Vous êtes sur la page 1sur 103

2023-2024

CHIMIE ORGANIQUE 4

Synthèses Diastéréoséletives et Asymétriques


Chimie Organique de B, Si, P et S

Equipe pédagogique : Mathieu Branca, Changzhi Dong


(responsable), Bernd Schöllhorn et Nawal Serradji

1
L3 S5, Chimie Organique 4 (CO4) 2023-2024
• Organisation de l’enseignement: 14 (7 x2) h CM et 22 (11 x 2) h TD
• Modalités d'évaluation : 50% CC (25% x 2) et 50% CT pour la session 1
100% Exam de rattrapage pour la session 2

Sommaire
1. Synthèses diastéréoséletives et asymétriques
2. Chimie du Bore
3. Chimie du Silicium
4. Chimie du Phosphore
5. Chimie du Soufre
(Synthèse multi-étapes)
2
Chapitre 1.
Synthèses Diastéréoséletives et
Asymétriques

L3S5, CO4
2023-2024

3
1. Rappel des notions en stéréochimie

• Isomérie (squelette, position, fonction, géométrie et stéréoisomérie)


• Elément stéréogène et chiralité
• Règles de Cahn-Ingold et Prelog (CIP) et configuration absolue (R et S)
• Termes importants en stéréochimie: stéréoisomère, conformère,
énantiomère, diastéréoisomère, mélange racémique, etc
• Représentations de Cram, de Newman, de Fischer, etc
• Propriété optique et pouvoir rotatoire
• Stéréospécificité et stéréosélectivité

Capsule de stéréochimie sur moodle:


https://moodle.u-paris.fr/mod/scorm/player.php?a=212&currentorg=Capsule-
Stereochimie_ORG&scoid=810&sesskey=U1PASiSVEb&display=popup&mode=normal
4
2. Quelques nouvelles notions en stéréochimie
• Prochiralité: une molécule prochirale est une molécule achirale qui
peut être convertie en une seule étape en molécule chirale.
ex: cétones portant 2 substituants différents :

molécule prochirale molécule chirale

• Les faces prochirales d’un atome sp2 sont discriminées en face Re et


Si :
face Re face Re face Si
1 1
ex : (O > R1 > R2): 3 2

2 3
face Si
5
2. Quelques nouvelles notions en stéréochimie
• Chiralité axiale (atropoisomérie): chiralité créée par une entrave à la
rotation due à un blocage ou un encombrement stérique.

ex:
Le R-Binol et le S-Binol sont
2 atropoisomères énantiomères.

R-Binol S-Binol 6
2. Quelques nouvelles notions en stéréochimie
• Un racémique est un mélange 50/50 de 2 molécules énantiomères.
Son activité optique est nulle.
• L’excès énantiomérique (ee) correspond à l’excès d’un énantiomère
par rapport à un autre dans un mélange : ee= (%Enan.Majo) –
(%Enan.mino)
98 : 2 ee=96%

(2S, 3S) (2R, 3R)

• L’excès diastéréoisomérique (ed) correspond à l’excès d’un


diastéréoisomère par rapport à un autre dans un mélange :
ed= (%Dia.Majo) – (%Dia.mino)

75 : 25 ed=50%

(2S, 3S) (2R, 3S) 7


3. Synthèse diastéréosélective
Contrôle thermodynamique, contrôle cinétique
• La formation préférentielle d’un isomère par rapport à un autre se fera soit en
raison de facteurs cinétique soit de facteurs thermodynamiques. On parlera de
contrôle cinétique et de contrôle thermodynamique.

• Le produit qui se forme le plus rapidement est appelé produit cinétique.

• Le produit le plus stable est appelé le produit thermodynamique.

• Des conditions typiques de contrôle cinétique sont une T° basse et un temps de


réaction court.

• Des conditions typiques de contrôle thermodynamique sont une T° élevée et un


temps de réaction long.

• Pour un contrôle thermodynamique, on doit généralement se placer dans des


conditions de réversibilité.

8
3. Synthèse diastéréosélective – contrôle cinétique, contrôle thermodynamique

Contrôle cinétique Contrôle thermodynamique


ETⱡ

ETⱡ

A1
intermédiaire DG1ⱡ DG2ⱡ A2
intermédiaire
Energie

A
DG1° réactif de
B départ
DG2°
Produit
cinétique C
Produit
thermodynamique

Chemins réactionnels 9
3. Synthèse diastéréosélective – contrôle cinétique, contrôle thermodynamique

ETⱡ

A DG1ⱡ
ETⱡ ETⱡ
réactif de
départ B1 DG3ⱡ
intermédiaire
Energie

DG2ⱡ
B
Produit
cinétique
DG°

C
Produit
thermodynamique

Chemins réactionnels 10
3. Synthèse diastéréosélective
Induction asymétrique et effets stériques pour les composés cycliques
Cycles à 4 :

ed = 0 ed = 96 %
ee > 99% (pour chaque dia) ee > 99% (pour chaque dia)

Majo mino

11
3. Synthèse diastéréosélective
Cycles à 5 :

cis : 23% trans : 77%

cis : 98,5 % trans : 1,5 %


-20°C,

ed > 99% ee > 99% ed > 99%

L-selectride :

12
3. Synthèse diastéréosélective
Cycles à 6 :

Parfum floral puissant sans odeur

cis : 8 % trans : 92 %

cis : 93 % trans : 7 %

13
3. Synthèse diastéréosélective
Effet de la distance du centre stéréogène :

ee > 99% ee et ed > 99%

-20°C

ee > 99% ed ≈ 0 ed = 96%

14
3. Synthèse diastéréosélective

Contrôle cinétique et thermodynamique

ed = 80%

Attaque I-Pr Attaque


par par
dessous dessus

chaise I-Pr bateau croisé chaise


haute énergie

15
3. Synthèse diastéréosélective – effets chélatant, composés cycliques

Induction asymétrique, effet des liaisons hydrogènes

cis Majo trans Majo

Attaque ici
si R = H

Attaque ici
si R = Ac

16
3. Synthèse diastéréosélective

Induction asymétrique, effets stériques composés acycliques

2R, ee>99% 1S, 2R, 80% 1R, 2R, 20%

Conformation des composés carbonylés chiraux (modèle de Felkin-Anh) :

Nu Nu
Nu Nu

→ Angle d’attaque du nucléophile sur le C=O : 107° (angle de Bürgi-Dunitz)


→ Attaque du côté le moins encombré
17
3. Synthèse diastéréosélective
Induction asymétrique, effets électroniques
Effet d’un hétéroatome en alpha du C=O sur la conformation :

25 % 75 % + énantiomères

Nu
X perpendiculaire à C=O

Idem avec -OR, -SR, -NR2.


! Si X est un bon groupe partant!
! Si chélation possible entre X et le métal! 18
3. Synthèse diastéréosélective
Induction asymétrique, chélation
"H "
73% 27%

1% 99%

Rotation pour Me
permettre la
chélation

Métaux chélatants : Mg2+, Zn2+, Cu2+, Ti4+, Ce3+…


Métaux non chélatants : Na+, K+, Cs+…
Li+ peut être chélatant 19
3. Synthèse diastéréosélective
Réaction stéréosélective sur les énolates : aldolisation (ET chaise)

-78°C
énolate cis

Etat de transition chaise de Zimmerman-Traxler :

tBu en axial
R en axial
pas le choix

R en équatorial

ETⱡ favorisé
20
3. Synthèse diastéréosélective

Enolates trans :

R en axial

R en équatorial

ETⱡ favorisé

Généralement :

énolate cis

énolate trans
21
4. Synthèse asymétrique – Pool chiral
• Le pool chiral est l’ensemble des composés énantiomériquement
purs (ee > 99%) qui sont facilement disponibles, à grande échelle et à
bas coût.
ex : terpènes acides tartriques
acides aminés

(-)-menthol (+)-camphre L-(+)

sucres alcaloïdes

(D-glucose) (-)-nicotine (-)-éphedrine quinine


22
4. Synthèse asymétrique – Importance de la chiralité

L-DOPA D-DOPA
S-limonène R-limonène
Médicament Aucune
anti-Parkinson activité odeur de citron odeur d’orange

S,S-éthambutol
antibiotique (tuberculose)

Darvon Novrad
analgésique anti-toussif
R,R-éthambutol
rend aveugle 23
4. Synthèse asymétrique – Résolution de racémique
Séparation d’énantiomères:
• Par cristallisation :

Mélange racémique
+
R+S

100% RS 100% S 100% R


92% des cas (racémate) 8% des cas
(conglomérat)
• Par formation de diastéréoisomères
extraction

R-3-butyn-2-amine
cristallise

extraction
3-butyn-2-amine
racémique reste en
solution S-3-butyn-2-amine
24
4. Synthèse asymétrique – Auxiliaire chiral
• Un auxiliaire chiral est un composé énantiomériquement pur
incorporé dans une synthèse organique afin de contrôler la
stéréosélectivité d’une réaction clé.

• Sans auxiliaire chiral:


Réaction
A B
Réactif Produit
achiral racémique

• Stratégie avec auxiliaire chiral X*


Xc* Réaction Xc*
A A-Xc* C*-Xc* C*
Réactif Intermédiaire Intermédiaire Produit
achiral Chiral chiral énantiomériquement
enrichi
25
4. Synthèse asymétrique – Auxiliaire chiral

Auxiliaires chiraux d’Evans

NaHMDS (-78°C), E+ = Me-I 91 9


LDA (0°C), E+ = Bn-Br 99 1

NaHMDS (-78°C), E+ = Me-I 7 93


LDA (0°C), E+ = Bn-Br 2 98 26
4. Synthèse asymétrique – Auxiliaire chiral

Auxiliaire chiral dérivé du camphre, Oppolzer

R = Me, Bn, Allyl… E+ = MeI, BnBr… ed > 97%

Face Si encombrée

camphorsultame Face Re peu encombrée 27


4. Synthèse asymétrique – catalyseurs chiraux

Enzymes :

ee > 99%

Résolution de racémique :

(S)-nicotine
BH3.NH3
non sélectif

(R)-nicotine

racémique → > 99% R

28
Chapitre 2.
Chimie du Bore

L3S5, CO4
2023-2024

29
Le bore
Elément découvert en 1808 par Joseph Louis Gay-Lussac, Louis Jacques Thénard
et Humphry Davis.

Borax Na2[B4O5(OH)4].8H2O Bore pur

30
Le bore
• Configuration électronique : 5B : 1s2 2s2 2p1
• Electronégativité, échelle de Pauling : 2,04 (carbone : 2,55 ; hydrogène : 2,2)

• Energies de liaison (kJ/mol) : B-H B-C B-N B-O B-F


370 320 430 560-790 640
C-H C-C C-N C-O C-F
410 350 310 360 485
p vacante
• Hybridation :
Bore trivalent : sp2, 1 OA p vacante
Bore tétravalent : sp3

diborane (sp3) borane (sp2)

• Propriétés électrophiles/acides de Lewis :

31
Hydroboration
• Réaction découverte par Herbert Charles Brown en 1959 :
1979
• Régiosélectivité anti-Markovnikov :

• Mécanisme concerté, réaction stéréospécifique : syn-addition

32
Hydroboration

Boranes encombrés :

Très lent

thexyl borane
ThBH2

Application : Hydroboration des diènes :

Très lent

Di-sec-isoamyl borane
(disiamylborane)
Sia2BH
33
Hydroboration

9-borabicyclo-[3.3.1]-nonane, 9-BBN :

rapide isomérisation

9-BBN

Effet de l’encombrement sur la régiosélectivité :

BH3.THF 94% 6%
9-BBN 99,9% 0,1%

34
Hydroboration

Isomérisation des alkylboranes :

D D

Isomérisation du thexylborane :

35
Oxydation des organoboranes

hydroboration oxydation

ex :

réaction
stéréospécifique
36
Halogénation/halogénolyse des organoboranes
Addition formelle de HX en sélectivité anti-Markovnikov

Réaction peu efficace

Hydroboration suivie de l’addition de : I2 / NaOMe


Br2 / NaOMe
NCl3

37
Halogénation/halogénolyse des organoboranes

Stéréospécificité :

• Chloration (NCl3) : réaction stéréosélective (face la moins encombrée)

• Bromation ou iodation : réaction stéréospécifique (inversion de la configuration)

38
Amination des organoboranes
Les alkylboranes peuvent être convertis en amines primaires par
des amines portant un groupe partant :
H2N-Cl (chloramine)
H2N-O-SO3H (acide O-hydroxylamine sulfonique)

Rétention de la configuration (Rdt≤66%)

syn-addition formelle de NH3 sur C=C


39
Carbonylation des organoboranes
Réaction du monoxyde de carbone sur un organoborane :

Formation d’aldéhydes ou de cétones :

aldéhyde

cétone

40
Bilan

41
Bilan

• Le bore est électrophile.

• Le bore forme des liaisons B-O fortes et B-C faibles.

• Hydroboration = syn addition d’un borane sur un alcène.

• Régiosélectivité Anti-Markovnikov très élevée.

• Oxydation, amination, carbonylation : rétention de la stéréochimie.

• Hydroboration-oxydation = addition formelle de H2O sur un alcène.

• Hydroboration = réaction stéréospécifique.

• Migrations des groupes alkyles vers O, N et C stéréospécifiques.

42
Hydroboration Asymétrique

(+)-a-pinène (-)-a-pinène

(+)-IpcBH2
(-)-IpcBH2
(+)-isopino-camphéyl-borane

(+)-Ipc2BH
(-)-Ipc2BH
(+)-di-isopino-camphéyl-borane

(S)

(R)
Diastéréoisomère
majoritaire 43
Hydroboration Asymétrique

ee = 21%
ETǂ favorisé

ee = 88%

44
Hydroboration Asymétrique
Ipc-9-BBN :
Réduction asymétrique de carbonyle :

ee = 96%

ETǂ favorisé
45
Allylboranes
Stabilité configurationnelle des allylboranes :

70 % 30 %

Conditions pour l’utilisation des allylboranes :

a) Préparation in situ et à basse température


b) L’isomère majoritaire
c) Substituants pi donneurs (+M) sur B
d) Réaction avec des groupes carbonyles

46
Allylboration

ETǂ chaise

Allylboration asymétrique

(+)-artemisia alcool
ee = 95%
47
Allylboration asymétrique

48
Chapitre 3
Chimie du Silicium

L3S5, CO4
2023-2024

49
Le silicium
Elément isolé en 1823 par Jöns Jacob Berzelius. Elément le plus abondant de la
croûte terrestre après l’oxygène, principalement sous forme de silice (SiO2)

1900°C
SiO2 + 2C 2CO + Si

Production mondiale (2010) : 1,76.106 tonnes

Réserves illimitées

50
Le silicium
• Configuration électronique : 14Si : [Ne] 3s2 3p2 3d0
• Electronégativité, échelle de Pauling : 1,90 (carbone : 2,55 ; hydrogène : 2,2)

• Energies de liaisons (kJ/mol) : Si-H Si-C Si-O Si-Cl Si-F


320 320 450 390 585
C-H C-C C-O C-Cl C-F
410 350 360 330 485
(Si-Si 220)

• Si oxophile et fluorophile, formation de ces liaisons favorable.

• Liaisons doubles (p) avec le silicium quasi-inexistantes.

51
Le silicium
• Longueurs des liaisons (Å) :

Si-H Si-C Si-O Si-Cl


1,48 1,89 1,63 2,05
C-H C-C C-O C-Cl
1,09 1,53 1,41 1,78

• Conséquence: Le groupe est moins encombrant que

52
Le silicium : effets électroniques
• Effet b : Stabilisation des carbocations en position b:
b a

Hyperconjugaison :
OM s pleine

OA p vide

• Recouvrement de l’OA p du C+ b avec l’OM s entre Si et C a

• Recouvrement maximum si p b et s dans le même plan : impossible pour les dérivés


cycliques

53
Le silicium : effets électroniques
• Effet a : Stabilisation des carbanions en position a:
a

d vide s* vide
sp3 pleine sp3 pleine

• Recouvrement de la liaison C-M en a avec une OA d du Si

• Recouvrement de la liaison C-M en a avec une OM s* d’une liaison Si-C

54
Protection des alcools

• Bon groupe partant X: -Cl, -OTf

• Base: pour neutraliser le HX qui se forme: pyridine, triéthylamine

• Catalyseur nucléophile, accélère la réaction : DMAP, pyridine

• Déprotection avec des ions fluorures F : HF, NaF, NBu4F (réactif le + courant)

55
Protection des alcools

• Exemple de séquence réactionnel :

56
Protection des alcools
• Réactifs de silylation courants :

TMSCl TESCl TBDMSCl TIPSCl TBDPSCl

encombrement stérique croissant

1 10-1/10-2 10-4 10-5 10-6

vitesse relative d’hydrolyse acide


des éthers silylés correspondants

• Faible stabilité des éthers de TMS (IR<IIR<IIIR): hydrolyse en milieu acide et basique,
ou en présence de nucléophile fort.

57
Protection des alcools
• Protection sélective, dépendant de l’encombrement stérique :

ex: synthèse des prostaglandines

ex: protection sélective d’alcool primaire

58
Protection des alcools
• Déprotection sélective :

59
Réarrangement de Brook (1956)
• Moteur de la réaction : affinité du silicium pour l’oxygène

[1,2] silyl migration :


transposition
Réarrangement
de Brook

(rétro Brook)

Intermédiaire pentavalent du silicium:

[1,3] et [1,4] silyl migration :

Brook

60
Réarrangement de Brook

• Exemples :

61
Elimination de Peterson (1968)
• Formation de double liaisons C=C :

Acide Base

Me3Si-OH Me3Si-O
H3O

• Oléfination de Peterson:

Elimination
de
Peterson

Effet a du silicium 62
Elimination de Peterson

• Synthèse du b-gorgonène :

Stéréosélectivité de la première étape :

• Synthèse stéréocontrôlée de diènes :

63
Allylation de Hosomi-Sakurai (1976)
• Allylation d’espèces électrophiles :

g a
Carbocation stabilisé
(effet b)

= proton, carbonyle, époxyde, chlorure d’acide…

• ex :

64
Allylation de Hosomi-Sakurai

• Applications :

65
Hydrosilanes
• Liaison Si-H plus faible que C-H, polarisation différente :

Si 1.90
Electronégativités : C 2.55
d+ d- d- d+ H 2.20

Réducteur potentiel par donation d’hydrure

• Hydrogénation ionique : réduction de carbocations intermédiaires

AE

E1

66
Hydrosilanes

• Exemples :

• Réduction de carbonyles :

67
Hydrosilylation

• Addition de Si-H sur un alcène ou un alcyne, nécessité d’un catalyseur :


Catalyseur de Speier

Addition anti-Markovnikov, réaction non stéréospécifique

• Cycle catalytique :

MeCl2Si-H

68
Hydrosilylation

• Exemples :

Produits anti-Markovnikov Majo


Mélange de dias

• Oxydation de Tamao :

69
Chapitre 4
Chimie du Phosphore

L3S5, CO4
2023-2024

70
Le phosphore
Elément isolé en 1669 par Hennig Brandt à partir de l’urine. Elément peu présent dans
la croûte terrestre mais très important pour le vivant (6ème élément du corps humain)

phosphore blanc (P4) phosphore rouge (Pn)

Production mondiale (2011) : 191.106 tonnes (phosphates)

Réserves limitées, pénurie possible…

71
Le phosphore
• Elément indispensable au vivant :

ADN ATP

• Importance des composés organophophorés :

Glyphosphate Ténofovir
Gaz sarin BINAP
(Roundup) (anti-VIH) 72
Le phosphore

• Configuration électronique : 15P : [Ne] 3s2 3p3 3d0


• Electronégativité, échelle de Pauling : 1,90 (carbone : 2,55 ; hydrogène : 2,2)

• Energies de liaisons (kJ/mol) : P-H P-C P=O P-O


320 260 823 500
N-H N-C C=O C-O
390 305 740 350

• P oxophile, oxydation de R3P en R3P=O souvent moteur des réactions

• Phosphines + nucléophiles que les amines, mais moins basiques

pKa = 9.8 pKa = 8.7

73
Le phosphore

• Phosphore trivalent, PR3 :

Très bonne stabilité conformationnelle (NR3)


DGinversion ≈ 160 kJ/mol, énantiomères isolables.
Molécules sensibles à l’oxydation

• Phosphore tétravalent, PR4 :

Sels de phosphonium

• Phosphore pentavalent et hexavalent (dépasse l’octet) :

pentachlorure de phosphore hexafluorophosphate


74
Le phosphore

• Nomenclature R3P trialkylphosphine

R3P=O oxyde de trialkylphosphine

(RO)3P trialkylphosphite

(RO)3P=O trialkylphosphate

(HO)3P=O acide phosphorique

O
=

R-P(OH2) acide alkylphosphonique

cyclophosphétane

phospholane

Hexaméthylphosphorique triamide (HMPT/HMPA)


75
Phosphines : Basicité
• Bases de Brönsted moins fortes que les amines

• La basicité augmente fortement avec la substitution :

pKa pKa pKa


NH3 9.2 PH3 -14 Ph3P 2.73
MeNH2 10.5 MePH2 -3.2 (p-MeO-Ph)3P 11.4
Me2NH 10.6 Me2PH 3.9 Cy3P 9.7
Me3N 9.8 Me3P 8.65 t-Bu3P 11.2
Ph3N -5

• Base de Lewis

76
Phosphines : Nucléophilie
• Nucléophiles plus puissants que les amines, peuvent même attaquer des centres
riches en électrons :

k1

k1 > 500 k2
k2

• Nucléophilie décroissante (R = groupe alkyle) :

R3P > R2PH > RPH2 > PH3

PPh3
77
Halogénation d’alcools
• Halogénation d’alcool, rappel :

• Problème : conditions dures (D), conduisent fréquemment à une racémisation et à


des réarrangements :

SN 2
SN 1 SN 1

78
Halogénation d’alcools

• Méthode d’halogénation dans des conditions douces :

PPh3/X2
Type SN2
ou
Inversion de la configuration
PPh3/CX4

• Réactifs :

(X=I, stable) (X=Cl)

P électrophile Base
79
Réaction de Corey Fuchs
• Séquence de réaction qui permet de transformer un
aldéhyde en alcyne :
1. Formation d’un ylure de phophore/phosphonium :

1990
Ylure de phosphore
2. Formation d’une dibromo-oléfine :

3. Formation de l’alcyne :

80
Réaction de Mitsunobu (1967)
• Substitution d’un groupe hydroxyle par divers nucléophile avec inversion
de la configuration. Activation in situ puis SN2 :

DEAD :

diéthylazodicarboxylate

Nu-H : R-CO2H, Ar-OH, R-OH, R-SH, H-N3, , H acide

R-OH : primaire ou secondaire

81
Réaction de Mitsunobu

• Applications :

• Inversion

Rétention

Inversion

Méthode classique, 2 étapes :

Inversion

82
Réaction de Staudinger (1919)
• Méthode douce de formation des amines :

1953

Iminophosphorane Staudinger
(aza-ylure)

• Permet également la formation d’amide et d’imine :

83
Réaction de Wittig (1954)
• Réaction d’un ylure de phosphore avec un carbonyle :
Préparation des ylures de P :

Réaction de Wittig : 1979

cis ou trans

Type d’ylure

Stabilité Non-stable, in situ Semi-stable, in situ Stable, isolable

Base Na/KHMDS, NaH… NaOEt, NaOH NaOH

Stéréosélectivité cis (≥90%) mix cis/trans trans (≥90%)


84
Réaction de Wittig
• Sélectivité cis (ylure non stabilisé) :

bétaïne

rapide
Produit
cinétique
MAJO
Oxaphosphétanes

Produit
rapide thermodynamique
mino

bétaïne
85
Réaction de Wittig
• Sélectivité cis (ylure non stabilisé) : cycloaddition [2+2]

cis Z
ETǂ : approche orthogonale

• Conditions opératoires :

- Basse température
- Base forte, conditions sans sel (bases de Na ou K)
- Solvant aprotique polaire (DMSO, DMF, HMPT)

86
Réaction de Wittig
• Modification de Schlosser (1966) :
trans Majo

lithio-bétaïne oxydo-ylure

MAJO

87
Réaction de Wittig
• Modification de Horner-Wadsworth-Emmons (1958), sélectivité trans :

produit
thermo
BuLi, ≠ ylure
NaH
(ou cétone) ou t-BuOK

MAJO

• Synthèse des dialkylphosphonates (Michaelis-Arbuzov) :

88
Chapitre 5
Chimie du Soufre

L3S5, CO4
2023-2024

89
Le soufre
Elément connu depuis l’antiquité car présent à l’état natif (S8). Reconnu comme
élément pur par Lavoisier en 1777.

Production mondiale (2011) : 69.106 tonnes

Réserves abondantes
Io, lune de Jupiter
90
Le soufre

Elément essentiel à la vie, présent dans les protéines :

L-méthionine L-cystéine
Glutathion

Importance des composés organosulfurés:

Disulfure d’allyle Pénicillines Sultiame


(ail) (antibiotiques) (anti-convulsif)

91
Le soufre
• Configuration électronique 16S : [Ne] 3s2 3p4 3d0
• Electronégativité : 2,58 (C : 2,55 ; O : 3,44), liaison C-S non polaire

• Energie de liaison (kJ/mol) : S-H S-C S-S S-F


350 360 300 330
O-H O-C O-O O-F
460 360 150 190
C-H C-C C-F
410 350 480

• Soufre di-, tetra- et hexa-valent, degrés d’oxydations +II, +IV, +VI :

SII SIV SVI

92
Le soufre

• Nomenclature R-SH thiol, mercapto-alcane

disulfure

sulfoxyde

sulfone

sulfonamide

acide sulfonique

thiocétone

thioamide

93
Thiols
• Acidités, comparées aux alcools :

pKA : R-SH 9-12 R-OH 15-18


Et-SH 10,5 Et-OH 16
Ph-SH 6,5 Ph-OH 10
Ac-SH 3,3 Ac-OH 4,7

• Nucléophilie : très bon nucléophiles, supérieurs aux alcools :

R-SH > R-OH et R-S > R-O

94
Thiols
• Préparation :

• Disulfures :

oxydation des thiols :

• Fonctionnalisation de surface (SAM) :

95
Thioacétals
• Formation et réactivité :

• Umpolung = inversion de polarité :

d
Site électrophile Site nucléophile
96
Sulfoxydes
• Formation :

≡ +

[O]= NaIO4, H2O2, m-CPBA (1 éq.)

• Utilisation en synthèse :

Biotine
(vitamine B8)

97
Sulfoxydes

• Réduction en thioethers :

Anhydride triflique (Tf2O) :

98
Sulfoxydes

• Oxydation de Swern :

Alcools IR Aldéhyde

Alcools IIR Cétone

• Mécanisme :
a) Activation du DMSO :

chlorosulfonium
b) Oxydation, passage par un ylure de soufre :

Ylure de sulfonium 99
Sulfones
• Formation :

[O]= KMnO4, H2O2, m-CPBA (excès)

• Utilisation en synthèse :

pKA=30

100
Sulfones
• Oléfination de Julia, formation d’alcène E :
Marc Julia

Mélange de dias

E majo
101
Ylures de soufres
• Formation :

Ylure de sulfonium

Ylure de sulfoxonium

ylure de sulfonium et sulfoxonium


formation de cyclopropane et epoxyde

102
Composés thiocarbonylés
Réactif de Lawesson :

Transformation de carbonyles en thiocarbonyles

Composés thicarbonylés beaucoup plus réactifs que leurs homologues oxygénés.

103

Vous aimerez peut-être aussi