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COURS DE MECANIQUE DE FLUIDES


PLAN DU COURS
Chapitre I : NOTIONS FONDAMENTALES SUR LES FLUIDES

1.1. Mécanique de fluides


1.2. Fluides
1.3. Milieu continu
1.4. Viscosité
1.5. Pression
1.6. Masse volumique

Chapitre II : HYDROSTATIQUE

2.1. Equation fondamentale d’hydrostatique-applications


2.2. Principe de Pascal
2.3. Champ des forces dérivant d’un potentiel
2.4. Equilibre relatif des fluides
2.5. Mesure hydrostatique de la pression
2.5.1. Tube piézométrique
2.5.2. Manomètre différentiel ou tube en U
2.6. Poussée hydrostatique
2.7. Equilibre des corps flottants
Chapitre III : CINEMATIQUE DES LIQUIDES

3.1. Représentation analytique du mouvement


3.2. Principales définitions
3.3. Equation de continuité
3.4. Flux à travers une surface
3.5. Mouvement irrotationnel ou à potentiel de vitesse
3.6. Circulation de la vitesse le long d’un contour
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Chapitre IV : DYNAMIQUE DU FLUIDE PARFAIT INCOMPRESSIBLE

4.1. Equation générale d’Euler


4.2. Equation de Bernoulli
4.3. Théorème d’Euler
4.4. Applications
4.4.1. Application du théorème de Bernoulli
4.4.2. Application du théorème d’Euler
Chapitre V : DYNAMIQUE DU FLUIDE REEL INCOMPRESSIBLE
5.1. Critère de Reynolds
5.2. Ecoulements laminaires
5.2.1. Ecoulement dans un tube laminaire – Ecoulement de Poiseuille
5.2.2. Ecoulement entre deux plaques – Ecoulement de Poiseuille et de Couette
5.3. Ecoulements turbulents
5.4. Couche limite
5.5. Pertes de charge
5.5.1. Perte de charge linéaire
5.5.2. Perte de charge singulière
5.5.3. Perte de charge totale
Chapitre VI : CALCULS ECOULEMENTS PERMANENTS DANS LES CONDUITES

6.1. Conduites simples de grande longueur


6.2. Conduites composées
6.3. Réseaux maillés
6.4. Diamètre économique
Chapitre VII : ECOULEMENTS A SURFACE LIBRE

7.1. Généralités
7.2. Ecoulement uniforme
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7.3. Etude de la section d’un canal


BIBLIOGRAPHIE

1. P. H. Communay, La mécanique des fluides. Dynamique de vie, Groupe de


Recherche et d'Édition, Toulouse, 2000.
2. É. Guyon, J.-P. Hulin et L. Petit, Ce que disent les fluides, Belin, 2005.
3. E. Saatdjian, Les bases de la mécanique des fluides et des transferts de chaleur et
de masse pour l'ingénieur, Sapientia Éditions, 2009.
4. Mécanique 2 – AGATI (Dunod)
5. COMOLET (Masson), Mécanique expérimentale des fluides
6. HANAUER (Breal), Mécanique des fluides
7. LEFEBVRE (Masson), Mesure des débits et vitesses des fluides
8. MEIER (Masson), Mécanique des fluides (cours et exercices résolus)
9. OUZIAUX, Mécanique des fluides appliquée –(Dunod Universités)
10. PRUNET (Dunod), Mécanique / Phénomènes vibratoires
11. SALIN, la Mécanique des fluides –(Natan Universités)
12. P. AGATI, N. MATTERA, L. LEROUGE, Mécanique appliquée, Collection Sciences
Sup., Dunod, 2ème édition 2002
13. É. Guyon, J.-P. Hulin et L. Petit, Hydrodynamique physique, EDP Sciences, CNRS
Éd., 2001
14. IUPAC, « dynamic viscosity », Compendium of Chemical Terminology (« Gold
Book »), 2e éd. (1997).
15. Frank M. White, Fluid Mechanics, McGraw-Hill Higher Education, 2008, 6e éd.

EXIGENCES POUR L’ETUDIANT

Ce dont l’étudiant doit être capable est de :

 Connaitre le langage de la mécanique de fluides et s’y familiariser ;


 Savoir définir les différents concepts ;
 Etre capable de résumer le contenu de chacune des équations et d’en dégager les
hypothèses qui mènent à leurs établissements respectifs ;
 Etre capable de démontrer les diverses expressions analytiques vues au cours
 Pouvoir résoudre les exercices de même niveau que ceux vus au cours.

BUTS DU COURS

Ce cours vise un certain nombre d’objectifs consistant à apprendre principalement à


l’étudiant à :

o mettre en évidence des relations qui permettent de régir un certain nombre de


principes de base ayant trait à l’équilibre et à l’écoulement des fluides
respectivement ;
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o savoir expliquer le comportement des fluides (liquides et gaz) et des forces


internes associées ;
o comprendre les principes de base de l’hydrostatique et de la dynamique des
fluides ;
o maitriser toutes les techniques de calcul des écoulements permanents dans les
conduites ;
o être capable d’estimer le cout d’une conduite et la dépense d’énergie,
composantes essentielles d’un projet de distribution de fluides.

DOMAINES D’APPLICATION

La mécanique des fluides au sens strict a de nombreuses applications dans divers


domaines comme l'ingénierie navale, l'aéronautique, l'étude de l'écoulement du sang
(hémodynamique), la météorologie, la climatologie ou encore l'océanographie.

Il existe également un grand nombre de domaines plus spécialisés qui peuvent s’écarter
de la définition restrictive comme l’électro-fluidodynamique, la microfluidique ou
l’étude des écoulements polyphasiques. Elle est actuellement étendue à des écoulements
tels que ceux des glaciers ou du manteau terrestre.

Chapitre I : NOTIONS FONDAMENTALES SUR LES FLUIDES


1.1. MECANIQUE DE FLUIDES

La mécanique des fluides est l’étude du comportement des fluides


(liquides et gaz) et des forces internes associées. C’est une branche de la mécanique des
milieux continus qui modélise la matière à l’aide de particules assez petites pour relever
de l’analyse mathématique mais assez grandes par rapport aux molécules pour être
décrites par des fonctions continues.
Elle se divise en deux grandes parties, à savoir :

 la statique des fluides est l’étude des fluides au repos, qui se réduit pour l’essentiel
à l’hydrostatique ;
 la dynamique des fluides, l’étude des fluides en mouvement.

L’étude de la mécanique des fluides remonte au moins à l’époque de la


Grèce antique avec Archimède qui fut à l’origine de la statique des fluides.
Aujourd’hui, la dynamique des fluides est un domaine actif de la recherche
avec de nombreux problèmes non résolus ou partiellement résolus. Elle utilise
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systématiquement des méthodes numériques appelées « mécanique des fluides


numérique » (MFN), ou en anglais computational fluid dynamics (CFD).
Dans certains problèmes particuliers, faute de modélisation numérique
correcte des phénomènes, des modèles réduits sont utilisés. Pour cette raison, et aussi
pour présenter des lois empiriques, la mécanique des fluides utilise systématiquement
des nombres sans dimension.
La mécanique de fluides en tant que partie des milieux continus, a pour
objet l’étude du mouvement des liquides et des gaz. Par milieu continu, l’on comprend
un milieu dans lequel les propriétés physiques (masse volumique, pression, température,
densité, viscosité,…) varient d’une façon continue d’un point à un autre.
La partie de la mécanique de fluides qui étudie le mouvement en vue de
certaines applications techniques est appelée « hydraulique ».
Autrement dit :
Hydraulique C Mécanique des fluides C Mécanique des milieux continus

Mécanique des fluides

Hydraulique

Mécanique des milieux continus

Les différents domaines de la mécanique des milieux continus peuvent être situés
sommairement à l'aide du tableau suivant.

Déformation Élasticité
élastique ou
Mécanique Résistance des Plasticité
des milieux matériaux Rhéologie
continus Fluides non-
Mécanique des newtoniens
fluides
Fluides newtoniens

Les fluides non-newtoniens (comme le sang, les gels, boues, pâtes, suspensions,
émulsions, etc.) peuvent avoir des comportements très variés. Ils sont généralement
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inclus dans la rhéologie avec les solides plastiques et des corps aux comportements plus
complexes.

En général on parle donc de mécanique des fluides à propos des fluides newtoniens. Ils
sont caractérisés par un coefficient de viscosité qui dépend de la température et de la
pression.
1.2. FLUIDES

Un fluide peut être considéré comme étant formé d'un grand nombre de
particules matérielles, très petites et libres de se déplacer les unes par rapport aux
autres. Autrement dit, un fluide est donc un milieu matériel continu, déformable, sans
rigidité et qui peut s'écouler. Parmi les fluides, on fait souvent la distinction entre liquides
et gaz. Dans certaines conditions (températures et/ou pressions), le milieu n'est ni liquide,
ni gazeux, il reste fluide.

Les particules constitutives d'un fluide ne sont pas liées par des liaisons covalentes (c'est-
à-dire de liaison chimique).

Dans la nature, l’on rencontre les fluides sous deux formes connues ; à savoir :
les liquides et les gaz.
Comme fluides liquides l’on peut citer : l’eau, le pétrole, le mazout, l’essence,
l’huile, l’alcool, etc. Alors que l’air, la vapeur, le méthane, l’azote, l’oxygène, le fréon…
sont des fluides dits gazeux.
Du point de vue de la chimie, il est établi que tout corps cristallisé est
composé des molécules et des atomes. Et, grâce aux arrangements atomiques de la
matière, il y a lieu de distinguer les corps solides, liquides et gazeux.

Dans un solide, les particules qui le constituent (molécules, atomes, ions) sont
empilées en des positions fixes, disposées parfois suivant un ordre géométrique bien
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défini. Toutefois, chaque particule, indépendamment des oscillations qu’elle exécute


autour d’une position moyenne, est maintenue en place par des forces d’attraction ou
de répulsion des particules qui lui sont voisines. Ces forces sont de nature électrique et
sont beaucoup plus importantes que le poids de la particule ; elles font du solide un bloc
cohérent.
Pour cela, il faut exercer des forces considérables pour séparer les différentes
particules constitutives d’un corps solide.
Dans un liquide, les molécules bien que serrées les unes des autres, n’ont plus
de position fixe pendant longtemps. Elles sont donc susceptibles de changer de place
étant donné que l’énergie nécessaire à leur déplacement est faible.
A l’image du solide, le liquide est un état condensé de la matière. Il est
déformable tout en conservant le même volume, c’est-à-dire qu’il possède une
compressibilité très faible parce que les forces de répulsion augmentent très fortement
dès que l’on cherche à diminuer le volume propre des particules.
En effet, dans un liquide, les molécules sont tellement proches qu'il est difficile de
comprimer le fluide. Elles interagissent cette fois fortement par l'intermédiaire de forces
de Van der Waals, des interactions dipôlaires (les particules se comportant comme des
dipôles électrostatiques). Ce type d'interaction explique les propriétés physiques et
chimiques des liquides.

Par contre, dans un gaz, les distances intermoléculaires sont très grandes par rapport au
diamètre des molécules. Dans un gaz, les interactions entre particules sont négligeables,
sauf lorsqu'elles se rencontrent (chocs).

Autrement dit, le gaz est doté d’une grande compressibilité à cause d’énormes vides
intermoléculaires.
La compressibilité est, du reste, la propriété fondamentale qui permet de
distinguer les liquides des gaz. Elle représente, à vrai dire, la faculté d’un corps de
diminuer de volume sous l’effet de la pression. Au regard de cette propriété, le gaz est
très compressible tandis que le liquide est tout à fait incompressible.
La viscosité est la propriété qui caractérise la résistance au glissement des
particules fluides, les unes des autres ou contre une paroi matérielle. Cfr point
(1.4).

La mobilité est la propriété qui permet d’observer la plus ou moins facilité au


déplacement et à la déformation des fluides.

L’isotropie signifie que le fluide présente les mêmes propriétés physiques locales en
chacun de ses points et dans toutes les directions.
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1.3. MILIEU CONTINU

Dans un milieu continu, les propriétés physiques varient de manière continue


d’un point à un autre. La représentation du fluide s’y fait à l’aide d’un point matériel ou
même d’une particule matérielle. Cette dernière étant constituée d’un petit volume
ayant un très grand nombre des molécules. Dans ce cas, la grandeur d’une propriété
physique vaut la valeur moyenne existant pour le point considéré.
1.4. VISCOSITE

La viscosité (du latin viscum, gui) peut être définie comme la résistance à l'écoulement
uniforme et sans turbulence se produisant dans la masse d'une matière. Lorsque la
viscosité augmente, la capacité du fluide à s'écouler diminue.

Par définition, le concept viscosité traduit la difficulté qu’éprouvent les


particules fluides à glisser les unes sur les autres ou contre une paroi matérielle. La
viscosité caractérise donc le fait que tout changement de forme d’un fluide réel
s'accompagne d'une résistance (frottements).
Ainsi, tout fluide dépourvu de viscosité est appelé « fluide parfait ». Dans un
tel fluide, les actions de contact qui s’y développent entre deux couches voisines, sont
normales à l’élément de surface de séparation d S.
Mais en toute réalité, les fluides dits « réels » sont plutôt visqueux ; et non
parfaits ; c’est-à-dire ceux pourvus d’une certaine viscosité. Voir figure (01).
Pour de tels fluides, les actions de contacts admettent une composante dans
le plan de la surface qu’on appelle « force de viscosité » notée dFt.

dFt
dF

dFn
ds
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Figure (01) : actions de contact.


d F = action de contact
dFt = composante tangentielle ou force de viscosité
d Fn = force normale
dS = élément de surface
Considérons à présent le cas de la figure (02). Soit une tranche de fluide
d’épaisseur dy, dans laquelle diverses couches glissent les unes sur les autres. Le Plan P1
étant animé de la vitesse C. et le plan P2 de la vitesse C+dC.
ds mobile
C
c+dc

dy c

h y

Figure (02) : Forces de viscosité.


Par expérience, il y a lieu d’établir que la force de viscosité, qui a lieu en sens
inverse du mouvement relatif de P1 et P2 sur l’élément du plan P1 admet l’expression :

(1.1)

Dans cette formule, s’appelle le coefficient de viscosité dynamique.

Dans le système international d’unités, s’exprime en POISEUILLE, symbole


Pℓ.

On a : (Pascal Seconde).

Par contre, dans le système C.G.S., s’exprime en POISE, symbole Po.


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On a : 1

Par ailleurs, la relation (1.1) peut également épouser la forme :

dFt = dS (1.2)

avec  (1.3)

La relation (1.3) s’appelle relation de Newton.

 est la contrainte de cisaillement. La viscosité dynamique correspond donc à la


contrainte de cisaillement qui accompagne l'existence d'un gradient de vitesse
d'écoulement dans la matière.

Un fluide qui obéit à cette dernière expression est dit fluide newtonien (en
hommage à Isaac Newton) ; donc un fluide dont la loi contrainte – vitesse de
déformation est linéaire. La constante de proportionnalité est appelée viscosité.

En termes usuels, cela signifie que le fluide continue de s’écouler


indépendamment des forces extérieures qui agissent sur lui. Par exemple, l’eau est un
fluide newtonien parce qu’elle continue d’exhiber les propriétés d’un fluide quelle que
soit la vitesse à laquelle elle est agitée. Les solutions aqueuses et les huiles de faibles
viscosités, la plupart des solvants, l’air, de nombreux gaz, sont des exemples de fluides
newtoniens. Pour un fluide newtonien, la viscosité, par définition, ne dépend que de la
température et de la pression (mais elle dépend aussi de la composition chimique du
fluide si ce n'est pas un corps pur), non des forces agissant sur l'élément de fluide.

N.B. :

 Pour un liquide (au contraire d'un gaz), la viscosité tend généralement à


diminuer lorsque la température augmente. On pourrait croire que la viscosité
d'un fluide s'accroît avec sa densité mais ce n'est pas nécessairement le cas : l'huile
est moins dense que l'eau (huile de colza : 0,92 à 20 °C, contre 1 pour l'eau)
cependant elle est nettement plus visqueuse.
 La fluidité est l'inverse de la viscosité dynamique.

Viscosité dynamique de certains liquides et gaz à 20 °C et 1 atm :

µ µ
Liquide Gaz
(kg/(m·s)) (kg/(m·s))
-4
Ammoniac 2,20×10 H2 9,05×10-6
Benzène 6,51×10-4 He 1,97×10-5
Eau 1,00×10-3 H2O 1,02×10-5
Eau de mer (30 %) 1,07×10-3 air sec 1,8×10-5
Éthanol 1,20×10-3 Ar 2,24×10-5
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µ µ
Liquide Gaz
(kg/(m·s)) (kg/(m·s))
Éthylène glycol 2,14×10-2 CO2 1,48×10-5
-4
Fréon 12 2,62×10 CO 1,82×10-5
-4
Essence 2,92×10 N2 1,76×10-5
Glycérine 1,49 O2 2,00×10-5
-3
Kérosène 1,92×10 NO 1,90×10-5
-3
Mercure 1,56×10 N 2O 1,45×10-5
-4
Méthanol 5,98×10 Cl2 1,03×10-5
-1
SAE 10W 1,04×10 CH4 1,34×10-5
-1
SAE 10W30 1,7×10
SAE 30W 2,9×10-1
SAE 50W 8,6×10-1
Tétrachlorure de carbone 9,67×10-4

Dans un fluide non-newtonien, la mise en rotation provoque soit l’apparition


d’un creux (qui se comble graduellement au fil du temps ; on voit ce comportement
dans les crèmes, les suspensions d’amidon et les plastisols PVC, ou, rigueur mise à part,
dans les limons), soit une ascension du fluide autour de l’agitateur (phénomène dit
« effet Weissenberg ») à cause de la thixotropie, la variation brutale de viscosité se
traduisant par une propension accrue à l'écoulement (on observe ce phénomène dans
les peintures dites « sans tache », qu'il est facile d'étaler mais qui sont plus visqueuses sur
un mur).

En rhéologie et de manière simple, un fluide non newtonien correspond à un


fluide dont la viscosité dépend du taux de cisaillement. Concrètement lorsqu'on soumet
un tel matériau à une contrainte de cisaillement , la réponse de ce fluide n'est pas
proportionnelle, ce qui serait le cas pour un fluide newtonien. Il existe plusieurs types
classiques de fluide non newtonien. Ils ne sont d'ailleurs pas exclusifs l'un de l'autre, un
fluide peut présenter plusieurs des propriétés présentes ci-dessous.

Pour des fluides tels les polymères en solution ou à l'état fondu, émulsions peu
chargées, suspensions, dispersions (ex. : purée de fruits, moutarde), la viscosité diminue
lorsque le gradient de vitesse augmente. Cela donne un système de plus en plus fluide,
ce qui justifie le nom de « rhéofluidifiant ». La courbe d'écoulement (représentation
graphique de ) d'un corps pseudoplastique s'incurve vers le bas. Pour de très
faibles et très élevées valeurs de , le liquide est newtonien (ce qui est quasi universel),
cela correspond aux 1er et second domaines newtoniens , respectivement. À chacun de ces
domaines est associée une viscosité constante appelée viscosité à cisaillement nul ou
viscosité en écoulement continu ( ), et viscosité infinie ( ), respectivement.
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Fluide rhéoépaississant ou dilatant

Le comportement rhéoépaississant, inverse à la rhéofluidification, est assez


rare. La viscosité augmente lorsque le taux de cisaillement augmente. Ce phénomène
est nommé (en) dilatant ou shear thickening, (de) dilatanz. La courbe d'écoulement
correspondante s'incurve vers le haut. On retrouve ce comportement pour des
suspensions très concentrées ou certains polymères associatifs (ex. : empois, certains miels
et certaines formulations de plastisols, suspensions concentrées de fécule de maïs, D3o).

Fluide à seuil ou viscoplastique

Dans le cas du comportement (visco) plastique, l'écoulement n'a lieu qu'au-


delà d'une certaine valeur de contrainte à appliquer sur le fluide, dite point de fluage,
seuil d'écoulement, seuil de plasticité, contrainte critique ou contrainte seuil ((en) yield
stress). Au-delà, on retrouve en général un comportement de type rhéofluidifiant.
Quelques matériaux, tels la mayonnaise ou les boues de forage, ont
cependant un comportement linéaire de type newtonien après leur seuil d'écoulement.
On parle alors de fluide de Bingham. Le modèle de Bingham est 1 .

Certaines peintures et graisses sont des fluides à seuil.

Fluide non newtonien au comportement dépendant du temps

Fluide thixotrope

La thixotropie étant un comportement dépendant du taux de cisaillement


(ou de la contrainte ) et du temps, on maintient l'un des facteurs constant ( ou ).
Après une longue période de repos, ou étant brusquement appliqué puis maintenu
constant, on observe une diminution de la viscosité apparente avec le temps. La
structure est désorganisée par cisaillement. Le produit retrouve intégralement son état
initial après un repos assez long (dans le cas contraire, il s'agit de thixotropie partielle).
La thixotropie est souvent associée à un comportement rhéofluidifiant. On peut
également avoir une contrainte seuil pour ces fluides. On observe ainsi des phénomènes
d'hystérésis.

Fluide antithixotrope

Inversement, on trouve également les fluides antithixotropes (très rares), c'est-


à-dire dont la viscosité apparente augmente avec le temps, dans les mêmes conditions
que pour une expérience de thixotropie. La structure est organisée par cisaillement.
L'antithixotropie est souvent associée à un comportement rhéoépaississant.

Il ne faut pas confondre l'antithixotropie et la rhéopexie ((en) rheopecty ou


rheopexy) : ce dernier terme désigne la solidification d'un système thixotrope sous l'effet
d'un mouvement doux et régulier.
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Viscosité cinématique :

On définit aussi le coefficient de viscosité cinématique noté , comme étant


le rapport de la viscosité dynamique à la masse volumique du fluide considéré :
 
(1.4)

Dans le système S.I,  s’exprime en m2/s tandis que dans le système C.G.S,
s’exprime en stockes, symbole St ; l’on a que :

Ci-dessous quelques valeurs couramment utilisées 1 :

Température
Substance
[°C] [m2/s]
Eau 20 1,007×10-6
Eau 25 0,884×10-6
Eau 50 0,556×10-6
Air 25 15,6×10-6

Conformément à la définition précédente, un fluide parfait est un fluide pour


lequel = 0 quel que soit le mouvement du fluide.
En particulier la viscosité des pétroles bruts varie de, une centipoise pour des
huiles et condensats légers, à la pression et à température ambiantes, à plusieurs milliers
de centipoises, pour certaines huiles lourdes, de densité voisine de l’unité.
La viscosité peut faire l’objet de mesures normalisées sur les sites de
production. Dans ce cas, elle est souvent exprimée en temps d’écoulement, mesuré en
secondes, d’un volume connu de liquide, s’écoulant à travers un orifice calibré.
Ces mesures sont généralement effectuées entre 70°F (21,1°C) et 210°F
(98,9°C) dans différents appareils dont les plus couramment utilisés sont les viscosimètres
Saybolt et Engler.
La viscosité des huiles brutes se corrèle assez bien avec la densité et avec
d’autres propriétés comme la masse moléculaire.

Profil des vitesses


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Sous l'effet des forces d'interaction entre les molécules de fluide et des forces d'interaction
entre les molécules de fluide et celles de la paroi, chaque molécule de fluide ne s'écoule
pas à la même vitesse. On dit qu'il existe un profil de vitesse.

Si on représente par un vecteur, la vitesse de chaque particule située dans une section
droite perpendiculaire à l'écoulement d'ensemble, la courbe lieu des extrémités de ces
vecteurs représente le profil de vitesse.

Le mouvement du fluide peut être considéré comme résultant du glissement des


couches de fluide les unes sur les autres. La vitesse de chaque couche est une fonction de
la distance z de cette courbe au plan fixe : v = v(z).

1.5. PRESSION

Considérons le cas de la figure (03) où un fluide de masse volumique…..est au


repos.

N

z z

Nz S y = 1m

Nx

x
o x

En écrivant les équations d’équilibre des efforts, on a :

 Sur 0x : Nz .z - N.Sin. S = 0 (a)


 Sur 0z : Nx - N.cos . s - 1 g x -z = 0 (b)
2

Avec Δz = Δs. Sin et Δx = Δs. cos


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Ainsi de la relation (a), l’on tire que : ΔNz = ΔN


De plus, pour Δs0, on a que Δ x0 ;
Donc de (b), l’on n’obtient que ΔNx = ΔN
En définitive : ΔN = ΔNx = ΔNz (N/m 2)
L’on remarque que quelle que soit l’orientation dans le fluide, l’effort normal
est le même. Ce dernier porte le nom de « pression », notée p au point considéré.
La pression est donc une force qui s’exerce sur l’unité d’aire de la surface du
volume isolé et qui est dirigée normalement à cette surface :

P = (1.5)

De cette définition découlent plusieurs unités de pression.


i) Dans le système d’unités C.G.S., la pression s’exprime en barye (b). Celle-ci
est la pression exercée par une force de 1 dyne répartie uniformément sur
une surface de 1 cm2.
ii) Dans le système SI, la pression s’exprime en Pascal (Pa) ou (N/m 2) : c’est la
pression exercée par une force de 1 Newton répartie uniformément sur
une surface de 1 m2.
iii) En pratique, la pression s’évalue en kilogramme par centimètre-carré
(kgf/cm2). Elle désigne la pression exercée par une force de 1 kilogramme
force répartie uniformément sur une surface de 1 cm 2.
Bien d’autres unités de pression sont utilisées en technique. C’est le contenu
du tableau (01).
Le langage courant admet les concepts de : pression atmosphérique, pression
effective, pression absolue, pression différentielle, tension de vapeur.
a. La pression atmosphérique

La pression atmosphérique est définie comme étant l’effort produit par le


poids de l’air sur une unité de surface. Elle diminue au fur et à mesure que l’altitude
croît. Elle peut être évaluée à partir de la formule (1.6).
p = 10,33-0,0011 h (mCE) (1.6)
Avec h l’altitude du lieu.
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La pression atmosphérique se mesure à l’aide d’un appareil appelé


« baromètre ».
b. La pression effective
Par ce terme, l’on entend la pression indiquée par un appareil de mesure.
c. La pression absolue
La pression absolue est la pression qui règne dans une enceinte donnée. Elle
se mesure en prenant comme départ de mesure le vide absolu. La pression absolue est
égale à la pression effective augmentée de la pression atmosphérique.
Le terme dépression signifie pression effective négative : c’est le cas de
pression absolue inférieure à la pression atmosphérique.
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TABLEAU (01)
PRINCIPALES UNITES DE PRESSION

L’erreur N/m2 Torr (mm in Hg lb/sq. in ou


gf/cm2
relative appelé Bar de psi
Kgf/cm2 Atm. mbar
commise Pascal en HpzdaN/cm2 mercure)
CmCE
est ‹ 1/100 France
1N/m2 1 1,02.10-5 10-5 0,9869. 10-5 1,02.10-2 10-2 7,5 10-3 0,2953. 10-3 0,1451. 10-3

1Kgf/cm2 0,98. 10-5 1 0,98 0,968 1000 980 735 28,96 14,22

1 105 1,02 1 0,9869 1020 1000 750 29,53 14,51


bar=1hpz=
1daN/cm2
1 atm 1,013 105 1,033 1,013 1 1033 1013 760 29,95 14,70

1Kgf/1Kgf 98 10-3 0,098. 10-2 0,968 10-3 1 0,98 0,735 0,02896 0,01422
cm2 = 1cm
CE
1 mbar 100 1,02 10-3 0,1 10-2 0,9869 10-3 1,02 1 0,75 0,02953 0,01451

1 torr = 133,3 1,36. 10-3 0,1333. 10-2 1,315. 10-3 1,36 1,333 1 0,03937 0,01934
1mm de
mercure
1 inttg 3386 0,03453 3,386. 10-2 0,03345 34,53 33,86 25,4 1 0,4910

1lb/sq.in 6.890 0,0703 6,89. 10-2 0,068 70,3 68,947 51,75 2,041 1
ou 1 psi
18

d. La pression différentielle
Elle vaut la différence de pression qui existe entre deux points de mesure. Ex :
Entre l’entrée et la sortie d’une pompe.
e. La tension de vapeur
La tension de vapeur d’un liquide à une température donnée est la pression
absolue sous laquelle le liquide doit être maintenu pour qu’il demeure encore à l’état
liquide. En dessous de cette pression, le liquide bout et se transforme en vapeur. La
tension de vapeur augmente avec la température.
1.6. MASSE VOLUMIQUE
Considérons un volume v contenant une masse m de fluide donné. La masse
volumique notée vaut par définition :

 (kg/m3) (1.7)

L’inverse de la masse volumique s’appelle le volume massique noté V :

V (1.8)

Par ailleurs, il convient de souligner que le rapport de la masse volumique


d’un corps à la masse volumique du corps de référence s’appelle « densité », notée d :

Pour les fluides liquides, le corps de référence est l’eau tandis que l’air est le
corps de référence pour les fluides gazeux.
Dans l’industrie du pétrole, on a admis d’utiliser les températures de 15°C ou
60°F (15,6°C). La température de référence de 15°C est recommandée par le Système
International d’unités alors que les standards anglo-saxons utilisent encore comme
référence 60°F soit 15,6°C.
La densité des pétroles bruts varie de 0,700 pour les condensats légers, à des
valeurs quelque peu supérieures à l’unité, pour les bitumes.
19

L’industrie américaine utilise encore, pour mesurer la densité des pétroles bruts, la
gravité A.P.I. : c’est une échelle analogue à celle de BAUME, qui est définie par la
relation :

Gravité, en degré

Inversément, on a

A.P.I = American Petroleum Institute


Le tableau (02) donne la relation entre la densité et la masse volumique des pétroles
bruts et leur gravité A.P.I.
Tableau (02) : Densité-Masse volumique-Degré A.P.I.

Degrés Densité à 60°F Masse Degrés Densité à Masse


A.P.I (15,6°C) volumique A.P.I 60°F (15,6°C) volumique
à 15°C à 15°C
( ⁄ ) ( ⁄ )
0 1,0760 1 075,4 25 0,9012 903,7
1 1,0679 1 067,3 26 0,8984 897,7
2 1,0599 1 059,3 27 0,8927 892,3
3 1,0520 1 051,4 28 0,8871 886,7
4 1,0443 1 043,6 29 0,8816 881,1
5 1,0366 1 036,0 30 0,8762 875,7
6 1,0291 1 028,5 31 0,8708 870,3
7 1,0217 1 021,0 32 0,8654 865,0
8 1,0143 1 013,7 33 0,8602 859,7
9 1,0071 1 006,5 34 0,8550 854,5
10 1,0000 999,4 35 0,8499 849,4
11 0,9930 992,2 36 0,8448 844,3
12 0,9861 985,5 37 0,8398 839,3
13 0,9792 978,7 38 0,8348 834,4
14 0,9725 971,9 39 0,8299 829,5
15 0,9659 965,3 40 0,8251 824,7
16 0,9593 958,8 41 0,8203 819,9
17 0,9529 952,3 42 0,8156 815,2
18 0,9465 945,9 43 0,8109 810,5
19 0,9402 939,7 44 0,8063 805,9
20 0,9340 933,5 45 0,8017 801,3
21 0,9279 927,3 46 0,7972 796,8
22 0,9218 921,3 47 0,7927 792,4
23 0,9159 915,3 48 0,7883 788,0
24 0,9100 909,5 49 0,7839 783,6
25 0,9042 903,7 50 0,7796 779,3
20

Degrés Densité à 60°F Masse Degrés Densité à Masse


A.P.I (15,6°C) volumique A.P.I 60°F (15,6°C) volumique
à 15°C à 15°C
( ⁄ ) ( ⁄ )
50 0,7796 779,3 75 0,6858 685,1
51 0,7753 775,0 76 0,6819 681,8
52 0,7711 770,8 77 0,6787 678,5
53 0,7669 766,6 78 0,6754 675,3
54 0,7628 762,5 79 0,6722 672,1
55 0,7587 758,4 80 0,6690 668,9
56 0,7547 754,4 81 0,6659 665,8
57 0,7507 750,4 82 0,6628 662,6
58 0,7467 746,4 83 0,6597 659,6
59 0,7428 742,5 84 0,6566 656,5
60 0,7389 738,7 85 0,6536 653,5
61 0,7351 734,8 86 0,6507 650,5
82 0,7313 731,0 87 0,6476 647,5
63 0,7275 727,3 88 0,6446 644,6
64 0,7238 723,6 89 0,6417 641,6
65 0,7201 719,9 90 0,6388 638,7
66 0,7165 716,2 91 0,6360 635,9
67 0,7128 712,6 92 0,6331 633,0
68 0,7028 709,1 93 0,6303 630,2
69 0,7057 705,5 94 0,6275 627,4
70 0,7022 702,0 95 0,6247 624,7
71 0,6988 698,6 96 0,6220 621,9
72 0,6953 695,2 97 0,6193 619,2
73 0,6919 691,8 98 0,6166 616,5
74 0,6888 688,4 99 0,6139 613,9
75 0,6852 685,1 100 0,6112 611,2
21

Chapitre II : HYDROSTATIQUE

Par définition, l’hydrostatique est l’étude des fluides incompressibles au repos dans
le champ de la pesanteur.

L’on distingue deux catégories de forces pouvant agir sur un fluide au repos. Il
s’agit de :

 Forces de surface ou forces extérieures ; telles que les forces de pression


atmosphérique, forces de pression d’un piston.

 Forces de volume ou forces massiques ; ce sont des forces qui se manifestent à


l’intérieur du fluide. Elles sont proportionnelles à sa masse.

La force massique notée F (N/Kg) qui agit en un point du fluide a pour


composante (X, Y, Z) dans le système d’axes Oxyz.
Elle peut être notée comme suit : F = (X, Y, Z) où X = X (x, y, z) ; Y = Y (x, y, z) et
Z = Z (x, y, z).

2.1. EQUATION FONDAMENTALE D’HYDROSTATIQUE – APPLICATIONS


z

2’ 3’

2 3 dz
1’ M 4’

1 4 dx

dy

0 y

x Figure (04)

Soit le schéma de la figure (04) qui illustre l’équilibre d’un domaine fluide, à la
forme d’un parallélépipède rectangle. Ce domaine reste en équilibre sous l’action des
forces extérieures lui appliquées.

Dans le système d’axes Oxyz, ce domaine de volume élémentaire


dV = dx dy dz renferme un point quelconque M repérable par ses coordonnées
(x, y, z).
22

Les forces extérieures qui agissent sont :

 une force de volume d’intensité ‚ F dV = F dx dy dz ;

 étant la masse volumique du fluide (Kg/m3)


F la force de volume par unité de masse (N/Kg) ;
 des forces provoquées par l’effet de pression sur toutes les faces latérales du
domaine élémentaire considéré, orientées normalement à ces faces et vers
l’intérieur de ce domaine.
Considérons les forces dont les actions sont orientées suivant les axes Ox, Oy,
Oz. L’intensité de la résultante de ces forces suivant ces axes, est donnée par le produit
de la différence de pression sur les deux faces normales à l’axe considéré par la section
équivalente. On peut ainsi écrire que :

dpx .dy dz = intensité de la force s’appliquant suivant Ox

dpy.dz dx = intensité de la force s’appliquant suivant Oy

dpz.dx dy = intensité de la force s’appliquant suivant Oz

dpx , dpyet dpzdésignent les différences de pression sur les faces du domaine
perpendiculaire respectivement aux axes Ox, Oy et Oz
Le domaine considéré ne peut rester en équilibre que si la somme de toutes les
forces appliquées vaut 0.
Analytiquement, cette condition s’écrit comme suit :

F dx dy dz – [dpxdydz i + dpydz dx j + dpzdy dx k ] = 0 (2.1)

En divisant cette expression par dV = dx dy dz, il vient que :

F= i+ j+ k (2.2)

Si dx 0, dy 0, dz 0 alors les rapports du terme à droite de l’expression (2.2)


tendent respectivement vers les quantités , , connues sous le nom de dérivées

partielles. L’on aboutit donc à :


23

i+ j+ k (2.3)

Mathématiquement, ce terme de droite n’est rien d’autre que le gradient de pression,


noté simplement grad p.
D’où :

grad p (2.4) : Equation d’Euler

Sous forme de composantes, cette égalité s’exprime comme suit :

; y ; z (2.5)

En particulier, considérons le cas où la force F dérive d’un potentiel .


Autrement dit,

- grad (2.6)

En tenant compte de la relation (2.4), on aboutit à :

- grad - grad p = 0 ; ou bien : grad + grad p = 0 (2.7)

En outre, imaginons que ce potentiel est le champ de la pesanteur ; donc  = gZ ; avec Z


la côte altimétrique ; le fluide étant supposé incompressible par hypothèse, = cte.

Il vient alors que :

grad ( gZ) + grad p = 0 ; ou encore grad ( gZ + p) = 0

Ce qui conduit après intégration à la forme :


p + gZ = Constante (2.8)

L’équation (2.8) est connue sous le nom d’équation fondamentale d’hydrostatique.


C’est de cette équation que découlent les propriétés et applications ci-après :
a) Principe de PASCAL :
Il s’énonce de la manière suivante : « la pression se transmet intégralement dans
tous les points du liquide ».

En effet, considérons le schéma de la figure (05)


24

z
p0
Z0 ------------
y

Z ------------------- . M

y
0 Figure (05)
De la relation (2.8), on tire que :
p = - gZ + Cte(a)
Pour z = Z 0 (surface libre), p = p 0 = - gZ0 + Cte
Donc Cte= p0 + gZ0 (b)

En substituant (b) dans (a), l’on a :

p = - gZ0 + p0 + gZ0
p = p0 + g (Z0 – Z) = p0 + gh (2.9)

En d’autres termes, la pression extérieure p 0 appliquée à la surface du liquide se


transmet intégralement dans tous les points du liquide.
b) Les surfaces d’égale pression ou surfaces isobares sont données par des plans
horizontaux. En effet, si Z = constante, alors p = constante et inversement.

c) La différence de pression pouvant être établie entre deux points 1 et 2, dépend de


leur différence d’altitude (Z 2 – Z1) et du poids volume g du fluide considéré :

p1 – p2 = g (Z2 – Z1) (2.10)

d) La surface qui délimite deux liquides non miscibles et sans aucune réaction
chimique réciproque, est un plan horizontal.

e) Principe des vases communicants : « Dans chacun de vases de formes quelconques


mais en communication entre eux et contenant un liquide en équilibre, la surface
libre est dans un plan horizontal ».

2.2. CHAMP DES FORCES DERIVANT D’UN POTENTIEL


25

Etant donné F = (X, Y, Z) un champ des forces. On dit que F dérive d’un
potentiel s’il existe une fonction scalaire  tel que :

F = grad
Ce qui signifie que :

; Y ; Z (2.11)

Pour  (x, y, z) = C quelconque, on a une famille de surfaces dans l’espace appelées


« surfaces équipotentielles ou surfaces de niveau ».

La direction grad ( , ) est perpendiculaire à la surface équipotentielle.

Donc F est perpendiculaire à la surface de niveau.


Pour deux points infiniment voisins, la différence de pression entre ces points vaut :

dp = dx + dy + dz =  (X dx + Ydy + Z dz) (2.12)

Dans le cas où F dérive d’un potentiel, on a :

X= , Y= Z= ; d’où

dp =  ( dx + dy + dz) =  d (2.13)

Si les deux points sont sur une surface d’égale pression, on a :

dp = 0 et donc  = constante.
Ce qui permet d’affirmer que les surfaces d’égale pression sont des surfaces de niveau.

2.3. EQUILIBRE RELATIF DES FLUIDES

Un fluide est en équilibre relatif si ses divers éléments gardent la même masse
volumique et les mêmes distances mutuelles de telle sorte que dans un système de
référence donné, le fluide en équilibre se déplace comme un solide indéformable.
Application = Forme des surfaceséquipressions d’un liquide en rotation uniforme.
Voir figure (06).
26

↺ y

0 x
Figure (06)
Considérons un liquide contenu dans un vase tournant à une vitesse angulaire constante
w.
Les forces de masse sont

 La pesanteur (0, 0, -g)


 La force centrifuge (w 2x, w2y, 0) dans le plan (x,y)
Donc F = (w2x, w2y, -g)

F dérive d’un potentiel  = + + gz  F = d car d’après l’équation d’Euler :

grad p = F = ( , , -g)

dp = d  p =  + cte

p=  ( + ) - gz + cte (2.13 a)

En coordonnées cylindriques, la dernière expression s’écrit comme suit :

p= - gz + C (2.13 b)

Pour une surface d’égale pression,  - gz = C sont des paraboloïdes.

2.4. MESURE HYDROSTATIQUE DE LA PRESSION

2.4.1.Tube piézométrique
27

Le principe du tube piézométrique peut être compris en partant du schéma


de la figure (07).
pa

Tube piézométrique

H
po

Liquide h

Figure (07)
Considérons un réservoir contenant du liquide. A la surface libre du liquide, règne une
pression p0. Evaluons la pression au point M.
p0 + gh = pa + gH

1 2
1 en regardant une facette du liquide du coté vase
2 en regardant une facette du liquide du côté du piézomètre
De cette dernière égalité, il y a lieu de tirer H :

H= +h (2.14)

2.4.2.Manomètre différentiel ou tube en U

Ce manomètre permet de mesurer la différence de pression entre deux points.


En effet, considérons le schéma de la figure (08).
28

Vanne conduite horizontale

.A .B

d
Liquide 2

-------
1 ------- H
 -------
------- -------
------- -------
-------- -------
--------- ---------
------------------------
- - - - - - - Liquide ℓ- - - - -
---------- Figure (08)

Imaginons que l’on désire trouver la différence de pression p A – pB.

En appliquant le principe de Pascal [relation (2.9)], il y a lieu d’écrire que :

p1 =pA + g (d + H) (a)

p1 = pB + g d + ℓg H (b)

En exploitant les relations (a) et (b), on trouve que :

pA – pB = ℓg H- gH=gH ( ℓ – ) (2.15)

Autrement dit :

H= en m de colonne du liquide ℓ(2.16)

Tandis qu’exprimée en m de colonne du liquide , l’expression (2.16) s’écrit alors comme


suit :
pA – pB = g h (2.17)
29

Ce qui signifie que :


 
; soit que h = H ( -1) (2.18)
  

2.5. POUSSEE HYDROSTATIQUE

2.5.1. Principes

Un corps immergé complètement ou partiellement dans un liquide (ou un gaz)


subit l’action d’une poussée de la part du liquide ou du gaz environnant.

ARCHIMEDE formula le théorème fondamental suivant dénommé « principe


d’Archimède » dont l’énoncé est : « Tout corps immergé dans un liquide (ou un gaz)
subit de la part du milieu environnant l’action d’une force égale au poids du liquide (ou
du gaz) déplacé ; cette force est dirigé vers le haut et passe par le centre de gravité des
masses du liquide (ou du gaz) déplacé ».

La poussée s’évalue au moyen de la formule :

P= gV ( ) (2.19)

On peut ainsi trouver le volume d’un solide irrégulier en déterminant la perte


apparente de poids qu’il subit lorsqu’il est complètement immergé dans un liquide de
densité connue.

La densité du liquide pouvant ainsi être déterminée à partir de la profondeur à


laquelle s’enfonce l’aéromètre.

2.5.2. Stabilité des corps flottants et submergés

1. Pour assurer la stabilité d’un corps immergé, le centre de gravité du corps doit se
trouver juste au-dessous du centre de poussée. Si les deux points sont confondus, le
corps submergé est en équilibre pour toutes les positions.

2. Pour assurer la stabilité des cylindres ou des sphères flottants, le centre de gravité du
corps doit être en dessous du centre de poussée.

3. La stabilité des autres corps flottants varie selon que le moment qui prend naissance
quand le centre de gravité et le centre de poussée, ne sont plus alignés verticalement
l’un sous l’autre à cause du mouvement du centre de poussée, qui tend à les redresser
ou à les retourner.

Le centre de poussée se déplace parce que quand l’objet flottant s’incline, la


forme du volume de liquide déplacé varie et donc le centre de gravité de ce volume se
déplace.
30

2.6. EQUILIBRE DES CORPS FLOTTANTS

1ER CAS : Solide homogène, liquide homogène


Voir figure (09)
z

G •C G et C sont confondus.

y
x 0

Figure (09)

C = Centre de poussée ou centre de gravité du volume V de liquide

G = Centre de gravité du solide

Poids du solide : P = m g où m = sol .V

Poussée F = poids du volume V de liquide

F= liq.g.V (2.20)

Si sol> liq : P > F = le solide est sollicité vers le bas par la force P – F

Si sol< liq : P < F = le solide est sollicité vers le haut par la force F – P

2E CAS : Solide hétérogène

G et C ne sont pas confondus.


31

Chapitre III : CINEMATIQUE DES LIQUIDES

3.1. REPRESENTATION ANALYTIQUE DU MOUVEMENT

La cinématique étudie le mouvement sans tenir compte des causes qui


provoquent ce mouvement.
La description du mouvement du fluide peut se faire de deux façons :
 Soit par la représentation de LAGRANGE qui du reste rattache tout à la particule
ou au point matériel ;
 Soit par la représentation d’Euler qui par contre s’intéresse au point géométrique.

a) Les variables de Lagrange

Les variables indépendantes sont la position initiale à l’instant t 0 : r0 (x0, y0, z0) et le
temps t.
A tout instant, la position du point est repéré par :

 le vecteur – position r (x, y, z)


 la vitesse C = =( , , ) = ( u, v, w )

l’accélération= = = ( x, y, z)

b) Les variables d’Euler

Dans ce cas, l’étude concerne le champ de vitesse actuelle sans se préoccuper de la


position des points antérieurs.
Soit H (x, y, z, t) une grandeur ; attachons-nous à la particule matérielle en
cherchant :

dH = + + + (3.1)

=u +v +w + (3.2)

= + c grad H (3.3)
32

s’appelle dérivée matérielle ou particulaire

est la dérivée temporelle

u +v +w est la dérivée convective

Sachant que r = r (x, y, z) ; c = (u, v, w) ; =

x = =u +v +w +

y = =u +v +w + (3.4)

z = =u +v +w +

3.2. PRINCIPALES DEFINITIONS


 La trajectoire est le lieu des positions successives du fluide au cours du temps.

 L’écoulement du fluide est dit permanent si toutes les grandeurs (vitesse, pression,
densité, température…) restent constantes tout le temps en tout endroit occupé
par le fluide qui s’écoule.
Dans le cas contraire, l’écoulement est non permanent ; dans ce cas précis, les lois
de l’écoulement sont beaucoup plus compliquées.
Donc lors d’un mouvement permanent, les trajectoires restent invariables au cours
du temps.
 Le liquide est dit parfait s’il est dépourvu de viscosité.
 La ligne de courant est une ligne qui en chacun de ses points, est tangent au
vecteur vitesse C.
 La surface de courant est la surface constituée par une infinité des lignes de
courant qui s’appuient à un instant donné à une courbe C donnée.
33

 Si la courbe C est fermée, la surface de courant s’appelle tube de courant. Et le


volume fluide contenu dans le tube de courant s’appelle veine fluide.
 Si le contour C délimite une surface infinitésimale, alors la veine fluide s’appelle
filet de courant.

3.3. EQUATION DE CONTINUITE

L’équation de continuité exprime la constance de la masse d’un élément de


matière en milieu continu.
Considérons le schéma de la figure (10) représentant un volume élémentaire
fluide de masse volumique et animée de la vitesse c = (u, v, w).

z 2 3

1 4
2’ 3’ dx
dz
1’ dy 4’

0 y
x Figure (10)
34

La quantité de matière fluide traversant la facette 1234 vaut : u dydz . dt



Celle qui traverse la facette opposée 1’2’3’4’ est : - (u + dy dz dt

L’excès de matière qui est entrée suivant l’axe 0x sera :


 
pudy dz dt – (u + dx) dy dz dt = – dx dy dz dt

En faisant de même pour les axes 0y et 0z, on aboutit à l’excès de matière :


 
dx dy dz dt suivant 0y et dx dy dz dt suivant 0z.

Si à l’instant t, la masse volumique est ; à l’instant ultérieur (t + dt), elle sera :

+ dt

Ainsi à l’instant t +dt, l’excès de masse est de l’ordre de : dt dx dy dz

En définitive, l’excès de masse vaudra :



+ + + =0 (3.5)

Ou encore :

div c + =0 (3.6)

La dernière expression (3.6) est l’équation de continuité. Donc, quelque soit le domaine
fluide que l’on suit dans son mouvement, sa masse reste constante.
Dans le cas particulier d’un fluide incompressible, l’équation (3.6) se simplifie et devient :
div c = 0 (3.7) car = constante

3.4. FLUX A TRAVERS UNE SURFACE


Le débit volumique Q à travers une surface S est défini comme étant le flux du vecteur-
vitesse à travers la surface :

Q= ds ( ) (3.8)
35

avec c = (u, v, w) ; n=( , , )

n = normale unitaire extérieure à d s

Q= ds (3.9)

On définit également le débit massique noté G comme suit :

G= ds (Kg/s) (3.10)

Pour un fluide incompressible, il vient que :


G= Q (3.11)

3.5. CIRCULATION DE LA VITESSE LE LONG D’UN CONTOUR

Considérons un champ des vitesses c = (u, v, w) correspondant à un certain


écoulement, et qu’on ait la courbe C reliant les points A et B. [Voir figure (11)].

c × B

A × Figure (11)
C
Par définition, la circulation de la vitesse est :

= ∫ccds = ∫c u dx + v dy + w dz (3.12)

En particulier, la circulation peut être aussi calculée dans le cas où la courbe C est
un contour fermé.
En effet, considérons le cas où on a des lignes de courant qui sont des cercles
concentriques autour du point 0. Cfr figure (12).
36

r2• B
C •
α
0 • • D • A

r1

Figure (12)

Supposons que c = .r avec = constante


Le long du cercle de rayon r1, la circulation vaut :

1 = ∫ c ds = c ∫ds = r1 . 2π r1 = 2π r12

Pour le contour ABCD, on aura comme circulation :


= r2 . r2 + BC - r1 . r1 + DA

Or BC =- DA, il vient que :

= (r22-r12) (3.13)

3.6. MOUVEMENT IRROTATIONNEL OU A POTENTIEL DE VITESSE


Le long d’une courbe fermée C, la circulation peut être donnée par l’expression :

= 2 ∫ ds
Où est le vecteur tourbillon

= ½ rot c = (,  ,Ʒ) (3.14)

Avec  = - = - et Ʒ = -

rot c = (3.15)

En d’autres termes, la circulation le long d’une courbe fermée est égale à


l’intensité du vecteur tourbillon à travers la courbe.
37

existe partout où rot c ≠ 0 ; l’écoulement est dans ce cas dit rotationnel.

Par définition :
 La ligne tourbillon est une ligne tangente en chacun de ses points au vecteur
tourbillon.
 L’ensemble de toutes les lignes tourbillons qui s’appuient sur une courbe fermée
est appelé tube tourbillon.
 Un tube tourbillon dont l’intensité est finie s’appelle Vortex.
 L’intensité du tube tourbillon ou flux du vecteur tourbillon est donnée par :
I = 2 ∫ ds (3.16)

Lorsque rot c = 0, l’écoulement est dit irrotationnel ou à potentiel de vitesse ; c’est-


à-dire en tout point d’un tel écoulement, on a = 0 ou que c dérive d’un potentiel.

Donc, il existe une fonction tel que c = grad :

u= ;v= ;w=

D’après l’équation de continuité = div c+ =0

Pour un fluide incompressible = cte ; div c = 0 ou bien div grad = 0 ; soit :

2
=0 (3.17) C’est l’équation de LAPLACE.

3.7. FONCTION DE COURANT

Soit le vecteur c = (u, v, w) avec u = ,v= et w = .

L’équation différentielle d’une ligne de courant s’écrit :

= = (3.18)

ou bien
u dy – v dx = 0
v dz – w dy = 0 (3.19)
w dx – u dz = 0
38

Pour l’écoulement bidimensionnel (pas de terme en z), on a une ligne de courant


exprimée par :
u dy – v dx = 0 (1)

Supposons une fonction  tel que v = ; u=- (2)

(2) (1) : dx + dy = 0 ou que d = 0

Donc  = constante le long d’une ligne de courant.


Dans ce cas  est appelé fonction de courant.

Chapitre IV : DYNAMIQUE DU FLUIDE PARFAIT INCOMPRESSIBLE


4.1. EQUATION GENERALE D’EULER
Cette équation traduit l’équilibre dynamique des forces s’exerçant sur le fluide.
L’équation d’Euler [voir relation (2.4)] s’écrit comme suit :

grad p = F où F est une force massique.

A cette force, il s’ajoute en mouvement, des forces d’inertie qui sont proportionnelles aux
accélérations .
Donc pour une masse unitaire de fluide, il y a lieu d’écrire que :

grad p = F - = F - (4.1)

Ou encore

grad p = F – + + + (4.2)

Les formes (4.1) et (4.2) sont connues sous le nom d’équation générale d’Euler
Ecrite sous forme vectorielle, cette équation devient :
39

=X– u + v +w + suivant 0x

=Y– u +v +w + suivant 0y (4.3)

=Z– u +v +w + suivant 0z

4.2. EQUATION DE BERNOULLI


Cette équation exprime la conservation de l’énergie d’un fluide parfait
incompressible en écoulement permanent.
Elle se déduit de l’équation d’Euler écrite pour le cas particulier de l’écoulement
permanent ; soit :

u +v +w =X– suivant 0x

u +v +w =Y– suivant 0y (4.4)

u +v +w =Z– s suivant 0z

Dans le cas particulier du mouvement permanent dans un champ où les forces de


volume F dérivent d’un potentiel , on a que :

F = - grad
ou bien

X=– Y=– etZ = –

De plus considérons le cas d’un écoulement unidimensionnel ; suivant l’axe 0x par


exemple ; dans ce cas précis :
u=C car v = w = 0 ; dx = dS élément d’arc
Alors, la première équation d’Euler devient :
40

u =– – ; soit que

=0

Autrement dit : + c dc + d = 0

Après intégration, il y a lieu d’obtenir ce qui suit : = constante.


En particulier si le champ est celui de la pesanteur, alors = gZ avec Z la côte


altimétrique.

Dans ce cas, on aboutit aux trois formes traditionnelles ci-dessous connues sous le
nom d’équation de Bernoulli :

= constante (a) ( )

  = constante (b) ( ) (4.5)

= constante (c) (m)


Plusieurs interprétations peuvent être faites autour de cette équation de


Bernoulli. En effet :
1. Pour un fluide de masse en m, la première équation (a) exprime la conservation de
l’énergie mécanique totale du fluide en écoulement entre deux points 1 et 2 d’un
parcours donné ; on a alors :

+ + = constante (4.6)

Energie potentielle de pression Energie cinétique Energie potentielle de position


41

Energie mécanique totale

2. La deuxième forme (b) traduit la conservation de la pression ; avec p la pression


statique c.à.d. à l’intérieur du fluide ; étant la pression dynamique.

La somme p + est la pression d’arrêt.

En revanche la somme p + + gZ = h est appelée la charge de l’écoulement.

3. Lorsque le fluide est au repos (c = 0) ; l’équation de Bernoulli se réduit à l’équation de


Laplace car on a dans ce cas :

p+ gZ = Cte ou que dp = - g dZ

4.3. THEOREME D’EULER

Dans le fluide donné, considérons un volume V dont les points matériels sont
animés d’une vitesse c, V étant limité par une surface fermée .

Le théorème de la quantité de mouvement reconnaît que la variation de la


quantité de mouvement ( mc) est égale à la somme de toutes les forces extérieures
appliquées aux éléments matériels du volume V :

mc = ext = Fv + Fs

L’exploitation de ce théorème mène à l’expression suivante (sans démonstration) :

Fe - dv - ( c n ) ds = 0 (4.7)

Chapitre V : DYNAMIQUE DU FLUIDE REEL INCOMPRESSIBLE


5.1. CRITERE DE REYNOLDS

Plusieurs études expérimentales ont été menées dans le domaine d’écoulements des
fluides.
On peut ainsi citer les travaux de DARCY, REYNOLDS, POISEUILLE, BAZIN, HAGEN,
BOUSSINEQ, NIKURADSE qui ont conduit à la mise en évidence de deux types
42

d’écoulements fluides nettement distincts, à savoir : l’écoulement laminaire et


l’écoulement turbulent.
Dans le cadre de ce cours, il n’est pas opportun de reprendre tous leurs exposés.
Néanmoins, l’essentiel du contenu des recherches de Reynolds sera précisé.
En effet jusqu’à l’heure actuelle, le critère du « nombre de Reynolds » noté Re,permet
de classifier les divers régimes d’écoulements fluides.
Mathématiquement Re est un nombre sans dimension qui représente le produit de la
vitesse absolue C du fluide, par la dimension B de la conduite et de l’inverse du
coefficient de viscosité cinématique :

(5.1)

En particulier, si D est le diamètre de la conduite de section circulaire, on écrit que :

(5.2)

L’analyse de la dernière expression montre que le nombre de Reynolds caractérise aussi


bien le fluide (c,) que la conduite (D) à l’intérieur de laquelle il s’écoule. Pour
l’écoulement d’un fluide considéré, c’est la valeur que prend le nombre de Reynolds qui
traduit un régime donné.
a) Un petit nombre de Reynolds correspond à des forces de viscosité très
prépondérantes : c’est le cas précis d’un écoulement « laminaire » défini par
Re2000
b) Un grand nombre de Reynolds caractérise de faibles forces de viscosité :
l’écoulement est alors dit « turbulent » ; ce qui reste vrai pour autant que
Re 3000
c) La zone définie par 2000 Re 3000 est celle de l’écoulement « incertain » ou
transitoire » ; qui montre qu’il y a bel bien passage non brusque d’un régime de
l’écoulement à un autre.

5.2. ECOULEMENTS LAMINAIRES


A vrai dire, pendant un écoulement laminaire, les particules du fluide suivent des
trajectoires pratiquement parallèles à la paroi ; ce qui constitue en soi un faisceau
assez régulier ou permanent.
Ce genre d’écoulement ne subsiste que si :
-le fluide circulant est assez visqueux ; sa vitesse absolue C est suffisamment
faible ;
-la dimension B ou D de la conduite est nettement faible.
43

Un tel écoulement est caractérisé du reste par un vecteur vitesse des particules
presque immuable dans le temps ; il est théorique.

5.2.1. Ecoulement dans un tube laminaire- Ecoulement de Poiseuille

Considérons le cas de la figure (13) représentant l’écoulement unidimensionnel (suivant


oz) d’un fluide incompressible ( = cte) ; l’écoulement permanent ( ).

x
D=2R o zSens des lignes de
courants laminaires II Oz
yFigure (13)

Dans ce cas, l’écoulement obéit aux équations (5.3) :




 (5.3)



Comme u=v=0 et que w=c ; on aura alors : =0= ou que p(x,y,z)=p(z)=p : la


pression est constante dans une section droite. L’équation de continuité se réduit à :
pour toute section, il y a même distribution des vitesses.

De plus, de la relation (5.3), on a finalement : 


avec 

Donc : ; ( ) soit que

b et e étant les constantes d’intégration qu’on trouve en appliquant les conditions aux
limites ci-après :
44

si r =0 w pas finie (w=), posons alors que b=0


si r= R w=0.

Ainsi .

Par conséquent, la loi de l’évolution de la vitesse est donnée par :

(5.4)

C’est une paraboloïde ayant son sommet sur l’axe oz (voir figure 14).
1 2
p1 p2
1 2
L
Figure (14)

D’autre part, ou que dp = -a dz

Soit que p = -az+f


Le long du tube, la pression diminue linéairement tout en restant constante dans une
section droite.
Si z=0 p=p1=f

p1- p2= aL a=

Si z=L p=p2=-aL+f

Le débit qui passe à travers le tube vaut :


  
∫ (5.5)

La relation (5.5) est appelée formule de HAGEN-POISEUILLE, c’est-à-dire le débit


provoqué par une différence de pression entre deux points est proportionnelle à cette
différence de pression et à la puissance quatrième du rayon.
45

5.2.2. Ecoulements entre deux plaques – Ecoulement de Poiseuille et de


Couette

La figure (15) permet de les schématiser.


v = w = 0. Les équations de Navier-stokes se réduisent à : c = u = u (y,z) = u (y) et p =
p(x)

( ) et u= ( ) (5.6)

o 2yox

z
Figure (15)
a. Ecoulement plan de Poiseuille
C’est l’écoulement entre deux plaques, toutes deux au repos.

Si y = -yo , u= 0 on a b = 0 et e =

Si y = yo , u = 0

donc (5.7)

Le débit par unité de largeur vaut :



∫ (5.8)

b. Ecoulement de Couette (Généralisé)


C’est l’écoulement entre deux plaques dont l’une est en mouvement avec une
vitesse U uniforme et l’autre au repos.

Pour y = - yo u = o donc

Pour y = yo u=U
46

(5.9) représentant ainsi la somme de deux répartitions de


vitesse linéaire et parabolique. Voir figure (16).
Cette forme de répartition dépend de a.
u uu

Pour  

 
Figure (16)

5.3. ECOULEMENTS TURBULENTS


L’écoulement turbulent est le plus fréquent de tous les écoulements industriels. Il est
celui où la vitesse change constamment de grandeur et de direction. Lors d’un
écoulement turbulent, les particules fluides rencontrent un bon nombre d’obstacles
imputables à la nature des canalisations ; comme les coudes, les organes d’arrêt, les
courbes, les changements de sections, les liaisons, … de sorte que les lignes de courant sont
plutôt entrecroisées. Ce qui caractérise les remous ou turbulences dans le fluide.
L’état naturel du mouvement est l’écoulement turbulent ; il est le plus stable de
tous les écoulements.
5.4. COUCHE LIMITE
Considérons un solide et un écoulement à la vitesse U (cfr figure 17). Au contact du
solide, la vitesse est nulle ; elle croît progressivement de 0 à U.
Prandtl a découvert que les effets de la viscosité se manifestent sur une petite zone
le long de la paroi. Cette zone s’appelle la « couche limite ».

u
couche limite

Figure (17)
47

La longueur  de la couche limite est définie telle qu’on ait : u() = 0,99U.
C’est-à-dire pour y = , u = 0,99U.
 = épaisseur de la couche limite.
Dans la couche limite, on a un écoulement fluide visqueux mais au-delà, c’est
l’écoulement fluide parfait : Eclt fluide parfait+Eclt fluide couche limite = Eclt fluide réel.
5.5. PERTES DE CHARGE
L’écoulement d’un fluide pourvu d’une viscosité donnée s’accompagne
nécessairement d’une perte d’énergie :
 d’une part, à cause des interactions internes au niveau moléculaire des particules
fluides entre diverses couches ; ce qui se manifeste en soi par le frottement et le
glissement de ces particules les unes par rapport aux autres ou contre les parois
solides du conduit ;
 d’autre part, à cause des résistances à l’écoulement des particules fluides,
particulièrement par la présence de certains obstacles rencontrés et désignés sous
le nom de singularités.
5.5.1. Pertes de charge linéaires
Lorsqu’un fluide réel en écoulement traverse une conduite de longueur L et de
diamètre D, il se produit à cause de sa viscosité, des frottements entre particules et
parois. Ce qui correspond à une perte d’énergie appelée : perte de charge linéaire,
systématique ou répartie, notée hL.
La perte de charge systématique se rapporte donc à l’action de la vitesse absolue C
de l’écoulement et à la longueur L de la conduite.
Elle est inversement proportionnelle au double diamètre D ; le facteur de
proportionnalité étant appelé coefficient de perte de charge linéaire, noté  :

hL=  (j/kg) (5.10)

Si le fluide considéré possède une masse volumique  (kg/m3), il y a lieu d’écrire


que :

hL=  .  (N/m2) (5.11)

Ce qui peut être aussi exprimé en m de hauteur de fluide :



 (m) (5.12)
48

Par ailleurs, la perte de charge répartie peut être également exprimé par m de
longueur de conduite ; en écrivant que :

 (j/kg.m) (5.13)
 
  (N/m3) (5.14)


 (m/m) (5.15)

En pratique,  dépend fortement de la valeur que prend le nombre de Reynolds,


ainsi que de la rugosité de la conduite.

a) Pour un écoulement laminaire, est donné par la droite de Poiseuille :


 (5.16)
b) Pour un écoulement turbulent lisse défini par la plage 2.103Re 4.105, est
donné par la droite de Blasius :
 (5.17)
c) Pour un écoulement turbulentrugueux, décrit par Re 4.105,  ne dépend plus
du nombre de Reynolds et se calcule au moyen de la relation :

 √ (5.18)

5.5.2. Pertes de charge localisées


Par définition, les pertes de charge localisées ou singulières sont des pertes d’énergie
créées par la traversée d’un fluide visqueux au niveau des obstacles ou singularités du
circuit ; à l’instar des coudes, raccords, vannes, robinets, joints, branchements,
élargissement ou rétrécissement brusques des sections,…
Car placés le long d’une conduite, ces obstacles perturbent les paramètres qui
accompagnent les meilleures conditions d’écoulement, à savoir : la vitesse, l’accélération,
le débit fluide…
Les différentes expressions qui permettent d’évaluer toute perte de charge
singulière sont les suivantes :

 (m) (5.19)

  (N/ m2) (5.20)


49

 (j/Kg) (5.21)

Dans ces trois dernières expressions, K est appelé coefficient de perte de charge
singulière. Sa valeur dépend justement de la nature de la singularité.
5.5.3. Pertes de charge totales
Les pertes de charge totales sur un circuit donné valent la somme algébrique de
toutes les pertes de charge linéaires et singulières :
 ∑  ∑  (5.22)
En résumé : dans le cas de l’écoulement du fluide réel, il faudrait appliquer la
loi de Théorème de Bernoulli généralisé

Lors d'un écoulement d'un fluide réel entre les points (1) et (2) il peut y avoir des
échanges d'énergie entre ce fluide et le milieu extérieur :
o par travail à travers une machine, pompe ou turbine ; la puissance échangée
étant P (voir Théorème de Bernoulli )
o par pertes de charge dues aux frottements du fluide sur les parois ou les accidents
de parcours ; la différence de pression étant p

Le théorème de Bernoulli s'écrit alors sous la forme générale :

Avec :

P : somme des puissances échangées entre le fluide et le milieu extérieur, à travers


une machine, entre (1) et (2) :

P >0 si le fluide reçoit de l'énergie de la machine (pompe),

P <0 si le fluide fournit de l'énergie à la machine (turbine),

P = 0 s'il n'y a pas de machine entre (1) et (2).

p : somme des pertes de charge entre (1) et (2) :


50

Chapitre 6 : CALCULS DES ECOULEMENTS PERMANENTS DANS LES


CONDUITES

But :

 maitriser toutes les techniques de calcul des écoulements permanents


dans les conduites ;
 être capable d’estimer le cout d’une conduite et la dépense d’énergie,
composantes essentielles d’un projet de distribution de fluides.
6.1 CONDUITES SIMPLES DE GRANDE LONGUEUR

Par hypothèse, on considère le cas des écoulements permanents dans les conduites
cylindriques de diamètre constant D (section S), de grande longueur L et de rugosité de
paroi uniforme.
De manière générale, pour une conduite longue, les pertes de
charge linéaires sont généralement prépondérantes devant les pertes de charge
singulières, donc que l’on peut négliger dans les calculs.

6.1.1 Relations, données, inconnues

Les grandeurs caractéristiques intervenant dans le calcul d’un


écoulement dans une canalisation simple, longue et qui permettent de définir cet
écoulement sont :
 Le débit d’écoulement Q
 La vitesse moyenne de débit C
 La perte de charge unitaire
 Le diamètre de la canalisation D
 La nature de la paroi de la conduite (rugosité ε)
 La nature du fluide supposé incompressible (viscosité μ, masse volumique ρ)
Pour le calcul des écoulements, on dispose des équations suivantes :

Q= .C

= =

J= =

Λ = λ( , )
51

En pratique, on dispose toujours d’un certain nombre de données selon le type de


problème. Le calcul doit alors permettre de déterminer les grandeurs inconnues. Il va de
soi que les quatre relations ne permettent pas d’expliciter les valeurs de 6 grandeurs
caractéristiques de l’écoulement. La résolution du problème est cependant possible
pour les différents cas que pose la pratique.
6.1.2 Classification des problèmes pratiques et principe général de résolution

6.1.3 Problème du type A


Données : Q, D (C déterminé), nature de la conduite et du fluide
Inconnue : perte de charge unitaire J
Il s’agit de déterminer l’énergie à fournir un fluide donné (égale à l’énergie dissipée sous
forme de pertes de charge) pour faire circuler un débit Q donné dans une conduite
donnée.
Principe général de résolution :

C= λ=λ( ,

6.1.2.2Problème du type B

 Données : J, D, nature de la conduite


 Inconnue : Q et C
Il s’agit de déterminer le débit évacué par une conduite donnée, les cotes
piézométriques des sections du départ et d’arrivée étant imposées (cas d’une
conduite relevant deux réservoirs à niveau constant). Le débit d’écoulement
(donc la vitesse moyenne de débit) sera tel que la différence d’altitude
piézométrique des sections extrêmes soit égale à la perte de charge linéaire
provoquée par cet écoulement dans la conduite ainsi que le montre l’application
du théorème de Bernoulli.

Principe de résolution
Il est nécessaire de procéder par approximations successives, car le problème
comporte deux inconnues qui ne peuvent être obtenues directement.
On considère une valeur du coefficient de perte de charge (donnée à priori ) ;
cette valeur pouvant être obtenue par l’une des formules empiriques (
généralement la formule de Darcy ). Très souvent on considère à priori λ=0.04. Il
52

en résulte une valeur de la vitesse d’écoulement ainsi que le nombre de


Reynolds correspondant :

=√ et = qui permet de déterminer une valeur λ plus exacte d’après

λ = λ( , Re)

... et ainsi de suite jusqu’à l’obtention d’une coïncidence précise entre deux valeurs
successives de .
Le schéma de la résolution est donc le suivant :

Λo Co

Λ1
6.2.3 Problème du type C

 Données : J, C, et nature de la conduite et du fluide


 Inconnues : D et Q
Il s’agit de déterminer le diamètre d’une conduite de nature donnée capable de
véhiculer un fluide donné, les cotes piézométriques de départ et d’arrivée étant
imposées sans que la vitesse moyenne n’excède une valeur déterminée. Cette valeur
maximale de la vitesse est en pratique imposée par des considérations économiques et
par des considérations hydrauliques résultant du calcul des surpressions lors des
écoulements transitoires dans les canalisations.
Principe de résolution

Il est à nouveau nécessaire de procéder par des approximations successives.


On considère à priori une valeur du coefficient de pertes de charge linéaires qui
permet de déterminer une valeur approximative , du diamètre de la canalisation :

Il en résulte une valeur et une valeur exacte λ1 du coefficient de perte de charge


qui permet de déterminer une valeur plus exacte D1 du diamètre de la canalisation ….
Et ainsi de suite jusqu’à l’obtention de deux valeurs successives du diamètre très voisine.
Le schéma de la résolution est le suivant :

Λo
53

Si D= Q
6.3 CONDUITES COMPOSEES

Définition : On appelle conduite composée, une conduite composant un ou plusieurs


tronçons relativement courts de diamètres constants.
Généralement dans le cas des conduites composées, les pertes de charge singulières ne
sont pas négligeables devant les pertes de charge linéaires et il est dès lors nécessaire
d’en tenir compte dans le calcul des écoulements.
6.3.1 Courbe caractéristique d’une conduite composée

Le calcul des écoulements en conduite composée fait appel à la notion de courbe


caractéristique qui représente les variations de la perte de charge totale en fonction du
débit dans la conduite :

H= +

Relation du type parabolique de la forme générale :

A étant une constante caractéristique de la conduite composée si les différentes valeurs


de K peuvent être considérées constantes, en d’autres termes si l’on considère un
écoulement rugueux à un nombre de Reynolds élevé.
6.3.2 Méthode de calcul par l’utilisation des caractéristiques

On considère une conduite composée d’un seul tronçon de diamètre D (pour la clarté de
l’exposé). La résolution d’un problème d’écoulement en conduite composée peut
s’effectuer graphiquement à partir du réseau des caractéristiques H= H(Q) paramétré
en valeur de D, diamètre de la conduite composée. Les différentes valeurs de la
constante A étant déterminées pour chaque valeur de D considéré.
54

Avec = 2log( ) + 1.14


On vérifie en effet que :

D est déterminé pour Q et H donnés


est déterminé pour D et Q donnés
Q est déterminé pour D et H donnés
Il est clair que cette méthode de résolution graphique s’applique également à une
conduite composée de différents tronçons de diamètres différents, mais dans ce cas, il est
plus intéressant de faire appel à la notion de caractéristique d’un couplage de
conduites.

6.3.3 Couplage des conduites


6.3.3.1 Conduites en série : caractéristique d’une conduite équivalente

Lorsque plusieurs conduites de longueur et de diamètre différents sont placées en série,


le débit transité est le même pour toutes les conduites et la perte de charge totale de
l’ensemble des conduites est la somme de pertes de charge totales de chacune des
conduites.
Par conséquent, la caractéristique résultante est obtenue en sommant, pour un même
débit, les ordonnées correspondantes.
Cette caractéristique est celle d’une conduite équivalente au couplage des conduites en
série.
55

6.3.2.2 Conduites en parallèle

Lorsque plusieurs conduites, issues d’un même nœud de branchement, aboutissent à un


même nœud après avoir emprunté des parcours différents, le débit total transité est la
somme des débits partiels véhiculés par les différentes conduites et la perte de charge est
la même pour toutes les conduites. Par conséquent, la caractéristique résultante est
obtenue en sommant pour une même perte de charge, les abscisses correspondantes. La
caractéristique obtenue est celle d’une conduite équivalente au couplage des conduites
en parallèle.
6.4 RESEAUX MAILLES
Les circuits d’adduction sont souvent constitués par des réseaux maillés comportant des
boucles et des nœuds auxquels aboutissent deux ou plusieurs canalisations. La
constitution de ces réseaux résulte souvent dans la pratique d’interconnections entre
plusieurs systèmes d’adduction nécessités par l’extension d’un réseau.
Le problème posé par ces réseaux consiste à déterminer la répartition des débits dans les
différentes branches du réseau, ainsi que les pertes de charge et par conséquent les
charges disponibles en divers points du réseau.
6.4.1 Principes généraux du calcul des réseaux maillés

Les deux principes suivants constituent la base du calcul des réseaux maillés.
6.4.1.1 Principe d’équilibre des débits

En tout nœud d’un réseau, la somme algébrique des débits entrant et des débits
sortants est nulle en convenant de compter positivement les débits entrants et
négativement les débits sortants.
6.4.1.2 Principe d’équilibre des pertes de charge

Le long d’une boucle quelconque fermée du réseau, la somme algébrique des pertes de
charge est nulle, en convenant d’un sens positif de parcours le long de la maille
considérée et en affectant du signe + les pertes de charge pour les tronçons où
l’écoulement s’effectue dans le même que le sens du parcours choisi et du signe - les
pertes de charge de différents tronçons pours lesquels l’écoulement s’effectue en sens
contraire au sens de parcours choisi.
On ne considère en général que les pertes de charge linéaires
56

Pour la maille AB :

 – – =0 Nœud A
 + – =0 Nœud B
 + + - - =0

6.4.2 Applications aux réseaux maillés simples : méthode des conduites


équivalentes

Soit un réseau partant d’un point unique aboutissant en un point unique, constitué par
plusieurs conduites en parallèle. L’application de deux principes énumérés ci-haut à ce
type de réseau conduit à la méthode dite « des conduites équivalentes «.
Données :

Cette configuration de est très fréquente, car elle résulte soit d’extension, soit de
renforcement d’un réseau existant. La méthode de conduite équivalente consiste à :

 Remplacer chaque conduite de rang i par une conduite fictive de diamètre D


donné et de longueur telle que le débit le débit et la perte de charge
restent inchangées le long de cette conduite de A à B (D est fixé définitivement au
départ )

 Le schéma ci-dessus devient :


 Remplacer ensuite les différentes conduites fictives précédentes par un conduit
unique dit conduite équivalente au réseau de même diamètre et de même longueur L
telle qu’elle conduise le débit total Q et produise entre A et B, la même perte de charge
que chaque conduite.

L, D, Q, r,

A L, r,D B Q
Ces calculs préliminaires permettent ensuite de déterminer les valeurs des débits partiels
dans les différentes boucles du circuit.
57

Schéma de calcul

On considère la perte de charge d’un tronçon quelconque du circuit sous la


forme :

Où = coefficient de résistance à l’écoulement dans le tronçon de conduite, fonction


du diamètre de la conduite.

Les valeurs de étant fournies par l’une des formules empiriques de pertes de charge.
Pour le tronçon fictif de diamètre D ( coefficient de résistance r ).

Il en résulte que :

La longueur de la conduite fictive remplaçant la conduite de rang i est donc égale à :

La perte de charge induite par l’écoulement dans cette conduite fictive s’écrit :

désignant la perte de charge totale entre A et B, identique pour chacun des


tronçons fictifs. Soit L la longueur de la conduite équivalente unique, de diamètre D
(coefficient de résistance r) débitant ∑ sous la même perte de charge
Pour cette conduite équivalente :

Il en résulte = √ valeur du débit partiel dans la conduite de rang i

Avec ∑ puisque ∑
√ √

6.5 DIAMETRE ECONOMIQUE


58

6.5.1 Enoncé du problème

Dans un circuit de distribution de fluides, la canalisation a pour rôle d’amener en un


certain point donné, un certain débit Q d’un fluide sous une pression donnée pour
satisfaire la demande de l’utilisateur. Il va de soi que si la vitesse d’écoulement dans la
canalisation n’est pas imposée, l’ingénieur chargé du projet ( maitre de l’ouvrage ) a, à
priori, le libre choix du diamètre de cette canalisation.
D’une manière générale, pour répondre à la demande de l’utilisateur, il est nécessaire
de fournir au fluide une énergie dissipée dans l’écoulement par frottement. Cette
énergie est fournie par une ou plusieurs stations de pompage implantées dans le circuit.
Pour un débit donné, cette dépense d’énergie est fonction du diamètre de la
canalisation, puisque la perte de charge est de la forme :

(en négligeant les pertes de charge singulières sur la conduite).


Par ailleurs, le cout de la canalisation est fonction de son diamètre et il est clair que plus
le diamètre est grand, plus le cout est élevé. Le cout de la conduite et la dépense
d’énergie constituent deux composantes essentielles de l’économie d’un projet
d’adduction ; ces deux composantes variant en fonction du diamètre de la canalisation
en raison inverse l’un par rapport à l’autre. De cette étude résulte par conséquent la
notion de diamètre économique intervenant dans l’établissement d’un projet de
distribution de fluides.
6.5.2 Etude de la variation du cout d’une canalisation et de la dépense
d’énergie en fonction du diamètre

6.5.2.1 Cout de la canalisation en fonction de son diamètre

On considère une conduite de diamètre intérieur D et d’épaisseur de la paroi e.


L’écoulement étant en charge, il règne dans une pression moyenne p de service.
La conduite doit, bien entendu, pouvoir supporter cette pression. En d’autres termes, la
contrainte dans la paroi doit être au plus égale à la contrainte admissible à la traction
du matériau τ :

= = (Formule dite du tube)

Par conséquent, e, calculé par la valeur maximale de la pression p, en service est


proportionnelle au diamètre. Le poids de la contrainte est égal ;
* + par unité de longueur de conduite,
désignant la masse volumique du matériau de la conduite. Il en résulte que le poids de
59

la conduite est proportionnel au carré du diamètre compte tenu du fait que le prix de
la conduite est très sensiblement proportionnel au carré du diamètre :

6.5.2.1 Cout d’énergie dissipée en fonction du diamètre de la


canalisation
Il est clair que la puissance du groupe de pompage doit être déterminée de telle sorte
que le fluide soit distribué à l’utilisateur avec l’énergie demandée et que par ailleurs les
pertes de charge soient composées par un supplément de puissance p qui apparaît en
définitive comme un manque à gagner :
 Puissance du groupe : P = ρ g Q (H +
 Par conséquent, qui correspond à un cout

6.5.2.2 Notion de cout minimum et de diamètre économique

Il s’agit en fait de déterminer la solution qui déterminera la valeur minimale de la


somme de deux composantes, fonction du diamètre, intervenant dans l’économie du
projet, par conséquent celle qui donnera un cout :

minimum et qui sera financièrement la plus favorable.

La fonction C sera minimale pour

Autrement dit : qui détermine une valeur optimale Do du diamètre de


la canalisation, appelée diamètre économique :

( )

Cette étude bien que schématique (car il apparaît que d’autres composantes de
l’économie du projet sont fonction du diamètre ), permet d’appréhender la notion de
diamètre économique donc de vitesse économique que l’on calcule au moyen des
formules pratiques.
6.5.2.3 Formules pratiques de la détermination du diamètre économique

Des formules pratiques ont été établies pour déterminer le diamètre économique d’une
conduite de refoulement. Pour mémoire, on cite :
 La formule de BRESSE :
60

√ :qui n’est applicable actuellement compte tenu du fait qu’elle a été


établie à partir de conditions économiques qui n’ont plus cours à l’heure actuelle.

(m) ; Q (m /s)

 La formule de VIBRET est plus actuelle. Elle peut d’ailleurs se réactualiser en


fonction des conditions économiques du moment :

( ) ; ; ⁄

Avec :
E : prix de l’énergie électrique variant suivant les heures
F : prix du kg de fonte
N : coefficient de durée journalière de pompage
Les coefficients numériques sont relatifs à un taux d’amortissement des dépenses de 8%
pendant 50 ans. Il y a lieu de les actualiser évidement en fonction de la conjoncture
économique.
Il est clair que cette formule doit être appliquée avec discernement, car elle conduit à
une valeur de diamètre économique correspondant à une époque donnée et pour une
situation économique donnée. Il s’agit par conséqunt de tenir compte également de
l’évolution des conditions d’utilisation du circuit hydraulique. On observe que la notion
de diamètre économique apparaît également dans le calcul des réseaux maillés. Les
formules d’application pratique sont cependant d’utilisation relativement complexe.

Chapitre 7 : ECOULEMENTS A SURFACE LIBRE

7.1 GENERALITES

7.1.1 Définition de l’écoulement à surface libre


En écoulement en charge, la section de l’écoulement est égale à celle de la
conduite et reste constante. Un écoulement est à surface libre s’il existe une «surface
libre « , surface de séparation entre le liquide et l’air, sur laquelle la pression garde une
valeur constante, égala, en général, à la pression atmosphérique. La section de
l’écoulement n’est plus constante, mais dépend du débit. Il s’agit donc des fleuves,
61

rivières, tunnels hydrauliques, égouts … parcourus pars des liquides n’occupa nt pas toute
la section.
Les écoulements sont rarement laminaires. La turbulence se manifeste généralement dès
que = dépasse 2000. Les écoulements peuvent être ici séparés en écoulements
uniformes et en écoulements variés : graduellement ou rapidement variés.
7.1.2 Caractéristiques géométriques

 Section mouillée : section de l’écoulement perpendiculaire à l’axe du canal,


limitée par les parois du canal et la surface libre.

 Périmètre mouillé : contour de la section mouillée à l’exception de la surface


libre : contour le long duquel il y a frottement du liquide sur les parois solides.
 Rayon hydraulique : rapport de la section mouillée au périmètre mouillé =

Exemple : canal rectangulaire

= b.y

= 2y +b

= =

7.1.3 Nombre de FROUDE et régimes d’écoulements

Les écoulements en charge sont caractérisés par le nombre de Reynolds. Les


écoulements à surface libre eux, sont caractérisés par le nombre de Froude, donné par :

F= où C = vitesse moyenne de l’écoulement


H = la longueur caractéristique, en général par le nombre de Froude,


Ce nombre de Froude s’interprète comme :

Avec ρh = énergie cinétique d’une tranche fluide d’épaisseur et de largeur unité, de


hauteur h

ρh = énergie potentielle de la même tranche fluide


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√ = la célérité de propagation des ondes infiniment petites dans un canal de


profondeur h.

 Si F 1 ou C √ : le régime est torrentiel : les ondes se déplacent


moins vite que l’écoulement et ne peuvent donc se propager que vers
l’aval ;
 Si F = 1 ou C =√ : le régime est critique
 Si F ou C √ : le régime est fluvial : les ondes se déplacent
plus vite que l’écoulement et peuvent donc se propager vers l’amont.

7.2 ECOULEMENT UNIFORME


7.2.1 Définition de l’écoulement uniforme
Dans un canal prismatique (de formes des sections et de pente du fond i
constantes le long du canal), l’écoulement est dit uniforme si la profondeur garde une
valeur constante le long du canal. La surface libre est un plan parallèle au fond de
pente i = tg α.
La ligne de charge a aussi la même pente i puisque la vitesse C garde une valeur
constante le long du canal. Un tel écoulement se rencontre dans un canal prismatique
de grande longueur, loin des extrémités.
Dans un tel écoulement, la vitesse est nulle sur les parois du canal, et croit très vite
quand on s’en éloigne. Sa valeur maximale est atteinte un peu au dessous de la
surface libre.
7.2.2 Formules empiriques de perte de charge

Soit = force de frottement par unité de surface ( scission ) en posant

Il vient que : C =√ √

Formule de CHEZY : C = e√ avec e =√



E = le coefficient de Chézy de dimension soit √ ⁄

C =la vitesse moyenne de l’écoulement


E ne dépend que de la nature de la paroi ; e = 40 USI pour les parois rugueuses ; e = 100
USI pour les parois lisses
63

Formule de Bazin : e = où est un coefficient caractéristique de la nature de



la paroi variant de 0.06 pour une paroi lisse à 1.75 une paroi herbeuse ou recouverte des
galets.

Formule de MANNING (STRICKLER) : e = soit C =K avec i =

n ou = K est un coefficient caractéristique de la nature de la paroi, K varie entre 10 (


terrains naturels, végétations ) à 80 ( maçonnerie soignée, béton, pierre de taille ).

Le coefficient de Manning a pour dimensions T
Expression du coefficient de Chézy en fonction de

J= =i = avec = i et =4 soit e = √ . L’écoulement étant


généralement rugueux, ne dépend que de la rugosité de la paroi.
7.2.3 Débitance d’un canal

Dans tous les cas, le débit d’un canal est donné par la formule de Chézy :

Q=eS =K√ avec K = e S √

K est la débitance du canal. Pour un canal de géométrie donnée et de nature de paroi


donnée, K ne dépend que de la profondeur.
7.3 ETUDE DE LA SECTION D’UN CANAL

1. Débit et vitesse moyenne

On fixe le débit Q dont le canal doit être capable d’évacuer, la vitesse moyenne est
déterminée en fonction de la nature des parois : 0.30 m/s C 0.70 m /s pour des
parois non revêtues ; C 1.2 m /s pour des parois revêtues.
2. Profils en travers

Connaissant Q et C, on en déduit l’aire de la section droite S = ; on choisit ensuite la


forme du profil de sections :
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 Pour des canaux de petites, on utilise des écoulements semi circulaires en


béton préfabriqués ou de profils en forme de demi-cercle, de rectangle, de
trapèze, le béton étant coulé sur place.
 Pour des canaux creusés dans le sol, de plus grandes dimensions, le profil est
un trapèze. L’inclinaison θ des berges dépend du terrain :
 Terrains meubles, sable θ =26°
 Terrains fermes sans revêtement θ =33°
 Terrains revêtus de bois ou pierre θ =45°
 Roches stratifiées, maçonnerie en pierres sèches θ =60°
 Roches compactes, maçonnerie liée au ciment, béton θ =90°
Le tirant d’eau n’excède en général pas 3m.

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