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Dr SYLVIE

DIEU OSIKA
Pédiatre experte

Les des écrans

écrans pour les utiliser


en famille de manière
raisonnée
r Sylvie Dieu Osika
D

Les
écrans
Pour plus de conseils et d’astuces, rendez-vous sur :

La boîte à outils des familles uni(qu)es


Développement de l’enfant, scolarité, vie quotidienne ou activités,
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Bébés et écrans : « Avant 3 ans, Aider l’enfant à se


un vrai danger ! les écrans détacher des écrans :
n’apportent rien » le panier à écrans

6 - 10 ans 6 - 10 ans 6 - 10 ans

Les écrans : prendre Nos loisirs ont 10 bonnes pratiques


conscience de de plus en plus pour se détacher
nos habitudes un goût électronique des écrans
De la même autrice
L’autrice:
Sylvie
Dieu
Osika
surexpositionecrans.org

Le Docteur Sylvie Dieu Osika a été interne et


chef de clinique des Hôpitaux de Paris en pédiatrie
pendant 10 ans. Depuis 1997, elle est attachée de
pédiatrie à l’hôpital Jean-Verdier APHP à Bondy et
exerce en libéral à Rosny-sous-Bois où ses consul-
tations sont très axées sur la parentalité. Mère de
cinq enfants, mariée à un pédiatre, la question des
écrans est l’un de ses thèmes de prédilection. Elle
est, à cet égard, l’un des membres fondateurs du
collectif CoSE : surexpositionecrans.org. Elle a créé
également la première consultation hospitalière
pour des enfants présentant des symptômes liés
à une exposition précoce et excessive aux écrans.

5
Sommaire

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

PARTIE I : Les enjeux d’un usage raisonné . . . . . 18

PARTIE II : Les 10 clés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

1
Clé n° : Interrogez-vous sur vos propres
habitudes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36

2
Clé n° : À chaque âge, une durée
maximale conseillée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44

3
Clé n° : Bannissez les écrans le matin,
quel que soit l’âge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54

4
Clé n° : Renouez avec les repas familiaux
traditionnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62

6
Sommaire
5
Clé n° : Évitez les écrans le soir au moins
une heure avant le coucher . . . . . . . . . . . . . 68

6
Clé n° : Placez les écrans de la maison
dans des endroits stratégiques . . . . . . . . . . 78

Clé n° 7 : Contrôlez les contenus visionnés. . . 84


Clé n° 8 : Proposez un accompagnement
constructif et enrichissant . . . . . . . . . . . . . . . 94

Clé n° 9 : Éteignez les écrans après usage. . 104


Clé n° 10 : Des solutions efficaces pour
un retour au calme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110

Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
Ressources utiles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
Les règles d’or de la charte familiale. . . . . . . 122
7
Introduction
Introduction

« Hier, notre petit garçon s’est roulé par terre quand


nous avons voulu arrêter la télévision (cela faisait
pourtant plus d’une heure qu’il était devant son
épisode préféré de super-héros). » ; « Ce matin,
nous avons retrouvé sous le lit de notre plus grande
le téléphone portable qui aurait dû être sagement
rangé dans le bureau… » Que se passe-t-il donc avec
cet objet étrange ? Comment devons-nous nous
positionner, nous qui (avouons-le) passons aussi
beaucoup de temps à échanger avec nos amis sur
nos portables ?

9
Chers parents, si vous avez ce livre entre les mains,
c’est que, comme nous pédiatres, vous vous posez
des questions sur ce nouvel objet qui a envahi notre
quotidien : ce que l’on nomme communément un
écran. Cet ouvrage va essayer de vous donner des
clés pour vous y aider.

Une présence explosive


Depuis 1995, date d’arrivée de l’Internet en France,
notre vision du monde a changé. En quelques
secondes, on obtient toutes les informations que
l’on souhaite. Depuis 2007, les smartphones ont
envahi notre quotidien et, depuis 2010, les tablettes
sont présentes dans de nombreux foyers. Depuis
2013, le téléchargement par la 4G permet d’ob-
tenir tout ce qui peut se voir et s’entendre dans
le monde. 89 % des Français sont connectés à
Internet en 2021. Nous sommes dans un système
hyperconnecté, nomade et multi-écrans. Quasiment
toutes les familles possèdent « ce pouvoir » et, par
conséquent, les enfants, dès le plus jeune âge, ont
accès à cet objet. Le monde est dans leur main !
C’est vertigineux.

10
De plus, ces nouveaux objets connectés sont

Introduction:
apparus en un temps record. C’est un phénomène
inédit dans toute l’histoire industrielle. On estime
aujourd’hui que, s’il a fallu plus de 38 ans à la radio
pour toucher 50 millions d’utilisateurs, il a fallu
moins de 80 jours au dernier iPad® pour toucher
la même population ! Tout va très vite, et il est
inévitable que nous nous sentions toujours un peu
dépassés.

Des objets qui brouillent


les interactions...
Ces objets numériques font partie de notre espace
et donc de l’espace éducatif dans lequel baignent
nos enfants. Or, ils ne sont pas anodins. Nos enfants
grandissent aujourd’hui dans ce nouvel univers, qui
modifie très profondément les interactions entre
les uns et les autres. « Interaction » : le mot-clé est
lâché… Toutes les clés qui suivront feront une large
place à cette notion essentielle au développement
du langage du petit et à la vie sociale du plus grand
et qui est pourtant tellement mise à mal par ces
nouveaux objets.

11
… alors que l’enfant est
en devenir
S’il est une chose qui semble être oubliée de plus
en plus, c’est que l’enfant a des besoins particuliers
et qu’il n’est pas un adulte en miniature. Durant les
toutes premières années, il doit acquérir des compé-
tences complexes : le langage, bien sûr, mais aussi
des capacités motrices globales (marcher, courir,
sauter) ; des capacités motrices fines (manipuler,
dessiner) ; des capacités émotionnelles et sociales
(apprendre à attendre, à partager et à écouter).
Tout cela demande du temps, des échanges et l’at-
tention constante de l’entourage. Durant les années
suivantes, c’est la lecture, puis les apprentissages
de l’école qui vont devoir être acquis : les efforts
cognitifs de toute cette période sont intenses et l’en-
fant ne peut progresser que s’il est en permanence
soutenu et accompagné dans ces apprentissages.
Il est donc essentiel de se souvenir que cet objet
numérique, que nous connaissons avec nos compé-
tences, notre savoir et nos limites, n’est pas le même
objet pour un enfant de 2 ans qui doit apprendre à
parler, pour un plus grand qui commence à lire ou
pour un adolescent qui découvre la sexualité, et que
ce temps d’écran est pris sur le temps disponible
pour les autres activités.

12
Des objets dont on connaît

Introduction:
déjà les effets
Dès le plus jeune âge, l’exposition aux écrans est
source de difficultés dans le développement psycho-
moteur du bébé. Le temps passé devant l’écran est
du temps volé à toutes les autres activités indispen-
sables au développement de l’enfant. Quel que
soit son âge jusqu’à l’adolescence, voire l’âge adulte
compris, des troubles divers (sommeil, caractère,
attention…) sont observés. On ne peut pas s’empê-
cher de consulter son téléphone, sa boîte mail… Une
réelle dépendance (certains parlent d’addiction)
s’installe à tout âge. Vous avez sans doute observé
la détresse et la colère qui submergent votre enfant
quand vous lui retirez son écran ! Et sa demande
répétée pour reprendre l’écran jusqu’à temps que vous
craquiez ! De même, les réseaux sociaux (Facebook®,
Twitter®, Instagram®, Snapchat®…), les jeux en ligne,
les vidéos des Youtubeurs et les séries, cette offre
variée toujours enrichie, nous entraîne dans une
dépendance dont nous sommes tous victimes et
notamment nos adolescents. Le cyberharcèlement,
la pornographie et les contacts avec les inconnus
sont autant de sujets d’inquiétude. Laisser l’accès
à la toile sans contrôle en fonction de l’âge, c’est
comme laisser la porte grande ouverte de sa maison.

13
Sans contrôle sur le temps passé et sur la qualité
de ce que visionnent nos enfants, de nombreux
problèmes peuvent apparaître. Nous exposons ces
derniers dans la première partie de ce livre.

Trop peu de
recommandations claires
Si la place grandissante des écrans est une réalité de
plus en plus évidente, notre pays se montre pour le
moment en retard sur les messages de prévention,
là où les académies américaines ou canadiennes de
pédiatrie énoncent des recommandations claires
depuis plusieurs années. Plus étonnant, les avis d’ex-
perts sont parfois contradictoires ou encore peu
pratiques. Nous sommes souvent déconcertés devant
le peu de conseils applicables qui sont avancés, alors
qu’il n’y a rien de plus concret que les questionne-
ments des parents. « Est-ce que Dylan, 2 ans, peut
apprendre l’anglais en regardant des comptines ? » ;
« Combien de temps Kenza peut-elle regarder en
boucle son dessin animé préféré ? » ; « À quel âge
Benjamin peut-il avoir un téléphone connecté sur
le Wifi familial ? »

14
Introduction:
La captologie, vous connaissez ?

Bon · Science créée par B. J. Fogg en


1998 à Stanford, la captologie est
à savoir appliquée sur toutes les plateformes,
de YouTube® à Instagram®. Fogg,
entouré de neuropsychologues, s’est
posé la question suivante : comment
faire pour que les ordinateurs
puissent changer ce que pensent
et font les gens ? Des mécanismes
variés, créés à partir de données des
sciences cognitives sur la dépendance
(et notamment sur le circuit de la
récompense dit « de la dopamine »),
sont utilisés pour nous rendre
« accros ». Ces diverses manipulations
impliquant tout aussi bien le design
des applications que les algorithmes
qui y sont associés visent à allonger le
temps d’exposition et de recherches
sur Internet tout en enregistrant un
maximum de données personnelles
pour aider à cibler la publicité.

15
Des solutions
Pas de panique ! On peut mettre en pratique
10 clés pour maîtriser ce nouvel objet. Dans une
famille, un mode d’emploi d’utilisation de l’écran est
nécessaire pour les enfants et nous vous donnons
des pistes. Pour gérer au mieux cette révolution
numérique qui s’installe dans tous les foyers, il faut
d’abord faire un point sur le comportement des
adultes qui entourent l’enfant, c’est-à-dire 10 ques-
tions à se poser que vous trouverez dans la clé n° 1,
p. 36.

Bon · Cet ouvrage a pour objectif de


vous informer sur les méfaits aux

à savoir
différents âges des écrans, de vous
aider à réguler leur utilisation, voire
la supprimer pour les tout-petits,
et de vous proposer une utilisation
raisonnée et enrichissante pour
les plus grands.

16
Introduction
En analysant (honnêtement !) nos habitudes face
aux écrans, nous serons plus efficaces pour mettre
en place de bonnes pratiques. À faire le plus tôt
possible, dès l’arrivée de bébé si possible et, bien
sûr ensuite, quelle que soit la structure familiale. En
expliquant aux plus grands les problèmes engen-
drés par l’exposition aux écrans et le fait que, vous-
même, vous vous êtes questionné sur votre attitude,
vous avancerez pas à pas. Alors, à quand la réunion
familiale (voire élargie aux grands-parents, à la
baby-sitter…) pour en parler ? À vos agendas !

17
Partie
1
L e s e n j e ux
d’u n u s a g e
raisonné
Sur le langage
Sur le sommeil
et sur
l’apprentissage

Constats et
répercussions
des écrans sur
les petits et
les grands

Dans la vie
quotidienne
Les risques
d’addiction
Partie 1 : Les enjeux d’un usage raisonné
Quelques chiffres
De quels écrans parle-t-on ? En France, en 2021,
on estimait à six le nombre d’écrans dans un foyer.
Ce nombre augmente rapidement dans chaque
foyer, car de nombreux membres de la famille ont un
téléphone, une tablette, voire un ordinateur portable
pour chacun des membres (parents, adolescents), et
parfois plusieurs téléviseurs dans une même famille.
Par écran, on entend donc l’ordinateur, la tablette,
le smartphone, la télévision et les consoles de jeux
vidéo. La téléphonie mobile (tablette, portable,
ordinateur…) permet un accès à Internet 24 heures
sur 24, avec une offre pléthorique de services :
e-mails, forum, blog, YouTube®, Skype® et autres
messageries instantanées (Facebook®, Twitter®,
Instagram®, Snapchat®…), etc.

21
Aux États-Unis, en 2020, plus d’un enfant de
moins de 2 ans sur quatre regarde plus d’une
heure par jour un écran. Mais heureusement, 56 %
des enfants de moins de 2 ans ne regardent pas
les écrans. On rappelle qu’il est recommandé
par l’académie américaine de pédiatrie de ne
pas mettre les moins de 2 ans devant les écrans.
Pour la tranche d’âge 0-8 ans, en moyenne 24 %
des enfants regardent les écrans plus de 4 heures
par jour, 14 % 2 à 4 heures par jour et 27 % entre
1 à 2 heures par jour. Ils regardent essentiellement
la télévision.
En 2019, entre 8 et 12 ans, le temps d’écran varie
entre 4 h et 6 h par jour et entre 13 et 17 ans
de 6 h 30 à 8 h 30 ! Ils regardent essentiellement
des vidéos, YouTube® et les réseaux sociaux. À
noter que le temps d’écran lié à l’activité scolaire
varie entre 20 et 60 minutes seulement. (Source :
common sense media)
En France, en 2021, les 0-2 ans regardent les
écrans 3 h par jour ! Entre 3 et 6 ans, le temps passé
est d’environ 3 h 30. La télévision est le support le
plus utilisé avant le smartphone. L’étude ne donne
pas la proportion d’enfants de moins de 2 ans qui ne
regarde pas les écrans mais on sait que seulement
10 % des parents respectent les recommandations.

22
On rappelle pourtant qu’il est noté dans le carnet

Partie 1 : Les enjeux d’un usage raisonné


de santé depuis 2018 de ne pas exposer les enfants
aux écrans avant 3 ans. Les enfants de 7 à 10 ans y
passent 4 h 30 par jour en moyenne et les 11-14 ans
8 h 30 en moyenne dont 2 h 30 sur le smartphone.
Les 15-17 ans sont en moyenne à 10 h par jour.
Le confinement a entrainé une augmentation du
temps d’écran notamment chez les plus de 11 ans.
Les vidéos, les jeux vidéo et les réseaux sont en tête
des activités Internet des enfants.
Les réseaux les plus consultés sont en premier
YouTube® puis Snapchat®, TikTok® et enfin Instagram®.
61 % des enfants naviguent sur des sites ou des appli-
cations que les parents croyaient adaptés alors qu’ils
y ont vu des images choquantes. (Source : UNAF)
On rappelle que 14 % des contenus du Net sont
à caractère sexuel et que 4 % des sites Web sont
pornographiques.
L’accès aux plateformes pornographiques n’est pas
réglementé et tout enfant naviguant sur Internet
peut se retrouver sur un site pornographique.
Parfois, des pop-up avec des images choquantes
s’ouvrent sans prévenir et peuvent entrainer des
traumatismes psychiques.

23
20 % des enfants dès 6 ans ont été confrontés à
une situation de cyberharcèlement (les filles sont
trois fois plus touchées que les garçons). La majo-
rité des enfants ne protègent pas leurs données
personnelles et des photos dénudées (aussi
appelées nudes) ou d’autres images personnelles
peuvent circuler sur l’ensemble de la planète. Les
jeux vidéo sont également des situations à risque ;
près de la moitié des 11-15 ans jouent à des jeux
interdits aux moins de 18 ans.
À côté d’avantages incontestables, les risques sont
donc multiples ; il faut donc informer nos enfants
bien avant que le smartphone ne soit dans leur main,
les éduquer au numérique, les prévenir des risques,
s’assurer de la poursuite d’un dialogue et les protéger
notamment à l’aide du contrôle parental.
Que de points sur lesquels nous devons, parents,
nous questionner : le temps passé devant l’écran, le
contenu, le contexte, l’interactivité… Sans prise de
conscience ni connaissance des effets d’une expo-
sition inadaptée aux écrans, les enfants peuvent
présenter des difficultés plus ou moins sévères
dans les différents domaines de leur développe-
ment (langage, socialisation, apprentissage…).

24
Les constats sur

Partie 1 : Les enjeux d’un usage raisonné


les répercussions
Dès les premiers mois, votre enfant est exposé aux
écrans de façon directe (votre tablette, votre smart-
phone) ou indirecte (votre télévision, vos ordina-
teurs). On sait que cette exposition peut entraîner
de nombreux problèmes sur le développement de
l’enfant : sur le langage, sur les apprentissages, sur
l’attention et la concentration, sur les interactions,
sur le caractère, sur le sommeil, sur l’alimentation…
D’autres effets sont constatés sur le maintien d’un
index de masse corporelle (IMC) correct, sur la vue,
sur les capacités physiques, sur l’équilibre alimen-
taire, sur les risques d’accidents domestiques ou sur
la voie publique…

25
• Sur le langage
On sait que les enfants de moins de 12 mois exposés
2 heures par jour à la télévision ont un retard de
langage. L’apprentissage du langage est plus effi-
cace et plus fluide quand les enfants apprennent en
interaction avec une personne réelle. Les échanges
qui ont un rôle majeur dans le développement du
langage et de l’expression orale sont réduits en cas
d’exposition aux écrans, même quand la télévision
est en arrière-plan. Votre enfant apprend à parler
si vous lui parlez (dans votre langue maternelle de
préférence) et que vous réagissez à ses mimiques, à
ses gazouillis, puis aux onomatopées qu’il commen-
cera à dire… puis aux mots.
Un enfant laissé seul devant l’écran n’apprend
pas ; il sait tout juste répéter sans comprendre le
sens (il saura compter en anglais mais ne saura
pas que two est « deux » par exemple). Une étude
d’un grand groupe d’enfants de 6 mois à 2 ans a
montré un retard de langage d’autant plus impor-
tant que l’enfant est longtemps devant les écrans
portables. Une autre étude à Toronto en 2017 a
mis en évidence que, pour chaque augmentation
du temps d’écran portable de 30 minutes par jour,
le risque que l’enfant souffre d’un retard de langage
augmentait de 49 %.

26
• Sur l’apprentissage

Partie 1 : Les enjeux d’un usage raisonné


Votre enfant a besoin de toucher, de manipuler
et d’explorer le monde matériel qui l’entoure.
Il utilisera alors correctement ses doigts. Cette
exploration permet une motricité fine correcte,
ce qui prépare notamment à l’écriture. Le passage
de la deuxième dimension (l’écran) à la troisième
(la réalité) est difficile quand l’enfant n’apprend
que sur les écrans. L’impact d’une surconsomma-
tion des écrans se fait également ressentir sur la
concentration et sur l’attention. Enfin, le sommeil
est perturbé, ce qui aggrave les troubles de l’atten-
tion et de la concentration.

• Dans la vie quotidienne


On constate d’autres problèmes en lien avec
l’exposition aux écrans : prise de poids et
déséquilibre alimentaire (dès 1 heure d’écran par
jour chez les 2-6 ans, on constate des effets néfastes
sur leur régime alimentaire), augmentation des
accidents de la route et des accidents domestiques
(intoxication, brûlures du fait d’une moins bonne
surveillance des enfants), diminution des capacités
physiques (moins d’exercices physiques, encore un
temps volé !), anomalie de la vue (recrudescence
des myopies)…

27
Du fait de leur dimension addictive, l’exposition aux
écrans entraîne différents effets négatifs relatifs au
temps perdu pour les activités essentielles selon
l’âge de l’enfant. De fait, les écrans les privent de
l’exploration du milieu qui les entoure, de l’échange
par le regard ou par la parole avec les personnes
proches, des activités physiques de leur âge (courir,
sauter, faire du vélo…). Ce temps volé aux diffé-
rentes activités doit être redéfini ou, dans tous
les cas, rééquilibré.

28
La notion d’addiction à l’écran

Partie 1 : Les enjeux d’un usage raisonné


est de plus en plus d’actualité
Quel que soit l’âge, vous avez sûrement constaté
des colères impressionnantes du petit enfant
lorsque l’écran lui est retiré, une rancœur et une
détresse de l’adolescent sevré de son jeu vidéo, un
état de manque quand l’écran n’est plus au centre
des activités. On entend certains parents dire :
« Il est accro » ; « Il est en manque » ; « L’écran
va le calmer et arrêter sa colère. » Aucun autre
objet n’entraîne dans l’univers de l’enfant de telles
émotions ! L’écran n’est pas un jouet comme un
autre, il happe l’attention de l’enfant, le maintien
dans une dépendance. Pour les plus grands, les
réseaux sociaux et les jeux vidéo entraînent ces
mêmes effets. Se développe également un besoin
d’être stimulé par ce biais. L’enfant s’habitue à
être stimulé par ce moyen et en redemande plus
encore. La boucle du circuit de la récompense
s’est refermée : l’adolescent, mal dans sa peau,
accède, grâce aux jeux vidéo (où il excelle bien plus
qu’à l’école) à une reconnaissance qui lui manque
et trouve donc une raison supplémentaire de s’y
adonner. Tout ceci correspond à un processus d’ad-
diction que l’on voit à tout âge.

29
Un autre élément est à prendre en compte : la
personnalité de chacun. Très clairement, probable-
ment comme dans d’autres processus addictifs, le
profil de la personne rentre en ligne de compte dès
le plus jeune âge. Si vous avez plusieurs enfants, vous
observez sûrement que chacun réagit différemment
à l’écran. Certains s’y intéressent, mais passent à
une autre activité. D’autres restent dans leur bulle
et n’en décrochent plus. Plus âgées, les filles sont
très adeptes des réseaux sociaux et les garçons des
jeux en ligne. Il est donc important d’être vigilant
quant à la personnalité de votre enfant, pour mettre
en place des règles qui devront être d’autant plus
fermes qu’il semble être « accro ».
L’écran doit avoir une dimension de préférence
éducationnelle et non occupationnelle. Plus vous
êtes vigilant sur le contenu, la durée d’utilisation et
le temps à l’accompagnement que vous y consacrez,
plus cette activité sera maîtrisée et n’interférera pas
négativement sur la vie quotidienne. Pour ne pas
tomber dans tous ces pièges, de bonnes habitudes
doivent être mises en place très tôt.

30
Dans la seconde partie de cet ouvrage, les 10 clés

Partie 1 : Les enjeux d’un usage raisonné


qui suivent proposent des solutions simples, rapides
et efficaces pour utiliser de manière raisonnée les
écrans. Certaines clés s’adressent particulièrement
aux plus jeunes, d’autres aux adolescents et enfin
d’autres encore aux adultes que nous sommes. La
toute première clé a été pensée pour que chacun
s’interroge en premier lieu sur l’utilisation des
écrans par les différents membres de la famille. Sa
finalité est de prendre conscience, sans jugement
ni culpabilisation, de sa propre situation afin de
trouver au mieux les solutions adéquates selon les
divers schémas familiaux.

31
La technoférence :

Bon vous connaissez ?


· C’est un terme inventé par

à savo ir Brandon Mc Daniel en 2012 qui


désigne aujourd’hui les effets de
rupture que provoquent les écrans
dans les interactions familiales.
Depuis peu les études concernant
le tout jeune bébé et l’utilisation
par son parent du smartphone se
multiplient. Ces études montrent que
si le parent regarde son portable alors
que son bébé est éveillé auprès de lui
(la technoférence, donc !), la qualité
des interactions et de l’attachement
va s’altérer. Pour ne pas entraîner
ces effets, il faut regarder son bébé
droit dans les yeux, répondre à ses
sollicitations de façon adaptée et
donc être pleinement disponible !

32
1 Interrogez-vous
sur vos propres
habitudes

10 Des solutions
efficaces pour
un retour au calme

Partie
9 Éteignez les écrans
après usage
2

8 Proposez
un accompagnement
constructif et
enrichissant
7 Contrôlez
les contenus
visionnés
2 À chaque âge,
une durée maximale
conseillée

3 Bannissez
les écrans le matin,
quel que soit l’âge

Les
4 Renouez avec
les repas familiaux
traditionnels

6 Placez les écrans 5 Évitez les écrans le soir


au moins une heure
de la maison dans des avant le coucher
endroits stratégiques
Clé

Interrogez- 1
vous sur
vos propres
habitudes
1

Interrogez-vous sur vos propres habitudes


Il faut parfois se réinterroger sur son enfance et
sur les habitudes de ses parents. Certaines familles
allument presque machinalement, et ce dès le matin,
la télévision. Nos parents le faisaient, les plus jeunes
le font encore aujourd’hui pour avoir les dernières
informations sur les chaînes en continu et peut-
être par « tradition éducative ». Cette interrogation
sur les rôles exacts qu’ont ces objets numériques
a son importance : elle vous permet de prendre
conscience que ces objets, d’apparence anodine,
ont tout au contraire de grands effets sur vous et
bientôt sur votre bébé.

37
Si vous n’avez pas encore
d’enfant
S’interroger sur son rapport aux écrans avant la nais-
sance d’un enfant est toujours intéressant. C’est en
réalité le meilleur moment pour faire le point. En
effet, ces objets numériques vont avoir des réper-
cussions à différents niveaux de la dynamique même
de votre famille. Ce questionnement doit se faire
avec votre conjoint pour qu’ensemble, vous ayez la
bonne attitude. Quelle place ont ces objets numé-
riques dans votre vie et quelle place voulez-vous
qu’ils aient dans votre vie de parents ? Ont-ils déjà
une place essentielle, incontournable (votre portable
ne vous quitte pas une seconde du matin au soir) ?
Ne sont-ils qu’un objet au milieu des autres, avec
ses avantages et ses inconvénients (vous l’oubliez
régulièrement sur la table) ?

38
1
Toutes les études montrent en effet que le temps

Interrogez-vous sur vos propres habitudes


d’écran des enfants est directement lié à celui de leurs
parents… Et que plus les parents sont « méfiants »
envers les écrans (reconnaissant aux écrans des
avantages, mais aussi des inconvénients), plus le
temps d’écran des enfants est bas, et le contenu tout
comme le contexte d’utilisation sont maîtrisés, donc
favorables. Nous défendons l’idée que la place des
écrans dans une famille doit être limitée, choisie
et réfléchie (« raisonnée »). Est-ce le cas vraiment
pour vous aujourd’hui ? Dans votre vie de parents,
quelle place va prendre cet objet à l’utilisation si
addictive : celui d’un outil d’apprentissage ? D’un
objet de divertissement ? D’un simple coupe-cir-
cuit permettant de vous libérer du temps libre ?
En effet, c’est tout cela que permettent les écrans
numériques…
On voit bien que l’écran en soi n’est pas un
problème, c’est l’usage que l’on en fait qui doit
nous amener à nous interroger !

39
Si vous avez un tout-petit
Le petit enfant est entièrement dépendant de vous !
Vous devez vous demander quelle place prendront
les écrans dans sa vie (pour pouvoir dissuader votre
belle-mère de lui acheter dès 6 mois la dernière
tablette high-tech !) mais, surtout, vous devez vous
demander quelle place vos écrans prennent dans
votre vie familiale : êtes-vous entièrement dispo-
nible quand votre bébé est en éveil ? Quels écrans
sont allumés le soir quand il est avec vous dans
le salon ? Les interactions entre les parents et les
tout-petits sont tellement importantes dans ces
toutes premières phases de développement que
vous devez absolument faire attention à ce que
chaque moment d’éveil soit un moment d’échanges
à 100 %.

Rappel · Tous les écrans doivent être


éteints en sa présence, comme cela
est d’ailleurs à présent noté dans
le carnet de santé. Quand bébé
est éveillé, mettez votre téléphone
en mode avion (ou, au moins,
supprimez toutes les notifications
intempestives) ou laissez-le dans
une autre pièce, jusqu’à ce qu’il se
rendorme.

40
1
Si vous avez des enfants

Interrogez-vous sur vos propres habitudes


plus grands...
Vous savez sans doute déjà quelle importance ont
les écrans au sein de votre foyer, mais mesurez-vous
vraiment à quel point ? Vous pouvez vous poser les
questions suivantes. Essayez d’y répondre le plus
honnêtement possible avec tous les membres de la
famille. Cette étape est importante afin de mettre
en application les 9 clés qui suivent.
Ce questionnement un peu systématique vous aide
à prendre conscience de votre propre utilisation, de
celle de votre conjoint et de celle de vos enfants.
Peut-être allez-vous être surpris de certaines de vos
réponses. Petit à petit, en vous donnant des priorités,
vous allez modifier ensemble vos habitudes : décider
d’éteindre la télévision en arrière-fond ou modifier
les choix des programmes quand vous les regardez
avec votre enfant, par exemple.

41
• Les 10 questions à se poser en famille
1 Quel type d’écrans y a-t-il chez vous
(recensez tous les écrans : votre smartphone,
la tablette, l’ordinateur portable, la console,
les jeux vidéo et la télévision) ?
2 À quelle fréquence un écran est-il allumé en
arrière-plan sans que personne ne le regarde ?
3 La télévision et les téléphones sont-ils tous
fermés au moment des repas ?
4 Qu’est-ce que vous regardez avec votre
enfant ?
5 Encouragez-vous la conversation avec votre
enfant lorsque vous utilisez les écrans ?
6 Regardez-vous des émissions commerciales ou
des émissions pour adultes avec votre enfant ?
7 Votre enfant utilise-t-il des écrans pendant
que vous faites des tâches ménagères ?
8 Votre enfant passe-t-il du temps devant un
écran avant le coucher ?
9 Y a-t-il des activités passées devant un écran
dans le milieu de la garde de votre enfant ?
) Avez-vous déjà mis en place des règles ?
Lesquelles ?

42
1
Grâce aux conseils que nous vous donnons plus

Interrogez-vous sur vos propres habitudes


loin, vous allez expliquer quelles règles peuvent être
discutées ou adaptées, ou non. Restez ferme sur
celles qui sont les plus importantes, mais écoutez
les demandes sans complètement fermer la porte
aux ajustements : « Oui, d’accord pour la télé le
dimanche matin, mais pas avant 9 heures » ; « Non,
les portables ne doivent pas être utilisés comme
réveil, je t’en achèterai un… ». Une jolie feuille accro-
chée sur le réfrigérateur de la cuisine vient rappeler
les règles choisies pour les petits et les grands : c’est
la « charte familiale » d’utilisation des écrans en
famille. Et n’oubliez pas de revoir la question régu-
lièrement, les bonnes résolutions sont si difficiles à
tenir…

43
Clé

À chaque 2
âge, une durée
maximale
conseillée
2
On assiste aujourd’hui à de nombreuses discussions

À chaque âge, une durée maximale conseillée


concernant ce temps d’écran maximal. Certains
prônent un accompagnement simple des écrans
sans limite de temps. Ils défendent une optique plus
pédagogique et éducative d’autolimitation. Ceci
peut sembler séduisant, mais aucune étude sur le
sujet n’a démontré l’efficacité d’une telle stratégie.
Les études menées en vie réelle montrent que les
écrans sont utilisés de plus en plus tôt, de plus en
plus longtemps, sans aucun contrôle dans la majo-
rité des cas. Nous sommes pour une utilisation
raisonnée des écrans dans un cadre qui protège
les plus petits et les enfants les plus vulnérables.
Ce cadre est précisément ce temps maximal d’écran.
Les temps donnés ci-dessous sont repris des recom-
mandations des sociétés de pédiatrie américaines et
canadiennes qui travaillent depuis près de 20 ans sur
le sujet. Nous avons choisi de les adapter dans ces
10 clés par tranche d’âge.

Le
saviez- ·
Lorsque la télévision est allumée
en arrière-plan toute la journée,
un enfant entendra 13 400 mots
vous ? en moins par semaine que si la
télévision est éteinte !

45
Avant 2 ans
Pas d’écran avant 2 ans. Cependant, regarder des
photos de la famille sur une tablette ou utiliser
Skype® pour faire un petit coucou à Papa parti
en déplacement est possible, bien sûr… Regarder
une comptine de quelques minutes avec votre
enfant sur vos genoux n’est pas un problème, mais
pas plus d’une fois par jour… En effet, ces petits
scénarios sont très addictifs. Contrairement à ce
que l’on croit souvent, les enfants n’apprennent
rien devant un écran, car ils n’ont pas encore la
faculté de comprendre ce qu’ils regardent et surtout
de faire le lien avec la réalité qui les entoure. On
appelle ce phénomène « le déficit vidéo ». Votre
enfant ne prend donc aucun retard si vous ne le
mettez pas devant des applications dites « éduca-
tives », comme le conseillent certains fabricants…
Et surtout, ne pensez pas, si votre langue mater-
nelle n’est pas le français, qu’il va apprendre cette
langue en restant devant la télévision ; c’est tout le
contraire ! Pour apprendre, votre enfant a besoin
des interactions en trois dimensions avec une
autre personne : vous ne pourrez trouver rien de
tout cela sur un écran… Cependant, jouer, encastrer,
monter et démonter sont des activités bien plus
difficiles et bien plus variées.

46
2
Échangez surtout dans votre langue et amenez-le

À chaque âge, une durée maximale conseillée


à côtoyer d’autres enfants plus grands qui parlent
votre langue. Il apprendra beaucoup plus au square
avec les copains que devant un écran.
Il faut être vigilant, car certains enfants très jeunes
(notamment les garçons) vont être captés par
l’écran et s’en saisir de plus en plus. Disciplinez-
vous ! N’utilisez pas votre portable quand vous êtes
avec votre petit enfant, surtout si vous ne le voyez
que quelques heures par jour. Si vous le gardez
toute la journée, sortez vous balader souvent dans
les squares et les parcs, allez dans les relais d’assis-
tantes maternelles, dans les maisons des parents et
n’utilisez vos écrans que lorsqu’il dort.

Entre 2 et 4 ans
Au mieux, la durée d’exposition ne doit pas
dépasser les 30 minutes (avant 3 ans notam-
ment) par jour et au maximum 1 heure par jour, de
préférence accompagné (ce qui est très différent
que d’être seul devant l’écran). Il est préférable de
prévoir des temps courts de 10-15 minutes, avec
des moments sans écran, comme nous l’indiquons
ensuite (le matin, aux repas, le soir, après certaines
activités et pas avant…).

47
Passez d’une activité à une autre : « Tu regardes
la comptine que tu aimes bien (10 minutes), puis
tu joues à la dînette pour me faire à manger ! »
Si c’est le « bazar » à la maison, ce n’est pas très
grave : on peut faire atelier rangement ensuite, et
on finit si besoin par un jeu ou une vidéo sur l’écran,
si ça lui fait plaisir… Dans tous les cas, choisissez un
programme adapté à son âge, au contenu adéquat
et dans un contexte précis (voir les clés n° 7 et 8).

Entre 4 et 6 ans
On peut essayer de se limiter à 1 heure par
jour en moyenne : mais il est possible un jour
d’aller jusqu’à 1 h 30 – pour regarder un film, par
exemple – et rester à 30 minutes le lendemain.
De la même façon, 30 minutes d’un épisode de
C’est pas sorcier sur le système solaire regardées
ensemble ne doivent pas compter comme les
mêmes 30 minutes d’un manga de super-héros.
Vous avez sans doute cerné sa personnalité et son
goût important ou pas pour les écrans. Tenez-en
compte ! Pour ceux qui semblent très dépendants,
sortez, baladez-vous.

48
2
Les activités extérieures sont essentielles, car votre

À chaque âge, une durée maximale conseillée


enfant a besoin de se dépenser. Sortir chaque jour
peut vous aider à éviter l’enfermement chez soi
devant les écrans (c’est le cas de le dire !). De plus,
les journées d’école sont longues et fatigantes,
notamment en moyenne section (où la sieste
a disparu ). Les seuls moments où vous pouvez
échanger avec votre enfant sont le matin et le soir.
L’écran nuira à ces instants. Mieux vaut peu utiliser
l’écran la semaine (15-20 minutes), éventuelle-
ment à la sortie de l’école, et réserver le temps
supplémentaire d’écran pour le week-end.
Il n’est pas conseillé d’introduire les jeux numé-
riques : ils accapareraient toute son attention aux
dépens de ses autres activités, même s’il vous dit
que les autres enfants de son âge ont ces jeux !
Le père Noël devra aussi être au courant qu’il faut
attendre un peu. À cet âge, l’enfant a besoin de
manipuler, de comprendre la notion de causalité,
d’utiliser la 3D, de dessiner avec un vrai crayon
(ce qui prépare à l’écriture), de lire des vrais livres
pour préparer l’apprentissage de la lecture (livre
« inerte » sans effet saillant de l’image de l’écran)
et de bouger.

49
Entre 6 et 8 ans
L’idéal serait de ne pas dépasser 1 heure par jour.
Pour certains enfants très accros, on peut ajouter
des temps de récompenses de 10-15 minutes par
exemple pour des tâches ménagères convenues
à l’avance (mettre la table, débarrasser, ranger sa
chambre…). Les enfants qui ont une console seront
souvent très motivés, mais les temps doivent être
bien respectés. Et pour cela, mettre le minuteur
de votre portable avec une sonnerie est un indis-
pensable. Le temps passe si vite devant Mario !
Les enfants ont besoin de constance. C’est parfois
difficile (le soir, on est fatigué), mais il faut tenir
bon… C’est 10 minutes et pas plus, par exemple.
Comme aide-mémoire, pour se repérer, on compte
un temps d’écran par semaine équivalent au
nombre d’années : soit 7 heures par semaine à
7 ans, 8 heures par semaine à 8 ans… On rappelle
que l’activité écran n’est pas obligatoire et mieux
vaut passer du temps à la sortie de l’école à l’ex-
térieur, en allant faire une course ou en faisant un
détour par le parc, que de se retrouver à tourner en
rond dans la maison avec la tentation des écrans.

50
2
Entre 8 et 10 ans

À chaque âge, une durée maximale conseillée


Le temps passé tous écrans confondu est de 1 heure
à 1 heure 30 par jour, sans empiéter sur son acti-
vité physique, sa scolarité, son sommeil… L’accès
Internet doit être encadré ; ses recherches doivent
être accompagnées. Vous devez toujours être près
de lui, même si un contrôle parental est installé. Là
aussi, on peut mettre en place des récompenses, si
cela lui tient à cœur.

À partir de 10 ans et plus


À l’adolescence, la plupart des enfants ont un télé-
phone et/ou une tablette. Il faut mettre en place
un contrat de confiance avec le plus souvent des
« alliés » (contrôle parental, application limitant
les temps d’écran…). N’hésitez pas à faire des
piqûres de rappel et à réaffirmer que vous êtes le
vrai propriétaire du téléphone ou du jeu (tout au
moins, vous payez le forfait, n’est-ce pas ?) et que
c’est donc vous, parent, qui donnez le mode d’em-
ploi. Votre enfant a besoin de limites précises. À
cette période de sa vie, et c’est bien normal, il fera
tout pour les contourner. C’est un peu la règle du
jeu. Il faut tenir bon, répéter, ne pas fléchir…

51
Prenez le temps, lors d’un moment calme, de lui
exposer vos priorités : les activités scolaires (les
devoirs avant les écrans), les activités extrasco-
laires indispensables (sport, musique…), les repas,
le sommeil… Ils peuvent commencer à négocier
pour arrêter les activités extrascolaires : méfiez-
vous ! Quelles sont ses réelles motivations ? Ne
préférerait-il pas, en réalité, être devant ses jeux
vidéo plutôt que de poursuivre son sport ? Il est très
influençable, il se cherche et veut faire comme les
autres… Discutez tranquillement en le prévenant
assez tôt de ce qui va être autorisé, négociable
et interdit. Par exemple, il est prévu 2 heures par
jour (autorisation), un temps supplémentaire est
possible selon des tâches prévues (négociation)
et les jeux vidéo non autorisés à son âge sont non
acceptés (interdiction). Les adolescents sont très
sensibles à l’injustice. Si vous expliquez pourquoi il
est souhaitable de maîtriser le temps passé devant
les écrans et que vous respectez les règles mises en
place (souvenez-vous de l’affiche sur le réfrigéra-
teur !), l’ambiance sera plus sereine. N’oubliez pas :
il essaiera toujours de vous charmer pour obtenir
plus…

52
2
Si votre adolescent se retrouve seul à certains

À chaque âge, une durée maximale conseillée


moments à la maison, prévoyez un contrôle
parental, une application pour limiter le Wifi, un
code pour les ordinateurs et enfin, n’oubliez pas
de gérer les télécommandes !

Comment faire avec plusieurs


enfants d’âges différents ?
Hélas, il n’existe pas de solution miracle qui va
pouvoir s’adapter à toutes les tranches d’âge…
Il va falloir réfléchir à séparer les enfants pour
permettre à chacun d’avoir son temps d’écran :
Axel, 10 ans, peut bien sûr regarder sa série
préférée le mercredi après-midi, mais seulement
quand Maëlle, 4 ans, est à son cours de batterie
et que Jérémie, 2 ans, fait la sieste…

53
Clé

Bannissez 3
les écrans
le matin, quel
que soit l’âge
3

Bannissez les écrans le matin, quel que soit l’âge


Le matin, votre enfant a besoin de prendre le temps
de se réveiller, de manger et d’échanger avec vous sur
sa journée à venir. Ces étapes doivent se faire sans
écran. De plus, vous vous quittez souvent jusqu’au
soir, les quelques échanges du matin seront dans sa
tête pour la journée.

Pour les petits


Jusqu’à tard parfois, les enfants boivent leur biberon
du matin tranquillement, devant la télévision. Cela
vous semble être une bonne idée (le docteur a bien
insisté que boire du lait, c’est important pour les
enfants) et, pendant ce temps-là, vous pouvez vous
préparer. Mais partager ce premier repas assis à
table permet tellement d’autres choses : discuter,
bien sûr, mais aussi apprendre à tartiner ou à boire à
la tasse (la motricité fine est alors stimulée)… Si la
tasse est difficile ou le biberon refusé, on propose
un yaourt ou du fromage. Les vertus pour sa santé
sont les mêmes et, en tant que pédiatres, nous
sommes bien placés pour vous le dire… En effet,
un yaourt apporte par exemple autant de calcium
que 150 ml de lait.

55
C’est ensuite l’occasion d’apprendre à s’habiller (et
non pas l’habiller à la hâte, alors qu’il est comme
paralysé devant la télé) en essayant de le faire
progresser sur le plan de l’autonomie (« Bon, je
t’aide pour la chemise, mais tu mets tes chaus-
settes tout(e) seul(e) ! ») et, par là même, l’oc-
casion de développer encore sa motricité fine
(« Allez, je te remontre comment on noue les
lacets ! »).

Le
saviez- ·
Le cortisol est l’hormone qui nous
rend tonique et alerte. Son taux
varie : il est à son niveau le plus élevé
vous ? à 8 heures le matin, pour une bonne
journée !

56
3
Pour les « un peu plus grands »

Bannissez les écrans le matin, quel que soit l’âge


Si la télévision du matin n’apporte rien, vous l’avez
compris, aux plus petits, c’est encore plus net pour
les enfants plus grands. Pour les enfants scolarisés,
l’exposition matinale aux écrans a un rôle négatif
sur leurs compétences d’apprentissage. C’est un
peu comme si vous partiez en voiture pour un long
trajet avec vos batteries à plat. Votre enfant va se
concentrer sur un écran composé de flashs visuels,
de séquences rapides et de sons aigus, qu’il aura
du mal à lâcher et qui vont puiser dans sa réserve
d’attention volontaire.
Ses batteries à lui seront vides, et il aura bien du
mal à entrer dans l’apprentissage et à se concentrer
à l’école sur sa feuille, qu’il trouvera bien terne. En
effet, l’attention volontaire est celle qui permet la
concentration, essentielle pour un apprentissage de
qualité. Les instituteurs, comme les orthophonistes,
alertent depuis longtemps sur les méfaits de l’écran,
notamment le matin. Il est montré également que
même des temps courts passés devant un dessin
animé au rythme soutenu ont des répercussions
immédiates négatives sur les fonctions exécutives
(fonctions de logique, de stratégie, de planification
et de résolution de problèmes). La télévision le matin
est décidément une gêne aux apprentissages…

57
S’organiser au quotidien
avec les petits et les moyens
Mais comment faire ? Il faut leur réserver un peu
de votre temps (pas facile !) à table en étant à leur
écoute, en jouant tout en s’habillant avec des bisous
(réserve de câlins pour la journée), les laisser finir
leur puzzle ou les laisser jouer… Si cela prend plus
de temps, il vaut mieux les réveiller 10-15 minutes
plus tôt. Certes, le sommeil est un peu écourté,
mais le bénéfice est là malgré tout : vous êtes moins
énervé et eux sont vraiment bien réveillés en arrivant
à la crèche ou à l’école ; la séparation s’en trouve aussi
facilitée le plus souvent. Ces 10-15 minutes sont
à récupérer en se couchant plus tôt le soir. C’est à
organiser, bien sûr, mais c’est possible !
Pendant les week-ends et les jours de vacances,
ne laissez pas vos enfants sans horaire. Donnez
un horaire précis à partir duquel ils pourront
allumer la télévision ou utiliser leur tablette.
Par exemple, à partir de 9 ou de 10 heures du
matin pour les jours de congé, mais toujours avec
un temps limité ! Pour les plus jeunes, installez
une pendule à chiffres et montrez-leur l’horaire à
respecter. Ils apprennent très vite dans ces condi-
tions à reconnaître ces chiffres.

58
3
Prévoyez de faire une sortie dès le matin. C’est peut-

Bannissez les écrans le matin, quel que soit l’âge


être le jour du marché, ou celui de la bibliothèque
municipale (certaines organisent des lectures pour les
plus petits), ou encore celui où Papa est disponible
pour aller faire un tour de vélo en forêt. Souvent, les
plus grands traînent des pieds pour sortir, préférant
rester à la maison pour profiter de leur écran… Ne
les laissez pas faire, car vous remarquerez qu’une fois
la première bouffée de mauvaise humeur passée, ils
seront enchantés de passer du temps avec vous : ils
ont besoin de bouger !
Donc le matin, les jours de crèches ou d’école, n’al-
lumez pas la télévision en vous levant, laissez votre
portable en mode silencieux et fermez la tablette
ou l’ordinateur avec un code (l’empreinte digitale
est préférable).

Pour les « encore plus grands »


Votre adolescent aura peut-être besoin de consulter
avec le Wifi de la maison ses applications préférées
avant de partir au lycée. Négociez avec lui le lieu où
il regardera son portable en dehors de la présence
des plus petits : sa chambre s’il ne la partage pas
avec la fratrie, la salle de bains ou les toilettes…

59
Vous avez remarqué comme les adolescents
passent beaucoup de temps dans les toilettes avec
leur portable quand ils ont une connexion Internet !
Si votre ado est raisonnable sur le temps passé, c’est
parfait. Pour les plus dépendants, prévoyez pendant
le week-end, à un moment propice, au calme et en
tête à tête, de discuter de l’organisation matinale.
« On va faire le point sur ta semaine. Tu arrives
en retard au lycée, tu ne prends pas le temps de
te brosser les dents correctement (bien sûr, il a
en plus un appareil dentaire avec des bagues !),
tu pars le ventre vide, tu oublies des affaires… ».
Discutez le temps précis de portable le matin,
mettez une application pour limiter l’accès au Wifi
à un certain horaire, levez-le plus tôt… Faites-lui
prendre conscience qu’il faut trouver une autre
façon de faire.
Le matin, pour les autres jours, selon les âges,
donnez des règles claires sur l’heure de début et
du temps qui sera accordé aux écrans. Prévoyez
des activités extérieures, si possible. Imposez (sauf
exception bien sûr) un lever à 10 heures au plus
tard pour éviter un endormissement trop tardif le
soir même.

60
3
Du coup, il pourra aussi participer aux activités

Bannissez les écrans le matin, quel que soit l’âge


familiales, même si c’est en traînant des pieds
(rappelez-vous, il est dans son rôle !) Laisser son
adolescent dormir jusqu’à pas d’heure (au-delà de
midi par exemple), c’est prendre le risque d’ag-
graver son mal-être : endormissement tardif et
fatigue matinale, besoin de sieste (qui décalera
alors l’endormissement du soir), absentéisme
scolaire, manque de lumière nécessaire à un bon
moral, isolement du noyau familial, décalage avec
les activités familiales… L’adolescent a besoin de
règles, même si, à chaque instant, il essaie de les
contourner. Tenez bon…

61
Clé

Renouez 4
avec les repas
familiaux
traditionnels
4

Renouez avec les repas familiaux traditionnels


Le lien entre le temps passé devant la télévision et
les troubles de l’alimentation avec risque d’obésité
est prouvé depuis longtemps. Chez les enfants de
2 ans, l’IMC augmente pour chaque heure passée
devant les écrans. Il faut manger ou regarder un
écran, pas les deux à la fois… On ne s’aperçoit plus
de ce que l’on mange, et donc on se remplit…
Le repas à table (assis avec des couverts) en famille
est un moment aussi d’échange propice à raconter
sa journée (les enfants apprennent alors à s’ex-
primer et cela améliore leurs capacités d’expression
orale), à échanger sur le goût des aliments et à
apprendre à bien se tenir. On apprend les règles de
vie dans le même temps : attendre son tour pour
parler, être bien assis, être serviable et participer
aux tâches ménagères (mettre ou débarrasser la
table). Le plus souvent, lors des repas, quand l’écran
est allumé, ce sont les informations qui passent.

63
Des images choquantes (qui ne le sont pas
forcément pour vous) peuvent apparaître et
votre enfant aura toutes les peines à les digérer
– c’est le cas de le dire ! Contrairement à ce
que l’on pense, chez le petit enfant, même si
vous êtes attentif à ses réactions, lui expli-
quer ce qu’il voit ne modifie pas ses émotions.
La solution qui consiste à mettre votre enfant dos à
l’écran n’est pas bonne non plus. Vous serez moins
attentif, il se retournera, votre conversation sera
pauvre et mal entendue du fait du son de l’écran.
Mieux vaut vous informer par la radio dans votre
voiture ou dans les transports, ou encore regarder
les informations quand votre enfant est couché.

Le
saviez- ·
Un Français sur deux mange
devant les écrans au dîner.

vous ?

64
4
Pour les tout-petits

Renouez avec les repas familiaux traditionnels


Si votre petit refuse de manger et n’ouvre la bouche
que quand vous l’amusez, vous risquez de rentrer
dans un processus de chantage (classique à cet âge !),
où l’écran pourrait être utilisé pour éviter l’affronte-
ment… Prenez garde ! Éteignez tous les écrans quand
vous passez à table et évitez du coup qu’ils soient
utilisés juste avant le repas.
Vous pourriez vous dire après tout que ce n’est
pas bien grave, il mange et c’est l’essentiel. C’est
compréhensible et on l’a tous fait, mais ces besoins
d’oppositions qui sont communs à tous les enfants
doivent se régler par la confrontation avec l’auto-
rité et il n’est (hélas) pas possible d’en faire l’éco-
nomie… C’est d’ailleurs pour une raison équivalente
qu’il n’est jamais recommandé d’utiliser un écran
pour calmer les colères de son enfant (voir la clé
n° 10).

65
Cependant, chez Mamie, par exemple, cela a pu
arriver et la mauvaise habitude s’est installée. Encore
une fois, votre bébé a besoin de votre attention, de
vos paroles et de vos réactions. Calez-le bien assis,
à la bonne hauteur, avec un grand bavoir. Laissez-lui
des choses à toucher (du pain ou de petits bouts de
fruit bien mûr ou de fromage). Donnez-lui une cuil-
lère et, pendant qu’il explore, poursuivez le repas.
Faites des pauses pour rompre la monotonie du
face-à-face en permanence (donnez-lui un biberon
d’eau ou préparez le repas des grands en lui faisant
des commentaires).

Pour les plus grands


Essayez au maximum de manger en famille, ce
qui s’accompagne d’un petit effort de Papa ou de
Maman pour ne pas rentrer trop tard. Échangez
lors du repas sur la journée et sur l’actualité. On
apprend beaucoup lors de ces moments de discus-
sion avec nos ados. Tout ne s’apprend pas à l’école !
Pour les adolescents, ces moments de partages
sont incontournables, car ils permettent par
exemple d’évaluer leur état d’âme, leurs états
émotionnels et leurs rapports à la nourriture.

66
4
Le repas familial est un moment d’échange et/ou

Renouez avec les repas familiaux traditionnels


de confrontations, mais ensemble !
Or, tout cela n’empêche pas une belle soirée
plateau télé pour voir un bon film en famille
pendant le week-end ou les vacances ! Le contenu
et le contexte sont des éléments importants de nos
rapports aux écrans.
Encore une fois, l’écran bien utilisé n’est pas un
problème.

67
Clé
Évitez les 5
écrans le soir
au moins une
heure avant
le coucher
5

Évitez les écrans le soir au moins une heure avant le coucher


Les troubles du sommeil, liés aux écrans sont
communs à toutes les tranches d’âge – et cela vous
concerne donc tout aussi bien. Ces troubles font
partie des effets négatifs les plus documentés sur la
santé des enfants.

Les effets des écrans


sur le sommeil
Le premier effet est celui du temps volé : quelle que
soit l’heure ou le lieu, le temps d’écran est un temps
particulier excluant toute autre activité, et le temps
passé à regarder un dessin animé le soir au coucher
est enlevé à celui que vous auriez passé à lire une
histoire…
Le second est un effet direct sur le cerveau. En
effet, notre cerveau est très sensible à la lumière.
La diminution de la lumière du jour est un signal
fort qui provoque la sécrétion de la mélatonine,
l’hormone qui nous donne le signal pour s’endormir.
La lumière particulière des écrans artificiels est
enrichie d’une lumière particulièrement stimu-
lante pour le cerveau : la lumière bleue. Celle-ci
retarde la production habituelle de mélatonine,
donc l’heure de l’endormissement.

69
Cet effet sur la sécrétion de la mélatonine est parti-
culièrement sensible chez les plus jeunes enfants.
Lorsque les enfants sont devant un dessin animé
juste avant le coucher, l’endormissement sera
plus tardif et le temps de sommeil diminué. Les
études montrent que cette diminution du temps
de sommeil est différente selon l’âge. Chez les
tout-petits (qui ne vont pas à l’école) et les adultes,
ce temps de sommeil est déplacé avec un réveil
le lendemain plus tardif et une augmentation du
temps de sieste. Le sommeil est donc plus frac-
tionné, ce qui n’est pas une bonne chose, car on
sait que c’est le temps de sommeil continu qui
est le plus important pour la consolidation des
apprentissages. Cette diminution de la qualité du
sommeil est à l’origine des troubles des acquisitions
observés chez les enfants trop exposés aux écrans.
Pour les enfants plus grands et les adolescents, on
observe une diminution du temps total de sommeil
sans possibilité de rattrapage. L’option de votre
smartphone qui permet de diminuer l’émission
de lumière bleue (night shift) n’a pas montré de
bénéfice réel sur le sommeil.

70
5
Un autre effet des écrans sur le sommeil est à

Évitez les écrans le soir au moins une heure avant le coucher


prendre en compte, en plus de l’effet de la lumière
bleue : il s’agit des contenus en eux-mêmes. Si ces
derniers ne sont pas surveillés et choisis ou si les
petits regardent ce que regardent les plus grands,
les répercussions seront d’autant plus importantes.
C’est aussi le cas si vous regardez les informations
à la télévision laissée allumée en arrière-plan dans
le salon : vous pensez que cela n’intéresse pas votre
enfant et qu’il ne la regarde pas, alors que ce n’est
absolument pas le cas. Les images aux contenus
excitants, parfois violents, entraînent des diffi-
cultés d’endormissement et des réveils nocturnes
(cauchemars, pleurs…). Rappelez-vous que des
images par forcément choquantes pour vous
peuvent l’être pour vos enfants. Elles entraîneront
alors des angoisses au coucher et/ou des réveils en
pleine nuit.
Par ailleurs, ces écrans aux propriétés si addic-
togènes peuvent être responsables de réveils
précoces chez les petits. C’est comme si votre
enfant avait un réveil en tête et se « program-
mait » pour se réveiller plus tôt afin de visionner
ses dessins animés dès le matin. Mettez en place un
horaire précis du matin à partir duquel votre enfant
peut être devant l’écran.

71
Les adolescents font partie des cibles les plus à
risque dans les troubles du sommeil associés aux
écrans. En effet, leurs nouveaux objets numériques
sont aujourd’hui « connectés partout et tout le
temps » et la chambre n’est pas épargnée : l’ado-
lescent garde presque toujours son téléphone avec
lui quand il va se coucher, et les réseaux sociaux
restent actifs très longtemps dans la nuit. Il en va
de même pour les sites à risque (pornographiques
notamment). Les adolescents sont sujets au risque
de passer la nuit sur des jeux vidéo en ligne. Ces
objets numériques utilisés tard le soir sont respon-
sables d’un sommeil insuffisant, d’une augmenta-
tion de la fatigue en journée, de difficultés scolaires
et d’effets sur l’humeur…
Vous l’avez compris, ces objets numériques sont
de véritables poisons pour le sommeil des enfants,
quel que soit leur âge. Le contrôle de leur réper-
cussion sur leur sommeil est une priorité absolue.

72
5
Le

Évitez les écrans le soir au moins une heure avant le coucher


· Depuis 15 ans, les enfants
saviez- de 5-6 ans ont perdu 20 minutes
de sommeil par nuit !
vous ?
Les solutions pour les petits
Il faut favoriser les jeux calmes : lecture, même
pour les plus grands (ces derniers aiment qu’on leur
fasse la lecture, même quand ils la maîtrisent), jeux
de société, puzzle… Même si Papa rentre tard et
est heureux de voir son enfant, il faut s’obliger à
être calme pour favoriser une bonne ambiance de
sommeil. Avoir depuis le plus jeune âge un rituel
de coucher avec là encore des limites en prévenant
l’enfant à l’avance : un bisou, un câlin, une histoire, un
pipi… Faites la liste bien en amont dans une période
calme (lors du bain par exemple), où vous ferez
répéter à votre enfant ces conditions.

73
Il ne manquera pas d’en rajouter une ou deux (pas
plus), mais cela fait partie du jeu…
Le week-end ou en vacances, on se fera un petit
plaisir avec un film choisi en famille, voire un plateau
télé (la fête quoi !). Ce sera l’exception qui confirme
la règle ! Cependant, les grands ont de gros besoins
de sommeil, quoi qu’ils en disent. De 3 à 5 ans,
les enfants ont besoin de 12 heures de sommeil,
sieste comprise – la sieste est nécessaire le plus
souvent jusqu’à 4 ans et demi. De 6 à 12 ans,
ils doivent dormir de 10 à 12 heures et, de 13 à
18 ans, de 9 à 10 heures. Ce sont des moyennes,
car chaque enfant, comme chaque adulte, a des
besoins personnels. Si votre enfant se réveille faci-
lement le matin, c’est un signal simple rassurant.
Il est souvent pertinent d’expliquer aux enfants
comment fonctionne l’endormissement pour
accepter de se coucher avec un livre ou une bande
dessinée à distance des écrans.

74
5
Les solutions pour les grands

Évitez les écrans le soir au moins une heure avant le coucher


Les adolescents doivent aussi être informés de
la physiologie de l’endormissement et de leurs
besoins en sommeil. Il faut les aider en impo-
sant des règles (au préalable, vous avez pris un
moment pour leur expliquer) : pose des écrans
dans un lieu commun de la maison à une heure
convenue, aucun autre écran dans la chambre
(télévision, console…), réveils les jours de congé
à 10 heures-10 heures et demie au maximum…
On peut reprendre « notre charte familiale » du
réfrigérateur ou une spéciale adolescents dans
un endroit plus discret… Mais attention : les ados
ont de nombreuses ressources. Ainsi, vous aurez
sans doute droit aux « ruses » suivantes : le télé-
phone en guise de réveil, l’utilisation d’un ancien
téléphone avec une carte prépayée, l’emploi de la
tablette que vous n’utilisez pas dans le lit, puisque
vous regardez un film…

75
L’étude du Réseau Morphée de 2014 apporte
des données qui font réfléchir ! Ainsi, 33 % des
enfants de 12 à 14 ans emportent leur portable
dans leur lit et 10 % une tablette ou un ordina-
teur. 52 % reconnaissent utiliser régulièrement
un appareil électronique pour communiquer dans
leur lit ! Près de 11 % programment un réveil en
pleine nuit pour se connecter aux réseaux sociaux
ou envoyer des SMS ! Enfin, 74 % des jeunes
profitent d’un réveil spontané la nuit pour réaliser
ces mêmes activités… Au vu de ces données, il
est important d’informer les adolescents et de
prendre des mesures efficaces. Pour des plus
grands (16 ans par exemple) raisonnables et en qui
vous avez confiance, conseillez-leur de mettre leur
portable en mode avion la nuit, afin de conserver
l’application réveil.

76
5
Le paradoxe des livres

Évitez les écrans le soir au moins une heure avant le coucher


numériques
Les liseuses sont des objets numériques qui peuvent
être considérés comme des outils et peuvent
prendre une (petite) place au milieu des autres
livres non numériques. Différentes études ont en
effet bien montré qu’ils étaient attractifs pour les
enfants et que ces derniers avaient beaucoup de
plaisir à les utiliser avec leurs parents. Elles ont
montré aussi qu’il était possible d’apprendre du
vocabulaire grâce à ce livre numérique, comme
dans un vrai livre. Deux limites, cependant. Ne les
utilisez pas pour lire l’histoire du soir, car ils sont eux
aussi susceptibles de modifier la sécrétion de méla-
tonine, nécessaire à l’endormissement. Prenez soin
de choisir des histoires où les « accompagnements »
visuels et sonores ne sont pas trop fréquents ou trop
saillants : dans ce cas, la qualité des interactions
entre le lecteur et l’enfant diminue et la qualité de
la lecture est d’autant altérée.

77
Clé
Placez
les écrans
6
de la maison
dans des endroits
stratégiques
6

Placez les écrans de la maison dans des endroits stratégiques


Quand l’enfant se retrouve seul devant l’écran dans
une pièce où vous n’êtes pas, il n’y a plus de contrôle
du contenu, voire du temps… Avec le Wifi, l’enfant
a un accès libre à Internet. À ce jour, les contrôles
parentaux ou les limitations de certaines applications
ne sont pas encore parfaitement fiables. En quelques
clics, votre enfant se retrouve sur des images porno-
graphiques en tout genre. Malheureusement, l’accès
est encore gratuit et sans contrôle. Il vaut donc
mieux ne pas laisser d’écran dans la chambre de
votre enfant : pas de télévision ni d’ordinateur. Si
votre enfant est dans une pièce commune (salon,
cuisine…) où vous êtes plus ou moins loin, vous verrez
ses expressions, ses réactions et vous pourrez réagir
rapidement à ses interrogations.

79
Les écrans dans sa chambre
sont à proscrire
Quel que soit l’âge et quel que soit le type d’écran
(télévision ou portable), la présence de celui-ci
dans la chambre entraînera des conséquences
multiples : isolement, trouble du sommeil, trouble
du comportement, temps volé à d’autres activités…
Dans la chambre, on ne peut pas contrôler ni le
temps passé, ni le contenu. Et donc, par définition,
l’utilisation n’est pas accompagnée. Or, ce sont les
trois points essentiels dans la gestion des écrans !
D’emblée, ne mettez pas d’écran dans la chambre
de votre enfant, quel que soit son âge… Cette pièce
doit être sanctuarisée : pas de télévision, ni de
console, ni d’ordinateur.

80
6
Le

Placez les écrans de la maison dans des endroits stratégiques


· Dans certaines études, sur le
saviez- sommeil par exemple, on demande
si l’écran est utilisé dans la chambre
vous ? ou s’il est seulement présent et
« non utilisé » ; bizarrement la
diminution du temps de sommeil
observée est équivalente dans
les deux cas. Ce qui n’arrive pas
si l’écran n’est pas présent dans
la chambre…

Tablettes et écrans nomades


Pour les écrans nomades, pas d’utilisation seule dans
sa chambre. Et ne les laissez pas vous faire croire que
ce n’est que pour écouter de la musique ! La salle
de bains et les toilettes sont à éviter. En effet, votre
enfant est forcément seul dans ces pièces et le Wifi
est tout à fait opérationnel, le plus souvent ! Utilisez
les contrôles parentaux ou fermez le Wifi. Votre
adolescent aura vite fait de sortir de sa douche !
L’idéal est de discuter avec lui (plutôt que de faire
le gendarme !) pour rappeler que le portable ou la
tablette ne doivent pas être emportés dans la salle
de bains ou les toilettes.

81
Les écrans nomades doivent être rangés dans un
lieu dédié commun à la famille : le salon, le bureau…
Vous pourrez vérifier d’un coup d’œil qu’ils sont à
leur place. En pratique, on laisse les chargeurs dans
cette pièce. Évitez la cuisine, pour ne pas para-
siter les repas avec des signaux sonores de SMS
ou de notifications… Assurez-vous que tous les
écrans portables, qui ne sont plus a priori utilisés,
sont rangés dans une pièce commune dédiée. Les
enfants sont ingénieux et observateurs, ils ont vite
fait de mettre la carte SIM de leur téléphone dans
un autre pour pouvoir l’utiliser seul dans la chambre
en vous faisant croire que le leur est en train de
charger. Donc vigilance… En laissant les écrans dans
la pièce commune, vous pouvez d’une part voir ce
qu’ils regardent (contrôle du contenu), ainsi que
leurs expressions. Mettre des mots sur ces émotions
est essentiel.

82
6
Pour les plus grands

Placez les écrans de la maison dans des endroits stratégiques


Pour les plus grands qui ont besoin de faire des
recherches sur Internet, restez toujours à proximité
dans la mesure du possible (ce qui permettra un
échange sur le sujet) et, à défaut, mettez un contrôle
parental.

Rappel · N’autorisez pas d’écran dans la


chambre.
· Mettez les ordinateurs et les
consoles dans une pièce commune.
· Évitez de laisser vos enfants avec
leur portable dans la salle de bains
et les toilettes.

83
Clé
7
Contrôlez
les contenus
visionnés
7

Contrôlez les contenus visionnés


On sait aujourd’hui que, quel que soit le média utilisé
(télévision, vidéo, smartphone, bientôt lunettes 3D),
deux éléments majeurs sont à considérer : le contenu
et le contexte.
Un contenu adapté à l’âge est une nécessité. Espérer
apprendre aux enfants grâce aux écrans est un
objectif que l’on poursuit depuis l’invention de la
télévision, et la recherche à ce sujet a donc permis
de comprendre les éléments les plus importants.

Les programmes à éviter


pour les tout-petits
Les programmes destinés aux adultes n’apportent
rien à l’enfant, et c’est alors du véritable temps
volé à toutes les autres activités. Votre enfant
ne comprend pas ce qui se passe et son attention
est simplement happée par les images et les
sons qui défilent. C’est aussi le cas si vous laissez
allumée la télévision en permanence, en arrière-
plan dans la pièce où il se trouve, dans le salon
par exemple pendant la soirée.

85
Non seulement ses activités sont en permanence
interrompues par les spots d’attention que l’écran
lui « réclame », mais il peut capter une image qui,
à vos yeux, est sans risque mais qui, pour lui, sera
difficile à comprendre, à « digérer ». Les petits
enfants n’ont pas les capacités émotionnelles
de comprendre des images qui ne sont pour-
tant ni violentes ni choquantes. On doit se
méfier des clips musicaux, dont la mise en scène
peut aussi lui faire peur. Mieux vaut la musique
sans écran et s’informer par la radio !
Les programmes de divertissement pur destinés
aux enfants leur apportent peu de chose. C’est
encore pire si le rythme des séquences est
trop rapide. La bande sonore est tonitruante
et les situations sont beaucoup trop éloignées
de leur réalité. Regardez votre petit, littérale-
ment paralysé devant une série japonaise, où
des héros masqués, dans un bruit assourdissant,
volent dans les airs. Ces programmes ne sont
pas conseillés.

86
7
Les programmes « acceptables »

Contrôlez les contenus visionnés


pour les tout-petits
Alors, quel programme peut compenser le temps
pris aux autres activités ? Ce sont les programmes
éducatifs spécialement conçus pour l’âge de votre
enfant, qui privilégient les interactions et les répé-
titions soit par l’intermédiaire d’un personnage du
programme, soit par les applications téléchargées
pour les tablettes par l’inclusion dans le programme
d’une utilisation conjointe du jeu avec l’adulte.
Hélas, les enquêtes en vie réelle révèlent aussi que
ce type de contenu est très rarement utilisé : ce sont
plutôt une nouvelle fois les vidéos qui sont plébisci-
tées et le plus souvent regardées seuls. En France, il
n’existe pas d’organisme indépendant qui donne un
avis sur le contenu des films vidéo ou des applica-
tions pour tablette : le CSA (Conseil Supérieur de
l’Audiovisuel) qui se nomme à présent l’ARCOM
(Autorité de Régulation de la Communication
Audiovisuelle et Numérique) donne seulement des
limites d’âge, et rien n’est indiqué sur la qualité du
contenu. De même, aucune des nombreuses appli-
cations dites « éducatives » que l’on trouve sur les
sites marchands n’a prouvé son intérêt pédagogique,
contrairement à ce qui est laissé croire.

87
Il est donc préférable de ne pas regarder des émis-
sions destinées aux adultes avec les petits. De même,
quand le grand regarde un dessin animé, il vaut
mieux occuper votre petit dans une autre pièce pour
éviter qu’il regarde le programme du grand. Pensez
à certaines images comme la sorcière de Blanche-
Neige ou un fantôme de Scouby-Doo !
Bonne nouvelle ! Quand on a donné des bonnes
habitudes de gestion des écrans aux tout-petits, ces
règles sont tout naturellement mieux suivies quand
l’enfant est grand : commencer tôt, c’est entrer
dans un cercle vertueux ! Les études montrent en
effet que les enfants qui regardent peu les écrans
petits sont ceux qui regardent peu les écrans devenus
grands.

88
7
Pour les plus grands,

Contrôlez les contenus visionnés


prudence avec les jeux et
les sites peu recommandables
À partir d’un certain âge (8 à 10 ans), votre enfant
est de plus en plus autonome par rapport aux objets
numériques. Prenez le temps de lui expliquer les
risques des réseaux sociaux, de l’Internet et des
jeux inadaptés.

Le
saviez- ·
En France, les sites
pornographiques sont accessibles
à tous, quel que soit l’âge et sans
vous ? aucune restriction !

• Les jeux vidéo


Soyez vigilant à l’âge conseillé pour tel ou tel jeu.
Même si les copains jouent sur un jeu non adapté
à son âge ou qu’on lui a offert un jeu – là aussi
inadapté –, vous devez être clair et ne pas vous
laisser influencer. Pour vous convaincre d’être vigi-
lant, regardez des extraits de ces jeux sur le Net.
Vous verrez combien c’est violent.

89
L’enfant risque d’y perdre son empathie et ses
repères de respect, et de devenir lui-même violent.
Le respect de la femme est également mis à mal…
Lors de l’utilisation d’un nouveau jeu (dernier cadeau
d’anniversaire par exemple), il est souhaitable de
regarder quelques minutes avec votre enfant le
but du jeu et le rythme. Vous pourrez alors lui en
reparler et montrer que vous vous intéressez à ce
qu’il fait. Quand on parle des écrans, nous voyons
de nombreux parents qui n’ont aucune idée du jeu
auquel leur enfant joue. Prenez du temps pour vous
baigner dans son univers pour un échange futur sur
le sujet et pour peut-être même faire une partie
avec lui – c’est du partage, donc c’est très positif.
Méfiez-vous aussi toujours de votre éventuel cadet
qui, « fan » de son aîné, se retrouve exposé à des
jeux inadaptés !
Des jeux de stratégie comme Minecraft® (on peut
jouer en réseau ouvert ou fermé) sont intéressants,
non violents et passionnent les adolescents.

90
7

Contrôlez les contenus visionnés


Bon · Il existe des recommandations,
avec une signalétique précise PEGI

à savoir (Pan European Game Information)


vous donnant l’âge pour lequel le
jeu est préconisé. C’est un outil
dont il faut vous servir. Présents sur
les boîtiers, les pictogrammes ne
correspondent pas à la difficulté
du jeu, mais bien à l’âge minimum
requis par rapport au contenu
(3 ans, 7 ans, 12 ans, 16 ans ou
18 ans). Jouer à Call of Duty® ou
GTA® (Grand Theft Auto) n’est
autorisé qu’à partir de 18 ans, alors
que de nombreux enfants y jouent
dès 12 ans.

91
• Les sites Internet
Contrôler le contenu est d’autant plus difficile
que votre enfant a sans doute son propre écran
(portable ou tablette) et se retrouve seul en rentrant
de l’école. En effet, les études montrent que 45 %
des enfants de moins de 8 ans ont un écran qui
leur appartient. Si le portable vous rassure et vous
permet d’être toujours en lien avec votre enfant,
sachez qu’il lui sert surtout à jouer ou à surfer sur le
Net et non pas à téléphoner. Offrez ce portable avec
une application qui limite le téléchargement libre
des applications, ainsi que le temps passé – comme
l’application Screen Time®. Évitez le plus longtemps
possible que son abonnement permette un accès à
la 4G. À la maison, paramétrez les plages horaires
de votre box pour que l’accès au Wifi ne soit possible
qu’à des horaires précis.
On rappelle que, lorsque votre enfant est sur la
Toile, il doit se trouver dans une pièce où vous êtes.
En effet, si votre enfant est sur Internet et que vous
n’êtes pas loin, vous éviterez une fréquentation des
sites pornographiques qui n’est malheureusement
pas rare. La moitié des adolescents âgés de 15 à
17 ans ont déjà surfé sur un site de ce type (51 %),
soit une proportion en nette hausse (+ 14 points)
en 4 ans (37 % en septembre 2013).

92
7
En majorité, les ados considèrent eux-mêmes que

Contrôlez les contenus visionnés


cette première expérience était prématurée. En
effet, plus d’un ado sur deux (55 %) admet qu’il
était « trop jeune » la première fois qu’il a visionné
un film de ce genre… Cette situation est très problé-
matique et grave pour la vie sexuelle future de votre
adolescent.
La gestion des écrans, et ici de leur contenu, est
en effet un des enjeux majeurs de la parentalité
actuelle. Poser des limites et des règles fait partie
du travail éducatif du parent, même si cela n’est
pas ce que l’on préfère… N’oubliez pas que c’est
votre rôle de le protéger des contenus inadaptés
et que c’est à vous qu’appartiennent ces objets
numériques. Bref, que ce contrôle est de votre
responsabilité. C’est souvent difficile et fatigant,
mais ne craquez pas.

93
Clé

Proposez un
8
accompagnement
constructif et
enrichissant
8

Proposez un accompagnement constructif et enrichissant


L’écran est un objet numérique passionnant s’il
n’est justement pas considéré comme un simple
objet, mais bien comme un outil. Il a donc un mode
d’emploi et un temps nécessaire à son apprentis-
sage. Pensez à lui comme à une paire de ciseaux
et rappelez-vous le nombre d’heures nécessaires à
votre enfant pour l’utiliser correctement. Cet objet
numérique a la fâcheuse capacité à vous faire croire
qu’il va vous épargner du temps en tant que parent
(pendant que l’enfant l’utilise, vous être libre de
faire autre chose), alors qu’il ne peut s’avérer utile
(comme outil donc) que si vous y consacrez beau-
coup de temps. En effet, l’écran n’a seulement que
deux dimensions et votre enfant doit apprendre
à évoluer dans un monde en trois dimensions.
Toutes les études sur les apprentissages montrent
que les petits enfants ont beaucoup de mal à trans-
poser le monde en deux dimensions à celui en trois
dimensions. C’est ce que l’on appelle « le déficit de
transfert ».

95
Qu’est-ce qu’un déficit
de transfert ?
Une expérience résume facilement cette notion.
Dans un premier groupe, des enfants regardent sur
un écran vidéo une personne qui cache un animal
en peluche dans une pièce. L’autre groupe regarde
exactement la même scène, mais par une fenêtre
percée dans la pièce. Quand les enfants des deux
groupes entrent dans la pièce pour retrouver l’animal
en peluche, tous les enfants de la fenêtre retrouvent
l’animal, alors que la moitié seulement du groupe
des enfants de la vidéo réussit. Cet effet très parti-
culier des écrans est un véritable frein à tous les
supposés apprentissages proposés par les éditeurs
de logiciels, dans la mesure où ce qui est vu sur un
écran n’est pas directement transposable dans la vie
réelle. Ce déficit de transfert est caractéristique de
l’enfant de moins de 2 ans et s’estompe peu à peu en
grandissant avec l’acquisition de nouvelles capacités
symboliques.

96
8
Cependant, les mêmes chercheurs montrent que ce

Proposez un accompagnement constructif et enrichissant


déficit de transfert peut être comblé, tout simple-
ment si vous vous engagez vous aussi dans cet
apprentissage ! Si une personne à côté de l’enfant
reprend l’information donnée par l’écran et la réin-
sère par le langage et par son propre corps dans une
expérience commune connue de l’enfant, ce déficit
disparaît. Si le programme de la télévision (ou de la
tablette) montre un hérisson, répétez le mot bien
sûr, mais intégrez-le surtout dans la réalité : « Oh,
un hérisson ! Tu te souviens, Papy nous a dit qu’il en
avait trouvé un dans son jardin qui se baladait. Si tu
veux, on lui demandera le week-end prochain s’il l’a
revu… » Vous rapportez alors une donnée de l’écran
à la réalité. Ainsi, cette information sera comprise
et utile à votre enfant… Il faut sans cesse penser à
faire ces allers-retours entre réalité virtuelle et réalité
véritable.

97
Devenez acteur en commentant
et en interrogeant
L’engagement conjoint est très différent du simple
visionnage de l’écran que l’on recommande parfois :
c’est le coviewing des Anglo-Saxons. Contrairement
à ce qu’il est dit parfois, ce simple fait de regarder
un écran en compagnie de son enfant ne suffit pas
à améliorer l’expérience de visionnage. Les études
en vie réelle montrent que l’attention des enfants et
des adultes est captée par l’écran et qu’il y a en fait
très peu d’interactions pendant ce temps. Il y a peu
d’intérêt à vous asseoir à côté de votre enfant pour
regarder un reportage sur les animaux d’Afrique.
Vous devez avoir un rôle actif : « Oh là là ! Mais
c’est quoi derrière le baobab ? Un éléphant, tu
crois ? Tu te souviens, on a vu le même l’autre
fois au zoo avec Tatie Carol ! » Transformez votre
enfant en acteur du contenu numérique. Faites des
liens avec la vie réelle, profitez-en pour utiliser des
mots plus complexes ou des temps du passé ; c’est
comme cela que ces objets numériques peuvent
devenir de véritables outils d’apprentissage.

98
8
Cherchez à faire des relations, après l’utilisation

Proposez un accompagnement constructif et enrichissant


de l’écran, entre ce que votre enfant a vu et avec
des éléments de la vie en trois dimensions : « Dis
donc, elle est drôlement bonne cette salade, ce
doit être la même que celle que mangeait Caroline
la tortue tout à l’heure (tu te souviens ?) avec sa
copine la petite taupe… » Dans tous les cas, gardez
à l’esprit que les interactions sont au cœur de ces
processus d’apprentissage et que rien ne vaut la
vraie vie – même si, bien sûr, il est difficile d’aller
au zoo tous les jours…

Bon · Les enquêtes montrent


qu’aujourd’hui, les écrans sont le
à savoir plus souvent considérés comme
de simples objets : les parents
regardent le contenu de leur
enfant à la télévision à peine la
moitié du temps (durant lequel
l’enfant regarde) et jouent sur un
objet numérique avec leur enfant
environ le quart du temps passé
par leur enfant à jouer… Il faut
donc profondément modifier le
rapport des parents aux objets
numériques, si l’on veut limiter
les répercussions de ces objets sur
le développement des enfants.

99
C’est donc un véritable travail pédagogique que
vous devez accomplir pour accompagner les objets
numériques mobiles. Des études ont montré que
les enfants, contrairement à ce qui est souvent dit,
n’ont aucune facilité à utiliser les écrans interac-
tifs seuls et qu’il leur faut une vraie période d’ap-
prentissage, avec l’aide d’un tiers, pour accéder au
contenu éducatif. Il a besoin de votre aide pour
comprendre comment faire un puzzle numérique
ou un Memory® sur une application. Plus encore :
il a besoin que vous souteniez en permanence ses
efforts pour progresser : choisir le bon niveau qui lui
permette d’apprendre sans se lasser ni trouver cela
trop dur, le rassurer quand il se trompe, l’encourager
quand c’est difficile ou le féliciter quand il réussit.
Bref, rien qui se fasse tout seul…

100
8
Informez et accompagnez

Proposez un accompagnement constructif et enrichissant


les plus grands sur
les réseaux sociaux
Il faut aussi prévoir de passer du temps à leur
apprendre l’utilisation d’Internet, pour évoquer
l’existence de sites peu recommandables et
échanger sur le fonctionnement des réseaux
sociaux. Il est nécessaire de parler du cyber-har-
cèlement, notamment en milieu scolaire (deux
adolescents par classe environ ont déjà filmé des
bagarres pour les diffuser ensuite sur le Net), et
du harcèlement sexuel. Les photos ou les vidéos
postées sur les réseaux sociaux soi-disant destinées
aux « seuls amis » peuvent être diffusées de façon
plus étendue. Bien sûr, les adolescents sont très
friands de ces photos et vidéos qui leur permettent
de montrer qu’ils possèdent bien le dernier gadget
ou qu’ils ont fréquenté tel lieu ou telle personne,
surtout quand ils reçoivent en contrepartie ces
fameux like, considérés comme des récompenses. Il
faut expliquer à votre enfant qu’il n’y a pas de droit
à l’oubli sur Internet et que ces photos, une fois
envoyées, ne peuvent plus être effacées.

101
Même un site comme Snapchat®, pourtant consi-
déré comme éphémère, n’est pas épargné : toutes
les images envoyées peuvent être gardées grâce
une simple capture d’écran ! Ainsi, l’adolescent
peut envoyer des images de plus en plus osées (des
« nudes » par exemple, qui sont des photos plus ou
moins dénudées) sur ce site en pensant qu’elles
disparaîtront…
Ces fameux like génèrent un processus de récom-
pense, dont l’adolescent devient dépendant. Il a
alors chaque jour besoin de consulter et d’alimenter
toujours plus son compte et sa page pour être
reconnu encore et encore, pour appartenir à un
groupe qui le considère. Les adolescents ont besoin
d’une reconnaissance positive pour passer au
mieux cette période difficile. Les réseaux sociaux
ont bien compris leur fonctionnement.

· N’oubliez pas les différentes

Rappel clés précédentes, notamment le


temps passé sur l’écran, la gestion
de l’Internet et les lieux où l’on
utilise l’écran au domicile familial.
Reprenez ensemble le planning
familial, en l’adaptant régulièrement
à l’âge de votre enfant.

102
8
Les jeunes enfants et adolescents doivent être

Proposez un accompagnement constructif et enrichissant


informés sur les risques de rencontrer sur les
réseaux des personnes aux mauvaises intentions,
comme des pédophiles. Il est utile de parler avec
votre enfant de la réalité du monde dans lequel
nous vivons, qu’il existe des personnes mentale-
ment déséquilibrées qui sévissent dans le monde
réel et sur Internet. Évoquer ces sujets difficiles
permettra à votre adolescent d’aborder ce sujet
s’il y est confronté. De même, les sites d’échange
anonyme comme ask.fm peuvent entraîner votre
enfant à se confier sur tout sujet à des inconnus,
avec le risque de se faire ensuite harceler. Sur les
réseaux sociaux, il peut aussi insidieusement se faire
happer par une cause qui le dépasse (messages
sectaires ou de radicalisation, enrôlement dans des
jeux de défis…). Si on informe régulièrement son
enfant des risques et que l’on pose des questions
ouvertes sur ses navigations, on crée un climat de
confiance qui l’incitera à venir vous solliciter. Soyez
d’autant plus vigilant si votre adolescent présente
toutes sortes de symptômes (anxiété, troubles
du sommeil, isolement, douleurs diverses…).
Intéressez-vous régulièrement à ses centres inté-
rêts, aux jeux vidéo auxquels il joue et aux sujets du
moment sur lesquels il échange.

103
Clé

Éteignez9
les écrans
après usage
9
Éteindre les écrans après usage, c’est passer à une

Éteignez les écrans après usage


autre activité. Si la télévision reste allumée, votre
enfant, quel que soit son âge, sera happé de nouveau
par cet écran. Si la console ou la tablette sont encore
disponibles, inévitablement, il la réutilisera… La
tentation est trop forte pour certains enfants. Une
autre activité essentielle, facile à proposer, est la
sortie. Les enfants ont besoin d’activité physique,
à n’importe quel âge.
Selon l’OMS (Organisation Mondiale de la
Santé), les enfants et jeunes gens âgés de 5 à
17 ans devraient accumuler au moins 60 minutes
par jour d’activité physique d’intensité modérée
à soutenue ; essentiellement une activité d’endu-
rance. Et des activités d’intensité soutenue, notam-
ment celles qui renforcent le système musculaire
et l’état osseux, sont recommandées au moins trois
fois par semaine.

Le
saviez- ·
En 40 ans, nos collégiens ont
perdu environ 25 % de leur capacité
physique. En effet, en 1971, un
vous ? collégien courait 600 mètres en
3 minutes. En 2013, pour cette
même distance, il lui en faut quatre !

105
Prévoyez une cession sportive
après un temps d’écran
Si l’on exclut les nouvelles consoles de type Wii®,
Xbox® ou PlayStation® où certaines applications
peuvent donner lieu à des activités physiques
particulières, l’utilisation habituelle des médias
numériques ne génère aucun effort physique (en
dehors du pouce !). D’ailleurs, les études de grandes
cohortes, qui étudient par exemple les risques
d’obésité chez l’enfant, utilisent le temps d’écran
comme indice de sédentarité ! Une faible activité
quotidienne entraîne à tout âge une moins bonne
santé physique et de moins bonnes capacités de
nos différents organes (cœur, poumons, muscles…).
Les cardiologues pédiatriques s’en inquiètent d’ail-
leurs actuellement, car, en France, un enfant sur
deux fait moins de 60 minutes par jour d’activité
physique. Ainsi, l’endurance des enfants diminue.
Proposer une sortie ou une activité physique (vélo,
roller…) après un temps d’écran est essentiel pour
varier les activités, sortir de chez soi (ce qui diminue
la tentation de rejouer) et entretenir son corps
(pour les petits comme pour les grands !).

106
9
Éteignez la télévision en arrière-

Éteignez les écrans après usage


plan et privilégiez le dialogue
La télévision laissée allumée en arrière-plan inter-
fère avec les processus d’apprentissage et avec les
interactions parents-enfants. Tout d’abord, parce que
ce sont des programmes non destinés aux enfants
et qu’ils ne comprennent donc pas ce qui s’y passe
– actualités ou sport, programmes de jeux ou film. Ce
sont des contenus que les petits ne comprennent pas,
mais qui interrompent en permanence leur attention
(un peu comme si vous étiez dans une pièce où on
passait avec un fort volume un film chinois incompré-
hensible). Alors qu’il vous semble que cela ne l’inté-
resse pas (et qu’il ne regarde donc pas), des études
ont montré que cet écran en arrière-plan diminue
son temps d’attention à ses jeux (son attention est
en fait en permanence morcelée par des courtes
interruptions où il essaie de comprendre ce qui se
passe à l’écran avant de revenir à son activité), mais
aussi les échanges entre vous et lui, et appauvrit
surtout de façon importante les échanges verbaux :
le nombre de mots et de phrases prononcés diminue
et le niveau du vocabulaire baisse lui aussi.

107
Alors qu’il n’est pas rare aujourd’hui que la télévi-
sion soit allumée en permanence dans les salons, il
est maintenant clair qu’une telle durée d’exposition
provoque des retards de langage et des troubles
des apprentissages.
Comme nous l’avons dit, ces effets sont diminués
si le contenu et le contexte sont différents, si les
contenus sont choisis et si le visionnage est accom-
pagné et commenté. Lors des repas, éteignez la
télévision pour avoir un plein échange à table et
éviter les images gênantes pour votre enfant.

Les astuces pour limiter


l’accès aux écrans

Bo n à
Pour éviter qu’un écran
(ordinateur ou télévision)

savoir
soit allumé, n’hésitez pas à :
·· mettre des codes ;
ranger les télécommandes ;
·
 ne pas laisser en veille les écrans
sans mot de passe (prévoyez un
endroit « secret » pour mettre
vos mots de passe !).

108
9
Surtout, interrogez-vous sur vos habitudes : le matin

Éteignez les écrans après usage


au réveil, quand vous rentrez du travail… Vous aviez
le réflexe d’allumer la télévision ; à présent, vous
êtes parent, allumez la radio, mettez de la musique
et allez jouer ou donnez la douche à votre enfant.
C’est du temps partagé bien plus enrichissant !

Bo n à Pour les écrans nomades :


·· prévoyez l’installation de codes ;

savoir  le plus simple reste l’empreinte


digitale !

109
Clé
10
Des solutions
efficaces pour
un retour
au calme
10

Des solutions efficaces pour un retour au calme


Il s’agit de l’un des nombreux paradoxes des objets
numériques : les écrans sont plus souvent utilisés
par les parents qui décrivent leur enfant comme
difficile, alors que les études montrent justement
que les enfants surexposés aux écrans présentent
des troubles du caractère, des colères et une into-
lérance à la frustration. Vous avez sûrement déjà
constaté la réaction de détresse et de colère de
votre enfant quand on lui retire son écran ! En stop-
pant brutalement (comme par magie) votre enfant
qui s’agite (alors qu’il doit attendre par exemple
sur un quai de gare) ou pleure pour ceci ou cela,
l’écran l’empêche de trouver par lui-même les
ressources pour attendre ou se calmer. Ces
processus d’auto-apaisement sont pourtant des
éléments essentiels de la socialisation et indispen-
sables pour grandir : aller à l’école, faire ses devoirs,
attendre son tour pour parler en classe, apprendre
à respecter l’autre…

111
Cet écran, qui semble régler si facilement ces
petites colères et ces intolérances à la frustration,
ne fait au contraire que retarder la gestion du conflit
dont il est issu… Il est donc absolument nécessaire
de trouver d’autres moyens d’apaisement.

Le
saviez- ·
65 % des parents utilisent leur
portable pour calmer leurs enfants
dans un lieu public !
vous ?
Pourtant, comme c’est tentant ! Or, si ces enfants
se calment rapidement avec l’écran et si les parents
ne prennent pas garde, un cercle vicieux s’installe,
et on peut voir des parents pris au piège, laissant
leur enfant plus de 4 à 5 heures par jour devant les
écrans. Ne favorisez pas ce processus de récom-
pense, il deviendra addictif pour vous (pour obtenir
le calme) et pour votre enfant (qui n’aura pas appris
d’autre moyen pour se calmer).

112
10
Parlez-lui pour le calmer

Des solutions efficaces pour un retour au calme


Pleurer et se mettre en colère n’est pas grave : il ne
vous en voudra pas et vous ne serez pas un mauvais
parent, même si des gens vous regardent de travers
dans la rue ou dans une salle d’attente. Quand il
pleure et s’énerve, gardez votre calme, mettez-vous
à sa hauteur, parlez normalement et rassurez-le
en le caressant. L’enfant agit par mimétisme : par
exemple, si vous parlez tout bas, il baissera le ton
en écho à votre voix. Quand il réclame quelque
chose en chouinant, demandez-lui calmement de
reformuler sa demande sans geindre ni pleurer. Par
exemple, demandez-lui de reformuler ce qu’il a à
dire avec « le soleil dans la voix », c’est joli. Et encou-
ragez-le quand il demande sans grogner.

Détournez son attention


Détournez son attention avec humour ou en
parlant d’un autre sujet, prenez un petit sac de
jouets et laissez des petits objets dans vos poches
ou dans votre sac… Faites-le participer à votre acti-
vité du moment (cuisine, bricolage, ménage…).
Cela demande plus de temps et d’investissement,
mais cette attitude portera ses fruits.

113
Quand vous sentez la situation tendue, sortez à
l’extérieur, pour les petits comme pour les grands,
en gardant votre téléphone au fond de la poche !
Des promenades plus ou moins longues (selon le
temps) sont profitables à tous. Les sorties peuvent
aider à oublier les écrans (moins de tentation)
et permettent de varier les activités. Les enfants
apprécient une simple sortie pour aller chercher
le pain, faire une course ou aller au parc. Au début,
ils rechigneront, car ils savent que cela les prive
d’écran mais, au fur et à mesure, ils apprécieront
et en redemanderont, notamment aux beaux jours.
Si ce n’est pas le cas, prenez l’habitude de sortir
régulièrement ! La fatigue physique permet aussi
de mieux s’endormir. Si le sommeil est de qualité
et en quantité suffisante, votre enfant se mettra
moins facilement en colère, il sera plus serein et
les frustrations seront plus faciles à gérer.

114
10
Instaurez des moments

Des solutions efficaces pour un retour au calme


de dialogue et d’activités
communes selon ses envies
En observant votre enfant, vous saisirez mieux ses
intérêts pour faire des activités ensemble qui le
motivent. L’important, c’est de partager. Il faut
trouver des activités qui lui plaisent, et vous seul les
connaissez.
– L es enfants qui ont la fibre artistique sont
généralement plutôt enclins aux loisirs créatifs :
dessin, collage, découpage, gommettes, pâte
à sel, pâte à modeler ou pâte Fimo, peinture,
peintures aux feutres spéciaux sur les carreaux,
décoration à thèmes (anniversaire, printemps,
Noël…), création de cartes, de tricot (faire des
pompons ou autres…). Puis, selon l’âge, une initia-
tion aux maquettes, aux origamis, aux scoubidous,
aux bracelets brésiliens et aux manipulations de
perles suscitera son intérêt.
– Les bricoleurs en herbe se montreront plutôt
intéressés par les Kapla®, Playmobil®, Lego®,
Meccano® et autres jeux d’encastrement et de
construction.

115
– Pour les rêveurs, les jeux pour faire semblant,
comme la dînette, le matériel de ménage ou les
parcours avec des voitures ou des trains, quel
que soit le sexe, seront particulièrement indi-
qués. Certains petits garçons aiment jouer avec
des poupons et des petites filles peuvent aimer
bricoler.
– Les jeux de société, des plus simples (Memory®,
Uno,® petits chevaux ou bataille) aux plus
complexes (Puissance 4®, Monopoly®, Pictionary,®
jeux de dames ou d’échecs) sont excellents pour
stimuler la capacité de concentration des petits
et des grands. Les littéraires extravertis pour-
ront se révéler très performants dans l’art de
l’argumentation sur certains sujets (aidez-vous
de documentaires et de revues) et apprécieront
les sorties en bibliothèque et les jeux comme
Cranium®, Les Incollables®, Trivial Pursuit®…
– La cuisine est utile à tous. Elle permet de toucher,
de couper et de manipuler, de faire des mathé-
matiques en exécutant la recette, de goûter sans
oublier de ranger, de laver… Et si on peut faire la
liste de courses (écriture) et faire les courses (le
réel), c’est encore plus complet.

116
10
– L es plus physiques préféreront, quant à eux,

Des solutions efficaces pour un retour au calme


toutes les activités sportives avec ballon,
raquettes, jeux de croquet ou de quilles. Bien sûr,
les balades à pied, à vélo, en roller ou en patinette
sont des incontournables… En intérieur, on peut
s’essayer à la danse, à la gym sur un tapis, à des
jeux de mimes, à un bain avec des jouets, à des
jeux d’équilibre ou d’adresse…

Passer des moments ensemble, c’est ce qui compte.


Faire des projets pour demain, pour les week-ends ou
les vacances, débriefer sa semaine, en racontant ce
qui était bien et ce qui ne l’était pas… et pourquoi
pas regarder un film ou faire un jeu sur la tablette
ensemble, une danse party ou du Wii Sports®, en le
commentant et en échangeant !

117
Conclusion

L’évolution du numérique est passionnante et ouvre


des possibilités immenses. Il ne faut pas diaboliser
les écrans, mais il ne faut pas non plus tout laisser
faire ! Prendre conscience des effets possibles des
écrans sur le développement de votre enfant et
mettre en place des règles familiales à ce sujet
est gage de sérénité dans la famille. Connaître les
différents risques inhérents à une surexposition aux
écrans permet de trouver l’énergie pour rappeler
quotidiennement les règles. Avec les différents
membres qui entourent l’enfant, mettre en appli-
cation les 10 clés proposées ici donne un vrai mode
d’emploi à l’utilisation des écrans, pour le bonheur
de chacun et avant tout celui de votre enfant…

118
Mettez en place votre charte familiale tous

Conclusion
ensemble et pour chaque enfant en prévoyant
une remise à jour régulière. Prenez un moment
ensemble pour faire votre charte familiale (voir
p. 122) inspirée de nos 10 clés, et affichez-la à un
endroit stratégique, visible par tous !
Même si cela prend du temps, vous y gagnerez au
bout du compte. Quel que soit son âge, votre enfant
a besoin de vous, quoi qu’il en dise. Retrouvez-
vous ! Passez du temps ensemble ! Donner des
règles fait partie de notre rôle de parents : c’est
l’éducation. On se doit de guider et de protéger
nos enfants, de les conduire vers l’autonomie en
les informant au mieux. La présence permanente
des écrans nous oblige à présent à intégrer un
mode d’emploi des écrans dans notre éducation
de parents

119
Ressources
utiles

Sites d’informations
sur les écrans
– CoSE : www.surexpositionecrans.org
– Alerte écran : www.alertecran.org
– Site américain à but non lucratif spécialisé
dans l’étude des médias :
www.commonsensemedia.org
– Site pour vous aider à établir votre propre
charte familiale (Family plan media de
l’Académie américaine de Pédiatrie) :
www.healthychildren.org/English/media/Pages/
default.aspx
– Site des anciens des GAFA (Google, Amazon,
Facebook et Apple) : humanetech.com

120
Sites d’éducation et de santé

Ressources utiles
– Site de Sabine Duflo, psychologue :
sabineduflofr.wordpress.com
– Réseau morphée : reseau-morphee.fr
– Site des orthophonistes :
jouepenseparle.wordpress.com
– Société canadienne de pédiatrie : www.cps.ca/fr
– Site canadien : naitreetgrandir.com/fr
– Site de parenting Hatier : parentips.fr
– Site de conseils pour élever son enfant :
www.laurencepernoud.com

Outils d’accompagnement
selon l’âge de son enfant
– Site pour connaître l’âge auquel le jeu vidéo est
adapté : pegi.info
– Site pour choisir les contenus d’écrans (La Souris
Grise) : www.souris-grise.fr
– Application pour limiter le temps et les contenus
(Screen Time) : screentimelabs.com
– Site permettant d’avoir un moteur de recherche
indépendant : www.qwantjunior.com

121
Les règles d’or
de la charte familiale
Cette charte est un document qui a plusieurs vertus.
1 Celle de vous permettre d’aborder tous les
aspects de la présence des écrans dans votre
famille de façon systématique (ce n’est pas
vous qui le dites mais la charte qui l’évoque).
2 Celle d’obliger toute la famille à se
positionner sur ces conseils : les lieux ou les
temps sans écran sont pour tout le monde !
3 Celle de l’engagement de chacun : avec
la signature de toute la famille à la fin du
document, nul n’est censé ignorer les règles !
4 Celle du rappel des engagements pris
(les bonnes résolutions sont si difficiles à tenir).

Ce document n’est pas un texte figé, c’est à vous de


vous l’approprier. N’hésitez pas à le modifier avec
le temps et l’expérience.

122
Les règles d’or de la charte familiale
Les points généraux
de la charte
Les points Charte à revoir tous les 3 mois
de vigilance si nécessaire, avec parents,
grands-parents, baby-sitter…
Les zones Décidez quelles sont les pièces
sans écran de la maison qui doivent rester
libres d’écran.
Les temps Le coucher et le repas sont
sans écran des moments non négociables,
mais d’autres « pauses »
technologiques pendant la
journée sont aussi nécessaires.
Les appareils Mettez en charge tous les
mis en appareils pour la nuit dans
sommeil un même endroit.

123
Le contenu Beaucoup d’émissions ou
média d’applications se disent
éducatives mais rien ne
vaut votre propre contrôle.
Diversifiez le type de
média utilisé comme pour
l’alimentation « variée
et diversifiée ».
L’équilibre Les appareils numériques font
des temps partie intégrante de notre
connectés et vie. Leurs bénéfices, s’ils sont
déconnectés utilisés de façon appropriée et
modérée, sont évidents. Mais
rien ne vaut de vrais temps avec
ses proches.
Le sommeil Tous les enfants ont besoin
et les d’exercice et de beaucoup de
activités sommeil (entre 11 et 14 heures,
physiques incluant la sieste avant 2 ans ;
entre 10 et 13 heures avant
5 ans, entre 10 et 12 heures
avant 12 ans).

124
Les règles d’or de la charte familiale
La citoyenneté Il faut apprendre très tôt aux
digitale enfants combien il est important
de garder des règles de bon
comportement même quand on
est sur l’Internet. De même, les
enfants ont droit à la protection
des adultes pour éviter toute
forme de maltraitance ou de
harcèlement sur Internet.
La sécurité Protégez votre enfant dans le
avant tout monde digital comme vous le
protégez dans tout système
ouvert et peu contrôlé…

Note de l’éditeur : cet ouvrage a été rédigé avec


les conseils du Dr Éric Osika, également pédiatre.

125
Retrouvez aussi,
chez Hatier parents :
Direction : Rachel Duc
Responsable éditoriale : Caroline Terral
Correction du texte original : Charlotte Müller
Suivi de la nouvelle édition : Amédine Sèdes
L’éditeur remercie Mathilde Cabon-Ollivier pour son aide précieuse.
Directrice artistique : Nadia Fernandes
Principe de couverture : SKGD création
Exécution de couverture et illustrations : Ho Thanh Hung
Mise en page : Patrick Leleux PAO
Cheffe de studio : Karine Alary
Fabrication : Cécile Labarthe

© Hatier – 8, rue d’Assas 75006 Paris

Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés pour tous pays.


pour les utiliser en famille
de manière raisonnée

1 Interrogez-vous
sur vos propres
habitudes
2 À chaque âge,
une durée maximale
conseillée

3 Bannissez les écrans


le matin 4 Renouez avec les repas
familiaux traditionnels

5 Évitez les écrans le soir


avant le coucher 6 Placez les écrans
dans des endroits
stratégiques

7 Contrôlez les contenus


visionnés 8 Proposez un
accompagnement
constructif

9 Éteignez les écrans


après usage 10 Des solutions
efficaces pour un
retour au calme
Retrouvez dans chaque livre
10 conseils et astuces simples
et efficaces pour dépasser les
problématiques du quotidien.

Dans la même collection :

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Parents
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préparer et s’organiser pleinement votre rôle
au quotidien

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Psychologue pour enfant

Accompagner
Spécialiste en
développement
personnel

son
adolescent
pour bien
communiquer et l’aider
à s’épanouir
Les écrans
Où que l’on se tourne, les écrans sont partout autour de nous. Dans
la rue, dans les magasins, chez soi, à l’école… Mais avons-nous
conscience de l’impact qu’ils ont sur nos enfants ?

Qu’ils soient utilisés de manière mesurée ou systématique, les


enfants, des plus jeunes aux adolescents, y sont confrontés pour le
meilleur, comme pour le pire.

Une multitude
de conseils efficaces
et éprouvés pour
utiliser sans abus
et de manière
Des éclairages
constructive
sur les effets des
les écrans
écrans sur les
à la maison.
apprentissages et
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cérébral.

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