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Série Stages & Ateliers

N° 1 Les
Cahiers de la
Recherche
du CERAU
Atelier
“Urbanisme et montage
de projets urbains ”
Quel campus universitaire pour Khénifra ?

Année universitaire : 2019-2020

Numéro coordonné par:


M. HANZAZ et S. NAKHLI
Série Stages & Ateliers
N° 1

Atelier
“Urbanisme et montage
de projets urbains ”
Quel campus universitaire pour Khénifra ?

Coordination de ce Numéro : Année universitaire : 2019-2020


M. HANZAZ et S. NAKHLI

Les Cahiers de la Recherche du CERAU


Les Cahiers de la Recherche du CERAU sont une publication éditée par le Centre d’Etudes et de Recherche en Aménagement
et Urbanisme de l’Institut National d’Aménagement et d’Urbanisme (INAU). Ils se consacrent à la diffusion des travaux de
Recherches menés au sein du CERAU par son équipe coordonnée par un ensemble de professeurs de l’INAU. Ils se composent
de différentes Séries de publication, dont ce premier numéro de la Série «Stages & Ateliers».
La présente Série «Stages & Ateliers» est consacrée à la publication des résultats des travaux des jeunes chercheurs de l’INAU
dans le cadre des Stages et d’Ateliers effectués tout au long de leur cursus académique.

Directeurs de la Publication
Sanaa NAKHLI & Mohamed HANZAZ

Cette publication constitue le premier numéro de d’aménagement en suivant la démarche projet dans
cette série. Elle reprend une version synthétisée de l’autre cas.
tous les travaux effectués par les étudiants du Master
Les principaux objectifs recherchés de cet atelier sont :
Aménagement et Urbanisme de la promotion 2018-
2019, dans le cadre de l’Atelier intitulé «Urbanisme et • Le développement des capacités d’analyse urbaine
montage de projets urbains». L’Atelier est coordonné chez les étudiants ;
par le professeur M. HANZAZ, appuyé par une équipe
• L’initiation à la conception de projets urbains ;
d’encadrement composée de M. CHOUAF et S. NAKHLI.
• L’approfondissement des connaissances en matière
L’atelier porte sur une thématique et un terrain précis
d’utilisation des principaux outils et techniques
qui sont définis par l’équipe d’encadrement. Il peut
d’analyse spatiale et socio-économique (analyse des
traiter soit une thématique urbaine générale, tels que
documents d’urbanisme, des cartes, observation
l’habitat insalubre, la centralité urbaine, la mise à niveau
sur le terrain, enquêtes-ménages, entretiens avec les
urbaine, l’extension urbaine…, soit un projet urbain
acteurs…) ;
précis (réalisé ou en cours) à évaluer, ou un projet urbain
à développer dans le cadre de l’atelier. • Le renforcement des capacités des étudiants à travailler
en groupe.
- Dans le premier cas, le travail se fait à l’échelle d’une
ville. Il est axé sur le diagnostic du tissu urbain qui L’atelier dans l’organisme d’accueil, peut répondre à
doit aboutir à des propositions concrètes susceptibles plusieurs activités entre autres : l’élaboration d’un projet
de rendre compte d’un dysfonctionnement ou de de territoire urbain, la conception d’un projet urbain,
consolider un atout et ce en relation avec la thématique l’évaluation d’un projet urbanistique, l’élaboration d’un
choisie. document d’urbanisme, …
-
Dans le deuxième cas, il s’agit généralement soit A la fin de l’atelier, les étudiants doivent rédiger un
de faire une évaluation et une contre-proposition mémoire de restitution de tous leurs travaux de
dans le cas où le choix porte sur des projets urbains recherche qu’ils soutiennent devant un jury.
réalisés ou en cours ; soit, de développer un projet

Année universitaire 2019-2020

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ÉDITORIAL

Le Centre d’Etudes et Recherches en Aménagement Chaque année, l’INAU dispense pour chaque niveau du
et Urbanisme (CERAU) a pour mission la gestion et le MASTER plusieurs ateliers et stages de terrain portant
suivi des programmes de recherches et d’études ainsi sur diverses thématiques et des terrains d’études
que la mise en œuvre de la stratégie et des moyens de multiples, coordonnés et encadrés par plusieurs
diffusion des résultats sous différentes formes (cahiers, professeurs. A la fin de la première année du MASTER,
revues, actes, rapports...). Il constitue une structure les étudiants sont amenés à effectuer un stage de 30
pluridisciplinaire et/ou transdisciplinaire travaillant sur jours pour explorer et mettre en pratique tous les acquis
des grandes thématiques définies dans le cadre des de cette année. Le résultat est corroboré par un travail
orientations prioritaires de la recherche de l’Institut de recherche mettant en valeur la problématique, la
National d’Aménagement et d’Urbanisme (INAU). méthodologie, l’état des lieux du territoire en question
ainsi que les principaux résultats. Les ateliers, au
Prévu initialement comme une structure d’étude, de
nombre de trois, sont des moments de consécration et
recherche et de formation pratique au sein de l’INAU,
d’expérimentation avancées de toute la formation en
le CERAU est considéré comme une structure novatrice
deuxième année. Il s’agit des ateliers relatifs au «Projet
dans le champs de la formation et de recherche au
de Territoire», à «l’urbanisme et au montage de projets
sein des établissements de formation supérieure au
urbains», et à «l’identification et l’initiation aux projets
Maroc. Depuis sa création en 1983, plusieurs travaux de
d’aménagement».
recherche et d’études ont été réalisés débouchant sur
un cumul de savoir à plusieurs niveaux. Ainsi, il s’est créé Les stages et les ateliers sont santionnés par une
un fond d’accumulation de savoir suffisamment riche présentation des projets élaborés par les etudiants
pour constituer aujourd’hui des acquis à capitaliser, devant un jury composé des enseignants relevant de
consolider et valoriser dans le cadre de publications et l’INAU et des professionnels.
de diffusions auprès de tous ceux qui s’intéressent aux
Pour ce premier numéro de la Série Stages & Ateliers,
domaines de l’aménagement et de l’urbanisme.
nous avons choisi de publier les travaux de recherche
Dans cette perspective, ces Cahiers de recherche du de l’Atelier d’Urbanisme portant sur la thématique des
CERAU viennent pour répondre à une approche de campus universitaires comme levier de développement
sauvegarde et d’acquis d’environ 40 années passées, local d’une ville moyenne comme Khénifra.
de consolidation des actions stratégiques en cours
Il est à préciser que cet Atelier a été mené et coordonné
actuellement, et de la nécessité de s’intégrer aux
d’une manière conjointe avec l’Agence Urbaine de
attentes et besoins actuels et d’anticiper les évolutions
Khénifra. Au niveau de l’INAU, outre le coordonnateur
futures. Aujourd’hui, le CERAU peut faire prévaloir
de l’atelier, le professeur M. HANZAZ, l’équipe
ses acquis de presque 40 ans de fonctionnement
d’encadrement et de suivi au niveau de l’INAU et sur
durant lesquels plusieurs études et recherches ont été
le terrain était composée également de S. NAKHLI et
produites sur différents thèmes liés à l’aménagement
M. CHOUAF. Au niveau de Khénifra, toute l’équipe de
et l’urbanisme, contribuant ainsi à l’émergence d’une
l’atelier a été prise en charge par l’Agence urbaine dans
“identité ” qui mérite d’être valorisée.
le cadre d’une convention signée entre le Directeur de
Nous avons commencé d’inaugurer cette nouvelle l’Agence urbaine, M. Mourad AMIL et celui de l’INAU, M.
publication des Cahiers de Recherche du CERAU par Mohamed HANZAZ. Ce premier numéro est donc le fruit
cette Série axée sur les résultats des stages et ateliers de ce partenariat que nous espérons prometteur aussi
effectués par les étudiants du Master de l’INAU. bien pour nos étudiants que pour l’Agence elle-même.

Par les Directeurs de publication : M. HANZAZ & S. NAKHLI

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TÉMOIGNAGE

Le partenariat initié entre l’Agence urbaine de Khénifra SEKROUHI, ex Wali et Enseignant chercheur à l’INAU, qui
et l’Institut National d’Aménagement et d’Urbanisme a été à la base de cette proposition et que M. Mohamed
(INAU) de Rabat est un partenariat orienté moyen FETTAH, Gouverneur de la Province de Khénifra, a salué
et long termes, et se propose de créer au sein et mis à la disposition de l’équipe toutes les facilités
de l’INAU, voire au sein du Centre d’Etudes et de et orientations afin d’assurer les meilleures conditions
Recherches en Aménagement et Urbanisme (CERAU), pour la réussite de ce projet, passant d’une simple idée
un laboratoire Territorial (Lab Territory) visant à faire de stage de futurs lauréats à un projet commun de
de la province de Khénifra un laboratoire territorial partenariat.
pilote d’expérimentation du développement territorial
durable. A ce titre, deux problématiques essentielles Ceci étant dit, cette recherche appliquée, il faut le
ont déjà été traitées dans le cadre de ce partenariat par souligner, a fait l’objet d’un benchmark national (cas
les lauréats de l’INAU (promotion MASTER II - 2019), à de l’Université Akhaouyn, et de Madinat Al Irfane) et
savoir, le développement de la composante rurale en international (cas du Portugal, de la France, du Japon
identifiant les futurs centres ruraux émergents de la et du Mexique) avant d’aboutir à des propositions
province – laquelle recherche appliquée pourrait à notre concrètes au niveau local en présentant trois options
sens, valablement faire l’objet d’un second numéro d’aménagement, toutes articulées autour de la notion
de cette publication – ainsi que l’objet de la présente de développement durable, voire des Nouvelles
publication, soit un sujet complémentaire au premier Technologies de l’Information et de la Communication
et traitant la composante urbaine, à savoir, la définition (NTIC). Nous aurions pu aller encore plus loin en matière
d’une vocation universitaire pour la ville de Khénifra. de recherche appliquée à l’urbanisme en esquissant le
coût potentiel du projet, voire élaborer des termes de
Je peux à ce titre, apporter un témoignage et profiter référence type pour cet ambitieux projet afin de faciliter
pour rendre un vibrant hommage, d’une part aux son exécution au maître d’ouvrage qu’est le Ministère
étudiants qui ont produit un travail de grande qualité de l’Enseignement Supérieur, mais considérant le travail
mais aussi à leur corps enseignant qui a fait preuve de qualité déjà produit, nous avons décidé de se limiter
d’une expertise et d’un encadrement de grande aux trois variantes du projet quitte à développer une
facture mettant en œuvre conception théorique et recherche complémentaire pour les étapes futures de
développement pratique au bénéficie d’un urbanisme ce projet .
opérationnel, tel que convenu dans nos premiers
échanges avec les responsables de cette brillante Enfin, il me reste à saluer encore une fois le
institution. Ceci bien entendu, en parfaite collaboration professionnalisme et l’engagement de nos partenaires
avec les équipes de l’Agence urbaine, que je tiens de l’INAU en espérant une collaboration fructueuse
à féliciter également à ce titre. Je ne pourrais pas ici dans les prochains sujets à identifier conjointement.
taire le promoteur de l’idée de projet, à savoir M. Allal

M. Mourad AMIL, Directeur de l’Agence Urbaine de Khénifra

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ARGUMENTAIRE DE L’ATELIER

Khénifra, jouit de nombreux atouts liés à son statut de en a également besoin pour affirmer sa vocation. Les
capitale de la Province, son milieu naturel pittoresque, sa relations entre l’université et son environnement se font
position stratégique entre les deux grands pôles urbains essentiellement par l’intermédiaire de la ville. C’est ainsi
centraux (Fès-Meknès et Béni Mellal-Marrakech) et aux qu’une symbiose s’est établie entre la ville et la culture
multiples fonctions qui ne cessent de se développer. dont le soubassement est la dynamique économique et
Ses activités reposent sur l’administration, les services sociale.
et le commerce.
Sous l’influence d’un choix stratégique et/ou prioritaire,
Toutefois, sa base économique est fragilisée par certaines universités privilégient leur environnement
l’absence d’une vocation spécifique susceptible de proche, en y puisant la plus grande partie de leur corps
mettre en valeur ses potentialités et la positionne à enseignant et/ou leurs étudiants en se préoccupant de
l’échelle régionale. leur fournir des services divers (études, expertises…).
Le secteur de l’enseignement et de la formation D’autres, sont pour une université à rayonnement
professionnelle qui constitue un levier principal pour national et international.
le développement économique et le dynamisme socio- Dans le cas de la ville de Khénifra, on peut se demander
spatial demeure très embryonnaire. Ceci doit s’inscrire, dans quelle mesure l’offre de la formation et de
foncièrement, dans le registre de la compétitivité, de la compétence scientifique produite par l’enseignement
durabilité et de l’excellence de la ville. supérieur, en particulier par l’université, contribuera à
L’Ecole Supérieure de Technologie de Khénifra (ESTK), modeler certaines dynamiques urbaines.
relevant de l’Université Moulay Ismaïl, semble jouer un Les pouvoirs publics de la ville de Khénifra sont,
rôle de moindre importance dans le dynamisme urbain aujourd’hui, appelés à créer un pôle universitaire et
de la ville. A ce titre, elle ne peut améliorer l’image de la définir ses nouvelles fonctions en tant qu’un espace
ville et son rayonnement. L’ESTK draine les étudiants de de convivialité, ouvert et connecté. Les décideurs de
l’ensemble de la province mais sans portée régionale ou la ville ont réservé une parcelle conséquente de 42ha
nationale. pour ledit pôle universitaire au nord de la ville sur la
Il va sans dire que le secteur universitaire peut-être route nationale reliant Khénifra à Meknès. Sur le plan
un réel facteur de développement et de rayonnement urbanistique, la parcelle en question est située hors du
socio-économique, pas en tant que pédagogie et périmètre d’aménagement de la ville.
formation uniquement mais aussi en tant qu’espace. Il Ainsi plusieurs questions se posent :
se positionne comme un espace structurant de la ville,
en considération de sa structure spatiale, sa densité, ses • Comment passe-t-on d’une ville ordinaire moyenne à
interactions spatiales et ses flux. une ville universitaire ?

L’espace universitaire a en effet, une capacité de participer • Est-ce que l’évolution contextuelle de la ville confirme
au dynamisme de l’espace urbain où il s’y implante et ce choix ?
de façonner son image sociale et économique ; mais, • Dans quelle mesure la nouvelle université peut-être
encore faut-il qu’il soit en filiation avec le vécu urbain. considérée comme un projet urbain structurant de
La dimension socio-économique de l’université se Khénifra, offrant un ensemble d’aménités urbaines
joue pour une part à l’échelle d’une société, mais au (services, logement, ambiances…) ?
moins autant dans un rapport à la ville. En effet, par
sa proximité géographique et par la concentration • Comment le projet s’inscrira-t-il dans le tissu urbain ?
d’étudiants et d’universitaires qu’elle réalise, toute
université marque son environnement immédiat, elle

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Les objectifs de l’atelier :
• Comprendre l’organisation actuelle de la ville et projeter ses relations futures avec le pôle universitaire ;
• Appréhender la logique d’un projet urbain structurant pour une ville moyenne;
• Déterminer les enjeux et les défis de sa réalisation (conception, programmation, validation…);
• Penser l’aménagement du pôle à long terme à partir d’une réflexion basée sur le benchmarking ;
• Elaborer des scénarii de développement du pôle universitaire dans le contexte actuel de Khénifra.

Les principales questions à poser :


• C’est quoi un pôle (campus) universitaire ?
• Comment se présentera le pôle sur le plan urbanistique ?
• Quelles sont ses fonctions et comment sera-t-il géré ?
• Quels sont les processus de sa formation spatiale et temporelle ?
• Quels sont ses atouts et ses faiblesses ?
• Quel rôle peut jouer le campus dans le développement économique, social et spatial de la ville de Khénifra?
• Que faire pour que le campus réussisse son challenge ?
• Que faire pour aider les acteurs locaux à avoir plus de visibilité dans la réalisation du campus?
• Comment peut-on agir pour que le pôle universitaire puisse améliorer l’image de la ville?
• Quels sont les projets à proposer pour faire du campus un espace de vie estudiantine de qualité ?

Les rendus :
• Une carte de délimitation de l’aire de l’étude ;
• Des cartes sectorielles (Habitat, équipements, infrastructure, …) et une carte d’utilisation du sol, à l’échelle de la zone
d’étude ;
• Une carte qui identifie les dynamiques spatiales de la zone d’étude ;
• Un rapport qui décrit ces dynamiques ;
• Un Diagnostic territorial mettant en exergue les déterminants de l’urbanisation de la zone d’étude ;
• L’identification du site d’implantation du campus avec un rapport justifiant le choix ;
• La conception du projet du campus universitaire avec son articulation avec le reste de la ville.

Le planning des travaux et des présentations


Phase 1 : Cadrage conceptuel et Phase 2 : Diagnostic et Phase 3 : Finalisation du
définition des premiers Projet et présentation
méthodologique éléments du Projet des résultats

I Rapport préliminaire
I.2 Analyse de l'information
II Diagnostic territorial
III.1 Présentation d’un
et des données · Diagnostic avant-projet du campus
Préparation d’un Rapport · Travaux de terrain, · Définition des principes universitaire
I.1 définissant : · Enquêtes et entretiens d’aménagement
09 juillet 2019
· Les objectifs du projet
Du 17 au 20 juin 2019 Du 20 au 28 juin 2019 2 groupes de travail
· La méthodologie du
travail
Présentation des travaux Présentation des travaux Présentation du projet final
· Le cadrage conceptuel
· Le benchmarking I.3 de la 1ère étape de la 2ème étape III.2 15 juillet 2019
20 juin 2019 28 juin 2019 2 groupes de travail
Du 10 au 15 juin 2019

Par M. HANZAZ, Coordonnateur de l’Atelier, en collaboration avec M. CHOUAF & S. NAKHLI

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Ville Durable Université

UNIVERSITÉ ET VILLE DURABLE : QUELS LIENS ?


La relation villes durables et universités est un sujet être réalisée que dans la mesure où l’université joue
d’actualité. Cette relation étroite et complexe s’inscrit pleinement outre, son rôle de pédagogie et formation,
dans plusieurs stratégies de développement territorial. un rôle fédérateur en tant qu’un espace attractif et
Par la nature de ses services, ses objectifs, ses missions compétitif construit sur la base d’un système territorial
et son influence dans la société, l’université est censée d’innovation et de développement économique.
jouer un rôle pionnier en termes de progrès social,
Dans ce sens, la responsabilité sociale de l’université
urbain et économique. Cela nécessite de définir des
confère aux établissements d’enseignement supérieur
objectifs bien précis qui répondent à la mission de
toute la légitimité de se positionner en tant qu’acteurs
l’université et à sa contribution à promouvoir une ville
développeurs en matière de la fabrication de la ville
durable.
durable. Les nouvelles formes organisationnelles
Pour les pouvoirs publics soucieux de renforcer les composées d’universités, de centres de recherche
potentiels de leurs régions, l’enseignement supérieur et de formation, de laboratoires, d’entreprises et
constitue un levier de développement territorial. d’organisations professionnelles, génèrent une
L’une des principales clés des territoires durables est la dynamique productive influençant directement ou
répartition équitable et rationnelle de l’intelligence et indirectement la qualité fonctionnelle de la ville durable.
du savoir(1). L’université participe ainsi fortement au dynamisme des
villes où elle s’implante et façonne son image sociale et
En effet, la présence d’une université n’est jamais neutre
économique mais encore faut-il qu’elle soit en filiation
pour une ville (Hélène Dang Vu, 2014). La compétitivité
avec le vécu urbain.
territoriale, la proportion croissante des étudiants et
la prise de conscience partagée de l’importance de Nous pouvons, dans ce sens, noter l’importance de
l’enseignement supérieur dans le développement la recherche et l’implication des universités dans de
économique ont inscrit la question universitaire nombreux projets ayant des applications dans les
dans une dynamique territoriale en perpétuelles énergies renouvelables, le stockage de l’énergie, les
mutations. Les campus universitaires, les centres de services et technologies innovants pour une mobilité
recherche/développement, les systèmes territoriaux durable, la haute qualité environnementale, les
de l’innovation sont en passe de métamorphoser les outils et technologies pour la transition énergétique
espaces urbains dans un contexte de transitions vers les et écologique, l’optimisation et l’intégration des
villes et territoires durables. infrastructures et des réseaux urbains, l’accessibilité et
la mobilité active…., tant de thématiques essentielles à
Mais, il convient de noter que le grand changement
la durabilité des territoires.
est lié au rôle de l’économie de la connaissance qui
est devenue un des objectifs majeurs affichés par Toutefois, la relation ville/université demeure
les pouvoirs publics convaincus qu’elle présente une conditionnée par un certain nombre de facteurs
promesse et une opportunité réelles de développement déterminants, en l’occurrence : l’autonomie des
économique des territoires durables. Ce nouveau universités, la régulation entre les acteurs (entre
modèle fondé, en grande partie, sur des facteurs le niveau central et les niveaux locaux), la volonté
immatériels, en particulier l’innovation et le capital politique, la concurrence entre les universités, mais
humain, semble riche d’enjeux pour repenser les aussi entre les territoires…
rapports ville, territoire et université.
Eu égard à ces acceptations, les villes universitaires
La durabilité des territoires ne peut se concrétiser que se forcent à se doter d’une vision globale du
dans une approche globale et systémique articulant à développement durable, volontariste intégrante à long
la fois les dynamiques métropolitaines (Urbanisation, terme dont les objectifs sont entre autres : (1) répondre
multiplicité des services, harmonie des fonctions aux attentes des entreprises par la multiplicité de
urbaines, hiérarchisation des composantes spatiales…) l’offre de la formation dans le cadre de la recherche/
et les dynamiques technopolitaines qui misent sur les Développement ; (2) augmenter l’attractivité des
relations transversales recherche/développement et étudiants en leur offrant des filières de formation et de
innovation (Boudin et Campagnac, 2014). qualification plus complètes et d’actualité ; (3) créer de
l’emploi pour les différentes catégories de diplômés,
De ce fait, l’espace universitaire peut-être un réel
(4) diffuser le savoir et la connaissance à tous azimutes,
facteur de développement et de rayonnement socio-
(5) développer la culture et chercher le bien-être des
économique de la ville durable. Il va sans dire que l’utopie
populations (ancrage territorial). Le tout doit être pensé
de la ville durable dans son sens large (productive,
dans une logique de planification urbaine partagée
connectée, inclusive, planifiée et résiliente) ne peut
entre les différents acteurs et usagers.
(1)
Rapport de la mission sénatoriale sur l’aménagement du territoire, les infrastructures intellectuelles, janvier 1994

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Par ailleurs, les documents de la planification urbaine, les compromis
entes les acteurs centraux et locaux accordent une place primordiale à
l’implantation des unités universitaires, des bâtiments résidentiels pour
les étudiants, des centres de recherches. Ces locaux sont intégrés dans le
tissu urbain non seulement comme un équipement public de formation
et d’enseignement, mais aussi, comme facteur de développement social,
économique et spatial.
L’espace universitaire, quelle que soit son importance, est considéré comme
un agent de production du sol urbain et de gestion urbaine. Les universités
qui adoptent cette posture peuvent le faire à de multiples échelles de la
ville : de l’échelle du bâtiment à celle de l’agglomération. Le tout s’opère
dans un processus continu allant de la conception du projet à la gestion
globale de la ville.
Globalement, la relation université et territoire/ville durable peut
être appréhendée selon différents registres interdépendants et
complémentaires:
• L’attractivité : comment la présence d’une université dont les missions
sont concertées et partagées peut-elle impacter positivement l’attractivité
d’une ville ?
• Le statut social, économique et politique dévolu à la fonction éducative
dans ses rapports avec d’une part, les schèmes cognitifs et culturels d’une
époque et, d’autre part, le contexte urbain et territorial où cette fonction
se déploie ;
• L’urbanité : Comment les nouvelles universités peuvent-elles être des
ferments d’activités scientifiques et économiques et des germes d’urbanité
et de civilité ?
• La Coopération : Quelles formes des systèmes de coopération associent les
acteurs universitaires et les acteurs territoriaux (coopération, méfiance...).
Dans ce cadre, l’espace universitaire peut faire l’objet d’un élément phare
d’un projet urbain partagé entre les différents acteurs de la ville. Cette
inscription volontariste, comme parti d’aménagement, transforme l’univers
universitaire en un espace public multidimensionnel où la mixité des
fonctions urbaines prend le dessus.
Dès lors, l’université peut être considérée comme un outil de promotion
de la qualité urbaine de la ville durable, d’amélioration de ses qualités
fonctionnelles et assurément un moyen de perfectionnement et de
rehaussement du niveau intellectuel et culturel des citoyens.
La durabilité d’une ville dépend grandement de la capacité d’adaptation
de son système universitaire à son nouveau rôle de catalyseur, de diffuseur
de nouvelles idées, de nouveaux savoirs compatibles avec le paradigme du
développement durable et ouverts sur le monde. Un système universitaire
qui est sensé être inséré dans la réalité territoriale à l’échelle de la ville, de
l’agglomération et de la région.
Confrontés à la reconfiguration territoriale, à un mouvement d’autonomie
des universités, à la mutation de la société apprenante et aux évolutions
sociétales, les établissements d’Enseignement supérieur doivent apprendre
à travailler différemment.
Par M. HANZAZ, Mot d’ouverture de la table ronde tenue du 21 au 22 octobre 2019 à
Dakar sur le rôle des universités francophones dans le développement urbain.

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REFLEXION SUR LES PRINCIPES D’AMÉNAGEMENT
Toute réflexion sur la construction et/ou l’aménagement dans ce qu’elle peut apporter à la constitution de
d’un campus universitaire passe par la réussite d’un l’identité d’un site. En cela, l’innovation porte également
certain nombre de défis et d’enjeux. Ces défis sont en sur la capacité de développer des nouveaux modes de
relation, certes avec les moyens nécessaires pour un tel faire à travers une approche spécifique permettant de
projet structurant de tout un espace urbain, mais aussi s’adapter à la fois au contexte local, à la particularité
et surtout avec l’existence d’une volonté réelle pour faire d’un site, et aux évolutions des modes de vies et des
profiter n’importe quel territoire de ce projet en mesure nouvelles technologies. Ceci passe par exemple par la
d’atteindre les objectifs d’excellence et d’innovation, mise en place d’une démarche partenariale permettant
d’attractivité ou encore de compétitivité. l’émergence d’un nouveau modèle de gouvernance,
mobilisant plusieurs acteurs, pour expérimenter une
Pour la mise en œuvre de la conception urbaine du
gestion commune des espaces à usages publics ou la
projet du campus universitaire de Khénifra, plusieurs
mutualisation d’équipements et de services », (EPAURIF
défis et enjeux sont à prendre en considération, dont
et IAU, 2018). (2)
notamment :

1. Défi de l’innovation et de l’attractivité : 2. Défi de l’intégration du campus dans


deux défis majeurs auxquels notre campus son environnement et sa relation avec le
doit se prévaloir reste du territoire
Les premiers défis - mais également peuvent constituer L’intégration au contexte urbain, le lien et l’articulation
des enjeux - auxquels notre campus doit avoir se entre le campus universitaire et la ville de Khénifra
regroupent dans la recherche de l’innovation et sa constituent des défis majeurs à prendre en considération
capacité à attirer non seulement les étudiants de la ville lors de la conception et la proposition du projet. Le
de Khénifra où il sera implanté, mais de toutes les régions, pôle universitaire devra être non seulement facilement
proches et lointaines. Le campus doit se démarquer par accessible à la population locale depuis les différents
rapport aux autres, situés principalement à Béni Mellal espaces de vie, les polarités économiques et sociales,
et Meknès, par une vision singulière et innovante. Lors mais également depuis les différentes entrées de la ville
de l’aménagement et la conception du campus, nous pour les flux de personnes venant de l’extérieur. Il doit
devrions miser sur le développement de formations être inscrit aussi dans une vision de complémentarité,
attractives et fortement spécialisées en accord avec à travers le développement de lieux de synergie ville-
les spécificités locales, mais également et surtout avec campus universitaire ou encore la mutualisation des
celles des autres régions ayant des similitudes et des espaces en commun et des équipements publics.
complémentarités territoriales. Ce défi peut se voir également à travers la construction
Nous avons vu lors de l’étude d’opportunité que nous d’un continuum géographique entre le campus et la
avons menée avec les acteurs locaux, que le campus ville et non une bifurcation spatiale et architecturale. Il
de Khénifra doit avoir une vocation singulière axée doit être pensé en continuité à la ville et créer ainsi une
sur les formations liées au développement durable, certaine porosité du site et son intégration aussi bien
notamment lié aux espaces de montagne. L’ambition est par rapport à l’espace immédiat qu’aux territoires qui
de produire, développer et diffuser de la connaissance l’entourent.
et des savoirs (universités, écoles ou instituts de L’ambition est de faire du campus l’une des centralités
recherche spécialisés, musées, bibliothèques, jardin de la ville. Sa liaison avec le centre-ville est importante
d’expérimentation…), et de travailler en étroite dans le sens où elle le rend plus accessible aux
collaboration et synergie avec des entreprises habitants et la ville plus accessible aux étudiants.
soucieuses de la recherche et développement et des La relation université-ville est donc plus renforcée et
sociétés spécialisées dans des aspects bien particuliers valorisée.
comme les énergies renouvelables, la gestion de l’eau,
la forêt... L’aménagement du campus universitaire doit 3. Défi de l’urbanité
être en mesure de créer un environnement propice
Le campus de Khénifra doit être l’image de marque
à la création de nouvelles synergies et développer
par laquelle elle peut véhiculer son identité sur le plan
des territoires d’innovation et d’excellence tout en
local, régional, voire même national et international.
renforçant leur identité propre et en se projetant dans
Dès le départ, on doit faire des choix dans la conception
l’avenir.
spatiale et architecturale pour l’intégration du campus
« Les enjeux d’attractivité et de compétitivité sont dans son environnement urbain : Nous voulons un
également étroitement liés à la question de l’innovation,
(2)
EPAURIF et IAU, (Nov 2018), Guide pour l’aménagement des sites universitaires, 92pages.

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campus ouvert en prolongation des autres sites urbains rapport entre les pleins et les vides, entre le bâti et les
mais avec une vision singulière et innovante ou au espaces extérieurs. Elle permet de donner la cohérence
contraire un lieu fermé et cloisonné, détaché des autres d’ensemble à un site, celle qui constitue son image, tout
espaces ? Nous voulons un espace dédié exclusivement en valorisant chacune de ses composantes dans leur
à l’enseignement et la formation, et donc fonctionnel singularité », (EPAURIF et IAU, 2018).
uniquement au moment des périodes de cours ou un
L’enjeu principal de cette composition protéiforme et
espace vécu et d’échange où toute personne peut le
multiforme est de tirer profit du site en question en lui
pratiquer et profiter de ses équipements divers ?
conférant une trame hiérarchisée (trame viaire, trames
Cette recherche d’urbanité est primordiale lors de la verte et bleue, trame urbaine), et des dimensions
conception et l’aménagement du site devant abriter le diverses des gabarits des bâtiments en prenant en
campus. Dès le début, le campus doit être un espace considération et en valorisant les atouts naturels et
repensé comme un lieu profitable à tous, aux étudiants physiques du site pour avoir une porosité maximale et
comme aux autres types de la population. Il doit être une continuité à l’environnement actuel.
réfléchi dans son ensemble en liant tous les espaces
L’enjeu de la conception paysagère renvoie ainsi au
extérieurs au service, certes, du projet scientifique,
rapport entre le site et son environnement : l’insertion
pédagogique et culturel, mais également, au service de
dans la trame territoriale marque aussi l’image du
l’ensemble des usagers qui vont fréquenter les espaces
campus. Elle peut s’inscrire dans la continuité ou
collectifs ouverts selon leurs besoins et attentes.
au contraire la rupture des axes, du vocabulaire
« Prendre en compte les besoins actuels et à venir des architectural, de l’utilisation des matériaux locaux
usagers en leur offrant des lieux agréables à vivre, ou respectant les ODD (Objectifs du Développement
permettant les échanges et les rencontres, flexibles Durable), du rapport entre le bâti et le non bâti, le vide
et adaptables aux évolutions des modes de vie et et le plein. La valeur patrimoniale du site et de son
des saisons. C’est également ouvrir les sites à une environnement marque son identité car c’est elle qui
programmation diversifiée, pouvant attirer de nouveaux va donner l’identité du campus au même titre que les
publics, à différentes heures de la journée et différentes autres valeurs existantes : campus vert, urbain de grande
périodes de l’année. En cela, les espaces à usage public qualité architecturale, lieu de créations artistiques ou
peuvent être de précieux supports d’expérimentation d’innovations technologiques ou des savoirs et des
à travers des occupations éphémères ou transitoires, connaissances…
avant de pérenniser les actions », (EPAURIF et IAU, 2018).
C’est enfin à travers cette composition entre conception
4. Défi de la conception architecturale et architecturale et paysagère que le projet du campus
peut véhiculer l’identité de tout un territoire, de son
paysagère
vécu, de même qu’il peut fédérer les usagers et créer de
Comme nous venons d’avancer précédemment, le l’attachement au lieu. L’objectif est de faire des espaces
campus de Khénifra est une opportunité pour la ville extérieurs des lieux pratiqués et de qualité, des lieux
pour inventer ou réinventer son image de marque de vie et d’échanges pour tous, étudiants et public
propre. De ce fait, la conception architecturale et extérieur.
paysagère, outre celle urbaine, donne au site sa
singularité et son cachet inédit. Beaucoup de sites 5. Défi de la prospective, de l’anticipation,
universitaires ont été conçus en respectant par exemple de la progressivité et de l’adaptation
le patrimoine culturel et ethnique du lieu d’accueil et
Nous avons actuellement une opportunité foncière
se sont démarqués au niveau mondial au point d’être
de 42ha, disponible, mobilisable immédiatement et
inscrits en tant que patrimoine mondial de l’UNESCO tel
dédiée au projet de concert avec les acteurs locaux.
l’exemple mexicain. Et beaucoup d’autres campus ont
Pour concevoir le projet du campus, on doit répondre
été conçus comme une juxtaposition de bâtiments, de
aux besoins incessants formulés par les acteurs
vides, d’espaces extérieurs, de pleins… et où on peut
locaux, mais, aussi il est essentiel de se projeter dans
trouver toutes les activités et tous les investissements,
une vision prospective à moyen et long termes. Le
mais ne sont pas arrivés à construire et créer une identité
projet doit satisfaire la demande de la nécessité de
propre et sont de ce fait peu appropriés par les usagers.
fixer la population estudiantine qui part chercher
« La composition urbaine, architecturale et paysagère des formations «ordinaires» comme l’économie et
constitue la singularité d’un site, donne forme et le droit, mais également, penser à intégrer d’autres
structure les espaces. Elle détermine les liens entre filières spécialisées versant dans les métiers liés au
les espaces et les différents bâtiments. Elle régit le développement durable et aux espaces de montagnes.

10
Défis et enjeux à prendre en considération

Les aménagements à court terme pourront permettre


de satisfaire ce besoin et cette attente, mais ceux à venir
seront penchés beaucoup plus vers l’amélioration du
fonctionnement actuel et le développement du site
vers une fonctionnalité et une vocation beaucoup plus
spécialisantes et singulières.
La démarche d’anticipation et de prospective constitue
un autre défi que notre campus doit relever au même
titre que celui de la progressivité du projet. Cette
approche non figée, chemin faisant, est essentielle
pour s’adapter à l’évolution des modes de vie et
évoluer doucement tout au long de la vie du campus,
sans impliquer d’investissements lourds dès le départ.
Elle va de pair avec un autre aspect important dans
l’anticipation : la conception d’espaces résilients
caractérisés par la flexibilité des aménagements.

Source : (EPAURIF et IAU, 2018)

Les principaux défis et enjeux de notre campus U


U

Source de la figure : Elaboration du Groupe 2


Par S. NAKHLI

11
1
2
3
4
12
SOMMAIRE
ANALYSE BENCHMARK
Campus africains : Cas marocains (Al Irfane et Al Akhawayn) et cas tunisiens : (Nabeul et Janduba).
25
Campus européens : Cas français (Grenoble) et cas portugais (Coimbra).
Campus américains : Cas mexicain (UNAM) et cas canadien (Laval).
Campus asiatique : Cas japonais (Tokyo).

ELÉMENTS SUR LE TERRITOIRE 41


Diagnostic élémentaire de la ville de Khénifra
Résultats de l’enquête population
Résultats des entretiens avec les acteurs
La vision

PARTI , PRINCIPES D’AMENAGEMENT ET PROJET (Variante 1)


La relation campus/ville :
69
Variante 1 : Khénifra, Un campus en contact avec le milieu physique, créateur des métiers de montagne au
prisme du développement et de durabilité et respectant la richesse naturelle locale dans la conception.

PARTI , PRINCIPES D’AMENAGEMENT ET PROJET (Variante 2)


La relation campus/ville :
85
Variante 2 : Khénifra, un pôle universitaire durable, adapté à l’environnement et ouvert pour tous sans limites
internes, où la verdure représente l’élément majeur, tout en incrustant la culture Amazigh dans la conception.
INTRODUCTION
GÉNÉRALE

00 00
Les réflexions sur les questions relatives à l’aménagement universitaire, et les relations entre la ville et l’université sont
devenues des enjeux d’ordre stratégique pour les espaces urbains. Doter une ville d’une université ou d’un campus urbain
demeure une préoccupation partagée par la majorité des acteurs locaux. En effet, le campus peut constituer une vitrine, et
un espace d’attractivité, de rayonnement et d’organisation de toute une ville, voire même de toute une région.

PROBLÉMATIQUE
Khénifra est une ville qui dispose de potentialités
considérables et diversifiées : milieu naturel endémique
riche et varié, patrimoine ancestral, position avantageuse
entre deux grands pôles urbains centraux (Fès-Meknès
et Béni-Mellal-Marrakech) et de nombreuses fonctions
qui ne cessent de se développer et de la différencier des
autres espaces les entourant.
Cependant, la ville de Khénifra n’arrive pas à tirer
profit de l’ensemble de ses atouts et reste fragilisée
par l’absence d’une identité propre et d’une vocation
distinctive capables de la valoriser et de consolider
réellement sa position de capitale provinciale.
Le secteur de l’enseignement et de la formation
professionnelle qui constitue un levier principal pour

Source : Google Earth, 2018


le développement économique et le dynamisme
socio-spatial demeure très embryonnaire. Alors que
la population de la ville de Khénifra est jugée jeune
et active dont plus de 7000 étudiants se déplacent
vers les villes avoisinantes pour poursuivre leurs
études supérieures, en raison de la quasi absence
d’établissements d’enseignement supérieur. Dans ce
sens, on peut se poser la question suivante :
Ville de Khénifra

« Dans quelle mesure le pôle universitaire contribuera à donner une image


attrayante et donnera une vocation à une ville moyenne comme Khénifra ? »

OBJECTIFS DU TRAVAIL
Plusieurs objectifs ont été assignés à notre travail. Il • Concevoir un campus universitaire à Khénifra qui
s’agit principalement de : est censé appuyer son positionnement provincial et
• Comprendre l’organisation actuelle de la ville dans ses régional ;
relations futures avec le pôle universitaire ; • Mettre en place un campus combinant la vocation
• Appréhender la logique d’un projet urbain structurant d’enseignement, de logement et d’épanouissement au
pour une ville moyenne ; profit des étudiants, des professeurs et des personnes
externes ;
• Elaborer des scénarii de développement du pôle
universitaire dans le contexte actuel de Khénifra ; • Apporter à la ville un développement basé sur
l’innovation et la science du savoir grâce à un Campus
• Penser l’aménagement du pôle à long terme à partir
qui va abriter plusieurs filières qui vont être au profit
d’une réflexion basée sur le benchmarking ;
du développement de la ville.
• Déterminer les enjeux et les défis de sa réalisation
De ces objectifs généraux, nous avons décliné 3 finalités
(conception, programmation, validation…) ;
majeures, qui sont :

Les trois finalités du projet que nous avons définies

Source : Elaboration du Groupe


17
MÉTHODOLOGIE
La méthodologie de recherche est échafaudée selon • La Délégation provinciale du Ministère de l’éducation
les objectifs théoriques, méthodologiques et pratiques nationale
suivants :
• L’Ecole Supérieure de Technologie (EST) de Khénifra
Objectifs théoriques : Nous avons également collecté les avis de la population
Les objectifs théoriques de notre travail consistent à sur la réalisation d’un campus dans la ville de Khénifra.
un travail effectué en amont pour préciser les concepts Leurs avis ont été approchés grâce à des questionnaires
généraux liés à notre problématique et d’élaborer une partagés via la plate forme de Google Forums pour un
réflexion quant à la relation entre l’université/campus échantillon de 100 personnes.
universitaire et le développement des territoires, La population cible a répondu sur la question axiale de
dont notamment une ville moyenne comme celle de l’utilité de l’implantation d’un campus universitaire à
Khénifra. Outre ce cadrage conceptuel, il était question Khénifra ?
également de retracer les objectifs et de mener une
Les objectifs du questionnaire étaient, entre autres, de:
analyse de benchmarking pour s’inspirer des cas des
autres pays dont les campus universitaires ont donné • Collecter des avis sur la réalisation d’un campus
un rayonnement exceptionnel aux villes qui les abritent. universitaire dans la ville ;

Objectifs méthodologiques  : • Avoir des recommandations concernant les


composantes du futur campus ;
Le souci majeur durant les premières phases est que
le projet soit l’aboutissement des acteurs locaux eux- • Avoir une idée sur la destination des étudiants de
mêmes. Les entretiens et les contacts directs avec les Khénifra pour le postsecondaire.
acteurs ont été d’un grand intérêt. Nous avons recensé Le travail de terrain est aussi une composante
les demandes et les attentes exprimées par les différents indispensable pour l’élaboration du projet du campus.
acteurs, mais aussi, nous avons précisé leurs besoins Il s’agit de connaitre les différentes composantes
selon les priorités. naturelles et socio-économiques de la ville. Pendant
Les entretiens avec les acteurs locaux nous ont permis une durée de 4 jours, nous nous sommes déplacés à la
de mieux cibler les enjeux et les défis que présente ville de Khénifra pour effectuer le travail sur le terrain
le secteur de l’enseignement au niveau de la ville. qui consistait à trouver les réponses précises pour notre
La question principale est d’évaluer le besoin et la problématique. Il s’agissait notamment de :
nécessité d’implantation d’un pôle universitaire au • Comprendre : Analyser le territoire en question et
niveau de la ville et mettre l’accent sur la vision portée identifier les besoins et les enjeux
par les acteurs.
• Anticiper : Quelle logique d’implantation du projet ?
Nous avons, à cet effet, approché les acteurs suivants : Quels objectifs se fixe-t-on pour le territoire ?
• La Province de Khénifra • Agir : Comment traduit-on le projet ? Comment le
• Les Elus de la Commune de Khénifra décline-t-on sur le territoire ?

• L’Agence urbaine de Khénifra

Objectifs de départ du travail de terrain

Source : Elaboration du Groupe

18
Le groupe de travail à l’EST Signature de la convention de Partenariat entre l’INAU et l’AUKH

Le groupe de travail et restitution des données collectées sur le terrain

Photos illustrant le travail de terrain, les contacts avec les acteurs locaux et la restitution des données collectées sur place

Objectifs pratiques  :
Il s’agit de proposer le projet suivant les attentes valorisation des potentialités naturelles de Khénifra, et
formulées lors des études préliminaires. Deux variantes la deuxième faisant émerger les potentiels culturels et
ont été proposées à cet effet. La première axée sur la patrimoniaux de la zone d’étude.

Méthodologie suivie pour l’élaboration de notre projet


Source : Elaboration du Groupe

Nous avons également établi dans cette même étape, d’étudier les transformations socio-économiques, le
des relevés exhaustifs de terrain pour analyser l’aire niveau d’équipement ainsi que les formes urbanistiques
d’étude et dégager les aspects liés à l’habitat, le de l’environnement du projet.
niveau d’équipement et l’infrastructure, afin de mieux
Le travail a été finalisé par la rédaction de synthèses et
intégrer le projet dans son environnement.
de l’essentiel des travaux effectués pour la réalisation
Durant cette phase, nous avons restitué les données du présent projet et de ses variantes selon les deux
sous forme de tableaux, graphes et cartes élaborés afin groupes qui se sont constitués du groupe initial.

19
LA ZONE D’ÉTUDE
La ville bénéficie d’une situation stratégique sur l’axe allant de Meknès en passant par Azrou, jusqu’à Marrakech, entre
les deux grands pôles urbains centraux (Fès-Meknès et Béni-Mellal-Marrakech). Elle constitue le relais entre deux
régions réputées riches, à savoir Saïs et Tadla.

Accessibilité améliorée

RN : 90 Km Marrakech – Béni Elargissement de la


RR : 311 Km Mellal – Meknès : RN 8 voie Khénifra - Bejaad
RP : 530 Km

Projet de dédoublement de la voie Khénifra – Bejaad


Accès à l’autoroute Casablanca (1h15)

Situation de la ville de Khénifra Source : Elaboration du Groupe

La ville de Khénifra est organisée selon trois axes qui rend la ville non structurée essentiellement par les voies
structurent l’essentiel de l’espace urbain et marquent de communication.
le paysage par l’importance de leurs emprises et leurs
Les décideurs de la ville ont réservé une parcelle
longueurs. Il s’agit à l’origine des routes nationales,
conséquente de 42h environ pour ledit pôle
régionales et provinciales pénétrant le territoire de la
universitaire au nord de la ville sur la route nationale
ville de Khénifra
reliant Khénifra à Meknès. Sur le plan urbanistique,
La ville dispose d’une trame viaire interne non la parcelle en question est située hors du périmètre
structurée. L’urbanisation de la ville s’est effectuée pour d’aménagement de la ville.
une partie de la ville à travers des lotissements et pour
une autre à travers de l’habitat non réglementaire. Cela

20
Localisation du terrain support du projet
PLANNING
5 semaines pour 5 missions 16-15 juin 17-19 juin 20-28 juin 09-14 juil. 15-juil
Mission 1 : Définition des objectifs, de la
méthodologie, cadrage conceptuel et
benchmarking
Mission 2 : Travail du terrain, enquêtes et
entretiens
Mission 3 : Diagnostic et définition des
principes d’aménagement
Mission 4 : Réalisation d’un avant- projet
de campus universitaire
Mission 5 : Présentation du projet final

Chronogramme du montage du projet

21
CADRAGE CONCEPTUEL
‘’CAMPUS’’
De l’anglais campus (3) (« espace universitaire »), lui- américains ont ensuite adopté ce mot pour décrire des
même du latin campus (« camp ou champ »). Un espaces spécifiques au sein de leur propre institution.
campus universitaire désigne l’ensemble de bâtiments Mais le terme campus ne désignait alors pas encore
édifiés sur de vastes espaces et comprenant locaux l’ensemble du terrain occupé par l’université. Au XIXe
d’enseignements, restaurants, espaces de sports et siècle on commence à utiliser ce mot pour désigner
résidences universitaires. Ce modèle contraste avec « un espace universitaire », au début du XXe siècle la
les hautes écoles (comme Oxford ou Cambridge) signification s’est élargie pour inclure l’ensemble de la
où les établissements s’éparpillent dans une ville. propriété universitaire et depuis la fin du XXe siècle,
On définit également le campus comme une forme le sens du terme s’est encore élargi pour s’appliquer
d’aménagement au service de l’université, avec pour aux complexes de certaines entreprises, notamment
principe de regrouper l’enseignement, la recherche, lorsqu‘elles se regroupent en plusieurs bâtiments
l’hébergement et les loisirs. entourés d’espaces verts. Le siège de Microsoft est
ainsi désigné comme le Microsoft Campus à Redmond
Etymologie du mot campus : Le mot est apparu
(Washington). Finalement au XXIe siècle, le terme s’est
pour la première fois au XVIIe siècle pour désigner ce
généralisé et a été adopté dans d’autres pays pour
type d’espace urbain au collège du New Jersey aux
désigner un complexe universitaire.
Etats-Unis. D’autres établissements universitaires

Vue aérienne (1920), du Campus McGill, Canada. Le campus de Saint-Martin-d’Hères, France.


Source : http://cac.mcgill.ca/campus/evolution_fr.html Source : https://www.univ-grenoble-alpes.fr/le-campus-de-saint-martin-
d-heres/le-campus-de-saint-martin-d-heres-369727.kjsp

Il est important d’éviter une définition trop étroite la réunion de divers établissements nommés suivant
qui réduirait la vie de campus à l’accès à la culture, au les traditions « collèges » ou « facultés », « instituts »,
sport et à la vie associative uniquement. En effet, la « départements », « centres », « sections », « unités » ou
vie de campus désigne l’ensemble des aspects liés à écoles spécifiques, mais aussi bibliothèque ou atelier,
la vie de l’étudiant, qu’il soit effectivement inscrit dans médiathèque ou musée… formant un ensemble
l’enseignement supérieur (étudiant), jeune en insertion administratif cohérent avec un statut de droit défini,
professionnelle (ancien étudiant), ou visiteur, Elle public, privé ou éventuellement mixte (4).
englobe les besoins, droits, aspirations et activités du
Les plus anciens établissements au monde recevant
jeune en formation et en insertion professionnelle. Ainsi,
encore des étudiants ?
la vie étudiante comprend non seulement la vie sur les
campus pendant et hors les heures d’enseignement, 1. Université Al Quaraouiyine, Maroc (859) :
mais également les temps hors de l’université, qu’ils L’université Al Quaraouiyine, à Fès, est considérée
soient de repos, loisirs, vacances, travail… comme la plus ancienne au monde par l’Unesco.
2. Université Al-Azhar, Egypte (988) : L’université
UNIVERSITÉE Al Azhar «La Splendide» en français - a été fondée au
Une université est une institution d’enseignement Caire en 969, spécialisée dans l’étude de l’islam.
supérieur, d’études et de recherches, constituée par

(3)
France-soir 19 octobre 1968 ds vie lang , N° 2017, Page 331
(4)
Gaffiot F. , Dictionnaire illustré latin-français , Paris , Hachette 1934
22
3. Université de Bologne (1088) : Fondée en 1088, gestion. Car, si dans le premier cas, une emprise foncière
l’université de Bologne est la plus ancienne d’Europe. ayant son unité est mise à disposition par l’État, dans
le deuxième cas, les espaces extérieurs sont ceux de
4. Université d’Oxford, Royaume-Uni (1167) : L’université la ville, ce qui implique un travail de coordination plus
d’Oxford est la plus vielle université britannique. important avec différents acteurs.
5. Université de Modène, Italie (1175) : Elle En effet, la différence entre les deux modèles, est que
accueille près de 18.000 étudiants dans ses facultés dans le premier (campus), on fait face à un modèle
d’économie, de lettres et de philosophie, de droit et de d’universités planifiées ; leur espace est clairement
mathématiques. identifié, différencié dès l’origine du reste de la ville et
6. Université de Paris, France (1200) : La naissance entièrement dédié à l’activité universitaire, sans oublier
officielle de l’université de Paris remonte au 15 janvier que les espaces extérieurs au Campus sont parfois
1200. difficiles à animer et à sécuriser en-dehors des horaires
universitaires.
‘’LE CAMPUS / LE QUARTIER Et dans le deuxième (Quartier universitaire), c’est le
UNIVERSITAIRE’’ modèle des facultés implantées historiquement en
Le paysage universitaire s’est façonné en deux centre-ville. Il peut prendre la forme d’un quartier
principaux types : le campus et l’université dans la ville, universitaire, où l’ensemble des bâtiments sont
ou quartier universitaire. accessibles à pied. Ce modèle se distingue par une vie
universitaire imbriquée dans la vie urbaine.
Ces deux types se distinguent par leur composition
urbaine et leur relation au territoire, mais aussi par leur
Différence entre Campus / Quartier universitaire

Le campus Le quartier
universitaire

• C’est le modèle des universités planifiées dans les • C’est le modèle des facultés implantées historiquement
années 1960 (puis parfois 1990). en centre-ville et créées à partir des années 1990.
• Leur espace est clairement identifié, différencié dès • Il peut prendre la forme d’un quartier universitaire, où
l’origine du reste de la ville et entièrement dédié à l’ensemble des bâtiments sont accessibles à pied.
l’activité universitaire.
•  Ce modèle se distingue par une vie universitaire
• Les espaces extérieurs au Campus sont parfois imbriquée dans la vie urbaine.
difficiles à animer et à sécuriser en-dehors des horaires
universitaires.

La vie de campus
Le campus, un lieu de vie
Le campus est un espace de vie riche
où l’enjeu primordial est d’assurer à ses
étudiants et personnels des conditions de
travail et de vie favorisant leur réussite et
leur épanouissement, tout en renforçant
les liens entre ses différentes composantes.
La vie au campus englobe tout le parcours
de vie des étudiants, pendant et hors des
heures d’enseignement, mais également
les temps hors la formation, qu’ils soient de
repos, loisirs (sport, santé, culture, action
sociale, pratiques artistiques, ateliers,
événements, cinéma, conférences…).
23
Ville Durable Université

LE CAMPUS DANS LA VILLE, QUELLES COMPLEMENTARITES ?

« Les liens entre le campus et la ville sont nombreux • L’université fournit également des prestations
et concernent des domaines très larges. Les deux de service (formation continue, assistance aux
partagent des problématiques et des intérêts entreprises…) et contribue à la diffusion de la
communs. Les établissements d’enseignement connaissance et à l’élévation du niveau culturel de la
supérieur et de recherche sont des acteurs importants population.
pour le développement, la visibilité, l’attractivité et
• L´accroissement des effectifs d´étudiants et
le rayonnement du territoire au niveau national et
l´augmentation des besoins en locaux universitaires
international.
ont contribué à l´émergence d´un urbanisme
L’implantation des campus fait partie de la définition universitaire.
des politiques d’aménagement urbain et des
• L´attractivité de l´université dépend largement de
programmations immobilières. Par ailleurs, la présence
l´attractivité du territoire dans lequel elle s´insère.
des étudiants impose aux collectivités des réflexions,
entre autres sur l’accessibilité des sites, les transports, • L’implantation des campus fait partie de la définition
le logement étudiant, l’animation des quartiers, la vie des politiques d’aménagement urbain et des
culturelle », (AGAM, 2011). programmations immobilières.
La contribution de l’université au développement • La présence des étudiants impose aux collectivités
économique de la ville s’effectue de plusieurs manières : des réflexions, entre autres sur l’accessibilité des sites,
les transports, le logement étudiant, l’animation des
• C’est d’abord une institution de formation de cadres et
quartiers, la vie culturelle...
de gestionnaires de la ville.
De plus en plus, villes et universités sont partenaires
• Elle est également une entreprise économique qui
dans la réalisation de projets qui renforcent le
donne des salaires à des fonctionnaires, des bourses
développement des territoires.
aux étudiants et qui effectue des achats de différentes
natures.

26
24
ANALYSE
BENCHMARK

00
INTRODUCTION
L’étude benchmark consiste à repérer puis analyser les «bonnes pratiques» ou les pratiques innovantes en termes de
conception et de services proposés par des campus, à la fois au Maroc, mais également – et surtout – à l’international.
Au début de notre réflexion sur la façon de conduire cette analyse benchmark, nous nous étions fixés pour objectif, de
nous focaliser sur trois ou quatre cas situés principalement dans les pays européens, dont notamment la France. Au fur
et à mesure de l’avancement de nos recherches, sur la toile notamment, nous avons décidé de réviser notre modèle de
benchmark et de l’élargir sur les quatre coins du monde. Nous avons donc choisi d’augmenter la taille de notre panel
afin de dégager les éléments qui peuvent intéresser notre campus. Notre choix de ce panel de benchmark comprend
ainsi neuf études de cas dont les caractéristiques paraissent correspondre aux besoins et aux enjeux rencontrés au
niveau de notre zone d’étude. Les neuf projets choisis sont : Al Irfane et Al Akhawayn (Maroc) et Jendouba et Menzel
(Tunisie) couvrant le cas africain, Grenoble en France et Coimbra au Portugal, des cas européens, Laval au Canada et
UNAM au Mexique, des exemples américains et un seul cas est asiatique (Tokorozawa à Tokyo).
Les pays choisis comme cas d’étude, sont des pays qui ont eu une grande influence et reconnaissance sur la conception
des espaces universitaires dans le monde, ou bien des pays qui ont réussi à réaliser des universités modèles, et qui
arrivent à entretenir une relation réussie avec leurs villes où ils sont implantés.
Les critères ayant guidé le choix de ce panel de campus sont multiples, entre autres : la diversité géographique pour
ne pas se centraliser uniquement sur le cas africain et français qui se ressemblent beaucoup, l’originalité des campus,
leurs aspects de vie collective et de services offerts, la prise en compte du développement durable dans la conception
et la vision globale, vu que Khénifra est une région fortement ancrée dans son environnement exceptionnel qu’il faut
préserver et inculquer dans tout projet structurant, la ressemblance territoriale et géographique avec notre zone
d’étude et la singularité des formations dispensées et offertes en liaison avec les spécificités territoriales de chaque
zone.
Les études de cas réalisées dans le cadre de ce benchmark sont riches d’illustrations, de pratiques et d’innovation
qui donnent une nouvelle vision de la vie de campus et de ses services. Elles nous ont permis de dégager les points
communs, quelques tendances de fond et d’en saisir les principaux enjeux et défis dont nous livrons ici quelques
éléments d’analyse à s’inspirer pour notre campus universitaire de Khénifra.

27
Campus universitaire Al Akhawayn : un campus à l’américaine
Le campus universitaire d’Al Akhawayn est fondé en 1993, sur une superficie de 60 Ha. Il contient 7 Instituts et centres
académiques et se situe sur une zone montagneuse comme le cas de celui de Khénifra. Al Akhawayn est un modèle
de campus marocain réussi qui se distingue par son environnement, son architecture, sa structure et son organisation.
L’architecture des bâtiments respecte le style spécifique des constructions de l’espace montagneux .

Son environnement
Al Akhawayn est un
modèle de campus
marocain réussi qui se Son architecture
distingue par :
1. Campus universitaire africain

Sa structure et son organisation

L’architecture des bâtiments respecte le


style spécifique de l’espace montagneux

Madinat Al Irfane : d’un campus excentrique à un campus central


Il s’agit d’un campus accessible, bien desservi en matière de transport qui remplit des fonctions multiples (Formations,
santé, services…), qui se situe au cœur de la ville. Une série de facultés et d’instituts sont installés au quartier Al Irfane
après sa création. Il s’agit du plus grand campus au Maroc vu son étendue d’une part et le nombre d’établissements
qu’il englobe, de l’autre. Il dispose d’atouts considérables, dont notamment :
Atouts du campus d’Al Irfane

Un campus aux Un campus


Un campus au coeur fonctions multiples : accessible, bien
de la ville Formation, santé, desservi en matière
services…. de transport

Bien que le campus jouisse de nombreux atouts, il présente un certain nombre de problèmes et contraintes :

Atouts et contraintes du campus d’Al Irfane

Position géographique centrale au sein de Etablissement construit sans une planification


Rabat. urbanistique préalable, partagée et réfléchie.
Grande consommation de l’espace, sans possibilité
Espace structurant de la capitale.
de l’exploiter pour implanter des logements ou des
équipements à l’échelle du campus.
Une masse estudiantine et professorale
importante. Aménagement de la voirie ne prenant pas en
considération les déplacements pour les modes
Pôle universitaire avec des atouts doux et les déplacements des PMR.
considérables où la valeur éducative
Zone moins desservie en transport en commun.
provient non seulement de l’espace mais
du mode de vie qu’on y pratique. Absence d’espace vert public.
Circulation piétonne très difficile.

Source : Elaboration du Groupe


Le campus universitaire tunisien
Le desserrement de l’enseignement universitaire s’est effectué au bénéfice des villes moyennes pour accueillir les
milliers d’étudiants affluant vers le campus, la plupart du temps loin des centres des villes, pour de multiples raisons :
insuffisance du foncier, problème de sécurité, etc.

La politique d’externalisation des campus en Tunisie :


1. Campus universitaire africain

Le campus de la ville de Janduba un exemple de levier développement :

30 29
Le campus universitaire français : Le domaine universitaire de
Grenoble – France ; Un campus au cœur des Alpes
Grenoble est une ville de montagne pénétrée par un oued qui nous rappelle Khénifra et son oued Oum Rabiaa.
Le campus de Grenoble représente l’un des trois sites majeurs métropolitains pour l’enseignement supérieur et la
recherche en France.
Le journal Times Higher Education classe l’université de Grenoble-Alpes en 2018 au huitième rang des plus belles
universités en Europe. Aujourd’hui ce n’est que grâce au campus que Grenoble est devenue l’une des plus importantes
2. Campus universitaire européen

villes dans l’armature urbaine française. L’enseignement représente la première activité du campus, qui accueille de
nombreux universités, écoles et laboratoires de recherche notamment le Centre technique du papier ainsi que le
Siège du Centre d’études de la neige vu qu’il s’agit d’une zone de montage où il neige beaucoup.

Accueillant chaque année près de 40.000 étudiants


(soit 1 habitant sur 5), Grenoble a depuis longtemps
développé une politique de vie étudiante attractive,
intégrant et répondant à toutes les préoccupations de
cette population jeune et dynamique.

De par sa fonction principale d’enseignement et de recherche, le campus constitue un véritable bassin de vie :
- Il accueille, depuis sa création en décembre 1961, sur une superficie de 225 ha, 160 bâtiments composés des
résidences universitaires, de restaurants, de commerces, de bibliothèques, d’ équipements sportifs dont une grande
piscine, et de lieux consacrés à la vie étudiante.
- Et il est très bien desservi par train, tram et bus afin de garantir une meilleure connexion avec le centre-ville de Grenoble.

Aujourd’hui ce n’est que grâce au campus que Grenoble est devenue l’une des plus importantes villes dans l’armature
urbaine française .
Le campus universitaire portugais : Un campus à
trois pôles métissant le moderne et le traditionnel
Coimbra est l’une des plus anciennes universités en
Europe et dans le monde. Elle est organisée en 3 pôles
dispersés dans la ville :
• Pôle I : créé en 1290, on y trouve les facultés d’art, droit
civil et médecine.
2. Campus universitaire européen

• Pôle II : créé en 1974 et concerne les spécialités de


Génie mécanique – Génie civil – Chimique.
• Pôle III : créé en 2001 et regroupe les Sciences de la
Santé.
Coimbra et son université sont des exemples clairs
de la façon dont l’ancien noyau peut se mélanger au
nouveau, créant une symbiose entre le traditionnel et le
moderne, qui permet à une ville de se développer tout
en maintenant son essence.
À l’université, on trouve une technologie révolutionnaire
et des installations contemporaines qui coexistent
avec des bâtiments médiévaux qui existent depuis des
siècles.
L’université: Le coeur battant de la ville

Source : https://fr.dreamstime.com/images-stock-campus-universitaire-coimbra-image19740084

Points à retenir pour Khénifra

Un campus en rénovation permanente qui ne repose pas seulement sur


la fonction universitaire :
Un Campus qui doit être le coeur battant de la ville, en lui donnant d’autres
fonctions (par exemple, en injectant des musées et des théâtres dans le
Campus).
La connectivité avec le centre ville doit être renforcée grâce à la disponibilité
d’une offre de transport diversifiée.
L’introduction de la culture et des traditions dans le mode de vie estudiantin
( ex: des cérémonies spéciales, des uniformes... ) , afin de donner une
particularité spécifique au Campus.
La qualité de vie des étudiants devrait être le souci majeur des responsables.

Source : Elaboration du Groupe

31
Le campus universitaire mexicain
Un campus à édifice emblématique traduisant un fort ancrage culturel

Le campus, qui est constitué d’un ensemble de L’urbanisme et l’architecture du campus central
bâtiments, d’équipements sportifs et d’espaces ouverts constituent un exemple exceptionnel de l’application
dans la zone méridionale de Mexico, a été construit des principes du modernisme du XXe siècle fusionnés
entre 1949 et 1952. Plus de 60 architectes, ingénieurs et avec des éléments issus de la tradition mexicaine
artistes ont travaillé au projet. Le campus est un exemple préhispanique. Cet ensemble est devenu l’une
du modernisme du XXe siècle. Il illustre l’intégration des plus importantes icônes de l’urbanisme et de
3. Campus universitaire américain

de l’urbanisme, de l’architecture, de l’ingénierie, de l’architecture modernes en Amérique latine, reconnue


l’architecture de paysage et des beaux-arts et leur universellement.
association avec des références aux traditions locales,
Les éléments physiques existants expriment donc
notamment le passé préhispanique du Mexique.
les valeurs historiques, culturelles et sociales de cet
L’ensemble incarne des valeurs sociales et culturelles de
ensemble, de même que son authenticité en termes de
portée universelle. Reconnu dans le monde entier, ce
conception, de matériaux, de substance, d’exécution et
campus est l’un des grands symboles de la modernité
de fonctions.
en Amérique latine.

Campus central de la cité universitaire de la Universidad Nacional Autónoma de México (UNAM)

Le campus de l’UNAM a gagné un peu plus de renommée internationale en 2007 en étant promu comme Patrimoine
Mondial de l’Humanité par l’Unesco. Il forme chaque année plus de 35.000 étudiants et offre 65 formations du niveau
Master et 36 formations doctorales.

Selon l’expérience de Mexico, on remarque la présence d’un édifice emblématique qui raconte l’histoire du territoire,
sans oublier la raison de la création de ce campus qui est d’honorer l’histoire de la révolution mexicaine. Khénifra
possède un ancrage historique assez monumental, une identité, un patrimoine matériel et immatériel très importants
à prendre en considération lors de la conception de notre projet.
Le campus universitaire canadien
Un campus durable qui respecte les ODD
L’Université Laval est l’une des plus grandes universités au Canada. Elle a été fondée en 1852, et constitue ainsi le plus
ancien établissement d’enseignement supérieur francophone en Amérique, et la sixième plus ancienne université du
Canada.
Le campus de l’Université Laval est composé d’une trentaine de pavillons sur une surface totale de 1,9 km2 au cœur
de l’agglomération québécoise, véritable ville dans la ville comptant environ 43.000 étudiants.
3. Campus universitaire américain

COMPOSANTES DU CAMPUS

Quartiers résidentiels
Restaurants et cantines
Bibliothèque
Pavillon d’éducation physique et sports
Jardin botanique

Borne de recharge pour les voitures électriques

Le campus de l’Université Laval offre un environnement d’études et de vie exceptionnel et sécuritaire. Composé de
nombreux espaces verts, de zones boisées (67 espèces de feuillus et de conifères, 60 espèces d’oiseaux, ainsi que 15
espèces d’animaux ; on y retrouve un jardin botanique de six hectares) et sillonné de sentiers pédestres et cyclables,
ce campus à la nord-américaine favorise les déplacements à pied et l’accès aux pavillons. À proximité du centre-ville
de Québec et intégré à sa communauté, le campus est animé d’une vie culturelle, sportive et sociale effervescente.

Les éléments clés d’intérêt pour le benchmark

Source : Elaboration du Groupe

33
Campus Tokorozawa à Tokyo, au Japon :
Un campus au cœur de la nature
Sur une surface de plus de 28ha, et recevant 2331
étudiants chaque année, le campus universitaire
asiatique est organisé en trois départements de
sciences humaines orientés vers la santé et le sport,
et un établissement dispensent un enseignement
pluridisciplinaire et cherchant à appréhender l’homme
dans sa globalité.
4. Campus universitaire asiatique

La création de ce campus a été conditionnée par le fait


de restituer un espace paysager équivalent à l’emprise
du projet et préserver au maximum la nature existante
sur le terrain.
Le campus de Tokorozawa est construit à la frange de la
ville de Tokyo. Il bénéficie d’un site de collines boisées à
proximité des lacs artificiels du parc naturel de Saituma.
De plus, un vaste complexe sportif occupe le premier
plan du site affichant l’importance de cette discipline.

Ce campus partage plusieurs points communs avec


notre zone. Le projet de campus de Khénifra est
programmé sur une zone naturelle de haute valeur
paysagère et naturelle et localisé sur la frange nord de
la ville. Le territoire est un plateau légèrement ondulé à
proximité de l’oued et de plusieurs sites et parcs naturels.
Donc, préserver au maximum la nature existante sur le
terrain, constituera certainement un souci majeur lors
de la conception de notre campus.
A RETENIR…
Les campus européens sont caractérisés par une symétrie et l’utilisation des formes géométriques régulières qui

1
confèrent un ajustement équitable et un usage spatial équilibré.
On y trouve au niveau spatial, un centre qui donne davantage de flexibilité et de facilité sur le plan fonctionnel. On
note aussi un passage fluide entre le divertissement et l’enseignement en mettant ce dernier au cœur du campus tout
en l’entourant des autres services.

2
Quant aux campus américains, la lisibilité spatiale est axée sur des formes irrégulières et différentes qui permettent
de donner une certaine identité propre.
On y trouve un réseau viaire très dense qui dénote d’une forte accessibilité et une logique de zoning particulière où
le centre est axé sur les services de divertissement alors que les alentours sont voués à l’enseignement . On passe
ainsi de la détente à l’académique. Les fermetures et les bordures sont virtuelles puisqu’elles sont assurées par les
bâtiments d’enseignement.
Schémas simplifiés des campus universitaires en :

Source : Elaboration du Groupe

3 Le cas asiatique prône généralement le modèle circulaire avec un réseau viaire radio centrique.
Tous les éléments urbains convergent vers le centre qui est focalisé sur la formation .

4
Et enfin, pour les cas africains, les implantations sont très basiques ne traduisant aucune logique de localisation. C’est
plutôt l’insertion des bâtiments qui donne lieu à une disposition donnée et on se trouve à la fin avec des ajustements
perpétuels qui sont le fruit de l’aléa et le hasard.

35
36
Eléments à retenir pour le campus de Khénifra

Source : Elaboration du Groupe


POINTS FORTS DU BENCHMARK ET BONNES PRATIQUES

Ouvrir le campus sur le monde professionnel


• Faciliter l’installation des entreprises sur les campus pour profiter de leur dynamisme, partager avec elles certains
équipements et développer des projets concrets (incubateurs et centres de recherche avec des jeunes chercheurs
brillants qui livrent des idées à des industriels).
• Valoriser l’apprentissage professionnel au cœur de l’éducation et des campus.

• Ouvrir des espaces « incubateurs de créativité » accessibles tous les jours.

Rompre l’isolement des campus et brasser les profils


• Développer davantage des troncs de savoirs communs entre les parcours, les facultés ou les écoles.
• Organiser le retour des campus en ville. La ville est un lieu naturel de rencontre et de brassage.
• Développer les partenariats entre différentes institutions (dans le cadre des technopôles ou encore des Learning
centers).

Recréer une vie dans le campus


• Inciter les étudiants et les enseignants-chercheurs à passer plus de temps sur le campus en offrant un cadre
confortable, agréable et accueillant.
• Créer des logements pour les étudiants, les chercheurs, les enseignants et le personnel administratif à proximité
immédiate des sites d’enseignement.
• Favoriser l’installation de commerces et de services, l’implantation des infrastructures sportives et culturelles ainsi
que des espaces verts.
• Affecter différemment les espaces : moins d’espaces privés et plus d’espaces publics partagés, plus d’espaces
multifonctionnels…

• Faire des étudiants des acteurs de la vie du campus et non uniquement des consommateurs de savoir.

Ouvrir le campus sur la ville


• Créer des liens formels en identifiant les besoins communs entre l’université et la ville et ses acteurs.
• Instaurer un dialogue participatif entre usagers et gestionnaires.
• Mutualiser et valoriser les équipements et les services entre établissements, institutions publiques et habitants.

• Rapprocher la ville et le campus par les transports.

37
SYNTHESE DU BENCHMARK
On peut déduire des cas d’étude que nous avons survolés, qu’il y a deux
modèles urbanistiques pour la création des campus universitaires: le
campus à l’intérieur ou à l’extérieur de la ville. Le campus dans la ville
est généralement conçu sous forme de quartier universitaire, parmi les
quartiers de la ville ; alors que le campus à l’extérieur de la ville est pensé
comme un noyau d’une ville nouvelle ou un nouveau pôle universitaire
et urbain parmi les pôles de la ville existante.
L’implantation d’un campus isolé de la ville reste la forme la plus
dominante, surtout pour les nouvelles créations d’université. Mais, on
fait aussi recours au campus périphérique pour étendre les activités
d’un établissement existant, en particulier les disciplines scientifiques
consommatrices de l’espace. La majorité des campus construits en
périphérie, voire en milieu rural, ont été absorbés par la ville ; l’université
attire l’urbanisation. Les universités américaines par exemple, qui
étaient à l’extérieur de la ville, ne sont plus sous forme de campus
universitaires, mais de villes universitaires, pratiquées et visitées par
toute la population.
L’université/campus universitaire implantée au sein de la ville engendre
des relations qui sont parfois conflictuelles avec son environnement. La
nature et l’échelle de ces conflits sont variables, selon sa conception,
soit comme un ensemble autonome coupé de son environnement, soit
comme un acteur local chargé d’assurer un ensemble de services à la
population d’un territoire donné, un élément de production sociale et
un projet structurant de l’aménagement du territoire. Mais aussi, cela
dépend de l’échelle de la ville et l’importance de l’université dans les
fonctions de la ville abritant ce campus.
Un campus universitaire a besoin de nombreux équipements qui
peuvent constituer une complémentarité avec le reste de la ville. Son
implantation accélère aussi l’expansion des activités commerciales,
qui ont comme clientèle principale les étudiants. On assiste à un
développement du commerce alimentaire et la restauration dans les
quartiers résidentiels des étudiants. Mais aussi, un changement de
l’image de la ville, à travers la multiplication des librairies, bibliothèques,
centres culturels, etc.
La présence de l’université et du campus universitaire dans la ville
permet de transformer son image en une ville universitaire culturelle
et productrice de savoir. L’université est pour la société un élément
garant de sa contemporanéité et sa lucidité. Elle participe à développer
le niveau intellectuel des habitants de la ville, à travers les différents
services qu’elle offre.
38
Au final, l’université devient, non seulement destinée à
l’enseignement et la formation des étudiants, mais un équipement
ouvert aux habitants, participant à l’expansion du savoir et
l’enrichissement de la culture de la société, un véritable acteur
socio-économique, encourageant l’installation des entreprises,
créant plusieurs opportunités d’emploi et renforçant l’image de
la ville en tant que ville de la culture et du savoir, à rayonnement
régional, national, ou même international.
Aujourd’hui, l’université marocaine est un établissement
exclusivement d’enseignement, destinée qu’aux étudiants.
Elle est encore mal intégrée dans la ville et loin d’être un réel
acteur économique, ou un noyau de développement urbain. Les
universités marocaines sont des établissements publics dotés
d’autonomie financière et leur politiques spatiales se basent
principalement sur les critères de la disponibilité du terrain et le
besoin en termes d’effectifs des étudiants.
Le campus ne comporte principalement que les établissements
d’enseignement. Il existe quelques commerces liés aux
résidences universitaires, mais pas d’équipements ou de services
spécialement dédiés au campus et à la population devant les
fréquenter. La majorité des étudiants doivent se déplacer vers les
quartiers avoisinants en cas de besoin.
Il est clair que l’urbanisme universitaire marocain est encore
très embryonnaire et que les modèles adoptés au Maroc
pour concevoir les espaces universitaires sont dépassés et
incapables de répondre aux besoins de la ville du XXIe siècle.
Cela influence largement la qualité de l’enseignement supérieur
et la formation offerte aux étudiants. Mais, on peut dire que la
question de la relation entre l’université et la ville s’imposent
de plus en plus dans le contexte marocain. Les responsables
de la ville commencent graduellement à prendre conscience
que le développement des villes marocaines ne pourra pas se
réaliser sans le développement de leurs universités. C’est dans
ce contexte que le campus universitaire de Khénifra devra être
pensé et réfléchi pour qu’il soit un réel outil de rayonnement et
de décollage de la ville et ses environs.

00
LE TERRITOIRE DE
KHENIFRA :
De fortes potentialités
à valoriser

00
INTRODUCTION
Khénifra fut peuplée par les Zayanes, des tribus amazighs transhumantes qui
s’y sont installées vers le Xe siècle. Ceux-ci appartiennent à la confédération
des Ait Oumalou qui vivaient sur le versant nord et boisé du Moyen Atlas. C’est
la partie également ombragée de la chaine d’où ils tirent leur nom Oumalou
(ombre en langue amazigh).
Haut lieu de culture et d’Histoire de la tribu des Zayanes, Khénifra se distingue
donc par son identité unique qui s’exprime à travers leur mode de vie ayant
contribué à l’émergence d’une culture caractéristique du Moyen Atlas, laquelle
s’est traduite dans l’art de vivre, les traditions culinaires, les chants et danses
(Ahidous) et l’artisanat, notamment l’habillement caractéristique de la région
et les tapis de Zayane (travail de la laine, des tapis). Cette culture demeure
intacte quoiqu’elle ne soit pas suffisamment valorisée.
Khénifra est également un espace doté d’un potentiel naturel extrêmement
remarquable et singulier : forêt de chêne vert et de cèdre, de nombreux lacs…
Dans cette partie, il est question d’approfondir nos connaissances sur le
territoire de Khénifra afin d’identifier notre territoire d’étude selon les cadres
géographique et physique et de présenter succinctement les principaux
aspects humains et économiques qui sous-tendent le potentiel et les facteurs
de développement existants.
Notre ambition est de réfléchir sur des pistes de développement axées sur ses
richesses locales singulières pour la plupart pour donner un rayonnement à la
ville de Khénifra et de sa province.
Cette partie sera analysée à travers 6 volets :
• Les différentes potentialités physiques et ressources naturelles.
• La population avec ses principales grandeurs socio-démographiques.
• L’économie qui reste encore limitée et polarisée autours des secteurs
traditionnels.
• Les résultats de l’enquête que nous avons effectuée pour recueillir l’avis de la
population locale sur le projet de campus comme levier de développement et
de rayonnement de Khénifra.
• La synthèse de l’enquête que nous avons faite auprès de quelques acteurs
locaux pour avoir leurs visions sur le projet.
• Et enfin, NOTRE VISION, que nous avons formulée en tenant en compte
l’analyse du territoire et les analyses préalables auprès aussi bien de la
population cible que des acteurs locaux.

00
43
1. DES CONDITIONS PHYSIQUES ET DES RESSOURCES DIVERSIFIÉES

Outre sa situation géographique à cheval entre le Moyen Atlas et le plateau central, la province de Khénifra jouit
d’un climat de type méditerranéen à variante continentale favorable au développement d’un réseau hydrographique
riche qui fait d’elle l’une des plus importantes réserves d’eau du Royaume. Elle dispose d’une grande biodiversité
et d’un paysage naturel très diversifié, une forêt couverte de cèdres et de chênes verts s’étendant sur 308.000ha,
plusieurs cours d’eau formant un réseau de rivières se jetant dans l’Oum Errabia et ses affluents et de vastes lacs tels
que Aguelmame Azegga, Ouiouane…
Altitude et topographie

1.1. Khénifra, un territoire à relief


accidenté

Khénifra est une province à relief accidenté


où s’alternent la montagne et les plateaux
dont l’altitude est très variable. Elle
s’intègre à la fois dans le Haut Atlas
représenté par les communes se situant
au sud de la province (Ouamana, Ait Ishaq,
Tighassaline, Sidi Yahya Oussaad, El Kbab
et Ait Saaselli), le Moyen Atlas et le plateau
central. Les reliefs y sont accidentés avec
une altitude s’aggravant d’Ouest en Est
et où on distingue des territoires à faciès
géologiques et géomorphologiques très
variés dans lesquelles émergent deux
Elaboration du Groupe
unités physiques et bioclimatiques :
Reliefs

•
La zone Ouest de la province
correspondant à la zone d’Aguelmous
et à une partie de celle de Khénifra, fait
partie du plateau Central Marocain avec
un relief très mouvementé. Il s’agit d’une
succession de sommets convexes et de
vallées prolongées.

• La zone Est de la Province contenant la


zone d’El Kebab et une partie de Khénifra
qui est partagée entre le plateau central
avec des montagnes moyennes et le
Moyen Atlas tabulaire.

44 Elaboration du Groupe
Hydrographie

1.2. C’est également le château d’eau du


Maroc
Khénifra constitue le château d’eau du Maroc par
excellence. En effet les plus importants fleuves du
pays y prennent naissance, notamment Oum Errabia,
Moulouya, Grou…

Elle est particulièrement riche en eau (sources, nappes


et lacs d’origine Karstique, rivières à régime pondéré),
du fait de sa lithologie à dominante carbonatée et de
l’importance des précipitations, en partie neigeuses.

De nombreuses sources alimentent un réseau


hydrographique abondant et très encaissé.

En raison de la faible disponibilité en terres cultivables,


ces importantes ressources en eau n’ont pas donné lieu Elaboration du Groupe
à des aménagements hydrauliques modernes internes
à la montagne. Pluviométrie moyenne annuelle

1.3. Son climat est de type méditerranéen


continental
Le climat de la province de Khénifra est de type
méditerranéen continental de montagne. Il se
caractérise par un hiver pluvieux et froid avec des
périodes d’enneigement dans les hautes montagnes, et
un été sec et chaud avec des périodes d’orage.
Le régime de précipitation est de type saisonnier
avec un maximum de pluie et de neige en hiver. La
pluviométrie varie de l’est à l’ouest et du nord au sud, en
fonction de l’altitude, et de l’exposition. Elle enregistre
selon les régions entre 400 et 700 mm. La moyenne
pluviométrique annuelle est de 580 mm avec des
maximums enregistrés en mois de décembre et Janvier.
Ce régime présente des irrégularités dans la répartition
des pluies pour les différents mois de l’année :
• Les régions du Moyen Atlas Central sont arrosées plus
que le plateau central et enregistrent des tranches Source : SDAU
pluviométriques importantes.
Couvert forestier
• Les chutes de neige sont enregistrées au milieu
de l’automne, à la fin de l’hiver et se prolongent
généralement jusqu’au printemps.

1.4. …et jouit d’un milieu naturel


exceptionnel et d’une biodiversité d’une
richesse inestimable
La forêt couvre de larges surfaces sur les plateaux et
les versants des crêtes montagneuses. Le chêne vert
s’associe au cèdre et à d’autres espèces en étagement.
Le thuya, le genévrier rouge et le pin d’Alep remplacent
ces formations dans les vallées et les dépressions.

Source : SDAU, adapté 45


La forêt de la province de Khénifra s’étend sur 212.603
ha, soit presque 33% du territoire de la province, et se
concentre au Nord Ouest et à l’Est principalement. Le
chêne vert, de loin le plus dominant, occupe plus de Céderais du plateau d’Ajdir
70% de l’espace forestier, sur les parties élevées de la
bordure Nord-Ouest de la province et dans le Moyen
Atlas.
Beaucoup moins étendu, le chêne-liège s’y substitue
dans le bas pays. Tandis que le cèdre se concentre
principalement dans le parc national à l’Est de la
province.
Ces forêts sont en général en bonne santé, mais souffre
de surpâturage et de la prolifération des singes magots.
L’exploitation optimale des cèdres pour le bois d’œuvre
se fait sur des arbres de 120 à 180 ans. Cela explique
que les moindres signes de difficultés de régénération
ont des répercussions à très long terme et doivent être
combattues énergiquement, même si la forêt paraît
encore imposante. Elles se trouvent principalement à El
Borj, Aguelmam Azegza et Oum Errabia.
La deuxième essence, par ordre d’importance est la
chênaie. Elle couvre une surface bien plus étendue
que celle du cèdre, soit 221.040 ha, mais les possibilités
d’utilisation du bois sont moins intéressantes. Elle
occupe les sites bien arrosés à une altitude inférieure à
celle du cèdre. On distingue deux zones de chêne-liège,
la principale sur le Plateau Central autour de Khénifra,
au niveau des communes des Sebt Ait Rahou, Sidi
Hcine, El Borj et d’Oum Errabia. Les forêts de chênes
verts occupent une place intermédiaire entre le thuya
(basse altitude) et le cèdre et le genévrier thurifère
(haute altitude).
La majorité des chênaies est exploitée en taillis pour la
production de charbon de bois, le bois de chauffage
et comme fourrage. Le bois d’industrie (traverses de
chemin de fer) n’est exploité que dans les forêts de
haute futaie, qui sont plus rares.
L’avenir du cèdre, espèce la plus intéressante et
endémique de la zone, pose des problèmes actuellement
en raison de sa faible régénération en dehors des sites
les plus favorables (façades les moins exposées au froid,
sols les plus fertiles).

Céderais du plateau d’Ajdir

46
Khénifra jouit d’une multitude de SIBEs, lacs, sources et parcs
naturels, dont les plus importants et les plus connus sont :

Le parc national de Khénifra


A cheval entre 3 provinces, Khénifra, Ifrane et Midelt, il s’étend
sur près de 200.000ha. C’est le dernier né des parcs marocains
puisque sa création est récente et remonte à 2008. Le Parc
National situé à Khénifra s’étale sur 40.595ha et abrite une
végétation très variée constituée principalement de la plus
importante cédraie du Maroc avec des formations de chêne
vert, chêne zène et pin maritime. Cette aire protégée recèle
une richesse faunique des plus remarquables et représente
un potentiel exceptionnel, du fait de la disponibilité de
nourriture, de l’eau et de la proximité des habitats favorables.
Cette richesse se traduit par la présence d’espèces menacées
d’extinction en mammifères, oiseaux, reptiles et amphibiens
tels que : la panthère, l’hyène rayée, l’aigle royale, le singe ...etc.
La zone abrite également le sanglier, la perdrix gambra, la grive,
le lièvre, le renard, le chacal, hyène, des rapaces nocturnes et
des diurnes, les passereaux, les canards et oiseaux d’eau, le
pigeon, la tourterelle.

Bou Riah-Beddouz
Ce site est un SIBE de priorité 1. Il s’étend sur 4.000 ha et
chevauche avec les limites administratives des Provinces de
Khénifra et Khémisset. Il constitue un habitat favorable aux
oiseaux rapaces comme en témoigne la présence actuelle
du vautour fauve. Une flore originale s’étend jusque sur les
hauteurs des falaises. L’activité humaine y est fortement
présente et se traduit par la présence de parcours, de cultures
de céréales et d’amodiations de chasse. Sa localisation à l’écart
des circuits touristiques ne permet pas d’intégrer ce SIBE au
sein d’un circuit de randonnée pédestre et il reste éloigné des
principales grandes villes.

Les Sources d’Oum Errabia


Les sources Oum Errabia comptent plus de 40 sources douces
et salées et constituent un débit très important de l’ordre de
118m 3/s. Source d’Oum Rabiaa
Ces sources convergent vers le fleuve Oum Errabia qui est
considéré comme le 2ème fleuve du Maroc. Le débit sortant à
la surface à ce niveau ne constitue qu’une partie de la rivière
souterraine traversant cette zone.

Singe Magot à Aguelmam Azegza

00
47
Aguelmam Azegza (lac vert)
C’est un SIBE de Priorité 3 ; un lac naturel d’origine
karstique, occupant une profonde dépression,
qui constitue un paysage remarquable. Sa
superficie est de 40ha et sa profondeur ne
dépasse pas les 25m. Il est entouré de reliefs
calcaires aux pentes fortes qui sont couvertes de
chêne vert et de cèdre.
Il s’agit également du lac naturel le plus prisé par
le tourisme régional, puisque plusieurs centaines
de tentes peuvent être recensées sur le site en
été. Source d’Oum Rabiaa

Aguelmam Mi’Ammi
Ce SIBE s’étend sur un large marécage encadré
par des montagnes où le couvert forestier est
bien conservé. Il est alimenté par des sources
permanentes et un ruisseau intermittent.
L’exutoire et l’étang abritent une faune
invertébrée assez diversifiée et abondante.
Il se situe à 1.600 mètres d’altitude dans l’aire
géographique d’Ajdir Izayane. C’est un lac naturel
alimenté par des sources et un affluent, c’est de
là que prend naissance l’Oued Chbouka. Réputé
pour son peuplement en truite de grosses
Singe Magot à Aguelmam Azegza
dimensions, le lac N’Miaami est un centre de
pêche touristique de grande valeur. Il fait partie
du parc national de Khénifra.

Le SIBE Ouardane
Le SIBE se limite au massif oriental de la forêt
d’Ouardane, bloc compact autour d’un relief
limité à l’Ouest par l’oued Aguelmous et à l’Est
par la route d’Aguelmous-Khénifra. Sa superficie
est d’environ 3.000ha.
Il contient une flore composée essentiellement
de chêne vert et chêne-liège, assez bien
conservés, très représentatifs du type oriental
pour le plateau central, au sein desquels on note
quelques signes de régénération. Aguelmam Azegza

Les familles des environs tirent différentes


ressources de ce site : parcours forestier pour près
de 3000 têtes, cultures diverses et exploitation
du bois (liège, bois de chauffage).
La faune compte plusieurs espèces dont
principalement 72 espèces d’oiseaux nicheurs,
9 espèces de mammifères; et 31 espèces de
reptiles.

Aguelmam Azegza

Source d’Oum Rabiaa

48
Aguelmam Abekhane (lac noir)
Le «lac noir’’, est un petit lac d’origine karstique, de
forme ovale, long de quelque 700m et large de 500m.
Il est surplombé à l’ouest par des reliefs couverts de
chêne vert ; à l’est, les terrains plats qui lui sont proches
sont cultivés. Le niveau d’eau est d’environ 3-4 mètres
plus bas que le niveau maximal ; la rive s’est retirée de
quelque 30m par rapport à son niveau hivernal.
Le lac possède un exutoire qui alimentait au nord un
cours d’eau. Alimenté par des eaux de ruissellement, à Azegza
1.671 mètres d’altitude, il constitue un lieu d’hivernage
des oiseaux d’eau (plus de quinze espèces) dont les plus
dominants sont la foulque macroule et le milouin.

Lac Tigalmamine
Inscrit en tant qu’un SIBE et doté de plusieurs statuts
de conservation et de protection comme le site Ramsar
d’importance internationale, le lac Tigalmamine (ou les
lunettes), diminutif du berbère Aguelmam (lac), se situe
à 40km à l’est de la ville de Khénifra et à une altitude
de 1650m. Sa profondeur est de 20m et sa superficie de
13ha. Vu sa forme géomorphologique, le lac se présente
comme des lunettes circulaires : il s’agit de deux étangs
côte à côte.
Il se trouve au milieu d’une vaste dépression à fond
Aguelmam Abekhane (lac noir)
plat. Une large pelouse naturelle qui est actuellement
cultivée s’étend sur la plaine où se blottie le lac.

Lac Ouiouane
Le lac Ouiouane est situé dans la province de Khénifra
à 34km de M’rirt sur la route de Aïn Leuh à 1630m
d’altitude et à 9km des sources d’Oum Errabia. Il s’étend
sur une superficie de 20ha et a une profondeur d’environ
15m avec une masse d’eau importante.
Il s’agit d’un plan d’eau semi-artificiel. Il est à considérer Aguelmam Tigalmamine
à l’intérieur d’un complexe karstique englobant, en
plus du lac, les petits lacs d’Aguelman N’Harcha et
d’Aguelman Ou Houli.
Les eaux des lacs sont riches en végétation aquatique
submergée. Les versants immédiats du lac sont boisés
du peuplier, alors que les montagnes environnantes
sont couvertes de chêne vert et de cèdre.

Lac Ouiouane

Aguelmam Tigalmamine

49
00
POINTS
2. UNE POPULATION
FORTS DU BENCHMARK
JEUNE EN CROISSANCE
ET BONNES CONTINUE
PRATIQUES
Khénifra se caractérise par un potentiel humain plus au moins jeune constituant l’un des facteurs de sa richesse
potentielle et effective.

2.1. Le profil démographique de la ville : une population en évolution avec une tendance
féminine
La ville de Khénifra compte parmi les villes marocaines qui ont enregistré une évolution démographique assez
remarquable au cours du siècle dernier, ce qui lui a permis de se repositionner au sein de l’armature urbaine nationale
en rejoignant la strate des villes moyennes.

Taux d'accroissement 2 ,7 %
Population 116589 hab.

Evolution de la population

1 ,8 %

3 ,8 %
72672

60835
3 ,8 %

38840
2 ,9 %
6 ,3 %
25526
5 ,4 % 18503
5 ,4 %
11308
2858 hab. 4850

1926 1936 1952 1960 1971 1982 1994 2004 2014


Source : HCP, RGPH 2014

2.2. Khénifra : Un rythme différentié de l’évolution de la population


La population a atteint un effectif de 117.152 habitants en 2014, soit 29.281 ménages vivant sur une superficie totale de
20.049.489m².
Sur 90ans, le taux d’accroissement annuel moyen (TAAM) de la ville a connu une régression continue en passant de 5,4 %
entre 1926 et 1936 à 2,7% entre 2004 et 2014, et la population en nombre absolu a enregistré une augmentation.
Le TAAM a enregistré un élan (3,8%) pendant les deux périodes 1971-1982 et 1982-1994 suite à la promotion de la ville
en chef lieu de province.

6,3

5,4
Source : HCP, RGPH 2014
5,4

3,8 3,8

2,7
2,9

1,8

1936 1952 1960 1971 1982 1994 2004 2014

Evolution du TAAM de Khénifra depuis 1936

50
2.3. Une population importante à caractère jeune
L’analyse de la structure d’âge de la population montre que la ville abrite la population la plus jeune en âge de travail
par rapport à celle de la province et la région.
25.1% de la population de la ville est âgée de moins de 15ans. Quant à la population dont l’âge est entre 15 et 59 ans,
elle constitue la valeur la plus élevée et représente 64.1% dont les femmes représentent 65.7%.
Structure par âge de la population
0-14 ans 15-59ans 60ans et +

64,1%
62,4%
60,7%

Source : HCP, 2014


29,2%
25,1% 26,5%

10,8% 11,1% 10%

Khénifra Province Région

En 2014, la population de la ville de Khénifra comptait 117.152 habitants ; elle a passé à 123843 en 2018 pour atteindre,
selon les estimations du HCP, 140.100 habitants en 2030 ; soit un taux d’accroissement global de 19,5%.
Le rapport de masculinité de la ville de Khénifra enregistrait une baisse puisqu’il serait de 91,3% en 2030 au lieu de
93,3% en 2014.
L’évolution de la population selon la structure par âge montre que la part des personnes de moins de 14ans a atteint une
proportion de 25,1% en 2014, alors qu’elle était de l’ordre de 28% en 2004. Selon les estimations du HCP, elle baisserait
progressivement pour atteindre 19,1% en 2030. La
population en âge d’activité (15-59ans) connaîtrait une Pyramide des âges de la population de la ville de Khénifra en
2014
légère régression, elle serait de 60,7% en 2030 au lieu de
64,1% en 2014. La population de 60ans et plus verrait sa
part s’accroitre en passant à 20,2% en 2030 au lieu de 5,1% 4,9%
10,8% en 2014.
5,5% 6,1%
Une lecture succincte de la pyramide des âges révèle
un rétrécissement de la base accompagné d’un
élargissement au niveau des âges variant entre 25 et
44 ans (sauf pour le sexe masculin au groupe 35-44 ans 48,6% 44,4%
qui connaît un rétrécissement). Ce qui pourrait augurer
d’un vieillissement de la population à moyen terme.
Ce phénomène résulte des mutations démographiques
profondes que connaît la population de notre pays
depuis plusieurs décennies. Il a été amorcé sous l’effet 41% 44,5%
de la baisse soutenue du niveau de la fécondité et
l’augmentation progressive de l’espérance de vie aussi
bien au niveau urbain qu’au niveau rural.
Nous notons, à cet effet, que la tranche des enfants Source : HCP, 2014
(tranche d’âge de moins de 14 ans) est en nette Elaboration du Groupe
diminution durant la dernière période intercensitaire.
Par contre, nous constatons une légère augmentation
de la catégorie de la population active (âgée de 15 à 60
ans) durant la même période. Le même constat peut
être fait pour la catégorie du 3ème âge (âgée de plus de
60 ans) qui a connu elle-aussi une légère augmentation.
Cette évolution est plus au moins équilibrée entre les
deux sexes.

51
00
La population de la ville de Khénifra est dans le début Répartition de la population de Khénifra selon le lieu de
du stade de la transition démographique, marquée naissance
essentiellement par la diminution des tranches d’âge
relevant de la catégorie des enfants du fait de la
Autres régions 8,1%
baisse du taux de natalité et la mortalité infantile et
l’augmentation de la catégorie des jeunes et celle
Région 3%
du 3ème d’âge notamment suite à l’amélioration des
conditions de vie et donc de l’espérance de vie.
Rural provincial 28,4%
Ainsi, quoique ayant une base élargie, la pyramide
d’âge commence à connaitre un rétrécissement de Urbain provincial 0,8%
la tranche des enfants âgés de moins de 10ans et un
élargissement, quoique de faible importance, des Khénifra 59,1%
personnes âgées de plus de 60ans. La proportion des
femmes est pratiquement identique pour chaque Source : (Enquête ménage du PA de Khénifra, 2014)
tranche d’âge, sauf pour la tranche des personnes
âgées de 10 à 20 ans qui compte plus d’hommes que de
Selon l’enquête ménage de 2014, au cours des deux
femmes et la dernière tranche (75ans et +) qui compte
dernières décennies, près de 60% de la population de
un peu plus de femmes que d’hommes.
la ville de Khénifra est originaire de la ville elle-même.
Ce vieillissement de la population peut être expliqué
La ville de Khénifra attire des personnes de différentes
par plusieurs facteurs, dont notamment :
origines, ce qui rend l’apport migratoire plus
• Une augmentation de l’espérance de vie notamment important. Ainsi, c’est une ville rayonnante à l’échelle
en milieu urbain conjuguée avec une amélioration des provinciale.
conditions de vie. En effet, les progrès de l’hygiène, la
Selon le RGPH de 1994, l’apport extérieur dans la
baisse de la mortalité et la lutte contre les maladies
croissance globale de la population de la ville de
touchant les adultes et les personnes âgées sont
Khénifra est très important au cours de la période
autant de facteurs qui expliquent la progression de
intercensitaire 1982-1994. Il constitue 61.7% du gain
l’espérance de vie. Selon le Haut Commissariat au
démographique de la ville dont les flux migratoires
Plan, l’espérance de vie au Maroc est passée de 48ans
rural-urbain occupent la 1ère place avec une
durant les années 1950 à 71,52ans en 2008 (hommes :
proportion de 31%.
69,16ans et femmes : 74ans). Ajoutons à cela la baisse
de la mortalité de 6,02‰ en 2000 à 5,45‰ en 2009 et la Selon le RGPH de 2014, les habitants nés à l’extérieur
baisse de la mortalité infantile qui a considérablement de Khénifra représentent 45,3% de la population
reculé en enregistrant un taux de 35,5‰ en 2014 à de la ville. Ce qui met en évidence la reproduction
Khénifra au lieu de 49,72‰ en 2000. de l’apport des flux extérieurs dans l’accroissement
démographique de la ville.
• Une baisse générale de la fécondité. Cette baisse se
justifie par plusieurs facteurs, dont notamment : 2.5. Taux d’activité et taux de chômage
- la baisse à la fois de l’indice synthétique de fécondité
(1,8 enfants par femmes en 2014 pour Khénifra), des Le taux de chômage au niveau régional (15.6%)
natalités (16,1‰ en 2014 à Khénifra) ainsi que de la et provincial (16.5%) renvoient à des proportions
proportion des femmes en âge de la procréation. relativement faibles par rapport à celui de la ville de
Khénifra (22.9%). La ville de Khénifra enregistre un taux
- l’augmentation de l’âge moyen au premier mariage d’activité de l’ordre de 44,2% et un taux de chômage
(l’âge est de 25,9ans pour les femmes et 32,1ans de l’ordre de 22,9%, soit nettement en hausse en
pour les hommes en 2014 pour Khénifra). comparaison avec le taux de chômage enregistré au
• l’amélioration du taux de l’analphabétisme des niveau national qui est de l’ordre de 15,7% en 2014.
femmes à Khénifra (39,3% pour les femmes et 19,9% Une nette distinction entre les deux sexes pour le
pour les hommes en 2014). taux chômage puisque 16,9% des hommes sont sans
emploi, contre 41,4% pour les femmes.
Cette affirmation prend sa justification du taux de
scolarisation au niveau des études supérieures entre
les deux sexes. Ce taux est de l’ordre de 8.2% chez les
garçons et de 5.5% chez les filles.

2.4. Un apport migratoire assez important


La ville de Khénifra n’attire pas seulement les ruraux.
Elle élargie son rayon d’attraction pour intéresser de
plus en plus des populations urbaines.

52
3. UNE ECONOMIE FORTEMENT POLARISEE SUR
L’AGRICULTURE & L’ELEVAGE

Sur le plan historique, la zone de Khénifra est composée dédiées à l’autoconsommation.


par un conglomérat de plusieurs tribus pouvant être
regroupées en deux confédérations : la confédération Globalement, 22% seulement des surfaces agricoles
des Aït Oumalou comprenant les tribus des Zaïan et des sont aptes à une utilisation culturale permanente. La
Aît Sgougou, et celle d’Ichkiren englobant les tribus des SAU (Surface Agricole Utile) est réduite à moins de 20%
Aït Ishaq, Aït Ihand et Aït Yaâkoub ou Aïssa. Outres ces de la superficie totale dans la majorité des communes.
groupements, d’autres fractions d’origine maraboutique Le reste est soit inculte, soit couvert de forêt, soit
dite «Chorfas » telles que les Bouaazaouines, les constitué de sols à très faibles rendements.
Mbarkienes (My Bouazza), les Aït Nouh, les Aït Taskart, Bovin Répartition du cheptel
les Aït Ali Ou Ammar (Kerrouchen), les Aït Sidi Bennacer, 3%
les Aït Sidi Ali Amhaouch (El Kebab) et les Aït Sidi Ali
Caprin
Imrabteienes à M’Rirt existaient aussi.
15%
Initialement, le mode de vie de ces populations
était conditionné par les changements climatiques
saisonniers les contraignant au nomadisme et à
la transhumance. Cet ancrage historique pourrait Ovin
82% Source : Ministère de
expliquer, la persistance de ces pratiques et la récente l'Agriculture et de la
sédentarité qui avait concerné très peu de localités Pêche Maritime, 2013
dont essentiellement la ville de Khénifra. L’essentiel
de l’économie aujourd’hui suit cet ancrage historique
polarisé autours de l’élevage et de l’agriculture
Les cultures commerciales sont rares, à l’exception d’une
principalement, puis d’autres secteurs comme
petite production de fruits. Seule la zone de contact
l’exploitation des mines et le tourisme qui restent une
entre le Moyen Atlas et le Dir, permet d’irriguer plus de
activité avec peu d’effets économiques.
60 petits périmètres sur 10.100ha environ à partir de
3.1. Élevage et agriculture : deux secteurs sources ou d’oueds résurgents de montagne.
traditionnels à redynamiser et intensifier Selon les recommandations du SDAU, ces zones, qui le
L’élevage occupe une place importante dans toutes plus souvent associent l’arboriculture avec les cultures
les communes rurales de la province de Khénifra. Il annuelles plus ou moins intensives, doivent être
constitue avec l’activité forestière le mode de mise préservées et étendues à d’autres espaces, là où les
en valeur le mieux adapté et le plus rentable pour ce conditions édaphiques le permettent.
territoire.
L’effectif du cheptel y est important. Khénifra produit
30% du cheptel régional et se classe en 2ème rang après
Azilal qui en produit 33% (HCP, Annuaire statistique du
Maroc de 2013).
Il est évalué à 1.053.500 d’ovins, 196.300 de caprins et
42.800 de bovins (Ministère de l’Agriculture et de la
Pêche Maritime, 2013), soit 1.292.600 de cheptel au
total en 2012. Le mode d’élevage est extensif et utilise 3.2. L’activité extractive : Un secteur à
majoritairement les parcours et les forêts. Le potentiel
redynamiser
fourrager est fortement surexploité et la dégradation
des massifs forestiers est avancée, notamment dans la La province de Khénifra est reconnue pour la richesse
partie Nord-Est, au niveau du Plateau Central. de son sol en métaux précieux: or, argent, plomb, et zinc
notamment. Pour les matériaux de construction dans
Par ailleurs, et compte tenu du relief, de la rareté et de
les carrières, on note que le marbre noir et blanchâtre
la pauvreté des sols cultivables, de la rigueur du climat
est une singularité de la province. Toutefois, aucune
et des techniques culturales traditionnelles, la province
des matières qui sont extraites ici n’est transformée ou
de Khénifra connait des conditions contraignantes pour
valorisée sur place. Il y a donc là aussi, des potentiels
développer l’agriculture. Cette activité se réduit à un
évidents de développement d’une petite industrie
bour vivrier, produisant essentiellement des céréales
dédiée.

53
00
A fin décembre 2015, 219 titres miniers ont été délivrés pour une production des minerais de 31.860 tonnes dont 72%
dédiés à l’exportation pour une valeur de 324 Mdhs. Le minerai de plomb à lui seul, exploité dans la mine de Tighza
(Jbel Aouam), s’accapare 93% de la valeur à l’exportation, soit 300 Mdhs.
Ainsi, d’après les statistiques de la Direction Provinciale de l’Energie et des Mines, le minerai de plomb constituerait la
substance la mieux exploitée actuellement et la plus rentable dans la province de Khénifra.
Soulignons que pour le moment, les exploitations minières de la province de Khénifra restent de taille semi industrielle
et artisanale. Mais on doit rester vigilant pour l’avenir de ce secteur, face aux rejets des effluents contenant des résidus
de substances toxiques tels que le plomb ou le cyanure, qui constituent des risques élevés pour les ressources en eaux
superficielles ou souterraines. Il sera impératif que les rejets miniers soient canalisés dans des bassins de décantation,
tel que le cas pour la mine de Jbel Aouam qui dispose d’une station de prétraitement pour ses eaux usées.
Pour l’activité extractive dans les carrières, elle doit être nécessairement encouragée, car elle est utile et crée de la
richesse et de l’emploi. D’après les données du Ministère de l’Equipement et du Transport (2016), la province de
Khénifra compte une centaine de carrières, dont 63 en activité, 8 à l’arrêt et 29 abandonnées. Les principales roches
exploitées sont les schistes, le gypse, les dolomies et calcaires, les marnes, les sables et les basaltes.

3.3. Tourisme et artisanat : des secteurs à Nombre des structures d’hébergement


renforcer et à mettre en valeur
Résidences
De part sa situation géographique, son ancrage historique Maisons touristiques
et ses sites naturels exceptionnels, la province de Khénifra d'hôte 1
jouit de potentialités touristiques très importantes, mais 1
non encore valorisées localement.
L’infrastructure touristique est très limitée en nombre 1*
et en capacité hôtelière. En effet, on recense seulement 3
16 structures d’hébergement tous types confondus en
Auberges
2015 (HCP, 2016) avec une capacité litière de 580 lits, 2
pour des arrivées de l’ordre de 9146 pour 11.162 nuitées 2*
enregistrées en 2015. Les conditions difficiles d’accès Gites 4
4 3*
aux curiosités touristiques localisées pour la plupart aux
1
profondeurs accidentées et la non existence d’une volonté
claire de faire de Khénifra un réel produit touristique pour
la positionner en tant que destination attrayante du Moyen
Source : HCP, 2016
Atlas constituent les principales causes de cette situation.
Khénifra pourra offrir un produit touristique axé sur le
tourisme de montagne, rural, naturel, écotouristique
ou sportif, en se basant sur ses atouts variés restés dans
la plupart à l’état vierge si ce n’est quelques sites, non
aménagés, connus et visités par une grande clientèle
nationale dans la période estivale. Khénifra, la capitale
du Sport Equestre de la région, localisée au centre d’un
éventail de richesses naturelles, forestières et culturelles
(Kasbah de Moha Ou Hammou Zayani, pont datant de
l’ère de Moulay Ismail, pont portugais, troupes folkloriques
de Khénifra et d’Ahaidous d’El Kbab...) mériterait d’être
valorisée et mieux connue par les visiteurs nationaux et
étrangers et donc intégrée dans les circuits de découverte
touristique.
Le patrimoine naturel est, à lui seul, un levier important
à stimuler. Les nombreux lacs de la province situés en
pleine forêt disposent d’une richesse piscicole très variée.
Il en est de même pour l’activité cynégétique (chasse) qui
devrait être mieux assimilée et associée à l’offre touristique
provinciale.

Souk de tapis zayane au centre ville de Khénifra


54
L’artisanat aussi peut constituer un levier de
développement si on l’associe au tourisme.
Par sa diversité, et l’originalité de ses produits
(tapisseries, tissage damasquinerie, bois
sculpté et cuir), il représente un secteur
prometteur.
Il constitue une composante du patrimoine
culturel et identitaire de Khénifra. En
effet, outres ses effets d’entrainement
économiques, cette activité relève d’une
tradition ancestrale, qui constitue un legs
de la culture zayane, qui continue d’être
transmis de génération en génération et
qui jouit d’une renommée nationale et Souk de tapis zayane (tazerbyt) au centre ville de Khénifra
internationale.
Son importance vient aussi des emplois
créés (prés de 5.000 emplois) et de
l’impact bénéfique qu’il génère sur le
développement des autres secteurs
productifs tels que le tourisme, le commerce
extérieur et l’agriculture.
En raison des potentialités considérables
(savoir-faire disponibilité des ressources
naturelles et humaines…), d’autres types
d’artisanat sont apparus au niveau de la
Province, mais leur portée reste moindre
et la spécialisation moins développée,
dont notamment la sculpture sur bois,
sur pierre, sur marbre, ou cuir. Quelques
savoir-faire ont plus récemment émergé. Il
s’agit du travail du plâtre, de la menuiserie,
du revêtement des sols et des murs, qui
connaissent d’ailleurs et depuis peu une Les babouches noires de Khénifra aux figures traditionnelles
progression, à relier notamment aux et chamarrées
dynamiques constructives. Source : Province de Khénifra, 2018

55
4. UNE PAUVRETÉ PERSISTANTE A ATTENUER

Khénifra, comme nous venons de voir, est un territoire disposant de plusieurs facteurs et conditions favorables à
son développement endogène, dont principalement : des atouts géographiques et naturels exceptionnels, des
potentialités économiques importantes (tourisme, industrie…) non encore exploitées à bon escient, etc. Cependant,
elle reste handicapée par un certain nombre d’obstacles qui la maintiennent au plus bas du seuil de la pauvreté et
qui sont inhérents à la réalisation d’un développement durable local. Parmi ces obstacles nous notons, les disparités
flagrantes entre les milieux rural et urbain en matière de développement humain et social, l’enclavement, le manque
d’infrastructures de base, la persistance de la pauvreté, notamment dans le milieu rural, etc.
Ainsi, le taux de pauvreté monétaire s’établit à 5,5% en 2014, soit un peu légèrement supérieur à celui observé au
niveau national (4,9%) et inférieur à celui enregistré au niveau régional (9,1%). Quoique Khénifra ait enregistré une
baisse en comparaison avec le RGPH de 2004 (18,2% en 2004 à 5,5% en 2014, soit une baisse annuelle moyenne
de 7%), elle reste parmi les provinces pauvres du Royaume. Sur un total de 75 provinces, Khénifra se classe la 29ème
province la plus pauvre.
Pauvreté et vulnérabilité dans la province de Khénifra en
2014

C’est dans l’espace rural de Khénifra qu’une forte incidence du niveau de pauvreté est enregistrée alors qu’en milieu
urbain celle-ci reste relativement modérée, respectivement 9% et 3,3%.
Les zones rurales souffrent d’insuffisances majeures en termes d’infrastructures sociales et économiques de base, de
faibles indicateurs sociaux, de revenus limités et de fortes dépendances par rapport aux précipitations. Quant aux
zones urbaines, bien qu’enregistrant des taux bien inférieurs à ceux du milieu rural, elles se heurtent à l’exclusion
sociale caractérisée par des niveaux élevés de chômage et des opportunités économiques limitées...

56
Taux de pauvreté

Source : SDAU, adapté par le Groupe

Sur le plan du développement humain, le taux d’analphabétisme des personnes âgées de 10 ans et plus est l’un des
plus élevés au niveau national et régional. La proportion des personnes ne sachant ni lire ni écrire est relativement
élevée (46,5%) comparée à celle de la région (43,3%) et celle du niveau national (32,2%), notamment en milieu
rural (55,2%), et en particulier des femmes. Les communes les plus touchées par la pauvreté accumulent des taux
d’analphabétisme très élevés. En effet, toutes les communes qui ont enregistré des taux de pauvreté importants ont
également enregistré des taux d’analphabétisme bien supérieurs à 70%.
Le niveau des études de cette population ne fait que renforcer davantage ce constat.Près de 49,8% de la population de
la province de Khénifra ont au moins un niveau scolaire primaire ; cette proportion est de 53,3% pour toute la région
et de 58,4% pour l’ensemble du Maroc. Ces niveaux scolaires sont tirés vert le haut grâce aux niveaux enregistrés
dans les villes. Les taux enregistrés en milieu rural sont beaucoup plus significatifs. En effet, et à titre d’exemple, la
proportion de personnes disposant d’un niveau d’instruction secondaire et collégial atteint 30,6% dans les villes alors
qu’elle est seulement de 17,1% dans les communes rurales ce qui dénote, entre autres, du manque d’infrastructure.
D’une manière générale, il s’avère que le développement humain s’opère dans la province de Khénifra à deux vitesses.
D’une part, un milieu urbain - que représente la ville de Khénifra notamment, puis dans une moindre mesure celle de
M’rirt - en évolution, et d’autre part, le reste qui continue de concentrer tous les facteurs du sous-développement :
manque des infrastructures de base, absence et défaillance des équipements de base, analphabétisme…

57
5. L’ENSEIGNEMENT COMME SECTEUR PROMETTEUR

Localisation des lycées au sein de la ville de Khénifra


5.1. Une présence satisfaisante des
équipements d’enseignement
La ville de Khénifra dispose de 17 écoles
primaires, 4 collèges, 7 lycées et 7 écoles de
formation supérieure et professionnelle au sein
de la ville de Khénifra
La ville dispose ainsi de 7 lycées avec un nombre
annuel d’élèves qui dépassent 5.440 selon les
statistiques de la Direction de l’enseignement.
Les lycées sont tous concentrés au niveau de la
partie centrale de la ville ce qui fait que certains
quartiers sont non desservis en la matière.
Ils ne desservent pas uniquement la ville, mais,
également les autres zones limitrophes (douars
ruraux notamment) et offrent une formation
diversifiée allant des filières basiques littéraires
et scientifiques aux formations beaucoup plus
spécialisées et techniques comme on peut
remarquer dans les graphes suivants :
Source : Elaboration du Groupe
Répartition des bacheliers de la ville de Khénifra selon leurs filières

Source : Elaboration du Groupe sur la base des données de la Délégation du Ministère de l’Éducation Nationale
Nous remarquons qu’au niveau de tous les lycées, pratiquement la majorité des élèves poursuivent des formations
scientifiques ou techniques (59%), puis littéraires pour 35% et économiques pour le reste, soit 6%. Ceci nécessite de
développer une offre de formation supérieure adaptée à leur filière antérieure.
La majorité des bacheliers de la ville de Khénifra sont donc des scientifiques, sans oublier les littéraires qui se
présentent par une masse importante. Ce constat est à prendre en considération lors de la proposition de notre
projet de campus qui doit impérativement intégrer des filières différenciées dans les sciences exactes au même titre
que celles littéraires.
Par ailleurs, l’inventaire des équipements d’enseignement supérieur existant au niveau de la ville de Khénifra comporte,
entre autres, un centre de formation professionnelle, une école supérieure de technologie, un institut spécialisé
58
de technologie appliquée, un institut technique et capitale Rabat, puis Meknès, Béni-Mellal et Kénitra(*).
de formation des cadres de santé. Cette offre reste
La Délégation provinciale de l’Education Nationale de
insuffisante tant au niveau quantitatif que qualitatif,
Khénifra estime 8000 étudiants Khénifris poursuivant
pour une ville qui polarise et attire la population de
leurs études à Rabat et 7000 étudiants à Meknès, 6000 à
l’ensemble de la province.
Béni-Mellal et 4000 à Kénitra.
Au niveau de la province de Khénifra, seulement 7
Rabat parvient à attirer le plus des étudiants khenifri
communes rurales disposent d’un lycée, outres les deux
vu qu’elle a une offre diversifiée en établissements
villes M’rirt et Khénifra qui offrent respectivement deux
universitaires et hautes écoles et paradoxalement c’est la
lycées et 7 lycées. Soit 9 lycées au total en milieu urbain.
ville qui s’éloigne le plus de Khénifra (267,7km).
Le rayon de desserte des lycées reste inferieur à celui
Ces derniers dépensent en moyenne de 1500 à 2000 Dh
indiqué au niveau du référentiel de programmation des
par mois, sachant que la province est parmi les provinces
équipements de 2018 qui est de l’ordre de 3,3km.
les plus pauvres du Royaume. Ce problème de pauvreté
5.2. Etudes universitaires : l’obligation de au sein de la province constitue une réelle entrave pour
son développement. Il serait judicieux de retenir ce flux
quitter Khénifra
d’étudiants et de masse monétaire au sein de la province.
En l’absence d’université localement, un grand nombre
Ainsi, une implantation d’un pôle universitaire
d’étudiants (+6000) quittent annuellement la ville
s’impose afin de garder ces flux d’étudiants sur place et
pour rejoindre d’autres villes pour suivre leurs études
accompagner les besoins de la population locale.
supérieures. Ils rejoignent en masse importante la

Schéma des flux des étudiants émanant de la ville de Khénifra

Source : Elaboration du Groupe sur la base des données de la Délégation du Ministère de l’Éducation Nationale sur une image de
Google Earth 2018.

(*)
Délégation Provinciale de l’Education Nationale de Khénifra
59
6. PRÉSENTATION DES RÉSULTATS DE L’ENQUÊTE

6.1. Qui sont les enquêtés ?


De part égale entre les femmes et les hommes, la moitié des
70% des enquêtés ayant
réponses a été donnée par les résidents de Khénifra, suivie par
ceux de Rabat (16%). La tranche d’âge comprise entre 21 et 30 répondu sont âgés entre 21 et
ans était la plus représentative. 30ans
La plupart des enquêtés, originaires de Khénifra (44%), ont
effectué leurs études postsecondaires à Rabat suivie par Fès
et Meknès. L’université représente l’établissement postscolaire
le plus fréquenté suivie par les grandes écoles et les instituts
techniques et professionnels. Le quart des étudiants choisit de
suivre des formations courtes de 2ans (bac +2) alors que presque
tout le reste se dirige vers les formations universitaires (68%) de
Licence, Master et doctorat.

Les étudiants choisissent …et préfèrent des formations Rabat est la destination principale des bacheliers de Khénifra
en premier l’Université de courtes durées

Source : Elaboration du Groupe à partir des résultats de l’enquête

6.2. Pourquoi un campus universitaire à Khénifra ?


La quasi-totalité des enquêtés s’accorde sur la nécessité de faire profiter les habitants de la ville de Khénifra et de ses
environs d’un campus universitaire (93%).
Cette majorité écrasante pense que ce projet pourrait améliorer l’image de la ville et répondre aux besoins pressants
de la population locale et des environs qui trouvent des difficultés à se déplacer vers les autres villes pour poursuivre
leurs études supérieures.
Par ailleurs, toutes les réponses renvoient à un campus universitaire qui offre, outres des formations pluridisciplinaires
en phase avec les spécificités locales de la zone, un certain nombre de services et d’équipements de proximité pour
en faire un cadre de vie estudiantin de qualité : cité universitaire, espaces verts, bibliothèque, espaces de loisirs et de
jeunesse, buvettes et restaurants, placettes, établissements écologiques respectant la vulnérabilité environnementale
de la région...

6.3. Synthèse du questionnaire


Quatre idées maitresses ressortent du questionnaire, à savoir :
• L’existence d’une forte demande pour la création d’un campus universitaire par les habitants de Khénifra et d’autres
villes et localités limitrophes.
• La création d’un campus universitaire a Khénifra va épargner les étudiants khénifri les frais d’études dans d’autres
villes, sachant pertinemment que la province enregistre un taux de pauvreté relativement élevé.
• La ville de Rabat est la destination la plus prisée par les khénifri, pour la qualité de vie et pour les écoles supérieures
et leurs formations qui ne sont disponibles que dans la capitale administrative.
• L’université représente l’établissement postsecondaire le plus fréquenté par les étudiants.

60
6.4. Visions et attentes des acteurs locaux Groupe de stage en séance de travail au sein de l’Agence urbaine

6.4.1. L’Agence Urbaine de Khénifra :


L’université est une opportunité capitale
pour les acteurs
L’Agence urbaine de Khénifra place actuellement
le projet de campus universitaire au centre de ses
préoccupations.
Ce pôle universitaire constitue pour elle une opportunité
à saisir pour donner une image de marque rayonnante
à la ville tout en favorisant son développement. Retenir
le flux d’étudiants et de masse monétaire au sein de la
province et l’attraction des autres étudiants en quêtes
de nouvelles formations pointues constituent aussi la
raison d’être de ce pôle universitaire qui est censé être
un pôle d’excellence.
Pour l’Agence urbaine, le campus doit s’appuyer sur
quatre pôles leaders :
• L’Ecotourisme
• La Gestion et les métiers de montagne en phase avec les objectifs de développement durable (ODD)
• Les Nouvelles Technologies
• La santé en développant des instituts de santé permettant l’incubation et la multiplication d’activités innovantes dans
ce domaine comme c’est le cas aujourd’hui avec l’offre de formations pointues sur l’autisme, l’accompagnement des
enfants à problèmes…
L’agence urbaine propose pour l’accompagnement de ce pôle universitaire, la création de lycées d’excellence avec un
cursus de qualité élevé afin de préparer les bacheliers aux études supérieures et les doter des moyens techniques et
linguistiques facilitant leur admission et intégration réussies.

6.4.2. La commune de Khénifra : l’université est un engagement prioritaire


Pour la commune, l’implantation d’un pôle universitaire à Khénifra comme un noyau universitaire pluridisciplinaire doit,
entre autres, offrir aux étudiants une formation professionnelle dans les disciplines les plus demandées sur le marché
de travail local principal, dont notamment le BTP génie civil, les métiers liés à l’eau et l’environnement, l’entreprenariat,
les formations de santé...
La commune s’engage à la réalisation de l’infrastructure, des services de base, et l’offre en transport pour la réussite du
projet. Cela peut être intégré dans le cadre d’un projet de mise à niveau de la ville pour lequel un fond de 50 milliards
de centimes a été réservé.

6.4.3. La Province de Khénifra, mobilisation de 42ha pour l’université


Le pôle universitaire est un souhait mais actuellement la demande est centrée sur la création d’un noyau universitaire
multi-disciplinaire. C’est une préoccupation majeure face à une situation alarmante manifestée par le mécontentement
de la population.
En effet, les bacheliers de la ville rejoignent les villes d’Errachidia , Meknès , Rabat , Béni Mellal... pour suivre leurs études
supérieures. Les acteurs locaux ont à plusieurs reprises sollicité l’administration centrale pour la création d’un noyau
universitaire surtout qu’ils ont déjà prévu une assiette foncière importante (42ha) au projet.
Le marché de travail local de la province étant actuellement restreint avec un problème de pauvreté au sein de toute la
province, il faut penser à des formations diverses (créer des filières sur la base des demandes régionales) comme celles
relatives aux exploitations de carrières, à l’écotourisme, à l’agro-industrie, au guide de montagne, à l’artisanat...

00
61
6.4.4. Ecole supérieure de technologie : l’université un levier pour le développement de
Khénifra
Khénifra a besoin actuellement d’avoir un campus universitaire qui regroupe tous les centres de formation
professionnelle et technique éparpillés au sein de la ville. Déjà, avec l’afflux de plus en plus important d’étudiants de
tous horizons et toutes origines, l’EST construit un local beaucoup plus vaste pour accompagner cet engouement et
cette demande pressante sur l’école et ses différentes filières par un nombre important d’étudiants non originaires
de Khénifra. En effet, plus de 60% des étudiants de l’EST sont originaires de Khénifra, le reste vient des autres régions
marocaines. Sa vision est donc axée sur le développement d’une cité universitaire au profit des étudiants et des
enseignants venant d’autres villes.
Pour l’EST, l’exemple du campus universitaire de la ville de Kénitra (Ibn Toufail) est une référence, vu son organisation
et la proximité des établissements qui favorise l’exploitation rationnelle des professeurs en termes de temps.

Les travaux de construction en cours du nouveau local de l’EST au niveau du projet du campus

Photos prises lors de la sortie au terrain à l’espace du projet du Campus effectuée du 17 au 20 juin 2019

6.4.5. Délégation du Ministère de l’Éducation Nationale : inscrire l’université de Khénifra dans


une vision holistique
Le projet du campus répond à un besoin qui a eu l’unanimité de tous les acteurs locaux. Seulement, il faut penser
à faire bénéficier les étudiants de Khénifra d’un lycée d’excellence pour rehausser leur niveau vu que le niveau
des lyciens à Khénifra est très modeste, notamment au niveau des langues étrangères, de communication et de
l’informatique. Si on veut avoir un campus pour la population estudiantine locale, il faut une mise à niveau générale
pour que les étudiants aient la même chance d’accès aux différentes hautes écoles qui seront implantées au campus.
Il faut aussi penser aux professeurs dans la conception du noyau universitaire (logement, laboratoire de recherche...),
et prendre en considération l’aspect social vu qu’il s’agit d’un territoire pauvre.

6.4.6. Synthèse de l’enquête et de la vision des acteurs


• L’existence d’une forte demande pour la création d’un pôle universitaire par les habitants de Khénifra et d’autres
espaces de la région, et toutes les catégories socioprofessionnelles dont notamment les étudiants.
• La création d’un pôle universitaire à Khénifra va épargner aux étudiants khénifris les frais d’études dans d’autres
villes, sachant pertinemment que la province enregistre un taux de pauvreté relativement élevé au niveau national.
• Rabat est la destination la plus prisée par les khénifris, pour la qualité de vie et pour les écoles supérieures et les
formations qui ne sont disponibles que dans la capitale administrative.
• L’université représente l’établissement postsecondaire le plus fréquenté par les étudiants.
• Tous les acteurs locaux s’accordent sur la nécessité d’avoir un campus universitaire au sein de la ville de Khénifra au
point de geler 42ha pour concrétiser réellement ce projet.

62
6.4.7. Enjeux de développement et d’aménagement
Les enquêtes menées auprès de la population et des acteurs locaux ont fait émerger de nombreux enjeux et défis
à prendre en considération lors de la conception et de l’aménagement du projet du pôle universitaire à Khénifra. Il
s’agit principalement :
Satisfaction des besoins en matière de formation et d’enseignement au profit de la population estudiantine locale,
Enjeu 1

en privilégiant des spécialités ayant une grande demande sur le marché du travail local, telles : l’industrie agro-
alimentaire, les métiers liés au développement durable (énergies renouvelables, gestion de la montagne, de la forêt
et de l’eau, le tourisme rural/écotourisme...), ainsi que les métiers d’animation des territoires... ;
Le campus doit se démarquer par rapport aux autres campus au niveau national sur tous les plans et doit offrir
Enjeu 2

une formation novatrice et singulière, outres les formations ordinaires : Agir localement et penser globalement. En
d’autres termes, le campus doit refléter non seulement les spécificités naturelles, socioculturelles et patrimoniales
locales, mais également celles des autres espaces qui présentent les mêmes caractéristiques.
Le campus universitaire deviendra la porte d’entrée de la ville de la partie nord. L’enjeux principal est de prévoir une
Enjeu 3

accessibilité pratique du projet de pôle universitaire, tout en renforçant le réseau routier existant (par rapport à la
route nationale), en assurant à la fois sa liaison avec le chef lieu Khénifra et les autres zones ;
Valorisation des potentialités socioculturelles (musées, maisons de produits de terroir... ) et patrimoniales, et
Enjeu 4

satisfaction des besoins en matière de sport et loisirs, implantation des terrains de sport...etc, pour accompagner les
besoins effectifs d’une population majoritairement jeune ;

Le projet du campus à la porte d’entrée de la ville

Source : Google Earth, 2018, complété par les étudiants

63
7. NOTRE VISION

7.1. Quatre idées maitresses articulent Ce projet de pôle universitaire est l’aboutissement
notre vision de l’étude théorique de la relation université-ville,
présentée dans les parties de benchmarking et de
Le projet de pôle universitaire de Khénifra que nous
diagnostic que nous avons faites précédemment. La
proposons vient en réponse à une demande unanime
prise en compte de toutes les visions et les attentes de
de la part aussi bien des habitants que des acteurs
tous les concernés est un défi que nous voulons relever
locaux. Comme nous avons vu précédemment, plus de
à travers ce projet de pôle universitaire de Khénifra.
7000 étudiants quittent la ville pour regagner les autres
villes marocaines des autres régions pour poursuivre Ainsi, le projet de pôle universitaire/campus
leurs études supérieures en l’absence d’une offre de universitaire que nous proposons se veut être le début
formation similaire localement. d’une transformation de la perception de l’urbanisme
universitaire, ainsi que le début d’un développement
Notre vision tient compte de cette réalité pressante,
des espaces universitaires et de l’enseignement
mais également vise à concevoir un modèle de campus
supérieur au Maroc.
universitaire qui apportera une valeur ajoutée à la
ville de Khénifra et de toute la province, en termes Notre vision s’articule autours d’une idée maitresse
d’aménagement de l’espace universitaire, ainsi que qui fait du campus de Khénifra un campus durable et
celui de la programmation des établissements et des attractif. De cette idée fédératrice, se déclinent quatre
équipements en fonction de la formation offerte, et son idées phares qui sont :
intégration dans la ville de Khénifra.

• Campus pionnier à vocation singulière et spécifique :


Donner une affectation spécifique au pôle universitaire
le démarquant des autres par la mise en place des
filières reflétant l’environnement et les spécificités
locales de la zone ;
• Campus ouvert et interactif : solidaire et accueillant,
bien intégré et connecté avec la ville qui va mettre en
valeur l’image de la ville et de la province de Khénifra ;
• Campus durable respectant les objectifs du dévelop-
pement durable (ODD) dans sa conception et son
aménagement ;
• Campus attractif et rayonnant en complémentarité
avec la ville et non une bifurcation spatiale.

Patrimoine naturel exceptionnel de Khénifra à valoriser


dans le cadre du campus

64
Quatre principes de base pour la réalisation du projet de pôle universitaire de Khénifra

Source : Elaboration du Groupe

7.2. Axes de développement de notre Quatre dimensions principales à développer


vision
Notre vision doit tenir en considération aussi 4
dimensions majeures, à savoir :
• Dimension Sectorielle
Accompagner les projets structurants et développer la
compétitivité
• Dimension de Proximité
Développer le service de la Formation Professionnelle
au niveau local
• Dimension Sociale
Soutenir les populations à besoins spécifiques et
répondre à un besoin social
• Promotion de l’emploi
Développer l’Entreprenariat et l’employabilité
Source : Elaboration du Groupe

00
65
EN GUISE DE SYNTHESE
Khénifra renferme des ressources naturelles
riches et variées sujettes à des dégradations
environnementales sérieuses et importantes. Elle
accumule les facteurs traditionnels la maintenant
parmi les territoires les plus pauvres et les plus
enclavés du Royaume. Ces facteurs renvoient à
des questions d’excentricité géographique et de
marginalité économique doublées des contraintes
du cloisonnement et du sous-équipement. C’est un
espace répulsif hautement vulnérable sur le plan
économique, social et environnemental.

L’économie se focalise sur les secteurs traditionnels,


notamment l’agriculture et l’élevage. Deux activités
anciennes qui se pratiquent toujours dans tous
les interstices de terre disponible, mais avec une
faible productivité. Elles constituent deux activités
complémentaires, mais au vu de l’exigüité et
de l’étroitesse des terres cultivables, l’élevage a
tendance à devenir la principale source de revenus
notamment dans le plateau central.

La forêt reste aussi un élément fondamental de


l’économie locale mais elle se limite à la production
de bois de feu, de charbon de bois et de fourrages. Elle
est fortement surexploitée et dégradée, notamment
dans le Plateau Central (forêt de Bouhssoussen par
exemple) et les massifs Sud.

Par ailleurs, Khénifra ne possède pratiquement pas


d’industrie, si ce n’est l’activité extractive minière qui
est en évolution. En effet, de nombreux gisements
miniers concentrés dans le pays Zaïane (barytine,
antimoine) et en haute Moulouya (Plomb, Zinc,
sel, Cuivre, Rhassoul) sont exploités. Par contre le
potentiel touristique est très important même si son
impact et ses effets d’entrainement locaux restent
très limités. C’est un potentiel latent et en attente
d’être révélé et exploité. Le territoire recèle d’un vaste
potentiel (parc naturel, lacs, montagnes et forêt de
cèdres) complètement sous-exploité.

Enfin, l’artisanat occupe actuellement une place de


choix dans l’économie de la région de Khénifra, en
essor remarquable depuis quelques années.

66
Il s’agit donc d’un espace dominé par la nature
où le système de production économique local et
l’activité générale de la population sont intimement
liés à la préservation des ressources naturelles. Donc,
comment faire en sorte que l’économie de Khénifra
s’intègre dans le système productif régional et
national, que sa population évolue selon le rythme
correspondant à son niveau de développement, sans
que cela n’aboutisse fatalement à la destruction du
patrimoine naturel qui est sa raison d’exister.

Les enquêtes effectuées aussi bien auprès de la


population locale que des acteurs locaux s’accordent
sur la nécessité de doter Khénifra d’un équipement
structurant de nature à lui permettre de sortir de cette
situation et d’avoir un rayonnement certain.

Il est vrai que dernièrement de nombreuses initiatives


se succèdent pour la sortir de cette situation,
notamment qu’elle bénéficie d’un certain nombre de
facteurs qui peuvent constituer une base pour un réel
décalage du processus du développement durable
local. Mais, l’attention et l’intérêt des acteurs se
focalisent beaucoup plus sur la création d’un campus
universitaire axé sur les métiers du développement
durable en liaison avec les cadres naturel et physique
de la zone (montagne, château d’eau, forêt de cèdre...).

Ainsi, toutes nos actions proposées dans le cadre de cet


atelier se concentrent sur cette opportunité de doter
le territoire de Khénifra d’un campus universitaire.
L’ambition est de miser sur ce campus universitaire
comme noyau de développement axé sur l’économie
des savoirs et des connaissances. Il s’agit de ce fait de
réinventer et de recréer une nouvelle vocation de ce
territoire en l’orientant vers la production des savoirs
sur les spécificités locales les plus remarquables,
dont notamment les domaines liés à la gestion de la
montagne, de l’eau, de la forêt...

C’est dans ce contexte que nous allons orienter


toutes nos propositions présentées dans la partie
suivante. Pour ce faire, nous nous sommes partagés en
deux groupes pour proposer en fin de compte deux
propositions d’aménagement et de mise en œuvre du
campus universitaire.

67
00
PARTI, PRINCIPES
D’AMENAGÉMENT &
PROJET

Proposition du Groupe 1
Les étudiants du S4/MASTER, ayant proposé cette première variante du
projet Campus universitaire de Khénifra :

- Oumayma CHBAKOU,

- Yasser MEZZOUR,

- Maroua OUMZIL,

- Reda REZQI,

- Hala ZOUAD.

00
1. OBJECTIFS & DÉFIS D’AMÉNAGEMENT

1.1. Cinq objectifs d’aménagement assignés à notre campus universitaire

Source : Elaboration du Groupe 1

Source : Elaboration du Groupe 1

1.2. Trois défis d’aménagement majeurs à relever pour notre campus universitaire

1 Créer un campus universitaire à Khénifra, un lieu de vie et d’échanges et ne pas s’arrêter uniquement sur sa fonction
universitaire.

2 Création de bordures fonctionnelles sans qu’il y est une rupture spatiale via des bordures physiques.

3 L’intégration au contexte urbain, le lien et l’articulation entre le campus et la ville est un troisième défi majeur.

71
00
2. PRINCIPES D’AMÉNAGEMENT

2.1. Les enjeux d’aménagement


Quatre enjeux principaux sont à prendre
en considération lors de la conception et du
montage de notre projet du campus : Le cadre
physique du site d’accueil du campus, la
disponibilité de l’opportunité foncière, sa
mobilisation et la possibilité de son extension
future, les moyens financiers nécessaires et
la nécessité de l’intégration du campus dans
son environnement immédiat ainsi que sa
relation avec la ville.

2.2. Les leviers d’action et


d’intervention Source : Elaboration du Groupe 1

• Equipements phares et emblématiques.


• Organisation territoriale et développement
universitaire concerté.
•
Optimisation et qualité de l’offre de
formation et des services.

Source : Elaboration du Groupe 1

72
3. VISION & OBJECTIFS DU PROJET

3.1. Les principes de base de notre et d’urbanisme doit respecter les normes esthétiques,
proposition du projet dans la mesure où elle restera dans la mémoire collective
des utilisateurs.
Notre vision axiale s’articule autours de l’idée suivante :
La nature et l’art
« UNIVERSITÉ DE KHÉNIFRA : UN CAMPUS CRÉATEUR
DES MÉTIERS DE MONTAGNE AU PRISME DU La nature a une valeur éducative au sein du campus.
DÉVELOPPEMENT ET DE LA DURABILITÉ » Les différents éléments – bâtiments et espaces ouverts
– devraient former un habitat physique qui reflète la
Pour ce faire, six principes sont à prendre en vocation de tout le campus.
considération pour arriver à faire du campus de Khénifra
un campus axé sur les métiers liés au développement Image et accessibilité
durable, qui sont : Le campus devrait présenter une image forte pour la
La relation campus/ville ville et sa province. Il devrait être accessible d’un point
de vue conceptuel et physique, et s’efforcer de préserver
La ville et son campus devraient travailler en tant que la culture et les traditions locales.
système, créer des synergies et encourager activement
la présence d’universitaires et de lieux pédagogiques Durabilité et adaptation à l’environnement
dans les contextes sociaux et urbains. Le campus devrait veiller à ce que son urbanisme
Un campus en contact avec le milieu physique et son architecture soient en harmonie avec son
environnement géographique et les conditions
Une conception soigneusement étudiée devrait climatiques.
permettre aux utilisateurs de ces espaces de créer des
liens avec leur environnement et milieu naturel. Il doit également contribuer à l’instruction sur un plan
visuel, en créant un ensemble spatial cohérent dans
Harmonie spatiale lequel les espaces ouverts sont aussi importants que les
La configuration des universités en termes d’architecture volumes construits.

3.2. Options d’aménagement

Source : Elaboration du Groupe 1


73
3.3. Site stratégique pour le campus

Source : Elaboration du Groupe 1 sur support Google Earth

Source : Elaboration du Groupe 1

74
3.4. Les composantes du site

Source : Elaboration du Groupe 1


3.5. Premières pistes de réflexion…

Source : Elaboration du Groupe 1

Ce modèle est de forme circulaire où tous les éléments urbains convergent vers le centre qui concentre la formation
Réseau viaire radio centrique.

Source : Elaboration du Groupe 75


3.6. Schéma du principe du campus universitaire

Source : Elaboration du Groupe 1

Cette zone est réservée aux activités touristiques. Elle va comprendre, les terrains de camping et de caravaning et les
chalets.
Elle est réservée aux activités commerciales et artisanales.
C’est une zone de protection de site, constituée par des espaces naturels qu’il convient de protéger en raison de la
qualité des paysages et du caractère des éléments naturels qui les composent.

76
Route Nationale 8 Chantier de l’EST Site du projet

Source : Elaboration du Groupe 1

3.7. Concept du campus


Khénifra jouit de nombreuses potentialités diversifiées. La conception que nous proposons épouse le
paysage naturel de la zone caractérisé par l’abondance de l’eau et de la forêt.

Source : Elaboration du Groupe 1

77
Un campus accessible ayant une multifonctionnalité

Source : Elaboration du Groupe 1

3.8. Un logo propre au campus universitaire de Khénifra…

« Khénifra, un campus créateur des métiers de


montagne au prisme du développement et durabilité »

CONCLUSION
Aujourd´hui, ce sont les critères de compétitivité et de différenciation qui sont privilégiés par les universités.
La visibilité internationale, la masse critique, le classement... sont autant de critères de distinction qui créent des
situations d´inégalité, de compétition, d´autonomisation, voire de conflit entre les universités.
Cependant, les formations assurées, qui débouchent sur des activités professionnelles et de recherche, ne sont pas
toujours en adéquation avec les spécificités de la structure économique locale. Certaines sont d’emblée spécialisées
(études industrielles, Informatiques, télécommunication…) alors que d’autres sont de nature plus générale (sciences
économiques, droit, sciences juridiques, sciences sociales, langues…).

78
Un Master plan évolutif dans le temps et répondant aux besoins immédiats

Source : Elaboration du Groupe 1

79
00
80
Proposition à moyen et long termes

Source : Elaboration du Groupe 1


Source : Elaboration du Groupe 1 66

81
82
Quelques Vues en 3D à titre d’inspiration pour notre projet

Source de cette galerie de photos : https://www.3dgraphiste.fr/infographiste-3d-architecture-campus/

Source de cette galerie de photos : https://www.3dgraphiste.fr/infographiste-3d-architecture-campus/

83
PARTI, PRINCIPES
D’AMENAGÉMENT &
PROJET

Proposition du Groupe 2
Les étudiants du S4/MASTER, ayant proposé cette deuxième variante du
projet Campus universitaire de Khénifra:

- Imane BELGHAZOUANI,
- Erdice Christiane KOUASSI,
- Yassine MASMOUDI,
- Hajar NAAMANE,
- Safae SELLAY.

00
00
1. PRINCIPES D’AMÉNAGEMENT

1.1. Principes d’aménagement de base de


notre proposition : Un campus au service
de développement local, provincial et
régional
Dans ce projet nous voulons développer un modèle
de campus universitaire qui prend en considération
les spécificités du site d’implantation, et dont
le rayonnement atteindra l’échelle provinciale,
régionale et nationale.

Le campus de Khénifra a un positionnement central par rapport à Meknès et Béni-Mellal

Source : Elaboration du Groupe 2

87
L’implantation urbaine du projet: Un campus intégré dans la ville
L’implantation urbaine du projet du campus de Khénifra est structurée selon l’axe matérialisé par la route nationale N°
8 (RN8) à 2km du centre de la ville soit 3min en voiture.

Source : Elaboration du Groupe 2

L’environnement autour du projet


est caractérisé par l’existence d’un
équipement sanitaire, un équipement
sportif, un équipement d’enseignement
et un équipement socioculturel…

ce qui est de nature à favoriser


l’intégration du projet et le
développement d’une nouvelle
centralité qui manque sur la pénétrante
Nord de la ville .

Source : Elaboration du Groupe 2

88
1.2. Principes pour la conception urbanistique du Campus de Khénifra
La conception urbanistique de notre projet répond
à notre vision d’intégration du campus dans son
environnement immédiat, tout en entretenant une Une vision qui repose sur trois idées phares
relation certaine avec le centre ville de Khénifra.
L’objectif, comme nous l’avons explicité auparavant, est
de créer un campus universitaire de développement, qui
apportera une valeur ajoutée à la ville de Khénifra et de
toute la province, en termes d’aménagement de l’espace Donner une
universitaire, ainsi que celui de la programmation des affectation Création d’un pôle
établissements et des équipements, et leur intégration spécifique au universitaire qui va
dans la ville de Khénifra. Il ne s’agit pas de créer une campus par la mise mettre en valeur
université de compensation pour absorber le nombre en place des filières l’image de la ville et
reflétant de la province de
croissant des étudiants dans la région, mais, plutôt Khénifra
l’environnement de
de profiter de cette opportunité foncière et de la la zone
concertation des acteurs locaux pour faire de ce campus
un pôle de rayonnement socio-économique de toute la
province.
Faire du Campus de
Donner une nouvelle vocation nourrie par les Faire du Campus
Khénifra de
le premier
spécificités locales singulières de Khénifra, recréer une Khénifra le premier
Campus
Campus SMART SMART
et durableet
image propre respectant l’identité humaine, physique durable à l’échelle
à l’échelle nationale
et naturelle de la zone et incruster la durabilité au nationale
campus, sont autant d’idées maitresses qui véhiculent
notre vision globale.
A cet effet, nous envisageons de faire du campus un
espace ouvert sur son entourage, connecté, fonctionnel Source : Elaboration du Groupe 2
et unique dans sa conception et sa vocation.
Les figures suivantes retracent et synthétisent notre
vision ainsi que les principes de base pour notre campus
universitaire.

Quatre principes de base pour ‘Green TIC Campus Khénifra’

Un espace ouvert
Agir sur l’harmonie Un espace connecté
entre les conceptions
architecturales des Mettre en place un Un espace fonctionnel
bâtiments Campus SMART, qui
Assurer la fluidité des accompagne le Assurer les besoins en Un espace unique
déplacements à progrès numérique. logement,
l’intérieur du Campus restauration, services Prendre en
de divertissement… considération les
aspects
environnementaux et
culturels spécifiques
au site.
Source : Elaboration du Groupe 2

89
1.3. La conception urbanistique du projet : Green TIC Campus Khénifra
1.3.1 Première variante
L’idée de notre projet est de faire un campus durable ouvert pour tous sans limites internes. Un campus où la verdure
représente l’élément majeur, comprenant un grand jardin botanique sur le pied de la montagne pour bénéficier du
paysage naturel.
Il sera composé d’écoles, de facultés, de zone de récréation, d’un jardin botanique et d’un pole de récréation qui
donne sur la route nationale pour qu’il soit plus accessible et plus attractif non seulement pour la population locale
mais aussi pour les touristes.

Schéma de principe

Source : Elaboration du Groupe 2

Le réseau viaire: Pour un campus universitaire


accessible
Le réseau viaire est hiérarchisé en routes primaires et
secondaires, pour faciliter les déplacements aussi bien à
l’intérieur qu’à l’extérieur du campus.
Il s’agit de trois routes primaires : la route nationale d’une
largeur de 30m assurant la liaison du campus par rapport
à la ville, et deux autres routes traversant le campus d’une
part et l’autre dont l’une présente l’axe principal sur lequel
se situe les principaux équipements structurants du
campus et passant par la centralité qui se situe au coeur
du campus.
Les voies secondaires sont d’une emprise de 20 à 25m.
Elles assurent les liaisons internes et facilitent la fluidité des
déplacements. Elles sont au nombre de 4. Sans oublier de
mentionner l’existence de voies tertiaires qui assurent les
déplacement interétablissements.
Déplacement et mobilité: développement des modes
doux
Pour se déplacer à l’intérieur du campus, dans un souci
de développer la mobilité durable dans le cadre des
déplacements quotidiens et à améliorer l’accessibilité de
ce futur campus, nous avons opté pour des modes doux.
Notre projet de campus tend également à appliquer les
principes de multimodalité et d’intermodalité en fonction
des circonstances. À pied, à vélo, en voiture ou en transports
en commun , l’étudiant (l’usager principal de cet espace)

90
peut bien choisir son mode de déplacement quotidien
pour circuler efficacement vers et dans le campus.
Les équipements d’enseignement : Des filières en
environnement
Afin d’accompagner la demande locale en termes
d’enseignement supérieur, et pour répondre à la fois
aux besoins d’une population dont la majorité (plus
de 7000 élèves rejoignent les villes suivantes pour
poursuivre leurs études supérieures ; Meknès, Rabat,
Béni Mellal), notre projet porte sur l’adaptation de la
formation avec l’environnement du projet à travers la
création de filières en environnement. Il faut penser
alors à des formations diverses (créer des filières sur la
base des demandes régionales ).
Le campus universitaire est centré sur la création
d’un noyau universitaire multi disciplinaire, axé
sur les domaines de : La géographie atlasique , le
développement durable, l’éco-tourisme.
Les espaces verts : Pour un campus vert et durable
L’espace vert constitue un élément majeur qui détermine
la conception du projet. Il s’agit d’environ 46ha d’espaces
verts, incluant des plantations tout au long des grands
boulevards, et qui entourent l’ensemble des bâtiments
des établissements d’enseignement.
La création du jardin botanique issu de l’expérience
canadienne de l’université de Laval, est une idée jugée
indispensable pour le futur campus de Khénifra.
C’est un moyen à la fois de favoriser la biodiversité
et d’éveiller une conscience écologique dans la
communauté universitaire, afin d’enrichir la qualité de
l’environnement dans lequel évoluent les étudiants
ainsi que le personnel du campus.
Les activités commerciales : Une nouvelle centralité
pour la ville de Khénifra
Les unités de commerce sont réparties de manière
équitable au niveau du campus. Elles se concentrent
tout au long de l’axe principal du campus sur les deux
cotés du pole central. Également, un parc commercial
est prévu, s’étalant sur une superficie de 3ha donnant
sur la route nationale.
La programmation spatiale du campus
Pour la conception de ce campus, on établit une
programmation basée sur le calcul de la densité .
Donc, on a estimé que le campus va accueillir 40.000
étudiants. En divisant la superficie totale aménagée Source : Elaboration du Groupe 2
Conception urbanistique : Synthèse
par ce nombre d’étudiants, on a obtenu 45m2 pour
chaque étudiant. Un ratio qui va parfaitement avec les Equipement Superficie
recommandations du développement durable.

Capacité d’accueil des établissements du campus Cité universitaire 4,3ha


Nombre Superficie du campus Equipements touristiques 2,8 ha
d’étudiants /étudiant
Equipements sportifs 3,5 ha
40 000 45m /E
2
Un parc ludique 3,2 ha

91
Conception urbanistique
Le futur campus de Khénifra représente un modèle innovant permettant la multiplication et l’insertion de plusieurs
activités dans un même espace. Il comporte une zone récréative qui inclut le parc d’activités, le parc ludique, la maison
de produits de terroir et la maison d’accueil touristique. Ce pôle est accessible via la route N8.
Il contient aussi une centralité culturelle (Médiathèque, Cinéma, conservatoire de musique…), une zone académique
constituée de l’ensemble des équipements d’enseignement rassemblés sur un seul espace sans limites physiques,
un grand jardin botanique se situant sur le pied de la montagne et une cité universitaire pour les étudiants et les
professeurs.

Source : Elaboration du Groupe 2


Plan de masse de la variante 1 de notre proposition

92
00
1.3.2. Deuxième variante : Incruster la culture Amazigh dans le Campus de Khénifra
LA NOTION DU CITY BRANDING
Le marketing urbain ou city branding est une approche qui applique les techniques du marketing à la promotion et
la valorisation des villes. Le marketing urbain peut être vu comme une déclinaison urbaine de la notion de marketing
territorial.
Le «city Branding» est un créneau qui permettra de ressortir les aspects culturels de notre zone d’étude.
A cet effet, nous avons proposé une autre conception urbanistique sous forme de la lettre 􀀀 « Yaz » de l’écriture
Tifinagh amazigh équivalente à la lettre « Z » en français, qui pourrait être faisable sans les contraintes topographiques
du site d’intervention. Yaz est le plus connu car il est parmi les premiers caractères découverts dans les gravures
rocheuses rencontrées (grottes) selon les archéologues.
la lettre 􀀀 « Yaz » est ainsi le symbole de la vie, de la terre et de l’appartenance. La conception du projet sous cette
forme de lettre Yaz, va surement donner une marque de distinction à notre campus , et le rendre le plus attractif dans
une région compétitive.

Plan de masse
Le plan de la conception du projet en forme de Yaz est
structuré par deux voies principales entourant le campus
en plus de la route nationale qui présente sa pénétrante
principale.
La logique de conception est articulée autour de la
création de deux pôles qui sont traversés par une voie
assurant leur liaison.
Au niveau du premier pole, il s’agit d’un pole attractif
englobant des équipements tels que la grande
mosquée, le musée Zayane et le parc commercial, et une
médiathèque. Il a été aménagé de façon à attirer non
seulement la population locale mais aussi les touristes.
Les équipements culturels forment un
réseau et sont concentrés autour des
établissements.
À l’intérieur du campus, un
espace central qui comprend
une place publique et des
commerces formant un lieu
de rassemblement des
étudiants et de détente.
De la même manière ,
le 2ème pole est conçu
de façon à faciliter les
échanges entre les
établissements en
créant des espaces
de convivialité et des
équipements culturels
tels que le théâtre,
la médiathèque, le
centre culturel qui sont
partagés par tous les
étudiants, accessibles et
ouverts.

82
94
Schéma de principe d’aménagement

Source : Elaboration du Groupe 2


Donc, le projet en général sera composé d’établissements d’enseignement, de logements pour étudiants,
d’équipements culturels, sportifs et de loisirs et des commerces et services.

95
96
Le plan sous forme de la lettre Yaz

Source : Elaboration du Groupe 2


Le projet conçu au sein de son territoire

Source : Elaboration du Groupe 2

97
2. Les mesures SMART à adopter pour un campus connecté
2.1. Quatre mesures SMART à intégrer dans le projet
L’utilisation de la technologie innovante et réaliste au sein du campus de Khénifra, doit répondre aux aspirations
et attentes de la population estudiantine et garantir un campus où le territoire soit un lieu de bienêtre et de
bien vivre, tout en tenant compte des contraintes socio-économiques, culturelles et environnementales, et
en favorisant une gestion optimisée des ressources, une mobilité durable et un environnement écologique,
connecté, collaboratif et intelligent.

SMART CARDS SMART PARKINGS

SMART SECURITY SMART LIGHTS

2.2. Création d’une Plateforme khénifra-univ.com


L’objectif est de construire une plateforme qui rassemble toutes les écoles et facultés du campus pour offrir à l’étudiant
un espace d’apprentissage et de partage.
La plateforme comportera les volets suivant :
• Volet e-learning : Ce volet va contenir des cours, des livres et des documents dans les différentes spécialités et
permettra aux étudiants de poursuivre des cours en ligne avec une possibilité de certification.
• Volet Networking : Un espace d’échange professionnel entre les étudiants du campus.
• Volet i-Pub : Ce volet va contenir des annonces sur des évènements à proximité, des formations, des compétitions,
des séminaires, des offres de stages…
• Volet Working-Free : Ce volet va contenir des offres de Freelance pour les étudiants dans différentes spécialités.

98
CONCLUSION GENERALE

Les campus sont devenus de véritables outils de développement urbain des villes
où ils sont implantés au point de les promouvoir et de garantir leur rayonnement
local, régional ou même national et international. Certaines villes forgent leur
place de rayonnement connue beaucoup plus grâce au campus universitaire
qu’elles abritent que par une autre vocation. La vocation universitaire, de
production des savoirs et des connaissances, constitue pour la ville une réelle
attractivité et une image de marque qui ont participé dans la fabrication des
espaces urbains et la dynamique des territoires où ils s’inscrivent.
La présence d’une population de plusieurs dizaines de milliers d’étudiants
constitue une opportunité d’animation et de vitalité urbaine, culturelle et
économique pour n’importe quel territoire.
L’université a joué un rôle dans la structuration ou la restructuration de l’espace
urbain, dans la polarisation des déplacements et la création d’une protéiforme
mobilité à même de générer une dynamique certaine aussi bien urbaine
qu’économique et sociale dans un espace où, souvent, le tissu économique
s’apprête peu à la diversification. C’est dans ce contexte que nous avons pensé
à doter la ville de Khénifra d’un campus universitaire capable de garantir cette
dynamique.
En effet, localisée à cheval entre le plateau central et le Moyen Atlas, Khénifra
est une ville moyenne dotée d’innombrables atouts non valorisés et exploités,
mais également d’un certain nombre de problèmes relatifs à son aménagement
urbain et socio-économique. Le campus serait une réelle opportunité pour la
ville et ses environs pour accompagner les efforts actuels de développement
local aussi bien sur le plan spatial, culturel, social que structurel. Il peut constituer
le début pour amorcer une réelle mise à niveau urbaine de toute la ville pour
accompagner ce projet structurant.
Par ailleurs, nous nous sommes beaucoup attelés sur la vocation de l’université
dans notre analyse afin de donner une singularité à la ville de Khénifra en la
différenciant des autres campus implantés dans les autres villes marocaines.
A notre sens, le campus ne doit pas se limiter uniquement et essentiellement
à la formation dite classique. Il doit aussi et surtout s’appuyer sur un certain
nombre de fonctions particulières, en l’occurrence les sciences et les métiers
de la montagne, et ce, pour contribuer au développement local en liaison avec
la ville qui doit en profiter. Le campus doit être un outil d’aménagement et
d’articulation avec la ville pour favoriser l’ouverture, l’échange et l’intégration. Sa
mission académique traditionnelle et régulière est acquise par défaut; elle doit
s’ouvrir et s’élargir sur d’autres missions liées beaucoup plus au développement
local touchant aux domaines de l’environnement, des nouvelles technologies,
de la recomposition urbaine, et de l’ancrage socioéconomique et culturel.
Nous voulons à travers ce travail mettre en lumière une des problématiques
importantes de nos villes et sociétés. Celle de la relation entre l’université et la ville.
Tant que nos universités sont strictement limitées dans le rôle d’établissements
de formation et tant que nos espaces universitaires sont entourés de murs de
clôtures, l’université marocaine ne pourra pas devenir un réel noyau du savoir, ni
un vecteur de développement territorial et socioéconomique.
Notre ambition est que ce travail serait une première ébauche pour les acteurs
locaux de Khénifra pour faire du projet de campus universitaire une expérience
inédite et réussie, différente et singulière par rapport aux autres campus
marocains.

99
TABLE DES MATIÈRES

ÉDITORIAL 3
TÉMOIGNAGE 4
ARGUMENTAIRE DE L’ATELIER 5
UNIVERSITÉ ET VILLE DURABLE : QUELS LIENS ? 7
REFLEXION SUR LES PRINCIPES D’AMÉNAGEMENT 9
INTRODUCTION GÉNÉRALE 15
Problématique 17
Méthodologique 18
La zone d’étude 20
Cadrage conceptuel 22
Le campus dans la ville, quelles complémentarités ? 24
ANALYSE BENCHMARK 25
1. Campus universitaire africain 28
1.1. Campus universitaire Al Akhawayn : un campus à l’américaine 28
1.2. Madinat Al Irfane : d’un campus excentrique à un campus central 28
1.3. Le campus universitaire tunisien 29
2. Campus universitaire européen 30
2.1. Le campus universitaire français 30
2.2. Le campus universitaire portugais 31
3. Campus universitaire américain 32
3.1. Le campus universitaire mexicain 32
3.2. Le campus universitaire canadien 33
4. Campus universitaire asiatique 34
5. A retenir… 35
6. Points forts du benchmark et bonnes pratiques 37
SYNTHESE DU BENCHMARK 38
LE TERRITOIRE DE KHENIFRA : DE FORTES POTENTIALITÉS À VALORISER 41
1. DES CONDITIONS PHYSIQUES ET DES RESSOURCES DIVERSIFIÉES 44
1.1. Khénifra est un territoire à relief accidenté 44
1.2. C’est également le château d’eau du Maroc 45
1.3. Son climat est de type méditerranéen continental des montagnes, froid et pluvieux en hiver,
chaud et sec en été 45
1.4. …et jouit d’un milieu naturel exceptionnel et d’une biodiversité d’une richesse inestimable à
préserver 45
2. UNE POPULATION JEUNE EN CROISSANCE CONTINUE 50
2.1. Le profil démographique de la ville : une population en évolution avec une tendance féminine 50
2.2. Khénifra : Un rythme différentié de l’évolution de la population 50

101
2.3. Une population à caractère jeune 51
2.4. Un apport migratoire assez important 52
2.5. Taux d’activité et taux de chômage 52
3. UNE ECONOMIE FORTEMENT POLARISEE SUR L’AGRICULTURE & L’ELEVAGE 53
3.1. Élevage et agriculture : deux secteurs traditionnels à redynamiser et intensifier 53
3.2. L’activité extractive : Un secteur à redynamiser 53
3.3. Tourisme et artisanat : des secteurs à renforcer et à mettre en valeur 54
4. UNE PAUVRETÉ PERSISTANTE A ATTENUER 56
5. L’ENSEIGNEMENT COMME SECTEUR PROMETTEUR 58
5.1. Une présence satisfaisante des équipements d’enseignement 58
5.2. Etudes universitaires : l’obligation de quitter Khénifra 59
6. PRÉSENTATION DES RÉSULTATS DE L’ENQUÊTE 60
6.1. Qui sont les enquêtés ? 60
6.2. Pourquoi un campus universitaire à Khénifra ? 60
6.3. Synthèse du questionnaire 60
6.4. Visions & enjeux des acteurs 61
6.4.1. L’Agence Urbaine de Khénifra : L’université est une opportunité capitale pour les acteurs 61
6.4.2. La commune de Khénifra : l’université est un engagement prioritaire 61
6.4.3. La Province de Khénifra : mobilisation de 42ha pour l’université 61
6.4.4. Ecole supérieure de technologie : l’université un levier pour le développement de Khénifra 62
6.4.5. Délégation du Ministère de l’Éducation Nationale : inscrire l’université de Khénifra dans une
vision holistique 62
6.4.6. Synthèse de l’enquête et de la vision des acteurs 62
6.4.7. Enjeux de développement et d’aménagement 63
7. NOTRE VISION 64
7.1. Quatre idées maitresses articulent notre vision 64
7.2. Axes de développement de notre vision 65
SYNTHESE. 66
PARTI, PRINCIPES D’AMÉNAGEMENT & PROJET: Proposition du Groupe 1 69
1. OBJECTIFS & DÉFIS D’AMÉNAGEMENT 71
1.1. Cinq objectifs d’aménagement assignés à notre campus universitaire 71
1.2. Trois défis d’aménagement majeurs à relever pour notre campus universitaire 71
2. PRINCIPES D’AMÉNAGEMENT 72
2.1. Les enjeux d’aménagement 72
2.2. Les leviers d’action et d’intervention 72

102
3. VISION ET OBJECTIFS DU PROJET 73
3.1. Les principes de base de notre proposition du projet 73
3.2. Options d’aménagement 73
3.3. Présentation du site 74
3.4. Les composantes du site 75
3.5. Premières pistes de réflexion… 75
3.6. Schéma du principe du campus universitaire 76
3.7. Concept du campus 77
3.8. Un logo propre au campus universitaire de Khénifra… 78
SYNTHESE 78
PARTI, PRINCIPES D’AMÉNAGEMENT & PROJET : Proposition du Groupe 2 85
1. PRINCIPES D’AMÉNAGEMENT 87
1.1. Principes d’aménagement de base de notre proposition : Un campus au service de
développement local, provincial et régional 87
1.2. Quels principes pour la conception urbanistique du Campus de Khénifra ? 89
1.3. La conception urbanistique du projet : Green TIC Campus Khénifra 90
1.3.1 Première variante 90
1.3.2. Deuxième variante : Incruster la culture Amazigh dans le Campus de Khénifra 94
2. Les mesures SMART à adopter pour un campus connecté 98
2.1. Quatre mesures SMART à intégrer dans le projet 98
2.2. Création d’une Plateforme khénifra-univ.com 98
CONCLUSION GENERALE 99
TABLE DES MATIÈRES 101
BIBLIOGRAPHIE 105
REMERCIEMENTS 106

103
BIBLIOGRAPHIE

AGAM, (2011), L’université dans la ville, quelles complémentarités ?


In Les Rencontres de l’AGAM tenues le 24 septembre 2011. En ligne :
[www, http://doc.agam.org/doc_num. php?explnum_id=2056].

AGENCE URBAINE DE KHÉNIFRA, Le SDAU du grand Khénifra.


Phase 1 : Diagnostic territorial et enjeux.

BOURDIN A. et CAMPAGNAC E., (2014), L’université : retour à la


ville. Espaces et sociétés N°4/2014.

DANG VU H., (2014), Pourquoi les universités transforment-elles la ville ?,


In Les Annales de la Recherche Urbaine, Numéro thématique : Territoires
et universités, 109p, pp. 28-43.

DIRECTION GÉNÉRALE DES COLLECTIVITÉS LOCALES, (2015),


La région de Béni Mellal-Khénifra, Monographie générale, 56p.

EPAURIF et IAU, (2018), Guide pour l’aménagement des sites


universitaires, 92p.

GAFFIOT F., (1934), Dictionnaire illustré latin-français, Paris,


Hachette

HCP, DIRECTION RÉGIONALE DE BÉNI MELLAL- KHÉNIFRA,


(2016), Annuaire Statistique de la région de Béni Mellal – Khénifra,
279p.

HCP, (2013), Annuaire statistique du Maroc de 2013.

PROVINCE DE KHÉNIFRA, (2018), Khénifra, Une province


singulière. Producteur Rolande Alleme.

PROVINCE DE KHÉNIFRA, (2016), Etat de l’environnement de la


Province de Khénifra, 88p.

SÉNAT, (1994), Rapport de la mission sénatoriale sur l’aménagement


du territoire, les infrastructures intellectuelles, janvier 1994.

TROIN J.F., (2002), Maroc, Région, pays, territoires. Ed.


Maisonneuve & Larose, Tarik, Urbama.

105
REMERCIEMENTS
Mohamed FETTAH,
Gouverneur de la Province de Khénifra

Allal SEKROUHI,
Ex Wali et Enseignant-Chercheur à l’INAU

Mourad AMIL,
Directeur de l’Agence Urbaine de Khénifra

Mohamed ELAMRY,
Chef de la Division des Affaires administratives et financières, Agence Urbaine de
Khénifra

Sanaa EL KHANCHOUFI,
Cheffe de la Division des Etudes, Agence Urbaine de Khénifra

Fatima JAAFARI,
Cheffe du Département des Etudes et de la Topographie, Agence Urbaine de Khénifra
Etudiants du S4/MASTER 2019, ayant participé à l’atelier :

Imane Oumayma
BELGHAZOUANI CHBAKOU

Christiane Yassine
KOUASSI MASMOUDI

Yasser Hajar
MEZZOUR NAAMANE

Maroua Reda
OUMZIL REZQI

Safae Hala
SELLAY ZOUAD

00
Avenue Allal El Fassi B.P 6215, Rabat - MAROC
Tel.: 212 0537 771624 • Fax: 212 0537 775009
www.inau.ac.ma

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