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Les risques professionnels présentés


par les hydrocarbures, utilisés de façon
massive dans tous les secteurs, sont de
deux ordres : d'une part le risque pour
les gaz et les liquides volatils d’asphyxie
et d’incendie ou d’explosion, car la
plupart des hydrocarbures sont
inflammables, et d'autre part la toxicité
(par inhalation, ingestion, contact
cutané), qui est variable selon les
produits, parfois élevée, avec risque
cancérogène pour certains d’entre eux.
Les risques professionnels présentés par les
hydrocarbures, utilisés de façon massive dans tous les
secteurs, sont de deux ordres :

- le risque pour les gaz et les liquides volatils


d’asphyxie et d’incendie ou d’explosion, car la plupart
des hydrocarbures sont inflammables,
- la toxicité (par inhalation, ingestion, contact cutané),
qui est variable selon les produits, parfois élevée, avec
risque cancérogène pour certains d’entre eux, parmi
notamment la famille des hydrocarbures aromatiques
polycycliques (HAP) dont le benzène.

Les hydrocarbures sont formés de molécules d’atomes


de carbone et d’hydrogène, certains atomes
d’hydrogène pouvant être substitués pour donner des
dérivés halogénés, nitrés, soufrés... Les hydrocarbures
proviennent essentiellement des très nombreuses
synthèses chimiques réalisées à partir des produits des
gisements des combustibles fossiles (pétrole, gaz
naturel, charbon, bitume) ou apparaissent lors de la
combustion incomplète de matières organiques (gaz
d’échappement, fumées des chaudières, résidus de
combustion du bois et de la houille...).
Ils sont, dans des conditions normales de température
et de pression, solides (paraffine), liquides (essences,
huiles, solvants, etc.) ou gazeux (méthane, butane,
etc.) ou adsorbés sur des particules.
En volume, la grande partie des hydrocarbures sont
des carburants utilisés dans les moteurs thermiques,
les centrales électriques ou dans les installations de
chauffage. Mais les utilisations croissantes des
hydrocarbures issus de la pétrochimie sont
omniprésentes dans les applications des huiles et
graisses, des matières plastiques et du caoutchouc, du
revêtement routier, des gaz propulseurs, etc. et tous les
solvants dans les peintures, les colles, les dégraissants
...
Les multiples risques chimiques, d’asphyxie et
d’incendie ou d’explosion que présentent les
hydrocarbures ont conduit à de nombreuses
réglementations et normes de transport et
d’utilisation, aboutissant à un ensemble complexe de
mesures préventives.
La prévention consiste à :

- limiter l’utilisation des produits les plus nocifs et


favoriser la substitution par d’autres qui le sont moins,
- promouvoir des actions de réduction à la source
d’émission (optimisation des procédés d’application
par exemple),
- capter les vapeurs d’hydrocarbures le plus en amont
possible et au mieux aspirer les vapeurs à leur source
d’émission,
- utiliser des machines fermées étanches,
- ventiler les lieux de travail,
- respecter scrupuleusement les règles de stockage et
de transport des hydrocarbures,
- adapter toutes les installations électriques des locaux
à la zone de risque, conformément aux directives
européennes ATEX concernant les atmosphères
explosives,
- porter des vêtements et gants de protection adaptés à
la tâche effectuée et au produit concerné, des
chaussures de protection antidérapantes, et en cas
d’urgence ou pour des travaux exceptionnels de courte
durée, porter un masque de protection respiratoire.

Les moyens de secours et de lutte contre l'incendie


doivent être particulièrement adaptés et régulièrement
contrôlés, avec des plans d'évacuation et des exercices
d’application fréquents.

Les principales caractéristiques des


hydrocarbures
La multitude des hydrocarbures tient au fait que
l’atome de carbone a de très nombreuses possibilités
de se lier à l’atome d’hydrogène en formant des
chaines moléculaires linéaires ou fermées (cycliques) ;
et l’atome de carbone peut non seulement être associé
à des atomes d’hydrogène, mais encore être lié à un
autre atome de carbone formant des composés saturés
(ne contenant que des liaisons simples) ou insaturés
(contenant au moins une double liaison) ; les
combinaisons chimiques possibles se démultiplient
encore avec la capacité d’autres atomes de se
substituer à certains atomes d’hydrogène (chlore,
brome, azote, soufre, iode, fluor).

! La classification des hydrocarbures

• Les hydrocarbures aliphatiques sont des composés


constitués de molécules acycliques à chaîne ouverte,
pouvant présenter une ou plusieurs ramifications avec
des chaînes latérales, saturée ou insaturée, selon la
nature des liaisons carbone-carbone.
- Les alcanes sont des hydrocarbures saturés de
formule générale CnH2n+2 : méthane (CH4) principal
constituant du gaz naturel, et les composés chimiques
surtout obtenus par craquage, distillation et
fractionnement du pétrole brut, l’éthane (C2H6), le
propane (C3H8), le butane (C4H10), le pentane,
hexane, heptane, octane etc....
On retrouve principalement les alcanes dans les
carburants (kérosène, essence, gazole, ...).
- Les alcènes sont des hydrocarbures insaturés ayant
une ou plusieurs doubles liaisons carbone, de formule
générale CnH2n, le représentant principal étant
l’éthylène (C2H4).
- Les alcynes sont des hydrocarbures insaturés
acycliques comportant une triple liaison carbone, de
formule CnH2n-2, dont le principal représentant est
l’acétylène (C2H2).
A chaque hydrocarbure aliphatique, il peut
correspondre un hydrocarbure alicyclique (les cyclanes
comme le cyclohexane, le cyclopropane,... les cyclènes
et les cyclynes...).
Les hydrocarbures aliphatiques à petite molécule sont
gazeux à la température ambiante (de C1 à C4). Pour
des masses moléculaires plus élevée (de C5 à C16), les
hydrocarbures deviennent liquides, volatils du pentane
à l’octane, plus visqueux du nonane à l’hexadécane
puis solides à la température ambiante (paraffines au-
delà de C16).
Lorsqu’il y a substitution d’un ou plusieurs atomes
d’hydrogène du squelette carboné par un halogène
(chlore, fluor, brome ou iode), on obtient des
hydrocarbures aliphatiques halogénés, ou des dérivés
nitrés avec substitution par un atome d’azote :
- chlorés, saturés (chlorure de méthyle,
dichlorométhane...) ou insaturés (trichloréthylène,
perchloréthylène...) qui sont majoritairement utilisés
dans les solvants organiques.
- bromés, iodés, fluorés (bromure d’éthylène, fréons...)
- nitrés (nitrométhane, nitroéthane, nitropropane...)

• Les hydrocarbures aromatiques sont des composés


chimiques qui contiennent un système cyclique
composé d’un noyau benzénique très stable formant
un hexagone régulier (le benzène de formule C6 H6, le
toluène, le xylène, l’éthylbenzène, le propylbenzène, le
butylbenzène,..) et une ou plusieurs chaînes latérales.
Les hydrocarbures aromatiques polycycliques HAP
sont composés de 4 à 7 cycles (naphtalène,
benzopyrène, benzoanthracène, ...) : ils sont très
nombreux (plus d’une centaine) et se présentent
généralement sous forme de mélanges plus ou moins
complexes.
Le bitume et surtout le goudron contiennent des
hydrocarbures aromatiques polycycliques. Les HAP
sont souvent le résultat de la combustion incomplète
de matières organiques.
Les hydrocarbures aromatiques peuvent être chlorés
(chlorobenzène), bromés (bromobenzène), nitrés
(nitrobenzène) ou soufrés (thiophènes).

Remarques :
1) Si on opère une substitution d’une liaison carbone-
hydrogène par une liaison carbone-oxygène ou d’un
groupement OH, on obtient des alcools (méthanol
CH3OH, éthanol CH3CH2OH), des éthers et des
esters, des cétones aliphatiques ou cycliques
(acétone...) qui sont des antiseptiques, désinfectants,
conservateurs et des solvants très utilisés.
2) Les dérivés aminés des hydrocarbures sont des
composés azotés par remplacement d'un ou plusieurs
atomes d'hydrogène par des groupes NH (exemple : la
méthylamine CH3NH2). Il y a un grand nombre de
produits aminés utilisés comme solvants, catalyseurs,
durcisseurs pour les colles...

! La composition des carburants

Les carburants sont des mélanges de plusieurs dizaines


d'hydrocarbures : alcanes, alcènes, aromatiques :
• L’essence renferme surtout des alcanes légers en
carbone de C5 à C10 (naphta), avec l’octane C8H18
comme hydrocarbure moyen.
L'essence renferme aussi 1% environ de benzène, du
toluène, xylène...
• Le kérosène (de C10 à C13), est l’hydrocarbure des
carburéacteurs,
• Le gazole contient surtout des hydrocarbures lourds
en carbone (de C13 à C20),
• Le white spirit est un mélange complexe qui n'a pas
de composition standard : il renferme entre 80% à
85% d'alcanes aliphatiques et cycliques
(essentiellement en C10, C11, C12) et entre 15% à 20%
d'hydrocarbures aromatiques.

! Les propriétés des hydrocarbures

• L’oxydation et l’inflammabilité
L’action de l’oxygène sur les hydrocarbures dans
certaines conditions de température et de pression
détruit leurs molécules en formant du gaz carbonique
et de l’eau et en libérant une grande quantité de
chaleur, donc de l’énergie : soit sous forme volontaire
et contrôlée pour les besoins des moteurs thermiques
ou de chauffage, soit sous forme accidentelle en
générant des incendies et explosions.
Les hydrocarbures sont inflammables pour la plupart
(à l’exception par exemple d’hydrocarbures chlorés tels
que le trichloroéthane, chlorure de méthylène,
perchloréthylène, trichloréthylène) : les hydrocarbures
gazeux et les vapeurs d’hydrocarbures émis par les
hydrocarbures liquides peuvent aussi former avec l’air
des mélanges explosifs, d’autant plus qu’ils ont
tendance à accumuler les charges électrostatiques.
Les étincelles dues à l'électricité statique (par exemple
lors du transvasement de liquides peu conducteurs :
hexane, toluène, xylène) peuvent suffire pour
permettre l’inflammation.
La plupart des hydrocarbures liquides dégagent à leur
surface, avant même d'avoir atteint leur température
d'ébullition, des vapeurs combustibles qui
s'enflamment et/ou explosent au contact d'une source
de chaleur importante (étincelle, flamme, surface
brulante...) au-delà d'une certaine concentration. Ils
émettent continuellement des vapeurs jusqu’à
saturation de l’atmosphère dans laquelle ils
s’évaporent, et de ce fait une enceinte fermée
(bonbonnes, citernes, réservoirs...) contenant des
hydrocarbures peut être soumise à des pressions
internes augmentant fortement avec la température.
Les risques d'incendie et d'explosion dépendent des
caractéristiques physico-chimiques de chaque
hydrocarbure, identifiées notamment par les critères
suivants :
- La température d'auto-inflammation est la
température minimale pour laquelle il y a une
inflammation spontanée au contact d'une surface, ou
partie de surface portée à une température, sans
nécessité de la présence d’une flamme.
- Le point d’éclair est la température minimale à
laquelle le produit émet suffisamment de vapeurs pour
former, avec l’air ambiant, un mélange gazeux qui
s’enflamme momentanément sous l’effet d’une source
d’ignition (flamme), mais pas suffisamment pour que
la combustion s'auto-entretienne.

Un hydrocarbure qui a un point éclair :


• inférieur à 0°C est " extrêmement inflammable "
(exemples : essence, benzène),
• compris entre 0°C et 21°C est " très inflammable "
(exemple : toluène),
• compris entre 21°C et 55°C est " facilement
inflammable " (exemple : gazole).
• compris entre 55°C et 100°C est " inflammable ".
- La température d’inflammabilité est la température
minimale pour maintenir une inflammation
(généralement 2 à 3°C au-dessus du point d'éclair). Les
hydrocarbures ayant donc un point d’éclair bien
inférieur à la température ambiante, en présence d’une
flamme nue, d’une étincelle ou d’une source de chaleur
importante, s’enflamment instantanément et
durablement.
- La limite d’explosivité est une zone de concentration
située entre deux limites de concentration en gaz ou
vapeurs mélangée à l’air, en deçà (pas assez de
combustible) et au delà (pas assez de comburant)
desquelles une flamme n’est plus en mesure de se
propager par elle-même.

• Les résidus de la combustion


Les mélanges d’hydrocarbures inflammables ne se
décomposent pas uniquement en gaz carbonique et en
eau sous l’effet de la combustion, parce que celle-ci est
le plus souvent incomplète et parce que les
hydrocarbures contiennent d’autres molécules (soufre,
azote, chlore....) qui induisent la formation d’autres
produits chimiques que ceux d’origine (HAP, oxydes
de soufre et d’azote, composés cyanurés, des gaz
toxiques tels que le chlore, l’acide chlorhydrique
gazeux...). Les HAP sont généralement associés à des
particules en suspension, en particulier celles des gaz
d’échappement des moteurs Diesel et des suies de
charbon de houille ou de bois, auxquelles l’homme est
susceptible d’être exposé dans l’air, l’eau, les sols et les
aliments pollués, et au sein du réseau d'assainissement
(égouts et stations d’épuration), particulièrement lors
des orages.

• La densité
Presque tous les hydrocarbures liquides sont plus
légers que l’eau et, pour ceux qui sont peu miscibles, ils
forment des pellicules huileuses irisées sur les cours
d’eau ou sur la surface de la mer dans lesquels ils sont
déversés suite à un lessivage des surfaces
imperméables (routes, parkings, aires industrielles...)
ou suite à un rejet ou déversement accidentel,
notamment par les navires et embarcations à moteur.
Mais, compte tenu de la volatilité des hydrocarbures et
donc de leur dispersion progressive dans l’atmosphère,
la plus grande partie se perd par évaporation, ce qui
n’est pas le cas pour les eaux souterraines.
À l’exception du méthane et de l’acétylène qui sont
plus légers que l’air, de l’éthane et de l’éthylène qui ont
une densité voisine de l’air, les autres vapeurs
d’hydrocarbures sont plus lourdes que l’air. Aussi, elles
s’accumulent dans les parties basses et circulent ainsi
près du sol, et peuvent former avec l'air des mélanges
explosifs en présence d'une étincelle provoquée par
une prise électrique défectueuse ou un court-circuit et
à y séjourner faute de ventilation suffisante (par
exemple dans les fosses de visite, les caves et sous-sols,
les caniveaux).

• La miscibilité
La plupart des hydrocarbures sont insolubles ou très
peu solubles dans l’eau, mais miscibles dans la plupart
des huiles et graisses minérales, végétales, dans les
tissus animaux ou humains gras, ce qui augmente leur
toxicité biologique (par liposolubilité).

Les situations professionnelles à risque


Depuis leur lieu de production à leur lieu de
consommation, les hydrocarbures font l’objet de
traitements chimiques, de stockage, de transports et
d’utilisation, ou à chaque stade, surviennent de graves
risques chimiques et d’incendie/explosion pour les
travailleurs qui les manipulent et les mettent en
œuvre.
• Les lieux de production d’hydrocarbures
Ce sont essentiellement les lieux d’extraction du
pétrole, les raffineries et usines pétrochimiques et de
conditionnement des produits.
• Les lieux de stockage d’hydrocarbures
Ce sont essentiellement les installations de
chargements et déchargements des navires, des
wagons et des citernes routières, les stations de
pompage et les dépôts d’hydrocarbures, les réservoirs
des usines, chaufferies, centrales électriques, cuves des
stations-service et magasins des ateliers utilisant des
solvants.
• Les transports d’hydrocarbures
Les hydrocarbures sont transportés par des camions
ou wagons-citernes, par des navires pétroliers ou
méthaniers, par des oléoducs ou gazoducs, chacun de
ces moyens de transport recélant des risques de fuites
et d’accidents.
• Les utilisations des hydrocarbures
On utilise les hydrocarbures :
- directement par combustion, pour toutes les activités,
sous forme :

• liquide : carburants (essence, gazole, kérosène) pour


le transport automobile, ferré, naval, aérien,
combustibles (fuel) pour le chauffage, la production de
vapeur à destination de la production électrique,
l’incinération des déchets, ...
Les hydrocarbures aliphatiques avec les cyclanes
constituent une grande partie de l’essence, avec une
présence d’hydrocarbures aromatiques benzéniques.
• ou gazeuse (propane et butane principalement), pour
le transport (GPL) et le chauffage ou la production de
vapeur,
• ou solide (charbon de houille) dans les cokeries,
hauts-fourneaux, le chauffage ou la production de
vapeur, la fabrication d’électrodes...

- ou pour leurs propriétés chimiques intrinsèques,


notamment :

• dans la plupart des solvants, qui sont des produits


capables de dissoudre, diluer ou extraire d’autres
substances sans en provoquer de modifications
chimiques et sans eux-mêmes se modifier,
• ou les revêtements bitumineux routiers ou du
bâtiment (toiture, murs ...) pour leurs propriétés
d’étanchéité,
• ou les huiles des moteurs, de coupe, les graisses, les
lubrifiants pour glissières, pour câbles métalliques......
pour leurs propriétés de viscosité.

Il existe plusieurs milliers de solvants organiques, dont


une centaine est d’usage courant et auxquels de très
nombreux travailleurs sont donc exposés (environ 10
% de la population active).
Les secteurs professionnels concernés par les solvants
organiques, au stade de la production ou de leur
utilisation, sont très nombreux : peintures, vernis,
résines, colles, encres, parfums, dégraissants des
métaux et textiles, propulseurs de nombreux aérosols,
produits pharmaceutiques, cosmétiques, pesticides,
traitements des bois et toutes les industries du cuir,
des plastiques et du caoutchouc (noir de carbone)...

Parmi quelques professions particulièrement


concernées, on peut citer les mécaniciens automobiles,
pompistes, citernistes, épandeurs de bitume,
chauffeurs routiers, peintres, opérateurs de coulée
dans les aciéries et les fonderies, travailleurs des
raffineries et dépôts pétroliers, plasturgistes et
travailleurs du caoutchouc et du cuir, menuisiers et
ébénistes, employés des pressings, agents
d’assainissement et de traitement des eaux usées,
etc....

Les principaux risques professionnels


des hydrocarbures
! Les risques d’asphyxie

Les vapeurs d’hydrocarbures peuvent d’abord


provoquer l’anoxie ou l’asphyxie par manque
d’oxygène, avec des malaises pouvant être mortels : ces
situations se rencontrent avec les hydrocarbures
gazeux ou vapeurs de liquides hautement volatils en
fortes concentrations (essences, solvants), émis par
une fuite dans une conduite ou un réservoir, ou
répandus au sol par rupture du contenant ou
déversement accidentel, dans des lieux confinés, mal
ventilés (caves, galeries souterraines...), en produisant
une atmosphère asphyxiante qui peut induire de
sérieuses conséquences respiratoires, pouvant aller
jusqu’au coma.
Les premiers représentants de la série des alcanes, le
méthane, l’éthane et le propane, sont de simples
asphyxiants qui ne provoquent pas d’autres effets sur
l’organisme que la privation d’oxygène : ces gaz
peuvent être tolérés à de faibles concentrations dans
l’air inspiré sans manifestation toxique.

! Les risques de toxicité chimique des


hydrocarbures

Du fait de leur volatilité et de leurs sources d’émission


très nombreuses dans l’industrie, le bâtiment et les
transports, des vapeurs d’hydrocarbures se retrouvent
en concentration plus ou moins élevée à de nombreux
postes de travail, induisant une exposition respiratoire
et parfois cutanée à de très nombreux travailleurs.
Lors de l'inhalation de vapeurs d’hydrocarbures
(particulièrement les solvants), celles-ci pénètrent
dans les poumons, traversent le tissu lipo-cutané et,
par voie sanguine, se diffusent dans le corps entier et
passent dans le sang, puis dans le cœur et le cerveau,
avec des actions potentielles sur la moelle osseuse, et le
système nerveux central.
Enfin, certains hydrocarbures ou leurs dérivés sont
mutagènes et cancérigènes : l'exposition à ceux-ci est
tout particulièrement dangereuse chez la femme
enceinte car ils peuvent entraîner des malformations
congénitales ou perturber la grossesse et le
développement du fœtus (risque tératogène et
d’intoxication fœtale) en franchissant la barrière
placentaire.
Les vapeurs d’hydrocarbures affectent des organes
cibles divers : irritations des yeux et de la gorge, des
organes respiratoires (asthme...), troubles cardiaques,
digestifs (nausées...), du système nerveux, maux de
tête, ...
Les vapeurs agissent principalement par inhalation,
mais les hydrocarbures liquides peuvent aussi détruire
le film lipidique protecteur cutané et sont donc des
irritants pour la peau avec un pouvoir nocif variable
selon les compositions chimiques. La gravité de
l’exposition aux risques d’émanations toxiques des
hydrocarbures dépend :
- de la toxicité intrinsèque de la molécule chimique
concernée, tendant à augmenter avec la grosseur de la
molécule,
- de la volatilité de la molécule, les composés les plus
légers et donc les plus volatils de chaque classe sont
ainsi les plus toxiques de ce point de vue,
- de la concentration, de la fréquence et de la durée
d’exposition,
- de la voie d’exposition (respiratoire, cutanée,
oculaire, digestive),
- des combinaisons entre les produits,
- de la sensibilité individuelle (notamment aux
allergènes).
On distingue les effets aigus (dus à des concentrations
élevées) et chroniques (dus à de faibles concentrations,
mais à des expositions répétées). Les effets aigus
s’observent lors de fuites ou de déversements
importants, suite à des rejets accidentels massifs.
Les informations relatives à la toxicité de chaque
hydrocarbure font partie des indications répertoriées
dans la fiche de données de sécurité (FDS),
obligatoirement fournie par le fabricant du produit et
figurant sur les étiquettes des emballages sous forme
de symboles et d’informations écrites (phrases de
risque R et conseils de prudence S).

• Toxicité des hydrocarbures aliphatiques


Les hydrocarbures aliphatiques ont une toxicité
généralement modérée, avec des effets communs : leur
inhalation répétée ou prolongée conduit à des
manifestations telles que maux de tête, vertiges. A
fortes concentrations, ils entraînent aussi des troubles
du système nerveux et du système digestif. Plus
précisément, les vapeurs des alcanes liquides
supérieurs au propane agissent sur le système nerveux
central (céphalées, nausées, somnolence), sont
légèrement irritantes pour les muqueuses pulmonaires
et des irritants cutanés (dermatites pour des contacts
avec la peau répétés et prolongés). L’hexane, que l’on
trouve dans des colles, l’essence, les nettoyants de
freins, a une neurotoxicité plus affirmée, mais l’hexane
a été souvent remplacé par de l’heptane.

• Toxicité des hydrocarbures aromatiques


Les hydrocarbures aromatiques (benzène, toluène,
xylène, styrène, etc.) sont potentiellement plus
dangereux pour la santé que les hydrocarbures
aliphatiques (essence, gazole, ...). Les fumées et
vapeurs d’hydrocarbures aromatiques peuvent
provoquer :
- des troubles neurologiques (céphalées, vertiges,
agitation, irritabilité, somnolence, convulsions,
ébriété),
- des affections gastro-intestinales accompagnées de
vomissements à répétition,
- des anémies dues à la toxicité pour les cellules
sanguines et la moelle osseuse (benzolisme),
- des affections des voies respiratoires supérieures et
inférieures : manifestations aiguës comme les
irritations pulmonaires et laryngo-pharyngées, ou
manifestations respiratoires chroniques (bronchites,
emphysème).
- des irritations oculaires (conjonctivites) et cutanées.
- ototoxicité, en particulier pour le toluène, le xylène et
le styrène
Le benzène dans l’essence, et le benzopyrène (faisant
partie des hydrocarbures aromatiques polycycliques
HAP) dans le goudron, les poussières de suies de
carbone (ramonage des cheminées), la fumée des
cigarettes, sont des composés cancérigènes. Les
hydrocarbures aromatiques polycycliques HAP
pénètrent dans l’organisme par voie transcutanée et
par voie respiratoire, voire suite à l’ingestion de
particules polluées. Si la toxicité de l’ensemble des
HAP n’est pas connue, plusieurs d’entre eux sont
classés cancérogène probable ou possible et sont
susceptibles de provoquer des cancers du poumon et
des cancers de la vessie qui peuvent se déclarer très
longtemps après l'exposition.

L’exposition concomitante à l'extérieur aux fumées de


bitume ou de goudron et aux ultraviolets, de même que
la projection sur la peau de certains bitumes et
goudrons plus riches en hydrocarbures aromatiques
polycycliques, peuvent être à l'origine de brûlures
cutanées photo-toxiques, qui pourraient être à l'origine
d'une cancérisation des zones brûlées.
Le benzopyrène est souvent utilisé pour exprimer
l’exposition globale aux HAP dans l’air car il se
retrouve habituellement majoritairement adsorbé à
des particules aéroportées (d’où le danger du
tabagisme passif en particulier).

• Toxicité des hydrocarbures chlorés


En plus des effets dépresseurs du système nerveux
central communs à de nombreux hydrocarbures, les
hydrocarbures chlorés présentent d’autres nocivités
dont les organes cibles sont le foie, le rein, le cœur
pour certains :
Quelques exemples :
- Le perchloréthylène (ou tétrachloréthylène), qui est
le solvant le plus souvent utilisé dans les pressings
pour nettoyer les vêtements, a un effet cancérogène
suspecté et ce solvant chloré provoque des problèmes
respiratoires en cas d’inhalation répétée.
- Le trichloréthylène et le dichlorométhane (ou
chlorure de méthylène CH2Cl2), d’usage courant pour
le dégraissage des pièces métalliques et le décapage
des peintures et l'extraction des matières grasses, ont
une toxicité sur le système nerveux central et le cœur,
sont toxiques pour le système nerveux (narcose brutale
et intense pour une forte exposition) et irritants
cutanés et respiratoires et sont cancérogène possible
pour le premier et probable pour le second.
- Le tétrachlorométhane (ou tétrachlorure de carbone
CCl4) est de plus hépato- et néphrotoxique. Le
trichlorométhane (ou chloroforme CHCl3) a des
capacités narcotiques puissantes.

• Toxicité des huiles minérales


Les huiles de vidange, les graisses contiennent aussi
des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et
peuvent être responsables d'irritations ou d'allergie de
la peau, et sont aussi cancérigènes probables pour
certains d’entre eux (benzopyrène). Les contacts
cutanés avec ces huiles sont susceptibles de provoquer
des dermatoses, des eczémas, des irritations cutanées
se traduisant par des rougeurs (sur le dos des mains et
entre les doigts), des démangeaisons (prurit), des
fissures, desquamations et des crevasses et le contact
répété peut donner une acné professionnelle (les «
boutons d'huile »).
Les huiles de pleine coupe (ou entières) pour l’usinage
des métaux peuvent elles-aussi contenir des
hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP)
cancérigènes par contact cutané, et sont susceptibles
de provoquer des dermites et dermatoses.
Les huiles de décoffrage utilisées par les maçons
peuvent provoquer une folliculite acnéiforme (ou
élaïoconiose).

Parmi les maladies professionnelles reconnues dues


aux hydrocarbures, figurent, de façon non exhaustive,
celles répertoriées sur les tableaux suivants :

- Tableau n° 4 : Hémopathies provoquées par le


benzène
- Tableau n° 4 bis : Affections gastro-intestinales
provoquées par le benzène, le toluène et les xylènes
- Tableau n° 9 : Affections provoquées par les dérivés
halogénés des hydrocarbures aromatiques
- Tableau n° 12 : Affections professionnelles
provoquées par les dérivés halogénés des
hydrocarbures aliphatiques
- Tableau n° 13 : Intoxications professionnelles par les
dérivés nitrés et chloronitrés des hydrocarbures
benzéniques.
- Tableau n° 84 : Affections engendrées par les
solvants organiques liquides à usage professionnel
hydrocarbures liquides aliphatiques, alicycliques,
hétérocycliques et aromatiques, et leurs mélanges
(white spirit, essences spéciales).

La maladie professionnelle est reconnue si il y a une


conséquence directe de l'exposition plus ou moins
prolongée et/ou répétée d'un travailleur au risque
chimique causé par l’exposition aux hydrocarbures et
ouvre droit à une réparation intégrale du préjudice
subit pendant l’arrêt de travail (indemnisation et
gratuité des soins) et au-delà s’il y a des séquelles
(capital ou rente d’incapacité).

• Les risques d’explosion et d’incendie


L'atmosphère explosible n'est pas uniquement
l'apanage des mines et des industries chimiques et
pétrolières dans lesquelles se sont produites des
catastrophes de grande amplitude aux effets
dévastateurs : l'utilisation de gaz ou d’hydrocarbures
fluides à des températures voisines de leur
température d’inflammation peut rendre chaque usine,
chaque atelier, chaque transport d’hydrocarbures
dangereux. Les principales conséquences dangereuses
consécutives à l’explosion ou à l’incendie sont les
traumatismes liés au blast, et les brûlures.

• traumatisme acoustique aigu : rupture tympanique et


éventuellement lésions des os (blast), souvent
réversible, sauf si l’intensité du bruit a détruit des
cellules de la cochlée.

• Brulures cutanées, de degré variable mais souvent


sévères avec les feux d’hydrocarbures.
Une atmosphère est dite explosive lorsque les
conditions sont réunies pour produire son explosion :
mélange avec l'air d'une substance inflammable dans
des proportions telles que toute source d'inflammation
d'énergie suffisante (étincelles, arcs électriques...)
produira immanquablement son explosion.
L'atmosphère est dite explosible quand sa composition
habituelle n'est pas explosive mais qu'elle est
susceptible de le devenir par suite de circonstances
prévisibles : incident de fabrication, élévation de la
température ambiante...
Le transport de marchandises dangereuses (TMD) par
route est le mode de transport le plus exposé aux
accidents. Les causes sont diverses : mauvais état du
véhicule, faute de conduite du conducteur ou d'un
tiers, mauvais état des routes, météo défavorable... Les
accidents de transports d’hydrocarbures liquides ou
gazeux peuvent survenir partout, à la différence des
accidents industriels. Les risques diffus engendrés sont
difficiles à appréhender car c'est une activité circulante
donc difficile à identifier, à localiser et à quantifier et il
y a une grande diversité des sources du risque
(défaillance du mode de transport, du confinement,
erreur humaine ...).

• Les risques liés aux chutes


Les risques de chute de plain-pied sur sol glissant
(flaque d'huile, dépôt de graisse,...), inégal ou
encombré, accentués par un éclairage insuffisant, sont
fréquents dans les locaux dans lesquels sont utilisés les
hydrocarbures ou les fuites et déversements sur les
sols arrivent souvent. Il en résulte des contusions et
plaies cutanées, entorses et fractures...

Les mesures de prévention des risques


des hydrocarbures
Les installations utilisant des hydrocarbures doivent
faire l’objet d’une analyse de risques.
Les analyses de risques sont confiées à des spécialistes
de la sécurité au travail (hygiéniste, ingénieur
sécurité). Les rapports d’analyses de risques,
d’intervention et de maintenance seront intégrés à la
documentation de sécurité au travail de l’entreprise
(Document Unique de Sécurité DUS) et
communiquées au médecin du travail et au CHSCT.
Les moyens de secours et de lutte contre l'incendie
(détection incendie et extinction automatique,
matériels fixes et mobiles de lutte, alarmes
d'évacuation optiques et sirènes sonores, fermetures
coupe-feu, installation de désenfumage...) doivent être
particulièrement adaptés et régulièrement contrôlés,
avec des plans d'évacuation et des exercices
d’application fréquents.

Les multiples emplois des hydrocarbures rendent


difficile de donner un panorama détaillé exhaustif des
mesures de prévention pour chaque situation de
travail. Néanmoins, il est possible de préciser les
grandes caractéristiques des mesures à prendre et des
exemples.

! La suppression / substitution des


hydrocarbures les plus dangereux

La prévention la plus efficace est la prévention


primaire avec la mise en place de technologies qui
permettent des actions sur les produits (suppression
ou emploi de produits de substitution de moindre
impact potentiel sur l'homme et l’environnement)
et/ou des actions sur les procédés (emploi de matériels
ou de machines supprimant ou limitant au maximum
les impacts sur l’environnement : très faibles rejets
atmosphériques et volumes de déchets et d’effluents
générés les plus faibles possibles).
La suppression des hydrocarbures les plus toxiques et
leur remplacement par une technologie propre
(nouveaux procédés ou produits) ou leur substitution
par des hydrocarbures beaucoup moins toxiques
apparaissent comme des solutions prioritaires.
De même, pour limiter le risque d’incendie, il convient
de travailler si possible avec des produits dont le point
éclair est supérieur à 40°.
Par exemple,

• pour des applications particulières de nettoyage des


pièces mécaniques, le nettoyage cryogénique, le
dégraissage plasma ou laser permettent de s’affranchir
de produits solvantés chlorés.
• Le benzène doit être substitué dans la plupart de ses
applications par ses homologues supérieurs (toluène
ou xylène),
• Choix des produits additifs et des modes opératoires
les moins dangereux dans les travaux de revêtement
routier : dérivés de l’huile de colza plutôt que d’origine
pétrolière pour les produits de fluxage, enrobés tièdes
ou «à froid » dans certaines situations (en couches de
surface, finitions...),
• Le chlorure de méthylène, solvant utilisé comme
décapant à peinture et vernis, peut être remplacé par
des procédés à chaud sans solvant ou d'autres
procédés chimiques à cause de ses effets nocifs,
• Le CO2 supercritique sert de solvant pour des
extractions de composés aromatiques, alcools, esters ...
dans les industries alimentaires et la parfumerie et a
un grand avantage de revenir à pression et
température ambiantes à l’état gazeux sans résidus
toxiques,
• Pour le perchloréthylène largement utilisé dans le
nettoyage à sec des vêtements (pressing), trois
procédés alternatifs sont possibles : le nettoyage aux
hydrocarbures aliphatiques (KWL, ACTREL ...), au
siloxane (un solvant du type silicone), moins toxiques
mais inflammables, le nettoyage à l’eau,
• Pour les peintures et vernis ou encres,
développement de l’usage de produits en phase
aqueuse et produits à haut extrait sec,
• Remplacer les huiles d’usinage de pleine coupe (ou
entières) par des fluides d’usinage aqueux (huile +
eau),
• Les huiles de décoffrage sans solvant doivent être
privilégiées : huiles 100% végétales sans solvant (à
base de soja ou colza) ou huiles minérales de synthèse
sans solvant hydrocarboné,
• Utiliser des nettoyants de freins sans N-hexane,
• Substitution des mastics au brai de houille et autres
produits à base de brai par d’autres produits
synthétiques,
• utiliser les produits les moins volatils et privilégier les
formes en poudre compacte, en granulés,
• etc......

! L’utilisation de machines et équipements


adaptés

• machines fermées avec chambre de travail étanche,


• systèmes d'encoffrement et de captage au plus près
des émissions, de façon à évacuer les aérosols et les
vapeurs,
• fontaines solvant sécurisées avec une aspiration
permettant le captage des vapeurs qui peuvent être
adsorbées sur des charbons actifs,
• des équipements d’arrête-flammes, de soupapes et de
détenteurs permettent de stocker, manipuler le
hydrocarbures explosibles, en réduisant les dangers,

Par exemple,

• les machines des pressings doivent fonctionner en


circuit fermé avec neutralisation des vapeurs de
perchloréthylène par courant d’air chaud, être
équipées de raclage automatique des boues et de
remplissage du perchloréthylène par pompage direct et
disposer d’un filtre, afin d’éviter les rejets lors de
l’ouverture du tambour,
• Les cabines des engins de revêtement routier doivent
être ventilées avec aspiration des fumées de bitume à
la source et commandées à partir de la cabine du débit
de la rampe d’épandage
• Etc....

Le respect des recommandations des constructeurs et


un entretien régulier des machines sont des éléments
essentiels pour limiter les risques accidentels et pour
prévenir des émanations. Ainsi, l’utilisation et
l'entretien des machines doivent être effectués par un
personnel qualifié, spécifiquement formé (respect
scrupuleux des capacités nominale des machines...) :
de nombreux cas de fuites accidentelles peuvent
survenir au niveau de différents équipements, ce qui
entraîne la nécessité d’une maintenance rigoureuse des
machines avec contrôle de l'étanchéité.
Des machines utilisées de manière non conforme ou
mal entretenues et non vérifiées périodiquement
créent un risque chimique supplémentaire. S’il
subsiste des manipulations manuelles inévitables,
celles-ci doivent être effectuées à un poste de travail
muni d’un dispositif d’aspiration des vapeurs à leur
source d’émission.

! Une ventilation des lieux de travail


adéquate

La ventilation et l’aération des lieux de travail jouent


un rôle essentiel pour limiter la concentration de
l'ensemble des hydrocarbures dans l'air ambiant et les
évacuer des lieux de travail, de façon à respecter les
valeurs limites fixées par les réglementations et éviter
ainsi les conséquences sur la santé des travailleurs.

La valeur limite correspond à sa concentration dans


l’atmosphère dans laquelle une personne peut
travailler pendant un temps donné sans risque
d’altération pour sa santé.

La Valeur Limite d’Exposition (VLE) est la


concentration maximum à laquelle un travailleur peut
être exposée au plus pendant 15 mn sans altérations
physiologiques : ce critère a pour but d’éviter les effets
immédiats sur l’organisme.

La Valeur Limite Moyenne d’exposition (VME) est la


limite d’exposition d’un travailleur pour une
exposition régulière de 8h par jour et de 40h par
semaine : ce critère a pour objectif d’éviter les effets à
long terme sur l’organisme.

Ces valeurs limite s'expriment en "ppm" (partie par


million) ou en mg par m3 (par exemple : la VLE du
trichloréthylène est de 200 ppm soit 1080 mg/m3 ; la
VME du trichloréthylène est de 75 ppm soit 405
mg/m3.

La VLE totale s'applique à la somme massique des


hydrocarbures.

Pour effectuer des mesures, les vapeurs présentes dans


l’air sont adsorbées à l’aide d’une cartouche de
charbon actif qui retient les molécules en surface, puis
recueillies et analysées par chromatographie en phase
gazeuse avec double détection par spectrométrie de
masse et ionisation de flamme.

Les mesures et analyses peuvent être faites par


l’employeur ou par un laboratoire agréé et le respect
des valeurs limites doit être vérifié au moins
annuellement. Si la valeur limite d’exposition est
dépassée, cela permet d’imposer un arrêt temporaire
d'activité pour remédier à la situation.

Il existe deux techniques de ventilation : la ventilation


locale par aspiration à la source et la ventilation
générale ou la ventilation par dilution.

• Ventilation locale : on opère par le moyen de hottes


et autres systèmes locaux de déplacement de l’air.
Des systèmes d’extraction de l’air comme des hottes et
des tables aspirantes sont utilisées pour aspirer les
contaminants près de la source d’émanation et filtrer
l’air, ce qui prévient la contamination de l’air ambiant ;
en particulier, c’est le cas des manipulations manuelles
inévitables qui doivent être effectuées à un poste de
travail muni d’un dispositif d’aspiration des vapeurs à
leur source d’émission.

Le matériel doit éviter notamment la formation


d’étincelles. Les hottes ou plafonds filtrants et autres
composants aérauliques comme les ventilateurs, les
conduits entre autres doivent être accessibles et faciles
d’entretien et de nettoyage. En particulier, les réseaux
s’encrassent rapidement avec de filtres hors d’usage,
une évacuation des condensats obstruée...

• Ventilation générale : la ventilation mécanique


générale, extracteur d’air pour l’aspiration des vapeurs
d’hydrocarbures, doit assurer un renouvellement d'air
en permanence afin de limiter les risques pour la
santé, en évitant l’accumulation de vapeurs nocives et
explosives, par extraction et soufflage : l'air est
transporté dans le local par un ventilateur de soufflage
et extrait du local par un ventilateur d'évacuation.
L’extraction de l'air se fait grâce à un système de
collecte par ces ventilateurs et des gaines de diffusion,
réseau de conduits jusqu'aux filtres et aux épurateurs
dans l'installation d'air soufflé qui permettent de
nettoyer l'air, puis de l’évacuer à l'extérieur par rejet
dans l'atmosphère.

• Une installation électrique conforme


L’incendie et/ou l’explosion peuvent provenir des
équipements électriques, et en particulier,
l’équipotentialité et la bonne mise à la terre de toutes
les installations métalliques doivent être contrôlées, les
prises défectueuses remplacées, et il faut éviter toute
accumulation d’électricité statique.
Les étincelles, arcs et échauffements provoqués par les
moteurs et appareillages électriques en
fonctionnement peuvent aussi déclencher la
catastrophe.
Le but principal de l’appareillage électrique pour
atmosphères dangereuses est de prévenir que le
matériel, y compris l’éclairage, soit à l’origine d’un
incendie ou d’une explosion.
Dans le domaine des atmosphères explosives (Atex),
des normes européennes fixent le cadre de travail des
industriels et des installateurs. Depuis juin 2003, tout
nouveau site de type Atex doit être équipé avec du
matériel certifié, avec des enveloppes antidéflagrantes.
Les autres installations doivent, depuis juin 2006,
avoir été mises à niveau.

• Un stockage des hydrocarbures rigoureux


Le stockage des hydrocarbures présente des risques
tels que l’incendie, l’explosion, le risque de chute ou de
renversement d'emballage ... Toutes ces
caractéristiques rendent nécessaire, outre les
précautions lors de leur emploi, transport et
transvasement, l’aménagement de locaux de stockage.
La réduction des risques existants passe par une
réflexion sur la structure du local, sur les modalités de
rangement et sur les incompatibilités entre les
produits. Des procédures de stockage non adaptées
peuvent entraîner une fragilisation des emballages à
l'origine de fuites ou de ruptures accidentelles, de
pollution, de réactions dangereuses ou d'accidents ou
induire une modification ou une dégradation du
produit qui le rend plus dangereux.
Le stockage des bidons de solvants et autres
conteneurs d’hydrocarbures, doit se faire dans un local
ventilé et sur cuvette de rétention, et toujours bien
refermés.
L’interdiction de fumer dans les locaux doit être
absolument respectée et signalée de manière
apparente (de même que toutes les autres consignes de
sécurité).
Il faut stocker les plus faibles quantités de produits
possibles car le risque d'incident ou d'accident croît
avec la durée et le volume de stockage.
Les stockages de volumes importants doivent être
traités selon les règles applicables aux stockages
industriels, en se référant, s'il y a lieu, à la
réglementation des installations classées pour la
protection de l'environnement : les réservoirs doivent
alors posséder un toit ou un écran flottant pour éviter
toute émission à l’atmosphère.
Le sol doit être en matière ininflammable,
imperméable, résistant aux produits chimiques et en
légère pente vers un caniveau d’évacuation relié à une
fosse de récupération.
Les produits chimiques doivent être isolés du sol. Pour
cela, il est possible d’utiliser des caillebotis. Tout
stockage doit être muni d’une cuvette de rétention
ayant la capacité de contenir au moins le contenu du
plus grand réservoir ou la moitié de la totalité des
réservoirs stockés. Il faut prévoir une réserve de
matière absorbante à proximité du local : il existe en
version hydrocarbure des kits de dépollution à
disposer dans des armoires près des zones de stockage.
Le local doit posséder un système d’extinction
incendie, et une douche et un lave-œil de sécurité
doivent être installés à proximité.
Les parois du local doivent être en matériaux
ininflammables.
• Un transport des hydrocarbures respectueux des
consignes et de la réglementation
La réglementation impose que chaque chargement soit
clairement identifié par des plaques orange
réfléchissantes affichant :
• le Code Danger : il permet de connaître les
caractéristiques détaillées de la matière. Pour les
hydrocarbures, la classe 1 désigne les « Matières et
objets explosibles », la classe 2 les « Gaz comprimés,
liquéfiés ou dissous sous pression », la classe 3 les «
Matières liquides inflammables ».
• le Code Matière, permettant de désigner les
caractéristiques physiques de la matière transportée,
numéro à 4 chiffres. Il permet aux services d’incendie
et de secours de connaitre précisément le produit en
cause.
• le Pictogramme représentant le danger principal
présenté par la matière : des panneaux de couleur
orange, disposés à l'avant et à l'arrière du véhicule,
avec le numéro du haut qui est le code de danger, et le
numéro du bas est le code matière.

Au delà des prescriptions techniques de construction


des véhicules et des citernes de transport, il y a un
équipement de sécurité spécialisé obligatoire :
extincteurs, coupe-batterie, cales, matériel de sécurité
et de première intervention (pelle, absorbants
utilisables sur revêtements routiers, tapis et boudins
absorbeurs, lunettes et de gants de protection, sacs
pour déchets).
Deux extincteurs sont obligatoires à bord des engins de
transport d’hydrocarbures.

• La mise en œuvre de détecteurs de gaz inflammables


Tout détecteur de gaz fixe comporte un capteur et un
circuit électronique qui transforme le signal délivré par
l'élément sensible (le capteur) en un signal électrique
utilisable. Ce signal permet de déclencher une alarme,
visuelle et/ou sonore (buzzer, flash ...) et peut
également dans certains cas générer une action,
comme l'arrêt d'un procédé, la fermeture d'une
vanne...
De plus, les appareils peuvent comporter un afficheur
et des signaux visuels qui indiquent le bon
fonctionnement ou un défaut de l'appareil et de
l'alarme.
La détection de gaz inflammables est obtenue par une
large variété de systèmes basés sur les technologies des
capteurs catalytiques ou capteurs infrarouge, détection
ponctuelle ou linéaire.
Les détecteurs fixes de gaz inflammables, conçus pour
une détection de fuite de gaz tels le gaz naturel, le
butane, le propane ou le gaz de pétrole liquéfié (GPL)
sont calibrés pour déclencher une alarme bien avant
d’atteindre la limite inférieure d'explosivité (LIE) et
disposent d’une alarme sonore puissante pour alerter
du danger et d’un relais de sortie pour neutraliser
automatiquement l’installation gaz (par exemple
asservissement d'une électrovanne de sécurité gaz).
Les détecteurs portables de gaz inflammables, de gaz
explosibles et d'oxygène (Explosimètre ou
Explosimètre/Oxygénomètre) mesurent le risque
d'explosion et le défaut ou l'excès d'oxygène, et
combinés à un vibreur, une alarme sonore et optique
réagit immédiatement lorsque la concentration de gaz
dépasse les seuils d'alarme préréglés.

• Le port d’équipements de protection individuel


adéquat
En cas d’urgence ou pour des travaux exceptionnels de
courte durée dans des atmosphères polluées par des
émissions d’hydrocarbures, il est nécessaire de porter
un appareil de protection respiratoire : masque à
cartouche avec un filtre adapté au produit et au type
d’usage (application ou pulvérisation) : En cas
d’utilisation de masque à cartouche, le type de filtre est
désigné par le marquage A1, A2 ou A3 (le chiffre
représentant la capacité de piégeage) accompagné
d’une bande de couleur marron.

En cas d’application par pulvérisation, un filtre de type


A2P2 (bandes marron et blanc) est conseillé, et pour
les travaux en milieu confiné et les fortes
concentrations, un filtre de type P3.

S’il y a possibilité de contact avec la main lors des


transvasements par exemple, il s’avère indispensable
de porter des gants de protection adaptés à la tâche
effectuée et au produit manipulé. Les gants en
néoprène sont les plus utilisés lors de la manipulation
d’hydrocarbures et de solvants.

Par ailleurs, pour éviter les glissades sur les sols


huileux ou graisseux, il convient de porter des
chaussures de protection résistantes aux
hydrocarbures avec des propriétés antidérapantes liées
au relief et matériau de la semelle :
• conformes aux exigences de la norme XPS 73-012
pour la résistance au glissement sur sols industriels
lisses et gras.
• conformes à la norme EN 347 O1, chaussures de
travail à usage professionnel, ou norme EN 347 O4,
pour les bottes, en ce qui concerne la résistance de la
semelle de marche aux hydrocarbures.

• Une gestion des rejets et des déchets réglementaire


Les rejets atmosphériques de vapeurs de solvants
aromatiques sont fortement limités et réglementés
dans le cadre de la directive européenne concernant les
composés organiques volatils (directive COV
1999/13/CE).
Les hydrocarbures ne doivent pas être rejetés dans le
milieu naturel. Ils doivent :
• Soit être recyclés par distillation, que ce soit au sein
de l'entreprise ou à l'extérieur par un prestataire, en
vue de leur réutilisation dans le même procédé.
• Soit être détruits par incinération dans des centres de
traitement spécialisés avec récupération d'énergie. Les
boues de solvants, dans l’attente de leur traitement,
doivent être récupérées dans un récipient étanche,
étiquetées et entreposées dans un local ventilé et
enlevées régulièrement vers des installations habilitées
à les traiter par des sociétés spécialisées. Les
Bordereaux de Suivi des Déchets Industriels (B.S.D.I.)
attestent de la collecte des déchets par des entreprises
autorisées, et de leur élimination conforme (à
conserver pendant 5 ans en cas de contrôle). De
nouvelles techniques de récupération des
hydrocarbures voient le jour : procédés cryogéniques
pour réduire les vapeurs d’hydrocarbures émises aux
différents lieux de stockage et de distribution des
produits pétroliers, procédés de bio filtration
d'effluents gazeux pour le traitement des
hydrocarbures aromatiques monocycliques (HAM) ou
polycycliques (HAP).

Les déchets et résidus liquides (diluants usés...) ou


solides (chiffons sales ...) doivent être entreposés dans
des récipients munis de couvercles étanches maintenus
fermés, en particulier pour les futs destinés à recueillir
les huiles de vidange.

La collecte des déchets dangereux doit être confiée à


des prestataires spécialisés qui délivrent des BSDD
(Bordereaux de Suivi des Déchets Dangereux) pour
justifier l'élimination conforme. Pour les rejets d’eaux
usées dans les réseaux d’égout, il est interdit d’y
déverser des déchets liquides et la mise en place d'un
séparateur à hydrocarbures est obligatoire si
l’établissement est soumis à déclaration ou à
autorisation au titre des ICPE (Installations Classées
pour la Protection de l'Environnement).
• La formation, par un organisme agréé, sur les
dangers des produits utilisés et sur les moyens de se
protéger, est indispensable : par exemple, comprendre
les étiquettes du contenant des produits, connaître
l’attitude à adopter en cas de fuite ou de déversement
accidentel, savoir utiliser les E.P.I adéquats, formation
incendie et premiers secours.

• La surveillance médico-professionnelle
L’exposition aux hydrocarbures impose une
surveillance périodique des travailleurs au moins une
fois par an, instaurée par le médecin du travail, avec
un suivi médical approprié (explorations
fonctionnelles respiratoires et radiographies
pulmonaires, dépistage du cancer de la vessie, réalisées
en fonction de l'intensité et l'ancienneté de
l'exposition).

Pour permettre une traçabilité des expositions,


l’employeur doit établir la liste des salariés exposés aux
hydrocarbures dangereux (CMR : cancérogènes,
mutagènes ou reprotoxiques), en précisant la nature de
l’exposition, sa durée, son degré estimé par les
contrôles effectués. (Article R. 4412-40 du Code du
Travail).

Chaque salarié exposé à des hydrocarbures dangereux


doit faire l’objet d’une fiche d'exposition établie par
l'employeur et bénéficier d’une surveillance médicale
renforcée : le dossier médical comporte alors les dates
et résultats des examens médicaux complémentaires
pratiqués, le double de la fiche individuelle
d'exposition et doit être conservé pendant au moins 50
ans après la fin de la période d'exposition. A sa sortie
de l’entreprise, il doit recevoir une attestation
d’exposition qui lui permettra de continuer à se faire
suivre médicalement.

Octobre 2011

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qu'il nous renseigne sur comment se
prévenir sur les risques professionnel et
les mesures de préventions
Amadou Sané
! 21/12/2020

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