaque oscille sinusoïdalement
G G
( u (t ) = u0 cos( ωt ) ex ), le fluide n’est en mouvement que sur une couche d’épaisseur
2ν
caractéristique δ = près de la plaque.
ω
606
607
[THERMODYNAMIQUE 5]
RAYONNEMENT THERMIQUE
Le rayonnement thermique est un rayonnement électromagnétique émis par la
matière qui, suite à une excitation par chocs thermiques (dus à l’agitation thermique),
se désexcite d’un niveau d’énergie à un niveau plus bas. Ce rayonnement se propage
donc dans le vide à la célérité c : c’est le seul mode de transfert thermique qui existe
en l’absence de milieu matériel.
1. RAYONNEMENT D’ÉQUILIBRE
1.1 Flux surfacique spectral
Si on considère une cavité à l’intérieur de conducteurs parfaits (qui réfléchissent
totalement et sans changement de fréquence les ondes électromagnétiques inci-
dentes), le rayonnement, dans le vide de cette cavité, est constitué d’une somme de
modes propres (solutions des équations de Maxwell, linéaires, et vérifiant les condi-
tions aux limites imposées par les conducteurs) dont les fréquences ν = c / λ et les
longueurs d’onde λ sont quantifiées. L’énergie d’un mode propre reste celle qu’on a
initialement injectée dans la cavité, et il n’y a aucun lien entre la fréquence et l’énergie
du rayonnement. La température des conducteurs n’intervient pas dans ce cas et on
ne peut pas parler de rayonnement d’équilibre.
Si en revanche on place dans le vide des corps capables d’absorber et
d’émettre un rayonnement, l’énergie qu’ils rayonnent dépend de leur température, et
on peut envisager l’équilibre thermodynamique du système à la température T. C’est
ce que nous supposerons par la suite. De plus, nous ne considérerons que des corps
opaques, c'est-à-dire des corps qui ne transmettent pas le rayonnement. Un corps
n’est opaque que dans un certain domaine de longueurs d’onde et à partir du moment
où son épaisseur est grande devant l’épaisseur caractéristique de l’absorption. Par
exemple, le verre est transparent au rayonnement visible sur quelques centimètres
mais devient opaque pour ce rayonnement sur plusieurs dizaines de cm.
On note ϕi la puissance surfacique, ou flux surfacique ( W ⋅ m-2 ) incidente sur
un corps, ϕ s celle qui en sort, ϕa et ϕe celles qui sont absorbée et émise par ces
corps, ϕt celle qui est transmise, et enfin ϕr celle qui est réfléchie. Tous ces flux sur-
faciques sont positifs. Pour les corps opaques, le flux transmis ϕt est nul.
La puissance surfacique incidente ϕi sur les corps opaques est soit réfléchie,
soit absorbée : ϕi = ϕr + ϕa . De même, la puissance surfacique sortante ϕ s est due
soit à la réflexion, soit à l’émission : ϕs = ϕr + ϕe .
607
608 Partie VI. Thermodynamique
608
Chapitre 5. Rayonnement thermique 609
609
610 Partie VI. Thermodynamique
π
2π 2
1 1
δ3Ui = ⋅ uc ⋅ d2 S dt dϕ cos θ sin θ ⋅ dθ = 4 uc ⋅ d S
2
dt .
4π
0
N 0
�������
2π 1/2
δ3Ui 1
Le flux surfacique incident est ϕi = 2
= uc . Si on se restreint au do-
dt ⋅ d S 4
c c
maine spectral [ λ, λ + dλ ] : dϕi = F ( λ,T )dλ = du = u ( λ,T )dλ .
aussi 4 4
4
On en déduit u ( λ,T ) = F ( λ,T ) .
c
2πhc 2 1
F (λ,T ) = , où F (λ,T ) , souvent exprimé en W ⋅ m-2 ⋅ µm-1 , est le flux
λ5 hc
λkBT
e −1
surfacique spectral d’équilibre. C’est la loi de Planck. Les constantes h, kB et c sont
les constantes de Planck, de Boltzmann, et la célérité de la lumière dans le vide.
Le flux surfacique spectral d’équilibre est maximal pour une longueur d’onde
λm telle que λmT = 2,8978 ⋅ 10−3 m ⋅ K ≃ 3 ⋅ 103 µm ⋅ K .
Cette relation s’appelle la loi de déplacement de Wien.
610
Chapitre 5. Rayonnement thermique 611
hc λ
Après le changement de variable X = = X 0 m , on obtient :
λkBT λ
2 X0 2 X0
2πkB 4T 4 X3 15 X3
h 3c 2 eX −1
dX , soit une fraction
π4 eX −1
dX = 0,9803 ≃ 98% de la
X 0 /8 X 0 /8
puissance totale.
Enfin, la densité volumique d’énergie électromagnétique dans l’intervalle :
−1
hc
[λ, λ + dλ ] , vaut du = 4 F (λ,T )dλ = 8πhc e λkBT − 1 dλ . Si on cherche sa répartition
c λ5
c c
fréquentielle : λ = dλ = − 2 dν (le signe négatif traduit le fait que ν décroît avec
ν ν
−1
hν
8πhν3 kBT
λ), on obtient du = e − 1 dν , en imposant dν ≥ 0 .
c3
611
612 Partie VI. Thermodynamique
2. CORPS NOIR
2.1 Le modèle de corps noir à l’équilibre thermodynamique
612
Chapitre 5. Rayonnement thermique 613
Un corps opaque qui absorbe une bande spectrale suffisamment étendue au-
tour de λm (par exemple la bande [0,5λm , 8λm ] ) peut être considéré comme un
corps noir, mais seulement au voisinage de la température T telle que :
λmT ≃ 3 ⋅ 103 µm ⋅ K .
613
614 Partie VI. Thermodynamique
rayonne donc de façon isotrope une puissance totale Φe = 4πRs2ϕe = 3,85 ⋅ 1026 W .
614
Chapitre 5. Rayonnement thermique 615
Le flux parvenant du Soleil arrive sur une surface A = πRt 2 , mais se répartit
(grâce aux océans et à l’atmosphère) sur toute la surface 4πRt 2 de la Terre. Le flux
solaire moyen est donc 4 fois plus petit, de l’ordre de 340 W ⋅ m-2 .
615
616 Partie VI. Thermodynamique
Rs2 Rs 1/ 4
σTt 4 4πRt 2 = (1 − A) 2
σTs4 ⋅ πRt 2 Tt = Ts [1 − A]
= 255 K .
D 2D
Cette température moyenne de −19°C ne correspond pas à la valeur mesurée
car elle ne prend pas en compte la présence dans l’atmosphère de gaz à effet de serre
qui absorbent une partie du rayonnement infra-rouge.
En revanche, pour les planètes avec une atmosphère très ténue comme Mars,
Rs
1/ 4
la formule T = Ts [1 − A] , où D est la distance moyenne entre la planète et le
2D
Soleil, et A l’albédo due à la surface de la planète, donne une valeur très proche de la
valeur moyenne mesurée (par analyse du rayonnement infra-rouge émis). Dans le cas
de Mars, on a A = 25% et D = 2,28 ⋅ 108 km , et on retrouve théoriquement la valeur
mesurée T = 210 K .
Il faut donc, pour la Terre, prendre en compte le fait que l’atmosphère absorbe
la fraction β = 19% du rayonnement solaire, et surtout qu’elle absorbe une partie des
rayonnements infra-rouges émis par la Terre. Nous allons considérer qu’elle les ab-
sorbe totalement : elle se comporte alors comme un corps noir autour de Tt .
L’épaisseur H de l’atmosphère étant petite devant Rt , on peut considérer que
les surfaces extérieure et intérieure de l’atmosphère sont égales à 4πRt 2 . Ainsi l’at-
mosphère rayonne toute l’énergie qu’elle absorbe dans le domaine des I.R, pour moitié
vers l’espace, pour moitié vers la Terre. C’est cette moitié qui explique l’effet de serre.
Comme précédemment, on se place en régime stationnaire, et on ne tient
compte que du rayonnement : atmosphère et Terre sont en équilibre radiatif.
Pour l’atmosphère : βϕs0 πRt 2 + Φt = 2× 4 πRt 2 ⋅ ϕatm
partie absorbée flux terrestre, to- flux atmosphérique émis
du flux solaire talement absorbé à travers une de ses faces
616
Chapitre 5. Rayonnement thermique 617
617
618 Partie VI. Thermodynamique
condensation de l’eau, au frottement des océans sur la terre dus aux marées, à la
géothermie, aux dégagements énergétiques humains (combustion, fission radioac-
tive), sont faibles par rapport à ceux mis en jeu par le rayonnement.
Remarquons que « effet de serre » porte mal son nom car, contrairement au
cas du système {Terre, atmosphère} soumis au rayonnement solaire, c’est la réduction
des phénomènes de convection thermique et d’évaporation, et pas le rayonnement,
qui sont les principales causes du réchauffement d’une serre agricole. On parle plutôt
de forçage radiatif dans le cas de la Terre.
Pendant 380 000 ans après le Big Bang, l’univers était constitué de noyaux
d’hélium, de noyaux d’hydrogène, et d’électrons, formant un plasma dense et chaud.
L’énergie des photons était trop grande pour que les électrons se lient durablement
aux noyaux pour former des atomes (elle était supérieure à l’énergie d’ionisation).
L’univers était donc un plasma totalement ionisé. Un photon émis par une particule
était absorbé par une autre et lui fournissait l’énergie nécessaire pour s’ioniser : aucun
rayonnement n’était émis par le plasma.
Cependant, l’univers se refroidit lors de son expansion. En dessous de 3000 K,
l’énergie des photons ne fut plus suffisante pour ioniser les atomes et empêcher la
formation d’atomes d’hélium et d’hydrogène. Il y eu alors découplage entre matière et
rayonnement : l’univers devint transparent.
Le rayonnement qui nous provient du fond cosmologique est un rayonnement
fossile émis 380 000 ans après le Big Bang, il y a 13,8 milliards d’années.
618
619
[SEPTIÈME PARTIE]
Les chapitres :
1. Phénomènes de propagation non dispersifs : équation de 621
d’Alembert
2. Ondes acoustiques dans les fluides 659
3. Ondes électromagnétiques dans le vide 687
4. Dispersion et atténuation / O.P.P.H électromagnétiques dans 721
les plasmas et les conducteurs
5. Interfaces entre deux milieux 763
6. Introduction à la Physique du laser 783
7. Révisions et compléments : introduction à la mécanique 801
quantique
8. Approche ondulatoire de la mécanique quantique 823
619
620
621
PHÉNOMÈNES DE
PROPAGATION NON DISPERSIFS :
ÉQUATION DE D’ALEMBERT
1. PROPAGATION NON DISPERSIVE LE LONG
D’UNE CORDE / L’ÉQUATION DE D’ALEMBERT
1.1 Exemple fondamental de la corde vibrante, équation de d’Alembert 1D
Cadre de l’étude : petite perturbation
On considère une corde homogène de masse linéique µ = dm / dℓ .
— Au repos, la corde est suffisamment tendue pour qu’elle soit droite : c’est un seg-
ment de longueur L, porté par l’axe Ox. L’influence de la pesanteur est donc négli-
geable : la direction Ox est quelconque. Plus précisément, si la norme de la tension
de la corde est T0 , son poids µLg est très petit devant T0 .
— La corde est quasiment inextensible : un
point de la corde peut être déplacé faible-
ment dans une direction orthogonale à Ox,
mais pas selon Ox. Nous supposerons que
la corde vibre dans le plan xOy : un point
M0 ( x, y = 0 ) de la corde au repos se trouve
(
à un instant t en M x + ψ x ( x, t ), ψ y ( x, t ) , )
avec ψ x ( x, t ) << ψ y ( x, t ) << L . On notera par la suite ψ y ( x, t ) = ψ( x, t ) .
— La corde étant peu déformée par rapport à son état au repos, l’angle θ( x, t ) entre
�
ex et la tangente à la corde est très faible : θ( x, t ) << 1 rad .
621
622 Partie VII. Physique des ondes
� ∂ 2ψ � �
a = 2 ey . On obtient en projection sur ex :
∂t
0 = T ( x + dx / 2, t )cos [ θ( x + dx / 2, t )] − T ( x − dx / 2, t )cos [ θ( x − dx / 2, t )]
��������� ���������
1 1
∂T
= T ( x + dx / 2, t ) − T ( x − dx / 2, t ) = dx
∂x
∂T
On en déduit que = 0 : la norme de la tension ne dépend que du temps.
∂x
622
Chapitre 1. Phénomènes de propagation non dispersifs : équation de d’Alembert 623
∂ 2ψ ∂θ ∂θ
µdx = T (t )sin [ θ( x + dx / 2, t )] − T (t )sin [ θ( x − dx / 2, t )] = [T0 + T1(t )] dx = T0 dx
∂t 2 ∂x ∂x
θ( x + dx /2,t ) θ( x − dx / 2,t )
à l’ordre 1 en ψ.
∂ψ ∂ 2ψ ∂ 2ψ
Comme θ = , on obtient l’équation µ 2 = T0 2 régissant ψ( x, t ) , soit :
∂x ∂t ∂x
∂ 2ψ 1 ∂ 2ψ T0
2
= 2 2
, avec c = . Cette équation s’appelle équation de d’Alembert à une
∂x c ∂t µ
dimension. C’est une équation d’onde, ou équation de propagation.
Cette équation est linéaire. Dans le cas de la corde, elle est obtenue en linéari-
sant les équations régissant sa déformation. Cette linéarisation n’est possible que
parce que la perturbation est supposée petite. Dans le cas où on impose de plus
grandes déformations à la corde, les développements limités à l’ordre 1 ne sont plus
une bonne approximation. On obtient toujours une équation d’onde régissant ψ( x, t ) ,
mais cette équation, non-linéaire, n’est plus l’équation de d’Alembert. De façon géné-
rale, lorsque des ondes se propagent dans la matière, les équations d’onde ne sont
linéaires que dans le cadre des petites perturbations.
Une autre propriété de l’équation de d’Alembert est son invariance par le chan-
gement t → −t : les phénomènes ondulatoires régis par cette équation sont réver-
sibles. Cette propriété est à relier à l’absence de phénomènes dissipatifs dans le mo-
dèle utilisé. Si on prenait en compte des frottements visqueux linéaires sur l’élément
G G ∂ψ G
de corde de longueur dx : dFv = −αvdx = −α dxey , l’équation d’onde resterait li-
∂t
néaire mais ne serait plus invariante par le changement t → −t .
623
624 Partie VII. Physique des ondes
624
Chapitre 1. Phénomènes de propagation non dispersifs : équation de d’Alembert 625
Ces fonctions doivent toutefois être de classe C 2 . Pour trouver le sens physique
de ces solutions, considérons le cas particulier où s ( x, t ) = F ( t − x / c ) .On a alors :
s( x, t + ∆t ) = F ( t + ∆t − x / c ) = F ( t − [ x − c ∆t ] / c ) = s( x − c ∆t , t ) . Quels que soient x et t,
la grandeur s est la même en x à l’instant t + ∆ t qu’en x − c ∆t à l’instant t. Ceci signifie
que la grandeur s s’est propagée de ∆x = c ∆t pendant la durée quelconque ∆ t . Si
∆ t > 0 , alors ∆x > 0 : l’onde se propage à la célérité c, ou vitesse, c, dans le sens des
x croissants.
625
626 Partie VII. Physique des ondes
� �
Dans le cas d’une onde vectorielle plane s = s ( x, t ) obéissant à l’équation de
∂ 2s x ∂ 2s x
2 2
∂x ∂t
∆s x 2 � 2
� 2
∂ sy 1 ∂ s 1 ∂ sy
d’Alembert, on a ∆s = ∆sy = 2 = 2 2 = 2 2 . Chaque composante
c ∂t
∂x c ∂t 2
∆
z s 2
∂ sz ∂ sz
∂x 2 ∂t 2
�
s x ( x, t ) , s y ( x, t ) et sz ( x, t ) de s ( x, t ) vérifiant l’équation de d’Alembert scalaire, on a :
� � �
s ( x, t ) = F ( t − x / c ) + G ( t + x / c ) .
Une O.P.P.H possède une double périodicité (spatiale et temporelle), les deux
2π ω 2π
périodes étant liées par k = = = λ = cT .
λ c cT
Cette relation indique que pendant une période, l’onde s’est déplacée de λ.
� � � ω� 2π �
On définit le vecteur d’onde k par k = kex = ex = ex : il possède la direc-
c λ
tion et le sens de propagation de l’onde. Sa norme est la pulsation spatiale.
626
Chapitre 1. Phénomènes de propagation non dispersifs : équation de d’Alembert 627
G → G G G
Si on repère un point M par son vecteur position r = OM = xex + yey + zez dans
G G G G G G
le référentiel Oxyz, on a k ⋅ r = kex ⋅ ( xex + yey + zez ) = kx , ce qui permet de donner
une formule intrinsèque de l’expression d’une O.P.P.H :
G G G G
s ( r , t ) = s0 cos( ωt − k ⋅ r ) pour une O.P.P.H se propageant selon k .
∂s ∂s ∂s ∂s
= i ωs = −ik x s = −ik y s = −ik z s
∂t ∂x ∂y ∂z
627
628 Partie VII. Physique des ondes
Le choix entre une solution d’O.P.P.H et une solution d’onde plane stationnaire
est guidé par les conditions aux limites (C.A.L).
Prenons l’exemple d’une corde vibrante infinie dont on fait vibrer l’extrémité en
x = −∞ à la pulsation ω. La solution d’O.P.P.H : ψ( x, t ) = ψ 0 cos(ωt − kx ) convient.
Comme on l’a vu au 1.3, la vibration est la même en x ′ qu’en x, à un retard près (si
x ′ > x ), ou une avance près (si x ′ < x ) : ∆t = ( x′ − x ) / c est le retard algébrique.
628
Chapitre 1. Phénomènes de propagation non dispersifs : équation de d’Alembert 629
629
630 Partie VII. Physique des ondes
ψ0 ψ
ψ( x , t ) = sin( �� − kx� + ϕ + π) + 0 sin( ��
ωt �� + kx� + ϕ) .
ωt ��
2 O.P.P.H x ր
2 O.P.P.H x ց
On reconnaît la somme de deux O.P.P.H de mêmes pulsation et amplitude,
déphasées de π en x = 0 , l’une se propageant dans le sens des x croissants, l’autre
dans le sens des x décroissants.
La première correspond à une onde incidente émise depuis x = −∞ , la seconde
à une onde réfléchie en x = 0 du fait de la présence d’un nœud de vibration en ce
point.
Cela revient donc ici au même de chercher une solution sous la forme d’une
onde stationnaire, ou sous la forme de la somme d’une O.P.P.H incidente et d’une
O.P.P.H réfléchie.
nπ λ
La pulsation spatiale est quantifiée : k = kn =⇔ L = n , avec n ∈ N∗ , ainsi
L 2
nπc nc
que la pulsation ω = ωn = , et donc la fréquence f = fn = .
L 2L
On appelle pulsations propres et fréquences propres les valeurs discrètes ωn
et fn que peuvent prendre la pulsation et la fréquence.
630
Chapitre 1. Phénomènes de propagation non dispersifs : équation de d’Alembert 631
nπ nπc
Une perturbation ψ n ( x, t ) = ψ0n sin x cos t + ϕn vérifie l’équation
L L
d’onde et les C.A.L. Comme l’équation d’onde est linéaire, la perturbation la plus gé-
∞
nérale vérifiant l’équation d’onde et les C.A.L s’écrit ψ( x, t ) = ψn ( x,t ) .
n =1
631
632 Partie VII. Physique des ondes
Ces coefficients sont fixés dès qu’on impose des C.I : position et vitesse de la
∂ψ
corde à t = 0 , soit ψ( x, t = 0) = Ψ( x ) et ( x, t = 0) = V ( x ) ∀x ∈ [0, L ] .
∂t
∞ ∞
nπ nπ
an sin L bn
nπc
On remarque que x et sin x correspondent à un
n =1 n =1
L L
développement en série de Fourier d’une fonction 2L-périodique et impaire de x.
am
L x pour [0,L / m ]
Ψ 2L ( x ) = Ψ ( x ) = est une fonction affine par morceaux
− am ( x − L ) pour [ L / m, L ]
( m − 1)L
632
Chapitre 1. Phénomènes de propagation non dispersifs : équation de d’Alembert 633
L
2 nπ
m L
am nπ am
et an =
L L
x sin x dx −
L
( m − 1)L
( x − L )sin x dx . On trouve, après
L
x =0 L
x=
m
2am 2 nπ
intégration par parties : an = sin . D’autre part, la vitesse initiale de la
2 2
(m − 1)n π m
corde étant nulle, la fonction V2L ( x ) est la fonction nulle : bn = 0 ∀n .
On connaît désormais la solution du problème, vérifiant l’équation d’onde, les
2am2
∞
1 nπ nπ nπc
C.A.L et les C.I : ψ( x, t ) =
(m − 1)π2
n2 sin m sin L x cos
L
t .
n =1
n° corde 1 2 3 4 5 6
f1 (Hz) 329,6 246,9 196,0 146,8 110,0 82,4
note mi3 si2 sol2 ré2 la1 mi1
633
634 Partie VII. Physique des ondes
— Une fois la corde de guitare accordée (T0 et µ sont fixés), on joue en appuyant la
corde sur une frette (la longueur L n’est plus la longueur à vide, mais la longueur de la
corde entre le chevalet et la frette sur laquelle on appuie), et en pinçant ou frottant la
partie utile de la corde. Plus L est petite, plus la note est aigue.
Lorsqu’on joue une note d’une certaine hauteur, on obtient la même note en
jouant la fréquence double. Ces deux notes sont séparées d’une octave (une octave
correspond à une multiplication par 2, là où une décade correspond à une multiplica-
tion par 10). Par exemple, le la1 de la première octave correspond à une fréquence de
110,0 Hz, le la2 de la deuxième octave à 220,0 Hz, le la3 à 440,0 Hz…
Dans la gamme tempérée, chaque octave est elle-même séparée en douze
demi-tons régulièrement espacés, c’est-à-dire qu’on passe d’une note à la suivante en
multipliant sa fréquence par 21/12 . On donne un nom à seulement certaines de ces
notes (do, ré, mi, fa, sol, la, si). Le symbole dièse (#) appliqué à une note permet de
passer au demi-ton suivant ; le symbole bémol (⋎) appliqué à une note permet de pas-
ser au demi-ton précédent. Par exemple, pour la première octave :
Pour la guitare, on dispose donc les frettes à une distance du chevalet qui suit
la progression en 21/12 .
634
Chapitre 1. Phénomènes de propagation non dispersifs : équation de d’Alembert 635
On peut remarquer que 21/12 étant irrationnel, les rapports de fréquences pour
les notes de la gamme tempérée ne sont pas des rapports d’entiers (sauf quand ce
rapport vaut 2). Dans le spectre d’une note, les fréquences des harmoniques sont des
multiples de la fréquence fondamentale, et peuvent différer sensiblement de la fré-
quence des notes de la gamme. Prenons l’exemple d’un do1 de fréquence fondamen-
tale f0 . Le rapport de fréquence f / f0 vaut un entier n pour l’harmonique de rang n. Si
ce rapport était une note de la gamme tempérée, il existerait un entier p tel que :
n = 2p /12 ⇔ p = 12log2 n . Calculons pour n ∈ a1,8 b la valeur de 12log2 n et compa-
rons-la à la note correspondant à l’entier p le plus proche :
n 2 3 4 5 6 7 8
12log2 n 12 19,02 24 27,86 31,02 33,69 36
L’harmonique de rang 5 est légèrement dissonant, mais c’est très peu percep-
tible. En revanche, l’harmonique de rang 7 s’écarte fortement du la3#, ce qui est désa-
gréable pour une oreille habituée à la gamme tempérée.
Dans le cas de la guitare, l’amplitude des harmoniques décroît fortement avec
nπ
1
leur rang n. Nous avons en effet montré cn ∝ sin pour une corde pincée de
2
n m
profil triangulaire. L’harmonique de rang 7 n’est pas gênant. En revanche, une corde
de piano est frappée par un petit marteau, ce qui donne un profil de corde plus proche
de créneaux : on montre que l’amplitude des harmoniques est approximativement
1 nπ
cn ∝ sin si le marteau frappe le point d’abscisse L / m . Le poids de l’harmo-
n m
nique de rang 7 est plus important que pour la guitare. On supprime cet harmonique
dissonant en plaçant le point d’impact du marteau à l’abscisse L / 7 . On a alors
1 7π
c7 ∝ sin = 0 .
7 7
635
636 Partie VII. Physique des ondes
∂ 2ψ 1 ∂ 2ψ
— L’équation locale de propagation = .
∂x 2 c 2 ∂t 2
— La C.A.L 1 : ψ( x = L, t ) = 0 ∀t .
— La C.A.L 2 : ψ( x = 0, t ) = ψ 0 cos( ωt ) ∀t .
ω
La solution d’onde stationnaire ψ( x, t ) = A sin [ k ( x − L )] cos( ωt + ϕ) , avec k =
c
, vérifie l’équation d’onde et la C.A.L 1, ω étant la pulsation imposée par le vibreur.
Pour vérifier aussi la C.A.L 2, il faut ψ( x = 0, t ) = − A sin( kL )cos( ωt + ϕ) = ψ0 cos( ωt ) ∀t
. On peut prendre ϕ = 0 , et alors A = −ψ 0 / sin(kL ) .
Remarquons qu’il est inutile de quantifier ϕ en écrivant ϕ = m π , avec m ∈ N .
En effet, soit on choisit m pair, et alors A = −ψ 0 / sin(kL ) , soit on choisit m impair et
alors A = ψ0 / sin(kL ) . La solution obtenue dans les deux cas est la même :
ψ0 ψ0
ψ( x , t ) = − sin [ k ( x − L )] cos( ωt ) = sin [ k ( x − L ) + π] cos( ωt ) .
sin( kL ) sin( kL )
m pair m impair
ψ0 ψ0
ψ( x, t ) = − sin [ k ( x − L)] cos(ωt ) , dont l’amplitude A = devient infinie
sin(kL ) sin(kL)
nπ nπc
pour sin(kL) = 0 ⇔ k = kn = ⇔ ω = ωn = .
L L
Il y a résonance d’amplitude lorsque la fréquence du vibreur est égale à l’une
des fréquences propres de la corde attachée à ses deux extrémités.
nc
En réalité, lorsque f = fn = , la raideur de la corde, qui a été négligée pour
2L
de faibles perturbations, ainsi que les phénomènes dissipatifs (frottements…), inter-
viennent, et limitent l’amplitude de la vibration à une valeur A finie, mais très grande
devant ψ0 , si bien que l’extrémité x = 0 peut être confondue avec un nœud de vibra-
tion. La corde de Melde permet donc de visualiser les modes propres de vibration. En
pratique, on place une poulie en l’extrémité x = L . La corde passe dans la gorge de la
636
Chapitre 1. Phénomènes de propagation non dispersifs : équation de d’Alembert 637
poulie, et on y attache une masse m, ce qui permet d’imposer une tension réglable
n T0
T0 = mg . On peut alors vérifier expérimentalement la loi fn = , où n est le
2L µ
nombre de fuseaux qu’on observe à la résonance.
637
638 Partie VII. Physique des ondes
∂ψ 2 + ∂ψ1 −
On a y (t ) = Y1 sin( kL )cos( ωt ) , θ2 (L+ , t ) = (L , t ) et θ1(L− , t ) = (L , t ) , d’où
∂x ∂x
−M ω2Y1 sin(kL )cos( ωt ) = T0 [ −kY2 cos( kL ) − kY1 cos( kL )] cos( ωt ) ∀t , soit :
M ω2Y1 sin(kL ) = kT0 [Y1 + Y2 ] cos( kL ) (2) . Il reste à déterminer les valeurs de ω compa-
tibles avec (1) et (2). Deux cas se présentent :
nπ λ
(i) sin(kL) = 0 ⇔ kL = nπ , n ∈ N∗ . (1) est vérifiée, et on a alors k = ⇔ L = n et
L 2
nπc
ω= . Dans ce cas, y (t ) = 0 ∀t : la masse ponctuelle M est immobile. Tout se
L
passe comme si chaque demi-corde de longueur L était attachée à ses deux extrémi-
tés ( x = 0 et x = L pour la demi-corde de gauche ; x = L et x = 2L pour la demi-
nπc
corde de droite). On retrouve donc les pulsations propres ω = . L’équation (2) four-
L
nit Y2 = −Y1 , d’où ψ 2 (L + δ, t ) = −Y1 sin [ k (L − δ )] cos( ωt ) = −ψ1(L − δ, t ) . La corde est
donc symétrique par rapport au nœud en x = L où se trouve la masse M. Un tel mode
est appelé mode antisymétrique.
(ii) sin(kL) ≠ 0 , alors (1) implique Y2 = Y1 , d’où :
ψ 2 (L + δ, t ) = Y1 sin [ k (L − δ )] cos( ωt ) = ψ1(L − δ, t ) . La corde est donc symétrique par
rapport au plan x = L . Un tel mode est appelé mode symétrique. Les pulsations véri-
2kT0 ωL 2T0
fient (2) : tan(kL) = 2
⇔ tan = . Comme T0 = µc 2 , on obtient, en posant
Mω c M ωc
ωL 2µc 2µLc m c
m = 2µL (masse totale de la corde) : tan = = = . Si on pose :
c M ω M ωL M ωL
ωL m 1
X= , X obéit à tan X = ,
c M X
équation qui admet des solutions
dénombrables, qu’on peut détermi-
ner graphiquement en traçant les
courbes de X ֏ tan X et :
m 1
X֏ . On constate ainsi que
M X
X p ∈ ] ( p − 1)π, pπ[ , avec p ∈ N ∗ , et
les pulsations quantifiées sont :
ω′p = X p c / L . On a X p ∼ ( p − 1)π
p →∞
πc
et ω′p ∼ ( p − 1) : les pulsations
p →∞ L
des modes propres symétriques
tendent vers celles des modes propres antisymétriques.
638
Chapitre 1. Phénomènes de propagation non dispersifs : équation de d’Alembert 639
dL
Λ= est l’inductance du câble par unité de longueur (en H ⋅ m-1 ).
dx
dC
Γ= est la capacité du câble par unité de longueur (en F ⋅ m-1 ).
dx
639
640 Partie VII. Physique des ondes
∂i ∂u
∂x = −Γ ∂t (1)
On obtient donc deux relations de couplage entre u et i : , qu’on
∂u = −Λ ∂i (2)
∂x ∂t
peut découpler à l’aide des combinaisons suivantes :
∂(2) ∂(1) ∂ 2u ∂ 2i ∂ 2i ∂ 2u ∂ 2u ∂ 2u
— −Λ 2 −Λ = −Λ + ΛΓ 2 , soit 2
= ΛΓ 2 .
∂x ∂t ∂x ∂x∂t ∂x∂t ∂t ∂x ∂t
∂(1) ∂(2) ∂ 2i ∂ 2u ∂ 2u ∂ 2i ∂ 2i ∂ 2i
— −Γ 2 −Γ = −Γ + ΛΓ 2 , soit 2
= ΛΓ 2 .
∂x ∂t ∂x ∂x ∂t ∂x ∂t ∂t ∂x ∂t
Nous verrons que dans le vide, la célérité des ondes électromagnétiques est
aussi c0 = 1/ ε0µ0 ≃ 3,00 ⋅ 108 m ⋅ s-1 . Dans un diélectrique, il suffit de multiplier ε0
640
Chapitre 1. Phénomènes de propagation non dispersifs : équation de d’Alembert 641
Pour une O.P.P qui se propage dans le sens des x croissants, u et i sont pro-
1 Λ
portionnelles : u = Zc ⋅ i , où Zc = = est appelée impédance caractéristique du
Γc Γ
câble (en ohm Ω).
Pour une O.P.P qui se propage dans le sens des x décroissants, u = −Zc ⋅ i .
641
642 Partie VII. Physique des ondes
Gi (t ) Zc − Z
ρi = = . Ce coefficient, qui est le rapport entre l’intensité réfléchie et l’in-
Fi (t ) Zc + Z
tensité incidente, est une constante appelée coefficient de réflexion en intensité. Le
G (t ) −ZcGi (t ) Z − Zc
coefficient de réflexion en tension vaut ρu = u = = −ρi = .
Fu (t ) Zc Fi (t ) Zc + Z
642
Chapitre 1. Phénomènes de propagation non dispersifs : équation de d’Alembert 643
u( xm , t ) = u0 ( −1)m +1 [1 − ρu ] sin(ωt ) .
Si ρu > 0 , les ondes de tension incidente et réfléchie sont en opposition de
phase pour x = − (2m + 1)λ / 4 , qui sont les abscisses des nœuds de tension. Si au
contraire ρu < 0 , les ondes sont en phase pour x = − (2m + 1)λ / 4 , qui sont les abs-
cisses des ventres de tension.
L’onde de tension dans le câble est le résultat d’interférences entre l’onde inci-
dente et l’onde réfléchie.
643
644 Partie VII. Physique des ondes
644
Chapitre 1. Phénomènes de propagation non dispersifs : équation de d’Alembert 645
I− Zc − Z −ZcI −
fournit Zc I + − Zc I − = Z (I + + I − ) ρi = = , et ρu = = −ρi . Le coefficient
I+ Zc + Z ZcI +
Dans ce cas, les signaux réfléchis ont la même amplitude que les signaux inci-
dents. En revanche, ils subissent un déphasage en x = 0 , comme on peut le voir dans
1 j
Zc − Zc +
le cas d’un condensateur : ρi =
jCω Cω ϕ(ω) = 2arctan 1 .
1
=
j
Zc + Zc − ZcCω
jCω Cω
L’onde réfléchie et l’onde incidente ayant même amplitude ( ρi = 1 ), l’onde ré-
sultante est stationnaire. Elle présente des nœuds de tension là où les interférences
sont destructives, c’est-à-dire en x tel que :
ϕ
ϕ j
u = Zc I + e j ωt e − jkx − e j ( kx +ϕ) = 0 ∀t ⇔ e − jkx − e j ( kx +ϕ) = 0 ⇔ −2 je
sin kx + = 0 . 2
2
Par rapport au cas ϕ = 0 correspondant à Z = 0 (nœud de tension en x = 0 ),
645
646 Partie VII. Physique des ondes
ϕ ϕ(ω)c
les nœuds sont décalés de ∆x = − =− (valeur qui dépend de ω).
2k 2ω
Enfin, si A ≠ 0 , R < 1. L’onde réfléchie et l’onde incidente n’ayant pas la même
amplitude, l’onde résultante n’est plus stationnaire : là où les ondes interfèrent des-
tructivement, l’amplitude est encore minimale mais non nulle. L’onde résultante est
partiellement progressive (purement progressive quand R → 0 , purement stationnaire
quand R → 1 ).
646
Chapitre 1. Phénomènes de propagation non dispersifs : équation de d’Alembert 647
∂ξ a2 ∂ 2ξ
ξn +1 = ξ( xn +1, t ) = ξ( xn + a, t ) ≃ ξ( xn , t ) + a ( xn , t ) + ( xn , t ) .
��� ∂x 2 ∂x 2
ξn
d2ξn
En reportant dans l’équation de couplage m = K (ξn −1 + ξn +1 − 2ξn ) , on ob-
dt 2
d2ξn ∂ 2ξ ∂ 2ξ
tient m =m ( xn , t ) = Ka 2 ( xn , t ) .
dt 2 ∂t 2 ∂x 2
Dans l’approximation des milieux continus, la perturbation ξ( x,t ) est régie par
∂ 2ξ 1 ∂ 2ξ K
l’équation de d’Alembert 2
= 2 2
, avec c = a .
∂x c ∂t m
647
648 Partie VII. Physique des ondes
On retrouve la loi de force linéaire qu’il faut appliquer à l’extrémité d’un ressort
pour l’étirer ou le comprimer de ∆L : F = E S ∆L / L = K 0 ∆L .
On constate que le produit raideur fois longueur est une constante : K 0L = E S
(la raideur K0 d’un ressort est inversement proportionnelle à sa longueur L). Plus E
est grand, plus il faut une grande force pour obtenir une variation de longueur ∆L
donnée, plus le matériau est rigide.
Au niveau microscopique, la raideur est K, et la longueur a, donc Ka = E S . On
en déduit c = aE S / m . Comme aS est le volume d’une portion microscopique de
m
matériau de longueur a et de masse m, le rapport s’identifie à la masse volumique
aS
ρ du matériau.
648
Chapitre 1. Phénomènes de propagation non dispersifs : équation de d’Alembert 649
649
650 Partie VII. Physique des ondes
∂ψ
En introduisant la vitesse transversale de la corde v ( x, t ) = ( x, t ) , le P.F.D
∂t
appliqué à l’élément de corde qui correspond au repos au segment :
∂v ∂T ∂ψ
[ x − dx / 2, x + dx / 2] , fournit µ = y (1) . En dérivant Ty ( x, t ) = T0 ⋅ ( x,t ) par
∂t ∂x ∂x
1 ∂Ty ∂v
rapport au temps, on obtient d’autre part = (2) . En effectuant la combinai-
T0 ∂t ∂x
son v ⋅ (1) + Ty ⋅ (2) , on fait apparaître un bilan local d’énergie :
∂v Ty ∂Ty ∂Ty ∂v ∂ 1 1 ∂
µv + =v + Ty µv 2 + Ty 2 + −Ty v = 0 (3) .
∂t T0 ∂t ∂x ∂x ∂t 2 2T0 ∂x
1
Le terme ec = µv 2 correspond à l’énergie cinétique linéique de la corde. En
2
un point d’abscisse x, la puissance instantanée qui traverse la corde dans le sens des
x croissants est le produit de la force transversale −Ty ( x, t ) exercée par la partie x ′ < x
sur la partie x ′ > x par la vitesse transversale v ( x, t ) : p( x, t ) = −Ty ( x, t )v ( x, t ) . Calcu-
lons la puissance reçue par l’élément de corde de longueur dx au repos, entre t et
∂p ∂
t + d t : dp = p ( x − dx / 2, t ) − p ( x + dx / 2, t ) = − dx = Ty v dx .
∂x ∂x
Si on note e = ec + ep l’énergie mécanique linéique de la corde, le théorème de
la puissance mécanique appliqué à l’élément de corde s’écrit :
∂e ∂e ∂ ∂ ∂
dx = dp ⇔ = Ty v ⇔ ec + ep + −Ty v = 0 , ce qui permet d’identifier
∂t ∂t ∂x ∂t ∂x
1
grâce à (3) l’énergie potentielle linéique de la corde ep = Ty 2 .
2T0
L’équation d’onde de d’Alembert s’obtient en combinant les équations de cou-
2
∂ 2v 1 ∂ Ty
plage (1) et (2). Par exemple, en dérivant (2) par rapport à x : = , et (1)
∂x 2 T0 ∂x∂t
∂ 2v ∂ 2Ty ∂ 2v µ ∂ 2v 1 ∂ 2v
par rapport à t : µ = , on obtient = = .
∂t 2 ∂x ∂t ∂x 2 T0 ∂t 2 c 2 ∂t 2
Comme v et Ty vérifient l’équation de d’Alembert, il existe des solutions d’onde
plane progressive (O.P.P) se propageant dans le sens des x croissants :
v (x,t ) = Fv ( t − x / c ) = Fv [ θ( x, t )] dF 1 dFTy
. (1) s’écrit donc µ v = − , soit, pour les
Ty (x,t ) = FTy ( t − x / c ) = FTy [ θ( x, t )] dθ c dθ
650
Chapitre 1. Phénomènes de propagation non dispersifs : équation de d’Alembert 651
1 2 1 1 2 2 2 1 2
Pour une O.P.P, ec = µv et ep = Ty 2 = µ c v = µv : il y a équi-
2 2T0 2T0 2
partition de l’énergie. Pour une onde stationnaire harmonique, par exemple obtenue
en faisant vibrer à la pulsation ω une corde attachée en x = 0 sur l’axe Ox, on a
ψ( x, t ) = ψ 0 sin(kx )cos(ωt ) , avec k = ω / c . Les énergies linéiques sont alors :
2
1 2 1 ∂ψ 1
— ec = µv = µ = µψ 0 2 ω2 sin2 ( kx )sin2 ( ωt ) .
2 2 ∂t 2
2
1 1 ∂ψ 1
— ep = Ty 2 = 2 2 2 2 2
T0 ⋅ ∂x = 2T ψ0 T0 k cos (kx )cos (ωt ) , soit, avec k = ω / c
2T0 2T0 0
1
et c 2 = T0 / µ : ep = µψ02ω2 cos2 (kx )cos2 (ωt ) .
2
L’énergie n’est plus équirépartie puisqu’il y a des nœuds de vitesse lorsque
sin(kx ) = 0 (l’énergie en ces points est purement potentielle) et des nœuds de Ty lors-
que cos(kx ) = 0 (l’énergie en ces points est purement cinétique). En prenant la
1 1
moyenne temporelle, on obtient ec = µψ02ω2 sin2 (kx ) et ep = µψ02ω2 cos2 (kx )
4 4
1
donc l’énergie linéique totale moyenne est équirépartie : e = ec + ep = µψ02ω2 .
4
651
652 Partie VII. Physique des ondes
1 2 1 1
ue = Γu = ΓZc 2i 2 = Λi 2 : il y a équipartition de l’énergie. Pour une onde station-
2 2 2
naire harmonique, par exemple obtenue en ouvrant le câble en x = 0 , et en imposant
une tension sinusoïdale de pulsation ω en entrée, on a : i ( x, t ) = i0 sin(kx )cos(ωt ) ,
i0
avec k = ω / c . On tire l’expression de la tension u ( x, t ) = − cos( kx )sin( ωt ) de la re-
Γc
∂i ∂u
lation de couplage = −Γ (1) , et on en déduit :
∂x ∂t
1 2 1 1
— um = Λi = Λi02 sin2 (kx )cos2 (ωt ) d’où um = Λi02 sin2 (kx ) .
2 2 4
1 2 1 i02 1
— ue = Γu = Γ 2 2 cos2 (kx )sin2 (ωt ) = Λi02 cos2 (kx )sin2 (ωt ) , car ΛΓc 2 = 1 ,
2 2 Γ c 2
1
soit ue = Λi02 cos2 (kx ) .
4
L’énergie n’est plus équirépartie puisqu’il y a des nœuds d’intensité lorsque
sin(kx ) = 0 (l’énergie en ces points est purement électrique) et des nœuds de tension
lorsque cos(kx ) = 0 (l’énergie en ces points est purement magnétique). En revanche,
1
l’énergie linéique totale est en moyenne équirépartie : u = um + ue = Λi02 .
4
652
Chapitre 1. Phénomènes de propagation non dispersifs : équation de d’Alembert 653
Dans le cas d’une O.P.P, l’énergie instantanée est équirépartie entre les deux
formes.
Ce n’est plus le cas pour une onde plane stationnaire harmonique de pulsation
ω, où il y a des nœuds pour les signaux (les nœuds d’un signal sont les ventres du
signal qui lui est couplé). L’énergie totale reste en moyenne (temporelle) équirépartie.
Les relations de couplage entre les deux signaux étant, pour les ondes planes
∂s ∂s
étudiées, de la forme 1 = K 2 , on a, en un nœud de s1 : s1( x, t ) = 0 ∀t , ce qui
∂t ∂x
∂s1 ∂s2
entraîne ( x, t ) = 0 ∀t . On en déduit ( x, t ) = 0 ∀t : on a à tout instant en ce point
∂t ∂x
un extremum de la courbe d’équation x ֏ s2t ( x ) = s2 ( x, t ) . C’est un ventre de s2 .
Ainsi, lorsque les ondes interfèrent, on ne peut pas utiliser le théorème de su-
perposition pour les grandeurs énergétiques.
De même, puisque Re s1(M , t ) ⋅ s2 (M , t ) ≠ Re s1(M , t ) ⋅ Re s2 (M , t ) , il faut re-
venir aux grandeurs réelles avant de leur appliquer des opérateurs énergétiques.
653
654 Partie VII. Physique des ondes
Les forces de tension subies par un élément de membrane sont deux forces
�
s’exerçant sur les bords de l’élément de membrane colinéaires à e y , d’abscisses res-
dx dx
pectives x + et x − , et deux forces s’exerçant sur les bords de l’élément de
2 2
654
Chapitre 1. Phénomènes de propagation non dispersifs : équation de d’Alembert 655
G dy dy
membrane colinéaires à ex , d’ordonnées respectives y + et y − .
2 2
dx dx ∂ 2ψ
d2Fz( x ) = dFz ( x + , y , t ) − dFz ( x − , y , t ) = τ0 2 dxdy .
2 2 ∂x
G
De même, la contribution des deux bords colinéaires à ex est :
dy dy ∂ 2ψ
d2Fz( y ) = dFz ( x, y +, t ) − dFz ( x, y − , t ) = τ0 2 dxdy .
2 2 ∂y
G
La projection selon ez du principe fondamental appliqué à l’élément de mem-
brane dans le référentiel du laboratoire donne :
∂ 2ψ ∂ 2ψ ∂ 2 ψ ∂ 2ψ ∂ 2ψ σ ∂ 2ψ 1 ∂ 2ψ
σdxdy = τ0 2 + 2 dxdy ∆ψ = 2 + 2 = = .
∂t 2 ∂x ∂y ∂x ∂y τ0 ∂t 2 c 2 ∂t 2
τ0
La célérité de l’onde est c = . Comme [ τ0 ] = [F ] ⋅ L-1 = M ⋅ T-2 , où F est une
σ
force, et [ σ] = M ⋅ L-2 , on a bien [c ] = L ⋅ T -1 homogène à une vitesse.
La vibration ψ( x, y, t ) obéit à une équation de d’Alembert à 2D.
655
656 Partie VII. Physique des ondes
∂ 2ψ 1 ∂ψ 1 ∂ 2ψ 1 ∂ 2ψ
L’équation précédente devient ∆ψ = + + 2 2 = 2 2 .
∂r 2 r ∂r r ∂θ c ∂t
656
Chapitre 1. Phénomènes de propagation non dispersifs : équation de d’Alembert 657
d2 y 1 dy m 2
+ + 1 − 2 y = 0 , dite de « Bessel », avec m ∈ N , sont :
dx 2 x dx x
y ( x ) = C1J m ( x ) + C2Ym ( x ) , où C1 et C2 sont des constantes, Jm la fonction de Bessel
de première espèce d’indice entier m et Ym la fonction de Bessel de seconde espèce
d’indice entier m.
Les formes asymptotiques de ces fonctions de Bessel sont, pour x << 1 :
m m
1 x 2 x ( m − 1)! 2
Jm ( x ) ∼ , Y0 ( x ) ∼ ln + Cte , Ym ( x ) ∼ − pour m ∈ ℕ*.
m! 2 π 2 π x
Comme les solutions physiquement acceptables ne doivent pas diverger en
r = 0 , ce sont les fonctions Jm . Leur graphe est donné ci-dessous pour m ∈ �0,3 � et
x ∈ [0,10 ] . On note sm,n le nième zéro de Jm (le zéro x = 0 est exclu). Ainsi, le premier
zéro numéroté de J1 est s1,1 = 3,832 .
657
658 Partie VII. Physique des ondes
2 π π
sélectionner qu’une valeur de m. En effet, Jm ( x ) ≃ cos x − m − , sauf au voi-
πx 2 4
sinage de 0 : les écarts entre les sm,n , quasiment constants, correspondent à une pro-
gression harmonique.
Représentons les lignes nodales dans les cas suivants (la première valeur indi-
quée est celle de m, la seconde celle de n). Les nœuds sont en noir, les ventres en
blanc.
La solution la plus générale est une combinaison linéaire des solutions trou-
vées, appelées modes propres de vibration :
ω r
ψ m,n (r , θ, t ) = ψ 0m,n Jm m,n cos(mθ)cos( ωm,n t ) .
c
Selon l’endroit où il frappe la peau d’un tambour, le musicien impose des C.I et
sélectionne plus particulièrement certains modes de vibration, ce qui définit le spectre
de la vibration, donc le son émis.
Sur la figure ci-dessous, on a représenté en 3D (en amplifiant la déformation)
les vibrations de la membrane à deux instants différents pour les premiers modes :
658
659
Nous allons étudier une petite perturbation pour laquelle nous effectuerons l’ap-
G
proximation linéaire : ρ1 , p1 et v seront traités comme des infiniment petits du pre-
mier ordre (approximation acoustique).
659
660 Partie VII. Physique des ondes
parfait. Comme à l’équilibre thermodynamique d’un fluide il n’y a que deux paramètres
d’état indépendants, on peut écrire que ρ est une fonction ρ = ρ( p, S ) de p et de l’en-
∂ρ ∂ρ
tropie S, soit en différentiant : dρ = dp + dS , avec dS = 0 . On introduit la
∂p S ∂S p
1 ∂V
compressibilité isentropique χS = − du fluide, qui caractérise la variation re-
V ∂p S
lative du volume de fluide due aux variations de pression, à entropie constante. Or une
particule fluide est un système fermé ; sa masse m = ρV est constante, ce qui en-
dρ dV 1 ∂V 1 ∂ρ
traîne + =0− =+ .
ρ V V ∂p S ρ ∂p S
1 ∂V 1 ∂ρ
La compressibilité isentropique du fluide est χS = − = . Elle
V ∂p S ρ ∂p S
dρ
On a donc pour un fluide parfait la relation = ρχS (3) .
dp
1.2 Linéarisation
(1) Linéarisation du P.F.D
Notons a l’ordre de grandeur de l’amplitude du dé-
placement d’une particule fluide sous l’effet d’une onde
acoustique de célérité c, de période T et de longueur
d’onde λ = cT . Le mouvement de la particule est T-pério-
dique, si bien que l’ordre de grandeur u de sa vitesse est u = O ( a / T ) . On a donc :
u / c = O ( a / λ ) . Dans l’approximation acoustique, u / c << 1 , donc a << λ . Une parti-
cule fluide se déplace sur une longueur très petite devant la longueur d’onde acous-
tique, si bien qu’on peut considérer qu’elle reste en un point M0 fixe pour calculer sa
� �
� � � � dv ∂v
vitesse : v = vLAG (t ) = v EUL (M (t ), t ) ≃ v EUL (M0 , t ) , donc ≃ si u / c << 1 .
dt ∂t
On peut également utiliser la relation entre vitesse particulaire et vitesse locale,
� � �
dv ∂v � → � � → � ∂v u2 / λ
+ (v ⋅ grad)v , or (v ⋅ grad)v = O = O ( u / c ) . On a donc bien :
u / T
=
dt ∂t ∂t
�
∂v → � → �
ρ = − grad p si u / c << 1 . Le terme (v ⋅ grad)v étant de toutes façons du second
∂t
ordre en la perturbation, il disparaît lorsqu’on linéarise le P.F.D.
� → � →
∂v ∂v
Le P.F.D s’écrit donc ρ = − grad p , soit (ρ0 + ρ1) = − grad( p0 + p1) dans
∂t ∂t
660
Chapitre 2. Ondes acoustiques dans les fluide 661
→ � �
∂v
l’approximation acoustique, avec grad p0 = 0 , et ρ1 terme d’ordre 2.
∂t
� →
∂v
Le P.F.D linéarisé s’écrit finalement ρ0 = − grad p1 (1) .
∂t
En prenant le rotationnel de cette expression, on en tire une conséquence im-
→ �
∂ rot v → → � → �
portante : ρ0 = − rot grad p1 = 0 . En un point donné rot v est indépen-
∂t
dant du temps, or il est nul en l’absence d’onde acoustique :
→ � �
rot v = 0 . L’écoulement dû à l’onde acoustique est irrotationnel.
→ �
Si on prenait en compte la pesanteur, on aurait grad p0 = ρ0 g au repos, et en
�
∂v → � → �
présence de la perturbation (ρ0 + ρ1) = − grad( p0 + p1) + (ρ0 + ρ1)g = − grad p1 + ρ1g .
∂t
�
� ∂v → �
Le P.F.D linéarisé contiendrait un terme supplémentaire ρ1g : ρ0 = − grad p1 + ρ1g .
∂t
661
662 Partie VII. Physique des ondes
∂(4)
— La première, −div(1) + ρ0 , donne :
∂t
G G
∂divv ∂2 p ∂divv → ∂2 p
−ρ0 + ρ0 χS 21 + ρ0 = div grad p1 , soit ∆p1 = ρ0χS 21 .
∂t ∂t ∂t ∂t
→ ∂(1)
— La deuxième, grad(4) − χS , donne :
∂t
G
→ ∂p
→ G ∂ 2v
→ ∂p
χS grad 1 + grad(divv ) − ρ0χS 2 = χS grad 1 . On a donc :
∂t ∂t ∂t
G → → G
→ G ∂ 2v → G G → G G
grad(divv ) − ρ0 χS 2 = 0 , or rot rot v = grad(divv ) − ∆v grad(divv ) = ∆v .
∂t G
0
2 G
G ∂ v
On aboutit à ∆v = ρ0 χS 2 .
∂t
G
G 1 ∂ 2 p1 G 1 ∂ 2v
p1 et v obéissent à l’équation de d’Alembert : ∆p1 = 2 et ∆v = 2 2 .
c ∂t 2 c ∂t
La célérité c des ondes acoustiques est c = 1/ ρ0χS .
1 ∂ρ ∂ρ ρ1
Comme χS = , on a, à l’ordre 1 en la perturbation, = = ρ0χS .
ρ ∂p S ∂p S p1
∂p
On en déduit c = . Cette formule a été utilisée pour étudier la forme
∂ρ S
d’une tuyère dans la sous-section 2.2 du chapitre sur les bilans macroscopiques.
D’autre part, la prise en compte de la pesanteur amène à écrire le P.F.D linéa-
G
∂v → G
risé sous la forme ρ0 = − grad p1 + ρ1g . Comme ρ1 / p1 = ρ0χS = 1/ c 2 et que :
∂t
→ G →
grad p1 est de l’ordre de p1 / λ , on a ρ1g ( )
grad p1 = O λg / c 2 . On peut négliger
1.4. Calcul de c
Célérité du son dans un gaz
Le modèle de fluide parfait étant plus fort que celui de gaz parfait, lorsqu’un
fluide parfait est gazeux, c’est nécessairement un gaz parfait. Comme l’évolution d’un
fluide parfait est isentropique, pression et volume sont liés par la loi de Laplace :
dp dρ
pV γ = Cte ⇔ pρ −γ = Cte , dont la différentielle logarithmique −γ = 0 fournit :
p ρ
662
Chapitre 2. Ondes acoustiques dans les fluide 663
1 ∂ρ 1
χS = = . Comme la perturbation est traitée à l’ordre 1, les développements
ρ ∂p S γp
� � 1
limités sont effectués au voisinage du repos (v = 0, p = p0 , ρ = ρ0 ,T = T0 ) : χS = .
γp0
1 γp0 Mp0
On en déduit c = = , avec ρ0 = (gaz parfait de masse molaire M).
ρ0χS ρ0 RT0
γRT0
La célérité du son dans un gaz, c = , ne dépend pas de la pression mais
M
seulement de la température.
pour l’air) et χS = 5,0 ⋅ 10−10 Pa-1 (au lieu de χS = 1/ ( γp0 ) ≃ 7 ⋅ 10−6 Pa-1 pour l’air).
La vitesse du son dans l’eau est c = 1/ ρ0χS ≃ 1400 m ⋅ s-1 . Là encore, la con-
dition f >> g / c ≃ 7 mHz permettant de négliger la pesanteur est vérifiée.
2. ASPECT ÉNERGÉTIQUE
2.1 Bilan d’énergie
�
∂v →
� 0
ρ = − grad p1 (1)
Calculons div(p1v ) à partir des relations de couplage ∂t :
χ ∂p1 + divv� = 0 (4)
S ∂t
� � � → ∂ 1 1 1
div(p1v ) = p1 div
� v + v ⋅ grad p1 = − χS p12 + ρ0v 2 . Comme ec = ρ0v 2 est une
�
��� �� ∂t 2 2 2
∂p1 ∂v
−χS −ρ0
∂t ∂t
∂ρUac �
énergie cinétique volumique, on reconnaît un bilan local + divJUac = σUac = 0
∂t
663
664 Partie VII. Physique des ondes
G G
d’énergie acoustique U ac . On utilise les notations uac et pas ρUac , Jac et pas JUac .
1 1
uac = ρ0v 2 + χS p12 ( J ⋅ m-3 ) est la densité volumique d’énergie acoustique.
2 2
1
L’énergie potentielle volumique ep = χS p12 est analogue à l’énergie poten-
2
tielle élastique d’un ressort.
Pour déterminer l’énergie acoustique contenue dans un volume fini V , on le
1 1
2 ρ0v
2
découpe en volumes élémentaires et on somme : U ac = + χ p 2 d3V .
2 S 1
V
G G
Jac = p1v ( W ⋅ m -2 ) est le vecteur densité volumique de courants d’énergie
acoustique.
Son flux à travers une surface S orientée donne la puissance acoustique algé-
δUac G G
brique qui traverse cette surface : pac =
dt
= Jac ⋅ d2 S .
S
∂uac G
Comme + div Jac = 0 , l’énergie acoustique est conservative ( U ac se con-
∂t
serve pour un système qui n’échange pas d’énergie acoustique).
664
Chapitre 2. Ondes acoustiques dans les fluide 665
G G
cas du champ de vitesse, v ≠ 0 correspondrait à un écoulement stationnaire. Ainsi,
G G G
pour une onde sonore, p0v = p0 v = 0 : les bilans énergétiques font intervenir des
G G G G
termes d’ordre 2 en la perturbation, soit ici Jac = p1v . Bien que p1 = 0 et v = 0 , on
G G G G G
peut très bien avoir p1v ≠ 0 . En r.s.f par exemple, on a Jac ≠ 0 , sauf si p1 et v
sont en quadrature de phase.
On définit l’intensité acoustique par Iac = p1v en W ⋅ m-2 . C’est donc la puis-
sance surfacique moyenne reçue par unité de surface orthogonale en chacun de ses
G
points à Jac .
Les êtres humains détectent les perturbations acoustiques dont les fréquences
se trouvent dans la plage : 20 Hz ≤ f ≤ 20 kHz .
Les fréquences auxquelles nous sommes les plus sensibles se trouvent aux
alentours de 4000 Hz. On a choisi la fréquence f = 1000 Hz pour déterminer le seuil
d’intensité détectée I0 = 10−12 W ⋅ m-2 et le seuil de douleur Imax = 1 W ⋅ m-2 .
L’oreille est un capteur approximativement loga-
rithmique : le volume sonore perçu augmente de la
même quantité chaque fois que l’intensité acoustique est
multipliée par 10. On utilise donc une échelle en dB :
I
Iac dB = 10log ac . Au seuil de détection, I0 dB = 0 , et
I0
au seuil de douleur, Imax dB = 120 dB . Le diagramme ci-
contre donne quelques valeurs d’intensité en dB pour des
situations de la vie courante. Les sons correspondant à
ces situations possèdent des spectres étendus, ce qui
rend moins dangereux ceux qui avoisinent les 120 dB.
Néanmoins, plus le niveau sonore est élevé, plus la du-
rée d’exposition doit être courte. Dans les lieux fermés,
le niveau sonore varie peu d’un endroit à l’autre, alors que dans les lieux ouverts, Iac
décroit approximativement en 1/ r 2 , si r est la distance du capteur à la source sonore.
665
666 Partie VII. Physique des ondes
666
Chapitre 2. Ondes acoustiques dans les fluide 667
On peut trouver ce cas lorsque l’onde acoustique est guidée par un tuyau so-
G G ∂ξ G
nore d’axe Ox et de section S . On a ainsi p1( x, t ) , ρ1( x, t ) , v ( x, t ) = v ( x, t ) ex = ex ,
∂t
où ξ( x, t ) est le déplacement, sous l’effet de la perturbation, d’une particule fluide se
trouvant à l’abscisse x au repos. Le système fermé étudié Σ est le système fluide se
trouvant au repos entre les abscisses x et x + d x . Sa masse vaut ρ0 S dx .
Écrivons les 3 équations reliant masse volumique, pression et vitesse (ou dé-
placement).
(1) Le principe fondamental, appliqué à Σ, fournit, en négligeant l’action de la pesan-
∂ 2ξ
teur : ρ0 S dx = ( p0 + p1 [ x + ξ( x, t ), t ] ) S − ( p0 + p1 [ x + dx + ξ( x + dx, t ), t ] ) S .
∂t 2
∂p1
À l’ordre 1 en la perturbation p1 [ x + ξ, t ] = p1( x, t ) + ξ = p1( x, t ) d’où :
∂x
N
ordre 2
∂ 2ξ ∂p ∂ 2ξ ∂p
ρ0 dx 2 = p1( x, t ) − p1( x + dx, t ) = − 1 dx . On retrouve ρ0 2 = − 1 (1) , soit :
∂t ∂x ∂t ∂x
G →
∂v ∂p ∂v
ρ0 = − 1 , c’est-à-dire le P.F.D linéarisé ρ0 = − grad p1 , à 1D.
∂t ∂x ∂t
(2) La masse de Σ se conserve :
ρ0 S dx = [ρ0 + ρ1( x, t )] S ( x + dx + ξ( x + dx, t ) − [ x + ξ( x, t )] ) , car ρ1 [ x + ξ, t ] = ρ1( x, t ) à
∂ξ ∂ξ
l’ordre 1. Comme ξ( x + dx, t ) − ξ( x, t ) = dx , on a ρ0 = [ρ0 + ρ1( x, t )] ⋅ 1 + . Cette
∂x ∂x
∂ξ
relation donne ρ1 + ρ0 = 0 (2) à l’ordre 1, soit, en dérivant par rapport au temps :
∂x
∂ρ1 ∂v ∂ρ1 G
+ ρ0 = 0 . On retrouve l’équation de continuité + ρ0 div v = 0 , à 1D.
∂t ∂x ∂t
(3) La relation linéarisée traduisant l’évolution isentropique d’une particule d’un fluide
parfait est inchangée : ρ1 = ρ0 χS p1 (3) .
On élimine ρ1 en reportant (3) dans (2), et on obtient le système couplant p1 et
∂ 2ξ ∂p1
ρ0 2 = − (1)
∂t ∂x ∂(4)
ξ: , qu’on découple grâce à la combinaison χS (1) − :
χ p + ∂ξ = 0 (4) ∂x
S 1 ∂x
∂ 2ξ 1 ∂ 2ξ 1
2
= , avec c = .
∂x c 2 ∂t 2 ρ0 χS
667
668 Partie VII. Physique des ondes
Les particules fluides vibrant dans une direction colinéaire à la direction de pro-
pagation de l’onde acoustique, les ondes acoustiques dans les fluides sont des ondes
de compression / détente longitudinales.
Pour une O.P.P acoustique qui se propage dans le sens des x croissants, p1 et
v sont proportionnelles : p1 = Zac ⋅ v . La grandeur Zac = ρ0c = ρ0 / χS est appelée
Pour une O.P.P qui se propage dans le sens des x croissants, on aurait égale-
∂p ∂v
ment pu trouver p1 = Zac ⋅ v en utilisant l’autre relation de couplage χS 1 + = 0.
∂t ∂x
Aspect énergétique
Calculons, en utilisant p1 = Zac ⋅ v = ρ0c ⋅ v , les grandeurs énergétiques pour
une O.P.P qui se propage dans le sens des x croissants.
1 1 1 1 ρ0
— ec = ρ0v 2 , et ep = χS p12 = χS Zac 2v 2 = ρ0v 2 puisque Zac = . En tout
2 2 2 2 χS
point et à tout instant, l’énergie acoustique uac = ρ0v 2 est équirépartie entre sa forme
cinétique et sa forme potentielle.
G G G
— Jac = p1vex = ρ0cv 2ex donc Iac = Zac v 2 = ρ0c v 2 .
668
Chapitre 2. Ondes acoustiques dans les fluide 669
G G
On en déduit la vitesse cU = cU ex de propaga-
tion de l’énergie. Pour cela, calculons de deux façons
différentes l’énergie δUac qui traverse pendant dt une
portion de surface S d’un plan x = Cte . L’énergie
δUac = uac S cU dt se trouve dans un cylindre de section S et de longueur cU dt . C’est
G G
aussi le produit par dt de la puissance traversant S : δU ac = Jac S ex dt . On en déduit
G
G Jac G ρ cv 2 G G G
cU = , soit ici cU = 0 2 ex = cex = c . La vitesse de propagation de l’énergie est
uac ρ0v
logiquement celle de l’onde acoustique.
669
670 Partie VII. Physique des ondes
Même pour l’intensité maximale, les perturbations sont très faibles. Au seuil de
détection, Iac = I0 = 10−12 W ⋅ m-2 , on aurait des perturbations 106 fois plus petites !
Une onde acoustique est une très petite perturbation. La linéarisation des équations
du problème est parfaitement justifiée.
670
Chapitre 2. Ondes acoustiques dans les fluide 671
v r (t ) Zac − Z
On en déduit le coefficient de réflexion en vitesse r = = . Le sys-
v i (t ) Zac + Z
tème est analogue à un câble coaxial fermé par une résistance.
On retrouve que si le tuyau est infini (pas de discontinuité en x = 0 ), ou si l’on
place en x = 0 un matériau d’impédance Z = Zac = ρ0 / χS , il n’y a pas d’onde réflé-
chie. En revanche, dans les cas étudiés, Z = 0 et Z → ∞ , r = 1 : il y a réflexion totale.
Prenons le cas du tuyau fermé en x = 0 : Z → ∞ r = −1 . Dans le cas d’une
O.P.P.H incidente, on peut utiliser la notation complexe : v i ( x, t ) = v 0e i ( ωt − kx ) , avec
elle. L’onde acoustique est stationnaire. Les nœuds de vitesse sont les ventres de
surpression et vice versa. Il en résulte un effet de souffle sur la paroi solide en x = 0 .
1
— Les énergies volumiques valent ec = ρ0v 2 = 2ρ0v 02 sin2 (kx )sin2 (ωt ) , et :
2
1
ep = χS p12 = 2χS Zac 2v 02 cos2 (kx )cos2 (ωt ) = 2ρ0v 02 cos2 (kx )cos2 (ωt ) .
2
Il n’y a plus équipartition de l’éner-
gie pour une onde stationnaire comme
c’était le cas pour une O.P.P. Aux nœuds
de vitesse, l’énergie est uniquement po-
tentielle ; aux nœuds de pression, elle est
uniquement cinétique. En moyenne tem-
ec = ρ0v 02 sin2 (kx )
porelle, , d’où :
2 2
ep = ρ0v 0 cos ( kx )
671
672 Partie VII. Physique des ondes
3.6 Résonances
On peut imposer une pulsation
ω à l’aide d’un haut-parleur. Un tuyau
sonore, par exemple ouvert / ouvert,
est alors analogue à la corde de Melde.
672
Chapitre 2. Ondes acoustiques dans les fluide 673
673
674 Partie VII. Physique des ondes
Aspect énergétique
Pour calculer l’intensité acoustique Iac = p1v , il faut revenir aux signaux réels :
674
Chapitre 2. Ondes acoustiques dans les fluide 675
A
p1(r , t ) = r cos(ωt − kr )
. On en déduit l’intensité acoustique :
v = A k cos(ωt − kr ) + 1 sin(ωt − kr )
ρ0ωr r
A2 k cos2 ( ωt − kr ) + 1 cos( ωt − kr )sin( ωt − kr ) = A
2
1
Iac = 2 ∝ . Cette in-
ρ0 ωr ��� ��� � r ����� ������� � 2ρ0cr 2 r 2
1/ 2 0
tensité algébrique est positive pour une onde sphérique divergente (elle serait négative
pour une onde sphérique convergente). Ceci signifie que la puissance acoustique
moyenne traverse une sphère de centre O dans le sens des r croissants pour une
onde sphérique divergente. Pour une telle sphère de centre O et de rayon r (de surface
4 πr 2 ), cette puissance vaut Pac = pac = Iac ⋅ 4πr 2 = 2πA2 / (ρ0c ) . Elle est indépen-
dante de r, ce qui découle du fait qu’il n’y a aucune absorption d’énergie.
Zone de rayonnement
Lorsque le point M se trouve suffisam-
ment loin de la source O, soit pour r >> λ , le
champ de vitesse peut se simplifier.
2π 1 ω
Si r >> λ = ⇔ << k = , on a :
k r c
Ak i ( ωt − kr ) 1 A i ( ωt − kr ) 1
v≃ e = e = p1 .
ρ0ωr ρ0c r ρ0c
Loin de la source ( r >> λ ), l’onde
sphérique divergente harmonique est locale-
ment plane : on retrouve la relation p1 = ρ0cv = Zac v , rigoureusement vraie pour une
O.P.P.H. Dans un domaine dont la dimension caractéristique est de l’ordre de λ, autour
d’un point M de la zone de rayonnement, les surfaces d’onde peuvent être confondues
avec des plans parallèles au plan tangent en M à la sphère de centre O.
Une onde plane n’a pas de réalité physique, mais peut constituer un très bon
modèle, comme ici dans la zone de rayonnement r >> λ .
675
676 Partie VII. Physique des ondes
� �
p1( r , t ) et la vitesse v ( r , t ) = v (r , t )er . Dans un mode propre, les vibrations temporelles
sont sinusoïdales, de pulsations ω quantifiées.
On pourrait donc chercher les solutions de l’équation de d’Alembert scalaire
1 ∂ 2 p1
∆p1 = sous la forme p1( r , t ) = f (r )cos( ωt ) , avec f(r) réelle, c’est-à-dire sous la
c 2 ∂t 2
forme d’ondes stationnaires. Il est plus judicieux ici d’utiliser la notation complexe, et
de chercher ces modes propres sous la forme de la somme d’une onde sphérique
divergente Ae i ( ωt − kr ) / r , et d’une onde sphérique convergente Bei ( ωt + kr ) / r . Chacun
de ces termes vérifiant l’équation de d’Alembert, qui est linéaire, c’est aussi le cas pour
la somme. La pression p1( r , t ) = e i ωt Ae −ikr + Be ikr / r doit rester finie quand r → 0 :
on doit nécessairement avoir B = − A . On a ainsi p1( r , t ) = −2iAe i ωt sin( kr ) / r , qui con-
676
Chapitre 2. Ondes acoustiques dans les fluide 677
677
678 Partie VII. Physique des ondes
de v (t 2 − t1) entre les deux instants où elle reçoit une impulsion. L’onde met une durée
d − v (t 2 − t1) d − v (t2 − t1 ) v (t2 − t1 )
pour parcourir cette distance : t 2 = T + = T + t1 − .
c c c
Par définition, T ′ = t2 − t1 est la période de l’onde dans le référentiel R ′ de la
vT ′ T
voiture : T ′ = t2 − t1 = T − . On a donc T ′ = ⇔ f ′ = f (1 + v / c ) . La relation
c 1+ v / c
obtenue est algébrique. Si v > 0 (la voiture se rapproche de l’émetteur), on a f ′ > f ,
alors que si v < 0 (la voiture s’éloigne de l’émetteur), f ′ < f .
678
Chapitre 2. Ondes acoustiques dans les fluide 679
vT ′ v f′
T ′′ = t2 − t1 = T ′ − . On a donc T ′′ = T ′ 1 − ⇔ f ′′ = . On constate encore
c c 1 − v /c
que f ′′ > f ′ si la voiture se rapproche du radar ( v > 0 ), et f ′′ < f ′ lorsqu’elle s’en éloigne
( v < 0 ).
Dans le domaine des ondes sonores, le cas d’une source mobile est par
exemple celui d’un camion de pompiers qui émet une sirène. Une personne immobile
sur le bord de la route perçoit un son plus aigu si le camion se rapproche d’elle alors
qu’elle perçoit un son plus grave lorsqu’il s’en éloigne.
679
680 Partie VII. Physique des ondes
Pour un récepteur vers qui se dirige l’avion, λ′′0° = λ′(1 − v / c ) < λ′ , et on re-
trouve f ′′ = f ′ / (1 − v / c ) , alors que pour un récep-
teur de qui l’avion s’éloigne, λ180
′′ ° = λ′(1 + v / c ) > λ′ ,
et on retrouve f ′′ = f ′ / (1 + v / c ) . Enfin, dans la direc-
tion transversale au déplacement de l’avion,
λ′′90° = λ′ : il n’y a pas d’effet Doppler. C’est ce que
l’on observe sur la simulation ci-avant où les fronts
d’onde sont des sphères qui ne se coupent pas, rap-
prochées en avant de l’avion et éloignées en arrière.
Le calcul effectué est rigoureux en tout point
de l’axe Ax sur lequel se déplace l’avion car, en ce point, l’angle θ (0° ou 180°) est
indépendant de la position de l’avion. Il l’est également hors de cet axe, c’est-à-dire
pour θ différent de 0 et de 180°, en un point à l’infini, mais n’est qu’une approximation
en un point à distance finie de l’avion, d’autant meilleure que le point est éloigné.
680
Chapitre 2. Ondes acoustiques dans les fluide 681
f ′ = f (1 + v / c ) f ′′ ≃ f ′ (1 + v / c ) f ′′ ≃ f (1 + 2v / c )
Effectuons une application numérique pour un radar qui émet une onde électro-
magnétique de fréquence f = 24,125 GHz vers une voiture se déplaçant vers lui à une
vitesse v = 110 km ⋅ h-1 = 30,6 m ⋅ s-1 .
En prenant c = 3,00 ⋅ 108 m ⋅ s-1 pour la vitesse de la lumière dans l’air, on en
v
déduit la différence ∆f = f ′′ − f ≃ 2f = 4910 Hz entre les fréquences reçue et émise.
c
Un dispositif électronique multiplie le signal émis par le signal reçu et fournit un signal
1 1
proportionnel à cos(2πft ) ⋅ cos(2πf ′′t ) = cos [ 2π(f ′′ + f )t ] + cos [ 2π(f ′′ − f )t ] .
2 2
Le premier terme est éliminé par filtrage passe-bas. Un convertisseur fré-
quence-tension permet alors de délivrer une tension proportionnelle à ∆f = f ′′ − f , donc
à v. La vitesse du véhicule est comparée à la vitesse maximale autorisée, ce qui dé-
termine l’attribution ou non d’une amende.
681
682 Partie VII. Physique des ondes
→
→
Comme vT ′ << R1E , l’angle α = ( ER1 , ER2 ) est très petit et donc :
� → � →
(v , R1E ) ≃ (v , R2E ) = θ . On peut donc considérer que E est à l’infini.
L’impulsion émise à t = 0 atteint R à l’instant t = t1 . Si d est la distance RE à
cet instant t1 , on a d = ct1 . L’impulsion suivante est émise à t = T ; elle atteint R à
t = t2 = t1 + T ′ . La distance RE à cet instant n’est plus d mais d − vT ′ cos θ puisque la
voiture s’est déplacée de vT ′ entre les deux instants où elle reçoit l’impulsion. Ainsi :
d − vT ′ cos θ vT ′ cos θ T v cos θ
t1 + T ′ = T + = T + t1 − ⇔T′ = ⇔ f ′ = f 1+ .
c c 1 + v cos θ / c c
682
Chapitre 2. Ondes acoustiques dans les fluide 683
Pour le radar routier, une correction doit être effectuée du fait que la direction
de l’onde incidente fait un angle θ = 25 ° par rapport à l’axe du déplacement des voi-
v cos θ
tures. Si le changement de fréquence ∆f = f ′′ − f = 2f est de 4910 Hz comme
c
c ∆f
précédemment, on en déduit la vitesse réelle v = = 33,7 m ⋅ s-1 = 121 km ⋅ h-1
2f cos θ
du véhicule, au lieu de 110 km ⋅ h-1 sans la correction…
683
684 Partie VII. Physique des ondes
684
Chapitre 2. Ondes acoustiques dans les fluide 685
t et t + d t à la tranche Σ de fluide [ x, x + d x ] ,
système ouvert de largeur L arbitraire.
À t la masse de Σ vaut :
dm(t ) = ρL [ h + ξ( x, t )] dx ; à t + d t elle vaut :
dm(t + dt ) = ρL [ h + ξ( x, t + dt )] d x .
Entre ces deux instants elle a donc varié
∂ξ
de d2m = ρL dxdt .
∂t
Cette variation est due à la différence
entre la masse :
δm x = ρv x ( x, t )L [ h + ξ( x, t )] dt , qui rentre pendant dt à travers la surface L [ h + ξ( x, t )]
à l’abscisse x, et la masse δm x + dx = ρv x ( x + dx, t )L [ h + ξ( x + dx, t )] dt , qui sort pendant
dt de la surface L [ h + ξ( x + dx, t )] à l’abscisse x + d x .
Tsunamis
Les tsunamis naissent à partir d’un choc sismique, et sont caractérisés par des
grandes longueurs d’onde, pouvant dépasser 200 km, très supérieures à la profondeur
des océans (de l’ordre de la dizaine de km). Ce sont bien des ondes gravitationnelles
en eau peu profonde, qui mettent en mouvement une colonne d’eau depuis la surface
jusqu’aux fonds marins, contrairement à la houle qui n’agite l’eau qu’en surface (l’am-
plitude des oscillations décroît rapidement avec la profondeur). La puissance d’un tsu-
nami est bien supérieure à celle de la houle. Pour la calculer, considérons une O.P.P.H
ω
de pulsation ω : l’élévation de la surface libre est ξ( x, t ) = ξ0 cos( ωt − kx ) , où k = .
c
∂v x ∂ξ g
De l’équation (3) : = −g , on tire v x ( x, t ) = ξ0 cos(ωt − kx ) .
∂t ∂x c
L’énergie cinétique moyenne contenue dans la tranche Σ de fluide [ x, x + d x ]
685
686 Partie VII. Physique des ondes
1 g2 2 1
est donc dEc = ρ 2 ξ0 hLdx = ρgLξ02dx , puisque c = gh .
4 c 4
L’énergie potentielle de pesanteur de Σ due au passage de la perturbation ne
concerne que la masse dm = ρLξ( x, t )dx algébrique d’eau au-dessus de la surface de
1
repos z = 0 : dEp = dm ⋅ g ⋅ zG , où zG = ξ( x, t ) est l’altitude du centre d’inertie de
2
cette masse. On a donc :
1 1 1
dEp = ρgLξ2 ( x, t )dx = ρgLξ02 cos2 (ωt − kx )dx dEp = ρgLξ02dx = dEc .
2 2 4
Il y a équipartition de l’énergie entre les formes cinétique et potentielle pour une
1
O.P.P.H. L’énergie mécanique totale de Σ est dEm = ρgLξ02dx . L’énergie
2
moyenne qui traverse pendant dt la surface hL dans le sens des x croissants est donc
égale à l’énergie qui se trouve sur une longueur cdt (l’énergie se propage à la célérité
1
de l’onde) : δEm = ρgLξ02cdt , d’où la puissance moyenne du tsunami :
2
δ Em 1 1 1
Pm = = ρgLc ξ02 = ρgL gh ⋅ ξ02 = ρLg 3/ 2h1/ 2 ⋅ ξ02 .
dt 2 2 2
La célérité des ondes de tsunami diminue brutalement lorsqu’elles atteignent la
plate-forme continentale (la profondeur h de l’eau devient bien plus petite). La puis-
sance Pm se conservant (pas de phénomènes dissipatifs), on en déduit que la hauteur
1/2
2P
de la surface libre ξ0 varie avec h selon la loi ξ0 = m g −3/4h −1/4 ∝ h −1/4 .
ρL
La hauteur des vagues augmente donc fortement : elle passe de un mètre en
plein océan, à plusieurs dizaines de mètres sur le littoral (on a pu observer des vagues
de 40 m voire plus), d’où la dangerosité de tels phénomènes.
Seiches
Lorsque le bassin contenant l’eau est fermé, il se forme des ondes stationnaires.
Par exemple, pour un lac de profondeur h et de longueur ℓ, selon laquelle se propage
l’onde de gravitation étudiée, on a les C.A.L suivantes : v x ( x = 0, t ) = v x ( x = ℓ, t ) = 0 ∀t
car l’eau étant bloquée par les bords du bassin.
On voit donc apparaître des modes propres de pulsation
ωn = nπc / ℓ . Ces oscillations de la hauteur de l’eau, causées par
le vent, sont observées dans de nombreux lacs et s’appellent
« seiches ». Leur période fondamentale est T = 2ℓ / c = 2ℓ / gh .
Pour le lac Léman, d’une longueur ℓ = 72 km , et d’une pro-
fondeur moyenne h = 80 m , on obtient une période T = 86 min
(les mesures donnent une période de 73 min et une amplitude
maximale de 30 cm).
686
687
ONDES
ÉLECTROMAGNÉTIQUES DANS
LE VIDE
1. O.P.P ÉLECTROMAGNÉTIQUES DANS LE VIDE
1.1 Équations de Maxwell dans le vide
G G
Elles s’écrivent dans le vide, où il n’y a ni charges ni courants ( ρ = 0 , J = 0 ) :
G
divB = 0 équation de Maxwell - Thomson (M.T)
G
→ G ∂B
rot E = − équation de Maxwell - Faraday (M.F)
∂t
G
divE = 0 équation de Maxwell - Gauss (M.G)
→ G G
rot B = 1 ∂E équation de Maxwell - Ampère (M.A)
c 2 ∂t
687
688 Partie VII. Physique des ondes
→ � �
� → → � → � � � 1 ∂ rot E 1 ∂ 2B
— Pour B : rot ( rot B ) = grad(divB ) − ∆B soit, ∆B = − 2 = 2 2 .
����� � ��� c ∂t (M.F) c ∂t
1 ∂E 0 (M.T)
(M.A)
c 2 ∂t
� �
Dans le vide, E (M , t ) et B(M , t ) obéissent à l’équation de D’Alembert 3D :
� �
� 1 ∂ 2E � 1 ∂ 2B 1
∆E = 2 2 et ∆B = 2 2 , avec c = = 299 792 458 m ⋅ s-1 célérité de toute
c ∂t c ∂t ε0µ0
onde électromagnétique dans le vide, en particulier de la lumière.
On retiendra c ≃ 3,00 ⋅ 108 m ⋅ s-1 .
1 ∂ 2s
s( x, y , z, t ) vérifie l’équation de D’Alembert scalaire ∆s = .
c 2 ∂t 2
Si on considère une O.P.P se propageant dans le sens des x croissants, s( x, t )
x x
s’écrit s( x, t ) = F t − = F (u ) avec u = t − . On en déduit :
c c
∂s ∂u 1 ∂s 1 ∂s
∂x = F ′(u ) ∂x = − c F ′(u ) ∂x = − c ∂t
, d’où .
∂s = F ′(u ) ∂u = F ′(u ) ∂s = ∂s = 0
∂t ∂t ∂
y ∂z
→
Ces relations permettent de simplifier les opérateurs div et rot :
� � �
� ∂A ∂Ay ∂Az 1 ∂Ax 1 ∂( A ⋅ ex ) 1 � ∂A
divA = x + + =− =− = − ex ⋅ .
∂x � ∂y � ∂z c ∂t c ∂t c ∂t
0 0
∂
1 ∂
−
∂x Ax c ∂t Ax �
→ �
∂ 1� ∂A
rot A = = 0 ∧ Ay = 0 y
∧ A = − e x ∧ .
∂y c ∂t
A 0
∂ z Az
= 0
∂z
688
Chapitre 3. Ondes électromagnétiques dans le vide 689
Les équations de Maxwell dans le vide s’écrivent donc pour une telle onde :
G
1 G ∂B
− e x ⋅ = 0 (M.T)
c ∂t
G G
1G ∂E ∂B
− e x ∧ = − (M.F)
c ∂t ∂t
G
− 1 eG ⋅ ∂E = 0 (M.G)
c x ∂t
G G
− 1 eG ∧ ∂B = 1 ∂E (M.A)
c x ∂t c 2 ∂t
Comme on cherche les solutions ondulatoires (de valeur moyenne nulle), on
rejette les constantes d’intégration (qui correspondent aux champs stationnaires, étu-
diés dans le bloc sur l’électromagnétisme), et l’on obtient donc :
Bx = 0 (M.T)
G G G
B = ex ∧ E (M.F)
c
E = 0 (M.G)
Gx G G
E = cB ∧ ex (M.A)
G G
E et B sont orthogonaux à la direction de
propagation. Si on définit le vecteur célérité de
G G G G G G
l’onde par c = cex , on a E ⊥ c et B ⊥ c .
Ainsi, pour une particule non-relativiste : v / c << 1, on peut négliger la force ma-
G G
gnétique devant la force électrique lorsque le champ ( E , B ) est celui d’une O.P.P dans
le vide.
689
690 Partie VII. Physique des ondes
690
Chapitre 3. Ondes électromagnétiques dans le vide 691
G
G G G SP G E 2 µ0c G 1 G G G
δU = S SP ⋅ ex dt . On en déduit cU = , soit cU = 2
ex = ex = cex = c . La
u ε0E ε0µ0c
vitesse de propagation de l’énergie est logiquement confondue avec la célérité de
l’onde électromagnétique.
2. O.P.P.H / POLARISATION
2.1 Les différents états de polarisation
Considérons une O.P.P.H se propageant
dans le sens des x croissants : les composantes
du champ électromagnétique sont de la forme
s( x, t ) = s0 cos(ωt − kx ) . Si on introduit le vecteur
G G ωG 2π G
d’onde k = kex = ex = ex , on peut écrire la re-
c λ
G
G G G eG ∧ E
lation entre E et B sous la forme B = x , soit
c
G G
G k ∧E
B= (cette deuxième forme, qui fait interve-
ω
nir k et ω, n’est valable que pour une onde sinusoïdale). L’onde étant transverse, son
champ électrique s’écrit :
Ex = 0
G G G G
E ( x, t ) = E y = E0 y cos(ωt − kx ) sur la base ( ex , ey , ez ), avec E0 y > 0 et E0 z > 0
E z = E0 z cos(ωt − kx − ϕ )
amplitudes des composantes E y et E z .
Les composantes E y et E z n’étant pas nécessairement en phase, on introduit
le retard de phase ϕ ∈ [ −π, π] de E z par rapport à E y , appelé polarisation de l’onde.
L’usage est de définir ϕ comme le retard (du fait du signe « moins ») et pas
comme l’avance de la composante E z par rapport à la composante E y .
Comme pour une O.P.P, le champ est le même à deux abscisses différentes, à
G
un retard ou une avance près, on étudiera par la suite l’évolution temporelle de E en
0 0
G G →
x = 0 : E ( x = 0, t ) = E0 y cos(ωt ) , en représentant E ( x = 0, t ) = OA (t ) = y (t ) à
z(t )
E0 z cos(ωt − ϕ)
partir d’un point O fixe, c’est-à-dire en traçant la courbe décrite par le point A.
691
692 Partie VII. Physique des ondes
G G
G k ∧E G
L’évolution de B = est la même que celle de E , à une rotation près de
ω
G
+π / 2 autour de ex .
Polarisation rectiligne
z Ez E
C’est le cas où ϕ ∈ { 0, π} . On a alors = = ± 0z .
y Ey E0 y
E0 z
Le point A décrit une droite d’équation z = ± y . On parle d’O.P.P.H.P.R :
E0 y
Onde Plane Progressive Harmonique Polarisée Rectilignement. Le point A oscille sur
cette droite, entre les points extrêmes A0 et A0′ . Par exemple, si ϕ = 0 :
Le champ électrique garde donc une direction fixe, appelée direction de polari-
sation, qui est celle de la droite
( A0 A0′ ) . Le champ magnétique
vibre orthogonalement à cette di-
rection. On a représenté ci-contre
l’allure du champ électromagné-
tique à un instant t, dans le cas où
l’onde est polarisée rectilignement
G
selon ey . Cette structure se dé-
place en bloc, à la célérité c, dans
le sens des x croissants.
Polarisation elliptique
y = E0 y cos(ωt )
C’est le cas où ϕ ∉ { 0, π} : on a alors . Il s’agit de l’équa-
z = E cos(ωt − ϕ)
0z
tion paramétrique d’une ellipse, qui est donc la courbe décrite par le point A. Cette
692
Chapitre 3. Ondes électromagnétiques dans le vide 693
ellipse est inscrite dans le rectangle centré sur O, et de côtés de dimensions 2E0 y
G G
selon ey et 2E0 z selon ez . Le signe de ϕ détermine si l’ellipse est décrite dans le
sens trigonométrique ou anti-trigonométrique. En effet, à t = 0 , y est maximal. A se
dz
trouve en A0 , et (t = 0) = ωE0 z sin ϕ .
dt
dz
— Si ϕ ∈ ] 0, π[ , (t = 0) > 0 , l’ellipse est décrite dans le sens trigonométrique. On
dt
parle d’O.P.P.H.P.E.G : Polarisation Elliptique Gauche.
dz
— Si ϕ ∈ ] − π,0[ , (t = 0) < 0 , l’ellipse est décrite dans le sens anti-trigonométrique,
dt
on parle d’O.P.P.H.P.E.D : Polarisation Elliptique Droite.
Polarisation circulaire
C’est le cas particulier de la polarisation elliptique telle que E0 z = E0 y = E0 > 0
y = E0 cos(ωt )
et ϕ = ±π / 2 . On a alors . Le point A décrit un cercle, dans le sens
z = ±E0 sin(ωt )
trigonométrique si ϕ = π / 2 (O.P.P.H.P.C.G : Polarisation Circulaire Gauche) et anti-
trigonométrique si ϕ = −π / 2 (O.P.P.H.P.C.D : Polarisation Circulaire Droite).
693
694 Partie VII. Physique des ondes
694
Chapitre 3. Ondes électromagnétiques dans le vide 695
Sous l’action de l’onde réfractée dans le milieu (2), les molécules de ce milieu
rayonnent un champ électromagnétique qui est responsable de l’onde réfléchie.
Nous allons déterminer la direction du champ réfléchi à l’aide d’un raisonnement
simple : le champ réfléchi est le champ rayonné à grande distance par les molécules
du milieu (2). Les résultats peuvent être établis plus rigoureusement (voir le chapitre
« Interfaces entre deux milieux »).
— Si l’onde incidente est polarisée orthogonalement au plan d’incidence, on montre
que l’onde transmise l’est également. Les dipôles oscillants du milieu (2) vibrent dans
cette direction, et le champ électrique de l’onde réfléchie est aussi dans cette direction.
Son amplitude ne s’annule pas quand l’angle d’incidence varie.
— Si l’onde incidente est polarisée dans le plan d’incidence, on montre que l’onde
transmise l’est également. Les dipôles oscillants du milieu (2) vibrent dans la direction
G G
de E t , c’est-à-dire dans la direction θ = θt + π / 2 avec le vecteur ex normal au
G
dioptre. Il n’y a pas d’onde rayonnée dans la direction de E t .
G
Pour un angle d’incidence θi tel que kr soit dans cette direction, il n’y a donc
pas d’onde réfléchie, soit si θt + π / 2 = θr = π − θi ⇔ θt = π / 2 − θi .
n
n2 sin θt = n1 sin θi s’écrit alors n2 cos θi = n1 sin θi ⇔ θi = θB = arctan 2 . Il n’y
n1
a pas d’onde réfléchie si θi = θB , angle appelé angle de Brewster.
— Pour une onde présentant une polarisation quelconque, en incidence sur le dioptre
avec l’angle θB , il ne subsiste donc plus, après réflexion, qu’un champ électrique nor-
mal au plan d’incidence. L’onde réfléchie est alors polarisée rectilignement. Cette po-
larisation se produit par exemple par réflexion sur une vitre ou sur un glacier. En
photographie, on peut ainsi atténuer les réflexions indésirables sur une vitre au voisi-
nage de θB à l’aide d’un polariseur rectiligne (« filtre polarisant »).
695
696 Partie VII. Physique des ondes
696
Chapitre 3. Ondes électromagnétiques dans le vide 697
KE0 y 2
L’intensité I = K E ′2 en sortie de A prend la forme I = cos2 α , soit :
2
I (α) = I0 cos2 α (loi de Malus). I0 est l’intensité de l’O.P.P.H.P.R incidente, que l’on re-
trouve si α = 0 ou α = π (A et P « alignés »). Au contraire, si α = ±π / 2 (A et P « croi-
sés »), on a extinction de l’onde : I = 0 .
Lames à retard
697
698 Partie VII. Physique des ondes
698
Chapitre 3. Ondes électromagnétiques dans le vide 699
699
700 Partie VII. Physique des ondes
700
Chapitre 3. Ondes électromagnétiques dans le vide 701
701
702 Partie VII. Physique des ondes
0 0 0
G i ( ωt − kx )
i ( ωt − kx )
G i ( ωt − kx ) G
E = E0 y e = E0 y e = E0 e , où E0 = E0 y . La compo-
E ei ( ωt − kx −ϕ) E e −i ϕ E e −i ϕ
0z 0z 0z
sante E0ze −i ϕ est complexe, sauf pour une O.P.P.H polarisée rectilignement, car alors
ϕ ∈ { 0, π} .
G G G
Pour une O.P.P.H.P.R, on peut écrire E = E0ei ( ωt − kx ) avec E0 ∈ R3 .
1 G G 1 1 G G
— ue = ε0 (E1 + E2 )2 = ε0E12 + ε0E22 + ε0E1 ⋅ E2 ≠ ue1 + ue2 .
2 2
2
interférences
ue1 ue2
Ainsi, lorsque les ondes interfèrent, on ne peut pas utiliser le théorème de su-
perposition pour les grandeurs énergétiques.
702
Chapitre 3. Ondes électromagnétiques dans le vide 703
De même puisque Re s1(M , t ) ⋅ s2 (M , t ) ≠ Re s1(M , t ) ⋅ Re s2 (M , t ) , il faut re-
venir aux grandeurs réelles avant de leur appliquer des opérateurs énergétiques.
ce cas la formule I (M ) = 2I0 (1 + cos φ) des interférences à deux ondes de même am-
E0 y 2 + E0 z 2
plitude, où I0 = K est l’intensité obtenue dans le cas où une seule onde
2
arrive en M. La nature vectorielle des ondes lumineuses n’intervient pas ici. La théorie
scalaire fonctionne dans ce cas. En revanche, si les deux directions de propagation
font entre elles un angle important, la figure d’interférence sera moins contrastée.
703
704 Partie VII. Physique des ondes
Les dispositifs expérimentaux sont conçus pour que les ondes qui interfèrent
possèdent des directions faisant entre elles un faible angle afin que la figure d’interfé-
rence soit la plus contrastée possible.
I ′′ ∝ E y′ 2 cos2 β + Ez′ 2 sin2 β + 2 E y′ ⋅ Ez′ sin β cos β . Il est donc possible de faire in-
704
Chapitre 3. Ondes électromagnétiques dans le vide 705
incidente sur la lame à retard. En sortie de la lame à retard, le champ électrique s’écrit
G G G
E ′ = E0 cos( ωt ′)cos αey + E0 cos( ωt ′ − ψ ) sin αez .
Enfin, en sortie de l’analyseur, il s’écrit :
G G
E ′′ = E0 [cos( ωt ′′)cos α cos β + cos(ωt ′′ − ψ )sin α sin β] eβ , et l’intensité obtenue est :
705
706 Partie VII. Physique des ondes
0
� 2πny
E ′( x = e, t ) = E0 y cos ωt − e en sortie de la lame.
λ
E cos ωt − 2 πn z
e − ϕ
0z
λ
2πny
En posant t ′ = t − e (changement d’origine des temps), on obtient :
λω
0
�
E ′( x = e, t ) = E0 y cos(ωt ′) . On identifie le retard de phase entre les compo-
E cos ( ωt ′ − ψ − ϕ )
0z
2π(nz − ny ) 2π∆n
santes E z′ et E y′ introduit par la lame : ψ = e= e.
λ λ
Ainsi, pour un matériau dont la biréfringence est uniforme ( ∆n est le même en
tout point), on observe des franges d’égale épaisseur : pour α et β fixés, l’intensité I ′′
ne dépend que de l’épaisseur locale du matériau. En lumière monochromatique, si A
et P sont croisés, on observe des franges brillantes si ψ = (2k + 1)π , k ∈ Z , et des
franges sombres si ψ = 2k π , k ∈ Z . Ces franges sont inversées si A et P sont paral-
lèles. En lumière blanche, on observe des irisations pour des épaisseurs de lame telles
que δ = e∆n ≃ ℓ c = 1 µm . On réalise de jolies figures d’interférence en posant plusieurs
épaisseurs de ruban adhésif transparent (« scotch ») sur une lame de verre et en pla-
çant l’ensemble entre un polariseur et un analyseur . Le scotch est un polymère
et doit sa biréfringence au fait que ses molécules sont orientées dans un certain sens
lors du processus de fabrication. L’épaisseur du scotch est de l’ordre de 40 µm et
∆n ≃ 10−2 . On observe donc des irisations pour un petit nombre de couches de scotch
toutes alignées les unes sur les autres (afin que leurs lignes neutres coïncident), puis
du blanc d’ordre supérieur, le spectre de la lumière sortant du dispositif présentant
alors des cannelures sombres. Les irisations lorsque P et A sont croisés font appa-
raître les couleurs complémentaires (teintes de Newton à centre noir) de celles obte-
nues lorsque P et A sont parallèles (teintes de Newton à centre blanc) puisque les
longueurs d’onde éteintes dans un cas sont celles qui sont renforcées dans l’autre.
Certains matériaux perdent provisoirement ou définitivement leur isotropie et
deviennent biréfringents lorsqu’ils sont soumis à des contraintes mécaniques. Même
si leur épaisseur est constante, les lignes neutres varient d’un point à l’autre en fonc-
tion des contraintes appliquées. Lorsque ces matériaux sont transparents, on peut vi-
sualiser ces contraintes en les plaçant entre un polariseur et un analyseur, parallèles
ou croisés, et en les éclairant sous incidence normale avec de la lumière blanche.
Cette technique s’appelle photoélasticimétrie .
706
Chapitre 3. Ondes électromagnétiques dans le vide 707
707
708 Partie VII. Physique des ondes
Bien que le milieu de propagation (le vide) soit non dispersif, la présence des
conducteurs impose des C.A.L qui rendent possible la propagation d’ondes non
planes. De telles ondes peuvent être dispersées, c’est-à-dire se propager à une vi-
tesse de phase v ϕ = ω / k qui dépend de la pulsation ω.
708
Chapitre 3. Ondes électromagnétiques dans le vide 709
cident n’étant pas solution du problème, on en déduit qu’il faut lui ajouter un deuxième
champ, également solution des équations de Maxwell dans le vide, tel que les C.A.L
soient vérifiées. Les équations de Maxwell étant linéaires, le champ résultant sera so-
lution du problème.
Physiquement, ce champ résultant correspond à l’onde réfléchie par le conduc-
teur, créée par les charges mobiles à la surface du conducteur, mises en mouvement
sous l’action de l’onde incidente.
Afin que le champ résultant vérifie les
C.A.L, et pour respecter les symétries du sys-
tème, nous cherchons cette onde réfléchie sous
la forme d’une O.P.P.H se propageant selon
G G
−ex et polarisée rectilignement selon ey :
G G G ω G
Er = E0r e j ( ωrt + kr x )ey , avec kr = − r ex .
c
G G
G kr ∧ Er
On en déduit Br = soit :
ωr
G E G
Br = − 0r e j ( ωr t + kr x )ez .
c
Le champ résultant vérifie bien les équations de Maxwell, et la C.A.L pour le
G G G G
champ magnétique, puisque B( x = 0, t ) = Bi ( x = 0, t ) + Br ( x = 0, t ) = B( x = 0, t )ez est tan-
gent au conducteur.
Il reste à vérifier la C.A.L pour le champ électrique :
709
710 Partie VII. Physique des ondes
710
Chapitre 3. Ondes électromagnétiques dans le vide 711
um = 2ε0E02 cos2 (kx )cos2 (ωt ) , car ε0µ0c 2 = 1. Il n’y a plus équipartition de l’énergie
G
pour une onde stationnaire comme c’était le cas pour une O.P.P. Aux nœuds de E ,
G
l’énergie est uniquement magnétique, aux nœuds de B elle est uniquement élec-
trique. En moyenne temporelle : ue = ε0E02 sin2 (kx ) et um = ε0E02 cos2 (kx ) . D’où
Bilan photonique
Nous allons, à l’aide du modèle photonique, calculer la force qui s’exerce sur
une surface S de conducteur parfait soumis à une O.P.P.H en incidence normale.
Pour cela, introduisons le vecteur densité volumique de courants de photons incidents
G G
J = Jex (en m-2 ⋅ s-1 ), défini par la relation δN = J ⋅ S dt , où δN est le nombre de
photons incidents par unité de temps sur la surface S .
ω
Chaque photon, associé à l’onde incidente de fréquence ν = , transporte une
2π
G hν G
énergie hν , et une quantité de mouvement pi = ex . L’énergie incidente sur la sur-
c
face S du conducteur pendant dt vaut donc δUi = δN ⋅ hν = JhνS dt . Cette énergie se
déduit aussi du flux moyen du vecteur de Poynting à travers S : δUi = SPi S dt , avec
Ei2 E0 2 E02
SPi = = . On en déduit J = .
µ 0c 2µ0c 2µ0chν
Le conducteur parfait n’absorbant pas l’onde incidente, les photons sont réflé-
chis en sens inverse, avec la même densité volumique de courants. Les photons re-
G hν G
partent avec la même énergie hν , et une quantité de mouvement pr = − ex .
c
Si on effectue un bilan de quantité de mouvement aux photons qui subissent un
choc sur S pendant dt (système fermé Σ), on a :
G G G hν G E0 2 hν G E 2 G
δp = δN pr − pi = −2J ⋅ S dt ⋅ ex = −2 ⋅ S d t ⋅ ex = − 0 2 ⋅ S d t ex .
c 2µ0chν c µ0 c
711
712 Partie VII. Physique des ondes
G
δp G
Finalement : = −ε0E02 S ex . Le théorème de la quantité de mouvement, ap-
dt
G
pliqué à Σ, montre que −ε0E02 S ex est la force subie par les photons de la part du
conducteur, qui est l’opposée de la force cherchée.
La force qui s’exerce sur une surface S de conducteur parfait soumis à une
G G
O.P.P.H en incidence normale vaut donc Fp = ε0E02 S ex . On peut définir la pression
Cette force repousse le conducteur. Des voiles solaires de très grande enver-
gure, utilisant la force exercée par le rayonnement solaire, peuvent permettre de pro-
pulser un vaisseau spatial et de naviguer ainsi dans l’espace.
712
Chapitre 3. Ondes électromagnétiques dans le vide 713
G
L’onde incidente est supposée polarisée rectilignement selon ez , c’est-à-dire
orthogonalement au plan d’incidence xOy. Pour vérifier les C.A.L, l’onde réfléchie doit
G
également être polarisée rectilignement selon ez . Ces ondes s’écrivent :
G G →
j ( ω t − k ⋅OM ) G G
Ei = E0ie i i ez = E0ie j ( ωit − ki x cos θi − ki y sin θi )ez
G kG ∧ EG
B = i i E G G
= 0i e j ( ωit − ki x cos θi − ki y sin θi ) sin θiex − cos θiey
i ωi c
G G →
j ( ω t − k ⋅OM ) G G
Er = E0r e r r ez = E0r e j (ωr t − kr x cos θr − kr y sin θr )ez
G kG ∧ EG
B = r r E G G
= 0r e j ( ωr t − kr x cos θr − kr y sin θr ) sin θr ex − cos θr ey
r ωr c
On a vu que la composante tangentielle du champ électrique résultant doit être
nulle dans le vide à l’interface :
(Eiz + Erz ) ( x = 0, y,t ) = 0 ∀( y,t ) , soit E0ie j (ω t −k y sin θ ) + E0r e j (ω t −k y sin θ ) = 0 ∀( y,t ) .
i i i r r r
ω
ωr = ωi = ω kr = ki = k =
Cela entraîne c , soit sin θi = sin θr . La solution cor-
k sin θ = k sin θ
i i r r
Les lois de Descartes de la réflexion stipulent que l’onde est réfléchie dans le
G G
plan d’incidence (défini par ki et le vecteur normal à l’interface, ici ex ), et que :
θr = π − θi = π − θ . Elles se déduisent des relations de passage.
713
714 Partie VII. Physique des ondes
G 2E0 G G
B= sin θ sin(kx cos θ)sin(ωt − ky sin θ) ex − cos θ cos(kx cos θ)cos(ωt − ky sin θ) ey .
c
L’onde résultante est donc progressive. La présence du terme en ωt − ky sin θ
π
montre en effet qu’elle progresse selon la direction des y croissants si θ ∈ 0, . Ce
2
n’est pas une onde plane car elle n’est pas uniforme dans un plan y = Cte : elle dé-
pend de x.
En moyenne, le vecteur de Poynting est bien porté par la direction de propaga-
G G
G E ∧B E 2 G
tion : SP = = 2 0 sin θ sin2 (kx cos θ) ey .
µ0 µ0c
Calculons les moyennes temporelles des énergies volumiques :
ε0 E 2
ue = = ε0E02 sin2 (kx cos θ) .
2
B2
um = = ε0E02 sin2 θ sin2 (kx cos θ) + cos2 θ cos2 (kx cos θ) .
2µ0
En reprenant les calculs dans le cas où l’onde est polarisée dans le plan d’inci-
dence, on obtient :
ue = ε0E02 sin2 θ cos2 (kx cos θ) + cos2 θ sin2 (kx cos θ) .
um = ε0E02 cos2 (kx cos θ) .
Pour savoir si une pellicule photographique était sensible à ue , um , ou bien
à leur somme, Wiener a réalisé une expérience consistant à placer une mince pellicule
photographique transparente dans un plan faiblement incliné d’un angle ε par rapport
à la surface d’un conducteur parfait. Le plan de la pellicule et le plan conducteur se
coupent selon l’arête Oz. L’onde incidente étant envoyée sous l’angle θ = π / 4 .
Effectuons le calcul des énergies volumiques moyennes pour cet angle.
— Pour une polarisation orthogonale au plan d’incidence :
2 B2 ε E 2
ue = ε0E02 sin2 k x , et um = = 0 0 .
2 2µ0 2
— Pour une polarisation dans le plan d’incidence :
ε0E02 2
, et um = ε0E02 cos2 k x .
2
ue =
2
Dans le cas où l’onde était polarisée orthogonalement au plan d’incidence, il
constata, après développement, que la pellicule avait été impressionnée dans les
zones où se trouvaient des ventres du champ électrique, c’est-à-dire là où ue est
maximale.
714
Chapitre 3. Ondes électromagnétiques dans le vide 715
Dans le cas où elle était polarisée dans le plan d’incidence, il constata que la
pellicule avait été uniformément impressionnée. La pellicule photographique est donc
sensible à E 2 , pas à B 2 .
�
Dans le cas de l’incidence quelconque pour une onde polarisée selon ez :
ε0E02
ue = ε0E02 sin2 (kx cos θ) = [1 − cos(2kx cos θ)]
2
ε0E02
2
4πx cos θ ε0E0 2πx
ue = 1 − cos = 1 − cos i .
2 λ 2
On observe, sur un écran placé dans un plan orthogonal au conducteur, par
exemple le plan y = 0 , des franges d’interférences, dont la périodicité spatiale, appe-
λ
lée interfrange, vaut i = . En prenant ε << 1 au lieu de ε = π / 2 , Wiener a pu
2cos θ
i λ
obtenir sur la pellicule un interfrange i ′ ≃ = visible à l’œil nu.
ε ε 2
La détermination de l’interfrange
peut se faire dans le cadre de l’optique
ondulatoire, en utilisant la notion de dif-
férence de marche.
Grâce à la réflexion sur le plan
conducteur, deux rayons provenant
d’un point source S à l’infini parviennent
en un point M sur l’axe Ox : le rayon di-
rect (1), et le rayon réfléchi (2), qui
passe d’après les lois de Descartes par
le symétrique M ′ de M par rapport au
plan x = 0 .
La différence de marche géomé-
trique entre les deux rayons, depuis la
source S jus-qu’au point M, vaut :
715
716 Partie VII. Physique des ondes
δgéom = SA
+ AM − SM
N + AM ′ −
= SA SM
N , puisque AM = AM ′ .
chemin (2) chemin (1) chemin (2) chemin (1)
+ HM ′ −
δgéom = SH SM
N , or SM = SH , si H est le projeté orthogonal de M sur la
chemin (2) chemin (1)
716
Chapitre 3. Ondes électromagnétiques dans le vide 717
717
718 Partie VII. Physique des ondes
G ∂E z
L’équation div E = = 0 (M.G) est bien vérifiée.
∂z
G
Le champ électrique E vérifie également les C.A.L :
G
— Comme il est porté par ez , sa composante tangentielle est nulle sur les surfaces
z = 0 et z = e des conducteurs.
Ez ( x = 0, y , t ) = Ez ( x = a, y , t ) = 0 ∀y ∀t
— : sa composante tangentielle est nulle sur
Ez ( x, y = 0, t ) = Ez ( x, y = b, t ) = 0 ∀x ∀t
les autres surfaces des conducteurs.
En combinant les équations de Maxwell dans le vide, on obtient une deuxième
G
G G 1 ∂2 E
équation ne faisant intervenir que E : l’équation de propagation ∆E = 2 2 . Cette
c ∂t
∂ 2 Ez ∂ 2 Ez 2
1 ∂ Ez π2 π2 ω2
équation entraîne + = ⇔ + = . Le mode propre étudié
∂x 2 ∂y 2 c 2 ∂t 2 a2 b2 c2
1 1
correspond à la pulsation ω = πc + .
a2 b2
On ne peut pas encore en déduire qu’on tient une solution du problème, car
toutes les équations de Maxwell doivent être vérifiées, ainsi que les C.A.L portant sur
G G
le champ magnétique B . Deux des 4 équations de Maxwell, M.F et M.A, couplent E ,
G G
connu, à B . On choisit d’utiliser l’équation de M.F pour calculer B :
G
→ G ∂B G G i ∂E z G ∂Ez G
rot E = − = −i ωB B = ex − ey . On en déduit :
∂t ω ∂y ∂x
G iei ωt E0 π πx πy G π πx πy G
B= sin cos ex − cos sin ey . On a donc :
ω b a b a a b
G ∂Bx ∂By iei ωt E πx πy π
2
π2
0
divB = + = cos cos − = 0 . M.T est bien vérifiée, et
∂x ∂y ω a b ab ab
M.A également car elle n’est pas indépendante des 4 équations déjà vérifiées.
G
Les C.A.L pour le champ magnétique B sont bien vérifiées :
— Comme Bz = 0 , sa composante normale est nulle sur les surfaces z = 0 et z = e
des conducteurs.
Bx ( x = 0, y , t ) = Bx ( x = a, y , t ) = 0 ∀y ∀t
— : sa composante normale est nulle sur les
By ( x, y = 0, t ) = By ( x, y = b, t ) = 0 ∀x ∀t
autres surfaces des conducteurs.
Pour effectuer un bilan énergétique, repassons en notation réelle :
G πx πy G
— E = E0 sin sin cos( ωt )ez .
a b
718
Chapitre 3. Ondes électromagnétiques dans le vide 719
� πE 1 πx πy � 1 πx πy �
0
— B= − sin cos ex + a cos a sin b ey sin(ωt ) .
ω b
a b
Calculons les énergies électrique et magnétique de la cavité :
a b e
ε0E 2
U e (t ) = 2
d xd yd z
x =0 y = 0 z =0
a b e
ε 0 E0 2 πx πy ε abeE02
=
2
cos2 (ωt ) sin2
a dx ⋅ sin2
b
dy
dz = 0
8
cos2 (ωt )
x =0
������� y =0 0�
��� ����� � z�
=�
a /2 b /2 e
a b e a b
B2 e π 2E0 2 πx πy
Um (t ) = 2µ0
d xd yd z =
2µ 0 b 2 2
ω a
sin2 (ωt ) sin2 dx ⋅
cos2
b
dy
x =0 y = 0 z =0 x =0 y =0
a b
e π 2 E0 2 πx πy
+ 2 2
2µ0a ω
sin2 (ωt ) cos2 dx ⋅
a
sin2
b
dy
x =0 y =0
eabπ2E02 1 1 ε abeE02 π2 c 2 1 1
Um (t ) = sin2 (ωt ) 2 + 2 = 0 sin2 (ωt ) 2 2 + 2 .
8µ0 ω2 b a 8 ω a
������� b
1
719
720 Partie VII. Physique des ondes
2πc ℓ2 m 2 n 2 λ ℓ2 m 2 n 2
ω= = ωℓmn = πc 2 + 2 + 2 ⇔ + + = 1.
λ a b e 2 a2 b2 e2
On trouve les modes (2,5,0), (4,4,1) et (7,1,0). On a donc dans le four une su-
perposition de modes propres à 3D, pour lesquels la distance entre deux ventres (ou
deux nœuds) du champ électrique ne sera pas nécessairement λ / 2 . On ne peut pas
déduire la valeur de c en mesurant la distance entre deux zones voisines où une
plaque de chocolat chauffée une dizaine de secondes a fondu. On peut en revanche
en déduire la nécessité de placer les aliments sur une plaque tournante pour homogé-
néiser le plus possible leur température.
720
721
DISPERSION ET ATTÉNUATION /
O.P.P.H ÉLECTROMAGNÉTI-
QUES DANS LES PLASMAS ET
LES CONDUCTEURS
1. PROPAGATION DISPERSIVE LE LONG D’UNE
CORDE / DISPERSION / ATTÉNUATION
1.1 Exemple de la corde vibrante amortie
On garde les mêmes hypothèses sur la nature de la corde et de la perturbation
que dans le chapitre sur les phénomènes ondulatoires non dispersifs, mais en tenant
compte d’un frottement fluide linéaire. L’élément de corde de longueur dℓ , qui corres-
pond au repos au segment [ x − dx / 2, x + dx / 2] , subit les forces de tension de la part
� � � �
du reste de la corde −T ( x − dx / 2, t ) et T ( x + dx / 2, t ) , et une force dFv = −αv ( x, t )dℓ
�
proportionnelle à sa vitesse v ( x, t ) , et à sa longueur.
� ∂ψ �
Dans le cadre d’une perturbation traitée à l’ordre 1, dFv = −α dxey .
∂t
Appliquons le P.F.D à l’élément de corde, dans le référentiel du laboratoire sup-
posé galiléen :
∂ 2ψ � � � ∂ψ �
µdx 2 ey = T ( x + dx / 2, t ) − T ( x − dx / 2, t ) − α dxey , en négligeant encore le poids.
∂t ∂t
� ∂T
La projection sur ex donne toujours 0 = dx : la norme de la tension ne dé-
∂x
pend que du temps, et s’écrit T (t ) = T0 + T1(t ) , où T1(t ) est la composante de la tension
d’ordre 1 en ψ, qui se rajoute à la tension au repos T0 lors de la perturbation.
721
722 Partie VII. Physique des ondes
G
On obtient en projection sur ey :
∂ 2ψ ∂θ ∂ψ ∂θ ∂ψ
µdx = [T0 + T1(t )] dx − α dx = T0 dx − α dx , à l’ordre 1 en ψ.
∂t 2 ∂x ∂t ∂x ∂t
∂ψ ∂ 2ψ ∂ 2ψ ∂ψ
Comme θ = , on obtient l’équation µ 2 = T0 2 − α régissant ψ( x, t ) ,
∂x ∂t ∂x ∂t
∂ 2ψ 1 ∂ 2ψ 1 ∂ψ T T
soit 2
= 2 2
+ avec c = 0 , et ν = 0 homogène à une viscosité ciné-
∂x c ∂t ν ∂t µ α
matique, ou à un coefficient de diffusion : [ ν ] = L2 ⋅ T -1 . On retrouve d’ailleurs une
équation de diffusion si µ → 0 c → ∞ car alors les phénomènes de propagation
sont négligeables.
∂ 2ψ 1 ∂ 2ψ 1 ∂ψ
L’équation 2
= 2 2
+ est une équation d’onde linéaire, mais ce n’est
∂x c ∂t ν ∂t
∂ 2ψ 1 ∂ 2ψ
pas l’équation de d’Alembert = (qui correspond à α → 0 ).
∂x 2 c 2 ∂t 2
722
Chapitre 4. Dispersion et atténuation / O.P.P.H électromagnétiques dans les plasmas et les conducteurs 723
Attention cependant, car on n’a plus k = ω / c comme c’était le cas pour l’équa-
tion de d’Alembert : la relation entre k et ω, appelée relation de dispersion, n’est plus
linéaire, et k peut être complexe.
Pour la corde, avec ψ( x, t ) = ψ 0e i ( ωt − kx ) , on obtient :
ω2 iω ω2 ic 2
k2 − 2
+ = 0 ⇔ k 2 = 2 1 − . Nous allons supposer pour simplifier que les
c ν c ων
frottements visqueux sont un terme correctif : c 2 << ων . On peut alors se contenter
c2 ω c2 ω c
d’un D.L à l’ordre 1 en : k = ± 1 − i = ± −i . Les solutions sont donc
ων c 2ων c 2ν
c x c x
− x i ω t − x i ω t +
ψ( x , t ) = ψ 0 + e 2ν e c + ψ 0 −e 2ν e c, et leur sens physique est simple à dé-
gager.
c x
− x i ω t −
— Le terme ψ 0 +e 2ν e c correspond à une O.P.P.H se déplaçant dans le sens
des x croissants, à la célérité c, en s’atténuant sur une longueur caractéristique
c
− x
δ = 2ν / c , car l’amplitude de l’onde, ψ0 + e 2ν , décroît quand x augmente.
c x
x i ω t +
— Le terme ψ 0 − e 2 ν e c correspond à une O.P.P.H se déplaçant dans le sens
des x décroissants, à la célérité c, en s’atténuant sur la longueur δ , car l’amplitude de
c
x
l’onde, ψ0 −e 2ν , décroît quand x diminue.
On constate sur cet exemple que si k possède une partie imaginaire non nulle,
la solution ψ0ei ( ωt − kx ) est amortie.
723
724 Partie VII. Physique des ondes
∂s ∂s ∂s ∂s
= i ωs = −ik x s = −ik y s = −ikz s
∂t ∂x ∂y ∂z
∂2 s ∂2 s ∂2 s
Le laplacien ∆s = + + = − k x 2 + k y 2 + kz 2 s devient ∆s = −k 2 s .
∂x 2
∂y 2
∂z2
Pour une grandeur vectorielle, les opérateurs linéaires prennent une forme très
simple :
G ∂ Ax ∂ Ay ∂ Az
— div A = + + = −i k x Ax + k y Ay + k z Az
∂x ∂y ∂z
∂
∂x Ax k x Ax
→ G
∂
— rot A = ∧ A
y = − i k y ∧ Ay
∂y
∂ Az k z Az
∂z
G 2
G
— ∆ A = −k A
G G G G G G
Pour une O.P.P.H A( r , t ) = A0e i ( ωt − k ⋅r ) qui se propage selon k , on a :
G
∂A G G G G → G G G G G
= i ωA div A = −ik ⋅ A rot A = −ik ∧ A ∆ A = −k 2 A
∂t
724
Chapitre 4. Dispersion et atténuation / O.P.P.H électromagnétiques dans les plasmas et les conducteurs 725
725
726 Partie VII. Physique des ondes
726
Chapitre 4. Dispersion et atténuation / O.P.P.H électromagnétiques dans les plasmas et les conducteurs 727
ω
La vitesse de propagation de la phase (vitesse de phase) est v ϕ = .
k
727
728 Partie VII. Physique des ondes
1
+∞ +∞
1
s( x = 0, t ) = Fɶ (ω)e i ωt dω = Re Fɶ (ω)e i ωt dω , puisque s( x, t ) ∈ R . ω ֏ Fɶ (ω)
2π π
−∞ 0
est la transformée de Fourier de t ֏ s( x = 0, t ) = F (t ) . On peut la calculer (ce ne sera
+∞
pas utile ici) grâce à la formule Fɶ (ω) = F (t )e
− i ωt
dt . Le facteur 1/ (2π) présent dans
−∞
la transformée inverse, et pas dans la transformée directe, vient du changement de
variable ν (fréquence) → ω ; il est sans importance par la suite.
La composante Fɶ (ω)ei ωt de pulsation ω à l’instant t et en x = 0 se propage à la
728
Chapitre 4. Dispersion et atténuation / O.P.P.H électromagnétiques dans les plasmas et les conducteurs 729
Ainsi, dans le domaine des ondes électromagnétiques, il est tout à fait possible
de trouver une vitesse de phase strictement supérieure à la célérité c de la lumière
dans le vide. Une O.P.P.H ne transportant ni énergie, ni information, v ϕ > c ne va pas
à l’encontre de la théorie de la relativité d’Einstein.
729
730 Partie VII. Physique des ondes
730
Chapitre 4. Dispersion et atténuation / O.P.P.H électromagnétiques dans les plasmas et les conducteurs 731
dω
s( x, t ) = Re F (ω)e dω = 0
e
π π ω0 −∆ω /2
0
On obtient, en effectuant le changement de variable η = ω − ω0 :
∆ω /2 i η t − dk ( ω ) x
F0
⋅ Re e [ 0 0 ] dη
0
e dω
i ω t −k x
s ( x, t ) =
π
−∆ω /2
∆ω dk
F ∆ω
π (
= 0 Re e [ 0 0 ] ⋅ sinc
i ω t −k x
) 2 t − dω (ω0 )x
X ֏ sinc( X ) = sin X / X est la fonction sinus cardinal. Finalement :
F0 ∆ω ∆ω dk
s ( x, t ) = sinc t − dω (ω0 )x ⋅ cos(ω0t − k0 x )
π 2
F0 ∆ω ∆ω x
= sinc t − ⋅ cos(ω0t − k0 x )
π 2 v g �������
���������� � O.P.P.H, célérité v ϕ = ω0
dω k0
enveloppe, célérité v g = ( k0 )
dk
Le paquet d’ondes temporel est une sinusoïde de pulsation ω0 , à l’intérieur
d’une enveloppe de durée caractéristique ∆t = 4π / ∆ω >> T0 = 2π / ω0 , comme on l’a
représenté sur le graphe ci-après. La durée ∆t est ici définie comme celle du lobe
principal de la fonction sinc [ ∆ωt / 2] , mais sa définition a peu d’importance, tout
comme la forme du spectre du paquet d’ondes autour de ω0 (un profil gaussien serait
par exemple plus réaliste). Le point crucial est que l’enveloppe du signal se propage à
731
732 Partie VII. Physique des ondes
dω ω
une vitesse différente v g = (k0 ) de la vitesse de phase v ϕ = 0 .
dk k0
dω
La vitesse v g = est appelée vitesse de groupe : c’est la vitesse à laquelle
dk
se déplace l’enveloppe du paquet d’ondes de faible largeur spectrale autour de ω0 .
732
Chapitre 4. Dispersion et atténuation / O.P.P.H électromagnétiques dans les plasmas et les conducteurs 733
riode T0 = 2π / ω0 , on a Φ T0
( x, t ) ∝ sinc 2 ∆ω (t − x / v g ) / 2 .
1.8 Atténuation
Les différentes causes
733
734 Partie VII. Physique des ondes
x x
i ωt − k ′x + i −
supposons k′′(ω) = −1/ δ(ω) < 0 . On a alors s( x, t ) = s0 e δ
= s0e δ e i ( ωt − k ′x ) .
L’onde s’atténue lors de sa propagation. La distance δ (qui dépend de ω) est une
épaisseur de peau. Ce cas correspond à un milieu absorbant, comme nous allons le
voir pour les ondes électromagnétiques dans un conducteur.
— Prenons maintenant k′(ω) = 0 , toujours avec k′′(ω) = −1/ δ(ω) < 0 . On a alors :
x x x
i ωt + i − −
s( x, t ) = s0e δ
= s0e δ e i ωt , soit en réel s( x, t ) = s0e δ cos(ωt ) . L’onde est station-
naire (il n’y a plus de propagation) et s’atténue quand x augmente. Ce cas correspond
à un milieu non absorbant, mais pour les valeurs de ω telles que k′′(ω) < 0 , s( x, t ) est
la somme d’un grand nombre d’ondes rayonnées par les constituants du milieu, et ces
ondes interfèrent destructivement. Nous allons voir qu’il en est ainsi pour les ondes
électromagnétiques dans un plasma à certaines fréquences.
x
— Prenons maintenant k′(ω) > 0 , et k′′(ω) = 1/ δ( ω) > 0 : s( x, t ) = s0e δ e (
i ωt − k ′x )
.
L’onde est alors amplifiée lors de sa propagation. Ce cas existe, par exemple
dans le milieu actif d’une cavité laser. Le pompage (apport d’énergie extérieur) permet
d’obtenir des désexcitations stimulées qui amplifient l’onde électromagnétique lors de
sa propagation.
Vitesse de phase
x
−
Si l’onde est atténuée : s( x, t ) = s0e δ e i ( ωt − k ′x ) . Elle se propage si k ′ ≠ 0 ; sa
phase est alors ϕ = ωt − k ′x et la vitesse de phase de cette O.P.P.H est v ϕ = ω / k ′ .
1 +∞
Re Fɶ (ω)e k ( ω) x e [
i ωt − k ′( ω) x ]
dω . Du fait de la pré-
′′
Le signal s’écrit s( x, t ) =
π
0
sence du terme e k ′′( ω) x , on ne peut plus, dans le cas d’un paquet d’ondes étroit autour
de la pulsation ω0 , écrire le signal sous la forme du produit d’une sinusoïde de pulsa-
ω0 dω
tion ω0 , se propageant à v ϕ = , par une enveloppe se propageant à v g = (k0′ ) .
k0′ dk ′
734
Chapitre 4. Dispersion et atténuation / O.P.P.H électromagnétiques dans les plasmas et les conducteurs 735
735
736 Partie VII. Physique des ondes
Nous supposerons que les cations portent la charge +e (ils ne sont ionisés
qu’une fois), et que leur densité n0 est la même que celle des électrons. Le volume
moyen qu’occupe une de ces particules est donc de l’ordre de 1/ n0 : les charges sont
e2 e 2n01/3
Ep = . On définit donc le paramètre plasma par Γ = .
4πε0a 4πε0kBT
Dans les plasmas dilués que nous allons étudier, Γ << 1, si bien que les chocs
entre particules chargées sont peu probables. On peut considérer qu’une particule
chargée est uniquement soumise à des forces électromagnétiques dues au champ
moyen créé par les autres charges du plasma, et à un éventuel champ créé par des
charges extérieures au plasma (le poids est bien sûr négligeable devant les forces
électromagnétiques).
Nous avons supposé que le plasma était à l’équilibre thermodynamique à la
température T du plasma, ce qui est le cas pour des températures suffisamment éle-
vées. En revanche, pour un plasma dilué et froid, que nous n’étudierons pas, les chocs
sont tellement peu fréquents qu’on n’a pas thermalisation : les énergies cinétiques
moyennes des ions et des électrons sont différentes, ainsi que les températures io-
niques et électroniques, définies par Ti = Eci / kB et Te = Ece / kB .
Il existe une grande variété de plasmas qu’on distingue selon leur densité élec-
tronique ne et leur température électronique Te . Pour de basses températures et de
736
Chapitre 4. Dispersion et atténuation / O.P.P.H électromagnétiques dans les plasmas et les conducteurs 737
grandes densités, les plasmas sont quantiques (cas du gaz d’électrons dans un métal)
alors qu’ils sont relativistes aux très grandes températures (cas de la magnétosphère
d’un pulsar).
Nous nous limiterons à des plasmas classiques, dilués et chauds, à l’équilibre
thermodynamique, les plus fréquemment rencontrés.
La répartition statistique des cations et des électrons libres en l’absence de per-
turbation peut se déterminer en prenant un cation pour origine O du repère utilisé. Du
fait de la symétrie sphérique de centre O, le potentiel électrique V en un point M ne
dépend que de r = OM . La densité des ions et des électrons à une distance r de O
eV ( r ) eV ( r )
− +
kBT kBT
est donnée par la loi de Boltzmann : ni (r ) = Ae
i et ne (r ) = Aee . Dans la li-
mite des très grandes températures ( T → ∞ ), le plasma étant globalement neutre, on
a ni (r ) → Ai = n0 et ne (r ) → Ae = n0 . Comme eV (r ) << kBT (l’énergie potentielle est
eV (r )
très petite devant l’énergie cinétique pour un plasma dilué), ni (r ) ≃ n0 1 − ,
kBT
eV (r )
ne (r ) ≃ n0 1 + , et la densité volumique de charge est :
kBT
2n0e 2V (r )
ρ(r ) = +eni (r ) − ene (r ) = − .
kBT
ρ
Le potentiel est solution de l’équation de Poisson ∆V + = 0 , soit :
ε0
1 d2 2n0e 2V (r ) d2 rV ε0 kBT
r dr 2
[ rV ] − = 0 , ou encore [rV ] − 2 = 0 , avec λD = , appe-
ε0kBT dr 2
λD 2n0e 2
lée longueur de Debye.
On écarte la solution en er / λD qui diverge pour r → ∞ : rV (r ) = Cte ⋅ e −r / λD .
e
Comme on doit retrouver, pour r → 0 , le potentiel créé par le seul cation, l’ex-
4πε0 r
e
pression du potentiel cherché est V (r ) = e −r / λD . Ce potentiel décroît très rapide-
4πε0r
ment du fait de l’écrantage du cation qui s’entoure d’une couche d’électrons libres.
Ainsi, à des échelles très supérieures à λD , le potentiel et le champ électrique sont
nuls dans le plasma. Le plasma est neutre à cette échelle : ρ = 0 dans une sphère de
rayon R >> λD . Cependant, cette neutralité peut être mise en défaut lorsque le plasma
est parcouru par une onde.
737
738 Partie VII. Physique des ondes
plasma sont donc uniquement dus aux électrons de masse m, de charge −e , de vi-
�
tesse v e par rapport à R . Le vecteur densité volumique de courants s’écrit :
� �
J (M, t ) = n0 ( −e )v (M, t ) , la vitesse des électrons étant décrite par un champ eulérien,
� � �
comme le champ électro-magnétique E (M, t ) , B(M, t ) . Cette vitesse v (M , t ) , moyen-
�
née dans un volume mésoscopique, est différente de la vitesse individuelle v e (t ) d’un
électron de ce volume, car elle fait disparaître l’agitation thermique, dont la vitesse
caractéristique pour un électron est définie par v th = kBTe / m . On supposera qu’on
�
peut déterminer v (M , t ) en appliquant le P.F.D à un électron « moyen » de vitesse
� �
v (M , t ) et non pas v e (t ) , ce qui est vrai si v th << v (tous les électrons ont alors la
même vitesse). On peut démontrer que cette démarche reste valable, sans condition
� � �
sur la température électronique, pour les ondes transversales ( E et B ⊥ k ) que nous
allons étudier.
Finalement, les électrons sont donc uniquement soumis à la force de Lorentz
� � � � � �
F = −e(E + v ∧ B ) , où E et B ne sont pas indépendants, puisqu’ils forment le champ
électromagnétique qui se propage dans le plasma. Dans le vide, nous avons vu que
� � �
la force magnétique qv ∧ B était négligeable devant la force électrique qE pour des
particules non relativistes. Nous supposerons que c’est aussi le cas dans le plasma
dilué, et nous vérifierons cette hypothèse (H1) a posteriori.
Sous l’effet de l’onde, de longueur d’onde λ et de période T, les oscillations d’un
électron ont une amplitude dont l’ordre de grandeur, noté a, est supposé très inférieur
à λ (hypothèse H2). On peut en conséquence considérer que l’électron reste en un
� � � �
point M0 fixe pour calculer sa vitesse : v = vLAG (t ) = v EUL (M (t ), t ) ≃ v EUL (M0 , t ) . On a
� �
dv ∂v
donc ≃ .
dt ∂t
Nous verrons que ces deux dernières hypothèses sont liées. Ce sont elles qui
� � � → �
rendent le problème linéaire (les termes non linéaires −ev ∧ B et (v ⋅ grad)v , accélé-
ration convective, étant négligés), ce qui autorise la notation complexe pour un régime
sinusoïdal de pulsation ω.
La linéarisation des équations est analogue à celle effectuée pour une onde
� � �
acoustique. Dans ce cadre, la force magnétique F = −ev ∧ B est d’ordre 2 car le
� � � �
champ électromagnétique E (M, t ) = E1(M, t ), B(M, t ) = B1(M , t ) qui se propage est
� � � �
une perturbation du champ E0 (M ) = 0, B0 (M ) = 0 existant dans le plasma « au re-
pos » (sans la perturbation).
Notons que si l’écrantage vu au 2.1 interdit la présence d’un champ statique à
� �
grande échelle (on a toujours E0 (M ) = 0 ), rien n’empêche la présence d’un champ
� � �
magnétique B0 (M ) ≠ 0 à grande échelle. Le plasma est alors dit « magnétisé » : B0
738
Chapitre 4. Dispersion et atténuation / O.P.P.H électromagnétiques dans les plasmas et les conducteurs 739
modifie les propriétés des ondes électromagnétiques dans le plasma. Notre étude
porte sur un plasma non magnétisé.
Sous toutes ces hypothèses, on obtient par application du P.F.D dans R à un
G G G
∂v G G e G
électron : m = −eE ⇔ imωv = −eE , soit v = − E.
∂t imω
En présence de la perturbation ondulatoire, la densité électronique est modifiée
par rapport à sa valeur n0 au repos : ne (M , t ) = n0 + n1(M, t ) . Là encore, la perturbation
est traitée comme un infiniment petit : n1v est d’ordre 2, et la densité volumique de
G n e2 G
courants est J = 0 E .
imω
Dans le cadre de notre étude (onde transversale dans un plasma dilué non ma-
G n e2 G ε0ωp2 G n0e2
gnétisé), on a J = 0 E = E , avec ωp = pulsation plasma.
imω iω ε0 m
2.3 Dispersion
Nous recherchons des solutions d’O.P.P.H.P.R transverses électriques (telles
G G
que E ⊥ k ) dans le plasma. Il existe d’autres modes de propagation, dont des modes
G G
longitudinaux (tels que E // k ) pour lesquels le nombre de cations diffère du nombre
d’électrons dans un volume mésoscopique lors du passage de l’onde, soit ρ ≠ 0 .
L’onde étudiée est donc de la forme :
G G
E ( x, t ) = E0e i ( ωt − kx ) G G G G G
3
G G i ( ωt − kx ) , avec k (ω) = [ k ′(ω) + ik ′′(ω)] ex , et E0 ∈ R ⊥ k = kex .
B( x, t ) = B0e
Les équations de Maxwell dans le plasma s’écrivent alors :
G G
−ik ⋅ B = 0 (M.T)
G G G
−ik ∧ E = −i ωB (M.F)
G G ρ
−ik ⋅ E = ε = 0 ρ = 0 (M.G)
0
G G G G ε µ ω2 G G ω 2 G
−ik ∧ B = µ0 J + i ω E = 0 0 p E + i ω E = 1 p + i ω E (M.A)
c2 iω c2 c 2 i ω
L’onde étudiée est donc T.E.M (transverse électromagnétique) puisqu’on a
G G G G G
aussi B ⊥ k . Pour découpler ce système, il suffit de former k ∧ (k ∧ E ) , qui est l’ana-
→ → G
logue de rot ( rot E ) :
G G G G G G G G G G G G 1 ωp2 G
k ∧ ( kN ∧ E ) = k ( kN⋅ E ) − k 2 E ⇔ ωk ∧ B = −k 2 E , or k ∧ B = 2 − ω E d’après
G
0 (M.G) c ω
ωB (M.F)
l’équation de M.A.
739
740 Partie VII. Physique des ondes
On en déduit :
ω2 − ωp2
k2 = , relation de dispersion dans le plasma.
c2
740
Chapitre 4. Dispersion et atténuation / O.P.P.H électromagnétiques dans les plasmas et les conducteurs 741
G −
x
G
E ( x, t ) = E0e δ cos(ωt ) ey
c
En notation réelle, x
, avec δ = .
G E0 − G ω 2
− ω2
p
B( x, t ) = ωδ e sin(ωt ) ez
δ
ω2 − ωp2
— Si ω > ωp , k = ± est réel. Il y a propagation sans atténuation, mais avec
c
dispersion. Prenons le cas d’une onde se propageant dans le sens des x croissants,
G ω2 − ωp2
et polarisée selon ey : k = > 0 . On a alors :
c
G
G G K G E0e i ( ωt − kx )ey kE0 i ( ωt − kx ) G
E ( x, t ) = E0e i ( ωt − kx )ey , et B( x, t ) = kex ∧ = e ez .
NG ω ω
k
G G
E ( x, t ) = E0 cos(ωt − kx ) ey
En notation réelle : G kE G .
B( x, t ) = 0 cos(ωt − kx ) ez
ω
2
ω ωp
La vitesse de phase vaut v ϕ = = c / 1− > c . Elle est supérieure à la
k ω
vitesse de la lumière, ce qui ne va pas à l’encontre de la théorie de la relativité,
puisqu’une O.P.P.H de pulsation ω n’est pas réalisable physiquement. En revanche,
on sait envoyer des trains d’ondes de longue durée, contenant un grand nombre d’os-
cillations sinusoïdales, c’est-à-dire dont le profil spectral est un pic de très faible largeur
dω
autour de ω. Ce train d’ondes se déplace à la vitesse de groupe v g = , qu’on peut
dk
741
742 Partie VII. Physique des ondes
2ωdω ω dω
calculer en différentiant la relation de dispersion : 2kdk = , soit ⋅ = c2 ,
c2 k dk
d’où : v ϕ ⋅ v g = c 2 . Cette relation entre v ϕ et v g (relation de Klein-Gordon), est valable
Pour ω > ωp , l’onde se propage sans atténuation, mais avec dispersion dans le
plasma, qui constitue donc un filtre passe-haut.
ω2 − ωp2
propagation. Pour ω > ωp , k = ± (la
c
courbe est une branche d’hyperbole), et il y a
propagation dispersive, mais les ondes telles
que ω >> ωp sont peu dispersées car la relation de dispersion est alors k ≃ ±ω / c .
Un exemple fondamental est fourni par l’ionosphère. Cette partie de l’atmos-
phère, approximativement située entre 60 km et 800 km d’altitude, est ionisée par les
rayonnements solaires ultra-violets. En conséquence, la densité électronique n0 varie
entre la partie de l’atmosphère exposée au Soleil : côté « jour », et celle côté « nuit ».
Un bon ordre de grandeur est n0 = 1011 m-3 , ce qui donne une fréquence plasma :
e n0
fp = ≃ 3 MHz .
2π ε 0 m
Des ondes de fréquences inférieures à fp ne se propageant pas dans l’ionos-
phère, elles s’y réfléchissent.
Une partie du spectre émis par l’univers ne parvient pas jusqu’à la surface ter-
restre.
742
Chapitre 4. Dispersion et atténuation / O.P.P.H électromagnétiques dans les plasmas et les conducteurs 743
De même, les grandes ondes radio (autour de 150 kHz), émises depuis la Terre,
se réfléchissent sur l’ionosphère et en partie sur les sols et les océans, ce qui permet
la communication à très grande distance sans relais. Marconi a ainsi réalisé les pre-
mières transmissions radio transatlantiques en 1901. Au contraire, des ondes de fré-
quences supérieures à fp traversent l’ionosphère et peuvent être utilisées pour échan-
ger des informations avec des vaisseaux spatiaux, sondes ou satellites se trouvant au-
dessus de l’ionosphère.
sont vérifiées sauf si la pulsation est excessivement faible (il ne faut pas ω << ωp ), ce
qui est le cas en pratique.
d3 p G G
Les électrons du plasma reçoivent de la puissance volumique 3
= J ⋅ E de
dV
la part de l’onde.
G −
x
G G ε0 ωp2 G
— Pour ω ≤ ωp , E ( x, t ) = E0e δ ei ωt ey et J = E , soit, en notation réelle :
iω
2x
G ε0 ωp2 −
x
G d3 p ε0 ωp2 −
J= E0e δ sin(ωt ) ey , donc = E 0 2e δ sin(ωt )cos(ωt ) = 0 .
ω d3V ω
G G G ε0 ωp2 G
— Pour ω > ωp , E ( x, t ) = E0 cos(ωt − kx ) ey , et J = E0 sin(ωt − kx ) ey , donc :
ω
d3 p ε0 ωp2
= E02 sin(ωt − kx )cos( ωt − kx ) = 0 .
d3V ω
G G
Dans tous les cas, J et E étant en quadrature de phase, les charges ne prélè-
vent aucune puissance en moyenne à l’onde, même lorsque cette dernière ne se pro-
page pas dans le plasma. Le plasma n’est pas un milieu absorbant.
743
744 Partie VII. Physique des ondes
ε0 E 2 B 2 E 2 cos2 (ωt − kx ) 1 ε 0 E0 2 c2
— u= + = 0 ε0 + u = 1 + .
2 2µ0 2 µ0v ϕ2 4 v ϕ2
1 G e G
— L’énergie cinétique volumique vaut ec = n0 mv 2 , avec v = − E soit :
2 imω
2
G eE G 1 n0e2E02 ε0E02 ωp
v = − 0 sin(ωt − kx ) ey . On a ec = = et on en déduit :
mω 4 mω2 4 ω2
ε E 2 2 ω
2
c c2
2
ωp
u + ec = 0 0 1 + c + p . Or v ϕ = = 1− , donc on a
4 v ϕ2 ω
ωp
2 v ϕ2 ω
1−
ω
ε 0 E0 2
simplement u + ec = .
2
Pour déterminer la vitesse de propagation moyenne de l’énergie totale, notée
G
cE , on calcule l’énergie moyenne qui traverse pendant dt une surface S orthogonale
G
à ex , et on l’identifie à dt fois le flux du vecteur de Poynting à travers S :
G
G SP 1 G c2 G G
cE = = ex = ex = v gex : dans un milieu dispersif non absorbant,
u + ec ε0µ0v ϕ vϕ
l’énergie se propage à la vitesse de groupe, pas à celle de phase.
∂u G G G
Remarquons qu’un bilan local d’énergie s’écrit ici + divSP = −J ⋅ E . Comme
∂t
G G
la puissance volumique J ⋅ E cédée par le champ aux charges est, d’après le théo-
rème de l’énergie cinétique, égale à la variation temporelle de leur énergie cinétique
G G ∂e ∂(u + ec ) G
volumique : J ⋅ E = c , le bilan local d’énergie s’écrit + divSP = 0 .
∂t ∂t
744
Chapitre 4. Dispersion et atténuation / O.P.P.H électromagnétiques dans les plasmas et les conducteurs 745
eB1
On pose ωc = ≃ 2 ⋅ 107 rad ⋅ s-1 , pulsation cyclotron. Elle est du même ordre
m
n0e2
que la pulsation plasma qui vaut ωp = ≃ 2 ⋅ 107 rad ⋅ s-1 pour n0 = 1011 m-3 . Les
ε0 m
pulsations ω des ondes étudiées ne dépassent pas 2 ⋅ 105 rad ⋅ s-1, et vérifient donc
ω << ωc ≃ ωp .
Densité de courants
�
En présence de B1 , le P.F.D appliqué à un électron est modifié car si la force
magnétique due à l’onde est négligeable devant la force électrique, ce n’est pas le cas
�
� � ∂v � � � � � � �
de la force −ev ∧ B1 . On obtient m = −eE − ev ∧ B1 ⇔ imωv = −e(E + v ∧ B1) après
∂t
� � �
linéarisation. La densité de courants J = −n0ev est donc reliée à B1 par :
� n e2 � eB � � � ε0ωp2 � ω � �
J= 0
E− 1
J ∧ ex , soit J = E − c J ∧ ex . Comme ω << ωc , on a :
imω imω iω iω
ε0ωp2 � ωc � � � � � ωp2 �
E− J ∧ ex ≃ 0 , et donc J ∧ ex = ε0 E (1) .
iω iω ωc
Équations de Maxwell
On recherche une solution d’O.P.P.H pour laquelle l’équation de M.A s’écrit :
� � � � � ωp2 � � ωp2
−ik ∧ B = µ 0 J + ε0 i ωE . Or J ≃ ε0 E >> ε0ω E , puisque ω << . Les équa-
ωc ωc
� �
−ik ⋅ B = 0
� � �
−ik ∧ E = −i ωB
tions de Maxwell fournissent : � � .
−ik ⋅ E = 0 (car l'onde est transversale) ρ = 0
� � �
−ik ∧ B = µ0 J
� �
� � � � k ∧E k2 � �
On a donc k ∧ B = i µ0 J , avec B = d’après M.F, d’où − E = i µ0 J (2) .
ω ω
745
746 Partie VII. Physique des ondes
Le produit vectoriel intervenant dans (1) ne permet pas d’obtenir une relation de
dispersion en combinant (1) et (2).
Relations de dispersion
G G
Projetons alors ces deux relations sur ey et ez :
ω2
J z = ε0 p E y ε c 2k 2
Jy = i 0 Ey
ωc ω
(1) : , et (2): . On en tire, en éliminant J y et Jz :
ωp2 ε 0c 2k 2
J y = −ε0 Ez J z = i ω Ez
ωc
ωω 2
E y − i 2 2p Ez = 0
k c ωc
. Ce système linéaire homogène n’admet des solutions non
2
ωωp
i 2 2 E y + E z = 0
k c ωc
ωωp2
nulles (E y , Ez ) ≠ (0,0) que si son déterminant est nul, soit = ±1.
k 2c 2ωc
ωωp2 ωp ω
— Dans le premier cas où 2 2
= +1, la relation de dispersion donne k = ,
k c ωc c ωc
en se limitant à une O.P.P.H qui se propage dans le sens des x croissants. Il y a donc
ω ωωc
propagation avec dispersion. La vitesse de phase vaut v ϕ = =c et la vitesse
k ωp
dω dk ωωc
de groupe : v g = = 1/ = 2c . Toutes deux sont très petites devant c.
dk dω ωp
La relation entre Ey et Ez est alors Ez = −iE y .
746
Chapitre 4. Dispersion et atténuation / O.P.P.H électromagnétiques dans les plasmas et les conducteurs 747
x x
− −
Si E y = E0e δ cos( ωt ) , alors E z = −E0e δ sin( ωt ) : l’onde est polarisée circu-
lairement à droite, mais ce n’est plus une onde progressive.
747
748 Partie VII. Physique des ondes
plasma, mais différent de celui étudié précédemment, car très dense : on ne peut pas
négliger les chocs entre les électrons et les défauts du réseau cristallin. Adoptons le
modèle de Drude vu dans le chapitre sur le transport de charges, dans lequel la prise
en compte des chocs subis par les électrons libres se fait par l’intermédiaire de la force
� �
−mv / τ . On supposera qu’on peut déterminer v (M , t ) en appliquant le P.F.D à un
� �
électron « moyen » de vitesse v (M , t ) , et non pas v e (t ) .
Finalement, leur poids étant négligeable devant les forces électromagnétiques,
�
les électrons sont donc uniquement soumis à −mv / τ et à la force de Lorentz
� � � � � �
F = −e(E + v ∧ B ) , où E et B ne sont pas indépendants, puisqu’ils forment le champ
électromagnétique qui se propage dans le conducteur. Dans le vide, nous avons vu
� � �
que la force magnétique qv ∧ B était négligeable devant la force électrique qE pour
des particules non relativistes. Nous supposerons que c’est aussi le cas dans le con-
ducteur, et nous vérifierons cette hypothèse (H1) a posteriori.
Sous l’effet de l’onde, de longueur d’onde λ et de période T, les oscillations d’un
électron ont une amplitude dont l’ordre de grandeur, noté a, est supposé très inférieur
� �
à la longueur caractéristique des variations du champ ( E , B ) (hypothèse H2). On peut
en conséquence considérer que l’électron reste en un point M0 fixe pour calculer sa
� �
� � � � dv ∂v
vitesse : v = vLAG (t ) = v EUL (M (t ), t ) ≃ v EUL (M0 , t ) . On a donc ≃ .
dt ∂t
� �
Ces hypothèses rendent le problème linéaire (les termes non linéaires −ev ∧ B
� → �
et (v ⋅ grad)v , accélération convective, étant négligés), ce qui autorise la notation com-
plexe pour un régime sinusoïdal de pulsation ω.
Sous toutes ces hypothèses, on obtient par application du P.F.D dans R à un
� � � � �
∂v v � v � e/m �
électron : m = −eE − m ⇔ imωv = −eE − m , soit v = − E . La constante
∂t τ τ 1/ τ + i ω
de temps τ est très petite (de l’ordre de 10−14 s pour du cuivre), donc pour des fré-
quences f << 1014 Hz , largement inférieures aux fréquences optiques, on a ω << 1/ τ
� eτ �
et on peut faire l’approximation v = − E .
m
748
Chapitre 4. Dispersion et atténuation / O.P.P.H électromagnétiques dans les plasmas et les conducteurs 749
3.2 Dispersion
Nous recherchons des solutions d’O.P.P.H.P.R dans un conducteur métallique :
G G
E ( x, t ) = E0ei ( ωt − kx ) G G G 3
G G i ( ωt − kx ) , avec k (ω) = [ k ′(ω) + ik ′′(ω)] ex , et E0 ∈ R . Les équations de
B( x, t ) = B0e
G G
−ik ⋅ B = 0 (M.T)
G G G
−ik ∧ E = −i ωB (M.F)
Maxwell dans le conducteur s’écrivent alors : G G ρ .
−ik ⋅ E = ε = 0 (M.G)
G G 0 G
−ik ∧ B = µ γ E (M.A)
0
L’onde étudiée est donc T.E.M (transverse électromagnétique). Pour découpler
G G G
ce système, on forme k ∧ (k ∧ E ) :
G G G G G G G G G G
k ∧( k ∧ E ) = k( k ⋅ E ) − k 2 E ⇔ ω k ∧ B = −k 2 E . On en déduit :
G G
ωB (M.F) 0 (M.G) i µ0 γ E (M.A)
749
750 Partie VII. Physique des ondes
→ G G
→ →
G → G G G ∂ rot B ∂E
rot rot E = grad div
N E − ∆E , soit ∆E = = µ0 γ .
G 0 (M.G) ∂t (M.A) ∂t
∂B
− (M.F)
∂t
G
G ∂E G
Cette équation d’onde, ∆E = µ0 γ (on peut vérifier que B est régi par la
∂t
même équation) n’est plus l’équation de d’Alembert mais une équation de diffusion (de
Kelvin). Elle reste linéaire, mais n’est pas invariante par changement t → −t : la pro-
pagation dans le conducteur est irréversible, ce qui est à relier à l’introduction de « frot-
tements » dans le modèle microscopique (phénomènes dissipatifs).
G G
En injectant E ( x, t ) = E0ei ( ωt − kx ) dans l’équation d’onde, on retrouve la relation
δ
.
x x
G 2 −δ x π G µ0 γ − δ x π G
B( x, t ) = E0 e cos ωt − − ez = E0 e cos ωt − − ez
ωδ δ 4 ω δ 4
750
Chapitre 4. Dispersion et atténuation / O.P.P.H électromagnétiques dans les plasmas et les conducteurs 751
Numériquement, pour du cuivre ( γ = 5,9 ⋅ 107 S ⋅ m-1 ), il faut v << 0,41 f , ce qui
reste vérifié même à de très basses fréquences, puisque la vitesse de conduction est
très faible (inférieure au mm par seconde).
751
752 Partie VII. Physique des ondes
752
Chapitre 4. Dispersion et atténuation / O.P.P.H électromagnétiques dans les plasmas et les conducteurs 753
d2ξn
m = Tn −1/ n + Tn +1/ n = −K (2ξn − ξn −1 − ξn +1) ∀n ∈ ℤ.
dt 2
On linéarise cette relation pour une petite perturbation : puisque ξn << λ et
ξn << a , tout se passe comme si la masse « n » restait en x = xn = na , et on peut
d ∂
écrire ≃ .
dt ∂t
K
En introduisant la pulsation ω0 = , l’équation de couplage devient :
m
∂ 2ξ n
2
= −ω02 (2ξn − ξn −1 − ξn +1) (∗) ∀n ∈ Z .
∂t
Cherchons des solutions de ce système d’équations sous la forme d’O.P.P.H :
ξn = Ae i ( ωt − kxn ) = Ae i ( ωt − kna ) ∀n ∈ Z , avec ω ∈ R + .
On obtient −ω2e −ikna = −ω02 2e −ikna − e −ik ( n −1)a − e −ik ( n +1)a , en injectant dans
753
754 Partie VII. Physique des ondes
2π π
Lorsque k = << , soit a << λ (on a alors ω << 2ω0 ), on est dans l’approxi-
λ a
mation des milieux continus. On peut linéariser la relation de dispersion :
ω
ω ≃ ω0 ka k = . On retrouve que les ondes telles que a << λ ne sont pas disper-
aω0
K
sées, et qu’elles se propagent à la célérité c = aω0 = a . Deux masses voisines
m
vibrent quasiment en phase, puisque ξn +1 = ξn e − ika avec ka << π .
π
En revanche, lorsque ω se rapproche de 2ω0 , k tend vers , donc deux
a
masses voisines vibrent en opposition de phase. La dispersion est importante dans
cette zone.
— Supposons maintenant que k soit complexe : k = k ′ + ik ′′ , (k ′, k ′′) ∈ R 2 . La relation
obtient ω2 = ω02 2 − ek ′′a + e −k ′′a cos(k ′a ) , soit ω2 = 2ω02 [1 − ch(k ′′a )cos(k ′a )] ( ∗ ∗) .
( )
La partie imaginaire fournit 0 = ω02 ek ′′a − e −k ′′a sin(k ′a ) , soit sh(k ′′a )sin(k ′a ) = 0 .
( )
Le cas où k ′′ = 0 (k réel), correspondant à ω < 2ω0 = ωc , a déjà été étudié.
Si k ′′ ≠ 0 alors sin(k ′a ) = 0 ⇔ k ′a = pπ . Si p est pair, cos(k ′a ) = 1 et d’après
754
Chapitre 4. Dispersion et atténuation / O.P.P.H électromagnétiques dans les plasmas et les conducteurs 755
π i ω2 π i
En conséquence, k = ± argch − 1 = ± , avec :
2ω 2
a a 0 a δ
a
δ= .
ω2
argch − 1
2ω 2
0
Prenons l’exemple où la chaîne est semi-infinie (elle contient les points maté-
riels n = 0 , n = 1, n = 2 …), et qu’on impose une vibration sinusoïdale de faible ampli-
tude ( << a ) et de pulsation ω au premier de ces points ( n = 0 ).
— Si ω < 2ω0 , la vibration se propage sans atténuation mais avec dispersion.
π i
— Si ω > 2ω0 , la solution physique pour k est k = − . La vibration est atténuée spa-
a δ
a
−
− ika −i π
tialement car ξn +1 = ξn e = ξn e e δ . L’onde est stationnaire, et deux points maté-
riels voisins vibrent en opposition de phase.
Écrivons la loi des nœuds et la loi des mailles pour le circuit équivalent à une
longueur dx de câble.
755
756 Partie VII. Physique des ondes
∂i ∂u ∂i
— Loi des mailles : u( x, t ) = u( x + dx, t ) + rdx ⋅ i ( x, t ) + Λdx ( x, t ) = −ri − Λ .
����� ∂t ∂x ∂t
∂u
u ( x ,t ) + dx
∂x
∂i ∂u
∂x = −Γ ∂t − gu (1)
Les deux relations de couplage sont .
∂u = −ri − Λ ∂i (2)
∂x ∂t
∂(2) ∂(1)
Pour les découpler, on peut effectuer −Λ :
∂x ∂t
∂ 2u ∂ 2i ∂i ∂ 2i ∂ 2u ∂u
2
−Λ = −r −Λ + ΛΓ 2 + Λg . Il vient :
∂x ∂x ∂t ∂x ∂x ∂t ∂t ∂t
∂ 2u ∂u ∂ 2u ∂u ∂ 2u ∂ 2u ∂u
= rΓ + rgu + ΛΓ 2 + Λg , soit − ΛΓ − ( r Γ + Λg ) − rgu = 0 .
∂x 2 ∂t ∂t ∂t ∂x 2
∂t 2 ∂t
∂(1) ∂(2)
Avec la combinaison −Γ :
∂x ∂t
∂ 2i ∂ 2u ∂ 2u ∂u ∂i ∂ 2i
−Γ = −Γ −g + r Γ + ΛΓ 2 . Il vient :
∂x 2 ∂x ∂t ∂x ∂t ∂x ∂t ∂t
∂ 2i ∂i ∂i ∂ 2i ∂ 2i ∂ 2i ∂i
2
= rgi + Λg + r Γ + ΛΓ 2 , soit 2
− ΛΓ 2 − (r Γ + Λg ) − rgi = 0 .
∂x ∂t ∂t ∂t ∂x ∂t ∂t
756
Chapitre 4. Dispersion et atténuation / O.P.P.H électromagnétiques dans les plasmas et les conducteurs 757
Nous allons désormais nous placer dans le cas où les pertes sont faibles : la
tension aux bornes du conducteur ohmique de résistance r dx est faible devant celle
aux bornes de la bobine, et le courant dans le conducteur ohmique de conductance
g dx est faible devant le courant dans le condensateur :
r dxi << Λ dxj ωi , soit r << Λω
.
g dxu << Γdxj ωu , soit g << Γω
On peut effectuer un développement limité de la relation de dispersion à l’ordre
r g
2 en << 1 et << 1.
Λω Γω
X X2
Avec (1 + X )1/2 = 1 + − à l’ordre 2, on trouve :
2 8
1/2
j r g rg j r g rg
k 2 = ΛΓω2 1 − + − 2 k = ω ΛΓ 1 − + − 2
ω Λ Γ ΛΓω ω Λ Γ ΛΓω
j r g rg 1 r g
2
k = ω ΛΓ 1 − + − + +
2ω Λ Γ 2ΛΓω2 8ω2 Λ Γ
j r g 1 r g
2
k = ω ΛΓ 1 − + + − .
2ω Λ Γ 8ω2 Λ Γ
1 r g
2
ΛΓ r g
On en déduit k ′ = ω ΛΓ 1 + 2 − et k ′′ = − + .
2 Λ Γ
8
ω Λ Γ
r g
La dispersion est faible puisqu’elle n’intervient qu’à l’ordre 2 enet .
Λω Γω
On peut même théoriquement annuler le terme d’ordre 2 en choisissant les pa-
ramètres géométriques du câble, le diélectrique, et les métaux constituant l’âme et la
757
758 Partie VII. Physique des ondes
r g ω 1
tresse, de façon à avoir = . On a alors k ′ = , avec c = , comme pour un
Λ Γ c ΛΓ
1 r g 1
câble parfait, et k ′′ = − + , soit k ′′ = − δ . L’onde est spatialement atténuée sur
2c Λ Γ
une longueur caractéristique δ indépendante de la pulsation.
En réalité, r et g dépendent de la fréquence comme on l’a vu au 3.4 : le coeffi-
cient de réflexion sur les conducteurs diminue avec f, ce qui correspond à des pertes
plus grandes.
La dispersion des modes T.E.M est effectivement très faible, même sur des
longueurs de plusieurs km.
En revanche, l’atténuation n’est pas négligeable : il faut placer des répétiteurs
le long de la ligne pour garder un bon rapport signal sur bruit en sortie du câble. Si la
largeur d’une impulsion n’augmente pas lors de la propagation, l’impulsion se déforme,
ses différentes composantes sinusoïdales ne subissant pas la même atténuation.
758
Chapitre 4. Dispersion et atténuation / O.P.P.H électromagnétiques dans les plasmas et les conducteurs 759
Équation d’onde
On établit les équations de couplage comme cela a été vu dans le chapitre sur
les ondes acoustiques.
— Le principe fondamental, appliqué à une particule fluide dans le référentiel terrestre,
� →
∂v ∂v ∂p
fournit après linéarisation ρ0 = − grad p1 , soit ρ0 x = − 1 (1) en projection sur
∂t ∂t ∂x
Ox.
— La relation linéarisée entre ρ et p à entropie constante est ρ1 = ρ0 χS p1 (3) .
∂ρ1 �
— En revanche, l’équation de continuité linéarisée + ρ0divv = 0 n’est pas appli-
∂t
� �
cable avec v = v x ( x, t )ex puisqu’il existe une faible composante radiale v r de la vi-
tesse, mais qui peut varier autant avec r que v x varie avec x. On ne peut pas négliger
1 ∂
[rv r ] devant ∂xx dans l’équation 1 ∂ρ1 + 1 ∂ [ rv r ] + ∂v x = 0 .
∂v
r ∂r ρ0 ∂t r ∂r ∂x
On effectue alors un bilan de masse entre t et t + dt à la tranche de fluide com-
prise entre x et x + dx . Entre t et t + dt , sa masse varie de :
∂ρ1
d2m = [ρ0 + ρ1( x, t + dt )] S ( x )dx − [ρ0 + ρ1( x, t )] S (x )dx , soit d2m =
S ( x )dxdt .
∂t
Cette variation est due à la différence entre la masse qui rentre pendant dt :
δmx = [ρ0 + ρ1( x, t )] v x ( x, t ) S ( x )dt = ρ0v x ( x, t ) S ( x )dt , et la masse qui sort pendant dt :
δmx + dx = [ρ0 + ρ1( x + dx, t )] v x ( x + dx, t ) S ( x + dx )dt = ρ0v x ( x + dx, t ) S ( x + dx )dt .
Les calculs sont en effet menés à l’ordre 1 en la perturbation, or le terme ρ1v x
est d’ordre 2.
∂( S v x )
La différence δ2m = δmx − δmx + dx vaut δ2m = −ρ0 dxdt , et on déduit
∂x
du bilan de masse d2m = δ2m la dernière équation de couplage :
x
∂ρ1 ∂( S v x ) ∂ρ ∂v dS
S ( x ) = −ρ0 ⇔ 1 S ( x ) = −ρS ( x ) x − ρ0v x , avec S ( x ) = S0e d .
∂t ∂x ∂t ∂x dx
∂ρ ∂v ρ
On aboutit finalement à 1 + ρ0 x = − 0 v x (2) .
∂t ∂x d
759
760 Partie VII. Physique des ondes
Dispersion / atténuation
i ω2
obtient alors la relation de dispersion k 2 + k − 2 = 0 , équation du second degré
d c
1 ω2 4 c
dont le discriminant est ∆ = − 2
+4 2
= 2
(ω2 − ωc 2 ) , avec ωc = .
d c c 2d
i i i ω2
— Si ω ≤ ωc , k = − ± ωc 2 − ω2 = − 1 ∓ 1 − . Les solutions sont donc :
2d c 2d
������ ωc 2
�
>0
x ω2 x ω2
− 1− 1− 2 − 1+ 1− 2
2d ωc i ωt 2d ωc i ωt
v x ( x, t ) = v 0 e e + v 0′ e e .
C’est une somme de deux ondes stationnaires qui s’atténuent dans le sens des
x croissants. Il n’y a donc pas de propagation possible si ω ≤ ωc . Le pavillon est un
passe-haut : seules les ondes de fréquences f > fc peuvent se propager.
i 1 2 i 1 ω2 i
— Si ω > ωc , k = − ± ω − ωc 2 = − ± 2
− 1 = ±k ′ − .
2d c 2d 2d ωc 2d
x x
− −
Les solutions sont donc v x ( x, t ) = v 0e 2d ei ( ωt − k ′x ) + v 0′ e 2d e i ( ωt + k ′x ) .
������� �������
O.P.P.H x ր, atténuée O.P.P.H x ց, amplifiée
Bien que le milieu soit non absorbant, l’onde est atténuée si elle se propage
dans le sens des x croissants, et amplifiée si elle se propage dans le sens des x dé-
croissants.
Ceci est dû au fait que l’onde n’est qu’approximativement plane : la surface sur
laquelle se répartit la puissance de l’onde sonore augmente dans le sens des x crois-
sants. L’intensité, et donc l’amplitude des signaux diminue. C’est l’inverse quand l’onde
se propage dans le sens des x décroissants.
ω2 − ωc 2
La relation de dispersion k′(ω) est k ′2 = (équation de Klein-Gordon).
c2
760
Chapitre 4. Dispersion et atténuation / O.P.P.H électromagnétiques dans les plasmas et les conducteurs 761
ω c
On en déduit la vitesse de phase v ϕ = = , et la vitesse de groupe
k′ 2
ω
1− c
ω
2
dω ω
vg = = c 1− c .
dk ′ ω
L’air est un milieu non dispersif pour les ondes sonores, mais ici l’onde étudiée
n’est qu’approximativement plane et il y a dispersion du fait des conditions aux limites
(section divergente).
Un milieu non dispersif illimité ne disperse pas les ondes planes. Lorsqu’on im-
pose des conditions aux limites, des ondes non rigoureusement planes peuvent se
propager dans un milieu non dispersif, et être alors dispersées.
Bilan énergétique
Plaçons-nous dans le cas où ω > ωc , et où l’onde se propage dans le sens des
x
−
x croissants : v x = v 0e 2d e i ( ωt − k ′x ) .
761
762 Partie VII. Physique des ondes
x x x
G 1 k′ − G 1 k′ − G 1 c2 2 − d G
Jac = ρ0ω 2 v 02e d ex = ρ0c 2 v 02e d ex = ρ0 v 0 e ex .
2 k 2 ω 2 vϕ
x
1 − G
= ρ0v 02e d v gex .
2
G
G Jac G
On en déduit la vitesse cU = = v gex de propagation de l’énergie acous-
uac
tique. C’est, comme il se doit quand le milieu n’est pas absorbant, la vitesse de groupe.
762
763
v r ( t + x / c1 )
l’onde réfléchie .
Ty r (x,t ) = +Z1v r ( t + x / c1 )
L’onde sur la corde (2) du côté x > 0 est l’onde transmise :
v t ( t − x / c2 )
, où Z2 = µ2c2 = µ2T0 est l’impédance de la corde (2).
Ty t (x,t ) = −Z2v t ( t − x / c2 )
Les conditions aux limites se déduisent de la continuité de v et Ty en x = 0 . La
première est due au fait qu’il y a continuité du déplacement transversal de la corde :
ψ1(0− , t ) = ψ 2 (0+ , t ) = ψ(t ) , qui donne v1(0− , t ) = v 2 (0+ , t ) = v (t ) en dérivant par rapport
G
au temps. La deuxième s’obtient en appliquant le P.F.D à M, en projection sur ey :
763
764 Partie VII. Physique des ondes
dv
m = Ty 2 (0 + , t ) − Ty 1(0− , t ) , or la masse m de M est nulle (la répartition de masse est
dt
linéique, et on n’a pas attaché de masse ponctuelle en ce point).
v (t ) + v r (t ) = v t (t ) Z2 −Z1
On en déduit les relations suivantes : i .
−Z1v i (t ) + Z1v r (t ) = −Z2v t (t ) 1 1
place dans le sens des x décroissants, ce qui montre que la puissance se propage
aussi dans le sens des x décroissants. On compte désormais positivement les puis-
sances incidente, réfléchie et transmise, qui sont donc respectivement :
pi = Z1vi2 , pr = Z1v r 2 = Z1r 2vi2 et pt = Z2v t 2 = Z2 τ2v i2 . On en déduit les coefficients de
réflexion R et de transmission T en puissance :
2
pr Z − Z2 Z12 − 2Z1Z2 + Z22
— R= = r2 = 1 = .
pi Z1 + Z2 ( Z1 + Z2 )2
pt Z2 2 4Z1Z2
—T = = τ = .
pi Z1 (Z1 + Z2 )2
764
Chapitre 5. Interfaces entre deux milieux 765
naissance à une onde réfléchie et une onde transmise. L’interface entre les deux mi-
lieux a pour équation x = 0 . Le milieu (1), correspondant aux abscisses x < 0 , est ca-
ractérisé par ρ0(1) , χS(1) , Zac(1) = Z1 , et une célérité c1 . Le milieu (2), correspondant
aux abscisses x > 0 , est caractérisé par ρ0(2) , χS (2) , Zac (2) = Z2 , et une célérité c2 .
v i ( t − x / c1 ) v r ( t + x / c1 )
, et de l’onde réfléchie . L’onde
p1i (x,t ) = Z1v i ( t − x / c1 ) p1r (x,t ) = −Z1v r ( t + x / c1 )
v (2) (x,t ) = v t ( t − x / c2 )
dans le milieu (2) est l’onde transmise .
(2)
p1 (x,t ) = p1t (x,t ) = Z2v t ( t − x / c2 )
— L’interface, située au repos en x = 0 , est imperméable. Sous l’effet de la perturba-
dξ
tion, elle se déplace de ξ(t ) à la vitesse u(t ) = = v (1) (x = ξ(t )− ,t ) = v (2) (x = ξ(t )+ ,t ) ,
dt
mais à l’ordre 1 : v (1) (x = ξ(t )− ,t ) = v (1) (x = 0 − ,t ) , et v (2) (x = ξ(t )+ ,t ) = v (2) (x = 0 + ,t ) . On
a donc v (1) (x = 0 − ,t ) = v (2) (x = 0 + ,t ) : il y a continuité de la vitesse.
— L’interface possède une masse m nulle. En lui appliquant le P.F.D, on obtient :
0 = p0 + p1(1) (x = 0− ,t ) S − p0 + p1(2) (x = 0 + ,t ) S p1(1) (x = 0− ,t ) = p1(2) (x = 0+ ,t ) , il
y a continuité de la surpression.
v (t ) + v r (t ) = v t (t ) −Z2 Z1
On en déduit les relations suivantes : i .
Z1v i (t ) − Z1v r (t ) = Z2v t (t ) 1 1
765
766 Partie VII. Physique des ondes
2
Iac(r ) Z − Z2
2 Z12 − 2Z1Z2 + Z22
— R= =r = 1 = .
Iac(i) Z1 + Z2 ( Z1 + Z2 )2
Iac(t) Z2 2 4Z1Z2
—T = = τ = .
Iac (i) Z1 (Z1 + Z2 )2
766
Chapitre 5. Interfaces entre deux milieux 767
Si on suppose qu’il n’y a pas d’onde réfléchie dans l’air, le champ de vitesse en
notation complexe prend la forme suivante dans les trois milieux :
v a = Aae i ( ωt − ka x ) pour x ≤ 0
i ( ωt − k g x ) i ( ωt + k g x )
v g = Age + Bge pour 0 ≤ x ≤ e
v m = Amei ( ωt − km x ) pour x ≥ e
En effet, l’onde dans le gel est la superposition d’une O.P.P.H dans le sens des
x croissants (somme de l’onde provenant de l’air et de toutes les ondes réfléchies par
l’interface gel / air) et d’une O.P.P.H dans le sens des x décroissants (somme de toutes
les ondes réfléchies par l’interface gel / muscle). Le coefficient Aa est réel et connu (il
dépend de la puissance de la sonde), les coefficients Ag , Bg et Am peuvent être com-
plexes. Les surpressions dans les trois milieux se déduisent des vitesses :
p1a = Za Aaei ( ωt − ka x ) pour x ≤ 0
i ( ωt − k g x ) i ( ωt + kg x )
p1g = Zg Age − ZgBge pour 0 ≤ x ≤ e
p1m = Zm Ame i ( ωt − km x ) pour x ≥ e
— Il y a continuité de la vitesse et de la pression en x = 0 , ce qui entraîne :
Aa = Ag + Bg
. Ce système linéaire, à 2 équations et 2 inconnues Ag et Bg , a
Za Aa = Zg Ag − ZgBg
Zg + Za
Ag = Aa
2 Zg
pour solution .
B = Zg − Za A
g 2 Zg
a
— Il y a continuité de la vitesse et de la pression en x = e , ce qui entraîne :
A e −ikge + B e ikge = A e −ikme (1)
g g m
. Ce système est linéaire, à 2 équations et une
− ikge ik ge
Zg Age − ZgBge = Zm Ame − ikme (2)
seule inconnue Am . Pour que l’hypothèse d’absence d’onde réfléchie dans l’air soit
vérifiée, il faut et il suffit que les deux équations soient compatibles, c’est-à-dire que la
relation obtenue en effectuant le rapport (2) / (1) soit vérifiée :
− ikge ik ge 2ik ge
Zg Age − ZgBge Zg Ag − ZgBge
Zm = − ikge ik ge
= 2ikge
. En reportant les valeurs de Ag et Bg
Age + Bge Ag + Bge
767
768 Partie VII. Physique des ondes
(Zg − Zm )(Zg + Za ) = −(Zg + Zm )(Zg − Za ) , soit Zg2 = ZaZm ⇔ Zg = ZaZm . Pour qu’il
n’y ait pas d’onde réfléchie dans l’air, il faut que l’impédance acoustique du gel soit
2ik ge
égale à Za Zm , mais aussi que e = −1 . Il faut donc que 2kge = (2n + 1)π , soit
e = en = (2n + 1)λ g / 4 , où λg = 2π / kg est la longueur d’onde dans le gel.
On peut remarquer que pour ces valeurs de e, le déphasage ϕ entre l’onde (1)
réfléchie directement à l’interface air / gel, et l’onde (2) réfléchie par l’interface gel /
muscle, puis transmise à l’air, vaut kg ⋅ (2e) , puisque (2) a parcouru une longueur sup-
plémentaire 2e par rapport à (1), soit ϕ = (2n + 1)π . Ces deux ondes sont en opposition
de phase.
768
Chapitre 5. Interfaces entre deux milieux 769
Les intensités incidente et transmise sont Iac (i) = Zac vi2 et Iac (t) = Zac v t 2 ,
769
770 Partie VII. Physique des ondes
Iac(t) 2 1
avec v i = v 0 cos(ωt − kx ) et v t = τ v 0 cos(ωt − kx + ϕ) : T = (i)
= τ = .
Iac 1 + f / fc 2
2
ρ0c
On reconnaît un filtrage passe-bas de fréquence de coupure fc = . Calculons
πρe
l’épaisseur d’une paroi en béton cellulaire de masse volumique ρ = 400 kg ⋅ m-3 per-
mettant d’obtenir une atténuation d’au moins 40 dB au-dessus de f = 200 Hz :
f2 f 100ρ0c
TdB = 10log(T ) ≤ 40 ⇔ T ≤ 10 −4 ⇔ 1 + 2
≥ 104 ⇔ fc ≤ , soit e ≥ = 16 cm ,
fc 100 πρf
valeur très inférieure à λ = c / f ≃ 1,7 m . Néanmoins, pour des fréquences plus
grandes, le modèle d’une paroi rigide en translation n’est plus adapté : les ondes se
propagent dans la paroi dont les différents points ne vibrent pas en phase. Le caractère
passe-bas du filtrage réalisé est cependant bien vérifié : il est beaucoup plus facile
d’atténuer les sons aigus que les sons graves. Pour ces derniers, une réduction active
obtenue en générant des sons annulant le bruit selon le principe des interférences
destructives peut être très efficace.
770
Chapitre 5. Interfaces entre deux milieux 771
771
772 Partie VII. Physique des ondes
Bilan de puissance
Écrivons les indices de réfraction et les coefficients de réflexion et de transmis-
sion sous forme trigonométrique : n1 = n1 ei θ1 , n2 = n2 ei θ2 , r = r ei α et t = t e i β . Les
G G
Ei = E0i cos(ωt )ey
champs réels en x = 0 sont G E G et :
B i = n1 0i cos(ωt + θ1)ez
c
G G G G
Er = r E0i cos(ωt + α )ey Et = t E0i cos(ωt + β)ey
G E0i G et G E G .
B r = − n1 r cos(ωt + α + θ1)ez B t = n2 t 0i cos(ωt + β + θ2 )ez
c c
Le vecteur de Poynting dans le milieu (1) vaut à l’interface :
G G G G G G
G E1 ∧ B1 (Ei + Er ) ∧ (Bi + Br ) G G G G G G
SP1 = = . Comme E1 = E2 et B1 = B2 , on a SP1 = SP2 . La
µ0 µ0
conservation de l’énergie dans le cas le plus général consiste à écrire que la puissance
surfacique est la même du côté (1) que du côté (2) de l’interface. En effet, cette inter-
face immatérielle n’absorbe aucune énergie.
En revanche, comme on l’a déjà remarqué, la puissance surfacique dans le
milieu (1) n’est pas nécessairement égale à la somme des puissances surfaciques
incidente et réfléchie, car le vecteur de Poynting n’est pas une fonction linéaire du
champ électromagnétique :
G G G G G G G G G G
G E1 ∧ B1 Ei ∧ Bi Er ∧ B r Ei ∧ Br + Er ∧ Bi
SP1 = = + + .
µ0 µ0 µ0 µ0
G G
SPi SPr terme d'interférences
C’est le cas dans tous les exemples traités dans cet ouvrage.
Pour une onde provenant d’un milieu diélectrique non absorbant (1), on a, à
772
Chapitre 5. Interfaces entre deux milieux 773
ω2 − ωp2
— Si ω > ωp , k2 = n2 = 1 − (ωp / ω)2 est réel et inférieur à 1.
c
1 − n2
r = 1 + n > 0
2
On a donc .
τ = 2
>0
1 + n2
On repasse en réel pour effectuer un bilan de puissance à l’aide des vecteurs
de Poynting :
G E 2 G G G E 2 G G G E 2 G G
SPi = 0i ex = Iiex , SPr = −r 2 0i ex = −Ir ex et SPt = n2 τ2 0i ex = It ex .
2µ0c 2µ0c 2µ0c
On a donc pour les coefficients de réflexion et de transmission en puissance :
2
Ir 1 − n2 It 4n2
R= = r2 = 2
et T = = n2 τ = . On vérifie que R + T = 1 puisque le
Ii 1 + n2 Ii (1 + n2 )2
milieu (1) est non absorbant.
2
1 − 1 − (ω / ω)2
Le coefficient de réflexion R = dépend de la pulsation, il est
p
1 + 1 − (ωp / ω)2
égal à 1 pour ω = ωp , et tend vers 0 quand ω → ∞ (le plasma se comportant alors
comme du vide, l’onde est entièrement transmise).
ωp2 − ω2
— Si ω ≤ ωp , k2 = −i .
c
On en déduit n2 = −i (ωp / ω)2 − 1 = −i n2 , imaginaire pur.
773
774 Partie VII. Physique des ondes
1 + i n2
r = = ei α
1 − i n2
On a donc . Le coefficient de réflexion est de module 1.
τ = 2
= τ eiβ
1 − i n2
Les champs réfléchis et transmis s’écrivent donc ainsi :
G G G G
Er = E0iei ( ωt + k1x +α )ey Et = τ E0iei ( ωt − k2 x +β )ey
G E i ( ωt + k1x +α ) G et G E i ( ωt − k2 x +β−π /2) G .
B r = − 0i e ez B t = n2 τ 0i e ez
c c
On repasse en réel et on obtient :
G E 2 G G G E 2 G G G G
SPi = 0i ex = Iiex , SPr = − 0i ex = −Ir ex et SPt = 0 I t = 0 car B z t et E y t
2µ0c 2µ0c
sont en quadrature de phase.
Nous avons vu que cette propriété est utilisée pour communiquer sur Terre à
grande distance en utilisant la réflexion totale sur l’ionosphère pour des ondes de
basse fréquence.
774
Chapitre 5. Interfaces entre deux milieux 775
1 − n2 X − 1+ i iα
r = 1 + n r = X + 1 − i = r e
2
On en déduit .
τ = 2 τ = 2 X = τ e i β
1 + n2 X + 1− i
Les champs réfléchis et transmis s’écrivent donc ainsi :
� �
� � E t = τ E0ie i ( ωt − k2 x +β)ey
Er = r E0ie i ( ωt + k1x +α )
ey
� E0i i ( ωt − k2 x +β−π / 4) �
� r E0i i ( ωt + k1x +α ) � et B t = n2 τ c e ez .
B r = − e ez
c E 2 i ( ωt − k2 x +β−π / 4) �
= τ 0i e ez
cX
On repasse en réel pour effectuer un bilan de puissance à l’interface en x = 0
à l’aide des vecteurs de Poynting :
� E 2 � �
SPi = 0i ex = Iiex .
2µ0c
2 2 2
� r E0i2 � � r E0i2 � r E0i2
SPr = − cos2 ( ωt + k1x + α ) ex SPr = − ex Ir = .
µ0c 2µ0c 2µ0c
2 2x
� τ E0i2 2 − δ 2x π π �
SPt =
2µ0 cX
e cos 2ωt − δ + 2β − 2 + cos 4 ex
2 2x 2
� τ E0i2 1 − δ � τ E0i2 1
SPt = e ex I t = en x = 0 .
2µ0c X 2µ0c X
Les coefficients de réflexion et transmission en puissance valent :
2
2 ( X − 1)2 + 1 τ 4X
R= r = et T = = .
2
( X + 1) + 1 X ( X + 1)2 + 1
On vérifie qu’on a bien R + T = 1 puisque le milieu (1) est non absorbant.
1 2ω
On a X = ≃ 1,4 ⋅ 10−9 f pour le cuivre.
c µ0 γ
L’étude de la fonction R(X) montre qu’elle tend vers 1 pour X → 0 et X → ∞ ,
et qu’elle passe par un minimum Rmin = 3 − 2 2 ≃ 0,17 pour X = 2 . Pour cette va-
leur, f ≃ 1018 Hz . Pour f = 1012 Hz , on a pour du cuivre X ≃ 1,4 ⋅ 10 −3 : R vaut encore
0,997.
À de plus hautes fréquences, la conductivité devient complexe :
775
776 Partie VII. Physique des ondes
2 π
transmis à l’interface est Bt ( x = 0, t ) = τ E0 cos ωt + β − en notant E0i = E0 .
cX 4
2
G τ E02 G G E0 2 4 G
On a donc FL = 2 2
S e x soit FL = 2 2
S ex .
2µ0c X 2µ0c ( X + 1) + 1
G E 2 G
Pour un conducteur parfait, γ → ∞ δ → 0 X → 0 , et FL = 0 2 S ex .
µ0c
G G
La pression de radiation p est définie par FL = p S ex . On a donc ici :
E0 2
p = 2
= ε 0 E0 2 .
µ0c
On retrouve ainsi l’expression de la pression moyenne de radiation dans le cas
de la réflexion normale d’une onde électromagnétique sur un conducteur parfait, obte-
nue dans le chapitre sur les ondes électromagnétiques dans le vide à l’aide d’un bilan
photonique.
3.4 Onde en incidence oblique sur l’interface entre deux milieux linéaires
d’indices réels / Lois de Snell-Descartes
On s’intéresse ici à la réflexion et la transmission d’une O.P.P.H provenant du
milieu (1), en incidence oblique sous l’angle θi ∈ [0, π / 2] sur l’interface entre le milieu
(1) et le milieu (2). L’interface est située dans le plan x = 0 .
776
Chapitre 5. Interfaces entre deux milieux 777
ω ω
G
L’onde réfléchie a pour vecteur d’onde kr et s’écrit :
G G G G
E = E ei ( ωt − kr ⋅r )
r G
0r
G
G G G .
kr ∧ Er kr ∧ E0r i ( ωt − kG ⋅rG )
B r = = e r
ω ω
G
L’onde transmise a pour vecteur d’onde kt et s’écrit :
G G G G
E = E ei ( ωt − k t ⋅r )
t 0t
G G G G .
G k t ∧ E t k t ∧ E0t i ( ωt − kG ⋅rG )
B t = = e t
ω ω
Supposons qu’il y ait continuité du champ électromagnétique à l’interface entre
les deux milieux :
G G G G G
E1 = E2 Ei + Er = Et
G G G G G , en x = 0 à tout instant, ∀y , ∀z .
B1 = B2 B i + B r = B t
G G G
Les projections selon ex , ey ou ez de ces relations sont toutes de la même
G G G G G G
G → G G
forme : αie −iki ⋅r + αr e − ikr ⋅r = α te −ikt ⋅r , avec r = OM = yey + zez , soit :
−i ( k y iy + kz iz ) −i ( k y r y + kz r z ) −i ( k y t y + kz t z )
αie + αr e = α te ∀y , ∀z .
Elles ne peuvent être vérifiées pour toute valeur de z que si :
kz t = k zr = k zi = 0 : l’onde réfléchie et l’onde transmise se trouvent dans le plan d’inci-
dence. C’est la première loi de Snell-Descartes.
Elles ne peuvent être vérifiées pour toute valeur de y que si :
k1 sin θi = k1 sin θr k1 = n1ω / c
ky t = ky r = ky i , avec .
k1 sin θi = k2 sin θt k2 = n2ω / c
777
778 Partie VII. Physique des ondes
G G G
Les vecteurs d’onde ki , kr et kt ont donc en définitive les mêmes composantes
tangentielles au dioptre.
778
Chapitre 5. Interfaces entre deux milieux 779
(1) et (2) mises au carré donne n12 = n22 . Les milieux ayant des indices de réfraction
différents, r⊥ ne s’annule pas.
— r/ / = 0 ⇔ n1 cos θt = n2 cos θi (1) , or n1 sin θi = n2 sin θt (2) . Le rapport (2)/(1) fournit
sin θi cos θi = sin θt cos θt ⇔ sin(2θi ) = sin(2θt ) . La solution θi = θt ne vérifie pas la loi
π
de Snell-Descartes n1 sin θi = n2 sin θt . L’autre solution est 2θt = π − 2θi ⇔ θt = − θi ,
2
qui donne n1 sin θi = n2 cos θi , en reportant dans n1 sin θi = n2 sin θt .
779
780 Partie VII. Physique des ondes
n
r/ / s’annule pour l’incidence de Brewster θi = θB = arctan 2 . Il n’y a pas
n1
d’onde réfléchie pour cette incidence quand l’onde incidente est polarisée dans le plan
d’incidence.
Une onde incidente polarisée de façon quelconque donnera sous l’incidence de
Brewster une onde réfléchie polarisée rectilignement dans une direction orthogonale
au plan d’incidence. L’onde transmise l’est sous l’angle θt = π / 2 − θi .
780
Chapitre 5. Interfaces entre deux milieux 781
� ω2 ω2
La relation de dispersion dans l’air est k t 2 = 2 , soit k xt 2 + k yt 2 = 2 , avec :
c c
ω ω2
sin θi . On a donc k xt 2 = 2 1 − n12 sin2 θi < 0 car n1 sin θi > 1.
k y t = k y i = n1
c c
ω
La composante k xt est donc imaginaire pure, k xt = ±i n12 sin2 θi − 1 . L’onde
c
dans l’air s’éloignant du dioptre, la solution physique (onde évanescente : d’amplitude
ω
décroissante) correspond à k xt = −i n12 sin2 θi − 1 :
c
� � i ( ωt − k ⋅ x − k ⋅ y ) � − ω x ω
n12 sin2 θi −1 i ( ωt − n1 y sin θi ) � − x i ( ωt − n1 ω y sin θi )
Et = E0t e xt yt
= E0t e c e c = E0t e δ e c .
�
L’onde dans l’air se propage selon ey , donc tangentiellement au dioptre. Elle
λ
n’est pas nulle mais décroit sur une distance caractéristique δ = , où
2π n12 sin2 θi −1
λ = 2πc / ω est la longueur d’onde dans le vide. δ est infinie pour θi = θlim (une onde
λ λ
est alors transmise), puis décroît jusqu’à δmin = ≃ pour θi = π / 2 .
2π n12 −1 7
L’amplitude de l’onde transmise dans l’air est négligeable pour des objets éloi-
gnés du dioptre d’une distance très supérieure à δ, et la solution trouvée reste valable.
Si en revanche on rapproche un objet du dioptre à une distance de l’ordre de δ, l’am-
plitude de l’onde transmise est suffisante pour que l’objet réfléchisse, diffuse ou trans-
mette selon les cas. La réflexion interne est alors frustrée. Le coefficient de réflexion
énergétique n’est plus égal à 1.
Ce phénomène est analogue à l’effet tunnel que nous étudierons dans le cha-
pitre sur l’approche ondulatoire de la mécanique quantique. Cet effet se produit dans
le cas où une particule « classique » ne pourrait pas franchir une barrière de potentiel
781
782 Partie VII. Physique des ondes
car elle n’a pas l’énergie nécessaire. Si l’épaisseur de la barrière devient suffisamment
faible, la probabilité pour la particule « quantique » de franchir la barrière n’est plus
nulle.
On a, grâce à la réflexion totale frustrée, possibilité de réaliser des images très
contrastées d’objets placés dans l’air au voisinage du dioptre. C’est une technique de
microscopie.
On l’utilise de la même façon pour la détection d’empreintes digitales. Pour cela,
un faisceau laser de longueur d’onde λ = 632,8 nm illumine un prisme dans les con-
ditions de réflexion totale : θi , voisin de 45°, est supérieur à θlim = 41,8° . Dans ces
λ
conditions, δ = = 285 nm .
2π n12 sin2 θi −1
Si on ne pose pas l’index sur le prisme, une caméra numérique située en sortie
de l’appareil visualise une zone d’éclairement uniforme. En présence de l’index, la ca-
méra fait apparaître les empreintes digitales. En effet, la réflexion totale n’est frustrée
qu’au niveau des crêtes de la peau de l’index. Celles-ci diffusent la lumière qu’elles
reçoivent et une partie de la lumière diffusée est captée par la caméra. La profondeur
des creux est trop importante pour que la lumière les atteigne, et la réflexion reste
totale au niveau des creux, d’où une image très contrastée.
782
783
INTRODUCTION À LA PHYSIQUE
DU LASER
1. PRINCIPE DU LASER : ÉMISSION STIMULÉE
1.1 Coefficients d’Einstein
Considérons un système fermé constitué de N atomes identiques indépendants.
Nous supposons que les atomes ne peuvent exister que dans deux états (1) et (2)
d’énergies respectives E1 et E2 > E1.
On note N1 et N2 le nombre d’atomes, ou « population », du système étudié,
respectivement dans les états d’énergie E1 et E2 .
Étudions les transitions entre ces deux niveaux d’énergie atomique.
Il peut arriver que la transition soit non radiative : sans émission ou absorption
de lumière. Dans ce cas, l’énergie E2 − E1 est transformée en énergie cinétique lors
d’un choc pour la désexcitation, ou bien au contraire un choc fournit l’énergie E2 − E1
nécessaire pour l’excitation. Dans le cas de l’émission de la lumière par un laser, les
transitions entre les deux niveaux d’énergie E1 et E2 sont essentiellement radiatives :
la désexcitation, ou l’excitation, s’accompagne de l’émission, ou de l’absorption, d’un
photon d’énergie hν0 = E2 − E1 .
Émission spontanée
783
784 Partie VII. Physique des ondes
dt
cet état. On a donc dP = , avec τ = Cte , homogène à une durée.
τ
Les ondes électromagnétiques associées aux différents photons émis lors de
telles désexcitations spontanées possèdent des directions et des polarisations aléa-
toires.
Pour une grande population N2 , on aurait donc, si seul ce phénomène de dé-
dt
sexcitation spontanée intervenait, un nombre de désexcitations N2 pendant dt,
τ
d N2 N 1
d’où = − 2 = − A21 N2 . On introduit ici le coefficient d’Einstein A21 = ( s-1 ).
dt τ τ
La décroissance de la population serait alors exponentielle :
t
−
N2 (t ) = N2 (t = 0) e τ = N2 (t = 0) e − A21⋅t , de constante de temps τ.
En réalité, du fait des relations de Heisenberg, le spectre d’émission ou d’ab-
sorption de l’atome à deux niveaux est une raie de largeur finie (non nulle) : la fré-
E − E1
quence des photons émis est répartie continûment autour de ν0 = 2 , et on de-
h
vrait écrire que, pendant dt, la probabilité de désexcitation spontanée avec émission
dν dν
d’un photon dans l’intervalle spectral ν − ,ν + est d2 P = A21
′ (ν )dt dν , avec
2 2
′ une fonction qui présente un pic pour ν = ν0 .
A21
Émission stimulée
Un photon incident d’énergie hν 0 = E2 − E1 (photon résonant) peut provoquer
la désexcitation de l’atome de l’état d’énergie E2 vers l’état d’énergie E1 < E2 , avec
émission d’un second photon d’énergie hν 0 = E2 − E1 , « clone » du photon incident
(ces deux photons ont mêmes direction et sens, leurs ondes électromagnétiques as-
sociées sont en phase et sont dans le même état de polarisation).
784
Chapitre 6. Introduction à la physique du laser 785
Absorption
785
786 Partie VII. Physique des ondes
8πhν03 8πhν03
A21 − B21 + eβhν0 B12 − A21 = 0 ∀T , donc ∀β .
c3 c 3
B12 = B21
8πhν 03 8πhν 03
On en déduit A21 = B12 = B21 : 8πhν03 .
c3 c3 A21 = B21
c3
1.3 Bilan de puissance pour un système à deux niveaux soumis à une onde
électromagnétique plane
On se place en régime stationnaire. L’onde se propage dans le sens des z crois-
sants et traverse un milieu homogène à deux états d’énergie E1 et E2 peuplés avec
des densités atomiques uniformes n1∗ et n2∗ (nombre d’atomes par unité de volume).
Dans le modèle discret utilisé, l’onde n’interagit avec le milieu que si sa fré-
quence est ν = ν0 . On se place dans ce cas et on note I ( z ) son intensité (c’est la va-
leur moyenne de la norme du vecteur de Poynting). Le milieu est un cylindre d’axe Oz,
de longueur L et de section S .
786
Chapitre 6. Introduction à la physique du laser 787
dI
δ2U r = I ( z ) S dt − I ( z + dz ) S dt = −
S dt dz .
dz
L’énergie produite (algébrique) est due à l’émission stimulée (comptée positi-
vement car elle produit des photons d’énergie hν0 , et à l’absorption (comptée négati-
vement : les photons d’énergie hν0 sont absorbés). D’après l’étude du 1.2, en valeur
absolue, ces énergies valent respectivement :
— hν 0 B21 uν (ν0 , z )dN2dt , avec dN2 = n2∗ S dz .
— hν0 B12 uν (ν0 , z )dN1dt , avec dN1 = n1∗ S dz .
dI
Comme B12 = B21 , on a − + hν0 B21 uν (ν0 , z ) ⋅ (n2∗ − n1∗ ) = 0 .
dz
L’intensité I ( z ) de l’onde de fréquence ν 0 est liée à la densité volumique
d’énergie spectrale uν (ν0 , z ) . Cependant, comme la première correspond à une distri-
bution discrète en fréquence, et la seconde à une description continue, on doit, pour
faire le lien, raisonner sur l’intensité spectrale Iν (ν0 , z )
définie par dI = Iν ( ν, z )dν , où dI est l’intensité de
dν dν
l’onde pour l’intervalle spectral ν − ,ν + . Dans
2 2
cet intervalle, l’énergie δ2U = S Iν (ν, z ) ⋅ dt dν qui traverse pendant dt une portion de
surface S d’un plan z = Cte se trouve dans un cylindre de section S et de longueur
cU (ν )dt , où cU (ν ) est la vitesse de propagation de l’énergie dans le milieu, à la fré-
787
788 Partie VII. Physique des ondes
eβhν0 − 1
n1∗ − n2∗ = n2∗ eβhν0 − 1 = n∗ β hν 0
. En prenant le logarithme décimal de (∗) , on
1 + e
I (ν , z = 0)
obtient A = log ν 0 ∗
= ε(ν0 ,T ) ⋅ n ℓ . On reconnaît la loi de Beer-Lambert ré-
I (
ν 0 ν , z = ℓ )
gissant l’absorbance A d’une longueur ℓ d’une solution de l’espèce absorbante de den-
Dans le cas où n2∗ > n1∗ , l’intensité croît exponentiellement avec z lors de la
788
Chapitre 6. Introduction à la physique du laser 789
apportée au système (soit par un flash lumineux, soit par une décharge électrique sous
quelques kV) afin d’amener un grand nombre d’atomes dans l’état (2). Le milieu am-
plificateur est actif (il est alimenté en énergie, comme un circuit électronique actif).
En réalité, un pompage direct de (1) vers (2) permet au maximum d’obtenir la
même population d’atomes dans les deux états. Un troisième état (3) excité est néces-
saire…
Par exemple, pour le laser à gaz Hélium-Néon, l’émission dans le visible, à la
longueur d’onde λ0 = 632,8 nm , fait intervenir l’état fondamental (0) et un état métas-
table (3) de l’Hélium. Le pompage de (0) à (3) est réalisé grâce à des décharges élec-
triques. Les atomes d’Hélium cèdent de l’énergie par chocs aux atomes de Néon, ce
qui permet à ces derniers de passer de leur état fondamental à l’état métastable (2)
car la différence d’énergie entre ces deux états est très proche de E3 − E0 , pendant
que les atomes d’Hélium se désexcitent et reviennent dans leur état fondamental, sans
émettre de photon.
L’inversion de population entre les états (1) et (2) du Néon est alors réalisée.
L’émission stimulée fait finalement passer les atomes de Néon de (2) vers (1). La dé-
sexcitation de l’état (1) vers l’état fondamental se fait alors rapidement.
789
790 Partie VII. Physique des ondes
Résonateur optique
Le milieu actif est placé dans un résonateur optique, ou cavité optique, constitué
d’un miroir M1 et d’un miroir semi-réfléchissant M2 .
Les réflexions multiples des photons sur les miroirs M1 et M2 permettent d’ob-
tenir les désexcitations stimulées en cascade. L’onde est amplifiée, ce qui permet de
compenser l’énergie qui sort du laser par M2 , une fois le régime stationnaire atteint.
Le faisceau sortant est rectiligne (onde quasi-plane), quasi-monochromatique,
intense et cohérent (les photons émis sont en phase avec les photons résonants).
790
Chapitre 6. Introduction à la physique du laser 791
Une telle cavité peut être multimodale, les différents modes étant déclenchées
aléatoirement par l’émission d’un photon résonant. On peut, pour des applications né-
cessitant une très grande cohérence temporelle, ne sélectionner qu’un mode en rédui-
c
sant la taille de la cavité (l’écart νn +1 − ν n = augmente) ; ou en diminuant le coeffi-
2L
cient de réflexion sur M2 (on peut alors n’avoir qu’un seul mode tel que µ(ν )β(ν ) ≥ 1).
Cependant, ces deux solutions se font au détriment de la puissance délivrée. On pré-
fère souvent introduire un filtre interférentiel très sélectif dans la cavité.
Pour les lasers Hélium-Néon souvent utilisés en T.P, la bande de fréquences
telles que µ(ν )β(ν ) ≥ 1 est du même ordre de grandeur que la largeur ∆ν à mi-hauteur
de la raie d’émission de longueur d’onde λ0 = 632,8 nm (lumière rouge), soit quelques
GHz. On peut retrouver ce résultat en ordre de grandeur sachant que l’élargissement
de la raie d’émission est principalement dû à l’effet Doppler. Les atomes de néon, de
masse molaire M = 20,2 g ⋅ mol-1 , qui émettent à la fréquence ν0 dans leur référentiel
RT
propre, ont une vitesse thermique v th = . S’ils se dirigent vers l’observateur, ce-
M
lui-ci reçoit un rayonnement de fréquence ν0 (1 + v th / c ) ; s’ils s’en éloignent, c’est la
fréquence ν0 (1 − v th / c ) qui est perçue. On a donc :
v th 2 RT
∆ν ≃ 2ν 0 = = 1,1 GHz à T = 300 K .
c λ0 M
Comme la célérité c de la lumière dans le milieu gazeux est proche de celle du
c
vide, on a, pour une cavité de longueur L = 15 cm , un écart = 1 GHz entre deux
2L
fréquences propres : ces lasers sont multimodes, mais il y a très peu de modes propres
stables.
La largeur spectrale, qui est donc de l’ordre de ∆ν = 1 GHz , correspond à
∆ν c
≃ 2 ⋅ 10 −6 , soit une longueur de cohérence ℓ c = ≃ 30 cm .
ν0 ∆ν
791
792 Partie VII. Physique des ondes
Pour un laser monomode, la largeur spectrale est celle d’un pic, qui peut être
très faible, par exemple de l’ordre du 10 MHz. La longueur de cohérence est alors de
30 m…
Il existe de nombreux types de lasers utilisant divers milieux amplificateurs (gaz,
solides comme le laser à rubis, liquides comme les lasers à colorants, semi-conduc-
teurs…), et diverses techniques de pompage (décharges électriques, flashs optiques,
réactions chimiques, utilisation d’un autre laser…).
Les lasers peuvent émettre continûment. Ils sont alors utilisés pour leurs pro-
priétés de cohérence temporelle, comme le laser He-Ne des laboratoires de lycées. Ils
ont de nombreuses applications en optique (mesures très précises de distances, de
vitesses, lecture optique de CD et DVD, de codes-barres, holographie…).
Les lasers peuvent aussi émettre des impulsions. On recherche alors de
grandes puissances crêtes permettant la découpe d’objets, la chirurgie laser de l’œil,
la fusion par confinement inertiel (laser mégajoule…).
792
Chapitre 6. Introduction à la physique du laser 793
2r 2 2
−
w 2(z) z
I ( r , z ) = I0 ( z ) e , où w ( z ) = w 0 1 + . w 0 est appelé le waist (mot anglais
zR
πw 02
pour « col ») du faisceau, et zR = la longueur de Rayleigh du faisceau.
λ
πI0 ( z )w 2 ( z )
P (z ) = . Cette puissance se conserve lors de la propagation du faisceau :
2
P ( z ) = Cte , donc I0 ( z )w 2 ( z ) = I0 ( z = 0) w 02 .
� ��� �
Imax
2
w
I0 ( z ) = Imax 0 , relation qui traduit la conservation de la puissance du faisceau.
w (z)
z ֏ I0 ( z ) est, comme z ֏ w ( z ) , paire.
793
794 Partie VII. Physique des ondes
2 2
w z
La taille w(z) du faisceau obéit à − = 1 qui est l’équation d’une hy-
w 0 zR
w0z
perbole d’asymptotes w = ± .
zR
La longueur de Rayleigh correspond donc à l’abscisse du point d’ordonnée w 0
w0z
sur l’asymptote w = .
zR
— Pour z >> zR le faisceau est conique : il diverge à partir du point O avec un petit
w0
angle θ ≃ tan θ = . L’onde est pratiquement une onde sphérique divergente, mais
zR
dont la puissance est presque entièrement contenue dans le cône de sommet O et de
demi-angle au sommet θ.
πw 02 λ
Comme zR = on a θ ≃ : c’est le même ordre de grandeur que celui
λ πw 0
de l’angle de diffraction d’une onde plane de longueur d’onde λ par une ouverture
circulaire de rayon w 0 : plus le col est étroit, plus le faisceau est diffracté.
— Pour z << zR , le faisceau est cylindrique de section circulaire dont le rayon vaut le
waist w 0 . L’onde est pratiquement une onde plane, mais d’extension limitée.
Donnons des ordres de grandeur pour le laser He-Ne pour lequel la longueur
d’onde est λ = λ 0 = 632,8 nm : le waist est typiquement de l’ordre de 0,5 mm, donc la
πw 02
longueur de Rayleigh vaut zR = ≃ 1,2 m .
λ
w
Un tel laser diverge peu puisque θ ≃ 0 = 4 ⋅ 10−4 rad : pour z = 10 m la taille
zR
w du faisceau n’est encore que de 4 mm.
794
Chapitre 6. Introduction à la physique du laser 795
795
796 Partie VII. Physique des ondes
λ λ
θ′ ≃ est du même ordre de grandeur que l’angle θ′ ≃ caractéristique
πw 0′ 2R
de la diffraction d’une onde plane par un trou circulaire de rayon R. La diffraction est
une propriété inhérente aux ondes et intervient dès qu’elles sont limitées spatialement.
Ici c’est le cas parce que le faisceau incident n’est pas homogène mais gaus-
sien, donc que son énergie est essentiellement concentrée dans un cylindre de rayon
w 0 inférieur au rayon R de la lentille. Si au contraire R était inférieur à w 0 , c’est la
lentille qui serait la cause de la limitation spatiale du faisceau, et la tache de diffraction
λf ′
aurait dans le plan focal un rayon θ′f ′ ≃ .
2R
Dans tous les cas, l’ordre de grandeur de la taille minimale du faisceau émer-
λf ′
gent est où D = 2R est le diamètre d’ouverture de la lentille. On pourrait penser
D
améliorer la focalisation en augmentant D mais alors ce sont les aberrations géomé-
triques de la lentille qui deviennent limitantes (on parle d’aberration transversale : les
rayons émergents qui sont passés près du bord de la lentille coupent l’axe focal en un
point située avant F ′ ). D ne peut pas être beaucoup plus grand que f ′ (la valeur mi-
f′
nimale du nombre d’ouverture de la lentille, défini par N = , est de l’ordre de 1).
D
796
Chapitre 6. Introduction à la physique du laser 797
797
798 Partie VII. Physique des ondes
798
Chapitre 6. Introduction à la physique du laser 799
� � �
unitaire ei (u,v ,w ) du rayon incident ; le vecteur e′(u,v , −w ) symétrique de ei par rap-
port au plan z = 0 est donc le vecteur unitaire du rayon réfléchi par la première face.
�
De même e′′( −u,v , −w ) est le vecteur unitaire du rayon réfléchi par la deuxième face
� �
(symétrique de e′ par rapport au plan x = 0 ), et er ( −u, −v , −w ) le vecteur unitaire du
rayon qui ressort du réflecteur après la réflexion sur la troisième face (symétrique de
�
e′′ par rapport au plan y = 0 ).
Le rayon ressort donc bien du cube réflecteur avec une direction opposée à la
direction incidente.
Le laser de l’observatoire de la côte
d’azur envoie des impulsions de 400 ps,
d’énergie E = 300 mJ à la longueur
d’onde 532 nm (couleur verte).
Pour diminuer l’angle de diver-
gence, on utilise un élargisseur de fais-
ceau qui permet d’obtenir un waist de 7 cm
donc un angle de divergence :
532 ⋅ 10−9
≃ 2,4 ⋅ 10−6 rad ≃ 0,5'' .
π × 7 ⋅ 10 −2
Malheureusement, les inhomogé-
néités de l’atmosphère dues à la turbu-
lence augmentent cet angle, qui varie avec les conditions météorologiques. Un bon
ordre de grandeur est θ ≃ 2,5'' , soit 5 fois la divergence en sortie du télescope.
La tache de ce faisceau laser sur surface de la Lune, située à 384 000 km de
celle de la Terre, a donc pour rayon 5 × 2,4 ⋅ 10 −6 × 3,84 ⋅ 108 ≃ 4,6 km .
Le nombre de photons envoyés par impulsion vaut :
E λ 300 ⋅ 10−3 × 532 ⋅ 10−9
N= = ≃ 8 ⋅ 1017 . La fraction de ces photons qui tombent sur
hc 6,63 ⋅ 10−34 × 3 ⋅ 108
les cubes correspond au rapport de la surface sous laquelle sont vus les rétro-réflec-
teurs (panneau de 300 réflecteurs de diamètre d = 3,8 cm soit 0,34 m2 ) et de la sur-
face du spot laser sur la Lune, en supposant bien sûr qu’on vise bien l’un des 5 sites,
N′ 0,34
et que la tache est homogène : = ≃ 5 ⋅ 10 −9 .
N π × (4,6 ⋅ 103 )2
En réalité, les réflecteurs diffractent le faisceau incident d’un angle dont l’ordre
λ
de grandeur est θ′ ≃ ≃ 1,4 ⋅ 10−5 rad ≃ 2,9'' , ce qui donne une tache sur la Terre de
d
rayon 1,4 ⋅ 10 −5 × 3,84 ⋅ 108 ≃ 5,4 km .
Le télescope, de rayon 75 cm , ne récupère qu’une fraction :
2
N ′′ 0,75 −8
= ≃ 2 ⋅ 10 de ces photons.
N ′ 5,4 ⋅ 103
799
800 Partie VII. Physique des ondes
800
801
RÉVISIONS ET COMPLÉMENTS :
INTRODUCTION À LA
MÉCANIQUE QUANTIQUE
1. LA NAISSANCE DE LA MÉCANIQUE QUANTIQUE
1.1 Les insuffisances des théories classiques
À la fin du xixe siècle, les succès de la mécanique newtonienne, de la thermo-
dynamique et de l’électromagnétisme étaient si éclatants que certains physiciens pen-
saient que toutes les grandes théories de la Physique avaient été élaborées. Pourtant,
Lord Kelvin, qui faisait le bilan des découvertes du xixe siècle lors d’une conférence à
la Royal Institution le 27 avril 1900, compara l’état des connaissances en Physique à
un ciel dans lequel subsistaient deux nuages.
L’un de ces nuages était l’expérience de Michelson et Morley, dont les résultats
étaient incompatibles avec le changement de référentiel galiléen classique (tout
comme les équations de Maxwell). Einstein introduira en 1905 une nouvelle théorie,
celle de la relativité restreinte, qui rendra compte des résultats de cette expérience.
Le deuxième nuage concernait le théorème d’équipartition de l’énergie. Ce
théorème, appliqué au corps noir dans le cadre de la théorie classique du rayonne-
2πckBT
ment, donnait la loi de Rayleigh-Jeans : F (λ,T ) = pour le flux surfacique spec-
λ4
tral d’équilibre. Cette expression était vérifiée expérimentalement pour les grandes lon-
gueurs d’onde, mais pas pour les petites où elle tend vers l’infini (« catastrophe ultra-
violette »), ce qui implique que le corps noir rayonne une puissance infinie ! D’autres
phénomènes observés à l’époque, comme l’effet photoélectrique ou les spectres de
raies émis par les atomes venaient grossir ce deuxième nuage.
Les deux nuages décrits par Lord Kelvin se transformèrent en deux tempêtes,
l’une relativiste et l’autre quantique.
801
802 Partie VII. Physique des ondes
Les théories classiques n’expliquant pas cet effet, Einstein alla plus loin que
Planck en supposant en 1905 que c’est la lumière elle-même (plus généralement les
ondes électromagnétiques) qui est quantifiée : elle est constituée de quanta (que l’on
appellera photons plus tard) d’énergie E = hν (relation de Planck-Einstein). Il expliqua
ainsi l’effet photoélectrique.
802
Chapitre 7. Révisions et compléments : introduction à la mécanique quantique 803
photon est supérieure à W et le surplus est l’énergie cinétique avec laquelle l’électron
1
est émis à la cathode : Ecc = mv c 2 = hν − W = h( ν − νlim ) . L’énergie mécanique des
2
électrons se conserve entre la cathode et l’anode, et comme la seule force s’exerçant
sur un électron de masse m est la force électrique qui dérive de l’énergie potentielle
1 1
−eV , on a, si les électrons atteignent l’anode : mv a2 − eU = mv c 2 = h( ν − νlim ) .
2 2
Dans ce cas, l’énergie h( ν − νlim ) + eU est positive. Puisque ν ≥ νlim , c’est le cas si
U ≥ 0.
En revanche, si on impose une tension U < 0 , on ne détecte un courant, pour ν
h
fixée, que si h( ν − νlim ) + eU ≥ 0 ⇔ U ≥ U0 = − ( ν − νlim ) . Plus la fréquence est éle-
e
vée, plus il faut une tension négative
pour empêcher les électrons de par-
venir à l’anode. En traçant la courbe
représentant −U0 en fonction de ν,
Millikan a bien obtenu une droite de
h
pente = 4,12 ⋅ 10 −15 V ⋅ s , qui lui
e
donna pour valeur de la constante
de Planck : h = 6,56 ⋅ 10 −34 J ⋅ s .
Effet Compton
Dans la théorie de la relativité restreinte qu’a élaborée Einstein en 1905, la vi-
tesse de la lumière c est indépendante du référentiel. Einstein a montré qu’une parti-
cule libre (isolée) de masse m, animée d’une vitesse de norme v par rapport au réfé-
rentiel du laboratoire R , possède une énergie E = γmc 2 et une quantité de mouve-
G G v2 c
ment p = γmv dans ce même référentiel, où γ = 1/ 1 − 2 = .
c c −v2 2
Pour une particule non relativiste (v << c ), on trouve, à l’aide d’un développe-
v v2 1 � �
ment limité en 0 à l’ordre 2 en : γ = 1 + 2 , d’où E ≃ mc 2 + mv 2 et p ≃ mv . Ce
c 2c 2
sont les expressions classiques, sauf que l’énergie n’est égale à l’énergie cinétique
qu’à une constante près, le terme E0 = mc 2 appelée énergie au repos de la particule.
Cette fameuse relation montre qu’il y a équivalence masse-énergie : au niveau des
particules élémentaires, la masse peut ne pas se conserver et se transformer en éner-
gie, et vice-versa.
Dans le cas général, E 2 − p2c 2 = γ 2m2c 2 c 2 − v 2 = m 2c 4 . Le terme E 2 − p 2c 2
est donc indépendant du référentiel.
803
804 Partie VII. Physique des ondes
E hν
Dans le cas des photons, de masse nulle, la relation devient p = = , et si
c c
c h
on introduit la longueur d’onde λ = , on a la relation λ = .
ν p
Considérons maintenant le choc élastique d’un photon sur un électron immobile
dans R , le système étant isolé (cas où l’électron est faiblement lié à un noyau ato-
mique). On a alors conservation de la quantité de mouvement du système puisqu’il est
G
isolé, et de son énergie (choc élastique). En notant pe la quantité de mouvement de
G G
l’électron après choc, p et p′ celles du photon avant et après choc, ν et ν′ les fré-
quences du photon avant et après choc, m la masse de l’électron, et enfin E son éner-
G G G
gie après choc, on a p = p′ + pe et hν + mc 2 = hν′ + E (1) . On en déduit :
G G G G G h2
pe = p − p′ pe2 = p 2 + p2 − 2 p ⋅ p′ = 2 ν 2 + ν′2 − 2νν′ cos θ (2) , θ étant l’angle de
c
G G
diffusion du photon, angle entre p′ et p .
De (1) on tire E 2 = (hν − hν′ + mc 2 )2 = pe2c 2 + m2c 4 , soit :
aussi
804
Chapitre 7. Révisions et compléments : introduction à la mécanique quantique 805
805
806 Partie VII. Physique des ondes
806
Chapitre 7. Révisions et compléments : introduction à la mécanique quantique 807
807
808 Partie VII. Physique des ondes
Cette expérience a
été réalisée en 1927 par
Davisson et Germer. La
distance d entre deux
plans réticulaires (plans
définis par trois nœuds du
réseau cristallin et qui
contiennent en consé-
quence un grand nombre
d’atomes) avait été déter-
minée en étudiant la dif-
fraction de rayons X par
un cristal de nickel :
d = 91,0 pm .
Les plans réticulaires ayant des dimensions très grandes devant λ, ils diffractent
les électrons dans une direction très proche de celle prévue par les lois de Descartes
de la réflexion. On note θ l’angle (non orienté) entre le faisceau incident d’électrons et
les plans réticulaires (l’angle d’incidence avec la normale aux plans est donc
i = π / 2 − θ ). D’un plan réticulaire au suivant, les ondes réfléchies sont déphasées. On
808
Chapitre 7. Révisions et compléments : introduction à la mécanique quantique 809
809
810 Partie VII. Physique des ondes
sûr de trouver la particule dans tout l’espace. On dit que la fonction d’onde, également
appelée amplitude de probabilité, doit être normée.
G G 2
À trois dimensions, ρ(r , t ) = ψ(r , t ) , appelée densité (volumique) de probabi-
G
lité, est homogène à l’inverse d’une longueur au cube, donc ψ(r , t ) = L−3/2 .
2
À une dimension, ψ( x, t ) dx est la probabilité de trouver la particule entre
+∞
2
l’abscisse x et l’abscisse x + dx , et ψ( x, t ) dx = 1. On a ψ( x, t ) = L−1/2 .
x =−∞
810
Chapitre 7. Révisions et compléments : introduction à la mécanique quantique 811
2 2
son carré, puis l’écart-type sur la position ∆x = x − x .
Pour un mouvement sur un seul axe Ox, on peut noter p = px pour simplifier.
Pour comprendre la signification physique de cette inégalité, supposons qu’à
2 2
ɶ ( p, t ) . Pour cela, un grand nombre
l’instant t on étudie les distributions ψ( x, t ) et ψ
de particules identiques sont préparées dans le même état. On mesure à la date t la
position pour la moitié de ces particules, l’impulsion pour l’autre moitié. Pour une par-
ticule classique, il existe des incertitudes de mesure, et on observe une variabilité de
la mesure qui donne par exemple pour la position un résultat x0 avec un écart-type
811
812 Partie VII. Physique des ondes
ℏ
τ ⋅ ∆E ≥ , inégalité de Heisenberg reliant la durée caractéristique de l’évolution de la
2
particule et l’écart-type sur son énergie.
Ordres de grandeur
Les écarts-types ∆x , ∆px , ∆E et τ sont définis rigoureusement, mais souvent
on ne s’intéresse qu’à des ordres de grandeur d’une durée caractéristique, de l’indé-
termination sur une position, une quantité de mouvement, une énergie… Si on connaît
l’ordre de grandeur d’une de ses quantités, on peut en déduire celui de la quantité
conjuguée en utilisant des égalités au lieu d’inégalités de Heisenberg, et en prenant
812
Chapitre 7. Révisions et compléments : introduction à la mécanique quantique 813
On peut aussi calculer une action A (produit temps × énergie ou produit lon-
gueur × impulsion) caractéristique de la particule. Si A >> h , la particule est clas-
sique, et sinon elle est quantique.
Par exemple, pour un dispositif qui génère une onde électromagnétique de puis-
sance P à la fréquence ν, l’énergie caractéristique est E = P ⋅ T = P / ν , délivrée pen-
dant la période T = 1/ ν , et le temps caractéristique, cette période T. L’action caracté-
A
ristique est A = E ⋅ T = E / ν . Le problème relève de la Physique classique si >> 1,
h
E
donc si N = >> 1 , or N est le nombre de photons émis par période. Le comporte-
hν
ment quantique n’intervient dans l’expérience des fentes d’Young éclairées par une
lumière monochromatique que si on envoie les photons « un par un ».
813
814 Partie VII. Physique des ondes
Mais que se passe-t-il si l’on envoie les particules une par une sur une double
fente ? Cette expérience est longtemps restée une expérience de pensée, mais elle a
été réalisée en 1976 par Merli et al. puis en 1989 par Tonomura et al. (avec des élec-
trons et un biprisme électrostatique), en 2007 par Vincent Jacques (avec des photons
et un biprisme de Fresnel au lieu d’une double fente), puis en 2013 par Bach et al.
(avec des électrons et une double fente).
Décrivons l’expérience de Bach et al. Des électrons sont émis par un filament
de tungstène chauffé, accélérés sous une différence de potentiel U = 600 V , puis fo-
calisés à l’aide de lentilles électrostatiques afin d’obtenir un faisceau parallèle qui
passe à travers une large fente utilisée comme source du dispositif. Un système de
deux fentes parallèles à la fente source est placé à 30,5 cm de cette dernière. Un
détecteur dont l’ouverture est constituée par une fente de 5 µm de largeur est placé à
une distance D = 240 mm de la double fente. Il peut être déplacé orthogonalement
aux fentes afin de scanner la figure de diffraction selon l’axe Ox.
Un masque placé derrière la double fente peut être positionné afin d’occulter la
fente F1 , la fente F2 , ou les deux.
Les résultats sont con-
formes aux prédictions de la
mécanique quantique : en pré-
sence des deux fentes, l’inten-
sité sur l’axe Ox varie de façon
périodique. L’interfrange expé-
rimental ∆x = 44 µm corres-
λD
pond à la valeur théorique
a
obtenue dans le cours d’op-
tique, où λ est la longueur
d’onde de de Broglie.
814
Chapitre 7. Révisions et compléments : introduction à la mécanique quantique 815
Comme les électrons sont accélérés sous une tension U, ils acquièrent une
p2 h2 h
énergie cinétique Ec = = = eU λ = = 50 pm . On obtient bien
2m 2mλ 2 2meU
∆x = 44 µm .
Si l’une des fentes est occultée, les interférences disparaissent ; on n’observe
que la figure de diffraction. Le faisceau d’électrons se comporte donc comme un fais-
ceau lumineux et possède bien un aspect ondulatoire.
Cette expérience permet également d’envoyer les électrons un par un et d’ob-
server leur impact sur un écran phosphorescent. En présence des deux fentes, on
vérifie bien que les impacts se font de manière aléatoire, mais que peu à peu se forme
la figure d’interférences : les électrons possèdent également un aspect corpusculaire.
815
816 Partie VII. Physique des ondes
— On peut en revanche calculer la probabilité que l’impact se fasse sur une surface
2
d2 S = dxdy autour du point M ( x, y ) : d2 P ∝ ψ( x, t ) d2 S . La probabilité ne dépend
ici que de x car la fente source et les fentes diffractantes sont très étirées selon la
G
direction ey . Lorsqu’on a envoyé un grand nombre N de particules, l’intensité sur
2
l’écran (énergie reçue par unité de surface) d2I ( x, t ) ∝ N ⋅ ψ( x, t ) d2 S est proportion-
nelle au nombre d’impact autour de M. Comme ψ( x, t ) est calculable en résolvant
l’équation de Schrödinger, on peut prévoir le comportement moyen d’un grand nombre
de particules (c’est-à-dire calculer l’intensité sur l’écran).
— Si on note ψ1( x, t ) la fonction d’onde quand seule la fente F1 est ouverte, ψ 2 ( x, t )
quand seule F2 est ouverte, la fonction d’onde lorsque les deux fentes sont ouvertes
s’écrit ψ( x, t ) = C [ ψ1( x, t ) + ψ 2 ( x, t )] , en vertu de la linéarité de l’équation de Schrödin-
ger (la constante C permet de normaliser la fonction d’onde ψ).
La densité de probabilité de présence de la particule autour du point M est donc
2 2
proportionnelle à ψ ⋅ ψ∗ ∝ (ψ1 + ψ 2 ) ⋅ (ψ1∗ + ψ 2∗ ) ∝ ψ1 + ψ 2 + ψ1ψ 2∗ + ψ 2 ⋅ ψ1∗ si les
terme d'interférences
deux fentes sont ouvertes. Ce n’est donc pas la somme des densités de probabilité de
trouver la particule en M quand seule F1 est ouverte et quand seule F2 est ouverte.
Par exemple, pour une seule fente, la probabilité de présence d’une particule est non
nulle en tout point de la tache centrale de diffraction, alors qu’elle s’annule au niveau
des franges noires lorsque les deux fentes sont ouvertes.
Le système se comporte donc comme une onde qui traverse les deux fentes à
la fois (le système est dans la superposition de deux états : « la particule passe par
F1 » et « la particule passe par F2 »), mais comme une particule lorsqu’on cherche à
la détecter lors de son passage par une fente (le système n’est alors plus que dans un
seul des états précédents), ou sur un écran. C’est la dualité onde-particule, ou onde-
corpuscule.
816
Chapitre 7. Révisions et compléments : introduction à la mécanique quantique 817
817
818 Partie VII. Physique des ondes
Les centres des deux fentes sont distants de a ; l’abscisse de F1 est a / 2 , celle
de F2 est −a / 2 , et celle de M est X. Si on note D la distance entre les fentes et l’écran,
où D >> X et D >> a (interférences à l’infini), on peut aisément calculer les angles
α1 et α 2 que font avec la normale au plan des fentes les vecteurs impulsion des par-
ticules respectivement passées par F1 et F2 :
a a
X− X+
α1 ≃ tan α1 = 2 et α ≃ tan α = 2 . On en déduit :
2 2
D D
pa
δpx = px 2 − px1 ≃ p( α 2 − α1) = .
D
pa
La mesure de cette différence avec un écart-type ∆px < δpx = implique
D
d’après l’inégalité de Heisenberg que l’écart-type ∆X sur la position de l’écran est su-
h hD λD
périeur à une longueur de l’ordre de = = .
δpx pa a
818
Chapitre 7. Révisions et compléments : introduction à la mécanique quantique 819
λD
Comme l’interfrange est égal à , tout se passe comme si on prenait une
a
photographie floue des franges en les déplaçant d’une distance de l’ordre de l’inter-
frange pendant la pose : les franges sont brouillées.
L’expérience proposée par Einstein conforte la vision quantique : le phénomène
d’interférences disparaît quand on cherche à savoir quelle fente a été traversée.
� �
Le ressort exerce sur le mobile la force de rappel F = −Kxex où ℓ est la longueur
du ressort et x = ℓ − ℓ 0 son élongation algébrique du ressort. Le poids du mobile étant
compensé par la réaction normale du support, le P.F.D appliqué au mobile dans le
référentiel du support supposé galiléen fournit xɺɺ + ω02 x = 0 dont les solutions sont de
la forme x = x0 cos(ω0t + ϕ) px = mxɺ = −mω0 x0 sin(ω0t + ϕ) .
K
La pulsation de cet oscillateur harmonique est ω0 = et sa fréquence est
m
1 K
ν= .
2π m
On peut calculer les valeurs moyennes temporelles pour un oscillateur donné :
x0 2 m2ω02 x02 mKx02
x = 0 , x2 = , px = 0 et px 2 = = = mK x 2 .
2 2 2
Du point de vue énergétique, la seule force qui travaille est la force conservative
� → 1
1 1
F = − grad Kx 2 , donc l’énergie du mobile E = mv 2 + Kx 2 est constante, ce que
2 2 2
px 2 1 2 px 2 1
l’on peut écrire E = + Kx = Cte . En moyenne E = E = + K x 2 , or on
2m 2 2m 2
px 2 1 E
a = K x2 = (l’énergie moyenne est équirépartie entre énergie cinétique et
2m 2 2
819
820 Partie VII. Physique des ondes
h h K hν
L’inégalité de Heisenberg ∆x ⋅ ∆px ≥ implique E ≥ = = Emin . Une
4π 4π m 2
énergie nulle n’est plus possible : l’oscillateur ne peut pas être au repos.
Ce modèle semi-classique est bien sûr insuffisant, mais il permet de montrer
que l’oscillateur harmonique quantique de fréquence ν possède une énergie minimale
de l’ordre de hν . En résolvant l’équation de Schrödinger, on prouve que l’énergie est
1
quantifiée : elle prend les valeurs discrètes En = n + hν avec n ∈ N . En l’occur-
2
hν
rence, la valeur minimale trouvée Emin = est, de façon fortuite, correcte !
2
820
Chapitre 7. Révisions et compléments : introduction à la mécanique quantique 821
k2
On obtient finalement x 2 = ( ∆x )2 = et px 2 = ( ∆px )2 = −mE .
8E 2
En introduisant l’inégalité de Heisenberg sur ce modèle classique, et en suppo-
sant que les grandeurs moyennes observées sur un grand nombre de particules
d’énergie E sont les mêmes que les grandeurs moyennes temporelles pour une parti-
h h2 mk 2 h2
cule donnée, on a ∆x ⋅ ∆px ≥ ⇔ ( ∆x )2 ⋅ ( ∆px )2 ≥ ⇔ − ≥ .
4π 16π2 8E 16π2
2π2mk 2 me 4
Comme E ≤ 0 , on en déduit E ≥ − 2
=− = Emin .
h 8ε0 2 h 2
Alors que dans la théorie classique, l’électron, en rayonnant, perd de l’énergie
et vient s’écraser sur le proton ( r → 0 E → −∞ ), l’inégalité de Heisenberg donne
une borne inférieure à l’énergie et explique la stabilité des atomes !
La résolution de l’équation de Schrödinger montre qu’il y a quantification de
me 4
l’énergie : E = En = − avec n ∈ N∗ . Le modèle semi-classique donne ici, de
8 ε0 2 h 2 n 2
me 4
façon fortuite, la bonne valeur Emin = E1 = − !
8ε02h2
821
822 Partie VII. Physique des ondes
3h 2
E≥ = Emin . Une énergie nulle n’est plus possible : la particule ne peut pas
8π2ma 2
être au repos.
La résolution de l’équation de Schrödinger sera effectuée dans le prochain cha-
h2
pitre et donne les valeurs exactes que peut prendre l’énergie : En = n 2 , avec
8ma 2
n ∈ N∗ . La valeur minimale trouvée par le modèle classique diffère cette fois-ci de la
h2
valeur exacte, mais donne le bon ordre de grandeur : Emin = O .
ma 2
On constate que si l’on veut confiner une particule, c’est-à-dire la maintenir dans
une petite zone de l’espace, c’est-à-dire que l’écart-type sur la position, ∆x = O(a ) , soit
petit, cela implique un grand écart-type ∆px sur l’impulsion, donc une grande énergie
( Emin , appelée énergie de confinement, varie en 1/ a2 ).
822
823
APPROCHE ONDULATOIRE DE
LA MÉCANIQUE QUANTIQUE
1. L’ÉQUATION DE SCHRÖDINGER / PAQUET
D’ONDES
1.1 L’équation de Schrödinger
Schrödinger recherchait l’équation régissant la fonction d’onde ψ( x, t ) associée
à la particule en mouvement sur l’axe Ox. Elle devait aboutir aux relations postulées
h h h 2π
par de Broglie : p = = k = ℏk et E = hν = ω = ℏω , où k = et ω = 2πν sont
λ 2π 2π λ
respectivement le nombre d’onde et la pulsation de l’onde.
Pour une particule libre (qui n’est soumise à aucune interaction), non relativiste,
1 p2
l’énergie totale est l’énergie cinétique : E = Ec = mv 2 , avec p = mv , soit E = ,
2 2m
( ℏk )2
relation qui peut s’écrire ℏω = .
2m
On reconnaît une relation de dispersion entre k et ω, pour une O.P.P.H écrite
sous la forme ψ( x, t ) = ψ0e i ( ωt − kx ) (une telle onde s’appelle « onde de de Broglie »).
Le terme en ℏω correspond à une dérivée première par rapport au temps, le terme en
(ℏk )2
à une dérivée seconde par rapport à la variable d’espace x. Plus exactement,
2m
∂ψ ∂2 ψ ( ℏk )2
= i ωψ et = −k 2 ψ , si bien que ℏω = est la relation de dispersion asso-
∂t ∂x 2 2m
2
∂ψ ℏ2 ∂ψ ℏ2 ∂ ψ
ciée à l’équation d’onde −i ℏ = k2 ψ , soit i ℏ = .
∂t 2m ∂t 2m ∂x 2
∂ψ ∂2 ψ
Cette équation d’onde ressemble à l’équation de diffusion , mais =a
∂x 2 ∂t
possède une particularité étonnante : elle fait intervenir le nombre complexe « i ».
∂ψ ∂ 2ψ
Alors que le passage en complexe de l’équation de diffusion = a 2 qui
∂t ∂x
régit la grandeur réelle ψ = Re( ψ ) est simplement une technique mathématique
823
824 Partie VII. Physique des ondes
2
∂ψ ℏ2 ∂ ψ
permettant d’alléger les calculs, l’équation i ℏ = ne possède pas de ver-
∂t 2m ∂x 2
sion réelle.
La grandeur ψ( x, t ) = ψ0e i ( ωt − kx ) est intrinsèquement complexe, et on la note
Schrödinger a fait le choix (que nous adopterons par la suite) d’écrire la fonction
d’onde d’une O.P.P.H associée à la particule sous la forme ψ( x, t ) = ψ0ei ( kx −ωt ) .
∂ 2ψ
L’équation de Schrödinger fait intervenir le laplacien de ψ ( ∆ψ =à une di-
∂x 2
mension), soit des dérivées secondes par rapport aux variables. Par conséquent :
824
Chapitre 8. Approche ondulatoire de la mécanique quantique 825
825
826 Partie VII. Physique des ondes
Paquet d’ondes
La linéarité de l’équation de Schrödinger permet d’en chercher une solution
p p2
i j x − j t
aj
ℏ 2 mℏ
sous la forme d’une somme d’ondes planes : e est solution de l’équa-
j
tion de Schrödinger. Cette fois-ci, il n’y a pas qu’une seule valeur d’impulsion pour la
particule, mais un ensemble discret p j . { }
Une solution plus physique de l’équation de Schrödinger s’écrit sous la forme
d’une somme d’O.P.P.H dont le spectre en impulsion est continu :
+∞ p p2
i x−
mℏ
t
1 ℏ 2
ψ( x, t ) =
2πℏ a( p )e dp .
p =−∞
+∞ i
1 px
Initialement ψ( x, t = 0) =
2πℏ a( p )e ℏ dp , donc a( p ) est la transformée
p =−∞
+∞ i
1 − px
ɶ ( p, t = 0) =
de Fourier (T.F) de ψ( x, t = 0) : a( p ) = ψ
2πℏ ψ( x, t = 0)e ℏ dx . Le
x =−∞
1
choix du facteur dans la définition de la T.F permet d’obtenir des expressions
2πℏ
« symétriques » de la T.F et de la T.F inverse et présente peu d’importance.
+∞ p p2
i x−
ℏ 2mℏ
t
1
On parle pour ψ( x, t ) =
2πℏ a( p )e dp de paquet d’ondes libre
p =−∞
(constitué d’un continuum d’impulsions p). Contrairement à une O.P.P.H, le paquet
d’ondes peut être de carré sommable et constituer une solution physique de l’équation
de Schrödinger.
+∞ i
1 − px
ɶ ( p, t ) =
On montre que ψ
2πℏ ψ( x, t )e ℏ dx , transformée de Fourier de
x =−∞
ψ( x, t ) , est l’amplitude de probabilité de trouver à la date t l’impulsion entre p et
2
ɶ ( p, t ) dp .
p + dp : cette probabilité vaut ψ
826
Chapitre 8. Approche ondulatoire de la mécanique quantique 827
Pour une particule libre, la densité de probabilité pour l’impulsion est indépendante du
temps, et donc également l’écart-type ∆p . C’est la version quantique de la conserva-
tion de l’impulsion (quantité de mouvement) d’une particule isolée.
p2 ℏk 2
La relation de dispersion ω = , qui provient de E =
pour une particule
2m 2m
libre, est non-linéaire, ce qui traduit un phénomène de dispersion. L’O.P.P.H :
p p2 p p p
i x−
mℏ ( x −v ϕt )
t i x− t
ℏ 2 2m i
a( p )e = a( p)e ℏ = a( p)e ℏ se propage avec la vitesse de
ω ℏk p
phase v ϕ = = = qui dépend du nombre d’onde (ou de l’impulsion p = ℏk ).
k 2m 2m
La vitesse de groupe d’un paquet d’ondes libre est égale à la vitesse « clas-
sique » d’une particule.
827
828 Partie VII. Physique des ondes
x2
2( ∆p )2 x 2 −
2 2
−
ℏ 2 2 2[ ∆x ( t = 0)]
2
ℏ
Comme ψ( x, t = 0) = B e = B e , on a ∆x(t = 0) ⋅ ∆p = :
aussi2
l’inégalité de Heisenberg devient une égalité pour une fonction d’onde gaussienne.
On peut maintenant exprimer la fonction d’onde à l’instant t :
+∞ p p2 +∞ ( p − p0 )2 p p2
i x−
ℏ 2mℏ
i x−
ℏ 2mℏ
t t
1 A −
4( ∆p )2
ψ( x, t ) = ψɶ ( p, t = 0)e dp = e e dp .
2πℏ p =−∞
2πℏ p =−∞
( p − p0 )2 ip2
− − t
4( ∆p )2
ɶ ( p, t ) = Ae
La fonction d’onde ψ ⋅ e 2mℏ n’est plus une gaussienne, donc
ℏ
ψ( x, t ) non plus, et la relation de Heisenberg devient une inégalité ∆x(t ≠ 0) ⋅ ∆p > .
2
En revanche, les densités restent gaussiennes, et le calcul donne :
2
p
2( ∆p )2 x − 0 t p0
2
− m x− m t
( ∆p )4 2 −
ℏ +4 2 t ℏ 4( ∆p )4
2 2
2 2[ ∆x (t )]
ψ( x, t ) ∝ e m = e ∆x (t ) ⋅ ∆p = 1+ 2 2
t 2 . L’écart-type
aussi 2 ℏm
4
4( ∆p )
sur la position ∆x(t ) = ∆x(t = 0) ⋅ 1 + t 2 augmente : la particule tend à se délo-
ℏ2m 2
caliser (elle l’est totalement pour
t → ∞ car alors ∆x → ∞ ).
∆p est une constante. Plus
∆p est grand, plus la particule est lo-
calisée initialement, mais plus le pa-
quet d’onde va s’étaler rapidement.
D’autre part, comme l’impul-
sion moyenne p0 est non nulle, le
paquet d’onde est centré sur la va-
p
leur moyenne x (t ) = 0 t = v 0t , et
m
se déplace comme une particule
libre à vitesse constante v 0 , tout en
s’étalant.
p2
L’énergie d’une O.P.P.H vaut E = . Celle du paquet d’onde n’est pas parfai-
2m
p02 + ( ∆p )2 p2 p
2
+ ( ∆p )2
tement définie ; sa valeur moyenne est E = . = =
2m 2m 2m
Si on regarde maintenant le comportement du paquet d’onde depuis t → −∞ ,
on constate qu’il se contracte d’abord avant de s’étaler : sa « largeur » ∆x (t ) est mini-
male à l’instant t = 0 . Le phénomène est analogue à la contraction d’un faisceau laser
828
Chapitre 8. Approche ondulatoire de la mécanique quantique 829
gaussien paraxial qui se déplace selon l’axe Oz. Si I (r , z ) est l’intensité de l’onde en
2r 2
−
w 2(z)
un point à une distance r de Oz, le waist w(z), défini par I (r , z ) = I0 ( z ) e , passe
2
par un minimum en z = 0 lors de la propagation : w ( z ) = w 0 1 + ( z / zR ) . Les parti-
cules libres sont ici des photons.
2 2
écarts-types ∆x = x2 − x et ∆p = p2 − p .
ℏ
L’inégalité de Heisenberg ∆x ⋅ ∆p ≥découle simplement d’une propriété gé-
2
nérale des transformées de Fourier (hors-programme, cf. Analyse de Fourier, 2.4).
829
830 Partie VII. Physique des ondes
∂( ψ ⋅ ψ ∗ ) i ℏ ∗ ∂ 2 ψ ∂ 2 ψ∗ ∗ ∂ψ ∂ψ∗
forme + −ψ ⋅ 2 + ψ ⋅ = 0 . Posons Ψ = −ψ ⋅ + ψ ⋅ . On a
∂t 2m ∂x ∂x 2 ∂x ∂x
∂Ψ ∂ 2ψ ∂ψ∗ ∂ψ ∂ψ ∂ψ∗ ∂ 2 ψ∗
= −ψ∗ ⋅ 2 − ⋅ + ⋅ +ψ⋅ .
∂x ∂x ∂�
∂x ���� ∂x ∂�
x����� x ∂x 2
0
∂ρ i ℏ ∂Ψ
La relation s’écrit finalement + = 0.
∂t 2m ∂x
∂ρ ∂J x
L’équation de Schrödinger implique + = 0 . On reconnaît le bilan à une
∂t ∂x
dimension d’une grandeur extensive conservative (on a alors [ρ] = L−1 et donc
iℏ ∂ψ∗ ∂ψ
[ J x ] = T −1 ). On a J x = 2m ψ ⋅ − ψ∗ ⋅ (cette expression, hors-programme, n’a
∂x ∂x
pas à être mémorisée).
x2 est plus faible à t + dt qu’à t, c’est qu’elle est plus grande sur les autres intervalles
de positions possibles. Il y a donc des transferts de probabilité que l’on calcule à l’aide
� �
du vecteur courant de probabilité J = J x ( x, t )ex :
830
Chapitre 8. Approche ondulatoire de la mécanique quantique 831
iℏ ℏk 2 p 2 2 p
J x = −2ik ψ 0 ⋅ ψ 0∗ = ψ0 = ψ0 = ψ .
2m m m m
g ′(t )
implique i ℏ = Cte = a + ib , avec (a, b ) ∈ R 2 , la constante étant a priori complexe.
g (t )
i b
− at t
On en déduit g (t ) = g0e ℏ ⋅eℏ .
2
— Si b > 0 , g (t ) → ∞ donc la densité de probabilité ψ( x, t ) → ∞ sur tout intervalle
t →∞ t →∞
où ϕ( x ) ≠ 0 , ce qui ne constitue pas une solution physique.
2
— Si b < 0 , g (t ) → 0 donc la densité de probabilité ψ( x, t ) → 0 ∀x , ce qui ne
t →∞ t →∞
constitue pas non plus une solution physique.
i
− at
En conclusion : b = 0 et ψ( x, t ) = ϕ( x )e ℏ = ϕ( x )e − i ωt avec ω ∈ R (on peut in-
tégrer la constante g0 dans ϕ( x ) , la fonction ϕ restant à déterminer).
La solution cherchée correspond à une pulsation ω parfaitement déterminée,
831
832 Partie VII. Physique des ondes
Il ne s’agit pas pour autant forcément d’une d’onde stationnaire. Pour une telle
onde, s( x, t ) = f ( x ) ⋅ g (t ) où la grandeur s est réelle, ce qui n’est pas le cas de ψ.
Comme la constante a s’identifie à l’énergie de la particule, la partie spatiale de
ℏ2 ϕ′′( x )
la fonction d’onde est régie par − + V (x) = E .
2m ϕ( x )
2m
ϕ( x ) est régie par ϕ′′( x ) + [E − V ( x )] ϕ( x ) = 0 (qu’on appelle équation de
ℏ2
Schrödinger indépendante du temps). Comme ϕ( x ) est la partie spatiale de la fonction
d’onde, ce doit être une fonction continue de x.
832
Chapitre 8. Approche ondulatoire de la mécanique quantique 833
− i n n′ t
(E −E )
2 2 2 2 2
ψ( x, t ) = α n ϕ n ( x ) + α n′ ϕn′ ( x ) + 2Re α n α n′∗ ϕn ( x ) ϕn′∗ ( x ) e ℏ .
���������
f (t )
h
La densité de probabilité évolue dans le temps avec une période T = ,
E n − E n′
en supposant En > En′ . Cette durée caractéristique est liée à l’indétermination de
l’énergie dont l’ordre de grandeur est donné par T ⋅ ∆E ≃ h ∆E ≃ En − En′ .
On montre en effet qu’une mesure de l’énergie de la particule ne peut donner
que l’une ou l’autre des valeurs En ou En′ , avec une probabilité liée aux coefficients
α n et α n′ .
833
834 Partie VII. Physique des ondes
Un triplet (n,ℓ,m) définit donc une orbitale atomique. Il y a 2ℓ + 1 O.A dans une
834
Chapitre 8. Approche ondulatoire de la mécanique quantique 835
Étude de la continuité de ϕ′
Nous savons que ϕ est une fonction continue de x. Posons-nous la question de
la continuité de sa dérivée en x = x0 . Nous prendrons x0 = 0 sans nuire à la généra-
lité de la démarche.
— Supposons d’abord que le
potentiel subisse une disconti-
nuité finie en x = 0 . Intégrons
2m
ϕ′′( x ) + 2 [E − V ( x )] ϕ( x ) = 0
ℏ
entre x = −ε et x = +ε :
ε
2m
ϕ′(ε ) − ϕ′( −ε ) +
ℏ2 [E − V ( x )] ϕ( x ) = 0 , or ϕ est finie, ainsi que le potentiel, par hypo-
−ε
ε
thèse. On a donc lim
ε→0 [E − V ( x )] ϕ( x ) = 0 , ce qui assure la continuité de ϕ′ en x = 0 :
−ε
ϕ′(0+ ) = ϕ′(0 − ) .
835
836 Partie VII. Physique des ondes
Dans le cas d’un potentiel pair, on peut rechercher des solutions symétriques
ϕs et antisymétriques ϕa de l’équation de Schrödinger indépendante du temps. Une
solution quelconque s’exprime sous la forme d’une combinaison linéaire de solutions
symétriques et antisymétriques.
836
Chapitre 8. Approche ondulatoire de la mécanique quantique 837
à l’O.P.P.H réfléchie en x = 0 .
iE
− t
Du côté x > 0 , la fonction d’onde s’écrit ψ 2t ( x, t ) = B2 e − kx e ℏ , et ne corres-
pond pas à une O.P.P.H.
Les conditions aux limites (continuité de ϕ et ϕ′ en 0) impliquent :
B1 k + iK
A1 + B1 = B2 =
k iK A1 iK − k
.
1
iKA − iKB1 = − kB2 1 1 B2 = 2iK
A1 iK − k
Nous avons montré que, pour une O.P.P.H, le vecteur densité de courant de
� �
2 p p2
probabilité prend la forme J = ψ . Comme l’énergie E = associée aux ondes
m 2m
incidente et réfléchie dans la zone 1 est la même, ces deux O.P.P.H ont même impul-
� 2
2
Jr ψ B
sion p1 = 2mE en norme. Le rapport R = � = 1r 2 = 1 = 1 est le coefficient de
Ji ψ A1
1i
837
838 Partie VII. Physique des ondes
résultante est stationnaire (au sens classique : on trouve des nœuds où la densité de
probabilité, également représentée, est nulle, et des ventres où elle est maximale).
Cas où E > V0
Pour une particule provenant de x = −∞ avec une énergie E > V0 , la méca-
nique classique prévoit un passage dans la zone x > 0 avec une diminution de l’éner-
gie cinétique. Qu’en est-il de la mécanique quantique ?
Les solutions sont alors de la forme :
2m
— ϕ1( x ) = A1eiKx + B1e −iKx pour x < 0 (zone 1), avec K = E.
ℏ2
2m
— ϕ2 ( x ) = A2eikx + B2 e −ikx pour x > 0 (zone 2), avec k = (E − V0 ) . B2 est nul
� ℏ2
0
E
i ( − kx − t)
car la solution B2 e ℏ correspond à une O.P.P.H se propageant dans le sens
des x décroissants, or une fois transmise dans la zone x > 0 , la particule n’est plus
réfléchie.
E E
i (Kx − t ) i ( −Kx − t)
ψ1i ( x, t ) = A1 e ℏ correspond à l’O.P.P.H incidente, ψ1r ( x, t ) = B1 e ℏ
E
i ( kx − t )
à l’O.P.P.H réfléchie en x = 0 , et ψ 2t ( x, t ) = A2 e ℏ à l’O.P.P.H transmise en
x = 0.
Les conditions aux limites (continuité de ϕ et ϕ′ en 0) impliquent :
838
Chapitre 8. Approche ondulatoire de la mécanique quantique 839
B1 K − k
=
A1 + B1 = A2 ik iK A1 K + k
.
iKA1 − iKB1 = ikA2 −1 1 A2 = 2K
A1 K + k
p2
L’énergie E = + V ( x ) associée aux ondes incidente et transmise est la
2m
même, mais pas l’impulsion, qui est p1 = 2mE = h / λ1 en norme dans la zone 1 et
p2 = 2m(E − V0 ) = h / λ 2 < p1 dans la zone 2.
G
2 2
Jr ψ K −k
Le coefficient de réflexion de probabilité est R = G = 1r 2 = , celui
Ji ψ1i K +k
G 2
Jt 2 2
ψ p 2K p2 2K k 4Kk
de transmission est T = G = 2t 2 2 = = = 2
.
Ji ψ1i p1 K + k p1 K + k K (K + k )
On a bien sûr R + T = 1 : la particule est soit réfléchie, soit transmise. En utili-
4 E (E − V0 )
sant les expressions de k et K, on obtient T = .
2 E (E − V0 ) + 2E − V0
Contrairement au cas classique, le
coefficient de transmission T n’est pas
égal à 1. Il augmente de T = 0 pour
E = V0 à T = 1 pour E >> V0 . On l’a repré-
E
senté ci-contre en fonction de dans
V0
les cas classique et quantique.
La partie réelle de la fonction
d’onde est représentée à différents ins-
tants sur la figure précédente, ainsi que la
densité de probabilité.
Dans la zone 2, l’onde est une O.P.P.H de longueur d’onde λ 2 car cette zone
est semi-infinie. L’enveloppe de cette onde est constituée de deux droites horizontales
et la densité de probabilité est uniforme. Comme on l’a déjà remarqué, cette dernière
n’est alors pas de carré sommable, et il faudrait construire un paquet d’ondes pour
obtenir une solution physique.
Dans la zone 1, il y a deux ondes de longueur d’onde λ1 < λ 2 d’amplitudes dif-
férentes qui se propagent dans les deux directions opposées et interfèrent. L’onde
résultante n’est ni stationnaire (au sens classique), ni progressive (l’enveloppe de ces
ondes présente des maximums : « ventres » où la densité de probabilité est maximale,
et des minimums non nuls que l’on peut appeler « nœuds » et où elle est minimale).
839
840 Partie VII. Physique des ondes
a a
Pour x ∈/ − , , V ( x ) = V0 → +∞ (la fonction
2 2
d’onde est donc nulle dans ce domaine). Pour
a a
x ∈ − , , V ( x ) = 0 : la particule est confinée dans
2 2
cet intervalle dans lequel ϕ( x ) vérifie :
2mE
ϕ′′( x ) + ϕ( x ) = 0 .
ℏ2
Les solutions sont de la forme :
2mE
ϕ( x ) = A cos(Kx ) + B sin(Kx ) avec K = . Puisqu’il y a deux barrières infinies, les
ℏ2
a
conditions aux limites ne portent que sur ϕ et pas sur sa dérivée, et sont ϕ ± = 0 .
2
On peut distinguer deux types de solutions :
— Les solutions symétriques (paires : B = 0 ). La C.A.L impose alors :
a Ka Ka π π
ϕ = A cos =0 = (2q + 1) ⇔ K = (2q + 1) , q ∈ N .
2 2 2 2 a
— Les solutions antisymétriques (impaires : A = 0 ). La C.A.L impose alors :
a Ka Ka π
ϕ = B sin =0 = ℓπ ⇔ K = 2ℓ , ℓ ∈ N∗ .
2 2 2 a
π
Finalement, K peut prendre toutes les valeurs K = n , n ∈ N∗ , avec n impair
a
pour les solutions symétrique et n pair pour les solutions antisymétriques. L’énergie
2mE π π2 ℏ2 2 h
2
est donc quantifiée : K = =n E = n2 = n .
ℏ2 a 2ma 2 8ma2
p2
Puisque l’énergie E = Ec + V0 = est parfaitement déterminée dans un état
� 2m
0
840
Chapitre 8. Approche ondulatoire de la mécanique quantique 841
a a
s’annule en ± . Il y a donc, comme pour la corde de Melde attachée en ± , un
2 2
λ λ h
nombre entier de entre ces deux valeurs : a = n = n . On retrouve bien :
2 2 2 2mE
h2
E = En = n 2 . Cette énergie varie en n 2 donc les écarts entre niveaux d’énergie
8ma2
ne sont pas constants.
Comme on l’a vu au chapitre précédent en utilisant l’inégalité de Heisenberg,
h2
l’énergie minimale Emin = E1 = n’est pas nulle. Elle varie en 1/ a2 , donc plus on
8ma 2
cherche à confiner la particule, plus il faut lui fournir d’énergie. Comme elle varie en
1/ m , on se rapproche des résultats de la mécanique classique (niveaux d’énergie
h
continus, énergie minimale nulle) pour les grandes valeurs de m, soit si λ = << a .
mv
Dans un puits infini de longueur a, les états stationnaires sont des états liés (la
particule ne peut pas quitter le puits) caractérisés par un nombre quantique n ∈ N∗ .
h2 π2 ℏ 2
Leur énergie est quantifiée : E = En = n 2 2
= n2 2
, avec n ∈ N∗ .
8ma 2ma
841
842 Partie VII. Physique des ondes
a /2 a/2
a 2
entier de périodes. On a cos2 (Kx )dx = sin2 (Kx )dx =
2
, d’où A = B =
a
.
−a /2 −a /2
a a
Pour x ∈
/ − , , V ( x ) = V0 > 0 , et pour
2 2
a a
x ∈ − , , V (x) = 0 .
2 2
842
Chapitre 8. Approche ondulatoire de la mécanique quantique 843
843
844 Partie VII. Physique des ondes
π π π 2mEN R 2mV0 π
(N − 1) < X n ≤ R < N ⇔ (N − 1) < kN = ≤2 = <N .
2 2 a ℏ a ℏ a
On peut donc encadrer EN :
π2 ℏ 2 π2 ℏ 2
(N − 1)2 < EN ≤ V0 < N 2 ⇔ E( N −1)∞ < EN ≤ V0 < EN ∞ .
2ma 2 2ma 2
On a donc EN < EN ∞ . En particulier, l’énergie minimale, qui est celle d’un état
π2 ℏ 2 h2
symétrique, est Emin = E1 < E1∞ = = .
2ma2 8ma2
Emin est donc inférieure à l’énergie minimale du puits infini. En effet, la particule
est moins localisée que dans le puits infini, car la fonction d’onde n’est pas nulle dans
les zones x > a / 2 classiquement interdites à la particule.
2 2
Par exemple ϕ( x ) = B′e −Kx pour x > a / 2 , soit ψ( x, t ) = ϕ( x ) = B′2e −2Kx . La
densité de probabilité décroît exponentiellement lorsqu’on s’écarte du puits (elle est
évanescente) mais n’est pas nulle si x > a / 2 .
844
Chapitre 8. Approche ondulatoire de la mécanique quantique 845
2mE 2π a a
— ϕ2 ( x ) = A2eikx + B2e −ikx avec k = 2
= pour x ∈ − , (zone 2).
ℏ λ 2 2
a
— ϕ3 ( x ) = A3eiKx + B3e −iKx pour x > (zone 3).
2
a
On ne peut plus simplifier les fonctions pour x >car x ֏ e ± iKx est bornée.
2
On peut en revanche considérer le cas d’une particule provenant de x = −∞ .
E
i ( Kx − t) a
L’onde incidente s’écrit ψ1i ( x, t ) = A1 e ℏ et l’onde réfléchie en x = − s’écrit
2
E E E
i ( − Kx − t) i ( kx − t) i ( − kx − t)
ψ1r ( x, t ) = B1 e ℏ . Dans la zone 2, ψ 2 ( x, t ) = A2 e ℏ + B2 e ℏ est la
somme de deux ondes se propageant en sens inverse. Dans la zone 3, il n’y a qu’une
E
i ( Kx − t)
onde transmise ψ 3 ( x, t ) = ψ 3t ( x, t ) = A3 e ℏ , car la particule n’est plus réfléchie.
a
Les conditions aux limites sont (continuité de ϕ et ϕ′ en ± ):
2
− iK
a
iK
a
− ik
a
ik
a ik
a
− ik
a
iK
a
A1e 2 + B1e 2 = A2e 2 + B2e 2 A2e 2 + B2e 2 = A3e 2
, et .
a a a a a a a
− iK iK − ik ik ik − ik iK
KA1e 2 − KB1e 2 = kA2e 2 − kB2e 2 kA2e 2 − kB2e 2 = KA3e 2
845
846 Partie VII. Physique des ondes
k + K i (K −k ) 2
a
A2 = e A3
2k
. On peut alors résoudre le premier système afin d’exprimer A1
a
k − K i (K + k ) 2
B2 = e A3
2k
et B1 en fonction de A3 .
− iK
a
iK
a
iK
a
kA1e 2 + kB1e 2 = A3e 2 [ k cos(ka ) − iK sin(ka )]
Ce système devient : ,
a a a
− iK iK iK
KA1e 2 − KB1e 2 = A3e 2 [K cos(ka ) − ik sin(ka )]
− iK
a
A1′ = A1e 2
kA1′ + kB1′ = A3′ [ k cos(ka ) − iK sin(ka )] iK
a
soit : , en posant B1′ = B1e 2 .
KA1′ − KB1′ = A3′ [K cos(ka ) − ik sin(ka )] a
iK
2
A′
3 = A3 e
Pour le résoudre, on effectue les combinaisons linéaires suivantes :
kA1′ + kB1′ = A3′ [ k cos(ka ) − iK sin(ka )] −K cos(ka ) + ik sin(ka ) K
. On obtient :
KA1′ − KB1′ = A3′ [K cos(ka ) − ik sin(ka )] k cos(ka ) − iK sin(ka ) k
B1′ i (k 2 − K 2 )sin(ka ) A′ 2kK
= 2 2
et 3 = .
A1′ 2kK cos(ka ) − i (k + K )sin(ka ) A1′ 2kK cos(ka ) − i (k 2 + K 2 )sin(ka )
B1
2
B1′
2
(k 2 − K 2 )2 sin2 (ka )
R = = =
A1 A1′ 4k 2K 2 + (k 2 − K 2 )2 sin2 (ka )
On en déduit .
2 2
A3 A′ 4 k 2K 2
T = = 3 =
A1 A1′ 4k 2K 2 + (k 2 − K 2 )2 sin2 (ka )
p2
Comme l’énergie E = + V ( x ) associée à toutes les O.P.P.H considérées est
2m
la même, elles ont également la même impulsion en norme dans la zone 1 et dans la
G 2
2
Jr ψ B
zone 3, donc le rapport R = G = 1r 2 = 1 est le coefficient de transmission de
Ji ψ1i A1
G 2 2
Jt ψ A
probabilité, et T = G = 3t 2 = 3 le coefficient de transmission de probabilité à
Ji ψ A1
1i
846
Chapitre 8. Approche ondulatoire de la mécanique quantique 847
On constate qu’il n’y a pas de quantification de l’énergie pour les états de diffu-
sion. C’est une propriété générale.
847
848 Partie VII. Physique des ondes
848
Chapitre 8. Approche ondulatoire de la mécanique quantique 849
ei ( −ik ′a ) − e −i ( −ik ′a ) ek ′a − e −k ′a
Comme sin( −ik ′a ) = = = −i ⋅ sh(k ′a ) , on obtient :
2i 2i
B1
2
(k ′2 + K ′2 )2 sh2 (k ′a )
R = =
A1 4k ′2K ′2 + (k ′2 + K ′2 )2 sh2 (k ′a )
.
2 2
A3 A′ 4k ′2K ′2
T = = 3 =
A1 A1′ 4k ′ K ′ + (k ′2 + K ′2 )2 sh2 (k ′a )
2 2
849
850 Partie VII. Physique des ondes
16E (V0 − E )
e −2k ′a : la fonction d’onde transmise est proportionnelle à e − k a . On
′
T ≃ 2
V0
trouve k ′a = 1,6 pour un électron d’énergie E = 1 eV et une barrière d’épaisseur
a = 0,5 nm et de hauteur V0 = 1,1 eV , ce qui suffit pour que l’approximation de la bar-
rière épaisse soit bonne, car on trouve T = 5,2% au lieu de 5,3% sans approximation.
850
Chapitre 8. Approche ondulatoire de la mécanique quantique 851
851
852 Partie VII. Physique des ondes
852
Chapitre 8. Approche ondulatoire de la mécanique quantique 853
Application à la radioactivité α
La particule α est un noyau d’Hélium 42He (contenant deux protons et deux neu-
A A A−4
trons) et peut être émise par désintégration d’un noyau lourd ZX : Z X → Z − 2Y + α .
238 234
Par exemple : 92 U → 90Th + α .
A
La probabilité de désintégration de ZX entre t et t + dt est dP = dt / τ . Pour un
grand nombre N(t ) de noyaux, il y a δN (t ) = N (t ) ⋅ dP = N (t ) ⋅ dt / τ désintégrations
entre t et t + dt , donc dN = N (t + dt ) − N (t ) = −N (t ) ⋅ dt / τ , équation différentielle qui
t
−
s’intègre en N (t ) = N0e τ , où N0 est le nombre initial de noyaux. Le temps T1/2 de
demi-réaction (demi-vie) est défini par N (T1/2 ) = N0 / 2 . On a donc T1/2 = τ ⋅ ln 2 .
Geiger et Nuttall (1911) ont
établi expérimentalement la loi sui-
vante : si E est l’énergie de la parti-
B
cule α émise, lnT1/2 = A + .
E
Gamow a établi en 1928 une
théorie rendant compte de ces me-
sures. Dans cette théorie, la parti-
cule α préexiste dans le noyau X
avant son émission. Elle est libre,
mais confinée dans une zone de
quelques fm (l’ordre de grandeur du
rayon R du noyau) par l’interaction
forte. Hors de cette zone, l’interac-
tion forte disparaît et seule subsiste
2(Z − 2)e2 Γ
la force répulsive entre les protons (potentiel coulombien V (r ) = = ).
4πε0r r
La particule α possède une énergie infé-
rieure à la valeur E ∗ qui lui permettrait classi-
quement d’échapper à l’interaction forte. Elle
peut cependant y arriver grâce à l’effet tunnel. Le
calcul du coefficient de transmission T est plus
délicat que pour la barrière rectangulaire. Il fait
intervenir la distance RE = Γ / E , et donne le ré-
853
854 Partie VII. Physique des ondes
854
Chapitre 8. Approche ondulatoire de la mécanique quantique 855
a a a a
A′ch K = A sin kb − k et − A′Ksh K = Ak cos kb − k , ce qui entraîne :
2 2 2 2
a
k / tan ( kL ) = −K ⋅ th K .
2
On obtient pour les solutions antisymétriques :
a a a a
−B′sh K = A sin kb − k et B′Kch K = Ak cos kb − k , ce qui entraîne :
2 2 2 2
a
K tan ( kL ) = −k ⋅ th K .
2
2mE 2m 2mV0
D’autre part, K et k sont liés par k 2 + K 2 = + [V0 − E ] = = Cte .
ℏ2 ℏ2 ℏ2
Les états sont quantifiés, comme le sont les états liés du puits fini, et on peut
déterminer graphiquement les valeurs k n , avec n ∈ N∗ .
855
856 Partie VII. Physique des ondes
nπ n 2 π2ℏ2
avec n ∈ N∗ , soit k = kn = et E = En = .
L 2mL2
On retrouve le cas du puits de potentiel infini de largeur L. La probabilité pour
la particule de traverser la barrière entre les puits étant nulle, elle se trouve dans l’un
ou l’autre des puits (celui où elle était initialement) mais pas les deux à la fois.
Le graphique précédent montre que dans le cas étudié de couplage entre les
puits, on trouve maintenant deux solutions (l’une, symétrique, correspondant à X sn ,
l’autre, antisymétrique, correspondant à X an ) pour chaque solution unique du puits
1
infini correspondant à X n = nπ , et que n − π < X sn < X an < X n = nπ .
2
Les énergies de la particule sont différentes et plus basses qu’en l’absence de
2
1 π2 ℏ 2 2 2
2 π ℏ
couplage : n − < E s n < E an < E n = n . Ceci s’interprète de la façon
2 2mL2 2mL2
suivante : la particule étant moins confinée, puisqu’elle peut se trouver dans les deux
puits, son énergie est plus faible.
Chaque niveau d’énergie se sépare en deux du fait du couplage.
856
Chapitre 8. Approche ondulatoire de la mécanique quantique 857
857
858 Partie VII. Physique des ondes
symétrique par rapport à 0 sont des fonctions impaires de x (produit d’une fonction
2
paire et d’une fonction impaire). On a donc 2 α = 1 : on peut prendre α = 1/ 2 .
x ֏ ψ g1( x, t = 0) est proportionnelle à x ֏ ϕs1( x ) + ϕa1( x ) dont on peut cons-
tater sur la figure précédente qu’elle est quasiment nulle dans le puits de droite et
correspond donc à une particule initialement localisée dans le puits de gauche.
x ֏ ψ d1( x, t = 0) est proportionnelle à x ֏ ϕs1( x ) − ϕa1( x ) et correspond à une
particule initialement localisée dans le puits de droite.
−i
E s1
t −i
∆E
t
À un instant quelconque, ψ g1( x, t ) = αe ℏ ϕs1( x ) + ϕa1( x )e ℏ , d’où :
2 2 2 2 ∆E
ψ g1( x, t ) = α ϕs1( x ) + ϕa1( x ) + 2ϕs1( x )ϕa1( x )cos t .
ℏ
La densité de probabilité oscille
h
donc avec un période T0 = .
∆E
Au bout d’une demi-période,
∆E T0
−i
e ℏ 2 = e − i π = −1 .
ψ g1( x, t ) est alors proportionnelle
à ϕs1( x ) − ϕa1( x ) : la particule qui était
initialement localisée dans le puits de
gauche se retrouve alors localisée dans
le puits de droite.
métriques par rapport au plan x = 0 des atomes H. Pour x > xéq , la liaison chimique
ramène N vers O alors que pour x < xéq , N est repoussé par les atomes H. La position
d’équilibre x = 0 est donc instable.
L’énergie potentielle présente la forme ci-après : la molécule d’ammoniac se
prête bien à la modélisation précédente où les puits et la barrière sont rectangulaires.
L’écart ∆E = 9,85 ⋅ 10 −5 eV entre les énergies des deux premiers états donne une fré-
quence d’inversion f0 = ∆E / h = 23,8 GHz . La molécule se « retourne » avec cette fré-
quence caractéristique, N passe d’un puits à l’autre par effet tunnel. En effet, numéri-
quement, xéq = 38,7 pm et V0 = 0,25 eV : cette énergie est trop grande pour que N
858
Chapitre 8. Approche ondulatoire de la mécanique quantique 859
passe d’un puits à l’autre grâce à l’agitation thermique, dont l’énergie caractéristique à
température ambiante est kBT = 0,026 eV .
2m
produit Ka ≃ a 2
V0 est bien plus grand que pour NH3 , et l’écart ∆E ≃ 3 ⋅ 10 −22 eV
ℏ
entre les deux premiers niveaux énergétiques est très faible. La période d’oscillation
est de l’ordre de l’année, ce qui rend bien sûr ces oscillations inobservables.
Maser à ammoniac
Dans un jet de molécules de NH3 , les deux états de plus basses énergies sont :
— Un état antisymétrique A, de fonction d’onde ψ a1 .
— Un état symétrique S, de fonction d’onde ψ s1 .
L’écart ∆E = 9,85 ⋅ 10 −5 eV entre les énergies de ces deux états est trop petit
pour que les populations Ns , dans l’état symétrique, et Na , dans l’état antisymétrique
∆E
kBT
soient différentes. D’après la loi de Boltzmann, Ns / Na = e , avec kBT = 0,026 eV
à température ambiante.
L’azote étant plus électronégatif que l’hydrogène, la molécule NH3 est polaire.
� �
Son moment dipolaire est p = pex , avec p > 0 quand N est à gauche du plan des
atomes d’hydrogène, et p < 0 quand il est à droite (cf. le schéma précédent).
Si l’atome d’azote n’oscillait pas de part et d’autre du plan des atomes d’hydro-
gène, on aurait deux états de même énergie E1 : l’état « gauche » correspondant à
859
860 Partie VII. Physique des ondes
� �
x = − xéq et p = p0ex avec p0 > 0 , et l’état « droit » correspondant à x = + xéq et
� � � �
p = − p0ex . En présence d’un champ électrique extérieur ε = εex (noté ainsi afin de ne
pas le confondre avec une énergie), il faudrait tenir compte de l’énergie potentielle
� �
− p ⋅ ε que possède un dipôle rigide placé dans un champ extérieur. L’énergie de la
molécule serait E1 ± p0 ε .
Cependant, une molécule initialement dans l’état où N est à gauche (ou à droite)
ne reste pas dans cet état qui n’est pas stationnaire. En revanche, elle reste dans l’état
� �
stationnaire noté A + de fonction d’onde ψ + (qui s’identifie à ψ a1 si ε = 0 ), ou dans
� �
l’état stationnaire noté S − de fonction d’onde ψ − (qui s’identifie à ψ s1 si ε = 0 ), si elle
s’y trouve initialement. On montre que, dans ces deux états, il existe un moment dipo-
� � � �
laire induit : p+ = −βεex , avec β > 0 , pour l’état A + , et p− = βεex pour l’état S − . Le
calcul permet d’établir que les énergies de ces deux états stationnaires dépendent du
champ électrique : E+ = Ea1 + βε2 , et E− = Es1 − βε2 .
Si le jet passe dans un
champ électrique stationnaire
transversal non uniforme (zone
grisée), les molécules subissent
une force :
� → →
F± = − grad E± = ∓β grad ε2 .
Cette force est orthogo-
nale au jet incident, et dévie les
molécules dans l’état A + et
celles dans l'état S − dans des
sens opposés, ce qui permet de les filtrer.
Une fois séparées, elles traversent une zone sans champ électrique appliqué :
elles repassent respectivement dans l’état A et S, et retrouvent un mouvement recti-
ligne uniforme. Le traitement du jet de NH3 relève en effet de la mécanique classique
dans les conditions de l’expérience.
On n’envoie que les molécules de plus grande énergie (dans l’état A) dans une
∆E
cavité traversée par une onde électromagnétique de fréquence f0 = = 23,8 GHz .
h
On a réalisé une inversion de population : les molécules dans la cavité sont
toutes dans l’état de plus haute énergie, et sous l’effet du champ électrique résonant
de l’onde, vont se désexciter en émettant une onde électromagnétique de même fré-
quence, direction et phase que l’onde incidente : c’est l’émission stimulée.
Le maser (acronyme de Microwave Amplification by Stimulated Emision of Ra-
diation), et le laser, qu’il a précédé, fonctionnent sur le même principe. Le maser à
ammoniac est la référence des horloges atomiques.
860
861
861
862 Annexes
Rotationnel
G → → G G
Th. de Stokes : A ⋅ d OM = rot A ⋅ d2 S (définition intrinsèque)
γ S (γ)
Divergence
G G G
A ⋅ d S divA d V
2 3
Th. de Green-Ostrogradski : = (définition intrinsèque)
S V (S )
862
Annexes 863
Laplacien scalaire
→
∆V = div gradV (définition intrinsèque)
Laplacien vectoriel
∂ 2 Ax ∂ 2 Ax ∂ 2 Ax
+ +
∂x 2 ∂y 2 ∂z 2
∆A 2
G x 2
∂ Ay ∂ Ay ∂ Ay
2
Coordonnées cartésiennes : ∆A = ∆Ay = 2
+ +
∂x ∂y 2 ∂z 2
∆Az ∂2A ∂ 2 Az ∂ 2 Az
z
+ +
∂x 2 ∂y 2 ∂z 2
∆A ∆A
G r G G G G r
Cylindriques et sphériques : Attention ! ∆A ≠ ∆Aθ sur la base (er , eθ , ez ) et ∆A ≠ ∆Aθ sur la
∆A
z ∆Aϕ
G G G
base (er , eθ , eϕ ) .
Formules utiles
→ → G
rot gradV = 0
→ G
div rot A = 0
G G → G
div(VA) = VdivA + gradV ⋅ A
→ G → G → G
rot (VA) = V rot A + gradV ∧ A
G G G → G G → G
div( A ∧ B ) = B ⋅ rot A − A ⋅ rot B
→ → G → G G
rot rot A = grad divA − ∆A [ ]
863
864 Annexes
Constantes universelles
G ≃ 6,67 ⋅ 10−11 N ⋅ m2 ⋅ kg-2 constante de gravitation universelle
1
c= ≃ 3,00 ⋅ 108 m ⋅ s-1 célérité de la lumière dans le vide
ε0 µ0
h ≃ 6,63 ⋅ 10−34 J ⋅ s constante de Planck
−12 -1
ε0 ≃ 8,85 ⋅ 10 F⋅m constante électrique
−6 -1
µ0 ≃ 1,26 ⋅ 10 H⋅m constante magnétique
Constantes physico-chimiques
864
865
INDEX
Pour les entrées figurant dans le titre d’un
chapitre, d’une section ou d’une sous-section, se
C
C.O.P 550
référer à la table des matières.
Calorie 525
Calorifugé 509
A Caméra thermique 613
A.R.Q.S thermique 586 Candela (unité) 58
Accélération absolue 349 Cannelures 194
Accélération de Coriolis 352 Capacité de stockage d'un support 796
Accélération d'entraînement 349 Capacité d'un condensateur plan 245
Accélération relative 349 Capacité thermique à pression constante 515
Action caractéristique d'une particule 813 Capacité thermique à volume constant 514
Adaptation d'impédance 643, 768 Caractéristique de transfert d'un A.L.I 74
Adiabatique 509 Carburation 555
Aileron 442 Carte RFID 321
Aimant droit 274 Catastrophe ultraviolette 801
Aimantation 277 Cavitation 494
Airbus A380 440 Cavité multimodale 791
Airy (Fonction de) 187 Célérité de la lumière dans le vide 212
Airy (Tache de) 135 Célérité du son dans un gaz, dans un liquide 662,
Albédo 614 663
Allée de rouleaux de Karman 438 Célérité du son dans un solide 648
Amplificateur inverseur 77 Centimètre de mercure (unité) 390
Amplificateur non inverseur 78 Centre de poussée 395
Amplification différentielle 74 Chaîne d'action 81
Analyseur / Polariseur 696 Chaîne de retour 81
Andrews (Isothermes de) 525 Champ électrique disruptif 216, 735
Anémométrie à fil chaud 415 Champ électromoteur 301
Angle d'attaque 439 Champ géomagnétique 260
Angles d'Euler 531 Chevalet 634
Anticyclone / Dépression 368 Cinéma 3D 701
Aplatissement de la Terre 375 Circulation élémentaire 36
Approximation acoustique 659 Clapeyron (Diagramme de) 517, 526
Approximation paraxiale 792 Coefficient d'absorption (ou d'extinction) 788
APU (Auxiliary Power Unit) 486 Coefficient de compressibilité isentropique 660
Armatures d'un condensateur 244 Coefficient de compressibilité isotherme 514
Arrhénius (Loi de) 557 Coefficient de contraction 463
Aston (Courbe de) 240 Coefficient de diffusion de particules (diffusivité) 557
Atmosphère (unité) 390 Coefficient de dilatation isobare 514
Atmosphère isotherme 391, 566 Coefficient de perte de charge linéique 452
Autocollimation 161 Coefficient de Poisson 648
Autodiffusion 556 Coefficient de portance 431
Avion ZERO G 360 Coefficient de traînée 431
Axe rapide, Axe lent 697 Coefficient de transfert thermique de surface 580
Azimut 15 Coïncidence / Anti-coïncidence 190
B Colatitude 15
Bach (Expérience de) 814 Colebrook (Formule de) 452
Balance de Kibble (Balance de Watt) 59 Collimateur 177
Balle de golf 437 Comparateur à hystérésis 79
Balmer (Série de) 806 Comparateur simple 78
Bande de valence, de conduction, interdite 219 Compensatrice 160
Bandes latérales 98 Condition de Kutta 473
Barkhausen (Critère de) 86 Conducteur, isolant, semi-conducteur 216, 219
Beer-Lambert (Loi de) 788 Conductivité électrique 216
Bessel (Equation de) 657 Conductivité électrique complexe 219
Bessel (Fonction de) 657 Conductivité thermique 577
Biot et Savart (Loi de) 260 Cône de Mach 680
Blanc d'ordre supérieur 193 Constante de Boltzmann 529
Boltzmann (Constante de) 529 Constante de Hubble 682
Boltzmann (Facteur de) 529 Constante de Rydberg 806
Bord d'attaque 439 Constante de Stefan 611
Bord de fuite 439 Constante de torsion 338
Bragg (Loi de) 809 Constante électrique 212
Bras de levier 330 Constante magnétique 212
Brewster (Incidence, angle) 695, 779 Contact optique 170
Contraste (Visibilité) 129
865
866 Index
866
Index 867
867
868 Index
868
Index 869
869
870 Partie VII. Index
870
CAHIER COULEUR
1. BATTEMENTS OPTIQUES page 189
i
ii
Spectre cannelé
iii
3. SPECTROSCOPIE / POUVOIR DE RÉSOLUTION
3. SPECTROSCOPIE / POUVOIR DE RÉSOLUTION
page 195
Spectroscopie avec un réseau de fentes
Spectroscopie avec un réseau de fentes
iv
iv
4. POLARISATION PAR RÉFLEXION VITREUSE ET
PAR DIFFUSION page 694
v
Polarisation par diffusion
vi
vii
6. RAYONNEMENT THERMIQUE /
THERMOGRAPHIE page 613
viii
871
Partie V. MÉCANIQUE
CAHIER COULEUR
Battement optique
Interférences avec une source de lumière blanche
Spectroscopie / pouvoir de résolution
Polarisation par réflexion vitreuse et par diffusion
Interférences et polarisation
Rayonnement thermique / thermographie
Cet ouvrage aborde l’ensemble du cours de Physique de la classe de
CPGE PC / PC*. Il reprend de nombreux points du programme de PCSI.
Il contient :
ͥ n cours très complet, dont la rédaction est particulièrement soignée
u
et s’appuie sur de nombreuses illustrations ;
ͥ l es points délicats détaillés, afin que les étudiants trouvent des ré-
ponses à la plus grande partie de leurs questions ;
ͥ de très nombreuses applications classiques qui ont été choisies pour
leur intérêt, l’éclairage qu’elles apportent au cours, la diversité des
techniques de résolution qu’elles font intervenir, et qui font l’objet de
nombreux sujets d’écrits et d’oraux ;
ͥ l es outils mathématiques (différentielles, champs de vecteurs et de
scalaires, analyse de Fourier, analyse dimensionnelle) ;
ͥ uelques compléments hors-programmes pour leur intérêt culturel
q
et leur utilisation fréquente dans les T.I.P.E. Ils sont clairement identifiés
afin d’être éventuellement réservés à une deuxième lecture plus ap-
profondie.
Pascal OLIVE, ancien élève de l’E.N.S. Lyon, est professeur de chaire supérieure. Il enseigne
la Physique et la Chimie dans la classe de PSI* du Lycée Montaigne de Bordeaux depuis 2007.
Du même auteur :
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