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DIEU OSIKA
Pédiatre experte
Les
écrans
Pour plus de conseils et d’astuces, rendez-vous sur :
5
Sommaire
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1
Clé n° : Interrogez-vous sur vos propres
habitudes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
2
Clé n° : À chaque âge, une durée
maximale conseillée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
3
Clé n° : Bannissez les écrans le matin,
quel que soit l’âge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
4
Clé n° : Renouez avec les repas familiaux
traditionnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
6
Sommaire
5
Clé n° : Évitez les écrans le soir au moins
une heure avant le coucher . . . . . . . . . . . . . 68
6
Clé n° : Placez les écrans de la maison
dans des endroits stratégiques . . . . . . . . . . 78
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
Ressources utiles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
Les règles d’or de la charte familiale. . . . . . . 122
7
Introduction
Introduction
9
Chers parents, si vous avez ce livre entre les mains,
c’est que, comme nous pédiatres, vous vous posez
des questions sur ce nouvel objet qui a envahi notre
quotidien : ce que l’on nomme communément un
écran. Cet ouvrage va essayer de vous donner des
clés pour vous y aider.
10
De plus, ces nouveaux objets connectés sont
Introduction:
apparus en un temps record. C’est un phénomène
inédit dans toute l’histoire industrielle. On estime
aujourd’hui que, s’il a fallu plus de 38 ans à la radio
pour toucher 50 millions d’utilisateurs, il a fallu
moins de 80 jours au dernier iPad® pour toucher
la même population ! Tout va très vite, et il est
inévitable que nous nous sentions toujours un peu
dépassés.
11
… alors que l’enfant est
en devenir
S’il est une chose qui semble être oubliée de plus
en plus, c’est que l’enfant a des besoins particuliers
et qu’il n’est pas un adulte en miniature. Durant les
toutes premières années, il doit acquérir des compé-
tences complexes : le langage, bien sûr, mais aussi
des capacités motrices globales (marcher, courir,
sauter) ; des capacités motrices fines (manipuler,
dessiner) ; des capacités émotionnelles et sociales
(apprendre à attendre, à partager et à écouter).
Tout cela demande du temps, des échanges et l’at-
tention constante de l’entourage. Durant les années
suivantes, c’est la lecture, puis les apprentissages
de l’école qui vont devoir être acquis : les efforts
cognitifs de toute cette période sont intenses et l’en-
fant ne peut progresser que s’il est en permanence
soutenu et accompagné dans ces apprentissages.
Il est donc essentiel de se souvenir que cet objet
numérique, que nous connaissons avec nos compé-
tences, notre savoir et nos limites, n’est pas le même
objet pour un enfant de 2 ans qui doit apprendre à
parler, pour un plus grand qui commence à lire ou
pour un adolescent qui découvre la sexualité, et que
ce temps d’écran est pris sur le temps disponible
pour les autres activités.
12
Des objets dont on connaît
Introduction:
déjà les effets
Dès le plus jeune âge, l’exposition aux écrans est
source de difficultés dans le développement psycho-
moteur du bébé. Le temps passé devant l’écran est
du temps volé à toutes les autres activités indispen-
sables au développement de l’enfant. Quel que
soit son âge jusqu’à l’adolescence, voire l’âge adulte
compris, des troubles divers (sommeil, caractère,
attention…) sont observés. On ne peut pas s’empê-
cher de consulter son téléphone, sa boîte mail… Une
réelle dépendance (certains parlent d’addiction)
s’installe à tout âge. Vous avez sans doute observé
la détresse et la colère qui submergent votre enfant
quand vous lui retirez son écran ! Et sa demande
répétée pour reprendre l’écran jusqu’à temps que vous
craquiez ! De même, les réseaux sociaux (Facebook®,
Twitter®, Instagram®, Snapchat®…), les jeux en ligne,
les vidéos des Youtubeurs et les séries, cette offre
variée toujours enrichie, nous entraîne dans une
dépendance dont nous sommes tous victimes et
notamment nos adolescents. Le cyberharcèlement,
la pornographie et les contacts avec les inconnus
sont autant de sujets d’inquiétude. Laisser l’accès
à la toile sans contrôle en fonction de l’âge, c’est
comme laisser la porte grande ouverte de sa maison.
13
Sans contrôle sur le temps passé et sur la qualité
de ce que visionnent nos enfants, de nombreux
problèmes peuvent apparaître. Nous exposons ces
derniers dans la première partie de ce livre.
Trop peu de
recommandations claires
Si la place grandissante des écrans est une réalité de
plus en plus évidente, notre pays se montre pour le
moment en retard sur les messages de prévention,
là où les académies américaines ou canadiennes de
pédiatrie énoncent des recommandations claires
depuis plusieurs années. Plus étonnant, les avis d’ex-
perts sont parfois contradictoires ou encore peu
pratiques. Nous sommes souvent déconcertés devant
le peu de conseils applicables qui sont avancés, alors
qu’il n’y a rien de plus concret que les questionne-
ments des parents. « Est-ce que Dylan, 2 ans, peut
apprendre l’anglais en regardant des comptines ? » ;
« Combien de temps Kenza peut-elle regarder en
boucle son dessin animé préféré ? » ; « À quel âge
Benjamin peut-il avoir un téléphone connecté sur
le Wifi familial ? »
14
Introduction:
La captologie, vous connaissez ?
15
Des solutions
Pas de panique ! On peut mettre en pratique
10 clés pour maîtriser ce nouvel objet. Dans une
famille, un mode d’emploi d’utilisation de l’écran est
nécessaire pour les enfants et nous vous donnons
des pistes. Pour gérer au mieux cette révolution
numérique qui s’installe dans tous les foyers, il faut
d’abord faire un point sur le comportement des
adultes qui entourent l’enfant, c’est-à-dire 10 ques-
tions à se poser que vous trouverez dans la clé n° 1,
p. 36.
à savoir
différents âges des écrans, de vous
aider à réguler leur utilisation, voire
la supprimer pour les tout-petits,
et de vous proposer une utilisation
raisonnée et enrichissante pour
les plus grands.
16
Introduction
En analysant (honnêtement !) nos habitudes face
aux écrans, nous serons plus efficaces pour mettre
en place de bonnes pratiques. À faire le plus tôt
possible, dès l’arrivée de bébé si possible et, bien
sûr ensuite, quelle que soit la structure familiale. En
expliquant aux plus grands les problèmes engen-
drés par l’exposition aux écrans et le fait que, vous-
même, vous vous êtes questionné sur votre attitude,
vous avancerez pas à pas. Alors, à quand la réunion
familiale (voire élargie aux grands-parents, à la
baby-sitter…) pour en parler ? À vos agendas !
17
Partie
1
L e s e n j e ux
d’u n u s a g e
raisonné
Sur le langage
Sur le sommeil
et sur
l’apprentissage
Constats et
répercussions
des écrans sur
les petits et
les grands
Dans la vie
quotidienne
Les risques
d’addiction
Partie 1 : Les enjeux d’un usage raisonné
Quelques chiffres
De quels écrans parle-t-on ? En France, en 2021,
on estimait à six le nombre d’écrans dans un foyer.
Ce nombre augmente rapidement dans chaque
foyer, car de nombreux membres de la famille ont un
téléphone, une tablette, voire un ordinateur portable
pour chacun des membres (parents, adolescents), et
parfois plusieurs téléviseurs dans une même famille.
Par écran, on entend donc l’ordinateur, la tablette,
le smartphone, la télévision et les consoles de jeux
vidéo. La téléphonie mobile (tablette, portable,
ordinateur…) permet un accès à Internet 24 heures
sur 24, avec une offre pléthorique de services :
e-mails, forum, blog, YouTube®, Skype® et autres
messageries instantanées (Facebook®, Twitter®,
Instagram®, Snapchat®…), etc.
21
Aux États-Unis, en 2020, plus d’un enfant de
moins de 2 ans sur quatre regarde plus d’une
heure par jour un écran. Mais heureusement, 56 %
des enfants de moins de 2 ans ne regardent pas
les écrans. On rappelle qu’il est recommandé
par l’académie américaine de pédiatrie de ne
pas mettre les moins de 2 ans devant les écrans.
Pour la tranche d’âge 0-8 ans, en moyenne 24 %
des enfants regardent les écrans plus de 4 heures
par jour, 14 % 2 à 4 heures par jour et 27 % entre
1 à 2 heures par jour. Ils regardent essentiellement
la télévision.
En 2019, entre 8 et 12 ans, le temps d’écran varie
entre 4 h et 6 h par jour et entre 13 et 17 ans
de 6 h 30 à 8 h 30 ! Ils regardent essentiellement
des vidéos, YouTube® et les réseaux sociaux. À
noter que le temps d’écran lié à l’activité scolaire
varie entre 20 et 60 minutes seulement. (Source :
common sense media)
En France, en 2021, les 0-2 ans regardent les
écrans 3 h par jour ! Entre 3 et 6 ans, le temps passé
est d’environ 3 h 30. La télévision est le support le
plus utilisé avant le smartphone. L’étude ne donne
pas la proportion d’enfants de moins de 2 ans qui ne
regarde pas les écrans mais on sait que seulement
10 % des parents respectent les recommandations.
22
On rappelle pourtant qu’il est noté dans le carnet
23
20 % des enfants dès 6 ans ont été confrontés à
une situation de cyberharcèlement (les filles sont
trois fois plus touchées que les garçons). La majo-
rité des enfants ne protègent pas leurs données
personnelles et des photos dénudées (aussi
appelées nudes) ou d’autres images personnelles
peuvent circuler sur l’ensemble de la planète. Les
jeux vidéo sont également des situations à risque ;
près de la moitié des 11-15 ans jouent à des jeux
interdits aux moins de 18 ans.
À côté d’avantages incontestables, les risques sont
donc multiples ; il faut donc informer nos enfants
bien avant que le smartphone ne soit dans leur main,
les éduquer au numérique, les prévenir des risques,
s’assurer de la poursuite d’un dialogue et les protéger
notamment à l’aide du contrôle parental.
Que de points sur lesquels nous devons, parents,
nous questionner : le temps passé devant l’écran, le
contenu, le contexte, l’interactivité… Sans prise de
conscience ni connaissance des effets d’une expo-
sition inadaptée aux écrans, les enfants peuvent
présenter des difficultés plus ou moins sévères
dans les différents domaines de leur développe-
ment (langage, socialisation, apprentissage…).
24
Les constats sur
25
• Sur le langage
On sait que les enfants de moins de 12 mois exposés
2 heures par jour à la télévision ont un retard de
langage. L’apprentissage du langage est plus effi-
cace et plus fluide quand les enfants apprennent en
interaction avec une personne réelle. Les échanges
qui ont un rôle majeur dans le développement du
langage et de l’expression orale sont réduits en cas
d’exposition aux écrans, même quand la télévision
est en arrière-plan. Votre enfant apprend à parler
si vous lui parlez (dans votre langue maternelle de
préférence) et que vous réagissez à ses mimiques, à
ses gazouillis, puis aux onomatopées qu’il commen-
cera à dire… puis aux mots.
Un enfant laissé seul devant l’écran n’apprend
pas ; il sait tout juste répéter sans comprendre le
sens (il saura compter en anglais mais ne saura
pas que two est « deux » par exemple). Une étude
d’un grand groupe d’enfants de 6 mois à 2 ans a
montré un retard de langage d’autant plus impor-
tant que l’enfant est longtemps devant les écrans
portables. Une autre étude à Toronto en 2017 a
mis en évidence que, pour chaque augmentation
du temps d’écran portable de 30 minutes par jour,
le risque que l’enfant souffre d’un retard de langage
augmentait de 49 %.
26
• Sur l’apprentissage
27
Du fait de leur dimension addictive, l’exposition aux
écrans entraîne différents effets négatifs relatifs au
temps perdu pour les activités essentielles selon
l’âge de l’enfant. De fait, les écrans les privent de
l’exploration du milieu qui les entoure, de l’échange
par le regard ou par la parole avec les personnes
proches, des activités physiques de leur âge (courir,
sauter, faire du vélo…). Ce temps volé aux diffé-
rentes activités doit être redéfini ou, dans tous
les cas, rééquilibré.
28
La notion d’addiction à l’écran
29
Un autre élément est à prendre en compte : la
personnalité de chacun. Très clairement, probable-
ment comme dans d’autres processus addictifs, le
profil de la personne rentre en ligne de compte dès
le plus jeune âge. Si vous avez plusieurs enfants, vous
observez sûrement que chacun réagit différemment
à l’écran. Certains s’y intéressent, mais passent à
une autre activité. D’autres restent dans leur bulle
et n’en décrochent plus. Plus âgées, les filles sont
très adeptes des réseaux sociaux et les garçons des
jeux en ligne. Il est donc important d’être vigilant
quant à la personnalité de votre enfant, pour mettre
en place des règles qui devront être d’autant plus
fermes qu’il semble être « accro ».
L’écran doit avoir une dimension de préférence
éducationnelle et non occupationnelle. Plus vous
êtes vigilant sur le contenu, la durée d’utilisation et
le temps à l’accompagnement que vous y consacrez,
plus cette activité sera maîtrisée et n’interférera pas
négativement sur la vie quotidienne. Pour ne pas
tomber dans tous ces pièges, de bonnes habitudes
doivent être mises en place très tôt.
30
Dans la seconde partie de cet ouvrage, les 10 clés
31
La technoférence :
32
1 Interrogez-vous
sur vos propres
habitudes
10 Des solutions
efficaces pour
un retour au calme
Partie
9 Éteignez les écrans
après usage
2
8 Proposez
un accompagnement
constructif et
enrichissant
7 Contrôlez
les contenus
visionnés
2 À chaque âge,
une durée maximale
conseillée
3 Bannissez
les écrans le matin,
quel que soit l’âge
Les
4 Renouez avec
les repas familiaux
traditionnels
Interrogez- 1
vous sur
vos propres
habitudes
1
37
Si vous n’avez pas encore
d’enfant
S’interroger sur son rapport aux écrans avant la nais-
sance d’un enfant est toujours intéressant. C’est en
réalité le meilleur moment pour faire le point. En
effet, ces objets numériques vont avoir des réper-
cussions à différents niveaux de la dynamique même
de votre famille. Ce questionnement doit se faire
avec votre conjoint pour qu’ensemble, vous ayez la
bonne attitude. Quelle place ont ces objets numé-
riques dans votre vie et quelle place voulez-vous
qu’ils aient dans votre vie de parents ? Ont-ils déjà
une place essentielle, incontournable (votre portable
ne vous quitte pas une seconde du matin au soir) ?
Ne sont-ils qu’un objet au milieu des autres, avec
ses avantages et ses inconvénients (vous l’oubliez
régulièrement sur la table) ?
38
1
Toutes les études montrent en effet que le temps
39
Si vous avez un tout-petit
Le petit enfant est entièrement dépendant de vous !
Vous devez vous demander quelle place prendront
les écrans dans sa vie (pour pouvoir dissuader votre
belle-mère de lui acheter dès 6 mois la dernière
tablette high-tech !) mais, surtout, vous devez vous
demander quelle place vos écrans prennent dans
votre vie familiale : êtes-vous entièrement dispo-
nible quand votre bébé est en éveil ? Quels écrans
sont allumés le soir quand il est avec vous dans
le salon ? Les interactions entre les parents et les
tout-petits sont tellement importantes dans ces
toutes premières phases de développement que
vous devez absolument faire attention à ce que
chaque moment d’éveil soit un moment d’échanges
à 100 %.
40
1
Si vous avez des enfants
41
• Les 10 questions à se poser en famille
1 Quel type d’écrans y a-t-il chez vous
(recensez tous les écrans : votre smartphone,
la tablette, l’ordinateur portable, la console,
les jeux vidéo et la télévision) ?
2 À quelle fréquence un écran est-il allumé en
arrière-plan sans que personne ne le regarde ?
3 La télévision et les téléphones sont-ils tous
fermés au moment des repas ?
4 Qu’est-ce que vous regardez avec votre
enfant ?
5 Encouragez-vous la conversation avec votre
enfant lorsque vous utilisez les écrans ?
6 Regardez-vous des émissions commerciales ou
des émissions pour adultes avec votre enfant ?
7 Votre enfant utilise-t-il des écrans pendant
que vous faites des tâches ménagères ?
8 Votre enfant passe-t-il du temps devant un
écran avant le coucher ?
9 Y a-t-il des activités passées devant un écran
dans le milieu de la garde de votre enfant ?
) Avez-vous déjà mis en place des règles ?
Lesquelles ?
42
1
Grâce aux conseils que nous vous donnons plus
43
Clé
À chaque 2
âge, une durée
maximale
conseillée
2
On assiste aujourd’hui à de nombreuses discussions
Le
saviez- ·
Lorsque la télévision est allumée
en arrière-plan toute la journée,
un enfant entendra 13 400 mots
vous ? en moins par semaine que si la
télévision est éteinte !
45
Avant 2 ans
Pas d’écran avant 2 ans. Cependant, regarder des
photos de la famille sur une tablette ou utiliser
Skype® pour faire un petit coucou à Papa parti
en déplacement est possible, bien sûr… Regarder
une comptine de quelques minutes avec votre
enfant sur vos genoux n’est pas un problème, mais
pas plus d’une fois par jour… En effet, ces petits
scénarios sont très addictifs. Contrairement à ce
que l’on croit souvent, les enfants n’apprennent
rien devant un écran, car ils n’ont pas encore la
faculté de comprendre ce qu’ils regardent et surtout
de faire le lien avec la réalité qui les entoure. On
appelle ce phénomène « le déficit vidéo ». Votre
enfant ne prend donc aucun retard si vous ne le
mettez pas devant des applications dites « éduca-
tives », comme le conseillent certains fabricants…
Et surtout, ne pensez pas, si votre langue mater-
nelle n’est pas le français, qu’il va apprendre cette
langue en restant devant la télévision ; c’est tout le
contraire ! Pour apprendre, votre enfant a besoin
des interactions en trois dimensions avec une
autre personne : vous ne pourrez trouver rien de
tout cela sur un écran… Cependant, jouer, encastrer,
monter et démonter sont des activités bien plus
difficiles et bien plus variées.
46
2
Échangez surtout dans votre langue et amenez-le
Entre 2 et 4 ans
Au mieux, la durée d’exposition ne doit pas
dépasser les 30 minutes (avant 3 ans notam-
ment) par jour et au maximum 1 heure par jour, de
préférence accompagné (ce qui est très différent
que d’être seul devant l’écran). Il est préférable de
prévoir des temps courts de 10-15 minutes, avec
des moments sans écran, comme nous l’indiquons
ensuite (le matin, aux repas, le soir, après certaines
activités et pas avant…).
47
Passez d’une activité à une autre : « Tu regardes
la comptine que tu aimes bien (10 minutes), puis
tu joues à la dînette pour me faire à manger ! »
Si c’est le « bazar » à la maison, ce n’est pas très
grave : on peut faire atelier rangement ensuite, et
on finit si besoin par un jeu ou une vidéo sur l’écran,
si ça lui fait plaisir… Dans tous les cas, choisissez un
programme adapté à son âge, au contenu adéquat
et dans un contexte précis (voir les clés n° 7 et 8).
Entre 4 et 6 ans
On peut essayer de se limiter à 1 heure par
jour en moyenne : mais il est possible un jour
d’aller jusqu’à 1 h 30 – pour regarder un film, par
exemple – et rester à 30 minutes le lendemain.
De la même façon, 30 minutes d’un épisode de
C’est pas sorcier sur le système solaire regardées
ensemble ne doivent pas compter comme les
mêmes 30 minutes d’un manga de super-héros.
Vous avez sans doute cerné sa personnalité et son
goût important ou pas pour les écrans. Tenez-en
compte ! Pour ceux qui semblent très dépendants,
sortez, baladez-vous.
48
2
Les activités extérieures sont essentielles, car votre
49
Entre 6 et 8 ans
L’idéal serait de ne pas dépasser 1 heure par jour.
Pour certains enfants très accros, on peut ajouter
des temps de récompenses de 10-15 minutes par
exemple pour des tâches ménagères convenues
à l’avance (mettre la table, débarrasser, ranger sa
chambre…). Les enfants qui ont une console seront
souvent très motivés, mais les temps doivent être
bien respectés. Et pour cela, mettre le minuteur
de votre portable avec une sonnerie est un indis-
pensable. Le temps passe si vite devant Mario !
Les enfants ont besoin de constance. C’est parfois
difficile (le soir, on est fatigué), mais il faut tenir
bon… C’est 10 minutes et pas plus, par exemple.
Comme aide-mémoire, pour se repérer, on compte
un temps d’écran par semaine équivalent au
nombre d’années : soit 7 heures par semaine à
7 ans, 8 heures par semaine à 8 ans… On rappelle
que l’activité écran n’est pas obligatoire et mieux
vaut passer du temps à la sortie de l’école à l’ex-
térieur, en allant faire une course ou en faisant un
détour par le parc, que de se retrouver à tourner en
rond dans la maison avec la tentation des écrans.
50
2
Entre 8 et 10 ans
51
Prenez le temps, lors d’un moment calme, de lui
exposer vos priorités : les activités scolaires (les
devoirs avant les écrans), les activités extrasco-
laires indispensables (sport, musique…), les repas,
le sommeil… Ils peuvent commencer à négocier
pour arrêter les activités extrascolaires : méfiez-
vous ! Quelles sont ses réelles motivations ? Ne
préférerait-il pas, en réalité, être devant ses jeux
vidéo plutôt que de poursuivre son sport ? Il est très
influençable, il se cherche et veut faire comme les
autres… Discutez tranquillement en le prévenant
assez tôt de ce qui va être autorisé, négociable
et interdit. Par exemple, il est prévu 2 heures par
jour (autorisation), un temps supplémentaire est
possible selon des tâches prévues (négociation)
et les jeux vidéo non autorisés à son âge sont non
acceptés (interdiction). Les adolescents sont très
sensibles à l’injustice. Si vous expliquez pourquoi il
est souhaitable de maîtriser le temps passé devant
les écrans et que vous respectez les règles mises en
place (souvenez-vous de l’affiche sur le réfrigéra-
teur !), l’ambiance sera plus sereine. N’oubliez pas :
il essaiera toujours de vous charmer pour obtenir
plus…
52
2
Si votre adolescent se retrouve seul à certains
53
Clé
Bannissez 3
les écrans
le matin, quel
que soit l’âge
3
55
C’est ensuite l’occasion d’apprendre à s’habiller (et
non pas l’habiller à la hâte, alors qu’il est comme
paralysé devant la télé) en essayant de le faire
progresser sur le plan de l’autonomie (« Bon, je
t’aide pour la chemise, mais tu mets tes chaus-
settes tout(e) seul(e) ! ») et, par là même, l’oc-
casion de développer encore sa motricité fine
(« Allez, je te remontre comment on noue les
lacets ! »).
Le
saviez- ·
Le cortisol est l’hormone qui nous
rend tonique et alerte. Son taux
varie : il est à son niveau le plus élevé
vous ? à 8 heures le matin, pour une bonne
journée !
56
3
Pour les « un peu plus grands »
57
S’organiser au quotidien
avec les petits et les moyens
Mais comment faire ? Il faut leur réserver un peu
de votre temps (pas facile !) à table en étant à leur
écoute, en jouant tout en s’habillant avec des bisous
(réserve de câlins pour la journée), les laisser finir
leur puzzle ou les laisser jouer… Si cela prend plus
de temps, il vaut mieux les réveiller 10-15 minutes
plus tôt. Certes, le sommeil est un peu écourté,
mais le bénéfice est là malgré tout : vous êtes moins
énervé et eux sont vraiment bien réveillés en arrivant
à la crèche ou à l’école ; la séparation s’en trouve aussi
facilitée le plus souvent. Ces 10-15 minutes sont
à récupérer en se couchant plus tôt le soir. C’est à
organiser, bien sûr, mais c’est possible !
Pendant les week-ends et les jours de vacances,
ne laissez pas vos enfants sans horaire. Donnez
un horaire précis à partir duquel ils pourront
allumer la télévision ou utiliser leur tablette.
Par exemple, à partir de 9 ou de 10 heures du
matin pour les jours de congé, mais toujours avec
un temps limité ! Pour les plus jeunes, installez
une pendule à chiffres et montrez-leur l’horaire à
respecter. Ils apprennent très vite dans ces condi-
tions à reconnaître ces chiffres.
58
3
Prévoyez de faire une sortie dès le matin. C’est peut-
59
Vous avez remarqué comme les adolescents
passent beaucoup de temps dans les toilettes avec
leur portable quand ils ont une connexion Internet !
Si votre ado est raisonnable sur le temps passé, c’est
parfait. Pour les plus dépendants, prévoyez pendant
le week-end, à un moment propice, au calme et en
tête à tête, de discuter de l’organisation matinale.
« On va faire le point sur ta semaine. Tu arrives
en retard au lycée, tu ne prends pas le temps de
te brosser les dents correctement (bien sûr, il a
en plus un appareil dentaire avec des bagues !),
tu pars le ventre vide, tu oublies des affaires… ».
Discutez le temps précis de portable le matin,
mettez une application pour limiter l’accès au Wifi
à un certain horaire, levez-le plus tôt… Faites-lui
prendre conscience qu’il faut trouver une autre
façon de faire.
Le matin, pour les autres jours, selon les âges,
donnez des règles claires sur l’heure de début et
du temps qui sera accordé aux écrans. Prévoyez
des activités extérieures, si possible. Imposez (sauf
exception bien sûr) un lever à 10 heures au plus
tard pour éviter un endormissement trop tardif le
soir même.
60
3
Du coup, il pourra aussi participer aux activités
61
Clé
Renouez 4
avec les repas
familiaux
traditionnels
4
63
Des images choquantes (qui ne le sont pas
forcément pour vous) peuvent apparaître et
votre enfant aura toutes les peines à les digérer
– c’est le cas de le dire ! Contrairement à ce
que l’on pense, chez le petit enfant, même si
vous êtes attentif à ses réactions, lui expli-
quer ce qu’il voit ne modifie pas ses émotions.
La solution qui consiste à mettre votre enfant dos à
l’écran n’est pas bonne non plus. Vous serez moins
attentif, il se retournera, votre conversation sera
pauvre et mal entendue du fait du son de l’écran.
Mieux vaut vous informer par la radio dans votre
voiture ou dans les transports, ou encore regarder
les informations quand votre enfant est couché.
Le
saviez- ·
Un Français sur deux mange
devant les écrans au dîner.
vous ?
64
4
Pour les tout-petits
65
Cependant, chez Mamie, par exemple, cela a pu
arriver et la mauvaise habitude s’est installée. Encore
une fois, votre bébé a besoin de votre attention, de
vos paroles et de vos réactions. Calez-le bien assis,
à la bonne hauteur, avec un grand bavoir. Laissez-lui
des choses à toucher (du pain ou de petits bouts de
fruit bien mûr ou de fromage). Donnez-lui une cuil-
lère et, pendant qu’il explore, poursuivez le repas.
Faites des pauses pour rompre la monotonie du
face-à-face en permanence (donnez-lui un biberon
d’eau ou préparez le repas des grands en lui faisant
des commentaires).
66
4
Le repas familial est un moment d’échange et/ou
67
Clé
Évitez les 5
écrans le soir
au moins une
heure avant
le coucher
5
69
Cet effet sur la sécrétion de la mélatonine est parti-
culièrement sensible chez les plus jeunes enfants.
Lorsque les enfants sont devant un dessin animé
juste avant le coucher, l’endormissement sera
plus tardif et le temps de sommeil diminué. Les
études montrent que cette diminution du temps
de sommeil est différente selon l’âge. Chez les
tout-petits (qui ne vont pas à l’école) et les adultes,
ce temps de sommeil est déplacé avec un réveil
le lendemain plus tardif et une augmentation du
temps de sieste. Le sommeil est donc plus frac-
tionné, ce qui n’est pas une bonne chose, car on
sait que c’est le temps de sommeil continu qui
est le plus important pour la consolidation des
apprentissages. Cette diminution de la qualité du
sommeil est à l’origine des troubles des acquisitions
observés chez les enfants trop exposés aux écrans.
Pour les enfants plus grands et les adolescents, on
observe une diminution du temps total de sommeil
sans possibilité de rattrapage. L’option de votre
smartphone qui permet de diminuer l’émission
de lumière bleue (night shift) n’a pas montré de
bénéfice réel sur le sommeil.
70
5
Un autre effet des écrans sur le sommeil est à
71
Les adolescents font partie des cibles les plus à
risque dans les troubles du sommeil associés aux
écrans. En effet, leurs nouveaux objets numériques
sont aujourd’hui « connectés partout et tout le
temps » et la chambre n’est pas épargnée : l’ado-
lescent garde presque toujours son téléphone avec
lui quand il va se coucher, et les réseaux sociaux
restent actifs très longtemps dans la nuit. Il en va
de même pour les sites à risque (pornographiques
notamment). Les adolescents sont sujets au risque
de passer la nuit sur des jeux vidéo en ligne. Ces
objets numériques utilisés tard le soir sont respon-
sables d’un sommeil insuffisant, d’une augmenta-
tion de la fatigue en journée, de difficultés scolaires
et d’effets sur l’humeur…
Vous l’avez compris, ces objets numériques sont
de véritables poisons pour le sommeil des enfants,
quel que soit leur âge. Le contrôle de leur réper-
cussion sur leur sommeil est une priorité absolue.
72
5
Le
73
Il ne manquera pas d’en rajouter une ou deux (pas
plus), mais cela fait partie du jeu…
Le week-end ou en vacances, on se fera un petit
plaisir avec un film choisi en famille, voire un plateau
télé (la fête quoi !). Ce sera l’exception qui confirme
la règle ! Cependant, les grands ont de gros besoins
de sommeil, quoi qu’ils en disent. De 3 à 5 ans,
les enfants ont besoin de 12 heures de sommeil,
sieste comprise – la sieste est nécessaire le plus
souvent jusqu’à 4 ans et demi. De 6 à 12 ans,
ils doivent dormir de 10 à 12 heures et, de 13 à
18 ans, de 9 à 10 heures. Ce sont des moyennes,
car chaque enfant, comme chaque adulte, a des
besoins personnels. Si votre enfant se réveille faci-
lement le matin, c’est un signal simple rassurant.
Il est souvent pertinent d’expliquer aux enfants
comment fonctionne l’endormissement pour
accepter de se coucher avec un livre ou une bande
dessinée à distance des écrans.
74
5
Les solutions pour les grands
75
L’étude du Réseau Morphée de 2014 apporte
des données qui font réfléchir ! Ainsi, 33 % des
enfants de 12 à 14 ans emportent leur portable
dans leur lit et 10 % une tablette ou un ordina-
teur. 52 % reconnaissent utiliser régulièrement
un appareil électronique pour communiquer dans
leur lit ! Près de 11 % programment un réveil en
pleine nuit pour se connecter aux réseaux sociaux
ou envoyer des SMS ! Enfin, 74 % des jeunes
profitent d’un réveil spontané la nuit pour réaliser
ces mêmes activités… Au vu de ces données, il
est important d’informer les adolescents et de
prendre des mesures efficaces. Pour des plus
grands (16 ans par exemple) raisonnables et en qui
vous avez confiance, conseillez-leur de mettre leur
portable en mode avion la nuit, afin de conserver
l’application réveil.
76
5
Le paradoxe des livres
77
Clé
Placez
les écrans
6
de la maison
dans des endroits
stratégiques
6
79
Les écrans dans sa chambre
sont à proscrire
Quel que soit l’âge et quel que soit le type d’écran
(télévision ou portable), la présence de celui-ci
dans la chambre entraînera des conséquences
multiples : isolement, trouble du sommeil, trouble
du comportement, temps volé à d’autres activités…
Dans la chambre, on ne peut pas contrôler ni le
temps passé, ni le contenu. Et donc, par définition,
l’utilisation n’est pas accompagnée. Or, ce sont les
trois points essentiels dans la gestion des écrans !
D’emblée, ne mettez pas d’écran dans la chambre
de votre enfant, quel que soit son âge… Cette pièce
doit être sanctuarisée : pas de télévision, ni de
console, ni d’ordinateur.
80
6
Le
81
Les écrans nomades doivent être rangés dans un
lieu dédié commun à la famille : le salon, le bureau…
Vous pourrez vérifier d’un coup d’œil qu’ils sont à
leur place. En pratique, on laisse les chargeurs dans
cette pièce. Évitez la cuisine, pour ne pas para-
siter les repas avec des signaux sonores de SMS
ou de notifications… Assurez-vous que tous les
écrans portables, qui ne sont plus a priori utilisés,
sont rangés dans une pièce commune dédiée. Les
enfants sont ingénieux et observateurs, ils ont vite
fait de mettre la carte SIM de leur téléphone dans
un autre pour pouvoir l’utiliser seul dans la chambre
en vous faisant croire que le leur est en train de
charger. Donc vigilance… En laissant les écrans dans
la pièce commune, vous pouvez d’une part voir ce
qu’ils regardent (contrôle du contenu), ainsi que
leurs expressions. Mettre des mots sur ces émotions
est essentiel.
82
6
Pour les plus grands
83
Clé
7
Contrôlez
les contenus
visionnés
7
85
Non seulement ses activités sont en permanence
interrompues par les spots d’attention que l’écran
lui « réclame », mais il peut capter une image qui,
à vos yeux, est sans risque mais qui, pour lui, sera
difficile à comprendre, à « digérer ». Les petits
enfants n’ont pas les capacités émotionnelles
de comprendre des images qui ne sont pour-
tant ni violentes ni choquantes. On doit se
méfier des clips musicaux, dont la mise en scène
peut aussi lui faire peur. Mieux vaut la musique
sans écran et s’informer par la radio !
Les programmes de divertissement pur destinés
aux enfants leur apportent peu de chose. C’est
encore pire si le rythme des séquences est
trop rapide. La bande sonore est tonitruante
et les situations sont beaucoup trop éloignées
de leur réalité. Regardez votre petit, littérale-
ment paralysé devant une série japonaise, où
des héros masqués, dans un bruit assourdissant,
volent dans les airs. Ces programmes ne sont
pas conseillés.
86
7
Les programmes « acceptables »
87
Il est donc préférable de ne pas regarder des émis-
sions destinées aux adultes avec les petits. De même,
quand le grand regarde un dessin animé, il vaut
mieux occuper votre petit dans une autre pièce pour
éviter qu’il regarde le programme du grand. Pensez
à certaines images comme la sorcière de Blanche-
Neige ou un fantôme de Scouby-Doo !
Bonne nouvelle ! Quand on a donné des bonnes
habitudes de gestion des écrans aux tout-petits, ces
règles sont tout naturellement mieux suivies quand
l’enfant est grand : commencer tôt, c’est entrer
dans un cercle vertueux ! Les études montrent en
effet que les enfants qui regardent peu les écrans
petits sont ceux qui regardent peu les écrans devenus
grands.
88
7
Pour les plus grands,
Le
saviez- ·
En France, les sites
pornographiques sont accessibles
à tous, quel que soit l’âge et sans
vous ? aucune restriction !
89
L’enfant risque d’y perdre son empathie et ses
repères de respect, et de devenir lui-même violent.
Le respect de la femme est également mis à mal…
Lors de l’utilisation d’un nouveau jeu (dernier cadeau
d’anniversaire par exemple), il est souhaitable de
regarder quelques minutes avec votre enfant le
but du jeu et le rythme. Vous pourrez alors lui en
reparler et montrer que vous vous intéressez à ce
qu’il fait. Quand on parle des écrans, nous voyons
de nombreux parents qui n’ont aucune idée du jeu
auquel leur enfant joue. Prenez du temps pour vous
baigner dans son univers pour un échange futur sur
le sujet et pour peut-être même faire une partie
avec lui – c’est du partage, donc c’est très positif.
Méfiez-vous aussi toujours de votre éventuel cadet
qui, « fan » de son aîné, se retrouve exposé à des
jeux inadaptés !
Des jeux de stratégie comme Minecraft® (on peut
jouer en réseau ouvert ou fermé) sont intéressants,
non violents et passionnent les adolescents.
90
7
91
• Les sites Internet
Contrôler le contenu est d’autant plus difficile
que votre enfant a sans doute son propre écran
(portable ou tablette) et se retrouve seul en rentrant
de l’école. En effet, les études montrent que 45 %
des enfants de moins de 8 ans ont un écran qui
leur appartient. Si le portable vous rassure et vous
permet d’être toujours en lien avec votre enfant,
sachez qu’il lui sert surtout à jouer ou à surfer sur le
Net et non pas à téléphoner. Offrez ce portable avec
une application qui limite le téléchargement libre
des applications, ainsi que le temps passé – comme
l’application Screen Time®. Évitez le plus longtemps
possible que son abonnement permette un accès à
la 4G. À la maison, paramétrez les plages horaires
de votre box pour que l’accès au Wifi ne soit possible
qu’à des horaires précis.
On rappelle que, lorsque votre enfant est sur la
Toile, il doit se trouver dans une pièce où vous êtes.
En effet, si votre enfant est sur Internet et que vous
n’êtes pas loin, vous éviterez une fréquentation des
sites pornographiques qui n’est malheureusement
pas rare. La moitié des adolescents âgés de 15 à
17 ans ont déjà surfé sur un site de ce type (51 %),
soit une proportion en nette hausse (+ 14 points)
en 4 ans (37 % en septembre 2013).
92
7
En majorité, les ados considèrent eux-mêmes que
93
Clé
Proposez un
8
accompagnement
constructif et
enrichissant
8
95
Qu’est-ce qu’un déficit
de transfert ?
Une expérience résume facilement cette notion.
Dans un premier groupe, des enfants regardent sur
un écran vidéo une personne qui cache un animal
en peluche dans une pièce. L’autre groupe regarde
exactement la même scène, mais par une fenêtre
percée dans la pièce. Quand les enfants des deux
groupes entrent dans la pièce pour retrouver l’animal
en peluche, tous les enfants de la fenêtre retrouvent
l’animal, alors que la moitié seulement du groupe
des enfants de la vidéo réussit. Cet effet très parti-
culier des écrans est un véritable frein à tous les
supposés apprentissages proposés par les éditeurs
de logiciels, dans la mesure où ce qui est vu sur un
écran n’est pas directement transposable dans la vie
réelle. Ce déficit de transfert est caractéristique de
l’enfant de moins de 2 ans et s’estompe peu à peu en
grandissant avec l’acquisition de nouvelles capacités
symboliques.
96
8
Cependant, les mêmes chercheurs montrent que ce
97
Devenez acteur en commentant
et en interrogeant
L’engagement conjoint est très différent du simple
visionnage de l’écran que l’on recommande parfois :
c’est le coviewing des Anglo-Saxons. Contrairement
à ce qu’il est dit parfois, ce simple fait de regarder
un écran en compagnie de son enfant ne suffit pas
à améliorer l’expérience de visionnage. Les études
en vie réelle montrent que l’attention des enfants et
des adultes est captée par l’écran et qu’il y a en fait
très peu d’interactions pendant ce temps. Il y a peu
d’intérêt à vous asseoir à côté de votre enfant pour
regarder un reportage sur les animaux d’Afrique.
Vous devez avoir un rôle actif : « Oh là là ! Mais
c’est quoi derrière le baobab ? Un éléphant, tu
crois ? Tu te souviens, on a vu le même l’autre
fois au zoo avec Tatie Carol ! » Transformez votre
enfant en acteur du contenu numérique. Faites des
liens avec la vie réelle, profitez-en pour utiliser des
mots plus complexes ou des temps du passé ; c’est
comme cela que ces objets numériques peuvent
devenir de véritables outils d’apprentissage.
98
8
Cherchez à faire des relations, après l’utilisation
99
C’est donc un véritable travail pédagogique que
vous devez accomplir pour accompagner les objets
numériques mobiles. Des études ont montré que
les enfants, contrairement à ce qui est souvent dit,
n’ont aucune facilité à utiliser les écrans interac-
tifs seuls et qu’il leur faut une vraie période d’ap-
prentissage, avec l’aide d’un tiers, pour accéder au
contenu éducatif. Il a besoin de votre aide pour
comprendre comment faire un puzzle numérique
ou un Memory® sur une application. Plus encore :
il a besoin que vous souteniez en permanence ses
efforts pour progresser : choisir le bon niveau qui lui
permette d’apprendre sans se lasser ni trouver cela
trop dur, le rassurer quand il se trompe, l’encourager
quand c’est difficile ou le féliciter quand il réussit.
Bref, rien qui se fasse tout seul…
100
8
Informez et accompagnez
101
Même un site comme Snapchat®, pourtant consi-
déré comme éphémère, n’est pas épargné : toutes
les images envoyées peuvent être gardées grâce
une simple capture d’écran ! Ainsi, l’adolescent
peut envoyer des images de plus en plus osées (des
« nudes » par exemple, qui sont des photos plus ou
moins dénudées) sur ce site en pensant qu’elles
disparaîtront…
Ces fameux like génèrent un processus de récom-
pense, dont l’adolescent devient dépendant. Il a
alors chaque jour besoin de consulter et d’alimenter
toujours plus son compte et sa page pour être
reconnu encore et encore, pour appartenir à un
groupe qui le considère. Les adolescents ont besoin
d’une reconnaissance positive pour passer au
mieux cette période difficile. Les réseaux sociaux
ont bien compris leur fonctionnement.
102
8
Les jeunes enfants et adolescents doivent être
103
Clé
Éteignez9
les écrans
après usage
9
Éteindre les écrans après usage, c’est passer à une
Le
saviez- ·
En 40 ans, nos collégiens ont
perdu environ 25 % de leur capacité
physique. En effet, en 1971, un
vous ? collégien courait 600 mètres en
3 minutes. En 2013, pour cette
même distance, il lui en faut quatre !
105
Prévoyez une cession sportive
après un temps d’écran
Si l’on exclut les nouvelles consoles de type Wii®,
Xbox® ou PlayStation® où certaines applications
peuvent donner lieu à des activités physiques
particulières, l’utilisation habituelle des médias
numériques ne génère aucun effort physique (en
dehors du pouce !). D’ailleurs, les études de grandes
cohortes, qui étudient par exemple les risques
d’obésité chez l’enfant, utilisent le temps d’écran
comme indice de sédentarité ! Une faible activité
quotidienne entraîne à tout âge une moins bonne
santé physique et de moins bonnes capacités de
nos différents organes (cœur, poumons, muscles…).
Les cardiologues pédiatriques s’en inquiètent d’ail-
leurs actuellement, car, en France, un enfant sur
deux fait moins de 60 minutes par jour d’activité
physique. Ainsi, l’endurance des enfants diminue.
Proposer une sortie ou une activité physique (vélo,
roller…) après un temps d’écran est essentiel pour
varier les activités, sortir de chez soi (ce qui diminue
la tentation de rejouer) et entretenir son corps
(pour les petits comme pour les grands !).
106
9
Éteignez la télévision en arrière-
107
Alors qu’il n’est pas rare aujourd’hui que la télévi-
sion soit allumée en permanence dans les salons, il
est maintenant clair qu’une telle durée d’exposition
provoque des retards de langage et des troubles
des apprentissages.
Comme nous l’avons dit, ces effets sont diminués
si le contenu et le contexte sont différents, si les
contenus sont choisis et si le visionnage est accom-
pagné et commenté. Lors des repas, éteignez la
télévision pour avoir un plein échange à table et
éviter les images gênantes pour votre enfant.
Bo n à
Pour éviter qu’un écran
(ordinateur ou télévision)
savoir
soit allumé, n’hésitez pas à :
·· mettre des codes ;
ranger les télécommandes ;
·
ne pas laisser en veille les écrans
sans mot de passe (prévoyez un
endroit « secret » pour mettre
vos mots de passe !).
108
9
Surtout, interrogez-vous sur vos habitudes : le matin
109
Clé
10
Des solutions
efficaces pour
un retour
au calme
10
111
Cet écran, qui semble régler si facilement ces
petites colères et ces intolérances à la frustration,
ne fait au contraire que retarder la gestion du conflit
dont il est issu… Il est donc absolument nécessaire
de trouver d’autres moyens d’apaisement.
Le
saviez- ·
65 % des parents utilisent leur
portable pour calmer leurs enfants
dans un lieu public !
vous ?
Pourtant, comme c’est tentant ! Or, si ces enfants
se calment rapidement avec l’écran et si les parents
ne prennent pas garde, un cercle vicieux s’installe,
et on peut voir des parents pris au piège, laissant
leur enfant plus de 4 à 5 heures par jour devant les
écrans. Ne favorisez pas ce processus de récom-
pense, il deviendra addictif pour vous (pour obtenir
le calme) et pour votre enfant (qui n’aura pas appris
d’autre moyen pour se calmer).
112
10
Parlez-lui pour le calmer
113
Quand vous sentez la situation tendue, sortez à
l’extérieur, pour les petits comme pour les grands,
en gardant votre téléphone au fond de la poche !
Des promenades plus ou moins longues (selon le
temps) sont profitables à tous. Les sorties peuvent
aider à oublier les écrans (moins de tentation)
et permettent de varier les activités. Les enfants
apprécient une simple sortie pour aller chercher
le pain, faire une course ou aller au parc. Au début,
ils rechigneront, car ils savent que cela les prive
d’écran mais, au fur et à mesure, ils apprécieront
et en redemanderont, notamment aux beaux jours.
Si ce n’est pas le cas, prenez l’habitude de sortir
régulièrement ! La fatigue physique permet aussi
de mieux s’endormir. Si le sommeil est de qualité
et en quantité suffisante, votre enfant se mettra
moins facilement en colère, il sera plus serein et
les frustrations seront plus faciles à gérer.
114
10
Instaurez des moments
115
– Pour les rêveurs, les jeux pour faire semblant,
comme la dînette, le matériel de ménage ou les
parcours avec des voitures ou des trains, quel
que soit le sexe, seront particulièrement indi-
qués. Certains petits garçons aiment jouer avec
des poupons et des petites filles peuvent aimer
bricoler.
– Les jeux de société, des plus simples (Memory®,
Uno,® petits chevaux ou bataille) aux plus
complexes (Puissance 4®, Monopoly®, Pictionary,®
jeux de dames ou d’échecs) sont excellents pour
stimuler la capacité de concentration des petits
et des grands. Les littéraires extravertis pour-
ront se révéler très performants dans l’art de
l’argumentation sur certains sujets (aidez-vous
de documentaires et de revues) et apprécieront
les sorties en bibliothèque et les jeux comme
Cranium®, Les Incollables®, Trivial Pursuit®…
– La cuisine est utile à tous. Elle permet de toucher,
de couper et de manipuler, de faire des mathé-
matiques en exécutant la recette, de goûter sans
oublier de ranger, de laver… Et si on peut faire la
liste de courses (écriture) et faire les courses (le
réel), c’est encore plus complet.
116
10
– L es plus physiques préféreront, quant à eux,
117
Conclusion
118
Mettez en place votre charte familiale tous
Conclusion
ensemble et pour chaque enfant en prévoyant
une remise à jour régulière. Prenez un moment
ensemble pour faire votre charte familiale (voir
p. 122) inspirée de nos 10 clés, et affichez-la à un
endroit stratégique, visible par tous !
Même si cela prend du temps, vous y gagnerez au
bout du compte. Quel que soit son âge, votre enfant
a besoin de vous, quoi qu’il en dise. Retrouvez-
vous ! Passez du temps ensemble ! Donner des
règles fait partie de notre rôle de parents : c’est
l’éducation. On se doit de guider et de protéger
nos enfants, de les conduire vers l’autonomie en
les informant au mieux. La présence permanente
des écrans nous oblige à présent à intégrer un
mode d’emploi des écrans dans notre éducation
de parents
119
Ressources
utiles
Sites d’informations
sur les écrans
– CoSE : www.surexpositionecrans.org
– Alerte écran : www.alertecran.org
– Site américain à but non lucratif spécialisé
dans l’étude des médias :
www.commonsensemedia.org
– Site pour vous aider à établir votre propre
charte familiale (Family plan media de
l’Académie américaine de Pédiatrie) :
www.healthychildren.org/English/media/Pages/
default.aspx
– Site des anciens des GAFA (Google, Amazon,
Facebook et Apple) : humanetech.com
120
Sites d’éducation et de santé
Ressources utiles
– Site de Sabine Duflo, psychologue :
sabineduflofr.wordpress.com
– Réseau morphée : reseau-morphee.fr
– Site des orthophonistes :
jouepenseparle.wordpress.com
– Société canadienne de pédiatrie : www.cps.ca/fr
– Site canadien : naitreetgrandir.com/fr
– Site de parenting Hatier : parentips.fr
– Site de conseils pour élever son enfant :
www.laurencepernoud.com
Outils d’accompagnement
selon l’âge de son enfant
– Site pour connaître l’âge auquel le jeu vidéo est
adapté : pegi.info
– Site pour choisir les contenus d’écrans (La Souris
Grise) : www.souris-grise.fr
– Application pour limiter le temps et les contenus
(Screen Time) : screentimelabs.com
– Site permettant d’avoir un moteur de recherche
indépendant : www.qwantjunior.com
121
Les règles d’or
de la charte familiale
Cette charte est un document qui a plusieurs vertus.
1 Celle de vous permettre d’aborder tous les
aspects de la présence des écrans dans votre
famille de façon systématique (ce n’est pas
vous qui le dites mais la charte qui l’évoque).
2 Celle d’obliger toute la famille à se
positionner sur ces conseils : les lieux ou les
temps sans écran sont pour tout le monde !
3 Celle de l’engagement de chacun : avec
la signature de toute la famille à la fin du
document, nul n’est censé ignorer les règles !
4 Celle du rappel des engagements pris
(les bonnes résolutions sont si difficiles à tenir).
122
Les règles d’or de la charte familiale
Les points généraux
de la charte
Les points Charte à revoir tous les 3 mois
de vigilance si nécessaire, avec parents,
grands-parents, baby-sitter…
Les zones Décidez quelles sont les pièces
sans écran de la maison qui doivent rester
libres d’écran.
Les temps Le coucher et le repas sont
sans écran des moments non négociables,
mais d’autres « pauses »
technologiques pendant la
journée sont aussi nécessaires.
Les appareils Mettez en charge tous les
mis en appareils pour la nuit dans
sommeil un même endroit.
123
Le contenu Beaucoup d’émissions ou
média d’applications se disent
éducatives mais rien ne
vaut votre propre contrôle.
Diversifiez le type de
média utilisé comme pour
l’alimentation « variée
et diversifiée ».
L’équilibre Les appareils numériques font
des temps partie intégrante de notre
connectés et vie. Leurs bénéfices, s’ils sont
déconnectés utilisés de façon appropriée et
modérée, sont évidents. Mais
rien ne vaut de vrais temps avec
ses proches.
Le sommeil Tous les enfants ont besoin
et les d’exercice et de beaucoup de
activités sommeil (entre 11 et 14 heures,
physiques incluant la sieste avant 2 ans ;
entre 10 et 13 heures avant
5 ans, entre 10 et 12 heures
avant 12 ans).
124
Les règles d’or de la charte familiale
La citoyenneté Il faut apprendre très tôt aux
digitale enfants combien il est important
de garder des règles de bon
comportement même quand on
est sur l’Internet. De même, les
enfants ont droit à la protection
des adultes pour éviter toute
forme de maltraitance ou de
harcèlement sur Internet.
La sécurité Protégez votre enfant dans le
avant tout monde digital comme vous le
protégez dans tout système
ouvert et peu contrôlé…
125
Retrouvez aussi,
chez Hatier parents :
Direction : Rachel Duc
Responsable éditoriale : Caroline Terral
Correction du texte original : Charlotte Müller
Suivi de la nouvelle édition : Amédine Sèdes
L’éditeur remercie Mathilde Cabon-Ollivier pour son aide précieuse.
Directrice artistique : Nadia Fernandes
Principe de couverture : SKGD création
Exécution de couverture et illustrations : Ho Thanh Hung
Mise en page : Patrick Leleux PAO
Cheffe de studio : Karine Alary
Fabrication : Cécile Labarthe
1 Interrogez-vous
sur vos propres
habitudes
2 À chaque âge,
une durée maximale
conseillée
Sophie
Kernen
krieger
@grandsparentsofficiel
@jumeauxandco
Parents
de
+ 80 K
Grands-
+ 270 K
jumeaux parents
Parents de jumeaux
Grands- parents
Florence
Millot
Psychologue pour enfant
Accompagner
Spécialiste en
développement
personnel
son
adolescent
pour bien
communiquer et l’aider
à s’épanouir
Les écrans
Où que l’on se tourne, les écrans sont partout autour de nous. Dans
la rue, dans les magasins, chez soi, à l’école… Mais avons-nous
conscience de l’impact qu’ils ont sur nos enfants ?
Une multitude
de conseils efficaces
et éprouvés pour
utiliser sans abus
et de manière
Des éclairages
constructive
sur les effets des
les écrans
écrans sur les
à la maison.
apprentissages et
le développement
cérébral.