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Phytomédicaments et Pharmaco-toxicologie

des plantes médicinales


SBM3BA07
CM (10h) TD (3h) TP (3h)

OBJECTIF
L’objectif de cette approche est:
De dépeindre l’intérêt qu’apporte les phyto-médicaments.
De décrire les différentes formes galéniques à base de plantes;
D’aborder les circuits réglementaires qui jalonnent la fabrication et la mise sur le marché de
ces produits issus de la pharmacie de Dieu.

INTRODUCTION
L'utilisation des plantes médicinales dans les soins de santé primaires dans les pays
africains, est très répandue et répond à des exigences tant culturelles qu'économiques. Pour
permettre une meilleure intégration de la médecine traditionnelle dans le système sanitaire de
nos pays, il s'avère de plus en plus important de bien caractériser les médicaments dérivés de
plantes sur le plan chimique, pharmacologique et toxicologique.
Les progrès techniques dans les traitements allopathiques ont permis d’excellents
résultats. Cette médecine dite « moderne » n’est pas dénudée d’effets indésirables modifiant,
ainsi, le comportement de certains prescripteurs et celui de la population, d’où la redécouverte
de phytothérapie et de la médecine traditionnelle.
Depuis quelques années, le marché des thérapies dites naturelles progresse, révélant un
intérêt de plus en plus fort des patients à l’égard de la médication à base de plantes. Que ce
soit pour atténuer une symptomatologie ou pour se maintenir en bonne santé, les phyto-
médicaments répondent aux préoccupations du citoyen du XXIe siècle.
Le contrôle de qualité des produits dérivés de plantes est une exigence avant leur mise
sur le marché comme médicaments. Trop souvent on remarque· qu'une action
pharmacologique spécifique est décrite pour un produit de plante mais qu'il n'y a pas de
caractérisation chimique
La médecine traditionnelle basée sur l’utilisation des plantes médicinales pour le
traitement de nombreuses maladies, dont l'hypertension, le diabète sucré, continue à être
utilisée, et au cours de ces dix dernières années sa popularité n’a fait qu’augmenter. Les
pratiques de la médecine traditionnelle varient grandement d’un pays à l’autre et d’une région
à l’autre. Elles sont influencées par des facteurs connus : la culture, l’histoire et philosophies
personnelles. Selon l'OMS, près de 80% des populations des pays en voie de développement
de la région d’Afrique ont recours à la médecine traditionnelle; La valorisation des ressources
naturelles est une préoccupation qui devient de plus en plus importante dans de nombreux
pays. Ainsi, depuis son assemblé générale, l’OMS recommande l’évaluation de l’innocuité et
de l’efficacité des médicaments à base des plantes en vue de standardiser leur usage et les
intégrées dans les systèmes de soins conventionnels; L’approche ethnopharmacologique est
d’une grande importance dans ce domaine. Elle permet de recenser les remèdes
antihypertensifs, antidiabétiques et de constituer une base de données de plantes médicinales
afin de conserver un savoir ancestral qui s’appuie essentiellement sur une tradition orale.

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DEFINITIONS
Médicament à bases de plantes : « tout médicament dont les substances actives sont
exclusivement une ou plusieurs substances végétales ou préparations à base de plantes ou une
association de plusieurs substances végétales».
Préparation à base de plantes : « Matières végétales en fragments ou en poudre,
extraits, teintures, huiles grasses ou essentielles, résines, gommes, baumes, sucs, etc., obtenus
à partir de matières végétales et préparation dont la production met en œuvre des opérations
de fractionnement, de purification ou de concentration, à l’exclusion des constituants isolés
chimiquement définis. Une préparation à base de plantes peut être considérée comme un
principe actif, que les constituants ayant une activité thérapeutique soit connus ou non ».
La phytothérapie est le traitement des maladies par des plantes dites médicinales.
Depuis la nuit des temps et à travers le monde les plantes sont utilisées à des fins
thérapeutiques.
Plantes médicinales : « Les plantes médicinales sont des drogues végétales qui
possèdent des propriétés médicamenteuses. Ces plantes médicinales peuvent également avoir
des usages alimentaires, condimentaires ou hygiéniques».
Pharmacopée : rassemble l’ensemble des monographies permettant de contrôler la
qualité d’une matière première. recueil, à caractère réglementaire, des matières premières
(d’origine végétale, animale et chimique) susceptibles d’entrer dans la composition des
médicaments (principes actifs et excipients).
Monographie : texte qui présente l’ensemble des caractéristiques validant la qualité
physicochimique d’une matière première. On y trouve la définition, les caractères,
l’identification, les essais et le dosage. Plus généralement une monographie décrit les
caractéristiques d’une matière, une personne…

Les plantes médicinales


On peut distinguer deux approches de la phytothérapie, deux utilisations distinctes des plantes
médicinales :
1. La plante entière ou une partie de la plante est utilisée en l’état sans avoir subi d’extraction
physico-chimique préalable. Le terme de totum est alors employé pour désigner
l’ensemble ou la partie du végétal utilisé. Le totum contient de nombreuses familles
d’actifs agissant en synergie. Le patient peut l’ingérer sous forme de gélules contenant
la poudre de plante, de comprimés ou de tisane (extraction des composés
hydrosolubles)…
2. La plante entière ou une partie de la plante subit une extraction physico-chimique. On
obtient alors un extrait aqueux, hydroalcoolique… selon le solvant d’extraction utilisé.
Cet extrait liquide subit généralement une étape de dessiccation. On obtient alors un
extrait sec. L’extrait sec est concentré en actifs de la même famille chimique

Les phytomédicaments
On entend par phytomédicaments les produits à base de plantes ayant obtenu une Autorisation
de Mise sur le Marché (AMM) ou un enregistrement auprès des autorités compétentes qui
sont les Agences nationales (en France l’AFSSAPS) ou dans certains cas l’Agence
Européenne pour l’Évaluation des Médicaments (EMEA : European Medicines
Agency (http://www.emea.europa.eu/)). L’obtention d’une AMM nécessite la réalisation par
les industriels des Laboratoires Pharmaceutiques d’un dossier. Ce dossier, le CTD (Common
Technical Document), est composé de 5 modules (présentés ci-après) ; il est donc soumis aux
autorités compétentes en vue de l’obtention d’une AMM et donc d’une indication
thérapeutique pour le médicament considéré.

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Historique
Les médicaments phytothérapeutiques sont les premiers et les plus anciens médicaments de
l’humanité. Bien des plantes médicinales en usage aujourd’hui étaient déjà utilisées dans
l’Antiquité. Ainsi, des fouilles réalisées au Proche-Orient semblent révéler que l’opium, par
exemple, était déjà utilisé comme médicament plusieurs milliers d’années avant Jésus- Christ.
Les médecins grecs Hippocrate (460 - env. 370 av. J-C) et Dioscoride (1er s. ap. J-C) et le
médecin gréco-romain Galien (2e s. ap. J-C) ont également décrit de nombreuses applications
de plantes médicinales pour le traitement de différentes maladies. Durant plusieurs siècles qui
ont suivi l’Antiquité, les connaissances médicales étaient transmises essentiellement dans les
couvents. Si l’on fait abstraction de la Chine, dont les contacts et les échanges de
connaissances avec l’Occident n’ont débuté qu’à la Renaissance, ce sont les médecins arabes
et persans qui ont donné à la médecine un nouvel essor. Le plus grand savant du monde à
l’époque, le médecin, philosophe, physicien, mathématicien, juriste et astronome persan Abu
Ali Sina, appelé Avicenne en Occident, a rédigé de nombreux ouvrages médicaux, dont
quelques-uns sur l’utilisation thérapeutique des plantes.
Les médicaments phytothérapeutiques étaient utilisés surtout sous forme de teintures
(extraits alcooliques de plantes médicinales), mais aussi de poudre produite à partir de la
plante séchée et broyée.
En 1805, une étape importante de la médecine moderne a été franchie avec l’isolation de la
morphine à partir d’opium par le pharmacien allemand Friedrich Sertürner. Même si par la
suite, les scientifiques se sont employés à isoler et à identifier un nombre toujours plus grand
de principes actifs des plantes médicinales, l’emploi de médicaments phytothérapeutiques est
longtemps resté un domaine de la connaissance empirique, fort des expériences recueillies par
la médecine classique et populaire au cours des siècles.
Il a fallu attendre la deuxième moitié du 20e siècle pour que les entreprises
pharmaceutiques et les instituts universitaires de pharmacologie s’engagent dans l’étude
systématique des plantes médicinales et de leur mode d’action. Pour la première fois, le
marché a vu apparaître des extraits standardisés de plantes ayant une teneur précisément
définie de principes actifs et dans les années 1960, les premières études cliniques ont été
menées pour tester l’efficacité de médicaments phytothérapeutiques dans certaines indications
de la médecine classique.

Procédés de fabrication
Pour fabriquer un phytomédicament, l’une des options est de réduire la plante médicinale
préalablement séchée en une poudre qui sera ensuite conditionnée en capsules ou transformée
en comprimés, l’autre consiste à préparer un extrait végétal. Pour ce faire, les constituants
d’importance pharmacologique sont extraits de la plante entière ou de ses parties les plus
riches en principes actifs par l’addition d’un solvant d’extraction. Divers solvants sont utilisés
à cette fin. Les constituants hydrosolubles sont extraits p. ex. à l’eau, tandis que d’autres
substances ne peuvent être extraites de la matière végétale qu’avec de l’alcool ou un mélange
de différents solvants. L’extrait ainsi obtenu est utilisé pour la préparation de médicaments
liquides (teintures, gouttes ou sirop), ou traité par évaporation pour éliminer le solvant, après
quoi l’extrait sec sera transformé en comprimés ou en capsules ou incorporé dans des
pommades ou des suppositoires.

Extraction
Si par le passé, les plantes médicinales étaient utilisées surtout sous forme de tisanes ou de
teintures (extraits alcooliques), de nos jours, les médicaments phytothérapeutiques sont
préparés de plus en plus à partir d’extraits. Lors de la fabrication d’un extrait, les composants

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de la plante médicinale sont solubilisés et extraits de la matière végétale au moyen d’un
solvant approprié. Selon le procédé de fabrication et le solvant utilisé, on obtient à partir
d’une même espèce végétale des extraits dont la composition et les effets peuvent être très
différents. Si par exemple on utilise de l’eau comme solvant (pour préparer une tisane),
l’extrait contiendra surtout des substances hydrosolubles, mais presque aucune substance
insoluble ou difficilement soluble dans l’eau. La phytothérapie moderne nous enseigne quels
solvants ou quelles combinaisons de solvants utiliser pour une plante donnée afin d’extraire
de façon optimale ses principes actifs. Le choix des solvants ou mélanges de solvants
appropriés et du procédé d’extraction optimal est devenu ainsi une science à part entière. Une
nouvelle méthode s’est imposée au cours des dernières années avec l’extraction au CO2, un
procédé particulièrement doux qui permet d’obtenir un produit final très pur avec un
minimum de résidus.

Comparabilité de médicaments phytothérapeutiques issus de la même espèce végétale


Selon le procédé de fabrication de l’extrait, les médicaments phytothérapeutiques issus d’une
même espèce végétale peuvent présenter des différences importantes. Ces différences sont
magnifiquement illustrées par un exemple tiré de notre alimentation: le café turc, l’expresso et
le café-filtre sont tous trois des extraits aqueux de grains de café. Dans le cas du café turc, le
café moulu est macéré dans l’eau chaude, tandis que pour préparer un expresso, l’eau chaude
est injectée sous pression dans la mouture. Pour un café-filtre, au contraire, on fait percoler
lentement l’eau chaude au travers de la mouture. Il en résulte trois boissons différentes : l’une,
très aromatique à forte teneur en caféine (le café turc), la seconde, très aromatique mais
contenant peu de caféine (l’expresso), et enfin la troisième, peu aromatique mais riche en
caféine (le café-filtre). Il en va de même pour les médicaments phytothérapeutiques : un
extrait d’une même plante présentera des effets différents selon le mode de fabrication.
Les plantes médicinales présenteront des concentrations différentes de principes actifs
selon l’année et le moment de la récolte. C’est pourquoi la fabrication des médicaments
phytothérapeutiques modernes utilise plusieurs récoltes différentes afin d’obtenir une teneur
standardisée en principes actifs.
Parties végétales utilisées
Dans beaucoup de plantes médicinales, les principes actifs ne sont pas répartis
uniformément dans toute la plante, mais se concentrent dans des parties déterminées : les
feuilles pour Ginkgo biloba, les feuilles et les fleurs pour l’aubépine, la racine pour le pissenlit
et l’écorce pour le chêne. Dans le millepertuis, en revanche, les principes actifs sont répartis
uniformément dans toute la plante, c’est pour cela que l’on utilise l’ensemble de la plante.
Exemples de plantes médicinales fréquemment utilisées et de leurs applications:
Echinacea (rudbeckie): refroidissements d’origine virale
Millepertuis: troubles de l’humeur
Ginkgo biloba: difficultés de concentration, trous de mémoire, problèmes circulatoires
Aubépine : troubles cardiaques légers
Marron d’Inde, feuilles de vigne: troubles veineux
Gattilier (poivre des moines): syndrome prémenstruel
Valériane, fleur de la passion, houblon, mélisse, lavande: nervosité, légers troubles du
sommeil
Thym, hibiscus, plantain, lierre: toux
Camomille, gentiane, chardon béni, mélisse, réglisse: troubles gastro-intestinaux
Actée à grappe, trèfle rouge: troubles du climatère légers à modérés
Palmier nain, ortie: troubles irritatifs de la prostate
Hamamélis, camomille, Cardiospermum, mauve: certains problèmes cutanés

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Que recouvrent les termes « plantes médicinales » et « médicaments à base de plantes »
Les premières sont des drogues végétales dont au moins une partie possède des
propriétés médicamenteuses. La plante est rarement utilisée entière. Par extension, on appelle
souvent « plante médicinale » ou « plante » non seulement l’entité botanique, mais aussi la
partie utilisée.
Les médicaments à base de plantes sont des médicaments dont les substances actives
sont exclusivement d’origine végétale. Ils sont, comme les médicaments issus de la chimie,
soumis à autorisation de mise sur le marché (AMM) (source : Agence nationale de sécurité du
médicament et des produits de santé, ANSM).

Pharmacopée traditionnelle : c’est l’ensemble des connaissances et des techniques de


préparation et d’utilisation des substances végétales, animales et/ou minérales, qui servent à
diagnostiquer, prévenir ou éliminer un déséquilibre du bien-être physique, mental ou social.
C’est le patrimoine thérapeutique. En Afrique, à l’heure actuelle, elle n’est pas écrite et les
connaissances y afférentes sont transmises de générations en générations.

Médicament : c’est toute substance ou composition présentée comme possédant des


propriétés curatives ou préventives à l’égard des maladies humaines ou animales, ainsi que
tout produit pouvant être administré à l’homme ou à l’animal, en vue d’établir un diagnostic
médical ou de restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions organiques.
Sont également considérés comme médicaments :
- les produits d’hygiène corporelle et les produits cosmétiques contenant une substance ayant
une action thérapeutique,
- les produits d’hygiène corporelle et les produits cosmétiques contenant des substances
vénéneuses à des doses et concentrations égales ou supérieures à celles fixées par arrêté du
Ministère chargé de la Santé.
- les produits diététiques qui renferment dans leur composition des substances chimiques ou
biologiques ne constituant pas elles mêmes des aliments, mais dont la présence confère à ces
produits, soit des propriétés spéciales recherchées, soit des propriétés de repas d‘épreuve.

Médicament traditionnel : c’est tout médicament constitué d’une ou de plusieurs substances


d’origine naturelle (drogue naturelle ou matière première), soit à partir de végétaux (drogue
végétale), soit d’animaux (drogue animale), soit de minéraux (drogue minérale) ou un
mélange de tels éléments. Un Médicament Traditionnel Amélioré (MTA) est tout médicament
traditionnel ayant subi des modifications afin d’en accroître l’acceptabilité.
Parmi les médicaments traditionnels figurent :
- les produits médicinaux finis et étiquetés contenant des plantes et/ou des préparations à base
de plantes et présentés comme ayant une propriété thérapeutique ou prophylactique ;
- les produits médicinaux d’origine animale finis et étiquetés, contenant uniquement des
matières animales ou leurs préparations et présentés comme ayant une propriété thérapeutique
ou prophylactique;
- les produits médicinaux d’origine minérale finis et étiquetés et contenant uniquement des
matières inorganiques et/ou leurs préparations;
- les préparations et les mélanges à base de substances végétales, animales ou minérales,
fabriquées, commercialisées ou présentées pour être utilisées en vue de diagnostiquer, traiter,
soulager ou prévenir une maladie, un trouble, un état physique anormal ou les symptômes
chez l’homme ou chez l’animal;

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- les préparations et les mélanges d’origines végétale, animale ou minérale, utilisées pour
restaurer, corriger ou modifier des fonctions organiques chez l’homme ou chez l’animal.

Médicament essentiel : le concept de Médicaments Essentiels a été défini en 1975 par des
experts de l’Organisation Mondiale de la Santé pour aider les pays en développement à se
retrouver dans la panoplie thérapeutique complexe des pays industrialisés (actuellement, il
existe environ 8.000 médicaments différents en France et plus de 15.000 en Allemagne).
Selon l’OMS, « les médicaments essentiels sont ceux qui satisfont aux besoins de la majorité
de la population en matière de soins de santé; ils doivent donc être disponibles à tout moment,
en quantité suffisante et sous la forme pharmaceutique appropriée ». La première liste publiée
en 1976 regroupait 256 molécules. Cette liste est régulièrement réévaluée à l’OMS par un
comité d’experts. Elle comprend aujourd’hui plus de 400 médicaments et sert de base à
l’élaboration des Listes Thérapeutiques Nationales en fonction des situations et des besoins
spécifiques de chaque pays.

Phytomédicament : c’est tout produit ou préparation à base de plantes, ayant des effets
thérapeutiques ou d’autres bienfaits sur la santé humaine, qui contient des ingrédients bruts ou
transformés obtenus d’une ou de plusieurs plantes. Dans certaines sociétés, les produits
d’origine non organique ou animale peuvent également être utilisés pour la préparation des
phytomédicaments

1.4. Praticien de la médecine traditionnelle


C’est une personne reconnue par la communauté dans laquelle elle vit comme compétente
pour fournir des soins de santé, par l’utilisation de substances végétales, animales ou
minérales et certaines autres méthodes, sur la base du contexte socioculturel et religieux, ainsi
que les connaissances, les attitudes et les croyances qui prévalent dans la communauté par
rapport au bien-être physique, mental et social et les causes de la maladie et de l’invalidité. Le
terme praticien de la médecine traditionnelle s’applique aux catégories suivantes :
tradipraticien, tradithérapeute, accoucheuse traditionnelle, herboriste, médico-droguiste, etc.

IMPORTANCE DE LA MEDECINE TRADITIONNELLE


- Besoins en médecine traditionnelle (MT);
- Pourquoi un usage si répandu ;
- Les engagements politiques.
Depuis la naissance de l’humanité, les peuples ont appris à faire face aux maladies en puisant
dans les ressources naturelles. L’ensemble de ces remèdes traditionnels basés sur des
connaissances empiriques a été jusqu’à une date récente, l’ultime solution pour soulager ou
même guérir la maladie.

3.1. Besoins en médecine traditionnelle


L’usage de la médecine traditionnelle est très répandu et revêt une importance sanitaire et
économique croissante. Selon l’OMS (2002), en Afrique, jusqu’à 80% de la population utilise
la MT pour répondre à ses besoins de soins de santé. Au Soudan, 70% de la population
recourent à la médecine traditionnelle contre 30% en Ouganda. Ce taux est de 60% au Mali et
au Ghana. Il se situe entre 80 à 85% au Bénin Dans le même temps, dans de nombreux pays
développés, la Médecine Complémentaire et Parallèle (MCP) gagne en popularité. Le
pourcentage de population ayant utilisé la MCP au moins une fois se chiffre à 48 en Australie,
70 au Canada, 42 aux États-Unis, 38 en Belgique et 75 en France. En Asie et en Amérique
latine, les populations continuent d’utiliser la MT en raison de circonstances historiques et de
convictions culturelles. Au Sri Lanka, 50 à 60% de la population ont recours à la médecine

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traditionnelle et aux accoucheuses traditionnelles. En Chine, les remèdes traditionnels
représentent 30 à 50% de la consommation totale des médicaments ; tandis qu’en Australie,
en 1988, 60% de la population recouraient à la médecine complémentaire, 1.700 produits à
base de plantes avaient déjà été enregistrés et 650 millions de dollars US dépensés en
médecine complémentaire.

3.2. Pourquoi un usage si répandu.


3.2.1. Accessibilité et abordabilité dans les pays en voie de
Dans les pays en voie de développement, l’usage répandu de la MT est souvent
attribuable à son accessibilité et son abordabilité. En Ouganda, par exemple, le ratio de
praticiens de la médecine traditionnelle par population se situe entre 1/2000 et 1/4000. Ceci
contraste nettement avec la disponibilité
d’agents de santé modernes, pour lesquels le ratio typique est de 1/20 000 ou moins. Par
ailleurs, la distribution de ce personnel peut être irrégulière, la plupart se trouvant dans les
villes ou autres zones urbaines, et donc difficile d’accès pour les populations rurales. La
médecine traditionnelle est parfois aussi la seule source de soins de santé abordable,
particulièrement pour les patients les plus pauvres du monde. Les recherches effectuées au
Ghana, au Kenya et au Mali indiquent qu’un traitement antipaludéen de
pyriméthamine/sulfadoxine peut coûter 20 dollars. Et pourtant, les débours en soins de santé
par habitant au Ghana et au Kenya se chiffrent à seulement environ 6$US par an.
Inversement, les médicaments à base de plantes pour le traitement du paludisme sont
considérablement moins chers et peuvent parfois même être payés en nature et/ou selon la
«richesse» du client. La médecine traditionnelle est également très populaire dans de
nombreux pays développés parce qu’elle est fermement intégrée à des systèmes de croyance
plus globaux

PROFIL DU PRATICIEN DE LA MEDECINE


TRADITIONNELLE
- Catégories de praticiens de la médecine traditionnelle ;
- Organisation des deux types de médecine.

4.1. Catégories de praticiens de la médecine traditionnelle


Le praticien de la médecine traditionnelle est la personne reconnue par la collectivité comme
compétente pour diagnostiquer et dispenser des soins de santé basés sur les concepts de la
maladie et des invalidités prévalant dans la collectivité. On distingue, à cet effet, plusieurs
catégories de praticiens de la médecine traditionnelle :
- le phytothérapeute : c’est un personne qui soigne principalement par les plantes ;
- le chirokinésithérapeute : c’est une personne qui pratique principalement avec la main nue
ou munie d’un instrument, des massages ou des manipulations sur le corps afin de lui donner
ou rendre aux parties malades ou blessées leur fonction ;
- le phlébotomiste : c’est une personne qui pratique principalement les techniques de saignée
pour soigner ;
- le ritualiste : c’est une personne qui soigne principalement par les rites (religieux ou non) ;
- le psychothérapeute : c’est une personne qui soigne principalement par les techniques de
relation entre thérapeute et malade (utilisant ou non la puissance de verbe appelée
incantation).
- le médico-droguiste : c’est une personne qui connaît les usages et qui vend les substances
médicinales autres que les plantes.

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- l’herboriste : c’est une personne qui, sur la base des connaissances acquises en médecine et
en pharmacopée traditionnelles, conditionne et vend des substances médicinales végétales à
des fins thérapeutiques.
- l’aromathérapeute : c’est une personne qui utilise un ensemble de pratiques médicales
basées sur des huiles essentielles (huiles extraites de plantes séchées) à des fins
thérapeutiques.
- le naturopathe : Personne qui utilise un ensemble de pratiques médicales se référant à des
substances d’origine naturelle (végétale, animale ou minérale) à des fins thérapeutiques.

N.B : ces catégories de praticiens de la médecine traditionnelle doivent être différenciées des
appellations suivantes :
- charlatan : c’est une personne qui autrefois vendait des matières premières végétales sur la
place publique, en vantant à grands discours ses recettes. A l’heure actuelle, le charlatan est
une personne qui exploite la crédulité de ses clients en vantant sur la place publique et /ou
dans les médias ses qualités et ses recettes.
- marabout : il s’agit d’un grand prêtre musulman qui utilise des versets coraniques à des fins
thérapeutiques
- sorcier : c’est une personne se livrant à des pratiques magiques, le pus souvent maléfiques
qui ont pour conséquences d’induire des maladies non guérissables par la médecine
conventionnelle ou d’anéantir économiquement ou socialement sa victime ou de provoquer sa
mort, il est souvent taxé d’anthropophage ou de cannibale.

2. Ethnopharmacologie et ethnobotanique
L’ethnopharmacologie se définit comme « l’étude scientifique interdisciplinaire de
l’ensemble des matières d’origine végétale, animale ou minérale et des savoirs ou des
pratiques s’y rattachant, que les cultures vernaculaires mettent en oeuvre pour modifier les
états des organismes vivants à des fins thérapeutiques, curatives, préventives ou
diagnostiques » [Dos Santos et Fleurentin, 1990].
La démarche ethnopharmacologique, approche transdisciplinaire, s’intéresse aux
connaissances des populations concernant la recherche, la préparation et l’utilisation de
remèdes médicinaux traditionnels. Elle peut nécessiter, dans ces premières étapes,
l’intervention de l’ethnobotanique car elle partage avec cette discipline l’étude des
interrelations des hommes avec leur environnement et plus particulièrement avec les plantes
médicinales. Ainsi, l’ethnobotanique et l’ethnopharmacologie sont essentielles pour conserver
une trace écrite au sein de pharmacopées des médecines traditionnelles dont la transmission
est basée sur la tradition orale.
L’ethnopharmacologie peut permettre la découverte de nouvelles substances actives
pour l’industrie pharmaceutique. Des principes actifs très employés à l’heure actuelle dans
notre médecine moderne sont issus des savoirs médicinaux populaires et traditionnels : des
anticancéreux (vincristine, vinblastine, taxol), des antalgiques (morphine, aspirine), des
antipaludéens (quinine, artémisinine), des psychotropes (réserpine, mescaline) ou encore des
toniques et stimulants cardiaques (digitaline, quinidine). La découverte de ces substances
repose sur la constatation de l’efficacité de certaines plantes issues des différentes
pharmacopées (arabo-musulmanes, européennes, indiennes ou chinoises), mais aussi et
surtout à partir des observations réalisées sur l’utilisation de plantes au sein des médecines
traditionnelles [Gurib-Fakim, 2006].

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MEDICAMENT A BASES DE PLANTES : LES RAISONS DE SON SUCCES
Un regain récent des phyto-médicaments a été constaté, et ce, pour plusieurs raisons :
La décision de quelques grands laboratoires pharmaceutiques de mettre sur le marché des
produits stables, aux propriétés thérapeutiques connues, ayant une bonne conservation et
autorisant une prescription reproductible.
Les progrès en agronomie, pharmacologie et chimie ont permis la mise au point de
formes galéniques et thérapeutiques sures, mieux adaptées et plus efficaces. Le besoin de la
population qui, victimes des complications trop fréquentes des médications chimiques
modernes, se tourne vers cette thérapie, considérant que les risques encourus sont mineurs et
que les effets secondaires sont presque nuls.
La phytothérapie apparait comme une des réponses idéales pour un certain nombre de
maladies dues à notre époque et qui caractérisent notre société, a titre d’exemples nous
citons : l’insomnie, le stress, la prise du poids, etc.
Les médicaments à base de plantes ont deux caractéristiques spéciales qui les
distinguent des médicaments chimiques : l’utilisation de plantes brutes et l’usage prolongé.
Une seule plante peut contenir de nombreux constituants naturels qui agissent en synergie
d’où une meilleure réponse thérapeutique et la diminution du risque de survenue d’effets
secondaires.
Isoler chaque ingrédient actif de chaque plante prend énormément de temps, coûte
extrêmement cher et est presque impossible dans certains cas.
Les médicaments de Phytothérapie peuvent être utilisés d’une part comme traitement
de première intention, notamment pour traiter de nombreuses affections bénignes et d’autre
part comme thérapie complémentaire dans le traitement d’affections sévères ou au cours de
traitements pénibles.
Les médicaments à base de plantes sont conçus pour être utilisés sans prescription
d’un médecin et pour être administrés selon un dosage et une posologie spécifiée, par voie
orale, externe, ou par inhalation.

MATIERES PREMIERES UTILISEES DANS LA PREPERATION DES


MÉDICAMENTS À BASE DE PLANTES
Le lieu de récolte des plantes destinées à la préparation des médicaments est son
habitat naturel et traditionnel. La conservation de ces plantes médicinales ce fait au frais. Si
ces plantes ne sont pas utilisées dans les 24-48 heures, il faut procéder à une dessiccation
(séchage à l’ombre ou séchage au four) ou à la préparation d’une teinture mère.

Tableau 01 : Moment de récolte des plantes à usage pharmaceutique et parties utilisées


PARTIES RECOLTEES MOMENT DE LA RECOLTE
Plantes entières Epoque de leur fleuraison
Feuilles Après développement complet et si possible avant la
floraison
Fleurs et rameaux fleuris Immédiatement avant l’épanouissement total des fleurs
Racines des plantes annuelles Fin de la période végétative

Les plantes utilisées comme matières premières lors de la préparation et fabrication des phyto-
médicaments, doivent comporter les spécifications suivantes:

Nom botanique ;
Données sur la source de la plante ;
Indication d’une utilisation totale ou partielle de la plante ;
Description du système de séchage lorsque la plante achetée est sèche ;
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Description de la plante et de ses caractéristiques macroscopiques et microscopiques ;
Description de l’essai d’identification appropriée (composants actifs ou marqueurs) ;
Description des méthodes de dosage utilisée (composants actifs ou marqueurs) ;
Description des méthodes de détermination d’une éventuelle contamination par des pesticides
et les limites admises ;
Description des essais visant à déterminer les contaminations fongiques et microbiennes, y
compris les aflatoxines et les infestations parasitaires et les limites admises ;
Description des essais pour rechercher les métaux toxiques ainsi que les contaminants et les
produits de falsifications éventuels ;
Description des essais de recherche des substances étrangères ;
Indication s’il ya un traitement destiné à réduire la contamination fongique ou microbienne.

LOCAUX DE STOCKAGE ET DE PRODUCTION DES MÉDICAMENTS A BASE


DE PLANTES

Zones de stockage
 Les plantes à l’état brut doivent être stockées dans des zones séparées pour éviter tous
risques de confusion et de contamination croisée.
 La zone de stockage doit être bien ventilée et disposer d’un équipement de protection contre
la pénétration d’insectes ou d’autres animaux et spécialement les rongeurs.
 Des mesures efficaces doivent être prises pour limiter d’une part, la prolifération d’espèces
animales et de microorganismes introduits avec les plantes à l’état brut et d’autre part, éviter
les contaminations croisées.
 Les récipients doivent être disposés de telle sorte qu’ils permettent à l’air de circuler
librement.
 Il convient d’accorder une attention particulière à la propreté et au bon entretien des zones de
stockage particulièrement lorsqu’une grande quantité de poussière est produite.
 Le stockage des plantes, extraits, teintures et autres produits peut réclamer des conditions
particulières d’humidité, de température et de protection contre la lumière ; ces conditions
doivent être assurées et vérifiées.
Zone de production
Face aux dégagements de poussières lors des opérations d’échantillonnage, de pesée, de
mélange et de transformation des plantes à l’état brut,….des dispositions particulières telles
que l’extraction de l’air, l’utilisation de locaux spécifiques etc. doivent être pris et ce afin de
faciliter le nettoyage et d’éviter une contamination croisée.

Tableau 02 : Formes pharmaceutiques à base de plantes


Formes galéniques
Modes d’obtention
Formes Extrait Médicaments officinaux résultant de l’évaporation
galéniques (liquide, mou, sec, d’une solution ou d’un suc, obtenu en traitant une
classiques nébulisât, hydro- substance végétale par un solvant vaporisable (alcool,
alcoolique) éther, eau, mélange de ces solvants), jusqu’à
l’obtention d’une consistance fluide, molle ou sèche.
Teinture Médicaments liquides résultant de l’action dissolvante
de l’alcool éthylique (60°, 70°, 80°, 90°) sur des
poudres végétales sèches préalablement divisées.
Alcoolature Préparation issue de l’action dissolvante de l’alcool sur

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des plantes fraiches (méthode à froid) ou stabilisées
(méthode à chaud)
Alcoolat Médicaments aromatiques obtenus par distillation de
principes actifs volatils contenus soit dans des drogues
sèches soit dans des drogues fraiches, parfois dans le
mélange des deux en utilisant de l’alcool à différents
titres (60°, 80°, 90°)
Hydrolat ou eau Le mode d’obtention consiste à entrainer par
distillée aromatique distillation les principes volatils contenus dans des
poudres de végétaux ou dans des parties de végétaux
(fleurs, sommités fleuries ou parties de fleurs).
Cataplasme Médicament ayant la consistance d’une pate molle
destinée à entre appliquée sur la peau, il peut entre
émollient, adoucissant et sédatif ou révulsif et
chauffant.
Intrait Cette forme est utilisée pour les plantes dont la
dégradation est rapide après la récolte. Ainsi, la plante
est stabilisée pour éviter toutes réactions chimiques
causées par des vapeurs chaudes d’eau ou d’alcool,
puis elle est desséchée dans un courant d’air chaud. La
plante stabilisée est épuisée par l’alcool dont
l’évaporation laisse l’intrait.
Poudre (simple Préparation dans lesquelles les drogues végétales sont
ou composée) amenées à un degré de division suffisant pour assurer
leur homogénéité et pour faciliter leur administration.
Elle est obtenues à l’issue d’un cryobroyage suivie
d’un tamisage et utilisée pour la préparation de
nombreuses formes galéniques : gélules, teintures,
extraits, etc.
Suspension intégrale Constituées d’une suspension dans une solution hydro-
de plantes fraîches ou alcoolique de cellules végétales préparées à partir de
SIPF plantes fraiche grâce à un procédé très originale de
stabilisation et de conservation, préservant ainsi
l’intégrité de la plante.
Essence Obtenue après expression ou distillation des fleurs,
ou sommités fleuries et fruit.
huile essentielle
Les préparations galénique à base d’huiles essentielles sont les gélules micro-encapsulées
gastro-résistantes, les solutions, les gels et les suppositoires.
Gel
Les gels hydro-glycoliques ont une concentration qui doit correspondre pour chaque extrait à
50% de leur poids en plantes fraiches.
Pommade
Préparée avec des excipients ordinaires auxquels sont incorporés des extraits, des poudres, ou
des plantes fraiches.
Sirop
Sirop simple auquel sont inclus une teinture, un extrait fluide.
Tisane

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Très utilisée, elle se prépare selon 5 façons : digestion, infusion, macération, décoction,
lixiviation.
Préparations galéniques issues d’autres thérapeutiques
Teinture mère TM
Obtenue par macérations dans l’alcool à différents titres de plantes fraiches stabilisée ou non
ou de plantes sèches (1/10e).

Se distingue des autres teintures par des normes très précises de récolte, d’identification, de
préparation et de leur composition en principes actifs.
Macérât
glycériné
Cette préparation (l/200e) résulte de l’action dissolvante de la glycérine diluée sur des tissus
végétaux en pleine croissance (bourgeon, radicelles, écorces de tige, etc.)

INSTRUCTIONS ET SPÉCIFICATIONS RELATIVES AUX MÉDICAMENTS A


BASE DE PLANTES

Spécifications qualitatives et quantitatives :


La quantité ou concentration de la matière végétale que contient un médicament doit être
exprimées, cette disposition ne s’applique pas aux huile grasse ou essentielles ;
La quantité de la matière végétale est exprimé sous forme d’une fourchette correspondant a
une quantité définie de constituants d’activité thérapeutique connue.
La composition du solvant ou du mélange de solvants éventuellement utilisé et l’état physique
de l’extrait doivent être indiquée.

Si une substance est ajoutée lors de la fabrication d’une préparation à base de plantes, elle doit
être mentionnée parmi les autres constituants.
Le véritable extrait étant considéré comme le principe actif.

Instructions relatives au traitement de la matière première:


Les différentes opérations que subit la plante à l’état brut, comme par exemple le
séchage, le concassage et le criblage et indiquer le temps et les températures de la phase de
séchage et les méthodes utilisées pour le contrôle de la taille, des fragments ou des particules
doivent être décrits.
Une description du tamisage de sécurité ou d’autres méthodes servant à éliminer les
substances étrangères doivent être établies.
Les indications relatives au véhicule ou au solvant, la durée et la température
d’extraction et une description de tous les stades de concentration et des méthodes utilisées, et
ceux, lors de la production de préparations à base de drogues végétales doivent être
rigoureusement mentionnées.

Spécifications relatives au produit fini :


Les épreuves de contrôle du produit fini doivent permettre l’analyse qualitative et
quantitative des principes actifs. Si l’activité thérapeutique des constituants est connue, ceux-
ci doivent être spécifiés et déterminés quantitativement.
Si un produit fini ou une préparation contient plusieurs matières végétales et s’il est
impossible de déterminer la quantité de chaque principe actif, il faut parfois se contenter de
déterminer la quantité globale des principes actifs. Ces cas doivent être dûment justifiés.

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ESSAI DE STABILITÉ
Pour déterminer la durée de validité d’un médicament a base de plante, il ne suffit pas
de déterminer la stabilité des constituants ayant une activité thérapeutique connue, car la
totalité d’une matière végétale ou d’une préparation à base de plantes est considéré comme
principe actif. Il faut démontrer autant que possible, par exemple par comparaison des
chromatogrammes, que les autres substances présentes sont stables et que leur teneur relative
reste constante.
Si un médicament à base de plantes contient plusieurs substances végétales ou des
préparations contenant elles mêmes plusieurs substances, la stabilité du produit doit être
déterminée en ayant recours a la chromatographie, aux méthodes classiques de dosage et aux
épreuves physiques et sensorielle, etc.

CONTRÔLE QUALITÉ DES MÉDICAMENTS A BASE DE PLANTES


Les personnes responsables du contrôle qualité doivent être spécialisées dans le
domaine des médicaments à base de plantes pour pouvoir procéder aux essais d’identification,
reconnaître les cas d’altération, relever la présence du développement fongiques, repérer les
infestations, déceler l’absence d’uniformité d’une livraison de plantes à l’état bru, etc.

Des échantillons de référence des matières végétales doivent être disponibles en vue
d’un essai comparatifs : examen visuel et au microscope, chromatographie, etc.

MÉDICAMENTS A BASE DE PLANTES : ASPECT RÉGLEMENTAIRE


Une procédure d’enregistrement simplifiée est instaurée pour les médicaments à base de
plantes d’usage traditionnel c’est-à-dire répondant à l’ensemble des critères suivants : Ils ont
des indications exclusivement appropriées à des médicaments traditionnels à base de plantes
qui, de par leur composition et leur destination, sont conçus pour et destinés à être utilisés
sans la surveillance d’un médecin à des fins de diagnostic, de prescription ou de suivi du
traitement;
Ils sont exclusivement destinés à être administrés selon un dosage et une posologie
spécifiés ;Il s’agit de médicaments destinés à être administrés par voie orale et/ou externe,
et/ou par inhalation ;
La durée de l’usage traditionnel, s’est écoulée à savoir d’au moins 30 ans avant la date
de la demande d’AMM, dont au moins quinze ans dans la communauté.
L’innocuité du médicament est démontrée dans les conditions d’emploi spécifiées et les effets
pharmacologiques ou l’efficacité du médicament sont plausibles du fait de l’ancienneté de
l’usage et de l’expérience.
Les plantes répondant à ces critères peuvent alors faire l’objet d’un enregistrement
simplifié qui leur donne, ainsi, le statut de médicament à part entière. Pour ces plantes a usage
traditionnel, les industriels ne sont plus obligés de refaire les études cliniques, cependant, il
reste de nombreux contrôles, notamment toxicologiques (l’absence de pesticides ou de
métaux lourds) qui sont a prendre en considération.
L’enregistrement délivré pour un médicament traditionnel à base de plantes est valable
5 ans puis devient illimité suite à un renouvellement, sauf problème de pharmacovigilance et
devient caduc en cas de non commercialisation du produit pendant 3 années consécutives,
sauf dérogation justifiée.
Pour toutes les autres plantes, les industriels doivent se soumettre à des études
cliniques très précises, qui coûtent très cher. Les médicaments à base de plantes sont
disponibles sans ordonnance.

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L’indication thérapeutique, rigoureusement libellée, doit être précédée de la mention «
traditionnellement utilisé dans » pour attester le fait que ces indications n’ont pas été
rigoureusement démontrées.

LIMITES DES MÉDICAMENTS A BASE DE PLANTES


Certains médicaments à base de plantes sont déconseillés aux femmes enceintes et allaitante,
aux hyper-tendus.
Divers événements non souhaitables aux conséquences fâcheuses liés à des
préparations à base de plantes médicinales ont été notifiés. Le plus souvent, ces effets
indésirables sont survenus suite a une consommation prolongée de préparations à base de
plantes dénuées du statut de « médicament », mais aussi aux plantes toxiques introduites suite
à des erreurs commises sur la chaîne de commercialisation.
Le risque d’effets indésirables est plus grand chez des patients poly-médicamentés,
lors de la prise de boisson alcoolique, ou chez les malades dont les fonctions rénales et
hépatiques sont diminuées.
Les scientifiques ne considèrent pas les études mentionnées dans la documentation
bibliographique de référence et, les autorités compétentes ne reconnaissent pas toujours
pleinement les médicaments à base de plantes, car les études réalisés sur la matière première
destinée a la fabrication des médicaments prennent comme sources des références
bibliographiques et non pas des essais cliniques.
En dépit de l’utilisation de médicaments à base de plantes pendant de nombreux
siècles passés, seul un nombre relativement petit d’espèces de plantes ont été étudiées pour
d’éventuelles applications médicales.
La production de médicaments à base de plante fait appel à des matériaux d’origine
végétale qui peuvent être le sujet de contaminations ou de détériorations et dont la
composition et les propriétés peuvent être variable selon le lieu de récolte.
Il y a très peu de recherche sur les plantes entières et le processus d’approbation des
médicaments ne prévoit pas les mélanges indifférenciés de produits chimiques naturels, dont
la fonction collective est incertaine.

CONCLUSION
Compte tenu de la nature souvent complexe et variable, du nombre et de la faible teneur en
principes actifs définis de beaucoup de médicaments à base de plantes, le contrôle des
matières premières, le stockage et le traitement de ces produits revêtent une importance toute
particulière.
La complexité des préparations à base de drogues végétales explique aussi les attitudes
diverses et ambiguës des autorités nationales d’autorisation de mise sur le marché par rapport
à l’évaluation de la qualité, de la sécurité et de l’efficacité de ces produits.

La reconnaissance de la valeur clinique, pharmaceutique et économique des médicaments à


base de plantes, continue de croître. Les contrôles législatifs relatifs aux plantes médicinales
n’ont pas évolué autour d’un modèle de contrôle structuré.

7. Toxicité des plantes antidiabétiques


Un toxique, est une substance capable de perturber, immédiatement ou à terme, de
façon passagère ou durable, le fonctionnement normal d'un organisme vivant, pouvant
aller jusqu’à sa suppression complète et amener la mort [Viala et Botta, 2007].
La toxicité des plantes médicinales peut être liée à des mélanges de composés actifs
qu'elles contiennent, leurs interactions avec d'autres herbes, les médicaments et les

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contaminants. Les plantes contiennent des mélanges complexes de terpènes,
alcaloïdes, des saponines et autres substances chimiques. Ce qui augmente le risque de
réactions indésirables par leurs effets additifs ou synergiques des interactions
chimiques [Trevoux et al., 2000 ; Saad et al., 2006].
Plus de 377 espèces associées au traitement de diabète sucré sont considérées toxiques
[Marles et Farnsworth, 1995], ces plantes peuvent entraîner une chute trop brutale de
la glycémie avec malaise hypoglycémique, voire coma, au même titre que l’insuline ou
les autres médicaments hypoglycémiants, surtout si ces plantes sont associées à un
traitement déjà existant et qui équilibrait le diabète.
L'hypoglycémie provoquée est accompagnée d'un effet β-bloquant adrénergique et
d'une hépatotoxicité [Marles et Farnsworth, 1995].
La toxicité est une notion relative et varie en fonction de la partie de la plante
étantextraite ou mangé et les quantités prises. Cependant, il est essentiel que les
composés de l'extrait brut soient testés pour leur toxicité, bien que la plupart des tests
ne mesurent actuellement que la toxicité aiguë. Ces tests ne fournissent pas
d'informations sur les réactions indésirables qui pourraient résulter de l'exposition à
long terme de ces espèces [Soumyanath, 2006].
La toxicité d’une substance au niveau de l’organisme dépend de la nature de la
substance, de la dose et de la durée d’exposition, des différents facteurs liés à
l’individu (sexe, âge, état nutritionnel et hormonal), des facteurs environnementaux et
de l’exposition simultanée ou antérieure à d’autres produits chimiques. Les facteurs
propres à chaque individu peuvent modifier l’absorption, la distribution, l’excrétion,
les transformations métaboliques et la sensibilité du récepteur dans l’organe cible
[Tron et al., 2002].

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