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Boris Cyrulnik
Patrick Lemoine
LA FOLLE HISTOIRE
DES IDÉES FOLLES
EN PSYCHIATRIE
La Folle Histoire
des idées folles
en psychiatrie
Sous la direction de
Boris Cyrulnik
Patrick Lemoine
La Folle Histoire
des idées folles
en psychiatrie
© Odile Jacob, novembre 2016
15, rue Soufflot, 75005 Paris
www.odilejacob.fr
ISBN : 978‑2-7381‑5897‑0
2. Porter R., Madness, New York, Oxford University Press, 2003, p. 10.
Pourquoi tant d’idées folles en psychiatrie ? 9
3. Ariès P., Duby G., Histoire de la vie privée, Paris, Seuil, 1985,
tomes 2 et 3.
Pourquoi tant d’idées folles en psychiatrie ? 11
plus pensé comme une âme donnée par Dieu, mais comme une
production cérébrale. Le fou, plus que jamais, a été pensé comme
un malade et non comme un coupable.
L’explosion de la technologie après la Seconde Guerre mon‑
diale a placé la notion de personne au sommet de la hiérarchie
de nos valeurs culturelles. La moindre invention d’un objet tech‑
nologique modifie la manière dont nous nous pensons : quand la
bricole (attelage de poitrail) a été inventée, il fut aisé de constater
qu’un cheval, n’étant plus étranglé par le licol, pouvait faire le
travail de huit à dix hommes. Ce petit objet technique a amené à
se demander si l’esclavage blanc était encore nécessaire. Quand le
blocage de l’ovulation fut découvert (vers 1929) et que la « pilule »
fut légalisée (en 1967), les femmes, en maîtrisant la fécondité,
se sont demandé pourquoi elles ne maîtriseraient pas aussi leur
existence. D’inventions techniques en objets techniques, la per‑
sonne devenait une valeur, alors que dans les pays pauvres, c’est
le groupe qui garde encore sa fonction de solidarité permettant
la survie.
Dans un contexte médiéval chrétien, le Diable et le bon Dieu
expliquaient la folie. Dans un contexte technique occidental, l’appa‑
rition du monde intime ne pouvait être expliquée ni par une force
surnaturelle, ni par le dysfonctionnement des tubulures cérébrales.
Dans ce contexte-là, c’est un conflit psychique qui devenait l’orga‑
nisateur des troubles. Il a fallu attendre la Renaissance pour que
la folie redevienne un phénomène naturel. Quand les mutations
culturelles ont revalorisé le corps, découvert les hauts-fourneaux
et l’imprimerie, la folie ne tombait plus du ciel, elle poussait dans
la nature.
Avec Descartes, la notion de maladie mentale a été impossible
à penser. L’âme, étant sans substance et sans étendue, ne pouvait
dysfonctionner. Seul le corps, comme une machine, pouvait pro‑
voquer un trouble mental.
Tout trouble constaté ne peut s’expliquer que dans un cadre
de récits culturels. Quand un moine qui a consacré sa vie à Dieu
se retire dans un désert, se couche et n’a plus la force de prier,
il prend la signification d’un traître spirituel, on dit alors qu’il
souffre d’acédie. Mais quand un homme dans le siècle manifeste
le même abattement et les mêmes idées noires, on appelle ça
Pourquoi tant d’idées folles en psychiatrie ? 13
comme des modèles explicatifs pour donner une forme claire aux
énigmes indéchiffrables. Mais, de même qu’une machine s’use, se
rouille et fonctionne mal, on pense au mot « dégénérescence » pour
expliquer la folie. Meynert, qui avait un microscope pour observer
la folie, ne possédait pas un outil qui lui aurait permis de faire
des études de cas et d’observer, comme le docteur Blanche, une
évolution favorable. Comme il ne s’intéressait pas à l’histoire ou
à l’évolution des personnes, il en a conclu que lorsqu’une cellule
était altérée, le cerveau fonctionnait de plus en plus mal, ce qui
expliquait l’aspect dégénéré des fous. Partant d’une vraie découverte
sur le fonctionnement des neurones, il aboutissait à une informa‑
tion facile à récupérer par ceux qui avaient dans leur esprit un
désir de racisme.
La culture se prêtait à cette dérive. On avait envie de penser
que les fous étaient irrécupérables, enfermés dans des asiles par
de cruels psychiatres. La notion de création de l’hôpital général
(1656) que Michel Foucault dénomme « Grand Renfermement »
n’est pas du tout confirmée par d’autres historiens de la psy‑
chiatrie. J’ai personnellement vu à Damas un petit hôpital d’une
vingtaine de chambres autour d’un patio, daté du xe siècle. De
nombreux patients en sortaient, après leur guérison. Et même le
sinistre Bedlam, rendu célèbre par un dessin qui montrait une
passerelle de bourgeois endimanchés jetant pour s’amuser des
bouteilles d’alcool aux fous qui s’agitaient et rampaient sur le
sol, parle plus du fantasme du dessinateur que de la réalité des
soins. La vision exclusivement organique de la folie, en ignorant
l’histoire des patients et les innombrables autres déterminants de
leur vie psychique, offrait un cadeau aux racistes. Constatant que
les parents des fous étaient eux- mêmes en souffrance, ils n’en
concluaient pas que leurs difficultés sociales pouvaient expli‑
quer les carences éducatives de leurs enfants. Ils affirmaient
simplement qu’ils avaient la preuve de l’hérédo-dégénérescence.
Il suffisait de voir.
Une telle malédiction héréditaire entraînait un nihilisme thé‑
rapeutique qui, en abandonnant les fous, confirmait la théorie de
la dégénérescence. L’enchaînement logique de ces idées absurdes
aboutissait à la conclusion qu’il était immoral de s’occuper des
dégénérés. « Puisqu’il n’y avait rien à faire, tout cet argent jeté
20 LA FOLLE HISTOIRE DES IDÉES FOLLES
Un passé chargé…
La fonction du DSM
Allen Frances. En fait, ils ont été multipliés par quarante, principa‑
lement parce que ce diagnostic permet d’avoir accès à des services
particuliers à l’école et en dehors. Il a donc été porté chez des
enfants qui n’avaient pas tous les critères17. » Pour ce professeur
émérite, coauteur du DMS-IV, le nouveau DSM ouvre tellement
le champ de la « maladie mentale » que 11 millions d’Américains
se retrouveraient ainsi sous traitement lourd alors que ce dernier
risque d’être nocif pour eux.
Plusieurs questions peuvent être ainsi soulevées : ne risque-t‑on
pas d’entraîner le praticien de base vers des diagnostics figés à
partir de pathologies pas suffisamment fondées, sans tenir suffi‑
samment compte de l’histoire et de l’environnement du patient ? Ne
risque-t‑on pas de « médicaliser » certains comportements naturels,
au risque de stigmatiser certaines personnes comportant quelques
troubles passagers ?
Le diagnostic posé sur certains enfants est très révélateur des
limites d’une supposée objectivation qui consiste à répertorier et
nommer. Prenons le cas des enfants dits « précoces » ou à « haut
potentiel » ; dans nombre de cas, « c’est un enfant plein de vie qui
s’ennuie à l’école ». Il peut en résulter une grande gesticulation en
classe ; son comportement fait mauvais ménage avec la scolarité,
les règles, l’immobilité et les contraintes. Le DSM et, à sa suite,
nombre de psychiatres dans les pays anglo-saxons et actuellement
en Europe, affublent ces enfants du terme de TDAH (troubles de
déficit de l’attention avec hyperactivité).
Le traitement envisagé, à base de méthylphénidate contenu
dans la Ritaline, permet de modifier leur comportement. Il
est censé améliorer la concentration, l’écoute ; il diminue leur
impatience et leur impulsivité, d’où une réduction de l’agitation
physique. Toutefois ce diagnostic et ce traitement posent des
questions médicales et éthiques. D’abord, par sa parenté avec
les amphétamines, l’utilisation du méthylphénidate n’est pas sans
risques directs et indirects. Entre 2005 et 2011, plus de 400 effets
indésirables ont été notifiés aux centres de pharmacovigilance
français. De plus, les risques d’addiction ne sont pas négligeables.
Les présupposés
des maladies mentales
Conclusion
38. Giordan A., Golay A., Bien vivre avec sa maladie, Paris, J.-C. Lattès,
2013.
Les suppliciés
de la Grande Guerre
19. Dumas G., Troubles mentaux et troubles nerveux de guerre, op. cit.
20. Babinski J., Froment J., Hystérie-pithiatisme et troubles nerveux,
op. cit.
Les suppliciés de la Grande Guerre 59
21. Ballet G., Traité de pathologie mentale, Paris, Octave Doin, 1903.
22. Chavigny P., Diagnostic des maladies simulées dans les accidents
du travail et devant les conseils de révision et de réforme de l’armée et de
la marine, Paris, J.-C. Baillière, 1906.
23. Babinski J., Froment J., Hystérie-pithiatisme et troubles nerveux,
op. cit.
60 LA FOLLE HISTOIRE DES IDÉES FOLLES
26. Ibid.
27. Ibid.
62 LA FOLLE HISTOIRE DES IDÉES FOLLES
28. Ibid.
Les suppliciés de la Grande Guerre 63
Un long catalogue
des curiosités médicales
29. Dumas G., Delmas A., « Les troubles mentaux de guerre », art. cit.
64 LA FOLLE HISTOIRE DES IDÉES FOLLES
La douleur infligée
33. Dide M., Les Émotions et la Guerre, Paris, Félix Alcan, 1918.
34. Darmon P., « Des suppliciés oubliés de la Grande Guerre : les
pithiatiques », in Histoire, économie et société, 2001, 20e année, n° 1,
p. 49‑64.
35. Ibid.
66 LA FOLLE HISTOIRE DES IDÉES FOLLES
Le torpillage faradique
Vincent de pôles
43. Ibid.
44. Pr Miraillé, rapport d’avril 1915, archives du Service de santé
des armées, cité par Darmon P., « Des suppliciés oubliés de la Grande
Guerre : les pithiatiques », art. cit.
Les suppliciés de la Grande Guerre 69
48. Ibid.
49. Giroire H., Clovis Vincent, 1879‑1947. Pionnier de la neuro
chirurgie française, Paris, Olivier Perrin, 1971.
50. Vincent C., « La rééducation intensive des hystériques invétérés »,
Bulletin de la Société médicale des hôpitaux, 21 juillet 1916.
Les suppliciés de la Grande Guerre 71
La discussion portée
à l’Assemblée nationale
Ailleurs et après
57. Dumas G., Delmas A., « Les troubles mentaux de guerre », art.
cit.
58. Fribourg-Blanc A. et Gauthier M., La Pratique psychiatrique dans
l’armée, op. cit.
Les suppliciés de la Grande Guerre 75
« C’est Noé, homme du terroir, qui le premier plante une vigne. Il boit
du vin, jusqu’à l’ivresse, et se dénude au beau milieu de sa tente. Cham,
père de Canaan, voit son père tout nu, et prévient dehors ses deux frères.
Sem et Japhet s’emparent du manteau, le jettent chacun sur leurs
épaules, et marchent ainsi à reculons. Ils en recouvrent leur père nu,
leur visage détourné. Ils ne voient pas sa nudité. Noé cuve son vin.
À son réveil, il apprend ce que lui a fait son plus jeune fils. Maudit
Canaan, dit-il. Les esclaves en feront leur esclave. » (Genèse, 9, 18‑27)
Ce vin noir, très riche en alcool et très doux, est d’abord offert
aux dieux puis réservé à une élite, prêtres et nobles. Le nom
d’Osiris, dieu de la vie après la mort et du cycle de la végétation,
est souvent associé au vin, ainsi que ceux de Rê et Horus, fils
d’Osiris et de sa sœur Isis.
Les amphores contenant le vin sont soigneusement étique‑
tées. Quand la tombe de Toutankhamon est ouverte en 1922 par
Howard Carter, il découvre de nombreuses amphores datant de
1352 av. J.-C. Les indications de provenance, le millésime, la
qualité du vin et le nom du chef vinificateur sont inscrits sur
des sceaux. Mieux que la carte d’un restaurant étoilé ! Seul le
cépage reste inconnu.
L’ivresse n’est permise que chez les hommes âgés, après 40 ans,
pour les consoler de la dureté de l’âge :
LE MOYEN ÂGE :
L’ÉGLISE PREMIER VITICULTEUR D’EUROPE
LA RENAISSANCE
« Il est certain que les anciens n’ont pas fortement décrié ce vice
[l’ivresse]. Les écrits eux-mêmes des philosophes en parlent bien
mollement, et, jusque chez les stoïciens, il y en a qui conseillent
de se permettre quelquefois de boire beaucoup et de s’enivrer pour
donner à l’âme une [certaine] détente. »
« Mais ici maintenons que ce n’est pas rire, mais boire, qui est le propre
de l’homme ; je ne dis pas boire simplement et absolument, car aussi
bien boivent les bêtes : je dis boire du vin bon et frais. Notez, amis, que
de vin divin on devient, et qu’il n’y a argument aussi sûr, ni d’art de
divination moins fallacieux. Vos Académiques l’affirment. […] Car il
a le pouvoir de remplir l’âme de toute vérité, de tout savoir et de toute
philosophie. Si vous avez remarqué ce qui est écrit en lettres ioniques
sur la porte du temple, vous avez pu comprendre que dans le vin est
cachée la vérité. La Dive Bouteille vous y envoie, soyez vous-mêmes
interprètes de votre entreprise15. »
D’HIPPOCRATE À L’ALCOOLOTHÉRAPIE
De tout temps les médecins ont vanté les bienfaits du vin sur
la santé, à condition, bien sûr, de le consommer « avec modéra‑
tion ». Reste à définir cette modération, définition qui, semble-t‑il,
a varié au cours du temps. Certains se souviennent peut-être d’une
recommandation de l’Académie de médecine affichée dans les rames
du métro parisien dans les années 1950 limitant la consommation
de vin à un litre par jour !
Qu’en dit Hippocrate (460‑370 av. J.-C.) ? « Le vin est une chose
merveilleusement appropriée à l’homme si, en santé comme en
maladie, on l’administre avec à-propos et juste mesure, suivant la
constitution individuelle20. » Le vin (οίνος) est mentionné 867 fois
dans le corpus hippocratique21, et ses bienfaits sont multiples.
Rufus d’Éphèse (ier siècle ap. J.- C.) dit sensiblement la même
chose : « Je loue le vin en vue de la santé plus que toute autre
chose, mais celui qui en boit a besoin de sagesse, s’il ne veut
pas subir quelque mal irrémédiable… » Galien (129‑200 ap. J.-C.)
consacre un long chapitre de son corpus aux bienfaits du vin,
NAISSANCE DE L’ALCOOLOGIE
26. Voir par exemple St Leger A. S., Cochrane A. L., Moore F.,
« Factors associated with cardiac mortality in developed countries with
particular reference to the consumption of wine », Lancet, 1979, 1,
p. 1017‑1020 pour la consommation de vin et Roereke M. et Rehm J., « The
cardioprotective association of average alcohol consumption and ischaemic
heart disease : A systematic review and meta-analysis », Addiction, 2012,
107, p. 1246‑1260 pour la consommation d’alcool en général.
27. Bill W., Dr Bob, Alcoholics Anonymous, New York, Works
Publishing Company, 1re édition, 1939.
92 LA FOLLE HISTOIRE DES IDÉES FOLLES
L’ALCOOLISME AUJOURD’HUI
34. WHO (OMS), Global Status Report on Alcohol and Health, 2014.
94 LA FOLLE HISTOIRE DES IDÉES FOLLES
France méfiance
Sexologie moderne
Aujourd’hui
1. Roux F., Auriez-vous crié « Heil Hitler » ?, Paris, Max Milo, 2012,
p. 10.
106 LA FOLLE HISTOIRE DES IDÉES FOLLES
16. Klemperer V., LTI, la langue du IIIe Reich, Paris, Albin Michel,
1996. Ces syntagmes sont répartis dans le livre LTI.
17. Schmuhl H.-W., « Rassen hygien. National Sozialism, euthanasie,
1890‑1945 », in M. S. Micale, R. Porter (éd.), Discovering the History of
Psychiatry, Oxford, Oxford University Press, 1994, p. 285.
18. Mitscherlich A., Vers la société sans pères, Paris, Gallimard, 1969.
La psychiatrie au temps du nazisme 111
ont laissé exterminer 250 000 personnes enfermées dans les asiles
allemands, dont 70 000 ont été gazées. En France, 50 000 per‑
sonnes sont mortes de faim dans les asiles où la nourriture arrivait
encore plus difficilement que dans la population générale19. Il n’y
a jamais eu de loi ni d’ordre écrit pour tuer ces gens. C’est un
contexte rhétorique qui a encouragé ou laissé faire ces assassinats
insidieux. Quand, dans les livres d’école, on montre un visage
hideux, entouré de trois couples de beaux jeunes gens et qu’on
écrit : « Cette vie sans valeur empêche ces jeunes d’être heureux »,
comment voulez-vous ne pas être indigné ? Cette émotion vertueuse
est une manipulation des foules qui prépare au passage à l’acte
sans éprouver le sentiment de crime.
La bestialisation d’une population facilite sa mise à mort sans
culpabilité. C’est dans ce but que les métaphores animales sont
souvent énoncées : conduire un mouton à l’abattoir, écraser un
cancrelat, éliminer les rats et la vermine, ce n’est pas un crime
tout de même. Cette bestialisation des hommes est l’exact opposé
de l’éthologie qui elle, au contraire, hausse la représentation des
animaux en découvrant leurs émotions et leurs mondes mentaux.
Quand une culture est ainsi structurée par un langage sans réflexion
et quand les métaphores créent un sentiment de dégoût pour celui
que l’on veut éliminer, il n’est plus besoin de loi pour passer à
l’acte. Un ordre écrit aurait prouvé l’intentionnalité des assassinats,
alors que l’acquiescement silencieux d’une foule préparée par des
locutions récitées n’est pas pénalisable.
À la chute du nazisme, il y a eu très peu de procès contre
ces psychiatres qui n’avaient fait que suivre les croyances de
l’époque. Ils n’étaient pas transgresseurs puisqu’ils récitaient les
mêmes stéréotypes que la majorité des bien- pensants. Les psy‑
chiatres n’ont pas été jugés pour crimes de lobotomie ou de
séquestration quand ils enfermaient sans jugement des hommes
dans les asiles. Personne n’éprouvait un sentiment de crime pour
deux raisons bien simples : d’abord, la doxa leur faisait croire
qu’ils protégeaient les normaux contre la dangerosité des fous ;
ensuite, ces médecins, qu’on appelait « psychiatres » parce qu’ils
« soignaient » des fous, n’étaient formés qu’à la neurologie à une
Introduction
et finir par n’abriter que des malades exclus, pour l’essentiel des
aliénés sans soutien familial ou jugés irrécupérables, dans des
conditions déplorables. Les médecins de l’époque rompent totale‑
ment avec la riche tradition médicale des époques classiques. Les
rares allusions à des maladies mentales bien définies, comme la
mélancolie, se perdent dans les nouveaux traités de médecine qui
n’utilisent plus que la terminologie populaire comme : mejdub,
majnun, mukhtabal pour désigner le malade mental.
Psychiatrie et religion :
une histoire conflictuelle
Un antagonisme radical
Vérité et savoir
1. http://www.roqyaonline.com/
124 LA FOLLE HISTOIRE DES IDÉES FOLLES
Le psychiatre et la politique :
au risque du totalitarisme
LA PSYCHIATRIE AU SERVICE
DU PROJET EUGÉNIQUE HITLÉRIEN
L’UTILISATION DE LA PSYCHIATRIE
COMME INSTRUMENT DE RÉPRESSION POLITIQUE EN EX-URSS
LA PSYCHIATRIE AU SERVICE
DE L’ENTREPRISE COLONIALE FRANÇAISE
4. http://www.yabiladi.com/forum/
Psychiatrie, religion et éthique 129
La contextualisation
Conclusion
L’impaludation
4. Ibid.
La folle histoire des thérapies de choc 141
L’électrochoc
Il arrive, bien que cela soit plutôt rare, que certains psychiatres
soient saisis par le démon de la science et travaillent sur des
modèles animaux. C’était le cas d’Ugo Cerletti, un neuropsychiatre
italien qui étudiait les lésions anatomo- pathologiques produites
par les crises d’épilepsie déclenchées expérimentalement chez les
animaux. Pour ce faire, il utilisait des courants électriques mais,
à son grand dam, un bon nombre d’animaux mouraient d’électro‑
cution. Un beau jour, apprenant par hasard qu’aux abattoirs de
Rome, on tuait les porcs en les électrocutant, il décida de visiter
les abattoirs, persuadé que décidément, cette méthode électrique
était vraiment dangereuse. Il réalisa alors que, en fait, les tueurs
humanistes se contentaient de rendre les porcs inconscients par
le passage transcrânien d’un courant électrique, ceci pour leur
éviter la peur et la douleur. Cerletti observa que le courant les
faisait convulser, ce qui le réjouit grandement d’autant plus que
si l’on s’abstenait de les égorger pendant leur coma postcritique5,
les cochons se réveillaient frais et dispos.
Sur sa demande, un ingénieur électricien italien, Lucio Bini,
construisit alors un appareil qui permettait de bien titrer la quantité
d’électricité délivrée… Ce fut avec une angoisse fort compréhensible
que Cerletti réalisa le 15 avril 1938 le premier électrochoc sur l’un
de ses patients schizophrènes et non consentants qui, au réveil,
dit : « Pas de second essai, c’est mortel ! » On recommença donc
avec lui et avec d’autres, car bien évidemment, il n’était pas de
mise à l’époque d’attacher une quelconque importance aux paroles
d’un fou ! Les résultats furent spectaculaires et on prétend encore
que dans les hôpitaux psychiatriques où la technique fut utilisée,
la moitié des patients promis à un internement définitif sortirent
sans délai. C’était en vérité le premier traitement biologique effi‑
cace en psychiatrie.
Rapidement aussi, les psychiatres se rendirent compte que
c’était – et c’est toujours – dans les formes gravissimes de dépres‑
sion – appelées à cette époque « mélancolie délirante » – que l’on
Conclusion
ils ont en vain ouvert les crânes (et aujourd’hui multiplient aussi
vainement les IRM et les dosages biologiques) pour trouver la
lésion dont on leur reprochait l’absence. Faute d’y parvenir, ils ont
multiplié les théories. Celle de la dégénérescence a été la grande
réponse des psychiatres de la deuxième moitié du xixe siècle aux
antipsychiatres de l’époque. Elle a eu un succès considérable, bien
au-delà des cercles directement concernés. Analogue au rôle qu’a
joué la psychanalyse de nos jours, elle a influencé la littérature, les
sciences humaines naissantes et même eu des rejetons politiques.
Bien que n’ayant plus aujourd’hui aucun fondement scientifique,
elle continue obscurément à marquer de son sceau les attitudes
et les discours vis-à-vis de la folie.
Les origines
10. Daudet L., Le Stupide xixe Siècle, Paris, Nouvelle Librairie natio‑
nale, 1922.
11. Genil-Perrin G., Histoire des origines et de l’évolution de l’idée de
dégénérescence en médecine mentale, Paris, Alfred Leclerc, 1913.
La dégénérescence, une théorie dommageable 163
Vers l’eugénisme
19. Goddard H. cité par Trent J. W., Inventing the Feeble Mind. A
History of Mental Retardation in the United States, Berkeley, University
of California Press, 1994.
La dégénérescence, une théorie dommageable 169
Albert Camus,
Sur une philosophie de l’expression, 1944.
Du côté de la Chine…
12. Wang Qing Ren (1768‑1831) insistait sur le fait qu’un médecin
doit connaître l’anatomie interne, notamment des organes avant de soigner
(lui-
même courait les cimetières et les lieux d’exécutions pour étudier
l’anatomie). Cela donna naissance à l’un de ses ouvrages majeurs : le Yi
Lin Gai Cuo (« Correction des erreurs de la forêt médicale ») paru en 1830
qui tenta de corriger les erreurs anatomiques des textes anciens. Sur le
plan clinique, il pensait que beaucoup de maladies sont provoquées par
une stase de sang par stagnation de qi ou vide de qi. Ainsi, il mit au
point une série de formules pour traiter la stase de sang qui sont très
utilisées aujourd’hui (note rédigée d’après Philippe Sionneau).
Fou(s) de Chine 181
13. San Jiao (Trois Foyers) n’a pas de forme physique. La médecine
chinoise regroupe sous le concept de Trois Foyers un certain nombre de
fonctions physiologiques. Son activité est une synthèse de l’ensemble des
activités viscérales et il est divisé en trois complexes. Le Foyer supérieur
(Shang Jiao) réunit cœur et poumons, il est en charge de la diffusion
des fluides et de l’essence subtile des aliments, de la propulsion et de la
régulation du qi et du sang et de la circulation des énergies nourricières ;
le Foyer médian (Zhong Jiao) réunit la rate et l’estomac, il est chargé de
la digestion, de la transformation et du transport de l’essence subtile des
aliments et de la production du qi et du sang ; le Foyer inférieur (Xia
Jiao) réunit reins, vessie, intestin grêle et gros intestin, généralement on
y situe également le foie, il se charge de la séparation du Clair et du
Trouble, mais sa principale fonction est l’excrétion.
14. Le 氣 qi est le dynamisme vital qui constitue et configure l’uni‑
vers. Le qi représente l’activité physiologique des viscères, le dynamisme
qui circule dans les méridiens et leurs ramifications, les six dynamismes
climatiques pouvant se transformer en dynamismes pathogènes, les quatre
étapes de la pénétration des maladies de chaleur, la force de contention
et de propulsion du sang.
182 LA FOLLE HISTOIRE DES IDÉES FOLLES
Mais pourquoi ?
Le vent au centre
de la disharmonie mentale
Les émotions
entre normal et pathologique
Les émotions :
des données complexes
Groupes d’émotions
ayant une relation privilégiée avec un organe
symptômes autres que ceux du foie n’est pas une colère qui
affecte le foie. L’analyse de ces symptômes permet de connaître
les organes concernés et détermine l’approche à adopter par le
praticien dans son choix de traitement.
Dian
(aliénation, anomalie, folie, démence)
Zangzao
La simulation
Les thérapeutiques
Les remèdes
« Psychothérapie » ?
toujours dicté par ces principes qui donnent à la fois les moyens
du diagnostic et de la thérapeutique.
Le principe du « sentiment qui chasse l’autre » peut être rap‑
proché de la loi du yin/ yang qui veut que la maladie procède
d’une dysharmonie entre le yin et le yang par excès de l’un aux
dépens de l’autre. Ici, un sentiment en excès peut être réduit à de
plus saines dimensions si l’on sait accroître le sentiment opposé
qui subissait alors un déficit. Ainsi, la tristesse pouvant guérir la
colère, le médecin émeut le malade avec des paroles tristes. La
joie pouvant guérir la tristesse, le médecin amuse le malade avec
des paroles plaisantes. La peur pouvant guérir le foie, le médecin
épouvante le malade en faisant allusion à la mort. La colère pou‑
vant guérir la méditation, le médecin excite le malade avec des
injures. La méditation pouvant guérir la peur, le médecin prive
le malade de sa peur avec toutes sortes de soucis. Il va de soi
que tout cela requiert beaucoup de talent de la part du médecin.
Très abattu, le lettré est rentré à toute vitesse chez lui. Les sept
jours écoulés, il n’a ressenti aucune souffrance. Un serviteur est
rentré en tendant une lettre de ce médecin ; il était écrit : « Vous
étiez malade de la grande joie d’avoir réussi ce concours. Les
remèdes ne peuvent vous guérir, c’est la raison pour laquelle je
vous ai épouvanté avec la menace de mort. »
Une femme, bien qu’affamée, n’a aucun appétit. Elle est triste et
injurie les gens de temps en temps. Beaucoup de médecins essaient
de la guérir, mais sans succès. Le docteur Zhang Zuizen l’examine
et dit : « Cette maladie ne peut être traitée par les remèdes. » Il
fait venir deux actrices pour qu’elles amusent la malade avec leurs
numéros. Le lendemain, il ordonne à ces actrices d’offrir un spec‑
tacle de lutte. À la vue de ces scènes, la malade s’amuse beaucoup.
Puis le médecin donne à manger à ces actrices en les invitant à
vanter la qualité des aliments. La malade est séduite à son tour
194 LA FOLLE HISTOIRE DES IDÉES FOLLES
En guise de conclusion
mythe qu’on peut aller vers le but de façon plus efficace et plus
économique sans méthode et sans principe. Est-il besoin de dire
que l’inefficacité et le gaspillage découlent souvent des corollaires
plus ou moins inéluctables de la culture du résultat, comme on
l’a vu avec l’hallucinante présidence de George W. Bush qui n’a
pas vraiment été désavouée par le pragmatisme d’Obama : un
moindre mal devient un bien et, la fin justifiant les moyens, le
but même qui justifiait le tout est dévoyé.
• Troisièmement, le mythe du risque zéro accompagne la
nécessité de forcer la réalité et les faits têtus au rendez-vous du
résultat. Il ne peut y avoir d’insupportable incertitude, incompa‑
tible aussi bien avec la promesse électorale qu’avec la sécurité que
réclame le peuple. Il n’est pas question d’attendre la démonstration
d’une causalité qui, de toute façon, ne saurait être admise comme
complexe pour appliquer le générateur maléfique du risque zéro,
le principe de précaution. Bien loin des énoncés écologiques des
bases écrites à la conférence de Rio en 1992, le principe de pré‑
caution est détourné par sa généralisation abusive et tend à se
substituer à la prudence et à la rigueur jusqu’à l’absurde. Alors
qu’il ne devait pas être inscrit dans la loi selon ses concepteurs
et toujours être jugé en termes de rapport bénéfice/risque par
rapport à son retentissement sur ce qui est établi, le principe de
précaution abusif agit sur l’activité elle-même et non sur le risque,
paralysant l’expérience et la création.
• Quatrièmement, le mythe de la responsabilité en découle avec
la société du contrôle (et non de la discipline) et la tolérance zéro.
Il est nécessaire d’identifier, à chaque défaillance compromettant
le résultat, l’agent qui endosse l’échec institutionnel découlant des
promesses politiques. Rassurez-vous, il n’a rien d’un bouc émissaire
et les mécanismes subtils de la réparation le restaureront plus ou
moins, les tribunaux judiciaires ou administratifs finissant tou‑
jours par compenser à long terme par mutation avec avancement
ou indemnités les sanctions spectaculaires et inconséquentes des
politiques. Mais accréditer la possibilité d’identifier un respon‑
sable unique dans une causalité simple est nécessaire. On a vu
ainsi le garde des Sceaux promettre d’identifier les coupables du
dysfonctionnement dans l’affaire de Nantes avec le triste meurtre
de Laetitia par Tony Meilhon et, du coup, annoncer qu’il avait
200 LA FOLLE HISTOIRE DES IDÉES FOLLES
Israel Galvan.
hôpitaux, elle est présente partout, des CHU aux cabinets de psy‑
chiatrie privé des centres-villes. Au cours des trente dernières années,
la psychiatrie s’est développée. Plus de professionnels mieux formés
soignent plus de patients. Plus de traitements sont disponibles et les
pratiques sont sûrement plus homogènes. La psychiatrie académique
a réalisé des études interventionnelles rigoureuses, des revues et
méta- analyses qui consolident les connaissances et proposent des
recommandations de bonne pratique clinique. On a progressé. La
vulgarisation de la psychiatrie se traduit par une moindre réticence à
consulter un psychiatre, mais aussi par des attentes exagérées de la
part de personnes souffrant de manifestations légères qui n’ont pas
besoin de l’aide de psychiatres et par la tendance de certains services
de soins à se renommer « cliniques de bien-être en santé mentale ».
Pendant que la psychiatrie étend son emprise au-delà de ce qu’elle
sait faire, et vers qui n’en a pas vraiment besoin, ses moyens se
réduisent comme peau de chagrin dans l’ensemble des pays indus‑
trialisés. Les tentatives de démédicaliser les soins des sujets présen‑
tant des maladies psychiatriques sévères sont légion. Elles viennent
des politiques, à la recherche d’économies de santé illusoires, des
rivalités interprofessionnelles, du scepticisme de certains psychiatres
à l’égard des explications biomédicales des maladies et de l’idée
répandue selon laquelle les maladies psychiatriques sont synonymes
de chronicité et d’absence de traitement efficace. La psychiatrie est
la seule au sein des spécialités médicales à étendre ainsi son champ
d’action pour délaisser sa vocation première. Pourtant, certaines cir‑
constances requièrent des médecins entraînés au diagnostic et au
traitement des maladies psychiatriques, et non psychiatriques sous-
jacentes. Éviter la médicalisation des patients psychiatriques est au
mieux déroutant, au pire mortel. Finalement, ceux qui ont le plus
besoin des psychiatres sont laissés pour compte !
1. Craddock N., Antebi D., Attenburrow M. J., Bailey A., Carson A.,
Cowen P., Craddock B., Eagles J., Ebmeier K., Farmer A., Fazel S.,
Ferrier N., Geddes J., Goodwin G. et al., « Wake-up call for British psy‑
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Observations on internal and external challenges to the profession », World
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L’âge d’or de la psychiatrie arrive ! 217
La psychiatrie
n’est pas (assez) scientifique !
Bennemar M., Becker T., Kurimay T., Gaebel W., « EPA guidance on
how to improve the image of psychiatry and of the psychiatrist », Eur.
Psychiatry, 2015, 30, p. 423‑430.
7. Kendler K. S., « An historical framework for psychiatric nosology »,
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220 LA FOLLE HISTOIRE DES IDÉES FOLLES
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338, p. 30.
14. Oyebode F., Humphreys M., « The future of psychiatry »,
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15. Bullmore E., Fletcher P., Jones P. B., « Why psychiatry can’t
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16. Munoz R., « The golden years of psychiatry are in the future »,
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L’âge d’or de la psychiatrie arrive ! 223
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Erskine H. E., Charlson F. J., Norman R. E., Flaxman A. D., Johns N.,
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of Disease Study 2010 », Lancet, 2013, 382, p. 1575‑1586.
18. World Health Organization, Preventing suicide : A Global
Imperative, 2014 (http://www.who.int/mental_health/suicide-prevention/
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224 LA FOLLE HISTOIRE DES IDÉES FOLLES
LA NEUROSCIENCE MACROSCOPIQUE
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L’âge d’or de la psychiatrie arrive ! 225
26. Burguiere E., Monteiro P., Feng G., Graybiel A. M., « Optogenetic
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L’âge d’or de la psychiatrie arrive ! 227
LA NEUROSCIENCE MICROSCOPIQUE
30. Goodkind M., Eickhoff S. B., Oathes D. J., Jiang Y., Chang A.,
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31. Jollant F., Lawrence N. S., Giampietro V., Brammer M. J., Fullana
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32. McGrath C. L., Kelley M. E., Holtzheimer P. E., Dunlop B. W.,
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der », JAMA Psychiatry, 2013, 70, p. 821‑829.
228 LA FOLLE HISTOIRE DES IDÉES FOLLES
33. Brennand K. J., Simone A., Jou J., Gelboin-Burkhart C., Tran N.,
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Nature, 2011, 473, p. 221‑225.
34. Michelsen K. A., Acosta-Verdugo S., Benoit-Marand M., Espuny-
Camacho I., Gaspard N., Saha B., Gaillard A., Vanderhaeghen P., « Area-
specific reestablishment of damaged circuits in the adult cerebral cortex
by cortical neurons derived from mouse embryonic stem cells », Neuron,
2015, 85, p. 982‑997.
L’âge d’or de la psychiatrie arrive ! 229
l’autisme, est causée par des mutations qui peuvent être identifiées
en séquençant l’ADN du génome du patient. Les causes peuvent être
des mutations transmises par les parents ou des réarrangements
chromosomiques apparus de novo et qui n’affectent que l’enfant
atteint. Il est encore très rare que ces séquences révèlent une
mutation curable médicalement, mais cette connaissance génétique
peut éclairer sur les causes de troubles encore largement méconnus.
Ainsi les troubles du spectre autistique résultent probablement de
centaines de mutations sur de nombreux gènes, suggérant que
l’autisme n’est pas une seule maladie, mais plusieurs. Néanmoins,
ces gènes impliqués dans l’autisme font souvent partie de familles
de gènes qui agissent conjointement sur une fonction biologique,
par exemple dans la signalisation synaptique et le développement
cérébral35. Sera-t‑il possible de réparer ces anomalies en reprogram‑
mant les neurones à partir des cellules souches de patients ? La
piste annoncée est à suivre36. Étudier les profils d’expression géné‑
tique, en étudiant l’activité de milliers de gènes dans ces neurones
humains pourrait aussi permettre d’identifier les perturbations des
voies biologiques liées aux gènes qui confèrent un risque d’autisme
pour chercher des médicaments les corrigeant.
Les grandes collaborations en génétique humaine réussissent à
mieux définir le risque génétique de maladies de l’adulte, comme la
schizophrénie ou la dépression. Ici chacun des facteurs génétiques
augmente le risque de maladie de façon très modeste, indiquant que
ces maladies résultent de combinaisons de gènes et de l’interaction
entre les gènes et les facteurs environnementaux. Même si le niveau
de complexité constaté semble éloigner les perspectives thérapeu‑
tiques, ce n’est pas toujours exact. Ainsi, la dernière très grande
étude publiée sur la schizophrénie indique que le risque génétique
est conféré par plusieurs gènes codant pour des canaux calciques
voltage-dépendants37. Il se trouve que ces canaux ont été très étudiés
35. Delorme R., Ey E., Toro R., Leboyer M., Gillberg C., Bourgeron T.,
« Progress toward treatments for synaptic defects in autism », Nat. Med.,
2013, 19, p. 685‑694.
36. Vogel G., « Stem cells. Diseases in a dish take off », Science,
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37. Schizophrenia Working Group of the Psychiatric Genomics
Consortium, « Biological insights from 108 schizophrenia-associated gene‑
tic loci », Nature, 2014, 511, p. 421‑427.
230 LA FOLLE HISTOIRE DES IDÉES FOLLES
39. Caspi A., Sugden K., Moffitt T. E., Taylor A., Craig I. W.,
Harrington H., McClay J., Mill J., Martin J., Braithwaite A., Poulton R.,
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232 LA FOLLE HISTOIRE DES IDÉES FOLLES
41. Anacker C., O’Donnell K. J., Meaney M. J., « Early life adversity
and the epigenetic programming of hypothalamic-pituitary-adrenal func‑
tion », Dialogues Clin. Neurosci., 2014, 16, p. 321‑333.
42. Szyf M., « Prospects for the development of epigenetic drugs for
CNS conditions », Nat. Rev. Drug Discov., 2015, 14, p. 461‑474.
234 LA FOLLE HISTOIRE DES IDÉES FOLLES
LA MÉDECINE DE PRÉCISION
LA RENAISSANCE INTELLECTUELLE
DE LA PSYCHIATRIE
47. Tamminga C. A., Pearlson G., Keshavan M., Sweeney J., Clementz
B., Thaker G., « Bipolar and schizophrenia network for intermediate phe‑
notypes : Outcomes across the psychosis continuum », Schizophr. Bull.,
2014, 40 suppl. 2, S131‑137.
48. Karalunas S. L., Fair D., Musser E. D., Aykes K., Iyer S. P., Nigg
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49. Bracken P., Thomas P., « Postpsychiatry : A new direction for
mental health », BMJ, 2001, 322, p. 724‑727.
236 LA FOLLE HISTOIRE DES IDÉES FOLLES
50. Crocker L. D., Heller W., Warren S. L., O’Hare A. J., Infanto
lino Z. P., Miller G. A., « Relationships among cognition, emotion, and
motivation : Implications for intervention and neuroplasticity in psycho
pathology », Front. Hum. Neurosci., 2013, 7, p. 261.
L’âge d’or de la psychiatrie arrive ! 237
53. Hollon S. D., Derubeis R. J., Fawcett J., Amsterdam J. D., Shel
ton R. C., Zajecka J., Young P. R., Gallop R., « Effect of cognitive therapy
with antidepressant medications vs antidepressants alone on the rate of
recovery in major depressive disorder : A randomized clinical trial », JAMA
Psychiatry, 2014, 71, p. 1157‑1164.
54. Tavakoli H. R., « A closer evaluation of current methods in
psychiatric assessments : A challenge for the biopsychosocial model »,
Psychiatry (Edgmont), 2009, 6, p. 25‑30.
L’âge d’or de la psychiatrie arrive ! 239
61. Cacioppo J. T., Cacioppo S., Dulawa S., Palmer A. A., « Social neu‑
roscience and its potential contribution to psychiatry », World Psychiatry,
2014, 13, p. 131‑139.
62. Meyer-Lindenberg A., « Social neuroscience and mechanisms of
risk for mental disorders », World Psychiatry, 2014, 13, p. 143‑144.
63. Lederbogen F., Kirsch P., Haddad L., Streit F., Tost H., Schuch P.,
Wust S., Pruessner J. C., Rietschel M., Deuschle M., Meyer-Lindenberg A.,
« City living and urban upbringing affect neural social stress processing
in humans », Nature, 2011, 474, p. 498‑501.
64. Meyer-Lindenberg A., Tost H., « Neural mechanisms of social risk
for psychiatric disorders », Nat. Neurosci., 2012, 15, p. 663‑668.
242 LA FOLLE HISTOIRE DES IDÉES FOLLES
La santé connectée
71. Andrews G., Cuijpers P., Craske M. G., McEvoy P., Titov N.,
« Computer therapy for the anxiety and depressive disorders is effective,
acceptable and practical health care : A meta-analysis », PLoS One, 2010,
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72. Strasburger V. C., Jordan A. B., Donnerstein E., « Health effects
of media on children and adolescents », Pediatrics, 2010, 125, p. 756‑767.
73. Bavelier D., Davidson R. J., « Brain training : Games to do you
good », Nature, 2013, 494, p. 425‑426.
L’âge d’or de la psychiatrie arrive ! 245
74. Merry S. N., Stasiak K., Shepherd M., Frampton C., Fleming T.,
Lucassen M. F., « The effectiveness of SPARX, a computerised self help
intervention for adolescents seeking help for depression : Randomised
controlled non-inferiority trial », BMJ, 2012, 344, e2598.
75. Morimoto S. S., Wexler B. E., Liu J., Hu W., Seirup J., Alexopou
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treatment-resistant geriatric depression », Nat. Commun., 2014, 5, p. 4579.
76. Asch D. A., Muller R. W., Volpp K. G., « Automated hovering
in health care- watching over the 5000 hours », N. Engl. J. Med., 2012,
367, p. 1‑3.
246 LA FOLLE HISTOIRE DES IDÉES FOLLES
77. Saeb S., Zhang M., Karr C. J., Schueller S. M., Corden M. E.,
Kording K. P., Mohr D. C., « Mobile phone sensor correlates of depressive
symptom severity in daily-life behavior : An exploratory study », J. Med.
Internet Res., 2015, 17, e175.
78. Liu P., Tov W., Kosinski M., Stillwell D. J., Qiu L., « Do Facebook
status updates reflect subjective well-being ? », Cyberpsychol. Behav. Soc.
Netw., 2015, 18, p. 373‑379.
L’âge d’or de la psychiatrie arrive ! 247
par leurs amis sur Facebook qui ont pu alerter les secours à
temps. Du coup, la fameuse firme se lance elle- même dans la
prévention du suicide.
Dispositifs médicaux, apps santé pour smartphones, soutien
social, éducation feront partie du package nécessaire à l’améliora‑
tion de la santé mentale. Il s’agira alors de déterminer comment
sélectionner cet attirail pour un patient donné en fonction de ses
choix, de ses besoins et de sa pathologie « neuronale » spécifique.
La science qui accompagne la psychiatrie connaîtra un futur
extraordinairement prometteur. Et nous n’avons rien dit de « la
révolution du microbiome79 », de la redécouverte du rôle de l’immu‑
nité et de l’inflammation80, des possibilités des alicaments81 et des
nanotechnologies82 ! La neuroscience et la médecine reconnaissent
l’importance capitale de la physiologie : les fonctions émergent
d’un système entier et non pas de ses parties. Les approches inté‑
gratives de l’étude des maladies psychiatriques et des maladies du
cerveau permettront aux découvertes scientifiques d’émerger. Les
connaissances s’accumulent comme jamais dans notre histoire, et
ses retombées dans la pratique clinique sont aux portes de nos
cabinets.
Avec tout cela en main, les psychiatres devront être parfaite‑
ment qualifiés au sein de services correctement équipés et aptes
à fournir des diagnostics et des prises en charge adéquates. Les
patients seront alors en droit d’espérer des diagnostics rapides
et précis suivis de la mise en œuvre de traitements basés sur les
preuves. Cela impliquera des tests biologiques, psychologiques,
d’imagerie complétant des évaluations cliniques précises. Les
interventions psychologiques et sociales continueront d’être d’une
importance cruciale, comme c’est le cas pour les affections non
83. Wang P. S., Berglund P., Olfson M., Pincus H. A., Wells K. B.,
Kessler R. C., « Failure and delay in initial treatment contact after
first onset of mental disorders in the National Comorbidity Survey
Replication », Arch. Gen. Psychiatry, 2005, 62, p. 603‑613.
84. Sederer L. I., Sharfstein S. S., « Fixing the troubled mental health
system », JAMA, 2014, 312, p. 1195‑1196.
L’âge d’or de la psychiatrie arrive ! 249
Conclusion
85. Ross D. A., Travis M. J., Arbuckle M. R., « The future of psy‑
chiatry as clinical neuroscience : Why not now ? », JAMA Psychiatry, 2015,
72, p. 413‑414.
250 LA FOLLE HISTOIRE DES IDÉES FOLLES
Goulag
Antipsychiatrie
Eugénisme
Qui dit génétique dit eugénisme et j’ai déjà évoqué les horreurs
de la Seconde Guerre mondiale et ses centaines de milliers de
malades mentaux sacrifiés sur l’autel du nazisme en Allemagne,
en France mais aussi en Scandinavie, en Italie et probablement
ailleurs encore. « Plus jamais ça » fut le cri de ralliement des
aliénistes à la Libération et il résonne encore aux oreilles des
psychiatres pas trop sourds ou aveugles d’aujourd’hui. Ceux qui ne
sont pas trop dans le déni. Je me souviens encore de la phrase de
l’un d’entre eux à propos de mon livre Droit d’asiles2 où je décrivais
le calvaire des fous lors de la Seconde Guerre mondiale : « Si ce
que tu dis est vrai, je ne pourrai plus mettre les pieds dans mon
service de psychiatrie ni même pénétrer dans l’hôpital. » Ce à
quoi je n’ai pas pu m’empêcher de répondre : « Alors, tu ne peux
plus entrer dans une église à cause de l’Inquisition ni te rendre
en Allemagne à cause du nazisme… » Il suffit de lire le chapitre
de Patrick Clervoy à propos des séances de torture (la faradisa‑
tion) pour comprendre que le rôle de nos prédécesseurs n’a pas
toujours été très reluisant. Mais sommes- nous responsables des
erreurs – horreurs – de nos pères ?
Si l’on prend l’exemple de la Chine où la notion de maladie
mentale et donc d’hygiène mentale n’existe pas dans leur médecine
classique, je suis allé visiter quelques services et j’avoue avoir été
étonné. Les schizophrènes sont évidemment les mêmes là-bas que
chez nous et j’ai pu constater que, malgré mon absence de com‑
préhension du mandarin, j’étais capable de poser un diagnostic
correct à peu près à tous les coups. Le problème est que là-bas,
les services psychiatriques ne semblent apparemment servir qu’à
enfermer les gens dangereux. J’ai encore en mémoire ces longs
corridors sinistres barrés par d’épais barreaux derrière lesquels
des gens en pyjamas rayés horizontalement étaient tous au lit à
midi trente, généralement en surpoids et avec des mouvements
anormaux directement dus aux neuroleptiques dont ils sont abreu
vés. Un peu comme si en France il n’y avait que des UMD (unités
Antiques querelles
ils sont avant tout chargés de prendre soin dans tous les sens du
terme ? C’est même en partie pour cela qu’ils sont payés ! Les
protéger ? Oui sans doute et surtout contre eux- mêmes tant ils
sont capables d’aberrations de toutes sortes quand ils sont livrés
sans contrôle à leur imagination sans limite. De l’orgue à chats
à la faradisation, de certains excès de la psychanalyse à ceux des
thérapies cognitives et comportementales, à l’impaludation, à la
cure de Sakel, aux bains surprises, à l’extermination, voilà ce qui
se passe quand la psychiatrie n’est pas pensée comme un objet
de sciences et de soins cohérent. Voilà ce qui se passe quand les
psychiatres ne sont pas obligés de se frotter aux autres scienti‑
fiques. L’isolement sensoriel mène au délire !
Et puis, au fond, quand on y réfléchit, ce qu’on appelle « his‑
toire de la psychiatrie » a été fait la plupart du temps par des
non-psychiatres : des prêtres inquisiteurs ou non, des sorciers,
des devins, des aliénistes, des médecins sans formation aucune,
des neurologues, des juristes, des neurophysiologistes, etc. L’objet
psychiatrie est follement hétérogène, car il est bio- psycho-social,
comme le dit l’OMS, et paradoxalement sa cohérence interne ne
viendra que lorsqu’elle acceptera de se situer à l’interface des
sciences humaines, toutes les sciences humaines, et des sciences
fondamentales, toutes les sciences fondamentales. Jusqu’à présent,
la psychiatrie universitaire qui est tout sauf universelle a toujours
refusé et follement critiqué cette position, préférant rester dans une
endogamie stérilisante, se montrant exclusivement intéressée par
les arcanes diplomatiques hexagonaux plutôt que par le métissage
avec la psychiatrie étrangère et avec des disciplines comme la
génétique, la mathématique, la statistique, l’histoire, la sociologie,
l’ethnologie… Pourtant, chacun sait que la consanguinité mène à
la stérilité et c’est bien ce que l’on observe en France si l’on en
juge par la position de notre pays en ce qui concerne le nombre
de publications internationales, loin derrière des pays comme
la Suisse, la Belgique, l’Italie, l’Espagne pourtant moins peuplés
pour les premiers, moins riches pour les seconds… À quand une
chaire de psychiatrie donnée à un épidémiologiste statisticien ou
à un ethnologue ? Il en va de même pour les autres instances
telle l’Académie de médecine et les instituts publics de recherche
qui, pourtant, auraient la possibilité et se devraient de réunir les
264 LA FOLLE HISTOIRE DES IDÉES FOLLES
La douleur infligée......................................................... 65
Le torpillage faradique................................................... 67
Vincent de pôles............................................................. 68
La discussion portée à l’Assemblée nationale.............. 71
Le pire au centre de Salins-les-Bains........................... 72
Ailleurs et après.............................................................. 74
Que sont-ils devenus ?................................................... 75
Le psychiatre et la politique :
au risque du totalitarisme......................................... 125
Quel rôle pour le psychiatre dans une théocratie ?
Le cruel dilemme du psychiatre islamiste................ 128
La contextualisation....................................................... 130
Conclusion...................................................................... 130
Fou(s) de Chine
par François Lupu............................................................ 173
Du côté de la Chine…................................................... 175
L’harmonie (xie ou he) moteur de la vie.................... 176
Bien plus qu’un organe : le cœur................................. 180
Le rôle primordial du vent............................................ 180
Le vent… Quel vent ?.................................................... 181
Mais pourquoi ?............................................................. 182
Le vent au centre de la disharmonie mentale............. 182
274 LA FOLLE HISTOIRE DES IDÉES FOLLES
Remerciements................................................................. 269
DES MÊMES AUTEURS
CHEZ ODILE JACOB
Boris Cyrulnik :
Ivres paradis, bonheurs héroïques, 2016.
Les Âmes blessées, 2014.
Résilience. De la recherche à la pratique (dir. avec Marie Anaut), 2014.
Résilience et personnes âgées (dir. avec Louis Ploton), 2014.
Sauve-toi, la vie t’appelle, 2012.
Résilience. Connaissances de base (dir. avec Gérard Jorland), 2012.
Quand un enfant se donne « la mort ». Attachement et sociétés, 2011.
Famille et résilience (dir. avec Michel Delage), 2010.
Mourir de dire. La honte, 2010.
Je me souviens…, « Poches Odile Jacob », 2010.
Autobiographie d’un épouvantail, 2008.
École et résilience (dir. avec Jean-Pierre Pourtois), 2007.
Psychanalyse et résilience (dir. avec Philippe Duval), 2006.
De chair et d’âme, 2006.
Parler d’amour au bord du gouffre, 2004.
Le Murmure des fantômes, 2003.
Les Vilains Petits Canards, 2001.
De l’inceste (avec Françoise Héritier et Aldo Naouri), « Poches Odile Jacob »,
2000.
Un merveilleux malheur, 1999.
L’Ensorcellement du monde, 1997.
Les Nourritures affectives, 1993.
Patrick Lemoine :
Le Mystère du nocebo, 2011.
Droit d’asiles, 1998.
Le Mystère du placebo, 1996.
LA FOLLE HISTOIRE
DES IDÉES FOLLES EN PSYCHIATRIE
Contradictions, errements, lubies, impasses, sadisations :
la psychiatrie, en France et dans le monde, a une histoire
qui peut faire peur quand on l’examine de près, car, comme
toute discipline médicale, elle a eu du mal à naître.
Au nom de quoi, par exemple, pendant la Grande Guerre,
les Poilus recevaient-ils des décharges électriques pour
retourner au front ? Comment les psychiatres allemands
ont-ils justifié les expériences qu’ils menaient sur les fous
pendant le nazisme ? Comment a-t-on pu penser un jour
que la malaria pouvait guérir de la psychose ?
Entourés par une dizaine d’experts – des psychiatres prin-
cipalement mais aussi un hépatologue, un ethnologue et
un épistémologue –, Boris Cyrulnik et Patrick Lemoine
débattent sur le passé de cette discipline qui a peiné à exis-
ter, mais surtout proposent de se concentrer sur la seule
question qui vaille pour demain : quelle confiance accorder
à la psychiatrie ? Quels garde-fous mettre en place ? Et que
serait une société sans psychiatrie ?
sous la direction de
Boris Cyrulnik et Patrick Lemoine
Boris Cyrulnik est neuropsychiatre et directeur d’ensei-
gnement à l’université de Toulon. Il est l’auteur de très
nombreux ouvrages qui ont tous été des best-sellers, parmi
lesquels, tout récemment, Ivres paradis, bonheurs héroïques.
Patrick Lemoine est psychiatre, professeur associé à
l’université de Pékin. Il a publié près d’une trentaine d’ou-
vrages, parmi lesquels Le Mystère du placebo.
Avec Philippe Brenot, Patrick Clervoy, Philippe Courtet,
Saïda Douki Dedieu, Serge Erlinger, André Giordan,
Jacques Hochmann, Hager Karray, Pierre Lamothe,
François Lupu.