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21 septembre 2023
« Pour un ordi, il faut 600 kg de matières premières »
Ouest-France ... Juliette Duquesne, journaliste indépendante, a enquêté pendant un an sur la pollution 3
numérique. Elle donnera une conférence à la foire bio. Il y sera aussi question
d’intelligence artificielle. ...

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« Pour un ordi, il faut 600 kg de matières premières »
Propos recueillis par
Juliette Duquesne, journaliste indépendante, a enquêté pendant un an sur la pollution numérique. Elle
donnera une conférence à la foire bio. Il y sera aussi question d’intelligence artificielle.
E
ntretien
Juliette Duquesne, journal-
iste indépendante, conférencière, qui
sera présente à Bio en Fête ce week-end.
Elle donnera une conférence « Pour un
numérique moins envahissant et plus so-
bre », samedi, à 11 h.
Professionnellement, quel a été votre
parcours ?
Je suis autrice et journaliste indépen-
dante depuis 2016, et j’ai créé la collec-
tion de livres « Carnets d’alerte » avec
Pierre Rabhi, sur la faim dans le monde,
les semences, la finance, l’intelligence
artificielle… Je fais aussi des podcasts.
Auparavant j’avais travaillé pour la télé
à Brest, Rennes, Nantes, puis 10 ans
pour le JT de TF1, où j’étais déjà sou-
vent sur les thématiques écologiques et
économiques et sur des reportages assez
engagés. Une fois, un sujet n’est pas
passé sur les semences et Monsanto, j’ai
alors décidé de partir et j’ai fait un livre
sur ce sujet.
Pourquoi vous êtes-vous penchée sur le
numérique ?
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Nom de la source Jeudi 21 septembre 2023
Ouest-France
Ouest-France
Type de source
Presse • Journaux • p. OF Vannes_16
Périodicité
• 762 mots
Quotidien
Couverture géographique
Régionale
Provenance
Rennes, Bretagne, France
Je voulais enquêter sur la pollution
numérique, sur son impact. Car le
numérique a un côté immatériel mais
est très consommateur d’énergie, de mé-
taux, d’eau. On en arrive parfois à avoir
des solutions technologiques pour ré-
soudre des questions environnementales
sans prendre en compte ce qu’il y a der-
rière le numérique. On parle souvent des
data centers énergivores, des mails qu’il
faut jeter. Cependant, 70 % de la pollu-
tion numérique est en fait liée à la fab-
rication des télés, ordis, box, tablettes,
téléphones… Pour un ordi de 2 kg, il
faut 600 kg de matières premières ! Un
smartphone c’est une cinquantaine de
métaux et pourtant 88 % de nos télé-
phones fonctionnent encore quand on
les remplace !
On en parle, mais malgré tout, la con-
sommation numérique s’emballe…
Oui, l’IA (intelligence artificielle) pose
question par exemple. Si demain les
voitures sont autonomes, cela signifie
qu’il faut fabriquer plein de capteurs de
données. Certaines entreprises font des
efforts pour limiter la consommation des
data centers mais si cela a un effet re-
bond, si du coup c’est pour stocker plus
Lundi 2 octobre 2023 à 20 h 53
Juliette Duquesne, journaliste, sera
présente à la foire bio de Muzillac. Elle y
donnera une conférence sur la pollution
numérique.
. Mélanie Chaigneau
de données, l’effet positif s’annule ! Or,
tout nous pousse à aller stocker sur le
cloud… Il y a aussi des entreprises qui
se disent neutres en carbone, souvent
cela signifie juste qu’elles compensent.
Il y a une croyance que la technologie
va être la solution miracle, va tout ré-
soudre. Ce n’est pas réaliste car de toute
façon la planète n’aura pas assez de mé-
taux pour cela. Même si on a l’impres-
sion qu’on n’a pas le choix, c’est à la so-
ciété de décider où elle met le curseur
sur ces usages.
Comment avez-vous procédé pour cette
enquête ?
J’ai interviewé environ 80 personnes
pendant un an : des chercheurs, des en-
treprises, des gens de la société civile,
des associations. Les Gafam n’ont pas
voulu répondre directement, juste par
mail. Je me doutais bien que je n’aurais
pas Zuckerberg au téléphone mais il n’y
avait même pas moyen d’avoir un
représentant « France » de Facebook.
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Les deux livres où je n’ai pas réussi à

avoir tout le monde c’est celui sur le
numérique et celui sur la finance ; c’est
assez révélateur.

Poussons le bouchon : est-ce qu’une IA

aurait pu écrire ce livre ?

C’est une question actuelle. Non elle

n’aurait pas pu, parce que l’IA n’a pas
de corps, pas d’intelligence émotion-
nelle. En rencontres directes avec les
gens, cela nous permet de mieux les
comprendre, de mettre en perspective,
de faire la synthèse. D’ailleurs j’ai senti
les chercheurs sur l’intelligence artifi-
cielle pas réticents du tout durant mon
enquête. Ils étaient contents de casser
les mythes sur l’autonomie de l’IA. Elle
ne reproduit pas du tout l’intelligence
humaine et je les ai trouvés inquiets sur
les usages. Le risque finalement ce n’est
pas que les machines prennent le pou-
voir, c’est que nous, à force d’interagir
avec elles, on simplifie notre langage,
notre fonctionnement, qu’on se stan-
dardise.

Samedi 23 et dimanche 24 septembre,

Bio en fête, à Muzillac, marché bio avec
110 exposants (10 h à 18 h), con-
férences, animations, concerts (après-
midi et soir). 3 €, gratuit moins de
16 ans. Conférence de Juliette
Duquesne, samedi, à 11 h.

Cet article est paru dans Ouest-

France

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