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@SciencesJuridiques Droit Des Procédures Fiscales
@SciencesJuridiques Droit Des Procédures Fiscales
international.scholarvox.com:ENCG Marrakech:889491294:88848172:41.86.232.253:
Aurélien Baudu
fiscales
L’essentiel
Droit des
procédures
2017 2018
4e édition
international.scholarvox.com:ENCG Marrakech:889491294:88848172:41.86.232.253:
Cette collection de livres présente de manière synthétique,
Les rigoureuse et pratique l’ensemble des connaissances que
CARRés l’étudiant doit posséder sur le sujet traité. Elle couvre :
......... – le Droit et la Science Politique ;
– les Sciences économiques ;
– les Sciences de gestion ;
– les concours de la Fonction publique.
Aurélien Baudu est Maître de conférences HDR en droit public à l’Université de Lille (Lille 2- ERDP-
CRDP). Chargé de plusieurs cours magistraux de droit fiscal à la faculté de droit de Lille 2, il assure
parallèlement des cours au sein de l’IPAG de Lille et des conférences de méthode à Sciences Po Lille.
Cette 3e édition de L’essentiel du Droit des procédures fiscales s’adresse à tous les étudiants
de premier cycle universitaire (Droit, AES, Économie, IEP) ainsi qu’à tous ceux qui sont
engagés dans la préparation aux concours administratifs (DGFIP, Douanes, IRA, etc.). Il
s’adresse également à tous les praticiens du droit des procédures fiscales qui trouveront
dans cet ouvrage un soutien précieux. Enfin, cette matière n’intéresse pas seulement les
juristes mais également les contribuables.
Présentation 3
PARTIE 1
L’Administration fiscale
PARTIE 2
Le processus d’imposition
SOMMAIRE
L’évaluation de l’assiette 39
a) L’évaluation administrative de l’assiette 39
b) Le système commun de la déclaration contrôlée 41
2 – Les procédures d’autorisation préalable de l’assiette 42
■ Les agréments fiscaux 42
a) Définition 42
b) La procédure d’agrément fiscal 43
c) Le non-respect des conditions de l’agrément 46
■ Les rescrits et accords préalables 47
a) La procédure de garantie contre les changements d’interprétation
formelle des textes fiscaux (LPF, art. L. 80 A) 48
b) La procédure de rescrit général (LPF, art. L. 80 B-1o) 51
c) Les procédures de rescrits spécifiques 52
d) La procédure de second examen de rescrit 54
PARTIE 3
Le contrôle de l’imposition
SOMMAIRE
81
■ Les moyens d’investigation traditionnels 82
a) Les demandes de renseignements 82
b) Le droit de communication 84
■ Les moyens d’investigation caractéristiques 86
a) Les procédures de visite et de saisie 86
b) Le droit d’enquête en matière de TVA 90
c) La procédure de flagrance fiscale 91
3 – Les procédures de vérification 94
■ L’ESFP : le contrôle fiscal des personnes physiques 94
a) Définition 94
b) La procédure 95
■ L’examen et la vérification de comptabilité : le contrôle fiscal des
entreprises 95
a) Définitions 95
b) La procédure 97
4 – Les garanties du contribuable vérifié et examiné 98
■ Les garanties communes 99
a) L’envoi de l’avis de vérification ou l’envoi de l’avis informant le
contribuable qu’un ESFP va être entrepris (LPF, art. L. 47) 99
b) L’envoi de la Charte du contribuable (LPF, art. L. 10) 99
c) La notification des résultats du contrôle (LPF, art. L. 49) 99
■ Les garanties propres à l’ESFP 100
a) La durée de la vérification 100
b) La limitation du droit de reprise 100
■ Les garanties propres à la vérification de comptabilité 100
SOMMAIRE
PARTIE 4
Le contentieux fiscal
La Direction générale des finances publiques (DGFIP) est une administration de l’État qui est née en 2008 de
la fusion entre l’ancienne Direction générale des impôts (DGI) et la Direction générale de la comptabilité
publique (DGCP). Il convient d’en examiner les compétences ainsi que l’organisation.
auparavant par la DGI et la DGCP. Elles n’ont pas été substantiellement modifiées mais plutôt
regroupées au sein de la DGFIP.
b) L’établissement de l’impôt
La DGFIP détermine les impôts des particuliers et des professionnels.
Pour les impôts perçus par voie de rôle (impôt sur le revenu, CSG-CRDS, fiscalité directe locale,
CFE, IFER...), les services de la DGFIP déterminent le montant de l’impôt et émettent les avis
d’imposition. Pour l’impôt sur le revenu, ils calculent également les crédits d’impôt et prime pour
l’emploi dont peuvent bénéficier les usagers, et en assurent, le cas échéant, le versement.
La campagne déclarative de l’impôt sur le revenu est l’un des temps forts dans la relation entre la
DGFIP et les contribuables. Elle débute par l’impression puis l’envoi des déclarations de revenus
aux contribuables à la fin du mois d’avril.
La DGFIP met également à jour les bases d’imposition servant au calcul de la taxe d’habitation et
des taxes foncières. Ses services identifient les propriétés bâties et non bâties, intègrent les modifi-
cations affectant les locaux soumis à imposition, procèdent à la mise à jour de la valeur locative
des locaux qui sert de base commune à ces impôts.
Pour les impôts « auto-liquidés », les services de la DGFIP ont traité les demandes de rembourse-
ment de crédits de TVA, et de reversement d’excédents de paiement d’IS.
c) Le recouvrement de l’impôt
La DGFIP assure le recouvrement des impôts des particuliers, des professionnels et des recettes
non fiscales de l’État (amendes, condamnations pécuniaires, produits divers...).
Lorsque l’impôt n’est pas payé spontanément, les services de la DGFIP entreprennent toutes les
actions nécessaires pour que les contribuables s’acquittent de leur dette fiscale. Dans ce cadre,
diverses poursuites peuvent être mises en œuvre allant de la relance amiable aux procédures de
recouvrement plus offensives (avis à tiers détenteur, commandements, saisies, etc.) ou actions
contentieuses devant les juridictions administratives et judiciaires (cf. chapitres 9 et 10).
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- 0,3 million de contrôles sur pièces (IS et TVA) des professionnels ;
– 19,4 Mds € de droits et pénalités rappelés grâce aux contrôles sur place et sur pièces effec-
tués par la DGFIP ;
– 204 perquisitions fiscales et 15 150 contrôles avec une action répressive (31 % des contrôles
sur place) ;
– 944 plaintes pour fraude fiscale transmises à la commission des infractions fiscales ;
a) La gestion publique
Placée au cœur des processus financiers publics, la DGFIP agit au quotidien pour une gestion
publique performante, grâce notamment à ses 2 700 comptables publics, en améliorant notam-
ment la qualité comptable. Elle propose une expertise financière et fiscale enrichie à ses parte-
naires. La DGFIP assure également la mise en œuvre de la politique immobilière de l’État :
– elle contrôle la production et la qualité des comptes de l’État et concourt à leur valorisation.
Elle assure la production de l’information budgétaire et comptable ;
– elle élabore les règles et les procédures relatives au contrôle et au paiement des dépenses
publiques, à la gestion financière et comptable des établissements publics nationaux ainsi que
des établissements publics locaux d’enseignement et veille à leur mise en œuvre ;
– elle élabore les règles et les procédures relatives à la gestion financière et comptable des
collectivités territoriales et de leurs établissements et veille à leur mise en œuvre. Elle concourt à
la valorisation des comptes de ces collectivités et établissements, elle anime l’expertise écono-
mique et financière des projets d’investissements publics et l’action économique de ses services
déconcentrés ;
– elle élabore les règles et les procédures en matière d’acquisition, de gestion et de
cession des biens domaniaux, d’établissement de l’assiette et de contrôle des redevances
domaniales, de recouvrement des produits domaniaux, et veille à leur mise en œuvre. Elle
assure le pilotage de la stratégie immobilière de l’État, le recensement du patrimoine foncier, la
conservation des actes relatifs aux immeubles, avec la Direction de l’immobilier de l’État à la
place de France Domaine (DIE – D. nº 2016-1234, 19 sept. 2016, art. 1) ;
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– elle élabore, en liaison avec la Direction générale du Trésor et de la politique économique, les
règles et les procédures relatives à la gestion de la dette publique, à l’exécution des
opérations de trésorerie de l’État, ainsi qu’à la réalisation d’opérations de collecte de l’épargne
au profit de l’État et des correspondants du trésor, et veille à leur mise en œuvre.
b) Le soutien aux entreprises
La DGFIP a, auprès des préfets et des acteurs économiques locaux, un rôle de soutien aux
entreprises.
Elle intervient dans les dispositifs d’attribution d’aides aux entreprises en création et en
développement.
Elle est également un acteur essentiel pour l’octroi de plans de règlement des dettes fiscales
et sociales dans le cadre des Commissions des chefs de service financiers (CCSF) ainsi que dans
les dispositifs de préventions et de soutien des entreprises en difficulté au sein des Comités dépar-
tementaux d’examen des problèmes de financement des entreprises (CODEFI).
particuliers – SIP, services de fiscalité immobilière – SFI) et des impôts des professionnels (service
des impôts des entreprises – SIE, inspections ou pôle de contrôle et d’expertise – ICE) :
– les SIP sont composés de secteurs d’assiette des impôts directs qui sont principalement chargés
des travaux d’assiette et de contrôle élémentaire de l’impôt sur le revenu et de cellules spéciali-
sées dans le contrôle sur pièces ;
– le SIE est l’interlocuteur fiscal unique des professionnels. Les agents des SIE accueillent les
usagers professionnels et reçoivent leurs exigences : demandes de renseignements, recours, déli-
vrance d’attestations, etc. Les SIE sont chargés des travaux d’assiette et de recouvrement (saisie
des déclarations, supports liquidatifs et paiements correspondants), de la tenue de la comptabi-
lité et de la caisse, de l’enregistrement, de la relance (la taxation ou l’évaluation d’office, la
poursuite des défaillants). Le SIE traite notamment les demandes de remboursements de crédit
de TVA, les demandes de remboursement d’IS et la contribution économique territoriale ;
– les ICE sont chargés des travaux complexes relatifs aux dossiers professionnels notamment l’ins-
truction des contentieux complexes, le contrôle sur pièces des dossiers des professionnels, le
contrôle fiscal externe, l’investigation sur place, le contentieux et les questions complexes.
regroupées au sein d’un corps particulier des administrateurs des finances publiques
(D. nº 2009-208, 20 févr. 2009). Les agents de la catégorie A de la DGFIP sont donc repartis dans
deux corps distincts :
– celui des administrateurs des finances publiques ;
– et celui des inspecteurs des finances publiques (D. nº 2010-986 du 26 août 2010) lequel
comporte 4 grades que sont :
• le grade d’administrateur adjoint qui regroupe les anciens directeurs divisionnaires des impôts,
les directeurs départementaux du Trésor Public ainsi que les Receveurs des Finances,
• le grade d’inspecteur principal qui regroupe les anciens inspecteurs principaux de 1re et de
2e classe des impôts et du Trésor Public,
• le grade d’inspecteur divisionnaire qui comporte deux classes : les inspecteurs divisionnaires
hors classe, et les inspecteurs divisionnaires de classe normale qui regroupe les anciens inspec-
teurs départementaux des impôts de 2e et de 3e classe ainsi que les anciens Receveurs percep-
teurs et les Trésoriers Principaux,
• le grade d’inspecteur des Finances Publiques.
Ils sont formés au sein de (A. 4 août 2010 relatif à l’ENFIP), qui est un service à compétence natio-
nale chargé de la formation des agents de la DGFIP, dont le siège est situé à Noisy-le-Grand.
L’ENFIP est chargée de gérer les préparations aux concours organisées pour le recrutement
interne et externe des futurs agents (CPI), les concours eux-mêmes, d’assurer la formation initiale
et continue de l’ensemble des agents de la DGFIP. Pour raisons pratiques, chaque catégorie (A, B
et C) dispose d’une école en Île-de-France et d’une école située en province. Par exemple, les
agents de catégorie A ont une école à Noisiel (en Seine-et-Marne), à Clermont-Ferrand et à
Toulouse pour les inspecteurs-cadastre (catégorie A), inspecteurs-PSE (catégorie A informatique),
inspecteurs-analystes (catégorie A informatique).
La juxtaposition des douanes et des contributions indirectes a souvent échoué par le passé, comme en a
témoigné la séparation entre ces deux administrations de l’État en 1869. Cent vingt-deux ans plus tard, la
réalisation du marché intérieur européen conduit à prévoir le regroupement de tous les droits indirects au
sein des services de la Direction générale des douanes et des droits indirects (DGDDI).
1 Cadre général
En 1948, la direction générale des douanes devient la direction générale des Douanes et des droits
indirects (DGDDI), qui comprend des services centraux organisés en divisions dirigées par des
administrateurs, et des services extérieurs répartis en directions régionales. Dans le contexte de la
libéralisation des échanges des années 1950, les douanes sont confrontées à un nouvel environne-
ment et doivent s’adapter.
En 1993, les frontières fiscales disparaissent au profit de la libre circulation des personnes, des
marchandises, des capitaux et des services à l’intérieur de la Communauté européenne. Cet
événement entraîne une redéfinition des missions de la DGDDI, qui protège désormais l’économie
et les citoyens européens des pays membres de l’Union européenne.
La Direction générale des douanes et des droits indirects (DGDDI) a évolué avec l’intégration euro-
péenne suite à la mise en œuvre du marché unique, et la libéralisation des échanges commerciaux
(accords du GATT, OMC).
Cette direction du ministère du Budget rassemble un peu plus de 10 % de ses effectifs (soit une
direction de taille plus réduite que la DGFIP), ce qui lui permet d’assurer ses missions, avec une
présence sur l’ensemble du territoire national.
En 5 ans, les perceptions douanières sont passées de 68 Mds€ en 2012 à 76 Mds€ en 2016. Selon
l’administration des douanes, 41 centimes est le coût de la perception des taxes douanières pour
100 € collectés (DGDDI, rapport d’activité de l’année 2016, févr. 2017, p. 5).
Les grandes missions fiscales de la DGDDI sont les suivantes :
– elle contribue à l’élaboration des projets de textes législatifs et réglementaires en matière de
douane, de fiscalité et de contributions indirectes ainsi que des instructions nécessaires à leur
application. Elle veille à leur mise en œuvre et en contrôle l’application ;
– elle veille à l’établissement de l’assiette, à la mise en œuvre du contrôle et au recouvre-
ment des droits, cotisations, impôts indirects, redevances et taxes de toute nature qu’elle
est chargée de percevoir au profit des Communautés européennes, de l’État, des collectivités
territoriales et des établissements publics (TVA, accises) ;
– elle élabore la politique de contrôle et de lutte contre la fraude en matière douanière et de
contributions indirectes et assure le suivi du contentieux dans les domaines de sa compétence.
À ce titre, elle assure la représentation de l’État devant les juridictions nationales ;
– lle est associée aux négociations communautaires et internationales en matière douanière et
fiscale.
Elle assure ces missions fiscales en matière environnementale, et de santé publique.
a) La fiscalité environnementale
Depuis les années 1930, la douane met en œuvre les réglementations fiscales liées aux combusti-
bles et carburants. Elle contrôle l’ensemble de la filière de production et de mise à la consomma-
tion des produits pétroliers et recouvre une fiscalité différenciée selon les produits énergétiques et
leur usage. L’élargissement du champ de la fiscalité énergétique a conduit les services douaniers à
percevoir la taxe intérieure sur les produits énergétiques (TICPE, ex-TIPP), puis la taxe intérieure de
consommation sur le gaz naturel et le charbon (TICGN, TICC) et désormais la taxe générale sur
générale sur les activités polluantes (TGAP), signal de l’émergence d’une fiscalité environnemen-
tale depuis une dizaine d’années. En 2016, les services de la DGDDI ont environ perçu 45 Mds €
de taxes environnementales, la TICPE représentant environ 90 % de l’ensemble de ces recettes
(28 Mds €). Par ailleurs, avec un rendement escompté d’environ 8 Mds € en année pleine, la
perception de la taxe intérieure de consommation finale d’électricité (TICFE) constitue un nouvel
enjeu important pour la douane (6,2 Mds € perçus en 2016). Le déploiement de l’écotaxe poids
lourd sur le réseau routier secondaire devait constituer par ailleurs un nouvel axe de développe-
ment de la fiscalité verte.
26 nov. 2007) qu’au niveau inférieur (D. nº 2007-1665, 26 nov. 2007 modifié par D. nº 2016-357,
25 mars 2016). Ce dernier décret précise que la DGDDI dispose d’une organisation de ses services
déconcentrés centrée autour de directions interrégionales exerçant l’ensemble des missions dévo-
lues à cette administration. Les directions interrégionales restent composées de directions régio-
nales et, le cas échéant, de services spécialisés dont le périmètre est redéfini. En outre-mer, le
décret tire les conséquences du changement de statut juridique de Mayotte. Selon la Cour des
comptes, pour une meilleure efficacité, la douane devrait :
– accélérer la diminution du nombre des implantations territoriales ;
– généraliser et rendre à terme obligatoires pour les redevables professionnels la télédéclaration et
le télépaiement de toutes les taxes gérées par la douane ;
– séparer les fonctions de gestion et de contrôle et regrouper les fonctions de contrôle au niveau
interrégional ;
– et créer un guichet unique (C. comptes, rapport public annuel, févr. 2014, p. 36 et s.).
Enfin, concernant le recouvrement, la Cour des comptes préconise de mettre en place l’auto-liqui-
dation pour la TVA à l’importation et, à cette fin, interconnecter les systèmes d’information de la
douane et de la DGFIP ; et regrouper la fonction de recouvrement au sein de la DGFIP.
Tout prélèvement fiscal donne lieu à trois opérations principales : l’assiette, la liquidation et le recouvrement.
L’assiette est l’opération consiste pour l’Administration fiscale à constater et identifier la base de l’impôt, la
matière imposable, c’est-à-dire l’assise matérielle sur laquelle porte l’impôt, conformément au champ d’appli-
cation de l’impôt.
■ L’identification de l’assiette
L’identification de l’assiette est un véritable interrogatoire pour déterminer la matière et les
personnes soumises à l’impôt puis les conditions temporelles et territoriales de cette soumission.
a) La matière et les personnes soumises à l’impôt
Il faut répondre à cette première question : à partir de « quoi » naît l’obligation fiscale ?
Selon les classifications fiscales économiques, relatives aux bases d’imposition, il convient de distin-
guer les impôts sur les revenus et les bénéfices, les impôts sur la dépense, et les impôts sur
le capital. Les premiers viennent frapper les revenus et les bénéfices gagnés par le contribuable
(IR, IS). Les impôts sur la dépense viennent frapper un bien ou un service lors de sa consommation
(TVA, accises, etc.). Enfin, les derniers viennent frapper le patrimoine mobilier et immobilier du
contribuable, lors de sa détention ou de sa transmission (ISF, droits de mutation, etc.).
Une seconde interrogation se pose : auprès de « qui » naît l’obligation fiscale ?
D’une part, le contribuable est une notion qui procède directement du principe de légalité selon
Louis Trotabas. L’administration fiscale se voit attribuer par la loi « des droits et des pouvoirs déter-
minés ». Quant au contribuable, il se voit imposer par la loi « des droits et des obligations détermi-
nées » dont la principale est le fait d’être juridiquement le débiteur de la créance fiscale. Il
supporte un impôt que l’administration fiscale prélève (Martinez J.-C., Le statut de contribuable,
1980, LGDJ, Tome 1, p. 28).
D’autre part, le redevable se distingue souvent du contribuable, qui est la personne qui supporte
effectivement le poids de l’impôt. D’un point de vue économique, le redevable est celui qui
supporte le poids financier du prélèvement fiscal. C’est le débiteur de l’impôt. Généralement, le
contribuable et le redevable ne sont qu’une seule et même personne. Parfois, il en est autrement.
Par exemple, en ce qui concerne la TVA, si le commerçant ou le prestataire de services sont juridi-
quement les contribuables de cet impôt, le consommateur final, qui est exclu du bénéfice du droit
à déduction, en est le redevable réel, bien que non assujetti juridiquement à cet impôt.
En matière d’impôts des personnes physiques, la notion de domicile fiscal mérite une attention
toute particulière (CGI, art. 4 B ; CGI, art. 885 A). Si la France est le lieu du domicile du « foyer
familial » ou « le centre des intérêts économiques » du contribuable, l’obligation fiscale est illimitée
et ce dernier est imposé sur l’ensemble des revenus de source française ou étrangère au titre de
l’impôt sur le revenu (IR) et sur l’ensemble du patrimoine au titre de l’ISF. Dans le cas contraire, il
n’est imposé à l’IR que sur les revenus de source française et seul le patrimoine situé en France
est soumis à l’ISF. Ce principe est toutefois tempéré par l’application des conventions internatio-
nales conclues entre la France et de nombreux États pour éviter les doubles impositions.
En matière d’impôts des personnes morales, contrairement aux règles en vigueur dans l’ensemble
des autres pays de l’Union européenne qui appliquent un régime de bénéfice mondial, seuls sont
passibles de l’impôt sur les sociétés (IS) les bénéfices réalisés dans les entreprises exploitées en
France, quelle que soit leur nationalité (CGI, art. 209-1). Il en résulte que les bénéfices réalisés par
une société française dans des entreprises exploitées à l’étranger ne sont pas soumis à l’IS français
et qu’une société étrangère est imposable à l’IS à raison des bénéfices tirés des entreprises qu’elle
exploite en France.
Par conséquent, les sociétés imposables en France ne peuvent pas, en principe, déduire de leur
résultat imposable les pertes réalisées par les entreprises qu’elles exploitent à l’étranger. Quant au
champ d’application de la TVA, il n’est pas illimité dans l’espace. Le champ d’application territorial
dépend non seulement de la nature de l’opération réalisée (livraison de biens meubles ; prestations
de services) mais aussi de sa localisation (CGI, art. 256 bis et 259).
■ L’évaluation de l’assiette
En principe, l’Administration fiscale évalue la matière imposable à partir des indications portées par
le contribuable, réputé de bonne foi, dans les déclarations souscrites, réputées sincères et
complètes, conformément au principe déclaratif défini à l’article 170 du CGI, et ce sous réserve
de contrôles ultérieurs. C’est la méthode de la déclaration contrôlée. Toutefois, subsiste, à
titre exceptionnel, pour déterminer la base d’imposition du contribuable, des méthodes d’éva-
luation administrative de l’assiette de l’impôt.
Le nombre de déclarations contrôlées par l’Administration fiscale est considérable. Elles peuvent
prendre plusieurs formes (déclaration d’existence, déclaration d’assiette, etc.), et diffèrent selon
les impôts. À titre d’exemple, les déclarations fiscales en matière d’impôt sur le revenu sont
diverses : déclaration d’ensemble et déclarations annexes, spéciales et particulières (CGI, art. 170).
En matière de TVA, les obligations déclaratives varient selon le régime d’imposition (régime réel
normal et régime simplifié). Enfin, s’agissant des droits d’enregistrement, les obligations déclara-
tives sont également variées : déclaration de succession, déclaration spéciale (CGI, art. 800).
constituent un ensemble de dispositions variées qui peuvent être ordonnées en fonction du but
poursuivi par le législateur. Ainsi, ils peuvent être classés en cinq grandes catégories :
– les agréments concernant la rénovation de la structure des sociétés (CGI, art. 210 B) ;
– les agréments prévus en faveur du développement régional, de l’aménagement du territoire, de
restructurations et de la reprise d’entreprises en difficulté (en matière de CET : CGI, art. 1465,
1465 A, 1466 C ; en matière de BIC : CGI, art. 44 septies) ;
– les agréments délivrés dans le cadre de l’aide fiscale aux investissements réalisés dans les dépar-
tements d’outre-mer, les collectivités d’outre-mer et autres collectivités (en matière d’IS : CGI,
art. 217 undecies ; en matière d’IR : CGI, art. 199 undecies A à C) ;
– les agréments en faveur du patrimoine artistique national (CGI, art. 1131, art. 1716 bis, art. 238
bis 0 A et art. 156) ;
– et enfin les agréments divers, qui ne peuvent être rattachés à aucune des catégories précé-
dentes (les dons effectués au profit de certaines sociétés ou de certains organismes, l’amortisse-
ment exceptionnel des souscriptions au capital agréé des sociétés financières d’innovation
conventionnées, le régime spécial en faveur des personnes non salariées appelées à exercer
temporairement leur activité en France, l’exonération de certains produits de placements finan-
ciers effectués en France par les organisations internationales ou les États souverains étrangers).
Les décisions d’agrément ont donc des objets divers et des effets variables mais elles ont en
commun d’être subordonnées à l’observation de principes généraux de procédure qui confèrent
des garanties aux intéressés. Les dispositions communes figurent à l’article 1649 nonies du CGI,
qui fixe les conditions générales des agréments fiscaux.
La demande d’agrément est déposée dans tous les cas préalablement à l’opération d’imposition
qui la motive et fait l’objet d’un examen. Cet examen débouche sur une décision qui, dans la
mesure où elle consacre l’attribution d’avantages fiscaux, est généralement subordonnée à des
conditions particulières qui doivent être remplies avant une date limite. Il est ensuite indispensable
d’en contrôler la réalisation effective. Le non-respect des conditions de l’agrément entraîne son
retrait, et la déchéance des avantages fiscaux liés à l’agrément en cas d’infractions.
Agréments fiscaux
Accord implicite de l’administration fiscale dans des délais prévus par la loi
Objet de la demande Dispositions applicables Délai applicable
Agrément « aide fiscale à l’investissement outre-mer » CGI, art. 199 undecies A SVA 2 ou 3 mois
(logements)
Agrément « aide fiscale à l’investissement outre-mer » CGI, art. 199 undecies B SVA 2 ou 3 mois
(investissements productifs neufs pour des activités
industrielles, commerciales ou artisanales)
Agrément « aide fiscale à l’investissement outre-mer » CGI, art. 199 undecies C SVA 2 ou 3 mois
(logements neufs loués)
Agrément « aide fiscale à l’investissement outre-mer » CGI, art. 217 undecies, III et SVA 2 ou 3 mois
(investissements productifs et logements neufs loués) ann. II, art. 140 terdecies
Les décisions défavorables d’agréments doivent être motivées (L. no 79-587, 11 juill. 1979,
art. 1). Les personnes physiques ou morales ont le droit d’être informées sans délai des motifs des
décisions individuelles défavorables qui les concernent.
Ainsi doivent être motivées les décisions d’agréments qui refusent un avantage fiscal dont l’attri-
bution constitue un droit pour les personnes qui remplissent les conditions légales pour l’obtenir
(CE, 24 févr. 1988, Société de gestion et de participation du Rouvray, Req. no 76603). Une motiva-
tion vague et imprécise est assimilée à une absence de motivation.
3) Le contrôle de la décision d’agrément fiscal
Les demandeurs doivent être informés des voies de recours. En effet, les délais de recours ne
sont opposables qu’à la condition d’avoir été mentionnés, ainsi que les voies de recours, dans la
notification de la décision d’agrément, qu’elle soit favorable ou défavorable.
La décision de refus d’agrément est un acte détachable de la procédure d’imposition. Le
contrôle de sa régularité est du ressort de la juridiction administrative. Les voies de recours sont
au nombre de deux :
– le recours par voie hiérarchique offre la possibilité pour le contribuable de demander à
l’Administration de reconsidérer sa position par voie d’une lettre adressée soit à l’auteur même
de la décision, soit à l’autorité hiérarchique supérieure. Ce recours administratif a notamment
pour effet, s’il est présenté dans les délais du recours contentieux, de conserver ce délai au
profit de son auteur. L’obligation d’indiquer les voies et délais de recours ne s’applique pas aux
décisions prises sur les recours hiérarchiques ;
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46 L’ESSENTIEL DU DROIT DES PROCÉDURES FISCALES
– le recours pour excès de pouvoir, qui doit être formé dans les deux mois à compter de la date
à laquelle la décision contestée a été notifiée au contribuable. Il ne court toutefois qu’à la condi-
tion d’avoir été mentionné, avec les voies de recours, dans la notification de la décision. Faute
de cette mention, l’intéressé peut se pourvoir en tout temps devant le juge administratif.
Le tribunal administratif compétent est celui dans le ressort duquel l’autorité qui a pris la décision
a son siège. Les cours administratives d’appel ont, quant à elles, compétence pour statuer sur les
appels formés contre les décisions des tribunaux administratifs rendus sur les recours pour excès
de pouvoir.
L’interprétation du texte fiscal invoqué par le contribuable doit lui être opposable. Ce qui signifie
que l’interprétation dont il entend se prévaloir ne peut pas être étendue à d’autres situations que
celles qu’elle vise. La situation du contribuable doit être conforme aux prévisions de l’inter-
prétation qu’il invoque.
Enfin, la garantie demeure subordonnée à la condition que la publication de l’interprétation admi-
nistrative soit intervenue antérieurement à la date à laquelle le contribuable a fait application de
cette doctrine. Lorsque l’Administration fiscale a modifié son interprétation, il convient de se placer
à la date du fait générateur de l’impôt pour apprécier quelle est la doctrine en vigueur. La
garantie ne peut être invoquée que si la législation interprétée par la doctrine en cause est toujours
en vigueur. Un changement de législation a donc pour effet de rendre caduque l’interprétation
donnée par l’Administration fiscale de la loi antérieure dès l’entrée en vigueur de la loi nouvelle.
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50 L’ESSENTIEL DU DROIT DES PROCÉDURES FISCALES
2) La garantie apportée par l’article L. 80 A, al. 1 du LPF sur une prise de position formelle
au profit d’un contribuable sur l’interprétation d’un texte fiscal
La garantie prévue au premier alinéa de l’article L. 80 A du LPF ne peut être invoquée par les
contribuables qu’en cas de rehaussement fondé sur une interprétation d’un texte fiscal différente
de celle que l’Administration avait précédemment formellement admise.
À savoir des prises de position formelle qui peuvent ne pas avoir fait l’objet d’une publication ; à
caractère général (instruction, circulaire, documentation de base, réponse ministérielle), ou à
caractère individuel (réponse particulière).
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Les réponses aux demandes individuelles des Courriers électroniques, réponses de
contribuables de la part de l’Administration fiscale l’Administration fiscale à un organe consultatif,
peuvent constituer des documents interprétant un courrier adressé par une association de gestion
texte fiscal. agréée à un adhérent...
Contrairement au second alinéa de l’article L. 80 A du LPF, son premier alinéa fait référence « à la
nécessité d’un rehaussement d’impositions antérieures et d’une première décision ». La garantie
instituée ici ne vise donc que les cas où l’Administration fiscale procède au rehaussement d’impo-
sitions antérieures. Elle n’est donc applicable, en principe, qu’aux compléments d’imposition
venant s’ajouter à une imposition initiale précédemment mise en recouvrement.
Cas où il peut y avoir appréciation Cas où il n’y a pas d’appréciation d’une situation de
d’une situation de fait qui engage fait emportant prise de position formelle de
l’Administration fiscale l’Administration
La détermination du régime applicable en Le remboursement d’un crédit de taxe à la demande d’un
fonction de la catégorie des revenus. contribuable, l’Administration fiscale ne se livre pas à une
appréciation de la situation de fait du contribuable et n’est
donc pas engagée par le remboursement réalisé.
La fixation des conditions de taxation des La décision du comptable de la DGFIP de procéder, lors de
profits tirés d’une opération immobilière. l’enregistrement d’une convention de quasi-usufruit portant
reconnaissance d’un don manuel, à la liquidation du seul droit fixe,
n’a pas constitué une prise de position opposable à l’Administration
fiscale privant celle-ci du droit d’exiger et de percevoir les droits de
mutation au moment de la déclaration du donataire.
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52 L’ESSENTIEL DU DROIT DES PROCÉDURES FISCALES
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L’admission d’une déduction L’absence de rehaussement opéré par l’Administration fiscale
supplémentaire pour frais professionnels. au titre d’une charge comptabilisée à la clôture de l’exercice
précédent ne peut être regardée comme une prise de position
formelle sur la situation de fait du contribuable.
L’acceptation formelle d’un taux Une décision de dégrèvement d’office.
d’amortissement ou du mode de calcul
d’une provision.
La reconnaissance de la qualité de résident Le fait pour l’Administration fiscale de ne pas avoir interjeté
ou non-résident. appel d’un jugement de première instance ayant donné
satisfaction au contribuable ne peut pas être regardé comme
une prise de position formelle de la situation de fait de ce
contribuable au regard d’un texte fiscal.
L’article L 80 B-1o du LPF n’a pas pour objet d’empêcher l’Administration fiscale de transformer
son analyse d’une situation de fait. Elle peut toujours modifier une prise de position, mais elle ne
peut le faire que pour l’avenir, sans pouvoir revenir rétroactivement sur une appréciation de la
situation de fait d’un contribuable conforme à la position qu’elle avait prise antérieurement.
La garantie de l’article L 80 B-1o du LPF cesse lorsque :
– la législation applicable à la situation de fait sur laquelle l’Administration fiscale s’est prononcée
a évolué ;
– la situation de fait ayant fait l’objet d’une appréciation par l’Administration fiscale est modifiée,
qu’elle n’est plus identique.
En revanche, si ni la situation de fait, ni les textes applicables n’ont évolué, le bénéfice de la
garantie ne pourrait être remis en cause que pour l’avenir, après notification au contribuable du
changement de l’appréciation que l’Administration porte sur sa situation de fait.
c) Les procédures de rescrits spécifiques
Les procédures décrites aux articles L. 80 B-2o, 3o, 3o bis, 4o, 5o, 6o, 8o ; L. 18, L. 64 B et L. 80 C du
LPF sont présentées comme des procédures de rescrits spécifiques avec accord tacite en cas
d’absence de réponse de l’Administration fiscale dans un délai encadré par la loi, qui peut être
de 3 mois ou de 6 mois selon les cas.
Les procédures spécifiques de rescrit pour lesquelles l’Administration fiscale dispose d’un délai de
3 mois pour adresser sa réponse expresse concernent :
– les demandes relatives à certains régimes d’amortissements exceptionnels ou à l’exonération
d’impôt sur les bénéfices des entreprises créées en zone d’aide à finalité régionale, implantées en
zone franche urbaine et créées ou reprises en zone de revitalisation rurale (LPF, art. L. 80 B-2o) ;
– les demandes d’appréciation adressées par les entreprises auprès de l’Administration fiscale en
matière de crédit d’impôt recherche (LPF, art. L. 80 B-3o) ;
– les demandes d’appréciation adressées par les entreprises auprès du ministre de la Recherche ou
d’un organisme chargé de soutenir l’innovation en matière de crédit d’impôt recherche (LPF, art.
L. 80 B-3o bis) ;
– les demandes relatives au régime des jeunes entreprises innovantes ou des jeunes entreprises
universitaires (LPF, art. L. 80 B-4o) ;
– les demandes relatives au régime des pôles de compétitivité (LPF, art. L. 80 B-5o) ;
– les demandes des entreprises étrangères relatives à la notion d’établissement stable en France
(LPF, art. L. 80 B-6o) ;
– les demandes relatives à la qualification fiscale de l’activité professionnelle au regard de l’impôt
sur le revenu ou de l’impôt sur les sociétés (LPF, art. L. 80 B-8o).
Les procédures spécifiques de rescrit pour lesquelles l’Administration fiscale dispose d’un délai de
six mois pour adresser sa réponse expresse concernent :
– les demandes des organismes recevant des dons (LPF, art. L. 80 C) ;
– la procédure de l’abus de droit fiscal qui n’est pas applicable lorsqu’un contribuable, préalable-
ment à la conclusion d’un ou plusieurs actes, qui a consulté par écrit l’Administration fiscale en
lui fournissant tous les éléments utiles pour apprécier la portée véritable de cette opération (LPF,
art. L. 64 B) ;
– la demande d’une personne qui détient une entreprise ou des titres de sociétés dans laquelle
elle exerce une fonction de direction, à l’exclusion des titres de sociétés mentionnées à
l’article 885 O quater du CGI, et qui entend procéder, par anticipation, à la transmission de
tout ou partie de cette société ou de ces titres, de consulter l’Administration fiscale, préalable-
ment à l’opération, sur la valeur vénale de l’entreprise qui sert de base au calcul de l’impôt
(LPF, art. L. 18).
Le législateur (L. nº 2013-1005, 12 nov. 2013, art. 1) est venu modifier le principe général du droit
selon lequel en l’absence de réponse de l’administration dans un délai de deux mois son silence
vaut rejet de la demande (L. nº 2000-321, 12 avril 2000 dite DCRA, art. 21) car l’effet pervers de
cette mesure pourtant protectrice des demandeurs est que les administrations peuvent être
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54 L’ESSENTIEL DU DROIT DES PROCÉDURES FISCALES
tentées d’attendre l’écoulement du délai, sans agir. Les régimes d’accord tacites, en bornant
dans le temps le délai de réponse de l’administration et en sanctionnant son inaction, constituent
au contraire une incitation à une instruction diligente des dossiers. Plus de 400 procédures sont
déjà soumises à un tel régime, et notamment en matière fiscale pour les rescrits spéciaux
(L. nº 2000-321, 12 avril 2000 dite DCRA, art. 22).
Le nouveau principe vaut pour tous les domaines de relations entre l’administration et les adminis-
trés. Il aurait donc vocation à s’appliquer dans les procédures dites de rescrit fiscal général. Le
silence gardé pendant plus de deux mois par l’administration fiscale peut, dans certains cas,
valoir acceptation (SVA). De telles dérogations sont prévues pour des motifs tenant, notamment,
à la complexité de la procédure (D. nº 2014-1281, 23 oct. 2014).
Rescrits fiscaux
Accord implicite de l’administration fiscale dans des délais prévus par la loi
Objet de la demande Dispositions applicables Délai applicable
Rescrit « Abus de droit » LPF, art. L. 64 B, SVA 6 mois
Rescrit « Amortissements exceptionnels » LPF, art. L. 80 B 2º SVA 3 mois
Rescrit « Entreprises nouvelles » LPF, art. L. 80 B 2º SVA 3 mois
Rescrit « Crédit d’impôt recherche » LPF, art. L. 80 B 3º SVA 3 mois
Rescrit « Jeunes entreprises innovantes » LPF, art. L. 80 B 4º SVA 3 mois
Rescrit « Pôle de compétitivité » LPF, art. L. 80 B 5º SVA 3 mois
Rescrit « Établissement stable » LPF, art. L. 80 B 6º SVA 3 mois
Rescrit qualification de la nature des revenus (BIC/BNC) LPF, art. L. 80 B 8º SVA 3 mois
Rescrit « Mécénat » LPF, art. L. 80 C SVA 6 mois
l’Administration fiscale, si le contribuable estime qu’elle n’a pas initialement correctement apprécié
sa situation de fait au regard de l’application d’un texte fiscal.
Cette seconde prise de position bénéficie des mêmes garanties et obéit aux mêmes règles et délais
que ceux applicables à la demande initiale, apportant au contribuable une position définitive de
l’Administration dans un délai très court.
L’administration s’organise sous une forme collégiale pour rendre sa seconde prise de position. Ce
second examen est assuré soit par un collège national lorsque la demande initiale présentée par
le contribuable a fait l’objet d’une réponse par la DGFIP ou la DGDDI ; soit, dans les autres cas, par
un collège territorial, implanté dans le département de situation de la direction de contrôle fiscal
dans le ressort de laquelle se trouve le contribuable.
Une fois l’assiette de l’impôt déterminée, il convient de calculer le montant de l’impôt, c’est la liquidation de
l’impôt, second mécanisme général du processus d’imposition.
La liquidation de l’impôt est l’opération qui consiste à calculer le montant de la créance fiscale en
appliquant à l’assiette fiscale le taux de l’impôt en vigueur, après avoir mis en œuvre les abatte-
ments, majorations, déductions prévus par le législateur fiscal.
b) La liquidation de la TVA
La TVA qui est finalement due à l’Administration fiscale au titre de chaque période d’imposition
est calculée en deux temps par l’assujetti.
Dans un premier temps, il doit déterminer la TVA exigible ou collectée, qui est calculée sur le
prix de vente du bien ou de la prestation de service livrée ou fournie en fonction du taux
applicable.
Dans un second temps, il doit calculer la TVA déductible qui a grevé les éléments du prix d’une
opération soumise à la TVA, déterminée selon un certain nombre de conditions et selon des
modalités de calcul précises.
Selon la procédure normale, la TVA déductible est retranchée de la TVA collectée. En effet, la
déduction de la TVA doit être imputée en priorité sur la TVA exigible (CGI, art. 271-1). L’imputa-
tion de la TVA déductible ne s’effectue pas opération par opération mais globalement pour
l’ensemble des opérations réalisées au cours d’une période d’imposition, en principe mensuelle.
TVA nette à reverser à l’Administration fiscale = TVA brute ou collectée – TVA déductible
La TVA nette, c’est-à-dire l’excédent de la taxe exigible sur la taxe déductible est à reverser à
l’Administration fiscale. Lorsque la taxe déductible est supérieure à la taxe collectée, l’excédent
constitue un crédit de TVA.
Ce crédit de taxe est en principe reportable sur la TVA collectée les mois suivants. Le détail de ces
calculs doit être indiqué à l’Administration fiscale dans la déclaration de TVA mensuelle pour les
contribuables soumis au régime réel normal.
Cependant, les assujettis dont l’activité est réduite et dont la taxe annuellement exigible est infé-
rieure à 4 000 € peuvent acquitter la TVA à la fin de chaque trimestre civil. La TVA déductible est
alors celle du semestre concerné (CGI, art. 287-2).
Pour de nombreuses entreprises, la mise en évidence d’un crédit de TVA est exceptionnelle et
découle de manière conjoncturelle d’un décalage entre les achats et les ventes, décalage vite
compensé au cours de la période suivante.
Pour certaines entreprises, la situation de crédit de TVA est fréquente et ils représentent un
montant élevé. La méthode du report de crédit de TVA est fortement pénalisante pour ces entre-
prises puisqu’elles consentent ainsi à l’Administration fiscale des avances pour des montants élevés
et sur une période relativement longue. Il s’agit notamment des entreprises qui ont réalisé
d’importants investissements ou les entreprises dont l’activité est soumise au taux réduit de TVA
alors qu’elles utilisent des biens et services taxés au taux normal de TVA. C’est également le cas
des entreprises exportatrices qui ne collectent pas de TVA sur leurs ventes à l’étranger.
tient compte de la situation et des charges de famille du contribuable par le jeu du quotient
familial, qui consiste à diviser le revenu imposable par un nombre de parts fixé eu égard à la situa-
tion de famille des intéressés ; et de l’importance du revenu par l’application d’un barème
progressif par tranches (CGI, art. 193), appliqué au revenu par part. Enfin le montant de l’impôt
brut est déterminé, par l’Administration fiscale, en multipliant le résultat ainsi obtenu par le
nombre de parts. Dans certains cas, des corrections affectent le montant de l’impôt brut (cf. infra)
et des règles particulières d’imposition sont appliquées. Ainsi la progressivité de l’impôt est, d’une
part, d’autant plus atténuée que le revenu a été divisé en un plus grand nombre de parts, selon
l’importance des charges de famille. D’autre part, la progressivité de l’impôt est d’autant plus
marquée que le revenu imposé est plus élevé.
Pour les contribuables particuliers, à l’issue de la liquidation administrative de l’impôt, le
résultat du calcul fiscal est porté à la connaissance du contribuable par un acte administratif, et
l’émission d’un titre exécutoire, le plus souvent par voie d’émission de rôle et parfois par voie
d’avis de mise en recouvrement, afin d’éviter aux particuliers la charge et les risques liés à l’auto-
liquidation. L’émission de cet acte déclenche ensuite le recouvrement de l’impôt. S’agissant des
contribuables professionnels, les impositions sont le plus souvent reliées à l’activité ou au
résultat d’exploitation. Les impositions des professionnels au titre de l’IR sont aussi principalement
déclaratives alors qu’elles sont auto-liquidées, avec un paiement spontané au comptant au titre de
l’IS (cf. supra).
■ Le taux de l’impôt
Distinction entre le système de l’impôt de Distinction entre impôt à taux spécifique et
répartition et celui de l’impôt de quotité impôt à taux ad valorem
Dans le système de l’impôt de « répartition », seul le L’impôt est dit à taux spécifique quand il est fixé
rendement fiscal est identifié en amont par la loi, pour par unité de quantité ou par unité de volume. Le
ensuite être réparti jusqu’au contribuable selon une taux est fonction de la quantité mise en circulation.
part d’imposition. Le taux de l’impôt devient le Cela concerne les droits de consommation tels que
corollaire de son produit. Ce dispositif, les accises sur les tabacs, les alcools, les produits
budgétairement rentable, a été abandonné depuis pétroliers.
1917, source d’injustice fiscale. Il a subsisté jusque
dans les années 1970 pour les contributions
mobilières et foncières et la patente, établis au profit
des collectivités territoriales.
Avec le système de l’impôt de « quotité », le L’impôt est dit à taux ad valorem quand l’impôt est
mécanisme est inversé. La loi fiscale se borne à établir déterminé en fonction de la valeur des bases
le taux qui frappe la matière imposable. Pour d’imposition. Le taux peut alors être proportionnel
connaître le montant du produit de l’impôt, il faut (TVA) ou progressif (IR, ISF).
appliquer le taux à la matière imposable. Le
rendement total de l’impôt est déterminé grâce aux
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CHAPITRE 4 – Les procédures de liquidation de l’impôt 63
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prévisions budgétaires, qui sont assez proches de la
réalité, à condition d’être sincères. Ce mécanisme est
utilisé pour les impôts perçus de nos jours.
Généralement, le taux de l’impôt est un taux ad valorem. Toutefois, il subsiste, notamment pour
les droits d’accises, des taux spécifiques qui s’expriment par unité de quantité ou par unité de
volume. Il convient de bien distinguer le taux proportionnel et le taux progressif de l’impôt.
a) Les impôts à taux proportionnel
Le taux est dit proportionnel lorsqu’il constitue un pourcentage fixe de la base d’imposition. Tel
est le cas de l’impôt sur les sociétés les plus importantes pour lequel l’impôt est de 33,1/3 % du
bénéfice imposable quel que soit le montant de ce dernier, ou de la TVA pour laquelle l’imposition
due est toujours un pourcentage fixe du prix de vente.
C’est un impôt dont le taux est constant quel que soit le montant de la matière imposable.
Ce type d’impôt s’est largement développé car il est arithmétiquement juste. Il est souvent critiqué
car il ne tient pas nécessairement compte des capacités contributives du contribuable, et serait
socialement injuste. De nos jours, l’impôt à taux proportionnel est en vigueur en matière
d’impôts sur la dépense. Les contributions sociales (CSG et CRDS) ont également retenu un taux
proportionnel.
b) Les impôts à taux progressif
Dans ce cadre, il convient de ne pas confondre le taux moyen d’imposition, obtenu par le
rapport entre l’impôt total et le montant total de l’assiette, et le taux marginal d’imposition,
applicable à la dernière tranche de revenu imposable. Il est fréquent que le contribuable ne
retienne que le taux marginal, au détriment du taux moyen, mathématiquement toujours plus
élevé que ce dernier.
Le taux est dit progressif lorsqu’il progresse avec l’évolution de l’assiette, selon un aménage-
ment par tranches (IR, ISF). Cette progressivité conduit à améliorer le rendement budgétaire de
l’impôt à mesure que la richesse des contribuables s’accroît, notamment le superflu présumé de
richesse. S’il tient davantage compte des capacités contributives du contribuable, bien qu’arithmé-
tiquement injuste, il est souvent critiqué pour son faible rendement budgétaire du fait des disposi-
tifs mis en place pour éviter son caractère confiscatoire. Il freine parfois la croissance économique
et la volonté d’accroissement des revenus chez les contribuables.
Par exemple, en matière de TVA, dans le cadre de ce même impôt, coexistent plusieurs taux. Les
taux de TVA sont aujourd’hui encadrés par le droit de l’Union européenne avec un souci d’har-
monisation et de réduction de la concurrence entre États. Le législateur national peut modifier les
taux de TVA, à condition de respecter une fourchette prédéfinie par le législateur communautaire.
Par exemple, s’agissant du taux normal de TVA, il ne peut être inférieur à 15 % et il ne peut
excéder 10 % du taux normal le plus haut pratiqué dans les pays de l’Union européenne soit
25 %.
Les taux de TVA dans quelques États membres de l’UE au 1er janvier 2017
En France, les taux de TVA sont définis aux articles 278 à 281 nonies du CGI.
En 2000, le législateur fiscal a abaissé le taux normal de TVA de 20,6 % à 19,6 % (L. nº 2000-
656, 13 juill. 2000 de finances rectificative pour 2000, art. 4). Douze ans plus tard, dans le cadre
de la réforme dite de la « TVA sociale », il prévoit que le taux normal soit rehaussé à 21,2 % à
compter du 1er octobre 2012 (L. nº 2012-354, 14 mars 2012 de finances rectificative pour 2012).
Puis, la même année, suite au changement de majorité parlementaire, le législateur fiscal annule
cette réforme et prévoit que le taux normal de TVA soit maintenu à 19,6 % (L. nº 2012-958,
16 août 2012 de finances rectificative pour 2012, art. 1). Finalement, quelques mois plus tard, il
décide de le fixer à 20 %, taux actuellement en vigueur (L. nº 2012-1510, 29 déc. 2012 de
finances rectificative pour 2012, art. 68) Le taux normal de TVA dispose d’un champ d’application
très large puisqu’il est prévu dans tous les cas où le législateur ne prévoit pas expressément l’appli-
cation d’un taux spécifique.
Le taux réduit est de 5,5 % et le taux super-réduit de 2,1 %. L’article 13 de la loi de finances recti-
ficative du 28 décembre 2011 a relevé le taux réduit de la TVA de 5,5 % à 7 % à l’exclusion des
biens et services visés à l’article 278-0 bis du CGI (L. nº 2011-1978, 28 déc. 2011 de finances recti-
ficative pour 2011, art. 13). Certains territoires de la République connaissent des taux particuliers
de TVA (Corse, Guadeloupe, Martinique, Réunion), avec un taux super-réduit à 1,05 %, un taux
réduit à 2,1 % et un taux normal à 8,5 %, qui s’expliquent par la prise en compte des coûts de
transport. Ainsi le législateur a prévu que les taux de TVA, à compter du 1er janvier 2014, sont
portés :
– pour le taux normal, à 20 % au lieu de 19,6 % ;
– pour le taux intermédiaire, à 10 % au lieu de 7 % ;
– pour le taux réduit de TVA, à 5 % au lieu de 5,5 % ;
– pour le taux applicable en Corse à certaines opérations (notamment aux travaux immobiliers et
aux ventes de certains matériels agricoles) : à 10 % au lieu de 8,5 %.
ou de la conservation du revenu, déjà prises en compte pour la détermination des revenus catégo-
riels (frais et charges professionnelles). Il s’agit :
– des pensions alimentaires ;
– des avantages en nature consentis à des personnes âgées de plus de 75 ans ;
– de certains arrérages de rentes ;
– des intérêts de certains emprunts ;
– des charges foncières relatives aux monuments historiques ;
– des versements effectués en vue de la retraite mutualiste du combattant ;
– des cotisations versées au titre de l’épargne retraite.
Il convient de revenir ici sur le dernier des mécanismes généraux du processus d’imposition, à savoir le recou-
vrement. Une fois l’impôt liquidé, il convient de le percevoir, c’est le recouvrement de l’impôt.
Le recouvrement est l’ensemble des procédures par lesquelles l’impôt passe du patrimoine du
contribuable dans les caisses du Trésor public. Il est soit normal, soit forcé. Les procédures de
recouvrement de l’impôt sont définies par le législateur (LPF, art. L. 252 à L. 275 A ; CGI, Livre II).
fondement des actes de poursuites mis en œuvre en vue d’assurer le recouvrement forcé de
l’impôt. Il doit préciser les éléments de la liquidation ainsi que l’identification du débiteur (LPF,
art. L. 256).
■ Le paiement de l’impôt
a) Les délais de paiement de l’impôt
La date de paiement de l’impôt, ou date de majoration, est celle à partir de laquelle des péna-
lités sont appliquées. La sanction fiscale diffère selon qu’il s’agit d’impôts directs recouvrés par
voie de rôle (IR, impôts locaux, etc.) ou des autres impôts recouvrés spontanément (droits d’enre-
gistrement, ISF, IS, TVA, etc.).
En matière d’impôts directs perçus par voie de rôle s’applique une majoration. Une majoration
de 10 % du montant de l’IR dû est appliquée quand cet impôt n’est pas acquitté à la date
précisée sur l’avis d’imposition. Il convient de préciser toutefois que cette majoration concerne les
tiers provisionnels de l’IR et l’IR, les impôts directs locaux (TH, TFPB, TFPNB, etc.). Toutefois, l’IS
et ses contributions additionnelles et l’ISF depuis le 1er janvier 2012 sont également concernés
(L. nº 2011-900, 29 juill. 2011 de finances rectificative pour 2011, art. 1). Les contribuables de
bonne foi qui ont obtenu des délais de paiement obtiennent généralement la remise gracieuse
de cette majoration si le paiement est effectué dans les délais prévus.
En matière d’impôts indirects, l’absence de paiement à la date légale fixée entraîne une majora-
tion de 5 % du montant de l’impôt dû. Le contribuable doit également s’acquitter d’un intérêt de
retard de 0,40 % par mois de retard. L’intérêt de retard est calculé à partir du premier jour du
mois suivant la date d’exigibilité
Il existe un certain nombre de situations (déménagement du contribuable, décès, cession d’entre-
prise, le défaut, le retard ou l’insuffisance dans le paiement des impôts) dans lesquelles l’impôt
devient immédiatement exigible, dès la mise en recouvrement du rôle. L’exigibilité immédiate
de l’impôt recouvré par voie de rôle a pour conséquence de supprimer la période de trente jours
dont dispose le contribuable pour s’acquitter de son imposition (CGI, art. 1663 al. 2). En matière
de droits d’enregistrement, l’exigibilité est également immédiate (CGI, art. 1701), de même qu’en
matière de TVA (CGI, art. 1692) par exemple.
Enfin, l’exigibilité de l’impôt peut être différée dans le temps (paiement fractionné et paiement
différé en matière de droits de succession), ou anticipée dans le temps (système de paiement
par acompte provisionnel en matière d’IR et d’IS). En outre, des délais de paiement peuvent être
accordés aux contribuables demandeurs d’emploi. Les contribuables concernés doivent, selon le
cas, présenter leur carte d’inscription à l’agence locale de l’emploi (chômeurs à temps complet),
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72 L’ESSENTIEL DU DROIT DES PROCÉDURES FISCALES
et produire une déclaration de l’employeur attestant qu’ils ne sont pas employés à temps plein
(chômeurs partiels). De même, des délais de paiement peuvent être accordés aux agriculteurs
victimes de calamités naturelles. Les intéressés peuvent, sur demande, obtenir les délais de paie-
ment nécessaires pour s’acquitter de l’impôt sur le revenu.
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prélèvement ou télépaiement est réduit à 1 000 € en 2018. En 2019, tous les impôts d’un
montant supérieur à 300 € seront obligatoirement payés par prélèvement ou télérèglement
en ligne.
Il convient de s’intéresser ici aux opérations de contrôle de l’imposition. Elles consistent en la recherche, par
l’Administration fiscale, des irrégularités, de la fraude fiscale et de l’évasion fiscale.
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(CE, sect., 6 déc. 1995, Navon, Req. nº 90914). D’ailleurs, dans l’affaire HSBC, le Conseil d’État
a rejeté la requête en annulation pour excès de pouvoir de l’arrêté portant création du fichier
« Evafisc » (CE, 24 août 2011, Société HSBC private bank SA, Req. nº 336382).
L’article 37 de la loi du 6 décembre 2013 de lutte contre la fraude fiscale et la grande délin-
quance économique et financière apporte une réponse à cette difficulté, en insérant un
article L. 10-0 AA du LPF qui permet à l’Administration fiscale d’utiliser tout document, quelle
qu’en soit l’origine et sans que puisse lui être opposé le caractère illicite du mode d’obtention
de ce document, à condition qu’il ait été régulièrement transmis par l’autorité judiciaire ou par
des autorités fiscales étrangères dans le cadre, respectivement, de la mise en œuvre d’un droit
de communication ou d’une assistance administrative internationale. Toutefois, cet article
exclut l’utilisation de ce type de document pour les visites domiciliaires.
Le Conseil constitutionnel a considéré que cette disposition ne porte pas atteinte au droit au
respect de la vie privée et aux droits de la défense garantis par l’article 16 de la Déclaration
des droits de 1789 sous réserve que cette disposition ne saurait « permettre aux services
fiscaux de se prévaloir de pièces ou documents obtenus par une autorité administrative ou
judiciaire dans des conditions déclarées ultérieurement illégales par le juge » (Cons. const.,
déc. nº 2013-679 DC, 4 déc. 2013, consid. 33).
b) Le droit de communication
L’Administration fiscale dispose d’un véritable droit de communication, défini à l’article L. 81 du
LPF. Ce droit permet aux agents de l’Administration fiscale, pour l’établissement de l’assiette et le
contrôle des impôts, d’avoir connaissance de certains documents et renseignements. Ce droit
concerne les contribuables mais aussi les tiers.
Le droit de communication de l’Administration fiscale s’exerce naturellement auprès d’un certain
nombre de personnes publiques ou privées, avec 28 hypothèses limitativement définies des arti-
cles L. 82 A à L. 96 du LPF, comme les employeurs (LPF, art. L. 82 B), les administrations publiques
(LPF, art. L. 83), les fabricants de métaux précieux (LPF, art. L. 96 H).
En outre, le législateur précise que « les notaires, huissiers de justice, greffiers, les autorités admi-
nistratives pour les actes qu’elles rédigent, doivent communiquer leurs répertoires aux agents de
l’administration des impôts qui se présentent chez eux pour les vérifier » (LPF, art. L. 23).
Le législateur a ensuite prévu des hypothèses où les renseignements sont communiqués à l’Admi-
nistration fiscale sans demande préalable de sa part (LPF, art. L. 97 à art. L. 102 A), comme, les
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CHAPITRE 6 – Les procédures de contrôle de l’impôt 85
organismes de Sécurité sociale, l’autorité judiciaire ou le maire. Le législateur est venu préciser le
fondement légal de l’échange automatique d’informations fiscales (L. no 2014-891, 8 août 2014,
art. 22) en encadrant les traitements que devront effectuer les établissements financiers, en modi-
fiant le support déclaratif (CGI, art. 1649 AC) et en instaurant des sanctions spécifiques (CGI,
art. 1736).
Le refus de communication peut entraîner l’application d’une amende, d’un montant de 1 500 €.
Le législateur, dans le cadre de la lutte contre la fraude fiscale, a prévu une sanction accrue en cas
de refus de fournir la copie de documents soumis au droit de communication (L. nº 2013-1117,
6 déc. 2013, art. 44). Cette amende est applicable, pour chaque document, sans que le total des
amendes puisse être supérieur à 10 000 € (CGI, art. 1734, al. 2).
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l’inopposabilité du secret professionnel en matière fiscale s’étend à l’ensemble des professions
(notaires et banques notamment), sauf pour certains secrets professionnels, et notamment le
secret médical.
– l’autorisation donnée au fonctionnaire qui procède aux opérations de visite de recueillir sur
place, des renseignements et justifications auprès de l’occupant des lieux ou de son représen-
tant et, s’il est présent, du contribuable, ainsi que l’autorisation de demander à ceux-ci de justi-
fier pendant la visite de leur identité et de leur adresse, dans les mêmes conditions ;
– la mention de la faculté pour le contribuable de faire appel à un conseil de son choix, sans que
l’exercice de cette faculté n’entraîne pas la suspension des opérations de visite et de saisie ;
– le délai et la voie de recours.
La notification de l’ordonnance est effectuée verbalement et sur place avant le commencement
de la visite, à l’occupant des lieux ou à son représentant qui en reçoit copie intégrale contre récé-
pissé ou émargement au procès-verbal. En cas d’absence, elle est notifiée, après la visite, par lettre
recommandée avec avis de réception, et à défaut, avec la signification de l’ordonnance par acte
d’huissier de justice.
Afin de simplifier la mise en œuvre du droit de visite et de saisie de l’administration fiscale,
le législateur (L. fin. rect., nº 2016-1918, 29 déc. 2016, art. 18) a prévu la possibilité qu’une ordon-
nance unique soit délivrée dans le cadre d’une visite simultanée devant être effectuée dans des
lieux situés dans le ressort de juridictions différentes. L’ordonnance unique serait alors délivrée
par l’un des juges des libertés et de la détention compétents (LPF, art. L 16 B-II). Il a également
simplifié la désignation de l’officier de police judiciaire chargé d’assister aux opérations. Alors
qu’auparavant, le juge désignait directement l’officier de police judiciaire concerné, désormais il
désigne seulement le chef de service qui devra nommer l’officier, ce qui permet d’accélérer la
procédure.
agents des impôts habilités dans les mêmes conditions. Les agents des impôts habilités, l’occupant
des lieux ou son représentant et l’officier de police judiciaire peuvent seuls prendre connaissance
des pièces et documents avant leur saisie. L’officier de police judiciaire veille au respect du secret
professionnel et des droits de la défense.
Au cours de la visite, les agents des impôts habilités peuvent recueillir, sur place, des renseigne-
ments et justifications concernant les infractions du contribuable, après avoir informé le contri-
buable ou son représentant que leur consentement est nécessaire. Ces renseignements et justifica-
tions sont consignés dans un compte rendu annexé au procès-verbal.
Si, à l’occasion de la visite, les agents habilités découvrent l’existence d’un coffre dans un établis-
sement de crédit dont la personne occupant les lieux visités est titulaire et où des pièces et docu-
ments se rapportant aux infractions fiscales sont susceptibles de se trouver, ils peuvent, sur auto-
risation délivrée par tout moyen par le juge qui a pris l’ordonnance (et notamment par téléphone),
procéder immédiatement à la visite de ce coffre.
Enfin, le législateur a prévu la possibilité d’obtenir, en cas d’urgence, une autorisation immédiate
du juge des libertés et de la détention de visiter d’autres lieux découverts à l’occasion de la visite
en cours. Sur le modèle de la procédure existant pour les coffres-forts, le législateur prévoit que si,
à l’occasion de la visite, les agents habilités découvrent des éléments révélant l’existence en
d’autres lieux de pièces et documents se rapportant aux agissements en cause, ils peuvent, en
cas d’urgence, sur autorisation délivrée par tout moyen par le juge qui a pris l’ordonnance,
procéder immédiatement à la visite de ces lieux aux fins de saisine de ces pièces et documents
(L. nº 2016-1918, 29 déc. 2016 de finances rectificative pour 2016, art. 18).
La visite et la saisie de documents s’effectuent donc sous l’autorité et le contrôle du juge qui
les a autorisées. À cette fin, il donne toutes instructions aux agents de l’Administration fiscale qui
participent à ces opérations. Il désigne un officier de police judiciaire chargé d’assister à ces opéra-
tions et de le tenir informé de leur déroulement. Il peut, s’il l’estime utile, se rendre dans les
locaux pendant l’intervention. À tout moment, le juge peut décider la suspension ou l’arrêt de la
visite.
À l’issue de la visite, les agents de l’Administration fiscale doivent dresser un procès-verbal rela-
tant les modalités et le déroulement de l’opération et consignant les constatations effectuées. Un
inventaire des pièces et documents saisis lui est annexé s’il y a lieu. Le procès-verbal et l’inven-
taire sont signés par les agents de l’administration des impôts et par l’officier de police judiciaire
ainsi que par les personnes mentionnées au premier alinéa du III ; en cas de refus de signer,
mention en est faite au procès-verbal. Le procès-verbal et l’inventaire mentionnent le délai et la
voie de recours.
(perquisitions douanières). Cette disposition a été déclarée conforme par le Conseil constitutionnel
(Cons. const., déc. no 2010-19/27 QPC, 30 juill. 2010, Époux P. et autres ; Cons. const., déc.
no 2011-150 QPC, 13 juill. 2011, SAS Vestel France et autre).
Désormais, un recours en appel non suspensif peut être formé contre l’ordonnance dans les
quinze jours de sa publicité auprès du Premier président de la Cour d’appel et l’ordonnance
rendue en appel est susceptible d’un recours en cassation dans le même délai. En cas d’annulation
de l’ordonnance, seront annulées les opérations de saisies effectuées sur son fondement, et cette
annulation affecte la régularité de l’imposition supplémentaire dans la mesure où celle-ci procède
des informations recueillies à cette occasion.
Un recours similaire peut être également formé contre le procès-verbal et l’inventaire dans les
quinze jours lorsque le contribuable souhaite contester les opérations de visite et de saisie. L’annu-
lation de la saisie d’une pièce entraîne, pour l’Administration fiscale, l’interdiction d’utiliser cette
pièce saisie ou sa copie.
ou prendre copie, par tous moyens et sur tous supports, des pièces se rapportant aux opérations
ayant donné ou devant donner lieu à facturation. Ils peuvent recueillir sur place ou sur convoca-
tion des renseignements et justifications.
À l’issue de cette procédure, un procès-verbal de clôture rédigé au plus tard dans les 30 jours qui
suivent la dernière intervention sur place ou la dernière convocation, consigne les manquements
constatés aux règles de la facturation, ou l’absence de tels manquements.
En cas de manquements constatés, ces irrégularités sont très souvent exploitées par la suite par
l’Administration fiscale, à l’occasion d’une vérification de comptabilité, non seulement à l’égard
de l’entreprise concernée, mais également à l’encontre éventuelle des tiers (clients et fournisseurs)
visés par la facturation considérée comme irrégulière.
art. 11). Désormais, celle-ci concerne l’ensemble des périodes d’imposition achevées mais pour
lesquelles aucune obligation déclarative n’est encore arrivée à échéance.
La mise en œuvre de la procédure de flagrance fiscale doit être justifiée par l’une des situations
suivantes :
– l’exercice d’une activité occulte, c’est-à-dire que le contribuable n’a pas fait connaître à un
centre de formalités des entreprises ou au greffe du tribunal de commerce ;
– la délivrance de factures fictives, c’est-à-dire que le contribuable émet ou comptabilise en
charges des fausses factures sans contrepartie en termes de livraison de marchandise ou de
prestation de service et, d’autre part, lorsque le contribuable participe à une fraude « carrousel »
de TVA (CGI, art. 297 G, 298 sexies A, 302 septies-0 AA et 1734, LPF, art. L. 81 et L. 85) ;
– la réalisation d’opérations commerciales sans factures et non comptabilisées, en utilisant frau-
duleusement un logiciel comptable permissif ;
– le recours au travail dissimulé, soit par la dissimulation d’une activité exercée à but lucratif,
soit par la dissimulation d’emploi salarié ;
– l’exercice d’une activité illicite (trafic de stupéfiants, d’armes, de fausse monnaie, d’alcool et
de tabacs, de contrefaçons) afin de pouvoir frapper les sommes liées à ces activités (CGI,
art. 1649 quater-0 bis) ;
– la violation réitérée de l’obligation déclarative mentionnée aux 2 de l’article 287 du CGI
concernant les redevables de la TVA soumis au régime réel normal d’imposition (L. nº 2012-
1510, 29 déc. 2012 de finances rectificative pour 2012, art. 11).
2) Le procès-verbal de flagrance fiscale et ses conséquences
Pour mettre en œuvre la flagrance fiscale, l’Administration doit apporter la preuve de circons-
tances susceptibles de menacer le recouvrement d’un impôt. Cette menace peut résulter de
circonstances de fait, et peut avoir trait au comportement ou à la situation du contribuable (entre-
prise éphémère, par exemple).
Lorsque les conditions sont réunies, les inspecteurs ou les contrôleurs des impôts sont fondés à
dresser un procès-verbal constatant la situation de flagrance fiscale.
Le procès-verbal entraîne diverses conséquences, comme :
– des incidences sur le droit de contrôle de l’Administration fiscale puisque le constat d’une
flagrance fiscale fonde l’Administration fiscale à :
• procéder à une nouvelle vérification de comptabilité d’une période et d’un impôt déjà vérifié
(LPF, art. L. 51-4o),
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CHAPITRE 6 – Les procédures de contrôle de l’impôt 93
• procéder à des rectifications à l’impôt sur le revenu pour une période ayant déjà fait l’objet
d’un ESFP (LPF, art. L. 50),
• procéder à une taxation ou une évaluation d’office le résultat de l’année au cours duquel le
procès-verbal a été établi sans mise en demeure préalable (LPF, art. L. 68 et L. 73),
• exercer un droit de reprise jusqu’à la fin de la dixième année qui suit celle au titre de laquelle
l’imposition est due (LPF, art. L. 169) ;
– l’application de sanctions spécifiques, puisque le constat d’une flagrance fiscale, selon
l’article 1740 B du CGI (modifié par l’article 11 de la loi nº 2012-1510 du 29 déc. 2012 de
finances rectificative pour 2012), fonde l’Administration fiscale :
• à faire application d’une amende de 5 000 €,
• à faire application d’une amende de 10 000 € si le chiffre d’affaires hors taxes excède les
limites prévues, soit pour le régime d’imposition de la micro-entreprise BIC (CGI, art. 50-0,
soit 81 500 €), soit pour le régime déclaratif spécial BNC (CGI, art. 102 ter, soit 32 600 €), soit
pour le régime du forfait agricole (CGI, art. 69-I, soit 76 300 €), soit dans le cadre d’activités
illicites, lorsque le revenu reconstitué est supérieur à la quatrième tranche du barème de l’IR
(CGI, art. 197-I, soit 26 420 €),
• à faire application d’une amende de 20 000 € si le chiffre d’affaires hors taxes excède les
limites prévues, soit pour le régime simplifié de TVA (CGI, art. 302 septies A-I, soit 777 000 €)
soit pour le régime simplifié d’imposition des exploitants agricoles (CGI, art. 69-II-b, soit
350 000 €), soit dans le cadre d’activités illicites, lorsque le revenu reconstitué est supérieur à
la cinquième tranche du barème de l’IR (CGI, art. 197-I, soit 70 830 €),
• à faire application d’une amende de 30 000 € si, à la date du constat de flagrance fiscale,
dans le cadre d’activités illicites, lorsque le revenu imposable établi excède le seuil de la
sixième tranche du barème de l’IR (CGI, art. 197-I, soit 150 000 €) ;
– la réalisation de mesures conservatoires puisque le constat d’une flagrance fiscale permet au
comptable de faire diligenter des saisies conservatoires sans l’autorisation préalable d’un juge
(LPF, art. L. 252 B). Le législateur a intégré aux mesures conservatoires les sûretés judiciaires
(portant notamment sur des biens immobiliers), car le droit ne visait jusqu’alors que les saisies
conservatoires (L. nº 2012-1510, 29 déc. 2012 de finances rectificative pour 2012, art. 11).
La procédure de flagrance fiscale est assortie de garanties et de voies de recours au bénéfice du
contribuable. Ce dernier peut notamment bénéficier de deux recours cumulatifs en référé, l’un
contre le procès-verbal de flagrance fiscale et l’autre contre le procès-verbal de mise en œuvre
des saisies conservatoires.
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94 L’ESSENTIEL DU DROIT DES PROCÉDURES FISCALES
Il est prévu une procédure de référé administratif au profit du contribuable dans les conditions
prévues par le législateur (LPF, art. L. 279) :
– soit dans les huit jours à compter de la réception du procès-verbal de flagrance fiscale (LPF,
art. L. 16-0 BA-V) ;
– soit dans les huit jours à compter de la signification de la mesure conservatoire pour obtenir
la mainlevée de celle-ci (LPF, art. L. 252 B).
Dans les deux cas, la décision du juge du référé est susceptible d’appel devant le tribunal adminis-
tratif dans le délai de huit jours, et peut faire l’objet d’un recours en cassation devant le Conseil
d’État pour violation de la loi.
introduite par le législateur (L. nº 96-1182, 30 déc. 1996 de finances rectificative pour 1996,
art. 31 § 3). Ce dispositif légal a eu pour objet de remettre en cause la jurisprudence du Conseil
d’État qui considérait que seules les personnes qui ont leur domicile fiscal en France pouvaient
faire l’objet d’un ESFP et a autorisé rétroactivement l’utilisation de cette procédure à l’encontre
des non-résidents (CE, 10 juill. 1996, M. Alexandre X., Req. no 127-892). Ainsi, une personne non
domiciliée fiscalement en France mais qui y possède un compte bancaire, ou qui perçoit des
revenus de source française, peut faire l’objet d’un ESFP. Cette disposition a été déclarée
conforme par le Conseil constitutionnel (Déc. no 2011-166 QPC, 23 sept. 2011, Yannick N.).
b) La procédure
À l’issue du contrôle interne de bureau (demande de renseignements, droit de communication), si
le vérificateur constate une incohérence entre les informations récoltées et les revenus déclarés du
foyer fiscal, il adresse aux contribuables du foyer fiscal un avis les informant qu’un ESFP va être
entrepris à leur encontre.
L’ESFP, qui se déroule dans les locaux de l’Administration fiscale, constitue une analyse détaillée
des comptes bancaires du foyer fiscal. Le vérificateur effectue une balance de trésorerie entre les
disponibilités financières dégagées et celles qui ont été engagées au cours de l’année vérifiée. Si
le solde de la balance fait apparaître un montant de dépenses supérieur à celui des revenus
déclarés, l’Administration fiscale engage un dialogue avec le contribuable afin d’obtenir les éclair-
cissements sur cet écart. Pendant un certain délai, le contribuable peut apporter la preuve de ce
décalage (emprunts, gains de jeux, etc.). À défaut de justifications suffisantes, l’Administration
fiscale enclenche une procédure de rectification.
contribuable et le vérificateur, reconnue par le Conseil d’État (CE, 21 mai 1976, Sieur X., Req.
nº 94052) sous l’œil vigilant du Conseil constitutionnel (Cons. const., déc. nº 2016-743 DC,
29 déc. 2016, cons. 15 et 16). La vérification générale de comptabilité (cf. infra) n’est plus
adaptée à toutes les situations. Cette procédure souvent longue et intrusive n’est pas toujours
nécessaire, notamment pour les entreprises de petite taille dont les risques fiscaux sont ciblés. Les
PME sont favorables à des échanges à distance avec les vérificateurs, sans présence physique au
sein de l’entreprise.
Cette nouvelle procédure (LPF, art. 13 G et 47 AA) crée un nouveau mode de contrôle fiscal des
entreprises. Désormais, l’Administration peut procéder à un contrôle à distance de la comptabilité
d’une entreprise par l’envoi d’un avis d’examen de comptabilité. L’entreprise doit, dans un
délai de 15 jours à compter de la réception de cet avis, adresser à l’Administration, sous forme
dématérialisée, une copie du fichier des écritures comptables de la période examinée (LPG, art.
L. 47 AA-1).
L’Administration fiscale dispose alors d’un délai de 6 mois après la réception du fichier des écri-
tures comptables (FEC) pour effectuer des tris, classements et calculs sur celui-ci afin notamment
de s’assurer de sa cohérence avec la liasse fiscale déposée, en principe en ligne, par le contri-
buable ; elle peut également procéder à des traitements informatiques sur tout autre fichier
transmis par l’entreprise (LPF, art. L 47 AA-3). À l’expiration du délai de 6 mois, l’Administration
est tenue d’envoyer à l’entreprise une proposition de rectification ou l’informer de l’absence de
rectification (LPF, art. L 47 AA-4). Dans le cadre de cette nouvelle procédure, le contribuable béné-
ficierait des garanties et modalités de procédure similaires à celles prévues en matière de véri-
fication de comptabilité (cf. infra).
En l’absence de remise du FEC ou d’une remise non conforme, le contribuable encourt une
amende de 5 000 € et l’annulation de cette procédure, laissant alors à l’Administration fiscale la
possibilité d’engager une vérification de comptabilité sur place pour la même période (CGI,
art. 1729 D et G)
Cette nouvelle procédure, entrée en vigueur le 1er janvier 2017, dématérialise le contrôle fiscal
des entreprises et ouvre la voie à l’automatisation de celui-ci. Les entreprises devront donc en
amont s’assurer de la cohérence entre les éléments déclarés dans leurs liasses fiscales et les
éléments mentionnés dans leur FEC. Dans un souci de restriction budgétaire, tout excès dans l’uti-
lisation de l’examen de comptabilité pourrait entraîner un contournement procédural par l’Admi-
nistration fiscale mettant en arrière-plan la vérification de comptabilité.
2) La vérification de comptabilité
Cette procédure est définie par le législateur (LPF, art. L. 13). L’Administration fiscale est habilitée à
vérifier sur place la comptabilité des contribuables astreints à en tenir une. Les contribuables
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CHAPITRE 6 – Les procédures de contrôle de l’impôt 97
astreints à tenir une comptabilité sont : les commerçants (LPF, art. L. 85), les agriculteurs (LPF, art.
L. 85 A), les contribuables réalisant des BNC imposés selon un régime de déclaration contrôlée
(CGI, art. 98) ou selon le régime déclaratif spécial (CGI, art. 102 ter), les assujettis à la TVA (CGI,
art. 286). Les vérifications de comptabilité portent donc sur tout document comptable afin d’exa-
miner la régularité, la sincérité et le caractère probant de la comptabilité.
Toutes les investigations faites sur place dans une entreprise ne constituent pas une vérification de
comptabilité. Il s’agit d’une vérification de comptabilité lorsque l’Administration contrôle sur place
la sincérité des déclarations souscrites par un contribuable en les comparant avec les écritures
comptables ou les pièces justificatives examinées à cette occasion. Cette procédure est strictement
encadrée par la loi et subordonnée au respect de garanties.
Cette procédure est distincte du droit de communication de l’Administration fiscale qui est mis en
œuvre sans formalités particulières (CE, 6 oct. 2000, SARL Trace), ce qui est le cas, par exemple,
d’une visite d’un inspecteur des impôts au siège d’une société au cours de laquelle il s’est borné
à examiner des comptes bancaires sans procéder à un examen critique de la comptabilité (CE,
10 déc. 1999, SARL Juventhera).
En revanche, constitue une vérification de comptabilité : le constat d’un écart entre le CA déclaré
et le CA réel de l’entreprise après confrontation entre les écritures comptables du contribuable
et ses déclarations. En réalité, le droit de communication est un relevé passif d’informations par
l’Administration fiscale alors que la vérification de comptabilité est un contrôle actif de la
comptabilité.
La vérification doit être effectuée par un fonctionnaire ayant le grade d’inspecteur ou de contrô-
leur des impôts. En l’absence de ces derniers, la procédure d’imposition peut être viciée (CE,
5 févr. 1986, Lapoumeroule ; TA Paris, 8 févr. 2005, SARL JLN Restauration).
b) La procédure
Bien qu’il existe une différence entre l’ESFP et la vérification de comptabilité, dans la mesure où les
particuliers ne sont pas tenus à des obligations comptables, il est fréquent que l’Administration
fiscale procède simultanément à un ESFP du dirigeant et à une vérification de comptabilité de
l’entreprise.
En 2012, le législateur a créé une obligation pour les entreprises de présenter leur comptabilité
sous forme dématérialisée, à l’occasion d’une vérification de comptabilité (LPF, art.
L. 47 A). L’administration fiscale restitue au contribuable, à l’issue du contrôle et avant la mise en
recouvrement, les copies des fichiers informatiques, dont elle ne conserve aucun double. Pour
pallier le vide juridique créé par la décision du Conseil constitutionnel (Cons. const., déc. no 2013-
685 DC, 29 déc. 2013, cons. 110), le législateur a prévu un nouveau dispositif de sanction en cas
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98 L’ESSENTIEL DU DROIT DES PROCÉDURES FISCALES
Après que l’Administration fiscale ait procédé régulièrement à des contrôles des sommes déclarées par le
contribuable, lorsqu’elle décèle une anomalie ou qu’elle s’interroge sur certains montants déclarés, elle peut
entamer une procédure de rectification contradictoire.
Généralement, les procédures de contrôle aboutissent à une rectification des bases d’imposition,
et notamment à un rehaussement d’imposition. Cette opération peut prendre deux formes :
– soit le contribuable a satisfait ses obligations déclaratives, et l’Administration fiscale entreprend
une procédure de rectification, dite aussi de redressement, qui est contradictoire ;
– soit le contribuable a fait preuve de mauvaise volonté, et l’Administration fiscale entreprend une
procédure d’imposition d’office, qui fait perdre au contribuable le bénéfice d’une procédure
contradictoire.
À l’issue du délai de réponse prévu par la procédure, le contribuable dispose de deux options :
– soit le contribuable accepte tacitement ou expressément la proposition de rectification, ce qui
met fin à la procédure de rectification, et l’Administration fiscale établit le rôle et émet l’avis de
mise en recouvrement du supplément de l’impôt et des pénalités ;
– soit le contribuable présente des observations à l’Administration fiscale :
• si ces observations sont reconnues fondées, les rehaussements d’impositions qui avaient été
notifiés au contribuable sont abandonnés,
• si ces observations sont rejetées, elle doit formuler une réponse motivée (LPF, art. L. 57), dans
un délai de 60 jours pour les PME (LPF, art. L. 57 A).
Selon l’article L. 59 du LPF, lorsque le désaccord persiste sur les rectifications notifiées, l’Adminis-
tration fiscale, si elle le demande ou si le contribuable le réclame, soumet le litige à l’avis soit :
– de la commission des impôts directs et des taxes sur le chiffre d’affaires (qui est soit dépar-
tementale, CGI, art. 1651 ; soit nationale, CGI, art. 1651 H) ;
– soit de la commission départementale de conciliation (CGI, art. 667).
Le désaccord doit concerner une question de fait et non une question de droit. Le législateur a
toutefois prévu que la commission puisse se prononcer sur certaines questions de droit comme le
caractère anormal d’un acte de gestion, sur le principe et le montant des amortissements et
des provisions ainsi que sur le caractère de charges déductibles des travaux immobiliers (LPF, art.
L. 59 A-II, al. 2).
Dans les faits, cette saisine est presque systématique. Lorsque le désaccord porte sur l’IR, l’IS
ou la TVA, la commission départementale des impôts directs (CDI) est saisie. En matière d’ISF, de
droits d’enregistrement, la commission départementale de conciliation peut être saisie. Si la portée
des avis de cette commission n’est que relative, puisque l’Administration fiscale est libre de le
suivre ou de ne pas le suivre, dans 95 % des cas, l’Administration fiscale se range derrière l’avis
de la commission (cf. rapport Fouquet de 2008, p. 46 et s.).
Si l’avis des commissions n’est opposable ni à l’Administration fiscale, ni au contribuable, il est
susceptible de peser sur la charge de la preuve (CE, 12 juin 2014, SARL JCA, Req. no 364858).
Le principe général est que la charge de la preuve repose sur celui qui invoque. Ainsi, pour les
impôts déclaratifs, la charge de la preuve revient à l’Administration fiscale qui invoque une erreur
du contribuable pour justifier une rectification. Une présomption de bonne foi et de sincérité
profite au contribuable, et il revient alors à l’Administration fiscale de prouver les erreurs,
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104 L’ESSENTIEL DU DROIT DES PROCÉDURES FISCALES
omissions ou fraudes. Cependant, la portée de cette règle est à relativiser en cas de saisine des
commissions :
– si la comptabilité est régulière, la charge de la preuve pèse sur l’Administration fiscale quel que
soit l’avis de la commission ;
– si la comptabilité est irrégulière et présente de nombreuses erreurs, la charge de la preuve pèse
sur le contribuable si l’Administration fiscale suit l’avis rendu par la commission ;
– lorsqu’il n’y a pas de comptabilité, la charge de la preuve incombe au contribuable quel que soit
l’avis rendu par la commission.
Enfin, en cas d’avis défavorable au contribuable, ou en cas de non-saisine de la commission, le
supplément d’imposition est mis en recouvrement, et le contribuable peut alors entamer une
procédure contentieuse.
– une condition subjective qui est retenue si l’avantage obtenu procède d’un détournement de
l’esprit et des objectifs de la loi fiscale, s’apparentant à une mauvaise foi du contribuable. C’est
le concept général de fraude à la loi fiscale.
Cette évolution jurisprudentielle a été confirmée à plusieurs par le Conseil d’État (CE, 29 déc.
2006, Bank of Scotland, Req. no 283314 ; CE, 7 sept. 2009, Société Henri Goldfarb, et SA Axa,
Req. no 305596 et no 305586).
En 2008, le législateur a repris ces deux critères alternatifs à l’article L. 64 du LPF qui dispose :
« Afin d’en restituer le véritable caractère, l’administration est en droit d’écarter, comme ne lui
étant pas opposables, les actes constitutifs d’un abus de droit, soit que ces actes ont un carac-
tère fictif, soit que, recherchant le bénéfice d’une application littérale des textes ou de décisions
à l’encontre des objectifs poursuivis par leurs auteurs, ils n’ont pu être inspirés par aucun
autre motif que celui d’éluder ou d’atténuer les charges fiscales que l’intéressé, si ces actes
n’avaient pas été passés ou réalisés, aurait normalement supportées eu égard à sa situation ou à
ses activités réelles ».
Pour apprécier si le seul motif d’une opération est fiscal, le Conseil d’État compare l’avantage
économique et l’avantage fiscal retiré respectivement par le contribuable de l’opération critiquée.
Si l’avantage fiscal est prépondérant par rapport à l’avantage économique, il considère que le
contribuable a été inspiré par un motif exclusivement fiscal, comme cela a été démontré dans
l’affaire dite des « coquillards » (CE, 17 juill. 2013, SARL Choiseul Holding, Req. nº 360706).
Un rapport parlementaire de juillet 2013 démontre que les conditions pour que l’abus de droit
fiscal soit retenu sont trop strictes, ce qui a été vivement critiqué par la doctrine. Selon Olivier
Fouquet, on risque de passer d’une question de droit précise : « le but fiscal est-il ou non
exclusif ? » à une question de fait imprécise : « le but fiscal est-il ou non principal ? » ce qui est
donc discutable. Mettant en application les préconisations de ce rapport, les députés ont adopté
une définition extensive de l’abus de droit fiscal. L’article 100 du projet de loi de finances
pour 2014 prévoyait qu’au premier alinéa de l’article L. 64 du LPF, les mots : « n’ont pu être
inspirés par aucun autre motif que celui » seraient remplacés par les mots : « ont pour motif prin-
cipal ». Saisi de la constitutionnalité de ce dispositif, le Conseil constitutionnel a souligné « qu’une
telle modification de la définition de l’acte constitutif d’un abus de droit a pour effet de conférer
une importante marge d’appréciation à l’administration fiscale ». Compte tenu des conséquences
fiscales (amendes, pénalités, intérêts de retard) attachées à la procédure de l’abus de droit fiscal, le
Conseil Constitutionnel a déclaré l’article 100 contraire à la Constitution (Cons. const., déc.
nº 2013-685 DC, 29 déc. 2013, consid. 118).
2) La procédure d’abus de droit fiscal
Le champ d’application de la procédure a été considérablement élargi par le législateur en 2008.
Cette procédure porte désormais sur « tout impôt » y compris les crédits d’impôts (alors que
n’étaient visés auparavant que l’IR, l’IS, la TVA, la TP, l’ISF et les droits d’enregistrement) et peut
être mise en œuvre indifféremment lorsque la situation constitutive de l’abus porte sur l’assiette,
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108 L’ESSENTIEL DU DROIT DES PROCÉDURES FISCALES
la liquidation ou le paiement de l’impôt. Cette procédure concerne « tout acte » à savoir tout
document ou événement exprimant de manière écrite ou non, bilatérale ou multilatérale, une
volonté de produire des effets de droits. Cela peut donc être un acte juridique ou un fait juridique
(une domiciliation fictive).
La procédure de répression des abus de droits est mise en œuvre sur décision d’un inspecteur
principal, sous peine de nullité, qui adresse au contribuable une proposition de rectification pour
abus de droit fiscal. Cette procédure est contradictoire. Le contribuable a donc la possibilité de
présenter ses observations dans un délai de 30 jours. L’administration peut saisir le comité consul-
tatif pour la répression des abus de droit (CCRAD), de sa propre initiative ou à la demande du
contribuable.
Lorsque le comité est saisi, le contribuable et l’Administration fiscale sont invités à présenter leurs
observations dans le cadre d’un débat oral et contradictoire. En tant qu’instance consultative
destinée à faciliter les relations entre les contribuables et l’Administration, ce comité rend un avis
qui n’est ni obligatoire, ni conforme, même si en pratique l’Administration fiscale se range généra-
lement à la position du comité (plutôt favorable au contribuable). Cet avis doit être motivé sur
l’existence ou non d’un abus de droit. En aucun cas, même s’il est négatif, l’avis ne fait obstacle
à la poursuite de la procédure de rectification. L’avis a simplement un effet sur la charge de la
preuve devant le juge de l’impôt :
– soit l’avis est positif, l’Administration fiscale est fondée à poursuivre la rectification et infliger
des majorations pour abus de droit (une majoration qui est de 80 % des droits rappelés ou de
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CHAPITRE 7 – Les procédures de rectification de l’impôt 109
40 % lorsqu’il n’est pas établi que le contribuable a eu l’initiative principale de l’acte constitutif
d’abus de droit) auxquelles il convient d’ajouter les intérêts de retard. Le contribuable doit
supporter la charge de la preuve ;
– soit l’avis est négatif, l’Administration fiscale peut soit se ranger à l’avis et abandonner les
sanctions pour abus de droit, soit poursuivre le redressement, mais s’il y a un contentieux, la
charge de la preuve pèsera sur l’Administration fiscale.
Dans 70 % des cas, les affaires traitées par le comité conduisent à un avis favorable au contri-
buable et concernent, pour moitié, les droits d’enregistrements, et notamment les donations
déguisées en ventes d’immeubles, et pour l’autre moitié, l’impôt sur le revenu, et notamment la
cession à soi-même d’une activité individuelle dans le but de bénéficier de l’exonération de la
plus-value réalisée (CGI, art. 238 quaterdecies).
■ Le champ d’application
Le législateur prévoit des procédures d’imposition unilatérales de rectification (LPF, art. L. 65), et
qui ne sont donc pas contradictoires : la taxation d’office (LPF, art. L. 66 à L. 72) et l’évaluation
d’office (LPF, art. L. 73 et L. 74). Ces procédures peuvent être mises en œuvre dans quatre types
de situations :
– en cas de défaut ou de retard dans le dépôt des déclarations (LPF, art. L. 66 à L. 68) ;
– en cas de défaut de réponse à une demande d’éclaircissements ou de justifications (LPF, art.
L. 69 et L. 70) ;
– en cas de défaut de désignation d’un représentant fiscal en France par un non-résident (LPF, art.
L. 72 et 72 A) ;
– en cas d’opposition à un contrôle fiscal, lorsque le contrôle fiscal ne peut avoir lieu du fait du
contribuable ou de tiers (LPF, art. L. 74).
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110 L’ESSENTIEL DU DROIT DES PROCÉDURES FISCALES
■ Le déroulement de la procédure
Le législateur a désigné ces procédures d’imposition d’office par deux termes distincts tout en ne
définissant qu’un seul régime juridique :
– la taxation d’office concerne les rectifications unilatérales relatives à l’impôt sur le revenu,
l’impôt sur les sociétés, les taxes sur le chiffre d’affaires, les droits d’enregistrement, les taxes
assises sur les salaires (LPF, art. L. 66) ;
– l’évaluation d’office concerne les rectifications unilatérales relatives aux bénéfices industriels et
commerciaux (BIC), non commerciaux (BNC) et agricoles (BA) selon les dispositions législatives
prévues à cet effet (LPF, art. L. 73).
Les procédures d’évaluation et de taxation d’office ne peuvent être mises en œuvre sans qu’une
mise en demeure de l’Administration ait été envoyée au contribuable, ce qui lui laisse une
dernière chance de régulariser sa situation fiscale.
L’envoi d’une mise en demeure n’est pas obligatoire lorsque le contribuable :
– effectue des changements fréquents de lieu de séjour ;
– séjourne dans des locaux d’emprunt ou meublés ;
– transfère à l’étranger son domicile fiscal sans déposer de déclarations de revenus ;
– ne se présente pas au centre de formalités des entreprises ou au greffe du Tribunal de
commerce ;
– et/ou un tiers ne permet pas la tenue du contrôle fiscal ;
– est en situation de flagrance fiscale.
Suite à l’envoi de cette mise en demeure, le contribuable dispose alors d’un délai de 30 jours,
porté à 90 jours en matière de successions, pour formuler une réponse à l’administration fiscale,
faute de quoi la procédure d’imposition d’office se met en œuvre. Dans un délai de 30 jours
avant la mise en recouvrement, l’administration fiscale doit ensuite adresser une notification de
rectification, afin de porter à la connaissance du contribuable les éléments servant au calcul des
impositions d’office.
En principe, le contribuable ne dispose pas du droit de formuler des observations à la suite de
l’envoi de cet acte et, si tel est le cas, l’Administration fiscale n’a pas l’obligation de répondre à
d’éventuelles observations formulées par le contribuable.
Toutefois, en cas de taxation d’office enclenchée à la suite d’une réponse à une demande de justi-
fications jugée insuffisante, le contribuable a le droit de saisir la commission départementale
des impôts directs et des taxes sur le chiffre d’affaires, mais le contribuable conserve la
charge de la preuve quel que soit l’avis de la commission (LPF, art. L. 76).
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Chapitre
Les sanctions fiscales 8
Il convient de s’intéresser ici aux secondes conséquences du contrôle de l’imposition, à savoir les sanctions
fiscales. Après que l’Administration fiscale ait procédé régulièrement à des contrôles, en cas de fraude
fiscale, elle est tenue de mettre en œuvre les sanctions correspondantes prévues par le législateur.
la jurisprudence, pouvant laisser penser que le taux de l’intérêt de retard pourrait être assimilé à
une pénalité, et donc une sanction fiscale, susceptible de justifier la mise en œuvre des garanties
de l’article 6 de la CEDH pour le contribuable (TGI Paris, 6 juill. 2000, Consorts Dalloz Furet, Req.
no 99/20096 et 99/20097). Cette position a été rejetée par le Conseil d’État dans un avis rendu
en 2002.
Le législateur a définitivement clos ce débat (Ord. no 2005-1512, 7 déc. 2005, art. 12) lorsqu’il a
fixé le taux de l’intérêt de retard à 0,40 % par mois soit 4,8 % par an (CGI, art. 1727-III), et fait
figurer dans le CGI les intérêts de retard dans un paragraphe distinct de celui consacré aux sanc-
tions fiscales. Une partie de la doctrine regrette qu’ils soient encore codifiés au sein du chapitre
consacré aux « pénalités ».
Elle recommande des échanges plus soutenus entre l’autorité judiciaire et l’administration fiscale
et l’application de peines plus lourdes, plus diversifiées et adaptées à la complexité et à la gravité
des nouvelles formes de fraude, notamment les peines de confiscation, sanctions particulièrement
efficaces en matière économique et financière.
Elle expose également la politique de diversification de l’action pénale de la DGFIP à l’encontre de
l’ensemble des personnes, physiques ou morales, qui interviennent en amont et en aval de la
fraude fiscale, par le dépôt de plaintes pour blanchiment de fraude fiscale, escroquerie en bande
organisée ou conception et commercialisation de logiciels frauduleux.
En matière fiscale, il existe deux grands types de sanctions :
– les sanctions fiscales de nature administrative, qui sont des sanctions pécuniaires (majora-
tion de droits, amendes) infligées par l’Administration fiscale, sous le contrôle du juge de
l’impôt ;
– les sanctions fiscales de nature pénale, qui sont des peines correctionnelles prononcées par
les tribunaux de l’ordre judiciaire en cas d’infractions graves.
Les sanctions fiscales de nature administrative diffèrent selon qu’il s’agit de majorations de droits
ou d’amendes fiscales. Des droits et garanties ont été définis pour le contribuable sanctionné.
Les majorations de l’article 1729 du CGI sont applicables aux contribuables en cas de :
– manquement délibéré établi par l’Administration fiscale ;
– manœuvres frauduleuses ou de dissimulation d’une partie du prix stipulé dans un contrat ;
– abus de droit (LPF, art. L. 64).
1) Le manquement délibéré (mauvaise foi du contribuable)
Le caractère délibéré du manquement résulte de l’ensemble des éléments de fait de nature à
établir que les erreurs, inexactitudes ou omissions commises par le contribuable n’ont pu l’être de
bonne foi. L’Administration fiscale doit l’établir et il s’apprécie en fonction des circonstances
propres à chaque affaire, autour d’un critère objectif (l’importance et la fréquence des redresse-
ments) ou d’un critère subjectif selon lequel le contribuable ne pouvait pas ignorer ce qui lui est
reproché (en fonction de la profession exercée par le contribuable par exemple). Ainsi le Conseil
d’État a jugé que la bonne foi présumée du contribuable (LPF, art. L. 195 A) ne pouvait être
admise dans les situations suivantes :
– en cas d’omission par le contribuable de mention dans les déclarations de sommes très impor-
tantes dont il ne pouvait ignorer le caractère imposable (CE, 29 juill. 2002, Req. no 220728) ;
– en cas d’absence de caractère suivi et probant de la comptabilité au vu de l’importance des
minorations de recettes déclarées (CE, 19 mars 2001, Req. no 197352) ;
– en cas de pratiques comptables défectueuses utilisées pendant quatre ans pour minorer les
recettes dans une proportion de 20 à 30 % du chiffre d’affaires déclaré (CE, 10 déc. 1999,
Req. no 180691).
Le taux de la majoration des droits est de 40 % en cas de manquement délibéré.
2) Les manœuvres frauduleuses
Selon l’Administration fiscale, les manœuvres frauduleuses peuvent être analysées comme consis-
tant dans la mise en œuvre de procédés ayant pour effet soit de faire disparaître ou de réduire
la matière imposable, soit d’obtenir de l’État des remboursements injustifiés, lorsque ces
procédés ne peuvent être considérés comme des erreurs excusables ou des omissions involon-
taires, mais sont, au contraire, le résultat d’actes conscients et volontaires destinés à donner
l’apparence de la sincérité à des déclarations en réalité inexactes de leurs auteurs et impliquant
l’intention d’éluder tout ou partie de l’impôt.
La notion de manœuvres frauduleuses recouvre donc deux séries d’éléments :
– un manquement délibéré de la part du contribuable ;
– auquel s’ajoute la mise en œuvre de procédés destinés à masquer l’existence de l’infrac-
tion ou à la présenter sous la forme d’une opération parfaitement régulière en créant une
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CHAPITRE 8 – Les sanctions fiscales 115
Par exemple, lorsqu’une donation déguisée sous l’apparence d’une vente fait simultanément
l’objet d’un rehaussement pour insuffisance de prix, il sera procédé selon les modalités
suivantes : en effet, il découle des dispositions législatives (CGI, art. 666 et 761) que les droits de
donation sont assis, non sur le prix exprimé, mais sur la valeur réelle du bien. En conséquence,
l’assiette de la majoration de 80 % (CGI, art. 1729) est constituée par les droits de donation
liquidés sur la valeur vénale réelle du bien et non sur le prix exprimé dans l’acte.
L’obligation de motivation ne s’applique pas à l’intérêt de retard, qui ne constitue pas une sanc-
tion mais la réparation pécuniaire du préjudice subi par l’État. Il est toutefois fréquent que l’Admi-
nistration fiscale informe le contribuable de son application.
La motivation des sanctions doit s’effectuer en droit et en fait. Ainsi, le document qui comporte la
motivation doit comporter, rehaussement par rehaussement, d’une part le fondement légal de la
sanction, d’autre part les considérations de fait et, en particulier, l’existence et la nature exacte
des infractions commises par le contribuable qui justifient l’application de la sanction.
Le législateur précise les modalités de la motivation (LPF, art. L. 80 D). Chaque fois qu’elle envisage
de prononcer une sanction, l’Administration fiscale doit adresser au contribuable un document lui
faisant connaître :
– la sanction qu’elle se propose de lui appliquer ;
– les motifs de la sanction ;
– la possibilité de présenter ses observations dans un délai de 30 jours.
La sanction ne peut être prononcée par l’Administration fiscale avant l’expiration de ce délai de
30 jours.
Le législateur prévoit que la décision d’appliquer les majorations prévues en cas de manquement
délibéré, manœuvres frauduleuses, abus de droit ou dissimulation de prix (CGI, art. 1729) et
d’opposition à contrôle fiscal (CGI, art. 1732) est prise par un agent de catégorie A détenant au
moins le grade d’inspecteur départemental des finances publiques (LPF, art. L. 80 E).
• soit parce qu’elle a saisi la commission des infractions fiscales (CIF) dans le cas où la mise en
mouvement de l’action publique implique une plaine du ministre adressée au procureur de la
République après avis de la CIF ;
– lorsque le contribuable met en œuvre des manœuvres dilatoires visant à nuire au bon déroule-
ment du contrôle.
Le Conseil constitutionnel a écarté les griefs qui mettaient en cause le principe même d’une limita-
tion des pouvoirs de l’Administration de transiger, au motif qu’aucune exigence constitutionnelle
ne peut faire obstacle à une telle limitation car il n’y a pas de droit, pour les contribuables, à
obtenir une transaction (Cons. const., déc. nº 2013-679 DC, 4 déc. 2013, consid. 28).
La procédure applicable est définie par le pouvoir réglementaire (LPF, art. R. 247-1 et suivants). Les
demandes prévues par le législateur (LPF, art. L. 247) doivent être adressées à l’Administration
fiscale et doivent contenir les indications nécessaires pour identifier l’imposition et, le cas
échéant, être accompagnées soit de l’avis d’imposition, d’une copie de cet avis ou d’un extrait de
rôle, soit de l’avis de mise en recouvrement ou d’une copie de cet avis.
La décision sur les demandes des contribuables tendant à obtenir une modération, remise ou tran-
saction appartient :
– au directeur chargé d’une direction des services fiscaux ou au directeur chargé d’un service à
compétence nationale, lorsque les sommes faisant l’objet de la demande n’excèdent pas
150 000 € par exercice ou affaire, selon la nature des impôts ;
– au ministre chargé du Budget, après avis du comité du contentieux fiscal, douanier et des
changes, dans les autres cas (qui ne peut être saisi par le contribuable).
Par exemple, l’article 3 de la loi nº 2013-1117 du 6 décembre 2013 prévoyait, pour un crime ou
un délit puni d’au moins cinq ans d’emprisonnement et ayant procuré un profit direct ou indirect,
un maximum de la peine établi à 10 % voire à 20 % du chiffre d’affaires de la personne morale
prévenue ou accusée. Ce maximum étant susceptible de revêtir un caractère manifestement
disproportionné avec la gravité de l’infraction, le Conseil constitutionnel l’a censuré pour
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CHAPITRE 8 – Les sanctions fiscales 121
une qualification différente », rédigée dans un souci de protection des libertés individuelles de la
personne poursuivie.
Selon l’Administration fiscale, le fait d’infliger une sanction administrative au contribuable ne prive
en rien les juridictions répressives de sanctionner pénalement le comportement répréhensible du
contribuable. Cependant la règle « non bis in idem » est protégée par un certain nombre de
textes internationaux :
– l’article 4 du protocole no 7 de la CEDH qui précise que « nul ne peut être poursuivi ou puni
pénalement par les juridictions du même État en raison d’une infraction pour laquelle il a déjà
été acquitté ou condamné par un jugement définitif conformément à la loi et à la procédure
pénale de cet État ». Du fait des réserves émises par la France en marge du protocole no 7 du
22 novembre 1984 (« Le Gouvernement de la République française déclare que seules les infrac-
tions relevant en droit français de la compétence des tribunaux statuant en matière pénale
doivent être regardées comme des infractions au sens de l’article 4 du protocole »), le cumul
des sanctions fiscales et pénales est autorisé par la Cour de Strasbourg (CEDH, 14 sept. 1999,
no 36855/97 et no 41731/98, Ponsetti et Chesnel c/France), par le Conseil d’État (CE, 26 déc.
2008, M. Gonzales-Castrillo, Req. no 282995 ; CE, 30 nov. 2007, Société Sideme, Req.
no 292705) et la Cour de cassation (Cass. crim., 20 juin 1996, no 94-85796, Ponsetti) ;
– l’article 14 § 7 du Pacte de New York relatif aux droits civils et politiques du 16 décembre
1966 rappelle que « nul ne peut être poursuivi ou puni en raison d’une infraction pour laquelle
il a déjà été acquitté ou condamné par un jugement définitif conformément à la loi et à la
procédure pénale de chaque pays ». Dans un avis rendu en 1997, le Conseil d’État a considéré
que cette règle ne vise que les doubles poursuites devant les juridictions répressives, ce qui auto-
rise le cumul de sanctions pénales et fiscales.
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CHAPITRE 8 – Les sanctions fiscales 123
– un élément matériel, l’infraction doit être matérialisée par un ou plusieurs actes exécutés par
son auteur. Ainsi, l’article 1741 du CGI fournit une liste non limitative des formes que peut
prendre cette infraction : l’omission volontaire de déclaration dans les délais, la dissimulation
volontaire des sommes sujettes à l’impôt, l’organisation d’insolvabilité pour échapper à l’impôt,
l’obstruction au recouvrement de l’impôt par toute autre manœuvre ;
– un élément moral, l’infraction doit être le résultat de l’intention coupable de son auteur ou
d’une faute d’un auteur conscient de ses actes. En effet, comme les autres infractions pénales,
le délit de fraude fiscale implique un élément intentionnel. Cela signifie que, pour que le délit
soit constitué, la soustraction à l’établissement ou au paiement de l’impôt doit être intention-
nelle et donc que l’auteur a été animé par une volonté de fraude. Il revient au Ministère public
et à l’administration d’apporter la preuve du caractère intentionnel de la soustraction à l’impôt
(LPF, art. L. 227).
La caractéristique principale de chaque infraction est d’être obligatoirement constituée de ces trois
éléments. À défaut de l’un d’eux elle ne peut exister.
2) Les peines encourues par le contribuable fraudeur
Jusqu’en 2012, le délit de fraude fiscale était puni, au maximum, d’un emprisonnement de cinq
ans et d’une amende de 37 500 €. En conformité avec le principe de la personnalisation des
peines (C. pén., art. 132-24), la juridiction prononce les peines et fixe leur régime en fonction des
circonstances de l’infraction et de la personnalité de son auteur. À cet égard, lorsque la juridiction
prononce une peine d’amende, elle détermine son montant en tenant compte également des
ressources et des charges de l’auteur de l’infraction.
En plus des peines principales, le tribunal peut également prononcer des peines complémentaires
qui peuvent être :
– la publication et l’affichage du jugement ;
– l’interdiction temporaire d’exercer une activité économique et la suspension du permis de
conduire ;
– la privation des droits civiques, civils et de famille.
En 2012, le législateur a souhaité relever le maximum des sanctions pouvant être prononcées par
le juge pénal dans le cadre du délit général de fraude fiscale (L. nº 2012-354, 14 mars 2012 de
finances rectificative pour 2012, art. 15). Ainsi, au premier alinéa de l’article 1741 du CGI, le
montant maximal de l’amende est porté à 500 000 € et la peine d’emprisonnement est restée,
quant à elle, inchangée.
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CHAPITRE 8 – Les sanctions fiscales 125
de finances rectificative pour 2012, art. 15), lorsque le délit de fraude fiscale a été commis avec
circonstances aggravantes, l’amende maximale est relevée à 750 000 €. Par ailleurs, par ce même
texte, le législateur a décidé de créer une sanction spécifique lorsque la fraude a été réalisée par
l’intermédiaire d’un paradis fiscal (CGI, art. 1741) et dans ce cas le maximum de l’amende appli-
cable est relevé à 1 million d’euros et celui de la peine d’emprisonnement passe à sept ans.
En 2013, le législateur a fixé le montant de la peine d’amende maximale pour fraude fiscale
aggravée à deux millions d’euros, la peine d’emprisonnement demeurant fixée à 7 ans
(L. nº 2013-1117, 6 déc. 2013, art. 9). S’agissant de la peine encourue pour fraude fiscale
aggravée, le Conseil constitutionnel a confirmé le caractère restreint de son contrôle (Cons.
const., déc. nº 1997-395 DC, 30 déc. 1997, consid. 39 et 40) en jugeant qu’elle n’était pas mani-
festement disproportionnée (Cons. const., déc. nº 2013-679 DC, 4 déc. 2013, consid. 23).
Direction de la fiscalité, le chef du service du contrôle fiscal ou celui des affaires fiscales et pénales
de la DGFIP (A. 10 oct. 2011, modifiant celui du 29 juill. 2008).
Lorsque la CIF est saisie, le contribuable est informé par courrier, lequel comprend les griefs moti-
vant cette saisine. Il est invité, sous trente jours, à fournir les informations qu’il estime nécessaires.
La CIF examine l’opportunité des poursuites et donne un avis qui lie l’administration fiscale (LPF,
art. L. 228). Dans les faits, la CIF donne une autorisation dans environ 90 % des affaires qui lui
sont soumises. Seul environ un millier d’affaires par an est alors porté à la connaissance de l’auto-
rité judiciaire, ce qui est infime. L’autorité judiciaire se trouve ainsi dépossédée du pouvoir
d’enquêter ou d’instruire en matière de fraude fiscale.
2) Le « verrou de Bercy »
L’expression « verrou de Bercy » définit le monopole du ministère du budget en matière de pour-
suites pénales pour fraude fiscale. Ce dispositif ancien a été retouché par le législateur lorsqu’il a
prévu que le ministre du Budget doive saisir la CIF, s’il désire engager des poursuites pénales
(L. nº 77-1453, 29 déc. 1977, art. 1 ; LPF, art. L. 228). Si théoriquement la décision revient à la
CIF, la pratique démontre que celle-ci abonde toujours dans le sens du Gouvernement (cf. supra).
En 2013, l’affaire Cahuzac a mis en évidence les failles du « verrou de Bercy ». Après les
révélations de Mediapart sur ses comptes à l’étranger, s’il n’avait pas démissionné du
Gouvernement, M. Cahuzac, alors ministre du Budget, aurait dû décider s’il était nécessaire
d’engager des poursuites contre lui-même !
Dans un important arrêt (Cass. crim., 20 févr. 2008, nº 07-82977, Talmon), la chambre criminelle
de la Cour de cassation a considéré que le délit de blanchiment de fraude fiscale constituait
une infraction qui apparaît comme « générale, distincte et autonome » du délit de fraude fiscale
et n’était, de ce fait, pas soumis aux dispositions législatives de l’article L. 228 du LPF.
En d’autres termes, la chambre criminelle a autorisé les juridictions à engager des pour-
suites pour des faits de blanchiment de fraude fiscale sans être tenues par une plainte
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CHAPITRE 8 – Les sanctions fiscales 129
préalable de l’administration fiscale. C’est d’ailleurs ce qu’a fait le procureur de Paris dans
« l’affaire Cahuzac ».
Le monopole exercé par Bercy sur la mise en mouvement de l’action publique en matière de
fraude fiscale fait l’objet de contestations répétées sur le fondement :
– du principe de la séparation des pouvoirs ;
– du principe d’égalité devant l’impôt ;
– du principe de transparence de l’action de l’Administration fiscale, qui peut se voir soupçonnée
de traiter de façon inégale les contribuables, proposant à certains d’entre eux une transaction,
sans aucun contrôle extérieur, et la refusant à d’autres (C. comptes, rapport public annuel, févr.
2010).
De son côté, Bercy met en avant comme arguments :
– la spécificité de la matière fiscale car le juge pénal n’est pas le juge de l’impôt ;
– l’application de sanctions fiscales par l’Administration fiscale, dans des conditions présentant un
certain nombre de garanties pour le contribuable, permet d’ores et déjà d’assurer une répres-
sion effective des fraudes fiscales ;
– la crainte que l’exercice de poursuites pénales à l’encontre de l’ensemble des fraudeurs conduise
à une remise en cause du pouvoir de sanctions des services fiscaux, et, donc, à une perte de
recettes budgétaires résultant de l’application des pénalités fiscales, sans que les sanctions
pénales correspondantes pallient le manque à gagner pour l’État.
Devant le Conseil constitutionnel, suite à la transmission d’une QPC par la Cour de cassation,
des requérants ont estimé que le « verrou de Bercy » serait contraire au principe d’indépendance
de l’autorité judiciaire et au principe de séparation des pouvoirs. Au cas particulier, le Conseil
constitutionnel a toutefois jugé que les dispositions contestées, telles qu’interprétées par la Cour
de cassation, ne portent pas une atteinte disproportionnée à ce principe en se fondant sur trois
éléments. D’une part, une fois la plainte déposée par l’administration, le procureur de la Répu-
blique dispose de la faculté de décider librement de l’opportunité d’engager des poursuites.
D’autre part, les infractions pour lesquelles une plainte de l’administration préalable aux poursuites
est exigée concernent des actes qui portent atteinte aux intérêts financiers de l’État et causent un
préjudice principalement au Trésor public. Ainsi, dans l’hypothèse où l’administration, qui est à
même d’apprécier la gravité des atteintes portées à ces intérêts collectifs protégés par la loi
fiscale, ne dépose pas de plainte, l’absence de mise en mouvement de l’action publique qui en
résulte ne constitue pas un trouble substantiel à l’ordre public. Enfin, la compétence pour
déposer la plainte préalable obligatoire relève de l’administration qui l’exerce dans le respect
d’une politique pénale déterminée par le Gouvernement conformément à l’article 20 de la Consti-
tution et dans le respect du principe d’égalité. Le Conseil constitutionnel a donc déclaré
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130 L’ESSENTIEL DU DROIT DES PROCÉDURES FISCALES
conformes à la Constitution les mots « sous peine d’irrecevabilité » figurant au premier alinéa de
l’article L. 228 du LPF (Cons. const., déc. nº 2016-555 QPC, 22 juill. 2016, M. Karim B.).
Le « verrou de Bercy » ne semble toujours pas près de disparaître. Le 25 juillet 2017, à
l’Assemblée nationale, au cours de l’examen du projet de loi restaurant la confiance dans l’action
publique, les députés ont voté pour le maintien du « verrou de Bercy », à une courte majorité de
22 voix, 155 contre 133 (v. Villemot D., RGFP, mars-avril 2017, nº 2, p. 97-100).
3) Le procureur de la République financier
Pour apporter une réponse à « l’affaire Cahuzac », le législateur est venu créer un procureur de
la République financier, compétent, notamment, pour la poursuite des infractions de fraudes
fiscales commises en bande organisée ou en recourant à des montages complexes. Cependant, à
la différence des autres délits, la fraude fiscale ne pourra être poursuivie d’office par le procureur
de la République financier.
Les nouvelles dispositions organiques (L. org., nº 2013-1115, 6 déc. 2013, art. unique) déclarées
conformes à la Constitution (Cons. const., 4 déc. 2013, nº 2013-680 DC) accompagnent les dispo-
sitions législatives de lutte contre la fraude fiscale prises à cet effet en 2013 (L. nº 2013-1117,
6 déc. 2013, art. 65) qui créent un procureur de la République financier qui est compétent pour
poursuivre certaines infractions (corruption, fraude fiscale en bande organisée ou aggravée...). Le
procureur de la République financier est soumis aux mêmes règles de nomination que le procureur
de la République près le TGI de Paris et lui applique la règle applicable à tout procureur de la
République limitant à sept ans la durée de l’exercice des fonctions. Les fonctions seront exercées
par un avocat général à la Cour de cassation.
Il exerce une compétence nationale. Il est compétent pour poursuivre certaines infractions
concurremment avec les procureurs territorialement compétents (corruption, trafic d’influence,
favoritisme, prise illégale d’intérêts dans les affaires complexes, escroquerie à la TVA, fraude
fiscale en bande organisée et blanchiment de ces délits). Une compétence exclusive lui est égale-
ment reconnue en matière de délits boursiers. Le parquet financier a été installé au 1er février
2014 (D. nº 2014-65, 29 janv. 2014). Seul défaut, ses moyens sont réduits à la portion congrue.
Environ six magistrats du parquet lui sont affectés au départ, contre vingt et un promis à l’origine
par la Chancellerie (Circulaire du ministre de la Justice du 31 janvier 2014 de politique pénale rela-
tive au procureur de la République financier).
Parallèlement, la création d’une police fiscale, composée à parité de policiers et d’agents des
services fiscaux spécialement habilités à la qualité d’officiers de police judiciaire, a constitué une
avancée importante dans la détection et la poursuite de faits particulièrement complexes et
opaques de fraude (v. Lopez C. (dir.), « Les polices fiscales, moyens de lutte contre la fraude
fiscale », REIDF, nº 2015/1, pp. 7-175). Créée par voie réglementaire (D. nº 2010-1318, 4 nov.
2010), la brigade nationale de répression de la délinquance fiscale (BNRDF) est rattachée au
ministère de l’intérieur et installée au sein de la division nationale d’investigations financières et
fiscales de la direction centrale de la police judiciaire. À l’origine, elle était composée de 13
Officiers fiscaux judiciaires (OFJ) et de 9 Officiers de Police Judiciaire (OPJ). Elle a fait l’objet d’un
renforcement de ses effectifs en 2013. Depuis le 25 octobre 2013, l’Office central de lutte contre
les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) regroupe la BNRDF et la BNLCCF (Brigade nationale
de lutte contre la corruption et la criminalité financière). Avant leur intégration dans la brigade, les
inspecteurs des finances publiques suivent une formation spécifique pour devenir OFJ et doivent
de surcroît suivre un stage à la fin duquel ils obtiennent une habilitation pour le port de l’arme
individuelle en service.
Actuellement, la BNRDF comprend une cinquantaine de personnes dont une trentaine
d’OFJ. Désormais, cette brigade est compétente non seulement pour le délit de fraude fiscale
mais aussi pour le blanchiment de ce délit.
Par rapport aux services « classiques » de la DGFIP, l’avantage primordial de la BNRDF réside dans
la possibilité de réaliser des saisies pénales, là où les services « classiques » ne peuvent que
prendre des mesures conservatoires. Il est possible, dès le stade des enquêtes, de procéder à la
saisie pénale des avoirs de toute nature des personnes mises en cause. Ces biens, mobiliers ou
immobiliers, sont gérés par l’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués
(AGRASC). Cette dernière pourra procéder à la vente des biens mobiliers notamment. Au stade du
jugement, les biens saisis pourront faire l’objet d’une confiscation. Les biens saisis doivent avoir un
rapport avec une infraction poursuivie, en être le produit ou le moyen. Le blanchiment permet
quant à lui une saisie générale des biens.
D’après les informations du ministère du budget, les premiers résultats obtenus grâce à cette
nouvelle procédure sont prometteurs. En 2016, la CIF a ainsi autorisé le dépôt de 133 plaintes
pour fraude fiscale sur ce fondement, portant sur des patrimoines évalués à plus de 800 millions
d’euros. Elle a permis la révélation de trusts, montages de défiscalisation abusive avec la mise en
place de sociétés offshore interposées, existence de comptes à l’étranger (et pas uniquement
dans des paradis fiscaux) et dissimulation de plus-values, de revenus, de donations et/ou de patri-
moines conséquents. Dans le cadre de cette procédure, des saisies patrimoniales de nature pénale
ont été réalisées (contrats d’assurance-vie, biens immobiliers, véhicules de luxe, etc.), pour un
montant de plusieurs millions d’euros à la fin de l’année 2016.
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PARTIE
Le contentieux fiscal 4
Au sens strict, le contentieux fiscal désigne les litiges entre l’Administration fiscale et les contribuables. Au
sens large, il recouvre plusieurs types de litiges. Les contentieux fiscaux généraux regroupent, d’une part, le
contentieux relatif à l’assiette de l’impôt, le plus abondant, car relatif au bien-fondé de l’impôt et, d’autre
part, le contentieux du recouvrement, qui porte sur les procédures engagées pour obtenir le paiement de
l’impôt.
1 Le contentieux de l’assiette
La multiplication des recours contentieux fiscaux est liée à la complexification croissante du droit
fiscal, qui suscite fréquemment des problèmes d’interprétation parfois difficiles à résoudre. Le
contentieux fiscal présente une grande hétérogénéité et des particularismes importants par
rapport au contentieux administratif général. Selon André Barilari, le contentieux fiscal a la vertu
de « transformer l’agressivité du querelleur en une relation toute intellectuelle », mais le système
est marqué par une complexité importante qui peut nuire à sa rationalité face à un contentieux
croissant.
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Ce sont environ 21 300 réclamations qui aboutissent chaque année à la saisine d’une juridic-
tion (20 300 devant les TA et 868 devant les TGI).
Le juge de l’impôt peut aussi réformer l’acte d’imposition, c’est-à-dire le modifier. Le juge de
l’impôt substitue, en quelque sorte, à la décision administrative d’imposition, une nouvelle déci-
sion, cette fois à caractère juridictionnel.
Ces pouvoirs étendus se justifient par la circonstance que l’action n’est pas dirigée contre l’acte
d’imposition mais bien contre l’imposition elle-même. Le contribuable n’intente pas un procès à
l’acte mais plutôt à la créance fiscale. Il critique une activité particulière de l’Administration fiscale
et conteste l’opération d’imposition individuelle le concernant personnellement.
Toutefois, le plein contentieux ne se réduit pas au seul contentieux de l’assiette, il régit également
la sphère du contentieux de la responsabilité en matière fiscale (cf. chapitre 10) dont l’objet est,
pour le contribuable, d’obtenir réparation du préjudice qui serait résulté d’une éventuelle action
fautive commise par l’Administration fiscale ainsi que le contentieux propre au recouvrement de
l’impôt (cf. infra).
En revanche, le plein contentieux ne saurait s’étendre ni au recours en cassation qui tend à faire
annuler par une juridiction suprême (Conseil d’État ou Cour de cassation) une décision juridiction-
nelle rendue en dernier ressort, ni au recours pour excès de pouvoir (cf. chapitre 10) qui relève de
la compétence exclusive du juge administratif, et du contentieux de l’annulation où l’acte faisant
grief y est jugé soit légal (rejet), soit illégal (annulation), sans pouvoir faire l’objet d’une quel-
conque réformation de la part de la juridiction saisie.
2) Les demandes formulées dans le cadre de ce contentieux
Ce contentieux recouvre donc une très grande variété de demandes :
– la demande en réparation d’erreurs commises au préjudice des contribuables dans l’assiette
ou la liquidation de l’imposition. Ces demandes comprennent d’une manière générale toutes
demandes faites soit en vue de l’annulation complète d’une imposition estimée établie à tort
(demandes en décharge), soit en vue de la diminution d’une imposition estimée excessive
(demandes en réduction), soit en vue du reversement de paiement estimé indu (demandes en
restitution) ;
– la demande en bénéfice d’un droit résultant d’une disposition législative ou réglementaire.
Les demandes tendant à l’exercice d’un droit sont celles qui s’appliquent à une imposition à
l’origine régulièrement établie ou perçue mais qui se trouvent remises en cause par la surve-
nance d’un événement auquel une disposition législative ou réglementaire reconnaît un carac-
tère révocatoire ;
– la demande en restitution d’une imposition sur la non-conformité à une règle de droit
supérieure. Conformément à l’article L. 190 al. 4 et 5 du LPF, les demandes doivent tendre
exclusivement à l’obtention du versement d’une somme par l’Administration et être fondées
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138 L’ESSENTIEL DU DROIT DES PROCÉDURES FISCALES
sur une décision de justice révélant la non-conformité de la règle de droit dont il a été fait appli-
cation. Cette décision peut émaner soit du juge national (ordre judiciaire et administratif), soit de
la CJUE qu’il s’agisse d’un recours en annulation, d’une action en manquement introduite par la
Commission, par un État membre ou qu’il s’agisse d’une question préjudicielle soulevée par le
juge national ;
– la demande de suspension de l’exigibilité de l’impôt lorsque le contribuable conteste la
procédure d’imposition dont il fait l’objet. Cette demande peut prendre plusieurs formes :
• la demande de sursis de paiement prévue à l’article L. 277 du LPF en attendant que l’Admi-
nistration fiscale ou le juge de l’impôt se prononce sur le bien-fondé de la réclamation conten-
tieuse. L’Administration fiscale est tenue d’accorder le sursis de paiement dès lors que le
contribuable présente des garanties financières suffisantes (caution bancaire) sauf si le litige
porte sur une somme inférieure à 4 500 €. Lorsque les garanties offertes sont jugées insuffi-
santes par le comptable chargé du recouvrement, celui-ci informe le contribuable de sa déci-
sion de rejet des garanties. Cette décision peut être contestée devant le juge du référé.
Chaque année, l’Administration fiscale traite environ 40 000 demandes de sursis de paiement,
• le référé suspension permet au juge administratif de suspendre l’application d’un acte
d’imposition. Le résultat obtenu est similaire à celui de la demande de sursis de paiement
sauf que le juge n’exige ici aucune garantie financière particulière. La suspension de l’acte
nécessite la réunion de plusieurs conditions : un doute sérieux sur la régularité de l’acte
d’imposition et, si l’urgence le justifie, qui est appréciée au regard de la gravité des consé-
quences que pourrait entraîner le recouvrement de l’impôt sur la situation du contribuable
(CE, 25 avr. 2001, SARL Janfin).
b) La dualité juridictionnelle
Depuis la Révolution, il n’existe pas en France « un juge de l’impôt » mais bien des juges de
l’impôt. Le contentieux fiscal français est fondé en grande partie sur la distinction entre les
impôts directs et les impôts indirects. L’article L. 199 du LPF répartit la charge du contentieux de
l’assiette entre le juge administratif et le juge judiciaire :
– le contentieux des impôts directs (IRPP, IS, taxe d’apprentissage, taxe sur les salaires, impôts
directs locaux et taxes assimilés) et des taxes sur le chiffre d’affaires ou de taxes assimilées
(TVA) relève de la compétence exclusive du juge administratif soit environ 95 % des recours.
Les recours contre les décisions de l’Administration fiscale doivent être portés devant le Tribunal
administratif (TA) dans le ressort duquel a été perçue l’imposition litigieuse. L’appel est interjeté
devant les Cours administratives d’appel (CAA) et le pourvoi en cassation est formé devant le
Conseil d’État (LPF, art. L. 199, al. 1) ;
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CHAPITRE 9 – Les contentieux fiscaux généraux 139
– le contentieux des droits d’enregistrement, des taxes de publicité foncière, des droits de
timbre, des contributions indirectes et des taxes assimilées à ces droits (ISF), taxes ou contri-
butions relève de la compétence du juge judiciaire, et notamment du Tribunal de grande
instance (TGI). L’appel est interjeté devant les Cours d’appel et le pourvoi en cassation est
formé devant la Cour de cassation (LPF, art. L. 199, al. 2).
L’Administration fiscale peut accorder sur la demande du contribuable, par voie de transaction,
une atténuation d’amendes fiscales ou de majorations d’impôts lorsque ces pénalités ne sont pas
définitives (LPF, art. L. 247 3o). La transaction ne s’applique donc qu’aux pénalités. Il s’agit d’une
convention conclue entre le contribuable et l’Administration dans laquelle cette dernière s’engage
à modérer ou supprimer les pénalités et en échange duquel le contribuable s’engage à payer dans
les meilleurs délais l’impôt dû. La transaction a pour effet de priver le contribuable de pouvoir
contester l’impôt au plan contentieux.
Dans le second cas, la demande relève de la juridiction contentieuse et des dispositions de
l’article L. 190 du LPF.
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CHAPITRE 9 – Les contentieux fiscaux généraux 141
Les réclamations relatives aux impositions de toute nature établies ou recouvrées par les agents de
l’Administration fiscale relèvent de la juridiction contentieuse lorsqu’elles tendent à obtenir soit la
réparation d’erreurs commises dans l’assiette ou le calcul des impositions, soit le bénéfice d’un
droit résultant d’une disposition législative ou réglementaire.
Il en est de même en ce qui concerne les réclamations qui tendent à obtenir la réparation
d’erreurs commises par l’Administration fiscale, même lorsque ces erreurs n’entraînent pas la
mise en recouvrement d’une imposition supplémentaire. Les demandes fondées sur la non-confor-
mité de la règle de droit dont il a été fait application à une règle de droit supérieure relèvent de la
même juridiction contentieuse.
La voie contentieuse comprend deux phases, une phase administrative préalable obligatoire,
avec la réclamation préalable, et une phase juridictionnelle, avec la saisine du juge compétent.
La réclamation préalable doit respecter des conditions de forme et de délais qui, si elles sont
respectées, déclenchent son instruction par l’Administration fiscale.
1) Les conditions de forme et de délais
Les délais de réclamation sont posés par des dispositions réglementaires (LPF, art. R. 196-1
et s.). La réclamation doit être exercée au plus tard le 31 décembre de la deuxième année qui suit
la mise en recouvrement ou l’exigibilité de l’impôt. En ce qui concerne les impôts directs locaux, la
réclamation doit être exercée dans un délai réduit d’un an (LPF, art. R. 196-2). Dans le cas où un
contribuable fait l’objet d’une procédure de reprise ou de rectification de la part de l’Administra-
tion fiscale, il dispose d’un délai égal à celui de l’administration pour présenter ses propres récla-
mations, soit trois ans (LPF, art. R. 196-3).
Les conditions de forme de la réclamation sont très souples. Selon l’article R. 197-1 du LPF, les
réclamations doivent être individuelles, même si elles peuvent être collectives dans certains cas
(les contribuables imposés collectivement, les membres des sociétés de personnes qui contestent
les impôts à la charge de la société, les maires qui sollicitent au nom de leurs administrés un
dégrèvement de taxe foncière pour pertes de récoltes). Selon l’article R. 197-3 du LPF, toute récla-
mation doit à peine d’irrecevabilité :
– mentionner l’imposition contestée ;
– contenir l’exposé sommaire des moyens et les conclusions de la partie ;
– porter la signature manuscrite de son auteur ;
– être accompagnée soit de l’avis d’imposition, d’une copie de cet avis ou d’un extrait du rôle, soit
de l’avis de mise en recouvrement ou d’une copie de cet avis, soit, dans le cas où l’impôt n’a
pas donné lieu à l’établissement d’un rôle ou d’un avis de mise en recouvrement, d’une pièce
justifiant le montant de la retenue ou du versement.
La réclamation préalable ne dispense pas du paiement de l’impôt contesté. Elle n’a pas
d’effet suspensif. Le contribuable a la possibilité de demander expressément un sursis de paiement
(LPF, art. L. 277).
2) L’instruction de la réclamation préalable
Selon les dispositions réglementaires (LPF, art. R. 198-1), les réclamations sont instruites, selon le
cas, par les agents de la DGFIP ou de la DGDDI.
La réclamation préalable est une phase obligatoire dans la procédure contentieuse, le contri-
buable ne peut saisir le juge compétent qu’à compter de la décision de l’Administration fiscale.
Cette dernière dispose en principe d’un délai de 6 mois pour statuer sur la demande de réclama-
tion préalable d’un contribuable (LPF, art. R. 198-10). Si elle n’est pas en mesure de le faire, elle
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CHAPITRE 9 – Les contentieux fiscaux généraux 143
2 Le contentieux du recouvrement
Le contentieux du recouvrement constitue le second volet du contentieux fiscal. Il permet au
contribuable de contester le bien-fondé, non plus de l’imposition, mais des poursuites engagées
contre lui pour recouvrer l’impôt. Il est défini aux articles L. 281 à L. 283 du LPF.
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146 L’ESSENTIEL DU DROIT DES PROCÉDURES FISCALES
Ne peuvent faire l’objet d’une opposition Peuvent faire l’objet d’une opposition
à poursuites au titre de l’art. L. 281-1º du LPF à poursuites au titre de l’art. L. 281-1º du LPF
- l’avis de mise en recouvrement car il constitue le - l’avis à tiers détenteur (CE, 29 oct. 1984, Req.
dernier acte de la procédure d’assiette (CE, 2 juill. nº 41986) ;
1986, SOGECO, Req. 51232). Sa contestation relève - les mesures de saisie comme le procès-verbal de
de la compétence du juge de l’impôt ; saisie-vente ou de saisie-attribution ;
- l’avis d’imposition. - les mesures de saisie-conservatoire ;
- la mise en demeure de payer ;
- la régularité en la forme du commandement de
payer aux fins de saisie immobilière.
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CHAPITRE 9 – Les contentieux fiscaux généraux 147
Si aucune décision n’a été prise dans ce délai ou si la décision rendue ne donne pas satisfaction au
contribuable, ce dernier doit, à peine de forclusion, porter l’affaire devant le juge de l’exécution
(juge judiciaire) tel qu’il est défini à l’article L. 281 du LPF.
b) La contestation de l’obligation de payer
Dans le cadre de cette procédure, le contribuable conteste l’obligation de payer qui lui est faite,
c’est-à-dire l’exigibilité de la somme réclamée. Cette contestation ne remet en cause ni l’assiette
ni le calcul de l’impôt. Il s’agit d’une opposition à exécution de l’obligation de payer.
Comme en matière de contentieux de la régularité, la demande du contribuable doit suivre les
dispositions des articles R. 281-1 et suivants du LPF. Toutefois, la juridiction compétente est
déterminée par la nature de l’impôt (LPF, art. L. 281).
Ce sera le juge administratif pour les impôts directs et les taxes sur le chiffre d’affaires et le juge
judiciaire pour les impôts indirects et droits d’enregistrements et taxes assimilées (LPF, art. L. 199).
a) La phase administrative
1) Le mémoire préalable
Selon l’article R. 281-1 du LPF, la demande doit être formulée sous la forme d’un mémoire écrit
qui doit contenir toutes les justifications utiles à son examen.
Selon l’article R. 281-3-1 du LPF, il doit être produit auprès de l’autorité compétente dans un délai
de 2 mois à partir de la notification :
– de l’acte de poursuite dont l’irrégularité en la forme est contestée ;
– de tout acte de poursuite si le motif invoqué porte sur l’obligation de payer ou le montant de la
créance fiscale.
2) La réponse de l’Administration fiscale
Le service compétent doit accuser réception de la demande (LPF, art. R. 281-4). La décision de
l’Administration fiscale doit intervenir dans un délai de 2 mois à compter du dépôt de la
demande dont elle a accusé réception.
b) La phase juridictionnelle
1) La saisine de la juridiction compétente
Le contribuable doit saisir la juridiction compétente selon qu’il conteste la régularité en la forme
de l’acte de poursuite (juge de l’exécution) ou l’obligation de payer (juge de l’impôt).
La juridiction compétente doit se prononcer sur les justifications qui ont été présentées à l’Admi-
nistration fiscale. S’agissant de la présentation de moyens de droit nouveaux :
– le Conseil d’État n’y fait pas obstacle (CE, 28 mars 2007, Société HALLUMECA, Req. no 289613) ;
– la Cour de cassation considère que le litige est limité par le contenu de la demande préalable
adressée à l’Administration fiscale (Cass. com., 15 mai 2012, no 11-18478).
2) Décisions du juge et voies de recours
La décision du juge de l’exécution est exécutoire de plein droit. Le délai d’appel est de 15 jours à
compter de la notification de la décision aux parties. L’appel n’a pas d’effet suspensif.
La décision du juge de l’impôt varie selon qu’il s’agit de celle :
– du juge administratif (impôts directs, taxes sur le chiffre d’affaires et assimilées) pour laquelle le délai
d’appel est de 2 mois à compter de la notification du jugement, et qui n’a pas d’effet suspensif ;
– du juge judiciaire (impôts indirects et droits d’enregistrement et de timbre et assimilés) pour
laquelle le délai d’appel est de 1 mois à compter de la signification du jugement, et qui a un
effet suspensif.
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Les contentieux fiscaux Chapitre
10
spéciaux
Les voies de règlement des litiges fiscaux sont diverses, et la notion de contentieux fiscal est une notion géné-
rique qui recouvre différents contentieux qui se distinguent selon l’objet du litige. Le contentieux fiscal
proprement dit se dédouble en deux branches avec le contentieux de l’assiette et celui du recouvrement.
Quant aux contentieux fiscaux spéciaux, ils connaissent trois variantes : le contentieux de l’excès de pouvoir,
le contentieux relatif à la responsabilité de l’Administration fiscale et enfin celui de la répression pénale.
Il existe trois autres types de recours en droit fiscal : le recours pour excès de pouvoir, le
recours en responsabilité et enfin la répression pénale de la fraude fiscale. Ces trois recours
ont un caractère marginal dans le contentieux fiscal, en raison soit des conditions restrictives de
mise en œuvre, comme pour le recours pour excès de pouvoir, soit de leur objet, comme pour le
recours en responsabilité et le contentieux fiscal pénal.
1 Le contentieux de l’annulation
En matière de contentieux fiscaux, il convient de distinguer le recours pour excès de pouvoir, qui
relève du contentieux de l’annulation, et le contentieux de pleine juridiction ou « plein conten-
tieux », au nom de la théorie de l’exception de recours parallèle.
intérêts. Les arguments invoqués à l’appui d’un tel recours sont la violation de la loi ou d’une règle
de droit.
Dans le cadre d’un recours pour excès de pouvoir, toute personne justifiant d’un intérêt à agir
peut demander l’annulation (mais non la réformation), par le seul juge administratif, d’une déci-
sion exécutoire illégale émanant soit d’une autorité administrative.
Le recours pour excès de pouvoir a longtemps été exclu des recours offerts au contribuable au
nom de la théorie de l’exception de recours parallèle, tant qu’il est possible d’utiliser d’autres
voies de recours contentieux toutes aussi efficaces. De ce fait, la compétence du juge de l’excès de
pouvoir est réservée à la connaissance des seuls litiges dont le règlement échappe au juge de
l’impôt. Ce n’est qu’à partir d’un arrêt du Conseil d’État de 1913 (CE, 28 févr. 1913, Breil :
Lebon, p. 289) que la possibilité d’un recours pour excès de pouvoir en matière fiscale a été
admise.
Ainsi, le juge de l’impôt, lorsqu’il est saisi en plein contentieux, prononce la décharge ou la
réduction de l’imposition litigieuse établie en exécution de l’acte réglementaire. Toutefois, l’acte
subsiste et peut servir de fondement à de nouvelles impositions mises à la charge tant du récla-
mant que des autres contribuables.
À l’inverse, le juge de l’excès de pouvoir, lorsqu’il est saisi, prononce l’annulation de l’acte
réglementaire pour le passé et pour l’avenir et sa décision possède une portée « erga omnes ».
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– les instructions ou circulaires présentant un caractère impératif, c’est-à-dire visant à
créer des droits ou des obligations, ou à imposer une interprétation du droit
applicable en vue de l’édiction de décisions
Les décisions – les décisions portant refus ou retrait d’agréments ministériels
individuelles – les décisions prises sur les demandes en remise ou en modération d’impôts
présentées par les contribuables sont recevables dès lors que leurs auteurs ne
peuvent être admis à saisir le juge de l’impôt
– les décisions relatives à l’ordre des experts-comptables
– les décisions concourant à l’évaluation des propriétés bâties retenues pour l’assiette
des impositions directes locales
– les décisions et avis des commissions fiscales
– les énonciations des documents cadastraux
– les décisions portant refus de communication de documents administratifs
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possibilité concerne le contribuable communal (CE, 29 mars 1901, Casanova, Req. no 94580),
le contribuable départemental (CE, 27 janv. 1911, Richemond : Lebon, p. 105) et le
contribuable régional (CE, 28 avr. 1995, Mme B., Req. no 103195).
Les règles tenant au délai de recours sont fixées par les articles R. 421-1 à R. 421-4 du Code de
justice administrative. Il convient de distinguer selon que le recours est dirigé contre une décision
explicite ou contre une décision implicite :
– pour les décisions explicites, le recours doit être formé dans le délai de deux mois suivant la
notification ou la publication de la décision attaquée. En principe, la publication est suffisante
pour les décisions à caractère réglementaire, alors que les décisions individuelles ou collectives
doivent être notifiées. Toutefois, s’agissant des décisions qui doivent être notifiées, le délai de
recours n’est opposable qu’à la condition d’avoir été mentionné, ainsi que les voies de recours,
dans la notification de la décision attaquée (CJA, art. R. 421-5). À défaut de cette mention, le
délai ne court pas et l’administré peut se pourvoir en tout temps devant la juridiction
compétente ;
– pour les décisions implicites de rejet, résultant du silence de l’Administration pendant deux
mois, le délai de saisine de deux mois commence à courir au jour de l’expiration de la période
de deux mois suivant la réception de la demande par l’Administration. Toutefois, une décision
explicite survenue pendant le délai de deux mois fait à nouveau courir le délai. En définitive,
l’acte administratif qui n’a pas été attaqué dans le délai de recours contentieux, n’est plus
susceptible d’être annulé par le juge de l’excès de pouvoir.
b) Les effets du recours pour excès de pouvoir
1) La décision de rejet
La décision de rejet a l’autorité relative de la chose jugée.
L’autorité relative de la chose jugée s’oppose à ce que la même partie forme pour la même cause
un recours pour excès de pouvoir contre le même acte, alors qu’un premier recours a été rejeté.
2) La décision d’annulation
La décision d’annulation possède un effet « erga omnes », ce qui signifie que l’acte annulé est
censé n’avoir jamais existé. Cette décision a autorité absolue de la chose jugée.
Ainsi, les effets juridiques produits par un décret cessent d’intervenir dès qu’une annulation inter-
vient. Si l’annulation a été prononcée pour vice de forme, l’Administration peut rétablir l’acte en
observant les formes légales.
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CHAPITRE 10 – Les contentieux fiscaux spéciaux 155
Il n’y a pas de définition stricte de la faute personnelle ou détachable du service. Le juge adminis-
tratif a, dans la pratique, réduit le domaine de la faute détachable afin de conserver un champ de
compétence large.
On peut en conclure que seuls les faits personnels totalement détachables du service sont suscep-
tibles d’engager la responsabilité des agents devant les juridictions civiles. La faute personnelle ou
détachable du service est, soit totalement en dehors de l’activité professionnelle du fonctionnaire,
soit d’une gravité telle qu’elle sort de l’activité normale du service public. Il s’agit d’une faute qui
révèle un manquement volontaire et inexcusable à des obligations d’ordre professionnel et
déontologique.
Un caractère personnel est donc reconnu :
– aux fautes commises par le fonctionnaire dans sa vie privée (lorsque l’agissement incriminé ne
présente aucun lien avec le service) ;
– aux fautes commises par le fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions, lorsqu’il a agi dans
une intention anormale (malveillance, but malicieux, dolosif, recherche de l’intérêt personnel),
ou lorsqu’il a commis une infraction pénale.
2) Une faute non détachable des services fiscaux
Le contribuable qui souhaite être compensé du préjudice qu’il prétend avoir subi du fait des
services de l’Administration fiscale doit engager une procédure sur le plan du droit commun de la
responsabilité de la puissance publique. Depuis l’arrêt Blanco du Tribunal des conflits du
8 février 1873, cette responsabilité est, en principe, appréciée par la juridiction administrative.
Toutefois, dans certains cas, la responsabilité des services de l’Administration fiscale, est engagée
devant les juridictions judiciaires. Ainsi, les critères de responsabilité sont différents selon que la
juridiction compétente est administrative ou judiciaire.
grossières en agissant sans preuves solides et sans les précautions qui s’imposent en la matière.
Cette notion de manque de prudence est essentielle.
Jusqu’à la fin du XIXe siècle, l’irresponsabilité de la puissance publique a été le principe. Dans la
lignée de l’adage le roi ne peut mal faire, il était considéré que les actes de la puissance publique
en matière fiscale ne pouvaient être jugés par un tribunal sur le terrain de la responsabilité. La
possibilité d’obtenir réparation des dommages n’était ouverte que par le recours gracieux.
Lorsque le principe de l’irresponsabilité de l’État en matière fiscale est abandonné (CE, 21 févr.
1913, Compagnie générale parisienne de tramways), le Conseil d’État a progressivement assoupli
les critères d’ouverture de la responsabilité de l’État en matière fiscale. S’il a exigé dans un premier
temps, une faute d’une gravité exceptionnelle (CE, 1er juill. 1927, Demoreuil) ou d’une particulière
gravité (CE, 30 oct. 1959, Murat), il a ensuite retenu l’exigence d’une faute lourde (CE, 21 déc.
1962, Mme Husson-Chiffre).
Par la suite, le Conseil d’État a fait évoluer sa jurisprudence avec un partage entre faute lourde et
faute simple (CE, 27 juill. 1990, Bourgeois, Req. no 44676). Il en a résulté une distinction, d’une
part, entre les activités relatives à l’assiette ou au recouvrement et, d’autre part, les activités étran-
gères aux opérations d’établissement ou de recouvrement de l’impôt.
Les opérations relatives à l’assiette ou au recouvrement de l’impôt relevaient d’un régime
partagé, soit de faute lourde, soit de faute simple, fondé sur l’ampleur des difficultés que l’Admi-
nistration fiscale était susceptible de rencontrer. Ainsi :
– les erreurs commises par l’Administration fiscale lors d’opérations se rattachant aux procédures
d’établissement et de recouvrement de l’impôt ne sont susceptibles d’engager la responsabilité
de l’État que si elles constituent une faute lourde ;
– les erreurs constatées dans des opérations tenant à l’appréciation de la situation des contribua-
bles, mais qui ne comportent pas de difficultés particulières, ne sont susceptibles d’engager
la responsabilité de l’État que si elles sont constitutives d’une faute simple (par exemple, la saisie
et le traitement informatisé des déclarations et l’exécution automatique des prélèvements
mensuels).
Les opérations étrangères à l’assiette ou au recouvrement, comme la mission de renseigne-
ment de l’Administration fiscale, relevaient systématiquement d’une faute simple (ainsi la fourni-
ture de renseignements erronés peut engager la responsabilité de l’État ; en cas de dégâts maté-
riels commis lors d’une vérification ou en cas de dommages causés par la perte de la
comptabilité d’un particulier).
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158 L’ESSENTIEL DU DROIT DES PROCÉDURES FISCALES
Plus récemment, le Conseil d’État a fait évoluer sa jurisprudence en abandonnant cette distinction
traditionnelle entre faute lourde et faute simple et considère désormais que toute décision illégale
de l’Administration fiscale, en matière d’assiette comme de recouvrement, est constitutive d’une
faute, quelles que soient les difficultés d’appréciation d’une situation fiscale (CE, sect., 21 mars
2011, Krupa, Req. no 306225).
Ce qui permet désormais d’engager la responsabilité de l’État sur le terrain de la faute simple pour
toutes les opérations illégales de l’Administration fiscale. Toutefois, cette mise en cause de la
responsabilité de l’État n’est possible qu’à condition que le contribuable démontre un lien direct
et certain entre son préjudice et la décision illégale de l’Administration fiscale, constitutive d’une
faute. Pour cette catégorie d’erreurs, c’est l’existence d’un préjudice subi par le contribuable du
fait d’une telle erreur qui sera déterminant.
Afin de satisfaire à la règle de la décision préalable, l’intéressé doit solliciter du ministre chargé du
Budget la réparation du préjudice qu’il invoque, par une lettre simple dans laquelle il expose ses
griefs, motive et chiffre ses prétentions.
Cette demande doit être adressée dans le délai de la prescription quadriennale des créances
sur l’État, en vertu de la loi no 68-1250 du 31 décembre 1968, ce délai commençant à courir du
premier jour de l’année qui suit celle au cours de laquelle les dommages ont été causés.
Le silence de l’Administration fiscale pendant une durée de deux mois équivaut à une décision
de rejet susceptible de recours devant la juridiction administrative.
Le demandeur doit donc être en mesure de faire état d’une décision expresse ou tacite de l’Admi-
nistration fiscale, sous peine d’irrecevabilité de l’action en dommages et intérêts introduite
intentée devant la juridiction administrative (CE, 23 oct. 1991, Meltzer, Req. no 76839).
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162 L’ESSENTIEL DU DROIT DES PROCÉDURES FISCALES
nom et domicile des parties et être accompagnés de la décision attaquée. Comme devant le
tribunal administratif, les recours doivent être signés par un avocat.
La responsabilité de l’État en cas de dépassement d’un délai raisonnable de procédure
devant la juridiction administrative peut être engagée depuis un décret du 28 juillet 2005, qui
donne compétence au Conseil d’État pour statuer en premier et dernier ressort sur ces actions.
Ce texte fait suite à une importante décision du Conseil d’État du 22 juin 2002, Magiera. La
CEDH considère généralement un délai raisonnable de 4 à 9 ans.
Devant la juridiction pénale, la charge de la preuve incombe dans tous les cas à l’accusation,
c’est-à-dire au Ministère public auquel se joint, le cas échéant, l’Administration fiscale en sa
qualité de partie civile. C’est à eux qu’il appartient d’établir la matérialité du délit ainsi que la
responsabilité personnelle de l’inculpé, qui bénéficie toujours de la présomption d’innocence.
L’infraction peut être établie par tout moyen, mais à cet égard les preuves par écrit sont essen-
tielles. Les éléments de preuve sont généralement constitués par les documents découverts au
moment des perquisitions ou des saisies, par les constatations consignées dans les procès-verbaux
ou rapports des agents, ainsi que par les rapports des experts commis par le juge d’instruction.
La valeur et la portée des moyens de preuve sont appréciées souverainement par le juge qui se
prononce selon son intime conviction conformément aux dispositions de l’article 427 du Code de
procédure pénale.
I. Ouvrages généraux
– ARAULT (L.), LAMARQUE (J.), NEGRIN (O.), Droit fiscal général, 4e édition, 2016, Litec.
– BOUVIER (M.), Introduction au droit fiscal et à la théorie de l’impôt, 13e édition, 2016, LGDJ.
– COLLET (M.), COLLIN (P.) Procédures fiscales, 3e édition, 2017, Thémis droit, PUF.
– COLLET (M.), Droit fiscal, 6e édition, 2017, Thémis droit, PUF.
– DE LA MARDIÈRE (C.), Droit fiscal général, 2e édition, 2015, « Champs Université », Flammarion.
– GRANDGUILLOT (B. et F.), L’essentiel du droit fiscal, 18e édition, 2017, Gualino.
– GROSCLAUDE (J.), MARCHESSOU (P.), Procédures fiscales, 8e édition, 2016, Dalloz.
– LAMARQUE (J.), Code de procédure fiscale commenté, 2017, Dalloz.
– LAMBERT (T.), Procédures fiscales, 2e éd., 2015, Montchrestien.
– PHILIP (P.), Procédures fiscales et garanties des contribuables, 2011, Economica.
II. Revues
– Revue française de finances publiques (RFFP)
– Revue gestion et finances publiques (anc. Revue du Trésor)
– Revue européenne et internationale de droit fiscal (REIDF)