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Le développement structural de la plateforme Nord africaine au cours des

temps précambrien et phanérozoïque est caractérisé par la succession d’au


moins sept phases tectoniques majeures : l’orogenèse panafricaine,
l’extension infracambrienne, l’alternance des mouvements compressifs et
extensifs du Cambrien au Carbonifère, le soulèvement intraplaque
Hercynien majeur du Carbonifère terminal, le rifting du passage Trias-
Jurassique et du Crétacé inférieur, la compression Alpine du Crétacé
supérieur-Tertiaire et le rifting de l’Oligo-Miocène.

Les régions Nord occidentales de la plateforme Nord africaine ont été


fortement affectées par les collisions des plaques durant les temps
Hercynien et Alpin, mais la majeure partie de cette plateforme n’a fait
l’objet que de quelques processus intraplaques subtiles, aboutissant à la
réactivation transpressive et transtensive des systèmes de failles majeures
qui suivent souvent les linéaments des anciennes zones de faiblesse
protérozoïques (Craig et al ; 2006).

La croûte continentale de la plateforme Nord africaine gondwanienne s’est


développée au cours de l’orogenèse panafricaine (700-600 Ma), où on
assiste à une collision oblique entre les craton est et ouest africains, et de
nombreux arcs insulaires (island arcs). Cet évènement était succédé durant
les temps infracambriens (Néoprotérozoïque terminal-début du Cambrien,
640-520 Ma) par des mouvements extensifs majeurs, ayant donné naissance
à des structures cisaillantes le long du linéament Trans-africain, ainsi qu’à
des bassins en pull-apart le long de la prolongement oriental du système de
failles de Nadjd et/ou à des demi grabens associés à la collapse extensive
de l’orogenèse Panafricaine.

L’évolution structurale post-infracambrienne, pré-hercynienne était


complexe et hétérogène. Elle était dominait par des processus de

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réactivation transpressive et transtensive locale, aboutissant à une
interaction complexe entre champs de contraintes intraplaques et la
géométrie des systèmes de faille préexistants.

La collision continentale entre le Gondwana et la Laurasie au cours du


Carbonifère terminal était à l’origine d’un soulèvement majeur et de
chevauchements (uplift and thrusting) dans la partie nord-ouest de la
plateforme Nord africaine, et de plissement et d’inversion dans les régions
intraplaques environnantes. L’intensité de la déformation diminuait vers
l’Est. Les plissements et érosions hercyniens au Nord-ouest sont remplacés
vers le sud et vers l’est par des inconformités et des discordances subtiles à
faibles angles.

L’ouverture de l’Atlantique central au cours du Trias-Lias et la séparation


simultanée du terrane turque-Apulien de l’Afrique nord orientale était à
l’origine d’une importante extension accompagnée d’émissions volcaniques
dans toute la plateforme Nord africaine. La seconde phase extensive
importante du mésozoïque a eu lieu au cours du Crétacé inférieur, suite à
l’ouverture de l’océan atlantique sud et équatorial. Cela a engendré le
développement d’une succession de systèmes de rift avortés dans la
plateforme Nord africaine et centrale.

Le rifting de la partie septentrionale de l’atlantique Nord au cours du


Crétacé terminal était à l’origine d’un changement abrupte dans la
cinématique de la plaque européenne. Les mouvements transpressifs
sénestres précoces ont été remplacés par une phase transpressive dextre
prolongée, aboutissant à la collision entre les plaques africaine et
européenne et à la persistance d’un régime compressif global dans la
plateforme Nord africaine au cours des temps crétacés moyens. Cette
compression alpine a provoqué d’autres plissements et déformations au
Nord ouest de la plateforme Nord africaine, et une inversion intraplaque

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avec un soulèvement des grabens du Trias terminal-début du Lias dans les
autres régions.

La dernier rifting majeur ayant affecté la plateforme Nord africaine a eu


lieu au cours des temps oligo-miocènes, et était associé au développement
des systèmes de rift de la mer rouge, le golf du Suez, et le golf d’El Akaba.

Cette évolution générale et polyphasée a généré un système complexe de


bassins précambriens et paléozoïques surimposés et interconnectés, séparés
par des paléo hauts-fonds stables. Le potentiel pétrolier de ces bassins
varie en fonction de leur histoire tectonique, leurs évolutions thermiques et
sédimentaires ainsi que la complexité des styles structuraux. Ces facteurs se
combinent pour fournir des conditions particulières et favorables à la
génération d’hydrocarbures, ainsi qu’à leur préservation dans les bassins
algériens.

Développement structural

L’Afrique du Nord formait au cours du Phanérozoïque une plaque


lithosphérique, et son développement structural était, par conséquent,
fortement contrôlé par des processus intraplaques (Ziegler et al., 1998), à
l’exeption de la partie nord occidentale (Meseta marocaine, montagnes de
l’Atlas) qui était impliquée au cours des temps hercynien et alpin dans
deux phases de collision continentale entre le Gondwana/Afrique et
Laurasie/Europe.

La séparation de nombreux terranes de l’Afrique du Nord durant le Trias-


Jurassique a entraîné la formation d’un système de grabens le long de la
marge méditerranéenne.

Les évènements tectoniques majeurs qui ont affectés l’Afrique du Nord sont
étroitement liés à la fragmentation du Gondwana et de la Pangée, ainsi

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qu’aux mouvements relatifs aux plaques africaine, eurasienne et
laurentienne.

L’histoire structurale méso-cénozoïque de l’Afrique du Nord peut être


reliée à trois évènements successifs de rifting correspondant au
développement de l’Atlantique Nord, Sud et équatorial, ainsi qu’à
l’ouverture et la fermeture contemporaines du bassin Téthysien.

Cette évolution tectonique polyphasée a donné naissance au système actuel


de bassins paléozoïques flexuraux, partiellement interconnectés, séparés
par des soulèvements (Klitzsch., 1971 ; Schandelmeier., 1988). L’écorché
sous antémésozoïque au dessus, permet de voir clairement les contours des
bassins paléozoïques, en séries de coupes géologiques régionales à travers
le continent nord africain.

Les champs pétroliers et gaziers majeurs dans la succession paléozoïque


occupent des pièges structuraux complexes, stratigraphiques ou mixtes,
conséquence directe de l’histoire tectonique polyphasée de la région. Le
mode complexe d’accumulation d’huile, de gaz sec et de condensât à
différents niveaux dans différents horizons réservoirs reflète les variations
dans la maturité de la roche mère, l’histoire de maturation, de migration,
l’architecture du réservoir, le plissement, les failles, le plissement et la
troncature générés par la surimposition d’évènements tectoniques. La
subtilité et la complexité d’un grand nombre de ces évènements est devenu
actuellement éclairci avec l’aide de la sismique 3D de haute résolution, mais
nombreux aussi ceux qui demeurent mal connus. Le développement
structural de l’Afrique du Nord du Protérozoïque terminal au
phanérozoïque peut être subdivisé en sept phases tectoniques majeures :

<!--[if !supportLists]--> L’orogenèse Panafricaine<!--[endif]-->

<!--[if !supportLists]--> L’extension infracambrienne<!--[endif]-->

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<!--[if !supportLists]--> L’alternance des mouvements compressifs-
extenssifs du Cambrien eu Carbonifère<!--[endif]-->

<!--[if !supportLists]--> Le soulèvement intraplaque majeur Hercynien


du Carbonifère terminal <!--[endif]-->

<!--[if !supportLists]--> Le rifting du passage Trias-Jurassique et du


Crétacé inférieur<!--[endif]-->

<!--[if !supportLists]--> La compression Autrichienne du Crétacé moyen


et la compression Alpine du Crétacé supérieur/Tertiaire.<!--[endif]-->

<!--[if !supportLists]--> Le soulèvement récent et l’activité volcanique du


Néogène.

1. L’orogenèse panafricaine (900-600 Ma)

La croûte continentale de la plateforme Nord africaine s’est développée au


cours de l’orogenèse panafricaine, suite à une collision continentale oblique
entre le craton ouest africain, le craton est africain et de nombreux arcs
insulaires (caby et al., 1981 ; Boullier., 1991 ; Black et al., 1994 ; Greiling et
al., 1994 ; Jacobs et Thomas., 2004). Cet évènement majeur était cependant
responsable de la fusion de nucléis cratoniques variés et du développement
de deux ceinture orogéniques majeures, l’orogène Est-africain et la chaîne
panafricaine (ou méga ceinture tran-saharienne), qui constituent les sous
bassements des successions paléozoïques dans l’Afrique du Nord et
l’Arabie.

Les régions les plus anciennes sont représentées par le craton Ouest-
africain, le craton du Nil et le craton du Sahara oriental, qui sont rentrés en
stabilité depuis le Protérozoïque moyen (2100-1800 Ma) (Schandelmeier et
al., 1987 ; El Makhrouf., 1988).

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Le cachet « overprinting » panafricain (700-600 Ma) est limité
principalement à des assemblages volcano-sédimentaires océaniques avec
des ophiolites localement préservées et des intrusions batholitiques de
subduction entourant les blocs cratoniques stables (Vail., 1991).
L’assemblage océanique qui encerclait l’Afrique du Nord est interprété
comme un critère structural unique et hétérogène qui relie le bouclier
arabo-africain (d’Egypte et d’Arabie saoudite) avec la ceinture pharusienne
d’Algérie (Vail., 1991).

1.1. L’orogène Est africain

La partie septentrionale de l’orogène Est africain est représentée


aujourd’hui par le bouclier Arabo-Nubien dans la partie occidentale de la
péninsule arabique et dans l’Egypte de l’Est et le Soudan. Le bouclier s’est
formé vers 640-510 Ma suite à la fermeture graduelle de l’océan
Mozambique (900 Ma) qui séparait le Gondwana Est et Ouest. Cet océan
était caractérisé par des arcs océaniques et des bassins d’avant arcs, dont la
collision a donné naissance à des super terranes qui se sont amalgamés
pour former le bouclier Arabe-Nubien (Condie., 2003). Cela contraste avec
la partie méridionale de l’orogène est Africain-antarctic qui a pris naissance
suite à une collision du type continent-continent (Jacobs et Thomas., 2002).
Durant la phase panafricaine, les sédiments érodés des ceintures
orogéniques nouvellement formées se sont déposés dans des bassins
molassiques d’avant pays et intracratoniques (Genna et al., 2002).

1.2. La chaîne Panafricaine

Le second système orogénique panafricain est représenté en Afrique du


Nord par la chaîne Panafricain qui s’est formée entre 750 et 520 Ma, suite à

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la collision de plus de vingt terranes localisés entre les cratons ouest africain
et le craton oriental saharien (Azzouni-Sekkal et al ., 2003 ; Bournas et al .,
2003 ; Caby., 2003).

La chaîne panafricaine affleure dans l’anti–Atlas marocain, l’Ougarta, le


Touareg pharusien (massif du Hoggar), les ceintures de Gourma et
Dahomeyan (Condie., 2003). Le bouclier Touareg se compose de
microplaques pharusiennes de l’océan dit pharusien, qui s’étendait entre les
cratons sahariens (Hallet., 2002). Les ceintures orogéniques panafricaines
semblent avoir entouré complètement le craton ouest africain au cours du
Néoprotérozoïque. Les affleurements des roches panafricaines sont connus
dans la partie occidentale du craton ouest africain en Maurétanie, et les
ceintures de Bassaride et de Rokelide (Condie., 2003).

La limite entre la chaîne panafricaine et le craton ouest africain peut être


également identifiée dans l’Anti-Atlas marocain, qui a été subdivisé en trois
domaines structuraux (Fekkak et al., 2004) : l’Anti-Atlas méridional qui
représente la bordure nord du craton ouest africain, l’Anti-Atlas central qui
représente la zone de suture avec un complexe d’accrétion, et l’Anti-Atlas
oriental où seules les roches néoprotérozoïques sont présentes. En
revanche, Ennih et Liégeois (2001) s’accordent sur le fait que tout l’Anti-
Atlas appartient au craton ouest africain. Selon ces auteurs, les unités
panafricaines dans l’Anti-Atlas représentent des portions océaniques qui
ont été charriées sur le craton vers 685 Ma, du fait de la tectonique
d’accrétion panafricaine.

Les bassins mollassiques intramontagneux sont bien développés dans la


chaîne panafricaine. Un taux important de mollasse panafricaine s’est
accumulé dans les grabens et bassins résiduels au NW du Hoggar, où on
note plus de 6000 m de sédiments clastiques rougeâtres et verdâtres et
d’intercalations carbonatées (Caby et Monie ., 2003). Dans le craton ouest
africain, la sédimentation panafricaine est essentiellement influencée par

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l’activité tectonique de la chaîne panafricaine. Cela s’est traduit par des
variations considérables dans l’épaisseur des sédiments néoprotérozoïques,
qui passent de 1000 m dans le bassin du Taoudeni à environ 100 m en
Algérie (Moussine-Pouchkine et Bertrand-Sarfati., 1997).

1.3. Les terranes périgondwaniens

Vers la fin de l’orogenèse panafricaine, plusieurs terranes de l’Europe


occidentale, incluant l’Avalon, l’Armorique, Tepla-Barrandia et saxo-
Thuringia, sont restés attachés à l’Afrique du Nord et à l’Arabie. Une zone
de subduction océanique s’est développée au Nord de ces terranes mais
l’Afrique du Nord et l’Arabie n’étaient pas affectées par la compression
associée.

La structure de la croûte continentale Nord africaine est révélée par la


ceinture panafricaine trans-saharienne qui affleure dans le massif du
Hoggar au sud d’Algérie. Boullier (1991) a subdivisé la ceinture en six
domaines qui incluent la zone de suture pré-panafricaine (730 Ma) à l’Est,
les régions du chevauchement panafricain (thrusting), l’épaississement
crustal et les zones de cisaillement ductiles du panafricain tardif comme la
zone de cisaillement 4°30E (Boullier et Bertrand., 1981 ; Boulier., 1982 ;
Bertrand et al., 1986 ; Caby et Andreopoulos-Renaud., 1987).

Plusieurs duplexes (nappes) sont exposés dans le massif occidental du


Hoggar et représentent le chevauchement vers l’ouest, sur la marge passive
du craton ouest africain. La zone de collision est marquée par la suture de
Tilemsi et la chaîne de l’Ougarta du Sahara algérien (Kurek et Preidl., 1987 ;
Vail., 1991). Les terranes du soubassement dans le massif du Hoggar sont
séparés par des zones de cisaillement majeures, de direction méridienne (N-

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S), représentant des limites de terranes d’échelle crustale, ayant entraîné
une réactivation transpressive durant la collision panafricaine oblique.

Ailleurs, les grands systèmes de failles protérozoïques et panafricains


comme le linéament trans-africain, le linéament de l’Afrique centrale, et le
système de faille de Nadjd sont tous reliés aux processus de réarrangement
des plaques panafricaines et protérozoïques entre les cratons adjacents. Ces
grands systèmes de failles constituent une zone de faiblesse dans la croûte
continentale Nord Africaine, et ont été réactivés à maintes reprises durant
les événements tectoniques ultérieurs. Par exemple, le linéament africain
central a contrôlé l’évolution mésozoïque du système de rift africain central
et occidental durant l’ouverture crétacée de l’atlantique sud-équatorial.

En Algérie, la réactivation phanérozoïque de la zone de cisaillement 4°30 E a


contrôlé le développement du môle d’Amguid El Biod et a également
influencée l’évolution des bassins de l’Ahnet et de Berkine (Beuf et al.,
1971 ; Boudjema., 1987). La croûte cambrienne s’épaissit sur la crête de ce
môle, mais la succession paléozoïque entière a été soulevée et largement
érodée sur la crête du môle durant la transpression hercynienne. Le môle
hercynien a été réactivé encore durant le rifting du Trias et du Crétacé
inférieur où des séries de horsts et grabens se sont développés le long de
son flac oriental (Kean et Nicholas., 1995). Le graben a subi ensuite une
inversion structurale positive durant le Crétacé supérieur et le Tertiaire
(Boudjema., 1987).

Vers la fin de l’orogenèse panafricaine, la croûte continentale de l’Afrique


du Nord renfermait des structures décrochantes (striking structures) Nord,
Nord-Est, Nord-Ouest et Est-Nord-Est. La continuité des populations de
failles et des structures néoprotérozoïques bien exprimées dans la
couverture sédimentaire récente implique que la différenciation structurale
phanérozoïque en bassins, rifts et hauts-fonds a suivi les trends structuraux
préexistants dans le soubassement sous-jacent.

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2. L’extension infracambrienne (1000 Ma à 525 Ma)

La période du Néoprotérozoïque terminal-début du Cambrien


(« Infracambrien ») était caractérisée en Afrique du Nord par des
mouvements extensifs majeurs. Les structures de cet âge sont interprétées
comme avoir été formées suite à un cisaillement le long du linéament trans-
africain (Schendelmeier., 1988), sous forme de bassins en pull-apart liés à la
continuité vers occidentale du système de faille de Nadjd arabe (Husseini.,
1990 ; Talbot et Alavi., 1996), et /ou sous forme d’un demi graben associé à
la collapse extensive de l’orogène panafricain (Greling et al., 1994) et
constitue le prolongement occidental du système de bassins infracambriens
et des structures associées qui s’étendent le long du Gondwana
septentrional, de l’Australie jusqu’au Pakistan, Iran et Oman jusqu’en
Afrique du Nord.

Le terme stratigraphique (infracambrien) est généralement peu défini, mais


en Afrique du Nord la succession infracambrienne peut être comparée aux
roches du Néoprotérozoïque (1000 Ma- 542 Ma), et celles du Cambrien
inférieur (542-525 Ma) (Granstein et al., 2004) déposées sous forme de
plateforme panafricaine et de mollasses post-africaines,et recouvertes
fréquemment, en discordance, par des sédiments cratoniques plus récents
(cambriens et paléozoïques). Les premiers sédiments précambriens varient
énormément en Afrique du Nord, où les sédiments les plus anciens (2000 à
1000 Ma( sont préservés sur le craton ouest africain stable, alors que les
sédiments les plus jeunes (640 Ma) sont préservés dans les ceintures
orogéniques panafricaines les plus mobiles.

La datation précise des successions infracambrienne est généralement


problématique en Afrique du Nord en raison de l’absence de critères
stratigraphiques fiables. Les palynomorphes donnent un âge valable dans

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les sédiments marins, mais ne préservés que dans les échantillons de
subsurface car microflore est souvent détruits par l’intense oxydation qui
caractérise les échantillons de surface. La datation des affleurements est
basée sur la biostratigraphie informelle mais pragmatique basée sur les
stromatolites (Bertrand-Sarfati., 1972 ; Bertrand-Sarfati et Moussine-
Pouchkine., 1991) qui s’applique bien à petite échelle et constitue une base
importante aux subdivisions et corrélations des successions
infracambriennes.

Les dépôts infracambriens ont été décrits dans des régions variées de
l’Afrique du nord, bien que la succession affleure de manière incomplète et
éparse, et sa pénétration en subsurface reste rare en raison de son
enfouissement excessif. D’épaisses séries carbonatées infracambriennes
incluant des stromatolites ont été décrites au Maroc (Destombes et al.,
1985), et des argiles noires infracambriennes ont été décrites à partir des
affleurements dans le bassin du Taoudeni au sud-ouest d’Algérie, où elles
sont interprétées comme déposées dans des grabens infracambriens
(Moussine-Pouchkine et Bertrand-Saarfati., 1997). Des argiels, silt et grès
probablement infracambriens ont été également traversés par certains
sondages dans le bassin de l’Ahnet, et dans le bassin de Murzuq (SW de
Libye) (Jaqué., 1962).

A Oman et en Arabie saoudite les remplissages infracambriens des grabens


renferment un taux important de carbonates et argiles très riches en matière
organique, faisant de ces dépôts l’une des meilleures roches mères
génératrices de pétrole dans la région (Husseini et Husseini., 1990, Droste.,
1997). Ces niveaux argileux enrichis en matière organique s’observent
uniquement dans des parties profondes des demi grabens et des bassins en
pull-apart contemporains, où l’anoxie est favorisée par les conditions de
faible énergie (Schrôder et al., 2000 ; 2003 ; 2004). En conséquence,

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l’extension latérale et l’épaisseur de ces roches mères infracambriennes
varient considérablement.

Les reconstitutions des plaques tectoniques suggèrent que l’Afrique du


Nord était localisée dans les hautes latitudes durant les temps
infracambrien (600 Ma) (Dalziel., 1997) et était probablement affectée par au
moins une des sept glaciations néoprotérozoïques majeures (Deynox et al.,
1978 ; Hoffmann et Schrag.,2002 : Johnson et Wolderhaimanot., 2003 ; Miller
et al., 2003). Plus de 500 m d’intercalations de diamictites, de sédiments
glacio-éoliens, glacio-fluviatiles et glacio-marins ont été observées dans le
bassin de Taoudenni en Maurétanie (Durand et al., 1987) avec une surface
glaciaire datée du Cambrien basal ( ?) montrant un fort relief
topographique (Bertrand-Sarfati et al., 1995).

Les deux principales glaciations néoprotérozoïques à 700 Ma (glaciation


sturtienne) 600 Ma (glaciation vendienne) sont probablement associées à
des chute eustatiques majeure du niveau marin global, et ont pris fin
brutalement provoquant une transgression rapide, suivie de périodes de
réchauffement climatique et de période de dépôt de carbonates post-
glaciaires. Des variations aussi rapides du niveau marin résultant des
oscillations climatiques glaciaires/interglaciaires prononcées auraient
permis des corrélations lithostratigraphiques plus détaillées et facilité les
futures analyses stratigraphiques séquentielles des successions
infracambriennes de l’Afrique du Nord.

Les affleurements infracambriens les plus importants et les plus continus


latéralement sont observés dans l’anti-Atlas sud marocain, dans la marge
septentrionale du bassin de Tindouf et le long des flancs septentrionaux du
bassin du Taoudenni au Nord de la Mauritanie et du Mali. Les deux bassins
renferment des complexes petrogazifères infracambriens, avec des
productions de gaz ou des réserves commerciales prouvées dans les

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réservoirs carbonatés à stromatolites, alimentés à partir des argiles
infracambriennes contemporaines.

La succession infracambrienne dans l’Anti-Atlas marocain et son


prolongement oriental en Algérie représenté par la chaîne de l’Ougarta est
représentée par plus de 2000 m de complexe ophiolitique à la base,
surmonté par environ 800 m de séries volcaniques (endesites, basaltes et
rhyolites) alternant avec des conglomérats et des greywackes (la série
« Ouarzazate »), l’ensemble est recouvert par 3000 m de dépôts de
plateforme carbonatés et de dépôts détritiques qui straddle la limite
néoprotérozoïque-Cambrien terminal (Boudda et al., 1987 ; Bouima et
Mezghache., 2002 ; Leblanc et Moussine-Pouchkine., 1994 ; Magaeitz et al.,
1991).

Le complexe ophiolitique incluse des horizons d’argiles noire pyriteuses


interprétées comme des turbidites d’eau profonde, déposées sur le talus
continental ou sur le substrat d’un bassin marginal. Ce bassin océanique
profond s’est formé suite à un rifting le long de la marge septentrionale du
craton ouest africain vers 790 Ma, associé à la dislocation du super
continent Rodinia (Fekkak et al., 2004). Les sédiments basaux étaient par la
suite incorporés dans les ophiolites Bou Azzer et déformés durant
l’orogenèse Pan-Africaine ultérieure (Leblanc et moussine-Pouchkine.,
1994).

Des taux importants de calcaires stromatolitiques bitumineux post-


panafricains sont largement développés dans les successions du Cambrien
inférieurs dans l’Anti-Atlas (Buggisch et al., 1978 ; Geyer et Landing., 1995),
et des calcaires stromatolitiques, alternant souvent avec des dépôts silico-
clastiques sont aussi largement développés dans les successions
infracambriennes ailleurs en Afrique du Nord, essentiellement dans la
chaîne de l’Ougarta en Algérie occidentale et dans les régions
septentrionales du bassin du Taoudenni au sud et à l’est de la Maurétanie, à

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l’ouest du Mali et au sud d’Algérie. Ils sont peut être mieux développés
dans l’infracambrien du groupe Atar, déposé entre 890 et 620 Ma dans le
bassin du Taoudenni, où des alternances de carbonates à stromatolites et
des séquences silico-clastiques mixtes (incluant les argiles noires pyriteuses
riches en MO) se sont accumulées en mer peu profonde, localisée dans une
aire cratonique à faible relief avec le développement de rifting et de demi-
grabens autour du craton ouest africain (Moussine-Pouchkine et Bertrand-
Sarfati., 1997 ; Benan et Deynoux., 1998).

Une séquence infracambrienne de conglomérats, grès argileux et silt a été


décrite aussi bien en affleurement qu’en subsurface de la marge orientale
du bassin de Murzuq, situé au SW de Libye, et dans de nombreux forages
dans la partie N du bassin (Jacque ., 1962 ; Burollet et Byramjee., 1969 ;
Bellini et Massa., 1980 ; Hallet., 2002). Cette séquence appelée par Jaque
(1962) « formation de Mourizidie » souligne les grès cambriens du
Hassawnah et constitue probablement l’équivalent latéral des grès du
« Wour » décrits dans le prolongement méridional du bassin de Murzuq en
Niger (Deynoux et al., 1985). Les dix premiers mètres de la succession
montre aux affleurements de grands blocs du soubassement schisteux dans
une matrice de grès rougeâtres (Bellini et Massa., 1980) et peut être
glacigénique.

Les mouvements extensifs infracambriens en Afrique du Nord et en Arabie


ont été interprétés comme le résultat d’une « tectonique d’échappement »
(escape tectonics) associée à la collision entre le Gondwana oriental et
occidental, qui a donné naissance à l’orogène Est africain (Jacobs et
Thomas., 2004 ; Kusky et Matsah., 2003). En Arabie, les forces associées à la
collision étaient à l’origine d’un grand système de failles (300 à 400 Km de
largeur) orientées NW-SE, (le système de Nadjd) avec un déplacement
sénestre d’environ 300 Km (Droste., 1997 ; Husseini et Husseini., 1990 ;
Talbot et Alavi., 1996). L’origine de ce système est controversée avec des

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modèles aussi bien extensifs que compressifs. Mais il est clair que ce
système a donné naissance à des séries de bassins infracambriens profonds
en pull-apart rhomboédriques, remplis avec du sel infracambrien, pouvant
avoir des analogues en Libye (bassin de Kufra).

Les mouvements du système de failles de Nadjd durant l’infracambrien


étaient accompagnés par l’extension NW-SE au Nord d’Egypte et dans la
péninsule de Sinaï (Husseini., 1988) avec un rift actif s’étendant vers le NE
d’Egypte et un second rift s’étedant vers la vallée du Jourdan, à travers la
mer morte jusqu’en Turquie formant une jonction triple avec le système de
failles de Nadjd, et la péninsule de Sinaï (Stern., 1985 ; Husseini et
Husseini., 1990).

L’extension infracambrienne a eu lieu également en Libye suite à des


mouvements le long de la suture pannotienne. Cela a généré des blocs
faillés et aurait généré des bassins en pull-apart en dessous les bassins
paléozoïque de Murzuq et Kufra. Globalement, une quarantaine de bassins
volcano-sédimentaires infracambriens de différents types se sont formés
dans l’orogène Est africain, suite à l’amalgamation des terranes pan-
africains (Johnson et Woldehaimanot., 2003). Ces bassins de taille variable
(avec de grands bassins à Oman e tau golf arabe, petits bassin su NE
d’Afrique) contiennent des sédiments dont l’âge varie entre 723 et 580 Ma.
Leur distribution indique que plusieurs pulses extensifs ont affecté la
région après le pic d’orogenèse, mais en contre partie, la déformation des
sédiments dans ces bassins témoigne de l’interruption de la grande phase
extensive du Néoprotérozoïque terminal par des phases compressives et un
cisaillement ductile-cassant, ne serait ce que à l’échelle locale (Johnson et
Wlodehaimanot., 2003). Le fait qu’un grand nombre de ces bassins soit
entouré par des hauts fonds d’arrière pays est reflété par leur remplissage
sédimentaire grossier typique, incluant des niveaux continentaux
rougeâtres (Hallet., 2002).

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Certains demi-grabens infracambriens comme ceux du sud d’Algérie
(Moussine-Pouchkine et Bertrand-Sarfat., 1997) peuvent avoir été formés
suite à la collapse extensive de la ceinture orogénique panafricaine
(Greiling et al., 1994). Le dépôt post-pan-africain dans l’Anti-Atlas marocain
était également associé à l’extension et au développement des demi-grabens
(fig.14), avec une activité volcanique entre 580 et 560 Ma accompagnée une
extension orientée NW-SE et un décrochement senestre oblique sur les
failles orientées 100°-120°, parallèle à la première suture panafricaine
(Algouti et al., 2000 ; Azizi Samir et al., 1990 ; Soulaimani et al., 2003 ; El
Archi et al., 2004).

L’orogenèse panafricaine était suivie d’un soulèvement à l’échelle


continentale et d’une érosion intense dans le Gondwana septentrional. Cela
a engendré une vaste pénéplaine, tronquant le soubassement précambrien
exondé (Avigad et al., 2003) et s’étendant du Maroc à l’ouest d’Oman. Les
phases finales de l’orogenèse panafricaine ont imposé un fort cachet
structural (structural grain) à travers la majeure partie de l’Afrique du
Nord, ayant influencé le dépôt des successions cambro-ordovicinnes qui se
sont accumulées sur la surface du socle pénéplané durant les phases
ultérieures de l’évolution tectonique (Hallett., 2002).

3. L’alternance d’extension et de compression du Cambrien au Carbonifère

L’évolution structurale des bassins paléozoïques de l’Afrique du Nord


entre l’extension infracambrienne et le carbonifère terminal (orogenèse
Hercynienne) est complexe. La région s’étendait au cours du Paléozoïque
sur une large rampe à regard vers le Nord de la marge passive
gondwanienne. Le dépôt était essentiellement contrôlé par les variations
glacio-eustatiques du niveau de lame, et au cours du Cambrien au Silurien
moyen, des structures majeures ont exercé un contrôle relatif sur la

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distribution des faciès sédimentaires. Il n’existait pas de collisions de
plaques majeures ou des séparations à cette époque et des processus de
réactivation transpressive et transtensive dominaient la région suite à une
interaction des champs de contraintes intraplaques avec les systèmes de
failles préexistants, d’orientation et de géométrie variées.

Des périodes mineures de croissance (growth) sur les éléments structuraux


préexistants dans la région ont provoqué des variations subtiles dans la
stratigraphie et ont subdivisé éventuellement la marge en séries de
dépressions subtiles séparées par des arches. Les hauts fonds inter et
intrabassins ont exercé un énorme contrôle sur la sédimentation du Silurien
moyen, et les môles de Tihemboka, de Qargaf et du Dahar ont contrôlé
essentiellement la distribution des faciès siluriens supérieurs d’Akakus et
les séquences gréseuses dévoniennes.

Au cours du paléozoïque inférieur, les bassins sahariens constituaient une


partie d’un large système de plateforme Nord Africaine interconnectée, qui
était dans un stade d’affaissement (sagging) après la phase d’extension
infracambrienne. Certains reliefs étaient probablement associés aux
affaissements accélérés susceptibles de former des rifts. Cela était à l’origine
des variations des épaisseurs constatées par exemple bassin de Kufra (SE de
Libye) où les strates cambro-orodviciennes montrent un important
amincissement vers les marges.

Les bassins sahariens se sont bien individualisés vers la fin du Silurien-


début du dévonien suite au soulèvement des axes anticlinaux, mais cette
différenciation devient encore plus prononcée vers la fin du Dévonien et au
cours du carbonifère (Klitzsch., 1970 ; Klitzsch et Ziegert., 2000). Au cours
du Paléozoïque, les bassins sahariens ont été remplis avec d’épaisses
séquences de sédiments clastiques généralement fins, alors que sur les
hauts fonds, les séquences sont très peu épaisses et renferment un matériel
plus grossier avec de nombreuses discordances locales.

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3.1. La distension du Cambro-Ordovicien (525 – 444 Ma)

La succession cambro-ordovicienne est représente en Afrique du Nord par


des dépôts silico-clastiques continentaux et marins peu profonds, dominés
par les grès, avec quelques membres argileux. La sédimentation a eu lieu
sur une large plateforme et généralement dans un contexte de faible
accommodation. La principale source correspond à l’arrière pays
gondwanien avec des directions de courant S-N à SE-NW. Les principaux
réservoirs du champs pétrolier géant de Hassi-Messaoud et des champs
pétroliers et gaziers limitrophes (Rhourde El Baguel) à l'Est d'Algérie
correspondent aux grès quartzitiques cambriens et areinigiens, incluant les
quartzitiques de Hamra de l'Ordovicien inférieur.

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